VEILLE JURIDIQUE EN ENTREPRISE
N°005/DJSF/2016 du décembre 2016
DE L’ACTE EQUIPOLLENT A RUPTURE DU CONTRAT DU
Département Juridique, Social et Fiscal
TRAVAIL
Mesdames, Messieurs,
1. La loi n°16/010 du 15 juillet
2016 modifiant et complétant la
Loi n°015-2002 portant Code du
Travail a modifié 15 articles et en
a ajouté deux dont les articles
61 bis et 61 ter.
L’Article 61 ter dispose ce qui
L’inflation normative qui suit: « La résiliation du contrat est
s’observe dans presque tous les notifiée par écrit par la partie
secteurs de la vie nationale est qui en prend l’initiative à l’autre
susceptible de désorienter plus partie. Lorsque la résiliation
d’uns. Il en résulte une nécessité intervient à l’initiative de
d’une expertise juridique et l’employeur, la lettre de
réglementaire pour en assurer notification en indique
une gestion efficace et expressément le motif. A défaut
efficiente.
de notification par écrit, tout
acte d’une partie tendant à
La veille juridique est une
activité de suivi et empêcher l’exécution de ses
d’anticipation des obligations par l’autre partie
réglementations nationales ou constitue une modification
internationales susceptibles unilatérale d’un des éléments du
d’avoir une influence sur les contrat, équipollent à un acte
activités ou sur la stratégie des de rupture.
entreprises. Elle constitue
désormais l’une des voies de 2. Avant tout, nous voudrions
communication de la souligner que sous le régime du
Fédération des Entreprises du Code du Travail du 16 octobre
2002, en son article 76, il est
prévu l’obligation faite tant à
l’employeur qu’au travailleur de
notifier, par écrit, la résiliation du
contrat à l’autre partie, pour
autant qu’il soit la partie qui en
prend l’initiative. Cette position
se justifie par le fait que toute
résiliation sous entend, celle à
l’initiative du travailleur et celle
à l’initiative de l’employeur.
M ai s p ré sent em ent s ou s
l’empire du Code du Travail du
15 juillet 2016, l’article 61 ter
Fédération des Entreprises du Congo, 10. Avenue des Aviateurs, Kinshasa - Gombe, RDC
Tél. (+243)812488909 - Email: fec@fec-rdc.com - Site web: www.fec-rdc.com
Portail économique: www.congobusinessrdc.org
n’oblige pas la notification par écrit et
d’ailleurs, le cas de défaut de
notification par écrit y est prévu.
Pour de raison de cohérence des
dispositions de la Loi actuelle portant
Code du Travail, il y a nécessité
d’élaguer cette ambiguïté des
dispositions de la loi en matière de
notification par écrit de la résiliation du
contrat de travail. On aurait dû porter
un amendement à la disposition de
l’article 76 du code travail.
3. Qu’à cela ne tienne, examinons ce
que c’est l’acte équipollent à rupture
du contrat de travail.
Le Professeur MUKADI BONIY définit
l’acte équipollent à rupture du contrat
de travail comme étant une action ou
une omission de sorte qu’il n’y a pas
de doute quant à la volonté de l’une
des parties de ne plus poursuivre
l’exécution du contrat de travail. On
parle dans ce cas de la résiliation
tacite ou de l’acte équipollent à
rupture.
La volonté implicite de mettre fin au
contrat : l’acte équipollent à rupture
est une théorie développée par la
jurisprudence belge afin d’assurer le
respect des conditions de travail
convenues entre parties au moment
de l’engagement ou modifiées
pendant l’exécution du contrat de
travail et de sanctionner la partie qui
n’entend plus le respecter.
Il y a acte équipollent à rupture du
contrat lorsqu’une partie au contrat de
de travail manifeste sa volonté de ne
plus respecter les éléments essentiels
du contrat du travail. La volonté de
mettre fin au contrat de travail peut
 VEILLE JURIDIQUE EN ENTREPRISE
B.PATERNOSTRE dit qu’il est constitutif
d’acte équipollent à rupture, tout
comportement consistant soit à une fuite
des responsabilités, soit à une inexécution
des obligations, soit à une modification
unilatérale apportée à une source
régissant le rapport de travail au point
d’altérer l’engagement et dont le juge
déduit la volonté de rompre le contrat.
L’acte équipollent à rupture du contrat de
travail n’existait pas dans l’arsenal
juridique du travail de la RDC. C'est avec
cet ajout de l’article 61 ter que ledit acte
a vu le jour.
4. L’existence effective de l’acte
équipollent: La loi du travail consacre
aujourd’hui la théorie de l’acte
équipollent à rupture du contrat de travail,
sans qu’il ne soit cité expressis verbis les
actes qui peuvent être considérés comme
équipollents à rupture du contrat de
travail.
La jurisprudence a admis, dans plusieurs
décisions, l’existence de la résiliation tacite
ou d’acte équipollent à rupture du
contrat de travail.
On les regroupera en deux hypothèses, à
savoir :
 Manquement à une obligation
contractuelle ;
 La modification d’un élément
essentiel du contrat de travail.
5. Manquement à une obligation
contractuelle:
Assimilation à la rupture abusive : le
manquement d’une partie à ses
obligations contractuelles est assimilé par
la jurisprudence à la rupture abusive du
contrat de travail.
Pour illustration, la Cour d’appel de
Kinshasa/Matete a jugé que constitue
sans aucun doute une rupture abusive du
contrat de travail qui liait l’employeur au
travailleur, la suspension de celui-ci
pendant dix ans et son remplacement
par un autre et ce, sans avoir clôturé le
dossier disciplinaire ouvert à charge du
Fédération des Entreprises du Congo, 10. Avenue des Aviateurs, Kinshasa - Gombe, RDC
Tél. (+243)812488909 - Email: fec@fec-rdc.com - Site web: www.fec-rdc.com
Portail économique: www.congobusinessrdc.org
Page 2
Aff. NDOMBASI c/ MENAV).
En l’espèce, après avoir constaté que M.
NDOMBASI avait cessé de prester ses
services au profit de son employeur
MENAV depuis 1992 et qu’il n’avait jamais
été notifié sa démission à l’employeur, la
Cour d’appel a relevé que le contrat de
travail qui liait les deux parties était resté
en vigueur jusqu’au 15 mai 2002, date à
laquelle MENAV a remis une attestation
de fin de service au travailleur. La cour a
considéré qu’en remettant cette
attestation de fion service, MENAV a sans
doute commis une rupture abusive du
contrat de travail qui le liait à NDOMBASI.
Il faut relever qu’en l’espèce, l’employeur
n’a jamais notifié par écrit la rupture du
contrat, en indiquant expressément les
motifs ainsi que l’exige l’article 76 du
code du travail. Cela signifie que pour la
Cour d’appel, la suspension d’un
travailleur pendant dix ans, son
remplacement par un autre et la remise
d’une attestation de fin de service est un
acte équipollent à rupture.
6.Modification d’un élément essentiel du
contrat
Assimilation aux licenciements. La
jurisprudence et la doctrine congolaises
considèrent que les modifications
substantielles apportées aux conditions de
travail du salarié sont assimilées aux
licenciements, notamment en cas de
rétrogradation ou de mutations, lorsque le
lieu ou le poste de travail constitue des
conditions déterminantes de la conclusion
du contrat.
Il s’agit notamment :
 Des atteintes portées à la situation
du travailleur : il a été jugé que les
atteintes portées par l’employeur à
la situation de l’engagé autorisent
ce dernier à rompre le contrat aux
torts de l’employeur. Celui-ci ne
peut porter atteinte à la situation de
l’engagé, par exemple, atteinte à la
situation de l’engagé en lui enlevant
le grade ou en lui retirant
l’indépendance qui l’avait amené à
 N°005/DJSF/2016 du décembre 2016 Page 3

