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HISTOIRE DU CHRISTIANISME des origines 4 nos jours sous la direction de AYEUR, CHARLES (+) et LUCE PIETRI, ANDRE VAUCHEZ, MARC VENARD tome XIII CRISES ET RENOUVEAU, DE 1958 A NOS JOURS sous la responsabilité de JEAN-MARIE MAYEUR avec la collaboration de ROGER AUBERT, OLIVIER COMPAGNON, JERZY KLOczowskI, CATHERINE MAYEUR-JAOUEN, CLAUDE PRUDHOMME, KaTHY ROUSSELET, CLAUDE SOETENS, CHRISTOPH THEOBALD, JEAN-PAUL WILLAIME, JEAN-FRANCOIS ZORN Ouvrage publié avec le concours du Centre national du Livre DESCLEE Collaborateurs du tome XIII Roger Avrent, profewcur émirite 3 Moniversité catholique de Lowvain ‘Olivier Conaaciwon, attach! CPemeipnement et de recherche & Funes Tenant te Mirae Jeery Kuocroms, profewcur dendrite & Mumiversiaé dle Lublin Jean-Marie Maviun, profemeer 2 Maniversiag de Paris-Sorbonne Catherine Myron JacuEn, maitre de conférences ) Funiversité dee Paris Serr, Clande Pronnonna, profeweur 2 Muniversité de Lyon tl Kathy Rovwmnst, chanpte de recherches ax CNRS. Clade Sort, profemeur a Puniversité cathohque de Louvain Creicgh Troma, profemeur as Centre Stwres, Paris, Joun-Pasl Waiana directeur d'études A Mfooke pratique des hautes eri Scamnoes roligacenes. Joan Frangals Zomx, professcur & la faculhé de théologe protestants de Monipe' oN” DIVERSITE: DES CHRISTIANISMES DU SECOND XX° sii 616 5. LES RYTHMES PROPRES (A AFRIQUE LUSOPHONE AUSTRALE DEPUlg 1958 La chronologie et les modalités de P'émaneipation une part, la présence q colonisation d'origine européenne ancienne qui se considére africaine q autre ee imposent de considérer séparément l'Afrique Portugaise et australe anglaise Part La premiere a connu de coliteuses guerres de Libération ut se sont transformée pour l’Angola et le Mozambique, apres la proclamation des indépendances a: 1975, en guerres civiles sanglantes™. Compromises par leurs liens avec Je rita colonial, divisées de I’intérieur par des divergences d’objectifs, d’analyses. fe stratégies qui opposaient dans le catholicisme un clergé, surtout de religion, tourné vers la mission et un clergé séculier privilégiant la population Portugaise expatriée, les Eglises catholiques de ces deux pays ont abordé dans des conditions trés délicates le temps de la décolonisation et de V'indépendance. Sans doute |e pape Paul VI accorda-t-il des audiences aux principaux leaders nationalistes en 1970. Sans doute les Eglises catholiques locales pouvaient se prévaloir de l’attitude critique et courageuse de minorités. Ce sont en Angola des prétres afticains qui seront emprisonnés ou assignés & résidence au Portugal dans les années soixante. Mais le Saint-Siége n’obtiendra pas avant 1970 la nomination d’un évéque autoch: tone, l’Angolais Eduardo André Muaca, en qualité d’éyéque auxiliaire de Luanda ‘Au Mozambique I’évéque de Beira, Mgr Soares de Resende, est placé sous surveillance jusqu’A sa mort en 1967 ; les Péres Blancs n’hésitaient pas a publier le 15 mai 1971 une lettre publique od ils refusaient de « passer pour complices d'un soutien officiel que les évéques semblent apporter & un régime qui se ser de I’Eglise pour consolider et perpétuer en Afrique une situation anachronique et a la longue, sans issue». Leur expulsion du Mozambique en 1973, celle de V'évéque de Nampula, l’arrestation de prétres et de religieux espagnols, la dénon. ciation des accords de 1940 par le Vatican en 1974 accentuérent Ja fracture au sein de ’Eglise mais ne suffirent pas 4 dédouaner le catholicisme de ses alliances avec Etat colonial, alors que les confessions protestantes avaient fourni de nombreux dirigeants aux mouyements nationalistes, 4 commencer pat Eduardo Mondlane, Ie leader du Frelimo (Front de libération du Mozambique), et conn saient un rapide développement, a Les engagements catholiques 3 participer loyalement & 1a construction de LE national, et la promotion tardive mais accélérée d’évéques autochtones ala e des dioceses se révélerent d’autant plus insuffisants qu’un profond clivage appar tas, volume 64, Congresso Internacional de Historia, Miss q e i Missionacad “0 ultras, A‘ DT Misionsen Prolaatn e Sociedade Conenporns parece commncaons de are No «A secunda evangelizagao do Congo-Angola. 