Chanter SODEFOR de Sangous — Parcel déforestée avant plantation — 1980.
LA DEFORESTATION
EN ZONE DE FORET
EN COTE-D’IVOIRE
Alain BERTRAND
Ingénieur d’Btudes et de Recherche
‘au Centre Technique Forestier Tropical
SUMMARY
DEFORESTATION IN THE DENSE FOREST ZONE OF THE IVORY COAST
As is ttle indicates, the purpose ofthis article isto take stock af the situation of research and activities relating tothe pro-
lem of deforestation. The case ofthe Ivory Coast is particulary significant and instructive compared with other African countries,
‘part from Nigeria.
Revue Bois et Foréts des Tropiques, n° 202, 4° trimestre 1983 3The article first gives an evaluation of deforestation and links the phenomenon with the demand for land and the develop
‘ment of egrluleure in the Ivory Coast. This leads 10 a description ofthe conditions, forms and causes (tx particular those pertaining
ta land) of deforestation. The economic effects are merely ouilined, but emphasis is laid on the consequences of deforestation on the
directions taken by foresicy poliey nthe Ivory Cows, and on reafforesiation efforts. The adoption of a policy of developing natural
{forest formations (more economical than plantations) depends on the ebilt ofthe public authorities to master the process of defo-
‘estation
RESUMEN
LA DEFORESTACION EN ZONA DE BOSQUE DENSO EN COSTA DE MARFIL
Ast como se deriva del titulo de este artiewlo, su objeto consste en indicar la stuacién actual de las investigacionesy de las
‘acciones destinadas a solucionar el problema de la dforestacion en zona de basque denso en Cosia de Marfi. EI caso de este pas
‘parece porjectamente signiicaivo e insructivo con respect al de otros patses africanos (salvo Nigeria)
En primer lugar, se presenta en este articulo la evaluacién de la deforestaciny se etablece los vinculos entre el fenémeno
del proceso de carrera hacla la reeuperacian de teras el desarrola dela agricultura en Costa de Marfil. Bsto permite wia deserip-
‘idm de las condiciones, de las formas y de las causas, en particular, de cardcter territorial, que presenta la deforestacion. Se esboze,
‘de pas, el estudio de los efectos econdmicos. Por el contari, se hacen resaltar las consecuentcas del fendmeno respecto a las orien-
tactones de fa polttea foresal del patsy, asimismo, ls esfierzos encaminadas hacia we repoblact6n foresalinensiva: ta puesta en
‘aplicacin de ta politica de ordenacion de las formaciones forestaes naturales (més econdmica qué las plantacione) sigue depen
‘lendo del dominio del proceso de deforestacin por parte del Poder Piblico.
AVERTISSEMENT
Le présent article écrit en Aott 1982 tente de faire la synthése de multiples travaux
antérieurs et ne peut a ce titre prétendre qu’a une originalité toute partielle: on a
essayé de rendre @ César ce qui lui revient, mais il convient d’insister sur 'importance
toute particuliére des travaux effectués dans le cadre, d’une part de la SODEFOR
(Société pour le Développement des Plantations Forestiéres) et, ’autre part, de la FAO
(Rapport GEMS sur les Ressources Forestiéres de l'Afrique Tropicale préparé pour la
FAO — PNUE par M, Lancy, M. CLEMENT et al,).
‘Néanmoins, par cet article, Pauteur souhaite apporter une contribution utile dans le
travail collectif et de longue haleine entrepris dans le domaine forestier en
Cote-d’Ivoire.
TABLEAU GENERAL DE LA DEFORESTATION EN AFRIQUE
evaluation des surfaces de forét dense de diffé-
rents pays africans et leur évolution aboutit & la mise
en évidence simultanée du phénoméne général de défo-
tiers, Elle est pour une faible part lige au développe-
‘ment des cultures agro-industrieles.
restation, inégal selon les pays et souvent contrasté La pratique des défrichementsagricoles est associ:
régionalement. — 4 la pratique tradionnele de la culture sur brdls
a deforestation est généralement le résultat des qui conduit & 'appauvsissement des sols et donc réduit
défrichements agricoles opérés par les paysans qui pro- 1a durée de rotation culturale ;
fitent de voies d’acets créées par les exploitants fores- 4 Ia pression démographique ;
4TABLEAU 1
FORESTIERES PRODUCTIVES ET RYTHME ANNUEL DE DEFORESTATION
FORETS: -
1,000 ha Tatactes [Deja parcourues| Forestiérement | Rythme annuel
‘CAMEROUN ~ 7.000 9.940 16.940 78 7B
[conaaricur 7 xe [eee fs |
caaon sa [ ssw | nam [as ra
[cana wa [isa 2
NIGERIA ; - 20 | 2130 2.410 mo |
zane - a0 |e | mm | 6 a |
(0, Dans ia pratique, certanes zones ont été parcourues plusieurs fois par Pexplotation avec une récolte notable, d'autres, par con-
‘re non! fait Pobjet que d'une exploitation tres sleeve,
Source OAB : Estimation du potetil et de Ia structure des ressources forestidres disponibles dan les Btats membres de VOAB.
