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Nos (o//ncétres OTT ee a ee ee ‘ye So “ J ?. ice 5 math : } nos ancetres 4-Paysans? ie. Belgique, Luxembourg : 6,60 € » Suisse : 9,80 CHF Portugal : 7€ + Canada : 9,98 CAD » DOM: 6 € + Polynisie : 820 XPF § Sabots et sabotiers : conditions de vie, techniques Louis Léopold Boilly : de travail, réalisations mémoire des oubliés et outils, artisans migrants... de ’Histoire ILLUSTRATIONS ET GRAVURES D’EPOQUE | TOUTE L’ACTUALITE AUTOUR DES METIERS. Le Dictionnaire des outils La plus fabuleuse somme d’informations jamais rassemblées «Format 17,5x26em, + 740 pages: HH Plus de 10000 outil: répertoriés : outils de métiers, instruments et ustensiles pour l’agriculture, la viticulture, le jardinage, le travail du bois... Uaboutissement de 35 années de passion ! @ 1820 croquis et 800 illustrations indispensables a la description et la compréhension. H 1300 citations d’auteur et une richesse anecdotique qui séduira passionnés et chercheurs. FELL Une occasion unique pour découvrir la vie de nos ancétres ! ‘ceo pce a renvoyer 4: Nos Ancétres Vie & métiers - CDE - CS 60051 - 10 avenue Victor-Hugo 55800 Revigny-sur-Ornain Tél. ~ Fax 03 29 70 56 74 JI, je désire recevoir exemplaire du hom CTIONNAIRE DES OUTILS Prénom a pre anitare a cures 6 proms ANAVOR2] Adresse ‘MODE DE REGLEMENT 1 par ehique joint, Varta do Nos Ancbtes Code postal L Ville Uparcartebancaire:n?: LL it) Litt) Liilsltits E-mail Dateespiaton: LL LLJ cadeove LLL! gignature: anaumer oorce) it Fons map, en oer EET ee Anciens moulins a café + 124 pages +19x25cm + 27,55 € au lieu de 29€ Des pidces uniques et exceptionnelles Décousres cent photos indies des ps beau de nor moulinsancienserlaisez vous sédure par art du dal ete ens tsthésique de ces piéees Pour les ama teu dardsanat des XVIE, XVOF et SIX ces! , . Frais La Géographie de nos grands-méres Thee Mais pourquoi a ton cee enseigner les départements, les eves, ler prefec +17,10 € au lieu de 18% ES tures ? 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REGLEMENT (par chéque joint & Pordre de Nos Ancétres (par earte bancaire n° Date expiration LL | | LJ Signature easnepar coy: Coda CVE LLL eter et (het cond a an os a) soit soit Total mom mame i 4a (Nos (°/(neétres Sea aC ete CUS Ger Mn e em me BO Rue Cer) Profiter de cette mine’ cee te informations varites = a Lee tn” foe Bee se Hy a8: eae .) Beat Be Ean ae i824 W088 700 Sct) festa ina E Sa Nae eee keke, Be oy ) EEGIiien, SEE Ee nen eur FA eee tn i Beene 1215 200 ia Beer 12 8) Beare Ha Keser a tae 38 wom, reas inex» ars tsi Beale dress oN tanenar= enti Ber EIN can arn, rn Ga aed Slater eke Sania fener tar Sat Seeman noe A Seni 2 PLus DE 800 METIERS ET ACTIVITES PRESENTES PAR LE MAGAZINE A REMONTER LE TEMPS * Complétez votre collection © Découvrez des métiers méconnus © Une documentation de référence © Retrouvez le savoir-faire d'autrefois erie ert, seein CO sy em rociborne-0°5() Sti Air dare 30) "310 Sere fee Fatt Presa e10N, Sra Mer a ra Motelar-1r 2,0 4) te 2 2 Hil eet esa Nei 2a eer l= 10(8 Mert detiwe 21 Mea een (9 Mee dee 00 Soar EES a sm tide tere fovea 35 iia ent" Maer ser fae tert tiated) Kee rica esa fcr rele eso tears ed ca Hata wes, One et imo") Tereoent= eC UPS 0 Découvrez et commandez les anciens numéros de Nos Ancétres - par Internet : (rubrique « Nos Ancétres ») - par courrier : Nos Ancétres - Service commandes, 10 avenue Victor-Hugo, 55800 REVIGNY + par téléphone : * Tart France métropoitaine. Autres destinations, appelez le GLMEINN Sass wz TED) Aine > /fandiene L?HISTOIRE Nos (2 Ncetres os nommes —— Vie & METIERS SANS HISTOIRES DECOUVREZ UN UNIVERS PASSIONNANT POUR SEULEMENT 2,70 € Par mols 6 numéros par an pour mieux comprendre le vécu quotidien des femmes et des hommes d’antan... Cla ULL 0 Ne WS o) onl oT oa (eel ol Ue Reel acne heme AOL MeL CML ancl] foo Nese eNO) MOL eh CM oN L312 Mao er 1 Cel a BULLETIN D’ABONNEMENT ‘s3eceeveot con revor. Sauna ans mv neTw a 3k (Métopdie) DOM favion) LE, y o 2_mrtancn “Rwe” “mae 1 OUI, je desire m’abonner a Nos Ancétres 3 umes abe SUE Seae) 2 OUI, je désire m’abonner a Nos Anetires AH Gerealogiie pout anct4: au prix de 63,20-€ au eu de 79 a ATOR NOM aeeennenennnnninnn enn Mode de réglement par chéque cioint, & ordre de Nos Ancétres 1 par carte bancaire Date dexpiration owe LLL Signature ade tan cart fame) Slava eee denne tiset Seamer DeéetOur Vous avez un « détour a partager ? 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Dos voyage historique toujours pasin- ras ets en page avec batucoup de alent présentton et asi agrable ue la navigation fe tudque Lend vaut went edtour, avec des dos fers url feu sa demestoaion ravers les sce, le ain ot 9 prague a des tges es chilis au fi du temps, les opis urbaines ..A chaque fi, en tno trntin de page, un matinum capocta du thre luis sont abode, do latechriquo dla mythlogie en passant pares covtumesoulbe chansons. ve neuery » A la découverte du plus vieux métier du monde La prostitution est un suit passion- nant et vaste, auquel nous avons deja consacré quelques articles ot ‘hapites de as Dossiers. Passioe- art cari fait Pobet dassaz pau , et se succédent dans le miétier de pire en fils, Le sabotier sans pedigree est dénommé batard, « Eta Tabri de ce cousinagedi, ils sont assu- résd'une protection, d'un refuge contre toutes les polices et toute les justices du ‘monde. ls sont les plus probeset les plus Joyaux des hommes. La paroled’ sabo- tiorostausi sire que son coup de ache. Uln'y a que les gardes avec lesquels ils fassent mauvais ménage, quand ceur- Broduisent des sabots rigionsux ‘petit trou dla vrille sur le cété intéricur — Jateon et ereuseuses, Maielearetouches °° Tali tandis que de vertables sabo: ‘puri lapaite hep an famase pou efectuer au pair our ure sauter ie andusoelles prospbren. comme ‘me semaine d'un feu decopeauxde bois Fermplacement des griffes& trois pointes, Tes ablissemenis Dalige 4. Ussel, qui vert sans flamme. La fomée élinine la |e uit incessant et surtout investise. rodent pis sulle pares ps jot vermine et les larves. Moi, tu vois je pro- ment énorme de telles machines limitent som ré len ve tage lenez ete coup de pied avec de a Consdérablement leu fasion, Seales “ah0® Tél modileseégionaar et grisse de mouton, car ces endroits sont Jes saboteries industrielles s'équipent et faut die qu’apparaissent les galoches, a plus porous D'sutslesfotent dh de produisent de abot ancnschers mais Ut apparent es gaoches aux beurre anci ou de aed de porc. nous de pete qualité. seme sfermées par du cur, reste quand méme parera pair c'est dirodéliminee es traces detalleen polis- y santilt plane, avecune lame de couteay, Le deriersabovkr de ow au racloir... exactement comme tu ples hora te rases le meaton ! Pas encore ? Ca va bien venir assez