You are on page 1of 32

See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.

net/publication/233142635

Interprétation des essais pressiométriques

Article  in  Revue européenne de génie civil · October 2004


DOI: 10.1080/12795119.2004.9692630

CITATIONS READS

0 9,495

2 authors, including:

Damien Rangeard
Institut National des Sciences Appliquées de Rennes
89 PUBLICATIONS   1,564 CITATIONS   

SEE PROFILE

Some of the authors of this publication are also working on these related projects:

Processing of earth-based materials View project

Robotic 3D printing of earth-based materials View project

All content following this page was uploaded by Damien Rangeard on 06 October 2015.

The user has requested enhancement of the downloaded file.


Interprétation des essais pressiométriques

II. Détermination des caractéristiques hydromécaniques


des sols fins saturés par analyse inverse

Pierre-Yves Hicher - Damien Rangeard

Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique


Ecole Centrale de Nantes
44321 Nantes Cédex 3

RESUME. L’objectif du travail entrepris consiste à mettre en œuvre des procédures de


détermination des paramètres de sol à partir d’essais in situ, et plus particulièrement dans cet
article, l’essai pressiométrique. Une procédure d’analyse inverse a été développée, basée sur
l’utilisation conjointe d’un code de calcul par éléments finis et d’un logiciel d’optimisation.
Elle est appliquée et validée sur des essais pressio-triax avec mesure de la pression
interstitielle. En utilisant, dans ces essais une phase de dissipation des pression interstitielle à
déformation constante, la procédure d’identification permet d’aboutir à la détermination
simultanée des paramètres mécaniques, correspondant au modèle Cam Clay, et de la
perméabilité du sol.
ABSTRACT. The aim of this work is to develop soil parameter determination procedures from in
situ testing and in particular from pressuremeter tests. An inverse analysis procedure has
been developed based on the coupling of a finite element program and an optimisation tool. It
is applied and validated trough pressio-triax results with pore pressure measurements. By
using the pore pressure dissipation during strain holding phases in these tests, the
identification procedure allows us to determine simultaneously the mechanical parameters,
which correspond here to the Cam Clay model, and the permeability of the soil.
MOTS-CLES: analyse inverse, essai pressiométrique, perméabilité, calcul couplé
KEYWORDS : inverse analysis, pressiometer test, soil permeability, coupled analysis
2 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

1. Introduction

Lorsque la détermination des paramètres d’un modèle, ou d’une partie d’entre


eux, se prête mal à une approche directe par construction graphique ou approche
analytique, la procédure couramment mise en œuvre consiste en un calage des
courbes numériques sur les courbes expérimentales. Cette démarche est souvent
lourde et le résultat peut être fortement dépendant de l’utilisateur. On cherche alors à
lui substituer une approche plus objective à l’aide d’un processus d’optimisation
couplé ou non avec une approche statistique prenant en compte les incertitudes sur
les résultats expérimentaux. Cette démarche s’appuie sur la théorie des problèmes
inverses [TAR87]. Le processus d’optimisation consiste à minimiser une certaine
fonction, appelée fonction coût, dépendant de l’ensemble des paramètres, et
mesurant l’écart entre la réponse numérique et les résultats expérimentaux.
Ces paramètres peuvent être identifiés à partir d’essais de laboratoire et/ou
d’essais in situ [HIC02]. Les essais de laboratoire se prêtent en général bien à une
approche directe. Cette dernière est par contre impossible dans le cas d’essais in situ
car les champs de contrainte et déformation générés sont non homogènes et les
mesures sont ponctuelles. Une procédure de type analyse inverse doit être mise en
œuvre. Des approches de ce type ont été développées ces dernières années pour
l’essai pressiométrique. L’avantage de ce dernier par rapport à d’autres essais in situ
(pénétromètre…) est qu’il donne des informations en continu depuis les petites
déformations jusqu’à des déformations importantes avec des conditions aux limites
bien maîtrisées et assez facilement modélisables. L’hypothèse de déformation plane
dans la direction de l’axe de forage peut être généralement admise. L’essai ayant par
ailleurs une symétrie de révolution autour de cet axe, le problème aux limites peut
être traité en condition monodirectionnelle, ce qui le rend facile à mettre en œuvre.
Des solutions analytiques peuvent même être mises en place pour des modèles de
comportement simples, par exemple le modèle élastique-plastique parfait de Mohr-
Coulomb [GIB61], [YU91], [MON94], [DAN02]. Pour des modèles plus complexes
la modélisation numérique doit être réalisée par un code de calculs aux éléments
finis [CAM93], [HIC96].
Les travaux de Zentar et al. [ZEN01] sont un exemple de ce type d’approche
appliquée à la détermination des paramètres du modèle Cam-Clay modifié. Pour ce
faire les auteurs ont couplé un code de calculs aux éléments finis, le code
CESAR_LCPC, pour le calcul de la réponse pressiométrique et un code
d’optimisation, le code SiDoLo [CAI94], pour le processus d’optimisation. Le type
de matériaux pouvant être modélisés par le modèle Cam-Clay étant essentiellement
des argiles molles saturées, le calcul éléments finis doit être dans ce cas un calcul
couplé prenant en compte la perméabilité du milieu. L’étude de sensibilité réalisée
pour chaque paramètre du modèle Cam-Clay modifié a montré que les paramètres E,
M, p’c0 ont une influence notable sur la courbe pressiométrique calculée, alors que
les paramètres  et  ( = ) ont peu d’influence. Seuls les trois premiers ont
donc fait l’objet du travail d’identification. Les résultats obtenus ont montré une
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 3

bonne convergence du processus d’optimisation mais un problème s’est posé relatif


à l’impossibilité d’optimiser simultanément M et p’c0. Cette difficulté est liée au fait
que la réponse pressiométrique se présente comme une courbe en contraintes totales
alors que le modèle travaille en contraintes effectives.
Dans cette partie de notre étude, nous allons utiliser une technique d’analyse
inverse pour exploiter le résultat des essais pressio-triax présentés dans la première
partie de cet article [RAN03b]. Pour ces derniers nous bénéficions de la
connaissance simultanée de la pression dans la sonde et de la pression interstitielle
lors de l’expansion cylindrique. L’objectif du travail est de construire une procédure
adaptée aux matériaux considérés. Il s’agit ici d’une argile naturelle récente,
faiblement surconsolidée. Les modèles retenus sont d’une part un modèle élastique
plastique parfait de Tresca et le modèle Cam Clay modifié.

2. Procédure d’analyse inverse

2.1. Cadre général

La résolution classique d’un problème physique consiste à calculer la réponse


“R” d’un système mécanique “S” connu soumis à des sollicitations imposées “A”.
Ce type de problème est connu sous le nom de problème direct. Dans le cas de
problèmes directs, le système mécanique S composé de la géométrie du problème,
des conditions initiales, des conditions aux limites, d’un modèle de comportement et
des paramètres de ce modèle, est parfaitement défini.
Dans le cas des problèmes inverses, il s’agit de situations où l’on est dans
l’ignorance, au moins partielle, du système mécanique S. Cependant, on dispose de
la réponse R du système S sous les sollicitations A auxquelles il est soumis.
Le principe de l’analyse inverse consiste alors, connaissant la réponse
expérimentale du système soumis à une sollicitation connue, à reconstruire
l’information manquante (figure 1). Dans cette étude, on se place dans le cas idéal
d’une modélisation parfaitement adaptée au problème posé (essai d’expansion d’une
cavité cylindrique) ; les difficultés liées à la description du problème (géométrie,
discrétisation du domaine, conditions initiales, conditions aux limites) sont donc
supposées résolues [RAN03a].
Les données communes à ces problèmes d’identification sont donc des suites
d’observations expérimentales et un modèle de comportement. La résolution du
problème d’identification consiste alors à minimiser une fonctionnelle qui mesure
l’écart entre les prévisions du modèle et la réalité physique représentée par la (ou
les) suite(s) d’observations expérimentales. La nature expérimentale des données
conduit à deux inconvénients : le problème inverse est sensible aux erreurs et aux
incertitudes de mesure, les données expérimentales sont disponibles en nombre fini.
4 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

SYSTEME (S) Réponse


Actions Conditions initiales Ci
Conditions aux limites Cl (R)
(A)
Modèle M
Paramètres P= ?

Figure 1. Définition d’un problème inverse appliqué à la détermination des


paramètres d’un modèle.

