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La culture entrepreneuriale :

étude comparative entre les


étudiants marocains
et mauritaniens

Afaf BENSGHIR
Enseignant-chercheur à l’EST Oujda
2, Rue Rafah, Hay El Qods Oujda, Maroc
Tél : 06 61 87 41 96
Email : afafbensghir@gmail.com

Anouar REGHIOUI
Enseignant-chercheur à la faculté de droit Oujda
542, Bd Brahim Roudani, Oujda Maroc
Tél : 06 00 42 42 24
Email : anouareg@yahoo.fr
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 64

Résumé
La culture entrepreneuriale : étude comparative entre les étudiants
marocains et mauritaniens
L’entrepreneuriat est considéré aujourd’hui comme un moyen pour
améliorer les performances économiques d’un pays et pour développer sa
compétitivité au niveau international. C’est une solution stratégique pour
répondre à la problématique du chômage en améliorant l’insertion des jeunes et
la création d’emploi.
Le but de notre article est de dresser l’état de la culture entrepreneuriale
d’un échantillon de deux populations différentes d’étudiants (Mauritaniens et
Marocains) pour pouvoir constater les différences et de multiplier les actions
efficaces au développement du cursus et des pratiques pédagogiques qui
permettent d’enrichir le profil entrepreneurial. L’étude va nous permettre de
révéler également les caractéristiques les plus dominantes de la culture
entrepreneuriales de nos étudiants et les moins dominantes. Cela va nous
permettre d’avoir une réflexion sur une nécessaire pédagogie constructiviste et
ludique.

Mots-clés : Culture, Entrepreneuriat, Etudiant, Intention, Maroc,


Mauritanie.

Abstract
The entrepreneurial culture: Comparative study between the Moroccan
and Mauritanian students

Entrepreneurship is considered today as a means to improve the


economic performance of a country and to develop its international
competitiveness. This is a strategic solution for the problem of unemployment by
improving the integration of young people and job creation.
The purpose of this paper is to present the state of the
entrepreneurial culture of a sample of two different student populations
(Mauritanians and Moroccans) in order to see the differences and increase the
effective actions to the development of curricula and teaching practices that
enrich the entrepreneurial profile. The study will allow us to also reveal the most
dominant features of the entrepreneurial culture of our students and less

Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro 4, Vol 2: September 2015


‫… ‪La culture entrepreneuriale : étude comparative‬‬ ‫‪65‬‬

‫‪dominant. This will allow us to have a reflection on the necessary constructivist‬‬


‫‪pedagogy and playful.‬‬

‫‪Keywords: Culture, Entrepreneurship, Student, Intention, Mauritania,‬‬


‫‪Morocco.‬‬

‫الملخص‬
‫ثقافة العمل الحر‪ :‬دراسة مقارنة بين الطلبة الموريتانيين والمغاربة‬

‫تعتبر ريادة األعمال اليوم كوسيلة لتحسين األداء االقتصادي للبلد وتطوير قدرتها التنافسية‬
‫الدولية‪ .‬هذا هو الحل االستراتيجي لمشكلة البطالة من خالل تحسين إدماج الشباب وخلق فرص‬
‫العمل‪.‬‬
‫الغرض من هذه الورقة هو تقديم لمستوى ثقافة العمل الحر لعينتين مختلفتين من الطلبة‬
‫(الموريتانيين والمغاربة) من أجل أن نرى الخالفات وإحدات إجراءات فعالة لتطوير ممارسات‬
‫المناهج والتدريس التي تثري المبادرة الشخصية‪ .‬هذه الدراسة تسمح لنا أيضا عن عن لكشف عن‬
‫أهم السمات الغالبة على ثقافة العمل الحر من طالبنا وأقل المهيمنة‪ .‬وهذا سوف يسمح لنا أن يكون‬
‫لها انعكاس على التربية البنائية الممكن إتباعها‪.‬‬

‫‪.‬الكلمات المفتاحية ‪ :‬الثقافة‪ ،‬ريادة األعمال‪ ،‬طلبة‪ ،‬النية‪ ،‬المغرب‪ ،‬موريتانيا‬


Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 66

Introduction
L’entrepreneuriat est considéré aujourd’hui comme un moyen pour
améliorer les performances économiques d’un pays et pour développer sa
compétitivité au niveau international. C’est une solution stratégique pour
répondre à la problématique du chômage en améliorant l’insertion des jeunes et
la création d’emploi.
Au-delà de sa pertinence économique, il est important de savoir comment
l’entrepreneuriat rejoint les préoccupations de l’enseignant. En effet, on peut dire
que la valeur entrepreneuriale appartient à une logique inhérente de la pratique
pédagogique ou aux finalités mêmes de la mission éducative de l’enseignement.
La culture entrepreneuriale est constituée de qualités et d’attitudes qui
expriment la volonté d’entreprendre et de s’engager pleinement dans ce que l’on
veut faire et mener à terme : autonomie, créativité, esprit d’initiative, confiance
en soi, leadership, esprit d’équipe, sens de l’effort, responsabilité, solidarité,
persévérance. On pourrait donc considérer comme éducative et en faveur du
développement entrepreneurial toute activité pédagogique individuelle ou
collective favorisant leur mise à contribution.
Le but de notre article est de dresser l’état de la culture entrepreneuriale
d’un échantillon de deux populations différentes d’étudiants (Mauritaniens et
Marocains) pour pouvoir constater les différences et de multiplier les actions
efficaces au développement du cursus et des pratiques pédagogiques qui
permettent d’enrichir le profil entrepreneurial. L’étude va nous permettre de
révéler également les caractéristiques les plus dominantes de la culture
entrepreneuriales de nos étudiants et les moins dominantes. Cela va nous
permettre d’avoir une réflexion sur une nécessaire pédagogie constructiviste et
ludique.
1. Les fondements théoriques
Dans cette partie, on abordera le concept de culture dans son sens le plus
large avant de s’intéresser de plus près à la notion de culture entrepreneuriale.
1.1. La culture
La culture est le socle commun qui réunit plusieurs personnes vivant en
commun. C’est un ensemble composé du système d’idées et du système de
valeurs partagé sur un territoire donné. D’ailleurs, l’anthropologue britannique
Edward Burnett Taylor1 définit la culture comme : « un tout complexe qui inclut
les connaissances, les croyances, l'art, la morale, le droit, les coutumes, ainsi que
1
ROCHER Guy, Introduction à la sociologie générale, Editions Hurtubise HMH ltée, 1992, troisième
édition, pp. 101-127.

