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ETUDE EXPERIMENTALE D'UN MUR TROMBE-COMPOSITE A ECHELLE


REDUITE INTEGRANT DES MATERIAUX A CHANGEMENT DE PHASE

Conference Paper · May 2009

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5 authors, including:

Zohir Younsi Laurent Zalewski


Yncréa Hauts-de-France Université d'Artois
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IXème Colloque Interuniversitaire Franco-Québécois
sur la Thermique des Systèmes
18-20 mai 2009, Lille

CIFQ2009 / ART-xx-xx

ETUDE EXPERIMENTALE D'UN MUR TROMBE-COMPOSITE A


ECHELLE REDUITE INTEGRANT DES MATERIAUX A
CHANGEMENT DE PHASE.

Zohir YOUNSI a, Laurent ZALEWSKI a,*, Annabelle JOULIN a, Stéphane LASSUE a,


et Daniel ROUSSE b

a LAMTI – Faculté des Sciences Appliquées de l'Université d'Artois, Technoparc FUTURA 62400 Béthune Cedex France
b Department of applied sciences – Université du Québec à Chicoutimi, 555, boulevard de l’Université, Chicoutimi Qc G7H 2B1 Canada

RÉSUMÉ

Nous avons entrepris de réfléchir aux possibilités d’intégrer des matériaux à changement de phase (MCP) dans les
composants solaires passifs intégrables dans les parois de l’enveloppe des bâtiments. Le stockage par chaleur latente
apparaît en effet très intéressant en comparaison avec un stockage par chaleur sensible. Les principaux avantages étant
le stockage d’une grande quantité d’énergie dans un volume réduit et la restitution à un niveau de température proche
des températures de confort thermique.
L'article présente les résultats d'une première étude expérimentale menée sur un prototype, à échelle réduite d’un
mur solaire TROMBE-COMPOSITE. Un matériau à changement de phase, conditionné sous forme de briquettes, y a
été inséré. Il se confirme que le matériau permet de stocker davantage de chaleur qu'un même volume de béton mais les
mesures réalisées montrent un comportement thermique très différent en régime dynamique. Un regard particulier est
porté sur les déphasages entre les différentes grandeurs et les sollicitations climatiques. Dans cette communication, nous
présentons également les performances énergétiques de la paroi à partir de bilans fluxmétrique ou enthalpique.

Mots Clés : mur solaire, matériau à changement de phase, stockage chaleur, chaleur latente

NOMENCLATURE

C chaleur massique, J.kg-1.°C-1 br_s briquette et matériau à l'état solide


T température, °C br_L briquette et matériau à l'état liquide
e épaisseur, m b béton
Q chaleur, J cp changement de phase
L chaleur latente, J enth méthode enthalpique
F densité de flux, W.m-2 ech surface d'échange
S surface, m² ext externe
P puissance, W flux méthode fluxmetrique
V vitesse d'air, m.s-1 i initial
R fonction d'intercorrélation int intérieur
T température, K ob ouïe basse
Lettres grecques : f final
ρ masse volumique, kg.m-3 PCM materiau à changement de phase
oh ouïe haute
Indices / Exposants :
air caractéristique de l'air

1. INTRODUCTION seul 43% de la consommation totale d’énergie primaire


et 23% des émissions de CO2. Ajouté à l'élévation
En France le secteur du bâtiment représente à lui prévisible du coût des énergies fossiles, il est impératif

