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2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne =| Cai info MO CAIRN Me SEN cic Consommation et épargne une relation tumultueuse Patrick Cotelette DANs IDEES ECONOMIQUES ET SOCIALES 2013/4 (N° 174), PAGES 41A50 ARTICLE ar définition, et au sens large, la consommation désigne ensemble des dépenses réalisées dans des biens et des services en vue de satisfaire des besoins. Elle se réalise au cours d'une année et peut étre considérée comme une dépense temporaire de richesse, et donc comme une forme particuliére que prend le revenu annuel. L’épargne, quant & elle, peut étre vue de deux maniéres différentes. En termes de flux, elle constitue la part de la richesse produite annuellement qui nest pas consommée et est done mise de cété dans le présent. En matire de patrimoine, on peut considérer que l'épargne est une forme particuliére prise par la richesse accumulée dans le passé. A implement distinguer les manigres de considérer l'épargne, on observe quily a plusieurs relations possibles entre P’épargne comme flux ou comme patrimoine eta consommation. Mais on peut redoubler ce questionnement. Nous ne savons en effet pas encore quel acteur est concerné par ce comportement de consommation et ’épargne. Parlons-nous des ménages, des entreprises, des Etats, des pays ? Parmi eux, nous intéressons-nous aux plus riches ow aux plus pauvres, aux plus anciens ou aux plus jeunes ? N'y a-t-il pas enfin des relations particuliéres entre consommation et épargne si fon croise ces différents types d’acteurs ? Reste encore & préciser de quelle forme de consommation et de quelle forme d’épargne nous parlons. Peut-étre que le rapport entre consommation de biens alimentaires et épargne est différent des relations entre consommation de biens de loisir et épargne. Nous nous efforcerons alors de répondre & la question suivante : les relations entre consommation et épargne suivent-elles une méme logique selon que l'on s'intéresse au niveau des ménages, des entreprises ou des nations dans leur ensemble ? hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im PDF 48 2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne =| Cain info UNE RELATION MICROECONOMIQUE INTERTEMPORELLE Sion suit les enseignements des auteurs classiques tels que Smith [1]"! ou Say [2] et 3 Ie discours moralisateur du XVIII‘ sidcle™ et ses suites, !épargne actuelle est dabord une promesse de consommation future. En effet, !épargne est une forme du patrimoine, et ce dernier permet & individu de transférer dans le temps sa consommation, comme le fait la monnaie. Par conséquent, la hausse absolue et relative au revenu - de !épargne aujourd'hui augmente la consommation fature. Crest bien ce que montre la théorie néoclassique du marché du crédit, ott le taux dintérét égalise la préférence pour le présent des individus et leur permet de maximiser leur utilité de facon intertemporelle en transférant dans le futur une partie de leur revenu. On peut d’ailleurs vérifier cette théorie en observant la corrélation entre le taux d’intérét et le taux d’épargne. Par exemple, selon la Banque mondiale, alors que le taux d’intérét directeur de la Banque centrale européenne (BCE) était de 3,75 % en 2000, le taux d’épargne brut francais était de 21,2.%, tandis qu’en 2003, un taux @intérét de 1% correspondait & un taux d’épargne brut de 19,3 %", L/EPARGNE ET LES GAINS A CONSOMMER DANS LE FUTUR DANS LE CAS FRANGAIS. — Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, et Banque de France & partir du Conseil de la BCE. Ace titre, et comme le montre Hicks en évoquant existence d'un « effet de 4 richesse », les variations de la valeur de l'épargne en tant que patrimoine vont modifier le comportement intertemporel des agents. D'une part, si Pépargne prend PDF de la valeur, ou plus exactement sion anticipe son augmentation, cela signifie que as Ia consommation future est potentiellement plus importante et donc qu'il est moins nécessaire d’épargner aujourd'hui. Par conséquent, une augmentation de la valeur de Fépargne conduit & réduire la part du revenu épargnée. C'est ce que on constate par exemple aux Etats-Unis lors des deux dernigres décennies : faugmentation moyenne de indice Dow Jones Industrial de 1995 3.2008 s'accompagne d'une baisse du taux d’épargne brute états-unien de 16,3 % 8 12,2.%, et a crise financiere visible en 2009 a conduit 3 faugmentation du taux d’épargne en 2010. D/autre part, et conformément a ce qui a été énoncé précédemment, inflation, qui réduit la valeur de 'épargne en tant que patrimoine, signifie que la consommation future est potentiellement moins importante et done quill est nécessaite d’épargner davantage aujourd’hui™. hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im ane 2arov2023 02:08 Consommation at paren: | Cam info Toute variation du taux d'inflation, et plus précisément toute anticipation de sa 5 variation, se traduit par une variation conjointe du taux d’épargne. Par exemple, selon l'Insee, le taux d'inflation de la France est constamment supérieur 49% entre 1975 et 1980 et son taux d’épargne brute est constamment supérieur 420 % tandis que les décennies 1980 8 2010 ont vu le taux d’inflation se stabiliser en moyenne 3 % avec un taux d'épargne brute oscillant —sauf 4 quelques rares exceptions — un niveau inférieur compris entre 15 et 20 % UNE RELATION MEDIEE PAR LE NIVEAU DE REVENU Pour autant, si lon revient au sens commun, la consommation semble au contraire 6 opposée a 'épargne. L’épargne représente ici moins un patrimoine constitué qu'une utilisation du revenu actuel alternative a la dépense immédiate. Dans ce cadre, toute augmentation de l'épargne conduit & une réduction de la consommation actuelle. Dit autrement, !