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LES CHANPIGNONS HALLUCINOGENES par A. Bolay Parmi les toxines synthétisées par les chaupignons, il en est certaines, dont l'action sur l'homme n'est pas franchement aélétére, mais affecte ses réactions psychiques. Ces substances fongiques ont des propriétés hallucinatoires, délirantes, ébri- euses et parfois eussi aphrodisiaques. Bien qu'associés & des pratiques de sorcellerie ou & des rites religieux en ueage depuis des temps trés reculés dans cer- teines peuplades primitives d'Asie et d'émérique centrale, ces champignons haliucinogénes n'ont que trés récemnent été l'objet a' études approfondies. A, Liémanite tu ouche L'emanite tue-mouche ou Fausse-Oronge (Ananita muscaria L.) est sans doute le plus populaires des champignons; celui dont l'image se retrouve dans les réalisations humeines offertes au plaisir des yeux: décoration de patisserie, porte-bonheur, cartes de vneux, etc. L'Amanite est pourtant le champignon & la fois toxique et satanique, celui auquel s'attachent la réputation la plus favorable parmi toutes les esptces vénéneuses ou svapectes, mais aussi en Europe centrale et orientale, quelques légendes patennes, voire chrétiennes (Heim, 1963). La réputation attachée & ce champignon ne provient passeule- ment de son port élégant et noble. Elle est plutét due & ses qua- 1ités & la fois toxicclogiques et psychotropiques, dont l'exacte distinction reste quelque peu délicate & tracer: action indiscu- tablement mais non gravenent délétére, provoquant les synptémes d'une intoxication gastro-intestinale rarement sérieuse, générale- ment benele, mais surtout propriétés délirantes, ébrieuses, aphro- disiaques, hallucinatoires qui ont fait croire & son pouvoir divin ou démoniaque. 22 Dans leur ouvrage sur les champignons de Russie, Wasson & Wasson (1957), cités par Heim (1963) rapporten* que les proprié- tés hallucinegénes de 1'Amanite tue-mouche étaient encore utili- sées au XIX °siécle par plusieurs peuplades de Russie, de Tarte- rie et de Sibérie. Les tribus qui en faisaient usage appartenaient non seulement aux régions orientales du Kamtchatka et du Détroit de Béring ot deux communautés Koriaks, celle des Kamtchadales et celle des Tchouktches se livraient & la consommation de la Fausse Oronge, mais aussi eux régions plus occidentales, relativement proches des Monts Oural, chez les Samoyédes et les Ostiaks "Iénissei". Selon W. Bogoras et W. Jochelson, cités par Heim (1963), qui parcoururent le Kamtchatka en 19CO et 1901, la consommation des Amanites tue-mouche chez les tribus de le presqu'tle conduit & une premiére période d'exaltation, ol se manifestent cris et rages ensuite epparaissent des illusions d'optiques avec altération des dimensions des objets, mobilité de ceux-ci, et, véritablement, métamorphoses des silhouettes. U.Cooke (1862) avait déj& mentionné que chez les Koriaks les effets de stimulation incitaient & la danse: successivement les danseurs dessinaient un pas d'extrava- gance, puis les musiciene s'abandonnaient dans un songe, le con- teur venait divulguer ses secrets, l'orateur prononcer son discours, le mime dresser ses caricatures. I1 confirne les impressions erronées de dimensions et de distances auxquelles donne lieu cette ingestion. Des seénes analogues sont décrites par Jaccottet (1925) et Birkst-Smith (1956). En Europe occidentale, 1'Amanite Fausse-Oronge n'est pas consommée & des fins hallucinatoires. L'épithéte tue-mouche qu'on lui e attribué provient moins de ses propriétés insecticides dou- teuses qu'aux effets hallucinogtnes qu'elle occasionne & ceux qui la consonment. Au moyen-Age, délire et insanité étaient attribués aux insectes qui ont