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FSJES-Souissi

Master : Droit de l’Environnement et Développement Durable.


Module : Projet de Fin d’Étude.
Thème :

La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique : Approche


management environnemental et développement durable.
Cas de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohamed à Rabat.

Encadré par : Prof. Toufiq RABHI

Réalisé par : - Aziz CHEGHIA.

Année scolaire 2022/2023.

PLAN
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : Règles de gestion des déchets médicaux et
pharmaceutiques (DMP) dans les établissements de santé au Maroc
Chapitre 1 CHAPITRE 1 : Présentation générale des DMP
a- Définitions et spécifications
i. Déchets ménagers et assimilés
ii. Déchets médicaux et pharmaceutiques
iii. Centre producteurs des DMP
b- Classification
i. Typologie des DMP
ii. Classification dans le catalogue marocain des déchets
iii. Classification selon la typologie
c- Risques et impacts des DMP
i. Risque infectieux
ii. Risque chimique et pharmaceutique
iii. Risque radioactif
iv. Risque psycho- émotionnel
v. Impact sur l’environnement

CHAPITRE 2 : La gestion des DMP : Cadre légal et règlementaire

a- Processus de gestion des DMP


vi. Systèmes de gestion et de tri
vii. Conditionnement & stockage
viii. Transport
ix. Traitement & élimination
b- Législation relative à la gestion des DMP
x. Accords internationaux
xi. Dahirs et lois
xii. Décrets
xiii. Circulaires

DEUXIÈME PARTIE : Approche management environnementale et


développement durable pour la gestion des DMP.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

CHAPITRE 1: Système de management environnementale pour la gestion


durable des DMP.

a- Principes de gestion durable des DMP


i. Notions de base
ii. Outils & approches
b- Référentiels et standards relatifs à la gestion durable des DMP
i. ISO 14001
ii. Guide SD 21000 : Démarche de développement durable dans
l’entreprise
c- Les systèmes de contrôle environnemental et de suivi de traitement des DMP
i. Registre de suivi des déchets
ii. Processus d’élimination
d- Enjeux et démarche d’investissement
i. Expression du besoin
ii. Étude faisabilité technico-économique
Chapitre 2 CHAPITRE 2 : Étude de cas : La gestion des DMP au sein de
l’HMI Med V

a) Approche Méthodologique
i) Étude de l’existant
ii) Démarche à adopter
b) Collecte des données
i. Données d’entrée
ii. Consolidation & analyse
c) Résultats et discussion
i. Synthèse
ii. Recommandations
CONCLUSION

Introduction

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Introduction générale
L’urbanisation croissante, les modifications dans les modes de vie et de
consommation, l’industrialisation et le développement des activités notamment en
ces dernières décennies, ont conduit à l’ accroissement des quantités des déchets
produits, et à une plus grande complexité de leur gestion.(Ayari, et al., 2000)1
Dans ce contexte, les hôpitaux et les centres de santé génèrent de plus en plus des
déchets médicaux et pharmaceutiques ((DMP) ou hospitaliers qui par leur nature
peuvent être infectieux et nocifs pour la population et pour l’environnement.2
Dans un Maroc en pleine évolution démographique, l’amélioration des soins de
santé sont inévitables. Ceci se traduit par une évolution et une progression de la
technologie médicale. Le résultat est une transformation quantitative et qualitative
dans la production des déchets médicaux et pharmaceutiques... Ces déchets, font
peser de graves menaces sur l’environnement ainsi que sur les différents acteurs
concernés, notamment le personnel médical et administratif œuvrant dans ce
domaine.3
Il est à noter que 85% environ des déchets liés aux soins de santé sont comparables
aux ordures ménagères et ne sont pas dangereux. Les 15% restants sont considérés
comme dangereux et peuvent être infectieux, chimiques ou radioactifs.4
Dans certains cas, les déchets liés aux soins de santé sont incinérés, parfois à ciel
ouvert, et leur combustion peut entraîner l’émission de dioxines, de furanes et de
particules. Cependant Les mesures assurant une gestion des déchets liés aux soins
de santé qui soit sûre et rationnelle pour l’environnement peuvent éviter des
répercussions indésirables pour la santé et le milieu, par exemple des rejets
involontaires de substances chimiques ou biologiques dangereuses, dont des micro-
organismes résistants, dans l’environnement, et ainsi protéger la santé des patients,
des personnels de santé et du grand public.5
Par conséquent, la gestion des déchets hospitaliers, prend de plus en plus
d’ampleur dans les soucis de santé publique. Ce regain d’intérêt se rapporte d’une
part à l’importance du risque lié à la production de déchets d’activités de soins et
d’autre part aux nuisances que peut engendrer une technique, non adaptée, de
traitement de ces déchets pour la santé de l’homme et pour l’environnement6.

Définition des termes


1
Bouchra NADIR ; La gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc :Cas des laboratoires relevant de la Faculté
de Médecine et de Pharmacie de Rabat ; Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 ; Date d’acceptation :
09/01/2020 ; www.revue-isg.com.
2
Comité international de la Croix-Rouge - Manuel de gestion des déchets médicaux - Genève, Suisse – Mai 2011 – Page 8
3
Ahmed FASSI FIHRI « Déchets Médicaux et Pharmaceutiques au Maroc : vers un projet de collecte et de traitement pour les
établissements de santé de la ville de Fès » Essai présenté au Centre universitaire de formation en environnement et
développement durable en vue de l’obtention du grade de maître en environnement - Université de Sherbrooke -Janvier 2016 –
page 1.
4
OMS, déchets liés aux soins de santé, 8 février 2018, in https://www.who.int/fr
5
OMS, déchets liés aux soins de santé, 8 février 2018, in https://www.who.int/fr
6
Guide de gestion des déchets des établissements de soins, Direction des hôpitaux et des soins ambulatoires, décembre 2004.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

L’OMS considère les déchets hospitaliers tous les déchets produits par des
institutions médicales (publiques ou privées), des établissements de recherche ou
les laboratoires. Les déchets hospitaliers représentent "tous les déchets générés par
le fonctionnement d'un hôpital, tant au niveau de ses services d’hospitalisation et
de soins qu'au niveau des services médicaux-techniques, administratifs et de ses
dépendances (OMS, 2004)7.
Selon la loi marocaine 28.00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination
dans son article 3, on entend par déchets médicaux et pharmaceutiques : tous
déchets issu des activités de diagnostic, de suivi et de traitement préventif, palliatif
ou curatif dans les domaines de la médecine humaine ou vétérinaire et tous les
déchets résultant des activités des hôpitaux publics, des cliniques, des
établissements de la recherche scientifique, des laboratoires d’analyses opérant
dans ces domaines et de tous établissements similaires.8
La présente étude fait une évaluation de la gestion des déchets hospitaliers au sein
de l’Hôpital Militaire d’Instruction Med V. Chaque étape est décrite en fonction
des ressources humaines et matérielles, suivie d’une quantification et d’une
caractérisation des déchets produit dans cet établissement.
Évolution historique
La question de la gestion des déchets hospitaliers a émergé au Maroc principalement
en 1996, en adoptant la loi 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de
l'environnement. Bien que cette loi établisse les principes généraux de la gestion des
déchets, elle ne traite pas spécifiquement des déchets médicaux.
En 2006, la loi 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination est
adoptée. Cette loi-cadre établit les principes et modalités de gestion des déchets pour
tous les types de déchets, y compris les déchets médicaux et pharmaceutiques.
La même année, le Plan National de Gestion des Déchets (PNGD) est adopté, visant
à promouvoir une gestion intégrée et durable de l'ensemble des déchets produits sur
le territoire national, y compris les déchets médicaux et pharmaceutiques.
En 2009, l'Agence Nationale de Gestion des Déchets Médicaux (ANGDM) est
créée, afin d'assurer la gestion des déchets médicaux dans les meilleures conditions
de sécurité et d'hygiène.
Depuis lors, le Maroc a mis en place plusieurs mesures visant à améliorer la gestion
des déchets médicaux et pharmaceutiques, telles que l'adoption de décrets pour
préciser les modalités de mise en œuvre de la loi 28-00, la mise en place de filières
de collecte et de traitement des déchets médicaux, et la sensibilisation et la
formation des différents acteurs impliqués dans la gestion des déchets médicaux à
savoir :
• Le décret n° 2-06-388 du 10 janvier 2007 relatif aux modalités de gestion des
déchets médicaux et pharmaceutiques.
• Le décret n° 2-08-1191 du 25 février 2009 relatif aux conditions de collecte, de
transport, de traitement et d'élimination des déchets solides industriels.
7
OMS., 2004. « Principes fondamentaux de la gestion des déchets de soins médicaux. Dans : plan national de gestion des
déchets de soins médicaux, Manuel guide » Organisation Mondial de la santé et programme des Nations Unies pour
l’environnement/SCB. p3.
8
Article 3 de la Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, B.O. N° 5480 du 7 décembre 2006.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

• Le décret n° 2-09-139 du 25 joumada I 1430 (21 mai 2009) relatif à la gestion


des déchets médicaux et pharmaceutiques.
• Le décret n° 2-10-491 du 5 avril 2011 fixant les modalités de gestion des
déchets d'emballages.
Intérêt et importance de sujet :
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques est cruciale pour les
établissements de santé, notamment pour l'hôpital militaire Mohamed V de Rabat,
en raison de leur potentiel danger pour la santé et l'environnement. L'étude de la
gestion des déchets de cet hôpital permettra d'évaluer l'efficacité des procédures
actuelles, d'identifier les lacunes et de proposer des mesures d'amélioration. Cette
étude aura un impact direct sur la santé des patients, du personnel et des populations
environnantes, ainsi que sur la préservation de l'environnement.
Objectif de l’étude :
Au Maroc, le ministère de la santé s’est engagé à mettre en œuvre des actions visant la
prévention et la protection de l’hygiène dans les établissements de soins, notamment  à
travers un  système de gestion des déchets générés par les établissements de soins, dont
l’objectif premier est d’éviter la transmission accidentelle des maladies et d’améliorer
la qualité de soins. Ce travail permet de mettre le point sut les différents types des
déchets d’activités de soins ainsi que les méthodes de gestion de ces derniers.
L'objectif de cette étude est d'évaluer la gestion des déchets médicaux et
pharmaceutiques de l'Hôpital Militaire Mohamed V de Rabat, en examinant les
procédures actuelles de collecte, de tri, de stockage et d'élimination. L'étude vise
également à identifier les lacunes et les défis auxquels est confronté l'établissement
dans la gestion de ces déchets, et à proposer des mesures d'amélioration pour garantir
une gestion efficace, sécurisée et respectueuse de l'environnement. Cette étude
contribuera à améliorer la qualité des soins de santé, à protéger la santé des travailleurs
et de la population environnante, et à réduire l'impact environnemental des déchets
médicaux et pharmaceutiques.
Problématique de l’étude :
Les déchets hospitaliers constituent un réservoir de micro-organismes
potentiellement dangereux susceptibles d’infecter les malades hospitalisés 9, leurs
dépôts sur les terrains en plein air, voir leur utilisation comme remblai, ou encore
fouillés sans précaution dans des décharges sauvages, ces déchets hospitaliers posent
de très sérieux problèmes environnementaux et peuvent causer des dangers pour la
santé des habitants en général.
Les déchets d'hôpitaux sont toxiques et contiennent des matières infectieuses
et dangereuses. Dans nos hôpitaux nationaux, il n'est pas rare de constater que les
déchets hospitaliers sont collectés et entassés dans un seul dépôt (souvent dans
l'enceinte de l'établissement).Ces déchets ne sont pas souvent brûlés et
fréquemment visités par les enfants, les chiffonniers et les animaux.
Le manque d'infrastructure, la faute de recueil des données épidémiologiques
systématiques, le faible niveau de sensibilisation font que l'hygiène hospitalière reste
9
Bouchra NADIR ; La gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc :Cas des laboratoires relevant de la Faculté
de Médecine et de Pharmacie de Rabat ; Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 ; Date d’acceptation :
09/01/2020 ; www.revue-isg.com.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

un problème de santé publique avec ses conséquences qui sont : les risques infectieux,
la pollution atmosphérique, la dégradation de l'environnement par l'enfouissement et
les risques chimiques par la manipulation de ces produits dangereux. 10
.Dans ce contexte, l’objet principal de notre recherche est d’examiner
comment la norme 14001 pourrait être efficace en vue de garantir une gestion
appropriée des DMP. En effet, l'application de la norme ISO 14001, qui est une
référence internationale en matière de gestion environnementale, pourrait permettre
une rationalisation de cette gestion, une amélioration de la performance
environnementale de l'hôpital et une meilleure protection de la santé des
travailleurs et des populations avoisinantes. Cependant, la mise en œuvre d'une
telle approche soulève des défis et des enjeux, qui seront abordés dans le cadre de
cette étude.
De ce qui précède, il s’avère que le dispositif juridique et institutionnel mis
en place par les autorités marocaines pour la gestion des déchets médicaux et
pharmaceutiques se montre très important, ce qui nous interpelle à se demander sur
son efficacité en faveur de la protection de l’environnement. Ainsi, notre étude sera
menée autour de la problématique suivante :
Comment l’approche « management environnemental et développement
durable » pourrait-elle contribuer à rationaliser efficacement la gestion des
déchets médicaux et pharmaceutiques à l'hôpital militaire Mohamed V de
Rabat?
Partant de cette problématique, nous nous sommes posé des questions
suivantes :
1. Quel est le niveau de connaissance du personnel sur l'hygiène et
assainissement du milieu hospitaliers au sein de l’HMI Med V?
2. Quelles sont les stratégies à mettre en place pour une bonne gestion
efficiente des déchets hospitaliers ?
3. Quels sont les moyens mis en place par les responsables de l’HMI Med V
pour la collecte de déchets hospitaliers ?
4. Quelle l'attitude du personnel sur la gestion rationnelle des déchets
hospitaliers dans l'hôpital de l’HMI Med V ?
Méthodologie de la recherche :
Dans le cadre de la réalisation de ce travail, des activités ont été définies en vue
d’atteindre les objectifs fixés par l’étude. Une méthodologie de travail a été
adoptée pour mener à bien ces différentes activités.

