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DE
L’ARMÉE
ALLEMANDE
HISTOIRE DE L'ARMfiE ALLEMANDE
(19184946)
I
L'effondrement (1918-1919).
II
La discorde (1919-1925).
III
L'essor (1925-1937).
IV
L'expansion (1937-1938)
Y
Lea dpreuvea de force (1938-1939).
VI
L'apogée (1939-1942).
VI1
Le tournant (1942-1943). .
YI11
Le reflux (1943-1944).
IX
L'agonie (1944-1945).
X
Le jugement (1945-1946).
BENOIST-MECHIN
HISTOIRE
DE
L’ARMÉE
ALLEMANDE
III
L’ESSOR
(1925-1937)
Avec 2 cartas
et 2 graphiques
LA RÉVOLUTION
NATIONALE-SOCIALISTE
(1925-1933)
I
LE NATIONAL-SOCIALISME
REPREND L’OFFENSIVE
(20 décembre 1924-31octobre 1930)
* *
Ce qui sépare Rohm d’Hitler n’est pas une question de
doctrine, c’est une question de tactique. Rohm a servi, avant
1923, d’agent de liaison entre les S. A. et la Reichswehr.
I1 a joué un rôle prépondérant dans la création du Kampf-
bund. Peut-être même est-ce lui qui a décidé Ludendorff à
se joindre à la coalition (en tout cas, il a gardé d’excellentes
relations avec l’ancien Grand Quartier-Maître Général). Mili-
taire dans l’âme e t d’une bravoure indéniable - ne fut-il
pas un des premiers à pénétrer dans le fort de Vaux? - il
considère l a a propagande 1) comme une invention d’intel-
lectuels, une arme douteuse qui ne saurait en aucun cas
remplacer l’action directe.
1. Alfred Rosenberg est absent, mais il a envoyé son adhésion.
14 HISTOIRE DE L’ARMEE ALLEMANDE
* *
Tandis que ces discussions se poursuivent parmi les diri-
geants, le Parti recommence lentement à recruter des adhé-
LA REVOLUTION NATIONALE-SOCIALISTE 17
rents, non seulement en Bavière, mais dans toutes les régions
du Reich. A la fin de 1925, il comptevingt-sept mille membres
répartis en vingt-trois régions (Gaue), ayant chacune sa
Section d’Assaut.
Cependant Strasser, qui a maintenu son quartier général
à Berlin, continue à agir comme si les Sections de 1’Alle-
magne du Nord ne dépendaient que de lui et n’applique
qu’avec réticence les directives du Führer. I1 se crée ainsi
dans la capitale une sorte de fronde contre la (( clique muni-
choise »,réactionnaire et déviationniste, que l’on accuse de
ne rien comprendre à la situation. Hitler décide de couper
court à cette tendance, car elle risque, en se prolongeant,
de créer une scission au sein du Parti.
Une initiative malencontreuse de Strasser lui en fournit
le prétexte. Celui-ci a fait cause commune avec les Socia-
listes, à l’occasion d’un référendum demandant la confis-
cation de tous les biens princiers saisis pendant la révolution.
Cette décision est d’autant plus grave qu’elle risque de brouil-
ler le Parti avec les milieux monarchistes et qu’elle est
contraire à sa doctrine sur la question essentielle de la pro-
priété privée.
Hitler convoque aussitôt un congrès des chefs du Parti, à
Bamberg, en Bavière. La réunion a lieu le 14 février 1926. Le
Führer s’indigne contre (( l’hypocrisie de ceux qui s’allient
aux marxistes, quand un des premiers buts du Parti est de
les expulser du pays )), et flétrit en termes violents (c ceux qui
confondent la propagande avec la démagogie, dans l’espoir
de se rallier une fraction de la classe ouvrière 1). A mesure
qu’il développe ses arguments, ses auditeurs, originaires pour
la plupart de l’Allemagne du Sud, comprennent que ses
attaques visent l’initiative de Strasser et lui témoignent
leur approbation par des applaudissements nourris.
Strasser n’est pas venu au congrès, sachant fort bien qu’il
y sera mis en accusation. I1 y a envoyé à sa place un de
ses meilleurs collaborateurs, qui n’a joué jusqu’ici qu’un rôle
effacé mais dont l’influence dans le Parti ira sans cesse en
grandissant : c’est le Dr Joseph Gœbbels.
i
4 *
enfin fuit voir la lumière ... Le jour peut venir où tout se brisera,
où la foule autour de vous écumera, grondera et hurlera :N Cru-
cifiez-le! )) Mais d o r s nous nous tiendrons ferines et sans bron-
cher, nous crierons et chanterons : (( Hosanriah ))
* *
L’ère de prospérité factice inaugurée en 1924 par la créa-
tion du Rentenmark touche à sa fin. Le déficit augmente dans
des proportions alarmantes (6 milliards de francs pour le seul
exercice 1929-1930). Les banques américaines, durement tou-
chées par le krach de Wall Street, cherchent à retirer l’argent
qu’elles ont placé en Allemagne. Les recettes fiscales flé-
1. OÛ ils avaient recueilli 1.926.000 voix. (Voir plus haut, p. 12).
2. Elle a Bt4 levCe en Bavihe quelque temps auparavant.
26 HISTOIRE D E L’ARMÉE ALLEMANDE
1. Max HERMANT,
Idoles aUemander, p. 127-128.
LA RÉVOLUTION NATIONALE-SOCIALISTE 27
Cependant, le mécontentement général ne profite pas seu-
lenient aux formations d’extrême gauche : les Nationaux-
socialistes y trouvent eux aussi un milieu favorable à la
propagation de leurs idées. Au IVe Congrès, tenu à Nurem-
berg du l e r au 4 août 1929,GO.OOO S.A. et 2.000 membres des
Jeunesses hitlériennes défilent devant le Führer et les prin-
cipaux chefs du Parti. Ce sera d’ailleurs le dernier Congrès
avant la prise du pouvoir, car on entre à présent dans une
période d’activité intense, où les S. A. et les S. S. seront
constaminent sur la brèche.
* *
A leur tour, les partis réactionnaires et le Casque d’Acier
entrent en lice. Jusqu’icî le Stahlhelm, dirigé par deux anciens
officiers de l’armée impériale, le lieutenant Seldte et le lieu-
tenant-colonel Düsterberg, s’était contenté d’être une simple
formation paramilitaire, placée sous la présidence d’honneur
du Maréchal Hindenburg. Le 22 septembre 1928, sortant
de sa réserve, le Casque d’Acier a lancé un référendum
demandant que l’on accroisse les pouvoirs du Président du
Reich, marquant ainsi sa volonté d’intervenir activement
dans la politique du pays.
Peu après (20-22 octobre), le parti Deutsch-national OU
D. N. V. P., place hl. Hugenberg à sa tête e t le désigne
comme leader unique de l’opposition nationale.
Président du Conseil d’administration des aciéries Krupp
et homme de confiance des magnats de l’industrie lourde, le
Conseiller privé Alfred Hugenberg a mancleuvré de tout temps
dans les coulisses du Reichstag et c’est par le seul pouvoir
de l’argent qu’il est devenu le chef du Parti national. Bras-
seur d’affaires ambitieux et brutal, le (( renard argenté »,
comme on l’appelle à cause de sa grosse moustache blanche
et de ses cheveux grisonnants, a acquis grâce aux capitaux
des maîtres de forges, le plus grand consortium de journaux
allemands, les Éditions Scherl, l’Union télégraphique et
l’Agence de publicité Ala. I1 possède également l’Ufa, la plus
puissante compagnie cinématographique d’Outre-Rhin. Dis-
posant de moyens de publicité formidables, il s’en sert à la
1. Schidz-Sfnflel, ou Échelons d e protection. Alors que les membres des Sec-
tions d’Assaut portent des chemises brunes, ceux des kchelons de protection sont
revêtus d‘un uniforme noir.
