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| | trotie’ nous chercher Ia. mimiqu guificative, te det fis bon chien de o Papporte. en. fr Sore PE bouit bten fait A Pee Seption de quelques rapides plon- © Prochainement sort & Paris le dernier film de Vittorio Cottafavi : ¢ Messa- Hine >. Cottafavt qui de- meure peu conn en France wezplique sur le film histo- riqne, OUS étes constdéré en France comme Tun des spéclalistes du film his torique et mythologique ainsi que da mélodrame. Quelle est Yotre attitude devant ces gen- res? Crest bien malgré moi que je sais devenu « spécialiste > de ces genres que je n'aime pas. Jusqu’a présent jai presque ‘toujours tourné des films ¢ sur commande >, sur des sujets souvent médiocres, auxquels on ne peut rien changer. Je pense & Femmes libres par exemple, Fessaye de les réaliser honné- Yement, au point de vue pro- fessionnel, bien quills ne m’in- téressent gudre et de placer, & Vintérieur @’une donnée enfan. tine, une certaine maniére de mettre en scéne qui-miest here. Vous comprenez pour- quoi je suis sévére vis-tvis de Je plupart de mes films que je trouve mauvais, & exception de Fille d'amour, de certaines séquences d’Une Femme a tué, de La Flamme qui ne #'éteint as que vous navez pas yu en France, des Légions de Cléo- pitre ou d'Hercule & Ia cone quéte de VAtlantide, Je n'ai dVailleurs fait la série des Her- enle que pour pouvoir réaliser enfin un de mes vieux prow ie cc an re vue tout ce quil ya de plus norma- Tement constitué, passer vingt- cing. heures daffilée A pousser es: billes ear un tapis. vert. Tl ‘est vrai qu'il faillit ainsi arna- Tumilérs crs 18 Tertene ee al tre est’ A présent le champ clos {me corrida of chaque joueur h sta Jn fols torrero ot tauren Corrida avec mis temple devient morgue, Les spec VITTORIO [ JE N-AIME PAS LES FILMS feta t Un Crime @aprés Ber nanos on Adrienne Mesurat @aprés Julien Green. — Mals ne pensex-vous pas que le genre historique peut Peut-tre, mais cela me sem= ble douteux; car le western repose sur une vérité sociolo- ique et historique, en un mot des bases solides, tandis que le genre historique ne repose sur rien. Il faut eréer & partir du néant. Et puis il faudrait que Jes. producteurs et le public évoluent... Tenez, les Légions de Cléopitre ot ily avait un timide essai de dramatisation ont remporté beaucoup moins de suecés que la Vengeance @'Hereule of i my avait rien du tout. Je crois quill faut ruser aveo le genre, essayer de retrouver une vérité dans les’ gestes Jes regards, une vérité physic ‘que plutdt qu’historique ? ainsi dans les Légions de Cléopatre, cela ne miintéressait pas de montrer la: mort de Ia reine a'Egypte, et je tontal plutot de faire ressentir Ja sérénité qu'elle avait atteinte par cette mort et la réaction d’Augus devant cette sérénité, Tl faut dépasser Vanecdote et A décrire Pépanoniss sentiment sur un vi — Mais ity a aussl un e6té « tragédie politique » dans les ‘Légions de Cléopitre ? Je cxols que le film bistori- que peut étre ramené & Sas opposition entre deux genres | de personages t les princes, Jes ‘grands et le peuple; Ie hhéros des Légions est un hum- le centurion romain qui se trouve mélé & des gens qui Jul sont étrangers et gut Int res- teront étrangers + il ne com prendra rien au caractére d’An- toine, il jugera Cléopttre en. se ‘trompant totalement. Ces in- ‘trigues politiques entre Tes grands le dépassent et il n’en saisit pas Te _véritable sens. Tout ce qu'il désire Cest sau ver Antoine et arréter une guerre ety Pas que paree qu’Antoine est déja mort et avec Tui 1a République, d&= fraite par VBmpire, ‘mais rn il le comprend Ni ment, Cest pourguol fe lui al donné Ia réplique finale xésume la morale du film: fagon sommaire) : « Je VITTORIO GOTTAFAVI JE N-AIME PAS LES FILMS de personages t les princes, es grands et le peuple; le héros des Légions est un hum- ble centurion romain qui se trouve mélé & des gens qui Ini sont étrangers et qui Ini res- teront étrangers 1 il ne com- prendra rien au caractére d’An- toine, il jugera Cléopttre en se trompant. totalement, Ces in- trigues politiques entre les grands le dépassent et il n’en saisit pas le véritable sens. Tout ce qu’il désire c'est 5: ver Antoine et arréter un guerre civile atroces il ne voit pas que sa tentative est vaine parce qu’Antoine est déja mort et avec lui la République, dé traite par Empire, mais & Ja fin il le comprend confusé- ment. Cest