- Champs de l’étude
10
OMS, Gestion des déchets biomédicaux, Genève, 2003.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Le champ de notre étude concerne tous les services de production de déchets


hospitaliers potentiellement disponibles à l’HMI Med V. Le choix des services à
investiguer est exhaustif. Les services concernés dans le cadre de notre étude sont:
Les services des soins, les unités d’hospitalisation des patients, les services
administratifs et le restaurant ;
La méthodologie adoptée est orienté vers une démarche tout d’abord théorique
relatant les aspects normatifs et réglementaires puis empirique à travers une
observation critique des comportements aux divers échelons du processus de
gestion des DMP au niveau de l’établissement objet de l’étude, la Méthode
descriptive qui nous a permis de décrire l’HMI Med V dans ses aspects
organisationnels et fonctionnels, la Méthode statistique qui est une méthode qui
tente de concilier les démarches quantitatives et qualitatives. Cette méthode nous
permis de quantifier et chiffrer les résultats de la collecte des données par
questionnaire et enfin la méthode analytique qui nous permis d'analyser les
résultats des auteurs qui avaient traité sur les déchets hospitaliers. En effet, cette
méthode est utile dans l'interprétation et analyse des résultats obtenus au cours de
la recherche.
L’échantillon est représenté par le personnel de l’HMI Med V de Rabat et les
agents de collecte de déchets. L’acquisition des données seront effectuée à travers
les techniques qui sont l’observation directe, le questionnaire, l’entretien, la pesée
et l’analyse documentaire.
Pour répondre à cette problématique, l’attention sera focalisée sur deux axes
principaux :

La Première partie sera intitulée « LES RÈGLES DE GESTION DES


DÉCHETS MÉDICAUX ET PHARMACEUTIQUES DANS LES
ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ » où on procédera à analyser les Déchets
hospitaliers et leurs modes de gestion dûment encadrés par la législation
internationale et celle au niveau national.

La deuxième partie portera sur l’étude de «L’APPROCHE


MANAGEMENT ENVIRONNEMENTALE ET DÉVELOPPEMENT
DURABLE POUR LA GESTION DES DMP : ceci, en présentant les atouts
offerts par le SME à travers la norme ISO 14001, les propositions possibles et les
résultats des enquêtes ainsi que des recommandations pour mettre en place une
gestion efficiente et sécurisée des déchets au niveau de l’HMI Med V .

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Graphique 1. Principales sources et voies d’entrée des résidus pharmaceutiques humains dans
l’environnement

 Sources et voies d’entrée des produits Pharmaceutiques dans


l’environnement.
Les produits pharmaceutiques sont présents dans l’environnement en conséquence de la
production et de la formulation des médicaments, de leur utilisation par les patients, de
leur utilisation dans la production alimentaire et du fait de leur élimination inappropriée.
Les ménages, les hôpitaux, les sites de production de produits pharmaceutiques et les
produits
vétérinaires sont tous des sources de produits pharmaceutiques dans l’environnement.
Bien que la contribution de chaque source d’émission varie, il est généralement admis
que la principale voie d’entrée des produits pharmaceutiques humains dans
l’environnement aquatique est le rejet des eaux usées, traitées ou non traitées, par les
ménages.
Les produits pharmaceutiques excrétés après consommation constituent la plus grande
source d’émission par les ménages, mais l’élimination inappropriée des médicaments non
utilisés ou périmés peut être considérable.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

L'élimination dans les éviers et les toilettes contamine les eaux usées et la mise au rebut
dans les déchets solides peut donner lieu à des infiltrations avec le temps, si les déchets
solides sont évacués vers des décharges et que les lixiviats ne sont pas récupérés et traités
convenablement.
Les estimations de la part des médicaments qui deviennent des déchets varient de 3 % à 50
%
(Finnish Pharmacy Association, 2016 ; Law et al.,2015 ; Bound et Voulvoulis, 2005).

 Les principales voies d’entrée vers les écosystèmes terrestres et


d’eau douce sont les eaux usées et la mise en décharge
Stations d'épuration
Les stations d’épuration conventionnelles ne sont pas conçues pour éliminer les produits
pharmaceutiques, ce qui donne lieu à des émissions dans les masses d’eau sous forme
inchangée ou métabolisée.
En fonction de l'efficacité d’élimination des stations d'épuration conventionnelles, certains
résidus pharmaceutiques sont éliminés dans des proportions limitées, et collectés dans les
boues d’épuration. Ceux-ci peuvent malgré tout passer dans les systèmes
environnementaux, lorsque les boues d’épuration sont appliquées sur les terres à des fins
agricoles (épandage) ou pour le compostage, deux pratiques courantes dans la plupart des
pays de l'OCDE.
 Les produits pharmaceutiques présents dans l’environnement
peuvent avoir des effets négatifs sur les écosystèmes et la santé
humaine.
Les rejets de produits pharmaceutiques dans les écosystèmes terrestres et d’eau douce
mènent à
leur bioaccumulation et peuvent entraîner des effets néfastes pour la santé des
écosystèmes. Il a été démontré que certains produits pharmaceutiques avaient des effets
néfastes, notamment une mortalité accrue des espèces aquatiques et des modifications de
la physiologie, du comportement ou de la reproduction.
Les rejets d’antibiotiques peuvent également entraîner des mutations chez les animaux et
le développement de bactéries résistantes aux antimicrobiens.
Les humains peuvent par la suite être exposés aux résidus pharmaceutiques en buvant de
l’eau, et en ingérant des produits végétaux, du poisson, des produits laitiers et de la viande.
L’exposition à certains produits pharmaceutiques, comme les perturbateurs endocriniens,
peut engendrer des maladies liées aux
systèmes endocrinien et reproducteur (comme des cancers du sein ou de la prostate,
l’infertilité, le diabète, la puberté précoce), immunes et auto-immunes, cardio-pulmonaires
(comme l’asthme ou des maladies cardiaques) et du système nerveux (comme la maladie
d'Alzheimer, la maladie de Parkinson, et l’hyperactivité avec déficit de l’attention)
(OCDE, 2019).
Les populations particulièrement sensibles, comme les enfants, les femmes enceintes, les
fœtus, et les personnes souffrant d’allergies et de maladies chroniques pourraient être
menacées

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Première partie : règles de gestion des déchets médicaux et


pharmaceutiques dans les établissements de santé.
Chapitre 3 : Le cadre réglementaire.
Les sociétés humaines produisent des déchets liés à leurs activités et à leurs
modes de consommation. Le rôle des différents législations et réglementations est
d’identifier, nommer, classifier et enfin fixer les modalités de gestion et de
traitement de ces déchets, et ceci dans l’objectif essentiel d’éviter tout danger
potentiel qu’ils représentent pour l’Homme et son environnement. Dans le domaine
de gestion des déchets, le cadre juridique national a considérablement évolué ces
dernières années, avec l’adoption des textes législatifs et réglementaires suivants :

Le Maroc a fait beaucoup d'efforts afin de ressortir un cadre réglementaire


régularisant la génération des déchets médicaux et pharmaceutiques, à savoir :
Section 1 : Dahirs et lois.
- Dahir n° 1-99-126 du 15 safar 1421 (19 mai 2000) : Portant publication de la
convention commune sur la sûreté de la gestion du combustible usé et sur la sûreté
de la gestion des déchets radioactifs faite à Vienne le 29 septembre 1997 ;
- Dahir n° 1-96-92 du 27 chaabane 1421 (24 novembre 2000) : Portant
publication de la convention de Bâle sur le contrôle des mouvements
transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination faite à Bâle le 22 mars
1989 ;
- Dahir n°1-03-59 du 10 Rabii I 1424 (12 Mai 2003) : portant promulgation de la
Loi n° 11-03 relative à la protection et à la mise en valeur de l’environnement :
Cette loi a pour objet d’édicter les règles de base et les principes généraux de la
politique nationale en matière d’environnement. Elle vise à protéger
l’environnement du pays contre toutes les formes de dégradation, à protéger
l’homme et son cadre de vie, définit les orientations de base du cadre législatif
environnemental et met en place un régime de responsabilité garantissant la
réparation des dommages.
- Dahir n° 1-03-60 du 10 Rabiï I 1424 (12 mai 2003), BO N° 5118 du 19 Juin
2003 portant promulgation de la loi n°12-03 relative aux études d’impact sur
l’environnement : Cette loi a assuré l’obligation de l’élaboration d’une étude
préalable permettant d’évaluer les effets directs ou indirects pouvant atteindre
l’environnement suite à la réalisation d’un projet économique d’importance ou la
mise en place d’une infrastructure. L’autorisation du projet est subordonnée à son
acceptabilité environnementale.
- Dahir n° 1-03-61 du 10 Rabii I 1424 (12 mai 2003), portant promulgation de la
loi 13-03 relative à la lutte contre la pollution de l'air : A pour but de prévenir,
réduire et limiter les émissions de polluants dans l'atmosphère. Il vise la source de
pollution atmosphérique, fixe ou mobile, interdite d’émettre, de déposer, de
dégager ou de rejeter dans l‘atmosphère.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

- Dahir n ° 1-06-153 du 30 chaoual 1427 : Portant promulgation de la loi n ° 28-


00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination. (B.O. n ° 5480 du 7
décembre 2006) : La loi 28-00 est actuellement en cours de révision.
En 2006, les Ministères de l’Aménagement du Territoire de l’eau et de
l’environnement et celui de la Santé ont adopté conjointement une loi primordiale
dans la gestion des déchets.
Cette loi permettra au Maroc de disposer des moyens juridiques pour gérer
efficacement toutes les formes de déchets. Ainsi, la loi introduit un système
d’autorisation préalable pour toutes les phases de collecte, de traitement et
d’élimination des déchets et les décharges contrôlées.
La loi consacre les articles 38 à 41 à la gestion des déchets médicaux et
pharmaceutiques.
- Dahir n° 1-06-151 du 30 chaoual 1427 : Portant promulgation de la loi
n°17-04 portant code du médicament et de la pharmacie. (B.O. n° 5480 du 7
décembre 2006) : A pour but l’organisation de la gestion des médicaments, qui
précise dans l’article 50: «Les médicaments impropres à la consommation doivent
être détruits conformément à la législation et à la réglementation en vigueur et dans
des conditions de nature à ne pas porter atteinte à la santé publique et à
l'environnement ».
- Loi N° 30-05 sur les transports routiers de marchandises dangereuses du 2 Juin
2011: Cette loi définit les modalités relatives au transport routier des marchandises
dangereuses, ainsi que les obligations des différents intervenants de la chaîne
logistique et les sanctions afférentes. (Y compris les déchets médicaux)
- La loi-cadre 99-12 portant charte nationale de l’environnement et de
développement durable de 2014 réserve son titre 2 à la protection de
l’environnement, les articles 7 et 8 préconisent la révision des lois, en l’occurrence
12-03 relative aux EIE et aussi celle relative aux déchets 28-00. Elle incite aussi à
l’établissement d’un régime juridique relatif aux nuisances sonores, lumineuses et
olfactives.

Section 2 : Décrets
La mise en œuvre de cette loi a donné lieu à un ensemble de textes d’application
qui ont été adoptés :
- Décret n° 2-07-253 du 14 rejeb 1429 (18 juillet 2008) portant classification des
déchets et fixant la liste des déchets dangereux : Le présent décret précise est
notamment son 1er article « En application des articles 29 et 83 de la loi n° 28-00
susvisée, les déchets sont inventoriés et classés, en fonction de leur nature et de
leur provenance, dans un catalogue dénommé, Catalogue marocain des déchets ».
Les déchets médicaux appartiennent à la rubrique 18 00 00 « Déchets provenant
des soins médicaux ou vétérinaires et/ou de la recherche associée sauf déchets de
cuisine et de restauration ne provenant pas directement des soins médicaux »,
Selon la classification des déchets dangereux.

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

- Décret n° 2-09-139 du joumada I 1430 (21 mai 2009) relatif à la gestion des
déchets médicaux et pharmaceutiques : Le présent décret élaboré par le
gouvernement Marocains (Ministère de l’intérieur, de la santé, de l’environnement
et du transport), vient préciser les modalités de gestion de déchets médicaux et
pharmaceutiques. Par ailleurs, le rejet, le stockage, le traitement, l’élimination et
l’incinération de ces déchets sont interdits en dehors des endroits désignés par les
plans directeurs régionaux, ainsi que les modalités de délivrance de l’autorisation
de collecte et de transport de ces déchets.
La collecte et le transport des déchets médicaux et pharmaceutiques sont
soumis à une autorisation délivrée par l’administration pour une période
maximale de cinq (5) ans renouvelable (l’autorisation de la collecte et du transport
des déchets médicaux est délivrée par le MS après avis d’une commission
composée des représentants des départements de la Santé, de l’Environnement et
du Transport). « Voir Annexe 1 ».
Chapitre 4  : Catégories de déchets médicaux et risques liés aux déchets
médicaux.
Environ 85 % des déchets liés aux soins de santé sont comparables aux
ordures ménagères et ne sont pas dangereux, appelés habituellement « déchets non
dangereux » ou « déchets généraux ». Ils proviennent principalement des fonctions
administratives, de la cuisine et du ménage des établissements de santé et peuvent
également inclure les déchets d’emballages et les déchets générés lors de la
construction et la maintenance des bâtiments des établissements de santé. Les 15 %
restants des déchets médicaux sont considérés comme « dangereux » et peuvent
être infectieux et représenter un certain nombre de risques pour la santé et
l’environnement.
2.1. Typologie des Déchets Médicaux et Pharmaceutiques.
Selon l’Article 3 du Décret n° 2-09-139 du 25 joumada I 1430
(21 mai 2009) relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, les
déchets médicaux et pharmaceutiques sont classés selon leurs caractéristiques et
leur nature comme suit :
Catégorie 1 :
a. Déchets comportant un risque d’infection du fait qu’ils contiennent
des micro-organismes viable ou des toxines susceptible de causer la
maladie chez l’homme ou chez d’autre organismes vivants ainsi que
les organes et tissus humains ou animaux non identifiables.
b. Matériel piquant ou tranchant destiné à l’abondant, qu’il ait été ou
non en contact avec un produit biologique ;
c. Produits et dérivés sanguins à usage thérapeutique incomplètement
utilisés, avariés ou périmés.
Catégories 2 :
a. Médicaments, produits chimiques et biologiques non utilisés, avariés
ou périmés ;
b. Déchets cytostatiques et cytotoxiques ;