28 HISTOIRE D E L’ARM$E ALLEMANDE
* *
Le 27 mars 1930, le Cabinet Müller est renversé. L’ère d u
chancelier Brüning commence.
Le lendemain (28 mars), Hitler crée les S. A. de réserve
pour les hommes de plus de trente-cinq ans et, deux jours
plus tard ( i e r avril), les corps de troupes motorisées placés
sous les ordres du commandant Hühnlein. Grâce à ces for-
mations nouvelles, les rassemblements de masse deviendront
plus faciles e t l’on pourra transporter rapidement les S.A.
d’un point à l’autre du territoire.
Cependant un vent d’insubordination souffle sur le Parti.
Ses causes? I1 est dificile de les dégager exactement. Diver-
gences de points de vue entre sous-chefs, énervement des
hommes (on a interdit le port de l’uniforme à Berlin, puis
en Prusse), travail harassant imposé à tous, contribuent à
créer une atmosphère d’inquiétude et de fièvre. Le premier
à manifester ouvertement son mécontentement est Otto
Strasser, dont le journal est sérieusement handicapé par
l ’ h g r i f f de Gœbbels. Hitler exige qu’il vende son quotidien
et ses hebdomadaires à la maison Eher, éditeur officiel du
Parti, e t qu’il vienne travailler à Munich. Otto Strasser
refuse. Hitler ordonne à Gœbbels de l’expulser du Parti.
Cette sanction est immédiatement appliquée. Otto Strasser
quitte la N. S. D. A. P. avec une poignée de partisans et
fonde un groupe dissident, le (( Parti national-socialiste
révolutionnaire »,qui deviendra plus tard le K Front noir 1).
Gregor Strasser, en revanche, qui ne s’entend plus très
bien avec son frère, s’incline devant la décision du Führer.
Plus diflicile à réprimer est la révolte fomentée au début
de septembre par le capitaine Stennes, chef des Sections
d’Assaut pour la région Est, qui commande de ce fait tous
les S. A. de Berlin. Celui-ci est l’ancien commandant du
4e bataillon de la Reichswehr noire, dissoute par le général
von Seeckt au lendemain du putsch de Küstrin’. I1 a été
placé à la tête des S. A. de la capitale par le capitaine von
Pfeffer, auquel Hitler, accaparé par les questions politiques,
1. Voir vol. II, p. 282.
30 HISTOIRE D E L’ARM$E ALLEMANDE
+ *
1. Les grandes lignes de ce plan d’action, inspiré des écrits militaires d’Engels
et de Lénine,ont été élaborées par la XIIeAsscmbIée plénière du Comité exécutif
de l’Internationale communiste, siégeant iMoscou au début de septembre 1932.
Le plan a été transmis en octobre 1932 à l a IIIeConférence des ouvriers du Parti
communiste allemand, qui l’a adopte sans modification;
2. On signalc, pdur la période allant du 1” janvier au 31 décembre 1932,
1.225 tentatives de corruption dans la Reichswehr e t dans la police, mais ce chiffre
ne comprend quo les cas portés à la connaissance des autorités militaires.
3. Impossible dc fixer à l’avance la date de l’insurrection : elle dépend unique-
ment des progrés de la désagrégation préliminaire. (I Un mouvement de masses
révolutionnaires ne se développe pas d’après le calendrier. D (Alfred LANGER, Der
W e g zum Sie& p. 17.) D’où la nbcessité pour les formations de combat d’être
constamment en état d’alerte.
4 . Cf. Règlement provisoire de guerre de l’Armée rouge & I’Union des Soviets,
p. 414. Cité par NEUDERG, Der bewaflneie &+;and, p. 277 et S.
5. a Lorsque les formations communistes’allemandespasseront aux actea, l’Ar
mée rouge soviétique se portera h leur secours. D Déclaration du député commu-
niste Pieck, au cours d‘une démonstration de masse à Moabit, le l m août 1931.
LA REVOLUTION NATIONALE-SOCIALISTE 37
une répression méthodique, les Rouges extermineront les
forces de la réaction l. Ce jour-là, la révolution marxiste
déferlera sur l’Allemagne. On assistera (( au choc le plus
violent entre classes antagonistes qu’ait jamais connu l’his-
toire n j ce sera (( l’étape la plus importante de la révolution
mondiale, après les journées glorieuses d’octobre 1917 »,
car (( par la plaie allemande, la dictature soviétique s’étendra
à toute l’Europe occidentale ».
1. Alfred LANGER, Der Wsg zum Sisg, p. 11. Cette tactique s’inspire du précepte
de Lénine : On ne doit jamais jouer avec la rkvolution et, dès qu’on l’a commencée,
(I
* *
En face de ce Front de Fer,qui mérite si peu son nom, se
dressent les légions grises et disciplinées du Stahlhelm et du
Kyffhaüserbund. Nous avons déjà parlé du Casque d’Acier,
fondé à Magdebourg, à la fin de 1918, par le lieutenant
Seldte (( pour perpétuer la camaraderie du front et donner
aux jeunes gens une trempe physique et morale équivalente
à celle qu’ils recevaient jadis pendant leur service militaire a D.
Très vite, le Stahlhelm a pris une extension considérable :
fort de 23.000 adhérents à la fin de 191g3, il en compte
60.000 en 1920, 175.000 en 1923, 425.000 en 1929 et près
de 1million en 1932. I1 se compose de quatre sections, d’im-
portance inégale : 10 le Kernstahlhelm, où ne sont admis que
les anciens combattants ayant au moins six mois de front;
20 te Ringstahlhelm, pour ceux ayant moins de six mois de
front; 30 le Jungstahlhelm pour les recrues de dix-sept à
vingt-trois ans. Enfin, le Scharnhorstbund pour les jeunes
gens de treize à dix-sept ans.
4 4
t
* *
I1 serait vain de prétendre que la Reichswehr ne ressent
aucune inquiétude devant les progrès continus de ces quatre
blocs rivaux. Elle a beau s’arc-bouter de toutes ses forces
pour les tenir en respect, elle sait qu’un seul geste maladroit,
un seul incident fâcheux sufirait à rompre l’équilibre et
à mettre le feu aux poudres.
I1 serait également naïf de croire que la Reichswehr, mal-
gré la neutralité qu’elle professe, éprouve des sentiments
identiques à l’égard de ces divers groupes. Entre elle et
les formations de combat communistes règne une hostilité
ouverte. Vis-à-vis de la Bannière d’Empire, cette hosti-
lité se tempère d’une nuance de mépris. L’armée n’ignore
pas que le Front rouge et le Front de fer ont des attaches
occultes plus étroites que ne le laisseraient supposer les que-
relles de leurs chefs 2, et que la révolution, si elle éclatait,
aurait de fortes chances de les trouver côte à côte.