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toutes autres dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que membre
d'une société ».
Autrement dit, c’est l’ensemble des normes, des valeurs et des
représentations mais aussi de croyances et de doctrines qui vont distinguer un
groupe humain d’un autre. La culture va conditionner l’action et le comportement
de l’individu pris isolément. Elle va également constituer la référence qui va
orienter l’action collective.
L'UNESCO nous offre une définition plus générale puisque la culture est
considérée comme: « l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels,
intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle
englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de
l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances »2.
Pour Lande (2000), « la culture est un ensemble de connaissances et de
valeurs qui ne font l’objet d’aucun enseignement spécifique et que tout membre
de la communauté sait».
La culture va conditionner et influencer les actes et les comportements des
entrepreneurs. Elle sera ancrée tout au long du processus entrepreneurial : depuis
l’intention jusqu’à la création et au développement des entreprises.
1.2. La culture entrepreneuriale
La culture entrepreneuriale est constituée de l’ensemble des qualités et de
compétences possédées par une personne pour mener à bien l’aventure
entrepreneuriale. Elle recouvre des réalités diverses. Tantôt elle englobe les
caractéristiques nécessaires pour mobiliser l’esprit d’entreprendre. Tantôt elle fait
référence aux qualités qui ont pour objet la dynamisation de l’esprit d’entreprise.
C’est un processus d’acquisition et d’apprentissage permanent qui permet la
création de valeur en optimisant les efforts requis et le temps nécessaire à sa
réalisation.
La culture entrepreneuriale est donc un ensemble d’atouts qui rendent les
individus et les organisations capables de s’adapter aux changements
économiques et sociaux qui apparaissent au moment de la création de
l’organisation ou au moment de sa croissance et son développement.
A partir de là, la culture entrepreneuriale est appréhendée comme un
ensemble de qualités et de compétences qu’il va falloir lister. Une échelle

2
UNESCO, Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles, Conférence mondiale sur les
politiques culturelles, Mexico City, du 26 juillet au 6 août 1982.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 68

graduelle peut être mise en place pour suivre l’évolution de chaque


caractéristique et déterminer le niveau de la culture entrepreneuriale.
1.3. Les variables de la culture entrepreneuriale
Quelles sont les variables à retenir pour mesurer avec satisfaction
l’intention et la culture entrepreneuriale ? Combien de variables faudra-t-il
retenir ? La littérature n’est pas unanime sur ce point. Il n’y a pas de consensus ni
sur le nombre de variables à retenir pour mesurer la culture et l’intention
entrepreneuriale ni sur l’identification des variables à retenir. Toutefois, un
ensemble de variables sont fréquemment citées. Des variables qui ont pour point
commun d’être des compétences transversales. Il s’agit plus particulièrement de
la confiance en soi, le leadership, la motivation, l’esprit d’équipe, le sens des
responsabilités, l’initiative, le sens de l’organisation, la créativité et la
persévérance.
Certains auteurs ont mis en avant le besoin d’accomplissement (McCelland,
1961), le besoin d’indépendance et de créativité (Schere, 1982) ou encore la prise
de risque (Brockhaus, 1980).
Copain (2003) a effectué un travail de synthèse pour énumérer toutes les
variables citées dans la littérature. Il cite ainsi : la confiance en soi, la créativité,
l’imagination, l’innovation, la communication, la loquacité, la persévérance, la
ténacité, l’opportunisme, l’enthousiasme, l’optimisme, l’indépendance, l’énergie,
les connaissances pratiques, la prise de risque, la vision, le sens des
responsabilités, la curiosité, le sens de la gestion et de l’organisation, le
leadership, la prise d’initiative, l’accomplissement de soi, la négociation,
l’intelligence, l’utilisation des ressources, l’ambiguïté, l’incertitude, la passion,
l’engagement, la souplesse, la flexibilité, l’ambiguïté, l’incertitude, l’audace, la
motivation, l’agressivité, la rapidité d’apprentissage et de compréhension,
l’originalité, la connaissance de ses forces et de ses faiblesses, l’ambition, la prise
de décision, le contrôle, la pression, l’esprit critique, le jugement, l’esprit de
synthèse, le stratège, la réalisation, la capacité d’analyse.
L’observation de cette longue liste fait apparaître des variables qui ont le
même sens, et par conséquent peuvent être agrégées. Il s’agit, par exemple, de la
créativité et l’imagination. Il s’agit aussi de l’enthousiasme la passion et la
motivation.
Ensuite, vouloir uniformiser les caractéristiques et établir un profil unique
composé d’une liste limitative de variables est, à notre avis aberrant. D’autant
plus que les caractéristiques que présentent les entrepreneurs ne sont pas
uniformes même si certaines d’entre elles se manifestent plus fréquemment par
rapport à la moyenne de la population. De grandes différences peuvent donc

