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Logique Moderne
Logique Moderne
FACULTE DE PHILOSOPHIE
B.P. 2143 KINSHASA I
Contenu
En vue d’atteindre les objectifs ci-haut énoncés, le cours commence par préciser la
spécificité de la logique moderne par rapport à la logique ancienne. Il examine ensuite les
symboles propositionnels, les symboles logiques (connecteurs) et leur interprétation ainsi que
la formalisation. Enfin, nous abordons quelques méthodes de décision sémantiques : tables de
vérité, décision indirecte, mise en forme normale conjonctive, mise en forme normale
disjonctive, arbres logiques, algèbre de Boole, tableaux sémantiques, déduction naturelle.
Méthodologie
La démarche sera interactive. Dans un premier volet, notre exposé permettra aux
étudiants de s’imprégner de la syntaxe et de la sémantique du calcul des propositions, et les
entraînera à maîtriser la logique interne qui régit les différentes méthodes de décision
sémantiques retenues. L’autre volet sera consacré aux exercices d’application. Car c’est en
fréquentant ceux qui sont habiles dans un métier que l’on apprend à comprendre celui-ci.
Evaluation
Les travaux pratiques, les interrogations et l’examen écrit entreront en ligne de compte
pour la cote finale.
Ouvrages de référence :
CHENIQUE, F., Comprendre la logique moderne (2vol.), Paris, Bordas, 1974.
KLEENE, S.C., Logique mathématique, trad. Jean Largeault, Paris, Armand Colin, 1971.
LEPAGE, F., Eléments de logique contemporaine, Montréal, Presses Universitaires Montréal,
2001.
MUTOMBO Matsumakia, M.-P., Eléments de logique classique, avec exercices résolus et
questionnaire d’examen, Louvain-la-Neuve, Academia Bruyant, 2003.
QUINE, W.v.O., Méthodes de la logique, trad. par M. Clavelin, Paris, Armand Colin, 1972.
« Logique » est un mot provenant du grec logos qui signifie « science de la raison ».
La logique étudie le discours, et plus particulièrement le(s) raisonnement(s).
De tous temps, les hommes se sont disputés et la force a souvent triomphé sur la
raison. Les discours eussent souvent pu éviter les drames, pour vu qu’ils aient été bien
compris. Malheureusement, on s’est aperçu il y a bien longtemps de la difficulté qu’il y a
avait à exprimer des choses sûres et vraies dans notre langue. Celle-ci est source
d’ambiguïtés.
Pour convaincre ou pour se laisser convaincre, il paraît indispensable de supprimer les
ambiguïtés de la langue parlée ou écrite. D’où l’importance de la codification, puisque,
même si chaque phrase a un sens bien précis, il semble nécessaire de codifier les
enchaînements de phrases, tout comme dans un jeu où certains coups ne sont pas autorisés.
Cette codification, ces règles, ces restrictions, créent une nouvelle langue, beaucoup plus
rigide que la « vraie » langue, mais cette rigidité est ce qui nous intéresse. Car c’est elle qui
va nous permettre de découvrir des propriétés nouvelles.
Une logique, c’est une telle codification. C’est une description d’un certain type de
réalité et cette description a pour but de nous aider à trouver la vérité.
Et la logique n’est pas unique parce que la langue que l’on cherche à codifier ne l’est
pas non plus. On peut voir une logique comme une restriction d’un langage mais aussi
comme une formalisation de ce même langage. Dans ce cas, on imagine bien qu’à chaque
type de raisonnement correspond une formalisation, d’où l’existence de diverses logiques.
Notre cours étudie le calcul propositionnel classique1 qui est appelé aussi « logique
des propositions inanalysées », « logique des énoncés » ou « calcul des énoncés » ou logique
des énoncés. Ce calcul traite des propositions par le biais des énoncés déclaratifs qui les
expriment dans le langage-objet. Il s’agit en fait de la partie de la logique qui étudie les
propositions sans les analyser à travers leurs éléments constitutifs 2. Dans cette optique, les
propositions sont le sens ou le substrat des énoncés.
Après avoir dégagé l’originalité de la logique moderne par rapport à la logique
ancienne, le but du calcul des propositions, les éléments du langage symbolique et la
signification des opérateurs, nous abordons la formalisation. Puis, nous examinons
successivement les différentes méthodes : tables de vérité, décision indirecte ou par
l’absurde, mise en forme normale conjonctive, mise en forme normale disjonctive, algèbre
de Boole, arbres logiques, tableaux sémantiques et déduction naturelle. Ces deux dernières
méthodes seront appliquées au calcul des prédicats dont le but est de donner une
représentation plus fine au discours.