Quant à l’armée brune, la Reichswehr fait preuve, vis-
à-vis d’elle, d’une réserve hautaine. Rohm a beau être lié avec
Schleicher et Ludendorff, Hitler a beau répéter : (( Nous
n’avons aucun intérêt à détruire l’armée, ce serait à mes
yeux le plus grand des crimes. Mon seul désir est de voir
la Reichswehr s’imprégner, comme le peuple allemand, de
l’esprit nouveau n, les généraux de la Bendlertrasse n’en
1. Conrad HEIDEN, Hiller, p. 291.
2. En apparence le Front rouge et le Front de fer sont opposés. Mais les contacts
se poursuivent à l’intérieur des groupes, car les Communistes s’efforcent de noyauter
les syndicats libres et la Bannière d’Empire. On lit ainsi, dans l’Ordre d’alerte
adressé A ses adhérents le 25 février 1933 par la Direction ccntrale de l’Union des
combattants du Front rouge : a Contact permanent avec la Bannière d’Empire,
formations et chefs : l’atmosphère nous y est favorable. On doit y organiser des
travaux en commun. 9
. 3. Déposition d’Hitler devant la Cour suprême de Leipzig, le 25 septembre
44 HISTOIRE DE L’ARMSE
ALLEMANDE
LE DERNIER ASSAUT
( l e r août 1932-30 janvier 1933)
1. Walther SCHOTTE,
Die Regierung Papen, Schleicher, Gayl, p. 77.
70 HISTOIRE D E L’ARMÉE ALLEMANDE
1. Voir vol. I, p. 71 e t 8 .
2. Voir vol. I, p. 114.
3. Voir plus haut, p. 24.
4. Walther SCBOTTE, Dis Rsgiwung Papen, ScMsichm, Gayl, p. 84.
LA RÉVOLUTION NATIONALE-SOCIALISTE 75
pas seulement le conseiller permanent du ministre, mais
parfois celui du Chancelier et souvent celui du Maréchal.
De par ses fonctions, Schleicher voit Hindenburg presque
quotidiennement. Chargé de lui faire un rapport sur la situa-
tion militaire, faut-il s’étonner s’ils en viennent à parler poli-
tique et à passer en revue toutes les décisions du Cabinet?
Faut-il s’étonner si ce contact quotidien se change peu à
peu en une sorte d’intimité que la souplesse d’esprit et la
brillante conversation de Schleicher finissent par rendre fort
agréable au Maréchal? Ajoutons à cela que Schleicher a
été officier dans le régiment que Hindenburg a commandé
avant la guerre et dont son fils Oscar fait actuellement partie,
ce qui crée entre les trois hommes un lien supplémentaire
qui permet à un polémiste allemand de dire : (( Avec Schleicher
ce n’est même pas l’armée qui nous gouverne, ce sont les
officiers du IIIe régiment de la Garde! ))
Mais hélas, quels procédés machiavéliques Schleicher n’a-
t-il pas employés pour arriver jusque-là! C’est par des volte-
face et des rétablissements continuels qu’il a su se tirer de bien
des situations périlleuses et conserver la confiance des minis-
tères qui se sont succédé au pouvoir depuis 1919. Socialiste
avec les uns, réactionnaire avec les autres, souriant à to u t
le monde mais ne se livrant à personne, il n’y a presque pas
de nomination dans le personnel dirigeant sur laquelle Schlei-
cher n’ait été appelé à donner son avis. Lorsqu’en octobre
1926, le général von Seeckt entre en conflit avec M. Gessler
au sujet de l’engagement du prince Guillaume de Hohenzol-
lern, Schleicher conseille à Hindenburg d’accepter la démis-
sion du chef de la Heeresleitung et de nommer à sa place le
général Heye. E n octobre 1929, il obtient que l’on confie la
direction du T r u p p e n a m t à son ami le général von Hammer-
stein, qu’il avait placé autrefois auprès de Noske. Un an
plus tard (octobre 1930), il le fait nommer à son tour chef
de la Heeresleitung, renforçant ainsi son influence sur l’armée.
Même tactique à l’égard du gouvernement civil. Lorsqu’en
mars 1930, Hindenburg veut remettre le décret de dissolu-
tion du Reichstag au chancelier Müller, Grcener, conseillé
par Schleicher, menace de donner sa démission. Aussitôt le
Maréchal renonce à dissoudre le Parlement, ce qui entraîne,
par contrecoup, la chute du ministère l. En avril 1932, Schlei-
1. Cf. L’article de Kurt REIBNITZ
dans le Dortmuder Generalanzciger du
14 février 1932.
76 HISTOIRE DE L ’ A R M ~ E ALLEMANDE
1. Joseph G ~ B B E L SVom
, Kaiaerhof zur Rcichakanzlei, p. 220.
78 HISTOIRE DE L’ARMSEALLEMANDE
de leur chef en 1925. I1 y a la moitié, au moins, des députés
nazis du Reichstag qui craignent de perdre leurs mandats
si l’on procède à de nouvelles élections. I1 y a enfin toute
l’aile gauche du mouvement, de tendance syndicaliste e t
révolutionnaire, qui trouve que le Parti s’embourgeoise et
ne voit pas sans deplaisir les négociations menées par Gœring
avec la droite. Enfin, comme pour accroître encore le décou-
ragement général, les dificultés financières s’aggravent, et
les élections de Thuringe marquent une nouvelle régression l.
La crise risque fort de tourner au désastre.
(( Nous sommes à présent devant l’épreuve décisive, écrit
LA PERCEE
(31 janvier-23 mars 1933)
s.P. v.
-------- K.P.V.
,-*N.S.D.A.P. -.--.-.-_ CENTRE
+**+*4***++.*
NOMBRE
DE SIÈGES RECUEILLIS AUX ELECTIONS DU REICHS-
TAG PAR LES PRINCIPAUX PARTIS POLITIQUES ALLEMANDS
(20 mai 1928 - 5 mars 1933).
LA RÉVOLUTION NATIONALE-IOCIALISTE 99
pouvoir aux gouvernements des États de l’Allemagne du Sud.
Ceux-ci, de plus en plus inquiets, ont protesté, le l e r mars,
contre l’ordonnance présidentielle d u 28 février, qui auto-
rise le Chancelier à sévir, non seulement contre les excès
des partis politiques, mais aussi contre toute insubordination
de la part des gouvernements de P a y s . M. Schaffer, chef du
Parti populiste bavarois, a même été jusqu’à déclarer que
si Hitler tentait d’envoyer un Commissaire d’Empire en
Bavière, celui-ci serait appréhendé dès son arrivée à la fron-
tière. (( Puisque le Reich ne respecte plus les principes fédé-
ratifs inscrits dans la Constitution, a-t-il ajouté, la Bavière
entend reprendre sa liberté et se donner la forme de gouver-
nement qu’elle désire 1. 1)
Le 6 mars, M. Held, président du Conseil bavarois, visi-
blement impressionné par le résultat des élections 2, se montre
plus accommodant. I1 admet la nécessité de remanier son
Cabinet e t promet de laisser (( sous peu N la place au chef
de la fraction nationale-socialiste du Landtag. Mais en même
temps, M. Stützel, ministre de l’Intérieur, fait distribuer des
munitions à la police, signe un décret autorisant les agents
à tirer sans sommation et leur donne l’ordre d’occuper les
bâtiments publics. (( Le danger d‘un nouveau putsch monar-
chiste e t particulariste semblait imminent »,écrit Gerhard
Rühle 3.
Mais, comme en Prusse, Hitler. est décidé à intervenir
avant que la crise éclate. Le 8 mars, le ministre de 1’Inté-
rieur du Reich prend en main la direction de la police dans
le Wurtemberg, en Bade, en Saxe, à Schaumburg-Lippe e t
dans un certain nombre de petits États. Enfin, le 9 mars
dans la soirée, le Dr Frick nomme le général von Epp, Com-
missaire d’Empire pour la Bavière.
