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Direction Générale du Génie Rural et


de l'Exploitation des Eaux

Elaboration du Plan Directeur National de Réutilisation des Eaux


Usées Traitées en Tunisie - WATER REUSE 2050

Phase 2 – Prospective de la filière à l’horizon


2050
25 avril 2022

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Taille et

LIVRABLE n°2 – Version 4.0 – Edition finale


[marché n° AFD/DCP-2017-060 I CZZ2|52-MS-2018-03]
BRL ingénierie

1105 Av Pierre Mendès- En charge de la réalisation


France BP 94001 de la présente étude
30001 NIMES CEDEX 5
FRANCE
Groupe-conseil baastel sprl
Membre du groupement ayant
Boulevard Adolphe Max, 55
1000 répondu à l’appel d’offre. N’intervient
Bruxelles pas techniquement sur le projet.
BELGIQUE

ONF International
Membre du groupement ayant
5 Avenue de la Belle Gabrielle répondu à l’appel d’offre. N’intervient
75012 Paris pas techniquement sur le projet.
FRANCE

Date de création du document

Contact Sébastien Chazot


Sebastien.chazot@brl.fr

Titre du document Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux


usées traitées en Tunisie
Phase 2 – Analyse prospective

Référence du document A00437

Vérifié et
Date émission Indice Observation Dressé par
Validé par
06/08/2021 1.1 Equipe projet S Chazot
20/12/2021 2.1 Prise en compte remarques sur V1.1 Equipe projet S Chazot
04/03/2022 3.1 Prise en compte remarques sur V2.1 Equipe projet S Chazot
25/04/2022 4.0 Prise en compte remarques sur V3.1 Equipe projet S Chazot
Cette opération d’assistance technique est financée par l’Agence Française de Développement (AFD)
dans le cadre de la Facilité Adapt’Action. Cette Facilité, démarrée en mai 2017, appuie les pays
africains, les PMA et les PEID dans la mise en œuvre de leurs engagements pris dans le cadre de
l’Accord de Paris sur le Climat, par le financement d’études, d’activités de renforcement des capacités
et d’assistance technique, dans le secteur de l’adaptation en particulier.

Les auteurs assument l’entière responsabilité du contenu du présent document. Les opinions exprimées
ne reflètent pas nécessairement celle de l’AFD ni de ses partenaires.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
ELABORATION DU PLAN DIRECTEUR NATIONAL
DE REUTILISATION DES EAUX USEES TRAITEES
EN TUNISIE

Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive

PREAMBULE ........................................................................................ 3 

RESUME 5 

PARTIE A.  METHODOLOGIE ADOPTEE POUR L’ANALYSE PROSPECTIVE


DE LA REUT ...................................................................... 37 
1.  OBJECTIFS DE L’ANALYSE PROSPECTIVE ET GRANDS PRINCIPES
METHODOLOGIQUES .................................................................... 37 
2.  APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE
DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE ................. 40 
2.1  Découpage géographique retenu pour l’approche prospective 40 
2.2  Etude de marché des EUT 41 
2.2.1  Evaluation de l’offre en EUT et mise en perspective avec le bilan hydrique régional 41 
2.2.2  Identification de la demande potentielle en EUT 42 
2.2.3  Identification des impacts environnementaux actuels des rejets d’eaux usées 42 
2.2.4  Inventaire des valorisations potentielles des EUT adaptées aux contextes territoriaux 43 
2.3  Elaboration des scénarios régionaux de développement de la REUT 44 
2.3.1  Formulation des scénarios 44 
2.3.2  Traduction locale des scénarios 44 
2.3.3  Description technique des scénarios 45 
2.3.4  Comparaison des scénarios 46 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
2.4  Approche participative aux niveaux régional et local 48 
2.4.1  Réunions et entretiens régionaux 48 
2.4.2  Enquêtes auprès des usagers potentiels 49 
2.4.3  Ateliers de concertation régionaux 49 
2.5  Synthèse des étapes de l’approche prospective développée à l’échelle régionale 50 

PARTIE B.  PROSPECTIVE ET REFLEXIONS STRATEGIQUES AU NIVEAU


NATIONAL ....................................................................... 52 
3.  EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS
2025, 2030, 2040 ET 2050........................................................... 52 
3.1  Méthodologie pour la quantification des flux d’EUT 52 
3.1.1  Approche méthodologique globale 52 
3.1.2  Prospective démographique 54 
3.1.3  Flux domestique 55 
3.1.4  Part du collectif 56 
3.1.5  Flux industriel 57 
3.1.6  Flux touristique 58 
3.2  Des flux d’EUT qui vont plus que doubler d’ici 2050, évoluant de 300 Mm3 à près de
640 Mm3 60 
3.2.1  Evolution globale du flux d’EUT à l’échelle nationale et régionale 60 
3.2.2  Localisation des flux d’EUT 62 
3.2.3  Variabilité du flux d’EUT en fonction des hypothèses d’évolution démographique et de
consommation unitaire en eau potable 65 

4.  QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL


S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-
ELLES JOUER POUR ADAPTER LE PAYS AUX EVOLUTIONS
CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ? .................................... 67 
4.1  Un potentiel significatif de substitution des eaux conventionnelles par les EUT 67 
4.2  Des EUT qui pourraient représenter jusqu’à ¼ des ressources en eau du pays en
2050 lors des années sèches 69 
4.3  Une ressource inégalement répartie en fonction des régions 69 

5.  GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET


MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES
EUT EN PHASE AVEC LES USAGES .................................................. 72 
Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
5.1  Quels niveaux d’exigence en termes de qualité ? 72 
5.2  Description des options technologiques possibles pour relever les défis 73 
5.2.1  Importance du traitement primaire et secondaire 73 
5.2.2  Les traitements complémentaires en lien avec la REUT 74 
5.2.3  Autres facteurs qualitatifs à considérer pour la REUT et ne pouvant être facilement
résolus par un traitement complémentaire 79 
5.2.4  Conclusion 86 
5.3  Les contraintes énergétiques associées 87 
5.3.1  Le lien entre REUT et énergie 87 
5.3.2  Pistes opérationnelles de réduction de la consommation énergétique 92 
5.3.3  Solutions de récupération d’énergie intégrée au traitement de l’eau 98 
5.3.4  Est-il possible d’utiliser de l’énergie solaire pour le petit cycle de l’eau ? Et plus
spécifiquement pour la REUT ? 101 
5.4  En pratique, quels scénarios de traitement à court moyen/terme pour la REUT en
Tunisie ? 103 
5.4.1  Les ambitions de l’ONAS 103 
5.4.2  Quels scénarios de traitement complémentaire pour quels usages ? 104 
5.4.3  Quels coûts d’investissement et d’exploitation pour atteindre les performances de
traitement en Tunisie ? 108 
5.4.4  Recommandations 114 
5.5  Quelles solutions possibles pour les STEP de faible capacité en milieu rural ? 116 

6.  QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS


LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ? .................. 118 
6.1  Les innovations possibles dans le domaine en lien avec l’énergie 118 
6.2  Changements de paradigmes possibles pour l’assainissement du futur 122 
6.2.1  Séparation à la source 122 
6.2.2  Le recyclage 125 
6.3  Les nouveaux questionnements appliquées au territoire tunisien 126 

7.  PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES ..... 128 


7.1  Des normes et réglementations de plus en plus strictes au niveau international 128 
7.2  Une réglementation à compléter pour cadrer la REUT en Tunisie 132 
7.3  Propositions pour un nouveau référentiel réglementaire 135 
7.3.1  Proposition de niveaux de qualité pour la REUT en Tunisie 136 
7.3.2  L’approche multi-barrières pour élargir les conditions de REUT 137 
7.3.3  Pour garantir la gestion maîtrisée des risques : une mise en œuvre de la
réglementation par étape et l’application d’un contrôle indépendant 139 
7.3.4  Des outils réglementaires visant à dynamiser la filière REUT 142 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
8.  PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS .... 143 
8.1  Considérations générales 143 
8.1.1  La réorganisation globale du mode de gouvernance en Tunisie est à prendre en compte
dans la formulation des recommandations. 143 
8.1.2  Le projet de code des eaux prévoit un certain nombre de dispositions relatives à la
REUT 143 
8.1.3  Une approche « ressources » est à favoriser, à la place de l’approche
« usages » actuelle 144 
8.1.4  Pérennité et opérationnalité de la commission nationale (CNREUT) et des commissions
régionales (CRREUT) sont nécessaires 144 
8.1.5  La sensibilisation doit être renforcée 145 
8.2  Recommandations pour les différentes étapes de la filière 146 
8.2.1  Réflexion stratégique : le plan directeur national doit être décliné à une échelle
inférieure 147 
8.2.2  Portage de la filière : la structure porteuse doit avoir les compétences, les moyens
humains et matériels pour gérer l’ensemble des problématiques du secteur 147 
8.2.3  Emergence des projets : le rôle essentiel de l’animation territoriale 148 
8.2.4  Autorisation des projets : le rôle du gouvernorat à renforcer 149 
8.2.5  Mise en œuvre et vie des projets : il est important d’engager tous les acteurs concernés
par le projet 150 
8.2.6  Contrôle : des autocontrôles à favoriser 152 
8.2.7  Système d’information : l’importance de rendre publiques les données de qualité de
l’eau pour gagner la confiance des usagers 153 
8.2.8  Synthèse des recommandations 153 

9.  PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES......... 158 


9.1  Tour d’horizon des stratégies de financement de la REUT 158 
9.1.1  Objectifs d’une politique tarifaire 158 
9.1.2  Principe de tarification pour l’EUT 159 
9.1.3  Retours d’expérience 160 
9.2  Les questions stratégiques pour la Tunisie 163 
9.3  Résultats de l’atelier national 164 
9.3.1  Sondage 1 : Quel niveau de tarification des EUT en fonction des usages ? 164 
9.3.2  Sondage 2 : Comment financer la différence entre le tarif et le coût complet des
EUT ? 167 
9.4  Feuille de route pour la phase 3 168 

PARTIE C.  REFLEXIONS STRATEGIQUES AU NIVEAU REGIONAL ......... 170 


10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON .... 170 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
10.1  Offre potentielle en EUT au Cap Bon d’ici 2050. Comment cette offre s’inscrit dans le
mix de ressources en eau global de la région ? 170 
10.1.1  Une augmentation conséquente des flux d’EUT de 25 à 45 Mm3 d’ici 2050 170 
10.1.2  Une offre en EUT qui pourrait réduire le déficit hydrique régional de 20 à 30 % 175 
10.2  Contexte socio-économique au Cap Bon et ses perspectives d’évolution d’ici 2050 en
lien avec la REUT. Quelle acceptabilité sociale pour la REUT auprès des usagers
potentiels ? 181 
10.2.1  Une REUT agricole souhaitée par les agriculteurs pour sauver leurs cultures intensives
menacées par la dégradation des ressources souterraines 181 
10.2.2  Un secteur industriel actif aux consommations d’eau concentrées à Soliman et
Grombalia 186 
10.2.3  Des zones touristiques d’importance nationale regroupées au niveau de Nabeul et
Hammamet 187 
10.2.4  Des besoins en eau municipaux qui nécessiteront des ressources alternatives pour
améliorer le cadre de vie 187 
10.2.5  Des nappes phréatiques littorales menacées, un contexte hydrogéologique favorable à
la recharge artificielle 188 
10.3  Impacts actuels des rejets d’eaux usées sur l’environnement et les activités socio-
économiques au Cap Bon 191 
10.3.1  Des milieux de rejets des STEP sensibles au niveau du littoral 191 
10.3.2  Des communes rurales pas encore raccordées au réseau collectif d’assainissement 192 
10.3.3  Des pollutions visibles liées aux rejets d’industries agro-alimentaires et d’usines
textiles 192 
10.4  Valorisations possibles des EUT en fonction des différents contextes territoriaux du
Cap Bon 194 
10.4.1  Sous-zone 1 : Plaine de Grombalia 194 
10.4.2  Sous-zone 2 : Région de Nabeul-Hammamet 196 
10.4.3  Sous-zone 3 : Littoral oriental de Korba à Tazerka 198 
10.4.4  Sous-zone 4 : Littoral oriental de Menzel Horr à Kelibia 200 
10.4.5  Sous-zone 5 : plaine d’El Haouria 201 
10.4.6  Sous-zone 6 : Cap Bon occidental 202 
10.4.7  Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones 203 
10.5  Quels sont les scénarios possibles et cohérents pour valoriser les EUT du Cap
Bon ? 204 
10.5.1  Formulation des scénarios prospectifs proposés 204 
10.5.2  Traduction locale à l’échelle des sous zones des scénarios 206 
10.5.3  Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT produites en
fonction des usages et des horizons temporels 209 
10.5.4  Comparaison des scénarios proposés 212 
10.5.5  Conclusion sur la situation du Cap Bon et les opportunités de développement de la
REUT 217 

11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX ... 218 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11.1  Offre potentielle en EUT dans la zone Sahel - Sfax d’ici 2050. Comment cette offre
s’inscrit dans le mix de ressources en eau global de la région ? 218 
11.1.1  Une augmentation conséquente des flux d’EUT d’environ 75 à 170 Mm3 d’ici 2050 218 
11.1.2  Une offre en EUT qui pourrait combler le déficit hydrique régional tout en réduisant la
dépendance aux ressources des autres régions 228 
11.2  Contexte socio-économique de la zone Sahel - Sfax et ses perspectives d’évolution
d’ici 2050 en lien avec la REUT. Quelle acceptabilité sociale pour la REUT auprès des
usagers potentiels ? 234 
11.2.1  Une agriculture irriguée et intensive sur le littoral, une agriculture extensive et pluviale
dans les zones intérieures : dans les 2 cas, des agriculteurs à la recherche de
ressources en eau alternatives 234 
11.2.2  Des pôles industriels d’importance nationale à Sousse, Monastir et Sfax 239 
11.2.3  Un secteur touristique très important, avec 40% de la capacité hôtelière du pays,
concentré sur le littoral de Sousse, Monastir et Mahdia 240 
11.2.4  Une volonté d’extension des espaces verts municipaux 241 
11.2.5  Un contexte hydrogéologique peu favorable à la recharge de nappe 241 
11.3  Impacts actuels des rejets d’eaux usées sur l’environnement et les activités socio-
économiques dans la zone Sahel-Sfax 246 
11.3.1  Des rejets de STEP qui impactent les activités touristiques du littoral 246 
11.3.2  Des volumes conséquents d’effluents industriels rejetés dans des sebkhas 247 
11.4  Valorisations possibles des EUT en fonction des différents contextes territoriaux de
la zone Sahel - Sfax 249 
11.4.1  Sous-zone 1 : Nord de Sousse 250 
11.4.2  Sous-zone 2 : Complexe littoral Sousse Monastir 251 
11.4.3  Sous-zone 3 : Littoral de Mahdia 253 
11.4.4  Sous-zone 4 : intérieure de Mahdia 254 
11.4.5  Sous-zone 5 : Pôle urbain de Sfax 255 
11.4.6  Sous-zone 6 : Zone rurale de Sfax 257 
11.4.7  Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones 258 
11.5  Quels sont les scénarios possibles et cohérents pour valoriser les EUT de la zone
Sahel-Sfax ? 260 
11.5.1  Formulation des scénarios prospectifs proposés 260 
11.5.2  Traduction locale à l’échelle des sous zones des scénarios 262 
11.5.3  Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT produites en
fonction des usages et des horizons temporels 265 
11.5.4  Comparaison des scénarios proposés 268 
11.5.5  Conclusion sur la situation de la zone Sahel - Sfax et les opportunités de développement
de la REUT 273 

12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS -


ZAGHOUAN ............................................................................... 275 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
12.1  Offre potentielle en EUT dans la zone Grand Tunis -Zaghouan d’ici 2050. Comment
cette offre s’inscrit dans le mix de ressources en eau global de la région ? 275 
12.1.1  Une production d’EUT abondante à hauteur de près de 120 Mm3 et en forte
augmentation, jusqu’à plus de 240 Mm3 d’ici 2050 275 
12.1.2  Une offre en EUT qui permettrait de réduire la dépendance de la région aux transferts
des Eaux du Nord 281 
12.2  Contexte socio-économique de la zone Grand Tunis-Zaghouan et ses perspectives
d’évolution d’ici 2050 en lien avec la REUT. Quelle acceptabilité sociale pour la REUT
auprès des usagers potentiels ? 287 
12.2.1  Des agriculteurs intéressés pour exploiter les EUT afin de préserver une agriculture
périurbaine menacée 287 
12.2.2  Un pôle industriel incontournable d’importance nationale 292 
12.2.3  Un secteur touristique concentré au Nord de Tunis 293 
12.2.4  Des parcs urbains qui cherchent à se développer 294 
12.2.5  Un potentiel de recharge de nappe réduit sauf pour la nappe de Mornag 294 
12.3  Impacts actuels des rejets d’eaux usées sur l’environnement et les activités socio-
économiques au Grand Tunis et Zaghouan 298 
12.3.1  Le Golfe de Tunis fortement impacté par les rejets des STEP urbaines 298 
12.3.2  Des flux d’eaux usées industrielles et domestiques non traitées sources de pollutions
pour les oueds et les sebkhas 298 
12.4  Valorisations possibles des EUT en fonction des différents contextes territoriaux du
Grand Tunis et de Zaghouan 301 
12.4.1  Sous-zones en capacité d’absorber leurs flux d’EUT 303 
12.4.2  Sous zones émettrices nettes de flux d’EUT 308 
12.4.3  Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones 313 
12.5  Quels sont les scénarios possibles et cohérents pour valoriser les EUT du Grand
Tunis et de Zaghouan ? 315 
12.5.1  Formulation des scénarios prospectifs proposés 315 
12.5.2  Traduction locale à l’échelle des sous zones des scénarios 317 
12.5.3  Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT produites en
fonction des usages et des horizons temporels 320 
12.5.4  Comparaison des scénarios proposés 324 
12.5.5  Conclusion sur la situation du Grand Tunis et de Zaghouan et les opportunités de
développement de la REUT 330 

13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD 332 


13.1  Offre potentielle en EUT dans le Grand Sud d’ici 2050. Comment cette offre s’inscrit
dans le mix de ressources en eau global de la région ? 332 
13.1.1  Un développement important du parc épuratoire, qui pourrait faire passer les flux d’EUT
de 35 Mm3 à près de 100 Mm3 d’ici 2050 332 
13.1.2  Une offre en EUT qui pourrait réduire le déficit hydrique régional d’environ 15% 339 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13.2  Contexte socio-économique au Grand Sud et ses perspectives d’évolution d’ici 2050
en lien avec la REUT. Quelle acceptabilité sociale pour la REUT auprès des usagers
potentiels ? 345 
13.2.1  Des agriculteurs sans autres ressources en eau motivés pour irriguer avec les EUT 345 
13.2.2  Le secteur des phosphates, principal consommateur d’eau au niveau industriel 348 
13.2.3  Un secteur touristique, concentré autour du pôle balnéaire de Djerba et de Zarzis, qui
cherche à se diversifier 349 
13.2.4  Des expérimentations en cours pour réutiliser les EUT en milieu urbain 350 
13.2.5  Un potentiel de recharge faible face aux déficits existants des nappes phréatiques les
plus surexploitées 350 
13.3  Impacts actuels des rejets d’eaux usées sur l’environnement et les activités socio-
économiques au Grand Sud 354 
13.3.1  Des milieux de rejets sensibles 354 
13.3.2  Des zones rurales intérieures avec peu d’infrastructures d’assainissement collectif 355 
13.3.3  Des rejets de l’industrie du phosphate sources de pollution hydrique 355 
13.4  Valorisations possibles des EUT en fonction des différents contextes territoriaux du
Grand Sud 357 
13.4.1  Sous-zone 1 : Gouvernorat de Gafsa 357 
13.4.2  Sous-zone 2 : Gouvernorat de Tozeur 359 
13.4.3  Sous-zone 3 : Gouvernorat de Kebili 361 
13.4.4  Sous-zone 4 : Littoral de Gabes 362 
13.4.5  Sous-zone 5 : Zone intérieure de Gabes 364 
13.4.6  Sous-zone 6 : Ile de Djerba et Zarzis 365 
13.4.7  Sous-zone 7 : Medenine 366 
13.4.8  Sous-zone 8 : Gouvernorat de Tataouine 368 
13.4.9  Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones 369 
13.5  Quels sont les scénarios possibles et cohérents pour valoriser les EUT de la zone du
Grand Sud ? 370 
13.5.1  Formulation des scénarios prospectifs proposés 370 
13.5.2  Traduction locale à l’échelle des sous-zones des scénarios 371 
13.5.3  Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT produites en
fonction des usages et des horizons temporels 374 
13.5.4  Comparaison des scénarios proposés 376 
13.5.5  Conclusion sur la situation du Grand Sud et les opportunités de développement de la
REUT 380 

14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE ...... 381 


14.1  Offre potentielle en EUT dans le Centre d’ici 2050. Comment cette offre s’inscrit dans
le mix de ressources en eau global de la région ? 381 
14.1.1  Une production d’EUT de 15 Mm3 à plus de 30 Mm3 d’ici 2050 381 
14.1.2  Une offre en EUT qui pourrait réduire le déficit hydrique régional de près de 10 % 385 
14.2  Contexte socio-économique de la zone Centre et ses perspectives d’évolution d’ici
2050. Quelle acceptabilité sociale pour la REUT auprès des usagers potentiels ? 391 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
14.2.1  Des niveaux d’acceptabilité de la REUT divers chez les agriculteurs, en fonction de
l’accessibilité des ressources conventionnelles et des craintes liées à la qualité 391 
14.2.2  Un secteur industriel régional à la marge 396 
14.2.3  Un potentiel touristique non développé 396 
14.2.4  Des besoins municipaux en eau réduits 397 
14.2.5  Un potentiel de recharge faible face aux déficits existants des nappes phréatiques les
plus surexploitées 397 
14.3  Impacts actuels des rejets d’eaux usées sur l’environnement et les activités socio-
économiques dans la zone du Centre 402 
14.3.1  Des milieux de rejets continentaux mais vulnérables 402 
14.3.2  Des petites localités encore impactées par des rejets d’eaux usées non traitées 403 
14.3.3  Quelques rejets industriels non raccordés au réseau avec un fort impact négatif
local 403 
14.4  Valorisations possibles des EUT en fonction des différents contextes territoriaux du
Centre 405 
14.4.1  Sous zone 1 : Villes de Kairouan et Sbikha 405 
14.4.2  Sous zone 2 : Zone rurale de Kairouan 406 
14.4.3  Sous zone 3 : Gouvernorat de Kasserine 407 
14.4.4  Sous zone 4 : Gouvernorat de Sidi Bouzid 408 
14.4.5  Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones 410 
14.5  Conclusion sur la situation de la zone du Centre et les opportunités de
développement de la REUT 411 
14.5.1  Une production faible d’EUT, disséminée sur un vaste territoire qui ne permettra pas
d’avoir un impact conséquent sur le déficit hydrique régional 411 
14.5.2  Des EUT encore perçues comme une source de pollution plutôt qu’une ressource
potentielle 411 
14.5.3  Des EUT à gérer localement en fonction des opportunités à saisir à proximité des
STEP 411 

15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-


OUEST ....................................................................................... 413 
15.1  Offre potentielle en EUT dans le Nord-Ouest d’ici 2050. Comment cette offre s’inscrit
dans le mix de ressources en eau global de la région ? 413 
15.1.1  Une production d’EUT de 30 Mm3 aujourd’hui à plus de 50 Mm3 d’ici 2050 413 
15.1.2  Un bilan hydrique régional excédentaire et bien supérieur à l’offre en EUT 419 
15.2  Contexte socio-économique au Nord-Ouest et ses perspectives d’évolution d’ici 2050
en lien avec la REUT. Quelle acceptabilité sociale pour la REUT auprès des usagers
potentiels ? 425 
15.2.1  Des réticences à développer l’agriculture irriguée avec les EUT liées à la disponibilité
des eaux conventionnelles et à la qualité des EUT 425 
15.2.2  Un secteur industriel réparti sur les 5 gouvernorats, avec un pôle majeur à Bizerte 429 
15.2.3  Un secteur touristique axé sur le littoral qui cherche à se diversifier 430 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
15.2.4  Un potentiel faible de réutilisation pour des usages urbains 431 
15.2.5  Quelques possibilités de recharge de nappes avec les EUT, localisées au Kef et à
Bizerte 431 
15.3  Impacts actuels des rejets d’eaux usées sur l’environnement et les activités socio-
économiques dans la zone du Nord-Ouest 435 
15.3.1  De nombreuses sources de pollution dans les cours d’eau de la Medjerdah qui
expliquent les craintes sur la qualité des EUT 435 
15.3.2  Des rejets dans les lagunes littorales à surveiller 435 
15.4  Valorisations possibles des EUT en fonction des différents contextes territoriaux du
Nord-Ouest 437 
15.4.1  Sous zone 1 : Pôle urbain de Bizerte et Menzel Bourguiba 437 
15.4.2  Sous zone 2 : Beja et Ouest de Bizerte 439 
15.4.3  Sous zone 3 : Littoral de Tabarka à Nefza 440 
15.4.4  Sous zone 4 : Jendouba 441 
15.4.5  Sous zone 5 : Gouvernorat du Kef 442 
15.4.6  Sous zone 6 : Gouvernorat de Siliana 443 
15.4.7  Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones 445 
15.5  Conclusion sur la situation de la zone du Nord-Ouest et les opportunités de
développement de la REUT 445 
15.5.1  Le développement local de la REUT, une action qui restera marginale dans la gestion
l’eau à l’échelle de la région 445 
15.5.2  Des EUT à gérer localement en fonction des opportunités à saisir à proximité des
STEP 446 

PARTIE D.  ELEMENTS D’AIDE A LA DECISION POUR DES GRANDES


ORIENTATIONS NATIONALES OU REGIONALES EN MATIERE
DE REUT ......................................................................... 447 
16. ANALYSES COUTS BENEFICES...................................................... 447 
16.1  ACB n°1 : Emissaire en mer vs Transfert : Est-il intéressant de transférer des EUT à
x km du littoral pour irriguer des oliveraies actuellement non irriguées ? 451 
16.2  ACB 2 : EUT vs Ressource conventionnelle - Est-il intéressant de remplacer une
ressource conventionnelle par des EUT sur un périmètre irrigue existant ? 458 
16.2.1  ACB n°2A : Cas d’un territoire en forte tension hydrique qui envisage de mettre en
place du dessalement pour son alimentation en eau potable 458 
16.2.2  ACB n°2B : Cas d’un territoire en moindre tension où le dessalement n’est pas
forcément envisagé à ce stade 470 

17. ELEMENTS DE CONCLUSION ........................................................ 475 


17.1  Messages clés 475 

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Version définitive
17.2  Lignes directrices pour répondre aux objectifs formulés lors du diagnostic de la
phase 1 483 
17.3  Les futurs possibles et souhaitables de la REUT en Tunisie 486 

BIBLIOGRAPHIE .............................................................................. 489 

ANNEXES......................................................................................... 493 
Annexe 1 : Justification du découpage retenu pour l’étude 495 
Annexe 2 : Détails sur les options technologiques de traitement 502 
Annexe 3 : Présentation des éléments de benchmark du cadre institutionnel 526 
Annexe 4 : Hypothèses retenues pour l’établissement des scénarios régionaux 534 
Annexe 5 : Volumes d’EUT substitués aux eaux conventionnelles par régions, usages et
scénarios 537 
Annexe 6 : Hypothèses retenues pour les ACB 539 
Annexe 7 : Articles prospectifs sur la filière REUT 545 

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prospective - Version définitive
TABLE DES ILLUSTRATIONS

LISTE DES FIGURES


Figure 1 : Etapes méthodologiques pour l’approche régionale de l’analyse prospective ........................................ 13 
Figure 2 : Schéma des objectifs territoriraux possibles auxquels peut répondre la REUT ..................................... 38 
Figure 3 : Triptyque prospectif « Anticipation – Appropriation – Action » tel que proposé par M. GODET ............. 39 
Figure 4 : Zonage retenu pour l’approche prospective ........................................................................................... 41 
Figure 5 : Schéma méthodologique des étapes de l’analyse propsecitve et participative à différentes échelles
géographiques ................................................................................................................................. 51 
Figure 6 : Schéma des étapes méthdologiques mises en œuvre pour calculer les flux domestiques à l’horizon
2050 ................................................................................................................................................. 53 
Figure 7 : Schéma des étapes méthdologiques mises en œuvre pour calculer les flux touristiques à l’horizon
2050 ................................................................................................................................................. 53 
Figure 8 : Schéma des étapes méthdologiques mises en œuvre pour calculer les flux industriels à l’horizon
2050 ................................................................................................................................................. 54 
Figure 9 : Projections de la population communale jusqu’en 2050 par régions de l’étude – données INS et calculs
BRLi ................................................................................................................................................. 55 
Figure 10 : Flux domestique d’EUT en Mm3/an (sans prise en compte des activités collectives) par régions aux
différents horizons temporels ........................................................................................................... 56 
Figure 11 : Flux d’EUT en Mm3/an liés aux activités collectives par régions aux différents horizons temporels .... 57 
Figure 12 : Flux industriel d’EUT en Mm3/an par régions aux différents horizons temporels ................................. 58 
Figure 13 : Flux touristique d’EUT en Mm3/an par régions aux différents horizons temporels selon 2 hypothèses
de taux d’occupation des zones touristiques .................................................................................... 59 
Figure 14 : Evolution historique et projetée du flux total d’EUT en Tunisie de 1980 à 2050 ................................... 60 
Figure 15 : Evolution historique et projetée des flux domestiques, industriels et touristiques des EUT de 1975 à
2050 ................................................................................................................................................. 61 
Figure 16 : Evolution du flux total d’EUT avec la part produite par des STEP existantes en 2020 et celle produite
par des STEP programmées ............................................................................................................ 61 
Figure 17 : Parc des STEP en 2018 ....................................................................................................................... 63 
Figure 18 : Evolution possible du parc des STEP dentre 2018 et 2050.................................................................. 64 
Figure 19 : Variation des flux d’EUT projetés en fonction de différentes hypothèses d’évolution de la croissance
démographique ................................................................................................................................ 65 
Figure 20 : Variation des flux d’EUT projetés en fonction de différentes hypothèses d’évolution de la
consommation unitaire en eau potable ............................................................................................ 66 
Figure 21 : Carte de comparaison des potentiels d’EUT avec les prélèvements en eau actuels par usages et par
régions ............................................................................................................................................. 68 
Figure 22 : Part des EUT dans le mix des ressources en eau au niveau national en 2020 et 2050 en année
moyenne et sèche selon plusieurs hypothèses de changement climatique ..................................... 69 
Figure 23 : Carte de comparaison des potentiels d’EUT avec les ressources en eau par région ........................... 71 
Figure 24 : Positionnement des procédés de filtration en fonction du diamètre des pores membranaires et des
molécules à retenir ........................................................................................................................... 75 
Figure 25 : Exemples de filtres sur tamis ................................................................................................................ 75 
Figure 26 : Schéma d’un filtre à sable .................................................................................................................... 76 
Figure 27 : Exemple d’une filtration membranaire dans des modules spécifiques ................................................. 76 
Figure 28 : Schéma de fonctionnement d’une filtration membranaire..................................................................... 77 
Figure 29: Consommation énergétique en fonction du type de procédé de traitement en Tunisie ......................... 87 
Figure 30 : Consommations relatives par sous-postes au sein du poste Eau à l'échelle annuelle (8 cas étudiés)
(prétraitement et traitement secondaire) .......................................................................................... 88 
Figure 31 : Consommations relatives par sous-poste au sein du traitement tertiaire ............................................. 89 
Figure 32 : Dépenses énergétiques liées à la REUT à l’échelle du petit cycle de l’eau.......................................... 91 
Figure 33 : Utilisation créative des eaux usées chez Carbery Milk Products, Cork, Irlande ................................... 96 
Figure 34 : Possibilité d’installations de turbinage des eaux usées (Bousquet, 2015)............................................ 99 
Figure 35 : Quelle surface d’installation photovoltaïque pour un projet de REUT ?.............................................. 102 
Figure 36 : Coût global du traitement tertiaire pour différents scénarios technologiques (cas où on se situe à
l’aval d’un traitement secondaire par boues activées) ................................................................... 111 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
Figure 37 : Coût global du traitement tertiaire pour différents scénarios technologiques (cas où on se situe à
l’aval d’un traitement secondaire par lagunage) ............................................................................. 112 
Figure 38 : Décomposition du coût global du traitement tertiaire pour différents scénarios technologiques
(Distinction des postes investissement+renouvellement / Energie / Autres frais de fonctionnement)
– Cas des STEP de taille comprise entre 10 000 et 80 000 eq.hab .............................................. 113 
Figure 39 : Calcul théorique de la surface en olivier et arboriculture irrigable à partir d’une STEP rurale, avec et
sans stockage ................................................................................................................................ 117 
Figure 40 : Les EUT ressources de matières et d’énergie (Roche, 2019) ............................................................ 118 
Figure 41 : Possibilités de récupération de la chaleur des eaux usées (Azam & Horsin Molinaro, 2017) ............ 119 
Figure 42 : Représentation du contenu des eaux usées rejetées par une personne (LISBP, s.d.) ...................... 122 
Figure 43 : Flux d’azote rejeté au passage de la station d’épuration (LISBP, s.d.)............................................... 124 
Figure 44: Approches réglementaires pour la REUT à travers le monde ............................................................. 129 
Figure 45: Schéma de l’approche barrière pour l’usage agricole.......................................................................... 137 
Figure 46 :Les différents niveaux d’engagement selon le type de processus participatif ..................................... 146 
Figure 47 : Nombre de cas selon les considérations prises en compte pour établir la politique tarifaire de la REUT
aux Etats-Unis (AWWA, 2019) ....................................................................................................... 160 
Figure 48 : Coût de la REUT (hors transport) par rapport au coût actuel de l’assainissement ............................. 163 
Figure 49 : Les différents niveaux de tarification possibles .................................................................................. 165 
Figure 50 : Résultats du sondage 1 : quel niveau de tarification en fonction des usages ? .................................. 166 
Figure 51 : Résultats du sondage 2 : comment financer la différence entre le tarif et le coût complet des
EUT ? ............................................................................................................................................. 167 
Figure 52 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Cap
Bon................................................................................................................................................. 180 
Figure 53 : Zone Cap Bon : Carte agricole – Carte 1 : Vigne et arboriculture, périmètres irrigués (en rouge) ..... 182 
Figure 54 : Zone Cap Bon, Carte agricole – Carte 2 : Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres
irrigués (en rouge) .......................................................................................................................... 183 
Figure 55 : Zone Cap Bon, Carte agricole – Carte 3 : maraîchage et périmètres irrigués (en rouge)................... 184 
Figure 56 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Cap
Bon................................................................................................................................................. 186 
Figure 57 : Panneau d’interdiction à la baignade au niveau du rejet de la STEP SE4 et vision de la plage
impactée par le rejet....................................................................................................................... 191 
Figure 58 : Découpage de la région du Cap Bon en sous zones d’étude ............................................................. 194 
Figure 59 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Cap Bon ..................................... 203 
Figure 60 : Principales composates considérées pour la construction des scénarios du Cap Bon ...................... 206 
Figure 61 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios (cartographie) ................................ 208 
Figure 62 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et das le déficit (bas) à l’échelle du Sahel et de
Sfax ................................................................................................................................................ 233 
Figure 63 : Zone Sahel - Sfax : Carte agricole – Carte 1 : Vigne et arboriculture, périmètres irrigués (en rouge) 235 
Figure 64 : Zone Sahel – Sfax : Carte agricole – Carte 2 Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres
irrigués (en rouge) .......................................................................................................................... 236 
Figure 65 : Zone Sahel – Sfax : Carte agricole – Carte 3 : Maraîchage et périmètres irrigués (en rouge) .......... 237 
Figure 66 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Sahel et
Sfax ................................................................................................................................................ 239 
Figure 67 : Emissaire en mer rejettant les EUT de la STEP EL Frina dans la baie de Monastir et zone de pêche à
proximité ........................................................................................................................................ 246 
Figure 68 : Rejet de la STEP de Sayada Lamta et dégradation du littoral de la baie de Monastir ....................... 247 
Figure 69 : Découpage de la région du Sahel et Sfax en sous zones d’étude ..................................................... 249 
Figure 70 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Sahel et Sfax .............................. 259 
Figure 71 : Principales composantes considérées pour la construction des scénarios ........................................ 262 
Figure 72 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios du Sahel et de Sfax (cartographie) 264 
Figure 73 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et das le déficit (bas) à l’échelle du Grand
Tunis et de Zaghouan .................................................................................................................... 286 
Figure 74 : Zone Tunis – Zaghouan : Carte agricole – Carte 1 : Vigne et arboriculture, périmètres irrigués (en
rouge)............................................................................................................................................. 288 
Figure 75 : Zone Grand Tunis et Zaghouan : Carte agricole – Carte 2 : céréales (en jaune) et fourrages (en
violet), périmètres irrigués (en rouge) ............................................................................................ 289 
Figure 76 : Zone Grand Tunis et Zaghouan : Carte agricole – Carte 1 : Maraîchage et périmètres irrigués (en
rouge)............................................................................................................................................. 290 
Figure 77 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Grand
Tunis et Zaghouan ......................................................................................................................... 292 
Figure 78 : Découpage de la région du Grand Tunis et Zaghouan en sous zones d’étude .................................. 302 
Figure 79 : Synthèse des valorisations des EUT possibles pour les 5 sous zones de la zone Grand Tunis -
Zaghouan ....................................................................................................................................... 313 
Figure 80 : Schéma des possibilités des valorisations des EUT pour les principales STEP du Grand Tunis ....... 314 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
Figure 81 : Principales composantes considérées pour la construction des scénarios pour le Grand Tunis et
Zaghouan ....................................................................................................................................... 317 
Figure 82 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 4 scénarios sur la zone Grand Tunis - Zaghouan
(cartographie) ................................................................................................................................. 319 
Figure 83 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Grand
Sud................................................................................................................................................. 344 
Figure 84 : Zone Grand Sud : Carte agricole – Arboriculture et périmètres irrigués (en rouge) ........................... 346 
Figure 85 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs pour exploiter les EUT en fonction des sous zones du Grand
Sud................................................................................................................................................. 347 
Figure 86 : Rejet de la STEP de Medenine dans l’Oued Smar ............................................................................. 354 
Figure 87 : Découpage de la région du Grand Sud en sous zones d’étude ......................................................... 357 
Figure 88 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Grand Sud .................................. 369 
Figure 89 : Principales composantes considérées pour la construction des scénarios ........................................ 371 
Figure 90 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios (cartographie) ................................ 373 
Figure 91 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Centre 390 
Figure 92 : Zone Centre : Carte agricole – Carte 1 : Arboriculture et périmètres irrigués (en rouge) ................... 392 
Figure 93 : Zone Centre : Carte agricole – Carte 2 : Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres
irrigués (en rouge) .......................................................................................................................... 393 
Figure 94 : Zone Centre : Carte agricole – Carte 3 : Maraîchage et périmètres irrigués (en rouge) ..................... 394 
Figure 95 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Centre 396 
Figure 96 : Stagnation des EUT et infiltration dans la nappe au niveau du rejet de la STEP de Hajeb El Ayoun
(gouvernorat de Kairouan) ............................................................................................................. 402 
Figure 97 : Découpage de la région du Centre en sous zones d’étude ................................................................ 405 
Figure 98 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Centre ........................................ 410 
Figure 99 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Nord
Ouest ............................................................................................................................................. 424 
Figure 100 : Zone Nord Ouest : Carte agricole – Carte 1 : arboriculture et périmètres irrigués (en rouge) .......... 426 
Figure 101 : Zone Nord Ouest : Carte agricole – Carte 2 : Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres
irrigués (en rouge) .......................................................................................................................... 427 
Figure 102 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Nord
Ouest ............................................................................................................................................. 429 
Figure 103 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Nord Ouest ............................... 445 
Figure 104 : Localisation des pôles épuratoire des EUT d’importance nationale et régional ................................ 482 
Figure 105 : Schéma de principe de l’électrodyalyse ........................................................................................... 523 
Figure 106 : Exemple d’installations d’électrodyalyse .......................................................................................... 524 

LISTE DES TABLEAUX


Tableau 1 : Traitement complémentaire conseillé pour les principaux usages des EUT, avec les coûts et
consommations énergétiques associés pour une STEP de capacité moyenne (entre 10 000 et
80 000 EH) ......................................................................................................................................... 9 
Tableau 2 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région du Cap Bon ................... 16 
Tableau 3 : Elements pour comparer les scénarios de la zone Cap Bon ............................................................... 17 
Tableau 4 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région Sahel - Sfax .................. 20 
Tableau 5 : Elements pour comparer les scénarios pour le Sahel et Sfax ............................................................. 21 
Tableau 6 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région du Grand Tunis et
Zaghouan ......................................................................................................................................... 23 
Tableau 7 : Elements de comparaions des scénarios pour la zone Tunis - Zaghouan........................................... 24 
Tableau 8 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région du Grand Sud................ 26 
Tableau 9 : Elements de comparaions des scénarios pour la zone Grand Sud ..................................................... 27 
Tableau 10 : Zonage retenu pour l’approche prospective ...................................................................................... 40 
Tableau 11 : Rappel synthétique des niveaux de traitment possibles en fonction des usages .............................. 45 
Tableau 12 : Description des différents niveaux d’ambition en fonction des contraintes liées aux valorisations des
EUT .................................................................................................................................................. 47 
Tableau 13 : Liste des réunions régionales conduites en Phase 2 en amont de la phase d’enquête ..................... 48 
Tableau 14 : Liste des réunions de travail conduites avec l’ONAS en Phase 2 ..................................................... 48 
Tableau 15 : Nombre d’enquêtes réalisées par régions et par usagers potentiels des EUT .................................. 49 
Tableau 16 : Liste des ateliers de concertation régionaux réalisés ........................................................................ 50 
Tableau 17 : Projections nationales de l’INS de la population tunisienne (INS, 2015) ........................................... 54 
Tableau 18 : Flux d’EUT total produits par régions et aux différents horizons temporels de l’étude ...................... 62 
Tableau 19 : Impact du traitement secondaire sur les paramètres microbiologiques ............................................. 74 
Tableau 20 : Tableau de classification des membranes ......................................................................................... 77 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
Tableau 21 : Tableau comparatif des différentes techniques de filtration ............................................................... 77 
Tableau 22 : Tableau comparatif des différentes techniques de désinfection ........................................................ 78 
Tableau 23 : Volumes d’EUT produits en fonction de la salinité des EUT en sortie de STEP (ONAS, 2017) ........ 81 
Tableau 24 : Liste des STEP industrielle programmées par l’ONAS (ONAS, 2020)............................................... 85 
Tableau 25 : Part de la consommation en énergie du traitement III dans la consommation énergétique totale de la
file Eau d’une STEP ......................................................................................................................... 89 
Tableau 26 : Approche de la consommation énergétique selon les procédés de traitement en France (Roche,
2019) ................................................................................................................................................ 94 
Tableau 27 : Résumé des enjeux liés à chaque usage et exemples de filières de traitement tertiaire associées 105 
Tableau 28 : Matrice Usages potentiels x Scénarios de traitement III .................................................................. 107 
Tableau 29 : Base des hypothèses concernant le couût de renouvellement ........................................................ 108 
Tableau 30 : Tableau des scénarios de traitement – nutriments, énergie, coûts et appréciation de
l’applicabilité ................................................................................................................................... 110 
Tableau 31 : Traitement complémentaire conseillé pour les principaux usages des EUT, avec les coûts et
consommations énergétiques associés pour une STEP de capacité moyenne (entre 10 000 et
80 000 EH) ..................................................................................................................................... 115 
Tableau 32 : Liste des STEP rurales existantes et projetées par l’ONAS (ONAS, 2020) ..................................... 116 
Tableau 33: Caractérisation de la qualité microbiologique en fonction des pays (Condom, Lefebvre, & Vandome,
2012) .............................................................................................................................................. 128 
Tableau 34: Réglementation existante, en fonction des usages, à l’échelle du bassin méditerranéen (Condom,
Lefebvre, & Vandome, 2012) ......................................................................................................... 129 
Tableau 35: Normes internationales pour la REUT en application ou en préparation .......................................... 131 
Tableau 36: Avantages et inconvénients des approches réglementaires ............................................................. 135 
Tableau 37 :Exigences minimales issues de la norme ISO 16075 ....................................................................... 136 
Tableau 38: Liste des mesures barrières inscrites dans la norme ISO 16075 ...................................................... 138 
Tableau 39 :Evolution de la réglementation en fonction de la projection possible de l’applicabilité de la REUT aux
usages ........................................................................................................................................... 141 
Tableau 40 :Options envisageables pour le pilotage de la REUT en Tunisie ....................................................... 148 
Tableau 41: Propositions faites concernant le cadre institutionnel de la REUT en Tunisie .................................. 154 
Tableau 42 : Système tarifaire de la REUT pour les cas étudiés dans le cadre de l’enquête AWWA, 2019, Etats-
Unis ................................................................................................................................................ 161 
Tableau 43 : Synthèse des remarques des participants ....................................................................................... 166 
Tableau 44 : Exemple de typologie d’usage et de structuration des coûts (BRLi) ................................................ 169 
Tableau 45 : Liste des STEP existantes et projetées au Cap Bon et flux d’EUT aux différents horizons temporels
(calculs BRLi) ................................................................................................................................. 173 
Tableau 46 : Salinité des eaux en sortie des STEP du Cap Bon pour l’année 2017 (ONAS, 2017) ..................... 174 
Tableau 47 : STEP rurales existantes et projetées au Cap Bon (ONAS, 2018) ................................................... 174 
Tableau 48 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué
(ONAS, 2019) ................................................................................................................................ 175 
Tableau 49 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT .......................... 190 
Tableau 50 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : plaine de Grombalia ............................ 195 
Tableau 51 : Possibilités de valorisation des EUT pour sous-zone 2 : région de Nabeul-Hammamet ................. 197 
Tableau 52 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : littoral oriental de Korba à Tazerka ...... 199 
Tableau 53 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 4 : littoral oriental au Nord de Kelibia ........ 200 
Tableau 54 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 5 : plaine d’El Haouaria ............................ 201 
Tableau 55 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 6 : Cap Bon occidental ............................. 203 
Tableau 56 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios ..................................................... 207 
Tableau 57 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénarios aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 211 
Tableau 58 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre
en place dans chaque scénario ..................................................................................................... 213 
Tableau 59 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique du Cap Bon à l’horizon 2050 ...................................... 214 
Tableau 60 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés .......................................... 215 
Tableau 61 : Comparaison des scénarios proposées pour le Cap Bon en fonction des niveaux d’ambitions par
contraintes ..................................................................................................................................... 216 
Tableau 62 : Liste des STEP existantes et futures au Sahel et Sfax et flux d’EUT aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 220 
Tableau 63 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Sahel - Sfax pour l’année 2017 (ONAS, 2017) ... 225 
Tableau 64 : Principales industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est
évalué (ONAS, 2019) ..................................................................................................................... 226 
Tableau 65 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT .......................... 244 
Tableau 66 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : Nord de Sousse ................................... 250 
Tableau 67 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 2 : complexe littoral Sousse Monastir ....... 252 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
Tableau 68 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : littoral de Mahdia ................................. 254 
Tableau 69 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 4 : zone intérieure de Mahdia ................... 255 
Tableau 70 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 5 : pôle urbain de Sfax .............................. 255 
Tableau 71 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 6 : zone rurale de Sfax ............................. 257 
Tableau 72 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios ..................................................... 263 
Tableau 73 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénarios aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 267 
Tableau 74 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre
en place dans chaque scénario ..................................................................................................... 268 
Tableau 75 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique du Sahel et de Sfax à l’horizon 2050 .......................... 269 
Tableau 76 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés .......................................... 270 
Tableau 77 : Comparaison des scénarios proposées pour la zone Sahel - Sfax en fonction des niveaux
d’ambitions par contraintes ............................................................................................................ 272 
Tableau 78 : Liste des STEP existantes et futures au Grand Tunis et Zaghouan et flux d’EUT aux différents
horizons temporels ......................................................................................................................... 277 
Tableau 79 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Grand Tunis - Zaghouan pour l’année 2017
(ONAS, 2017) ................................................................................................................................ 280 
Tableau 80 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué
(ONAS, 2019) ................................................................................................................................ 280 
Tableau 81 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT .......................... 297 
Tableau 82 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : l’Ariana................................................. 303 
Tableau 83 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 2 de la Manouba ....................................... 305 
Tableau 84 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : gouvernorat de Zaghouan ................... 306 
Tableau 85 : Synthèse des valorisations des EUT envisagées dans des études antérieures sur le Grand Tunis 308 
Tableau 86 : Possibilités de valorisation des EUT pour la plaine de Mornag - ..................................................... 309 
Tableau 87 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 5 : pôle urbain du Grand Tunis ................ 311 
Tableau 88 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 4scénarios ...................................................... 318 
Tableau 89 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénarios aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 322 
Tableau 90 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre
en place dans chaque scénario ..................................................................................................... 324 
Tableau 91 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique dela zone Grand Tunis - Zaghouan à l’horizon 2050 . 326 
Tableau 92 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés .......................................... 327 
Tableau 93 : Comparaison des scénarios proposées pour le Grand Tunis et Zaghouan en fonction des niveaux
d’ambitions par contraintes ............................................................................................................ 329 
Tableau 94 : Liste des STEP existantes et futures au Grand Sud et flux d’EUT aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 334 
Tableau 95 : Salinité des eaux en sortie des STEP du Grand Sud pour l’année 2017 (ONAS, 2017) ................. 338 
Tableau 96 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué
(ONAS, 2019) ................................................................................................................................ 338 
Tableau 97 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT .......................... 353 
Tableau 98 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : Gouvernorat de Gafsa ......................... 358 
Tableau 99 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 2 : Gouvernorat de Tozeur........................ 360 
Tableau 100 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : Gouvernorat de Kebili ........................ 361 
Tableau 101 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 4 : littoral de Gabes ................................ 363 
Tableau 102 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 5 : zone intérieure de Gabes .................. 364 
Tableau 103 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 6 : île de Djerba et Zarzis........................ 365 
Tableau 104 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 7 : Medenine ........................................... 367 
Tableau 105 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 8 : Gouvernorat de Tataouine ................. 368 
Tableau 106 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 2 scénarios ................................................... 372 
Tableau 107 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénario aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 375 
Tableau 108 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à
mettre en place dans chaque scénario .......................................................................................... 376 
Tableau 109 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique du Grand Sud à l’horizon 2050................................. 377 
Tableau 110 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés ........................................ 378 
Tableau 111 : Comparaison des scénarios proposées pour le Grand Sud en fonction des niveaux d’ambitions par
contraintes ..................................................................................................................................... 379 
Tableau 112 : Liste des STEP existantes et futures au Centre et flux d’EUT aux différents horizons temporels . 382 
Tableau 113 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Centre pour l’année 2017 (ONAS, 2017) ......... 385 
Tableau 114 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT ........................ 401 
Tableau 115 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 1 : villes de Kairouan et Sbikha............... 406 
Tableau 116 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 2 : zone rurale de Kairouan..................... 407 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
Tableau 117 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 3 : Gouvernorat de Kasserine ................. 408 
Tableau 118 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 4 : Gouvernorat de Sidi Bouzid .............. 409 
Tableau 119 : Liste des STEP existantes et futures au Nord-Ouest et flux d’EUT aux différents horizons
temporels ....................................................................................................................................... 414 
Tableau 120 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Nord Ouest pour l’année 2017 (ONAS, 2017) .. 418 
Tableau 121 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué
(ONAS, 2019) ................................................................................................................................ 418 
Tableau 122 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT ........................ 434 
Tableau 123 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 1 : pôle urbain de Bizerte et Menzel
Bourguiba....................................................................................................................................... 438 
Tableau 124 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 2 : Beja et Ouest de Bizerte .................... 440 
Tableau 125 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 3 : littoral de Tabarka à Nefza ................. 441 
Tableau 126 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 4 : Jendouba ........................................... 442 
Tableau 127 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 5 : Gouvernorat du Kef ........................... 443 
Tableau 128 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 6 : Gouvernorat de Siliana ...................... 444 
Tableau 129 : Comparaison entre (i) les volumes d’eau conventionnelle pouvant être substitués par des EUT
selon différents scénarios régionaux et (ii) les différentes projections de déficit hydrique à l’’horizon
2050 ............................................................................................................................................... 476 
Tableau 130 : Pôles de production des EUT ........................................................................................................ 495 
Tableau 131 : Zonage de la DGRE pour la pluviométrie ...................................................................................... 496 
Tableau 132 : Régions hydrographiques .............................................................................................................. 496 
Tableau 133 : Systèmes aquifères ....................................................................................................................... 497 
Tableau 134 : Electrodyalyse – Qualité de l’eau produite en dessalement .......................................................... 525 
Tableau 135 : Electrodyalyse – Avantages et inconvénients ................................................................................ 525 
Tableau 136 : Hypothèses utilisées pour les besoins en eau actuels des cultures par régions ........................... 534 
Tableau 137 : Hypothèses utilisées pour les besoins en eau futurs (2050) des cultures par régions................... 535 
Tableau 138 : Hypothèses des horizons temporels de mise en œuvre des différentes valorisations des EUT .... 535 
Tableau 139 : Coût d’ordre des canalisations....................................................................................................... 539 
Tableau 140 : Coût d’ordre des stations de pompage .......................................................................................... 540 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ACB Analyse Coûts Bénéfices


AEP Alimentation en Eau Potable
AFD Agence Française de Développement
ANCSEP Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits
ANPE Agence Nationale pour la Protection de l’Environnement
APAL Agence de Protection et d'Aménagement du Littoral
AVFA Agence de la Vulgarisation et de la Formation Agricole
BA Boues Activées
BPEH Bureau de la Planification et des Equilibres Hydrauliques
CERTE Centre de Recherche et des Technologies des Eaux
CES Conservation des Eaux et des Sol
CPG Compagnies des Phosphates de Gafsa
CRET Carte des Ressources en Eau de la Tunisie
CTV Cellules Territoriales de Vulgarisation
DBO5 Demande Biochimique en Oxygène
DCO Demande Chimique en Oxygène
DGACTA Direction Générale de l'Aménagement et de la Conservation des Terres Agricoles
DGEQV Direction Générale de l'Environnement et de la Qualité de Vie
DGGREE Direction Générale du Génie Rural et de L'Exploitation des Eaux
DGPA Direction Générale des Productions Animales
DGPCQPA Direction Générale de la Protection et du Contrôle de la Qualité des Produits Agricoles
DGRE Direction Générale des Ressources en Eau
DHMPE Direction de l'Hygiène du Milieu et de la Protection de l'Environnement
DPH Domaine Public Hydraulique
EIES Etude d’Impact Environnemental et Social
EPA Etablissement Public à caractère Administratif
EPNA Etablissement Public à caractère Non Administratif
ETM Eléments Traces Métalliques
EUB Eaux Usées Brutes
EUT Eaux Usées Traitées
FAO Organisation des Nations Unies pour Alimentation et l’Agriculture
GCT Groupe Chimique Tunisien
GDA/P Groupement de Développement Agricole/et de la Pêche
GIEC Groupements d'Experts Intergouvernemental sur l'évolution du Climat
GIRE Gestion Intégrée des Ressources en Eau
HAP Hydrocarbure Aromatique Polycyclique
HMT Hauteur Manométrique Totale
INAT Institut National Agronomique de Tunis
INRGREF Institut National de Recherche en Génie Rural, Eaux et Forêts
INS Institut National de la Statistique
INSSPA Institut National de la Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires
IRD Institut de Recherche pour le Développement
ITES Institut Tunisien des Etudes Stratégiques
IWA Israeli Water Authority
MARHP Ministère de l’Agriculture, des Ressources Hydrauliques et de la Pêche
ME Ministère de l’Environnement
MES Matières En Suspension
MS Ministère de la Santé
OACA Office de l'Aviation Civile et des Aéroports
ODD Objectifs de Développement Durable
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONAGRI Observatoire National de l’Agriculture
ONAS Office National de l’Assainissement

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
1. OBJECTIFS DE L’ANALYSE PROSPECTIVE ET GRANDS PRINCIPES METHODOLOGIQUES

ONTT Office National du Tourisme Tunisien


OTD Office des Terres Domaniales
PI Périmètres Irrigués
PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement
PPI Périmètres publics d'Irrigation
PPP Partenariat Public Privé
REUT Réutilisation des Eaux Usées Traitées
SCP Société du Canal de Provence
SDA Schéma Directeur d’Aménagement
SMSA Sociétés Mutuelles de Services Agricoles
SMVDA Société de Mise en Valeur et de Développement Agricole
SONEDE Société Nationale d'Exploitation et de Distribution de l'Eau
SP Station de Pompage
STEP Stations d'Epuration
STDG Société Tunisienne de Développement des Golfs
SYNAGRI Syndicats des Agriculteurs de Tunisie
UE Union Européenne
UFC Unité Formant Colonie
ULAP Union Locale de l'Agriculture et de la Pêche
URAP Union Régionale de l’Agriculture et de la Pêche
UTAP Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche
UTICA Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat
VAN Valeur Actualisée Nette

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
PREAMBULE

PREAMBULE

CADRE GENERAL DE L’ETUDE


Cette étude est réalisée dans le cadre de la facilité Adapt’Action qui s’inscrit elle-même dans le cadre
de l’Accord de Paris sur le climat et de l’engagement de la Tunisie à intégrer les Objectifs de
Développement Durable (ODD) d’ici 2030 dans ses plans de développement.

Elle vise à l’élaboration d’un Plan Directeur National « Water reuse 2050 » qui permettra d’établir les
fondations pour l’amélioration de la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) en Tunisie.

Cette étude sera intégrée dans un Plan Directeur à grande échelle des ressources en eau de la Tunisie
à l’horizon 2050 nommé « EAU 2050 » dont elle constitue le focus consacré à la réutilisation des eaux
usées traitées.
3
Le processus d’élaboration de la présente étude s’articule en trois grandes phases :
 Phase n°1 : Diagnostic de la filière
 Phase n°2 : Évaluation du futur de la REUT et définition d’une stratégie pour le secteur
 Phase n°3 : Rédaction du plan Directeur « Water Reuse 2050 »

Ce rapport a été rédigé pendant la phase 2 de l’étude et constitue le rapport de prospective à l’horizon
2050.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
PREAMBULE

TERMINOLOGIE 
La  réutilisation  des  eaux  usées  traitées  consiste  en  leur  réutilisation  après  passage  par  un  système  de 
traitement. On différencie ce type de réutilisation avec la réutilisation des eaux usées brutes, qui n’ont pas 
été traitées.  

Il existe différents types de réutilisation des Eaux Usées Traitées (EUT) : 
 Réutilisation directe : Réutilisation des eaux usées traitées via le transfert direct de l’effluent traité 
depuis  le  site  de  production  vers  le  site  d’utilisation,  sans  dilution  préalable  avec  une  autre  source 
d’eau. Il peut il y avoir un système de stockage entre la STEP et l’usage, via des bassins par exemple. Ce 
type de réutilisation concerne l’irrigation agricole ou des espaces verts par exemple. 
 Réutilisation indirecte : Réutilisation des eaux usées traitées, après leur rejet préalable dans un cours 
d’eau  ou  une  nappe,  milieux  dans  lesquels  elles  sont  ensuite  prélevées.  Ce  type  de  réutilisation 
concerne  donc  la  recharge  de  nappe  ou  le  rejet  dans  un  oued  avant  un  repompage  pour  un  usage 
agricole par exemple. Le mélange des EUT avec une autre ressource en eau, en amont d’un usage, peut 
aussi être considéré comme une forme indirecte de REUT. 
 Recyclage : l’eau usée est réutilisée directement au sein d’un même établissement après un traitement 
spécifique sans passer par une STEP, pour le même ou un nouvel usage. Cette pratique a souvent lieu 
au niveau d’un site industriel et sort un peu du cadre de la REUT au sens classique du terme.  

La présente phase de prospective aborde tout un panel de réutilisations possibles des EUT en Tunisie. On 
utilise ainsi, dans le présent rapport, le terme de « REUT » pour désigner les types de réutilisation suivants : 

REUT directe 
 Secteur agricole : Pâturage/parcours, arboriculture (oliviers/agrumes/autres), pépinières et arbustes 
et  autres cultures  florales,  céréales,  fourrages,  cultures  industrielles  (tabac  …), plantes  médicinales, 
maraîchage 

4  Secteur touristique : alimentation des blocs sanitaires des hôtels, golfs, espaces verts hôteliers 
 Secteur urbain : hydrocurage des réseaux d’assainissement, lavages des rues/véhicules, espaces verts 
d’ornement ou recevant du public, alimentation de blocs sanitaires des établissements publics 
 Secteur industriel : nettoyage de carrières, dilution des saumures provenant du dessalement, eaux de 
process hors IAA (Textiles, phosphates…), eaux de refroidissement 
 Valorisation  environnementale :  alimentation  de  zones  humides,  revégétalisation  d’espaces 
forestiers, pépinières (lutte contre la désertification) 
 Alimentation en Eau Potable (AEP) 

REUT indirecte 
 Recharge  de  nappe :  recharge  sans  prélèvements,  barrière  anti‐sel,  recharge  avec  prélèvements 
agricoles, recharge avec utilisation pour l’eau potable 
 Rejets en surface : rejets dans un oued puis pompage pour l’agriculture, rejets dans un barrage sans 
utilisation AEP, rejets dans un barrage avec utilisation AEP 
 Mélange  des  EUT  avec  une  autre  ressource  en  eau  (eaux  de  barrages,  eaux  souterraines,  eaux 
dessalées…) 

Les rejets vers le milieu naturel ne sont pas comptabilisés ici comme des réutilisations à part entière. Cela ne 
signifie pas qu’ils n’ont pas un rôle important pour ces milieux (en y maintenant par exemple un débit minimal) 
et/ou pour des usages situés plus à l’aval qui vont au final utiliser l’eau pour un nouvel usage (réutilisation 
indirecte).  

Enfin, on utilisera aussi la notion de « filière de la REUT » pour caractériser « l’ensemble du processus et des 
impacts  depuis  la  production  des  eaux  usées  jusqu’à  leur  devenir  final  après  usage.  Cette  notion  regroupe 
l’ensemble des opérateurs et activités sur la ressource » (ECOFILAE, 2016).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
RESUME

RESUME

La Tunisie réutilise aujourd’hui moins de 10% des environ 300 Mm3 d’eaux usées traitées (EUT) qu’elle
produit et les rejets des EUT non réutilisées continuent à soulever des questions environnementales et
sociales dans plusieurs points du pays.

Ceci alors même que se dessinent, dès à présent, des perspectives qui interrogent fortement le bilan
hydrique national, déjà très tendu. Le climat de 2050, et plus loin celui de 2100, n’auront en effet rien à
voir avec celui d’aujourd’hui. La hausse des températures se sera poursuivie, même si les accords
internationaux sur les émissions de gaz à effet de serre devaient aboutir et être appliqués effectivement
dès aujourd’hui. Les précipitations auront probablement diminué, comme pour l’ensemble du bassin
méditerranéen, considéré comme un hot spot pour cette question. Les nappes se rechargeront moins,
les débits des oueds auront diminué. La population du pays sera plus nombreuse et très certainement
souhaitera consommer plus d’eau pour ses usages quotidiens. Sans changement structurel,
l’agriculture du pays réclamera plus d’eau pour compenser la hausse de 20 % ou plus de
l’évapotranspiration liée au réchauffement.

Comment passer de cet état de fait à une politique nationale de Réutilisation des Eaux Usées Traitées
(REUT) véritablement ambitieuse ? Comment mettre en place les conditions pour faire des EUT –
300 Mm3 en 2020, possiblement plus du double en 2050 - une véritable ressource pour le pays, son
bilan hydrique et ses territoires ? Quelles directions prendre, à l’échelle nationale, pour lever les freins
techniques, institutionnels, réglementaires, financiers ? Comment faire en sorte que les politiques de
développement territorial, à des échelles régionales, ou encore plus locales, intègrent le gisement
hydrique mais aussi de nutriments que représentent les EUT ? Quels scénarios de développement de
la REUT peut-on imaginer pour les différentes régions du pays tout en considérant leurs contextes
socio-économiques et hydrologiques ? Comment démontrer tout l’intérêt socio-économique de la REUT
en intégrant les externalités et pas seulement les coûts directs ?

Autant de sujets qui ont été abordés dans cette Phase 2 – Analyse prospective, phase dont on reprend
5
ci-après les principaux résultats en les introduisant par les grands questionnements auquel nous avons
cherché à répondre. Nous reprécisons pour chaque grande question la ou les chapitre(s) du rapport
concerné(s).

Rappelons au préalable que le pays a été découpé, pour l’étude, en 6 grandes régions : la zone Grand
Tunis - Zaghouan (gouvernorats de Tunis, Ben Arous, l’Ariana, la Manouba, Zaghouan), la zone du Cap
Bon (Nabeul), la zone Sahel-Sfax (Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax), la zone Grand Sud (Gafsa, Gabes,
Medenine, Tozeur, Kebili, Tataouine), la zone Centre (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid) et la zone
Nord-ouest (Bizerte, Beja, Jendouba, Siliana, Kef). Ce découpage, à quelques nuances près, est proche
de celui utilisé dans la démarche EAU 2050. Il croise des grands ensembles physiques, socio-
économiques et le parc épuratoire actuel afin de constituer des entités relativement cohérentes pour
conduire une approche stratégique. Un découpage réduit à seulement 6 grandes zones ne peut
toutefois cerner toutes les nuances locales et il est clair que certaines zones recouvrent des réalités
contrastées, avec des gradients pluviométriques importants et/ou des réalités économiques très
différentes, par exemple entre les zones littorales et les zones intérieures. Nous nous sommes efforcés
de tenir compte de ces contrastes. Ainsi, pour certaines parties de notre approche, en particulier
l’inventaire des usages potentiels des EUT, nous avons sous-découpé chacune de ces 6 grandes zones
en sous-zones. Ce sont ainsi au total 34 sous-zones qui ont fait l’objet d’une approche détaillée pour
l’étude de marché de la REUT.

COMMENT VONT EVOLUER LES FLUX D’EUT DE LA TUNISIE A L’HORIZON 2050 ?


Cette question est traitée dans le chapitre 3 du rapport. Des éléments détaillés à l’échelle de chacune
des 6 grandes zones d’étude sont ensuite exposées dans le premier sous-chapitre des chapitres 10
à 15.

Les résultats établis dans le cadre de l’étude, dont on rappelle les grands chiffres ci-après, reposent sur
la construction d’un modèle, sous tableur, d’évolution des flux d’EUT. Il a été construit spécifiquement

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
RESUME

pour l’étude pour évaluer les flux d’EUT à l’échelle nationale et régionale, pour différents horizons
temporels (2025, 2030, 2040, 2050). Il prend en compte l’évolution potentielle du parc épuratoire, de la
démographie, des zones touristique, des zones industrielles, des ratios de consommation d’eau … Il
utilise des données de l’ensemble des schémas directeurs d’épuration disponibles au moment de l’étude
ainsi que des hypothèses développées spécifiquement pour l’étude, en particulier pour les zones non
couvertes par les schémas directeurs.

Il ressort de l’approche développée que les flux d’EUT pourraient plus que doubler d’ici 2050, en
évoluant de 300 Mm3 à près de 640 Mm3 à l’échelle du pays. 27 % de ce flux 2050 est associé à la
création de nouvelles STEP, dans des zones actuellement peu ou pas raccordées à un réseau
d’assainissement collectif. 73 % de ce flux est associé à la croissance démographique des pôles
urbains, au développement des zones touristiques et industrielles et donc à l’augmentation de la
capacité des STEP existantes. Le nombre de STEP évoluera possiblement de près de 110 STEP en
2020 (sans compter les STEP industrielles et rurales) à plus de 200 STEP en 2050.

Les capacités de traitement des grands pôles de production d’EUT vont continuer à se développer
vu leur rythme important de croissance démographique. Ces derniers sont tous situés sur le littoral : le
Grand Tunis, le Grand Sousse et Monastir, le Grand Sfax, Nabeul/Hammamet, Djerba/Zarzis, Gabes.
Ainsi, le Grand Tunis restera le pôle épuratoire majeur avec près de 38 % des EUT produites en
2050. La région du Sahel et de Sfax continuera à produire 27 % des EUT du pays. La plus grande
augmentation de flux concernera le Grand Sud qui va voir sa production d’EUT plus que tripler
entre 2020 et 2050 pour atteindre 15 % des EUT produites du pays. Le Cap Bon, la région du Centre
et le Nord-Ouest représenteront respectivement 7 %, 5 % et 8 % des EUT à l’horizon 2050.

QUEL POTENTIEL HYDRIQUE REPRESENTE CES FLUX D’EUT AU REGARD DES AUTRES
RESSOURCES EN EAU ? COMMENT POURRAIENT-ILS PARTICIPER A LA REDUCTION DU
DEFICIT HYDRIQUE DU PAYS ?
Le chapitre 4 présente une analyse de cette question à l’échelle du pays.

6 Elle vise à situer les EUT comme ressources dans le bilan hydrologique national actuel et projeté à
l’horizon 2050. Les chapitres 10.1 à 15.1 détaillent les bilans à l’échelle de chacune des six grandes
régions d’étude. Différentes hypothèses sur les impacts possibles du changement climatique sur les
ressources en eau ont été intégrées dans ces approches.

Comme indiqué plus haut, la Tunisie réutilise aujourd’hui moins de 10 % de ses EUT, alors que le pays
doit se préparer à un climat encore plus chaud et plus sec, une population qui va consommer plus d’eau
potable, des défis de sécurité alimentaire et que des investissements sont en cours dans des
infrastructures de dessalement, symboles d’un bilan hydrique déficitaire.

Dans la situation actuelle, les près de 300 Mm3 d’EUT produits représentent 6 % des ressources
globales du pays en année moyenne (eaux de surface et eaux souterraines). Cette proportion
augmente en année sèche. Les EUT peuvent alors représenter près de 11 % des ressources
annuelles.

Afin de projeter ce bilan à l’horizon 2050, nous avons intégré 2 scénarios de changement climatique
différents. Pour le premier scénario (avec une hypothèse d’une réduction de 10% des ressources en
eau conventionnelles), les EUT, à hauteur de 640 Mm3 produits par an, pourraient représenter en 2050
14 % des ressources du pays en année moyenne, et jusqu’à 26 % de ces ressources en année
sèche. Un scénario climatique encore plus pessimiste porterait ces proportions à 15 % en année
moyenne et 27 % en année sèche.

Au-delà de ces moyennes, la situation apparait contrastée selon les régions du pays.

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RESUME

Le Cap-Bon, par exemple, présente actuellement un bilan hydrologique déficitaire à hauteur de


110 Mm3. Le potentiel identifié d’EUT de 25 Mm3 (2020) ne représente que 8% des prélèvements pour
l’irrigation dans la zone mais 23% du déficit hydrique global cité ci-avant et permettrait donc de réduire
le stress hydrique local de façon significative si les EUT venaient en remplacement de ressources
conventionnelles actuellement exploitées. L’importance du potentiel de REUT pour les deux régions
Grand Tunis - Zaghouan et Sahel - Sfax est également bien confirmé au regard du bilan hydrologique
déficitaire de ces deux régions. Par exemple, dans la zone du Grand Tunis - Zaghouan, la quantité
d’EUT en situation 2020 représente environ 65% des prélèvements actuels pour l’irrigation et 52 % des
eaux transférées depuis le Nord-Ouest. Pour la zone Sahel - Sfax, les EUT produites actuellement
représentent 30 % des ressources en eau locales.

Les régions du Centre et du Grand-Sud présentent pour leur part un potentiel de REUT plus modeste
au regard des ressources en eau disponibles. Cependant, ce potentiel pourra contribuer à la réduction
de déficits hydriques locaux.

La zone du Nord-Ouest, région excédentaire qui alimente les autres zones du pays en eau, présente
enfin un potentiel de REUT également faible (25 Mm3 actuellement, possiblement 45 Mm3 en 2050). Le
rejet des eaux usées traitées dans les milieux superficiels constituent de fait une réutilisation indirecte
déjà effective, même si des questions cruciales de qualité de ces rejets restent à résoudre pour les faire
accepter par les acteurs locaux, qui les voient aujourd’hui essentiellement comme une forte contrainte
environnementale.

En complément des approches quantitatives visant à démontrer la part potentiellement majeure des
EUT dans le mix hydrique national, des nuances ont été apportées. Il a en particulier été indiqué qu’une
partie des volumes considérés pourraient présenter une salinité trop élevée pour être effectivement
réutilisée. Une approche a été conduite à l’échelle de toutes les STEP actuelles sur la base des rapports
annuels de l’ONAS pour l’année 2017. Cette approche montre que, à l’échelle du pays, 80% du volume
d’EUT produit présente une salinité inférieure à 3 g/l et 20 % supérieure à ce seuil. Les données sont
ensuite précisées pour chacune des 6 grandes régions. Le problème de salinité des EUT apparait
surtout présent sur les STEP du littoral avec l’intrusion des eaux de nappes salines dans les réseaux
d’assainissement. Les régions de Sahel-Sfax et du Grand Tunis sont particulièrement touchées par ce
phénomène avec des STEP pouvant produire des EUT avec des salinités supérieures à 4 g/L. 7
QUELLES OPTIONS TECHNOLOGIQUES DE TRAITEMENT DES EUT POUR QUEL USAGE ?
Ces aspects sont abordés dans le chapitre 5 du rapport.

Chaque usage potentiel des EUT nécessite un certain niveau de qualité des EUT. Ce niveau à atteindre
dépend de l’usage lui-même mais également des barrières éventuellement mises en place en amont
et/ou en aval du traitement.

Dans un premier temps le rapport balaye les traitements complémentaires possibles à mettre en place
pour atteindre ce niveau de qualité.

Pour assurer une réutilisation, dans la plupart des cas, il y a en effet nécessité de compléter l’épuration
des eaux usées issues d’un traitement de niveau secondaire par un traitement complémentaire afin de
diminuer les risques sanitaires et environnementaux, tout en conservant éventuellement des nutriments
intéressants pour l’usage considéré. Ce traitement doit donc être en adéquation avec l’usage et les
éventuelles mesures barrières qui seront appliquées. Les techniques de traitement complémentaires
sont basées sur deux grands : une filtration et une désinfection.

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RESUME

Le rapport détaille différentes techniques possibles pour chacune de ces deux opérations. Il expose
ensuite des scénarios de traitement complémentaire où sont combinées ces opérations, soit à l’aval
d’un traitement secondaire par boues activés (9 scénarios), soit à l’aval d’un traitement secondaire par
lagunage (9 scénarios). Le rapport expose également un cas de traitement par osmose inverse + UV
pour atteindre une qualité compatible avec un usage eau potable. Au final, 19 scénarios de traitement
(secondaire + tertiaire) ont ainsi été élaborés dans le cadre de l’étude pour dessiner une véritable
gamme technologique. Pour chaque scénario sont précisés : le coût total par m3 produit (investissement
+ exploitation) en fonction de la taille de la STEP considérée, la consommation énergétique nécessaire
(kWh/m3) et un avis sur un horizon temporel d’applicabilité du scénario technologique en fonction du
contexte tunisien. Les coûts globaux de traitement tertiaire intégrant investissement, renouvellement et
fonctionnement sont précisés pour trois classes de taille de STEP. Par exemple pour la classe 10 000
à 80 000 eq.hab, ils s’étendent de 0,13 DNT/m3 (filtre à sable) à 0,69 DNT/m3 (ultrafiltration + filtre UV).
Le coût pour l’osmose inverse atteint 1,82 DNT /m3. La consommation en énergie pour le seul traitement
tertiaire s’étend de moins de 0,05 kWh/m3 pour un traitement par filtre à sable à 0,45 kWh/m3 pour un
traitement tertiaire associant ultrafiltration et UV. Le traitement par osmose inverse+ UV conduit pour
sa part à une dépense énergétique beaucoup plus élevée, de l’ordre de 2,50 kWh/m3.

Dans un second temps, a été établie une matrice croisant, en ligne, 50 usages possibles des EUT
(usages classés en 8 grandes catégories : Agriculture/Tourisme/Urbain/Industriel/Environnemental/Eau
potable/Recharge de nappe/Usages indirects) avec, en colonne, les 19 scénarios de traitement tertiaire
évoqués ci-avant. La matrice précise les scénarios à utiliser, selon 4 recommandations traduites en 4
couleurs : rouge - scénario interdit, marron – scénario conduisant à un niveau de qualité trop élevé par
rapport à l’usage considéré, jaune - scénario de traitement envisageable à condition de mettre en place
des mesures barrières, vert – scénario à privilégier.

Le rapport recommande ainsi de ne pas retenir un seul traitement tertiaire pour toutes les stations du
pays mais bien d’adapter les choix aux différents usages et aux politiques de mesures barrières mises
éventuellement en œuvre. A ce stade, les schémas directeurs d’assainissement de l’ONAS prévoient
bien des filières de traitement complémentaire pour développer la REUT, mais elles sont basées sur un
seul type de procédé (filtration par tambour filtrant 10 µm et désinfection par UV) et par ailleurs
dimensionnées sur le débit moyen de la station et non la capacité nominale de la STEP. Ces schémas
8 seront donc à revoir pour dépasser une mise en œuvre uniforme de traitement tertiaire et réaliser une
approche véritablement adaptée à chaque contexte, une fois bien établis les scénarios de REUT à
développer à l’aval des STEP considérées.

Le tableau suivant présente une version simplifiée de la matrice, en retenant quelques usages. Il résume
ainsi les traitements complémentaires recommandés pour ces principaux usages de la REUT. Il indique
également, pour chaque scénario, le coût unitaire total (investissement, renouvellement,
fonctionnement) pour le seul traitement tertiaire et la consommation énergétique au m3. La colonne
précisant par une lettre le niveau de qualité à atteindre fait référence à une gamme de niveau de qualité
décrite plus bas dans le présent résumé.

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RESUME

Tableau 1 : Traitement complémentaire conseillé pour les principaux usages des EUT, avec les coûts et consommations énergétiques
associés pour une STEP de capacité moyenne (entre 10 000 et 80 000 EH)
Niveau de Traitement
Usages Consommation
qualité à complémentaire Coût unitaire total
principaux énergétique
atteindre conseillé

Usages agricoles
restrictifs (sans
maraîchage) 1. Filtre à sable + UV 0,33 DT/m3 0,11 kWh/m3
B
Irrigation d’espaces 2. Tambour filtrant + UV 0,25 DT/m3 0,10 kWh/m3
verts ouverts au
public

Irrigation du A 1. Ultrafiltration + UV 0,69 DT/m3 0,48 kWh/m3


maraîchage
2. Microfiltration + UV 0,56 DT/m3 0,33 kWh/m3

Recharge de nappe C+ Microfiltration 0,48 DT/m3 0,25 kWh/m3

Alimentation en eau A+ Réacteur à membrane + 1,82 DT/m3 2,55 kWh/m3


potable Osmose inverse + UV

Le rapport souligne que les technologies de traitements complémentaires ne pourront cependant pas
résoudre toutes les problématiques liées à la qualité des EUT. Certains effluents spécifiques (eaux
industrielles chargées en métaux lourds ou en éléments microbiologiques, intrusions salines, margines,
eaux d’orage, etc.) nécessitent des mesures à mettre en œuvre en amont de la STEP (amélioration de
la performance des réseaux, séparation des effluents, sensibilisation des usagers, contrôles et
sanctions dissuasives, mise en place et gestion des prétraitements, installation de bassins tampons,
etc.).

Dans un troisième temps, le rapport aborde plus en détail les questions énergétiques. Les dépenses en
9
énergies associées aux différents types de traitement tertiaire sont détaillées (cf. ordre de grandeur
cités avant pour quelques scénarios de traitement tertiaire) et resituées à différentes échelles. D’une
part à l’échelle de la file eau d’une station d’épuration. On montre ainsi que (chiffres cités pour des
STEP de taille comprise entre 10 000 et 80 000 eq.hab), dans le cas d’un traitement secondaire par
bous activées, le traitement tertiaire peut représenter entre 15 % (cas d’une filtration par filtre à sable)
et 65 % (ultrafiltration + UV) de la consommation en énergie de la file eau de la station. Ces
pourcentages sont plus élevés dans le cas d’un traitement secondaire par lagunage : de 40 % (dans le
cas d’un traitement tertiaire par lagune de finition + filtre à sable) à 85% (ultrafiltration). Les dépenses
en énergie sont resituées d’autre part plus largement à l’échelle du petit cycle de l’eau en intégrant
exhaure, traitement AEP, distribution AEP, collecte des eaux usées, traitement secondaire et traitement
tertiaire. On montre que la part du seul traitement tertiaire est de l’ordre, à l’échelle de ce petit cycle,
d’environ 2 à 15%, ces chiffres restant bien entendu à préciser selon les contextes.

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Après l’exposé de ces dépenses en énergie, le rapport indique plusieurs pistes pour réduire la
consommation énergétique pour le traitement tertiaire, et plus globalement pour l’assainissement : lutte
contre le surdimensionnement, choix de procédé les moins énergivores possibles, choix de procédé de
traitement des boues, lutte contre les eaux claires parasites, automatisation et télégestion,
renouvellement des équipements et maintenance … Le rapport aborde également des solutions de
récupération d’énergie intégrées au traitement de l’eau. Le rapport présente enfin des ordres de
grandeur d’installation d’énergies renouvelable (exemple pris pour des installations photovoltaïques)
pour produire l’énergie associée au petit cycle de l’eau et plus spécifiquement à la REUT. Des ordres
de grandeur sont exposés, pour différentes hypothèses de dépense énergétique globale par m3. Par
exemple le volume d’eau pour lequel un hectare d’installation photovoltaïque permet de produire
l’énergie nécessaire au traitement de ce volume : pour une dépense en énergie unitaire de 1 kWh/m3,
ce volume est de 1,3 Mm3/an. Autre exemple, la surface d’installation photovoltaïque qui serait
nécessaire pour produire l’énergie en vue de traiter toutes les eaux usées de la Tunisie : l’ordre de
grandeur est de 230 ha pour traiter les 300 Mm3 produits actuellement et de 500 ha pour traiter les
650 Mm3 qui pourraient être produits en 2050, ceci toujours dans l’hypothèse d’une dépense
énergétique unitaire de 1 kWh/m3. Sur ce sujet le rapport conclut qu’à ce stade il semble difficile
d’imaginer des installations de production d’énergie solaire en branchement direct et unique sur des
projets de REUT ou plus généralement d’assainissement ; le principe consisterait plus à « compenser »
la production d’énergie par une production d’énergie renouvelable connectée au réseau national.

QUELLES OPTIONS TECHNOLOGIQUES A PLUS LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET


LA REUT ?
Le chapitre 6 du rapport se place dans une perspective de plus long terme et évoque des innovations
pouvant conduire à des ruptures (changement radical).

Sont balayées dans un premier temps des innovations en lien avec l’énergie : récupération de chaleur
des eaux usées, pile à combustible microbienne, valorisation énergétique des boues …

Dans un second temps, le chapitre évoque des questions qui traversent le domaine de l’assainissement
10 et qui pourraient conduire à revoir complètement dans les prochaines décennies les conceptions des
réseaux et infrastructures de traitement pour les orienter vers une vision moins centralisées. Il s’agirait
en particulier de développer la récupération à la source en séparant le plus en amont possible les
différents flux d’eau et de matière, et en les valorisant. Cela peut passer en pratique par la séparation
des urines et matières fécales à la source pour valoriser par exemple l’azote et/ou le phosphore au
travers d’engrais. Cela peut aussi passer par la séparation des eaux vannes et des eaux grises dans
les bâtiments en réutilisant ces eaux grises sur place sans les introduire dans un réseau collectif
d’assainissement ou bien encore par le traitement et la valorisation des eaux industrielles directement
sur place.

QUELLES GRANDES ORIENTATIONS POUR L’EVOLUTION DU CADRE REGLEMENTAIRE DE LA


REUT ?
Cette question est traitée dans le chapitre 7 du rapport.

La proposition majeure formulée en terme réglementaire est de diminuer la pression sur le traitement
et de trouver un optimum entre le risque et le coût généré par la filière de traitement. Cette approche,
peu appliquée jusqu’à présent dans les pays pratiquant la REUT, est novatrice. Plus concrètement, les
propositions faites pour faire évoluer le cadre réglementaire actuel sont les suivantes :
 Définition de 5 niveaux de qualité de l'eau, de E (moins qualitative) à A (plus qualitative) en
fonction des risques sanitaires liés à l'accès du public, au type de cultures irriguées, aux
technologies d'irrigation employées ...
Les niveaux de qualité sont définis en terme de DBO5, MES, turbidité et microbiologiques
(coliformes thermotolérants et œufs d’helminthes). La classe A est par exemple définie par les
valeurs suivantes : MES inférieure à 10 mg/L, MES inférieure à 10 mg/L, nombre de coliformes
thermotolérants inférieur à 100 pour 100 ml, nombre d’œuf d’helminthe inférieur à 1 pour 100 ml.
Soulignons que ces niveaux de qualité E à A ne sont pas spécifiques à un usage.

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RESUME

 Approche à barrières multiples (niveaux de traitement, pratiques d’irrigation, mesures de


protection…) pour ajouter des protections supplémentaires au traitement ;
 Recommandations de bonnes pratiques et mesures supplémentaires pour éviter les impacts
négatifs sur les sols, les cultures, les eaux souterraines et de surface ;
 A la mise en œuvre :
- Établissement de procédures de contrôle, d’auto-surveillance, de suivi et d'évaluation du
système, mise en place de systèmes efficients de mesure de la qualité de l’eau ;
- Définition des responsabilités institutionnelles et du périmètre d’intervention de chaque
institution, des outils de contrôle et de sanctions en cas de non-respect de la
réglementation ;
- Définition d’instruments juridiques pour inciter et faire adhérer les usagers à la REUT avec
un dispositif réglementaire associant obligation et incitation.

QUELLES GRANDES ORIENTATIONS POUR L’EVOLUTION DU CADRE INSTITUTIONNEL DE LA


REUT ?
Cette question est traitée dans le chapitre 8 du rapport.

Les recommandations proposées sur ce sujet reposent sur 3 grandes idées, applicables de manièer
générique aux différents usages possibles des EUT : décentralisation, responsabilisation et
renforcement des capacités, intégration des ressources conventionnelles et non
conventionnelles. De manière plus concrète, des organisations différentes de celle existantes
aujourd’hui sont proposées pour les différents maillons de la filière REUT :
 Gestion stratégique de la REUT : mise en place d’un secrétariat permanent pour la Commission
Nationale de la REUT (CNREUT), pérennité et opérationnalité des Commission Régionales de la
REUT (CRREUT) et développement d’un échelon régional pour la mise en œuvre de la politique de
l’eau afin de dépasser une vision qui serait trop atomisée si elle restait à l’échelle des gouvernorats ;
 Pilotage de la REUT : mise en place d’un organisme responsable de la planification et de la 11
gestion intégrée des ressources en eau, toutes ressources confondues, organisme qui serait
placé sous tutelle de la Présidence du gouvernement afin de dépasser les visions propres à
chacun des ministères concernés ;
 Gestion opérationnelle de la REUT : décentralisation à travers :
- La nomination d’un animateur au sein de la CRREUT, animateur qui aurait n particulier pour
charge de favoriser l’émergence des projets au niveau local (communication avec
communes, GDA, ONAS, usagers…) ;
- Un pouvoir d’autorisation des projets délégué au Gouverneur, en sa qualité de président
de la CRREUT ;
- La mise en place d’équipes projets en impliquant l’ensemble des acteurs concernés par la
filière ;
- La mise en place de sociétés ad-hoc pour la gestion des projets de taille importante ;
 Surveillance et contrôle de la filière : simplification de l’organisation des contrôles, renforcement
des autocontrôles et des laboratoires agréés, centralisation des donnée et transparence.

QUELLES GRANDES ORIENTATIONS POUR LE FINANCEMENT DE LA REUT ?


Cette question est abordée dans le chapitre 9 du rapport.
Le coût actuel de l’assainissement (collecte et traitement) s’élève à 1 DT/m3 et la couverture par les
recettes issues de la tarification à 0.67 DT/m3. Les coûts de la REUT, pour le seul traitement tertiaire
(donc sans les coûts liés au transport des EUT, à leur stockage et à leur utilisation) se situent, comme
vu plus haut, entre 0.13 et près de 0.70 DT/m3 en fonction du type de traitement complémentaire mis
en place. Le coût pourrait même atteindre près de 2 DT/m3 dans le cas d’un traitement par osmose
inverse pour des usages type AEP.

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RESUME

Parmi les modes de financement possibles du coût supplémentaire de la REUT proposés, le plus
important pour la pérennité du service est le système de tarification. Il détermine le taux de
récupération des coûts. Dans beaucoup des cas concernant le financement du petit cycle de l’eau, la
contribution des usagers ne suffit pas à couvrir le coût total du service. La partie restante est financée
généralement par des subventions publiques, très souvent de l'État. Plusieurs possibilités s’offrent au
gouvernement tunisien :
 Instaurer une taxe sur le prix de l’eau potable et ou le prix de l’assainissement pour venir
financer le coût de la REUT : la contribution aux financements de la REUT des autres usagers
de l’eau peut dépendre soit de leur consommation en eau ou être établie de manière forfaitaire
(contribution égale pour chaque usager) ;
 Financer la REUT par les impôts. Dans ce cas, une subvention d’équilibre viendrait combler
l’écart entre les recettes issues de la tarification de la REUT et les coûts du service. La
contribution des contribuables se justifie par la présence d’externalités environnementales,
sociales et économiques positives générés par la REUT. Il faut néanmoins considérer que le
raccordement à l’ONAS n’est pas effectif partout, surtout en milieu rural. Il est donc compliqué,
sur le principe, de faire payer la REUT à tous les contribuables ;
 Une autre solution, à la marge, pourrait être de financer la REUT via les mesures
compensatoires de grands projets ayant un impact sur la ressource en eau. Toutefois, les
recettes issues de ce mode de financement sont relativement faibles et viendraient uniquement
en complément d’autres sources de financement.

QUELLES VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN LIEN AVEC LES REALITES SOCIO-
ECONOMIQUES DES TERRITOIRES ?
Les analyses prospectives de chacune de ces régions sont présentées dans les chapitres 10 à 15 du
rapport.

Après un rappel de la démarche d’ensemble, on indique ci-après les principales conclusions pour
chacune des 6 régions d’étude.
12
Une approche régionale concertée pour construire des scénarios régionaux prospectifs de
développement de la REUT
La concertation régionale a été menée lieu tout au long de la phase d’étude à travers des réunions
de travail avec les acteurs des territoires (gouvernorats, CRDA, ONAS, associations
environnementales, représentant du tourisme, de l’industrie …), plus de 300 enquêtes de terrain sur la
quasi-totalité des gouvernorats du pays et 6 ateliers régionaux. Ces rencontres ont été l’occasion de
cerner le dynamisme des acteurs sur la question, leur acceptabilité et leurs attentes en termes de cadre
pour mobiliser plus fortement l’intelligence collective qui est déjà à l’œuvre.
Ces rencontres ont également été l’occasion de dresser au sein de chacune des régions une carte
relativement précise des points noirs liés aux rejets actuels des EUT, avec leurs conséquences
sociales, environnementales et économiques.

L’objectif de l’approche régionale était de croiser le potentiel de REUT avec la réalité socio-
économique et le contexte hydrique des territoires. Cette démarche peut être résumée en 2 grandes
phases :
 Une étude de marché détaillée des valorisations possibles des EUT, à l’échelle de 34 sous-zones
regroupés au sein des 6 grandes régions de travail, balayant les grandes familles d’usages des EUT
et indiquant les enjeux associés vu du territoire ;
 L’élaboration de scénarios régionaux de développement de la REUT combinant plusieurs
valorisations des EUT présentant une cohérence en termes d’aménagement du territoire et de
politique de l’eau. Ces scénarios présentent chacun une image possible de la REUT d’ici 2050, en
lien avec l’évolution possible de différentes facteurs de changement (urbanisation, efforts
d’investissements dans la REUT, développement d’un secteur économique, etc.).

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Figure 1 : Etapes méthodologiques pour l’approche régionale de l’analyse prospective

La réflexion s’est appuyée sur un large effort de cartographie, avec, pour chaque région, l’établissement
de cartes croisant le parc épuratoire actuel et projeté avec divers thèmes : ressources en eau de
surface, ressources en eau souterraines, agriculture (pour diverses cultures), impacts
environnementaux et socio-économiques des rejets d’EUT (déjà mentionné) … Beaucoup de ces cartes
sont présentées dans le rapport et elles ont par ailleurs été compilées au sein d’un atlas.

Pour chaque scénario, le volume d’EUT réutilisé est calculé à différents horizons temporels en fonction
des valorisations des EUT choisies. En parallèle, les besoins technologiques associés aux volumes
d’EUT réutilisés sont indiqués (volumes à traiter selon les différents niveaux de qualité, volumes à
transférer selon les distances, volumes à stocker).

Les scénarios sont ensuite comparés entre eux afin d’aider à la prise de décision et à l’élaboration d’un
scénario cible qui sera le plus pertinent à développer pour chaque région. Ce scénario cible pourra être
la combinaison de plusieurs des scénarios proposés. Les critères de comparaison développés sont les
coûts globaux (investissements et exploitation) des principaux maillons de la filière, les bénéfices 13
territoriaux apportés par chaque scénario (réponse à des problématiques de changement climatique
et de stress hydrique, d’aménagement du territoire et de développement de secteurs économiques) et
les niveaux d’ambition pour dépasser les contraintes sur les aspects institutionnels,
réglementaires, sanitaires, environnementaux et d’acceptabilité sociale.

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Comment faire de la EUT un vecteur effectif d’amélioration du bilan hydrique


national dans un contexte de hausse de la demande et de baisse des
ressources en lien avec le changement climatique ?
Le rapport insiste sur la nécessité de distinguer avec attention les usages des EUT conduisant
à une réduction effective du déficit hydrique du pays, par la substitution d’une ressource
conventionnelle, et les usages des EUT conduisant à une nouvelle consommation nette d’eau
ne participant pas à l’amélioration du bilan hydrique national comme l’irrigation d’espaces
vers précédemment non irrigués, l’irrigation d’un nouveau périmètre irrigué etc.

Ce point est fondamental pour faire de la REUT un vecteur effectif d’adaptation du pays aux
perspectives d’aggravation du stress hydrique en lien avec le changement climatique et la croissance
démographique et économique.

Le schéma suivant a été présenté dans ce sens lors du COPIL de fin de phase 2 tenu en novembre
2021 à Tunis.

14

Source : BRLi

Dans la partie gauche du schéma (Référence), on décrit la situation de référence dans laquelle une
ville rejette ses eaux usées dans le milieu naturel et où une zone agricole utilise des eaux
conventionnelles pour son irrigation.

Dans le schéma central (Cas 1) on substitue les eaux conventionnelles, utilisées jusque-là sur un
périmètre irrigué, par des EUT. La ressource conventionnelle « libérée » permet à la ville de subvenir
à ses nouveaux besoins. Il y a bien substitution et amélioration du bilan hydrique globale grâce à la
REUT.

Dans le schéma de droite (Cas 2), le périmètre irrigué continue à utiliser les eaux conventionnelles
pour son irrigation, les EUT ne sont plus rejetées dans le milieu naturel (ce qui est en soi un progrès)
mais elles sont cependant utilisées pour créer un nouveau périmètre irrigué. Il y a hausse globale de
la consommation d’eau, et au final, aggravation du bilan hydrique d’un point de vue global. Dans ce
cas, la ville risque d’être obligée d’utiliser une ressource telle que le dessalement pour subvenir à ses
nouveaux besoins.

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La conclusion n’est pas qu’absolument tous les usages des EUT doivent contribuer à de la substitution
mais il nous semble fondamental d’avoir cette notion à l’esprit dans l’approche stratégique globale, et,
considérant le bilan hydrique actuel de la Tunisie et les perspectives climatiques, il nous semblerait
fondamental qu’une part importante de la politique de REUT vise de la substitution.

Etude prospective pour la région du Cap Bon


Expérience, stress hydrique, pollution : de nombreux moteurs au développement de la REUT au Cap Bon
La REUT au Cap Bon date des années 80 avec des périmètres irrigués situés près de Nabeul qui
comptent parmi les plus anciens de Tunisie s’agissant d’irrigation à partir d’EUT. Bien que les
agriculteurs demandent actuellement plus de garanties sur la quantité et la qualité des EUT desservies,
le succès relatif de ces périmètres ainsi que les essais de recharge de nappe ont permis aux acteurs
régionaux (surtout du monde agricole) de devenir familiers avec les contraintes et les opportunités
potentielles liées à cette ressource en eau non conventionnelle. De plus, l’état de stress hydrique
avec la surexploitation des nappes phréatiques et la dépendance aux eaux du Nord pour répondre
aux besoins d’une agriculture irriguée intensive oblige la région à considérer dès à présent toutes les
solutions qui aideraient à améliorer son bilan hydrique. En parallèle, la société civile dans le
Gouvernorat est active à travers des associations de protection de l’environnement par exemple. De
plus, le secteur touristique a un poids économique important bien qu’il soit impacté par les rejets
des eaux usées sur le littoral et les risques de pénurie d’eau en période estivale. Tous ces
paramètres influent sur la motivation des acteurs à améliorer le traitement des eaux usées et à
développer le potentiel de REUT.

Le tableau ci-dessous résume les 3 scenarios régionaux qui ont été élaborés pour la région du Cap Bon
à la suite de l’inventaire des valorisations des EUT possibles provenant de l’étude de marché. A la suite,
un autre tableau présente une synthèse des éléments utilisés pour comparer les 3 scénarios (version
simplifiée d’un tableau plus complet présenté dans le rapport).

15

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Tableau 2 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région du Cap Bon

Etude de marché – Inventaire des Formulation des scénarios Description des scénarios
valorisations des EUT possibles
 Réhabilitation et intensification Scénario 1 : Les EUT, une Substitution des eaux conventionnelles par des EUT dans les périmètres existants
des périmètres irrigués existants ressource pour réduire le déficit (notamment périmètres agrumicoles de la plaine de Grombalia)
avec des EUT hydrique régional
 Substitution des eaux Irrigation du maraîchage avec des EUT dans les périmètres littoraux existants (côte
conventionnelles par des EUT orientale)
dans des périmètres irrigués
Substitution des eaux conventionnelles par les EUT pour irriguer des espaces verts
existants
existants dans les zones touristiques à Nabeul/Hammamet et Kelibia
 Création de nouveaux
périmètres irrigués Scénario 2 : Les EUT, une Accent mis sur l’irrigation agricole pour des cultures autorisées actuellement (arbo,
ressource supplémentaire pour fourrages…)
 Développement du maraîchage
développer de nouveaux usages
 Recyclage industriel Création de nouveaux périmètres irrigués proches des STEP
16  Irrigation de golfs Transfert des EUT de la STEP Hammamet Sud vers Bouficha pour l’irrigation agricole
 Irrigation des espaces verts
Création de 4 nouveaux golfs
(touristiques et municipaux)
 Recharge de nappe Scénario 3 : Les EUT, un moyen de Recharge des nappes phréatiques de Korba, Oued Souhil, Grombalia et El Haouaria
protection des ressources et création d’une barrière hydraulique contre l’intrusion du biseau salé
 Alimentation de zones humides
souterraines et des milieux
sensibles Réhabilitation des sites existants de recharge à Korba et Oued Souhil

Réutilisation indirecte des EUT après recharge de nappes pour l'agriculture, dont
maraîchage

Soutien hydrologique au besoin des lagunes littorales

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

Tableau 3 : Elements pour comparer les scénarios de la zone Cap Bon

17

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

La REUT pour s’adapter à la raréfaction des ressources plutôt que pour répondre à des nouveaux besoins
Jusqu’à présent, cette motivation se matérialise avec la volonté de création de nouveaux périmètres
irrigués à proximité des STEP, bien que ces projets rencontrent des difficultés de financement. Mais les
acteurs ont conscience qu’il faudra rapidement raisonner à l’échelle de toutes les ressources en eau
de la région pour valoriser au mieux les EUT afin qu’elles aident à répondre au phénomène de
raréfaction des ressources avec la hausse des demandes et le changement climatique.

La recommandation du Consultant est que les efforts soient portés au maximum sur des usages qui ne
créent pas de nouveaux besoins. Il pourrait s’agir de substitution des eaux conventionnelles dans
des périmètres existants et/ou de recharge de nappe.

Lors de l’atelier de concertation régional, il a d’ailleurs été mentionné l’importance d’irriguer la plaine de
Grombalia avec des EUT pour sauvegarder les agrumes. Cependant, la substitution des eaux
conventionnelles par des EUT dans des périmètres existants nécessitera des mesures incitatives et des
campagnes de sensibilisation sur le stress hydrique et la qualité des EUT auprès des agriculteurs pour
les convaincre de renoncer à une ressource conventionnelle. Il faut noter de plus les craintes exprimées
pour l’irrigation directe du maraîchage avec les EUT, même sur le long terme. La recharge de nappe,
pour les zones où elle est faisable comme sur la côte orientale, en plus de stocker les EUT et d’améliorer
la qualité des eaux souterraines, aidera à préserver les périmètres maraîchers tout en ajoutant un garde-
fou supplémentaire sur la qualité finale des EUT et sera donc possiblement plus acceptable
socialement.

Etude prospective pour la région du Sahel et de Sfax


Une région partagée entre dynamisme économique et bilan hydrique déficitaire
Le bilan ressources/besoins en eau de la zone Sahel - Sfax oblige cette région à être dépendante des
ressources du Nord et du Centre. Elle subit déjà de plein fouet les conséquences du stress hydrique.
Celles-ci contraignent les usagers de l’eau à valoriser au mieux les ressources disponibles. Certains
18 maraîchers sont même prêts à utiliser les eaux potables de la SONEDE pour irriguer leurs cultures à
haute valeur ajoutée. C’est particulièrement le cas lors des années sèches, de plus en plus fréquentes.
Outre la quantité, c’est aussi la qualité des ressources locales qui se dégradent avec l’augmentation de
la salinité des nappes souterraines. Pour Sfax, c’est déjà l’alimentation en eau potable qui est menacée,
d’où le choix du dessalement de l’eau de mer. La nécessité d’économiser les ressources en eau
locales et de mieux les gérer s’est donc déjà imposée à l’esprit des acteurs du territoire.

La région se partage entre des zones aux problématiques territoriales différentes mais toutes liées au
manque de ressources hydriques : d’une part, les zones littorales où la concurrence pour l’accès à
l’eau entre les usages est de plus en plus forte de par la variété des activités économiques
(cultures sous serres, arboriculture irriguée, industries diverses, tourisme balnéaire etc.). D’autre part,
les zones intérieures où l’agriculture pluviale, qui est l’activité économique principale, va être de
plus en plus fragilisée par le changement climatique.

Les EUT : une nouvelle ressource en eau à exploiter


Les phases de concertation au niveau de cette région ont été l’occasion d’échanges nourris, que ce soit
au niveau des décideurs locaux ou des usagers de l’eau. Le périmètre irrigué de Ouardanine, en tant
que modèle de réussite, a aidé à populariser les valorisations possibles des EUT dans le secteur
agricole. Les idées échangées ont été nombreuses, preuve de l’intérêt des acteurs pour le sujet. Des
études régionales ont commencé à être lancées pour déterminer comment valoriser au mieux les EUT
sur des zones spécifiques. C’est le cas des études en cours d’élaboration sur le devenir des EUT pour
les pôles urbains de Sousse, Monastir et Mahdia portées l’ONAS et la DGGREE. Ces projets
démontrent la volonté des acteurs de développer des projets de REUT.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
RESUME

Les impacts négatifs actuels sur l’environnement des rejets des eaux usées s’ajoutent aux
problématiques de stress hydrique. La pollution du littoral perturbe les activités touristiques et de
pêches, les rejets des industries textiles contaminent les oueds et les lagunes tandis que la forte
croissance démographique amène à la réalisation de pôles épuratoires toujours plus étendus. Si la
REUT permet de limiter les rejets dans les milieux sensibles tout en dynamisant un secteur
économique, le niveau d’acceptabilité sociale ne sera que plus haut, pour peu que la qualité des
EUT soient garanties pour les différents usagers et que l’information devienne totalement
transparente sur ce sujet.

Le tableau ci-dessous résume les 3 scenarios régionaux qui ont été élaborés pour la région du Sahel
et de Sfax à la suite de l’inventaire des valorisations des EUT possibles provenant de l’étude de marché.
A la suite, un autre tableau présente une synthèse des éléments utilisés pour comparer les 3 scénarios
(version simplifiée d’un tableau plus complet présenté dans le rapport).

19

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
RESUME

Tableau 4 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région Sahel - Sfax

Etude de marché – Inventaire des Formulation des scénarios Description des scénarios
valorisations des EUT possibles
 Réhabilitation et intensification Scénario 1 : les EUT, une Préservation et extension des périmètres irrigués avec des EUT menacés
des périmètres irrigués existants opportunité pour préserver les terres d’urbanisation (Zaouiet Sousse, El Hajeb…)
avec des EUT agricoles périurbaines et réduire le
 Substitution des eaux déficit Irrigation des périmètres irrigués existants avec des EUT, dont le maraîchage, près
conventionnelles par des EUT de Monastir et Sousse (notamment ceux alimentés par le barrage de Nebhana)
dans des périmètres irrigués
Création de périmètres irrigués arboricoles et fourragers près des STEP des petites
existants
communes
 Création de nouveaux
périmètres irrigués (avec ou Recharge de nappe quand c’est possible (nappes de Kondar, Chebba Ghedabna,
sans transfert vers les zones Agareb, Chaffar, El Hencha, Jbeniana)
intérieures)
Scénario 2 : Les EUT, une Disparition des périmètres irrigués avec des EUT périurbains (El Hajeb, Zaouiet
 Développement du maraîchage ressource pour aider au Sousse…)
20 développement des zones agricoles
 Recyclage industriel
intérieures Accent sur l’irrigation agricole pour des cultures autorisées actuellement
 Irrigation des espaces verts (arboriculture, fourrages…) et réduction du déficit fourrager
(touristiques et municipaux)
Transfert des EUT vers les zones rurales intérieures où l’agriculture pluviale est
 Recharge de nappe
menacée par le changement climatique (jusqu’entre 20 et 30 km vers Sidi El
Heni/Msaken et au sud de Sfax)

Valorisation des terres agricoles de l’OTD

Scénario 3 : Les EUT, une EUT utilisées localement pour usages urbains, existants et projetés : espaces verts
ressource exploitée localement pour touristiques et municipaux, industries
réduire la consommation en eau
potable des usages urbains Préservation de l’eau potable pour des usages domestiques

Autorisation de nouveaux golfs, nouvelles zones touristiques et industrielles à


condition de valoriser les EUT autant que possible

Création de périmètres irrigués arboricoles et fourragers près des STEP des petites
communes

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

Tableau 5 : Elements pour comparer les scénarios pour le Sahel et Sfax

21

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

La REUT pour répondre à quels objectifs ?


Jusqu’à présent, la création de nouveaux périmètres irrigués de faible superficie à proximité des STEP
pour l’irrigation d’arbres fruitiers ou de fourrages a été favorisée. Pour améliorer le taux de réutilisation
des EUT dans la région, des choix stratégiques territoriaux seront nécessaires :
 Améliorer les niveaux de traitement des EUT et irriguer les cultures maraichères du littoral ou
les transférer zones intérieures pour développer de nouveaux périmètres ?
 Préserver des périmètres irrigués périurbains existants ou développer des zones agricoles
dépourvues de ressources en eau pour l’irrigation ?

La recommandation du Consultant, au regard des enjeux liés au stress hydrique et à la concurrence


entre les usages de l’eau dans cette région, est de privilégier le scénario 1 dans un premier temps. Les
périmètres existants périurbains doivent être conservés (Zaouiet Sousse, El Hajeb) pour préserver de
l’extension urbaine ces terres agricoles qui peuvent être valorisées avec des EUT. Les traitements des
STEP doivent être améliorés sur le moyen terme jusqu’à un niveau de qualité A afin de lever les
restrictions culturales et irriguer le maraîchage. Les périmètres existants avec les eaux de barrages
(comme Nebhana) doivent désormais être au maximum alimentés par des EUT afin de réduire le déficit
hydrique et conserver les eaux conventionnelles pour l’AEP. Cependant, des contraintes fortes seront
à lever pour développer ces usages, comme la problématique de la salinité des pôles épuratoires du
littoral et la sensibilisation des maraîchers et des consommateurs. Le développement de nouveaux
périmètres irrigués avec stockage et transfert vers les terres intérieures, quant à lui, ne doit être
envisagé qu’après une étude fine de l’impact de tels projets sur le bilan hydrique de la région et
l’épuisement des possibilités d’utilisation plus locale des EUT.

Etude prospective pour la région du Grand Tunis et de Zaghouan


Le Grand Tunis, premier pôle producteur des EUT du pays dans une région avec un bilan hydrique non
déficitaire… jusqu’à présent

22 La production d’EUT au niveau du Grand Tunis est un enjeu stratégique majeur pour le pays. En
effet, l’abondance des volumes produits (proches de 240 Mm3 en 2050) et les impacts
environnementaux négatifs de leurs rejets dans le Golfe de Tunis exigent un questionnement
éminent sur leur devenir.

Les phases de concertation menées lors de cette phase de prospective ont montré l’intérêt plus faible
des acteurs régionaux pour le sujet de la REUT par rapport à d’autres régions présentant un bilan
hydrique déficitaire. En effet, les besoins en eau actuels sont satisfaits grâce, notamment, aux transferts
des eaux du Nord. L’offre en EUT est donc supérieure à la demande.

Cependant, de nombreux facteurs risquent d’influer sur ce transfert des eaux du Nord : croissance
démographique et augmentation des besoins en AEP, développement industriel, diminution de la
disponibilité des eaux de surface et augmentation des besoins des cultures avec le changement
climatique, etc. La concurrence entre les usages va s’intensifier et le déficit hydrique va se
creuser (estimation d’un déficit de 125 Mm3 pour le Grand Tunis en 2050 dans un scénario modéré des
conséquences du changement climatique). Dans un tel contexte, les EUT devront trouver leur place
dans le mix des ressources hydriques de la région afin de pallier ce déficit. Les choix politiques
qui vont conditionner l’avenir de la REUT pour la zone du Grand Tunis sont donc cruciaux.

Le tableau ci-dessous résume les 4 scénarios régionaux qui ont été élaborés pour la région du Grand
Tunis et Zaghouan à la suite de l’inventaire des valorisations des EUT possibles provenant de l’étude
de marché. A la suite, un autre tableau présente une synthèse des éléments utilisés pour comparer les
4 scénarios (version simplifiée d’un tableau plus complet présenté dans le rapport).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
RESUME

Tableau 6 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région du Grand Tunis et Zaghouan

Etude de marché – Inventaire des Formulation des scénarios Description des scénarios
valorisations des EUT possibles
 Réhabilitation et intensification Scénario 1 : les EUT, une ressource Valorisation des EUT autant que possible pour des usages urbains, existants et
des périmètres irrigués existants locale pour aider à l’alimentation en projetés (industries, espaces verts municipaux et touristiques, golfs…)
avec des EUT eau potable du Grand Tunis
 Substitution des eaux Production d’eau potable à partir des EUT pour alimenter le Grand Tunis (horizon
conventionnelles par des EUT 2050)
dans des périmètres irrigués
Scénario 2 : Les EUT, une Valorisation des EUT autant que possible pour des usages urbains, existants et
existants
ressource locale pour garantir projetés (industries, espaces verts municipaux et touristiques, golfs…)
 Création de nouveaux l’alimentation du Grand Tunis en
périmètres irrigués primeurs et améliorer le cadre de vie Maîtrise du développement urbain en préservant des périmètres irrigués périurbains
urbain (substitution dans des périmètres existants)
 Transfert des EUT puis
substitution dans des périmètres Valorisation écologique de la sebkha Sejoumi
existants
Développement du maraîchage avec les EUT 23
 Transfert des EUT puis création
de nouveaux périmètres irrigués Scénario 3 : Les EUT, un moyen de Maîtrise du développement urbain en préservant des périmètres irrigués périurbains
 Développement du maraîchage préservation des terres agricoles (substitution dans des périmètres existants de la basse vallée de la Medjerdah et de
périurbaines tout en réduisant le la plaine de Mornag)
 Recyclage industriel
stress hydrique
 Irrigation des espaces verts Irrigation de cultures actuellement autorisées (arboriculture, fourrages, céréales…)
(touristiques et municipaux)
Transfert jusqu'au Cap Bon pour irriguer les périmètres agrumicoles existants et
 Recharge de nappe recharger la nappe de Grombalia des EUT de Sud Meliane
 Transfert des EUT puis recharge
de nappe Scénario 4 : Les EUT, une Disparition des périmètres irrigués périurbains (Borj Touil et PI avec des eaux
ressource pour dynamiser des conventionnelles proches des pôles urbains)
 Alimentation de zones humides zones agricoles, pour certains non
irrigués, à l’extérieur du Grand Tunis Substitution des eaux conventionnelles par des EUT dans les périmètres restants
 Alimentation en eau potable
Création de nouveaux périmètres irrigués proches des petites STEP (Manouba,
Zaghouan) et en transférant les EUT de El Attar vers le gouvernorat de Zaghouan

Transfert jusqu'au Cap Bon pour irriguer les périmètres agrumicoles existants et
recharger la nappe de Grombalia des EUT de Sud Meliane

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

Tableau 7 : Elements de comparaions des scénarios pour la zone Tunis - Zaghouan

24

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

Des possibilités de REUT multiples à prioriser en fonction des bénéfices territoriaux recherchés
La multiplicité des possibilités de REUT rend complexe la question des choix de valorisations à
privilégier. Pour certains gouvernorats, les flux d’EUT produits pourront être absorbés à proximité des
STEP pour des usages agricoles : c’est le cas de la Manouba ; de Zaghouan, et de l’Ariana. Pour les
principales STEP du pôle urbain de Tunis (Choutrana, Sud Meliane, El Attar), le volume produit ne
pourra pas être entièrement réutilisé sur place. Même si on privilégie des usages urbains, les
besoins ne seront pas suffisants (estimation à 6 % des EUT produites) pour utiliser les EUT produites,
sauf en cas d’usage pour l’AEP. Le transfert vers des zones agricoles sera incontournable pour
valoriser les EUT, à moins que l’usage eau potable avec la REUT soit développé.

En termes d’usages agricoles, les possibilités restent nombreuses : irrigation des cultures maraîchères,
création de nouveaux périmètres ou substitution des eaux conventionnelles dans des périmètres
existants, transferts jusqu’au Cap Bon pour répondre aux besoins existants ou jusqu’à Zaghouan pour
développer des surfaces irriguées, etc. Chacune de ces possibilités répond à des enjeux territoriaux
précis. Cette phase prospective a été l’occasion, lors des rencontres avec les acteurs régionaux, de
faire germer l’idée qu’une substitution des eaux du nord alimentant les périmètres de la Basse
Vallée de la Medjerdah par les EUT est une option envisageable. Elle serait une réponse forte à la
dégradation du bilan hydrique de la région tout en aidant à la préservation de terres agricoles
périurbaines. Il en est de même pour les périmètres irrigués de la plaine de Mornag pour la
conservation de son patrimoine arboricole, même si la défiance envers les EUT dans cette région
est plus forte à cause des mauvaises expériences du passé.

L’avis du Consultant est que le scénario 1, qui propose la potabilisation des EUT à l’horizon 2050,
apparaît comme peu réaliste à cet horizon au regard du niveau de technologie demandé et des coûts
associés. D’autres valorisations des EUT sont à privilégier dans un premier temps. A moyen terme,
l’accent devrait être mis (i) sur la préservation des eaux du Nord pour l’AEP du Grand Tunis et (ii) sur
la préservation des terres agricoles périurbaines avec la substitution des eaux de barrages dans les
périmètres existants de la Medjerdah et de Mornag. Des outils devront être mis en place pour
sensibiliser les agriculteurs au changement de ressources (subventions, formations, sensibilisation au
déficit hydrique, obligations, etc.). Toujours d’après le Consultant, le transfert des EUT du Grand Tunis 25
vers le gouvernorat de Zaghouan pour la création de nouveaux périmètres irrigués ne semble pas
opportun au regard de l’impact sur le bilan hydrique global de telles valorisations (augmentation globale
de la consommation d’eau), des coûts d’investissement et de fonctionnement très importants
nécessaires et de la forte consommation énergétique associée. Ce transfert sera éventuellement à
considérer en dernier ressort en fonction des volumes restants des EUT après leur valorisation au
maximum au plus proche du pôle urbain.

Etude prospective pour la région du Grand Sud


Un déficit hydrique régional alarmant auquel la REUT n’apportera qu’une réponse marginale…
Le niveau de surexploitation des nappes souterraines et notamment des ressources fossiles dans
le Sud tunisien ont atteint des niveaux alarmants. Ce bilan hydrique grandement déficitaire risque
de continuer à se dégrader car l’arrêt de l’extension des superficies irriguées n’est pas encore maîtrisé
malgré la volonté politique.

Les volumes d’EUT produits à l’échelle de tout le Sud tunisien ne seront pas négligeables d’ici 2050
puisqu’ils représenteront près de 100 Mm3 produits. Cependant, la production sera éparpillée sur un
vaste territoire en comparaison d’autres pôles de production d’EUT comme le Grand Tunis, Nabeul,
Sousse ou Sfax. Pratiquement, vu les usages des EUT pouvant être pratiquement développés, la REUT
restera, en grand, pour la région Grand Sud une solution marginale pour remédier à son important
déficit hydrique. Plus localement, sur le littoral en particulier, la REUT pourra toutefois contribuer
plus significativement à sa résorption.

Le tableau ci-dessous résume les 2 scénarios régionaux qui ont été élaborés pour la région du Grand
Sud à la suite de l’inventaire des valorisations des EUT possibles provenant de l’étude de marché. A la
suite, un autre tableau présente une synthèse des éléments utilisés pour comparer les 2 scénarios
(version simplifiée d’un tableau plus complet présenté dans le rapport).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
RESUME

Tableau 8 : Synthèse de l’étude de marché et formulation des scénarios pour la région du Grand Sud

Etude de marché – Inventaire des Formulation des scénarios Description des scénarios
valorisations des EUT possibles
 Réhabilitation et intensification Scénario 1 : Les EUT, une Réutilisation des EUT des villes de Gafsa et Gabes pour le secteur des phosphates
des périmètres irrigués existants ressource pour réduire la pression et en remplacement des eaux de nappes prélevées
avec des EUT sur les nappes souterraines
 Substitution des eaux surexploitées Développement d’usages touristiques à Djerba et Zarzis (irrigation des espaces verts
conventionnelles par des EUT existants)
dans des périmètres irrigués
Irrigation des oasis en substitution des eaux de nappes à Tozeur, Kebili, El Hamma
existants
et Gabes
 Création de nouveaux
périmètres irrigués Recharge des nappes de façon marginale dans les zones rurales et à Medenine par
des écoulements et infiltration via les oueds
 Réutilisation industrielle
 Irrigation des espaces verts Scénario 2 : Les EUT, une Réhabilitation, intensification voir extension des perimètres irrigués existants (El
26 (touristiques et municipaux) ressource pour aider au Aguila, Dissa, Ouljet El Khoder, Tataouine…)
développement local agricole et
 Recharge de nappe touristique Création de nouveaux périmètres irrigués proches des STEP pour réduire le déficit
 Recyclage des eaux grises des fourrager et augmenter les rendements des oliviers dans la zone littorale
hôtels
Développement de nouveaux usages touristiques (irrigation d’espaces verts
 Reboisement/irrigation des existants et projetés, recyclage des eaux grises pour les nouvelles constructions)
pépinières forestières pour les zones projetées (extensions à Djerba, El Hamma, Sud de Gabes, Tozeur,
Douz…)

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

Tableau 9 : Elements de comparaions des scénarios pour la zone Grand Sud

27

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
RESUME

…Mais des potentiels de réutilisation locaux à considérer pour répondre à des problématiques spécifiques
et limiter la pollution
Les enjeux de la REUT pour cette région se concentrent en effet surtout sur le littoral avec la ville de
Gabes et le pôle touristique Djerba/Zarzis. Ces deux zones regrouperont potentiellement, en 2050,
40 % des flux d’EUT du Grand Sud. Les choix d’orientation de ces flux devront se faire entre la
substitution d’usages qui prélèvent actuellement dans les nappes, comme les usages industriels
ou touristiques existants, ou la création de nouveaux usages pour répondre à des demandes comme
la production fourragère ou la création d’espaces verts.

L’avis du Consultant est que ces choix de valorisations devront être étudiés en parallèle lors du
lancement d’un projet de REUT au niveau de ces STEP. Le choix devra ensuite se faire au cas par cas
en fonction des enjeux territoriaux à proximité de la STEP étudiée.

Pour les zones restantes, outre les chefs-lieux des Gouvernorats (Gafsa, Medenine, Tataouine, etc…),
l’assainissement de la région concernera des STEP aux capacités modestes où les potentiels de
réutilisation seront à étudier au cas par cas. Les valorisations concerneront surtout de l’irrigation
agricole directe. Une autre alternative sera la recharge de nappe par des procédés d’infiltration
simples dans les oueds si les volumes ne sont pas suffisants pour créer un périmètre irrigué ou s’il n’y
a pas de demandes agricoles. La REUT pour ces STEP représentera plus des enjeux locaux que
nationaux. Un de ces enjeux sera notamment de limiter les nuisances au niveau des milieux de
rejets des STEP, que ce soit des eaux stagnantes pour les milieux continentaux (STEP de Medenine,
Gafsa, Tataouine, etc.) ou les pollutions littorales (Gabes, Djerba, Zarzis). D’autres enjeux pourront être
la poursuite ou le développement d’activités économiques cruciales, comme, par exemple,
l’exploitation phosphatière à Gafsa.

Etude prospective pour la région du Centre


Une production faible d’EUT, disséminée sur un vaste territoire qui ne permettra pas d’avoir un impact
conséquent sur le déficit hydrique régional
28 Le développement de l’agriculture irriguée et les transferts d’eau vers le Sahel et Sfax ont fortement
dégradé le bilan hydrique de la zone du Centre, malgré les volumes importants de ressources en
eaux souterraines renouvelables. La surexploitation des nappes souterraines est à un point critique
sur certaines zones (déficit proche de 230 Mm3), notamment pour la plaine de Kairouan.

Les EUT, en venant remplacer les eaux de nappes surexploitées dans certains périmètres,
permettraient de participer à la réduction du déficit hydrique de la zone. Cependant, les volumes en
jeu d’EUT produites restent modestes face aux prélèvements effectués (réduction potentielle de
seulement 10 % du déficit en 2050 si on utilise 100 % des EUT).

Cependant, si l’on se place à une échelle interrégionale, il faut noter que la REUT pourrait avoir
indirectement un fort impact sur le bilan hydrique de la zone si la REUT se développait au Sahel
et à Sfax. En effet, les ressources conventionnelles du Centre sont mobilisées pour alimenter le littoral.
L’exploitation de ressources comme les EUT sur le littoral permettrait de libérer des ressources pour
le Centre qui pourront être valorisées plus localement. Pour rappel, 60 à 70 Mm3/an sont transférés
chaque année. De plus, celle nouvelle allocation des ressources en eau participerait à la baisse des
tensions existantes liées au partage de l’eau et aux fractures de développement économique entre les
régions littorales et intérieures.

Des EUT encore perçues comme une source de pollution plutôt qu’une ressource potentielle
L’enjeu lié aux EUT pour cette zone se situe surtout dans l’amélioration du taux de raccordement
aux réseaux d’assainissement collectif pour les communes rurales et la réduction de la pollution
liée aux rejets des eaux usées (brutes ou traitées). Même si les volumes produits sont faibles, les
nuisances causées par ces rejets peuvent être fortes localement pour les riverains. Des nappes
phréatiques peuvent même être contaminées via l’infiltration de ces rejets ne respectant pas les normes
de qualité.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
Version définitive
RESUME

Comme observé lors des différentes étapes de concertation de l’étude sur la zone du Centre, les
échanges ont souvent portés sur les impacts négatifs actuels des rejets d’eaux usées et les risques
environnementaux et sanitaires rattachés, plutôt que sur leur possible valorisation. Cela montre que ces
eaux usées sont encore beaucoup perçues comme des sources de pollution dans cette zone
plutôt qu’une potentielle ressource en eau.

Des EUT à gérer localement en fonction des opportunités à saisir à proximité des STEP
Au regard de l’orientation très agricole de la région, les propositions de valorisations possibles des EUT
pour cette zone ont surtout concerné l’irrigation directe ou la recharge de nappe. Ce dernier usage
peut se faire via des procédés d’infiltration dans les oueds au vu du contexte hydrogéologique, afin de
relever le niveau piézométrique des nappes les plus surexploitées ou de faire un stockage inter
saisonnier des EUT. La majorité des flux d’EUT sont concentrés au niveau des chefs-lieux des
gouvernorats (près de 55 % des EUT produites en 2050). La REUT agricole peut participer à la
sauvegarde de certaines espèces arboricoles typiques de la région (pommiers, abricotiers,
amandiers, pistachiers) ou au développement de la filière biologique oléicole. La production
fourragère est aussi envisageable avec les EUT, ce qui aiderait à réduire le déficit fourrager de la
région avec la dégradation des parcours. Pour les STEP restantes de la zone, il est difficile de définir
une orientation stratégique globale car les choix de valorisations des EUT dépendront des contextes
territoriaux et sociaux à proximité de chaque STEP. Les enjeux de REUT liés à ces STEP n’étant pas
des enjeux nationaux au vu des volumes produits, ni même régionaux, il conviendra de laisser la
gestion de ces EUT à un niveau plus local afin de saisir rapidement les opportunités de
valorisation qui pourront se présenter. Par exemple, des nouveaux usages industriels peuvent être
envisagés en lien avec le développement économique de la région (extraction de phosphates dans le
gouvernorat de Meknassy).

Etude prospective pour la région du Nord Ouest


Le développement local de la REUT, une action qui restera marginale dans la gestion l’eau à l’échelle de la
région
La région du Nord-Ouest est considérée comme le « château d’eau » de la Tunisie grâce à 29
l’abondance de ces ressources en eau de surface, exportées dans des zones déficitaires du pays,
Grand Tunis, Cap Bon, Sahel. Les volumes en jeu d’EUT produits restent très modestes face aux
ressources en eau globales de la zone : ils représentent 2 % des ressources en eau de surface et
souterraines, sachant que le bilan hydrique de la zone est excédentaire.

Si l’on se place à une échelle interrégionale, le développement de la REUT dans ces zones
dépendantes des Eaux du Nord pourrait cependant contribuer à diminuer les prélèvements pour
l’agriculture et conserver les eaux conventionnelles pour des usages exigeants en qualité
comme l’AEP.

On peut aussi considérer que, de par leur rejet dans des milieux superficiels, les EUT produites
contribuent indirectement aux usages aval et sont déjà réutilisées de manière indirecte.

A l’échelle de la zone du Nord-Ouest, l’enjeu lié aux EUT se situe donc surtout dans l’amélioration du
taux de raccordement aux réseaux d’assainissement collectif pour les communes rurales et la
réduction de la pollution liée aux rejets des eaux usées. De nombreuses craintes ont notamment
été exprimées sur la responsabilité des EUT dans la contamination des eaux des barrages et des eaux
de nappes.

Des EUT à gérer localement en fonction des opportunités à saisir à proximité des STEP
Le bilan hydrique régional excédentaire masque cependant quelques disparités locales, comme les
zones au sud des gouvernorats du Kef et de Siliana ou le littoral de Bizerte qui subissent un stress
hydrique lors des années sèches. Au regard de l’orientation très agricole de la région, les propositions
de valorisations possibles des EUT pour cette zone portent surtout sur des substitutions par les EUT
d’eaux conventionnelles dans des périmètres existants ou des créations de nouveaux
périmètres. Pour le pôle urbain de Bizerte notamment, qui concentrera près de 45% des EUT de la
région à l’horizon 2050, il existe des possibilités de substitution dans des périmètres irrigués
existants qui peinent déjà à s’alimenter par les eaux des barrages les années sèches.

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RESUME

Pour les STEP restantes de la zone, il est difficile de définir une orientation stratégique globale car
les choix de valorisations des EUT dépendront des contextes territoriaux et sociaux à proximité de
chaque STEP. Pour les STEP rejetant directement dans les cours d’eau de la Medjerdah, des
valorisations indirectes de ces EUT pourront être suffisantes s’il n’y a pas de demandes explicites
d’usagers d’exploiter ces eaux, à condition de garantir la conformité des EUT à la norme de rejet dans
les milieux récepteurs.

ANALYSES COUTS BENEFICES


Cet aspect est traité dans le Chapitre 16 du rapport.

Un outil intégré et dynamique de calcul Coût – Bénéfices permettant de mettre en lien des avantages
et inconvénients de différentes grandes options d’aménagement du territoire impliquant potentiellement
des EUT a été créé. Il permet de dépasser des idées reçues en mettant dans la balance les coûts directs
mais aussi une partie des externalités associées aux projets.

Plusieurs grandes questions stratégiques ont été traitées de manière générique à partir de cet outil.

ACB 1 : Est-il intéressant de transférer des EUT à x km du littoral pour irriguer des oliveraies actuellement
non irriguées ? (Emissaire en mer versus Transfert)
Dans cette approche sont mis en balance,
 d’une part : les conséquences négatives liées au fait de ne pas réutiliser des EUT : pollution
littorale et/ou nécessité de construire un émissaire pour conduire les rejets au large ;
 avec d’autre part : la valeur ajoutée apportée par l’irrigation sur des oliveraies actuellement non
irriguées. Cette valeur est liée à une hausse du rendement et, dans une moindre mesure, à une
baisse des intrants. Il y a toutefois des coûts pour obtenir ce bénéfice : le transfert des eaux vers
les oliveraies concernées, le stockage de ces eaux en dehors des périodes d’utilisation, la mise
en place d’un réseau d’irrigation.
30 Les deux situations qui sont comparées sont explicitées sur le schéma suivant :

Les deux situations définies pour conduire l’analyse sont plus précisément les suivantes :
 Référentiel :
- Rejet de 40 Mm3 d’EUT en mer après un traitement secondaire.
- Mise en place d’un émissaire en mer pour conduire le rejet au large.
- Externalités négatives liées au rejet en mer.
- Culture d’oliviers de 5600 ha d’oliviers en sec à l’intérieur des terres.

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RESUME

 Projet :
- Traitement tertiaire de 40 Mm3 d’EUT par le process technologique « B-B1 » (tambour filtrant
sable + UV).
- Irrigation de 5 600 ha d’olivier situés à l’intérieur des terres et non irrigués initialement. Mise
en culture de fourrages sous oliviers sur 50% de cette surface. Elevages en bovins et ovins
sur la base de la production fourragère générée.
- Les besoins en eau nets considérés sont de 4000 m3/ha pour les oliviers seuls et de
7500 m3/ha pour les surfaces en olivier + fourrage. En intégrant les efficiences des systèmes
d’adduction et d’irrigation (efficience globale de 0.81 pour l’irrigation de la partie en oliviers
seules et de 0.72 pour la partie en oliviers + fourrage), ces besoins unitaires conduisent à un
besoin de 40 Mm3 d’eau sur les surfaces considérées (les surfaces ont été choisies afin
d’arriver à ce total).
- Transfert des 40 Mm3 à une distance « x » du littoral. Cette distance « x » est prise comme
variable dans l’approche qui est conduite afin de rechercher la limite du système en termes
de rentabilité économique.

Le rapport précise que plusieurs situations tunisiennes réelles se rapprochent fortement de cette
situation générique. Le volume de 40 Mm3 considéré correspond ainsi au volume cumulé à l’horizon
2050 des STEP de Msaken et Sousse Hamdoun situées proche du littoral dans la zone d’étude Sahel-
Sfax. La zone littorale voisine de ces deux STEP subit actuellement les conséquences des EUT. Les
zones situées plus à l’intérieur des terres au droit de ces STEP comprennent de très larges surfaces en
oliveraies potentiellement intéressées pour procéder à de l’irrigation.

Les principaux coûts et bénéfices pris en compte dans l’analyse quantitative sont les suivants :

31

Avec les hypothèses de base du modèle, il ressort qu’il est plus intéressant de transférer les
EUT jusqu’à une longueur d’environ 25 km maximum (27 km exactement) pour irriguer les
oliveraies plutôt que de construire un émissaire en mer.

Si la longueur du transfert est supérieure à 27 km, le projet de REUT n’est plus intéressant
économiquement. De manière générique, il ressort qu’un projet de développement agricole situé à
l’intérieur des terres valorisant des EUT peut être rentable au regard d’une situation de référence
où on cherche à de se débarrasser des EUT en mer. La rentabilité effective du projet est cependant
très sensible à la valorisation agricole, c’est-à-dire dans notre cas au rendement qu’atteindront les
oliveraies grâce à l’irrigation. Diverses analyses de sensibilité sont présentées dans ce sens dans le
rapport. Ainsi, en doublant le coût du stockage (10 DT/m3 au lieu de 5 DT/m3 dans l’hypothèse de base),
le « périmètre de rentabilité du projet REUT » baisse de 27 km à 20 km. De même, lorsque l’on fait
varier le rendement des oliveraies irriguées, la longueur maximale de transfert pour garder un projet au
seuil de rentabilité augmente de 10 km quand le rendement de l’olivier irrigué augmente de 1 T/ha. Pour
un transfert de 20 km, la VAN s’annule en dessous de 3.4 T/ha.

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prospective - Version définitive
RESUME

ACB 2 : Est-il intéressant de remplacer une ressource conventionnelle par des EUT sur un périmètre irrigue
existant ? (EUT vs ressource conventionnelle)
ACB n°2A : Cas d’un territoire en forte tension hydrique qui envisage de mettre en place du dessalement
pour son alimentation en eau potable
Dans cette deuxième analyse, est analysé l’intérêt de la substitution, pour des usages d’irrigation déjà
en place, de ressources conventionnelles par des EUT.

Il s’agit de mettre en balance :


 d’une part : les conséquences négatives liées au fait de ne pas réutiliser des EUT : pollution des
milieux de rejet et/ou nécessité de construire un émissaire pour conduire les rejets au large,
utilisation pour l’irrigation d’une ressource qui pourrait servir à la production d’eau potable, alors
même que le pays en manque et s’apprête à multiplier des unités de dessalement ;
 avec d’autre part : le coût du traitement lié à la REUT et la production de gaz à effet de serre qu’il
entraine du fait de la consommation énergétique associée.
Les deux situations qui sont comparées sont explicitées sur le schéma suivant :

32

Les deux situations définies pour conduire l’analyse sont les suivantes :
 Référentiel :
- Rejet de 40 Mm3 d’EUT en mer après un traitement secondaire ;
- Mise en place d’un émissaire en mer pour conduire le rejet au large ;
- Externalités négatives liées au rejet en mer des EUT ;
- Irrigation de périmètres irrigués à partir d’une ressource superficielle éloignée.
- Construction d’une unité de dessalement d’une capacité de 40 Mm3 / an en vue de fournir en
eau potable le territoire considéré qui se trouve en déficit pour son AEP.
 Projet :
- Traitement tertiaire de 40 Mm3 d’EUT par le process technologique « B-B1 » (filtration à
tambour + UV) adapté pour l’irrigation de périmètres arboricoles ;
- Irrigation des mêmes périmètres irrigués à partir des EUT produites par ce traitement en
replacement des ressources conventionnelles utilisées jusqu’alors. On fera l’hypothèse dans
un premier temps que ces EUT sont produites sur place. On testera dans un second temps
comment le résultat évolue si on doit ajouter un coût de transfert à ces EUT.
- Stockage intersaisonnier : on fait l’hypothèse qu’un quart du volume doit être stocké. Cette
proportion est obtenue par analyse croisée des flux d’EUT et des besoins en eau dans le
périmètre d’irrigation.

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RESUME

- Le projet permet de libérer 40 Mm3 de la ressource qui était utilisée par les périmètres irrigués
considérés. Cette ressource est désormais utilisée par le territoire, ce qui va éviter la
construction d’une unité dessalement. L’eau potable est produite dans ce cas par
potabilisation de la ressource libérée.

Dans ce cas aussi, le rapport précise que plusieurs situations tunisiennes réelles se rapprochent
fortement de cette situation générique, en particulier dans trois régions avec de forts enjeux : (i) zone
Sahel-Sfax, où on utilise des eaux en provenance du barrage de Nebhana pour l’irrigation de périmètres
irrigués alors qu’il existe une forte tension entre usages pour partager les eaux de ce barrage et que
l’on projette également la construction de nouvelles unités de dessalement. (ii) zone du Cap Bon, où on
fait venir les eaux du Nord pour irriguer des orangers alors que des EUT pourraient être utilisées pour
cet usage et qu’elles sont aujourd’hui rejetées à la mer avec des plages fermées à la baignade. (iii) zone
de Tunis : à environ 20 km de Tunis, on utilise des eaux de surface dans la vallée de la Medjerdah
pendant que des gros volumes d’EUT de l’agglomération de Tunis sont rejetés à la mer et qu’on
s’apprête à mettre en place des émissaires dans le Golfe pour les éloigner du littoral. Le rapport note
que pour les zones de Tunis et du Cap Bon le dessalement n’est pas forcément envisagé à ce stade.
Ce pourquoi a été introduit également le cas d’étude ACB n°2B synthétisé ci-après.

Les principaux coûts et bénéfices pris en compte dans l’analyse quantitative sont les suivants :

33

Il ressort de l’analyse que, avec les hypothèses de base du modèle, et sans coût de transfert, la valeur
actualisée nette du projet est très élevée, de l’ordre de 3 Milliards DT. Le choix de la REUT apparait
bénéfique pour les territoires car il évite des investissements massifs dans le dessalement ou les
repousse à plus long terme. La différence reste positive, même avec un transfert de plusieurs
dizaines de km.

ACB n°2B : Cas d’un territoire en moindre tension où le dessalement n’est pas forcément envisagé à ce
stade
Dans ce cas, les principaux coûts et bénéfices pris en compte dans l’analyse quantitative sont les
suivants

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RESUME

Avec les hypothèses de base du modèle et sans coût de transfert : la valeur actualisée nette du projet
REUT s’élève alors à environ 620 millions de DT. La VAN est ainsi toujours très élevée mais moins
que dans le cas n°2A (3 Milliards DT). Ceci est lié au fait que la ressource reste globalement
suffisamment abondante sur le territoire considéré, alors que dans le cas précédent le territoire
devait recourir au dessalement. En intégrant les coûts de transfert, la VAN devient nulle lorsque la
longueur du transfert dépasse 65 km.

POUR CONCLURE, QUELS MESSAGES CLES RETENIR DE CETTE ANALYSE PROSPECTIVE ?


Ces messages sont développés dans le Chapitre 17 du rapport.

Les EUT - possiblement un ¼ des ressources en eau du pays en 2050 - sont à même d’améliorer le bilan
hydrique du pays, à condition de choisir les scénarios de réutilisation adaptés
C’est un message essentiel de la présente démarche : les EUT sont une ressource fondamentale pour
la Tunisie et le développement de leur usage peut constituer un important levier d’amélioration du bilan
hydrique du pays dans le contexte de tensions sur les ressources en eau décrit dans les premières
lignes du présent résumé.

A l’échelle du pays, comme déjà souligné, elles représentent dès à présent entre 6 % (année moyenne)
et 11 % (année sèche) du mix de ressources du pays. Cette proportion pourrait être comprise entre
environ 14 % (année moyenne) et 26% (année sèche) à l’horizon 2050, en considérant la hausse
du volume d’EUT produit (passage de 300 à 640 Mm3 par an) et la baisse des ressources en eau
superficielles et souterraines en lien avec le changement climatique (poursuite de la hausse de
l’ETP et possible diminution des précipitations).

Si l’on développe les scénarios les plus ambitieux en termes de substitution, l’usage des EUT pourrait
permettre de réduire, dans une proposition comprise entre 20 % (cas avec impact fort du changement
climatique) et 33 %, le déficit hydrique national (cas avec moindre impact du changement climatique) à
l’horizon 2050.
34 Soulignons de nouveau ce point fondamental, comme explicité dans un encadré présenté plus haut :
pour que les EUT participent effectivement à cette réduction du déficit hydrique, nous recommandons
d’orienter prioritairement leur réutilisation vers des usages où elles viendront en substitution d’autres
ressources.

La question de la REUT doit se poser d’abord en termes d’aménagement du territoire et utiliser tous les
outils de la GIRE pour prendre des choix éclairés avec les territoires concernés
Les analyses régionales conduites dans les chapitres 10 à 15 ont en effet montré que, pour chaque
zone, les EUT peuvent répondre à des objectifs territoriaux différents en fonction de politique de gestion
de l’eau et d’aménagement du territoire que l’on souhaite y mener. C’est pourquoi il est primordial de
s’imprégner du contexte hydrique et socioéconomique du territoire avant d’envisager d’y exploiter les
EUT.

La question n’est pas : « Pour quel usages devons-nous réutiliser les EUT ? » (usages agricoles, ou
industriels, ou touristiques…) mais plutôt : « Quels objectifs territoriaux voulons nous atteindre en
réutilisant les EUT ? », c’est-à-dire : réduction du stress hydrique, et/ou développement économique,
et/ou réduction de la pollution…

Les investissements pour le développement de la REUT doivent être raisonnés avec une vue d’ensemble
du cycle de l’eau, via un travail plus étroit entre institutions
Le développement de la REUT ne pourra répondre aux enjeux du territoire s’il n’existe pas une étroite
collaboration entre au minimum l’institution chargée de la REUT (aujourd’hui la DGGREE), le ministère
en charge des ressources en eau (aujourd’hui le ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques
et de la pêche), les autres ministères concernés par la REUT (santé, environnement, tourisme,
industrie…), l’ONAS et les organismes en charge de définir les stratégies d’aménagement du territoire.
La cohérence entre les investissements des différents ministères doit particulièrement se poser pour :
 la création et le dimensionnement des émissaires en mer, alors même qu’on souhaite en parallèle
développer la REUT ;

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RESUME

 le choix des filières de traitements complémentaires et la localisation des nouvelles STEP.


Concernant les émissaires en mer, le Consultant insiste sur la nécessité de s’interroger de
manière urgente - les projets avancent - sur l’intérêt véritable de ces ouvrages alors même que
le présent Schéma directeur vise une réutilisation beaucoup plus massive des EUT. Les ACB
réalisées dans le cadre de l’étude montrent en effet tout l’intérêt économique de la REUT en
comparaison du développement d’émissaires.

Des efforts à concentrer en particulier sur 3 grands pôles à enjeu


Afin d’augmenter significativement le taux de réutilisation des EUT l’échelle nationale, il sera nécessaire
de développer des projets de plus grande envergure. Ces projets concerneront quelque grands pôles
épuratoires qui concentrent la majorité des EUT du pays :
 Des pôles épuratoires d’importance nationale : Il s’agit des pôles urbains du Grand Tunis, du
Grand Sousse et Monastir et du Grand Sfax. Ils concentreront respectivement 34 %, 11 % et 7 %
des EUT produites dans le pays potentiellement à l’horizon 2050. Les choix stratégiques concernant
la valorisation de ces EUT doivent impliquer fortement le niveau national, leur exploitation
permettant de participer de manière importante à la réduction du stress hydrique du pays.
 Des pôles épuratoires d’importance régionale : Il s’agit cette fois des pôles urbains de
Nabeul/Hammamet, Grand Gabes et Djerba/Zarzis. Pour ces pôles, les quantités d’EUT produites
sont moindres au regard du déficit hydrique national. Elles représentent respectivement 4 %, 2 %
et 4 % des EUT produites dans le pays potentiellement à l’horizon 2050. Cependant, ces flux
peuvent avoir un impact non négligeable sur le bilan hydrique régional ou sur le développement de
nouvelles activités économiques.

Les pôles épuratoires nationaux et régionaux prennent en compte seulement 25 STEP sur plus de 200
STEP qui seront existantes en 2050 dans le pays. Néanmoins, ils représenteront 62 % du flux d’EUT
produit à l’échelle du pays.

Des outils techniques, réglementaires, financièrs et instituonnels doivent être mis en place pour garantir le
succès de la REUT 35
Les points les plus importants à retenir qui conditionnent la réussite de la filière de la REUT sont les
suivants :
 La question de qualité des EUT avec la maîtrise des risques sanitaires et environnementaux via une
montée en gamme des technologies de traitement sur les STEP ;
 La transparence sur les données de qualité ainsi que des alertes en temps réel des usagers en cas
de non-conformité ;
 L’adaptation et l’anticipation du cadre réglementaire ;
 Des financements pérennes ;
 Des approches institutionnelles déconcentrées et décentralisées.