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apparaître entre les entrepreneurs et les autres, mais aussi à l’intérieur même du
groupe des entrepreneurs. Ceci étant, on peut dire que l’individu qui présente des
aptitudes semblables et un comportement similaire aux entrepreneurs aura
normalement une plus forte motivation à se lancer en affaires.
Dans le cadre de notre étude comparative de la culture entrepreneuriale
chez les étudiants issus de deux milieux différents (Maroc et Mauritanie), on peut
avancer que l’étudiant, avant d’annoncer son intention entrepreneuriale, est
avant tout le reflet d’une réalité politique, économique et sociale. La famille étant
le premier cadre de référence qui va lui transmettre un ensemble de valeurs qui
vont conditionner ses comportements en tant que futur entrepreneur.
Les caractéristiques que présentent les entrepreneurs ne sont pas
uniformes même si certaines d’entre elles se manifestent plus fréquemment par
rapport à la moyenne de la population. De grandes différences peuvent donc
apparaître entre les entrepreneurs et les autres, mais aussi à l’intérieur même du
groupe des entrepreneurs. Ceci étant, on peut dire que l’individu qui présente des
aptitudes semblables et un comportement similaire aux entrepreneurs aura
normalement une plus forte motivation à se lancer en affaires.
Nous avons, compte tenu de ces limites, retenu neuf variables pour
mesurer la culture entrepreneuriale comme le montre le tableau ci-dessous :
Tableau 1. Description des variables entrepreneuriales
Variables Description
1 Prise de La prise de décision fait partie du quotidien de
décision l’entrepreneur. Devant une situation particulière, plusieurs
alternatives sont possibles. Il va falloir trancher sachant que
les paramètres à prendre en compte peuvent être nombreux.
2 Leadership Le leadership est sans doute l’ingrédient le plus important de
la culture entrepreneuriale. Le leader, à travers son pouvoir
de légitimité, entraîne l’adhésion de ses collaborateurs et
arrive à obtenir un engagement fort et volontaire pour la
réalisation des objectifs de la structure sur la base de
l’entente et non de la coercition. Le charisme est souvent cité
comme première qualité d’un leader.
3 Curiosité La curiosité est un trait de caractère qui se manifeste par le
désir de connaître et d’approfondir la connaissance d’un
sujet. C’est un composant important de la culture
entrepreneuriale car il permet d’inscrire l’action dans la
durée en proposant continuellement de nouveaux produits
et procédés de fabrication.
4 Confiance en La confiance en soi est une sensation intérieure naît de la
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 70

soi représentation que l’individu fait de lui-même par rapport à


ses capacités, ses habiletés et ses compétences à accomplir
une action au sein d’un groupe.
Avoir confiance en soi, c’est croire en ses capacités et ses
potentialités facilitant ainsi l’expression d’un point de vue ou
la réalisation d’une action.
5 Persuasion La persuasion est la capacité de convaincre une personne ou
un groupe de personnes par un processus s’appuyant sur une
stratégie d’argumentation destinée à les faire adhérer à ses
idées et à ses points de vue.
6 Capacité à Devant une situation particulière, la personne a-t-elle les
résoudre des capacités nécessaires pour apporter des solutions. En effet,
problèmes les problèmes rencontrés sont généralement de nature
différente. Il s’agit de voir si l’individu a assez d’ingéniosité
pour apporter des solutions.
7 Esprit critique L’esprit critique est une démarche qui consiste à remettre en
question les actions et les opinions ainsi que les arguments
qui les supportent. Avoir un esprit critique c’est donc porter
une attention particulière aux situations qui se présentent et
en interroger la validité avec exigence et rationalité. C’est
aussi posséder une capacité d’analyse et de jugement
personnel permettant d’exercer des choix.
8 Créativité Devant une situation particulière ou nouvelle, la personne a-
t-elle les capacités d’imaginer et de produire des solutions
efficaces et efficientes aux différents problèmes rencontrés ?
9 Persévérance La persévérance est la qualité qui permet de constater si
l’individu a les capacités de mener à terme une action ou un
projet jusqu’à sa réalisation. Autrement dit, c’est la capacité
de faire preuve de constance dans la durée, quelque soit les
difficultés rencontrées, jusqu’à l’obtention d’un résultat
satisfaisant.
2. Méthodologie
Nous allons, dans ce qui va suivre étudier, identifier ainsi que comparer le
niveau de la culture entrepreneuriale des futurs jeunes diplômés issus de
l’enseignement supérieur marocain et la mauritanien.
Dans ce travail, nous avons choisi d’étudier en amont le processus de
création d’entreprise des futurs jeunes entrepreneurs. On souligne que certains
auteurs pensent que « l’université et l’école sont des lieux ou le potentiel
entrepreneurial peut être identifié évalué et développé » (Gasse. Y 1985 ;

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Hernandez E.M. ; 1991 ; Fillon. I.J ; 1994) »3.


Cette étude porte sur les étudiants de la troisième année de licence au sein
de trois établissements d’enseignements supérieurs en Mauritanie ainsi que trois
établissements différents de l’Université Mohammed Premier au Maroc.
2.1. Objectifs de l’enquête
L’enquête a pour objet de mesurer le niveau de la culture entrepreneuriale
sur un échantillon d’étudiants mauritaniens de l’université de Nouakchott,
l’université libanaise et l’ISCAE ; trois établissements bénéficiaires de la formation
sur l'entrepreneuriat. Ce qui va nous permettre d’établir une comparaison du
niveau de leur culture entrepreneuriale avec un échantillon d’étudiants marocains
de l’université Mohammed Premier appartenant aux établissements suivants :
l’Ecole Supérieure de Technologie, L’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion
et la Faculté des Sciences d’Oujda ; trois établissements bénéficiaires également
de la formation sur l'entrepreneuriat.
Pour établir la comparaison, nous avons adopté l’approche processuelle qui
offre une vision temporelle de l’ensemble des étapes qui mènent à l’acte
d’entreprendre. Nous avons ensuite procéder au choix des variables personnelles
et environnementales qui favorisent ou ralentissent l’esprit d’entreprise.
La première phase d’initiation au projet est sans doute la plus compliquée.
Elle présente des variables incitatives pouvant pousser l’individu à réfléchir à
entreprendre tel que l’expérience de son entourage, ses origines familiales, son
vécu et l’environnement institutionnel, ainsi que leurs caractéristiques
psychologiques.
L’objectif principal du recueil d’informations auprès des étudiants
concernés est de faire exprimer la vision qu’ils ont d’eux même en tant que futurs
entrepreneurs ou non-entrepreneurs vis-à-vis de la création d’entreprise et le
niveau des caractéristiques de la culture entrepreneuriale. C’est pour cela que
nous avons choisi des étudiants en fin de cursus universitaire car ils seront dans
quelques mois sur le marché du travail.
2.2. Réalisation de l’enquête
L’étude a été menée auprès de 256 étudiants marocains et de 187
étudiants mauritaniens. Nous avons choisi comme mode de recueil de données
l’auto-administration, en classe à la fin d’un cours ou avant le début d’un autre
cours, avec l’assistance d’un enseignant ou par nos propres soins. Chaque fois, les