pourquoi je lui ai donné la réplique finale qui xésume la morale du film (de fagon sommaire) : ¢ Je vou- drais trouver un pays ot n'y ait ni guerre ni empereur, » Je suis pour le peuple contre les princes, mais je crois que 1a mise en scéne doit faire res- sortir combien est important le moindre geste d'un prince, com- bien est importante leur mort, Ala fin du Bourreau de Ve- nise, dautre part médiocre, Thomme qui a fail! tenir Ve- nise entre ses mains vient etre frappé A mort : il mar che sans comprendre qu'il est mort et qwautour de lui le monde hascule. Peu & peu Ia vie Yebandonne, son ame le quitte, et la mort Tenvahit. Gette mort doit sembler trés s que le film histori- importante et e’est le réle de etre ramené & une 1a mise en seéne de Je gouli- m entre deux genres gen, Crime @aprés Ber ‘Adrienne Mesurat lien Green. ne penser-vous pas nre historique peut mme le western, vers adulte 2 e, mais cela me sem~ ux; car le western rune vérité sociolo~ istorique, en un mot solides, tandis que le orique ne repose sur mt eréer & partir du puis il fandrait que eteurs et le public Tenez, Ies Légions tre ot il y avait un sal de dramatisation orté beaucoup moins que la Vengeance of il my avait rien qu'il faut ruser avec essayer de retrouver é dans les gestes et ds, une vérité physi- t qu’historique : ainsi Légions de Cléopitre, m'intéressait pas de la. mort de Ia reine et je tentai plutot de ssentir la sérénité ait atteinte par cette la réaction d’Auguste ette sérénité. Tl fant Y'aneedote et s'essayer répanouissement d'un t sur un visage. 1 Hy a aussl un cété e politique » dans les de Cléopitre ? HISTORIQUES = Je crois qu’ « Hercule & fa conquéte de V’Atlantique > est Ia premidre @uvre ot vous rex disposé de moyens relati- vement importants 7 Oui, je n’avais eu que fort peu d'argent pour les Légions de Cléopiitre, ce qui explique certaines faiblesses dans les décors et les costumes. D'autre part certains plans ont da étre réalisés par la seconde équipe, sur mes indications, mais avec un autre chef opérateur, car je devais tourer Messaline. Dans Je dernier Hereule, qui est techniquement mon meil- leur film historique, ffai voulu respecter le caracttre de bande dessinée pour enfants de donze ans, quun tel personnage exige, en y ajoutant un cOté humoristique, des clins d'yenx aux spectateurs, mais fai youlu aussi esquisser “une parabole morale contre Ia violence. On pourrait presque dire qu'Her cule est un anarchiste quii s‘ignore, un anarchiste & état larvaire. Mais je crois que le personnage principal est An- drocles joué par Ettore Manni. Cest un homme saisi par la folie de la: puissance, possédé par le désir de dominer le monde et que Yon ne: pourra sauver qwen détruisant Vidéo 10 COTTAFAY! Et BAS FILMS HISTORIQUES ges t les princes, et le peuple; 16 gions est un hum~ n romain qui se A des gens qui Ini rs et qui lui res- gers 1 il ne com- ‘au caractére dA. ra Cléopitre en se talement. Ces in- tiques entre les assent et il n’en véritable sens. 1 désire cest sau- et arréter une atroce; il ne voit jentative est vaine ine est déja mort la République, dé YEmpire, mais & comprend confusé- pourquoi je Tui ai ‘plique finale qui norale du film (de naire) : < Je vou- sr un pays ot fl n'y. e ni emperetr. > Je e peuple contre les iis je crois que Ia ane doit faire res- jen est important le te d'un prince, com portante Jeur mort, u Bourreau de Ve~ re part médiocre, ai a failli tenir Ve- ses mains vient pé & mort : il mar- omprendre qu'il est wautour de Ini le cule. Peu & peu Ia jonne, son ame le Ja mort Yenvahit. doit sembler_ tres et eest le réle de 2 setne de le soull- = Je crois qu’ « Hereule & Is conquéte de V’Atlantique > est 1a premiére cuvre oll Yous avez disposé de moyens relati- voment importants 7 Oui, je m’avais eu que fort peu d'argent pour les Légions de Cléopitre, ce qui explique certaines faiblesses dans les décors et les costumes, D’autre part certains plans ont da étre xéalisés par la seconde équips sur mes indications, mais avec un autre chef opérateur, car je devais tourner Messaline. Dans le dernier Hereule, qui est techniquement mon meil- eur film historique, j'ai voulu respecter le caractére de bande dessinée pour enfants de douze ans, quinn tel personnage exige, en y ajontant un obté humoristique, des clins d'yeux aux spectateurs, mais jai voulu aussi esquisser une parable morale contre 1a violence. On pourrait