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19 + DISTILLATION ET RECTIFICATION 19.1 Généralités La distillation est une des méthodes de séparation les plus importantes dont dispose le génie chimique. Cette opération permet la séparation de un ou plusieurs constituants d’un mélange homoggne liquide, en met- tant a profit la différence de volatilité des constituants. La distillation est une opération double; aprés chauffage jusqu’a l’ébulli- tion, la phase vapeur surmontant le liquide bouillant et en équilibre avec celui-ci n’a pas la méme composition. Par condensation de la phase vapeur, on obtient un liquide nommé distillat ou extrait (dit aussi produit de téte) dont la composition differe de celle du mélange initial. La phase liquide non évaporée constitue le résidu ou le raffinat (appelée également produit de pied ow de fond) A trés peu d’exceptions, le distillat est enrichi en constituants légers de température d’ébullition moins élevée, tandis que le résidu est formé par les constituants lourds dont la température d’ébullition est plus élevée. La rectification est une technique qui utilise une distillation répétée dans une colonne de manire 3 provoquer des échanges entre les phases vapeur montant et liquide refluant dans la colonne. La séparation et les condi- tions nécessaires a sa réalisation dépendent du systéme liquide — vapeur et, par conséquent, de l’équilibre liquide — vapeur du mélange a distiller. Parmi les innombrables applications de la distillation, il faut souligner que cette opération est a la base du raffinage des pétroles bruts. 365 366 19.2 Equilibres liquide - vapeur at lation, eee ay La différence entre un fonctionnement en continu et en discontinu réside dans le fait que la composition du mélange chargé dans le bouilleur (chaudiére) varie avec le temps en raison de lévacuation progressive du composant volatil. La distillation sous vide est utilisée pour séparer les composants d'un mélange qui se décomposerait sous influence de la chaleur nécessaire 3 la distillation atmosphérique. C’est le cas de la distillation des fractions lourdes du pétrole brut. 19.2 Equilibres liquide-vapeur Les différents mélanges de liquide peuvent étre classés, d’aprés le nombre de leurs constituants, en mélanges binaires, ternaires... Les mélanges binaires, qui ont été les plus étudiés, seront seuls considérés ici. On dis- tingue, d’aprés la solubilité réciproque des constituants : * les mélanges homogenes comprenant : — les mélanges normaux parmi lesquels on rencontre les mélanges idéaux; — les mélanges anormaux ou azéotropiques; * les mélanges hétérogénes. Ml Mélanges idéaux On peut considérer qu’un mélange est idéal lorsque les écarts par rapport a la loi de Raoult sont faibles; ils sont constitués par des corps de méme structure chimique (par exemple : hydrocarbures saturés isoméres). W Mélanges azéotropiques D’aprés la relation (19.5) de la volatilité relative, on observe qu’en raison de linfluence des coefficients activité, il est possible d’avoir a= 1; il s'ensuit en tenant compte de Péquation reliant ¥ a X, que ces derniéres valeurs sont alors égales. Le liquide ct la vapeur ont la méme composi- tion et il n'y a plus de séparation; il se forme un azéotrope, Les courbes de rosée et d’ébullition présentent alors un point commun auquel corres- pond, le plus souvent, la température la plus basse de Péquilibre. MI Mélanges hétérogenes Dans ces mélanges, qui s’écartent totalement de l’état idéal, la solubilité réciproque des deux constituants liquides peut étre partielle ou nulle. 19.2.1 Diagrammes de phase La représentation graphique d’un syst¢me constitué par un mélange liquide binaire nécessite un diagramme A trois dimensions. Lorsqu’on se fixe lune des variables, la relation entre les variables restantes peut étre repré- sentée par un diagramme plan. Les différents types de diagramme utilisés sont : © A température constante — le diagramme pression - composition (diagramme p - X); © d pression constante : — le diagramme température — composition (diagramme T'- X); = le diagramme d’équilibre vapeur — liquide (diagramme X - Y). On considére ici que des distillations s'effectuant sous pression constante, c’est pourquoi nous n’étudierons que les diagrammes isobares, les seuls dont la connaissance soit nécessaire pour la compréhension des phéno- mines intervenant dans ce genre d’opérations. 19.2.2 Diagramme T- X ou Y Il est d’usage, en distillation, de fixer la composition d'un mélange liquide binaire par son titre molaire X en constituant le plus volatil et celle d’une vapeur par le titre molaire ¥ en méme constituant. Par déter- mination expérimentale de la température d’ébullition commencante de différents mélanges de composition connue, on trace la courbe qui repré- sente la variation de cette température en fonction du titre x du liquide. Cette courbe dite isobare @ébullition a la forme de la courbe T,LTy de la figure 19.1. Lisobare d’ébullition permet de connaitre la composition du mélange qui bout a une température donnée. La courbe T,VT, don- nant la composition de la vapeur en équilibre avec le liquide a la tempé- rature d’ébullition du mélange, représente l'isobare de rosée. 19.2 Equilibres iquide - vapeur 367 Poe cen 19.2 Equilibres iquide - vapeur Les trois régions délimitées par les deux isobares désignent : — un mélange liquide, sous la courbe d’ébullition; = un mélange liquide ~ vapeur, entre les deux courbes; un mélange entigrement a I’état de vapeur, au-dessus de la courbe de rosée. 120 Vapeur 110 Isobare de rosée Vapeur + liquide 90 80 0 02 | 04 0.6 08 1,0 Figure 19.1 - Equilibre isobare d'un mélange binaire. Sous la pression p et & la température T, le mélange M donne une phase liquide L a sa température d’ébullition commengante et une phase vapeur Va sa température de rosée. les phases étant en équilibre, ces deux températures sont égales. Par suite des positions respectives des isobares d’ébullition et de rosée, la volatilité relative of sera d’autant plus grande que les points L et V seront distants. 