1
Il existe plusieurs versions du calcul propositionnel (classique et non classique). Celui que nous étudions se
caractérise par deux valeurs de vérité, c’est-à-dire le vrai (noté 1, V, T,…) et le faux (noté 0, F, ┴, …). Il a été
inauguré par les stoïciens grâce au syllogisme composé et à la méthode des tables de vérité (Cf. MUTOMBO
Matsumakia, Eléments de logique classique, avec exercices résolus et questionnaire d’examen, Louvain-la-
Neuve, Academia Bruyant, 2003, p.55).
2
M. MUTOMBO Matsumakia, « Un aperçu sur la logique classique » in Revue Philosophique de Kinshasa,
2003, vol. XIV, n. 25-26, p. 146.
La logique moderne est une logique formalisée et aussi mathématique en tant qu’elle obéit au
même principe de représentation des éléments du langage par des symboles. Si la logique ancienne
repose sur l’analyse des propositions, celle que nous étudions ici ne considère, du moins dans sa tâche
principale, que des énoncés déclaratifs, auxquels on peut attribuer une valeur de vérité. Elle repose sur
les fonctions et l’argument. C’est, en fait, la logique des propositions inanalysées, où la déductibilité
est fonction des relations interpropositionnelles. Elle recherche des lois logiques.
En effet, les mathématiques utilisent des symboles selon les contextes dans lesquels on se
trouve, selon les lois et les contenus. Ces liens de conséquence peuvent être fondés sur :
- Les relations interpropositionnelles non analysées et prises dans la globalité de telle sorte qu’en
prenant les propositions avec les opérations on a des symboles : p, q, r, s, m, n…
- Les relations intrapropositionnelles (la logique des prédicats).
Exemple : L’amour d’une mère pour ses enfants implique une grande affection dont elle
bénéficie et qu’elle est capable d’exprimer. Alors si l’affection suppose la personnalité, alors l’amour
suppose la personnalité.
Le calcul des propositions a pour but de décider de la vérité de telle ou telle affirmation, et en
particulier de vérifier la validité d’un raisonnement en le formalisant. Cette formalisation passe par
l’abstraction du substrat propositionnel. En effet, comme les formules atomiques sont « fermées »3 à
notre perspicacité, nous les noterons par des symboles appelés variables propositionnelles, sans nous
3
Les formules atomiques, ou encore propositions (ex. : « le tableau est noir », « personne ne vient d’effacer le
tableau »), sont des expressions que l’on considère indécomposables. La chose qui caractérise une formule
atomique, c’est donc le fait que nous nous interdisons de la décomposer ou d’émettre – au sein du langage
formel – des considérations à certains constituants d’une formule atomique. Une telle formule est toujours prise
comme un tout. On peut – en faisant des hypothèses – essayer de prouver qu’elle est vraie ou fausse. Les
formules atomiques se distinguent de celles dites composées, ou non atomiques. Ces dernières sont obtenues à
partir d’autres formules plus petites en appliquant des opérations « logiques ». Dans la pratique, ces opérations
sont la négation (« non »), la conjonction (« et », la disjonction («ou ») et le conditionnel (« si… alors »). Ex. : si
le tableau est propre, alors je n’ai pas écrit sur le tableau.
III. Formalisation
Le langage que nous utilisons comporte du point de vue logique plusieurs éléments. Il est
source d’ambiguïtés. Lorsqu’on dit : j’ai choisi ma femme parce qu’elle a le nez très courbé et j’ai
une laideur tranchant. Ce sont là deux énoncés qui peuvent être traités comme des relations des faits
juxtaposés. C’est un exposé narratoire qui rend compte des sentiments d’un personnage excentrique,
lequel n’établit aucun lien de causalité entre les deux énoncés. Par contre, quelqu’un d’autre dirait :
« je suis étudiant à l’USAKIN, je dois donc en respecter le règlement, je suis donc respectueux de la
foi catholique telle qu’elle s’exprime dans le document du magistère et je ne saurai traiter un être
humain comme un objet. Au contraire, je me fais un devoir d’aimer même les personnes qui
suscitent en moi de l’antipathie.