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prospective - Version définitive
1. OBJECTIFS DE L’ANALYSE PROSPECTIVE ET GRANDS PRINCIPES METHODOLOGIQUES

Partie A. METHODOLOGIE ADOPTEE POUR L’ANALYSE


PROSPECTIVE DE LA REUT

1. OBJECTIFS DE L’ANALYSE PROSPECTIVE ET GRANDS PRINCIPES


METHODOLOGIQUES
L’analyse prospective conduite dans cette seconde phase d’étude a pour objectif d’élaborer les grandes
orientations pour le développement de la REUT en Tunisie à l’horizon 2050. Ces orientations
doivent permettre de relever les défis identifiés lors de la première phase de diagnostic, qui sont, pour
rappel, l’approche intégrée, la qualité des EUT, la maîtrise des risques et la gouvernance.

Pour répondre à ces défis, notre approche se fonde sur trois principes.

UNE APPROCHE INTEGREE


Nous avons considéré les EUT, non pas isolément, mais comme une ressource (en eau, mais aussi
en nutriments) à intégrer à un « mix hydrologique » qu’il est nécessaire de penser globalement. Nous
nous sommes ainsi attachés à dresser une synthèse, pour chaque région étudiée, du « mix
hydrologique » : quelles sont les ressources disponibles, endogènes et exogènes ? Quels usages
utilisent quelles ressources ? Quel est leur niveau d’utilisation ? Comment pourraient-elles évoluer dans
l’avenir en lien avec le changement climatique et les évolutions socio-économiques ? …

Les quantités d’EUT produites (sujet du chapitre 3 du rapport) sont ainsi systématiquement situées au
regard des autres ressources (chapitre 4). Ce point nous a semblé fondamental pour intégrer, à la 37
présente étude, les objectifs stratégiques sur la gestion de l’eau à l’échelle nationale développée dans
la démarche Eau 2050. Les objectifs que nous avons considérés sont en particulier la réduction
globale des pressions quantitatives sur les ressources superficielles ou souterraines, via des
économies d’eau et la diminution/optimisation des surfaces irriguées.

Les valorisations possibles des EUT sont multisectorielles et ont de ce fait un lien fort avec
l’aménagement du territoire. Les différents secteurs économiques consommateurs potentiels sont
étudiés, ainsi que leur évolution possible jusqu’à 2050, bien qu’il soit compliqué d’avoir une vision claire
de ces secteurs sur un si long terme.

En parallèle, une gamme des options technologiques de traitement des eaux usées avec
l’intégration des aspects énergétiques est étudiée (chapitres 3 et 5.5). L’objectif est de donner des
scénarios de traitement possible à court et moyen terme adaptés au contexte tunisien et de donner une
vision possible du futur de l’assainissement à long terme.

Les aspects transversaux de la valorisation des EUT sont aussi pris en compte pour les différents
usages possibles : changement climatique, réglementation (chapitre 7), gouvernance (chapitre 8),
financement de la filière (chapitre 8), acceptabilité sociale, etc.

UNE APPROCHE TERRITORIALE


Les enjeux territoriaux auxquels pourraient répondre la REUT ont été identifiés pour chaque région
étudiée. L’identification de ces enjeux permettra de définir les valorisations des EUT les plus pertinentes
pour la région considérée. Elle sera aussi importante pour montrer aux acteurs locaux les potentiels
bénéfices de la REUT sur leur territoire. Il est fondamental que la démarche REUT 2050, même si elle
reste un schéma national, implique le niveau local dans ses réflexions. Sans être exhaustif, le schéma
ci-dessous illustre la diversité des objectifs territoriaux auxquels peut répondre la REUT.

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prospective - Version définitive
1. OBJECTIFS DE L’ANALYSE PROSPECTIVE ET GRANDS PRINCIPES METHODOLOGIQUES

38

Figure 2 : Schéma des objectifs territoriraux possibles auxquels peut répondre la REUT

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1. OBJECTIFS DE L’ANALYSE PROSPECTIVE ET GRANDS PRINCIPES METHODOLOGIQUES

UNE APPROCHE PARTICIPATIVE.


Pour garantir son succès, la REUT ne pourra pas être imposée aux territoires. Il est important que
les enjeux territoriaux et les objectifs auxquels pourra répondre la REUT soient définis via un
processus participatif de manière concertée. Nous avons ainsi consulté, dans notre démarche, un
maximum d’acteurs déjà impliqués dans la REUT – ou à impliquer dans la REUT - et ce à divers niveaux.

Comme le souligne Michel GODET dans ses ouvrages sur la prospective, l’anticipation est importante,
mais également l’appropriation. Ce sont ces deux éléments qui vont déboucher sur l’action. Les
différentes étapes du processus participatif au niveau local sont détaillées dans le chapitre 2.4.

Anticipation  Appropriation 
Etude  Motivation et 
prospective  mobilisation des 
REUT 2050 acteurs locaux

Action 
Mise en œuvre

39
Figure 3 : Triptyque prospectif « Anticipation – Appropriation – Action » tel que proposé par M. GODET

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE


DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE
2.1 DECOUPAGE GEOGRAPHIQUE RETENU POUR L’APPROCHE PROSPECTIVE
Il a été retenu de conduire l’approche prospective à l’échelle de 6 régions présentées dans le tableau
et la carte suivante. La justification détaillée est reportée en Annexe 1.

Tableau 10 : Zonage retenu pour l’approche prospective


REGIONS GOUVERNORATS PART DES JUSTIFICATION ZONAGE
D’ETUDE CONCERNES EUT
Le Grand Tunis regroupe 45 % des EUT produites à l’échelle
Tunis, nationale et est donc une zone à forts enjeux pour la
GRAND Manouba, réutilisation. Zaghouan a été intégré à Tunis car cette zone fait
TUNIS ET Ariana, Ben 45 % partie de la même région économique et va subir les
ZAGHOUAN Arous, influences de la capitale. Elle présente des similarités au
Zaghouan niveau du climat et les possibilités de transfert vers cette zone
rurale depuis Tunis avait déjà été étudiées (DGEQV, 2009).
La région a des besoins importants en eau (activités agricoles,
industrielles et touristiques) et des ressources surexploitées.
D’autre part, elle concentre un nombre important de STEP sur
CAP BON Nabeul 9% une petite superficie et les rejets d’EUT posent des problèmes
environnementaux sur le littoral. La REUT est donc un enjeu
important pour ce gouvernorat d’où le choix de le traiter
isolément.
Ces gouvernorats présentent des similarités au niveau du
40 contexte socio-économique et des ressources en eau. Si
Bizerte, Beja,
NORD- besoin lors de l’analyse, des sous zones pourront être
Jendouba, Kef, 8%
OUEST développées pour Bizerte par exemple (influence de Tunis au
Siliana
niveau économique) et du Kef et de Siliana (moins de
ressources en eau)
Correspond à la région économique du centre-est. Similarités
dans les ressources en eau et dans l’agriculture pratiquée,
SOUSSE, forts enjeux touristiques et industriels. La production d’EUT est
SAHEL ET importante sur le littoral et les rejets posent des problèmes
MONASTIR, 25 %
SFAX environnementaux. Les particularités de Sfax par rapport aux
MAHDIA, SFAX
gouvernorats du Sahel pourront être mises en évidence par la
division en sous-zones.
Région économique du centre–ouest, avec peu d’activités
KAIROUAN, industrielles et touristiques, similarités au niveau agricole et
CENTRE KASSERINE, 4% des ressources en eau disponibles. STEP isolées sur tout le
SIDI BOUZID territoire, pas de production importante d’EUT sauf au niveau
de la ville de Kairouan.
Peu de production d’EUT au vu de la superficie du territoire et
GABES,
similarités dans les ressources en eau. Une attention
MEDENINE, particulière sera portée sur le littoral où il y a une production
GRAND GAFSA, plus importante (65 % des EUT produites dans le Sud) et
9%
SUD TOZEUR, notamment au niveau de Djerba où il y a des enjeux
KEBILI, touristiques.
TATAOUINE
(ONAS, 2017)

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

Figure 4 : Zonage retenu pour l’approche prospective

En pratique, ce zonage n’est pas un cloisonnement mais un cadre de travail. Par exemple, les
possibilités de transfert inter régions sont aussi considérées.

2.2 ETUDE DE MARCHE DES EUT


41
Cette étude de marché des EUT a été conduite de manière intégrée, selon les étapes suivantes :
 évaluation de l’offre en EUT jusqu’en 2050 par région et comparaison de cette offre avec les
autres ressources en eau régionales ;
 identification de la demande potentielle en EUT dans les différents secteurs économiques,
alimentée notamment par les enquêtes auprès des usagers potentiels ;
 identifications des impacts des rejets actuels des eaux usées dans les milieux récepteurs ;
 analyse intégrée des éléments précédents afin de dresser un inventaire des valorisations
potentielles des EUT adaptées aux contextes régionaux.
On détaille ci-après ces différentes étapes.

2.2.1 Evaluation de l’offre en EUT et mise en perspective avec le bilan hydrique


régional
EVOLUTION DU PARC EPURATOIRE DES FLUX D’EUT PAR REGION A L’HORIZON 2050
La première étape de l’étude de marché consiste à évaluer les flux d’EUT à l’horizon 2050 et leur
localisation. La méthodologie utilisée pour évaluer ces flux d’EUT, via un outil sous tableur construit
spécifiquement pour l’étude, est développée dans le chapitre 3, chapitre qui présente également les
résultats à l’échelle nationale. Au niveau des analyses régionales, une description de l’évolution
potentielle du parc épuratoire est présentée de manière plus précise pour chaque région et
l’évolution des flux des EUT par STEP en 2020 et aux horizons 2025, 2030, 2040 et 2050 est
explicitée.

Il est cependant à noter que ces données ne remplacent pas un travail fin de prospective qui pourrait
être effectué dans des schémas directeurs d’assainissement régionaux. L’objectif est bien de donner

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prospective - Version définitive
2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

une image globale de l’évolution des flux à l’échelle des régions d’étude pour aider aux choix de
valorisations des EUT qui seront développés par zones.

OFFRE EN EUT AU REGARD DES BILANS HYDRIQUES REGIONAUX


L’évaluation des bilans hydriques par régions s’est appuyée essentiellement sur les documents de la
démarche Eau 2050 déjà disponibles (BPEH, 2019) et sur l’étude de la Carte des Ressources en Eau
de Tunisie (CRET) (DGRE, 2019). Nous avons aussi utilisé d’autres données et études en provenance
en particulier de la DGRE (annuaires hydrologiques et des nappes souterraines (DGRE, 2018)).

Ces bilans hydriques des eaux conventionnelles sont donnés dans ce chapitre pour chaque région et
sont comparés avec le potentiel en REUT. Les bilans régionaux intègrent des hypothèses sur les
impacts possibles du changement climatique sur les ressources en eau.

Il s’agit ici de répondre à un objectif très important de l’étude : penser l’utilisation des EUT en termes
de ressources, de manière globale, et montrer comment elles constituent un des leviers disponibles
pour rééquilibrer ou non les bilans hydriques régionaux.

2.2.2 Identification de la demande potentielle en EUT


En parallèle de l’étude sur l’offre en EUT, il a été mené pour chaque région des expertises sectorielles
afin de connaitre les domaines où les EUT pourront répondre aux besoins en eau dans le futur. Les
secteurs concernés sont l’agriculture, l’industrie, le tourisme et le secteur municipal. L’étude de ce
contexte socio-économique régional permet de mieux situer l’importance de chaque secteur dans
l’économie de la région et ses grandes caractéristiques et d’estimer des perspectives dans le secteur
qui pourraient faire évoluer la demande en eau (projets à court terme de REUT, création de nouvelles
superficies irriguées, changements de spéculations agricoles, extension ou création de nouvelles zones
industrielles et touristiques, évolution des golfs et des espaces verts, etc.).

42 Ces expertises sectorielles ont été enrichies par les enquêtes de terrain auprès des usagers
potentiels (voir partie 2.4.2). Ces enquêtes permettent de mieux comprendre comment se positionnent
les usagers potentiels face à la REUT (« maturité » de la demande), quels sont les moteurs de
motivation ou au contraire les freins à l’acceptabilité sociale pour la REUT. Notons que la motivation
des agriculteurs diffère beaucoup en fonction du territoire considéré, contrairement aux autres usages.

Une attention particulière a été portée sur la recharge de nappe, qui est à la fois un usage potentiel
des EUT (protection de la nappe) et une façon de valoriser les EUT pour d’autres usages de manière
indirecte (repompage dans la nappe pour l’irrigation). Pour chaque région, une première étape a été de
balayer les différentes nappes en examinant pour chacune d’elles leur état quantitatif et qualitatif. Il
s’agissait de sélectionner une première liste de nappes vulnérables pour lesquelles une recharge
pourrait représenter un intérêt. Par la suite, un inventaire des sites de recharge déjà existants a
été dressé, que ce soit avec des EUT ou des eaux conventionnelles, ainsi que les sites de recharge
déjà pressentis lors d’études antérieures sur la recharge de nappe avec les EUT. Ces études sont
notamment l’étude de transfert des EUT du Grand Tunis vers les zones de réutilisations (DGEQV, 2009)
et l’étude de faisabilité technico-économique de la recharge de nappe avec les EUT (DGEQV, 2009).
Pour finir, nous croisons ces éléments obtenus avec la liste des STEP présentes et projetées sur ces
nappes. L’objectif est de déterminer le potentiel de recharge par les EUT en fonction : des quantités
d’EUT produites par les STEP aujourd’hui et aux différents horizons de prospective, de la localisation
des STEP et des contextes hydrogéologique et foncier favorables ou non à la recharge.

2.2.3 Identification des impacts environnementaux actuels des rejets d’eaux


usées
Les eaux usées, si elles ne sont pas suffisamment traitées, peuvent avoir des impacts négatifs sur leur
milieu récepteur, ainsi que des conséquences sanitaires et sur les activités économiques. Ces activités
sont par exemple le tourisme si une zone de baignade est impactée ou l’aquaculture. En termes
quantitatifs, elles peuvent aussi impacter un milieu récepteur sensible comme une lagune littorale en
modifiant son équilibre hydrologique avec un apport d’eau trop conséquent.

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

Cette partie dresse un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui impactent
actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques sur l’ensemble du pays. Ces
connaissances pourront ensuite être intégrées lors du choix des valorisations des EUT car la REUT
peut aider à améliorer la situation concernant ces rejets problématiques. En effet, la REUT limite les
rejets dans les milieux récepteurs et est souvent accompagnée d’une amélioration des traitements. Cet
inventaire permet aussi de repérer des zones où il sera prioritaire d’agir si les impacts actuels sont
conséquents ainsi que les zones qui nécessiteront une plus grande sensibilisation des usagers de
l’eau, lorsque les eaux usées sont perçues très négativement, de par leurs impacts actuels.

Plusieurs types d’effluents sont à considérer :


 Les effluents des STEP existantes de qualité non conformes à la NT 106.02 qui se déversent dans
des milieux sensibles (zones de baignade, lagunes littorales, etc.). Les effluents industriels
raccordés au réseau parfois de manière illicite en amont des STEP et qui provoquent des
dysfonctionnements au niveau des procédés de traitement sont aussi mentionnés.
 Les effluents bruts domestiques non raccordés au réseau
 Les effluents industriels rejetés dans le milieu naturel avec peu ou pas de prétraitements.

Concernant les effluents industriels, ils sont en partie quantifiés pour les plus gros consommateurs grâce
au CADRIN (ONAS, 2019) et aux prélèvements effectués dans les nappes profondes recensés par la
DGRE (DGRE, 2018). Cependant, les estimations de consommations en eau ne sont pas effectuées
pour toutes les industries et ne prennent pas en compte des forages illicites, et ne sont donc pas
exhaustives.

Cet inventaire a été dressé en collaboration avec les acteurs locaux lors des réunions régionales en
amont des enquêtes de terrains et lors de rencontres avec des associations environnementales. Des
synthèses cartographiées par région ont ensuite été présentées lors des ateliers de concertation
régionaux conduits entre fin février et avril 2021, puis validées et enrichies par les participants à cette
occasion.

2.2.4 Inventaire des valorisations potentielles des EUT adaptées aux contextes 43
territoriaux
L’évaluation des flux d’EUT à l’horizon 2050, les expertises sectorielles appuyées par les enquêtes
auprès des usagers potentiels et les investigations sur les enjeux environnementaux et socio-
économiques permettent de dégager un panel de possibilités de valorisations des EUT.

Au niveau de chaque région, la réflexion est conduite en pratique à l’échelle de sous-zones, ayant
chacune une cohérence agricole, économique, et environnementale. L’objectif de ce nouveau zonage
à une échelle géographique plus réduite est de prendre en compte les particularités locales et de
proposer des valorisations des EUT les plus pertinentes au regard des enjeux territoriaux (préserver
un potentiel touristique et environnemental menacé par les rejets d’EUT actuels, dynamiser une filière
agricole menacée par des pénuries d’eau, etc.)

Le potentiel de valorisation a été étudié pour toute une gamme d’usages, comprenant l’irrigation
agricole (arboriculture, oliviers, vignes, fourrages, céréales, etc.), l’arrosage des golfs et espaces verts,
l’approvisionnement des industries et la recharge de nappe. Cela a été fait à partir des besoins unitaires
de chacun de ces usages, eux-mêmes estimés au travers de chaque expertise sectorielle, et à l’échelle
de chacune des STEP, existantes et envisagées à l’horizon 2050.

En pratique, cette analyse du potentiel de REUT pour chaque sous-zone s’est effectuée en trois
temps :

1/ Quelques éléments du contexte socio-économique et environnemental local sont exposés afin


de hiérarchiser les enjeux.

2/ Un tableau de synthèse qui vise à « balayer les possibles », détaille :


 les idées de valorisation des EUT spécifiques à chacune des sous-zones,
 des ordres de grandeur qui traduisent le potentiel en usage des flux d’EUT réutilisables.

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

3/ Cette mise en perspective conduit enfin à des propositions d’orientations de valorisation. Ces
propositions combinent certaines des idées identifiées dans l’étape précédente.

Contexte socio‐ Idées de  Propositions 


économique et  valorisation des  d’orientations 
environnemental  EUT possibles pour la 
de la sous zone (balayage des  valorisation des 
possibles) EUT

2.3 ELABORATION DES SCENARIOS REGIONAUX DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT


2.3.1 Formulation des scénarios
Après le travail, décrit au sous-chapitre précédent, d’inventaire des valorisations possibles des EUT
mené à l’échelle locale par sous zones d’une même région, des scénarios de développement de la
REUT sont élaborés à l’échelle des 6 régions d’étude.

Ces scénarios sont un assemblage d’hypothèses proposant différentes visions possibles de l’avenir.
Ils aident à rendre plus concrets des futurs virtuels. L’objectif est d’éclairer des choix politique en
termes de développement de la REUT avec des considérations techniques, économiques,
environnementales et sociales.
44 Les scénarios proposés pour les 6 régions d’étude sont le résultat d’un riche processus de travail avec
les acteurs, effectué lors des différentes étapes de l’approche participative (voir ci-après partie 2.4). Le
travail de concertation effectué en amont, qui permet de changer les représentations de la REUT et
de souligner - voire de lever - des points de blocage est tout aussi important que celui de la formulation
des scénarios.

Les scénarios ne disent pas ce qui est bon ou mauvais de faire mais ils permettent de montrer les
chemins possibles et de nourrir les débats. Ils combinent plusieurs valorisations des EUT qui
ont une cohérence en termes d’aménagement du territoire et de politique de l’eau et donnent des
images possibles de la REUT dans les régions d’ici 2050 suivant l’évolution de facteurs de
changement (urbanisation, efforts d’investissements dans la REUT, développement d’un secteur
économique, etc.).

« Il est cependant d’usage dans les exercices de prospective de faire valoir que la réalité sera une
combinaison des scénarios présentés ; la réalité apportant son lot de continuité, de surprise, et de
rupture. » (Groupe de la Bussière, scénarios 2025)

2.3.2 Traduction locale des scénarios


Les scénarios sont formulés à l’échelle régionale, ils combinent cependant très pratiquement des idées
de valorisations des EUT qui ont été élaborées à l’échelle des sous-zones. Afin d’illustrer plus en détails
les scénarios, il est ainsi indiqué, pour chaque sous-zones, quelles sont les idées de valorisations des
EUT qui sont retenues en fonction du scénario. L’ensemble est synthétisé dans un tableau et sur des
cartes qui permettent de faire le lien entre l’élaboration des scénarios et l’étude de marché.

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

2.3.3 Description technique des scénarios


Nous décrivons pour chaque scénario l’évolution de la mise en place des différentes valorisations des
EUT qui y sont incluses. Pour chaque horizon temporel, le volume d’EUT réutilisé est ainsi calculé en
fonction des différentes valorisations. Ce volume est aussi traduit en termes de superficies irriguées
et il est comparé avec le volume total d’EUT produit à l’échelle de la région afin de déterminer la part
d’EUT réutilisées par valorisations.

En parallèle, on explicite pour chacun des scénarios, les besoins technologiques associés aux
volumes d’EUT réutilisés :
 Niveau de qualité et Traitement tertiaire : les différentes valorisations envisagées exigent des
niveaux de qualité des EUT différents. Nous indiquons ainsi, pour chaque scénario, la part des EUT
réutilisées correspondant aux différents niveaux de qualité à atteindre.
Nous développons plus bas dans le rapport (chapitre 3), la gamme des options technologiques
possibles pour atteindre différents niveaux de qualité, selon les valorisations envisagées pour les
EUT. Le tableau ci-dessous résume à quoi correspondent les différents niveaux de qualité en
termes d’usages autorisés et de technologiques nécessaires pour atteindre ces niveaux.

Tableau 11 : Rappel synthétique des niveaux de traitment possibles en fonction des usages
Niveaux de Exemple de traitements
Usages autorisés
qualité complémentaires
E Alimentation de zones humides /
Alimentation de blocs sanitaires Filtre à sable
C Revégétalisation
Recharge de nappe sans prélèvements
Recharge de nappe avec prélèvements agricoles Filtre à sable
45
C+ Rejets dans un barrage sans utilisation AEP Microfiltration/Ultrafiltration
(enlève les nutriments)
Arboriculture et cultures annuelles hors Filtre à sable + UV
maraîchage
Tambour filtrant + UV
B
Espaces verts recevant du public (aspersion)
Eaux de process industriel hors IAA (peu exigeant)
Cultures maraîchères Microfiltration + UV
A Eaux de refroidissement Ultrafiltration + UV
Eaux de process industriel hors IAA
A+ AEP Osmose inverse + UV

 Transferts : lorsque des valorisations demandent le transport des EUT sur plus de 5 km, le volume
associé est indiqué. Plusieurs catégories de distances sont mentionnées si nécessaire (5 – 10 km,
10 – 20 km, 20 – 30 km, etc.).
 Stockage : les besoins en irrigation des cultures changent en fonction des mois de l’année alors
que la production d’EUT reste globalement la même, sauf pour la production d’EUT touristiques qui
augmente en période estivale. En fonction des cultures prévues pour être irriguées avec des EUT,
il a été calculé le volume qui devra être stocké si l’on veut utiliser 100 % des EUT produites sur toute
l’année par les STEP considérées.

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2.3.4 Comparaison des scénarios


Après avoir décrit les scénarios proposés en termes de valorisations des EUT à favoriser et de besoins
technologiques, l’objectif est de proposer des critères de comparaison afin d’aider à la prise de
décision et à l’élaboration d’un scénario cible qui sera le plus pertinent à développer pour chaque région.
Pour cela, plusieurs critères de comparaison sont développés :
 les coûts globaux (investissements et exploitation) des principaux maillons de la filière à mettre en
place : traitements complémentaires, éventuel stockage, éventuel transfert. On indique aussi le coût
des infrastructures nécessaires pour la réutilisation elle-même (par exemple la mise en place d’un
nouveau réseau d’irrigation) Ces coûts globaux permettent de comparer en ordre de grandeur les
niveaux d’investissement pour chaque scénario ;
 les bénéfices territoriaux apportés par chaque scénario, notamment en réponse à des
problématiques de changement climatique et de stress hydrique mais aussi d’aménagement du
territoire et de développement de secteurs économiques ;
 les niveaux d’ambition pour dépasser les contraintes sur les aspects institutionnels,
réglementaires, sanitaires, environnementaux et d’acceptabilité sociale associées aux
valorisations des EUT choisies. Plus ces contraintes sont élevées, plus les valorisations vont être
complexes à réaliser. Afin d’illustrer ces contraintes pour les différents scénarios proposés, le
tableau ci-dessous décrit des niveaux d’ambition en fonction des différents aspects transversaux
étudiés. Il est à souligner qu’un niveau d’ambition élevé ne signifie pas que le scénario n’est pas à
favoriser, mais qu’il nécessitera plus d’efforts (moyens financiers, organisationnels, etc.).

46

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

Tableau 12 : Description des différents niveaux d’ambition en fonction des contraintes liées aux valorisations des EUT

47

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2.4 APPROCHE PARTICIPATIVE AUX NIVEAUX REGIONAL ET LOCAL


2.4.1 Réunions et entretiens régionaux
Des réunions inter-gouvernorats et intersectorielles ont été organisées pour réunir des acteurs
régionaux concernés par la filière REUT en l’amont des enquêtes auprès des usagers potentiels.
L’objectif de ces réunions était de présenter l’étude et son avancement à l’échelle régionale puis de
laisser s’exprimer les acteurs sur leur vision de l’évolution possible du territoire, des enjeux liés aux
ressources en eau et de la façon dont peut répondre la REUT à ces enjeux. Ces réunions ont aussi été
l’occasion d’aider à définir les zones à enquêter.

Ces réunions ont aussi constitué un premier pas dans l’approche participative régionale, en amont des
ateliers de concertation régionaux qui se sont déroulés dans la suite de la Phase 2.

Lors de ces réunions, les personnes invitées représentaient l’ONAS, la SONEDE, l’AFI, les
municipalités, différents arrondissements des CRDA, l’URAP ou encore l’UTICA.

Le tableau suivant présente la liste des réunions qui ont pu être conduites.

Tableau 13 : Liste des réunions régionales conduites en Phase 2 en amont de la phase d’enquête

Régions  Lieu  Date  Nombre de participants 


Cap Bon  CRDA de Nabeul  21/02/2020  18 
CRDA de Monastir  25/02/2020  29 
Sahel  ‐ Sfax 
Gouvernorat de Sfax  08/09/2020  25 
48 Centre  Gouvernorat de Kairouan 22/09/2020  34 
Grand Sud  Institut des Régions 
16/09/2020  28 
(Sud Est   Arides de Medenine 
et   Réunions aux CRDA par  2 – 3 personnes par 
07, 08, 09/10/2020 
Sud Ouest)  gouvernorats  CRDA 
Réunions aux CRDA par  01, 02, 09, 10,  2 – 3 personnes par 
Nord Ouest 
gouvernorats  11/10/2020  CRDA 
Réunions aux CRDA par  2 – 3 personnes par 
Grand Tunis et Zaghouan 12, 16, 17, 18/10/2020 
gouvernorats  CRDA 

Des réunions ont aussi été organisées au niveau des départements régionaux de l’ONAS pour connaître
l’avancement des schémas directeurs d’assainissement.

Tableau 14 : Liste des réunions de travail conduites avec l’ONAS en Phase 2


Régions  Lieu  Date  Nombre de participants 
Cap Bon  ONAS Nabeul  04/03/2020  3 
ONAS Sousse 
Sahel et Centre  09/09/2020  5 
Département Centre 
Grand Sud et  ONAS Sfax 
08/09/2020  2 
Sfax  Département Sud 

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

2.4.2 Enquêtes auprès des usagers potentiels


L’objectif des enquêtes était d’identifier, au niveau local, (i) des besoins en eau exprimés par les usagers
et (ii) leur niveau de sensibilisation et d’acceptabilité de la REUT. Ces enquêtes viennent donc compléter
les réunions régionales et enrichir le travail prospectif dans les différentes expertises sectorielles.

Des questionnaires avaient été élaborés en amont pour les agriculteurs, les industriels, les hôteliers et
les municipalités, questionnaires qui avaient été validés par le COPIL restreint.

Des associations environnementales, qui s’intéressent au sujet de la REUT, et qui mènent des
actions territoriales, ont aussi été interrogées.

Pour l’agriculture, l’objectif était de viser des agriculteurs avec des profils différents et dans des zones
agricoles hétérogènes : des agriculteurs proches des périmètres avec des EUT existants, des
agriculteurs qui irriguent avec des eaux conventionnelles ou encore des agriculteurs ne disposant pas
de ressources en eau actuellement.

Pour les industries, des entreprises avec des activités variées et avec des consommations en eau non
négligeables ont aussi été interrogées. Certaines d‘entre elles, grâce à des entretiens en amont avec
l’API, ont aussi été visées, car elles utilisaient déjà des méthodes innovantes pour économiser, voire
recycler de l’eau.

Pour le tourisme, des unités hôtelières des grandes zones touristiques ont été ciblées, notamment
celles possédant des surfaces d’espaces verts importantes.

Pour les municipalités, les principales villes du pays ont été ciblées, notamment celles dans des zones
avec peu de ressources en eau potable.

Le tableau ci-dessous indique le nombre d’enquêtes qui ont été réalisées par régions et par types
d’usagers.

Tableau 15 : Nombre d’enquêtes réalisées par régions et par usagers potentiels des EUT 49
Régions Agriculteurs Hôteliers Municipalités Industriels
Cap Bon  26  2  2  3 

Sahel et Sfax  37  3  6  2 

Grand Sud  69  6  5  2 

Centre  25  1  3  2 

Nord Ouest  44  1  3  2 

Grand Tunis et  54  2  3  2 
Zaghouan 

Ce travail de terrain a aussi été l’occasion de visiter plusieurs stations d’épuration qui n’avaient pas été
prospectées lors de la phase Diagnostic. Ces visites ont permis de se rendre compte de la réalité du
terrain et de l’occupation du sol à proximité de ces STEP. Dans certaines zones, cela a permis de
confirmer les problématiques liées à des rejets d’eaux usées dans les milieux récepteurs.

2.4.3 Ateliers de concertation régionaux


Les ateliers de concertation régionaux ont été la dernière étape de consultation régionale pour cette
phase 2. Ils ont été réalisés à la fin de l’étude de marché et en amont de l’élaboration des scénarios
régionaux. Etant donné la situation sanitaire liée à l’épidémie de COVID, ils ont été effectués en
visioconférence.
Les objectifs de ces ateliers de concertation étaient les suivants :

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

 Présenter aux acteurs les ordres de grandeur en jeu, afin de situer l’importance des EUT dans les
bilans hydriques régionaux, en situation actuelle et jusqu’à 2050 ;

 Présenter aux acteurs nos propositions en termes de valorisations possibles des EUT, en
situation actuelle et future ;

 Recueillir l’avis des acteurs sur ces propositions afin de les corriger et de les enrichir ;
 Recueillir l’avis des acteurs sur la priorité à donner aux différentes valorisations possibles.
Ces ateliers ont aussi été l’occasion de motiver les acteurs régionaux et de faciliter leur engagement et
leur adhésion à la future stratégie nationale de REUT.

Le tableau ci-dessous reprend les différents ateliers qui ont été organisés.

Tableau 16 : Liste des ateliers de concertation régionaux réalisés

Nombre
Régions Date Diversité des structures locales présentes
participants

Cap Bon 26/02/2021 ~ 30 CRDA, ONAS, SONEDE, FTH, Municipalités, Association


environnementale

Sahel Sfax 24/03/2021 ~ 50 CRDA, ONAS, Gouvernorats, ONTT, Syndicats agricoles,


OTD, Municipalités, AFI, Association environnementale

Grand Tunis et 30/03/2021 ~ 50 CRDA, ONAS, Gouvernorats, SONEDE, Municipalités, APII,


Zaghouan Association environnementale, DRS

Grand Sud 01/04/2021 ~ 40 CRDA, ONAS, CRT, DRE, municipalités, syndicats agricoles,
50 industries

Centre 06/04/2021 ~ 30 CRDA, CRT, AFI, municipalités, industries

Nord-Ouest 08/04/2021 ~ 20 CRDA, ONAS, DRE, syndicats agricoles, DRS

2.5 SYNTHESE DES ETAPES DE L’APPROCHE PROSPECTIVE DEVELOPPEE A L’ECHELLE


REGIONALE
Le schéma ci-dessous reprend les étapes de l’approche retenue pour élaborer les scénarios régionaux
de développement de la REUT. Pour rappel, cette approche se veut intégrée, participative et territoriale.
Pour cela, il a fallu naviguer entre différentes échelles géographiques d’analyse.

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2. APPROCHE RETENUE POUR L’ELABORATION DES SCENARIOS DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT A L’ECHELLE REGIONALE

51

Figure 5 : Schéma méthodologique des étapes de l’analyse propsecitve et participative à différentes échelles géographiques

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Partie B. PROSPECTIVE ET REFLEXIONS STRATEGIQUES AU


NIVEAU NATIONAL

3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS


2025, 2030, 2040 ET 2050
3.1 METHODOLOGIE POUR LA QUANTIFICATION DES FLUX D’EUT
3.1.1 Approche méthodologique globale
Cette approche a été conduite aux horizons 2020, 2025, 2030, 2040 et 2050.

Un outil sous tableur a été construit spécifiquement pour l’étude afin de conduire une approche
homogène sur l’ensemble du territoire national, tout en considérant et intégrant les éléments disponibles
dans les documents de planification de l’ONAS recueillis dans le cadre de l’étude.

L’outil distingue 3 types d’eaux usées arrivant aux STEP :


 les eaux « domestiques », incluant la part des activités collectives (municipalités,
administrations, commerces),

52  les eaux industrielles des industries raccordées au réseau de l’ONAS,


 et les eaux touristiques des hôtels des grandes zones touristiques.

Pour chacune de ces trois catégories, et en fonction des régions, des hypothèses de consommation
d’eau et d’évolution démographique ont été élaborées. Nous nous sommes basés essentiellement sur
les schémas directeurs de l’ONAS dans les gouvernorats pour lesquels ils existent. Les gouvernorats
concernés par ces schémas directeurs sont :
 les gouvernorats du Grand Tunis (Tunis, Manouba, Ariana, Ben Arous) jusqu’à l’horizon 2029
(ONAS, 2014) ;
 Les gouvernorats de Sousse, Mahdia, Sfax, Gabes, Gafsa et Medenine jusqu’à l’horizon 2036
(ONAS, 2017).

Les hypothèses ont été complétées avec des données de la SONEDE (SONEDE, 2018) et de l’Institut
National de la Statistiques (INS) pour la démographie (INS, 2015).

Les données des ministères en charge de l’industrie et du tourisme ont aussi permis de prendre en
compte l’évolution des zones industrielles et touristiques, et donc la potentielle évolution de la
consommation en eau, bien que ces données ne soient pas disponibles sur le long terme.

Les schémas ci-dessous synthétisent la méthode adoptée pour quantifier les EUT.

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Figure 6 : Schéma des étapes méthdologiques mises en œuvre pour calculer les flux domestiques à l’horizon 2050

Figure 7 : Schéma des étapes méthdologiques mises en œuvre pour calculer les flux touristiques à l’horizon 2050

53

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Figure 8 : Schéma des étapes méthdologiques mises en œuvre pour calculer les flux industriels à l’horizon 2050

3.1.2 Prospective démographique


La première étape pour estimer l’évolution du flux d’EUT produit par les STEP a été de conduire une
prospective démographique à l’échelle des communes qui peuvent être potentiellement raccordées
au réseau d’assainissement collectif. Pour les STEP de l’ONAS, ce sont les communes supérieures à
10 000 habitants actuellement. L’objectif sur le moyen terme est de raccorder aussi les communes de
54 plus de 3 000 habitants (ONAS, 2020).

Cette analyse repose sur les données suivantes :


 Pour les gouvernorats du Grand Tunis, de Sousse, Mahdia, Sfax, Gabes, Gafsa et Medenine, des
schémas directeurs d’assainissement sont disponibles. L’ONAS avait déjà mené une prospective
démographique à l’horizon 2029 pour le Grand Tunis et 2036 pour les autres gouvernorats. Les
données de l’INS avait été utilisées et complétées par une prospective sur les grands projets
urbains. Les calculs de l’ONAS ont donc été utilisés pour ces gouvernorats jusqu’aux horizons
temporels disponibles et prolongés de manière linéaire jusqu’à 2050.
 Pour les autres gouvernorats, les données des recensements de la population de chaque commune
de 2004 et 2014 ont été récupérées (INS, 2014). Les taux d’accroissement de la population entre
2004 et 2014 par commune ont été utilisés pour la suite des projections et ont été revus à la baisse
en lien avec les projections de l’INS sur la baisse du taux d’accroissement national après 2020 et
jusqu’en 2041 (hypothèse moyenne de baisse de la fécondité). Le taux d’accroissement a été
considéré constant entre 2041 et 2050.
Les résultats sont présentés dans le tableau et graphes suivants.
Tableau 17 : Projections nationales de l’INS de la population tunisienne (INS, 2015)

Tunisie  2004  2014  2020  2026  2031  2036  2041 

Population 
totale  9 910 872  11 007 326  11 852 032  12 538 698  12 928 199  13 195 483  13 425 087 
projetée 

Taux 
d’accroisse   1,05%  1,23%  0,94%  0,61%  0,41%  0,35% 
ment 

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Figure 9 : Projections de la population communale jusqu’en 2050 par régions de l’étude – données INS et calculs BRLi

Données INS Calculs BRLi

Ces résultats de prospective démographique ont été comparés avec ceux de l’étude EAU 2050 par
gouvernorats. Pour les gouvernorats possédant des schémas directeurs d’assainissement et donc pour
lesquels les données de l’ONAS ont été utilisées dans la présente étude, les estimations
démographiques apparaissent un peu plus élevées que les projections de Eau 2050.

3.1.3 Flux domestique


Le débit provenant des usages domestiques pour chaque commune peut être estimé comme suit :
55
Q domestique = Population de la commune * dotation AEP (L/j/hab) * taux de raccordement AEP *
taux de raccordement à la STEP * coefficient de retour au réseau

Les débits ont été estimés aux horizons 2020, 2025, 2030, 2040 et 2050. Chaque paramètre a été
estimé de la façon suivante :
 Population de la commune : elle a été calculée à chaque horizon temporel dans la prospective
démographique présentée ci-dessus ;
 Taux de raccordement à la STEP : Des données datant de 2013 et leur projection sont disponibles
pour les gouvernorats possédant un schéma directeur d’assainissement. Pour les autres
gouvernorats, les taux de raccordement actuels ont été déduits de la connaissance de la capacité
de chaque STEP en 2018. Quand une nouvelle STEP est créé pour une commune non raccordée
actuellement, l’hypothèse formulée est que le taux de raccordement est de 80 %. Il a été projeté
qu’en 2050 le taux de raccordement sera d’au moins 80 % pour l’ensemble des STEP. Quand
plusieurs STEP sont reliées à une même commune, la part de raccordement à chaque STEP a été
estimée en fonction des données de 2018 et des projections faites dans les schémas directeurs.
 Dotation AEP : Des hypothèses concernant l’évolution de la consommation en eau potable sont
formulées dans les schémas directeurs. Le rapport statistique 2018 de la SONEDE donne l’évolution
de cette consommation en séparant le Grand Tunis des autres gouvernorats.
Pour le Grand Tunis, l’augmentation a été de 0,5 % par an ces 10 dernières années. L’ONAS
dans son schéma a considéré que cette hausse devrait se poursuivre jusqu’à 2030 avec
l’amélioration du niveau de vie. Après 2030, nous avons fait l’hypothèse que cette consommation
devrait stagner en lien avec les politiques d’économies d’eau mises en place.

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Pour les autres gouvernorats, où la consommation est actuellement plus faible, l’augmentation
récente est plus importante (1,5 % ces 10 dernières années). D’après les données historiques de
la SONEDE, et les hypothèses formulées dans les schémas de l’ONAS, nous avons considéré
que cette augmentation devrait s’atténuer moins vite que dans le Grand Tunis (augmentation de
1% entre 2020 et 2030 et 0,5% entre 2030 et 2040). Après 2040, après rapprochement avec la
consommation actuelle du Grand Tunis, nous faisons l’hypothèse que cette consommation
stagnera.
 Le taux de raccordement AEP : Ce taux de raccordement est proche de 100 % en milieu
communal et ce pourcentage devrait être atteint partout ailleurs d’après les projections de la
SONEDE.
 Le coefficient de retour au réseau : les données concernant ce paramètre sont fournies par
l’ONAS dans les schémas en fonction de la taille de la commune. Une légère augmentation de ce
coefficient est prévue avec l’amélioration de l’efficience des réseaux.

Ce calcul conduit, pour chaque commune, au flux d’eaux usées qui arriverait potentiellement à la STEP
à laquelle elle est raccordée. La somme des flux des communes raccordées à une même STEP permet
ensuite d’obtenir la production d’EUT domestique totale par STEP.

On présente ci-après ce résultat intermédiaire à l’échelle des 6 zones de l’étude.

Figure 10 : Flux domestique d’EUT en Mm3/an (sans prise en compte des activités collectives) par régions aux différents horizons
temporels

56

3.1.4 Part du collectif


Au flux domestique calculé ci-avant s’ajoute le flux provenant des éléments collectifs tels que les
administrations, les commerces ou les bâtiments municipaux. Dans les schémas directeurs de l’ONAS,
il est considéré que ce flux collectif représente un certain pourcentage du flux domestique calculé ci-
avant. Ce pourcentage augmente avec la taille de la commune. Par exemple, il est de 10 % du flux
domestique dans une commune de moins de 10 000 habitants et de 32 % dans une commune de plus
de 100 000 habitants.

Sur la base de ces ratios, le modèle permet de calculer les flux liés à ces activités. Le graphe suivant
présente le résultat à l’échelle des 6 zones de l’étude.

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Version définitive
3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Figure 11 : Flux d’EUT en Mm3/an liés aux activités collectives par régions aux différents horizons temporels

3.1.5 Flux industriel


Pour le débit provenant des zones industrielles raccordées au réseau de l’ONAS, nous avons employé
des approches distinctes pour d’une part les flux provenant des Zones Industrielles (ZI) existantes et
pour lesquelles des données de consommation sont connues, et, d’autre part, les nouvelles ZI dont
l’aménagement est programmé.

Q industriel (industries existantes) = Consommation AEP (m3/j) * taux de raccordement à la STEP *


coefficient de retour au réseau
57
Q industriel (ZI programmée) = Superficie ZI (ha) * Consommation spécifique industrielle (m3/ha/j) *
coefficient de retour au réseau

Les paramètres ont été estimés comme suit.

Pour les industries existantes :

- Consommation AEP (m3/j) : cette donnée est connue pour chaque industrie existante et
enregistrée dans le CADRIN de l’ONAS. Cette consommation est cependant probablement
sous-évaluée, car elle ne prend pas en compte les forages illicites que peuvent posséder
certaines industries.

- Taux de raccordement à la STEP : d’après les schémas directeurs de l’ONAS, ce taux de


raccordement est estimé à 100 % pour les industries quand elles sont toutes raccordées à une
STEP unique. Pour certains cas rares, la ZI est raccordée à plusieurs STEP. Nous avons dans
ce cas estimé la part de raccordement à chaque STEP en fonction des données de l’ONAS de
2018 sur les Equivalents Habitants industriels par STEP.

- Coefficient de retour au réseau : toujours d’après les schémas directeurs de l’ONAS, ce


coefficient est estimé à 90 % pour l’usage industriel. Nous estimerons ainsi que les rejets
industriels pour les industries existantes et raccordées représentent 90 % des consommations
enregistrées dans le CADRIN de l’ONAS.

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Pour les zones industrielles programmées :

- Superficie de la ZI (ha) : l’AFI possède une liste des ZI en cours d’aménagement ou


programmées à court terme. Pour ces ZI, la superficie qui sera aménagée est connue. Sur le
plus long terme, il est difficile d’estimer l’évolution des industries et de leur consommation.

- Consommation spécifiques industrielle (m3/j/ha) : nous avons repris l’hypothèse de l’ONAS,


pour qui cette consommation est en moyenne de 25 m3/j/ha sur tout le pays.

D’après les données historiques de la SONEDE, la consommation spécifique des industriels est en
baisse de 3 % par an depuis au moins 20 ans, bien que la production industrielle augmente. Comme
certains forages illicites ne sont pas pris en compte dans les consommations et qu’il est difficile d’estimer
le parc industriel de 2050, nous avons donc ni fait évoluer dans l’avenir la consommation en AEP pour
les industries déjà existantes, ni réduit la consommation unitaire de 25 m3/j/ha. C’est pour cela que, tous
éléments additionnés, d’après nos estimations, et comme le montre le graphique ci-dessous, le flux
industriel augmente peu d’ici 2050, voire se réduit légèrement après 2040.

Figure 12 : Flux industriel d’EUT en Mm3/an par régions aux différents horizons temporels

35

30

25 Grand Sud
Centre
Mm3/an

20
Nord Ouest
15 Sahel et Sfax
58 10
Cap Bon
Grand Tunis et Zaghouan
5

0
2020 2025 2030 2040 2050

3.1.6 Flux touristique


La liste des zones touristiques existantes, de leur extension et des zones programmées est disponible
auprès de l’AFT. La programmation des nouvelles zones touristiques concerne environ les 10
prochaines années à venir. Pour un horizon plus lointain, il est difficile de projeter l’évolution de la
capacité hôtelière et donc des besoins en eau associés. Cependant, la stratégie touristique nationale
tend à se diriger vers une diversification des activités touristiques et une augmentation de la qualité des
prestations plutôt que vers une augmentation du nombre de lits hôteliers pour le tourisme balnéaire.
Nous avons donc considéré que le parc hôtelier prévu en 2030 avec l’aménagement de toutes les zones
touristiques programmées n’augmentera plus jusqu’en 2050.

Nous avons estimé le débit provenant des zones touristiques, actuelles et programmées, raccordées
au réseau de l’ONAS, de la manière suivante :

Q touristique = Nombre de lits * Taux d’occupation * consommation AEP (L/j/lit) * taux de


raccordement à la STEP * coefficient de retour au réseau

Les paramètres ont été estimés de la façon suivante :


 Nombre de lits : cette donnée est fournie par l’AFT pour chaque zone touristique existante et
programmée.

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 Taux d’occupation : le flux touristique, contrairement au flux domestique et industriel, est très
variable d’une année à l’autre, car la fréquentation touristique dépend fortement du contexte
politique et économique du pays. D’après les données de la SONEDE sur la consommation en eau
dans le secteur touristique, le taux d’occupation est en moyenne de 50 % par année depuis les
années 80 et n’a que très rarement dépassé les 60 %. Lors des années au contexte difficile, comme
2010 ou 2016, le taux d’occupation a pu chuter jusqu’à 30 %. Nous avons donc fait le calcul du flux
d’EUT d’une part pour un taux d’occupation de 30 % et d’autre part pour un taux de 60 %, comme
le montrent les graphiques ci-dessous.
 Consommation AEP (L/j/lit) : pour la consommation actuelle, des données sont disponibles auprès
des statistiques de la SONEDE et des schémas directeurs de l’ONAS. D’après les données
historiques de la SONEDE, cette consommation est en baisse sur les 10 dernières années de plus
de 2 % par an. Cependant, les schémas de l’ONAS préfèrent considérer qu’elle va augmenter de
0,5 % par an. Afin faire une hypothèse moyenne entre ces 2 tendances, nous avons estimé que la
consommation unitaire en eau potable des zones touristiques stagnait à partir de 2020.
 Taux de raccordement à la STEP : d’après l’ONAS, ce taux est de 100 % pour les unités hôtelières
présentes dans les zones touristiques.
 Coefficient de retour au réseau : le coefficient appliqué par l’ONAS dans ses schémas directeur
est de 80 % pour les zones touristiques. Nous avons repris cette hypothèse.

Nos calculs conduisent aux flux suivants.

Figure 13 : Flux touristique d’EUT en Mm3/an par régions aux différents horizons temporels selon 2 hypothèses de taux
d’occupation des zones touristiques

59

Par la suite, pour la synthèse globale sur les flux, nous avons considéré l’hypothèse d’un taux
d’occupation annuel de 60 % afin de ne pas sous-estimer les flux touristiques. La différence est de
l’ordre de 15 Mm3 avec l’hypothèse basse à l’horizon 2050.

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3.2 DES FLUX D’EUT QUI VONT PLUS QUE DOUBLER D’ICI 2050, EVOLUANT DE
300 MM3 A PRES DE 640 MM3
3.2.1 Evolution globale du flux d’EUT à l’échelle nationale et régionale
Le parc épuratoire de la Tunisie a commencé à se développer dans les années 70. L’accès aux services
d’assainissement a ensuite fortement progressé. En effet, entre 1990 et 2012, le taux de la population
ayant accès à un service d’assainissement est passé 73 % à 92 % (Banque mondiale, 2019). Le volume
total d’EUT en 2020 est proche de 300 Mm3. Les 2 graphiques ci-dessous représentent l’évolution
historique et projetée, selon nos calculs, du volume total d’EUT produit. Il est estimé que ce volume
atteindra près de 640 Mm3 d’ici 2050, soit plus du double de la production actuelle.

Figure 14 : Evolution historique et projetée du flux total d’EUT en Tunisie de 1980 à 2050

Données ONAS Calculs BRLi

60

La production d’eaux usées industrielles et touristiques reste faible par rapport au volume d’eaux usées
domestiques, comme illustré sur le graphique ci-dessous. Ces flux représentent respectivement 13 et
6 % du flux d’EUT total en 2020 et 5 et 3 % en 2050. Le nombre de STEP évolue rapidement pour
passer de 107 en 2020 à 176 en 2030, puis 206 en 2050.

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Figure 15 : Evolution historique et projetée des flux domestiques, industriels et touristiques des EUT de 1975 à 2050
Données ONAS Calculs BRLi

NB : Le nombre de STEP ne prend pas en compte les différentes unités des STEP (ex : Choutrana 1 et 2 = 1 STEP)

L’augmentation du taux de raccordement au réseau d’assainissement collectif, notamment pour les


communes rurales, devrait continuer à progresser avec le programme ambitieux fixé par l’ONAS pour
élargir son parc épuratoire dans les 10 prochaines années. Comme le montre le graphique ci-dessous,
25 % du flux d’EUT produit en 2030 le sera par des STEP nouvellement créées entre 2020 et 2030.
61
Cette proportion du flux produit par des nouvelles STEP se stabilisera jusqu’en 2050 (28 % du flux
produit). L’augmentation du flux d’EUT produit entre 2030 et 2050 sera plutôt lié à la croissance
démographique, et donc à l’augmentation des capacités des STEP existantes, qu’à
l’augmentation du taux de raccordement.

Figure 16 : Evolution du flux total d’EUT avec la part produite par des STEP existantes en 2020 et celle produite par des STEP
programmées

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Les données exposées ci-dessous permettent de mieux illustrer l’évolution de flux d’EUT à l’échelle des
6 zones d’études.

Tableau 18 : Flux d’EUT total produits par régions et aux différents horizons temporels de l’étude
Flux EUT produits (Mm3/an)
Données ONAS Résultats issus du modèle
Régions
2018 2020 2025 2030 2040 2050
Grand Tunis et Zaghouan 114 118 143 165 211 244
Cap Bon 29 25 30 36 41 44
Sahel et Sfax 76 90 111 136 159 174
Nord-Ouest 23 30 35 41 45 49
Centre 14 15 20 26 30 32
Grand Sud 25 35 50 65 86 99
TOTAL 281 313 389 469 571 643

62

Les capacités de traitement des grands pôles de production d’EUT vont continuer à se développer
vu leur rythme important de croissance démographique. Ces derniers sont tous situés sur le littoral : le
Grand Tunis, le Grand Sousse et Monastir, le Grand Sfax, Nabeul/Hammamet, Djerba/Zarzis. Ainsi, le
Grand Tunis restera le pôle épuratoire majeur avec près de 38 % des EUT produites en 2050. La
région du Sahel et de Sfax continuera à produire 27 % des EUT du pays. La plus grande
augmentation du flux sera pour le Grand Sud qui va voir sa production d’EUT plus que tripler entre
2020 et 2050. En effet, l’ONAS prévoit d’augmenter le nombre de STEP dans les zones rurales de la
région dans ces schémas directeurs d’assainissement pour les gouvernorats de Gabes, Gafsa et
Medenine ainsi que de développer les pôles épuratoires de Gabes et Zarzis.

3.2.2 Localisation des flux d’EUT


Sur la base des échanges tenus avec l’ONAS et des documents de planification recueillis dans le cadre
de l’étude, nous présentons ci-après sous forme cartographique l’évolution possible du parc de STEP
à l’échelle du pays d’ici à l’horizon 2050.

Ces éléments seront ensuite repris de manière plus fine à l’échelle de chacune des 6 zones
d’étude dans les chapitres 10 à 15.

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

Figure 17 : Parc des STEP en 2018

63

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Figure 18 : Evolution possible du parc des STEP dentre 2018 et 2050

64

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3.2.3 Variabilité du flux d’EUT en fonction des hypothèses d’évolution


démographique et de consommation unitaire en eau potable
Afin de tester la sensibilité de notre modèle, nous avons analysé la variation des résultats en émettant
3 hypothèses différentes pour deux paramètres qui influent le plus sur ces résultats : l’évolution de la
croissance démographique et l’évolution de la consommation unitaire en eau potable.

EVOLUTION DE LA CROISSANCE DEMOGRAPHQIUE


Les 3 hypothèses qui ont été testées concernant l’évolution de la croissance démographique sont les
suivantes :

Hypothèse 1 : Les taux d’accroissement de la population entre 2004 – 2014 par communes existantes
avant 2016 sont linéaires jusqu’en 2050.

Hypothèse 2 (hypothèse retenue pour le calcul des résultats présentés plus haut) : L’évolution de la
population suit les hypothèses formulées par l’ONAS dans ses schémas directeurs d’assainissement
existants (gouvernorats du Grand Tunis, Sousse, Mahdia, Sfax Gabes, Gafsa et Medenine). Pour les
autres gouvernorats, on revoit à la baisse les taux d’accroissement entre 2004 et 2014 par commune
en lien avec les projections de l’INS sur la baisse du taux d’accroissement national après 2020 et
jusqu’en 2041.

Hypothèse 3 : Pour tous les gouvernorats, on revoit à la baisse les taux d’accroissement entre 2004 et
2014 par communes en lien avec les projections de l’INS et on ne prend pas en compte les projections
démographiques utilisées par l’ONAS.

La population urbaine en 2014 était de près de 7,4 millions d’habitants, d’après le dernier recensement,
pour 11 millions d’habitants au total (INS, 2014). L’hypothèse 1 ferait augmenter cette population
urbaine à près de 13,8 millions d’habitants en 2050. Cette hypothèse très haute est peu probable au vu
des projections de l’INS. Pour cette hypothèse, la production d’EUT nationale annuelle serait d’environ
750 Mm3 en 2050. Pour l’hypothèse 3, la population urbaine augmenterait jusqu’à 10,4 millions
65
d’habitants avec un volume total d’EUT produit de 575 Mm3/an en 2050.

Figure 19 : Variation des flux d’EUT projetés en fonction de différentes hypothèses d’évolution de la croissance démographique

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3. EVOLUTION POSSIBLE DES FLUX D’EUT EN TUNISIE AUX HORIZONS 2025, 2030, 2040 ET 2050

EVOLUTION DE LA CONSOMMATION UNITAIRE EN EAU POTABLE


Les 3 hypothèses qui ont été testées concernant l’évolution de la consommation unitaire en eau potable
sont les suivantes :

Hypothèse 1 : La consommation unitaire continue à augmenter avec l’amélioration du niveau de vie,


selon le même rythme de croissance que ces 10 dernières années, à savoir 0,5 % par an pour le Grand
Tunis et 1,5 % par an pour les autres gouvernorats.

Hypothèse 2 (hypothèse retenue pour le calcul des résultats présentés plus haut) : La consommation
unitaire continue à augmenter selon le même rythme de croissance que ces 10 dernières années
jusqu’en 2030 pour le Grand Tunis (0,5 % par an) puis la consommation stagne jusqu’en 2050. Pour
les autres gouvernorats, le taux d’accroissement diminue petit à petit (1 % par an entre 2020 et 2030 et
0,5 % par an entre 2030 et 2040) puis la consommation stagne entre 2040 et 2050.

Hypothèse 3 : Les consommations unitaires actuelles stagnent jusqu’en 2050 pour tous les
gouvernorats.

Figure 20 : Variation des flux d’EUT projetés en fonction de différentes hypothèses d’évolution de la consommation unitaire en eau
potable

66

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4. QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-ELLES JOUER POUR ADAPTER LE
PAYS AUX EVOLUTIONS CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ?

4. QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL


S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-
ELLES JOUER POUR ADAPTER LE PAYS AUX EVOLUTIONS
CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ?
Nous avons élaboré une synthèse à l’échelle du pays qui vise à situer les EUT comme ressources dans
le bilan hydrologique national, et ceci à différentes échelles de temps et d’espace.
Il s’agit de répondre à un objectif très important de l’étude : penser l’utilisation des EUT en termes
de ressources, de manière globale, et montrer comment elles constituent un des leviers disponibles
pour répondre à la volonté de la Tunisie de rééquilibrer son bilan hydrique, bilan déjà négatif en année
sèche et fortement menacé par les évolutions socio-économiques et climatiques.

Cette synthèse s’est appuyée essentiellement sur les documents de la démarche Eau 2050 déjà
disponibles et sur l’étude CRET. Nous avons aussi utilisé d’autres données et études en provenance
en particulier de la Direction Générales des Ressources en Eau. En pratique nous avons construit un
outil intégrateur sous tableur, qui permet, sous forme de tableaux croisés dynamiques et de graphes,
d’établir des bilans en eau à différentes échelles spatiales.

Ces bilans intègrent des hypothèses sur les impacts possibles du changement climatique sur les
ressources en eau. Nous exposons ci-après des grands chiffres à l’échelle nationale et à l’échelle des
6 zones d’étude. Lors des études prospectives régionales dans les chapitres 10 à 15 nous présentons
des éléments de bilan plus détaillés pour les 6 zones d’étude. 67
Dans ce présent chapitre 4, nous considérons l’ensemble du flux des EUT. Il est toutefois à noter qu’une
partie de ce flux ne sera pas exploitable en l’état actuel pour des questions de salinité trop élevée. Cette
question est abordée au chapitre 5.2.3.

4.1 UN POTENTIEL SIGNIFICATIF DE SUBSTITUTION DES EAUX CONVENTIONNELLES


PAR LES EUT
Dans la situation actuelle (chiffres 2020), les EUT constituent un potentiel de 310 Mm3 par an à
l’échelle de la Tunisie. En comparaison, les volumes d’eau prélevés dans les ressources de surfaces
et souterraines s’élèvent à environ 3,7 milliards de m3 par an1, dont 2,9 milliards m3 sont dédiés à
l’irrigation agricole. En ordre de grandeur, les EUT pourraient ainsi se substituer à 8% des
prélèvements totaux de la Tunisie, ou à 11% des prélèvements pour l’irrigation.

A l’horizon 2050, la production d’EUT pourrait atteindre 640 Mm3 par an, soit une augmentation de
+106 % par rapport à la situation actuelle. Si on fait l’hypothèse de travail que les besoins en eau
d’irrigation n’augmenteront pas à l’horizon 2050, les EUT pourraient ainsi se substituer à 16% des
prélèvements totaux de la Tunisie, ou à 22% des prélèvements pour l’irrigation. Répétons de
nouveau qu’il s’agit ici de donner des ordres de grandeur.

La synthèse cartographiée ci-dessous permet d’illustrer le potentiel d’EUT aujourd’hui et en 2050 par
rapport aux prélèvements pour l’irrigation agricole et l’AEP en fonction des 6 zones d’étude.

1 Il s’agit ici des prélèvements pour l’alimentation en eau potable (domestique, industrielle et touristique) ainsi que des
prélèvements pour l’irrigation.

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4. QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-ELLES JOUER POUR ADAPTER LE PAYS AUX EVOLUTIONS CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ?

Figure 21 : Carte de comparaison des potentiels d’EUT avec les prélèvements en eau actuels par usages et par régions

68

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4. QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-ELLES JOUER POUR ADAPTER LE
PAYS AUX EVOLUTIONS CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ?

4.2 DES EUT QUI POURRAIENT REPRESENTER JUSQU’A ¼ DES RESSOURCES EN EAU
DU PAYS EN 2050 LORS DES ANNEES SECHES
Il est aussi possible de comparer les EUT avec les ressources renouvelables annuellement à l’échelle
du pays. Dans la situation actuelle, les 310 Mm3 d’EUT produits représentent 6 % des ressources
globales du pays en année moyenne (eaux de surface et eaux souterraines). Cette proportion
augmente en année sèche quand les eaux de surface peuvent atteindre seulement 650 Mm3/an. Les
EUT peuvent alors représenter près de 11 % des ressources annuelles.

Afin de projeter ce bilan à l’horizon 2050, nous avons intégré 2 scénarios de changement climatique
différents : le RCP 4.5 qui induirait une réduction modérée des ressources en eau (- 10 %) et le RCP
8.5 qui induirait une plus forte réduction de ces ressources (- 15 %). Pour le premier scénario, les EUT,
à hauteur de 640 Mm3 produits par an, pourraient représenter 14 % des ressources en année
moyenne, voir jusqu’à 26 % des ressources en année sèche. Un scénario climatique encore plus
pessimiste augmenterait ces proportions à 15 % en année moyenne et 27 % en année sèche.

Le graphique ci-dessous permet de comparer les ressources en eau globales du pays et le potentiel de
production d’EUT, en 2020 et en 2050 selon les 2 scenarios de changement climatique considérés.

Figure 22 : Part des EUT dans le mix des ressources en eau au niveau national en 2020 et 2050 en année moyenne et sèche selon
plusieurs hypothèses de changement climatique
1% 6%
14%
15%

69
1%
11% 26%
27%

% : Part EUT / ressources en eau en année moyenne % : Part EUT / ressources en eau en année sèche

4.3 UNE RESSOURCE INEGALEMENT REPARTIE EN FONCTION DES REGIONS


La situation est en pratique contrastée selon les régions du pays, et ce à plusieurs égards. En effet,
l’importance du potentiel de REUT prend une dimension différente, une fois replacé dans le bilan
hydrologique de chaque région. Le Cap-Bon, par exemple, présente un bilan hydrologique déficitaire
à hauteur de 110 Mm3 (voir chapitre 10). Le potentiel identifié d’EUT de 25 Mm3 (2020) est modeste
en comparaison avec certaines autres régions, et ne représente que 8% des prélèvements pour
l’irrigation dans la zone. Par contre, il représente 23% du déficit et permettrait donc de réduire le
stress hydrique local de façon significative si les EUT venaient en remplacement de ressources
conventionnelles actuellement exploitées.

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prospective - Version définitive
4. QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-ELLES JOUER POUR ADAPTER LE
PAYS AUX EVOLUTIONS CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ?

Les régions du Centre et du Grand-Sud sont moins densément peuplées que le Cap Bon et présentent
un potentiel de REUT modeste au regard des ressources en eau disponibles. Cependant, ce
potentiel pourra contribuer à la réduction de déficits hydriques locaux. Les prélèvements pour
l’irrigation y sont colossaux, et proviennent exclusivement des nappes, pour la plupart surexploitées.

Dans la zone du Nord-Ouest, la pression sur les ressources en eau pour des usages internes à la zone
est faible. La région alimente les autres zones du pays via ses grands ouvrages hydrauliques et de
transfert. De plus, le potentiel de REUT est faible, de 25 Mm3 actuellement et de 45 Mm3 à l’horizon
2050.

L’importance du potentiel de REUT pour les régions du Grand Tunis et de Sahel et Sfax est par contre
bien confirmé au regard du bilan hydrologique déficitaire de ces deux régions. Par exemple, dans la
zone du Grand Tunis et Zaghouan, la quantité d’EUT en situation actuelle représente environ 65%
des prélèvements actuels pour l’irrigation et 52 % des eaux transférées du Nord-Ouest. Pour la
zone du Sahel et Sfax, les EUT produites actuellement représentent 30 % des ressources en eau
locales (eaux de surface et souterraines).

La synthèse cartographiée ci-dessous permet d’illustrer le potentiel d’EUT aujourd’hui et en 2050 par
rapport aux ressources en eau des 6 zones d’étude. Elle prend en compte les eaux de surface, les eaux
souterraines et les ressources provenant des transferts interrégionaux.

Ces éléments sont ensuite repris de manière plus fine à l’échelle de chacune des 6 zones d’étude
dans les chapitres 10 à 15.

70

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective -
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4. QUEL EST LE MIX DE RESSOURCES EN EAU DANS LEQUEL S’INSERERONT POTENTIELLEMENT LES EUT ? QUEL ROLE PEUVENT-ELLES JOUER POUR ADAPTER LE PAYS AUX EVOLUTIONS CLIMATIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES ?

Figure 23 : Carte de comparaison des potentiels d’EUT avec les ressources en eau par région

71

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET


MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES
EUT EN PHASE AVEC LES USAGES
Dans ce chapitre, on fait l’hypothèse d’une certaine continuité dans la structuration d’ensemble de la
filière assainissement en Tunisie, en particulier on n’envisage pas ici, par exemple de séparation à la
source. Dans le chapitre suivant, des ruptures possibles plus radicales, à envisager sur le moyen ou
long terme, sont évoquées.

5.1 QUELS NIVEAUX D’EXIGENCE EN TERMES DE QUALITE ?


En raison des risques potentiels pour la santé humaine, la REUT exige un niveau de qualité de l’eau
utilisée qui doit être encadrée par des réglementations strictes, des programmes de contrôle,
d’évaluation et de conformité fiables. La REUT expose en effet à des risques sanitaires des groupes de
personnes, tels que les agriculteurs, les ouvriers agricoles, les communautés avoisinantes en contact
direct avec les eaux usées, ainsi que les consommateurs, du fait des produits cultivés, ou les pratiquants
d’espace verts irrigués avec des EUT.

L’objectif d’exiger un niveau de qualité en REUT est de pouvoir réduire et maîtriser ce risque
sanitaire qui est plus ou moins important en fonction :
 de l’usage : une défaillance de qualité aura un impact sanitaire bien plus important si l’EUT
est utilisé pour l’AEP que pour le lavage de voirie, par exemple ;
72  des possibilités de contact de l’EUT avec les agriculteurs ou consommateurs : le
goutte-à-goutte enterré minimise les contacts avec la culture et avec le cultivateur ;
 du type d’utilisation (direct, indirect) : l’infiltration pour la recharge de nappe permet de
minimiser le risque de contamination par rapport à une utilisation directe, par exemple.

De ce fait, en fonction du type d’usage, les exigences de qualité sont à moduler, d’autant que l’atteinte
d’un certain niveau de qualité s’accompagne le plus souvent d’un coût économique non négligeable
qui peut freiner le développement des projets de REUT.

La nature de ce risque est principalement de nature biologique (parasites et microorganismes


pathogènes), occasionnellement de nature chimique (substances toxiques et micropolluants
organiques). Le traitement des eaux usées a été longtemps considéré comme la solution ultime pour
réduire les risques. Notre conviction développée dans ce rapport est que le renforcement du
traitement est une option réaliste d’atténuation des risques sanitaires en Tunisie mais qu’il ne
s’agit pas de l’unique méthode pour réduire le risque. De ce fait, le niveau d’exigence doit porter
certes sur la nécessité de traitement mais aussi sur un ensemble de mesures barrière qui permet la
protection de la santé.

Nous développons dans la suite de ce chapitre les options technologiques qui permettront l’atteinte d’un
certain niveau de qualité, notamment sur les aspects microbiologiques, en fonction des usages.

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

5.2 DESCRIPTION DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES POSSIBLES POUR RELEVER LES


DEFIS
Dans un projet de réutilisation des eaux usées, les objectifs premiers du traitement sont :
 Réduire au minimum les risques pour la santé humaine et l’environnement,
 Rassurer le consommateur, en assurant la maîtrise du traitement pour obtenir une qualité d’eau
traitée conforme à l’usage pour lequel elle est utilisée.

A travers ce constat, la pression pour assurer une eau de qualité constante et conforme avec l’usage
est portée sur le traitement. Or, que ce soit en Tunisie ou à travers le monde, l’objectif à la base du
traitement des eaux usées était le plus souvent basé sur la préservation et la reconquête de la qualité
de l'eau et des milieux aquatiques, la réutilisation des eaux usées traitées n’étant pas ou peu pratiquée.
De ce fait, le traitement mis en place au niveau des stations d’épuration a mis l’accent sur l’abattement
de la charge polluante organique et localement des nutriments en fonction de l’acceptabilité et
de la sensibilité du milieu récepteur. Pour la majorité des usages des eaux usées traitées, le
traitement d’abattement de la charge polluante en lien avec le milieu récepteur n’est pas suffisant et
implique de compléter ce traitement, notamment vis-à-vis des paramètres microbiologiques.

Le paragraphe ci-dessous présente les différentes options technologiques qui pourraient être mis
en œuvre au niveau du parc existant des stations d’épuration en Tunisie pour compléter le traitement
existant afin de développer des projets de réutilisation des eaux usées traitées.

5.2.1 Importance du traitement primaire et secondaire


Avant de développer les traitements complémentaires, il est nécessaire de s’assurer de l’efficacité de
la chaîne de traitement amont (prétraitement et traitement secondaire), garante du bon
fonctionnement du traitement complémentaire. En effet, si les processus biologiques et de décantation 73
n’atteignent pas les performances exigées, le traitement tertiaire sera dysfonctionnel et ne pourra pas
assurer son rôle de diminution des risques sanitaires. A la sortie des traitements primaires et
secondaires, les effluents doivent avoir une charge organique diminuée compatible avec un
traitement plus poussé sur les matières en suspension et sur les paramètres microbiologiques.

NB : Les filtres plantés de macrophytes sont reconnus comme procédé de traitement à part entière et à
ce titre sont une solution adaptée pour les petites collectivités, du fait notamment de sa simplicité
d’exploitation et de ces bons rendements épuratoires. Ce procédé est d’ailleurs privilégié par l’ONAS
pour les stations d’épuration de petite capacité. Cependant, ses performances sont équivalentes à un
traitement secondaire et il n’a pas de pouvoir de désinfection. De ce fait, les mêmes besoins en
traitement complémentaire sont à fournir que pour les procédés de traitement intensifs tels que les
boues activées. La réutilisation des EUT en aval des STEP rurales avec un assainissement semi-
collectif est abordé dans le chapitre 5.5.

Pour la plupart des usages pratiqués en REUT, le niveau de traitement secondaire n’est pas
suffisant. Le tableau ci-dessous présente les concentrations concernant les paramètres
microbiologiques en sortie du traitement secondaire.

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Tableau 19 : Impact du traitement secondaire sur les paramètres microbiologiques


Type de  Concentration  Concentration 
Paramètres Abattement
procédé en entrée en sortie
7 8 5 7
Boues activées E.coli (UFC/100 mL) 10 à 10 1 à 2 log 10 à 10
7 8 5 7
sans traitement Entérocoqes fécaux (UFC/100 mL) 10 à 10 1 à 2 log 10 à 10
tertiaire ni Bactériophages ARN F-spécifiques (FRNAPH) (UFP/100mL) 5
10 à 10
6
2 à 3 log 2
10 à 10
4

désinfection Spore de bactérie anaérobies sulfito-réductrices (UFP/100mL) 5 6


1 à 2 log 3 5
10 à 10 10 à 10
2 à 4 log avec 3 bassins en série en général
7 8 3 6
E.coli (UFC/100 mL) 10 à 10 L'abattement dépend du nombre de bassin et du 10 à 10
temps de séjour
Lagunage Entérocoqes fécaux (UFC/100 mL) 7
10 à 10
8
1 à 2 log 5
10 à 10
7

4 7 5
Bactériophages ARN F-spécifiques (FRNAPH) (UFP/100mL) 10 à 10 2 à 3 log 10 à 10
5 6 3 5
Spore de bactérie anaérobies sulfito-réductrices (UFP/100mL) 10 à 10 1 à 2 log 10 à 10

Ainsi, pour assurer une réutilisation, dans la plupart des cas, il y a nécessité de compléter l’épuration
des eaux usées par un traitement complémentaire qui permet de diminuer le risque sanitaire et qui doit
être en adéquation avec l’usage : l’arrosage de cultures maraîchères est par exemple plus exigeant
en termes d’abattement microbiologique qu’une alimentation de lagune littorale.

A l’inverse, il est à considérer que la sensibilité du milieu récepteur implique de réduire les
concentrations en azote et phosphore pour préserver l’environnement du phénomène d’eutrophisation
mais a contrario les usages agricoles ou d’arrosage de golf peuvent avoir la nécessité de maintenir ces
nutriments dans l’eau, afin d’apporter les fertilisants via l’eau d’irrigation et non par apports d’engrais.

5.2.2 Les traitements complémentaires en lien avec la REUT


En Tunisie, la majorité des stations d’épuration (plus de 80% des volumes traités) ont un procédé de
traitement de type intensif, dénommé « boues activées ». Son rendement d’abattement sur la matière
organique est élevé mais très faible sur les paramètres microbiologiques par rapport aux exigences de
la réglementation. Des traitements spécifiques complémentaires sont donc nécessaires pour les usages
74 en lien avec les produits de consommation et/ou nécessitant des contacts avec l’eau.

Les techniques de traitement des eaux usées destinées à la réutilisation des eaux usées traitées sont
donc essentiellement basées sur l’abattement des paramètres microbiologiques en lien avec la
nécessité de réduire au maximum la matière présente (sous forme de MES) dans l’eau. Dans la majorité
des cas, les résultats d’une telle désinfection sont directement liés à la qualité de l’eau en entrée. Le
paramètre le plus gênant pour la plupart des traitements de désinfection est la turbidité. Les matières
en suspension contiennent en effet une grande proportion de matières organiques et rendent plus
difficile le contact entre réactifs désinfectants et micro-organismes.

En résumé, plus la concentration en MES (et donc la DCO et DBO5) est importante, plus difficile
et contraignante sera la désinfection. De plus, de manière générale, les réglementations propre à
la REUT imposent des exigences en termes de MES et de DCO qui imposent souvent la mise en
place d’une étape de filtration.

De ce fait, les techniques sont basées sur deux grands principes : une étape préalable de filtration (qui
participe à diminuer aussi les paramètres biologiques) et la désinfection.

Les différents procédés présentés ci-après sont présentés plus en détail en annexe 2 du présent
rapport.

5.2.2.1 Les technologies de filtration


Le procédé de filtration élimine les particules pour que l’étape de désinfection soit efficace et ne
génère pas trop de sous-produits. Elle vise aussi à limiter les difficultés sur les systèmes de
réutilisation en aval. On cherchera par exemple à limiter le colmatage des matériels d’irrigation.

Différentes technologies de filtration sont développées et permettent un niveau de filtration plus ou


moins poussé (cf. figure ci-après).

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Figure 24 : Positionnement des procédés de filtration en fonction du diamètre des pores membranaires et des molécules à retenir

Les technologies les plus employées en traitement tertiaire sont :

 la filtration sur tamis : Le média utilisé est une toile. Elle peut être fixée sur des disques
indépendants les uns des autres ou sur un cylindre, appelé alors tambour. La totalité de l’effluent
à traiter traverse les mailles de la toile ; les MES sont retenues sur sa surface pour former un
« gâteau » de filtration qui va améliorer l’efficience de la filtration. Ces procédés mécaniques de
filtration sont dit « rustiques ». Lorsque le filtre commence à se colmater, le niveau de l’effluent
à l’entrée augmente (perte de charge) et un capteur déclenche un cycle de lavage pour nettoyer
la toile (détachement et évacuation des MES retenues). 75
En tamisage tertiaire, les mailles utilisées sont comprises entre 8 et 40 microns. L’effluent
entrant a une concentration en MES faible correspondant au niveau de rejet obtenu en sortie
d’un clarificateur, soit de l’ordre de 30 à 35 mg/l au maximum. Après traitement sur des filtres
mécaniques, il est possible d’obtenir une eau de rejet contenant moins de 10 à 15 mg/l de MES.
Il existe 2 types de support pour les toiles filtrantes : les disques et les tambours. Les filtres à
disques sont les plus répandu. Le choix de l’ONAS en matière de filtration s’est orienté vers ce
type de matériel.

Figure 25 : Exemples de filtres sur tamis

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LES USAGES

 la filtration sur sable, qui peut être à lavage :


- discontinu : l’effluent est distribué en surface du filtre et traverse une couche de sable qui
va retenir les particules. Pour éviter son colmatage, un rétro-lavage est déclenché sur
horloge ou sur perte de charge. La filtration est alors interrompue et de l’eau filtrée est
injectée dans le filtre dans le sens opposé à la filtration pour évacuer les MES piégées au
sein du sable. L’eau de lavage, chargée en MES, est récupérée et évacuée hors du filtre.
- continu : L’effluent est distribué uniformément, soit au centre du filtre à sable par un système
de distribution radiale, soit en fond de filtre qu’il traverse de bas en haut. Les MES sont
retenues au sein du massif de sable et l’eau filtrée est évacuée sur la partie supérieure du
filtre par une canalisation dédiée. Un cône d’aspiration placé en partie inférieure du filtre
aspire le sable vers un airlift qui le conduit à un système de lavage spécifique. Le sable, lavé
par de l’eau filtrée, est réintroduit dans le filtre. Ce système permet une filtration en continu.

Figure 26 : Schéma d’un filtre à sable

76

 la filtration membranaire : plusieurs niveaux de rétention existent, comme indiqué sur la figure
présentée ci-dessus : microfiltration, ultrafiltration, nanofiltration, osmose inverse. Les
membranes utilisées en traitement tertiaire d’eaux usées sont généralement des membranes
d’ultrafiltration (voire de microfiltration). Ces membranes fonctionnent généralement
différemment de celles employées pour la fabrication d’eau potable. La filtration se fait, à
l’inverse de la filtration en eau potable, de l’extérieur des fibres vers l’intérieur soit par aspiration,
soit par mise sous pression. Ces membranes sont soit directement immergées dans un bassin
soit dans des modules fermés et sous pression.

Figure 27 : Exemple d’une filtration membranaire dans des modules spécifiques


Récupération
des eaux
filtrées

Soutirage des boues


et évacuation des
eaux de lavage

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LES USAGES

L'eau filtrée recueillie est dirigée en premier lieu dans une bâche de retro-lavage, puis lorsque
cette bâche est pleine elle est dirigée vers les dispositifs de réutilisation (ou de stockage). La
bâche de rétro-lavage permet de conserver un volume d'eau nécessaire pour procéder au rétro-
lavage.
Figure 28 : Schéma de fonctionnement d’une filtration membranaire

Les membranes de nanofiltration ou d’osmose inverse sont utilisées pour des eaux usées traitées
réutilisées spécifiques (telles que des eaux usées traitées chargées en sel) ou pour des usages
spécifiques en réutilisation des eaux usées (par exemple l’irrigation de cultures sensibles au sel).

Tableau 20 : Tableau de classification des membranes


Paramètres Microfiltration Ultrafiltration Nanofiltration Osmose Inverse
Plus petites espèces Colloïdes Virus Ions divalents La plupart des 77
retenues Microorganismes MO polymérisée Petites molécules organiques espèces dissoutes
Pressions opératoires (bar) 0,2 – 1,0 0,1 – 5 5 – 15 15 - 80
Flux unitaires (l/m2.h) 100 - 500 20 – 200 15 - 30 15 - 30

Tableau 21 : Tableau comparatif des différentes techniques de filtration


Filtration Membranaire
Filtre à sable Tamis filtrant
Microfiltration Ultrafiltration Nanofiltration Osmose Inverse
Coût d'investissement Faible Faible  Elevé Elevé Elevé Elevé
Coût d'exploitation Faible Faible  Elevé Elevé Elevé Elevé
DCO < 60 mg/L 60 mg/L 70 à 85 % 75 à 90 %  75 à 90 % 
MES < 15 mg/L 10 mg/L 95 à 98 % 96 à 99.9 % 96 à 99.9 % 1 à 8 mg/L
vitesse rapide : 0.3 à 0.7 log
Coliformes fécaux (abattement en log) 2 à 5 log 3 à 6 log 3 à 5 log 4 à 7 log
vitesse lente : 2 à 3 log
Protozoaires (abattement en log) 0 à 3 log 0 à 3 log 2 à 5 log > 6 log > 6 log 4 à 7 log
Virus (abattement en log) 0 à 1 log 0 à 1 log 0 à 2 log 2 à 7 log 3 à 5 log 4 à 7 log
Retour d'expérience sur des stations d'épuration Importants Modérés Importants Importants Faibles Faibles

5.2.2.2 Les technologies de désinfection


Les technologies développées pour la désinfection sont les suivantes :
- les étangs de stabilisation (lagunage) : Procédé extensif permettant un abattement sur la
charge bactériologique, virale, des protozoaires et des œufs d’helminthes.
- la chloration : procédé le plus employé en désinfection des eaux usées. Cette technique est
cependant de plus en plus remise en cause. Le chlore a une activité bactéricide prouvée, mais
son optimisation est complexe. De plus, la formation de sous-produits toxiques à action
rémanente dans l’environnement ainsi que les risques liés au transport, au stockage et à la
manipulation du produit remettent en cause l’utilisation de cette technique de désinfection.
Enfin, l’efficacité du chlore vis-à-vis des virus n’est pas bien établie.

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- l’ozonation : Les propriétés bactéricides et virucides de l’ozone bien connues ont conduit au
développement du traitement des eaux potables par ce gaz en Europe et aux Etats-Unis. La
désinfection par l’ozone concerne surtout la production d’eau potable et très peu la désinfection
des eaux résiduaires. L’ozone (O3) est un gaz instable et odorant produit industriellement dans
un effluveur en faisant passer de l’air ou de l’oxygène sec entre deux électrodes soumises à
une différence de potentiel de 15 000 Volt. Le traitement à l’ozone s’avère équivalent à celui
par UV pour la désinfection des eaux résiduaires, I’ozonation présentant cependant un
avantage par son action prononcée de désinfection des virus et des kystes de protozoaires.
- les rayonnements UV : La méthode de traitement des eaux usées par les UV repose sur
l’inactivation des micro-organismes : le matériel génétique, et plus précisément les molécules
d’ADN et d’ARN absorbent l’énergie des radiations UV. Les rayons Ultra-Violets ont un pouvoir
germicide reconnu depuis la fin du siècle dernier. La technologie par rayonnement UV est
couramment employée en désinfection des eaux résiduaires épurées aux Etats-Unis et au
Canada. Cette technique de désinfection est considérée par de nombreux auteurs comme
l’une des meilleures alternatives à la chloration, qui est encore la méthode de désinfection la
plus couramment utilisée en France pour les eaux résiduaires.
- l’oxydation par l’acide peracétique : Son activité désinfectante est basée sur la libération
d’oxygène actif. Son efficacité est meilleure à pH acide et est fortement réduite en présence
de matières organiques. L’acide peracétique est généralement utilisé dans l’industrie et le
milieu hospitalier mais commence à être utilisé en désinfection d’eaux usées. L’acide
peracétique a un fort pouvoir oxydant. Il agit par dénaturation des protéines, par modification
de la perméabilité de la membrane cellulaire et par oxydation des ponts sulfure des protéines,
enzymes et autres métabolites cellulaires. Après le traitement, les différents constituants se
dégradent rapidement dans l’environnement, sans laisser de sous-produits nocifs. L’un des
inconvénients de son utilisation dans les eaux usées est l’accroissement non négligeable de
la DBO5 et de la DCO qu’elle provoque (20 à 60%). Il n’est pas toxique pour un temps de
contact suffisant.
- l’oxydation par le dioxyde de chlore : appelé aussi bioxyde de chlore est un gaz orangé
78 explosif à une concentration de plus de 10% dans l’air. Pour des raisons de sécurité du fait de
son instabilité, il doit être fabriqué sur place au dernier moment à partir de chlorite de sodium
et d’acide chlorhydrique ou de chlorite de sodium et de chlore gazeux. Contrairement au chlore
ou à l’ozone, le dioxyde de chlore ne réagit qu’avec quelques composés organiques. Cette
plus grande sélectivité augmente l’efficacité de ce désinfectant. De plus, la gamme de pH pour
laquelle le dioxyde de chlore conserve un pouvoir germicide est plus importante : entre 4 et
10. Le dioxyde de chlore est également plus efficace que le chlore pour l’inactivation des
spores, bactéries, virus et autres organismes pathogènes. Son action est également rapide :
temps de contact 2 à 3 fois plus court que pour le chlore. L'efficacité du dioxyde de chlore est
au moins égale à celle du chlore, même à des concentrations inférieures.

Tableau 22 : Tableau comparatif des différentes techniques de désinfection


Lagunage Chloration  Ozonation Rayonnement UV Acide peracétique Dioxyde de chlore
Inactivation bactérienne Bonne Bonne Bonne Bonne Bonne Bonne
Inactivation virale Faible Faible Bonne Bonne Faible Modéré
Réactivation possible Oui Oui Non Oui Oui Oui
Formation de produits secondaires nuisibles Non Oui Oui Non Oui Oui
Corrosif Non Oui Oui Non Oui Oui
Risque pour la sécurité publique Non Oui Non Non Oui Oui
Risque pour le personnel exploitant Faible Elevé Modéré Faible Elevé Elevé
Entretien requis Minime Minime Elevé Variable Minime Minime
Emprise foncière Elevée Aucun Faible Modéré Aucun Aucun
Consommation énergétique Aucun Aucun Modéré Important Aucun Aucun
Coût d'investissement Modéré Faible Elevé Modéré Faible Modéré
Coût d'exploitation Faible Faible Elevé Modéré Faible Faible
Abattement de la  Abattement de la  Abattement de la 
Abattement de la matière  Abattement de la matière 
Nécessité d'un traitement complémentaire matière organique  matière organique  Abattement des MES matière organique et 
organique et des MES organique et des MES
et des MES et des MES des MES

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LES USAGES

5.2.3 Autres facteurs qualitatifs à considérer pour la REUT et ne pouvant être


facilement résolus par un traitement complémentaire
5.2.3.1 La salinité
ORIGINE DU SEL DANS LES EUT
Les teneurs en sels des eaux usées traitées sont souvent supérieures à celles des ressources
conventionnelles. Les sels dans les eaux usées ont pour origine :
 leur présence initiale dans l’eau potable. En effet, la salinité des eaux potables varie de
1 g/L à 2 g/L en fonction de la région en Tunisie dans laquelle on se trouve. La salinité de
l’eau potable est la plus élevée dans les gouvernorats du Sud et de Sfax. La SONEDE doit
procéder à des dilutions des eaux saumâtres par des eaux conventionnelles de moindre
salinité ;
 leur présence dans l'urine et les fèces (sodium 3,4 g/–individu/jour, potassium 3,9 g/–
individu/jour, chlorure 3,5 g/–individu/jour) (Schmidt et al. 2005), et l'ajout d'agents
adoucissants dans les machines à laver et les lave-vaisselle. Ces apports en sel ne sont
cependant pas suffisant en général pour atteindre des salinités qui dépassent le seuil de
conformité ;
 l’intrusion d’eaux salines des nappes qui subissent le biseau salé dans les réseaux
d’assainissement présentant des défauts d’étanchéité. Ce phénomène touche la plupart
des STEP proches de la bordure côtière ;
 des procédés de traitement de type lagunage des anciennes STEP avec une évaporation
importante (cas des STEP de Moknine, Mahdia et Côtière Nord) ;
 certains effluents bruts spécifiques, comme des effluents de certaines activités
industrielles (margines) ou par exemple les eaux des piscines des hôtels pour la STEP de 79
Sahline dans le gouvernorat de Monastir.

PROBLEMES LIES A LA PRESENCE DE SELS DANS LES EUT


Une concentration importante de sels dans les EUT peut être un frein pour leur réutilisation. En effet,
les sels impactent :
 le fonctionnement biologique de la STEP en provoquant une défloculation partielle, c’est-à-dire une
sortie de boue au niveau du clarificateur et donc une augmentation des MES ;
 la durée de vie utile du matériel d’irrigation ;
 la fertilité physico-chimique des sols (Belaid, 2010), (Hachicha, 2015) et les cultures irriguées,
notamment en réduisant la capacité des cultures à extraire l’eau des sols et en diminuant le niveau
de tolérance des cultures à l’accumulation ionique ;
 l’environnement proche, y compris les eaux souterraines dans les zones d’épandage des EUT.

ANALYSE DE LA SALINITE DES EUT EN SORTIE DES STEP DU PAYS


La salinité des eaux en sortie de STEP peut être exprimée selon le Total de matières Solides Dissoutes
(TDS) en g/L. Ces salinités ont été étudiées à l’échelle du pays, dans le cadre de la présente phase 2
de l’étude, grâce aux rapports annuels d’exploitation de l’ONAS de l’année 2017. Les STEP ont été
triées selon différentes classes de salinité (FAO, 1988) :
 Classe 1 (0 à 1 g/L) : Le rendement des cultures irriguées ne va pas être impacté par le TDS des
EUT ;
 Classe 2 (1 à 2 g/L) : Une baisse de rendement est observée pour les cultures irriguées les plus
sensibles à la salinité (ex : orangers, amandiers, produits maraîchers) ;

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LES USAGES

 Classe 3 (2 à 3 g/L) : Une baisse de rendement est observée pour les cultures irriguées
moyennement tolérantes à la salinité (ex : fourrages, céréales, oliviers) ;
 Classe 4 (3 à 4 g/L) : Une baisse de rendement est observée pour les cultures irriguées tolérantes
à la salinité (ex : oliviers, palmiers dattiers) ;
 Classe 5 (> 4g/L) : L’impact sur les rendements agricoles est trop important pour l’ensemble des
cultures ;
 Non renseigné : Le TDS en sortie de STEP n’a pas été mesuré.

Il faut cependant garder à l’esprit que les tolérances des cultures varient selon le climat, le type de sol
et les techniques culturales appliquées.

Les résultats au niveau national puis par régions sont fournis dans le tableau et le graphique suivants.

80

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Tableau 23 : Volumes d’EUT produits en fonction de la salinité des EUT en sortie de STEP (ONAS, 2017)

Classes de salinité en sortie de STEP Volume total 
< 1 g/L 1 ‐ 2 g/L 2 ‐ 3 g/L 3 ‐ 4 g/L > 4 g/L d'EUT 
Non renseigné
Volume EUT  % du volume  Volume EUT  % du volume  Volume EUT  % du volume  Volume EUT  % du volume  Volume EUT  % du volume  Volume EUT  % du volume  produit en 
(m3) d'EUT (m3) d'EUT (m3) d'EUT (m3) d'EUT (m3) d'EUT (m3) d'EUT  2017 (m3)
TUNISIE 7 821 000 3% 78 011 000 28% 125 221 000 45% 29 946 000 11% 24 578 000 9% 14 779 000 5% 280 356 000
Cap Bon 0 0% 14 681 000 53% 6 293 000 23% 6 598 000 24% 0 0% 0 0% 27 572 000
Sahel et Sfax 0 0% 18 686 000 27% 26 475 000 38% 6 670 000 10% 7 070 000 10% 10 078 000 15% 68 979 000
Grand Tunis et Zaghouan 2 381 000 2% 23 078 000 18% 70 385 000 56% 12 202 000 10% 16 593 000 13% 617 000 0% 125 256 000
Grand Sud 0 0% 3 538 000 14% 15 912 000 64% 4 476 000 18% 915 000 4% 0 0% 24 841 000
Centre 548 000 5% 10 898 000 95% 0 0% 0 0% 0 0% 0 0% 11 446 000
Nord ouest 4 892 000 22% 7 130 000 32% 6 156 000 28% 0 0% 0 0% 4 084 000 18% 22 262 000

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LES USAGES

A l’échelle du pays, 31 % des EUT ont une salinité compatible avec une irrigation peu restrictive (TDS
< 2g/L), 45 % peuvent être utilisées pour irriguer avec des pratiques agricoles appropriées (TDS <3 g/L)
et 20 % présente une salinité peu compatible avec des eaux d’irrigation (TDS > 3 g/L).

Le problème de salinité des EUT est surtout présent sur les STEP du littoral avec l’intrusion des eaux
de nappes salines dans les réseaux d’assainissement. Les régions Sahel-Sfax et du Grand Tunis sont
particulièrement touchées par ce phénomène avec des STEP pouvant produire des EUT avec des
salinités supérieures à 4 g/L (respectivement 10 % et 13 % du volume d’EUT produit à l’échelle de ces
régions). Pour les régions du Centre et du Nord-Ouest, aucune STEP ne produit des EUT avec des
salinités supérieures à 3 g/L.

L’ajout de traitements complémentaires au niveau de ces STEP ne résoudra pas le problème, sauf
installation de technologies membranaires avancées (osmose inverse) pour dessaler les EUT. Les
solutions pouvant être mises en place aux différents maillons de la filière REUT pour contrôler et limiter
les impacts agronomiques et environnementaux des sels sont les suivantes :
 la maitrise de la salinité des eaux produites pour l’eau potable (choix des ressources en
eau, dilution entre ressources, stations de dessalement des eaux saumâtres, etc.) ;
 la limitation de l’intrusion d’eaux salines dans les réseaux en réhabilitant les réseaux en
amont des STEP présentant des problèmes d’étanchéité ;
 la dilution des EUT avec des eaux conventionnelles présentant une salinité moindre
en amont de leur réutilisation ;
 le suivi du niveau de salinité des sols pour évaluer l’éventuel engorgement des sols en
sel et l’association de la REUT à des pratiques de drainages appropriées du sol.

5.2.3.2 Les margines


Les margines sont des effluents liquides résultant de l’extraction de l’huile d’olive. Elles ont une forte
charge saline et sont très acides, riches en matières organiques et en polyphénols peu biodégradables.
83
Lorsqu’elles sont rejetées dans le réseau d’assainissement, elles peuvent perturber le fonctionnement
des STEP et dégrader la qualité des EUT produites.

Pour éviter ces dysfonctionnements et les rejets illicites, des solutions de traitement et de gestion des
margines doivent être mises en place. La solution la plus utilisée actuellement en Tunisie pour traiter
ces effluents est le stockage et l’évaporation dans des bassins de surface des margines. 116 bassins
de ce type existent dans tout le pays. Mais des problèmes de gestion subsistent (non-respect de la
réglementation, manque de contrôles, manque de sensibilisation du secteur oléicole, manque
d’organisation, etc.).

Un plan national de gestion des margines a été élaboré en 2010 par le Ministère de l’environnement.
Ce schéma estime que la production totale de margines est proche de 1 million de tonnes lors d’une
bonne année de production. Elles sont réparties à 22 % dans le Nord du pays, 38 % dans le Centre et
40 % dans le Sud, sachant que le gouvernorat de Sfax est intégré dans la région Sud et qu’il a un poids
important dans la production de margines à l’échelle de cette région (DGEQV, 2010).
 Les solutions retenues dans le schéma pour améliorer la gestion des margines sont : l’organisation
d’un stockage intégral, au niveau de la production d’huile d’olive puis du transport ;
 l’évaporation naturelle accompagnée d’une évaporation séquentielle forcée pour accélérer le
processus ;
 l’ajout d’une filtration membranaire complémentaire quand c’est nécessaire ;
 l’épandage des margines en agriculture quand les conditions techniques sont réunies.

La mise en place des mesures préconisées dans le schéma national permettra la mise en œuvre de la
REUT dans de meilleures conditions, notamment pour les régions à forte vocation oléicole.

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5.2.3.3 Autres effluents industriels


Les effluents industriels ont des caractéristiques qui peuvent impacter le bon fonctionnement des STEP
et la qualité finale des EUT. En fonction des activités industrielles, ces flux peuvent être difficilement
traitables par les STEP avec un traitement de type boues activées si des prétraitements adéquats ne
sont pas mis en place au niveau des unités industrielles.

Comme calculé dans le chapitre 3 sur la quantification des flux d’EUT, il est estimé que le flux industriel
arrivant aux STEP en 2020 est d’environ 26 Mm3, soit 8 % du flux total d’EUT. Il est projeté que ce flux
augmentera jusqu’à environ 32 Mm3 d’ici 2050, soit 5 % du flux total d’EUT qui sera produit à cet horizon.
Les types d’effluents industriels qui entravent le fonctionnement des STEP et qui sont fréquemment
cités par l’ONAS sont :
 Les effluents des industries textiles (teintureries, imprimeries, filatures) qui produisent de différents
types d’effluents en fonction des industries qu’il convient d’analyser finement avant de pouvoir les
traiter efficacement. Les eaux sont susceptibles de contenir des substances comme des acides, des
huiles, des sels, des colorants, des détergents, des métaux toxiques, des fibres etc. Les effluents
des tanneries notamment présentent un risque de pollution chimique si elles sont chargées en
matières non dissoutes, en chlorures, voir du chrome en fonction des procédés industriels ;
 Les margines (voir paragraphe ci-dessus ;
 Les effluents des abattoirs : le traitement de ces effluents est très difficile à cause de son caractère
non biodégradable et de l’apport en microbiologie très fort (notamment en œufs de nématodes
intestinaux, paramètre présent au niveau de la norme NT 106.03) ;
 Les effluents touristiques, comme ceux des restaurants par exemple qui peuvent être chargés en
graisses et huiles si elles sont rejetées dans le réseau ;
 Les eaux des hammams : la présence de filasses peut provoquer des dysfonctionnements sur tous
les organes électromécaniques des STEP.
84 Les STEP où l’ONAS rencontre des difficultés à traiter les effluents industriels reçus sont identifiées
pour chaque région dans les chapitres sur les conséquences environnementales des rejets d’eaux
usées (chapitres 10, 11, 12, 13, 14 et 15.3).
Pour remédier à ces problèmes, les actions peuvent être :
 la caractérisation qualitative des différents effluents, marquée par la diversité des activités
industrielles, doit être mieux connue. Il semblerait donc opportun de mener des enquêtes plus
détaillées auprès des industriels pour évaluer les charges hydrauliques et polluantes industrielles
raccordées et évaluer l’impact éventuel sur le traitement biologique et les usages pour les STEP où
la REUT est envisagée (voir chapitre 7.3 sur les propositions pour une nouveau cadre
réglementaire) ;
 en amont des rejets, il est nécessaire d’agir auprès des industriels ou des hôteliers. Les actions
peuvent se faire de manière graduelle avec des campagnes de sensibilisation, des outils
financiers incitatifs puis des contrôles et des sanctions dissuasives en cas de rejets non
conformes dans le réseau d’assainissement et de non mise en œuvre de prétraitements quand cela
est nécessaire ;
 l’amélioration du système d’autorisation pour accepter uniquement les effluents conformes
ne provoquant pas de dysfonctionnements au niveau du traitement et en évitant le raccordement
de certaines activités (par exemple : abattoirs, équarrissage). La REUT pourrait être interdite tant
que ces types d’effluents sont raccordés à le STEP ;

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 la mise en place d’une filière de traitement industrielle en parallèle de celle des eaux
domestiques quand les débits journaliers sont importants. Cela permettra de mieux valoriser les
eaux domestiques sans qu’elles ne soient polluées par des eaux industrielles toxiques. L’ONAS a
déjà un programme de construction de ces nouvelles STEP industrielles sous le même modèle que
la STEP Grappée de Ben Arous (voir tableau ci-dessous). Cela concerne les zones où les effluents
industriels représentent plus de 20 % des effluents en entrée de STEP. Cependant, ces filières de
traitement est souvent très coûteuses : elles nécessitent des procédés très performants pouvant
traiter des effluents avec des caractéristiques parfois très différentes et où les polluants se
retrouvent beaucoup plus concentrés. Les efforts doivent donc vraiment porter en premier lieu sur
la sensibilisation des industriels et la mise en place de prétraitements adaptés aux effluents produits
par unités industrielles.

Tableau 24 : Liste des STEP industrielle programmées par l’ONAS (ONAS, 2020)
Région STEP industrielle Année de mise Capacité
en service hydraulique (m3/j)
Grand Tunis et Zaghouan Grappée de Ben Arous 2001 5 500
Bouargoub industrielle 2030 1 171
Cap Bon Grombalia industrielle 2030 1 030
Soliman industrielle 2030 4 418
Enfidha industrielle 2025 Non connue
Sfax industrielle 2025 2 577
Sahel et Sfax
Moknine industrielle 2025 5 000
Agareb industrielle 2030 3 625
Nord-Ouest Utique industrielle 2025 921 85
5.2.3.4 Les eaux d’orages
Les eaux d’orage ne sont pas des Eaux Usées Traitées. Ces eaux peuvent toutefois se retrouver
mélangées à des Eaux Usées si les réseaux d’assainissement sont de type unitaire (ce qui est
fréquemment le cas en Tunisie) ou dans le cas d’intrusions d’eaux parasites météoriques, liées à des
non-conformités de branchements ou à un manque d’étanchéité des réseaux d’assainissement. Une
STEP a généralement une capacité de dimensionnement correspondant à une intensité et à une période
de retour d’une pluie de type mensuelle. S’il survient un épisode orageux avec une pluie d’intensité plus
importante que celle du dimensionnement, l’excédent d’effluents est rejeté dans le milieu récepteur avec
une qualité proche des effluents bruts, voire d’effluents en partie prétraités. Dans le cas des STEP sur
le littoral, ce rejet se fait via un déversoir d’orage au regard du caractère exceptionnel de l’évènement.

Les eaux d’orage ont donc un rôle dommageable pour la REUT en engendrant des surcharges
hydrauliques au niveau des STEP. Elles influencent ainsi la performance de traitement et donc
la qualité de l’eau traitée lorsque leur présence est trop importante dans les eaux usées.
L’impact de ces eaux d’orages sur le milieu récepteur et la REUT ne pourra pas être complètement
éliminé, mais il peut être limité via les solutions suivantes :

 La réhabilitation des réseaux d’assainissement et des branchements en amont des STEP qui
manque d’étanchéité afin de réduire leur sensibilité aux évènements pluvieux ;
 La déconnexion des eaux pluviales des réseaux d’assainissement à travers la mise en œuvre de
diagnostic réseaux (tests à la fumée, colorant, etc.) pour assurer un bon fonctionnement des STEP
même en temps de pluie (solution coûteuse mais envisageable sur des nouveaux réseaux
d’assainissement ou des STEP très sensibles aux eaux d’orages) ;
 L’augmentation de la capacité des STEP sur tout ou partie de la filière de traitement (mais cela peut
engendrer des surconsommations énergétiques en temps sec) ;

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 La réalisation de bassins d’orage sur le réseau en amont de la STEP et sur la STEP.

5.2.3.5 Les incidents techniques et opérations de maintenance au niveau des STEP


Les pannes ou incidents rencontrés sur une STEP (panne d’électricité, panne d’équipement, colmatage
des conduites, casses de conduites, inondation, etc.) ou les arrêts d’exploitation pour cause de
maintenance (réparation du génie civil de postes de relevage, remplacement des turbines ou des
diffuseurs d’aération, etc.) peuvent engendrer l’arrêt de la REUT et le rejet de tout ou partie des effluents
bruts ou prétraités dans le milieu récepteur. Comme pour les eaux d’orage, pour les STEP littorales le
rejet se fait en bord de plage, parfois via le même déversoir d’orage. Le rejet peut aussi s’effectuer via
un émissaire, s’il existe, en fonction de la durée de l’incident ou de l’opération de maintenance.

Il sera difficile d’éliminer totalement l’impact de ce type d’incidents sur la REUT et le milieu récepteur,
mais il est néanmoins possible de les limiter et d’agir plus rapidement à travers les solutions suivantes :
 La prévision d’instrumentation pour le suivi et la détection rapide de l’incident (détection incendie,
qualité des effluents, etc.) ;
 L’instauration d’un système d’alarme efficace pour prévenir au plus vite les usagers de l’arrêt
temporaire de la REUT ;
 La mise en place d’une gestion au maximum autonome de la STEP en cas d’incidents ou de
maintenance : installation d’un atelier sur la STEP, prévision de pièces de rechange dans le magasin
de la STEP, installation de secours sur les équipements (pompes, groupes électrogènes de secours,
etc.), maintenance et renouvellement préventifs des équipements, etc. ;
 L’installation de plusieurs lignes de traitement en parallèle ;
 La mise en place d’un bassin tampon sur la STEP qui peut être en commun avec le bassin d’orage.

5.2.4 Conclusion
86
Le choix des technologies de traitement est un point important à considérer dans les projets de
REUT. Il assure la qualité d’eau nécessaire à l’usage, diminue les risques sanitaires, encourage
l’acceptabilité des usagers pour le projet, peut garantir un apport de nutriments, apport en
particulier bénéfique pour les usages agricoles et l’arrosage d’espaces verts.

Ces traitements vont toutefois générer des coûts d’investissement, d’exploitation et nécessiter de
compétence du personnel d’exploitation compétent, etc. Actuellement, en traitement
complémentaire, on peut constater l’intérêt croissant pour l’UV alors que l’ozonation ne représente
que 13% en 2016 du marché total de la désinfection en 2016 (Lazarova V. , 2019).

Au cours de la dernière décennie, on note aussi que les technologies membranaires sont
devenues le pivot du traitement dans les projets de réutilisation de l’eau. Les nouvelles
interrogations concernant les micropolluants oriente vers les technologies membranaires (source :
Christelle Guigui, Professeur en Génie des procédés à l’INSA Toulouse). Cependant, cette technique
engendre des dépenses énergétiques fortes, difficilement supportables pour les territoires où les
ressources énergétiques sont sous tension.

Les technologies de traitements complémentaires ne pourront cependant pas résoudre toutes les
problématiques liées à la qualité des EUT. Certains effluents spécifiques (eaux industrielles chargées
en métaux lourds ou en éléments microbiologiques, intrusions salines, margines, eaux d’orage, etc.)
nécessitent des mesures à mettre en œuvre en amont de la STEP (amélioration de la performance
des réseaux, séparation des effluents, sensibilisation des usagers, contrôles et sanctions
dissuasives, mise en place et gestion des prétraitements, installation de bassins tampons, etc.).

Le sous chapitre suivant détaille les questions liées à l’énergie en lien avec celles des traitements
complémentaires à développer pour la REUT.

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5.3 LES CONTRAINTES ENERGETIQUES ASSOCIEES


5.3.1 Le lien entre REUT et énergie
Actuellement, en Tunisie, la consommation énergétique dépensée pour l’épuration de l’eau
(traitement jusqu’à un stade secondaire), se situe entre 0,29 et 2,22 KWh/kg de DBO5 éliminée et est
présentée dans la figure ci-dessous :

Figure 29: Consommation énergétique en fonction du type de procédé de traitement en Tunisie

87
Source : ONAS, Rapports annuel 2017

Selon la technologie de traitement, les consommations énergétiques sont très différentes : le lagunage
ou les filtres plantés sont des technologies moins consommatrice que d’autres technologies plus
performantes pour le traitement.

S’ajoutent au type de technologies utilisées des facteurs internes et externes qui influencent la
consommation énergétique :
 Taux de charge organique DBO5 (effet décroissant) ;
 Volume d’eau à traiter ;
 Température de l’air : les vitesses de dégradation de la matière organique sont influencées par la
température ambiante ;
 Concentration en DBO5 pour le procédé de traitement par boues activées ;
 Puissances d’aération et d’agitation liées à la taille des bassins : plus un bassin est important, plus
la consommation énergétique est élevée ;
 Pour les stations avec un procédé Boues Activées :
- La présence d’une digestion anaérobie, qui est susceptible de réduire sensiblement la
consommation spécifique globale des stations en valorisant leur biogaz,
- La nécessité de stabiliser les boues en l'absence de digestion anaérobie qui implique un âge
de boues élevé. Or, la consommation spécifique augmente avec l'âge de boue.

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SITUATION ACTUELLE EN TUNISIE


Pour l’année 2017, la consommation énergétique en Tunisie pour le fonctionnement des stations
d’épuration est estimée à 0.25 kWh/m3 (cf. page 93 de l’édition finale du rapport de Phase 1 –
Diagnostic). La Tunisie se situe en fourchette basse en termes de consommation énergétique, mais ce
ratio n’est cependant pas négligeable et impacte le coût d’exploitation des stations d’épuration.

Figure 30 : Consommations relatives par sous-postes au sein du poste Eau à l'échelle annuelle (8 cas étudiés) (prétraitement et
traitement secondaire)

Source : Rapport « Consommation énergétique du traitement intensif des eaux usées en France : Etat des lieux et facteurs de variation, IRSTEA, 2017

A cette consommation énergétique dans le procédé de traitement des eaux usées, s’ajoutent les
consommations liées au traitement tertiaire qui dépendent du type de traitement et des objectifs de
88 traitement fixés.

Les données ci-dessous sont issues de stations d’épuration québécoises :

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Figure 31 : Consommations relatives par sous-poste au sein du traitement tertiaire

Source: Burton Environmental Engineering et al., 1993, Water and Wastewater Industries: Characteristics and DSM Opportunities

A partir des données collectées, des éléments transmis par les fournisseurs d’équipements de
traitement et des données bibliographiques (Lazarova, Choo, & Cornel, 2012) la consommation
énergétique par type de traitement complémentaire a été estimée et sera traduite en coût/m3 dans la
suite du rapport (cf. chapitre 5.4.3) pour évaluer d’un point de vue économique le poids du traitement
complémentaire dans les projets de REUT.

Le tableau ci-dessous indique la part du traitement tertiaire dans la consommation énergétique du


traitement de l’eau. Le code traitement indiqué dans la colonne de gauche renvoie à des scénarios de
traitement explicités plus bas dans le sous-chapitre 5.4.2. Le tableau distingue trois tailles d’unité de
traitement.

Tableau 25 : Part de la consommation en énergie du traitement III dans la consommation énergétique totale de la file Eau d’une
STEP

Energie Consommation énergétique


89
Synthèse traitement I - II Energie traitement III (kWh/m3) traitement III / Consommation
Code (kWh/m3) (*) énergétique STEP de la file Eau
traitement
de 10 000 de 10 000
< 10 000 > 80 000 < 10 000 > 80 000
II III à 80 000 à 80 000
eq.hab eq.hab eq.hab eq.hab
eq.hab eq.hab
B-C3 Boues activées Filtre sable 0,25 0,05 0,04 0,03 17% 14% 11%
B-B3 Boues activées Filtration sur Sable + Chloration 0,25 0,06 0,05 0,04 18% 15% 12%
B-B2 Boues activées Filtration sur Sable + Acide performique/ peracétique 0,25 0,06 0,05 0,04 18% 15% 12%
B-B1 Boues activées Tambour Filtrant 10µm +UV 0,25 0,12 0,10 0,08 32% 29% 24%
B-A3 Boues activées Filtration sur Sable + UV 0,25 0,13 0,11 0,09 34% 31% 26%
B-C2 Boues activées Microfiltration 0,25 0,25 0,23 0,21 50% 48% 46%
B-A2 Boues activées Microfiltration + UV 0,25 0,33 0,30 0,27 57% 55% 52%
B-C1 Boues activées Ultrafiltration 0,25 0,40 0,38 0,36 62% 60% 59%
B-A1 Boues activées Ultrafiltration + UV 0,25 0,48 0,45 0,42 66% 64% 63%
L-E1 Lagunage 0,06 0% 0% 0%
L-C4 Lagunage Lagune de finition + Filtre à sable 0,06 0,05 0,04 0,03 45% 40% 33%
L-C3 Lagunage Filtration sur Sable + Chloration 0,06 0,06 0,05 0,04 48% 43% 37%
L-C2 Lagunage Filtration sur Sable + Acide performique/ peracétique 0,06 0,06 0,05 0,04 48% 43% 37%
L-B2 Lagunage Tambour Filtrant 10µm +UV 0,06 0,12 0,10 0,08 67% 63% 57%
L-A2 Lagunage Filtration sur Sable + UV 0,06 0,13 0,11 0,09 68% 65% 60%
L-C1 Lagunage Microfiltration 0,06 0,25 0,23 0,21 81% 79% 78%
L-A1 Lagunage Microfiltration + UV 0,06 0,33 0,30 0,27 85% 83% 82%
L-B1 Lagunage Ultrafiltration 0,06 0,40 0,38 0,36 87% 86% 86%
Réacteur à
OI-A1 Osmose inverse + UV 3,00 2,55 2,10 75% 72% 68%
Membrane** 1,00
* coût moyen - données ONAS
** valeur estimée pour ce procédé de traitement

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Pour le traitement tertiaire, nous pouvons constater que les dépenses en énergie sont très différentes
selon le niveau de filtration (la filtration membranaire est plus consommatrice que la filtration sur sable)
et le type de désinfection des eaux usées (une désinfection par UV ou par ozonation est plus énergivore
qu’une chloration).

En fonction du procédé de traitement utilisé, la part de du traitement III est donc plus ou moins
importante. Dans le cas d’un traitement initial par boues activés, cette part va de 11% pour une
filtration simple par filtre à sable à 66% pour ultrafiltration et désinfection par UV.

Ainsi, la technologie à haute technicité doit être utilisée pour des usages qui nécessitent un
niveau élevé de qualité d’eau et pouvant générer une valeur ajoutée pour pouvoir assurer
l’équilibre coût/bénéfice.

VUE D’ENSEMBLE D’UN PROJET DE REUT EN TERME DE DEPENSE ENERGETIQUE


Dans les projets de REUT, la consommation énergétique liée au traitement III sera également à
replacer par rapport à l’ensemble de la dépense réalisée pour le petit cycle de l’eau.

Imaginons par exemple un projet de REUT impliquant le cycle suivant :


 Prélèvement d’eau brute dans un aquifère à 50 m de profondeur,
 Traitement de cette eau pour produire de l’eau potable,
 Collecte et traitement, à un niveau secondaire, des eaux usées issues de la première utilisation de
cette eau potable dans un contexte urbain (NB : alors que, comme indiqué précédemment, la
consommation énergétique actuelle est de 0.25 kWh/m3, nous avons choisi dans cette analyse une
valeur de 0.35 kWh/m3 en considérant que les installations de l’ONAS pourraient être amenées à
travailler à de plus forts rendements dans les années à venir),
 Traitement complémentaire à un niveau tertiaire en vue d’un projet de REUT,

90  Transfert de ces eaux à 10 km avec un dénivelé de 50 m,


 Trois cas d’usage, avec éventuelle mise en pression des eaux dans un réseau d’irrigation (dans le
cas où le projet est d’irriguer).

Le tableau et les graphes suivants établis par l’équipe projet sur la base d’ordre de grandeur montrent
le cumul des dépenses énergétiques successives. La part des dépenses énergétiques liées au seul
projet REUT s’élève à entre moins de 20 % et près de 40%. (sans transfert, elle va de 3 à 27% selon
les cas considérés ici). La part du seul traitement III s’élève de 2 à 14%.

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Figure 32 : Dépenses énergétiques liées à la REUT à l’échelle du petit cycle de l’eau


Cas 1 : Recharge de 
nappe sans  Cas 2 : Arboriculture Cas 3 : Maraichage
prélèvements associés
Traitement III B‐C3 (filtre à sable) B‐B1 (tambour filtrant + UV) B‐A2 (microfiltration + UV)

Transfert 10 km ‐ 50 m de dénivelé 10 km ‐ 50 m de dénivelé 10 km ‐ 50 m de dénivelé


Etapes du petit cycle de l'eau kWh/m3 % kWh/m3 % kWh/m3 %
Eau potable 0,65 45% 0,65 37% 0,65 33%
Exhaure Eau brute (forage 50 m)                 0,20  14%                 0,20  11%                 0,20  10%
Traitement AEP                 0,15  10%                 0,15  8%                 0,15  8%
Distribution AEP                 0,30  21%                 0,30  17%                 0,30  15%
Assainissement 0,45 31% 0,45 25% 0,45 23%
Collecte EU                 0,10  7%                 0,10  6%                 0,10  5%
Traitement EU II ‐ Boues activées                 0,35  24%                 0,35  20%                 0,35  18%
REUT 0,34 24% 0,67 38% 0,88 44%
Traitement EU III                 0,04  3%                 0,12  7%                 0,33  17%
Transfert                 0,30  21%                 0,30  17%                 0,30  15%
Réseau d'irrigation 0%                 0,25  14%                 0,25  13%
TOTAL 1,44 100% 1,77 100% 1,98 100%

Petit cycle de l'eau : consommations énergétiques cumulées
2,50

2,00
kWh/m3

1,50

1,00

0,50
91
0,00
1 2 3

Exhaure Eau brute (forage 100 m) Traitement AEP Distribution AEP


Collecte EU Traitement EU II ‐ Boues activées Traitement EU III
Transfert Réseau d'irrigation

Petit cycle de l'eau : consommations énergétiques cumulées
100%

80%

60%

40%

20%

0%
1 2 3

Exhaure Eau brute (forage 200 m) Traitement AEP Distribution AEP


Collecte EU Traitement EU II ‐ Boues activées Traitement EU III
Transfert Réseau d'irrigation

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Dans les sous-chapitres à suivre, on analyse successivement :


 des moyens de solliciter des procédés de traitement moins énergivores, concernant notamment les
traitements complémentaires nécessaires à la REUT ;
 Des solutions de production d’énergie intégrée au traitement de l’eau (Il s’agit de pistes de solution
envisageables à court terme. Des éléments de plus long terme sont envisagés dans le chapitre
6.1.) ;
 La possibilité de produire de l’énergie solaire pour satisfaire les besoins en énergie de la REUT et
plus largement ceux associés au petit cycle de l’eau.

5.3.2 Pistes opérationnelles de réduction de la consommation énergétique


Un premier volet pour diminuer la consommation énergétique dans le traitement des eaux usées est
d’intégrer l’aspect énergétique dès la conception du projet, avant la construction des
infrastructures, ou lors de leur réhabilitation.

En effet, en Tunisie, la dynamique des projets de réhabilitation pour renouveler le parc vieillissant des
stations d’épuration est une réelle opportunité pour le développement de projets de REUT et également
pour apporter des améliorations sur le plan énergétique, au niveau du système d’assainissement.

Les principales pistes de réduction de la consommation énergétique sont présentées ci-après.

INTEGRATION DU CRITERE « CONSOMMATION ENERGETIQUE » DANS LES PROJETS


D’AMENAGEMENT ET SUIVI D’INDICATEURS PERTINENTS
Que ce soit au niveau de la conception des réseaux de collecte et de transport des eaux usées, ou au
niveau du choix des procédés ou du dimensionnement des systèmes de traitement, il est important
d’intégrer le critère « consommation énergétique » dans la stratégie de réutilisation des eaux
92 usées traitées en Tunisie.

Le critère de « performance énergétique » d’une station peut être intégré aux critères de jugement
des performances d’une station d’épuration, au niveau national, de la même façon que les objectifs de
performance de traitement. Des niveaux de consommation à ne pas dépasser pourront être fixés. Cela
obligera également à un meilleur suivi au niveau de chaque station des consommations globales et par
poste.

Un système de suivi de la consommation devra être réfléchi dès la conception des stations avec des
compteurs électriques globaux et divisionnaires et une supervision appropriée pour le calcul
d’indicateurs pertinents. Des alertes pourraient également être mises en place en cas de dépassements
de seuils ou objectifs à atteindre. Cette démarche permettrait l’enregistrement et l’archivage des
données qui contribueraient à une meilleure connaissance et un meilleur suivi du sujet au niveau
national.

LUTTE CONTRE LE SURDIMENSIONNEMENT


Le surdimensionnement des ouvrages et équipements de traitement des eaux usées est une
cause majeure de surconsommation électrique2, car il implique un fonctionnement habituel en sous-
charge, qui dégrade les performances énergétiques des installations et équipements. Il concerne à la
fois les ouvrages (capacité nominale de traitement) et les équipements (puissance nominale).

Il peut notamment être expliqué par les critères de dimensionnement appliqués : traitement dimensionné
sur la semaine de pointe, marges de sécurité retenues, hypothèses sur les projections démographiques
ou le taux de collecte trop optimiste, variations de charge (d’origine touristique, industrielle, eaux claires
parasites) mal évaluées ou trop importantes, etc.

2 Par exemple, en France, les faibles taux de charge sont le premier facteur explicatif des consommations spécifiques élevées
des stations d’épuration (IRSTEA, 2017).

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A noter que les variations de charge (notamment le ratio entre la charge moyenne annuelle et la charge
maximale hebdomadaire) sont plus élevées sur les réseaux unitaires, ce qui tend à accroître les
problèmes de surdimensionnement sur ce type de réseaux.

Ces constats incitent à privilégier les dimensionnements modulables, en échelonnant les capacités
de traitement nominales des ouvrages et équipements dans le temps. La construction de stations par
module (ou tranche) de capacité permet notamment de s’adapter à la charge réelle reçue, et aux
évolutions non anticipées de la charge (projections démographiques actualisées, rejets touristiques,
industriels, taux d’eaux claires parasites,…).

Il reste bien sûr nécessaire de s’assurer du foncier disponible pour les capacités envisagées à terme,
mais les ouvrages et équipements pourront être mis en œuvre au fur et à mesure de l’évolution des
besoins.

De même, le surdimensionnement des équipements peut être évité, ou diminué, en fractionnant la


puissance totale nécessaire (en pointe) sur plusieurs équipements en parallèle, adapté au
fonctionnement moyen ou en sous-charge.

Enfin, un fonctionnement en sous-charge ne pourra être totalement évité (puisqu’il faut assurer la
fiabilité du traitement sur les périodes de pointe). Il faudra donc mettre en œuvre des modes de
fonctionnement adaptés à la sous-charge, pour éviter une surconsommation électrique trop importante
dans ces cas. Ces modes de fonctionnement sont basés sur les mêmes principes que pour éviter le
surdimensionnement :
 Modularité des filières : plusieurs files permettront de s’adapter à la charge réelle reçue,
notamment en cas de variation saisonnière ;
 Flexibilité des équipements : fractionner la puissance totale des équipements sur plusieurs
équipement en parallèle, intégrer des variateurs de vitesses sur les équipements les plus
puissants, etc. ;
 Gestion de la concentration en boue : pour les cultures libres, elle peut également
contribuer à la gestion optimale de la sous-charge. 93
L’exploitant devra jouer un rôle important dans la mise en œuvre pratique des solutions mises à
disposition pour faire face à la sous-charge, en anticipant notamment les montées et baisses de charge
en cas de variation saisonnière par exemple, tout en conservant un niveau optimal de qualité des
effluents rejetés.

CHOIX DE PROCEDES PEU ENERGIVORES


Le choix du procédé de traitement a un impact majeur sur la consommation énergétique future de la
station de traitement. Le choix du procédé doit répondre à de multiples critères (charges à traiter, niveau
de traitement, performance attendue, contraintes locales, critères financiers, etc.). L’ajout du critère
«consommation énergétique » dans cette analyse (voir paragraphe ci-avant) est nécessaire.

En particulier, les technologies plus énergivores, telles que les SBR, BRM, MBBR (voir tableau
suivant) ne devraient être envisagées que si les technologies traditionnelles (telles que boues
activées, bio filtres, lagunage) ne peuvent pas répondre aux critères imposés (haute qualité des
effluents traités, réutilisation de l’eau traitée, contraintes foncières ou paysagères fortes, etc.). Les
consommations énergétiques très élevées de ces procédés s’expliquent aussi par leur utilisation
récente et le manque de recul pour l’optimisation du fonctionnement de ces installations.

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Tableau 26 : Approche de la consommation énergétique selon les procédés de traitement en France (Roche, 2019)
Type de procédé de traitement Consommation en kWh/ kg de DBO5 éliminée
Boues activées 3,2
Biofiltres 4,5
SBR (Sequential Batch Reactor) 4,6
MBBR (Moving Bed Biofilm Reactor) 6,5
BRM (Bioréacteurs à Membranes) 6,8

Actuellement, les stations de traitement des eaux usées en Tunisie sont majoritairement des procédés
à Boues Activées (de l’ordre de 80%).

Dans tous les cas où cela est possible et permet de répondre aux exigences de niveau de rejet, des
procédés extensifs, moins énergivores, tels que le lagunage ou les filtres plantés doivent être
étudiés. En Tunisie, cette démarche peut s’envisager lors de la création de STEP de petite capacité.

De plus, une fois le procédé choisi, le choix des équipements peut lui aussi être optimisé : les
performances énergétiques des équipements (rendement du moteur, rendement global, possibilité
d’équiper d’un variateur de vitesse, etc.) devraient faire partie des critères de sélection lors de la
conception. Il s’agira de maximiser les performances en conditions nominales, mais aussi de minimiser
la dépense énergétique en fonctionnement en sous-charge.

CHOIX DU PROCEDE DE TRAITEMENT DES BOUES


Les récentes études européennes portant sur les diagnostics énergétiques des stations d’épuration
convergent vers l’identification des principaux facteurs impactant les dépenses : le taux de charge des
installations et la présence d’un traitement thermique des boues sont notamment déterminants
(Stricker & Canler, 2017).
94 En effet, les traitements thermiques des boues sont particulièrement énergivores (mais impliquent une
diminution drastique des volumes de boues à évacuer qui contrebalance en partie les impacts de
dépenses énergétiques). La consommation énergétique de certains autres postes de traitement des
boues, tels que l’épaississement ou la déshydratation, peut également représenter une part importante
de la consommation énergétique globale des stations d’épuration.

Une attention particulière devra être portée à la conception du traitement des boues lors de la
conception des stations d’épuration, en accord avec la valorisation qui souhaite en être faite.

LUTTE CONTRE LES EAUX CLAIRES PARASITES


La dilution des eaux usées est un facteur important de surconsommation énergétique au niveau
des stations de traitement. En effet, elle entraine :
 Une augmentation des volumes d’eau à traiter, entrainant un surdimensionnement des
ouvrages de pompage et d’aération (brassage), deux des principaux postes de
consommation d’énergie au niveau des stations (mais aussi au niveau des postes de
refoulement sur le réseau de transport) ;
 Une moins bonne efficacité du traitement, notamment sur les stations à boues activées qui
supportent mal la dilution des effluents ;
 Des variations importantes de la charge et du volume reçus au niveau des stations. En
effet, les eaux claires parasites présentent des variations saisonnières (infiltrations de nappe)
et aléatoires (précipitations) importantes en comparaison des variations des autres effluents
(domestiques, industriels, etc.). Ces variations entrainent des situations de fonctionnement en
sous ou surcharge, qui entrainent des surconsommations énergétiques.

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Ce point doit être appréhendé en amont des stations d’épuration, au niveau des réseaux de collecte :
 En favorisant la mise en place de réseaux séparatifs, lors des créations ou extensions de
réseaux et en encourageant le remplacement des réseaux unitaires par des réseaux
séparatifs ;
 En luttant contre les eaux claires parasites, via des actions de recherche des intrusions,
de déconnexion des mauvais branchements (pluviaux), d’entretien et de réhabilitation des
réseaux.

REUTILISATION DES EAUX INDUSTRIELLES


Il a été observé, notamment lors de la Phase 1 de la présente étude, que la majorité des effluents
collectés en Tunisie sont de type domestique, type bien adapté aux procédés de traitement des stations
d’épuration mis en place. Cependant, une part non négligeable des effluents est d’origine
industrielle et affecte les performances des stations d’épuration, comme présenté dans le rapport
de Phase 1.

En effet, certaines installations industrielles ou d’activités tertiaires ne respectent pas les normes de
rejet au réseau d’assainissement et entrainent des dysfonctionnements des stations de traitement. C’est
le cas notamment des abattoirs, des centres d’équarrissage, et des hammams. Ce fonctionnement
dégradé des stations entraine une surconsommation énergétique, et une baisse de la qualité
des rejets des effluents.

Des démarches pour encourager le traitement ou le recyclage des eaux de process directement au
niveau des industries ou installations concernées permettraient de minimiser cet impact.

La mise en place d’une filière de traitement industrielle en parallèle de celle des eaux domestiques
quand les débits journaliers sont importants est à étudier au cas par cas. Cela permettra de mieux
adapter les traitements aux effluents reçus et de pouvoir valoriser plus facilement les eaux domestiques
sans qu’elles ne soient polluées par des eaux industrielles toxiques (exemple de la STEP Grappée de
Ben Arous), en diminuant le coût énergétique du traitement. 95
Nous présentons par exemple, ci-dessous un exemple d’industrie mettant à profit 6 formes de
valorisation des eaux usées de son process :

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Exemple d’industrie ayant mis en place une revalorisation multiple de ses eaux usées
L’exemple de Carbery Milk Products, producteur de lait installé à Cork, en Irlande, illustre les différentes
valorisations qui peuvent être faites des eaux usées et de leurs composants (WWAP, 2017).

Figure 33 : Utilisation créative des eaux usées chez Carbery Milk Products, Cork, Irlande

96
L’industrie laitière produit de grandes quantités d’eaux usées issues des procédés de fabrication : pour
chaque litre de lait, elle utilise 1,5 à 3 litres d’eau. En général, les eaux issues des procédés de
fabrication ont une charge organique environ 10 fois supérieure à celle des eaux usées municipales. Le
lactosérum est un sous-produit de la fabrication du fromage qui est couramment utilisé pour nourrir du
bétail ou pour la fabrication d’autres produits. Toutefois, il y a un important excédent dont le traitement
comme eaux usées est particulièrement gourmand en énergie. Le principal ingrédient du lactosérum
est le lactose, qui peut être fermenté et transformé en éthanol dans un processus créatif de recyclage
des eaux usées. Carbery Milk Products à Cork, en Irlande, a été le premier producteur de lait au monde
à l’initier.

Le lactosérum est transmis par microfiltration et osmose inverse et le lactose arrive dans un fermenteur
où il est transformé en bière avant de passer dans un système de distillation pour donner un produit
constitué à 96 % d’éthanol destiné au marché du carburant bioéthanol. Tout le bioéthanol d’Irlande
provient de cette usine et ce pays est le seul en Europe à ne pas utiliser d’éthanol à base de canne à
sucre du Brésil.

La vapeur issue de la distillation est récupérée et utilisée pour préchauffer l’eau de la chaudière, l’eau
de chauffage pour un nettoyage sur place (CIP) et pour la pasteurisation, ainsi que pour des économies
d’énergie. Le flux de déchets issus de la fermentation est envoyé vers un digesteur anaérobie et produit
du biogaz, utilisé pour produire un chauffage supplémentaire.

Les eaux usées chaudes provenant du digesteur anaérobie passent par un échangeur de chaleur pour
préchauffer le lait cru refroidi. Ainsi, les eaux usées sont refroidies à une température convenable pour
être déversées dans la rivière locale sans affecter l’environnement.

Dans le même temps, les eaux usées ont une concentration de phosphore élevée dont 99 % doivent
être éliminés avant le rejet. Le phosphore est réutilisé sur les terres agricoles.

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La société souhaite étendre l’usine et les effluents traités de haute qualité qui en résultent sont
potentiellement appropriés à des fins de recyclage sur le site, en particulier comme eau d’alimentation,
étant donné que le volume d’eau que l’usine peut prélever de la rivière locale est limité. En outre, le
recyclage permettrait de réduire les rejets dans la rivière, particulièrement pendant les saisons de faible
débit, lorsque la capacité de dilution est plus faible. Le polissage des effluents (déjà de haute qualité)
au moyen de l’oxydation avancée fait l’objet de recherches, étant donné qu’il coûte moins cher que
l’achat d’eau potable. L’eau passerait dans l’usine d’osmose inverse, qui la déminéralise. Ce procédé a
l’avantage supplémentaire de réduire l’encrassement de la membrane de même que la contamination
croisée, étant donné qu’il n’y a aucun contact direct avec les produits alimentaires.

Cet exemple illustre les possibilités variées offertes par la valorisation des eaux de process
industrielles, en intégrant la problématique de valorisation des eaux usées au cœur de la
stratégie des industries, par des incitations normatives, financières, législatives, etc.

Un projet de valorisation des eaux de process de la laiterie Vitalait à Mahdia est aussi en cours en
Tunisie. Arès traitement, ces eaux seront réutilisées pour l’irrigation de fourrages.

AERATION
L’aération est un sous-poste prépondérant de consommation énergétique au niveau des stations
d’épuration de type Boues Activées. Le choix du type d’aération, son dimensionnement et son
exploitation sont donc un enjeu majeur dans la gestion de la consommation énergétique des STEP.

Pour les STEP existantes, il est recommandé le remplacement des turbines d’aération présentes sur
de nombreuses STEP par des systèmes d’aération à fines bulles, moins énergivores.

Des réalisations ont déjà été faites en ce sens comme pour les STEP de Charguia, Gabes et El Frina.
Le suivi de ces projets permettra d’évaluer les économies réalisées en termes de consommation
énergétique sur ces postes. Des indicateurs spécifiques, voire des appareils de mesure (compteurs
électriques globaux et divisionnaires) seraient utiles au suivi de ces consommations.
97
De plus, la fourniture d’air doit pouvoir être adaptée à la demande, en modulant la puissance d’aération
(plusieurs équipements en parallèle) ou en mettent en place des surpresseurs à vitesse variable. Ces
optimisations dépendent de l’automatisation et de la télégestion présentes sur la station, et sont
décrites dans le paragraphe ci-après.

Exemple : la mise en place de soufflantes moins énergivores, dans la STEP de Pest-South


(296 000 EH), a permis de diviser de près de deux fois la consommation d'énergie passant de
8.800 kWh/j (kilowattheure par jour) à 4.800 kWh/j (source : Veolia Eau Europe).

AUTOMATISATION ET TELEGESTION
De façon générale, l’automatisation d’une station d’épuration est préférable à la gestion en mode
manuel, pour optimiser à la fois la qualité de traitement et la consommation d’énergie, car elle permet
une adaptation continue et en temps réel des procédés de traitement aux variations des effluents à
traiter (variation de charges, de qualité, de température, etc.).

Comme vu ci-avant, concernant la consommation énergétique, l’étape d’aération dans les STEP à
Boues Activées représente un poste majeur de consommation énergétique. La possibilité d’adapter la
fourniture d’air à la demande est donc cruciale. Celle-ci peut se faire en modulant la vitesse d’aération
(plusieurs équipements en parallèle) ou à l’aide de surpresseurs à vitesse variable, sur la base de la
charge à traiter, de sondes redox ou de capteurs d’oxygène dissous, afin de régler au mieux l’aération
sur le besoin en oxygène.

Cette possibilité de régulation est particulièrement cruciale en cas de sous-charge de l’ouvrage. Cet
asservissement, permettant de ne pas trop aérer lorsque ce n’est pas nécessaire, entraine ainsi des
économies énergétiques substantielles.

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La mise en place d’une télégestion efficace, permettant le suivi et le contrôle de cette régulation et
des paramètres clés (consommation énergétique, qualité de l’effluent rejeté, DBO5 traitée etc.) est
primordiale pour l’amélioration des performances des stations. Les performances du système de
régulation dépendront aussi de l’équipement en capteurs (emplacement, robustesse, fiabilité, etc.) de
la station.

De plus, la régulation peut également faire économiser de l’énergie sur d’autres postes, tels que le
relèvement ou la recirculation, en optimisant le process et les volumes pompés à la charge reçue.
L’installation de pompes à débit variable, mais aussi de capteurs dédiés et d’un suivi automatisé de leur
fonctionnement sera un facteur d’économies d’énergie.

L'asservissement d'un maximum de fonctions doit donc être prévu dès la conception des stations, en
attachant une importance particulière aux postes les plus consommateurs (aération et agitation,
pompage, désodorisation, chauffage des bâtiments,…). La mise en place d’une régulation efficace va
de pair avec le suivi télégéré de ces actions, via des indicateurs pertinents, et la possibilité d’adapter
les processus de régulation aux évolutions observées.

Le rôle de l'exploitant sera ensuite de mettre à profit toutes les solutions d'automatisation mises à
disposition, d'entretenir et de renouveler les capteurs et d'optimiser les réglages.

RENOUVELLEMENT DES EQUIPEMENTS ET MAINTENANCE


En exploitation, chaque renouvellement d'équipement doit être l'occasion de réévaluer la
puissance à installer (à la hausse ou à la baisse) pour répondre aux besoins réels, et de choisir du
matériel plus performant en profitant des évolutions techniques et réglementaires.

De plus, la maintenance régulière des moteurs et des éléments mécaniques contribue non
seulement à réduire la fréquence des pannes et à prolonger la durée de vie des équipements, mais
aussi à ralentir la dégradation de leurs performances énergétiques.

98 Ces deux pistes devront donc être intégrées à la stratégie globale de gestion de la consommation
énergétique des stations.

5.3.3 Solutions de récupération d’énergie intégrée au traitement de l’eau


La récupération d’énergie offre un potentiel considérable en termes de réduction de la consommation
d’énergie, coûts d’exploitation et d’empreinte carbone.

LE POTENTIEL DANS LE TRAITEMENT DES BOUES


La production de biogaz à partir de l’énergie chimique contenue dans les substances organiques des
eaux usées, au moyen de la digestion anaérobie des biosolides, pour la production d’électricité et de
chaleur constitue la principale application en matière de récupération d’énergie sur place. Il est possible
de répondre à une bonne partie des besoins en énergie et en chaleur des stations de traitement des
eaux usées à l’aide de l’énergie récupérée à partir des biosolides (boues traitées convenablement pour
leur valorisation).

Du fait de l’existence de nombreuses installations, le rapport coût-efficacité de la récupération d’énergie


(biogaz) à partir des boues d’épuration est bien documenté (cf. WWAP, 2014 ; ONU-Eau, 2015a). La
digestion anaérobie des boues produit du biogaz dont une estimation du potentiel énergétique conduit
à une fourchette de 55 à 60 kWh EH60/an. Un système de cogénération pourra donc produire (sous
l’hypothèse d’un rendement global de 80 %) de l’ordre de 17 kWh EH60/an d’énergie électrique (avec
un rendement de 30 %) et de 30 kWh EH60/an d’énergie calorifique (avec un rendement de 50 %).
L’essentiel servira au chauffage/brassage du digesteur, la chaleur excédentaire produite pouvant être
utilisée pour accroitre la siccité des boues déshydratées en vue d’atteindre leur auto-combustibilité ou
pour un séchage poussé (ou valorisée sur un réseau de chaleur urbain ou en chauffage de locaux).

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Une autre pratique, visant à maximiser la production de biogaz et d’électricité consiste en la co-digestion
de biodéchets (résidus de cuisine, déchets de produits laitiers boisson, déchets agricoles, etc.). Elle doit
être étudiée au cas par cas, selon le contexte dans lequel sont implantées les STEP.

Les procédés de cogénération demandent des moyens humains importants en termes de temps,
de gestion et de technicité pour atteindre les taux de rentabilité prévisionnels. Certaines expériences
n’ont d’ailleurs pas été concluantes comme la STEP de Charguia (digesteur à l’arrêt). De nombreux
projets de ce type sont en cours en Tunisie (Gafsa, Gabès, SE4). Ces projets sont à suivre attentivement
pour qu’ils atteignent les performances énergétiques attendues.

Exemple du Japon (WWAP, 2017) :


Le Gouvernement du Japon encourage l’innovation en faveur des technologies de pointe en
matière de réutilisation des biosolides au moyen de mesures législatives, d’aides financières,
d’encouragement à l’innovation, de réductions fiscales et de la normalisation des sous-produits des
biosolides. Les financements privés sont aussi encouragés par le biais d’une mesure spéciale
d’amortissement visant à alléger la fiscalité qui pèse sur les entreprises privées qui investissent dans
l’équipement nécessaire à la réutilisation d’énergie, utilisé dans les stations de traitement des eaux
usées. Les sous-produits tels que le combustible dérivé de biosolides sont en cours de normalisation
afin de mettre en place un marché pour ces produits.

La ville d’Osaka offre un bon exemple avec 6 500 tonnes de combustible dérivé de biosolides produits
par an à partir de 43 000 tonnes de boues d’épuration humides, pour la production d’électricité et de
ciment. En guise d’aide financière en faveur des opérateurs d’assainissement qui investissent dans la
réutilisation d’énergie à partir des biosolides, une tarification préférentielle est appliquée à l’électricité
produite à l’aide de biosolides sur la base d’un prix fixe au kWh.

ENERGIE HYDRAULIQUE
Il est possible de produire de l’électricité en installant des turbines dans les flux d’eaux usées, mais ce
procédé est limité en raison du fait que la plupart des stations de traitement des eaux usées sont 99
implantées dans des endroits avec peu de dénivelé et que les réseaux d’eaux usées sont à surface
libre.

Il existe toutefois plusieurs possibilités de production hydroélectrique sur les réseaux d’eaux usées :
 Turbiner les eaux usées avant qu’elles ne soient traitées à la station d’épuration ;
 Turbiner les eaux usées traitées avant leur rejet dans un milieu naturel.
Figure 34 : Possibilité d’installations de turbinage des eaux usées (Bousquet, 2015)

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prospective - Version définitive
5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Comparé aux installations hydroélectriques classiques, le turbinage sur les eaux usées possède
certaines particularités :
 Qualité des eaux : la présence de matières grossières dans les eaux brutes non traitées, qui risquent
d’obstruer la conduite et la turbine, rend obligatoire la présence d’un tamiseur/dégrilleur et d’un
bassin en amont de la conduite forcée. De plus, la concentration élevée en matières en suspension
peut endommager la turbine et engendre donc une maintenance et un remplacement plus fréquents
de la turbine. Ce problème ne se pose pas pour le turbinage des eaux traitées, en sortie de station
de traitement (hors effluents by-passés) ;
 Mise en charge du réseau : les réseaux d’eaux usées étant à surface libre, une nouvelle conduite
forcée devra être construite pour le transport des eaux entre la prise d’eau et la turbine.

Ces contraintes impliquent que seuls les sites possédant une topographie accidentée (montagneuse),
avec notamment des différentiels d’altitude significatifs entre les stations et leurs milieux de rejet,
disposeront d’un potentiel intéressant pour l’exploitation de l’énergie hydraulique des eaux usées
traitées.

Une étude géographique et hydraulique pourrait être menée sur les stations tunisiennes, afin de
déterminer le potentiel énergétique global et la rentabilité économique des sites potentiels.

Exemple : La station de traitement de As-Samra, en Jordanie est connue pour tirer parti de son dénivelé
par rapport à la ville, mais aussi entre ses propres points d’entrée et de sortie, au moyen de deux
turbines installées en amont et en aval de la station. Environ 80 à 95 % des besoins en énergie de la
station sont satisfaits à l’aide de ces deux turbines (1,7 et 2,5 MW, respectivement) et du biogaz produit
à partir des boues (9,5 MW) (Drechsel, Qadir, & Wichelms, 2015).

100

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Version définitive
5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

5.3.4 Est-il possible d’utiliser de l’énergie solaire pour le petit cycle de l’eau ? Et
plus spécifiquement pour la REUT ?
ORDRES DE GRANDEUR CONCERNANT L’ENERGIE A PRODUIRE POUR LE PTIT CYCLE DE
L’EAU EN TUNISIE ET LA SUPERFICIE D’INSTALLATION PHOTOVOLTAÏQUE NECESSAIRE A
CETTE PRODUCTION
La puissance associée à une installation photovoltaïque du type grande surface installée au sol est de
l’ordre de 800 kWcrête/ha (source : études BRLi en cours sur des projets photovoltaïques). NB : On
parle ici de surface globale incluant les panneaux et les à-côtés. Cette puissance peut varier d’une
installation à l’autre et est susceptible d’augmenter significativement dans les années à venir en lien
avec les progrès technologiques attendus.

Nous avons simulé la production moyenne annuelle en énergie associée à cette puissance dans
l’hypothèse où l’installation se situait en Tunisie (Sousse dans notre exemple). Il ressort de cette
approche une production annuelle de l’ordre de 1 300 000 kWh/ha/an (source : outil de calcul
(Commission Européenne, 2019) de simuler la production associée à installations photovoltaïques en
fonction de leur localisation).

Dans le tableau ci-après, on présente les résultats suivants en ordre de grandeur :


 le volume d’eau pouvant être traité à partir de la production électrique d’un hectare d’installation
photovoltaïque ;
 la surface en installation photovoltaïque nécessaire pour produire l’énergie associée au petit cycle
de l’eau dans diverses hypothèses de consommation énergétique par m3, pour un projet impliquant
1 million de m3 d’eau ;
 la surface de terrain nécessaire pour produire l'énergie en vue de traiter toutes les eaux de la Tunisie
(300 Mm3 en 2020 ; possiblement 650 Mm3 en 2050). 101
Le tableau considère plusieurs hypothèses de consommations énergétiques s’étendant de 0.1 à
2.5 kWh/m3. On pourra se déplacer sur cette échelle selon la part du petit cycle de l’eau que l’on
considère.