*
auteur correspondant
Adresse électronique : laurent.zalewski@univ-artois.fr

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de renforcer les économies d’énergie et de favoriser les on stoppe les apports, ce qui permet d'éviter des
recours aux énergies renouvelables. De ce point de vue, surchauffes en mi-saison ou en été.
il est d’actualité de proposer des systèmes permettant Le mur solaire composite présente les avantages
d’augmenter les gains solaires d’un bâtiment tout en suivants:
préservant le confort des occupants en toutes saisons. Une bonne résistance thermique (due à la présence de la
Dans ce cadre, notre laboratoire travaille depuis paroi isolante et des lames d'air) ; Pas d'infiltrations d'air
plusieurs années à la caractérisation et à l’optimisation frais par la couverture extérieure. Du fait de la présence
de murs solaires de type murs TROMBE [1,2,3,4]. Les de la paroi isolante, les apports en période estivale sont
murs solaires passifs s'intègrent en façade sud de limités. Il suffit pour cela de bloquer la circulation d’air
l'enveloppe des bâtiments. Ils ont pour fonction de et si possible, d'ouvrir la lame d'air extérieure ; les
favoriser la récupération d'énergie solaire afin de apports sont contrôlables à tout instant.
diminuer la quantité d'énergie payante consommée par Le principal inconvénient de ce type de paroi est la
les installations de chauffage classiques. Ces apports nécessité de prévoir un système empêchant la thermo
"gratuits" se différencient des apports solaires du fait de circulation inverse. Ce phénomène intervient lorsque la
la présence d'une paroi stockeuse. Cette paroi, stocke de paroi stockeuse est plus froide que l'air ambiant de la
la chaleur lors de périodes ensoleillées et la restitue pièce. L'air est alors refroidi et réinjecté dans le local
après un certain délai qui est fonction de ses par l'ouïe basse si aucun système n'est prévu pour
caractéristiques. Ces apports déphasés peuvent l’empêcher. Cette dernière remarque vaut également
intervenir en complément des apports solaires directs et pour d’autres types de murs "TROMBE".
ainsi limiter les risques de surchauffe. Dans le cas de
l’étude présentée ici, la paroi stockeuse en béton est 3. MUR SOLAIRE COMPOSITE ETUDIÉ
remplacée par une paroi dans laquelle sont intégrés des
éléments contenant un matériau à changement de phase Le mur étudié dans cet article intègre des éléments
(MCP). L'intérêt de l’intégration des MCP [5,6,7] est de (briquettes parallélépipédiques) contenant du matériau à
permettre le stockage d’une grande quantité d'énergie changement de phase. Le MCP est un mélange de sels
par chaleur latente dans un volume réduit. Par ce biais, hydratés, eau + chlorures de calcium et de potassium +
le mur solaire devient plus léger, peut être préfabriqué additifs. Sa température de fusion est égale à +27°C. Le
en usine et simplement posé sur chantier dans une MCP est conditionné dans une enveloppe en polyoléfine
réservation prévue à cet effet. de dimensions : H = 21 cm, L = 14 cm et 2,5 cm
Dans ce cadre, il est important de dimensionner d'épaisseur. Les propriétés thermophysiques (capacités
correctement la capacité de stockage de notre matériau calorifiques à l'état solide et liquide, conductivités
par rapport à une paroi classique en béton. thermiques et chaleur latente) de ce matériau ont été
Une épaisseur de 15 cm en béton permet la déterminées dans les conditions d’utilisation et dans son
restitution des apports solaires avec un déphasage de 6H enveloppe [8,9]. Dans cet article, nous étudions un mur
environ. Qu'en est-il pour un mur à changement de à échelle réduite (cf. figure 1). Il est composé de 9
phase ? briquettes. Cela conduit à une surface d'échange L : 60
Le principe de stockage-déstockage par le MCP cm x H : 73 cm.
repose sur la chaleur latente absorbée ou restituée lors
d’un changement d'état solide-liquide Vitrage Ouïe haute
(3x50 cm)
Lame d'air fermée
2. MUR SOLAIRE COMPOSITE (3 cm)
Lame d'air ventilée
Le mur solaire composite (Figure 1) est constitué (5 cm)
73 cm

d'une couverture extérieure transparente, d'une lame PCM


Paroi isolante
d'air fermée, d'une paroi stockeuse, d'une lame d'air (21x14x2,5 cm)
(5 cm)
ventilée et d'une contre-cloison isolante dans laquelle
ont été percées 2 ouïes permettant l’entrée et la sortie Ouïe basse
d’un débit d’air. Le fonctionnement thermique du mur (3x50 cm)

