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CHAPITRE 2 LES EFFETS DE L’INERTIE DE L’EAU : SURPRESSIONS ET DEPRESSIONS DANS LES CONDUITES CONSECUTIVES AUX MANCUVRES DE VANNAGE (COUPS DE BELIER), OSCILLATIONS DANS LES CHEMINEES D’EQUILIBRE 21, Avant-propos, Ce chapitre ne constitue pas une étude générale des coups de bélier, ni des oscillations dans les cheminées d'équilibre, ce qui dépasserait largement le cadre de cet ouvrage. Le lecteur trouvera, toutefois, dans les références biblio- sraphiques Vindication d’un certain nombre de publications traitant de ces sujets. En ce qui nous concerne, i! s’agit principalement de montrer le mécanisme des phénoménes et d’en définir les incidences sur la régulation des turbines, ‘Nous nous limiterons au cas de ‘installation représentée schématiquement Par la figure 2.1. La conduite sera a caractéristique unique ct, pour plus de claeté, nous étudicrons le coup de bélier au moyen de la méthode graphique Chenin o spur Fig. 2.1. — Schema d'une installation hydraulique 434 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES de Schnyder-Bergeron dont on pourra trouver un exposé détaillé dans ou- vrage « Du coup de bélier en hydraulique au coup de foudre en électricité » de L. Bergeron. Dans Finstallation ainsi schématisée la turbine est assimiléc & un obtura- teur placé cn aval. Toute mancuvre de cet obturateur modifie le débit done Ia vitesse d’écoulement de l'eau dans la galerie et la conduite, il en résulte des variations de pression causées par l'inertie du fluide, En raison de l'élasticité de leau et des parois ces variations de pression et de débit qui prennent nais- sance au niveau de 'obturateur, ne se propagent pas instantanément mais par ondes. Le réle de Ja cheminge d’équilibre est de protéger Ia galerie en charge, généralement beaucoup plus longue que la conduite, des ondes de pression provenant de celle-ci. Elle contribue également a réduire l'amplitude des oscil- lations de pression dans cette derniére. Pour analyser les phénoménes qui se produisent a Ja suite d'une manceuvre du vannage de la turbine supposons deux manométres M, et M; placés respec- tivement & aval de la galerie et & la base de la conduite. Le manométre supé- rieur M, va enregistrer une oscillation de pression de tres longue période (plusicurs dizaines de minutes) en méme temps que se produit, en synchro- nisme avec ses indications, une oscillation du niveau de la chambre d’équilibre. Sur le manomttre inférieur Mf, vont apparaitre deux oscillations de pression de ‘natures totalerient distinctes, la premidre en phase avec celle enregistrée sur M,. Ia seconde de période beaucoup plus courte (de ordre de quelques secondes) provoquée par les ondes de pression qui se propagent dans la conduits. ‘Nous nous trouvons ainsi en présence de deux phénoménes distinets, Ie coup de bélier, d’origine élastique, qui se produit dans la conduite et loscil- lation dans la cheminée qui s’apparente aux oscillations des liquides dans les vases communicants. Ces deux phénoménes sont liés en ce sens que le premier est A lorigine du second mais, en raison de la différence extréme de leurs pério- des propres, le coup de bélier est souvent amorti lorsque les oscillations de la chambre d’équilibre commencent & se manifester. Bien que le phénoméne soit plus complexe nous commencerons l'étude par celle du coup de bélier. 2.2. Surpressions et dépressions dans les conduites consécu- tives aux manceuvres de vannage (Coups de bélier). 2.2.1) Méthode d’énude. Les variations de pression et de débit se transmettent, non instantanément, mais par ondes avec une vitesse dite oétérité des ondes de coup de bélier donnée par la formule d’Allievi : LES EFFETS DE LINERTIE DE L'EAU 435 dans laquelle : a est la célérité de Ponde en m/s, , Ia masse volumique de l'eau : 10- kg/em?, s, le module d’élasticité de l'eau : 2,02. 10* bars, » le module d'élasticité du métal de la conduite : 2,05. 