épargne actuelle résulte d'un arbitrage entre consommation et épargne, et sion va plus loin, en supposant que cest d'abord la consommation qui est privilégiée par les individus, !'épargne est un résidu de la consommation actuelle. Crest ace titre que !on peut invoquer la critique des néoclassiques et la « loi psychologique fondamentale » de John Maynard Keynes. Selon Keynes, la théorie néoclassique du marché du crédit oublie que le choix d’épargner 4 moyen terme est un choix de deuxiéme degré, car vient dabord larbitrage que fait un agent entre consommer tout de suite ou conserver de la liquidité sous forme de monnaie. Ce n'est done qu’a partir du moment ott un ménage posséde suffisamment de revenu sans manquer pour sa consommation que se pose pour lui la maniére de conserver ~ sous forme liquide ou sous forme d’épargne immobilisée - son revenu non utilisé. Keynes indique que plus le niveau de revenu augmente, plus la consommation en valeur absolue augmente (mais diminue en valeur relative au revenu) et plus Tépargne augmente aussi bien en valeur absolue quen valeur relative au revenu. On retrouve empiriquement cette situation puisque, selon Iinsee, en France, en 2003, les 20 % des ménages aux plus faibles revenus s‘endettaient & hauteur de 11 % de leur revenu annuel pour assurer leur consommation tandis que les 20 % des ménages aux plus forts revenus épargnaient 36 % de leur revenu annuel. PDF Cette relation keynésienne entre revenu, consommation et épargne peut alors se 7 décliner de deux maniéres différentes. D’une part, on peut constater que la théorie du cycle de vie de Modigliani, bien qu’initialement construite pour nuancer la théorie keynésienne, retrouve théoriquement et empiriquement des résultats identiques. Le modale du cycle de vie s'intéresse en effet au comportement d'un individu rationnel, dont lobjectif est de maintenir le méme niveau de consommation durant l'ensemble de son existence. Or, celui-ci ne va pas percevoir le méme niveau de revenu tout au long de sa vie. Ce dernier va étre faible dans les premiéres années d’activité et, puisque les dépenses de consommation et dinvestissement vont étre plus importantes que le revenu (achat d’un logement, hitps:wwn.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im 318 2arov2023 02:08 Consommation et paren: | aim info voiture, mobilier, dépenses pour les enfants, etc.), agent est obligé d’emprunter pour financer ses besoins. Son épargne est faible, voire négative (endettement), et son patrimoine Pest également, Ensuite, 3 un age plus mar, ses revenus ayant progressivement augmenté, 'agent va progressivement rembourser ses emprunts et pouvoir épargner de plus en plus et accumuler ainsi du patrimoine. Enfin, & farrét de activité professionnelle, 'agent entre dans lage de la vieillesse. Les revenus diminuent alors que le niveau de consommation doit étre maintenu, ce qui oblige & ponctionner sur son épargne, réduisant ainsi son patrimoine petit & petit jusqu'au décés. Keynes et Modigliani ont donc raison ensemble : on assiste & la croissance de Tépargne et de la part du revenu épargnée & mesure que les revenus augmentent (période d'activité), et leur décroissance & mesure que les revenus baissent (période de retraite). II suffit plus précisément de supprimer Phypothase d’une constance absolue de la consommation sur Fensemble de lexistence pour retrouver la «loi psychologique fondamentale » de Keynes rapporté & des différences d’age, et donc de revenus, entre les individus. C’est ce que fon peut d’ailleurs vérifier empiriquement en France en 2003 selon l'Insee. UNE EPARGNE LIEE A « L’EFFET DE RICHESSE » AUX EraTs-UNIS — Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, et Stockarts.com, 3 partir des données NYSE. Diautre part, on peut constater que la théorie keynésienne peut étre complétée 8 utilement par la loi d’Engel. Selon le statisticien allemand quia observé les budgets des ménages ouvriers au XIX°, lorsqu’un ménage augmente ses revenus, ses pratiques de consommation vont se transformer. On assiste 4 une augmentation de Ia part des dépenses de consommation pour les biens et services superflus (comme les loisirs) et une diminution de la part des dépenses de consommation pour les “ biens et services essentiels (et surtout le premier d’entre eux, lalimentation). Par conséquent, la relation entre épargne comprise comme dépense temporaire de richesse et consommation actuelle dépend du type de consommation. Ily a ainsi une corrélation positive entre épargne actuelle et consommation de biens et services de loisirs et une corrélation négative entre épargne actuelle et consommation de biens et services essentiels. Par exemple, en France, en 2003, selon lInsee, nous pouvons voir que les 20 % des ménages aux plus faibles revenus consacraient 20 % de leurs dépenses de consommation aux produits alimentaires et aux boissons non alcoolisées (contre 12.