You are on page 1of 126
pee rE Jean-Paul Sartre Le diable et le bon Dieu TROIS ACTES BT ONZE TABLEAUX Le diable et le bon Diow a aié représenlé pour ta Ia seéne au Thédtre Antoine (Simone rectrie) le jeudi 7 juin 1962. Mise en scéne de Louis Jouve. Decors de Félix: Labisse. Les | ° DEDALUS - Acervo - FFLCH-LE Le cable et le bon Dieu ONAN 21300049317 erriau, au réles ont élé lenus par ore Pierre Brasseur ~ - ENRICH Jean Vilar NASTY, Henri Nassiet Tenet Jean Touloul | KARL ReJ. Chauffard mapa Maria Casarés cxrmenine Marie-Olivier j ‘Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays, y compris PULR.S.S, © Laitions Gaitimard, 1951, ACTE PREMIER PREMIER TABLEAU A gauche, entre ciel el terre, une salle dt palais de UArchevéque; a droite, [a maison de PEvéque et tes remparts. Seule ia salle du palais es! éelairée pour instant. Le reste de la scine est plongé dans lombre, SCENE UNIQUE WancEvigue, d la fenélre. Viendra-t-il? Seigneur, le pouce de mes sujels a uusé mon effigie sur mes. pices d'or et votre pouce terrible a usé mon visage : je ne suis plus qu'une ombre d'archevéque. Que la fin de ce jour m'apporte Ta nouvelle de ma délaite, on verra au travers de ma personne tant mon usure sera grande : eb que ferez- ‘vous, Seigneur, d'un ministre transparent? (Le Ser- vitewn entre.) Crest le colonel Linehart? LB SERVITEUR Non. Crest le hanquier Fouere. Il demande... LancHevBgue Tout & Pheue. (Un femps.) Que fait, Linehart? IL devrait étre ici avee des nouvelles frafches. (Un lemps.} Parle-t-on de la bataille aux cuisines? 10 Le diable ef le bon Dieu ‘be SERVITEUR On ne parle que de cela, Monseigneur. Uancuevegque Qu'en dit-on? Lp SERVITEUR Que Vaffaire est admirablement engogée, que Conrad est coincé entre le fleuve et 1a montaghe, que... UARCHEVEQUE Je sais, je sais. Mais si lon se bat, on peut étre atta. 1p SERVITEUR Monseigneur.. WancuEvégue. Ve-t'en. (Le Sevviteur s'en va.) Pourquoi Vavoir permis, mon Dieu? L’ennemi e extwahi mos terres eb ma bonne ville de Worms s'est révoltée contre moi. Pendant que je combattais Conrad, elle m’a donné un coup de poignard dans le dos. Je ne savais pas, Seigneur, que vos aviez sur moi de si grands des” seins : faudra-t-il que Paille mendier de porte en porte, aveugle et conduit par un enfant? Naturelle- ‘ment, je suis tout & votre disposition si vous tenez vraiment a ce que votre volonté soit faite. Mais considéren, je vous prie, que je n'ai plus vingt ans et que je n’ai jamais eu la vocation du martyre. On enlend au loin les cris de « Victoire! Vie- loire! » Les oris se rapprockent. L’Archevéque préle Voretle et mel la main sur son ecr. LE sERVITEUR, enirant, Victoire! Victoire! Nous avons la victoire, Mon- seigneur. Voiei le colonel Linehart, Acle J, premier tableau, scene unique 1 LB COLONEL, enérant. Victoire, Monscigneur. Victoire totale et réglemen- taire. Un modéle de bataille, une journée historique : Vennemi perd six jommes égorgés ow noyes, le reste est en déroute. L'ARCHEVEQUE Merei, mon Dieu. Et Conrad? Le conoNeL Hest parmi les morts. Varcievaque Merci, mon Dieu. (Un femps.) S'il est. mort, je lui pardon, (4 Linear Tol, jet bins, Va répanre la nouvelle, Le conowst, rectifiant la position. Pev aprés le lever du soleil, nous apergimes un nuage de poussiére.. Lancuevégue, U'interrompant. Non, non! Pas de détails! Surtout pas de détails Une victoire racontée en détail, on ne sait plus ce qui la distingue d’une défaite. C'est bien une vio- toire, au moins? ue cononen Une merveille de victoire : V'élégance méme, VancHEyéque Va. Je vais prier. (Le Colonel sort. L'Archenéque se mel d danser.) Jai gagné! j'ai gagné! (La ma au caur.) Aie! (Il se mel @ genous sur son pri Dieu.) Prions. Une partie de la scene s'éelaire sur la droite ce sont des rempars, un chemin de ronde. Heinz al Schmidt sond penchés sur les créneaus. 12 Le diable et le bon Diew went ce n’est pas possible; Ge n'est pas possible ne l'a pas permis, scaNIDT Attends, ils vont les recommencer. Regarde! Un — deux — trois... Trois... eb un — deux — trois — quatre — cing... Nasty, parail sur les rempavis. Bh bien! Qu’aver-vous? scumipr Nasty! Il y a de trés mauvaises nouvelles. Nasty Les nouvelles ne sont jamais mauvaises pour celui que Diew a él. wernt Depuis plus d’une heure, nous regardons les signaux de feu. De minute en minute, ils reviennent toujours pareils, Tiens! Un — deux ~ trois et cing! (1! lui désigne la montagne.) L’Archevéque a gagné la bataille. Nasty Je le sais. scumior La situation est désespérée : nous sommes coincés dans Worms sans alliés ni vivres. Tu nous disais que Geeta se lasserait, qu'il finirait par lever le siége, que Conrad écraserait PArehevéque. Eh bien, tu vois, est Conrad qui est mort el arméede|'Archevéque. ve rejoindre celle de Goetr sous nos murs eb nous n’aurons plus qu’ mourir. GERLACH, enlre en courani, Conrad est battu. Le bourgmestre et les échevins se sont réunis & I'Hétel de Ville et délibérent ‘Acle 1, promior tableau, sctne unique — 13 ‘SCHNODT Parbleu! Ils cherchent le moyen de faire leur sou- mission. nasty Aver-vous la foi, mes fréres? ‘tous Oui, Nesty, nasty ‘Alors, ne craignen point. Le défaite de Conrad, c'est un signe. scumin? Un signe? . nasty Un signe que Dieu me fait. Va, Gerlach, cours squ’s FHotel de Ville et tache de savoir ce que le bontll a décide. Les remparls disporaissent dans la nuit. UancnEvague, se relecant. Hola! (Le Servileurenire,) Faites entrerlebanquier. (Le Banguier entre.) Assieds-toi, banquier. Tu estout oratté : d’o viens-tu? 1LE BANQUIER Jai voyage trente-six heures pour vous empécher de faire une folie. VARcHEVEQUE Une folie? Le BANQUIER ‘Yous allex €gorger une poule qui vous pond chaque année un ceuf d'or. 4 Le diable et le bon Diew VARcHEyaQUE De quoi parles-tu? be BaNUIER De votre ville de Worms : on m’apprend que vous Tassiégez, Si_vos troupes la saccageat, vous vous ruinez ef moi avec vous. Est-ce a votre age quill faut jouer les capitaines? WARCREVaQUE Ce n'est pas moi qui at provoqué Conrad, LB BANQUIER Pas provoqué, peut-étre. Mais qui me dit que vous ne l'avez pas provoqué vous provoquer? LARCHEVEQUE. était, mon vassal et i me devait obsissence. Mais le Diable lui a souflé d’inciter los chevaliers & la révolte ef de se mettre 4 leur téte. LE BANQUIER Que ne lui avez-vous donné co qu'il voulait avant qu'il ne se fachat? LARCHEVEQUE 11 voulait tout. Le BANOUIER Bh bien, passe pour Conrad. C'est sorement lagres- sour puisqu'll est batta, Mais votre ville de Worms. Lancuevéoue Worms mon joyau, Worms mes amours, Worms Vingrate s'est révoltée contre moi Ie jour méme que Conrad a passé la frontiére Ue BaNguign Crest. un grand tort. Mais les trois quarts de vos revenus viennent d'elle. Qui paiera vos impéts, qui Acle I, premier lableau, soéne unique — 16 ‘me remboursera mes avances si vous assassine2 vos bourgeois comme un vieux Tibére? Vancaevéoue Tis ont molesté les prétres et les onto! stenfermer dans les couvents, ils ont, insulté mon véque of lui ont interdit de sortir de I'Svéehé, Le BANQUIER Des enfantillages! Ils ne se seraient jamais bettus si ‘yous ne les y avieu foress. La violence, c'est bon pour ceux qui n’ont rien & perdre. Vancrevéque Qi’est-ce que tu veux? LE BANQUIER Lour grace. Qu’ils payant une bonne amende et n’en parlons plus Vancevue Helas! Le BANQUIER las? Quoi, L'ARCHEVEQUE J’aime Worms, banquier; méme sans amends, je Ii pardonnerais de grand coeur. LE PANQUIER Eh bien, alors? Lancizvéque Ce n'est pas moi qui Vassiége. LB BANQUIER Bt qui done? Vancnevéque Gets. | 16 Le diable et le bon Diew LB BANQUIER ‘Qui est ce Goota? Le frére de Conrad? VaRcHEVEQUE Oui, Le meilleur capitaine de toute PAllemagne. LE BANQUIER Que fait-il sous les murs de votre ville? N’est-ce pas votre ennemi? Vancanvque ‘A yrai dive, je ne sais pas Lrop ce quiil est. D'abord Vallié de Conrad et mon ennemi, ensuite mon allié et lennemi de Conrad; et & présent... Il est d'humeur changeante, c'est le moins qu'on puisse dive, LE BANQUIER Pourquoi prendre des alligs si suspects? L'ARCHEVEQUE: Avais-e le choix? Conrad et lui ont envahi mes terres ensemble. Heureusement, j'ai appris que la discorde s'était mise entre eux et j'ai promis & Getz fen secret les terres de son frére sil se joignait & nous. wvais détacké de Gonrad, ily a beau temps perdu la guerre. LE BANQUIBR Dono, il est passé de votre obté avec ses troupes. Aprés? Lancrevéous Je lui ai donné Je garde de Marridre-pays. Ila dt sfennuyer : je suppose quill n’aime pas la vie de gaenison ; ua beau jour il a conduit son armée sous Jos remparts de Worms et il a commencé le siége sans quo je len prie. up BANQUIER Ordonnez-lui... (L'Archevéque sourit irislement et hausse les épaules.) [1 ne vous obéit pas? Aste I, premier tableau, scbne unique 17 Larcuevegue Oi as-tu pris qu’un général i 4 Ci, eta pris qu'un général en campagne obsissit LE BANQULER En somme, vous étes entre ses mains. vancapvigue Oui Les remparis séelairen. GERLACH, entrant. Le Conseil a décidé Wenvoyer ue yer des parlementaires HEINZ Et voila! (Un temps.) Les laches! CERLACH Notre seule chance, eit que Gate lear lasse des conditions inacceptables. S'il est tel qu'on Ie dit, il ne voudra pas méme nous prendre 4 merci, ° LE BANQUIER Pout-étre épargnera-til les biens. VancHEvégue Pas méme les vies humaines; jen ai peur. sonnapr, d Gerlach Mais pourquoi? Pourquoi? VARcHEvégue Crest un batard de la pire espéce : par la mére. Il ne se plait qu’a faire le faa, SP? Par a mbes cemtace Crest une téte de cochon, un bitard : il aime a faire le mal. S'il veut saccager Worms, il faudra que Jes bourgeois se battent Je dos au mur. 18 Le diable ei le bon Diet scuiDT Sil compte raser la ville, il n'aura pas Ta neiveté dele dire. Tl demandera qu'on le laisse entrer en promettant de ne toucher & rien, ue panguien, indigné. Worms me doit trente mille ducats: il faut arréter gg tla eur, Foie archer vos troupes contre roe. LIARCHEVEQUE, accablé. J'ai peur quill ne me les batte, La salle de Carchevéché disparatt dans la nui etna, d Nasly ‘Alors? Est-ce que nous sommes vraiment perdus? NASTY Diew est avec nous, mes fréves : nous ne pouvons pas erdro, Cette nuit, je sortirai de Worms et essaierai Beraverser le camp pour gagner Weldort; nuit jours suffiront pour réunir dix mille paysens en armes, scum Comment pourrons-nous tenir uit jours? Ils sont capables de lui ouvrir les portes dés ce soir. Nasty Tl faut quills ne puissent pas les ouvrir. HEINE ‘Ta veux Wemparer du pouvoir? RASTY Non. La situation est trop inceriaine. HEINE Alors? Acte 1, premier tableau, seine unique 19 Nasty, Il faut compromettre Ik rgeois i crag Compromete les bougois de fagon quis Tous Comment? ° Nasty Par un massacre, Sous les remparts, la sche s'éclaire. Ui femme est assises les yous fies, conte Proce nme , contre ese gi mine au ca a ronde, Ble a trentecing en haillons. Un curé an ns. Un curé passe, lisant ~~. Quel est ce curé? Pourquoi n’est-il pas enfermé Ferm HEINZ ‘Tu ne le reconnais pas? Nasty Ah! C'est Heinrich, Comme aN on aura dd Penfrmer | * hanes Nempishe, ea Les pauvres Paiment parce qu'il vit on a craint de les raécontanten, TE comme exe nasty Crest lui le plus dangereux. LA PEMINB, aperesvant le curé, Curé! Curé! (Le Cure s'enfuit. Elle tu si vite? 08 cours. HpINAICH, s'arrélant, Jer’ ‘ont ‘ 1 aoe Ze! Plus rien! Plus rien! Plus rien! J'ai tout 1 20 Le diable et le bon Diew LA FEMME Ce n'est pes une raison pour tenfuir quand en Cappelle. EINAICH, revenanl vers elle avec lassilude. Tuas faim? LA FEMME Non. ‘MEINATCH ‘Alors, que demandes-tu? La FEROIE Je veux que tu mexpliques. peinatca, vioement, i Jone peux rien expliquer- ' LA EMME ‘Tune sais méme pas de quoi je parle wemmcit bien, va, Va vile. Qu'estoe qui faut expliquer? LA FENME Pourquoi Venfant est mort veqwarci ‘ Quel enfant? a rex, riant un pet Yas enterté hier Le mien. Voyons, curé, ta Vas on avait trois ans ét il est- mort de faim, HEINRICH é ‘yous reconnais suis fatigue, ma scour, eb je ne vo oie sr pasevois a voutes le inéme visage aveo les mémes yeux. Acte I, premier tableau, scéne unique 21 LA FEMME, Pourquoi est-il mort? HEINRICH Jene sais pas LA FEMME ‘Tu es curs, pourtant, HEINRICH Oui, je le suis. LA FEMME Alors, qui m’expliquera, si tol tu ne peux pas? (Un temps.) Si je me leissais mourir & present, ce serait mal? HEINRICH, avec force, Oui, Trés mal. LA. FEMME _ (est bien = que je pensas. Bt, pourtan jen ai grende onvie, Tu vols bien qu'il faut que tu m’expliques. Un silence, Heinrich se passe’ta main sur le front ef fail un violent efor. HEINRICH Rien n'arrive sans la permission de Dieu et, Dieu est Ja bonté méme; done ee qui arrive est le meilleur. LA TENME Je ne comprends pas. HEINRICH Dieu sait plus de choses que tu n’en sais : ce qui te parati un mal est un bien & ses yeux parce quiil en pése toutes Jes conséquences: 7 2 Le diable ef te bon Diew LA FEMME, Tu peux comprendre ga, toi? HEINRICH Non! Non! Je ne comprends past Je ne comprends rien! Je me peux ni ne voux comprendre! Il faut cxoirel Croire! Groirel LA FEMME, avec un petit rire. Ta dis qu'il faut croire et tu n'as pas du tout lair de croire & ce que tu dis. HEINRICH Ge que je dis, ma sour, je Vai répété tant de fois depuis trois mois que je ne sais plus si je Te dis pat conviction ou par habitude. Mais ne ty trompe as : j'y orois.-J'y erois de toutes mes forces eb de foul mon cceur, Mon Dieu, vous m’étes témoin que pas un instant le doute n'a eflleuré mon coeur. (Un lemps.) Femme, ton enfant est au ciel ot tu l'y retrouveras. Heinrich s'agenouille LA FEMME, Oui, curé, bien str, Mais le Gicl, c'est autre chose, Et puis, je suis si fatiguée que je ne troaverai plus jamais ta force de me réjouir. Méme lé-heut. ewatcH Ma sozur, pardonne-moi, LA PONME, Pourquoi te pardonnerais-je, bon euré? Tu ne mas rien fait. HEINRICH Pardonne-moi, Partonne en ma personne & tous les prétres, & ceux qui sont riches comme & ceux qui sont, pauvres. Adle I, premier tableau, scéne unique 28 LA FEMME, amusée, Je te pardonne de grand coeur. Ca te fait plaisir? ° envnrcet ui, A présent, ma sour, 1 nous allons ensemble; prions Dieu qu'il nous rende espoin’ Pendant tes de cend lenlement les remparis. idres répliques, Nasly des- narehes de Pescalier des LA PeNME, elle voil Nasly | el s'inierrompl joyeusement, Nasty! Nast Nasty Que me veux-tu? 1A FEMME oulanger, mon enfant, o i ‘ st mort. Tu dois sa pourquoi, toi qui sais tout. me , nasry Oui, je te sais HEINRICH Nasty, je ton supplie, tai a par qui leScandal sri Malheur & eoux U est mort parce parce que les riches bourgeois Vill se sont révollés contre PArchevéque, lear tse ie seigneur. Quand les riches se font la gucrre, ce sont les pauvres qui meurent, " TA FEMME tan quite ave Dieu lar avait permis de fire ete Nasty Dieu Je leur avail bien défendu, Le diable ef le bon Dieit LA FEMME, ; Coluii dit que rien n’arrive sans sa permission. xasty Rien, sauf le mal qui natt de le méchanceté des hommes. HEINRICH, ; Boulanger, tu mens, tu mélenges le vrai eb le faux de maniéze & tromper les mes. Nasty i ils eb ces tiendras-tn que Diew permet, ces deuil congrats inutile? Mos, je dis quil est innocent de tout. Heinrich ve tat. LA PMN , ‘Alors Dieu ne voulait pas que mon enfant meure? Nasty ‘avait, voulu, Paurait-il fait nattre? 