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« Je suis entrée comme epprentie j'avais alors douze ans...» - = Lucie Baud, 1908 =a \2 a r ‘ \ ia MICHELLE PERROT Mélancolie ouvriere Ala recherche de Lucie Baud Jai rencontré Lucie Baud au milieu des années 1970, je ne sais plus trés bien comment, Par les livres, forcément. Je miinté- ressais aux gréves de la fin du xix’ sicle’. Dans cet univers viril, les ouvritres des tabacs et les tisseuses de soie, les plus « grévicultrices », fai- saient tache et je guettais leurs traces. Javais découvert Pautobiographie de Lucie grace a Madeleine Guilbert, sociologue, une des pre- miéres & s'intéresser au travail des femmes. Elle mentionne ce texte dans son ouvtage de 1966’, s’étonnant qui ait été publié, en ee 1. Michelle Perrot, Les ouvriers en grove, 2 volumes, Paris, Mouton, 1974 (rééd. EHESS, 2001); sur les es de femmes, I, p. 318. 2. Madeleine Guilbert, Les femmes et Vorganisation syndicale avant 1 '914, Paris, Editions du CNRS, 1966. 7 Mélan 1908, par Le Mouvement assez intellectuelle d’Hubert Lagarde tot que par La Voix du Peuple, CGT. Javais été frappée par la qu rareté du témoignage de Lucie B: aud. La lit térature ouvritre francaise est, plus que son homologue anglo-saxonne, pauvre en récits de vie; son extréme pudeur refoule l'expressio du moi ; et les écrits de femmes y sont excep. tionnels. C'est pourquoi j‘avais souhaité ré¢ diter celui de Lucie dans un numéro spécial du Mouvement social consacté aux « Tri de femm ' », Cette réédition a curieusement contribué a relancer Vintérée pour Lucie, du moins en Dauphiné, oit divers chercheurs sy férerent par la suite ¢ soulignais d’emblée le caractére elliptique de ce texte: « Lucie Baud parle p cu d'e ‘on autobiographie se confond avec le 1. « Travaux de femmes », numéro spécial du vement social, octobre-décembre 1978. Créée dans années 1960 sous I'impulsion d’Emest Labrousse ¢ Jean Maitron, cette revue privilégiait histoire 0 avant de s‘ouvrir 4 une histoire sociale plus Lucie Baud fitante. » On sait seule- mnte-cing ans, elle est est une femme sécit de son action mili ment quen 1905; - = B ‘amps complet, qui mene pendant prés de = ans cate vie de lures et que la répresion patronale conduit sans doute 2 s'effacer quelque peu (..). Ce texte de 1908 est la demnizre trace qu’on ait d’elle. On aimerait savoir ce qu'elle est devenue. » Lucie Baud se profilait comme une figure énigmatique, aussi fulgurante que fugitive, dont on ignorait méme les dates de naissance et de décts'. Une bouche d’ombre dont le silence surprend. Sans doute avaitelle été emportée par la débicle du mouvement ouvrier dans I’Istre, aprts 1906, & V'instar de nombreux militants de Pépoque, intermittents d'une action que soutenait aucune organisation permanente. tc oes de aussi la tragédie de la Grande ae Srande Guerre, qui 1. Yves Lequin, dans la notice qu’ 1973 dans le Distionnazebiographigue ng ote oP oworier francais, sous la dive tne de Ane es ase an Maton, Bi 9 avait tour b; guerre deven; d'or ~ |, alayé sur son pas. ait une période néby|, Belle Epoque, une 1 histoire, Lucie Baud ay; notables ci rem; Elle app. ait pourtant mené des pri arquées, & Vizille R artenait au milieu si a iginal Ouvriéres en soie qui, au tournant ¢ du sidcle Re supportaient plus leur sujétion dans le: internats qui emprisonnaient leur jeunesse Dans la thése qu’elle leur a consacrée’, Andréc Gautier mentionne action de Lucie. Elle cite