% pour les 20 % des ménages aux plus forts revenus) et 7% de leurs dépenses de consommation pour les loisirs et la culture (contre 10 % pour les 20% des ménages aux plus forts revenus).. PDF hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im ane 2arov2023 02:08 Consommation at paren: | Cam info Comment alors réconcilier ces deux relations a priori contradictoires qui existent 9 entre consommation et épargne ? Globalement, nous pouvons conclure que le comportement néoclassique ow keynésien, et donc la relation entre consommation actuelle, consommation future et épargne actuelle, dépendent essentiellement du niveau de revenu de lindividu. Les ménages aux plus faibles revenus sont plutét keynésiens dans leur comportement de consommation et d’épargne ('épargne actuelle est un résidu de consommation actuelle), comme le prouvent les taux d’épargne négatifs ou proches deo pour les deux premiers quintiles de revenu en France. Les ménages aux plus forts revenus sont par contre plus néoclassiques dans eur comportement de consommation et d’épargne (V'épargne actuelle est une promesse de consommation future conditionnée par le taux d’intérét) comme le prowve le fort taux d’épargne des 20% des ménages aux plus forts revenus, mais aussi la diversification croissante des produits d’épargne & mesure que fon monte dans les niveaux de revenus et de patrimoine. C’est ainsi que, en France, en 2003,tandis que seulement 54% et 2% des ménages possédant un patrimoine inférieur & 3 000 euros disposaient respectivement d'un livret A et de valeurs mobilidres, c était respectivement le cas pour 88 % et 70 % des ménages possédant un patrimoine supérieur & 450000 euros. UNE VERIFICATION DE LA THEORIE DU CYCLE DE VIE ET DE LA LOI PSYCHOLOGIQUE FONDAMENTALE EN 2003 EN FRANCE * —Insee, données calculées avant transferts privés PDF LE ROLE DETERMINANT DU NIVEAU DE DEVELOPPEMENT EN va ECONOMIE FERMEE Sil'on quitte le niveau microéconomique pour se placer désormais 8 l’échelle d’une 10 économie prise dans sa globalité, en étant plus spécifiquement attentif aux ménages et aux producteurs de richesse qui en sont les principaux acteurs, on peut se demander dans quelle mesure les relations observées entre consommation et épargne se transforment dés que l'on tient compte du fait que la consommation et Tépargne actuelles d'un ménage servent généralement aux producteurs de richesse sous forme de chiffre d'affaires ou de financement, et peuvent ainsi permettre le renouvellement de la production et par la méme la consommation future. Pour ce faire, on peut d’abord prendre le point de vue des classiques. Par un raisonnement hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im 5118 2arov2023 02:08 Consommation at paren: | Cam info assez proche du sens commun, la grande majorité de ces auteurs considére que Tépargne des ménages est un préalable 3 linvestissement des entreprises, lui-méme source de production et de consommation future. Plus précisément, une réduction de la consommation actuelle et une hausse de l’épargne actuelle permettent de financer des projets d’investissement susceptibles d’augmenter la consommation future, raisonnement que lon retrouvait dans la théorie néoclassique du marché du crédit. Derrigre ces deux visions partageant le méme « esprit du capitalisme » se retrouve ainsi la loi de Say résumée par Keynes : étant donné que « Loffre crée sa propre demande »— puisque toute production est un revenu forcément consommé ou investi, donc utilisé pour une dépense immédiate —il est nécessaire de privilégier Tépargne aujourd’hui pour produire demain et donc consommer plus demain. Par exemple, selon les données et les classifications de la Banque mondiale, depuis les années 2000,es pays & faible revenu disposent d’un taux d’épargne brute supérieur & celui des pays & revenu élevé, et leur taux de croissance du PIB en volume est lui aussi devenu supérieur. Pour autant, une telle relation entre épargne actuelle et consommation future n suppose que l’épargne actuelle serve uniquement & financer des projets dinvestissement susceptibles d’augmenter la production future. Keynes notait cependant que la part du revenu non consommée était d’abord conservée sous forme de liquidités et que ce n’était que dans un second temps que la question de Pépargne se posait. De plus, rien n’assure que immobilisation de Pépargne se fasse dans un investissement productif, et la crainte d'un seul placement spéculatif hantait aussi bien Marx que Keynes. Ainsi, et conformément & la critique keynésienne de la loi de Say, rien n’assure que lépargne actuelle des ménages conduise & un investissement