8 La FEMME, soulagée. ai i é. vois, comme ¢a, jemi ie adhe bon ie, quand {I voit que jai de la poine? nasty ‘Triste 4 mourir. LA FEMME Bt il ne pout rien pour moi? xastY Si, bien sir, Il te rendre enfant. LA FEMME, dépue. Oui, Je sais! au ciel Ade 1, premier tableau, sctne unique wasry Au ciel, non. Sur terre, LA FEMME, donnée. Sur terre? NASTY Tl faut dabord passer par le chas d'une aiguille et supporter sept années de malheur et puis le régne de Dieu cormmencera sur la terre : nos morts nous seront rendus, tout le monde aimera tout, le monde et personne n'gura faim! LA PMN, Pourquoi faut-il abtendre sept ans? nasty Parce qu'il faut, sept années de lutte pour nous débarrasser des méchants, 1A FEMME Ty aura fort & faire Nasty Clest pour cela que le Seigneur a besoin de ton aide, LA FEMME Le Seigneur Tout-Puissant a besoin de mon aide A moi? NASTY Oui, ma sceur, Pour sept ons encore, le Malin régne’'sur terre; ‘mais, si checun de nous se bat courageusement nous nous sauverons tous eb Diew avec nous. Me crois-tu? LA FENOE, se levant. Oui, Nasty : jo te ervis, Le diable el le bon Dieu NASTY ‘Ton fils n'est pas au ciel, femme, il est dans ton ventre eb tu le porteras pendant sept années et, au out de ce temps, il marchera & ton cdté, il mettra sa main dans la tlenno et tu I'auras enfanté pour la deuxiéme fois. LA FEMME Je te orvis, Nasty, je to crois. Elle sort. HEINRICH ‘Tu la perds. masry $i tu en es sir, pourquoi ne m’astu pes inter- rompu? HEINRICH ‘Ak! Parce qu'elle avait lair moins malheuroux, (Nasty hausse les épaules ef sort.) Seigneur, je n’at pas e0 le courage de le faire taire; jal péché. Mats {e crois, mon Dieu, je orois en votre toute-puissance, je erois en votre Sainte Eglise, ma mére, corps sacré de Jésus dont jo suis un membre; je erois que tout arrive par vos décrets, méme la mort d'un enfant at que tout est bon. Je le orois parce que cest absurde! Absurde! Absurde! Toule la scine s'est éclairée, Des bourgeois cavee [ours femmes son! groupés autour du palais de (Evéque et altendent. LA FOULE, —Y stil des nouvelles?... — Pas de nouvelles... — Que fait-on ici? — On attend... — Qu’est-ce qu’on attend? — Rien... Ale 1, premier tableau, sobne unique 27 — Vous avez vu?... —A droite, — Oui, — Les sales gueules, — Quand eau remue, ja vase remonte. — On w’est plus chez $0 3 ans los rues. ~ Il faut ja fini, ce Ta fini sonata tke gure, faut a fine vite, evel’ Loudais vor "Evequ, mol je voudais voir — line sc montrera pas. Il est bien trop en colére... — Depuis qui est enferm 1 fois a sa fenétre, il soul desu ed gate ee live le sgeay eb i agai nike eee que vous voulez quiil vous dise, Ma peut-stre des nouvelles Murmures. YOIX DANS LA FOULE — fivéque! Bvéque! Montre-ti — Conseille-nous — Que va-til arriver?... TA vorx, Cest ia fin du monde! Un homme sort de ta foule, bondit_ jusgu’ la farade de Uevtehe by adooe Hintied s'earie de lui el rejoint la ate Henveh Le propuére Le monde est foutu! foutu! Battons nos charognes. Battez, batter, battez : Dieu est la. Cris et commencement de panique. | Le diable et le bon Diew uN BOURGEOIS LAL Lal Du calme. Ge n’est qu'un prophéte, LA FOULB Bnoore un? Ge sullit! Taistoi, II en sort de par- tout, Ciétait bien la peine d’enfermer nos eurés, Le PROPHETE des odeurs. vest plaint au bon Dieu! Seigneur, jo veux m’éteindre. ‘Pen 2i plein le dos de cette pourriture, Plus je la réchaufle, plus elle pue Bille salit le bout de mes rayons, Malheur! dit le soleil, Ma belle chevelure dor trempe dans Ja merdo. ‘un pounczots, le fropparl, ‘Ta gueule! Le prophite tombe assis par tereg. La fenéine de Vévéehé s’ouvre violemment L'Evéque paratt fi son balcon en grand appare LA FOULE, Lifvequel vevague ii sont les amées de Conrad? Oi sont les chevy tiers? Ob est Ta legion dos anges qui devait mettre enmemi en déroute? Vous étes souls, sans amis, sans gpoir et audits. Allons,, bourgeois de, Worms, épondex; si est plane au Seigneur que denfermer Fee nanictzes, pourquoi Ie Seigneur vous a-t-il abane Gonnés? (Gémissemenls de la foule.) Répond ‘HEINRICH Ne lour 6tez. pas leur courage. VEvBQUE Qui parle? Ace T, premier tableau, scéne unique 29 ENaC Moi, Heinrich, curé de Saint-Gilhau, aval Liveque wale ta langue, préire regarder ton évequs on face? estas Orta Bien wt HEINRICH Is vous ont offensé, Monseigneur, pard leur offense comme je vous pardonne cst incules. L'évégue Judas! Judas Iscariote! Va te pendre! HEINRICH Je ne suis pas Judas, a uitvigue lors, que fais-tu au milieu d’eux? Pourquoi wots, ay, arquoi soutien Pourguol nent ps enornt aves nou? ENRICH Tis mont Iaissé libre ‘i ; sé libre parce quis savent que wg tnd ae ao ee , uty ait des messes ¢ Bromine coms cant a eis, Sas 10i, PEglise serait absente, Worms. livrée Wa Pale ag a a det eles. Moraine, ne leur tet pa lot Lkvague i Ba nourri? Qui t'a élevé? Qui t’a appr lire? Qui t'a donné fa science? Qui wide, pris? ‘ . HEINRICH Crest I'Bglise, ma Trés Sainte Mere. | vevigue ‘Tu lui dois tout. Tu es d’liglise d’abord. 30 Le diable el le bon Diew venice Je suis d’Bglise d’abord, mais je suis leur frére. vavéoue, forlement. D'fglige d’abord. EINAICH Oui, D'Bglise d’abord, mais vévigue : is parler & oes hommes. Sis s'obstinent dans leas ered oss ween prolonges leur rebellion, je te commande de rejoindre les gons d’Bglise, tes vérilables frézes, et de Venfermer avec eux au couvent des Minimes ou dans le Séminaire. Obéiras-ta, 3 ton Eveque? UN HOMME DU PEUPLE Ne nous abandonne pas, Heinrich, tu es le curé des paures, tu nous appartions HEINRICH, aveo aceablement ‘mais d'une voix ferme. Je suis d’Bglise d’abord : Monseigneur, je vous obeirai, vévigue m Habitants de Worms, regardez-a bien, votre ville blanche et populese,regarderin pour la denmitre fog: oe va dvenir be sjor infact de I faring el de la peste; et pour finr, les riches et les pauvres se maceaererent entre eux, Quand ls suldls de Gala y entreront, ils ne trouveront que des charognes et des décombres. (Un temps.) Je puis vous sauver, ‘mais il faut savoir m’attendri, Les vorx Sauver-nous, Monseigneur. Seuvez-nous! Ade I, premier tableau, seine unique 31 Vivegus ‘A genoux, bourgeois orguelleux ot demanden par- don # Dieu! (Les bourgeois s'ayenouillent les uns aprés {es autres, Les hommes dt peuple reslend debout.) Heinricht T agenouilleras-tu? (Heinrich sagenoutle,) Seigneur Dieu, pardonne-nous nos offenses et calm la colére de l’Archevéquo, Répéter, La Foune Seigneur Diou, pardonnez-nous nos offenses eb calmer la colére de l’Archevéque. UEveguE Amen. Relevez-vous. (Un temps.) Vous délivro- rez d'abord les prétres et les moines, puis. vous Nous, eependant, nous irons en Procession supplier Goelz de vous Spargner. UN BouRceors Et s'il ne voulait rien entendre? Lévégue Aurdessus de Geatz, il y a PArchévéque. Cast notte pére 4 tous et sa justice sera paterndle, Deputis un moment, Nasty est apparu sur le chemin de ronde. Il éooule en silence, puis sur {a derniére réplique, il deseend deux marches do Pescalier des remparis. Nasty, Gotz n'est pas & !'Archevéque, Goetz est au Diable, Ua prété serment 4 Conrad, son propre frére of cependant, il ’a trahi. S'il vous promet aujourd?hat 4a Vie sauve, serez-vous assez sots pour eroire & oe parole? Lavigue Toi, haut, qui que tu sois, je Wordonne... 32. Le diable et le bon Diew Nasty Qui estu pour me commander? Ht vous, qu'svet, ‘yous besoin’ de I'écouter? Vous n’aver d'ordres & Tovevoir de personne, sauf des chefs que vous vous étes choisis. WEvRQue Et qui done t'a choisi, barhowille? nasty Les pauvres, (Aue auires,) Lat soldat sont rows; ya posté des hommes aux portes de le si quelqurun parle de les ouvri, la mart VEv2QUE malheureux, conduis-les & leur perte. Is de salut et tu viens de Courage, niavaient qu'une chance leur éter. Nasty Sil n'y avait plus d'espoir, je serais le premior & ‘yous consi de vous rendre Mais qui prétendre {que Diew nous abandonne? On a youlu vous fa puter des anges? Mes fréres, les anges sont ll Non, ne lever pas les yeux, le ciel est vide, Les anges sont au (raveil sir tere; ils sacharment sur le camp ener, UN BOURGEOIS els anges? Nast Liange du choléra et celui de ta peste, Tange de la famine et celui de la discorde. Tenez bon : le ville get imprenable et Diew nous aide. Tls Ieveront Je sige. vievagque Habitants de Worms, pour ceux qui écoutent cet hérésianque, cest |'Enfer; jen temoigne sur ma park de Paradis. Acte I, premier tableau, scéne unique 88 Nasty Ta part de Paradis, ily a beau temps que Diew a donnée aux chiens. LivEgue Et la tienne, bien sir, il te la garde au chaud on attendant que ta viennes Ia prendre! Tl se réjouit en se moment de Ventendre ingulter son préte. Nasty Qui Ua fait prétre? VEvEQue La Sainte Begtise. nasty ‘Ton Reglise est: une putain : elle vend ses faveurs aux riches, Toi, tu me confesserais? Toi, tu me remettrais mes péchés? ‘Ton ame a la pelade, Diew grinoe des dents quand il la voit. Mes frézes, pas besoin de prétres : tous les hommes peuvent bapti- ser, tous les hommes peuvent absoudre, tous les hommes peuvent précher. Je vous le dis en vérilé tous les hommes sont Prophétes ou Dieu n'existe pas. vevégue Hou! Hou! Hou! Anathéme! IL tai jelle son eum eau visage, nasty, désignant [a porte du palais, Cette porte est vermoulue; on l'emporterait, d'un coup d'épaule, (Silence.) Comme vous ¢tes patients, mes fréres! (Un temps. Aue hommes du peuple.) Tis sont tous de mécke : l'Evéque, le Conseil, les riches; is veulent rendre la ville parce que vous leur faites eur. Et qui paiera po ls la rendent? Vous! oujours vous! Allons, levez-vous, mes frres, i! faut, tuer pour gagner le Ciel 34 Le diable ei le bon Diew Les hommes du peuple grondent. UN BOURGBOIS, 4 sa femme. Viens! Retirons-nous, uN AUTRE, d som fils, Vite! Nous allons fermer les volets de la boutique ‘eb nous barricader chez nous. i vievigue Mon Die, vous m’étes témoin que j'ai: fait. ce que jai pu pour sauver ce peuple. Je mourrai sans rogrets, dans votre gloire, car je sais & présent que votre colére va s'abatize sur Worms et la réduire en poudre. NASTY Ce vigux vous mange vivants. D'od vient. que sa voix soit si pleine? Clest qu'il houfte. Allee faire un tour dans ses greniers : vous y trouverer assez de pain pour nourrir un régiment pendant six mois Ubyeque, dune voiz forte ‘Tu mens. Mes greniers sont vides et ta le sais. Nasty Allezy voir, mes fréres. Allez-y voir, Le eroirez- vous sur parole? Les bourgeois se relitent en hale. Les hommes du peuple restent seuls avec Nasty. ewNnicn, s'opprockant de Nasty Nasty! Nasty Qu’est-ce que tu voux, tol? ENRICH Tu le sais, pourtant, que ses greniers sont vides. | Ace I, premier inbleau, scéne unique 95 ‘Tu sais qu'il mange A peine, qu’ll donne sa part aux pauvees. Nasty Bs-tu pour ou contre nous? HEINRICH Je suis pour vous quand vous soulfrez, contre vous quand vous voulez verser le sang de I'Bglise, Nasty Tu es pour nous quand on nous assassine, contre nous quand nous osons nous défendre, HEINAICH Je suis d’Bglise, Nasty. Nasty Enfoncee la portel Las hommes s'allaquent @ la porle. L'Bvéque prie en silence, debout. HEINRICH, se jelant devant la porte. 1 faudra me tuer. UN HOMME DU PEUPLE Te ter? Pour quoi faire? Is le frappent elle jetlenl a tere. HEINRICH Vous m'avea frappé! Je vous aimais plus que mon éme et vous m’avez frappel (Ilse reve el marche sur Nasty.) Pas l'Evéque, Nasty, pas "Bvéque! Moi, si tu veux, mais pas |'Evéque. rasty Pourquoi pas? C'est un affameur! HEINRICH. ‘Tu sais que non! Tu fe sais. Si tu veux libérer tes 36 Le diable et le bon Diew Ade I, premier tableau, sedne unique 37 ‘HEINRICH trores de oppression et du mensonge, pourquoi | Diew a défendu la violence : il Vabomine. commences-tu par leur mentir? nasty Et I'Enfer? Crofs- qu'on n'y fait pas vi okt Bate qu'on n'y fait pas violence sasty Je ne mens jomais, HEINRICH Tu mens! il n'y a pas de grain dans ses greniers. HEINRICH Dien a dit: "6 waste eu a dit : Gelui qui tirera l'épée... Que m'importa!, Ly a de Vor of des, pirreres dens ses éplses. Tous ceux qui sont morts de faim fur pied de ses Chists de marbre eb de ses Vierges ivoire, je dis qu'il les a fait, mouri. NASTY Pein pa pe. Bh bien ou, nos pions pa épée, Tous. Mais nos fils verront Son Régne sur ld terre, Allons, va-ten, Tu ne vaux pas mieux que les autres. BINRIGIE Ce n'est pas la méme cho: pas de mensonge, mais tu ne HEINRICH Nasty! Nasty! Pourquoi ne m'simez-vous pas? Que vous ai-je fait? ‘Tu ne fais peottre pas la vérits. nasty Je ne dis pas la tienne : jo dis la nbtre, Bt st Dit aise les pauvres, c'est la notre qu'il fera sienne au jour du Jugement. Nasty ‘Tu nous as fait que Lu es euré eb qu'un curé reste curé quoi qu'il fasse. HEINmicHL Je suis un de vous, Pauvre et fils de pauvre, HEINRICH Bh bien, lelse-lui juger PEvéque. Mais ne verse pas le sang de I'Belise ast NASTY | Bh bien, sla prouve que tu es un trattre, voila Je ne connais qu'une Rglise : c'est ta sor j tout. . homies. : wemNaron, orianl, HEINRICH Tis ont enfoneé la porte! (La porle a cédé en effet al les horames 32 précipitent dons le palais. Heinrich se jelant d genour :) Mon Dieu, imex encore Tes hommes, si vous no les avez pas pris tous en horreur, empéchez ce meurtre, De tous les hommes, alors, de tous les chrétiens ligs par Pamour, Mais’ toi, Lu inaugures te société ppar un massacre Nasty Hi eat trop t6t pour aimer, Nous en achéterons le droit en versant le sang. LveQuE Je a’ai pes besoin de tes priéres, Heinrich! Vous 38 Le diable et le bon Dien Acle 1, premier tableau, scene uni 39 tous qui-ne savez ce que vous faites, je vous par- | donne, C'est lourd, une rancune, clesh tervestre; donne, Mais toi, prétre apostat, je te maudis. Laisse-la sur terre ; meurs léger. (L’Euéque essaie de emwntcut garter) Out (UBoique "Un trate? Nas ou, in sdr, Bux aussi, tu sas, ils m'appellent trate. Hal Mais dis-moi donc : comment puis-je m'arranger pour swe trahir tout le monde ale fois? (L’Bvéque rittoujours.) LEVEQUE, Pourquoi ris-tu? Allons. (Un temps.) Is m’ont Allelu Alleluia! frappé. Eb pourtant je les aimais, Dieu! Comme je , les aimais. (Un lemps.) de les aimais, mais je leur ta, hommes le frappeni. It s'écroule sur le mentais. Je leur mentais par mon silence. Je me taisais, Je me taisais! Bouche cousue, dents serrées : nasty, d Schmid, ils crevaient. comme des mouches et je me taisais. ‘de rendre la ville, & prée| Quad voulaient du pain, arrives avec le crucifix ‘essaient de rendre la ville, & Pré| Ty orois que ga se mange, le Crucifix? Ah! B ton bras, va, nous sommes com UN HOMME DU PEUPLE, paraissanl d la porle. | Vivee leur pauvreté, souflrir de leur froid, de leur . s faim ; ils mouraient tout de méme, n’est-ce pas; Tl n'y avait pas de grain dans le grenier tiens, c'était une maniére de les trahir : je leur fai- Nasty. sais croire que Elise était, pauvre. A’ présent, la onahe ra des Minimes,| 78° 188 2 pris eb is ont tng; ils se perdent : ils n'aue auront cache au eouver | ront jamais connu que l’Enfer; dans catte vie d'abord Lixoue, eriant, et demain dens Vautre. (L’Boéque prononce quelques eal 1 mols inintelligibles.) Mais que veux-bu que jy fasse? Au couvent des Minimes! Au couvent! Comment puis-je les en empécher? (11 va au ford ef Des hommes sovlent en courant | regarde dans la rue.) La place grouille de monde; ils cognent avec des bancs contre la porte du couvent. Eh bien, qu’ sent. Crest qu'il HOMMES DU PEUPLE Ble est solide. Elle tiendra jusqu'au matin. Je n'y 1 Vt! puis rien, Rien! Rien! Allons, ferme la bouche, meurs Av couvents Au couven dignement. (Uésene laisse lomber une clé.) Quiest-oe nasty, d Schmid. que c'est cette clé? Quelle porte ouvre-t-elle? Une Cette nuit, j'essaierai de franchir les lignes. porte de ton palais? Non? De la cathédrale? Oui? De la saoristie? Non?... De la crypie?... Crest la is sorte. Heincich se reldve regarde autour norte de la crypte? Colle qui est toujours fenmée? de lui. Il est seul avec le Prophéle. Il apergoit Bh bien? UBvéque, les yeuz grands ouverls, qui le regarde. vavigue HEINRICH Souterrain. (Ia pour enirer dans le palais. L’Evéque lend le HEINRICH bras pour le repouster.) Jo wentrera pas. Baisse on} Qui méne ol... Ne le ds pas! Puisss-tu.mourir bras, baisse-le. Si tu n’es pas tout & fait mort, par} avant de le dire. 40 Le diable of le bon Diew Liévigue Dehors. wemnaucat Je ne la ramasserai pas. (Silence.) Un souter part de le erypie eb méne hors de la ville. Tu veux gue Yaille oberehor Goss et quo jo le foo entre dans Worms par le souterrain? Ne compte pas sur moi. Vvéqus Deux cents préires. Leur vie entre tes mains Un temps. HEINRICH Parbleu, voila done pourquoi tu rigis. Crest une bonne farce. Merci, bon Evéque, merci. Les pauvres massacreront les prétres ou Goetz massacrera los pauvres. Deux cents prétres ou vingt mille homme: fu me laisses un beau choix a faire, Vingt hommes, c'est beaucoup plus que deux cents, bien sir; la question est de savoir combien d’hommes vaut un prétre. A moi d’en décider : aprés tout, je| suis d’Bglise. Je ne la ramasserai pas : ces curés iront droit au ciel. (L’Bvéque s'effondre.) A moins} quiilsne meurent comme toi, la rage au earur, Bh bieu, tu en as fini, bonsoir; pardonnez-lui, mon Die comme je lui’ pardonne. Je ne la ramasserai pas. Voild tout. Non! Non! Non! I ramasse (a clé.f Le PROPHRTE, qui s'est relevé. Seigneur, que ta volonté soit faite Le monde’est foutu! foutul Que ta volonté soit faite! ENRICH Seigneur, lu as maudit Cain et les enfants do! Cein # que ta volonté soit faite. Tu as permis que les Ade I, premier tableau, scéne unique 41 hommes aient le coeur rongé, que leurs intentions soient pourries, que leurs actions se décomposent et, went: que ta volonté soit faite! Que ta volonté soit faite! Que ta volonté soit faite Isort. up PROPHETS Battons nos charognes, Batiez, batter : Dieu est DEUXIEMB TABLEAU Aus abords du camp de Gees. C'est la nuit. Au fond, la ville. Un oficer parait el regarde la ville. Un autre offcien entre immédialemen! aprés lui. SCENE I LES OFFICIERS, HERMANN. DEUXIEME OFFICIER Qu'est-ce que tu fais? PREMIER OFFIGIER Je regarde la ville : des fois qu'elle s'envolerait, tun beau jour. DEUXtBME OPFIGIER, au premier, Elle ne s'envolera pas. Nous n’aurons pas cette chance, (Se relournant brusquement.) Qu’estoe que crest? Deute hommes passent, porlant sur une cioiére tune jorme recouverle d'un drap. Ils se taisent. Le premier oficier va @ (a civiére, souléve le drap el le laisse lomber. Acle 1, deuziéme tableau, sedne 1 43 PREMIER OFFISIER A la riviére! tout de suite! DEUXIEME OFFICIER I est...? PREMIER OFFICIER Noir. Un temps, Les deus infinmiers se meltent en ‘marche, Le malade gémil DEUxIEME OFFICIER Attendez. Tis s'arréteni. PREMIER OFFICIER Bh bien quoi? DEUxriME orricren f I est vivent, PREMIER OFFICIER { Je ne veux pas le savoir. A la riviére! DEUAIEME OFFICIER, aux infirmiers, Quel régiment? UINFIRMIER Croix: bleve. DEUXIENE OFFICIER Bhl c'est le mien, Demi-tour! PREMIER OFFICIER Tu es fou! A Ia riviére! DEUSTEME OFFICIER Je ne laisserai pas noyer mes hommes comme une portée de chats, 4 Le diable el te bon Diew is se regardent. Les infirmiers échangen! un coup dail rigolard, posent le mourant et allendent. PREMIER OFFICIER Mort ou vivant, si on le garde i foutra le choléra a Varmée entiére, TROISIEME OFFICIER, entrant. Et si ce n'est pas le choléra, ce sera la panique, Allen! Jetez-le dans la riviére! LIINFIRMER 1 gémit, Un temps. Le deuriéme offcier se lourne avec huumeur vers les infirmiers, lire rageusement sa dague ei frappe le corps DEUXIENE OFFICIER ne gémira plus, Alle! (Les deus: hommes sorter.) Trois. Trois depuis hier. HERMANN, entrant, Quatre. Il y en a un qui vient de tomber au beau riliew du carnp. DEUXIENE OFFICIBR ‘Les hommes Vont va? HERMAN ‘Au beau milieu du camp, je te dis, ‘TROISIEME OFFICIER Si clétait moi qui commendais, on leverat le siége cette nuit, HERMANN Diaccord. Mais oe n'est pas toi qui commandes. PREMIER OFFICIER Eh bien, il fout lui parler. Ade I, deusiéme tableau, scéne I ry HERMANN Bt qui parlera? (Un silence, Les regardant :) Vous ferea tout ce qu'il faudra. DEUXIEME OFFICIER Alors, nous sommes foutus. Si Je choléra nous Spangne, nous serons égorgés par nos troupes. ERMAN ‘A moins que op ne soit Ini qui oréve. PREMIER OFFICIER Lui? Du choléra? HERMANN Da choléra ou d’autre chose. (Un silenes.) On m’a fait dire que l’Areheveque ne verrait pas sa mort d'un mauvais oil Silence. DEUXIEME OFFICIER Je ne pourrais pes. PREMIER OPFICIER Moi non plus, il me dégotte tellement que j’au- rais horreur de Tui faire mal. HERMANN On ne te demande rien. Sauf de te taire et de leis- ser faire ceux qui sont moins dégoités que tol. Silence, Geele et Catherine entrent. 