125 aiios 37-156, et Viet, Lor «A retirada dos Padres Brancos do. Mocambi tao lil que em 1971 ou a caugao religi gada Oe 206: ANB A 1g20 religiosa neg 6 aot 0, 208: at NB-BIA, Supplémen, n° 392, 15/10:1997: « Mozambique»; agence Fides n° 357 6 8 65. Charles Bin Cent ans au Mozambique, Le parcours dune minorité, Lavanne, S08 ad UN CHRISTIANISME N| RO-AFRICAIN aii 617 as les indépendances au sein du mouvement nationaliste. Ay Mozamt ra tres vite en factions rivales qui traduisirent Jeur Opposition te ae jdéologiques et en alliances extérieures antagonistes. Victimes des conséquenoee matérielles et humaines ere affaiblies Par les mesures de gouvernements marxistes prompts a identi ier Eglises et impérialisme — et & soupconner parti- culigrement les catholiques d!appuyer les tebelles —, Impuissantes a influer sur Je cours des événements, les Eglises chrétiennes ont traversé l’épreuve en cherchant @abord & assurer leur survie. Elles Y sont globalement Parvenues, malgré les tes humaines et matérielles, si l'on en croit | ba si | croit les statistiques Leffondrement du bloc soviétique allait acc lérer 1’éy t i > alle olution amorcée ay Mozambique en 1987, 4 cause d’une situation Economique et sociale désastreuse. La Constitution de 1990 proclama la fin du régime Marxiste-léniniste et permit Pouverture aux capitaux occidentaux Mais si le catholicisme peut se féliciter @avoir joué un role décisif dans la négociation qui a mis fin, a Rome le 4 octobre 1992, au conflit du Mozambique, et favorisé une transition démocratique exemplaire, il le doit beaucoup a V’intervention de la communauté catholique de Sant’ Egidio fondée 4 Rome par V’historien Andrea Riccardi. [I le doit aussi la dissolution de la dimension idéologique du conflit qui a permis la conver on du Frelimo et de la Renamo (Résistance nationale du Mozambique) en partis ipables d’accepter le verdict des urnes lors des premiéres élections multipartites en avril 1994 I wen reste pas moins que, sur le fond, les Eglises ont expérimenté leur impuissance 4 éviter une guerre qui aurait causé un million de morts et a dévasté un des pays les plus pauvres du continent™, Lissue du conflit angolais s’est longtemps révélée plus incertaine, mal accords successifs signés par les protagonistes. La norm: triompher en 1998, profitant d’une conj mouvement d’opposition, I’Unita, de ses appuis extérieurs, et d’une conjoncture intemationale qui gomme les objectifs révolutionnaires du parti majoritaire au pouvoir. Ainsi, aprés plus de trente ans de Querres et de situation d’exception, les Eglises chrétiennes retrouvent la liberté religieuse, récupérent méme une partie de leurs biens, mais elles n’ont pas encore eu réellement la possibilité de définir leur place et de régler leurs relations avec des Etats laics dans un contexte de Pluralisme religieux. Mais la situation intérieure et régionale reste trop incertae Pour écarter I’hypothése d’une reprise du conflit. Pour des raisons tout a fait différentes, les Eglises de l'Afrique australe a Phone se trouvent elles aussi confrontées & des situations inédites et instables. Ainsi les trois Etats héritiers de l’ancienne Rhodésie ont donné naissance & autant de configurations bien distinctes. Au Malawi, les Bglises chrétiennes n a mere manifesté de combativité contre Ia quasi-dictature du pecbujeurab aoe (1964-1993), «président & vie », que son ancienne amitié avec N’Krumah n’avai isation semble enfin joncture régionale qui prive le principal ee ac ocr eM lozambique », Agence Fides, 7-14 aoit 1998. ea Luze, Cra des Eglises écartelées », Mission n° 34, juin 1993, p al 18 piverstt® DES CHRISTIANISMES DU SECOND Xx° sipey ols s r sous la protection de l'Afrique du Sud, teme pluraliste qui les met pour |y ‘lle ent politique”. A prey assumer, aU Mons dang ché de se place! adapter un Sys! tion de l'engagem semble plus facile? am June confessionnalisation de la compétition wi re adhésions religicuses ct politiques, eral, if s doute pour les Fglises de V'Afrique australe le prochain ae ik Ja Zambie montre en effet que la démocratisation a telever sérieuses difficultés, nées de obligation d’opérer des choix que le a a parti unique avait différés. Aprés [’instauration du pluripartisme et la dé Me dy ésidentielles (31 octobre 1991), les Kaunda aux élections pré Fai t ! ¢ eérer dans le débat public sans paraitre s’inféoder 4 possibilité de s*inseret ai p F inféoder & un part, dencourager le fiddles & promouvoir les _principes chrétiens sans donne sentiment identifier Vintérét d'une confession a une formation politique 5 : culitre. L’évolution depuis I’élection présidentielle de 1996 laisse redouter ee dans un processus de polit rel oS Le cas du Zimbabwe, Tancienne Rhodésie-du-Sud, témoigne cependant de diversité des solutions possibles la gestion des relations entre les Eglises i V'Btat. L’indépendance unilatérale décrétée en 1969 par le gouvernement de net ‘Smith avait provoqué une riposte commune des Eglises pour défendre les ea de la population noire, ma leur propre indépendance ecclésiale compromise par une Iégislation qui limitait les libertés de réunion et d’association