tét, va ! Un petit coup de couteau 4 déborder pour arrondiz Tangle intérieurda chaussant. Bron passe dela coulews. Chez moi ils sont rougisau ‘ania de chéoe. Alphonse emploi la une décoction de bouleau quijauait. Dates ‘passent du jus dsirelle ou de betterave rouge, dabrou denoix owune décaction denoirde famée avec une patte deliéve. Moi jaime pas trop le noi maisgacacke bien les défants. Ceux que je ne vends ‘pas directement ih boutique me sont rachetis par un grossste dtreize paires 1h douzaine, et essaie encore de men rbioter. Inutile de te dire que je prétire sma cliente.» Les sbotss‘usent vit ilen faut chague paysan pls ou moins six paires par an, et jusqu'a 1914, 85 % de a population est rurale. Il en faut done des millions de aires. Deu facteurs vont accélérer Les coopératives ouvritres de sabotiers essayent de lutter contre cette concur- rence acharnée, Un journal de la corpo- ration, La Gazette des sabotiers, est cr6é pour coordonnerles actions de relance, ‘mener une vigoureuse publicité par affiches, tracts, et « buvard & conser- ver ». Mais cos initiatives n/arrivent pas A enrayer le déclin du sabot de bois. Car ABs le début des années 1930, quand les sabotiers sont encore plus de 30 000, le sabot de caoutchoue fit son apparition. Bt la concurrence étrangére, surtout ppolonaise se fait sentir, Les choses vont encore s'acéléser aprés la Seconde Guerre mondiale : la vraie botte et la bottine en caoutchouc, plus légires et plus efficaces que le sabot, Sajoutent a la désertification des cam- pagneset ilabaissement du prix des sou- liers de cuir. Tout cela porte un coup fatal aux centaines de petits artisans sabotiers x6partis sur le territoire national. En ce but de troisigme millénaire il ne reste en Francequ'une dizaine de sabotierstra- ‘allan & fancienne pour une clientele touristique ou résolument comvaincae CHAUSSANTS SAINS ET SABOTS BEAUX ! Si chaque sabotier avait son coup de ‘main et son savoirfaire pour produie le mieux et le pls vite possible sa quantité de pares quotidienne, certains nétaient pas dénués de sens artistique, Les sabots enfants, de ferames, dete, etdu travail quotidien étaient différents Lessabotsde femmes, plus lgers, étaient plus souvent Adécorés, Cher de nombreux artisans, le client pouvat choisr la décoration qui préftrat (géométrique ou florale), a par- tird'un « catalogue », morceau de bois sculptéreprésentant les motifs proposés parle sabotier. Bfiectuge 8 la ranette sur un bois sec et teint elle se voyait beau- Cartan mis exigent des ots adaptés: renforcés, comme les sabots & << querner » des eariers et ardoisiors;3 larges semelles plates, pour marcher sur les terrains fangeux jau contraire alleges, pour travailler dans les vignes séches. Le coup de pied du sabot pouvait tre remplacé par une bride de euir décorée comme les socques et les claques bour- guignonnes, ou au contraicelargement pourvu de cuir montant, tel le sabot- hotteparfitement anche utilisé par les paysans ou les marins pécheurs. ‘Chaque région possédat ses formes par- ticalitres: le « houtou-koat » breton pourtantIuiaussa biden vaitren voir avecle « baraguette» de Bourgogne. Les sabots de Bresse étaient réputés pour la finesse de leurs décorations. L'« esclou- ‘pette » éaitun sabot és léger, overt largement, dans lequel le chausson et la chaussuze pouvaient se glisse, et seule- rment emprunté pour sortir un instant dansla rue oue jardin Tous les moyens étaient bons pour prolonger la vie du sabot :cerclage de fil de fer pour éviter qu'il nese fende, ressemelage de bande de fer, de cuir, de Ueneaoutehoue, ou garnissage de gros lous pour limite usure de la semelle, Les sabots de marin étaient fais de bois tendre saule oupeuplies,pourqu'lssin- crustentdecailloux etainsisoient moins glissans surle pont desbateaux. Etpour Te confort la palle fasait laffaire pour les plus aguerris ou une peau de mou- ton pour les pieds sensible. « Ce soir ‘mon pire garnira les semelles de clous 4 grosse téte qui feront des étincelles sures caillour de la route avant que les sabots nea vienneat é bout. Sabots trop riches 4 mon godt, sabots de bourgeois Teenie ceux de mes camarades qui niont ‘pas de chaussons bourrés et pas toujours de laine en dehors des jours de classe. Cour li saveat dé confectionner des coussinets de foin qu'il interposeront, dessus et dessous, entre le bois mort et Japeauvirante de leurs pieds.Le coussin du dessus et jlimentzoulé comme une moustache d'ancien combattant, celui du dessous, qui sort de semelle inté- rieure, coupé net au couteau desriére la cheville ou savamment dégradé ja fagon des toits de chaume. » (Pieeze- Jpakez Hélias) La clientile des sabotiors, en majorté rurale n était pashermétique aux grandes lignes de la mode : appararent des sabots de fantaisieimitant les chaussures de cuir, ou laisant voir une partie des doigts de pieds, quand ce n‘étaient pas de faux doigts sclptés dans a masse. Certains sabots sont tellement beaux quills sont recherchés comme chefs deuvre d'art populaire. C'est le cas des sabots d'une petite vallée de TAriége, ceux de Bethmale. Ces sabots possédent ‘en bout une longue pointe retroussée, cen gondole comme un long croissant de ne, peints de couleurs vives, agré- ments de clous en laiton,tapissés de cuir. Offerts en présent d'amour le soit de Nod, ils étaient surtout portés par les filles. Plus la pointe était longue, plus amour était grand (et plus le travail du sabotier quifagonnait ainsi une racine de hte, était dlicat!). Une égende sangui- naire les fit remonter au 9*siéce, durant Ia guerre contre les Maures. Un amou- ‘eur transi furieux de voirsa ature partir avec le chef adverse fourbit sa vengeance en sculptant des sabots aux pointes eff- es comme des épées et embrocha sur Tune le cur de lamant conguérant et sur antre le cozur de la belle Esclaiys, Heureusement que tous les cceurs ne finisent pas comme cela dés qu'une file «asse son Sabot. ‘Méme le symbolisme seruel du sabot est dovenu désuet. Ine restora bientot plus aque la chanson de Brassens Les Sabots d Helene, sabots brimborions caducs, fBves d’piphanie, et pour Paques ceux de chocolat. Les nostalgiques peuvent bien argumenter que les sabots 'antan avaient beaucoup plus de charme et de guenle que les « crocs » de plastoc d’au- jourd"hui, mal ne pourra faire revivre ces millers de travailleurs du bois, ces mil- liers de sabotiers modestes et tranquilles ‘qui ont, durant des siécles, chaussé nos ances. (Daniel Boucard } 18 PEINTURE Lonel Marquis ouis Léopold Boilly nate 5 juil- [Eee petite ville qu érige ses clochers et resserre Ia masse moutonnante de ses toits entre des remparts ruinés que recouvre I’herbe », au sud-est de ce qui cst aujourd hui le département du Nord. A sa naissance, Louis XV régne seul depuis dix-huit ans. Il régnera encore