2.2. Formulation mathématique

La formulation des problèmes inverses tels que définis plus haut consiste à
introduire une fonction coût qui mesure, pour un jeu de paramètres donné, l’écart
entre les prévisions du modèle R et la réalité physique R* représentée par une série
d’observations expérimentales. Cette fonction coût, noté L(P) s’écrit formellement :

N
L( P )   L n ( P ) [1]
1
avec N, nombre d’essais

1 t1 [2]
L n (P)   R * ( t )  R (P, t ) dt
(t 1  t 0 ) t 0
où la notation ║….║ représente une norme de l’espace des variables
(t0,t1) est l’intervalle de temps de l’essai indicé n
R*-R est l’écart entre les variables observées (expérimentales) et leurs
simulations pour l’essai n.
Les observations expérimentales étant collectées en nombre fini, la fonction
définie en [2] est également approchée par une somme finie.
De plus, les fonctions coûts sont couramment définies en utilisant une norme
euclidienne pour évaluer les distances entre mesure expérimentale et résultat du
calcul, et ce en introduisant une matrice D de pondération telle que :

1 Mn * [3]
L n (P)   (R ti  R ti ) D(R ti  R ti )
T *
Mn i
avec Mn le nombre d’instants d’observation ti.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 5

Cette matrice D, le plus souvent diagonale, permet de rendre adimensionnelles


les quantités situées sous l’intégrale en introduisant des coefficients de pondération
dépendant de la dimension physique des variables observables. Le plus
fréquemment, on introduit dans cette matrice le carré de l’inverse de la valeur
mesurée. Il est possible de tenir compte également de la précision de mesure des
variables observées en prenant pour termes diagonaux de la matrice D le carré de
l’inverse de l’erreur estimée, associé à la mesure de chaque variable. Ceci évite de
choisir les coefficients de pondération de façon subjective, et permet naturellement
de donner plus de poids aux variables mesurées avec une bonne précision.

2.3. Application à la sollicitation pressiométrique

Dans cette étude, la technique d’identification par analyse inverse est appliquée
aux essais pressio-triax réalisé sur l’argile de Saint Herblain (voir partie I).
Dans un premier temps, cette technique est utilisée pour déterminer les
paramètres G et cu d’un modèle élastique plastique parfait de Tresca, les valeurs de
ces paramètres pouvant être comparées à celles déterminées par la suite suivant la
méthode de Gibson et Anderson [GIB61]. Pour ce type de modèle, l’expression
analytique de la courbe pressiométrique est disponible [RAN02], [MON95] ; le
processus d’identification des paramètres se fait alors par l’intermédiaire d’un
tableur classique dans lequel un algorithme d’optimisation de type Newton Raphson
est intégré.
Dans un second temps, la technique d’identification est appliquée à la
détermination des paramètres d’un modèle élastoplastique écrouissable, le modèle
Cam Clay, tout en prenant en compte le couplage sol - eau interstitielle. Dans ce cas,
la résolution du problème de l’expansion d’une cavité cylindrique dans un sol
nécessite l’utilisation de méthodes numériques (méthode des éléments finis, dans
notre cas). Le processus d’identification doit alors mettre à contribution au moins
deux outils numériques : un code de calcul pour simuler l’essai, et un code de calcul
pour réaliser l’optimisation des paramètres.

2.3.1. Modèle élastique plastique parfait


Dans le cas de l’expansion d’une cavité cylindrique dans un milieu semi infini en
condition d’essai non drainée, il est possible d’obtenir l’expression analytique de la
courbe pressiométrique ra=f( a). Les expressions de la déformation relative à la
paroi a en fonction de la pression dans la sonde ra au cours d’un essai pressio-
triax s’écrivent de la façon suivante :
- en phase élastique, soit pour ra<cu :

 b2  a 2 
 ra  2G   a
 b 
2
[4]
6 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

- en phase plastique, soit pour ra>cu :

 c  a2 
 ra  c u ln(  a )  ln( u )  1  2G  2   a
 2G   b  [5]

Il est alors possible, à partir de ces expressions [4] et [5], et connaissant les
valeurs des paramètres G et cu, d’établir les incréments de pression ra
correspondant à un accroissement de la déformation relative a. L’utilisation d’un
tableur classique intégrant une méthode de résolution de type Newton-Raphson
permet de réaliser simplement l’optimisation des paramètres mécaniques G et c u à
partir de la donnée de la courbe pressio-triax expérimentale ra=f(a).

2.3.2. Modèle Cam-Clay modifié


La technique utilisée dans cette étude pour traiter le problème d’identification
des paramètres d’un modèle de comportement par analyse inverse est celle
développée par Zentar [ZEN99]. Le processus d’identification utilisé met à
contribution deux outils numériques : le code de calcul aux éléments finis
CESAR_LCPC pour simuler l’essai et le logiciel d’optimisation SiDoLo [CAI94]
pour identifier les paramètres. L’algorithme utilisé couple deux techniques de
minimisation classique de la fonction coût : « la méthode de plus grande pente » au
début du processus puis une variante de la méthode de Levenberg-Marquardt
[NOU85] pour accélérer la convergence dans la phase finale de l’identification.
Cette dernière consiste à utiliser simultanément la méthode du gradient (méthode du
premier ordre) et celle de la hessienne (méthode du second ordre). Le principe est
d’utiliser la méthode du gradient, qui permet une convergence presque assurée mais
généralement lente, tant que les paramètres testés restent éloignés de la solution et
la méthode de l’hessienne inverse qui assure une convergence rapide et précise
lorsqu’on se rapproche de la solution. Cette méthode est couramment utilisée dans
les processus d'optimisation et est particulièrement bien adaptée pour les fonctions
coût se présentant sous la forme d’une somme de carrés.
L’utilisation conjointe de ces deux logiciels a conduit à développer un
programme interface nommé InCeSi. Ce programme interface permet de gérer les
fichiers d’entrée et de sortie de chacun des deux logiciels. Cette structure
d’identification présente l’avantage d’être générale, et est utilisable pour de
nombreux problèmes. L’application aux essais pressiométriques ne représente qu’un
cas particulier.
La structure globale du système d’optimisation ainsi obtenue est présentée figure
2. Le rôle du programme InCeSi est multiple : (a) lancer l’exécution du logiciel
CESAR_LCPC avec un jeu de paramètres donné ; (b) lire et mettre en forme les
résultats de la simulation pour le logiciel SiDoLo ; (c) lancer l’exécution du logiciel
SiDoLo pour optimiser le jeu de paramètres ; (d) mettre à jour le fichier de données
pour le logiciel CESAR_LCPC.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 7

Simulation

FICHIER DE DONNEES

RESULTAT NUMERIQUE
JEU DE PARAMETRES
INITIAL CESAR_LCPC

InCeSi

SiDoLo
RESULTAT EXPERIMENTAL
Optimisation
Figure 2. Représentation du système global d’identification par analyse inverse.

2.4. Etude de sensibilité des paramètres

La méthodologie d’identification des paramètres proposée est applicable à la


détermination de ceux-ci seulement s’ils ont une influence notable sur le résultat de
l’essai. Il est donc nécessaire, préalablement à la mise en œuvre de la procédure
d’identification, d’effectuer une étude de sensibilité des paramètres sur la réponse de
l’essai pressiométrique.
Pour chacun des deux modèles adoptés dans cette étude (modèle élastique
plastique parfait en condition non drainée, et modèle Cam-Clay modifié avec prise
en compte du couplage hydro-mécanique) la partie élastique du comportement est
modélisée par une élasticité linéaire. Dans le cas d’un essai purement déviatorique
comme l’essai pressiométrique, la partie élastique de la courbe contrainte
déformation est totalement contrôlée par le module de cisaillement G du matériau.
Ce module de cisaillement étant fonction du module d’Young E et du coefficient de
Poisson , il n’est pas possible à partir de ce type d’essai d’identifier simultanément
ces deux paramètres. Seul le module de cisaillement G peut être déterminé.
Dans le cas où l’on adopte un modèle de comportement du sol élastique plastique
parfait, on dispose de la relation analytique reliant la pression dans la sonde (ou
pression à la paroi ra) à la déformation relative à la paroi (a). Dans ce cas, l’étude
de sensibilité de la réponse pressiométrique aux paramètres du modèle n’est pas
nécessaire. En effet, les expressions [4] et [5] mettent en évidence la dépendance de
la courbe pressiométrique vis à vis de deux valeurs seulement : la cohésion non
drainé cu et le module de cisaillement G.