Voilà plusieurs exemples de lecture du tableau :


 comme vu précédemment, l’énergie associée au traitement actuel des EUT en Tunisie est de l’ordre
de 0.25 kWh/m3. Le tableau montre que pour générer l’énergie associée pour le traitement de
toutes les EUT actuelles de la Tunisie au niveau secondaire (en gros, l’énergie consommée
actuellement par l’ONAS) il faudrait une surface d’installation de l’ordre de 60 ha (le tableau
indique 58 ha).
Pour information, le plus gros projet photovoltaïque en cours en Tunisie est celui de Tozeur
(tranche 1 et 2) pour une superficie totale de 40 ha.
 si on s’intéresse au seul traitement de niveau tertiaire pour de la REUT on a vu que la consommation
d’énergie électrique nécessaire était comprise entre 0.05 kWh/m3 (filtre à sable) et 0.5 kWh/m3
(ultrafiltration + UV) selon les usages et les scénarios de traitement envisagés, voire de l’ordre de 3
kWh/m3 quand il s’agit de produire une eau traitée susceptible d’être ensuite utilisée pour produire
de l’AEP.
Le tableau montre que pour un projet de traitement de 10 Mm3 d’EUT il faut, selon le
traitement considéré, entre 0.4 ha (filtre à sable) et 3.8 ha (ultrafiltration + UV) d’installation
photovoltaïque pour produire l’énergie nécessaire au traitement tertiaire.
 trois des lignes du tableau correspondent à la part REUT des trois cas envisagés dans le sous-
chapitre 5.3.1 (pour rappel la consommation en énergie des trois cas de REUT envisagées plus
haut se situe entre 0.34 et 0.88 kWh/m3 pour les seuls aspects liés à la REUT et entre 1.4 et
2 kWh/m3 pour le total des aspects liés au petit cycle de l’eau).

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Figure 35 : Quelle surface d’installation photovoltaïque pour un projet de REUT ?


Surface d'installation 
Volume d'eau (m3) pour  Surface d'installation 
photovoltaïque (ha) 
lequel l'énergie nécessaire  photovoltaïque (ha) 
Energie considérée  necessaire pour produire 
à son petit cycle peut être  necessaire pour 
pour le petit cycle  l'énergie en vue de traiter 
produite par un ha de  produire l'énergie en 
de l'eau (kWh/m3) toutes les eaux de la 
terrain équipé en  vue d'un projet de REUT 
Tunisie (300 Mm3 en 2020 ; 
panneaux photovoltaïque de 10 million de m3
650 Mm3 en 2050)
2020 2050
0,05                               26 000 000                                        0,4                     12                25 
0,10                               13 000 000                                        0,8                     23                50 
0,25                                 5 200 000                                        1,9                     58              125 
0,34                                 3 823 529                                        2,6                     78              170 
0,50                                 2 600 000                                        3,8                   115              250 
0,67                                 1 940 299                                        5,2                   155              335 
0,75                                 1 733 333                                        5,8                   173              375 
0,88                                 1 477 273                                        6,8                   203              440 
1,00                                 1 300 000                                        7,7                   231              500 
1,50                                    866 667                                      11,5                   346              750 
2,00                                    650 000                                      15,4                   462           1 000 
2,50                                    520 000                                      19,2                   577           1 250 
3,00                                    433 333                                      23,1                   692           1 500 
3,50                                    371 429                                      26,9                   808           1 750 
4,00                                    325 000                                      30,8                   923           2 000 

102

ET EN PRATIQUE ?
Des panneaux photovoltaïques peuvent être installés sur des bâtiments ou des terrains de STEP. Les
sites des STEP présentent en effet plusieurs avantages pour l’implantation de ces systèmes :
 Sites dont le foncier est maîtrisé (sites publics), avec souvent peu de contraintes d’espaces
(sauf STEP implantées en zones urbaines denses) ;
 Ces sites sont surveillés, du fait de l’existence d’ouvrages et de matériel ;
 Les contraintes d’insertion paysagère sont généralement limitées ;
 La présence de personnel sur place en permanence ou ponctuellement.

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LES USAGES

Toutefois il reste difficile d’envisager une utilisation directe, en local, de l’énergie ainsi produite,
considérant les contraintes associées à la production solaire, en particulier sa discontinuité. La
production n’est en effet pas continue (variabilité de l’ensoleillement et cycle jour/nuit) et ne suit pas
nécessairement la demande en électricité de la station, nécessitant la mise en place de batteries et
d’accumulateurs couteux et encombrants et pas forcément au point à ce jour selon les quantités
d’énergie dont il est question ici.

A ce stade, il semble donc difficile d’imaginer des installations de production d’énergie solaire
en branchement direct et unique sur des projets de REUT ou plus généralement
d’assainissement. L’idée serait plus de « compenser » la production d’énergie par une
production d’énergie renouvelable connectée au réseau national.

Les spécificités de chaque site devront être étudiées pour évaluer l’opportunité et le potentiel de
production de ce type d’équipements, en complément d’autres solutions proposées dans ce rapport. La
station d’épuration SE3, où des panneaux solaires ont été mis en place, pourra servir de projet pilote
afin de quantifier les gains énergétiques et économiques générés par cette installation.

5.4 EN PRATIQUE, QUELS SCENARIOS DE TRAITEMENT A COURT MOYEN/TERME POUR


LA REUT EN TUNISIE ?

5.4.1 Les ambitions de l’ONAS


Les orientations stratégiques de l’ONAS sont déclinées en 3 axes (ONAS, 2020) :
 Axe n°1 : Généralisation des services d’assainissement et renforcement des capacités de
traitement des eaux usées ;
 Axe n°2 : Amélioration de la qualité des eaux usées traitées et la promotion de leur 103
réutilisation dans les différents domaines de développement ;
 Axe n°3 : S’orienter davantage vers les nouvelles technologies d’assainissement.

L’axe n°2 est clairement orienté vers la promotion de la REUT qui passe par :
 la mise à niveau des stations d’épuration devenues vétustes et ayant atteint le seuil de saturation
compte tenu de la croissance urbaine et économique du pays ;
 L’équipement de ces stations d'épuration par des unités de traitement complémentaire (rabattement
des matières en suspension et traitement bactériologique) ;
 La séparation des eaux usées industrielles des eaux usées domestiques au-delà d’un taux de 20%
;
 L’amélioration de la gestion des eaux industrielles à travers la mise œuvre d’un programme
d'assainissement de 9 zones industrielles existantes (sites à forte concentration en rejets industriels
polluants) afin de préserver les infrastructures d’assainissement destinées aux eaux usées
domestiques ainsi que pour préserver la qualité des eaux épurées destinées à la valorisation ;
 La poursuite de la mise en place d’un programme d’amélioration des filières de traitement des boues
et de leur gestion durable ;
 L'utilisation des technologies modernes de l'information et de la communication pour un suivi et un
contrôle continu de la qualité des eaux usées et épurées.

Cet axe est notamment développé dans les schémas directeurs d’assainissement qui prévoient dans
leur programme des filières de traitement complémentaire pour développer la REUT. Cependant, les
filières de traitement complémentaires, proposées par l’ONAS dans le cadre des Schémas Directeurs
d’Assainissement sont basées :
 sur un seul type de procédé :
- Filtration par tambour filtrant 10 µm,

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LES USAGES

- Désinfection par UV,


 sur une capacité du traitement tertiaire basée sur le débit moyen de la station et non la capacité
nominale de la STEP.

La réflexion sur la technologie est uniforme quel que soit l’usage et l’approche des besoins en traitement
complémentaire n’est pas intégrée puisque les exigences de qualité et de quantité, liées à l’usage ne
sont pas prises en compte.

Cette dernière remarque est cependant à nuancer, actuellement. En effet, l’ONAS avec l’aide de
bailleurs internationaux (AFD, KFW) développe de nouveaux projets mettant la REUT au cœur de la
réflexion concernant la réorganisation du système des rejets des eaux usées traitées en vue d’une
meilleure gestion des points de rejet et de la valorisation des eaux usées épurées. Cette démarche est
en totale cohérence avec le développement de la REUT en Tunisie sur des bases solides.

5.4.2 Quels scénarios de traitement complémentaire pour quels usages ?


A partir des éléments développés ci-avant, nous proposons une liste d’usage potentiels pour les EUT
en Tunisie, et, en regard de cette liste, les scénarios de traitement permettant d’atteindre le niveau
de qualité requis pour chacun de ces usages.

L’enjeu principal commun est la protection de l’usager et/ou du consommateur, notamment vis-à-vis du
risque biologique. Les autres enjeux importants sont la distance entre le point de production des EUT
et le point d’usage, ainsi que la prévention du colmatage des canalisations.

Cependant, certains enjeux sont parfois contradictoires, comme ceux liés à la présence de nutriments
(souhaitable pour les usages agricoles, à éviter pour les usages environnementaux) ou à la présence
de chlore résiduel (souhaitable pour les usages urbains, à éviter pour les usages environnementaux).
L’ensemble de ces paramètres détermine la filière de traitement à mettre en œuvre (Cf. Tableau ci-
dessous). Il est donc important de bien identifier les risques pour déterminer les traitements les plus
104 adaptés.

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LES USAGES

Tableau 27 : Résumé des enjeux liés à chaque usage et exemples de filières de traitement tertiaire associées
Usages Enjeux Exemples de filiaires de traitement complémentaire
Pâturage/parcours Filtration sur sable + désinfection
Lagunage poussé et désinfection
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres)
Filtration sur sable + désinfection
Protection des consommateurs et des travailleurs
Pépinières et arbustes et autres cultures Lagunage poussé et désinfection
Récupération des nutriments
florales Filtration sur sable + désinfection
Composition chimique des EUT (impact de la salinité et du
Filtration sur sable + désinfection
Agriculture Céréales chlore résiduel)
Selon les cas, filtration membranaire +désinfection
Colmatage des systèmes d'irrigation (notamment goutte à
Filtration sur sable + désinfection
Fourrages goutte)
Selon les cas, filtration membranaire +désinfection
Cultures industrielles (tabac …) gravitaire Filtration membranaire +désinfection
Plantes médicinales Filtration membranaire +désinfection
Maraîchage - aspersion Filtration membranaire +désinfection
Maîtrise technique pour séparation des réseaux: double réseau
sans connexion avec le réseau d'eau potable Lagunage poussé et désinfection
Blocs sanitaires
Colmatage des canalisations Filtration sur sable + désinfection
Protection des usagers
Tourisme
Golfs (aspersion) Protection des clients et des travailleurs Filtration sur sable + désinfection
Récupération des nutriments
Filtration sur sable + désinfection
Espaces verts hôteliers - goutte-à-goutte Composition chimique des EUT (impact de la salinité et du
Selon les cas, filtration membranaire +désinfection
chlore résiduel)
Lagunage poussé et désinfection
Hydrocurage des réseaux d'assainissement Protection des travailleurs
Filtration sur sable + désinfection
Lagunage poussé et désinfection
Lavage des rues/véhicules Protection des travailleurs
Filtration sur sable + désinfection
Espaces verts d'ornement (aéroport, Protection des clients et des travailleurs Lagunage poussé et désinfection
alignement d'arbres, ronds points…) Récupération des nutriments Filtration sur sable + désinfection
Urbain
Espaces verts recevant du public (parcs Composition chimique des EUT (impact de la salinité et du Filtration sur sable + désinfection
urbains, stades…) chlore résiduel) Selon les cas, filtration membranaire +désinfection
Lagunage poussé et désinfection
Nettoyage de carrières Protection des travailleurs
Filtration sur sable + désinfection
Dilution des saumures provenant du Qualité d'eau adapté au milieu récepteur (peu de nutriments,
Pas de traitement supplémentaire nécessaire
dessalement teneur suffisante en oxygène dissous)
Filtration membranaire +désinfection
Eaux de process hors IAA (Textiles…) Distance avec le point d'usage Dans certain cas, eau ultra ure ajout d'une étape
Industriel
Eau de refroidissement
Protection des travailleurs
Qualité d'eau adaptée au process industriel
d'Osmose Inverse
Filtration sur sable + désinfection 105
Selon les cas, filtration membranaire +désinfection
Qualité d'eau adapté au milieu récepteur (peu de nutriments, Filtration sur sable + désinfection et affinage par
Alimentation zone humide
teneur suffisante en oxygène dissous) percolation dans le sol (SAT)
Environneme Revégétalisation espace forestier fermé au Lagunage poussé et désinfection
Récupération des nutriments
ntal public Filtration sur sable + désinfection
Colmatage des systèmes d'irrigation (notamment goutte à
Lagunage poussé et désinfection
Pépinières (lutte contre la désertification) goutte)
Filtration sur sable + désinfection
Traitement avancé: double filtratiobn (UF - OI),
AEP Production d'eau destinéee à l'AEP Eau de qualité adaptée à la consommation humaine procédés d'oxydation avancée, désinfection, mélange
avec une autre ressource
Lagunage poussé et désinfection
Recharge de nappe sans prélèvement
Filtration sur sable + désinfection
Qualité d'eau adapté au milieu récepteur (peu de nutriments,
Lagunage poussé et désinfection
Recharge de nappe pour barrière anti-sel teneur suffisante en oxygène dissous)
Filtration sur sable + désinfection
Recharge de Protection des consommateurs et des travailleurs
Recharge de nappe avec prélèvements Lagunage poussé et désinfection
nappe
agricoles mais sans prélèvements AEP Filtration sur sable + désinfection
Traitement avancé: double filtration (UF - OI), procédés
Eau de qualité permettant d'être traitée pour une consommation
Recharge de nappe avec utilisation AEP d'oxydation avancée, désinfection, mélange avec une
humaine
autre ressource
Traitement avancé: double filtration (UF - OI), procédés
Eau de qualité permettant d'être traitée pour une consommation
Rejet dans un barrage avec utilisation AEP d'oxydation avancée, désinfection, mélange avec une
humaine
autre ressource
Lagunage poussé et désinfection
Autre usages Rejet dans un barrage sans utilisation AEP
Filtration sur sable + désinfection
indirects
Rejet dans un oued puis pompage pour Qualité d'eau adapté au milieu récepteur (peu de nutriments, Lagunage poussé et désinfection
l'agriculture teneur suffisante en oxygène dissous) Filtration sur sable + désinfection
Mélange avec eaux conventionnelles hors Lagunage poussé et désinfection
AEP Filtration sur sable + désinfection

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LES USAGES

Sur cette base et sur la sélection des usages possibles en Tunisie, nous avons établi une matrice de
scénarios de traitement à mettre en œuvre en fonction des usages potentiels, matrice présentée
ci-après : cf Tableau 28 : Matrice Usages potentiels x Scénarios de traitement III.

Cette matrice croise, en ligne, 50 usages possibles des EUT (usages classés en 8 grandes catégories :
Agriculture/Tourisme/Urbain/Industriel/Environnemental/Eau potable/Recharge de nappe/Usages
indirects) avec, en colonne, les 19 scénarios de traitement tertiaire développés ci-avant.

La matrice précise les scénarios à utiliser, selon 4 recommandations traduites en 4 couleurs : rouge -
scénario interdit, marron – scénario conduisant à un niveau de qualité trop élevé par rapport à l’usage
considéré, jaune - scénario de traitement envisageable à condition de mettre en place des mesures
barrières, vert – scénario à privilégier.

Le codage de chacun des scénarios de traitement est composé :


 d’une première lettre majuscule : L ou B, qui indique la technologie de traitement secondaire
(L pour Lagunage et B pour Boues activées), (*1)
 suivie d’une seconde lettre majuscule qui indique le niveau de qualité, niveau pouvant aller
de A (Très haute qualité) à E (eaux usées ayant suivi un simplement traitement extensif) (*),
 suivie enfin d’un chiffre qui permet de distinguer différents scénarios technologiques pour un
même niveau de qualité atteint. Par exemple, après un traitement secondaire par boues
activées, nous proposons trois scénarios permettant d’atteindre le niveau de qualité A : les
scénarios B-A1, B-A2 et B-A3.
(*1) : le scénario codé « OI » renvoie à un scénario particulier permettant le traitement des eaux usées
pour un usage AEP. Il signifie « Osmose Inverse ».
(*2) La justification et le détail des 5 classes de qualité A, B, C, D et E sont explicités au chapitre 7 qui
expose nos propositions en termes de réglementation.

106

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Tableau 28 : Matrice Usages potentiels x Scénarios de traitement III


INTERDIT
Réacteur à 
Traitement II Boues activées Lagunage
DECONSEILLE (ni vea u de tra i tement trop él evé pa r ra pport à  l 'us a ge) membrane

Osmose inverse + UV
Filtration sur Sable + 

Filtration sur Sable + 
Filtration sur Sable + 

Filtration sur Sable + 

Filtration sur Sable + 

Filtration sur Sable + 
Acide performique/ 

Acide performique/ 
Lagune de finition + 
POSSIBLE AVEC BARRIERE

Microfiltration + UV

Microfiltration + UV
Ultrafiltration + UV
Tambour Filtrant 

Tambour Filtrant 
Microfiltration

Microfiltration
Ultrafiltration

Ultrafiltration
10µm +UV

10µm +UV
Filtre à sable
peracétique

peracétique
Chloration

Chloration
Filtre sable
A PRIVILEGIER

UV

UV
Nom du scénario de traitement

Code du Scénario de traitement III B‐E1 B‐C3 B‐C2 B‐C1 B‐B3 B‐B2 B‐B1 B‐A3 B‐A2 B‐A1 L‐E1 L‐C4 L‐C3 L‐C2 L‐C1 L‐B2 L‐B1 L‐A2 L‐A1 OI‐A1

Usage Sous usage
Pâturage/parcours
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres) ‐ gravitaire
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres) ‐ goutte‐à‐goutte
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres) ‐ aspersion
Pépinières et arbustes et autres cultures florales ‐ gravitaire
Pépinières et arbustes et autres cultures florales ‐ goutte‐à‐goutte
Pépinières et arbustes et autres cultures florales ‐ aspersion
Céréales ‐ gravitaire
Céréales ‐ aspersion
Fourrages ‐ gravitaire
Agriculture
Fourrages ‐ aspersion
Cultures industrielles  (tabac …) ‐ gravitaire
Cultures industrielles  (tabac …) ‐ goutte‐à‐goutte
Cultures industrielles  (tabac …) ‐ aspersion
plantes médicinales ‐ gravitaire
plantes médicinales ‐ goutte‐à‐goutte
plantes médicinales ‐ aspersion
Maraîchage ‐ gravitaire
Maraîchage ‐ goutte‐à‐goutte 107
Maraîchage ‐ aspersion
Blocs sanitaires
Golfs (aspersion)
Tourisme
Espaces verts hôteliers ‐ goutte‐à‐goutte
Espaces verts hôteliers ‐ aspersion
Hydrocurage des réseaux d'assainissement
Lavage des rues/véhicules
Blocs sanitaires bâtiments publics
Urbain Espaces verts d'ornement (aéroport, alignement d'arbres, ronds points…) ‐ goutte‐à‐goutte
Espaces verts d'ornement (aéroport, alignement d'arbres, ronds points…) ‐ aspersion
Espaces verts recevant du public (parcs urbains, stades…) ‐ goutte‐à‐goutte
Espaces verts recevant du public (parcs urbains, stades…) ‐ aspersion
Nettoyage de carrières
Dilution des saumures provenant du dessalement
Industriel Eaux de process hors IAA (Textiles…)
Eaux de process hors IAA (Phosphates …)
Eau de refroidissement
Alimentation zone humide
Revégétalisation espace forestier fermé au public ‐ goutte‐à‐goutte
Environnemental Revégétalisation espace forestier ouvert au public ‐ aspersion
Pépinières (lutte contre la désertification) ‐ goutte‐à‐goutte
Pépinières (lutte contre la désertification) ‐ aspersion
AEP AEP
Recharge de nappe sans prélèvement
Recharge de nappe pour barrière anti‐sel
Recharge de nappe
Recharge de nappe avec prélèvements agricoles mais sans prélèvements AEP
Recharge de nappe avec utilisation AEP
Rejet dans un barrage avec utilisation AEP
Autre usages  Rejet dans un barrage sans utilisation AEP
indirects Rejet dans un oued puis pompage pour l'agriculture
Mélange avec eaux conventionnelles hors AEP

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LES USAGES

5.4.3 Quels coûts d’investissement et d’exploitation pour atteindre les


performances de traitement en Tunisie ?
Le choix du scénario de traitement complémentaire est donc à rapprocher de l’usage, cependant, il est
évident qu’il faut que le modèle économique qui en découle soit viable. La question de qui paie ce
traitement complémentaire se pose donc et peut influencer le choix du traitement. En effet, les coûts
d’investissement liés au traitement à mettre en œuvre sont souvent à la charge du producteur des eaux
usées (collectivité), et une redevance est payée par l’usager des EUT. Pour l’usage agricole, il s’agit
souvent d’une décision politique de maintien de l’activité, et le coût du traitement n’est pas supporté par
l’agriculteur, ou faiblement. La question du « qui paye quoi ? » se pose au final spécifiquement pour
chaque projet, que ce soit pour l’investissement ou le fonctionnement des installations. Le cas de la
réutilisation en eau potable est particulier, dans le sens où l’utilisateur final est aussi le producteur. Ces
aspects sont abordés plus en détail dans le chapitre 8 consacré aux aspects économiques.

Dans le présent chapitre, nous avons développé les possibilités de traitement en fonction de l’usage et
avons estimé le coût additionnel global (en DNT/m3) associé aux différentes technologies de traitement
tertiaire considérées. Ce coût intègre, sur 30 ans, les investissements à réaliser sur le traitement tertiaire
ainsi que les coûts d’exploitation associés, coûts dans lesquels nous avons isolé les aspects énergie.
Les hypothèses retenues sont les suivantes :

 Investissement initial l’année 1.


 Renouvellement : Le tableau ci-dessous détaille, selon les scénarios de traitement, la
constitution du prix d’investissement initial et le nombre de fois où le matériel est renouvelé
sur la période de 30 ans (une fois, au bout de 20 ans, pour le génie civil, 5 à 7 fois pour
l’équipement selon le type de filtration).

108 Tableau 29 : Base des hypothèses concernant le couût de renouvellement


Constitution du prix  Taux de renouvellement 
Type de  d'investissement sur 30 ans 
Procédé tertiaire
traitement
Génie Civil Equipements Génie Civil Equipements
B‐C3 Filtre sable 80% 20%           1,00               5,00 
B‐B3 Filtration sur Sable + Chloration 80% 20%           1,00               5,00 
B‐B2 Filtration sur Sable + Acide performique/ peracétique 80% 20%           1,00               5,00 
B‐B1 Tambour Filtrant 10µm +UV 20% 80%           1,00               6,00 
B‐A3 Filtration sur Sable + UV 20% 80%           1,00               6,00 
B‐C2 Microfiltration 20% 80%           1,00               7,00 
B‐A2 Microfiltration + UV 20% 80%           1,00               7,00 
B‐C1 Ultrafiltration 20% 80%           1,00               7,00 
B‐A1 Ultrafiltration + UV 20% 80%           1,00               7,00 
L‐E1 80% 20%           1,00               5,00 
L‐C4 Lagune de finition + Filtre à sable 80% 20%           1,00               5,00 
L‐C3 Filtration sur Sable + Chloration 80% 20%           1,00               5,00 
L‐C2 Filtration sur Sable + Acide performique/ peracétique 80% 20%           1,00               5,00 
L‐B2 Tambour Filtrant 10µm +UV 20% 80%           1,00               6,00 
L‐A2 Filtration sur Sable + UV 20% 80%           1,00               6,00 
L‐C1 Microfiltration 20% 80%           1,00               7,00 
L‐A1 Microfiltration + UV 20% 80%           1,00               7,00 
L‐B1 Ultrafiltration
20% 80%           1,00               7,00 
OI‐A1 Osmose inverse + UV 20% 80%           1,00               7,00 
 Calcul d’un coût annuel d’exploitation intégrant frais de personnel, de consommables ... et
d’énergie.
 Les coûts totaux sont additionnés sur 30 ans et divisés par le volume traité sur la durée de
30 ans considérée.

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Version définitive
5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Les coûts sont issus de notre expérience en conception de STEP, de la bibliographie et d’éléments
recueillis auprès de fabricants. Nous avons distingué, pour ces coûts, trois tranches de capacité des
stations.

Pour chacun des scénarios, nous indiquons également un avis sur l’applicabilité du scénario
technologique au contexte tunisien, en référence aux différents horizons prospectifs de l’étude.

109

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prospective - Version définitive
5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC LES USAGES

Tableau 30 : Tableau des scénarios de traitement – nutriments, énergie, coûts et appréciation de l’applicabilité

Coût global  (investissement et exploitaiton)

< 10 000 eq.hab entre 10 000 et 80 000 eq.hab > 80 000 eq.hab


Scénario de traitement permettant d'atteindre ce niveau de  Contient  Applicabilité 
Abattement de  dont coût exploitation dont coût exploitation dont coût exploitation
qualité des  dont coût  dont coût  dont coût  au contexte 
Niveau  désinfection à  coût  énergie  coût  énergie  coût  énergie 
éléments  inv et  Autres  inv et  Autres  inv et  Autres  tunisien
de  atteindre par  global   Coût  Coût  part  en  global   Coût  Coût  part  en  global   Coût  Coût  part  en 
nutriments  renouv.  coûts  renouv.  coûts  renouv.  coûts 
qualité Code II III traitement  DNT/m3 kWh/m3 DNT/m3 kWh/m3 DNT/m3 kWh/m3
après  (DNT/m3) d'exploit° énergie  exploita°  énergie  (DNT/m3) d'exploit° énergie  exploita°  énergie  (DNT/m3) d'exploit° énergie  exploita°  énergie 
tertiaire pour UV DNT/m3 DNT/m3 % DNT/m3 DNT/m3 % DNT/m3 DNT/m3 %
traitement DNT/m3 DNT/m3 DNT/m3

C B‐C3 Boues activées Filtre sable oui 0,17 0,11 0,06 0,01 0,05 20% 0,05 0,13 0,09 0,05 0,01 0,04 20% 0,04 0,10 0,07 0,04 0,01 0,03 20% 0,03 2020‐2025

B B‐B3 Boues activées Filtration sur Sable + Chloration oui 0,19 0,12 0,07 0,01 0,05 19% 0,06 0,15 0,10 0,05 0,01 0,04 20% 0,05 0,11 0,07 0,04 0,01 0,03 21% 0,04 à proscrire

Filtration sur Sable + Acide 
B B‐B2 Boues activées
performique/ peracétique
oui 0,20 0,13 0,07 0,01 0,06 18% 0,06 0,17 0,11 0,06 0,01 0,05 18% 0,05 0,14 0,09 0,05 0,01 0,04 17% 0,04 à tester

B B‐B1 Boues activées Tambour Filtrant 10µm +UV oui 0,30 0,23 0,07 0,03 0,04 41% 0,12 0,25 0,19 0,06 0,02 0,03 41% 0,10 0,20 0,16 0,05 0,02 0,03 40% 0,08 2020

A ‐ B‐A3 Boues activées Filtration sur Sable + UV oui 0,40 0,30 0,09 0,03 0,06 33% 0,13 0,33 0,25 0,08 0,03 0,05 34% 0,11 0,27 0,21 0,06 0,02 0,04 34% 0,09 2020‐2025

C+ B‐C2 Boues activées Microfiltration peu 0,57 0,44 0,14 0,06 0,08 44% 0,25 0,48 0,37 0,11 0,05 0,06 47% 0,23 0,40 0,30 0,09 0,05 0,04 53% 0,21 2040
3 l og pour E.Col i
A ‐ B‐A2 Boues activées Microfiltration + UV 2 l og pour vi rus
peu 0,66 0,50 0,16 0,08 0,08 50% 0,33 0,56 0,43 0,13 0,07 0,06 53% 0,30 0,46 0,35 0,11 0,06 0,05 58% 0,27 2040
3 l og pour E.Col i
C+ B‐C1 Boues activées Ultrafiltration 2 l og pour vi rus
non 0,69 0,53 0,16 0,09 0,07 57% 0,40 0,61 0,46 0,14 0,09 0,05 63% 0,38 0,54 0,41 0,13 0,08 0,04 66% 0,36 2040

A+ B‐A1 Boues activées Ultrafiltration + UV 2 l og pour E.Col i non 0,78 0,60 0,18 0,11 0,07 61% 0,48 0,69 0,53 0,16 0,11 0,06 65% 0,45 0,63 0,48 0,15 0,10 0,05 67% 0,42 2040

E L‐E1 Lagunage oui 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0% 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0% 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0% 0,00 2020

B L‐C4 Lagunage Lagune de finition + Filtre à sable oui 0,19 0,12 0,06 0,01 0,05 18% 0,05 0,15 0,10 0,05 0,01 0,04 17% 0,04 0,12 0,08 0,04 0,01 0,04 17% 0,03 2020‐2025

110 B L‐C3 Lagunage Filtration sur Sable + Chloration oui 0,19 0,12 0,06 0,01 0,05 20% 0,06 0,15 0,10 0,05 0,01 0,04 20% 0,05 0,11 0,07 0,04 0,01 0,03 22% 0,04 à proscrire
Filtration sur Sable + Acide 
B L‐C2 Lagunage
performique/ peracétique
oui 0,20 0,13 0,07 0,01 0,06 19% 0,06 0,16 0,11 0,06 0,01 0,05 18% 0,05 0,13 0,09 0,05 0,01 0,04 18% 0,04 à tester

B L‐B2 Lagunage Tambour Filtrant 10µm +UV oui 0,29 0,22 0,07 0,03 0,04 42% 0,12 0,24 0,19 0,06 0,02 0,03 42% 0,10 0,19 0,15 0,04 0,02 0,03 42% 0,08 2020

A ‐ L‐A2 Lagunage Filtration sur Sable + UV oui 0,38 0,29 0,09 0,03 0,06 35% 0,13 0,31 0,24 0,07 0,03 0,05 36% 0,11 0,25 0,19 0,06 0,02 0,04 37% 0,09 2020‐2025

C+ L‐C1 Lagunage Microfiltration peu 0,57 0,44 0,14 0,06 0,08 44% 0,25 0,48 0,37 0,11 0,05 0,06 47% 0,23 0,40 0,30 0,09 0,05 0,04 53% 0,21 2040

A  L‐A1 Lagunage Microfiltration + UV 1 l og pour vi rus peu 0,64 0,49 0,15 0,08 0,07 51% 0,33 0,54 0,41 0,13 0,07 0,06 55% 0,30 0,44 0,34 0,10 0,06 0,04 61% 0,27 2040

B L‐B1 Lagunage Ultrafiltration 1 l og pour vi rus non 0,69 0,53 0,16 0,09 0,07 57% 0,40 0,61 0,46 0,14 0,09 0,05 63% 0,38 0,54 0,41 0,13 0,08 0,04 66% 0,36 2040

Réacteur à 
A ++ OI‐A1
Membrane
Osmose inverse + UV non 2,10 1,26 0,83 0,71 0,13 84% 3,00 1,82 1,09 0,72 0,60 0,12 83% 2,55 1,54 0,93 0,61 0,49 0,12 81% 2,10 2050

NB : dans la colonne « applicabilité au contexte tunisien » : « 2020 » signifie que ce traitement est déjà existant ; « 2020-2025 » signifie que ce traitement pourrait être mis en place dans les 5 ans à venir.

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC LES USAGES

Figure 36 : Coût global du traitement tertiaire pour différents scénarios technologiques (cas où on se situe à l’aval d’un traitement secondaire par boues activées)

111

NB : comme explicité plus haut, seul le coût du traitement III est ici pris en compte

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Figure 37 : Coût global du traitement tertiaire pour différents scénarios technologiques (cas où on se situe à l’aval d’un traitement secondaire par lagunage)

112

NB : comme explicité plus haut, seul le coût du traitement III est ici pris en compte

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC LES USAGES

Figure 38 : Décomposition du coût global du traitement tertiaire pour différents scénarios technologiques (Distinction des postes investissement+renouvellement / Energie / Autres frais de fonctionnement) –
Cas des STEP de taille comprise entre 10 000 et 80 000 eq.hab

113

NB : comme explicité plus haut, seul le coût du traitement III est ici pris en compte

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

5.4.4 Recommandations
Il est au final très clairement recommandé de ne pas retenir un seul traitement tertiaire pour
toutes les stations du pays mais bien d’adapter les choix aux différents usages et aux politiques
de mesures barrières mises éventuellement en œuvre. A ce stade, les schémas directeurs
d’assainissement de l’ONAS prévoient bien des filières de traitement complémentaire pour développer
la REUT, mais elles sont basées sur un seul type de procédé (filtration par tambour filtrant 10 µm et
désinfection par UV) et par ailleurs dimensionnées sur le débit moyen de la station et non la capacité
nominale de la STEP. Ces schémas seront donc à revoir pour dépasser une mise en œuvre uniforme
de traitement tertiaire et réaliser une approche véritablement adaptée à chaque contexte, une fois bien
établis les scénarios de REUT à développer à l’aval des STEP considérées.

Parmi l’ensemble de la gamme des options technologiques exposée dans le présent chapitre, les
scénarios de traitement complémentaires que nous recommandons pour les principaux usages de la
REUT sont les suivants :

Pour des usages agricoles restrictifs (sans maraîchage) et de l’irrigation d’espaces verts ouverts au
public : la mise en place d’un filtre à sable et d’une désinfection UV apparait comme le traitement le
plus approprié pour des usages sans risques. Le choix du tambour filtrant pour la filtration est aussi
envisageable. En effet, c’est le choix fait dans la stratégie de l’ONAS et les coûts sont plus faibles que
pour le filtre à sable (0,25 DT/m3 contre 0,33 DT/m3, pour une STEP de taille moyenne). Cependant, ce
type d’équipement demande une plus grande maintenance et des compétences pour gérer
l’électromécanique.

Pour l’irrigation du maraichage : le traitement le plus recommandé pour une réutilisation sécurisée est
l’ultrafiltration avec une désinfection UV. Une microfiltration + UV est aussi envisageable et sera
moins onéreuse (0,56 DT/m3 contre 0,69 DT/m3 pour de l’ultrafiltration), mais nécessitera plus de
mesures barrières afin de garantir la qualité des produits maraîchers.
114
Pour la recharge de nappe avec prélèvements pour l’agriculture : le traitement complémentaire à ajouter
sera à étudier au cas par cas en fonction de la profondeur de la zone non saturée de la nappe à
recharger. Cependant, il est recommandé de mettre au minimum en place une microfiltration (sans
désinfection complémentaire).

La demande en énergie varie très largement en fonction des différentes options de traitement.
Ce coût est cependant à analyser sur l’ensemble du petit cycle de l’eau (comme déjà analysé plus
haut) et par rapport au coût engendré par la mobilisation d’autres ressources (comme ce sera le
cas dans les analyses ACB présentées dans le chapitre 16).

Le tableau suivant reprend ces recommandations. Il résume ainsi les traitements complémentaires
recommandés pour ces principaux usages de la REUT. Il indique également, pour chaque scénario, le
coût unitaire total (investissement, renouvellement, fonctionnement) pour le seul traitement tertiaire et
la consommation énergétique au m3.

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

Tableau 31 : Traitement complémentaire conseillé pour les principaux usages des EUT, avec les coûts et consommations
énergétiques associés pour une STEP de capacité moyenne (entre 10 000 et 80 000 EH)
Niveau de Traitement
Usages Consommation
qualité à complémentaire Coût unitaire total
principaux énergétique
atteindre conseillé

Usages agricoles
restrictifs (sans
maraîchage) 1. Filtre à sable + UV 0,33 DT/m3 0,11 kWh/m3
B
Irrigation d’espaces 2. Tambour filtrant + UV 0,25 DT/m3 0,10 kWh/m3
verts ouverts au
public

Irrigation du A 1. Ultrafiltration + UV 0,69 DT/m3 0,48 kWh/m3


maraîchage
2. Microfiltration + UV 0,56 DT/m3 0,33 kWh/m3

Recharge de nappe C+ Microfiltration 0,48 DT/m3 0,25 kWh/m3

Alimentation en eau A+ Réacteur à membrane + 1,82 DT/m3 2,55 kWh/m3


potable Osmose inverse + UV

Notons que dans le cas du développement de plusieurs usages à l’aval d’une même station
d’épuration, plusieurs situations pourront se rencontrer :
 Ces usages nécessitent le même niveau de qualité. Une seule filière de traitement complémentaire
pourra alors être mise en œuvre.
 Ces usages ne nécessitent pas le même niveau de qualité. Une étude approfondie devra alors être 115
conduite pour comparer en termes de coût global (investissement, renouvellement et
fonctionnement) les deux options suivantes :
- Mettre en place deux files de traitement différentes, une pour chacun des usages,
- Mettre en place une file de traitement correspondant au niveau de qualité le plus exigeant.
Le résultat de la comparaison dépendra du volume respectif des deux usages. Il pourra également
dépendre d’autres contraintes à prendre en compte que le seul niveau de qualité. Par exemple le
souhait de conserver une partie des nutriments azotés ou autre pour un des usages.

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

5.5 QUELLES SOLUTIONS POSSIBLES POUR LES STEP DE FAIBLE CAPACITE EN MILIEU
RURAL ?
POSITIONNEMENT DE L’ENJEU A L’ECHELLE NATIONALE
L’ONAS est responsable de l’assainissement des communes de plus de 3 000 habitants. Cependant,
des systèmes de traitement semi-collectifs adaptés à des faibles volumes d’eaux usées et au milieu
rural sont en train d’être mis en œuvre. Ces petites STEP ont généralement une capacité comprise
entre 50 et 3 000 équivalents habitants. Le tableau ci-dessous synthétise les caractéristiques des STEP
rurales existantes et projetées dans le programme à court terme de l’ONAS. Le flux potentiel d’EUT, si
l’on considère leur capacité hydraulique, représente au maximum 0,6 Mm3/an, soit seulement 0,2 % des
flux d’EUT produit à l’échelle du pays en 2020. En prenant en compte les STEP projetées pour 2030 et
en considérant une capacité maximale de 300 m3/j, ce flux représente toujours seulement 0,25 % des
flux d’EUT à l’horizon 2030. Outre les projections de l’ONAS, il est difficile d’estimer à plus long terme
l’évolution de la part d’assainissement semi-collectif pour les communes de moins de 3 000 habitants
car les solutions d’assainissement autonomes seront souvent plus adaptées pour ces communes
rurales.

Tableau 32 : Liste des STEP rurales existantes et projetées par l’ONAS (ONAS, 2020)
Année de mise  Capacité 
Région STEP EH Procédé de traitement
en service (m3/j)
Grand Tunis et Zaghouan Cherfech 2009 25 500 Filtre planté à roseaux
Grand Tunis et Zaghouan Sidi Omar 2017 520 2166 Filtre planté à roseaux
Grand Tunis et Zaghouan Kantaret Binzart 2018 200 2000 Boue activée compacte mobile
Cap Bon Khanguet El Hojej 2002 96 2000 Filtre planté à roseaux
116 Cap Bon El Mrissa 2009 400 2760 Boue activée compacte mobile
Cap Bon Beni Ayech 2009 200 2000 Drain filtrant
Grand Tunis et Zaghouan Boujrida 2009 10 50 Fosse à compartiment + roseaux
Nord Ouest Hammam Bourguiba 2010 230 1500 Filtre planté à roseaux
Nord Ouest Oued Zargua 2003 30 500 Drain filtrant + fosse décantation
Nord Ouest Dougga Teboursouk 2030 Non connu Non connu Non connu
Grand Tunis et Zaghouan Dkhila à Tebourba 2030 Non connu Non connu Non connu
Cap Bon Boukrim 2030 Non connu Non connu Non connu
Cap Bon Zaouiet Sidi Mgaiez 2030 Non connu Non connu Non connu
Sahel et Sfax Takrouna 2030 Non connu Non connu Non connu

PROCEDES DE TRAITEMENT NECESSAIRES


Les procédés de traitement choisis ne permettent de traiter les EUT qu’à un niveau secondaire (qualité
E ou D), donc non compatibles avec la plupart des usages potentiels avec des EUT. Des traitements
complémentaires seront nécessaires, comme pour les autres STEP afin de filtrer de désinfecter les EUT
à un niveau tertiaire avant réutilisation. Au regard des faibles volumes produits par les STEP, les coûts
unitaires engendrés pour ces traitements complémentaires seront élevés.

DES ENJEUX LOCAUX A APPRECIER AU CAS PAR CAS


Le potentiel de réutilisation restera dans tous les cas très limité pour ce type de STEP. Nous illustrons
ci-après cette idée par un exemple d’utilisation agricole.

Afin d’estimer les superficies théoriquement irrigables à partir d’un flux d’une STEP de faible capacité,
deux cas de figure ont ainsi été étudiés :
 Cas 1 : exploitation simple du flux,
 Cas 2 : exploitation du flux, associé à un stockage intersaisonnier (remplissage d’un bassin de
stockage pendant la période hivernale).

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5. GAMME DES OPTIONS TECHNOLOGIQUES APPLICABLES A COURT ET MOYEN TERME POUR DISPOSER DE RESSOURCES EN EAU ISSUES DES EUT EN PHASE AVEC
LES USAGES

La feuille de calcul ci-dessous présente les hypothèses de besoin et d’efficience posées ainsi que les
résultats de ces estimations théoriques. Les calculs ont été effectués pour 2 types de cultures : oliviers
et un autre type d’arboriculture avec des besoins en eau plus élevés.

Figure 39 : Calcul théorique de la surface en olivier et arboriculture irrigable à partir d’une STEP rurale, avec et sans stockage

Calcul théorique de la surface irrigable à partir d'une STEP rurale

Hypothèses :
Oliviers Autre arboriculture
Besoin des cultures en pointe (m3/ha/j) 18 35
Besoin annuel des cultures (m3/ha/an) 3 000 6 600
Efficience STEP 90%
Efficience irrigation 90%
Efficience globale 81%

Cas 1 : Utilisation du flux moyen ‐ Pas de stockage intersaisonnier

Surface  Surface 
Flux moyen de la  théoriquement  théoriquement 
STEP (m3/j) irrigable en oliviers  irrigable en 
(ha) arboriculture (ha)
1                       50                               2                                   1 
2                     100                               5                                   2 
3                     200                               9                                   5 
4                     300                             14                                   7 
5                     400                             18                                   9 

Cas 2 :  Utilisation du flux moyen + Stockage intersaisonnier 117
Surface  Surface 
Flux moyen de la  Volume du stock  théoriquement  théoriquement 
STEP (m3/j) (m3) irrigable en oliviers  irrigable en 
(ha) arboriculture (ha)
1                       50                       3 000                                   3                               1 
2                     100                       6 000                                   6                               3 
3                     200                     12 000                                 12                               6 
4                     300                     18 000                                 19                               9 
5                     400                     24 000                                 25                             12 

Il ressort de l’exemple considéré que les superficies potentiellement irrigables avec les STEP rurales
(flux maximum de 300 m3/j) seront très faibles (entre 2 et 14 ha d’oliviers sans stockage, 3 à 19 ha avec
stockage) au regard des investissements et des coûts d’exploitation qui seront nécessaires pour
pratiquer cette réutilisation (traitement complémentaire, stockage, périmètre irrigué). L’intérêt d’une
REUT pour de tels petits flux restera à apprécier au cas par cas selon les opportunités et en particulier
des usages potentiels avec la STEP. Il ne constitue en aucun un enjeu national.

A ce sujet, le groupe BRL dispose d’une expérience d’aménagement d’une filière de REUT pour une
petite STEP rurale (150 m3/j) située au milieu d’un vignoble. Le projet consiste à irriguer 15 ha de vignes.
Les eaux usées subissent un traitement lagunaire auquel a été ajouté des filtres à sable et une
désinfection UV. Les moteurs de ce projet ont été la proximité immédiate des parcelles irriguées et la
motivation des viticulteurs au regard de la valeur ajoutée des produits (maîtrise des coûts). Ce type de
projet nécessite donc une analyse coûts bénéfices afin d’étudier les coûts des investissements
nécessaires pour la REUT (traitement, stockage, distribution des EUT…), les bénéfices économiques
de la valorisation des EUT et les bénéfices environnementaux (moins de rejet dans le milieu récepteur).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
6. QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ?

6. QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS


LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ?
On se situe dans ce chapitre dans une perspective de plus long terme en évoquant des innovations qui
pourraient conduire à des ruptures (dans le sens de changement radical) dans le domaine de
l’assainissement. Nous évoquerons en particulier les questions liées à l’énergie et à la séparation à la
source.

6.1 LES INNOVATIONS POSSIBLES DANS LE DOMAINE EN LIEN AVEC L’ENERGIE


Afin d’envisager pleinement la valorisation des eaux usées, notre vision doit évoluer du traitement des
eaux usées (comme un coût) à la réutilisation de l’eau et à la récupération de ressources valorisables,
dans une dynamique d’économie circulaire, ne considérant plus les sous-produits des stations de
traitement comme des déchets mais comme des ressources potentielles. Le schéma suivant issu des
travaux réalisés par Nicolas Roche, professeur des Universités CEREGE (AMU, CNRS, IRD, INRAE,
Collège de France), spécialisé dans la réutilisation des eaux illustre l’intérêt de considérer les EUT
comme une ressource de matières et d’énergie.

Le schéma ci-après permet de mettre en évidence le potentiel économique des EUT en tant que
ressources hydriques, de matières et d’énergie, converti en euros par habitant par an. Ce potentiel est
évalué à 1 euro par m3 d’eau traitée ou 80 euros par habitant par an, provenant : de la récupération des
nutriments à hauteur de 5%, de récupération de chaleur à hauteur de 8,5%, d’utilisation des EUT à
hauteur de 80%, de récupération d’énergie à hauteur de 4,5% et de récupération de matières (métaux,
cendre) à hauteur de 2%.

Figure 40 : Les EUT ressources de matières et d’énergie (Roche, 2019)


118

Pour suivre cette approche, il faut maximiser le recyclage des nutriments et limiter les consommations
d’énergie.

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Version définitive
6. QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ?

Les technologies de récupération de sous-produits utiles à partir des eaux usées, tels que l’énergie
(chaleur et biogaz) et les nutriments, ont évolué rapidement ces dernières années et sont de plus en
plus rentables, particulièrement lorsqu’on les considère dans le cycle intégral de gestion des eaux
usées, et ce dès la conception amont des systèmes d’assainissement et de l’aménagement urbain de
façon plus générale. De nombreuses innovations sont également à l’étude, à différents stades
d’avancement.

RECUPERATION DE CHALEUR
La récupération de chaleur (ou de froid) disponible sur les eaux usées, à partir d’un échangeur, est
aussi appelée « cloacothermie » (Azam & Horsin Molinaro, 2017). Cette récupération d’énergie
thermique s’appuie sur les mêmes principes techniques que ceux de la géothermie sur nappe,
cependant les calories (ou frigories) sont issues des rejets d’eaux usées (domestiques, industrielles,
etc.).

L’eau usée est un fluide caloporteur intéressant de par sa forte capacité thermique et sa forte densité :
elle représente donc une source intéressante d’énergie non exploitée. Ce potentiel peut être exploité et
valorisé grâce à une pompe à chaleur.

Mise en œuvre
La cloacothermie met en œuvre un échangeur qui récupère et transfère l’énergie vers une pompe à
chaleur (PAC) qui a pour rôle de porter un liquide caloporteur à la température souhaitée pour répondre
aux besoins thermiques donnés.

La température des eaux usées varie peu entre l’hiver et l’été, toute l’année la température moyenne
est d’environ 15°C : la cloacothermie peut aussi bien répondre à des besoins de chauffage en hiver que
des besoins de rafraîchissement en été. Des retours d’expérience montrent qu’un mètre de canalisation
permet de produire de 2 à 8 kW de puissance de chauffage. Ce potentiel reste encore très peu exploité.

La récupération d’énergie peut être mise en œuvre directement à la source (en sortie des appareils
sanitaires), au pied des bâtiments, dans un collecteur du réseau d’assainissement ou à la station de 119
traitement des eaux usées, chaque système présentant des avantages et inconvénients. Nous nous
intéressons ici aux systèmes installés dans les stations de traitement des eaux usées.

Figure 41 : Possibilités de récupération de la chaleur des eaux usées (Azam & Horsin Molinaro, 2017)

Application
L’énergie récupérée via cette méthode, directement au niveau des stations d’épuration, peut servir au
chauffage et à la climatisation des bâtiments des stations d’épuration (locaux, digesteur de boues, etc.)
et de climatisation, selon les besoins spécifiques de chaque site.

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6. QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ?

Une étude technico-économique devra être menée sur chaque site intéressé par cette solution, afin
d’évaluer les besoins qui pourraient être couverts par cette source d’énergie. Le potentiel sera très
dépendant de chaque situation (température moyenne des effluents, variations saisonnières, besoins
en chauffage/climatisation des locaux, etc.).

En Tunisie, le potentiel de ces systèmes sur les rejets d’eaux usées des hammams pourrait représenter
une source significative d’économie d’énergie pour ces établissements. Une étude spécifique pourra
être menée pour déterminer le potentiel de ces établissements.

Exemples de bâtiments chauffés et climatisés à l’aide d’eaux usées (WWAP, 2017)


 Le village des Jeux olympiques d’hiver de Vancouver (Canada) : l’ancien village des Jeux
olympiques d’hiver de 2010, depuis converti en immeubles d’habitation, est chauffé à l’aide
d’effluents issus de la station de traitement des eaux usées d’un village voisin.
 La Wintower, le gratte-ciel de Winterthour, en Suisse : les eaux usées assurent le
chauffage des 28 étages de la Wintower en hiver et permettent de climatiser la tour en été.
Environ 600 kW d’énergie thermique sont tirés des eaux usées issues des égouts. Ces eaux
usées servent aussi pour climatiser le bâtiment en été, en absorbant son énergie. Ce procédé
montre comment il est possible d’utiliser les eaux usées en tant que source d’énergie neutre
en carbone pour le chauffage et la climatisation des bâtiments en toute saison.

PILE A COMBUSTIBLE MICROBIENNE


La Pile à combustible microbienne permet de produire de la bioélectricité à partir des boues de station
de traitement des eaux usées, à l’aide de bactéries. L’avantage majeur de ce procédé est la production
directe d’électricité, facilement valorisable.

Ces piles utilisent les bactéries pour convertir directement en électricité une partie de l’énergie
disponible dans un substrat biodégradable (ici les effluents ou boues de STEP). De conception similaire
aux piles à combustible, ces réacteurs génèrent de l’électricité à partir des réactions d’oxydo-réduction
impliquées dans la dégradation de molécules organiques par les bactéries, aboutissant à la libération
120 de protons et d’électrons qui peuvent être transférés aux électrodes. Les biopiles peuvent être
alimentées par une diversité de molécules organiques simples (sucres, protéines…) ou directement
avec les effluents à traiter, ou dans ce cas des boues de STEP (Laboratoire Ampère, 2020).

La pile à combustible microbienne est une technologie qui n’est pas encore mature (TRL entre 3 et 43,
c’est-à-dire au stade de preuve du concept et de validation des composants). Il est nécessaire, compte
tenu des difficultés liées à une transposition à plus grande échelle dans la perspective d’une application
concrète, de poursuivre les recherches et d’apporter des améliorations sur le plan technique permettant
de remédier à la forte consommation d’énergie qu’elle nécessite.

De nombreux travaux de recherche sont en cours sur ce sujet, mais peu concernent spécifiquement le
cas des eaux usées. Quatre équipes de recherche travaillent sur des sites pilotes installés en station
d’épuration. Ces pilotes sont disposés dans les bassins d’aération ou installés en parallèle et alimentés
en continu avec des effluents. Les articles publiés sur ces recherches rapportent une puissance
énergétique produite de 9 W/m3 comme la meilleure valeur de puissance relevée parmi ces tests in situ
(Hiegemann, 2016).

D’autres projets de recherche sont en cours, notamment au Laboratoire Ampère, à Lyon, qui étudie une
nouvelle approche de mise à l’échelle (approche constructale) dans le cadre d’un projet PHC Maghreb,
en collaboration avec trois autres laboratoires de recherche dont un de l’université de Gabès en Tunisie.

Par ailleurs, des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie ont combiné cette technologie avec un
système d’électrodialyse inversée, pour créer une pile microbienne à électrodialyse inversée, ou MRC,
capable de produire 0,94 kilowattheures d'électricité par kilo de matière organique d'eau usée. Ce
procédé serait plus efficace que la seule pile à bactéries. Les recherches sont toujours en cours et
l’application à grande échelle de ce système nécessite encore plusieurs années de développement.

3 TRL = Technology Readiness Level, les TRL forment une échelle d’évaluation du degré de maturité atteint par une
technologie.

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6. QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ?

PRODUCTION DE BIOCARBURANTS A PARTIR DES BIOSOLIDES


Les biosolides sont des matières organiques solides récupérées à partir d'un processus de traitement
des eaux (ce sont en fait des boues d’épuration convenablement traitées afin d’être valorisées).

Les études pour la production de biocarburants à partir des biosolides se basent sur la conversion des
nutriments contenus dans les eaux usées en biomasse par des microalgues, lesquelles sont converties
en biocarburants.

Plusieurs projets de recherche sont en cours sur cette thématique, par exemple :
 Aux États-Unis, le projet OMEGA (Offshore Membrane Enclosures for Growing Algae), mené
par la NASA, procède à des études de faisabilité concernant la production de carburant
d’aviation au moyen de la culture de microalgues dans des réservoirs flottants au large des
côtes qui sont alimentés par des eaux usées des villes (Trent, 2012) ;
 Depuis juillet 2015, le Centre de recherche et développement « Algae Biomass Energy
System », de l’université de Tsukuba, au Japon, mène des recherches sur la biomasse algale
et les applications industrielles permettant de synthétiser les huiles d’origine algale en vue de
mettre sur pied une « industrie algale » associant production de biocarburant, traitement des
eaux usées et huiles d’origine algale destinées aux produits cosmétiques et médicaux.

Ces techniques en sont au stade d’étude de faisabilité et nécessitent encore un approfondissement


avant un potentiel déploiement opérationnel.

AUTRE VALORISATION ENERGETIQUE DES BOUES


Les matières fécales sont source de carbone et constituent une réserve d’énergie. Il existe de
nombreuses valorisations des boues de station d’épuration et de vidange, tel que l’épandage, le
compostage, la production de biogaz (comme présenté plus haut dans ce rapport). Des valorisations
moins courantes existent aussi ; en effet, les boues fécales peuvent être déshydratées et conditionnées
en pellets, pouvant être brûlés pour alimenter en énergie des fours (pour la production de briques par
exemple). C’est le cas au Sénégal et en Ouganda, via un projet mené par Eawag (IFSSTE, s.d.). 121
CONCLUSION
En conclusion, de multiples opportunités existent en matière d’économie énergétique ou même
de production énergétique au niveau des stations d’épuration, allant de considérations très amonts
(avant la conception des ouvrages), à des améliorations dans l’exploitation ou le renouvellement sur
des stations existantes, à de nouveaux procédés novateurs de production d’énergie à partir des eaux
usées, en cours de développement.

Les spécificités de chaque station d’épuration devront être étudiées afin de définir les pistes de
valorisation les plus adaptées, puis d’en étudier leur rentabilité. Plusieurs valorisations peuvent être
mises en place sur un même site, permettant de réduire de façon importante la consommation
énergétique des installations, voire d’atteindre la neutralité énergétique (dans des cas particuliers).

La récupération d’énergie ou la diminution de la consommation énergétique des stations d’épuration


peut offrir un potentiel important en termes de réduction de la consommation d’énergie, des coûts
d’exploitation et de l’empreinte carbone des stations. Cette réduction de l’empreinte carbone pourrait
être mise à profit au niveau national, grâce aux programmes de crédits carbone et d’échanges de droits
d’émission de carbone. La Tunisie pourrait ainsi intégrer le marché crédit carbone et tirer des ressources
financières de ses efforts de réduction de consommations énergétiques des stations d’épuration.

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6.2 CHANGEMENTS DE PARADIGMES POSSIBLES POUR L’ASSAINISSEMENT DU FUTUR


6.2.1 Séparation à la source
Partant du principe que les eaux usées sont composées d’environ 99% d’eau et 1% de matières solides
en suspension, colloïdales et dissoutes (source : rapport mondial des Nations Unis 2017), une remise
en cause plus générale des réseaux et usages de l’eau se développe. Les systèmes décentralisés de
traitement qui servent des individus ou de petits groupes de propriétés ont démontré être une tendance
montante dans le monde et il apparaît que la conception des systèmes d'assainissement centralisées,
bâtie au XXe siècle ne constitue pas forcément une solution d’avenir.

Un changement de paradigme est envisageable et implique d’abandonner l’approche actuellement


développée qui consiste à collecter l’ensemble des eaux usées et à les traiter sur un site : la station
d’épuration.

La séparation à la source est un concept nouveau en assainissement qui présente plusieurs avantages :
 Récupération des nutriments : azote et phosphore,
 Diminution des consommations en eau,
 Diminution des consommations énergétiques.

Figure 42 : Représentation du contenu des eaux usées rejetées par une personne (LISBP, s.d.)

122

ECONOMIE CIRCULAIRE
Les eaux usées présentent ainsi un fort potentiel pour l’économie circulaire : elles peuvent être une
source de nutriments, d’énergie et d’eau.

A l’heure actuelle, les différents types d’eaux usées (eaux grises, eaux vannes, eaux industrielles, etc.)
sont le plus souvent mélangées et transportées via les réseaux à une station d’épuration unique, où leur
traitement représente un coût, pour être finalement rejetées au milieu naturel. Les boues d’épuration
sont, dans la plupart des cas, valorisées (agriculture, méthanisation, etc.).

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En séparant à la source les flux d’eaux usées, il est possible de les traiter séparément et de valoriser
tous les composants, selon le principe de l’économie circulaire, en contribuant à la réduction des
prélèvements d’eau et à la perte de ressources valorisables.

Pour cela, il faut mettre en œuvre un tout autre système de collecte des eaux usées, basé sur la
séparation à la source, pour un traitement décentralisé des eaux usées. De nombreux concepts sont à
l’étude, par exemple :
 La séparation des urines et matières fécales à la source, via par exemple des toilettes à
séparation d’urine, pour valoriser l’azote contenu dans les urines, au travers d’engrais
commercialisables ;
 L’utilisation des eaux ménagères pour la végétalisation des bâtiments, après ou non
traitement, selon la qualité des eaux collectées ;
 La récupération in situ de la chaleur des eaux chaudes usées, directement à la source (chez
l’utilisateur), ou centralisée au niveau d’un bâtiment ou d’un collecteur (voir l’explication du
concept dans le paragraphe suivant), pour préchauffer l’eau ou pour le système de
chauffage ;
 La récupération du phosphore in situ (fosses septiques ou latrines), pour la transformation
des boues de fosses septiques en engrais organique ou organo-minéral ;
 Le traitement et la valorisation des eaux usées industrielles directement sur place, pour ne
pas contaminer les eaux usées domestiques avec des produits chimiques potentiellement
dangereux, mais au contraire valoriser ces éléments en les extrayant des eaux usées.

De nombreuses pistes existent et des initiatives sont étudiées et mises en place dans de nombreuses
villes. La clé de la réussite étant l’intégration de la valorisation des eaux usées à la stratégie urbaine
globale : lors de la conception des bâtiments, de la sensibilisation des usagers, lors de la conception
des systèmes d’assainissement (réseaux et stations)…

Les cadres institutionnel et règlementaire pouvant constituer des freins à la mise en place de ces
nouvelles pistes de valorisation des eaux usées, des nouvelles réglementations concernant la
récupération des sous-produits des eaux usées peuvent être nécessaires. En effet, pour certaines
123
initiatives, l’expertise technique est disponible mais il n’existe souvent que peu ou pas de législation
relative aux normes de qualité pour ces produits, ce qui crée des incertitudes susceptibles de
décourager les investissements.

Ces solutions innovantes concernent tous les niveaux du système de collecte, de l’usager initial, à la
station d’épuration. Les pistes pouvant être développées au niveau des stations d’épuration (avec un
système de collecte classique) sont présentées dans ce rapport. Au lieu d’envisager le traitement de
l’eau comme un service supplémentaire coûteux assuré par les stations de traitement des eaux usées,
il peut être appréhendé comme des « usines de récupération de ressources », dans lesquelles les sous-
produits récupérés seront exploités en tant que matières premières dont on tirera des produits de valeur
que l’on pourra vendre aux usagers.

RECUPERATION DES NUTRIMENTS


Les urines ne représentent que 1% du volume des eaux usées mais elles contiennent l'essentiel de
I’azote (89%) et du phosphore (57%) qui sont ensuite éliminés dans les stations d’épuration. La
séparation à la source est issue de ce constat qui considère que cette stratégie est coûteuse d’un point
de vue énergétique puisque nous dépensons environ 10 MWh pour dénitrifier une tonne d'azote réactif
contenue dans les eaux usées, voire aberrante puisque dans le même temps, les usines de production
d'engrais azote consomment environ 10 MWh pour synthétiser une tonne d'azote réactif.

Le graphique suivant met en évidence les flux d’azote apportés par les eaux usées au niveau de la
station d’épuration, alors que des procédés de valorisation (parfois encore à l’état de recherche) tels
que le stripping, la précipitation de struvite, la chimiosorption transmembranaire, sont possibles :

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Figure 43 : Flux d’azote rejeté au passage de la station d’épuration (LISBP, s.d.)

De la même manière que pour l’azote, le phosphore contenu dans les eaux usées est généralement
rejeté et non valorisé au niveau des stations d’épuration. En effet, le phosphore peut être transféré dans
la phase solide par l'un ou l'autre des produits chimiques par précipitation ou une meilleure absorption
biologique. Le phosphore peut être récupéré à partir des biosolides par un certain nombre de
technologies :
 oxydation thermique (pour la production d'énergie), le phosphore peut être extrait des cendres
en utilisant des technologies similaires à celles utilisées pour l'extraction du phosphore à partir
de minerai de phosphate.
 Précipitation sous forme de struvite (MgNH4PO4), qui est un composant idéal de la libération
lente engrais, ou de phosphate de calcium, dont la composition est similaire à celle du minerai
124 de phosphate. Une quinzaine d’installations en Europe sont équipées d’une filière de
valorisation sous forme de struvite. Les principaux verrous technologiques résident dans la
dissolution du phosphore –chimique ou biologique - de manière à augmenter sa concentration
avant sa récupération, et dans la qualité du produit que l’on souhaite obtenir en fonction de
son usage final (fertilisant, constituants de produits industriels…).

UTILISATION DES EUT COMME FERTILISANTS


Comme souligné à plusieurs reprises dans cette étude, le potentiel fertilisant des EUT est important.
Citons un chiffre mis en avant par le Plan Bleu : pour une lame d’eau de 800 mm/an, les quantités
d’azote et phosphore apportées par les EUT (traitement secondaire par boues activées sans traitement
de dénitrification) sont respectivement 150 kg et 50 kg, pouvant ainsi excéder la moitié des besoins en
fertilisant. Cet apport est loin d’être négligeable pour le bon développement des cultures.

CONCLUSION
La récupération de l’azote (N) et du phosphore (P) à partir des eaux usées ou des boues d’épuration
exige des technologies de pointe, qui sont toujours en phase de développement même si d’importants
progrès ont été accomplis en la matière ces dernières années. Cela se pratique dans certaines
municipalités (au Bangladesh, au Ghana, en Inde, en Afrique du Sud, au Sri Lanka, etc.) sur les boues
par assèchement ou co-compostage. La récupération du phosphore issu des installations de traitement
sur place, telles que les fosses septiques et les latrines, est envisageable sur le plan technique et
financier en procédant à la transformation des boues en engrais organique ou organo-minéral. De plus,
les boues fécales présentent un risque de contamination chimique plutôt réduit par rapport aux
biosolides issues des eaux usées.

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Il est probable que la collecte des urines et leur utilisation deviennent un élément de plus en plus
important de la gestion des eaux usées. La raréfaction, ou voire même l’épuisement, des ressources
en phosphore minéral d’extraction étant probable au cours des prochaines décennies, leur récupération
à partir des eaux usées offre une alternative réaliste et viable.

En Suisse, la récupération du phosphore est devenue une obligation légale, en Suède, la séparation à
la source se pratique depuis 1990. On comptait ainsi, en 2006, dans ce pays 120 000 toilettes sèches
à séparation d’urine et 15 000 toilettes à eau à séparation d’urine.
Ce nouveau paradigme de séparation à la source a certes des vertus environnementales qui permettent
de valoriser les produits contenus dans les eaux usées mais de nombreux projets tentent aussi d’en
prouver l’avantage économique (exemple : projet MUSE).

6.2.2 Le recyclage
6.2.2.1 Recyclage industriel
La réutilisation industrielle des eaux usées et le recyclage interne sont désormais une réalité technique
et économique. Pour certains pays et types d'industries, l'eau recyclée fournit 85 % des besoins globaux
en eau. Les secteurs les plus grands consommateurs en eau sont les centrales thermiques et nucléaires
(eau de refroidissement) et les papeteries. La qualité de l'eau réutilisée est réglementée et dépend du
type d'application ou de production industrielle. La part des eaux usées urbaines ne dépasse pas 15%
du volume des eaux réutilisées en industrie. Aux Etats-Unis, par exemple, le volume des eaux
résiduaires réutilisées en industrie est d'environ 790 000 m3/j, dont 68 % pour le refroidissement.

En Tunisie, l’industrie des phosphates très consommatrices d’eau est un usager potentiel important
pour la REUT, d’autres industries pourraient également trouver un intérêt dans l’utilisation d’EUT :
lavage au niveau des carrières, eaux de refroidissement, etc. pour la réutilisation industrielle des eaux
usées. Le recyclage interne est une voie également à développer par les industriels pour limiter la
pression sur les ressources en eau. Cette démarche implique cependant la mise en œuvre de procédés 125
de traitement de haute technologie, de type ultrafiltration suivi d’une osmose inverse. Cela nécessite
une maîtrise des procédés avec une main d’œuvre qualifiée pour que le fonctionnement soit assuré et
ne créé pas de désordre dans le process de fabrication de l’usine.

6.2.2.2 Recyclage ou réutilisation des eaux grises


En combinaison avec la séparation à la source, le recyclage peut aussi être utilisé au niveau des eaux
grises qui nécessitent moins de traitement pour pouvoir être recyclées.

Au niveau des flux d’EUT domestiques, la proportion d’eaux grises se situe souvent autour de 30 % du
volume produit. Dans le cas de la Tunisie, cela représente donc un volume potentiel de 94 Mm3 en 2020
et de 193 Mm3 si l’on se projette en 2050.

Les eaux grises nécessitent globalement des traitements moins poussés que le reste des eaux usées.
Elles peuvent cependant contenir une concentration importante de matières fibreuses (fibres textiles,
cheveux…). Une filtration est donc souvent nécessaire pour limiter ces particules solides dans le produit
final. La décantation des eaux grises dans un bassin permet un pré-filtrage avant une autre étape de
filtration, comme un filtre à sable ou à disques. Dans certains cas, un processus de désinfection peut
s’avérer nécessaire en fonction de la composition initiale et de la provenance des eaux grises.
Globalement, il n’existe pas de traitement universel pour garantir le recyclage des eaux grises et les
process sont à étudier au cas par cas.

Au niveau des usagers domestiques, au regard de la configuration des réseaux existants, le potentiel
de recyclage direct de ces eaux grises est limité. Leur séparation peut cependant être imaginée dans
le futur lors de la création de nouvelles résidences.

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Dans le contexte de la Tunisie, la valorisation des eaux grises peut s’imaginer avant 2050 pour deux
cas spécifiques :
 La valorisation des eaux des bains maures : cette valorisation est en cours d’étude pour la ville
de El Hamma dans le gouvernorat de Gabes. Les bains rejettent en moyenne 1.1 Mm3/an (ONAS,
2018). Ces rejets sont séparés des eaux sanitaires des bains et sont traités par la STEP de El
Hamma séparément des eaux usées domestiques. Au regard de la qualité des eaux, un
prétraitement est réalisé seulement avec une grille manuelle et un filtre à disque pour se débarrasser
des filasses.
 La valorisation des eaux grises des grandes unités touristiques projetées : un recyclage des
eaux grises peut être envisagé à l’échelle de unités hôtelières au regard de la concentration des
flux touristiques dans ces unités. Une fois l’étape de filtration effectuée, l’hôtel peut alors valoriser
les eaux grises, pour l’irrigation de ses espaces verts par exemple. Il peut ainsi réduire sa
consommation d’eau potable et réduire le flux d’eaux usées rejeté dans les réseaux de l’ONAS.
Voici quelques ordres de grandeur du potentiel de ce recyclage pour des zones touristiques :
- La zone de Chott Hamrouni au sud de la ville de Gabes : la capacité hôtelière prévue pour
cette zone est de 10 000 lits. Il a été estimé que le flux d’EUT touristiques produit sera
d’environ 1 400 m3/j en haute saison, ce qui représente un potentiel de 420 m3/j d’eaux grises.
Pour une moyenne de 35 m3/j/ha, 12 ha d’espaces verts pourraient être irrigués avec les eaux
grises sur cette zone.
- La zone de Djerba et Zarzis : le flux d’EUT touristiques produit à l’horizon 2030 est proche de
15 000 m3/j en considérant les extensions prévues du parc hôtelier, soit un potentiel de
4 500 m3/j d’eaux grises et un potentiel d’espaces verts irrigables de 130 ha.

6.3 LES NOUVEAUX QUESTIONNEMENTS APPLIQUEES AU TERRITOIRE TUNISIEN


La vision long terme des évolutions de l’assainissement en lien avec la REUT sera dépendante des
choix politiques mais également des évolutions qui auront lieu en terme technologiques. La Tunisie pour
126 garder son cap de précurseur et d’acteurs de la REUT devra développer une approche multidisciplinaire
pour permettre le déploiement de nouveaux outils et technologies.

Plusieurs voies et actions sont à mettre en œuvre dès aujourd’hui :


 Développer les cadres juridiques et institutionnels : réglementation des niveaux de rejet par
usage, pratique multi-barrières (c’est la vision que nous défendons dans le chapitre 7 consacrée
aux aspects réglementaires)..
L’évolution des technologies devra permettre d’assurer les niveaux de qualité exigés pour chaque
usage. L’évolution du cadre institutionnel permettra de contrôler avec efficacité le respect des
exigences en matière de qualité d’eaux usées traitées. Les questions institutionnelles liées au
contrôle sont abordées dans le chapitre 8.
 Encourager la recherche dans le domaine des nouvelles technologies de traitement adaptées
au contexte Tunisien
La recherche est nécessaire pour permettre d’éprouver de nouvelles technologies de traitement
permettant de limiter les risques sanitaires et d’être compatibles avec les usages.
En ce qui concerne les améliorations ou développement de nouvelles technologies de traitement,
l’INRGREF, le CERTE, le CITET ou l’UMA (Université de la Manouba (UMA) paraissent les plus
adaptés pour agir dans ce domaine. Dans ce cadre, l’ONAS en tant qu’acteur opérationnel aura
son rôle à jouer, notamment pour la prise en compte des enjeux d’exploitation. Plusieurs sources
de financement peuvent être mises en place :
- Financement national ;
- Recherche de financement internationaux : appel à projet de type MADFORWATER ;
- Partenariats avec le secteur privé.
Ces développements devront faire l’objet de recherche appliquée, notamment en éprouvant des
technologies sur des sites-pilote.
 Conjuguer les solutions centralisées, satellites et décentralisées à une échelle appropriée

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6. QUELLES EVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES SONT POSSIBLES A PLUS LONG TERME POUR L’ASSAINISSEMENT ET LA REUT ?

Actuellement, comme évoqué précédemment, de nouvelles trajectoires se dessine et pour


l’assainissement de demain. Elles ont pour objectif de déterminer les flux de ressources et de
sous-produits du traitement ayant un potentiel de récupération et de réutilisation en ce qui
concerne l’eau, les nutriments, les matières organiques et l’énergie et de mettre en œuvre les
ouvrages nécessaires pour les valoriser.

127
Source : Tchobanoglous et Leverenz, 2011
L’équipement à venir de la Tunisie en matière de technologie de traitement pour de la REUT devra être
intégrée à une approche plus globale prenant en compte l’ensemble des questions (eau, nutriments,
énergie, innocuité sanitaire) mais aussi les capacités locales. Le changement devra certainement
s’effectuer progressivement, en lien avec les opportunités de marché et les grandes décisions
d’allocation de l’eau à l’échelle du territoire.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES


7.1 DES NORMES ET REGLEMENTATIONS DE PLUS EN PLUS STRICTES AU NIVEAU
INTERNATIONAL
Il n’existe pas de réglementation unique internationale définissant, pour un usage donné, une
technologie de traitement à mettre en œuvre.

Le cadre réglementaire, lorsqu’il existe, est propre au pays. Il peut même être différent à l’intérieur d’un
pays, comme par exemple aux Etats-Unis, pays qui a des réglementations différentes dans chaque
Etat. Dans certains pays, il n’existe pas de cadre réglementaire et dans ce cas, les pays s’appuient sur
des réglementations déjà établies par d’autres pays ou encore celle de l’OMS. De la même façon, les
normes de qualité de l’eau diffèrent selon les pays.

Les tableaux ci-après mettent en évidence la variabilité de réglementations liées à la réutilisation des
eaux usées traitées. Ils montrent :
 les paramètres de caractérisation de la qualité microbiologique en fonction des pays,
 les différences entre les usages réglementés.

Tableau 33: Caractérisation de la qualité microbiologique en fonction des pays (Condom, Lefebvre, & Vandome, 2012)
Zone géographique, Qualité la plus exigeante en
Commentaires
pays ou organisme Coliformes fécaux ou E. coli
Pas de valeur de concentration en E. coli mais
128 OMS (2012) - objectif de 10−6 DALY par personne et par an soit
une réduction des agents pathogènes jusqu’à 7 logs
Europe 10 unités/100 mL en E. coli
De 15 à 100 unités/100 mL en
Chypre
coliformes fécaux selon usage
De 0 à 200 unités/100 mL en E.coli
Espagne
en fonction des usages
Certains états n’ont pas de valeur sur ce paramètre
De 14 à 75 unités/100 mL en
USA coliformes fécaux ou E. coli mais ont des valeurs en
coliformes fécaux selon les états
coliformes totaux
A une valeur en coliformes totaux (12 unités/100 ml
Pas de valeur sur ce paramètre (80 %)
Israël
Coliformes fécaux ou E. coli
2.2 unités/100 ml (50 %))
20 000 unités/100 mL en coliformes
Chine
fécaux
Pas d’exigences sur ces paramètres dans la norme
Tunisie -
NT 106.03

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Tableau 34: Réglementation existante, en fonction des usages, à l’échelle du bassin méditerranéen (Condom, Lefebvre, & Vandome,
2012)

En conclusion, les niveaux d’exigence sont transcrits dans la plupart des pays pratiquant la REUT dans
une réglementation, l’usage le plus réglementé étant l’irrigation pour l’agriculture.
129

PRESENTATION DES MODES D’APPROCHE REGLEMENTAIRES A TRAVERS LE MONDE


Il existe trois principales approches à travers le monde qui sont largement reconnues. Le schéma ci-
dessous illustre ces approches. Des détails sont donnés ci-après.

Figure 44: Approches réglementaires pour la REUT à travers le monde

•Qualité requise par paramètre par usage
Approche 1.
Valeurs limites

Approche 2.  •Qualité requise par paramètre par usage
• Techniques de traitement requises par usage
Valeurs limites et exigences de 
traitements

Approche 3. • Différents niveaux de qualité sont proposés par paramètre 
pour un même usage, en fonction des barrières mises en 
Gestion des risques ‐ Approche  oeuvre pour réduire les risques (diminution de l'exposition, 
multi‐barrières de la vulnérabilité, etc.)

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Approche basée sur des valeurs limites


En respectant des valeurs limites de concentration ou d’abattement par paramètre pour un usage
identifié, les risques pour la santé et/ou l’environnement sont considérés comme contrôlés. Il existe
différents niveaux de qualité d’eau traitée à respecter en sortie de station d’épuration, relatifs à un ou
plusieurs usages : irrigation de cultures non transformées, usage urbain non restreint (contact direct
potentiel du public avec les EUT), usage environnemental non restreint, usage potable indirect. La
Tunisie comme d’autres pays (Chypre, l’Italie, etc.) a choisi cette approche.

Approche basée sur les exigences de traitement des eaux usées couplées à des valeurs limites .
Pour chaque utilisation potentielle, une technique spécifique de traitement des eaux usées est
spécifiée et des valeurs limites de concentration à ne pas dépasser sont exigées. Cette approche
est celle proposée par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA). En Californie, par
exemple, les niveaux de qualité à atteindre sont fondés sur des standards et sont accompagnés de
prescriptions de traitements tertiaires à mettre en œuvre : le plus souvent filtration et désinfection.

Approche basée sur un système de gestion des risques pour chaque projet de REUT
Cette approche est basée sur des outils qui permettent à chaque projet de se construire en respectant
les contraintes locales, tout en identifiant en amont l’ensemble des risques que pourrait comporter
un procédé de REUT. L’avantage principal de cette approche est de pouvoir identifier plus efficacement
les risques, et donc de pouvoir les gérer de manière proactive. Cependant, certains projets n’ont pas
pu voir le jour faute de moyens efficaces pour caractériser ces risques. Cette approche est préconisée
par l’OMS et est suivie par l’Australie (se basant sur un niveau de risques très élevé). Des
contraintes/prescriptions de mise en œuvre sur l’usage des eaux usées traitées (barrières
multiples), notamment pour l’irrigation par aspersion : irrigation seulement la nuit, contraintes de
distance par rapport aux habitations, arrêt de l’irrigation à partir d’un seuil de vitesse de vent…

ENJEUX POUR LA TUNISIE


130 Nous avons pu constater, notamment lors de la Phase 1 de cette étude, que la réglementation ne couvre
pas l’ensemble des usages possibles des EUT. Par conséquent, il est important de concevoir un
référentiel juridique adéquat encadrant la REUT, avec un système de contrôle, de suivi et d’auto-
surveillance adapté, et ce afin de réduire au maximum les risques sanitaires et environnementaux, tout
en permettant le développement et la promotion des projets de REUT.

TRAVAUX EN COURS AU NIVEAU NATIONAL


Il existe des groupes de travail d’experts pour la normalisation de la réutilisation de l’eau et notamment
le comité ISO / TC 282 qui a pour mission de qualifier les procédés de REUT, d’offrir un support de
réflexion pour la mise en place de législations nationales et d’apporter un avantage comparatif
consensuel par rapport aux ressources conventionnelles, au niveau mondial. Ce travail concerne la
normalisation de la REUT de toutes natures et à toutes fins utiles, couvrant donc des réutilisations
centralisées et décentralisées, directes ou indirectes, ainsi que des projets intentionnels ou non
intentionnels. Il comprend les aspects techniques, économiques, environnementaux et sociétaux de la
REUT et permet :
 La définition d’une terminologie commune ;
 La spécification des éléments à considérer pour la planification, la conception, l’exploitation,
la surveillance et la maintenance de la réutilisation de l’eau, et ce pour diverses applications
(irrigation, usages urbains, environnementaux et industriels) ;
 Les méthodes et indicateurs pour l’évaluation des risques et des performances des
systèmes de réutilisation de l’eau.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Tableau 35: Normes internationales pour la REUT en application ou en préparation


Numéro Titre Structure Statut Sujet principal
Lignes directrices pour l'utilisation des eaux usées Définition des
traitées pour l’irrigation : pratiques de la REUT
• Partie 1 : Bases d’un projet de réutilisation en pour l’usage irrigation
irrigation : définit les paramètres, notamment physico-
chimiques, ayant un impact possible sur le sol et les
cultures, Publiée en 2015
ISO/ TC
ISO • Partie 2 : Développement du projet : définit les critères (parties 1 à 3)
282/ SC
16075 à prendre en compte pour prévenir les risques Partie 4 publiée
1/WG 1
sanitaires liés aux projets d’irrigation avec les EUT, en 2017
• Partie 3 : Composantes d’un projet de réutilisation en
irrigation : présente les différents systèmes de
pompage, traitement, stockage et distribution des EUT,
• Partie 4 : Surveillance : systèmes de surveillance mis
en place.
Base de normalisation
ISO/TC
ISO Irrigation - Irrigation Equipment Adaptation to Treated des équipements
282/SC Préparation
20419 Wastewater utilisés en REUT pour
1/WG 2
l’irrigation
Réutilisation d'eau dans les zones urbaines - Lignes
directrices pour un système de réutilisation d'eau
ISO/TC
ISO -Partie 1: Principe de conception d'un système de
282/SC Préparation
20760 réutilisation d'eau centralisé
2/WG 1
-Partie 2 : Gestion d'un système de réutilisation d'eau
centralisé
Risk and performance evaluation of water re-use ISO/TC
ISO
systems -- Guidelines for health risk assessment and 282/SC 3/ Préparation
20426
treatment for water REUT WG 1
ISO Guidelines for performance evaluation of treatment
ISO/TC 131
282/SC 3/ Préparation
20468-1 technologies for water REUT systems – Part 1 - Generals
WG 2
Caractérisation de la consommation d'énergie pour le
ISO ISO/TC
traitement des eaux usées -- Partie 1 -- processus Préparation
21939-1 282/SC 4
biologiques
ISO/TR ISO/TC113/
Recharge artificielle des eaux souterraines Publiée en 2014
13973 SC8
Demande
d’inscription
ISO/TC
ISO Disinfection and equivalent treatment for irrigation with Vote clôturé le 7
282/SC
22238 treated wastewater mars 2017
1/WG 1
Vote France
négatif

Ce travail est en cours et pourrait servir de guide pour consolider les bases réglementaires de la REUT
en Tunisie.

La tendance concernant les réglementations à l’échelle internationale s’oriente vers des normes et
réglementations de plus en plus strictes. Cependant, il semble nécessaire de trouver un équilibre entre
risque et coût généré : tout risque de défaillance doit être minimisé à un coût raisonnable, la norme et
les recommandations de l’OMS vont dans ce sens.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

7.2 UNE REGLEMENTATION A COMPLETER POUR CADRER LA REUT EN TUNISIE


CONTEXTE ACTUEL
Le rapport de phase 1 a montré les manques en matière de réglementation de la REUT en Tunisie. Les
plus importants sont rappelés ci-dessous :
 La réglementation REUT impose des limites de qualité de l’eau, mais uniquement pour
l’usage agricole et sans distinction entre les cultures qui sont autorisées. L’irrigation des
cultures maraîchères avec des EUT est interdite.
 Un certain nombre de paramètres inscrits dans la norme NT 106.03 ne sont pas traitées en
station d’épuration de type biologique (procédés de traitement utilisé en Tunisie). On pense
par exemple aux ETM, chlorures, organochlorés et fluorures.
 Un seul paramètre représente les agents pathogènes : les œufs d’helminthes, il est
mentionné dans la norme NT 106.03 et l’arrêté de 2018.
 L’intégration de l’approche multi-barrières, promue par l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS, 2017) qui consiste à mettre en place des « barrières » technologiques ou naturelles
successives pour éliminer les contaminations potentielles. Cette approche reconnaît que
chaque barrière individuelle ne peut entièrement prévenir la contamination mais que leur
combinaison garantie une consommation sécurisée de l’eau produite. Cette démarche est
peu prise en compte dans la réglementation tunisienne. Ce concept est développé au chapitre
7.3.2 comme proposition à suivre pour le nouveau référentiel de la réglementation en Tunisie.

Cette analyse démontre que la réglementation tunisienne en matière d’assainissement et de REUT est
à actualiser et nous recommandons de mettre à jour la norme :
 En révisant les normes existantes en ciblant les paramètres en lien avec l’usage (risques
sanitaires plus ou moins élevés) et le traitement choisis et en prenant en compte les barrières
132 qui seront mises en œuvre.
 En étendant la norme aux différents usages existants.

LES AVANCEES EN COURS AU NIVEAU REGLEMENTATION, DEPUIS LA PHASE 1


NB : mise à jour datant de juin 2021. L’actualité concernant le code des eaux, qui est en chantier, est
susceptible d’avoir évolué depuis.

Avancée globale du projet de code des eaux


Actuellement, un projet du code des eaux est proposé à l’ARP (Assemblée des Représentants du
Peuple). Le projet du code des eaux prévoit un certain nombre de dispositions relatives à la REUT. De
prime abord, il convient de noter qu’il inscrit les EUT dans la catégorie juridique du DPH (domaine public
hydraulique), ce qui implique l’application du régime juridique dédié au DPH dans la gestion des EUT.
Ledit régime juridique est soumis à des instruments juridiques4 d’exploitation et d’utilisation qui diffèrent
selon le type de DPH concerné.

Le projet de code des eaux prévoit la signature de cahier des charges pour les diférents types d’usages
d’EUT
Cas des usages liés au tourisme, à l’industrie et à la recharge de nappe

Pour ce qui concerne les EUT, le projet du code des eaux prévoit pour les réutilisations5 dans les zones
industrielles et touristiques intégrées, la signature d’un cahier des charges, ainsi que pour la recharge
de la nappe.

4 Autorisation, Cahier des charges, concession ou privilège (‫) ﺍﻣﺘﻴﺎﺯ‬


5 L’article 54 du projet du code des eaux.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Selon les mêmes dispositions, le déversement des EUT autres que domestiques dans le milieu
récepteur est également soumis à un cahier des charges, au même titre que les autres REUT précitées.

Le cahier des charges sus-mentionné est approuvé par un arrêté pris par le ministre des eaux, après
avis du ministre chargé de la santé, du ministre chargé de l’environnement et du ministre chargé de
l’équipement.
Cas des usages agricoles

La REUT dans le secteur agricole est clairement écartée des dispositions sus-indiquées.

Cependant, le secteur agricole est implicitement visé par les dispositions du projet du code des eaux
au sein de son article 56 disposant que l’utilisation directe des eaux usées non traitées est strictement
interdite. La REUT est autorisée, conformément aux conditions prévues par un cahier des charges. Le
cahier des charges stipule les modes et les niveaux de traitement ou de filtrage et leurs conformités aux
normes en vigueur selon le type de réutilisation.

L’article prévoit également que les mesures préventives relatives aux risques sanitaires et impacts
environnementaux susceptibles d’être engendrés par la REUT seront prévues par un arrêté conjoint
des ministres chargés des eaux, de la santé et de l’environnement.
Résumé concernant les cahiers des charges pour les différents usages

En résumé, la REUT dans tous secteurs confondus, y compris la recharge de la nappe et le


déversement dans le milieu récepteur, sera, selon les dispositions du projet du code des eaux, soumise
à la signature et au respect des conditions d’un cahier des charges approuvé par le ministre des eaux,
après avis des ministres concernés, précisément de la santé, de l’environnement et de l’équipement.

Référence à une norme commune


Il ressort, de la lecture croisée des différents articles susmentionnés, que le cahier des charges relatif à
la REUT sera conditionné par le respect et la conformité des différentes réutilisations à des normes
prises par un arrêté conjoint des ministres concernés (des eaux, santé et environnement) disposant, 133
selon les modes de REUT, les mesures préventives sanitaires et environnementales à respecter.

Il est évident à partir de la formulation du texte6, que cette norme sera unique avec, logiquement, des
rubriques spécifiques à chaque type (secteur)7 de REUT. En outre, l’article 68 du projet du code des
eaux dispose expressément que la REUT dans le secteur agricole est soumise aux dispositions de
l’article 61.

Seulement, les dispositions de l’article 61 concernent l’eau potable, ce qui rend le renvoi inapproprié, et
par conséquent, nécessite une révision du projet du code des eaux afin d’assurer la cohérence entre
les articles et du texte dans sa globalité.

Hormis le manque de cohérence susmentionné, il est clair que la REUT dans le secteur agricole est
permise dans les conditions expliquées plus haut.

Intégration de la REUT dans la politique hydrique générale

Par ailleurs, le projet du code des eaux8 insère l’utilisation des eaux non conventionnelles dans la
politique de l’économie et la promotion des ressources hydrauliques. Il cite, entre autres, la REUT d’une
manière générale dans des secteurs de services et de production, ainsi que dans l’unité de production
industrielle et la recharge de la nappe.

6Article 56 du projet du code des eaux.


7 Agricole, touristique, industriel, rechage de la nappe…
8 Article 77

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Aspects environnementaux
Il est à préciser que la recharge de la nappe par les EUT est conditionnée, en plus de la signature d’un
cahier des charges, par une étude d’impact sur l’environnement et après avis des organismes
d’évaluation des risques sanitaires et environnementaux. A ce titre, lesdits organismes, sus mentionnés,
devraient être énumérés avec précision, afin de garantir l’effectivité des dispositions juridiques relatives
à la recharge de la nappe.

Un audit technique et périodique est obligatoire pour les différentes utilisations des eaux dont la REUT
est disposée dans le projet du code des eaux.9

En matière de pollution, la qualité des eaux usées traitées est classée selon le secteur d’utilisation. Les
mesures et paramètres de classement des EUT sont fixées par décret gouvernemental.

Les niveaux de rejet des paramètres physicochimiques et microbiologiques des eaux usées seront fixés
par un arrêté conjoint des ministres chargés de l’industrie, des eaux de la santé et de l’environnement.10

134

9 Article 78
10 Article 81

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7.3 PROPOSITIONS POUR UN NOUVEAU REFERENTIEL REGLEMENTAIRE


Comme évoqué dans la Phase 1, la réglementation ne doit pas être un frein au développement des
projets de REUT. En l’état actuel, il apparait essentiel que la Tunisie se dote d’un nouveau référentiel
réglementaire qui puisse être un levier pour le développement de la REUT.

Les approches réglementaires au niveau international présentées plus haut présentent chacune des
avantages et inconvénients qui sont synthétisées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 36: Avantages et inconvénients des approches réglementaires


Approche Avantages Inconvénients
Pression uniquement sur le traitement pour
1- basée sur des valeurs limiter le risque
Réglementation simple
limites Exigence de qualité uniquement en sortie du
traitement
Privilégie des technologies de traitement de
haute technicité le plus souvent
2- basée sur les Ne prend pas en compte les contextes
exigences de Mise en application simplifiée : un
particuliers
traitement des eaux usage = une performance de
usées couplées à des Pression sur le traitement et la fiabilité de la
traitement imposée
valeurs limites. technologie pour limiter le risque
Exigence de qualité uniquement en sortie de
traitement
Moins de pression sur le traitement
3- basée sur un système pour certains usages
Nécessité d’étudier au cas par cas, peut
de gestion des risques Meilleure compréhension du contexte
complexifier le projet surtout si le projet est multi-
pour chaque projet de pour permettre de trouver un
REUT usage
optimum entre risque et coût généré
Vision globale du projet REUT 135
En pratique, les normes qui imposent des exigences de technologie sont tellement strictes qu’elles
nécessitent la mise en place de filtrations membranaires et d’une désinfection poussée (haute dose
d’UV par exemple) pour atteindre la quasi absence de coliformes dans les eaux traitées. On peut
s’interroger sur le fait de savoir si ces normes rigoureuses sont justifiées et sont adaptées à tous
les contextes.

Le Programme des Nations Unies pour l’Environnement indique, en 2005, que, dans certains cas, ces
normes minimisent inutilement les risques sanitaires avec des coûts de traitement souvent
prohibitifs. En effet, la mise en œuvre de barrières permettrait de limiter par exemple l’exposition au
risque et donc le risque lui-même. Dans le bassin méditerranéen, des normes très strictes sont
également rencontrées dans certains pays, Italie, Grèce, Israël, ainsi que pour les pays du golfe
Persique. Elles ne sont par contre pas accompagnées de prescriptions de traitement, une approche de
validation au cas par cas avec les autorités locales étant privilégiée.

LE SYSTEME DE GESTION DES RISQUES SEMBLE ETRE LE PLUS PERTINENT POUR LA TUNISIE
Comme évoqué dans la phase 1, nous recommandons que la Tunisie se dote d’un nouvel outil
réglementaire qui reposera sur :
 Une réglementation par usage, basée sur une analyse des risques,
 Les normes relatives à chaque usage (impliquant des exigences de traitement plus ou moins
poussées, en fonction de l’usage),
 Les conditions d’utilisation différenciées par usage (conditions techniques, sanitaires/protection
des usagers et consommateurs, ressources humaines, etc.),
 Les actions de sensibilisation en fonction des usages (éveiller les usagers aval aux risques
potentiels pour une meilleure prise de conscience et une diminution des impacts)
 Des ateliers de formation par type d’usage,

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

 Des exigences pour les études d’impact environnementales et sociales,


 Des exigences pour le contrôle environnemental et sanitaire,
 Des sanctions envisageables qui soient dissuasives (renvoi au code des eaux),
 Des mesures d’incitation financière et fiscale (loi d’investissement).

Afin de répondre aux exigences présentées ci-dessus, nous proposons donc que la Tunisie base son
système réglementaire sur la gestion des risques (approche 3 dans le tableau ci-dessus). Cette
approche est novatrice puisqu’elle est pour l’heure peu appliquée dans les pays pratiquant la REUT.

Au regard des différentes réglementations et pratiques en REUT et dans l’état de nos connaissances,
nous avons considéré que la norme11 ISO 16075 était la plus proche de nos recommandations et
pouvait servir de référentiel, même si elle ne concerne à la base que l’usage agricole. Cette norme
indique des niveaux de qualité à atteindre et définit des bonnes pratiques en termes de traitement :
 Approche à barrières multiples : conseils sur la qualité de l'eau, le niveau de traitement, les
pratiques d'irrigation et autres mesures de protection ;
 Définition de 5 niveaux de qualité de l'eau en fonction des risques sanitaires liés à l'accès du
public, au type de cultures irriguées, aux technologies d'irrigation technologies d'irrigation...
 Recommandations de bonnes pratiques et mesures supplémentaires pour éviter les impacts
négatifs sur les sols, les cultures les eaux souterraines et de surface.

Nous développons ci-après le socle, inspiré de la norme ISO 16075, sur lequel la nouvelle
réglementation tunisienne, en matière de REUT pourrait reposer. Des propositions de révision de la
norme tunisienne seront développées en Phase 3.

7.3.1 Proposition de niveaux de qualité pour la REUT en Tunisie


Nous présentons les premiers éléments basés sur la norme ISO qui seraient à appliquer au contexte
136 tunisien. La méthode, les hypothèses, les limites et l’analyse restent à préciser.

Tableau 37 :Exigences minimales issues de la norme ISO 16075


Exigences minimales de qualité de la norme ISO
Coliformes  œufs 
Type d'eaux usées  Traitement nécessaire pour atteindre cette  DBO5  MES  Turbidité 
Catégorie thermotolérants  d'helminthes 
traitées qualité (mg/l) (mg/l) en NTU
(nombre/ 100 ml) nombre / Litre
EUT Secondaire + Filtration sur lit de contact (MBBR) 
A ≤10 ≤10 ≤5 ≤100 ≤1 
Très haute Qualité ou filtration sur membrane + Désinfection
EUT
B Secondaire + Filtration + Désinfection ≤20 ≤25 ‐ ≤1000 ≤1 
Haute Qualité
EUT
C Secondaire + Désinfection ≤35 ≤50 ‐ ≤10000 ≤1
Bonne Qualité
EUT Secondaire ou clarification à grande vitesse avec 
D ≤100 ≤140 ‐ ‐ ≤1 
Qualité Moyenne coagulation floculation et désinfection si 
EU après 
E Systèmes de lagunage et zones humide ≤35 ‐ ‐ ‐ ‐
traitement extensif

Traitement proposé par l'ONAS dans les 
30 10 ≤1
schémas directeurs
Pour mémoire
Normes tunisiennes 106.03 30 30 ≤0
Arrêté du 26 mars 2018 30 30 ≤1

11 Une norme est une spécification technique, approuvée par un organisme reconnu de normalisation, pour application répétée
ou continue dont le respect n’est pas obligatoire (Règlement UE N°1025/2012 du Parlement Européen et du Conseil du 25
octobre 2012. La norme ISO a pour avantage d’être approuvé par un les instances internationales.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Le choix de ces paramètres est basé sur les justifications suivantes :


 Les paramètres doivent être indicateurs de risques : en matière de REUT, ce sont les paramètres
microbiologiques qui déterminent les risques sanitaires : coliformes thermotolérants12 (indicateur de
probabilité de la présence de bactéries pathogènes) et œufs d’helminthes ;
 Les paramètres sont compatibles avec les techniques d’utilisation de l’EUT : MES (Matières En
Suspension) et turbidité entraînent le colmatage des systèmes d’irrigation, la présence de DBO5
génère la présence de biofilm dans les canalisations.
Le nombre de paramètres est restreint afin de ne pas alourdir les campagnes d’analyses qui pourraient
être un frein à l’application des mesures de contrôle.

7.3.2 L’approche multi-barrières pour élargir les conditions de REUT


L’approche multi-barrières permet d’abaisser la pression sur le traitement, les objectifs de qualité d’eau
au niveau de l’usage sont les résultats de plusieurs activités qui représentent chacune des barrières à
des risques sanitaires.

Figure 45: Schéma de l’approche barrière pour l’usage agricole

137

Source : INRAE

Cette approche permet de considérer l’ensemble des processus et mesures pour réduire la probabilité
de contact avec les micro-organismes qui sont potentiellement infectieux et atteindre le niveau de risque
sanitaire admissible au regard de l’usage considéré.

L’approche à barrières multiples consiste ainsi à combiner un ensemble de mesures destinées à


interrompre le flux de micro-organismes des eaux usées traitées vers l’utilisateur (par exemple
l’agriculteur, la personne en charge de l’irrigation d’un golf ou d’espaces verts, la personne en charge
de la réalimentation d’une lagune ou d’une nappe…) et le consommateur.

Les barrières sont des activités très diverses qui permettent de sécuriser l’approvisionnement de l’EUT
en termes de qualité. Elles peuvent s’appliquer :
 aux contacts directs : épandage des EUT, pose de clôture, exigences en matière de la dérive de
pulvérisation, protection physique et vaccinale des personnes en contact avec l’eau ;
 aux méthodes de recharge de nappe : infiltration dans des milieux de nature imperméable, comme
les couches argileuses avant injection dans la nappe qui peuvent devenir des barrières très
efficaces ;
 aux méthodes d’irrigation : nécessité d’utiliser des méthodes : goutte-à-goutte, aspersion, canal
ouvert ;

12 Le terme générique « coliformes thermotolérants » est privilégié à celui de « coliformes fécaux » car plusieurs coliformes
fécaux ne sont pas d’origine fécale, pouvant provenir d’eaux enrichies en matière organique, tels les effluents industriels du
secteur des pâtes et papiers. L’intérêt de la détection de ces coliformes, à titre d’organismes indicateurs, réside dans le fait
que leur survie dans l’environnement est généralement équivalente à celle des bactéries pathogènes et que leur densité est
généralement proportionnelle au degré de pollution produite par les matières fécales. Ils sont aussi de bons indicateurs de
l’efficacité du traitement de l’eau.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

 aux restrictions portant sur les cultures : types de produits autorisés, application de restrictions,
éducation des agriculteurs et de la population ;
 au traitement post-récolte : port de vêtement de protection exigé pour les travailleurs, lavage des
produits récoltés, etc.

Cela peut également concerner l’amont du système de traitement et l’accompagnement de la mise en


œuvre de la REUT comme :
 La collecte des eaux usées : les droits d’accès, droits d’utilisation, par exemple bannir certaines
activités à raccorder au réseau (équarrissage par exemple) ;
 La surveillance : mise en place un système de suivi des contrôles ;
 Des campagnes de sensibilisation sur le risque invisible des agents pathogènes qui doivent
accompagner la promotion de ces pratiques.

Dans la norme ISO 16075, l’approche barrière est développée ; elle définit, en fonction des usages, des
niveaux de qualité. Dans cette norme, il est indiqué que des eaux de moins bonne qualité sont
mobilisables pour de la REUT si des mesures barrières sont ajoutées au traitement ; cela permet
d’élargir la gamme des technologies.

Le tableau ci-dessous précise la liste des mesures barrières citées dans la norme ISO 16075. Cette
liste, non limitative par rapport à ce qui peut être mis en place pour les différents usages, illustre ici des
mesures susceptibles d’être mises en place.

Tableau 38: Liste des mesures barrières inscrites dans la norme ISO 16075
Réduction d'exposition aux Nombre de barrières
Source: norme iso 16075
pathogènes en unité log équivalentes
Irrigation goutte-à-goutte à plus de 25cm 2 1
Irrigation goutte-à-goutte à plus de 50cm 4 2
Irrigation goutte-à goutte souterraine sans remontée capillaire d'eau à la surface 6 3
138 Irrigation de cultures basses par arroseurs et micro-arroseurs, à plus de 25cm du jet d'eau 2 1
Irrigation d'arbres frutiers par arroseurs et micro-arroseurs, à plus de 50cm du jet d'eau 4 2
Légère désinfection 2 1
Désinfection poussée 4 2
Séparation des légumes des eaux d'irrigation (goutte-à-goutte) par une bache résistante aux UV 2à4 1
Inactivation naturelle ou favorisée des agents pathogènes par l'arrêt ou l'interruption de l'irrigation avant la
0,5 à 2 par jour 1à2
récolte
Lavage des fruits et légumes à l'eau potable avant leur vente 1 1
Désinfection puis rinçages à l'eau potable des fruits et légumes avant leur vente 2 1
Pelage des fruits et légumes à racine 2 1
Immersion dans l'eau bouillante ou cuisson à haute température des produits 6à7 3
Restriction d'accès pendant 24h après irrigation 0,5 à 2 1
Restriction d'accès pendant 5j après irrigation 2à4 2
Cultures fourragères ou séchées au soleil et récoltées avant leur consommation 2à4 2
Irrigation de nuit, lorsque le public n'a pas accès aux parcs, terrains de sport et jardins irrigués 0,5 à 1 1
Irrigation par aspertion contrôlée, distance minimale de 70m des habitations ou lieux accessibles au public 1 1

La robustesse globale d’une filière de traitement peut être améliorée par la multiplication des barrières
à un coût raisonnable.

Cette approche nous semble adaptée au contexte tunisien qui, en couplant le traitement des EUT et
l’approche barrière permet d’élargir le spectre des usages possibles en Tunisie des EUT. Elle a
également pour avantage de maintenir l’équilibre des nutriments dans l’eau, tout en diminuant le risque
sanitaire.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

7.3.3 Pour garantir la gestion maîtrisée des risques : une mise en œuvre de la
réglementation par étape et l’application d’un contrôle indépendant
7.3.3.1 Principes directeurs pour l’établissement de la nouvelle réglementation
Comme indiqué précédemment, la mise en œuvre de la réglementation doit permettre de maîtriser les
risques via une combinaison de pratiques.

En optant pour cette approche, la réglementation en la matière subira une évolution progressive en
fonction de la maîtrise des différents usages et permettra, à terme, l’autorisation de tous les usages.

A cet effet, le cadre réglementaire à mettre en place doit être en phase avec la maîtrise de la REUT au
moment de sa promulgation et de son exécution.

La réglementation devra :
 Au niveau de la qualité des EUT :
- Définir un niveau de qualité minimum des EUT utilisées par usage autorisé ;
 Au niveau sanitaire :
- Définir un nombre de barrières, exprimé sous la forme d'un objectif sanitaire (abattement
en pathogènes) ;
- Identifier les mesures de protection de la santé qui, utilisées collectivement, peuvent
atteindre l'objectif sanitaire spécifié ;
 A la mise en œuvre :
- Établir des procédures de contrôle, d’auto-surveillance, de suivi et d'évaluation du
système ;
- Définir les responsabilités institutionnelles et le périmètre d’intervention de chaque
institution, les outils de contrôle et de sanctions en cas de non-respect de la 139
réglementation.

7.3.3.2 L’importance d’un contrôle indépendant


L’évolution de la réglementation devra être confirmée par un contrôle indépendant qui validera si le
système permet une gestion maîtrisée des risques pour l’usage autorisé. Si les risques sont maîtrisés,
alors l’élargissement à des usages plus restrictifs sera envisagé.

Pour limiter le risque sanitaire et assurer la bonne application de la réglementation, il apparait en effet
nécessaire de mettre en place un système de contrôle très complet. Tout projet utilisant des eaux usées
traitées nécessite des opérations de contrôle et d'évaluation, qui doivent faire partie intégrante, de
manière permanente, de l'exploitation et de la gestion.

Les méthodes de contrôle doivent être plus poussées que celles des systèmes qui rejettent les eaux
usées dans les cours d'eau, en raison du critère de réutilisation qu'elles intègrent et de l’impact sanitaire
potentiel qui en découle. Le programme de contrôle doit avoir pour objectif de permettre la détection
précoce des problèmes. Certains aspects du contrôle visent à protéger la santé publique et
l'environnement. Ces contrôles doivent ainsi intervenir pour être efficace à quatre points du système de
l’utilisation de l’eau traitée :

1) sur les effluents en sortie de la station d’épuration ;

2) au niveau du stockage s’il existe ;

3) au point d’usage ;

4) sur le produit découlant de l’usage.

Un plan intégré de gestion respectant la réglementation devra inclure l’ensemble du système ainsi que
la documentation de contrôle, telle que l'échantillonnage, l'analyse et la comparabilité des données.

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Cette responsabilité du contrôle général doit être confiée à une seule instance gouvernementale
indépendante (aujourd’hui, l’ANPE et la DHMPE effectuent des contrôles). Le droit d'avoir accès à
l'information sur la qualité de l'eau et le type d'eau récupérée et traitée est un aspect important des plans
globaux de contrôle et d'analyse des données.

NB : Ces aspects liés au contrôle sont également évoqués dans le chapitre 8 dédié aux questions
institutionnelles.

Le type de contrôle, sa périodicité, sa mise en œuvre seront traités dans la phase 3 de cette étude.

7.3.3.3 Les dispositions pour accompagner la maîtrise et l’évolution vers l’autorisation


d’autres usages
Il est recommandé de ne pas attendre la maîtrise complète des risques pour initier des projets
d’expérimentation. En effet, la mise en œuvre de tels projets, dans le cadre de la recherche, est
nécessaire pour améliorer la maîtrise de la REUT pour les différents usages et accélérer l’autorisation
de nouveaux usages. Cela permettra de tester et valider la faisabilité des technologies de traitement et
également l’approche multi-barrières en Tunisie.

L’objectif à terme est que l’ensemble des usages puissent être autorisés, autorisation qui reposerait sur
une réglementation portant sur le traitement et les mesures multi-barrières, les pratiques de réutilisation
et les mesures de contrôle pour réduire les risques sanitaires.

Sur la base des usages identifiés dans les chapitres précédents, nous proposons dans le tableau ci-
dessous des horizons d’applicabilité de la réglementation en Tunisie. Plus les usages exposent à un
risque sanitaire, plus le niveau de traitement et les mesures multi-barrières associées seront élevés et
complexes et plus l’horizon de mise en application potentielle en Tunisie est éloigné.

140

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

Tableau 39 :Evolution de la réglementation en fonction de la projection possible de l’applicabilité de la REUT aux usages
Usage Sous usage Horizon
Pâturage/parcours 2040
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres) ‐ gravitaire 2040
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres) ‐ goutte‐à‐goutte 2020
Arboriculture (oliviers/agrumes/autres) ‐ aspersion 2040
Pépinières et arbustes et autres cultures florales ‐ gravitaire 2040
Pépinières et arbustes et autres cultures florales ‐ goutte‐à‐goutte 2020‐2025
Pépinières et arbustes et autres cultures florales ‐ aspersion 2040
Céréales ‐ gravitaire 2040
Céréales ‐ aspersion 2040
Fourrages ‐ gravitaire 2040
Agriculture
Fourrages ‐ aspersion 2040
Cultures industrielles  (tabac …) ‐ gravitaire 2040
Cultures industrielles  (tabac …) ‐ goutte‐à‐goutte 2020
Cultures industrielles  (tabac …) ‐ aspersion 2040
plantes médicinales ‐ gravitaire 2040
plantes médicinales ‐ goutte‐à‐goutte 2020‐2025
plantes médicinales ‐ aspersion 2040
Maraîchage ‐ gravitaire 2040
Maraîchage ‐ goutte‐à‐goutte 2040
Maraîchage ‐ aspersion 2040
Blocs sanitaires 2020‐2025
Golfs (aspersion) 2020‐2025
Tourisme
Espaces verts hôteliers ‐ goutte‐à‐goutte 2020‐2025
Espaces verts hôteliers ‐ aspersion 2040
Hydrocurage des réseaux d'assainissement 2020‐2025
Lavage des rues/véhicules 2020‐2025
Blocs sanitaires bâtiments publics 2040
Urbain Espaces verts d'ornement (aéroport, alignement d'arbres, ronds points…) ‐ 2020
Espaces verts d'ornement (aéroport, alignement d'arbres, ronds points…) ‐ 2020‐2025
Espaces verts recevant du public (parcs urbains, stades…) ‐ goutte‐à‐goutte 2020‐2025 141
Espaces verts recevant du public (parcs urbains, stades…) ‐ aspersion 2040
Nettoyage de carrières 2020‐2025
Dilution des saumures provenant du dessalement 2020‐2025
Industriel Eaux de process hors IAA (Textiles…) 2020‐2025
Eaux de process hors IAA (Phosphates …) 2040
Eau de refroidissement 2040
Alimentation zone humide 2020‐2025
Revégétalisation espace forestier fermé au public ‐ goutte‐à‐goutte 2020‐2025
Environnemental Revégétalisation espace forestier ouvert au public ‐ aspersion 2040
Pépinières (lutte contre la désertification) ‐ goutte‐à‐goutte 2020‐2025
Pépinières (lutte contre la désertification) ‐ aspersion 2040
AEP AEP 2050
Recharge de nappe sans prélèvement 2020‐2025
Recharge de nappe pour barrière anti‐sel 2020‐2025
Recharge de nappe
Recharge de nappe avec prélèvements agricoles mais sans prélèvements AE 2020‐2025
Recharge de nappe avec utilisation AEP 2050
Rejet dans un barrage avec utilisation AEP 2050
Autre usages  Rejet dans un barrage sans utilisation AEP 2020‐2025
indirects Rejet dans un oued puis pompage pour l'agriculture 2020
Mélange avec eaux conventionnelles hors AEP 2020

NB : dans la colonne « Horizon » : « 2020 » signifie que cet usage est déjà existant et nous semble
pertinent au regard de l’équipement de traitement actuel du pays ; « 2020-2025 » signifie que cet usage
pourrait se développer dans les 5 ans à venir. On trouvera des usages mentionnés à des dates
ultérieures alors que ces usages existent déjà, mais ces usages ne nous semble pas forcément
pertinents au regard des de la maîtrise technologique actuelle (ex : usages agricoles en gravitaire sans
désinfection).

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7. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS REGLEMENTAIRES

7.3.4 Des outils réglementaires visant à dynamiser la filière REUT


La mise en œuvre d’un cadre réglementaire ambitieux devra s’accompagner d’un système de contrôle
avancé et d’excellents systèmes de mesure de la qualité de l’eau comme vu ci-avant.

Ils permettront de s’assurer du respect de la réglementation et seront garants de l’absence de dangers


pour la santé humaine pour gagner la confiance des consommateurs et faire évoluer la perception du
public.

Au-delà de ces aspects, nous proposons que soient également définis des instruments juridiques pour
inciter et faire adhérer les usagers à la REUT, chaque fois que cela est approprié et rentable, et ceci
pour :
 optimiser les ressources en eau existantes,
 harmoniser les règles pour soutenir le marché intérieur des produits irrigués par l’EUT,
 faire que toute décision de ne pas pratiquer la REUT soit dûment justifiée sur la base de critères
définis, et réexaminée régulièrement.
 motiver des programmes d’incitations économiques pour moderniser les STEP en intégrant la
promotion des avantages de la REUT
Pour ce faire, un dispositif réglementaire associant obligation et incitation pourrait être conçu et mis en
place. Le caractère obligatoire de la REUT pourrait se baser sur les dispositions les plus pertinentes du
code des eaux.
En effet, le projet du code des eaux prévoit déjà la REUT comme un des piliers de l’économie de l’eau
et de la promotion des ressources hydrauliques, il cite notamment :

 La REUT pour des fins de production et des services, ce qui engloberait :


- Les usages agricoles,
- Le reboisement dans le cadre de la lutte contre la désertification,
142 - Le transport (les aéroports et les stations de transport terrestre peuvent utiliser les eaux
grises),
- L’octroi des terres domaniales (cet octroi pourrait être conditionné par la REUT, quand ces
eaux sont accessibles),
 La REUT dans l’entreprise et l’unité industrielle, ce qui engloberait, en plus du secteur
industriel, explicitement cité, tous les secteurs économiques comme le tourisme,
divertissement (terrains de golf) et autres.

Rappelons que cette obligation a été, à maintes reprises, préconisée, à juste titre, par les participants
des ateliers régionaux, que ce soit au niveau central ou au niveau des CRDA.
Seulement, il est recommandé de convertir ces usages potentiels en obligation pour tous les autres
secteurs d’activité économique et en lien avec l’environnement, quand cela est techniquement
possible13et accessible14. Pour ce faire le projet du code des eaux devrait être révisé pour instituer des
cas où la REUT devient obligée ou fortement incitée et non pas seulement un possible usage.

En matière d’incitations, il est recommandé de créer une corrélation entre les dispositions obligatoires
et les mesures incitatives prévues par la loi investissement15, et ce en interdisant aux exploitants des
secteurs économiques et des services, confondus, de bénéficier des primes et avantages financiers
s’ils ne présentent pas les cahiers des charges de REUT.

Cela permettrait de créer un système juridique équilibré permettant aux plus réticents / récalcitrants à
l’obligation de REUT, d’adhérer au système par le biais des incitations garanties par la loi
investissement.

13 Une qualité des EUT conforme à la réglementation


14 Proximité géographique des EUT
15 Loi n° 2016-71 du 30 septembre 2016, portant loi de l’investissement, Articles 19 §4 et 29

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS


Les propositions faites ci-dessous ont été formulées sur les bases suivantes :
 Travail bibliographique, et éléments du rapport de diagnostic de la présente étude. La note
institutionnelle produite en 2020, dans le cadre de la mission d’aide technique aux opérations de
réutilisation des EUT en Tunisie (Projets de Zaouïet Sousse et Mahdia Dkhila) fait partie des
documents importants lus pour réaliser les propositions (DGGREE et ONAS, 2020) ;
 Résultats des ateliers régionaux (février, mars et avril 2021) et de l’atelier national (30 juin 2021) ;
 Benchmark et entretiens avec 3 acteurs de la REUT : en Belgique (production d’eau potable),
Espagne (recherche - irrigation) et Israël (recherche - valorisation tous usages). Les comptes rendus
d’entretien sont présentés en annexe 3.

8.1 CONSIDERATIONS GENERALES


8.1.1 La réorganisation globale du mode de gouvernance en Tunisie est à prendre
en compte dans la formulation des recommandations.
La nouvelle constitution tunisienne, élaborée en 2014, prévoit la décentralisation et la réorganisation de
l’administration tunisienne (adoption du Code des Collectivités locales (CCL) en avril 2018).

La Tunisie vit donc en ce moment dans une période clé de transition entre un état fortement
centralisé, et une organisation plus décentralisée, où le principe de subsidiarité s’appliquera plus,
notamment pour la planification et les prises de décision. Le processus est en cours et le système n’est
pas encore stabilisé. Certains vides existent, qui ne sont pas spécifiques au secteur de la REUT.
143
Concernant la REUT, la multiplicité des acteurs impliqués conduit à une forme de concurrence
interinstitutionnelle et des difficultés pour l’harmonisation des décisions, par exemple entre le
développement des infrastructures de traitement et les projets potentiels de réutilisation. On note un
manque de répartition claire des responsabilités et un manque de coordination entre les
institutions.

La démarche de concertation développée dans la présente étude porte en germe des processus
plus décentralisés et une responsabilisation plus forte des échelons locaux. La participation active
des acteurs lors des ateliers régionaux (février à avril 2021) illustre les attentes importantes sur ce point.

Nous proposons donc que ce processus s’amplifie et tende à terme vers une gestion plus territoriale
de la REUT.

En pratique, ce processus se fera en parallèle du développement d’un échelon plus régional de la mise
en œuvre de la politique de l’eau. Il n’existe en effet pas véritablement un tel échelon à ce jour. On
pourrait imaginer à terme, par exemple, la création d’un service de développement territorial de
l’eau à une échelle locale. Il est pour cela nécessaire qu’il y ait, à un niveau local, des techniciens
compétents pour animer l’approche territoriale de la REUT. Il est aussi nécessaire d’avoir un
renforcement des capacités des preneurs de décision, afin qu’ils puissent prendre pleinement leur
rôle pour la définition de la stratégie territoriale en matière de gestion de l’eau.

8.1.2 Le projet de code des eaux prévoit un certain nombre de dispositions


relatives à la REUT
Actuellement, un projet du code des eaux est proposé à l’ARP (Assemblée des Représentants du
Peuple). Le projet du code des eaux prévoit un certain nombre de dispositions relatives à la REUT
comme cela est détaillé dans le chapitre 7 consacré aux aspects réglementaires.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

La REUT, pour tous les secteurs, y compris la recharge de la nappe et le déversement dans le milieu
récepteur, sera, selon les dispositions du projet du code des eaux, soumise à la signature et au respect
des conditions d’un cahier des charges approuvé par le ministre, après avis des ministres concernés,
précisément ; de la santé, de l’environnement et de l’équipement.

Le cahier des charges relatif à la REUT sera conditionné par le respect et la conformité des différentes
réutilisations à des normes prises par un arrêté conjoint des ministres concernés (eaux, santé et
environnement) disposant, selon les modes de REUT, les mesures préventives sanitaires et
environnementales à respecter.

8.1.3 Une approche « ressources » est à favoriser, à la place de l’approche


« usages » actuelle
La Tunisie affiche des objectifs ambitieux de réutilisation de 100% de ses EUT. Le problème a été
souvent formulé par la question « Pour une station d’épuration donnée, quels sont les usages qui
peuvent être développés pour réutiliser toutes les eaux produites par cette STEP ? »

La vision actuelle du développement de la REUT est ainsi une vision visant à développer de nouveaux
usages de l’eau. Etant donné le fort déficit hydrique en Tunisie, il semble important de dépasser
cette vision, pour développer une vision territoriale basée sur les ressources et leur lien avec la
vie des territoires.

Les eaux usées traitées doivent être prises en compte dans l’ensemble des ressources en eau du
territoire, et qui vont aider à combler les déficits existants. Dans nos recommandations techniques,
l’accent est ainsi mis sur la substitution par des EUT, quand cela est possible et pertinent, des
ressources en eau dans les périmètres irrigués existants. Cette substitution doit permettre de
soulager la pression exercée sur les ressources en eau utilisées aujourd’hui (particulièrement les
nappes). Cette approche a été privilégiée en Israël, où la politique nationale de l’eau de 2000 encourage
l’utilisation des EUT à la place des eaux conventionnelles (substitution), dans le secteur agricole.
144
Il nous semble ainsi fondamental que les ressources « conventionnelles » et « non-conventionnelles »
soient appréhendées de manière intégrée et que leurs usages possibles soient réfléchis en lien avec la
réalité des territoires. C’est l’approche que nous avons développée pour la démarche prospective à
l’échelle des six grandes zones définies.

Il nous semble primordial que ce type d’approche intégrée soit poursuivie à l’avenir.

8.1.4 Pérennité et opérationnalité de la commission nationale (CNREUT) et des


commissions régionales (CRREUT) sont nécessaires
Si tout le monde reconnait l’importance de la commission nationale et des commissions régionales pour
la REUT, on note cependant un certain nombre de problématiques, qui freinent leur bon fonctionnement.

La CNREUT n’est pas organisée dans un lieu reconnu, avec des procédures claires de travail, un
budget alloué, des ressources humaines, etc. Afin qu’elle devienne pleinement opérationnelle, nous
formulons les recommandations suivantes :
 Mise en place d’un Secrétariat Permanent, qui aurait les compétences pour :
- Faire évoluer le statut de la CNREUT de celui de commission ad hoc réunissant des responsables
venant d’horizons divers et ne possédant aucune attache institutionnelle et aucune continuité dans
ses travaux à celui de structure pérenne possédant un ancrage institutionnel défini, un personnel
propre, des moyens financiers et matériels offrant un cadre institutionnel propice à la continuité de
ses travaux et à un suivi concret de la mise en œuvre de ses décisions,
- Piloter la mise en œuvre de la stratégie nationale,
- Consolider et suivre la mise en œuvre des plans régionaux,
- Prendre en charge le système d’information.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

Les objectifs du Secrétariat Permanent, ses fonctions et activités pourront être détaillés dans la
phase 3 de l’étude.
 Mise en place de la CNREUT sous la tutelle du Conseil National de l’Eau. En effet le CNE est
notamment chargé de :
- Définir les principes généraux de mobilisation de la ressource en eau,
- Emettre un avis sur les stratégies élaborées,
- Encourager le développement des ressources non- conventionnelles.
Cela dit, il faut garder en tête que le CNE est placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture et
gagnerait à être placé sous la tutelle de la Présidence du Gouvernement pour renforcer sa crédibilité
et éviter les retombées négatives de la concurrence interinstitutionnelle.

Les CRREUT ne sont pour l’instant que très rarement organisées, et, lorsqu’elles existent, c’est à
l’échelle du gouvernorat. Pour les CRREUT, nous pouvons formuler les recommandations suivantes :
 Afin de ne pas dissocier les problématiques partagées entre différents gouvernorats, et pour faciliter
la mise en œuvre des CRREUT, il semble pertinent de mettre en place les CRREUT à l’échelle de
plusieurs gouvernorats (par exemple à l’échelle des « districts » imaginés dans le cadre de la
décentralisation en Tunisie16 ou à l’échelle des 6 zones qui ont été définies pour la présente étude).
 L’animation de la REUT doit être l’une des fonctions premières des CRREUT et il est important que
des animateurs formés fassent parti des CRREUT.

8.1.5 La sensibilisation doit être renforcée


Le renforcement de la sensibilisation est un aspect essentiel pour la promotion de la REUT. La
sensibilisation concerne notamment les points suivants :
 La promotion de la REUT, particulièrement dans les zones présentant encore de la réticence vis-à-
vis de la REUT, et pour élargir les usages ;
145
 La mise en place des mesures barrières, pour élargir les possibilités de réutilisation, en limitant les
risques.

La sensibilisation pourrait faire plus largement intervenir les syndicats (notamment les syndicats
agricoles, des hôteliers, des industriels) qui peuvent être de bons relais.

16 Dans le cadre de la décentralisation, il est prévu de créer des districts qui constituent le regroupement de plusieurs
gouvernorats partageant des caractéristiques territoriales et socio-économiques. Selon l’ITES, la Tunisie devrait comporter
5 districts : Majerda, Carthage, Cap Bon - Sahel, Grand Centre, Oasis et Ksour. Ce découpage est relativement similaire au
découpage retenu dans la présente étude. La principale différence est pour le district « Grand Centre » que nous avons
considéré en 2 zone dans l’étude : Centre et Sahel/Sfax.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

8.2 RECOMMANDATIONS POUR LES DIFFERENTES ETAPES DE LA FILIERE


De façon générale, les recommandations que nous formulons ici insistent sur les points suivants :
 Renforcement de la CNREUT et des CRREUT pour l’élaboration et le suivi de la mise en œuvre de
la stratégie REUT ;
 Réflexion sur le portage de la filière et sur la possibilité de placer la filière REUT sous un organisme
responsable de la Planification et/ou Gestion Intégrée des Ressources en Eau, toutes ressources
confondues ;
 Décentralisation du processus d’émergence des projets, de l’instruction et de l’autorisation du projet.
La décentralisation doit permettre de passer de la simple information ou consultation des acteurs
locaux à la co-construction des projets (voir schéma ci-dessous).

Figure 46 :Les différents niveaux d’engagement selon le type de processus participatif

146

 Possibilité de mettre en place des sociétés ad-hoc pour la gestion des projets importants, qui
pourraient assurer le traitement tertiaire, le transport et la distribution des EUT ;
 Implication plus forte de l’ONAS, notamment dans l’émergence des projets, pour synchroniser les
réflexions sur la construction/réhabilitation des STEP avec les réflexions sur les usages possibles
de la ressource que constituent les EUT ;
 Simplification des procédures de contrôle et de surveillance de la qualité de l’eau ;
 Mise en place d’un système d’information transparent et partagé.

Nous présentons ci-après des premières propositions d’orientation pour les différentes étapes.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

8.2.1 Réflexion stratégique : le plan directeur national doit être décliné à une
échelle inférieure
La réflexion stratégique est conduite en ce moment au niveau national (avec le plan national REUT).
Elle est portée par la DGGREE et implique les autres ministères (particulièrement MALE, MSP) et les
acteurs locaux (usagers, ONAS, gouvernorats, etc.).

Dans le cadre du processus de décentralisation en cours en Tunisie, il serait souhaitable que cette
approche soit systématiquement déclinée à une échelle inférieure. A cet effet, la circulaire n°41 du
06/03/2018 mentionne « l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’action spécifique à chaque
gouvernorat pour la promotion et l’utilisation des eaux traitées dans les divers secteurs et à court
terme ». Cette circulaire est importante et favorise l’élaboration de plans locaux. En revanche,
l’élaboration d’un plan par gouvernorat ne semble pas forcément opportune. La possibilité de
faire moins de plans, en regroupant les gouvernorats pour lesquels les problématiques sont
similaires devrait selon nous être envisagée. Les plans régionaux, dont l’élaboration pourrait être
supervisée par les CRREUT pourraient ainsi être réalisés à l’échelle des futurs districts ou à l ‘échelle
des 6 zones qui ont été définies pour la présente étude, et regrouper de ce fait des problématiques
partagées entre plusieurs gouvernorats.

Ainsi, la stratégie nationale REUT pourrait constituer une synthèse/vision d’ensemble qui reprendrait en
les harmonisant les stratégies régionales et la CNREUT veillerait à la mise en œuvre globale de cette
stratégie, via le vote d’un budget qui serait ensuite alloué aux niveaux régional puis local.

8.2.2 Portage de la filière : la structure porteuse doit avoir les compétences, les
moyens humains et matériels pour gérer l’ensemble des problématiques du
secteur
147
Actuellement, de multiples structures sont concernées par le secteur des EUT et les attributions
concernant la REUT ne sont pas toujours explicites. Il y a certes au sein de la DGGREE une structure
spécialisée dans la REUT, mais cette structure manque de moyens et de stratégie. Par ailleurs, la
DGGREE n’est pas la seule structure concernée par la REUT et il n’existe pas de mécanisme clair de
coordination entre les différentes structures impliquées (que ce soit au sein du MARHP mais aussi avec
le MSP et le MALE). Il n’existe pas non plus de base de données commune aux différentes
structures/ministères qui permettrait un partage clair et transparent des informations.

Concernant le pilotage stratégique de la REUT en Tunisie, voilà quelques propositions d’orientations :


 La structure porteuse doit avoir les moyens humains et matériels pour gérer la REUT. Elle doit avoir
une vision stratégique sur l’ensemble de la ressource en eau et des usages et doit pouvoir assurer
la coordination avec les autres structures ;
 La structure porteuse doit pouvoir centraliser les données concernant toutes les REUT et disposer
d’une vision d’ensemble du sujet à l’échelle du pays ;
 La structure porteuse doit pouvoir fournir un appui technique aux usagers ;
 Il est nécessaire de définir clairement les responsabilités des différentes structures ayant un
rôle dans la REUT et les mécanismes de coordination entre ces structures, pour éviter la dilution
des responsabilités et favoriser une approche efficace.

Pendant la phase 1 de l’étude, plusieurs options ont été envisagées pour le pilotage de la REUT en
Tunisie. Le tableau ci-dessous rappelle les options qui avaient été proposées.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

Tableau 40 :Options envisageables pour le pilotage de la REUT en Tunisie


Option Pilote de la REUT Avantages Inconvénients
(a) DGGREE  Le développement des  Difficulté d’avoir une approche
Représentant de l’usage infrastructures est généré par intégrée inter ressources
principal, l’irrigation une approche par la (allocation), inter-fonctions
demande : acteur (coordination), inter usages
intrinsèquement motivé car (planification et coordination)
(il s’agit du cadre représentant institutionnel  Un effort particulier sera
institutionnel actuel) bénéficiaire direct nécessaire pour avoir une
approche intégrée multi-usages et
risque sur l’impartialité pour le
traitement des enjeux des autres
usages
(b) ONAS  Cohérence de service :  Nécessité de faire évoluer le statut
intégration de toute la chaine de l’ONAS pour que cela soit
Organisme public
de production / traitement des clairement inscrit dans ses
responsable de
EUT ; missions et objectifs
l’assainissement
 Expérience des années 2000 ;  Fonctionnement actuel de
 Institution puissante l’institution en autarcie : manque
de transparence, capacités
limitées de coopération avec les
autres acteurs
 Risque de déséquilibre des
pouvoirs par rapport aux
organismes qui sont censés
contrôler l’ONAS
(c) Organisme responsable de  Développement de la REUT  La politique de GIRE est
la Planification et/ou Gestion orienté par une approche par naissante en Tunisie, avec une
Intégrée des Ressources en l’offre, avec une vision intégrée dissociation du portage politique
Eau, toutes ressources des ressources en eau (BPEH) et technique (DGBGTH,
confondues  Moins de risques de conflits DGRE, DGGREE), et séparation
148 (conventionnelles et non d’intérêt et évaluation des des ressources par type
(DGBGTH : grands barrages,
conventionnelles). enjeux de chaque usage
potentiel plus impartiale, DGGREE : REUT et barrages
Cet organisme pourrait être
augmentation de la confiance collinaires, DGACTA : retenues
placé sous la tutelle de la
des usagers collinaires, DGRE : eaux
Présidence du
souterraines.
Gouvernement pour limiter
la concurrence inter-
ministérielle.
(cette fonction est pour
l’instant répartie entre le
BPEH, la DGGREE, la
DGBGTH et la DGRE)

8.2.3 Emergence des projets : le rôle essentiel de l’animation territoriale


Actuellement, l’émergence des projets concerne très majoritairement les périmètres irrigués. Ce sont
généralement les CRDA qui font remonter les besoins auprès du MARHP/DGGREE. La définition des
projets est donc réalisée au niveau national, après consultation des CRDA et de l’ONAS.

Lors de l’atelier national, qui s’est tenu le 30 juin 2021, plusieurs avis ont été émis sur cette question :
 L’organisation actuelle a été approuvée. Lors des travaux de groupes, le groupe 2 constitué pour
réfléchir à ces questions était constitué de plusieurs CRDA, et ces derniers ont souligné l’importance
des CRDA dans la valorisation des EUT. Ce groupe 2 a rajouté que l’échelle locale devrait être plus
écoutée et qu’il était important d’impliquer de nouvelles structures comme les associations
d’usagers. Il a par ailleurs été proposé que les CRDA aient un rôle plus important dans la valorisation
des EUT, par exemple en chef de file de la REUT à l’échelle locale et qu’une réorganisation de
l’existant est à favoriser plutôt que de créer de nouvelles structures.
 Durant les discussions, en plénière, des avis un peu différent ont été émis.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

- Il a été souligné que le CRDA n’a pas le mandat pour exercer une pression sur l’ONAS,
notamment en cas de problème de qualité.
- Il a été souligné aussi que le CRDA ne représente pas tous les usagers et qu’il faudrait plutôt
avoir une structure indépendante, qui puisse représenter l’ensemble des usagers.

Concernant les golfs et les industries, la situation est différente puisque ce sont les industriels et les
golfs eux-mêmes qui portent les projets de REUT.

Dans le cadre de la décentralisation et du portage local des stratégies de développement


territorial, nous proposons que les projets émergent des communes, des GDA, de l’ONAS ou des
usagers, grâce à l’appui d’un animateur, qui faciliterait le travail de la commission régionale REUT et
soutiendrait l’émergence des projets de REUT. Cette organisation proposée ressemble à ce qui est
pratiqué en Espagne où ce sont les usagers qui demandent à réutiliser des EUT. Ils font la demande à
la confédération hydrographique qui examine le projet, les besoins en eau, la qualité requise, et les
impacts potentiels sur l’environnement.

Par ailleurs, pour faciliter la promotion de la REUT à l’échelle locale, il est important de diversifier les
attributions des CRDA qui sont aujourd’hui essentiellement techniques. On peut penser
particulièrement à la prise en compte des aspects socio-économiques, à la vulgarisation et
sensibilisation à la REUT, à l’aide pour la recherche de financement, au conseil agronomique, etc. Pour
cela, il sera nécessaire de former des techniciens à ces problématiques. Tout comme au niveau
national, il n’existe pas de mécanisme de coordination entre les différentes structures impliquées dans
la REUT au niveau local, ni de mécanisme de partage de l’information et il sera nécessaire de mettre
en place des procédures claires.

La réalisation des études de faisabilité/des études d’impacts (pour les périmètres irrigués), est
actuellement sous la responsabilité des CRDA. Pour les autres usages, de telles études ne sont pas
systématiquement réalisées. Pour les différents usages, il est proposé de créer une équipe de projet,
rassemblant les usagers/leurs représentant, les directeurs des STEP, et les communes pour passer de
la simple consultation à la co-construction des études de faisabilité. Un appui technique des
universités et des directions générales est recommandé (DGGREE pour l’irrigation, DGRE pour la
recharge de nappes, etc.).
149

8.2.4 Autorisation des projets : le rôle du gouvernorat à renforcer


Suivant le décret 89-1047, la REUT est soumise à autorisation. Cette autorisation est délivrée par le
MARHP/DGGREE qui examine et autorise le projet, après consultation des acteurs locaux, accord du
MSP et avis de l’ANPE. A plusieurs reprises, il a été dit que cette procédure est compliquée et ralentit
la mise en œuvre de projets. Il est donc nécessaire de simplifier la procédure, et de raccourcir le temps
d’autorisation des projets.

Un point clé de la décentralisation et de l’application du principe de subsidiarité concerne


l’autorisation des projets au niveau local. Ce point a été validé lors de l’atelier national où, durant les
travaux de groupes, il a été proposé que les projets soient autorisés à l’échelle du gouvernorat, plutôt
qu’à l’échelle nationale.

Il n’existe pas, pour l’heure, de réelle décentralisation de la gestion de l’eau en Tunisie mais il semble
pertinent de remettre le pouvoir d’autorisation des projets au gouverneur (du gouvernorat dans lequel
se situe le projet). Le Gouverneur suivrait les recommandations de la CRREUT17 et serait garant de la
cohérence territoriale.

Cette nouvelle organisation permettrait au niveau local d’être pleinement acteur de la REUT via :
 L’élaboration des plans régionaux,
 La gestion de budget,
 L’animation de la démarche REUT à l’échelle locale et la délibération sur les projets à mettre en
œuvre.

17 Pour rappel, on propose que la CRREUT regroupe plusieurs gouvernorats (par exemple à l’échelle des districts).

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

Cela constitue un pas très important dans l’application du principe de subsidiarité. Lorsque le processus
de décentralisation en Tunisie sera finalisé et que la CRREUT sera pleinement opérationnel, il sera
possible de réfléchir à d’autres modalités pour l’autorisation des projets.

Pour les projets à portée nationale/inter-gouvernorats, l’implication de plusieurs commissions régionales


et de la commission nationale est possible.

8.2.5 Mise en œuvre et vie des projets : il est important d’engager tous les
acteurs concernés par le projet
Ce point a été particulièrement discuté lors de l’atelier national et on peut retenir les propositions
suivantes.

PROPOSITION D’UN NOUVEAU CADRE POUR LES PROJETS IMPORTANTS


Nous ne proposons pas de définition précise de la notion de « projet important ». On pourrait définir ces
projets comme des projets mobilisant plusieurs millions ou dizaines de millions de m3 d’eau, qui peuvent
nécessiter des transferts ou des stockages importants et qui vont concerner plusieurs dizaines ou
centaines d’usagers. Ces projets ne peuvent pas être gérés selon nous comme les projets de REUT le
sont actuellement, c’est-à-dire par les CRDA et les GDA uniquement Pour faciliter la mise en œuvre de
ces projets, il est proposé de créer des sociétés ad-hoc, qui auraient les missions suivantes18 :
 Assurer le traitement poussé des EUT (si nécessaire) et garantir la qualité de l’eau desservie,
 Assurer le transfert des EUT si nécessaire (gestion et maintenance du réseau),
 Assurer la distribution des EUT (gestion et maintenance du réseau) et garantir les quantités d’eau
desservies,
 Assurer la construction et la mise en service de l’ensemble des infrastructures (maîtrise d’œuvre).
150
En plus des points présentés ci-dessus, on pourrait imaginer dans certains cas, que la société ad-hoc
soit aussi en charge du traitement dès l’aval de la collecte des eaux usées brutes. Cela permettrait de
garantir la bonne coordination entre le traitement secondaire, tertiaire et la réutilisation. Ce point a été
souligné lors de l’entretien avec le producteur d’eau potable, en Belgique (voir le compte-rendu
d’entretien en annexe 3).

Ce modèle proposé est de nature proche à ce qui existe avec une société comme la SECADENORD
dont on rappelle ci-après les principales caractéristiques. « La Société d'Exploitation du Canal et
Adductions des Eaux du Nord est un établissement public à caractère industriel et commercial, doté de
la personnalité civile et de l'autonomie financière. Elle est placée sous la tutelle du Ministère de
l’Agriculture. La SECADENORD a pour objet d'assurer le fonctionnement, la gestion, l'exploitation,
l'entretien et la maintenance du canal et des conduites d'adduction servant pour le transport des eaux
des barrages de Sidi Salem, de l'Ichkeul et de l'Extrême Nord vers les lieux de leur utilisation, desservie
par les ouvrages mis à sa disposition et toutes les missions entrant dans le cadre de son activité et
tendant à permettre la meilleure utilisation des eaux du Nord. Elle procède à la répartition et à la vente
des eaux aux différents organismes chargés de leur distribution aux utilisateurs. » (SECADENORD,
2020).

En se basant sur quelques exemples connus tels la SECADENORD en Tunisie ou les SAR en France
(Sociétés d’Aménagement Régional – SCP, BRL, CACG, SOMIVAC, etc. dans leur format d’origine des
années 1950), on peut envisager un profil par une série de questions et d’options.
 Statut juridique : s’agit-il de sociétés publiques, privées ou de SEM (société d’économie mixte) ?
Statut national, régional ? Personnalité juridique ?
 Formation du capital : Public (Etat, collectivités locales), privé, mixte, ouvert en option ou en
obligation aux bénéficiaires (utilisateurs de la REUT) ?

18 Cette proposition fait suite aux discussions tenues lors de l’atelier national tenu en juin 2021. Par ailleurs, cette proposition
n’est pas complètement nouvelle, puisqu’elle était déjà faite dans l’étude de faisablité du transfert des EUT des stations
d’épuration du Grand Tunis, pour gérer les transferts inter-régionaux des EUT en Tunisie.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

 Gouvernance, tutelle : Le ministère en charge de la REUT ? Double tutelle avec les finances ?
Relations avec les représentations régionales et locales de l’Etat, etc.
 Investissements et fonctionnement : Contributions en capital, contributions publiques en
investissements en subventions, avances et prêts, rémunération de la société, remboursement des
emprunts publics et privés, etc. Conditions de l’équilibre financier dans le cycle de projet.
 Régime de concession : Est-ce l’option retenue ?
 Définition des modalités et mécanismes financiers : Autonomie financière (en particulier faculté
de lever des emprunts et de se rémunérer sur ses services) ?
 Délimitation précise d’un territoire concédé : cartographies officielles
 Missions : Quelles affectations et quelles assignations à des tiers ?
- Planification ?
- Conception technique et socio-économique ?
- Evaluations environnementales ?
- Promotion et accompagnement auprès des utilisateurs ?
- Maîtrise d’œuvre et supervision de travaux ?
- Exploitation technique et commerciale ?
- Entretien courant et grosses réparations ?
 Organes de contrôle : technique, financier, socio-économique, environnemental

POUR LES AUTRES PROJETS : MISE EN PLACE D’UNE EQUIPE PROJET


Pour les projets agricoles, la gestion des projets implique actuellement essentiellement les CRDA et les
GDA :
 Les GDA collectent les redevances EUT, ils prennent en charge le fonctionnement de la station de
pompage et l’exploitation des périmètres irrigués ;
151
 Les CRDA accompagnent les GDA, font le suivi du projet, prennent en charge la maintenance des
stations de pompages et des réseaux d’irrigation.

Pour les autres usages, ce sont essentiellement les usagers qui sont impliqués dans la gestion du projet.
Par exemple, pour les golfs, ce sont les exploitants du golf qui gèrent toute la filière, depuis la sortie de
la STEP.

Tout comme pour l’émergence des projets, il est conseillé d’avoir une équipe projet en charge de la
gestion du projet. Il est important que les différents acteurs concernés fassent partie de cette équipe
(au minimum l’usager et l’ONAS). On peut imaginer la signature d’un contrat entre les différents acteurs
du projet afin d’assurer leur engagement commun. Cela ne veut pas dire cependant que leur rôle sera
le même pour tous les projets. En effet, il est conseillé d’avoir une approche différente entre les projets
et de faire du cas par cas.

Prenons l’exemple du traitement ; il peut être réalisé par différents acteurs :


 Pour les usages où la qualité de l’eau requise est « moyenne » à « haute » (catégories E à B), c’est
l’ONAS qui pourrait rester en charge du traitement. Cela s’applique particulièrement à l’irrigation
goutte à goutte, pour l’arboriculture.
 Pour les usages où une très haute qualité de l’eau est requise (catégorie A), on peut envisager
différents cas :
- C’est l’ONAS qui met en place un traitement avancé,
- C’est l’usager qui prend en charge le traitement (par exemple lorsqu’il s’agit d’une industrie),
- C’est une société privée qui prend en charge le traitement, au service de l’usager.

Un appui technique des universités et des directions générales est recommandé (DGGREE pour
l’irrigation, DGRE pour la recharge de nappes, SONEDE pour les projets AEP, etc.).

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

La question du leadership pour diriger ces équipes projet devra être clairement précisée dans la suite
des réflexions.

8.2.6 Contrôle : des autocontrôles à favoriser


Il existe aujourd’hui plusieurs acteurs responsables d’une partie du contrôle de la qualité des
eaux/produits. L’ONAS doit assurer l’autocontrôle régulier de la qualité de l’eau en entrée et en sortie
de station alors que l’ANPE et la DHMPE réalisent des contrôles inopinés. Les CRDA doivent aussi
contrôler la qualité de l’eau mais leur budget ne permet pas toujours des contrôles réguliers, et les
données ne sont pas toujours bien exploitées (par manque de compétence dans le traitement des
données de qualités de l’eau). Par ailleurs, il est important de souligner l’existence depuis 2019 de la
loi sur la sécurité sanitaire des produits alimentaires et aliments pour animaux sous le N°25/2019 du 26
Février 2019, portant aussi sur la création de l’Instance Nationale de la Sécurité Sanitaire des Produits
Alimentaires (INSSPA). L’INSSPA est un organisme sous la tutelle du Ministère de la Santé et qui selon
son article 43 sera chargée du contrôle officiel indépendant entre autres des eaux usées traitées et
réutilisées à des fins agricoles.

Plusieurs problèmes sont régulièrement soulignés, et concernent le manque de coordination entre ces
acteurs, le manque d’efficacité des procédures de contrôle, le manque de compétences parfois. Il
semble donc essentiel de simplifier au maximum les procédures et de partager les résultats des
contrôles à tous les niveaux concernés de la chaîne d’intervention dans la REUT.

On propose plusieurs pistes de réflexion :


 Il est nécessaire de prévoir un plan de sécurité sanitaire au niveau national, cela est particulièrement
pertinent si l’irrigation des cultures maraîchère est autorisée. Ce point a été souligné par l’ANCSEP
lors de l’atelier national. En compléments, il a été rappelé l’importance d’avoir un cahier des charges
clair pour les différents usages19 ;
 L’autocontrôle doit être systématisé et devenir la norme. A l’inverse, les contrôles de conformité
152 inopinés doivent être rares pour vérifier les données de l’autocontrôle. Dans les faits, cela veut dire
que l’ONAS doit être responsable de l’échantillonnage de l’eau brute et de l’eau en sortie de station
et les usagers responsables des échantillonnages après les traitements additionnels. Un laboratoire
agréé doit être sollicité pour la collecte et l’analyse des échantillons, pour garantir la fiabilité des
résultats ;
 La réalisation des échantillonnages peut aussi être déléguée à des sociétés privées mais toujours
avec la réalisation des analyses par des laboratoires agréés20 ;
 Les contrôles inopinés doivent eux-aussi être réalisés par un organisme unique et les analyses
réalisées par un laboratoire agréé.

Ces propositions suivent les recommandations des différents experts interrogés dans le cadre du
benchmark. Particulièrement, dans le cas de la réutilisation pour faire de l’eau potable en Belgique, les
points sur le contrôle et la confiance entre le producteur d’eau potable, les autorités et la population ont
été cités comme étant cruciaux.

Concernant les mesures coercitives, il y a en ce moment un projet de mise en place d’une police de
l’eau fonctionnelle, pour la protection de l’environnement. Le projet est en cours et, a priori, le corps de
la police de l’eau sera constitué de techniciens des ministères en charge de l’agriculture et de
l’environnement qui auront le pouvoir d’intervenir dans le domaine qu’ils représentent. Ainsi, concernant
la REUT, le système sera assez complexe puisque tous les acteurs réalisant des contrôles, seront en
mesures d’imposer des mesures contraignantes.