C’est la troisième fois depuis la guerre que celui-ci fait
son entrée dans la capitale bavaroise. La première fois, ren-
trant du front en 1918, il avait été accueilli à coups de pierre
par les Conseils de soldats, frappé e t dégradé par les mili-
ciens spartakistes. L’année d’après, il pénétrait à Munich
à la tête de son corps franc, avec les divisions envoyées par
Noske, pour briser la dictature de la République des Conseils *.
1. Cf. Gerhard RUBLE,Das dritie Reich, vol. I, p. 4 2 .
2. La veille, le Parti national-socialiste a recueilli 1.900.000 voix en Bavière,
contre 1.200.000 au Parti populiste bavarois, jusque-la tout-puissant.
3. Gerhard RUBLE, op. cit., vol. I, p. 53-54.
4. voir vol. I, p. 290.
100 HISTOIRE DE L’ARYEE ALLEMANDE
L’UNIFICATION DU REICH
(24 mars 1933-30 janvier 1934)
* *
Reste à examiner la fusion administrative des P a y s et
du Reich, domaine où les problèmes sont d’autant plus difi-
ciles à résoudre que leurs racines plongent dans un passé
plus lointain.
Bien des souvenirs historiques justifiaient le caractère
fédératif de l’Empire wilhelminien, dont avait hérité la
République de Weimar. Mais au point de vue politique, ce
système n’avait donné que des résultats décevants. Le dif-
ficile était de supprimer les Pays en tant qu’entités admi-
nistratives, tout en sauvegardant leur personnalité, leurs
mœurs et leurs coutumes. D’autant plus que ((supprimer
les Pays ne consistait pas seulement à effacer de la carte
d’Allemagne une foule de petites principautés déjà à moitié
intégrées : c’était aussi mettre fin à l’autonomie de la Bavière
et de la Prusse.
On imagine aisément les résistances que ne pouvait man-
quer de susciter une réforme aussi radicale, tan t dans les
milieux de gauche que dans les cercles monarchistes et
réactionnaires. Jusqu’en 1914 3, une animosité sourde avait
dressé les Hohenzollern contre les Wittelsbach, et nous savons
que Louis II de Bavière, après 1870, n’avait accepté qu’à
contrecœur d’entrer dans la Fédération. Les rapports entre la
Pour finir, il ne reste plus face à face, que les deux heureux
gagnants de ce tournoi d’échecs, e t Hitler s’empresse d’écrire
à Gœring :
1. On n’imagine pas, pour l’instant, que le régime veuille alier plus loin.
2. Voir plus haut, p. 207, note 1, le paragraphe 2 de la loi du 24 mars 1933. Le
Maréchal-Président est le chef suprême de l’armée. C’est lui qui nomme les ambas-
sadeun. I1 a le droit de dissoudre le Reichstag et de promulguer l’état d’exception.
Enfin, il dispose d‘un droit de wta vis-84s du Cabinet. Ce droit, Hindenburg
l’avait d616gué, non pas à Hitler, mais à von Papen, qui n’en fit d’ailleuni jamais
usage.
3. Voir vol. II, p. 145.
L’J~DIFICATIONDU I I I ~REICH 121
Comment leur fusion va-t-elle s’effectuer? Ces deux forces
vont-elles fusionner, ou s’entre-dévorer dans un effort déses-
péré pour triompher l’une de l’autre?
Tout dépend des décisions que prendra le Führer. Mais
pour l’instant, il préfère ne pas brusquer les choses. Sans
doute pense-t-il qu’il serait prématuré de transformer la
constitution militaire du Reich avant que la doctrine natio-
nale-socialiste ait pénétré dans toutes les couches de la nation.
La Reichswehr forme un bloc fermé e t énigmatique dont on
ignore encore les intentions profondes ...
Mais à ces motifs, de caractère intérieur, viennent s’en
ajouter d’autres, d’ordre international : toucher a u statut
militaire de l’Allemagne, c’est déchirer toute la partie V du
traité de Versailles. C’est risquer de provoquer des réactions
très vives à Londres et à Paris.
Avant de procéder à cet acte décisif, il faudrait connaître
les dispositions des Alliés. I1 faut surtout savoir à quoi
aboutira la Conférence du désarmement, dont les négocia-
tions laborieuses se poursuivent à Genève.
LA FAILLITE DE LA CONFÉRENCE
DU DÉSARMEMENT E T LE RETRAIT DU REICH
DE LA SOCIÉTÉ DES NATIONS
( 2 février 1932-le‘ août 1934)
1. Article 8 du Pacte de la S. D. N.
2. Cf. L’Europe nouvelle, numéro spécial du 18 mai 1925, p. 470. La vitesse
des avions de chasse est passée de 220 à 400 kilomètres; leur plafond, de 6.000
à 11.000 mètres. La charge des avions de bombardement est passée de 500 à
2.400 kilos, leur vitesse de 125 à 350 kilométres, leur plafond de 3.000 à 9.000 mètres.
L’armement des avions est passé de 2 mitnailleuses à 8 et comporte même des
canons mitrailleurs. L‘effet explosif des bombes est de plus en plus rasant. Les
matières incendiaires qu’elles contiennent sont pour ainsi dire inextinguibles.
La vitesse des chars qui était de 4 à 12 kilomètres à la fin de la guerre, a été
portée à 40, 50 et même à plus de 100 kilomètres pour certains modèles. Ils pesaient
10 à 20 tonnes en 1918. Maintenant on en construit de 90, de 100 et de 120 tonnes.
Les canons tiraient en moyenne A 25 kilomètres. Maintenant leur portée atteint
60 e t jusqu’à 120 kilomètres, etc.
124 HISTOIRE DE L’ARMÉE ALLEMANDE
L *
* *
Le départ de l’Allemagne a porté le coup de grâce à la
Conférence du désarmement. Celle-ci se réunit encore une ou
deux fois. Puis elle se met en veilleuse, à la demande de son
président. L’intérêt se déplace et s’éloigne de Genève. La
dernière phase des pourparlers - qui va de décembre 1933
à avril 1934 - s’effectue sous forme de négociations directes
entre Paris, Berlin, Londres e t Rome.
C’est l’Allemagne, la première, qui réamorce les conver-
sations. Dans son M é m o r a n d u m d u 18 décembre 1933, elle
commence par établir (( que personne ne croit plus au désar-
mement général et qu’il est temps de se libérer d’une illusion
qui a plus fait pour envenimer les relations internationales
148 HISTOIRE DE L’ARYBE ALLEMANDE
1. Chiffres cités par l’Europe nouuelb, numéro spécial du 18 mai 1935, p, 464.
2. Ce chiûre atteindra 9.611.900 tonnes en 1936. (Cf. Général AZAN,La FrD
&is des armements allemands, Le Journal, numéro du 17 septembre 1936.)
8. Statistiques de la Chambre internationale de Commerce. L’Économie inter-
nationale, numéro d’avril 1935, p 49.
4. Ce chiûre, cité par M. Archimbaud dans son Rapport sur le budget militaire
pour l’szercics 1936, Imprimerie de la Chambre des députés, 1935, no 5592, n’at-
teint pas encore tout à fait celui de 1929. Mais en 1929, l’Allemagne exportait son
acier dans le monde entier. En 2935, elle le consomme presque entièrement sur
place.
L’ÉDIBICATION D U IIIo REICH 161
+ +
* *
La présence de Rohm aux Conseils de Cabinet va entraîner
cependant des conséquences graves; car un désaccord violent
ne tarde pas à le dresser contre le général von Blomberg,
ministre de la Reichswehr.