10° bars, Dect, respectivement le diamétre et épaisseur de la conduite. Par exemple pour D = | mete = 1 cmon trouvea = 1 000 m/s. Lathéorie analytique du coup de bélier conduit & deux groupes d'équations, te premier caractérise la propagation des ondes de pression le long dela conduite, le second définit les conditions aux limites c'est-a-dire aux extrémités de la con. duite, La méthode de Schnyder-Bergeron consiste a faire apparaitre graphique- ment ces deux systémes d’équations dans le plan de coordonnées débit (Q) Pression (#1). Par pression il faut entendre pression totale c'est-a-dire la pression €n un point de la conduite a laquelle on ajoute la cote par rapport & une alti- tude quelconque, en général celle de 'orifice aval. Dansces conditions, en régime Permanent, la pression H est la méme en tout point de la conduite et égale a Ho ce qui revient A considérer Ia conduite fictive C, au lieu de la conduite réelle C, voir figure 2.2. Fig. 2.2, — Principe de ia méthode de Bergeron. Schématisation dela conduit, Le premier systéme d’équations caractérise deux droites dites droites @ondes que l'on définit en imaginant un observateur qui se déplace avec la célé- nité a de lends de pression le long de la conduite. Si cet observatcur se déplace dans le sens de l'écoulement, i! voit état débit-pression des points par lesquels il passe représenté sur le diagramme H(Q) par une droite de pente — a/g.5 (S, section de conduite). Si le déplacement de l'observateura lieu en sens inverse le coefficient de la droite d’onde est : + a/g.S. Les caractéristiques d'extrémités de la conduite sont d par Tes fone- tions H(Q) en ces points a l'instant considéré. A l'extrémité amont B la pres- sion est constante et égale a Ho, la caractéristique est done Mhorizontale H = H, 436 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES quel que soit le temps. A 'extrémité aval 4 se trouve une turbine que nous assimilerons 8 un obturateur dont la loi de débit est : Q = 2.580) y2g-0 SS, section de passage offerte, fonction du temps 0. ‘Ce qui, en toute rigueur, nest vrai que pout les machines de faibles et moyennes vitesses spécifiques. Si Qo est le debit sous la chute normale Ho, il vient : Les caractéristiques d'extrémité A sont donc constituées par une famille de paraboles pour lesquelles le degré d’ ouverture du vannage figurecomme para- mitre. Si S(8) est unc fonction linéaire du temps (ouverture ou fermeture dites, lingaires), MN = NP = PR, sur la figure 2.3. °. = "Fig. 2.3. — Méthode de Bergeron. Caractéristiques d'extrémités, Principe de a méthode. Un point quelconque du diagramme M(Q) représente ainsi état débit- 4 un moment déterminé en un point de la conduite caractérisé par scisse, En général, on ne considére que les extrémités et l'unité de temps choisic, variable avec chaque installation, est prise égale & la durée d'un aller- retour de onde dans la conduite aL wey L, longueur de la conduite LES EFFETS DE LINERTIE DE LEAU 437 Pour montrer l'application de la méthode supposons connu (Fig. 2.3) état débit-pression en A au temps 0 représenté par le point 4y du plan H(Q), point situé sur la caractéristique d'extrémité A au temps 0; parabole T-, Lrobservateur de Bergeron part de A au temps 0 se dirigeant vers B, il voit Vétat débit-pression des points par lesquels il passe représenté par une droite donde de pente + a/g.S issue de 4g, Il arrive en Bau temps 8 + 4, le point représentatif de Pétat débit-pression en B A ce moment se trouve d'une part sur cette premiére droite donde et d’autre part sur la caractéristique d’extré- mité # & ce moment qui est, comme & tous les temps d’ailleurs, "horizontale Hy, doit Bo. ,. Lobservateur part de Bau temps 0 + 4 se dirigeant vers A, nouvelle droite d’onde issue de By, , de pente ~ ajg.S, arrivéeen A au temps 6 + 1. Le point représentatif de état débit-pression en 4 au temps 0 + 1 se trouve 4 la fois sur cette droite et sur la caractéristique d’extrémité I'g,., qui peut étre différente de T',, si Vobturateur a été manozuveé dans T'intervalle de temps 0, 9 + I, ce qui est le cas de la figure of un mouvement de fermeture a été opéré, L’€pure peut évidemment se poursuivre donnant I'état débit-pression aux extré: mités de la conduite & chaque unité de temps. La méthode peut aussi donner l'état débit-pression en un point quelconque de la conduite, & condition de con- naitre Pétat débit-pression aux extré- t The mités & des moments convenables. 