treize ans. Cette méme année 1761, la guerre de Sept Ans s'éternise entre la France et Angleterre. Le trait conn sous lenom de « Pacte de famille» est signé entre les Bourbons de France, d'Es- pagne et de Parme pour tenter de contrer [a puissance maritime anglaise. BIENVENUE CHEZ Les CHTIS Alla naissance de Boilly, La Bassée, «assez commergante bousgade », est située sur un canal, au point de jonction de Artois ot de la Flandre gallicane, aprés a dépression qui lui a donné son nom. Lau et le bois sont les éléments dominants du paysage alentout. Leau @abord, avec ses marais dont la tourbe est extrate, Si nécessare au chauffage, Vhiver venu, Bt les bois qui, autrefois, taient Le royaume des loups. Une pré- sence dont le hameau voisin de Chante- loup poste le souvenir. Aujourd’hui, La Bassée confine au département du Pas- dde-Calais et & quelques encablures du canal de/Aire, overt en 1825. Cestle traité de Nimégue, en 1668, qui amena la région dans le giron francais. Une région qui se dstingve, tout au long de ce 18*siécle, par un dynamisme démo- graphique double de celui ds royaume. «< ALa Bassée, qui vitau rythme de ses quatre foes annaelleson aime 3 Ia fois Je travail et le plaisir; une navette bien étoupée et une bonne pinte de bigre. Ses habitants, groupés en confréries, en anctiers, en sociétés,célebreat la Saint- Arnould, la Saint Rock, la Suint-Bloi par des banguets aprés lesquels on fame les Tongues pipes de tere Boillyestle fils de Amoult-Jovitte-Poly- carpe (+ 1810) et de Catherine-Alde- gonde-Josephe Houdoy. Ses ancétres Lo Jeu du Ped de bout peinure e Louie Lbopolé ly (1761-1845, 1824, musée des Beaux ts de Lil. Observateuratenti Bolly aconsaeré ‘a painted cs contemporaine detour mieux. sont originaires Hinges, aux environs de Béthune. Louis a une soeur ainée, Amélie, dont on ne sait pas grand chose, si ce lest quelle épouse, & une date inconnue, un certain Lagache, Lear pére,sculpteur sur bois, appartenait la confrérie de Saint-Roch, Il fat son pre- ier maitre, Iengageant sur le chemin de sacamriére artistique. Les limites de son enseignement atteintes, Louis-Léopold « choisit de se former seul aux principes de son art » (A. Pougetous). Sa premiére oruvre fut tun retable et un tableau de corporation pour l’église Saint-Roch (le premier disparut lors de 'incencie de 'église en 1856). Louis-Léopold a alors 17 ans. Nous sommes en 1778 et Louis XVI ragne depuis quatre ans. Le pére du peintre, convaincu de ses capacités, le laisse partie pour Douai. Louis-Léopold quitte donc La Basséeavee, pour tout via- tique, un éeu en poche. A Douai, un pro: fesseur renommé, Charles-Alexandre- Joseph Caullet (+ 1825) le prend sous sonal ‘An 18 sigcle, 3 % de [Artois appartient aux paysans, 32% au clergé, 29 % aux nobles et seulement 6 % ala bourgeoisie. Un tiers de la superficie de la région est ensemencé en blé, un quart en avoine, tun cinguidme en plantes fourragéres. La pomme de tere est quasi inconnue Douai, depuis son rattachement & la France, a bénéficié d'une série de rége- ments, édictés par les échevins pour améliorer 'urbanisme, en particulier en 1718, Pourtant, la sociabilité urbaine sexacerbe, La région n’échappe pas aux ‘roubles qui agitent ls paysans, victimes dela hausse des prix. La fracture entre les couches favorisées et les indigents saccentue alors, provoquant an contréle de plus en plus strict des autorités sur la pauvreté. Si, durant les années 30 et 40-du 18" sidcle, une reprise de [activité Geonomique est signalée, celloci profite avant tout la bourgeoisie dont les rangs passent de 700000 en 1700 233 millions Aa ville de la Révolution. Le commerce avec es colonies est également concerné, aecusant une augmentationde 1 000% et profitant a des ports comme Bordeaux, Nantes et Saint-Malo, ‘Au 18" sigcle, Douai posséde toutes les caractéristiques d'une ville d’Ancien Régime. La ville, fortfige par Vauban, s'est vue choisie par Louis XIV pour y implanter une école d’artllerie. Bien ‘que disputée durant la guerre de Succes- sion d’Espagne (1700-1713), elle a 6 rendue définitivement & la France parle ‘raité d’Utrecht de 1713, Les fonctions tertiaires sont largement majoritaires avec 'armée et le parlement de Flandre, installé en 1714. Son universté existe depuis 1562. De plus, a ville demeure le sige d'un grand marché, en particulier pour le bl, et connait aussi de grandes foires anmuelles comme celle de la Saint- Rémi, Les activités du secteur productif artisanal sont en revanche tréslimitées, freinges dans leur développement parle systdme des corporations, un handicap majeur la mise en place une produc: tion plus modeme, | Pexnrure ” En cette deusiéme moitié de 18" siécle, lorsque Boilly s'y rend, Douai est une ville importante, qui compte quelque 22.000 habitants, contre $0 000 envicon ppoor Lille, C'est dans cette ville, au taux @alphabétisation plus élevé que dans le reste de la France (env. $0 %) que le futur peinte sinstalle pour neuf mois, a monastire des Augustins. Bt cela grice & Yun desesparents quien étatle peieur Par Iasuit ilove une chambre enville.Ce qui Ii permet de poursuivre la eéalisation de portraits et de petits tableaux. Au bout de cing ans i quitte Dovai pour Arras Arras est également une vill lorssante au 18" side, Si les guerres du 17" sigcle ont ruiné les manufactures de tapisseries et les ateliers d'étoffes de laine, ce nest pasle cas de l'industrie de la porcelaine. La production polychrome rapidement abandonnée, celle-ci soriente alors vers Te bleu de cobalt avec un décor caracté ristique appelé « M. de Calonne » cari S inspire du point de dentlle da jabot de Vintendant. Les scours Delemer fondent ainsien 1770 une fabrique de porcelaine, de laquelle sort cette porcelaine aux fins dessins de couleur bleu. Cela devien- dra le « blew dArras », Ble fermera ses Joueurs dans un cabaret, peinture de Louis Léopod Boy (1761-1845), 19" siecle muste du Louvre Ancien Régime, Révolution,Consuat, Empire, Restavration.,. es toileedeGoily sont les témons de multiples époques 920 ances © portes en 1790, faute d’héritiers. Mais ellea fait dArras une ville riche Dans|a capitale de I'Artois, Boilly &tu- die la peinture en trompe-teilauprés de Dominique Doncre. Son chemin croise ‘un certain Maximilien de Robespierre, natifdulieu, de douxanssonainé,cartous decxappartiennent ila loge « Les Tséso- riers » e’Arras Tl crise également celui df'unppeintre de décors derenom,Lecros- nies, venu tout exprés de Pars pour exé- cuter les décorations du thédtre focal qui vient d’étre construit. En 1785, il part sinstaller 8 Paris. En quittant Arras il quitte également son premier mécéne, Louis-Frangois-Mare Hilire de Conzié (1736-1804), Pévéque du liew, Durant son séjour il n’en a pas moins exécuté pres de 300 portraits Calonne, natif de Douai et