368 9.2 Equilibres Deere) 19.2.3 Lois fondamentales 1 Titres molaires et pressions Soit un liquide constitué de n, molécules du corps A et ty molécules du corps B; les titres molaires sont : X,=—"4— et X,=—"B—=1-X, (19.1) ny +np ny tng Pour une température donnée, la vapeur en équilibre au-dessus de ce liquide est un mélange des deux corps A ct B aux titres molaires ¥, et ¥p et la pression totale est, suivant la loi de Dalton relative aux vapeurs parfaites : P=patPp avec p4 et pp, les pressions partielles des constituants A et B, et Yi=p4/P — Yy=pp/P (19.2) Dans le cas d’un mélange, les pressions partielles ne représentent plus les tensions de vapeur du corps pur, mais une fraction de celles-ci. La pression partielle du constituant A dans la vapeur en équilibre avec le liquide ayant le titre molaire X,, 4 température constante, est donnée par la loi de Raoult : Pa=Xq/Pya (19.3) avec P, et P,y les tensions de vapeur saturante des constituants A (pur) et Ba la température d’ébullition du mélange. On obtient : ¥4=Xq(P,4/P) ct Y—g=Xp(P,n/P) (19.4) Un mélange qui vérifie cette loi est dit mélange idéal. @ Volatilité relative La volatilité relative d’un corps A par rapport A un corps B est définie par Je rapport : (19.5) 369 370 is et rectification liquide - vapeur ky=Pi/P ct ky =Pya/P (19.6) sont appelés coefficients d’équilibre; en remplagant k ct ky dans (19.5), on obtient : a= Pya/P, (19.7) On choisit & par rapport au constituant le plus volatil, de maniére a avoir toujours : a21 Pour un mélange binaire idéal, il est possible d’écrire : P=X,P,4+ (1-X4)P,p=X4P,4+ (L-X4)P 4/0 (19.8) Comme ¥,=X,P,4/B il résulte : ‘A (19.9) X,(a-1)+1 La volatilité relative exprime la possibilité de séparation d’un mélange; plus ot est grand, plus les courbes de roséc ct d’ébullition du diagramme température — concentration sont écartées. Elle évolue en fonction de la température moyenne d’ébullition; lorsque cette température augmente la volatilité relative diminue. Ainsi, il est plus facile d’effectuer une sépa- ration sous vide qu’a la pression atmosphérique. Le plus souvent, on ne peut assimiler le liquide & une solution idéale; on conserve alors la forme des expressions précédentes et l’on fait intervenir des termes correctifs, dits coefficients d’activité y, qui sont déterminés géné- ralement par Pintermédiaire d’informations expérimentales. Il en résulte alors : ky=YqPy/P et = (Y,/p) (Pya/Pyn) (19.10) @ Diagramme X -Y ou diagramme d’équilibre La relation (19.9) s'applique a la totalité des mélanges normaux; elle exprime le lien qui, dans le cas de ces mélanges, unit pour chaque tem- pérature le titre de Ja phase vapeur 4 celui de la phase liquide. Lorsque 0: est constant, le graphe de cette fonction est une branche d’hyperbole équilatére passant par Vorigine et par le point de coordonnées (1;1) situé sur la droite 3 45° (figure 19,2) Cette courbe est lisobare d’équili bre liquide — vapeur, ou diagramme X - Y. On la construit en ut les valeurs de X et de Y qui se correspondent sur les diagrammes 1.0 Courbe d'équilib og | Courde déauiibre Fraction molaire en phase vapeur 06 *N iagonate 04 02 909 02 04 06 08 1.0 Fraction molaire en phase liquide Figure 19.2 - Diagramme d’équilibre pour le systéme benzéne(A)-toluéne (8) ala pression de 1,01 bar (1 atm). d'ébullition ct de rosée, pour différentes valeurs de la température. Si = 1 la relation (19.9) devient Y =X, la courbe représentative est alors Ia diagonale OB. Dans un tel cas, quelle que soit la température, la composition de la phase vapeur est, sous pression constante, égale a celle de la phase liquide. On ne peut espérer séparer ces constituants par distillation. La possibilité de séparer les constituants augmentent avec 0. Pour de fortes concentrations, la courbe d’€quilibre tend a se confondre avec la droite Y =X. 371 372 19.3 Distillation simple et rectification Hl Courbe opératoire SiX et ¥ sont les titres en soluté de la phase liquide, respectivement gazeuse, les diverses valeurs prises par X et Y au cours d’un transfert de matiére constituent les titres opératoires. Ces valeurs sont différentes des titres 4 Péquilibre. C’est précisément cette différence entre les titres opératoires et les titres & ’équilibre dans une méme phase qui constitue le facteur de potentialité et qui provoque le phénoméne de transfert. La ligne décrite par un point d’abscisse X ct d’ordonnée Y qui se déplace sur un diagramme OX, OY représente la courbe opératoire ou courte de travail. Le diagramme constitué par l'ensemble des deux courbes est souvent utilisé pour effec- tuer graphiquement plusieurs déterminations. Un bilan réalisé entre un point indéterminé d’un syst#me et une sortie quelconque de ce systéme permet d’établir équation de la courbe dite opératoire, qui décrit les variations de concentration des phases au niveau des courants qui traversent toute section droite de Punité en question. Sous forme graphique, et par juxtaposition avec la courbe d’équilibre, on peut évaluer de la sorte le nombre d’éléments d’échange, ou éages. 19.3 Distillation simple On peut réaliser 'opération de distillation de deux fagons bien distinctes. Dans le cas d’une distillation simple, 4 partir d’un mélange de deux liqui- des dont la volatilité est différente, un apport de chaleur permet au cours de cette opération de séparer la vapeur produite dés sa formation; en la condensant, on recucille directement le liquide obtenu sans le laisser retour- ner dans le bouilleur. La rectification est assimilée 4 une distillation répétée et concerne les mélanges 4 séparer dont les différences de volatilité sont faibles. Cette seconde méthode implique un reflux, c’est-A-dire le retour dans le bouilleur d’une fraction du condensat, afin qu'il y ait toujours sur cha- cun des plateaux suffisamment du liquide pouvant étre 4 nouveau vapo- risé et provoquer ainsi des échanges entre les phases vapeur montante et liquide refluant dans la colonne. Remarque Lorsque l'on doit concentrer ou purifier le constituant lourd par élimination du constituant léger, lopération est appelée évaporation. 19.3.1 Distillation simple différentielle (ou distillation en batch) Ellea pour but la séparation grossiere (partielle) du composé le plus volatil contenu dans un mélange liquide. Elle consiste a introduire une charge du mélange a traiter dans une chaudiére (bouilleur) od se produit ’ébullition sous pression constante. La vapeur s’échappant du bouilleur est conden- sée, le liquide étant ainsi directement recueilli (figure 19.3). La vapeur produite par le mélange est toujours plus riche en constituant le plus vola- til, de fagon que le titre du condensat est en tous temps supérieur a celui du mélange initial. La poursuite de lopération appauvrit progressivement le liquide du bouilleur en constituant le plus volatil; il en résulte une diminution continue du titre du condensat. Il est possible de recueillir le distillat en plusieurs fractions ayant chacune un titre moyen donné. Liquide LX, Distillat DX, ao EU Figure 19.3 - Schéma de la distillation en bach (distillation simple). 