est le suivant. La paroi stockeuse absorbe une partie de


l'énergie solaire incidente et par effet de serre s'échauffe. Figure 1 : Coupe verticale
Elle stocke et transmet une partie de l’énergie captée
vers l'intérieur du bâtiment. Cette énergie est transférée 4. ÉTUDE DU STOCKAGE
au local à chauffer, par convection naturelle dans la
lame d’air ventilée. Une très faible partie de cette Quelle est la capacité de stockage du MCP par
énergie reçue par rayonnement est transmise par rapport à une paroi classique en béton ?
conduction vers l'intérieur du local au travers de la Nous pouvons chercher à déterminer l’épaisseur
contre-cloison isolante. En bloquant la circulation d'air, nécessaire pour que la quantité d'énergie stockée par les

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matériaux entre 2 niveaux de température soit autour de la température de changement de phase, une
équivalente. avec un écart de ± 10°C autour de la température de
En ce qui concerne la paroi béton, il ne s'agit que de changement de phase et une dernière plus étendue allant
stockage par chaleur sensible : de 15°C à 60°C. Ces résultats montrent que pour une
même épaisseur de MCP, l'épaisseur correspondante
Q = ∫T f m b .C b .dT = m b .C b .[Tf − Ti ]
T
i calculée de béton peut varier du simple au triple. La
= ρ b .[S b .e b ].C b .[Tf − Ti ] (1) dernière plage de température considérée correspond à
la plage de variation de température relevée sur la
En ce qui concerne le MCP, l'équation prend en maquette expérimentale. Nos briquettes de 2,5 cm
compte, en plus des chaleurs sensibles aux états solide d'épaisseur permettent donc en théorie de stocker, dans
et liquide, la chaleur latente de changement d'état. ces conditions autant d'énergie qu'une paroi en béton de
Tcp Tf 13 cm.
Q= ∫Ti
mbr _ s .Cbr _ s .dT + L + ∫
Tcp
mbr _ L .Cbr _ L .dT
Lors d'études antérieures [4], nous avions étudié le
[
= ρbr _ s .[S br .e br ].Cbr _ s . Tcp − Ti + L ] déphasage des apports engendrés par un mur solaire
composite constitué d'une paroi béton de 15 cm
[
+ ρbr _ L .[Sbr .e br ].Cbr _ L . Tf − Tcp ] (2) d'épaisseur. Ce déphasage avait été évalué à environ 6
heures. Dans le paragraphe suivant, nous allons évaluer
En écrivant l’égalité entre les deux équations (1) et le déphasage induit par le mur solaire composite
(2) et en considérant une surface d'échange de 1 m² pour comportant 2,5 cm de MCP.
les deux matériaux, on obtient la relation suivante :

eb =
[ [ ] [
L + ρbr _ s .Cbr _ s . Tcp − Ti + ρbr _L .Cbr _L . Tf − Tcp .ebr ]] (3)
5. ÉTUDE DU DÉPHASAGE DES APPORTS

ρb.Cb.[Tf − Ti ] L'un des principaux avantages du mur solaire


composite est qu'il déphase les apports. Pour étudier ce
On notera que les deux épaisseurs de matériaux sont phénomène, il est pratique d’utiliser la fonction
liées par une fonction dépendante de la plage de d'intercorrélation entre les grandeurs flux mesurés sur la
température considérée (Tf à Ti). face extérieure (Fext) et sur la face intérieure (Fint) de la
Notre briquette contient 1,135 kg de matériau à briquette centrale (cf. figure 2).
changement de phase et pèse au total 1,240 kg avec son
enveloppe. Son épaisseur est de 2,5 cm.
Les différentes valeurs des propriétés Toh
thermophysiques utilisées pour les matériaux sont
répertoriées dans le tableau n°1. Les résultats sont
présentés dans le tableau n°2.
Tableau 1 : propriétés thermophysiques F int
F ext T int
Béton MCP T ext
ρb : 1900 kg.m-3 ρ PCM_S : 1710 kg.m-3
Cb : 880 J.kg-1.°C-1 C PCM _S : 2000 J.kg-1.°C-1
ρ PCM_L : 1530 kg.m-3
C PCM_L : 2300 J.kg-1.°C-1 Tob
L: 150000 J.kg-1