19 Comme souligné dans le chapitre dédié aux questions réglementaires, la signature d’un cahier des charges est prévue dans
le projet de code des eaux, pour les zones industrielles et touristiques, ainsi que pour la recharge de nappe et pour les rejets
dans le milieu récepteur. Le code de l’eau prévoit aussi que la REUT agricole soit autorisée, conformément aux conditions
prévues par un cahier des charges.
20 A cet effet, on peut rappeler les recommandations du rapport de phase 1 : Concernant la certification et l’accréditation des
laboratoires, une démarche devrait être engagée pour accompagner la structuration de la filière d’analyse des eaux usées
traitées, de manière à ce que les analyses soient réalisées par des laboratoires qui ont obtenu l’accréditation sur l’ensemble
des paramètres de la NT106.03 et qu’ainsi l’analyse des résultats ne soit pas contestée.

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8.2.7 Système d’information : l’importance de rendre publiques les données de


qualité de l’eau pour gagner la confiance des usagers
Le manque de transparence dans les données est un point clé expliquant le manque de confiance des
usagers. Ce point est régulièrement souligné pour expliquer la réticence vis-à-vis de la REUT. Par
ailleurs, la complexité du système actuel pour les contrôles de qualité de l’eau ne permet pas d’avoir un
temps de réaction adéquat pour stopper le process de traitement en cas de défaillance. En effet, en cas
de problème de qualité, il n’y a pas de procédure claire. La décision implique la DGGREE mais peut
aussi impliquer la DRS, notamment lorsque la commission régionale est active. Ainsi, entre le moment
où la qualité de l’eau est analysée et le moment où l’interdiction d’irriguer est décidée, il peut se passer
plusieurs semaines/mois.

Il est donc essentiel de centraliser les données, rendre les informations transparentes et accélérer les
processus de décision.

On propose que les données analysées par les laboratoires agréés soient systématiquement
centralisées par une institution déterminée. L’ANCSEP ou la DHMPE pourraient être mobilisées pour
centraliser les données, fournir un libre accès aux données et lancer les procédures d’alerte. L’ANCSEP
ou la DHMPE pourraient aussi servir de relai à la DGRE, en charge de centraliser l’ensemble des
données de qualité de l’eau dans le SINEAU.

On peut aussi envisager, qu’en plus de cette fonction de centralisation des données, l’institution en
charge puisse mettre en place des mesures de sensibilisation.

8.2.8 Synthèse des recommandations


Le tableau ci-dessous résume les propositions faites au niveau institutionnel. Les solutions à privilégier
selon nous sont encadrées en rouge.
153
De façon globale, les éléments à retenir du tableau sont les suivants :
 Afin de renforcer le poids de la commission nationale REUT, on propose la mise en place d’un
secrétariat permanent de la CNREUT, qui serait placé sous la tutelle du Conseil National de l’Eau.
La CNREUT aurait ainsi les moyens de suivre la mise en œuvre de la stratégie. Afin de renforcer le
pouvoir du CNE et, pour dépasser les problématiques interministérielles, il semble important de
placer le CNE sous la tutelle de la Présidence du gouvernement.
 La mise en place d’un organisme (une direction générale ?), responsable de la planification et la
gestion de l’ensemble des ressources en eau du territoire semble essentielle. Cela permettra de
penser la gestion de l’eau de façon intégrée (ressources conventionnelles et non-conventionnelles).
Là encore, afin de dépasser les problématiques interministérielles, et compte-tenu des enjeux forts
liés à l’usage de l’eau en Tunisie, il semble important de placer cet organisme sous la tutelle de la
Présidence du gouvernement.
 Concernant l’émergence, l’instruction et l’autorisation des projets, il nous semble important de
décentraliser au maximum ces étapes : d’opérationnaliser les CRREUT, de nommer des animateurs
pour faciliter l’émergence et l’instruction des projets, et de donner le pouvoir d’autorisation des
projets aux gouverneurs.
 Pour la gestion des projets, la mise en place d’équipes projets regroupant l’ensemble des acteurs
concernés par les projets semble essentielle pour garantir l’appropriation des projets par tous les
acteurs concernés. Par ailleurs, pour les projets importants, on propose la mise en place de
structures ad-hoc, responsables de l’ensemble de la chaîne, depuis le design du projet, jusqu’à sa
pleine opérationnalisation.
 Pour le contrôle, on propose le renforcement de l’autocontrôle par l’ONAS et les structures en
charge des traitements/réutilisation.

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Tableau 41: Propositions faites concernant le cadre institutionnel de la REUT en Tunisie


Situation actuelle Proposition 1 Proposition 2 Proposition 3
Mise en place d’un secrétariat
Décentralisée Décentralisée
permanent de la CNREUT qui
Echelle nationale -> commission Echelle nationale -> commission
Centralisée serait placé sous la tutelle du
nationale nationale
Organisation Echelle nationale -> Commission Conseil National de l’Eau (le
Echelle régionale -> commission Echelle régionale -> commission
nationale CNE gagnerait lui à être placé
régionale (à l'échelle de plusieurs régionale (A l'échelle du
sous la tutelle de la Présidence
gouvernorats) gouvernorat)
du Gouvernement)
+/ le regroupement de plusieurs +/ les contours des commissions
gouvernorats pour la commission régionales sont donnés dans
Réflexion +/ Le secréatriat permanent de
régionale doit permettre de plusieurs circulaires, et se
stratégique la CNREUT permettrait de
représenter des réalités de placent à l'échelle du
garantir le suivi efficace de la
+/ Système en place, bien établi territoires, telles que présentées gouvernorat.
mise en œuvre de la stratégie.
avec les 6 grandes régions
Points +/ et -/
-/ Pas de réflexion menée à l’échelle proposées dans la présente étude -/ La mise en place de 24
-/ Cette proposition nécessite
régionale commissions régionales
une profonde réorganisation du
-/ Cela demande de réorganiser les opérationnelles semble
système existant et des
commissions régionales qui sont laborieuse et ne reflète pas
moyens supplémentaires
154 aujourd'hui à l'échelle des
gouvernorats.
forcément des réalités
territoriales.
Organisme responsable de
la Planification et/ou Gestion
Intégrée des Ressources en
Acteur DGGREE ONAS BPEH Eau, toutes ressources
confondues, placé sous la
tutelle de la Présidence du
Gouvernement
+/ Vision d'ensemble/intégrée de
+/ Cohérence et intégration de
la ressource en eau avec une
Pilotage de la l'ensemble de la chaîne production-
approche de planification.
REUT traitement des EUT
+/ Représentant du principal usager +/ Dépasse les problématiques
Institution puissante
des EUT actuellement -/ Le BPEH possède le portage inter-institutionnelles, garantit
politique de la GIRE mais au une approche intégrée
-/ Nécessité de faire évoluer les
Points +/ et -/ -/ Difficultés liées à l'approche intégrée niveau technique, de
statuts de l'ONAS pour que cela
multi-usages nombreuses directions sont -/ Mise en place d'une nouvelle
fasse partie de ses missions et
Problèmes de moyens humains et impliquées DGRE, DGGREE, structure, à haut niveau,
objectifs.
matériels DGACTA, DGBGTH). Il y a un difficile à établir.
Actuellement manque de
risque de manque de
transparence et de coopération avec
coordination entre le BPEH et les
les autres acteurs.
autres directions

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Situation actuelle Proposition 1 Proposition 2 Proposition 3


Décentralisée
Décentralisée
Décentralisée Pour la gestion des projets
Un service au sein des CRDA
Un animateur nommé au sein de la importants, une société ad-hoc
est créé pour favoriser
commission régionale favorise est créée. Les usagers ou
Centralisée (sauf exceptions) l'émergence des projets de
l'émergence des projets au niveau groupements d’usagers
Organisation Les CRDA font remonter les besoins REUT au niveau local. Des
local. Des équipes projets potentiels s’adressent à cette
au niveau national équipes projets regroupant
regroupant l'ONAS, les Communes société, qui garantit à la fois la
l'ONAS, les Communes et les
et les usagers font remonter les quantité mais aussi les
usagers font remonter les
besoins. volumes d’eau fournis aux
Emergence du besoins.
usagers.
projet
+/ L'animateur représente l'ensemble +/ Bien qu'il n'existe pas de tel
+/ L’ensemble de la chaîne
+/ Système en place, bien établi des usagers, au niveau décentralisé. service actuellement au niveau
depuis le traitement, jusqu’à la
Il est l'interlocuteur privilégié avec la des CRDA, les CRDA sont des
distribution de l’eau est gérée
-/ L’émergence des projets se fait à commission régionale REUT structures stables, qui existent
par une seule entreprise qui a
Points +/ et -/ l’échelle centrale (il y a actuellement depuis longtemps et qui sont
pour mission de valoriser un
une « simple » consultation des -/ Il n'existe pas de tel poste opérationnelles.
gros volume d’EUT.
acteurs locaux). Il n’y a pas de réelle aujourd'hui, cela veut dire que l'on
appropriation des projets met en place de nouveaux acteurs -/ Les CRDA ne représentent pas
de la REUT. l'ensemble des usagers.
Décentralisée 155
Centralisée L'animateur nommé au sein de la Centralisée
Organisation
DGGREE ou CRDA commission régionale instruit les DGGRE
projets
+/ Il s'agit des mécanismes en
+/ L'animateur représente l'ensemble
+/ Il s'agit des mécanismes en cours, cours, qui sont déjà bien
des usagers, au niveau décentralisé.
Instruction du qui sont déjà bien maîtrisés. maîtrisés.
Il est l'interlocuteur privilégié avec la
projet
commission régionale REUT
-/ il y a un manque de moyens humains -/ il y a un manque de moyens
Points +/ et -/
et matériels pour instruire les projets. humains et matériels pour
-/ Il n'existe pas de tel poste
Par ailleurs, l'instruction au niveau instruire les projets. Par ailleurs,
aujourd'hui, cela veut dire que l'on
central ne respecte pas le principe de l'instruction au niveau central ne
met en place de nouveaux acteurs
subsidiarité. respecte pas le principe de
de la REUT.
subsidiarité.
Décentralisée
Centralisée
Il n'existe pas à notre connaissance
Centralisée Mise en place d’un organisme
de réel représentant des collectivités
MARHP après consultation des acteurs responsable de la Planification
Autorisation Organisation locales (le gouverneur étant nommé
locaux et accord du MSP, et avis de et/ou Gestion Intégrée des
par le chef du gouvernement). Dans
l'ANPE Ressources en Eau, toutes
un premier temps, on propose quand
ressources confondues
même que le Gouverneur ait le

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

Situation actuelle Proposition 1 Proposition 2 Proposition 3


pouvoir d'autorisation en sa qualité (conventionnelles et non
de Président de la CRREUT. conventionnelles)
Actuellement, la CRREUT est la
seule structure à même d’avoir une
vision globale des projets de REUT
dans les différents territoires.
A long terme, ce pouvoir
d'autorisation pourrait être porté par
le représentant des collectivités
locales.
+/ On s'affranchit des
concurrences inter directions et
les décisions sont prises à haut
niveau

+/- On vise la décentralisation -/ Il est nécessaire de mettre en


complète des procédures place une nouvelle structure à
d'autorisation mais cela doit se faire haut niveau, qui n'existe pas
en plusieurs étapes et dépend de la actuellement. Sa mise en place
156 Points +/ et -/
réorganisation globale des sera difficile et le processus
administrations en Tunisie (ce qui d'autorisation reste à l'échelle
dépasse le cadre de la présente centrale.
étude)
-> On peut imaginer que cet
organisme soit mobilisé pour les
gros projets ou les projets
regroupant plusieurs
gouvernorats.
Mise en place de l'équipe projet, qui
Décentralisée
implique tous les acteurs concernés
Pour la gestion des projets
par la REUT (à minima l'usager et
Essentiellement les usagers importants, une société ad-hoc
l'ONAS, mais aussi, en fonction des
Organisation actuellement et leurs représentants est créée.
projets, les communes, les
(agriculteurs, GDA, CRDA, Golfs, etc.) La société assure le traitement,
représentants des usagers, les
Gestion des le transfert et la distribution des
universités, les services régionaux
projets EUT.
concernés, etc.)
+/ On implique davantage tous les
+/ L’ensemble de la chaîne
acteurs concernés par la filière, on
depuis le traitement, jusqu’à la
Points +/ et -/ -/ pas d’implication de l’ONAS les responsabilise et on leur donne
distribution de l’eau est gérée par
envie d'avoir des projets qui
une seule entreprise qui a pour
réussissent.

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8. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS INSTITUTIONNELS

Situation actuelle Proposition 1 Proposition 2 Proposition 3


mission de valoriser un gros
volume d’EUT.

Renforcement de l'autocontrôle par


l'ONAS, contrôles inopinés rares
Complexe (de nombreux acteurs effectués par une seule structure. Mise en place d’un plan de
Organisation impliqués : ONAS, ANPE, DHMPE, Collecte et analyse réalisées par des sécurité sanitaire pour
CRDA, Laboratoires, Usagers, etc.) laboratoires agréés. Possibilité de l’ensemble des usages.
déléguer l'échantillonnage à des
Contrôle sociétés privées.
+/ Etablit les procédures à suivre
-/ Manque de compétences et de +/ Construction de confiance entre
pour garantir la sécurité
coordination en les acteurs, données les usagers et l’ONAS qui est partie
sanitaire, tout au long du process
Points +/ et -/ pas toujours fiables, pas de partage prenante des projets et accepte de
de réutilisation. Essentiel si
des données, manque de confiance partager ses résultats de qualité de
l’éventail des possibilités de
dans les résultats l’eau. Moins de contrôles inopinés.
réutilisation s’agrandit
pas de système d'information Centralisation des données et
Organisation
actuellement transparence : rôle de l'ANCSEP

Système
+/ Construction de confiance entre 157
les usagers et l’ONAS qui est partie
d'information -/ Manque de transparence de l'ONAS,
prenante des projets et accepte de
Points +/ et -/ manque de confiance dans les
partager ses résultats de qualité de
résultats par les parties prenantes
l’eau.
Amélioration des systèmes d’alerte.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES


9.1 TOUR D’HORIZON DES STRATEGIES DE FINANCEMENT DE LA REUT
Le financement de la fourniture de services d'eau peut être assuré par trois sources financières :
 Par les tarifs : Il s’agit de faire payer les usagers directs du service via la mise en œuvre d’une
tarification.
 Par les transferts entre usagers : Dans ce cas, l’instauration d’une taxe sur le prix de l’eau vient
financer le coût du service. Pour la REUT spécifiquement, une taxe peut être mise en œuvre sur
la facture d’eau potable ou d’assainissement.
 Par les impôts : Enfin, il existe la possibilité de financer le service d’eau par le budget global de
l’Etat (subvention d’équilibre).

Dans beaucoup des cas concernant le financement du petit cycle de l’eau, la contribution des usagers
ne suffit pas à couvrir le coût total du service. La partie restante est financée généralement par des
subventions publiques – très souvent de l'État, mais elle peut aussi provenir d'ONG, de donateurs
internationaux, etc.

Parmi les trois modes de financement listé ci-avant, le plus important pour la pérennité du service est
le système de tarification, qui détermine le taux de récupération des coûts (recettes issues de la
tarification / coût complet du service). Toutefois cette tarification peut soulever des difficultés en lien
avec l’élasticité de la demande et la capacité à payer des usagers.

En effet, la capacité à récupérer les coûts uniquement par le prix de l’eau dépend de ces deux
paramètres. S’il n’y a pas de ressources alternatives, la demande en eau est, en général, peu élastique,
158 c’est-à-dire que l’on observe une (très) faible baisse de la demande suite à une hausse du prix, ceci
dans la limite de la capacité à payer des usagers, à savoir la valeur ajoutée créée par
l’approvisionnement en eau pour les usages économiques (ex. surplus de rendement entre culture
irriguée/non irriguée). Dans le cas où des ressources alternatives sont à disposition des usagers, la
marge de manœuvre pour accroitre le prix de l’eau (et donc le taux de récupération des coûts) est
moindre puisque le différentiel de prix avec les autres ressources ne peut pas être trop important (baisse
de la demande). Notons toutefois que comme évoqué dans le chapitre réglementaire, il pourra exister
des zones où l’état pourra imposer le recours aux EUT comme unique ressource pour certains usages.
Les usagers n’auront alors pas forcément le choix de la ressource en eau.

9.1.1 Objectifs d’une politique tarifaire


Une politique tarifaire d’un service de l’eau (eau potable, eau brute, assainissement, REUT) poursuit
plusieurs objectifs.

Le premier est celui de récupérer les coûts du service fourni, en instaurant un système tarifaire qui
permette la collecte de recettes suffisantes. Deux ambitions en termes de récupération des coûts sont
souvent distinguées :
 L’atteinte du petit équilibre économique, qui vise à couvrir les coûts d’exploitation et de
maintenance du service,
 L’atteinte du grand équilibre économique, qui vise à couvrir, à la fois les coûts d’exploitation
et de maintenance du service mais également, les coûts d’investissement, et ceci pour l’ensemble
des étapes (pour la REUT : traitement tertiaire, transport et distribution).

D’autres objectifs peuvent être poursuivis par la politique tarifaire, notamment la gestion de la demande
en eau - en cas de pénurie d'eau -, l'efficacité de l'allocation des ressources - en cas de concurrence
pour l'accès à l’eau - et la répartition des revenus au sein de la société (Johansson, 2001).

L’instauration d’un système tarifaire implique de définir ses trois composantes :

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

 La structure des prix, c'est-à-dire l’assiette sur lesquelles sont déterminés les tarifs (par ha, par
volume, selon le type de culture, etc.),
 Le niveau des prix,
 Le système de sanctions : Il peut être formel (par exemple, amendes, redevances, perte de
droits...) ou informel (critique publique, boycott et refus de coopérer...).
La récupération des coûts est atteinte lorsque la structure de tarification (monôme, binomiale, tranche,
assiette…) est pertinente et que le niveau de prix reflète le coût du service. Le taux de collecte doit
également être élevé (peu d’impayés).

Pour mettre en œuvre une politique de gestion de la demande en eau, la tarification doit inciter aux
économies d’eau, avec, par exemple, un accroissement du tarif en fonction de la consommation, une
tarification différenciée selon le type de ressources utilisées, la zone géographique…

Si la tarification vise également une efficacité de l’allocation des ressources, une différenciation tarifaire
doit être mise en œuvre pour encourager ou au contraire dissuader certains usages. La plupart du
temps, une tarification préférentielle vise à favoriser les usages les plus valorisants du point de vue de
la ressource en eau.

Enfin, pour ce qui est du dernier objectif possiblement poursuivi par la tarification (répartition des
revenus au sein de la société), une tarification sociale peut être instaurée.

9.1.2 Principe de tarification pour l’EUT


Une revue de la littérature a permis d’identifier plusieurs principes tarifaires possibles pour la REUT:
 Pas de facturation : l’objectif est d’augmenter la demande, par exemple pour faire en sorte qu’il
y ait moins de rejets d’effluents dans les milieux superficiels sensibles ;
 Prix basé sur le coût du service : dans ce cas, le prix comprend l’ensemble des coûts du service
d’approvisionnement de distribution et de traitement (coûts d’investissement, d’entretien et de
fonctionnement) ; 159
 Prix déterminé par un pourcentage de l’eau conventionnelle (eau de surface ou
souterraine) : cela permet d’améliorer l’acceptabilité du recours à la réutilisation des eaux usées
par les usagers et d’utiliser un signal prix incitatif ;
 Prix ajusté au consentement à payer des usagers. Une plus grande conscience des bénéfices
apportés par la réutilisation des eaux usées augmente le prix et la demande ;
 Prix fixé à la hauteur du prix de l’eau conventionnelle ;
 Prix basé sur la récupération des coûts environnementaux et des coûts pour la ressource.

Les politiques de gestion de l’eau mises en œuvre peuvent aller à l’encontre d’une récupération des
coûts de la REUT, notamment si l’on souhaite inciter fortement les usagers à avoir recours à l’eau
réutilisée plutôt qu’à l’eau conventionnelle (Molinos-Senante et al. 2012). C’est ce qui a été mis en
œuvre en Israël : alors que l’ensemble des services d’eau (eau potable et assainissement) présentent
un très bon ratio de récupération des coûts, celui-ci est particulièrement bas pour la REUT, car la
politique mise en œuvre vise à proposer un tarif assez bas afin d’inciter les usagers à s’orienter vers
cette ressource.

Dans ce cas, le choix peut être fait de fixer un tarif assez bas pour rendre l’eau traitée plus compétitive
par rapport aux alternatives. Tsagarakis et Georgantzis (2003) ont montré que, par exemple, le
consentement à payer des irrigants était fortement corrélé au différentiel de prix entre l’eau traitée et
l’eau conventionnelle. De ce fait, dans la plupart des cas, le tarif de l’eau traitée se situe entre 0% et
25% du tarif de l’eau potable (Radcliffe, 2008). Dans une enquête menée aux Etats-Unis (AWWA, 2019),
seuls 5 projets de REUT sur 19 fixent un tarif entre 75% et 100% de celui de l’eau potable.

NB : la référence au tarif de l’eau potable dans le cas Tunisien ne sera pertinente que pour certains
usages particuliers (par ex. arrosage d’espaces verts urbains, nettoyage des rues...).

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

Figure 47 : Nombre de cas selon les considérations prises en compte pour établir la politique tarifaire de la REUT aux Etats-Unis
(AWWA, 2019)

9.1.3 Retours d’expérience


Ce chapitre présente plusieurs retours d’expérience (Espagne, Israël et Etats-Unis) qui illustrent la
diversité des cas en termes de financement de la REUT.

MURCIE, ESPAGNE21 : DES SOURCES DE FINANCEMENT DIVERSES POUR PERMETTRE UN


TARIF DE LA REUT PREFERENTIEL
160
Le financement de la REUT dans la région de Murcie en Espagne est défini dans le « Sanitation Master
Plan ». Plusieurs canaux viennent financer le service :
 Les usagers REUT payent uniquement pour le transport de l’eau afin de rendre l’utilisation de la
ressource attractive par rapport à des ressources alternatives,
 Une grande partie des investissements est subventionnée par l’Etat ou des financements extérieurs,
notamment par le fonds régional de développement et le fonds de cohésion (UE), A titre informatif,
en Espagne, le soutien de ces fonds européens pour le développement de la REUT représente 485
millions d’euros.
 La mise en œuvre d’une taxe sur la facture d’assainissement complète ces sources de financement.
Actuellement la taxe est la suivante :
- 0,30 €/m3 (tarif domestique) + redevance fixe de 36 €/an
- 0,42 €/m3 (tarif industriel - non domestique où la consommation annuelle dépasse
1500 m3/an) + redevance fixe de 42 €/an.
D’après une enquête, les usagers assainissement ne s’étaient pas rendu compte qu’ils payaient
cette taxe (80% des personnes ne savaient pas qu’une partie de leur facture servait à financer la
REUT). Par contre, quand on leur a expliqué à quoi servait cette taxe et qu’elle avait permis de
réduire la pollution des cours d’eau et produire plus en agriculture, plus de 90% des personnes
s’étaient dites prêtes à payer un peu plus cher.
Ce modèle de financement présente l’avantage d’une forte acceptabilité sociale, puisque d’un côté les
usagers REUT bénéficient d’un tarif préférentiel qui les incite à avoir recours à cette ressource, et d’un
autre côté, les usagers assainissement qui contribuent via l’acquittement de la taxe, sont sensibilisés
aux externalités positives de la REUT et adhèrent à ce mode de financement.

21 Entretien Francisco Pedrero Salcedo - Irrigation Department of the Centre for Applied Soil Science and Biology of the
Segura (CEBAS/CSIC). Le CR de cet entretien est placé en annexe.

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

ISRAËL22 : UNE EVOLUTION RECENTE DE LA POLITIQUE TARIFAIRE


En Israël, les réformes successives ont permis de transformer le secteur de l’eau et d’améliorer ses
performances et sa durabilité financière. Aujourd’hui, le secteur de l’eau (hors REUT) est quasiment
autonome financièrement, c’est-à-dire, financé sans subventions, et uniquement par les tarifs et les
transferts entre usagers.

Ce n’est pas encore le cas de la REUT, dont les coûts d’investissement sont portés par l’Etat. L’objectif
est de créer un tarif incitatif pour les usagers. Pour l’irrigation, le tarif est situé entre 0.22 et 0.34 $/m3
(en dessous du tarif des eaux conventionnelles) alors que le coût de production est estimé à 3.15 $/m3.
Ce tarif couvre une partie des coûts de transport uniquement, les coûts de traitement et de stockage
étant financés par des subventions. Une autre incitation mise en œuvre par le gouvernement pour
encourager les agriculteurs à recourir aux EUT est la conversion des quotas d’eau conventionnelle en
EUT selon un rapport de 1.2.

Ce système de financement a évolué récemment avec la mise en œuvre d’une nouvelle législation qui
implique une uniformisation des prix de l’eau agricole, à l’échelle des différentes régions, et quelle que
soit la ressource utilisée. Deux taux sont ainsi définis : un taux de base et un taux préférentiel pour les
agriculteurs se situant dans des zones sans ressources alternatives.

ETATS-UNIS : UNE DIVERSITE DES SYSTEMES TARIFAIRES MIS EN PLACE


Le tableau suivant présente, pour 19 cas étudiés dans le cadre de l’enquête AWWA (2019) menée aux
Etats-Unis, les principes de tarification qui ont servi à établir le système tarifaire. Il illustre la diversité
des systèmes possibles.

Tableau 42 : Système tarifaire de la REUT pour les cas étudiés dans le cadre de l’enquête AWWA, 2019, Etats-Unis
Cas étudié Approche tarifaire retenue

Etude REUT finalisée en 1999


Albuquerque Bernalillo Tarif de la REUT fixée à 80% du tarif de l’eau potable – objectif de recouvrement
161
total des coûts du service
Services de l’eau de Les usagers ont demandé un allégement tarifaire
l’Aurora Tarif basé sur les coûts du service basés et subventionnés par les tarifs de l'eau
Services de l’eau de Subventionnés par les tarifs de l'eau potable. La mise en œuvre d’un tarif ne serait
Denver pas assez incitative pour l’utilisation de l’eau traitée
La REUT est budgétisée comme une fonction autonome, mais les contraintes du
marché empêchent de fixer des tarifs de réutilisation plus élevés que les tarifs de
Fort Worth
l'eau potable ; le budget des eaux usées supporte toute charge de coût supérieure
au niveau des recettes de réutilisation
Transition vers une tarification basée sur les coûts ; le système et les clients ont
été transférés par l'opérateur privé ; un processus graduel visant à affiner la
Fulton County
tarification pour refléter les coûts de production supplémentaires est presque
terminé.
Approche tarifaire visant à répondre à différents objectifs politiques :
JEA recouvrement des coûts, préservation des ressources en eau, bonne
maintenance du service.
Politique tarifaire qui mêle recouvrement des coûts et prix de marché. Le tarif est
King County issu d’un benchmark sur les prix de l’eau potable au niveau régional. Le tarif est
individualisé au niveau de chaque usager.
Long Beach Tarif basé sur les coûts du service
Tarif basé sur le coût marginal du service. Le recouvrement n’est pas total du fait
Loudoun Water
de ce principe tarifaire
Service de l’eau et de
l’assainissement de Projet qui n’a pas démarré – pas de système tarifaire en place
Miami Dade County

22 Water Global Practice, Water Management in Isarel, 2017, 56 p.

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

Cas étudié Approche tarifaire retenue

Service de l’eau de
Tarif basé sur le coût marginal du service et le tarif de l’eau potable (70%)
Moulton Niguel
Tarif basé sur les coûts du service et sur le prix de marché. Le taux de
Naples recouvrement n’est pas de 100%. Une contribution des usagers d’eau potable et
d’assainissement vient compléter les recettes
Service de l’eau et
d’assainissement Tarif basé sur les coûts du service (seulement deux usagers REUT)
d’Orange
Tarif basé sur les coûts de production et de transport mais ne prend pas en
Peoria compte les coûts de distribution. Une contribution des usagers d’eau potable et
d’assainissement vient compléter les recettes
Service de l’eau de Plum
Tarif basé sur les coûts du service d’assainissement et de REUT
Creek
Deux tarifs basés sur les coûts du service, représentant environ la moitié du coût
San Antonio
de l'eau potable.
San Diego Tarif basé sur les coûts du service
Tarif basé sur les coûts du service. Le taux de recouvrement est de 50%. Une
Saint Petersburg contribution des usagers d’eau potable et d’assainissement vient compléter les
recettes
Service de l’eau de Toho Tarif basé sur les coûts du service. Le taux de recouvrement est de 91%.

Cette enquête auprès de différents services gestionnaires des EUT a permis de mettre en lumière la
diversité des approches tarifaires retenues. Selon les auteurs, cela est dû à plusieurs raisons (AWWA,
2018) :
 Les pratiques en termes de répartition des coûts sont nouvelles dans le champ de la REUT,
162  Les configurations, les technologies utilisées, les coûts d’investissement et les coûts
d’exploitation sont très variés selon les cas,
 La compréhension et l’application du principe de tarification par les coûts diffèrent selon les
acteurs,
 Une fois que l’installation de REUT est construite, les décideurs peuvent affiner et étendre leur
compréhension des facteurs influençant le coût du service et ainsi réaliser un ajustement graduel
de la structure des coûts et des prix,
 Les exigences de l'État ou d'autres facteurs politiques peuvent imposer la tarification au coût du
service, alors que la réalité économique de la demande en EUT n'est pas soumise à des
directives législatives ou politiques,
 Le processus graduel de mise en œuvre d’un service public entraine un ajustement, lui-même
graduel, des tarifs à l’évolution des coûts du service,
 Les principaux avantages d’une tarification basée sur les coûts doivent être intégrés à des
pratiques de prix orientées vers l’atteinte d’autres objectifs (préservation des ressources en eau,
allocation des ressources, etc.).

Le principe de tarification basée sur les coûts est reconnu comme allant de pair avec une bonne gestion
du service. Toutefois, dans la pratique, la variété des situations, notamment du point de vue des
investissements, des coûts d’exploitation, des technologies utilisées, des usages, de la topographie, …
peut rendre difficile l’application de ce principe. L’enquête AWWA (2018) indique que 30% des
installations couvrent moins de 25% de leurs coûts d’opération et seulement 25% des installations
couvrent 100% de leur coût d’opération.

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

9.2 LES QUESTIONS STRATEGIQUES POUR LA TUNISIE


SITUATION ACTUELLE EN TERMES DE TARIFICATION
Actuellement, le prix de l’EUT en Tunisie est établi à un niveau de 0.020 à 0.030 DT/m3 pour la majorité
des périmètres irrigués. Les EUT sont fournies gratuitement par l’ONAS aux CRDA et les CRDA ont
mis en œuvre un tarif auprès des agriculteurs et GDA. D’après les analyses coûts-avantages qui ont
menées dans le cadre du diagnostic de Phase 1, le taux de récupération global se situe entre 30%
(périmètre irrigué de Dhraa Tammar) et 67% (périmètre irrigué de Ouardanine où le prix est de 0.1
DT/m3).

Concernant les industriels du secteur de phosphates, l’idée est qu’ils achètent les EUT à l’ONAS à un
tarif plus élevé que celui des agriculteurs. Les négociations sont en cours dans le cas du projet de
Gafsa. Enfin, pour les golfs, les EUT sont fournies gratuitement par l’ONAS mais ce sont les golfs qui
prennent en charge financièrement les infrastructures de pompage.

EVOLUTIONS POSSIBLES
Il est certain, qu’au moins à moyen terme, des sources de financement alternatives sont nécessaires
pour venir compléter les recettes issues de la tarification.

Plusieurs possibilités s’offrent au gouvernement tunisien :


 Instaurer une taxe sur le prix de l’eau potable et ou le prix de l’assainissement pour venir
financer le coût de la REUT : la contribution aux financements de la REUT des autres usagers
peut dépendre soit de leur consommation en eau ou être établie de manière forfaitaire
(contribution égale pour chaque usager).
Se pose la question de la récupération des coûts du service assainissement (hors REUT) si cette
solution est mise en œuvre puisque le taux de récupération n’est, actuellement, que de 67% (cf.
première colonne du graphique ci-dessous). Le coût actuel de l’assainissement s’élève
effectivement à 1 DT/m323 et la couverture par les recettes issues de la tarification à 0.67 DT/m3
163
(source : tableaux financiers 2014-2018 intitulés « coûts de l’activité exploitation des réseaux et
épuration » fournis par l’ONAS dans le cadre de la présente étude). Si une taxe sur la facture
assainissement vient financer tout ou partie des coûts de la REUT, il convient, au préalable, de
s’assurer de la continuité de la subvention d’équilibre provenant de l’Etat pour financer les
0.33 DT/m3 restants (partie rouge sur le schéma ci-dessous).
Les coûts (hors coûts de transport et de stockage) de la REUT se situent, entre 0.06 et
0.40 DT/m3 (partie verte sur le schéma ci-dessous).

Figure 48 : Coût de la REUT (hors transport) par rapport au coût actuel de l’assainissement

23 A noter que l’étude « Eau 2050 » indique un coût de l’assainissement en 2018 de 1,5 DT/m3.

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

 Financer la REUT par les impôts. Dans ce cas, une subvention d’équilibre viendrait combler
l’écart entre les recettes issues de la tarification de la REUT et les coûts du service. La
contribution des contribuables se justifie par la présence d’externalités environnementales,
sociales et économiques positives générés par la REUT.

Il faut néanmoins considérer que le raccordement à l’ONAS n’est pas effectif partout, surtout en
milieu rural. Il est donc compliqué, sur le principe, de faire payer la REUT à tous les contribuables.

De manière générale, que ce soit pour l’eau potable ou l’assainissement, l’Etat prend en charge
les coûts d’investissement. Ainsi, les usagers doivent participer au paiement des frais
d’exploitation seulement. Pour la REUT, il avait été évoqué lors de l’atelier national du 30 juin
2021 de mettre en œuvre un tarif, au moins à court terme, limité à la couverture des seuls frais
d’énergie.
 Une autre solution, à la marge, pourrait être de financer la REUT via les mesures
compensatoires de grands projets. Cela a notamment été le cas pour le financement, par un
groupe chimique, d’une partie des frais d’énergie sur le périmètre irrigué de El Hamma. Toutefois,
les recettes issues de ce mode de financement sont relativement faibles et viendraient
uniquement en complément d’autres sources de financement.
Le montage d’un Partenariat Public Privé (PPP) peut également être envisagé. Il s’agit d’un
montage financier qui permet de bénéficier d’une forte capacité d’investissement de la part du privé
pour lancer les travaux. Cependant, l’entreprise privée ne vient pas financer le service REUT puisqu’elle
récupère ses investissements sur la tarification des usagers.

Par ailleurs, d’autres questions stratégiques se posent pour l’établissement d’un système tarifaire de
l’EUT en Tunisie :
 Est-il pertinent de retenir le principe de péréquation pour la tarification de la REUT (au même titre
que l’assainissement). Si oui, à quelle échelle (nationale, gouvernorat, …) ?
 Dans le cas contraire, l’établissement d’un tarif individualisé pour chaque usager et/ou chaque
installation serait-il pertinent ? Cela permettrait d’obtenir un tarif qui reflète la capacité à payer
164 des différents usages (industriels, golfs, irrigants, voire par culture selon la valeur ajoutée crée
par l’EUT) et les coûts des différentes installations (grande variation des coûts selon la situation :
type de technologie, topographie, distance de transport, …) ?
 Quelle serait la subvention d’équilibre de la part de l’Etat tunisien ? Y-a-t-il d’autres contributeurs
tiers ?
 Est-il pertinent d’adapter la réglementation en vigueur afin de garantir des recettes minimales
pour financer le service de REUT (par exemple en imposant que certains usages situés dans le
périmètre proche d’un projet de REUT doivent nécessairement utiliser l’EUT en priorité) ?
L’atelier national qui s’est tenu le 30 juin 2021 a permis d’aborder ces questionnements. Les principales
discussions qui ont eu lieu sont synthétisées dans le paragraphe suivant.

9.3 RESULTATS DE L’ATELIER NATIONAL


Nous avons proposé aux participants deux sondages afin de recueillir leurs avis sur le système de
financement qu’il serait pertinent de mettre en œuvre pour la REUT. Les participants à l’atelier
représentaient des acteurs nationaux et régionaux de la REUT. Les résultats sont présentés ci-dessous.

9.3.1 Sondage 1 : Quel niveau de tarification des EUT en fonction des usages ?
Comme présenté plus haut, plusieurs niveaux de tarification sont possibles. La définition d’un niveau
adéquat dépend des éléments de contexte et des objectifs poursuivis. Pour simplifier, nous distinguons
dans le cadre du premier sondage trois niveaux possibles de tarif :

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

 Tarif incitatif (proche de 0) : l’objectif est de rendre l’EUT attractive pour les usagers et de créer
une nouvelle demande. Ce niveau de tarif est adapté lorsque les potentiels usagers sont réticents
à utiliser l’EUT ou lorsque leur marge de manœuvre financière (capacité à payer) est très faible.
Le désavantage de cette solution est le faible niveau de récupération des coûts du service. Des
solutions de financement complémentaires, et de grande ampleur, doivent être recherchées.
 Tarif proche du tarif actuel utilisé pour l’eau conventionnelle : ce niveau de tarification
permet de ne pas créer de concurrence entre les différentes ressources en eau, qui présentent
toutes le même tarif. Il permet également de couvrir une part plus conséquente des coûts du
service (normalement, le petit équilibre financier, c’est-à-dire la couverture des frais d’exploitation
et de maintenance, est atteint).
 Tarif proche des coûts complets de l’EUT : ce niveau de tarif permet de couvrir une large partie
des coûts du service. Il est donc intéressant pour assurer la pérennité du service, notamment
lorsqu’il est difficile de trouver des solutions de financement alternatives. Toutefois, il convient
d’être vigilant et de bien prendre en compte la capacité à payer des usagers afin de ne pas
générer un refus de payer de la part des usagers, qui entraine un taux de récupération moindre,
ce qui va à l’encontre des objectifs même de cette tarification.

Figure 49 : Les différents niveaux de tarification possibles

165

Le graphique suivant présente le nombre de votants, pour chacun des quatre usages, et chacune des
3 propositions pour le niveau de tarif de l‘EUT à instaurer.

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

Figure 50 : Résultats du sondage 1 : quel niveau de tarification en fonction des usages ?

Il ressort que pour les usages irrigation agricole et municipaux, la majorité des votants s’est positionnée
sur la première proposition : mise en place d’un tarif incitatif. Pour les usages industriels et hôteliers,
c’est la solution « tarif se rapprochant des coûts de l’EUT » qui est favorisée. Cela reflète les différentiels
en termes de capacité à payer des usagers. Les remarques plus détaillées des participants sont
166 présentées dans le tableau ci-dessous.

Tableau 43 : Synthèse des remarques des participants

Usages
Irrigation agricole Industriels Hôteliers
municipaux

Il y a déjà aujourd’hui un tarif


incitatif et cela ne pousse pas
les agriculteurs à utiliser les Rester incitatif car ces usagers sont aujourd’hui
EUT. réticents. Un tarif incitatif permettrait de les
sensibiliser à la REUT, puis ce tarif pourrait
Le problème du tarif incitatif est évoluer si la REUT se banalise pour ces usages.
qu’il pousse au gaspillage de Il faut aussi penser aux solutions de recyclage
l’eau par les usagers. Il vaudrait de leurs eaux grises.
mieux se tourner vers les
cultures à haute valeur ajoutée Il faut rester à des Dans les cas où les industriels ont besoin de
Niveau de pour une meilleure valorisation tarifs incitatifs car les ressources en eau supplémentaires comme
tarification de l’eau. espaces verts profitent c’est le cas des phosphatiers, il faut utiliser un
à tout le monde tarif incitatif pour les encourager, voire les
Si on autorisait les cultures à obliger à pratiquer la REUT
haute valeur ajoutée, les
agriculteurs seraient plus en Plus généralement proposition d’obliger certains
capacité de payer les EUT avec usages à réutiliser les EUT, surtout dans les
un tarif plus proche des coûts zones de stress hydrique ou pour des nouveaux
réels (exemple des maraîchers projets (possibilités d’aides de l’Etat pour les
au Sahel qui sont utiliser l’eau investissements)
potable de la SONEDE pour
irriguer leurs cultures).

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

Usages
Irrigation agricole Industriels Hôteliers
municipaux

Il ne faut pas envisager la tarification en termes


d’usagers mais plutôt en termes de pollueurs.
En fonction du type et du degré de pollution, le
tarif pourrait être plus ou moins élevé. Les
industriels et les hôteliers pourraient aussi être
Priorité : sauvegarder les PPI Il faut les sensibiliser obligés de réutiliser leurs eaux.
Autres existants puis si possible à plus au coût provoqué par
remarques long terme, extension des PPI leur pollution (principe Dans tous les cas, le
avec l’EUT du pollueur payeur). tarif demandé aux Encourager le
industriels doit être recyclage de leurs eaux
plus élevé que celui grises.
des agriculteurs.

9.3.2 Sondage 2 : Comment financer la différence entre le tarif et le coût complet


des EUT ?
Le graphique ci-dessous présente les résultats du sondage (nombre de votants) pour les différentes
solutions de financement complémentaires à la tarification. Les résultats sont plutôt équilibrés, avec 4
votants pour les deux premières propositions (augmentation de la facture d’eau et impôts nationaux) et
2 votants pour la mise en place d’un impôt local.

Figure 51 : Résultats du sondage 2 : comment financer la différence entre le tarif et le coût complet des EUT ?
167

Les participants ont formulé plusieurs remarques complémentaires :


 Tous les citoyens consomment de l’eau. Il ne faut pas instaurer des taxes qui soient perçues
comme des surcharges. Une taxe directe sur la facture d’eau serait mal perçue. Il faut plutôt
partager le fardeau en instaurant des taxes ailleurs, comme sur l’eau minérale ou le carburant ;
 Il faut viser ceux qui rejettent beaucoup d’eaux usées dans l’environnement plutôt que l’ensemble
des contribuables ;
 Les citoyens se plaignent déjà du montant de la facture d’eau. Cela fait deux ans que l’ONAS
essaye d’augmenter la part assainissement de 8%. Tout le monde sait que l’eau n’est pas chère
mais cela a une importance symbolique. Dans l’esprit des tunisiens, l’eau est un service rendu
par l’Etat qui doit rester peu cher ;
 Le tarif actuel de l’eau limite la capacité à payer des usagers domestiques. Il faut trouver des
taxes ailleurs ou sinon on fera face à un risque de révolution ;

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

 Il faut se tourner vers des usages à forte valeur ajoutée pour supporter les coûts. La REUT sinon
ne pourra jamais être financée. Par exemple, on pourrait s’intéresser à de l’irrigation agricole pour
des cultures destinées aux industries agro-alimentaires ;
 Il faut attirer des gros investisseurs en leur fournissant des crédits afin de les inciter à financer de
projets de REUT ;
 Il ne faut pas que le mécanisme mis en place soit répressif mais plutôt incitatif.
Il ressort de ce premier travail, qu’il sera nécessaire de trouver des ressources financières alternatives
à la tarification pour l’irrigation et les espaces verts. Toutefois, pour les usages à forte valeur ajoutée
(hôtellerie, industrie, maraichage ?), le tarif pourra s’approcher du coût de production de la REUT.

9.4 FEUILLE DE ROUTE POUR LA PHASE 3


L’objectif de la phase 3 sera de proposer une révision du système tarifaire de la REUT pour chaque
usage et d’élaborer un plan de financement. L’ensemble des solutions présentées dans ce chapitre
seront étudiées en détail, en distinguant le court terme et le moyen terme.
Nous procéderons comme suit :
Dans un premier temps, nous élaborerons une typologie des usages. A ce stade, nous proposons de
retenir les dix usages suivants :
 Irrigation d'un PI existant éloigné de la STEP (arboriculture et maraichage) ;
 Irrigation d'un nouveau PI proche de la STEP (arboriculture et maraichage) ;
 Irrigation d'un nouveau PI éloigné de la STEP (arboriculture et maraichage) ;
 Espaces verts publics ;
 Espaces verts d'hôtel ;
 Golf ;
168  Industrie Phosphate ;
 Alimentation d'une zone humide ;
 Recharge de nappe ;
 AEP.
Pour chacun de ces usages, nous construirons une structuration des coûts en distinguant : le traitement,
le transfert, le stockage, les ouvrages dédiés et les autres dépenses. Un exemple est donné dans le
tableau ci-dessous.
Nous estimerons ensuite pour chaque poste et chaque usage, les coûts d’investissement et les coûts
de fonctionnement.
Dans un second temps, il s’agira de construire le plan de financement et de détailler le futur système
tarifaire de la REUT. Pour cela, les éléments de coûts seront recoupés avec la capacité à payer de
chaque usage. Cette capacité à payer sera étudiée à partir des données socio-économiques à
disposition. Dans les cas où une forte incertitude existe, nous formulerons deux hypothèses : une
hypothèse haute et une hypothèse basse. Cette étape nous permettra de connaître le tarif maximal qui
peut être appliqué.
Nous estimerons ensuite la part des coûts qui pourront être portés par l‘Etat (par exemple selon
l’hypothèse que l’ensemble des coûts d’investissement seront pris en charge par des subventions
publiques). Enfin, nous évaluerons la part restante à financer (après tarification et subvention). Cette
part pourra être financée par une taxe sur la facture assainissement et/ou un complément de
subvention.
Le tableau ci-après résume la démarche que nous vous proposons.

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9. PROPOSITIONS CONCERNANT LES ASPECTS ECONOMIQUES

Tableau 44 : Exemple de typologie d’usage et de structuration des coûts (BRLi)


Irrigation d'un PI 
Irrigation d'un nouveau  Irrigation d'un nouveau 
existant éloigné de la  Alimentation 
PI proche de la STEP PI éloigné de la STEP Espaces  Espaces  Industrie  Recharge de 
Composantes du coût d'un projet REUT STEP Golf d'une zone  AEP
verts publics verts d'hotel Phosphate nappe
Maraich.  Maraich.  Maraich.  humide
Arbo (B) Arbo (B) Arbo (B)
(A) (A) (A)
Investissement 
Traitement 
Fonctionnement
Investissement 
Transfert 
Fonctionnement
Investissement 
Stockage 
Fonctionnement
Investissement 
Ouvrages dédiés (réseaux …) 
Fonctionnement
Autres dépenses (contrôles, 
Fonctionnement
information …) 169
Investissement 
TOTAL DU COUT Fonctionnement
TOTAL
Financement du service REUT

Capacité à payer des usagers  Hypothèse 1
Capacité à payer des usagers   Hypothèse 2
Part prise en charge par l'Etat
Part restante à financer

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Partie C. REFLEXIONS STRATEGIQUES AU NIVEAU REGIONAL

10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON


10.1 OFFRE POTENTIELLE EN EUT AU CAP BON D’ICI 2050. COMMENT CETTE OFFRE
S’INSCRIT DANS LE MIX DE RESSOURCES EN EAU GLOBAL DE LA REGION ?

10.1.1 Une augmentation conséquente des flux d’EUT de 25 à 45 Mm3 d’ici 2050
FLUX LIES AU PARC EPURATOIRE MUNICIPAL EN MILIEU URBAIN
Le parc épuratoire de la région du Cap Bon est déjà bien développé avec un total en 2018 de 14 STEP.
Il n’existe pas de schéma directeur d’assainissement sur le long terme pour le gouvernorat de Nabeul
mais l’ONAS a toutefois élaboré un programme à court terme (ONAS, 2020) qui prévoit les modifications
suivantes :
 La création de la STEP de Takelsa : c’est la seule nouvelle STEP urbaine programmée jusqu’à
présent par l’ONAS pour le Cap Bon. Nous avons cependant fait l’hypothèse que les communes de
plus de 10 000 habitants se verraient systématiquement équipées d’une STEP après 2040. Nous
avons ainsi ajouté 4 STEP potentielles, en plus de celles mentionnées dans le programme à court
terme de l’ONAS. (NB : pour 2 de ces STEP nous manquons à ce stade de données
170 démographiques pour déterminer le flux futur possible d’EUT, car elles correspondent à des
nouvelles communes datant de 2016).
 La création de filières industrielles spécifiques : ces filières seront créées à proximité des filières
domestiques pour les STEP de Bouargoub, Menzel Bouzelfa et Grombalia afin de traiter plus
efficacement les effluents provenant des zones industrielles sans polluer davantage les flux
domestiques.
 La réhabilitation et l’extension des STEP de Hammamet Sud, Korba et Kelibia : ces STEP sont
actuellement en surcharge hydraulique, notamment en période estivale pendant la saison
touristique. La ville de Bouficha, dans le gouvernorat de Sousse, va aussi être raccordée à la STEP
de Hammamet Sud qui va voir sa capacité augmenter.
 La création d’un important pôle épuratoire au niveau de la STEP AFH : au niveau de la ville de
Nabeul, la STEP SE3 devrait être arrêtée à l’horizon 2030 et ses effluents transférés à la STEP
AFH.
 L’arrêt de la STEP SE1 : cette STEP sera aussi arrêtée à l’horizon 2030 et ses effluents seront
transférés à la STEP Hammamet Sud. La ville de Bouficha sera aussi raccordée à la STEP de
Hammamet Sud.

Les cartes ci-dessous présentent les STEP existantes et programmées au Cap Bon et le tableau à
suivre indique les flux d’EUT calculés aux différents horizons temporels pour chacune des STEP
existantes et projetées. Il a été calculé que le volume d’EUT produit flux évoluera de 25 Mm3+ en
2020 à 45 Mm3 en 2050, soit une augmentation de 56 %.

Concernant les niveaux de traitement, la moitié des STEP du Cap Bon sont déjà équipées pour
traiter les effluents au niveau tertiaire. L’ONAS prévoit à court terme que cela soit aussi le cas pour
la STEP de Hammamet Sud et de Menzel Bouzelfa. Pour les autres STEP, nous avons considéré que
les nouvelles seront automatiquement équipées d’un traitement tertiaire. Concernant les STEP
existantes où nous n’avons pas d’informations, nous avons considéré qu’elles seront toutes équipées à
partir de 2040 en accord avec la stratégie nationale de l’ONAS.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Le tableau présenté ci-dessous résume l’évolution potentielle du traitement tertiaire au Cap Bon. Le
volume d’effluents traités à un niveau tertiaire passera de 14 Mm3 en 2018 (soit 48 % du volume
total d’EUT produit) à 45 Mm3 en 2050 (100 % du volume produit).

171

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

172

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Tableau 45 : Liste des STEP existantes et projetées au Cap Bon et flux d’EUT aux différents horizons temporels (calculs BRLi)
Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de  Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  fin de  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
service fonct.
Cap Bon Nabeul AFH 2009 x x x x x x       0,4        0,5        0,8        1,5        1,8        1,9 
Cap Bon Nabeul Bouargoub 2007 x x x x x x       0,7        0,6        0,6        0,6        0,6        0,7 
Cap Bon Nabeul El Haouaria 2005 x x x x x x       0,5        0,3        0,4        0,4        0,5        0,6 
Cap Bon Nabeul Grombalia 1993 x x       1,1        1,3        1,8        1,3        1,5        1,8 
Cap Bon Nabeul Hammamet Sud 1995 x x x x       6,0        4,3        5,5        7,6        8,2        8,8 
Cap Bon Nabeul Kelibia 1976 x x x x x x       2,6        2,0        2,7        3,1        3,4        3,5 
Cap Bon Nabeul Korba 2002 x x x x x x       2,7        1,6        1,8        2,0        2,2        2,4 
Cap Bon Nabeul Korbus 2017 x x x x x x       ‐         ‐         ‐         ‐         0,1        0,1 
Cap Bon Nabeul Menzel Bouzelfa 1993 x x x x       1,5        1,3        1,5        1,7        1,9        2,2 
Cap Bon Nabeul Menzel Temime 2014 x x       1,2        1,2        1,4        1,6        1,8        2,5 
Cap Bon Nabeul SE1 1980 2030       0,6        0,7        0,1        ‐         ‐         ‐  
Cap Bon Nabeul SE3 1981 2030       2,0        1,8        1,7        ‐         ‐         ‐  
Cap Bon Nabeul SE4 1979 x x x x x x       6,5        6,3        7,8      10,1      11,2      11,9 
Cap Bon Nabeul Soliman II 2004 x x       2,5        2,6        3,5        3,0        3,5        3,8  173
Cap Bon Nabeul Tazerka‐Maamoura 2017 x x x x x x       0,5        0,6        0,8        0,9        1,0        1,2 

Cap Bon Nabeul Bouargoub Industrielle 2030 x x x 0,2 0,2 0,2


Cap Bon Nabeul Grombalia Industrielle 2030 x x x 0,7 0,7 0,7
Cap Bon Nabeul Soliman Industrielle 2030 x x x 0,9 0,9 0,9
Cap Bon Nabeul Takelsa 2030 x x x 0,8 0,9 1,0

Cap Bon Nabeul Azmour 2040 x x 0,1 0,1


Cap Bon Nabeul Menzel Horr 2040 x x 0,2 0,2
Cap Bon Nabeul Sidi Jedidi 2040 x x 0,1 0,1
Cap Bon Nabeul Tazeghrane 2040 x x 0,1 0,1

TOTAL FLUX 28,7 25,2 30,3 36,5 40,9 45

dont traitement III (Mm3 13,9 12,0 21,9 30,5 40,9 44,5


dont traitement III (%) 48% 47% 72% 84% 100% 100%

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Il faut cependant noter qu’en l’état actuel, près de ¼ du flux d’EUT produit au Cap Bon présente des
salinités supérieures à 3 g/L, peu compatibles avec l’irrigation (agricole ou espaces verts). Cela
concerne les STEP de Hammamet Sud et de Menzel Temime, comme indiqué dans le tableau ci-
dessous. Cela peut être dû à des intrusions des eaux de nappes salines dans les réseaux
d’assainissement ou à la nature des effluents touristiques reçus par la STEP de Hammamet Sud.

Tableau 46 : Salinité des eaux en sortie des STEP du Cap Bon pour l’année 2017 (ONAS, 2017)

Part du flux d'EUT  Part du flux d'EUT 
Volume d'EUT produit  Taux de salinité en 
STEP en fonction des  en fonction du seuil 
(m3/an) sortie de STEP (g/L)
classes de salinité de salinité 3 g/L
Grombalia 1 390 000 1,4
Kelibia 2 593 000 1,5
SE3 1 808 000 1,5
Menzel Bouzelfa 1 385 000 1,7
El Haouaria 485 000 1,8 64%
SE1 586 000 1,9 76%
SE4 6 434 000 1,9
Soliman 2 2 570 000 2,0
AFH 379 000 2,0
Bouargoub 675 000 2,5
12%
Korba 2 669 000 2,9
Hammamet Sud 5 491 000 3,2
24% 24%
Menzel Temime 1 107 000 3,3

174 FLUX LIES AU PARC EPURATOIRE MUNICIPAL EN MILIEU RURAL


L’ONAS prévoit de développer au Cap Bon des stations avec des procédés d’assainissement semi-
collectifs adaptés à des faibles volumes et aux milieux ruraux. La région du Cap Bon est particulièrement
concernée par ces types de procédés de traitement, 3 STEP existent déjà et 2 autres sont projetées.
Les volumes sont très faibles au regard des volumes produits par les centres urbains qui représentent
l’enjeu principal de la REUT.

Tableau 47 : STEP rurales existantes et projetées au Cap Bon (ONAS, 2018)

Année de mise Capacité Equivalents


STEP Procédés de traitement
en service (m3/j) Habitants (EH)

Khanguet El 2002 96 2 000 Filtre planté à roseaux


Hojej

El Mrissa 2009 400 2 760 Boue activée compacte mobile

Beni Ayech 2009 200 2 000 Drain filtrant

Boukrim 2030 ? ? ?

Zaouiet Sidi 2030 ? ? ?


Mgaiez

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

FLUX INDUSTRIELS NON RACCORDES


Le CADRIN de l’ONAS inventorie 53 industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif.
Parmi ces industries, 23 sont des industries agro-alimentaires (conserveries de fruits et légumes,
conserveries de poissons, huileries) et 5 sont des industries textiles. Seulement 9 d’entre elles réalisent
des prétraitements. Les milieux de rejets des effluents sont des milieux naturels (lagune de Korba,
oueds) ou des infrastructures d’assainissement individuelles (fosses septiques). Le tableau ci-dessous
est un extrait du CADRIN de l’ONAS concernant la région du Cap Bon. Il indique les principales
industries où le volume rejeté a été pu être estimé. D’après les données de la DGRE sur les
prélèvements dans les nappes profondes, il apparait que les volumes rejetés par les conserveries
prélèvent près de 400 000 m3/an dans les nappes au niveau de Dar Allouche (DGRE, 2018).

Tableau 48 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué (ONAS, 2019)

Prétraitem
Secteur d’activité Milieu de rejet Volume rejeté (m3/an)
ent réalisé
Transformation et conservation Oui Lagune Korba 100 000
de tomates
Transformation et conservation Non Milieu Naturel 20 000
de tomates
Transformation et conservation Oui Lagune Korba 13 000
de tomates
Fabrication de fils et câbles Non Oued Seltene 6 000
isolés
Fabrication de condiments et Non Fosse septique 4 000
assaisonnements
Blanchisserie - teinturerie Non Fosse septique 2 000
Fabrication d'huiles d'olives Non Fosse septique 700
Préparation de jus de fruits et Non Fosse septique 70
légumes
Fabrication de pompes, Oui Milieu Naturel 40
175
compresseurs et systèmes
hydrauliques
Fabrication de chaussures Non Fosse septique 30

10.1.2 Une offre en EUT qui pourrait réduire le déficit hydrique régional de 20 à
30 %
Il est rappelé que la plupart des chiffres ci-dessous proviennent de l’étude CRET (DGRE, 2019), du
diagnostic du secteur de l’eau réalisé dans le cadre de la stratégie EAU 2050 (BPEH, 2019). Quand ces
chiffres proviennent de d’autres sources de données, celles-ci sont bien précisées.

CLIMAT
Le Cap Bon est caractérisé par une pluviométrie plus élevée que la moyenne nationale car située dans
la partie Nord du pays et subit l’influence maritime du littoral. En moyenne sur la période 1980-2009, le
cumul annuel de précipitation est de 447 mm/an (±36 mm/an) (CHPclim, 2020).

Les projections climatiques à l’horizon 2050 sur différents secteurs, dont la zone hydrographique du
Cap Bon et Nord Sahel, anticipent une baisse des précipitations moyennes annuelles, de l’ordre
de 10% (MARHP, 2019) dans le cadre du scénario RCP4.5, de 20% d’après le scénario RCP8.5.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

EAU DE SURFACE
Hydrologie
D’après les analyses et les modélisations hydrologiques de la troisième phase de l’étude CRET, les
écoulements sur la zone du Cap Bon représentent de 50 à 200 mm/an. Toujours selon la même
étude, cela correspondrait à un volume annuel écoulé dans les oueds du Cap Bon d’environ
250 Mm3/an (140 – 700 Mm3/an)24. Les écoulements du Cap Bon correspondent à une part comprise
entre 5% et 10% des écoulements de surface totaux de la Tunisie, bien qu’en termes de superficie le
Cap Bon ne représente que 1,8% du territoire tunisien.

Les projections climatiques indiquent que les écoulements superficiels dans la zone du Cap Bon, Sahel
Nord et oued Meliane pourraient diminuer de près de 20 % à l’horizon 2050 dans le scénario le plus
pessimiste (RCP8.5).

Ces résultats sont à prendre avec précaution car ils sont entachés de fortes incertitudes liées, entre
autres, aux modélisations climatiques et hydroclimatiques. De plus, des disparités régionales
importantes pourraient être masquées par cette analyse qui englobe un territoire bien plus grand que la
seule zone du Cap Bon.

Ouvrages de stockage
La zone du Cap Bon compte 56 lacs collinaires représentant un volume de 5,89 Mm3. Le Cap Bon
compte également 35 barrages collinaires pour une capacité totale de stockage de 35 Mm3.

En ce qui concerne les grands barrages, la zone du Cap Bon est équipée de 6 barrages, dont le
principal est celui de Lebna. Ce dernier est d’une capacité encore disponible de 23,3 Mm3 et fait l’objet
d’un phénomène important d’envasement, puisque depuis sa construction en 1986, le réservoir a perdu
près d’un quart de sa capacité. Ce phénomène d’envasement affecte également, dans une moindre
mesure, les cinq autres ouvrages. La capacité de stockage actuelle de l’ensemble de ces six
ouvrages est ainsi de 48,2 Mm3, alors que leur capacité initiale était de 69,1 Mm3.
176
Transfert
La région du Cap Bon est globalement déficitaire, c’est-à-dire que ses besoins en eau sont plus
importants que les ressources en eau disponibles naturellement sur son territoire. La région bénéficie
d’apports supplémentaires en eau de surface via les grands axes de transfert hydrique depuis la
vallée de la Medjerdah et des eaux du Nord, à hauteur de 110 Mm3/an. L’alimentation en eau potable
de la zone du Cap Bon, et notamment du pôle urbain Nabeul – Hammamet, est fortement dépendante
de ces ressources de transfert. Il en va de même de l’agriculture. Il s’agit principalement des périmètres
irrigués de sauvegarde des agrumes.

De façon globale, les ressources en eau des transferts de l’extrême Nord et des transferts de la
Medjerdah auront tendance à diminuer à l’horizon 2050, de l’ordre de 5% (scénario 4.5) à 10%
(scénario 8.5).

Vue d’ensemble des eaux de surface


La carte ci-dessous reprend les transferts d’eau existants pour la région du Cap Bon ainsi que la
localisation des barrages et des lacs collinaires.

24 Cette plage de valeurs est très large car elle est élaborée par une lecture visuelle du dégradé de couleurs présents sur les
cartes du rapport CRET de phase 3 et de ses annexes (DGRE, 2019).

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

177

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

EAUX SOUTERRAINES
Sur la zone du Cap Bon, on dénombre six nappes phréatiques dont les principales en termes
d’exploitation et de ressources sont celles de Grombalia, de la Côte Orientale et de la plaine d’El
Haouaria. Pour l’ensemble des six nappes de la zone, le volume de ressources en eau pouvant être
exploité de façon durable est de 183 Mm3 par an. Or, en 2015 le volume total exploité sur ces six
nappes est de 252 Mm3. Il y a donc une surexploitation globale des ressources en eau souterraine
de la péninsule du Cap Bon. La nappe de Grombalia est de loin la nappe qui fait face au plus haut taux
de surexploitation (208% en 2015). La piézométrie accuse une baisse continue et une augmentation
de la salinité des eaux. Deux décrets ont instauré des périmètres d’interdiction et de sauvegarde afin
de limiter l’exploitation de la nappe (DGRE, 2016). Le Programme National d’Economie d’Eau (PNEE)
a permis de réduire le taux d’exploitation des nappes phréatiques de la zone de Nabeul. En effet, le
taux global d’exploitation est passé de 177% à 149%. Par ailleurs, en termes de qualité des eaux
souterraines, l’ensemble des nappes connait des épisodes de forte salinité au-dessus de 3 g/L.

Les nappes profondes sont elles aussi surexploitées : leurs ressources annuelles sont estimées à
33 Mm3 tandis que leur exploitation est à hauteur de 102 Mm3, soit un taux d’exploitation de 313 %,
en grandes partie pour des prélèvements agricoles.

EXPLOITATION DES EAUX


Dans la situation actuelle les prélèvements tous usages confondus représentent un volume total
de plus de 520 Mm3.

Actuellement, la superficie totale de la région du Cap Bon irriguée à partir du Canal Medjerdah-
Cap-Bon (CMCB) est de 20 100 ha (CRDA Nabeul, 2020). Près de 40 Mm3/an sont apportés par ce
canal pour répondre aux besoins de ces périmètres dans le cas d’une année humide. Cependant, ce
volume varie fortement en fonction des années et peut descendre jusqu’à 27 Mm3 en année sèche.

Les prélèvements pour l’alimentation en eau potable de la zone du Cap Bon sont estimés à
178 80 Mm3/an en 2018, d’après les données du recensement de cette même année. A l’horizon 2050, la
population de la zone du Cap Bon est projetée à environ un million d’habitants. Si la consommation
unitaire devait rester identique, les prélèvements pour l’alimentation en eau potable représenteraient
alors environ plus de 100 Mm3/an. Actuellement les besoins en eau potable du Cap Bon (gouvernorat
de Nabeul) sont en majorité satisfaits par les eaux de transfert. On estime que près de 70 Mm3/an sont
prélevés en dehors du Cap Bon pour l’alimentation en eau potable de la zone, soit 87% du
prélèvement total pour l’AEP du Cap Bon.

Concernant l’usage pour la recharge de la nappe au Cap Bon, celui-ci est majoritairement alimenté par
des barrages et lacs collinaires, pour un volume annuel de recharge d’environ 2 Mm3, alloués
gratuitement par la SECADENORD. Cependant, cet usage rencontre des difficultés à cause du manque
d’entretien des sites, des frais d’énergie et du manque de moyens humains

VUE D’ENSEMBLE DES RESSOURCES EN EAU DU CAP BON ET DE LEURS USAGES ACTUELS ET
POSITIONNEMENT DU POTENTIEL DE LA REUT
Situation actuelle et potentiel 2050
Le tableau ci-dessous établit à grands traits le bilan hydrique actuel de la zone Cap Bon en synthétisant
les apports annuels renouvelables et les prélèvements. Il ajoute aussi à ce bilan la réduction potentielle
du déficit actuel si 100 % des EUT étaient réutilisées. L’exercice est effectué pour les horizons 2020 et
2050.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Déficit Déficits
Apports annuels
Cap - Bon Prélèvements sans avec
renouvelables
Situation actuelle effectifs (Mm3) REUT REUT
(Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement 250
dont stock. lacs coll. 6 6 0
dont stock. barrages coll. 35 35 0
dont stock. grds barrages 48 21 0
Transfert CMCB 109 109 0
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
(total) 216 354 138
/ Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2020 414 524 110 25 85 23%
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 414 541 127 45 82 35%

Le niveau actuel de recours à la REUT (3 Mm3) représente 3% du déficit hydrique global à l’échelle du
Cap Bon (110 Mm3).

Une exploitation de la REUT à son plein potentiel actuel (25 Mm3) permettrait de ramener le déficit à
hauteur de 85 Mm3.

A l’horizon 2050, l’augmentation des besoins en eau potable conduira à dégrader le bilan de la zone
(déficit de 127 Mm3). La REUT permettrait de le ramener potentiellement à 82 Mm3 (réduction de
35 %).

Les 2 tableaux ci-dessous reprennent le bilan en situation actuelle en y intégrant des projections
climatiques selon 2 scénarios de changement climatique différents : le scénario 4.5 qui induirait
179
une réduction modérée des ressources en eau et le scénario 8.5 qui induirait une plus forte réduction
de ces ressources.

Projections climatiques – RCP 4.5 2050


REUT
REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050

Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements
Cap - Bon sans avec
renouvelables effectifs
CC - RCP 4.5 2050 REUT REUT
(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-10%) 250


dont stock. lacs coll. 5 6 1
dont stock. barrages coll. 32 37 6
dont stock. grds barrages 43 22 0
Transfert CMCB (-5%) 104 110 7
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
194 371 177
(total) (-10%) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 378 547 169 25 45 124 27%

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

D’après le scénario 4.5, à l’horizon 2050, les apports annuels renouvelables du Cap Bon tendent à
baisser (-10% pour les ressources locales et -5% pour les eaux du Nord) et les besoins pour
l’irrigation (à surfaces constantes) tendent à augmenter (+5%) – du fait de la hausse de
l’évapotranspiration. La combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit de la zone (qui
atteint 169 Mm3), partiellement compensé, potentiellement, par la REUT (déficit ramené
à 124 Mm3, soit une réduction de de déficit d’environ 27%).

Projections climatiques – RCP 8.5 2050


REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements
Cap - Bon sans avec
renouvelables effectifs
CC - RCP 8.5 2050 REUT REUT
(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-20%) 250


dont stock. lacs coll. 5 6,4 2
dont stock. barrages coll. 28 39,1 11
dont stock. grds barrages 38 22,9 0
Transfert CMCB (-10%) 98 112 14
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
173 388 216
(total) (-20%) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 342 569 227 25 45 182 20%

D’après le scénario 8.5, à l’horizon 2050, les tendances s’amplifient, à la baisse pour les ressources en
180 eau (-20% pour les ressources locales et -10% pour les eaux du Nord) et à la hausse pour les
besoins (+10% pour les besoins pour l’irrigation, à surfaces constantes). La combinaison de ces
tendances dégrade fortement le déficit de la zone (qui atteint 227 Mm3), partiellement compensé,
potentiellement, par la REUT (déficit ramené à 182 Mm3, soit une réduction de l’ordre de 20%).

Les 2 graphiques ci-dessous résument à l’échelle du Cap Bon la part de REUT dans le bilan global
des ressources en eau de la région et dans le déficit selon différentes situation : la situation actuelle
(3 Mm3 réutilisés), la situation aujourd’hui si 100 % des EUT étaient réutilisées et la situation en 2050
selon les 2 scenarios de projections climatiques.

Figure 52 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Cap Bon

1% 6% 12% 12%

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20%
3% 22% 27%

10.2 CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE AU CAP BON ET SES PERSPECTIVES


D’EVOLUTION D’ICI 2050 EN LIEN AVEC LA REUT. QUELLE ACCEPTABILITE
SOCIALE POUR LA REUT AUPRES DES USAGERS POTENTIELS ?

10.2.1 Une REUT agricole souhaitée par les agriculteurs pour sauver leurs cultures
intensives menacées par la dégradation des ressources souterraines
PLACE DU SECTEUR AGRICOLE AU CAP BON
Le Cap Bon est une région agricole de premier ordre avec ses terres fertiles, sa pluviométrie régulière,
la gestion des espaces arables et des ressources hydrauliques généreuses. Les cultures au Cap Bon
sont tellement diversifiées que l’on peut affirmer, qu’excepté celles des oasis, toutes celles pratiquées
en Tunisie s’y retrouvent dans cette région. La superficie agricole utile est limitée, elle représente 4% 181
de la superficie agricole totale du pays, alors que le Gouvernorat contribue à hauteur de 15 % dans
la production agricole nationale. Cette région est reconnue sur le plan agricole pour le savoir-faire de
ses agriculteurs et pour sa spécialisation dans certains produits tels que les tomates (35 % de la
production nationale), les agrumes (74 %), la vigne (69 %), les piments, les plantes
condimentaires et les fraises (DGEDA, 2018). La superficie totale des périmètres irrigués de ce
gouvernorat est de l’ordre de 47 000 ha, soit près de 11% de la superficie totale des périmètres
irrigués du pays. L’élevage extensif de bovins à viandes de race locales et des ovins est
également pratiqué avec des cheptels d’une moyenne de 3 têtes pour les bovins et 10 têtes pour les
ovins.

Malgré un contexte environnemental favorable, cette région agricole fait face à plusieurs défis, dont
notamment des menaces de pénurie hydrique. Le développement de l’agriculture intensive et de
cultures fortement consommatrices en eau ont entrainé une importante surexploitation des eaux
souterraines qui se traduit par une chute de la piézométrie et une baisse de la qualité des eaux,
notamment en raison de l’intrusion marine. En raison notamment du déficit en eau, les conditions de
l’activité agricole se sont fortement dégradées, ayant pour conséquence un important mouvement
d’abandon des terres, plus particulièrement dans les zones littorales. Ceci a conduit les pouvoirs
publics à mettre en œuvre, depuis plusieurs années, un vaste programme de mobilisation des
ressources en eau pour la sauvegarde de l’agriculture irriguée et l’approvisionnement en eau potable
des zones urbaines.

Les 3 cartes ci-dessous sont issues de la carte agricole de la Tunisie. Elles présentent différentes
familles de cultures : arboriculture – céréales et fourrages – maraîchage. Pour chacune d’elles, les
périmètres irrigués sont indiqués par un zonage rouge. Elles permettent ainsi d’illustrer l’occupation des
terres agricoles au Cap Bon et de croiser ces éléments avec la localisation des STEP existantes et
projetées.

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Figure 53 : Zone Cap Bon : Carte agricole – Carte 1 : Vigne et arboriculture, périmètres irrigués (en rouge)

182

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Figure 54 : Zone Cap Bon, Carte agricole – Carte 2 : Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres irrigués (en rouge)

183

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Figure 55 : Zone Cap Bon, Carte agricole – Carte 3 : maraîchage et périmètres irrigués (en rouge)

184

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PERSPECTIVES AGRICOLES ET PROJETS DE REUT


A court terme, des projets sont en cours dans le gouvernorat de Nabeul sur la REUT dans le milieu
agricole (DGGREE, 2018) :
 Une étude de renforcement portant sur les 550 ha des 5 PPI à proximité de la ville de Nabeul
est en cours d’achèvement. Ces PPI sont alimentés par la STEP SE4 qui vient d’être réhabilitée et
la STEP SE3. Le projet prévoit un doublement de la capacité de la station de pompage au niveau
de SE4 afin d’augmenter la quantité d’EUT délivrée aux agriculteurs. En effet, ils ne reçoivent
aujourd’hui pas assez d’eau par rapport à leurs besoins. Cette étude va donc permettre de valoriser
l’existant.
 Dans le cadre du projet MENAWAR pour la réutilisation de l’eau non conventionnelle en agriculture
dans les pays méditerranéens, l’ONAS prévoit la création de 2 nouveaux périmètres irrigués :
un périmètre dans la zone de Ksar Saad qui sera alimenté par la STEP de Korba pour 50 ha
d’oliviers et de fourrages et un périmètre à Kelibia pour 30 ha de fourrages.
 Une autre étude, dont l’avis d’appel d’offre est en cours de parution, prévoit d’étudier la possibilité
de création de 6 nouveaux périmètres irrigués pour une superficie totale de 500 ha. Les
localisations étudiées seront les terres agricoles à proximité des STEP de El Haouaria, Kelibia,
Menzel Temime, Tazerka-Maamoura, Menzel Bouzelfa et Grombalia. Ce sont bien des nouvelles
surfaces irriguées qui sont programmées et non une substitution des ressources conventionnelles
par des EUT dans des périmètres existants. Cette étude montre la volonté des acteurs du territoire
de développer la REUT dans la région.

Concernant les périmètres irrigués avec des eaux conventionnelles, il n’y a pas, d’après entretien
avec le CRDA de Nabeul, de nouvelles superficies prévues à court terme. Concernant l’évolution
de l’agriculture de la région à plus long terme, on liste ci-dessous quelques idées émises par les acteurs
régionaux rencontrés dans le cadre de l’étude :
 Le développement du maraîchage au niveau de Soliman vient remplacer l’arboriculture alors
que les périmètres maraîchers sont de plus en plus abandonnés au niveau de la côte orientale par
manque de ressources en eau ; 185
 Un plan de rajeunissement de 4 000 ha d’agrumes est nécessaire, bien que la durabilité du
système agrumicole va être conditionnée par la disponibilité des ressources en eau ;
 Un développement de l’élevage bovin (dont hors sol) et des besoins en fourrages est à prévoir
avec l’abandon des périmètres maraîchers et la tradition d’élevage qui est ancienne dans la région.

MATURITE DE LA DEMANDE POUR LA REUT DANS LE SECTEUR AGRICOLE


27 agriculteurs aux profils variés (cultures pratiquées, irrigation ou non, etc.) ont été interrogés lors des
enquêtes, répartis dans 6 délégations différentes. La grande majorité de ces agriculteurs sont favorables
à la REUT. Au vu du contexte hydrique de la région, il semble que les agriculteurs commencent à
prendre conscience de la nécessité d’économiser l’eau et de trouver des ressources alternatives
pour pérenniser leur activité.

La relative réussite des périmètres irrigués avec les EUT à Nabeul donne confiance aux autres
agriculteurs pour développer ce type d’irrigation. Certaines zones sont prêtes pour des projets à
court terme, notamment sur la côte orientale où les agriculteurs sont déjà très impactés par la
salinisation de la nappe. Pour les zones à vocation maraîchère, il sera moins aisé de développer
des projets de REUT sur le court terme mais les filières arboricoles et fourragères ont aussi leur
importance dans ces zones. Les craintes reposent surtout sur la sécurisation de
l’approvisionnement, que ce soit en termes de quantité ou de qualité. La carte ci-dessous
synthétise les résultats des enquêtes en fonction des sous zones du Cap Bon. Ce découpage de la
région en sous zones est explicité dans la partie 10.4.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Figure 56 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Cap Bon

186 10.2.2 Un secteur industriel actif aux consommations d’eau concentrées à Soliman
et Grombalia
PLACE DU SECTEUR INDUSTRIEL AU CAP BON
Le Cap Bon est une région active au niveau industriel sur l’ensemble du territoire et ce secteur à
tendance à gagner sur les emplois agricoles de la région. Les activités industrielles sont diversifiées,
les secteurs les plus importants restent cependant le secteur textile qui représente 30 % des entreprises
de la région et les industries agro-alimentaires qui représentent 19 %. Les zones industrielles de
Soliman et Grombalia consomment à elles seules 87 % des eaux potables allouées à l’industrie
dans la région (CGDR, 2018). Ces deux zones seront donc particulièrement à considérer dans les
propositions de valorisation des EUT dans le secteur industriel.

PERSPECTIVES INDUSTRIELLES
D’après les projections de l’AFI, quatre zones industrielles vont être étendues : 55 ha à Menzel Temime,
82 ha à Bouargoub, 38 ha à Grombalia et 20 ha à Takelsa. Les superficies des zones industrielles
vont donc augmenter significativement, les portants de 235 ha à environ 430 ha, ce qui
augmentera la demande sur les ressources en eau (APII, 2019).

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10.2.3 Des zones touristiques d’importance nationale regroupées au niveau de


Nabeul et Hammamet
PLACE DU SECTEUR TOURISTIQUE AU CAP BON
Le positionnement géographique spécifique de la région du Cap Bon ainsi que la volonté politique ont
favorisé - depuis les années 1970 - un développement notable du tourisme balnéaire autour du golfe
de Hammamet avec une infrastructure touristique représentant 20% de la capacité hôtelière du pays
(CGDR, 2018). A elle seule, Hammamet est une zone de forte fréquentation touristique avec plus
d’1 million de touristes en 2018, ce qui représente 88 % de la fréquentation régionale (ONTT, 2019).

Les deux zones touristiques limitrophes que sont Nabeul Hammamet et Yasmine Hammamet
consomment les trois quarts de l’eau potable totale utilisée pour l’usage touristique au Cap Bon
(CGDR, 2018). Quoique n’ayant pas encore de problème lié à la ressource en eau, la concurrence avec
d’autres usages et les coûts de l’eau potable via la SONEDE commencent à peser notamment au niveau
des grandes unités de Nabeul Hammamet et Yasmine Hammamet.

D’après une analyse sous SIG d’images satellitaires de Google Earth, réalisées dans le cadre de la
présente étude, la superficie des espaces verts existants (sans les golfs) pour les principales zones
touristiques est de 207 ha pour Yasmine Hammamet, 177 ha pour Nabeul Hammamet et 28 ha pour
Kelibia.

Comme vu lors de la phase de Diagnostic, il existe actuellement deux terrains de golf au Cap Bon :
Hammamet Yasmine, d’une superficie de 80 ha, et Hammamet Citrus avec 170 ha : Lorsque la STEP
SE1 sera arrêtée, ce sera la STEP Hammamet Sud qui fournira les EUT aux golfs.

PROSPECTIVES TOURISTIQUES
Il est prévu par l’AFT d’aménager une quatrième zone touristique au niveau de Korbous. La capacité
hôtelière serait de 6 000 lits sur une superficie de 370 ha (AFT, 2020). Au vu des difficultés actuelles 187
rencontrées dans le secteur touristique, nous estimons que cette zone ne sera pas aménagée avant le
moyen terme (2030). D’après les enquêtes auprès des hôteliers de la région, les extensions des
capacités hôtelières des zones existantes et des superficies des espaces verts ne sont pas encore à
l’ordre du jour des gestionnaires au vu du contexte actuel.

La stratégie du ministère du tourisme prévoit de réaliser un golf pour chaque 10 000 lits afin d’assurer
aux golfeurs l’accès à 3 golfs dans un rayon ne dépassant les 45 min lors de leur séjour. Ainsi, il est
prévu d’aménager 3 golfs additionnels dans la région du Cap Bon sur le long terme. A moyen terme,
un troisième terrain de golf limitrophe aux deux premiers est prévu (STDG, 2018).

10.2.4 Des besoins en eau municipaux qui nécessiteront des ressources


alternatives pour améliorer le cadre de vie
Les 2 municipalités principales du Cap Bon ont été interrogées lors des enquêtes. La municipalité de
Hammamet dispose d’environ 120 espaces verts couvrant une superficie de 160 hectares
d’espaces verts irrigués à partir des eaux potables de la SONEDE, à partir de deux anciens forages
et anciennement à partir des eaux usées traitées à partir des STEP et réseaux de l’ONAS (la dernière
pratique est actuellement en arrêt à cause de la qualité de traitement, du bouchage des tuyaux, et des
difficultés d’entretien et de financement du réseau).

La municipalité de Nabeul dispose d’environ 170 espaces verts couvrant une superficie de
216 hectares irrigués à partir des eaux potables de la SONEDE et à partir de six puits de surface.
L’Agence Foncière de l’Habitat compte aménager une cité dite Wafa (entre Hammamet Mrazga et
Nabeul) de l’ordre de 18 ha d’espaces verts. Les besoins additionnels poussent les responsables
communaux à envisager des prospections allant des sondages dans la zone, la mobilisation des eaux
pluviales au niveau communal, l’encouragement des prévisions de citerne d’eau à domicile et la
réutilisation des eaux usées pour l’irrigation/arrosage des espaces verts.

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10.2.5 Des nappes phréatiques littorales menacées, un contexte hydrogéologique


favorable à la recharge artificielle
La carte ci-dessous met en regard les STEP et les différentes nappes phréatiques du Cap Bon.

188

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Nous rappelons, pour mémoire, qu’outre les sites de Oued Souhil et de Korba qui existent déjà pour
la recharge avec les EUT, bien qu’ils soient actuellement en arrêt, la seule nappe mentionnée pour de
la recharge au Cap Bon, dans des études antérieures, est celle de Grombalia (DGEQV, 2009). Les
sites pressentis étaient les bassins d’infiltration existants de El Gobba et de Bouargoub, prévus à
l’origine pour de la recharge avec les eaux du Nord. Ces sites sont non fonctionnels depuis 2010.
D’autres anciens sites de recharge avec les eaux du nord existent : El Amrine à Menzel Bouzelfa et Sidi
Alaya (Beni Khalled). Cependant, des remontées piézométriques de la nappe jusqu’ l’affleurement ont
causées l’asphyxie de cultures dans ces zones.

Pour les sites de El Gobba et Bouargoub, il a été proposé dans les études antérieures que la recharge
soit effectuées avec les eaux produites par la STEP Sud Méliane à Ben Arous, ce qui demandait un
transfert assez conséquent (DGEQV, 2009). Cette dernière éventualité est citée plus loin dans le rapport
dans le cadre de l’analyse conduite pour la région du Grand Tunis et Zaghouan.

A El Haouaria, la recharge est techniquement possible au niveau de El Ksab et Menzel Salem à


travers un épandage au niveau du cordon forestier littoral. La zone de Dar Chicou est cependant à
éviter car la nappe phréatique et la nappe profonde sont connectées sur cette zone, et cette dernière
est utilisée pour l’AEP.

Le tableau ci-dessous synthétise les recharges possibles par des EUT (liste de STEP avec les flux
d’EUT produites aux différents horizons) pour les différentes nappes pour lesquelles une recharge est
jugée potentiellement utile.

On indique également dans ce tableau :


 les enjeux auxquels peut répondre potentiellement cette recharge,
 les usages indirects possibles via un repompage dans la nappe qui sert alors de réservoir
intersaisonnier,
 la qualification des contextes hydrogéologiques et fonciers pour mettre en œuvre pratiquement la
recharge,
 la technique de recharge proposée. 189
Les nappes potentiellement rechargeables au vu du contexte hydrogéologique et foncier sont les
nappes de Grombalia (STEP de Grombalia et Bouargoub), Nabeul Hammamet (STEP SE4), Côte
orientale (STEP SE4, Tazerka Maamoura, Korba) et de la plaine de El Haouaria (STEP El
Haouaria).

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Tableau 49 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT

Ratio recharge potentielle / 
Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge* Contexte pour la recharge**
déficit quantitatif
Amélioration  STEP pouvant 
Augmentatio de la gestion  être utilisées  Production  Production 
Lutte contre  Amélioration  n de la  Technique de recharge 
Nappe Fin d’un rejet  de l’eau avec  pour la  EUT 2020  EUT 2050  Usages indirects possibles
l’intrusion du  de la qualité  quantité  proposée
en mer o u  un stockage  recharge de  (Mm3) (Mm3)
biseau salé  des eaux de  d’eau  Hydrogélogique Foncier 2020 2050
dans une zone  intersaisonni la nappe
(barrière  la nappe  disponible 
sensible er hors 
hydraulique) (dilution) pour un usage 
indirect période 
d’irrigation
Grombalia Soliman II Pas favorable Pas favorable 2,6 3,8 / /
Infiltration dans l’oued Bou 
(déficit de – 55 
Grombalia Favorable Favorable 1,3 1,8 Argoub, Bayoub, masri , El  Agriculture (zone arboricole)
Mm3)
Bey….
Agriculture (zone 
X NON X X X X Menzel  11% 17%
Peu favorable Favorable 1,3 2,2 Bassins d’infiltration agrumicole, puits de surface 
Bouzelfa
existants
Bassins d’infiltration  Zone agrumicole, puits de 
Bouargoub Favorable Favorable 0,6 0,7
existants surface existants
Takelsa Pas favorable Favorable 0,0 1,0 / /
Bassins d’infiltration 
x x x X X SE4 Favorable Favorable 6,3 11,9 Agriculture (maraîchage)
existants
190 Tazerka‐ Infiltration dans l’oued 
Favorable Favorable 0,6 1,2 Agriculture (maraîchage)
Maamoura Essomaa‐El Mazraa
Bassins d’infiltration 
Côte orientale 
x x X X Korba Favorable Favorable 1,6 2,4 existants avec possibilités  Agriculture (maraîchage)
(déficit de – 10  118% 216%
d’extension
Mm3)
Menzel 
Pas favorable Favorable 1,2 2,5 / /
Temime
x x x X X Kelibia Pas favorable Favorable 2,0 3,5 / /
Localisation 
Menzel Horr Favorable 0,0 0,2 / /
précise ?
Plaine de El  Epandage forestier à El 
El Haouaria Favorable Favorable 0,3 0,6 Agriculture (maraîchage)
Haouaria Ksab, Menzel Salem
x x x x 3% 7%
(déficit de – 11  Localisation 
Azmour Favorable 0,0 0,1 / /
Mm3) précise ?
Nabeul 
SE4 Favorable Favorable 6,3 11,9 Bassins d’infiltration Agriculture (maraîchage)
Hammamet

(pas de déficit) AFH Pas favorable Pas favorable 0,5 1,9 / /


x x x x x / /
Hammamet 
Pas favorable Pas favorable 4,3 8,8 / /
Sud
Sidi Jedidi Pas favorable Favorable 0,0 0,1 / /

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.3 IMPACTS ACTUELS DES REJETS D’EAUX USEES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LES
ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES AU CAP BON
L’objectif de cette partie est de dresser un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui
impactent actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques. Cet inventaire a été
enrichi par les acteurs locaux lors des entretiens régionaux et de l’atelier de concertation du Cap Bon
qui a eu lieu le 26 février 2021.

10.3.1 Des milieux de rejets des STEP sensibles au niveau du littoral


Concernant les milieux de rejets des STEP, comme indiqué sur la carte ci-dessous, beaucoup d’entre
elles rejettent presque directement en mer de par la géographie du Cap Bon et la concentration des
villes sur le littoral. En tout, 8 STEP rejettent actuellement en mer. Le Cap Bon étant une destination
touristique, notamment au niveau de Nabeul - Hammamet, Kelibia et El Haouria, ces rejets sont
souvent proches de zones de baignade très fréquentées lors de la période estivale. A Dar
Chaabane, au niveau de la STEP SE4, le rejet impacte la plage à proximité de la zone touristique Nabeul
Hammamet comme l’ont signalé les municipalités et les hôteliers lors des enquêtes. Certaines années
la plage est interdite à la baignade (cf photo ci-dessous). D’après l’ONAS de Nabeul interrogé lors d’un
entretien, il a été envisagé de faire un émissaire en mer à Dar Chaabane, mais le coût a été considéré
trop élevé et la REUT agricole a été favorisée.

191

Figure 57 : Panneau d’interdiction à la baignade au niveau du rejet de la STEP SE4 et vision de la plage impactée par le rejet
Source : BRLi, mars 2019

Les STEP de Korba, Tazerka et Soliman II rejettent toutes les 3 dans des lagunes littorales
considérées comme des zones humides d’importance nationale et classées Ramsar.
 Pour Korba, comme vu dans le diagnostic, une partie du rejet de la STEP est déversée dans la
lagune pour un soutien hydrologique afin de conserver cette lagune menacée par l’urbanisation
et l’agriculture (URAM, 2003). Ce rejet se veut positif. Cependant, il y a peu de suivi pour connaitre
les réels impacts sur la quantité et la qualité de l’eau ainsi que la biodiversité du site.
 Pour Tazerka, le rejet est récent car la STEP a été mise en service en 2016. Depuis, la quantité
d’eau arrivant à la lagune est trop importante, ce qui provoque la prolifération des moustiques
comme indiqué par l’Association Tunisienne pour la Protection de la Nature et de l’Environnement
de Korba (ATPNE) consultée dans le cadre de l’étude.
 Pour Soliman : plusieurs STEP (Grombalia, Menzel Bouzelfa et Bouargoub) déversent dans l’Oued
El Bey qui se jette ensuite dans la lagune de Soliman puis finalement dans le Golfe de Tunis. La
STEP de Soliman II quant à elle déverse directement dans la lagune.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.3.2 Des communes rurales pas encore raccordées au réseau collectif


d’assainissement
Bien que le Cap Bon ait un parc épuratoire assez conséquent par rapport à d’autres régions du pays, il
existe encore des zones rurales non raccordées où les EUB impactent les milieux récepteurs et
risquent de contaminer les nappes. Les communes citées lors de l’atelier de concertation régional
sont Sidi Jedidi, Tazoghrane, El Mida, Fondouk El Jedid, etc. Des solutions d’assainissement sont
projetées par l’ONAS pour ces communes, que ce soit le raccordement à des STEP existantes (El Mida
à la STEP de Korba par exemple) ou la mise en place de stations d’assainissement rurales.

10.3.3 Des pollutions visibles liées aux rejets d’industries agro-alimentaires et


d’usines textiles
Les rejets des IAA sans prétraitements, notamment des conserveries de tomates et de poissons,
posent des problèmes environnementaux sur tout le Cap Bon. Au niveau de Dar Allouche par exemple,
les eaux stagnent chaque année derrière le cordon dunaire à proximité des plages fréquentées en été
(DEROUICHE, Le littoral du Cap Bon menacé par... le concentré de tomates : halte aux rejets non
traités !, 2019). Les conserveries prélèvent près de 400 000 m3/an dans les nappes au niveau de Dar
Allouche (DGRE, 2018). Le même problème se posait avec les rejets dans la lagune de Korba mais la
mise en place de prétraitements par les conserveries a amélioré la situation d’après l’ATPNE. L’ONAS
estime qu’il y a 130 000 m3/an de ces effluents qui sont rejetés dans la lagune de Korba (ONAS, 2019).

Au niveau de Tazerka Maamoura, des usines de lavage des jeans et un abattoir déversent dans la
lagune des eaux usées peu ou pas traitées. Les nuisances causées auprès des riverains sont
importantes (stagnation des eaux, mauvaises odeurs) ainsi que sur la biodiversité de la lagune, ce qui
causé des manifestations et l’intervention du ministère de l’environnement en fin d’année 2019
(DEROUICHE, Lagune de Tazerka classée "Ramsar" : adieu les oiseaux d'eau !, 2019).

192 Des eaux industrielles d’activités diverses (IAA, usines textiles, usines de câblages, etc.) sont
déversées tout le long de l’Oued El Bey et ses affluents avant d’être rejetées dans la lagune de Soliman.
Ces rejets, souvent sans prétraitements, sont peu quantifiés dans le CADRIN de l’ONAS.

La carte ci-après synthétise les problématiques environnementales liées aux rejets d’EUT au Cap Bon.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

193

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.4 VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN FONCTION DES DIFFERENTS CONTEXTES


TERRITORIAUX DU CAP BON
L’évaluation du flux d’EUT à l’horizon 2050, les analyses sectorielles appuyées par les enquêtes auprès
des usagers potentiels et les investigations sur les impacts environnementaux et socio-économiques
des eaux usées permettent de dégager un panel de possibilités de valorisations des EUT pour le Cap
Bon. Celui –ci a été découpé en sous zones ayant chacune une cohérence agricole, économique,
et environnementale afin de proposer des valorisations des EUT adaptées aux contextes de ces
territoires. Le découpage de ces sous-zones pour le Cap Bon est rappelé sur la carte suivante :

194

Figure 58 : Découpage de la région du Cap Bon en sous zones d’étude


L’inventaire des valorisations possibles des EUT présentées dans cette partie par sous zones a été
alimenté par l’atelier de concertation régional qui a eu lieu le 26 février 2021. Cet atelier a été
l’occasion d’échanger avec les acteurs du territoire sur les valorisations des EUT à privilégier dans les
principales zones de production d’EUT du Cap Bon, à savoir la plaine de Grombalia, la zone urbaine de
Nabeul Hammamet et le littoral oriental de Tazerka à Korba.

10.4.1 Sous-zone 1 : Plaine de Grombalia


Ressources en eau
Les projections à l’horizon 2050 indiquent que les eaux conventionnelles ne permettront plus de
satisfaire les besoins des périmètres irrigués publics de la zone, principalement agrumicoles. D’une
part, la nappe de Grombalia est en très fort déficit (55 Mm3) et présente des pics de salinité en
périodes bas niveaux (6 g/L) la rendant temporairement inutilisable pour l’agriculture. D’autre part, la
disponibilité des eaux du Nord va tendre à diminuer sous l’effet du changement climatique (-10
à -20%), alors que leur sollicitation pour l’AEP, dont la demande devrait plus que doubler, augmentera.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Par ailleurs, les EUT produites localement ne sont pas aujourd’hui exploitées. Elles représentent à ce
jour un gisement de 5,8 Mm3 et un potentiel de 8,5 Mm3 à l’horizon 2050. A cela pourraient s’ajouter
une partie des EUT du Grand Tunis. Le Cap-Bon, et la plaine de Grombalia en particulier, à proximité
immédiate, constitue une destination à étudier pour le transfert de ces EUT (voir partie 12.4.2).

Agriculture
La production agrumicole revêt un caractère stratégique en termes d’exportation commerciale pour
la Tunisie. Il semble essentiel d’en sécuriser l’approvisionnement en eau. Les superficies viticoles
sont aussi étendues autour de la ville de Grombalia.

Autres secteurs économiques


Les secteurs industriels (1,1 Mm3) et touristiques dans cette sous zone représentent un enjeu
secondaire, bien que les rejets du secteur textile dans l’oued El Bey soient problématiques en termes
qualitatifs.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la plaine de Grombalia,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

Tableau 50 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : plaine de Grombalia

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 1.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable 
pour l’irrigation  des  périmètres  publics,  en  utilisant  100%  du  potentiel 
EUT : 
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  ces 
EUT)  des  eaux  du  Nord  pour  l’irrigation  des  Agrumes : 11 % en 2020 (*1) pour 725 ha, 14 % en 2050 
périmètres existants  pour 920 ha  195
Idée 1.b : Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 
avec les EUT  
Agrumes : 2020 : 725 ha en 2020 (*2), 920 ha en 2050 
Nouveaux PI agrumicoles et fourragers 
Fourrages : 720 ha en 2020, 910 ha en 2050 

Idée 1.c : Recharge de la nappe de Grombalia  Réduction du déficit actuel de la nappe de l’ordre de 11 
% en 2020 et de17 % en 2050, en utilisant 100% des EUT.
Utilisation des bassins existants pour les eaux du 
Nord ? 

Idée  1.d  :  Amélioration  du  traitement pour  des  Part  de  la  superficie  irrigable  substituable,  en  utilisant 
usages à plus haute valeur ajoutée  100% des EUT : 
Maraîchage des PI existants  Maraîchage : 20 % en 2020, 26 % en 2050 

Idée  1.e  :  Utilisation  des  EUT  dans  le  secteur  Substitution possible à 100 % par des EUT des volumes  


industriel  en  eau  potable  utilisés  dans  les  ZI  de  Grombalia  et 
Soliman, que ce soit en 2020 ou en 2050 
Zones industrielles de Soliman et Grombalia 

Aide à la lecture du tableau :

(*1) : ce chiffre signifie que, en utilisant 100% des EUT disponibles en 2020, on pourrait irriguer avec
ces eaux, 4% des surfaces d’agrumes cultivées aujourd’hui dans la zone.

(*2) : ce chiffre signifie que, en utilisant 100% des EUT disponibles en 2020, on pourrait irriguer une
surface additionnelle de 725 ha d’agrumes.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, deux orientations sont envisagées :
Une première option consisterait à privilégier un usage direct des EUT pour la satisfaction du
besoin en eau de la production agrumicole locale. La totalité des volumes d’EUT locaux viendraient
alimenter une partie des périmètres existants en substitution des ressources en eaux du Nord. Le
potentiel actuel et local d’EUT permettrait d’alimenter environ 725 ha d’agrumes, soit 11 % de la surface
irriguée dans les périmètres publics dans la zone, et 920 ha à l’horizon 2050.
Une seconde possibilité serait de mettre plutôt l’accent sur la recharge de la nappe de
Grombalia, dont le contexte hydrogéologique est très favorable à une recharge efficiente. Cette
stratégie conduit à une réduction du déficit de la nappe de Grombalia, tout en permettant de maintenir
la satisfaction du besoin en eau des périmètres qui exploitent cette nappe et d’utiliser ces eaux pour les
cultures maraîchères.
Une variante pourrait consister un mix des deux orientations présentées, en exploitant une partie
des EUT pour satisfaire directement le besoin en eau des périmètres arboricoles lors des périodes
d’irrigation, et en orientant une autre partie des EUT pour la recharge de la nappe de Grombalia pour
un stockage inter saisonnier. Cette variante a été d’ailleurs mentionnée par les acteurs lors de l’atelier
de concertation, en précisant que la recharge pouvait utiliser les bassins existants à Bouargoub qui
étaient à l’origine prévus pour la recharge avec des eaux conventionnelles.
Connaissant les impacts des activités textiles dans l’oued El Bey, une solution pourrait être de recycler
l’eau des industries textiles en circuit fermé afin de répondre aux enjeux environnementaux et en
limitant les prélèvements en eau potable. Cette solution, citée par les acteurs lors de l’atelier de
concertation, serait aussi plus facile techniquement et économiquement à mettre en place à l’échelle
des industries plutôt que de faire revenir les eaux des STEP de l’ONAS. Pour les acteurs régionaux,
comme mentionné lors de l’atelier de concertation, ce recyclage permettait aussi de faire participer les
industriels aux efforts de réduction des consommations d’eau.
L’ensemble des orientations envisagées conduisent à la réduction de la vulnérabilité de la lagune de
Soliman, milieu récepteur dans lequel les EUT sont aujourd’hui déversés en totalité.

196 10.4.2 Sous-zone 2 : Région de Nabeul-Hammamet


Ressources en eau
La région de Nabeul-Hammamet est plutôt bien dotée en ressources en eau, avec la proximité du
transfert des eaux du Nord (CMCB), un nombre important de barrages collinaires et la nappe de Nabeul-
Hammamet. Le bilan hydrologique est excédentaire, principalement du fait que les usages
quantitatifs restent limités. La nappe Nabeul-Hammamet est exploitée à hauteur de 25 Mm3, soit 81%
de son potentiel annuel renouvelable. Elle présente cependant des salinités élevées localisées (5 g/L)
la rendant inutilisable pour l’agriculture, de façon temporaire et localisée.

Par ailleurs, comme indiqué, les EUT produites localement y sont déjà exploitées pour des usages
agricoles, à hauteur de 17% du potentiel actuel (14,5 Mm3). A l’horizon 2050, elles représentent un
gisement très significatif, d’environ 24,2 Mm3, soit plus que la totalité des volumes prélevés
annuellement dans la nappe Nabeul-Hammamet.

Agriculture
L’activité agricole dans ce secteur consiste principalement en des vergers, de grandes cultures
céréalières, du fourrage pour l’élevage, pour la plupart en sec, ainsi que du maraichage autour
de puits et forages.

Autres activité économiques


Le secteur touristique y est très développé, au niveau des zones touristiques de Nabeul Hammamet
et Yasmine Hammamet. Cela a aujourd’hui pour conséquence un certain nombre d’impacts
environnementaux, parmi lesquels la dégradation de la qualité des eaux de baignade des plages
environnantes par les rejets de la STEP SE4. Il s’agit cependant d’un secteur économique
stratégique au niveau national, qu’il convient de préserver.

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prospective - Version définitive
10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous-zone Nabeul
Hammamet, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du
contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 51 : Possibilités de valorisation des EUT pour sous-zone 2 : région de Nabeul-Hammamet

Idées de valorisation des EUT 
Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  2.a  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux  périmètres  irrigués  potentiels,  en  utilisant 100% 
irriguées avec les EUT   des EUT : 
Nouveaux  périmètres  agrumicoles  et  Arboricoles : en 2020, 1 900  ha ; en 2050, 3 000 ha 
fourragers,  extension  des  périmètres  déjà 
Oliviers : en 2020, 4 200 ha ; en 2050, 6 700 ha 
irrigués avec des EUT actuellement 

Idée 2.b : Recharge de la nappe de Nabeul‐ Nappe non déficitaire. Le potentiel d’EUT représent 66% des 
Hammamet  prélèvements  dans  la  nappe  en  2020  et  plus  de  100%  en 
2050. 

Idée  2.c  :  Irrigation  des  espaces  verts  des  Superficie  irrigable  d’espaces  verts,  en  utilisant  100%  des 
zones touristiques et des municipalités  EUT : 550 ha à 1200 ha en 2050, soit 1,5 et 3 fois les surfaces 
existantes. 

Idée 2.d : Irrigation des golfs  Superficie  irrigable  de  golfs,  en  utilisant  100%  des  EUT  : 
438 ha  à  956 ha  en  2050,  soit  2  à  3  fois  les  surfaces 
existantes. 

Idée 2.e : Transfert vers la zone agricole de  Nouveaux périmètres potentiels créés en transférant 100% 
Bouficha, Sidi Jedidi ou Hammam Jedidi (5 –  des EUT de la STEP de Hammamet Sud : 
197
10 km) 
Arboricoles : 650 ha en 2020, 1 150 ha en 2050 
STEP de Hammamet Sud 
Oliviers : 1 430 ha en 2020, 2 550 ha en 2050 
(proposition  du  CRDA  de  Nabeul)  Substitution  potentielle 
des eaux du barrage Rmal dans le PPI existant de Bouficha : 
100 ha de vergers, 100 ha de vignes, 600 ha d’oliviers, soit 67 
% du volume d’EUT de la STEP en 2020 et 38 % en 2050 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, trois orientations sont envisagées :

Une première orientation possible est de consacrer les EUT principalement à l’agriculture, et tout
d’abord pour l’intensification et l’extension des périmètres irrigués utilisant déjà les EUT,
principalement pour l’arboriculture et le fourrage. Cette orientation va dans le sens du projet de
doublement de la station de pompage au niveau de la STEP SE4 et serait la première action à mettre
en place pour la région d’après les discussions de l’atelier de concertation. Concernant les volumes de
la STEP de Hammamet Sud, ils seraient transférés vers les secteurs déficitaires du Cap-Bon
(exemple : Bouficha dans le gouvernorat de Sousse où une agriculture pluviale et arboricole est
pratiquée, ou pour substituer les eaux du barrage Rmal dans le PPi existant pour de l’arboriculture). Les
superficies irriguées créées atteindraient au maximum 1 430 ha d’oliviers en 2020 et 2 550 ha en 2050.
La distance entre la STEP et cette zone agricole est comprise entre 5 et 10 km. Cela requiert cependant
des infrastructures de transfert dont il est nécessaire d’évaluer l’opportunité économique (voir partie sur
les analyses coûts bénéfices).

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prospective - Version définitive
10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Une seconde possibilité consisterait à satisfaire au maximum les besoins touristiques (golfs,
espaces verts dans la mesure de la faisabilité technique qui sera à préciser), eu égard à leur
importance économique, et ces besoins étant localisés à l’endroit même où ces EUT sont produites.
La satisfaction des besoins identifiés à l’horizon 2050, en faisant l’hypothèse que 50 % de la superficie
est irriguée, soit 192 ha d’espaces verts et 465Une dernière possibilité serait d’orienter ces volumes
pour la recharge de la nappe Nabeul-Hammamet, avec pour but la lutte contre l’intrusion du biseau
salé, plus qu’un besoin quantitatif, cette nappe étant encore excédentaire. Le site existant de recharge
de nappe de Oued Souhil serait réhabilité voir étendu. Cependant, il est à noter que les STEP de cette
zone étant en milieu urbain, les possibilités de nouveaux sites de recharge via des bassins d’infiltration
sont limitées au niveau foncier.
Au cours de l’atelier de concertation, privilégier au maximum l’irrigation agricole directe comme dans la
première orientation semblait faire consensus. Pour les volumes résiduels de la zone qui ne pourront
pas être valorisés dans le secteur agricole (exemple de la STEP AFH en plein milieu urbain), il a été
proposé qu’ils soient utilisés dans d’autres secteurs (irrigation de golfs, espaces verts, valorisation
forestière).

L’ensemble des orientations envisagées conduisent à la réduction des rejets et à une amélioration de
la qualité de l’eau dans les zones de baignade, stratégiques pour l’activité touristique.

10.4.3 Sous-zone 3 : Littoral oriental de Korba à Tazerka


Ressources en eau
Le littoral oriental bénéficie des ressources de la nappe phréatique Côte Orientale. Dans certaines
zones comme au niveau de Korba, les eaux souterraines ne permettent déjà plus de satisfaire les
besoins des périmètres irrigués maraîchers. En effet, la nappe Côte Orientale est en déficit global
(10 Mm3), avec une dépression piézométrique marquée. Elle présente également des pics de salinité
(parfois jusqu’à 19 g/L) la rendant durablement inutilisable pour l’agriculture. Les puits de surface et les
périmètres en dépendant tendent à être abandonnés. Concernant les possibilités de recharge dans
cette nappe, la réflexion doit être conduite de façon très locale et différenciée. Aux alentours de Korba
198 et Tazerka, le contexte hydrogéologique est très favorable à une recharge efficiente. Il peut même
être envisagé une recharge via l’oued Essomaa El Mazraa plutôt que par des bassins d’infiltration plus
coûteux au niveau de Tazerka.

Les EUT produites localement représentent à ce jour un gisement de 5,8 Mm3 et un potentiel de
10,4 Mm3 à l’horizon 2050.

Agriculture
La production maraichère revêt un caractère stratégique en termes d’approvisionnement du Grand
Tunis, et plus largement en termes de sécurité de l’approvisionnement alimentaire pour la Tunisie. Il
semble essentiel d’en sécuriser l’approvisionnement en eau.

Autres secteurs économiques


Les secteurs industriels et touristiques représentent un enjeu secondaire en termes quantitatifs.
Cependant, la zone de Korba se spécialise dans le lavage des textiles. Les rejets de cette industrie
menacent de dégrader l’équilibre environnemental des lagunes jalonnant le cordon littoral, déjà fragilisé
par les impacts de l’urbanisation et de l’agriculture.

Environnement
Par ailleurs, les EUT produites au niveau de la STEP de Korba sont aujourd’hui partiellement utilisées
pour du soutien hydrologique à la lagune de Korba (0,3 Mm3/an d’après les rapports annuels de
l’ONAS alors que les besoins sont estimés à 1,5 Mm3/an). Les EUT de la STEP de Tazerka sont elles
aussi déversées dans la lagune littorale de Tazerka mais cela provoque des nuisances importantes
pour les riverains car elles provoquent des débordements de lagune et donc des proliférations de
moustiques, en plus des rejets industriels non traités.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous-zone du littoral
oriental de Korba à Tazerka, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au
regard du contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 52 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : littoral oriental de Korba à Tazerka

Traduction des flux d’EUT en valorisations 
Idées de valorisation des EUT 
potentielles 

Idée 3.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement, 
pour l’irrigation (dont reprise des PI abandonnés)  substituable, en utilisant 100% des EUT : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces EUT)  Autres arbo : en 2020, 26% pour 290 ha; en 2050, 
des eaux de nappe trop salées pour l’irrigation des  41% pour 430 ha 
périmètres existants  Fourrage : N/A. 

Idée 3.b : Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux PI arboricoles potentiels, en utilisant 
avec les EUT   100% des EUT : en 2020, 332 ha ; en 2050, 468 ha 
Nouveaux PI arboricoles et fourragers  Nouveaux PI fourrages potentiels, en utilisant 100% 
des EUT : en 2020, 272 ha ; en 2050, 385 ha. 

Idée 3.c : Recharge de la nappe Côte orientale  Réduction de 22 % en 2020 à 36 % en 2050 du déficit 
actuel de la nappe, en utilisant 100% des EUT 
Bassins existants et extensions 

Idée 3.d : Amélioration du traitement pour des  Part de la superficie irrigable substituable, en 
usages à plus haute valeur ajoutée  utilisant 100% des EUT : 
199
Maraîchage des PI existants  Maraîchage : 15 à 23 % 

Idée 3.e : Alimentation de la lagune de Korba  1,5 Mm3/an si réponse aux besoins estimés 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, deux orientations sont envisagées :

La totalité du volume des EUT pourrait être dédié, dans une première possibilité, vers la recharge
de la nappe. Cette recharge permettrait la réduction de son déficit quantitatif (22% à 36% en 2050
du déficit actuel). Les acteurs de l’atelier de concertation ont insisté pour étudier en détail cet usage
sur cette zone.

Une autre possibilité est de privilégier l’irrigation directe pour reprendre les périmètres existants
mais abandonnés. L’ancienne vocation maraîchère de ces périmètres changerait pour des cultures qui
nécessiteraient une qualité d’EUT moindre comme l’arboriculture et les fourrages. D’après les acteurs
régionaux, la création de quelques périmètres irrigués en plus de la recharge de nappe peut être
envisagée pour répondre à des besoins locaux en eau pour l’arboriculture et le fourrage (exemple de la
localité de Ksar Saad près de Korba).

Ces deux orientations réduisent les rejets directs des EUT dans la lagune de Tazerka. Concernant
la lagune de Korba, il semble pertinent de conserver l’alimentation existante par les EUT.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.4.4 Sous-zone 4 : Littoral oriental de Menzel Horr à Kelibia


Ressources en eau
La situation hydrologique du littoral oriental de Menzel Horr à Kelibia est comparable à celle observée
entre Korba et Tazerka. La principale différence est le contexte hydrogéologique. Il est défavorable à
une recharge efficiente. La recharge de la nappe Côte Orientale ne peut donc pas être envisagée
dans cette zone.

Les EUT produites localement représentent à ce jour un gisement de 3,2 Mm3 et un potentiel de
6,1 Mm3 à l’horizon 2050.

Agriculture
La production maraichère y est développée. Il semble important d’en sécuriser l’approvisionnement
en eau. Les maraichers interrogés au cours des enquêtes ont montré un intérêt à l’utilisation des EUT.
L’alternative est l’irrigation du fourrage pour l’élevage ou de l’arboriculture voir de la vigne comme
dans le périmètre existant qui utilise déjà les EUT.

Autres secteurs économiques


Outre l’agriculture, le secteur touristique tend par contre à se développer à Kelibia, avec l’attrait de la
baignade.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le Nord de Kelibia, idées
élaborées à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être
exposé.

Tableau 53 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 4 : littoral oriental au Nord de Kelibia

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 
200
Idée 4.a : Substitution des eaux  Part de la superficie irriguée actuellement substituable, 
conventionnelles pour l’irrigation  en utilisant 100% des EUT : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces  Autres arbo : N/A 
EUT) des eaux de nappe trop salées pour  Fourrage : en 2020, 12% pour 400 ha; en 2050, 19% 
l’irrigation des périmètres existants  pour 650 ha 

Idée 4.b : Création de nouvelles zones  Nouveaux PI arboricoles potentiels, en utilisant 100% 
irriguées avec les EUT  des EUT : en 2020, 480 ha ; en 2050, 800 ha 
Extension du PI avec des EUT existant et  Nouveaux PI fourrages potentiels, en utilisant 100% des 
nouveaux PI arboricoles et fourragers  EUT : en 2020, 400 ha ; en 2050, 650 ha. 

Idée 4.c : Amélioration du traitement pour des  Part de la superficie irrigable substituable, en utilisant 
usages à plus haute valeur ajoutée  100% des EUT : 
Maraîchage des PI existants  Maraîchage : 12 à 20 % 

Idée 4.d : Utilisation des EUT pour la zone  Potentiel de 250 à 450 
touristique de Kelibia  
Irrigation des espaces verts hôteliers 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, deux orientations sont envisagées :

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Une première possibilité serait de dédier les volumes d’EUT à l’irrigatio agricole avec
l’intensification et à l’extension du périmètre irrigué utilisant déjà les EUT au niveau de Kelibia.
Au niveau de Menzel Temime, au vu de l’intérêt des agriculteurs pour développer l’irrigation pour des
fourrages, il y a des opportunités de création de nouveaux périmètres irrigués. Au total sur la zone,
le potentiel de développement est à hauteur de 480 ha pour l’arboriculture et 400 ha pour du fourrage.
Une seconde possibilité consisterait à satisfaire les besoins en eau des espaces verts de la zone
touristique, ce qui ne représente que 0,2 Mm3 actuellement, soit 3% à 6% des volumes d’EUT produits
localement.
A plus long terme, au vu de l’orientation agricole de la région, le traitement de ces STEP pourrait être
plus poussé pour permettre aux agriculteurs de ne pas être limités pour les cultures maraîchères
(potentiel de 500 en 2020 à 800 ha en 2050, soit 12 à 20% de la surface maraichère de la zone.).
Dans tous les cas, ces orientations conduiront à la réduction des rejets des EUT des STEP à proximité
des zones de baignade, bénéfique pour le milieu récepteur et la qualité des eaux de baignade.

10.4.5 Sous-zone 5 : plaine d’El Haouria


Ressources en eau
La nappe de El Haouria, principale ressource en eau du secteur, est en déficit global (11 Mm3), avec
une dépression piézométrique marquée, et deux exutoires à l’Est et au Nord-Ouest favorisant l’intrusion
saline. Elle présente ainsi des pics de salinité (5 g/L) la rendant inutilisable pour l’agriculture, de façon
temporaire et localisée. Le contexte hydrogéologique est favorable à la recharge. L’exploitation de
la nappe pour l’AEP au niveau de la forêt Dar Chichou rend cependant impossible la recharge de la
nappe aux environs pour des raisons sanitaires.

Par ailleurs, les EUT produites localement représentent un volume très limité : 0,3 Mm3 aujourd’hui à
0,7 Mm3 à l’horizon 2050, alors que les prélèvements dans la nappe El Haouaria s’élèvent à 50 Mm3.
Les EUT représentent ainsi moins de 1% des ressources en eau renouvelables de la zone.

Agriculture 201
Les prélèvements dans la nappe et les quelques barrages collinaires alimentent une vaste zone agricole
principalement dédiée au maraichage. De l’arboriculture fruitière et des fourrages sont aussi
irrigués dans cette zone.

Autres secteurs économiques


Les industries agroalimentaires prélèvent leurs ressources en eau dans les nappes (conserveries de
tomates par exemple). A noter que ces conserveries sont responsables d’importants rejets au niveau
de Dar Allouche, qui souvent stagnent au niveau du cordon dunaire, induisant d’importantes nuisances
à proximité de plages très fréquentées.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous-zone de la plaine
de El Haouaria, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du
contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 54 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 5 : plaine d’El Haouaria

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 5.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement substituable, 
pour l’irrigation  en utilisant 100% des EUT : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces  Fourrage : en 2020, 2% pour 40 ha; en 2050, 3%.pour 75 
EUT) des eaux de nappe trop salées pour  ha 
l’irrigation des périmètres existants 

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 5.b : Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux PI arboricoles potentiels, en utilisant 100% des 
avec les EUT   EUT : en 2020, 50 ha ; en 2050, 95 ha. 
Nouveaux PI arboricoles et fourragers  Nouveaux PI fourrages potentiels, en utilisant 100% des 
EUT : en 2020, 40 ha ; en 2050, 75 ha. 

Idée 5.c : Recharge de la nappe d’El Haouaria  Réduction de 3 % en 2020 à 7 % en 2050 du déficit 
actuel de la nappe 
Epandage forestier ? 

Idée 5.d : Amélioration du traitement pour des  Part de la superficie irrigable substituable : 
usages à plus haute valeur ajoutée 
Maraîchage : 1 à 2 % 
Maraîchage des PI existants 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, deux orientations sont envisagées :
Une première possibilité serait d’exploiter les EUT en remplacement des eaux de la nappe
utilisées actuellement pour irriguer le fourrage et les oliviers, situés aux environs de la STEP d’El
Haouaria, même si les surfaces en jeu sont modestes (40 à 75 ha, soit 2% à 3% des surfaces existantes
de ce type).
Une seconde option, visant toujours à sécuriser l’approvisionnement en eau des zones
maraichères, consisterait en un épandage forestier des EUT au niveau de la pointe à l’extrême nord
du Cap Bon (El Ksab et Menzel Salem). Cela contribuerait à recharger la nappe de façon marginale, à
hauteur de 3% à 7% du déficit annuel de la nappe si la totalité des EUT étaient utilisées, et à limiter
modestement le phénomène d’intrusion du biseau salé.
202 S’agissant des rejets des industries agro-alimentaires, une solution pourrait être de réutiliser ces
eaux pour irriguer les terres agricoles à proximité. Comme indiqué dans la partie 10.3, ces rejets sont
estimés à 400 000 m3/an, ce qui représente la possibilité d’irriguer près de 130 ha d’oliviers.

10.4.6 Sous-zone 6 : Cap Bon occidental


Ressources en eau
Les nappes de Tazoghrane et Takelsa constituent la principale ressource en eau renouvelable de la
zone occidentale du Cap Bon, en plus de quelques retenues collinaires. Ces nappes sont exploitées à
hauteur de 22 Mm3, représentant 91% de leur potentiel renouvelable. Hormis de légères dépressions
piézométriques localisées autour de quelques forages, le faible niveau de prélèvement a permis de
contenir l’intrusion du biseau salé.

Par ailleurs, les EUT produites localement, nulles à ce jour, représenteront un volume très limité, une
fois la STEP de Takelsa mise en place : de l’ordre de 1 Mm3 à l’horizon 2050, soit aux alentours de
4% des ressources en eau renouvelables de la zone. Le potentiel de REUT est donc très limité.

Agriculture
L’activité agricole dans ce secteur consiste principalement en des vergers, du maraichage, des céréales
et du fourrage pour l’élevage, pour la plupart en sec. L’irrigation y est très peu répandue. Les secteurs
industriels et touristiques y sont également peu développés.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le Cap Bon occidental,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Tableau 55 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 6 : Cap Bon occidental

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 6.a : Substitution des eaux  Part de la superficie irrigable substituable, en utilisant 
conventionnelles pour l’irrigation  100% des EUT en 2050 : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces  Fourrages : 2% pour 100 ha 
EUT) des eaux de nappe pour l’irrigation des 
Autres arbo : 8% pour 130 ha 
périmètres existants 
Céréales : 6% pour 470 ha 

Idée 6.b: Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux PI arbo potentiels, en utilisant 100% des EUT : 
avec les EUT  en 2050 : 130 ha 
Nouveaux PI arboricoles, céréaliers et fourragers  Nouveaux PI fourrages potentiels en 2050 : 100 ha 
Nouveaux PI céréales potentiels 2050 : 470 ha 

Les volumes produits pourront être orientés vers des usages agricoles existants, pour les
fourrages ou les céréales, en substitution aux eaux conventionnelles. Ces substitutions pourront
être envisagées pour respectivement 2% (105 ha) et 8% (473 ha) des surfaces actuellement irriguées.

10.4.7 Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones
La carte ci-dessous rappelle de manière illustrée les idées de valorisations possibles des EUT qui ont
été proposées pour chaque sous-zones et montre la variété des possibilités en fonction des contextes
territoriaux
203

Figure 59 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Cap Bon

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.5 QUELS SONT LES SCENARIOS POSSIBLES ET COHERENTS POUR VALORISER LES
EUT DU CAP BON ?
10.5.1 Formulation des scénarios prospectifs proposés
VALORISATIONS DES EUT COMMUNES AUX SCENARIOS PROPOSES
Il est proposé que certaines valorisations des EUT soient appliquées à l’ensemble des scénarios,
notamment la préservation de l’existant avec la réhabilitation et l’intensification des périmètres
irrigués au niveau de Nabeul sur la STEP SE4 et du périmètre privé de Kelibia, ainsi que l’irrigation
des 2 golfs existants. Concernant les effluents industriels, ils sont de plus en plus considérés comme
des ressources, après des prétraitements efficaces, et ils sont recyclés au sein des unités industrielles,
ce qui réduit le volume arrivant aux STEP. Il est estimé que ce recyclage concernera 20 % des effluents
produits en 2025, 50 % d’ici 2030 et 80 % en 2040.

Les scénarios proposés ci-après sont à considérer avec celles du Grand Tunis qui envisagent pour
certaines un transfert des EUT vers le Cap Bon, et notamment vers la plaine de Grombalia pour la
recharge de la nappe ou pour alimenter les périmètres agrumicoles et viticoles.

10.5.1.1 Scénario 1 : Les EUT, une ressource pour réduire le déficit hydrique régional
Dans ce scénario, les acteurs régionaux, face au constat sur l’état de stress hydrique et son
aggravation, que ce soit par la diminution de l’apport des eaux du Nord avec le changement climatique,
la dégradation des eaux de nappe et l’augmentation des besoins en eau potable, considèrent les EUT
comme une ressource à part entière dans le mix des eaux conventionnelles. Pour cela, des
structures régionales portent la compétence de gestion intégrée des ressources en eau avec un pouvoir
de décision au niveau de la politique régionale de l’eau. Les EUT sont utilisées pour palier la
204 diminution des autres ressources pour des usages existants. Les usages concernés sont
particulièrement les périmètres irrigués déjà en place produisant les cultures spécifiques de la
région afin d’aider à leur préservation, à savoir les agrumes et les produits maraîchers comme les
fraises, les tomates, les piments, etc. Néanmoins, une attention particulière sur la salinité des STEP du
littoral est maintenue afin de s’assurer de la faisabilité de l’irrigation de ces produits maraichers. Les
niveaux d’investissement consentis pour la REUT sont conséquents, notamment pour la mise en
place de traitements poussés pour irriguer du maraîchage avec au minimum une filtration membranaire
et un procédé de désinfection pour les STEP concernées. En pratique, soit ces EUT remplacent de
manière totale les eaux conventionnelles, soit elles sont mélangées pour obtenir un effet de dilution.
Les agriculteurs des périmètres arboricoles à proximité des STEP sont accompagnés dans le processus
de rajeunissement de leurs plantations par des aides conditionnées à l’exploitation des EUT, ce qui aide
à l’acceptabilité de ce type de valorisation à moyen terme, en parallèle d’une sensibilisation accrue sur
le stress hydrique et les impacts du changement climatique.

Au niveau des zones touristiques, notamment pour les zones où peu de substitution agricole est
possible, comme à Nabeul ou Kelibia, les espaces verts existants qui utilisaient jusque-là de l’eau
de la SONEDE, sont exclusivement irrigués avec des EUT.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.5.1.2 Scenario 2 : Les EUT, une ressource supplémentaire pour développer de


nouveaux usages
Dans ce scénario, la REUT est considérée comme une solution pour alimenter de nouveaux
usages sans avoir recours aux eaux du Nord ou des eaux souterraines déjà surexploitées. La
priorité est mise sur l’agriculture afin de développer les zones rurales peu pourvues en ressources
conventionnelles et où la mise en place de périmètres irrigués renforce le revenu des agriculteurs.
Dans ce scénario, ce sont les CRDA et les GDA qui sont les principaux acteurs au niveau régional de
cette REUT. Le niveau d’ambition technologique en termes de traitement est moindre que dans le
scénario 1 car les cultures irriguées dans les nouveaux périmètres concernent des arbres fruitiers divers
ou des fourrages avec le développement de filières d’élevage. Sur la côte orientale, ces spéculations
viennent remplacer les anciennes zones maraîchères, abandonnées à cause de la salinisation des
nappes côtières. Les agriculteurs, qui possèdent un savoir-faire en irrigation, n’ont plus accès à d’autres
ressources et acceptent donc plus aisément cette nouvelle ressource. En accord avec la stratégie du
ministère du tourisme, les 4 golfs projetés dans la zone de Hammamet sont créés en étant irrigués
avec les EUT, en plus des 2 golfs existants. Outre le secteur golfique, la REUT reste surtout du ressort
du secteur agricole dans ce scénario.

Ce scénario est celui qui a été jusque-là développé au Cap Bon, comme le montre les études en
cours pour l’aménagement de nouveaux périmètres irrigués autour de 6 STEP.

10.5.1.3 Scenario 3 : Les EUT, un moyen de protection des ressources souterraines et des
milieux sensibles
La dégradation des milieux environnementaux sensibles du Cap Bon (nappes, lagunes littorales, forêt,
etc.) alerte les acteurs régionaux. Dans ce scénario, la stratégie de REUT priorise la préservation de
l’environnement proche des STEP et celle des eaux souterraines. L’implication du ministère de
l’environnement au niveau régional pour la REUT en est renforcée. Afin d’améliorer la qualité des eaux
de nappe et ainsi conserver les usages qui en prélève l’eau, les EUT sont utilisées au maximum pour
les recharger afin de créer une barrière hydraulique contre l’invasion du biseau salé. Les usages 205
qui peuvent profiter de la dilution des eaux des nappes sont par exemple les périmètres maraichers
de la côte orientale ou les périmètres arboricoles de la plaine de Grombalia. Cependant, cette
recharge s’accompagne d’une limitation des prélèvements agricoles dans les nappes afin qu’elle
permette de combler effectivement leur déficit hydrique. Un cadre institutionnel précis est créé pour la
recharge de nappe avec les moyens et les compétences nécessaires pour le suivi des projets. Les
sites de recharge existants, mais non fonctionnels à ce jour (2021), de Oued Souhil et Korba sont
réhabilités et étendus. Les autres bassins existants pour les eaux conventionnelles comme ceux de
Bouargoub reçoivent désormais plutôt des EUT. D’autres méthodes de recharge sont mises en place
comme l’infiltration favorisée dans les oueds, via des aménagements spécifiques, ou l’épandage
forestier. Des débits sont estimés pour subvenir aux besoins des lagunes littorales afin qu’elles
puissent garder un équilibre hydrologique favorable pour la préservation de la biodiversité malgré les
effets du changement climatique.

Le schéma ci-dessous synthétise les principaux paramètres qui ont permis de construire les scénarios,
à savoir l’éloignement des usages par rapport à la STEP, le niveau d’ambition technologique pour
le traitement des EUT, l’impact sur le bilan en eau (substitution d’usages existants ou création de
nouveaux usages) et les types d’usages en fonction de de leur localisation en milieu rural ou urbain.

10.5.1.4 Vue d’ensemble des composantes considérées pour la construction des


scénarios
Le schéma ci-dessous synthétise les principales composantes qui ont permis de construire des
scénarios, à savoir l’éloignement des usages par rapport à la STEP, le niveau d’ambition technologique
pour le traitement des EUT, l’impact sur le bilan en eau (substitution d’usages existants ou création de
nouveaux usages) et les types d’usages en fonction de leur localisation en milieu rural ou urbain.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Figure 60 : Principales composates considérées pour la construction des scénarios du Cap Bon

10.5.2 Traduction locale à l’échelle des sous zones des scénarios


Afin d’illustrer plus en détails le contenu des scénarios décrits ci-avant, le tableau et les cartes ci-
dessous reprennent, pour chacun d’eux, les idées de valorisations des EUT associées pour chacune
des sous zones du Cap Bon.

206

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Tableau 56 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios


Sous zones de la région
Valorisations des EUT à favoriser Plaine de Grombalia Nabeul Hammamet Korba à Tazerka Menzel Horr à Kelibia Plaine de El Haouaria Cap Bon Occidental
Scénario 1 : les EUT, une ressource pour réduire le déficit hydrique régional
Extension et/ou intensification des PI  X X
(Idée 2.b,  seulement préservation des  (Idée 4.b, seulement 
existants avec des EUT
PPI de Nabeul et intensification) préservation du PI de Kelibia)
X
Agrumes
(Idée 1.a)
X X X
Substitutions/Mélanges Maraîchage
(Idée 1.d) (Idée 3.d) (Idée 4.c)
X X X X X
Arbo/fourrages
(Idée 2.a) (Idée 3.a) (Idée 4.a) (Idée 5.a) (Idée 6.a)
X
Golfs (Idée 2.e, irrigation des 2 golfs 
existants)
X
X
(Idée 4.d, irrigation des 
Espaces verts (Idée 2.d, irrigation des espaces verts 
existants seulement)
espaces verts existants 
seulement)
207
Scénario 2 : les EUT, une ressource supplémentaire pour développer de nouveaux usages
Extension et/ou intensification des PI  X X
(Idée 2.b,  seulement préservation des  (Idée 4.b, seulement 
existants avec des EUT
PPI de Nabeul et intensification) préservation du PI de Kelibia)
X X X X X X
Création de nouveaux PI
(Idée 1.b) (Idée 2.b et 2.f) (Idée 3.b) (Idée 4.b) (Idée 5.b) (Idée 6.b)
X
Golfs (Idée 2.e, irrigation des 2 golfs existants 
+ des 4 projetés)
Scénario 3 : les EUT, un moyen de protection des ressources souterraines et des milieux sensibles
Extension et/ou intensification des PI  X X
(Idée 2.b,  seulement préservation des  (Idée 4.b, seulement 
existants avec des EUT
PPI de Nabeul et intensification) préservation du PI de Kelibia)
X X X X
Recharge de nappe
(Idée 1.c) (Idée 2.c) (Idée 3.c) (Idée 5.c)
X
Golfs (Idée 2.e, irrigation des 2 golfs 
existants)
X
Alimentation de zone humide
(Idée 3.e)

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208

Figure 61 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios (cartographie)

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10.5.3 Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT


produites en fonction des usages et des horizons temporels
Le tableau ci-dessous indique l’évolution possible dans le temps des valorisations des EUT par
scénario, avec la quantification des volumes réutilisés et des superficies irriguées aux horizons 2025,
2030, 2040 et 2050. Comme expliqué dans le chapitre méthodologique (cf chapitre 2.3.3), il indique
quels sont les besoins technologiques par scénarios pour différents sujets :
 Les niveaux de qualité (A/B/C/D/E) à atteindre. Ces niveaux font référence à l’échelle de qualité des
EUT définie plus haut dans le rapport, dans les chapitres consacrés à la réglementation et aux
traitements possibles.
Le niveau de qualité est fonction de la nature des valorisations et correspondra à une ou plusieurs
options technologiques, tel qu’exposé dans le chapitre consacré au options technologiques
possibles.
On peut par exemple lire dans le tableau, pour le scénario 1 que, en 2025, 77 % du volume des
EUT réutilisé (5,1 Mm3) est traité au niveau B, le volume restant au niveau E. En 2050, dans ce
même scénario, 33 % du volume réutilisé (9.4 Mm3) devra être traité au niveau A et 67% au
niveau B.
 Le besoin en transfert. Le tableau mentionne la part du volume d’EUT devant être transféré à plus
de 5 km, pour trois classes de distances.
 Le besoin en stockage intersaisonnier. Le tableau mentionne le volume d’EUT qui devra faire l’objet
d’un stockage intersaisonnier.
Certaines hypothèses utilisées pour la formulation des scénarios sont exposées en annexe 4.

Dans le scénario 1, près de 70 % des EUT sont réutilisées en 2050, dont 45 % de ces EUT
réutilisées pour la substitution des eaux conventionnelles dans des périmètres existants. Cela
représente un taux de substitution d’ici 2050 de 5 % dans les périmètres agrumicoles aménagés
(18 000 ha sur toute la région) et de 4 % dans les périmètres maraîchers. Il est estimé que cette 209
substitution se fait au fur et à mesure à partir de 2030 pour les périmètres agrumicoles de la plaine de
Grombalia et les périmètres irrigués arboricoles et fourragers de la plaine de El Haouaria. Pour le
maraichage, au regard du niveau de traitement nécessaire et des précautions à mettre en place, les
périmètres reçoivent des EUT vers l’horizon 2040. Afin de pouvoir irriguer le maraîchage, près de 30
% des EUT réutilisées sont traitées à un niveau de qualité A. En termes de stockage, des
infrastructures sont nécessaires afin d’utiliser les EUT au maximum, notamment pour le maraîchage qui
a besoin que 45 % du flux annuel d’EUT soit stocké pendant la période hivernale quand il n’y pas
d’irrigation afin d’être exploité pendant l’été.

Le taux de réutilisation dans le scénario 2 est supérieur à celui du scénario 1, avec 80 % des EUT
produites valorisées. 72 % des EUT réutilisées le sont en irrigation agricole directe pour des
cultures actuellement autorisées (arboriculture et fourrages). Cependant, parmi ces 80 % réutilisés,
0 % des périmètres existants avec des eaux conventionnelles sont substitués par des EUT. La
réutilisation dans ce scénario ne concerne que des nouveaux usages. Les STEP produisent toutes des
EUT de niveau de qualité B pour éviter les risques sanitaires lors de l’irrigation des fourrages. La création
de nouveaux périmètres se fait au fur et à mesure à partir de 2025 avec la création des 500 ha projetés
à court terme par le CRDA. Puis, d’autres périmètres sont créés pour valoriser les EUT des STEP
restantes, sauf près du pôle urbain de Nabeul où les réserves de terres agricole sont limitées. Le total
irrigué en agriculture à partir d’EUT atteint près de 3 900 ha en 2050. Avec les nouveaux golfs
créés, on estime à près de 350 ha les superficies irriguées avec les EUT dans ce secteur, usage qui
représente 8 % du volume total réutilisé en 2050. Un transfert d’une distance de 5 à 10 km permet la
valorisation, dans la plaine de Bouficha, des EUT de la STEP de Hammamet Sud non utilisées pour
l’irrigation des golfs, soit près de 6 Mm3 en 2050, ce qui représente en potentiel de plus de 700 ha à
irriguer en arboriculture. Les besoins en infrastructures de stockage sont non négligeables puisque
36 % du volume réutilisé devra être stocké sur l’année pour une réutilisation complète.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Enfin, dans le scénario 3, seulement 54 % des EUT sont réutilisées. 68 % de ces EUT réutilisées
le sont pour la recharge de nappe car les contextes hydrogéologiques et fonciers à proximité des
STEP ne sont pas tous compatibles avec un usage de recharge. Le taux de substitution pour ce scénario
dépend du niveau de prélèvement des EUT dans les nappes pour des usages indirects à la suite de la
recharge. Ce taux peut donc varier de 0% (pas de prélèvements après la recharge) à 68% (cas où 100%
des EUT rechargées sont prélevées). Les niveaux de traitements sont moins exigeants en termes
microbiologiques pour les usages proposés dans ce scénario (niveau C+ pour la recharge) mais plus
exigeants sur le traitement des nutriments qui pourraient impacter les milieux récepteurs. Il n’y a pas de
besoins en capacité de stockage supplémentaire car la recharge est déjà un moyen de stocker les EUT,
bien que des investissements importants soient nécessaires pour réhabiliter les sites existants et mettre
en place de nouveaux sites de recharge.

210

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Tableau 57 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénarios aux différents horizons temporels

Horizons temporels
2020 2025 2030 2040 2050
Volume EUT produit (Mm3) 25 30 36 41 45
Volume EUT produit si recyclage industriel (Mm3) (a) 25 30 35 39 42
Scénarios Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Volume  Superficies  Pourcentage (%)
Superficies  Pourcentage (%)
réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  réutilisé  irriguées 
irriguées (ha)
(Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a)
Intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 2,3 335 52% 9% 4,5 603 68% 15% 4,7 603 33% 13% 5,0 603 19% 13% 5,2 603 18% 12%
Substitution ou mélange  Agrumes 3,7 445 26% 11% 8,4 959 32% 22% 9,3 1 012 32% 22%
avec des eaux  Arbo ou fourrages 0,4 61 3% 1% 0,5 59 2% 1% 0,6 76 2% 1%
Valorisations  conventionnelles dans des  Maraîchage 8,3 984 31% 21% 9,4 1 072 33% 22%
des EUT Golfs Existants 0,6 135 13% 2% 0,6 135 9% 2% 0,6 135 4% 2% 0,6 135 2% 2% 0,7 135 2% 2%
Espaces verts Hôteliers et urbains existants 3,5 412 24% 10% 3,6 412 14% 9% 3,8 412 13% 9%
Alimentation zone humide Korba 1,5 ‐ 34% 6% 1,5 ‐ 23% 5% 1,5 ‐ 10% 4%
TOTAL (c) 4,4 470 100% 17% 6,6 738 100% 22% 14,5 1 655 100% 41% 26,4 3 152 100% 68% 29,0 3 309 100% 69%
E 1,5 ‐ 34% 6% 1,5 ‐ 23% 5% 1,5 ‐ 10% 4% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
1
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
Besoins traitements B 2,9 470 66% 11% 5,1 738 77% 17% 13,0 1 655 90% 37% 18,1 2 168 69% 47% 19,5 2 237 67% 46%
A 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 8,3 984 31% 21% 9,4 1 072 33% 22%
Besoins  A+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
technologiques Besoins transferts 
Agrumes 0,7 445 5% 2% 1,5 959 6% 4% 1,7 1 012 6% 4%
Arbo ou fourrages 0,2 61 1% 1% 0,2 59 1% 1% 0,3 76 1% 1%
Besoins stockage
Maraîchage 3,8 984 14% 10% 4,6 1 072 16% 11%
TOTAL 0,9 505 6% 3% 6 2 002 21% 14% 7 2 160 23% 15% 211
Intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 2,3 335 52% 9% 4,5 603 45% 15% 4,7 603 22% 13% 5,0 603 16% 13% 5,2 603 15% 12%
Création de nouveaux PI Arbo ou fourrages 3,3 500 34% 11% 15,3 2 193 72% 44% 22,7 3 103 74% 59% 25,4 3 319 75% 60%
Valorisations 
Golfs Existants et projetés 0,6 135 13% 2% 0,6 135 6% 2% 1,2 190 6% 3% 3,1 355 10% 8% 3,2 355 10% 8%
des EUT
Alimentation zone humide Korba 1,5 ‐ 34% 6% 1,5 ‐ 15% 5%
TOTAL (c) 4,4 470 100% 17% 9,9 1 238 100% 33% 21,2 2 986 100% 60% 30,7 4 061 100% 80% 33,8 4 277 100% 80%
E 1,5 ‐ 34% 6% 1,5 ‐ 15% 5% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
2 C+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Besoins traitements B 2,9 470 66% 11% 8,4 1 238 85% 28% 21,2 2 986 100% 60% 30,7 4 061 100% 80% 33,8 4 277 100% 80%
Besoins  A 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
technologiques A+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Besoins transferts  5 ‐ 10 km 5,1 702 17% 13% 5,6 729 17% 13%
Arbo ou fourrages 1,6 500 16% 5% 7,4 2 193 35% 21% 10,9 3 103 36% 28% 12,3 3 319 36% 29%
Besoins stockage
TOTAL 1,6 500 16% 5% 7,4 2 193 35% 21% 10,9 3 103 36% 28% 12,3 3 319 36% 29%

Intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 2,3 335 52% 9% 4,5 603 62% 15% 4,7 603 25% 13% 5,0 603 23% 13% 5,2 603 23% 12%
Golfs Existants 0,6 135 13% 2% 0,6 135 8% 2% 0,6 135 3% 2% 0,6 135 3% 2% 0,7 135 3% 2%
Valorisations 
Recharge de nappe 0,7 ‐ 10% 2% 12,3 ‐ 64% 35% 14,1 ‐ 66% 36% 15,5 ‐ 68% 37%
des EUT
Alimentation zone humide Korba 1,5 ‐ 34% 6% 1,5 ‐ 21% 5% 1,5 ‐ 8% 4% 1,5 ‐ 7% 4% 1,5 ‐ 7% 4%
TOTAL (c) 4,4 470 100% 17% 7,3 738 100% 24% 19,2 738 100% 55% 21,2 738 100% 55% 22,9 738 100% 54%
E 1,5 ‐ 34% 6% 1,5 ‐ 21% 5% 1,5 ‐ 8% 4% 1,5 ‐ 7% 4% 1,5 ‐ 7% 4%
3
C+ 0,0 0 0% 0% 0,7 0 10% 2% 12,3 0 64% 35% 14,1 0 66% 36% 15,5 0 68% 37%
Besoins traitements B 2,9 470 66% 11% 5,1 738 70% 17% 5,3 738 28% 15% 5,6 738 26% 15% 5,9 738 26% 14%
Besoins 
A 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
technologiques
A+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Besoins transferts 
Besoins stockage TOTAL

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.5.4 Comparaison des scénarios proposés


COUTS GLOBAUX
Le tableau ci-dessous indique les coûts des différents scénarios pour leurs différentes composantes
(traitement complémentaire, transfert éventuel, stockage éventuel, distribution des EUT par exemple
dans le cas de la création d’un nouveau périmètre irrigué).
 La première colonne indique les volumes d’eau considérés dans le scénario : volume total d’EUT,
puis volumes d’EUT considérés pour les différentes composantes techniques (répartition du volume
total entre les différents niveaux de traitement, volume faisant l’objet d’un transfert pour différentes
classes de distance, volume faisant l’objet d’un stockage, volume faisant l’objet d’une
distribution …).
 La seconde colonne indique les coûts actualisés calculés sur 30 ans (avec taux actualisation de
3%) pour le total et pour les différentes composantes techniques du scénario. Ces coûts actualisés
sont ramenés à un coût annuel moyen (coût total actualisé sur 30 ans - incluant investissement,
renouvellement et fonctionnement - divisé par 30 années).
 La troisième colonne indique la répartition en pourcentage du coût actualisé entre les différentes
composantes techniques du scénario.
 La quatrième colonne indique le coût actualisé ramené au m3. C’est un indicateur précieux pour
comparer les scénarios entre eux.
 La cinquième colonne précise le montant de l’investissement initial à réaliser pour les différentes
composantes techniques du scénario.
 Les sixième et septième colonnes précisent la répartition du coût actualisé au m3 entre les postes
investissement + renouvellement d’une part et fonctionnement d’autre part.
 Les deux dernières colonnes précisent la consommation énergétique associée aux différentes
212 composantes techniques du scénario. Cette consommation est exprimée en kWh par m3 et en kWh
total par an.

