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Le développement pastoral dans la région de

Guelmim oued noun

Introduction generale:
La région de Guelmim Oued Noun est l'une des douze régions du Maroc selon le nouveau
découpage régional de 2015. Sa superficie est de 46 108 kilomètres carrés, avec une
population estimée à 433 757. La région est riche de diverses ressources naturelles qui
contribuent à l'activité économique de la région, en plus de sa situation géographique comme
trait d'union entre les provinces du sud et le reste du pays. Cette région comprend, dans son
découpage administratif, 4 provinces : Guelmim, Sidi Ifni, Tan-Tan et Assa-Zag.
Géographiquement, le territoire de la région peut être divisé en trois zones principales : une
zone montagneuse qui forme le prolongement de la chaîne montagneuse du Petit Atlas au
nord, une zone semi-désertique au milieu constituée de plaines entrecoupées de hauteurs
éparses (collines et hamadas), et une zone désertique au sud. En ce qui concerne les terrains
de parcours, au Maroc, ils couvrent environ 53 millions d’hectares hors forets (dont 21
millions ha aménageables) et 9 millions d’hectares dans le domaine forestier et alfatier. Près
de 97 % de ces parcours se trouvent dans les zones arides et semi-arides dans les régions de
l'Oriental, du Présahara et dans l'immense zone saharienne. Ils s'étendent sur dix grands
ensembles écologiques. Ces terrains de parcours constituent le support d’une activité
génératrice de revenus au profit des riverains, tout en fournissant des extrants de qualité. Les
ressources fourragères produites sur les espaces pastoraux couvrent 30 à 60% des besoins du
cheptel sans intrants supplémentaires. Ce taux varie en fonction des régions et des années
climatiques.
I. La relation entre la région et le pastoralisme :
 Le climat :
Le climat de la région Gelmim oued noun est de type semi-aride à aride. Les températures
sont en moyenne de 19°C, variant de 11°C à 27°C et un ensoleillement de plus de 3000
heures /an. Le relief de la région est caractérisé par la présence des chaînes montagneuses de
l’anti atlas, sous l’effet de ces chaînes montagneuses qui empêchent le passage des vents
humides atlantiques. Les vents dominants sont généralement de Nord-Ouest et Chergui (HCP,
2019).

Le climat de la région est influencé par plusieurs facteurs : le relief, la côte atlantique et le
Sahara. En général le climat de la région est semi-aride. La moyenne annuelle des
précipitations pluviométriques est estimée à 80 mm au niveau régional. (La moyenne des
précipitations varie entre 10 mm dans la province d'Assa-Zag et 150 mm dans la province de
Guelmim)

 Le sol :

Figure 1. Carte des types de sol de la région Guelmim Oued Noun. (source : DGCL 2015).

D’après la carte présentée ci-dessus, les sols qui caractérisent la région sont le résultat de 3
principaux facteurs à savoir la roche-mère qui se constitue principalement par les roches
paléozoïques, le relief qui joue son rôle en la constitution des sols de la région, et puis le
climat qui ralentit ou qui accélère le processus de dégradation de la roche-mère, dans le cas la
région Guelmim Oued Noun ce processus est si lent qu’il en résulte des sols peu évolués.

Ces types de sols représentent le support propice et favorable pour les plantes pastorales de
la région et qui selon ces types de sol se regroupent selon des faciès pastoraux dont on
précisera plus de détails dans la partie « végétation ».

 Ressources hydrographiques :
Le réseau hydrographique ne comprend que des oueds temporaires dont le plus important
est l'oued Drâa et tous ses affluents descendant de l'Anti-Atlas. Les crues de ces oueds
constituent une importante ressource pour l'agriculture vivrière de toute la région. La seule
ressource en eau permanente se situe dans les nappes souterraines qui, bien que salées pour la
plupart, assurent l'alimentation en eau potable des centres urbains et l'irrigation et
l’abreuvement du cheptel. La carte hydrique de la région, reflète une structure disparate en
quantité et en qualité, entre les diverses zones géographiques. Si la province de Guelmim
connaît une concentration des ressources, dans la plaine où se situe la capitale régionale, les
zones de montagnes sises au Nord et Nord-Ouest, accusent un déficit hydrique important tout
comme les parties sahariennes du Sud et Sud Est. Le long du littoral, la ressource est
abondante mais connaît des degrés de salinité qui entravent son utilisation à l'état brut. Une
attention particulière a été accordée à la mobilisation des eaux de surface, par la réalisation
d'ouvrages de dérivation ou de retenue. Les objectifs visés par cette opération sont multiples :
la recharge de la nappe phréatique, l'abreuvement du cheptel, la pratique d'une agriculture par
épandage ou la protection contre les inondations par le règlement du débit de certains oueds.