373 374 Distillation simple Pour un mélange non idéal, oi la volatilité n’est pas constante, la quan- tité de condensat a recucillir s’obtient en établissant le bilan matiére de Popération. Soient L et X, la quantité ct respectivement le titre de la charge initiale dans la chaudiére; on suppose, i un moment quelconque durant l'opéra- tion, qu'une quantité dL. de liquide est vaporisée, le titre de ce dernier diminue de dX et il reste dans le bouilleur une quantité (L—dL) de liquide de titre (X— dX). La vapeur dV’ formée est égale a dL, et comme elle est en équilibre avec le liquide de titre X son titre est Y*. Le bilan matigre en constituant le plus volatil sera : XL = (X,-dX,)(L—dL) + Y"dL. (19.11) doit, en négligeant le terme dX dL et en réarrangeant, on obtient : a (19.12) 1X) Aprés intégration entre les limites X; et X) : * dL dX, fehl a = | — (19.13) ab (bh) s(¥"-®%) avec (cn mol) L, la quantité initiale de liquide dans Vappareil de distilla- tion ct L, la quantité de liquide restée dans l’apparcil. Lintégration de Péquation 19.13, connue sous le nom d’équation de Ray- leigh, s'effectue en général graphiquement; pour ce faire, on calcule & Vaide de la courbe d’équilibre, successivement les quantités (Y* —X,) et 1/(¥*—X,). Ensuite, on construit le graphe de 1/(Y* —X,) en fonction de X et on détermine l'aire située dessous de la courbe et comprise entre les limites X, et X>, Il résulte ainsi le rapport L/L, qui permet de calculer la quantité distillée (L, - L,) pour un titre dans la cuve passant de X, 4.X,. Pour les solutions idéales, la concentration 4 l’équilibre dans la phase vapeur peut étre représentée par (19.9). Lintégration du second membre du (19.13) peut, dans certains cas parti- culiers, étre analytique, par exemple lorsque la loi de Raoult est applica- 19.3 Distillation simple ble ou Jorsqu’il existe une relation linéaire entre Y* et X dans l’intervalle des titres considérés. On peut déterminer le titre moyen X,,, du distillat, en écrivant le bilan matiére en constituant le plus volatil : LX, =L,X2 + DX,.p (19.14) Poi: L,X,-LX, Xqp =e (19.15) D L=L 19.3.2 Distillation simple a I'équilibre (flash) La distillation simple ne permettant que la séparation partielle du consti- tuant le plus volatil contenu dans un mélange, elle ne peut donc s'appli- quer qu’a une alimentation de composition constante susceptible d’étre introduite avec un débit constant dans un bouilleur. ux Figure 19.4 - Schéma d'une installation flash. Dans la distillation flash (figure 19.4) on prolonge le contact entre la vapeur et le liquide pendant un temps suffisant pour que l’équilibre s'établisse entre les deux phases que l'on recueille séparément, et de fagon a maintenir dans le bouilleur le niveau du liquide. 375 376 On obtient la quantité de liquide vaporisé 4 partir du bilan matigre total : F=V+L (19.16) et: FX,=VY"+LX (19.17) oit F est le débit d’alimentation de titre X,, V le débit vapeur formée de titre Y* et L le débit du liquide restant de titre X. Ces bilans sont écrits pour une unité de temps, le régime étant supposé stationnaire. En explicitant ¥, on en déduit : Y=X,+ (LV) (Xp-X) (19.18) Cette Equation est celle dune droite de pente (L/V) passant par le point de coordonnées (X;,; X;) (puisque X; = Y;); les seules inconnues dans P’équation sont X et Y. Une autre relation nécessaire pour résoudre Péquation est la courbe d’équilibre. Leur intersection donne les valeurs de X et Yi condition de connaitre la pression d’équilibre P et le rapport des débits L/V, La température correspondant a cet équilibre sera lue sur Ie diagramme température fractions molaires. Le rapport L/V peut varier entre 0 et 0, ~SiL/V =0, tout le mélange d’alimentation F se trouve, aprés distilla- tion, sous forme de vapeur. Cette vapeur aura pour fraction molaire X; et sera en équilibre avec un liquide de fraction molaire X,,,, en quantité infiniment faible. —Si L/V est infini, tout le mélange F est sous forme liquide aprés dis- tillation. La vapeur en équilibre avec ce liquide de fraction molaire X;- aura pour fraction molaire Y,,.,. Mais sera en quantité infiniment faible. Lapport de chaleur nécessaire a Yopération se fait dans un échangeur de chaleur extérieur. Cette technique de distillation est utilisée dans l'industrie du pétrole. 19.3 Distillation simple ement a la vapeur (stripping) Cette opération, appelée souvent stripping, est employée a la purification d'un liquide 3 és haut point ¢’ébullition ou non miscible avec eau et que l'on ne peut faire bouillir par risque de décomposition. Lavantage principal de cette méthode est la diminution de la tempéra- ture d’ébullition, auquel on peut ajouter effet d’une baisse de pression quand on travaille sous vide. En effet, on sait que la pression de vapeur totale d’un couple de produits non miscibles est indépendante des proportions dans la phase liquide. Ainsi, dans un appareil ott la phase liquide est constituée en bonne partic par de l’eau, la pression partielle du produit insoluble dans V’eau liquide a entrainer est fortement réduite, ce qui a comme conséquence tne dimi- nution de la température de distillation. Si’on considére un diagramme p - T pour deux liquides non miscibles : eau (A) et benzéne (B) par exemple, par l’addition de deux courbes on obtient la courbe (py +pg); le point d’intersection de cette courbe avec Phorizontale en p (pression dans Pappareil) correspond sur labscisse a la température T du liquide pendant lentrainement d la vapeur. Cette tem- pérature est inférieure aux températures T, et Tg, auxquelles les consti- tuants auraient bouilli séparément sous la pression p. On sait que le systéme benzene — eau bout, pour la pression normale p= 101,3.10 Pa (760 torr), 1 T= 69,4 °C, alors que les températures d’ébul- lition des constituants sont respectivement T, = 100 °C et Ty = 80,2 °C. La température d’ébullition du systéme est la méme indifféremment de sa composition globale. Elle se maintient constante durant l’ébullition et passe brusquement a T, ou T,, selon la nature du constituant en excés resté dans Pappareil aprés la vaporisation complate de autre constituant. La concentration des vapeurs est constante; d’aprés la loi de Dalton : YalYo = PalPa (19.19) Sous une pression totale p le débit massique d’impuretés entrainées est : (19.20) 377 Pedicle acres hs) 19.4 Recti ion illation avec reflux) avec + m; la quantité de liquide distillé (impuretés); * m, la quantité de vapeur injectée dans l'appareil; * p la pression totale; * p;la pression partielle des impuretés; M, la masse molaires des impuretés ; * M, la masse molaires de la vapeur; * le facteur qui prend en considération le degré de saturation des vapeurs d’cau ou vapeurs de la substance entrainée (@ de 0,7 2 0,8). Théoriquement, pour entrainer a la vapeur, il est possible d’utiliser dif- férents vapeurs ou gaz; toutefois, il est important que le choix de vapeur permette une séparation facile de deux substances. Pour cette raison, on préfére la vapeur d’cau qui, Ie plus souvent, se sépare aisément par con- densation et, de ce fait, rend possible le recyclage de eau d’entrainement évitant ainsi des pertes dues a la léggre solubilité du produit entrainé. Parmi les applications on peut citer : —la purification des acides gras; — extraction du benzol a partir du gaz de four; — extraction des huiles essentielles. 