et séparait les fidales selon la couleur de leur peau. Le 18 avril 1970, l’Eglise catholique et seize Eglises protestantes, dont l’Armée du Salut et I’ Eglise réformée hollandaise, condamnaient dans une déclaration commune !’Acte foncier qui restreignait |’ orga- nisation de réunions multiraciales. La guerre civile qui déchira le pays de 1972 1980 plagait les Eglises du Zimbabwe devant le choix d’une prudente réserve ou d'un engagement accru dans 1a lutte contre la séparation des races. La majorité entre elles s’engagérent aux cotés d’un mouvement dont de nombreux leaders Giaient protestants ou anglicans (le révérend Ndabaningi Sithole, I’évéque Abel Murozewa) ou se déclaraient de « tendance catholique » (Robert Mugabe, ancien ee ie missions), quitte a donner un appui direct ou indirect a une guérilla ee ae me unease par la ZANU de Mugabe et la ZAPU de Joshua Peart ‘ een Is - Lancaster House (décembre 1972) mirent fin a cette i Eslises, ea : a e par la mort de dizaines de missionnaires et responsables Ss Sa a y le quatre-vingt mille civils. Mugabe, vainqueur Bote pn T pte end al a cee cone ‘: i er leur | ion. L’appel a I’arc' eveque cal aaa satis Gree invité A bénir Je nouveau drapeau le 18 avil 1980. aaa i cipation de la grande majorité des Eglises i la construction : pas empéché les grandes Eglises de renouer ensuite avec une § doiven, pas empe Hie jg maintenant s A Ja question ¢ 1 fonction critique ., les risques ¢ dinterférences ent tration, seront L'gvolution de ite , le SS aVaient |y (68. Agence Fides n’ 3602, 18 mars 1989; « Malawi». il > UN CHRISTIANISME NEGRO-AFRICAIN 619 tion critique 2 Foccasion d’interventions répétées, dont la commission Justice fone! race V'Eglise catholique donna l'exemple en 1983, ou a renforcer leur et Pai ndance en consentant un important investissement dans la formation d°é les eres au sein d’universités méthodistes, adventistes ou catholiques. Le Zim owe semble done avoir trouvé un certain Equilibre dans la gestion des relations Fplses-at et du pluralisme religieux, Cooperation symbolisée par l’ouverture dun département d Etudes religicuses multiconfessionnelles & 'université d’Etat Harare. Mais cet équilibre est menacé a tout moment par la montée d'une violence qui s'exprime dans | ethnic me, les émeutes étudiantes, les affrontements litiques ou sociaux. La volonté affichée par les Tesponsables de plusieurs Eglises de contribuer A l'apprentissage d’une gestion pacifique des conflits, "insistance sur la nécessité du développement économique, seule solution & terme, peuvent ouvrir des voies nouvelles a I’engagement des chrétiens dans la soci L’appro- bation sous condition accordée par l’épiscopat catholique & une réforme agraire, a condition qu’elle permette d’améliorer la production et serve le bien commun, sinscrit dans cet esprit d’ouverture qui entend néanmoins préserver la liberté de Vinstitution (décembre 1997). 6. L’AFRIQUE DU SUD, DE L’APARTHEID A LA LIBERTE Mais c’est sans doute la construction d’une Afrique du Sud démocratique qui constitue en cette fin de xx siécle l’inconnue majeure dans la région. La redis- tribution des cartes ne peut pas rester sans effet sur les rapports entre les Eglises, pas plus que sur les relations entre Eglises et Etat, dans un pays trés largement christianisé. La dynamique religicuse, tant du point de vue des adhésions contes sionnelles que des théologies développées, a été profondément marquée par Vexpé tence de I’apartheid et la lutte contre un systéme raciste. Au moment ot I’Afrique noire s’émancipait, dans les années soixante, le durcissement de la discrimination en Afrique du Sud et dans le Sud-Ouest afneatn a place les Eglises devant des choix qu’elles avaient généralement différés. Option héologique, d’abord, qui imposait de clarifier une lecture de la Bible justifiant Vinégalité des droits A partir d’une hiérarchie des races. Ce fut la question la Plus vite tranchée, avec une déclaration des évéques catholiques selon Taquelle Mapartheid était intrinsequement pervers (1957), puis la conférence de Cottesioe Gu, & la suite des fusillades de Shapeville (et la mort de 69 Noirs), runt & 1200 les Eglises membres du COE et déclara apartheid contraire & P Dieu, Seule parmi les grandes Eiglises, I’Eglise réformée hollandaise ( hk le eee “rformeede Kerk-NGK), il est vrai la plus nombreuse, reiter - be yet Tutyen!°PPeMent séparé par le recours a In Bible, En 197) I jeune mondiale (FLM) déclarait & son tour que le Ne ae alliance tine question de foi (status confessionis), suivie en 18° Sent que Ie mondiale qui prononga la YGK, conside spension de la N

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