pénétré dans la t@te ce l'homme. I1 nous en est resté des expressions frapyantes: une araignée dens le plafond, piguer la mouche, avoir le bourdon, etc. L'imanite tue-mouche a3 serait ainsi d'aprés Wasson & Wasson (1957) le chempignon qui guérit le folie, qui extirpe la mouche de la téte de 1'homme. Les Koriaks croient qu'aprés avoir absorbé 1'Ananite, les "vers" sont expulsés avec les vomissements. B. Les champignons hallucinogtnes de Nouvelle-Guinée Les champignons hallucinogines sont d'un emploi régulier en Nouvelle-Guinée austrelienne, chez les Papous de la tribu des Kums qui vivent sur les bords de la rivigre Wahgi. Les Kunas, trés mycophages, connaissent les propriétés hallucinogénes de quatre espéces différentes de champignons qu'ils appellent "nonda". Ces champignons semblent appartenir aux Agarice et poussent sur des troncs morts ou des débris de feuilles pourries dans la forét. Draprés Marie Reay, citée par Heim (1963), les effets des "nonda" se traduisent par une vision double des objets, accompa- gnée de frissonnements intenses, avec aphasie intermittente. Les répercussions qu'exercent les champignons ne sont pas les mémes sur les hommes que sur les femmes. Le comportement caractériel des premiers se traduit rapidement par une tension, une exitation vio- lente, tandis que celles-ci ne livrent tout d'abord que les cignes d'une sorte de douce innocence. Les hommes courent, furieux, sai- sissent leurs lances, leurs fléches et leurs arcs, e+ sortent afin de terroriser la communauté, poursuivant et dirigeant leurs armes contre tous ceux qu'ils voient. Les scénes durent deux jours. Pendant la premiére journée, le femmes affectées par l'action des champignons se détendent dans leurs maisons, tout en racontant avec force ricanements des aven- tures & la fois réelles et imeginaires. le matin du second jour, elles demandent & leurs meris de les parer; les hommes choisissent leurs plus belles plumes, les plus précieux ornements et les fixent sur leurs compagnes, qui commencent & danser en formations corres- pondant aux clans masculins. Cette scéne porte le nom de "daad". 24 Ctest la seule occasion permettant aux femmes de danser cone les hommes et comme leurs soeurs non mariées. Aprés la danse, elles reprennent leurs rires, leurs vantardises qui s'eppliquent & des exploits sexuels, et elles flirtent outrageusement avec les hom mes du clan de leurs maris. Les filles non mariées somment les hommes de faire preuve d'audace & leur égard. Les récentes analyses de Heim (1963) n'ont pas apporté la preuve que les champignons "nonéa" soient réellement hallucinogé- nes ou alors cette propriété proviendrait de substances encore ineonnues. Cet auteur émet l'hypothése d'une coincidence entre une excitation hystérique collective saisonniére de la tribu Kuma d'une part, et l'utilisation des champignons d'autre part; les champignons serviraient en quelque sorte d'excuse & un comporte~ ment anormal. Il est également concevable que 1'autosuggestion ajoute sa pesée & une action hallucinatoire. C. Les champigrons sacrés du Mexique a) Le culte ancien Le culte des champignons sacrés iu Mexique remonte & 1'époque précolombienne. Ce sont les voyageurs espagnols d'alors qui reppor- tarent, dés le XVI°si&cle, quelques premiéres indications, d'ail- leurs trés fragnentaires, sur l'usage, par des tribus 4’ Indiens du Mexique méridional, de champignons dont les effets singuliers étaient utilisés par les devins au cours de cérémonies rituelles. C'est ainsi que F. Bernardino de Sahagun, Motolinia (1569), Fran- cisco Hernandez (1577), Jacinto de la Serna, avaient signalé le pouvoir narcotique et evivrant des "teonanacatl" ou chair de Dieu", Consommés