2.4.1. Paramètres de référence


La méthode classiquement utilisée pour étudier la sensibilité d’une réponse
numérique aux paramètres d’un modèle consiste à construire d’abord une réponse
8 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

numérique de référence à partir d’un jeu de paramètres de référence. On fait ensuite


varier indépendamment et successivement la valeur de chacun des paramètres de
plus ou moins 50% de leur valeur de référence. Cette méthode a été utilisée par de
nombreux auteurs parmi lesquels on peut citer [SHA91], [ZEN01], [DAN02].
Toutefois, il est également nécessaire de mettre en évidence la plage d’influence de
chacun des paramètres. En effet, l’influence d’un paramètre sur la réponse d’un
système mécanique n’est pas systématiquement linéaire suivant la valeur de ce
paramètre. D’autre part, l’étude de sensibilité doit être réalisée en faisant varier
chacun des paramètres dans une plage de valeur physiquement admissible.
Pour étudier l’influence des paramètres sur la courbe pressiométrique, les valeurs
des contraintes initiales dans le sol sont ici reportées dans le tableau 1; les valeurs
de références des paramètres du modèle Cam-Clay modifié sont reportées dans le
tableau 2.
r0 z0 u0 p’0 R
(kPa)
91 97 65 28 1,8

Tableau 1. Etat de contrainte initial utilisé pour réaliser l’étude de sensibilité


(p’0 : pression moyenne effective initiale ; R = p’c0/p’0 : degré de surconsolidation
isotrope) .

 G  M p’c0 kr (=kz) e0


(kN/m3) (kPa) (kPa) (m/s)
13,0 900 1,15 1,2 51 1.10-9 4,0

Tableau 1. Valeurs de référence des paramètres du modèle Cam-Clay modifié.

2.4.2. Sensibilité aux paramètres mécaniques du modèle


Avant de réaliser l’étude de l’influence des paramètres du modèle Cam-Clay
modifié sur la courbe pressiométrique, il est nécessaire de définir pour chacun des
paramètres, une plage de valeurs réalistes. Le tableau 3 présente les bornes
inférieure et supérieure du domaine d’étude retenu pour chacun des paramètres du
modèle.
G  M p’c0
Paramètre
(kPa) (kPa)
Borne inférieure 100 0,3 0,6 28
Borne supérieure 8000 1,5 1,6 300

Tableau 3. Domaines de variation des paramètres du modèle Cam-Clay modifié.


Interprétation d’essais pressiométriques (II) 9

Le domaine d’étude du paramètre M correspond à un angle de frottement interne


’ compris entre 16 et 40°. Pour le paramètre , le choix de la plage de valeur
s’appuie notamment sur les résultats des travaux de Mestat et Riou [MES01]. Selon
ces auteurs, pour des argiles naturelles, le paramètre  est compris entre 0,1 et 1,5.
Cependant, pour de très faibles valeurs de  (<0,3), le matériau est très peu
compressible, et ne correspond plus au type de matériau étudié ici. De même, pour
des argiles naturelles compressibles, on peut admettre que le module de cisaillement
reste inférieur à 8MPa. Concernant la valeur de la pression de préconsolidation,
compte tenu de l’état initial de contrainte choisi (p’0=28 kPa), le domaine d’étude
correspond à une valeur du degré de surconsolidation isotrope R compris entre 1 et
11. Les résultats de l’étude de sensibilité réalisée pour chacun des paramètres sont
présentés figure 3. Sur ces figures, on définit pour chaque valeur du paramètre
étudié, l’évolution de le variable I définie par :

I=(A-Ar)/Ar [6]
avec Ar la surface sous la courbe pressiométrique de référence, A la surface sous
la courbe correspondant à une valeur différente du paramètre étudié.
40% 40%

20% 20%
I

0% 0%
I

-20% -20%

-40% -40%
100 1000 10000 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6
G (kPa) 
40% 40%

20% 20%
I

0%
I

0%
-20%
-20%
-40%
0 50 100 150 200 250 300 350 -40%
p' (kPa) 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8
c0 M
courbe pressiométrique
courbe pression interstitielle

Figure 3. Influence des paramètres du modèle Cam-Clay modifié sur la courbe


pressio-triax et sur la courbe de surpression interstitielle à la paroi.(p’ c0 : pression
de préconsolidation isotrope ; M : paramètre d’état critique).
10 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

Ces résultats mettent en évidence une influence importante des paramètres G et


p’c0 à la fois sur la courbe pressiométrique et sur celle des surpressions interstitielles.
Le paramètre d’état critique M a une influence moins importante mais non
négligeable sur les courbes pressiométrique et de pression interstitielle. Le
paramètre de compressibilité  n’a quant à lui aucune influence sur chacune des
deux courbes, pour des valeurs comprises entre 0,3 et 1,5.
La procédure d’identification présentée plus haut pourra donc être appliquée à la
détermination des paramètres G, M et p’c0.

2.4.3. Sensibilité à la valeur de la perméabilité


Comme mis en évidence dans la partie I de cette étude [RAN03b], la
perméabilité joue un rôle important à la fois sur la courbe pressiométrique et sur
celle des pressions interstitielles développées à la paroi en cours d’essai. Pour
étudier plus précisément l’influence de la perméabilité sur la courbe
pressiométrique, une étude similaire à celle réalisée pour les paramètres du modèle
de comportement a été réalisée. L’état initial des contraintes et le jeu de paramètres
de référence utilisés sont ceux présentés respectivement dans le tableau 1 et le
tableau 2. Pour réaliser cette étude, on a choisi de faire évoluer la perméabilité dans
une plage allant de 10-9 m/s (valeur de référence) à 10-1 m/s.
Le résultat de cette étude est présenté figure 4 où l’on porte l’évolution de la
variable I suivant la valeur de la perméabilité. On constate, comme déjà analysé
[RAN03b], que la perméabilité a une influence plus importante sur le
développement des pressions interstitielles que sur la courbe pressiométrique. On
retrouve d’autre part les conclusions de cette étude, à savoir des conditions drainées
pour k>10-3m/s qui se traduisent par une absence d’influence de la vitesse de
chargement sur les deux courbes ; des conditions parfaitement non drainées pour
k<10-9m/s qui conduisent également à une absence d’influence de la vitesse ; des
conditions partiellement non drainées pour des valeurs intermédiaires de k.

120%
100%
80%
60% courbe pressiométrique
I

40%
courbe pression interstitielle
20%
0%
10-10 10-8 10-6 10-4 10-2 100
k (m/s)

Figure 4. Influence de la perméabilité sur les courbes pressiométrique et de


pression interstitielle à la paroi.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 11

3. Analyse de la courbe de dissipation des surpressions interstitielles au cours


d’un essai à déformation constante

3.1. Etude expérimentale et numérique d’une phase de déformation constante au


cours d’un essai pressio-triax

La méthode d’identification proposée plus haut présente l’avantage d’intégrer


l’utilisation d’un code de calcul aux éléments finis extérieur au processus
d’identification. Il est ainsi possible de modéliser tout type d’essai, et ainsi
d’appliquer la méthode d’identification à de nombreux problèmes. Dans cette partie,
nous nous intéressons plus particulièrement à la possibilité de déterminer la
perméabilité à partir d’une courbe de dissipation des pressions interstitielles au cours
d’un essai à déformation constante.
La figure 5a présente les résultats expérimentaux d’un essai pressio-triax
[RAN02] réalisé sur une argile de Saint-Herblain prélevée à 6 mètres de
profondeur ; la séquence d’essai à déformation constante étant réalisée pour une
déformation relative à la paroi a de 1,5%.
110 R 70
100
65
 , u (kPa)

90
u (kPa)

80 60
ra

70
55
60
50 50
0 1 2 3 4
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 10 10 10 10 10
 t (s)
a
(a) Courbes pressio-triax (b) Dissipation de la pression interstitielle
100

95
 (kPa)


ra
90
ra

u
85

80
0 1 2 3 4
10 10 10 10 10
t (s)
(c) Evolution de la contrainte à la paroi en fonction du temps

Figure 5. Résultat expérimental d’un essai de relaxation réalisé au cours d’un essai
pressio-triax.
12 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

