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Core aat ic cy __ Introduction a la psychologie des emotions Sommaire | Historique 2 Qu'est-ce qu'une émotion? 3) processus universel ou variations culturelles? 4 Emotion, humeur et tempérament Dans ce chapitre, vous allez apprendre A reconnatre le orgies histoiques des conceptions actuelles de émotion A clstinguer les visions fonctonneles et dysfonctionnelies de témotion A Gittérencier les approches bioloiques et cgnitives de Iémotion A éistinguer 'emotion de thumeur et du tempérament 16 Chapitre 1 — Introduction 4 la psychologie des émotions [: Ce premier chapitre a pour but doffrir au lecteur un apercu général de approche psychologique des émotions. i! ne vise en aucune facon @ exhaustivité. Nous avons plutét voulu extraire de cette vaste littérature certains éléments essentiels pour la compréhension des chapitres ultérieurs de cet ouvrage. Nous avons également sélectionné certains faits ou certai- nnes observations particuligrement frappants. Nous entamerons fexposé Par un apercu historique de la notion d'émotion*” depuis "Antiquité jusqu’a Taube du 20 siécle. On est saisi de constater la pertinence de notions roposées par exemple par Aristote en vue de répondre aux questions les plus contemporaines que nous nous posons quotidiennement afin de comprendre le fonctionnement émotionnel. Descartes représente égale- ‘ment un penseur essentiel dans la compréhension de 'émotion. Sion retient en général de son essai «Des passions de l'ame» la proposition d'un dualisme entre corps et esprit qui marquera la pensée occidentale jusquié émergence de la médecine psychosomatique® au milieu du XX* siécle, une ~ lecture attentive révéle une vision beaucoup plus large des choses et qui intégre les aspects cognitifs de l'émotion & ses compasantes physiologi- ques et comportementales-expressives*. Darwin et Freud ont également apporté & la psychologie des émotions une série de propositions fonda- ‘mentales qui sont toujours d'actualité. Avec James, on se situe véritable- ‘ment dla charniére entre la partie historique et fa partie contemporaine des recherches sur l'émotion, Son «Principles of psychology » paru en 1890 constitue sans doute le premier ouvrage que Ion peut qualifier de stricte- ment dédié G la psychologie des émotions. Les critiques de Cannon aux propositions de James permettront de situer deux points de vue opposés concemant les rapports entre aspects cognitifs et biolagiques de motion. Dans la suite de ce chapitre, nous tenterons de spécifier la maniére dont les chercheurs contemporains appréhendent les émotions. Les réponses ne pour- ront qu’étre succinctes vu ampleur de la question. Des ouvrages récents tels que celui publié par Oatley et Jenkins en 1996 offrent au lecteur avide a'in- formations complémentaires une perspective plus exhaustive. Pour notre art, nous nous limiterons a la présentation de quelques définitions et au développement de trois notions fondamentales. Tout d’abord, pour étre comprise de maniére complete, 'émotion doit étre envisagée comme un systéme a trois composantes qui inclut des réponses physiologiques, compor- tementales-expressives* et cognitives-expérientielles*. Les perspectives contemporaines de motion insistent également sur importance de léva- uation cognitive d'une situation qui déterminera entre autres le type d'état, émotionnel ressenti et son intensité subjective. Enfin, une émotion est accompagnée par un état de préparation mentale action qui précéde directement la mise en ceuvre de comportements d'attaque comme dans la colére ou de fuite comme dans la peur. Un débat oppose souvent les tenants d'une approche universelle de ’émotion suivant laquelle les différents états émotionnels se retrouveraient de maniére identique a travers les sociétés humaines et ceux qui privilégient une appro- che différentialiste suivant laquelle le ressenti et expression des émotions varient en fonction de lappartenance culturelle de lindividu. A défaut de consensus sur cette question, nous présenterons trois points de vue, l'un en 1. Chaque terme suivi du signe * est défini dans le glossaire en fin de volume, 1. Historique faveur d'une conception universelle des émotions (Ekman), un autre qui Priviliégie les variations culturelles (Averill) et un troisiéme qui tente de rap- procher les deux perspectives précédentes (Scherer). Nous terminerons ce chapitre par la distinction entre les concepts d’émotion, d'humeur et de tempérament. Différents points de vue seront présentés afin de clarifier cette question. Nous tenterons d’établir les zones de consensus entre différents auteurs qui se sont intéressés a cette question (Davidson, Ekman, Frijda, Lazarus, Watson et Clark). Cette derniére partie permettra diaffiner la notion d'émotion* par contraste avec des concepts proches, mais al néanmoins distincts, 1 Historique 1.1 L’Antiquité grecque Platon (427-358 av. J-C.) est sans le doute le premier penseur dont on ait conservé des écrits qui offrent une analyse des processus émotionnels. La vision platonicienne de lémotion est fort négative puisque, selon lui, elle ne fait que pervertir la raison et 'empéche de se développer de maniére fruc- tueuse. Cette vision est proche d'une conception naive de l’émotion, toujours présente de nos jours, suivant laquelle nos passions doivent étre contrdlées et, maitrisées, La perspective d'Aristote (384-324 av. J-C.) est beaucoup plus optimiste. L’homme ne subit pas ses états émotionnels comme des manifesta tions biologiques face auxquelles il se sent impuissant. Au contraire, il cons- truit un univers émotionnel 4 