productif qui sera lui-méme source d'augmentation de la consommation future. Ce serait alors plutét la réduction de lépargne actuelle qui serait socialement bénéfique. En effet, une hausse de la consommation actuelle accroit aujourd'hui les profits des entreprises qui peuvent augmenter leur épargne brute - et non celle des ménages -, leur capacité d’autofinancement, leurs investissements, et donc la production et la consommation & venir. La corrélation observée entre croissance de la production et PDF épargne serait ainsi plus le signe d’une causalité allant de la croissance a 'épargne que inverse, comme ont montré de nombreux articles dans les années 190", LA COMPOSITION DU PATRIMOINE SELON LE NIVEAU DE PATRIMOINE DES MENAGES FRANGAIS EN 2003 hitps:ww.caim infofrevue-idees-economiques-et-sociales-2018-4-page-41 im 5118 2901/2023 02:09 ‘Consorsmation et épargne =| Cain info EI EI = El ci a 03 (Od PEO es sts zetat estes EON stem MET sr sm 52 200m metas SEEM os 1s srs 5k ws MEI? ak wz ws MM eet wn — Insee, Enquétes patrimoines 2003-2004, dossier « Produit », 2006. Reste que les comparaisons empiriques effectuées reposaient jusqu’’ présent sur des pays aux caractéristiques économiques trés différentes. On pourrait alors faire Vhypothase que le fonctionnement classique ou keynésien, et donc la relation entre consommation actuelle, épargne actuelle, investissement actuel et consommation future, dépend, en économie fermée, essentiellement du niveau de développement et de revenu de l'économie. Plus précisément, !épargne préalable devient secondaire dans le financement des investissements des entreprises et la détermination de la consommation future 3 mesure que les pays augmentent leur niveau de développement et de revenu. Pour comprendre cette intuition, on peut comparer une économie caractérisée par un faible niveau de développement et de revenu avec une économie présentant un fort niveau de développement et de revenu. Trois caractéristiques les séparent :la premiere dispose de peu de richesses, présente un marché financier peu développé et sa population, en moyenne jeune, n’a pas encore connu sa transition démographique ; tandis que la seconde dispose de nombreuses richesses, a un marché financier développé et sa population est en moyenne agée, ayant déja expérimenté sa transition démographique. Dans la premiére, ily a une faible déconnexion possible entre les épargnants et les investisseurs potentiels (par manque de richesses et d’un marché financier développé), ce qui rend nécessaire la constitution d'une épargne préalable pour augmenter la production. Dans la seconde, la forte déconnexion possible entre les épargnants et les investisseurs potentiels (en raison de labondance de richesses et d'un marché financier développé) permet d'alimenter le processus d'investissement et de production sans épargne préalable. Le fait que les classiques et Keynes n’écrivent pas a la méme période de I’histoire permettrait ainsi de comprendre les deux principales relations évoquées jusqu’a présent entre consommation et épargne, que l'on retrouve ailleurs empiriquement. Philippe Aghion [6] a ainsi montré ~ pour défendre un mécanisme économique un peu différent — que la croissance de la productivité était corrélée positivement & l'épargne préalable dans les pays pauvres, éloignés de la frontiére technologique, et n’était pas corrélée a lépargne préalable dans les pays riches, proches de la fronti@re technologique. hitps:twin.caim.infofrevue-kdees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41.him 2 PDF 718 2arov2023 02:08 Consommation at paren: | Cam info Enfin, ajouter le processus de transition démographique permet de comprendre le B passage d’un état économique & un autre : i mesure que la population vieillt, celle-ci se déplace le long du cycle de vie, ce qui rend d’abord possible Pabondance de lépargne préalable et la hausse de la production (signe d’une consommation future), puis le déclin de Pépargne et la déconnexion partielle entre épargne préalable et hausse de la production. Afin de résumer ces raisonnements économiques, deux preuves peuvent étre apportées. D’une part, Horioka et Terada-Hagiwara [7], en étudiant les déterminants de la hausse des taux d’épargne dans les pays asiatiques entre 1966 et 2007, ont démontré que trois facteurs favorisaient indépendamment Pun de autre Pépargne : la hausse de la richesse produite, la réduction du ratio de dépendance (ce qui este cas des pays au milieu de leur transition démographique) et existence d’un marché financier développé. Autrement dit, le passage d’un statut de pays peu développé au statut de pays développé accompagne la hausse de Tépargne préalable. D’autre part, on observe en moyenne, selon les données et les classifications de la Banque mondiale, que la hiérarchie des taux d’épargne brute correspond a celle des taux de croissance de la production, et que, le taux d’épargne d'un pays ressemble 4 mesure quil se développe™ 4 une courbe en cloche conforme & Ia théorie du cycle de vie. LE POIDS DE LA TRANSITION DEMOGRAPHIQUE ET DU NIVEAU DE