1 Par exemple (Fig. 2.4), supposons | connus A, et B, et imaginons deux cobservateurs partant respectivement Mog de A etde BA ceméme moment, Se rencontreront en M, milicu de Ho la conduite, au temps @ + 4, a ce point correspond sur le diagramme H(Q) le point Myy4 intersection des droites d’ondes issues de 4, et By et de pentes respectives + a/g.S et — afg.S. Nous ayons convenu dans cet exposé de nous limiter a la con. duite a caractéristique unique c’est-a-dire de diamétre ct épaisseur uniformes, la célérité de l'onde et 1a pente des droites d’ondes sont ainsi les mémes en tout point de la conduite. D’autre part, en régulation, les écarts relatifs A sont plus intéressants que les valeurs absolues. Nous pouvons ainsi substituer aux coor- données H et Q les coordonnées, dites d°Allievi, p et Ad définies par: H- Hy _ AH Fig. 2.4. — Détermination de Vétat débit-pression ‘en un point de Ia conduit, Ak Q ct V respectivement débit et vitesse d’écoulement dans la conduite. p est dit paramtre d’Allievi 438 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES Dans ces conditions les pentes des droites d'ondes deviennent Gh 2 2AM. BS 2 x (+1) costae respectivement + 2t — 2 P Q et la caractéristique d'extrémité 4 s'exprime ; Q_p H+ He Q@ Po N Ho 2» et sc trouve représentée par une parabole de sommet (0, — 1) passant par le point (Po, 0). En fait les écarts de pression tolérés sont relativement faibles (au maximum 15420 %), on peut sans grande erreur confondre (1 + Alt et (1 + Ahj2), Ia caractéristique d’ex- trémité A devient ainsi une droite passant par les points (0, — 2) et (Po, 0) (Fig. 2.5), ce qui contribue & simplifier Mpure des. surpressions. On peut encore compléter la figure en portant la loi de maneuvre, qui représente l'ouverture en fonc- tion du temps cest-a-dire po(0) et se trouve proportionnelle au débit sous chute constante. Il suffit de porter 8 en ordonnées du cété négatif. Cette courbe peut n’étre utilisée que par- tellement (fermeture ou ouverture & partird’unechargepartielle, py 0. Une fermeture incompléte provogue le méme effet comme le montre Ja figure 2.8 Si la valeur finale de p est supérieure a | Ja surpression tend vers 0 par valeurs positives. 2.2.2.2) Fermeture progressive a partir de Vouverture totale. L’épure se conduit de la méme maniére, voir la figure 2.9 construite avec 6, = Set p, = 1,5 en supposant une loi de manceuvre linéaire. On termine également par une oscillation de pression théoriquement indéfinic. 2.2.2.3) Fermeture progressive a partir d’une ouverture partielle. En gardont la loi de mancuvre linéaire définie dans exemple précédent (Fig. 2.9), om constate que la surpression maximale varie avec la valeur du para- mitre pg de départ. On peut distinguer deux cas : Po <1. Le coefficient angulaire des droites d’ondes est inférieur & celui des caractéristiques d'extrémité A (Fig. 2.10.0). La surpression maximale a lieu au premier temps. La similitude des triangles ODC et DA, H conduit a : Pp Aly DH 8, 2 a Po ~ 4 soit : 3% Pp dont la valeur maximale est atteinte pour py = 2° soit : Ah, 4) Cette surpression, dite de Michaud, est obtenue par une fermeture totale & partir d’une ouverture partielle correspondant & un temps de manceuvre égal a la durée d'un aller-retour donde, Cette manceuvre est fa plus dangereuse que l'on puisse effectuer. Po % |. Le coefficient angulaire des droites d’ondes est supérieur & celui des caractéristiques d'extrémité A tant que 9 reste supérieur un, la construc- | i 1 } | | | | \ | it : 4az 7---4 { \ i \ Sua abi poe fe= Peay REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES Coupee bélion en masse, het i ane a eee peapentatias Sooeeeeae cao Farmeture progressive. 