Une partie des chiffes du tableau c-dessus provient de I
tude FAO « Les ressources forestiées de "Afrique tropicale » document
préparatoire du GEMS (FAO-PNUE) les autres chffres ont ét€réévalués en fonction de données locales plus réentes.
— au développement des
exportation ;
— A la course A Ia terre (probléme dappropriation
fonciére.
Le tableau 1 des surfaces forestiéres productives et
4u rythme annuel de déforestation appelle les commen-
(aires suivants :
— La situation forestiére des pays africains est trés
variable, certains pays comme la COte-d"Ivoire ou le
cultures pérennes et
Ghana n'ont plus de foret intacte de toute exploita-
tion, alors que d'autres comme le Zaire, le Gabon, le
Congo, le Cameroun et la Centrafrique disposent de
‘grandes surfaces encore intactes.
— Le rythme annuel de déforestation est également
trés variable selon les pays et est important dans trois
ays par ordre décroissant : la COte-d"Ivoire, Ie Nige-
ria, le Zaire.
Le Nigeria, Ia COte-d"Ivoite, le Liberia voient appro-
cher la disparition compléte de leurs ressources fores-
tidres, Si Paction entreprise contre évolution en cours
n'est pas suffisamment résolue et efficace, il leur fau-
dra dans Ja décennie & venir faire face & une situation
sans préeédent qui risque de peser trés lourd tant sur
leur écologie que sur leur économie,
‘Au contraire, les pays d'Afrique centrale sont pour
Pinstant & Vabri de problimes sérieux,
Le cas de la Cote-d’Ivoire apparait aujourd’bui le
plus préoccupant et le plus exemplaire.
Cest celui qui sera exclusivement examiné dans ce
aqui suit.LE CONSIAT : LES SUPERFICIES ACTUELLES DE FORET DENSE EN COTE-D'IVOIRE
ESTIMATION DES SUPERFICIES
Les estimations de superficies concernant la couver-
ture ligneuse en COTE-D'IVOIRE ont ét6 pour l'essen-
tiel présentées dans le document « Les Ressources
‘Forestitres de F Afrique Tropicale » réalisé par la FAO
(ravaux coordomnés par J.-P. LANLY).
Ces estimations ont &é assises sur Pétude de
symthése réalisée fin 1966 & partir des inventaires fo
tiers du CENTRE TECHNIQUE FORESTIER TROPICAL et de
la DEVELOPMENT AND RESOURCES CORPORATION (Sud-
Ouest) qui couvrent Pessentiel de la zone forestiére du
pays.
L’emde Fao présente évolution suivante (nous
avons explicité les symboles pour une meilleure com-
préhension) ; cette étude apporte également les com-
‘mentaires complémentaires suivants :
— « La surface des fortis denses non encore exploitées
« aa pas pu etre déterminée avec une grande préci-
«sion, Ce qui est certain, c'est que cette surface
«ne dépasse pas quelques centaines de miliers
« hectares.
— « La surface des forets denses d&jd parcourues par
« exploitation qui représente Ia quasi-totalité des
« superticies de foréts denses productives est com-
« posée de massifs qui sont dans des situations
« fort différentes.
« Certaines zones ne renferment pratiquement plus
«de bois actuellement exploitables (arbres des
«essences recherchées de dimensions exploitables)
«alors que d'autres n'ont && éerémées que de
«quelques essences et sont d°ailleurs actuellement
«objet dune intense convoitise de la part des
« exploitants,
— «La superficie des forets intensivement aménagées
est cantonnée & 3 blocs expérimentaux de 400 ha
« chacun matéralisés par la SODEFOR dés 1977
dans les massifs forestiers de MOPRI, IROBO
«et Ia TENE.
Ces 1,200 ha constituent en fait un grand dispo-
siti de recherches oi sont testées les différentes
« possbilités @Pintervention sylvicole en faveur des
«essences de valeur.