intendant & Metz en 1766, pois &Lille (1778), arrive au Contréle général des Finances en novembre 1783. Il termine un interrégne de deax ans qui, aprés la chute de Necker (1781) a.usé deux contréleurs généraux Joly de Fleury (1781-83) et Lefebvre €'Ormesson (avril-octobre 1783), ‘Le Douaisien multiplie a fisles grands ‘travaux publics d’urbanisme & Bordeaun, Marseille et Lyon, et Is construction de la digue de Cherbourg (inangurée en 1786 par Louis XVI). A Paris, il est & Torigine de lenceinte dite « des Fermiers (Généraux »,construite par Ledoux par tir de 1784 I paie les dettes des tres du roi, achéte pour la couronne Stint-Cloud et Rambouillet... et enfonce davantage encore leroyaume dans 'endettement en ‘mltipliantles empronts.Alafin de 1784, il doit lancer un nouvel emprunt pour renilouer les caisses de Etat, mises mal tant parlesdettes dela guerre dAmérique (prés de 2 milliards de lives) que par la hhausse des dépenses courantes (629 mil- lions delves). Lannée 1785 est mauvaise pour le Royaume. C'est apogee d'une crise commencée quelques années plus tdt, 1778, Solon historien Hubert Méthi- vier, le marasme des revenus viticles et Ta hausse des ermagesen sont &Vorigine, avec comme conséquence celle de la rentefoncigre: « Lécartseereusait entre Ie revenu paysan qui s’effondrait et le srevenu da capitalisme terrien ».De plus, les crises de production et la croissance démographique ~ surtout urbaine ~ aggravent le chémage. La DESCENDANCE bE Louis-LéoroLD BoiLLy De son premier mariage avec Mari Madeleine-Josephe Desligne (1764-1795), célébré en 1787, naissent six enfants, dont : = André (1788-1834) ; ~ Félix, né en 1790 : aprés une carriére de boursier, il meurt capitaine dinfanterie au Sénégal, en 1827, = Simon, né en 1792 : entré a Saint-Cyr, il fat la campagne de Saxe en 1819 avant de sinstaller & Toulouse ol il contracte mariage en 1826. || meurt dans cette méme ville en 1876 ; — Trois enfants sont morts dans I'enfance. De son second mariage avec Adélaide-Frangcise-Julie Leduc (1778-181), célabré en novembre 1795, Boilly a ing enfants, dont trois gargone, et deux files mortes en bas age. ~ Julien (1796-1874) : né a Paris, il est lainé des enfants du second lit. Boursier, il entre d'abord au lycée de Versailles. Formé par son pére & partir de 1806, ilintégre en mars 1814 Iateier du peintre Gros a Ecole des Beaux-Arts, A la fois peintre, graveur et lithographe, il expose des vues et des portraits accumulés au cours de ‘ses voyages en Italie, en Allemagne, en Flandre et en France. Humaniste, il parle en plus du grec et du latin cing autres langues, dont le persan. Collectionneur d'art, il posséde une biblothéque remarquable, ~ Edouard (1799-1854), devient compositeur. Il regoit en 1823 le prix de Rome de composition. Il termine sa vie professeur de piano. Alphonse (1801-1867), devient graveur. PREMIERS SUCCES En 1788, iIparticipe A '« Exposition console, Louis éopod Billy épouse PARISIENS, MAIS de la Jeunesse » quise tent Place Dau- _dia-sept mols plus tard, le 3 novembre 9 oo phine, le jour de la Féte-Dieu. Ce jour- 1795, en secondes noces, Adélaide [ail egoit une importante commande _Frangoise-Julie Leduc, de dix-sept ans En 1785 Bolly a vingtquate ans. yaeichehomme deloisAnteineCalvet__s4 cde, De cette union maton cing Pine inal ans la capital fibeux Ge [palo Cette commande porte sar autres enfants dont seul trois sori- de se perfectionner ilétudiesansreliche ores taitant desujetssentimen- _veont + Julien-Léopold (1796-1874), les oruvres des grands maitre frangais et flamands de I'époque (Fragonard, Greuze, Hubert Robert). taux et moralisateurs dont les themes Edouard (1799-1854) et Alphonse lui sont alors précisés, dans le plus pur (1801-1867), et dont il fera leur por- style du 18" sifcle : Tamouret ses péripé-_‘wait au temps de leur enfance. Marié, le ‘en que vivant 4 Paris depuis deux ans, é couple s‘installe 4 I’h6tel Bullion (rue Te osepiembne 1787 aoe igédevinge, HES Ces Eure Seroatexkcutées entre a (4 rane utlevoyagejusau’tAras pear 17891792. Les accords color de se Efendi de yépouser Madeleine Designe file de peistuesluiouvzent alors apidement arhand de tablets Alexande Josep Tratchand, qu'il connue durant sone: portes du « Sslon de peinture et de Palle ets P ‘jour anageois Ensembles reatent 3 scUlptare », manifestation parisienne i 7 Paris,surle territoire dela parcisse Saint- _ premitre importance, of ne peuvent Laurent oi il zéside alors (auj. dans le © 0ser que les atistes agréés par [Aca- UNE PEINTURE, 10° arrondissement). Boilly a choisi de démie des beaux-arts (Boilly y exposera NON POLITIQUE vivre dans le centre de a capitale parce Presque chaque année entre 1791 et aqwiinsiilest& proximité des grands bou- 1824 et s‘attirera Tes faveurs du public eg aot 1793, un décret met un terme levards, oi abondent passants de toute _jusqu’ala finde 'Empire). 4 toutes les Académies, dans un souci classe sociale et of les « petits métiers Billy échappe Ala guillotine, mais ilne —_q’égalité, Liautorisation est donnée a tous débordent sue trottor ». sauve pas son mariage. En effet a pre- es peintre de purtciperau «Salon » du Quelques pités de maisons plus loin _ mitre épouse décéde en juin 1794, un Louvre, Cela permet & Boilly, qui s'était se trouve Istelier de la célébre peintre mois avant que la téte de Robespierre _constitué une belle réputation grice ila Blisabeth Vigée-Lebrun, protigée dela ne tombe 4 son tour dans la sciure. diffusion des scénes galantes popular reine Marie-Antoinete. Le Tout-Parisde Elle avait mis au monde cing enfants: sées parla gravure, de revenieau premier époque s’y rencontre: aristocrates pro- And (1788-1834), Félix (1789-1827), plan, Car avec la Révolution, ses revenus ‘misuneprochaine migration oufuturs Simon (1792-1876) dont deux mour- se sont fortement réduits, du fait de la suillotings. ront quelques mois apres eurmére. Veuf _dispartion de sa cliente. LeTTiemphede Marat peintur sur papier maroufé de Louis Léopeld Bolly (1751-1845), 18 idle musée des Beoux Arts de le Exception dans lonare du pele cette toile pottique> aenquelquesare permisaBaly déchapper dla gullotne Contraicement aux autres peintres de Tew feet 3 son époque, Foeuvre de Boilly n'est pas destinge & frapper le public par la mise La lithographic a été inventée -—-enssdnedesentiments nobles comme ke add nacsrd erg anchor courage exapect densement vier loys Senefeldor (1771- oti: Rlli nfanmoins ls Reps 1834), qui était a lorigine pers i" ee Fiiguailpent en 1794 un Ttomphe acteur et auteur dramatique. Je haat pour sépondre aux attacues Orphelin a vingt ans, trop Yun concuont et compatriateilos, le auvre pour faite imprimer dessinateur Jean-Baptiste Joseph Wicar ses ceuvres, ila Tidée de (+ 1834), qui tat également secrétare tracer des caractéres sur