45 Le diable et le bon Diew SCENE I Las MEMES, GorrZ, CATIERINE. Gaetz, entrant Vous n'avez rien a m’apprendre? Pas méme que les soldets manquent de pain? Pas méme que ls choléra va décimer les Uroupes? Vous aver rien 4 mo demander? Pas méme de lever le s.ige pour éviter une catastrophe? (Un temps.) Je vous fais done si peur? Uls se laisent, CATHERINE Comme ils te regerdent, mon bijou. Ces gons-la ne Vaiment guére eb je ne serais pas étonnée qu’on te retrouve un jour sur le dos aveo un gros couteau dans la panse. corre Maimes-tu, toi? CATHERINE, Foutre non! oar Eh bien, tu vois que tu ne m’as pas tué, CATHERINE Ge n'est pas faute d’en avoir eu envie, cera de sais: tu fais des réves jolis. Mais je suis tran- quill : & Vinstant de ma mort tu serais cajolée par ‘Vingt mille hommes. Et vingt mille hommes, e'est“un peu trop, méme pour Acle 1, deuzitme tableau, sebne 11 47 caraontne Mieux vaut:vingt mille qu'un seul qui vous fait horreur. corre Ge que jaime en toi, c'est Vhorreur que je Wins. pire, (Aux officers.) Quand done voulez-vous que Je léve le siége? Mardi? Jeudi? Dimanche? Eh bien, nes amis, ce n'est ni merdini jeudi, que je prendral Ia ville : est cette nuit. DEUXIEME OFFICIER Cette nuit? coore Tout 4 There, (Regardant fa vill) Use petite Jumiére bloue, Ui-bas, vous la voyer? Tous les soirs je la regarde et tous les soirs, & cebte minute méme, elle s'éleint, Tenez : qu’est-ce que je vous disais? Eh bien, je viens de la teindre pour la cent unigme el derniére fois. Bonsoir : il faut bien tuer 2 qu'on aime, En voili d'autres... d'autres lumisres qui disparaissent. Dame, ily @ des gens qui se austen ot pare quis veulént sever to demain Bt il n'y aura pas de demain, Belle nuit, hein? Pas trés claire mais fourmillante d’étoiles : tout & Vheure, Js lune va se lever. Tout juste le genre de nuit, ot if arrive rien. Tls ont tout'prévu, tout accepté, méme le massacre : mais pas pour celle nuit, Le ciel est si pur quil donne confianee, cette nuit leur appartient. (Brusquement.) Quelle puissance! Dieu, cette ville est a moi et je tela donne, Tout a Vhoure je la ferai flamber pour ta gloire! (Aux offciers.) Un prétre ssi échappé de ‘Worms et, prétend hous y faire entrer. Le capitaine Ulrich l'interroge, TROISHENE OFFICIER Hum! ere Quoi? 48 Le diable et le bon Diew ‘TROISIEME OFFICER Je me méfie des traitres, cor Tiens : moi je les adore, Un officer enire en poussant le prétre avec un soldat. SCANE IT 18S MEMES, HEINRICH, LE CAPrTAINE HEINRICH, fomban! aus genous de Cele, TTorlurez-moi! Arrachez-moi les ongles! Hcorchen- moi vivant! Goetz éolate de rire. care, tombanl aus genous du préire, Biripezmoil Rouez-moi vil! Ecartelez-moi! (I fe teloe) Bh bien, la glace est rompue. (Aw capi- laine.) Gui est-ee? Lr carrAtNE Crest Heintich, le curé de Worms, calui qui deveit nous livrer ta vile, cer, Eh bien? LE cAPrraINE Il ne veut plus parler, Gaer2, va d Heinrich, Pourquoi? Le caPirains I dit simplement qu’il a changé davis, Aole 1, deuritme tableau, scéne TIT 49 ‘TROISIEME OFFICER Ghangé davis! Sacredieu! Cassez-lui les dents! Brisez-lui l’échinel HEINRICH Cassez-moi les dents! Brisez-moi l'échine! cer Quel enra nous livrer la HEINRICH Pour sauver les prétres que la populace veut mas- sacrer, core Et pourquoi t'es-tu ravisé? HEINRICH Jai va les gueules de vos retires. com, Aprés? HEINATCHL Elles parlent. oor Que disent-elles? HEINRLCH. Que je provoquerais un massacre en voulant emp2- cher quelques meurtres. cer Tu en avais deja vu, pourtant, des rettres, Et tu savais quis n/avaient ‘pas V'air bon, HEINRICH Ceuxcoi sont pires que les autres, 50 Le diable el le bon Dieu Adle 1, dewaitme tableau, scdne IV 5) com, Bah! Bah! Tous les soldats se ressemblent, Qui croyais-tu trouver ici? Des anges? EINAIG Des hommes. Bt je voulais demander ce’ hommes <'épargner d'autres hommes. Ils seraient entrés dans Ja ville s'ls m'avaient juré de laisser la vie & tous les habitants. Tol. Pour voir! Rien que pour voir... Je suis cheé flea aprés tout : sje Ue jursis sur la Bible? Faismmol ke coup de la conlience imbecile! Vous autres ia prétres neste pas votre rile de tenter les méchanta par le Bien? HEINRICH lente par le Bien, toi? Ga te ferait trop de plaisir! cam sare Tu eroyais done & ma parole? ‘Tu me eonnais, (Il le egarde en souriant,) Allee etwatca vousen tous, Ata parole? (IL te regarde.) Tu es Goetz? Les offciers el Catherine sortent, corre Oui, EINRICH SCENE IV Je... je pensais pouvoir m'y fies. oar2, weiNeicy, cert, étonné, A ma parole? (Un temps.) Je te la donne. (Hein ich se tail.) $ i ll, je ich se tail.) Si tu nous fais entrer dans la vil Jae de Taser la vie sauve 8 sts habitants GETZ, avec une sorte de lendresse, Tues en sueur. Comme tu soutres! HEINRICH, Et tu voudrais que je te croie? HEINRICH Fas assez! Ce sont les autres qui soutfrent, noi, Diew 2 permis que je france d'autrai sans jamais la ros rogardes-tu? pas hanté par la souf- sentir. Pourquoi mo cere Nien avais-tu pas Vintention? HEINRICH Oui : avant de Uavoir vu, Gam, toujours avec lendresse. Jal x cette gueule de faux-jeton. Ces toi que yf, pgarde el c'est de moi que j'ai pitié: nous sommes ae la méme espace, Geer, se mel @ rire Eh oui, je sais ui me voier q ment dma parole je dois aval Tait tg intel gent pour la tenir, Mais écoute done : prends-moi HEINRICH 1 tu as lives ton fréze, Moi, je ne . Cest faux! T liveral pas les 52. Le diable ot le bon Diew cere ‘Tu les livreras cette nuit. HEINRICH Ni cette nuit ni jamais, Un temps. cere, sur un ton détaché. Qu’est-ce que les pauvres vont faire aux prébres? Leg pendre aux crocs des bouchers? nerve, dans un ori. Tais-toi (TI se reprend.) Ce sont les horreurs de Ja guerre, Je ne suis qu’ua humble curé, impuissant 4 Tes éviter, corre Hypocrite! Cette nuit tu as pouvoir de vie et de’ mori sur vingt mille hommes. HEINRICH Je ne veux pas de ce pouvoir. 1 vient du Diable. oar. Tu n’en veux pas, mais tu en courant.) Hola! qu’est-ce que ta tun as dénide, Heinrich reot HEINRICH Tu as raison, Que je m'enfuie ou que je me tue, ¢2 warrange rien, Cs sont des fagons de me taire. Je suis 'slu de Biew. (Heinrich s'enfuit Si tu fuis, le regarde ef se mel d rire, care Dis plutdt que tu es fait comme un rat, HEINRICH lest la méme chose : un élu, c'est un homme que Ade I, deuxitme tableau, scene IV 83 le doigt de Dieu coince contre un mur. (Un femps,) Seigneur, pourquoi moi? ceerz, doucement, Voici le moment de l'agonio, Je voudeais te Pabré- ger. Laisse-moi tlaider. HEINRICH sider, ti, quand Dieu ve tit? (Un temps.) Allons, jai menti : je ne suis pas son élu, Pourquoi le serais-je? Qui me forgait. & sortir de la ville? Qui 'a donaé mandat de venir te trouver? La vér est que je me aus elu mokméme, Quand je ven te demender la gréce de mes tréres,|'stais déja sir de ne pas obtenir. Ce n'est pas la méchanceté de ages ‘m’a fait changer davis, c'est leur fe révais de faire Je Mal eb quand je vous, a, j'ai compris que Paliais le Sais-tu’ que je hais les pauvres? corm ire pour de vrai Oni, jo le sais. HEINRICH Pourquoi s’en vont-ils quand je leur tends les, bras? Pourquoi soufrentils toujours tellement plus que je ne pourrai jamais souftris? Seigneur, pour- ul aver-Yous,permis qui ait des peuvres? Ou alors que ne m'aver-vous fait moine? Dans un cou- vont, je ne serais qu’ vous, Mais commentn'étrequ’a ‘vous seul tant qu'il y aura des hommes pour mou- rir de faim! (A Gels.) J'étais vonu to ls livrer tous et j'espérais que tu les exterminerais, afin que je puisse oublier quills ont jamais été, com, Eh bien alors? rennet + tu n'entreras pas dans i change a’ 4 Le diable ef le bon Diew cam Et si c’était, la volonté de Dieu que tu nous y fasses entrer? Ecoute un peu : si tu te tais,les prétres: meurent cette nuit; ga, c'est sir. Mais les pauvres? Crois-ta qu’ils vont Survivre? Je ne leverai pas le sige : dans un mois, tout le monde aura crevé de faim 4 Worms. II ne s'agit pas pour toi de disposer de leur mort ou de leur vie, mais de ehoisir pour eux entre deux genres de mort. Couillon, prends donc fe plus rapide. Saista oe qu'il y ggront? Sils rmeurent cette nuit avant d'avoir tué les prétres, gardent les mains pures; tout le monde se retrouve fu ciel, Dans le cas contraire, pour quelques semaines que tu leur laisses, tu les envoies, tout souillés de sang, on Enfer. Voyons, euré : c'est le Démon qui i soll dépanger Ine vie trrstes pour leur donner le temps de se damner. (Un temps.) Dis-moi ‘comment on entre dans la ville. HEINRICH Tu a’existes pas. con, He? HEINRICH ‘Tu n’existes pas. Tes paroles sont mortes avant enter dans mos oreilles, ton visage n'est pas de ceux qu'on rencontre en plein jour, Je sais tout co que ti diras, je prévois tous tes gestes. Tu esma eréature, et je te soulile tes pensées. Je réve, tout est mort et air a gout de sommeil core En ce cas, je réve aussi car je te prévois si minu- tiousement que to m’ennuies déja. Reste & savoir lequel des deux habite le rive de autre, HEINRICH Je ne suis pas sorti de la ville! Je n’en suis pas Acle 1, deuxitme tableau, scéne IV 36 sorti! Nous jouons' devant, des toil 23 toiles peintes. Al beau parleur, donne-moi la comédie. itll @ tien est de dire non, Non! Non! Non! Non! Tu me lis rien? Tout ceci n'est qu’une tentation ‘trés ordinaire et sans beaucoup de vraisembiance. Gue ate, moi? (I designe le we.) Vi Ire! Que fait je sus dadans? (Un lagpe ity ais Jo ne-sais pas ob elle est, on ele quand il se prépare & me faite ses grimaces, mmence le spectacle par des fanlasmagories, con Tu Pas défi vu? HEINaLcH Plus souvent que tu n'as vu ta propre mére, ; oor, Je lui ressemble? HEINRICH. Toi, pauvre homme? Tu es le bouton care Quel bouffon? HEINRICH Ty a toujours un bouffon. &: eontanies. (Un femps.) Wat gagnd, ® ¢ me car, Quoi? ; HEINRICH ai gagné. La demiére lumiére vient de s'steindre : isparu Je simulscre diabolique de Worms. Allong ‘Tu vas disparaitre a ton tour, et cette tentation ridi cil brenda fin. La mut, Te mot partut. Quel 56 Le diable el le bon Diew cere Continue, prétre, continue, Je me rappelle tout ce que tu vas dire. Tl'y a un an... Oh oui, mon frére, je me rappalle ; comme tu voudrais faire entrer toute celte nuit dans ta tétel Comme je ener, mirmure, 08 vais-je me réveiller? cata, rant foul d coup. Tu es réveillé, truqueur, et tu le sais, Tout est vrai, Regarde-moi, touche-moi, je suis de chair eb d’os, Tiens, la lune se léve eb ta cité diabolique sort de Vombre; regarde-la : est-ce une image? Allons! C'est du vrai roc, ce sont de vrais remparis,c'est une vraie ville avec des vrais habitants. Toi, tu es un vrai trattre, HEINRICH On est un trattre quand on trahit, Et tu auras beau faire, je ne trahirai pas com On trahit quand on est un trattre : tu trahiras. Voyons. Curé, tu es déja un trattre : deux partis staflrontent et tu prétends appartenir aux deux a la Done tu joues double jeu, done tu penses en langues : [a soulfrance des pauvres, tu Pappelles épreuve en latin d’église ef en allemand iniquits. Que arrive de plus si tu me fais entrer dans la le? Tu deviendras le traitre que tu étais, lout sim- plement. Un tratice qui trahit, c'est un traltre qui S'accepte. MEINATCHE Comment sais-tu cela si ce n'est pas moi qui te dicte tes paroles? cor Parce que je suis un trattre. (Un temps.) J'ai déja Ade I, deuviéme tableau, ectne IY 57 fait le chemin qui te reste a faire, ourtant regard moi : n’ai-je pas le mine florissanta’ HEINRICH Tu es florissant parce que tu as-suivi ta nature, Tous les batards trahissent, e'est eonnu, Mais moi je ne suis pas batord, cer, hésite d fropper puis se contient, Diordinaire ceux qui m'appellent bétard ne recom- ‘mencent, pas. HEINRICH Batard! com Guré, curé sois sérieux, Ne me force pas & te couper les oreilles : ca n’arrangerait. rien puisque je te laisserais ta langue. (Brusguement, il embrasse.) Salut, petit frére! salut en batardise! Car toi aussi tu es bitard! Pour tengendrer, le clergé a couché avec Misére; quelle maussade voluptél [Un lemps.) Bien sr que les batords trahissent : que. veux-ta quiils fassent dautro? Moi, je suis agent double de naissance : ma mére s'est’ donnée & un croquant, el je suis fait de deux moitiés qui ne collent pes ensemble : chacune des deux fait horreur & l'autre, Crois-tu que tu es mieux loti? Un demi-curé ajouté & un demi-pauvre, ¢a n'a jamais fait un homme entier. Nous ne sommes pas et nous n’avons rien, ‘Tous les enfants légitimes peuvent jouir de la ferre sans payer. Pas toi, pas moi. Depuis mon enfance, je regarde le monde par un trou de le serrure : c'est un Deau potit ceuf bien plein ot chacun oceupe la place i est assignée, mais je peux talllrmer que nous Ne sommes pas dedans, Dehors! Refuse ce monde Gui ne veut pas de toil Fais le Mal ; tu verras comme on se sent léger. (Un offcier entre.) Que veux-tu? LOPFICIER L'envoyé de Varchevéque est arrivé, 88 Le diable et le bon Diew care Quill viene. OFFICER Tl est porteur de nouvelles; lennemi laisse sept mille morts, c'est la déroute. cart vont i i parler dora Et mon frére? (L’Oficier veut tui parl Ne m'approche pas et parle haut. L'OFFICIER Conrad est mort A partir de la Heinrich regarde atlentivement Gels. com Bien, On a retrouvé son corps? LOFFICIER Oui. care En quel état? Réponds! LOFFICIER Défiguré, cure, Un coup d’épte? LOFFICIER, Les loups. core Quels loupe? Il y a des loups? L'OFFICIER La forét d'Arnheim... Ante I, deuzi?me tableau, seine IV 59 care Crest bon, Qu'on me laisse régler ee compte-ci eb je marcherai contre eux avec I'armée ‘éoor- Sherai tous les loups d’Ammbeim. Valen. (L-Offeier sorl. Un temps.) Mort sans confession; les loupe la: font mangé la face, mais Lu vois : je souris, weInnten, doucement, Pourquoi asta trahi? care, Pareo que j'ai le godt du défnitit, Curg suis fait moisméme : batard, je 'étais de naissence, ais Ie beau titre de fratricde, je ne le dois qu'a mes mérites. (Un temps.) Elle esb & moi, & present, & moi seul, EINRLCH, Qu’est-on qui est a toi? ser La maison des Heidenstamm. Finis, les Heidens- tamm, liquidés, je les recueille tous en moi, depuis Albéric qui en fut Ie fondateur jusqu’s Conrad, le dernier héritier male. Regarde-moi bien curé, je suis un caveau de famille. Pourquoi risin? HEINRICH Je croyais que je serais seul voir le Diable cette nuit, mais & présent je pense que nous le verrons fous les deux. oar ce nest, pas lui qui les damne. Je ne daigne’ avoir allaire qu'a Dicu, les monstres et les saints ne relevent, que de lui, Dieu mo voit, curé il sait que j'ai tue ton ftére et son cceur saigne. Bh bien, ou, Seigneur, jt Psi tus. Bt que peux-tu contre moi? Jai commis le pire des crimes et le Dieu de justice no peut me 60 Le diable ei te bon Diew il "a damné. 