presque dire qu’Her- cule est un anarchiste qui vignore, un anarchiste & V'état larvaire. Mais je erois que Ie personnage principal est An- drocles joué par Ettore Manni. Cest un homme saisi par la folie de la puissance, possédé par le désir de dominer le monde et que Yon ne pourra sauver qwen détruisant Vidée méme de la puissance. Il y a de nombreux, symboles facile- ment compréhensibles dans ce film, Aussi, cette race nouvelle quil faut créer pour conquérir le reste de la terre t ce sont des Nazis avee de véritables camps de concentration, des hommes qui ne pensent qu’ fuer. Bien str tout cela est flissé, suggéré, parmi les catas- trophes, les bagarres insépara- bles du genre, On ne peut pla~ cer des idées morales ou s0- clales qu’au miliew des batail- les rangées et des éboulement ‘cause des producteurs. J’aime bien certaines idées poétiques de ce film, comme ces chevaux blancs qui tirent un char en- flammé dans des galeries sou- terraines. J'ai aussi beaucoup travaillé les décors. —Quels sont les cinéastes qut_ vous ont influencé ? ‘Vaime Jes réalisateurs qui essayent de faire reculer les limites’ d'un gewre ; Kuro- shawa et Fuller par exemple, Tun avec La Forteresse cachée, Tautre avec Crimson Kimono et Underworld U.S.A. En Italie, Je trouve que les trois mal tres sont Rosselini, Antonioni et Fellini, En Russie fai Wabord été passionné par Eisenstein, mais je m’en suis éloigné de plus en plug : son formalisme me gene, surtout celui'de Que Viva Mexico et je suis beaucoup plus ému par Donskoi. Jaime beaucoup cer- tains films de Walsh et sur tout de Preminger, & Pexe tion a'Exodus et ausst la rea: lisation de Wise sur Ja boxe : ‘The Set up. Dans le jeune cinéma fran- sais que je connais malheu- reusement assez peu, ftadmire surtout Jean-Luc Godard. — Et Frits Lang ? ~ Oh 1 Inf ce n'est pas pareil, c'est un maitre, : Bertrand TAVERNIER, a bee iyo ncn 9a ar 4 Ures les rapports de jnéme en amour. Matt clave, Gagnant ou perd fi y a des perdants-né ott 11 n’existe plus que tégories dindividus 3 1 queurs et les arnaqués Ermitage ve 0» Ma eee petites chere tout local servir atelier, ou ATEL Ne 15 a ARTS. | DEMANDES D’E Jeune décorateur, réf. tuation chez décor. ant rie, etc., Tél. WAG. 08 ‘Jne femme, dipl. Ecole « ans “aa a LE NOTTI BIANCHE 1962 Dir.: Vittorio Cottafavi Arg.: del relato homénimo de Fedor Dostoyevski Guién: Alessandro De Stefani Esc.: Giorgio Postiglione llum.: Giorgio Ojetti Fig.: Maria Teresa Stella Mus. de los intervalos: Franco Tamponi Int.: Monica Vitti (ella), Giulio Bosetti (él), Franco Tamponi (el violinista), Sergio Graziani (el portero), Augusto Mastran- toni (el viejo), Manlio Busoni (sefior de la bufanda), Marcello Tusco (marinero), Romolo Costa (farolero), Andreina Paul (mujer de la buhardilla), Ottavia Piccolo (nifia), Mara Landi (sefiora del perro), Alberto Marescalchi (el otro) Emitido el 9 de febrero a are? oe nee sentimos s ella ama, c muchacha que es éle Desgraciac la cinta. E que eran i nuestro te que eran c cintas mag se montab te como al Ciertos prc sido cortac Cortes de mejor la ui ticamente de NOTTI problemas cualquier c preocupars /con Jos ele- real de 1o canal rimera rraen lad de levision, Ds, que licé todo na idea la banda proble- icluido Este texto de Dostoyevski es una pequefia joya, una cosa en- cantadora. Las descripciones de Dostoyevski son pocas pero bellisimas, los didlogos parecen escritos para ser recitados en teatro. De Stefani habia hecho un dptimo guién, utilizando al maximo los didlogos del original, con sdlo unos pequefios afiadidos para hacer ms fluidas las transiciones de una noche a otra, Cuando lef el guidn, pensé que Monica Vitti era la Unica que podia hacerlo, se lo propuse y acept6 enseguida, muy contenta. : Los ensayos previos a la grabacion fueron muy fatigosos, Por- que Monica Vitti esta muy habituada a improvisar, 0 volcarse en el personaje desde el principio —ha hecho ademas de cine, mucho teatro, teatro moderno, lonesco— hasta que quedaba completamente agotada. Yo le recomendaba que hiciera el en- sayo friamente, sugiriendo los tonos, sin volcarse en cuerpo y alma sobre el personaje, pero no lo conseguia. Y cuando Ilega- ba el momento de la grabacién, estaba exhausta. La primera y la segunda noche salieron muy bien, en cuanto la Vitti tenia una capacidad extraordinaria. En el momento cumbre de la tercera noche, cuando él se halla en un momento de plena