3
Fayolle Alain, Les déterminants de l’acte entrepreneurial chez les étudiants et les jeunes diplômés
de l’enseignement supérieur français, Université catholique de Louvain, Institut d'administration
et de gestion, 2003, p 67.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 72

objectifs de l’enquête étaient expliqués et les étudiants ont été sensibilisés aux
points difficiles des questionnaires.
Construire un questionnaire est « sans doute la phase la plus délicate de la
mise en œuvre d'une enquête par sondage » (Evrard et al. 1997 : 243). Le
questionnaire comporte 45 questions de plusieurs types. Nous avons utilisé des
questions fermées, ouvertes et des propositions à travers une échelle de Lickert
de 0 à 5 postes.
Le traitement des données commença au début par le codage des
différents questionnaires pour nous faciliter le dépouillement. Le logiciel utilisé
pour l’analyse statistique est Statistical Package for the Social Sciences plus connu
sous le nom de SPSS. Les informations fournies par les questionnaires n’étaient
pas toutes directement exploitables en l’état. Elles ont été soumises à un travail
de préparation afin qu’elles soient opérationnelles pour les traitements
statistiques.
Par la suite, une comparaison du profil entrepreneurial et des compétences
a été dressée pour les deux échantillons. Chaque variable de la culture
entrepreneuriale est obtenue par le calcul de la moyenne des réponses des
questions qui la constituent. Dans un premier temps, chaque variable est analysée
séparément. Ensuite, la valeur accordée à la culture entrepreneuriale est le
résultat moyen obtenu par l'ensemble des participants pour chacune des neuf
compétences.
3. Analyse des données
L’analyse des données se fera à trois niveaux :
1. Une analyse descriptive de l’ensemble de l’échantillon ;
2. Une analyse de l’intention entrepreneuriale ;
3. Une analyse portant sur les variables de la culture entrepreneuriale.
3.1. Analyse descriptive
L’université de Nouakchott représentée par la Faculté des Sciences
Juridiques et Economiques (FSJE) constitue 54% de l’échantillon mauritanien,
suivie par l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises
(ISCAE) représenté par 37,4% et l’Université Libanaise Internationale (LIU) de 8,6%
de l’échantillon.
L’échantillon des étudiants marocains est constitué de 256 étudiants faisant
partie de trois établissements différents de l’Université Mohammed Premier
d’Oujda à savoir, l’Ecole Supérieure de Technologie avec 53% de l’échantillon,
L’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion représenté par 40% et la Faculté

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des Sciences d’Oujda avec 7%.


L’échantillon total, constitué de 443 étudiants, est segmenté comme suit :
Tableau 2. Effectif de l’échantillon global

PAYS ETAB NIVEAU EFFECTIFS POURCENTAGE POUR/PAYS


ENCG 4ème année 103 0,232505643
EST 2ème Année 135 0,304740406
MAROC FSO Master 18 0,040632054 0,5778781
FSJE Licence 101 0,227990971
ISCAE Licence 70 0,158013544
MAURITANIE UIL Licence 16 0,036117381 0,4221219
TOTAL 443 1 1
Source : réalisé par les auteurs
En ce qui concerne la répartition selon le sexe, 47% des répondants sont
des étudiants masculins et 53% sont des étudiants féminins.
Tableau 3. Répartition par sexe
masculin Féminin TOTAL
Mauritanie 114 73 187
Maroc 93 163 256
TOTAL 207 236 443
Pourcentage 47 53 100

Source : réalisé par les auteurs


3.2. Intention entrepreneuriale
L’intention entrepreneuriale est le premier élément fondamental et
constitutif du processus entrepreneurial. C’est pourquoi il nous a fallu vérifier
l’attitude favorable ou non de ces étudiants envers l’acte de création
d’entreprise.
Nous avons constaté d’après les résultats de notre étude que 69% des
étudiants de l’échantillon global souhaitent travailler pour leur propre compte.
L’intérêt que portent les étudiants mauritaniens pour la création d’activité est
encore plus important que celui des étudiants marocains, l’analyse descriptive
comparative montre un pourcentage respectif de 74,2% contre 65%. Ce résultat
que nous considérons comme extrêmement intéressant puisque les étudiants ont
une appréhension positive de l’entreprise et son rôle dans le développement
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 74

économique. Notre étude sera donc intéressante puisqu’elle s’intéresse à des


entrepreneurs potentiels. Il nous faut juste éclairer le chemin menant à l’acte
d’entreprendre.
Tableau 4. Intention entrepreneuriale
Maroc Mauritanie TOTAL
Effectif Pourcentag effectif pourcentag effectif
s e s e s pourcentage
Oui 167 65 138 74,2 305 0,690045249
Non 88 34,2 48 25,8 136 0,307692308
Total 255 99,2 186 441 /////////////
100 /
Système 1 0,8
manquan
t 0 1 0,002262443
Total 256 100 186 442 100
Source : réalisé par les auteurs

Pour J.-P. NEVEU (1996, p. 21), "l'intention représente une étape nécessaire
au cheminement motivationnel vers le comportement", Et puisque l’intention
entrepreneuriale se situe en amont de l’acte d’entreprendre, il nous sera utile de
déceler les caractéristiques entrepreneuriales que possèdent ces étudiants ainsi
que ceux qu’il leur faut développer.
3.2.1. Intention entrepreneuriale et facteurs de contingence
Entreprendre, ou le vouloir d’entreprendre n'est pas seulement fonction
des caractéristiques individuelles prises isolément dans un environnement (N.F.
KRUEGER, D.V. BRAZEAL, 1994, p. 92). Les facteurs environnementaux et
situationnels ont un effet sur le processus entrepreneurial amont dans ses
différentes phases. La famille a été de tout temps le principal agent de
socialisation (R.-J. VALLERAND, 1994, p. 671). Elle porte en elle les valeurs
économiques et sociales capables d'influencer et d'inciter ses membres vers le
monde d’entreprise.
La plupart des études qui s’intéressent au milieu d'origine des
entrepreneurs montrent que la famille n'est pas étrangère au monde des affaires.
H. LEIBENSTEIN (1968) note que les entrepreneurs proviennent souvent de
familles qui sont dans les affaires ou le commerce. Celles-ci interfèrent dans le
processus de création d’entreprise.