Tableau 2 : épaisseur de béton équivalenteà 2,5 cm de Figure 2 : Instrumentation


MCP en fonction du gradient de température Soit x(t) et y(t), deux variables aléatoires
Ti (°C) 22 17 15 représentant 2 phénomènes physiques. La fonction
Tf (°C) 32 37 60 d'intercorrélation entre ces deux grandeurs s'exprime
DT (°C) 10 20 45 sous la forme :
R x,y (τ ) = lim
1 t

eb (cm) 40 23 13 x( t ).y( t − τ).dt
t →∞ T 0
(4)
La table 2 illustre le fait que l'on ne peut pas parler Cette fonction possède les propriétés suivantes:
d'épaisseur "équivalente" de béton (ou d'un autre type de
- R x , y (− τ ) = R y, x (τ )
matériau d'ailleurs) par rapport à une épaisseur de MCP
donnée sans préciser la plage de température considérée. - Lorsque R x , y (τ ) = 0 , les deux processus x(t) et
Ici 3 plages sont analysées : une avec un écart de ± 5°C y(t) ne sont pas corrélés.

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- Lorsque les 2 processus ont un maximum de flux global restitué à la lame d'air est au maximum de
"ressemblance", pour un décalage τ, la fonction 200 W/m².
d'intercorrélation atteindra sa valeur maximale. 60

Text
La figure 3 montre le résultat du calcul de la 55

Tint
fonction d'intercorrélation pour une succession de 4 50

journées ensoleillées (figure 4). 45

Température(°C)
40
4

35

3
30

25
2

20
Tob Toh
1 15
0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00
Temps(h)
0
-600 -540 -480 -420 -360 -300 -240 -180 -120 -60 0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600
Figure 5 : Températures mesurées
-1 160 min
On remarque également, sur les deux figures, vers
-2 2H00 du matin une augmentation brusque des flux (Fext
Temps (minutes) et Fint) et des températures (Text et Tint). Ce phénomène
est dû à la solidification du MCP libérant à cette
Figure 3 : fonction d’intercorrélation
occasion une importante quantité d'énergie (chaleur
Les apports sont donc restitués au local avec un latente). Les échanges dans la lame d'air sont
déphasage de 2H40min, ce qui est plus de 2 fois plus redynamisés tout comme les déperditions vers
rapide qu'une paroi béton de 15 cm. l'extérieur à travers le vitrage. On peut également
remarquer sur la figure 5, les niveaux importants de
6. EFFICACITÉ DU MUR SOLAIRE températures atteint par la briquette (50-60°C) et la
COMPOSITE température du fluide sortant de la lame d'air atteignant
6.1 Résultats expérimentaux
presque 40 °C au meilleur de la journée.
Pour évaluer l'efficacité du mur expérimental, nous 6.2 Efficacité du composant
allons analyser le flux solaire, le flux entrant dans la Sur toute la durée d’une période de 24 jours,
briquette et le flux restitué par cette même briquette l'énergie solaire irradiant le vitrage est égale à
dans la lame d'air. Le flux solaire incident (global 78 kWh/m². La briquette en absorbe 37,7 kWh/m². La
vertical) est mesuré par un pyranomètre placé à côté du quantité d'énergie restituée à la lame d'air est égale à
vitrage. Le flux absorbé par le mur solaire est mesuré 23,5 kWh/m². La briquette n'absorbe donc que 49% de
par un fluxmètre (Fext) placé sur la briquette centrale. Le l'énergie incidente et ne retransmet que 68% de l'énergie
bilan énergétique suivant va être réalisé sur une période absorbée. Ces pourcentages montrent que le dispositif
de 24 jours. Quatre belles journées de cette période sont peut et doit être optimisé en limitant, par exemple, les
représentées sur les figures 4 & 5. déperditions vers l'extérieur (16%. de l'énergie absorbée
800
dans ce cas) Ceci peut se faire en remplaçant le double
Flux solaire