comprensién hacia ella, se ha ensimismado en la deses- perada historia de amor de la muchacha —y se siente heric'o en su amor propio, ya que no puede conseguir ningtin resultado amoroso—, veo que Monica Vitti desaparece de la imagen. Lue- go oigoa Bosetti que dice: “Natacha, Natacha, escucha Natacha, qué tienes? ”, deja de hablar y empieza a sacarse pelos de la barba y el bigote que, en el ardor de la escena, se le habian pegado en la boca. Detuve la grabacion, porque Monica Vitti estaba caida en el suelo; se habia entregado hasta tal extremo, que cay6 desmayada. Entonces empezé toda una farsa. Estabamos grabando en sdba- do y no habia ningtin alto funcionario en la casa. E| responsa- iccion insistia en minasemos, yo insistia en en tales condicior jodia grabar la escena mento de la discusién, tomé bien, si queréis terminar, in acto de fuerza ante decision; tenia toda una Tarsa. EStaballlvs yi Cue ae 1 do y no habia ningtin alto funcionario en la casa. El responsa- ble de produccidn insist/a en que terminasemos, yO insistia en que la actriz, en tales condiciones, no podia grabar la escena final, importante y tensa. En un momento de la discusion, tomé el abrigo y el sombrero y dije:“’Muy bien, si quereis terminar, hacedlo, pero sin Monica y sin mi’. Fue un acto de fuerza ante la incapacidad de que el responsable tomase una decision; tenia un plan de trabajo y sélo pensaba en continuarlo a toda costa. m Llevabamos ya més de diez horas de trabajo, estabamos hacien- do horas extraordinarias, y me opuse decididamente a terminar. ) El lunes siguiente concluimos la escena sin novedad. Tuve natu- } ralmente un cierto numero de problemas, me preguntaron con qué autoridad habia yo tomado tal decision, y contesté que lo someti a voto democraticamente, votaron que si y yo asumi la ' decision. n- Contrariamente a la version cinematografica de Visconti, no fa- contamos en flashback {a historia de amor de Natacha. Ella declara el amor que siente hacia el huésped de la casa, y lo ha- ce con palabras que tienen una magia extraordinaria. Nosotros sentimos su amor sin verlo; sin conocer la cara del hombre que ella ama, comprendemos la importancia del sentimiento de la muchacha. No importa cémo es él en la realidad, importa lo que es él en el recuerdo de ella, transfigurado por ella. Desgraciadamente, el programa hoy ya no existe, fue borrada la cinta. Es incomprensible que se hayan borrado tantas cosas, que eran interesantes desde el punto de vista de la historia de nuestro teatro, nuestras costumbres, nuestras tradiciones, que eran documentos de una cultura. Y total para aprovechar cintas magneéticas que ya estaban bastante estropeadas, porque las tijeras, no electronicamen- . Entonces empezo t je son nuevas, no han sortes —haciamos usa, ensamblar der eran prac- renaud walter entretien avec stanley kubrick sens barbe, Kubrick au travail — Que pensez-vous des films américains de science-fiction qui ont précédé 2001? — Personne n’a eu, je orois, le temps ni l'argent nécessaires pour créer des effets visuels intéressants ou pour essayer de présenter de facon réaliste des sujets de science- fiction. Aussi, je ne pense pas que ce film ait grand-chose a voir avec ce qui s'est fait précédemment. Je crois que 2001 est plus une histoire mythologique qu'une histoire de science-fiction. Il semble quill y ait pas mal Ge science dans le film, mais... Pour moi, les meilleures ceuvres de science-fiction sont celles qui sont mythiques. — Pensez-vous qu’un bon film de science-fiction doive étre forcément comme 2001 un film & gros budget ? — Certains films de science‘fiction n'exigent pas un gros budget : ce sont ceux o V'action se passe sur la terre et oli les extra-terrestres ressemblent 4 des étres humains alors la valeur du film dépend entiérement de celle du scénario. — Y en atil un que vous ayez particuliérement aimé ? — Auoun de m'a frappé comme étant du grand cinéma. J’en al vu de trés bons. Mais je nial pas de titre en téte... — Alors qu’est-ce qui vous a poussé a faire vous-¢méme un film de science-fiction ? — Ge qui m'a poussé a choisir ce sujet plutdt qu'un autre, clest que beaucoup de savants et d’astronomes croient que I'Univers tout entier est habité par l'intelligence. IIs le pensent, parce que le nombre d'étoiles dans notre galaxie est de cent milliards, et le nombre de galaxies dans I'Univers visible est encore de cent milliards, ce qui fait