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La culture entrepreneuriale : étude comparative … 75

A travers notre échantillon nous avons soulevé que 71,1% des étudiants
mauritaniens ont au moins un de leur proche qui exerce ou a exercé une activité
pour son propre compte contre 85% pour les étudiants marocains. La présence
d'un parent ou d’un ami entrepreneur, peut représenter un modèle pour ceux qui
sont engagés au sein du processus. L’entourage des étudiants interrogés constitue
donc un environnement propice puisqu’il stimule les étudiants à lancer leurs
propres activités et être à l’hauteur pour relever les défis.
3.2.2. Intention entrepreneuriale et genre
Les travaux réalisés par Zhao et al. (2005) et Wilson et al. (2004, 2007) ont
montré que l’intention entrepreneuriale est plus intéressante chez les hommes
que chez les femmes. Quand aux travaux de Wilson et al. de 2009, ils constatent
que le différentiel en termes d’intention entre les hommes et les femmes a
légèrement baissé mais reste toujours significatif.
Pour notre échantillon, cette théorie, même si elle est effectivement
vérifiée, il reste que la différence reste non significative, et cela beaucoup plus au
Maroc qu’en Mauritanie.
Tableau 5. Genre et intention entrepreneuriale

Intention à l'entrepreneuriat
Maroc Mauritanie
Oui Non oui non
Sexe Féminin 62% 38% 69% 31%
Masculin 70% 30% 75% 25%
Source : réalisé par les auteurs
On peut certes dire que la création d’entreprise n’est plus une affaire
d’hommes, et que la femme est devenue consciente qu’elle est capable de
s’aventurer dans la création de sa propre entreprise.
3.2.3. Intention entrepreneuriale et secteurs d’activités
D’un autre côté, la majorité des étudiants interrogés voudraient exercer
leurs propres activités dans le secteur commercial avec un pourcentage de 38,4%
en Mauritanie contre 65% pour les étudiants marocains, suivi du secteur des
services. La répartition des deux populations se présente comme suit :
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 76

Figure 1. Secteurs d’activités choisis par les étudiants mauritaniens

Les secteurs d'activités


commercial Services Industriel Agricole autre

3% 8%
12%
39%

38%

Source : réalisé par les auteurs


Figure 2. Secteurs d’activités choisis par les étudiants marocains

Effectifs
80

60

40

20

0 Effectifs

Source : réalisé par les auteurs

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Les secteurs d’activités choisis par les deux populations sont presque les
mêmes, ce lapeutêtredu à la peur d’échec et l’aversion pour le risque dans les
autres secteurs d’activités.
3.2.4. Les motivations de l’intention entrepreneuriale
Plusieurs motivations poussent les étudiants interrogés à exercer leurs
propres activités dans le futur comme l’illustre le tableau ci-dessous. La différence
la plus importante au niveau des motivations des étudiants mauritaniens
interrogés se situe sur l’exploitation d’un savoir faire, succédée par le
développement d’une entreprise afin d’en faire un groupe reconnu sur son
marché et le dernier motif est d’accéder à une position sociale plus valorisante.
Quand aux étudiants marocains, les intentions entrepreneuriales sont plutôt
motivées par le besoin d’autonomie.
Tableau 6. Motivations de l’intention entrepreneuriale

Critères de motivation Maroc Mauritanie

Mettre en application un travail auquel vous pensez depuis


longtemps 30,40% 22%
Développer une entreprise afin d'en faire un groupe
reconnu sur le marché 19,80% 24%

Accéder à une position sociale plus favorisante 16,3% 7%

Exploiter un savoir faire 30% 25%

Pour avoir plus d'autonomie 38,50% 22%


Source : réalisé par les auteurs
3.3 Analyse de la culture entrepreneuriale
Au sein de l’université, nous sommes à l’étape de sensibilisation à
l’entrepreneuriat. Il nous sera utile de reconnaitre les qualités entrepreneuriales
que nos étudiants possèdent déjà pour les consolider et en développer des
nouvelles.
Dans cette partie nous allons analyser les 9 variables retenues pour décrire
la culture entrepreneuriale. Cela va nous permettre, dans un premier temps, de
construire une idée claire sur le niveau de la culture entrepreneuriale de notre
échantillon. Dans un deuxième temps, il nous sera possible de comparer ce niveau
entre les deux populations étudiées à savoir, les étudiants marocains et les
étudiants mauritaniens.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 78

III.3.1 La prise de décision


L’entrepreneur est souvent confronté à prendre des décisions pour gérer
les affaires opérationnelles et stratégiques de son entreprise. La prise de décision
constitue donc une variable importante dans l’esprit entrepreneuriale de tout
individu, elle traduit la vision et la manière dont on peut réagir face à une
situation donnée selon les informations possédés et les objectifs à atteindre.
Sur une échelle de 5 degrés, la réponse des étudiants nous traduit que la
variable de prise de décision à un niveau faible et moyen chez les deux
échantillons comme le montre le tableau suivant :

Tableau 7. La variable de prise de décision


Mauritanie Maroc
prise de décision Effectifs Pourcentage Effectifs pourcentage

1 15 0,0802139 28 0,109375
2 52 0,2780749 83 0,32421875
3 67 0,3582888 118 0,4609375
4 39 0,2085561 26 0,1015625
5 14 0,0748663 1 0,00390625
Total 187 1 256 1

Source : réalisé par les auteurs


3.3.2. Le leadership
L’entrepreneur est appelé à travailler dans son entreprise avec un
groupe d’individus qu’il est amené à gérer et à dicter des directives. Ce qui
impliquera pour lui de communiquer efficacement avec les membres de son
équipe, de les faire adhérer à un but commun et de les motiver à atteindre des
objectifs fixés. La variable du leadership constitue l’âme de l’entrepreneur capable
d’instaurer une confiance et un respect mutuel.
Dans notre cas, la caractéristique du leadership va nous permettre de
déterminer si les étudiants possèdent les qualités d’un leader à travers sa capacité
à s’imposer pour mener le groupe, ou à l’organiser à un autre stade de son
développement.

