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Les différentes formes de défiance vis à vis de la

société
FICHE DE COURS

Introduction :
Depuis l’émergence et l’essor d’Internet, on a assisté à une démocratisation de l’information : en
effet, celle-ci circule beaucoup plus vite et bénéficie d’un accès beaucoup plus libre. Cependant,
cette information à la circulation facilitée échappe à toute forme de vérification et de
règlementation. L’apparition successive des réseaux sociaux (tels Facebook, Twitter ou YouTube)
a encore accentué le phénomène d’une information plus dense et plus libre.
Dans quelles
mesures les infox (ou fake news) sont-elles un danger pour la démocratie ?
Dans un premier
temps, nous verrons comment s’est opéré le glissement d’informations traditionnelles à
informations en libre accès ; nous étudierons ensuite les diverses formes de défiance vis-à-vis des
faits et de la science ; enfin nous analyserons les réponses apportées à ce phénomène.

1 De la vérité factuelle à la relativisation des faits


Toute personne ayant accès à un clavier et à une connexion Internet de bonne qualité peut
désormais intervenir dans le débat public sans forcément être en capacité de fournir des
arguments vérifiables.

a. L’émergence du haut débit et des réseaux sociaux


Après la crainte du « bug de l’an 2000, Internet a connu un nouvel essor grâce à la révolution
technologique de l’ADSL, de la 4G, puis, plus récemment, de la fibre optique.
En 2004, Mark
Zuckerberg crée Facebook, un réseau social d’envergure permettant de suivre en temps réel
l’actualité de la presse, de personnalités publiques ou de personnes ou groupes de personnes
proches de l’utilisateur. Dans la même lignée, en 2006, Jack Dorsey, Evan Williams, Biz Stone et
Noah Glass créent Twitter, un autre réseau social qui propose pour sa part de publier une pensée
en seulement 280 caractères. Ces deux plateformes connaissent un grand succès.

À retenir

Si les réseaux sociaux avaient pour mission première de rapprocher les gens entre eux,
d’une part, et les citoyens de l’information, d’autre part, ces nouvelles plateformes
échappent à toute forme de contrôle et de règlementation En effet, elles ont d’ores et
déjà laissé libre cours à des propos haineux ou à des faits invérifiables. Parallèlement,
ces plateformes deviennent des lieux d’expression d’envergure. En effet, par le biais de
#metoo, certaines femmes ont exprimé les violences et les harcèlements dont elles ont
été victimes après la révélation de l’affaire Weinstein aux États-Unis.

b. L’arrivée des chaînes d’information en continue


D’autre part, avec l’arrivée de la TNT (Télévision Numérique Terrestre) en 2005 en France, le choix
des programmes s’est densifié avec de nouvelles chaînes diffusant de l’information en continu.
Ces chaînes se sont inspirées des modèles existants outre-Atlantique, à savoir CNN ou Fox News.
On compte trois principales chaînes aujourd’hui en France : LCI, CNews et BFM TV. Leurs
programmes reposent sur une alternance entre flash d’informations, émissions de débats et
reportages. Cependant, elles sont souvent pointées du doigt pour leurs multiples erreurs. En effet,
devoir assurer 24 heures d’antenne avec de l’actualité en continu pousse ces chaînes à diffuser
parfois des informations sans recul ni vérification préalables.
À retenir

Si les chaînes d’informations en continu ont démocratisé l’accès à l’information, leur


traitement journalistique est souvent remis en question.

c. La critique de la science : l’exemple de la lutte contre le


réchauffement climatique
Alors que la lutte contre le réchauffement climatique est devenue un enjeu majeur du XXIe siècle,
les conclusions scientifiques permettant d’alerter la population mondiale sur cet enjeu sont
pourtant constamment remises en cause, voire niées.

Rappel
Le réchauffement climatique est une modification du climat de la Terre se signalant
par une hausse de la température moyenne à la surface du globe. Il se caractérise aussi
par une acidification des océans, une hausse du niveau des mers, une fonte des glaces
et une banalisation d’événements météorologiques majeurs tels que les inondations
ou les cyclones.

Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) voit régulièrement ses
conclusions remises en cause par des climatosceptiques. Ceux-ci estiment que les faits réunis ne
constituent pas des preuves suffisantes et qu’il n’est donc pas nécessaire d’alerter les populations.
Le Président des États-Unis, Donald Trump, a d’ailleurs fait connaître ses propres positions
critiques sur le réchauffement climatique.
À retenir
La science est donc un outil particulièrement puissant de transmission de
connaissances mais son influence reste fragile, surtout si des responsables politiques la
mettent en défaut.

2 La mise à mal des faits


La libération de la parole via le développement d’Internet a eu des conséquences sur l’objectivité
de l’information, sur la véracité des faits et le caractère scientifique de ceux-ci.

a. L’exemple du « platisme », ou le retour d’un certain


obscurantisme
Définition

Obscurantisme :

L’obscurantisme est une lutte plus ou moins forte contre toute forme de diffusion de
l’instruction, de la culture et de la science.

Depuis quelques années, certaines personnes, parmi lesquelles des célébrités, réaffirment que la
Terre est plate. Ce mouvement est appelé « platisme ».
Si Pythagore et Platon, aux VIe et Ve siècles av. J.-C., sont les premiers à se poser de réelles
questions sur le caractère sphérique de la Terre, Aristote (384-322 av. J.-C.) est celui qui en fournit
les premières preuves, liées notamment à l’observation des éclipses de Lune. Quant à Ératosthène
de Cyrène (276-194 av. J.-C.), il est le premier savant à fournir un calcul approximatif de la
circonférence de la Terre.

À retenir

Le mouvement platiste, encouragé par une propagande faite sur Internet et les
comptes de quelques personnes célèbres, est un exemple flagrant de remise en cause
d’une vérité scientifique pourtant établie depuis l’Antiquité.

b. Révisionnisme et négationnisme, la banalisation de la haine


comme nouvelle forme de déviance
La Seconde Guerre mondiale fut le conflit le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité. À ce titre,
le caractère à la fois inédit et choquant du génocide qu’elle a engendré anime encore la
recherche historique.
Or, si les historiennes et historiens s’attachent à démontrer le caractère irréfutable de l’existence
des camps de concentration et d’extermination, certaines personnalités nient la véracité des faits
et le caractère génocidaire du régime nazi. On distingue parmi eux les révisionnistes et les
négationnistes.

Définition

Révisionnisme :

Le révisionnisme est une remise en question partielle du génocide perpétré pendant la


Seconde Guerre mondiale : il vise à en minimiser la portée.

Négationnisme :

Plus radical que le révisionnisme, le négationnisme nie totalement le génocide


perpétré par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
À retenir

Dans les faits, ces deux doctrines du déni ne servent qu’à attiser la haine et posent un
problème majeur de défiance vis-à-vis de la société. Si les personnalités médiatiques
révisionnistes et négationnistes sont régulièrement condamnées par la justice, il n’en
reste pas moins qu’elles continuent à diffuser leurs théories infondées et haineuses.

c. Le complotisme, un problème contemporain majeur


Dans notre société fragilisée par des crises économiques successives et la communautarisation
des citoyens, le complotisme prospère sous toutes ces formes.

Exemple

Il est même question d’un groupe secret « les Illuminati » qui gouverneraient le monde
actuel. C’est une des thèses complotistes la plus répandue.

Définition

Complotisme :

Le complotisme se rapproche du conspirationnisme et désigne une doctrine cherchant


à remettre en cause une vérité généralement admise comme étant en réalité un
complot mis en œuvre par une minorité. Bien entendu les preuves font souvent défaut
aux affirmations du complotisme.
D’après un article publié en février 2019 sur le site de France Culture, 21 % des Français
croiraient à des thèses complotistes. Autrement dit, près d’un Français sur cinq remet en cause le
travail journalistique et scientifique effectué par des professionnels.