partir de ses cadres de référence (croyances) et deses préférences personnelles (attitudes). Dans I'Ethique, Aristote s'intéresse aux caractéristiques qui perm« de construire des arg suasifs. Fondateur de la Rhétorique, Aristote tente d'atteindre la vérité par la parole. est des lors essentiel pour lui d’en savoir plus sur la personne a laquelle on s'adresse, sur ses valeurs et sur les effets que notre discours peut exercer sur autrui, Parmi les éléments essentiels retenus pour étre persuasif, deux élé- ments concernent directement l'univers émotionnel. Tout dabord, on croira plus volontiers quelqu’un qui touche nos sentiments personnels que quel- qu'un dont le contenu du discours est uniquement empreint de raison. Ensuite, on suivra plus volontiers les arguments d'une personne qui semble présenter des caractéristiques émotionnelles similaires aux nétres. Atteindre un état d'empathie* avec son audience constitue dés lors une condition importante pour convaincre du bien-fondé de sa position, Publicitaires et politiciens semblent dailleurs avoir retenu la lecon ! L’élément primordial qui demeure de l'analyse des émotions par Aristote concerne la nécessité de considérer leur dimension cognitive: ce que nous ressentons subjectivement. dépend en grande partie des choses auxquelles nous croyons et de nos connaissances personnelles. Son analyse permet également de montrer que les émotions possédent une valence. II distingue en effet les états qui sont percus subjectivement comme plaisants ou agréables de ceux qui sont déplai- sants ou désagréables. Les émotions impliquent également un besoin d'action, 18 1.1. Eclairage historique — Chapitre 1 — Introduction 4 la psychologle des émotions La philosophie de Platon et d’Aristote Disciple de Socrate, laton sestintéressé de nombreuses autres questions que celle des émotions (comme la vertu, fa connais- ‘sance ou la politique). l voyagea en Egypte et en Sicile avant de revenir 3 Athénes pour fonder une école, "Académie. Son ceuvre est constituée d'une série de dialogues entre disciples et adver- saires de son maitre, Socrate, Cet échange, ou dialectique, permet de faire émerger, au travers de leurs contradictions, des idées que es interlocuteurs avaient en eux sans le savoir, de les faire progresser vers un idéal oi le beau, le juste et le bien sont des vérités uikimes de Fexistence terrestre et. de fame humaine. Limputsion qui pousse homme vers Fétre al et le bien éveille en li le désir de sadonner a la contemplation des ides, Pour Platon la cialectique représente la démarche a suivre ‘de toute science qui a pour objet Tétre véritable, en opposition avec la physique qui soccupe uniquement des phénoménes du monde empirique, Un autre but de Platon est de fire naire dans le monde une citéidéale, ol ordre de justice sera garant par les philosophes. Platon favorise une vision dualiste de fexistence dans laquelle Time et le corps constituent deux entités:séparées, ‘mais oi Tame domine le corps, Or, "me enfermée dans le corps ‘serait semblable a une maladie. Le but dela vie terestreseraitle retour de lame a son état originel, Cest'-ire une éme ration- nelle et dépourvue de sa dépendance au corps et a ses appetits. decompose Tame en trois parties: la. raison, le courage et les appétits. La rason, qui est essence divine, doit contribue 8 la ‘sagesse. Le courage appartient au monde des perceptions, dit se lier et obéir ia yalson fidéal a atteindreestla persévérance. Enfin, les appétits, que Platon ‘désigne, de maniére imagée ‘comme lecheval rétif par opposition au cheval docile courage) et au cofiducteur du char (la raison), doivent aussise conformer. aux demandes dé la raison et par conséquent étre exprimés avec ‘moderation. Sans cesse, thomme se doit d’échapper a la prison. ‘que constitue le monde du sensible et de ses réactions corpo: relles. Ce monde du sensible ne permet pas de connaissance ‘ral, mais ne fournit qulune opinion incertaine. La vie ideale est “celle qui est conforme a la raison et a la connaissance pure. Seule concession au monde rationne, a contemplation des idées eta beauté. qui leur est conférée sont des activités permises. Dans ‘Cette optique, tout plaisir n’est pas banni, pour autant toutefois: quill apporte une contribution au bien. La Vie la plus désirable serait. celle « qui mélange harmonieusement le miel du plaisir et -Feau simple de la connaissances, Les ceuies de Platon ont. cexercé une influence considérable su la pensée,autant dans le ‘monde occidental et chrétien que dans le monde istamique. ‘istote naquit a Stagire en Macédoine et fu, pendant vingt ans, éléve de Paton. Ise vit confer Péducation Alexandre le Grand et, en 335 av. J-C, il fonda sa propre école a Athénes, le Aycée, Arstote est tout dabord le premier pilosophe & sinté- resser aux éléments formels de la fagique. On lui doit, par exemple, le développement des syllogismes, tel cel répété cde manire dassique dans tout cours de base: tous les hommes sont mortals, Socrate est un homme, DONC Socrate est morte, Contrairement a Paton, aristote ne limite pas le développement. dela connaissance & la méthode déductive (qui va de Funiversel ‘au particuli ‘connaissance peut aussi procéder par’ induc- tion, partant de cas inividuels vers des énoncés universels, De sa métaphysique (ou étude des premiers principes et des causes premiéres) on tetiendra que tout développement pré- suppose un but, une fin en soi, Quatre causes permettraient expiquer les buts :1a cause formelle (tout objet se définit par sa forme Par exemple, une maison par sn plana cause finale (la ‘maison est fa pour nous protéer des