 Restitution des instruments de travail :

dans un arrêt du 25 mars 1993, la Cour
d’appel de Kinshasa Gombe a décidé
que la demande de l’employeur de
restitution des instruments de travail
constitue une résiliation du contrat à
durée déterminée devenu contrat à
durée indéterminée par application de
l’article 41 du Code du travail. La
rupture du contrat du travail retenue
par la Cour d’appel n’a pas été
précédée d’une notification écrite de
résiliation émanant de l’une ou de
l’autre partie;

 Privation, réductions ou retenues indues

de salaire : lorsque l’employeur prive le
travailleur prive le travailleur de son
salaire sans motif ou y opère indument
des réductions ou retenues, ce dernier
est fondé à résilier sans préavis le
contrat de travail aux torts de
l’employeur et demander des
dommages intérêts.

Cette notion nouvelle dans notre Loi

congolaise du Travail, « acte équipollent à
rupture », doit être comprise comme une
« résiliation tacite ».

TSHIBANGU KATUALA
Conseiller Juridique

Fédération des Entreprises du Congo, 10. Avenue des Aviateurs, Kinshasa - Gombe, RDC
Tél. (+243)812488909 - Email: fec@fec-rdc.com - Site web: www.fec-rdc.com
Portail économique: www.congobusinessrdc.org