Ce conflit, à vrai dire, était inévitable. Au cours des der-
niers mois, la S. A. s’est incorporé toutes les formations
nationales. De ce fait, l’armée brune et la Reichswehr ne
sont plus séparées par rien et s’affrontent dans une atmos-
phère de méfiance réciproque. Si Rohm e t Blomberg se
heurtent au sein d u Cabinet, c’est que leur antagonisme
prolonge celui des deux groupes qu’ils commandent.
La tournure prise par les négociations de Genève, le retrait
de l’Allemagne de la Société des Nations, l’ampleur assumée
par le réarmement, tout laisse prévoir que le Reich s’oriente
vers une armée nationale e t que des décisions dans ce sens
ne tarderont pas à être prises. Mais cette armée, qui la
commandera? De quoi sera-t-elle faite? Ces questions capi-
tales restent encore en suspens. D’ailleurs, les négociations
avec les Alliés ne sont pas encore rompues, et il n’est ques-
tion, pour l’instant, que d’une armée de trois cent mille
hommes.
Le 21 février 1934, M. Eden arrive à Berlin. Au cours des
conversations qu’il a avec le Lord du Sceau privé, Hitler
(comme nous l’avons vu) accepte de promulguer un certain
nombre de mesures garantissant le caractère non militaire
des S. A. et des S. S. Le 16 avril, M. von Neurath renou-
velle ces propositions par écrit, dans une note adressée au
Gouvernement britannique.
Comme on pouvait s’y attendre, ces mesures, mal inter-
prétées, mécontentent vivement Rohm. I1 croit qu’Hitler
veut sacrifier aux nécessités de sa politique étrangère l’ar-
mée qu’il a mis sept ans à organiser et qui n’a plus qu’un
pas à accomplir pour devenir la nouvelle armée nationale.
I1 insiste pour faire une déclaration aux représentants de
la presse étrangère à Berlin. C’est en vain que Gœbbels
s’efforce de l’en dissuader.
- La révolution que nous avons faite, déclare Rohm le
18 avril, n’est pas une révolution nationale, mais une révolu-
tion nationale-socialiste. Nous tenons même à souligner ce
L ~ ~ D I F I C A T I ODU
N 1x19 REICH 175
dernier mot socialiste. Le seul rempart qui existe contre la
réaction est représenté par nos Sections d’Assaut, car elles
sont l’incarnation totale de l’idée révolutionnaire. Le mili-
t a n t en chemise brune s’est engagé dès le premier jour sur
la voie de la révolution, et il n’en déviera pas d’une semelle,
jusqu’à ce que notre dernier objectif soit atteint.
Faisant écho au chef d’État-Major, Heines, commandant
de la division de Silésie et l’un des généraux de S. A. les plus
puissants après Rohm, affirme au cours d’une parade à
Altheide (Silésie) :
- Nous avons juré de rester révolutionnaires Nous ...
ne sommes encore qu’au commencement ... Nous ne nous
reposerons que lorsque la révolution allemande sera ter-
minée.
Quant à Ernst, commandant de la division de Berlin-
Brandebourg, il profère, le lendemain, ces paroles menaçantes :
- Le peuple allemand a été réveillé par le pas cadencé
des colonnes de S. A. Douze années de combat nous ont
donné la victoire. Nous saurons empêcher l’Allemagne de se
rendormir!
Le 17 avril, M. Barthou a coupé court aux négociations
anglo-allemandes. Sentant que le problème de l’armée va
se poser à bref délai, Rohm expose ses désirs au cours d’une
séance du Cabinet. Dès 1920, dit-il, Hitler a proclamé, dans
l’article 22 du programme de la N. S. D. A. P. : a Nous exi-
geons la suppression du corps de mercenaires et son rem-
placement par une armée nationale 1. >) E n 1923, il a écrit
dans Mein Kampf que les S. A. devaient former l’embryon
de l’armée future 2. Maintenant on va amorcer ouvertement
le réarmement de l’Allemagne et des centaines de mille
hommes vont être appelés SQUS les drapeaux. Le moment
est donc venu d’incorporer en masse les S. A. à la Reichs-
wehr. Les Stürme deviendront des bataillons, les Standar-
ten des régiments, chaque chef conservant le grade qu’il
détient dans l’armée brune. Les commandants de brigade
et de division seront maintenus au rang de général. Rohm,
pour sa part, demande le poste de Chef d’État-Major
général, ou à défaut du commandement en chef, le ministère
de la Reichswehr.
Mais le général von Blomberg s’insurge contre ces préten-
1. Voir vol. II, p. 249.
2. Voir vol. II, p. 316.
176 HISTOIRE DE L’ARMÉE ALLEMANDE
*
* *
Les plaintes contre la S. A. se multiplièrent au cours
des mois d’avril et de mai, déclare Hitler. Le chef d’État-
Major chercha à nier la réalité des faits et traita ces griefs
de pures calomnies à l’égard des Sections d’Assaut. Le
mécontentement croissait au sein du Parti. La S. A.
s’isolait de plus en plus.
(( A la suite de ces incidents, des discussions très vives
+ +
*
* *
la question des armements, car les jours du regime hitlérien étaient comptés 1).
Ce fait est confirmé par Churchill dans le premier volume de ses Mémoires. En
revanche, M. FRANÇOIS-PONCET, dans ses Souvenirs d’une ambassade à Berlin, nie
avoir a connu et encouragé les manœuvres de R6hm et de Schieicher D.
190 HISTOIRE DE L’ARMBE ALLEMANDE
* 1
+ i
1. On rrmarquera que les siber des sept prernienWehrkrebr iont rest66 à peu
près identiques à ceux de la Reichswehr de von Seeckt. (Voir le dépliant ila 5x3 du
volume).
2. A part le dcuxieme Agiment d’artillerie motorisé, la structure d’une division
de la Wchrrnocht correspond exactement a cells d’une division de von Sesckt.
-
Seuls les effectifs et I’irrncment ont changé. On voit ici comme pour les Wshr-
hreiss- un exemple de Ir continuité dont BOW parlion8 au &ut da om chapitia.
232 HISTOIRE DE L’ARMBE ALLEMANDE
+ i
.*
E n moins de trois ans -
du printemps de 1933 à l’au-
tomne de 1935 - l’armée allemande est passée d’environ
100.000 hommes à près de 650.000 1. Qu’on est loin de
l’armée de 300.000 hommes, proposée par Hitler à M. Eden
en février 1934! Mais bienque les incorporations aient eulieu
par tranches successives, l’amux des nouvelles recrues a
bouleversé les plans établis par le général von Seeckt. Les
rapports soumis au ministre de la Guerre par les différentes
Inspections d’armes s’accordent tous pour reconnaître que
les chefs de corps sont débordés 3.
L’année suivante, au moment où la W e h r m a c h t s’apprête
à appeler sous les drapeaux les 464.000 hommes de la
classe 15, l’armée risque de se trouver totalement désor-
ganisée. Pour remédier au manque de cadres e t franchir plus
rapidement la période critique, Hitler promulgue, le 24 août
1936, un décret portant à deux ans la durée du service actif.
Ainsi,la classe 14, dont la majorité des recrues est déjà suf-
fisamment instruite pour fournir un contingent important
de sergents et de caporaux, restera pendant un an encore
dans les casernes afin d’accélérer l’instruction de la classe 15.
De ce fait, les effectifs de la Wehrmacht se trouvent portés
d’un coup, à 1.210.000 hommes 4.