Dans les langues non-formalisées, un même contenu de pensée peut être exprimé non
seulement de multiples fois mais aussi de multiples façons. Ces langues sont la source de malentendus
et d’incompréhensions. Pour éviter ces malentendus et dans le but d’exprimer les choses sans
équivoque, la logique moderne formalise les raisonnements du discours : elle les codifie ou remplace
les éléments des raisonnements que sont les propositions par des symboles.
Certains symboles, les opérateurs ou connecteurs, désignent toujours chacun le même élément
à travers tout le discours. Par contre, d’autres symboles, les « variables », renvoient chacun à un
élément qui peut varier dans le discours.
Ce qui revient à dire que le calcul propositionnel (logique moderne) comporte une
syntaxe et une sémantique. (1) La grammaire ou syntaxe est obtenue grâce à la description
d’un alphabet et à des règles syntaxiques. L’alphabet comprend des symboles propositionnels
(énoncés ou formules atomiques et moléculaires, variables propositionnelles) dont la liste
varie d’un langage à un autre et des symboles logiques (opérateurs ou connecteurs) ainsi que
des parenthèses (crochets, accolades), qui sont communs à tous les langages.
Les règles syntaxiques montrent comment former des énoncés par la combinaison de
symboles propositionnels grâce aux symboles logiques. On suppose que les règles sont
exhaustives, dans la mesure où il ne peut y avoir d’énoncés que ceux obtenus conformément à
ces règles.
a. L’alphabet
L’alphabet du calcul propositionnel est composé de :
0. un ensemble non vide de variables propositionnelles : p, q, r, s, p1, q1, r1, s1, r1, p2, …
1. des symboles logiques : ~, Λ, V, →, ≡, ↓, ┴
b. Règles de syntaxe
1. Toute variable propositionnelle est une formule.
2. Si A est une formule, alors ~ A est une formule.
3. Si A et B sont des formules, alors (A Λ B), (AVB), (A→B), (A≡B), (A↓B) sont des
formules
c. Parenthèses
Pour éviter un usage excessif ou abusif des parenthèses, on peut se référer à certaines
conventions relatives à l’omission, à l’élimination et à la restauration des parenthèses.
La valeur de vérité d’un énoncé complexe est déterminée par la valeur de vérité de
chaque énoncé simple constitutif de cet énoncé complexe : elle est fonction de la vérité des
énoncés qui la constituent. Les connecteurs ou opérateurs logiques sont dès lors des foncteurs
4
La valuation v d’un énoncé, c’est son interprétation ou le fait de lui assigner une valeur de vérité appropriée.
« Valuation v », « interprétation », « modèle », « réalisation », « exemplification » d’un énoncé sont des
expressions synonymes et peuvent être utilisées les unes à la place des autres (Cf. MUTOMBO Matsumakia,
op.cit., p. 59).
Toute proposition complexe a au moins une opération. Une « opération » est un acte de pensée
qui en s’exerçant sur une ou plusieurs propositions, construit avec elles une nouvelle proposition. Un
opérateur est un signe, ou un ensemble de signes que symbolise une opération. La logique, par nature,
ne considère que les opérations qui, en s’exerçant sur des propositions déclaratives construisent avec
elles chaque fois une nouvelle proposition déclarative. En outre, la logique ne considère parmi les
opérations que les « opérations de vérité », c’est-à-dire les opérations qui construisent des propositions
dont la valeur est fonction et seulement fonction, d’une part de la nature de l’opération, d’autre part de
la valeur de la ou des propositions sur lesquelles elle s’exerce.
Une opération peut s’exercer non seulement sur des propositions élémentaires, mais aussi sur
des propositions déjà complexes. Toute proposition sur laquelle s’exerce une opération est dite
« argument ». Lorsqu’une opération prend comme argument une ou plusieurs propositions complexes,
elle construit avec elles une proposition d’un degré de complexité supérieur. Il peut donc exister à
l’intérieur d’une proposition complexe une hiérarchie d’opérations, les opérations de chaque hiérarchie
prenant comme arguments les propositions construites par les opérations du degré inférieur, à
l’exception des opérations du plus bas degré qui, elles, prennent nécessairement comme arguments des
propositions élémentaires. L’opération du plus haut degré est « l’opération principale » de la
proposition et son opérateur est « l’opérateur principal » de la proposition ; les autres opérations sont
des « opérations subordonnées » et leurs opérateurs des « opérateurs subordonnés ».