une de la Société républicaine des arts, et plaque de cuivre au moyen aqui visait en ctiquant es peintres de d'un pinceau trempé dans _—_geareetenle dénongant comme corrup- du vernis, puis d'attaquer le teurdes marur . Teste de la planche & acide -—-«=n 1798, Bolly peint ane Réunion dar tistes danse salon d’abey (Louvre) qui assemble les artistes du temps apparte- nant au cercle de Lucien Bonaparte. Cela peut toujours servi. Pourtant, 'an- ean cra akc ae bar aoges de suivante il n’hésite pas présenter au pierre calcaire quiil découre Salon une eeuvre qui va & contre-courant, que 'oriture sur pierre prend un jeune nana, lcs qe ls Sibi encre et donne une épreuve cde David est dans tous les esprit. Des sans bavures. nateur de talent, il erit en Tavenir dela lithogeaphie qui view dre inventée pour obtenir un certain relief de son éoriture. C'est en essayant de remplacer la Le Consulat d’abord, I Empire ensuite ne change rien 4 attitude de Boilly il se comphit dans son rSle de peintre du temps et des merurs, Napolon, qui n'a pas oublié le beau portrait qu'il a fait de lui alors qu'il était encore Premier Consnl le écompense par une médalle dor en 1804, Dans la foul, Boilly exé- cutera pour la manofacture de Sevres des Portraits de a famille impéiale. Mais le suceés est long i venir. Il ui faut attendre les demiers feux de I'Empite pour voir une conséeration bien mérite: c'est de 1808 que datent les célébres tableaux La legon de Billa, le Départ de Paris des conscrits de 1807 insi que la Lecture da Ballet de la Grande Armée. En 1812, Boilly habite rue Meslay (3 are}, an cozur d'une cité artistes, au sein du Marais I satache & dépeindre 3 travers ses toiles les moeurs que I'Empire a péronnisées. Du Palais-Royal, la foule s est déplacéeversles Boulevards. Un lieu particulier Tttire : le Jardin ture Situé boulevard des Billes-du-Calvaire, ae de la rue Charlot, lendroit est frequenté entrée du Thestre del Ambigu Comigque avant un spectacle gratuit peineure de “Louie doped Bil (1751-1845, 1219, ‘Musée duLouvre Alors quelatendance ext ux portraits ov aux suet historique, Bolly continue de pene dessctnes epulaes ce qui lu veutun fame suc. La Partie de bill, peinture deLouisLéopold Bly (1761-1845) 1807, ‘Musée de FEmitage Saint Petersbourg. (akiapes Lemay surtout par de « petites gens ji la men- talité simple, cordiale et douce ». Cest un endroit animé, de quatre heures de Vaprés-midi & onze heures du soir. C'est Ih que se rendent essentiellement les habitants du quartier du Marais, habité& cette Epoque par « une bourgeoisie cos sue, &conome et de on alo». Rien voir avec les « débauchés et trpoteurs » qui fe6quentent le Palais-Royal ou « Fras cati », boulevard Montmartre, la fois maison de jeu et restaurant qui, dans ses salons et ses jardins illuminds a giomo, attire les aventuriers la petite semaine, les courtisanes revenues d’émigration et les parvenus. ‘Tout ne s'écroule pas avec la chute de Empire. Avec la Restauration la pein ture d'histoire disparait au profit du portrait et des peintures religieuses. Crest dans ces deux activités que Boilly peut survivre, se spécialisant dans le portmit, sans toutefois abandonner ses Sujets de prédilection : lessees popu lies, qui lui ouvrent les portes de la <élebrité, C'est par exemple le cas avec la Distribution de vin et de comestibles = 93 ae Ta Sonne venture grvare de Louis idopotd SeibAvowersa sux Champs Elyaces (1822 exporée sieGrimaceset ay musée Carnavalet), tole montrant cenombeuiet une tradition qui remonte au r3gne ‘Eponvease, de Charles VI (coi de 1380 3 1422). porterunregard Mme chose avec I’Entrée du Théitre tendkeetamusésur de [Ambjgu-Comique (1819, Louvre) sescontemporains. ou Le Déménagement (1822, Chicago) Boilly eroque aussi avee humour les notables du moment dans une série de lidhogeaphiesintitulées Geimaces sous- titres dunom des sept péchéscapitaux. Avec elle, artiste se live & un inven- taire des expressions, des pasions, des sentiments, des vices et des travers de Tire humain. Louis Léopold Boilly est fait chevalier de laLégiond’Honneuretmembrede!'Ins- titut de France, en 1833, Paisblement, homme « aimable ot bon », « franc et nature, obligeant et loyal, wx pew encin la galantre ela malice, mais sans llr jug’ la satire», stent son dernier domictle parisien, au n° 6% de la rue Saint-Benoit, le janvier 1845, 883 ans. Test enterné au Pore Lachaise, 23° divi sion. (lionel Marquis } POUR ALLER PLUS LOIN Livres * Bollly 1761-1845, collectif, catalogue de la retrospective organisée par le musée des Beaux-Arts de Lille, éd. Nicolas Chadun, 287 p,, 2011 ; 39,60 €. + Connalssance des Arts, hors-sérs —_____ n° 513 «Louis Boilly - 1761-1845», 2011:9¢, Auleroruat + Dictionnaire d'Histoire de France, dAlain Decaux pehntine deouis et André Castelot, Paris, 1981. p baroit | + La Fin de VAncien Régime, d'Hubert Methivier, QS! re 1411, Paris, 8 éd., 1996. + LAncien Régime en France (16"-18" siecle), f d'Hubert Méthivier, Paris 1981. + Dictionnaire Napoléon, collectit sous la dir. de Jean Tulard, article « Boill », Paris, 1999, Sur Internet : www passee-des-arts.com, 94 Comment vivaient nos ancétres paysans ? LeJeude qulles:un groupe de paysans jouant ese reposant dans une cour de ferme, Pinte deJan Sten (1626-1679, 17scle Comment vivaientils, ces paysans qui sont nos ancéiras ? La réponse doit tenir compte des changements survenus ‘au cours des siécles, des évolutions his toriques, mais aussi des terroirs dont la variété constitue la richesse de la France Plaines céréaliéres du Nord, bocages de Ouest, vastes plateaux du Centre et de ‘Est, vallées de montagnes, littoral méditer= + Le PAYSAN CHEZ LUI * Le PAYSAN DANS SON VILLAGE + Le PAYSAN PARMI LES SIENS + Le PAYSAN HORS DE CHEZ LUI » La FIN DES PaYSANS ranéen... On peut dificilenent comparer ta Vie du patit paysan du temps d'Henti IV a colle du gros propriétoire foncier du début du 20" siecle. l_y a pourtant, dans cette vaste période qui s'étend sur quatre siécl des points communs, des situations, des estes, toute une réalité paysanne qui cor- respond @ une chilisation rurale davant ‘introduction du machinisme, 95 a essa RPO NEC eee M cic SMe le ees let ewel ily PUG CCU es eRe Cue CeCe mex Ila du bétail, Vhabitat rural répondait ainsi aux diverses Cyt fe Mele MC eee tee) ce -Ua LUC CMMI TR CIE Tae) ter les gens, le cheptel, l’outillage, les ustensiles, le-foin pour nourrtir les bétes en hiver, les récoltes. Le paysan chez lui "eo Se loger, les maisons Peer ‘our V'élevage des animaux @ ta ferme, deux solutions étaient adoptées : soit tous les animaux étaient placés dans des édifices séparés, du type maison a cour fermée (Artois, Picardie, Ile-de-France, Brie, Valois, Vexin normand, Alsace) ou & cour ouverte (pays de Caux, Flandre mari- time), soi its étaient abrités