DEVELOPPEMENT DANS L’EPARGNE ET LA CROISSANCE, PDF — Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde, UNE RELATION MACROECONOMIQUE PARTIELLEMENT INDEPENDANTE DU REVENU Armesure qu’avance notre investigation de la relation entre consommation et “4 épargne, on peut constater que l'ensemble des situations résumées dans le tableau (voir page suivante) semble envisageable. hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im ate 2a1012029 02:09 Consommation et 6prgne | Gaim info Ainsi la relation entre consommation et épargne semble-t-elle fortement 1s dépendante du niveau de revenu, tant de lindividu que de l'économie nationale oi il évolue, Pourtant, dés que 'on observe une nation a échelle pleinement macroéconomique, sans tenir compte des interactions entre les ménages et les entreprises, la relation entre épargne et consommation apparait indépendante du revenu, Comme en témoigne la grande difficulté a expliquer les différences de niveau des taux d’épargne entre pays”, ainsi que les travaux de Simon Kuznets [9], Ia répartition du revenu entre épargne et consommation change trés peu a mesure que le niveau de revenu d'une population prise dans son ensemble augmente™. Dit autrement, au niveau macroéconomique, la hausse du revenu absolu augmente la consommation et 'épargne absolument mais les laisse inchangées relativement. Par exemple, entre 1975 et 2008, selon la Banque mondiale, le PIB mondial est passé de 5815 milliards de dollars a 61335 milliards de dollars tandis que le taux d’épargne brute mondial a oscillé faiblement autour de 22%, Cette constance, proche du paradoxe d’Easterlin ot [on observe que la hausse du 16 revenu national n’entraine aucune variation du bonheur moyen de la population, peut trouver son explication dans la prédominance du revenu relatif sur le revenu absolu. Comme lexplique Duesenberry, 3 mesure que le revenu dun individu augmente, sa consommation tend a s'ajuster & sa situation sociale selon un « effet crémaillére ». Dans un premier temps, avec faugmentation du revenu, ses habitudes de consommation restent les mémes, ce qui tend & accroitre quelque peu son taux dépargne™. LA RELATION ENTRE CONSOMMATION ET £PARGNE POUR UN INDIVIDU OU UN MENAGE Lépargne actuelle est un résidude consom- _L’épargne actuolle est une promesse do produc maton actuelle, contrainte parlerevenu. _tonet de consommation futures en permettant Faccumuletion de captal product. LLépargne actuolestunepromesse de La. consommation actuelest une promesse PDF Consommation Ute, cond¥onnée autaux de prodton et de cansommation tures en Sine justilant ivestissomont dos envepises. ve Mais la prise en compte de son revenu, rapporté a celui des autres, qui ont eux aussi 7 augmenté leur revenu, conduit l'individu réévaluer sa consommation vers le haut, et donc a réduire quelque peu son taux d’épargne, revenant ainsi 4 son niveau antérieur. Dans une telle configuration, la relation entre consommation et épargne semble déterminée par des logiques sociales plus qu’économiques. Ce serait toutefois oublier que des ajustements de court terme entre consommation 18 et épargne ont lieu au niveau macroéconomique. Le partage du revenu entre consommation et épargne varie selon lintensité de la croissance économique. On peut le comprendre en rappelant les différents motifs de 'épargne au niveau hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im ate 2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne =| Cain info individuel : .un motif de projet : !épargne servira & financer l'investissement dans une activité économique ou une consommation exceptionnelle ; 2. un motif patrimonial : !épargne servira & financer la retraite future ou 3 constituer un legs ; 3. tun motif de précaution : lépargne servira dans ce cas 3 compenser les aléas financiers de existence. Le fait est que, dans la plupart des cas, on observe avec un léger décalage temporel une corrélation positive entre les variations du taux ’épargne et les variations de la croissance économique. Dans les périodes expansion et peu aprds le retournement conjoncturel, le taux d’épargne a ainsi tendance A augmenter, ce que on peut comprendre comme lanticipation par les agents de Pamélioration de leur situation qui les conduit & augmenter leur épargne de projet et leur épargne patrimoniale (et, pour les plus averses au risque d’entre eux, leur épargne de précaution). Par exemple, selon la Banque mondiale, en France, de 1983 & 1988, la croissance économique accélére d’année en année (en passant de 1,2 %84,6% et le taux d’épargne brute augmente de 1985 4 1990 (en passant de 17,1% 419,9 %). AVinverse, dans les périodes de récession et peu aprés la reprise, le taux d’épargne a tendance & diminuer, ce que lon peut comprendre comme la ponction par les agents d’une partie de leur épargne de précaution. Par exemple, aux Etats-Unis, de 1999 8 2001, la croissance économique ralentit d'année en année (en passant de 4,8 % 1,1 %) et le taux d’épargne brute diminue de 1998 4 2003 (en passant de 18 % & 13,6 %). Sachant cette régularité, on constate ainsi au niveau macroéconomique une