Les figures 5b et 5c représentent respectivement les évolutions de la pression


interstitielle à la paroi et de la contrainte radiale à la paroi, en fonction du logarithme
du temps sur une période de 2,5 heures. On s’aperçoit que la dissipation de pression
interstitielle s'accompagne d’une chute de la pression totale à la paroi (relaxation des
contraintes) de même amplitude, et de l’ordre de 15 kPa dans le cas présenté ici, la
contrainte effective ’ra restant pratiquement constante.
Pour simuler un tel essai à déformation constante au pressio-triax, on a utilisé les
caractéristiques géométriques de l’éprouvette pressio-triax et les caractéristiques du
sol définies dans le Tableau 3, la perméabilité de l’argile variant de 10-9 m/s à 10-1
m/s. On a choisi de modéliser la phase de relaxation pour un matériau de
perméabilité 10-9 m/s et pour un incrément de chargement appliqué à la paroi du
forage de 40 kPa, soit pour une déformation relative a proche de 4 % (figure 6).
Lors de la relaxation proprement dite, les évolutions de la pression interstitielle et de
la contrainte radiale totale en fonction du logarithme du temps sont présentées
respectivement figures 6b et 6c.
Contrairement au résultat expérimental présenté figure 5, la simulation
numérique n’entraîne pas une chute de contrainte à la paroi de valeur identique à
celle de la pression interstitielle.
160 R 90
140 
 , u (kPa)

ra
120 80
u (kPa)

100
ra

u 70
80
60 60
0 0,01 0,02 0,03 0,04 0,05 0 1 2 3 4 5 6 7
 10 10 10 10 10 10 10 10
a t (s)
(a) (b)
140

135
 (kPa)

130
ra

125

120
3 4 5 6 7
10 10 10 10 10
t (s)
(c)

Figure 6. Résultat de la simulation d’un essai de relaxation réalisé au cours d’un


essai pressio-triax pour un niveau de déformation à la paroi de 4% dans le cas d’un
matériau de perméabilité k=10-9 m/s.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 13

3.2. Influence de la perméabilité sur les courbes de dissipation de la surpression


interstitielle

Pour préciser l’influence de la perméabilité on a fait varier celle-ci de 10-6 à


-10
10 m/s. Les résultats sont présentés figure 7 dans le cas d’un essai de relaxation
réalisé pour une déformation relative de la paroi de 4% et pour un degré de
surconsolidation R de 2. Le terme u représente la variation de pression interstitielle
entre le début de l’essai de relaxation ( t = 0s) et l’instant t considéré ; umax étant la
valeur maximale de cette variation à la paroi de la sonde, pour r=a. L’analyse du
temps de dissipation de la surpression interstitielle met clairement en évidence la
forte corrélation entre cette vitesse de dissipation et la perméabilité du matériau.

0.8
max

0.6 k = 10
-6
m/s
u/u

-8
0.4 k = 10 m/s
-10
0.2 k = 10 m/s

0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
10 10 10 10 10 10 10 10 10 t (s)

Figure 7. Dissipation des pressions interstitielles en fonction du logarithme du


temps pour différentes perméabilités ( a = 4% ; R = 2).

3.3. Influence du niveau de déformation relatif à la paroi sur les courbes de


dissipation de la surpression interstitielle

De manière à préciser l’influence de la déformation relative à la paroi sur la


dissipation des pressions interstitielles au cours d’un essai de relaxation, plusieurs
essais ont été simulés à différents niveaux de déformation de la paroi (figure 8), pour
une même perméabilité de 10-8 m/s et pour une même valeur du rapport R (R = 2).
On s’aperçoit ainsi que le temps nécessaire à la dissipation de la pression
interstitielle est nettement influencé par la valeur du niveau de déformation de la
paroi atteint au début de la phase de relaxation. En effet, l’excès de pression
interstitielle initial est d’autant plus important que le niveau de déformation à la
paroi est élevé. Plus précisément, pour un taux de dissipation de pression
interstitielle u/umax de 50%, les temps de dissipation sont respectivement 400s,
1020s, 5000s et 10200s pour a = 1,5%, 2%, 4% et 8%. Durant une phase à
déformation constante, des mouvements d’eau se produisent de la zone plastique
14 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

(excès de pression interstitielle) vers la zone élastique de sol (légère dépression


interstitielle). Ainsi, la vitesse de dissipation des pressions interstitielles est
dépendante de l’étendue de la zone plastique, et de la répartition de la surpression
interstitielle à l’intérieur de celle-ci (figure 9).
1

0.8  = 1,5 %
a
max

0.6  =2%
a
u/u

0.4  =4%
a

0.2  =8%
a

0
0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10 t (s)

Figure 8. Influence du niveau de déformation de la paroi pendant l’essai de


relaxation (k = 10-8 m/s ; R = 2).

zone plastique
90
zone élastique
85
t = 0s
80

75
u (kPa)

70 t = 4,7.10 6 s u
0
65

60
0 1 2 3 4 5 6
r/a

Figure 9. Dissipation de la surpression interstitielle au cours d’une phase à


déformation constante.

3.4. Influence du rapport de surconsolidation R sur les courbes de dissipation de


la surpression interstitielle

Les influences précédentes ont été définies pour un rapport R de 2. Afin de tester
l’influence de celui-ci sur les courbes de dissipation de la surpression interstitielle,
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 15

on a considéré un matériau de perméabilité 10-8 m/s et un niveau de déformation à la


paroi de 4 %. La figure 10 met en évidence l’influence de R sur la vitesse de
dissipation de la surpression interstitielle. Ainsi la dissipation des surpressions
interstitielles est plus rapide lorsque les degrés de surconsolidation sont plus élevés.
Dans cette partie, l’étude a été limitée à une valeur de R maximale égale à 4, sachant
que pour R supérieur à 4 les surpressions interstitielles développées sont
insuffisantes pour observer leur dissipation.

0.8
R=1
max

0.6
u/u

R=2
0.4
R=4
0.2

0
0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10 t (s)

Figure 10. Dissipation des pressions interstitielles en fonction du logarithme du


temps pour différents degrés de surconsolidation ( k = 10 -8 m/s ; a = 4 %).

3.5. Influence des paramètres mécaniques sur la dissipation des pressions


interstitielles

L’influence des paramètres mécaniques M,  G sur les courbes de dissipation de


la pression interstitielle au cours d’un essai de relaxation des contraintes a été
étudiée. La dissipation des pressions interstitielles au cours de ce type d’essai
dépend à la fois de la taille de la zone plastique et de l’excès de pression interstitielle
dans cette zone plastique. Or, les paramètres mécaniques influencent à la fois la
répartition des contraintes dans le sol et l’amplitude des surpressions interstitielles ;
ils sont donc susceptibles d’influencer la courbe de dissipation des surpressions
interstitielles au cours d’une phase à déformation constante (figure 11). Les
paramètres G et  affectent peu la dissipation des pressions interstitielles. En
revanche, l’influence du paramètre d’état critique M est plus marquée, et ne peut
être négligée pour réaliser une interprétation correcte de ce type d’essai.
16 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

1 1
0.8 G = 900 kPa 0.8
max

max
0.6 0.6 M = 0,8
u/u

u/u
M = 1,5 M = 1,2
0.4 G = 2000 kPa 0.4
0.2 0.2
0 0
0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10 10
t (s) t (s)
(a) Influence de G (b) Influence de M
1
0.8
 = 0,1
max

0.6
u/u

0.4
 = 1,5
0.2
0
0 1 2 3 4 5 6
10 10 10 10 10 10 10
t (s)
(c) Influence de 

Figure 11. Influence de G, M et  sur les courbes de dissipation de la pression


interstitielle en essai pressio-triax.

L’étude numérique met donc clairement en évidence la relation directe entre la


perméabilité du matériau et le temps de dissipation des pressions interstitielles.
Contrairement à l’influence de la perméabilité sur la courbe pressiométrique, il a été
montré que la courbe de dissipation était directement dépendante de la valeur de la
perméabilité, quelle que soit la valeur de cette dernière. Il apparaît donc possible
d’appliquer la méthode d’identification par analyse inverse à la détermination de la
perméabilité à partir d’une courbe de dissipation des surpressions interstitielles au
cours d’un essai à déformation constante. Toutefois, il a également été montré que
certains paramètres avaient une influence non négligeable sur la dissipation des
pressions interstitielles. Aussi, pour déterminer la perméabilité à partir de ce type
d’essai, il convient de connaître a priori les paramètres du modèle de comportement
du matériau.

4. Vérification de la méthode

Avant d’appliquer la méthode d’identification par analyse inverse aux essais


expérimentaux, nous allons dans cette partie de notre étude tester la capacité de
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 17

celle-ci sur un exemple numérique. Ceci permet de s’affranchir des incertitudes liées
à l’exploitation de résultats expérimentaux. Le principe de vérification consiste à
réaliser une simulation numérique de l’essai à partir d’un jeu de paramètres dit de
référence. Le résultat de ce calcul est alors introduit dans le processus
d’identification comme étant le résultat d’un essai expérimental. Ensuite, en
changeant la valeur d’un (ou plusieurs) paramètres, on teste la possibilité du système
d’identification à retrouver les valeurs de référence de ces paramètres.