= « Les jacheres forestiéres ont été estimées a partir de
« evaluation des surfaces occupées par les planta-
«tions pérennes et 4 partir des surfaces annuelle-
«ment cultivées pour les plantations vivridres en
« tenant compte d'une durée moyenne de 7 ans de
« jachére, II faut insister sur la pauvreté de cette
« jachére du point de vue floristique et écologique
et également sur sa vulnérabilité quant & son
« avenir (menace de défrichement prématuré du fait
cde la réduction du temps de jachére). » Fin de
citation,
L*évaluation des surfaces agricoles qui sera présentée
plus loin permet d’estimer la surface de forét dense en
fin 1981 a 3.623.000 ha. Cette évaluation est proche de
celle présentée pour 1980 par la FAO qui est résumée
dans le tableau 2.
TABLEAU 2
SUPERFICIES ESTIMEES DE LA VEGETATION LIGNEUSE EN COTE-D'IVOIRE EN’ 1980
Surfaces Surfaces
ae 000 hay | (1.000 hap
Forge dense feuillue productive intacte (non aménagée) 200 H
FFor&t dense feillue productive exploit (non aménagée) 3.094 i
Ford dense feuillue productive intensivement aménagee 1 i
Récapitulaif fore dense feuillue productive 1295 |}
Fort dene fue improdvetive Gnacoxsbii 5i5 |
ares nationaux en foret dense 68 i
Riécapitulatit Torte dense improductive ||
Reécapitultifforet dense feuillue non dégradte |
Jashire forestere 8.400
Sowre FAO « Les ressources forestibres de PAtrique tropiale »
* La surface de forét dense feuillue productive intacte non aménagée ne peut étze évaluée avec précision. Le chifire indiqué
constituecertainement un maximum : certains estimant que toutes les surfaces de fordt dense ont éé parcouruss par exploitation,
6=
eee oe
(Chantler SODEFOR de Téné — Plantation de Ceérela odorata dgée ce 2 ans — 1982.
REMARQUE IMPORTANTE
Comme analyse de maniére détaillée Pétude sur
«Vétat de Venvironnement en COTE-D'IVOIRE en
1981 » réalisée par J. Tuter, le Sud de la COT
DIVORE n’a pas perdu, malgré la deforestation ra-
pide, son caractére arboricole. La zone de forét dense
reste une zone ligneuse composée par une mosaique de
pparcelles défrichées dont le ciment serait constitué par
Jes résidus plus ou moins étendus de la couverture
forestiére originelle
Ce morcellement de Ta foret, surtout pour les foréts
situées hors du domaine forestier permanent, entraine
ds difficultés @’accés pour I’exploitant forestier qui est
aginé par les agriculteurs avec lesquels il se retrouve en
concurrence.
Dés 1974, J. CLEMENT signalait dans son étude pour
Ja SoDEFOR que les zones boisées de moins de 100 ha
constituaient déja une ressource od des exploitants
foresters opéraient des ponctions.
Lest évident que cette situation s'est développée et
parfois généralisée dans certaines zones. Nécestité fai-
sant Ioj, les exploitants forestiers ivoiriens se sont plus
‘ou moins accommodés des problémes d’accessibilité
‘aux lambeaux forestiers inclus dans les défrichemen:s
agricoles..
‘Les conditions économiques d’accessibilité sont diffi-
ciles a préviser car elles dépendent de la taille et de la
nature des exploitations forestiéres, certains petits
exploitants semblant se spécialiser dans l'exploitation de
petits boisements,
PROBLEMES FONCIERS ET REGLEMENTAIRES
Liinventaite des régimes fonciers simultanément en
vigueur en COTE -D'IVOIRE peut étre résumé ain :
[Le REGIME coUTUMER purement oral fondé sur
absence de propriété ou plutdt qui confére une forme »
de proprigté A caractie colletif au groupe classique
ou au village, proprité dans laquelle les individus
nront qu'un droit dusage. En somme, le groupe dis-
pose de la nue propriété et les individus de Pusufruit
7Le REGIME DE LIMMATRICULATION BcRITE qui intro-
duit le droit de propriété individuelle,
LE REGIME DES CONCESSIONS plus complexe s"appli-
que aux terrains agricoles ou industrels non urbains et
limite leur transmission aux héritiers et associ.
[Le REGIME DES BAUX AMPHYTEOTIQUES qui tout en
conservant le droit de propriété a Etat confére au
particulier un droit hypothéeable sous réserve Ge mise
en valeur permanente des terrains.
‘Un systéme aussi diversifié conduit & une situation
complexe en particulier pour Ia définition du domaine
privé individuel.