que le nombre de soleils dans |'Univers visible est d’environ cent milliards de fois cent milliards. Leur théorie est que la formation planétaire ne s'est pas faite de facon accidentelle mais de facon courante, et que la vie en est une conséquence inévitable : sur une planéte placée sur une orbite stable, ni trop chaude, ni trop froide, au bout d'un certain temps — deux ou trois milliards d'années — la réaction chimique qui rassemble les éléments de la vie se produit par hasard. L'imagination se déchaine librement lorsque l'on considére ce que pourrait étre 'évolution ultime de I'Intelligence, non pas dans dix mille ans, ni dans cent mille ans, mais dans des millions d'années peut-étre. Car notre soleil n'est pas particuliére- ment vieux. Dans un grand nombre d'autres monde, la vie, l'intelligence, ont été créées ily a bien plus longtemps. Aussi, ce qui m’a fasciné, c'est que dés qu'on essaie d'imaginer les capacités de [intelligence dans un million d’années, on se rend compte que la vie atteindra plusieurs niveaux. Diabord, limmortalité biologique. Les chimistes pensent qu'on peut arréter chimique- ment le vieillissement des cellules et méme revenir en arriére. Ceci constitue la premiére 6tape, dans trois cents, cing cents ans. Peter Sellers, archétype du «grotesque » kubrickien (Dr Folomour, de Stanley Kubrick). 19 Dans une étape suivante, dans dix ou cinquante mille ans, les machines-intelligences joueront le premier réle sur la plandte, car toutes les expériences que les oréatures biolo. Giques peuvent connaitre, pourront aussi tre vécues par les machines. Nous aurons un Tonde ou les machines seront plus a l'aise que les hommes parce qu’elles ne seront pas limitées par leurs expériences personnelles, mais disposeront de toute V'expérience quit est possible d’enregistrer. Dans uno étape finale, on aboutira A des entités qui auront une connaissance totale et pourront devenit des étres d'énergie pure, des esprits en quelque sorte. Elles auront pro Pabloment une puissance quasi-divine : communication télépathique avec tout Univers, fuuttrige complete de toutes les matiéres, capacité de faire des choses que nous ne Trayons possibles qu’a Dieu. Voila ce qui m’a fasciné dans le sujet ; c'est le fond du fim et sa raison d’étre. — La fin était-elle exactement la méme dans le scénario ? — ui, les derniéres images du film se trouvaient dans le scénario. L'idée est que Tastronaute ressuscite sous une forme supérieure. C'est déja un ange ou un suthomme, I setourne sur terre a la maniére du héros de toutes les mythologies. En effet, c'est le ‘Schéma de tous les mythes, ou presque : le héros descend dans un monde magique qui représente un grand danger et est entrainé dans toutes sortes d'aventures terrifiantes dou i gevient transformé d'une fagon ou d'une autre, magnifié. Il est devenu un autre étre. Mais d'autre part, il existe aussi une théorie, affirmant que le contact avec les entités quasi divines qui peuplent sans doute I'Univers, pourrait constituer le pas qui ferait de 'homme quelque chose de plus que ce qu'il est aujourd'hui. — Une partie du public a cherché une explication logique au fait que le héros se retrouve dans un appartement du XVIII’ siécle. — Je ne veux pas donner plus d’explications. — Plus que de la science-fiction, vous avez voulu faire un documentaire & partir d’hy- pothéses réalistes et non fantastiques. w fignore si le mot existe en francais, mais c'est une extrapolation a partir d'idées scientifiques. — Les films améri 1s de science-fiction n’étaient qu'une fagon détournée de critiquer Tc american way of life ». Ce genre s'est développé aux dépens du « space opera». mriC'est vrai : la plupart de ce que l'on appelle les « bons » films de science‘fction, étaient des enquétes sociales déguisées. Leurs auteurs imaginaient certaines formes ex- trames des problemes contemporains. Mais trés peu ont porté sur les formes ultimes de ns cinématographiques. La Te personnage de la deuxie- Dullea qui lui-méme — La construction du film ne suit pas du tout les convent premiare partie ne comporte pas de personage principal. Pui me partie — le Docteur Floyd — disparait pour faire place a Ké disparait a son tout 5 — Oui. Il s’agit en un sens de quatre nouvelles, toutes reliées a une idée commune. Le film est basé sur une seule nouvelle d’Arthur Clarke, mais on peut dire que la séquence avec les singes constitue une