0x5 Pom 15 Surpression moxlmole pour Fermetures @ partir douvertures portiolles variables & ou Atma 2. ovec Le = tte 2 the _ Op 122. Op Te ghelp Tp 2b Fra fe (Ale one Hh _ fe 2” 28 Fig. 2.9, — Epure dela fermewre progressive. i LES EFFETS DF L'INERTIE DE L'EAU 443 tion fait apparaitre une surpression limite qui, atteinte par valeurs inférieures constitue Ja surpression maximale (Fig. 2.10.5). Soit Ah, cette surpression obtenue aux temps consécutifs 6 et 0 + 1, la similitude des triangles CDE et C.Ags ody conduit a: 2+ Ahe soit dou: Ahy = 3) Pp 28, Pe 6, res valeur indépendante du paramétre pp de départ (pe > 1). Les formules 3 et 5 se raccordent évidemment pour la valeur py = 1 La surpression maximale exprimée en fonction du paramétre py de départ est représentée par le diagramme de fa figure 2.9. Cette courbe est appelée courbe «en pic » de Maurice Garie), Fig. 2.10, — Fermetare progressive. Détermination de ta surpression maximale. 444 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES YDRAULIQUES 2.2.3) Manewvres dowverture. 2.2.3.1) Ouverture brusque. Sip, > 1 la manceuvre ne donne pas lieu & des valeurs positives de Ah, (Fig, 2.11.8). On montre facilement que : 20 Min = im 9 Il n’en est pas de méme sip, <1 o& se produit une surpression dont la valeur maximale dépend d’ailleurs de p,. On montre qu’elle est Ia plus élevée pour p, = $et que ce maximum a pour valeur Ah = 0,25. En aucun cas, par conséquent, une dépression due & une manceuvre d’ouverture ne peut étre. d'une surpression de plus de 25 % (Fig. 2.11.4). Fig. 2.11, — Epure de ouverture brusque 2.2.3.2) Ouverture progressive (Fig. 2.12). i aL 1; Le dépression maximale a lieu au bout du temps —, sa valeur est : | Ps 25, | | a LES EFFETS DE LIINERTIE DE L’EAU 44s Pratiquement, une dépression n'est pas dangereuse par elle-méme, les conduites étant généralement faites pour résister au vide, mais elle le devient si elle engendre une cavitation généralisée créant un vide qui se rebouche brutale- ment ensuite donnant licu au phénoméne du marteau d'eau dont les effets sont 1, Ia manceuvre sera linéaire et Ia vitesse de fermeture est donnée par Ia relation 5 4, ‘on obtient TAT et 0, = 10. Pp i ft i } 446 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES A partir de p = 1 il convient de ralentir. La figure indique la fagon de Procéder : considérons une fermeture & partir de ouverture partielle py = 1, au premier temps suivant, le point représentatif se trouve sur la droite d'onde issue de py = I et sur Phorizontale Ah, = 0,15, par ce point A, passe donc la caractéristique dextrémité au premier temps aprés le début de cette manceu- vre. On considére ensuite une fermeture & partir de ouverture partielle définie par py et ainsi de suite. ahs thas 5 ° fos Fig. 2.13. — Etablissement d'une loi de fermeture non linéaire pour wne surpression raximale ‘de 15 %ya partir de pp 1. LES EFFETS DE U'INERTIE DE EAU 447 Une loi de ce genre, si elle diminue la surpression, augmente la durée totale de manceuvre accroissant ainsi la survitesse, comme nous le verrons plus loin, Elle conduit de plus a des complications mécaniques. Elle est rarement employée. 2.2.5) Coup de bélier en masse. Lorsque la conduite est courte le temps d’aller-retour d’onde devient négli- geable devant le temps de manceuvre, Pratiquement les variations de débit et de pression se transmettent instantanément et tout se passe comme si le fluide était incompressible ct Ja conduite infiniment rigide. C'est Ie domaine du coup de bélier en masse que nous allons étudier. 