intempéries), la cause effciente (le moteur de Faction comme les.macons qui vont effectivement téaliser la maison) et Ja cause matérelle (les ‘matériaux qui constituent la maison) -Aistote sintéresse aussi aux partitions de Came, qui comprend une partie végétatve (qui assure la subsistancel, une parte sensible (qui permet 'éprouver des sensations)-et une pattie rationnelle (qué permet. activité -intelectuele Au veau ethique (Cesc lsfondements del inva “Thomme terdrat par nature vers un bien propre dans leque i ‘trouvera son, accomplissement ‘et cé, grace a des’ activités ‘conformes a la raison, Lexercice de la raison permet a homme ide découvrir le bonheur et ce, indépendamment des circons- Kes evtrieues, Latitude éthique Sacquiert grace 3 la pr que, Le jugement de celui quia déj fexpérience permet donc “(approche au mieux de'fa vertu. Le contenu de la vertu se ‘aractérise en toutes circonstances par-le juste ‘entre les, ‘extrémes. On cholsra donc le courage par opposition aia licheté tala témérité ou la générosté par oppostion Tavarce et aa Drodigalté. est auss! important de noter que contrirement a Paton, Fthique dAistote nest pas imposée den haut par un. See elle nait du contact entre hommes Hibs. 1. Historique sous forme de comportements. Ainsi dans la colére, un état émotionnel fondamental auquel Aristote stest particuligrement intéressé, on observe souvent une volonté plus ou moins exprimée de revanche. Enfin, les émotions ressenties face & une situation bien particuliére vont a leur tour affecter les jugements et les actions que nous entreprenons par la suite. Il montre ainsi quien plus de posséder des déterminants cognitifs, les motions exercent des effets sur le fonctionnement cognitif. 1.2. Descartes Descartes (1596-1650) n'est pas seulement un philosophe, lest également. unmathématicien et un physicien. A l’époque, il n'est pas rare de voir réuniechez ‘une méme personne une expertise dans des domaines d’apparence sidifférents. Il réve daailleurs d'édifier une science capable d'unifier toutes les connaissances. Dans cette présentation, nous nous limiterons & Yexposé des idées qui ont un rapport directavecle domaine émotionnel, et cea travers un ouvrage qui illustre parfaitement les conceptions de Descartes, Des passions de I'éme. Lorsqu’il publie cet ouvrage en 1649, Descartes ne se doute pas que son ‘ceuvre sera considérée quatre siécles plus tard comme une apologie de la dualité entre le corps et lesprit. Toute la pensée occidentale sera marquée par cette dualité jusqu’a 'émergence des travaux de Freud, puis de la médecine psychosomatique®, qui mettent en évidence le-rdl ques dans’ emergence de troubles somatiques. Descartes affirme que les émotions «ont lieu» dans la partie pensante de notre étre, a savoir son ame: « Les perceptions qu’on rapporte seulement a lame sont celles dont on sent les effets comme en lame méme, et desquelles on ne connait communément aucune cause prochaine d laquelle on puisse es rapporter; tels sont les sentiments de joie, de colére, et autres semblables.» (Art. 23 «Des perceptions que nous Tapportons 4 notre me») En contraste, les sensations corporelles se limitenta des étatsmotivationnels:< Les perceptions que nous rapportons d notre corps ou 4 quelques unes de ses parties sont celles que nous avons de la faim, dela soif et de nos autres appétits naturels; & quoi on peut joindre la douleur, la chaleur, et les autres affections que nous sentons comme dans nos membres, et non pas comme dans les objets qui sont. hors de nous.» (Art. 24 «Des perceptions que nous rapportons a notre corps») L’me et le corps constituent deux entités séparées qui entretiennent peu de relations entre elles en vue de lémergence des émotions: «Il n’est pas plus nécessaire que notre dme exerce immédiatement ses fonctions dans le cceur pour y sentir ses passions qu'il est nécessaire qu’elle soit dans le ciel pour y voir les astres.» (Art. 33 «Que le siége des passions n’est pas dans le coeur», Voir aussi Art. 34 « Comment I’éme et le corps agissent I'un contre l'autre») Cette suprématie de l'ame sur le corps signifie également pour Descartes que Yanimal ne ressent, pas d’émotions car, dépourvu d'une ame, celui-ci ne posséde pas la faculté d'éprouver de maniére subjective les modifications corporelles et expressives associées 4 une situation émotionnelle. Comme bon nombre de ses contemporains, Descartes propose une liste d’états émotionnels qui seraient fondamentaux ou émotions fondamentales: « Mais le nombre de celles qui sont simples et primitives n'est pas fort grand. (.) On peut 20. CChapitre 1 — Introduction 4 la psychologie des émotions aisément remarquer quill n'y en a que six qui soient telles; @ savoir: admiration, Yamour, la haine, le désir, la joie et la tristesse; et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six.» (Art. 69 « Quill n'y a que six passions, primitives ») Il ajoute que I'intensité et les effets des motions sont déterminés par la maniére dont nous pensons aux événements qui les ont causées, ce qui ™montre sa préoccupation pour la dimension cognitive de ’émotion. On trouve chez Descartes de véritables prémices aux notions contemporaines de l'approche cognitive de 'émotion. Tout d'abord, il souligne ’émergence de tendances automatiques & réagir par des comportements lorsqu'une situation émotionnelle apparait. dans notre environnement. Cette notion sera reprise par les théories contemporaines de 'émotion sous la terminologie de «ten: dances 4 laction »* (voir plus loin dans ce chapitre): « Car il est besoin de remarquer que le principal effet de toutes les passions dans les