Figure 2. Ressources en eaun de la région GON. (source : DGCL 2015).


 Végétation :
Le domaine pastoral de notre région est réparti en majorité entre deux zones pastorales
parmi les dix qui constituent l’écosystème pastoral du pays, définies par le MARA en 1992,
en fonction de la topographie, du climat, de la végétation et de l’usage des terres. Pour chaque
zone, les écosystèmes pastoraux ont été décrits.

Figure 3. répartition du couvert végétal sur la région GON. (source : DGCL 2015).

1. La zone de l’arganier :

Elle est répartie sur l’Anti Atlas occidental.

Les principaux écosystèmes des pâturages sont :

 Les steppes côtières du bioclimat saharien, avec des hivers de chauds à tempérés,
composées principalement de : Argania spinosa, Artemisia herba-alba, Euphorbia
echinus, Euphorbia, regis-jubae, Helianthemum confertum et Retama monosperma ;
 Les steppes boisées du bioclimat aride, avec des hivers frais à chauds, composées
principalement de : Argania spinosa, Artemisia herba-alba, Ziziphus lotus, Stipa
capensis et Asphodelus fistulosus ;
 Les forêts d’arganiers du bioclimat semi-aride, avec des hivers tempérés, associées à
Olea europea, Pistacia lentiscus, Genista sp et Chamaerops humilis ;
2. La zone présaharienne :

Elle est délimitée par les isohyètes 100 à 200 mm, respectivement au nord et au sud. Ainsi,
elle comprend les versants méridionaux de l’Anti Atlas.

Les principaux écosystèmes des pâturages sont :

 Les steppes relativement dégradées du bioclimat aride avec hivers froids, composées
de : Artemisia herba-alba, Thymus sp, Anvillea radiata, Launaea acanthoclada et
Stipa parviflora ;
 Les steppes dégradées du bioclimat saharien, composées de Fredolia aretioides,
Hammada scoparia et Cymbopogon schoenanthus ;
 Les steppes dégradées du bioclimat saharien sur regs, composées de Fredolia
aretiodes, Launaea arborescens, Limoniastrum fei et Gymnocarpos decandrum ;
 Les steppes dégradées du bioclimat saharien sur regs/Hamadas, composées de
Hammada scoparia, Atractylis serratuloides, Farsetia sp et Limonium sp ;
 Les steppes dégradées du bioclimat saharien sur regs, composées de Zilla macroptera,
Launaea arborescens, Hammada scoparia et Farsetia sp.
Figure 4. Photos des principales espèces de la région GON.
 L’élevage

L’étendue des parcours ainsi que les conditions naturelles ont conféré à la région une vocation
pastorale plus qu’agricole. En effet, l’élevage constituait l’activité principale de la population locale et
continue d’être la principale source de revenus des éleveurs. L'élevage au niveau de la région est soit
sédentaire (bovins) soit nomade (camelins, caprins et ovins). Les parcours se situent dans les
arganeraies ou les peuplements d'acacias, et lorsque la pluviométrie est favorable sur la Hamada.

Les parcours pastoraux occupent une grande partie de l’espace de la région, leur superficie est
d’environ 6.244.000 ha ce qui représente 44 % de la superficie totale de la région la qualifiant ainsi de
région pastorale par excellence en plus de ses particularités agricoles. Le nombre global du cheptel
dans la compagne agricole 2021-2022 est de 491.1 milliers têtes dont 214.8 milliers de têtes des ovins
et 242.8 milliers de têtes de caprins. Le nombre de têtes de camelins est d’environ 33 080 têtes. Les
effectifs des ovins et des caprins représentent 1% et 2% respectivement du total national.

Figure 5. Photos du cheptel de la région GON.


II. Les avantages du pastoralisme :

Les activités pastorales exploitent des races locales de diverses espèces qui s’adaptent à
des environnements variables, et sont un moyen essentiel de réduire la pauvreté et d’apporter
la sécurité alimentaire dans la région Guelmim oued noun. Fondé sur le travail avec la nature,
il favorise la productivité, la durabilité et le bien-être animal.