corrélation positive entre épargne et consommation, puisque les périodes d'expansion, et donc de hausse du taux d’épargne, sont aussi les périodes de forte croissance de la consommation. Cette corrélation positive entre consommation et épargne peut cependant étre ct remise en question dans les périodes d'instabilité économique. En effet, lorsque la conjoncture se caractérise par une forte incertitude sur Pavenitr, il peut advenir que Ie taux d’épargne augmente pour un motif de précaution alors méme que le ralentissement de Pactivité est déj3 en train d’avoir lieu et devrait conduire en principe & la baisse du taux d’épargne par la ponction de l’épargne de précaution préalablement immobilisée. C’est une telle situation que décrivent les modéles de PDF fonds de contingence (buffer-stock model). Dans la version de Carroll [11] ", les agents économiques sont a la fois impatients et prudents : impatients, car leur préférence pour le présent les conduit & anticiper sur les revenus futurs et & désépargner pour financer leurs dépenses courantes, et prudents, car lincertitude et la hausse de Tincertitude des revenus les conduisent & ne pas trop vouloir désépargner et au contraire & épargner. Sila prudence 'emporte sur limpatience, ce qui peut arriver lorsque les anticipations de chdmage ou le climat économique sont moroses, alors les agents auront tendance & épargner pour des motifs de précaution. On retrouve tune telle situation de nos jours dans les pays les plus touchés par les conséquences de Ia crise financiére de 2008 comme Espagne, le Portugal et la Gréce. Ges trois pays connaissent depuis 2010 une hausse de leur taux ’épargne alors méme que leur production en volume a diminué au moins deux fois au cours des années 2010 & 2012". Cette prise en compte de l'instabilité économique permet hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-socales-2013-4-page-41 im sone 2a1012029 02:09 Consommation at 6prgne :| Gaim info également de comprendre la situation paradoxale des taux d’épargne par age en Chine dont la forme actuelle est l'inverse de celle prédite par la théorie du cycle de vie. Ainsi, au lieu de former une courbe en cloche, comme dans le cas frangais, on observe une courbe en U. Chamon, Liu et Prasad [14] montrent ainsi que la hausse du taux d’épargne des plus jeunes s‘explique par la hausse de linstabilité des revenus (entre les périodes d’activité et de chdmage et de retraite) et que celle des plus agés est davantage motivée par I'incertitude croissante sur les revenus possibles pendant les périodes d'inactivité. LE PARADOXE DU NIVEAU D’EPARGNE — Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. Lindépendance au revenu de la relation entre consommation et épargne réapparait 20 cependant lorsque on se rappelle que les épargnants ne sont pas nécessairement les mémes agents que les consommateurs. En effet, il faut tenir compte de la circulation internationale des capitaux entre pays pour comprendre la relation entre consommation et épargne au niveau macroéconomique. Celle-ci se résume de la manire suivante : plus un pays surconsomme par rapport & sa production grace 4 ses importations, moins il épargne internationalement, et ce indépendamment de son niveau de revenu. Pour comprendre une telle relation, il faut revenir & ’équilibre emplois-ressources : le PIB est par définition comptable égal & la somme de la PDF consommation finale, de la formation brute de capital fixe, des variations de stock et i" du solde de la balance commerciale, soit les exportations moins les importations (PIB = CF + FBCF + ?S + (X observer la relation de moyen terme, on peut rappeler que le PIB est redistribué sous ‘M)). Aprés suppression des variations de stock pour forme de revenus aux agents économiques qui ont participé & son élaboration et que ces derniers vont utiliser soit sous forme de consommation, soit sous forme d'épargne (PIB = CF +E). Par conséquent, on peut déduire™ une relation entre le déséquilibre de la balance commerciale et le déséquilibre de 'épargne par rapport aux investissements : E - FBCF =X - M. Cela signifie que tout déséquilibre dela balance commerciale se traduit par un déséquilibre entre épargne et investissement. Lorsqu’un pays consomme plus de produits étrangers qu'il n’en fait consommer & Técranger (M > X), cela signifie qu’il a tendance a plus consommer qu’ produire, et hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im a8 2arov2023 02:08 Consommation at paren: | Cam info donc quil n'y a pas suffisamment d’épargne pour financer son niveau dinvestissement (FBCF > F). Ainsi les pays qui épargnent peu internationalement sont-ils aussi ceux qui importent et « consomment » donc beaucoup, et les pays qui épargnent énormément internationalement sont aussi ceux qui exportent et font «consommer » beaucoup. On retrouve parfaitement cette situation &’heure actuelle lorsque lon observe la hiérarchie des taux d’épargne et des balances courantes des grands pays au courant des années 2000. Selon les données duu FMI et de la Banque mondiale, on observe que !amélioration du solde courant