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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Catégories 3 :
Organes et tissus humains ou d’animaux aisément identifiables par un non
spécialiste ;
Catégories 4 :
Déchets assimilés aux déchets ménagers.
Les activités humaines produisent des déchets liés à la nature de l’activité et
au mode de consommation. Le rôle des différentes réglementations est d’identifier,
nommer, quantifier et enfin classer ces déchets vis-à-vis des modes de gestion
appropriés et/ou du danger potentiel qu’ils représentent pour l’Homme et son
environnement.
La classification sert à désigner les déchets afin que les différents partenaires
concernés par la production et l’élimination de ces déchets parlent un langage
commun.
Dans le domaine des déchets médicaux et pharmaceutiques, la
réglementation nationale a considérablement évolué ces dernières années et a
adopté des classifications concernant les déchets en fonction de leur caractère
dangereux d’une part, et de l’évaluation de leur comportement lors des opérations
de traitement et d’élimination d’autre part.
Ainsi, pour chaque type de déchets, le classement permettra de souligner les
différents risques qu’ils représentent pour la santé de l’Homme et pour
l’environnement. Ceci est extrêmement important vu l’ampleur du problème lié
aux risques des déchets médicaux et pharmaceutiques : risque traumatique, risque
d’infection, risque chimique, etc.
A vrai dire, une gestion correcte, basée sur un classement clair, permet de
protéger les professionnels de santé et leurs patients, le grand public et
l’environnement contre les risques et les infections qui peuvent être provoqués par
ces déchets dangereux.
La composition typique des déchets dans les établissements de soins de santé
est comme suit :
Déchets chimiques, radioactifs (déchets médicaux dangereux) 5 %.
Déchets infectieux (déchets médicaux dangereux) 10 %.
Déchets généraux (déchets médicaux non-dangereux) 85 %
Une mauvaise gestion des déchets de santé expose les agents de santé, les
manipulateurs de déchets et la communauté aux infections, aux effets toxiques et
aux blessures. Cela causerait également un risque de propagation de
microorganismes résistants aux médicaments des établissements de santé dans
l’environnement (OMS, 2015a). En 2015, une évaluation conjointe OMS/UNICEF
a révélé qu’un peu plus de la moitié (58 %) des établissements échantillonnés
provenant de 24 pays disposaient de systèmes adéquats pour l’élimination
sécurisée des déchets de santé (OMS et UNICEF, 2015b). Les objets pointus et,
plus précisément, les aiguilles sont considérés comme la catégorie la plus
dangereuse de déchets médicaux pour les agents de santé et la collectivité en
général, en raison du risque de blessures par piqûre d’aiguille présentant un risque

14
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

élevé d’infection (OMS, 2006).11

Catégories des déchets Descriptions et exemples


Déchets médicaux dangereux
Déchets infectieux Les déchets connus ou suspectés de contenir des
agents pathogènes et présentant un risque de
transmission de maladies, ex : déchets et eaux
usées contaminées par le sang et d’autres fluides
corporels, y compris les déchets hautement
infectieux tels que les cultures de laboratoire et
les stocks microbiologiques ; et les déchets dont
les excréments et autres matériaux qui ont été en
contact avec des patients infectés par des
maladies hautement infectieuses dans des salles
isolées.
Déchets Objets pointus usés ou non usés, ex : aiguille
piquants/coupants/tranchants hypodermique, intraveineuse ou autre ; seringues
autobloquantes ; seringues avec aiguilles fixées ;
sets de perfusion ; scalpels ; pipettes ; couteaux ;
lames ;
verre cassé.
Déchets pathologiques Tissus, organes ou fluides humains ; parties du
(Anatomiques) corps ; fœtus ; produits sanguins non utilisés.
Déchets pharmaceutiques, Produits pharmaceutiques expirés ou qui ne sont
déchets cytotoxiques plus nécessaires ; articles contaminés ou
contenant des produits pharmaceutiques.
Déchets cytotoxiques contenant des substances
ayant des propriétés génotoxiques, ex : déchets
contenant des médicaments cytostatiques
(souvent utilisés dans le traitement du cancer) ;
produits chimiques génotoxiques.
Déchets chimiques Déchets contenant des substances chimiques, ex :
réactifs de laboratoire ; développeur de film ;
désinfectants périmés ou qui ne sont plus
nécessaires ; solvants ; déchets avec une teneur
élevée en métaux lourds, ex : batteries,
thermomètres et tensiomètres cassés.
Déchets radioactifs Déchets contenant des substances radioactives,
ex : liquides non utilisés provenant de
radiothérapie ou de recherches en laboratoire ;
verrerie, emballages ou papier absorbant
contaminés ; urines et excréments de patients
11
Le risque d’infection suite à une piqûre d’aiguille avec une aiguille d’un patient source infecté est de ~
0,3 % pour le VIH, 3 % pour l’hépatite C et 6-30 % pour l’hépatite B (OMS, 2003a).

15
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

traités ou testés avec des radionucléides non


scellés ; sources scellées.
Déchets médicaux non dangereux ou généraux
Déchets qui ne posent aucun danger biologique,
chimique, radioactif ou physique spécifique.

Au niveau national, selon l’Article 3 du Décret n° 2-09-139 du 25 joumada


I 1430 (21 mai 2009) relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques,
les déchets médicaux et pharmaceutiques sont classés selon leurs caractéristiques
et leur nature comme suit :
Catégorie 1 :
d. Déchets comportant un risque d’infection du fait qu’ils contiennent
des micro-organismes viable ou des toxines susceptible de causer la
maladie chez l’homme ou chez d’autre organismes vivants ainsi que
les organes et tissus humains ou animaux non identifiables.
e. Matériel piquant ou tranchant destiné à l’abondant, qu’il ait été ou
non en contact avec un produit biologique ;
f. Produits et dérivés sanguins à usage thérapeutique incomplètement
utilisés, avariés ou périmés.
Catégories 2 :
c. Médicaments, produits chimiques et biologiques non utilisés, avariés
ou périmés ;
d. Déchets cytostatiques
Catégories 3 :
Organes et tissus humains ou d’animaux aisément identifiables par un non
spécialiste ;
Catégories 4 :
Déchets assimilés aux déchets ménagers.

Les activités humaines produisent des déchets liés à la nature de l’activité et


au mode de consommation. Le rôle des différentes réglementations est d’identifier,
nommer, quantifier et enfin classer ces déchets vis-à-vis des modes de gestion
appropriés et/ou du danger potentiel qu’ils représentent pour l’Homme et son
environnement.
La classification sert à désigner les déchets afin que les différents partenaires
concernés par la production et l’élimination de ces déchets parlent un langage
commun.
Dans le domaine des déchets médicaux et pharmaceutiques, la
réglementation nationale a considérablement évolué ces dernières années et a
adopté des classifications concernant les déchets en fonction de leur caractère
dangereux d’une part, et de l’évaluation de leur comportement lors des opérations
de traitement et d’élimination d’autre part.
Ainsi, pour chaque type de déchets, le classement permettra de souligner les

16
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

différents risques qu’ils représentent pour la santé de l’Homme et pour


l’environnement. Ceci est extrêmement important vu l’ampleur du problème lié
aux risques des déchets médicaux et pharmaceutiques : risque traumatique, risque
d’infection, risque chimique, etc.
A vrai dire, une gestion correcte, basée sur un classement clair, permet de
protéger les professionnels de santé et leurs patients, le grand public et
l’environnement contre les risques et les infections qui peuvent être provoqués par
ces déchets dangereux.
Ce premier Chapitre traite donc le classement des DMP et leurs risques sur
la santé et l’environnement. La législation nationale est d’une grande utilité et
intervient dans plusieurs points essentiels de ce chapitre :
 Définitions des déchets ;
 Classification des DMP dans le catalogue marocain des
déchets ;
 Nouvelle classification marocaine des DMP;
 Risque des DMP.
1. Définition des déchets médicaux et pharmaceutiques.
1.1. Différentes nomenclatures des déchets.
En fonction des activités humaines réalisées, on distingue différentes
nomenclatures des déchets :
 Déchets ménagers;
 Déchets assimilés aux déchets ménagers;
 Déchets industriels;
 Déchets médicaux et pharmaceutiques;
 Déchets dangereux;
 Déchets inertes;
 Déchets ultimes;
 Déchets biodégradables.
Parmi ces déchets, trois catégories sont principalement produites par les
établissements de soins : les déchets ménagers, les déchets assimilés aux déchets
ménagers et les déchets médicaux et pharmaceutiques.
1.2. Déchets ménagers et assimilés
La Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination
définit les déchets assimilés aux déchets ménagers comme étant: «Tout déchet
provenant des activités économiques, commerciales ou artisanales et qui par leur
nature, leur composition et leurs caractéristiques, sont similaires aux déchets
ménagers ».12 Il s’agit donc des déchets non dangereux, sans nuisance et sans
risque sur l'environnement. Dans le cas des établissements de soins, les déchets
ménagers et assimilés sont constitués par :

12
Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, B.O. N° 5480 du 7 décembre 2006. -Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion
des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n° 5744 du 18 juin 2009.

17
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

 Les déchets de l’activité hôtelière et de préparation alimentaire, des


emballages de conditionnement (papier, carton, etc.), des déchets administratifs, de
jardinage, des travaux, des services généraux, etc.
 Les déchets non dangereux qui proviennent de l’activité de soins et qui ne
présentent pas de risques différents de ceux présentés par les déchets ménagers
(matériel orthopédique non souillé, emballages vides de médicaments, flacons de
sérum non contaminés, langes et similaires non tâchés de sang, etc.).13
1.3. Déchets médicaux et pharmaceutiques.
Selon l’article 3 de la loi 28.00 relative à la gestion des déchets et à leur
élimination, il s’agit de tout déchet issu des activités de diagnostic, de suivi et de
traitement préventif, palliatif ou curatif dans les domaines de la médecine humaine
ou vétérinaire et de tous les déchets résultant des activités des hôpitaux publics, des
cliniques, des établissements de la recherche scientifique, des laboratoires
d'analyses opérant dans ces domaines et de tous établissements similaires14.
Cette nomination : « Déchets médicaux et pharmaceutiques » est celle
adoptée récemment par les textes de la législation marocaine ; d’autres
nomenclatures des DMP peuvent également être utilisée :
 Déchets d’activités de soins ;
 Déchets hospitaliers;
 Déchets médicaux;
 Déchets sanitaires.
1.4.Centres producteurs des déchets médicaux et pharmaceutiques
On distingue les centres producteurs potentiels des DMP et les centres
producteurs mineurs des DMP.
En ce qui concerne la première catégorie on distingue ; les Hôpitaux,
les cliniques, les centres de santé et dispensaires, centres d’hémodialyse, centres de
transfusion sanguine, laboratoires, cliniques épidémiologiques, instituts et centres
de recherche scientifique dans le domaine humain et vétérinaires , bureaux
municipaux d’hygiène, morgues et centres d’autopsies, etc. Quant à la deuxième
catégorie qui concerne les producteurs mineurs on trouve ; les Cabinets médicaux,
infirmeries, cabinets dentaires, centres de consultations externes, centres
d’acupuncture, cabinets d’esthétique, instituts de formation en santé,
établissements de cures thermales, cabinets et cliniques vétérinaires, etc.
Au Maroc, ces centres producteurs potentiels et mineurs sont localisés dans
structures selon le de le Tableau 1.
Structures sanitaires publiques Centres Hospitaliers Universitaires, Hôpitaux
publiques, Centres de transfusion
sanguine, Centres de santé et dispensaires,…
Structures sanitaires privées Clinique et Polycliniques, Centres
d’hémodialyse, Laboratoires d’analyses,
médicales, cabinets médicaux, Cabinets
dentaires, Cabinets de radiologie, Cabinets
13
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011, Page : 9
14
Article 3 de la Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, B.O. N° 5480 du 7 décembre 2006.

18
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

de soins d’infirmiers, Cabinets


d’esthétique, Pharmacies,…
Structures sanitaires à but Polycliniques de la Caisse Nationale de la
non lucratif Sécurité Sociale (CNSS),
Cliniques rattachées aux offices nationaux
Structures sanitaires militaires Hôpitaux militaires, Infirmeries de garnison

Bureaux d’Hygiène Municipaux Cabinets de consultation médicale,


et Communaux (BHM Morgues, Dépôts de produits chimiques..
et BHC)
Établissements de formation Facultés de médecine et de pharmacie,
et de recherches scientifiques Instituts de formation aux carrières de la
Santé (IFCS), Laboratoires universitaires
de recherche scientifique,…
Structures vétérinaires Cabinets vétérinaires et laboratoires
d’analyses vétérinaires,…

Tableau 1: Structures de production des DMP au Maroc.

2. Classification des déchets médicaux et pharmaceutiques


Au Maroc, les déchets médicaux et pharmaceutiques sont concernés
par deux niveaux de classification :
 Une classification dans le catalogue marocain, établie selon la
législation internationale. Elle consiste à inventorier et à classer toutes les
catégories des déchets dans ce catalogue ;
 Une classification des DMP, basée sur la législation nationale et
concerne uniquement les déchets provenant des soins médicaux ou vétérinaires
et/ou de la recherche associée. Ces deux classifications utilisent la typologie des
DMP.
2.1.Typologie des déchets médicaux et pharmaceutiques.
Nous utilisons pratiquement la même typologie des déchets médicaux
et pharmaceutiques que celle indiquée dans le guide du Ministère de la Santé.
Cependant, pour nous aligner sur la récente législation marocaine, nous avons
séparé les déchets anatomiques et les déchets cytostatiques des autres types de
déchets. Ainsi, les types des déchets considérés sont :
 Les déchets à risques biologiques ou infectieux ;
 Les déchets piquants ou coupants ;
 Les déchets anatomiques ;
 Les déchets à risques chimiques ;
 Les déchets pharmaceutiques ;
 Les déchets cytostatiques et cytotoxiques ;
 Les déchets radioactifs ;
 Les conteneurs pressurisés.
2.1.1. Les déchets à risques biologiques ou infectieux
Les déchets à risques biologiques ou infectieux sont des déchets
susceptibles de contenir des germes pathologiques (bactéries, virus, parasites) ou

19
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

leurs toxines, en quantité ou en concentration suffisante pour causer des maladies


chez l’Homme ou chez d’autres organismes vivants.
Cela concerne les produits sanguins et matières imprégnées de
sang, les liquides physiologiques, les cultures de laboratoire, les excrétas des
malades, les produits sanguins, les produits et consommables utilisés pour des
soins des malades ou en dialyse, etc. Indépendamment de la notion de risques
infectieux, cette catégorie inclut souvent tout matériel de soins fortement évocateur
d’une activité de soins et pouvant avoir un impact psycho-émotionnel.
2.1.2. Les déchets piquants ou coupants
Il s’agit de tout objet ou matériel utilisé pour la réalisation des
activités de soins et susceptible de blesser et de présenter un risque de transmission
de l’infection. Il s’agit par exemple des aiguilles pour sutures ou pour injection, des
seringues jetables munies d’aiguilles non démontables, des aiguilles à ailettes, des
lames de bistouri et lancettes, des mandrins, des verres cassés, des cathéters, des
bistouris, des perforateurs de tubulures, etc.
2.1.3. Les déchets anatomiques
On distingue deux types de déchets anatomiques :
Les organes et les tissus humains ou animaux non identifiables:
déchets anatomiques correspondant à des fragments anatomiques non aisément
identifiables par un non-spécialiste. Les placentas peuvent également être
considérés comme des déchets anatomiques non identifiables ;
Les organes et les tissus humains ou d'animaux identifiables : pièces
anatomiques correspondant à des fragments d’organes ou de membres, aisément
identifiables par un non spécialiste, recueillis à l’occasion d’activités de soins ou
des activités qui leur sont assimilées.
2.1.4. Les déchets chimiques ou à risque chimique
Cette catégorie de déchets comporte tous les produits solides, liquides et
gazeux utilisés dans le diagnostic des maladies et des recherches expérimentales,
notamment les produits toxiques, le mercure des thermomètres, les produits acides
et corrosifs, les produits inflammables, les réactifs et produits des laboratoires, le
formol, les concentrés d’hémodialyse, les produits d’imagerie médicale, les
solvants, etc. Concernant les produits chimiques utilisés dans les établissements de
soins, il est important de faire la distinction entre les produits chimiques dangereux
et non dangereux. La figure 1 donne les symboles d'identification des dangers des
produits chimiques.