Nous emploierons les mêmes mots pour désigner les opérateurs et les propositions complexes
qu’elles construisent. Par exemple, nous parlerons de la conjonction qui relie les variables p et q de la
proposition p q et nous parlerons de la conjonction p q désignant par là aussi bien la proposition
elle-même que l’opérateur qui relie les variables p et q.
a. Opération à un argument
Il y a deux opérations possibles à un argument : l’affirmation et la négation ou négateur. Seule
la négation sera symbolisée par ~.
Pour toute formule A et tout modèle m, on pose : m (~A)=V ssi m (A)=F
Et donc m (~A)=F ssi m (A)=V.
La disjonction exclusive ou l’alternative est le connecteur logique (« W ») qui construit une
proposition vraie si et seulement si ses deux arguments ont des valeurs de vérité différentes. La
matrice ou table de vérité de la disjonction exclusive est :
L’évaluation d’une proposition dépend de valeurs de ses composantes. « Evaluer les variables
d’une proposition complexe », c’est attribuer une valeur à chacune d’entre elles. Les variables d’une
proposition étant sa matière, l’évaluation des variables ne doit pas être contradictoire, ne doit pas
attribuer, en même temps à la même variable p une valeur de vérité vraie et une valeur de vérité
fausse.
La logique formalisée a pour tâche principale la découverte de ces lois logiques, car elles sont
autres que la présentation formalisée des renseignements formellement vrais. En remplaçant les
variables de cette proposition formalisée par des propositions au sens premier du terme on obtient un
Substitution
Une loi logique est une proposition qui est toujours vraie quelle que soit sa matière. Par
conséquent si, en gardant la forme d’une loi logique, on substitue à sa matière une autre matière, on
obtient une nouvelle proposition qui est elle aussi une loi logique. Cette substitution que recommande
la logique formelle peut se faire de façon uniforme ou en vertu de l’équivalence. Par exemple, dans
la proposition
((p q) (q r)) (p r). On peut procéder par une substitution uniforme en remplaçant p
par un m :
((m q) (q r)) (m r)) et on a la même structure. Mais si on fait la substitution en
vertu de l’équivalence, on doit remplacer la même proposition par d’autres formes identiques. Ce qui
donnera par exemple la forme suivante :
(( p q) (q r)) (p r)
((m n) (n s)) (m s)
((m n) (n s)) ( m s)
Remarque : Par substitution, le remplacement dans une proposition complexe d’un argument par un
autre argument équivalent comme le premier, en vertu d’une loi d’équivalence, ne change pas la
valeur de cette proposition complexe.
5
M. MUTOMBO Matsumakia, Un petit aperçu sur la logique classique, p. 160-161.
La méthode des tables de vérité est une méthode de démonstration consistant à examiner la
valeur d’une proposition plus ou moins complexe en fonction des évaluations des propositions qui la
composent. Cet examen permet de se rendre compte soit que la proposition est tantôt vraie, tantôt
fausse, soit qu’elle est toujours vraie, c’est-à-dire que sa forme est telle que, quelle que soit la valeur
prise par ses composantes, la proposition est une loi logique et est donc vraie dans tout monde possible
imaginable. Dans le cas où elle est toujours fausse, elle est alors antilogie, contradictoire d’une loi
logique ; sa formule est telle qu’elle est toujours fausse et ne saurait se réaliser en aucun monde
possible, si la proposition est tantôt vraie tantôt fausse, elle est une proposition quelconque dont la
forme n’a rien de logiquement remarquable.
p v p
1 1 0 1
0 1 1 0
6
Cf. L. WITTGENSTEIN, Tractatus logico-philosophicus, 1921, trad. anglaise par D.F. PEARS et B.F.
Guinness, Londres, Routledge & Kegan Paul, 1961.
7
Cf. G. BOOLE, The Mathematical Analysis of Logic, Cambridge and London, 1847.
Ensuite la valeur de p et de q
((p q) q) p
1 1 01 0 1
1 0 10 0 1
0 1 01 1 0
0 0 10 1 0
((p q) q) p
1 1 1 0 0 1 0 1
1 0 0 0 1 0 0 1
0 1 1 0 0 1 10
0 1 0 1 1 0 10
Enfin la valeur de l’implication pour être déterminée en fonction des valeurs des arguments que sont la
conjonction impliquant et la négation de l’implique.