de la Chine de 2001 8 2008 (passant de 17 & 420 milliards de dollars) correspond parfaitement & Ia hausse de son taux dépargne brute (passant de 37 % 3 53 % du PIB). De la méme maniere, la constance du déficit du solde courant états-unien (avec déj 124 milliards de dollars de déficit en 1996) correspond & sa position trés basse dans les taux ’épargne internationaux (jamais supérieurs & 18 % depuis 1996). Depuis 2003, on observe également que le solde courant allemand est toujours supérieur & celui de la France, tout comme est son taux d’épargne brute. Une telle configuration générale, marquée surtout par la différence forte entre les pays émergents et les pays avancés, peut alors se comprendre & la lumiére des développements précédents : comme le proposent Coeurdacier et ses coauteurs [15], les économies peu avancées dans Iesquelles le systéme financier est peu développé et doté de fortes contraintes au crédit favorisent la « surépargne » qui se traduit par une tendance & la « sous- consommation » interne, et donc & de fortes exportations. UNE CORRELATION POSITIVE ENTRE LA CROISSANCE ECONOMIQUE ET LES VARIATIONS DE L'EPARGNE PDF —Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. UNE CORRELATION POSITIVE A L’ EPREUVE DE L’INSTABILITE ECONOMIQUE hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-4t im sane. 2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne : | Cain.info 25 6 Se ce ee ee ee ' a a a ee ee ee “B Croisance su Espagne ——--@Cokearin v8, Powgal —W- Crobsace du PB, Gren =e Tawcsipargne be, Espagne se Tas dgargna bate Porta! 2 Taurcépargne bute, ce —Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. La RELATION ENTRE SOLDE DES BALANCES COURANTES ET TAUX D’EPARGNE BRUTE re) (Wome de dot) a Tau depagne inte, Onno Re Tauccéparge bre, Farce A Tux c'épargne trute, Alemagne AB Taux copargne brio, Etat-Unis PDF “Ste dnsbnaca cove Chine ate: Sod da acs coun, Fn = Solde dela balance couanie, Atemagne —-ame- Soidede la balance courante, Etats-Unis ae — Banque mondiale, Indicateurs du développement dans le monde. CONCLUSION Au terme de cette revue de littérature, il apparait ainsi que la relation entre 24 consommation et épargne est fortement complexe, dépendant & la fois du niveau observation - micro, méso ou macroéconomique — et de la maniére de concevoir Tépargne — comme dépense temporaire de richesse ou comme patrimoine-etla consommation. C'est face a une telle complexité que se trouvent confrontés les hitps:twin.caim.infofrevue-kdees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41.him sn za12028 0208 Consratin ot arg | Cana acteurs politiques nationaux et internationaux, tant pour lutter contre les effets persistants de la crise financidre de 2008 que pour lutter contre les déséquilibres macroéconomiques internationaux, et pour laquelle un éclairage économique parait salutaire. NoTES [1] __ Les références entre crochets renvoient 8 la bibliographie en fin d’article. [2] On pense notamment 4 Benjamin Franklin (3] cité par Max Weber (4] : « Celui qui tue une truie, en anéantit la descendance jusqu’’ la milliéme génération. Celui qui assassine une pidce de cing shillings, détruit tout ce quelle aurait pu produire : des, monceaux de livres sterling. (..J Situ te donnes la peine de tout noter en détail, cela aura un bon résultat : tu découvriras combien des dépenses merveilleusement petites et insignifiantes s‘enflent jusqu’a faire de grosses sommes, tu Vapercevras alors de ce qui aurait pu étre épargné, de ce qui pourra létre sans grand inconvénient a Yavenir ». Le tout avait été résumé par Jean-Baptiste Say avec une formule lapidaire : « favare qui, avec un soin sordide, amasse écu sur écu [est préférable] au dissipateur qui les répand avec profusion. » [3] Unexemple plus spectaculaire est celui des Etats-Unis : selon la Banque mondiale, alors que le taux d'intérét directeur de la Fed était de 17 % en 1982, le taux d’épargne brut états-unien était de 20,2 %, tandis qu’en 2005, un taux d'intérét de 2,5 % correspondait 4 un taux d’épargne brut de 14,5 %. [4] On peut, dans un autre cadre d’analyse, considérer que l'inflation engendre une fuite devant la monnaie, ce qui entraine alors une hausse de la consommation présente. Il faudrait alors analyser selon quel niveau d'inflation et quelles conditions économiques plus générales une relation emporte sur l'autre. Is] Pourune revue della littérature surle sujet, voir {5}. [6] _ Onpeut observer en figurant un pays passant successivement du stade de pays & revenu faible (avec un taux d’épargne passant de 10 4 25 % du PIB), 3 reven. intermédiaire (avec un taux d’épargne passant de 25 % 4 30 % et plus du PIB) puis & revenu élevé (avec un taux d’épargne redescendant sous la barre des 25 % du PIB jusqu’a 15%) [7] Comme écrivait Prasad : « Les économistes ont plus réussi & expliquer les POF variations temporelles du taux d’épargne au sein d'un méme pays, qu’ expliquer se les différences de taux d’épargne entre pays » [6] [8] Peut-étre que cette absence de corrélation résulte de la non prise en compte de « Pépargne forcée », et done socialisée, sous forme de cotisations sociales notamment, dans le niveau d’épargne global d’un pays. Comme en atteste le cas chinois {10], on peut supposer qu'un pays avec une faible « épargne forcée », notamment en raison d'un faible systéme de protection sociale, aura un taux cépargne des ménages supérieur a celui d’un pays 4 niveau de revenu équivalent mais disposant d'un systéme fort de protection sociale, et donc un taux « d’épargne forcée » important. [9] Crest un tel mécanisme quemploient Carroll, Overland et Weil pour expliquer la relation de causalité entre la croissance économique et la croissance de l'épargne 5). [10] _ Les deux variantes classiques sont celles de Deaton [12] et de Zeldes [13]. hitps:wwn.