Alors les généraux prennent peur. E u x qui ont vécu pen-
dant dix ans au rythme régulier de la Reichswehr de métier,
ils n’arrivent pas à se plier à l’allure frénétique que leur
impose le Führer. Habitués à exécuter un travail métho-
dique, ils s’effrayent de voir le désordre s’instaurer dans leurs
casernes. Ils ont l’impression d’être submergés par l’amux
des conscrits et par l’avalanche de problèmes nouveaux que
pose leur incorporation. Dans l’espoir de freiner Hitler, ils
LA BATAILLE DU TRAVAIL
1. Le volume des allocations qu’il faudrait leur verser représente une telle charge
pour le budget, que le gouvernement s’est vu dans l’obligation d’en limiter le
paiement à une durbe de six mois. De ce fait, des millions d’ouvriers se trouvent
depuis plus de deux ans, sans aucune ressource.
244 HISTOIRE DE L ’ A R M ~ E ALLEMANDE
AUGMENTATION
ET RÉSORPTION D U CHOMAGE
(en millions de ch8meurs) DE 1923 A 1939.
250 HISTOIRE DE L’ARMBE ALLEMANDE
+ +
Six mois à peine après le plébiscite de la Sarre, 1’Alle-
magne remporte un nouveau succès.
Le résultat du plébiscite sarrois a yivement impressionné
les Anglais. Ils se disent que la situation d u Führer est di:&
L’ÉDIFICATION DU I I I ~REICH 259
dément plus forte qu’on ne le croyait, et qu’il est vain de
spéculer chaque jour sur sa chute.
Par ailleurs, les Britanniques ont toujours regretté la brus-
querie avec laquelle Barthou avait mis pratiquement fin à
leurs efforts pour parvenir à un accord général sur le désar-
mement. Quel dommage que la France ait repoussé le plan
Mac Donald! E n se cramponnant aux lambeaux d u traité de
Versailles, le gouvernement français a abouti à un résultat
désastreux : au lieu de concéder à l’Allemagne l’égalité des
droits, il lui a permis de réarmer sans contrôle ni limite.
Que le Reich en ait profité pour accroître considérablement
ses forces terrestres est déjà inquiétant. Mais s’il en faisait
autant dans le domaine naval, ce serait plus grave encore.
Car l’Angleterre ne compte que sur sa flotte et son aviation
pour assurer sa sécurité.
Or, dans ce domaine aussi, l’Allemagne semble vouloir
aller de l’avant. Le 15 avril 1935, le gouvernement du Reich
communique officiellement au x attachés navals étrangers les
grandes lignes de son programme pour 1935-1936. I1 com-
prend la construction des unités suivantes :
lo 2 navires de ligne de 26,000 tonnes (en cale depuis plu-
sieurs mois) ;
20 2 croiseurs lourds de 10.000 toxines;
30 des contre-torpilleurs;
40 une vingtaine de sous-marins, dont plusieurs sont déjà
en chantier l.
1. Ci. ESPAQNAC
DU F~AVAY,Vingt ana da politiqua wale (1919-1939),p. 148.
266 HISTOIRE DE L’ARMSEALLEMANDE
négociation en posant les jalons d’une alliance anglo-alle-
mande l :
- L e Führer ne m’a pas caché, déclare-t-il, qu’il était
prêt à garantir l’intégrité territoriale de la Hollande, de la
Belgique et de la France dans le cadre d’une entente géné-
rale avec le Royaume-Uni. En outre, il est disposé à mettre
douze divisions à la disposition de l’Angleterre, pour l’aider
à défendre son Empire colonial, si le besoin s’en faisait
sentir a...
Les Anglais répondent par un sourire gêné. L’idée de faire
appel à des troupes allemandes pour défendre l’Empire les
choque comme une inconvenance. De plus, le ton protec-
teur avec lequel Ribbentrop a prononcé ces derniers mots ne
leur a pas échappé. I1 lui font comprendre d‘un ton poli,
mais ferme,.qu’à chaque jour suffit sa peine, et qu’ils n’ont
pas l’intention de le suivre sur ce terrain.
D’autant plus que la signature de l’accord naval a pro-
voqué, à Paris, des réactions très violentes. Le gouverne-
ment français n’hésite pas à dire qu’il considère la décision
britannique comme (( moralement inadmissible et juridique-
ment insoutenable )). Peut-on blâmer l’Allemagne de répu-
dier les clauses du Traité, quand l’Angleterre elle-même
l’aide à déchirer le peu qui en reste? C’est tout juste si on
ne l’accuse pas d’avoir trahi ses Alliés ...
La réponse anglaise ne se fait pas attendre. Elle est donnée
le 22 juin par lord Londonderry, dans une allocution pro-
noncée à la Chambre des Lords :
-Nous sommes un peuple pratique, déclare-t-il, q u i a
l’habitude de tenir compte des réalités. La question qui s’est
posée à nous n’était pas de donner à l’Allemagne le droit
de faire une chose, qu’elle n’aurait pas pu faire sans
notre permission. Bien au contraire. L’objet de notre initia-
tive a été de circonscrire, par un accord avec l’Allemagne,
les conséquences ultimes d’une décision unilatérale qu’elle
avait déjà prise e t à laquelle elle avait déjà commencé à
donner un commencement d’exécution a...
(( E n d’autres termes, écrit Espagnac du Ravay 4, le gou-
LE PACTE FRANCO-SOVIETIQUE
E T LA REMILITARISATION
DE LA RIVE GAUCHE DU RHIN
*
+ +
* +
Le 9 juin - premier acte de la pénétration russe en Occi-
dent - la Tchécoslovaquie, par la voix de M. Benès, e t la
Roumanie, par celle de M. Titulesco, annoncent qu’elles recon-
naissent de jure la République des Soviets. Trois semaines
plus tard (2 juillet), le ministre des Affaires étrangères tché-
coslovaque prononce u n grand discours, au cours duquel il
déclare :
E( Un regroupement des forces européennes se prépare. Cette
qu’on voit bien que je suis parti de rien pour devenir le ma.ître
de l’Allemagne et que c’est une destinée étonnante et qu’on
croit y trouver des causes extraordinaires. Les uns disent que
c’est par violence que je suis devenu le chef de la nation alle-
mande, mais, vous savez, les quelques camarades que nous
étions au début auraient eu fort à faire pour s’emparer par
la violence d‘une nation de soixante-cinq millions d’habitants!
a On dit aussi que j’ai dû mon succès à ce que j’ai créé une
...
mystique ou bien simplement que j’ai été servi par le hasard.
E h bien, je vais vous dire ce qui m’a porté là où je suis!
a Les problèmes politiques apparaissaient compliqués. Le
peuple allemand n’y comprenait rien ... Moi, j’ai décompliqué
les problèmes. J e les ai réduits en termes simples. Les grandes
...
masses ont compris. Et elles m’ont suivi! Aujourd‘hui je
veux démontrer à mon peuple que la notion d’inimitié éter-
nelle entre la France et l’Allemagne est absurde, que nous
ne sommes nullement des ennemis héréditaires. Le peuple
allemand le comprend. I1 m’a suivi dans une réconciliation
infiniment plus difficile, la réconciliation de l’Allemagne avec
la Pologne.
u Chez vous, on a interprété l’accord entre l’Allemagne et
la Pologne comme un acte de virtuosité diplomatique de ma
part. C’est un compliment, mais qui ne me fait pas plaisir et
qui n’est pas mérité. Simplement, la tension entre l’Allemagne
et la Pologne ne pouvait pas durer. Elle était malsaine, éner-
vante. I1 était logique que je cherche à y mettre fin. J’y ai réussi.
Et tout le peuple allemand s’en est senti soulagé. Et main-
tenant, je veux réussir la même détente avec la France. I1
n’est pas bon que les peuples usent leurs forces psychologiques
en haines infécondes n ...