hommes est qu‘lles incitent et disposent Fame @ voulotr les choses auxquelles elles préparent le corps; en sorte que le sentiment de la peur Tincite & vouloir fuir, celui de la hardiesse & vouloir combattre, et ainsi des autres.» (Art. 40 « Quel est le principal effet des passions ?») Descartes indique ensuite que 'apparition de sentiments* est précédée par une évaluation cognitive de la situation (voir plus loin dans ce chapitre): « L'admiration est une subite surprise de ame, qui fait qu’elle se porte 4 considérer avec attention les objets qui lui semblent rares et extraordinaires. Ainsi elle est causée premiérement par 'impression qu‘on a dans le cerveau qui représente objet comme rare et par conséquent digne détre fort considéré.» (Art. 70 «De admiration: sa définition et sa cause ») Pour Descartes, une fonction importante des émotions concerne leur pouvoir informatif. En effet, les émotions nous renseignent sur les éléments de notre existence auxquels nous attachons de limportance. Pour prendre un exemple contemporain, éprouver de la joie face & 'annonce de la fin de la dictature en Yougoslavie m‘informe sur le fait que je considére cette nouvelle comme importante pour moi-méme et pour les valeurs auxquelles je tiens. Enfin, les émotions possédent comme propriété de pouvoir étre régulées: «Par exemple, si la colére fait lever la main pour frapper, la volonté peut ordinairement la retenir; si la peur incite les gens a fuir, la volonté peut les arréter, et ainsi des autres.» (Art. 46 «Quelle est la raison qui empéche que YAme ne puisse entigrement disposer de ses passions») Les processus de régulation ne permettent toutefois pas de contrdler totalement Vapparition détats émotionnels: « L’ame peut aisément surmonter les moindres passions, ‘mais non les plus violentes et les plus fortes (..). Le plus que la volonté puisse faire pendant que cette émotion est en sa vigueur, c'est de ne pas consentir d ses effets.» (Art. 46 «Quelle est la raison qui empéche que 'ame ne puisse entigrement disposer de ses passions») Soulignons qu'une fonction importante des émotions selon Descartes est leur pouvoir de fixer les souvenirs en mémoire: « Or il est aisé d connaitre que Tutilité de toutes les passions ne consiste qu‘en ce qu‘eles fortifient et font durer en Tame des pensées lesquelles il est bon qu’elle conserve, et qui pourraient facilement sans cela étre effacées.» (Art. 74 «A quoi servent toutes les pas sions, et & quoi elles nuisent ») Enfin, Descartes se situe dans la continuité de Platon quand il considére Témotion avant tout. comme une cause de perturbation du jugement rationnel: 1. Historique SS 1.1 Exemple xe La régulation émotionnelle Par sa maniére de concevoir mentalement une situation émo- tionnelle, Findvidu peut modifier fintensité et le type détats émotionnels quil éprouve. La régulation peut aller dans le sens d'une amplifcation-des.réponses:émotionnelles tout comme dans le sens de leur inhibition, Ani face ala perspective de passer un examen oral qui peut étre vécu comme une expérience-terrfiante, la plupart des tudiants peuvent en général mettre‘en place’ des’ stratégies ). La premiére propriété de Thumeur est de moduler le contenu cognitif: Un état fhumeur particulier va accentuer Vaccessibilité de certains contenus cognitifS et réduire laccessibilité d'autres. L’humeur constitue en ce sens un mécanisme essentiel en vue de changer les priorités du traitement de Tinformation. Ces changements auront des conséquences importantes sils se maintiennent & long terme. Par exemple, dans un état dhumeur dépressif, les souvenirs d’événe- 36 sue Chapitre 1 ~ Introduction a la psychologie des émotions a 1.4 Exemple oe La plaque de verglas ‘ous roulez paisiblement sur une route de campagne avec des amis. Le soleil est radieux, la journée sannonce splendide, Les discussions vont bon train, la soirée de la veil, une bonne blague uiaitrire tout le monde, avec en prime votre chanson préférée ‘Qui passe & la radio, Malheureusement, nous sommes en hiver et mmalgré ce soleil, ila plu la velle et gelé fort pendant la nuit. Soudain, votre voiture glisse sur une plaque de verglas. Instantanément, cet élément nouveau de l'environnement pro- voque un sentiment subjectif de peur, accompagné par des changements physiologiques importants et par un rapide char ‘gement des priorités afin de faire face au danger: vous étiez perdu dans vos discussions et dans une ambiance feutrée et détendue, aussitét toute votre attention se concentre sur la maniére la plus efficace d'immobiliser votre véhicule. La séquence de réponses produites en réaction a ce changement soudain et brusque des conditions de environnement est vaste (palpitations, sueur, gorge nouée, cris, mouvements brusque: muscles crispés, sentiment de danger, de perte de control angoisse, de frayeur.Pourtant, quelques fractions de seconde 4 peine se sont écoulées entre le moment oti vous avez apercu la plaque de verglas et activation de toutes ces composantes de emotion, Heureusement, vous redevenez maitre de la voiture ‘qui simmobilse, a fenvers, mais toujours sur la chaussée. Vous serez encore sous le choc de Iémotion pour quelques heures (voir chapitre 2). Mais d'autres processus stencienchent immé- diatement. Vous éprouvez un besoin pressant de parler de cet événement avec vos amis (voir chapitre 4) et tous ls sors, ous Pensez a cette situation et méme parfos lorsque vous vous y attendez le moins, en plein mifeu du cours auquel vous assstez (voir chapitre 3). Vous remarquez aussi que deux de vos amis semblentbien plus éprouves par ce qui est passé. ls expliquent duils