4.2. Modèle élastique plastique parfait en condition non drainée

Dans le cas du modèle élastique plastique parfait en condition non drainée la


courbe pressiométrique dépend de la valeur des paramètres G et c u. Zentar [ZEN99]
a montré qu’il était possible, en modélisant l’essai pressiométrique à l’aide d’un
code aux éléments finis et en adoptant pour le sol un critére de Tresca, d’identifier
simultanément les deux paramètres G et cu. Dans cette étude, nous allons vérifier s’il
est possible d’identifier de manière simple ces deux paramètres à partir de
l’expression analytique de la courbe pressiométrique. Le jeu de paramètres de
référence utilisé est celui présenté dans le tableau 1, c’est à dire un module de
cisaillement G de 900 kPa et une cohésion non drainé cu de 17,7 kPa. En partant
d’un jeu de paramètre significativement différent du jeu de paramètres de référence,
on teste alors la capacité du processus d’optimisation à retrouver ces valeurs de
référence.
Les valeurs de référence, les valeurs initiales, et les valeurs obtenues après
optimisation pour les paramètres G et cu sont portées dans le tableau 4. Il apparaît
que, pour des valeurs initiales des paramètres G et c u du même ordre de grandeur
que les valeurs de référence, le processus d’optimisation permet de retrouver
exactement les valeurs recherchées (Calcul 1). Cependant, si les valeurs initiales
sont trop éloignées des valeurs de référence, le résultat de l’optimisation conduit à
des valeurs différentes des valeurs de référence, et surtout physiquement non
admissible (Calcul 2). Pour remédier à ce problème, des contraintes d’optimisation
sont introduites dans le processus : on impose une valeur positive à la cohésion non
drainé et au module de cisaillement (Calcul 3). On s’aperçoit que, imposant ces
contraintes, l’optimisation permet de retrouver exactement les valeurs de référence
des deux paramètres G et cu. Les calculs 4 et 5 conduisent au mêmes résultats, en
partant d’un jeu de paramètres initial surévaluant ou sous-évaluant nettement les
valeurs de référence du module de cisaillement G et de la cohésion non drainé c u.
L’avantage de cette méthode utilisant l’expression analytique de la courbe
pressiométrique est multiple :
- tout d’abord, il n’est pas nécessaire de connaître et de mettre en œuvre un code
numérique pour modéliser l’essai ;
18 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

- le résultat de l’optimisation est obtenu instantanément : la méthode est


nettement moins coûteuse en temps de calcul que celle utilisant un code pour
simuler l’essai et un code pour optimiser les paramètres.

Contrainte Initiales Finales Référence


G (kPa) Aucune 200 900 900
Calcul 1
cu (kPa) Aucune 5 17,7 17,7
G (kPa) Aucune 20000 20000 900
Calcul 2
cu (kPa) Aucune 250 -90 17,7
G (kPa) G>0 20000 900 900
Calcul 3
cu (kPa) cu > 0 250 17,7 17,7
G (kPa) G>0 100 900 900
Calcul 4
cu (kPa) cu > 0 250 17,7 17,7
G (kPa) G>0 20000 900 900
Calcul 5
cu (kPa) cu > 0 5 17,7 17,7

Tableau 4. Identification des paramètres G et cu du modèle élastique plastique


parfait.

4.2. Modèle Cam-Clay modifié

Dans le cas où le modèle de comportement adopté pour le matériau est plus


élaboré (ici le modèle Cam-Clay modifié) et lorsque l’on prend en compte les
propriétés hydrauliques du matériau (couplage hydro-mécanique), la solution
analytique de l’expansion de cavité n’est pas évidente. Dans ce cas, il est donc
nécessaire de faire appel à un code de calcul aux éléments finis pour simuler l’essai
pressiométrique, comme présenté plus haut.

4.2.1. Identification des paramètres mécaniques


L’étude de sensibilité des courbes pressiométriques et de pression interstitielle
aux paramètres du modèle Cam-Clay modifié a montré que celles-ci dépendaient de
la valeur des paramètres G, M et p’c0. D’autre part, il a également été mis en
évidence que la perméabilité du matériau affectait ces courbes. Ainsi, dans cette
partie de notre étude, nous allons nous intéresser uniquement à la détermination des
paramètres mécaniques en se fixant a priori une valeur de la perméabilité k du
matériau.
Le principe de vérification de la méthode d’identification est identique à celui
utilisé dans le cas d’un modèle élastique parfaitement plastique. L’état initial du sol
et le jeu de paramètres du modèle utilisés pour établir le calcul dit de référence sont
ceux présentés respectivement dans les tableaux 1 et 2.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 19

Ce type de vérification a déjà été réalisé par Zentar [ZEN99] pour tester la
capacité du processus à identifier les paramètres du modèle Cam-Clay modifié.
Suivant cet auteur, il est possible à partir de la donnée de la seule courbe
pressiométrique ra=f(a) d’identifier, indépendamment les uns des autres, chaque
paramètre défini comme sensible G, M et p’c0.
La détermination d’un couple de paramètres conduit à différentes conclusions : à
partir de la courbe pressiométrique, il est possible d’identifier les couples (G, p’ c0) et
(G, M). La détermination du couple (M, p’c0) n’apparaît pas possible à partir de la
donnée de la seule courbe pressiométrique. En effet, il est possible d’obtenir des
courbes pressiométriques identiques pour des couples M,p’c0 différents. Cependant,
les courbes de pression interstitielle générée à la paroi sont différentes comme le
montrent les résultats de la figure 12.

140 
ra
 , u (kPa)

120
M = 1,2 ; p' = 51 kPa
c0
100 u M = 0,66 ; p' = 103 kPa
c0
ra

80 M = 0,95 ; p' = 65 kPa


c0

60

0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1



a

Figure 12. Courbes pressiométriques et de pression interstitielle de référence et


obtenues suivant différents couples M, p’c0.

Pour palier ce problème, et compte tenu des différences observées entre les
courbes de pression interstitielle obtenues à partir des valeurs de référence et des
valeurs obtenues après optimisation, nous avons étudié l’introduction d’une donnée
expérimentale supplémentaire, la courbe de génération des pressions interstitielles à
la paroi, dans le processus d’optimisation et nous avons testé la capacité du
processus à identifier simultanément les trois paramètres G, M et p’c0.
Dans ce but, différents calculs avec des valeurs initiales différentes de chacun
des paramètres ont été réalisés. Le tableau 5 en donne un exemple à partir des
résultats de deux calculs particuliers. Il apparaît que le processus d’identification
permet à partir de la courbe pressiométrique et de celle des pressions interstitielles,
de retrouver exactement les valeurs de référence de chacun des trois paramètres G,
M et p’c0. Cependant, si l’identification simultanée de deux paramètres nécessite un
nombre limité d’itérations (en moyenne 20 itérations suffisent pour retrouver les
valeurs de référence), l’identification simultanée de trois paramètres nécessite un
nombre d’itérations beaucoup plus important (en moyenne 80) pour retrouver les
valeurs de référence.
20 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

Initiales Finales Référence


G (kPa) 200 900 900
Calcul 1 M 0,8 1,2 1,2
p’c0 (kPa) 150 51 51
G (kPa) 5000 900 900
Calcul 2 M 1,5 1,2 1,2
p’c0 (kPa) 30 51 51

Tableau 5. Valeurs initiales et valeurs obtenues après optimisation pour identifier


simultanément les trois paramètres G, M et p’c0.