19.4 Rectification (distillation avec reflux) Cette opération a pour but de séparer les constituants volatils d'un mélange et de les obtenir a Pétat pratiquement pur. Par comparaison a une simple distillation, dans la rectification on ne préléve pas la totalité du distillat, car aprés condensation, une partic retourne dans l'appareil effectuant lopération. 19.4.1 Mécanisme de la rectification Afin @’obtenir un bon contact entre la phase liquide et la phase vapeur, la rectification se réalise dans une colonne 4 plateaux ou 3 garnissage qui peut fonctionner en continu ou en discontinu. 378 Roo cea 19.4 Rectification Cae tecire tite) (distillation avec reflux) Une vapeur, montante, riche en produit volatil, se déplace a contre-courant du liquide moins riche s’écoulant par gravité, appelé reflux. A chaque pla- teau Ie liquide et la vapeur atteignent la méme température par un échange de matigre ct de chaleur, ainsi la concentration du produit le plus volatil dans la vapeur augmente au fur et A mesure que T’on s’éléve dans la colonne, Au sommet de celle-ci, les vapeurs sont condensées. Une partic est prélevée comme distillat, et une autre partie retourne en téte de la colonne oit elle constitue le reflux. Le ott les produits les moins volatils (produit(s) lourd(s)) s’écoulent au bas de la colonne oi ils sont portés & ébullition par un échangeur de chaleur tubulaire alimenté a la vapeur. Le liquide qui descend provient d’une part de la charge et d’autre part du reflux liquide renvoyé en téte de colonne. La vapeur provient de la charge et du rebouilleur dans lequel une partie du liquide de fond est revaporisée. Les facteurs influengant la qualité de la séparation des constituants sont : —le rapport des volatilités des constituants; — le taux de reflux dans la colonne; — le nombre de plateaux théoriques; — le temps de contact (fonction de la hauteur de la colonne) entre liquide et vapeur; —Vefficacité du contact liquide-vapeur. Le reflux définit le terme utilisé pour désigner le mouvement de retour d’un courant de fluide et, en particulier, de la fraction de distillat qui, dans la rectification, est envoyée 4 nouveau, aprés condensation, dans la colonne, Le taux de reflux R=L/D exprime donc le pourcentage de liquide ramené en tant que reflux au produit a éliminer ou encore le rap- port du reflux descendant aux vapeurs montant dans la colonne. 19.4.2. Conditions opératoires Dans le but d’évaluer la difficulté de la séparation, on doit connaitre : —les données d’équilibre (courbe de volatilité relative et de tension de vapeur); —les débits massiques; ~ la pression de service; ~ l'efficacité souhaitée. 379 380 Teel) 19.4 Rectification lation avec reflux) La rectification tant une opération qui peut s’effectuer sous des pres- sions extrémement différentes, le choix de la pression, qui est le facteur le plus important dans une distillation, est déterminé par : —la température maximale T,,,., supportée par le produit; il s’agit bien évidemment de la température du raffinat qui sort au pied de la colonne owt la température est maximale; — Ia température de chauffage T, du fluide caloporteur (généralement de la vapeur); — la température du liquide de refroidissement T; utilisé dans le condenseur. En tracant ces trois valeurs sur le diagramme d’Othmer (pression de vapeur- température), on détermine les points d’intersection avec les courbes de tension de vapeur du distillat et du résidu. Il résulte ainsi les valeurs limi- tes théoriques de la pression Py ct Pyar (Si Tye T,), cedent de la chaleur au liquide, plus froid (T,_, Trongon d’épuisement Vapeur Rebouilleur Phase lourde Condensat Figure 19.11 - Schéma d'une colonne de rectification en continu. 393 394 Rectification lation avec reflux) et rectification On appelle concentration la zone au-dessus de Valimentation et épuisement celle qui est au-dessous. Les constituants lourds sont extraits du soubas- sement sous le nom assez impropre de résidus, par Pintermédiaire d’un siphon ou d’un régulateur de niveau. Pour établir le bilan matigre en concentration entre le condenseur et un plateau de rang n (compté & partir de la téte), on note : V le débit molaire de vapeur; L le débit molaire de liquide cn reflux; D le débit molaire de distillat de titre Y,, (rapporté au constituant léger). D’aprés les conditions posées, on a Vet L. constants le long de la colonne de concentration, Le bilan global s’écrit : V=L+D (19.29) et pour le plateau n : VY, =LX,,,+DY> (1930) ou Y,(L + D) =LX,4; + DY (19.31) doi : EXiit DYp (19.32) " L+D et en substituant par R= L/D, on a: = RX + ¥o (19.33) " R+t On obtient ainsi Péquation d’une droite dans le diagramme d'équilibre liquide — vapeur, appelée droite opératoire de concentration, C’est une droite de pente R/(R + 1) passant par le point (Xp; Yp) (avec Xp) =Yp) et ayant pour ordonnée a lorigine Y=Y, /(R + 1); Par ailleurs, étant connue la relation d’équilibre qui lie la concentration du liquide X, du plateau de rang n avec la concentration Y, de la vapeur qu'il émet, on peut faire un calcul des concentrations plateau par pla- teau, ou effectuer un tracé graphique. En opérant un bilan semblable en épuisement et en notant que Palimen- tation F = D + W avec W le débit molaire du résidu de titre Xj, on a la droite opératoire d’épuisement : y=(2t4)y (A=? |x, (19.34) ReD) "(RD La droite opératoire d’épuisement et la droite de concentration se cou- pent en un point correspondant a lalimentation de la colonne. En effet, sil'on écrit Y,,, ;=Y,, les équations (19.33) et (19.34) donnent : FX,=WXy+ DY (19.35) qui n’est pas autre chose que le bilan matigre global de la colonne pour X=X,, Remarques Sion est en reflux total, alors D = 0, la pente de la droite de concentration est égale a 1, et elle se confond avec la diagonale du diagramme. Les droites opératoires ne peuvent pas se couper 4 