histoire, celle sur la lune une autre, les relations avec Hel et le meurtre de Hal en sont une troisiéme, et la fin une quatriéme. Vous avez comparé ce film & un documentaire ; je dirais plutdt que c'est un documen- taire magique en quatre parties. J'ai aussi essayé de faire en sorte que rien d'important ne soit dit dans les dialogues et que tout ce qui était important dans le film soit traduit Visuellement ou en termes d'action, Ceci, bien que la fin soit assez allusive et que Ie plupart des spectateurs, si on leur pose la question, soient incapables de |'expliciter eta occasion, vous en demandent la signification. Mais le film les atteint a travers leurs sentiments. Il obtient un énorme succes, le plus gros jamais obtenu par un film MGM. On peut entrer en contact au niveau psychologique et émotionnel avec beaucoup de gens quis par leur niveau culturel et par leur quotient intellectuel, ne devraient pas s'intéresser 2 sujet du film. Pourtant ils réagissent trés bien et sont trés émus. Alors que je crois que S! les mémes choses étaient exprimées de facon verbale — si adroitement que ce fat — toutes les barriéres culturelles seraient la et ils rejetteralent ces idées. C’est parce We le film dépasse tous les sujets qui sont classifiés dans |'esprit et peuvent s’exprimer par 20 TD. des mo derniers Les quills re film les qui ne s et je pe quil y ¢ tant le —! = naturell avec un nen aj rure, il environ millions elles ne devint | sélecti maniér devena Varme, sur les tions ¢ 4 Aussi, s sfobstinent ces cannibales @ faire de nous des héros (Paths of glory de Stanley Kubrick) des mots, qu'il atteint les gens & un niveau plus enfoui de leur personnalité et que ces derniers y répondent d'une maniére plus profonde et plus spontanée. Les gens comprennent, mais ils demandent une confirmation. Ils sont génés parce qu'ils ressentent quelque chose sans pouvoir l'exprimer. Mais d’autre part cela fait que le film les occupe plus longtemps. Ils y pensent aprés la projection. J'ai rencontré des gens qui ne sont pas des « cinglés » de cinéma et qui disent : « J'ai vu ce film il y a quinze jours, et je peux pas m'empécher d’y penser. Je crois que vais aller le revoir. » Et il me semble quiil y a juste le bon degré d’ambiguité qui fait que le film « communique » et garde pour- tant le cOté fascinant de quelque chose qui reste allusif. — Dans la premiére partie, vous opposez I'homo faber a I’animal... — Il me semble qu'aucune mutation ne peut étre un critére suffisant de sélection naturelle si la créature n'a besoin de cette nouveauté pour survivre. Si un tigre était né avec une intelligence géniale, cela n’aurait pas été un critére de sélection, car un tigre n’en a pas besoin. II se débrouille trés bien: il a des crocs, des griffes, une épaisse four- rure, il voit dans le noir. Mais les créatures montrées dans le film étaient confrontées a un environnement hostile: la forét s’était desséchée pendant la préhistoire — prés de dix millions d'années — et les créatures n’avaient pas de dons naturels : ni crocs, ni griffes, elles ne couraient pas trés vite et n’avaient rien de spécial. L’'usage de |'outil, ou de l'arme, devint un élément indispensable & leur survie. Alors, l'intelligence devenait un critere de sélection tres important puisqu’elle permettait de se servir d'un outil ou d’une arme de maniére efficace. Et comme des mutations avaient lieu chez ces mémes créatures qui devenaient plus intelligentes, l'intelligence, toujours liée & l'utilisation de l'outil ou de 'arme, devint un critére important de sélection ; l'Intelligence seule faisait leur supériorité sur les autres créatures, pour survivre, et cela leur permettait un nombre infini d’applica- tions qui devinrent de plus en plus compliquées et conduisirent a la coopération sociale. Aussi, i] me semble que I'outil et |'arme ont fait de lintelligence un élément essentiel de 21 Cc CCnre: écoute u Dieu que belles, e passe d Us ‘sauront bient6t que nos balles sont pour nos propres généraux (Paths of glory, de Stanley cm Kubrick) th pléonasr ‘ lévolution et la plus importante des qualités de l'homme. G.