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Méthodes Electrochimiques d’Analyses
« Chapitre I »
Semestre 6
2022/2023
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Chapitre I
La Potentiométrie
L’un des grands enjeux de la chimie est de détecter la présence d’une espèce chimique au
sein d’un échantillon, et d’en déterminer la quantité de matière avec précision. En d’autres termes, il
s’agit de réaliser le dosage d’une espèce chimique.
Dans ce chapitre, nous allons voir que dans le cas des systèmes redox, les méthodes de dosage
peuvent être multiples et permettent d’avoir accès à diverses constantes thermodynamiques
(potentiel standard, produit de solubilité, constante de complexation …).
I. Définitions et principe :
La potentiométrie est une technique d’analyse électrochimique qui permet de relier une mesure de
potentiel d’électrode à une activité d’espèce en solution. L’électrode correspondante est appelée
électrode indicatrice.
On sait que le potentiel absolu d’une phase ne peut être déterminé. Seules les différences de
potentiel peuvent l’être. En conséquence, l’électrode indicatrice (de potentiel EInd), choisie en
fonction de la nature du soluté à déterminer, est incluse dans une chaîne galvanique comportant une
électrode de référence (ERef) et un ou deux électrolytes. L’électrode de référence doit être
impolarisable. Sin potentiel ERef est constant et connu.
La différence de potentiel entre EInd et ERef est donnée par une relation du type :
∆ = − + Ej est le potentiel de jonction.
Potentiel de Jonction Ej : Une différence de potentiel se développe au niveau de l’interface qui
sépare deux solutions d’électrolyte de compositions différentes. Ce potentiel de jonction résulte
d’une distribution différente des cations et des anions de part et d’autre de la frontière à cause des
différences entre les vitesses de diffusion de ces espèces.
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II. Les électrodes :
II.1. Electrodes de référence :
Ce sont des demi-cellules correspondant à des systèmes électrochimiques réversibles et dont le
potentiel reste invariable quelle que soit la composition en solutés de la solution dans laquelle elles
sont plongées. Elles incluent une jonction ionique qui sert d’interface entre la solution de
remplissage interne et la solution à analyser dans laquelle elles sont plongées.
L’utilisation d’une électrode de référence permet de mesurer le potentiel d’électrode indicatrice
dans une solution. Par convention, dans l’eau, l’échelle des potentiels est rapportée à l’électrode
normale à hydrogène prise comme origine.
Mais la mise en œuvre d’une telle électrode présentant quelques difficultés, d’autres électrodes,
dites de comparaison (et par extension de référence) sont utilisées couramment.
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2) Electrode à argent-chlorure d’argent saturée en chlorure de potassium
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3) Electrode au calomel saturé (ECS) :
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4) Electrode au sulfate mercureux Hg2SO4 :
L’électrode de référence « au sulfate mercureux » correspondant au système Hg /Hg2SO5/
K2SO4 (saturé) de E=0,682V/ ENH. Même principe que l’électrode ECS ; elle remplace ECS
en milieu Ag+.
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0,06
( %&)
= + #$
( ' ()
2+ 4+
Dosage du Fe par le Ce avec détermination potentiométrique du point d’équivalence.
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Il y a plusieurs types d’électrodes sélectives selon la nature de la membrane :
• Electrodes à membrane à conduction ionique :
Membrane solide
Membrane liquide
• Electrodes à membrane de diffusion gazeuse.
• Electrodes à enzymes.
D’autres membranes de verre ont été développées et sont utilisées dans la fabrication d’électrodes
sélectives à d’autres ions.
En modifiant la composition du verre, la membrane peut devenir préférentiellement sensible à un
autre cation, Na+ par exemple, mais elle restera légèrement sensibles à l’ion H+.
Dans les mesures, il est alors nécessaire de tenir compte de la sélectivité de la membrane vis-à-vis
de l’ion à déterminer.