4.2.2. Identification de la perméabilité


En nous appuyant sur l’étude numérique des essais à déformation constante
réalisée plus haut, nous allons tester la capacité du processus d’identification
proposé au § 2 à déterminer la valeur de la perméabilité d’un matériau à partir de la
courbe de dissipation des surpressions interstitielles au cours d’un tel essai.
Toutefois, comme montré plus haut, les courbes de dissipation des surpressions
interstitielles dépendent également de la déformation à la paroi a pour laquelle
l’essai est réalisé, des paramètres mécaniques et du degré de surconsolidation R.
Dans cette partie, nous considérons connues les valeurs des paramètres
mécaniques G, M et p’c0 (donc R). La valeur de la déformation a pour laquelle
l’essai est réalisé est une donnée du problème et est donc également connue. Aussi,
cette valeur est-elle prise en compte dans la simulation numérique de l’essai.
Pour vérifier la possibilité de déterminer la perméabilité à partir d’un essai à
déformation constante, un calcul de référence est réalisé en prenant comme
paramètres de référence les valeurs données dans le tableau 2 (notamment une
valeur de la perméabilité de 10-9 m/s). L’essai de relaxation de référence est réalisé
pour une valeur de la déformation à la paroi a de 4%. Les valeurs initiales
introduites dans le processus d’optimisation et les valeurs obtenues sont reportées
dans le tableau 6. Ces résultats montrent que, partant de valeurs très différentes de
celle de la perméabilité de référence, la méthode d’identification permet de retrouver
exactement la valeur recherchée. D’autre part, pour les deux calculs réalisés, le
processus d’identification converge très rapidement vers la valeur recherchée. Dans
ce cas, il a suffit de 5 itérations pour obtenir une valeur de perméabilité de 10-9 m/s.
Initiales Finales Référence
Calcul 1 k (m/s) 10-6 10-9 10-9
Calcul 2 k (m/s) 10-12 10-9 10-9

Tableau 6. Valeurs initiales et valeurs obtenues après optimisation pour identifier


la perméabilité k d’un matériau.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 21

4.3. Méthode générale d’identification des paramètres hydro-mécaniques

Dans les sections précédentes, nous avons montré la possibilité d’identifier d’une
part les paramètres G, M et p’c0 à partir d’un chargement pressiométrique et d’autre
part la perméabilité à partir d’une phase à déformation constante réalisée au cours
d’un essai pressiométrique. Dans cette partie de notre étude, nous proposons une
procédure globale permettant d’identifier les 4 paramètres hydro-mécaniques (k, G,
M et p’c0) à partir du résultat d’un essai pressiométrique au cours duquel une phase
de relaxation est réalisée. Cette démarche est illustrée figure 13. Elle est construite
de la manière suivante. Tout d’abord, des valeurs initiales des paramètres
hydraulique et mécaniques sont fixées ; on applique alors la procédure
d’identification pour déterminer les paramètres mécaniques, la perméabilité étant
gardée constante, à partir de la courbe pressiométrique et de celle de la pression
interstitielle obtenues au cours de la phase de chargement. Le jeu de paramètres
mécaniques obtenu étant à son tour gardé constant, on applique la méthode inverse à
la détermination de la perméabilité à partir de la courbe de dissipation des
surpressions interstitielles obtenue au cours de la phase à déformation constante.
Plusieurs itérations sont ainsi effectuées jusqu'à convergence des paramètres hydro-
mécaniques représentant correctement à la fois la phase de chargement et la phase
de relaxation.
Pour vérifier cette démarche, un calcul dit "de référence" a été réalisé en utilisant
les valeurs des paramètres définis dans les tableaux 1 et 2. Au cours du chargement,
une phase de relaxation est modélisée correspondant à une déformation à la paroi a
de 4%. Les valeurs initiales des différents paramètres introduits dans le calcul, et les
valeurs des paramètres obtenus après optimisation sont présentées dans le tableau 7.
On remarque que la démarche générale proposée permet de retrouver exactement les
valeurs de références des trois paramètres mécaniques (G, M et p’c0) ainsi que la
valeur de la perméabilité k du matériau. Le processus converge rapidement vers un
jeu de paramètres hydro-mécaniques correspondant au jeu de référence. Pour les
calculs 1 et 2 (tableau 7) il a suffit respectivement de 5 et 8 itérations du processus
global pour retrouver les valeurs de référence.
Initiales Finales Référence
G (kPa) 200 900 900
M 0,8 1,2 1,2
Calcul 1
p’c0 (kPa) 150 51 51
k (m/s) 10-6 10-9 10-9
G (kPa) 5000 900 900
M 1,5 1,2 1,2
Calcul 2
p’c0 (kPa) 30 51 51
k (m/s) 10-12 10-9 10-9

Tableau 7. Valeurs initiales et valeurs obtenues après optimisation pour identifier


simultanément les paramètres mécaniques (G, M, p’c0) et la perméabilité (k).
22 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

Valeurs initiales :
G, M, p’c0, k
ra
G, M, p’c0
k fixée
u
a

G
M
p’c0 kh
u
k

t
Figure 13. Méthode générale d’identification des paramètres hydro-mécaniques.

5. Exploitation des essais pressio-triax par la méthode d’analyse inverse

Nous nous proposons de mettre en œuvre la méthode d’identification de


paramètres par analyse inverse présentée plus haut sur les résultats des essais
pressio-triax réalisés sur l’argile de Saint-Herblain [RAN02], [RAN03a].
Dans un premier temps, nous déterminerons les paramètres G et c u par analyse
inverse dans le but de les comparer avec ceux obtenus par des méthodes directes.
Ensuite, nous appliquerons la méthode de détermination des paramètres hydro-
mécaniques aux essais réalisés avec une phase de relaxation.

5.1. Détermination de G et Cu par analyse inverse

Les valeurs du module de cisaillement G, de la cohésion non drainé c u obtenues


suivant la méthode de Gibson et Anderson [GIB61] d’une part, et suivant la méthode
d’analyse inverse d’autre part, sont présentées dans les tableaux 8 (série 1) et 9
(série 3). Les courbes expérimentales et les courbes analytiques (G et c u étant
obtenus par optimisation) de l’essai 1E sont présentées figure 14. On constate que la
simulation des essais pressio-triax correspond de manière satisfaisante aux courbes
expérimentales.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 23

DIRECTE G. & A. ANALYSE INVERSE


Essais Gt G2% cu G Cu
(kPa) (kPa)
1A 1200 800 22 850 20
1C 1350 850 23 1100 21
1D 950 650 24 750 22,5
1100 700 26 700 22,5
1E 1250 800 28 900 26
1100 850 29 900 29
1150 750 28 900 24
1F 1200 900 31 900 29
1250 750 32 800 30,5
1G 1300 700 20,5 900 18

Tableau 8. Valeurs de G et cu obtenues suivant la méthode de Gibson et Anderson et


par analyse inverse pour les essais de la série 1.

DIRECTE G. & A. ANALYSE INVERSE


Essais G G2% cu G Cu
(kPa) (kPa)
3A 1400 800 20,5 1000 17
3B 1000 500 16 500 15,5
3C 1550 1000 25,5 950 24
3D 1650 950 23 1300 19,5
3F 1050 550 17,5 550 15,5
3H 1350 800 21,0 1050 17,5

Tableau 9. Valeurs de G et cu obtenues suivant la méthode de Gibson et Anderson et


par analyse inverse pour les essais de la série 3.

Sur la figure 15, on a représenté les valeurs de G et c u obtenues par analyse inverse
en fonction des valeurs de ces mêmes paramètres déterminés de façon directe pour
G et suivant la méthode de Gibson et Anderson pour cu. On remarque que les valeurs
de G obtenues par analyse inverse sont nettement inférieures aux valeurs du module
tangent Gt, alors qu’elles sont proches mais supérieures au module de cisaillement
sécant à 2%. Concernant la cohésion non-drainée, les valeurs obtenues par analyse
inverse sont proches mais inférieures à celles déterminées suivant la méthode de
Gibson et Anderson.
24 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

160 160
144 144

 (kPa)
 (kPa)

128 128

ra
ra

112 112 expe


expe
96 sim 96
sim
80 80
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1
 
a a

Figure 14. Résultat de la simulation des deux premières phases de chargement de


l’essai 1E.

1 800 40
c (Analyse Inverse)
G (Analyse Inverse)

1 500
G
t 30
1 200 G
2%
900
20
600
u

300 10
300 600 900 12001 5001 800 10 20 30 40
G (Gibson et Anderson) c (G ibson et Anderson)
u

(a) G (méthode directe) (b) cu Gibson et Anderson

Figure 15. Comparaison des valeurs de G et de cu obtenues par analyse inverse et


par la méthode de Gibson et Anderson.