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

Tableau 58 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre en place dans
chaque scénario
Scénario1
Coût
Volume Coût total Inv (avec
% unitaire Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel renouvellement)
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 29,0 8 246 500 100% 0,28 62 359 375 0,19 0,09 0,36 10 468 000
E
Traitements C+
complémentaires B 19,5 2 730 000 33% 0,14 15 185 625 0,11 0,03 0,08 1 560 000
A 9,4 3 102 000 38% 0,33 14 673 750 0,25 0,07 0,27 2 538 000
Transferts 5 - 10 km
Bassins de
Stockage 6,5 1 189 500 14% 0,18 32 500 000 0,15 0,03
surface
Distribution des Périmètres
EUT irrigués 24,5 1 225 000 15% 0,04 ‐ ‐ 0,04 0,26 6 370 000

Scénario 2
Coût
Volume Coût total Inv (avec
% unitaire Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel renouvellement)
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 33,8 10 748 100 100% 0,32 137 953 582 0,19 0,09 0,34 11 332 000
E
Traitements C+
complémentaires B 33,8 4 732 000 44% 0,14 26 333 125 0,11 0,03 0,08 2 704 000
A
Transferts 5 - 10 km 5,6 711 200 7% 0,13 16 920 457 0,09 0,04 0,12 672 000
Bassins de
Stockage 12,3 2 250 900 21% 0,18 61 500 000 0,15 0,03
surface
Distribution des Périmètres
EUT irrigués 30,6 3 054 000 28% 0,10 33 200 000 0,05 0,05 0,26 7 956 000

Scénario 3
Volume
réutilisé
Coût total
annuel
%
Coût
unitaire Inv initial
Inv (avec
renouvellement)
Fonc Energie 213
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 22,9 5 426 000 100% 0,24 25 325 625 0,18 0,06 0,22 5 079 000
E 1,5 0,0 0% 0,00 0                         ‐               ‐   0,0 0,0
Traitements C+ 15,5 4 340 000 80% 0,28 20 718 750                       0,22            0,06  0,21 3 255 000
complémentaires B 5,9 826 000 15% 0,14 4 606 875                       0,11            0,03  0,08 472 000
A
Transferts 5 - 10 km
Distribution des Périmètres
EUT irrigués 5,2 260 000 5% 0,05 ‐                         ‐             0,05  0,26 1 352 000

Le coût unitaire global en DT/m3 d’EUT réutilisé du scénario 1 est légèrement inférieur à celui du
scénario 2, bien que l’investissement initial total soit bien inférieur au scénario 2. En effet, le
scénario 2 nécessite d’importants investissements pour la création de nouveaux périmètres irrigués et
la mise en place de bassins de stockage (prêt de 50 % du coût total annuel). Les principaux coûts
d’investissement et de fonctionnement pour le scénario 1 (38 % du coût total annuel) concernent plutôt
la mise en œuvre de traitements complémentaires pour atteindre une qualité d’EUT de niveau A. Cela
concerne 32 % du volume total réutilisé dans ce scénario pour irriguer du maraichage (9.4 Mm3 sur
29 Mm3).

En termes de consommation énergétique, le scénario 1 nécessite légèrement plus d’énergie dépensée


par m3 que le scénario 2 (0,36 kWh/m3 contre 0,34 pour le scénario 2). Dans le scénario 1 il y a plus
d’énergie dépensée pour le traitement que dans le scénario 2 mais moins pour les transferts.

Le scénario 3 quant à lui, nécessite moins d’investissements et de frais de fonctionnement. 80 %


du coût total annuel permet le financement de traitements complémentaires pour atteindre la qualité C+
(avec microfiltration par exemple) nécessaire pour pratiquer la recharge de nappe à moindre risques.
En effet, ces traitements sont 2 fois plus coûteux, en investissement et fonctionnement, que les
traitements nécessaires pour atteindre une qualité B (filtre à sable + UV par exemple), bien qu’il n’y ait
pas d’étape de désinfection mais seulement de filtration. A noter que pour ce scénario, les coûts de
réhabilitation des sites existants de recharge de nappe n’ont pas été pris en compte.

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BENEFICES TERRITORIAUX
Chaque scénario répond à différents enjeux territoriaux, notamment les enjeux de stress hydrique et
d’adaptation au changement climatique. Le tableau ci-dessous reprend le bilan hydrique du Cap Bon et
son évolution potentielle en 2050 (RCP 4.5). Pour chaque scénario, il est indiqué le volume réutilisé
projeté. Il est précisé la part de ce volume qui alimente de nouveaux usages et celle qui se substitue à
des usages existants. Enfin, le volume qui se substitue à des usages existants est comparé avec le
déficit hydrique projeté en 2050 de la zone.

Tableau 59 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique du Cap Bon à l’horizon 2050

Apports Projections REUT Déficit avec


Cap Bon Prélèvements Part
annuels Volume volume
CC - RCP 4.5 2050 effectifs dont substitution /
renouvelables réutilisé substitué par
(Mm3) substitution EUT (Mm3) déficit
(Mm3) (Mm3)
sans REUT 0 0 169 0%
Scénario 1 32 23 146 14%
Bilan en eau 2050 378 547
Scénario 2 37 0 169 0%
Scénario 3 26 16 153 9%

Le scénario 1 privilégie la substitution qui représente 23 Mm3, soit plus de 72% du volume d’EUT
réutilisé en 2050. Ce volume permettrait de réduire le déficit hydrique de 14% pour la région. Les
eaux conventionnelles peuvent être conservées pour des usages plus sensibles comme l’AEP. En
apportant une nouvelle ressource en eau dans des périmètres déjà impactés par le stress hydrique,
ces substitutions sont aussi un moyen d’adaptation au changement climatique.

Le scénario 2 ne contribue pas à la réduction du déficit hydrique, bien que le volume réutilisé total
soit supérieur au scénario 1. En effet, cette réutilisation concerne de nouveaux prélèvements pour des
usages agricoles et golfiques. D’autres bénéfices territoriaux sont cependant apportés comme le
développement de certaines zones agricoles qui n’ont pas ou plus accès à d’autres ressources en
214 eau, ainsi le développement du tourisme golfique.

Les recharges de nappes prévues par le scénario 3 aident à lutter contre le stress hydrique ainsi
qu’à préserver les eaux souterraines en limitant leur salinisation. Le volume projeté pour cette
recharge correspond à 16 Mm3, ce qui permet de réduire le déficit hydrique de 9 % à l’horizon 2050.
L’alimentation de zones humides, quant à elle, protège l’environnement et favorise la biodiversité à
proximité des STEP.

Le détail des volumes substitués par usages et par scénario est exposé en annexe 5.

Le tableau ci-dessous résume pour chacun des scénarios les bénéfices territoriaux auxquels elles
contribuent.

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Tableau 60 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés

Aide au développement des zones rurales intérieures
Préservation des eaux conventionnelles pour l'AEP

Préservation de l'environnement proche des STEP

Aide au développement du secteur touristique
Préservation des eaux souterraines (qualité)

Protection des zones littorales sensibles
Dynamisation du secteur agricole
Lutte contre le stress hydrique

Sécurité alimentaire nationale
Amélioration du cadre de vie
Bénéfices territoriaux

Adaptation au CC
Scénarios
Scénario 1 : les EUT, une ressource pour réduire le 
déficit hydrique régional
Scénario 2 : les EUT, une ressource supplémentaire 
pour développer de nouveaux usages
Scénario 3 : les EUT, un moyen de protection des 
ressources souterraines et des milieux sensibles
215
  Le scénario contribue fortement au bénéfice territoral

 Le scénario contribue modéremment au bénéfice territorial

  Le scénario ne contribue pas ou peu au bénéfice territorial

NIVEAUX D’AMBITION POUR LEVER LES CONTRAINTES REGLEMENTAIRES,


INSTITUTIONNELLES, SANITAIRES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES
Les scénarios 1 et 3 apparaissent comme plus ambitieux car des modifications importantes du cadre
réglementaire et institutionnel sont nécessaires. De plus, les risques sanitaires sont importants si les
niveaux de qualité ne sont pas respectés pour l’irrigation du maraichage.

Pour la recharge de nappe, qui n’est pas aujourd’hui pratiquée, sauf pour 2 sites pilotes (à l'arrêt), c’est
tout un cadre institutionnel qui est à repréciser et la contamination des nappes peut être irréversible si
les traitements sont défaillants. Pour la substitution dans des périmètres existants, les enquêtes ont
montré que les agriculteurs ayant déjà accès à des ressources conventionnelles exploiteront plus
difficilement les EUT que pour des créations de périmètres dans des zones dépourvues de ressources
en eau, sauf si l’accès à ces ressources est déjà menacé. Le scénario 2 est donc plus simple à mettre
en place à court terme tandis que les scénarios 1 et 3 demandent plus de moyens en termes
d’investissements, de mobilisation des acteurs et de contrôles de la filière sur le long terme.

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Tableau 61 : Comparaison des scénarios proposées pour le Cap Bon en fonction des niveaux d’ambitions par contraintes

216

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10. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CAP BON

10.5.5 Conclusion sur la situation du Cap Bon et les opportunités de développement


de la REUT
10.5.5.1 Expérience, stress hydrique, pollution : de nombreux moteurs au
développement de la REUT au Cap Bon
La REUT au Cap Bon date des années 80 avec les périmètres irrigués près de Nabeul qui comptent
parmi les plus anciens de Tunisie s’agissant d’irrigation à partir d’EUT. Bien que les agriculteurs
demandent actuellement plus de garanties sur la quantité et la qualité des EUT desservies, le succès
relatif de ces périmètres ainsi que les essais de recharge de nappe ont permis aux acteurs régionaux
(surtout du monde agricole) de connaitre les contraintes et les opportunités potentielles liées à
cette ressource en eau non conventionnelle. De plus, l’état de stress hydrique avec la
surexploitation des nappes phréatiques et la dépendance aux eaux du Nord pour répondre aux
besoins d’une agriculture irriguée intensive oblige la région à étudier toutes les solutions qui
aideraient à améliorer son bilan hydrique. En parallèle, la société civile dans le Gouvernorat est
active à travers des associations de protection de l’environnement par exemple. De plus, le secteur
touristique a un poids économique important bien qu’il soit impacté par les rejets des eaux usées
sur le littoral et les risques de pénurie d’eau en période estivale. Tous ces paramètres influent sur
la motivation des acteurs à améliorer le traitement des eaux usées et donc à développer le
potentiel de REUT.

10.5.5.2 La REUT pour s’adapter à la raréfaction des ressources plutôt que pour répondre
à des nouveaux besoins
Jusqu’à présent, cette motivation se matérialise avec la volonté de création de nouveaux périmètres
irrigués à proximité des STEP, bien que ces projets rencontrent des difficultés de financement. Mais les 217
acteurs ont conscience qu’il faudra rapidement raisonner à l’échelle de toutes les ressources en eau
de la région pour valoriser au mieux les EUT afin qu’elles aident à répondre au phénomène de
raréfaction des ressources avec la hausse des demandes et le changement climatique.

La recommandation du Consultant est que les efforts soient portés au maximum sur des usages qui ne
créent pas de nouveaux besoins. Il pourrait s’agir de substitution des eaux conventionnelles dans
des périmètres existants et/ou de recharge de nappe.

Lors de l’atelier de concertation régional, il a d’ailleurs été mentionné l’importance d’irriguer la plaine de
Grombalia avec des EUT pour sauvegarder les agrumes. Cependant, la substitution des eaux
conventionnelles par des EUT dans des périmètres existants nécessitera des mesures incitatives et des
campagnes de sensibilisation sur le stress hydrique et la qualité des EUT auprès des agriculteurs pour
les convaincre de renoncer à une ressource conventionnelle. Il faut noter de plus les craintes exprimées
pour l’irrigation directe du maraîchage avec les EUT, même sur le long terme. La recharge de nappe,
pour les zones où elle est faisable comme sur la côte orientale, en plus de stocker les EUT et d’améliorer
la qualité des eaux souterraines, aidera à préserver les périmètres maraîchers tout en ajoutant un garde-
fou supplémentaire sur la qualité finale des EUT et sera donc possiblement plus acceptable
socialement.

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX


11.1 OFFRE POTENTIELLE EN EUT DANS LA ZONE SAHEL - SFAX D’ICI 2050.
COMMENT CETTE OFFRE S’INSCRIT DANS LE MIX DE RESSOURCES EN EAU GLOBAL
DE LA REGION ?

11.1.1 Une augmentation conséquente des flux d’EUT d’environ 75 à 170 Mm3 d’ici
2050
Le parc épuratoire de la région du Sahel et du gouvernorat de Sfax est déjà bien développé avec
un total (chiffre 2018) de 25 STEP. Les gouvernorats de Sousse, Mahdia et Sfax sont dotés d’un
schéma directeur d’assainissement à l’horizon 2036. Un large programme de création de nouvelles
STEP et d’extension de celles existantes est prévu. Pour Monastir, l’ONAS a un programme à court
terme.

Concernant le grand pôle épuratoire de Sousse et de Monastir, les principales interventions prévues
sont les suivantes (ONAS, 2017) :

 La STEP Sousse Sud sera démantelée (horizon 2030) au profit de la nouvelle STEP Sousse
Hamdoun dont une extension est prévue. Une partie des flux raccordés à la STEP Sousse
Nord sera aussi transférée vers Sousse Hamdoun. Cette STEP sera donc un gros pôle
producteur d’EUT avec potentiellement plus de 30 millions m3 en 2050.

 Les STEP de Sayada Lamta et de Moknine, qui sont anciennes et surchargées, seront
218 arrêtées. Deux nouvelles STEP sont prévues, une au niveau du pôle technologique de
Monastir, et l’autre à Moknine (Moknine II) pour les remplacer (ONAS, 2020).

 Des filières industrielles spécifiques à côté des filières domestiques vont être créées au
niveau de la STEP d’Enfidha et de Moknine II afin de mieux traiter les effluents provenant des
zones industrielles.

 Au niveau des STEP existantes, il est prévu des extensions et des réhabilitations pour les STEP
de Sidi Bou Ali, Msaken, Sousse Nord, Enfidha/Hergla, Frina, Ouardanine et Jemmel.

Pour la ville de Mahdia, la STEP actuelle va être déplacée vers un nouveau site appelé Mahdia II. Les
flux raccordés actuellement à la STEP de Ksour Essef y seront transférés car cette dernière sera
arrêtée. La nouvelle STEP sera mise en route vers 2025 (ONAS, 2020).

Dans les zones intérieures des gouvernorats de Sousse et de Monastir, des nouvelles STEP sont
prévues pour les petites communes où le réseau d’assainissement est peu développé actuellement.
Des STEP sont ainsi projetées à Kondar, Sidi El Heni, Menzel Hayet.

Le programme est aussi très développé pour la zone intérieure du gouvernorat de Mahdia avec une
dizaine de nouvelles STEP projetées dans les zones éloignées du littoral. Il est prévu aussi de réhabiliter
la STEP de El Jem.

Un autre pôle épuratoire majeur permet d’assainir la ville de Sfax. Plusieurs interventions y sont
prévues (ONAS, 2017) :
 Comme pour la ville de Sousse, la STEP actuelle de Sfax Sud va voir ses eaux transférées à partir
de 2025 vers une nouvelle STEP - Sfax Ouest - avant d’être démantelée à l’horizon 2030. La
nouvelle STEP produira potentiellement plus de 25 Mm3 en 2050, en plus des 21 Mm3 qui seront
alors produits par la STEP de Sfax Nord.
 Une filière industrielle est prévue pour les zones industrielles au niveau du port de Sfax, ainsi qu’au
niveau d’Agareb à proximité de la STEP existante qui sera destinée aux effluents domestiques.

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Pour le reste du gouvernorat de Sfax, des petites STEP urbaines sont projetées à Bir Ali Ben Khalifa,
Menzel Chaker et Ghraiba Skhira.

Le tableau suivant indique les flux d’EUT calculés aux différents horizons temporels, ainsi que l’évolution
potentielle des traitements tertiaires.

Le flux actuel total d’EUT est de l’ordre de 75 Mm3/an. Il pourrait atteindre plus de 170 Mm3/an en
2050.

Les cartes associées présentent les STEP existantes et programmées au Sahel et à Sfax.

219

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Tableau 62 : Liste des STEP existantes et futures au Sahel et Sfax et flux d’EUT aux différents horizons temporels
Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de  Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  fin de  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
service fonct.
Sahel et Sfax Sousse Sousse Nord 1978 x x x 16,9 6,2 6,3 7,5 8,7 9,7
Sahel et Sfax Sousse Sousse Sud 1980 2030 5,5 6,7 6,4 0,8 0,0 0,0
Sahel et Sfax Sfax Sfax Sud 1983 2030 12,9 14,8 8,3 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Monastir Moknine 1986 2025 4,2 13,8 0,0 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Monastir Ouardanine 1993 x x x x x x 0,7 0,7 0,8 1,0 1,1 1,2
Sahel et Sfax Monastir Sahline 1993 ? ? 2,5 2,5 2,8 3,0 3,2 3,4
Sahel et Sfax Monastir Sayada 1993 2030 2,1 1,5 0,0 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Sousse Kalaa Sghira 1993 2025            0,6        1,0        1,5        ‐         ‐         ‐  
Sahel et Sfax Mahdia Ksour Essef 1994 2025 0,6 0,7 0,0 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Mahdia El Jem 1994 x x x x x x 0,7 1,4 1,5 1,8 2,0 2,3
Sahel et Sfax Sfax Mahres 1994 x x x x x x 0,6 0,8 0,9 1,1 1,2 1,4
Sahel et Sfax Mahdia Mahdia 1995 2025 4,6 3,7 0,0 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Monastir El Frina 1995 x x x 4,2 7,1 8,2 9,2 10,6 11,5
Sahel et Sfax Sousse Msaken 1996 x x x 3,2 3,9 4,7 5,7 6,7 7,6
220 Sahel et Sfax
Sahel et Sfax
Sousse
Monastir
Sidi Bou Ali
Jemmel
1996
2000
x x x x
?
x
?
x
?
           0,3 
2,3
      0,4 
3,2
      0,4 
3,7
      0,5 
4,3
      0,6 
5,1
      0,7 
5,6
Sahel et Sfax Mahdia Boumerdes 2003 2025 x x 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Sfax Sfax Nord 2004 x x x x 4,0 8,2 14,1 16,9 19,8 21,0
Sahel et Sfax Sfax El Hencha 2005 x x x x x x 0,2 0,2 0,2 0,3 0,4 0,5
Sahel et Sfax Sfax Agareb 2006 x x x 0,2 0,4 0,4 0,5 0,6 0,7
Sahel et Sfax Sfax Jbeniana 2006 x x x 0,2 0,5 0,5 0,8 0,9 1,2
Sahel et Sfax Mahdia Chebba 2007 x x x x x x 0,5 0,5 1,4 1,6 1,9 2,2
Sahel et Sfax Monastir Beni Hassen 2007 x x x x 0,3 0,5 0,5 0,6 0,9 1,0
Sahel et Sfax Sfax Kerkenah 2007 x x x x x x 0,1 0,3 0,9 1,0 1,1 1,3
Sahel et Sfax Sousse Enfidha Hergla 2010 x x x x            1,8        0,9        1,1        2,1        2,2        2,5 
Sahel et Sfax Sousse Sousse Hamdoun 2018 x x x x x x 7,0 9,5 12,6 22,4 27,2 31,3

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de  Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  fin de  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
service fonct.
Sahel et Sfax Mahdia Mahdia II 2025 x x x x 0,0 0,0 5,2 6,0 6,9 7,8
Sahel et Sfax Mahdia Karkar Menzel Hayet 2025 x x x x 0,0 0,0 0,3 0,7 0,9 1,1
Sahel et Sfax Mahdia Ouled Chamekh 2025 0,0 0,0 0,3 0,3 0,4 0,5
Sahel et Sfax Mahdia Chorbane 2025 x x x x 0,0 0,0 0,2 0,3 0,4 0,5
Sahel et Sfax Mahdia Souassi 2025 0,0 0,0 0,2 0,6 0,7 0,8
Sahel et Sfax Mahdia Bradaa 2025 x x x x 0,0 0,0 1,7 2,2 2,5 2,7
Sahel et Sfax Mahdia Zorda 2025 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Sahel et Sfax Monastir Moknine II 2025 ? ? ? ? 0,0 0,0 8,3 9,8 11,7 12,6
Sahel et Sfax Monastir Sayada II 2025 ? ? ? ? 0,0 0,0 1,7 2,0 2,4 2,7
Sahel et Sfax Monastir Moknine Industrielle 2025 ? ? ? ? 0,0 0,0 8,0 8,0 8,0 8,0
Sahel et Sfax Monastir Pole Technologique 2025 ? ? ? ? 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1 0,1
Sahel et Sfax Sfax Sfax Ouest 2025 x x x x 0,0 0,0 5,8 20,5 24,8 26,0
Sahel et Sfax Sfax Ghraiba Skhira 2025 x x x x 0,0 0,0 0,5 0,6 0,7 0,8
Sahel et Sfax Sfax Bir Ali Ben Khelifa 2025 0,0 0,0 0,1 0,2 0,2 0,2
Sahel et Sfax Sousse Kondar 2025 x x x x            ‐         ‐         0,4        0,5        0,5        0,6 
Sahel et Sfax Sousse Enfidha ZI 2025            ‐         ‐         0,6        0,6        0,6        0,6 

Sahel et Sfax Mahdia Menzel Hached 2030 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2 221
Sahel et Sfax Mahdia Chiba 2030 0,0 0,0 0,0 0,1 0,3 0,4
Sahel et Sfax Mahdia Essad 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,2 0,6 0,7
Sahel et Sfax Mahdia Neffatia 2030 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Sahel et Sfax Monastir Menzel Hayet 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,6 0,7 0,8
Sahel et Sfax Sfax Menzel Chaker 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2
Sahel et Sfax Sfax ZI Agareb 2030 0,0 0,0 0,0 0,3 0,3 0,3
Sahel et Sfax Sousse Sidi El Heni 2030 x x x            ‐         ‐         ‐         0,1        0,1        0,1 

Sahel et Sfax Monastir Ghanadha 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2

TOTAL FLUX 76 90 111 135 158 173

dont traitement III 10,2 13,9 48,5 104,2 123,8 136,5


dont traitement III 13% 16% 44% 77% 78% 79%

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Il faut cependant noter que, en l’état actuel, 20 % du flux d’EUT produit au Sahel et à Sfax présente
des salinités supérieures à 3 g/L, peu compatibles avec l’irrigation (agricole ou espaces verts). Cela
concerne exclusivement des STEP littorales qui subissent l’intrusion d’eaux de nappes salines dans les
réseaux d’assainissement. Les effluents touristiques reçus par la STEP de Sahline participent à
l’augmentation de la salinité cette STEP, comme indiqué par l’ONAS du gouvernorat de Monastir. Pour
les STEP de Mahdia et Moknine, le procédé utilisé de type lagunage avec une évaporation importante
explique aussi ce phénomène, en plus des intrusions des eaux souterraines. De plus, dans cette région,
notamment à Sfax, la salinité de l’eau potable provenant des nappes phréatiques est déjà élevée
(parfois plus de 2 g/L), ce qui oblige la SONEDE à procéder à des dilutions en mélangeant différentes
ressources en eau. A noter que pour notre analyse la donnée de salinité n’était pas disponible pour 3
STEP, dont notamment la STEP de Sousse Sud qui produit un volume important d’EUT (près de 10
Mm3/an).

Tableau 63 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Sahel - Sfax pour l’année 2017 (ONAS, 2017)

Part du flux d'EUT  Part du flux d'EUT 
Volume d'EUT produit  Taux de salinité en 
STEP en fonction des  en fonction du seuil 
(m3/an) sortie de STEP (g/L)
classes de salinité de salinité 3 g/L
Ouardanine 594 000 1,7
Kalaa Sghira 548 000 1,7
Sousse Nord 2 3 741 000 1,8
Ksour Essef 556 000 1,8
Sousse Nord 1 10 427 000 1,8 27%
Boumerdes 141 000 1,8
El Hencha 147 000 1,9
Jbeniana 171 000 1,9
Msaken 2 361 000 1,9 65% 225
Agareb 223 000 2,1
Jemmel 2 075 000 2,2
Beni Hassen 373 000 2,3
Enfidha Hergla 1 278 000 2,4
38%
Frina 3 902 000 2,6
Sfax Sud 14 769 000 2,7
Chebba 487 000 2,7
Sfax Nord 3 368 000 2,9
Mahdia 4 358 000 3,4
Kerkena 119 000 4,0 10%
Sayada 2 193 000 4,0
20%
Moknine 4 380 000 4,2
Mahres 571 000 4,9 10%
Sahline 2 119 000 5,9
Sidi Bou Ali 218 000 ‐
Sousse Sud 9 311 000 ‐ 15% 15%
El Jem 549 000 ‐

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

FLUX INDUSTRIELS NON RACCORDES


Le CADRIN de l’ONAS inventorie 591 industries non raccordées au réseau d’assainissement
collectif dont 374 à Sousse/Monastir et 206 à Sfax. Parmi ces industries, 40% sont des industries agro-
alimentaires, en grande majorité des huileries, et 20% sont des industries textiles. Seulement 49
d’entre elles réalisent des prétraitements. Les milieux de rejets des effluents sont des puits perdus
ou des milieux naturels (oueds, lagunes). Le lac de Moknine notamment reçoit les rejets de 135
industries pour un volume estimé de 134 000 m3/an. Ces rejets proviennent surtout d’industries textiles
des zones industrielles de Monastir. Le tableau ci-dessous est un extrait du CADRIN de l’ONAS
concernant la région du Sahel et de Sfax. Il indique les industries pour lesquelles le volume rejeté a été
pu être estimé et est supérieur à 1 000 m3/an.

Tableau 64 : Principales industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué (ONAS,
2019)
Prétraitement
Gouvernorat Secteur d’activité Milieu de rejet Volume rejeté (m3/an)
réalisé
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 314 000
Sousse Production et distribution Non Oued Hamdoun 170 000
d'électricité
Sousse Production de viandes Oui Oued 41 000
Mahdia Textile Oui Lac Moknine 36 000
Monastir Textile Oui Lac Moknine 35 000
Sfax Céramique Non Puit perdu 32 000
Sfax Produits chimiques Non Puit perdu 18 000
Sfax Production de viandes Oui Milieu naturel 12 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 11 000
Sfax Carton/papier Oui Puit perdu 10 000
226 Sfax Manutention Non Puit perdu 9 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 7 000
Monastir Textile Non Lac Moknine 7 000
Mahdia Pêche Oui Lac Moknine 7 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 6 000
Sfax Aliments pour animaux Non Puit perdu 6 000
Mahdia Conserves de poisson Oui Lac Moknine 6 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 5 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 5 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 5 000
Sfax Aliments pour animaux Non Puit perdu 5 000
Mahdia Conserves de poisson Oui Lac Moknine 5 000
Sfax Meubles Non Puit perdu 5 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 5 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 5 000
Sousse Produits pharmaceutiques Non Bassin de réserve 5 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 4 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 3 000
Sfax Travail de la pierre Non Puit perdu 3 000
Monastir Textile Non Milieu Naturel 3 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 3 000
Sfax Fabrication d'autres huiles Oui Puit perdu 2 000

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Prétraitement
Gouvernorat Secteur d’activité Milieu de rejet Volume rejeté (m3/an)
réalisé
Monastir Textile Oui Lac Moknine 2 000
Sousse Carrosseries Non Oued 2 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 2 000
Sfax Chaussures Non Puit perdu 2 000
Sfax Activités manufacturières Non Puit perdu 2 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 2 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 2 000
Monastir Textile Non Milieu Naturel 2 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 2 000
Sfax Meubles Oui Puit perdu 2 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 2 000
Sfax Plastique Non Puit perdu 1 500
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 500
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 500
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 500
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 500
Sfax Textile Non Puit perdu 1 500
Sfax Caoutchouc Non Puit perdu 1 500
Sfax Réservoirs métalliques Non Puit perdu 1 500
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 500
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
Sousse Fabrication d'huiles d'olives Non Oued 1 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
227
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
Monastir Cuir Oui Lac Moknine 1 000
Sfax Carton/papier Oui Milieu naturel 1 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
Sfax Fabrication d'huiles d'olives Non Puit perdu 1 000
Sfax Fabrication d'huiles Non Puit perdu 1 000

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

11.1.2 Une offre en EUT qui pourrait combler le déficit hydrique régional tout en
réduisant la dépendance aux ressources des autres régions
Il est rappelé que la plupart des chiffres ci-dessous proviennent de l’étude CRET (DGRE, 2019) et du
diagnostic du secteur de l’eau réalisé dans le cadre de la stratégie EAU 2050 (BPEH, 2019). Quand ces
chiffres proviennent de d’autres sources de données, celles-ci sont bien précisées.

CLIMAT
La zone du sahel et Sfax est caractérisée par une pluviométrie proche de la moyenne nationale. Elle
subit l’influence maritime du littorale avec un climat semi-aride (DGRE, 2019). En moyenne sur la
période 1980-2009, le cumul annuel de précipitation est de 280 mm/an (±60 mm/an) (CHPclim, 2020).

Les projections climatiques du CMIP4 et du CMIP5 montrent une réduction de la pluviométrie sur la
Tunisie à l’horizon 2050. Cette tendance est robuste mais l’ampleur de cette réduction varie d’un modèle
climatique à un autre. De plus, le littoral tunisien, dont fait partie le Sahel et Sfax, serait davantage
épargné que la partie Ouest du pays. La diminution des précipitations pourrait se situer entre 0%
et -20%. Elle serait plus importante pour le gouvernorat de Sfax (-20%) qu’à Sousse (-15%)
(BPEH, 2019). Comme toutes les autres zones du pays, celle-ci subira un réchauffement déjà à l’œuvre
qui induira en particulier une évapotranspiration plus importante et conséquemment une hausse de la
sécheresse pédologique, une réduction de la recharge des nappes et des besoins en eau plus élevées
pour les cultures.

EAU DE SURFACE
Hydrologie
D’après les analyses et les modélisations hydrologiques de la troisième phase de l’étude CRET, les
écoulements sur la zone du Sahel représentent de 20 à 80 mm/an, tandis que le gouvernorat de
228 Sfax est beaucoup plus aride avec des écoulements de l’ordre de 0 à 20 mm/an.

Les projections climatiques indiquent que les écoulements superficiels dans la zone du Sahel et Sfax
pourraient diminuer de -10% à -20% à l’horizon 2050 (BPEH, 2019) dans le scénario le plus pessimiste
(RCP8.5). Comme pour les projections de précipitations, cette diminution serait plus prononcée au sud
(Sfax) qu’au nord (Sousse) de la zone.

Ouvrages de stockage
La zone du Sahel et Sfax compte 65 barrages collinaires pour une capacité totale de stockage de
6,9 Mm3. En ce qui concerne les grands barrages, la zone du Sahel et Sfax n’est pour le moment pas
équipée. Néanmoins, le barrage de Kalaa Kebira est actuellement en construction sur l’oued
Lahmar et disposera d’un volume de stockage de 28 Mm3.

Transfert
La région du Sahel et Sfax est globalement déficitaire, c’est-à-dire que ses besoins en eau sont plus
importants que les ressources en eau disponibles naturellement sur son territoire. La région bénéficie
d’apports supplémentaires en eau de surface via les grands axes de transfert hydrique depuis la
vallée de la Medjerdah. De plus, la zone bénéficie également de transferts d’eau depuis le
Kairouanais grâce d’une part à des forages, et d’autre part aux eaux du barrage de Nebhana.

L’alimentation en eau potable ainsi que l’irrigation de la zone du Sahel et de Sfax sont fortement
dépendantes de ces ressources de transfert. Ainsi, sur la base des données de la SONEDE et du
Ministère de l’Agriculture, on estime qu’un volume total de 182 Mm3/an est transféré vers cette zone,
dont 116 Mm3 proviennent des eaux du Nord.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

De façon globale, les ressources en eau des transferts de l’extrême Nord et des transferts de la
Medjerdah auront tendance à diminuer à l’horizon 2050 avec les effets du changement
climatique, de l’ordre de -5% (scénario RCP4.5) à -10% (scénario RCP8.5). Quant aux ressources
en eau souterraine transférées depuis le Kairouanais, le changement climatique devrait également
conduire à des réductions des volumes de recharges, toutefois, il est difficile de quantifier ces effets25.

Dessalement
Le dessalement d’eau de mer dans la région concerne à ce jour qu’une seule station de 12 000 m3/j
à Skhira. Elle appartient à la société TIFERT et est utilisée pour la production d’acide phosphorique.
Certaines années sèches, une partie de l’eau est même vendue à la SONEDE pour l’AEP.

D’autres stations sont projetées à court terme dans la région par la SONEDE afin de sécuriser
l’approvisionnement en eau potable des pôles urbains. Elles permettront aussi de réduire la dépendance
aux eaux du Nord et du Centre. Les projets en cours à l’horizon 2025 sont les suivants (BPEH, 2019) :
 Une station à Sousse d’une capacité de 50 000 m3/j, prévue pour 2021. Elle pourra être extensible
jusqu’à 100 000 m3/j.
 Une station à Sfax de 100 000 m3/j pour 2023, extensible jusqu’à 200 000 m3/j ;
 Une station sur les îles Kerkennah de 6 000 m3/j prévue pour 2025.

La production projetée en 2025 est donc de 57 Mm3/an pour le Sahel et Sfax, extensible à
112 Mm3/an.

Vue d’ensemble des ressources de surface


La carte ci-dessous reprend les grands transferts d’eau existants pour la région du Sahel et de Sfax, la
localisation des barrages et lacs collinaires et celle des futures stations de dessalement.

229

25 Par exemple dans l’étude de faisabilité sur le transfert du Nord vers le Centre, l’hypothèse qui a été retenue est de considérer
que la recharge restera identique dans le futur même avec le réchauffement cliamtique faute de données suffisante pour
pouvoir quantifier l’effet du changement climatique.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

230

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

EAUX SOUTERRAINES
Sur la zone du Sahel et Sfax, on dénombre 43 nappes phréatiques. Le volume de ressources en eau
pouvant être exploité de façon durable est de près de 80 Mm3 par an. Or, en 2015 le volume total
exploité sur ces 43 nappes est de 96 Mm3 (DGRE, 2016). Il y a donc une surexploitation globale des
ressources en eau souterraine de la zone du Sahel et Sfax. 18 nappes phréatiques sont surexploitées
dans la région du Sahel et de Sfax. La nappe de Jbeniana est la nappe qui fait face au plus haut taux
de surexploitation (280% en 2015). La surexploitation de cette nappe a débuté dans les années 1980.
Un décret a instauré des périmètres d’interdiction afin de limiter l’exploitation de cette nappe (DGRE,
2016). Par ailleurs, en termes de qualité des eaux souterraines, l’ensemble des nappes connait des
épisodes de forte salinité au-dessus de 4 g/L.

Les nappes profondes sont elles aussi surexploitées : leurs ressources annuelles sont estimées à
66 Mm3 tandis que leur exploitation est à hauteur de 74 Mm3, soit un taux d’exploitation de 112 %,
sachant que la région reçoit en plus des eaux de nappes de la région Centre.

EXPLOITATION DES EAUX


Dans la situation actuelle les prélèvements en eau tous usages confondus dans la zone du Sahel
et Sfax représentent un volume total de près de 400 Mm3/an.

Les prélèvements pour l’alimentation en eau potable de la zone s’élève en 2018 à plus de 180 Mm3/an
en 2018. Ces prélèvements permettent l’alimentation en eau potable de la population des gouvernorats
de Sousse, Monastir, Mahdia et de Sfax, soit environ 2,87 millions d’habitants en 2020. A l’horizon
2050, la population de la zone est projetée à 3,4 millions d’habitant. Si la consommation unitaire devait
rester identique, la consommation en eau potable représenterait alors environ 217 Mm3/an.
Actuellement les besoins en eau potable du Sahel et Sfax sont en majorité satisfaits par les eaux de
transfert du Nord (116 Mm3/an). On estime que 163 Mm3/an sont prélevés en dehors de la zone du
Sahel et de Sfax pour l’AEP, soit 89% du prélèvement total pour l’AEP du Sahel et Sfax.

52% (±10% en fonction des années) des prélèvements en eau sont destinés à l’irrigation des cultures, 231
soit environ 208 Mm3. Près de 85% de l’eau d’irrigation dans la zone Sahel - Sfax est issu des eaux
souterraines, dont une partie est transférée depuis la région de Kairouan. Le reste de l’irrigation est
alimenté à partir de grands barrages (notamment le barrage de Nebhana), des barrages collinaires ainsi
que des eaux usées traitées.

Les recharges de nappe réalisées le sont majoritairement par l’usage de l’eau de barrages
collinaires. Le volume annuel de recharge en 2015 est estimé à 8,1 Mm3 (DGRE, 2017).

VUE D’ENSEMBLE DES RESSOURCES EN EAU DU SAHEL ET DE SFAX ET DE LEURS USAGES


ACTUELS
Le tableau ci-dessous établit à grands traits le bilan hydrique actuel de la zone Sahel-Sfax en
synthétisant les apports annuels renouvelables et les prélèvements. Il ajoute aussi à ce bilan la
réduction potentielle du déficit actuel si 100 % des EUT étaient réutilisées. L’exercice est effectué pour
les horizons 2020 et 2050.

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini
Déficit Déficits
Apports annuels

Recharge
Sahel - Sfax Prélèvements sans avec
renouvelables

AEP

IRR
Situation actuelle effectifs (Mm3) REUT REUT
(Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement
dont stock. barrages coll. 7 4,6 4,6 0
dont stock. grds barrages 30 29 2 27 0
Transfert CMCB 113 113 113 0
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
217 246 67 175 3,5 29
(total) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2020 367 392 182 202 8 0 26 76 0 297%
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 367 458 248 202 8 0 92 173 0 189%
Part REUT / Usages 19% 38%

Le niveau actuel de recours à la REUT (5 Mm3) représente 21% du déficit hydrique global à l’échelle du
Sahel et de Sfax qui s’élève à plus de 25 Mm3.

Une exploitation de la REUT à son plein potentiel actuel (76 Mm3) permettrait de combler entièrement
le déficit. A l’horizon 2050, l’augmentation des besoins en eau potable conduira à dégrader fortement
le bilan de la zone (-92 Mm3). La REUT permettrait là aussi, potentiellement, de combler 100 % du
déficit. De plus, la REUT permettrait de réduire l’apport de ressources en eau provenant des transferts
du Nord et du Centre.

Les 2 tableaux ci-dessous reprennent le bilan en situation actuelle en y intégrant des projections
climatiques selon 2 scénarios de changement climatique différents : le scénario 4.5 qui induirait
une réduction modérée des ressources en eau et le scénario 8.5 qui induirait une plus forte réduction
de ces ressources. Il faut cependant noter que ces bilans ne prennent pas en compte les autres
232 ressources non conventionnelles comme les projets de dessalement qui permettront de réduire le déficit
hydrique.

Projections climatiques – RCP 4.5 2050


Usages (Mm3) REUT
REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini

Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements
Recharge

Sahel - Sfax sans avec


renouvelables effectifs
AEP

IRR

CC - RCP 4.5 2050 REUT REUT


(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-10%)
dont stock. barrages coll. 6 4,6 0 0 4,6 0 0
dont stock. grds barrages 27 30,35 2 28 0 0 3
Transfert CMCB (-5%) 107 113 113 0 0 0 6
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
195 254 67 184 3,5 0 59
(total) (-10%) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 336 468 248 212 8 0 133 76 173 0 130%
Part REUT / Usages 16% 37%

Dans le scénario 4.5, à l’horizon 2050, les apports annuels renouvelables du Cap Bon tendent à baisser
(-10% pour les ressources locales et -5% pour les eaux du Nord). Les besoins pour l’irrigation (à
surfaces constantes) tendent à augmenter (+5%) – du fait de la hausse de l’évapotranspiration. La
combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit hydrique de la zone (-133 Mm3), déficit
qui pourrait toutefois être, potentiellement, comblé à 100 % par la REUT.

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Projections climatiques – RCP 8.5 2050


Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini (+10%)
Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements

IRR (+10%)

Recharge
Sahel - Sfax sans avec
renouvelables effectifs

AEP
CC - RCP 8.5 2050 REUT REUT
(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-20%) 250


dont stock. barrages coll. 6 4,6 0 0 4,6 0 0
dont stock. grds barrages 24 56,7 27 30 0 0 33
Transfert CMCB (-10%) 102 0 0 0 0 0 0
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
173 371 175 193 3,5 0 198
(total) (-20%) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 305 506 275 222 8 0 201 76 173 28 86%
Part REUT / Usages 15% 34%

Dans le scénario 8.5, à l’horizon 2050, les tendances s’amplifient, à la baisse (-20% pour les
ressources locales et -10% pour les eaux du Nord) comme à la hausse (+10% pour les besoins
pour l’irrigation, à surfaces constantes). La combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit
de la zone (-201 Mm3). Ce déficit pourrait être cependant compensé, potentiellement, en grande partie
par la REUT (déficit ramené à 28 Mm3), les EUT représentant alors 86% du déficit.

Les 2 graphiques ci-dessous résument, à l’échelle de la zone Sahel - Sfax la part potentielle des EUT
dans le bilan global des ressources en eau de la région (sans compter le dessalement) et dans le
déficit selon différentes situation : la situation actuelle (5 Mm3 réutilisés), la situation i si 100 % des EUT
actuellement produites étaient réutilisées et la situation en 2050 selon les 2 scenarios de projections
climatiques évoqués ci-avant.

Figure 62 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et das le déficit (bas) à l’échelle du Sahel et de Sfax 233

1% 21% 52% 55%

130% 86%

297%
21%

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

11.2 CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA ZONE SAHEL - SFAX ET SES PERSPECTIVES


D’EVOLUTION D’ICI 2050 EN LIEN AVEC LA REUT. QUELLE ACCEPTABILITE
SOCIALE POUR LA REUT AUPRES DES USAGERS POTENTIELS ?

11.2.1 Une agriculture irriguée et intensive sur le littoral, une agriculture


extensive et pluviale dans les zones intérieures : dans les 2 cas, des
agriculteurs à la recherche de ressources en eau alternatives
PLACE DU SECTEUR AGRICOLE AU SAHEL ET SFAX
Comme explicité plus haut, la région se caractérise par une aridité visible avec des ressources pluviales
rares et irrégulières. Les différentes combinaisons des techniques d'exploitation des terres et des
ressources en eau et en sol s’expriment spatialement par deux zones agro-écologiques et
bioclimatiques homogènes : les zones côtières semi-arides à l'est et les zones intérieures arides
au sud-ouest. Ces conditions climatiques difficiles ont favorisées le développement de l'oléiculture.
En parallèle, le développement de l’agriculture irriguée a permis de sécuriser les productions malgré
les faibles pluviométries et les phénomènes de sécheresse.

La superficie agricole utile de la région représente 11% de la superficie agricole totale du pays.
L’arboriculture fruitière est largement dominante avec 82% de la superficie labourable. L'olivier à
huile est l'espèce la plus répandue et représente 40% du patrimoine oléicole du pays. Les autres
spéculations sont les cultures céréalières (4% de la SAU) et les cultures maraîchères (2% de la SAU)
qui représentent 14% de la production maraîchère du pays. Le secteur de l’élevage joue un rôle
socio-économique et écologique considérable pour réguler les systèmes agro-sylvo-pastoraux.
234 L’élevage bovin hors sols est largement présent dans les bassins laitiers de Monastir et Mahdia.

La superficie totale des périmètres irrigués de la région Sahel et Sfax est de l’ordre de 40 000 ha, soit
près de 10% de la superficie totale du pays (DGEDA, 2018).

L’évolution du taux d’intensification de l’agriculture a fait augmenter drastiquement la demande


en eau. Les besoins actuels ne sont déjà plus couverts par les ressources conventionnelles, que ce soit
les eaux de barrages ou les eaux souterraines. Ces dernières, surtout au niveau du littoral, sont souvent
surexploitées et la salinité au niveau des puits dépasse fréquemment les 4 g/L. Une autre difficulté du
secteur agricole de la région qui peut être soulevée est l’insuffisance des ressources fourragères.
Cela concerne particulièrement les gouvernorats de Monastir, Mahdia et Sfax. L’augmentation des prix
de l’alimentation du bétail met en péril la filière élevage.

Les 3 cartes ci-dessous sont issues de la carte agricole de la Tunisie. Elles présentent différentes
familles de cultures : arboriculture – céréales et fourrages – maraîchage. Pour chacune d’elles, les
périmètres irrigués sont indiqués par un zonage rouge. Elles permettent ainsi d’illustrer l’occupation des
terres agricoles pour la zone du Sahel et de Sfax et de croiser ces éléments avec la localisation des
STEP existantes et projetées.

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Figure 63 : Zone Sahel - Sfax : Carte agricole – Carte 1 : Vigne et arboriculture, périmètres irrigués (en rouge)

235

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Figure 64 : Zone Sahel – Sfax : Carte agricole – Carte 2 Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres irrigués (en rouge)

236

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Figure 65 : Zone Sahel – Sfax : Carte agricole – Carte 3 : Maraîchage et périmètres irrigués (en rouge)

237

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

PERSPECTIVES AGRICOLES ET PROJETS DE REUT


Plusieurs projets de REUT à court terme portés par le MARHP concernent la région et le secteur
agricole (DGGREE, 2018) :
 Une extension de 100 ha a été étudiée pour le PPI de El Hajeb en périphérie de Sfax ainsi qu’une
réhabilitation des 450 ha existants. Cependant, l’urbanisation des terres agricoles menace ce
projet.
 Une stratégie de REUT est en cours d’élaboration pour le gouvernorat de Mahdia par le CRDA. Les
projets lancés sont notamment la création d’un nouveau PI de 100 ha sur la nouvelle STEP de
Mahdia et d’un PI de 60 ha sur la STEP de Chebba. Un autre périmètre est en cours d’étude
prévu en partenarait avec Vitalait (DGGREE et ONAS, 2020). L’objectif est de réutiliser les eaux
usées de la centrale laitière pour l’irrigation de plantes fourragères afin de promouvoir la filière
bovine laitière dans la région.
 A Monastir, un nouveau de périmètre irrigué de 10 ha est en cours d’installation sur la STEP
de Beni Hassen.
 A proximité du périmètre existant de Zaouiet Sousse qui reçoit les EUT de la STEP de Sousse Sud,
un nouveau périmètres va être crée de 550 ha dans le cadre du plan de réutilisation des EUT à
court terme de la DGGREE. Il sera alimenté par la nouvelle STEP de Sousse Hamdoun.

Outre des petits périmètres de moins d’une centaine d’hectares, la disponibilité des ressources en
eau de la région limite l’extension des superficies irriguées.

Le secteur pour la région se tourne de plus en plus vers les cultures biologiques avec près de
145 000 ha introduits. Ces pratiques concernent surtout les oliviers à huile afin de mieux valoriser les
produits à l’importation. Des mesures incitatives pour l’investissement dans ce type d’agriculture montre
la volonté politique d’augmenter les superficies biologiques et de diversifier les cultures (CGDR, 2018).

MATURITE DE LA DEMANDE POUR LA REUT DANS LE SECTEUR AGRICOLE


238 Lors des enquêtes dans la région du Sahel et Sfax, nous avons cherché à interroger des agriculteurs
présents dans les différentes sous zones agricoles identifiées précédemment et avec des profils variés
(cultures pratiquées, irrigation ou non, etc.). En tout, 52 agriculteurs aux profils variés ont été interrogés
répartis dans 10 délégations différentes. Au vu du contexte hydrique de la région et des impacts des
changements climatiques perçus, la majorité des agriculteurs interrogés se sont déclarés
favorables à la REUT. L’expérience réussie du périmètre pilote de Ouardanine a bien rayonné dans
toute la région. La majorité des usagers actuels des EUT l’ont visité. Les enquêtes ont permis d’identifier
différents niveaux d’acceptabilité de la REUT en fonction des profils des agriculteurs :
 Les agriculteurs des zones intérieures, pratiquant une oléiculture pluviale, ont une forte
motivation pour exploiter les EUT. Elles leur permettraient d’intensifier leurs oliveraies et de
développer une filière fourragère afin de répondre aux besoins de la région.
 Sur les zones plus proche du littoral, des exploitants des eaux conventionnelles aimeraient
substituer leurs ressources par des EUT. En effet, pour certains périmètres, les ressources des
barrages deviennent insuffisantes (Sousse/Monastir) et les eaux souterraines ont des niveaux de
salinité qui ne permettent plus aux agriculteurs de les exploiter (Mahdia/Sfax). Les irrigants sont
donc prêts à exploiter dans un premier temps les EUT pour intensifier la culture des oliviers avec
des fourrages en intercalaire. Puis, ils ont demandé sur un plus long terme la levée des
restrictions sur les cultures maraîchères afin d’irriguer toutes leurs parcelles avec des EUT. Dans
les régions de Liana et Dkhila à proximité de la ville de Mahdia, des irrigants exploitent déjà de façon
illégale des eaux usées pour remplacer les eaux de leur puits qui titrent à plus de 6g/L.
 D’autres maraîchers de périmètres privés à Sousse et Monastir qui peuvent encore exploiter
des eaux souterraines ont exprimé leur refus d’exploiter les EUT. Les craintes reposent sur la
dégradation de la qualité des primeurs qui sont réputés dans la région et la potentielle perception
négative du consommateur.

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

 Au niveau de Sfax, d’autres refus d’agriculteurs ont été recensés. Ils sont liés à des problématiques
locales. Par exemple pour le PPI de El Hajeb, nous avons vu que sa durabilité était menacé avec
l’avancée de l’urbanisation. Les agriculteurs ne souhaitent pas continuer l’exploitation des
parcelles sur le long terme. A Agareb, les craintes sur les risques sanitaires et environnementaux
sont fortes car les agriculteurs ont déjà subis les impacts d’une décharge anciennement implantée.
Cela montre l’importance d’identifier les mauvaises expériences passées et de conduire des
campagnes de sensibilisation afin de dissiper les craintes des agriculteurs.

La carte ci-dessous synthétise les résultats des enquêtes en fonction des sous zones du Sahel et de
Sfax. Ce découpage de la région en sous zones est explicité dans la partie 11.4.

Figure 66 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Sahel et Sfax

239

11.2.2 Des pôles industriels d’importance nationale à Sousse, Monastir et Sfax


PLACE DU SECTEUR INDUSTRIEL AU SAHEL ET SFAX
En plus d’être un pôle agricole majeur, la région présente une économie diversifiée. En matière
d’industries manufacturières, le secteur du textile assure une part importante de la production
nationale et des emplois régionaux créées. Il représente 43 % du tissu industriel de la région. Les
autres activités principales sont les industries mécaniques et métallurgiques (14 % des industries) et
les industries agro-alimentaires (13 %) (CGDR, 2018).

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Les zones industrielles recourent à de l’eau potable fournie par la SONEDE et à des ressources propres
(puits, forages, etc.). La consommation d’eau potable au sein de ces zones industrielles est la plus
élevée dans le gouvernorat de Sfax et concentrée au niveau du pôle urbain. Elle est estimée à 5
Mm3/an par la SONEDE. Elle est aussi importante dans le gouvernorat de Monastir avec 3 Mm3/an
consommés, particulièrement pour les Industries du Textile et de l’Habillement (ITH) (CGDR, 2018). A
noter, comme déjà mentionné plus haut, que l’unité de production d’acide phosphorique visitée à Skhira
(Sud de la ville Sfax) possède une station de dessalement afin de limiter les prélèvements dans les
nappes. Comme également déjà mentionné, il est même arrivé que cette industrie distribue de l’eau à
la SONEDE en période de forte demande.

PERSPECTIVES INDUSTRIELLES
Les projets structurants programmés ou en cours de réalisation (port de commerce, zones industrielles,
technopôles, établissements universitaires, etc.) vont contribuer au renforcement de l’attractivité de la
région à l’investissement productif. D’après les projections de l’AFI, près de 650 ha de zones
industrielles devraient être aménagés avant 2030. 6 nouvelles zones sont projetées, réparties dans
les 4 gouvernorats et l’extension de 3 autres zones est en cours. Les superficies des zones
industrielles vont donc augmenter significativement, les portants de 1 250 ha à environ 1 900 ha
(APII, 2019), ce qui augmentera la concurrence avec les autres secteurs pour l’accès à l’eau potable

11.2.3 Un secteur touristique très important, avec 40% de la capacité hôtelière du


pays, concentré sur le littoral de Sousse, Monastir et Mahdia
PLACE DU SECTEUR TOURISTIQUE AU SAHEL ET SFAX
Le secteur touristique est largement implanté dans la région qui regroupe près de 40 % de la capacité
hôtelière du pays, soit plus de 90 000 lits. Le tourisme balnéaire s’est le plus développé autour de
port El Kantaoui à Sousse (55 % des lits) et des zones touristiques de Monastir (30 %) et de Mahdia
240 (12 %). Le gouvernorat de Sfax, où l’activité touristique est beaucoup plus réduite, regroupe quelques
unités hôtelières au niveau des îles Kerkennah et Mahres (AFT, 2020).

Le secteur touristique consomme chaque année près de 5,5 Mm3 dans la région. Plus de 50 %
de ce volume concerne les zones touristiques de Sousse et plus de 30 % celles de Monastir (CGDR,
2018). Les unités hôtelières interrogées lors des enquêtes jugent que les ressources en eau actuelles
sont suffisantes. Cependant, sur un plus long terme, elles sont à la recherche de sources alternatives
car les eaux souterraines ne sont plus disponibles au regard des taux élevés de salinité. La REUT
apparaît donc une comme une solution possible pour limiter l’utilisation des ressources potables de la
SONEDE.

D’après une analyse sous SIG d’images satellitaires de Google Earth réalisée dans le cadre de la
présente étude, la superficie des espaces verts existants (sans les golfs) pour les principales zones
touristiques est de 144 ha pour Sousse, 154 ha pour Monastir et 40 ha pour Mahdia.

Comme vu lors de la phase de Diagnostic, il existe actuellement trois terrains de golf au Sahel :
Sousse El Kantaoui (alimenté par la STEP de Sousse Nord), d’une superficie de 130 ha et les golfs
Flamingo (STEP El Frina) et Palm Links (STEP Sahline) à Monastir avec une superficie de 80 ha
chacun. Un golf très réduit de 3 ha irrigué avec les eaux de la SONEDE existe aussi dans la zone
touristique de Mahdia entre 2 hôtels qui s’en partagent la gestion et l’entretien.

PROSPECTIVES TOURISTIQUES
Des nouvelles zones touristiques sont prévues par l’AFT avant 2030 : Ghedhabna dans le
gouvernorat de Mahdia, Sidi Founkhall à Kerkennah, Hergla et Selloum au nord de Sousse. Une
extension de la zone touristique de Monastir est aussi projetée. Ces aménagements porteront à plus de
160 000 lits la capacité hôtelière de la région (AFT, 2020). Cependant, le contexte touristique depuis
2012 ralentit les projets et les efforts se concentrent pour optimiser les hébergements existants. D’après
les enquêtes auprès des hôteliers de la région, les extensions des superficies des espaces verts ne
sont pas encore à l’ordre du jour des gestionnaires.

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

La stratégie du ministère du tourisme prévoit de réaliser un golf pour chaque 10 000 lits afin d’assurer
aux golfeurs l’accès à 3 golfs dans un rayon ne dépassant les 45 min lors de leur séjour. Ainsi, il est
prévu d’aménager 3 golfs additionnels dans la région du Sahel à long terme, dont 2 à Ghedhabna
et un à Hergla (STDG, 2018).

11.2.4 Une volonté d’extension des espaces verts municipaux


D’après le Schéma Directeur d’Aménagement (SDA) de la région économique du Centre Est (DGAT,
2011), un des objectifs est d’améliorer l’attractivité du territoire, en augmentant notamment la
disponibilité des espaces verts. Avec une moyenne de 20 m2 par habitant dans les pôles urbains, le
schéma vise un total de 600 ha d’espaces verts à Sousse, 550 ha à Monastir, 120 ha à Mahdia et
500 ha Sfax d’ici 2030.

La municipalité de Sousse dispose de 3 principaux espaces verts couvrant une superficie de


80 ha irrigués à partir des eaux potables de la SONEDE, de forages et anciennement à partir des
EUT. Cette dernière pratique est actuellement en arrêt à cause de de la difficulté de trouver un
arrangement institutionnel entre la municipalité de Sousse et deux autres communes pour la gestion et
l’entretien du cordon vert de la route périphérique allant de Sousse vers Sahline. Les autres causes
sont la qualité des EUT qui ne respectait pas toujours les normes et les difficultés d’entretien et de
financement du réseau d’irrigation. La REUT continue cependant à intéresser les responsables,
moyennant quelques arrangements intermunicipaux.

Les autres municipalités interrogées (Monastir, Sfax, Mahres, Agareb) se sont aussi montrées
favorables à la REUT, surtout pour l’irrigation des espaces verts. Les ressources en eau
actuellement utilisées sont les eaux potables de la SONEDE et des eaux pluviales collectées. A Agareb,
les responsables municipaux ont même proposé de valoriser la réserve naturelle de Gonna avec un
épandage forestier des EUT.

11.2.5 Un contexte hydrogéologique peu favorable à la recharge de nappe 241


La carte ci-dessous met en regard les STEP et les différentes nappes phréatiques du Sahel et Sfax.

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

242

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Comme indiqué plus haut, 18 nappes phréatiques sont surexploitées dans la région du Sahel et
de Sfax. Le déficit cumulé s’élève à 28,4 Mm3/an. Les nappes de Jbeniana et Skhira accusent le
déficit le plus élevé (6 Mm3/an et 4,7 Mm3/an respectivement).

Il existe déjà une dizaine de sites de recharge artificielle avec des eaux conventionnelles dans la
région. Ce sont surtout des lâchers dans les oueds effectués à partir de barrages ou de lacs collinaires.
Au niveau du PPI de El Hajeb irrigué avec des EUT, il est considéré que l’infiltration des eaux d’irrigation
participe de manière non négligeable à la recharge de la nappe Sidi Abid.

Note sur le cas spécifique de la nappe de Teboulba


La nappe de Teboulba présente un déficit hydrique d’environ de 0,35 Mm3/an avec une baisse
piézométrique qui continue à se manifester (1,1 à 1,3 m/an). La surexploitation de la nappe par
l’agriculture via des puits de surface a entrainé une salinisation de plus en plus élevée tout près des
exutoires. On relève de fortes valeurs de salinité variant de 4 à plus de 6 g/L (DGRE, 2017). Le déficit
hydrique de cette nappe fut une des raisons principales du transfert des eaux du barrage de Nebhana
situé au gouvernorat de Kairouan vers les gouvernorats de Sousse et Monastir pour desservir des
périmètres publics irrigués spécialisés dans la culture sous serres des primeurs. Depuis 1972,
l’existence d’un périmètre public irrigué dans la plaine de Téboulba a facilité la mise en œuvre de la
recharge artificielle à travers d’une quarantaine de puits de surface placés au centre de ladite nappe.
Théoriquement, un volume d’eau de 1 Mm3/an fut alloué à la recharge jusqu’en 2009. Il est à noter qu’en
rapport avec la lithologie du réservoir aquifère (sables fins et parfois argileux) la perméabilité est
modeste ce qui explique les faibles débits d’injection appliqués dans la recharge dans les puits. Certes,
l’impact de la recharge a été positif tant sur le plan quantitatif que qualitatif ce qui explique la durabilité
de cette opération sur une trentaine d’années. Cependant, les eaux du barrage Nebhana sont
aujourd’hui privilégiées pour l’AEP et l’alimentation des périmètres irrigués, au détriment de la recharge.
Concernant la substitution de cette ressource par des EUT, il faut savoir que la technique d’injection
directe dans la nappe aquifère via des puits de surface n’est pas autorisée avec les EUT car elle est
risquée. Seule l’infiltration à travers la Zone Non Saturée est permise. Or la nappe aquifère de Téboulba
présente une épaisse série de croûte et encroutement calcaire qui rend le procédé d’infiltration par
bassins non compatible. Tous ces facteurs réunis plaident pour ne pas recourir à la recharge de ladite
nappe par des EUT quel que soit leur niveau de traitement.
243
Les renseignements sur ces sites de recharges, les données actuelles sur l’état quantitatif et qualitatif
des nappes phréatiques, les études antérieures sur la recharge de nappe avec les EUT et la localisation
des STEP existantes et projetées ont permis de dresser le tableau ci-dessous. Il synthétise les
recharges potentielles par des EUT (liste de STEP avec les flux d’EUT produites aux différents horizons)
pour les différentes nappes pour lesquelles une recharge est jugée potentiellement utile.

Globalement, le recours au stockage souterrain dans cette région n’est pas envisageable de
façon élargie car le contexte hydrogéologique n’y est pas favorable.

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Tableau 65 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT
Ratio recharge potentielle /
Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge Contexte pour la recharge
déficit quantitatif
Amélioration de la STEP pouvant
Lutte contre Production Production
Amélioration de Fin d’un rejet en Augmentation de gestion de l’eau être utilisées Technique de recharge Usages indirects
Nappe l’intrusion du EUT 2020 EUT 2050
la qualité des mer ou dans la quantité d’eau avec un stockage pour la recharge 3 3 proposée possibles
biseau salé Hydrogélogique Foncier (Mm ) (Mm ) 2020 2050
eaux de la une zone disponible pour un intersaisonnier de la nappe
(barrière
nappe (dilution) sensible usage indirect hors période
hydraulique)
d’irrigation

Sousse Sud Pas favorable Pas favorable 6,7 0 - -

Msaken Peu favorable Favorable 3,9 7,6 386% 757% Infilltration de l’eau di’irrigation Irrigation agricole
Synclinal M'saken
(déficit de –1 Mm )
3 x x x
Sousse Hamdoun Pas favorable Favorable 9,5 31,3 - -

Sahline Pas favorable Pas favorable 2,5 3,4 - -


Konder - Sidi Bou
Ali(déficit de –0.7 x x x x Sidi Bou Ali Favorable Favorable 0,4 0,7 51% 100% Infiltration dans l’oued Irrigation agricole
3
Mm )
Enfidha Hergla Peu favorable Pas favorable 0,9 2,5 - -
Chegarnia (déficit de Enfidha ZI Pas favorable Favorable 0 0,6 - -
–0.3 Mm )
3 x x x x x
Kondar Favorable Favorable 0 0,6 - 189% Epandage Irrigation agricole

Chott Mariem
(déficit de –0.2 Sousse Nord Pas favorable Pas favorable 6,2 9,7 - -
244 Mm )
3

Zeramdine - B.
Beni Hassen Peu favorable Favorable 0,5 1 224% 455% Infilltration de l’eau d’irrigation Irrigation agricole
Hassène (déficit de x x x
3
–0.22 Mm )
Ghanadha Pas favorable Favorable 0 0,3

Mzaougha (déficit de
–0.1 Mm )
3 x x x Menzel Hayet Peu favorable Favorable 0 0,8 0% 763% Infiltration dans l’oued Irrigation agricole

Infiltration dans l’oued ou


Mahdia II Peu favorable Favorable 0 7,8 0% 313%- Irrigation agricole
infilltration de l’eau di’irrigation
Mahdia Ksour Essef
(déficit de –2.49 x x x x x
3
Mm ) Chiba Pas favorable Favorable 0 0,4 - -
Essad Pas favorable Favorable 0 0,7 - -

El Jem Peu favorable Favorable 1,4 2,3 56% 92% Infiltration dans l’oued Irrigation agricole
Karkar Menzel
Souassi (déficit de Peu favorable Favorable 0 1,1 0% 151% Infiltration dans l’oued Irrigation agricole
–0.73 Mm )
3 x x x x Hayet
Souassi Peu favorable Favorable 0 0,8 0% 114% Infiltration dans l’oued Irrigation agricole

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Ratio recharge potentielle /


Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge Contexte pour la recharge
déficit quantitatif
Amélioration de la STEP pouvant Production Production
Lutte contre être utilisées Technique de recharge Usages indirects
Nappe Amélioration de Fin d’un rejet en Augmentation de gestion de l’eau EUT 2020 EUT 2050
l’intrusion du pour la recharge proposée possibles
la qualité des mer ou dans la quantité d’eau avec un stockage 3 3
biseau salé (Mm ) (Mm )
eaux de la une zone disponible pour un intersaisonnier de la nappe Hydrogélogique Foncier 2020 2050
(barrière
nappe (dilution) sensible usage indirect hors période
hydraulique)
d’irrigation
Chebba Pas favorable Favorable 0,5 2,2 100% 476%
Chebba- Ghedabna
(déficit de –0.47 x x x x Bradaa Favorable Favorable 0 2,7 0% 566% Infilltration de l’eau d’irrigation Irrigation agricole
3
Mm )

Jbeniana (déficit de Infiltration dans l’oued ou


–5.95 Mm )
3 x x x x Jbeniana Favorable Favorable 0,4 1,2 8% 21%
épandage
Irrigation agricole

Hencha (déficit de Infiltration dans l’oued ou


3
–3.08Mm )
x x x El Hencha Favorable Favorable 0,2 0,5 7% 16%
épandage
Irrigation agricole

Chaffar (déficit de –3 Infilltration de l’eau d’irrigation ou


3
Mm )
x x x x Sfax Ouest Favorable Favorable 0 26,8 0% 894%
épandage
Irrigation agricole

Agareb (déficit de
3
–2.72 Mm )
x x x x Agareb Favorable Favorable 0,4 0,7 15% 27% Epandage forestier

Mdellia (déficit de Infiltration dans l’oued ou


3
–0.33 Mm )
x x x Neffatia Favorable Favorable 0 0,1 0% 13%
épandage
245

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11.3 IMPACTS ACTUELS DES REJETS D’EAUX USEES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LES
ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA ZONE SAHEL-SFAX
L’objectif de cette partie est de dresser un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui
impactent actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques. Cet inventaire a été
enrichi par les acteurs locaux lors des entretiens régionaux et de l’atelier de concertation de la zone
Sahel – Sfax qui a eu lieu le 24 mars 2021.

11.3.1 Des rejets de STEP qui impactent les activités touristiques du littoral
Les STEP du Sahel et de Sfax sont surtout regroupées au niveau des grands centres urbains sur le
littoral. 14 STEP rejettent dans la mer, soit 70 % des EUT produites dans la région (ONAS, 2017).
De plus, ces rejets se font à proximité des zones balnéaires de Sousse, Monastir et Mahdia et de
zones de pêche.

246

Figure 67 : Emissaire en mer rejettant les EUT de la STEP EL Frina dans la baie de Monastir et zone de pêche à proximité
Source : BRLi, mars 2019

Des nuisances importantes ont été mentionnées par les responsables des municipalités lors des
entretiens régionaux, par exemple au niveau de la corniche de la commune de Réjiche qui reçoit les
rejets de la STEP de Mahdia. A noter que cette STEP sera bientôt délocalisée et réhabilitée. La STEP
de Sayada Lamta, datant de 1993 quant à elle rejette des EUT de qualité non conformes à la norme
dans la baie de Monastir car elle n’a jamais été réhabilitée et étendue (FTDES, 2013). Elle reçoit
actuellement plus de 6 000 m3/j pour une capacité de seulement 2 600 m3/j d’après la direction régionale
de l’ONAS de Monastir. Celle-ci devrait être arrêtée et délocalisée au niveau du pôle technologique de
Monastir comme vu dans la partie 11.1.1.

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Figure 68 : Rejet de la STEP de Sayada Lamta et dégradation du littoral de la baie de Monastir


Source : BRLi, octobre 2020

D’autres STEP rejettent dans des sebkhas sensibles comme la STEP Sidi Bou Ali dans la sebkha de
Halk El Menzel et celle de El Hencha dans la sebkha de El Jem. La STEP de Moknine, dont les
lagunes sont surchargées, rejette elle-même dans la sebkha de Moknine. La STEP de Kairouan a
aussi été mentionnée, bien qu’elle ne fasse pas partie de cette région, mais ses rejets s’étendent jusqu’à
la sebkha Kelbia présente dans le Gouvernorat de Sousse, provoquant des stagnations d’eau.

Des effluents industriels peu prétraités perturbent le fonctionnement de plusieurs STEP de la région :
 Les STEP Moknine et Sayada, qui sont, comme on l’a vu précédemment, surchargées et
anciennes, reçoivent des rejets d’industries textiles difficiles à traiter (entre autres problèmes de
filasses). A noter cependant qu’une STEP industrielle est projetée à Moknine.pour collecter les eaux
de la zone industrielle et les eaux des industries textiles de Ksar Hellal (FTDES, 2013).
 Les problèmes liés aux margines touchent l’ensemble de la région au vu de la production
importante d’huile d’olive de la région. Ces rejets perturbent notamment le fonctionnement des 247
STEP de la ville de Sfax, de Sousse et de Msaken en étant rejetés dans les réseaux sans
prétraitement. Pour cette dernière, l’ONAS estime qu’elle reçoit des effluents industriels à hauteur
120 000 m3/an dont des effluents non prétraités de tanneries.
 Les rejets illicites d’abattoirs dans les réseaux d’assainissement compliquent aussi le
fonctionnement des STEP de Sfax, Sousse et El Frina.

11.3.2 Des volumes conséquents d’effluents industriels rejetés dans des sebkhas
Outre les rejets des STEP, les sebkhas reçoivent aussi des effluents industriels directement. La sebkha
de Moknine reçoit des rejets d’industries textiles des zones industrielles de Monastir et
d’industries agro-alimentaires de la zone industrielle de Mahdia.

Nous avons vu que les unités de production d’huile olive étaient nombreuses sur l’ensemble de la
région et que le traitement des margines était problématique. Pour les huileries pour lesquelles l’ONAS
a pu estimer les rejets, il est estimé que près de 1,4 Mm3/an provenant de ces industries sont rejetés
dans des puits perdus ou rejetés dans les oueds (ONAS, 2019).

La centrale électrique de Sousse rejette ses eaux de mer de refroidissement dans l’oued Hamdoun
avant qu’elles rejoignent la mer à hauteur de 2,6 Mm3/an d’après l’étude d’impact (STEG, 2010). Ces
eaux vont être réutilisées à travers la nouvelle station de dessalement des eaux de mer prévue à
Sousse.

La centrale laitière Vitalait à Mahdia rejette dans le milieu naturel et consomme près de 400 000 m3/an
à partir de forages (ONAS, 2019). Un projet est en cours pour réutiliser les eaux usées produites dans
un périmètre irrigué comme cité plus haut (DGGREE et ONAS, 2020).

La carte ci-après synthétise les problématiques environnementales liées aux rejets d’EUT au Sahel et
à Sfax.

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248

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11.4 VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN FONCTION DES DIFFERENTS CONTEXTES


TERRITORIAUX DE LA ZONE SAHEL - SFAX
La région du Sahel et de Sfax a été découpée en sous zones avec une cohérence agricole, économique,
et environnementale. L’objectif est de proposer des valorisations des EUT adaptées aux contextes de
ces territoires. Le découpage de ces sous-zones est indiqué sur la carte suivante :

249

Figure 69 : Découpage de la région du Sahel et Sfax en sous zones d’étude


L’inventaire des valorisations possibles des EUT présentées dans cette partie par sous zones a été
enrichi par l’atelier de concertation régional qui a eu lieu le 24/ mars 2021. Cet atelier a été l’occasion
d’échanger avec les acteurs du territoire sur les valorisations des EUT à privilégier dans les principales
zones de production d’EUT du Sahel et Sfax, à savoir le complexe littoral Sousse Monastir et le pôle
urbain de Sfax.

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11.4.1 Sous-zone 1 : Nord de Sousse


Ressources en eau
Le Nord de Sousse est une zone peu dotée en ressources en eau. Les nappes de Chegarnia et
Kondar Sidi Bou Ali constituent la principale ressource en eau renouvelable, en plus de quelques
retenues collinaires. Ces nappes sont exploitées à hauteur de 1.8 Mm3 et 2.9 Mm3, représentant 120%
de leur potentiel renouvelable. Elles subissent l’intrusion du biseau salé pouvant générer des pics de
salinité de 5 à 7 g/L, les rendant localement et temporairement inutilisables pour l’agriculture. Comme
évoqué plus haut, les possibilités de recharge dans ces nappes sont réduites. Le contexte
hydrogéologique n’est pas favorable pour une recharge de la nappe de Chegarnia. Elle est par contre
envisageable pour la nappe de Kondar Sidi Bou Ali, sous la forme de lâchers dans les oueds ou
d’épandage.

Par ailleurs, les EUT produites localement représentent à ce jour un gisement potentiel modeste
de 1.2 Mm3, et un potentiel de 3.8 Mm3 à l’horizon 2050.

Agriculture
Au niveau agricole, la culture des oliviers, en sec, domine. Une partie de l’oliveraie se situe sur des
terres domaniales, sur près de 5 000 ha, en particulier autour d’Enfidha.

Autres secteur économiques


On note la zone industrielle d’Enfidha, dont les rejets dans la sebkha Sidi Bou Ali sont problématiques,
et le potentiel touristique en cours de développement sur la zone littorale avec la création de la zone
touristique de Hergla.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le Nord de Sousse, idées
établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être
exposé.
250
Tableau 66 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : Nord de Sousse
Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations 
potentielles 

Idée 1.a : Création de nouvelles zones irriguées avec les  Nouveaux périmètres irrigués d’oliviers potentiels 
EUT   en utilisant 100% des EUT : 
Nouveaux  périmètres  irrigués  avec  oliveraies  (déjà  2020 : 420 ha (*) ; 2050 : 1100 ha 
existantes mais non irriguées) et fourrages 

Idée 1.b : Recharge de la nappe de Kondar ‐ Sidi Bou Ali Réduction de 52% en 2020 à plus de 100% (182%) 
en 2050 du déficit actuel de la nappe, en utilisant 
EUT de la STEP de Sidi Bou Ali et Kondar. Lâchers dans les 
100% des EUT 
oueds ou épandage ? 

Idée 1.c : Recyclage des EUT dans le secteur industriel  Besoins  en  eau  de  la  zone  industrielle  d’Enfidha 


ou réutilisation à partir des STEP  (hors  IAA)  de  400 000  m3/an,  pouvant  être 
satisfaits  potentiellement  à  100  %  par  la  future 
Zone industrielle d’Enfidha,  
STEP de la ZI 

Idée 1.d : Irrigation des espaces verts  Potentiel  irrigable  en  espaces  verts  de  400  ha  à 


l’horizon 2050 
Aéroport de Enfidha et future zone touristique de Hergla 

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Idée 1.e : Irrigation d’un golf  Superficie irrigable de golfs en utilisant 100% des 
EUT de la STEP d’Enfidha Hergla : 250 ha en 2050, 
1 golf projeté 
soit 5 fois les surfaces projetées. 

Aide à la lecture du tableau :


(*) : ce chiffre signifie que, en utilisant 100% des EUT disponibles en 2020, on pourrait irriguer une
surface additionnelle de 420 ha d’oliviers.
On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, deux orientations sont envisagées :
Une première option consisterait à dédier les volumes d’EUT au développement de nouveaux
périmètres irrigués au niveau des terres domaniales, l’OTD souhaitant développer le recours à cette
ressource. Au total sur la zone, le potentiel de développement est à hauteur de 1 100 ha pour les
oliviers et 400 ha pour du fourrage, qui pourrait être implanté en culture intercalaire. A noter que la
grande distance séparant les terres domaniales de la STEP d’Enfidha Hergla (plus de 20 km) pourrait
rendre cette option coûteuse.
Une seconde possibilité serait de dédier les EUT de la STEP de Sidi Bou Ali à la recharge indirecte
de la nappe de Kondar via des lâchers dans les oueds. La recharge pourrait couvrir de 50% à 100%
en 2050 du déficit actuel de la nappe. De plus, cela permettrait de lutter contre les pics de salinité par
effet de dilution. Cette recharge réduirait d’autant les rejets directs des eaux usées dans les
sebkhas (Kelbia et Halk Elmanzel). Cependant, si avec le changement climatique la demande en eau
douce pour réalimenter artificiellement ces sebkhas devient importante, il sera possible de déterminer
un débit journalier de rejet dans les sebkhas, comme ce qui est fait actuellement pour la lagune de
Korba. Les EUT des STEP d’Enfidha ne pouvant être dédiées à la recharge de nappe au regard du
contexte hydrogéologique de la zone, elles pourraient être orientées pour l’irrigation des espaces
verts de l’aéroport voisin (station de pompage déjà existante) ou de la zone touristique d’Hergla.

11.4.2 Sous-zone 2 : Complexe littoral Sousse Monastir 251


Ressources en eau
Le littoral entre Sousse et Monastir bénéficie des ressources de nombreuses petites nappes de surface,
dont les apports renouvelables oscillent autour de 1 Mm3/an. Certaines d’entre elles, dont les nappes
du Synclinal M’saken, Chott Meriem, Téboulba ou Békalta, sont surexploitées à une hauteur
comprise entre 120 et 150% (0.2 à 1 Mm3). Elles ne permettent déjà plus de satisfaire les besoins
agricoles croissants, notamment des périmètres irrigués maraîchers sous serres. L’apport du
barrage de Nebhana permet de soutenir le pic de demande en eau potable et pour l’irrigation en
période estivale. S’agissant de la recharge, pour la quasi-totalité des nappes locales, le contexte
hydrogéologique est défavorable à une recharge efficiente.

Par ailleurs, les EUT produites localement représentent un gisement très significatif, qui pourrait
soulager le bilan hydrologique déficitaire de la zone. A ce jour, les volumes d’EUT sont estimés à
57 Mm3 et leur potentiel serait de 96 Mm3 à l’horizon 2050. Ceci est dû à la présence des centres urbains
de Sousse et Monastir et des zones touristiques. Les EUT sont actuellement exploitées dans les
périmètres de Zaouiet Sousse, Msaken et Ouardanine et au niveau de 2 golfs.

Agriculture
L’agriculture est également très présente dans la zone. La production maraichère sous serres
se développe mais génère une demande en eau croissante, venant en concurrence de la demande
domestique pour l’utilisation des eaux souterraines et des eaux de barrages. La production d’huile
d’olive, à partir d’oliveraies non irriguées, reste très dominante. La production d’olives en
agriculture biologique, à plus forte valeur ajoutée, se développe dans la zone. La gestion des résidus
de production d’huile, principalement les margines, constituent une source de pollution du littoral
importante.

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Autres secteur économiques


Les secteurs industriels et touristiques représentent un enjeu économique majeur. L’industrie
textile s’est fortement développée et les effluents associés sont une source de dégradation de la
qualité des eaux littorales, prisées pour la baignade et déjà impactées par l’urbanisation et
l’agriculture. Le littoral est également un pôle touristique d’importance, organisé autour des plages de
Sousse et Monastir.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT idées établies pour le complexe littoral
Sousse Monastir à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

Tableau 67 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 2 : complexe littoral Sousse Monastir
Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations 
potentielles 

Idée  2.a  :  Substitution  des  eaux  conventionnelles  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  
pour l’irrigation  substituable, en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 
et 2050 : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces EUT) 
des eaux de nappe trop salées ou les eaux du barrage  Arboricoles :  en  2020,  10  fois  la  superficie  irriguée 
Nebhana pour l’irrigation des périmètres existants  existante (9 000 ha) (*1) ; en 2050, 15 fois (14 000 ha)
Oliviers :  en  2020,  8  fois  la  superficie  irriguée 
existante (17 000 ha) ; en 2050, 11 fois (26 000 ha) 

Idée 2.b : Création de nouvelles zones irriguées avec  Nouveaux périmètres irrigués potentiels, en utilisant 
les  EUT  en  périphérie  des  villes,  en  particulier  au  100 % des EUT : 
niveau des terres domaniales au sud‐ouest 
Arboricoles :  en  2020,  7  800 ha  (*2) ;  en  2050, 
252 Nouveaux  périmètres  irrigués  d’oliveraie  et  12 000 ha 
arboricoles,  extension  des  périmètres  irrigués 
Oliviers : en 2020, 17 000 ha ; en 2050, 26 500 ha 
exploitant des EUT et déjà existants 
Oliviers  +  fourrages :  en  2020,  7 500  ha,  en  2050, 
12 800 ha 

Idée 2.c : Irrigation des espaces verts   Superficie irrigable d’espaces verts, en utilisant 100 
% des EUT : 3 900 ha à 6 900 ha en 2050, soit 10 et 22 
fois les surfaces existantes. 

Idée 2.d : Amélioration du traitement pour des  Part de la superficie irrigable substituable, en 
usages à plus haute valeur ajoutée  utilisant 100% des EUT : 
Périmètres irrigués maraîchers existants  Maraîchage : de 244 à 374 %  

Idée 2.e : Irrigation des golfs  Superficie irrigable de golf, en utilisant 100% des EUT 
:  1  600 ha  à  2  500 ha  en  2050,  soit  3  à  5  fois  les 
3 golfs existants + 2 golfs projetés 
surfaces existantes et projetées. 

Idée 2.f : Recyclage des EUT dans le secteur industriel  Besoins en eau des zones industrielles de Sousse et 
ou réutilisation à partir des STEP  Monastir  (hors  IAA)  de  2,2  Mm3/an,  pouvant  être 
potentiellement satisfaits à 100 %  
Zones industrielles de Sousse et Monastir 

Aide à la lecture du tableau :

(*1) : ce chiffre signifie que, en utilisant 100% des EUT disponibles en 2020, on pourrait irriguer avec
ces eaux toutes les surfaces arboricoles cultivées aujourd’hui dans la zone (il y a donc plus d’EUT
produites que de besoins pour ces cultures)

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prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

(*2) : ce chiffre signifie que, en utilisant 100% des EUT disponibles en 2020, on pourrait irriguer une
surface additionnelle de 7 800 ha d’arboriculture.
Pour les volumes d’eaux usées arrivant aux STEP, on discute ci-après leurs potentielles valorisations
au regard du contexte territorial. En pratique, quatre orientations sont envisagées :

Une première possibilité serait de remplacer les eaux du barrage de Nebhana qui irriguent
actuellement des superficies arboricoles par des EUT, voir de mélanger les 2 ressources en eau.
Cela permettrait de conserver plus d’eau de ce barrage pour les besoins en eau potable. A noter que
cette option semble inenvisageable du point de vue du CRDA de Monastir. Les périmètres actuellement
irrigués avec des EUT comme celui de Zaouiet Sousse ou de Msaken seraient conservés et étendus
afin de conserver des terres agricoles péri urbaines.

Une seconde orientation consisterait à transférer les EUT vers la plaine de Sahli, située entre les
sebkhas de Sidi El Hani et de Kelbia, pour l’irrigation semi-intensive d’oliviers. Avec des fourrages
en intercalaire, cela représente actuellement un potentiel de développement de 7 500 ha, et jusqu’à
12 800 ha d’ici 2050. Le transfert vers cette zone, qui ne possède pas de ressources en eau propres,
est incontournable pour le CRDA de Sousse, au regard de l’importance des volumes produits d’EUT
par le pôle urbain Sousse – Monastir. Cet avis avait été émis lors de l’atelier de concertation régional.
D’ailleurs, les membres du CRDA présents à l’atelier ont estimé qu’il était possible d’irriguer 5 000 ha
dans la délégation de Msaken (2 000 ha d’oliviers et 3 000 ha de fourrages) en semi-intensif, avec un
transfert de plus de 30 km. La faisabilité et la rentabilité de ce projet n’a cependant pas été étudiée.
Cette orientation permettrait aussi de réduire le déficit fourrager des élevages hors sol au niveau de
Monastir.

Une troisième option pourrait mettre l’accent sur l’amélioration des traitements d’assainissement pour
autoriser l’irrigation avec des EUT des cultures maraîchères sous serres, particulièrement au niveau de
Monastir afin de sécuriser l’approvisionnement du pays. Le potentiel de superficie maraîchère irrigable,
si l’on prend en compte la totalité des EUT produit sur la zone représente 7 800 ha en 2020 et 12 000 ha
en 2050. La priorité est mise sur la substitution ou le mélange avec les eaux de barrage. Cette levée
des restrictions sur les cultures maraîchères pour la REUT a été souvent mentionnée par les
agriculteurs de la zone lors des enquêtes. En effet, ils rencontrent déjà des difficultés les années sèches
pour combler leurs besoins en eau. 253
La satisfaction des besoins touristiques (golfs, espaces verts dans la mesure de la faisabilité
technique qui sera à préciser) constitue une dernière possibilité pour la REUT dans cette zone. La
satisfaction des besoins identifiés à l’horizon 2050, soit 157 ha d’espaces verts et 440 ha de
golfs, correspondent à l’exploitation de 20% du potentiel REUT du secteur (19 Mm3).

11.4.3 Sous-zone 3 : Littoral de Mahdia


Ressources en eau
La bordure littorale de Mahdia à Chebba présente un déficit hydrique chronique. Les principales
nappes du secteur (Chebba-Ghedabna, Mahdia, Ksour Essef, etc.), dont le potentiel renouvelable varie
de 1 à 3 Mm3, sont largement surexploitées (140% à 190%) et font face à l’intrusion du biseau salé et
à des baisses localisées du niveau piézométrique.

L’agrandissement du parc épuratoire à venir pour accompagner le développement touristique de la zone


va conduire à une augmentation significative des flux d’EUT, passant de 4,8 Mm3 aujourd’hui à
13,8 Mm3 à l’horizon 2050.

Agriculture et autres activité économiques


Ce territoire est à la fois un pôle touristique important et une zone agricole associant culture des
oliviers, arboriculture, principalement en sec, et élevage. Le développement de l’élevage est freiné
par un déficit d’approvisionnement local en fourrage. Par ailleurs, les activités industrielles sont
relativement réduites dans la zone.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le littoral de Mahdia, liste
établie à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être
exposé.

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Tableau 68 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : littoral de Mahdia


Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations 
potentielles 

Idée 3.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement, 
pour l’irrigation (dont reprise des périmètres  substituable, en utilisant 100 % des EUT : 
irrigués abandonnés)  Arboriculture : en 2020, 9 %; en 2050, 21 % 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces EUT)  Fourrage : 2 à 5 fois la surface de fourrage actuelle 
des eaux de nappe trop salées pour l’irrigation des  dans la zone. 
périmètres existants 

Idée 3.b : Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux périmètres irrigués d’oliveraie potentiels, 
avec les EUT   en utilisant 100 % des EUT : en 2020, 1 600 ha ; en 
2050, 4 000 ha 
Nouveaux périmètres irrigués d’oliviers, arboricoles 
et fourragers  Nouveaux périmètres irrigués arboricoles potentiels, 
en utilisant 100 % des EUT : en 2020, 732 ha ; en 
Fourrages et oliviers en intercalaires 
2050, 1 800 ha 
Nouveaux périmètres irrigués fourragers potentiels, 
en utilisant 100 % des EUT : en 2020, 600 ha ; en 
2050, 1 500 ha. 

Idée 3.c : Recharge de la nappe Chebba Ghedabna  Effacement du déficit actuel de la nappe, en utilisant 
100% des EUT 
STEP de Bradaa 

Idée 3.d : Irrigation des espaces verts  Superficie irrigable d’espaces verts irrigable, en 
254 utilisant 100 % des EUT : 450 ha à 1 300 ha en 2050, 
soit 8 et 23 fois les surfaces existantes. 

Idée 3.e : Irrigation des golfs  Superficie des golfs irrigable substituable, en 
utilisant 100 % des EUT : 1 000 ha en 2050, soit 5 fois 
les surfaces projetées. 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial.

Il est proposé en première option que les EUT soient orientées vers un usage agricole. Développer
l’irrigation des oliviers et du fourrage, en culture intercalaire, permettrait de réduire le déficit
fourrager dont souffre le secteur de l’élevage dans le gouvernorat de Mahdia. Cela représente un
potentiel de 1 500 ha de fourrages en 2050.
Une seconde possibilité serait d’aider à la réduction du stress hydrique de la zone en substituant
les eaux conventionnelles pour l’irrigation des espaces verts par des EUT et en rechargeant les
nappes. La satisfaction des besoins identifiés à l’horizon 2050, soit 28 ha d’espaces verts et 110 ha de
golfs, correspondent à l’exploitation de 12% du potentiel de REUT du secteur. Les flux issus des STEP
de Chebba et Bradaa pourraint être orientés vers la recharge de la nappe de Chebba-Ghedabna,
déficitaire (-0.5 Mm3), dont le contexte hydrogéologique est favorable à une recharge efficiente.

11.4.4 Sous-zone 4 : intérieure de Mahdia


La zone intérieure de Mahdia, au sud de la Sebkha Sidi El Heni, est avant tout un territoire agricole
où on trouve la culture de l’olivier, une arboriculture diversifiée et de l’élevage. Les ressources
en eau souterraine y sont en partie surexploitées (nappes de Mdellia, Souassi, Mahdia Ksour Essef).
Le contexte hydrogéologique ne se prête à la recharge que pour la nappe de Mdellia. La zone
étant peu peuplée, le potentiel de REUT est modeste, avec 1,5 Mm3 d’EUT produites aujourd’hui et
jusqu’à 5,5 Mm3 d’ici 2050.

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la zone intérieure de
Mahdia, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui
vient d’être exposé.

Tableau 69 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 4 : zone intérieure de Mahdia
Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations 
potentielles 

Idée 4.a : Substitution des eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement, 


conventionnelles pour l’irrigation  substituable, en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 
et 2050 : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces 
EUT) des eaux de nappe pour l’irrigation des  Arboricoles : en 2020, 2% ; en 2050, 5% 
périmètres existants 
Oliviers : en 2020, 1% ; en 2050, 2% 

Idée 4.b : Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux périmètres irrigués potentiels, en utilisant 
avec les EUT  100% des EUT :  
Nouveaux périmètres irrigués arboricoles et  Oliviers : en 2020, 500 ha ; en 2050, 1 600 ha 
fourragers 
Fourrages : en 2020, 190 ha ; en 2050, 600 ha. 
  
Oliviers + fourrages en intercalaires : en 2020, 250 ha, 
en 2050, 920 ha  

Au regard du caractère rural de la zone, il est proposé que les flux d’EUT soient orientés pour de
l’irrigation agricole à proximité des STEP. Ces volumes permettraient d’irriguer 1 600 ha d’oliviers
ou encore 600 ha de fourrages. Le potentiel de développement de l’irrigation des oliviers avec cultures
intercalaires est d’environ 920 Sous-zone 5 : Pôle urbain de Sfax 255
Ressources en eau
La zone urbaine de Sfax s’approvisionne en eau à partir du transfert des eaux du Nord et du Centre
(forages de Sbeitla et Jelma), de nappes de surface et de prélèvements dans les nappes profondes.
Les nappes de surfaces de Chaffar et Agareb sont très largement surexploitées, présentant chacune
un déficit hydrique de -3 Mm3, soit 100% et 50% de leur potentiel renouvelable. Le déficit global de la
zone est récurrent et la SONEDE rencontre des difficultés à produire de l’eau potable n’ayant pas une
salinité trop élevée. Les forages pour l’irrigation titrent parfois à 6 g/L. Il est ainsi envisagé d’installer
une station de dessalement pour les besoins en eau potable qui produira 200 000 m3/j à terme, ce
qui couvrira de justesse les besoins du Gouvernorat, d’où l’importance du développement de la REUT.

Eu égard à la densité de population, les flux d’EUT constituent un gisement très significatif, avec
un potentiel de 23 Mm3 en 2020 et près de 50 Mm3 à l’horizon de 2050, s’expliquant notamment par
l’installation de la STEP de Sfax Ouest

Activités économiques.
La demande en eau est en effet très forte localement. Ceci est dû à la présence de nombreux
périmètres maraichers et d’élevages avicoles et à une demande domestique importante, en particulier
en période estivale. Le secteur industriel est également un préleveur important, représenté notamment
par le secteur du phosphate. A noter cependant que les usines de production de phosphates à Skhira
utilisent à présent les eaux d’une station de dessalement. Le secteur touristique y est très peu
développé.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le pôle urbain de Sfax,
idées élaborées à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

Tableau 70 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 5 : pôle urbain de Sfax

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prospective - Version définitive
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Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 5.a : Substitution des eaux  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable, en 
conventionnelles pour l’irrigation  utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces  Arboricoles : en 2020, 9% ; en 2050, 18% 
EUT) des eaux de nappe trop salées pour 
Oliviers : en 2020, 15% ; en 2050, 29% 
l’irrigation des périmètres existants 

Idée 5.b : Création de nouvelles zones  Nouveaux périmètres irrigués d’oliveraie potentiels, en 
irriguées avec les EUT et extension de  utilisant 100% des EUT : en 2020, 7 400 ha ; en 2050, 
l’existant (PPI de El Hajeb)  13 800 ha, dont 450 ha dans un rayon d’1km des STEP 
existantes et en projet. 
Nouveaux périmètres irrigués arboricoles, 
céréaliers et fourragers  Nouveaux PI arboricoles potentiels, en utilisant 100% des 
EUT : en 2020, 3 300 ha ; en 2050, 6 200 ha 
EUT de Agareb et Sfax Ouest vers les terres 
domaniales de Chaal  Nouveaux PI fourrages potentiels, en utilisant 100% des 
EUT : en 2020, 2 700 ha ; en 2050, 5 100 ha. 

Idée 5.c : Recyclage des EUT dans le secteur  Besoins en eau des zones industrielles (hors IAA) de 1,5 
industriel ou réutilisation à partir des STEP  Mm3/an, pouvant être potentiellement satisfaits à 100 % 
Zones industrielles de Sfax et Agareb 

Idée 5.d : Recharge des nappes d’Agareb et  Réduction de 15% en 2020 à 27% en 2050 du déficit actuel 
Chaffar  de la nappe d’Agareb. 
Epandage forestier ou lâchers dans les oueds  Le potentiel en EUT de Sfax Ouest représente 9 fois le 
déficit actuel de la nappe de Chaffar. 
256 Réserve naturelle de Gonna (Agareb) 

Idée 5.e : Amélioration du traitement pour des  Part de la superficie irrigable substituable, en utilisant 
usages à plus haute valeur ajoutée  100% des EUT : 
Maraîchage des PI existants  Maraîchage : superficie irriguée actuelle x2 en 2020 (total 
de 4 000 ha)  et x 3,5 en 2050 (total de 7 300 ha)   

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial.
Un avis partagé par l’ensemble des acteurs présents à l’atelier de concertation régional a été que
l’irrigation agricole directe doit être priorisée pour valoriser les EUT sur cette zone. La recharge
des nappes d’Agareb et de Chaffar et le développement du maraichage doivent être envisagés que
dans un second temps si les besoins pour l’arboriculture et les fourrages ne sont pas suffisants pour
absorber les flux.
Au niveau de l’irrigation agricole directe, une première possibilité serait de substituer, par les EUT,
les eaux des puits de surface présentant une salinité trop élevée dans les périmètres irrigués
existants. Un mix entre les EUT et les eaux souterraines peut aussi être envisagé si la dilution de la
salinité par les EUT est suffisante.
Une autre possibilité pour l’irrigation agricole directe pourrait être de créer des nouveaux périmètres
irrigués avec les EUT. Les terres domaniales de Chaal au sud de la ville de Sfax ont été citées lors
des entretiens et de l’atelier de concertation pour exploiter les flux issus de la future STEP de Sfax
Ouest. Il y a des possibilités de stockage dans des lacs collinaires existants dont le remplissage
avec les eaux de surface se fait aujourd’hui difficilement. Un choix devra aussi être pris concernant le
futur du PPI de El Hajeb : est ce qu’il doit être étendu afin de préserver ces terres agricoles
périurbaines ou bien est-il voué à être urbanisé ?

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

En parallèle d’une de ces deux orientations, le recyclage des eaux usées, voire la réutilisation des
EUT produites par les STEP dans les zones industrielles de Sfax et Agareb doit être incitée d’après
les acteurs régionaux. Cela permettrait de limiter les prélèvements en eau potable pour le secteur
industriel.

11.4.6 Sous-zone 6 : Zone rurale de Sfax


Ressources en eau
La zone rurale de Sfax comprend tout le territoire du gouvernorat qui n’est pas situé dans le pôle urbain
de la ville de Sfax. Son bilan hydrologique est spatialement hétérogène. Si certaines nappes ne sont
pas déficitaires, d’autres au contraire y sont très largement surexploitées (>200%) à des fins
d’irrigation. Il s’agit notamment des nappes d’Hencha, de Jbeniana et Skhira. A elles trois, elles
représentent un déficit de 13 Mm3, soit la moitié du déficit de toute la zone Sahel-Sfax. Elles souffrent
également de l’intrusion du biseau salé, avec des salinités pouvant atteindre localement 7 à 8 g/L. Une
baisse piézométrique a été observée pour la nappe de Jbeniana. Le contexte hydrogéologique est
favorable à une recharge efficiente de ces nappes.

La zone étant peu peuplée, le potentiel de REUT est très modeste, avec 1,7 m3 d’EUT produites
aujourd’hui et jusqu’à 5,7 Mm3 d’ici 2050. Ces flux d’EUT sont ou seront produits par une série de
petites STEP disséminées dans des parties du territoire dont les enjeux et les besoins sont très
spécifiques.

Activités économiques
La sous-zone constitue avant tout un territoire agricole où se développent la culture de l’olivier,
une arboriculture diversifiée et l’élevage, qui souffre d’un déficit en fourrage. Quelques zones
touristiques se sont établies autour de Mahres et à Kerkenah.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la zone rurale de Sfax,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé. 257
Tableau 71 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 6 : zone rurale de Sfax
Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 6.a : Substitution des eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement, 


conventionnelles pour l’irrigation  substituable, en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 
et 2050 : 
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces 
EUT) des eaux de nappe pour l’irrigation des  Arboricoles : en 2020, 1% ; en 2050, 2% 
périmètres existants  
Oliviers : en 2020, 0.2% ; en 2050, 1% 

Idée 6.b : Création de nouvelles zones irriguées  Nouveaux périmètres irrigués d’oliveraie potentiels, 
avec les EUT   en utilisant 100% des EUT : en 2020, 600 ha ; en 2050, 
1600 ha, dont 530 ha dans un rayon d’1km des STEP 
Nouveaux périmètres irrigués en oliveraie 
existantes et en projet. 
irriguée, arboricoles et fourragers autour des 
STEP  Nouveaux périmètres irrigués arboricoles potentiels, 
en utilisant 100% des EUT : en 2020, 270 ha ; en 2050, 
EUT de Mahres vers les terres domaniales de 
740 ha 
Chaffar 
Nouveaux périmètres irrigués fourragers potentiels, 
en utilisant 100% des EUT : en 2020, 220 ha ; en 2050, 
610 ha. 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 6.c : Recharge des nappes de El Hencha et  Réduction du déficit actuel de la nappe d’Hencha de ‐
Jbeniana  7% en 2020 à ‐16% en 2050, et de ‐8% à ‐21% pour la 
nappe de Jbeniana 
Epandage forestier ou lâchers dans les oueds 

Idée 6.d : Irrigation des espaces verts   Part de la superficie irrigable, en utilisant 100% des 
EUT : 
Zones touristiques, autour de Mahres et à 
Kerkenah  Mahres : 100 ha en 2020 à 170 ha en 2050 
Kerkenah : 40 ha en 2020 à 160 ha en 2050 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial. En pratique, deux orientations potentielles sont envisagées :

Une première possibilité serait de dédier les volumes d’EUT issus des STEP de Jbeniana, d’El
Hencha à la recharge des nappes d’Hencha et de Jbeniana, via des aménagements pour favoriser
l’infiltration dans les oueds. Cela permettrait de combler 15% à 20% du déficit actuel de ces nappes.

Dans une seconde option, comme pour le périmètre avec des EUT existant actuellement à El Hencha,
les EUT pourraient être exploitées dans des nouveaux périmètres irrigués à proximité des STEP
pour des oliviers et des fourrages en intercalaire. Cette orientation aiderait à réduire le déficit
fourrager actuel de la zone. La demande des agriculteurs est forte, comme cela a été vu autour de
Jbeniana, car ils n’ont pas d’autres ressources en eau disponibles que les ressources pluviales qui sont
de plus en plus rares. Pour la STEP de Mahres, les périmètres peuvent être construits au niveau des
terres domaniales de Chaal.

Une petite partie des flux issus des STEP de Mahres et de Kerkenah suffiraient à satisfaire les besoins
touristiques (espaces verts).
258
11.4.7 Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones
La carte ci-dessous rappelle de manière illustrée les idées de valorisations possibles des EUT qui ont
été proposées pour chaque sous-zones et montre la variété des possibilités en fonction des contextes
territoriaux

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Figure 70 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Sahel et Sfax
259

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

11.5 QUELS SONT LES SCENARIOS POSSIBLES ET COHERENTS POUR VALORISER LES
EUT DE LA ZONE SAHEL-SFAX ?
11.5.1 Formulation des scénarios prospectifs proposés
VALORISATIONS DES EUT COMMUNES AUX SCENARIOS PROPOSES
Il est proposé que certaines valorisations des EUT soient appliquées dans l’ensemble des scénarios.
Ces propositions concernent la réhabilitation et l’extension des petits périmètres existants avec
des EUT hors des grandes zones urbaines (Ouardanine, El Hencha, Beni Hassen) ainsi que
l’irrigation des 3 golfs existants.

Par ailleurs, dans tous les scénarios, les effluents industriels, après des prétraitements efficaces, sont
de plus en plus considérés comme des ressources et sont recyclés au sein des unités industrielles,
ce qui réduit le volume arrivant aux STEP. Il est estimé que ce recyclage pourrait concerner20 % des
effluents industriels produits en 2025, 50 % d’ici 2030 et 80 % en 2040.

11.5.1.1 Scénario 1 : les EUT, une opportunité pour préserver les terres agricoles
périurbaines et réduire le déficit hydrique
La dégradation des eaux souterraines en termes quantitatifs et qualitatifs, la concurrence entre les
usages pour les eaux de surface (exemple du barrage de Nebhana) ainsi que le développement des
centres urbains mettent en péril la durabilité des périmètres irrigués existants. La préservation des
terres agricoles périurbaines, dont celles qui permettent d’alimenter les centres urbains en
primeurs, est perçue comme prioritaire. Ainsi, les politiques régionales d’aménagement du
territoire sont mises en cohérence avec la REUT. Pour cela, des concertations régionales sont
260 organisées régulièrement avec les collectivités locales et les différents usagers de l’eau. Les EUT, qui
sont produites au niveau des villes, sont considérées comme une ressource en eau locale pour
maintenir les périmètres irrigués menacés d’urbanisation. Les périmètres irrigués existants avec
des EUT, notamment celui de Zaouiet Sousse proche de la ville de Sousse et celui de El Hajeb proche
de Sfax, sont préservés et étendus. La réutilisation locale est donc privilégiée, les transferts sont
peu conséquents et les créations de périmètres irrigués concernent seulement des STEP modestes
dans les zones intérieures où il n’y a pas d’irrigation existante à proximité. Pour des STEP où la
substitution directe dans des périmètres existants n’est pas envisageable à proximité, la recharge de
nappe est une autre option choisie si le contexte hydrogéologique est favorable afin d’alimenter
indirectement des périmètres sur puits de surface. Cette réutilisation nécessite cependant des
investissements importants pour améliorer le niveau de traitement des STEP. Cela permet la levée
des restrictions pour l’irrigation des cultures maraîchères avec les EUT grâce la mise en place de
filtrations membranaires et de procédés de désinfection adaptés. Pour réussir cette irrigation des
cultures maraîchères et valoriser un maximum les EUT, la salinité des EUT produites par les STEP du
littoral fait l’objet d’un point d’attention particulier pour ce scénario. Des suivis sont mis en place pour
surveiller la dégradation potentielle des sols agricoles, les eaux usées rejetées dans le réseau en amont
des STEP et les intrusions potentielles d’eaux salées dans les réseaux de collecte des eaux usées.

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11.5.1.2 Scénario 2 : Les EUT, une ressource pour aider au développement des zones
agricoles intérieures
Dans ce scénario, les politiques d’aménagement du territoire conduisent à une extension
urbaine peu ou pas contrôlée et à un accaparement des terres agricoles périurbaines. Les
demandes potentielles en EUT pour l’agriculture près des villes littorales se réduisent d’autant. Les
périmètres existants avec des EUT disparaissent, grignotés par l’urbanisation (El Hajeb, Zaouiet
Sousse, Sayada). Les EUT produites sur le littoral sont transférées vers l’intérieur des 4
gouvernorats. Elles apportent une nouvelle ressource en eau à des régions agricoles qui en sont
dépourvues. Les réserves de terres agricoles de l’OTD sont valorisées en exploitant des volumes
importants des EUT produites. Des transferts conséquents sont effectués, ce qui représente le gros de
l’investissement pour la REUT de la région. Les distances peuvent atteindre 20 à 30 km, comme pour
les EUT de Sousse transférées vers les délégations de Sidi El Heni et de Msaken.

Cependant, les usages agricoles ciblés ne nécessitent pas une augmentation importante du niveau de
traitement des EUT. L’irrigation de complément est en effet développée principalement pour
alimenter de manière semi-intensive les superficies étendues d’oliviers. Cela permet d’améliorer
les rendements et de garantir un meilleur revenu aux agriculteurs de ces zones rurales dont l’agriculture
pluviale est fragilisée par le changement climatique. La production de fourrages est également
développée grâce à l’irrigation, afin de réduire le déficit fourrager des élevages, particulièrement
importants à Monastir, Mahdia et Sfax. Pour les STEP modestes éloignées du littoral, des nouveaux
périmètres irrigués sont créés à proximité en fonction des opportunités. La REUT reste donc une
compétence du ministère de l’agriculture, en coopération avec l’ONAS. Concernant les grands projets
de transferts, des sociétés ad hoc peuvent voir le jour afin d’assurer la gestion des infrastructures, telles
la SECADENORD qui a été créée pour les transferts des eaux du Nord.

11.5.1.3 Scénario 3 : Les EUT, une ressource exploitée localement pour réduire la
consommation en eau potable des usages urbains
La situation de stress hydrique, qui s’est accentué avec la croissance démographique et le changement 261
du climat, amène à limiter les usages consommateurs d’eau potable dans les centres urbains,
autres que les usages domestiques. La mise en place de nouveaux usages avec l’extension de zones
industrielles et le développement de nouvelles zones touristiques est conditionnée par l’utilisation de
ressources non conventionnelles comme les EUT, dans la mesure de la faisabilité technique. Les EUT
sont considérées comme une ressource à utiliser au maximum localement, c’est à dire pour des
usages urbains dans les centres urbains et pour des usages agricoles en zones rurales. De
nouveaux golfs et espaces verts hôteliers et urbains, irrigués avec les EUT, sont développés pour
répondre à la demande touristique et pour améliorer le cadre de vie. Une part des EUT produites se
substitue aux eaux de la SONEDE utilisées jusque-là pour irriguer des espaces verts existants.
L’éventail des acteurs impliqués dans la REUT est donc élargi, ce qui exige de nouveaux cadres
institutionnels, réglementaires et de nouveaux systèmes tarifaires adaptés aux différents usages. Pour
les STEP modestes éloignées du littoral, des nouveaux périmètres irrigués sont créés à proximité en
fonction des opportunités.

11.5.1.4 Vue d’ensemble des composantes considérées pour la construction des


scénarios
Le schéma ci-dessous synthétise les principales composantes qui ont permis de construire des
scénarios, à savoir l’éloignement des usages par rapport à la STEP, le niveau d’ambition technologique
pour le traitement des EUT, l’impact sur le bilan en eau (substitution d’usages existants ou création de
nouveaux usages) et les types d’usages en fonction de leur localisation en milieu rural ou urbain.

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Figure 71 : Principales composantes considérées pour la construction des scénarios

11.5.2 Traduction locale à l’échelle des sous zones des scénarios


Afin d’illustrer plus en détails le contenu des scénarios décrits ci-avant, le tableau et les cartes ci-
dessous reprennent, pour chacun d’eux, les idées de valorisations des EUT associées à chacune des
sous zones de la région du Sahel et Sfax.

262

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Tableau 72 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios


Sous zones de la région
Valorisations des EUT à favoriser Nord de Sousse Complexe littoral Sousse Monastir Littoral de Mahdia Zone intérieure de Mahdia Pôle urbain de Sfax Zone rurale de Sfax
Scénario 1 : Les EUT, un moyen de préservation des terres agricoles périurbaines tout en réduisant le déficit hydrique 
Extension et/ou intensification des PI  X
X X
(dont extension PPI Sousse et 
existants avec des EUT (extension PPI El Hajeb) (PPI El Hencha)
réhabilitation PPI Sayada et El Hencha)
X
Maraîchage
Substitutions /  (Idée 2.d)
mélanges dans des PI X X X X X
Arbo/fourrages
(Idée 2.a) (Idée 3.a) (Idée 4.a) (Idée 5.a) (Idée 6.a)
X
Golfs
(Idée 2.e, irrigation des 3 golfs existants)
X X X X
Recharge de nappe
(Idée 1.b) (Idée 3.c) (Idée 5.d) (Idée 6.c)
Scénario 2 : les EUT, une ressource pour aider au développement des zones agricoles intérieures
Extension et/ou intensification des PI 
existants avec des EUT
X
( seulement préservation PPI Ouardanine)
X
(PPI El Hencha)
263
X X X X X X
Création de nouveaux PI
(Idée 1.a) (Idée 2.b) (Idée 3.b) (Idée 4.b) (Idée 5.b) (Idée 6.b)
X
Golfs
(Idée 2.e, irrigation des 3 golfs existants)
Scénario 3 : Les EUT, une ressource exploitée localement pour réduire la consommation en eau potable des usages urbains
Extension et/ou intensification des PI  X
X X
(dont extension PPI Sousse et 
existants avec des EUT (extension PPI El Hajeb) (PPI El Hencha)
réhabilitation PPI Sayada et El Hencha)
X X X X
Création de nouveaux PI
(Idée 2.b, PPI déjà projetés) (Idée 3.b, PPI déjà projetés) (Idée 4.b) (Idée 6.b)
X X X
Golfs
(Idée 1.e, golf projeté) (Idée 2.e, golfs existants et projetés) (Idée 3.e, golfs projetés)
X X X X
Espaces verts
(Idée 1.d) (Idée 2.c) (Idée 3.d) (Idée 6.d)
X X X
Réutilisation industrielle (hors IAA)
(Idée 1.c) (Idée 2.f) (Idée 5.c)

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264

Figure 72 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios du Sahel et de Sfax (cartographie)

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11.5.3 Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT


produites en fonction des usages et des horizons temporels
Le tableau ci-dessous indique l’évolution possible dans le temps des valorisations des EUT par
scénario, avec la quantification des volumes réutilisés et des superficies irriguées aux horizons 2025,
2030, 2040 et 2050. Comme expliqué dans le chapitre méthodologique (voir chapitre 0), il indique quels
sont les besoins technologiques par scénarios pour différents sujets :
 Les niveaux de qualité (A/B/C/D/E) à atteindre. Ces niveaux font référence à l’échelle de qualité des
EUT définie plus haut dans le rapport, dans les chapitres consacrés à la réglementation et aux
traitements possibles.
Le niveau de qualité est fonction de la nature des valorisations et correspondra à une ou plusieurs
options technologiques, tel qu’exposé dans le chapitre consacré au options technologiques
possibles.
On peut par exemple lire dans le tableau, pour le scénario 1 que, en 2025, 100 % du volume des
EUT réutilisé (8 Mm3) est traité au niveau B. En 2050, dans ce même scénario, 32 % du volume
réutilisé (98.4 Mm3) devra être traité au niveau A, 62% au niveau B et 6% au niveau C+.
 Le besoin en transfert. Le tableau mentionne la part du volume d’EUT devant être transféré à plus
de 5 km, pour trois classes de distances.
 Le besoin en stockage intersaisonnier. Le tableau mentionne le volume d’EUT qui devra faire l’objet
d’un stockage intersaisonnier.

Certaines hypothèses utilisées pour la formulation des scénarios sont exposées en annexe 4.

Dans le scénario 1, près de 60 % des EUT produites sont réutilisées en 2050, dont 84 % de ces
eaux réutilisées pour la substitution des eaux conventionnelles dans des périmètres existants.
Cela représente plus de 11 000 ha irrigués avec des EUT et un taux de substitution d’ici 2050 de
38 % de l’ensemble de la superficie irriguée de la région (estimée à environ 30 000 ha). Il est estimé
que cette substitution se fait au fur et à mesure à partir de 2030 pour les périmètres oléicoles et 265
arboricoles de zone. Pour le maraichage, au regard du niveau de traitement nécessaire et des
précautions à mettre en place, les périmètres reçoivent des EUT à partir de l’horizon 2040. Afin de
pouvoir irriguer le maraîchage, près de 32 % des EUT réutilisées sont traitées à un niveau de qualité
A. Les périmètres existants n’étant pas toujours à proximité des STEP, 60 % du volume d’EUT réutilisé
doit être transféré sur une dizaine de kilomètres. En termes de stockage, des infrastructures sont
nécessaires afin de stocker 30 % des EUT réutilisées et les valoriser au maximum.

Le taux de réutilisation dans le scénario 2 est supérieur à celui du scénario 1, avec 93 % des EUT
produites valorisées, dont 97 % de ces eaux réutilisées en irrigation agricole directe pour des
cultures actuellement autorisées (arboriculture et fourrages). Cependant, parmi ces 93 % réutilisés,
0 % des périmètres existants avec des eaux conventionnelles sont substitués par des EUT. La
réutilisation agricole dans ce scénario ne concerne que des nouveaux périmètres irrigués. Les STEP
produisent toutes des EUT de niveau de qualité B pour éviter les risques sanitaires lors de l’irrigation
des fourrages. La création de nouveaux périmètres se fait au fur et à mesure à partir de 2025 avec la
création à court terme de près de 1 600 ha répartis sur des petites STEP dans les zones agricoles (Beni
Hassen, Chebba, Jemmel, etc). Cette superficie comprend aussi les 100 ha projetés sur la nouvelle
STEP de Mahdia. Puis, d’autres périmètres sont créés avec un total irrigué de près de 21 500 ha en
2050. La disponibilité des terres agricoles étant limitées près des pôles urbains, des transferts
importants sont réalisés : les EUT de la STEP de Sfax Ouest vers les terres domaniales de Chaal à
partir de 2030, celles de Sfax Nord et des STEP de Monastir vers l’intérieur des terres à partir de 2040
et les EUT des STEP du pôle urbain de Sousse vers Sidi El Heni avant 2050. Ce dernier transfert de
près de 30 km représente 24 % des EUT réutilisées en 2050.

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Enfin, dans le scénario 3, seulement 30 % des EUT sont réutilisées. En cherchant au maximum à
valoriser les EUT dans des usages urbains (création de nouveaux golfs et espaces verts, réutilisation
industrielle, etc), on arrive à réutiliser un volume d’EUT de 22 Mm3, soit 14 % du volume total
produit par la région à l’horizon 2050. L’usage agricole représente 55 % des EUT réutilisées dans
ce scénario grâce à des créations de périmètres irrigués sur les STEP où des terres agricoles sont
disponibles à proximité immédiate et à la préservation des périmètres existants avec des EUT. Au total,
près de 6 700 ha sont irrigués avec des EUT avec un niveau de qualité B. Des infrastructures
importantes de transfert ne sont pas nécessaires car les usages locaux sont privilégiés. Cependant,
16 % des EUT réutilisées doivent faire l’objet d’un stockage intersaisonnier

266

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Tableau 73 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénarios aux différents horizons temporels

Horizons temporels
2020 2025 2030 2040 2050
Volume EUT produit (Mm3) 90 111 136 159 174
Volume EUT produit si recyclage industriel (Mm3) (a) 90 109 129 148 163
Scénarios Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Volume  Superficies  Pourcentage (%)
Superficies  Pourcentage (%)
réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  réutilisé  irriguées 
irriguées (ha)
(Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a)
Extension et intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 1,6 745 29% 2% 4,1 1 712 52% 4% 4,3 1 712 15% 3% 4,5 1 712 6% 3% 4,7 1 712 5% 3%
Substitution ou mélange 
Oliviers + fourrages 15,2 3 096 52% 12% 46,3 7 012 60% 31% 51,6 7 478 52% 32%
avec des eaux conv. dans 
Valorisations 
des PI existants Maraîchage 17,0 2 448 22% 11% 31,5 3 914 32% 19%
des EUT
Golfs Existants 3,9 220 71% 4% 3,9 220 48% 4% 4,0 220 14% 3% 4,2 220 5% 3% 4,4 220 4% 3%
Recharge de nappe Chebba, Kondar, Chaffar, Agareb, Jbeniana 5,5 ‐ 19% 4% 5,7 ‐ 7% 4% 6,1 ‐ 6% 4%
TOTAL (c) 5,4 965 100% 6% 8,0 1 932 100% 7% 29,1 5 028 100% 23% 77,7 11 392 100% 53% 98,4 13 324 100% 60%
E 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
1
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 5,5 ‐ 19% 4% 5,7 ‐ 7% 4% 6,1 ‐ 6% 4%
Besoins traitements B 5,4 965 100% 6% 8,0 1 932 100% 7% 23,5 5 028 81% 18% 55,1 8 944 71% 37% 60,8 9 410 62% 37%
A 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 17,0 2 448 22% 11% 31,5 3 914 32% 19%
Options 
A+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
technologiques
Besoins transferts  5 ‐ 10 km 8,8 1 399 30% 7% 43,0 6 519 55% 29% 59,2 8 835 60% 36%
Oliviers + fourrages 5,3 3 096 18% 4% 16,2 7 012 21% 11% 18,1 7 478 18% 11%
Besoins stockage Maraîchage 6,3 2 448 8% 4% 11,8 3 914 12% 7%
TOTAL 5,3 3 096 18% 4% 22,5 9 460 29% 15% 29,8 11 392 30% 18%

Extension et intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 1,6 745 29% 2% 1,9 795 12% 2% 1,9 795 6% 1% 0,5 120 0% 0% 0,5 120 0% 0%
Valorisations  Création de nouveaux PI Oliviers + fourrages
des EUT
9,5 1 582 62% 9% 27,3 4 329 82% 21% 101,1 15 316 96% 68% 147,4 21 355 97% 90% 267
Golfs Existants 3,9 220 71% 4% 3,9 220 25% 4% 4,0 220 12% 3% 4,2 220 4% 3% 4,4 220 3% 3%
TOTAL (c) 5,4 965 100% 6% 15,2 2 597 100% 14% 33,2 5 344 100% 26% 105,8 15 656 100% 72% 152,3 21 695 100% 93%
E 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
Besoins traitements B 5,4 965 100% 6% 15,2 2 597 100% 14% 33,2 5 344 100% 26% 105,8 15 656 100% 72% 152,3 21 695 100% 93%
2
A 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Options  A+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
technologiques Besoins transferts  5 ‐ 10 km 10,7 1 694 32% 8% 49,1 7 436 46% 33% 52,0 7 531 34% 32%
10 ‐ 20 km 2,0 306 2% 1% 2,2 322 1% 1%
20 ‐ 30 km 36,9 5 344 24% 23%
Oliviers + fourrages 3,3 1 582 22% 3% 9,5 4 329 29% 7% 35,4 15 316 33% 24% 51,6 21 355 34% 32%
Besoins stockage
TOTAL 3,3 1 582 22% 3% 9,5 4 329 29% 7% 35,4 15 316 33% 24% 51,6 21 355 34% 32%

Extension et intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 1,6 745 29% 2% 4,1 1 712 24% 3% 4,3 1 712 12% 3% 4,5 1 712 10% 3% 4,7 1 712 10% 3%
Création de nouveaux PI Oliviers + fourrages 8,9 1 482 53% 8% 15,7 2 498 44% 12% 19,4 2 938 44% 13% 22,3 3 226 45% 14%
Golfs Existants et projetés 3,9 220 71% 4% 3,9 220 23% 4% 5,8 385 16% 4% 6,1 385 14% 4% 6,3 385 13% 4%
Valorisations 
Espaces verts touristiques Existants et projetés 1,6 370 4% 1% 4,3 481 10% 3% 4,5 481 9% 3%
des EUT
Espaces verts urbains Existants et projetés 7,4 885 21% 6% 7,8 885 18% 5% 8,1 885 16% 5%
Réutilisation industrielle sans IAA 1,2 ‐ 3% 1% 2,4 ‐ 5% 2% 3,6 ‐ 7% 2%
TOTAL (c) 5,4 965 100% 6% 16,9 3 414 100% 15% 36,1 5 850 100% 28% 44,4 6 401 100% 30% 49,5 6 689 100% 30%
3 E 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
Besoins traitements B 5,4 965 100% 6% 16,9 3 414 100% 16% 36,1 5 850 100% 28% 44,4 6 401 100% 30% 49,5 6 689 100% 30%
Options  A 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
technologiques A+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Besoins transferts  /
Oliviers + fourrages 3,1 1 482 18% 3% 5,5 2 498 15% 4% 6,8 2 938 15% 5% 7,8 3 226 16% 5%
Besoins stockage
TOTAL 3,1 1 482 18% 3% 5,5 2 498 15% 4% 6,8 2 938 15% 5% 7,8 3 226 16% 5%

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11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

11.5.4 Comparaison des scénarios proposés


COUTS GLOBAUX
Le tableau ci-dessous indique les coûts des différents scénarios pour leurs différentes composantes
(traitement complémentaire, transfert éventuel, stockage éventuel, distribution des EUT par exemple
dans le cas de la création d’un nouveau périmètre irrigué).

Le contenu des différentes colonnes a été explicité plus haut (pour le cas de la zone Cap Bon, au
chapitre 10.5.4).

Tableau 74 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre en place dans
chaque scénario
Scénario 1
Coût
Volume Coût total Inv (avec
% unitaire Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel renouvellement)
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 98,4 34 561 800 100% 0,35 323 062 141 0,23 0,12 0,48 47 226 000
C+ 6,1 1 708 000 5% 0,28 8 141 250 0,22 0,06 0,21 1 281 000
Traitement
complémentaires
B 60,8 8 512 000 25% 0,14 47 376 875 0,11 0,03 0,08 4 864 000
A 31,5 10 395 000 30% 0,33 49 083 125 0,25 0,07 0,27 8 505 000
5 ‐ 10 km (Sousse) 44,2 2 740 400 8% 0,06 39 349 779 0,03 0,04 0,19 8 398 000
5 ‐ 10 km (Sfax) 15,0 915 000 3% 0,06 20 411 112 0,04 0,02 0,09 1 350 000
Transferts
10 ‐ 20 km
20 ‐ 30 km
Stockage Bassins de surface 29,8 5 453 400 16% 0,18 149 000 000 0,15 0,03
Distribution des
Périmètres irrigués 87,8 4 838 000 14% 0,06 9 700 000 0,14 0,05 0,26 22 828 000
EUT

Scénario 2
268 Volume
réutilisé
Coût total
annuel
%
Coût
unitaire Inv initial
Inv (avec
renouvellement)
Fonc Energie
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 152,3 57 963 000 100% 0,38 765 607 952 0,26 0,12 0,47 71 821 000
C+
Traitement
B 152,3 21 322 000 37% 0,14 118 669 688 0,11 0,03 0,08 12 184 000
complémentaires
A
5 ‐ 10 km (Monastir) 9,0 936 000 2% 0,10 16 587 852 0,05 0,05 0,25 2 250 000
5 ‐ 10 km (Sfax) 50,2 1 807 200 3% 0,04 36 112 671 0,02 0,02 0,07 3 514 000
Transferts
10 ‐ 20 km 2,2 717 200 1% 0,33 19 655 735 0,25 0,08 0,12 264 000
20 ‐ 30 km 36,9 5 977 800 10% 0,16 103 082 006 0,08 0,08 0,41 15 129 000
Stockage Bassins de surface 51,6 9 442 800 16% 0,18 258 000 000 0,15 0,03
Distribution des
Périmètres irrigués 148,0 17 760 000 31% 0,12 213 500 000 0,07 0,05 0,26 38 480 000
EUT

Scénario 3
Coût
Volume Coût total Inv (avec
% unitaire Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel renouvellement)
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT kWh/m3 kWh
TOTAL 49,5 11 707 400 100% 0,24 119 561 250 0,17 0,06 0,22 10 980 000
C+
Traitement
B 49,5 6 930 000 59% 0,14 38 561 250 0,11 0,03 0,08 3 960 000
complémentaires
A
5 ‐ 10 km
Transferts 10 ‐ 20 km
20 ‐ 30 km
Stockage Bassins de surface 7,8 1 427 400 12% 0,18 39 000 000 0,15 0,03
Distribution des
Périmètres irrigués 27,0 3 350 000 29% 0,12 42 000 000 0,08 0,05 0,26 7 020 000
EUT

NB : pour les scénarios 1 et 3, les coûts d’investissement pour les périmètres irrigués ne concernent
pas les périmètres irrigués avec substitution des eaux conventionnelles car les infrastructures sont déjà
existantes. Ils sont cependant comptés dans les coûts de fonctionnement.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Le coût unitaire global en DT par m3 d’EUT réutilisé du scénario 1 est proche de celui du
scénario 2, bien que l’investissement initial total soit bien inférieur au scénario 2. Ceci s’explique par le
fait que seulement 60 % des EUT sont réutilisées dans le scénario 1 alors que le scénario 2 réutilise
93 % des EUT produites à l’horizon 2050. Cependant, les coûts ne sont pas répartis sur les mêmes
maillons techniques de la filière. Pour le scénario 1, 71 % du coût total annuel est dédié au
traitement complémentaire. Pour le scénario 2, les coûts sont répartis entre les différents
maillons de la filière : 37 % pour le traitement complémentaire, 31 % pour la création et le
fonctionnement de nouveaux périmètres irrigués, 16 % pour le stockage et 16 % pour les transferts.

Le scénario 3 quant à lui, nécessite moins d’investissements et de frais de fonctionnement.


Cependant, les coûts totaux pour le transfert et la distribution des EUT de la STEP aux unités
industrielles et jusqu’aux espaces verts ne sont pas pris en compte.

L’énergie dépensée pour réutiliser un m3 d’EUT est la même pour le scénario 1 et 2 (proche de
0,48 kWh/m3).

BENEFICES TERRITORIAUX
Chaque scénario répond à différents enjeux territoriaux, notamment les enjeux de stress hydrique et
d’adaptation au changement climatique. Les 3 tableaux ci-dessous reprennent le bilan hydrique du
Sahel et de Sfax et son évolution potentielle en 2050 (RCP 4.5). Pour chaque scénario, il est indiqué le
volume réutilisé projeté. Il est précisé la part de ce volume qui se substitue à des usages existants.
Enfin, le volume qui se substitue à des usages existants est comparé avec le déficit hydrique projeté en
2050 de la zone.

Tableau 75 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique du Sahel et de Sfax à l’horizon 2050

Apports Projections REUT Déficit avec


Sahel Sfax Prélèvements Part
annuels Volume volume
CC - RCP 4.5 2050 effectifs dont substitution /
renouvelables réutilisé substitué par
(Mm3) déficit
(Mm3) (Mm3)
substitution
EUT (Mm3) 269
sans REUT 0 0 133 0%
Scénario 1 98 90 43 67%
Bilan en eau 2050 336 468
Scénario 2 152 0 133 0%
Scénario 3 50 16 116 12%

Le scénario 1 privilégie la substitution qui représente 90 Mm3, soit plus de 90% du volume réutilisé
en 2050. Ce volume permettrait de réduire le déficit hydrique de 67% pour la région. Les eaux
conventionnelles peuvent être conservées pour des usages plus sensibles comme l’AEP. En apportant
une nouvelle ressource en eau dans des périmètres déjà impactés par le stress hydrique, ces
substitutions sont aussi une mesure d’adaptation au changement climatique. De plus, ce scénario
aide à préserver des périmètres irrigués périurbains menacés d’urbanisation en leur apportant une
ressource en eau durable.

Dans le scénario 2, bien que le volume réutilisé total soit supérieur au scénario 1, la REUT contribue
peu à la réduction du déficit hydrique. En effet, cette réutilisation concerne en majorité de nouveaux
prélèvements pour des usages agricoles. D’autres bénéfices territoriaux sont cependant apportés
comme le développement de certaines zones agricoles qui n’ont pas accès à d’autres ressources
en eau.

Quant au scénario 3, il permet de réduire le déficit hydrique de 12 % en apportant une ressource en


eau alternative pour certains usages urbains existants (irrigation des espaces verts, réutilisation
industrielle). Comme pour le scénario 1, mais dans une moindre mesure, les eaux conventionnelles
substituées par des EUT peuvent être conservées pour des usages plus sensibles comme l’AEP. Dans
ce scénario, la REUT permet aussi de créer de nouveaux usages urbains et donc d’aider au
développement des secteurs touristiques et industriels tout en améliorant le cadre de vie urbain.

Le détail des volumes substitués par usages et par scénario est exposé en annexe 5.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Le tableau ci-dessous résume pour chacun des scénarios les bénéfices territoriaux auxquels les EUT
contribuent.

Tableau 76 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés

Aide au développement des zones rurales intérieures
Préservation des eaux conventionnelles pour l'AEP

Préservation de l'environnement proche des STEP

Aide au développement du secteur touristique
Préservation des terres agricoles périurbaines

Aide au développement du secteur industriel
Préservation des eaux souterraines (qualité)

Protection des zones littorales sensibles
Dynamisation du secteur agricole
Lutte contre le stress hydrique

Sécurité alimentaire nationale
Amélioration du cadre de vie
Bénéfices territoriaux

Adaptation au CC
Scénarios
Scénario 1 : les EUT, un moyen de préservation des terres 
agricole périurbaines tout en réduisant le déficit hydrique
Scénario 2 : les EUT, une ressource pour aider au 
développement des zones agricoles intérieures
Scénario 3 : les EUT, une ressource exploitée localement pour 
réduire la consommation en eau potable des usages urbains
270

  Le scénario contribue fortement au bénéfice territoral

 Le scénario contribue modéremment au bénéfice territorial

  Le scénario ne contribue pas ou peu au bénéfice territorial

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

NIVEAUX D’AMBITION POUR LEVER LES CONTRAINTES REGLEMENTAIRES,


INSTITUTIONNELLES, SANITAIRES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES
Le scénario 1 apparaît comme plus ambitieux car les risques sanitaires sont importants si les niveaux
de qualité ne sont pas respectés pour l’irrigation du maraichage. De plus, pour la substitution dans des
périmètres existants, les enquêtes ont montré que les agriculteurs ayant déjà accès à des ressources
conventionnelles exploiteront plus difficilement les EUT que pour des créations de périmètres dans des
zones dépourvues de ressources en eau comme dans le scénario 2 et 3, sauf si l’accès à ces ressources
est déjà menacé.

Les scénarios 1 et 3 conduisent à développer des nouveaux usages des EUT (maraichage, usages
urbains), des modifications profondes du cadre réglementaire et institutionnel sont donc nécessaires
ainsi qu’une implication importante de nouveaux usagers. Le scénario 2, même s’il demande des
transferts importants des EUT, restent moins ambitieux technologiquement que le scénario 1 qui exige
des niveaux de traitements élevés. Le scénario 2 est donc plus simple à mettre en place à court
terme tandis que les scénarios 1 et 3 demandent plus de moyens en termes d’investissements,
de mobilisation des acteurs et de contrôles de la filière sur le long terme.

271

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

Tableau 77 : Comparaison des scénarios proposées pour la zone Sahel - Sfax en fonction des niveaux d’ambitions par contraintes

272

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

11.5.5 Conclusion sur la situation de la zone Sahel - Sfax et les opportunités de


développement de la REUT
11.5.5.1 Une région partagée entre dynamisme économique et bilan hydrique déficitaire
Le bilan ressources/besoins en eau du Sahel et de Sfax oblige cette région à être dépendante des
ressources du Nord et du Centre. Elle subit déjà de plein fouet les conséquences du stress hydrique.
Celles-ci contraignent les usagers de l’eau à valoriser au mieux les ressources disponibles. Certains
maraîchers sont même prêts à utiliser les eaux potables de la SONEDE pour irriguer leurs cultures à
haute valeur ajoutée. C’est particulièrement le cas lors des années sèches, de plus en plus fréquentes.
Outre la quantité, c’est aussi la qualité des ressources locales qui se dégradent avec l’augmentation de
la salinité des nappes souterraines. Pour Sfax, c’est déjà l’alimentation en eau potable qui est menacée,
d’où le choix du dessalement de l’eau de mer. La nécessité d’économiser les ressources en eau
locales et de mieux les gérer s’est donc déjà imposée à l’esprit des acteurs du territoire.

La région se partage entre des zones aux problématiques territoriales différentes mais toutes liées au
manque de ressources hydriques : d’une part, les zones littorales où la concurrence pour l’accès à
l’eau entre les usages est de plus en plus forte de par la variété des activités économiques
(cultures sous serres, arboriculture irriguée, industries diverses, tourisme balnéaire etc.). D’autre part,
les zones intérieures où l’agriculture pluviale, qui est l’activité économique principale, va être de
plus en plus fragilisée par le changement climatique.

11.5.5.2 Les EUT : une nouvelle ressource en eau à exploiter


Les phases de concertation au niveau de cette région ont été l’occasion d’échanges nourris, que ce soit
au niveau des décideurs locaux ou des usagers de l’eau. Le périmètre irrigué de Ouardanine, en tant
que modèle de réussite, a aidé à populariser les valorisations possibles des EUT dans le secteur
agricole. Les idées échangées ont été nombreuses, preuve de l’intérêt des acteurs pour le sujet. Des
273
études régionales ont commencé à être lancées pour déterminer comment valoriser au mieux les EUT
sur des zones spécifiques. C’est le cas des études sur le devenir des EUT en cours d’élaboration à pour
les pôles urbains de Sousse, Monastir et Mahdia portées l’ONAS et la DGGREE. , Ces projets
démontrent la volonté des acteurs de développer des projets de REUT.

Les impacts négatifs actuels sur l’environnement des rejets des eaux usées s’ajoutent aux
problématiques de stress hydrique. La pollution du littoral perturbe les activités touristiques et de
pêches, les rejets des industries textiles contaminent les oueds et les lagunes tandis que la forte
croissance démographique amène à la réalisation de pôles épuratoires toujours plus étendus. Si la
REUT permet de limiter les rejets dans les milieux sensibles tout en dynamisant un secteur
économique, le niveau d’acceptabilité sociale ne sera que plus haut, pour peu que la qualité des
EUT soient garanties pour les différents usagers et que l’information devienne totalement
transparente sur ce sujet.

11.5.5.3 La REUT pour répondre à quels objectifs ?


Jusqu’à présent, la création de nouveaux périmètres irrigués de faible superficie à proximité des STEP
pour l’irrigation d’arbres fruitiers ou de fourrages a été favorisée. Pour améliorer le taux de réutilisation
des EUT dans la région, des choix stratégiques territoriaux seront nécessaires :
 Améliorer les niveaux de traitement des EUT et irriguer les cultures maraichères du littoral ou
les transférer zones intérieures pour développer de nouveaux périmètres ?
 Préserver des périmètres irrigués périurbains existants ou développer des zones agricoles
dépourvues de ressources en eau pour l’irrigation ?

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
11. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE SAHEL - SFAX

La recommandation du Consultant, au regard des enjeux liés au stress hydrique et à la concurrence


entre les usages de l’eau dans cette région, est de privilégier le scénario 1 dans un premier temps. Les
périmètres existants périurbains doivent être conservés (Zaouiet Sousse, El Hajeb) pour préserver de
l’extension urbaine ces terres agricoles qui peuvent être valorisées avec des EUT. Les traitements des
STEP doivent être améliorés sur le moyen terme jusqu’à un niveau de qualité A afin de lever les
restrictions culturales et irriguer le maraîchage. Les périmètres existants avec les eaux de barrages
(comme Nebhana) pourraient être au maximum alimentés par des EUT afin de réduire le déficit hydrique
et conserver les eaux conventionnelles pour l’AEP. Cependant, cette dernière possibilité reste
inenvisageable pour le gouvernorat de Monastir du point de vue de la qualité des EUT (dont leur salinité)
et des réticences sociales. En effet, des contraintes fortes seront à lever pour développer ces usages,
comme la problématique de la salinité des pôles épuratoires du littoral et la sensibilisation des
maraîchers et des consommateurs. Le développement de nouveaux périmètres irrigués avec stockage
et transfert vers les terres intérieures, quant à lui, ne doit être envisagé qu’après une étude fine de
l’impact de tels projets sur le bilan hydrique de la région et l’épuisement des possibilités d’utilisation plus
locale des EUT.

274

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS -


ZAGHOUAN
12.1 OFFRE POTENTIELLE EN EUT DANS LA ZONE GRAND TUNIS -ZAGHOUAN D’ICI
2050. COMMENT CETTE OFFRE S’INSCRIT DANS LE MIX DE RESSOURCES EN EAU
GLOBAL DE LA REGION ?

12.1.1 Une production d’EUT abondante à hauteur de près de 120 Mm3 et en forte
augmentation, jusqu’à plus de 240 Mm3 d’ici 2050
FLUX LIES AU PARC EPURATOIRE MUNICIPAL EN MILIEU URBAIN
La région du Grand Tunis est la plus peuplée du pays avec actuellement près de 3 millions d’habitants,
raccordés à 11 STEP (stations d’épuration) fonctionnelles. Ce chiffre pourrait passer à 5 millions
d’habitants d’ici 2050 avec un développement important dans les gouvernorats de Manouba, Ariana et
Ben Arous. Cette croissance démographique oblige l’ONAS à prévoir des investissements importants
pour le parc épuratoire. Un plan directeur d’assainissement a été élaboré en 2014 jusqu’à l’horizon 2030
pour les 4 gouvernorats du Grand Tunis. Les grandes lignes de ce plan directeur sont décrites ci-après.

Au niveau du pôle urbain de Tunis, les anciennes STEP de Côtière Nord et Charguia seront
abandonnées (respectivement aux horizons 2025 et 2030). Les flux qui étaient raccordées à ces STEP 275
seront transférés vers le pôle épuratoire de Choutrana existant dont la capacité atteindra 57 Mm3/an
d’ici 2030. Ce pôle épuratoire est séparé en 2 STEP (Choutrana 1 et 2). Un émissaire en mer de 6 km
a été réalisé depuis 2018 pour rejeter les EUT de ce pôle épuratoire à Raoued (nord du Golfe de Tunis).
Le coût d’investissement estimé est de 125 millions de DT (ONAS, 2014).

Une partie des flux provenant du gouvernorat de l’Ariana, au nord de Tunis, n’iront pas à Choutrana
mais à la nouvelle STEP d’El Heissiane, qui sera en fonctionnement en 2025. La petite STEP de Kalaat
Andalous sera abandonnée au profit de celle d’El Heissiane.

Au niveau du Gouvernorat de Ben Arous, au sud de Tunis, il est prévu de rénover et d’étendre le
pôle épuratoire de Sud Meliane qui recevra aussi à terme les flux raccordés à la STEP de Mornag une
fois que celle-ci sera abandonnée (2025). Le pôle épuratoire regroupe 2 STEP pour les eaux
domestiques principalement (Sud Meliane 1 et 2) et la STEP industrielle Grappée de Ben Arous qui
permet de réduire les flux industriels arrivant à Sud Méliane et ainsi d’améliorer la qualité des EUT
produites. L’ensemble aura en 2030 une capacité de 35 Mm3/an. Un émissaire en mer de 7 km est
prévu pour rejeter les EUT de ce pôle épuratoire à Rades (sud du Golfe de Tunis). Le coût estimé est
de 176 millions de DT (ONAS, 2020).

De plus, une nouvelle STEP est prévue à l’horizon 2025 pour assainir les eaux usées provenant du sud
du bassin d’apport de Sud Méliane : la STEP El Allef.

La STEP El Attar, mise en service en 2016 et qui assainie la partie Ouest de Tunis, verra sa capacité
augmentée jusqu’à 62 Mm3/an d’ici 2030.

Outre ces grands pôles épuratoires pour assainir la zone urbaine du Grand Tunis, d’autres petites STEP
permettent d’assainir les zones périphériques : celles de Mornaguia, Tebourba et Jedaida. Il est prévu
d’étendre ces 3 STEP mais il n’est pas prévu d’en construire de nouvelles.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Concernant le gouvernorat de Zaghouan, le parc épuratoire est très peu développé avec seulement
2 STEP actuellement : Zaghouan et El Fahs. D’autres STEP modestes seront créées comme celle de
Bir Mchergua mais les volumes produits par ce gouvernorat resteront très faibles au vu de la population.

Le tableau suivant indique les flux d’EUT calculés aux différents horizons temporels, ainsi que l’évolution
potentielle des traitements tertiaires. Le flux actuel total d’EUT est de l’ordre de 118 Mm3/an. Il
pourrait atteindre 244 Mm3/an en 2050.Les cartes associées présentent les STEP existantes et
programmées dans la zone concernée.

276

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Tableau 78 : Liste des STEP existantes et futures au Grand Tunis et Zaghouan et flux d’EUT aux différents horizons temporels

Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de 
Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
fin de fonct.
service
Grand Tunis  Ariana Kalaat El Andalous 1994 2025 0,5 1,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Grand Tunis  Ben Arous Sud Meliane 1982 ? ? ? 19,4 31,9 37,8 34,2 41,4 47,8
Grand Tunis  Ben Arous Mornag 2004 2025 x x 0,8 1,5 0,0 0,0 0,0 0,0
Grand Tunis  Ben Arous Grappée Ben Arous 2001 0,5 0,9 0,9 0,9 0,9 0,9
Grand Tunis  Manouba Mornaguia 2015 x x x x x x 1,9 1,6 1,8 2,4 3,5 4,2
Grand Tunis  Manouba Jedaida 2003 1,0 2,9 4,0 4,7 6,4 7,6
Grand Tunis  Manouba Tebourba 2004 0,7 3,0 3,7 4,4 5,6 6,6
Grand Tunis  Tunis Choutrana 1986 ? ? ? 49,2 41,5 51,1 58,2 67,1 75,6
Grand Tunis  Tunis Charguia 1958 2030 11,0 6,3 15,9 0,0 0,0 0,0
Grand Tunis  Tunis Cotiere Nord 1981 2025 8,6 9,6 0,0 0,0 0,0 0,0
Grand Tunis  Tunis El Attar 2016 x x x x 18,9 16,0 16,3 28,7 43,9 51,3
Grand Tunis  Zaghouan Zaghouan 2005 0,8 0,7 0,9 1,0 1,2 1,4
Grand Tunis  Zaghouan El Fahs 2006 x x x x x x 0,4 0,6 0,7 1,0 1,1 1,2

Grand Tunis  Zaghouan Bir Mchergua 2025 ? ? ? ?            ‐              ‐               0,2              0,3              0,3              0,4  277
Grand Tunis  Ben Arous El Allef 2025 x x x x            ‐              ‐               2,1            12,3            16,4            19,3 
Grand Tunis  Ariana El Heissiane 2025 x x x x            ‐              ‐               7,5            17,0            22,1            26,4 

Grand Tunis  Zaghouan Jebel Oust 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,2 0,4
Grand Tunis  Zaghouan Ennadhour 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,5 0,6
Grand Tunis  Zaghouan Saouaf 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Grand Tunis  Zaghouan Amayem 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

TOTAL FLUX 114 118 143 165 211 244

dont traitement III 3,1 3,8 28,4 61,3 86,9 102,5


Part traitement III 3% 3% 20% 37% 41% 42%

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

278

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

279

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Il faut cependant noter qu’en l’état actuel, près de 1/4 du flux d’EUT produit dans la zone Grand
Tunis - Zaghouan présente des salinités supérieures à 3 g/L, peu compatibles avec l’irrigation
(agricole ou espaces verts). Cela concerne surtout la STEP Côtière Nord, avec un procédé de traitement
de type lagunage. Cette STEP sera cependant mise en arrêt avant 2025 au profit de la STEP de
Choutrana. Les 2 unités de la STEP Sud Méliane présentent aussi une salinité élevée, probablement
causée par des intrusions d’eaux salines dans le réseau et aux effluents industriels reçus par la STEP.

Tableau 79 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Grand Tunis - Zaghouan pour l’année 2017 (ONAS, 2017)

Part du flux d'EUT  Part du flux d'EUT 
Volume d'EUT produit  Taux de salinité en 
STEP en fonction des  en fonction du seuil 
(m3/an) sortie de STEP (g/L)
classes de salinité de salinité 3 g/L
Mornaguia 1 558 000 0,9
2%
Tebourba 823 000 1,0
Jedaida 934 000 1,2
Zaghouan 936 000 1,2 18%
Attar 21 208 000 1,3 77%
Charguia 12 849 000 2,1
Choutrana 2 14 922 000 2,3
56%
Mornag 825 000 2,4
Choutrana 1 41 789 000 2,6
Sud Meliane 2 12 202 000 3,3 10%
Cotiere Nord 7 622 000 4,4 23%
13%
Sud Meliane 1 8 971 000 5,3
Kalaa El Andalous 617 000 ‐ 0% 0%
280
FLUX INDUSTRIELS NON RACCORDES
Le CADRIN de l’ONAS inventorie 190 industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif.
Parmi ces industries, la majorité sont des industries agro-alimentaires (32 %, surtout conserveries de
tomates, laiteries, huileries, abattoirs). Seulement 20 d’entre elles réalisent des prétraitements. Les
milieux de rejets des effluents sont majoritairement des oueds (Oued Meliane, Oued Medjerdah et
affluents…). D’autre possèdent des infrastructures d’assainissement individuelles (puits perdus, bassins
de réserve). Le tableau ci-dessous est un extrait du CADRIN de l’ONAS concernant la région Grand
Tunis et de Zaghouan. Il indique les principales industries où le volume rejeté a été pu être estimé

Tableau 80 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué (ONAS, 2019)
Prétraitement Volume rejeté
Secteur d’activité Milieu de rejet
réalisé (m3/an)

Transformation et conservation de tomates Non Oued 210 000


Transformation et conservation de tomates Oui Oued 90 000
Apprêt et tannage des cuirs Oui Oued 60 000
Fabrication de produits pharmaceutiques  Oui Oued Meliane 45 000
Fabrication de carreaux en céramique Non Oued 25 000
Travail de la pierre Oui Oued 20 000
Fabrication d'autres huiles et graisses raffinées Non Oued 10 000
Production de vin Non Bassin de réserve 9 000
Transformation et conservation de tomates Oui Oued 8 000
Transformation et conservation d'autres légumes, sauf  Oued
tomates Non 6 000

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Prétraitement Volume rejeté


Secteur d’activité Milieu de rejet
réalisé (m3/an)

Fabrication de carreaux en ciment Oui Oued 5 000 


Préparation de produits à base de viandes de boucherie et 
de volailles Non Bassin de réserve 4 000 
Production de viandes de volailles et de lapins Non Oued Meliane 4 000 
Fabrication d'huiles d'olives Non Bassin de réserve 3 000 
Métallurgie du cuivre Non Oued 3 000 
Commerce d'équipements automobiles Non Oued 3 000 
Construction de bâtiments  Non Puit perdu 3 000 
Construction de chaussées routières et de sols sportifs Non Puit perdu 3 000 
Production et distribution d'électricité Non Oued 2 000 
Transformation et conservation de fruits Non Oued 2 000 
Culture et élevage associés Non Puit perdu 2 000 
Fabrication d'autres articles en caoutchouc Non Milieu Naturel 2 000 
Biscotterie, biscuiterie, pâtisserie de conservation Oui Puit perdu 2 000 
Travail de la pierre Oui Oued 2 000 
Transformation et conservation de fruits Oui Bassin de réserve 2 000 
Fabrication de savons, détergents et produits d'entretien Non Oued 1 000 

12.1.2 Une offre en EUT qui permettrait de réduire la dépendance de la région aux
transferts des Eaux du Nord
CLIMAT 281
La zone du Grand Tunis - Zaghouan est caractérisée par une pluviométrie supérieure à la moyenne
nationale. Elle est située dans la partie Nord du pays et subit l’influence maritime du littoral. Elle dispose
d’un climat subhumide (DGRE, 2019). En moyenne sur la période 1980-2009, le cumul annuel de
précipitation est de 460 mm/an (±50 mm/an) (CHPclim, 2020).