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La culture entrepreneuriale : étude comparative … 79

A travers les résultats obtenus à ce sujet, on constate que 42% des


étudiants mauritaniens ont un bon niveau de leadership contre 36% des étudiants
marocains.
Tableau 8. La variable de leadership

Mauritanie Maroc
leadership Effectifs Pourcentage effectifs Pourcentage
1 7 0,0374332 7 0,02734375
2 27 0,144385 51 0,19921875
3 73 0,3903743 103 0,40234375
4 58 0,3101604 88 0,34375
5 22 0,1176471 7 0,02734375
Total 187 100 256 1

Source : réalisé par les auteurs

3.3.3. La Curiosité
La curiosité est un désir spontané de questionner, de comprendre et de
créer une signification. C’est une attitude active que va entretenir la personne
pour comprendre son environnement. Pour les activités intellectuelles, on parle
de « curiosité cognitive » (Cacioppo et Petty, 1982) ou de « besoin de cognition »
(Darpy et Volle, 2003). Darpy et Volle (2003) considèrent qu’un individu ayant un
fort besoin de cognition s’engage, facilement, dans des activités intellectuelles et
y trouve un plaisir.
La curiosité constitue un mouvement spontané d’attraction vers la
découverte des nouvelles choses qui peuvent être inconnues. C’est une tendance
à un apprentissage continu. Etre curieux c’est rester en mouvement, varier les
chemins, rechercher ce qui diffère du déjà connu. La curiosité représente, ainsi,
une source de motivation (Lepper et Hoddel, 1989).
La majorité des étudiants interrogés ont prononcé leurs degrés de curiosité
avec un niveau très satisfaisant. 75% des étudiants mauritaniens se disent curieux
contre 90% pour les étudiants marocains. Ce qui nous laisse à penser que la
variable de curiosité est beaucoup plus développée au Maroc qu’en Mauritanie
comme le montre le tableau suivant :
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 80

Tableau 9. La variable de la curiosité


Mauritanie Maroc
Curiosité Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
1 9 0,0481283 2 0,0078125
2 17 0,0909091 20 0,078125
3 49 0,2620321 79 0,30859375
4 73 0,3903743 116 0,453125
5 39 0,2085561 39 0,15234375
Total 187 1 256 1

Source : réalisé par les auteurs


3.3.4. La confiance en soi
La confiance en soi est « le résultat d’une accumulation d’expérience. Il
s’agit toujours d’une certitude partielle qui s’applique à un domaine particulier et
à un moment donné. Il ne s’agit jamais d’une prédiction du résultat ou de
performances ; c’est plutôt une prévision qui touche la façon dont les choses vont
se passer » Garneau (1999).
La confiance en soi est très proche également de la notion de l’estime de
soi qui permet à l’individu de se dépasser afin de réaliser un projet nouveau ou
inhabituel (innovant) en groupe et en temps limité.
Les réponses des étudiants prononcées varient d’un niveau faible à moyen
et se concentrent dans le 3ème et le 4ème degré de l’échelle de 0 à 5 avec un
pourcentage de 66% pour les étudiants mauritaniens et 76 % pour les étudiants
marocains.
Tableau 10. La variable de la confiance en soi
Mauritanie Maroc
Confiance en soi Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
1 11 0,0588235 8 0,03125
2 39 0,2085561 45 0,17578125
3 62 0,3315508 114 0,4453125
4 62 0,3315508 82 0,3203125
5 13 0,0695187 7 0,02734375
Total 187 100 256 1

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3.3.5. La persuasion
Persuader est sans aucun doute une des compétences les plus importantes
dans le domaine du relationnel. Pour être persuasif, ce n’est pas une tâche aisée
et nécessite une mise en valeur et une efficacité des raisonnements. Si cette
compétence semble être innée pour certains, d’autres nécessitent de la travailler.
Toute personne aurait un jour besoin de convaincre quelqu’un d’autre.
L’entrepreneur ou le futur entrepreneur est amené dans le cadre de sa fonction
de se livrer souvent à cet exercice. Il est ramené continuellement à persuader un
investisseur, un banquier, un client, son groupe de travail, etc.. La rentabilité de
son entreprise peut être améliorée grâce aux techniques de persuasions
auxquelles va se livrer l’entrepreneur avec ses différents partenaires.
Dans notre échantillon, cette variable est beaucoup plus intéressante chez
les étudiants mauritaniens que chez les étudiants marocains comme le montrent
les résultats suivants.
Tableau 11. La variable de la persuasion
Persuasion Mauritanie Maroc
Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
1 7 0,0374332 22 0,0859375
2 18 0,0962567 60 0,234375
3 37 0,197861 100 0,390625
4 61 0,3262032 56 0,21875
5 64 0,342246 18 0,0703125
Total 187 100 256 1

Source : réalisé par les auteurs


3.3.6. La capacité à résoudre les problèmes
La capacité à résoudre les problèmes est d’une importance vitale pour une
entreprise. En effet, l’entrepreneur doit posséder les compétences nécessaires qui
vont lui servir à résoudre les différents problèmes rencontrés. En d’autres termes,
il doit savoir corriger ce qui ne fonctionne pas.
Pour Scott Murray, Président de DataAngel, « dans une économie mondiale,
la concurrence accrue augmente la pression sur le prix et la qualité des biens et
services. Pour survivre, les entreprises doivent innover, donc trouver des solutions
à des problèmes ».
L’étudiant doit disposer donc d’une énergie suffisante pour occulter les
difficultés et résoudre les problèmes. Il doit s'attendre et être prêt à surmonter
des difficultés de tout ordre voire dans certains cas traiter plusieurs problèmes en
même temps.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 82