2.2.5.1) Détermination de a surpression maximale consécutive @ une maneuvre de fermeture. Appliquons la loi fondamentale de la mécanique a la colonne liquide de Jongueur £ contenue dans fa con- duite, figure 2.14 \a_pSection 5 A m Y= & forces extérieures a w _ — s.n.AH 8) Sub sd —— (les forces de frottement étant négligées) Fig. 2.14. — Coup de baler on masse. Lav AH =— 7 ae ive Ah = SH eta vitesse V, d’écoule- en faisant apparaitre la surpression rel 3 fo ment pour le débit normal sous la chute Ho, cette expression devient : v v ap ay LVS ¥, 9% >. Ve _ og Ye erate pariah a Ly, : : en posant © = 27) temps caractéristique de 'inertie de eau dans laconduite. Supposons une mano:uvre linéaire de orifice situé en A, ce qui signifie que la section de passage offerte au fluide varie linéairement mais non le débit car la fermeture crée une surpression qui réagit sur fe débit. Au temps # de la manceuvre Ia chute est devenue H = Hy + AH et la vitesse V, on peut écrire : v Sgr eae 443 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES Vo représentant Ja vitesse qu’aurait le fluide si la chute etait restée Hp, cette vitesse varie linéairement comme la section de passage offerte v(t -#) a+ ane T représentant le temps total de manceuvre de obturateur. 'A(l + Ast on peut, comme nous avons vu, substituer (1 + 84) ; Pexpres- sion 9 devient : Any. 1(, _ 2) dak ana —of-$(r+ 8) 31-2) Hy. 10) La valeur maximale de Af correspond & a = O soit : 9 T se" Wy oT Mhg = Pour voir Ia maniére dont la pression tend vers cette valeur il faut résoudre Yéquation différenticlle 10 qui s*écrit en séparant les variables : 80 -)8 (3) anB-0 ; ° et en divisant par & soit : qui sintégre par 12) LES EFFETS DE LUINERTIE DE L'EAU 449 ‘montrant que la surpression maximale est atteinteau temps ¢ = T, c’est-A-direen fin de fermeture. 2.2.5.2) Remarques, — Si le diamétre de conduite n'est pas uniforme, il suffit de remplacer dans expression de @, LV, par ELV, L et V relatifs & chaque élément de conduite de section uniforme. — Si Fobturateur est cn amont le méme calcul donne la dépression en aval consécutive & une fermeture, cette dépression peut &tre limitée par le vide. — Interprétation physique du temps ®. La vitesse d’écoulement dans la conduite débitant a gueule bée, sans pertes de charge est : Vv, = V2gHy. La conduite étant obturée A laval, on ouvre instantanément le robinet, voyons comment l'eau atteindra sa vitesse de gueule bée. L’équation fondamen- tale s’écrit ou: soit encore : Pot 29 i | | 450 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES Le temps © caractéristique de la conduite débitant a la vitesse V, est le temps que met Peau partant du repos pour attcindre cette vitesse mais dans le ‘cas sculement ou cette derniére est faible vis-a-vis de la vitesse de gueule bée. — L’eau tant supposée incompressible, la loi de variation du débit pendant la fermeture est !a méme en tout point de la conduite, il en estde méme de e. ‘Aun instant donné. Si la distance du point considéré ala prised’eauest Ly la surpression AH, ence point cst : av BH = ae AH, : : O72 est constant le Jong de la conduite, Ia surpression se répartit done pro- portionnellement a la distance de a prise d’eau (Fig, 2.14). — Pour po > 1 la surpression maximale dans le cas du coup de bélier d’onde est donnée par la formule 5 dans laquelle v, T_af 2 soit : On constate que dans cz cas les formules 5 et 11 sont identiques, ce qui ‘est normal, car lorsque p, est grand ainsi que 8, c’est-a-dire que Je temps de ‘manguvre comprend un grand nombre d’allers-retours d’ondes, tout se passe ‘comme ai les ondes avaient une oélérité trés grande. II convient de remarquer jque p, ne peut étre grand sans que , le soit aussi afin d°éviter des surpressions <épassant les valeurs habitueltes. 2.2.6) Cas des turbines @ réaction. Coup de bélier @’aspiration. La fermeture du vannage d'une turbine 4 réaction (Francis ou hélice) produit en méme temps qu'une sutpression dans la conduite en amont du dis- tributeur une dépression dans l'aspirateur en aval, En toute rigueur les deux phénoménes ne sont pas indépendants puisqu’ils agissent tous tes deux sur le débit, lequel réagit & son tour sur les pressions, il faudrait donc conduire & la fois les deux épures sur le méme graphique de Bergeron, en pratique il est géné- ralement possible de procéder plus simplement. 