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GUIDE SECRET

DE

COMPOSTELLE
PAR OLIVIER MIGNON

PREMIÈRE ÉDITION

RENNES
ÉDITIONS OUEST-FRANCE
RUE DU BREIL, 13

2016
Aujourd’hui, la tour Saint-Jacques, visible sur la droite, est le seul vestige de l’église
Saint-Jacques-de-la-Boucherie.

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LA VIA TURONENSIS OU LE GRAND CHEMIN DE SAINT-JACQUES

Ancienne piste gauloise trans- surnom de Jacobins. Les pèlerins


formée en une large artère dallée franchissaient ensuite la porte Saint-
à l’époque gallo-romaine, cet axe Jacques de l’enceinte de Philippe
majeur, nommé via Superior, devint Auguste, abattue au XVIIe  siècle,
au XIIIe  siècle la grande rue Saint- et s’engageaient dans le faubourg
Jacques-aux-Prêcheurs en référence Saint-Jacques où se dresse notam-
à la chapelle de l’ancien hospice ment l’église Saint-Jacques-du-Haut-
Saint-Jacques bâti sur les flancs Pas. En 1180, des frères de l’ordre
de la colline Sainte-Geneviève. hospitalier d’Alto Pascio étaient
C’est là que les Dominicains s’éta- venus de Toscane pour accueillir
blirent en 1218, ce qui leur valut le ici les nécessiteux et les pèlerins.

Le quartier de Saint-Jacques-de-la-Boucherie sur le plan de Bretez dit de Turgot (1734-1739).


La grande boucherie apparaît en bas à droite devant l’ancien Châtelet.

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GUIDE SECRET DE COMPOSTELLE

Saugues
et les pénitents blancs
À deux jours de marche du Puy-en-Velay,
le bourg de Saugues, capitale du Gévaudan,
réserve bien des surprises…

Saugues, en Margeride, trône sur des évêques de Mende et des seigneurs


un plateau granitique dominant les de Mercœur. Un château se dresse au
gorges de l’Allier. Salgues, comme on XIIIe siècle au cœur même du bourg.
l’appelait autrefois, commence à se Seul son donjon, connu sous le curieux
développer au XIIe siècle sous l’égide nom de « tour des Anglais », a subsisté.
Aujourd’hui encore à Saugues, les quarante membres de la confrérie des Pénitents
blancs organisent des processions durant la Semaine sainte.
LA VIA PODIENSIS OU L A R O U T E D U P U Y - E N - V E L AY

Il rappelle le souvenir de ces mer- 14 mai 1652 par cinq habitants de


cenaires à la solde de l’Angleterre Saugues. Comme celle du Puy-en-
qui, en pleine guerre de Cent Ans, Velay, constituée en 1584, cette
s’en étaient emparés avant d’être confrérie masculine réunissant des
assiégés et délogés. Autre bâtiment laïcs participe toujours activement
important établi au cœur de la pe- à la vie de la paroisse. Son activité
tite cité, la collégiale Saint-Médard culmine le soir du Jeudi saint. Ses
qui remonte pour l’essentiel à la fin quarante membres, pieds nus, vêtus
de l’époque gothique et qui abrite de robes et de cagoules blanches,
une admirable Vierge à l’Enfant défilent alors dans les rues de
en bois polychrome du XIIe siècle. Saugues portant les instruments
L’ancien hôpital Saint-Jacques, de- de la passion du Christ  : colonne
venu l’actuel hospice, offrait encore de la flagellation, fouet, couronne
à la fin de l’Ancien Régime vingt- d’épines, marteau, clous, lance,
neuf lits garnis destinés aux pèle- échelle, tenaille… Deux confrères
rins cheminant vers Compostelle. vêtus de rouge représentant le
C’est à proximité de cet hôpital que Christ et Simon de Cyrène portent
se trouve la chapelle de la confré- en fin de procession une grande
rie des Pénitents blancs fondée le croix de bois.

Le domaine du Sauvage
Perdu entre Saugues et Saint-Alban-sur-Limagnole, l’impressionnant
domaine du Sauvage, établi en bordure de forêt à près de 1 300 mètres
d’altitude, aurait été tenu par des Templiers avant de passer sous la
direction de l’Hôtel-Dieu du Puy-en-Velay en 1314 au moment de
la dissolution de l’ordre. Propriété du conseil général, qui a assuré la
réhabilitation des bâtiments, il offre un refuge bienvenu aux pèlerins
qui font le détour pour le rejoindre.

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LE CAMINO FRANCÉS

Les emmurées
d’Astorga
Durant la période romaine, Astorga, fondée
sous le nom d’Asturica Augusta en 14-15 avant J.-C.,
était reliée à la ville de Bordeaux par l’une
des principales chaussées parcourant l’Espagne.

Dévastée pendant les grandes composée d’une âme de bois cou-


invasions avant d’être conquise verte de plaques d’argent qui est
par les Maures, la ville fut reprise l’œuvre la plus sacrée du sanctuaire.
par Alphonse  I er d’Asturies. À
nouveau pillée par al-Mansur au
Xe  siècle, la cité finit par devenir
l’une des principales étapes du ca-
mino francés. Elle aurait compté au
temps de son apogée jusqu’à vingt-
deux hôpitaux pour recevoir les
Jacquets  ! La cathédrale gothique
d’Astorga dédiée à Sainte Marie a
été entreprise en 1471, mais elle
ne fut achevée qu’au XVIIe  siècle.
Elle est aujourd’hui encore l’écrin Le palais épiscopal construit
d’une Vierge en majesté romane par Antonio Gaudí à Astorga.