700
Fext vitrage classique, présent dans cette expérimentation,
par un vitrage faiblement émissif. Mais cette
Fint

600
modification induirait sans doute une diminution des
500
apports stockés Il serait également intéressant de tester
des vitrages et revêtements sélectifs identiques à ceux
Flux (w/m²)

400

300 utilisés pour les capteurs solaires thermiques afin


200
d'optimiser les apports et limiter les pertes. Enfin, il
serait également souhaitable d'augmenter les échanges
100
au sein de la lame d'air en y forçant, par exemple, la
0
0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 convection (ventilateur) ou en augmentant la surface
-100
Temps (h)
d’échange (ailettes). Une autre solution est d'utiliser un
MCP possédant une température de fusion plus élevée
Figure 4 : Flux mesurés (≈ 40-50°C). Ceci favoriserait la restitution de l'énergie
Sur la figure 4, en ce qui concerne la transmission vers le local (du fait d'un gradient de température plus
d’énergie thermique, le flux solaire incident sur la paroi élevé entre la température de la pièce à chauffer et la
vitrée verticale est au maximum de 700 W/m², le flux paroi) et augmenterait la température du fluide en sortie
entrant dans la briquette est au plus de 400 W/m² et le de la lame d'air. Autre avantage, les probabilités que le

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matériau à changement de phase se solidifie entièrement Log-Linéaire [10]. La vitesse moyenne obtenue est
entre chaque période ensoleillée seraient bien plus comparée à la mesure de vitesse mesurée au centre de
élevées que dans notre cas. Par contre, les déperditions l'ouïe. Le rapport des valeurs permet de déterminer le
vers l’extérieur seraient augmentées ce qui réduirait coefficient correcteur Cob. La mesure de la température
l’efficacité du composant. Une étude approfondie à à la sortie de la lame d'air est également délicate du fait
l’aide de modèles de simulation serait très utile en des gradients de température importants dans la section
complément de l’expérimentation. de l'ouïe haute. Il faut donc s'assurer que la mesure de
6.3 Bilan énergétique de la lame d’air
température (Toh) soit représentative de la température
moyenne de sortie du fluide.
Dans le paragraphe précédent, pour l'étude de
l'efficacité de notre capteur, nous avons considéré des Il est évident que ce bilan enthalpique, tout comme le
échanges par m² de paroi. En réalité, la surface bilan fluxmétrique, n'est pas parfait mais permet de
absorbante de MCP n'est pas égale à la surface du donner de bonnes indications sur les quantités d'énergie
vitrage du fait de la présence de l'ossature supportant les échangées.
briquettes. Un bilan énergétique de la lame d’air a été Comparons maintenant les résultats obtenus par
réalisé en utilisant deux méthodes validées dans des l'intermédiaire de ces deux méthodes. Par souci de clarté,
travaux antérieurs [3]. La première méthode est basée tout comme dans le paragraphe précédent, 4 journées sont
sur la mesure directe des flux échangés et la deuxième représentées sur la figure 6.
méthode est basée sur le bilan enthalpique de l’air entre 60

l’entrée et la sortie de la lame ventilée. Ces méthodes PFlux


sont brièvement décrites ci-après. 50

6.3.1. Bilan Fluxmétrique : 40

Cette méthode est basée sur l’idée que la totalité de


Puissance (W)