Le pastoralisme contribue de manière essentielle au développement de la région par 4 voies:

1. Diversification de la production alimentaire :


Dans une zone caractérisée par une variabilité de plus en plus forte des ressources
naturelles disponibles et des conditions climatiques difficiles, on peut diluer le risque de
déficit de production en répondant à la demande de lait et de viande par différentes méthodes,
dont le pastoralisme. Celui-ci apporte des protéines et des nutriments abordables, de qualité
élevée, pour satisfaire la demande locale, et peut contribuer à réduire la dépendance au regard
des importations. À cela s’ajoute le faible niveau des intrants en comparaison des produits,
étant donné que les bergers se déplacent avec leurs animaux et utilisent leurs connaissances de
la nature pour trouver de l’eau et des pâturages.

2. Système d’alerte précoce en cas de pandémie :


La pandémie de covid 19 nous a appris que, face aux problèmes sanitaires, il convient de
prêter attention à la santé des animaux, de l’environnement et des humains. L’approche « one
health » aide les pays à mieux suivre et maîtriser les zoonoses (maladies qui se transmettent
entre les humains et les animaux). Les éleveurs pastoraux jouent un rôle essentiel dans cette
approche, en déclenchant des alertes précoces en cas de nouvelles menaces de maladies
infectieuses dans les populations d’animaux sauvages. L’amélioration de l’accès aux services
vétérinaires et les mesures de prévention – notamment des vaccins abordables et de qualité –
contribuent à répondre aux besoins de production tout en réduisant le risque de transmission
de maladies.
3. Renforcement de la main-d’œuvre et possibilités d’emploi :
Le pastoralisme assure la subsistance de milliers de personnes dans les 4 provinces de la
région, mais a été ignoré pendant des années par les politiques et les investissements. La
promotion de l’accès des éleveurs pastoraux à l’éducation, à la formation, à l’information, aux
marchés, aux services vétérinaires et à l’appui à la production animale, ainsi qu’aux services
sanitaires et financiers, et les mesures facilitant leurs déplacements peuvent apporter des
avantages économiques et sociaux substantiels.

4. Protection de la diversité animale :


L’élevage pastoral est pratiqué depuis des milliers d’années, et les troupeaux présentent
des niveaux de diversité génétique et de résilience parmi les plus importants au monde. Cette
diversité des races locales est le résultat d’une étroite interdépendance entre l’environnement,
les éleveurs pastoraux et les animaux. La nécessité d’interagir et de travailler avec d’autres
troupeaux favorise également une plus grande diversité génétique.
5. Les contraintes du pastoralisme dans la région :

Les terrains de parcours subissent une multitude de contraintes à savoir : le défrichement,


la mise en culture, la surexploitation des ressources, la sédentarisation des pasteurs…etc. En
plus de la pression anthropique, les changements climatiques accentuent davantage le degré
de dégradation des parcours.

Les défrichements et les cultures, les plantations, les prélèvements abusifs de bois de
chauffage, les structures permanentes et inamovibles, sont des pratiques de plus en plus
courantes dans les zones de pâturage dans la région. En conséquence, l'espace pastoral s'est
considérablement réduit et les parcours se sont fortement détériorés.

L’augmentation considérable du nombre des usagers : la proportion relative des ruraux


diminue mais leurs effectifs absolus continuent d’augmenter, ainsi que, l’augmentation
considérable des populations animales subséquente aux efforts d’encadrement vétérinaire, du
développement des infrastructures permettant un ravitaillement plus facile en période de
sécheresse et une demande accrue en produits animaux. Sans oublier la détérioration des
systèmes antérieurs de déplacement des troupeaux, leur densité et leur composition et ce en
faveur d’une sédentarisation qui s’accompagne de mise en culture de superficies pastorales
importantes et la surexploitation des zones périphériques par le pâturage, la collecte du bois,
les coupes d’arbustes. S’ajoute sur tout ce qui a été mentionné les litiges inter- et intra-tribales
sur l’appropriation et l’utilisation des terrains de parcours, ce qui constitue un facteur de
blocage pour leur mise en valeur et la durabilité des parcours, ainsi que, l’extension des
défrichements des terres de parcours en vue de leur appropriation. Ceci contribue à
l’accentuation des déséquilibres des fourrages et la rupture des schémas de mouvement de
troupeaux.