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im sane. 2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne =| Cain info [11] On pourrait également lire dans une telle hausse du taux d’épargne brute la simple conséquence du maintien du niveau d’épargne des plus riches (les pauvres étant Ies plus touchés en moyenne par les phénoménes récessifs) alors que le dénominateur quest le PIB diminue. [12] | PIB-CF+FBCF+ (X-M). Or, PIB-CF + E. Done, CF +E =CF +FBCF+ (X -M). Soit: E- FBCE=X-M. REsuME FrangaisSuite au déclenchement de la crise financiére au courant de Pété 2008, le pessimisme n’a cessé de monter parmi les ménages américains et européens. Celui- ci s'est notamment manifesté par une augmentation de lépargne de précaution qui a conduit & une baisse des dépenses de consommation des mémes ménages. II semblerait ainsi qu’il existe une relation claire entre la consommation et lépargne. Mais qu’en est-il réellement ? Les relations entre la consommation et l'épargne ne sont-elles pas plus complexes que le bon sens ~et certains courants économiques — ne veulent le croire ? PLAN PDF Une relation microéconomique intertemporelle cs Une relation médiée parle niveau de revenu Le réle déterminant du niveau de développement en économie fermée Une relation macroéconomique partiellement indépendante du revenu Conclusion hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im ssn8 2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne =| Cain info BIBLIOGRAPHIE [1] SMITH A., Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, 176, éd. Flammarion, coll. « Garnier-Flammarion », 2 tomes, 1999. [2] SAY]. éd.). Cours complet d’économie politique pratique, Bruxelles, Dumont, 1886 (3° (3] FRANKLIN B,, « Advice to a Young Tradesman, written by an old One », in Fisher G., The American Instructor or Young Man’s Best Companion, Philadelphia, New Printing Office (9"" ed.), 1748. [4] WEBER M., L’Ethique protestante et Esprit du capitalisme, 1904, Plon, Collection Pocket Agora, 1994. [5] CARROLL C.D., OVERLAND J., WEIL D.N,, « Saving and Growth with Habit Formation », American Economic Review n°90 (3), 2000. {6] AGHION P, COMIN D., HOWITT P, TECU L., « When Does National Saving Matters for Economic Growth ? », Harvard Business School Working Paper, n° 09-080, 2009. (7 HORIOKA C.Y,, TERADA-HAGIWARA A,, « The Determinants and Long-term Projections of Saving Rates in Developing Asia », NBER Working Paper n° 17581, 20u1. PDF [8] PRASAD E,, « Saving in Developing Countries », NBER Reporter n° 1, 2013. [9] KUZNETS S., « Uses of National Income in Peace and War », NBER Chapters n° 9339, 1942. {10] CHAMON M., PRASAD E., « Why are Saving Rates of Urban Households in China Rising ? », American Economic Journal : Macroeconomics, n° 2 (1), 2010. [11] CARROLL C.D., « The Buffer Stock Theory of Saving : Some Macroeconomic Evidence », Brookings Papers on Economic Activity, vol. 2, 1992. 12] DEATON A,, « Saving and Liquidity Constraints », Econometrica, vol. 59, 1991. hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im 168 2a1012029 02:09 ‘Consommation at épargne:|Caiminfo 13] ZELDES S. P, « Optimal Consumption with Stochastic Income : Deviations from Certainty Equivalence », Quarterly Journal of Economics, Vol. 104, 1989. {14] CHAMON M., LIU K., PRASAD E,, « Income Uncertainty and Household Savings in China », NBER Working Paper n° 16565, 2010. [15] COEURDACIER N., GUIBAUD S,, JIN K,, « Credit Constraints and Growth in Global Economy », CEPR Discussion Paper n° 9109, 2012. AUTEUR Patrick Cotelette professeur de SES au lycée Fustel-de-Coulanges de Strasbourg (67) Mis en ligne sur Cairn info le 07/01/2014 ‘Google Bookmark Facebook Twiter Pls eoptions https://doi org/to.3917/idee.174.0041 < Précéoent suwant > Pour citer cet article PDF Distribution électronique Caimn.info pour Réseau Canopé © Réseau Canopé. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, saufaccord préalable et écrit de léditeur, de reproduire (notamment par photocopie) particllement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque maniére que ce soit. Cairn.info | Lambert Sagno hitps:wiwn.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-4t im ame 2901/2028 02:09 ‘Consommation et épargne =| Cain info PDF hitps:wi.caim.infofrevue-dees-economiques-et-sociales-2013-4-page-41 im sen

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