20
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Figure 1: Symboles d'identification des dangers des produits chimiques.

2.1.5. Les déchets pharmaceutiques


Les déchets pharmaceutiques comportent les médicaments et produits
pharmaceutiques périmés, les vaccins, les médicaments contaminés, les ampoules
ou flacons de médicaments vides provenant des services cliniques ou des
pharmacies hospitalières.
2.1.6. Les déchets cytostatiques et cytotoxiques
Les traitements anticancéreux sont susceptibles de générer plusieurs types de
déchets, soit lors de la préparation du médicament, soit lors de son administration
au patient :
Médicaments anticancéreux concentrés : médicament avant préparation,
reste de médicament, médicament périmé, etc. ;
Déchets souillés de médicaments anticancéreux : dispositifs médicaux et
matériels utilisés pour l’administration (présentant simultanément un risque
infectieux et chimique), poches, tubulures, compresses, gants, etc.
2.1.7. Les déchets radioactifs
Les déchets radioactifs sont des déchets produits par les services utilisant des
radioéléments en sources scellées ou non scellées. Les déchets radioactifs peuvent
être solides, liquides ou gazeux : tissus contaminés par des éléments radioactifs,
aiguilles, seringues, gants, fluides, effluents liquides des préparations, excrétas des
malades traités ou ayant subit des tests de médecine nucléaire, résidus des
matériaux de radioactivité, organes in vitro, etc.

21
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

2.1.8. Les conteneurs pressurisés


Plusieurs types de gaz sont utilisés dans les établissements de soins. Ces gaz
sont souvent stockés sous pression dans des conteneurs cylindriques ou aérosols
(médicaments, aérosols, oxyde d’éthylène) Les conteneurs pressurisés périmés ou
même vides contiennent des résidus même minimes qui représentent un danger
pour la santé.
2.2. Classification des DMP dans le catalogue marocain des déchets
En application des dispositions des articles 29 et 83 de la loi n°28-00 relative
à la gestion des déchets et à leur élimination, le Décret n° 2-07-253 (portant
classification des déchets et fixant la liste des déchets dangereux) a pour objet
d’inventorier et de classer toutes les catégories des déchets dans un catalogue
dénommé « Catalogue Marocain des Déchets » (CMD), de désigner les déchets
dangereux et de définir les caractéristiques de danger inhérentes à ce type de
déchets.
La classification de ces déchets a été effectuée sur la base de la législation
internationale comparée, notamment sur la base du Catalogue européen des déchets
et de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières des
déchets dangereux et de leur élimination.
Le catalogue marocain des déchets, objet de l’annexe 1 du décret 15, prend en
compte les exigences des échanges internationaux en matière d’importation et
d’exportation des déchets ainsi que les nécessités de protection de l’environnement
au niveau national. Il s’inscrit dans le cadre de l’effort de rapprochement de la
législation marocaine relative aux déchets avec les règles en vigueur sur le plan
international. Ce rapprochement dans la classification des déchets permet aux
différents partenaires internationaux, concernés par la production et l’élimination
des déchets, de parler un langage commun.
Selon le Décret n° 2-07-253 portant classification des déchets et fixant la
liste des déchets dangereux, il est également considéré comme déchet dangereux,
tout déchet présentant une ou plusieurs caractéristiques de danger fixées par le
même décret (Explosif, Comburant, Extrêmement inflammable, Facilement
inflammable, Inflammable, Irritant, Nocif, Corrosif, Infectieux, Toxique vis-à-vis
de la reproduction, Mutagène, Dangereux pour l'environnement,...). Le tableau 4,
donne les principales caractéristiques de dangers, rencontrés dans les
établissements de soins.

2.3. Classification des DMP selon la typologie


Le décret n° 2-07-253 du 18 juillet 2008 relatif à la classification des déchets
et la liste des déchets dangereux précise les modalités d’application des articles 29
et 83 de la loi n° 28-00. Il classifie aussi les déchets selon leur nature et leur
origine dans un catalogue, intitulé le Catalogue marocain des déchets. Il définit, par
ailleurs, la liste des caractéristiques dangereuses des déchets. Ainsi, les déchets

15
Décret n° 2-07-253 portant classification des déchets et fixant la liste des déchets dangereux. B.O.
n°5654 du 7 août 2008.

22
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

médicaux (et pharmaceutiques) sont classifiés dangereux, à quelques exceptions


près qui sont assimilées aux déchets ménagers.16
2.3.1. Classification selon l’OMS.17
A: Déchets de soins médicaux sans risque
 Déchets recyclables ;
 Déchets biodégradables ;
 Autres déchets sans risque.
B: Déchets de soins médicaux nécessitant une attention spéciale
 Déchets anatomiques humains ;
 Déchets tranchants et piquants ;
 Déchets pharmaceutiques ;
 Déchets pharmaceutiques cytotoxiques ;
 Sang et fluides corporels.
C : Déchets infectieux et hautement infectieux
 Déchets infectieux ;
 Déchets hautement infectieux.
2.3.2. Classification marocaine des déchets médicaux et Pharmaceutiques
D’après le nouveau Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets
médicaux et pharmaceutiques, précise que les DMP sont répartis et classés en
quatre catégories selon leurs caractéristiques et leur nature comme suit18 :
Selon l’Article 3 : Les déchets médicaux et pharmaceutiques sont classés
selon leurs caractéristiques et leur nature comme suit :
Catégorie 1 :
a) Déchets comportant un risque d'infection du fait qu'ils contiennent des micro-
organismes viables ou des toxines susceptibles de causer la maladie chez l'Homme
ou chez d'autres organismes vivants ainsi que les organes et tissus humains ou
animaux non identifiables;
b) Matériel piquant ou tranchant destiné à l'abandon, qu'il ait été ou non en contact
avec un produit biologique;
c) Produits et dérivés sanguins à usage thérapeutique incomplètement utilisés,
avariés ou périmés.
Catégorie 2 :
a) Médicaments et produits chimiques et biologiques non utilisés, avariés ou
périmés;
b) Déchets cytostatique et cytotoxique. Toutefois, la gestion des déchets issus de
l'utilisation des substances vénéneuses doit prendre en considération la législation
applicable à ces substances.
Catégorie 3 :
Organes et tissus humains ou d'animaux aisément identifiables par un non
spécialiste;
16
Nations Unies Genève 2022, Commission économique des nations unies, Maroc examen des performances
environnementales, Deuxième examen Version française, in unece_info@un.org
17
Préparation des Plans Nationaux de Gestion des Déchets de soins médicaux en Afrique Subsaharienne,
Manuel d'Aide à la Décision, OMS- Secrétariat de la Convention de Bâle, 2004.
18
Article 3 du Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n°5744 du 18 juin 2009.

23
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Catégorie 4 :
Déchets assimilés aux déchets ménagers. Pour faciliter l’identification des déchets
médicaux et pharmaceutiques et rendre leur classification plus accessible, nous
présentons.19
En général, la Catégorie des déchets assimilés aux déchets ménagers
représente entre 50% et 90% de la quantité totale des DMP produits par les
institutions médicales. Cependant, certaines références indiquent des proportions
entre 75% et 90%. Ayant des propriétés similaires à celles des déchets urbains ou
ménagers, ils peuvent alors suivre les mêmes filières d’élimination. Dans cette
Catégorie on distingue deux types de déchets :
 Les déchets recyclables qui comprennent le papier, les caisses en carton,
les plastiques ou métaux non contaminés et les cannettes ou verres recyclables.
 Les déchets biodégradables. Ils incluent, par exemple, les restes
alimentaires ou les déchets de jardins pouvant être compostés.
2.4. Les risques associés aux déchets de soins médicaux
Toutes les personnes exposées aux déchets de soins médicaux dangereux
courent, potentiellement le risque d’être blessées ou infectées. Ce groupe
comprend :
 Le corps médical: docteurs, infirmiers et infirmières, le personnel sanitaire
et de maintenance des hôpitaux ;
 Les patients internes ou externes recevant des traitements dans les
établissements sanitaires aussi bien que leurs visiteurs ;
 Les travailleurs des services de soutien liés aux établissements sanitaires
tels que: les services de buanderie, les services de manipulation des déchets
et de transport ;
 Les travailleurs des installations d’élimination des déchets, y compris les
ramasseurs ;
 Le grand public, et plus spécifiquement, les enfants jouant avec des objets
qu’ils peuvent trouver dans les déchets à l’extérieur des établissements
sanitaires, lorsque ceux-ci leur sont directement accessibles.
 L’appui aux gouvernements dans la mise en œuvre de processus adéquats
pour minimiser les risques généraux liés au traitement des déchets de soins
médicaux, demeure le premier objectif de ce Manuel. Les options de gestion
et de traitement des déchets doivent d’abord protéger les personnels de la
santé et les populations et, minimiser les impacts indirects sur
l’environnement de l’exposition aux déchets de soins médicaux.20

2.4.1. Personnes potentiellement exposées

Toutes les personnes en contact avec des déchets médicaux dangereux sont
potentiellement exposées aux différents risques qu’ils représentent : les personnes
19
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011, Page : 27
20
Organisation Mondiale de la Santé, Préparation des Plans Nationaux de Gestion des Déchets de soins médicaux en
Afrique Subsaharienne Manuel d’aide à la décision Secrétariat de la Convention de Bâle Organisation Mondiale de la
Santé, Série de la Convention de Bâle Nr. 2004/4 (F).

24
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

qui se trouvent à l’intérieur de l’établissement qui génère les déchets, celles qui
manipulent ces déchets, ainsi que les personnes a l’extérieur de l’hôpital qui
peuvent être en contact avec des déchets dangereux ou leurs sous-produits si la
gestion des déchets médicaux est inexistante ou insuffisante.
Les groupes de personnes potentiellement exposées sont les suivants :
 A l’intérieur de l’hôpital : personnel de soins (médecins, personnel
infirmier, auxiliaires de sante), brancardiers, personnel scientifique, technique et
logistique (nettoyeurs, personnel de la buanderie, responsables des déchets,
transporteurs, personnel de la maintenance, pharmaciens, laborantins , patients,
familles et visiteurs).
 A l’extérieur de l’hôpital : personnel du transport externe, personnel
des infrastructures de traitement ou d’élimination, population générale (entre autres
les adultes ou les enfants qui récupèrent des objets trouves autour de l’hôpital ou
dans les décharges non contrôlées).21
2.4.1. Les risques professionnels et de santé publique
Pendant la manipulation des déchets, le personnel médical et de service,
ainsi que les travailleurs sanitaires, peuvent être blessés si les déchets n’ont pas été
correctement conditionnés. De ce point de vue, les objets piquants et tranchants
sont considérés comme une des catégories de déchets les plus dangereux.
Beaucoup de blessures ont lieu parce que les aiguilles de seringues ou autres objets
tranchants n’ont pas été collectés dans des boites sécurisées ou, que ces boites ont
été trop chargées. Dans les sites de dépôts des déchets, les ramasseurs d’ordures
peuvent également être en contact avec des déchets infectieux, au cours de leurs
activités de recyclage, si ces déchets n’ont pas été correctement traités ou éliminés.
Le grand public peut être infecté par des déchets de soins médicaux soit
directement ou indirectement par plusieurs voies de contaminations. Déposer des
déchets de soins médicaux dans des espaces ouverts peut avoir de graves effets
négatifs sur les populations.
Les pratiques de « recyclage » qui ont été rapporté particulièrement, la
réutilisation de seringues est certainement le problème le plus sérieux dans certains
pays en développement.
L’OMS estime que plus de 20 millions d’infections à l’hépatite B, C et au
VIH ont lieu annuellement à cause de pratiques d’injections douteuses
22

(réutilisation de seringues et d’aiguilles non stérilisées1). Il existe un risque pour la


santé publique lié à la vente des médicaments conditionnés dans le secteur
informel et du manque de contrôle.
2.4.2 Les risques indirects via l’environnement.

21
CICR, Manuel de gestion des déchets médicaux
22
Le VIH (le virus de l'immunodéficience humaine) est une infection sexuellement transmissible (IST). Le SIDA est la
manifestation clinique de la progression de l’infection VIH. Le VIH se caractérise par une réduction progressive du système de
défense immunitaire, notamment d’un certain type de globules blancs (les lymphocytes T CD4). En l'absence de traitement, cette
diminution des défenses entraîne un risque élevé de survenue d’infections et de cancers dont les conséquences peuvent être
mortelles.

25
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

En définitive, le dépôt des déchets de soins médicaux dans des zones non
contrôlées peut avoir un effet environnemental direct par la contamination des sols
et des nappes souterraines. Pendant l’incinération, si un filtrage propre n’est pas
effectué, l’air peut également être pollué et causé des maladies à la population
environnante. Ceci doit être pris en compte dans le choix de méthodes de
traitement et d’élimination des déchets par en réalisant une rapide évaluation
d’impact environnemental.23
3.4. Risque radioactif
Les déchets radioactifs proviennent d’une part de sources non scellées
généralement utilisées dans les pratiques médicales de diagnostic ou
d’expérimentation en laboratoire, et d’autre part, de sources scellées, substances
radioactives contenues dans des appareils ou des équipements médicaux. On
distingue les déchets de période inférieure à 100 jours et les déchets de période
supérieure ou égale à 100 jours, qui proviennent essentiellement des laboratoires
d’analyse et de recherche.
3.5. Risque ressenti ou psycho-émotionnel
Il traduit la crainte du public, des professionnels de la santé ou des
personnels assurant l’élimination des déchets lorsqu’ils se trouvent en présence de
déchets d’activités de soins identifiables (seringues, tubulures, compresses,…). Ne
connaissant pas leur origine, ils sont en droit de percevoir un risque pour leur santé
ou pour l’environnement. Ce risque ne doit pas être négligé et doit être pris en
compte tout au long de la filière d’élimination des DMP.
Conclusion
La classification et l’identification des DMP à risques, développées dans ce
chapitre, sont des points cruciaux qui déterminent toute la filière de gestion,
traitement et d’élimination des DMP. Les déchets médicaux et pharmaceutiques
sont associés à divers types de risques sanitaires (infectieux, chimique, radioactif,
ressenti ou psycho- émotionnel, risque sur la santé et l’environnement...). Il est
donc nécessaire d’adopter une gestion adéquate basée sur de meilleures modalités
de tri, de conditionnement, de collecte, d’entreposage, d’évacuation et de
traitement final.
Dans un établissement de santé, les protocoles retenus devront être clairs,
connus de tous les intervenants de la filière et parfaitement adaptés à la
réglementation en vigueur.24
 3.6. Règles de gestion des déchets de soins médicaux intra hospitalier.
23
Organisation Mondiale de la Santé, Préparation des Plans Nationaux de Gestion des Déchets de soins médicaux en
Afrique Subsaharienne Manuel d’aide à la décision Secrétariat de la Convention de Bâle Organisation Mondiale de la
Santé, Série de la Convention de Bâle Nr. 2004/4 (F).
24
Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination (Article 3), B.O. N° 5480 du 7 décembre 2006.
-Décret n° 2-07-253 portant classification des déchets et fixant la liste des déchets dangereux. B.O. n°5654 du 7 août 2008.
-Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n° 5744 du 18 juin 2009.