1 illy-a plus do quinze ans qu'il m’a dame papi ye our aujourdhul : cest ete. Je vais boire. ornacea, allant a i Tiens! TL sort une olé dz sa poche of la lui lend cere Qu’est-ce que est? EINAICHE Une ol. car Quelle elé? ‘MBLNRICHE Celle de Worms. cart el ete dis. Un frare, fou Cee Fee Sn frie Tous Is jours + Je peux « bien me donner congé jusqu's demain. serps, aoance sur lui. L&che! caort, sarrétant i je prends cette al, je brdlerai tout. ‘HEINEIGH » i Sher blanc. de oe ravin, il y a un grand roc! ane ae che par dos Broussales, ily @ un trou, Vous suivrez Je souterrain et vous trouverez une porte qui s’ouvre avec cet com ; Commo ils vont Vaimer, tes pauvres! Comme ils vont te bénir! Ade I, deuvidme tableau, scene 1V 61 MEINRICH Ga ne me regarde plus. Moi, je.me perds, Mais je te confie mes pauvres, batard.'A présent, c'est & toi de choisir. ser, Tu disais tout & Phoure qu'il sufisait de voir ma gueule.. BEINRICH Je ne l'avais pas assez bien vue. core, Bt que vois-tu & présent? HEINRICH Je vois que tu te fais horreur. oars Crest vrai, mais ne ty fle pas! Je me fais horreur depuis quinze ans. Bb apres? Hst-eo que ta ne comprends pas que le Mal est ma raison d’étre? Donne-moi cette elé. (11 la prend.) Bh bien, prétre, tu te seras menti jusqu'au bout. Tu pensais a trouvé un truc pour te masquer ta trahison. Mi our fini, to a8 taht taut de méme, Tw as lire conrad, HEINRICH Conrad? care Ne Vinquidte pas : tn me ressembles tant que je t'ai pris pour moi. I sort. TROISIEME TABLEAU lenle de Gas. Paros a0 de lune. rpoitirés loin la ville au clair SCENE I HERMANN, CATHERINE. te lit re ef tenle de se cacker derriare aa oe on ns espoaiset, reo lun ge es énores ess Calherine entre, s'approche et lui donne un coup de ‘al , rite eforé. Be fond orion rat NN LE TROISLEME OFFICIGR, HERMA Si tu cries... CATHERINE ; a pendre, mioux Si je vie tos pris ot Gata fe fra pend ‘aut eauser, Que vas-tu lui faire LOFFIOIER i is du sang Ce que je vais lui faire, catin, si tu avais : ‘cATHERE Acte 1, troisitme tableau, soine I 63 ines ily a beau temps que tu le lui auraig Va te promener et remercie Dieu gure Se charge de la besogne & ta place. Entends ta Qulestce que je deviendrai s'il meunl? Tout Je ‘amp me sauiera’dessus, Vorraea Nous te ferons fuir. CATHERINE Me donnerez-vous de Vargent? L'orrtcien Nous ten donnerons un pew, CATHERINE Payea-moi ma dot et j'entrerai au couvent, Vorrtcter, riant, {2 ouvert! Tot, Situ vou vive en communauts 1 Gaaellepluat le bordel: aves fe talent que Au as dans les culsses, tu gagneras de Tor ‘Allons, écide-toi. Jo ne te demande que le silence caTHERINE, Pour ce quiest de mon silence, tu peux E compter : de toute:fagon, jo ne te livrerai ‘pas, Sunt a te laser l'égorger.. ca dépend, Vorrtcien, Ga dépend de quoi? a pointe du couteau, Mais moi, il Fons’ Beaucoup plus diftcily a raccommeden (24 lemps.) Cette nuit la ville est px 64 Le diable el le bon Diet tout Je monde s'en Va, Quand il viendra ici, tout & Vheure, je lui demanderai oe qu compte faire de roi, S'il'me garde.. VoPFICIER Gavtz te gander? Tu es fol, Que veuscto qu'il fosse de toi? CATHERINE iil me garde, bu ne le toucheras pes. VOFRICIER Bt s'il te chasse? CATHERINE ‘Alors, i est toi, 8 je ore = «Tu Pauras voulu!» sony de ta cachette et tu Tauras & merci. L'OFFICIER ‘Tout cela ne me dit rien aque mon entreprise dépende exrupnine, gui de vega ‘Alors tu n'a plus qu’a te mettre & gonoux pour joi demander te gréce : Ie voll Hermann court se cocker. Cal rite. alle, Je maim pes ine histoire de cul moment ine se mel d SCENE H Goeth, CATHERINE, HERMANN, cache, acer, entran Pourquoi tis-tu? CcATILERINE Jo rain & mes songs iP te voy dague dans le dos, (Un temps.) Alot , ila parle? Aate I, troisiéme tableau, scene IT 68 oar Quit ‘CATHERINE. Le cure, oer Quel curé? Ah oui! Oui, oui, naturelloment, CATHERINE Bt c'est pour cette nuit? ; car st-ce que ga te regarde? Otes (le los tui dle.) Conrad est. ‘nore mol mes Bobi, CATHERINE Je le sais; tout le camp sait, b cere jonne-moi & boi a ae bngermei der Il faut féter cela, (Elle le CATHERINE Jo n’en ai pas envie. core Bois, nom de Dieu, c'est f8te. CATHERINE ae, te gua commenct par un massacre ot, qui ore La plas belle féte de ma vis je apps bel fede ma vs, Denn, jo pars pout CATHERINE, saisis. Si tot? 66 Le diable et le bon Disw cere $i tot! Voila trente ans que j’en réve, Je n’atten- dai pes un jour de plus. (Catherine semble troublée.) Tu ne te sens pas bien? caTHERINE, 6¢ reprenanl. Crest do tentendre parler de les terres quand le corps de Conrad est encore chaud. com YVoild trente ans qu’elles sont, miennes on seoret. (Il Teoe son verre.) Jo bois & mes terres et & mon chateau, Tringuel (Elle léoe son verre en silence.) Dis : A tes terres! (CATHERINE. Non, core Pourquoi, garce? CATHERINE Parce qu’elles ne sont pas & toi. Cesseras-tu d'etre batard parce que tu as assassiné ton frére? (Gale se mel d rire ef lui envoie une gife; elle Cesquive el se rejelie en arriéve en riant.) Les terres, ga se transmet par heritage. cor Il aurait fallu me payer cher pour que j'accepte d'en hériler. Ce qui est & moi, c'est ce que je prends. Allons, tringue ot je me fache. CATHERINE ‘A tes terres! A ton chateau! oor Et qu'il y ait la nuit, dans Jes couloirs, beaucoup de fantomes indignés. Adie 1, troisitme fablenu, seine IT gy ct wm caTHERINE st vrai, cabotin, que ferais-t {abotin, tu Pol aux fantdmes. (in temgs,) Ainsh aman’ Gul est & toi, c'est ce que ti prends? care Cela seulement. CATHERINE Ak 8 dee shee, ton Manoir et ton domaine, tu pos soucier. Hs prix dont tu ne parais pas te . con, Qu’est-ce que v'est? CATHERINE Moi, y fpon chéri, moi. Ne m’ss-tu pas prise de force?’ /; Decide. 2” emPs.) Que comptes-tu faire de moi? Gears, il la regarde ef rd Eh bien, je Vemméne, ‘fee CATHERINE Tu m'emmeé Pourguay mimes? (Elle marche avec slain dang in n emménes-ta? Pour installer ) m chateau historique? une pulain vox ti core our faire o ne ucher une putain dans le lit de ma Un temps. nas caTueatNe é is? §; JP relusais? Si je ne voulais pas te suivre? J cor spire bien que tu ne le veux pas 8 Le diable af le bon Diew CATHERINE ‘Ah! Tu m'emmenes de force s ret honte dete suivee, votontaicement. Temps.) Pourquoi veux-ta toujours arracher ee di Hincooederait pout-dtre de bonne gréce? oat Ga me soulage. J'au- Un on Pour aire sir qu'on me Paocordera de mavyalse ge (IL oa vers alle) B es a’est-ce que ba me cack caTneRINe, vivement. cart Depuis quedque temps tu ne plus le mbme ame dftestes toujours bien fort, n’estce pas? CATHERINE Pour eela oui: bien fort! core ‘Py raves toujours que ba m’assassines? CATHERINE Plusieurs fois par mul cor ‘Tu ntoublies pes cw moins que je Vai souilés avilie? CATHERINE Je nen ai gente. com Bi tu subis mes caresses aveo répugnance? CATHERINE Elles me font frissonner. Regarde-moi, Catherine Te eat Acie 1, iroisitme tableau, scene IIT 69 car Parfait. Si tu t'a is de te par base te chaserais§ Vinstants snus mes CATHERINE M ours Je n’accepterai plus ri ‘i . 15 rien, pas mi dace eaeebiarat FI pas méme les faveurs CATHERINE Pourquoi? care Parse que j’si trop regu. Pendant vis ont tout donné gracieusement, jusqu aus Je rsp n lard faut que ga Bae a map it jomme és ue aoa Ob Com je vais donner & présent! , Frans, entrant, L'envoyé de Son Bxcellence est 1a. care Qu'il entre, SCENE III LBs MEMES, LU BANQUIER, LB BANQUIER Je suis Foucre, oar Je suis Getz et voici Catherine, Le diable et le bon Diew 70 Le BANQUIER ; Heureux de saluer un aussi grand capitaine, oar ier, Bt moi de’saluer un aussi riche bang) LE BANQUIER 1 velles. Je suis porteur do trois excellentes nouvel oars ‘ictorie om frére est mort, Archeveque est viclorieux, mo ’ cot Moeue'esk h moi. Nest-ce pas cae? : LB BANQUIER ‘Tout juste. Eh bien, je.. care . Voulez-vous boire? H Fétons LB BANQUIBR Mon estomae ne supporte plus le vin. Je... cart Voulez-vous cette jolie fille? Elle est & vous. bp BANQUIER ; "Je ne saurais que faire d’elle, Je suis trop views. core i Catherino, il ne vou tei (Au sr pe referer vous les jeones sarge! Ihy pant ce sir mbme sous VOLE Uae. Le manguten / me Non, aon! Pas de jeune gargon! Pas de jut gargont Jens van K ‘i un de Que diviez-vous d’un lansquenet? Jen i Acte 1, troisi¢me tableau, scéne LIE 74 Ri Bieds, le visage couvert de polls; vous juneriez Polyphame. LE BANgureR Oh! Ob! Surtout pas car, En ces, nous allons vous donner de la gloire, (1 apple.) Brante! (Franz parail.) Rrante, tu pro- Pieneras Monsieur & travers Je camp, veille & eo que es soldats erionb« Vive le banguier > en jetant fers chapeaux on Pair, Frantz sor Le paNguIER obligé, mais je souhaiterais vous parler cere, donne, Et qu’est-ce que vous faites depuis que vous étes entré? (Désignant Catherine.) Ah Celle-c. C'est ve animal domestique : parlez Sans vous géner LE BaNguiEn Son Bminence a toujours été pacitique et vous saver que feu votre {rere était responsable de la guerre. corn, lon tre! (Tike violent.) Si catte vielle boarrique ne l'avait poussé & bout... LE BaNoutER oar, Oui, Oublicz ce que je viens de dire, mais yous mobligetiea en laissant mon frére en dehors de tout evi, Aprés tout, je porte son deui, R Le diable et fe bon Diew LE BANQUIER Son Bminence done a décidé de célébrer le retour | de la paix par des mesures de clémence exception- nelles. cara Bravo! Bille ouvrira les prisons? LE BANQUIER Les prisons? Oh non! care Souhaite--elle que je fasse remise de leur peine aux soldats que j'ai punis? up BANQUIER lle le souhaite certainement. Mais Tamnistie qville envisage ext d'un caractére plus général. Ble Seat Pétendre & ses sujets de Worms. oor Ah! Ab! Le BANQUIER Bille a désidé de ne pos leur tenir rigueur d'un ge rement passoger core Bh bien, c'est une excallente idee be paguten Sorions-nous daccord? si vite? com Bntiérement d’acoord. Le Banguitr so frotte les Le BANQUIER tout ost parfait; vous étes un homme (Quand songez-vous a lever le siege? i Ate J, troisiéme tableau, sedne IIT 73 cor Demain tout sera fini. up BANQUIER Daman gst un peu tt tout de mime, Son Exes ésire entrer en pourpaclers avec les assi- fs Si votre annfe demeare enor quelgus jours ws murs, les négociations s’ gous eur sgociations s’en trouveront coer Je vois. Ht qui va négocier avec eux’? LE BANQUIER Moi. core Quand? 1B PANQUIER Demain. . core, Impossible LE BANQUIER Pourquoi? cure Catherine! On le lui dit? caTHERINE Bien sic, mon bijou core Dis-lui, toi, Moi jo n' a Diu, ak: Mol jo ose pas ga va lui faive trop CATHERINE, Demain, banguier, tous ces gens-l& seront, morts. 4 Le diable et lz bon Diew LE BANQUIER Morts? core Tous. 5 BANQUIBR Tous morts? cer Morts tous. Gette nuit, Vous voyex cette clé? Gest celle de la ville, Dans une heure d'ici, nous ‘commencerons le massacre. LE BANQUIER Tous? Méme les riches? care ‘Mame Jes riches. LE BANQUIER Mais vous approuviezla elémencedel’Archevéque. com rave encore, Il est offensé et prétre + ardonner. Mais moi, pourquoi par habitants de Worms ne m’ont pas sence, Non, non : je suis militaire, done je tue. Je fhe taevai conforméraent & mon office et ’Archevaque our pardonnera, conformément au sien. Un temps. Pais le Banquier se mel d rire Catherine puis Gale rient aussi. a Je appro deux raisons de p: donnerais-je? Les ue BANQUIER, F ‘Vous simen rire care, rank. Jo n’aime que cela, CATHERINE Tha beaucoup desprit, n’est-ce pas? Ade I, troisiéme tableau, scene IIT wes UB BaNguien uicoup. Et il méne fort bien son alfaire care: Quelle atteire? Uf BANQUIER Depuis trenie ans, v trente ans, je me régh cleat que Vintértt mene Ie ‘monde. Devant met tes plus nobles Te leg a gandues par Tes mai es I les vies 8 fisais + Cherche Pintarst' = UNE ele Jo me are Et quand vous laviex trouvé? LE BANQUIER On causait, ‘ oars ez-vous trouvé le mien? Le BAN Yoyons! ‘QUIER cere Quel estil? LE BANQUIER Doi pgucament. Nour gppariones dune categorie dift- gi » Aveo vous, i faut avancer pas core Quelle categorie? LB BANQUIER Geile des ideatistes, . com Qu'est-ce que c'est que ga? 6 Le diable et le bon Diew LE BANQUIER Voyer-vous, je divise les hommes en trois caté gorieS : ceux qui ont beaucoup d'ergent, ceux qui gen ont point du tout et ceux gui en ont un, peu. {ies premiers veulent garder ce qu'llsont eur interét, eat de maintenit 'ordre; les seconds veulent prendre ge gulls ant os Teur intérét, cest de détruire dre actuel et d'en établir un autre qui leur soit profitable. Les uns et les autres sont des réalistes, des. Fons avee qui on, peut s'entendre. Les, woisiémes seulent renverser I'ordre sovial pour prendre ce qu’ils Dont pas, tout en le conservant pour qu‘on ne leur prenne pes ce qu'ls ont, Alors, ils consezvent en fat Eequile détruicent en idé, ou bien is détruisent en fail qu fonteomblant de conserver. Ce sont eux les idéatistes. cere Les pauvres gens. Comment Tes guérir? Le BANQUIER Bn les faisant passer dans une autre catégorle cociale, $i vous les enrichisse, ils défendront T'ordre tab oar Enrichissex-moi done. Qu'est-ce que vous m'offrez? LB BANQUIER Las terres de Conrad. core ‘Vous me les aver déja données. LD BANQUIER Bn ellet. Rappelez-vous seulement que vous les devez A la bonté de Son Eminence, oor Groyen que je ne Voublie pas. Ensuite? Acle I, troisiéme tableau, scéne II 17 Le BANQUIER Votre frére avait des dettes. carn, Le pauvre! Ilse signe. Sanglot neroeus. Le BANQUIER Qu'est-ce que c'est? oor cea, chmse «esprit de ai, Done i avait LE BANQUIER Nous pourrions les payer. core Ce n'est pas mon intérét puisque je n'avais pas ; pi mavais pas + Yintention de les reconnaitre. C'est. celui t Crest: celui de ses LB BANQUIER Une rente de mille ducats?.. are gine soldats? S'ils relusaient de partir les mains Le BANQUIER all autres ducats & distribuer aux troupes. Est-ce oer Crest trop. ‘LE BANQUIER Alors, nous sommes d’acoord? 8 Le diable el lz bon Diew cor. Non. Le BANQUIER Deux mille ducats de rente? Trois mille, Jo n'irai as plus loin, con, Qui vous le demande? UB BANQUIER Que voulez-vous donc? car Prendre la ville et le détruire. 18 BANQUIBR Passe encore de Ia prendre, Mais saerebleu, pour- quoi vouloir la déiruire? cor, Parce que tout le monde veut que je l'épargne, ue BANQUEER, alleré. H faut que je me sois trompé... cen , beret | Tu n'as_pas su trouver mon int voyens 1 quel etl? tere! Chere done Mai gsse-toi : il faut que tu aies trouvé Taney die tans pas dazoavert ls fal ri font marcher la mationnette, je te ferai Broinener ravers los roes,et ta vervas sallumer un un les foyers de V'incen LB BANQUIER ‘Vous trahissez la confiance de l’Archevéque. oer ‘Trahir? Confiance? Vous étes tous les mémes, vous | Ade 1, troisiéme tableau, scéne IIE 79 © quand vous ne savez plus c'est Ie langage des idéalistes que. vous ‘empruntez, 15 paNouiER Si vous rasez la ville, vous n’aurea pas les terres de Conrad, cere Gardez-les! Mon intérét, banguier, o'était de les avoir et dy vivre, Mais je ne suis pas si str que Vhomme agisse par intérét Alions, gardes-es ot due Son Eminence se les foute au eul. J'ai sacrifié non frore & VArchevéque ef l'on voudeait que 'épargne vingt mille manants? J'oftze les habitants de Warne aux ménes de Conrad : ils rdtiront en son honneur, Quant au domaine de’ Heidenstamm, que lArche: ‘que s'y retire, s'il veut, et quill se. consacro A ‘agriculture : it en aura besoin, ear jfentends. le rainercettenuit. (Uniamps.) Franta! (Frantz parail Prends ce vieux réaliste, valle & ce qu'on lui rondg les honneurs et quand il sera sous sa tente, attache: lui solidement les mains et les pieds, LE BANQUIER Non! non, non, non! oer lonc? QO 1B BaNguIER ‘Vai d atroces rhumatismes, voscordes vontm'assas- siner, Voulez-vous ma parole de ne pas quitter aa tente? cara Ta parole? C’est ton intérét de me la donner, mais tout & Vheure ce sera ton intérét de no pas la tenir Va, Frantz, et serve les noouds bien fort. Frantz el le Banguier sortent. Aussit6t on 80 Le diable ef le bon Diew eniend les eris de «Vive le Banguicr» tout roches puis qui vont en s'éloignant el en s'affai- lissant. GON, CATHERINE, HERMANN, onché. oer Vive le banguier! (Jl éclate de rire.) Adieu les terres! Adieu les champs et les riviéres! Adiew le chateau! caruenins, riant, Adien Ie chateau! Adieu les Adien les te portraits de famille! com Ne regrette rien! nous nou: mouris. (Un temps.) Le vi serions ennuyés & écilel (Un temps.) ‘An! Tl ne fallait pas me défier! CATHERINE ‘Tu as mal? oar De quoi te méles-tu? (Un lemps.) Le Mal, ca doit faire hal & tout le monde, Bb d'abord a celui qui le fail. catupaine, timidement Bb si tu ne prenais pas la ville? con $i je ne la pronais pas, ta seraischatelaine. CATHERINE Je n'y pensais pas. | | Adle I, t jéme tableau, seine IV 81 care Bien sir que non. Alors réjouis-toi : je la prendrai, CATHERINE Mais pourquoi? corre Parce que c'est mal CATHERINE Et pourquoi fairo le Mal? com, Paree que le Bien est déja fait. CATHERINE Qui Pa fait? . cor, Dieu le Péro. Moi, j'invente. (Il appolle.) Hol Le capitaine Schene, Tout de suite! oli 4 Penirée de Ia tenle et regarde CATHERINE Qu’est-oe que ta regardes? cars ght ile (Un temps.) Jo me demande s'il y avait CATHERINE Quand? Ou?... . ; cars, une nt arti cela je ean etre do ja tente eb je regardais le