A ce moment, Bertrand de Jouvenel l’interrompt pour lui
dire :
- Nous autres Français, si nous lisons avec satisfaction
vos déclarations pacifiques, nous n’en restons pas moins
inquiets devant d’autres indices moins encourageants. Ainsi,
dans Mein Karnpf, vous disiez pis que pendre de la France.
Or, ce livre est regardé à travers toute l’Allemagne comme
L’BDIFICATION DU I I I ~REICH 281
une sorte de Bible politique. E t il circule sans que, dansles
éditions qui se succèdent, vous ayez apporté la moindre cor-
rection d’auteur à ce que vous disiez de la France l...
1. Dans certains passages de Mein Kampf, on lit, en effet, 90la France est
e t restera toujoun l’ennemi no 1 de 1’Allemagne. et que tout nationaliste allemand
doit s’efforcer de l’abattre. Plus tard, Hitler déclarera Ribbentmp que a la plus
grande faute qu’il ait commise a été <le publier les chapitres de Mein Kampf
ayant trait aux questions de politique Btranghre D. (RIBBENTROP, Mbmoires,
p. 37.)
282 HISTOIRE DE L’ARMÉE ALLEMANDE
* +
1. .Si la France tient le moins du monde à sa sécurith, elle doit agir B tout
prix, tel &ait le raisonnement que nous faisions tous à la Wiihelmstrasse. D ( P a d
SCHMIDT, Slntkt nuf Diplorndischer BUhne, p. 93.)
L’ÉDIFICATION DU I I I ~REICH 287
d u Reichstag e t déclare a u x députés, qu’il a convoqués
d‘urgence :
1. Voir vol. I, p. 59 e t S.
L’ÉDIFICATIONDU I I I ~REICH 289
* *
1. Hitler a déclaré un jour en ma présence, écrit Paul Schmidt, que les vingt-
quatre heures qui avaient suivi l’entrée des troupes allemandesen Rhenanie avaient
été parmi les plus tendues de sa vie. a Si les Français étaient entrés en Allemagne,
comme je l’ai cru possible durant ces vingt-quatre heures, assura-t-il, j’aurais été
obligé de me retirer, à ma courte honte. D (Op. cit., p. 93.)
L’ÉDIFICATION DU III@ REICH 291
sidence de M. Lebrun. M. Flandin, ministre des Affaires étran-
gères, commence par faire le point de la situation :
- La Rhénanie est occupée, déclare-t-il. Bien que ce ne
soit que par des détachements symboliques, le fait n’en est
pas moins patent. Le pacte de Locarno est déchiré. E n
échange, Hitler nous propose un pacte de non-agression
d’une durée de vingt-cinq ans. I1 offre également d’établir,
de part e t d’autre de la frontière franco-allemande, une zone
démilitarisée, dont le gouvernement français fixera lui-même
la profondeur l,
- Entrer dans ces vues serait s’incliner devant le coup
de force, objecte Sarraut. I1 ne saurait être question de négo-
cier sous la menace...
D’un avis unanime, les propositions allemandes sont
considérées comme irrecevables.
- J’ai pris contact avec Londres, poursuit M. Flandin.
Nous nous sommes mis d’accord pour convoquer irnmédiate-
ment à Paris une conférence des Puissances signataires du
traité de Locarno.
-C’est bien, mais ce n’est pas sufisant! s’exclame M. Paul-
Boncour. Chaque heure qui s’écoule renforce la position
allemande. I1 faut que notre réponse soit fulgurante et
immédiate. ..
-Allons-nous rendre coup pour coup? demande M. Georges
Mandel, ministre des P. T. T. et de l’Alsace-Lorraine, ou
allons-nous nous enliser dans des arguties juridiques?
Le Conseil des ministres proclame en conséquence K que la
provocation allemande est un acte d’hostilité, qui exige une
riposte militaire de la part des signataires du traité de
Locarno ».Un appel dans ce sens leur sera adressé dans la
journée. Pour donner plus de poids à sa requête, le gouver-
nement français ordonne :
10 De faire occuper la ligne Maginot par ses effectifs de
temps de guerre;
20 De faire remonter d u Midi les divisions nord-africaines
pour les concentrer en bordure de la frontière allemande;
30 De supprimer toutes les permissions pour les troupes
stationnées dans les départements du nord et de l’est;
I. Cette profondeur ne saurait être bien grande, puisque la ligne Maginot borde
la frontière franco-allemande. Accepter une zone démilitarisée de plusieurs kilo-
métres entraînerait le démantèlement de notre système fortiîié. Hitler ne l’ignore
pas.
292 HISTOIRE DE L’ARMÉE ALLEMANDE
repoussé.
(( I1 a proposé un pacte aérien :on l’a repoussé.
-
paix et qu’il me soit permis de le dire ici -lui-même e t
L’BDIFICATION DU I I I ~REICH 297
toute l’Allemagne ont espéré que le Pacte franco-soviétique
ne serait pas ratifié.
c Lorsque, passant outre à ses offres et à ses mises en garde
le Parlement français a ratifié ce Pacte, le Chancelier du
Reich, conscient de ses lourdes responsabilités envers le peuple
allemand, en a tiré la seule conclusion qui s’imposait. Il a
rétabli la souveraineté allemande sur tout le territoire du Reich.
(( En agissant ainsi, le gouvernement allemand s’est fondé
* *
L‘incroyable est arrivé :Hitler a gagné. Malgré les conseils
de ses généraux e t les avertissements de ses diplomates, il
a engagé une partie qu’il n’avait pas cinq chances sur cent
de mener à bien. Et pourtant, il l’a emporté sur toute la
ligne.
- E h bien, messieurs les généraux, dit-il aux chefs de la
Wehrmacht, qui d’entre nous avait raison? Vous aviez tort
d’être pessimistes. Je vous avais bien dit que la France ne
bougerait pas ...
Contre toute vraisemblance, sa prédiction s’est réalisée.
Du coup, ses collaborateurs deviennent plus circonspects.
Désormais, ils y regarderont à deux fois avant de le
contredire. Devant la certitude infaillible qui l’anime, ils
coinmencent à se méfier de leur propre jugement l.
Hitler, de son côté, se libère de plus en plus de l’influence
de ses conseillers. Pourquoi écouterait-il des hommes dont
les regards semblent obnubilés par les souvenirs de la défaite?
- Votre façon de maneuvrer, en 1914, fait-il remarquer
sarcastiquement aux dirigeants de la Wilhelmstrasse, n’a pas
été non plus un chef-d’ueuvre de perspicacité ...
Gcebbels est aussitôt chargé d’organiser un referendum
pour demander au peuple allemand (( s’il approuve l’œuvre
accomplie par le Reichsführer au cours des trois dernières
années n. Posée en ces termes, la réponse ne saurait faire de
doute.
Le scrutin a lieu le 29 mars. 44.411.911 vois - soit 99 %
de l’ensemble des votants - répondent (( oui n à Hitler. C’est
la plus forte majorité qu’il ait jamais recueillie.
Le 20 avril 1936, quarante-septième anniversaire du Führer,
celui-ci élève le général von Blomberg à la dignité de Feld-
maréchal. Le même jour, le général von Fritsch, comman-
dant en chef de l’armée de terre, est promu au rang de
Colonel-Général.