Pour comprendre ces écarts, on a simulé les deux premières phases de


chargement de l’essai 1E en utilisant les valeurs de G et cu déterminées
respectivement de manière directe et suivant la méthode de Gibson et Anderson. Les
courbes expérimentales et les courbes simulées ainsi obtenues sont présentées figure
16. On remarque suivant ces figures que les valeurs déterminées suivant la méthode
directe ne permettent pas de représenter correctement les courbes pressiométriques
expérimentales. En effet, suivant l’équation de la courbe pressiométrique en phase
plastique, celle-ci est aussi dépendante du module de cisaillement G et des
dimensions finies de l’éprouvette. La prise en compte dans cette équation d’un
module tangent initial entraîne donc des valeurs plus importantes de la pression pour
tous les niveaux de déformation. Ainsi, la valeur de la cohésion non drainée
déterminée se trouve augmentée. Pour représenter correctement la courbe pressio-
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 25

triax, la prise en compte d’un module sécant à 2% semble donc préférable. D’une
autre façon, un modèle intégrant une élasticité non linéaire permettrait une meilleure
adéquation pour représenter la partie initiale de la courbe.
Ceci illustre la difficulté à déterminer, dans un modèle élastique plastique parfait,
la valeur du module qui représente nécessairement un module sécant défini pour une
certaine amplitude de déformation.
180 180
160 160
 (kPa)

 (kPa)
140 140
ra

ra
120 120
expe expe
100 sim 100 sim
80 80
0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1 0 0,02 0,04 0,06 0,08 0,1
 
a a

Figure 16. Résultat de la simulation des deux premières phases de chargement de


l’essai 1E en utilisant les valeurs de G et cu déterminées suivant la méthode de
Gibson et Anderson.

5.2. Détermination des paramètres du modèle Cam Clay et de la perméabilité par


analyse inverse

Dans cette partie de notre étude, nous allons utiliser la méthode d’identification
par analyse inverse mettant en jeu les logiciels CESAR_LCPC et SiDoLo pour
déterminer les paramètres G, M, p’c0 du modèle Cam-Clay modifié et la perméabilité
k du matériau. Comme montré plus haut, la détermination de l’ensemble de ces
paramètres ne peut être faite qu’à partir d’essais avec mesure de pression
interstitielle et au cours desquels une phase à déformation constante est réalisée.
Ainsi, pour réaliser cette identification, seuls les essais de la série 3 vont être
exploité.
Les essais de la série 3 ont tous été réalisés sur des éprouvettes provenant de
deux carottes prélevées entre 5,5 et 6,5 mètres de profondeur sur le site de Saint-
Herblain en septembre 2000. Une procédure identique a été utilisée pour réaliser
chacun des essais de cette série : une vitesse de déformation constante a été utilisée
pour tester chaque éprouvette et deux phases à déformation constante ont été
réalisées pour des déformations a de 1,5% et 3,5%.
Compte tenu des valeurs de la pression interstitielle générée à la paroi, seule la
seconde phase à déformation constante sera exploitée pour déterminer la
26 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

perméabilité du matériau. En effet, pour une déformation a de 1,5%, la pression


interstitielle générée est trop faible pour que sa dissipation au cours de l’essai à
déformation constante soit mesurable avec suffisamment de précision.
Pour l’essai 3B réalisé à une vitesse de déformation de 6.10 -7 s-1 (1 mm3/mn),
aucune phase à déformation constante n’a été réalisée. En effet, cette faible valeur de
la vitesse génère des pressions interstitielles trop faibles pour être exploitées. De
même, pour l’essai 3F, la surpression interstitielle générée à la paroi au début de la
seconde phase de relaxation (a=3,5%) n’est que de l’ordre de 3 kPa. Il n’est donc
pas possible d’exploiter la dissipation de cette surpression au cours de la phase de
relaxation.
La méthode générale d’identification des paramètres hydro-mécaniques a donc
été appliquée sur les essais 3A, 3C, 3D, 3E et 3H. Les valeurs des paramètres G, M,
p’c0 et k ainsi obtenues sont reportées dans le tableau 10.
Les courbes expérimentales et celles obtenues par simulation numérique à partir
des valeurs optimisées des paramètres sont présentées figure 17 pour les essais 3A,
3D et 3H. On observe une bonne adéquation entre les courbes expérimentales et les
courbes simulées.

G M p’c0 K
Essai
(kPa) (kPa) (m/s)
3A 1120 1,20 48 1,4.10-7
3C 1700 1,21 40 3,7.10-8
3D 1600 1,22 53 9,3.10-7
3E 1600 1,22 37 1,8.10-7
3H 1600 1,24 49 1,4.10-7

Tableau 10. Essais de la série 3 : Paramètres hydro-mécaniques obtenus par


analyse inverse.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 27

120
62
110
100 61
 , u (kPa)

u (kPa)
90 60
80
59
ra

70
60 58
50
0 0.02 0.04  0.06 0.08 57
2 3 4 5
a 10 10 log (t) 10 10
(a) Essai 3A

130 68
120 66
110
64
 , u (kPa)

u (kPa)

100
90 62
80 60
ra

70
58
60
50 56 1 2 3 4 5
0 0.02 0.04  0.06 0.08 10 10 10 10 10
a log (t)
(b) Essai 3D
130 62
120
110 61
 , u (kPa)

u (kPa)

100 60
90
80 59
ra

70
58
60
50 57
0 0.02 0.04  0.06 0.08 10
1
10
2
10
3
10
4
10
5 6
10
a log (t)
(c) Essai 3H

 exp u exp  sim u sim


ra ra

Figure 17. Comparaison des courbes expérimentales et des courbes obtenues par
simulation numériques (Essais 3A, 3D et 3H).
28 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

5.3. Discussion des résultats

Les valeurs des paramètres du modèle Cam-clay modifié identifiées par analyse
inverse peuvent être comparées aux valeurs de ces mêmes paramètres obtenues à
partir d’essais classiques de laboratoire.
Le paramètre d’état critique, M, identifié par analyse inverse de l’essai
pressiométrique est similaire pour tout les essais, il varie entre 1,20 et 1,22, ce qui
correspond à un angle de frottement interne ’ compris entre 30 et 30,5°. Le
comportement expérimental de l’argile de Saint-Herblain étudié à partir d’essais
classiques de laboratoire a permis de caractériser l’angle de frottement interne de
cette argile [RAN02]. Les essais triaxiaux non drainés de compression ont conduit à
une valeur de ’ de 31° correspondant à une valeur de M de 1,25. La différence
obtenue pour cette valeur par chacune des deux approches reste relativement
faible, ainsi l’analyse inverse des essais pressiométriques permet donc d’identifier
correctement ce paramètre.
De même, la valeur de la pression de préconsolidation isotrope p’c0 peut être
comparée avec la contrainte effective verticale de préconsolidation ’p définie à
l’oedomètre. La valeur p’c0 du modèle Cam-clay modifié correspond à l’intersection
de la courbe d’état limite avec l’axe isotrope, alors que ’p correspond à la
contrainte effective verticale au point d’intersection de cette courbe avec le chemin
suivi à l’essai oedométrique. Il existe une relation entre ces deux grandeurs en
fonction des degrés de surconsolidation, l’un conventionnel (OCR=’p/’v0), l’autre
isotrope (R=p’c0/p’0). Cette relation est définie par l’expression [7]:

9(1  K 0 nc ) 2  M 2 (1  2K 0 nc ) 2
R OCR [7]
M 2 (1  2K 0 )(1  2K 0 nc )

Les contraintes de consolidation appliquées aux éprouvettes de la série 3


correspondent à un rapport K0 de 0,6 (v0=85 kPa, h0=73 kPa, u0=55 kPa). L’angle
de frottement interne défini par cette série d’essais est de 30,2° (M=1,21).
La relation [7] conduit alors à la relation suivante entre R et OCR :

R = 1,26 x OCR [8]

La valeur moyenne de la pression de préconsolidation verticale ’p déterminée


d’après les essais oedométriques est de 55 kPa. Or, la valeur de la contrainte
verticale effective ’v0 est de 30kPa et celle de la pression moyenne effective initiale
p’0 de 22 kPa ; compte-tenu de ces valeurs, on obtient pour p’c0 une valeur de 51
kPa. Cette valeur est comparable à celles obtenues par analyse inverse des autres
essais de la série 3 qui sont comprises entre 39 et 53 kPa.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 29

Les ordres de grandeur des valeurs obtenues pour G sont en accord avec celles
obtenues plus haut par analyse directe, et donc plus élevées que celles obtenues par
analyse inverse pour le modèle élastique plastique parfait. Ceci est cohérent avec le
fait que, pour le modèle écrouissable, le module élastique correspond effectivement
à la déformabilité initiale du matériau, donc à la phase de chargement initial du sol.
Concernant la valeur de la perméabilité radiale, l’analyse inverse des essais
pressio-triax a conduit à des valeurs de la perméabilité comprises entre 10 -6 et
3,7.10-8 m/s. Ces importantes différences de valeurs de la perméabilité entre chacune
des éprouvettes peuvent être attribuées à la présence locale de débris végétaux au
sein de ce matériau naturel sédimentaire ; le drainage radial étant ainsi facilité par
ces dépôts horizontaux. La valeur de la perméabilité verticale de cette argile
déterminée à l’oedomètre est typiquement de 10 -9 m/s [RAN02]. Le rapport de
perméabilité kh/kv est ainsi compris entre 10 et 1000. Des valeurs de ce rapport
comprises entre 10 et 100 sont habituelles pour ce type de matériau sédimentaire
lité. Les valeurs plus importantes (1000) traduisant une perméabilité radiale plus
forte sont à prendre avec précaution. En effet, étant donné le diamètre des
éprouvettes testées (70 mm extérieur, 13 mm intérieur) de simples débris végétaux
peuvent gouverner totalement le drainage radial de l’éprouvette.