'Si la conduite est beaucoup plus longue que Maspiratenr, ce sont surtout Jes variations de pression dans celle-ci qui influencent le débit, on peut ainsi sans grande erreur séparcr les deux éléments ; on fait d’abord l'épure des sur pressions en amont qui donne les variations de débit en fonction du temps, LES EFFETS DE L'INERTIE DE 1EAU 451 puis on tire de ces variations de débit les variations de pression en aval par ta théorie du coup de bélier en masse applicable a laspirateur qui est généralement court. Si Ja conduite et aspirateur sontd’égale importance ct suffisamment courts "un et l'autre, ce qui est le ces des installations de basses chutes on caleule le coup de bélier en masse en supposant Pobturateur placé a la sortie de laspirateur : ' =LV 13) avec ELV étendu a la conduite, la bache et Taspirateur. Puis on répartit ce résultat en une surpression dans la conduite et la bache et une dépression dans laspirateur au prorata des ELV de chacun de ces éléments. Tl faut évidemment éviter le vide complet dans laspirateur en raison du danger que présente le recollement de la colonne liquide: soulévement du rotor, bris des pales de roue Kaplan... Les groupes particuliérement exposés sont munis de ventouses (Fig. 4.101, 4.102) 1° partie, manceuvrées par le régulateur avec le vannage qui laissent entrer de Pair pour briser le vide. 2.3. Oscillations dans les cher inées d’équilibre. 2.3.1) Equations des oscillations en masse dans une cheminge Péquilibre simple. La cheminée d’équilibre simple, Ia seule que nous considércrons, est cons- tituée par un puits de section droite constante S,,. Le conduit d’amenée est & écoulement sous pression, ses parois supposées rigides et l'eau admise incom- pressible. En conséquence le liquide se déplace en bloc sur toute la longueur de Ja galerie et les ondes de pression se propagent instantanément. Lapplication de la loi fondamentale de la mécanique A la masse d’eau contenue dans la galerie conduit a : (Fig. 2.15) 8 spb a = E projection des forces extérieures, Le second membre de l'équation est constitué par la sésultante des forces pressantes agissant sur Tes sections d'entrée et de sortie : = 5.S,.AZ La projection des forces de frottement (pertes de charge): = Ski W 452 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES dod : L, a, ot4aze 0 14) g dt (Signe + lorsque l'eau s’écoule de la retenue vers !a cheminée). Equation d’écoulement dans la chemi AZ dt S, +0 13) Q représentant le débit dans la conduite foreée en direction des turbines. "Nous allons appliquer ces relations dans deux cas, celui dune fermeture brusque afin d'illustrer le mécanisme du fonctionnement de la cheminée d’équi- Hibre et celui des petits movements de vannage afin d'obtenir les équations de installation intervenant dans étude de la stabilité de réglage. een ate ate am iva oe reference, 02 J Fig 2.15, — Mécanisme de fonetionnement de la cheminge d’équilibre. 2,3.2) Oscillations consécutives @ une fermeture brusque. ‘Au temps ¢ = 0 le débit Q s'annule brusquement, équation 15 s'erit : dgAZ by Sp = Sen Ge stat SESS SEES TR A in NT LET LES EFFETS DE L'INERTIE DE L’EAU 453 et 'équation 14 dans laquelle par mesure de simplification nous négligeons les pertes de charge devient : 2 Se oe +AZ=0 S, dr be g qui caractérise une oscillation entretenue de période : amplitude maximale: Vo, vitesse d’écoulement dans Iz galerie avant perturbation, La période d'oscillation est généralement longue, par exemple pour SealS = 10, Ly = 10000 m: T = 628s. Lrétude pratique des oscillations dans les cheminées d’équilibre n’est pas aussi simple que ce que nous venons d'indiquer, les pertes de charge, la loi de manqeuvre, existence de dispositions plus ou moins complexes dans les chambres, équilibre (étranglement, chambre d'expansion, déversoit), etc., compliquent sérieusement le probleme, aussi de nombreuses méthodes ont été mises au point, signalons en particulier Ja méthode graphique de MM. Bouvart et Molbert dont la référence est indiquée en bibliographie. 