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NATURE DE L'ECONOMIE (SCIENCES ECO.

)
Cours 2

--> René Passet: premier penseur francophone de la nature

L'économique et le vivant
Pour comprendre le rapport de l’économie a la nature, il faut comprendre l’économie en général.
Les solutions économiques préconisées pour résoudre les problemes environnementaux le sont
souvent pour des raisons idéologiques. De plus, c'est une tentation récurrente de renforcer la
scientificité de la discipline en empruntant des modeles (mécanique, thermodynamique,
cybernétique, sciences du vivant...). Ces modeles et références ont changé au fil du temps et
dépendent des courants de pensée. Cela amene a ce que différentes théories et explications
économiques concurrentes du meme phénomene peuvent coexister. Aux débuts de l’économie
politique, il y avait intéret pour la terre comme facteur de production, pour la fertilité de la terre
comme limite au développement. A partir de la fin du dix-neuvieme siecle, l’économie devient plus
abstraite, modélisée!la question de la nature n’est plus traitée en tant que telle. On observe donc
dans un premier temps que la nature était directement pensée a travers l’économie et qu'avec le
temps, l’économie devenant plus abstraite a abouti a un déracinement de la nature. En effet,
l'environnement n'est représenté que comme un capital naturel où les éléments qui le composent
sont de simples ressources/marchandises, où ses spécificités sont gommées. La nature n'est ainsi
plus perçue en tant que tel, mais comme source d'exploitation. On ne pense plus l’économie (les
phénomenes de production et d’échange) comme intégrée dans la sphere des échanges sociaux, elle-
meme dépendante de la biosphere... il y a oubli de la dépendance a la biosphere.

L'approche la plus fréquente en matiere de prise en compte de l’environnement est l’économie de


l’environnement « standard ». Elle constitue une projection de la logique économique et une
extension de la rationalité économique sur l’environnement et la sphere sociale. Les tentatives
d’établissement d’une économie hétérodoxe de l’environnement (bioéconomie, économie
écologique) proposent un renversement a cet égard
→ Prise de conscience de la dépendance de l’économie a l’égard de l’environnement

La nature de l'économie
On observe de grands mouvements entre le 18eme et le 19eme siecle, que voici :
L'économie politique et la nature
On considere en général que l’économie politique commence avec l’ouvrage d’Adam Smith
« Recherche sur la nature et sur les causes de la richesse des nations » (1776). L’économie
s’affranchit alors de la philosophie et de la morale et commence a se constituer en discipline
autonome, autour d’un corps hypotheses et de théories (analogue a la philosophie naturelle de
Newton). Toutefois la constitution de ce qui deviendra l’économie politique classique s’amorce
avant Smith. La contribution de la nature a la production ou la croissance économique est rarement
mentionnée en tant que telle. On évoque plutot la terre, ce qui a évidemment du sens dans des
économies dominées par l’agriculture (capitalisme agraire).

valeur : terre + travail


enfant : mere + pere

Le courant précurseur le plus souvent évoqué en relation avec la prise en compte de la nature est
celui des physiocrates. Ils étaient les précurseurs d'intéret environnemental. Le courant des
physiocrates était un courant des nobles français, qui officiaient dans les salons et expliquaient
l'économie et l'agriculture aux dames. Ils veulent comprendre la nature et modifier la société en se
soumettant a ses regles.

« l’idée que toute richesse vient de la terre, que la seule classe productive est celle des agriculteurs
et qu'il existe des lois naturelles basées sur la liberté et la propriété privée qu'il suffit de respecter
pour maintenir un ordre parfait. »
richesse produite par le travail
richesse définie par tous les habitants et non l'état

1ere phase - La physiocratie


Les Physiocrates développent une théorie de la valeur fondée sur la terre. Leur chef de file est
Francois Quesnay (1694-1774), fils de laboureurs, il étudie la chirurgie et devient médecin
ordinaire du Roi. Il est l'auteur du fameux tableau économique en 1758. C'est un mouvement en
opposition au mercantilisme (accent mis exclusivement sur le commerce et l’industrie), qui entraine
un effondrement des prix agricoles. Quesnay cherche a établir des lois scientifiques de l’économie
en décrivant rigoureusement l’enchainement des phénomenes, a partir d’une analyse empirique. Il
met en évidence les bénéfices imputables a un détour de production dans l’agriculture (productivité
plus élevée liée a des investissements en moyens de production). Augmentation du capital investi
dans l’agriculture augmentation du revenu des propriétaires fonciers.