secs ou crus, mais jasais cuits, et les hallucinations étranges, les réves colorés, accompagnés a'hilarité, d' excitation, parfois de visions démonieques, ou au contraire de torpeur, voire de bien-8tre, que 1'ingestion de ces Agarics provoqueient, enfin le parti que tiraient de cet état, durant ces cérémonies, les sorciers ou ouranderos aptes alors & dévoiler aux assistants l'avenir et aux victimes le lieu de cachette des objets disparus, ou des épouses envolées, ou encore le moyen de se guérir de quelques maux. 25. Pour Montolinia le chanpignon jouait le réle de 1l'hostie dans la religion catholique: ".., de la m@me nanibre, avec cette nourriture amére, ils recoivent leur dieu cruel en communion! Il résulte des recherches de Heim & Wasson (1958), qu’& 1'é- pogue précolombienne. les champignons sacrés étaient consomné publiquement et que cet usage était fort répandu et s'appliquait & des cérémonies ouvertes et non point tenues derritre des portes closes. Ces pratiques dteaient propres & des territoires situés aux confins des Terres chaudes et des Terres froides, rarement au-des- sous de 1'000 métres d'altitude. On sait de plus que les Indiens utilisaient & ces fins plusieurs espéces de "teonanacatl" (champi- nons divins ou "chair de Dieu") ou "teyuinti" (champignons eni- vrants), et qu'ils distinguaient assez aisément. Au cours de ces nombreux voyages au Mexique et au Guatemala, R.G. Wasson a découvert de nombreuses preuves archéologiques de l'existence du culte des champigaons saerés. Les fresques de Toetihuacan, dans la Haute Vallée de Mexico, lui révélérent, au lieu célébre de Tepantitla, des figurations murales relatives au culte de Mlaloc, divinité de la foudre et des eaux, of des chapeaux de chumpignons alternent avec des coquillages, au long d'un ruisseau. Il est juste nous dit Wasson, que ces champignons sacrés soient rattachés a. dieu des pluies, puisqu'ils sont appelés "petits enfants des eaux" - apipiltzin - per les descendants directs et actuels des Aztéques. Tl y a wn demi-sidcle, le Dr C. Sapper a attiré l'attention, le premier, sur de curieux objets archéologiques trouvés au Guate- mala, sortes d'idoles en forme de champignons. Wasson, suggera que ces sculptures pouvaient @tre l'expression frappante d'une phase d'un culte chez les Mayas des montagnes, dis- paru longtemps avant l'arrivée des Espagnols. Ces champignons de pierre datent du XII° ou X® siacle av. J.C. pour les plus anciens et des VIII® et Ix° siécle ap. J.C. pour les plus récents. Ces ss 26 effigies sont constituées de pierres sculptées de 20 & 35 cm de haut, formées d'un chapeau épais et boubé porté par un stipe sur lequel sont couvent représentées des figures animales, notamment un crapaud, un jaguar ou un caoti ou, parfois, un visage humain. Ce sont surtout les montagnes du Guatemala qui recélent en- core de semblables reliques mayas, mais aucun souvenir d'un culte dont les champignons sacrés aient pu constituer autrefois l'objet n'y subsiste. Cependant, on a découvert deux narrations indigenes fort lointaines et trés suggestives, faisant allusion & des sacri- fices, dont les pierres supporteient le déroulement, auquels étaient associés des champignons. Wasson suppose que le culte hiératique maya, trés ancien, était l’apanage d'une aristocratie de prdtres, qu'il est pessé dans le peuple & la faveur des bouleversenents politiques, puis, vers le nord, dans les pays mexicains, o& il s'est popularisé et ob il a persisté jusqu'A nos jours, tandis que toute trace se perdait & son propos dans les pays mayas. b) le _culte actuel Durant leurs randonnées mexicaines l'et!nographe R.G. Wasson 2t le mycolngue R. Heim ont participé & plusieurs oérémonies