L'Administration prépare actuellement un code fon-
cier qui devrait clarifier de nombreuses situations,
Le code forestier du 20 décembre 1965 distingue le
domaine forestier de I"Btat, des particuliers et des col-
lectivités. La majeure partie des foréts exploitables est
domaine de PFtat, trés peu de superficies étant enregis-
‘rées au nom des particuliers.
‘Dans la pratique, Pinstallation théoriquement ilicite
de nombreuses cultures dans les foréts classées, c'est
dire dans le domaine forestier de "Etat, pose un prc
bléme qui n'a pas encore trouvé de solution.
Le décret du 15 mars 1978 a créé un « domaine fores-
tier permanent » qui « produit du bols et garantit ’éaui
TABLEAU
A) DOMAINE FORESTIER PERMANENT
libre éeologique ». I! est composé dune part, dun cer-
tain nombre de foréts déja classées (2.404.270 ha dans la
zone forestiére et 1.222.190 ha dans la zone de savane)
i, dautre part, de « foréts qui présentent encore le
caractore de massis foresters et qui seront incorporées
ultérieurement dans le domaine permanent par arrété
Iministétiel ». Les défrichements y sont sirictement
Interdits, Vexploitation y sera poursuivie. Par ailleurs,
il est eréé un « domaine forestier rural » qui « consti
tue une réserve de terres pour les opérations agricoles
et, en attendant son aménagement, est exploité pour
son bois». Il comprend outre un ‘certain nombre de
foréts antérieurement classées (713.750 hha situés princi
palement dans les régions d’ABIDJAN, DALOA et
[BOUAKE), les foréts non classées qui ne font pas objet
un statut particulier (pares nationaux ou réserves) et
dont la surface est de 1.972.600 he.
(Ces mesures ont pendant un temps retardé la péné:
tration des agriculteurs dans Jes fortes classées du
domaine forestier permanent. Il semble que les défri-
chements illégaux se’ poursuivent ici et 1a malgré les
efforts du Ministtre des Eaux et Foréts trop peu dots
de moyens.
Le domaine forestier de I'Etat est done maintenant
constitué de Ia fagon suivante
TABLEAU 6
2B) DOMAINE FORESTIER RURAL
: Nombre de] Surface |]
Rézion foretive me de] Sut
ane foes
‘abe as | nego
Sin Palco 2 | aiam
Man a | aa
Batoa | Sosa
Bounké at | teatio
Bonoukou 1 | “aa
Sousa one forse a6 | aaosar0
Zone de evane
‘Mian 2 | 200m
Daten é | wom
ovate at | ube
Bongookow to
Kortoso a | sseaio
Sousa zone de vane co | sama
TOTAL ws | aes
Source : Cote’ voire.
Documentation statistique permanente du Ministére
des Ean ot Forts (1980).
‘Type de satut [Surface day
“Anciennes forts classes
Région & Abidian 242.080
Région de San Pedro ‘37.140
Région de Man 39.700
Région de Daloz 145.250
Région de Bouaké 218.200
Région de Bondoukou |
Sourtota 713.950
ares nationaux et réserves
;Pare national de la Comoé 1.150.000
are national de la Marahoué 101.000
ate national de Tat et réserve du Neo} 498,000,
are national du Banco
are national d’Asagny 2000
Pare national du Mont Peko
Réserve du Mont Nimba 140,000
Pare national du Mont Sangbe
‘Réserve botanique de Divo
Réserve des les Ethotiles
Sous-tota 1.915.000
TOTAL 2.629.000CAUSES, ASPECTS ET CONSEQUENCES DE LA DEFORESTATION:
EN COTE-D’IVOIRE
Depuis les années 50 maints auteurs ont signalé
importance de la déforestation en COTE-D'IVOIRE,
son rythme alarmant et ses conséquences catastrophi-
‘ques prévisibles a terme, Nous n'en ferons pas cet his-
(orique mais nous décrirons les formes et les causes
essentielles de la déforestation avant den apprécier
importance.
LES FORMES DE LA DEFORESTATION
La déforestation découle de deux principes assez
communément admis en Cote-d'Ivoire
«La terre appartient & celui qui In cultive »
ou plutot « le terre appartient a celul qui In met en
valeur » ce qui permet aux planteurs non résidents
(urbains on extérieurs a la région) de prétendre a
une éventuelle appropriation foncitre future,
En fait, le principe de cultiver la terre ou de Ia faire
mettre en valeur ne confére pas automatiquement
sa propriété mais donne une sorte de droit de
préemption, un espoir de se la voir attribuer per-
sonnellement dans Iavenir.
Crest cette espérance qui a constitué et constitue
encore un extraordinaire facteur d'extension du
domaine cultivé
«La main de "homme ne peut détrulre ce que Ia main
de Fhomme a planté».