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GUIDE SECRET DE COMPOSTELLE

À proximité de la cathédrale, la fa- pouvaient recevoir l’aumône des pèle-


çade de la chapelle de la confrérie de rins de passage. Sur le linteau de la
Saint-Jean est percée d’une minus- fenêtre, une inscription à leur atten-
cule ouverture. C’est par cette fenêtre tion rappelle encore : « Souviens-toi
obturée par une grille que les « mag- du jugement que j’ai subi. Car de la
dalenas astorganas  », prostituées même façon tu seras jugé. Moi hier et
condamnées ou ayant fait le choix de toi aujourd’hui. » Le palais épiscopal
la réclusion pour expier leurs fautes, d’Astorga est l’œuvre d’Antonio Gaudí.

La croix de fer de Foncebadón


Le village de Foncebadón
qui, il y a quelques années
encore, était à l’abandon
connaît une lente renaissance.
À la sortie du hameau se
dresse un col de 1 504 mètres,
point culminant du chemin.
Le passage est dominé par
une grande croix de fer fixée
au sommet d’un mât en bois
lequel est planté dans un mon-
ticule de pierre. La tradition
veut que chaque pèlerin de
passage dépose ici son propre
bloc perpétuant par ce geste
À Foncebadón, la pierre jetée
un ancien rite qui permettait
par chaque pèlerin a fini par former
aux voyageurs de se concilier une impressionnante colline artificielle
les divinités de la route. dominée par une grande croix de fer.

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GUIDE SECRET DE COMPOSTELLE

table des matières


!!!!!!!!!!!
Saint Jacques, de Jérusalem à Compostelle… ! page 4

Chapitre premier
La via Turonensis ou
le grand chemin de Saint-Jacques
page 12

Saint Jacques à Paris ! page 16


À la recherche de la collégiale disparue ! page 21
L’Athanase de l’Occident ! page 25
Le mystère saint Eutrope ! ! page 29
L’hôpital de Pons ! page 31
Voyage à Bordeaux avec une anguille ! page 33
Trésors « cachés » ! page 35

Chapitre deux
La via Lemovicensis ou
le chemin de Vézelay
page 38

La colline de la Magdaléenne ! page 42


À l’imitation du Saint-Sépulcre ! page 44
Le patron des prisonniers ! page 46
On a retrouvé saint Martial ! ! page 50
Byzance en Guyenne ! page 52
Le jugement de Dieu ! page 54
Gibraltarreko Hilarria ! page 58

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TA B L E D E S M AT I È R E S

Chapitre trois
La via Podiensis ou
la route du Puy-en-Velay
page 60

La pierre des fièvres ! page 64


Saugues et les pénitents blancs ! page 68
« Un lieu d’horreur et de vaste solitude » ! page 70
Ici on fête la Saint-Fleuret ! ! page 72
Le vol de sainte Foy ! page 75
Dans les grottes de Rocamadour ! page 77
Le tympan de l’Apocalypse ! page 79

Chapitre quatre
La via Tolosana ou le chemin d’Arles
page 82

Aux champs Élysées ! page 86


Un arc de triomphe roman ! page 88
Le désert de Guillaume de Gellone ! page 90
Saint Jacques à Saint-Sernin ! page 93
Oloron-Sainte-Marie ! page 96
L’un des trois grands hospices du monde ! ! page 99

Chapitre cinq
Le camino francés
page 102

Chaca, première capitale de l’Aragon ! page 106


La véritable histoire de Roncevaux ! page 108
Le pont de la Reine ! page 110
Une étoile sur la route ! page 112

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GUIDE SECRET DE COMPOSTELLE

L’incroyable histoire du pendu dépendu ! page 114


Un château en Espagne ! page 116
Quatre souris et cent pucelles… ! page 118
Le miracle des lances fleuries ! page 120
Pulchra Leonina ! page 123
Les emmurées d’Astorga ! page 125
Les Templiers et le pont de fer ! page 127
Le prodige de Cebreiro ! page 130
La « plus heureuse et la plus noble de toutes les villes d’Espagne » ! page 132

bibliographie
Barret (Pierre) et Gurgand (Jean-Noël), Priez pour nous à Compostelle,
Hachette, 1999.
Choceyras (Jacques), Origines et histoire des chemins de Saint-Jacques, Ouest-
France, 2010.
Gicquel (Bernard), La Légende de Compostelle, Tallandier, 2003.
Huchet (Patrick) et Boëlle (Yvon), Les Chemins de Compostelle en terre de
France, Ouest-France, 1999.
Huchet (Patrick) et Boëlle (Yvon), Les Chemins de Compostelle en terre
d’Espagne, Ouest-France, 2000.
Huchet (Patrick), Mille Ans vers Compostelle, Ouest-France, 2012.
La Coste Messelière (René), Sur les chemins de Saint-Jacques, Perrin, 1993.
Mérienne (Patrick), Atlas des chemins de Compostelle, Ouest-France, 2015.
Oursel (Raymond), Les Pèlerins du Moyen Âge, Fayard, 1978.
Péricard-Méa (Denise), Compostelle et culte de saint Jacques au Moyen Âge,
Puf, 2003.
Rucquoi (Adeline), Histoire médiévale de la péninsule Ibérique, Seuil, 1993.
Vielliard (Jeanne) (traduction), Le Guide du pèlerin de Saint-Jacques, Vrin, 1997.
Collectif, Les Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, Collections In Situ,
MSM, 1999.
Collectif, Chemins de Saint-Jacques, Gallimard, 1999.

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