Exercices
1. (p q) ( q p)
2. ((p w q) (p Λ q)
3. (p V q) (q p)
1. (p q) ( q p)
1 1 1 1 0 1 1 01
1 0 0 1 1 0 0 01
0 1 1 1 0 1 1 10
0 1 0 1 1 0 1 10
Conclusion : L.L.
2. ((p w q) (p Λ q))
0 1 0 1 1 1 1 1
1 1 1 0 0 1 0 0
1 0 1 1 0 0 0 1
0 0 0 0 1 0 0 0
3. (p V q) (q p)
1 1 01 1 1 1 1
1 1 10 1 0 1 1
0 0 01 1 1 0 0
0 1 10 1 0 1 0
Une démonstration par tables de vérité peut se faire aussi par la méthode indirecte qui est une
méthode de démonstration par l’absurde : il s’agit de faire l’hypothèse de la fausseté de la proposition
et d’analyser en conséquence les conditions de cette fausseté. Si la proposition étudiée est une loi
logique, l’hypothèse de la fausseté fera apparaître dans son analyse des absurdités dans toutes
alternatives que cela ouvrira.
Exemples :
1. ((p q) p) q
1 0 0
1 0 1
1
0
L’absurdité qui apparaît ici indique clairement que nous aurions dû ne pas supposer notre
proposition fausse : elle peut l’être sans absurdité ; elle est donc toujours vraie.
2. ((p w q) p) ~ q
0
1 0 1
1 1 1 1
0
1. Principes fondamentaux
Ces deux principes peuvent être démontrés par la méthode des tables de vérité. Mais cette
démonstration ne peut être qu’un jeu. En effet, la construction d’une table de vérité, comme toutes
autres démarches de la logique bivalente, présuppose ces deux principes. La démonstration de ces
deux principes relève de la philosophie, des options fondamentales.
2. Propriétés de la conjonction
a) Idempotence : (p q) p
b) Commutativité : (p q) (q p)
c) Associativité : (p q) (m n) ((p q m) v n)
(p (q v m) n)
(p q m n)
(p q) p
une conjonction implique chacun de ses arguments
(p q) q
3. Propriétés de la disjonction
a. Idempotence : (p q) p
b) Commutativité : (p q) (q p)
c) Associativité : ((p q) m) (p (q m) (p q m)
(p vrai) vrai : Vrai est un caractère absorbant pour la disjonction
(p faux) p: Neutralité du faux pour la disjonction
(p (p q) : Une proposition implique toute disjonction dont elle est un des
arguments.
a. Lois de distributivité
b. Lois d’absorption
Nous numérotons ces lois pour rendre plus facile leur évocation. Les six premières ont déjà été
mentionnées.
1. (p q) p 7. p (q p) p
2. (p p) p 8. p (q p) p
3. (p vrai) p 9. (p q) (p q) p
4. (p vrai) vrai 10. (p q) (p q) p
5. (p faux) faux 11. (p (q q) p
6. (p faux) p 12. (p (q q) p
13. (p q) q) (p q)
14. (p q) q) (p q)
c. Lois de De Morgan
1. (p q) ( p q)
Une conjonction est équivalente à la négation de la disjonction des négations de ses arguments.
(p q) ( p q)
Une disjonction est équivalente à la négation de la conjonction des négations de ses arguments.
2. (p q) ( p q)
La négation d’une conjonction est équivalente à la disjonction des négations de ses arguments.
(p q) ( p q)
La négation d’une disjonction est équivalente à la conjonction des négations de ses arguments.
Remarque
La considération des lois de ce paragraphe suggère les deux règles suivantes, qui peuvent être
aisément démontrées.
Règle A : Pour obtenir la négation d’une proposition dont les seuls opérateurs binaires sont des
conjonctions ou des disjonctions et dont toutes les négations si cette proposition en contient, ne portent
que sur de simples variables, il suffit :
Règle B : Si une loi d’équivalence ne possède comme opérateurs binaires, en dehors de l’opération
d’équivalence que des conjonctions ou des disjonctions et si toutes ses négations, qu’elle en contient,
ne portent que sur de simples variables, on obtient une nouvelle loi d’équivalence en remplaçant dans
cette loi toutes les conjonctions par des disjonctions et toutes les disjonctions par des conjonctions.
La conjonction et disjonction sont dites se correspondre « par dualité ». Ces règles sont dites
« règles de la dualité ».