sous unméme {oit sans pour autant étre confondus, typo maison-bloc des pays de montagne (mas- sif Central, Jura, haut Doubs, Savoie). Tou- tefois, dans les toutes petites fermes, il n’était pas rare que les différents animaux solent regroupés dans un méme local. est ainsi qua, en Normandie, dans le pays de Caux, les édifices consacrés a 'élevage étaient disposés a lintériour d'une vaste ‘cour carréa ot ouverte, 'ansemble étant dénommeé le « clos-masure ». La berge- rie était ainsi éloignée de l'étable, elle-méme construite @ Uécart de écurie, Il en allait de méme pour la porcherie. Par commodité, le fumior était placé @ proximité de écurie, Allleurs, tous les batiments se touchalent, autour de la cour qui était done fermée. Wen était ainsi en Beauce, qu'émile Zola ‘avait choise pour cadre de son roman rustique La Terre, publié en 1887 :« I était quatre heures, le Jour se levatt @ peine, un Jour rose des premiers matins de mai. Sous |e ciel patissant, les batiments de a Borde- rie sommollaiont encore, 6 demi sombres, trois longs bétiments aux trois bords de ta vaste cour carrée, (a bergerie au fond, les granges & droite, ta vacherie, 'écurie et fa ‘maison d'habitation 4 gauche. Fermant le quatriéme cdté, 1a porte charretiére était close, verrouillée d'une barre de fer. Et, sur {a fosse 4 fumier, seul un grand coq Jaune sonnait le réveil, de sa note éclatante de clairon. Un secand coq répondit, puis un troisiome. Lapel so répéta, s'éloigna de ferme en ferme, d'un bout 4 Vautre de ta Beauce.» En Poitou, dans la Gating, les édifices d'élevage variaient beaucoup selon que exploitation était una grossa métairie ou lune modeste borderie. Au 18° siécle, a métairie se présantait plutét sous aspect sulvant : « autour du quaireux nommé aus- si parfois simplement cour oi! stationnent charrettes, chartioux, arreaux, on trouve une maison d'habitation prolongde sou- vent par un fourniou et un celtier, puis une grange, lieu de stockage du foin et des bigs parfols deux étables ou écuries en ‘moyenne (les deux termes étant utilsés) ‘avec une spécialisation selon les animaux (6table aux beoufs, aux vaches, aux ainsi que deux toits ea “Tacha dare dum peicpaysan breton defome fenniommandie (danske Pay de Cau, _peinture de Claude Monet (1840-1926), 18653. Cr eC Le paysan chez lui Dans habitat ral hommes et bees vivolent dans une grand promis, pertageantparfislemérme tot. ‘au minimum, 'un pour es ovins autre pour les pores, soit une demi-douzaine de bat- ‘mants pour une métairie moyenne. » Dans les borderias, la part des édifices pour le bétall était beaucoup plus modeste, selon Jacques Péret : « les batiments dexploita- tion se limitant dans presque tous les cas & une petite éourie ou étable hébergeant un ‘cheptel réduit et/ou d un ou deux toits ré- servés aux moutons, chevres ou cochons, ‘aépendances de qualité souvent médiocre (0 fe toretis, ta chaume remplacent ta iorre at la tulle.» A Vinvorse, dans le Jura ou le Massif Can- tral, los maisons-blocs abritaiont tout le bétall sous le meme tolt, ce qui faciitait les soins aux animaux et chauffait plus ; 8 ' i facilement la maison dans ces pays ou Uhiver était (et reste) trés rude. A Tinté- riour, des murs ou des cloisons eéparaient les animaux. On pouvait ainsi trouver en Franche-Comté et en Lorraina des mai sons rurales réservant une partie (une travée) du batiment au bétal, essenticl stant pour les vaches, mais dans laquelle des cellules étaient réservés pour les che- aux ou pour les pores ou pour les mou- tons. La promiscuité du bétail of des hommes Gtait fréquente partout, surtout dans les régions 00 dominait la’ maison-bloc rau rissant sous un méme toit la famille et le bétail. En Bretagne, dans la seigneuris de Corlay, la maison-type ne comprenait que trois pidces : la « place », ta chambre basse, ot 'étable. Dans presque tous les, cas, un mur séparait la partie pour le bé- tail et calle des hommes. I arrivait toute- fois que ce mur ne soit pas trop élevé ain que la chaleur dégagée par les vaches, notamment, puisse chauffer la dameure, Contrairement 4 une Idée encore sou- Vent répandue, les maisons paysannes n’étaient pas forcément des masures couvertes de chaume | Toutes les éludas récentas battent en brache les images fausses colportées par ta littérature, En Bretagne, la maison de Mathurin Le Tal- lec @ Kergluche (Cétes-dArmor) consis: tait en deux « longéres », bénéficiant de nombrouses fenétres, de cheminées, dun escalier en pierre, d'une toiture dardoises, plusiours pidces dhhabitation, le tout avec des proportions imposantas, notamment des chambres de plus de 35 m= chacune. Or, cette maison ne se distinguait pas du tout. Dans toute la région de Corlay, pres de Loudéaec, on a repéré 211 maisons tout {fait semblables. Il en étalt de méme en Franche-Comté, oi Vhabitat rural qui sub- siste dans cortains villages, par exemple & Aillevans (Haute-Saéne) montre une multitude de maisons paysannes avec fenstres a menoaux pierres sculptéss ot millésimées, cheminées _monumentales, escallers en vis dans une tourelle, caves voatées avec plliors En réalité, les campagnes francaises n'ont pas connu une évolution linéaire, un pro- ‘grés continu, Bian au contraire ! ly aut des périodes de prospérité puis de déctin. A evidence, te niveau de vie dans les campagnes de Franche-Comté était par exemple nettement plus élevé & 'époque de Charles Quint que dans les deux sidcles suivants 1 intérieur, les pieces, le mobilier @ contort de la ferme variait beaucoup selon taisance de exploitation agri- cole : « Notre maison avait deux pidces dégales dimensions qulune porte inté- rieure relat a cuisine et la chambre, Leur sol était dun niveau inférieur & celui de a cour sur laquelle elles s’ouvraient une et (autre par de grosses portes ogivales, noircies par los intompéries ot fortement bardiées de fer. Dans (a cuisine, une sorte de béton avait été fat jadis qui, peu ¢ peu, sous leffet des batayages, s'tait dégra- 6 it n’en restait qu'une armée de cailloux ‘pointus qui mantraient lour nez dun bout 4 Vautre de 1a piéce. Dans ta chambre, ‘fen ne masquait'@ sol primi, affaissé au ‘milieu, bossué sous les meubles, avec, un ‘pou partout, des mameions et des trous. Le plafond appareillait 'appartement tun plancher bas, délabré que soutenaiont do grosses solives trés rapprochées, cou- vertes de moisissuras blanches » (Bour- bonnals, milieu du 19° siacte) La maison du grand-pére Antoine Syt- vere, @ Germanangues dans le Puy-de- Déme, était aussi misérable : « le chemin ‘montait 19 long du pignon d'une potite ‘maison. Nous nous arrétames devant une porte, Juste sous le toit, Grand-pére vint nous ouvrir. Nous étions dans un grenier.En nous glissant le tong d'une haute muraitio de foin, nous atteignimes une petite porte ft fames introduits dans