rravaient aucun contréle sur ce qui se passat contraire- ment é vous gui, au volant,aviez la possibilité 'éviter faccdent. Meme sils étaient dans le méme vehicule, cette position de non- contréle les mettait dans une situation dfférente de la votre. Enfin, le dernier entre vous, ne manifest que peu de réactions ete parle pas de ce qui sest passé. Cela ne vous étonne gueére, i ne réagit jamais beaucoup aux situations émotionnelles (voir chapitre 6). ments tristes seront plus facilement accessibles, tandis que les souvenirs d'événements joyeux seront moins accessibles (e.g, Teasdale & Fogarty, 1979). Ensuite, une humeur module les processus cognitifs. Un état dhumeur positif posséde comme propriété de faciliter la flexibilité des réponses de I'individu, Face a un probleme complexe et: mis dans un état d’humeur positive, Vindividu fournira plus de réponses créatives, plus d’associations entre éléments éloignés sémantiquement, et.développera une perception aignisée des relations entre les concepts qui lui auront été présentés (eg, Isen, 1987, 1993). Ensuite, un état dhumeur est en permanence présent en arriére fond de notre fonctionnement cognitif. L’état d'humeur du moment affecte par conséquent la maniére dont nous analysons, dont nous pensons, et dont nous agissons face aux situations quise présentent 4 nous. Enfin, méme si les états d/humeur exeroent des effets a Jong terme, leur intensité subjective est moindre que les états émotionnels. Par exemple, le temps affecte notre état d’humeur. Un temps gris, froid, pluvieux peut produire un état dhumeur dépressif, un jour ensoleillé et chaud peut induire une humeur positive. Si notre enfant nait par un jour pluvieux, les émotions positives que ce type d'événement engendre prendront cependant le dessus sur Fhumeur négative induite par le temps maussade, Quand un type de réponse se maintient & trés long terme, Davidson propose la notion de styles affectifs qui font référence aux differences individuelles dans la 4, Emotion, humeur et tempérament maniére de réagir aux situations émotionnelles. Nous reviendrons plus en détails sur ces aspects dans le chapitres 6. Finalement, il distingue le style affectif du tempérament qui concerne des différences individuelles qui appa- raissent de maniére précoce et qui sont sous le contréle de facteurs génétiques. La part des composantes génétiques dans les traits de personnalité est dés- ormais acquise et représente une part importante des variations observées entre individus (eg, Plomin, 1994). La distinction qui était proposée entre style affectif et tempérament perd par conséquent de sa pertinence & 'heure actuelle. 4.2. Ekman Diaprés Ekman, le premier critére distinctif entre humeur et émotion concerne leur durée respective. On parlera d'émotion si les effets durent quelques secondes ou quelques minutes. Un état d’humeur qualifie des répon- ses qui se prolongent pour plusieurs heures ou plusieurs jours. Le terme de trouble affectif désigne des réponses qui se maintiennent pour plusieurs semaines ou plusieurs mois. Ensuite, un état d’humeur aurait une influence sur le seuil de déclenchement motions qui possédent un contenu proche. Dans un état d'humeur irritable, on se met en colére beaucoup plus rapidement que lorsque notre état d’hu- meur est gai, Dans un état d'irritation, la personne construit le monde envi- ronnant d'une maniére qui permet, ou méme incite la réponse de colére. Parfois, la personne irritée peut méme donner impression qu'elle provoque des situations qui permettent de satisfaire les Emotions associées 4 son état “Thumeur. Par exemple, si vous @tes heurté par la voiture qui vous suit un feu rouge, un état dirritation pré-existant & cet incident risque fort de vous inciter naturellement & ajouter une remarque provocante a l'égard de Yautre conducteur. Cette attitude risque 4 son tour de déclencher de la colére de sa part, ce qui ne fera qu'exaspérer la vétre un peu plus. Pour Ekman, un état d’humeur interfére avec le processus habituel de régulation émotionnelle*. On contrélera mieux sa colére sion est dans un état d’humeur neutre que si on est dans un état d’humeur irritable. Les effets des états humeur sexerceront a la fois sur Vintensité des réponses émotionnelles (le ton dela voix, amplitude des gestes, les tendances a l'action), sur les capacités e contréle (combien de temps allez-vous résister avant que votre colére ne se manifeste ouvertement?) et sur la vitesse de résorption de l'état émotionnel, cn dautres termes sur le temps durant lequel cet état se maintiendra Autre critére distinctif, seules les émotions sont associées a des expressions {aciales spécifiques, alors qu‘il n’existerait, pas de pattern distinctif pour les Gats dhumeur. Ce point de vue est. cependant. discutable (voir ci-dessus la partie consacrée 4 Davidson), Enfin, Ekman postule que les éléments déclen cheurs de Yémotion sont plus facilement identifiables que ceux de rhumeur. Cette proposition ne signifie cependant pas que les individus sont conscients de'événement quia déclenché l’émotion au moment méme, mais au moins ils peuvent en général identifier, rétrospectivement, la cause de Févénement Jéclencheur. Par contre, les déclencheurs sont moins clairs dans le cas de Thumeur. Ils peuvent tout dabord étre de nature biologique, caractérisés par des changements dans I’état des hormones sécrétées, Ensuite, Ekman propose wd 3 Brenzsaiesmn Chapitre 1 — Introduction a la psychologie des émotions 1.5 Exemple Se Le collégue ou /e supérieur insupportable Jean est ouvrer spécalisé dans une entreprise métllurgique, Les horaires sont fatigants, les