Pextérieur de la courbe déquilibre, le point correspondant n’aurait aucune signification. Il existe donc une position limite qui est sur la courbe d’équilibre et d’abscisse X,.. Dans ce cas, le nombre de plateaux que lon peut tracer est infini et le taux de reflux correspondant est le taux de reflux minimal pour la méme séparation. Sil’on note : ny — hg = 19.36) 1h, (19.36) Ia fraction liquide du mélange d’alimentation dans la colonne, hy Penthal- pie molaire de Valimentation au point de rosée, hy. Penthalpie d’alimentation aux conditions d’admission dans la colonne et fy, ’enthalpie d’alimenta- tion au point d’ébullition, on obtient & partir de l’équation (19.35) : (19.37) 19.4 Rectification 395 396 19.4 Rectification (distillation avec reflux) aout) qui est ’équation de la droite d’alimentation. Elle passe par le point de coor- donné (X;; Y,) et sa pente dépend de I’état physique de l’alimentation. Dans la relation (19.36) d’aprés la valeur de g, on peut di suivants : inguer les cas *q<0; Valimentation est une vapeur surchauffée. Elle est donc plus chaude que la température du plateau d’alimentation. Afin d’abaisser sa température 3 celle du plateau, une partie du reflux est vaporisée. *q=0; l'alimentation est une vapeur saturée. Le débit molaire de liquide Teste constant. *0 1; Palimentation est un liquide froid. Pour élever sa température & celle du plateau, il faut condenser une partie de la vapeur. @ Influence du taux de reflux Le taux de reflux est un des facteurs essentiels de la rectification; en par ticulier, il est possible d’améliorer le pouvoir de s¢paration d'une colonne donnée en augmentant le taux de reflux, Ja valeur limite étant le taux de reflux infini qui correspond au nombre de plateaux minimum nécessaire pour réaliser la séparation désirée. Si l'on diminue le taux de reflux, le nombre de plateaux nécessaires va augmenter; le cas limite correspond au taux de reflux minimum qui nécessite un nombre de plateaux infini. Dans le cas of q = 1, on peut déterminer le taux de reflux minimum par le calcul. La courbe du nombre de plateaux en fonction du taux de reflux est une courbe hyperbolique dont précisément Ies asymptotes correspondent au nombre minimal de plateaux et au taux de reflux minimal. C'est a partir de cette courbe que P’ingénieur devra choisir la colonne (le reflux optimal) : ~soit avec un nombre de plateaux important et un fa donc une faible dépense de vapeur unitaire, le taux de reflux — soit une colonne plus courte, mais un chauffage plus important. 19.4 Rectification ion avec reflux) 19.4.6 Rectification des mélanges multiples Un mélange multiple est défini par la nature, le nombre et la concentration de ses constituants. Puisqu’une colonne de rectification sépare un mélange ABC AB ABCD 1 2 3 Alimentation c 8 Tm _ cH AB A c Cc Cc ABCD ——| 2 3 Alimentation B D © 8B c CT Cc ABCD —1 2 3 Alimentation BCD © D a Figure 19.12 - Rectification d’un systéme & quatre constituants; différents schemas possibles. 397 398 195 Appareillage uniquement en deux fractions, afin de séparer les n constituants formant le mélange 4 rectifier, il est nécessaire d’effectuer n — 1 rectifications (colonnes) pour obtenir une séparation totale. Dans la figure 19.12, on peut voir quelques exemples de structures pour la séparation de 4 cons- tituants ABCD (en ordre décroissant des volatilités) d’un mélange. Indif- féremment de ordre des rectifications, 3 colonnes sont nécessaires (4— 1). Le choix de la structure optimale se fait du point de vue économique (investissement) ott énergétique (coat d’exploitation). Si la séparation se fait en deux groupes de composants, il est nécessaire de définir les composants clés du mélange : =a dé légére est recueillic dans presque sa totalité au condenseur, tout comme tous les constituants plus volatils qu'elle; — la clé lourde est recueillie pour l’essentiel au bouilleur, ainsi que tous les constituants moins volatils qu'elle. 19.5 Appareillage Les principaux appareils constituant une installation de distillation sont la colonne, le bouilleur et le condenseur, auxquels il convient d’ajouter, pour les installations travaillant sous vide, un groupe de pompe a vide. 19.5.1 Colonnes de rectification Les colonnes & distiller industrielles sont constituées par un grand cylin- dre d’acier vertical (figure 19.13) a ’intéricur duquel sont disposés les dispositifs qui assurent le contact entre les vapeurs ascendantes et le liquide descendant. Ces colonnes sont le plus souvent : — soit 4 plateaux : perforés, a calottes ou a soupapes; — soit 4 garnissage en vrac ou a garnissage structuré, 3 faible perte de charge et de grande efficacité. I n’est pas exclu Pemploi d’autres types d’équipements mieux adaptés dans des cas particuliers, par exemple a jet directionnel. En absence de toute contrainte opératoire, il est conscilié l'emploi de plateaux perforés. 19.5 Appareillage Vapeur vers condenseur Reflux du condenseur Alimentation 7 en solution Vapeur du rebouilleur Liquide vers rebouilleur Figure 19.13 - Section d’une colonne a plateaux perforés : a) trop-plein; b) support de plateaux; c) plateau perforé; d) trou d’homme; e) barrage de sortie; f) barrage d'entrée; g) paroi du trop-plein; h) obturateur de liquide. 399 19.5 Appareillage alice) @ Colonnes a plateaux Le plateau, qui est la partie active de la colonne et sur lequel sont dispo- sés les éléments de barbotage, les barrages et les trop-pleins, a pour rdle la mise en contact de deux phases en mouvement, de maniére 4 les rap- procher le plus possible de l'état d’équilibre. Le mouvement des phases peut se faire de deux facons : —4 contre-courant, sur un plateau constitué exclusivement par des trous ou des fentes ct oi Ie liquide ct la vapeur s’écoulent par ces orifices; 4 courants croisés, sur un plateau ott la phase vapeur traverse une couche de liquide (déterminée par un barrage) se déplagant horizontalement avant de déboucher par le trop-plein sur le plateau inférieur. La disposition des éléments de barbotage peut se faire en réseau carré, réseau triangulaire ou en réseau en losange. Ilexiste 3 types principaux de plateaux aux multiples variantes de détail sui- vant les constructeurs ainsi que la disposition des éléments de barbotage : — plateau a calottes; — plateau perforé; ~ plateau &clapets. Le diamétre du plateau et le nombre d’éléments de barbotage dépendent des débits de vapeug et de liquide. Le plateatt 4 claets; de conception plus récente, est un plateau perforé; les trous, dont fe diamétre est compris entre 40 4 50 mm, sont équipés de clapets qui se‘sdulévent au passage