Les étudiants formant l’échantillon ont exprimé leurs capacités à résoudre


les problèmes à plusieurs degrés, avec un niveau plus que la moyenne avec un
taux de 84% pour les étudiants mauritaniens contre 85% pour les étudiants
marocains ; un niveau presque semblable pour les deux échantillons.
Tableau 12. La variable de la capacité de résoudre les problèmes
Capacité à Mauritanie Maroc
résoudre les Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
problèmes
1 6 0,0320856 3 0,01171875
2 22 0,1176471 32 0,125
3 46 0,2459893 102 0,3984375
4 79 0,4224599 103 0,40234375
5 34 0,1818182 16 0,0625
Total 187 1 256 1

Source : réalisé par les auteurs


3.3.7. L’esprit critique
Selon le directeur de l’Agence de développement et l’encadrement des
petites et moyennes entreprises (ADEPME) MaboussoThiam « les jeunes doivent
avoir un esprit critique et prendre l’habitude de contester et de remettre les
choses en causes pour parvenir à créer des entreprises qui leur sont propres »,
ceci afin d’identifier d’éventuelles pistes d’amélioration pour son entreprise.
Nous constatons qu’il existe un fort esprit critique chez les étudiants
interrogés, 66% pour la Mauritanie contre 57% pour le Maroc.
Tableau 13. La variable de l’esprit critique
Mauritanie Maroc
Esprit critique Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
1 10 0,0534759 5 0,01953125
2 17 0,0909091 10 0,0390625
3 34 0,1818182 66 0,2578125
4 63 0,3368984 143 0,55859375
5 63 0,3368984 32 0,125
Total 187 1 256 1

Source : réalisé par les auteurs

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La culture entrepreneuriale : étude comparative … 83

3.3.8. La créativité
La créativité est l’habileté de voir les choses différemment, de penser sans
contraintes, et faire tourner toutes les idées dans tous les sens. Dans une
économie basée sur la connaissance, la création de nouvelles activités devient un
objectif stratégique pour les entreprises (Dyer, Gregreson et christensen, 2012).
Dans ce processus, les entrepreneurs occupent une place centrale. Un
entrepreneur ne sera pas seul sur son marché. Pour bien se positionner et se
différencier de ses concurrents, il a besoin d’être créatif.
Pour cela les interrogés étaient invités à exprimer leur niveau de créativité.
Les résultats obtenus sont exprimés dans le tableau suivant :
Tableau 14. La variable de la créativité
Créativité Mauritanie Maroc
Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
1 8 0,0427807 4 0,015625
2 13 0,0695187 25 0,09765625
3 36 0,1925134 95 0,37109375
4 75 0,4010695 119 0,46484375
5 55 0,2941176 13 0,05078125
Total 187 1 256 1

Source : réalisé par les auteurs


Les données montrent un niveau très fort de créativités pour les étudiants
mauritaniens et un niveau moyen à fort pour les étudiants marocains. Ce niveau
de créativité encourageant nous permet de dire qu’il faut juste bien connaître ses
talents et les exploiter, et que ses jeunes, pour pouvoir réussir leurs entreprises,
ne sont pas obligés de créer un produit révolutionnaire mais tout simplement de
faire preuve de créativité par rapport à ce qui existe déjà. C’est la valeur ajoutée
de leur entreprise. Il suffit donc juste oser se lancer, innover et être audacieux.
3.3.9. La persévérance
La persévérance constitue le secret de la réussite. C’est un passage
inévitable pour atteindre le succès, ce n’est pas un choix, c’est une obligation.
Albert Einstein disait : « je n’ai pas échoué, j’ai trouvé dix mille moyens qui ne
marchent pas ». La persévérance est bien cela, c’est aller d’un échec à un autre
mais continuer malgré tout avec la certitude que la réussite se trouve au bout de
l’effort et que nous ne sommes pas condamnés à cet échec.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 84

La persévérance est belle et bien cette qualité qui permet à l’entrepreneur


de faire fleurir son activité quand il s’engage dans une tâche et décide d’aller
jusqu’au bout.
En effet, les étudiants mauritaniens ont prononcé une très forte
persévérance avec un pourcentage de 50% contre 15% pour les étudiants
marocains. Ceux-ci ont prononcé un niveau plus que le moyen avec un
pourcentage de 72% comme le montre le tableau suivant.

Tableau 15. La variable de la persévérance


Persévérance Mauritanie Maroc
Effectifs Pourcentage Effectifs Pourcentage
1 12 0,0641711 3 0,01171875
2 8 0,0427807 11 0,04296875
3 23 0,1229947 54 0,2109375
4 50 0,2673797 148 0,578125
5 94 0,5026738 40 0,15625
Total 187 1 256 1

Source : réalisé par les auteurs


3.3.10. Classement des variables formant la culture entrepreneuriale
Le classement des variables formant la culture entrepreneuriale chez les
deux groupes d’étudiants a montré que celles qui sont les plus importantes chez
les étudiants mauritaniens sont la persévérance, la créativité, l’esprit critique
poursuivie par la persuasion, la capacité à résoudre les problèmes et la curiosité. Il
est à souligner également pour cet échantillon la faible présence ou la fragilité de
certaines valeurs entrepreneuriales telles que la prise de décision, la confiance en
soi et le leadership.
Concernant les étudiants marocains, ceux-ci présentent les mêmes fragilités
en y ajoutant la variable de persuasion. Les valeurs fortes sont la persévérance et
l’esprit critique poursuivi par la curiosité et la créativité. Les résultats comparatifs
sont présentés sur le tableau suivant :

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La culture entrepreneuriale : étude comparative … 85