D’après les projections climatiques du CMIP4 et du CMIP5, la zone du Grand Tunis et Zaghouan subirait
une diminution des précipitations comprise entre -10% et -20% à l’horizon 2050 (BPEH, 2019).
Comme toutes les autres zones du pays, la zone subira un réchauffement déjà en cours qui induira en
particulier une évapotranspiration plus importante et conséquemment une hausse de la sécheresse
pédologique, une réduction de la recharge des nappes et des besoins en eau plus élevées pour les
cultures. L’élévation de température pourrait aller jusqu’à +2°C (avec une marge d’incertitude
importante) à l’horizon 2050 dans le cadre du scénario d’émission le plus pessimiste, à savoir le RCP
8.5.

EAUX DE SURFACE
Hydrologie
Située dans la zone Nord-Est de la Tunisie, la zone du Grand Tunis et Zaghouan est principalement
située dans le bassin versant de l’oued Meliane ainsi qu’une portion de la basse vallée de la
Medjerdah. Cette zone couvre une superficie totale de 5400 km2. D’après les analyses et les
modélisations hydrologiques de la troisième phase de l’étude CRET, les écoulements sur la zone du
Grand Tunis représentent de 10 à 40 mm/an. Le gouvernorat de Zaghouan dispose
d’écoulements plus importants compris entre 40 et 80 mm/an du fait du relief de la dorsale
tunisienne.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Les projections climatiques indiquent que les écoulements superficiels dans la zone du Grand Tunis et
Zaghouan pourraient diminuer de -10% à -15% à l’horizon 2050 (BPEH, 2019) dans le scénario le plus
pessimiste (RCP 8.5). La basse vallée de la Medjerdah (Gouvernorats de la Manouba et de l’Ariana)
serait soumise à une diminution moins importante des écoulements, plutôt de l’ordre de -5% à -10% à
l’horizon 2050.

NB : Ces résultats sont à prendre avec précaution car ils ne s’appuient pas sur des études
d’incertitudes exhaustives. En effet seuls deux modèles de changement climatiques ont été utilisés pour
la modélisation. De plus, les études utilisées pour ces estimations englobent des bassins versants et
non des gouvernorats.

Ouvrages de stockage
La zone du Grand Tunis et Zaghouan compte 183 barrages collinaires pour une capacité totale de
stockage de 16 Mm3. En ce qui concerne les grands barrages, la zone du Grand Tunis et Zaghouan
est équipée de six ouvrages totalisant une capacité de stockage de plus de 93 Mm3. Le barrage le plus
important est celui de Bir Mcherga situé dans le Gouvernorat de Zaghouan sur l’Oued Meliane. Ce
dernier disposait initialement d’une capacité de stockage de 53 Mm3, mais l’envasement de la retenue
a réduit cette capacité à 41,6 Mm3. Les barrages de Mornaguia et Ghedir El Goulla jouent un rôle majeur
dans l’alimentation en eau potable du Grand Tunis. Par ailleurs, deux autres barrages sont projetés :
le barrage de Chafrou (7 Mm3) qui est au stade d’étude et celui de Saida (4 Mm3) qui est au stade de
projet.

Transfert
La région du Grand Tunis et Zaghouan est déficitaire, c’est-à-dire que ses besoins en eau sont plus
importants que les ressources en eau disponibles naturellement sur son territoire. La région bénéficie
d’apports supplémentaires en eau de surface via les grands axes de transfert hydrique depuis la
vallée de la Medjerdah et des eaux du Nord-Ouest.

L’alimentation en eau potable et l’irrigation de la zone du Grand Tunis et Zaghouan sont fortement
282 dépendantes de ces ressources de transfert. Ainsi, sur la base des données de la SONEDE et du
Ministère de l’Agriculture (BPEH, 2019), on estime qu’actuellement un volume total de 225 Mm3/an
est transféré par des conduites et des canaux pour alimenter la zone du Grand Tunis et Zaghouan.

De façon globale, les ressources en eau à l’origine des transferts de l’extrême Nord et des transferts
de la Medjerdah auront tendance à diminuer à l’horizon 2050 avec les effets du changement
climatique, de l’ordre de -5% (scénario RCP4.5) à -10% (scénario RCP8.5).

Vue d’ensemble des ressources de surface


La carte ci-dessous reprend les grands transferts d’eau existants pour la région du Grand Tunis et
Zaghouan ainsi que la localisation des barrages et des lacs collinaires.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

283

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

EAUX SOUTERRAINES
Sur la zone du Grand Tunis et Zaghouan, on dénombre 12 nappes phréatiques. Les principales
nappes phréatiques en termes d’exploitation et de ressources sont liées aux cours d’eau de surface, à
savoir les nappes de la Basse vallée de la Medjerdah, de l’Oued Chafrou et de l’Oued Rmel. De
plus, on peut également citer la nappe de Mornag pour son taux d’exploitation très élevé. Le volume
de ressources en eau pouvant être exploité de façon durable est de 57 Mm3/an. Or, en 2015 le volume
total exploité sur ces 12 nappes est de 42 Mm3, il n’y a donc pas de surexploitation globale des
ressources souterraines. Seule la nappe de Mornag fait face à un taux élevé de surexploitation
(194% en 2015).

Par ailleurs, en termes de qualité des eaux souterraines, l’ensemble des nappes connait des épisodes
de forte salinité au-dessus de 5 g/L. C’est d’ailleurs la forte salinité de la nappe de Manouba-Sejoumi
qui explique son faible taux d’exploitation (DGRE, 2016).

Le bilan ressources/prélèvements des nappes profondes est équilibré à l’échelle de la région (88
Mm3 de ressources contre 87 Mm3 prélevés) mais certaines nappes sont surexploitées dans les
gouvernorats de Ben Arous et Zaghouan.

EXPLOITATION DES EAUX DE SURFACE


Dans la situation actuelle les prélèvements en eau tous usages confondus dans la zone du Grand
Tunis et Zaghouan représentent un volume total de près de 400 Mm3/an.

Les prélèvements pour l’alimentation en eau potable s’élève à 208 Mm3/an en 2018 (SONEDE,
2018). Ces prélèvements permettent l’alimentation en eau potable de près 3,14 millions d’habitants
en 2020. A l’horizon 2050, la population de la zone est projetée à 3,7 millions d’habitants. Si la
consommation unitaire devait rester identique, la consommation en eau potable représenterait alors
environ 245 Mm3/an. Actuellement, les besoins en eau potable du Grand Tunis sont en quasi-totalité
satisfaits par les eaux de transfert de l’extrême Nord et de la Mejderdah (190 Mm3/an). L’alimentation
en potable du gouvernorat de Zaghouan s’appuie sur des forages d’eau souterraine situés dans le
284 gouvernorat en question.

Dans la zone du Grand Tunis et Zaghouan, 47% (±10%) des prélèvements en eau sont destinés à
l’irrigation des cultures, soit environ 186 millions de m3. Près de 75% de l’eau d’irrigation du Grand
Tunis et Zaghouan sont issus des eaux souterraines. Le reste de l’irrigation est alimentée à partir de
grands barrages, des barrages collinaires ainsi que des EUT. La basse vallée de la Medjerdah est
alimentée par le Grand Canal Laroussia ainsi que par des pompages directs dans la basse Medjerdah.

Concernant l’usage pour la recharge des nappes du Grand Tunis et Zaghouan, celui-ci est
majoritairement alimenté par les eaux de transfert du Nord. Le volume annuel de recharge en 2015
est d’environ 2,1 Mm3.

VUE D’ENSEMBLE DES RESSOURCES EN EAU DU GRAND TUNIS ET DE ZAGHOUAN ET DE


LEURS USAGES ACTUELS
Le tableau ci-dessous établit à grands traits le bilan hydrique actuel de la zone Grand Tunis - Zaghouan
en synthétisant les apports annuels renouvelables et les prélèvements. Il ajoute aussi à ce bilan la
réduction potentielle du déficit actuel si 100 % des EUT étaient réutilisées. L’exercice est effectué pour
les horizons 2020 et 2050.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini
Déficit
Apports annuels

Recharge
Grand Tunis - Zaghouan Prélèvements sans
renouvelables

AEP

IRR
Situation actuelle effectifs (Mm3) REUT
(Mm3)
(Mm3)

Ecoulement 190
dont stock. barrages coll. 16 1,9 1 0,7 0
dont stock. grds barrages 56 9,2 9,2 0
Transfert CMCB & stockages 225 225 190 34 1,4 0
Nappes phréatiques et profondes Part REUT / 
152 157 18 139 5
(total) Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2020 449 393 208 183 2 0 5 118 2360%
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 449 532 347 183 2 0 83 244 295%
Part EUT / Usages 30% 46%

La production actuelle d’EUT (118 Mm3) est bien supérieure au déficit hydrique actuel de la zone qui
s’élève à 5 Mm3. A l’horizon 2050, l’augmentation des besoins en eau potable conduira à dégrader
fortement le bilan de la zone (il pourrait atteindre plus de 80 Mm3). La REUT permettrait,
potentiellement, de combler 100 % du déficit. De plus, la REUT permettrait de réduire l’apport de
ressources en eau provenant des transferts du Nord.

Les 2 tableaux ci-dessous reprennent le bilan en situation actuelle en y intégrant des projections
climatiques selon 2 scénarios de changement climatique différents : le scénario 4.5 qui induirait
une réduction modérée des ressources en eau et le scénario 8.5 qui induirait une plus forte réduction
de ces ressources.

Projections climatiques – RCP 4.5 2050


Usages (Mm3) REUT 285
REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini

Apports Déficit
Prélèvements
Recharge

Grand Tunis - Zaghouan annuels sans Déficits avec


effectifs
AEP

IRR

CC - RCP 4.5 2050 renouvelables REUT REUT (Mm3)


(Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-10%)
dont stock. barrages coll. 14 2,0 0 1 0,7 0 0
dont stock. grds barrages 50 9,66 0 9,7 0 0 0
Transfert CMCB (-5%) 214 227 190 35 1,4 0 13
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
137 164 18 146 0 0 27
(total) (-10%) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 415 541 347 192 2 0 125 118 244 0 195%
Part EUT / Usages 22% 45%

Dans le scénario 4.5, à l’horizon 2050, les apports annuels renouvelables du Grand Tunis et de
Zaghouan tendent à baisser (-10% pour les ressources locales et -5% pour les eaux transférées
du Nord). Les besoins pour l’irrigation (à surfaces constantes) tendent à augmenter (+5%) – du fait de
la hausse de l’évapotranspiration. La combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit
hydrique de la zone (-125 Mm3), déficit qui pourrait toutefois être, potentiellement, comblé à
100 % par la REUT..

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Projections climatiques – RCP 8.5 2050


Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini (+10%)
Apports Déficit

IRR (+10%)
Prélèvements

Recharge
Grand Tunis - Zaghouan annuels sans Déficits avec
effectifs

AEP
CC - RCP 8.5 2050 renouvelables REUT REUT (Mm3)
(Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-20%) 250


dont stock. barrages coll. 14 2,0 0 1 0,7 0 0
dont stock. grds barrages 48 10,12 0 10 0 0 0
Transfert CMCB (-10%) 203 228 190 37 1,4 0 26
Nappes phréatiques et profondes Part REUT 
129 171 18 153 0 0 41
(total) (-20%) / Déficit
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 393 550 347 201 2 0 157 118 244 0 155%
Part EUT / Usages 21% 44%

Dans le scénario 8.5, à l’horizon 2050, les tendances s’amplifient, à la baisse (-20% pour les
ressources locales et -10% pour les eaux du Nord) comme à la hausse (+10% pour les besoins
pour l’irrigation, à surfaces constantes). La combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit
de la zone (-157 Mm3), mais qui peut toujours être potentiellement comblé à 100 % par la REUT.

Les 2 graphiques ci-dessous résument à l’échelle du Grand Tunis et de Zaghouan la part potentielle
des EUT dans le bilan global des ressources en eau de la région et dans le déficit selon différentes
situation : la situation actuelle (2,3 Mm3 réutilisés), la situation si 100 % des EUT produites aujourd’hui
étaient réutilisées et la situation en 2050 selon les 2 scenarios de projections climatiques évoqués ci-
avant.

286 Figure 73 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et das le déficit (bas) à l’échelle du Grand Tunis et de Zaghouan

1% 26% 60 % 64 %

195% 155%

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.2 CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA ZONE GRAND TUNIS-ZAGHOUAN ET SES


PERSPECTIVES D’EVOLUTION D’ICI 2050 EN LIEN AVEC LA REUT. QUELLE
ACCEPTABILITE SOCIALE POUR LA REUT AUPRES DES USAGERS POTENTIELS ?

12.2.1 Des agriculteurs intéressés pour exploiter les EUT afin de préserver une
agriculture périurbaine menacée
PLACE DU SECTEUR AGRICOLE AU GRAND TUNIS ET ZAGHOUAN
Le Grand Tunis est doté de 154 000 ha de terres labourables. Elles sont concentrées dans les
cuvettes de Jedaida et de Tebourba, la plaine de la basse vallée de la Medjerda et les plaines de
Mornag. Ces terres agricoles ont une fonction économique importante, tant au niveau régional que
national. Elles contribuent activement à l’approvisionnement du pays en produits frais et transformés.
La céréaliculture est dominante avec près de 55 000 ha cultivés et 9 % de la production nationale.
L’assolement est cependant varié avec l’arboriculture fruitières (34 % de la SAU dont la moitié en
plantations d’oliviers), les fourrages (20%) et les cultures maraîchères (3%). 2 types d’exploitations
se distinguent : les grandes exploitations (plus de 10 ha) hors zones urbaines avec un système
cultural intensif. Des petites exploitations (moins de 3 ha) à la périphérie immédiate des villes qui
pratiquent les cultures maraichères et fruitières de manière extensive.

La superficie totale des périmètres irrigués de la région est de l’ordre de 64 000 ha, soit près de 15 %
de la superficie totale du pays avec 32 100 ha irrigués en 2018.

Désormais, l'extension du Grand Tunis pose le problème fondamental de la concurrence entre les
divers modes d'occupation du sol entraînant une réduction du territoire de production agricole
au profit de l'extension urbaine. Les tendances de cette extension perdurent avec un déficit
grandissant des espaces verts et ouverts, en particulier agricoles.
287
Les 3 cartes ci-dessous sont issues de la carte agricole de la Tunisie. Elles présentent différentes
familles de cultures : arboriculture – céréales et fourrages – maraîchage. Pour chacune d’elles, les
périmètres irrigués sont indiqués par un zonage rouge. Elles permettent ainsi d’illustrer l’occupation des
terres agricoles pour la zone du Grand Tunis et de Zaghouan et de croiser ces éléments avec la
localisation des STEP existantes et projetées.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Figure 74 : Zone Tunis – Zaghouan : Carte agricole – Carte 1 : Vigne et arboriculture, périmètres irrigués (en rouge)

288

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Figure 75 : Zone Grand Tunis et Zaghouan : Carte agricole – Carte 2 : céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres
irrigués (en rouge)

289

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Figure 76 : Zone Grand Tunis et Zaghouan : Carte agricole – Carte 1 : Maraîchage et périmètres irrigués (en rouge)

290

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

PERSPECTIVES AGRICOLES ET PROJETS DE REUT


Plusieurs études effectuées par les CRDA ont porté sur la création de nouveaux périmètres irrigués
avec des EUT dans la région. Cependant, la date de mise en œuvre de ces projets reste inconnue au
vu des difficultés rencontrées pour coordonner les parties prenantes. Les projets concernés sont (CRDA
de Manouba, 2017):
 Le nouveau périmètre de Sidi Fradj sur 1 009 ha à Mohamedia dans le Gouvernorat de Ben
Arous. Il est projeté que le périmètre soit alimenté par la future STEP de El Allef pour irriguer
principalement des fourrages et des céréales.
 Deux nouveaux périmètres dans le Gouvernorat de La Manouba alimentés par la STEP El Attar,
dont un à Mornaguia sur 3 200 ha et un à la Hafsia sur 100 ha qui serait géré par une Société de
Mise en Valeur et de Développement Agricole (SMVDA). L’objectif est aussi d’irriguer
principalement des fourrages et des céréales pour développer les filières d’élevage.
 Pour le gouvernorat de Tunis, il y a un potentiel de 391 ha pouvant être irrigués avec les EUT de la
STEP El Attar dans la délégation de Sidi Hassin.

Concernant le PPI existant de Borj Touil dans le Gouvernorat de l’Ariana, une étude de cas a été
effectuée dans l’étude préalable à ce plan national pour la REUT (DGGREE, 2017). L’avancement de
l’urbanisation dans ce PPI ne permettrait pas d’irriguer les 3 200 ha initiaux. Une relance ambitieuse
du PPI permettrait d’irriguer au maximum 2 000 ha. Le scénario d’une irrigation sur 1 000 ha
(superficies irriguées de 2007) serait cependant plus crédible, toujours d’après l’étude.

En termes d’aménagement du territoire en zones périurbaines, plusieurs études stratégiques


permettent de dégager des grandes orientations concernant l’évolution souhaitée de l’occupation du sol
pour la région. Le Schéma Directeur d’Aménagement de la région économique du Nord Est (DGAT,
2011) se donne comme objectif « d’assurer une meilleure maîtrise du développement urbain et de
préserver la place qu’occupe l'agriculture en périphérie des villes ». Cet objectif comprend des
actions de modernisation des périmètres irrigués existants sur les eaux du Nord dans la basse vallée
de la Medjerdah ainsi que la préservation du patrimoine arboricole de la plaine de Mornag.

Pour les orientations agricoles, l’étude stratégique pour le développement du Gouvernorat de la


291
Manouba à l’horizon 2030 (CGDR, 2018) insiste sur la valorisation des filières d’élevage avec la
création de périmètres irrigués fourragers. A Zaghouan, la dynamisation du secteur agricole est
aussi recherchée avec l’occupation des terres domaniales et le développement de nouvelles chaines
de valeurs, dont l’agriculture biologique (CGDR, 2017).

MATURITE DE LA DEMANDE POUR LA REUT DANS LE SECTEUR AGRICOLE


54 agriculteurs aux profils variés ont été interrogés dans la région du Grand Tunis et de Zaghouan. La
majorité des agriculteurs interrogés dans les régions de Mornaguia (Manouba), Mornag et
Mohamedia (Ben Arous) et de Zaghouan sont favorables à exploiter des EUT. La pluviométrie de
ces dernières années et les impacts ressentis du changement climatique poussent les agriculteurs à
chercher des ressources en eau alternatives, que ce soit pour des cultures pluviales ou déjà irriguées.
L’irrigation d’appoint avec des EUT permettrait de réduire les difficultés rencontrées à irriguer les
parcelles lors des années sèches. Peu de demandes ont concerné des cultures maraichères, mais il y
a un fort potentiel de valorisation pour l’arboriculture, les fourrages et les céréales. Les enquêtes
ont permis d’identifier différents profils d’usager potentiels des EUT en fonction des régions :
 Les agriculteurs du périmètre de Borj Touil sont volontaires pour exploiter la totalité des EUT
de la STEP de Choutrana pour les fourrages afin d’alimenter leurs élevages bovins. Les conditions
requises sont une garantie de la qualité et de la quantité des EUT fournies. La revalorisation de ce
périmètre permettrait de préserver la vocation agricole de ces terres fertiles périurbaines.
 A proximité des STEP du Gouvernorat de la Manouba et de la STEP El Attar, le niveau
d’acceptabilité pour la REUT à court terme est élevé. Les agriculteurs souhaitent développer la
filière fourragère et intensifier leurs élevages.
 Des fortes demandes ont aussi été enregistrées au niveau du Gouvernorat de Ben Arous. La
présence des SMVDA dans cette zone est un facteur important pour développer l’exploitation des
EUT à grande échelle.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

 Dans le Gouvernorat de Zaghouan, les bénéficiaires actuels des EUT recherche encore plus
d’EUT pour étendre leurs superficies irriguées. Les agriculteurs autour de ces PPI sont aussi
prêts à intensifier leurs productions en associant cultures fourragères et oliviers.

La carte ci-dessous synthétise les résultats des enquêtes en fonction des sous zones du Grand Tunis
et Zaghouan. Ce découpage de la région en sous zones est explicité dans la partie 12.4.

Figure 77 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Grand Tunis et Zaghouan

292

12.2.2 Un pôle industriel incontournable d’importance nationale


PLACE DU SECTEUR INDUSTRIEL DANS LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN
Le Grand Tunis est un pôle industriel dynamique et diversifié. Les activités majoritaires sont les
industries textiles (21 % des entreprises), les industries agroalimentaires (16 %) et les industries
mécaniques et métallurgiques (15 %) (CGDR, 2018). Le Gouvernorat de Ben Arous notamment, avec
ses 22 zones industrielles, contribue fortement à production industrielle du pays. Il regroupe 31 % des
industries de la région. Il est doté d’importantes infrastructures comme le Port commercial de Rades,
une zone pétrolière et le générateur électrique de Rades. Le Gouvernorat de Zaghouan constitue un
territoire de prolongement fonctionnel économique pour le Grand Tunis. Il attire de plus en plus les
investisseurs des industries mécaniques et électriques.

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Les 52 zones industrielles réparties sur la région ont globalement recours à l’eau potable de la
SONEDE pour leur fonctionnement. Certaines industries ont accès à d’autres ressources (puits,
forages), notamment dans le Gouvernorat de l’Ariana. Au niveau de l’eau potable, la consommation
pour l’usage industriel est la plus conséquente à Ben Arous avec 3,3 Mm3 consommé en 2018.
Cela représente 12 % de la consommation totale en eau potable du Gouvernorat. La consommation
industrielle pour les autres Gouvernorats du Grand Tunis est de 2,5 Mm3 pour Tunis, 1,2 Mm3 pour la
Manouba et 0,4 Mm3 pour l’Ariana. A Zaghouan, cette consommation industrielle a un poids important
localement puisqu’elle représente 20 % de la consommation totale en eau pour 1,2 Mm3
consommés (CGDR, 2018). Au final, la consommation d’eau potable industrielle ne représente
que 7 % du volume total actuel d’EUT produit par la région (118 Mm3).

PERSPECTIVES INDUSTRIELLES
D’après les projections de l’AFI, les zones industrielles de la région vont être étendues. Le Gouvernorat
de Ben Arous continue à connaître un mouvement actif de création de nouvelles zones industrielles
publiques et privées avec un total de 250 ha dont la création est projetée à court terme. Pour les autres
gouvernorats, les nouvelles superficies prévues sont plus réduites avec 85 ha à Tunis, 44 ha à la
Manouba, 30 ha à l’Ariana et 27 ha à Zaghouan. Les superficies des zones industrielles vont donc
augmenter significativement, les portants de 2 400 ha à environ 2 800 ha, ce qui augmentera la
demande sur les ressources en eau (APII, 2019).

12.2.3 Un secteur touristique concentré au Nord de Tunis


PLACE DU SECTEUR TOURISTIQUE AU GRAND TUNIS ET ZAGHOUAN
L’infrastructure touristique de la région se concentre surtout au niveau de la ville de Tunis et de sa
banlieue Nord avec une capacité hôtelière de 13 000 lits. Une autre zone touristique est présente dans
le Gouvernorat de Ben Arous au Sud de Tunis avec 6 000 lits. Au total, ces deux zones touristiques
regroupent 7 % de la capacité hôtelière nationale (AFT, 2020).
293
3
L’usage touristique ne représente que 4 % de l’eau potable consommée dans la région, soit 2,3 Mm .
65 % de ce volume est consommé à Tunis, soit 1,5 Mm3 (CGDR, 2018). Les coûts élevés de l’eau
de la SONEDE et la salinisation des ressources souterraines poussent les hôteliers à s’intéresser à des
ressources en eau alternatives bien qu’il n’y ait actuellement pas de difficultés pour l’accès à l’eau.

D’après une analyse sous SIG d’images satellitaires de Google Earth, réalisée dans le cadre de la
présente étude, la superficie des espaces verts existants (sans les golfs) pour les principales zones
touristiques est de 84 ha pour Tunis Nord et 31 ha pour Tunis Sud.

Comme vu lors de la phase de Diagnostic, il existe actuellement deux terrains de golf à Tunis : le Golf
de Carthage, d’une superficie de 30 ha, et le Golf de Gammarth avec 130 ha. Ils sont alimentés par la
STEP de Charguia pour irriguer une superficie d’environ 78 ha.

PROSPECTIVES TOURISTIQUES
Il est prévu par l’AFT d’étendre la zone touristique de Tunis Nord vers Cap Gammarth. La capacité
hôtelière supplémentaire serait de 6 000 lits sur une superficie de 73 ha (AFT, 2020). Au vu des
difficultés actuelles rencontrées dans le secteur touristique, nous estimons que cette zone ne sera pas
aménagée avant le moyen terme (2030). D’après les enquêtes auprès des hôteliers de la région, les
extensions des capacités hôtelières des zones existantes et des superficies des espaces verts ne sont
pas encore à l’ordre du jour des gestionnaires au vu des contextes sanitaire et économique actuels.

La stratégie du ministère du tourisme prévoit de réaliser un golf pour chaque 10 000 lits afin d’assurer
aux golfeurs l’accès à 3 golfs dans un rayon ne dépassant les 45 min lors de leur séjour. Ainsi, il est
prévu d’aménager 2 golfs additionnels dans les environs de Tunis sur le long terme (STDG, 2018).

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.2.4 Des parcs urbains qui cherchent à se développer


Le Gouvernorat de Tunis présente le plus grand nombre de parcs urbains du pays, dispersés dans le
centre-ville de Tunis et la banlieue Nord. Cela représente une dizaine de parcs s’étendant sur un total
de 271 ha. Le Parc du Belvédère, qui est le plus ancien et le plus étendu (113 ha), est irrigué à l’aide
de 2 forages. Les autres parcs sont irrigués à partir des eaux de la SONEDE. Les espaces verts de
l’aéroport de Carthage sont déjà irrigués avec les EUT de la STEP de Charguia sur 16 ha. L’OACA
souhaite utiliser les EUT sur toute sa superficie irrigable, soit 25 ha.

Pour les autres Gouvernorats du Grand Tunis, les superficies des parcs urbains sont de 207 ha
pour Ben Arous, 130 ha pour l’Ariana et 20 ha pour la Manouba. L’amélioration de l’esthétique
urbaine par la création et l’entretien des espaces verts et l’aménagement de parcs urbains fait partie
d’une recommandation du SDA de la région économique du Nord Est (DGAT, 2011).

Les responsables des municipalités interrogées lors des enquêtes se sont montrés favorables à la
REUT, surtout pour l’irrigation des espaces verts au vu des besoins en eau et des extensions
souhaitées. A court terme, il a été proposé que certains instituts de recherche montrent l’exemple
comme le pôle de biotechnologies Sidi thabet à l’Ariana.

12.2.5 Un potentiel de recharge de nappe réduit sauf pour la nappe de Mornag


La carte ci-dessous met en regard les STEP et les différentes nappes phréatiques du Grand Tunis et
de Zaghouan.

294

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

La plupart des nappes des Gouvernorats de Tunis, Ariana, Manouba et Zaghouan ne sont pas
exploitées à leur plein potentiel de par leur niveau de salinité. De plus, elles ont une faible perméabilité
et sont situées dans des contextes urbains, défavorables à la recharge par les EUT. Ces nappes ne
constituent donc pas un objectif potentiel pour un stockage souterrain des EUT. Les seules nappes
surexploitées dans la zone du Grand Tunis et de Zaghouan sont présentes dans le Gouvernorat de Ben
Arous :
 la nappe phréatique de Mornag avec un déficit de 6,6 Mm3/an et un taux d’exploitation de 195
%,
 la nappe phréatique des Grès Oligocènes avec un déficit proche de 1 Mm3/an et un taux de
surexploitation de 143 %.

Il n’existe pas de site de recharge de nappe avec les EUT dans la région actuellement. Cependant, la
nappe de Mornag a déjà été étudiée pour être rechargée avec les EUT de la STEP Sud Meliane. La
dernière étude sur le sujet menée par le CRDA de Ben Arous en 2016 a envisagé plusieurs solutions
de recharge. L’option de REUT n’a pas été retenue à court terme car les eaux de la STEP Sud
Meliane présentent une salinité trop élevée et des teneurs en métaux lourds proches des seuils de la
norme de rejet.

D’autres modalités de recharge proposées consistaient à infiltrer les eaux via les oueds Méliane et El
H’ma et en l’utilisation des puits et forages pour la recharge artificielle à partir des eaux du CMCB.

Au final, l’option retenue a été d’augmenter la recharge déjà existante des eaux du CMCB au niveau de
deux sites d’anciennes carrières. Cette zone des grès oligocènes de Khlédia est très favorable à
l’infiltration. Jusque-là, un quota de 2 Mm3/an était alloué au CRDA de Ben Arous pour être rechargé.
L’étude préconise un quota de 8 Mm3/an provenant du CMCB afin de créer une barrière hydraulique
pour limiter l’intrusion du biseau salé marin en plus de compenser la baisse piézométrique de la nappe
de Mornag (CRDA Ben Arous, 2016). Cette recharge doit en parallèle être accompagnée de mesures
d’accompagnements auprès des agriculteurs pour limiter les prélèvements dans la nappe.

La recharge avec les EUT reste donc possible techniquement à moyen terme à condition que la
296 qualité des EUT de la STEP Sud Méliane soit améliorée. Une autre solution possible est d’utiliser
les EUT de la future STEP El Allef projetée en 2025. Cette REUT permettrait de conserver les eaux
du CMCB pour d’autres usages.

Le tableau ci-dessous synthétise les recharges possibles par des EUT (liste de STEP avec les flux
d’EUT produites aux différents horizons) pour les différentes nappes pour lesquelles une recharge est
jugée potentiellement utile.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Tableau 81 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT
Ratio recharge potentielle /
Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge* Contexte pour la recharge**
déficit quantitatif
Lutte contre Amélioration de Fin d’un rejet Augmentation de Amélioration de STEP pouvant
l’intrusion du la qualité des en mer ou la quantité d’eau la gestion de Production
être utilisées Production EUT
Nappe biseau salé eaux de la dans une disponible pour l’eau avec un pour la recharge EUT 2018 Technique de recharge proposée Usages indirects possibles
2050 (Mm3)
(barrière nappe (dilution) zone sensible un usage indirect stockage Hydrogélogique Foncier (Mm3) 2020 2050
de la nappe
hydraulique) intersaisonnier
hors période
d’irrigation
Mornag Irrigation pour les périmètres
x x x x Sud Méliane Favorable Favorable 32 48 484 % 724 % Infiltration dans des carrières
(Déficit 6,6 Mm3) arboricoles / fourrage
Irrigation pour les périmètres
x x x x El Allef Favorable Favorable 0 19 - 293 % Infiltration dans des carrières
arboricoles / fourrage

297

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.3 IMPACTS ACTUELS DES REJETS D’EAUX USEES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LES
ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES AU GRAND TUNIS ET ZAGHOUAN
L’objectif de cette partie est de dresser un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui
impactent actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques. Cet inventaire a été
enrichi par les acteurs locaux lors des entretiens régionaux et de l’atelier de concertation de la zone
Grand Tunis - Zaghouan qui a eu lieu le 30 mars 2021.

Le Grand Tunis, en étant fortement urbanisée et comportant plusieurs zones industrielles, produit de
nombreux rejets d’eaux usées qui impactent les milieux récepteurs. Ces milieux sont notamment
l’oued principal de la Medjerdah, l’oued Meliane au sud du pôle urbain et globalement le Golfe de
Tunis où se déversent ces oueds. Ces impacts sont particulièrement visibles, par exemple au niveau
de la banlieue Sud de Tunis sur la zone littorale de Radès, Hammam Lif et Ezzahra qui était autrefois
appréciée pour la baignade par les tunisois et qui est aujourd’hui dégradée par les rejets urbains et
industriels (TAP, 2015) (Ben Mrad, 2020).

12.3.1 Le Golfe de Tunis fortement impacté par les rejets des STEP urbaines
Les principales STEP qui assainissent le Grand Tunis rejettent en mer dans le Golfe de Tunis.
C’est le cas des STEP de Choutrana, Charguia et Côtière Nord qui sont connectées entre elles et
rejettent dans le canal Khelidj avant de rejoindre la mer. Ce canal à ciel ouvert est une source de
nuisance pour les riverains : il est chargé de déchets, il y a des proliférations de moustiques et la
qualité des EUT se dégrade dans le canal (SCP, 2017). Une partie de ces eaux seraient aussi
rejetées dans la sebkha de l’Ariana qui présente des signes d’eutrophisation.

Le pôle épuratoire Sud Meliane au sud de Tunis rejette dans l’oued Meliane puis dans la mer. Il reçoit
298 de nombreux effluents provenant des zones industrielles de Ben Arous et la qualité des rejets ne
respecte souvent pas la norme, notamment à cause des métaux lourds présents dans les eaux brutes
rejetées dans les réseaux de la STEP (CRDA Ben Arous, 2016).

Deux émissaires en mer ont été étudiés par l’ONAS afin d’éloigner la pollution des rejets des STEP
des zones littorales : un émissaire Tunis Nord d’une longueur de 6 km qui collectera les rejets du pôle
épuratoire Choutrana et de la future STEP El Heissiane, ainsi qu’un émissaire Tunis Sud de 7 km
pour les rejets du pôle Sud Meliane.

Les petites STEP du Gouvernorat de la Manouba rejettent dans les affluents de la Medjerdah : STEP
de Jedaida, Tebourba et Mornaguia.

Au niveau de Zaghouan, les effluents industriels raccordés aux STEP sont en augmentation et
provoquent parfois quelques dysfonctionnements.

12.3.2 Des flux d’eaux usées industrielles et domestiques non traitées sources de
pollutions pour les oueds et les sebkhas
La Basse Vallée de la Medjerdah dans le Gouvernorat de l’Ariana est polluée par des rejets urbains
bruts provenant de zones non raccordées au réseau collectif comme Sidi Thabet. L’oued Chaffrou,
qui est un affluent de la Medjerdah, reçoit aussi ce type de rejet, au niveau de Battan notamment
(DGGREE, 2017).
D’après l’étude de dépollution de la Medjerdah (DGEQV, 2018), les rejets polluants dans la Basse
Vallée de la Medjerdah sont estimés à hauteur de 500 000 m3/an. Ce sont en majorité des industries
agro-alimentaires qui produisent ces rejets, comme des conserveries de tomates. L’oued Chaffrou
reçoit quant à lui 800 000 m3/an d’effluents industriels considérés comme des sources de
pollution. Les activités concernées sont des industries textiles (tanneries) et des industries agro-
alimentaires (laiteries, huileries, conserveries de tomates).

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Cas spécifique de la Sebkha Sejoumi


La Sebkha Sejoumi est une des 3 zones humides salées localisée au niveau du pôle urbain du Grand
Tunis. Elle est reliée à l’Oued Meliane par un canal qui permet d’évacuer une partie de ses eaux vers
la mer. Elle est alimentée par plusieurs petits oueds (notamment Gueriana et Maleh). Sa faible
profondeur et la présence d’eau toute l’année en fait un refuge idéal pour de nombreuses espèces
d’oiseaux qui tolèrent une salinité élevée : flamands roses, canards de surface hivernants, limicoles
de passage, etc. Ces caractéristiques en font une zone humide d’une grande valeur écologique, d’où
son statut de Zone Humide d’Importance Internationale (Convention Ramsar), de Zone d’Importance
pour la Conservation des Oiseaux (ZICO) et de Zone Clé pour la Biodiversité (ZCB). C’est aussi le
4e site le plus important pour l’hivernage des oiseaux d’eau de l’Afrique du Nord. Outre la préservation
de la biodiversité, ce site offre d’autres services écosystémiques pour les populations riveraines :
protection contre les inondations, pâturage et collecte de fourrage, services récréatifs (Service
d'information sur les sites Ramsar, 2007).
Cependant, cet écosystème subit de nombreuses dégradations, notamment avec l’avancée de
l’urbanisation et la pollution provenant des déchets solides et des effluents liquides domestiques et
industriels. La sebkha aurait perdu 20 % de ses habitats humides naturels entre 1987 et 2018
(Guelmani, 2020). En 2007, elle couvrait 2 979 ha, alors qu’elle n’occupe aujourd’hui plus que
2 600 ha (BPEH, 2020).
Le manque d’assainissement au niveau de la banlieue Ouest de Tunis provoque des rejets d’eaux
brutes dans la sebkha Sejoumi. Elle reçoit aussi des effluents industriels estimés à près de
1,5 Mm3/an, dont certains sont des raccordements illicites sur les canaux d’eaux pluviales (DGSAM,
2016). La pollution est surtout visible au niveau des berges des zones urbanisées de Sidi Hassine,
Hay Ezzouhour, Essijoumi et Hay Hlel où les eaux sont eutrophisées.
Outre les aspects qualitatifs, l’apport de déchets liquides et solides provoquent un dysfonctionnement
hydrologique de la sebkha. Ces perturbations ne permettent plus à la zone humide d’effectuer sa
fonction d’écrêtement des crues.
Des raccordements à la STEP El Attar sont prévus pour diminuer l’impact de ces rejets. Un Plan
d’Aménagement et de Valorisation (PAV) du site est aussi en cours d’évaluation dont la dépollution 299
du site en supprimant les déversements illicites de rejets industriels liquides et solides. D’autres
actions d’aménagement sont aussi prévues, comme l’augmentation de la profondeur de la sebkha
dans certaines zones pour aider à la gestion des inondations, le drainage et la décantation des eaux
pluviales, le confinement d’une décharge et la création de zones vertes et récréatives avec la
forestation des berges. La zone humide sera alors présente sur 1 860 ha avec une capacité de
40 Mm3 pour écrêter les crues de pointe (BPEH, 2020).

La carte ci-après synthétise les problématiques environnementales liées aux rejets d’EUT au Grand
Tunis et Zaghouan.

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12.4 VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN FONCTION DES DIFFERENTS CONTEXTES


TERRITORIAUX DU GRAND TUNIS ET DE ZAGHOUAN
La région du Grand Tunis a été traitée d’une manière bien spécifique en comparaison des autres régions
de l’étude. En effet, c’est une région qui produit près de 45 % des EUT du pays. Outre les petites
STEP qui assainissent les villes du gouvernorat de la Manouba et de Zaghouan, la plupart des autres
stations constituent des grands pôles épuratoires qui produiront plus de 20 Mm3/an chacune
(Choutrana, Sud Meliane, El Attar, El Allef…). Pour réfléchir aux orientations stratégiques de REUT qui
pourraient être prises pour ces STEP, il faut se placer à différentes échelles d’analyse :

- A l’échelle de sous zones, voire même à l’échelle des STEP, afin de bien identifier les
valorisations locales potentielles (à proximité de chaque STEP) et les volumes résiduels
pour d’éventuels transferts vers d’autres zones ;

- A l’échelle de toute la région du Grand Tunis, avec une vue d’ensemble sur les STEP
présentes et projetées afin de proposer des orientations cohérentes avec l’ensemble du
territoire ;

- A l’échelle de plusieurs régions, afin de caractériser et évaluer les éventuelles options de


transfert de l’excédent d’EUT à plus longue distance.

Nous évoquerons ainsi dans un premier temps les sous-zones en capacité d’absorber la totalité des
flux d’EUT émis sur leur territoire. Il s’agit des sous-zones de l’Ariana, de la Manouba et de Zaghouan.
Cela permet dans le même temps d’évaluer la capacité de ces zones à absorber d’éventuels flux
additionnels provenant du Grand Tunis.

Nous évoquerons dans un second temps les sous-zones de la « plaine de Mornag » et du « pôle
urbain du Grand Tunis ». Il s’agit de zones émettrices nettes de flux d’EUT. C’est-à-dire que sur
ces zones, de par la forte densité de population et l’aménagement du territoire à dominante urbaine, les 301
opportunités de valorisations locales des EUT ne suffisent pas à absorber les flux d’EUT émis. Les
possibilités de valorisation locale sont identifiés et les flux résiduels estimés.

NB : En plus de nos propres réflexions, nous avons consulté pour cette partie les études antérieures
portant sur la REUT du Grand Tunis. Les principales propositions de ces études concernant les
valorisations possibles sont résumées dans la partie 12.4.2.1.

DECOUPAGE DE LA ZONE D’ETUDE EN SOUS-ZONES


Le détail du découpage en 5 sous-zones de la région Grand Tunis – Zaghouan figure sur la carte
ci-après. La sous-zone « pôle urbain de Tunis » est constituée par une grande proportion du
gouvernorat du Grand Tunis, auquel s’ajoutent la ville de l’Ariana, Soukra, la ville de Manouba et Oued
Ellil. Il s’agit des aires urbaines des Gouvernorats voisins de celui du Grand Tunis. Le gouvernorat de
Ben Arous et la zone de Sidi Hassine constituent la sous-zone de la « plaine de Mornag », qui accueille
les grandes STEP du Grand Tunis, actuelles ou futures. Les 3 autres sous-zones sont constituées
respectivement des zones rurales des Gouvernorats de l’Ariana, de la Manouba et de Zaghouan.

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302 Figure 78 : Découpage de la région du Grand Tunis et Zaghouan en sous zones d’étude
L’inventaire des valorisations possibles des EUT présentées dans cette partie par sous zones a été
alimenté par l’atelier de concertation régional qui a eu lieu le 30 mars 2021. Cet atelier a été l’occasion
d’échanger avec les acteurs du territoire sur les valorisations des EUT à privilégier à l’échelle du Grand
Tunis. Des discussions autour de grands choix sur la gestion des ressources d’EUT et d’aménagement
du territoire ont aussi été abordés : usages locaux ou transferts, substitution d’usages existants ou
création de nouveaux usages, extension des zones urbaines ou préservation de terres agricoles
périurbaines, investissement dans des émissaires ou dans des traitements des EUT.

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12.4.1 Sous-zones en capacité d’absorber leurs flux d’EUT


12.4.1.1 Sous-zone 1 : l’Ariana
Cette sous zone ne constitue pas l’ensemble du gouvernorat de l’Ariana. En effet, la ville de La Soukra avec
la STEP de Choutrana sont inclues dans la zone du pôle ubrain du Grand Tunis.
Ressources en eau
La région de l’Ariana est une zone peu dotée en ressources en eau (10,7 Mm3/an d’apports
renouvelables). Les nappes phréatiques de la Basse Vallée de la Medjerdah (3 Mm3) et de la Soukra
(3 Mm3) constituent les principales ressources en eau renouvelables. l. Ces nappes sont exploitées
respectivement à hauteur de 1,6 Mm3 et 1,1 Mm3, représentant 54% et 38% de leur potentiel
renouvelable, quasi-exclusivement pour l’irrigation. Elles subissent l’intrusion du biseau salé pouvant
générer des pics de salinité de 5 à 7 g/L près de leurs exutoires (la mer et la sebkha de l’Ariana), les
rendant localement et temporairement inutilisables pour l’agriculture. Cela explique leur faible niveau
d’exploitation actuel. Le potentiel de recharge de ces nappes est réduit du fait des faibles
perméabilités, extension et épaisseur de leur réservoir et des zones urbaines environnantes. Trois
nappes profondes représentent une ressource de 4,8 Mm3. Elles sont également exploitées pour
l’irrigation à hauteur de 0,7 Mm3.

Pour l’AEP, la région de l’Ariana bénéficie des apports des eaux de la vallée de la Medjerdah, par
l’intermédiaire des barrages de Sidi Salem et El Aroussia. Cette ressource est également utilisée
pour l’irrigation, en particulier dans la Basse Vallée de la Medjerdah.

Les EUT produites localement représentent à ce jour un gisement de 1 Mm3, et un potentiel de


26,5 Mm3 à l’horizon 2050 avec la construction de la STEP El Heissiane et l’abandon de la STEP
actuelle Kalaat El Andalous. Ainsi, les EUT constituent, actuellement, à elles seules, un potentiel qui
représente 13 % des ressources en eaux souterraines de la zone. (La STEP de Choutrana est prise
en compte dans la sous-zone « pôle urbain du Grand Tunis »).
303
Agriculture
Au niveau agricole, l’oléiculture et la production fourragère pour l’élevage bovin laitier et à viande
dominent. Les principaux périmètres irrigués s’étendent au nord du Gouvernorat de l’Ariana, hormis
celui de la Soukra (409 ha), en bordure sud de la sebkha Ariana. Le périmètre irrigué de Borj Touil
(3 145 ha) exploite déjà les EUT, dans des proportions correspondant à 11% de sa surface. Les
enquêtes ont montré une volonté claire des agriculteurs de réaménager la station de pompage pour
intensifier l’utilisation des EUT dans ce périmètre. A noter cependant que les terres agricoles de la
région sont menacées par l’extension de l’aire urbaine de Tunis, ce qui peut remettre en cause les
investissements à envisager pour la valorisation agricole des EUT dans le secteur.

Autres secteurs économiques


Peu d’autres activités économiques susceptibles d’avoir recours aux EUT (industries, hôtellerie, etc) ont
été relevées par les enquêtes.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous zone de l’Ariana
à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 82 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : l’Ariana

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  1.a  :  Réhabilitation  et  350 ha du périmètre de Borj Touil sont irrigués aujourd’hui à partir 


intensification du PPI de Borj Touil  des EUT.  
Périmètre irrigué existant avec des EUT  

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

L’irrigation de la totalité des 3 145 ha du périmètre à partir des EUT 
équivaut à l’utilisation de 100% des eaux de la STEP de El Heissiane 
en 2050 (26 Mm3) + 7% (5 Mm3) de celle de Choutrana. 

Idée  1.b  :  Substitution  des  eaux  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable en utilisant 


conventionnelles  pour  l’irrigation  100% du potentiel en EUT:  
dans la Basse Vallée de la Medjerdah 
Arboriculture : 27% de l’existant en 2020 (145 ha), 6 fois l’existant 
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  en 2050 (3 450 ha) 
avec ces EUT) des eaux du barrage de 
Fourrages : 58% de l’existant en 2020 (120 ha), 13 fois l’existant en 
Sidi  Salem  ou  El  Aroussia  pour 
2050 (2 840 ha) 
l’irrigation des périmètres existants 

Idée 1.c : Amélioration du traitement  Part de la superficie irrigable irriguée actuellement, substituable 
pour des usages à plus haute valeur  en utilisant 100% des EUT : 
ajoutée 
Maraîchage : de 15 % en 2020 (146 ha) à plus de 3 fois les superficies 
Maraîchage  dans  les  périmètres  existantes en 2050 (3 480 ha) 
irrigués existants 

Le recours à la recharge des nappes n’étant pas envisageable, il est préconisé d’orienter ce potentiel
d’EUT principalement vers un usage agricole direct. Le PPI de Borj Touil et l’ensemble des zones
irriguées de la Basse Vallée de la Medjerda sont situés à distance raisonnable des STEP (5 à 20 km),
ils représentent la majorité des prélèvements de la zone. Cela peut se faire selon différentes modalités :

La future STEP d’El Heissiane étant située à proximité du PPI de Borj Touil, une première option
consisterait à intensifier le recours aux EUT pour irriguer ce périmètre, à hauteur de 50% à 100%
de ses besoins en eau. Dans l’hypothèse où la culture principalement pratiquée continue à être le
fourrage d’été et d’hiver, les besoins du PPI représenteraient 15 à 30 Mm3/an selon le niveau
d’intensification et pourraient donc absorber la quasi-totalité des volumes potentiellement produits par
304 cette STEP à l’horizon 2050. Les flux de la STEP de Choutrana, qui alimente déjà le périmètre avec un
mélange des eaux de la STEP de Charguia, pourraient venir couvrir les besoins résiduels (environ
5 Mm3) si le PPI a recours aux EUT à 100%. Lors des échanges dans l’atelier régional, les acteurs ont
tout de même précisé qu’avec l’avancement de l’urbanisation, la valorisation potentielle des EUT
dans le PPI de Borj Touil risque d’être bien inférieure.

Une seconde possibilité serait de recourir exclusivement aux flux d’EUT de la STEP de Choutrana
pour l’irrigation du PPI de Borj Touil, comme cela se fait actuellement. Les flux de la STEP El Heissiane
pourraient quant à eux être utilisés dans les périmètres de Kalaat El Andalous et de Sidi Thabet
d’une superficie irrigable de 8 000 ha. Ces périmètres sont irrigués aujourd’hui avec les eaux des
barrages de Sidi Salem et de El Aroussia et ne sont qu’intensifiés à hauteur de 30 % (année 2018).
Cette stratégie de substitution des eaux du Nord pour l’irrigation de la Basse Vallée de la Medjerda
permettrait de dégager des marges de manœuvre pour la satisfaction des besoins croissants en AEP
de la zone du Grand Tunis à partir des eaux du Nord. Les flux résiduels de la STEP de Choutrana,
mélangés avec ceux de la STEP El Heissiane, pourraient aussi être utilisés. Dans le cas où l’aire urbaine
du Grand Tunis était amenée à s’étendre au point de voir le périmètre de Borj Touil disparaitre, les EUT
de la STEP de Choutrana pourraient être orientées vers une autre région (voir synthèse sur le pôle
urbain du Grand Tunis, en section 12.4.2.3).

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12.4.1.2 Sous-zone 2 : la Manouba


Ressources en eau
Le gouvernorat de la Manouba dispose de ressources en eaux conventionnelles plus importantes que
les ressources cumulées des gouvernorats voisins de Tunis et l’Ariana. Ces ressources s’élèvent à
42 Mm3/an. Le volume exploité se limite à 16 Mm3/an et le taux d’exploitation des eaux souterraines
s’établit à 38%. Ce bilan excédentaire traduit le faible usage des nappes de cette zone rurale, dont la
qualité n’est pas compatible avec la production d’eau potable du fait de la salinité. Le secteur bénéficie
par ailleurs d’apports significatifs des eaux du Nord, qui a permis le développement de l’irrigation
dans la Basse Vallée de la Medjerda et dans le secteur de l’oued Chaffrou, principalement pour la
culture de l’olivier et l’arboriculture en général, du fourrage et l’irrigation d’appoint des céréales.
Les opportunités pour développer l’irrigation étant faibles, les agriculteurs expriment un intérêt pour les
EUT pour intensifier leurs céréales et leurs fourrages pour l’élevage bovin.

Les EUT produites localement représentent à ce jour un gisement de 7,5 Mm3, et un potentiel de
18 Mm3 à l’horizon 2050, provenant des trois STEP existantes : Mornaguia, Jedaida, et Tebourba.
Ainsi, les EUT constituent, actuellement, à elles seules, un potentiel qui représente aujourd’hui 18% et
demain 44% des apports renouvelables de la zone.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous zone de la
Manouba, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte
qui vient d’être exposé.

Tableau 83 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 2 de la Manouba

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  2.a  :  Substitution  des  eaux  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable en utilisant 


conventionnelles pour l’irrigation de  100% du potentiel en EUT :   305
la Basse Vallée de la Medjerdah 
Arboriculture  :  20%  de  l’existant  en  2020  (1  130 ha),  43%  en  2050 
Substitution par des EUT (ou mélange  (2 400 ha) 
avec ces EUT) des eaux du barrage de 
Fourrages :  97%  de  l’existant  en  2020  (930 ha),  2  fois  l’existant  en 
Sidi  Salem  ou  El  Aroussia  pour 
2050 (1 970 ha) 
l’irrigation des périmètres existants 

Idée  2.b  :  Création  de  nouvelles  Périmètres irrigués à partir des eaux de la STEP de Mornaguia 3 200 


zones irriguées avec les EUT   ha (fourrages) 
Nouveaux  périmètres  irrigués  Nouveaux périmètres irrigués en utilisant 100% des EUT :  
arboricoles et fourragers 
Oliviers : en 2020, 2 500 ha ; en 2050, 5 300 ha. 
Céréales : en 2020, 4 200 ha ; en 2050, 8 900 ha. 
Fourrages : en 2020, 930 ha ; en 2050, 2 000 ha. 

Idée  2.c  :  Rejets  dans  l’oued  Amélioration des rejets des STEP et réutilisation indirecte des EUT par 


Medjerdah  et  réutilisations  les agriculteurs avec pompage dans les oueds 
indirectes 

La principale orientation qui se dégage pour répondre aux principaux enjeux locaux consiste ainsi à
utiliser la totalité des volumes d’EUT vers la valorisation agricole locale. Les 3 STEP sont en effet
situées au cœur de la zone irriguée de la Basse Vallée de la Medjerda. Ces volumes permettraient
d’irriguer, à l’horizon 2050, 5 300 ha d’oliviers, ou encore 2 000 ha de fourrages. Le potentiel de
développement de l’irrigation des oliviers avec cultures intercalaires est d’environ 3 000

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12.4.1.3 Sous-zone 3 : Gouvernorat de Zaghouan


Ressources en eau
Le gouvernorat de Zaghouan est relativement bien doté en ressources en eau avec 54 Mm3/an
de ressources souterraines renouvelables. Il s’agit principalement de 17 petites nappes phréatiques
sous-exploitées (62%) du fait de leur salinité due à la lithologie du réservoir et 17 nappes profondes
surexploitées (113%). Ces nappes sont inéquitablement réparties sur le territoire et l’irrigation en est
l’usage principal : quasi exclusif pour les nappes de surfaces, à 90% pour les nappes profondes, le
restant étant prélevé pour l’AEP et les industries. Bien que cela représente une faible part des
prélèvements, ces nappes profondes constituent la principale ressource pour l’eau potable. Le niveau
de prélèvement global est estimé à 52 Mm3, le bilan global est donc proche de l’équilibre, avec
des situations de surexploitation locales.

A cela s’ajoute le barrage de Bir Mcherga, d’un volume de stockage de 41,6 Mm3, et celui de Rmel
(23.8 Mm3 en tenant compte de son envasement). Ils sont situés à l’extrême nord et à l’est du
Gouvernorat. Ils sont dédiés au soutien d’étiage de l’oued Meliane et à l’irrigation d’un périmètre irrigué
de 1 600 ha situé à proximité, dédié à la culture des céréales pour le premier, et à l’irrigation de la plaine
de Bouchifa, dans la partie avale de l’Oued Rmel, pour le second.

Le potentiel des EUT produites localement est très modeste, représentant à ce jour 1,4 Mm3, et
4 Mm3 à l’horizon 2050. Ces flux d’EUT seront produits par une série de 5 petites STEP dispersées.

Agriculture
L’agriculture extensive est la principale activité économique de la zone. Elle est basée sur la
culture de l’olivier et du fourrage. Les surfaces cultivées sont très significatives, avec 69 000 ha de
céréales, 56 000 ha d’oliviers et environ 26 000 ha de fourrages. Une très faible part de ces surfaces
est actuellement irriguée (environ 6%). Certains périmètres irrigués expérimentent déjà le recours
aux EUT. C’est le cas par exemple au niveau de la STEP de El Fahs depuis 2006 et de celle de la ville
de Zaghouan. Il s’agit d’irrigation d’appoint des oliviers et de fourrages en culture intercalaire.
306 Peu d’autres activités économiques susceptibles d’avoir recours aux EUT (industries, hôtellerie, etc) ont
été relevées par les enquêtes.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le Gouvernorat de
Zaghouan, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte
qui vient d’être exposé.

Tableau 84 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : gouvernorat de Zaghouan

Idées de valorisation des EUT produites 
Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 
dans la zone (sans compter les transferts) 

Idée  3.a  :  Substitution  des  eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  substituable,  en 
conventionnelles pour l’irrigation  utilisant 100% du potentiel en EUT:  
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  Oliviers : 0,5 % des surfaces existantes en 2020 (42 ha), 8% en 
ces EUT) des eaux de barrages ou de nappes  2050 (761 ha) 
pour l’irrigation des périmètres existants 
Céréales : 14% des surfaces existantes en 2020 (70 ha), 259% 
en 2050 (1 250 ha) 
Fourrages : 10% des surfaces existantes en 2020 (16 ha), 176% 
en 2050 (282 ha) 

Idée  3.b  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux périmètres irrigués potentiels en utilisant 100% 


irriguées avec les EUT   des EUT :  
Nouveaux  périmètres  irrigués  oliviers  et  Oliviers : en 2020, 42 ha ; en 2050, 761 ha. 
fourrages  et  extension  des  périmètres 
Céréales : en 2020, 70 ha ; en 2050, 1250 ha. 
irrigués avec des EUT de El Fahs et Zaghouan

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Idées de valorisation des EUT produites 
Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 
dans la zone (sans compter les transferts) 

Fourrages : en 2020, 16 ha ; en 2050, 282 ha. 

Les volumes produits pourront être orientés en priorité vers des usages agricoles directs,
existants, locaux – aux alentours des STEP, pour les oliviers, le fourrage ou les céréales, en
substitution aux eaux conventionnelles. A l’horizon 2050, les volumes potentiels permettraient
d’irriguer 760 ha d’oliviers, ou 1 250 ha de céréales, ou 280 ha de fourrages. Cela permettrait de couvrir
la totalité des superficies irriguées de fourrage ou de céréales (160 ha et 490 ha) ou 8% des surfaces
d’oliviers (761 ha).

Les importantes surfaces cultivées font du gouvernorat de Zaghouan une destination possible des flux
d’EUT des zones excédentaires (Grand Tunis, Plaine de Mornag). Cette option est discutée dans la
partie 12.4.2.2.

307

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.4.2 Sous zones émettrices nettes de flux d’EUT


12.4.2.1 Rappel des études antérieures sur la REUT de la région du Grand Tunis
Plusieurs études d’évaluation des opportunités de valorisation des EUT du Grand Tunis ont déjà été
réalisées. Ces études envisagent plusieurs projets : créations de nouveaux périmètres irrigués au
niveau de la récente STEP de El Attar, recharge de nappe de Mornag ou transferts des EUT dans
des gouvernorats externes à la zone du Grand Tunis (Zaghouan voire Sousse et Kairouan). La
substitution des eaux conventionnelles par des EUT dans des périmètres existants ou l’utilisation dans
d’autres secteurs économiques (industries, tourisme…) ont été peu ou pas abordées dans ces études.
Le tableau suivant résume les grandes idées de valorisations des EUT proposées par ces études.

Tableau 85 : Synthèse des valorisations des EUT envisagées dans des études antérieures sur le Grand Tunis
Etude Zone Projet et STEP concernées
PI de 6 000 ha (céréales et fourrages, arbo sur les sols aptes,
Tunis Ouest (2000) Tunis Ouest développement de l’élevage bovin), STEP El Attar avec sites de
stockage ou STEP El Attar + Sud Meliane, 20,4 Mm3/an (année
moyenne)
Tunis Ouest PI de 2 000 ha (céréales et fourrages), STEP El Attar, 8 Mm3/an
DGEQV, Etude de
transfert (2009) Zaghouan – Plaine de PI de 6 500 ha (céréales et fourrages), STEP El Attar et El Allef,
Boucha 26 Mm3/an
Reprise de l’étude Zaghouan – Saouaf PI de 6 500 ha (céréales et fourrages), STEP El Attar et El Allef
Tunis Ouest (voir reliquat Choutrana), 26 Mm3/an
Kairouan - Nord Est PI de 10 000 ha (céréales et fourrages), STEP Choutrana,
42 Mm3/an
Nappe de Mornag Recharge de nappe, STEP Sud Meliane et El Allef, 10,8 Mm3/an
Nappe Grombalia Recharge de nappe, STEP Sud Meliane, 16 Mm3/an
308
Nappe El Fahs Recharge de nappe, STEP El Attar et El Allef, 0,8 Mm3/an
Nappe Sisseb Recharge de nappe, STEP Choutrana, 0,8 Mm3/an
Hemaiem : 77 ha, Céréales et Fourrages d’hiver,
CRDA Manouba, Mornaguia légumineuses, fourrages d’été, arboriculture (oliviers,
étude de création amandiers, pêchers)
d’un PI avec les EUT
à Mornaguia (2012) Bouragba : 926 ha, dont SMVDA Essalama 522 ha et société
Poulina 120 ha
Pour 3 146 ha au El Fajja : 959 ha, STEP EL Attar
total, soit un
équivalent de Borj El Amri Menzel Hbib : 793 ha, STEP El Attar
12,8 Mm3/an
Sidi Hassine El Attar : 391 ha, dont SMVDA El Attar 264 ha, STEP El Attar
Plaine de Mornag PPI sur EUT existant : 1 032 ha, abandon
CRDA Ben Arous,
Réhabilitation du Choix de la recharge de nappe puis prélèvement avec puits de
PPI de Mornag surface et mélange avec eaux du Nord
(2016)
Plaine de Mornag Recharge nappe STEP Sud Meliane, 8 – 10 Mm3/an, ajout
CRDA Ben Arous, traitement filtre à sable + UV
APS recharge de la Nappe avec un déficit
nappe de Mornag de 16,2 Mm3/an Recommandation plutôt recharge avec CMCB, 8 Mm3/an par
(2016) 12 forages
+ Barrage H’ma 3 Mm3/an en année humide

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12.4.2.2 Sous-zone 4 : plaine de Mornag


Ressources en eau
Les ressources en eaux souterraines de ce territoire sont estimées à 41,6 Mm3/an, alors que les
prélèvements s’élèvent à environ 50 Mm3/an. Cela représente un déficit global annuel d’environ
9 Mm3 en ce qui concerne les nappes. Les nappes phréatiques sont principalement dédiées à l’usage
agricole alors qu’une petite partie des ressources des nappes profondes est utilisée pour l’eau potable,
le reste allant également à l’irrigation. A noter cependant que la nappe de Mornag et sa partie Grès
Oligocène présentent un taux d’exploitation de 195% et un déficit annuel de 8 Mm3. Le contexte
hydrogéologique est favorable à la recharge, déjà pratiquée notamment à partir d’un quota de 2 Mm3
des eaux du CMCB alloué au CRDA de Ben Arous. Plusieurs petites retenues collinaires et le barrage
d’El Hma, d’une capacité d’environ 13 Mm3, ont contribué à développer l’irrigation. Les quotas
importants en eau du CMCB alloués au CRDA de Ben Arous viennent compléter la satisfaction des
besoins agricoles actuels.

Avec la présence de plusieurs STEP recevant les eaux usées du Grand Tunis dans la plaine de Mornag
(Sud Méliane, El Attar notamment), les EUT produites localement représentent un gisement
extrêmement important. A ce jour, cette ressource est estimée à 50 Mm3 et son potentiel serait de
119 Mm3 à l’horizon 2050.

Agriculture
L’agriculture représente un enjeu économique majeur dans la plaine de Mornag. La culture de
l’olivier, de la vigne et des céréales domine. L’irrigation y est bien développée avec près de 8 700 ha
irrigables, concentrés notamment le long des vallées des oueds Meliane et El Hma. Près de 5 500 ha
de périmètres publics sont alimentés grâce au transfert des eaux du barrage de Sidi Salem, et 1 000
autres ha utilisent les eaux du barrage local d’El Hma. Les enquêtes ont révélé une très forte demande
des grands exploitants et des SMVDA pour recourir aux EUT pour combler leurs déficits en eau
d’irrigation, notamment pour l’arboriculture.

Industries 309
Les 22 zones industrielles présentes dans le Gouvernorat de Ben Arous consomment un volume de
près de 9 Mm3/an en comptant les prélèvements des eaux de la SONEDE et les eaux souterraines
(ONAS, 2019).

Les tableaux ci-dessous listent les idées de valorisations des EUT possibles pour la plaine de Mornag,
idées élaborées à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

Tableau 86 : Possibilités de valorisation des EUT pour la plaine de Mornag -

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 4.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable 
pour l’irrigation  en utilisant 100% du potentiel en EUT :  
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  ces  Arboriculture : 1,7 fois l’existant en 2020 (7 600 ha), 3,5 
EUT)  des  eaux  du  barrage  de  Sidi  Salem  pour  fois l’existant en 2050 (15 600 ha) 
l’irrigation des périmètres existants 

Idée 4.b : Création de nouvelles zones irriguées  3 300 ha potentiels (céréales et fourrages) sur la STEP El 
Attar 
Etudes  antérieures  et  études  de  faisabilité  du 
CRDA de Manouba   1 009 ha potentiels sur la future STEP El Allef 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 4.c : Barrière hydraulique pour la nappe de  8 Mm3/an issus de la STEP de Sud Méliane ou de la future 
Mornag  STEP d’El Allef 
Déficit actuel de 6,6 Mm3 

Idée  4.d  :  Utilisation  des  EUT  dans  le  secteur  Consommation  actuelle  des  différentes  zones 
industriel  industrielles, toutes ressources confondues : 9 Mm3/an 
22 ZI à Ben Arous 

Idée 4.e : Amélioration du traitement pour des  Superficie irriguée de seulement 135 ha dans les PPI 
usages à plus haute valeur ajoutée  existants, bien inférieure aux superficies irrigables en 
2020 (7 630 ha) et en 2050 (15 700 ha) 
Maraîchage des PPI existants 

Idée  4.f  :  Transfert  et  recharge  de  la  nappe  de  Quota  estimé  pour  la  recharge  de  la  nappe  de 
Grombalia  au  Cap  Bon  ou  pour  substituer  les  Grombalia : 26 Mm3/an 
eaux  conventionnelles  dans  les  périmètres 
Potentiel irrigable de 10 000 ha d’agrumes  
agrumicoles 
Distance supérieure à 25 km  
Propositions  de  l’étude  de  transfert  des  EUT  du 
Grand Tunis – STEP Sud Meliane et El Allef 

Idée 4.g : Transfert vers Zaghouan pour créer de  6 500 ha pour la plaine de Boucha 
nouveaux périmètres irrigués 
6 500 ha à Saouaf (sud du gouvernorat) 
Propositions  de  l’étude  de  transfert  des  EUT  du 
Distance supérieure à 30 km 
Grand Tunis – STEP El Attar  
310
Idée  4.h  :  Production  d’eau  potable  pour  Possibilité  d’alimenter  en  eau  potable  44%  de  la 
alimenter le Grand Tunis  population de Tunis à partir des EUT en 2020 et 65% en 
2050. 
STEP de Sud Meliane et El Attar 

Idée  5.i :  Valorisation  écologique  de  la  Sebkha  Rejet des EUT de la STEP El Attar dans la sebkha Sejoumi 


Sejoumi  après raccordement de l’ensemble des habitats au sud 
de la sebkha (16 Mm3 rejetés en 2020, potentiel jusqu’à 
STEP El Attar 
51,3 Mm3 en 2050 si la totalité de la STEP est rejeté dans 
la sebkha).  

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial.

La REUT dans cette zone peut être orientée soit vers des usages locaux avec des exigences de
qualité plus ou moins élevées (usages industriels, maraîchage, AEP), soit pour des transferts vers
des zones agricoles où la substitution est possible (plaine de Grombalia), ou vers des zones qui
ne possèdent pas de ressources en eau propres pour développer l’irrigation (Zaghouan). Lors de
l’atelier régional, les acteurs ont insisté sur l’importance de la préservation du patrimoine arboricole
de la plaine de Mornag. La REUT peut aider à répondre à cet objectif en apportant une nouvelle
ressource en eau aux périmètres existants, dépendants des eaux du Nord et des ressources
souterraines surexploitées. Cependant, des mauvaises expériences de REUT dans la zone (périmètre
de Mornag, aujourd’hui alimenté par des eaux conventionnelles) ont créées des réticences vis-à-vis de
la qualité des EUT. Une importante amélioration des traitements en parallèle de campagnes de
sensibilisation auprès des agriculteurs seront nécessaires pour développer la REUT.

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Une valorisation écologique aussi est possible avec les EUT de la STEP El Attar en les utilisant pour la
création d’espaces verts sur les berges de la sebkha Sejoumi et en conservant une partie du rejet pour
alimenter la sebkha elle-même. Cependant, les efforts devront être mis sur la qualité des eaux rejetées
plutôt que sur la quantité car la sebkha doit pouvoir garantir sa fonction d’écrêtement des crues de
pointe comme prévu par le projet d’aménagement en cours (BPEH, 2020), (voir aussi plus haut
l’encadré de la partie 12.3.2 sur la sebkha Sejoumi).

12.4.2.3 Sous-zone 5 : pôle urbain du Grand Tunis


Ressources en eau
Le gouvernorat de Tunis se caractérise par des ressources conventionnelles locales assez
modestes (6,4 Mm3/an). Les eaux souterraines et surtout phréatiques sont saumâtres. Le Grand Tunis
dépend essentiellement des eaux du Nord pour son approvisionnement en eau.

De par sa taille et sa population, le pôle urbain du Grand Tunis génère un volume d’eaux usées
très important. Les volumes traités par les STEP de Charguia, Côtière Nord et Choutrana représentent
un gisement d’EUT de 57,3 Mm3/an en 2020, alors qu’il pourrait atteindre 75,6 Mm3/an à l’horizon
2050.

Agriculture
L’agriculture est quasiment absente, mis à part le périmètre de la Soukra irrigué avec des EUT
(409 ha irrigables) et de Mghira Enzel (126 ha irrigables, irrigués actuellement avec le CMCB).

Tourisme
La zone de Tunis Nord présente des enjeux touristiques non négligeables. La capacité hôtelière
est actuellement de 13 000 lits, avec une extension prévue de 6 000 lits dans la zone de Gammarth,
malgré les difficultés que rencontre le secteur depuis 2012. La superficie des espaces verts
touristiques est estimée à 160 ha (soit environ 80 ha irrigués). De plus, il existe 2 golfs (Carthage et
Gammarth) alimentés en eau par la STEP de Charguia (et donc de Choutrana à l’avenir) pour irriguer 311
80 ha et 2 autres golfs sont projetés à long terme. Au niveau des espaces verts urbains, près de
300 ha sont répartis sur le gouvernorat de Tunis, superficie qui pourrait s’étendre dans le cadre de la
politique municipale pour améliorer la cadre de vie des tunisois.

Industries
Les zones industrielles présentes dans le pôle urbain du Grand Tunis consomment un volume de près
de 3 Mm3/an en comptant les prélèvements des eaux de la SONEDE et les eaux souterraines (ONAS,
2019).

Les tableaux ci-dessous listent les idées de valorisations des EUT possibles pour le pôle urbain du
Grand Tunis, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du
contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 87 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 5 : pôle urbain du Grand Tunis

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  5.a  :  Réhabilitation  et  Borj  Touil :  3 145 ha  irrigables  mais  seulement  350 ha  irrigués 
intensification  des  PPI  existants  aujourd’hui. (Surtout fourrages pour élevage bovin). Si intensification à 
avec des EUT  100%  (faisabilité  peu  probable  du  fait  du  contexte  d’urbanisation 
croissante), utilisation de 78% des eaux de la STEP de Choutrana en 2020, 
PPI de Borj Touil et de la Soukra 
43% en 2050. 

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Soukra :  409 ha  irrigables  mais  seulement  162 ha  irrigués  aujourd’hui 


(surtout  arboriculture).  Si  intensification  à  100%  (faisabilité  peu 
probable  du  fait  du  contexte  d’urbanisation  croissante),  utilisation  de 
58% des eaux de la STEP de Charguia en 2020, 5% en 2050 de Choutrana 

Idée  5.b  :  Irrigation  des  espaces  L’irrigation des 800 ha existants mobiliseraient 8% des volumes d’EUT de 


verts urbains et touristiques  la sous‐zone. 

Idée 5.c : Irrigation des golfs  2020 : l’irrigation des 160 
2 existants et 2 projetés 

Idée 5.d : Utilisation des EUT dans  Consommation actuelle des différentes zones industrielles : 3 Mm3/an 
le secteur industriel 
Les 6 zones industrielles de Tunis 

Idée  5.e  :  Production  d’eau  Possibilité d’alimenter en eau potable 36% de la population de Tunis à 


potable  pour  alimenter  le  Grand  partir des EUT en 2020 et 41 % en 2050. 
Tunis 

Idée  5.f  :  Mélange  et  stockage  Transfert vers la STEP de El Heissiane puis alimentation des 8 000 ha de 


avec  les  EUT  des  autres  STEP  la Basse Vallée de la Medjerdah de l’Ariana 
312 périphériques  à  Tunis  puis 
Transfert  vers  la  STEP  El  Attar  puis  alimentation  des  21 000 ha  de  la 
substitution par les EUT des eaux 
Basse Vallée de la Medjerdah de la Manouba 
de  barrages  dans  des  PPI 
existants  Transfert vers la STEP Sud Meliane puis alimentation des 6 500 ha de la 
plaine de Mornag, voir Grombalia 

La valorisation des EUT de la zone constitue une opportunité de réduire au maximum les rejets dans le
Golfe de Tunis et de réduire la dépendance de l’approvisionnement en eau du Grand Tunis aux eaux
du Nord. Les grandes options stratégiques de valorisation de ces EUT peuvent être structurées en
fonction de la distance entre le site de production et leur utilisation, et en fonction du niveau de traitement
nécessaire :
 Une valorisation locale, au sein même du Grand Tunis, par les usages compatibles avec des
qualités actuelles des EUT ou avec l’ajout d’un traitement tertiaire : arrosage des golfs, des
espaces verts urbains, et des espaces verts des hôtels, et alimentation de certaines activités
industrielles. Les acteurs locaux ont demandé à privilégier ces types de valorisations lors de l’atelier
régional. Cependant, dans l’hypothèse où la totalité de ces besoins seraient satisfaits par les EUT,
ces usages ne permettraient d’absorber que 13% des flux d’EUT de la STEP de Choutrana, et
seulement 5% à l’horizon 2050.
 Une valorisation locale, au sein même du Grand Tunis, par des usages nécessitant une eau de
très bonne qualité voire potable : substitution aux eaux du Nord pour l’adduction en eau potable
et pour les usages industriels de type agro-alimentaires ;
 Des options de transfert de ces EUT vers des régions agricoles plus ou moins éloignées,
dont la demande en eau est importante et pour lesquelles le bilan des ressources en eaux
conventionnelles peut être déficitaire. Les EUT de la STEP de Choutrana seront alors mélangées
et stockées avec les EUT produites par une STEP périphérique à Tunis qui dépendra de la zone
qui reçoit le transfert d’eau (par exemple la STEP Sud Meliane si les eaux sont envoyées vers le
Cap Bon). Ces options comprennent :

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

- des destinations proches du Grand Tunis, telles que les périmètres existants de la Basse
Vallée de la Medjerdah ou de la plaine de Mornag, en substitution des eaux de barrage
(cf orientation 2 de la zone précédente) ;
- des destinations plus éloignées du Grand Tunis, telles que la plaine de Grombalia ou les
plaines de Boucha/Ain Asker ou Saouaf dans le Gouvernorat de Zaghouan.

12.4.3 Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones
La valorisation locale des EUT du Grand Tunis n’est pas toujours envisageable du fait des contraintes
locales, dont le contexte hydrogéologique non favorable à la recharge et le contexte très urbain n’offrant
que peu d’opportunités de valorisation agricole. Le rejet de ces eaux dans le milieu récepteur – sebkhas,
mer – est une source de pollution et de dégradation environnementale. La stratégie de valorisation de
ces volumes doit donc se réfléchir à l’échelle globale. Ce dernier chapitre permet de résumer toutes
les options envisagées dans les parties précédentes afin que la réflexion se fasse de manière
cohérente à l’échelle de tout le Grand Tunis et non simplement à l’échelle de chaque STEP.

La carte ci-dessous permet de rappeler de manière illustrée les idées de valorisations possibles des
EUT qui ont été proposées pour chaque sous zones et de montrer la variété des possibilités en fonction
des contextes territoriaux. A la suite, un schéma de principe reprend les flux potentiels d’EUT à l’horizon
2050 pour les plus grandes STEP et précise les différents usages possibles par STEP.

313

Figure 79 : Synthèse des valorisations des EUT possibles pour les 5 sous zones de la zone Grand Tunis - Zaghouan

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314

Figure 80 : Schéma des possibilités des valorisations des EUT pour les principales STEP du Grand Tunis

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.5 QUELS SONT LES SCENARIOS POSSIBLES ET COHERENTS POUR VALORISER LES
EUT DU GRAND TUNIS ET DE ZAGHOUAN ?
12.5.1 Formulation des scénarios prospectifs proposés
VALORISATIONS DES EUT COMMUNES AUX SCENARIOS PROPOSES
Il est proposé que certaines valorisations des EUT soient appliquées à l’ensemble des scénarios. Ces
propositions concernent surtout l’infiltration des EUT pour créer une barrière hydraulique pour la
nappe phréatique de Mornag, actuellement effectuée avec les eaux du Nord). Au niveau de la
préservation de l’existant, les périmètres irrigués au niveau de Zaghouan sont conservés ainsi que
l’irrigation des 2 golfs existants à Tunis. Les effluents industriels, après des prétraitements
efficaces, sont de plus en plus considérés comme des ressources et sont recyclés au sein des unités
industrielles, ce qui réduit le volume arrivant aux STEP. Il est estimé que ce recyclage concernerait 20
% des effluents produits en 2025, 50 % d’ici 2030 et 80 % en 2040.

12.5.1.1 Scénario 1 : les EUT, une ressource locale pour aider à l’alimentation en eau
potable du Grand Tunis
La croissance démographique du Grand Tunis augmente la demande en eau potable, fournie en
majorité par les eaux du Nord. Les EUT, produites au même endroit que la demande en eau potable,
sont considérées comme une ressource importante pour les usages urbains. Afin de réduire la
dépendance de Tunis aux autres régions pour son alimentation en eau potable et exploiter au
maximum les EUT localement, des efforts sont déployés pour que ces eaux atteignent une qualité
potable. Elles sont ensuite mélangées dans les réseaux de la SONEDE avec les eaux conventionnelles
et aident à sécuriser l’alimentation de tous les usages urbains sur le long terme (AEP domestique
315
et collective, usages industriels, usages hôteliers, espaces verts, etc). Ce scénario demande une forte
implication de la SONEDE en collaboration avec l’ONAS pour fournir aux différents usagers urbains une
ressource sécurisée.

12.5.1.2 Scénario 2 : les EUT, une ressource locale pour garantir l’alimentation du Grand
Tunis en primeurs et améliorer le cadre de vie urbain
Une forte volonté politique permet la maîtrise du développement urbain en périphérie du Grand
Tunis. Les terres agricoles périurbaines sont en grande partie préservées pour continuer à
contribuer activement à l’approvisionnement alimentaire de la capitale. Les EUT sont considérées
comme une ressource locale et durable pour alimenter les périmètres irrigués à forte productivité,
notamment des périmètres maraîchers existants ou nouvellement créés. Ces usages nécessitent
des investissements conséquents pour améliorer les traitements, ils nécessitent également de lever les
restrictions sur les cultures agricoles irrigables avec les EUT. Comme pour le scénario 1, des usages
urbains sont favorisés pour réduire leur consommation d’eau potable mais le traitement n’est pas
poussé pour un usage potable. L’irrigation des parcs urbains, l’aménagement de nouvelle zones vertes
comme aux abords de la sebkha Sejoumi ainsi que l’alimentation de cette zone humide en y conservant
une part du rejet d’EUT de la STEP El Attar permettent aussi d’améliorer le cadre de vie urbain des
tunisois. Les EUT restent utilisées à moins de 10 – 15 km de leurs lieux de production. Les eaux
conventionnelles sont conservées pour l’AEP. Ce scénario s’inscrit dans le SDA de la région
économique du Nord Est (DGAT, 2011), dont un des objectifs du territoire est de mieux maîtriser le
développement urbain et de préserver la place qu’occupe l’agriculture en périphérie des villes.
De même, il répond aux objectifs de la stratégie pour le développement du Gouvernorat de la Manouba
à l’horizon 2030 qui sont de préserver deux couronnes agricoles autour de la métropole pour sécuriser
l’apport alimentaire, encadrer l’urbanisation et constituer des réserves vertes (CGDR, 2018).

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12.5.1.3 Scénario 3 : les EUT, un moyen de préservation des terres agricoles


périurbaines tout en réduisant le stress hydrique
Comme pour le scénario précédent, il y a une volonté politique forte pour la maîtrise du
développement urbain en périphérie du Grand Tunis. Cependant, les EUT sont considérées comme
une ressource de substitution (ou mélangeable) aux eaux conventionnelles dans les périmètres
existants. L’objectif recherché, outre la préservation des terres agricoles périurbaines, est de
préserver les eaux du Nord pour l’AEP en limitant leur utilisation pour l’irrigation agricole. Les zones
réceptrices des EUT sont particulièrement les périmètres irrigués de la Basse Vallée de la Medjerdah
et de la plaine de Mornag. Les cultures pratiquées habituellement dans ces régions sont préservées
(arboriculture, viticulture, oléiculture, céréales, fourrages), ce qui demande peu de nouveaux
investissements importants dans des nouvelles technologies de traitement. Cependant, des transferts
sont nécessaires pour alimenter les périmètres les plus éloignés des centres urbains (20 – 25 km). La
substitution concerne aussi, pour les volumes résiduels, la plaine de Grombalia au Cap Bon, où les EUT
sont utilisées pour irriguer les périmètres agrumicoles (ou viticoles) et/ou pour recharger la nappe de
Grombalia.

12.5.1.4 Scénario 4 : Les EUT, une ressource pour dynamiser des zones agricoles à
l’extérieur du Grand Tunis
Les zones urbaines sont en forte expansion avec la raréfaction des réserves foncières de Tunis et
des banlieues Nord et Sud. Cette expansion gagne du terrain sur les terres agricoles périurbaines,
des périmètres irrigués disparaissent comme celui de Borj Touil et de la Soukra. Les EUT sont
transférées à l’extérieur des zones urbaines pour être exploitées dans les territoires agricoles.
Une partie des EUT viennent alimenter les périmètres irrigués de la basse vallée de la Medjerdah et de
la plaine de Mornag, c’est-à-dire les périmètres les plus éloignés du pôle urbain de Tunis et qui ne sont
pas menacés d’urbanisation, ainsi que les périmètres irrigués de la plaine de Grombalia. Le reste des
EUT alimentent des zones agricoles dépourvues en eaux conventionnelles, comme la plaine de
Saouaf dans le gouvernorat de Zaghouan par exemple. Les EUT sont transférées sur des distances
316 importantes (jusqu’à plus de 30 km), ce qui demande des investissements importants pour le transport,
la création de nouveaux périmètres et des infrastructures de stockage. Cette orientation inclut en partie
ce qui avait été imaginé lors de l’étude de transfert des EUT du Grand Tunis en 2010.

12.5.1.5 Vue d’ensemble des composantes considérées pour la construction des


scénarios
Le schéma ci-dessous synthétise les principales composantes qui ont permis de construire des
scénarios, à savoir l’éloignement des usages par rapport à la STEP, le niveau d’ambition technologique
pour le traitement des EUT, l’impact sur le bilan en eau (substitution d’usages existants ou création de
nouveaux usages) et les types d’usages en fonction de leur localisation en milieu rural ou urbain.

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Figure 81 : Principales composantes considérées pour la construction des scénarios pour le Grand Tunis et Zaghouan

12.5.2 Traduction locale à l’échelle des sous zones des scénarios


Afin d’illustrer plus en détails le contenu des scénarios décrits ci-avant, le tableau et les cartes ci-
dessous reprennent, pour chacun d’eux, les idées de valorisations des EUT associées pour chacune
des sous zones de la région du Grand Tunis et de Zaghouan.

317

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Tableau 88 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 4scénarios


Sous zones de la région
Valorisations des EUT à favoriser Ariana Manouba Zaghouan Plaine de Mornag Pôle urbain du Grand Tunis
Scénario 1 : Les EUT, une ressource locale pour aider à l'alimentation en eau potable du Grand Tunis
Extension et/ou intensification des PI existants avec des EUT X (Idée 1.a, une partie du PPI Borj Touil) X (Idée 3.b) X (Idée 5.a, PPI Soukra)
Golfs X (Idée 5.c, existants et projetés)
Espaces verts X I(dée 5.b)
Recharge de nappe X (Idée 4.c)
Réutilisation industrielle X (Idée 4.d) X (Idée 5.d)
AEP X (Idée 4.h) X (Idée 5.e)
Rejets dans l'oued Medjerdah X (Idée 2.c)
Scénario 2 : Les EUT, une ressource locale pour garantir l'alimentation du Grand Tunis en primeurs et améliorer le cadre de vie urbain
Extension et/ou intensification des PI existants avec des EUT X (Idée 3.b) X I(dée 5.a, PPI Soukra et Borj Touil)
Arbo/fourrages/céréales X (Idée 1.b) X (Idée 2.a) X (Idée 4.a) X (Idée 5.f)
Substitutions / mélanges dans des PI
Maraîchage X (Idée 1.c) X (Idée 4.e)
Création de nouveaux PI X (Idée 4.b)
Golfs X Idée 5.c, existants et projetés)

318 Espaces verts
Valorisation écologique X (Idée 4.i)
X I(dée 5.b)

Recharge de nappe X (Idée 4.c)
Réutilisation industrielle X (Idée 4.d) X I(dée 5.d)
Scénario 3 : Les EUT, un moyen de préservation des terres agricoles périurbaines tout en réduisant le stress hydrique
Extension et/ou intensification des PI existants avec des EUT X (Idée 3.b) X (Idée 5.a, PPI Soukra et Borj Touil)
Substitutions / mélanges dans des PI Arbo/fourrages/céréales X (Idée 1.b) X (Idée 2.a) X (Idée 4.a et 4.f) X (Idée 5.f)
Création de nouveaux PI X (Idée 3.b) X (Idée 4.b)
Golfs X (Idée 5.c, existants)
Recharge de nappe X (Idée 4.c et 4.f)
Scénario 4 : Les EUT, une ressource pour dynamiser des zones agricoles à l'extérieur du Grand Tunis
Extension et/ou intensification des PI existants avec des EUT X (Idée 3.b)
Substitutions / mélanges dans des PI Arbo/fourrages/céréales X (Idée 1.b) X (Idée 4.a et 4.f) X (Idée 5.f)
Création de nouveaux PI X (Idée 2.b) X (Idée 3.b) X (Idée 4.b et 4.g)
Golfs X (Idée 5.c, existants)
Recharge de nappe X (Idée 4.c et 4.f)

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Figure 82 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 4 scénarios sur la zone Grand Tunis - Zaghouan
(cartographie)

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12.5.3 Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT


produites en fonction des usages et des horizons temporels
Le tableau ci-dessous indique l’évolution possible dans le temps des valorisations des EUT par
scénario, avec la quantification des volumes réutilisés et des superficies irriguées aux horizons 2025,
2030, 2040 et 2050. Comme expliqué dans le chapitre méthodologique (voir chapitre 0), il indique quels
sont les besoins technologiques par scénarios pour différents sujets :
 Les niveaux de qualité (A/B/C/D/E) à atteindre. Ces niveaux font référence à l’échelle de qualité des
EUT définie plus haut dans le rapport, dans les chapitres consacrés à la réglementation et aux
traitements possibles.
Le niveau de qualité est fonction de la nature des valorisations et correspondra à une ou plusieurs
options technologiques, tel qu’exposé dans le chapitre consacré au options technologiques
possibles.
On peut par exemple lire dans le tableau, pour le scénario 1 que, en 2025, 100 % du volume des
EUT réutilisé (18,5 Mm3) est traité au niveau B. En 2050, dans ce même scénario, 5 % du volume
réutilisé (9.2 Mm3) devra être traité au niveau C+, 17 % au niveau B (32,2 Mm3) et 78 % au niveau
A+ (150,9 Mm3).
 Le besoin en transfert. Le tableau mentionne la part du volume d’EUT devant être transféré à plus
de 5 km, pour trois classes de distances.
 Le besoin en stockage intersaisonnier. Le tableau mentionne le volume d’EUT qui devra faire l’objet
d’un stockage intersaisonnier.

Certaines hypothèses utilisées pour la formulation des scénarios sont exposées en annexe 4.

Dans le scénario 1, près de 82 % des EUT sont réutilisées à l’horizon 2050. La grande majorité de
ce volume réutilisé (78 %) correspond à des EUT traitées à un niveau potable pour alimenter le Grand
Tunis, soit un niveau de qualité A+. Ces EUT sont une part du volume produit par les STEP de
320 Choutrana, Sud Meliane et El Attar. Le volume restant permet d’alimenter des usages urbains. 11 % du
volume total permet d’alimenter des besoins qui existent déjà aujourd’hui comme l’irrigation des
parcs urbains, des 2 golfs de Tunis, des espaces verts hôteliers et les besoins industriels des zones
industrielles de Ben Arous et Tunis. Des nouveaux usages urbains sont aussi créés, avec
l’augmentation des superficies des parcs urbains par exemple, et donc des superficies irriguées. Ces
usages requièrent un niveau de qualité B. Concernant les périmètres existants avec des EUT, ils sont
préservés dans ce scénario mais le périmètre de Borj Touil est réduit à une superficie irrigable de 1 000
ha du fait de l’extension de la zone urbaine. La stratégie de ce scénario reposant sur des valorisations
au plus proche des STEP, il n’y a pas de besoins de transferts de plus de 10 km.

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Le taux de réutilisation dans le scénario 2 est supérieur à celui du scénario 1, avec 91 % des EUT
produites valorisées à l’horizon 2050, dont 70 % de ces eaux réutilisées en irrigation agricole
directe. Plus précisément, 62 % de l’usage agricole correspond à de la substitution des eaux
conventionnelles dans les périmètres existants de la Basse Vallée de la Medjerdah et de la plaine
de Mornag. La levée des restrictions sur les cultures maraîchères à partir de 2040 permet d’irriguer
près de 2 150 ha supplémentaires dans les périmètres existants. Elle requiert cependant de traiter
9 % des EUT réutilisées à un niveau A. Les 38 % restants réutilisés en agriculture alimentent des
nouveaux périmètres irrigués projetés à court terme sur la STEP El Attar, El Allef, les STEP de la
Manouba, les nouvelles STEP de Zaghouan sur une superficie totale de près de 4 300 ha. Ils
comprennent aussi la préservation des PPI existants avec des EUT, et notamment celui de Borj Touil
conservé sur 2 000 ha grâce à une volonté politique de maitriser l’urbanisation. Au total, à l’horizon
2050, près de 23 000 ha sont irrigués avec des EUT. . Les périmètres existants n’étant pas toujours
situés à proximité des STEP, cela demande des investissements pour transférer 46 % des EUT
réutilisées. Cependant, le scénario cherchant à prioriser les valorisations locales, ces transferts sont
compris entre 10 et 20 km seulement. De plus, les besoins agricoles n’étant pas homogènes sur l’année,
il est nécessaire de prévoir des stockages correspondant à 34 % des EUT réutilisées pour les valoriser
au maximum. En plus de l’usage agricole, 7 % des EUT réutilisées correspondent aux mêmes
usages urbains existants et projetés que pour le scénario 1 (irrigation d’espaces verts, usages
industriels, etc.). 12 % des EUT réutilisées provenant de la STEP El Attar sont rejetées dans la Sebkha
Sejoumi. Ce volume correspond au volume produit par la STEP El Attar en 2050 moins ce qui permet
d’alimenter les périmètres irrigués projetés sur cette station.

Le scénario 3 présente le même taux de réutilisation que le scénario 2, à savoir, à l’horizon 2050,
91 % des EUT produites. Parmi ces EUT réutilisées, la grande majorité (85 %) permet de l’irrigation
agricole directe pour des cultures actuellement autorisées (arboriculture et fourrages), dont 60 %
pour la substitution des eaux conventionnelles dans les périmètres existants. Ces PPI concernent
ceux de la Basse Vallée de la Medjerdah et de la plaine de Mornag, mais aussi les périmètres
agrumicoles de la plaine de Grombalia. Ces derniers, en plus de la recharge de la nappe de Grombalia,
nécessitent un transfert d’une longueur comprise entre 20 et 30 km à partir de 2040. Cela représente
18 % du volume réutilisé. De plus, pour répondre aux besoins agricoles, 32 % des EUT réutilisées
doivent être stockées. Comme pour le scénario 2, il est estimé que 2 000 ha du PPI de Borj Touil
pourront être conservés et intensifiés. Au total, près de 22 000 ha sont irrigués avec des EUT à 321
l’horizon 2050. Cela ne prend pas en compte les surfaces qui pourront être irriguées indirectement
grâce aux recharges des nappes de Mornag et Grombalia qui sont estimées à 15 % du volume
réutilisé.

Enfin, dans le scénario 4, 78 % des EUT sont réutilisées à l’horizon 2050, dont 83 % pour l’usage
agricole direct pour des cultures actuellement autorisées. L’extension de la zone urbaine entraîne
la disparition des grands périmètres existants avec des EUT (Borj Touil, La Soukra) et réduit les
possibilités de substitution dans les périmètres existants les plus proches des pôles urbains (hypothèse
d’urbanisation des PPI de 2% par an). 79 Mm3, soit 43 % du volume réutilisé, permettent tout de
même de substituer les eaux conventionnelles dans les périmètres existants dans la Basse Vallée
de la Medjerdah, la plaine de Mornag et la plaine de Grombalia. Des nouveaux périmètres sont créés
autour des STEP de la Manouba et des nouvelles STEP de Zaghouan (horizon 2030). Les EUT du
Grand Tunis sont aussi transférées vers Zaghouan, à l’horizon 2040 pour la plaine de Boucha et 2050
pour Saouaf. Ces usages nécessitent des investissements importants en termes de transfert : 4 % des
EUT réutilisées sont transférées entre 10 et 20 km (Basse Vallée de la Medjerdah, partie Ariana), 17
% entre 20 et 30 km (Basse Vallée de la Medjerdah, partie Manouba), 36 % entre 30 et 40 km (Boucha
et Grombalia) et 14 % entre 40 et 50 km (Saouaf). De plus, 40 % du volume réutilisé doit être stocké.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Tableau 89 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénarios aux différents horizons temporels

Horizons temporels
2020 2025 2030 2040 2050
Volume EUT produit (Mm3) 118 143 165 211 244
Volume EUT produit si recyclage industriel (Mm3) (a) 118 141 159 201 234
Scénarios Volume  Superficies  Volume  Superficies  Volume  Superficies  Volume  Volume  Superficies 
Pourcentage (%) Pourcentage (%) Pourcentage (%) Superficies  Pourcentage (%) Pourcentage (%)
réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  réutilisé  irriguées 
irriguées (ha)
(Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a)
Extension et intensification des PPI existants avec d 5,7 583 65% 5% 15,3 1 421 83% 11% 16,1 1 421 51% 10% 16,8 1 421 45% 8% 17,6 1 421 9% 8%
Golfs Existants et projetés 2,8 78 32% 2% 2,8 78 15% 2% 3,0 78 9% 2% 4,3 188 12% 2% 4,5 188 2% 2%
Espaces verts touristiques Existants et projetés 1,4 81 4% 1% 1,6 96 4% 1% 1,6 96 1% 1%
Valorisations  Espaces verts urbains Existants et projetés 0,2 16 2% 0% 0,3 25 2% 0% 2,8 334 9% 2% 3,2 367 9% 2% 4,8 516 2% 2%
des EUT Recharge de nappe Mornag 8,4 ‐ 27% 5% 8,8 ‐ 24% 4% 9,2 ‐ 5% 4%
Réutilisation industrielle Hors IAA 2,5 ‐ 7% 1% 3,7 ‐ 2% 2%
AEP 150,9 ‐ 78% 64%
1 TOTAL (c) 8,8 677 100% 7% 18,5 1 524 100% 13% 31,6 1 914 100% 20% 37,2 2 071 100% 19% 192,3 2 221 100% 82%
E 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 8,4 ‐ 27% 5% 8,8 ‐ 24% 4% 9,2 ‐ 5% 4%
Besoins traitements B 8,8 677 100% 7% 18,5 1 524 100% 13% 23,2 1 914 73% 15% 28,4 2 071 76% 14% 32,2 2 221 17% 14%
Options 
A 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
technologiques
A+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 150,9 ‐ 78% 64%
Besoins transferts  /
Besoins stockage /

322 Extension et intensification des PPI existants avec d 5,7 583 65% 5% 25,7 2 421 57% 18% 27,0 2 421 21% 17% 28,3 2 421 15% 14% 29,6 2 421 14% 13%
Arbo ou fourrages 49,1 7 836 39% 31% 72,0 12 538 38% 36% 81,8 14 105 38% 35%
Substitution ou mélange
Maraîchage 16,1 1 917 9% 8% 19,0 2 157 9% 8%
Création de nouveaux PI Arbo ou fourrages 16,3 3 300 36% 12% 30,1 4 309 24% 19% 31,5 4 309 17% 16% 33,0 4 309 15% 14%
Golfs Existants et projetés 2,8 78 32% 2% 2,8 78 6% 2% 3,0 78 2% 2% 4,3 188 2% 2% 4,5 188 2% 2%
Valorisations 
Espaces verts touristiques Existants et projetés 1,4 81 1% 1% 1,6 96 1% 1% 1,6 96 1% 1%
des EUT
Espaces verts urbains Existants et projetés 0,2 16 2% 0% 0,3 25 1% 0% 2,8 334 2% 2% 3,2 367 2% 2% 4,8 516 2% 2%
Valorisation écologique Sebkha Sejoumi 5,7 ‐ 4% 4% 19,7 ‐ 10% 10% 26,1 ‐ 12% 11%
Recharge de nappe Mornag 8,4 ‐ 7% 5% 8,8 ‐ 5% 4% 9,2 ‐ 4% 4%
Réutilisation industrielle Hors IAA 2,5 ‐ 1% 1% 3,7 ‐ 2% 2%
2
TOTAL (c) 8,8 677 100% 7% 45,2 5 824 100% 32% 127,4 15 059 100% 80% 188,1 21 836 100% 93% 213,2 23 792 100% 91%
E 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 5,7 ‐ 4% 4% 19,7 ‐ 10% 10% 26,1 ‐ 12% 11%
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 8,4 0 7% 5% 8,8 0 5% 4% 9,2 0 4% 4%
Besoins traitements B 8,8 677 100% 7% 45,2 5 824 100% 32% 113,3 15 059 89% 71% 143,4 19 918 76% 71% 158,9 21 635 75% 68%
A 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 16,1 1 917 9% 8% 19,0 2 157 9% 8%
Options 
A+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
technologiques
Besoins transferts  10 ‐ 20 km 35,8 5 132 28% 22% 94,0 12 510 50% 47% 98,3 12 510 46% 42%
Arbo ou fourrages 9,2 3 300 20% 7% 44,5 12 145 35% 28% 58,2 16 847 31% 29% 64,6 18 414 30% 28%
Besoins stockage Maraîchage 7,4 1 917 4% 4% 8,7 2 157 4% 4%
TOTAL 9,2 3 300 20% 7% 44,5 12 145 35% 28% 65,6 18 764 35% 33% 73,2 20 571 34% 31%

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Horizons temporels
2020 2025 2030 2040 2050
Volume EUT produit (Mm3) 118 143 165 211 244
Volume EUT produit si recyclage industriel (Mm3) (a) 118 141 159 201 234
Scénarios Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Volume  Superficies  Pourcentage (%)
Superficies  Pourcentage (%)
réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  réutilisé  irriguées 
irriguées (ha)
(Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (b)/(c) (b)/(a) (Mm3) (b) (ha) (b)/(c) (b)/(a)

Extension et intensification des PPI existants avec d 5,7 583 65% 5% 25,7 2 421 57% 16% 27,0 2 421 23% 17% 28,3 2 421 15% 14% 29,6 2 421 14% 13%
Substitution ou mélange Arbo ou Fourrages ou Agrumes 54,7 7 836 47% 34% 106,7 14 244 56% 53% 128,0 16 296 60% 55%
Création de nouveaux PI Arbo ou Fourrages 16,3 3 300 36% 12% 23,0 3 300 20% 14% 24,1 3 300 13% 12% 25,2 3 300 12% 11%
Valorisations 
Golfs Existants 2,8 78 32% 2% 2,8 78 6% 2% 3,0 78 3% 2% 3,1 78 2% 2% 3,3 78 2% 1%
des EUT
Espaces verts urbains Aéroport 0,2 16 2% 0% 0,3 25 1% 0% 0,3 25 0% 0% 0,4 25 0% 0% 0,4 25 0% 0%
Recharge de nappe Mornag et Grombalia 8,4 ‐ 7% 5% 26,4 ‐ 14% 13% 27,6 ‐ 13% 12%
TOTAL (c) 8,8 677 100% 7% 45,2 5 824 100% 30% 116,5 13 660 100% 73% 189,1 20 068 100% 94% 214,1 22 120 100% 91%
E 0,0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
3 C+ 0,0 16 0% 0% 0 0 0% 0% 8,4 ‐ 7% 5% 26,4 ‐ 14% 13% 27,6 ‐ 13% 12%
Besoins traitements B 8,8 677 100% 7% 45,2 5 824 100% 32% 108,1 13 660 93% 68% 162,7 20 068 86% 81% 186,5 22 120 87% 80%
A 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Options  A+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
technologiques 10 ‐ 20 km 54,7 7 836 47% 34% 91,7 12 538 49% 46% 107,9 14 105 50% 46%
Besoins transferts 
30 ‐ 40 km 32,6 1 707 17% 16% 38,6 5 427 18% 16%
Arbo ou fourrages 9,2 3 300 20% 7% 43,8 11 136 38% 27% 65,2 15 838 34% 32% 74,9 17 405 35% 32%
Besoins stockage Agrumes 2,7 1 707 1% 1% 3,7 2 191 2% 2%
TOTAL 9,2 3 300 20% 7% 43,8 11 136 38% 27% 67,9 17 544 36% 34% 78,6 19 596 37% 34%

Extension et intensification des PPI existants avec d 5,7 583 65% 5% 5,7 583 64% 4% 1,4 80 2% 1% 1,5 80 1% 1% 1,6 80 1% 1%
Substitution ou mélange Arbo/fourrages
323
44,7 6 403 64% 28% 76,2 10 077 51% 38% 72,5 9 885 41% 31%
Valorisations  Création de nouveaux PI Arbo/fourrages 11,9 1 896 17% 7% 42,5 9 006 28% 21% 71,7 15 862 41% 31%
des EUT Golfs Existants 2,8 78 32% 2% 2,8 78 32% 2% 3,0 78 4% 2% 3,1 78 2% 2% 3,3 78 2% 1%
Espaces verts urbains Aéroport 0,2 16 2% 0% 0,3 25 4% 0% 0,3 25 0% 0% 0,4 25 0% 0% 0,4 25 0% 0%
Recharge de nappe Mornag et Grombalia 8,4 ‐ 12% 5% 26,4 ‐ 18% 13% 27,6 ‐ 16% 12%
TOTAL (c) 8,8 677 100% 7% 8,9 686 100% 6% 69,8 8 482 100% 44% 150,1 19 266 100% 75% 177,0 25 930 100% 75%
E 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
4 C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 8,4 ‐ 12% 5% 26,4 ‐ 18% 13% 27,6 ‐ 16% 12%
Besoins traitements B 8,8 677 100% 7% 8,9 686 100% 6% 61,4 8 482 88% 39% 123,7 19 266 82% 61% 149,4 25 930 84% 64%
A 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
Options  A+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
technologiques 10 ‐ 20 km 5,5 788 8% 3% 7,5 1 030 5% 4% 7,2 947 4% 3%
20 ‐ 30 km 23,8 3 405 34% 15% 32,6 4 452 22% 16% 31,3 4 092 18% 13%
Besoins transferts 
30 ‐ 40 km 59,4 8 207 40% 30% 65,8 8 691 37% 28%
40 ‐ 50 km 26 6 500 15% 11%
Besoins stockage TOTAL (Arbo/fourrages) 31,9 8 299 46% 20% 66,9 19 083 45% 42% 81,2 25 747 46% 51%

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.5.4 Comparaison des scénarios proposés


COUTS GLOBAUX
Le tableau ci-dessous indique les coûts des différents scénarios pour leurs différentes composantes
(traitement complémentaire, transfert éventuel, stockage éventuel, distribution des EUT par exemple
dans le cas de la création d’un nouveau périmètre irrigué).

Le contenu des différentes colonnes a été explicité plus haut (pour le cas de la zone Cap Bon, au
chapitre 10.5.4).

Tableau 90 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre en place dans
chaque scénario
Scénario 1
Volume Coût total Coût unitaire Inv (avec
% Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel global renouvellement)
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 192,3 201 804 700 100% 1,05 747 712 798 0,58 0,47 1,74 335 028 000
C+ 9,2 2 576 000 1% 0,28 12 285 000 0,22 0,06 0,21 1 932 000
Traitements
B 32,2 4 508 000 2% 0,14 25 081 875 0,11 0,03 0,08 2 576 000
complémentaire
s A
A+ 150,9 161 463 000 80% 1,07 615 793 750 0,66 0,41 2,10 316 890 000
10 ‐ 20 km
20 ‐ 30 km
Transferts
30 ‐ 40 km
40 ‐ 50 km
Stockage Bassins de surface
Distribution des
Périmètres irrigués 17,6 1 116 000 1% 0,06 8 400 000 0,04 0,04 0,26 4 576 000
EUT
Potabilisation 150,9 32 141 700 16% 0,21 86 152 173 0,04 0,18 0,06 9 054 000

324 Volume
réutilisé
Coût total
annuel
%
Coût unitaire
global
Scénario 2
Inv initial
Inv (avec
renouvellement)
Fonc Energie
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 213,2 64 375 000 100% 0,30 793 617 838 0,20 0,10 0,39 82 780 000
E 26,1 0,0 0% 0,00 0                        ‐                 ‐   0,0 0,0
C+ 9,2 2 576 000 4% 0,28 12 285 000 0,22 0,06 0,21 1 932 000
Traitements
B 158,9 22 246 000 35% 0,14 144 121 250 0,11 0,03 0,08 12 712 000
complémentaire
s A 19,0 6 270 000 10% 0,33 29 631 875 0,25 0,07 0,27 5 130 000
A+
10 ‐ 20 km 98,3 7 667 400 12% 0,08 161 071 758 0,05 0,03 0,14 13 762 000
20 ‐ 30 km
Transferts
30 ‐ 40 km
40 ‐ 50 km
Stockage Bassins de surface 73,2 13 395 600 21% 0,18 385 007 955 0,15 0,03
Distribution des
Périmètres irrigués
EUT 189,4 12 220 000 19% 0,06 61 500 000 0,05 0,05 0,26 49 244 000
Potabilisation

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Scénario 3
Volume Coût total Coût unitaire Inv (avec
% Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel global renouvellement)
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 214,1 74 910 800 100% 0,35 779 562 423 0,22 0,11 0,42 89 789 000
C+ 27,6 7 728 000 10% 0,28 36 855 000 0,22 0,06 0,21 5 796 000
Traitements
B 186,5 26 110 000 35% 0,14 145 315 625 0,11 0,03 0,08 14 920 000
complémentaire
s A
A+
10 ‐ 20 km 107,9 8 092 500 11% 0,08 104 267 329 0,04 0,03 0,11 11 869 000
20 ‐ 30 km 38,6 4 979 400 7% 0,13 100 224 469 0,07 0,06 0,25 9 650 000
Transferts
30 ‐ 40 km
40 ‐ 50 km
Stockage Bassins de surface 68,3 12 498 900 17% 0,18 341 500 000 0,15 0,03
Distribution des
Périmètres irrigués
EUT 182,9 15 502 000 21% 0,08 51 400 000 0,05 0,05 0,26 47 554 000
Potabilisation

Scénario 4
Volume Coût unitaire Inv (avec
Coût total % Inv initial Fonc Energie
réutilisé global renouvellement)
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 183,5 92 042 400 100% 0,50 1 172 161 836 0,30 0,20 0,88 162 167 000
C+ 27,6 7 728 000 8% 0,28 36 855 000 0,22 0,06 0,21 5 796 000
Traitements
B 155,9 21 826 000 24% 0,14 121 456 563 0,11 0,03 0,08 12 472 000
complémentaire
s A
A+
10 ‐ 20 km 7,2 1 231 200 1% 0,17 29 615 645 0,12 0,06 0,18 1 296 000
20 ‐ 30 km 31,3 4 382 000 5% 0,14 98 472 781 0,09 0,05 0,21 6 573 000
Transferts
30 ‐ 40 km 65,8 17 239 600 19% 0,26 210 895 765 0,09 0,17 0,94 61 852 000
40 ‐ 50 km 26,0 10 738 000 12% 0,41 150 266 082 0,16 0,25 1,33 34 580 000
Stockage Bassins de surface 73,2 13 395 600 15% 0,18 366 000 000 0,15 0,03
Distribution des
Périmètres irrigués
EUT 152,3 15 502 000 17% 0,10 158 600 000 0,11 0,05 0,26 39 598 000
Potabilisation

NB : les coûts d’investissement pour les périmètres irrigués ne concernent pas les périmètres irrigués
avec substitution des eaux conventionnelles car les infrastructures sont déjà existantes. Ils sont
cependant comptés dans les coûts de fonctionnement.

Les coûts estimés pour la production d’eau potable à partir d’EUT, projetée dans le scénario 1,
sont très élevés en comparaison des autres scénarios. En effet, bien que l’investissement initial soit 325
dans les mêmes ordres de grandeur que celui des scénarios 2 et 3 (proche de 800 millions de DT), les
coûts de fonctionnement du traitement pour obtenir une qualité d’EUT A+ sont de l’ordre de 0,59 DT/m3
(traitement des EUT + potabilisation). L’énergie consommée est aussi très conséquente avec
1.7 kWh/m3. Le scénario 4 est aussi plus cher que les scénarios 2 et 3. En effet, 37 % du coût total
est dédié au seul transfert des EUT contre respectivement 12 et 18 % pour les scénarios 2 et 3 pour le
transfert. Les coûts pour le traitement complémentaire afin d’atteindre une qualité A pour le scénario 2
n’atteint donc pas les investissements nécessaires pour le transfert des EUT hors du Grand Tunis.

En comparaison du scénario 3, l’investissement initial pour le scénario 2 est supérieur du fait de


la création de périmètres irrigués sur de plus grandes superficies et la nécessité d’aménager plus de
bassins de stockage. Cependant, le coût unitaire global est supérieur pour le scénario 3
(0,35 DT/m3 contre 0,30 DT/m3 pour le scénario 2) de par les coûts importants de fonctionnement et de
renouvellement des ouvrages de transfert jusqu’à 30 km. L’énergie consommée est d’ailleurs aussi plus
élevée (0,42 kWh/m3 contre 0,39 pour le scénario 2).

BENEFICES TERRITORIAUX
Chaque scénario répond à différents enjeux territoriaux, notamment les enjeux de stress hydrique et
d’adaptation au changement climatique. Les 3 tableaux ci-dessous reprennent le bilan hydrique de la
zone Grand Tunis - Zaghouan et son évolution potentielle en 2050 (RCP 4.5). Pour chaque scénario, il
est indiqué le volume réutilisé projeté. Il est précisé la part de ce volume qui alimente de nouveaux
usages et celle qui se substitue à des usages existants. Enfin, le volume qui se substitue à des usages
existants est comparé avec le déficit hydrique projeté en 2050 de la zone.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Tableau 91 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique dela zone Grand Tunis - Zaghouan à l’horizon 2050

Apports Projections REUT Déficit avec


Grand Tunis et Zaghouan Prélèvements Part
annuels Volume volume
CC - RCP 4.5 2050 effectifs dont substitution /
renouvelables réutilisé substitué par
(Mm3) substitution EUT (Mm3) déficit
(Mm3) (Mm3)
sans REUT 0 0 125 0%
Scénario 1 192 170 0 100%
Bilan en eau 2050 Scénario 2 415 541 213 120 5 96%
Scénario 3 214 156 0 100%
Scénario 4 183 100 25 80%

Les 4 scénarios proposés pour la région du Grand Tunis et de Zaghouan utilisent des volumes
importants d’EUT pour venir se substituer à des eaux conventionnelles pour des usages existants. Les
scénarios 1 et 3 permettent ainsi de combler 100 % du déficit de 125 Mm3 projeté pour le Grand
Tunis avec l’augmentation des besoins en eau liés à la pression démographique, et 96 % pour le
scénario 2. Le scénario 4, qui privilégie moins la substitution, permet tout de même de combler le
déficit à hauteur de 80 %. Les 4 scénarios permettent tous, dans une moindre mesure, de réduire le
stress hydrique de la région à l’horizon 2050, mais avec des stratégies différentes. Pour les scénarios
2, 3 et dans une moindre mesure le scénario 4, les EUT permettent de conserver les eaux
conventionnelles pour des usages en eau potable du Grand Tunis en venant remplacer les eaux des
barrages pour l’irrigation des périmètres existants. Le scénario 1, quant à lui, permet une alimentation
directe du Grand Tunis en eau potable via les EUT pour aider à sécuriser son approvisionnement.

D’autres bénéfices territoriaux sont apportés par les différents scénarios. Pour les scénarios 1 et 2 qui
privilégient des valorisations locales et urbaines, ils permettent d’aider au développement des
secteurs touristiques, industriels mais aussi à l’amélioration du cadre de vie urbain en irrigant des
nouveaux espaces verts. Les scénarios 2 et 3, en irriguant des terres agricoles périurbaines, aident à
maitriser l’urbanisation tout en aidant au développement agricole en périphérie du Grand Tunis. Le
scénario 4, quant à lui, permet de d’irriguer des zones agricoles dépourvues de ressources en
326 eau et donc de développer des zones rurales du Gouvernorat de Zaghouan.

Le détail des volumes substitués par usages et par scénario est exposé en annexe 5.

Le tableau ci-dessous résume pour chacun des scénarios les bénéfices territoriaux auxquels ils
contribuent.

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prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Tableau 92 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés

Aide au développement des zones rurales intérieures
Préservation des eaux conventionnelles pour l'AEP

Aide au développement du secteur touristique
Préservation des terres agricoles périurbaines

Aide au développement du secteur industriel
Préservation des eaux souterraines (qualité)
Sécurisation directe de l'AEP du Grand Tunis

Protection des zones littorales sensibles
Dynamisation du secteur agricole
Lutte contre le stress hydrique

Sécurité alimentaire nationale
Amélioration du cadre de vie
Bénéfices territoriaux

Adaptation au CC
Scénarios
Scénario 1 : les EUT, une ressource locale pour 
aider à l'alimentation en eau potable du Grand 
Tunis
Scénario 2 : les EUT, une ressource locale pour 
garantir l'alimentation du Grand Tunis en 
primeurs et améliorer le cadre de vie urbain
Scénario 3 : les EUT, un moyen de préservation 
des terres agricoles périurbaines tout en 
réduisant le stress hydrique 327
Scénario 4 : Les EUT, une ressource pour 
dynamiser des zones agricoles à l'extérieur du 
Grand Tunis

  Le scénario contribue fortement au bénéfice territoral

 Le scénario contribue modéremment au bénéfice territorial

  Le scénario ne contribue pas ou peu au bénéfice territorial

NIVEAUX D’AMBITION POUR LEVER LES CONTRAINTES REGLEMENTAIRES,


INSTITUTIONNELLES, SANITAIRES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES
Les scénarios 1 et 2 nécessitent de mettre en place des technologies de traitement avancées
(niveaux de qualité A et A+) et de développer de nouveaux usages avec les EUT interdits en 2020
(irrigation de culture maraichères, AEP). Les risques sanitaires sont élevés en cas de
dysfonctionnement des traitements et des mesures barrières. De plus, des nouveaux usages
nécessitent des modifications importantes du cadre réglementaire et institutionnel (nouveaux
cahiers des charges, nouvelles structures impliquées, nouveaux usagers potentiels etc.). Ils proposent
aussi des usages qui peuvent rencontrer des réticences en termes d’acceptabilité sociale si la confiance
des usagers dans la qualité des EUT n’est pas établie. Particulièrement pour l’AEP, les freins
psychologiques seront difficiles à lever. Ces deux scénarios apparaissent donc comme très ambitieux
au regard des contraintes à lever.

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Les scénarios 3 et 4 requièrent plutôt des besoins en termes de transfert que de niveau de traitement,
d’où un niveau d’ambition technologique estimé plus faible pour ces scénarios. La majorité des
usages se concentre sur de l’irrigation agricole pour des cultures actuellement autorisées, les risques
sanitaires mais aussi les besoins réglementaires et les freins sociaux sont donc moindres. Des
grands projets de transferts et la substitution des eaux conventionnelles par des EUT dans des
périmètres existants demanderont tout de même des changements au niveau du cadre institutionnel et
des campagnes de sensibilisation.

328

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

Tableau 93 : Comparaison des scénarios proposées pour le Grand Tunis et Zaghouan en fonction des niveaux d’ambitions par contraintes

329

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12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

12.5.5 Conclusion sur la situation du Grand Tunis et de Zaghouan et les


opportunités de développement de la REUT
12.5.5.1 Le Grand Tunis, premier pôle producteur des EUT du pays dans une région avec
un bilan hydrique non déficitaire… jusqu’à présent
La production d’EUT au niveau du Grand Tunis est un enjeu stratégique majeur pour le pays. En
effet, l’abondance des volumes produits (proches de 240 Mm3 en 2050) et les impacts
environnementaux négatifs de leurs rejets dans le Golfe de Tunis exigent un questionnement
éminent sur leur devenir.

Les phases de concertation menées lors de cette phase de prospective ont montré l’intérêt plus faible
des acteurs régionaux pour le sujet de la REUT par rapport à d’autres régions avec un bilan hydrique
déficitaire. En effet, les besoins en eau actuels sont satisfaits grâce, notamment, aux transferts des
eaux du Nord. L’offre en EUT est donc supérieure à la demande, rien qu’en termes quantitatifs.

Cependant, de nombreux facteurs vont influer sur ce transfert des eaux du nord : croissance
démographique et augmentation des besoins en AEP, développement industriel, diminution de la
disponibilité des eaux de surface et augmentation des cultures avec le changement climatique, etc. La
concurrence entre les usages va s’intensifier et le déficit hydrique va se creuser (estimation d’un
déficit de 125 Mm3 pour le Grand Tunis en 2050 dans un scénario modéré des conséquences du
changement climatique). Dans un tel contexte, les EUT devront trouver leur place dans le mix des
ressources hydriques de la région afin de pallier ce déficit. Les choix politiques qui vont
conditionner l’avenir de la REUT pour la zone du Grand Tunis sont donc cruciaux.

12.5.5.2 Des possibilités de REUT multiples à prioriser en fonction des bénéfices


330 territoriaux recherchés
La multiplicité des possibilités de REUT rend la question des choix de valorisations à privilégier
complexe. Pour certains Gouvernorats, les flux d’EUT produits pourront être absorbés à proximité des
STEP pour des usages agricoles : c’est le cas de la Manouba ; de Zaghouan, et de l’Ariana. Pour les
principales STEP du pôle urbain de Tunis (Choutrana, Sud Meliane, El Attar), le volume produit ne
pourra pas être entièrement réutilisé sur place. Même si on privilégie des usages urbains, les
besoins ne seront pas suffisants (estimation à 6 % des EUT produites) pour utiliser les EUT produites,
sauf en cas d’usage pour l’AEP. Le transfert vers des zones agricoles sera incontournable pour
valoriser les EUT, à moins que l’usage eau potable avec la REUT soit développé.

En termes d’usages agricoles, les possibilités restent nombreuses : irrigation des cultures maraîchères,
création de nouveaux périmètres ou substitution des eaux conventionnelles dans des périmètres
existants, transferts jusqu’au Cap Bon pour répondre aux besoins existants ou jusqu’à Zaghouan pour
développer des surfaces irriguées, etc. Chacune de ces possibilités répond à des enjeux territoriaux
précis. Cette phase prospective a été l’occasion, lors des rencontres avec les acteurs régionaux, de
faire germer l’idée qu’une substitution des eaux du nord alimentant les périmètres de la Basse
Vallée de la Medjerdah par les EUT est une option envisageable. Elle serait une réponse forte à la
dégradation du bilan hydrique de la région tout en aidant à la préservation de terres agricoles
périurbaines. Il en est de même pour les périmètres irrigués de la plaine de Mornag pour la
conservation de son patrimoine arboricole, même si la défiance envers les EUT dans cette région
est plus forte à cause des mauvaises expériences du passé. Quant à l’idée du transfert des EUT
restantes vers la plaine de Grombalia, elle rencontre des réticences auprès des acteurs régionaux du
Cap Bon qui demandent à valoriser en priorité les EUT produites localement.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
12. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE GRAND TUNIS - ZAGHOUAN

L’avis du Consultant est que le scénario 1, qui propose la potabilisation des EUT à l’horizon 2050,
apparaît comme peu réaliste à cet horizon au regard du niveau de technologie demandé et des coûts
associés. D’autres valorisations des EUT sont à privilégier dans un premier temps. A moyen terme,
l’accent devrait être mis (i) sur la préservation des eaux du Nord pour l’AEP du Grand Tunis et (ii) sur
la préservation des terres agricoles périurbaines avec la substitution des eaux de barrages dans les
périmètres existants de la Medjerdah et de Mornag. Des outils devront être mis en place pour
sensibiliser les agriculteurs au changement de ressources (subventions, formations, sensibilisation au
déficit hydrique, obligations, etc.). Toujours d’après le Consultant, le transfert des EUT du Grand Tunis
vers le gouvernorat de Zaghouan pour la création de nouveaux périmètres irrigués ne semble pas
opportun au regard de l’impact sur le bilan hydrique global de telles valorisations (augmentation globale
de la consommation d’eau), des coûts d’investissement et de fonctionnement très importants
nécessaires et de la forte consommation énergétique associée. Ce transfert sera éventuellement à
considérer en dernier ressort en fonction des volumes restants des EUT après leur valorisation au
maximum au plus proche du pôle urbain.

331

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD


13.1 OFFRE POTENTIELLE EN EUT DANS LE GRAND SUD D’ICI 2050. COMMENT
CETTE OFFRE S’INSCRIT DANS LE MIX DE RESSOURCES EN EAU GLOBAL DE LA
REGION ?

13.1.1 Un développement important du parc épuratoire, qui pourrait faire passer


les flux d’EUT de 35 Mm3 à près de 100 Mm3 d’ici 2050
FLUX LIES AU PARC EPURATOIRE MUNICIPAL EN MILIEU URBAIN
Le parc épuratoire de la région du Grand Sud regroupe un total (chiffre 2018) de 20 STEP. Les
Gouvernorats de Gabes, Gafsa et Medenine sont dotés d’un schéma directeur d’assainissement à
l’horizon 2036. Un large programme de création de nouvelles STEP et d’extension de celles existantes
est prévu. Pour les gouvernorats de Tozeur, Kebili et Tataouine, l’ONAS a un programme à court terme.

Concernant l’assainissement de la ville de Gabes, enjeu majeur pour ce Gouvernorat, les principales
interventions prévues sont les suivantes :
 Réalisation de la STEP de Gabes Nord pour 2025 pour soulager la STEP actuelle de Gabes,
 Réalisation de la STEP de Gabes Sud après 2030 avec notamment le raccordement de la nouvelle
zone touristique projetée de Chott Hamrouni,
 Abandon de la STEP de Gabes à la suite de la mise en route de la STEP de Gabes Sud.
332 Concernant la ville de Zarzis, autre futur pôle épuratoire majeur de la région Grand Sud, la nouvelle
STEP Zarzis Sud va remplacer d’ici 2025 la STEP actuelle appelée Zarzis Ville. Les 2 autres STEP
existantes de Souihel et Lella Mariem vont aussi être abandonnées au profit de la nouvelle STEP de
Hassi Jerbi.

Au niveau de l’île de Djerba, aucune nouvelle STEP n’est programmée mais des extensions vont avoir
lieu sur l’ensemble des STEP (Houmt Essouk, Aghir et Ajim).

Pour la ville de Medenine, la STEP fait partie du programme de court terme de l’ONAS afin qu’elle soit
réhabilitée rapidement, qu’un traitement tertiaire soit ajouté et que le rejet dans l’oued Smar soit déplacé.

Pour la ville de Gafsa, l’ancienne STEP surchargée par lagunage a été remplacée depuis 2020 par
une STEP boues activées avec traitement tertiaire et cogénération.

Pour les autres zones de la région Grand Sud, en dehors des grands pôle urbains, il est prévu la
réalisation de nombreuses STEP de petite à moyenne capacité pour assainir des zones non raccordées
au réseau de l’ONAS jusqu’à présent. Les principales réalisations projetées sont les suivantes :
 Mise en route de la STEP de Ben Guerdane dans le Gouvernorat de Medenine, actuellement en
cours de réalisation, d’une capacité pouvant s’étendre jusqu’à 6,5 Mm3/an. 5 autres STEP très
modestes sont prévues (moins de 500 000 m3/an) sur l’ensemble du Gouvernorat.
 La zone intérieure de Gabes sera dotée de 5 nouvelles STEP. Actuellement, seule la STEP de El
Hamma existe dans cette zone.
 5 nouvelles STEP sont aussi projetées d’ici 2025 pour le Gouvernorat de Gafsa, dont la STEP qui
raccordera à la fois la commune de Redeyef et celle de Oum El Araies et la STEP de El Guettar
dont la mise en service est prévue pour 2022.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

 Pour les gouvernorats de Tozeur, Kebili et Tataouine, au vu de la faible croissance démographique


projetée, l’extension du parc épuratoire s’arrêtera à quelques nouvelles STEP très modestes (moins
de 700 000 m3/an) : Hazoua en 2025, Souk Lahad, Rjim Maatoug, Hammet El Djerid, Remada,
Dhehiba en 2030...

L’ONAS prévoit de développer 3 stations avec des procédés d’assainissement semi-collectifs adaptés
à des faibles volumes et aux milieux ruraux. Ces STEP sont celles de Hazoua à Tozeur, Menzel El
Habib à Gabes, Hassi Omor à Medenine et Rjim Maatoug à Kebili. Les volumes sont très faibles au
regard des volumes produits par les centres urbains qui représentent l’enjeu principal de la REUT.

Comme indiqué dans les schémas directeurs d’assainissement, des projets couteux d’émissaires en
mer pour les STEP de Gabes et de Zarzis ont été abandonnés afin de privilégier la REUT comme
destination finale des effluents.

Le tableau suivant indique les flux d’EUT calculés aux différents horizons temporels de l’étude, ainsi
que l’évolution potentielle des traitements tertiaires.

Le flux actuel total d’EUT est de l’ordre de 35 Mm3/an. Il pourrait atteindre environ 100 Mm3/an
en 2050.

Les cartes associées présentent les STEP existantes et programmées dans la zone Grand Sud.

333

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 94 : Liste des STEP existantes et futures au Grand Sud et flux d’EUT aux différents horizons temporels
Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de 
Année de 
Gouvernorat STEP mise en  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
fin de fonct.
service
Medenine Djerba Sidi Mehrez 1981 x x x 1,0 2,0 2,0 2,0 2,0 2,0
Medenine Zarzis Lella Mariem 1982 0,4 0,8 0,0 0,0 0,0 0,0
Gafsa Gafsa 1985 x x x x x x 2,0 6,5 7,3 9,1 11,7 13,4
Medenine Djerba Houm Souk 1991 x x x x 0,8 2,6 4,2 5,0 6,3 7,1
Medenine Zarzis Ville 1992 0,7 0,5 0,0 0,0 0,0 0,0
Tozeur Nefta 1992 0,8 0,8 0,9 1,0 1,1 1,2
Gabes Gabes 1995 6,1 7,0 4,3 4,2 0,0 0,0
Tataouine Tataouine 1999 ? ? ? 2,7 3,4 3,8 4,4 4,8 5,0
Medenine Medenine 2000 x x 2,0 2,2 2,7 4,6 5,7 6,5
Tozeur Tozeur 2000 ? ? ? 2,2 1,7 1,9 2,2 2,4 3,2
Medenine Djerba Aghir 2001 x x x x x x 1,8 1,6 2,5 3,4 4,7 5,6
Kebili Kebili 2002 ? ? ? 0,8 0,8 0,8 0,8 1,1 1,3
Gabes El Hamma 2004 x x x 1,3 1,6 1,8 2,8 3,3 3,8
Kebili Douz 2004 0,9 1,1 1,1 1,3 1,7 1,9

334 Gafsa
Gabes
Metlaoui
Metouia Ouedhref
2006
2007
x
x
x
x
x
x
x
x
0,5
0,7
0,9
0,8
1,3
0,9
2,7
1,1
3,3
1,3
3,8
1,6
Gabes Mareth Zarat 2007 x x x x 0,5 0,5 0,6 0,8 1,1 1,3
Medenine Djerba Agim 2016 x x x x x x 0,0 0,4 0,4 1,1 2,6 2,9
Gabes Menzel Habib 2020 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1
Medenine Ben Guerdane 2020 x x x x x x 0,0 0,0 1,3 2,4 5,4 6,1

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Gabes Gabes Nord 2025 x x x x 0,0 0,0 4,0 5,4 7,1 8,3


Gabes Matmata Jedida 2025 x x x x 0,0 0,0 0,2 0,3 0,5 0,6
Gabes Zraoua 2025 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Gabes Dkhilet Toujane 2025 0,0 0,0 0,1 0,2 0,2 0,2
Gafsa Redeyef Moulares 2025 0,0 0,0 2,3 2,8 3,4 4,6
Gafsa El Guetar 2025 x x x x 0,0 0,0 0,6 0,7 0,9 1,1
Gafsa Sened 2025 x x x x 0,0 0,0 0,4 0,5 0,6 0,7
Gafsa Sidi Aich 2025 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1 0,1
Gafsa Belkhir 2025 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1 0,1
Medenine Beni Khedèche 2025 x x x x 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,2
Medenine Zarzis Sud 2025 x x x x 0,0 0,0 1,3 1,5 3,0 3,4
Medenine Boughrara 2025 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2 0,2
Medenine Sidi Makhlouf 2025 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1 0,1
Medenine Hassi Jerbi 2025 x x x x 0,0 0,0 2,2 2,3 3,9 4,2
Tozeur Hazoua 2025 ? ? ? ? 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1 0,1

Gabes Ben Guilouf 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2


Kebili Souk Lahad 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,6 0,6 0,7
Kebili Rjim Mâatoug  2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Tataouine Dhehiba 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1
Tataouine Remada 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,2 0,4 0,4
Tozeur Hammet El Djérid 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2 335
Gabes Matmata Ancienne 2040 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Gabes Gabes Sud 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,5 5,6 6,3
Medenine Gasr Jdid 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Medenine Jedaria 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Tataouine Bir Lahmar 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2
Tataouine Smâr 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Tozeur Tamaghza 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Kebili Faouar  2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1

TOTAL FLUX 25 35 50 65 87 99

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

336

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

337

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Il faut cependant noter qu’en l’état actuel, près de 22 % du flux d’EUT produit au Grand Sud présente
des salinités supérieures à 3 g/L, peu compatibles avec l’irrigation (agricole ou espaces verts). Cela
concerne exclusivement des STEP situées sur le littoral et notamment la zone de Djerba et Zarzis. Ces
salinités élevées peuvent s’expliquer par l’intrusion des eaux de nappes salines dans les réseaux
d’assainissement.

Tableau 95 : Salinité des eaux en sortie des STEP du Grand Sud pour l’année 2017 (ONAS, 2017)

Part du flux d'EUT  Part du flux d'EUT 
Volume d'EUT produit  Taux de salinité en 
STEP en fonction des  en fonction du seuil 
(m3/an) sortie de STEP (g/L)
classes de salinité de salinité 3 g/L
El Fahs 473 000 1,4
Gafsa 3 065 000 1,6 18%
Kebili 912 000 2,0
Zarzis Souihel 149 000 2,3
Nefta 830 000 2,4
Medenine 1 798 000 2,4
Gabes 3 745 000 2,4
78%
Tozeur 1 961 000 2,5
Zarzis Lella Mariam 423 000 2,7 60%
Metlaoui 559 000 2,7
Tataouine 2 374 000 2,8
Douz 725 000 2,8
Mareth Zarrat 470 000 2,9
El Hamma 1 966 000 2,9
Jerba Houmt Essouk 766 000 3,2
338 Jerba Sidi Mehrez 487 000 3,5
18%
Metouia Ouidhref 659 000 3,5 22%
Jerba Aghir 2 564 000 3,6
Zarzis Ville 915 000 5,4 4%

FLUX INDUSTRIELS NON RACCORDES


Le CADRIN de l’ONAS inventorie 27 industries non raccordées au réseau d’assainissement
collectif, présentes surtout à Medenine et Gabes (respectivement 15 et 8 industries). Parmi ces
industries, 17 sont des industries agro-alimentaires, en grande majorité des abattoirs. Seulement 3
d’entre elles réalisent des prétraitements. Les milieux de rejets des effluents sont surtout des oueds.
Le tableau ci-dessous est un extrait du CADRIN de l’ONAS concernant la région du Grand Sud. Il
indique les industries où le volume rejeté a été pu être estimé et est supérieur à 1 000 m3/an.

Tableau 96 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué (ONAS, 2019)

Prétraitem
Secteur d’activité Milieu de rejet Volume rejeté (m3/an)
ent réalisé

Production de viande de Non


Oued 3 000
boucherie

Transformation et Non
Oued 1 500
conservation de tomates

Fabrication d'appareils Non


Oued 1 300
sanitaires en céramique

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prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Prétraitem
Secteur d’activité Milieu de rejet Volume rejeté (m3/an)
ent réalisé

Production de boissons Non


Puit perdu 1 200
rafraîchissantes

13.1.2 Une offre en EUT qui pourrait réduire le déficit hydrique régional d’environ
15%
CLIMAT
La zone du Grand Sud est caractérisée par une pluviométrie très faible et sensiblement inférieure à
la moyenne tunisienne. Elle dispose d’un climat quasi désertique (DGRE, 2019). En moyenne sur la
période 1980-2009, le cumul annuel de précipitation est de 141 mm/an (±100 mm/an) (CHPclim,
2020).

D’après les projections climatiques du CMIP4 et du CMIP5, le littoral tunisien, serait davantage épargné
que la partie Ouest par la réduction de la pluviométrie à l’horizon 2050. La diminution des
précipitations serait comprise entre 0% et 20%. Comme toutes les autres zones du pays, celle-ci
subira un réchauffement déjà à l’œuvre qui induira en particulier une évapotranspiration plus importante
et conséquemment une hausse de la sécheresse pédologique, une réduction de la recharge des nappes
et des besoins en eau plus élevées pour les cultures. L’élévation de température pourrait aller jusqu’à
+2,6°C à l’horizon 2050 dans le cadre du scénario d’émission le plus pessimiste, à savoir le RCP 8.5.

EAU DE SURFACE
Hydrologie
La zone du Grand Sud est située dans la région hydrologique n°9, appelée « Sud ». Cette zone regroupe
339
les littoraux de Gabès et Médenine, les Chotts de Fjej, Regoug et Jerid ansi que les bassins sahariens.
Les Gouvernorats de Gafsa et Tozeur couvrent également une partie de la région hydrologique n°8, à
savoir le Chott El Gharasa et El Guettar Sidi Mansour. D’après les analyses et les modélisations
hydrologiques de la troisième phase de l’étude CRET, les écoulements sur la zone du Grand Sud
représentent environ 4,3 mm/an, soit un volume écoulé annuellement de 392 Mm3/an. Cette
estimation est probablement surestimée. Selon d’autres sources bibliographiques l’apport moyen pour
cette même zone serait plutôt de l’ordre de 173 Mm3 (DGRE, 2017), voire 104 Mm3 par an (BPEH,
2019).

Aucune projection climatique pour les écoulements de la zone du Grand Sud n’est disponible dans la
littérature consultée.

Ouvrages de stockage
La zone du Grand Sud ne compte que 2 barrages collinaires pour une capacité totale de stockage de
0,3 Mm3. En ce qui concerne les grands barrages, la zone du Grand Sud ne dispose que d’un seul
ouvrage. Il s’agit du barrage de Kebir Gafsa, qui est construit mais non exploité. Le Barrage de Sidi
Aich, d’une capacité de 88 Mm3, se situe à la limite entre les gouvernorats de Gafsa et Kasserine. Il ne
reçoit cependant en moyenne que 2 Mm3/an.

DESSALEMENT (EAU DE MER ET EAU SAUMATRE)


Le dessalement d’eau de mer dans la région concerne à ce jour qu’une seule station de 50 000 m3/j
à Djerba. Cette station a été construite en 2018 et permet d’alimenter l’île en eau potable. Une
extension de 25 000 m3/j est possible.

Une autre station est projetée pour 2022. Il s’agit de la station de dessalement à Zarat, au Sud de
Gabes, d’une capacité de 50 000 m3/j. Elle pourra être extensible jusqu’à 100 000 m3/j.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

La production d’eau issue de dessalement d’eau de mer projetée en 2025 est donc de 36 Mm3/an
pour le Grand Sud, extensible à 64 Mm3/an.

Des stations de dessalement d’eaux saumâtres sont également fonctionnelles dans la zone du
Grand Sud, gérées par la SONEDE. Elles sont au nombre de 14 disséminées sur toute la zone avec
une capacité de traitement totale de 112 000 m3/j. 5 autres stations sont en cours de construction afin
d’ajouter une capacité de production de 28 000 m3/j (BPEH, 2019).

La production d’eau issue de dessalement d’eaux saumâtres projetée en 2025 est donc proche
de 10 Mm3/an pour le Grand Sud.

Vue d’ensemble des ressources de surface


La carte ci-dessous reprend la localisation des barrages et des futures stations de dessalement pour la
zone du Grand Sud.

340

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

341

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prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

EAUX SOUTERRAINES
On dénombre 52 nappes phréatiques. Les principales nappes phréatiques en termes d’exploitation et
de ressources sont celles de l’oasis du Djerid, Gafsa Nord et Gabès Sud. Le volume de ressources en
eau pouvant être exploité de façon durable est de 138 Mm3 par an. Or, en 2015, le volume total
exploité a été de 140 Mm3. Il y a donc une exploitation globale équilibrée des ressources phréatiques
de la zone du Grand Sud. Cependant, ce bilan global efface des disparités importantes entre les nappes.
La nappe de Gafsa Nord est celle qui fait face au plus haut taux de surexploitation (183% en 2015).
Par ailleurs, en termes de qualité des eaux souterraines, l’ensemble des nappes connait des épisodes
de forte salinité au-dessus de 4 g/L, voire de très forte salinité supérieure à 8 g/L, ce qui explique l’état
de sous exploitation de certaines nappes.

Les nappes profondes de la région restent la ressource en eau principale de la région avec 770
Mm3 qui sont estimés comme pouvant être prélevés annuellement. Cependant, les prélèvements
s’élèvent à 1120 Mm3, soit un taux d’exploitation global de 145 %, ce qui illustre la surexploitation
massive des ressources fossiles du Grand Sud.

EXPLOITATION DES EAUX


Dans la situation actuelle, les prélèvements en eau tous usages confondus dans la zone du Grand
Sud représentent un volume total de 1 172 Mm3/an.

Les prélèvements pour l’alimentation en eau potable s’élèvent à 149 Mm3/an en 2018 pour
1,71 millions d’habitants en 2020. A l’horizon 2050, la population de la zone est projetée à 2 millions
d’habitants. Si la consommation unitaire devait rester identique, la consommation en eau potable
représenterait alors environ 216 Mm3/an. Actuellement, les besoins en eau potable du Grand Sud sont
en majorité satisfaits par les eaux souterraines.

87% (±5%) des prélèvements en eau sont destinés à l’irrigation des cultures, soit environ 1
milliards de m3. Près de 99% de l’eau d’irrigation sont issus des eaux souterraines.
342
VUE D’ENSEMBLE DES RESSOURCES EN EAU DU GRAND SUD ET DE LEURS USAGES ACTUELS
ET POSITIONNEMENT DU POTENTIEL DE LA REUT
Situation actuelle et potentiel 2050
Le tableau ci-dessous établit le bilan hydrique actuel du Grand Sud en synthétisant les apports annuels
renouvelables et les prélèvements. Il ajoute aussi à ce bilan la réduction potentielle du déficit actuel si
100 % des EUT étaient réutilisées. L’exercice est ensuite projeté pour les horizons 2020 et 2050.

Usages (Mm3) REUT


REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini

Déficit
Apports annuels
Recharge

Grand Sud Prélèvements sans


renouvelables
AEP

IRR

Situation actuelle effectifs (Mm3) REUT


(Mm3)
(Mm3)

Ecoulement 104
dont stock. barrages coll. 0,3 0,3 0,3 0
dont stock. grds barrages 24 0 0
Dessalement 18 8 8 0
Nappes phréatiques 138 140 140 1
REUT / 
Déficit

Nappes profondes 770 1121 141 979 351


Part 

Divers 3 3 2,5 0
Bilan Ress. Ren. - Usages 2020 953 1271 149 1122 0 0 381 35 9%
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 953 1450 216 1122 0 0 497 99 20%
Part EUT / Usages 3% 7%

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Actuellement, une exploitation de la REUT à son plein potentiel actuel (35 Mm3) permettrait de réduire
de 9% le déficit hydrique (passage de 381 Mm3 à 346 Mm3).

A l’horizon 2050, l’augmentation des besoins en eau potable conduira à dégrader fortement le bilan de
la zone (déficit de près de 500 Mm3). La REUT permettrait de le réduire potentiellement de 20%,
à près de 400 Mm3.

Les 2 tableaux ci-dessous modifient le bilan en situation actuelle en y intégrant des projections
climatiques selon 2 scénarios de changement climatique différents : le scénario 4.5 qui induirait
une réduction modérée des ressources en eau et le scénario 8.5 qui induirait une plus forte réduction
de ces ressources. Il faut cependant noter que ces bilans ne prennent pas en compte les autres
ressources non conventionnelles comme les projets de dessalement qui permettront de réduire le déficit
hydrique.

Projections climatiques – RCP 4.5 2050


Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini
Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements

Recharge
Grand Sud sans avec
renouvelables effectifs

AEP

IRR
CC - RCP 4.5 2050 REUT REUT
(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-10%) 94
dont stock. barrages coll. 0 0 0 0 0 0 0
dont stock. grds barrages 22 0 0 0 0 0 0
Dessalement 64 64 64 0 0 0 0
Nappes phréatiques 125 147 0 147 0 0 22

REUT / 
Déficit
Nappes profondes 693 1236 208 1028 0 0 543

Part 
Divers 2 3 0 2,6 0 0 0,4
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 906 1450 216 1178 0 0 544
Part EUT / Usages
35
2%
99
7%
445 18%
343
D’après le scénario 4.5, à l’horizon 2050, les apports annuels renouvelables du Grand Sud tendent à
baisser (-10% pour les ressources locales) et les besoins pour l’irrigation (à surfaces constantes)
tendent à augmenter (+5%) – du fait de la hausse de l’évapotranspiration. La combinaison de ces
tendances dégrade fortement le déficit de la zone (qui atteint 544 Mm3). La REUT permettrait de
réduire potentiellement ce déficit de 18%.

Projections climatiques – RCP 8.5 2050


Usages (Mm3) REUT
REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini (+10%)

Déficit Déficits
IRR (+10%)

Apports annuels Prélèvements


Recharge

Grand Sud sans avec


renouvelables effectifs
AEP

CC - RCP 8.5 2050 REUT REUT


(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-20%) 83
dont stock. barrages coll. 0 0 0 0 0 0 0
dont stock. grds barrages 19 0 0 0 0 0 0
Dessalement 64 64 64 0 0 0 0
Nappes phréatiques 111 154 0 154 0 0 43
REUT / 
Déficit

Nappes profondes 616 1285 208 1077 0 0 669


Part 

Divers 2 3 0 2,75 0 0 1
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 812 1506 216 1234 0 0 694 35 99 595 14%
Part EUT / Usages 2% 7%

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

D’après le scénario 8.5, à l’horizon 2050, les tendances s’amplifient, à la baisse pour la ressource (-
20% pour les ressources locales) et à la hausse pour les besoins (+10% pour les besoins pour
l’irrigation, à surfaces constantes). La combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit de
la zone qui atteint près de 700 Mm3, qui pourrait être très partiellement compensé, par la REUT
(réduction potentielle de 15%).