5. Propriétés de l’implication
p (q p) : Verum sequitur ad quodilibet : une proposition vraie est impliquée par n’importe
quelle proposition (Du vrai suit n’importe quoi).
p (p q) : E falso sequitur quodilibet : une proposition fausse implique n’importe quelle
proposition (Du faux on peut tirer de n’importe quoi).
(p q) ( p q)
(p q) (p q)
(p q) (p q)
6. Propriétés de l’équivalence
(p q) ((p q) (q p)
(( p q) (q p)
((p q) ( p q)
(p w q) ((p q) ( p q)
(p q) p w q
Commutativité : (p w q) (q w p)
Associativité : ((p w q) w m) (p w (q w m) (p w q w m)
(p w q) ((p q) ( p q)
(p w q) (p q)
(p w q) (p q)
On peut encore ranger parmi les lois logiques élémentaires les modes corrects des
raisonnements propositionnels très simples que la tradition étudie sous la dénomination du
« syllogismes hypothétiques ». Ces raisonnements sont ainsi constitués :
- une majeure faite d’une proposition complexe établissant une connexion entre des propositions,
- une mineure faite d’une proposition affirmant ou niant l’un des deux arguments de la majeure,
- une conclusion faite d’une proposition affirmant ou niant l’autre des deux arguments de la
majeure.
1. Le syllogisme conditionnel
q p
Modus tellendo ponens (MTP)
q
p
Remarque
p (q m) n, n w (q w n) p, q (p m) q
C’est une méthode de transformation directe en vertu des lois d’équivalence. Cette
transformation permet de donner à n’importe quelle proposition une structure conjonctive mais dont
les arguments sont des disjonctions.
Lorsque la proposition prend la forme d’une conjonction, il faut vérifier le statut de la conjonction
terminale en sachant que dans chaque argument, il suffit d’avoir une proposition et sa négation pour
considérer que cet argument est une loi logique. En d’autres termes, dans cette structure, les
conjonctions remplissent la fonction d’opérations principales par rapport aux disjonctions et aux
négations.
(p q) ( p q)
(p q) ( p q)
(p q) m (p m) (q m)
(p q) (m n) (p m) (p n) (q m) (q n)
Remarque
D’autres lois sont utilisées dans la mise en forme normale conjonctive, par exemple les lois de
commutativité, d’associativité, de double négation, d’idempotence, etc. Ces lois, comme celles
données ci-dessus, ne peuvent être démontrées par la méthode des formes normales conjonctives sans
cercle vicieux, puisque cette méthode les présuppose. Mais toutes ces lois sont des lois élémentaires
que d’autres méthodes, et notamment la méthode des tables de vérité, ont déjà permis de démontrer.
Exercices
1. ((p q) r ) (p (q r)
( (p q) r) ( p ( q r)
( (p q) r) ( p ( q r)
( (p q) r) p q r
(( p q) r) p q r
(p q r) p q r
(p p q r) (q p q r) ( r p q r)
Mettre une proposition en forme normale disjonctive (FND), c’est la transformer en une
proposition équivalente qui ait la forme d’une disjonction des conjonctions dont les seuls soient de
simples variables ou négations de variables. Dans la structure d’une mise en forme normale
disjonctive, les disjonctions remplissent la fonction d’opérations principales par rapport aux
conjonctions et aux négations qui doivent porter sur de simples variables et non sur les propositions
complexes.
Exemples
2. ((p r) s) (p (r s)
[ ((p r) s) (p (r s))]
((p r) s) (p (r s))
(p r) s) (p (r s))
( p r s) p r s
( p p r s) ( r p r s) (s p r s)
3. ((p q) p) q
[((p q) p) q ]
(p q) p q
(p q) p q
(p p q) (q p q)
L’algèbre de Boole préconise de remplacer ici le vrai par 1 et le faux par 0. L’application de
cette règle sur la forme normale conjonctive permet d’arriver à une conjonction de 1 qui est toujours
vraie.
Ex.1 ((p q) r) (p (q r)
( (p q) r) ( p ( q r)
( (p q) r) p q r
Ex.2. ((p q) q) p
((p q) q) p
(p q) q p
(p q) q p
(p q p) ( q q p)
(p p q) ( q q p)
(1 q) (1 p)
1 1
1
La méthode des arbres logiques est une méthode de démonstration par l’absurde. En effet,
comme la mise en forme normale disjonctive, elle fait avant tout l’hypothèse contradictoire de ce
qu’on a à démontrer. Ensuite, on opère des transformations en vertu des lois d’équivalence. Ces
transformations s’arrêtent au niveau de la conjonction terminale qu’on fait figurer sur l’arbre.