également, presque incidemment, un com- muniqué de presse, de septembre 1906, relatif 4 la tentative de suicide, & Voiron, d'une ce taine Mme Veuve L.B., « trés estimée » dans le pays. Etait-ce Lucie? Elle inclinait & le penser. Que s‘était-il passé ? S’agissait-il d'un contrecoup de I’échec du conflit qu'elle avait conduit & Voiron en 1906? Terminer une 1. Andrée Gautier, « Les ou le Bas-Dauphiné sous | es du textile dans Troisiéme République », this pour le doctorat de 3° cycle en histoire, soutenue Lyon en 1983, sous la dire tiellement publié sous le titre : Les ouvritr Nord-Dauphiné, 1870-1940, Association patrimoine du pays voironnais Histoire ¢ Voiron, 19% 10 Lucie Baud alrarion 5 Vex ident. APTS 4 cCjdément save n'a rien Pvident: Ted 8 pression: suerte la dé van. jour ott m'intriguait ant, jusquat Jor ance Je Poubli cependant, Mrerne écudiante Fiammerta Venn oyna. Elle souhaitait de Ja a ide collection qu aver rmencretenir d'un it Grasset. Caroline Fourest ele ee ian ‘Autour d’un thé, giles eaves proposait projet. Intitulé « Héroines pHs ES de réunir de courtes biographies 5 ayant, d'une manigre ou d'une autre, marqi (ou secoué) leur temps, sans étre pour autant des notable women & Vanglaise, comme Mime de Staél ou George Sand, beaucoup trop connues. Méme Julie Daubié, la pre- mitre bachelitre francaise, chevalitre du savoir, leur parut jouir d’une notoriété qui la banalisait. Et puis, s‘étaient-elles vraiment engagées ? L’écriture suffit-elle & marquer un engagement ? Signe-t-elle une action pour les autres ? Au fond, qu'est-ce qu’une héroine ? Sur le moment, je n'ai pas tellement cherché & le préciset. Pourtant, la question « Héroine », est-ce seulement le fé « hétos », ces « Se pose. minin de héros de histoire de France », u cdlébrés par Christian Anas RDede dignes du p, lase qui accompagnait ae tifique décédé en Re Marie C can qu'elle fat la arcs dt’est-ce qu'une « grande femme nM Parait presque incongrue, ann toujours « ar definition petite » par definition de musculature de fonction et de question cea P le squelette et de ‘re. II lui faut pour exister une part de virilité comme cel Hugo reconnut 4 George Sand, lors d obséques. L’héroisme féminin est le plus sou vent un décalque un peu estompé, un: le que Victor sion des vertus guerriéres et des rudes combats Ou alors une forme de sainteté marquée par le sac ifice et la solitude, les armes des femmes, vouées 2 la passivité et au renonc ment, Le Dicti naire Robert définit I’héroine I. Expositions & Fontevraud et & la BaF; Al Corbin, Les héros d de Fran fils, Pati, Seuil, 2011 penned ana cae conduits CO aoe a ar sa concn force fa dune f ment myn,» Ex dans © Se “2, du corps 3 3m e oe deladistinctiom» exception incon set a aes reper la spécificté de NEON difficuleé de ie Vi la ie Pidéal de ct Un héros accomplit Vidi Tt = ‘virile. Une héroine d&roge aQordre tra digonael des see Tl sagissait en Poccurte ; trait de quasiinconnues, OU, Met de pconnues qui mériteraient de sortir de Pobscurité oit elles étaient laissées et qui, de pls, nourriraiene un lien plus ou moins cxplicite avec leurs biographes, impliquées de fonnelles 1. « Hézaines », Clio, nt 30, 2009, numéro. spécial dicge par Sophie Cassagnes-Brouguet et Mathilde Didbeset. Loise Bilt et Gianna Haver (dir), Le héras ‘it une femme... Le genre de 'aventure, Lausanne, Arvi- pools, 2011. Que se pasetl quand une femme devient i movcur de Tintigue? Dans ce lire ts suggestif ks auteurs