pauses de nuit étantfréquentes, Le travail en lu-méme est lourd, il exige une force physique hors du commun, et puis ce bruit en permanence des containers dacier en fusion, la chaleur inouie dégagée lorsque ceuci sont ouverts Tendent le travail encore plus pénible, En plus de ces conditions diffciles, Albert, un collégue de Jean, rest pas une personne facile fa pris en grippe et rhésite pas li faire des remarques désagréables et injusifiées sur la qualité de son travail. Cette situation le met en colére etl nhésite pas a faire savoir Albert 4uil commence sérieusement & en avoir marre de son attitude déplacée. Malheureusement, Albert n’est pas du genre comprendre facilement ce genre de remarques et il persiste dans son attitude critique. Avant que Fétat de cole de Jean ne dlisparaisse complétement, Albert en remet a chaque fois une couche, La répétition de cette situation se traduit par un changement chez Jean. Fini le temps ot il se fachait & certains moments bien précis, lorsquil en avait assez des remarques Albert. Maintenant ila développeé un état humeur irritable qui se prolonge durant toute la journée de travall Le simple fait «tre devant sa machine Viste, méme lorsqu Albert ne partage pas la méme pause que lu, Imaginons maintenant qu Albert rest pas ecollggue de Jean ‘ais son supérieur higrarchique. Dans ce cas, manifester publi dquement sa mauvaise humeur aura un risque évident, perdre son travail Il doit donc inhiber ses réactions de cor, sie supérieur persiste dans ces remarques désobligeantes, inhibition répétée de lacolére conduira également. un état d humeurritable dont les colégues directs de Jean risquent de pati, a Ja notion d'expérience émotionnelle dense pour rendre compte de I'émergence d'un état d’humeur. Selon lui, si une émotion atteint un niveau d'intensité trés dlevé, de maniére récurrente, avec un intervalle court entre ses périodes dapparition, un état dhhumeur risque de sinstaller, De méme, inhibition répétée d'un état émotionnel favoriserait le développement d'un état d’hu meur négatif (voir encadré « Le collégue ou le supérieur insupportable »). 4.3. Frijda Pour Frijda, la notion d'intentionnalité se situe au centre des critéres qui permettent de distinguer émotion et humeur. Une émotion implique toujours la relation a un objet. précis. On est toujours effrayé PAR quelque chose, faché SUR quelqu'un ou heureux A PROPOS DE quelque chose. Comme on 'a vu au préalable, Frijda insiste sur les notions d’évaluation cognitive et de préparation, a Faction dans sa définition de !'motion. Les états d’humeur peuvent égale- ‘ment étre décrits en fonction de ces concepts, mais ils sont dans tous les cas dépourvus d'une relation & un objet. Par exemple, une humeur dépressive se caractérise par des sentiments négatif’ diffus, une absence de buts et une faible inclination a entreprendre des actions. Méme si émotion et humeur impliquent des processus différents en termes du degré d'intentionnalité, elles ne différent cependant pas en termes d'états. Un continuum existe entre les deux notion: une émotion entraine en effet des changements de l'état d’humeur. Dans ce cas, les processus correspondant 4 motion et & 'humeur alternent. Pour Frijda, le tempérament correspond a une tendance stable a évaluer les événements en accord avec certains patterns d'émotion. Par exemple, le trait 4, Emotion, humeur et tempérament danxiété peut étre interprété comme une tendance considérer des événe- ments nouveaux ou incertains comme des menaces pour le Soi, ou méme & considérer des situations familiéres comme nouvelles et comportant des impli cations incertaines, Les dispositions de personnalité peuvent également étre considérées comme un abaissement du seuil de réponse caractérisant différen- tes émotions. Dans c¢ cas, le trait stable danxiété se caractérise par un seuil de déclenchement réduit pour Vactivation du systéme nerveux autonome. 4.4. Lazarus Pour Lazarus, un état émotionnel correspond 4 un ensemble de réac- tions bréves en réponse a certaines caractéristiques de environnement a un moment donné. On peut dire de quelqu'un qu'il éprouve de la colére un moment et dans un lieu particuliers. L'émotion est donc considérée comme un état trés passager qui apparait et disparait suivant les circonstances. Il ajoute qu'un état émotionnel concerne I'interruption d'un but spécifique, jugé comme important et qui nécessite une réponse rapide. Cette définition reprend le concept d'évaluation cognitive ('événement estil est important ou non pour la personne?) et celui de la focalisation de Vattention qui permet d'activer les ressources de lindividu en vue de produire des réponses adaptatives. Par contraste, 'humeur est un état diffs, dont les causes exactes sont incertaines, mais qui comporte des implications existentielles. Quand notre humeur est négative, ce n'est pas suite a une situation particuliére que nous avons rencontrée, mais plutét parce que la vie de maniére générale nous parait grise, absurde et vide de sens. On parlera de trait émotionnel lorsqu‘on assiste a une récurrence élevée d'un, état émotionnel dans des circonstances diverses et qui répondent a certaines caractéristiques spécifiques. Lorsqu'on évoque une personnalité colérique, cela n'implique pas que cette personne soit tout le temps en colére. On veut plutét mettre en évidence le fait que cette persorine se met en colére plus souvent que la plupart des gens, suite 4 des circonstances plus bénignes et de maniére plus intense. Dans le débat qui oppose les tenants d'une explication situationnelle des réponses émotionnelles 4 ceux qui privilégient leffet de caractéristiques individuelles stables, Lazarus propose un point de vue de conciliation, Selon, lui, une émotion n'est jamais uniquement le résultat d'un trait de personna- Iité* ou d'une propriété de environnement. Elle dépend toujours de la conjonction de ces deux éléments, Il insiste sur la nécessité d’évaluer soigneu- sement les relations fonctionnelles et récurrentes qui s’établissent entre les, variables liées a la personne et celles liées a l'environnement. Cette prise en compte de ce quill appelle les « relational meaning> le conduit. a définir la colére comme une agression non justifiée contre le Soi ou la tristesse comme Texpérience d'une perte irrévocable. 