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ACTUALITÉS, jeudi 7 octobre 2021 655 mots, p. ACTUALITÉS_18

Les entreprises s’inquiètent pour leurs marques


de commerce
Réforme de la loi 101
Hugo Pilon-Larose
Les entreprises et le milieu économique n’acceptent pas que Québec
souhaite leur imposer que le descriptif en français qui accompagne les
marques de commerce dans l’affichage public devienne «  nettement
prédominant » par rapport aux marques elles-mêmes.

Québec - Cette mesure, prévue par le projet de loi  96 modernisant la Charte de la langue française, a été
dénoncée mercredi par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) et le Conseil québécois du
commerce de détail (CQCD). Selon cette dernière association, l’implantation d’une telle mesure coûterait
« plusieurs millions » aux entreprises.

Dans son mémoire, la CCMM rappelle que la réglementation actuelle permet aux détaillants d’afficher une
marque de commerce dans une autre langue que le français pourvu qu’une version française n’existe pas et
qu’elle soit accompagnée d’indications en français sur la nature de l’entreprise. Or, le projet de loi 96 prévoit que
ces indications soient désormais «  nettement prédominantes  » dans l’affichage par rapport à la marque elle-
même.

« Le respect de l’intégrité des marques de commerce représente un élément primordial et non négociable pour
les détaillants », a déclaré le Conseil québécois du commerce de détail. De son côté, la Chambre de commerce
du Montréal métropolitain a indiqué qu’elle «  considère que l’application actuelle de la Charte, sans les
modifications proposées par le projet de loi à cet effet, constitue le seul compromis acceptable entre
l’importance de préserver le français et celle de préserver l’identité de marque des entreprises ».

Échanges musclés

Le président et chef de la direction de la CCMM, Michel Leblanc, a également affirmé que « les entreprises ont
peur » que certaines exigences de la réforme de la loi 101 fragilisent leur « base d’affaires » au Québec.

M. Leblanc a eu un échange musclé à ce sujet avec le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-
Barrette. Il s’est inquiété des dispositions prévues par Québec pour encadrer les employeurs qui exigent la
connaissance d’une autre langue que le français à l’embauche.

« Le développement économique et la performance de nos entreprises pourraient être affectés négativement si
elles n’arrivent pas à embaucher des ressources bilingues [quand] elles le jugent nécessaire […]. C’est le Québec
en entier qui va en souffrir », a affirmé M. Leblanc.

Le projet de loi 96 prévoit que les entreprises ne pourront pas exiger la connaissance d’une autre langue que le
français « à moins que l’accomplissement de la tâche nécessite une telle connaissance ». Pour la CCMM, « l’enjeu
est de déterminer qui décide de la nécessité de connaître l’anglais  : l’entreprise, le candidat au poste, un
fonctionnaire ou encore un processus gouvernemental normé ».

Ce sujet a provoqué des flammèches entre Michel Leblanc et le ministre Jolin-Barrette, ce dernier accusant le
président de la Chambre d’essayer de « faire peur aux entreprises  » en suggérant qu’un fonctionnaire pourrait
enquêter sur les processus d’embauche des entreprises.
Encadré(s) :
La disposition de dérogation contestée
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse estime
que « la Charte de la langue française et la Charte des droits et libertés de la
personne ne sont pas incompatibles ». Elle juge que Québec n’a pas à
imposer la disposition de dérogation dès l’adoption de la loi afin de la
protéger contre des contestations fondées sur la Charte canadienne des
droits et libertés. À cet égard, la Commission souhaite que le gouvernement
permette aux tribunaux de juger d’éventuelles contestations, rappelant que
le législateur pouvait toujours imposer plus tard la disposition de dérogation.
Le député caquiste de Sainte-Rose, Christopher Skeete, a répondu mercredi
que le gouvernement a déjà un dialogue avec l’appareil judiciaire et qu’il est
« en train de dire qu’on ne veut pas un dialogue sur ce sujet ».
Illustration(s) :
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE
Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de
commerce du Montréal métropolitain

Images jointes :

(/WebPages/media.aspx?

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