Le phénomène de transhumance ou de sédentarisation des populations et de leur bétail a


été exacerbé par la rareté et la dégradation continue des ressources pastorales dans les
parcours traditionnels, combinées à la croissance naturelle de la population et aux contraintes
d'amélioration des conditions de vie et de développement de leurs activités. Dans certaines
situations, cela a entraîné de graves confrontations sociétales, ainsi que des conséquences
sociales, économiques et environnementales.
III. Efforts fournis et les politiques publiques visant le
développement du pastoralisme :

Les parcours constituaient la ressource principale des sociétés pastorales organisées de


façon cohérente pour les exploiter durablement. De nos jours et pour de nombreuses raisons,
ces ressources sont devenues l'objet d'une intense compétition individuelle. Depuis plusieurs
décennies, cette forme d'exploitation a contribué à une évolution régressive du milieu, ce qui a
accentué davantage le phénomène de transhumance ou de sédentarisation des populations et
de leur cheptel, ouvrant la porte à de nombreux conflits surtout d’ordre social.

C’est ainsi que le Ministère de l’Agriculture a soumis en 2015 le projet de loi 113-13
relative à la transhumance pastorale, la gestion et l'aménagement des espaces pastoraux. Cette
loi offre un cadre législatif qui détermine les modes de gestion et d’aménagement des terres
de parcours tout en définissant les règles d'utilisation et d'exploitation des espaces pastoraux
en guise de palier aux éventuels conflits qui peuvent surgir de ces pratiques.

La loi 113-13, à travers ses 7 chapitres et 47 articles, fixe les principes et les règles
générales régissant l’aménagement et la gestion des espaces pastoraux et sylvo-pastoraux.
Elle met en place le cadre juridique relatif à l’organisation, le développement et l’exploitation
rationnelle et durable des ressources pastorales, à la sécurisation de l’assiette foncière des
espaces pastoraux et sylvo-pastoraux, à la garantie des droits d'accès et d'usage de ces espaces
et de leurs ressources et au règlement des différends qui peuvent surgir de la pratique de la
transhumance pastorale.

Le Bulletin Officiel du Royaume du Maroc N° 6480 publié le 7 juillet 2016 précise les
conditions de mobilité des troupeaux et d'accès aux espaces pastoraux et sylvo-pastoraux et à
leurs ressources ainsi que les obligations qui incombent aux propriétaires desdits troupeaux,
notamment la préservation de l’environnement, des écosystèmes et des biens publics et privés
situés sur lesdits espaces.

Elle confère également aux autorités compétentes les pouvoirs et les missions
d'organisation, de régulation, de veille et de suivi des activités de la transhumance pastorale,
de l’ouverture des espaces pastoraux et sylvopastoraux, de la fixation des périodes de
transhumance pastorale, de la mobilité des troupeaux et des populations qui en dépendent.
Elle fixe notamment les règles de création, l’aménagement et la gestion des espaces pastoraux
et sylvopastoraux; les organes de gestion des parcours (Commission Nationale des Parcours,
Comités régionaux des parcours); des organisations professionnelles pastorales; des
conditions de pratique de la transhumance pastorale et des mesures d'organisation de la
mobilité des troupeaux; des procédures, infractions et sanctions (recherche et constatation des
infractions, sanctions, et saisie et mise en fourrière des animaux).
Cette loi a pour objectif de cadrer et de gérer la transhumance pastorale dans ses différents
aspects, et définit les principes et les règles régissant la gestion des espaces pastoraux, afin
d’assurer l’exploitation rationnelle de ces ressources.

Cette loi est soutenue par tout un arsenal juridique :

 Décret n° 2-18-79 du 8 rejeb 1439 (26 mars 2018) pris pour l’application de certaines
dispositions du chapitre VI de la loi n° 113-13 relative à la transhumance pastorale, à
l’aménagement et à la gestion des espaces pastoraux et sylvo- pastoraux ;
 Décret n° 2-18-78 du 19 rejeb 1439 (6 avril 2018) relatif aux conditions, formes et
modalités de délivrance de l’autorisation de transhumance pastorale ;
 Décret n° 2-18-131 du 24 chaâbane 1439 (11 mai 2018) fixant la composition et les
modalités de fonctionnement de la Commission nationale des parcours et des comités
régionaux des parcours ;
 Décret n° 2-18-77 du 19 ramadan 1439 (4 juin 2018) relatif à la création,
l’aménagement et la gestion des espaces pastoraux et sylvo- pastoraux.
Références bibliographiques :

Chambre de l’Agriculture de la région Guelmim Oued Noun.

Direction Générale des Collectivités Locales. 2015. Monographie générale de la région de


Guelmim Oued Noun.

Direction Régionale d’Agriculture Guelmim Oued Noun.

H.C.P. 2019. Monographie de la Province Guelmim Oued Noun.

www.agriculture.gov.ma

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