fa maison 00 lo vieux nous ft boire des grands bols de lait caillé. Létoge était complétement occupé ‘par le grenier, une seule pléce constituait le logement Le rez-de-chaussée servait écuries pour les deux chévres et d'abrt pour la matériel Avec un jardin, un peu de ols, de terre et une prairie, grand:pere réussit d vivre jusqu’a lage de soixante-dix ‘ans sur ce petit bien, sans quémander le secours d'autrui, sans mendier ni travail ni pain ». Cotte demaura ravait rian dex coptionnel, bien au contraire :« La maison du grand:pére ressemblait 2 toutes les masures des villages de la montagne. Sur le sol de torre foulée, rien n’indiquat une tentative de nivellemant : trous et bosses parsemaient un espace mamelonné. Lo souci de placer le mobili sur une surface 4 peu prés plane ne se fit jamais sentir». Les grosses fermes étaient beaucoup plus confortables. Toujours soucieux d aller ob- server la vie réelle, Emile Zola a visit, en 1886, la ferme tenue par Gustave Hénault & Villoloup prés do Romilly-sur-Aigre (Eure- et-Loir):«/a chambre, grande atcéve avec des rideaux, deux lits y tiennent 4 raise avec large allée. Une table avec un tapis, tun seul fautouil voltaire dur, dos chaises, grande armoire. Un bureau en acajou. Au- dessus un barométre et un thermomatre Un cadre avec des médailles rempor 160s. Bourgeols campagnards. Au-dessus de la porte trois “gerbes des croix de paille avec bouquets d'épis aux bouts. La cuisine, grande, foumeau économique 4 charbon, atre vaste. Une table de bois ‘pour les serviteurs. En haut, les pelles pour {6 four. Buffet. Placard. La cave y donne, Laiterie au fond. Les crémairs, las coutors, a pile of! coule le pett lait. Lécurie pour huit chevaux, une fenétre donne dans ta cuisine. On peut veiller. Louge, le rétalier, ltiére. Quatre tits superposés deux par deux pour loger les serviteurs Dans (Tistoire des intériours paysans, fon peut ainsi distinguer deux grandes Périodes : le temps des coffres, depuis Malet, al chau, presque dens de mevbles except le coffe plus tard amor, tli les intiews paysanstémcgnoient pourlaplupar diune grande pouveté Cr eC Tntéreurpaysan pris de Rayer, ‘en Auvergne.Lamerefat dela cour, lepéreextassisprés de lagrande ‘hemingetandi que es enfonsjouent Lithographic dAmand Tophile esogne (1823-1907 19 sal lo Moyon Ago jusqu'au 17" sidcto, puis to temps des armoires, depuis le 17* siécle. AAinsi, en Lorraine, la belle armoire maté- Hialisant et symbolisant Vaisance apparut dans la seconde moitié du 17* siécle, du moins dans la région de Toul BYTE TI C-g eMC cls L_ {xtttage te lo maison, paysonne conditionnait les différentes. activi- 16s. La durée du travail était ainst tribu- taire, en bonne part, de Uéclalrage natural, beaucoup plus long en été qu'en hiver. Les demoures de cette époque ne dispo- saient pas toujours de grandes fenétres. Liintérieur était tras certainement sombre. Les fermes qui subsistant ont encore, par- fois, das pignons ou des murs percés de lucames ou de petites fenetres. D’autres maisons avalent de belles grandes ntres. Peu 4 pou, la modernisation des demeures passa par agrandissement des fonatres at usage de plus on plus fré- quent de grandes vitres transparentes, qui remplacérent las petites verriéres plus ou moins opaques ou les parchemins huilés. Lusage des vitres est bien attosté dans les villages cu début du 17 sidcle, Capan- dant, Jusqu’a Varrivée de 'électricits, los paysans vivaiant dans ta pénombre : ainsi dans ta maison dfEtienne Bertin, en Bour- bonnais, vers 1890 : « le jour ne pénétrait ue par d'étroltes fenétres quatre petits carreaux : en hiver, lorsquit fafsalt sombre ft que [a température ne permettait pas de tenir ouvertes les portes extérioures, on ‘avait poine a y voir en plein midi» A intérieur de la maison, la Lampe @ hulle était usage commun. Toutes sortes dhuiles sutilisaiont pour éclairage, cells de navstte par exemple, ou celle de chanvre. On s‘éclairait aussi avec des chandelles & base de suit, Pour aller dans la grange et dans d'autres tieux inflam: mables, (a chandelle protégée par une lanterne était indispensable, Etienne Petit, fen un lieu dit Cuchey pres de Maiche (a la frontiére suisse), possédait une « fan- tome », an 1630, qui valait 2 gros, soit lo tiers du prix de Ia table de sa maison. Le chandelier omait habituellement Chabita- tion de qualité : toutefols, Il était présent ‘aussi dans des demeures modestes, par ‘exemple chez le vigneron Estionne Petitre- gnauld et sa femme Claudine Barbier. Au début du 20° slécle encore, en Beauc (éclairage restait mobile : « quand mon pére rentrait le so, je (ul portals ta umiére. Avec (a lampe 4 huile, je le suivais partout dans V’écurie pour Véclairer. La lampe faisait une fumée épouvantable, chaque ‘coup de vent tuait fa flamme » Le chautfage dans les maisons paysannes ouvalt provenir de plusieurs moyens et abord de ta cheminée, souvent plaquée contre le mur de la cuisine, sinon au milieu do la pidce, sous forme d'un vaste « fuyé » (ura). Le poste ou le fourneau, bien at- testé depuis plusiours siécles on Alsace et dans les Vosges, constituait le moyen de chauttage le plus efficace. Des décou- vertes récentes, archéologiques et archi- Vistiques, prouvent aussi la présence de poéles ot de fourneaux en Franche-Comté. Le besoin en bois de chautfage était considérable. Dans les testaments, le pay- san se souciait parfois du chauffage que les hétitiers devaient assurer 4 sa veuve. AAinsi, en 1603, Jean Perrinot, du Russey (sur les plateaux du haut Doubs), deman- da qu‘on fournisse a sa frame Barbe Car- teron « un chauftage raisonnable de bon bois sapin coups ot rendu propre a tre bbrdlé ». Dans un village voisin, Claude Roy- Daguet exigeait que ses héritiers livrant a sa veuve « six chariots de sapin pris dans [son] bois de ban chaque année ». Cos indications suggerent un chautlage me dioere, on quantité ot en qualité, Le bétail constituait un moyen beaucoup plus économique de chautfer ta maison. lest certain que ta présence de cing ou dix vaches dans « ’Scuria» provoquait une forte hausse de la tampérature intérieure du bdtiment. Toutefois, la séparation du botail et dos hommes ast fréquente. Un ‘mur entier entre (a partie logement at ta Partie étable ne permettcit pas la circu: lation de ta chaleur apportée par tes ani- maux. Il est sr aussi que isolation de ta maison était renforeée, non seulamant par la forte toiture couverte de laves mais sur tout par lamoncellement du foin et autres pailles au-dessus du logement. STM ig Ta ele) haque jour, tes paysans récitaient leur priére : « Seigneur, donnez-nous aujourdhui notre pain quotidien ». Pain de froment, pain de chdtaigne, pain de selgle, peu imports. « Un mot domine la Wie rurale de ancienne France, jusqu'au soull du 19° siécle, un vieux mot de notre pays : le