6. Conclusion

Nous avons construit une stratégie d’identification de paramètres de sols par


analyse inverse basée sur l’essai pressiométrique. Dans un premier temps, celle-ci a
été appliquée à la détermination des paramètres G et c u du modèle élastique
parfaitement plastique en condition non drainée. Dans ce cas, connaissant
l’expression analytique de la courbe pressiométrique, l’analyse inverse est mise en
œuvre de manière très simple en utilisant un tableur classique disponible dans le
commerce. Il est ainsi possible d’obtenir très simplement et très rapidement la valeur
des deux paramètres G et cu à partir de la donnée d’une courbe pressiométrique.
Dans un second temps, la technique d’analyse inverse a été utilisée pour
déterminer les paramètres du modèle Cam-Clay modifié ainsi que la perméabilité du
matériau. Dans ce cas, le processus d’optimisation passe par la mise à contribution
d’un code aux éléments finis pour simuler l’essai (CESAR_LCPC) et d’un code
d’optimisation (SiDoLo) pour optimiser les paramètres. Nous avons démontré la
capacité de la méthode à identifier simultanément les trois paramètres G, M et p’ c0
du modèle Cam-Clay modifié à partir de deux courbes: la courbe pressiométrique et
la courbe d’évolution de la pression interstitielle à la paroi en cours d’essai. Nous
avons également montré la possibilité de déterminer la perméabilité du matériau à
partir de la courbe de dissipation des surpressions interstitielles obtenue au cours
d’une phase de l’essai réalisée à déformation constante. Une méthode générale
d’identification des quatre paramètres G, M, p’c0 et k à partir du résultat d’un essai
30 Revue Française de Génie Civil, Volume X, n°X/2004

pressiométrique avec une phase à déformation constante est alors proposée, puis
vérifiée sur la base d’un exemple numérique.
Pour valider cette technique d’identification par analyse inverse, le site de Saint-
Herblain a été choisi comme site d’étude. Le comportement de l’argile de Saint-
Herblain a été étudié sous une sollicitation de type pressiométrique. Cette étude a été
réalisée à partir des résultats d’essais pressio-triax avec mesure de pression
interstitielle de façon à disposer d’une base de données bien maîtrisée. La stratégie
d’identification des paramètres hydro-mécaniques a été appliquée aux essais pressio-
triax avec phase à déformation constante. Les valeurs des paramètres du modèle
Cam-clay modifié et de la perméabilité identifiées ont permis de modéliser d’une
manière satisfaisante les essais expérimentaux. D’autre part, les valeurs obtenues
sont comparables aux valeurs de ces mêmes paramètres déterminées à partir d’essais
classiques de laboratoire.
Nous avons donc construit un outil d’identification des paramètres de sol bien
adapté à l’essai pressiométrique. Nous avons montré tout l’intérêt de disposer, en
plus de la courbe pression – volume classique, d’une mesure de la pression
interstitielle à la paroi. En l’absence de cette donnée, l’identification ne peut être
menée complètement que pour des modèles simples exprimés en contraintes totales
(modèle élastique plastique parfait). Pour un modèle écrit en contraintes effectives,
tel que le modèle Cam Clay dans cette étude, l’identification reste possible si l’essai
peut être réalisé en condition drainée (cas des matériaux perméables). Sinon, il est
nécessaire de compléter les données expérimentales à l’aide d’essais
supplémentaires, tels que des essais de laboratoire (oedomètre, triaxial).

7. Bibliographie

[CAI94] CAILLETAUD G., PILVIN P., 1994, Identification and inverse problems related to
material behavior. In : Inverse Problems in Engineering Mechanics, Rotterdam, Balkema,
p. : 79-86.
[CAM93] CAMBOU B., BAHAR, R., 1993, Utilisation de l’essai pressiométrique pour
l’identification de parametres intrinseques du comportement d’un sol, Revue Francaise de
Géotechnique, N°63, p. : 39-50.
[DAN02] DANO C., HICHER P.Y., TAILLIEZ S., VARJABEDIAN M., 2002,
Identification des paramètres de comportement des sols injectés par analyse inverse
d’essais pressiométriques, Revue Française de Génie Civil, vol. 6, n°4, 631-660.
[GRA83] GRAHAM J., CROOKS J.H., BELL A.L., 1983, Time effects on the stress strain
behavior of soft natural clays, Géotechnique, Vol. 33, N° 3, p. :327-340.
[GIB61] GIBSON R.E., ANDERSON W.F., 1961, In situ measurement of soils properties
with the pressuremter, Civil Engineering Pub. Wks. Review56, N°658, p. :615-618.
Interprétation d’essais pressiométriques (II) 31

[HIC85] HICHER P.Y., 1985, Comportement mécanique des argiles saturées sur divers
chemins de sollicitations monotones et cycliques. Application à une modélisation
élastoplastique et viscoplastique, Thèse de Doctorat d’Etat, Université Paris 6.
[HIC96] HICHER P.Y., MICHALI A., 1996, Identifying Soil Parameters by means of
Laboratory and in situ Testing, Computers and Geotechnics, Vol. 19, N°2, p. : 153-170.
[HIC02] HICHER P.Y., SHAO J.F., 2002, Méthodes d’identification des paramètres, dans
modèles de comportement des sols et des roches 2 : lois incrémentales, viscoplasticité,
endommagement, Ed. Hermes, p. 203-230.
[MES01] MESTAT P., RIOU Y., 2001, Modélisation des sols et des ouvrages avec le modèle
Cam-Clay modifié, Revue Française de Génie Civil,
[MON94] MONNET J., KHLIF J., 1994, Etude de l’équilibre élasto-plastique d’un sol
pulvérulent autour du pressiomètre, Revue Francaise de Géotechnique, Vol. 67, p. :3-12.
[MON95] MONNET J., 1995, Analyse théorique et expérimentale de l’équilibre
élastoplastique d’un sol cohérent autour du pressiomètre, The Pressuremeter and its New
Avenues, Balkema, Rotterdam, p. : 193-200.
[NOU85] NOUGIER J.P., 1985, méthodes de calcul numérique, Masson, Paris.
[RAN02] RANGEARD D., 2002, Identification des caractéristiques hydro-mécaniques d’une
argile par analyse inverse d’essais pressiométriques, thèse de doctorat, Ecole Centrale de
Nantes et Université de Nantes.
[RAN03a] RANGEARD D., HICHER P.Y., ZENTAR R., 2003, Determining soil
permeability from pressuremeter tests, International Journal for Numerical and
Analytical Methods in Geomechanics, 27, 1-24.
[RAN03b] RANGEARD D., HICHER P.Y., 2003, Interprétation des essais presiométriques
I. Influence de la perméabilité du sol, Revue Française de Génie Civil (soumis).
[SHA91] SHAO J.F., DAHOU A., HENRY J.P., 1991, Application de la théorie des
problèmes inverses à l’estimation des paramètres des modèles rhéologiques, Revue
Française de Géotechnique, N°57, p. : 75-80.
[SHE94] SHEAHAN T.C., LADD C.C., GERMAINE J.T., 1994, Time-dependent triaxial
relaxation behavior of a resedimented clay, Geotechnical Testing Journal, Vol. 17, N°4,
p. : 444-452.
[TAR87] TARANTOLA A., 1987, Inverse Problem Theory, Elsevier.
[YU91] YU H.S., HOULSBY G.T., 1991, Finite cavity expansion in dilatant soils : loading
analysis, Geotechnique, Vol. 41, N°2,p.:173-183.
[ZEN99] ZENTAR R., 1999, Analyse inverse des essais pressiométriques- Application à
l’argile de Saint-Herblain, Thèse de doctorat, Ecole Centrale de Nantes et Université de
Nantes.
[ZEN01] ZENTAR R., HICHER P.Y., MOULIN G., 2001, Identification of soil parameters
by inverse analysis, Computers and Geotechnics, Vol. 28, N°2, p. :129-144.

View publication stats

You might also like