La pénétration des plantations en forét se fait selon
un processus bien connu, de fagon en général trés dis-
créte au début dans la mesure oft la strate supérieure
de la végStation n'est pas trés touchée. Lorsqu'lls'agit
de bananiers on se contente de défricher sommaire-
‘ment autour des plants quitte a élargir Ie cercle de cul-
ture au fur et & mesure de leur multiplication. Le café
et Te cacao demandent plus de travail et un déftiche-
ment plus conséquent mais au moins dans les premié-
res années leur repérage nest pas facile, Ensuite elles
sont « couvertes » par Ie second principe.
Lorsque Pinstallation s'effectue dans un domaine
soumis & une queleonque réglementation (comme le
Forts somi-déeidue on vole de défrichement pour une culture au bord de la rowte dAbidjan,
40 kam au Sud d'Abengourou — 1966.domaine forestier permanent de I'Fiat) les contreve-
nants, quand ils sont pris, bénéficient le plus souvent
dune certaine indulgence d’autant que l'arsenal des
moyens répressifs et des condamnations contre les ins-
tallations illégales nest pas toujours trés clair ou tres
adapts. Les relaxes sont fréquentes.
Les agriculteurs profitent, pour pénétrer en forét et
Te
installer leurs défrichements, du réseau de routes mis
en place par les exploitants forestiers et dans un pre-
ier temps effectuent des défrichements « en peau de
copard » comme si chacun voulait s'installer le plus
loin possible des autres de fagon & se réserver des pos-
sibilités d'extension des cultures pour Pavenir
LES CAUSES DE LA DEFORESTATION
JC. TULET souligne que la déforestation est le
résultat de processus organiquement liés dont chaque
élément ne peut en soi étre tenu pour responsable du
phénoméne, ce qui rend plus difficile application de
remdes a cette situation. Il écrit:
«L’agricalture itinérante ne peut expliquer seule 1a
isparition de la forét. Elle se pratique depuis des
‘temps immémoriaux, sans pour cela aboutir a de tels
résultats. Les dommages sont apparus lorsqu'elle s'est
combinée A la ruge contemporaine sur la terre et &
Vouverture dun réseau dense de voies de communica-
tion,
Parmi celles-ci, les pistes forestitres jouent un role
essentiel sans etre exclusif, Un remarquable article de
J-P, LANLY, montre comment, photos & I’appui, cette
deforestation est guidée par ces nouveaux axes de
pénétration et en quantifie les conséquences.
Enfin, il semble bien que, depuis peu, le phénoméne
de déforestation se soit généralisé et ne soit plus obligé
de passer par ouverture de nouvelles routes. Tout se
passe comme si celle-ci avait joué, durant un temps, le
rOle @amozce d'une pompe, Cette demiére peut débi-
ter désormais toute seule... »
Les causes de la déforestation rapide en Cote-
@'lvoire peuvent done étre résumées ainsi
Les déftichements agricoles se sont intensifiés &
cause de
— Ia. pression démographique (croissance de la
population et migrations) ;
le développement des cultures dexportation, sur-
tout café et cacao, mals aussi ananas encouragé par la
puissance publique ;
— Ja course & la terre lige au probléme d’appropri
tion fonciére ;
— le soutien des cours du café ct du cacao m’a pas
eu que des effets bénéfiques, il a souvent incité le pay-
san a augmenter la surface plantée plutét qu’a aug-
menter les rendements & hectare (une multiplication
par 4 ou § du rendement moyen a hectare est possible
selon F'IRCC) ;
— les bas salaires pratiqués dans agriculture sur-
tout vis-i-vis des immigrants ont conforté cette ten-
dance aux cultures extensives et au défrichement ;
— Ia rotation culturale a également été accélérée par
Penvahissement des cultures par Euparorium odoratum
difficile & combattre avec les moyens culturaux usucls
(main-d'ceuvre),
La pratique des feux de brousse pour effectuer les
défrichements agricoles a contribué largement & agara-
ver les effets des défrichements particuligement au
cours des années séches rEcentes (comme 1981) ob les
degats des feux 2 la forét dense et méme aux planta-
tions caféiéres ont été considérables.
exploitation forestiére a ouvert la voie aux défri-
chements agricoles et parfois a enlevé les derniers
grands arbres restants dans certaines zones.
EVALUATION DE LA DEFORESTATION ACTUELLE
On a cherché évaluer le rythme actuel de cette
Aéforestation. Les principales cultures industrielles et
plantations pérennes en zone de forét en Cote-