intetogent cstenillement les productions iI me flac tenter d’en savoir plus. Je repris contact avec Andrée Gautier. Elle habi- nuit toujours dans la région ; elle avait pour- i i i vi des recherches sur le syndicalisme fémninin' ct sur les entreprises textiles du sec- tcur, Amoureuse de la nature (elle est adhé- na la Ligue de protection des oiseaux’), elle " on dt aust quiteuse archives et prota- goniste d'une archéologie industri i par la fermeture de ie entreprises, Elle venait de publier u ine notice sur Luci Lucie Baud, d; , dans 1. An bce fe 1996, ede Ga minis de Te te Rate, de Tate, 1906-1936), <5,dicats io, n° Cote i arn Da Be, Dational HB, Rite cette ander Pe wee Me la revue du pays voironnai communiqua un articl paru dans la revue voisine d Crest l'occasion de dire le ces associations locales, contemporaine du patrimo: racines et de leur préser un peu partout en Fran En Dauphiné, deux fa égard : la précocité de lagi naire et la désindustria a démarré 4 Grenoble p: Tuiles » (7 juin 1788), conflit qui opposait les par voir royal. Le garde de désireux de réformer !’Et le droit de remontrance t imparti aux cours souverain de Grenoble avait, comm vivement protesté ; en r neur du Dauphiné, lc 1. Autrefo toire, 5-7 juin 2009 2. Gérard Mingac, « Lu revue des Amis de Ui p. 35-54 : ile. Face aint mates de a ville. Fae gem ngereuse, le nowveat! 6 - sr mag a tenir asemblée, pourvu que ce ne soit Pas Grenoble, mais & Vizlle, qui devint ainsi un poste avant-couteur de la Réyolution : on y reviendra Quant & la désindustrialisation, elle a mis fin & la brillante période d’innovations tech- sigues, décrte par Pierre Léon, qui. avaient, zu 20 stl, transformé les vallées alpines 3 cae de fabriques. bruissantes et uses, quoique conflictuelles', Lusine, ct mal-aimée, est ala fois désirée fon, La naiance de | Ls 7 la grande ite - 1869), Paris Pur ot du moins i Ecoutons une famille « Voiron métiers 4 tisser navettes, Les les fils de fils de tra haine comm avec le rosaire, La dans sa globalité. L’odeur du fil écru envahissait transvers, le visiteur qui poussait était alors enivré par ces sor qui Venveloppaient avant mieux le happer', » Le jadis était transfi ultérieure Au carrefour de ces deux politique et sociale, Gérard Min, de retrouver les événements et les personnes qui ont marqué histoire locale quill avait mené des recherches sur | “I. Philippe Vial, maire de Voir Gautier, Les ouvritres de la 20 siens jt ainsi renoué quelques Gad Ming a possible UNE sevnnré des jalons et rendu Ps : fils, planté des ji ins un complément nouvelle enquéte, du moins Ut sant part de enquéte. Je lui écrivis en es, rojet. Il me répondit avec chalew caprimant le dsr dy étte associé, Je tut pro posal une rencontre & Vizille, & Yoccasion un déplacement & Lyon pour un colloque. Il me suggéra Grenoble, plus accessible. Il s'y rendait chaque vendredi aux archives dépar- ‘ : Pave’, tementales. Il mattendrait & Varrivée du train, Il porterait, selon son habitude, une casquette rouge et un sac & épaule. Moi, je brandirais le numéro de Mémoire, la revue de Vizille ob il avait publié son texte, Ce que nous fimes un vendredi de la fin mai 2011. Dans le TER qui memmenait de 2 Lyon & Grenoble appréhension plus fin, Paysage plus en pl effectué, plus dun sitc déléguée syndicale, el du Textile a Reims. Ce seul de sa vie, avait d lent et compliqué. Lucie ment une lon peut-étre empruntée, ou comme en avait m: objet de musée. Elle deva ne