ri- tmelles ot les champignons sacrés étaient consonmés et invogués. Heim (1963) nous a laissé de trés vivantes descriptions dont nous reproduisons ci-aprés quelques extrait "Les champignons sacrés sont recueillis quand "l'air est frais au matin, de préférence & la nouvelle lune. Le Shanane ou rurande- ro consomme les champignons crus, non lavés, frais autant que pos- sible, sinon secs - état dans lequel ils sont conservés pendant Plusieurs mois, six au plus. C'est le soir, & huis clos et durant toute la mit que la cérémonie se dérowle. C'est le chazpignon lui-méme qui parle, de Dieu, de l'avenir, de vie cu de mort, et de lieux of se trouvent des objets volés ou égarés. aT Le rite introduit dans les manifestations cérénoniales des accessoires étalés sur un tissu prés d'un autel trés simple; mor— ceaux de copal utilisés comme encens, awandes de cacao, grains de mais, tabac vert moulu, oeufs de poule, ceufs mouchetés de dinde du Mexique, plumes, rouleaux d'écorce de l'arbre agyelé amate, ensemble auquel s'ajouten+ environ 14 pares de Psilofcybe mexicana et 3 4 5 exemplaires de Strophaires ou quelques Psilocybe caeru- lescens. Le curandero ou la curandera s'agenouille sur sa sarape pliée, se signe, invoque la Trinité et quelques saints, prend une paire de champiguons, les tient au-dessus du copal incandescent, puis commence & les mastiguer et A les avaler, paire par paire. L'éclairage provient de quelques chandelles ou d'une mache 3 huile. Ie curandero prend l'amate, la pose sur le papier avec 13 amandes de cacae, en fait un petit paquet qu'il place auprés d'un osuf de dinde; puis il continue avec d'autres paquets, se frotte les avant- bras et la mugue avec le tabac finement moulu. Une seule lumiére subsiste qui sera éteinte avec une fleur. L'obscurité est alors compléte. Bient3t, le shanane se léve, s'enveloppe de sa sarape, et commence & poser des questions & ceux qui sont venus le consul- ter. Il semble plongé dans ses pensées; puis il répond. Ensuite i1 mélange les grains de mats dans ses deux mains, les jette, et les reprend successivement. Il place les oeufs et les paquets d'une certaine maniére, et poursuit ses questions, avant d'y faire écho par des prédictions. La séance continue avec la participation bien Giversifiée selon un ordre rigoureusement préétabli des grains, des oeufs, du copal, des paquets, et se termine au petit matin. Durant ces cérémonies nocturnes, personne ne doit quitter la pidce de réunion. Les spectateurs peuvent eux-nénes prendre part & l'ingestion, & laquelle succédera, une heure aprés environ, des hallucinations lumineuses. Les visions se précisent bientét: for- mes géométriques, angulaires, richement colorées, prenant une struc- ture architecturale, avec colonnades, architraves, patios d'une splendeur royale, édifices aux brillantes couleurs, avec de l'or, de l'onyx, de 1'ébéne, d'une magnificience dépassant 1' imagination humaine. On a le sensation que les murs de 1'humble demeure se sont évanouis, qve nos ames flottent sans entrave dans 1'univers" 28 Drune cérémonie officiée par une curandera - Maria Sabina - femme étonnante dans son pouvoir, Heim (1963) rous rapyorte encore "Elle invoque les esprits, puis elle agite les bras, se laisse aller su rythme d'une danse. Elle bat des mains, de plus en plus frénétiquenent, frappe ses genoux, claque son front contre sa poi- trine. Le rythme étrange, doublé d'un accompagnement heurté, donne 1'illusion que tous ces bruits arrivent aux spectateurs de toutes les directions. L'ensemble réalisé par le fond du propre décor vi- suel de chacun et par les chants et les claquements qui assaillent de toutes parts les perssonnes présentes orée une extraordinaire