LE LYRISME
ET L'AMOUR
faut essayer de répondre une fois pour toutes. En quoi
llement cet amour dont tant dames pendant si longtemps44 LE LYRISME ET L'AMOUR
‘ont ditcertains critiques. Mais
plagant en marge du ch
‘ment passer pour hélérodoxe, ils n’ont apparemme
leur domaine pour empiéter sur celui de la métaphysique. Autre est la
{question qu'il convient ici de se poser.
[Lradultére pring par des adeptes de la fin'amor estil, comme certains
vantert; un adulidre spirituel degagé de toute sensualité ? Certes,
Thomme a se depawer pour Slever au aneau Gun ttre idéal
réclamant de toutes les perfections attribuées ala Dame, il peut prétendre
favoriser un généreux et méritoire épanouissement de I'ame. On pourrait
‘done parfaitement concevoir qu'il oppose un refus a V'appel des sens, non
seulement & cause de ses hautes aspirations, mais encore en raison de
‘manifeste pour tout ce portée du commun des
wmels. L'amour courtois reconnait q
‘écompense_quil souhaite est de pouvoir Te satsfa
Tstes, les troubadours estiment donc que céder aux exigences de la
svinterdit pas d’étre élégant. L’essentiel est de s'imposer une
ra une discipline. Qu‘est-ce A dire ? Longtemps contrecar
\é'un effort apparz
acquis, on sans peine, grace a cet effort, crée une
mite-‘On peut alors parler de Ta vertu ennoblissante de
LE LYRISME ET L'AMOUR
1 cautionner parelle le plaisir, un plaisir qui désormais ‘a plusrien
le contact des
sats e=ponrs inspire des actes genereux, Tel
Fame que décrivent STenviles premiers
Cette jore, quis présentent avec orgucil
comme leur plus grande découverte, méle aux images les plus voluptucuses
‘que peut faire naitre un érotisme savammentcultivé les aspirations exigean-
sntale. Mais estelle autre chose, en der-
mn d'un bonheur trop absolu pour devenir un
le pas finalement autant qu’elleravit ?
Car que reste-t.il du concept de joie, essemtiellement fondé sur Vattente
cet effort, sila Dame consent a tout accorder ason drut? Le troubadour est
‘EneTfet dansTasituation paradoxale de quelqu un quis emploierait de toute
‘son Ame et de tous ses sens & rechercher une satisfaction dont il ne peut
apprécier la pleine valeur qu'autant précisément qu'il ne la posséde pas
encore ! Pour ne pas renier ses ambitions, lui faut-il reculer devant ee qu'il
‘amis antde temps et pris tant de peine a mériter? Deux solutions lui étaient
ou bien y
Fenoncer otalement, comme devarent Te
MOMCE MITTEN lassant conduire & Dieu par une progressive spirit
lisation de Yamour humain. Le lyrisme_courtois_a hésité devant
ter. Aussi estilcondul
inaccessible, quoigue toujours di
Eploré un Tong martyre, dont la mort est las
pourtant pas de protester! La Dame ans merc
ttre des personnages conventionnels, ee
inlassablement
cespere réaliser
doute la raison profonde pour laquelle, dressant le bilan de ses efforts et de46 LE LYRISME ET L'AMOUR
sions, elle se résume en une fondamentale mélancolie — une
ie qui peut trouver le plus large écho, s'il est vrai que toute
‘expérience humaine finalement y conduit
D’autres aspects de la courtoisie doivent encore retenir attention. Se
6, elle entend néanmoins que la passion cherche
savent s'imposer, Rien d’étonnant done si une passion sans frein, qui
ine reculerait pas devant le scandale, les choque. Les amants courtois, on ne
le soulignera jamais trop, ne peuvent ni ne veulent se Jaissecmeliccal-han
delasociété, Hors delle, Ta Dame perdrait en effet un élément essentiel de
Stexposer 8 tant de regards, quand l'amour dont on se lorifie
point le secret, est a la fois dangereux et exaltant. Fiers de leur t