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2.1.2) Electrodes à membrane cristalline
Elles peuvent être constituées de trois manières :
• Soit à partir d’un monocristal ou d’une association par pression et/ou frittage de petits
cristaux de même nature (membrane de LaF3 ou Ag2S).
• Soit à partir d’une association par pression et/ou frittage de petits cristaux de nature
différente (membrane de AgCl+Ag2S ou CdS+Ag2S).
L’exemple le plus connu de ces membranes est celui du trifluorure de lanthane (LaF3) dopé avec un
sel d’europium (EuF2) ce qui permet aux atomes de fluor (F-) de se déplacer dans le réseau
cristallin. Ce matériau, à l’état de monocristal, est utilisé comme membrane pour l’électrode
fluorure.
Electrode très sélective, mais elle présente une interférence avec OH-. D’autres électrodes à
membranes cristallines solides sont fabriquées à base de sels d’argents (essentiellement Ag2S).
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2.2.) Electrodes à membrane liquide
A côté des électrodes de verre ont été développées toute une variété d’électrodes à membrane
échangeuse d’ions, indicatrices aussi bien de cations que d’anions.
La membrane liquide est constituée d’un échangeur d’ion organique dissous dans un solvant non
miscible à l’eau. L’ion échangeable de la membrane se met à l’équilibre avec la solution de
référence interne (dans laquelle plonge une électrode de référence de potentiel) et avec la solution
externe contenant l’ion à mesurer, de concentration inconnue.
L’activité de l’ion dans la solution interne étant constante, seul le potentiel qui se développe à
l’autre interface contribue à l’apparition du potentiel de membrane.
A cause d’un temps de réponse relativement lent, d’une dérive de la réponse au cours du temps
(modification de la composition de la membrane liquide), et de considérations technologiques
(caractère peu pratique de ces électrodes lors du remplacement de la membrane), elles sont
désormais supplantées par des électrodes à membrane échangeuse d’ions solide. Ces dernières
comprennent un sel organique de l’ion auquel la membrane doit être sensible, lequel est immobilisé
dans une mince pellicule de polymère (PVC par exemple).
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2.3.) Electrodes à gaz
Elles correspondent à une cellule électrochimique miniaturisée, comportant une électrode de
référence de potentiel couplée à une électrode à membrane. Cette dernière est choisie de manière à
répondre aux variations de concentration du gaz à mesurer (CO2, NOx, NH3, etc.) par
l’intermédiaire d’un paramètre (pH essentiellement), relié à la pression partielle du gaz dans la
solution.
Une fine membrane perméable uniquement au gaz en question sépare la solution de l’échantillon
d’une solution interne contenant une électrode sélective à un composé produit par la réaction du gaz
avec la solution interne.
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2.4.) Electrodes à membrane enzymatique
Une enzyme est fixée (immobilisée) à la surface de l’électrode en contact avec la solution
échantillon.
La réaction de l’enzyme avec une biomolécule précise (son substrat) produit un composé gazeux
qui peut traverser la membrane sélective (qui lui est perméable), réagir avec la solution interne.
L’un des produits de cette réaction est détecté par l’électrode sélective interne.
D’autres variantes de ces électrodes, appelées aussi Bio-senseurs ont été développées à base
d’antibiotiques, récepteurs d’hormones ou particules d’origine bactérienne.
• Electrode à urée :
,
G II = + 0,05916 log ( MNé6)
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III. Techniques potentiométriques :
Les indications des différents types d’électrodes indicatrices sont exploitées soit pour relier
directement le potentiel lu à la concentration du (ou des) solutés grâce à un étalonnage préalable
(dosages potentiométriques), soit pour déterminer une quantité de substance par l’intermédiaire
d’une réaction chimique (titrages potentiométriques).
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Au cours du dosage, les ions fer (II) vont réduire les ions MnO4- (violet) en ions Mn2+ (incolore). Le
mélange restera donc globalement incolore.