de la vapeur. De fonctionnement trés souple, ce-diSpositif admet des vitesses de vapeur et des débits de liquide €levés, thais sa perte de charge est plus importante. Les pertes de charge totales de la colonne, dues au fait que la vapeur tra~ verse une couche de liquide a chaque étage, ne doivent pas dépasser une valeur maximale fixée soit par le calcul du rebouilleur, soit par une tem- pérature 4 respecter en pied de colonne, dictée par le type de produit (thermosensible). Au-dela d’une certaine valeur de la vitesse de la vapeur donc du débit, la perte de charge augmente extrémement vite. On constate alors que le liquide n’arrive plus a descendre dans la colonne. On atteint Pengorge- Appareillage ment qui se produit lorsque la résistance qu’ofire la phase continue au mouvement d'une goutte de fluide en phase disperséc équilibre la force de pesanteur, ™@ Colonne a garnissage C1 Principe de fonctionnement Les colonnes garnies different nettement des colonnes a plateaux, tant par leur construction que par leur fonctionnement. Les fluides y circulent 3 contre-courant et non plus a courants croisés. Léquilibre entre liquide ct vapeur n’est réalisé en aucun niveau d’une section garnic, méme si on la considére comme fonctionnant de fagon idéale. Les transferts de matiére entre liquide et vapeur ont lieu de fagon conti- nue sur toute la hauteur de la colonne. Les colonnes 2 garnissage ont une faible retenue de liquide ct une faible perte de charge, mais, en revanche, elles sont peu souples, c’est-a-dire qu’on ne doit pas trop s’écarter des conditions opératoires pour lesquels elles ont été choisies et dimensionnées afin de ne pas voir baisser leurs performances. Les constructeurs se sont attachés a corriger ce défaut tout en réduisant encore la résistance au passage des vapeurs; on peut citer notamment le _gamissage structuré constitué de toiles métalliques ou de certains plastiques juxtaposées et disposées en bandes sur chant; celles-ci sont pliées en accordéon dont les ondes sont inclinées en sens opposé d’une bande a Pautre. Dans ce garnissage, la section de passage libre est trés importante ainsi que la surface de contact liquide-vapeur; il est, de ce fait, utilisé pour des distillations sous vide poussé (14 5 mm Hg de pression absolue) méme s’il nécessite un nombre d’étages théoriques un peu important. Le remplacement de plateaux par le garnissage structuré a pour effet : —d’augmenter le nombre des plateaux théoriques; ~ de réduire d’environ 10 fois la perte de charge; ~de multiplier les usages possibles de la colonne, qui peut aussi travailler sous vide. On mesure le rendement de la colonne garnie en déterminant le nom- bre de plateaux d’une colonne idéale qui aurait la méme efficacité que la colonne considérée. On obtient la hauteur s¢paratrice ou HEPT, ou hau- 401 402 Rees cs aate ly teur équivalente a un plateau théorique, en divisant la hauteur de la colonne garnie par le nombre de plateaux théoriques de la colonne idéale corres- pondante. La colonne sera d’autant meilleure que la HEPT sera plus petite. Remarque Les pertes de charge étant d’autant plus réduites que le pourcentage de vacuité est grand, on choisira des garnissages trés peu compacts pour les rectifications sous vide. (1 Hauteur équivalente a un plateau théorique (HEPT) La volonté de couvrir Pensemble des opérations par des méthodes sim- ples de calcul a conduit a définir, pour les appareils 4 contact permanent, la notion de HEPT. Cette notion n’a pas de fondement scientifique. Contrairement aux différents plateaux, le garnissage assure le transfert de matiére et de chaleur de facon continue. Mais pour la commodité des calculs, on détermine quelle est la hauteur de garnissage capable d’effec- tuer le méme travail qu’un étage théorique (HEPT). HEPT dépend du type de garnissage (forme et dimensions), du gabarit de la colonne, de la vitesse des vapeurs, ainsi que du mélange a rectifier. Industriellement, les valeurs de HEPT sont de 100 4 600 mm mais elles peuvent étre dix fois plus faibles pour de fins garnissages tels ceux de Podbielniak ou Dixon utilisés dans les colonnes de laboratoire. @ Dimensionnement de I‘appareillage La détermination des dimensions principales d’une colonne est aussi importante que le calcul du nombre de plateaux théoriques. Elle permet de calculer la capacité de production, alors que le nombre de plateaux fixe le degré de séparation que la colonne peut atteindre. La section de la colonne résulte du rapport entre le débit volumique des vapeuts et la vitesse des vapeurs dans la colonne; elle est fonction par ailleurs de la pression et la température régnant au cours de la distillation. En posant V le nombre de kmol de vapeur a Pheure et w, la vitesse de la vapeur, ona pour la section A de la colonne : 5 22,4 | 1,013x10"_ (19.38) 3600| w,. a Appareillage avec : V=D(1+R) et D=P/My (19.39) avec : * P, la production de la colonne (débit du distillat); * Mp la masse molaire moyenne du distillat; x 1a température absolue de Ia vapeur; * pla pression de la vapeur. Les valeurs admissibles de la vitesse de vapeur dépendent d’une quantité de facteurs parmi lesquels on peut citer : le type de la colonne, la nature du mélange 4 distiller, la pression de distillation, la fraction molaire du liquide, le taux de reflux, les dimensions et proportions des plateaux ou du garnissage, etc. Le calcul d’une colonne a distiller cxige la résolution de plusieurs pro- blémes. II faut en particulier déterminer : —le nombre de plateaux théoriques; — la perte de charge par plateau; — la charge gazeuse; —la charge liquide minimum ou maximum admissible. Les méthodes de calcul d’une colonne se fondent essentiellement sur les bilans ct sur les lois d’équilibre entre phases et visent 3 calculer le nombre tages théoriques N,,, nécessaire pour réaliser une séparation donnée. Partant de ce résultat, on calculera le nombre d’étages réels et les dimen- sions de l'appareil en introduisant les notions, accessibles par expérience, d’efficacité et de hauteur équivalente a un étage (plateau théorique). La hauteur de la colonne de rectification 4 plateaux (distance entre les plateaux supérieur et inférieur) se détermine avec la relation : H,=(n~-1h, (19.40) ott h, est la distance entre plateaux. La distance entre plateaux peut aller de 150-200 mm jusqu’a 750 mm pour les colonnes fonctionnant Pextérieur des bitiments. 