-B. Shaw a dit: « L'homme a rimage, la force de ses armes. » Si on y regarde bien, notre amour Pour nos outils et nos armes, vaisseat que ce soit une voiture ou un revolver, est indéniable. Il existe un rapport trés profond solitude entre eux et nous. Il y a une esthétique de la machine. Les machines sont belles, elles | sentent bon. En fait, dans la technique spatiale, les dessinateurs disent d'un engin qu'il i est « sexy ». L'adjectif « sexy » y est devenu courant. dans I'e — Les relations de Keir Dullea avec l'ordinateur deviennent presque sentimentales.., et plein — Oui, en effet. Ils ont des relations trés personnelles. L'homme, dans un age trés ie technique, doit parvenir a plus de discipline et de contréle de lui-méme, et deviendra donc dialogue plus proche de la machine. Inversement, la machine, pour communiquer avec I'homme et élargir son horizon, doit devenir plus humaine. La chose est prévue ain ue — Dans Docteur Folamour vous donniez l'impression que l'homme était dépassé par mOreaen ses techniques. Dans 2001 l'homme est plus a l’aise avec cette technique. musical — Je pense que tout le monde serait d'accord pour dire qu’aujourd’hui, la technique a progressé plus vite que les valeurs morales et que I'homme a maintenant créé les moyens de se détruire lui-méme, sans avoir trouvé une maniére profonde de résoudre ses pro- blémes. Mais d’un autre cété, je ne pense pas que ce soit inévitable. Je pense que la transplantation de la vie sur d'autres mondes, et le développement de |'énergie nucléaire forment probablement un point charniére ou de deux choses I’une : ou bien la vie sur cette planéte se détruit d’elle-méme,ou bien elle est amenée vers des choses plus grandes et plus belles. Je ne puis imaginer que les hommes se détruiront tous les uns les autres. Je suis sir que certains seront détruits, nous peut-étre, mais pas tout le monde. — Cela semble pessimiste ! a — Logiquement on peut considérer les deux possibilités. A chaque moment de Whi: toire, les problémes les plus cruciaux semblent sans solution: a l’ére victorienne, je $ 22 sdr que personne ne croyait vraimen autres aménagements sociaux qui s choses impossibles. De méme, ‘qu'il existerait un jour la sécurité sociale et tous les ¢, rouvent en Angleterre aujourd'hui. Ils auraient cru la situation se désespérée. Il semble que l'homme ne puisse pas tron 6 8s rafeste unmet So areas laquelle tious hous trouvons ne bent ae prolonger indéfiniment sans Frost une. Conese wu_astion terrifiente des armes atomiques, chimiques ou bactériolecleniee SOUR ae Barres mente + ou bled homme deviendra suneriaUnarearen eae bard a ot Plen tl sers\detruit dane une énorme conalaion, suerte Ge-ctlras passera @abord Fetaas tie eee) ants UN eapritsatirique que’ vous’ avez ppes® des THERES futurists, tne musique qui évoque une période historique bien déterinée ? Pactoctée wie de Strauss était adéquate parce quelle est belle, mals on Ya générale- reer ane ego fides choses banales. Surtout lorsqu’elle est jouée par Herbert Von Korclon, coe Seat are musique. Elle soullgne l'aspect gracleux des réalisations fwimalnee de ma pas & apparaitre comme futuriste, puisqu’a I'époque parce quielle est satirique, ou parce qu'elle est jolie ? On trouve une sorte de pieisit tre Hone! dans les chansons de'L'Opéra de Quat’ Gous : la musique ast belle, alora qual far Baroles, Sont cyniques, mémes laides. Je crois que Kurt Weil n'a pas été posses par le désir d'écrire une musique qui lui semblait satirique : Je pense quil a seulement essayé secre 82 Musique le mieux possible. Il se passe quelque chose de bizarre lorsqu'on Dro ue, musique qui est belle, quelle que soit I'action... Il y a la mame chose dans pict Gue la guerre est jolie. Toutes ces chansons de la premiére guerre mondiale sont tbs belles. et bien quill y ait une intention satirique @ chanter Roses de Pleardie alors auil ve passe des choses graves et tragiques, cela reste une belle chanson. =, La musique erée une espéce de contrepoint par rapport a l'image, par ce refus du pléonasme. Fo. i, OuS voulez dire que la musique apporte quelque chose qui n’était pas dans timage, Je suis d'accord avec vous. Par exemple, lorsque lastronaute tournalt dateur da Yeisseau spatial, je pense que sans cette musique triste et donnant une impression de solitude, on aurait pensé: «Oh la la, c'est mervellleux! Comme le monde oct beeu — Et le bruit de respiration ? Ctalt pour souligner ta ténuité du lien qui le rattachait a la vie, cette respiration dans l'environnement hostile de Vespace. Cela aussi ma semblé étre un con intéressant et plein de suspense. saa ous avez donné un grand role & la musique qui parfois couvre complatement tout dialogue. scale voulu considérer certaines séquences comme s'il s'agissait d'une comédie musicale : seulement, au lieu d’avoir des gens qui chantent et qui dansent, on a une hella moneiue et des vaisseaux spatiaux qui évoluent. Il m’a semblé quil valait mioux avole us morceau de musique ininterrompu afin de donner musicale. — Crest du «space-opera» ! = «Space-ballet » plutéi 5, a Zola rend le film plus abstrait. En général, au Cinéma, on suit toujours un porson- nage, & cause des scénes de dialogue. = En fait, c'est l'histoire que l'on raconte qui est le véritable héros du film. = Crest pour cette raison que vous n'avez pas utilisé de vedettes ? 