beliroi, au-dessus di remparts, Au ‘matin, nous avons donné Passau fil an mee 82. Lo diable ef le bon Diew je le camy recent vee elle.) En tout cas, je fourat » avant que ga ne pue, A cheval et bonjour. CATHERINE Tu... en vas? oo it sonne, Demain, avant midi, et sans prévenir personne, CATHERINE. Et moi? oem i ne Toi Biueheto ene saute que event ne le pas de ce eile. (Ene le englane) oox sae armel ete Hf ee e reste do! Parmée en atat da kt. Fates Lan dans Te noir ot san bral {le anne sort, Jusqu'd la fn de Uacle, on enlendra ne seras dlouifés des préparalifs.) Done, mignonne, to pas chatelaine. ‘CATHERINE, ‘Jon ai peur, core Bs-tu bien dégue? CATHERINE Je n'y croyais guere. core Pourquoi? ‘CATHERINE Parce que je te connais, caer, violemment. Toi, tu me connais? (I! s'arréle ef rif.) Aprés tou! Ads I, troisiome tableau, scéne IV 3 ‘Roi aussi, je dois étre prévisible. (Un temps.) Tu dois etre fait tes petites idées sur ls manatee i, me Prendre tu m'observes, tu me regardes. CATHERINE Un chien regarde bien un évéque car, Oui, mais i! voit un évéque & téte de chien. Jai Trait, de auoi? De chien? De maquereau? “be morue? (Il la regarde,) Viens sur leit CATHERINE, Non, car, Viens, te dite, je veux faire amour CATHERINE, Je ne tai jamais vu si pressant, (11 la prend par épaute.) Ni'st preseé. Qasr?” (11! Prord pa core Crest le Gests & téte de morue Lai et moi, on y. porte Pamour, ui me fait signe, ub se mélanger. Et puis Vangoisse CATHERINE Tw as de Vangoisse? coer ‘assied sur le lit, fournant le dos ns! Viens! Oui. (Lt remonte, 4 Uoffcier cache.) Al Catherine va a Sassied d sa place lai et le live vivement. Elle CATHERINE 2e viens, oui, je suis & to, Mats dis-moi ¢’abord co que je vais devenir? | 84 Le diable of le bon Diew com Quand? CATHERINE ‘A partir de demain, core Que veux-tu que j'en sache! Ce que tu voudras. CATHERINE Crest-d-dire : cabin. cart Bh bien, ca me paratt la meillears solution, non? CATHERINE Si ga ne me plait pas? can ‘Trouve un couillon qui t'épouse, CATHERINE Que vas-tu faire, toi? cor Rempiler. On dit que les Hussites sont nerveux; jirai cogner dessus. CATHERINE Emméne-moi. Pour quoi faire? CATHERINE in @’une femmes; Ty a des jours ob tu auras besoin d'une quand ily ure clair de lun et qu'il te foudra prendre tne ville, et que ta auras l'angoisse et que tu te sentiras amoureux. Ade I, troisitme tableau, seine IV 85 sort Toutes les femmes sont pareilles.. Mes hommes m’en, rapporteront par douzaines si l'envie m'en prond. CATHERINE, brusquement. Je ne veux pas! cam Ta ne veux pas? ‘CATHERINE Je peux tre vingt femmes, cent oi a te platy rien, ton cheval ne me sentira pas, Je veux étre ton bordel! Elle se serve conire tui. cera Qu’estree qui te prend? (Un temps. Il la regarde. Brasquement,) Va-t'en. J'ai honte pour toi, cATHEAINE, supplianie, Geeta! con, Je ne euportarai pas que tu me reardes aver ces yeux. II faut que tu sois une fiére saloperie pour oser m'aimer aprés tout ce que je tai fait, CATHERINE, criant. Je ne t'aime past Je te jure! Bt si je Waimais, tu ne le saurais jamais! Et qu’est-ce que ca peut te faire qu'on t'aime si on ne te le dit past com Qu’si-je A faire d'etre aimé? $i tu m'aimes, o'est tof qui auras tout le plaisir. Va-t'en, salope! Je ne ‘veux pes qu’on profite de moi, 86 Le diable et fe bon Diew CATHERINE, criant, Goota! Goetz! ne me chasse pas! Je nai plus per- sonne au monde! Gaels cherche d ta jeter hors dela tenle. Elle se cramponne @ ses mains, care ‘Tren iras-tu? CATHERINE Tu Pauras voulu, Geote! Tu Pauras voulu. (Her ‘mann sort de sa cackelle el se. précipite, le couleau ronds garde! ora, se relourne al saisit Hermann par le poignel. Frantz! (Des soldats entrent. I rif.) J'aurai tout de méme réusei & en pousser un & bout, aERMANN, d Catherine, Ordure! Donneuse! cere, d Catherine. ‘Tu étais complice? Jaime mieux ¢a : jaime beau- coup mieux ga! (Il lui caresse le menion.) Emmenet- te. Je déoiderai de son sort tout & eure. ‘Les soldats sorteni en emmenant Hermann Un temps. CATHERINE ‘Que vas-tu lui faire? care Jene peux pas en vouloir aux gens qui cherchont & me tier. Je les comprends trop bien, Je le ferai mettre en perce, tout simplement, comme un gros tonneau quill est. CATHERINE Bt A moi, que feras-tu? Ade I, troisiéme tableau, scéne IV 87 / cor Gest vrai qu’il faut que je te punisse. , CATHERINE Tu n'y es pas obligé. oars ont I cre ke ua i fe ont pee v leur faire cadeau de toi. Aprés, si nous choiions quelque rite bien Borgne et bon vérolé et le curé de Worms vous mariera carHeRINE Je ne te crois pas, core Non? CATHERINE Non. Tu n’es pas... Tr Non, Tu wes pes.. Ta ne le Z sire. J'en suis site! fras pas, Jon suis Je ne le ferai pas? (I! appelle eee ippelle.) Frantz! Frantz! (En ent Frente at deux soldals.) Occupe-toi de la FRANTZ Quelle mavige? cara Catherine, Tu la marieras grande clrnnie esate | tos an 88 Le diable ef le bon Diew SCRNE ¥ ns MBNES, NASTY. Nasty entre, va d lui et le frappe sur Corelle car HE 1B, rustre, que fais-tu? Nasty Je te frappe sur lortlle i com Jo Pai senti, (En le mainlenani.) Qui es-tu? Nasty Nasty Ip boulanger. corm, auc soldals. Bst-oo Nasty? ps sonpats Oui, eet lui. cor, ‘ Bonne prise, par ma foi. nasty ‘Tu ne m’as pas pris, je me suis livré, com, Si tu veux : le résultat est le méme Diew me comble de ses cadeaux aujourd'hui, (Il le regarde.) Voild done Nasty, Seigneur de tous les gueux dle: magne, Tu es tel que je l'imaginais : décourageant comme la vertu. NASTY i Jo ne suis pas vertueux, Nos fils le seront si nous Acle I, troisidme fableau, seine V 88 versons assez. de sang pour leur donner le droit. de Vétre. car, Je vois ; tu es prophéte! nasty Comme tout lo monde, com Vraiment? Alors, je suis prophéte, moi aussi? Nasty Toute parole témoigne de Dieu; toute parole dit sur toute chose cor Foutre! Il faudra que je surveille ce que je dis. Nasty fh i bout Ta ne pouras pas emptor do tout ire can, Bon. Eh bien, toi, réponds & mes questions et tache de ne pas dire tout 4 fait tout, sinon nous n’en finirons pas. Done, ta es Nasty, prophéte et bou- Tanger. nasty Oui, jo le'suis care On te disait, dans Worms. wasty Fen suis sorti, cart Cette nuit? 90 Le diable ef le bon Diew nasty Oui. cor Pour me parler? Nasty Pour chercher des renforts et t'attaquer par * derriére. con, Exosllente idée ; qu’est-co qui ta fait changer avis? nasty En traversant le camp, j'ai appris qu'un trattre ‘vous avait livré la ville oer Tu as di passer un sale quart q’heure? Nasty Oui, Tris sale, oor Alors? nasty i i te, J'ai r sur une pierre derritre le tent vu Ts tents vicar a peu of dee ombreseagiter A ce moment-la, j'ai regu mandat daller a toi de te parler. cure Qui t’a donné ce mandat? nasty Qui veux-tu que ce soit? core En effet, qui? Houreux homme :tu as desmandats : Acte I, iroisiéme tableau, sotne Y 1 Git sels qui Va mandaté, Moi aussi j'en ai, eure. : toi — tens, celui de brdler Worms. Mais je n'srive I ze 4 savoir qui me les a donnés, (Un, lemps.) Est-ce i Yeu qui Ua commandé de me rapper sur orale nasty i Oui, I owe i Pourquoi? Nasry + 5g Hess pas. Pout pour déooler la eve qui te bouche louie, core Ta léte est mise @ prix. Rstce que Dieu ven a prévenu? nasty i Dieu n'avait pas besoin de me. prévenir. J'ai toujours su comment je finirais. | cers West vrai que tu es prophete, Nasty Pas besoin d'étre prophite : | wavons que deux men résignent meurent de fa pas sont pendus. A dou; Nésignes ou non, nous autres, nous es de mourir. Ceux ‘qui se m, ceux qui ne se résignent Gaeta Parlait. Bh bien, jette-toi vite & mes gonoux, Nasty Pour quoi faire? 92 Le diatle et fe bon Diew cart Pour implorer ma. Dieu-ne te la pas command’? Prants lui mat nasty Non ; tu nias pas de i pourquoi ti jorerais-je, moi qui, le j Maurai de pitié pour personne? ear, se relevant. | Alors, quiest-oe que tu viens foutee fel? Nasty. ‘Vouvrir les yeux, mon irére, con On! nuit morveilleuse, tout bouge, Di cur I terre, ma tenle est un ciel rempl filantes et voici la plus belle ; Nasty, pr oul qui te prouve que tu mes pas du Diable? Nasty Quand Je soleil tebe fail pas nuit? { quill fait jour? Bt si jfavais vu Diew, Ffein? Ahi ce serait soleil contre soleil. ( Je les ai tous dans mes mains, Lous ‘Yyoulait m'assassiner, l'envo: Ye de tei, Je roi des gueux son index a détait eb démasqué les coupable Ta boulango, gui vient m’ouveir les yeux. Qi fru_que Te eel ot Ie terre feraient tant dembar vrartune ville de vingt-cing mille Ames? Au fait, , je suppose, Est-ce que ses bolles. Dieu non plus, Et jour venu, jeu marche li d’etoiles rophéte de aurait Ja vietime qui te prouve quill ne moi aussi? Un temps.) celle-ci qui ‘Archevéque et un complot mieux, cest un de ses Shinisres qui ma. porté, de sa part, les clés de ta ville. core La nuit, quand tu réves au soleil, qui te, prouve Acte 1, troisidme tableau, seine V 98 nasty, d'une voiz changée, impéralive el brive, Un de ses ministres? Lequel? cara Que timporte puisque tu ves mourir, Allons, avoue que Dieu est avec moi. NasTY ‘Aveo toi? Noa, Tu n’es pas Phomme de Dieu. Tout au plus son frelon. cor Qu’en sais-tu? Nast Les hommes de Dieu deétruisent ou construisent et {oi tu conserves, cote Moi? Nasty ‘Tu mets du désordre. Bt le désordre est le meil- leur serviteur de Vordre élabli, Tu as affabli la che- valerie enliére en trahissent Conrad et tu affabliras Ia bourgeoisie en détruisant Worms. A qui, cela profitestil? Aux grands. Tu sets les grands, Gaz, bt ta les serviras quoi que tu fasses : toute destruc- tion brovillonne, effaiblit Jes faibles, enrichit tes riches, accrott la’ puissance des puissents, cara Done, je fais le eontraire do ce, quo je yeux? (Avec ironie) Heureusement, Dieu Ve envoyé pour m’éclairer, Que me proposes-tu? Nasty, Une alliance nouvelle, oor Oh! Une nouvelle trahison? Que c'est gontil : de 4 Le diable el le bon Diew ga, au moins, j'ai Phabitude, ga ne me changera pes Feaucoup. Mais si je ne dois faire alliance ni avec les ourgeals ni aveo les chevaliers ni avec les princes, je ne vois pas trés bien & qui je dois mllier. nasty Prends la ville, massaere les riches of les prélzes donnela aux peuvtes, live une armée do paysans et chasse 'Archevéque; demain, tout Je pays marche avec toi core, slupéfail, : ‘Tu veux que je mallie aux pauvres? nasty Aux panvres, oul A la plabe des vile et des cam- pagnes. com Listzange proposition! Nasty Ge sont tes alliés natures. Si tu veux détruire pour de bon, raser les palais et les cathédrales édifiés par Satan, briser les statues obsoénes des paiens, briler les milliers de livres qui propagent, un savoir diabo- gue, sopprimer Tor Yazgeb jens & nous, Sans nus, tu vournes en rond, tu ne fais de mal qu’a toi- mnime, Aveo nous, tu seras le léau de ica, son, Que ferea-vous des bourgeois? nasty Nous leur prondrons leurs biens, pour vétir ceux qui sont nus et nourrir coux qui ont faim. core Des prétres? ( Acle I, troisiéme tableau, seine V5 Nasty Nous les renverrons & Rome. oat Et des nobles? Nasty Nous leur trancherons Ja tate, . care quand nous aurons chassé I'Archevéque? Nasty 1 sera temps de batir la cité de Dien, cure Sur quelles bases? Nasty, Tous les hommes sont éga , ux eb fr geome gt sett 8s, tous les hommes: fe prophetes, chacun peut baptiser, marin, aise, ta fame noel ot ramets ies péches chacun vit ir terre: i 6 care ne rire pas tous les jours dans votre cité Nasty P . ton rire de ceux qu'on aime? La Ioi sora VAmour, oor, Que seraivje la-dedans, moi? Nasty LYgal de tous, % Le diable of le bon Diew oar Bt sil ne me platt pas d'etre volve égel? ast Jes hommes ou le valet de tous les Liegal de prinees : choisis. cae Ta proposition est honnéte, houlanger. Seulement voila ie pauvres me fot mourir ennui; ils ont horreur de tout ce qui me plait. Nasty Qu’estce done qui te plait? com ‘Tout ce que vous vouler. dét Juxe, la guerre. + Hes statues, le NASTY La lune n'est pas & toi, bonne dupe, et tu te bats pour gue les nobles puissent en jouir. coer, projondément el sinetrement Mais j'aime les nobles. xAsTY ‘Toi? Tu les assassines com Bah! Je les assassine un petit peu, de temps en temps, parce. que leurs femmes sont, fécondes et vrallgs en font dix pour an que je tue. Mais je ne faux ‘pas que vous me les pendiez, tous Pourquoi vous diderais-je & soufller Te soleil et tous les Ham- beaux terrestres? Ce serait la nuit polaire nasty ‘Ta continueras done & n’étre qu’un vacarme in- tile? i { | | Acte I, troisidme tableau, scbne V 9 core Tnutile, oui, Inutile aux hommes. Mais que me font les hommes? Dieu m’entend, c'est & Dieu que je casse les oreilles eb ca me suit, car c'est le seul fennemi qui soit digne de moi. Il y a Diew, moi et les fantames, C'est Dieu que je erucifierai cette nuit, sur toj et sur vingt mille hommes parce que sa souf france est infinie et qu'elle rend infiti celui qui le fait souffrir, Cette ville va flamber. Diew le sait. Bn ee moment il a peur, joe sens; jesens son regard sur mes mains, je sens son souffle sur mes cheveux, ses anges pleurent. Il se dit « Goetz n'osera peut-étre pas » — tout comme sil 'était qu'un homme. Pleu~ te plore ls anes: jeer Tout & eur, je matcherai dans sa peur et dans sa colére, Elle flain- era : lame du Seigneur est une galerie de glaces, le feu s' relétera dans des millions de miroirs. Alors, je saural que je suis un monstre tout a fait pur. (4 Frantz.) Mon ceinturon, nasty, une voix: changée. Bpargne les pauvres, L’Archevéque est riche, tu peur te divertir& le ruiner, mais les pauvres, Geet, ca n’est pas dréle de les faire souffrr cen, Oh! non, ce n'est pas drile. Nasty Alots? com Pai mon mandat, moi aussi, Nasty Je Ven supplie & genoux. com Je croyais quill était défendu de supplier? 8 Le diable et te bon Diew NASTY Rien n'est défendu s'il s'agit-de sauver des hommes. cart Ime semble, prophite, que Dieu t'a fait tomber ddans'un guet-apens. (Nasly hausse les épaules.) Tw sais c2 qui va tarriver? NASTY. ‘Torture et pendaison, oui. Je te dis que je Tai toujours su. cera ‘Tortare et pendaison... Torture et pendaison.. 426 grat monotone. L'ennui avec le Mal, c'est qu'on s'¥ sed faut du génie pour inventar. Cette mul, je ne me sens guére inspité. CATHERINE Donne-lui un confesseur. cmt Une CATHERINE ‘To ne peux pas Te laisser mourir sans une abso- lution. cart Nasty! Voile génie. Bien sir, brave homie, je va tevdonner un eonfesseur! C'est mon devoir de Chrétien. BL puis je te réserve une surprise, (A Grants) Va me chercher le prétre..(A Nasty.) Voule Franti) Symame je les aime : & facets. Estil bon? Est-il mauvais? La raison s'y perd . NasTY Un Romain ne me souillera pas. Acte J, troisitme tableau, scéne VI 99 core Jusqu’a ee que tu te confesses, On te torturera c'est pour ton Bien, Enlre Heinrich, SCENE VI Les wines, HEINRICH, HEINRICH Ta m’as fai smut 28 fail tout le mal que tu powveis. Laise- car Que faisait haa FRANTZ, était assis dans le noir et remusit la téte, , HEINRICH Qu’est-ce que tu me veux? oar Te faire travail fa travailler de ton métie donne marie tou de suite, Ouant dela eh sles demiers storements, oY , HEINRICH ~ (I voit Nasty.) Aa... . Gara, feignant d'étre élonné. 4 NASTY lonc le ministre de Dieu qui t’a donné cette 100 Le diable et le bon Diew wEINRICHL Noa! Non, non! cart | Curé, tu nas pas honte de mentir? Ie » Ss MpINRICH haem ty! (Nasly ne le regarde méme pas.) Je ni She es cee ip) Bal s&s te répond pas. Heinrich s'approche, de luis) Ds. Poulos taiser massacter? (Un iemps, It ee 8 Faoumne el oa vers Getz.) Eh bien? Pourquot faut SF que je le contesse? a GETZ f Parce qu'on va le pendre. . ‘HEINRICH Vite, alors, vite! Pendot-le vite! Bt pour le conles- ser, trouves-en Un autre. con, Ce sera toj ou personne. HEINRICH. Ce sera done personne. . Twa pour sotir. com, Hop! Hep! (Heinrich ear) Peuscta Te laisor ‘mourir sans confession? lenlement sur ses pas. ty ston 0-8 penx pas Nasty.) Agenouille-toi. (Ur. lemps.) Tu pe oe) Pe rma faute ne rojailit pas sur I Bale et est au nom de l'Eglise que & te rere ra as chés! Veux-ta gue je me confesse publiquemet®: Yih tous.) Tai liveé me vills au massacre par mali HEINRICH, revert Non, bouffon, nor Acle I, troisitme tableau, seine VI 101 et rancieur; je mérite le mépris de tous. Crache-moi au visage et n'en pations plus. (iVasly ne bouge pas.) Toi, le soldat, crache! FRANTZ, égayé, d Geets. Gracherai-je? cera, débonnaire Creche, mon enfant, prends du bon temps, Prants crache, SINRICH Voila qui est fait. Heinrich est mort, de honte. Reste le prétre. Un prétre queleonque : c'est. devant lui que ta dois agenouiller. (Aprés un inslant dal- lenie, il le frappe brusquement.) Assassin! Il faut que je sois fou pour m’hui levant toi quand tout est arrive par ta feutel Nasty Par ma faute? HEINRICH Oui! Oui! Par ta faute. Tu as voulu jouer les pro- phétes et te voila vaincu, captif, bon & pendre et ‘tous coux qui t'ont fait confiance vont mourir. Tous! Tous! Hal Ha! Tu prétendais savoi er les pauvres et que moi je ne le savais pas; eh bien, vois : tu leur as fait plus de mal que moi nasty Plus que toi, fumier! (J! se jetle sur Heinrich, On les sépare.) Qui a trahi? Toi ou moi? HEINRICH Moi! Moi! Moi! Mais je ne V'aurais jamais fait si tu n’avais assassiné I'Evéque, nasty Dieu m'a commandé de le frapper parce qu’ affamait les pauvres, i 102 Le diable et le bon Dieu REINRICH som " lors Diew i jement? Comme c'est simple : alors Dist pio cin Gs paca Fouleient massacrer les moines! rast . Diew no peul pas commander de trahir les pauvre il est avec eux. WRINRTOH hm vz You vient que leurs récoltes 2 i Phe e te & toi finisse dans Réponds! Réponds Sil est avec oe toujours ée avjourd’ ui encore que ta révol Te désespoir? Allons, répom done! Ta no peux pas Vo st la sueur v is la si ici le moment. Voici 'angoise ¢ ei Sal at Tangs ek bone, Comme, ton oe sare doux : je le vegarde et) sens qu ving Tris hommes vont mouri, Je aime, (1! Fombrs fur fo bouche.) Alions, frre, tout n'est, pas, €& was dieidé de prendre Worms, mais st ws la foi, quelque chose peut arriver qui m'en nasty, soutrdemen!, avec conviction. Quelque chose arrivera. wervarce, criant. jen nv’arrivera, Ce serait trop du tout! Rien n’arrivers, ourquol eu avait faire un miracle, povpyo! Risa Bi injuste. Si a rue je ne ti ne Tanralti pas ft avant a ruoi mail per ‘ Enive un officer. Tous sursautent. LOPFICIER ss rd ‘Tout est prot. Les soldats sont rangés sur le bor du ravin, derriére les chariots. Acle 1, troisiéme tableau, scene VI 103 care Déjal (Un femps.) Va dire au capilaine Ulrich que jerrive, Lofficier sort. Gutz se tnisse tomber sur une chaise. - CATHERINE Voila ton miracle, mon mignon. (Gaels se passe la main sur le visaye.)’ Va! Pille of massacre! Bonsoir, GETZ, avec une lassitude qui se changera progressivement en exallation factice. _, est le moment des adieux. Quand je reviendrai, Jaurai du seng partout et ma tente sera vide. Dom: Tage, je m'étais habitué & vous, (A Nasly ef Heine rich.) Vous passerez la nuit ensemble comme une paire d'amoureux. (A Heinrich.) Veille a lui tenir 4a main bien doucement pendant qu’on le tenaillera. (A Frants, désignant Nasly.) S'l acceple de se sonfesser, arrétez la torture aussitét; dés quill sera bsous, pendez-le. (Comune s'il venaif de se rappeler evistence de Catherine.) Ab! la mariée! Frantz, tu iras querir les valets d'écurie et ba les présenteras 4 Madame, Qu’ils fassent delle ce qu’ils veulent, sauf la tuer, CATHERINE, brusquement se jelle d ses genous, Geote! Pitié! Pas ga! Pas cotte horreur! Piti Garra, recite avec élonnement. Tu ordnals si bien tout 4 I'heuze,.. Ta n'y oroyais pas? CATHERINE Non, Geeta, je n'y etoysis pas. care Dans le fond, je n'y croyais pes moi-méme. Le Mal, on y oroit aprés. (Elle lui embrasse les genouct) + 104 Le diable et le (Frante la prend el la Frantz, dilivresmoi delle, (Frans er lle sur li) Vaile Vor ue crest tout. (Un uss pas we crate gue GoScommonce & crite que Diy m de mite blanche, deri, mon Dieu, merc bead: aes Sere pour les femmes violées, merel pout Us core us empalés, meroi pour les, hommes déeapit™ (in lems 5s je voulais parler! Jen sas Tong, va vhocrita. Tions, Nasty, je vais : 2a a oad de imo, ‘Tu as vu, cette nuit: roca Lama fait relancer par se8 anges. HEINIICH ses anges? fet ib un tainement . Gatherine est tres cert n wortota le banquier aussi. (Regenant 8 x ast.) Te eette cle? Bet-ce que je la de anda, eh cette clé? Je n’en soupgonnais pas een il cure Jiu qu'il charge un de ses ct . fog Uh ge eva te “element que je Jui sauve sa preét vail te nonnes, Alors il me tee, re ear sions sans 3¢ 60] es des ocatons ee cesvoucr | aps toub J° jpouvais fencer la clé dans Je ravin. astY Bh bien, oui, tu le pouvais, tu Te pou encore corre . : . . YVoyoris mon ange: tu sas bien que je ne Te Pe pas. nasty Pourquoi pas? core Paree que je ne peux pas ere un autre que toi Ade 1, troisitme tableau, scene VI 105, Allons, je vais prendre un bon petit bain de sang pour lui rendre service. Mais quand ce sera fini, il va encore se boucher le nex et crier qu'il n’aveil, pas voulu cela, Tu ne le veux pas, Seigneur, vreiment? Alors il est encore temps d'empécher. Je ne réclame pes que le ciel me tombe sur Ie téte; un orachat suffira : je glisse dessus, je me romps Ia cuisse, fini pour aujourd’hui,, Non? Bon, bon, Je n’insiste pes, Tiens, Nasty, regarde cette clé : c'est bon, une clé, Crest abil Hides maine, donc! Clest do bel ouvrage faut louer Dieu de nous en avoir donné, Alors une é dang une main, ca ne peut pas étre mauvais : ouons Dieu pour toutes les mains qui tiennent dos és on eet instant dans toutes les contrées du monde. Mais quant 4 ce que la main fait de la olé, le Seigneur déoline toute responsabilité, ga ne le regarde plus, Te pauvre, Oui, Seigneur, vous étes l'innovence méme : comment concevriez-vous le Néant, yous qui étes la plenitude? Votre regard est lumiére et change tout én lumidre : comment connaltriez-vous le demi-jour de mon cur? Et votre entendement infini, comment, pourrait-il entrer dans mes raisons sans les faire érlater? Haine et faiblesse, violence, mort, déplaisir, c'est ce qui vient de homme seul: c'est’ mon seu empire et je suis soul dedans : ce qui s’y passe nest imputable qu’a moi. Va, va, je prends tout sur moi et je ne dirai rien, Aw jour du jugement, bouche cousue, jai trop de fier, je me condamner sans piper mot, Mais ca ne te géne pas un peu, un tout petit, peu d'avoir damné ton homme de main? J'y vais, j'y vais : los soldats attendent, Ja bonne clé m’entraine, elle veut retrouver sa ser” rure natele. (A la sortie, il se relourne. ) Connaissea- vous mon pareil? Je suis Phomme qui met le Tout- Puissant mal & Vaise, En moi, Dieu prend horreur de lui-mémel Il y a ving mille nobles, trente arche- ‘yéques, quinze rois, on. a vu trois empereurs & la fois, un pape et un anti-pape, mais citea-moi un autte Guta? Quelquefois, jimagine ['Enfer comme un désert qui n’attend que moi. Adieu, (II va pour 108 Le diable et le bon Diew sorliv. Heinrich éclate de rire.) Qu’est-ce qu'il y a? HEINRICH Lenfer est une foire, imbécile! (Gets s'arrte el le regorie, Aus aulres.) Voie le visionnaire le. plas étrange : Uhomme qui se orvit seul & faire le Mal. Chaque nuit la terre d' Allemagne est éola torches vivantas; cetke nuit comme toutes les nuit les viles lambent par douzaines ot les capitaines q Tes saccagent ne font pas tent d’histoires. Tis tuent, Jes jours ouvrables et, le dimanche, ils se confosse modestement. Mais ol fn personne parce qu'il accomplit, son devoir d Soldst. (A Getz.) Si tu es le Diable, boulfen, qui guise, rnoi qui prétendeis aimer les misérables eb qui te Tes livee? Gate le regarde un peu fasciné pendant toule la réplique, A la fin, il se seeoue. core Quteseoe quota xéames? Jote Paccorde. L'Enfer est assez grand pour que Je ne ty rencontre pas. HEINRICH Et les autres? Quels autres? HEINRICH. ‘Tous les autres, Tous n’ont pas la chance de tuer, mais tous en ont envie. oor, Ma méchanceté n'est pas Ja leur : ils font Je Mal pes re ov par Hntérét ; moi je fais Te Mal pour Te Mal. Acte I, troisiéme tableau, scéne VI 197 ° nerve importent les raisons sil est you ae et et taions oi est établiquon ne corre. Est-ce établi? ; HEINRICH ‘Oui, bouffon, c'est établi Par qui? oem HEINRICH Per Dieu lui-méme, Di i -méme, D impossible sur tere, * YOU que le Bien fat cor, Impossible? HELNRICH igen icpossible: impossible Amour! Impee bu mien dias des nouvelles | me" f prockin, at cor. pourquoi ne Pai caprice? imerais-je pas, si c'était mon HEINRICH Paroe qu'il suff qu’ un fulre pour que a haine ‘ane homme en basse un 86672, ene Celui-ci aimait les pauvres tant, HEINRICH Ul leur mentait sefemment, il excitai sions les plus basses, i les ‘contrants a es ‘assassiner 108 Le diable at le bon Diew un vieillard. (Un femps,) Ove pouvais-je faire, mot? Hein, que. pouvais-e faire? Jétals innocent et le crime a saulé sur moi comme un ‘yoleur, Oi était le fiom batard? Ob était-il? Ou était le moindre mal? (Un temps.) Tu. prends beaucoup de peine pour (on fanferdn de vice! Si ta veux mériter I'Enfer, il suffit que tu restes ‘dans ton lit. Le monde est iniquité; Spin Maccoptes, tu es complice, si tu le changes, tu So bourrean, (Rtint.) Hal la terre pue jusqu’aux ‘toils. com ‘Alors, tous damnés? upiNarcH [An non! pas tous! (Un lemps.), J'ai la fol, mon Dieu, j'ai la foi, Je ne commettrat pas le péché de dlésespote: je suis infeoté jusqu'aux moles, mats je ofis que tw me sauveras i tu I'as décidé, (A Gate.) Novslsommes tous également coupables, batard, nous MBritons tous également 'Enfer, mais Dieu pardonne quand il lui platt de pardonner. com Il ne me pardonnera pas malgré moi HEINRICH Misérable ftv, comment peux-tu lutter contre ca misiricorde? "Comment lasseras-tu. son infinie patienoe? Il te prendra entre ses doigts si ui plat Pour tenlever jusgu'a son paracis; il eassera d'un Foup de pouce ta volonté mauvaise, il Couvrira les seudhoires, il to gavera de sa bienveillance et ta qe sentiras devenit bon malgré toi. Val Va brOler ‘Worms, va saccager, va égorger, tu perds ton ternps eb ta peine ; un de’ ces jours, tu te retrouveras au purgatoire comme tout le monde. earn Done tout le monde fait le Mal? aot feras le Bien pour gagner un p: Acte 1, troisitme tableau, setne VI 109 HEINRICH Tout le monde. com, EL personne n’a jamais fait le Bien? wEINRICHE Personne. ; cor, : arfait. (1 i i agra (1 vente sous ta tent) Mo, jt pare wEINRICHE De faire quoi? core Le Bien, Tiensetu le pari? MEINAICH, haussant les épaules. Non, batard, jo ne parie rion du tout, th cure u as tort; tu m'apprends que le Bien est i as tort; ; jon est impos- bl, js pare done qu jo feat o Bien: est ngore la melleure manitre etre seul tas cininl ie change : je retourne ma veste et je parie un saint. neINRICHL Qui en jugera? core Toi, dans un an et un jour. Tu n'es qu’d paties, wematea, Si tu paries, tu as perdu d’avance, imbécile! Tu core, Juste! Bh bien, jouons aux dés. Si je gagne, c'est 10 Le diable et te bon Diew Al i ds triomphe... Si je per Jee outs meme nas deco : iui joue contre moi? Nasty! nasty Non, cor Pourquoi pas? NASTY Crest mal. core ¥ e ta bima- nu, eest mal, Qu'estoe que ta vima- inet Vejen, oulanger, je suis encore mécha Nasty cue i tu veux faire le Bien, tu nas qu’a décider faire, tout simplement, con, Je veux metire le Seignt fois, estou on cet non : iL me et Fate Bea ve fu OO Fs Mir Tu n’oses pas, ache! ‘Tu préféres (Qui osera? P ? CATHERINE Moit care ; ‘Toi, Catherine? (Il la regarde,) Pourquoi pas? (Il donne les dés.) Joue. cagnine, joucnt. 1a Deux et un. (Ble frissonne,) Tu auras du mal perdre. Acte 1, troisitme tableau, sone VI 111 car: Qui vous dit que je souhaite perdre? (11 mel les és dans le cornet.) Seigneur, yous des voines. Le moment ést venu d'abatire votre jeu CATHERINE Un et un... Tu as perdu! core Je me conformerai done & la yolonté de Dieu, Adieu, Catherine, CATHERINE Embrasse-moi. (JI embrasse.) Adieu, Goetz, sara va ol tu veux, (A Frantz.) Frantz, va dire au capitaine Ulcich qu'il envole ies soldats se coucher. Tol, Nasty, centre dans le est encore temps d'arrééer la meute. Si voud ouvrez les portes dés Paube, si les prétres sortent de ns et sauls et viennent, se placer sous ma garde, je leverai le siége & midi, D'accord? Nasty D'aceord, cor Asctu retrouvé ta foi, prophéta? NASTY Je ne Vavais jamais perdue, cor Veinard! HEINRICH Tv leur rends la liberté, tu lear rends la vie et uz Le diable el fe bon Diew Vrespoir, Mais & moi, chien, & mot que tu as contraint Ge Erahir, rendras-tu la pureté? care Crest affaire & toi de la retrouver. Aprés tout, il n'y a pas eu grand mal de fit HEINEICH Quiimporte ce qui a été fait! C'est mon intention aqui comptzit, Je te suivrai ve, je te suiveal, pas & Ais, mut et jour; compte sur moi pour peser tes Motes, Et tu peux étre tranquille, dans un en et un jour, o) que Lu alles, e eral au rendez-vous. cers Voici Yaube, Comme elle est froide. L’aube et le Bien sont entrés sous ma tente et nous ne sommes pas plos gais : elle sanglote, cee me bail : ws plas 62 J eademain d'une eatastrophe. Peut- fre que le Bien est désespérant... Pew m'importe, Paiileors, jen’ai pas & le juger, mais @le faire, Adiou. Il sort, Catherine éclale de rire cavmenine, riant aux lormes. Ila triché! Je Vai vu, je Hai vu, ila triché pour perdre! RIDEAU ACTE II QUATRIBME TABLEAU SCENE I KARL, DEUX PAYS PREMUER PAYSAN Ga gueule dur, 1i-dedans, ant Ce sont les b: ! tout Gant ss barons: vous penser len quis sot ; PREMIER PAYSAN allait prendre peur ot renoncer? KARL Pas de dan; i copia de dang est lu comme ane vache, SCENE II LES PAYSaNs, cachés, corr ef KARL, oar, Mon frére, veux-tu nous porter un carafon de vin? Trois verres sul r iron 3 1 Pamour de mon ot | Be bois pas. False pour m4 Le diable el lz bon Diew KAR Pour Pamour de to, je le forai, mon frére. Gels sort. Les paysans sorlent de leur socket riant al se frappant les cuisses. LBS PAYSANS Mon {rére, mon petit frére! Frérot! Tiens! Voild pour l'amour de toi. Tis s*envoient des clagues en riant, kan, déposand des oerres sur un plateau ‘Tous les domestiques sont des fréres. Tt dit qu nous aime, il nous cajele et nous embrasse partois. Bier il s'est amusé & me laver les pieds. Le genlil seigneur, le bon frére, Pouah! (Tf crache.) Crest un mol qui m'éeorehe la bouche et jo crache toutes les fois que je 'ai prononeé. Tl sera pendu pour m'aveir appelé frre et quand on lui passera la corde au cou i nes et je lui dirai : « Bonsoir, rérot. Meurs pour l'amour de moi. » Tl sort porlant les verres el le plateau PRENIER PAYBAN YVoild un homme. On ne lui en conte point. DEUXIEME PAYSAN ‘ On m'a dit qu'il savait lire. PREMIER PAYSAN’ Foutre. xAnL, reoient. ‘Voici les ordres. Parcoures les terres de, Nossak et ‘de Schulheim, Annoncez la nouvelle dans le maoindre hhameau : «Geeks donne aux paysons les terres. de Heidenstamm, » Laissez-les souffler et puis : « S'la donnd ses tarres, le putassier, le batard, pourquoi le troe haut seigneur de Schulheim ne vous donne-t i i Ace II, quatrieme tableau, seine I 115 Pes iene Teale, fenders fous de ae rtout. Allez. (Ils sortent gine mon frre her i ba vers coma je vals ie ef . Donne-les, te ones done on our tu regeteea de ne pas fire mot avent de lis avoir données. (UPL) De Yamonr ‘ous les jours je t*habille et je te désha ie vi on now tes doles ae pied, ton cul et tu » Je Ven foutre I Conrad sai dur et brutal, nas ses melee recon saient moin é salent moins que ta bonts. (Ente Nasly.) Que veux- SCENE LI KARL ef Nasry, Nasty Goetz m'a fait mander. KARL Nasty! nasty, le reconnaissa C'est toi! ™ KARL Tu conneis Goetz? Belle relation. wee nasty we \ Poceups as de “fen lemps.) Je sais ce que coi dattandre mes oceans TNE 1 ant L KARL es campagnes n'ont que faire des ordres de la 6 Le diable et le bon Diew nasty Situ tentes co sale coup, je te ferai pendre. KARL Pronds garde que ce ne soit ta, le pendu. D’abord que faistn ici? Crest louche, Tu viens parler avec Geeta et puis tu nous déconseiles 1a révolte : qui me dit qu’on ne Ua pas payé? Nasty Qui me ait qu'on ne t'a pas payé pour fire éclates trop tot Tameute qui couve et pout la faire éeraser par les Seigneurs? KARL Voila Geetz. SCENE IV GOETL, NASTY, LES BARONS. Gatz entre a reculons, les barons Schulheim, Nossak, Rietsehel Pentourent en hurlant. NOSSAK Les paysans tu ten fous ; ob que bu veux o'est notre peat, scHULHEIM ‘Tu veux laver dans notre sang les pulasseries de ta mere? NOSSAK Bl devenir le f0ssoyeur de la noblesse allemande. oor Mes fréves, mes tres chers fréres, pas de quoi vous parlez je ne sais meme Acle 11, qualridme tableaw, scére IV 117 RIETSCHEL, ‘Tu ne sais pas que ton geste va metit ; re Te few au poudres? Que nos paysans deviendront fous furioux hens ne Jer donnons sur l'heure les terres, lor, 0 , Vor, usqu'naschemises et notre hénédiction par-dssus CHULHENNE aclu sais res quis vendront nous asidger dans . RIETSCHEL 1a 220,941 rune pour nous si nous acaptons ot Nossa Ta ne le sais pes? oem ‘Mes trés chers fréres... SCHULHEIN Pas de boniments! Renonces-tu? Réponds par oui ou par non, con, Mes tris chers fréres, pardonner-moi : c'est non. ScuULHEIM Tu os un assassin, cor Oui, mon freee, comme tout le monde, scuuLmsn Un bétard! cers Oui : comme Jésus-Christ, gree 118 Le diable et fe bon Diew SCHULAETN. ément de la terrel Sac 4 merde! Excrément Tl tui envoie son poing dans fa figure. Gels tui; tous is se redresse, quance Sur ceed Toul @ coup, Gaz se jell dere de tout son long. core va i vaincre! les anges! Aidez-moi & me vain abi deseo mere) J 8 pea ae. de * ammpupera i main droite si elle veut trapper (Ht we ond sure sol, Schulheire [ui ong un cup de pied) Hoses, pluie de roses, caresses, Comme Diet Prvaime! Pacceple tout. (Il se reléve.) Jo suis chien Te batard, un sac a merde, un trattre, priez po scrutaen, le frappant. Renonoes-tu? cor, Ne frappez pas, vous vous saliriez, musrscHet, menagant. Renonces-tu? cura ate Seigneur, délivrez-maoi de abominable envie rire! ScHULHENS Bon Dieu! RIETSCHEL Venez, nous perdons notre temps. SCENE V NASTY, COTE, Xan, Acle IT, quatritme tableau, seine ¥ 119 | Gaels revient vers Nasiy. carr, joyeusement, Salut, Nesty. Salut, mon frére. Je suis heureux de te revoir. Sous les'murs de Worms, ily a deve mols, tu m'as offert Valliance des pauvres. Bh bion, je Paccepte. Attends : c'est. a moi de parler: je vz te donner de bonnes nouvelles, Avant de faire le Bien, je me suis ait qu'il fallait le connaitre et ja; refléchi longtemps. Bh bien! Nasty, je le connais. Le Bien, c'est Y'omour, bon : mais le fait est que lee hommes ne s'aiment BES gultstce qui les en empéche? L'inégalité des conditions, la servitude et ‘a mistre, Tl faut done les supprimer, Jusqu' est-ce pas? Ric nous je suis plus malin : j commence tout de suite, au {a terre, ici. Premier temps : 'abandonne mes terres ‘ux paysans. Deuxiéme temps : sur cette méme terre, Jorganise la premiére communauté chrélienne; tous égaux! Ah! Nasty, je suis capitaine :je livre la bataile dda Bien et je prétends la gagner tout de suite et sans effusion de seg. Aide-moi, veux-tu? Tu sals parler Sux pauvres, A nous deux tous recut Paradis, car le Seigneur m'a choisi pour effacer notre peote originel, Tiens, j'ai trouvé un nom pour mon halanstere : je Pappelle la Cité du Soleil Qu’y a-Lil? Ah! téte de mule! “Ah! Rabat-joiel Qu'as-tu’ encore & me reprocher? 