À retenir

Le complotisme est donc le fait d’une minorité active de personnes qui défient la
société, car elles sont incapables d’accepter la vérité des faits établis.

3 Redonner confiance
Si la question de la défiance vis-à-vis de la société se pose de manière critique, il existe
néanmoins des réponses à apporter pour contrer et juguler ce phénomène.

a. Le décodage
Face à la recrudescence d’informations en circulation et à la difficulté de les vérifier, certains
journaux ont mis en place une veille médiatique.
Ce travail consiste, pour les journaux l’ayant initié, à se saisir d’un fait et à l’analyser pour en
établir la part de vérité avec des arguments concrets, vérifiables et sourcés. Les journaux en
question, Libération et Le Monde notamment, peuvent aussi répondre à une question posée par
une lectrice ou un lecteur dans le but d’apporter un éclairage concret et objectif sur un sujet
précis. En outre, d’autres médias, tels les podcasts s’attachent régulièrement à la question de
l’actualité et livrent des pistes pour la décoder.

À retenir

Les médias sont donc les premiers à pouvoir apporter de la crédibilité à leur travail
grâce à la réactivité de leurs équipes de « décodeurs ».

b. Le rôle majeur de l’éducation


L’éducation est d’importance capitale pour faire reculer la défiance vis-à-vis de la société par
l’apprentissage de la critique.
À ce titre, l’Éducation nationale est le ministère le mieux doté au sein du gouvernement, avec un
budget pour l’année 2019 de 51.7 milliards d’euros et investit donc massivement dans la
transmission des savoirs et connaissances. Même si le résultat peut être considéré comme
insatisfaisant. Afin d’établir des programmes accessibles et compréhensibles par le plus grand
nombre d’élèves possible, l’État en confie la rédaction au CSP (Conseil supérieur des
programmes). Animé par des experts, il est en charge d’établir des programmes par niveau et par
matière uniquement à partir de faits entièrement vérifiés et démontrés.

À retenir

L’Éducation nationale, en transmettant des informations scientifiquement avérées,


contribue donc à lutter contre les fausses informations et les défiances vis-à-vis de la
société.

c. Prendre conscience des infox


Les infox ont fait récemment parler d’elles pour le rôle qu’elles auraient pu jouer dans le scrutin
sur le Brexit et l’élection américaine de Donald Trump au poste de président des États-Unis.

Définition

Infox :

Une « infox » est le terme français pour fake news, c’est-à-dire une fausse nouvelle. Les
infox sont utilisées par une catégorie de personnes voulant affirmer de manière
spectaculaire leur point de vue tout en faisant fi de la vérité.

Brexit :

Contraction de Britain et de exit, le Brexit désigne littéralement la sortie de la


Grande Bretagne de l’Union européenne. Proposée par referendum en 2016, cette
mesure a été adoptée par une courte majorité et doit être mise en place courant 2019.

Les infox ont à ce point prospéré que les grands groupes américains de gestion et de diffusion de
l’information par Internet que sont Google et Facebook se sont engagés à lutter contre leur
prolifération et leur circulation. Elles sont en effet le bout de la chaîne des contre-vérités
évoquées en amont de ce cours.

À retenir
Lutter contre les infox est aujourd’hui une priorité pour les démocraties afin que les
citoyennes et citoyens puissent débattre en toute sérénité autour de sujets et thèmes
avérés et vérifiés.

Conclusion :
Les formes de défiance vis-à-vis de la société se font essentiellement sur le terrain des idées. Leur
diffusion et leur vérification sont devenues un enjeu sociétal à part entière.
Internet et les réseaux
sociaux ont grandement contribué, par la grande liberté d’expression qu’ils garantissent, à
diffuser des infox ou des discours de haine articulés autour du révisionnisme, du négationnisme
ou, plus récemment, du complotisme.
Dorénavant, les grands groupes véhiculant les informations
et les différents gouvernements doivent travailler main dans la main afin de rétablir la confiance
de la société dans des faits et vérités scientifiques avérés et démontrés.

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