4.5 Watson et Clark Watson et Clark reprennent la conception contemporaine classique de Yémotion, & savoir un systéme A trois composantes qui inclut un pattern 39 40 Chapitre 1 — introduction a la psychologie des émotions dexpressions typiques, des changements physiologiques consistants et un @tat. subjectif distinct en réponse a un type spécifique d’évenement. L'humeur quant & elle correspond a la composante cognitive expérientielle de lémotion. Elle posséde également une durée plus conséquente. Enfin, humeur se carac térise par un champ plus étendu. Sur une journée, le nombre et la durée des états émotionnels distincts que nous éprouvons sont réduits. Par contre, nous éprouvons de maniére plus fréquente un ensemble d'états qui correspondent 4 une version atténuée des émotions. Il sagit, pour Watson et Clark, du flot des sentiments ou « stream of affect ». On peut se sentir en colére a l'une ou Yautre reprise au cours d'une méme journée. Par contre, un état dirritation peut persister de manigre quasi continue. Deux facteurs permettent de rendre compte de ce «stream of affect » Vaffectivité négative? («Negative Affect» ou NA) et laffectivité positives («Positive Affect» ou PA), Laffectivité négative rend compte du degré avec Jequel une personne est contrariée ou ressent de la détresse. En cas de score élevé, la personne décrira des sentiments de découragement, de nervosité, dinsatisfaction, dirritabilité. En cas de score faible, elle se décrira comme calme et relaxée. L'affectivité positive renvoie au niveau d'enthousiasme et de plaisir subjectivement ressenti. Un score élevé d'affectivité positive sera associé au sentiment d’avoir confiance en soi, de déborder d’énergie, et détre alerte. En cas de score faible, la personne se décrira comme lente, sans énergie, et peu intéressée par les caractéristiques de son environnement. Ces deux facteurs se révélent étre indépendants, sauf aux niveaux extrémes, Donc, en regle générale, le fait d'avoir un score élevé sur la dimension d'affectivité négative ne présuppose en rien un score faible sur celle d'affectivité positive. En cas de score trés élevé sur la dimension daffectivité négative, on observe cependant une tendance a obtenir parallélement un score trés faible pour Vaffectivité positive. Watson et Clark définissent ensuite le tempérament comme un ensemble de dimensions héritables observables dés la naissance. Un exemple classique concerne les patterns d'attachement®* qui font référence au sens de sécurité dans une relation (Bowlby, 1969, 1973). Présents dés le plus jeune ge, les patterns d'attachement persistent 4 l'age adulte. On distingue en général trois Patterns: assuré, évitant, et ambivalent. Selon Watson et Clark, le champ application du tempérament est plus large que celui de rhumeur. Tandis que Vhumeur référe spécifiquement 4 des dimensions affectives, le tempérament couvre des caractéristiques cognitives et comportementales. Ainsi, Taffecti vité positive et laffectivité négative représentent des aspects, certes centraux, du tempérament, mais qui ne recouvrent pas lensemble de cette notion. Par exemple, laffectivité négative représente un aspect essentiel d’une dimension de tempérament comme le neuroticisme*. Un score élevé de neuroticisme implique au niveau affectif de ressentir de maniére subjectivement. plus intense les situations négatives, indépendamment de leurs caractéristiques objectives. Mais au-dela de aspect affectif, le neuroticisme implique égale ment des caractéristiques cognitives comme une propension plus élevée 4 la rumination, un style d’explications des événements qui privilégie la sphére négative, et une centration de lattention sur les aspects désagréables de Yexistence, Emotion Vitesse de déclenchemement Rapde réponse durgence) Fréquence apparition Faible Intensité subjective Forte Elements déclencheurs Facilement identflabes Durée Courte(secondes, minutes) Effet sur Fatention Fort Effet surfs trois composantes. Physologique: OUI Comportementale-expressive: ou Cogniie-expérentiele: OU ‘Module action (agit pour répondre &la situation nouvelle) Proprités Intentionnalité Présente («Je suis fiché SUR x) Conclusions 12 parte historique a permis de montrer que des idées émises s TAntiquit® par certains philosophes se révélentétre part- culiérement pertinentes dans une analyse contemporaine des motions. En plus de 2000 ans, les émotions n'ont que peu 2volue,Ressentir dela cole aujourd hui ou au V°siéce av. JC 2 Athénes se manifeste de mani similaire et est causé par une configuration similare dévénements antécédents, Par exemple, 12 colére que provogue la perception dune injustice est mani- tée de tout temps. Chez Arstote comme chez Descartes, les tions dépendent pour une part importante de nos croyances de nos connaissances. Déj selon eux, ce que nous disons d'un émotionnel est fe fruit d'une évaluation cognitive de la Station, Darwin représente quant a lui le courant