120 Le diable of le bon Diew Nasty Garde tes terres pour Loi con Garder mes terres! Et c'est toi, Nast demandes. Parbleu, je m'attendals celle-t qui me le at saul nasty Gardes-les. $i tu nous veux du bien, tiens-tot tran aquille et surtout ne touche & ren core ‘Tw Ie atois done aussi, Loi, que les paysans vont se révolter? Nasty Je ne le erois pas, je le sais. com, Saurais di mien douter. J'avrais dit prévoir que je scandaliserais ton ame étroite et butée. Ces pores Hat a Pheure, toi, présent, comme il faut que jaie m pour que vous elie si forth bien, voilé qui miencourage! Je les donnerai, oes terres; comme je Vais les donner! Le Bien se fera contre tous. nasty Qui ta prié de les donner? com, Jo sais qu'll faut que je les donne. ~asty Mais qui ten a prié? care Je le sais, te disja, Je voig mon chemin comme je te vois ; Dieu m’a prété sa lumiére, Acte 11, quatriéme tableau, seéne V 121 NASTY and Die s tit, on peat Iu fare dre oe que com Oh! prophéte admirable! Trente mille 2 aysans meurent de faim, je me ruine pour soulager leur ser tu m’annonces tranquillement inlerdit de lossauver. sve Dis m Nasty sauver les pauvres? Tu ne peux qué ts peux que les cor cam Et qui les sauveras? Nasty Ne tinquidte pas deux; ils se sauveront tout seuls, oom Et questoe que je deviendrai, moi, si Yon m’6 les meyens de faire le Bien? on mle (Tu as de la besogne, adi Vacorottre, voila de quoi remplir une vie. oor sll ltt done pour te pli que je devienne un Nasty AMY, g pa de mauvais riches, I y a des riches, owt Nasty, je suis des votres. 122, Le diable et le bon Diew Nasty Non, com, Wrai-je pas été pauvre toute ma vie? NASTY Ty a deux espdces de pauvres, coux qui sont pauvies ensemble et ceux qui le sont tout seuls. Les premiers sont Jes vrais, les autres sont des riches qui n'ont pas eu de chance. care Et les riches qui ont donné leurs biens, ce ne sont pas des pauvres non plus, j'imagine, nasty Non, ce sont d'anciens care Alors, j'étais perdu d’avance. Honte & toi, Nasty, ‘tu condamnes un chrétien sans recours. (I! marche vet agitation.) Si fiers que soient les hobereaux qui me halssent, vous étes encore plus fiers et j'aurais moins de mal 4 entrer dans leur caste que dans la votre. Patience! Merci, St pew: je les aimerai done sans étre payé de retour. Mon amour fera crouler les murs de ton ame revéche; il désarmera la hargne des pauvres, Je vous aime, Nasty, je vous aime tous. nasty, plus doucement. Si tu nous eimes, renonce & ton projet. cer Non. xasty, sur un tor changé, plus pressant, Beoute, j'ai besoin de sept ans, cers Pour quoi faire? Adle 1, quatriéme tableau, seéne V 193 Nasty, KARL Les paysans viennent d'artiver, Nasty Renvoie-les, Geete, (Gee ne vé si tu veux vraiment nous aiden, wie Ecoute, Getz, d Karl. rrie-les d’attendre, és Quest-ce que tu me proposes? (att sort) Nasty Tu garderas tes terres ; core Gela dépendira de ce que tu me proposes Nasty Si tu les gardes, elles d Grasle ef GE leu de ratomblement jas et ‘mes ordres rayonne- ‘ans le signal de le artira dans sept 9 guerre, Tu Services inestimables, Eh bien) © US Tendre des are Crest non, NASTY, Tu refuses? 124 Le diable et le bon Dieu oars Je ne ferai pas le Bien & la petite semaine. Tune mag done pas compris, Nasty’ Grace & moi, avant ja dn de lannée, le bonheur, l'amour et la vertu régneront sur dix raille arpents de terre. Sur mon Gommaine je veux batir la Cité du Solel ob toi tu ‘veux que j’en fasse un repaire d’assassins Nasty ert le Bien comme un soldat, Getz, eb quel cst woldat qui gagne une guerre & loi toateeul? Commence par étre modest. com ne serai pas modeste. Humble tant qu’on vou dea nese pas modeste, La modeste est la verbu des Hides: (Un lemps,) Pourquoi Uaiderais-je & prépa- rer la guerre? Diew a défendu de verser le sang et tu Yeux ensanglanter ’Allemagnel Je ne serai pas ton complice. nasty ‘Tu ne verseras pas le sang? Eh bien, donne tes terres, donne ton chateau ‘et tu verras si la terre allernande ne se met pas & salgner. com Bille ne saignera pas. Le Bien ne peul pas engen- rer le Mal Nast La Bien r’engendre pas le Mal, soit : puisque ta follo générosite va provoquer un massaore, cest done que tu ne fais pas le Bien. com Le Bien c'est de perpétuer la souffrance des pauvres? Nasty Je demande sept ens. Acle II, quatriéme tableau, scéne ¥ 125 ow Et ceux qui mourront d'ici 18? Ceux qui, ayant passé leur vie dans la heine et la peur, oréveront dans le désespoir. NASTY Dieu ait leur ame. cere ans de guerre et puis sept ans de pénitence parce "il fauddra relover les ruinas et qui sait-ce qui vien- guerre peul-étre ef une now- velle pénitence et de nouveaux prophétes qui deman- Gerout sept ans de patience. Chatltan, les ferastu patienter jusqu’au jour du Jugement? Moi, je dis ‘que le Bien est possible, tous les jours, & toute heure, en ce moment méme : je serai celui qui fail le Bien tout de suite, Heinrich'disait : « fl a sufi que deux hommes se halssent pour que le haine, de proche en proche, gagne tout Yunivers» Et moi, Je cs, en vérité, il suffit qu'un homme aime tous'les hommes d'un amour sans partage pour que cet amours’étende de proche en proche & toute 'humanité, 0 wasty Et tu seras cet homme? oer wee Pside de Diew. Je sais que le Bien est plas pénile que le Mal. Le Mal ce n’était Bion c'est tout. Mais jo n’ai pas pour. TL aullet la terre et je la réchauflerai. Diew m’a donné mandat d’sblouir et j’éblouirai, je saigne- rai de la lumitre. Je suis un charbon ardent, le souflle de Diew m’attise, je brile vit. Boulanger, je suis malade du Bien et'je veux que cctte maladie soit contagiense, Je serai témoin, martyr et tenta- tion. 126 Le diable et te bon Dieu xasry Tmposteur! coment Tu ne me troubleras pas! Je vois, je sais, il fait 4 a grand jour : je prophetiserai nasty ; a ble, celui 2 te, un suppdt du Diable, _Gregh on aes Ped que je ek on, dit le monde fn pire cer. Crest un faux prophete et un suppot du Diable, suppot du Diable, celui qui dit : périsse d’abord le monde et je verrat lu tnsuite si le Bien est possible. pasty Gortz, si tu me genes, je Vabattrai. cart i, Nesty? ‘Ta pourrais me tuer, toi, Nasty? Nasty Ovi, si tu me génes. cart I si est mon Moi, je ne pourrais pas: c'est amour qut es Jot, Je vais leur donner mes terres. CINQUIEME TABLEAU Devant le portait d'une é porehe, deus sitges, Sur un i Pautre, une flite, SCENE IT Geers al asry, puis LBs PAvsans. Geer, enire en appelant. Hola! Ho! Pas une amo a trente Tieues : ils se terrent. Ma bonté a fondu sur eux comme une catastrophe. Les imbéciles. (1! se relourne brusque. ‘ment sur Nasty.) Pourquoi me suis-tu? Nasty Pour assister & ton écheo, care I! n'y aura pas d'éches. Je pose aujourd'hui la remiéte pierre de ma cité, Il sont dans les caves, Timagine. Mais patience. Que jen attrape seulement, Une demi-dovzaine et tu verras si jo ne sais pes les » musige de fre) Queso que it procession de paysans @ moilié {ores porlant une sainte de plélre sur un brancard.) 18 Le diable el le bon Diew Vous éles bion gois, Feter-vous le don gracieux de votre ancien Seigneur? UN PAYSAN Diew nous en garde, bon moine. com Se ne suis pas moine, TL rejelle son onpuchon. LES PAYSANS Is reculent effrayés. Quelques-uns sesignent. com Gate, oui, Gents, Ie eroquemitaine! Gosts 1 Aue qui a donné ses terres par charité chrétienne. Ai-je gu avedoulable? Approchet.: je veux vous pares {Un frmps.) 2h bien? Qu’atzenden-vous? “Approchez! (Sitenceobslin des paysans. Sur un fon plus impé- ic,) Qui commande? ‘uw VIEILLARD, de mauwaise grace Moi. oer Apptoche. ‘Le Vieilland se délache du groupe ef eiert vers tui.'Las paysans les regardent en silence. cor Disemoi : fai va des sacs do grain dans la grange seigneuriale. Vous-ne maver ‘done pas compris? Plus de dimes, plus de redevances. Lp VIEIBLARD Pour un peu de temps encore, nous Taissons tout en état. Acte IT, cinguidme tableau, scéne I 128 core Pourquoi? ; LE VIBILLARD Pour voir venir “is bien, Le grain pour 8 bien. tT it | grain pow ditesyous de votre novels conftont — 1 VIBILLARD lous n'en parlons pas, mon Seigneur ke cera ne suis plu aJeneauls lus ton Seigneur, Appelle-moi ton frére, ua VieILZaRD, Oui, mon Seigneur, corre Ton frére, be dis-o. LE VIEHLLARD Non, Pour cela, non, lew cor, Je te Vor... Je ten pric, LB VIEILLARD Vous a serez mon frére tant qu’il vous plaira, mais Je ne serai pas le va bm p votre. Chacun sa place, mon Val Val T wes {Val Tu thabite i ia tambour.) Qu'est-ce ‘ieee amen {0 file ete LE VIPILLARD Une fate et un tambour, oe 130 Le diable el le bon Diew oor Qui en joue? 1 VIBILLARD Les moines. core Iy a des moines ici? ve VIBILLARD est arrivé de Worms avec deux Le {rere Tetzel re des indulgences oinillons, pour nous vend ' ceeTz, amérement, Vet on rl ta ol (A rel) dS indulgences no ‘at en, ee Oo ar ca 1p VIEILLARD Oui, je le ferais. oar, x re quit Bh bien, pour la derniére fois, c'est ton mattre q Vordonne... ‘up VIEILLARD ‘Vous n'étes plus notre mattre, cor ousse, saute sur ‘Va-t'en; tu es trop views. (11 piss te : G lous.) Vous &t ie une marche el s‘adresse ) Vous Ss vou 3 \4é pourquoi je vor iene ment eee? (Designan! un pays.) R900 LB PAYSAN Je sais pas. Ade I, cinguiéme tableau, seine 1 13) ocrz, d une femme, Et toi? La Fons, hesitant lest peut-dire... que vous avez voulu nous rendre heureux con, Bien répondu! Oui, c'est la ce que j'ai vouto, Seulement te bonheur n'est qu'on moyen’ “Que comptez-vous faire? LA FEMME, effrayée, Du bonheur? Mais il faudrait d'abord qu'on Tit, oor Vous l'aurez, n/ayes crainte, Qu’en ferez-vous? LA Penne On n'y a pas pensé. On ne sait méme pas ce que est. cer, Moi, j'y ai pensé pour vous. (Un lumps.) Vous saver. que Dieu nous commande daimer. Seulement Yoil& : Jusqu'ici 'éteit impossible, Hier encore, mes {téres, Vous étien bien trop malheureux pour qu'on songe & vous demander de amour, Eh bien! jl Voulli que vous fussiez sans excuse, Je vais vous Fendre gros et gras et vous aimerez, morbleu, jexi gerai que vous aimiez tous les hommes, Je reionce & commander & vos corps, mais c'est pour guider Yos ames, car Diou m’éelaire. Je suis l'architecte ot vous étes les ou 5 tout a tous, les outils et les terres en commun, plus de pauvres, plus de riches plus de loi saut laff d’smour, Nous serons exemple le toute !'allemagne, Allons, les gars, on tente ie coup? (Silence.) Il ne me déplatt pas de vous faire Peur au commencement : rien n'est plus rassurant ‘'un bon viewx diable, Mais les anges, mes Ines, fe et le bon Diew 122 Le 1 sont suspects! (La foule souril, soupire el Jes ange Sagi) Enfin! Bnfin vous me souriea. LA FOULS, Les voil ies voila! coir, se relournant, voit Telzel, avec dépil. Que le Diable emperte les moines! SCENE II ups MEMES, TETZEL, DEUX MOINILLONS BT UN CURE, ‘Les deus moinillons prennent leurs instruments. On apporle une lable qu’on pose sur fa marche sup Pfee! pase ses rauleaus de parchemin sur (a table ‘TRTOBL Eh bien, les gros péres! Appto’ Je nai pas mangé dail! (Jis rien! Vactsil par ioi? Le terre est bonne? LES PAYSANS hea! Approcher! 1.) Comment ¢2 Point trop mauvaise. TereeL Bb les épouses? Toujours détestables? LBs PAYSANS ‘Ah dame! C'est comme partout, - TET as ; elles vous protagent contre es sont plus garces que lui. (La foule rl.) Ab! mes pelits gars, Cesb pas lout e& : Enya parler de choses sérieuses! Musiquel(Tambour tt fifre.) Toujours travailler, c'est bel et bon, mais Ne vous plaignez Je Diable parce qu'el Ade II, cinguiéme tableau, soine I] 133 des fois, on s'appuie sur sa béche, on re i , on s'appuie on regardo au k oon se dt Oueboe gu va mre apis mmott » Cal pas Ie tout avoir une belle tombe bien Dearie: Pinie n'y demeure point Qu ir-elle? En Enler? (Tambour.) Ou au Paradis? (Fite) jennes ges, vous penta ben quo le Bon Dieu siest post le question, Ie al tant de sous pour vous 1, qu'il n’ . fe Bon ia au xe fort plus. Tiens, toi, 1a, LB PAYSAN Peter. rereer. Eh bien, Peter, tu bois un petit uemps ate? Alone mane poatt ? 7? LE PAYSAN Bh! ca m’artive, Tere Bt ta ferme, tu la bats? UB PAYSAN Quand j'ai bu, TereEL Gependant tu crains Dieu? LE PAYSAN Oh oui, mon frere! rere Bt la Vierge, tu laimes? LE PAYSAN lus que ma mére. era) Et voila le Bon Dieu dans 'embarras. « Cet homme- em Le diable el te bon Diew iL se dit. Bt je n'ai Pourtaat il a 134 La n'est pas bien méchant, qu io de li fae grand mal faut done que je le punisse. » up PAYSAN, désolé. point péché, Helas! ‘TerTEL ‘Attends done. Heureusement, qu'il y a les Saints, Ghavun deux a mérite cont mille Tois le Giel, mais aula a rien puisgu'i ty pout enter qu'une ois. Alors, qu'est-ce qu'il it, le Bon Dieu? Tt crest dit :« Les entrées qui n'ont point d'usage, pour fe pas les laisser perdre, je m’en vais les distrbues a chax qui ne les méritent pas. Ce brave Peter, st fehdte une indulgence au Prére Tetzel, il entrera ‘on Paradis aveo une des cartes d'invitation » Hein? Hein? Ga, cest trouvé,“ .) Allons, Peter, sors ta bourse. ‘ce marché incroyable : non? (Aeslamal Mes frézes, Dieu lui propose Te Paradis’ pour deux écus; quel est le erigoa, quel Stemi? (I pend fo deve its ide Peler.) Merci. ‘Alfons, rentze chez toi eb ne péche plus. Qui en veut? Tenea, voici un article avantageux : o2 roule quan vous Ve prasenteres a votre curé, il sera oblige fe ous faire remise d'un péché mortel & votre chotk, Pas vrai, curé? LB CURE Obligé, c'est: vrai TerEL : Bt ga? (Il brandil un parchemin.) An! gay mes freves est une délicatesse du Bon Dieu! Les indal- gences que voici, on les a tout spe aur lg braves gs qui ont de la famille au Purga- gi vous donne In somme nécessaire, toute viive famille déploiera ses ales et s'envolera vers le Gal Crest deux Sous parpersonne transférée; le trans- ta Et ta laisserais ton pauvre oncle Allons, allo ai les lienl au-dessus de fauméniére.) Attontion, lee , gars, attention : é Fence ttey ate Is és ombeon, nitre. Trait de ite.) Bt de deux! i pit au-desis devon doce un seme en grand nombre.) Pou: 3 iF ta fer Pour ta scour? (Ale Ft.) ayes Pel Amrire! om Rumeurs dans ta foule, . TETZEL, é. Qui est-o0? mer 4 , LE CURE | Gest leur ancien Seigneur, Rien A oraindre ‘| fort est immédiat, Allons! Qui en veut? ¢t bien le bonjour & tous les Saints, aes. Acte 1, cinguitme tableau, scéne 11 135 ou aria Qui en veut? Ma mére, mes verge Ta mere, a Ti mere, est lout? A ton age, tu n'as perdu que LE PAYSAN, hisil _. hésitand. | Fei bien un oncle aussi. terest u en Purgatoire? jampte-no\ quatre Sus. (11 Le peed laisse tor ne iiss lambert ‘ae dans 'aumé- a fot de deux eaux papiions | ientét!Priepowmncus —° - ne ga | ui le tour? (Les paysans (pera st (Fle) A bientat petit salut pou etl slat pour les deux mignonnes. 