26
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Les déchets médicaux et pharmaceutiques (DMP) constituent un réservoir de


microorganismes potentiellement dangereux, dont la gestion inappropriée est
susceptible d’infecter non seulement les malades hospitalisés et les agents de santé,
mais également le grand public. Par conséquent, l’adoption d’un système approprié
de gestion de ces déchets liés aux soins de santé, s’avère primordiale et d’une
extrême importance.25
Au niveau mondial, la gestion des déchets médicaux est abordée par
l’intermédiaire de l’initiative Eau, assainissement et hygiène (WASH) dans les
établissements de santé : plan d’action mondial (OMS et UNICEF, 2015a), ainsi
que des initiatives liées au changement climatique, les énergies renouvelables et
l’écologisation du secteur de la santé, conformément aux ODD.
Toutes les activités relatives aux déchets d’activités de soins devraient être
planifiées, mises en œuvre et surveillées aux niveaux local, régional et national.
Afin d’élaborer un plan réaliste, il faudrait évaluer le système de gestion des
déchets médicaux avant de commencer toute activité.26
Plusieurs raisons justifient l’obligation de bien gérer les DMP dans un
établissement de soins :
 Le coût élevé de la prise en charge et de la réparation des dégâts sanitaires
causés par les contaminations dues aux risques des DMP (risque infectieux,
risque chimique, risque radioactif,…) ;
 Le coût élevé de la protection de l’environnement contre le risque de
pollution du sol, de l'eau et de l'air ;
 L’obligation réglementaire qui responsabilise le producteur des DMP
suivant le principe « pollueur – payeur »27;
 Une raison d’hygiène : une bonne gestion des déchets contribue à une
meilleure hygiène de l'établissement.
Les DMP incluent tous les déchets produits dans les établissements de soins
de santé. Ces déchets sanitaires n’ont pas tous la même origine et n’ont pas tous le
même risque pour la santé au travail, la santé publique et l’environnement.
Les DMP incluent tous les déchets produits dans les établissements de soins
de santé. Ces déchets sanitaires n’ont pas tous la même origine et n’ont pas tous le
même risque pour la santé au travail, la santé publique et l’environnement. 28
Ainsi, Les déchets de soins médicaux produits dans les établissements
sanitaires doivent toujours suivre un itinéraire approprié et bien identifié, de leurs
points de production à leur élimination finale.

25
Bouchra NADIR $ Sanae OUSSIBRAHIM, La gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc :
Cas des laboratoires relevant de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat, Revue Internationale des Sciences de Gestion
« Numéro 6 : Janvier 2020 / Volume 3 : numéro 1 » pp : 916 – 940. In https://doi.org/10.5281/zenodo.3668884.
26
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/, p.21
27
-Loi n° 28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, B.O. N° 5480 du 7 décembre 2006. -Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion
des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n° 5744 du 18 juin 2009.
28
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011, Page :37.

27
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Cet itinéraire est composé de plusieurs étapes qui comprennent : la


production, la collecte séparée, le transport et le stockage sur site, le transport hors-
site (optionnel) le traitement et l’élimination.29
Une partie importante de ces déchets (entre 75% et 90% de la quantité totale
des DMP)32 sont produits par l’activité administrative et hôtelière de ces
établissements, il s’agit des déchets assimilés aux déchets ménagers qui suivent la
filière des ordures ménagères.
En revanche, les DMP dangereux doivent suivre une filière d’élimination
spécifique en étant séparés des autres déchets dès la production et conditionnés
dans des emballages adaptés afin de respecter les règles d’hygiène et de veiller à la
sécurité des personnes (patients, personnel soignant, personnel chargé du tri de
ramassage ou de l’élimination des déchets). Ainsi, on œuvre en vue d’éviter les
accidents susceptibles de survenir tout au long de la filière d’élimination
(production et tri, conditionnement, ramassage, stockage, enlèvement, transport,
traitement et élimination).
En général, la gestion des DMP pourra être réalisée en trois grandes étapes :
Étape 1 : Gestion des DMP à l’intérieur de l’établissement de soins (Gestion intra-
hospitalière), qui comporte le tri, le conditionnement, le ramassage, et
l’entreposage des DMP.
Étape 2 : Collecte et transport des DMP de l’établissement des soins jusqu’aux
unités de traitement.
Étape 3 : Traitement des DMP dans les unités spécialisées et élimination finale.
Pour rechercher une gestion optimale de l’étape 1, objet de ce chapitre, il est
nécessaire d’abord d’analyser les différents problèmes posés par la gestion des
DMP ; ce qui permet d’identifier leurs causes.30

Étape de gestion intra-hospitalière


1) Tri
2) Conditionnement
3) Ramassage
4) Stockage

29
Organisation Mondiale de la Santé, Préparation des Plans Nationaux de Gestion des Déchets de soins médicaux en
Afrique Subsaharienne Manuel d’aide à la décision Secrétariat de la Convention de Bâle Organisation Mondiale de la
Santé, Série de la Convention de Bâle Nr. 2004/4 (F).
30
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011, Page :38.

28
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Étape du transport extra hospitalier


5) Collecte
6) Transport jusqu’aux
4) Stockage

Étape de traitement et d'élimination


7) Traitement
8) Élimination finale
4) Stockage

Figure 3: Filière générale de gestion et d’élimination des DMP.

3.6.1 Problèmes posés par la gestion des DMP


L’objectif de la gestion des DMP est de respecter la réglementation afin
d’éviter la contamination des patients, du personnel, de l’environnement, tout en
maîtrisant les coûts de la gestion et de l’élimination de ces déchets dangereux.
Pour une bonne gestion des DMP, il est nécessaire de combiner plusieurs
éléments : formation, sensibilisation, optimisation, tri par classification adéquate,
stockage, transport, traitement et élimination. Cependant, les principales causes
d’une gestion inadéquate des DMP émanent, d’une part, des défaillances de nature
organisationnelle et humaine et, d’autre part, des insuffisances de ressources
matérielles et financières consacrées à la gestion et à l’élimination des DMP31
Ces différentes contraintes engendrent plusieurs problèmes et conséquences,
notamment :
 La classification des déchets produits dans les centres et établissements
sanitaires se caractérise par le peu de triage réalisé entre les déchets et par
l’inexistence de protocoles internes de gestion ;
 La totalité des déchets produits dans les centres et établissements sanitaires
sont recueillis dans des sacs, sans l’utilisation de récipients spécifiques ;
 Toutes les catégories de déchets, sans distinction, sont transférées
conjointement depuis les points de production jusqu’aux dépôts intermédiaires et/ou
jusqu’au dépôt final ;
 Le stockage se réalise dans des endroits qui ne sont pas toujours adéquats et
qui ne respectent pas les protocoles de stockage de déchets dangereux ;
 Le transport des déchets est réalisé sans distinction aucune entre les déchets
dangereux et non dangereux. Alors que, ni les véhicules, ni les conducteurs, ni les
conteneurs ne sont autorisés pour le transport de marchandises dangereuses ;

31
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011, Page :38.

29
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

 Il n’y a pas de traitement significativement différent de celui réservé aux


déchets ménagers.
 Pour résoudre ces problèmes, Il est donc nécessaire d’adopter une gestion
adéquate basée sur des modalités correctes de tri, de conditionnement, de collecte,
d’entreposage, d’évacuation et de traitement final.
3.6.2 Système de gestion et tri des DMP
Selon l’article 4 du Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets médicaux et
pharmaceutiques, les générateurs des déchets médicaux et pharmaceutiques sont
tenus de mettre en place un système de gestion interne qui comprend notamment :
 La désignation d'une unité responsable de la gestion de ces déchets;
 La disposition d'un personnel qualifié et formé à l'exercice des activités de
gestion de ces déchets;
 La tenue d'un registre pour inscrire les quantités, la catégorie, l'origine des
déchets produits, collectés, stockés et éliminés. Toutefois, les générateurs
produisant une quantité de déchets médicaux et pharmaceutiques de
catégories 1 et 2 inférieure à dix (10) kg par jour peuvent se limiter à la
désignation d'un responsable qualifié chargé de la gestion des dits déchets et
de la tenue d'un registre.
La gestion des DMP à l’intérieur des établissements de soins se compose de 4
étapes: le tri, le conditionnement, le ramassage et le stockage.

Tri et collecte des déchets


Ce sont les prestataires de santé et/ou le patient et l’aide-soignant, qui produisent
les déchets, qui ont la responsabilité de réaliser un tri correct des déchets
médicaux. Les responsables de l’établissement de santé sont, quant à eux, tenus de
veiller à ce qu’il y ait en place un système approprié de séparation, de transport et
de stockage et que tout le personnel respecte les procédures correctement. Il faut
assurer une formation de tous les membres du personnel qui sont responsables du
tri et de la collecte des déchets. Des récipients de déchets appropriés (sacs, bacs,
boîtes à aguilles) devraient être disponibles dans chaque zone médicale et autres
zones produisant des déchets dans un établissement de santé. Cela permet de
séparer et d’éliminer les déchets au point de génération et réduit la nécessité de
transporter les déchets à travers une zone de service de santé. Les affiches
montrant le type de déchets qui doivent être déposés dans chaque récipient doivent
être placés à proximité des bacs afin de guider le personnel et renforcer les bonnes
habitudes.
Récipients à déchets, codage des couleurs et étiquettes
Selon les recommandations de l’OMS dans son rapport de 2017, les
pratiques de tri des déchets devraient être normalisées et devraient être promues
par la réglementation et la législation nationale de chaque pays pour la gestion
des déchets médicaux. De tels systèmes de séparation des déchets devraient
s’appuyer sur un système de codage de couleur uniforme qui fournit une indication
visuelle du risque potentiel posé par les déchets dans chaque conteneur et facilite la

30
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

mise en place des déchets dans le conteneur adéquat et pour maintenir la séparation
pendant le transport, le stockage, le traitement et l’élimination.
On utilise l’étiquetage des conteneurs de déchets pour identifier la source,
enregistrer le type et les quantités de déchets produits dans chaque zone ; cela
permet également de remédier aux problèmes de séparation des déchets jusqu’au
point de génération. Il existe une approche simple qui consiste à mettre une
étiquette sur chaque sac rempli avec des détails sur le service médical, la date et
l’heure de fermeture du sac et le nom de la personne qui a rempli l’étiquette.
Il est également recommandé d’utiliser le symbole international du danger
biologique sur chaque sac de déchets, si cela n’est pas déjà appliqué.
Il ne faut pas mette les conteneurs pour les déchets infectieux dans les lieux
publics, car patients et visiteurs peuvent utiliser les conteneurs et entrer en contact
avec des déchets potentiellement infectieux. Il faudrait situer les bacs de déchets
infectieux aussi près que possible de l’origine des déchets (ex : postes de soins
infirmiers, salles de procédures ou points de soins). Placer des récipients pour
objets piquants/coupants/tranchants (boites à aiguilles) et des bacs de tri sur des
chariots de traitement, peut aider le personnel médical à séparer les déchets au
chevet des malades ou dans un autre site de traitement. Si le conteneur de déchets
généraux est proche du lavabo ou sous un distributeur de serviettes, cela
encouragera le personnel à placer les serviettes dans le récipient non-infectieux.
Système de base à trois bacs : Le système de tri des déchets le plus simple et
le plus sécurisé consiste à séparer tous les déchets dangereux des déchets généraux
non dangereux (généralement plus volumineux) au point de génération. Toutefois,
pour garantir la protection du personnel et des patients, la partie des déchets
dangereux est très souvent séparée en deux parties : les objets
piquants/coupants/tranchants utilisés et les objets potentiellement infectieux. Par
conséquent, on appelle souvent « système à trois bacs » le fait de trier dans des
récipients séparés les déchets généraux non dangereux, les déchets
potentiellement infectieux et les objets piquants/coupants/tranchants.32

Génération de déchets

Déchets Déchets Déchets


piquants/coupants
Généraux Infectieux
/ tranchants

coupants/
Figure 3.2 Système de séparation à trois bacs

32
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/,p:5

31
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Collecte dans l’établissement de santé


Les temps de collecte devraient être fixés et appropriés à la quantité de
déchets produits dans chaque zone de l’établissement de santé. Généralement, il
faut collecter les déchets pathologiques et infectieux au moins une fois par jour.
Les déchets généraux ne doivent pas être collectés en même temps ou dans le
même chariot que les déchets infectieux ou autres déchets dangereux.
Il ne faut pas remplir les sacs poubelles et les récipients pour objets pointus
à plus de trois quarts (ou à la ligne de remplissage sur les boîtes à aiguilles, si elle
est marquée). Une fois ce niveau atteint, ils devraient être scellés, prêts à être
collectés. Il ne faut jamais agrafer les sacs en plastique mais on peut faire un nœud
avec ou les sceller avec une étiquette ou un nœud en plastique. Des sacs ou
contenants de rechange devraient être disponibles dans chaque zone de production
de déchets.
Idéalement, il faudrait mettre sur les sacs de déchets infectieux une étiquette
indiquant la date, le type de déchets et le point de génération, pour permettre son
suivi. Dans la mesure du possible, le poids des déchets devrait également être
enregistré régulièrement. Toute anomalie entre les services offrant des services
similaires ou à un même endroit au fil du temps peut indiquer les possibilités de
recyclage ou des problèmes tels que la ségrégation et le détournement des déchets
pour une réutilisation non autorisée, comme la réutilisation des seringues et des
aiguilles. La plupart des catégories de déchets devraient être collectées au moins
une fois par jour. Les déchets solides doivent être collectés lorsque les conteneurs
sont remplis à la ligne de remplissage marquée ou au trois quarts s’il n’y a pas de
ligne. Les déchets chimiques, pharmaceutiques et radioactifs peuvent être collectés
à la demande. Le codage des couleurs peut différer d’un pays à l’autre.33
Catégorie de déchets Couleur du récipient et Type de récipient Fréquence de
des marquages collecte
Déchets infectieux Jaune avec symbole de Un sac en plastique Lorsque les trois
danger biologique (les résistant à la fuite placée quarts sont remplis
déchets hautement dans un récipient (les sacs ou au moins une fois
infectieux doivent avoir pour les déchets hautement par jour.
une mention significative infectieux
comme HAUTEMENT devraient être auto
INFECTIEUX). lavables).
Déchets piquants/ Jaune, marqué comme Récipient résistant aux Lorsqu'il est rempli à
coupants/tranchants OBJETS PIQUANTS/ perforations. la ligne ou aux trois
COUPANTS/ quarts.
TRANCHANTS
avec symbole de danger
biologique.
Déchets pathologiques Jaune avec symbole de Sac en plastique Lorsqu’il est rempli
danger biologique. résistant à la fuite placé aux trois quarts ou
dans un récipient. au moins une fois par
jour.
Déchets chimiques et Marron, étiqueté avec le Sac en plastique ou À la demande.