éthologste cui caractérise par le souc de observation minutieuse des mmportements animaux et de leur mise en relation avec les 9onses fournes par les humains. En contraste avec ce point de wwe, Freud indique que les émotions ne se réduisent pas & des critiques observables. Le resenti subject, a signification un événement et son souvenir peuvent étre transformés, voire cits, La notion de répression, qui est developpée au chapi- ilustre ce point de vue. De manigre générale, ensemble Conclusions oA Humeur . Tableau 1.2 : synthise des caractérstiques de Lente ‘emotion et de "humeur. Bleve Fraible a modérée (impression diffuse) Diffcilementidentifables Longue heures, jours) Feible Physiologique: NON CComportementale-expres sive: NON CCognitive-expérentielle: OU! Module Fe contenu cognitit (eccessiilté en mémoire); ‘module les processus cognt tits (créativité,flexbiit) Absent (Je me sens Aprimé en général) de ces conceptions partagent une vision négative de émotion.t Sagita chaque fois dune reponse dysfonctionnelle, excessive et ‘quill faut controler. Avec James,-on entre dans une vision fonc- tionnelle de fémotion et dans une conception qui remet 4 parts gales intervention de la dimension subjective et de la dimen- sion corporelle de fémotion, Méme si les propositions de James riont pas toujours recu de support empirique, elles marquent Tavénement dune psychologie des émotions. Des definitions proposées, on retiendra dabord que, dans les perspectives contemporaines de lémotion, on insiste sur la présence simultanée de trois types de réponse: physio- logique, comportementale et expressive, cognitive et expérien- tielle. La composante cognitive/expérientielle reste cependant weponcévane dla {ois dans une conception naive de (mation mais également si on considére la part des recherches qui lui sont dévolues. Dans ce chapitre introductf, nous avons égale- ment insisté sur le fat que nos émotions sont au centre de notre vie et pas seulement comme on le pense souvent de notre vie affective. Nos prises de décision, la manigre de résoudre cer- taines ditficultés dapparence strictement matérelle et ration- nelle sont elles aussi influencées par notre état émotionnel. 42 z Chapitre 1 ~ Introduction la psychologie des émotions Face au débat qui oppose les tenants d'une vision universelle des réponses émotionnelles & ceux qui insistent plutot sur leurs variations culturelles, il est sans doute prudent, fen fabsence de consensus sur la question, de considérer les deux aspects. || convient pour chaque situation dexaminer dans uelle mesure une perspective peut savérer prépondérante par rapport une autre, sans qu'une explication ne puisse exchire Tautre. Enfin, il convient de distinguer le terme «motion » de termes proches. Nous avons ainsi montré une série de caracté- ristques distinctives de emotion et de thumeur. Une émotion représente une réponse rapide face a une situation d'urgence, Les émotions se manifestent de maniére relativement peu fréquente sur une journée, mais leur intensité est élevée, En contraste, un état dhumeur se met en place plus lentement, mais il apparait de maniére plus fréquente et plus longue qu une Emotion et est ressenti de maniere plus diffuse, Lhumeur riaffecte que les réponses subjectives et provoque des change- Mots clés Evaluation cognitive Humeur Préparation a l'action Temperament Pour en savoir plus ments modérés dans le contenu et les processus cognitifs en Cours. Une émotion touche nécessairement le fonctionnement Physiologique, expressif et expérentil, et provoque des chan ‘gements radicaux dans le contenu et les processus cognitis en ‘cOUrs. Le tempérament fait référence & des composantes hérita- bles et couvre un champ plus large, qui ne se limite pas aux aspects affectifs mais implique également les aspects cognitifs et comportementaux, Ce chapitre a permis au lecteur dacquérr des connais- sances historiques/philosophiques et des definitions de base de Témotion, Le chapitre suivant en vient la distinction proposée dans Fintroduction entre tenants du stoicisme® et de la cathar- sis*, savoir opposition entre deux modes fondamentaux de réactions suite a des événements de nature émotionnelle: confrontation® et lévitement®. Dans le chapitre 2, on évoque spécifiquement la nature de ces reponses court terme. Les cchapitres 3 et 4 se centreront, quant 4 eux, sur les reponses de confrontation et dévitement quise prolongent a plu lng terme. Trols composantes (physiologique, comportementale-expres- sive, cognitive-experientiele) Variations cutturelles Vision dysfonctionnelle vs fonctionnelle de Fémotion Catley, K. & Jenkins, JM. (1996). Understanding emotions. Cambridge, MA : Blackwell, (Chapitre 1, « Approaches to understanding » et chapitre 4, « What is an emotion? ») Ekman, P. & Davidson, R, there basic emotions? ‘constructs? ») (1994). The nature of emotion: Fundamental questions. New York: Oxford University Press. (Question 1 « Are Question 2 «How are emotions distinguished from moods, temperament, and other related affective Strongman, K.T. (1996). The psychology of emotion. Theories of emotion in perspective (4° edition). Chichester : Wiley. (Chapitre 2 « Early theory») Kirowac, G. (1989). Les émotions. Monographies de psychologie. Québec: Presses de l'Université du Québec. Lelord, F. & André, C. (2001), La force des émotions. Paris: Odile Jacob. Despret, V. 1999). Ces émotions qui nous fabriquent. Le Plessis Robinson: Institut Synthélabo pour le progrés de la connaissance. Les revues Cognition and Emotion, Emotion, Emotion and Consciousness,

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