Les 2 graphiques ci-dessous résument à l’échelle du Grand Sud la part de REUT dans le bilan global
des ressources en eau de la région et dans le déficit à différents horizons et sous différentes
hypothèses : en situation actuelle (2 Mm3 réutilisés), en situation actuelle si 100 % des EUT étaient
réutilisées et à l’horizon 2050 selon les 2 scénarios de projections climatiques.

Figure 83 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Grand Sud

0,2% 4% 11% 12%

344 1% 9% 18% 14%

Les analyses ci-dessous conduites à l’échelle d’une zone très vaste seraient à repréciser selon qu’on
se trouve sur la zone littorale ou dans l’intérieur des terres. La part des EUT dans le mix hydrique est
en effet potentiellement bien plus élevé sur la zone littorale.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.2 CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE AU GRAND SUD ET SES PERSPECTIVES


D’EVOLUTION D’ICI 2050 EN LIEN AVEC LA REUT. QUELLE ACCEPTABILITE
SOCIALE POUR LA REUT AUPRES DES USAGERS POTENTIELS ?

13.2.1 Des agriculteurs sans autres ressources en eau motivés pour irriguer avec
les EUT
PLACE DU SECTEUR AGRICOLE AU GRAND SUD
Le Grand Sud regroupe près de 43 % des terres agricoles de la Tunisie dont la grande majorité sont
des parcours. Les terres labourables représentent 850 000 ha répartis dans des zones socio-agro-
écologiques très variées (hautes steppes, chaîne de l’Atlas, lacs salés, mers de sable, plateaux, plaines,
etc.). L’arboriculture domine avec les palmiers dattiers à Tozeur et Kebili et les oliviers à
Medenine. Des cultures maraîchères hors saison utilisant des ressources géothermales sont de plus
en plus développées. Les zones de pâturages ont une importance cruciale pour l’élevage extensif des
ovins, caprins et surtout des camelins. Elles regroupent 94 % de l’effectif du pays. Les périmètres
irrigués avec une agriculture intensive occupent une superficie d’environ 93 000 ha, soit 23 % de la
superficie totale des périmètres irrigués du pays. L’arboriculture occupe 84% des superficies
irriguées avec notamment 56 000 ha de palmiers dattiers (DGEDA, 2018).

Le contexte environnemental de la région n’est déjà pas très favorable au développement agricole avec
des conditions climatiques arides ainsi que l’insuffisance des ressources hydriques et des terres
fertiles. La production de dattes, produit phare de la région, exporté à l’international, est aussi
fortement consommatrice en eaux souterraines. L’exploitation excessive des nappes profondes
dont les ressources ne sont pas renouvelables est largement observée avec des extensions illicites
des périmètres irrigués pour la monoculture de palmiers dattiers. Cette surexploitation entraine aussi 345
une salinisation des sols des oasis et des eaux des nappes phréatiques. De plus, les terres
agricoles sont soumises aux risques de désertification.

La carte ci-dessous est issue de la carte agricole de la Tunisie. Elle présente les périmètres irrigués de
la région, indiqués par un zonage rouge, et les cultures arboricoles. Elle permet ainsi d’illustrer
l’occupation des terres agricoles pour la zone du Centre et de croiser ces éléments avec la localisation
des STEP existantes et projetées.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Figure 84 : Zone Grand Sud : Carte agricole – Arboriculture et périmètres irrigués (en rouge)

346

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

PERSPECTIVES AGRICOLES ET PROJETS DE REUT


A court terme, des projets de REUT agricoles sont en cours dans le Grand Sud (DGGREE, 2018) :
 La réhabilitation et l’extension du périmètre existant de El Aguila est prévue. L’extension doit
concerner 120 nouveaux ha à la suite de la mise en route de la nouvelle STEP à boues activées de
Gafsa.
 Des projets de création de nouveaux petits périmètres irrigués dans le Gouvernorat de Gafsa :
60 ha sur la STEP programmée de El Guetar et 60 ha sur la STEP existante de Metlaoui.
 Le périmètre irrigué à El Hamma doit être étendu sur 90 ha. La STEP alimentera aussi des oasis
grâce à la séparation des eaux usées des bains maures sur un total de 110 ha.

Concernant l’évolution de l’agriculture de la région à plus long terme, on liste ci-dessous quelques idées
émises par les acteurs régionaux rencontrés dans le cadre de l’étude :
 Le développement de l’agriculture biologique pour l’huile d’olive, les dattes et les autres fruits.
Globalement, une meilleure mise avec valeur de ces produits avec la création de marques
régionales visant le marché mondial ;
 Le renforcement des élevages d’ovins et de camelins et le développement de filières
d’élevages laitiers. La demande en cultures fourragères risque donc d’augmenter ;
 La culture et la commercialisation de produits à plus forte valeur ajoutée comme les légumes hors-
saison avec le recours aux ressources géothermiques et les plantes médicinales et
aromatiques ;
 Des efforts pour limiter l’extension des superficies irriguées actuelles et économiser l’eau dans
les périmètres irrigués existants.

MATURITE DE LA DEMANDE POUR LA REUT DANS LE SECTEUR AGRICOLE


Près de 70 agriculteurs aux profils variés (agriculture irriguée, mixte ou pluviale) ont été interrogés,
répartis dans 6 délégations différentes. Globalement, les agriculteurs ont conscience des menaces 347
sur le secteur agricole avec notamment la surexploitation des ressources hydriques. La REUT
apparaît donc comme une opportunité pour la durabilité des spéculations stratégiques comme les
dattes, les olives et autres cultures fruitières. Les agriculteurs ont aussi présenté un intérêt pour irriguer
des cultures fourragères avec des EUT afin de sécuriser l’approvisionnement de leurs élevages
(Gabes, Tataouine, en intercalaire dans les oasis de Kebili, etc.).

Des fortes demandes ont notamment été enregistrées à Tozeur et Kebili d’exploiter les EUT, soit
pour étendre les superficies irriguées existantes, soit pour les mélanger avec les eaux de puits trop
salées. Des agriculteurs utilisent même déjà les EUT de la STEP de Tozeur, autrefois réservées au golf
qui est aujourd’hui fermé. Il a été observé par les agriculteurs un développement plus rapide des
palmiers irrigués avec des EUT et une production plus importante de dattes grâce aux nutriments
présents dans les EUT. Leur intérêt pour réutiliser ces eaux de manière légale est donc fort.

Les zones où les agriculteurs se sont montrés plus réticents sont des zones où il y a eu des
mauvaises expériences de REUT et où les rejets des eaux usées des STEP provoquent des
dégâts environnementaux. C’est le cas en aval de la STEP de Medenine où le périmètre de Ouljet
Khoder est en arrêt à cause de la qualité des EUT qui ne respecte pas la norme NT 106.03. Les
agriculteurs riverains du périmètre ne souhaitent pas substituer les eaux de leurs puits par les EUT. Des
problèmes de contamination de la nappe phréatique, dont l’ONAS est accusé d’être responsable, n’a
pas amélioré la confiance. Cependant, les agriculteurs du périmètre de Ouljet El Khoder restent en
attente du retour des EUT avec une qualité acceptable, ce qui montre leurs forts besoins en eau pour
irriguer.

La carte ci-dessous synthétise les résultats des enquêtes en fonction des sous zones agricoles du
Grand Sud. Ce découpage de la région en sous zones est explicité dans la partie 13.4.
Figure 85 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs pour exploiter les EUT en fonction des sous zones du Grand Sud

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

348 13.2.2 Le secteur des phosphates, principal consommateur d’eau au niveau


industriel
PLACE DU SECTEUR INDUSTRIEL DANS LE GRAND SUD
L’activité industrielle du Grand Sud se concentre surtout au niveau du pôle industriel de Gabes. Un
des secteurs économiques phares de la région est la production d’engrais phosphatés. L’extraction
du minerai de phosphates est réalisée à Gafsa. Ce minerai est aussi présent en quantité dans le
Gouvernorat de Tozeur mais n’est pas encore exploité. Ce phosphate est ensuite traité à Gabes où se
concentre l’essentiel du secteur chimique de la région. Les industries agro-alimentaires quant à elles
sont présentes surtout à Gabes, Medenine et Tozeur et représentent 61 % des industries de la région.
L’industrie textile est plutôt concentrée à Gabes et Gafsa.

La consommation d’eau potable pour des usages industriels est réduite sauf à Gabes où elle atteint
près de 3 Mm3 par an (ODS, 2018).

Le secteur des phosphates reste un gros consommateur en eau et son impact sur les ressources
hydriques des nappes profondes est élevé. La Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) prélève
ainsi chaque année près de 18 Mm3 dans les nappes profondes. Le Groupe Chimique Tunisien
(GCT), quant à lui, consomme près de 700 000 m3/an à Gafsa et 4 Mm3/an à Gabes pour ses unité de
transformation du phosphate en engrais (DGRE, 2018).

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

PERSPECTIVES INDUSTRIELLES
D’après les projections de l’AFI, les superficies des zones industrielles vont augmenter
significativement, les portants de 1 050 ha à environ 1 420 ha, ce qui augmentera la demande sur
les ressources en eau (APII, 2019). Ces aménagements concerneront particulièrement les
Gouvernorats de Medenine, Kebili, Tataouine et Gafsa. De plus, les volumes importants de ressources
minérales de la région (pierre à chaux, dolomite, silice, marbre, et gypse) et les stocks restants de
phosphates risquent d’être exploités à l’avenir.

13.2.3 Un secteur touristique, concentré autour du pôle balnéaire de Djerba et de


Zarzis, qui cherche à se diversifier
PLACE DU SECTEUR TOURISTIQUE AU GRAND SUD
Le tourisme balnéaire de masse a été développé de manière significative à Djerba et Zarzis. Les 3
zones touristiques de cette zone concentrent 25 % de la capacité hôtelière du pays (55 000 lits). Le
tourisme saharien s’est aussi développé en parallèle à Tozeur et Kebili mais à une bien moindre échelle.
Les zones touristiques de ces gouvernorats ont une capacité hôtelière respective de 5 000 et 3 000 lits
(AFT, 2020). Si les gouvernorats de Medenine, Tozeur et Kebili ont une activité touristique annoncée,
ceux de Gabes, Gafsa et Tataouine ont une capacité hôtelière limitée.

L’eau potable utilisée pour l’activité touristique dans la région est donc consommée à 87 % par les
zones touristiques de Djerba et Zarzis pour un volume proche des 3 Mm3 par an (SONEDE, 2018).
La situation de stress hydrique dans cette zone lors des années sèches a des conséquences
importantes sur l’activité hôtelière. Les nouveaux forages pour puiser l’eau de la nappe sont interdits et
l’eau de la SONEDE pour les grands consommateurs est chère. Les hôteliers recherchent donc à
sécuriser leur approvisionnement en eau lors de la période estivale (entretien FTH).

D’après une analyse sous SIG d’images satellitaires de Google Earth réalisée dans le cadre de la
présente étude, la superficie des espaces verts existants (sans les golfs) pour les principales zones
349
touristiques s’élève à 460 ha pour Djerba/Zarzis et est négligeable à Tozeur et Kebili.

Comme vu lors de la phase de Diagnostic, il existe actuellement deux terrains de golf dans la zone
Grand Sud : celui de Djerba Midoune, d’une superficie de 120 ha et alimenté par la STEP de Djerba
Sidi Mehrez, et celui de Tozeur, de 150 ha, actuellement fermé.

PROSPECTIVES TOURISTIQUES
L’AFT a pour projet d’aménager plusieurs nouvelles zones touristiques (AFT, 2020) :
 La zone touristique de Chott Hamrouni au Sud de la ville de Gabes avec une capacité de
10 000 lits. L’objectif est de créer une zone balnéaire d’importance régionale afin de valoriser le
potentiel touristique du Golfe de Gabes. Cette zone touristique sera à proximité de la STEP projetée
de Gabes Sud.
 La zone touristique à Khebayet, toujours dans le Gouvernorat de Gabes, d’une capacité de
2 000 lits.
 Des nouvelles zones touristiques à Djerba et Zarzis qui seront des prolongements des zones
existantes : Lella Hadria, Lella Mariem, Lella Hlima et Sidi Jmour, pour une capacité totale
supplémentaire de 53 000 lits. Cela reviendrait à doubler les capacités existantes. Ces prévisions
semblent cependant très optimistes au vu des difficultés actuelles rencontrées par le secteur pour
remplir les logements existants.
Nous estimons que ces zones ne seront pas aménagées avant le moyen terme (2030). D’après les
enquêtes auprès des hôteliers de la région, les extensions des capacités hôtelières des zones
existantes et des superficies des espaces verts ne sont pas encore à l’ordre du jour des gestionnaires
au vu du contexte actuel.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Il est prévu d’aménager 4 golfs dans les zones de Chott Hamrouni, Khebayet, Lella Hadria et
Lella Mariem à moyen terme (AFT, 2020) La stratégie du ministère du tourisme prévoit de réaliser un
golf pour chaque 10 000 lits afin d’assurer aux golfeurs l’accès à 3 golfs dans un rayon ne dépassant
les 45 min lors de leur séjour. Ainsi, il est prévu d’aménager 2 golfs additionnels dans la région de
Djerba Zarzis sur le long terme (STDG, 2018).

13.2.4 Des expérimentations en cours pour réutiliser les EUT en milieu urbain
La municipalité de Gabes dispose de 12 espaces verts couvrant une superficie de 146 ha. Ils sont
irrigués à partir des eaux potables de la SONEDE et d’un puit. Depuis 2018, un parc urbain ouvert
au public est irrigué sur 8 ha par des EUT. Il s’agit d’un expérimentation portée par l’Association
Citoyenneté et Développement Durable en partenarait avec l'Université de Gabes. L’objectif est de
valoriser des EUB qui débordaient et stagnaient dans une zone basse de la ville quand le réseau
d’assainissement de l’ONAS était surchargé. La solution trouvée a été de drainer ces EUB ; de les traiter
via un filtre à roseau et d’irriguer en gouttes à gouttes le parc urbain. La quantité moyenne réutilisée est
de 80 m3/j. Cela est peu au regard des eaux usés produites par la ville de Gabes, mais le projet permet
de répondre à une problématique environnementale locale qui avait des répercussions
importantes sur les riverains et engendraient des coûts simportants pour la municipalité. Cette
dernière a d’ailleurs été d’un appui important, ainsi que le CRDA de Gabes pour lancer le projet. L’ONAs
a accepté de faire une convention pour le prélèvement des EUB sur son réseau. Le projet est une
réussite mais il reste toujours en recherche de financements sur le long terme.

A Djerba, les municipalités de Houmt Essouk et Midoun sont intéressées pour trouver des sources
en eau alternatives pour l’irrigation des espaces verts qui sont nombreux dans cette zone touristique
(55 espaces verts pour la municipalité de Midoun). A Medenine, la superficie irriguée pour des espaces
verts est faibles (12 à 16 ha) mais les responsables municipaux rencontrés sont favorables à la REUT
pour étendre ces espaces.

D’après le Schéma Directeur d’Aménagement (SDA) de la région économique du Sud-Ouest (DGAT,


2010), qui comprend les Gouvernorats de Gafsa, Tozeur et Kebili, la création de parcs urbains
350 aménagés est visée dans chaque chef-lieu de délégation pour améliorer la qualité de vie des
citoyens.

La municipalité de Gafsa dispose de 90 espaces verts couvrant une superficie de 108 ha. Ils sont
irrigués à partir des eaux potables de la SONEDE et d’un forage, de la piscine romaine de Gafsa et
de la source d’eau chaude et sulfureuse de Sidi Ahmed Zarrouk. La REUT est acceptée par les
responsables municipaux et la Direction Régionale de l’Environnement.

13.2.5 Un potentiel de recharge faible face aux déficits existants des nappes
phréatiques les plus surexploitées
La carte ci-dessous met en regard les STEP et les différentes nappes phréatiques du Grand Sud.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

351

14 nappes phréatiques sont surexploitées dans la région du Grand Sud. Le déficit cumulé s’élève
à 29 Mm3/an. Les nappes d’El Hamma Chenchou, de Gabès Sud et de Gafsa accusent les déficits les
plus élevés (3,8 Mm3, 3,8 Mm3 et 10 Mm3 respectivement).

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Les aquifères phréatiques de Kebili montrent tous un bilan positif. Au vu de leur salinité relativement
élevée, toute recharge ne réussirait pas à rabattre la salinité pour que ces eaux soient exploitables
à des fins agricoles. Les nappes phréatiques sont donc exclues de toute option de recharge dans ce
Gouvernorat.

Le rejet de la STEP de Medenine dans l’oued Smar est considéré comme un site de recharge avec
les EUT. En effet, au vu du contexte hydrogéologique, l’infiltration dans la nappe des EUT est un gain
quantitatif pour la nappe Oued Smar à hauteur de 90 %, ce qui permet de couvrir le déficit de près
de 1 Mm3. Cependant, au niveau qualitatif, cette recharge a provoqué une augmentation de la salinité
et de la teneur en nitrates (DGRE, 2017).

Il existe 6 autres sites de recharge artificielle dans la région mais avec des eaux conventionnelles.
Il s’agit de lâchers dans les oueds à partir de barrages (nappe de Gafsa Nord à Gafsa et Tameghza à
Tozeur), d’infiltration des eaux de crue via des barrages souterrains (nappe de Oum Laksab à Gafsa)
ou des puits filtrants (nappes de Zeus Koutine, Gabes Sud et El Hamma Chenchou à Gabes). Le
potentiel de recharge de ces sites est très variable en fonction des ressources disponibles et donc de
la pluviométrie annuelle. Les sites avec de puits filtrants ne sont pas adaptés aux EUT, et ne sont donc
pas retenus, notamment celui de la nappe de Zeus Koutine où l’eau prélevée est utilisée en partie pour
un usage AEP.

Les renseignements sur ces sites de recharges, les données actuelles sur l’état quantitatif et qualitatif
des nappes phréatiques, les études antérieures sur la recharge de nappe avec les EUT et la localisation
des STEP existantes et projetées ont permis de dresser le tableau ci-dessous. Il synthétise les
recharges possibles par des EUT (liste de STEP avec les flux d’EUT produites aux différents horizons)
pour les différentes nappes pour lesquelles une recharge est jugée potentiellement utile.

Globalement, le recours au stockage souterrain dans cette région n’est pas envisageable de
façon élargie car le contexte hydrogéologique n’y est pas favorable. Les quelques nappes
potentiellement rechargeables au vu du contexte hydrogéologique et foncier sont les nappes de Gafsa
Nord (STEP de Gafsa et Sidi Aich), El Hamma Chanchou (STEP de El Hamma), Oued Smar et
nappe Oum Tmar et Djorf (STEP de Medenine) et Oued Tataouine (STEP de Tataouine)
352

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Tableau 97 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT
Ratio recharge potentielle /
Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge* Contexte pour la recharge**
déficit quantitatif
Lutte contre Amélioration Fin d’un Augmentation Amélioration STEP pouvant
l’intrusion du de la qualité rejet en mer de la quantité de la gestion être utilisées Production Production
Technique de recharge
Nappe biseau salé des eaux de ou dans d’eau de l’eau avec pour la EUT 2018 EUT 2050 Usages indirects possibles
proposée
(barrière la nappe une zone disponible un stockage recharge de la Hydrogélogique Foncier (Mm3) (Mm3) 2020 2050
hydraulique) (dilution) sensible pour un usage intersaisonnier nappe
indirect hors période
d’irrigation
El Hamma-
Chenchou Agriculture (zone agricole,
x x x x El Hamma Favorable Favorable 1,6 3,8 42% 100% Infiltration dans l’oued
(déficit de puits de surface existants
– 3. 8 Mm3)
Oued Smar
Agriculture (zone agricole,
(déficit de x x x x Medenine Favorable Favorable 2,2 6,5 147% 433% Infiltration dans l’oued
puits de surface existants
– 1.5 Mm3)
N. Oum Tamr
et Djorf
x x x x x Medenine Favorable Favorable 2,2 6,5 7 33% 2 167%
(déficit de
– 0.3 Mm3)
Oued
Tataouine Favorable, mais Agriculture (puits de surface
x x x Tataouine Favorable 3,4 4,9 1 360% 1 960% Infiltration dans l’oued
(déficit de partiel existants)
– 0.25 Mm3)
Gafsa Nord
x x x x Gafsa Favorable Favorable 6,4 13,3 Infiltration dans l’oued
Agriculture (zone agricole, 353
(deficit de puits de surface existants
– 10 Mm3) 64% 134%
Agriculture (zone agricole,
x x x x Sidi Aich Favorable Favorable 0 0.1 Infiltration dans l’oued
puits de surface existants

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.3 IMPACTS ACTUELS DES REJETS D’EAUX USEES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LES
ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES AU GRAND SUD
L’objectif de cette partie est de dresser un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui
impactent actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques. Cet inventaire a été
enrichi par les acteurs locaux lors des entretiens régionaux et de l’atelier de concertation du Grand Sud
qui a eu lieu le 1er avril 2021.

13.3.1 Des milieux de rejets sensibles


10 STEP rejettent actuellement en mer dans la région du Grand Sud, notamment au niveau du littoral
de Gabes et de Medenine. La zone de Djerba et de Zarzis a actuellement 7 STEP qui rejettent à
proximité de zones touristiques balnéaires d’importance nationale et de zones de pêche. Les
volumes d’EUB reçues par ces STEP sont fortement variables et augmentent en période estivale. Ces
eaux contiennent souvent des graisses provenant des restaurants ou des rejets d’abattoirs (STEP de
Houmt Souk), ce qui limite le bon fonctionnement des STEP.
La STEP de El Hamma dans le Gouvernorat de Gabes reçoit des eaux grises provenant des bains
maures de la ville. Ces eaux apportent des déchets solides spécifiques à traiter qui provoquent des
dysfonctionnements à l’entrée de la STEP, qui est de plus est saturée hydrauliquement. La séparation
de ces eaux grises avec les autres eaux domestiques est en cours. Elles vont être collectées dans un
bassin pour être traitées spécifiquement. Les bains maures prélèvent chaque année dans la nappe près
de 500 000 m3 (DGRE, 2018).
A Medenine au niveau de l’oued Smar, la situation environnementale est alarmante. Les rejets de
la STEP qui ne répondent pas aux normes de rejets stagnent dans l’oued qui nécessiterait d’être curé
et aménagé. Cela provoque des nuisances importantes auprès des riverains (mauvaises odeurs,
proliférations d’insectes…) et le périmètre de Ouljet El Khoder, qui doit recevoir une partie des EUT, est
354 en arrêt. Des rejets illicites provenant d’abattoirs notamment sont déversés dans le réseau de collecte
de la STEP. De plus, la nappe phréatique est contaminée comme l’a montré une campagne
d’analyses de la direction régionale de la santé sur différents puits de surface. Au vu de la qualité des
rejets de la STEP, l’ONAS est mis en cause par les habitants concernant cette contamination
microbiologique. Cette situation pose un problème important de santé publique, surtout que les puits
étaient utilisés pour l’irrigation de cultures maraichères.

Figure 86 : Rejet de la STEP de Medenine dans l’Oued Smar


Source : BRLi, octobre 2020

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Pour finir, il a été notifié au niveau de la STEP de Tataouine que les rejets dans l’oued provoquent des
désagréments pour les habitants de la ville (mauvaises odeurs, stagnations des EUT…).

13.3.2 Des zones rurales intérieures avec peu d’infrastructures d’assainissement


collectif
Les eaux usées des zones intérieures (notamment dans les gouvernorats de Gabes, Medenine,
Tataouine…), où peu de STEP existent actuellement, sont raccordées à des puits perdus qui risquent
de contaminer les nappes.
Des utilisations d’EUB ou d’EUT en sortie des STEP, via des branchements illicites, pour irriguer les
oasis ont été notifiées par les CRDA (Tozeur, Kebili).

13.3.3 Des rejets de l’industrie du phosphate sources de pollution hydrique


Les rejets industriels dans cette région concernent surtout les industries du phosphate. Comme déjà
cité plus haut, la Compagnie des Phosphates de Gafsa (CPG) prélève chaque année près de 18 Mm3
dans les nappes profondes (DGRE, 2018). La majorité de ces prélèvements permettent le lavage
des phosphates. Les effluents, chargés en sels minéraux et métaux lourds, sont ensuite rejetés dans
l’oued Gouifla, dont les impacts concernent le gouvernorat de Gafsa et le nord de celui de Tozeur
(Brahmi, 2014). Le Groupe Chimique Tunisien (GCT) rejette aussi des eaux usées en aval des unités
de transformation, ainsi que des phosphogypses déversés dans le Golfe de Gabes. Il prélève 700 000
m3/an à Gafsa et 4 Mm3/an à Gabes (DGRE, 2018).
Une autre source de pollution hydrique industrielle est la société nationale de boissons de Koutine.
Et ce malgré le prétraitement qui a dû être mis en place, les rejets dans l’oued Koutine ne respectant
pas toujours la norme. Les eaux rejetées dégagent des mauvaises odeurs et provoquent des
proliférations d’insectes. La société prélève dans la nappe près de 150 000 m3/an (DGRE, 2018).
Le problème des rejets des margines, comme au Sahel et à Sfax, touche aussi les oueds de Gabes
et de Zarzis. D’autres rejets industriels sans prétraitements ont été souvent notifiés par les acteurs
régionaux comme les rejets illicites d’abattoirs. 355
La carte ci-après synthétise les problématiques environnementales liées aux rejets d’eaux usées dans
le Grand Sud.

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13.4 VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN FONCTION DES DIFFERENTS CONTEXTES


TERRITORIAUX DU GRAND SUD
Le territoire du Grand Sud (Gouvernorats de Gafsa, Gabes, Medenine, Tozeur, Kebili, Tataouine) a été
découpé en pratique en 8 sous-zones, cohérentes en termes d’assainissement, de contexte
environnemental et socio-économique, indiquées sur la carte suivante :

Figure 87 : Découpage de la région du Grand Sud en sous zones d’étude

357

L’inventaire des valorisations possibles des EUT présentées dans cette partie a été alimenté par
l’atelier de concertation régional qui a eu lieu le 01/04/2021. Cet atelier a été l’occasion d’échanger
avec les acteurs du territoire sur les valorisations des EUT à privilégier dans chacune des sous zones
étudiées.

13.4.1 Sous-zone 1 : Gouvernorat de Gafsa


Ressources en eau
Le gouvernorat de Gafsa se caractérise par des ressources souterraines importantes (116 Mm3/an).
Ces eaux sont largement surexploitées, les prélèvements atteignant une moyenne de 177 Mm3/an.
Cela représente 153% du potentiel renouvelable des ressources en eau du gouvernorat. Ces
prélèvements sont très majoritairement agricoles. Seuls 28 Mm3 issus des nappes profondes sont
dédiés à l’AEP. Le bilan hydrique est ainsi déficitaire à hauteur 61 Mm3/an. Les nappes phréatiques
présentent également une dégradation chimique importante, pouvant générer des pics de salinité
jusqu’à 10 g/l, les rendant localement et temporairement inutilisable pour l’agriculture. Le contexte
hydrogéologique est plutôt favorable à la recharge des nappes phréatiques déficitaires.

Les EUT produites localement représentent à ce jour un gisement de 7 Mm3 ; principalement issues de
la STEP de Gafsa (6.5 Mm3). Il y a un potentiel de 24 Mm3 à l’horizon 2050, généré par les extensions
de capacité des STEP de Gafsa et Metlaoui et les futures STEP de El Guettar et Redeyef Oum El
Araies.

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Agriculture
L’agriculture constitue une activité fondamentale dans l’économie du gouvernorat malgré l’aridité
et l’espace agricole limité. L’arboriculture domine largement (78% des terres cultivées), avec des
oliviers, des amandiers, des pistachiers et des figuiers. Pour le reste, il s’agit surtout de cultures
annuelles en sec et de parcours pour l’élevage extensif. Les dégradations piézométrique et
chimique (salinité) des ressources en eau souterraines sont une préoccupation majeure des acteurs du
secteur.

Activités minières et industrielles


Le gouvernorat de Gafsa est abondant en minerais (sable à quartz, argile rouge, gypse, phosphate,
etc) et le secteur minier, organisé principalement autour de l’extraction du phosphate, revêt un
caractère stratégique pour l’économie nationale. Ce secteur est par ailleurs un usager important
des ressources en eau, avec environ 15 Mm3 prélevés chaque année, principalement dans les
nappes profondes, et générant d’importantes dégradations piézométriques locales. Cet usage
représente par exemple 62% des prélèvements de la nappe de Oum El Araies - Redeyef. Afin de réduire
ces impacts et de s’appuyer sur une ressource durable, le Groupe Chimique Tunisien (GCT) s’intéresse
à la REUT. Un projet d’exploitation des EUT de la STEP de Gafsa à hauteur de 4 000 m3/j est
actuellement à l’étude.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le gouvernorat de Gafsa,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

Tableau 98 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 1 : Gouvernorat de Gafsa

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

358 Idée  1.a  :  Réhabilitation  et  intensification  El Aguila : 137 ha irrigués (arbo et fourrages), utilisation de 13 


du PPI existant avec des EUT et création de  % des EUT de la STEP de Gafsa en 2020, 11 % en 2050 
nouveaux PPI proches des STEP 
Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 
PPI El Aguila 
Arboricoles : en 2020, 800 ha ; en 2050, 2 400 ha 
Nouveaux  périmètres  arboricoles  et 
Oliviers : en 2020, 2 200 ha ; en 2050, 6 600 ha 
fourrages en intercalaire 
Fourrages : en 2020, 760 ha ; en 2050, 2 300 ha 

Idée  1.b  :  Substitution  des  eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  substituable,  en 
conventionnelles dans les PI existants  utilisant 100% du potentiel EUT :  
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  Oliviers : 17% en 2020, 53% en 2050  
ces EUT) des eaux de nappes trop salées pour 
Arboriculture : 10% en 2020, 30% en 2050  
l’irrigation des périmètres existants 
Fourrages : 30% en 2020 (930 ha), 90% en 2050 (2000 ha) 

Idée 1.c : Réutilisation industrielle dans les  Projet en cours du GCT : utilisation de 25% des EUT produites 
usines de production de phosphate   par la STEP de Gafsa 
Projet en cours du GCT  Si utilisation à 100 % des EUT de la STEP de Gafsa :  
  Substitution  de  43%  des  eaux  souterraines  prélevées  par  le 
GCT + CPG en 2020, 90% en 2050 

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Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  1.d :  Recharge  de  la  nappe  de  Gafsa  Comblement  du  déficit  à  hauteur  de  100  %  de  la  nappe  en 
Nord  2050 avec les EUT des STEP de Gafsa et Metlaoui 
Lâchers  dans  les  oueds  ou  bassins 
d’infiltration 

Plusieurs orientations sont envisageables pour répondre aux principaux enjeux locaux, selon les
modalités d’exploitation du potentiel des EUT.

Une première possibilité serait de privilégier un usage direct des EUT pour la satisfaction du
besoin en eau de la production agricole locale. Comme mentionné lors de l’atelier régional, les zones
irriguées du gouvernorat ne sont pas situées à proximité des STEP. Les acteurs ont donc appuyé l’idée
d’orienter les EUT vers la création de nouveaux périmètres irrigués à proximité des STEP et
d’étendre le PPI existant d’El Aguila. Le potentiel actuel d’EUT permettrait d’irriguer environ 2 200 ha
d’oliviers ou 790 ha de cultures arboricoles. A l’horizon 2050, cette stratégie permettrait de satisfaire les
besoins pour environ 6 600 ha et 2 400 ha de ces mêmes types de culture.
Une seconde possibilité serait d’orienter les EUT vers les sites d’extraction et de traitement des
phosphates. Le flux d’EUT de la STEP de Gafsa représente aujourd’hui l’équivalent de 43% des
prélèvements du GCT et de la CPG. A l’horizon 2050, les flux issus de la STEP de Gafsa représenteront
jusqu’à 90% des besoins du groupement (à besoins constants). Cette valorisation pourra également se
faire à partir de la STEP Metlaoui. Pour les acteurs régionaux, cet usage industriel est à privilégier afin
de limiter les prélèvements dans les nappes profondes et au regard de la capacité à payer des
industriels. Cette réutilisation serait aussi un bon signal à envoyer à tous les usagers potentiels des
EUT.
Les deux possibilités ne s’opposent pas. Une variante pourrait ainsi consister en un mix, en exploitant
une partie des EUT pour satisfaire directement le besoin en eau de périmètres lors des périodes
d’irrigation, et en orientant une partie des EUT restantes vers les sites d’extraction et de traitement des
359
phosphates.

13.4.2 Sous-zone 2 : Gouvernorat de Tozeur


Ressources en eau
Le gouvernorat de Tozeur se caractérise par des ressources souterraines assez importantes. Le
potentiel total s’élève à 221 Mm3/an alors que l’exploitation est évaluée à plus de 196 Mm3/an ; soit
un taux d’exploitation de 88%. Ces prélèvements sont très majoritairement agricoles. Seuls 11 Mm3
issus des nappes profondes sont dédiés à l’AEP. Si le bilan hydrique est globalement excédentaire,
la nappe phréatique d’Ain El Karma présente un déficit local d’environ 1 Mm3. Les nappes
profondes sont caractérisées par le fait que leurs ressources en eau sont non renouvelables. Elles
présentent également une dégradation qualitative, pouvant générer des pics de salinité jusqu’à
6 g/L, les rendant localement et temporairement inutilisables pour l’agriculture. Le contexte
hydrogéologique est plutôt favorable à la recharge des nappes phréatiques déficitaires.

Le flux d’EUT est très modeste dans ce gouvernorat peu peuplé. Il représente actuellement 2,5 Mm3
et un potentiel de 4.7 Mm3, soit près de 2% des ressources en eau locales.

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prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Agriculture
L’économie du gouvernorat s’articule autour de l’agriculture oasienne. Ce système agricole est
structuré sur 3 étages : le maraîchage ou les fourrages au sol, les arbres fruitiers puis les palmiers-
dattiers. Une très grande majorité des zones cultivées (91% des terres cultivées, soit 9 900 ha) sont
en arboriculture, dont 8 500 ha de palmiers-dattiers. Cette production est exportée et constitue un
enjeu économique important pour la Tunisie. Les palmeraies consomment de très grands volumes d’eau
souterraine. L’intensification des périmètres irrigués, conduit à la salinisation des sols et à la
formation de petites nappes salées sous ces périmètres. La baisse continue de la disponibilité et
de la qualité des ressources locales engendre un contexte tendu autour des ressources en eau.

Tourisme
Des zones touristiques se développent à Tozeur et Nefta pour accompagner le tourisme saharien. Elles
ne comprennent que peu d’espaces verts et le golf existant n’est pas exploité. Un autre golf est en projet
à long terme. Le potentiel de valorisation des EUT dans le secteur touristique y est donc réduit.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le gouvernorat de Tozeur,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

Tableau 99 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 2 : Gouvernorat de Tozeur

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  2.a  :  Substitution  des  eaux  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable, en utilisant 


conventionnelles pour l’irrigation   100% du potentiel EUT : 
360 Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  Palmiers dattiers : en 2020, 2% (200 ha); en 2050, 4% (300 ha) 
avec ces EUT) des eaux de nappes pour 
l’irrigation  des  périmètres  oasiens 
existants (zones sans maraîchage) 

Idée  2.b  :  Création  de  nouveaux  PPI  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


proches des STEP 
Fourrages : en 2020, 300 ha ; en 2050, 480 ha 
Nouveaux périmètres fourragers 

Idée  2.c  :  Usage  touristique,  En 2020, utilisation de 50 % de la STEP de Tozeur si irrigation du golf, 


approvisionnement  des  golfs  et  des  45 % n 2050 si irrigation de 2 golfs 
espaces verts 
Superficie potentielle d’espaces verts irrigable, hors golfs : 320 ha 
STEP de Tozeur et Nefta  en 2020, 550 ha en 2050 

Il est proposé que la valorisation de ces flux d’EUT soit essentiellement agricole, sous forme
directe à travers la substitution totale ou partielle des eaux conventionnelles au niveau de
périmètres existants. Les deux STEP principales de Tozeur et Nefta sont en effet situées en pleine
zone oasienne. Les flux d’EUT permettraient d’irriguer - actuellement - l’équivalent de 190 ha de
palmiers-dattiers et environ 300 ha à l’horizon 2050. Les acteurs régionaux ont aussi mentionné la
possibilité de créer de nouveaux périmètres fourragers pour répondre aux besoins locaux comme
une autre alternative possible. Le potentiel lié aux EUT est de 300 ha en 2020 et 480 ha en 2050.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.4.3 Sous-zone 3 : Gouvernorat de Kebili


Ressources en eau
Le gouvernorat de Kebili se caractérise par des ressources souterraines importantes (243 Mm3),
dont la quasi-totalité provient des nappes profondes. Les nappes profondes sont très largement
surexploitées, pour satisfaire les besoins agricoles (630 Mm3/an). Seuls 9 Mm3 sont prélevés pour
l’AEP. En relation avec ce bilan hydrique grandement déficitaire, on enregistre une baisse des niveaux
piézométriques. Cette baisse est spectaculaire au niveau des nappes du complexe terminal qui sont
exploitées à des taux dépassant les 200%. Le potentiel des nappes phréatiques (5.5 Mm3) n’est
quasiment pas exploité (seulement 0,3 Mm3) car elles accusent des salinités élevées. Toute recharge
ne réussirait pas à rabattre cette salinité pour que ces eaux soient exploitables à des fins agricoles.

Le flux d’EUT est très modeste dans ce gouvernorat peu peuplé. Il représente actuellement 1,8 Mm3
et un potentiel de 4 Mm3 à l’horizon 2050, soit moins de 2% des ressources en eau locales.

Agriculture
L’économie du Gouvernorat s’articule autour de l’agriculture oasienne. Une très grande majorité des
zones cultivées (76% des terres cultivées, soit 38 000 ha) sont des palmiers-dattiers. Les
problématiques hydriques sont les mêmes que celles exposées pour Tozeur. Certains périmètres
irrigués sont agrandis de façon illicite, ce qui va à l’encontre de la volonté de limiter la création de
nouvelles superficies irriguées.

Tourisme
Par ailleurs, le secteur touristique se développe à Douz pour accompagner le tourisme saharien. Le
potentiel de valorisation des EUT dans le secteur touristique y est faible au vu de la capacité hôtelière.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le Gouvernorat de Kebili
à l’issu des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être exposé
361
Tableau 100 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 3 : Gouvernorat de Kebili

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 3.a : Substitution ou mélange des  Part  de  la  superficie  irrigable  substituable,  en  utilisant  100%  du 
eaux conventionnelles pour l’irrigation  potentiel EUT 2020 et 2050 : 
dans les PI existants 
Dattiers :  en  2020,  0,4% (130  ha);  en  2050,  1% (250  ha)  sur  les 
Oasis  près  des  STEP,  zones  sans  38 000 ha irrigués 
maraîchage 

Idée  3.b  :  Création  de  nouveaux  PPI  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


proches des STEP 
Fourrages : en 2020, 210 ha ; en 2050, 400 ha 
Nouveaux périmètres fourragers 

Idée  3.c  :  Usage  touristique,  Superficie potentielle d’espaces verts irrigable à Douz : 130 ha en 


approvisionnement des espaces verts  2020, 240 ha en 2050 
STEP de Douz 

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prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Il est proposé que la valorisation de ces flux d’EUT soit essentiellement agricole, sous forme
directe à travers la substitution totale ou partielle des eaux conventionnelles au niveau de la
palmeraie. Les STEP actuelles et futures sont en effet située à proximité des oasis (Mansoura, Tembib,
Telmine et Rabta, par exemple, pour la STEP de Kebili). Les flux d’EUT permettraient d’irriguer
actuellement l’équivalent de 135 ha de palmiers-dattiers et environ 250 ha à l’horizon 2050. Les acteurs
régionaux ont aussi mentionné la possibilité de créer de nouveaux périmètres fourragers pour
répondre aux besoins locaux comme une autre alternative possible. Le potentiel est de 210 ha en 2020
et 400 ha en 2050.

13.4.4 Sous-zone 4 : Littoral de Gabes


Ressources en eau
Le littoral de Gabès se caractérise par des ressources en eaux souterraines relativement
importantes (174 Mm3/an). Les nappes phréatiques sont exoréiques, avec pour exutoire la mer. Elles
sont soumises à une forte surexploitation (déficit annuel de l’ordre de 7 Mm3). Cela explique l’intrusion
du biseau salé. Ces nappes présentent donc une dégradation quantitative et qualitative. Les
prélèvements dans les nappes phréatiques sont exclusivement dédiés à l’irrigation, alors que ceux
dans les nappes profondes alimentent également la production d’eau potable (18%) et les besoins en
eau du GCT pour le traitement des phosphates.

Les EUT produites localement représentent un gisement significatif. A ce jour, les volumes d’EUT
sont estimés à plus de 8 Mm3 et leur potentiel serait de plus de 17 Mm3 à l’horizon 2050. Cela
s’explique par la forte concentration de la population du gouvernorat de Gabès sur le littoral.

Activités industrielles
Le secteur de l'industrie chimique est l'un des piliers du tissu industriel de la région. Ce secteur
est par ailleurs un usager important des ressources en eau, avec environ 4 Mm3 prélevés chaque
année dans les nappes profondes, et générant d’importantes dégradations piézométriques
locales. De plus, ces activités industrielles génèrent une importante pollution atmosphérique et
362 hydrique, causées par les rejets de phosphogypse.

Agriculture
L’agriculture revêt une importance secondaire dans l’économie locale. Les délégations du littoral,
à l’exception de Mareth et El Métouia, ont des superficies agricoles réduites tant par leurs superficies
limitées que par l’étendue des espaces urbains. L’arboriculture est la culture la plus répandue, avec
majoritairement de l’olivier en sec, des dattiers, grenadiers ou amandiers. Les délégations de
Mareth et El Métouia abritent des zones de production agricole plus intensives, en particulier au niveau
des oasis littoraux (Mareth, El Métouia, Zarat, plaine côtière de Kettana).

Tourisme
Le secteur touristique est peu développé dans la région. Cependant, le projet d’aménagement d’une
zone touristique au sud de la ville de Gabes, dans une zone proche de la nouvelle STEP de Gabes Sud,
va demander des ressources en eau.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le littoral de Gabes à l’issu
des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être exposé

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 101 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 4 : littoral de Gabes

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  4.a  :  Réhabilitation  et  Dissa : 300 ha aménagés (oliviers et fourrages), utilisation de 14 % 


intensification de l’existant  des EUT de la STEP de Gabes en 2017 avec une intensification de 
50 % 
PPI de Dissa, STEP de Gabes 
Potentiel d’utilisation de 25 % de la STEP de Gabes Nord en 2050 
si intensification à 100 % 

Idée  4.b  :  Substitution  ou  mélange  des  Part  de  la  superficie  irrigable  substituable,  en  utilisant  100%  du 
eaux  conventionnelles  pour  l’irrigation  potentiel (à l’échelle du Gouvernorat de Gabes) 
dans les PI existants 
Arboriculture : en 2020, 20% ; en 2050, 45% 
Oasis littoraux de Mareth et Metouia 
Dattiers : en 2020, 7% ; en 2050, 15% 
 

Idée  4.c  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


irriguées avec les EUT en périphérie des 
Arboricoles : en 2020, 900 ha ; en 2050, 1 750 ha 
villes 
Oliviers : en 2020, 2 400 ha ; en 2050, 4 800 ha 
Nouveaux PI d’oliveraie et arboricoles 

Idée  4.d  :  Approvisionnement  des  En 2050, utilisation de 10 % de la STEP de Gabes Sud si irrigation 


espaces verts et golfs à partir de la STEP  de 1 golf 
de  Chott  Hamrouni  +  autres  usages 
Superficie  potentielle  d’espaces  verts  irrigables,  hors golfs :  780 
hôteliers 
ha en 2050 
Zone touristique de Gabes projetée 
Potentiel  d’alimenter  les  blocs  sanitaires  de  60 000  lits  en  2050 
363
(10 000 lits prévus)  

Idée 4.e : Réutilisation industrielle dans  Projet en cours GCT : utilisation de 50% des EUT produites par la 
les usines de traitement des phosphates  STEP de Gabes 
Projet du GCT  Si  utilisation  des  EUT  de  la  STEP  de  Gabes  Nord  en  2050, 
substitution de 100% des eaux souterraines prélevées par le GCT 
+ 50 % des EUT de la STEP restantes 

Plusieurs orientations sont envisageables pour exploiter ce potentiel conséquent d’EUT et répondre aux
principaux enjeux locaux :

Une première orientation pourrait être d’accompagner les projets de valorisation agricole et
industrielle, actuellement à l’étude et de privilégier la substitution dans les périmètres irrigués
existants. Le PPI de Dissa utilise aujourd’hui 14% des EUT de la STEP de Gabès (2017) pour un
niveau d’intensification de 50%. Une fois réhabilité, et pour une intensification à 100%, le PPI de Dissa
pourrait potentiellement utiliser jusqu’à 25% des EUT de la STEP de Gabès Nord projetée à la place
de la STEP actuelle de Gabes. Par ailleurs, le raccordement des sites du GCT avec les EUT de la
STEP de Gabès Nord permettrait de valoriser 50% des EUT qui y sont produites, tout en substituant
la totalité des eaux souterraines prélevées par le GCT. Cette option de réutilisation industrielle a été
appuyée par les acteurs lors de l’atelier de concertation régional. Concernant la substitution dans les
périmètres irrigués existants, les EUT des STEP restantes pourraient être orientées vers la plaine
côtière de Gabès et ses oasis littoraux sur le long terme (Mareth, El Métouia, Zarrat, Kettana). Le
flux d’EUT permettrait d’irriguer –actuellement - l’équivalent de 500 ha de palmiers-dattiers et plus de 1
000 ha à l’horizon 2050.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Une autre possibilité est d’orienter les flux d’EUT vers les usages touristiques futurs. Cela consiste
à satisfaire les besoins touristiques des golfs et des espaces verts de la région, dans la mesure de la
faisabilité technique qui sera à préciser. La future zone touristique de Chott Hamrouni n’étant pas
encore construite, il pourrait aussi être envisagé de la REUT au niveau des blocs sanitaires des hôtels.
La satisfaction des besoins identifiés à l’horizon 2050 pour les espaces verts et le golf, et pour les blocs
sanitaires des hôtels prévus (10 000 lits) correspond à l’exploitation de 10 % des EUT de Gabes Sud
(1,7 Mm3).

13.4.5 Sous-zone 5 : Zone intérieure de Gabes


Ressources en eau
La zone intérieure de Gabès est très aride et le désert progresse. Ses ressources en eau
conventionnelles se limitent à des petites entités aquifères phréatiques (6,6 Mm3) et à des nappes
profondes, partagées avec le littoral, dont les réserves sont plus importantes (156 Mm3). Les nappes
phréatiques sont globalement peu exploitées (20% à 80%) du fait de leur forte salinité mais une baisse
des niveaux piézométriques peut être enregistrée localement. Pour les mêmes raisons, les nappes
profondes ne sont pas non plus exploitées au maximum de leur potentiel. Les prélèvements dans les
nappes phréatiques sont exclusivement dédiés à l’irrigation, alors que ceux dans les nappes
profondes alimentent également la production d’eau potable.

Le flux d’EUT est relativement modeste. Il représente actuellement 1,6 Mm3 et un potentiel de près
de 5 Mm3 à l’horizon 2050. Ce potentiel provient essentiellement de la STEP d’El Hamma (3.8 Mm3 à
l’horizon 2050). Le reliquat est produit par une série de petites STEP projetées, disséminées sur le
territoire.

Agriculture
La zone intérieure de Gabès est essentiellement agricole. De très grandes surfaces de parcours
permettent d’alimenter les cheptels, ovins essentiellement. L’aridité et les épisodes de sécheresse
engendrent régulièrement une pénurie de fourrages, que l’irrigation avec les EUT permettrait de
364 réduire. Sur le reste du territoire, la culture d’oliviers, principalement en sec, domine (73 000 ha).
Les zones de cultures intensives sont limitées aux oasis traditionnelles de la zone de Chenchou
(délégation d’El Hamma) et aux abords des ouvrages traditionnels de mobilisation des eaux de
ruissellement (Jessours), au niveau des Monts de Matmata.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la zone intérieure de
Gabes, liste établie à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui
vient d’être exposé.
Tableau 102 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 5 : zone intérieure de Gabes

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  5.a  :  Réhabilitation  et  El Hamma : 100 ha aménagés (oliviers, arboriculture et fourrages), 


intensification de l’existant  utilisation de 14 % des EUT de la STEP de El Hamma en 2017 avec 
une intensification de 50 % 
PPI d’El Hamma et eaux des bains maures 
Potentiel d’utilisation de 45 % des EUT en 2050 si intensification à 
100 % et extension à 400 ha 

Idée  5.b  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


irriguées  avec  les  EUT  à  proximité  des 
Fourrages : en 2020, 160 ha ; en 2050, 480 ha 
STEP projetées 
Oliviers : en 2020, 470 ha ; en 2050, 1 360 ha 
Nouveaux PI d’oliviers et fourrages 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  5.c :  Recharge  de  la  nappe  de  El  Comblement  du  déficit  à  hauteur  de  43  %  avec  la  STEP  de  El 
Hamma Chenchou  Hamma en 2020, 100 % en 2050  
Lâchers  dans  les  oueds  ou  bassins 
d’infiltration 

Il est proposé pour la STEP de El Hamma d’orienter les flux d’EUT vers un usage agricole autant
que possible. Les flux à l’horizon 2050 permettraient d’irriguer jusqu’à 350 ha de fourrages ou jusqu’à
1 000 ha d’oliviers. Cela peut comprendre la réhabilitation et l’extension du périmètre d’El Hamma,
ainsi que l’aménagement de nouvelles zones pour l’irrigation. Dans les périodes où l’irrigation n’est
pas pratiquée, il est proposé de recourir à la recharge de la nappe. Les EUT de cette STEP sont en
effet actuellement déversées dans le lit de l’oued de façon spontanée, en l’absence de tout
aménagement spécifique et ces eaux s’infiltrent entièrement après un parcours de plusieurs centaines
de mètres. Il pourra être envisagé d’aménager des aires d’infiltration dans le domaine public de l’oued
pour optimiser la recharge. Les acteurs locaux lors de l’atelier régional ont indiqué que pour les autres
STEP il sera difficile de recourir à la REUT avec des créations de périmètres irrigués au vu de leur
emplacement et de leur faible débit. Des solutions d’irrigation d’appoint à petite échelle pourront être
proposées.

13.4.6 Sous-zone 6 : Ile de Djerba et Zarzis


Ressources en eau
L’alimentation en eau potable de l’île de Djerba et la région de Zarzis repose essentiellement sur le
dessalement de l’eau de mer depuis 2018 (50 000 m3/j, extension possible jusqu’à 75 000 m3/j). Les
nappes phréatiques (nappe de l’île de Djerba, nappe de Zarzis) et les nappes profondes locales
représentent de faibles volumes (4,4 Mm3/an) et sont surexploitées, principalement pour l’irrigation. 365
Les EUT produites localement représentent un gisement significatif en comparaison à la taille du
territoire. A ce jour, les volumes d’EUT sont estimés à 8 Mm3 et leur potentiel serait de plus de 17 Mm3
à l’horizon 2050.

Tourisme
L’île de Djerba et le littoral de Zarzis constituent un pôle touristique d’importance nationale. Ce pôle
continue à se développer avec des extensions projetées des zones touristiques et le développement
de nouveaux golfs. Les rejets des EUT à proximité des zones de baignade est problématique.

Agriculture
L’aménagement du territoire et les conditions climatiques sont peu propices au développement
agricole dans la région. Le secteur agricole se limite à la culture de l’olivier autour de Zarzis
(67 000 ha) et à l’arboriculture (figuiers, amandiers, grenadiers, raisins), principalement en sec.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour l’île de Djerba et Zarzis,
liste établie à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être
exposé.

Tableau 103 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 6 : île de Djerba et Zarzis

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Idée  6.a  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


irriguées avec les EUT 
Arboricoles : en 2020, 970 ha ; en 2050, 1 860 ha 
Nouveaux  PI  d’oliviers  et  arboricoles, 
Oliviers : en 2020, 2 640 ha ; en 2050, 5 100 ha 
extension  des  PI  avec  des  EUT  déjà 
existants 

Idée  6.b  :  Approvisionnement  des  Superficie  des  espaces  verts  irrigables  substituable,  en  utilisant 
espaces verts des zones touristiques et  100% des EUT : 1 000 ha en 2020 à 2 200 ha en 2050, soit 2 et 5 
urbains à partir des STEP voisines  fois les surfaces existantes si la moitié est irriguée (850 ha en tout)

Idée 6.c : Approvisionnement des golfs  En  2020,  utilisation  de  100  %  de  la  STEP  de  Sidi  Mehrez  pour 
irriguer le golf 
1 existant et 4 projetés 
En 2050, utilisation de 22 % du volume produit par toutes les STEP 
pour alimenter les 6 golfs 

Idée  6.d  :  Réutilisation  dans  les  blocs  En 2020 : possibilité de substituer la consommation de 75 000 lits 


sanitaires des hôtels  (soit 1,3 fois l’existant) 
Circuit fermé ou redistribution à partir de  En  2050 :  possibilité  de  substituer  la  consommation  de  165 000 
la STEP   lits (soit 1,5 fois l’existant + ce qui est projeté) 

Plusieurs orientations sont envisageables pour exploiter ce potentiel conséquent d’EUT et répondre aux
principaux enjeux locaux :
Eu égard à l’importance économique du secteur touristique, une orientation évidente serait de
valoriser les EUT de la zone au niveau des infrastructures touristiques, valorisation largement évoquée
lors des échanges de l’atelier régional. Les EUT peuvent permettre d’irriguer des espaces verts et des
golfs. Cela peut s’envisager soit par un traitement puis un retour des EUT des STEP de Djerba et Zarzis,
366 soit par des petites unités de traitement à l’échelle des grandes unités hôtelières avec séparation des
eaux grises et des eaux vannes. La satisfaction des besoins identifiés à l’horizon 2050 pour les espaces
verts et les golfs, soit respectivement 230 ha et 395 ha irrigués, correspond à l’exploitation de 35% du
potentiel d’EUT du secteur (6,2 Mm3). Pour les zones touristiques projetées, il peut même être envisagé
d’alimenter les blocs sanitaires avec les EUT.
Une autre orientation consisterait à étendre les périmètres irrigués existants et de créer de
nouvelles zones irriguées. Le flux d’EUT permettrait d’alimenter –actuellement- l’équivalent de
2 600 ha d’oliviers ou 900 ha de fourrages et près de 5 000 ha d’oliviers et 1 800 ha de fourrages à
l’horizon 2050.Cette stratégie de valorisation permettrait de soulager le déficit de la nappe de Djerba,
que l’usage agricole tend à surexploiter, et de fournir aux agriculteurs une eau moins salée que celle de
la nappe.
Ces deux orientations possibles ne s’opposent pas et des solutions de valorisation combinant les deux
sont envisageables.

13.4.7 Sous-zone 7 : Medenine


Ressources en eau
La zone intérieure du gouvernorat de Medenine est très aride. Ses ressources en eau conventionnelles
se limitent à de petites entités aquifères phréatiques (8,3 Mm3) et à des nappes profondes dont les
réserves sont plus importantes (près de 70 Mm3). Le taux de prélèvements reste relativement modeste
à l’échelle de l’ensemble de ces entités aquifères, mais quelques nappes phréatiques sont largement
surexploitées (148 % pour Ben Guerdane, ou 207 % pour Smar Medenine par exemple). Ce bilan
hydrique globalement excédentaire s’explique par la salinité très importante de l’ensemble de ces
ressources souterraines. Les prélèvements dans les nappes phréatiques sont exclusivement dédiés à
l’irrigation, alors que ceux dans les nappes profondes le sont très largement pour l’eau potable.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Le flux d’EUT représente actuellement 2,2 Mm3 et un potentiel de plus de 13 Mm3 à l’horizon 2050,
soit tout de même 17% des ressources en eau renouvelables locales. Ce potentiel provient
essentiellement de la STEP de Médenine (6,5 Mm3) et de la nouvelle STEP de Ben Guerdane
(6,1 Mm3). Le reliquat est produit par une série de petites STEP projetées et disséminées sur le territoire.

Agriculture
La zone est essentiellement agricole, avec de grandes surfaces de parcours (cheptels d’ovins, de
caprins et de camélidés). L’aridité et les épisodes de sécheresse engendrent régulièrement une pénurie
de fourrages, que l’irrigation avec les EUT permettrait de réduire. Sur le reste du territoire, la culture
de l’olivier (71 000 ha) et des céréales domine, le tout majoritairement en sec.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour Medenine, liste établie à
l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 104 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 7 : Medenine

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  7.a  :  Réhabilitation  et  30 ha aménagés (oliviers, fourrages), utilisation de 3 % des EUT 


intensification de l’existant  de la STEP de Medenine avec une intensification de 100 % 
PPI de Ouljet El Khoder 

Idée  7.b  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


irriguées avec les EUT 
Oliviers : en 2020, 700 ha ; en 2050, 3 800 ha 
Nouveaux  PI  d’oliveraie  et  fourrages, 
Fourrages : en 2020, 250 ha ; en 2050, 1 300 ha 
extension  des  PI  avec  des  EUT  déjà 
existants  367
Idée 7.c : Recharge des nappes de l’Oued  Comblement  du  déficit  à  hauteur  de  100  %  avec  la  STEP  de 
Smar et N. Oum Tamr et Djorf  Medenine en 2020 et 2050 
Lâchers dans les oueds 

L’environnement immédiat de chaque STEP étant très différent, les propositions de valorisations sont à
envisager à l’échelle de chaque STEP.

L’environnement urbain de la STEP de Medenine et la méfiance des riverains vis-à-vis des EUT incite
à envisager un usage agricole indirect, par l’intermédiaire de la recharge des nappes de l’Oued
Smar, N. Oum Tamr et Djorf. Le contexte hydrogéologique étant favorable, la recharge pourra se faire
au travers de lâchers dans les oueds, ou par la mise en place de bassins d’infiltration. Une
amélioration des processus de traitement, afin d’absorber les surcharges, notamment issus des rejets
industriels, est cependant nécessaire pour garantir la qualité des EUT.

Pour les EUT de la STEP de Ben Guerdane et des autres petites STEP, si le stockage souterrain est
envisageable, il est suggéré d’orienter ces volumes vers un usage agricole direct, en particulier dans
la région agricole de Binniri, où se trouve une tradition d’irrigation à partir de puits de surface de faible
productivité et de salinité relativement élevée. Les EUT seraient exploitées dans des nouveaux
périmètres irrigués à proximité des STEP pour l’irrigation des oliviers et des fourrages en
intercalaire. Lors de l’atelier de concertation régional, il y avait un consensus pour dire que les EUT
devait être considérée comme une ressource propres à réduire le déficit fourrager actuel de la région.
En effet, la demande des agriculteurs est forte pour approvisionner leurs élevages (camelins,
ovins, caprins). Les volumes actuels d’EUT issus de ces STEP permettraient d’irriguer environ 700 ha
d’oliviers ou 250 ha de fourrages, et jusqu’à 3 900 ha d’oliviers ou 1 300 ha de fourrages à l’horizon
2050.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Outre la création de périmètres fourragers autour des STEP, d’autres solutions de valorisations
complémentaires peuvent être envisagées : alimentation de pépinières pour lutter contre la
désertification (par exemple le parc boisé géré par l’Institut des Régions Arides (IRA) pour la
multiplication et la préservation des espèces autochtones de la région), l’arrosage des alignements
d’arbres au bord des routes ou l’alimentation de productions de plantes médicinales.

13.4.8 Sous-zone 8 : Gouvernorat de Tataouine


Ressources en eau
Le gouvernorat de Tataouine est très aride. Les ressources en eau conventionnelles y sont
réduites, avec un potentiel renouvelable de 15 Mm3/an pour les nappes phréatiques et 52 Mm3/an pour
les nappes profondes. Avec un niveau de prélèvement à hauteur de 46 Mm3/an, le bilan hydrique
reste excédentaire. Cela recouvre cependant des réalités très diverses, et notamment le bilan déficitaire
des nappes de Tataouine et de Smar.

Les EUT représentent aujourd’hui 3,4 Mm3, produits par la STEP de Tataouine. Le potentiel à l’horizon
2050 serait de 5,7 Mm3, du fait de l’augmentation de la capacité de la STEP de Tataouine
principalement (5 Mm3) et de l’installation de petites STEP dans le reste du gouvernorat.

Agriculture
L’économie de la région repose essentiellement sur l’agriculture. Celle-ci est peu diversifiée du fait
des conditions climatiques très rudes. Il s’agit principalement d’arboriculture en sec, avec surtout des
oliviers (75%) et de la céréaliculture, également en sec. L’agriculture oasienne, irriguée, représente
7 300 ha. Le secteur de l’élevage fait face à de grandes difficultés d’approvisionnement en
fourrages pour les ovins et camélidés.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le Gouvernorat de
Tataouine, liste établie à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte
qui vient d’être exposé.
368
Tableau 105 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous-zone 8 : Gouvernorat de Tataouine

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  8.a  :  Création  de  nouvelles  zones  Nouveaux périmètres potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


irriguées avec les EUT  
Oliviers : en 2020, 1 100 ha ; en 2050, 1 600 ha 
Nouveaux  périmètres  d’oliveraie  et 
Fourrages : en 2020, 400 ha ; en 2050, 575 ha 
fourrages,  extension  des  périmètres  déjà 
irrigués actuellement avec des EUT 

Idée  8.b :  Recharge  de  la  nappe  de  Oued  Comblement du  déficit  à  hauteur de 100  %  avec  la  STEP de 
Tataouine  Tataouine en 2020 et 2050 
Lâchers dans les oueds  

Malgré sa localisation en milieu péri-urbain, la STEP de Tataouine est relativement proche de zones
agricoles. Les volumes d’EUT de cette STEP pourront donc être orientés vers un usage agricole
direct, et local. Comme pour l’intérieur du gouvernorat de Medenine, le déficit fourrager actuel de la
zone a été souligné lors de l’atelier de concertation. Il a donc été préconisé la création de nouveaux
périmètres fourragers. La localisation prévue des futures STEP est similaire et l’usage de leurs
volumes d’EUT pourra également être orienté vers l’agriculture. Le potentiel total permettrait de
développer l’équivalent de 1 640 ha d’oliviers ou 575 ha de fourrages à l’horizon 2050.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Le recours à un usage indirect, par l’intermédiaire de la recharge de la nappe de Oued Tataouine est
envisageable, en complément, pour une petite partie des flux d’EUT. Ces volumes sont en effet très
largement supérieurs au potentiel renouvelable annuel de ces nappes. La recharge pourra se faire au
travers du réseau hydrographique ou d’aires d’infiltration à identifier et aménager.

13.4.9 Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones
La carte ci-dessous permet de rappeler de manière illustrée les idées de valorisations possibles des
EUT qui ont été proposées pour chaque sous zones et de montrer la variété des possibilités en fonction
des contextes territoriaux.

369
Figure 88 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Grand Sud

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.5 QUELS SONT LES SCENARIOS POSSIBLES ET COHERENTS POUR VALORISER LES
EUT DE LA ZONE DU GRAND SUD ?
13.5.1 Formulation des scénarios prospectifs proposés
VALORISATIONS DES EUT COMMUNES AUX SCENARIOS PROPOSES
Il est proposé que certaines valorisations des EUT soient appliquées à l’ensemble des scénarios. Ces
propositions concernent surtout le maintien de certains périmètres existants qui ne sont pas dans les
grands centres urbains et industriels (Tataouine, Djerba, El Hamma) ainsi que l’irrigation du golf existant
à Djerba. Lors de l’atelier de concertation régional, l’utilisation des EUT pour le reboisement afin de
lutter contre la désertification a été très souvent citée par les participants. Pour chacun des scénarios
proposés, 5 % du volume d’EUT produit à l’échelle de la région a donc été réservé au reboisement ou
à l’irrigation de pépinières.

13.5.1.1 Scénario 1 : Les EUT, une ressource pour réduire la pression sur les nappes
souterraines surexploitées
L’état de stress hydrique s’impose aux acteurs régionaux qui décident de limiter les nouveaux usages
consommateurs en eau pour préserver les eaux souterraines. Les EUT sont utilisées pour tout un panel
d’usages existants dont la nature dépend de leur niveau de consommation d’eau. Pour Gabes et Gafsa
par exemple, au regard du poids dans le bilan hydrique du secteur des phosphates, c’est la réutilisation
industrielle qui est favorisée afin de limiter les prélèvements dans les nappes profondes. Pour les zones
littorales touristiques (Djerba, Zarzis) où il y a peu d’irrigation agricole, les EUT permettent d’irriguer des
espaces verts existants. Dans les zones intérieures plus agricoles, les EUT alimentent des périmètres
irrigués existants et notamment les palmeraies dans les oasis de Tozeur, Kebili et Gabes où il n’y a pas
370 de maraîchage. La priorité est donc donnée à la substitution des eaux conventionnelles par les EUT (ou
au mélange de ces deux ressources). Dans le cas des zones rurales où il n’y a pas de possibilités de
substitution à proximité, les EUT permettent de recharger de façon marginale les nappes phréatiques.
Tous ces usages demandent des efforts d’investissement pour améliorer les niveaux de traitement des
STEP urbaines avec des procédés filtrants et de désinfection.

13.5.1.2 Scénario 2 : Les EUT, une ressource pour aider au développement local agricole
et touristique
Les impacts de la diminution des ressources conventionnelles et du changement climatique sur le
secteur agricole de la zone, déjà fragile au vu des faibles ressources disponibles naturellement, amène
à prioriser la REUT pour l’usage agricole à proximité des STEP. Les périmètres existants avec des EUT
au niveau des grandes STEP urbaines sont réhabilités, intensifiés et étendus. Pour les nouvelles STEP,
des périmètres irrigués sont créés à proximité en fonction des opportunités et des demandes des
agriculteurs. Ils permettent surtout d’intensifier les productions existantes des oliviers ou de réduire le
déficit fourrager des zones qui souffrent de la dégradation des parcours. Pour les zones touristiques où
il y a peu de potentialités agricoles, les EUT permettent le développement de nouveaux golfs et de
nouveaux espaces verts afin d’améliorer le cadre de vie et soutenir le secteur touristique, notamment
pour les nouvelles zones projetées (extension à Djerba, Sud de Gabes, El Hamma, Douz, Tozeur, etc.).

13.5.1.3 Vue d’ensemble des composantes considérées pour la construction des


scénarios
Le schéma ci-dessous synthétise les principales composantes qui ont permis de construire des
scénarios, à savoir l’éloignement des usages par rapport à la STEP, le niveau d’ambition technologique
pour le traitement des EUT, l’impact sur le bilan en eau (substitution d’usages existants ou création de
nouveaux usages) et les types d’usages en fonction de leur localisation en milieu rural ou urbain.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Figure 89 : Principales composantes considérées pour la construction des scénarios

13.5.2 Traduction locale à l’échelle des sous-zones des scénarios


Afin d’illustrer plus en détails le contenu des scénarios décrits ci-avant, le tableau et les cartes ci-
dessous reprennent, pour chacun d’eux, quelles sont les idées de valorisations des EUT à favoriser
pour chacune des sous-zones de la région du Grand Sud.
371

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 106 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 2 scénarios

Sous zones de la région
Valorisations des EUT à favoriser Gafsa Tozeur Kebili et Douz Littoral de Gabes Zone intérieure de Gabes Ile de Djerba et Zarzis Medenine Tataouine
Scénario 1 : les EUT, une ressource pour réduire la pression sur les nappes souterraines surexploitées
Extension et/ou intensification des PI  X X
existants avec des EUT (Idée 5.a, El Hamma) (Idée 6.a)
X X X
Palmiers dattiers
Substitutions /  (Idée 2.a) (Idée 3.a) (Idée 4.b)
mélanges dans des PI X
Arbo/fourrages
(Idée 4.b)
X
Golfs
(Idée 6.c, golf existant)
X
Espaces verts (Idée 6.b, seulement EV 
existants)
X X
Réutilisation industrielle
372 (Idée 1.c) (Idée 4.e)
X X X X
Recharge de nappe
(Idée 1.d) (Idée 5.c) (Idée 7.c) (Idée 8.b)
Scénario 2 : les EUT, une ressource pour aider au développement local agricole et touristique
Extension et/ou intensification des PI  X X X X
existants avec des EUT (Idée 4.a) (Idée 5.a, El Hamma) (Idée 6.a) (Idée 7.a)
X X X X X X X X
Création de nouveaux PI
(Idée 1.a) (Idée 2.b) (Idée 3.b) (Idée 4.c) (Idée 5.b) (Idée 6.a) (Idée 7.b) (Idée 8.a)
X X
X
Golfs (Idée 4.d, golfs  (Idée 6.c, golfs existants 
(Idée 2.c)
projetés) et projetés)
X
X X X
Espaces verts (Idée 6.b, EV existants et 
(Idée 2.c) (Idée 3.c) (Idée 4.d, EV projetés)
projetés)

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

373

Figure 90 : Valorisations des EUT proposées pour chacun des 3 scénarios (cartographie)

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.5.3 Description technique des scénarios et part de réutilisation des EUT


produites en fonction des usages et des horizons temporels
Le tableau ci-dessous indique l’évolution possible dans le temps des valorisations des EUT par
scénario, avec la quantification des volumes réutilisés et des superficies irriguées aux horizons 2025,
2030, 2040 et 2050. Comme expliqué dans le chapitre méthodologique (voir chapitre 0), il indique quels
sont les besoins technologiques par scénarios pour différents sujets :
 Les niveaux de qualité (A/B/C/D/E) à atteindre. Ces niveaux font référence à l’échelle de qualité des
EUT définie plus haut dans le rapport, dans les chapitres consacrés à la réglementation et aux
traitements possibles.
Le niveau de qualité est fonction de la nature des valorisations et correspondra à une ou plusieurs
options technologiques, tel qu’exposé dans le chapitre consacré au options technologiques
possibles.
On peut par exemple lire dans le tableau, pour le scénario 1 que, en 2025, 100 % du volume des
EUT réutilisé (8,7 Mm3) est traité au niveau B. En 2050, dans ce même scénario, 62 % du volume
réutilisé (38,5 Mm3) devra être traité au niveau B, 30 % au niveau C+ (18,4 Mm3) et 8 % au niveau
C (4,9 Mm3).
 Le besoin en transfert. Le tableau mentionne la part du volume d’EUT devant être transféré à plus
de 5 km, pour trois classes de distances.
 Le besoin en stockage intersaisonnier. Le tableau mentionne le volume d’EUT qui devra faire l’objet
d’un stockage intersaisonnier.

Certaines hypothèses utilisées pour la formulation des scénarios sont exposées en annexe 4.

Dans le scénario 1, près de 57 % des EUT sont réutilisées en 2050, dont 90 % pour la substitution
des eaux conventionnelles pour des usages déjà existants (palmiers dattiers irrigués, usages
industriels pour le secteur des phosphates, irrigation d’espaces verts). Cela représente un taux de
374 substitution d’ici 2050 de 2 % dans les oasis existants (1 300 ha sur les 56 000 ha existants dans
toute la région). Il est estimé que cette substitution se fait au fur et à mesure à partir de 2030 dans les
oasis de Tozeur, Kebili et Gabes sur des superficies sans maraîchage. Pour l’usage industriel, les
EUT viennent remplacer 68 % des prélèvements des industries du phosphate dans les nappes à
Gafsa et Gabes (13 Mm3 d’EUT remplacés sur les 19 Mm3 prélevés dans les nappes). La recharge de
nappe, effectuée pour les EUT des STEP de Medenine, Metlaoui, El Hamma et Tataouine, représente
30 % des EUT réutilisées dans ce scénario. En termes de stockage, des infrastructures sont
nécessaires afin d’utiliser les EUT au maximum. Les palmiers dattiers ont besoin que 23 % du flux
annuel d’EUT soit en effet stocké pendant la période hivernale quand il n’y pas d’irrigation afin d’être
exploité pendant l’été.

Le taux de réutilisation dans le scénario 2 est supérieur à celui du scénario 1, avec 81 % des EUT
produites valorisées. 65 % de ces EUT réutilisées le sont en irrigation agricole directe pour des
cultures actuellement autorisées (oliviers et fourrages en intercalaire). Cependant, parmi ces 81 %
réutilisés, 0 % des périmètres existants avec des eaux conventionnelles sont substitués par des EUT.
La réutilisation dans ce scénario ne concerne que des nouveaux usages. Les STEP produisent à 94
% des EUT de niveau de qualité B pour éviter les risques sanitaires lors de l’irrigation des fourrages.
La création de nouveaux périmètres se fait au fur et à mesure à partir de 2025 avec la création des 230
ha projetés à court terme (PI à El Guettar, Metlaoui et oasis près de El Hamma). Puis, d’autres PI sont
créés sur les EUT des STEP restantes, sauf à Djerba où les terres agricoles irrigables sont limitées et
près des petites STEP en zones montagneuses qui produisent moins de 0,1 Mm3/an. Le total irrigué
en agriculture avec des EUT atteint près de 4 400 ha en 2050. L’exploitation des EUT dans le
secteur touristique est aussi conséquente car elle représente 29 % du volume réutilisé dans ce
scénario. Près de 2 000 ha d’espaces verts et 500 ha de golfs sont irrigués avec des EUT avec
l’extension des zones touristiques de Djerba et Gabes. Les besoins en stockage, calculés sur les
besoins en eau mensuels des fourrages, sont estimés à 27 % du flux, pour une utilisation maximale
des EUT.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 107 : Valorisations des EUT à favoriser et besoins technologiques par scénario aux différents horizons temporels

Horizons temporels
2020 2025 2030 2040 2050
Volume EUT produit (Mm3) 31 50 65 86 99

Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Superficies  Pourcentage (%) Volume  Volume  Superficies  Pourcentage (%)
Scénarios Superficies  Pourcentage (%)
réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  irriguées  réutilisé  réutilisé  irriguées 
irriguées (ha)
(Mm3) (b) (ha) (Mm3) (b) (ha) (Mm3) (b) (ha) (Mm3) (b) (Mm3) (b) (ha)
(b)/(c) (b)/(a) (b)/(c) (b)/(a) (b)/(c) (b)/(a) (b)/(c) (b)/(a) (b)/(c) (b)/(a)
Préservation des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 2,2 440 83% 7% 2,4 490 27% 5% 0,6 152 1% 1% 0,6 152 1% 1% 0,6 152 1% 1%
Substitution ou mélange  Palmiers dattiers 4,8 335 12% 1% 16,6 1 108 30% 19% 19,9 1 274 32% 20%
Golfs Existants 0,4 44 17% 1% 0,4 44 5% 1% 0,5 44 1% 6% 0,5 44 1% 1% 0,5 44 1% 1%
Valorisations  Espaces verts Existants dont aéroport 4,1 485 10% 20% 4,3 485 8% 5% 4,5 485 7% 5%
des EUT Réutilisation industrielle Phosphatiers 5,8 ‐ 67% 12% 12,9 ‐ 32% 21% 12,9 ‐ 23% 15% 12,9 ‐ 21% 13%
Recharge de nappe 13,8 ‐ 35% 5% 16,5 ‐ 30% 19% 18,4 ‐ 30% 19%
Reboisement 3,2 ‐ 8% 5% 4,3 ‐ 8% 5% 4,9 ‐ 8% 5%
TOTAL (c) 2,6 484 100% 8% 8,7 534 100% 17% 39,9 1 016 92% 59% 55,7 1 790 92% 65% 61,8 1 956 100% 62%
1
C 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 3,2 ‐ 8% 5% 4,3 ‐ 8% 5% 4,9 ‐ 8% 5%
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 13,8 ‐ 35% 21% 16,5 ‐ 30% 19% 18,4 ‐ 30% 19%
Besoins traitements B 2,6 484 100% 8% 8,7 534 100% 17% 22,8 1 016 57% 35% 34,9 1 790 63% 40% 38,5 1 956 62% 39%
Options  A 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
technologiques A+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
Besoins transferts 
Palmiers dattiers 1,1 335 3% 2% 3,8 1 108 7% 4% 4,5 1 274 7% 5%
Besoins stockage
TOTAL 1,1 335 3% 2% 3,8 1 108 7% 4% 4,5 1 274 7% 5%

Extension et intensification des PPI existants avec des EUT (arbo/fourrages) 2,2 440 83% 7% 4,7 892 53% 10% 5,0 892 12% 8% 5,2 892 7% 6% 5,4 892 6% 5%
Création de nouveaux PI Oliviers/fourrages 2,8 230 32% 6% 17,9 1 381 43% 28% 43,3 3 189 57% 50% 50,1 3 526 59% 51% 375
Valorisations  Golfs Existants et projetés 0,4 44 17% 1% 1,3 134 15% 3% 3,7 354 9% 6% 5,7 519 7% 7% 6,0 519 7% 6%
des EUT Espaces verts Existants et projetés 11,5 1 368 28% 18% 17,9 2 030 23% 21% 18,7 2 030 22% 19%
Reboisement 3,2 ‐ 8% 5% 4,3 ‐ 6% 5% 4,9 ‐ 6% 5%
TOTAL (c) 2,6 484 100% 8% 8,9 1 256 100% 18% 41,3 3 995 100% 64% 76,4 6 630 100% 89% 85,1 6 967 100% 86%
C 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 3,2 ‐ 8% 5% 4,3 ‐ 6% 5% 4,9 ‐ 6% 5%
2
C+ 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0% 0,0 0 0% 0%
Besoins traitements B 2,6 484 100% 8% 8,9 1 256 100% 18% 38,1 3 995 92% 59% 72,1 6 630 94% 84% 80,2 6 967 94% 81%
Options  A 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
technologiques A+ 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0% 0 0 0% 0%
Besoins transferts  Oliviers/fourrages
Fourrages 0,8 230 9% 2% 4,9 1 381 12% 7% 11,8 3 189 15% 14% 13,6 3 526 16% 14%
Besoins stockage
TOTAL 0,8 230 9% 2% 4,9 1 381 12% 7% 11,8 3 189 15% 14% 13,6 3 526 16% 14%

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.5.4 Comparaison des scénarios proposés


COUTS GLOBAUX
Le tableau ci-dessous indique les coûts des différents scénarios pour leurs différentes composantes
(traitement complémentaire, transfert éventuel, stockage éventuel, distribution des EUT par exemple
dans le cas de la création d’un nouveau périmètre irrigué).

Le contenu des différentes colonnes a été explicité plus haut (pour le cas de la zone Cap Bon, au
chapitre 10.5.4).

Tableau 108 : Coûts globaux (investissement et exploitation) des principaux maillons des filières de REUT à mettre en place dans
chaque scénario
Scénario 1
Coût
Volume Coût total Inv (avec
% unitaire Inv initial Fonc Energie
réutilisé annuel renouvellement)
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 61,8 11 777 900 100% 0,19 80 519 271 0,15 0,05 0,20 12 161 000
C 4,9 347 900 3% 0,07 3 447 708 0,05 0,02 0,03 147 000
Traitements
C+ 18,4 5 152 000 44% 0,28 24 570 000 0,22 0,06 0,21 3 864 000
complémentaires
B 38,5 5 390 000 46% 0,14 30 001 563 0,11 0,03 0,08 3 080 000
Bassins de
Stockage
surface 4,5 810 000 7% 0,18 22 500 000 0,15 0,03
Distribution des Périmètres
EUT irrigués 19,5 78 000 1% 0,04 0 0,00 0,04 0,26 5 070 000

Scénario 2
Coût
376 Volume
réutilisé
Coût total
annuel
% unitaire Inv initial
Inv (avec
renouvellement)
Fonc Energie
global
Mm3 DT DT/m3 DT DT/m3 DT/m3 kWh/m3 kWh
TOTAL 85,1 18 866 229 100% 0,22 173 724 896 0,15 0,07 0,25 21 123 000
C 4,9 343 000 2% 0,07 3 447 708 0,05 0,02 0,03 147 000
Traitements
C+
complémentaires
B 80,2 11 228 000 60% 0,14 62 477 188 0,11 0,03 0,08 6 416 000
Bassins de
Stockage
surface 13,6 2 488 800 13% 0,18 68 000 000 0,15 0,03
Distribution des Périmètres
EUT irrigués 56,0 4 806 429 25% 0,09 39 800 000 0,04 0,05 0,26 14 560 000

NB : les coûts d’investissement pour les périmètres irrigués ne concernent pas les périmètres irrigués
avec substitution des eaux conventionnelles car les infrastructures sont déjà existantes. Ils sont
cependant comptés dans les coûts de fonctionnement.

L’investissement initial pour le scénario 2 est plus de 2 fois supérieur à celui nécessaire pour le
scénario 1. Cela s‘explique par l’investissement pour la création de nouveaux périmètres sur plus de
3 500 ha, des besoins en stockage 3 fois plus conséquents et un volume réutilisé supérieur de 14 Mm3.
Le cout global unitaire reste cependant dans les mêmes ordres de grandeur avec 0,19 DT/m3 pour
le scénario 1 et 0,22 DT/m3 pour le scénario 2. Pour le scénario 1, près de 93 % des coûts sont liés aux
traitements complémentaires.

BENEFICES TERRITORIAUX
Chaque scénario répond à différents enjeux territoriaux, notamment les enjeux de stress hydrique et
d’adaptation au changement climatique. Les 3 tableaux ci-dessous reprennent le bilan hydrique du
Sahel et de Sfax et son évolution potentielle en 2050 (RCP 4.5). Pour chaque scénario, il est indiqué le
volume réutilisé projeté. Il est précisé la part de ce volume qui se substitue à des usages existants.
Enfin, le volume qui se substitue à des usages existants est comparé avec le déficit hydrique projeté en
2050 de la zone.

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 109 : Impact des scénarios sur le déficit hydrique du Grand Sud à l’horizon 2050

Apports Projections REUT Déficit avec


Grand Sud Prélèvements Part
annuels Volume volume
CC - RCP 4.5 2050 effectifs dont substitution /
renouvelables réutilisé substitué par
(Mm3) substitution EUT (Mm3) déficit
(Mm3) (Mm3)
sans REUT 0 0 544 0%
Bilan en eau 2050 Scénario 1 906 1450 62 56 488 10%
Scénario 2 85 13 531 2%

Le scénario 1 privilégie la substitution qui représente 56 Mm3, soit près de 90% du volume réutilisé en
2050. Ce volume permettrait de réduire le déficit hydrique de 10% pour la région en diminuant les
prélèvements dans les ressources fossiles des nappes profondes. En apportant une nouvelle ressource
en eau dans des périmètres déjà impactés par le stress hydrique, ces substitutions sont un moyen
d’adaptation au changement climatique.

Dans le scénario 2, bien que le volume réutilisé total soit supérieur au scénario 1, la contribution de la
REUT à la réduction du stress hydrique n’est que de 2 %. En effet, cette réutilisation concerne en
majorité de nouveaux prélèvements pour des usages agricoles et touristiques. D’autres bénéfices
territoriaux sont cependant apportés comme le développement de certaines zones agricoles qui
n’ont pas ou plus accès à d’autres ressources en eau, avec des réductions localisées du déficit
fourrager, ainsi que la préservation de zones agricoles périurbaines. Ce scénario, en aidant à
développer de nouveaux golfs et des superficies d’espaces verts, permet aussi de d’aider au
développement touristique et d’améliorer le cadre de vie des habitants.

Le détail des volumes substitués par usages et par scénario est exposé en annexe 5.

Le tableau ci-dessous résume pour chacun des scénarios les bénéfices territoriaux auxquels elles
contribuent.

377

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 110 : Bénéfices territoriaux apportés dans les différents scénarios proposés

Aide au développement des zones rurales intérieures
Préservation des eaux conventionnelles pour l'AEP

Aide au développement du secteur touristique
Préservation des terres agricoles périurbaines

Aide au développement du secteur industriel
Préservation des eaux souterraines (qualité)
Protection des zones littorales sensibles
Dynamisation du secteur agricole
Lutte contre le stress hydrique

Sécurité alimentaire nationale
Lutte contre la désertification
Amélioration du cadre de vie
Bénéfices territoriaux

Adaptation au CC
Scénarios
Scénario 1 : Les EUT, une ressource pour réduire la 
pression sur les nappes souterraines surexploitées
Scénario 2 : Les EUT, une ressource pour aider au 
développement agricole et touristique

  Le scénario contribue fortement au bénéfice territoral

 Le scénario contribue modéremment au bénéfice territorial
378
  Le scénario ne contribue pas ou peu au bénéfice territorial

NIVEAUX D’AMBITION POUR LEVER LES CONTRAINTES REGLEMENTAIRES,


INSTITUTIONNELLES, SANITAIRES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES
Les 2 scénarios proposés pour la région du Grand Sud ne présentent pas de fortes ambitions en termes
de niveau de traitement des EUT. En effet, il y a eu peu de demandes des usagers pour développer
des usages à forte valeur ajoutée (maraîchage) alors qu’il y a un potentiel important de valorisation des
EUT dans le secteur industriel et pour l’irrigation des palmiers dattiers ou des fourrages. Pour la
substitution dans des périmètres existants, les enquêtes ont montré que les agriculteurs ayant déjà
accès à des ressources conventionnelles exploiteront plus difficilement les EUT que pour des créations
de périmètres dans des zones dépourvues de ressources en eau, sauf si l’accès à ces ressources est
déjà menacé. Le scénario 2 sera donc probablement plus acceptable socialement sur le court terme
mais la dégradation des ressources souterraines en termes qualitatifs et quantitatifs a déjà amené des
agriculteurs à exploiter des EUT de manière illicite.

L’option de recharge des nappes proposée dans le scénario 1 demandera la mise en place d’un cadre
réglementaire et institutionnel aujourd’hui inexistant pour suivre cet usage et éviter les impacts
environnementaux avec la dégradation de la qualité des eaux de nappes. De même que pour les usages
industriels, le cadre réglementaire reste à définir.

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prospective - Version définitive
13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

Tableau 111 : Comparaison des scénarios proposées pour le Grand Sud en fonction des niveaux d’ambitions par contraintes

379

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13. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU GRAND SUD

13.5.5 Conclusion sur la situation du Grand Sud et les opportunités de


développement de la REUT
13.5.5.1 Un déficit hydrique régional alarmant auquel la REUT n’apportera qu’une
réponse marginale…
Le niveau de surexploitation des nappes souterraines et notamment des ressources fossiles dans
le Sud tunisien ont atteint des niveaux alarmants. Ce bilan hydrique grandement déficitaire risque
de continuer à se dégrader car l’arrêt de l’extension des superficies irriguées n’est pas encore maîtrisé
malgré la volonté politique.

Les volumes d’EUT produits à l’échelle de tout le Sud tunisien ne seront pas négligeables d’ici 2050
puisqu’ils représenteront près de 100 Mm3 produits. Cependant, la production sera éparpillée sur un
vaste territoire en comparaison d’autres pôles de production d’EUT comme le Grand Tunis, Nabeul,
Sousse ou Sfax.

Pratiquement, vue les usages des EUT pouvant être pratiquement développés, la REUT restera, en
grand, pour la région Grand Sud une solution marginale pour remédier à son important déficit
hydrique. Plus localement, sur le littoral en particulier, la REUT pourra toutefois contribuer plus
significativement à sa résorption.

13.5.5.2 …Mais des potentiels de réutilisation locaux à considérer pour répondre à des
problématiques spécifiques et limiter la pollution
Les enjeux de la REUT pour cette région se concentrent en effet surtout sur le littoral avec la ville de
Gabes et le pôle touristique Djerba/Zarzis. Ces deux zones regrouperont potentiellement en 2050 40
380 % des flux d’EUT du Grand Sud. Les choix d’orientation de ces flux devront se faire entre la
substitution d’usages qui prélèvent actuellement dans les nappes, comme les usages industriels
ou touristiques existants, ou la création de nouveaux usages pour répondre à des demandes comme
la production fourragère ou la création d’espaces verts. L’avis du Consultant est que ces choix de
valorisations devront être étudiés en parallèle lors du lancement d’un projet de REUT au niveau de ces
STEP. Le choix devra ensuite se faire au cas par cas en fonction des enjeux territoriaux à proximité de
la STEP étudiée.

Pour les zones restantes, outre les chefs-lieux des Gouvernorats (Gafsa, Medenine, Tataouine, etc…),
l’assainissement de la région concernera des STEP aux capacités modestes où les potentiels de
réutilisation seront à étudier au cas par cas. Les valorisations concerneront surtout de l’irrigation
agricole directe. Une autre alternative sera la recharge de nappe par des procédés d’infiltration
simples dans les oueds si les volumes ne sont pas suffisants pour créer un périmètre irrigué ou s’il n’y
a pas de demandes agricoles. La REUT pour ces STEP représentera plus des enjeux locaux que
nationaux. Un de ces enjeux sera notamment de limiter les nuisances au niveau des milieux de
rejets des STEP, que ce soit des eaux stagnantes pour les milieux continentaux (STEP de Medenine,
Gafsa, Tataouine, etc.) ou les pollutions littorales (Gabes, Djerba, Zarzis). D’autres enjeux pourront être
la poursuite ou le développement d’activités économiques cruciales, comme, par exemple,
l’exploitation phosphatière à Gafsa.

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prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE


14.1 OFFRE POTENTIELLE EN EUT DANS LE CENTRE D’ICI 2050. COMMENT CETTE
OFFRE S’INSCRIT DANS LE MIX DE RESSOURCES EN EAU GLOBAL DE LA REGION ?

14.1.1 Une production d’EUT de 15 Mm3 à plus de 30 Mm3 d’ici 2050


FLUX LIES AU PARC EPURATOIRE MUNICIPAL EN MILIEU URBAIN
Le parc épuratoire de la région du Centre est aujourd’hui peu développé avec un total (chiffre 2018) de
11 STEP pour les 3 gouvernorats. Il n’y a pas de schéma directeur d’assainissement de l’ONAS pour
ces régions mais un programme à court terme pour réhabiliter les STEP existantes et en créer des
nouvelles pour assainir les zones rurales non raccordées au réseau jusqu’à présent.

Les principales interventions prévues par ce programme pour les STEP déjà existantes sont les
suivantes :
 La STEP de Kairouan 2, qui est la STEP à la capacité la plus importante de la région, sera étendue
à l’horizon 2030 ;
 La STEP de Kasserine sera réhabilitée. Le traitement actuel par lagunage sera remplacé par des
boues activées d’ici 2025. Aucune extension n’est prévue au vu de la décroissance démographique
de la ville depuis 20 ans ;
 La STEP de Sidi Bouzid sera délocalisée et, comme pour Kasserine, le lagunage actuel sera
remplacé par une STEP à boues activées. L’extension est prévue jusqu’à une capacité de
7 300 m3/j ;
 Les autres STEP existantes du Gouvernorat de Sidi Bouzid vont être toutes dotées d’un traitement
381
III. Certaines vont être étendues (Mazouna 900 m3/j, Jelma 1 400 m3/j et Meknassi 2 300 m3/j).

Concernant les créations de nouvelles STEP, le programme prévoit une augmentation importante du
nombre de STEP du parc épuratoire qui pourrait atteindre 24 STEP d’ici 2030. Il est à noter notamment
la réalisation d’une STEP d’une capacité importante projetée à court terme à Kasserine. Elle raccordera
les communes de Feriana et Thelept avec une capacité à la mise en eau de 3 800 m3/j. A Sidi Bouzid,
les travaux de la STEP Bir Hfai sont presque achevés, un traitement III est prévu.

Au vu des projections démographiques calculées par le Consultant, 6 nouvelles STEP de faibles


capacités, non projetées jusqu’à présent par l’ONAS, pourraient être construites à l’horizon 2040.

Le tableau suivant indique les flux d’EUT calculés aux différents horizons temporels, ainsi que l’évolution
potentielle des traitements tertiaires.

Le flux actuel total d’EUT est de l’ordre de 15 Mm3/an. Il pourrait atteindre près de 33 Mm3/an en
2050.

Les cartes associées présentent les STEP existantes et programmées dans la zone Centre.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Tableau 112 : Liste des STEP existantes et futures au Centre et flux d’EUT aux différents horizons temporels
Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de 
Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
fin de fonct.
service
Centre Kasserine Kasserine 1994 ? ? x x 3,3 2,8 2,3 2,4 2,3 2,3
Centre Sidi Bouzid Sidi Bouzid 1994 ? ? x x 1,7 1,9 2,7 3,1 3,9 4,1
Centre Kasserine Sbeitla 2004 ? ? x x 1,5 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
Centre Kairouan Oueslatia 2006 x x x x x x 0,3 0,3 0,5 0,6 0,6 0,7
Centre Kairouan Haffouz 2006 x x x x x x 0,3 0,2 0,2 0,3 0,3 0,3
Centre Kairouan Bouhajla 2006 x x x x x x 0,2 0,2 0,2 0,3 0,4 0,5
Centre Kairouan Hajeb El Youn 2006 x x x x x x 0,3 0,4 0,4 0,4 0,5 0,5
Centre Kairouan Kairouan 2 2008 x x x x x x 5,8 7,7 8,7 9,6 10,7 11,3
Centre Sidi Bouzid Jelma 2010 x x x x 0,2 0,2 0,2 0,3 0,3 0,3
Centre Sidi Bouzid Meknassy 2016 x x x x x x 0,4 0,5 0,5 0,6 0,7 0,7
Centre Sidi Bouzid Mazouna 2017 x x x x x x 0,0 0,0 0,2 0,3 0,4 0,4

Centre Kasserine Tahala 2025 x x x x 0,0 0,0 0,7 0,8 0,9 1,1
Centre Kasserine Feriana 2025 x x x x 0,0 0,0 2,1 2,8 3,5 4,0
Centre Sidi Bouzid Bir Hfai 2025 x x x x 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2 0,2

382 Centre Kairouan Sbikha 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,3 0,4 0,4
Centre Kairouan Menzel Mhir 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,7 0,9 1,1
Centre Kasserine Sbiba 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,3 0,3 0,3
Centre Kasserine Haidra 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1
Centre Kasserine Foussana 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,4 0,4 0,5
Centre Kasserine Majel Bel Abb 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,2 0,3 0,4
Centre Sidi Bouzid Cebalat Oule 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,2
Centre Sidi Bouzid Menzel Bouz 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,3 0,4 0,4
Centre Sidi Bouzid Regueb 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,6 0,7 0,8
Centre Sidi Bouzid Ouled Haffou 2030 x x x 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1

Centre Kairouan Ain Jloula 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1
Centre Kairouan El Alaa 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Centre Kairouan Chrarda 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Centre Kasserine El Ayoun 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Centre Sidi Bouzid Souk Jedid 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Centre Sidi Bouzid Essaida 2040 x x 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1

TOTAL FLUX 14 15 20 26 30 33

dont traitement III 7,3 9,3 14,0 19,2 30,0 32,7


dont traitement III 53% 62% 71% 75% 100% 100%

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

383

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

En termes de salinité, aucune STEP du Centre ne présente des salinités en sortie incompatibles avec
des usages de réutilisation des EUT comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 113 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Centre pour l’année 2017 (ONAS, 2017)

Part du flux d'EUT  Part du flux d'EUT 
Volume d'EUT produit  Taux de salinité en 
STEP en fonction des  en fonction du seuil 
(m3/an) sortie de STEP (g/L)
classes de salinité de salinité 3 g/L
Bouhajla 144 000 0,2
Haffouz 96 000 0,7 4%
Oueslatia 308 000 0,9
Hajeb El Youn 275 000 1,2
Kasserine 3 064 000 1,4 87%
Sbeitla 1 324 000 1,7
83%
Kairouan 2 5 723 000 1,8
Meknassy 360 000 1,9
Jelma 152 000 2,0
Sidi Bouzid 1 700 000 (2018) ‐ 13% 13%
NB : pas de données concernant la STEP de Sidi Bouzid pour 2017

FLUX INDUSTRIELS NON RACCORDES


Le CADRIN de l’ONAS inventorie 19 industries non raccordées au réseau d’assainissement
collectif, dont 17 dans le Gouvernorat de Kairouan. Seulement 3 d’entre elles réalisent des
prétraitements. Les milieux de rejets des effluents sont surtout des oueds. Les données concernant
les volumes rejetés par ces industries ne sont pas disponibles dans le CADRIN de l’ONAS, sauf pour 3
industries qui rejettent moins de 1 000 m3/an dans le milieu naturel.
385

14.1.2 Une offre en EUT qui pourrait réduire le déficit hydrique régional de près de
10 %
CLIMAT
La zone du Centre est caractérisée par une pluviométrie assez proche de la moyenne nationale. Elle
dispose d’un climat aride (DGRE, 2019). En moyenne sur la période 1980-2009, le cumul annuel de
précipitation est de 280 mm/an (±110 mm/an) (CHPclim, 2020).

D’après les projections climatiques du CMIP4 et du CMIP5, l’ouest du pays serait davantage impacté
par une réduction de la pluviométrie à l’horizon 2050. La diminution des précipitations serait entre
0% et -20%. Comme toutes les autres zones du pays, celle-ci subira un réchauffement déjà à l’œuvre
qui induira en particulier une évapotranspiration plus importante et conséquemment une hausse de la
sécheresse pédologique, une réduction de la recharge des nappes et des besoins en eau plus élevées
pour les cultures. L’élévation de température pourrait aller jusqu’à +2°C (avec une marge d’incertitude
importante) à l’horizon 2050 dans le cadre du scénario d’émission le plus pessimiste, à savoir le RCP
8.5.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

EAU DE SURFACE
Hydrologie
La zone Centre est principalement située à cheval sur la région hydrologique n°6 qui regroupe les
bassins des oueds Nebhana, Merguelil et Zeroud ainsi que la Sebkha Sidi El Héni ; et sur la région
hydrologique n°7 sur l’oued Leben. D’après les analyses et les modélisations hydrologiques de la
troisième phase de l’étude CRET, les écoulements sur la zone du Centre représentent 22 mm/an, soit
un volume écoulé annuellement de 480 Mm3/an. Cette estimation est probablement surestimée.
Selon d’autres sources bibliographiques l’apport moyen pour cette même zone serait plutôt de l’ordre
de 210 Mm3 (DGRE, 2017) voire 196 Mm3/an (BPEH, 2019).

Les projections climatiques indiquent que les écoulements superficiels dans la zone du Centre
pourraient diminuer de -5% à -15% à l’horizon 2050 (BPEH, 2019) dans le scénario le plus pessimiste
(RCP8.5).

Ouvrages de stockage
La zone du Centre compte 199 barrages et lacs collinaires pour une capacité totale de stockage de
26 Mm3. Cette zone dispose aussi de 6 grands barrages en service et de un barrage au stade
d’étude. La capacité de stockage actuelle est de 380 Mm3 en cumulé. Le barrage le plus important est
celui de Sidi Saad situé dans le Gouvernorat de Kairouan. Ce dernier dispose actuellement d’une
capacité de stockage de 130 Mm3. Sa capacité initiale était de 210 Mm3 lors de sa mise en service
en 1981. Il a donc perdu un tiers de sa capacité par envasement de la retenue.

Transferts
Le Centre exporte une partie de ses eaux de surfaces et souterraines vers la zone du Sahel et
Sfax. En effet, le barrage de Nebhana, initialement prévu pour l’irrigation, est utilisé depuis 2012 pour
l’alimentation en eau potable de la zone du Sahel. Par ailleurs, les forages du Kairouanais produisent
de l’eau également transférée pour l’AEP du Sahel et les forages de Sbeitla-Jelma dans le gouvernorat
386 de Kasserine permettent de transférer de l’eau pour l’AEP de Sfax. A l’échelle annuelle, on comptabilise
un transfert d’eau compris entre 60 et 70 Mm3/an depuis la zone du Centre vers la zone du Sahel et
Sfax (BPEH, 2019).

Une étude a été menée pour évaluer la faisabilité d’un transfert des eaux du Nord vers le Centre
(MARHP, 2019). Les conclusions de la phase 1 de cette étude ne permettent pas de définir clairement
les volumes qui pourraient être transférés du Nord vers le Centre. Toutefois, il y est clairement indiqué
qu’avec les scénarios de changement climatique RCP4.5 et RCP8.5, les volumes mobilisables à
l’horizon 2050 seront inférieurs à ceux mobilisés dans la situation actuelle (année 2015 en
référence).

La carte ci-dessous reprend la localisation des ouvrages de stockage des eaux superficielles et des
transferts vers le Sahel pour la zone du Centre.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

387

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prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

EAUX SOUTERRAINES
Sur la zone du Centre, on dénombre 43 nappes phréatiques. Les principales nappes phréatiques en
termes d’exploitation et de ressources sont celles de la Plaine de Kairouan, Hajeb Jelma et Amont de
Sidi Bouzid. Pour l’ensemble des 43 nappes de la zone, le volume de ressources en eau pouvant être
exploité de façon durable est de 172 Mm3 par an. Or, en 2015 le volume total exploité sur ces 43
nappes est de 456 Mm3. Il y a donc une surexploitation globale des ressources en eau souterraine
de la zone du Centre, avec un taux global d’exploitation de 146%. La nappe de la Plaine de Kairouan
est la nappe qui fait face au plus haut taux de surexploitation (258% en 2015).

Par ailleurs, en termes de qualité des eaux souterraines, les nappes les plus importantes connaissent
des épisodes de forte salinité au-dessus de 4 g/L, à l’exception de la nappe de Sisseb el Alem. Le reste
des nappes, d’importance mineure, ont des teneurs en sel moins élevées, pour la plupart toujours
inférieures à 3 g/L.

Les nappes profondes sont elles aussi surexploitées : leurs ressources annuelles sont estimées à
264 Mm3 tandis que leur exploitation est proche de 400 Mm3, soit un taux d’exploitation de près de
150 %.

EXPLOITATION DES EAUX


Dans la situation actuelle les prélèvements en eau tous usages confondus dans la zone du Centre
représentent un volume total de plus de 1 000 Mm3/an.

Les prélèvements pour l’alimentation en eau potable s’élèvent à 40 Mm3/an en 2018. Ces
prélèvements permettent l’AEP de la population des gouvernorats de Kairouan, Kasserine et Sidi
Bouzid, soit environ 1,51 millions d’habitants en 2020. A l’horizon 2050, la population de la zone est
projetée à 1,8 millions d’habitants. Si la consommation unitaire devait rester identique, la consommation
en eau potable représenterait alors environ 47 Mm3/an. Actuellement les besoins en eau potable du
Centre sont en totalité satisfaits par des forages.
388 94% (±5%) des prélèvements en eau sont destinés à l’irrigation des cultures, soit environ
960 Mm3. Près de 95% de l’eau d’irrigation est issue des eaux souterraines. Le reste de l’irrigation
est alimenté à partir de grands barrages, des barrages collinaires ainsi que des EUT.

La recharge des nappes souterraines de la zone du Centre se fait uniquement via des barrages
collinaires. Le volume annuel de recharge en 2015 était d’environ 26 Mm3.

VUE D’ENSEMBLE DES RESSOURCES EN EAU DU CENTRE ET DE LEURS USAGES ACTUELS ET


POSITIONNEMENT DU POTENTIEL DE LA REUT
Situation actuelle et potentiel 2050
Le tableau ci-dessous établit à grands traits le bilan hydrique actuel de la zone du Centre en synthétisant
les apports annuels renouvelables et les prélèvements. Il ajoute aussi à ce bilan la réduction potentielle
du déficit actuel si 100 % des EUT étaient réutilisées. L’exercice est effectué pour les horizons 2020 et
2050.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Transfert Sahel/Sfax
Déficit
Apports annuels

Recharge
Centre Prélèvements sans
renouvelables

AEP

IRR
Situation actuelle effectifs (Mm3) REUT
(Mm3)
(Mm3)

Ecoulement 480 5 5
dont stock. barrages coll. 26 30 4 26 3
dont stock. grds barrages
54 54 40 14 0
(Cap. Stock. 381Mm3)
Nappes phréatiques 172 258 258 87

REUT / 
Déficit
Nappes profondes 264 399 40 313 46 135

Part 
Divers 3 3 3 0
Bilan Ress. Ren. - Usages 2020 519 749 40 623 26 60 230 15 7%
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 519 762 53 623 26 60 243 33 14%
Part REUT / Usages 2% 4%

Une exploitation de la REUT à son plein potentiel actuel (15 Mm3) permettrait de ramener le déficit à
hauteur de à hauteur de 215 Mm3, soit une réduction faible de l’ordre de 7 %.

A l’horizon 2050, l’augmentation des besoins en eau potable dégradera légèrement le déficit hydrique
de la zone (déficit de 243 Mm3). La REUT permettrait de le ramener potentiellement à 210 Mm3
(réduction proche de 14%).

Les 2 tableaux ci-dessous reprennent le bilan en situation actuelle en y intégrant des projections
climatiques selon 2 scénarios de changement climatique : le scénario 4.5 qui induirait une réduction
modérée des ressources en eau et le scénario 8.5 qui induirait une plus forte réduction de ces
ressources.

Projections climatiques – RCP 4.5 2050


389
Usages (Mm3) REUT
REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Transfert Sahel/Sfax

Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements
Recharge

Centre sans avec


renouvelables effectifs
AEP

IRR

CC - RCP 4.5 2050 REUT REUT


(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-10%) 432 5 0 5 0 0 0


dont stock. barrages coll. 24 30 0 4 26 0 6
dont stock. grds barrages 49 57 0 42 0 15 8
Nappes phréatiques 154 271 0 271 0 0 117
REUT / 
Déficit

Nappes profondes 237 430 53 329 0 48 193


Part 

Divers 3 3 0 3 0 0 0
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 467 796 53 654 26 63 324 15 33 291 10%
Part REUT / Usages 2050 2% 4%

D’après le scénario 4.5, à l’horizon 2050, les apports annuels renouvelables du Centre tendent à baisser
(-10% pour les ressources locales) et les besoins pour l’irrigation (à surfaces constantes) tendent à
augmenter (+5%) – du fait de la hausse de l’évapotranspiration. La combinaison de ces tendances
dégrade le déficit de la zone (qui atteint 324 Mm3), partiellement compensé, potentiellement, par
la REUT (déficit ramené à 291 Mm3, soit une réduction de de déficit d’environ 10%).

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prospective - Version définitive
14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Projections climatiques – RCP 8.5 2050


Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Autre / Indéfini (+10%)
Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements

IRR (+10%)

Recharge
Centre sans avec
renouvelables effectifs

AEP
CC - RCP 8.5 2050 REUT REUT
(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-15%) 408 6 0 6 0 0 0


dont stock. barrages coll. 22 30 0 4 26 0 8
dont stock. grds barrages 46 59 0 44 0 15 14
Nappes phréatiques 146 284 0 284 0 0 138

REUT / 
Déficit
Nappes profondes 224 448 53 344 0 51 224

Part 
Divers 3 4 0 4 0 0 1
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 441 830 53 685 26 66 384 15 33 351 9%
Part REUT / Usages 2% 4%

D’après le scénario 8.5, à l’horizon 2050, les tendances s’amplifient, à la baisse pour les ressources en
eau (-20% pour les ressources locales) comme à la hausse pour les besoins (+10% pour les besoins
pour l’irrigation, à surfaces constantes). La combinaison de ces tendances dégrade fortement le déficit
de la zone (qui atteint près de 384 Mm3), très partiellement compensé, potentiellement, par la REUT
(déficit ramené à près de 350 Mm3, soit une réduction de l’ordre de 9%).

Les 2 graphiques ci-dessous résument à l’échelle du Centre la part des EUT dans le bilan global des
ressources en eau de la région et dans le déficit selon différentes situation : la situation actuelle (2
Mm3 réutilisés), la situation potentielle si 100 % des EUT actuelles étaient réutilisées et la situation en
2050 selon les 2 scenarios de projections climatiques.

Figure 91 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Centre
390

0,4% 3% 7% 8%

1% 7% 10% 9%

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.2 CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE DE LA ZONE CENTRE ET SES PERSPECTIVES


D’EVOLUTION D’ICI 2050. QUELLE ACCEPTABILITE SOCIALE POUR LA REUT
AUPRES DES USAGERS POTENTIELS ?

14.2.1 Des niveaux d’acceptabilité de la REUT divers chez les agriculteurs, en


fonction de l’accessibilité des ressources conventionnelles et des craintes
liées à la qualité
PLACE DU SECTEUR AGRICOLE POUR LA ZONE CENTRE
L’agriculture constitue l’un des piliers de la dynamique socio-économique du Centre. La
superficie agricole utile (SAU) est de 1,3 millions ha et on compte 472 000 ha de forêts et surface
alfatière, avec une large variété d’arbustes et de plantes médicinales. Pour les superficies cultivées,
l’arboriculture domine avec 684 000 ha. Les superficies céréalières sont aussi importantes car elles
représentent près de 20 % des emblavures céréalières du pays, soit près de 228 000 ha. La région
contribue à raison de 45% de la production fruitière nationale, 30% des légumes et 4% des
céréales. Le Centre dispose aujourd’hui de 153 000 ha irrigués, soit 32% du total des superficies
irriguées du pays. Les exploitants privés représentent le principal aménageur des périmètres
irrigables. La troisième composante du système agricole de la région est l’élevage. Celui-ci est en
mutation avec une réduction des élevages de petits ruminants sur les parcours naturels au profit des
élevages intensifs de bovins pour la production laitière. La région produit 25% des viandes rouges
du pays et 14 % de la production laitière.

L’introduction de l’agriculture irriguée dans la région a permis de pallier les difficultés rencontrées face
aux fortes irrégularités pluviométriques. Cependant, l’extension non contrôlée des surfaces irriguées 391
et le manque de pratiques favorisant les économies d’eau ont entrainé une surexploitation alarmante
des nappes phréatiques et profondes. Le devenir de ces nappes va donc dépendre des mesures prises
pour une meilleure gestion des ressources en eau souterraines de la région.

Les 3 cartes ci-dessous sont issues de la carte agricole de la Tunisie. Elles présentent différentes
familles de cultures : arboriculture – céréales et fourrages – maraîchage. Pour chacune d’elles, les
périmètres irrigués sont indiqués par un zonage rouge. Elles permettent ainsi d’illustrer l’occupation des
terres agricoles pour la zone du Centre et de croiser ces éléments avec la localisation des STEP
existantes et projetées.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Figure 92 : Zone Centre : Carte agricole – Carte 1 : Arboriculture et périmètres irrigués (en rouge)

392

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Figure 93 : Zone Centre : Carte agricole – Carte 2 : Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres irrigués (en rouge)

393

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Figure 94 : Zone Centre : Carte agricole – Carte 3 : Maraîchage et périmètres irrigués (en rouge)

394

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

PERSPECTIVES AGRICOLES ET PROJETS DE REUT


A court terme, les projets en cours de REUT agricole dans le Centre concernent surtout le gouvernorat
de Sidi Bouzid (DGGREE, 2018). Des études ont été lancées pour la création de 5 nouveaux
périmètres irrigués concernant les STEP de Jelma, Sidi Bouzid, Meknassy et Mazouna, ainsi que sur
la future STEP de Bir Hfai. L’aménagement des périmètres devrait porter sur un total de 100 ha.

Concernant l’évolution de l’agriculture de la région à plus long terme, on liste ci-dessous quelques idées
émises par les acteurs régionaux rencontrés dans le cadre de l’étude et dans le SDA de la région
économique du Centre Ouest (DGAT, 2009) :
 Meilleur valorisation de l’arboriculture en sec et irriguée afin de maintenir les populations
rurales : certaines espèces arboricoles typiques de la région doivent être sauvegardées (pommiers
à Sbiba, abricotiers à Kairouan, etc…). La production oléicole de la région doit aussi être mieux
valorisée, sachant que Kairouan est le deuxième gouvernorat producteur du pays après Sfax. Pour
cela, un rajeunissement du patrimoine arboricole est nécessaire ;
 Développement de filières d’élevages laitiers, récemment introduits dans la région. La demande
en cultures fourragères risque donc d’augmenter ;
 Limitation de l’extension des superficies irriguées actuelles et économies d’eau dans les
périmètres irrigués existants : les efforts devront plutôt porter sur la modernisation et
l’intensification des périmètres existants. L’objectif est de préserver les nappes souterraines avant
que la situation devienne irréversible.

MATURITE DE LA DEMANDE POUR LA REUT DANS LE SECTEUR AGRICOLE


Près de 25 agriculteurs ont été interrogés, répartis sur les gouvernorats de Kairouan et Sidi Bouzid.
Globalement, les agriculteurs ont conscience des menaces sur le secteur agricole avec notamment
la surexploitation quantitative et la dégradation de la qualité (salinité) des eaux des nappes
souterraines et la faible pluviométrie de la région. Ils sont donc à la recherche de ressources en eau
alternatives. Des craintes existent vis-à-vis de l’exploitation des EUT, notamment dans le
gouvernorat de Kairouan. Cela s’explique au regard des impacts environnementaux négatifs des 395
rejets d’EUT ou d’EUB dans la région (voir partie 14.3) ainsi que par l’expérience connue du PPI de
Dhraa Tammar où la qualité des EUT de la STEP Kairouan 2 ne respecte pas toujours la norme.
Cependant, les agriculteurs du périmètre irrigué continuent à vouloir exploiter les EUT. Les freins sont
surtout liés à un manque d’eau fournie par le GDA, notamment en période estivale, et à l’interdiction
d’irriguer le sorgho alimentaire avec les EUT, une des spécialités de la région. Les agriculteurs ne
peuvent donc pas diversifier suffisamment leur assolement. La situation devrait cependant s’améliorer
avec réhabilitation de la STEP d’après le CRDA de Kairouan. Des demandes ont aussi été enregistrées
hors du périmètre pour l’irrigation d’oliviers et de cultures fourragères.

Dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, des exploitations illicites des EUT ont été observées par
pompage dans les oueds en aval des rejets de la STEP de la ville Sidi Bouzid. Des fortes demandes
pour exploiter de manière légale ont été enregistrées à proximité des STEP de Mazouna et de Sidi
Bouzid au niveau de périmètres existants. En effet, sur certaines zones, soit les eaux des puits titrent à
près de 4 g/L, soit la quantité d’eau fournie n’est plus suffisante pour irriguer l’intégralité des terres.

La carte ci-dessous synthétise les résultats des enquêtes en fonction des sous zones agricoles du
Centre.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

396 Figure 95 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Centre

14.2.2 Un secteur industriel régional à la marge


Le secteur industriel dans la région est peu développé bien qu’il y ait un potentiel à Kairouan et il
consomme peu d’eau (moins de 2 % de la consommation en eau de la SONEDE pour la région).
Le secteur majoritaire est celui du textile avec 22% des industries implantées dans la région.

Cependant, les ressources minérales de la région restent encore un potentiel exploitable. Il est prévu
notamment le démarrage d’une unité d’extraction de phosphates à Meknassy (gouvernorat de Sidi
Bouzid) pour une production annuelle de 650 000 T. Les besoins en eau sont estimés à un m3 par tonne
de phosphates extraite. Au vu des tensions existantes sur les ressources en eau souterraines sur la
zone, la REUT reste une option envisageable pour le développement de nouvelles industries
consommatrices en eau.

14.2.3 Un potentiel touristique non développé


Le tourisme dans la région n’est qu’un tourisme de passage avec un nombre très réduit d’unités
hôtelières pour Kairouan et il est quasiment inexistant à Kasserine et Sidi Bouzid. Si développement de
ce secteur il y a, il sera orienté vers l’écotourisme. De plus, la majorité des unités hôtelières de la région
ne disposent pas d’espaces verts nécessitant d’irrigation.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.2.4 Des besoins municipaux en eau réduits


Les ressources en eau actuelles sont jugées suffisantes par les responsables municipaux de Kairouan
Kasserine et Sidi Bouzid pour répondre à leurs besoins. Peu d’espaces verts sont présents dans ces
municipalités (respectivement 20 ha, 30 ha et 15 ha irrigués avec des puits ou les eaux de la SONEDE).
La REUT n’est pas envisagée pour le moment, elle n’est cependant pas exclue sur le long terme si
l’accès aux ressources devient critique avec la surexploitation des nappes.

14.2.5 Un potentiel de recharge faible face aux déficits existants des nappes
phréatiques les plus surexploitées
La carte ci-dessous met en regard les STEP et les différentes nappes phréatiques du Centre.

397

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

398

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Pour l’ensemble des 14 nappes phréatiques surexploitées, le déficit cumulé s’élève à 87 Mm3/an.
Comme déjà exposé plus haut, la nappe de la plaine de Kairouan accuse le plus fort déficit et
représente près de 50% du déficit global (41 Mm3). De fortes baisses piézométriques sont
enregistrées. Cette baisse est spectaculaire au niveau des nappes de Regueb et de Sardja qui sont
exploitées à un taux respectivement de 244% et 288%. La surexploitation au niveau des nappes
phréatiques a entrainé une augmentation de la salinité des eaux tout près des exutoires.

Dans la région Centre, il n’y a pas de sites de recharge aménagés avec des EUT. Mais il existe une
dizaine de sites de recharge artificielle avec des eaux conventionnelles à partir de lâchers des
grands barrages de Sidi Saad et El Haouareb pour la nappe de la plaine de Kairouan, ou de barrages
collinaires pour les nappes de Chougafia – Ain Jelloula, Foussana et Sbiba.. Ces recharges sont très
variables d’une année à l’autre car elles dépendent des stocks disponibles dans les barrages. La
moyenne estimée est de 26 Mm3/an. Pour la recharge de la nappe de Foussana, il existe tout un
système d’ouvrages de lâchers des eaux des barrages collinaires qui a été aménagé pour l’épandage
des crues. Malgré l’alimentation très irrégulière de ces sites en relation avec les évènements de crues,
cette technique est très efficace dans la recharge de la nappe et a permis de limiter les dégradations
quantitatives et qualitatives. Le volume de recharge est variable et est estimé aux environs de 6 Mm3/an.

Les renseignements sur ces sites de recharges, les données actuelles sur l’état quantitatif et qualitatif
des nappes phréatiques, les études antérieures sur la recharge de nappe avec les EUT et la localisation
des STEP existantes et projetées ont permis de dresser le tableau ci-dessous. Il synthétise les
recharges possibles par des EUT (liste de STEP avec les flux d’EUT produites aux différents horizons)
pour les différentes nappes pour lesquelles une recharge est jugée potentiellement utile.

Globalement, le recours au stockage souterrain dans cette région est envisageable car le
contexte hydrogéologique y est favorable. Cependant, la production d’EUT au regard des déficits
engendrés par les principales nappes reste faible. Les nappes de Jelma et de Haffouz n’ont pas
été retenues pour être rechargées car des prélèvements y sont faits pour l’eau potable. Les
quelques nappes retenues comme potentiellement rechargeables au vu du contexte hydrogéologique
et foncier sont les nappes de la Plaine de Kairouan, de Hajeb, de la plaine de Kasserine, de Sbeitla,
de Sidi Bouzid, de Meknassy et de Regueb.
399
.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Tableau 114 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT
Ratio recharge potentielle /
Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge* Contexte pour la recharge**
déficit quantitatif
Lutte contre Amélioration Fin d’un Augmentation Amélioration STEP pouvant
l’intrusion du de la qualité rejet en mer de la quantité de la gestion être utilisées Production Production
Technique de recharge
Nappe biseau salé des eaux de ou dans d’eau de l’eau avec pour la EUT 2018 EUT 2050 Usages indirects possibles
proposée
(barrière la nappe une zone disponible un stockage recharge de la Hydrogélogique Foncier (Mm3) (Mm3) 2020 2050
hydraulique) (dilution) sensible pour un usage intersaisonnier nappe
indirect hors période
d’irrigation
Plaine de Infiltration dans l’oued Agriculture (zone agricole, puits de
Kairouan surface existants
X X X Kairouan 2 Favorable Favorable 7.7 11.3 19% 28%
(déficit de –
41 Mm3)
Hajeb (déficit
X X Hajeb Favorable Favorable 0.36 0.54 7% 10% Infiltration dans l’oued Agriculture (arboriculture)
de – 5.4 Mm3)
Sidi Bouzid
Infiltration dans l’oued / Bassins
(déficit de – 9 X X X Sidi Bouzid Favorable Favorable 1.9 4.1 21% 46% Agriculture (arboriculture)
d’infiltration
Mm3)
Meknassy
Menzel
(déficit de – 3 X X Favorable Favorable 0 0.4 0% 13% Infiltration dans l’oued Agriculture (arboriculture)
Bouzaine
Mm3)
Regueb
(déficit de – X X Regueb Favorable Favorable 0 0.85 0% 16% Infiltration dans l’oued Agriculture (arboriculture)
5.4 Mm3)
Plaine de 401
Kasserine Infiltration dans l’oued / Bassins
X X X Kasserine Favorable Favorable 2,8 2,3 232 % 194% Agriculture (arboriculture)
(déficit de – d’infiltration
1.2 Mm3)
Sbeitla
(déficit de – 1 X X X Sbeitla Favorable Favorable 0,7 1,1 75 % 114 % Infiltration dans l’oued Agriculture (arboriculture)
Mm3)

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.3 IMPACTS ACTUELS DES REJETS D’EAUX USEES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LES
ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA ZONE DU CENTRE
L’objectif de cette partie est de dresser un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui
impactent actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques. Cet inventaire a été
enrichi par les acteurs locaux lors des entretiens régionaux et de l’atelier de concertation de la zone du
Centre qui a eu lieu le 6 avril 2021.

14.3.1 Des milieux de rejets continentaux mais vulnérables


Les STEP existantes dans la région Centre ne rejettent pas sur le littoral mais leurs milieux récepteurs
sont souvent des milieux continentaux sensibles (sebkha, oueds avec des usages en aval, plaines
continentales planes où les EUT risquent de stagner, etc.). C’est le cas par exemple de la STEP de
Kairouan 2, la plus grande en capacité de la région. Les eaux usées s’étendent dans la plaine de
Zaafrana, quand elles ne sont pas réutilisées dans le périmètre irrigué de Dhraa Tammar. Elles
rejoignent même la sebkha Kelbia dans le gouvernorat de Sousse où elles stagnent, comme signalé
par le CRDA de Sousse. De plus, les rejets dans ces milieux participent à la réalimentation des nappes
phréatiques, à plus ou moins grande échelle en fonction du débit en sortie de STEP. C’est pourquoi il
est important de garantir le respect des normes de rejets pour, a minima, éviter la contamination des
nappes.

402

Figure 96 : Stagnation des EUT et infiltration dans la nappe au niveau du rejet de la STEP de Hajeb El Ayoun (gouvernorat de
Kairouan)
Source : BRLi, novembre 2020

Les STEP du gouvernorat de Sidi Bouzid ont été signalées par le département Centre de l’ONAS
comme ayant des problèmes au niveau des milieux récepteurs. La réutilisation pourrait être une solution
pour les éviter. Ceci illustre que, même si les STEP du gouvernorat produisent des volumes inférieurs
à 1 Mm3/an (à l’exception de celle de la ville de Sidi Bouzid), , les nuisances subies par la population
locale peuvent être importantes (odeurs, proliférations d’insectes, risques sanitaires si les traitements
sont défaillants etc.). Il faut noter aussi l’utilisation indirecte des EUT par pompage dans les oueds aval
des STEP par des agriculteurs comme signalé par le CRDA.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.3.2 Des petites localités encore impactées par des rejets d’eaux usées non
traitées
Nous avons vu dans la partie 13.1.1 que l’ONAS prévoyait une multiplication du nombre de STEP pour
les petites communes de la région. En attendant, certains acteurs lors de l’atelier de concertation
régional ont souligné l’impact négatif des rejets d’EUB dans certaines localités (Kalboussi, 2018).
C’est le cas par exemple à Sbiba dans le gouvernorat de Kasserine où les rejets d’EUB impactent les
terres agricoles à proximité du milieu de rejet et risquent de contaminer la nappe phréatique. La
localité de Sbikha a aussi été mentionnée, les EUB y sont toujours rejetées dans l’oued Nebhana avant
de stagner, alors que la construction STEP devait commencer en 2017.

14.3.3 Quelques rejets industriels non raccordés au réseau avec un fort impact
négatif local
Le tissu industriel est peu développé dans cette région en comparaison avec des régions littorales. Les
volumes rejetés par les industriels sont donc moins importants. Cependant deux activités non
raccordées au réseau collectif dont les rejets polluent leur milieu récepteur ont été notifiées lors de
l’atelier de concertation régional :
 la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa (SNCPA) à Kasserine : cette industrie prélève
près de 2 Mm3/an dans les nappes. Les impacts de ses rejets, ponctuellement riches en mercure
et chlore, sont visibles sur 20 km dans l’oued El Hatab jusqu’à Hassi El Frid (Chennaoui, 2016) ;
 les conserveries de tomates dans la Zone Industrielle de Kairouan. Elles prélèvent près de 1
Mm3/an dans les nappes et effectuent leur rejet sans pré-traitement.

La carte ci-après synthétise les problématiques environnementales liées aux rejets d’eaux usées au
Centre.

403

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

404

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.4 VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN FONCTION DES DIFFERENTS CONTEXTES


TERRITORIAUX DU CENTRE
Le territoire du Centre (gouvernorats de Kairouan, Kasserine et Sidi Bouzid) a été découpé en pratique
en 4 sous-zones cohérentes en termes d’assainissement, de contexte environnemental et socio-
économique, indiquées sur la carte suivante :

405

Figure 97 : Découpage de la région du Centre en sous zones d’étude


L’inventaire des valorisations possibles des EUT présentées dans cette partie a été alimenté par
l’atelier de concertation régional qui a eu lieu le 6 avril 2021. Cet atelier a été l’occasion d’échanger
avec les acteurs du territoire sur les valorisations des EUT à privilégier dans chacune des sous zones
étudiées.

14.4.1 Sous zone 1 : Villes de Kairouan et Sbikha


Ressources en eau
Le gouvernorat de Kairouan se caractérise par des ressources conventionnelles en eaux importantes
(151 Mm3/an). Cependant, les barrages se remplissent de moins en moins et les nappes sont
fortement surexploitées pour l’agriculture (232 Mm3/an).

Les EUT constituent une ressource significative avec 7,7 Mm3 produits en 2020 et 11,7 Mm3 en
2050.

Agriculture
L’arboriculture en sec est dominante (principalement oliviers et amandiers). Les cultures irriguées
sont concentrées surtout à Sbikha avec plus de 11 000 ha de périmètres irrigués pour des cultures
diverses (arboriculture, fourrages, céréales, maraîchage, etc…).

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour les villes de Kairouan et
Sbikha, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui
vient d’être exposé.

Tableau 115 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 1 : villes de Kairouan et Sbikha

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  1.a  :  Réhabilitation,  intensification  et  Dhraa  Tammar :  380  ha  aménagés  (céréales,  fourrages, 
extension du PPI existant avec des EUT   arbo), utilisation de 16 % des EUT de la STEP de Kairouan 
2 en 2020, 13 % en 2050 si intensification à 100 % 
PPI Dhraa Tammar 

Idée  1.b  :  Substitution  des  eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  substituable, 
conventionnelles pour l’irrigation  en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 :  
Substitution  par  des  EUT (ou  mélange  avec  ces  Arboriculture (dont oliviers) : 12 % en 2020 (900 ha), 17% 
EUT)  des  eaux  de  nappes  pour  l’irrigation  des  en 2050 (1 300 ha)  
périmètres existants 
Céréales : 26 % en 2020 (3 600 ha), 37 % en 2050 (5 000 
ha) 
Fourrages : 36 % en 2020 (850 ha), 51 % en 2050 (1 200 ha)

Idée 1.c : Recharge de la nappe de la plaine de  Si  utilisation  à  100  %  des  EUT  de  la  STEP  de  Kairouan  2, 
Kairouan  réduction du déficit de la nappe de 19 % en 2020 et de 28 
% en 2050 
Infiltrations dans l’oued, Déficit de 41 Mm3 

406 L’irrigation agricole directe semble l’orientation la plus évidente pour cette zone au regard des terres
agricoles disponibles à proximité des STEP. Comme confirmé lors de l’atelier de concertation régional,
les efforts doivent se faire en priorité pour la valorisation de l’existant avec l’intensification du
périmètre de Dhraa Tammar, voir son extension. La future STEP de Sbikha pourrait, quant à elle,
contribuer à l’alimentation de périmètres existants souffrants de la diminution de la disponibilité des
ressources souterraines.

14.4.2 Sous zone 2 : Zone rurale de Kairouan


Ressources en eau
Le reste du gouvernorat de Kairouan contient les 3 grands barrages du gouvernorat, dont celui de
Nebhana où les eaux sont transférées vers le Sahel, ainsi que les forages du Kairouanais pour l’AEP
du Sahel. La capacité totale de ces barrages est de 270 Mm3. Les eaux souterraines restent
fortement surexploitées sur cette partie du gouvernorat.

Le potentiel de REUT est faible avec seulement 1,1 Mm3 produits en 2020 et 3,4 Mm3 en 2050

Agriculture
Le Nord-Ouest de la zone rurale de Kairouan est une zone montagneuse et forestière avec une
agriculture peu diversifiée, principalement une arboriculture en sec. Au Sud-Ouest, ce sont les parcours
pour les élevages ovins et caprins ainsi que les grandes cultures dominent dans cette zone accidentée.
Enfin, au Sud Est, c’est un système agraire plus polyvalent avec de l’arboriculture et des céréales en
sec, mais aussi des cultures irriguées. Ceci illustre la diversité agricole de la zone.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la zone rurale de Kairouan,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Tableau 116 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 2 : zone rurale de Kairouan

Traduction des flux d’EUT en valorisations 
Idées de valorisation des EUT 
potentielles 

Idée 2.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement, 


pour l’irrigation  substituable, en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 
et 2050 :  
Substitution par des EUT (ou mélange avec ces EUT) 
des eaux de nappes pour l’irrigation des périmètres  Arboriculture (dont oliviers) : 1 % en 2020, 2 % en 2050 
existants 
Céréales : 7 % en 2020, 20 % en 2050  
Fourrages : 5 % en 2020, 15 % en 2050 

Idée  2.b  :  Création  de  nouveaux  PI  proches  des  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


STEP 
Arboricoles (dont oliviers) : en 2020, 150 ha ; en 2050, 
Arboriculture, fourrages  420 ha 
Fourrages : en 2020, 140 ha ; en 2050, 390 ha 

Idée 2.c  :  Rejets  dans  les  oueds  et  réutilisation  Nappe de Hajeb : réduction du déficit de 7 % en 2020 à 


agricole  indirecte  par  pompage  ou  recharge  de  10 % en 2050 avec la STEP de Hajeb El Ayoun 
nappe par infiltration 
impact du stockage souterrain sera très localisé sur le 
plan spatial. 

La valorisation des EUT sur cette zone restera limitée au vu de la quantité produite et de l’accès
des agriculteurs à d’autres ressources conventionnelles. La REUT pourrait surtout concerner
l’irrigation agricole directe. Elle est à étudier en fonction du contexte agricole à proximité de chaque
STEP. Des possibilités de complément aux ressources souterraines pourront être envisagées sur le 407
moyen terme. Une autre possibilité est de laisser s’écouler les eaux usées dans les oueds récepteurs
tout en favorisant l’infiltration dans les nappes, moyennant une qualité de traitement respectant les
normes de rejets.

14.4.3 Sous zone 3 : Gouvernorat de Kasserine


Ressources en eau
Les ressources en eau conventionnelles sont importantes (141 Mm3/an) mais surexploitées
(174 Mm3/an). Les usages sont surtout des prélèvements agricoles mais aussi les transferts des
eaux des forages de Sbeitla – Jelma pour l’AEP de Sfax. De plus, les entités aquifères ont des réservoirs
limités, ce qui les rend sensibles aux évènements pluviométriques excédentaires comme déficitaires.

Le potentiel de REUT est en développement avec 3,5 Mm3 produits en 2020 et 10 Mm3 en 2050
grâce à la création de nombreuses STEP dans les petites villes du gouvernorat qui ne possèdent pas
de réseau d’assainissement collectif à ce jour.

Agriculture
L’arboriculture en sec est dominante (principalement oliviers et amandiers). La production de
céréales est très dépendante de la pluviométrie annuelle. L’introduction de l’irrigation a été importante
pour développer les surfaces arboricoles (oliviers, pommiers, amandiers, abricotiers).

Activités industrielles
Le gouvernorat est peu industrialisé. Cependant, il existante la Société Nationale de Cellulose et de
Papier Alfa (SNCPA) au niveau de la ville de Kasserine. Elle prélève près de 2 Mm3/an dans les nappes
souterraines via 2 forages.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le gouvernorat de
Kasserine, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte
qui vient d’être exposé.

Tableau 117 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 3 : Gouvernorat de Kasserine

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 3.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable, 
pour l’irrigation  en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 : 
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  ces  Arboriculture : en 2020, 4 %; en 2050, 9 % des 13 000 ha 
EUT)  des  eaux  de  nappes  pour  l’irrigation  des  irrigables 
périmètres existants 
Oliviers :  en  2020,  7%;  en  2050,  16  %  des  18 000  ha 
irrigables 

Idée  3.b  :  Création  de  nouveaux  PI  à  proximité  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


des STEP et extension des périmètres existants 
Arboricoles : en 2020, 500 ha ; en 2050, 1 200 ha 
PPI avec des EUT de Oued Essid et Sbeitla 
Oliviers : en 2020, 1 200 ha ; en 2050, 2 900 ha 
Arboriculture et fourrages 

Idée 3.c : Réutilisation industrielle  Possibilité  de  substituer  100  %  des  prélèvements  des 


forages  de  la  papeterie  par  les  EUT  de  la  STEP  de 
Papeterie SNCPA 
Kasserine  (tout  en  continuant  l’alimentation  du  PPI  de 
Oued Essid) 
408 Idée 3.d  :  Rejets  dans  les  oueds  et  réutilisation  Nappe de le plaine de Kasserine : comblement du déficit 
agricole  indirecte  par  pompage  ou  recharge  de  à  100  %  en  2020  et  2050  avec  les  EUT  de  la  STEP  de 
nappe par infiltration  Kasserine 
Nappe de Sbeitla : réduction du déficit de 75 % en 2020 
à plus de 100 % en 2050 avec la STEP de Sbeitla 

Au regard du contexte territorial de la sous zone, la REUT pourrait surtout concerner l’irrigation
agricole directe. Elle est à étudier en fonction du contexte agricole à proximité de chaque STEP. Des
possibilités de complément aux ressources souterraines pourront être envisagées sur le moyen terme.
Pour la STEP de Kasserine, les usages pourront être plus variés avec la substitution des eaux de
nappes par les EUT pour un usage industriel et l’extension du périmètre existant. Une dernière
possibilité est de laisser s’écouler les eaux usées dans les oueds récepteurs tout en favorisant
l’infiltration dans les nappes, moyennant une qualité de traitement respectant les normes de rejets.

14.4.4 Sous zone 4 : Gouvernorat de Sidi Bouzid


Ressources en eau
Les ressources en eau conventionnelles sur gouvernorat de Sidi Bouzid sont importantes
(143 Mm3/an) mais les eaux souterraines sont fortement surexploitées pour l’agriculture
(260 Mm3/an).

La potentiel de REUT est modeste mais en augmentation avec 2,6 Mm3 produits en 2020 et
7,3 Mm3 en 2050 grâce à la création de nouvelles STEP pour raccorder des petites communes au
réseau d’assainissement collectif.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

Agriculture
L’arboriculture en sec est dominante (oliviers, amandiers et pistachiers principalement). Elle est
irriguée surtout au niveau de Mazouna, Sidi Ali Ben Aoun, Regueb et Meknassi. Des cultures céréalières
et maraîchères sont présentes au niveau des zones d’épandage des oueds (plaine de Gammouda). Ce
gouvernorat est aussi un bassin laitier important ainsi que pour l’élevage ovin. Cependant, la
production fourragère est très dépendante des conditions climatiques et les parcours sont de plus
en plus dégradés.

Activités industrielles
Ce gouvernorat est peu industrialisé mais il faut noter qu’une unité d’extraction de phosphates est
prévue à Meknassy avec un besoin en eau estimé à 650 000 m3/an.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le gouvernorat de Sidi
Bouzid, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui
vient d’être exposé.

Tableau 118 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 4 : Gouvernorat de Sidi Bouzid

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 4.a : Substitution des eaux conventionnelles  Part de la superficie irriguée actuellement, substituable, 
pour l’irrigation  en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 : 
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  ces  Arboriculture (dont oliviers) : en 2020, 2 %; en 2050, 4 % 
EUT)  des  eaux  de  nappes  pour  l’irrigation  des  des 23 000 ha irrigables 
périmètres existants 
Fourrages :  en  2020,  5  %;  en  2050,  13  %  des  7 000  ha 
irrigables  409
Idée  4.b  :  Création  de  nouveaux  PI  à  proximité  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 
des STEP 
Arboricoles : en 2020, 370 ha ; en 2050, 900 ha 
Arboriculture et fourrages en intercalaire 
Oliviers : en 2020, 860 ha ; en 2050, 2 100 ha 
Fourrages : en 2020, 340 ha ; en 2050, 840 ha 

Idée 4.c : Réutilisation industrielle   Possibilité  d’alimenter  à  100  %  l’unité  d’extraction  à 


partir de la STEP de Meknassy 
Extraction de phosphates à Meknassy 

Idée  4.d :  Rejets  dans  les  oueds  et  réutilisation  Nappe de Sidi Bouzid :  réduction  du déficit  de  21  %  en 
agricole  indirecte  par  pompage  ou  recharge  de  2020 à 46 % en 2050 avec la STEP de Sidi Bouzid 
nappe par infiltration 
Nappe  de  Meknassy :  réduction  du  déficit  de  17  %  en 
  2020 à 24 % en 2050 avec la STEP de Meknassy, et de 13 
% en 2050 avec la future STEP de Menzel Bouzaien 
Nappe de Regueb : réduction du déficit de 16 % en 2050 
avec la future STEP de Regueb 

Au regard du contexte territorial de la sous zone, la REUT pourrait surtout concerner l’irrigation
agricole directe. Elle est à étudier en fonction du contexte agricole à proximité de chaque STEP. Des
possibilités de complément aux ressources souterraines pourront être envisagées sur le moyen terme.
Une autre possibilité est de laisser s’écouler les eaux usées dans les oueds récepteurs tout en favorisant
l’infiltration dans les nappes, moyennant une qualité de traitement respectant les normes de rejets.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.4.5 Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones
La carte ci-dessous permet de rappeler de manière illustrée les idées de valorisations possibles des
EUT qui ont été proposées pour chaque sous zones et de montrer la variété des possibilités en fonction
des contextes territoriaux.

410
Figure 98 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Centre

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

14.5 CONCLUSION SUR LA SITUATION DE LA ZONE DU CENTRE ET LES OPPORTUNITES


DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT

14.5.1 Une production faible d’EUT, disséminée sur un vaste territoire qui ne
permettra pas d’avoir un impact conséquent sur le déficit hydrique régional
Le développement de l’agriculture irriguée et les transferts d’eau vers le Sahel et Sfax ont fortement
dégradé le bilan hydrique de la zone du Centre, malgré les volumes importants de ressources en
eaux souterraines renouvelables. La surexploitation des nappes souterraines en est à un point
critique sur certaines zones (déficit proche de 230 Mm3), notamment pour la plaine de Kairouan.

Les EUT, en venant remplacer les eaux de nappes surexploitées dans certains périmètres,
permettraient de participer à la réduction du déficit hydrique de la zone. Cependant, les volumes en
jeu d’EUT produites restent modestes face aux prélèvements effectués (réduction potentielle de 10 %
du déficit en 2050 si on utilise à 100 % les EUT).

Cependant, si l’on se place à une échelle interrégionale, il faut noter que la REUT pourrait avoir
indirectement un fort impact sur le bilan hydrique de la zone si cette REUT se développait au
Sahel et à Sfax. En effet, les ressources conventionnelles du Centre sont mobilisées pour alimenter le
littoral. L’exploitation de ressources comme les EUT sur le littoral permettrait de libérer des ressources
pour le Centre qui pourront être valorisées plus localement. Pour rappel, 60 à 70 Mm3/an sont
transférés chaque année. De plus, celle nouvelle allocation des ressources en eau participerait à la
baisse des tensions existantes liées au partage de l’eau et aux fractures de développement économique
entre les régions littorales et intérieures.

14.5.2 Des EUT encore perçues comme une source de pollution plutôt qu’une
ressource potentielle 411
L’enjeu lié aux EUT pour cette zone se situe surtout dans l’amélioration du taux de raccordement
aux réseaux d’assainissement collectif pour les communes rurales et la réduction de la pollution
liée aux rejets des eaux usées (brutes ou traitées). Même si les volumes produits sont faibles, les
nuisances causées par ces rejets peuvent être fortes localement pour les riverains. Des nappes
phréatiques peuvent même être contaminées via l’infiltration de ces rejets ne respectant pas les normes
de qualité.

Comme observé lors des différentes étapes de concertation de l’étude sur la zone du Centre, les
échanges ont souvent portés sur les impacts négatifs actuels des rejets d’eaux usées et les risques
environnementaux et sanitaires rattachés, plutôt que sur leur possible valorisation. Cela montre que ces
eaux usées sont encore beaucoup perçues comme des sources de pollution dans cette zone
plutôt qu’une potentielle ressource en eau.

14.5.3 Des EUT à gérer localement en fonction des opportunités à saisir à proximité
des STEP
Au regard de l’orientation très agricole de la région, les propositions de valorisations possibles des EUT
pour cette zone ont surtout concerné l’irrigation directe ou la recharge de nappe. Ce dernier usage
peut se faire via des procédés d’infiltration dans les oueds au vu du contexte hydrogéologique, afin de
relever le niveau piézométrique des nappes les plus surexploitées ou de faire un stockage inter
saisonnier des EUT.

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14. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU CENTRE

La majorité des flux d’EUT sont concentrés au niveau des chefs-lieux des gouvernorats (près de
55 % des EUT produites en 2050). Pour les STEP de Kairouan et de Kasserine, des périmètres irrigués
avec des EUT existent déjà. Des possibilités d’intensification et d’extension de ces périmètres sont
encore envisageables pour valoriser au mieux les EUT produites par ces STEP. Pour la STEP de Sidi
Bouzid, des demandes des agriculteurs sont recensées et il y a déjà des exploitations indirectes des
EUT via des pompages dans l’oued en aval du rejet. La REUT agricole peut participer à la sauvegarde
de certaines espèces arboricoles typiques de la région (pommiers, abricotiers, amandiers,
pistachiers) ou au développement de la filière biologique oléicole. La production fourragère est aussi
envisageable avec les EUT, ce qui aiderait à réduire le déficit fourrager de la région avec la
dégradation des parcours.

Pour les STEP restantes de la zone, il est difficile de définir une orientation stratégique globale car
les choix de valorisations des EUT dépendront des contextes territoriaux et sociaux à proximité de
chaque STEP. Les enjeux de REUT liés à ces STEP n’étant pas des enjeux nationaux au vu des
volumes produits, ni même régionaux, il conviendra de laisser la gestion de ces EUT à un niveau
plus local afin de saisir rapidement les opportunités de valorisation qui pourront se présenter.
Par exemple, des nouveaux usages industriels peuvent être envisagés en lien avec le développement
économique de la région (extraction de phosphates dans le gouvernorat de Meknassy).

412

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST


15.1 OFFRE POTENTIELLE EN EUT DANS LE NORD-OUEST D’ICI 2050. COMMENT
CETTE OFFRE S’INSCRIT DANS LE MIX DE RESSOURCES EN EAU GLOBAL DE LA
REGION ?

15.1.1 Une production d’EUT de 30 Mm3 aujourd’hui à plus de 50 Mm3 d’ici 2050
FLUX LIES AU PARC EPURATOIRE
La région du Nord-Ouest présente un taux d’urbanisation faible qui évolue peu (43 % sans compter
le gouvernorat de Bizerte). De plus, la croissance démographique ne cesse de diminuer depuis
1994 (- 0,36 % par an) de par des migrations continues qui touchent les espaces urbains et ruraux.

Le parc épuratoire de la région du Nord-Ouest est aujourd’hui peu développé avec un total (chiffre
2018) de 22 STEP pour les 5 gouvernorats. Il n’y a pas de schéma directeur d’assainissement de
l’ONAS pour ces régions mais un programme à court terme pour réhabiliter les STEP existantes est en
cours. Il est prévu aussi de créer de nouvelles STEP pour assainir les zones rurales non raccordées au
réseau jusqu’à présent.