403 404 19.5 Appareillage La hauteur du garnissage dans la colonne peut se déterminer de deux maniéres : —en utilisant la notion de HEPT et dans ce cas la hauteur de colonne svécrit : Z=Noin HEPT (19.41) au moyen des méthodes cinétiques qui impliquent une connaissance approfondie des coefficients d’échange ou de transfert entre phases. A la suite des travaux de Chilton et Colburn on peut utiliser la notion d'unité de transfert (NUT), grandeur statique adimensionnelle qui tra- duit la difficulté de séparation du mélange considéré, et celle de hauteur @unité de transfert (HUT), grandeur dynamique qui dépend de l'appareil utilisé et qui peut étre évaluée expérimentalement ou calculée au moyen de bilans différentiels. La longueur et/ou la hauteur totales s’obtien- nent avec : Z=(NUT)(HUT) (19.42) De la méme facon que dans lopération d’absorption, le transfert de masse dans la colonne de rectification est donné par les relations : Wo), gy yy (NTI Baz (19.43) (ry), Me (>), ay KA ( Sosy =(NTU) = 7 (19.44) xt ), avec * (NTU), le nombre d’unités de transfert dans la colonne rapporté a la phase vapeur; * (NTU), le nombre d’unités de transfert dans la colonne rapporté a la phase liquide; * K,A/Gy, dont la dimension est celle d’une longueur : K,A/Gy,, = (HUT), hauteur d’une unité de transfert (phase vapeur) ; SAAC ei) * K,A/GM, dont la dimension est celle d’une longueur : KA/Gyy = (HUT), hauteur d’une unité de transfert (phase liquide) ; +X" la fraction molaire du liquide en équilibre avec Y; * Y" la fraction molaire du vapeur en équilibre avec X; * Ala surface spécifique du garnissage; * Gus(Gan) le débit molaire par unité de section en phase vapeur (res- pectivement en phase liquide) (en mol/s); * K,(K)) le coefficient de transfert de masse en phase vapeur (respective- ment en phase liquide) (en mol/s).. Les indices 1 et 2 se rapportent aux extrémités de la colonne. Le calcul de NTU se fait par intégration graphique. Remarque La HEPT et la HUT ne sont pas rigoureusement identiques; elles le seraient si la courbe d’équilibre était une droite paralléle a la droite opératoire. Prati- quement, les HUT sont plus petites que les HEPT: 19.5.2. Les bouilleurs De par sa fonction qui permet au liquide de s’appauvrir en constituant volatil et a la vapeur de s’en enrichir, le bouilleur est done assimilable a un étage théorique qui assure la vaporisation partielle du liquide ruisselant du premier étage du troncon d’épuisement; le liquide est appauvri en cons- tituant volatil ct la vapeur enrichie. Les bouilleurs sont des échangeurs de chaleur dont le réle est de porter & ébullition le liquide 3 distiller. Ils sont, le plus souvent, du type faisceau tubulaire et le fluide chauffant le plus courant est la vapeur d’eau. Dans les petites unités le faisceau tubulaire est 4 Pintérieur de la colonne, dans. les installations plus importantes il est placé a Vextérieur. Selon la disposition dans espace de I’échangeur, on distingue les bouil- leurs horizontaux et les bouilleurs verticaux. Les bouilleurs du premier type sont souvent employés en discontinu, leur capacité doit étre suffi- sante pour recevoir la totalité de la charge. La vapeur de chauffage circule lintérieur des tubes du faisceau qui est situé le plus bas possible dans Penveloppe du bouilleur, afin d’étre toujours immergé dans le liquide. 406 19.5 Appareillage Le chauffage des bouilleurs se fait avec de la vapeur d’eau, Phuile de chauffage ou autre fluide de chauffage. 19.5.3 Condenseurs La disposition des condenseurs 4 reflux dépend du type d'installation, Dans certaines installations plus anciennes, la disposition prévoit un déphiégmateur, c'est-2-dire un premier condenseur qui renvoie une partie des vapeurs sous forme de reflux liquide dans la colonne. Le reste des vapeurs constituant le distillat est condensé et refroidi dans un second échangeur. Le réglage du taux de reflux est réalisé en agissant sur le débit d'eau de refroidissement du déphlégmateur. Dans les installations modernes, on préfére un syst?me a condensation totale et répartition du liquide entre reflux et distillat. Dans un tel appa- reil, le liquide ne doit pas sortir du condenseur a une température infé- ricure & sa température d’ébullition sans quoi le reflux serait trop froid et déséquilibrerait la colonne. Les gaz permanents sortant du condenseur (Vair dissous dans Palimentation) sont donc chauds et contiennent une quantité importante de distillat. Un second échangeur pour le refroidis- sement du gaz sera donc installé avant la pope a vide. Les échangeurs tubulaires sont trés fréquemment utilisés comme conden- seurs, Leau circule 4 Pintérieur des tubes, tandis que la vapeur 4 conden- ser est envoyée 3 lextéricur de ceux-ci, dans la calandre, oi elle circule en suivant un trajet chicané destiné a éviter qu'il ne se crée un passage préférentiel. Si l'on cherche uniquement a condenser et a obtenir un distillat rés prés de son point d’ébullition (ce qui est le cas pour les conden- seurs placés en téte des colonnes de rectification), on dispose le conden- seur horizontalement (ou plus exactement avec une pente minime du cOté de la sortic du liquide condensé). Dans ces conditions, le film juide qui se forme autour des tubes se rassemble en une goutte qui, dés qu'elle est suffisamment grosse, tombe sur la calandre en présence d'un excés de vapeur. Ensuite, elle s’écoule vers la sortie sans avoir autre contact avec une paroi froide. Si l'on envoie dans le condenseur beaucoup moins de vapeur qu'il ne peut en condenser, toute une partie du condenseur est inutilisée, ou, plus exactement, sert a refroidir les gaz incondensables qui peuvent s’échapper par la respiration, et a réduire ainsi leur tencur en distillat. On met également des obturations appro- priées dans les chicanes pour que ’échangeur fonctionne en double passe, voire en triple ou en quadruple. Si Pon désire 4 la fois condenser et refroidir le distillat (ce qui économise un appareil et peut étre intéressant dans des petites installations), on dis pose 'échangeur verticalement. Le condensat forme alors un film qui ruisselle tout le long du tube, et se rassemble sur la plaque tubulaire inférieure avant de s’écouler 4 l’extérieur. A condition bien entendu denvoyer un débit de vapeur inférieur 4 ce qui correspond 4 la capacité maximale de condensation de I’échangeur, le liquide se refroidit des qu'il est suffisamment descendu pour ne plus étre en contact avec la vapeur. Si l'on désire obtenir un liquide bien refroidi, on doit se contenter d’un échangeur 4 une seule passe puisque l'eau qui circule dans la partic infé- rieure des tubes doit étre froide. C’est pour cette raison, et surtout parce que lépaisseur moyenne du film de condensat est plus grande, que le coefficient d’échange thermique global est plus faible dans un conden- seur tubulaire disposé verticalement que dans le méme condenseur dis- posé horizontalement. Lorsque des performances accrues sont exigées, il est possible Wutiliser des échangeurs & lamelles ou a spirale. 