serait-ce que de chargé saires & un aussi léger » est un luxueux apy porain. En pantalon, valise & roulettes. « Vou: sienne», me dira Gérard retrouvai comme convenu d gare rénovée de Grer oble. F sortie, je tardais un pets ¢ interlocuteur lueur de crainte ie renoncé. Les ou que j'ai Je saisis dans s restaurant de $00 pus cisista pout Nous hésicimes entte fen, qui ent n08 Pr d rina ‘et un ita “férences. Tout €M le plat du jour, une tarte aux da robine (alle de Gre robe éant ers bonne selon Mingat), nous parldmes de Lucie de son enquéte et de lui, devenu mes yeux Pautte héros de cette his- cic. Le portrait que jesquisse aujourd'hui sles plus tou fait celui que je pergus alors; il sy superpose des visions successives, des données ultérieures; je voudrais pourtant aul en conserve Fimpression premiere. bene ee ceux qua décits Jac Sccle», proche de période antércure!- Gg Ozouf pour une iginaite dune vieille _ Jes Onl, Now ls a Le nalores déeoe, Autobig. frac diner dela Ble 1 Jacques &t Mona ad, 1 “ rout, La Re Galimard/Seui: gyn tlique M et modeste famille du p, frugale ct valorisar = fratrie de garcons, jl guerre & Pécole Grenoble, ot il a couple a suivi un tresse dans I’école que lui dans les dernidres année différenciation sexuelle dan plus en plus mixte, déa en vo 3 sation. Ils n'ont guere quitté | implantés & Notre-Dam commune au sud de V Mingat a été maire. I zil ls habitent dans ¢ lage une maison avec un grand jardin 4 requiert beaucoup de soins, mais qui ur permet de vivre presque en autarcie Iégumes et les fruits. Ils font face & la terrible céte de Laffrey, célébre compétitions et ses accidents, dont celui (k 22 juillet 200: car de pélerins polonais revenant de la Sale ott, en 1846, la Vierge appar bergers. Féru de Gérard Mingat a conservé une cond 7), spectaculaire et mortel, d'un a de jeu dans sa jeunes motos te so tive et siire qui m’a impressionnée d aieesid routes étroites et sinueuses de Baw ans pie cont st se ce ae iellles eositl aa ot de Car de mote lee gals 10 “¢ 1 ii je cates Oe leat PO de a i ge Ua 1 Po Elles Const, Un Po eget anime, a vertu des i revue Ga rence et fa . oi a pene Lucie oO sigue quam ugg de préferent ce quer LS BOS Pe lve iluseé Pls Vr eaires 5 «ils ne Ii les photos aux pene peu encourageant pasvote coe peu bien quill at raison)» tp samme (ile pet bien qui ait T2E0™® Sconant quun @diteut ne souscrive nécessairement & ce choix. ar Gérard Mingat est un homme d’archives et un familier de celles de 'Istre. Curieux de généalogie, il a reconstitué celles de sa femme «t de nobles familles locales. Passionné @’his- ‘oire et surtout des revolutions, il a salué la ion du musée de la Révoluti i AVizille, tableau. Use méfe des ee, Meubles me dle mél deepen Tae » & sont leg faits, 1 Istoire anifeste 25 Vuniversité de Greno Révolution fran, la Révolution francaise or rd Mingat a largeme titué & Lucie son éca cipales étapes: sa naissance Pierre-de-Mésage ; son mari Baud, garde champétre, en 18 naissance de ses trois enfar Pierre en 1902 ; celle de Lux tard en 1913, & seulement qua Ila établi la chronologic tifié et photographié, avec R je rencontrai ultéricuremen Lucie, maisons et sépultures. une grande place dans cette avons visité beaucoup de cimet Gérard Mingat a retrouvé dants de Lucie, dont aucun une petite-fille, Paulette 2003), récemment décédée, fille rite, la cadette de Lucie ; un pe Robert-Mottin, fils adoptif Alexandrine, qui avait rendu Alexandrine était, en