Tableau 16. Classement des variables de la culture entrepreneuriale

Variables Maroc Mauritanie


Prise de décision 2,71 2,91
Leadership 3,27 3,32
Curiosité 3,78 3,62
Confiance en soi 3,34 3,14
Persuasion 3,17 3,83
Capacité à résoudre des problèmes 3,5065 3,7
Esprit critique 4,0781 4,2
Créativité 3,7493 4,1
Persévérance 4,1309 4,4

Source : réalisé par les auteurs

3.3.11. La culture entrepreneuriale


La culture entrepreneuriale regroupe la moyenne des neuf variables
retenues. La synthèse des résultats nous permet de conclure que la majorité des
étudiants interrogés sur les caractéristiques de cette culture ont prononcé leurs
avis au niveau de l’avant dernière degré d’une échelle de 0 à 5 avec un taux de
55,1%. Les étudiants marocains, quant à eux, ont prononcé un niveau 3 sur
l’échelle de Lickert avec un taux de 59% et un niveau 4 avec un pourcentage de
33%.
Le niveau moyen global de la culture entrepreneuriale est de 3,54 pour les
étudiants mauritaniens contre 3,52 pour les étudiants marocains. Malgré la
dispersion des deux échantillons sur les neuf variables, ils présentent en revanche
le même niveau de la culture entrepreneuriale.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 86

Figure 2. La culture entrepreneuriale

0,7

0,6

0,5

0,4
Mauritanie
0,3 Maroc

0,2

0,1

0
1 2 3 4 5

Source : réalisé par les auteurs

L’étude de la culture entrepreneuriale ne peut pas faire l’économie d’une


réflexion sur le genre car elle aura un impact sur la compréhension du
phénomène entrepreneuriale. Robichaud et MaGraw (2004) ont constaté que les
femmes entrepreneures sont plus similaires que différentes des hommes au
niveau des dimensions psychologiques et démographiques.
En effet, pour notre étude, les femmes présentent une culture
entrepreneuriale plus intéressante que celle des hommes au Maroc qu’en
Mauritanie. Ce qui ajoute un nouveau constat aux études théoriques à la culture
entrepreneuriale selon le genre.

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La culture entrepreneuriale : étude comparative … 87

Figure 3. Culture entrepreneuriale et genre

0,45
0,4
0,35
0,3
0,25 Masculin Mauritanie
0,2 Masculin Maroc
0,15 Féminin Mauritanie
0,1 Féminin Maroc
0,05
0
1 2 3 4 5
Culture entrepreneuriale

Source : réalisé par les auteurs

Conclusion
L’objectif de cette contribution a été de comparer la culture et l’intention
entrepreneuriale entre les étudiants mauritaniens et les étudiants marocains
selon les caractéristiques entrepreneuriales telles que la créativité, l’innovation, la
persuasion, la prise de risque, la persévérance, l’esprit critique, le leadership, la
résolution de problèmes, la confiance en soi (la capacité à convaincre, de
communiquer, défendre ses idées …), l’initiative, la curiosité, et l’autonomie.
Les étudiants mauritaniens et marocains ont montré à travers l’étude
réalisée dans le cadre de ce travail, une grande attitude positive vers la création
de leur propre activité après l’obtention de leurs diplômes. En plus, plusieurs
attitudes entrepreneuriales existent chez les deux groupes d’étudiants avec une
disparité entre les deux échantillons, telles que la persévérance, la créativité,
l’esprit critique, la persuasion, la capacité à résoudre les problèmes et la
curiosité. En revanche, on remarque une faible prononciation pour d’autres
caractéristiques entrepreneuriales au sein des étudiants interrogés telles que la
prise de décision, la confiance en soi et le leadership qu’il faut nécessairement
développer.
Afaf BENSGHIR &Anouar REGHIOUI 88

La culture entrepreneuriale présente un bon niveau chez les étudiants. Le


défi est de mettre en place un certain nombre de mesures qui permettent de
renforcer leur capacité et leurs compétences entrepreneuriales.
Ce processus d’enseignement doit mettre l’accent sur des méthodes qui
vont au fur et à mesure modifier les aptitudes, les attitudes et la personnalité, et
permettra ainsi le développement des différentes variables de la culture
entrepreneuriale. Les établissements d’enseignement supérieur doivent jouer un
rôle plus décisif dans le soutien des changements économiques et sociaux
nécessaires pour stimuler et diffuser la culture entrepreneuriale chez leurs
étudiants.

Dossiers de Recherches en Economie et Gestion : Numéro 4, Vol 2: September 2015


La culture entrepreneuriale : étude comparative … 89

Références bibliographiques
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Boissin J.P., Emin S. (2006), « Les étudiants et l’entrepreneuriat : l’effet des
formations », XVe Conférence Internationale de management Stratégique,
Annecy, juin 2006.
Boudabbous S. (2011), « L’intention entrepreneuriale des jeunes
diplômés », Revue libanaise de gestion et d’économie, volume 4.
Fabien G. (2003), «Psychologie de la persuasion et de l'engagement »,
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Fayolle A. (2005), « Introduction à l’entrepreneuriat » Dunod, Paris.
FORTIN P.A. (2002), « La culture entrepreneuriale, un antidote à la
pauvreté », Fondation de l’entrepreneurship.
Guy R. (1992), « Introduction à la Sociologie Générale », Editions Hurtubise
HMH ltée.
Koubaa S., Sahib E. (2012), « L’intention entrepreneuriale des étudiants au
Maroc : une analyse de la méthode des équations structurelles » Congrès
International Francophone en Entrepreneuriat et PME.
Surlemont B. (2008), « Former pour entreprendre, réflexion sur l’approche
pédagogique en matière d’entrepreneuriat », HEC, Ecole de gestion de l’université
de Liège.
Van Der Maren, J-M. (2003), « La recherche appliquée en pédagogie, Des
modèles pour l'enseignement », Édition De Boeck Université, Bruxelles.
WANG Y. (2010), « l’évolution de l’intention et le développement de l’esprit
d’entreprendre des élèves ingénieurs d’une école française : une étude
longitudinale », Ecole centrale de Lille.

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