30
Penth
la chaleur récupérée par l’air provient des échanges
20
entre celui-ci et les briquettes. Dans le cas présent, ces
échanges sont mesurés par le fluxmètre (Fins) placé sur 10

la briquette centrale. Pour obtenir la puissance totale 0


récupérée par l’air, il est nécessaire de multiplier ce flux 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00 12:00 0:00

par le nombre de briquettes, en faisant l'hypothèse que -10

les 9 briquettes ont le même comportement thermique


Temps (h)

que celle placée au milieu de la surface d’échange : Figure 6: Bilans enthalpique et fluxmétrique.
PFlux = 9.Fint .Séch [W] (5) On peut remarquer sur cette figure que les deux
avec Séch = 0,14*0,21 m² (surface d'échange de la méthodes de détermination de la puissance thermique
briquette avec le fluide). récupérée présentent une allure générale semblable.
Lors des périodes de faibles échanges, en début de
6.3.2. Bilan enthalpique : matinée (ou en fin de période de déstockage), des
On considère dans ce cas, que l’échange d’énergie différences importantes entre les 2 méthodes peuvent
entre l’air et le mur à MCP correspond à la variation être observées. La courbe du bilan enthalpique paraît
d’enthalpie de l’air. La puissance récupérée par la lame plus "lisse" alors que la courbe du bilan fluxmétrique
d’air (Penth) est déterminée expérimentalement à l’aide montre des tracés plus anguleux. Ceci s'explique par le
de l’équation suivante : fait que le bilan fluxmétrique est réalisé à partir de la
Penth = Vair .Sob .ρ.C air .(Toh − Tob ) [W] (6) briquette centrale. Au moment du changement d'état, un
important dégagement de chaleur se produit et affecte
La surface Sob est la section de l'ouïe basse directement la mesure du flux. Il est peu probable que
(identique à celle de l'ouïe haute); c'est à cet endroit les 9 briquettes subissent ce changement d'état au même
qu'est réalisée la mesure de vitesse de fluide. Le choix moment, ce qui explique que cette particularité ne se
de positionner l’anémomètre au niveau de l’ouïe basse retrouve pas sur le bilan enthalpique (sauf au milieu de
est basé sur le fait qu’il existe de forts gradients de la période représentée). Il est notable également que
température et de vitesse en sortie de lame d’air alors lorsque les apports sont faibles, les flux, les vitesses et
qu’en partie basse la température du fluide est les écarts de température d’air entre les ouïes ont des
homogène et le profil de vitesses est stable. Le valeurs réduites. Celles-ci augmentent l’incertitude sur
coefficient Cob est un coefficient permettant de définir la le calcul de la puissance récupérée mais par ailleurs ne
vitesse moyenne dans la section à partir d'une mesure comptent pas de manière significative dans le cumul de
locale (au centre de l’ouïe). Le principe de cette cette même énergie.
technique est de réaliser, à l’aide d’un second Si on réalise le cumul de cette énergie récupérée
anémomètre, des profils de vitesse selon la méthode pour toute la durée de l’essai, soit 24 jours, on constate