33
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/

32
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

pharmaceutiques symbole de danger récipient rigide.


approprié.
Déchets radioactifs Étiqueté avec un symbole Boîte en plomb. À la demande.
de matière radioactive.
Déchets médicaux Noir. Sac en plastique à Lorsqu’il est rempli
généraux (assimilés aux l'intérieur d'un récipient aux trois quarts ou
ordures ménagères) ou récipient désinfecté au moins une fois par
après utilisation. jour.
Transport dans les établissements de santé.
Le transport sur place devrait avoir lieu chaque fois que cela est possible
pendant les périodes avec moins d’affluence (c.-à-d. le soir ou très tôt le matin). Il
faudrait utiliser des itinéraires fixes pour empêcher l’exposition du personnel et des
patients et minimiser le passage des chariots chargés à travers les zones de soins du
patient et d’autres zones propres. Selon la conception de l’établissement de santé,
le transport interne des déchets devrait utiliser autant que possible les étages,
escaliers ou ascenseurs les plus loin des patients.
Les itinéraires de transport réguliers et les temps de collecte devraient être
fixes et fiables. Le personnel de transport devrait porter un équipement de
protection individuelle adéquat (EPI), notamment des gants, chaussures fermées,
combinaisons et masques. Il faut assurer l’éducation et la formation de tous les
agents du transport de déchets, y compris la façon de gérer en toute sécurité les
récipients à déchets qui présentent une fuite ou sont endommagés.
NB : Il faut toujours transporter séparément les déchets dangereux et non-
dangereux !
Les déchets médicaux peuvent être encombrants et lourds et doivent être
transportés à l’aide de chariots à roues ou de chariots qui ne sont pas utilisés à
d’autres fins. Les déchets, en particulier les déchets dangereux, ne doivent jamais
être transportés à la main en raison du risque d’accident ou de blessure causée par
des matières infectieuses ou des objets pointus incorrectement disposés qui
peuvent dépasser d’un récipient. Il est recommandé que des chariots de rechange
soient disponibles pour les cas de pannes et de maintenance.
Les véhicules doivent être soigneusement nettoyés et désinfectés
quotidiennement selon un protocole écrit.
Il faudrait planifier et utiliser des itinéraires séparés pour le transport de
déchets dangereux et non dangereux. En général, le circuit d’évacuation devrait
suivre le principe de « marche en avant » du propre vers le sale. La collecte devrait
commencer à partir des zones médicales les plus hygiéniques (ex : soins intensifs,
dialyse, salles d’opération) et suivre un itinéraire fixe autour d’autres zones
médicales et lieux de stockage provisoires. La fréquence de collecte doit être
affinée par l’expérience afin de s’assurer qu’il n’y ait pas de contenants de déchets
débordants à aucun moment.34
Conditions pour le stockage des déchets

34
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/

33
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Il faut désigner un lieu de stockage pour les déchets médicaux dans


l’établissement de santé. L’espace pour stocker les déchets devrait être intégré dès
la conception de nouvelles constructions. Ces zones de stockage devraient être
dimensionnées en fonction des quantités de déchets générés et de la fréquence de
collecte. Ces zones doivent être totalement fermées et séparées des salles
d’approvisionnement ou des zones de préparation des aliments.
Seul le personnel autorisé devrait avoir accès aux zones de stockage des
déchets. Il faudrait prévoir des quais de chargement, un espace pour les
compacteurs et les presses pour le carton, des zones de montage pour les boites à
aiguilles. Des conteneurs de recyclage et de stockage sécurisé pour les articles
dangereux tels que les piles devraient être fournis. Des équipements pour gérer les
déversements/fuites accidentelles doivent être disponibles.
D’après le nouveau Décret relatif à la gestion des déchets médicaux et
pharmaceutiques35, les déchets médicaux et pharmaceutiques sont, dès leur
génération, triés selon leurs catégories et mis dans des sacs en plastique ou dans
des récipients de couleurs différentes à usage unique répondant aux normes en
vigueur, selon les modalités résumées par le Tableau 12.
Le remplissage des sacs et récipients ne doit pas dépasser les trois quarts de
leur capacité. Ils doivent porter une étiquette indiquant la source de production des
déchets et la date de leur première mise en sacs ou récipients ainsi que la date de
leur remplissage.
Après leur remplissage, les sacs et récipients sont scellés et mis dans des
conteneurs séparés, réservés pour le stockage, selon la catégorie de déchets qu'ils
contiennent.
Les conteneurs utilisés pour le stockage des déchets de catégories 1 et 2
doivent être rigides, étanches, humidifuges, solides, résistants au claquage et à
l'écrasement dans des conditions normales d'utilisation et conformes aux normes en
vigueur36. Ils doivent porter une étiquette indiquant la catégorie de déchets qu'ils
contiennent, la date de leur stockage et être hermétiquement fermés pour empêcher
toute fuite durant leur transport.37

Catégorie Type de déchet Conditionnement Couleur


1-a -Déchets mous comportant
un risque d'infection Sac en plastique Rouge
résistant
1-c -Produits et dérivés et étanche
sanguins
1-b Matériel piquant ou tranchant Récipient solide Jaune
hermétiquement fermé à
usage unique
2-a -Médicaments et produits chimiques et Sac en plastique Marron
biologiques. résistant et étanche

35
Article 6 du Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n°5744 du 18 juin 2009.
36
Article 8 du Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n°5744 du 18 juin 2009.
37
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011, Page :50.

34
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

2-b
-Déchets cytostatiques et cytotoxiques

3 -Organes et tissus humains ou Récipient ou sac en Blanche non


d'animaux identifiables plastique transparente
4 -Déchets assimilés aux déchets Sacs en plastique Noire
ménagers résistants et étanches

Tableau 12: Modalités de conditionnement des DMP38.

En somme, La qualité du conditionnement est une garantie de sécurité tout


au long de la filière d’élimination car ceux –ci constituent une barrière physique
contre les déchets blessants et les micro-organismes pathogènes. Ils doivent être
adaptés au type de déchets produits, aux conditions de leur production, aux
spécificités internes et externes de la filière d’élimination.
Il regroupe deux systèmes d’étiquetage et de couleur qui visent à assurer une
identification immédiate et non équivoque du risque associé aux types de déchets
biomédicaux à manipuler ou, à traiter.39
L’article 6 du décret n° 2.09.139 6 précis que les DMPS doivent dès leur
génération (centre de santé) être triés (tri), selon leurs catégories et mis dans des
sacs en plastique ou dans des récipients de couleurs différentes à usage unique
(emballage) répondant aux normes en vigueur.
Traitement de déchets médicaux
Conformément à la Convention de Bâle, il est recommandé de prioriser les
techniques de traitement des déchets qui minimisent la formation et la libération de
produits chimiques ou d’émissions dangereuses. En général, les déchets chimiques,
pharmaceutiques et radioactifs devraient être inclus dans la stratégie nationale pour
les déchets dangereux et devraient être traités conformément aux réglementations
internationales et locales. Il faudrait généralement utiliser de préférence la
décontamination des déchets infectieux et piquants/coupants/ tranchants par la
vapeur d’eau (ex : autoclavage) ou par d’autres technologies alternatives à
l’incinération pour le traitement des déchets infectieux (PNUE, 2003). Pour des
informations détaillées sur ces techniques, voir le recueil de technologies du PNUE
pour le traitement et la destruction des déchets médicaux (PNUE, 2012).
Cependant, dans de nombreux environnements à faible ressources, ces
options/technologies peuvent ne pas être facilement disponibles car elles dépendent
de la disponibilité fiable et régulière d’eau, d’énergie et de ramassage des déchets
solides.40
Technologies de traitement à base de vapeur
38
Article 6 du Décret n° 2-09-139 relatif à la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques, B.O. n°5744 du 18 juin 2009.
39
Bouchra NADIR $ Sanae OUSSIBRAHIM, La gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc :
Cas des laboratoires relevant de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Rabat, Revue Internationale des Sciences de Gestion
« Numéro 6 : Janvier 2020 / Volume 3 : numéro 1 » pp : 916 – 940. In https://doi.org/10.5281/zenodo.3668884.
40
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/

35
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Les technologies de traitement à base de vapeur sont utilisées pour


désinfecter/stériliser des déchets hautement infectieux, des déchets infectieux et
des déchets piquants/coupants/ tranchants en les soumettant à la chaleur et à la
vapeur pendant une durée définie, en fonction de la taille de la charge et du
contenu. L’action combinée de la vapeur saturée et de la chaleur tue les
microorganismes. La stérilisation à la vapeur a été largement utilisée pour la
stérilisation des instruments ainsi que pour le traitement des déchets infectieux et
piquants/coupants/tranchants ; et les dispositifs de traitement par la vapeur sont
disponibles dans une large gamme de tailles. Afin de garantir une décontamination
complète des matières infectieuses, le processus doit être validé et des tests
biologiques, chimiques et physiques sont nécessaires (OMS et Organisation
panaméricaine de la santé, 2016). Les technologies de traitement à la vapeur
nécessitent un branchement électrique fiable et stable (220 V/380 V). Certaines
technologies nécessitent de l’eau d’une qualité spécifique et/ ou de sacs ou
contenants spécifiques. Des odeurs désagréables peuvent être générées s’il existe
une grande quantité de matières organiques dans les déchets ; ainsi il faut
considérer les possibilités de traitement et/ou de ventilation.
On peut combiner le traitement à la vapeur avec des méthodes de transformation
mécaniques comme le déchiquetage, le broyage, le mélange et le compactage pour
réduire le volume des déchets ; mais il ne détruit pas les agents pathogènes. Les
broyeurs et les mélangeurs peuvent améliorer le taux de transfert de chaleur et
exposer plus de surfaces des déchets pour le traitement. Il ne faudrait pas utiliser
les méthodes de transformation mécanique pour les déchets infectieux et
piquants/coupants/tranchants avant que les déchets ne soient décontaminés, sauf si
le processus mécanique fait partie d’un système fermé qui décontamine l’air avant
qu’il ne soit relâché dans l’environnement.41
Options d’élimination finale
Les déchets généraux non dangereux et dangereux ne doivent pas être éliminés
dans les locaux des établissements de santé. Les déchets non dangereux devraient
être collectés régulièrement par la municipalité ou transportés par l’établissement
jusqu’à un site d’élimination public connu et sécurisé. Tous les déchets dangereux
doivent être traités pour éliminer les propriétés dangereuses avant leur élimination
ou doivent être éliminés dans une décharge conçue pour les déchets dangereux.
L’élimination des déchets pathologiques peut être liée par des normes et pratiques
socioculturelles, religieuses et esthétiques. L’enterrement dans les cimetières
constitue une option traditionnelle (OMS, 2014).
Options d’élimination transitoires
8.1.1 Déchets généraux non dangereux
Dans les cas où des déchets généraux non dangereux ne peuvent pas être éliminés
sur un site public d’élimination et qu’il y a suffisamment d’espace, on peut établir
un site provisoire d’élimination dans les locaux de l’établissement de santé, qui

41
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/

36
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

doit être sécurisé contre l’accès non autorisé et empêche aux personnes et aux
animaux d’entrer sur le site. Les déchets doivent être éliminés et recouverts
quotidiennement d’une couche de terre. Certains établissements de santé ne
disposent ni d’un site public d’élimination ni d’espace suffisant pour une
élimination sur place. En guise de solution provisoire (transitoire), on peut éliminer
les déchets dans une zone d’enfouissement et les y brûler. La combustion ouverte
des déchets entraîne la production de gaz à effet de serre et devrait être évitée. La
cendre doit être recouverte d’une couche de terre après la fin de la phase de
brûlage. Il faudrait sécuriser la zone contre tout accès non autorisé, par exemple
avec une clôture. Ces solutions doivent être considérées comme des solutions
provisoires à court terme tout en prévoyant une option plus sûre et plus
respectueuse de l’environnement.
8.1.2 Options d’élimination des déchets dangereux
Les pays en développement et en transition manquent souvent d’installations
appropriées pour les déchets dangereux. On peut y appliquer les options suivantes
mais ces dernières doivent être considérées comme des solutions transitoires.
Élimination des déchets pathologiques : Les fosses pour l’élimination de placentas
peuvent être efficaces dans les environnements à faible ressources. Il faut les situer
sur des sites spécifiques afin d’éviter la contamination des eaux souterraines, puis
les verrouiller et les clôturer pour des raisons de sécurité. La dégradation naturelle
et le drainage du liquide dans le sous-sol réduisent considérablement le volume de
déchets dans la fosse et facilitent l’inactivation des agents pathogènes. On peut
éliminer les déchets pathologiques dans une décharge, en l’absence d’une autre
option de traitement. Cependant, l’élimination devrait se faire dans une zone pré-
spécifiée pour empêcher aux recycleurs ou aux glaneurs d’entrer en contact avec
les déchets. Les déchets devraient également être couverts aussi rapidement que
possible.
Élimination des cendres dangereuses : Les cendres volantes et les cendres
inférieures provenant de l’incinération sont généralement considérées comme
dangereuses, en raison de la possibilité d’une teneur en métaux lourds et contenant
des dioxines et des furanes. On devrait de préférence les éliminer dans des sites
destinés aux déchets dangereux, ex : cellules désignées dans des sites de décharges
aménagées, encapsulés et placés dans des sites de décharges spécialisés, ou
éliminées dans le sol dans un puits pour cendres.
Élimination des déchets piquants/coupants/tranchants : Même après
décontamination, les déchets piquants/coupants/tranchants peuvent encore
présenter des risques physiques. Il peut également y avoir risque de réutilisation.
Les déchets piquants/coupants/tranchants décontaminés peuvent être éliminés dans
des fosses sécurisées spécialisées sur les locaux de l’établissement de santé, ou
encapsulés en mélangeant des déchets avec des matériaux d’immobilisation
comme du ciment, avant leur élimination. Ces procédures ne sont recommandées

37
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

que dans les cas où les déchets sont manipulés manuellement et si la décharge des
déchets généraux n’est pas sécurisée.42
8.2 Options d’élimination dans les situations d’urgence
L’élimination des déchets dangereux sans traitement préalable dans une
décharge générale non dangereuse augmente considérablement les risques pour la
santé humaine et l’environnement. Si les déchets ne sont pas correctement couverts
ou sont manipulés d’une manière quelconque, d’autres risques apparaîtront. Il est
donc difficile d’éliminer les déchets dangereux directement dans une décharge non
aménagée.
Dans les établissements de santé éloignés et les zones à ressources limitées,
il faut utiliser des approches minimales pour la gestion des déchets médicaux. En
outre, des pratiques minimales intermédiaires peuvent également être nécessaires
dans les situations d’urgence ou les campements temporaires de réfugiés ainsi que
les zones ayant des difficultés exceptionnelles. Par conséquent, l’enfouissement
sécurisé des déchets infectieux et piquants/coupants/tranchants dans les locaux de
l’établissement de santé, ou dans une fosse en béton protégé, peut-être la seule
option viable disponible dans de tels endroits. Il faut éviter de déverser à l’air libre
les déchets en boîtes/sacs (OMS, 2006). Les déchets pharmaceutiques et chimiques
doivent être stockés jusqu’à ce que l’on ait identifié une option d’élimination
sécurisée.43
COLLECTE ET TRANSPORT EXTRA HOSPITALIERS DES DÉCHETS
MÉDICAUX ET PHARMACEUTIQUES44
DEUXIÈME PARTIE : Approche management environnementale et développement
durable pour la gestion des DMP.
Chapitre 5 : Système de management environnemental pour la gestion
durable des DMP.