troubadours n’hésitent pas’ signer leurs chansons. Mais ils se gardent avec
us grand soin de nommer, autrement que par un mystérieux senfal, la
re leurs bras |
permettre une
uss bien Ie comporte-
reux que le visage de l'aimée, On a dit qu'elle tombe de la
\bstraction et manque finalement de sincérité. En fait elle se
LE LYRISME ET AMOUR
situe aux antipodes du romantisme. Loin de particulariser le ieu commun,
elle dépasse Taventure personnelle pour développer,enchainer, ou opposer
des themes. On ne peut done pas dire qu’ ien de vivant ou
de vécu, qu'elle est un jeu purement intellectuel. ‘implement &
une esthétique différente de la ndtre — qu’on ne saurait comprendre sans
avoirau préalable considéré les formes et les moyens d’expression dont elle
se ert
La, chanson d'amour est un pome relativement court, comportant en
‘ple générale quatre a six strophes de structure idenfique, toutes chantZes
‘Sur les mémes mélodies. A cet ensemble /yrique, au sens propre du terme,
‘Sajoutent, en guise de conclusion, une ou plusieurs tomnades ou envois. Du
[point de vue métrique, Ta strophe se décompose, sans i
‘Gabsolu: en trois parties, les deux premieres symetriques
independante. Ceite «riparition peut étre ainsi figurée
Serves
Latomade, plus courte que le couplet s‘aligne surles derniers versde celui-
ces seules pr
varier et compliquer formule type qui vient d’étre donnée,
‘recommande certains procedes suscepubles C'amplifer Ta sonorité du
au schéma strophique
ensuite unensemble mélodique
{teneur générale du poéme. Ons exph
‘ne se soit jamais sentie trop AT étroit dans les cadres oi
serépétant, Mené par des virtuoses,il ne permet
‘aux themes, d'innombrables combinaisons ;
«'approfondissement, oriemté ala fois vers la recherche des
significations essentielles. Appliqué fi
‘connaisseurs sensibles au moindre di
s'était pas moins prometteur,48 LE LYRISME ET L'AMOUR
it aux bons ouvriers du vers, de la rime et de la strophe
ergue, comme une précieuse trowvaille.
Cette esthétique formelle pouvait conduire et a conduit certains trouba-
dours a de regrettables exces. Mais elle a permis tous les podtes yriques
‘médigvaux, contrairement a ce que l'on pense trop souvent, de manifester
diserétement la diversité de leurs talents. Sinon s'expliquerait-on que
certains aient eu, a bon droit, beaucoup plus de succ?s que d'autres ? Non,
il est pas vrai que connaitre I'un d’entre eux c'est les connaitre tous,
Premitre endignité detouslesgenres yriques,lachanson nedoit pas faire
ublier le sirvenses et le descont. Ce dernier, comme la chanson, a
[pour sujet. Mais, desting a traduire Pagitation et le désordre quis'emparenit
de Tame dans les moments de crise, il aligne des strophes de structure
Darliculere et normalement différentes es unes des autres. Lesirvemtés en
‘evanche prend modele sur la chanson, dont iLadopte la technique, maisit
a Texclusion de Tamour, Jes sujets les plus divers. Morale, s
religion, panégyrique_ ou déploration funebre, constituent son
‘domaine. Parfois tres général, il prend assez souvent un ton réaliste,
‘personnel, passionné. Aussi a-STGte Wes TavoraBlement apprecie par Ta
jue moderne, quil ne risquait pas de dérouter. Les podtes courtois,
vent enfin diverses formes de débats ouils argumentent sur des proble-
Tes de toute nature, série
1a encore tout spécialeme
(Gite [ibrementtantOt elle-prend_un caractere dilemmatique < dans le
affaire ala enson. dans le second au partimen ou jeu-part
‘souvent appel’
“aa Nord comme au Midi On ne 3a
SJoppose au premier tant au poi
Transons qui nous Te font con