19.6 Distillations particuliéres 19.6.1 Distillation extractive Le procédé de distillation extractive est utilisé dans le cas des mélanges binaires 4 faible volatilité relative donc difficiles 4 séparer. Cette technique consiste 4 modifier la volatilité relative de deux consti- tuants en additionnant un solvant qui forme avec I’un des constituants un binaire plus ou moins idéal et avec autre un binaire assez éloigné de Vidéalité. Le solvant, injecté 4 2 — 3 plateaux en dessous du sommet de la colonne dite colonne extractive (afin de pouvoir séparer les gouttelettes de solvant entrainées par la vapeur), doit avoir une température d’ébullition plus élevée que celle du constituant lourd (avec lequel il s’approche de Pidéalité) et, ainsi, rester dans la phase liquide. Distillations 407 Poe 19.6 Distillations particuliéres En téte de colonne on récupére le constituant léger, alors que le résidu est constitué par le mélange constituant lourd — solvant. Une seconde colonne, appelée colonne de régénération, permet de séparer ce mélange et livre en téte le constituant lourd, tandis que le solvant (résidu) est recyclé vers la premitre colonne. Hest possible d’utiliser un échangeur de chaleur afin de récupérer de énergie en réchauffant Palimentation de la colonne de régénération par le solvant recyclé. Parmi les solvants utilisés avec cette méthode, on peut citer : — acide sulfurique pour les systtmes acide chlorhydrique — eau et acide azotique - eau, —phénol pour le systéme toluene — hydrocarbures paraffinés, ~acétone pour le systéme butadi¢nne — butylene, ~ glycérol pour le systéme éthanol — eau, —eau pour le systéme acétone ~ méthanol. 19.6.2. Distillation moléculaire Lorsque les produits sont soit trés sensibles a la chaleur, ce qui'ne per- met pas de les porter a leur température d’ébullition normale, soit facile- ment oxydables a chaud et au contact de air, on utilise le procédé de distillation moléculaire. Dans une distillation ordinaire les vapeurs passent de l'évaporateur au condenscur en raison de la différence de pression entre ces deux appareils. La perte de charge consécutive est, au minimum, de ordre du mm Hg. Pour les substances sensibles ou trés peu volatiles, les températures maxi- mum supportables correspondent a des pressions de distillation de 107 ou 10“ mm Hg et, dans ces conditions, il est impossible de réaliser une différence de pression notable entre ’évaporateur et le condenseur. Le libre parcours moyen des molécules devient par contre relativement grand (quelques centimétres). Il est ainsi possible de condenser la phase gazeuse en disposant une surface froide a proximité immeédiate de la sur- face du liquide distillant. Hest nécessaire que les molécules a distiller acquiérent une vitesse suffi- sante pour s’échapper de la surface du liquide et atteindre la surface de condensation, ainsi la distillation ne dépend plus de la tension de vapeur du liquide, qui doit égaler la pression de Patmosphére environnante. Ce type d’appareil est constitué par un céne rotatif chauffé enfermé dans une enceinte et dans laquelle la pression est inférieure 4 0,001 mg Hg, La forcce centrifuge étale le mélange a distiller sur la surface chaude et les produits volatils s’évaporent rapidement et sont condensés dans le dome refroidi, pour étre ensuite acheminés vers un récipient de collecte. De cette maniére, le temps de contact des substances sensibles avec la sur- face chauffée est extrémement court. Ce type de distillation convient particuligrement pour les composés de masse moléculaire élevée (par exemple de 500 & 1.000), ce qui est le cas de nombreuses molécules organiques naturelles. 19.6.3 Distillation a soutirages latéraux Dans une colonne continue, il s’établit une répartition stable des compo- sants du haut vers le bas. On peut donc effectuer, en un point donné, un soutirage constant qui ne correspond pas 4 un produit pur mais, 2 un mélange bien défini, on dit une coupe; c'est le principe de la colonne de distillation atmosphérique des pétroliers qui sort, de téte en pied, du gaz, puis de l’essence légtre, lourde, du kéroséne, du gas-oil et un résidu. Ce principe est aussi utilisé dans les appareils de rectification des distille- ries d’alcool pour soutirer A un certain niveau oii elles se concentrent certaines impuretés comme I'alcool iso-amylique ou certains esters. 19.6.4 istillation azéotropique Cette technique trés répandue dans l'industrie chimique est employée lorsqu’on doit séparer un mélange formant un azéotrope, la colonne de distillation donne 4 une extrémité l'un des constituants et 4 l’autre, le mélange azéotropique qui se comporte comme un corps pur. Le mélange ne pouvant étre fractionné, on a cherché a rompre I’azéotropisme pour extraire les composants. Dans certains cas, il est possible de rompre Vazéotropisme en modifiant la pression de distillation, mais le moyen le plus utilisé est l'addition, dans le mélange, d’un tiers corps appelé entraineur. Ce corps doit se comporter différemment entre les deux constituants de Pazéotrope, pour en modifier profondément leur volatilité relative. 409 410 19.6 Distillations particuliéres Généralement, 'entraineur forme un azéotrope avec I’un des deux com- posants du mélange initial et, par la suite, se sépare en deux couches aprés la condensation des vapeurs. Une colonne annexe permet ensuite de séparer le constituant de I'azéo- trope initial du corps tiers. 19.6.5 Distillation réactive Ce type de distillation se définit comme la combinaison d’une réaction chimique ct de la séparation par distillation. Elle se révéle particuligre- ment avantageuse pour les réactions incomplétes, Etant donné que les produits sont continuellement séparés du mélange de réaction, l’équili- bre chimique n’est pas atteint et une vitesse de réaction élevée peut étre maintenue. Le rendement réalisable est par conséquent plus élevé que pour les pro- cédés classiques, oii la réaction et la séparation des composants se dérou- lent successivement. Outre les catalyscurs hétérogénes, on peut également utiliser pour la dis- tillation réactive des catalyseurs homoggnes, c’est-a-dire liquides (par exemple : acide sulfurique). Un exemple de distillation réactive est la production d’acétate de méthyle a partir d’acide acétique et de méthanol.

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