La norme ISO 14001 est une norme internationale de système de gestion


environnementale (SGE) qui fournit un cadre pour l'identification, la gestion et la
réduction des impacts environnementaux des activités d'une organisation. Cette
norme peut être appliquée dans tous les secteurs d'activité, y compris les
établissements de santé pour la gestion des déchets médicaux.
L'approche du développement durable implique la prise en compte de la
dimension environnementale, économique et sociale dans la gestion des déchets
médicaux. Les établissements de santé doivent ainsi mettre en place des pratiques
de gestion responsable des déchets médicaux pour préserver l'environnement,
protéger la santé publique et économiser les ressources.

42
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/
43
Organisation Mondiale de la Santé, La gestion sécurisée des déchets médicaux (Déchets d’activités de soins), Unité Eau,
assainissement, hygiène et santé Département Santé publique, déterminants sociaux et environnementaux de la santé (PHE),;
disponible sur http://www.who.int/water_sanitation_health/fr/
44
Taib AZJOUL, livre Déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc, Gestion, Traitement et Cadre Juridique, Première
Edition, 2011

38
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

La norme ISO 14001 permet aux établissements de santé de mettre en place


un système de gestion environnementale efficace pour la gestion des déchets
médicaux. Cette norme offre un cadre pour l'identification des aspects
environnementaux liés aux déchets médicaux, la mise en place de mesures de
prévention et de contrôle des impacts environnementaux, ainsi que l'évaluation et
l'amélioration continue des performances environnementales.
L'application de la norme ISO 14001 dans les établissements de santé pour
la gestion des déchets médicaux permet ainsi de :
Réduire les risques pour la santé et l'environnement liés à la gestion des
déchets médicaux ;
Améliorer l'efficacité et la performance environnementale de l'établissement
de santé ;
Assurer la conformité aux réglementations et aux normes environnementales
en vigueur ;
Améliorer l'image et la réputation de l'établissement de santé auprès des
parties prenantes ;
Réduire les coûts liés à la gestion des déchets médicaux.
En somme, l'approche du développement durable par l'application de la
norme ISO 14001 dans la gestion des déchets médicaux des établissements de
santé permet de concilier les enjeux environnementaux, économiques et sociaux
pour assurer une gestion responsable et durable des déchets médicaux.

Cartographie de l’HMIMV de Rabat


Notre étude s’est déroulée au sein de l’Hôpital militaire de Rabat, qui est un
établissement public à caractère administratif doté de la personnalité morale et
juridique et d’une autonomie financière sous contrôle de l’État.
Outre sa mission de dispensation de soins médicaux aux patients (civils et
militaires), il participe à l’enseignement clinique universitaire et postuniversitaire
médical et pharmaceutique et à la formation du personnel paramédical. En matière
de prise en charge des patients (civils et militaires), les processus mis en place dans
la chaîne de production de soin sont identiques à ceux qu’on retrouve dans les
structures hospitalières publiques comme par exemple l’Hôpital Avicenne de
Rabat. Toutefois, la différence majeure réside dans les dispositions administratives
mises en place lors de l’admission suivant la catégorie du patient (civil ou
militaire). De ce fait, la cartographie des processus établie au niveau de l’HMIMV
donne une vue sur le fonctionnement d’un hôpital public sans considération de ses
spécificités militaires.45
Propositions
45
Sanae Jabbar, Farid Lahboube, Nissrine Souissi, Ounsa Roudies, Optimisation de la cartographie des processus du
système d’information de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Dans Santé Publique 2017/3 (Vol. 29),
pages 371 à 381

39
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Le drapage chirurgicale à caractère jetable occasionne des quantités de


déchets importantes d’où il ya lieu e revenir à l’ancienne tenue chirurgicale à usage
multiple car il suffit de la passer à la buanderie pour nettoyage pour être réutilisé.
Le drapage jetable à usage unique pratiqué depuis 2005 augmente la
quantité des déchets.
La quantité de déchets produit par jour, toute catégorie confondue, est de
500 à 600 g par passion
Diverses mesures peuvent contribuer à réduire les impacts des
produits
Pharmaceutiques non utilisés.
Diverses mesures peuvent contribuer à réduire les impacts des produits
pharmaceutiques non utilisés.
Plusieurs mesures peuvent être instaurées tout au long du cycle de vie pour réduire
la quantité et l’impact des médicaments non utilisés ou périmés.
Tableau : Mesures permettant de réduire l’impact des produits pharmaceutiques
non utilisés ou périmés

Mesure description
Prévention des maladies Prévention des émissions par la prévention
des maladies.
Médecine personnalisée Des médicaments mieux adaptés aux
Prévention et de précision besoins des patients peuvent donner lieu à
des déchets des traitements moins nombreux et plus
efficaces.
Conditionnement Réduire la taille des boîtes (en particulier
pour les nouveaux traitements
médicamenteux et les conditionnements
d'instauration) permet de réduire le risque
d’accumulation de médicaments non
utilisés ou périmés dans les foyers.
Marché des produits La mise en place d’un marché pour les
pharmaceutiques médicaments proches de la date de
non utilisés péremption (non ouverts) permet une
meilleure adéquation entre l’offre et la
demande.
Collecte dans les déchets Collecte dans les déchets municipaux
Collecte et municipaux solides mélangés solides mélangés et incinération dans des
élimination et élimination finale contrôlée incinérateurs de dernière génération.
finale sûre des Collecte séparée : Tes dispositifs de retour évitent
déchets dispositifs de retour l’élimination non contrôlée et inadaptée des
des médicaments médicaments non utilisés ou périmés par les
ménages.
Programmes de responsabilité Ils mettent la responsabilité du traitement
élargie des producteurs en fin de vie des produits pharmaceutiques
sur les producteurs.
Traitement Moderniser Moderniser les stations d’épuration afin de
en bout de chaîne les stations d’épuration capter les émissions excrétées et les

40
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

médicaments jetés dans les égouts

2. Dispositifs de collecte séparée et systèmes de retour des déchets


Pharmaceutiques des ménages.
La suppression totale des médicaments non utilisés est difficile, et la collecte et l’élimination
adéquates sont de ce fait indispensables. Les filières adaptées de collecte et d’élimination des
déchets pharmaceutiques inévitables dépendent du contexte national. Lorsqu'il existe un risque
que les médicaments jetés avec les déchets ménagers passent dans l’environnement ou soient
utilisés à mauvais escient, la collecte séparée est efficace pour réduire les impacts sanitaires et
environnementaux.
3. Sensibiliser et susciter des changements de comportement
Dans de nombreux pays, l’incidence des modes d’élimination appropriés et des dispositifs de
retour des médicaments est affaiblie par leur faible notoriété auprès des consommateurs. Les
campagnes d’information peuvent accroître la sensibilisation et le taux d’utilisation de ces
dispositifs et améliorer les pratiques d’élimination.
D'autres approches peuvent également conduire à une plus grande sensibilisation et à des
changements de comportement. Par exemple la présence d’instructions relatives à l’élimination
sur l’emballage des produits pharmaceutiques ou sur la notice d’utilisation, des incitations
comme des ‘défis’ ou des ‘comptes d’épargne’ favorisant le retour des médicaments dans les
pharmacies, et l’éco-labellisation des produits pour guider le choix des consommateurs.
Les outils pédagogiques et de sensibilisation à destination des professionnels de la santé peuvent
également contribuer à renforcer les considérations environnementales dans les pratiques de
prescription et à mieux faire connaître les risques que représente l’élimination inadaptée de ces
produits auprès de la population.
Recommandations
Les politiques relatives aux déchets pharmaceutiques doivent adopter une approche fondée sur le cycle
de vie, et comprendre des mesures qui ciblent les sources, sont axées sur les utilisateurs et mettent l’accent sur
la gestion des déchets ; elles doivent également viser l’ensemble des parties prenantes, et combiner des
instruments réglementaires, économiques et volontaires.
Prévention
1. Prévenir les déchets issus des médicaments non utilisés ou périmés
La première priorité est de réduire le nombre de médicaments non utilisés ou périmés. Plusieurs approches peuvent
contribuer à éviter la génération de déchets pharmaceutiques, comme une meilleure prévention des
maladies, la médecine de précision et le dimensionnement plus adapté des formats d’emballage.
2. Évaluer les possibilités de redistribution
Les marchés et plateformes de redistribution des médicaments non utilisés proches de la date de péremption
permettent une meilleure adéquation de l’offre et de la demande et contribuent à prévenir le gaspillage et à faire des
économies.
Collection
3. Déterminer si une collecte séparée est nécessaire pour réduire les risques de
contamination environnementale ou d’utilisation abusive.
La collecte séparée des médicaments non utilisés ou périmés peut contribuer à lutter contre les possibles effets
négatifs sur l’environnement et la santé publique. Les liquides, crèmes et pommades sont particulièrement
susceptibles d’être évacués dans les égouts et de se retrouver dans les cours d’eau. Dans les pays qui ne disposent
pas d’installations modernes pour l’incinération des déchets ménagers et où les déchets sont mis en décharge, il
existe également un risque de contamination de l’environnement depuis les sites d’enfouissement.
En outre, une collecte séparée peut contribuer à réduire les risques d’utilisation abusive ou d’accidents pour les
individus qui récupèrent les médicaments non utilisés ou périmés dans les poubelles des ménages
4. Envisager le recours à un dispositif de Responsabilité élargie des producteurs,
lorsqu’une collecte séparée est nécessaire
S’il est considéré qu’un système de collecte séparée est adapté, les dispositifs de REP se sont révélés efficaces pour
financer une collecte et un traitement écologiquement viables qui respectent le principe pollueur-payeur.

41
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Le retour des médicaments devrait être possible gratuitement, toute l’année, et à des points de collecte facilement
accessibles afin de minimiser les coûts de transaction par rapport à d’autres filières d’élimination. Les pharmacies
s’avèrent être des points de collecte tout à fait adaptés.
Des objectifs et des contrôles réguliers peuvent garantir un fonctionnement efficient des organisations de
producteurs responsables dans les dispositifs de REP. Ainsi, la la loi française sur la REP accrédite des mandats
selon un cycle de cinq ans.
5. Faire la promotion des filières d’élimination adaptées
Des campagnes de communication bien ciblées sont indispensables pour mieux faire connaître les filières
d’élimination adaptées.
Les éléments clés pour une communication efficace sont :
• Identifier le groupe cible et le canal de communication optimal, et définir des indicateurs et des références pour
suivre l’efficacité de la campagne.
• Mettre l’accent sur les produits pharmaceutiques liquides, car les études indiquent que ce groupe de produits est
encore souvent jeté dans l’évier ou les toilettes.
• Des instructions de tri bien lisibles sur l’emballage contribuent à mieux faire connaître les dispositifs de retour.
• Les incitations sont un outil efficace pour induire des changements de comportement. Les programmes de ‘points
bonus’ mis en place en Suède motivent les citoyens à rapporter leurs médicaments non utilisés ou périmés dans les
pharmacies.

Lacunes de la loi 28.00

Après avoir analysé la loi entourant la gestion des matières dangereuses et le décret 2-09-139 consacré à la
gestion des DMP, il est évident de déceler quelques défaillances. En effet, il n’existe pas de règlements
complémentaires qui imposent par exemple des sanctions. D’ailleurs, une enquête récente effectuée par des
journalistes de la chaîne nationale « Al oula » dans la ville d’Oujda, a démontré que dans la réalité courante,
les déchets sont entreposés arbitrairement, de manière anarchique, toutes catégories confondue et dans
certains cas, par le personnel médical (émission 45 min Maroc Tv, 2015). De plus, Mr Ali Lotfi du Réseau
marocain de défense des droits à la santé déclare que la plupart des cliniques au niveau national ne respectent
pas les règlements de gestion des DMP. Il propose au ministère de la Santé d’utiliser des mesures punitives
aux cliniques privées. Il ajoute que le processus de gestion des DMP au Maroc est en stade fœtal (Lotfi, 2015).
En dehors de la loi 28-00 et du décret 2-09-139, le Maroc, et depuis 2003, a pris quelques mesures pour
améliorer ses politiques environnementales qui étaient jugées très générales. Les trois lois les plus
importantes étant la loi 11-03 relative à la protection et la mise en valeur de l’environnement, la loi 13-03
relative à la lutte contre la pollution de l’air et finalement la loi 12.03 relative aux études d’impact sur
l’environnement. (Derraji, 2011 ; Maroc ministère de Justice, 2006 ; Secrétariat d’État chargé de l'Eau et de
l'Environnement, 2014). Pour la gestion des déchets, des programmes ont été mises en place notamment le
programme national de gestion des déchets ménagers et assimilés, le programme national d’assainissement
liquide et de traitement des eaux usées, le programme national de la collecte et de l’élimination des sacs en
plastique, le programme national de mise à niveau des écoles rurales et finalement, le programme national de
prévention et de lutte contre la pollution industrielle (Commission économique des nations unis pour
l’Europe, 2014 ; Secrétariat d’État chargé de l'Eau et de l'Environnement, 2014).
Une loi seule est loin d’être suffisante si elle n’est pas soutenue par des lois secondaires et des mesures de mise
en œuvre. En effet, le système réglementaire actuel présente des lacunes et des limites touchant la gestion des
déchets en général et les DMP en particulier. De plus en 2014, une police environnementale a été mise sur
pied avec un faible budget et des programmes d’inspection très fragiles souvent après des plaintes ou ad hoc
pour la plupart. Le gouvernement a remarqué l’inefficacité de ce programme et y a mis fin en 2015 (Cesana,
2014). Avec cette faiblesse réglementaire, les pratiques environnementales au Maroc sont soumises à la
négociation, à la recherche de consensus ou au volontariat de certaines entreprises. Pour conclure, rappelons
que la situation socioculturelle, économique et politique est en partie responsable de cette situation et si le
Maroc désire répondre aux défis environnementaux, qui risquent de se traduire en défis économiques et
sociaux, il doit reconsidérer son approche en investissant à court terme pour le long terme pour une meilleure
performance environnementale46.

https://www.sante.gov.ma/Reglementation/dechets/Pages/default.aspx

46
Ahmed FASSI FIHRI « Déchets Médicaux et Pharmaceutiques au Maroc : vers un projet de collecte et de traitement pour les
établissements de santé de la ville de Fès » Essai présenté au Centre universitaire de formation en environnement et
développement durable en vue de l’obtention du grade de maître en environnement - Université de Sherbrooke -Janvier 2016 –
page 37

42
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

L’approche « management environnemental et développement durable »


assurerait-elle une gestion efficiente des Déchets Médicaux et
Pharmaceutiques dans les établissements sanitaires notamment au niveau de
l’Hôpital Militaire de Rabat ?
1. Quels sont les déchets médicaux et pharmaceutiques les plus produits par l'hôpital
militaire Mohamed V de Rabat, et quelles mesures concrètes pourraient être mises en
place pour leur gestion respectueuse de l'environnement en utilisant une approche de
management environnemental et de développement durable ?
2. Comment les différentes parties prenantes, y compris le personnel de l'hôpital et
les autorités réglementaires, pourraient-elles être impliquées dans la mise en
place d'un système de gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques
respectueux de l'environnement à l'hôpital militaire Mohamed V de Rabat ?
3. Quelles seraient les implications financières et opérationnelles d'une transition
vers une approche de management environnemental et de développement
durable pour la gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques à l'hôpital
militaire Mohamed V de Rabat, et comment pourraient-elles être évaluées et
gérées ?