136 Le diable ef le bon Diew con. Insensés qui vous croyex quittes avec une auméne, pensez-vous que les martyrs se soient laissé briler vifs pour que vous entriez au Paradis comme dans ua moulin? Quant aux Saints, vous ne vous sauverez pos en achetant leurs mérites mais en aequérant leurs ‘vertus! UN PAYEAN Alors, j'aime mieux me pendre et qu'on tout de suite. On ne peut pas devenir sé on Uravaille seize heures par jour. TETZEL, au Paysan, Tois-toi done, gros béte : on ne ten demande tant. Achéte de temps a autre un, couple din gonces et il te prendra en sa miséricorde, core Va! Achételui se camelote, II te fera payer deux ous le droit de retourner a tes vieos, mais Diew ne ratifiera pas le marehé! Tu cours & I'Enfer rere Ote-leur I'Espérance! Ote-leur la Foi! Coura, Que mettras-tu A la place? con Lamour. TeTZEL Que sais-tu de amour? cre Qu’en sais-tu toisaéme? Comment pouzrait-il les aimer celui qui les méprise assez pour leur vendré Ie Ciel? sreraeL, auce Paysans. Moi, mes petits agneaux, je vous méprise? Acte 11, cinguidme tableau, scdne I 137 ‘tous On! rene Moi, mes petits poulets, je ne vous aime pas? LES PAYSANS Si, sil Tu nous aimes! TETzEL Je suis d'Bglise, mes fréves : hors de I'glise, point d'amour, L'Eglise est noire mére tous; par Ie kanal de ses moines et, de ses prétres, elle dispence & tous ses fils, aux déshérités comme aux favoris du sort, le méme amour maternel, (Clocheties, crécelle. Le Lépreue apparatt, Les paysane se réfagient d Paulre bout de la scine, pris de panique.) Qu’est-ce que c'est? Le Curé et les moinillons rentrent en courant dans Uéglise Ls PAYSANS, lui monlrant le Lépreux du doigi. La! La! Pronds garde! Le léprewx! rere, horrifi, Doux Jésus! Un temps. Gate s'approcke du Lépreus. car, désignant le Lépreue & Tetzel, ‘Embrasse-le! ramen, Pouah! oar Si l'Bglise aime sans dégodt ni recul le plus déshé- rité de ses fls, quattends-tu pour embrassen? (Teh zal fait signe que non avec a ide.) Jésus Vedt pris dans ses bras, Moi je l'aime mieux que toi. 138 Le diable el le bon Dieu Un temps. Il va au Lépreue. Lz LépREUK, entre ses dends, Bneore un qui va me faire le coup du baiser au epreux. com Approche, mon frére. LE LEPREUX Ga y eat! (Il s'approche de mausaise gréce.) Sil y va'de votre salut, Je ne peux pas refuser, mais faites vite. Tous les mémes : on croirait que le Bon Diew rm’a donné Ta lépre tout expris pour leur fournir Vroceasion do gagnor le Ciel. (Gals va Uembrasser.) Pas sur la bouche! (Baiser.) Pouah! : Us'essuie. rere, se mel d rire Bh bien? Tu es content? Regarde-le qui s'essuie : la bouche, Est-il moins lépreux qu'avant? Dis-moi, Léproux, comment va la vie? up LéPREUx lle irait mieux s'il y avail, moins d’hommes sains : ct plus de lépreux. ETZEL Oi vista? Le Litpreux Avec d'autres lépreux dans la forét, TerteL Bt que faites-vous toute la journée? [ ue ubpneux On se raconte des histoites de léproux, Acle II, cinquitme dableau, sedne I] 139 rere Pourquoi es-tu descendu au village? LE LEPREUX Je suis venu voir si gente, ai je pourrais glaner une indul- eres, A la bonne heure, Le Lipeux Crest vrai que vous les venden? TETEEL Deux éeus, Le LépREux Jo n'ai pas Ie sou terzeL, triomphant, aur Paysans Regarded! (Au Lépreua.) Tu vois cette bell i 8 . te be I fence toute neuve, Qu’aimesstu migux? ee la donne, ou que je te baise sur les levees? 1 nipazux Parbleu... rereeL Je ferai ce que tu voudras, Choisis, 1p Lépreux Parbleu, jaime mieux que ta me la donnes, rerzeL La voila, gratis pro Deo, o' Seints Mere Figisd Tien” “St Ctdomu do ta un LEPREUx Vive 'Bglise! Tetzel la tui, jelle. Le Lépreue la saisit au vol. v0 Le diable et le bon Diew TETEL Va-t'en vite, & présent, Le Lépreus sort. Clochelles el eréell. eTEEL Bh bien? Qui Vaimait le mieux? LA FOULE Crest toi! C'est toil Hurrah pour Teta ‘TETEEL ‘Allons, mes fréres! A qui le tour? Pour ta scour qui est morte au pays lointain. (Fléle.) Pour tas tantes qui Vont élevé. Pour ta mere. Pour ton pire et ta mere, pour ton fils ainé! Payea! Payea! Payer! can Chiens! (It frappe sur la table et enooie rouler le tambour en bas des marches.) Le Christ a chassé les ‘marchands du Temple... (Il s'arréle, regarde les pay- Sans silencieus: el hostiles, rabal son capuckon sur son tisage else jelle ¢ genous contre le mur de Véglise en gémissant,) Ho! Hol Ho! Honte sur moi! Je ne sais jas leur parler. Seigneur, taites-moi trouver le che- nin de leur ecour! Les poysans te regarden!; Telsel sour, les ‘paysans regardent Telzel. Telzel cligne de Feil, Ine! le doigi sur fa bouche pour imposer silence at d'un mouvement de (a tle, leur indique Men trke de Péglis. Tly enire sur la pointe des pieds ad paysans enn! dan Celie on partant la sainle sur un brancard. Ils disparaissent tous. Un inslant de silence, puis Heinrick apparat sur le seuil de Uéglise en costume laigue. Acle 11, cinguiéme tableau, scéne IIT 141 SCENE III HEINRICH, GOETZ, NASTY, Heinrich descend vers Guts sans voir Nasty. EINRICH Tu prends les Ames pour des ldgumes, cz Qui parle? EINnicH Le jardinior peut décider de ce qui carottes, mai 1 IP bien des autos Sasa ml ne pet ei een des ats con Oui parle? Heinzich? EINCH Oui. Gerz, i se releve ; el rejelle son capuchon en arvitre, Jétais str de te revoir & mon premier feux (Un lemps.) Que viensta faire ii? Nouns ta hee? erNazen *Celui qui stme le Bien récoltera le Bi as dit ga, n’est-ce pas? va Te Bien.» Tu cor Je Pai dit, je le redis encore, Un temps. Le diable ef le bon Diew wEINRICS Je suis venu Vapporter la récolte, com 4 trop tat. pour réeolter. meen Un temps. HEINRICH ; Catherine se meurt : c'est ta premiére moisson, sore sna jeu ait veux-tu ql Elle se meurt? Dieu ait son Ame. Que veux- jy fasse? (Heinrich rit.) Ne ris pas, imbéeile! Tu Vos bien que tu ne sais pas rire. etwatcn, sur un fon dexcuse, Tl me fait des grimaces. cer, se relournant vivement. tein ers Heine vik) ah ge tear wus quien lat HEINRICH Plus gatre csr Ga te fait une compagnie. / zivarcit, se passant la main sur le visage. Test fatigant, cara, allant é Heinrich. - Heinrich... Si je tai fait du mal, pardonne-moi, EEINRIGH ur que tu ailles te vanter par tout Favolr shade isaips en amour ome Christ changeait Peau en vin, Acle 11, cinguiéme tableau, seine IIT 143 oerz ‘Te haine m’appartient. Je te délivrerai d ‘lle et, du Diable, HEINRICH, d' comme si tots changée n autre parlait par sa bouche, Au nom du Pére, du Fils ef du Saint-Esprit, Le Rite est moi, Je Diable est mon fs: ln hanes wee te Saint-BspritTu auras plus vite fait de debe at Lrongons la Trinité eéleste que de couper note Tee ‘Aité en trois, carn Alors, bonsoir. Va dire tes m esses 4 Worms eb rendez-vous dans neuf mois, HEINRICH j.ne retournerai jamais & Worms et je ne us jamais de messe Jone suis plus dBglise, Jn ti'a retiré le droit de oélébrer les offices eb nistrer les satrements, i bouffon, dadmi- cor, Qu'est-ce qu’ils peuvent bien te reprocher? HEINRICH Dem’étre fait payer pour livre la ville car Gest un mensonge infect, EINRICH Ce mensonge c'est. moi qui en chaive et j'ai tout contessé amour de argent, mes désirs chamnels, i fait. Je suis monté devant tous : mon ma jalousie, mon indiscipline ef Tu ment 144 Le diable et le bon Diew HEINRICH “Apres? On répétait partout dans Worms que ibglise abomineit les pauvies et qu'elle mavait, donné ordre de les livrer au massacre. Il fallait lui fournir un prétexte pour me désavouer com, Eh bien, tu as expié. HEINRICH Ta sais bion qu'on n’expie jamai corn Clest vrai, Rien n’efface rien. (Un temps. Brusque- ment allant @ Heinrich.) Qu'arrive-til & Catherine? HEINRICH Son sang pourrit, son corps s'est couvert d’ulcéres. Voici trois semaines qu'elle n'a ni dormi ni mangé. cere Pourquoi n’es-tu pas resté prés d’elle? HEINRICH Elle n’a que faire de moi ni moi d’elle. Nasty entre el resle au fond. oor faut la soigner. Elle ne peut pas guéri, il faut qu'elle meure. oer De quoi meurt-elle? nEmatoHe De honte, Son corps Jui fait horreur & cause de toutes les mains d’hommes qui se sont posées dessus. Ade II, cinguidme tableau, scene 111 14 Son eeur la dégodte encore plus parce que ton image est restée dedans. Sa maladie mortelle, c'est toi. core (était Yan peat er, ot je ne reeannis pas les foutes de année derniére. Je paierai pour cette faute dans l'autre monde et pendant 'Eternité. Mais dans ce monde-ci, fini, je n’ai pas une minute & perdre, EnVRtGH Done il y a deux Geeta, oer Deux, oui. Un vivant qui fait le Bien et un mort qui faisait le Mal. HEINRICH Et tu as enterré tes péchés aves le mort? com, Oui. HEINRICH Parfait. Seulement ce n'est pas le mort. qui est en assessiner lo petite, c'est le beau Goete tout s'est voué 4 amour. care ‘Tu mens! Cest le Goetz malfaisant qui a commis le crime, ‘HBINAICH Ge n'était pas un crime. En la souillant tu lui as donné beaucoup plus que tu ne possédais toi-méme Pamour. Le fait est qu'elle Vaimait, je ne sais pas pourquoi. Bt puis, un beau jour, fa grace t/a touché, ‘lors, tu as mis une bourse dans ia main de Catherine et ta Pas chassée. Bile en meurt, com Pouvais-je vivre avee une putain? M46 Le diable et te bon Diew ST HEINRICH Oui, puisque c'était toi qui l'avais rendue telle, cars 11 fallait renoncer au Bien ou renoneer & elle, HEINRICH er is é t-étre et toi itu avais gardée, tu Ta sauvais peu! i yon ale Hak quot! Sauer une Bam pe set Un Geos peutil abaisser A cela? On avait de pl «grands projets. cera, brusquement. Oi est-alle? neInnieit Sur tes propres terres. curt ir? lle voulait done me revoir? HEINRICH Oui. Bt puis le Mal I’e abattue sur la route. cov Ou? werNRtcHt , Je ne te le dirai pas : tu Tui as fait assez de mal. canes, leant le poing, furieus. i Je. (Il se eal ip Te touverat moi Je. :) Crest bon s i ih, (Sinelinant du fl Babi, i ea a (loam oes Nasly.) Vins, Nasty. waranty, sis Nasty! ; " Nasly veut suivre Goetz. Heinrich lui barre {a route. Acte 1, cinguidme tableaw, seine IV 149 SCENE IV HEINRICH, Rasty, HEINRICH, fi ort) Nasty, je te cherebois, Arrtel Ul faut que je te parte. Méprise-mo’ tant que tu vou- its Pourvu que tu m’outes, Jai travers ies oes ite Schulheim : la revolte couve, Nasty Laisse-moi passer. Jo le sais, HEINRICH Cette révolte, tu ta Souhaites? Dis, la souhaites-tu? Nasty Estco que ga te regarde? Laisse-moi passer HEINRICH, élendani Les brag, Tu no passeras pas sans m’avoir répondu, Nasty le regarde en silence, puis se nasty Sue ie la souhaite ou noo, personne ne peut plus Perapécher, HEINRICH Moi, je peux. Je peux élever en dt digue contze la mer que tu me pardonnes. leux jours une in échango, Nasty, je voudrais Nasty Encore le jeu du pardon? (Un femps,) Cest un joa ie : je ne suis pas dans le coup. Je vat fate ni pour condamner ni pour absousve™ cncn Taffaire'de Dieu. 4g Le diable ef le bon Diew BEINAICH $i Disu me donnait & choisir entre son pardon et le tien, c'est le tien que je choisirais NASTY ‘Tu ferais le mauvais choix; ta laicherais le Paradis pour un souffle de voix. eInatert Non, Nasty; je lacherais le pardon du Ciel pour colui de la terre. nasty La terre ne pardonne pas. exyareat Tu me fatigues. nasty Quoi? wennteat sue endo pa chelate; on ma, pousse ala haine, Nasty; on me pousse & la beine et tu ne m’aides pas. (Il se signe par trois jois.) Bon, me voila tranquille pour un moment, Alors, écoute. Vite, Les paysans Sorganisent, Ils vont parlementer aver les barons. Cela nous donne quelques jours. nasty Qu’en feras-tu? neINRICH, désignant église. ‘Tu les as wus; ils se Feraient hacher pour I Bglise; ily a plus de pitié dans ces campagnes que dans tout le'reste de PAllemagne. Nasly secoue la tée. Ade IT, cinguidme tableau, scéne IV 149 Nasty ‘Tes curés sont impuissants : on les aime, c'est vrai, mais s'ils condamnent la révolte, ils précheront dans le désert. HEINRICH, Ce n'est pas sur leurs discours que je compte, est sur leur silence. Imagine : un beau matin, & réveil, les vilageois trouvent, la porte de leur éalise ouverte et Mégliso vide : Yoiseau s'est envolé. Personne devant Pautel, personne devant la sacristie ni dans la crypte, personne au presbytére... NASTY Est-ce réalisable? HEINRICH Tout est prét, As-tu des hommes ici? nasty Quelques-uns. HEINRICH les autres, on blasphémant, suriout. 1 feut_quils provoquent le scandale et 'horreur, Puis, & Righi, dimanche prochain, quis s'emparent, du curé en pleine messe, qu'ls entrainent dans la forét et qu'ls revionnent aver leurs épées tachées de sang. ‘Tous les prétres de la région quitteront secrétement leurs lages Ia nuit d'aprés et se rendront au chiteau de Markstein od on les attend. A partir de Tundi, Diew remonte au Ciel. Les enfants ne seront plus baptisés, les fautes ne seront plus absoutes et les malades craindront de mourit sans confession! La peur étouffera la révote, Nasty, réfléchissant, Cola peut étre,.. 150 Le diable et le bon Diew Péglise s'ouvre, Bouffées d’orgue. taunt sort on pred toate brancard, nasty, les regardant. ‘ Si cela peut étre, cela sera. : HEINRICH — Q Nasty, je ten supple, si Yentroprise réusst, dis- moi que tu me pardonneras. nasty ; Je veux bin le dire, Le melhour, c'est que je sais qui tues. SIXIBME TABLEAU lérieur de V'église quinze jours plus tard. Tous lageois s'y sont réfugiés ef n'en gortent plas, Ils J smangent ils y dormant. En ce moment ils prient Vasty et Heinrich les regardent prier. Des hommes ei des femmmts sont couchés sur le sal; on a transporte les malades et es infirmes dans Véglise. 1 y en a qut émissent el s'agitend au pied de la chaire. SCENE I Les Paysans en priére, nasty ef werwnce. Nasty, d luisméme, Jenne peux plus les entendve! Hélas! Vous n'avier Tea ous que votre colere eta sou dessus pour re. EINAICH Qu'est-oe que tu dis? Nasty Rien, REINRICH Tun'es pas content? 152 Le diable et le bon Diew Nasty Non, HEINRICH Partout les gens s'écrasent dans les églises, la peur les tenaille ot la révolte est tuée dans l'erul, Que veux-tu de plus? (Nasty ne répond pas.) Je me réjoui- tai don pour deux. (Nast le rape) Quest qui te prend’ nasty Si tu te réjouis, je te casse les reins, enNntest ‘Tu ne veux pas que je me réjouisse de notre vie- ‘toire? Nasty Je ne veux pas que tu te réjouisses davoir mis des hommes & quatre pattes. HEINRICH Ce que j'ai fait, je l'ai fail pour toi et avec ton accord. Doulerais-tu de toi, prophéte? (‘Nasly hausse les épaules.} Ce n'est pourtant, pas Ix premiére fois que tu leur mens. Nasty Gest la premiére fois que je les jette & genoux ‘aur les empécher de se délendre; c'est la promitre Tois que je pactise aves Ia superstition et que je fis alliance aver le Diable. weINrIcH Tuas pour? Nasty Le Diable est le eréature de Dieu; si Dieu le veut, le Diable m’obéira, (Brusguement,) J'étoulle dans cette église, allons-nous-on. Ace II, sisiéme tableau, sone IH 153 SCENE IL HEINRICH él NASTY vonl pour sorlin. Geert enlre brusquement el marche sur Heinrich. cere | Tous les moyens te sont bons pour gagner ton pari, Tu me fais perdre quinze jours, jal par- couru dix fois mon domaine pour la découvrir et Fapprends qu’elle était ici, pendant que je la cher- chais au diable. Ici, malade, couchée sur la pierre, Par ma faute, (Heinrich se dégage el sox! avec Nasty. Getz répite pour lui-méme.) Par ma fate... Rien, je sonne creux, Tu veux de la honte, je n’en ai pas Grest Porgueil qui suinte de toutes mes plaies : depuis trente-cing ans je créve d’orgueil, c'est ma fagon de mourir de honte, I faudra ‘changer ¢a. (Brusque- ment.) Ote-moi la pensée! | Fais que je m'ou- blie! Change-moi en insect ture des paysans qui prient crit, puis dézrot.) Cathe- regardant chacun Ts'approcked'une forme sombre élendue sur ia dalle. 1! souléve la cou- verture qui Cenveloppe, Il la laisse relomber,rassuré. Il disparatt derriére un pilier. On Centend appeler encore.) Catherine! SCBNE IL us pavsans, seus. Une horloge sonne sepl, coups. uN DORMEUR, gui était coucké sur la dalle, s*éveille en sursaut Quelle heure stil? Quel jour sommes-nous? 14 Le diable et le bon Diew LHOMME: est un matin do dimanche oi xt sept heures vest pas dimanche, ee diane i ay ar pa jamai: é les a emportés avec lui, Jom Tour Tote les jour do i semaine, les jours maudits du travail ef de la faim. Le PAYSAN ; ‘Alors, eu Diable! Je me rendors! Vous me rév Jerez pour le Jugement. UNE FEMME Prions. ire, porlant une bolle de paille el sui- vis par dus pugenes gu pore de a pal également. SCENE IV ss does, MILDA, puis ooera. PREMIERE FEMME Hilda, c'est Hild: DEUXIEME FEMME Que se passe-bil dehors? Tu nous manquais. Raconte-nous. HILDA st 'y a tien & raconier, (est le silence partout sat we {es betes erent parce qu’elles ont peur. UNE VorX, Faitil beau? Acle 11, sisiéme tableau, seéne IV 156, HILDA Je ne sais pas, TA vorx Tu n’as pas regardé le Ciel? HILDA Non. (Un femps.) J'ai rapporté de la paille pour ire des lits aux malades. (Aua deur paysannes.) ideu-moi, (Elles souldven! un malade el le déposent sur un lit de paille.) La. A celui-ci, maintenant, dme jeu.) A celle-i. (Blles souléoenl une vizlle i se mel d sangioler,) Ne pleure pas, je ten ¢ leur éte pas leur courage, Allons, grand- mere, si tu te mets a pleurer, ils vont Lous’ pleazer avec toi. LA vistLue, pleurnichant, Mon chapolet, la. Elle désigne ta dalle d Vendroit oi elle repo- sait auparavant, HILDA, agaeée, prend le chapelel le tut jelle sur les genous. Tions! (Elle se reprend et plus dowcement.) Prie, va, prie! Mieux vaut la priére que les pleuis, a" feil ‘moins do bruit. Ah! Par exemple, il ne faut pes prier ot plourer le fois. (Elle lui essuie les yes aves son moucoir.) La! La! Mouche-toi! C'est fini! No_pleure pls: Je te dis: nous ne sommes pas coupables et jew na pas le droit de nous punit, Us VIEILLE, pleurniehan!. ‘Tu sais bien qu'il a tous les droits, HILDA, avee violence, Sil avait le droit. de punir les innocents, je me donnerais tout de suite au Diable. (is eursaulent of {e regardent. Bile hausse les épaules el va s'accnler au Hélas! ma

You might also like