22, nal utilisé que des acteurs que Je considérais comme excellents, et je pense qu'il y a avantage a utiliser des acteurs qui ne sont pas connus. Cela maintient Véquilibre du film. Si l'acteur qui joue le role du Docteur Floyd avait été une vedette, tout le monde se Serait attendu & ce qu'il réapparaisse dans histoire. pavexvous donné des indications de jeu pécises a Keir Dullea quand on le filme en 9r0s plans, losqu'il est supposé étre dans la cabine ‘Spatiale ? . 1 Il_savait ce qui se passait, mais je me suis beaucoup servi de jy ‘Go ce. genre, jal un électrophone portatif pour créer l'atm. — Oui, bien s que. Pour des scénes sphere. — Qu'est-ce qui est le plus important pour vous : proprement dite ? ‘ veryaime tout! Certaines choses s'expriment mieux & travers les acteurs, d'autres T Torequ'un actour est présent sur l'écran, @ aucun moment Il ne f ‘I datt jouer aussi bien que possible, car le jeu d'un acteur qui fait quel que chose, dor fereseant, pout plus, qe celul d'un acteur qui parle, Lorsqutn pense aux grands réles immortels, on pense surtout a la fagon dont les acteurs bougeaient, Par exemple, si l'on considére Albert Finney dans Samedi soir, dimanche matin, on pense plus & ses gestes, A sa fagon de ramasser un objet, d'évoluer, qu’a sa facon de parler, Lg parole n'est qu'une partie de lindivdu i —‘Avez-vous ditigé personnellement les effets spéciaux ? Quelle idée vous a guide 7 — ily a deux choses. D'abord, faire le croquis du plan, décider de ce qu'il sera; puis trouver le moyen technique qui permettra de le réaliser en lul donnant l'apparence de la réalité. C'est une chose qui n'a jamais été faite avec succes. On sent toujours le trucage, on voit les défauts, et je crois que cette fois, nous avons tout fait pour que Ion crole abso. Tument & cheque pian. Il n'y a rien qui fasse toc ou qui semble truqué. Nous avons trouvé des techniques nouvelles pour obtenir ce résultat. Car l'une des raisons qui faisalent que les films n’étaient pas bons, est que l'on n’avait pas trouvé des moyens techniques convenables. Estce a cause de artifice de leurs décors que vous n’ de science-fiction ? — Le fait de voir les autres films m’a donné & penser que les techniques existantes n’étaient pas adéquates. Mais, méme sans avoir vu les autres films, et en examinant ces techniques, on se rendrait compte immédiatement qu’elles n’étalent pas adéquates. J'ai voulu que le public pulsse croire @ tout ce qui se passe dans Ie film. De toute évidence, un voyage dans une autre dimension de la réalité doit tre une expérience terri fiante, méme si cela a finalement un but bienfaisant ou vivifiant. Mais aussi chaque détail était important : il fallait montrer dans ce cours de laction tous les actes apparte- nant a la vie quotidienne de facon a rendre vraisemblables les choses les plus difficiles du film. — Avezvous beaucoup transformé le scénario d’Arthur C. Clarke ? — On rajoute beaucoup de choses pendant le tournage. Un scénario est seulement une sorte de guide nécessaire a son organisation, avec les idées que l'on avait au moment oi l'on écrivait. Je pense qu'on a beau réfiéchir avant, on ne peut jamais explorer toutes les possibilités d'une situation, tant qu'on n'est pas sur un plateau avec des gens sous les yeux. Une chose que vous croyez difficile & rendre claire, devient 1a sans probleme. Diautres qui vous semblaient plus faciles sont en fait plus difficiles, et de nouvelles idées surgissent. II faut tout régler & nouveau, selon ce qui se passe a la répétition, et selon c2 qui s'est passé la veille, ou l'avantveille, Au cinéma, si petite que soit une rectification, elle entraine la transformation de tout le reste. Ceux qui ne sont pas limités par le fat ie Helen:

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