1. (<LeConseillerd’ambassnde Forster avait été envoyé exprés à Paris, à la veille
de la réoccupaiion, pour s’iniormer sur l’attitude éventuclle des Français. II avait
assuré dans son rapport que ceux-ci réagiraient violemment. Lorsque sa prédiction
ne se réalisa pas, il fut naturellcment mis à l’kart. L’absence de toute réaction,
i la suite de la remilitarisation de la Rhénaiiic, accrut le prestige d’Hitler dans
la mesure mCme oii elle diminua le crédit de ceux qui avaient surestimé la résolu-
tion de la France et de l’Angleterre. Y (Paul SCHMIDT, op. &., p. 93.)
300 HISTOIRE DE L’ARMÉE ALLEMANDE
L’ANNÉE OLYMPIQUE
(1936)
restaurants.
2. André FFIANÇOIS-PONCET, Souvenirs d’une ambassade à Berlin, 1931-1938,
Paris, 1946, p. 262 e t 8.
L’ÉDIFICATION DU I I I ~REICH 303
u Pour sa part, Gœring a fait pousser, dans les jardins
de son ministère, tout un village du x v i ~ ~ e s i è c en
l e minia-
ture, avec son auberge, son bureau de poste, sa boulangerie,
...
ses boutiques d’artisans A l’Opéra de Berlin, entièrement
tendu à neuf de satin crème, il a organisé en outre un dîner
fastueux, suivi d’un bal. Un plancher réunit la scène à la
salle; une profusion de laquais en livrée rouge et perruque
poudrée, élevant au bout de longs bâtons de hautes lan-
ternes, jalonne des chemins au milieu des tables où four-
mille une multitude d’uniformes, d’habits chamarrés e t de
femmes en grande toilette. Tout 1’Etat-Major du régime est
là, rutilant, rayonnant, empressé, tandis que les accents de
l’orchestre remplissent la vaste nef l... ))
On dîne, on danse, on échange des toasts; des conversa-
tions se nouent dans toutes les langues,.qui mettent à rude
épreuve M. Schmidt, l’interprète officiel. (( Ah, monsieur
Schmidt, aidez-moi donc un instant, je voudrais parler à
lord Londonderry! )) - (( Monsieur Schmidt, deux mots seu-
lement avec le Dr Goebbels. n - (( Mr. Schmidt, do you know
where Goring is 2? ))
Toutes les pensées gravitent naturellement autour d’Hitler
ce personnage hors série, sans lequel toutes ces fêtes n’au-
raient jamais eu lieu. Quel chemin n’a-t-il pas parcouru depuis
l’époque où, vagabond perdu dans les bas-fonds de Vienne,
des ouvriers menaçaient de le précipiter du haut de l’écha-
faudage où il travaillait! Ce qu’il a accompli, s’étale au grand
jour. Mais que fera-t-il demain? C’est ce que chacun se
demande car, malgré ses professions de foi, l’homme demeure
énigmatique e t difficile à déchiflrer.
u J e lui ai, personnellement, connu trois visages, corres-
pondant à trois aspects de sa nature, écrit François-Poncet
qui l’a beaucoup fréquenté. Le premier était blême; ses traits
mous, son teint brouillé, ses yeux vagues, globuleux, perdus
dans un songe, lui donnaient un air absent, lointain : u n
visage trouble et troublant de médium ou de somnambule.
(( Le second était animé, coloré, transporté par la passion;
1. ID., i l i d .
2. Paul ScaaiinT, Statist au/ dipiornafischer Bühne, p. 332.
304 HISTOIRE DE L’ARMÉE ALLEMANDE
* *
Chaque Congrès a son thème. Celui de l’année précédente
a été placé sous le signe du Sang et de la Race. Trois lois
y ont été promulguées par le Reichstag, qui siège à Nurem-
berg pendant la durée du rassembleiricnt.
La première a trait au drapeau d u Reich l; la seconde, à
la nationalité allemande 2; la troisième, dite Loi pour la pro-
tection du sang et de l’honneur allemands, a des répercussions
beaucoup plus dramatiques. E n voici le texte :
PRÉAMBULE.
Convaincu que la pureté d u sang allemand est la condi-
tion essentielle de la survie d u peuple allemand, et animé par
1. RCICHSFAHNLNGCSETZ :
Art. I : Les couleiirs du Reich sont noir-blanc-rouge.
Art. 11 : Le drapeau ù croix gammée est l‘eniùlirne national d u Reich. I l est égale-
ment le pavillon de la marine de contmerce.
L’étcndard de guerrc rouge, barré d’une croix noire, portant au centre la croix
gammée et la croix de fer dans l’angle supérieur gauche, a été remis aux chefs
de corps le 7 novembre 1935, au cours d’une cérBmonie spéciale.
2. REiCuSANGEiiiinicHrEiTSGESETZ:
Art. I : Jouit de la nationalité allemande quiconqire fait partie de I’Associafion
pour la protection d u Reich alleniand (Schutzverband der Deuisclien Reicha).
Art. I I : Est cifoyen d u Reich uniquement celui qui possède la nationalité aUe-
mande ou qui est d’un sang apparenté ei qui prouve par sa conduite ou ses aptitudes
sa twlonfé d i . servir fidèlement le Reich et le peuple allemands.
Art. I I I : Seul celui qui est cifoyen allemand jouit de la plénitude des droifs p l i -
tiquap, tek qu’ils sont ddlfnis par la loi.
III 20 ’
310 HISTOIRE DE L'ARMBE ALLEMANDE
Cette loi, qui sera bientat suivie d'une foule d'autres inter-
dictions, tend à exclure les Juifs de la nation allemande
pour en faire une entité distincte, - nécessairement enne-
mie. Elle dressera contre le Reich non seulement tous les
émigrés du régime, mais toutes les communautés israélites
disséminées de par le monde, qui verront dans cette volonté
de ségrégation implacable u n retour aux ghettos du moyen
âge et l'équivalent d'une déclaration de guerre.
Les Congrès de Nuremberg sont des chants de triomphe.
Mais au milieu de leur déferlement de joie e t de lumières,
ils portent au fond d'eux-mêmes cette source de ténèbres,
qui finira par tout recouvrir ...
L’ÉDIFICATION DU I I I ~REICH 311
* *
Si le Congrès de 1935 a été placé sous le signe du Sang
et de la Race, celui de 1936 - ou Congrès d e l’Honneur
- est dominé par la menace soviétique. C’est l’heure où le
Front populaire vient d‘accéder a u pouvoir en France e t
où la guerre civile ensanglante l’Espagne.
Le 9 septembre, journée d’ouverture du Congrès, Rudolf
Hess prononce le discours inaugural e t place d’emblée la
manifestation sous le signe de la lutte anticommuniste :
56 milliards de marks;
(( Que la bourgeoisie et l’artisanat allemands connaîtraient
un essor insoupçonné;
(( Que notre commerce renaîtrait;
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u Gibt mir vier Jahre Zeit! n - Q Accordez-moi un délai
de quatre ans! )) avait demandé Hitler au peuple allemand
le 30 janvier 1933.
Le 30 janvier 1937, ces quatre années sont révolues. Ce
1. Major JOAST,Das Heer seit dem Parfeitag der Freiheit, Vblkischer Be0bachk.r
numéro spécial de septembre 1936.
L’EDIFICATION DU I I I ~REICH 315
jour-là, le Führer réunit le Reichstag pour célébrer le cin-
quième anniversaire de la prise du pouvoir. Que va-t-il dire
aux députés? En général, ses discours sont longs. Celui-ci
sera beaucoup plus bref que d’habitude. L’essentiel de sa
déclaration - qu’il prononce d’un ton très détendu -
tient
en ces quelques lignes :
LA RÉVOLUTION NATIONALE-SOCIALISTE
(1925-1933)
DEUXIÈME PARTIE