Dès lors que tous les ions Fe2+ auront été dosés (point d’équivalence), le mélange prendra
immédiatement une coloration violette due à la présence d’ions permanganate non réduites.
Le volume correspondant versé à la burette, sera par conséquent le volume équivalent Veq.
La stœchiométrie de la réaction nous dit qu’une seule mole d’ions permanganate réagit avec 5
moles d’ions fer (II).
1 mole MnO4- réduite → 5 m78e9 :; F;2+ oxydées
Ce qui veut dire que la quantité d’ions fer (II) présents en solution est 5 fois plus importante que la
quantité d’ions MnO4- ajoutés.
n moles de MnO4- réduites → 5> m78e9 :; F;2+ oxydés
ainsi nFe2+=5 . nMnO4-
Rappel :
Le terme analyse titrimétrique se rapporte à l’analyse chimique basée sur la
détermination du volume d’une solution de concentration connue avec précision qui est
nécessaire pour réagir quantitativement avec un volume donnée d’une solution de
substance analysée.
Le réactif de concentration connue est appelé substance titrante (étalon) et la substance
que l’on titre est appelée substance titrée.
Le processus d’addition de la solution étalon jusqu’à réaction complète est nommé titrage.
Le point où cela intervient est appelé point d’équivalence.
Les méthodes potentiométriques, ampérométriques et coulométriques étant largement
appliquées en analyse titrimétrique :
Titrage potentiométrique : mesure du potentiel entre une électrode « Ind » et une électrode
« Ref ».
Titrage ampérométrique : mesure du courant entre une électrode « Ind » et une électrode
« Ref », entre lesquelles est appliquée une ∆E convenable.
Titrage coulométrique : formation du réactif titrant par électrolyse.
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III. Les dosages redox potentiométriques :
Le dosage étudié précédemment (colorimétrique) peut être effectué en réalisant un suivi
potentiométrique, c'est-à-dire en mesurant tout au long du dosage le potentiel pris par l’électrode
indicatrice plongée dans le milieu réactionnel.
Dans notre exemple, une électrode de platine (indifférente au dosage) sera reliée à une électrode de
référence (calomel saturée par exemple) par l’intermédiaire d’un voltmètre.
L’allure général de la courbe de dosage peut être explicitée en déterminant en tout point de la
courbe quelles espèces chimiques sont présentes au sein du milieu réactionnel.
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Zone « couple redox 1 » :
Avant Equivalence
Cette expression nous prouve qu’à mesure que le dosage est réalisé (transformation des ions fe(II)
en ions fe(III)), le potentiel mesuré à l’électrode augmente. Ainsi, dans la première zone de la
courbe de dosage, le potentiel croît.
Zone d’équivalence :
Cette zone correspond à une zone de forte croissance du potentiel mesuré. A ce stade du dosage, les
quatre espèces redox sont présentes dans le milieu réactionnel (certaines sous forme de traces) et
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l’on passe d’un système dont le potentiel est régi par le couple (Fe3+/Fe2+) à un système dont le
potentiel correspond à l’équilibre du couple (MnO4-/Mn2+).
Le potentiel peut donc être considéré comme un potentiel « transitoire » qui peut s’exprimer par
rapport aux deux couples redox mis en jeu.
A l’Equivalence
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Zone « couple redox 2 » :
Le point d’équivalence passé, tous les ions fer (II) ont été dosés et transformés en ions fer (III). Les
ions permanganate ajoutés dans le milieu ne sont plus alors transformés en ions manganèse (II). Le
potentiel mesuré est alors celui pris par l’électrode de platine, et relatif à l’équilibre du couple redox
(MnO4-/Mn2+).
Remarque :
Le potentiel mesuré dans notre exemple est relatif à une électrode de référence au calomel saturé
(ECS) alors que les potentiels standards sont donnés en référence à ESH. Il faudra faire la
correction.
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