2.3.3) Cas des petits mouvements de vannage. On suppose I’écoulement perturbé par un petit mouvement de vannage au voisinage de l'ouverture correspondant au régime normal (indice 0). L’équation de écoulement dans la galerie est, comme nous I’avons vu = Za TAZ + Ky =O. rr) L’écoulement dans la conduite est régi par une équation analogue : 16) En régime d'équilibre ces deux équations s'écrivent i AZ, + ki VQ = 0 lay a AHy ~ AZo + kV =0 16) ; 454 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES Effectuons la différence, il vient ), temps caractéristique de la galerie, AH — AHo Ho = Ah Any ya V+ 2Av,) Ve = V{l + 2A.) (petits mouvements) Vp = Via + Av, Vio Ho il vient: Av, : 0 Gr + Aa + 2K,.An, = 0 1) 0M + ah — Ar + 2K,.An, = 0 18) L’équation des débits a l'entrée de la chambre d’équilibre s‘écrit Sy-Vag — Se-Ve = Sen-Veu en comptant positivemnent les débits qui pénétrent dans la chambre. En régime normal : Sg-Vaq — SeVeg = 0 par différence : (AZ ~ AZ) a S, Se Bi M0 — Veo) ~ We ~ Ye LES EFFETS DE L'INERTIE DE LEAU 455 ou Se Vao Wy — Vo) Se Koo Ve — Vea) Sc Ho "Sa Ho Va en remarquant que : Si Ya Se Yop Sa Ho ~ Say Ho R, inverse du temps caractéristique de la cheminée d’équilibre il vient : v,) = S02 19) R(Av, Gi Les équations 17, 18 et 19 constituent les équations caractéristiques de installation que nous ferons intervenir dans étude de la stabilité du réglage au chapitre 4. 2.3.4) Stabilité de la cheminée d'équilibre dans le cas des petites oscillations. Condition de Thoma. Supposons qu'une oscillation de niveau s’amorce dans la chambre d’équi- libre & la suite, par exemple, d'un mouvement de vannage. Lorsque le niveau s'éléve, Ia chute mise la disposition de la turbine augmente et la puissance fournie par celle-ci tend & croftre; pour I’en empécher le régulateur commande un mouvernent de fermeture dont I'effet est d’accentuer la montée dans fa cham- bre, de méme une descente provoque une petite ouverture de vannage qui accentue cette descente. Si I'influence des pertes de charge est prédominante toute oscillation s'amortit progressivement et le fonctionnement est stable. Mais on congoit que le mouvement, au lieu de s’amortir, puisse aller en s'ampli- fiant si certaines conditions propres a V'installation ne sont pas réalisées, ce sont ces conditions que nous allons rechercher maintenant, nous verrons quéelles se traduisent simplement par l'existence d’une section minimale de cheminée, dite section de Thoma. En restant dans le domaine des petits écarts et en supposant le rendement de la turbine constant, les puissances motrices varient dans le rapport : w (ayo 7 Wo Xo \Ho soit en valeurs relatives Aw = Ax + 34h Un réglage a puissance constante Aw = Oentraine Ax = — 3 Ah. 456 REGULATION DE VITESSE DES TURBINES HYDRAULIQUES Les débits varient dans le rapport ; soit en valeurs relatives Le fonctionnement & puissance constante se traduit par : Aq = — Ah. Les oscillations de niveau dans la cheminée étant trés lentes, nous admet- trons que les oscillations de vannage qui en résultent n’entrainent dans la conduite que des surpressions négligeables, en conséquence Ak = Az. Comme AV, = Ag, Péquation 19 donne : 5 dAz ~i@is 44 RG xrtée dans Péquation 17 donne 'équation diflérentielle du tion dans la cheminée > Paz daz + (2K, ~ RO] SS + RU - 2K) Az = ae C o] dr ( ‘s) Ce mouvement d'oscillation est amorti si tous les coefficients de l’équation 20 sont de méme signe c'est-i-dire positifs puisque ©, l'est nécessairement. La condition 1 — 2K, > 0 étant pratiquement toujours réalisée il reste Cette valeur mouvement d’oscil 20) 2K, - R.0, >0 ui, avec : R.0, = conduit & Sa, ty. 3, kv ou: Sal a 3,” iy Bao’ a (, perte de charge dans la galerie par unité de longueur) qui esta forme habituelle de la condition de Thoma qui fixe la section minimale & adopter pour que la cheminée d'équilibre ne soit pas a Porigine d’une insta- bilité de fonctionnement.

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