L’étude de la gestion des déchets hospitaliers est d’une grande importance. Dit
intérêt est justifié d’une part par l’importance du risque lié à la production des
déchets médicaux, et d’autre part aux nuisances qui peuvent être engendrées par les
techniques de traitement pour la santé de l’homme et pour l’environnement. Une
mauvaise gestion peut entrainer des risques pour la santé publique, notamment la
propagation de maladies infectieuses, ainsi que des impacts environnementaux
négatifs, tels que la contamination des sols et des eaux souterraines.
Notre étude a comme objectif globale de déterminer les connaissances, attitudes et
pratiques du personnel toute catégorie confondue sur le système de gestion des
déchets hospitaliers de l’hôpital militaire d’Instruction Med V. (HMI Med V)
Comme objectifs spécifiques, il s’agit de déterminer le niveau de connaissances du
personnel sur les normes de bonne gestion des déchets hospitaliers, Identifier les
stratégies pour la gestion efficace des déchets et proposer des solutions concrètes pour
améliorer l'hygiène et l'assainissement pour la prévention des maladies nosocomiales
et autres dangers, déterminer la capacité de l'hôpital de (HMI Med V) sur la gestion
des déchets hospitaliers et déterminer le type de déchets produits dans l'hôpital cet
établissement.

Selon les dernières statistiques disponibles qui figurent dans l’annuaire statistique
du Maroc 2022 publié récemment par le Haut-commissariat au Plan (HCP), le
Maroc a produit 22 600 tonnes de déchets médicaux en 2021. Sur les 22.600
tonnes, 7.647 tonnes sont considérées comme dangereuses. 47 Rappelons que le
ministre de la santé et de la protection sociale, Khalid Ait Taleb, avait indiqué que
47
https://aujourdhui.ma/societe/le-maroc-produit-7-647-tonnes-de-dechets-medicaux-dangereux-par-an, 20 JANVIER 2023.

43
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

la quantité de déchets médicaux produits par le secteur de la santé est estimée à


7.000 tonnes par an. Cette quantité est répartie entre 3.500 tonnes dans les hôpitaux
publics, 800 tonnes dans les établissements de soins de santé primaires et 2.000
tonnes dans les établissements de santé du secteur privé.
Ainsi, les questions environnementales au Maroc s’imposent comme un élément
majeur dans les orientations stratégiques, dans les évolutions subies ou choisies de
la société. Le Maroc est régulièrement cité parmi les pays les plus respectueux de
l'environnement. Dans ce cadre et au vu de l’évolution démographique sans
précédent que connait le Maroc, l’amélioration et l’extension des soins de santé
sont inévitables. Ceci se traduit par une évolution et une progression de la
technologie médicale. Le résultat est une transformation à la fois quantitative et
qualitative dans la production des déchets médicaux et pharmaceutiques.
Ainsi, les déchets hospitaliers ont été longtemps traité comme des déchets
ménagers avec tous les risques encourus soit par indifférence, par méconnaissances
du risque ou en raison du vide juridiques, ce n’est qu’à 2003, qu’on voit instaurer
le principe du « pollueur payeur » 48constituant une force de loi et une prise de
conscience pour les établissements de soin.
Toutefois, avec l’adoption de loi n°28-00 relative à la gestion des déchets
solides et leur élimination et l’élaboration des décrets d’application a favorisé
d’arrêter le cadre fondamental et les lignes directives pour la gestion des déchets
solides. De préciser les prescriptions techniques de gestion et de traitement de ces
déchets et définir les tâches et les responsabilités de chacun des acteurs concernés
(CNE, 2007).
Avant l’élaboration de la loi 28.00, la plupart des hôpitaux de notre pays ne
disposaient d’aucun système de traitement efficace des déchets. La plupart des
établissements de santé éliminent les déchets par la filière des ordures ménagères
lorsque le système existe. Ainsi, ces structures envoient les déchets biomédicaux à
la décharge publique y compris les seringues.
Cela requiert la nécessité de mise en place d’un système de gestion adéquat
en vue d’éviter si non de réduire significativement tout risque d’infection.
Il importe de mentionner que pour bien mener cette analyse, les informations
utilisées sont basées sur une revue de littérature complète et récente en s’assurant
non seulement de sa fiabilité, mais aussi de sa pertinence à l’égard de la situation
réelle au Maroc. En effet, des sources primaires et secondaires telles que des
articles, des rapports et publications gouvernementales marocaines et
internationales, des périodiques et des mémoires.
Ainsi, les déchets hospitaliers ont été longtemps traité comme des déchets
ménagers avec tous les risques encourus soit par négligence, par méconnaissances
du risque ou en raison du vide juridiques, ce n’est qu’en 2003, qu’on voit instaurer
le principe du « pollueur payeur » constituant une force de loi et une prise de

48
Repose sur le principe dit de responsabilité élargie du producteur, les producteurs étant amenés à prendre en compte les coûts
de la post-consommation dès la conception de leur produit.( In Actualités pharmaceutiques, n°523, février 2013, « la gestion des
déchets d’activités de soins à risques infectueux produits par les patients en auto-traitement (DASRI-PAT) », page59).

44
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

conscience pour les établissements de soin. Toutefois, l’adoption de loi n°28-00


relative à la gestion des déchets solides a permis d’arrêter le cadre réglementaire
pour la gestion des déchets solides.49
Objet de l’étude :
L’objectif général de la présente étude est de contribuer à l'amélioration de la
gestion des déchets hospitaliers à l’Hôpital Militaire d’Instruction Med V en vue
de réduire les risques sur la santé de la population et de l’environnement.
Pour atteindre cet objectif global nous avons définis les objectifs spécifiques
suivants :
- Déterminer le type des déchets produits dans l’hôpital en question.
Analyser les risques sanitaires de gestion des déchets hospitaliers.
- Proposer les stratégies pour la gestion efficace des déchets de l’HMI Med V
et proposer des solutions concrètes pour améliores l’hygiène et
l’saisissement pour la prévention des maladies nosocomiales et autre danger.

Par la présente étude il serait abordé la problématique de la gestion des


déchets hospitaliers aux établissements de santé d’une manière générale et à l’
HMI Med V à Rabat en particulier qui est un établissement universitaire
multidisciplinaire d’une grande importance au niveau de l’échelon supérieur des
Forces Armées Royales. À travers cette approche l’objectif est de quantifier puis
catégoriser les déchets générés, analyser les risques sanitaires liés à la mauvaise
gestion de ces déchets et de proposer une solution de management
environnemental et de développement durable dans la chaine des gestions de la
filière des déchets hospitaliers.

Les questions de recherche


Ainsi, l’objet de cette recherche nous conduit à nous interroger sur le «
pourquoi » et le « Comment » de cette pratique de gestion. En définitive, trois
questions de recherche seront examinées dans cette thèse :
1. Pourquoi les entreprises adoptent-elles un système de management
environnemental ?
2. Comment ce système de management environnemental est-il utilisé dans
les
entreprises pour décliner leurs stratégies environnementales ?
3. Comment ce système de management environnemental contribue-t-il à
l’émergence de nouvelles stratégies environnementales ?
49
Bouchra NADIR ; La gestion des déchets médicaux et pharmaceutiques au Maroc :Cas des laboratoires relevant de la Faculté
de Médecine et de Pharmacie de Rabat ; Revue Internationale des Sciences de Gestion ISSN: 2665-7473 ; Date d’acceptation :
09/01/2020 ; www.revue-isg.com.

45
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

Les DASRI sont éliminés suivant les dispositions de l’arrêté du 20


septembre 2002 relatif aux
installations d'incinération et de co-incinération de déchets non
dangereux et aux installations
incinérant des déchets d'activités de soins à risques infectieux (17). La
manutention et le 28 transport des récipients se font dans des conteneurs
rigides clos à fond étanche, de manière à
préserver l'intégrité de ces récipients.
Il existe 2 moyens d’élimination (18) :
Incinération
Elle consiste en un traitement thermique (combustion) en 2 étapes : une
incinération à 850°C et une post combustion à la même température durant 2
secondes. Le taux d’imbrûlés ne doit pas dépasser 3%.
Prétraitement par des appareils de désinfection On parle de «
banalisation des déchets » lesquels sont ensuite éliminés par la filière des
déchets ménagers :
1- Prétraitement des DASRI par broyage (ou autre technique) :
réduction des risques mécaniques et psychologiques,
2- Désinfection physique ou chimique: réduction des risques infectieux.
Les déchets sont alors assimilables aux déchets ménagers.
3- Élimination soit par incinération, soit par stockage dans une
installation de stockage de déchets non dangereux, selon les modalités
habituelles relatives aux déchets non dangereux de toutes origines.
Plusieurs définitions du SME existent dans la littérature. Par exemple, la
norme internationale ISO 14001 définit le SME comme « une composante du
système de management d'un organisme utilisée pour développer et mettre en
oeuvre sa politique environnementale et gérer ses aspects environnementaux. Un
système de management est un ensemble d’éléments, liés entre eux, utilisé pour
établir une politique et des objectifs afin d’atteindre ces derniers. Ce système
comprend la structure organisationnelle, les activités de planification, les
responsabilités, les pratiques, les procédures, les procédés et les ressources. » (ISO
14001, 2004, p. 2). La Commission européenne, dans son référentiel EMAS, donne
également une définition du SME comme étant « la partie du système global de
management qui comprend la structure organisationnelle, les activités de
planification, les responsabilités, les pratiques, les procédures, les procédés et les
ressources pour développer, mettre en œuvre, réaliser, analyser et maintenir la
politique environnementale » (Commission européenne, 2001, p. 3).

Conclusion
La filière de gestion des déchets hospitaliers connait un certain nombre de lacunes qui sont:

46
La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

- Le cadre juridique existe mais connait trop de lacunes car il laisse le libre choix aux producteurs de
déchets;
- Une insuffisance notoire de formation et de sensibilisation des agents en la matière;
- Un tri n’assurant pas la minimisation des risques sanitaires;
- Un système de stockage très risquant tant au plan sanitaire qu’environnemental.

Les déchets hospitaliers exposent les professionnels à un risque infectieux évident et leur stockage
prolongé sur le site d’entreposage présentent un danger sur la santé de la population générale.
Une meilleure compréhension de la composition des déchets hospitaliers est fondamentale afin de
choisir la meilleure disposition alternative.
La filière de gestion des déchets hospitaliers est organisée comme suit:
Les déchets hospitaliers produits trié et conditionné dans des sachets poubelles empruntent deux
cheminements :
Les déchets ménagers collecté sur le site d’entreposage sont évacués vers le bac de collecte des
ordures de la municipalité et transporté vers la décharge publique.
Les déchets biomédicaux sont stockés sur le site d’entreposage central pour y être incinérer.
Nous recommandons aux responsables du CHU NEDIR MOHAMED.
De procéder à une évaluation exhaustive de la quantité des déchets produits en tenant compte
des paramètres influençant cette production,
D’assurer la formation de tous les acteurs de la gestion des déchets solides hospitaliers.
D’envisager la possibilité d’éliminer ces déchets dans les autres incinérateurs de la ville,
De vacciner les personnels contre l’hépatite B,

Désinfecter le site d’entreposage des déchets solides biomédicaux

Bibliographie

Ouvrages

 Benjamin HUGLO, La contractualisation des relations entre l’État et les collectivités territoriales,
Thèse de doctorat en droit public soutenue le 4 juillet 2014, Université Panthéon-Assas (Paris II) École
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La gestion des déchets médicaux et pharmaceutique

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ublique.gouv.fr/archives/home20051107/communications/guides/BilanContractualisation.pdf ; consulté le
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Thèse et mémoires

 Marcelle Mbala Mbala, Contrats d’Etat et développement durable, THÈSE Pour obtenir le grade de
Docteur en Droit Présentée et soutenue publiquement par MARCELLE MBALA MBALA Le 8 février
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de Docteur de l’École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne ,Spécialité : Sciences de la Terre
et de l’Environnement, Soutenue , le 17 Avril 2008. disponible sur https://tel.archives-ouvertes.fr.
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développement régional et la compétitivité territoriale au Maroc ?; Doctorante en Économie à la FSJES
MOHAMMEDIA ; benerrmiibtissam@gmail.com
Rapports

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 Fonds d’Équipement Communal, Document de référence relatif a l’exercice 2021 , Enregistré par
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https://www.fec.ma/Com_Financieres/Exercice2019/DOC _INVEST/NOTE_CD_DEC19.pd.
Articles

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système d’information de l’Hôpital Militaire d’Instruction Mohammed V, Dans Santé Publique 2017/3 (Vol. 29), pages
371 à 38. Article Consulté le 12.04.2023, disponible en ligne à l’adresse https://www.cairn.info/revue-sante-
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