langage daup! Alb 2 wet a Renage que ¢ Coe ecluia revel existe dune grand-m’ er tien, excepté par sa tombe dl a mime ie n gion ® Spout di OY cenait ena nga n gO a Me eS, bon je vraitatt ash oe. 1943, Andie ors, se libe A Pads ea = 1h sécait par | Tine doa . dan Mingat Ya rer que Gét vnce mouvement ressé ne Savoie Vinee reales {1 continuait a ne Pentretenit au cimetitre voisit * SS réerospectivement tres fier appar: tenir& la lignée d'une rebelle. André a sorti de ses tiroirs quelques rares sfotes, poséesen studio, comme on commen- fait A le faire avant 1914, jusque dans les nilewx populares, avec le souci de donner une belle image de soi. Trois sont reproduites dans Mémoire: Marguerite, la plus jeune fille de Lacie, dont la beauté et le décds prématuré (elle ait morte en couches en 1922) émeu- vent beaucoup Mingat le trio souriant. et sympathique des Robert-Mottin, Alexandrine ‘on mari etleur fil André en 1938 ila ung dizaine d'années et tient en laisse s ia es et tient laiss N gro: 9 toire, décidément, « ce rare Il lui faut des pre eat Gérard Mingat sinténsg PP et & ses acteurs. II trava \dre Zeis ; d. un certain Ale illa retrouvé beaucoup de données nant. Zeis était un enant quivalen dauphinois de migrant) de Il exergait le métier d’instic 3 la veille de la Revolution, tandis q servait aux armées au moment de la journ des Tuiles. C’était un pédagogue éclairé, par tisan de l’instruction des fil méthodes nouvelles, notamme gnement mutuel que prisaient les "jamais es de jen lente, Sans a ajama rrdme sleet bien lentes jours 4 vent des adversaires rené case real Pt tat le plus redoutable. Tl dont le captasme eM Pix qui se battent a del ympathie Po ware Zais ow Lucie pour une cause: Alerandre Ze Baud. aoe Lucie il ne la connaissait pas. Personne ne Iuien avait parlé et nen parlait, Aucune rue ne portait son nom. Grace & Yarticle de Mingat, il y en a une, désormais, & Vizille, fort modeste. Elle fut inaugurée sans tambour ni wompete ct sans méme quill en soit inform. C'est Robert Chagny, professeur & wo B ‘municipalice de Voiron envisage de faire de er Binge, en raison de | tisseuses que javais croi es préjugés, décue p dow. News La photo est nécessai 1906, date de la tentative de s Parlé et quia da la marquer. revolver tirés dans la mac! ‘achoire, cel traces. Lucie était sans doute deéf en 1870, Lucie avait alors moin: ans. Elle en parait bien critéres aujourd’h p Sique, les apparences ont changé en un sic et le regard que nous portons sur eux Puis, il y a.ses mains, courtes, musclées apprét ni alliance, noucuses et fortes wraies mains de travailleuse Mais l'aspec dit Minga ut, 4 ses yeux, l’authentifient. Lucic, d admettons-le, en lespérant. Crest une photo posée, en studio. Lucie ¢ debout, accoudée 4 un guéridon, sur un f¢ 30 ou de verdure- ca pn “ i oe Ee POE mt a cot WE sem and, dane gules Quel chée. oes ‘elle posé devant | ore paid regenerate de ie Aouteuse, la photo produit wi ceute Ble cana note gorpee voiresoubaltes femme de chair, qui eS lle s est parée pour la ‘Penreyister cette t302- pene Jrconstance, a regardé longuement | el Slr sue grvemens,pensent 2 quelate ‘a quelqu'un, peut-étre & rien sino’ ea da et instant sbi, hors du temps, qui allait ainsi Iui survivre. Le cliché a traversé les guerre, il a résisté aux déménagements et 2 leurs tis impitoyables, aux aéas de la vie, mystéricusement préservé, par des descendants peu informés, mais vaguement respectucux de cette seule ancétre qui leur restait, passant dun tiroir & autre, de mains en mains, jusqu’aux demnigres, celles André Robert-Mottin, le petit-fils adoptif (le petit gargon au chien), unique survivant Pour aboutir enfin, gréce a Gérard Mingat ramags i ene jOPE 31 dans la revue locale de de couverture, ainsi so et syndicaliste vizilloise. 