excitation générale, fort impressionnante, et marquée cependant d'un sérieux, d'une sérénité austére, faite de respect et de dov- ceur qui caractérisent essentielleaent l'esprit méme de ces assen— blées. c) Les espéces de champignons hallucinogénes Les champignons hallucinogénes utilisés par les Indiens du Wexique se rattachent 5 deux genres de Basidiomycétes & lamelles: Psilocybe et Stropharia. Heim (1963) a identifié une quinzaine d'espéces de Psilocybes et une seule espéce de Stropharia. Le Psi- locybe mexicana Heim ou “petit narcotique" est l'espéce 1a plus répandue, celle dont L'aire de distribution est la plus large. Crest également la plus recherchée des Indiens. Elle croit par groupes isolés dans les prairies humides ou les couverts herbeux. Les autres espéces de Psilocybe sont moins fréquentes et par~ fois localisées dans quelques régions. Elles portent trés souvent un nom indagéne trés évocateur : Psilocybe Zapotecorum Heim = Grand chanpignon secré des Zapotéques et des Chatinos Petit enfant des caux P. Aztecorum Heim Wassonii Heim Champignon fenelle des Nahuas Le Stropharia cubensis Earle est un champigncn originaire de Guba, de Porto-Rico et du Honduras britanique. Sa présence au Mexique semble récente. Selon Heim (1963), cette espdce ne se aé- veloppe que sur les fientes de boeufs; de ce fait, elle n'a pu se 29 répandre au Mexique qu'aprés l'introduction de ces animaux par les Espagnols. Heim 1'a récolté en Indochine et en Thailande, tou-~ jours sur de la bouse de vaches. d) Psilocybine et Psilocine Les espéces de chanpignons hallucinogénes du Mexique ont pu 8tre cultivés en laboratoire sur des substrats artificiels (fumier, paille et gélose). A partir de ces cultues, Hoffmann, Heim, Brack et Kobel (1958) ont isolé deux alcaloides indoliques, l'un phos- phorylé: la psilocybize, l'autre déphosphorylé : la psilocine. Hoffmann, Heim, Brack et Kobel ont réalisé la synthése totale de ces deux alcalotdes. En outre, ils ont démontré que l'activité hallucinatoire des champignons sacrés du Mexique est due & la psi- locybine. Actuellement cette substance est extraite du Psilocybe mexicana cultivé en milieu artificiel & base de mofit de bidre. Le mycélium ainsi obtenu et séché accuse une teneur en substance ac- tive de 0,4 % de psilocybine et de 0,03 % de psilocine. Dans les carpophores développés dans les méues conditions de culture, la teneur en psilocybine est plus riche et atteint 0,75 # La psilocybine a trouvé son application en médecine psychia~ trique. Chez les malades mentaux, la drogue agit & la fois sur ithumeur et sur l'affectivité. Zlle stimule la mémoire affective. Les scénes renémorées se situent dans le contexte émotionnel o& elles avaient été primitivenent vécues! Elles opére une levée des réticences qui supprime l'amnésie d'origine pathologique. Le makie soumis % un tei traitement exprimera plus librement ses sentinents, redécouvrira certains éléuents du drame & partir duquel son état s'est aggravé; il saura dresser son mea culpa, prendre conscience de sa maladie, en interprévera méne les origi- nes, en se confiant de mieux en mieux au médecin. 30 Bibliographie Birket-Smith, K. 1956: Geschichte der Kultur. Orell Fissli, Zurich Heim, R. 1963 + Les chempignons toxiques et hallucinogénes. N. Boubée, Paris Hein, R. et Wasson, R.G. 1958 : Les champignons hallucinogénes du Mexique. Ed. Musée Nat. Hist. Nat., Paris Hoffmann, A., Heim, R., Brack, A., Kobel, H. 1958 : La Psilocybine, grincipe actif psychotrope extrait du cham- pignon haliucinogéne. Experientia, 14, 107 Jaccottet, J. 1925; 1961 et Niestlé, Neuchatel Les champignons dans la nature. Delachaux

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