Les Physiocrates et la terre


Quesnay affirme que seule l’agriculture peut engendrer des revenus.
Représentation des flux de valeur au sein de l’économie dans le Tableau
economique. La valeur produite (par la Terre) est répartie dans
l’ensemble de la société car elle est entierement redistribuée sous la
forme de revenus, qui sont eux-memes dépensés. Dans son tableau,
l'activité industrielle y joue un role mineur et est donc négligée. Les
écrits des Physiocrates sont parfois réinterprétés aujourd’hui comme
précurseurs de l’économie de l’environnement contemporaine:
• Identification de la terre (l’environnement, les ressources naturelles)
comme source de la valeur
• Représentation de l’économie en termes de flux, insistance mise sur la
circulation de la valeur dans l’économie
→ Pourtant il s’agit avant tout de justifier les politiques agricoles et
l’organisation sociale de l’Ancien Régime
2eme phase – Les Classiques
Adam Smith (1723 – 1790)
Philosophe et économise écossais des Lumieres. Il est le premier
penseur du libéralisme, et sera d'ailleurs considéré par la plupart des
économistes comme le pere de l'économie politique. Etudes a
Glasgow puis a Oxford, influences de la science newtonienne, de la
philosophie sentimentaliste écossaise (D. Hume). Auteur de la
Theorie des sentiments moraux (1759) et Recherche sur la Nature et
sur les Causes de la Richesse des Nations (1776)

-> Dans la Theorie des sentiments moraux (1759), énonciation du


principe de la Main Invisible: la poursuite par chacun de son intéret
particulier conduit naturellement a l’intéret général (pas besoin
d’intervention de l’Etat)
-> Dans la Richesse des Nations (1776), interrogation sur la création de valeur d’échange. Celle-ci
serait liée au travail. Le prix naturel des choses est lié au travail nécessaire pour leur production ou
a la quantité de travail que l’on peut se procurer en échange de ces biens. Cette oeuvre laisse
entrevoir des possibilités de poursuite sans fin de la croissance.

La valeur d’échange est bien distinguée de la valeur d’usage (paradoxe de l’eau et du diamant).
Les biens tres utiles qui existent en abondance dans la nature sont exclus du champ de l’économie
politique.
-> La valeur d’échange s’exprime sous la forme d’un prix.
-> Le « prix naturel » dépend du coût de production (quantité de travail).
-> Le « prix courant », qui s’exprime sur le marché peut différer de façon transitoire du prix naturel
mais les forces du marché le rameneront a ce dernier

Comment accroitre la richesse de la nation ? La richesse réside dans le travail. Il pense que la
valeur est corrélée avec l'usage mais pas completement. Certains possedent une valeur d'échange
quasiment nulle alors qu'il sont plus qu'utiles (exemple : l'eau). Ce qu'on va définir comme champ
de l'économie politique seront ceux limités en quantité, et utile. Tous les autres seront exclus. Donc,
tout ce qui est produit par le travail. Les ressources naturelles sont ainsi écartées, pour Smith ce
n'est pas une question économique --> l'abondance échappe aux logiques de l'économie.

Gravitation des prix (analogie avec la science newtonienne). C’est dans l’industrie que le travail est
le plus productif, car c’est dans ce secteur que la division du travail peut etre la plus développée (ex.
de la manufacture d’épingles). Si chacun poursuit son intéret bien compris, il concourt dans le
meme temps a l’intéret de la Nation (Main invisible). En l’absence de problemes de débouchés,
toute la valeur produite est distribuée sous forme de revenus qui sont eux-memes completement
dépensés (consommés ou investis) et donnent lieu a une nouvelle création de valeur. La croissance
peut etre favorisée par l’augmentation de la productivité du travail qui passe par la division du
travail! Tel que l'exemple de la manufacture d’épingles.

-> La raréfaction des matieres premieres et diverses ressources naturelles n’est pas pressentie ni
présentée comme une menace
-> Possibilités d’expansion vers le nouveau monde
-> Progres technique
-> Développement du commerce international
-> Croyance dans le pouvoir de régulation et l’efficacité du mécanisme de marché (Main invisible,
gravitation des prix...)
David Ricardo (1772 - 1823)
Ancien éleve d'Adam Smith et théoricien du capitalisme libéral. Il
a effectué de nombreux travaux sur la valeur du travail.Publie en
1815, « Essai sur l’influence des bas prix du ble », et en 1817
« Les Principes de l’economie politique et de l’impôt »
Sa citation majeur : « Determiner les lois qui regissent la
repartition du produit de la terre entre les trois classes de la
societe (proprietaires fonciers, capitalistes et travailleurs), voila le
principal problème en economie politique »

Ricardo reprend les theses de Malthus relatives a la population


(croissance beaucoup plus rapide de la population que de la
production de denrées alimentaires). Il les étend et développe une
théorie de la rente différentielle.
Avec la croissance démographique, mise en culture de nouvelles
terres. Ces terres sont moins fertiles que celles qui étaient cultivées
jusqu’alors et le prix du blé est lié aux coûts de production sur la terre la moins fertile!le prix du blé
augmente

-> La rente des propriétaires fonciers (liée a la différence entre prix de vente et coûts de production)
augmente.
-> La part de la rente dans le revenu national (réparti entre les trois classes) augmente et le taux de
profit a tendance a décroitre.
-> L’incitation a investir diminuant l’économie devrait atteindre un état stationnaire (fin de la
croissance). Il serait toutefois possible de le retarder par le progres technique et par la libre
importation de denrées agricoles.

On a ici la première évocation d’un état stationnaire, d’un blocus a la croissance mais ayant
comme technique de résolution le progres technique et l’importation. Proposition d'un état
stationnaire, cause de la disponibilité des ressources planétaires, soit un moment où la croissance ne
croit plus.

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