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que pour la méthode enthalpique (Penth), la quantité REMERCIEMENTS
d'énergie récupérée est évaluée à 6,6 kWh et à 6,2 kWh
pour la méthode fluxmétrique (PFlux) ; l'écart est de 6% Les auteurs remercient le programme ANR-
environ entre les 2 méthodes. PREBAT qui a financé le travail et Artois Comm. ainsi
que la région Nord Pas de Calais d'avoir financé la thèse
de doctorat de Zohir YOUNSI.
7. CONCLUSION
Daniel ROUSSE remercie le Conseil de recherches
Dans cet article, nous avons présenté les résultats en sciences naturelles et en génie du Canada pour une
d'une première étude thermique d'un mur solaire "Discovery grant".
composite intégrant des matériaux à changement de
phase. Ceci a été en partie possible grâce à la mise en RÉFÉRENCES
œuvre d'un dispositif expérimental à échelle réduite [1] SHEN, S. LASSUE, L. ZALEWSKI, D.HUANG, Numerical
sollicité par des conditions climatiques réelles. Study of Classical and Composite Solar Walls by TRNSYS,
Dans un premier temps, nous avons montré quelles Journal of Thermal Science, Vol.16, No.1 46―55, 2007 ;
précautions étaient nécessaires lorsque l'on voulait Publisher: Science Press, co-published with Springer-Verlag
GmbH ; ISSN: 1003-2169 DOI: 10.1007/s11630-007-0046-x
comparer le stockage d'énergie sensible d'un matériau Article ID: 1003-2169(2007)01-0046-10
classique avec le stockage d'énergie d'un matériau à [2] J SHEN, S. LASSUE, L. ZALEWSKI, D.HUANG, Numerical
changement de phase. Ensuite, nous nous sommes study on thermal behaviour of classical or composite Trombe
intéressés au déphasage qu'engendrait un mur solaire solar walls, Energy and Buildings, Volume 39, Issue 8, August
2007, Pages 962-974
composite constitué de 2,5cm de matériau à changement [3] L ZALEWSKI, S LASSUE, B DUTHOIT, M BUTEZ, Study of
de phase comparé à un mur béton de 15 cm d'épaisseur solar wall - validating a simulation model, Building and
ayant approximativement les mêmes capacités de Environnement (Pergamon), Vol 37, p 109-121, 2002
stockage. [4] L. ZALEWSKI, M. CHANTANT, S. LASSUE, B. DUTHOIT,
Experimental thermal study of a solar wall of composite type,
Pour terminer, nous nous sommes penchés sur Energy and Buildings, Elsevier Science, vol.55, E1, p 8-17,
l'efficacité de la paroi solaire en nous intéressant à février 1997.
différents paramètres susceptibles de nous renseigner [5] A. F. REGIN, S.C. SOLANKI, J.S. SAINI, Heat transfer
sur son comportement thermique. Les différentes characteristics of thermal energy storage system using PCM
capsules - A review, Renewable and Sustainable Energy Reviews,
mesures réalisées sur le dispositif expérimental ont 12 (2008) 2438–2458
permis également de mettre en lumière les particularités [6] V.V. TYAGI, D. BUDDHI, PCM thermal storage in buildings: A
du mur solaire composite équipé de matériau à state of art, Renewable and Sustainable Energy Reviews, 11
changement de phase. Des solutions pour en améliorer (2007) 1146–1166
[7] Y. ZHANG, G. ZHOU, K. LIN, Q. ZHANG, H. DI, Application
son efficacité ont été proposées comme notamment la of latent heat thermal energy storage in buildings: State-of-the-art
mise en place d'un MCP possédant une température de and outlook, Building and Environment, Volume 42, Issue 6, June
fusion plus élevée. Pour valider cette hypothèse, il nous 2007, Pages 2197-2209
faut donc à présent trouver et tester le matériau [8] Z. YOUNSI, L. ZALEWSKI, D. ROUSSE, A. JOULIN, S.
LASSUE, Thermophysical characterization of phase change
possédant une température de fusion dans la plage de materials with heat flux sensors, Proceedings of Eurotherm :
température 40-50 °C, capable de subir de nombreux ISBN 978-90-386-1274-4, 5th European Thermal-Sciences
cycles de changement de phase sans dégradation Conference, May 18-22, 2008, Eindhoven, the Netherlands
notable, susceptible de s'intégrer dans une enveloppe de [9] Z. YOUNSI, S. LASSUE, L. ZALEWSKI, A. JOULIN,
Thermophysical characterization of phase change materials for
bâtiment tout en respectant les règles d'hygiène, de the storage of solar energy in building, Int. Conf. on Heat
sécurité ou d'incendie. Transfer in Components and Systems for Sustainable Energy
Technologies Heat-SET 2007, 18-20 APRIL 2007 CHAMBERY,
FRANCE
[10] LEFEBRE J., “Mesure des Débits et des Vitesses des Fluides”,
Collection MASSON, 1986.

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