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LE COMMENTAIRE COMPOSE 2021

l'INTRODUCTION:
Si un narrateur est censé raconter les aventures parfois extraordinaires d’un personnage, ce
n’est pas le projet du roman Les Choses dont le récit monotone montre la vie que les
protagonistes auraient pu vivre : leur existence présente très peu d’intérêt pour le lecteur.
Georges Perec est un auteur du XXème siècle connu surtout pour avoir écrit des textes sous
contrainte, célèbre pour avoir relevé des défis parfois absurdes dans le simple but de renouveler
le rapport à l’expression comme ont pu le faire les autres membres de L’OuLiPo. Si dans La
Disparition, il a tenté de rédiger un roman sans jamais utiliser la lettre E, c’est un autre défi qu’il
s’est lancé dans son premier roman, Les Choses, publié en 1965 : écrire la vie ennuyeuse d’un
couple qui pourrait vivre des aventures exaltantes mais qui ne les vit pas. Les personnages de ce
roman, Sylvie et Jérôme, habitent un petit appartement, mal organisé, défraichi, où les objets
semblent prendre tout l’espace disponible. C’est une description en deux temps que nous
propose Georges Perec dans ce texte : à la fois la vision d’un triste appartement et la peinture
imaginée du foyer idéal. Nous nous demanderons dans quelle mesure cet extrait montre que
Perec refuse d’écrire l’aventure d’un jeune couple pour se focaliser sur les choses. D’abord, nous
verrons que l’existence des personnages n’est faite que d’aventures potentielles, qu’elle
appartient à un imaginaire bien distinct de leur réalité. Ensuite, nous montrerons leur inertie
totale dans ce texte pour finalement observer combien les objets sont omniprésents et tout-
puissants.

JAUNE : Amorce

ROUGE+VERT : Presentation

ROSE + FLUO : Annonce

LE DEVELOPPEMENT :
Les protagonistes du roman Les Choses, auraient pu mener une vie exaltante. Leur
aventure semble avoir été à portée de main mais Sylvie et Jérôme ne sont pas parvenus à se
saisir des opportunités qui se sont présentées à eux. Cette existence potentielle est marquée
d’abord par la présence et la répétition du conditionnel passé dans le texte. En effet, en plus des
temps classiques du récit, le passé simple et l’imparfait, cet extrait voit se multiplier les verbes
conjugués au conditionnel passé : « auraient […] été » (l.1), « se serait dégagé » (l.15), « aurait
fallu » (l.17), « auraient fait » (l.29). Si le conditionnel présent permet d’évoquer des actions
soumises à la réalisation d’une condition préalable, le conditionnel passé, lui, permet surtout
d’évoquer des actions qu’il était possible d’accomplir dans le passé mais qui ne sont maintenant
plus réalisables. Il teinte donc le texte de regrets et d’amertume, dépeignant un idéal désormais
hors de portée. Le narrateur affirme par exemple, au début de ce texte, que « des arrangements
judicieux auraient sans doute été possibles » (l.1) en utilisant le conditionnel passé. Ils ne le sont
donc plus. Il nous montre qu’une autre situation était envisageable : Sylvie et Jérôme auraient
pu mieux faire mais c’est trop tard. Une vie potentiellement meilleure s’est offerte à eux et ils
ont laissé passer leur chance.

Cette vie idéale est clairement dépeinte dans un paragraphe qui imagine un épisode de
la vie du couple. Le troisième paragraphe raconte en effet comment les personnages auraient
pu organiser la réhabilitation de leur logement pendant une croisière. Ce paragraphe contraste
nettement avec le reste du texte à travers une description de l’appartement parfait : « remis à
neuf » (l.31), « merveilleusement agrandi » (l.32), chauffage efficace et discret » (l.33), «
mobilier de bon aloi » (l.34). Ce vocabulaire positif dénote : le monde dans lequel évoluent
réellement les personnages est montré au lecteur par des qualificatifs qui révèlent toute la
vétusté de leur habitation « sale » (l.20), « défectueuse » (l.22), « grossières » et « disgracieuses
» (l.24). On peut donc dire que le troisième paragraphe nous laisse voir une maison idéale qui
n’est tout simplement pas celle qu’habitent Sylvie et Jérôme. Ils vivent dans un logement
insalubre mais auraient peu agir afin d’en faire un foyer convenable et même agréable. On a
donc pu voir que l’aventure potentielle des personnages, leur vie idéale n’aura pas lieu : il est
trop tard pour agir, ils vivent dans le regret.

(ARGUMENT3)

LA CONCLUSION :
Pour conclure, on peut donc bien affirmer que Perec refuse toute forme d'aventure au
couple formé par les protagonistes de ce roman pour se focaliser sur les choses. En effet, ce
texte décrit autant la vie idéale que les personnages ne mènent pas que leur triste et monotone
quotidien. Sylvie et Jérôme, contrairement à ce qu'on attend d'un héros, personnage central
d'un récit, sont dans l'inertie la plus totale, ils sont des personnages passifs, clairement relégués
au second plan. Cependant, les objets, eux, comme l'annonce le titre du roman Les Choses,
occupent le devant de la scène. Ils volent la vedette aux personnages, c'est bien sur les choses
que se braque le projecteur, l'attention du narrateur ainsi que celle du lecteur. Les personnages
ont laissé, dans ce roman, la place aux objets qu'ils croyaient posséder. (REPONSE A LA
PROBLEMATIQUE)

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