mot de blé. Nientendons point Par ce nom, comme l'usage littéraire 1o veut aujourd'hui le seul froment. Sous lui le parler des campagnes comprenait, au Moyen Age, et continua longtemps de comprendre toutes les céréales pani- fables, qu’elles donnassent lo beau pain lane, plaisir des riches, ou le pain not, lourd de farnes mélées, que dévoraient les manants » Lo pain était Vatiment essontil do tali- mentation quotidienne. Dans accent da ‘ma mére, une mémoire vendéenne, Michel Ragon raconta que son pera respectait le pain par-dessus tout : « Il ne suppor- tait pas de ma voir émiotter du pain, ni de ‘ne pas finir un morceau commencé. De toute maniére, personne ne jetait le pain ‘assis On le transformait en pain perdu, ou en panade. Grand:pére racontait que, dans son enfance, quand il travailiait comme domestique de ferme, les grands valets exigeaiont de recevoir quotidienne- Trew paysan au 1 ile Lacheinde conatinvai souvent unique mayen de choufage ela seule source de lune, de bien desintéiews paysans. Des lampesd hil oulaprésencede etal proving imma du lgement _yeontibusentégclement. Fnplurdi pain, iment debacle leslégumes de leur production. CCM CLR te pavsan chez [ul “Frome par Parmenter apomme de ereramende Tat wand eu volaile. eBea et labore cour fourscalent de multiples ‘iments. ment leurs miches de deux kilos. Les fer- miers boulangealent tous les quinze jours. Pour augmenter ta pate, ils afoutaient de Ia pomme de terre en purée. La seconde semaine, le pain devenait dur comme du ois. » Les paysans du Queyras at les monta- ‘gnards du Briangonnais cuisaient d'ordi- ngire leur pain au mois doctobre, pour toute année. Ce pain devenait si dur quits étaient obligés de le couper a la hache. lis faisaiont salar et fumar pour leur hivor quelques chévres ot boucs. Les plus aisés salaient du boauf et du cochon. Leur soupe la plus ordinaire était constituée de teri diorge, de pols ou de féves, cuite dans de eau avec un peu de sel. Ils avaient aussi des laitages. Lleau était leur boisson ordi- naire, la vigne ne croissant pas 4 si haute attitude. Les repas du paysan variaient beaucoup selon les régions et selon les saisons. It y avait aussi les habitudes liges telle ou telle activité, comme les moissons. Frédé- ric Mistral raconte qu’an Basse Provence, « les moissonneurs faisaient cing repas Par jour : vers sept heures, te déjeuner, ‘avec un anchols rougedtre qu’on écrasait sur (6 pain, sur le pain qu’on trempait dans le vinaigre et thulle, le tout accompagns dignon, violemment piquant aux levres = vers dix houres, le “grand boire’ consistant ‘en un ceuf dur et un morceau de fromage : @ une houre, le diner, soupe ot légumes cuits 4 U'sau ; vars quatre heures, {e god- ter, une grosse salade avec crodton frotté dail: et le soir le souper, chair de porc ou de brebis, ou bien omelette d'olgnon appe- 169 meissonnionne ». Avec cala, les mois- sonneurs buvaient du vin coupé d'eau, quils prélevaient dans un gros bari Le jardin, le potager ‘95 torrains qui entouraiont la formo constituaient ce que nous appelle- rione aujourd'hui le jardin et le potager. appellation variait selon les régions : « curtil » un peu partout, « courtillage » fen Limousin, « cortillache » en Artois, « meix » en Bourgogne, masure en Nor- mandi, « ort » en Rouargue, « horton » ou « gardin » en Picardie, « mas » en Pro- venca : 4 dire vrai cas termes dasignaiant souvent ensemble constitué par Ia ferme ‘at les parcelles immédiatamant voisines. En Anjou, les jardins clos étaient appelés © ouches™. Amérique amislongtempsavant dé adeptée elle ne era masiverentconsommée qu partir Cost sur cos tarras tras accassiblas que le Paysan effectuait ses essais avant de so lancer dans une culture en plein champ. La proximité du jardin permettait surtout 4 la ménagéro do prélover les \égumos nécessaires pour la cuisine du jour. La production était dautant maillaure qua la Parcelle était fumée et étroitement sur- veillée, Dans beaucoup dexplottations agricoles, le potager était complété par tun verger, si possible clos d'une haie pour fompécher la divagation des animaux. Cas spaces productifs étaient choyés par les aysans car ils échappaient au préteve- ment de la dime. Le développement du jardinage doit sans doute un peu aux colporteurs qui diffu soient les graines de village en village. En 4880, un colporteur savoyard rendit ame du c6te de Saint-Claude (Jura) of it avait Uhabitude de passer deux ou trois fois par tan. On découvrit dans sas affairas de « la graine d'épinard, deux autres petits sacs contenant des graines de carotte, de poi- reau, ou dolgnons », mais aussi de choux, de radis, de pourpier... SME 1611-1 Rete) a Oo tay our travailler, le paysan avait besoin do vatements appropriés. Il fallait en effet se protéger des intempéries, Lhomme portalt des tissus pais, des vetements de eaux, des lainages, une blouse, un cha- eau, une large ceinture (la « taillote », fen Provence) pour protager las rains sans cosse sollictés dans les gastes poysans. ILétait tres difficile de lutter contre Chum dite. Seules 'épaisseur et la rudesse dun tissu permettaiont dassurer une étanchél- ‘8 approximative. Peu @ peu, on vit appa raltre des pélerines et des capotes imper- méables. Le sabot r’était pas porte partout. D'alt- lours, contrairement & una idée recua, it © parfois succédé au soulier (et non tin verse). En Franche-Comté, tout le monde Portait des soullers jusquau milieu du 17+ sidcle. A partir de 1650 environ, le cuir 6tant devenu trop cher et les campagnes ‘appauvrias par las guarras, les sabots so {généralisrent, Brae Cr eC ar do Terme peinture deals “epi (1735-1788), 1784 Un eu ‘comme chin tate thedte Familles nombreuses, fratries et personnes ET ute I famille aldait le paysan bon {ré, mal gré. A une époque ot la fécondité étalt naturelle, le nombre d'en- fants pouvait étro considérable. Qu’on en juge a travers exemple la descendance ddu couple constitué par Guillaume Gibert (1686-1766) et sa femme Mar rier (1698-798) @ Rouvres (lle-de-France, aujourd'hui département do (Oise). En moins do vingt-trois ans, Marguerite Bernier mit au monde vingt en- fants. A age de trente ans, ale avait dja douze enfants | (On notera que le destin de quatre parmi cas enfants raste inconnu : sans doute sont-ils morts peu de temps aprés ta nais~ sance. Cing autres, au moins, moururent avant détre adultes. On était pourtant, fel, dans le miliou des grands fermiers du Bas- sin parisien, trés & aise, ayant un train de vie seignourial En Franche-Comté aussi, la mare de fa- milla mettait au monde jusqu treize ou quinze enfants, parfois plus. Cependant, les archives témoignent quit iy avait as plus de cing ou six enfonts autour de Ia table, en mame temps, ce qui était exe ine oy

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