1 femmes syndicalistes franc. intense, tragique, qui se ter nymat et l'oubli le plus complet Cet oubli a sidéré Mingat, vide des sources syndic nales ; ni trace matérielle, nis ténu. Est-ce si surpre il n’existe pratiquement dicales, excepté les doc notamment les rapports d ment reproduits volumes de I'Office du trava professionnelles ouvritres'. Méréore d cette époque da vement ouvrier, Lucie Baud n'y est pas tionnée ; mais j'ai retrouvé le co du congrés de Reims, oi elle fut ¢ Localement, le syndicalisme était 1. Ces quatre tomes publiés lisés par Isidore Finance avec constituent une mine de renseignen organisations professionnel bourses du travail. L'OF ur du ministére du Travail 32 ch, conflict ables mpsession eine SOU, aschives: CORE au meme ofessiom» rninntieuse eee eit Ue SE archives LEP 4 romptes Fen’ rexouver ier lieu one? © eration partici axons du college QU chu ae eet né faire de Thistoires $ srand-mére lui en avait donné le goat par ses récits de la guerre et la lecture: Alexandre Dumas, Is escattaché & histoire industrielle du Dauphiné, marériaux et métiers, sur les- quel il est intarissable. Il a vécu une année de réve lorsque, son entreprise ayant décidé de retracer sa propre histoire, selon une démarche répandue il y a quelques années, et aujourd hui interrompue par la crise et la dés- hérence industrielle, 7 eat un h ripeness os: it un luxe auquel il n'était guére tumé, Ila plongé dans les archives de Pucins ives de Pusine en enseignement coce. Il auait ait et rédigé en toute liberté désertés, étrange film, ¢ hiqué les clichés fantoms, a beaucoup ch coup changé depuis trente ans, ave cessives d'une désindus laisse que s Ariches, des b Ployés, un habitat méléd'ane et de résidences récenes | usines, liges aux rivieres, ont den temps disparu. La forét a regaené €t curieusement, la campagne, gu. jamais laché prise, est de retour. Une dr de campagne quelque peu mitée par les p dopodes de la grande banlicue de Gress Ce qu’on appelle parfois le périurbai «urbanisation », se déploie sur fon montagnes magnifiques, qui former disjoint, lointain décor indifférent, elle. jamai schizophréne. La nature es accord avec nos sentir beau les jours de deuil oit l'on a du chi Dans [aprés-midi, Gérard Ming proposé d’aller jusqu’a Voiron, sans p rit ts? If ents ? Il fait rou) siasme excessif il manque de familiarté cette ville distante d’une trent’ u nord de Grenoble, ott Lucie s° tre en exil, aprés son renvoi de V Lucie Baud ['intens! coms pours cee state ns une cen Cat GES aa le a €prouv' wpe; elle par [a coupe “échec et la ee aie ntent pas. Elle 22 a ae chanent Prsnce de déménager & nouveat nour Tullins, commune voisine. De I’hospice Ph elle avait éé transporsée, lors de son ddrame, il ne reste rien, Sa maison n’existe plus et sa rue a été modifige par les dernitres transformations. Nous avons erré dans Voiron sans indices, avec seulement illusion du souvenir. Passé englouti, mémoire en beme. Beaucoup de monde dans les rues et 'es boutiques. Aucune héroine a I'he Vai repris le TGV pour Paris, Er décidé de poursuivre,

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