Ex.1 (p q) ( q p)
[ (p q) ( q p) p q
(p q) ( q p)
( p q) ( q p) q
( p q) q p
p
IV. 7. La méthode des tableaux sémantiques
La méthode des tableaux sémantiques est une méthode de démonstration par l’absurde. Elle
consiste à faire l’hypothèse contradictoire de ce que l’on veut établir : si l’on veut démontrer que la
proposition est une loi logique, on fait l’hypothèse qu’elle est fausse et si l’on veut démontrer qu’elle
est une antilogie, on fait l’hypothèse qu’elle est vraie. Faire l’une ou l’autre hypothèse consiste à
inscrire la proposition dans la colonne correspondante d’un tableau subdivisé en deux et de placer à
Les colonnes de gauche et de droite sont des colonnes conjuguées. Cela signifie que tant que
le tableau n’est divisé qu’en deux, la proposition inscrite à gauche est vraie en même temps que celle
qui est inscrite à droite est fausse. Lorsqu’intervient la prise en compte de deux cas, les colonnes ou
sous-colonnes dans lesquelles se trouvent placée la proposition doivent être subdivisées en sous
colonnes conjuguées. L’analyse ainsi poursuivie systématiquement s’arrête une fois que chaque
occurrence des propositions constitutives de la proposition étudiée se trouve placée au point qui lui
revient dans le tableau. On examine alors chaque colonne et sous-colonne au regard de sa
correspondance conjuguée. Chaque fois que surgit une proposition dans une colonne alors qu’elle est
aussi inscrite dans la colonne conjuguée de même niveau ou supérieure, cela correspond à une
absurdité. On considère alors cette colonne et sa conjuguée comme clôturées.
Il importe dans la démarche de numéroter les étapes de l’analyse de la proposition en indiquant aussi
par indice souscrit à une barre oblique de quelle étape l’on part pour poser la proposition que l’on
inscrit à cette position au tableau.
Avant de procéder à toute subdivision lorsque surgissent des alternatives, il faut s’assurer que tout ce
qui est analysable à ce niveau l’est déjà été.
Illustrations ou démonstrations
1.
V F
1. p (q p) 6/5 p
2/1 p
3/1 q p Donc p (q p) est une A.L.
4/3 q
5/3 p
V F
2/1 (p q) (q r) 1. ((p q) (q r)) (p r)
4/2 p q 3/1 p r
11/5 r 10/5 q
La logique des prédicats repose sur les relations interpropositionnelles. Ici, tout concept est
une fonction. Elle a pour arguments des individus (variables ou constantes).
Formalisation
1) - variables individuelles : x, y, z, w…
xn, yn, zn, wn
- constantes individuelles :
a, b, c, d
P, Q, R, A, B, C, D (a, b, c comme constantes
2) Variables prédicatives :
A, b, c, d, e, f, g (x1, y1 … comme constantes
individuelles)
Principes
1. Ferison
c) Démonstration
V F
2/1 (x) (ax bx) (x) (ax cx) 1 (x) (ax bx) (x)
4/2 (x) (ax bx) 3/1 (x) (cx bx)
5/2 (x) (ax cx) 8/3 cx1 bx1
6/5 ax1 cx1
7/4 ax1 bx1
9/6 ax1
10/6 cx1
(1 12/7 bx1 (2 11/7 ax1 (1 13/12 bx1 (2
V F
2/1 (x) (ax bx) (x) (cx ax) 1. (x) (ax bx) (x) (cx ax) (x) (cx
(1 (2 (1 (2
12/7 bx1 11/7 ax1
La méthode de déduction naturelle est une méthode de démonstration qui repose sur un certain
nombre de lois ou principes :
4°) (p q) r
______________
p (q r)
1) (p q) r A
2) p AP
3) q AP
4) p q 2,3 I
5) r 1,4 MPP
6) q r 3,5 P.C
7) p (q r) 2,6 P.C cqfd
5°) p q
-----------------
(p p)
1) p q A
2) p q AP
3) p 2, E
4) q 2, E
5) q 1,3 E MPP
6) q q 5,4 I (absurde)
7) p q 2,6 P.P.A P.C cqfd