Les principales interventions prévues par ce programme pour les STEP déjà existantes sont la
réhabilitation et l’extension des principales STEP du gouvernorat de Bizerte (Menzel Bourguiba,
Bizerte et Mateur), notamment dans le cadre du programme de dépollution du Lac De Bizerte (BEI,
2013) qui est leur milieu récepteur. Des réhabilitations sont aussi prévues dans le gouvernorat de
Jendouba (STEP de Tabarka, Jendouba), pour la STEP de la ville du Kef et pour certaines STEP
du gouvernorat de Beja (Medjez El Bab et Teboursouk).
413
Concernant les créations de nouvelles STEP, le programme prévoit une augmentation importante du
nombre de STEP du parc épuratoire qui pourrait atteindre 40 d’ici 2030. Cette augmentation va
particulièrement concerner le gouvernorat du Kef qui va passer de 3 STEP existantes à 9 au total. Les
gouvernorats de Beja et Siliana vont aussi doubler leur nombre de STEP. Pour le gouvernorat de
Bizerte, une filière industrielle est prévue à l’horizon 2025 afin d’assainir les zones industrielles
présentes à Utique. Au vu des projections démographiques réalisées dans la présente étude, 8
nouvelles STEP de faibles capacités, non projetées jusqu’à présent par l’ONAS, pourraient être
construites à l’horizon 2040.

Le tableau suivant indique les flux d’EUT calculés aux différents horizons temporels, ainsi que l’évolution
potentielle des traitements tertiaires.

Le flux actuel total d’EUT est de l’ordre de 30 Mm3/an. Il pourrait atteindre plus de 50 Mm3/an en
2050.

Les cartes associées présentent les STEP existantes et programmées dans la zone Nord-Ouest.

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prospective - Version définitive
15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Tableau 119 : Liste des STEP existantes et futures au Nord-Ouest et flux d’EUT aux différents horizons temporels

Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de 
Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
fin de fonct.
service
Nord Ouest Jendouba Tabarka 1993 x x x x x x 1,2 1,1 1,2 1,2 1,3 1,4
Nord Ouest Beja Beja 1994 x x 2,2 3,5 3,8 4,3 4,6 4,8
Nord Ouest Beja Medjez El Bab 1994 x x x 0,8 0,8 0,9 1,0 1,1 1,2
Nord Ouest Jendouba Jendouba 1994 ? ? ? 1,8 1,8 2,1 2,0 2,0 2,2
Nord Ouest Bizerte Bizerte 1997 x x x 6,0 7,6 8,6 9,5 10,6 11,3
Nord Ouest Bizerte Menzel Bourguiba 1997 x x x 2,4 3,4 3,8 4,5 5,0 5,3
Nord Ouest Kef Kef  1998 ? ? ? 1,9 3,6 4,1 3,6 4,1 4,4
Nord Ouest Beja Teboursouk 2000 x x x 0,3 0,4 0,4 0,4 0,4 0,5
Nord Ouest Jendouba Boussalem 2000 0,7 0,7 0,8 0,9 1,0 1,1
Nord Ouest Siliana Siliana 2000 ? ? ? ? 1,0 1,2 1,6 1,9 2,2 3,1
Nord Ouest Jendouba Fernena 2003 0,2 0,1 0,1 0,2 0,2 0,4
Nord Ouest Jendouba Ghardimaou 2003 0,6 0,6 0,7 0,8 0,8 0,9
Nord Ouest Siliana Gaafour 2003 0,2 0,4 0,4 0,4 0,5 0,5
414 Nord Ouest Beja Testour 2004 x x x 0,3 0,5 0,5 0,6 0,6 0,6
Nord Ouest Bizerte Mateur 2005 x x x 0,8 1,2 1,3 1,5 1,6 1,7
Nord Ouest Beja Nefza 2006 x x x 0,4 0,2 0,6 0,6 0,8 0,8
Nord Ouest Bizerte Aousja 2010 x x x 2,0 2,0 2,3 2,6 3,0 3,3
Nord Ouest Kef Jerissa 2015 0,1 0,1 0,2 0,2 0,2 0,2
Nord Ouest Kef Sers 2016 0,0 0,4 0,5 0,6 0,6 0,7
Nord Ouest Siliana Bouarada 2016 0,4 0,7 0,7 0,8 0,8 0,9
Nord Ouest Jendouba Ain Draham 2019 0,0 0,0 0,0 0,0 0,4 0,4
Nord Ouest Siliana Makthar 2020 x x x x x x 0,0 0,0 0,4 0,4 0,5 0,5

Nord Ouest Bizerte Utique industrielle 2025 ? ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Traitement III Flux total (Mm3/an)
Année de 
Année de 
Région Gouvernorat STEP mise en  2018 2020 2025 2030 2040 2050 2018 2020 2025 2030 2040 2050
fin de fonct.
service

Nord Ouest Beja Amdoun 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,2
Nord Ouest Beja Goubellat 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1
Nord Ouest Beja Thibar 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Nord Ouest Beja Sidi Ismail 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Nord Ouest Bizerte Sejnene 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2
Nord Ouest Jendouba Beni Mtir 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Nord Ouest Jendouba Oued Mliz 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1
Nord Ouest Kef Dahmani 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,6 0,6 0,6
Nord Ouest Kef Kalaat Khesb 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1
Nord Ouest Kef Kalaat Snen 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,5 0,6 0,8
Nord Ouest Kef Nebeur 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1 0,1
Nord Ouest Kef Sakiet Sidi Yo 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2
Nord Ouest Kef Tejerouine 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,6 0,7 0,7
Nord Ouest Siliana El Krib 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,2 0,2 0,2
Nord Ouest Siliana Rouhia 2030 ? ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0
Nord Ouest
Nord Ouest
Siliana
Siliana
Kesra
Bargou
2030
2030
?
?
?
?
?
?
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,1
0,1
0,1
0,1
0,1
0,2
415
Nord Ouest Beja Ouechteta 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Beja Slougia 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Bizerte Joumine 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Bizerte Ghezela 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Bizerte Hchechna 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Kef Touiref 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Siliana Bourouis 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1
Nord Ouest Siliana Lâroussa 2040 ? ? 0,0 0,0 0,0 0,0 0,1 0,1

TOTAL FLUX 23 30 35 41 46 50

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416

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En termes de salinité, aucune STEP du Nord-Ouest ne présente des salinités en sortie incompatibles
avec des usages de réutilisation des EUT comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 120 : Salinité des eaux en sortie des STEP de la zone Nord Ouest pour l’année 2017 (ONAS, 2017)

Part du flux d'EUT  Part du flux d'EUT 
Volume d'EUT produit  Taux de salinité en 
STEP en fonction des  en fonction du seuil 
(m3/an) sortie de STEP (g/L)
classes de salinité de salinité 3 g/L
Tabarka 996 000 0,8
Beja 1 901 000 0,8
Ghardimaou 543 000 0,8
Nefza 348 000 0,9 23%
Medjez El Bab 948 000 0,9
Fernena 156 000 0,9
Testour 299 000 1,0
Boussalem 705 000 1,1
82%
Sers 127 000 1,1
Jendouba 1 684 000 1,2
Kef 1 892 000 1,2
31%
Gaafour 186 000 1,3
Teboursouk 314 000 1,4
Aousja 1 868 000 1,4
Jerissa 55 000 1,9
Bizerte 6 156 000 2,2 28%
Siliana 838 000 ‐
418 Bouarada 257 000 ‐ 18% 18%
Menzel Bourguiba 2 989 000 ‐

FLUX INDUSTRIELS NON RACCORDES


Le CADRIN de l’ONAS inventorie 74 industries non raccordées au réseau d’assainissement
collectif, dont 60 % dans le gouvernorat de Bizerte. Parmi ces industries, la majorité sont des industries
agro-alimentaires (laiteries, abattoirs) et des industries textiles. Seulement 10 d’entre elles réalisent
des prétraitements. Les milieux de rejets des effluents sont surtout des oueds ou la mer. Le tableau
ci-dessous est un extrait du CADRIN de l’ONAS concernant la région du Nord-Ouest. Il indique les
industries où le volume rejeté a été pu être estimé (ce qui est le cas de très peu d’industries) et est
supérieur à 1 000 m3/an.

Tableau 121 : Industries non raccordées au réseau d’assainissement collectif où le volume de rejet est évalué (ONAS, 2019)

Prétraitement
Secteur d’activité Milieu de rejet Volume rejeté (m3/an)
réalisé

Fabrication de carreaux en céramique Oui Milieu naturel 3 500

Fabrication de composants électroniques Non Milieu naturel 2 200

Fabrication industrielle de vêtements Non Milieu naturel 1 500

Fabrication de panneaux de bois Non Milieu naturel 1 100

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15.1.2 Un bilan hydrique régional excédentaire et bien supérieur à l’offre en EUT


CLIMAT
La zone du Nord-Ouest est caractérisée par une pluviométrie plus importante que la moyenne nationale.
De par sa situation et ses caractéristiques naturelles, cette région est le « château d’eau de la Tunisie ».
Elle contribue à combler le déficit en eau du Grand Tunis et des régions du Sahel. Elle dispose d’un
climat humide (DGRE, 2019). En moyenne sur la période 1980-2009, le cumul annuel de précipitation
est de 570 mm/an (±170 mm/an) (CHPclim, 2020).

D’après les projections climatiques du CMIP4 et du CMIP5, la zone Nord-Ouest du pays serait
davantage touchée que la façade Est du littoral par une réduction de la pluviométrie à l’horizon 2050.
En effet, la diminution des précipitations serait comprise entre -10% et -20% (BPEH, 2019).
L’élévation de température pourrait aller jusqu’à +2,5°C (avec une marge d’incertitude importante) à
l’horizon 2050 dans le cadre du scénario d’émission le plus pessimiste, à savoir le RCP 8.5.

EAU DE SURFACE
Hydrologie
La zone du Nord-Ouest couvre la totalité de la région hydrographique 3, l’extrême Nord et l’Ichkeul,
ainsi qu’une grande partie de la région hydrographique n°5, à savoir le haut et moyen bassin de la
Medjerdah. D’après les analyses et les modélisations hydrologiques de la troisième phase de l’étude
CRET, les écoulements sur la zone du Nord-Ouest représentent de 80 à 100 mm/an. En outre la même
étude indique que l’écoulement moyen sur la zone hydrographique n°5 du bassin de la Medjerdah,
s’élève à 43 mm/an, soit un volume écoulé annuellement de plus de 1 000 Mm3/an. A partir des
données de l’étude EAU 2050, on estime que l’écoulement annuel des eaux de surface serait plutôt de
l’ordre de 1 670 Mm3/an.

Les projections climatiques indiquent que les écoulements superficiels dans la zone du Nord-Ouest et
Bizerte pourraient diminuer de -5% à -10% à l’horizon 2050 (BPEH, 2019) dans le scénario le plus
419
pessimiste (RCP 8.5).

Ouvrages de stockage
La zone du Nord-Ouest compte 403 barrages collinaires pour une capacité totale de stockage de
39 Mm3. La capacité de ces retenues s’étend de 10 000 à 400 000 m3. En ce qui concerne les grands
barrages, la zone du Nord-Ouest compte 19 barrages en service. La capacité de stockage actuelle
cumulée sur tous ces barrages est de 1 750 Mm3. Parmi les 19 barrages, on trouve le plus grand de
Tunisie, à savoir le barrage de Sidi Salem. Ce dernier fait face à un problème majeur d’envasement.
Sa capacité de stockage est passée de 814 Mm3 lors de sa mise en service en 1981, à 580 Mm3
actuellement, soit une réduction de 29% de sa capacité. Ce problème d’envasement de la retenue est
également problématique pour le barrage de Mellegue qui a perdu 80% de sa capacité de stockage.

Transferts
La région du Nord-Ouest est globalement excédentaire, c’est-à-dire que ses besoins en eau sont
inférieurs aux ressources en eau disponibles naturellement sur son territoire. Elle exporte vers les
autres régions une grande partie de ses ressources en eau de surface. L’eau est exportée via deux
axes de transfert : d’une part les eaux de l’Extrême Nord (principalement via les barrages de Sidi El
Barrack, Sejnene et Joumine), et d’autre part les eaux de la Medjerdah (mobilisées grâce au barrage
de Sidi Salem). On estime ainsi, que la zone Nord-Ouest exporte entre 750 et 1000 Mm3/an vers les
autres zones (principalement Grand Tunis, Cap Bon et Sahel). Ces volumes exportés incluent une part
importante de pertes dues au transfert (fuites, infiltrations, évaporations). Ces transferts d’eau
bénéficient également à l’intérieur de la zone elle-même, puisque l’alimentation en eau de la ville de
Bizerte bénéficie des eaux du barrage Joumine. De même, le Lac Ichkeul bénéficie d’un transfert depuis
le barrage Melah.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

De façon globale, les ressources en eau des transferts de l’extrême Nord et des transferts de la
Medjerdah devraient avoir tendance à diminuer à l’horizon 2050 avec les effets du changement
climatique, de l’ordre de -5% (scénario RCP4.5) à -10% (scénario RCP8.5).

La carte ci-dessous reprend la localisation des ouvrages de stockage des eaux superficielles et des
tracés des transferts pour la zone du Nord-Ouest.

420

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EAUX SOUTERRAINES
Sur la zone du Nord-Ouest, on dénombre 47 nappes phréatiques. Les principales nappes phréatiques
en termes de ressources sont celles de la haute et moyenne vallée de la Medjerdah. Mais les nappes
phréatiques les plus exploitées sont celles de Ras Jebel, Guenniche et Aousja - Ghar El Meleh. Pour
l’ensemble des 47 nappes, le volume de ressources en eau pouvant être exploité de façon durable
est de 129 Mm3/an. Or, en 2015 le volume total exploité sur ces 47 nappes est de 115 Mm3. Il y a
donc une exploitation globale équilibrée des ressources en eau souterraine, puisque le taux global
d’exploitation atteint 89%. Néanmoins, cette vision globale cache des disparités à l’échelle des nappes.
La nappe de Aousja - Ghar El Meleh est la nappe qui fait face au plus haut taux de surexploitation
(200% en 2015). Cette nappe est très sollicitée pour l’irrigation des cultures maraîchères d’hiver et d’été.
Cette surexploitation a engendré une augmentation de la salinité allant de 4 à 6 g/L sur la bordure de la
lagune de Garâat Zouaouine (DGRE, 2016, p. 52).

Par ailleurs, en termes de qualité des eaux souterraines, la plupart des nappes connaissent des
épisodes de forte salinité au-dessus de 4 g/L. Mais contrairement, aux autres zones de la Tunisie, il
subsiste encore des nappes dont la salinité demeure très faible (<2 g/L). C’est le cas par exemple des
nappes Ouchtata (Gouvernorat de Béja), de l’oued Sejnane et du Haut Joumine (gouvernorat de
Bizerte).

Les nappes profondes représentent des ressources potentielles à hauteur de 194 Mm3, exploitée à
seulement 40 %.

EXPLOITATION DES EAUX


Dans la situation actuelle, les prélèvements en eau tous usages confondus dans la zone du Nord-
Ouest représentent un volume total de 386 Mm3/an.

Les prélèvements pour l’AEP s’élève en 2018 à 96 Mm3/an. Ces prélèvements permettent l’alimentation
en eau potable de la population des gouvernorats de Béja, Bizerte, Jendouba, Le Kef et Siliana, soit
422 environ 1,76 millions d’habitants en 2020. A l’horizon 2050, la population de la zone est projetée à
2,0 millions d’habitants. Si la consommation unitaire devait rester identique, la consommation en eau
potable représenterait alors environ 110 Mm3/an. Actuellement les besoins en eau potable du Nord-
Ouest sont satisfaits grâce à la mobilisation des eaux de surface de la zone (67 Mm3/an), le reste des
besoins étant satisfaits grâce à des forages (29 Mm3/an).

75% (±5%) des prélèvements en eau sont destinés à l’irrigation des cultures, soit environ 290 Mm3.
Comme les ressources en eau de surface sont abondantes dans cette zone, près de 65% de l’eau
d’irrigation au Nord-Ouest est issue des eaux de surface. Le reste de l’irrigation est alimentée à
partir de puits et de forages des nappes d’eau souterraine.

La recharge des nappes au Nord-Ouest est très peu pratiquée (0,4 Mm3/an). Cette recharge est
réalisée à partir de transferts internes des eaux de surfaces.

VUE D’ENSEMBLE DES RESSOURCES EN EAU DU NORD OUEST ET DE LEURS USAGES ACTUELS
ET POSITIONNEMENT DU POTENTIEL DE LA REUT
Situation actuelle et potentiel 2050
Le tableau ci-dessous établit à grand trait le bilan hydrique actuel du Nord-Ouest en synthétisant les
apports annuels renouvelables et les prélèvements. Il ajoute aussi à ce bilan la réduction potentielle du
déficit actuel si 100 % des EUT étaient réutilisées. L’exercice est réalisé pour les horizons 2020 et 2050.

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Usages (Mm3) REUT

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Transfert CMCB
Déficit Déficits
Apports annuels

Recharge
Nord-Ouest Prélèvements sans avec
renouvelables

AEP

IRR
Situation actuelle effectifs (Mm3) REUT REUT
(Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement 1 022 25 25
dont stock. barrages coll. 39 5 5 0
dont stock. grds barrages 1 744 1 225 67 158 0,4 1 000 0
Nappes phréatiques 129 54 54 0

REUT / 
Déficit
Nappes profondes 194 74 29 45 0

Part 
Divers 3 3 3 0
Bilan Ress. Ren. - Usages 2020 2 110 1 386 96 290 0,4 1 000 0 30 0 /
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 2 110 1 406 116 290 0 1 000 0 50 0 /
Part REUT / Usages 2% 4%

La zone du Nord-Ouest n’est pas déficitaire, bien que ce bilan régional puisse masquer des états de
surexploitation hydrique locaux (nappes souterraines au Kef ou sur le littoral de Bizerte par exemple).
Une exploitation de la REUT à son plein potentiel actuel (30 Mm3) correspondrait à seulement 2 % des
prélèvements actuels pour les usages en eau.

Les 2 tableaux ci-dessous reprennent le bilan en situation actuelle en y intégrant des projections
climatiques selon 2 scénarios de changement climatique différents : le scénario 4.5 qui induirait
une réduction modérée des ressources en eau et le scénario 8.5 qui induirait une plus forte réduction
de ces ressources.

Projections climatiques – RCP 4.5 2050


Usages (Mm3) REUT
REUT - Dispo Pot 2020 423
REUT - Dispo Pot 2050
Transfert CMCB (+5%)

Déficit Déficits
Apports annuels Prélèvements
IRR (+5%)

Recharge

Nord-Ouest sans avec


renouvelables effectifs
AEP

CC - RCP 4.5 2050 REUT REUT


(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-5%) 971 26 0 26 0 0 0


dont stock. barrages coll. 37 5 0 5 0 0 0
dont stock. grds barrages 1 657 1 297 81 166 0 1 050 0
Nappes phréatiques 123 57 0 57 0 0 0
REUT / 
Déficit

Nappes profondes 184 82 35 47 0 0 0


Part 

Divers 3 3 0 3 0 0 0
Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 2 004 1 470 116 304 0 1 050 0 30 50 0 /
Part REUT / Usages 2% 3%

D’après le scénario 4.5, à l’horizon 2050, les apports annuels renouvelables du Nord-Ouest tendent à
baisser (-5% pour les ressources locales) et les besoins pour l’irrigation (à surfaces constantes)
tendent à augmenter (+5%) – du fait de la hausse de l’évapotranspiration. La combinaison de ces
tendances dégrade le bilan hydrique de la zone qui reste cependant excédentaire.

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Projections climatiques – RCP 8.5 2050


Usages (Mm3) REUT

Transfert CMCB (+10%)

REUT - Dispo Pot 2020

REUT - Dispo Pot 2050


Déficit Déficits

IRR (+10%)
Apports annuels Prélèvements

Recharge
Nord-Ouest sans avec
renouvelables effectifs

AEP
CC - RCP 8.5 2050 REUT REUT
(Mm3) (Mm3)
(Mm3) (Mm3)

Ecoulement (-10%) 920 28 0 28 0 0 0


dont stock. barrages coll. 35 5 0 5 0 0 0
dont stock. grds barrages 1 570 1 355 81 174 0 1 100 0
Nappes phréatiques 116 59 0 59 0 0 0

REUT 
Nappes profondes 35 50 0 0

Défici
175 84 0

Part 
Divers 3 3 0 3 0 0 0


Bilan Ress. Ren. - Usages 2050 1 899 1 535 116 291 0 1 100 0 30 50 0 /
Part REUT / Usages 2% 3%

D’après le scénario 8.5, à l’horizon 2050, les tendances s’amplifient, à la baisse (-20% pour les
ressources locales) comme à la hausse (+10% pour les besoins pour l’irrigation, à surfaces
constantes). La combinaison de ces tendances dégrade le bilan hydrique de la zone qui reste
cependant excédentaire. Même en considérant un scénario de changement climatique qui prévoit une
forte réduction des ressources en eau, le potentiel de REUT reste très marginal en comparaison
des ressources conventionnelles de la région.

Les graphes ci-dessous résument à l’échelle du Nord-Ouest la part des EUT dans le bilan global des
ressources en eau de la région selon différentes situation : la situation actuelle (0 Mm3 réutilisés), la
situation potentielle si 100 % des EUT actuelles étaient réutilisées et la situation en 2050 selon les 2
scenarios de projections climatiques.

424 Figure 99 : Part des EUT dans le mix de ressources en eau (haut) et dans le déficit (bas) à l’échelle du Nord Ouest

0% 1% 2% 2%

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

15.2 CONTEXTE SOCIO-ECONOMIQUE AU NORD-OUEST ET SES PERSPECTIVES


D’EVOLUTION D’ICI 2050 EN LIEN AVEC LA REUT. QUELLE ACCEPTABILITE
SOCIALE POUR LA REUT AUPRES DES USAGERS POTENTIELS ?

15.2.1 Des réticences à développer l’agriculture irriguée avec les EUT liées à la
disponibilité des eaux conventionnelles et à la qualité des EUT
PLACE DU SECTEUR AGRICOLE AU NORD OUEST
Le Nord-Ouest constitue la principale région agricole du pays grâce à ses ressources hydriques et
son potentiel forestier (31,5% de la SAU nationale). Elle possède le quart des meilleures terres
agricoles du pays, avec notamment la Vallée de la Medjerdah. L’ensemble de ces potentialités confèrent
à la région des atouts pour participer à la sécurité alimentaire du pays et à l’exportation de produits
agricoles. La région du Nord-Ouest est la principale zone céréalière du pays, avec près de la moitié
de la production nationale (20 % dans le Gouvernorat de Beja). L’arboriculture fruitière à forte
valeur ajoutée s’est développée avec l'aménagement de vastes vergers dans les plaines de la
moyenne et de la Haute Medjerdah et dans le Haut Tell. La région participe aussi dans la production
nationale maraîchère, de viande et de lait. L’activité d'élevage s'est développée avec l’intensification
des cultures fourragères dans les périmètres irrigués. Elle est pratiquée comme source de revenu
complémentaire. Ainsi, plus de 60 % des exploitants agricoles sont éleveurs, en particulier chez les
céréaliculteurs. La région, malgré la baisse relative dans la dynamique d’irrigation dans le pays,
représente 20% de la SAU irriguée nationale.

Cependant, le capital de ressources naturelles de la région est soumis à des pressions diverses telles
que l’extension des villes au détriment des terres agricoles, la surexploitation des nappes du
Haut Tell, l’envasement des barrages et donc la baisse de leur capacité de stockage. 425
Les 2 cartes ci-dessous sont issues de la carte agricole de la Tunisie. Elles présentent différentes
familles de cultures : arboriculture – céréales et fourrages. Pour chacune d’elles, les périmètres irrigués
sont indiqués par un zonage rouge. Elles permettent ainsi d’illustrer l’occupation des terres agricoles
pour la zone du Nord-Ouest et de croiser ces éléments avec la localisation des STEP existantes et
projetées.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Figure 100 : Zone Nord Ouest : Carte agricole – Carte 1 : arboriculture et périmètres irrigués (en rouge)

426

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Figure 101 : Zone Nord Ouest : Carte agricole – Carte 2 : Céréales (en jaune) et fourrages (en violet), périmètres irrigués (en rouge)

427

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

PERSPECTIVES AGRICOLES ET PROJETS DE REUT


Il n’y a pas de création de périmètres irrigués avec les EUT projetée à court terme pour la région du
Nord-Ouest. Cependant, le CRDA de Beja a prévu de réhabiliter les 3 PPI utilisant des EUT
existants du gouvernorat (Jedidi, Teboursouk et Bouteffaha) comme indiqué lors des enquêtes. Leur
exploitation s’était arrêtée en 2011 suite à la destruction des équipements de pompage. La reprise de
ces PPI est cependant conditionnée par l’amélioration de la qualité des EUT produites par les STEP.

Concernant les perspectives agricoles pour la région, on peut indiquer les évolutions récentes suivantes
qui risquent de se poursuivre au moins à moyen terme :
 L’introduction de l’irrigation d’appoint pour les cultures céréalières ;
 Une accélération du développement de l’arboriculture fruitière avec l’extension des superficies
irriguées grâce au recours de la moyenne et de la petite hydraulique ;
 Un accroissement des superficies maraîchères dans le Nord de la région ;
 Un net accroissement des superficies fourragères avec le développement de l’élevage bovin.

Sur le plus long terme, les actions préconisées par le Schéma Directeur d’Aménagement de la région
économique du Nord-Ouest (DGAT, 2010) sont les suivantes :
 Un développement de l’agriculture irriguée avec la mobilisation maximale de la grande
hydraulique. L’augmentation de la disponibilité des ressources en eau a des objectifs multiples :
sécurité alimentaire nationale avec la diminution de la vulnérabilité aux conditions climatiques des
céréales, maintien des populations rurales et meilleure compétitivité des périmètres pour
l’exploration et la transformation ;
 La conservation des ressources souterraines pour l’AEP (notamment pour les villes situées au
sud de la région et pour les zones rurales) ;
 Le développement de la REUT en parallèle de l’extension du parc épuratoire.

428 MATURITE DE LA DEMANDE POUR LA REUT DANS LE SECTEUR AGRICOLE


Près de 44 agriculteurs aux profils variés (agriculture irriguée, mixte ou pluviale) ont été interrogés,
répartis dans les 5 gouvernorats de la région. Les périmètres installés dans la région dans les années
2000 ne sont plus exploités aujourd’hui. La disponibilité de ressources conventionnelles dont l’eau
pluviale et la qualité des EUT distribuées non conformes aux normes de réutilisation ont fait naître
des réticences auprès des agriculteurs, comme l’ont montré les enquêtes.

A Jendouba, une tentative avait été lancée dans les années 2000 pour créer un PPI mais les agriculteurs
ont de suite refusé le projet. Les contaminations des eaux de la Medjerdah par les eaux usées (DGEQV,
2018) peuvent en partie expliquer ces craintes (voir partie 15.3 sur les conséquences
environnementales des rejets d’eaux usées). Les EUT des STEP de Jendouba, Boussalem, Fernana et
Ghardimaou sont de toute façon exploitées indirectement via des pompages dans l’Oued Medjerdah
qui est leur milieu de rejet. De même, le PPI existant sur la STEP du Kef a aussi soulevé un refus total
dès le début de son exploitation suite à des EUT de qualité non conforme. Des bénéficiaires n’ont plus
utilisé leurs puits de surface de peur de la contamination de la nappe phréatique. Les mauvaises
expériences passées et les problèmes environnementaux liés aux rejets d’eaux usées sur
certaines zones impactent donc durablement l’acceptabilité d’usagers potentiels concernant la
valorisation agricole des EUT.

A quelques kilomètres de la STEP du Kef, les enquêtes ont permis d’enregistrer des demandes
d’agriculteurs intéressés par les EUT dans la localité de Naïma. Ainsi, les difficultés pour trouver des
ressources hydriques dans le gouvernorat motivent d’autres agriculteurs à exploiter les EUT (autre
exemple au niveau de la STEP de Jerissa où un agriculteur exploite par pompage les EUT en aval de
la STEP). En effet, le bilan hydrique des dernières années et la prise de conscience des impacts
du changement climatique interpellent les agriculteurs. Ils commencent à chercher des ressources
alternatives dans les régions les plus dépourvues en eau. C’est le cas par exemple au niveau du PPI
sur les EUT de Sidi Ahmed dans le gouvernorat de Bizerte et des 3 PPI du gouvernorat de Beja où les
agriculteurs ne se sont pas montrés réticents à la reprise de leur exploitation, à condition que la qualité
des EUT fournies soit améliorée.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Au niveau de Bizerte, les irrigants de la région d’Utique se sont aussi montrés favorables à la REUT
pour l’irrigation de fourrages pour leurs élevages bovins. En effet, leurs superficies irriguées,
alimentées par les Eaux du Nord, n’ont concerné que 1/5 de leurs périmètres exploitables ces
dernières années. De plus, dans cette région, de nombreuses terres domaniales sont disponibles et
pourraient être valorisées avec l’exploitation des EUT avec l’implantation de SMVDA et ou jeunes
agriculteurs.

La carte ci-dessous synthétise les résultats des enquêtes pour les différentes sous zones du Nord-
Ouest (le découpage en sous-zone utilisé sur cette carte est présenté plus bas au paragraphe 15.4)

429

Figure 102 : Niveaux d’acceptabilité des agriculteurs à exploiter les EUT en fonction des sous zones du Nord Ouest

15.2.2 Un secteur industriel réparti sur les 5 gouvernorats, avec un pôle majeur à
Bizerte
PLACE DU SECTEUR INDUSTRIEL DANS LE NORD OUEST
L’activité industrielle du Nord-Ouest se concentre surtout au niveau du pôle industriel de Bizerte,
notamment à Menzel Bourguiba et avec le centre agro-industriel de Mateur. L’appareil productif est en
cours de renforcement au niveau d’Utique et Sejnene. L’industrie textile est aussi très présente dans
le gouvernorat, elle représente près de 33% des entreprises.

En plus du pôle industriel de Bizerte, des zones industrielles sont réparties sur les 4 autres gouvernorats,
composées majoritairement d’industries agro-alimentaires et d’industries des matériaux de
construction, de la céramique et du verre (extraction de marbre, cimenteries, etc.). Il a été estimé
que 4,8 Mm3/an d’eaux industrielles étaient rejetées dans les cours d’eau de la Medjerdah
(DGEQV, 2018). Ces rejets concernent surtout des industries agro-alimentaires (laiteries, huileries,
conserveries de tomates et sucreries) ainsi que des industries textiles.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Actuellement, les zones industrielles ont recours à de l’eau potable fournie par la SONEDE et à des
ressources propres (puits, forages, etc.). Au niveau des chiffres de la SONEDE, l’usage industriel
représente 2,4 Mm3 par an (ODNO, 2018).

PERSPECTIVES INDUSTRIELLES
D’après les projections de l’AFI, les superficies des zones industrielles vont augmenter
significativement, les portants de 740 ha à environ 1 040 ha, ce qui augmentera la demande sur les
ressources en eau (APII, 2019). Ces aménagements concerneront particulièrement le gouvernorat de
Jendouba (218 ha).

Les secteurs de l’agro-alimentaire et de l’extraction de substances utiles risquent de continuer à se


développer vu les ressources de la région. Dans le gouvernorat du Kef, une unité d’extraction de
phosphates est en étude à Sra Ouertane. Ses besoins en eau seraient de 35 Mm3/an. Son
démarrage, prévu en 2030, va donc fortement dépendre de la disponibilité des ressources en eau de la
région.

15.2.3 Un secteur touristique axé sur le littoral qui cherche à se diversifier


PLACE DU SECTEUR TOURISTIQUE AU NORD OUEST
Les potentialités touristiques de la région sont variées (tourisme balnéaire, écologique, de santé,
valorisation de l’artisanat local, etc.) bien qu’elles ne soient que peu exploitées à ce jour. En effet, la
capacité hôtelière des zones touristiques existantes est de 9 000 lits, soit 4 % de la capacité du pays.
Le tourisme s’est surtout développé sur le littoral avec le pôle urbain de Bizerte et la zone touristique
de Tabarka au nord du gouvernorat de Jendouba. Les quantités d’eau potable consommées par le
tourisme sont très réduites à l’instar de l’activité touristique elle-même.
430
D’après une analyse sous SIG d’images satellitaires de Google Earth réalisée dans le cadre de la
présente étude, la superficie des espaces verts existants (sans le golf) est réduite pour les
principales zones touristiques avec 24 ha pour Bizerte et de 15 ha à Tabarka.

Comme vu lors de la phase de Diagnostic, il existe actuellement un terrain de golf au Nord-Ouest :


celui de Tabarka, d’une superficie de 110 ha et alimenté par la STEP de la ville de Tabarka sur 45 ha.
D’après les enquêtes, en période estivale, les eaux distribuées par la STEP ne sont pas toujours
suffisantes pour répondre aux besoins du Golf.

PROSPECTIVES TOURISTIQUES
L’AFT a pour projet d’aménager 2 nouvelles zones touristiques (AFT, 2020) :
 la zone touristique de Sidi Salem, qui sera une extension de celle existante de Bizerte avec
1 200 nouveaux lits ;
 la zone touristique de Zouaraa, sur le littoral du Gouvernorat de Beja, pour une capacité de
5 000 lits.
Nous estimons que ces zones ne seront pas aménagées avant le moyen terme (2030). D’après les
enquêtes auprès des hôteliers de la région, les extensions des capacités hôtelières des zones
existantes et des superficies des espaces verts ne sont pas encore à l’ordre du jour des gestionnaires
au vu du contexte touristique actuel.

De plus, il est prévu d’aménager 1 golf dans la nouvelle zone touristique projetée de Zouaraa
(AFT, 2020).

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

15.2.4 Un potentiel faible de réutilisation pour des usages urbains


Globalement dans la région, les responsables municipaux ne recherchent pas de ressources
alternatives en eau au vu des ressources disponibles, bien qu’ils n’aient pas exprimé de réticences à la
REUT, notamment pour l’irrigation des espaces verts. La municipalité de Bizerte par exemple, dispose
de 30 espaces verts couvrant une superficie de 16 ha irrigués exclusivement partir des eaux potables
de la SONEDE. La municipalité du Kef quant à elle comprend 10 ha d’espaces verts irrigués à partir
des eaux potables de la SONEDE et de 2 forages. Le renforcement des espaces verts - qui
représentent aujourd’hui des superficies très faibles à l’échelle des municipalités - et l’embellissement
des villes associé - est une des actions citées dans le SDA de la région économique du Nord-Ouest
(DGAT, 2010). L’objectif fixé est d’arriver à un minimum de 15 m2/habitants dans les villes afin
d’améliorer la qualité de vie des populations.

15.2.5 Quelques possibilités de recharge de nappes avec les EUT, localisées au Kef
et à Bizerte
La carte ci-dessous met en regard les STEP et les différentes nappes phréatiques du Nord-Ouest.

431

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

432

7 nappes phréatiques sont surexploitées dans la région du Nord-Ouest. Le déficit cumulé s’élève
à 18 Mm3/an. La nappe d’Aousja dans le gouvernorat de Bizerte accuse le plus fort déficit (7 Mm3).

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Dans cette région, on peut citer 2 nappes phréatiques qui sont rechargées artificiellement par des
eaux conventionnelles (DGRE, 2017) :
 La nappe de Ras Jebel ( taux d’exploitation 133%) :, cette nappe est rechargée à partir des eaux
d’un barrage collinaire. 6 sites de recharge, répartis sur la frange côtière, sont des puits
d’infiltration. Un autre site expérimental est l’ancienne carrière de sable Sidi El Guebbari. Entre
1992 et 2015, un volume total de 9 Mm3 a été injecté (très variable en fonction des années), ce qui
s’est traduit par des impacts positifs sur la nappe : augmentation du niveau piézométrique,
amélioration de la qualité des eaux et contribution à la lutte contre l’intrusion marine.
 La nappe de Oued Guenniche (taux d’exploitation de 173%) : cette nappe est rechargée par des
eaux de surface via des bassins d’infiltration. Le volume total rechargé entre 1999 et 2015 est
de 6 Mm3. Bien que ce volume soit réduit, il a eu impact positif sur le niveau piézométrique de
la nappe.

Les renseignements sur ces sites de recharges, les données actuelles sur l’état quantitatif et qualitatif
des nappes phréatiques, les études antérieures sur la recharge de nappe avec les EUT et la localisation
des STEP existantes et projetées ont permis de dresser le tableau ci-dessous. Il synthétise les
recharges possibles par des EUT (liste de STEP avec les flux d’EUT produites aux différents horizons)
pour les différentes nappes pour lesquelles une recharge est jugée potentiellement utile.

Les quelques nappes retenues comme potentiellement rechargeables au vu du contexte


hydrogéologique et foncier sont les nappes surexploitées du gouvernorat du Kef (Bled Abida et
Bled Charène) et du gouvernorat de Bizerte (Aousja, Ras Jebel et Oued Guenniche).

433

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Tableau 122 : Liste des STEP associées à chaque nappe et potentiel de recharge par les EUT
Ratio recharge potentielle /
Enjeux auxquels pourrait répondre la recharge* Contexte pour la recharge**
déficit quantitatif
Lutte contre Amélioration Fin d’un Augmentation Amélioration STEP pouvant
l’intrusion de la qualité rejet en de la quantité de la gestion être utilisées Production Production
Technique de recharge
Nappe du biseau des eaux de mer ou d’eau de l’eau avec pour la EUT 2018 EUT 2050 Usages indirects possibles
proposée
salé la nappe dans une disponible un stockage recharge de la Hydrogélogique Foncier (Mm3) (Mm3) 2020 2050
(barrière (dilution) zone pour un intersaisonnier nappe
hydraulique) sensible usage hors période
indirect d’irrigation
Bled Abida
(déficit de X X X X Dahmani Favorable Favorable 0 0.6 0% 91% Bassins d’infiltration Agriculture
0.7 Mm3)
Bled Charène
(déficit de X X X X Tajerouine Favorable Favorable 0 0.7 0% 200% Bassins d’infiltration Agriculture
0.4 Mm3)
Ras Jebel
Carrière de sable + bassins
(déficit de – X X X X Aousja Favorable Favorable 2 3.3 73% 120% Agriculture
d’infiltration
2.75 Mm3)
Oued
Guenniche Menzel
X X X X X Favorable Favorable 3.4 5.2 62% 95% Bassins d’infiltration Agriculture
(déficit de – Bourguiba
5.5 Mm3)
Aousja
(déficit de – 7 X X X X X Aousja Favorable Favorable 2 3.3 29% 47% Bassins d’infiltration Agriculture
Mm3)
434

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

15.3 IMPACTS ACTUELS DES REJETS D’EAUX USEES SUR L’ENVIRONNEMENT ET LES
ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES DANS LA ZONE DU NORD-OUEST
L’objectif de cette partie est de dresser un inventaire global des principaux rejets d’eaux usées qui
impactent actuellement l’environnement et/ou des activités socio-économiques. Cet inventaire a été
enrichi par les acteurs locaux lors des entretiens régionaux et de l’atelier de concertation de la zone
Nord-Ouest qui a eu lieu le 8 avril 2021.

15.3.1 De nombreuses sources de pollution dans les cours d’eau de la Medjerdah


qui expliquent les craintes sur la qualité des EUT
La zone du Nord-Ouest comprend la majorité du bassin versant de la Medjerdah en Tunisie. Une
étude menée par la DGEQV en 2018 a permis d’identifier les sources de pollution de ce bassin versant
et de mettre en œuvre un programme intégré de dépollution (DGEQV, 2018). Cet inventaire comprend
les rejets hydriques des eaux urbaines (traitées ou brutes) ainsi que les rejets industriels non
raccordés au réseau d’assainissement. D’autres sources sont aussi inventoriées comme les
drainages agricoles ou les déchets solides. Certains cours d’eau ont été identifiés comme fortement
pollués tels que l’oued Beja, l’oued Kasseb, l’oued Ghezala et certains tronçons de l’oued
Medjerdah. Cette pollution s’accentue en période de sécheresse quand les polluants sont plus
concentrés.
Il a été estimé que le bassin versant de la Medjerdah recevait près de 32 Mm3/an d’eaux usées
domestiques (brutes et traitées) (DGEQV, 2018). 12 STEP y rejettent actuellement. En cas de
dysfonctionnements de ces STEP, il y a des risques de pollutions microbiologiques qui vont affecter le
milieu récepteur et les activités prélevant directement dans l’oued. De plus, 44 communes déversent
des eaux usées domestiques brutes dans les cours d’eau ou dans les nappes phréatiques (puits
perdus). 435
Lors de l’atelier de concertation pour la zone du Nord-Ouest, les directions régionales de
l’environnement présentes ainsi que les CRDA ont cité des STEP où les disfonctionnements sont
récurrents de par la vétusté de leurs équipements : STEP du Kef, Siliana, Jendouba, Beja… Il a
aussi été question des rejets illicites d’abattoirs en amont des STEP (Beja et Siliana). Ces
problématiques participent à la réduction de la confiance des acteurs dans la qualité des EUT
produites. Des craintes ont même été formulées sur l’impact potentiel des EUT sur la qualité des
eaux conventionnelles, que ce soit les eaux des barrages situés en aval des STEP (barrage de Sidi
Salem pour la STEP de Beja ou barrage de Siliana pour la STEP du même nom) ou les nappes
phréatiques.

De plus, s’ajoute aux eaux usées domestiques des rejets industriels non raccordés au réseau
d’assainissement et sans prétraitement. Il a été estimé que 4,8 Mm3/an d’eaux industrielles étaient
rejetées dans les cours d’eau de la Medjerdah (DGEQV, 2018). Ces rejets concernent surtout des
industries agro-alimentaires (laiteries, huileries, conserveries de tomates et sucreries) ainsi que des
industries textiles.

Dans cette région, au regard des différentes rejets hydriques affectant les eaux de surface, les EUT
sont plutôt perçues comme une source de pollution qu’une ressource potentielle. Bien qu’il y ait
des réticences à la REUT, il faut aussi noter qu’il existe des exploitations illicites des eaux usées
brutes ou traitées qui ont été déclarées lors des entretiens régionaux à Jendouba, au Kef et à Bizerte.
Ce paradoxe illustre la diversité des salutations locales dans cette région en termes d’accès aux eaux
conventionnelles et aux perceptions des agriculteurs des EUT.

15.3.2 Des rejets dans les lagunes littorales à surveiller


2 lagunes littorales dans le gouvernorat de Bizerte reçoivent des rejets hydriques urbains et industriels :

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

 Le lac de Bizerte, pour lequel un programme de dépollution est en cours. Les interventions
concernent notamment la maîtrise des rejets industriels et la mise à niveau des STEP de Bizerte,
Menzel Bourguiba et Mateur (BEI, 2013).
 La lagune de Ghar El Melh, soumise à l’eutrophisation sous l’effet des rejets terrestres. Elle est
notamment le milieu récepteur de la STEP de Aousja (Moussa, Baccar, & Ben Khemis, 2005).

La carte ci-après synthétise les problématiques environnementales liées aux rejets d’eaux usées dans
la zone du Nord-ouest.

436

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15.4 VALORISATIONS POSSIBLES DES EUT EN FONCTION DES DIFFERENTS CONTEXTES


TERRITORIAUX DU NORD-OUEST
Le territoire du Nord-Ouest (gouvernorats de Bizerte, Beja, Jendouba, Kef et Siliana) a été découpé en
pratique en 6 sous-zones cohérentes en termes d’assainissement, de contexte environnemental et
socio-économique, indiquées sur la carte suivante :

437

L’inventaire des valorisations possibles des EUT présentées dans cette partie a été alimenté par
l’atelier de concertation régional qui a eu lieu le 8 avril 2021. Cet atelier a été l’occasion d’échanger
avec les acteurs du territoire sur les valorisations des EUT à privilégier dans chacune des sous zones
étudiées.

15.4.1 Sous zone 1 : Pôle urbain de Bizerte et Menzel Bourguiba


Ressources en eau
Les besoins en eau sont importants pour alimenter cette zone urbaine de Bizerte. Les ressources
souterraines sont surexploitées, notamment 3 nappes phréatiques : Aousja – Ghar El Meleh, Oued
Guenniche et Ras Jebel. Le déficit total s’élève à 15,3 Mm3/an.

Le potentiel de REUT est significatif avec 13 Mm3 produits en 2020 et 20 Mm3 en 2050.

Agriculture
L’agriculture de la sous zone est diversifiée, à la fois en sec (polyculture – élevage) et en irrigué
(dominance des cultures maraichères). Cependant, la pression foncière est forte sur les terres
agricoles pour étendre le pôle urbain de Bizerte et les ressources en eau des barrages ne sont plus
suffisantes pour alimenter l’ensemble des périmètres irrigués.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Autres activités économiques


Cette zone est le pôle industriel majeur de la région et rassemble de nombreuses zones industrielles
(Zarzouna, Utique, Menzel Bourguiba, Tinja, etc.). La zone touristique de Bizerte s’étend sur le littoral
avec une petite capacité hôtelière de 4 000 lits, dont une extension de 1 200 lits est prévue.

Environnement
Un soutien hydrologique du lac d’Ichkeul est effectué afin de sauvegarder les écosystèmes de ce
parc naturel national protégé. L’apport d’eau est effectué par lâchers des eaux des barrages de
Joumine, Sejnene et Ghezala depuis 1995. Les apports recommandés sont de 80 à 120 Mm3/an (ANPE,
2008). Cependant, les apports ont été seulement de 87 Mm3 sur la période de 1995 à 2007.

Quant à la lagune de Ghar El Meleh, elle a subit une réduction considérable de l’apport des eaux
continentales avec la déviation des eaux de la Medjerdah et l’aménagement de lacs collinaires. Le
déficit est estimé à 14 Mm3/an (EAU 2050). La STEP de Aousja rejette dans cette lagune.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le pôle urbain de Bizerte
et Menzel Bourguiba, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard
du contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 123 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 1 : pôle urbain de Bizerte et Menzel Bourguiba

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  1.a  :  Réhabilitation  du  PPI  existant  avec  174 ha aménagés pour fourrages (élevage bovin) 


des EUT  
Si exploitation, utilisation de 19 % des EUT de la STEP de 
PPI Sidi Ahmed  Bizerte en 2020, 12 % en 2050  
438
Idée  1.b  :  Substitution  des  eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  substituable, 
conventionnelles pour l’irrigation  en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 :  
Substitution  par  des  EUT (ou  mélange  avec  ces  Arboriculture (dont oliviers) : 90 % en 2020 (1 900 ha), 120 
EUT)  des  eaux  de  barrage  pour  l’irrigation  des  % en 2050 (2 500 ha)  
périmètres existants 
Céréales : 4x les superficies irriguées en 2020 (7 200 ha), 
5x en 2050 (9 600 ha) 
Fourrages : 3x les superficies irriguées en 2020 (1 600 ha), 
4x en 2050 (2 200 ha) 

Idée 1.c : Développement du maraichage avec  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  substituable, 


les EUT  en utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 :  
Substitution  par  des  EUT  des  eaux  de  barrage  Maraichage : 55 % en 2020 (2 200 ha), 73 % en 2050 (2 900 
pour  l’irrigation  des  périmètres  maraîchers  ha)  
existants 

Idée 1.d : Recharge des nappes de Aousja, Oued  Si  utilisation  à  100  %  des  EUT  de  la  STEP  de  Aousja : 
Guenniche et Ras Jebel  réduction du déficit de la nappe de Aousja de 30 % en 2020 
et de 47 % en 2050 ou réduction du déficit de la nappe de 
Aménagement  des  oueds  pour  favoriser 
Ras Jebel de 74 % en 2020 et de 120 % en 2050 
l’infiltration  ou  utilisation  des  sites  existants 
pour les eaux conventionnelles   Si  utilisation  à  100  %  des  EUT  de  la  STEP  de  Menzel 
Bourguiba :  réduction  du  déficit  de  la  nappe  de  Oued 
Guenniche de 62 % en 2020 et de 96 % en 2050 

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prospective - Version définitive
15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 1.e : Usages industriels  Actions  prévues  dans  le  cadre  du  programme  de 


dépollution  du  Lac  de  Bizerte  pour  limiter  les  rejets 
Traitement  et  réutilisation  des  eaux  usées 
industriels 
industrielles en circuit fermé 
Cimenterie  El Fouledh :  156 000  m3/an  prélevés  dans  les 
Utilisation de la STEP de Menzel Bourguiba pour 
nappes, soit 5 % des EUT de la STEP de Menzel Bourguiba 
la cimenterie El Fouledh 
en 2020, 3 % en 2050 

Idée  1.f :  Valorisation  environnementale  par  Pour le Lac Ichkeul, apport entre 9 et 13 % des besoins en 


soutien hydrologique de zones humides  eaux  écologiques  par  les  STEP  de  Bizerte  et  Menzel 
Bourguiba en 2020, entre 13 et 21 % en 2050 
Lac Ichkeul et lagune de Ghar El Melh 
Pour la lagune de Ghar El Melh, apport de 14 % des besoins 
en eaux écologiques par la STEP de Aousja en 2020, entre 
24 % en 2050 

On discute ci-après de l’opportunité de ces différentes idées de valorisations des EUT au regard du
contexte territorial.
Une première orientation possible serait de remplacer les eaux de barrages par les EUT dans des
périmètres existants pour irriguer des fourrages pour développer l’élevage bovin, ou de l’arboriculture.
Le périmètre irrigué avec les EUT abandonné de Sidi Ahmed pourrait être réhabilité afin de valoriser
l’existant. A plus long terme, avec une amélioration des traitements des STEP, l’autorisation de
l’irrigation des cultures maraîchères pourrait être envisagée au regard de l’occupation du sol de la
sous zone.
Une deuxième possibilité serait de dédier les flux d’EUT à des usages environnementaux. La
recharge de nappe est possible afin de limiter l’intrusion du biseau salé marin dans les nappes littorales 439
surexploitées, recharge qui est déjà pratiquée avec des eaux conventionnelles. Cet usage a d’ailleurs
été plébiscité par les acteurs lors de l’atelier de concertation régional au vu de l’état critique de ces
nappes, tant en termes quantitatifs que quantitatifs. Du soutien hydrologique aux zones humides de
Ichkeul et Ghar El Melh est aussi envisageable, avec l’assurance que la qualité des rejets soit
compatible avec les exigences de ces milieux naturels. Pour le lac Ichkeul, cela nécessiterait de modifier
les lieux de rejets des STEP de Bizerte et de Menzel Bourguiba, qui rejettent actuellement dans le lac
de Bizerte.
Connaissant les impacts des activités industrielles dans le lac, une solution préconisée dans le
programme de dépollution est le recyclage des eaux en circuit fermé pour les principales industries
(cimenterie El Fouledh, STIR, SCB, etc.).

15.4.2 Sous zone 2 : Beja et Ouest de Bizerte


Ressources en eau
Cette sous zone regroupe 9 grands barrages d’une capacité actuelle totale de 1 300 Mm3, dont le plus
grand du pays (Sidi Salem). Les eaux souterraines ne sont pas surexploitées.

Le potentiel de REUT est faible mais en augmentation avec la création de nouvelle STEP projetées.
La production d’EUT, de 6 Mm3 en 2020, passera à 9,5 Mm3 en 2050.

Agriculture
Cette zone est la première région productrice en blé au niveau national. C’est aussi une zone
fourragère et d’oliveraies en sec. Dans les périmètres irrigués, la production maraichère est
importante.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous zone de Beja et
de l’Ouest de Bizerte, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard
du contexte qui vient d’être exposé.

Tableau 124 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 2 : Beja et Ouest de Bizerte

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  2.a  :  Réhabilitation  des  PPI  existants  Bouteffaha :  354  ha  aménagés  pour  grandes  cultures.  Si 
avec des EUT  exploitation, utilisation de 18 % des EUT de la STEP de Beja en 
2020, 13 % en 2050  
PPI  de  Bouteffaha,  Medjez  El  Bab  et 
Teboursouk  Medjez  El  Bab :  100  ha  aménagés  pour  des  oliviers ?  Si 
exploitation, utilisation de 36 % des EUT de la STEP de Medjez 
El Bab en 2020, 31 % en 2050  
Teboursouk :  60  ha  aménagés  pour  des  oliviers.  Si 
exploitation, utilisation de 44 % des EUT de la STEP de Testour 
en 2020, 38 % en 2050  

Idée  2.b  :  Substitution  des  eaux  Part  de  la  superficie  irriguée  actuellement,  substituable,  en 
conventionnelles pour l’irrigation  utilisant 100% du potentiel EUT 2020 et 2050 :  
Substitution  par  des  EUT  (ou  mélange  avec  Arboriculture (dont oliviers) : 24 % en 2020 (900 ha), 31 % en 
ces EUT) des eaux de barrage pour l’irrigation  2050 (1 200 ha) 
des périmètres existants 
Grandes  cultures  :  28  %  en  2020  (3 500  ha),  37  %  en  2050 
(4 600 ha) 

440 Idée 2.c : Création de nouveaux PI proches  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


des STEP 
Oliviers : en 2020, 2 100 ha ; en 2050, 2 800 ha 
Arboriculture, fourrages, irrigation d’appoint 
Fourrages : en 2020, 800 ha ; en 2050,1 000 ha 
pour les céréales 

Au regard du caractère agricole de la sous zone, l’irrigation directe semble la possibilité de REUT
la plus évidente. La priorité serait la réhabilitation des périmètres existants dans les zones de
Bouteffaha, Medjez El Bab et Teboursouk, comme discuté avec le CRDA de Beja lors des entretiens
régionaux et de l’atelier de concertation. Vu les possibilités de recours aux eaux conventionnelles par
les agriculteurs (eaux de barrage ou eaux pluviales), les valorisations possibles restantes dépendront
des opportunités qui se dégageront STEP par STEP : apports complémentaires dans des périmètres
irrigués existants ou création de nouveaux périmètres pour l’irrigation de fourrages, d’arbres fruitiers ou
de céréales.

15.4.3 Sous zone 3 : Littoral de Tabarka à Nefza


Ressources en eau :
Le littoral du Nord-Ouest de Tabarka à Nefza est la sous zone avec la plus forte pluviométrie du pays
(800 à 1 200 mm/an). Le potentiel de REUT est très faible au regard des autres ressources en eau
avec 1,3 Mm3 produits en 2020 et 2,3 Mm3 en 2050.

Agriculture
Les surfaces agricoles sont réduites dans cette zone entre plaines littorales marécageuses et zones
montagneuses. La céréaliculture est dominante. On peut néanmoins noter l’introduction récente des
agrumes dans la délégation de Tabarka.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Tourisme
Cette zone est la principale zone touristique de la région du Nord-Ouest avec le pôle balnéaire de
Tabarka où un golf est alimenté par les EUT. Une zone touristique est aussi projetée à Zouaraa avec
un autre golf.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le littoral de Tabarka à
Nefza, idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui
vient d’être exposé.

Tableau 125 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 3 : littoral de Tabarka à Nefza

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 3.a : Création de nouveaux PI proches des  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 
STEP 
Oliviers : en 2020, 70 ha ; en 2050, 260 ha 
Arboriculture,  fourrages,  irrigation  d’appoint 
Fourrages : en 2020, 30 ha ; en 2050, 100 ha 
pour les céréales 

Idée 3.b : Irrigation des golfs   Utilisation de 100 % des EUT de la STEP de Tabarka en 2020 
et  quantité  insuffisante,  potentiel  d’utilisation  de  100  % 
1 existant et 1 projeté 
aussi en 2050 
Si irrigation de 1 golf à Zouaraa, utilisation de 70 % des EUT 
de la STEP de Nefza en 2050 

Les opportunités de valorisations agricoles étant limitées, la vocation touristique de la sous zone tend à
dédier les EUT à l’irrigation des golfs. Les EUT restantes pourront aider à développer des espaces 441
verts municipaux afin d’améliorer le cadre de vie. Cependant, il est à noter que le Golf de Tabarka ne
reçoit déjà pas assez d’EUT en période de pointe.

15.4.4 Sous zone 4 : Jendouba


Ressources en eau
La pluviométrie dans la sous zone de Jendouba est abondante comparé au reste du pays. 5 Grands
barrages sont aménagés et 3 autres sont en phase d’étude. Les ressources souterraines ne sont
pas surexploitées. Le potentiel de REUT est faible avec 3,2 Mm3 produits en 2020 et 5 Mm3 en
2050.

Agriculture
Les grandes cultures en sec sont dominantes et l’irrigation d’appoint est en cours de
développement afin de pallier les aléas climatiques. Arrive ensuite l’arboriculture et notamment les
oliviers, ainsi qu’une introduction récente des agrumes. Il existe des déficits fourragers pour les petits
et moyens élevages bovins.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour la sous zone de Jendouba,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Tableau 126 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 4 : Jendouba

Traduction des flux d’EUT en valorisations 
Idées de valorisation des EUT 
potentielles 

Idée  4.a  :  Création  de  nouveaux  PI  à  proximité  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


des STEP 
Oliviers : en 2020, 740 ha ; en 2050, 1 150 ha 
Irrigation  d’appoint  des  céréales  et  oliviers, 
Fourrages : en 2020, 280 ha ; en 2050, 430 ha 
fourrages  

Idée  4.b :  Rejets  dans  l’oued  Medjerdah  et  ses   


affluents, utilisations indirectes en agriculture 

L’acceptabilité sociale pour la REUT est faible dans cette sous zone vu l’accessibilité à des
ressources conventionnelles. D’ailleurs, le niveau d’exploitation des infrastructures hydrauliques est lui-
même faible pour l’agriculture malgré les ressources disponibles. Les opportunités de d’irrigation
directe avec les EUT seront donc limitées. Des opportunités locales peuvent cependant apparaître
en agriculture ou pour le reboisement : pour la zone de Oued Mliz par exemple, les enquêtes ont
identifiées l’intérêt des agriculteurs pour réutiliser les EUT de la future STEP. Le bassin versant de la
Medjerdah est le milieu récepteur des EUT de la sous zone, elles peuvent être donc valorisées de
manière indirecte via les pompages dans l’oued. La priorité pour cette sous zone reste la conformité
des rejets d’EUT afin de limiter la pollution de la Medjerdah.

15.4.5 Sous zone 5 : Gouvernorat du Kef


Ressources en eau
442
Les ressources en eau du gouvernorat du Kef sont moindres par rapport au reste de la région
Nord-Ouest. 1 seul grand barrage est présent d’une capacité de 51 Mm3. Les ressources souterraines
ne sont exploitées qu’à hauteur de 70 % mais cela cache certaines disparités locales, comme pour les
nappes de Bled Abida et Bled Charène qui sont surexploitées à hauteur respectivement de 172 %
et 136 %. De plus, ces nappes sont contaminées par des polluants agricoles (DGEQV, 2018), ce qui a
entrainé des interdictions de création de nouveaux puits de surface sur certaines zones. Le potentiel
de REUT est faible avec 4 Mm3 en 2020 et 8 Mm3 en 2050.

Agriculture
La céréaliculture est dominante dans ce gouvernorat, puis viennent ensuite les oliviers et les
fourrages. Les rendements de ces cultures sont fortement soumis aux conditions climatiques
annuelles. L’agriculture irriguée a fortement progressée malgré une sous exploitation des
infrastructures hydrauliques. Il existe aussi un déficit fourrager pour les élevages des petits ruminants.

Activités industrielles
Le gouvernorat est peu industrialisé mais une unité d’extraction de phosphates est projetée à l’horizon
2030 à Sra Ouertane.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le gouvernorat du Kef,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Tableau 127 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 5 : Gouvernorat du Kef

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée  5.a  :  Création  de  nouveaux  PI  à  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


proximité des STEP 
Arboricoles : en 2020, 600 ha ; en 2050, 1 100 ha 
Irrigation  d’appoint  des  céréales  et  des 
Oliviers : en 2020, 1 400 ha ; en 2050, 2 300 ha 
oliviers, fourrages, arboriculture 
Fourrages : en 2020, 500 ha ; en 2050, 850 ha 

Idée  5.b :  Recharge  des  nappes  de  Bled  Si utilisation à 100 % des EUT de la future STEP de Dahmani, 


Abida et Bled Charène  réduction du déficit de la nappe de Bled Abida de 90 % en 2050 
Aménagements  dans  les  oueds  pour  Si  utilisation  des  EUT  de  la  future  STEP  de  Tajerouine, 
favoriser l’infiltration  comblement du déficit de la nappe de Bled Charène en 2050 

Idée 5.c : Réutilisation industrielle  La totalité des EUT produites par le gouvernorat représentent 
12 % des besoins de l’industrie en 2020 et 22 % en 2050 
Future unité de phosphates de Sra Ouertane 

Les besoins en eau et l’acceptabilité sociale de la REUT sont très variables dans ce gouvernorat.
Des opportunités locales peuvent apparaître comme le développement de nouvelles activités
économiques (extraction du phosphate par exemple). Pour l’agriculture, les acteurs ont mentionné lors
de l’atelier de concertation régional que le sud du gouvernorat était plus soumis au stress hydrique. Des
possibilités d’irrigation d’appoint pour des céréales, des oliviers ou des fourrages pourraient
apparaitre avec la création des STEP projetées. La priorité pour cette sous zone reste l’extension du
parc épuratoire pour éviter les rejets d’eaux usées brutes et la contamination des nappes vulnérables.
443
15.4.6 Sous zone 6 : Gouvernorat de Siliana
Ressources en eau
Les ressources en eau du gouvernorat de Siliana sont moindres par rapport au reste de la région
Nord-Ouest 3 grands barrages sont présents avec une capacité totale de 42 Mm3. Le potentiel de
REUT est faible avec 2,3 Mm3 produits en 2020 et 5,6 Mm3 en 2050.

Agriculture
L’économie du gouvernorat de Siliana est axée sur l’agriculture. Les systèmes agricoles de ce
gouvernorat sont extensifs avec la dominance des céréales, puis des oliviers et des fourrages. Les
rendements de ces cultures sont fortement soumis aux conditions climatiques annuelles. L’irrigation
d’appoint se pratique pour les céréales et les oliviers dans périmètres dits semi-intensifs.

Le tableau ci-dessous liste les idées de valorisations des EUT possibles pour le gouvernorat de Siliana,
idées établies à l’issue des entretiens et enquêtes régionaux ainsi qu’au regard du contexte qui vient
d’être exposé.

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

Tableau 128 : Possibilités de valorisation des EUT pour la sous zone 6 : Gouvernorat de Siliana

Idées de valorisation des EUT  Traduction des flux d’EUT en valorisations potentielles 

Idée 6.a : Réhabilitation, intensification  87  ha  aménagés  pour  fourrages  et  irrigation  d’appoint  des 
et  extension  du  PPI  existant  avec  des  oliviers et céréales. Utilisation actuelle de 5 % des EUT de la STEP 
EUT   de  Siliana,  potentiel  d’utilisation  de  20  %  des  EUT  si 
intensification à 100 % en 2020, 10 % en 2050  
PPI de Mediouna sur la STEP de Siliana 

Idée  6.b  :  Création  de  nouveaux  PI  à  Nouveaux PI potentiels, en utilisant 100% des EUT : 


proximité des STEP 
Arboricoles : en 2020, 320 ha ; en 2050, 700 ha 
Irrigation  d’appoint  des  céréales  et 
Oliviers : en 2020, 730 ha ; en 2050, 1 600 ha 
oliviers, fourrages  
Fourrages : en 2020, 270 ha ; en 2050, 600 ha 

Au regard du caractère agricole de la sous zone, l’irrigation directe semble la possibilité de REUT
la plus évidente. La priorité serait l’intensification du périmètre existant avec des EUT grâce à la
réhabilitation de la STEP de Siliana. Vu les possibilités de recours aux eaux conventionnelles par les
agriculteurs (eaux de barrage ou eaux pluviales), les valorisations possibles restantes dépendront des
opportunités qui se dégageront en considérant de manière particulière chacune des STEP :
apports complémentaires dans des périmètres irrigués existants ou création de nouveaux périmètres
pour l’irrigation de fourrages, d’arbres fruitiers ou de céréales.

444

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15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

15.4.7 Synthèse des valorisations possibles des EUT par sous zones
La carte ci-dessous rappelle de manière illustrée les idées de valorisations possibles des EUT qui ont
été proposées pour chaque sous zones et montre la variété des possibilités en fonction des contextes
territoriaux.

Figure 103 : Synthèse des valorisations des EUT possibles par sous zones du Nord Ouest

445

15.5 CONCLUSION SUR LA SITUATION DE LA ZONE DU NORD-OUEST ET LES


OPPORTUNITES DE DEVELOPPEMENT DE LA REUT

15.5.1 Le développement local de la REUT, une action qui restera marginale dans la
gestion l’eau à l’échelle de la région
La région du Nord-Ouest est considérée comme le « château d’eau » de la Tunisie grâce à
l’abondance de ces ressources en eau de surface, exportées dans des zones déficitaires du pays,
Grand Tunis, Cap Bon, Sahel. Les volumes en jeu d’EUT produites restent modestes face aux
ressources en eau globales de la zone : ils représentent 2 % des ressources en eau de surface et
souterraines, sachant que le bilan hydrique de la zone est excédentaire.

Si l’on se place à une échelle interrégionale, le développement de la REUT dans ces zones
dépendantes des Eaux du Nord permettrait de diminuer effectivement les prélèvements pour
l’agriculture et de conserver les eaux conventionnelles pour des usages exigeants en qualité
comme l’AEP.

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prospective - Version définitive
15. ETUDE PROSPECTIVE DE LA REUT POUR LA ZONE DU NORD-OUEST

A l’échelle de la zone du Nord-Ouest, l’enjeu lié aux EUT se situe surtout dans l’amélioration du taux
de raccordement aux réseaux d’assainissement collectif pour les communes rurales et la réduction
de la pollution liée aux rejets des eaux usées. Comme observé lors des différentes étapes de
concertation de l’étude sur la zone du Nord-Ouest, les échanges ont souvent porté sur les impacts
négatifs actuels des rejets d’eaux usées et les risques environnementaux et sanitaires rattachés, plutôt
que sur leur possible valorisation. Cela montre que ces eaux usées sont encore beaucoup perçues
comme des sources de pollution des eaux conventionnelles plutôt qu’une potentielle ressource
en eau. De nombreuses craintes ont notamment été exprimées sur la responsabilité des EUT dans la
contamination des eaux des barrages et des eaux de nappes.

15.5.2 Des EUT à gérer localement en fonction des opportunités à saisir à proximité
des STEP
Le bilan hydrique régional excédentaire masque cependant quelques disparités locales, comme les
zones au sud des gouvernorats du Kef et de Siliana ou le littoral de Bizerte qui subissent un stress
hydrique lors des années sèches. Au regard de l’orientation très agricole de la région, les propositions
de valorisations possibles des EUT pour cette zone portent surtout sur des substitutions par les EUT
d’eaux conventionnelles dans des périmètres existants ou des créations de nouveaux
périmètres. Pour le pôle urbain de Bizerte notamment, qui concentrera près de 45% des EUT de la
région à l’horizon 2050, il existe des possibilités de substitution dans des périmètres irrigués
existants qui peinent déjà à s’alimenter par les eaux des barrages les années sèches.

Pour les STEP restantes de la zone, il est difficile de définir une orientation stratégique globale car
les choix de valorisations des EUT dépendront des contextes territoriaux et sociaux à proximité de
chaque STEP. Les enjeux de REUT liés à ces STEP n’étant pas des enjeux nationaux au vu des
volumes produits, ni même régionaux, il conviendrait de laisser la gestion de ces EUT à un niveau
plus local afin de saisir rapidement les opportunités de valorisation qui pourront se présenter.
Par exemple, des nouveaux usages industriels peuvent être envisagés en lien avec le développement
économique de la région (extraction de phosphates dans le gouvernorat du Kef). Pour les STEP rejetant
446 directement dans les cours d’eau de la Medjerdah, des valorisations indirecte de ces EUT pourront être
suffisantes s’il n’y a pas de demandes explicites d’usagers d’exploiter ces eaux, à condition de garantir
la conformité des EUT à la norme de rejet dans les milieux récepteurs.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Partie D. Eléments d’aide à la décision pour des grandes


orientations nationales ou régionales en matière de REUT

16. ANALYSES COUTS BENEFICES


Nous développons dans ce chapitre une approche Coûts-Bénéfices qui vise à enrichir l’aide à la
décision sur les stratégies de REUT à déployer sur le territoire tunisien.

Nous conduirons l’approche du point de vue de la collectivité dans son ensemble. Il s’agira en effet de
mesurer l’intérêt du projet en incluant les coûts et bénéfices pour l’usager de l’eau, mais aussi les
externalités, c’est-à-dire les coûts et bénéfices indirects pour les populations, les activités économiques
et l’environnement.

Le principe général de la démarche est identique à celui déployé en Phase 1-Diagnostic pour les
analyses coûts bénéfices qui visaient à analyser des projets existants. Il s’agit de comparer un projet
de REUT avec une situation de référence, dite aussi situation contrefactuelle. Pour conduire l’analyse,
il est ainsi nécessaire de déterminer au minimum deux situations (on reprend ici la description du
principe déjà présentée en Phase 1) :
 une situation de référence, « sans réutilisation des eaux usées traitées »,
 une situation de projet, « avec réutilisation des eaux usées traitées ».

Les gains ou pertes du projet sont évalués comme suit (illustré dans la figure ci-dessous) :
 calcul, dans un premier temps, pour chacune des deux situations :
- des avantages et des coûts,
- de la différence entre les avantages et les coûts pour la situation sans projet (Δ1) et pour la
447
situation avec projet (Δ2),
 calcul de la « différence des différences » (Δ2 – Δ1), qui constitue la Valeur Actualisée Nette du
projet considéré (VAN). Ce calcul peut conduire à une valeur positive (projet présentant un gain
économique par rapport à la situation de référence) ou à une valeur négative (projet présentant
une perte économique par rapport à la situation de référence).

Pour procéder aux analyses, nous avons construit un modèle intégré sous tableur. Ce modèle intégré
permet de modifier très facilement des paramètres de calculs. On peut ainsi étudier facilement la
sensibilité des résultats en faisant varier le coût de l’énergie, le coefficient d’actualisation, le coût de
stockage d’un m3 d’eau, le rendement d’une oliveraie irriguée, le prix de vente de telle culture, le coût
de la pollution associée au rejet d’un effluent en mer etc...

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16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Comme souligné dans la publication Plan Bleu Condom, Lefevre, Vandome, 2012, La REUT en
Méditerranée : retour d’expériences et aide à l’élaboration de projets « par nature les externalités et
impacts qualitatifs des projets [de REUT] sont difficiles ou très coûteux à estimer et à quantifier. »

Nous rappelons ci-après les principales externalités qui sont en principe à considérer. Ce tableau
reprend des éléments de la « Grille d’analyse économique – ACB sociale pour des projets de REUT »
contenue dans la publication Plan Bleu. Nous indiquons pour chaque sujet comment nous les avons
prises en compte.

Externalités négatives (coûts)


Sujets Prise en compte dans la présente approche
Hausse de l’incidence des Mentionné pour mémoire mais non chiffré
maladies hydriques
Campagne d’information et Chiffré sur la base de prix d’ordre
Santé
de prévention
Sécurité sanitaire vis-à-vis Prise en compte des coûts d’analyse.
de la qualité des produits
Contamination des sols Mentionné pour mémoire mais non chiffré
Pollution olfactive Mentionné pour mémoire mais non chiffré
Le projet REUT peut conduire à de moindres consommations
d’énergie du fait qu’on se retrouve à utiliser une ressource plus
proche. Il peut au contraire induire plus de dépenses d’énergie,
en particulier dans le cas où les eaux doivent être transférées
loin des STEP qui les produisent. Tous ces aspects sont pris en
compte dans le bilan Carbone qui est conduit sur les dépenses
d’énergie, en situation de référence et en situation avec projet.
Cette approche intègre sept postes de dépenses d’énergie qui
peuvent potentiellement intervenir dans l’ACB : traitement III,
Emission de GES transfert (EUT et/ou autre ressource), émissaire en mer (qui
peut nécessiter un relevage au départ pour permettre ensuite
448 Environnement un écoulement gravitaire), dessalement, potabilisation post-
dessalement, irrigation.
Calcul en kWh de l’énergie électrique consommée par les
différents postes cités ci-avant x émission de GES/kWh en
Tunisie (émission de 0.463 kgC02eq par kWh électrique
produit. Source : Agence Internationale de l’Energie - 2013 -
CO2 emissions from fuel combustion – hightlights) puis
Valorisation de la tonne de CO2eq à 50 euros.
Contamination des eaux Mentionné pour mémoire mais non chiffré
souterraines
Réduction du débit des Mentionné pour mémoire mais non chiffré. Quand les rejets se
cours d’eau qui constituait font sur le littoral ce point ne se pose pas. Dans cas des
les milieux de rejet des gouvernorats situés plus à l’intérieur des terres ce point peut se
EUT poser.
Mentionné pour mémoire mais non chiffré. La REUT peut en
effet conduire à des tensions autour d’une même ressource (par
Conflits d’usage
exemple irrigation versus usage pour l’industrie des
Social phosphates).
Prise en compte du coût de campagnes d’information et de frais
Problème d’acceptabilité
de communication

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Externalités positives (bénéfices)


Sujets Prise en compte dans la présente approche
Pour les zones littorales : considération d’un coût
évité de 0.15 DT/m3 d’EUTR non rejeté en mer
(source : Bénéfices du traitement des rejets en mer,
Les cahier du Plan Bleu, juillet 2010). NB : Nous
avons considéré seulement ¼ du coût indiqué dans
la publication, qui avait été utilisée en Phase1, dans
Réduction de la pollution du milieu de la mesure où nous avons également pris en compte
rejet. la construction d’un émissaire. Cette hypothèse
concernant une externalité complexe à quantifier
pourra être rediscutée.
Pour les oueds : considération d’un coût évité de
0.06 DT/m3. (estimation par BRLi du coût de
traitement additionnel nécessaire pour traiter les
rejets d’EUT dans l’oued).
Quand la REUT conduit à moins utiliser une
ressource, celle-ci peut du coup être libérée pour un
Diminution de la pression sur les eaux autre usage on considère la valeur d’usage de cette
de surface et souterraines. ressource.
Environnement
On a considéré généralement une valorisation par
le prix de l’eau potable.
Prise en compte de l’effet séquestration par le
développement du couvert végétal quand on
apporte l’irrigation.
Valorisation liée à la séquestration de carbone :
15 DT/ha/an pour une surface cultivée non irriguée,
30 DT/ha/an pour une surface irriguée.
Séquestration carbone Valorisation liée à la lutte anti-érosion : 21 DT/ha/an
et pour une surface cultivée non irriguée, 42 DT/ha/an
Lutte anti-érosion pour une surface irriguée. 449
Source : Daly H., IRAM (2015) Formulation du
Programme de Gestion des Ressources Naturelles
dans les Territoires Ruraux Vulnérables de Tunisie.
Note sur l’évaluation économique des bénéfices de
l’action GRN du programme
Maintien de l’agriculture périurbaine. Mentionné pour mémoire mais non quantifié dans
Création d’emplois. notre approche.
Social
Contribution à la sécurité alimentaire Mentionné pour mémoire mais non chiffré
Verdissement des paysages Mentionné pour mémoire mais non chiffré
Réduction de la consommation de Prise en compte dans le calcul de valorisation
fertilisants du fait de l’apport de agricole (réduction de la dépense en engrais).
Agronomie nutriments par les EUT.
Contrôle de la désertification Mentionné pour mémoire pour les projets
concernés mais non chiffré

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Le tableau ci-après précise, pour les autres éléments techniques pris en compte dans le modèle, les
grands traits de la méthodologie qui a été retenue.

Sujet Approche
Prise en compte du coût complet (investissement, renouvellement, exploitation dont énergie)
du traitement tertiaire associé à un des scénarios technologiques exposés en amont dans le
rapport et permettant d’atteindre un niveau de qualité A, B, C, D ou E. Le choix du scénario
est établi en fonction de l’usage considéré dans l’analyse. On pourra par exemple choisir le
REUT - scénario de traitement « B-B2 » dans le cas d’un projet d’arboriculture, « B-A2 » dans le cas
Traitement d’un projet de maraichage ou « B-A1 » dans le cas d’une réutilisation industrielle où les
agents d’exploitation sont en contact avec l’eau.
Les coûts liés à l’assainissement en amont du traitement tertiaire ne sont pas pris en compte
car supposés exister en l’absence de projet de REUT.
Prise en compte de coûts en ordre de grandeur liés aux campagnes d’information, aux
REUT – Autres campagnes de vaccination des usagers et aux analyses pour le contrôle tout au long de la
coûts filière REUT (eau brute, eau traitée au niveau secondaire, eau traitée au niveau tertiaire,
produits issus de l’utilisation de l’eau réutilisée).
Connaissant le débit et le volume à transférer et la hauteur géométrique du transfert,
dimensionnement automatique de l’ensemble canalisation/station de pompage par un calcul
d’optimisation actualisé sur 30 ans prenant en compte les coûts de la canalisation, les coûts
Transfert de la station de pompage et le coût de l’énergie.
Chiffrage sur la base de prix d’ordre du coût d’investissement pour la canalisation et la station
de pompage. Intégration du renouvellement et des coûts d’exploitation dont énergie.
Connaissant à l’échelle mensuelle les flux d’EUT à réutiliser et les besoins en EUT, le modèle
recherche le volume de régulation à mettre en place, susceptible de répondre au besoin de
Stockage stockage quand la production d’EUT est supérieure à la demande et de déstockage quand
intersaisonnier les besoins sont supérieurs à la production d’EUT.
des EUT
Chiffrage sur la base de prix d’ordre du coût d’investissement. Intégration du renouvellement
et des coûts d’exploitation.
450 Calcul de la valeur actualisée nette en soustrayant les coûts aux recettes. Les recettes sont
calculées par la multiplication d’une surface, d’un rendement et d’un prix de vente. Les coûts
sont calculés sur la base d’un coût d’exploitation total à l’hectare (variable selon la culture
considérée) multiplié par la surface considérée. Dans le cas d’une utilisation d’EUT pour
l’irrigation, nous avons supposé (i) que les EUT conduisait à un rendement supérieur à celui
Agriculture obtenu avec des eaux issues du milieu naturel et (ii) qu’elles permettaient une économie sur
les coûts d’engrais.
Dans le cas d’un projet intégrant de la construction d’un nouveau périmètre irrigué, le modèle
intègre les coûts d’investissement, de renouvellement et d’exploitation (dont énergie) de ce
périmètre. Les coûts d’investissement sont calculés sur la base de prix d’ordre à l’hectare.
Calcul de la valeur actualisée nette en soustrayant les coûts aux recettes. Les recettes sont
calculées par la multiplication d’un nombre de tête produits annuellement par un prix de vente
Elevage
par tête. Les coûts sont calculés sur la base d’un coût d’exploitation total par tête (variable
selon le type d’élevage considéré) multiplié par le nombre de têtes.
Coût d’une Le coût d’une telle ressource (par exemple pour une ressource issue du transfert des eaux
ressource du Nord) a été estimé sur la base de coûts intégrés trouvés dans la bibliographie, coûts
(autres que de supposés prendre en compte les coûts d’investissement et d’exploitation.
EUT) en eau
déjà en place
Prise en compte du coût complet (investissement, renouvellement, exploitation dont énergie)
Dessalement
sur la base de prix d’ordre.
Potabilisation Prise en compte du coût complet (investissement, renouvellement, exploitation dont énergie)
postérieure à un sur la base de prix d’ordre.
traitement
tertiaire d’EUT
Emissaire en Prise en compte du coût complet (investissement, renouvellement, exploitation dont énergie)
mer sur la base de prix d’ordre.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

L’analyse est conduite sur 30 ans et inclut un calcul d’actualisation. Le taux considéré est de 3%.

Trois questions sont successivement abordées. Elles balayent des questionnements récurrents dans
les débats sur la REUT en Tunisie.

16.1 ACB N°1 : EMISSAIRE EN MER VS TRANSFERT : EST-IL INTERESSANT DE


TRANSFERER DES EUT A X KM DU LITTORAL POUR IRRIGUER DES OLIVERAIES
ACTUELLEMENT NON IRRIGUEES ?
CONTEXTE - QUESTION
Cette première analyse porte sur la question des transferts d’eau vers des zones dépourvues de
ressources. La situation se rencontre par exemple largement dans la zone Sahel-Sfax. D’importantes
quantités de REUT sont générées sur le littoral et sont actuellement, pour l’essentiel des volumes,
rejetées en mer. Ce rejet a un coût, environnemental, économique et social. Transférer les EUT vers
l’intérieur des terres pour irriguer des nouvelles zones irriguées aura aussi des coûts mais permettra de
générer une valeur ajoutée agricole et supprimera le rejet en mer.

Dans cette approche nous mettons ainsi en balance,


 d’une part : les conséquences négatives liées au fait de ne pas réutiliser des EUT : pollution
littorale et/ou nécessité de construire un émissaire pour conduire les rejets au large ;
 avec d’autre part : la valeur ajoutée apportée par l’irrigation sur des oliveraies actuellement non
irriguées. Cette valeur est liée à une hausse du rendement et, dans une moindre mesure, à une
baisse des intrants. Il y a toutefois des coûts pour obtenir ce bénéfice : le transfert des eaux vers
les oliveraies concernées, le stockage de ces eaux en dehors des périodes d’utilisation, la mise 451
en place d’un réseau d’irrigation.

DEFINITIONS DES SITUATIONS OBJET DE L’ACB


Les deux situations définies pour conduire l’analyse sont les suivantes :
 Référentiel :
- Rejet de 40 Mm3 d’EUT en mer après un traitement secondaire.
- Mise en place d’un émissaire en mer pour conduire le rejet au large.
- Externalités négatives liées au rejet en mer.
- Culture d’oliviers de 5600 ha d’oliviers en sec à l’intérieur des terres.
 Projet :
- Traitement tertiaire de 40 Mm3 d’EUT par le process technologique « B-B1 » (tambour filtrant
sable + UV).
- Irrigation de 5 600 ha d’olivier situés à l’intérieur des terres et non irrigués initialement. Mise
en culture de fourrages sous oliviers sur 50% de cette surface. Elevages en bovins et ovins
sur la base de la production fourragère générée.
- Les besoins en eau nets considérés sont de 4000 m3/ha pour les oliviers seuls et de
7500 m3/ha pour les surfaces en olivier + fourrage. En intégrant les efficiences des systèmes
d’adduction et d’irrigation (efficience globale de 0.81 pour l’irrigation de la partie en oliviers
seules et de 0.72 pour la partie en oliviers + fourrage), ces besoins unitaires conduisent à un
besoin de 40 Mm3 d’eau sur les surfaces considérées (les surfaces ont été choisies afin
d’arriver à ce total).
- Transfert des 40 Mm3 à une distance « x » du littoral. Nous ferons varier cette distance « x »
dans l’approche qui est conduite afin de rechercher la limite du système en termes de
rentabilité économique.

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16. ANALYSES COUTS BENEFICES

- Stockage inter-saisonnier de 30% du volume annuel d’EUT (12.5 Mm3). Ce volume est obtenu
par analyse croisée des flux d’EUT et des besoins en eau dans le périmètre d’irrigation.

Référence à une situation réelle


Le volume de 40 Mm3 considéré correspond au volume cumulé à l’horizon 2050 des STEP de Msaken
et Sousse Hamdoun situées proche du littoral dans la zone d’étude Sahel-Sfax. La zone littorale
voisine de ces deux STEP subit actuellement les conséquences des d’EUT.

Les zones situées plus à l’intérieur des terres au droit de ces STEP comprennent de très larges surfaces
en oliveraies potentiellement intéressées pour procéder à de l’irrigation.

RESULTATS
Dans un premier jeu de calcul, on prend en compte à la fois le coût de l’émissaire en mer et les
externalités négatives liées au rejet en mer supposées égales à 0.15 DT/m3 rejeté.

Sous ces hypothèses, la longueur maximale de transfert qui permet de garder un différentiel
économique positif (c’est-à-dire une VAN positive) entre la situation avec projet et la situation
de référence est de 27 km. En d’autres termes, pour un transfert de longueur supérieur à
27 km de km, le projet ne devient pas intéressant économiquement.

Le graphe suivant montre la VAN (valeur actuelle nette) du projet en fonction de la longueur du transfert.

Le graphe montre qu’au-delà de 27 km la VAN devient négative.

452

Les résultats détaillés sont précisés dans les tableaux et graphe suivants, présentés pour une longueur
de transfert de 27 km (avec donc un différentiel quasi nul entre projet et référence selon ce qui vient
d’être exposé).

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16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Valeurs actualisées nettes sur 30 ans et Différentiel (présentation synthétique)
REFERENCE PROJET DIFFERENTIEL
Référentiel :  Projet : 
Zone cultivée de  même zone de 
5200 ha avec des  5200 ha, irriguée 
(DNT) oliviers non  par des EUT avec 
irrigués.  transfert.
Rejet des EUT en 
mer.
c Traitement III EUT                  ‐   ‐  172 238 000  ‐  172 238 000 
c Mesures connexes en lien avec la REUT                  ‐   ‐      2 523 000  ‐      2 523 000 
c Transfert vers les zones d'usage des EUT                  ‐   ‐  217 396 000  ‐  217 396 000 
c Stockage des EUT                  ‐   ‐    67 343 000  ‐    67 343 000 
c Investissement réseau irrigation avec EUT                  ‐   ‐    74 517 000  ‐    74 517 000 
c Coût de la ressource actuelle                  ‐                    ‐                    ‐  
c Emissaire en mer ‐   202 320 000                   ‐     202 320 000 
c Externalités environnementales négatives ‐   125 857 000  ‐    62 575 000      63 282 000 
b Externalités environnementales positives        3 780 000        7 558 000        3 778 000 
b VAN agricole hors investissement réseau irrigation      36 743 000    302 891 000    266 148 000 
BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES ‐   287 654 000  ‐  286 143 000 
VAN DU PROJET                         1 511 000        1 511 000 
RATIO BENEFICES / COÛTS                  1,0 
longueur transfert :                     27,00  km
400 000 000

200 000 000

453
DT (somme actualisée sur 30 ans)

0
Stockage des EUT

Investissement réseau irrigation avec EUT

BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES
Traitement III EUT

Mesures connexes en lien avec la REUT

Transfert vers les zones d'usage des EUT

Coût de la ressource actuelle

Emissaire en mer

VAN DU PROJET
VAN agricole hors investissement réseau
Externalités environnementales négatives

Externalités environnementales positives

‐200 000 000
irrigation

‐400 000 000

‐600 000 000
REFERENCE
PROJET
‐800 000 000

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Coûts et bénéfices pris en compte ans l'ACB (présentation détaillée)
Référentiel :  Projet :  Différentiel 
c : coût Zone cultivée de 5200 ha avec des  même zone de 5200 ha, irriguée  entre Projet et Référentiel
Unités
b : bénéfice oliviers non irrigués.  par des EUT.
Rejet des EUT en mer.
par m3 total par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans
Traitement III EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,112           134 488 000     0,112         134 488 000 
énergie  kWh/m3 kWh                        ‐                          ‐                0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,013              15 182 000     0,013           15 182 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,019              22 568 000     0,019           22 568 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,144           172 238 000     0,144         172 238 000 
Autres frais liés au projet REUT (Analyses, vaccination, information…)
c coût autre frais DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,002                2 523 000     0,002             2 523 000 
Transfert des EUT vers les zones d'usage
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,080              96 073 000     0,080           96 073 000 
énergie  kWh/m3 kWh                         ‐                          ‐                 0,519           622 801 281     0,519        622 801 281 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,082              98 492 000     0,082           98 492 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,019              22 831 000     0,019           22 831 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,181           217 396 000     0,181         217 396 000 
Stockage intersaisonnier des EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,046              54 977 000     0,046           54 977 000 
coût exploitation DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,010              12 366 000     0,010           12 366 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,056              67 343 000     0,056           67 343 000 
Emissaire en mer
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                     0,151         181 440 000                    ‐                             ‐   ‐   0,151  ‐       181 440 000 
énergie  kWh/m3 kWh                    0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                     0,010           12 300 000                    ‐                             ‐   ‐   0,010  ‐         12 300 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                     0,007             8 580 000                    ‐                             ‐   ‐   0,007  ‐           8 580 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                     0,169         202 320 000                    ‐                             ‐   ‐   0,169  ‐       202 320 000 
Productions agricoles
b Production cultures DNT          89 233 000           419 920 000         330 687 000 
c Charge cultures (dont fertilisant) hors irrigation DNT          52 490 000           185 815 000         133 325 000 
b Production élevage DNT                        ‐            198 231 000         198 231 000 
c Charge élevage DNT                        ‐               71 847 000           71 847 000 
Irrigation : coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,062              74 517 000     0,062           74 517 000 
Irrigation : énergie  kWh/m3 kWh                         ‐                          ‐                 0,259           311 111 000     0,259        311 111 000 
Irrigation : coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,041              49 200 000     0,041           49 200 000 
Irrigation : coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,007                8 398 000     0,007             8 398 000 
c Irrigation : total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                 0,110           132 115 000     0,110         132 115 000 
sous total agricole (bénéfice) ‐ (coût)          36 743 000           228 374 000         191 631 000 
Externalités environnementales négatives
énergie traitement tertiaire kWh/m3 kWh                         ‐                          ‐                 0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
énergie transfert kWh/m3 kWh                         ‐                          ‐                 0,519           622 801 000     0,519        622 801 000 
énergie irrigation kWh/m3 kWh                         ‐                          ‐                 0,259           311 111 000     0,259        311 111 000 
énergie émissaire kWh/m3 kWh                    0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 

454 énergie totale
émission GES total
kWh/m3
kgCO2é/m3
kWh
kgCO2é
                   0,065 
                    0,030 
         77 778 000 
         36 011 000 
              0,858 
              0,397 
      1 029 912 000 
         476 849 000 
   0,793 
   0,367 
       952 134 000 
       440 838 000 
émission GES total DNT/m3 DNT                     0,004             4 726 000                0,052              62 575 000     0,048           57 849 000 
pollution milieu récepteur DNT/m3 DNT                     0,101         121 131 000                    ‐                             ‐   ‐   0,101  ‐       121 131 000 
contamination des sols ***
contamination des eaux souterraines **
c sous total externalités environnementales négatives        125 857 000              62 575 000  ‐         63 282 000 
Externalités environnementales positives
séquestration de carbone DNT            1 575 000                3 149 000             1 574 000 
lutte contre érosion DNT            2 205 000                4 409 000             2 204 000 
libération d'une ressource milieu récepteur DNT/m3 DNT                         ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
b sous total externalités environnementales négatives            3 780 000                7 558 000             3 778 000 
Autres externalités en particulier sociales
b emplois créés ou sauvegardés ***
b contribution à la sécurité alimentaire ***
b évitement de l'exode rural **

Il ressort de l’analyse de ces résultats détaillés les points suivants sur la structuration de l’équilibre entre
coûts et bénéfices :
 Le différentiel de valeur actualisée nette agricole s’élève à environ 265 MDT (sans intégrer le coût
d’investissement du nouveau réseau d’irrigation).
Ce montant reste très inférieur aux coûts liés directement au projet EUT, qui sont : leur traitement
(172 MDT), leur transfert (217 MDT), leur stockage (67 MDN), les frais additionnels (analyses,
communication …) (2.5 MDT) et le réseau d’irrigation (75 MDT), soit un total d’environ 535 MDT.
En d’autres termes, si on regarde strictement les coûts directs liés à l’irrigation des zones
actuellement non irriguées 26 , en ignorant les coûts liés aux rejets des EUT dans la
situation de référence27, le projet coûte 2 fois ce qu’il rapporte sur le plan agricole (535 /
265). Les bénéfices liés à la hausse des rendements agricoles et à la baisse des dépenses en
intrants ne compensent donc pas les coûts de la REUT.

26 C’est-à-dire les coûts complets de la REUT : coûts d’investissement, d’exploitation et de maintenance


27 C’est-à-dire les coûts de l’émissaire en mer et les externalités négatives générées par les rejets dans les eaux littorales

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

 Les résultats sont très différents si on considère maintenant les coûts associés à la situation de
référence et l’ensemble des externalités qui ont été quantifiées. C’est là tout l’intérêt d’une telle
approche ACB.
Il apparait en effet que la prise en compte des coûts induits par la mise en place d’un
émissaire (202 MDT) et les externalités négatives associés aux rejets (125 MDT)
conduisent à rendre le projet REUT intéressant économiquement selon les hypothèses
retenues et ce même si le projet REUT génère lui-même également des externalités
environnementales négatives (62 MDT) liées essentiellement aux émissions de gaz à effet de
serre qu’il entraine (environ 475 000 tonnes de CO2eq sur 30 ans soit 15 000 tonnes par an).

ET EN PRATIQUE SUR LE TERRAIN ?


Le schéma ci-dessous montre sur le fond de carte agricole de la Tunisie des cercles de 25 km appuyés
sur l’ensemble de STEP Msaken - Sousse Hamdoun. La carte met en évidence (en vert) les surfaces
en olivier.

455

La faisabilité effective d’un tel projet restera bien sûr à étudier plus en détail mais il ressort dès à présent
qu’il existe a priori des surfaces en oliveraies dans les limites considérées.

ANALYSE DE SENSIBILITE
Le modèle construit permet de faire varier facilement les paramètres et il est donc possible d’étudier sa
sensibilité à divers paramètres.

Coût du stockage
Ce coût reste particulièrement difficile à estimer et est susceptible de fortes variations selon les
contextes. L’hypothèse de base retenue est un coût d’investissement de 5 DT/m3 stocké.

On fixe la longueur du transfert à 20 km. Le graphe suivant montre, toutes choses égales par ailleurs,
comment la VAN varie quand on fait varier le coût du stockage. La VAN devient négative pour un coût
de stockage supérieur à 10 DT/m3 stocké.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Le second graphe ci-après indique comment la longueur maximale de transfert pour garder un projet
au seuil de rentabilité (celle qui conduit à une VAN nulle) varie quand on fait varier le coût du stockage.
L’analyse montre que quand le coût de stockage passe de 5 DT/m3 stocké à 10 DT/m3 stocké la
longueur passe de 27 à 20 km. Autrement dit, pour un coût de stockage de 5 DT/m3, le projet présente
une VAN supérieure à 0, si le transfert n’excède pas 27 km. Dans le cas où le coût de stockage est de
10 DT/m3, le projet n’est rentable que si la longueur de transfert est inférieure 20 km. Le doublement
du coût de stockage entraine donc une baisse de 7 km du « périmètre de rentabilité du projet REUT ».

27

456

Rendement des oliviers irrigués


On fixe la longueur du transfert à 20 km. Le graphe suivant montre, toutes choses égales par ailleurs,
comment la VAN varie quand on fait varier le rendement de l’olivier irrigué par les EUT, supposé égal à
4 T/ha dans le calcul de base présenté plus haut. La VAN s’annule en dessous de 3.4 T/ha.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Le second graphe ci-après indique comment la longueur maximale de transfert pour garder un projet
au seuil de rentabilité (celle qui conduit à une VAN nulle) varie quand on fait varier le rendement de
l’olivier irrigué par les EUT. L’analyse montre que, en ordre de grandeur, la longueur maximale de
transfert qui permet un projet rentable augmente de 10 km quand le rendement de l’olivier irrigué
augmente de 1 T/ha.

CONCLUSIONS - ACB n°1 : Emissaire en mer vs Transfert : Est-il intéressant de transférer des
EUT à x km du littoral pour irriguer des oliveraies actuellement non irriguées ?

Dans le cas simulé, on note les conclusions suivantes :


 Avec les hypothèses de base du modèle : il est plus intéressant de transférer les EUT sur
une longueur de 27 km maximum pour irriguer les oliveraies plutôt que de construire un 457
émissaire en mer. Si la longueur du transfert est supérieure à 27 km, le projet de REUT n’est
plus intéressant économiquement.
 En doublant le coût du stockage (10 DT/m3 au lieu de 5 DT/m3 dans l’hypothèse de base),
le « périmètre de rentabilité du projet REUT » baisse de 27 km à 20 km. Autrement dit, le
doublement du coût de stockage entraine donc une baisse de 7 km du périmètre de rentabilité.

 Lorsque l’on fait varier le rendement des oliveraies irriguées, la longueur maximale de
transfert pour garder un projet au seuil de rentabilité augmente de 10 km quand le rendement
de l’olivier irrigué augmente de 1 T/ha. Pour un transfert de 20 km, la VAN s’annule en
dessous de 3.4 T/ha.

De manière générique, il ressort qu’un projet de développement agricole situé à l’intérieur des
terres valorisant des EUT peut être rentable au regard d’une situation de référence où on
cherche à se débarrasser des EUT en mer. La rentabilité effective du projet est très sensible
à la valorisation agricole, c’est-à-dire dans notre cas au rendement qu’atteindront les
oliveraies grâce à l’irrigation.

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16. ANALYSES COUTS BENEFICES

16.2 ACB 2 : EUT VS RESSOURCE CONVENTIONNELLE - EST-IL INTERESSANT DE


REMPLACER UNE RESSOURCE CONVENTIONNELLE PAR DES EUT SUR UN
PERIMETRE IRRIGUE EXISTANT ?

16.2.1 ACB n°2A : Cas d’un territoire en forte tension hydrique qui envisage de
mettre en place du dessalement pour son alimentation en eau potable
CONTEXTE - QUESTION
Dans cette deuxième analyse, nous étudions l’intérêt de la substitution, pour des usages d’irrigation
déjà en place, de ressources conventionnelles par des EUT.

Il s’agit de mettre en balance :


 d’une part : les conséquences négatives liées au fait de ne pas réutiliser des EUT : pollution des
milieux de rejet et/ou nécessité de construire un émissaire pour conduire les rejets au large,
utilisation pour l’irrigation d’une ressource qui pourrait servir à la production d’eau potable, alors
même que le pays en manque et s’apprête à multiplier des unités de dessalement ;
 avec d’autre part : le coût du traitement lié à la REUT et la production de gaz à effet de serre qu’il
entraine du fait de la consommation énergétique associée.

Référence à des situations réelles


Cette situation se rencontre très fréquemment en Tunisie, en particulier dans trois régions avec de forts
enjeux :

458  Sahel-Sfax : on utilise des eaux en provenance du barrage de Nebhana pour l’irrigation de
périmètres irrigués alors qu’il existe une forte tension entre usages pour partager les eaux de
ce barrage et que dans cette zone également on projette la construction de nouvelles unités de
dessalement ;

 Cap Bon : on fait venir les eaux du Nord pour irriguer des orangers alors que des EUT pourraient
être utilisées pour cet usage et qu’elles sont aujourd’hui rejetées à la mer avec des plages
fermées à la baignade ;

 Tunis : à environ 20 km de Tunis, on utilise des eaux de surface dans la vallée de la Medjerda
pendant que des gros volumes d’EUT de l’agglomération de Tunis sont rejetés à la mer et qu’on
s’apprête à mettre en place des émissaires dans le Golfe pour les éloigner du littoral.

NB : pour les zones de Tunis et du Cap Bon le dessalement n’est pas forcément envisagé à ce stade.
Ce pourquoi nous avons introduit également le cas d’étude ACB n°2B détaillé au sous-chapitre suivant.

DEFINITIONS DES SITUATIONS OBJET DE L’ACB


Les deux situations définies pour conduire l’analyse sont les suivantes :
 Référentiel :
- Rejet de 40 Mm3 d’EUT en mer après un traitement secondaire ;
- Mise en place d’un émissaire en mer pour conduire le rejet au large ;
- Externalités négatives liées au rejet en mer des EUT ;
- Irrigation de périmètres irrigués à partir d’une ressource superficielle éloignée.
- Construction d’une unité de dessalement d’une capacité de 40 Mm3 / an en vue de fournir en
eau potable le territoire considéré qui se trouve en déficit pour son AEP.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

 Projet :
- Traitement tertiaire de 40 Mm3 d’EUT par le process technologique « B-B1 » (filtration à
tambour + UV) adapté pour l’irrigation de périmètres arboricoles ;
- Irrigation des mêmes périmètres irrigués à partir des EUT produites par ce traitement en
replacement des ressources conventionnelles utilisées jusqu’alors. On fera l’hypothèse dans
un premier temps que ces EUT sont produites sur place. On testera dans un second temps
comment le résultat évolue si on doit ajouter un coût de transfert à ces EUT.
NB : Dans la présente analyse, on fait l’hypothèse que l’utilisation des EUT n’entraine pas de
différence sur la production agricole, qui est donc supposée identique dans la situation de
référence (irrigation avec de l’eau conventionnelle) et dans la situation avec projet (irrigation
avec des EUT). Cette hypothèse est simplificatrice car les deux situations ne sont en effet pas
semblables. L’utilisation des EUT pourra de fait conduire à une hausse des rendements et à
de moindre dépenses en engrais, comme déjà vu. Elle pourra avoir aussi des conséquences
négatives avec un risque de pollution des sols et de la nappe. Cependant le but du présent
calcul ACB est de se concentrer sur le différentiel lié aux ressources en eau et il nous semblait
plus clair, pour le présent cas, de négliger ces différences.
- Stockage intersaisonnier : on fait l’hypothèse qu’un quart du volume doit être stocké. Cette
proportion est obtenue par analyse croisée des flux d’EUT et des besoins en eau dans le
périmètre d’irrigation.
- Le projet permet de libérer 40 Mm3 de la ressource qui était utilisée par les périmètres irrigués
considérés. Cette ressource est désormais utilisée par le territoire, ce qui va éviter la
construction d’une unité dessalement. L’eau potable est produite dans ce cas par
potabilisation de la ressource libérée.

RESULTATS
Dans un premier jeu de calcul, on prend en compte à la fois le coût de l’émissaire en mer et les
externalités négatives liées au rejet en mer supposées égales à 0.15 DT/m3 rejeté.
459
Sous ces hypothèses, la VAN du projet est positive, et de l’ordre de 3 milliards de DN.

Ce résultat nous parait fondamental à considérer pour la Tunisie.

En considérant de manière intégrée les différents usages et ressources, en intégrant les EUT
dans cette réflexion et en prenant en compte les coûts d’investissement et de fonctionnement
sur un temps long, il montre que le choix de la REUT peut être extrêmement bénéfique pour les
territoires en évitant des investissements massifs dans le dessalement ou en les repoussant à
plus long terme.

Les résultats détaillés sont précisés dans les tableaux et graphe suivants.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Valeurs actualisées nettes sur 30 ans et Différentiel (présentation synthétique)
REFERENCE PROJET DIFFERENTIEL
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des 
‐ Utilisation d'une  EUT pour 
ressource de  l'irrigation
surface pour  ‐ Libération de la 
(DNT) l'irrigation ressource de 
‐ Construction d'une  surface pour l'AEP
unité de  ‐ Potabilisation de 
dessallement pour  la ressource de 
l'AEP surface
c Traitement III EUT                      ‐   ‐     172 238 000  ‐    172 238 000 
c Mesures connexes en lien avec la REUT                      ‐   ‐         2 523 000  ‐        2 523 000 
c Transfert vers les zones d'usage des EUT                      ‐                       ‐                      ‐  
c Stockage des EUT                      ‐   ‐       54 972 000  ‐      54 972 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Potabilisation Ressource conventionelle                      ‐   ‐     629 482 000  ‐    629 482 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Dessalement ‐   3 279 730 000                      ‐    3 279 730 000 
c Emissaire en mer ‐      202 320 000                      ‐       202 320 000 
c Externalités environnementales négatives ‐      381 037 000  ‐       16 769 000      364 268 000 
b Externalités environnementales positives                      ‐                       ‐                      ‐  
b                      ‐                       ‐                      ‐  
BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES ‐   3 863 087 000  ‐     875 984 000 
VAN DU PROJET                     2 987 103 000   2 987 103 000 
RATIO BENEFICES / COÛTS                    4,5 
460 L (km) 0
4 000 000 000

REFERENCE
3 000 000 000
PROJET

2 000 000 000
DT (somme actualisée sur 30 ans)

1 000 000 000

0
Dessalement
Traitement III EUT

Stockage des EUT

BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES
Potabilisation Ressource

Externalités environnementales

Externalités environnementales
Mesures connexes en lien avec la

Transfert vers les zones d'usage des

Emissaire en mer

VAN DU PROJET
conventionelle

‐1 000 000 000
négatives

positives
REUT

‐2 000 000 000
EUT

‐3 000 000 000

‐4 000 000 000

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Référentiel :  Projet :  Différentiel 


‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des EUT pour  entre Projet et Référentiel
‐ Utilisation d'une ressource de  l'irrigation
c : coût surface pour l'irrigation ‐ Libération de la ressource de 
Unités
b : bénéfice ‐ Construction d'une unité de  surface pour l'AEP
dessallement pour l'AEP ‐ Potabilisation de la ressource de 
surface

par m3 total par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans


Traitement III EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,112           134 488 000     0,112         134 488 000 
énergie  kWh/m3 kWh                          ‐                          ‐                0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,013              15 182 000     0,013           15 182 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,019              22 568 000     0,019           22 568 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,144           172 238 000     0,144         172 238 000 
Autres frais liés au projet REUT (Analyses, vaccination, information…)
c coût autre frais DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,002                2 523 000     0,002             2 523 000 
Transfert des EUT vers les zones d'usage
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Stockage intersaisonnier des EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,037              44 878 000     0,037           44 878 000 
coût exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,008              10 094 000     0,008           10 094 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,046              54 972 000     0,046           54 972 000 
Emissaire en mer
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       0,151         181 440 000                    ‐                             ‐   ‐   0,151  ‐       181 440 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,010           12 300 000                    ‐                             ‐   ‐   0,010  ‐         12 300 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,007             8 580 000                    ‐                             ‐   ‐   0,007  ‐           8 580 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       0,169         202 320 000                    ‐                             ‐   ‐   0,169  ‐       202 320 000 
Dessalement
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       1,202     1 442 581 000                    ‐                             ‐   ‐   1,202  ‐   1 442 581 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      3,500     4 200 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,500  ‐   4 200 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,554         664 200 000                    ‐                             ‐   ‐   0,554  ‐       664 200 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,977     1 172 949 000                    ‐                             ‐   ‐   0,977  ‐   1 172 949 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       2,733     3 279 730 000                    ‐                             ‐   ‐   2,733  ‐   3 279 730 000 
Potabilisation post‐traitement III d'une ressource de surface
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,137           164 172 000     0,137         164 172 000 
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,024              28 466 000     0,024           28 466 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,364           436 845 000     0,364         436 845 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,525           629 482 000     0,525         629 482 000 
Externalités environnementales négatives
énergie traitement tertiaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
énergie transfert kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  

461
énergie irrigation kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie ressource actuelle kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie dessallement kWh/m3 kWh                      3,500     4 200 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,500  ‐   4 200 000 000 
énergie potabilisation EUT post traitement III kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie potabilisation Eau de surface kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
énergie émissaire kWh/m3 kWh                      0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 
énergie totale kWh/m3 kWh                      3,565     4 277 778 000                0,230           276 000 000  ‐   3,335  ‐   4 001 778 000 
émission GES total kgCO2é/m3 kgCO2é                       1,651     1 980 611 000                0,106           127 788 000  ‐   1,544  ‐   1 852 823 000 
émission GES total DNT/m3 DNT                       0,217         259 906 000                0,014              16 769 000  ‐   0,203  ‐       243 137 000 
pollution milieu récepteur DNT/m3 DNT                       0,101         121 131 000                    ‐                             ‐   ‐   0,101  ‐       121 131 000 
contamination des sols ***
contamination des eaux souterraines **
c sous total externalités environnementales négatives        381 037 000              16 769 000  ‐       364 268 000 

Il ressort, de l’analyse des résultats, différents points saillants qui expliquent la VAN élevée du projet :

 Le coût du dessalement est bien plus élevé que la potabilisation d’une ressource de surface
classique. Les coûts intégrés sur 30 ans respectifs de ces deux techniques sont environ
3 280 MDT et 630 MDT, soit un ratio de l’ordre de l’ordre de 5.

 Le coût total lié aux EUT, de l’ordre de 230 MDT (traitement 170 MDT, mesures connexes
2.5 MDT, stockage 55 MDT), reste d’un ordre inférieur.

On peut aussi noter le bénéfice en termes de gaz à effet de serre. Dans la situation de référence,
l’émission totale de CO2eq sur 30 ans en lien avec la consommation énergétique est de près de
2 000 000 tonnes (1 980 611 exactement si on se reporte au tableau détaillé) alors qu’elle n’est que de
l’ordre de 130 000 tonnes dans la situation avec projet (1/3 pour le traitement des EUT, 2/3 pour la
potabilisation de la ressource de surface). Cette différence importante est liée en grande partie à la
consommation en énergie élevée pour le dessalement.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

ANALYSE DE SENSIBILITE
Prise en compte d’un transfert des EUT
Dans la situation de base qui a été modélisée nous avons supposé que les EUT étaient produites à
proximité des périmètres qui les utilisaient.

Il est possible d’intégrer un transfert de ces EUT à l’analyse. Le graphique suivant présente la variation
de la VAN du projet en fonction de la distance de transfert. On fait l’hypothèse que le dénivelé associé
au transfert augmente de manière proportionnelle à la distance avec une pente de 3 m/km (ce qui fait
par exemple un dénivelé de 30 m pour un transfert de 10 km).

Avec les hypothèses retenues, la VAN devient nulle quand le transfert dépasse 320 km.

462

On présente ci-après les résultats détaillés pour un transfert de 150 km (dénivelé de 450 m).

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16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Valeurs actualisées nettes sur 30 ans et Différentiel (présentation synthétique)
REFERENCE PROJET DIFFERENTIEL
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des 
‐ Utilisation d'une  EUT pour 
ressource de  l'irrigation
surface pour  ‐ Libération de la 
(DNT) l'irrigation ressource de 
‐ Construction d'une  surface pour l'AEP
unité de  ‐ Potabilisation de 
dessallement pour  la ressource de 
l'AEP surface
c Traitement III EUT                      ‐   ‐     172 238 000  ‐    172 238 000 
c Mesures connexes en lien avec la REUT                      ‐   ‐         2 523 000  ‐        2 523 000 
c Transfert vers les zones d'usage des EUT                      ‐   ‐  1 187 882 000  ‐ 1 187 882 000 
c Stockage des EUT                      ‐   ‐       54 972 000  ‐      54 972 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Potabilisation Ressource conventionelle                      ‐   ‐     629 482 000  ‐    629 482 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Dessalement ‐   3 279 730 000                      ‐    3 279 730 000 
c Emissaire en mer ‐      202 320 000                      ‐       202 320 000 
c Externalités environnementales négatives ‐      381 037 000  ‐     226 989 000      154 048 000 
b Externalités environnementales positives                      ‐                       ‐                      ‐  
b                      ‐                       ‐                      ‐  
BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES ‐   3 863 087 000  ‐  2 274 086 000 
VAN DU PROJET                     1 589 001 000   1 589 001 000 
RATIO BENEFICES / COÛTS                    1,8 
L (km) 150
4 000 000 000

REFERENCE
463
3 000 000 000
PROJET

2 000 000 000
DT (somme actualisée sur 30 ans)

1 000 000 000

0
Stockage des EUT

Dessalement

BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES
Traitement III EUT

Externalités environnementales

Externalités environnementales
Potabilisation Ressource
Mesures connexes en lien avec la

Transfert vers les zones d'usage des

Emissaire en mer

VAN DU PROJET
conventionelle

‐1 000 000 000
négatives

positives
REUT

‐2 000 000 000
EUT

‐3 000 000 000

‐4 000 000 000

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Coûts et bénéfices pris en compte ans l'ACB (présentation détaillée)
Référentiel :  Projet :  Différentiel 
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des EUT pour  entre Projet et Référentiel
‐ Utilisation d'une ressource de  l'irrigation
c : coût surface pour l'irrigation ‐ Libération de la ressource de 
Unités
b : bénéfice ‐ Construction d'une unité de  surface pour l'AEP
dessallement pour l'AEP ‐ Potabilisation de la ressource de 
surface

par m3 total par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans


Traitement III EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,112           134 488 000     0,112         134 488 000 
énergie  kWh/m3 kWh                          ‐                          ‐                0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,013              15 182 000     0,013           15 182 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,019              22 568 000     0,019           22 568 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,144           172 238 000     0,144         172 238 000 
Autres frais liés au projet REUT (Analyses, vaccination, information…)
c coût autre frais DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,002                2 523 000     0,002             2 523 000 
Transfert des EUT vers les zones d'usage
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,431           517 083 000     0,431         517 083 000 
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 2,883        3 460 007 115     2,883     3 460 007 115 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,456           547 176 000     0,456         547 176 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,103           123 624 000     0,103         123 624 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,990        1 187 882 000     0,990     1 187 882 000 
Stockage intersaisonnier des EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,037              44 878 000     0,037           44 878 000 
coût exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,008              10 094 000     0,008           10 094 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,046              54 972 000     0,046           54 972 000 
Emissaire en mer
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       0,151         181 440 000                    ‐                             ‐   ‐   0,151  ‐       181 440 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,010           12 300 000                    ‐                             ‐   ‐   0,010  ‐         12 300 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,007             8 580 000                    ‐                             ‐   ‐   0,007  ‐           8 580 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       0,169         202 320 000                    ‐                             ‐   ‐   0,169  ‐       202 320 000 
Dessalement
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       1,202     1 442 581 000                    ‐                             ‐   ‐   1,202  ‐   1 442 581 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      3,500     4 200 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,500  ‐   4 200 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,554         664 200 000                    ‐                             ‐   ‐   0,554  ‐       664 200 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,977     1 172 949 000                    ‐                             ‐   ‐   0,977  ‐   1 172 949 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       2,733     3 279 730 000                    ‐                             ‐   ‐   2,733  ‐   3 279 730 000 
Potabilisation post‐traitement III d'une ressource de surface
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,137           164 172 000     0,137         164 172 000 
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,024              28 466 000     0,024           28 466 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,364           436 845 000     0,364         436 845 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,525           629 482 000     0,525         629 482 000 
Externalités environnementales négatives
énergie traitement tertiaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
464 énergie transfert
énergie irrigation
kWh/m3
kWh/m3
kWh
kWh
                          ‐  
                          ‐  
                       ‐  
                       ‐  
              2,883 
                  ‐  
      3 460 007 000 
                          ‐  
   2,883 
       ‐  
   3 460 007 000 
                       ‐  
énergie ressource actuelle kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie dessallement kWh/m3 kWh                      3,500     4 200 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,500  ‐   4 200 000 000 
énergie potabilisation EUT post traitement III kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie potabilisation Eau de surface kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
énergie émissaire kWh/m3 kWh                      0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 
énergie totale kWh/m3 kWh                      3,565     4 277 778 000                3,113        3 736 007 000  ‐   0,451  ‐       541 771 000 
émission GES total kgCO2é/m3 kgCO2é                       1,651     1 980 611 000                1,441        1 729 771 000  ‐   0,209  ‐       250 840 000 
émission GES total DNT/m3 DNT                       0,217         259 906 000                0,189           226 989 000  ‐   0,027  ‐         32 917 000 
pollution milieu récepteur DNT/m3 DNT                       0,101         121 131 000                    ‐                             ‐   ‐   0,101  ‐       121 131 000 
contamination des sols ***
contamination des eaux souterraines **
c sous total externalités environnementales négatives        381 037 000           226 989 000  ‐       154 048 000 

On note que la différence en termes d’émissions de gaz à effet de serre s’est dans ce cas très
resserrée : environ 2 000 000 tonnes de CO2eq dans la situation de référence et 1 700 000 tonnes
dans la situation avec projet. En d’autres termes, dans notre exemple, 150 km de transfert des EUT
génèrent une quantité de gaz à effet de serre du même ordre que celle générée par le
dessalement.

Coût du dessallement
Les hypothèses de coût formulées sur le dessalement retenues dans le calcul sont les suivantes :
 1500 euros/m3/j pour l’investissement avec une répartition de 80% équipement, 20 % génie civil,
 renouvellement de l’équipement tous les 10 ans,
 0.70 €/m3 de coût global de fonctionnement, dont énergie,
 3.5 kWh/m3 pour la consommation énergétique du process.

Ces hypothèses pourront apparaitre élevées.

Nous avons testé comment le résultat du calcul évoluait si on réduisait l’investissement à 1000 €/m3/j,
le fonctionnement à 0.60 €/m3, l’énergie à 3 kWh/m3 et en considérant 2 renouvellements de sur une
période de 30 ans (au lieu de 3 renouvellements).

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Avec ces nouvelles hypothèses la VAN dans la simulation de base passe d’un peu plus de
3 000 MDT à un peu plus de 2 000 MDT, soit une réduction d’un tiers.

Avec ces mêmes hypothèses, nous avons recalculé le graphe présenté ci-après qui montre l’évolution
de la VAN en fonction de la longueur de transfert des EUT.

Avec les hypothèses de coût réduit pour le dessalement, la longueur de transfert des EUT
correspondant à une VAN nulle passe de 320 km à 215 km.

Type de traitement des EUT et type de cultures


Le modèle permet également de faire varier le niveau de traitement des EUT. Toutes choses égales
par ailleurs, le passage d’un traitement B-B2 (filtration sur sable + désinfection) adapté à de 465
l’arboriculture à un traitement B-A2 (microfiltration + UV) adapté à du maraichage conduit à faire passer
la VAN de 2 987 MDT à 2 755 MDT soit une diminution de 10%.

Le graphe présentant la VAN en fonction de la longueur de transfert évolue comme suit :

Avec les hypothèses formulées sur le niveau de traitement, la longueur de transfert des EUT
correspondant à une VAN nulle passe de 320 km à un peu moins de 300 km.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Cumul d’hypothèses tendant à diminuer la VAN


Dans cette dernière simulation, nous cumulons les hypothèses suivantes qui tendant toutes
potentiellement à diminuer la VAN :
 Réduction du coût du dessalement (selon hypothèse déjà explicitée plus haut),
 Traitement des EUT de type B -A2 (microfiltration + UV) adapté à du maraichage,
 Stockage intersaisonnier de 50 % du volume d’EUT (au lieu de 25% comme supposée dans les
hypothèses de base),
 Non prise en compte d’un émissaire et des conséquences environnementales du rejet des EUT.

Sous ces hypothèses, la VAN passe de 3 046 MDT à 1 400 MDT, soit environ une division par 2
et le graphe présentant la VAN en fonction de la longueur de transfert évolue comme suit, où l’on note
que la longueur de transfert des EUT correspondant à une VAN nulle passe de 320 km à 150 km.

466

Les résultats détaillés sont présentés dans les tableaux et graphes suivants (pour un transfert de
longueur nulle, puis pour un transfert de longueur 150 km).

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Résultats détaillés pour un transfert des EUT de longueur nulle

Valeurs actualisées nettes sur 30 ans et Différentiel (présentation synthétique)
REFERENCE PROJET DIFFERENTIEL
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des 
‐ Utilisation d'une  EUT pour 
ressource de  l'irrigation
surface pour  ‐ Libération de la 
(DNT) l'irrigation ressource de 
‐ Construction d'une  surface pour l'AEP
unité de  ‐ Potabilisation de 
dessallement pour  la ressource de 
l'AEP surface
c Traitement III EUT                      ‐   ‐     390 618 000  ‐    390 618 000 
c Mesures connexes en lien avec la REUT                      ‐   ‐         2 523 000  ‐        2 523 000 
c Transfert vers les zones d'usage des EUT                      ‐                       ‐                      ‐  
c Stockage des EUT                      ‐   ‐     109 944 000  ‐    109 944 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Potabilisation Ressource conventionelle                      ‐   ‐     629 482 000  ‐    629 482 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Dessalement ‐   2 344 657 000                      ‐    2 344 657 000 
c Emissaire en mer                      ‐                       ‐                      ‐  
c Externalités environnementales négatives ‐      218 726 000  ‐       30 622 000      188 104 000 
b Externalités environnementales positives                      ‐                       ‐                      ‐  
b                      ‐                       ‐                      ‐  
BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES ‐   2 563 383 000  ‐  1 163 189 000 
VAN DU PROJET  1 400 194 000 
RATIO BENEFICES / COÛTS
                    1 400 194 000 
291                    2,2 
467
L (km) 0
4 000 000 000

REFERENCE
3 000 000 000
PROJET

2 000 000 000
DT (somme actualisée sur 30 ans)

1 000 000 000

0
Stockage des EUT

BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES
Dessalement
Traitement III EUT

Externalités environnementales

Externalités environnementales
Potabilisation Ressource
Mesures connexes en lien avec la

Emissaire en mer
Transfert vers les zones d'usage des

VAN DU PROJET
conventionelle

‐1 000 000 000
négatives

positives
REUT

‐2 000 000 000
EUT

‐3 000 000 000

‐4 000 000 000

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Coûts et bénéfices pris en compte ans l'ACB (présentation détaillée)
Référentiel :  Projet :  Différentiel 
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des EUT pour  entre Projet et Référentiel
‐ Utilisation d'une ressource de  l'irrigation
c : coût surface pour l'irrigation ‐ Libération de la ressource de 
Unités
b : bénéfice ‐ Construction d'une unité de  surface pour l'AEP
dessallement pour l'AEP ‐ Potabilisation de la ressource de 
surface
par m3 total par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans
Traitement III EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,252           302 535 000     0,252         302 535 000 
énergie  kWh/m3 kWh                          ‐                          ‐                0,270           324 000 000     0,270        324 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,043              51 238 000     0,043           51 238 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,031              36 844 000     0,031           36 844 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,326           390 618 000     0,326         390 618 000 
Autres frais liés au projet REUT (Analyses, vaccination, information…)
c coût autre frais DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,002                2 523 000     0,002             2 523 000 
Transfert des EUT vers les zones d'usage
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Stockage intersaisonnier des EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,075              89 756 000     0,075           89 756 000 
coût exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,017              20 188 000     0,017           20 188 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,092           109 944 000     0,092         109 944 000 
Emissaire en mer
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Dessalement
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       0,642         769 957 000                    ‐                             ‐   ‐   0,642  ‐       769 957 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      3,000     3 600 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,000  ‐   3 600 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,474         569 314 000                    ‐                             ‐   ‐   0,474  ‐       569 314 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,838     1 005 385 000                    ‐                             ‐   ‐   0,838  ‐   1 005 385 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       1,954     2 344 657 000                    ‐                             ‐   ‐   1,954  ‐   2 344 657 000 
Potabilisation post‐traitement III d'une ressource de surface
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,137           164 172 000     0,137         164 172 000 
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,024              28 466 000     0,024           28 466 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,364           436 845 000     0,364         436 845 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,525           629 482 000     0,525         629 482 000 
Externalités environnementales négatives
énergie traitement tertiaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,270           324 000 000     0,270        324 000 000 
468 énergie transfert
énergie irrigation
kWh/m3
kWh/m3
kWh
kWh
                          ‐  
                          ‐  
                       ‐  
                       ‐  
                  ‐  
                  ‐  
                          ‐  
                          ‐  
       ‐  
       ‐  
                       ‐  
                       ‐  
énergie ressource actuelle kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie dessallement kWh/m3 kWh                      3,000     3 600 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,000  ‐   3 600 000 000 
énergie potabilisation EUT post traitement III kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie potabilisation Eau de surface kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
énergie émissaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie totale kWh/m3 kWh                      3,000     3 600 000 000                0,420           504 000 000  ‐   2,580  ‐   3 096 000 000 
émission GES total kgCO2é/m3 kgCO2é                       1,389     1 666 800 000                0,194           233 352 000  ‐   1,195  ‐   1 433 448 000 
émission GES total DNT/m3 DNT                       0,182         218 726 000                0,026              30 622 000  ‐   0,157  ‐       188 104 000 
pollution milieu récepteur DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
contamination des sols ***
contamination des eaux souterraines **
c sous total externalités environnementales négatives        218 726 000              30 622 000  ‐       188 104 000 

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Résultats détaillés pour un transfert des EUT d’une longueur de 150 km

Valeurs actualisées nettes sur 30 ans et Différentiel (présentation synthétique)
REFERENCE PROJET DIFFERENTIEL
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des 
‐ Utilisation d'une  EUT pour 
ressource de  l'irrigation
surface pour  ‐ Libération de la 
(DNT) l'irrigation ressource de 
‐ Construction d'une  surface pour l'AEP
unité de  ‐ Potabilisation de 
dessallement pour  la ressource de 
l'AEP surface
c Traitement III EUT                      ‐   ‐     390 618 000  ‐    390 618 000 
c Mesures connexes en lien avec la REUT                      ‐   ‐         2 523 000  ‐        2 523 000 
c Transfert vers les zones d'usage des EUT                      ‐   ‐  1 189 660 000  ‐ 1 189 660 000 
c Stockage des EUT                      ‐   ‐     109 944 000  ‐    109 944 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Potabilisation Ressource conventionelle                      ‐   ‐     629 482 000  ‐    629 482 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Dessalement ‐   2 344 657 000                      ‐    2 344 657 000 
c Emissaire en mer                      ‐                       ‐                      ‐  
c Externalités environnementales négatives ‐      218 726 000  ‐     241 156 000  ‐      22 430 000 
b Externalités environnementales positives                      ‐                       ‐                      ‐  
b                      ‐                       ‐                      ‐  
BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES ‐   2 563 383 000  ‐  2 563 383 000 
VAN DU PROJET                    ‐  
RATIO BENEFICES / COÛTS
                                              ‐  
                   1,0 
469
L (km) 150,2245
4 000 000 000

REFERENCE
3 000 000 000
PROJET

2 000 000 000
DT (somme actualisée sur 30 ans)

1 000 000 000

0
Dessalement
Traitement III EUT

Stockage des EUT

BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES
Externalités environnementales

Externalités environnementales
Potabilisation Ressource
Mesures connexes en lien avec la

Transfert vers les zones d'usage des

Emissaire en mer

VAN DU PROJET
conventionelle

‐1 000 000 000
négatives

positives
REUT

‐2 000 000 000
EUT

‐3 000 000 000

‐4 000 000 000

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Coûts et bénéfices pris en compte ans l'ACB (présentation détaillée)
Référentiel :  Projet :  Différentiel 
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des EUT pour  entre Projet et Référentiel
‐ Utilisation d'une ressource de  l'irrigation
c : coût surface pour l'irrigation ‐ Libération de la ressource de 
Unités
b : bénéfice ‐ Construction d'une unité de  surface pour l'AEP
dessallement pour l'AEP ‐ Potabilisation de la ressource de 
surface
par m3 total par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans
Traitement III EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,252           302 535 000     0,252         302 535 000 
énergie  kWh/m3 kWh                          ‐                          ‐                0,270           324 000 000     0,270        324 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,043              51 238 000     0,043           51 238 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,031              36 844 000     0,031           36 844 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,326           390 618 000     0,326         390 618 000 
Autres frais liés au projet REUT (Analyses, vaccination, information…)
c coût autre frais DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,002                2 523 000     0,002             2 523 000 
Transfert des EUT vers les zones d'usage
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,432           517 857 000     0,432         517 857 000 
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 2,888        3 465 185 592     2,888     3 465 185 592 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,457           547 994 000     0,457         547 994 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,103           123 809 000     0,103         123 809 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,991        1 189 660 000     0,991     1 189 660 000 
Stockage intersaisonnier des EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,075              89 756 000     0,075           89 756 000 
coût exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,017              20 188 000     0,017           20 188 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,092           109 944 000     0,092         109 944 000 
Emissaire en mer
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Dessalement
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       0,642         769 957 000                    ‐                             ‐   ‐   0,642  ‐       769 957 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      3,000     3 600 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,000  ‐   3 600 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,474         569 314 000                    ‐                             ‐   ‐   0,474  ‐       569 314 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,838     1 005 385 000                    ‐                             ‐   ‐   0,838  ‐   1 005 385 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       1,954     2 344 657 000                    ‐                             ‐   ‐   1,954  ‐   2 344 657 000 
Potabilisation post‐traitement III d'une ressource de surface
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,137           164 172 000     0,137         164 172 000 
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,024              28 466 000     0,024           28 466 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,364           436 845 000     0,364         436 845 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,525           629 482 000     0,525         629 482 000 
Externalités environnementales négatives
énergie traitement tertiaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,270           324 000 000     0,270        324 000 000 
470 énergie transfert
énergie irrigation
kWh/m3
kWh/m3
kWh
kWh
                          ‐  
                          ‐  
                       ‐  
                       ‐  
              2,888 
                  ‐  
      3 465 186 000 
                          ‐  
   2,888 
       ‐  
   3 465 186 000 
                       ‐  
énergie ressource actuelle kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie dessallement kWh/m3 kWh                      3,000     3 600 000 000                    ‐                             ‐   ‐   3,000  ‐   3 600 000 000 
énergie potabilisation EUT post traitement III kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie potabilisation Eau de surface kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,150           180 000 000     0,150        180 000 000 
énergie émissaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie totale kWh/m3 kWh                      3,000     3 600 000 000                3,308        3 969 186 000     0,308         369 186 000 
émission GES total kgCO2é/m3 kgCO2é                       1,389     1 666 800 000                1,531        1 837 733 000     0,142         170 933 000 
émission GES total DNT/m3 DNT                       0,182         218 726 000                0,201           241 156 000     0,019           22 430 000 
pollution milieu récepteur DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
contamination des sols ***
contamination des eaux souterraines **
c sous total externalités environnementales négatives        218 726 000           241 156 000           22 430 000 

16.2.2 ACB n°2B : Cas d’un territoire en moindre tension où le dessalement n’est
pas forcément envisagé à ce stade
CONTEXTE - QUESTION
Nous reprenons la même grande question dans le cas précédent (ACB n°2A) mais dans ce nouveau
calcul nous supposons cette fois que le territoire considéré n’est pas obligé de faire appel à du
dessalement pour satisfaire ses besoins en eau.

DEFINITIONS DES SITUATIONS OBJET DE L’ACB


Les deux situations définies pour conduire l’analyse sont les suivantes :
 Référentiel :
- Rejet de 40 Mm3 d’EUT en mer après un traitement secondaire ;
- Mise en place d’un émissaire en mer pour conduire le rejet au large ;
- Externalités négatives liées au rejet en mer des EUT ;

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

- Irrigation de périmètres irrigués à partir d’une ressource superficielle éloignée ;


- Production d’AEP à partir de la même ressource superficielle éloignée.

 Projet :
- Traitement tertiaire de 40 Mm3 d’EUT par le process technologique « B-B1 » (filtration à
tambour + UV) adapté pour l’irrigation de périmètres arboricoles ;
- Irrigation des mêmes périmètres irrigués à partir des EUT produites par ce traitement en
replacement des ressources conventionnelles utilisées jusqu’alors. On fera l’hypothèse dans
un premier temps que ces EUT sont produites sur place. On testera dans un second temps
comment le résultat évolue si on doit ajouter un coût de transfert à ces EUT.
NB : comme dans la précédente analyse (ACB n°2A), on fait l’hypothèse que l’utilisation des
EUT n’entraine pas de différence sur la production agricole, qui est donc supposée identique
dans la situation de référence (irrigation avec de l’eau conventionnelle) et dans la situation
avec projet (irrigation avec des EUT). Cette hypothèse est simplificatrice car les deux
situations ne sont en effet pas semblables. L’utilisation des EUT pourra de fait conduire à une
hausse des rendements et à de moindre dépenses en engrais, comme déjà vu. Elle pourra
avoir aussi des conséquences négatives avec un risque de pollution des sols et de la nappe.
Cependant le but du présent calcul ACB est de se concentrer sur le différentiel lié aux
ressources en eau et il nous semblait plus clair, pour le présent cas, de négliger ces
différences.
- Stockage intersaisonnier : on fait l’hypothèse qu’un quart du volume doit être stocké. Cette
proportion est obtenue par analyse croisée des flux d’EUT et des besoins en eau dans le
périmètre d’irrigation.
- Le projet permet de libérer 40 Mm3 de la ressource qui était utilisée par les périmètres irrigués
considérés. Cette ressource désormais libérée pourra être utilisé par le territoire par exemple
pour satisfaire la croissance de ces besoins en eau potable.
Dans cette optique elle est valorisée dans l’analyse au prix actuel de l’eau potable. On
considère pour cela un prix moyen de 0.65 DT/m3, coût moyen cité à la page 101 du rapport 471
de Diagnostic Volume 3 de l’étude Eau 2050 (prix qui ne prend pas en compte la part fixe de
la facturation AEP). Cette valorisation par le prix de l’AEP pourra être discutée. C’est la
méthode recommandée à la page 37 du document Plan Bleu déjà cité Condom, Lefevre,
Vandome, 2012, La REUT en Méditerranée : retour d’expériences et aide à l’élaboration de
projets.
Cette valorisation des eaux libérées par la REUT est indiquée dans la catégorie « externalités
environnementales positives » dans nos tableaux de résultats.

RESULTATS
Dans un premier jeu de calcul, on prend en compte à la fois le coût de l’émissaire en mer et les
externalités négatives liées au rejet en mer supposées égales à 0.15 DT/m3 rejeté.

Dans ces hypothèses, la VAN du projet s’élève à environ 620 MDT.

Elle est bien moins élevée que dans le cas 2A. Ceci est lié au fait que la ressource reste globalement
suffisamment abondante sur le territoire considéré alors que dans le cas précédent le territoire devait
recourir au dessalement.

Si elle est moins élevée elle reste cependant très largement positive.

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Valeurs actualisées nettes sur 30 ans et Différentiel (présentation synthétique)
REFERENCE PROJET DIFFERENTIEL
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des 
‐ Utilisation d'une  EUT pour 
ressource de  l'irrigation
surface pour  ‐ Libération de la 
(DNT) l'irrigation ressource de 
surface pour le 
territoire (par 
exemple pour de 
l'AEP)
c Traitement III EUT                      ‐   ‐     172 238 000  ‐    172 238 000 
c Mesures connexes en lien avec la REUT                      ‐   ‐         2 523 000  ‐        2 523 000 
c Transfert vers les zones d'usage des EUT                      ‐                       ‐                      ‐  
c Stockage des EUT                      ‐   ‐       54 972 000  ‐      54 972 000 
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c                      ‐                       ‐                      ‐  
c Emissaire en mer ‐      202 320 000                      ‐       202 320 000 
c Externalités environnementales négatives ‐      125 857 000  ‐         5 833 000      120 024 000 
b Externalités environnementales positives                      ‐        524 900 000      524 900 000 
b                      ‐                       ‐                      ‐  
BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES ‐      328 177 000       289 334 000 
VAN DU PROJET                         617 511 000      617 511 000 
RATIO BENEFICES / COÛTS                    3,7 
472 L (km) 0
1 000 000 000

800 000 000 REFERENCE
PROJET
600 000 000
DT (somme actualisée sur 30 ans)

400 000 000

200 000 000

0
Traitement III EUT

Stockage des EUT

BENEFICES ‐ COÛTS ACTUALISES
Externalités environnementales

Externalités environnementales
Mesures connexes en lien avec la

Transfert vers les zones d'usage des

Emissaire en mer

VAN DU PROJET

‐200 000 000

‐400 000 000
négatives

positives
REUT

EUT

‐600 000 000

‐800 000 000

‐1 000 000 000

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prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

Coûts et bénéfices pris en compte ans l'ACB (présentation détaillée)
Référentiel :  Projet :  Différentiel 
‐ Rejet des EUT ‐ Utilisation des EUT pour  entre Projet et Référentiel
c : coût ‐ Utilisation d'une ressource de  l'irrigation
Unités surface pour l'irrigation ‐ Libération de la ressource de 
b : bénéfice
surface pour le territoire (par 
exemple pour de l'AEP)

par m3 total par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans par m3 total sur 30 ans


Traitement III EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,112           134 488 000     0,112         134 488 000 
énergie  kWh/m3 kWh                          ‐                          ‐                0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,013              15 182 000     0,013           15 182 000 
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,019              22 568 000     0,019           22 568 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,144           172 238 000     0,144         172 238 000 
Autres frais liés au projet REUT (Analyses, vaccination, information…)
c coût autre frais DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,002                2 523 000     0,002             2 523 000 
Transfert des EUT vers les zones d'usage
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ hors énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Stockage intersaisonnier des EUT
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,037              44 878 000     0,037           44 878 000 
coût exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,008              10 094 000     0,008           10 094 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,046              54 972 000     0,046           54 972 000 
Emissaire en mer
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                       0,151         181 440 000                    ‐                             ‐   ‐   0,151  ‐       181 440 000 
énergie  kWh/m3 kWh                      0,065           77 778 000                    ‐                             ‐   ‐   0,065  ‐         77 778 000 
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                       0,010           12 300 000                    ‐                             ‐   ‐   0,010  ‐         12 300 000 
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                       0,007             8 580 000                    ‐                             ‐   ‐   0,007  ‐           8 580 000 
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                       0,169         202 320 000                    ‐                             ‐   ‐   0,169  ‐       202 320 000 
Dessalement
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Potabilisation post‐traitement III d'une ressource de surface
coût investissement et renouvellement DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
énergie  kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ énergie DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
coût exploitation ‐ autre DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
c total investissement et exploitation DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐           ‐                          ‐  
Externalités environnementales négatives
énergie traitement tertiaire kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                 0,080             96 000 000     0,080           96 000 000 
énergie transfert kWh/m3 kWh                           ‐                          ‐                     ‐                             ‐          ‐                          ‐  
énergie émissaire
énergie totale
kWh/m3
kWh/m3
kWh
kWh
                     0,065 
                     0,065 
         77 778 000 
         77 778 000 
                  ‐  
              0,080 
                          ‐  
           96 000 000 
‐   0,065 
   0,015 
‐         77 778 000 
         18 222 000 
473
émission GES total kgCO2é/m3 kgCO2é                       0,030           36 011 000                0,037              44 448 000     0,007             8 437 000 
émission GES total DNT/m3 DNT                       0,004             4 726 000                0,005                5 833 000     0,001             1 107 000 
pollution milieu récepteur DNT/m3 DNT                       0,101         121 131 000                    ‐                             ‐   ‐   0,101  ‐       121 131 000 
contamination des sols ***
contamination des eaux souterraines **
c sous total externalités environnementales négatives        125 857 000                5 833 000  ‐       120 024 000 
Externalités environnementales positives
libération d'une ressource milieu récepteur DNT/m3 DNT                           ‐                          ‐                 0,437           524 900 000     0,437         524 900 000 
b sous total externalités environnementales négatives                        ‐            524 900 000         524 900 000 

ANALYSE DE SENSIBILITE
Prise en compte d’un transfert des EUT
Dans la situation de base qui a été modélisée nous avons supposé que les EUT étaient produites à
proximité des périmètres qui les utilisaient.

Il est possible d’intégrer un transfert de ces EUT à l’analyse. Le graphique suivant présente la variation
de la VAN du projet en fonction de la distance de transfert. On fait l’hypothèse que le dénivelé associé
au transfert augmente de manière proportionnelle à la distance avec une pente de 3 m/km (ce qui fait
par exemple un dénivelé de 30 m pour un transfert de 10 km).

Avec les hypothèses retenues, la VAN devient nulle quand le transfert dépasse 65 km.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
16. ANALYSES COUTS BENEFICES

CONCLUSIONS - ACB n°2 : EUT vs Ressource conventionnelle - Est-il intéressant de


remplacer une ressource conventionnelle par des EUT sur un périmètre irrigue existant ?
____________

ACB n°2A : Cas d’un territoire en forte tension hydrique qui envisage de mettre en place du
dessalement pour son alimentation en eau potable

 Avec les hypothèses de base du modèle et sans coût de transfert, la VAN du projet de
est de l’ordre de 3 Milliards DT. Le choix de la REUT apparait bénéfique pour les territoires
car il évite des investissements massifs dans le dessalement ou les repousse à plus long
terme.
474
 En intégrant les coûts de transfert, la VAN devient nulle lorsque la longueur du transfert
dépasse 320 km.

 Avec les hypothèses de coût réduit pour le dessalement, la longueur de transfert des
EUT correspondant à une VAN nulle passe de 320 km à 215 km.

 Avec les hypothèses de hausse du le niveau de traitement (passage de B-B2 à B-A2),


la longueur de transfert des EUT correspondant à une VAN nulle passe de 320 km à un peu
moins de 300 km.

ACB n°2B : Cas d’un territoire en moindre tension où le dessalement n’est pas forcément
envisagé à ce stade

 Avec les hypothèses de base du modèle et sans coût de transfert : la VAN du projet
REUT s’élève à environ 620 MDT. Elle est bien moins élevée que dans le cas n°2A
(3 Milliards DT). Ceci est lié au fait que la ressource reste globalement suffisamment
abondante sur le territoire considéré alors que dans le cas précédent le territoire devait
recourir au dessalement.

 En intégrant les coûts de transfert, la VAN devient nulle lorsque la longueur du transfert
dépasse 65 km.

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prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

17. ELEMENTS DE CONCLUSION


La Tunisie réutilise aujourd’hui moins de 10 % de ses EUT alors que le pays doit se préparer à un climat
encore plus chaud et plus sec, une population qui va consommer plus d’eau potable, des défis de
sécurité alimentaire et qu’il investit déjà dans des infrastructures de dessalement symboles d’un bilan
hydrique déficitaire.

Le volume actuel (2020) des EUT s’élève à près de 300 Mm3. Il pourrait atteindre 650 Mm3 à l’horizon
2050 avec la hausse du nombre de stations d’épuration (passage de 120 à 200) et la hausse des flux
à traiter. La présente phase prospective montre que le pays a tout en main pour donner de la valeur à
ce gisement très important et en faire une ressource à même de participer aux défis à relever.

Dans cette conclusion :


 Nous mettrons en avant cinq messages clés :
- Les EUT constituent effectivement une ressource à même d’améliorer le bilan hydrique du
pays, à condition de choisir les scénarios adaptés ;
- La question de la REUT doit se poser d’abord en termes d’aménagement du territoire et utiliser
tous les outils de la gestion intégrée des ressources en eau pour prendre des choix éclairés
avec les territoires concernés ;
- Les investissements pour le développement de la REUT doivent être raisonnés avec une vue
d’ensemble du cycle de l’eau, via un travail plus étroit entre institutions ;
- Les efforts doivent se concentrer sur 3 grands pôles à enjeu ;
- Des outils techniques, réglementaires, financiers et institutionnels doivent être mis en place
pour garantir le succès de la REUT.
 Nous rappelons ensuite nos principales propositions concernant les outils réglementaires,
institutionnels et économiques,
 Nous évoquons sous une forme illustrée par des articles de journaux fictifs des trajectoires possibles
que pourrait prendre la filière REUT tunisienne dans les années à venir.
475

17.1 MESSAGES CLES


LES EUT - POSSIBLEMENT UN ¼ DES RESSOURCES EN EAU DU PAYS EN 2050 - SONT A
MEME D’AMELIORER LE BILAN HYDRIQUE DU PAYS, A CONDITION DE CHOISIR LES
SCENARIOS DE REUTILISATION ADAPTES
L’analyse prospective de phase 2 met en évidence que les EUT peuvent avoir un fort rôle à jouer sur le
bilan hydrique national, notamment à l’horizon 2050 en considérant les impacts du changement
climatique et l’augmentation des besoins en eau.

Les analyses coûts bénéfices ont aussi permis ce constat en comparant une situation où des périmètres
sont alimentés par des eaux conventionnelles et une situation où ces eaux sont remplacées par des
EUT. Cette perspective a été intégrée dans les scénarios régionaux.

A l’échelle du pays, comme déjà souligné, les EUT représentent dès à présent entre 6 % (année
moyenne) et 11 % (année sèche) du mix de ressources du pays. Cette proportion pourrait être comprise
entre environ 14 % (année moyenne) et 26% (année sèche) à l’horizon 2050, en considérant la
hausse du volume d’EUT produit (passage de 300 à 640 Mm3 par an) et la baisse des ressources
en eau superficielles et souterraines en lien avec le changement climatique (poursuite de la
hausse de l’ETP et possible diminution des précipitations).

Si l’on développe les scénarios les plus ambitieux en termes de substitution, l’usage des EUT
pourrait permettre de réduire, dans une proposition comprise entre 20 % (cas avec impact fort
du changement climatique) et 33 %, le déficit hydrique national (cas avec moindre impact du
changement climatique) à l’horizon 2050.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Ce dernier point est illustré par le tableau et le graphique ci-dessous qui dressent une synthèse des
volumes d’EUT qui pourraient se substituer aux EUT dans les différents scénarios proposés dans le
présent rapport et comparent ces volumes avec les différentes projections de déficits hydriques, par
région, à l’horizon 2050.

Tableau 129 : Comparaison entre (i) les volumes d’eau conventionnelle pouvant être substitués par des EUT selon différents
scénarios régionaux et (ii) les différentes projections de déficit hydrique à l’’horizon 2050
Déficit hydrique projeté en 2050 selon différentes  Volume d'eau conventionnelle substitué par 
hypothèses de changement climatique (Mm3) des EUT en 2050 (Mm3)
Régions (A) Déficit 2020 +  (B) RCP 4.5 +  (C ) RCP 8.5 + 
augmentation des  augmentation des  augmentation des  Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4
besoins en AEP besoins en AEP besoins en AEP
Grand Tunis 83 125 157 170 120 156 100
Cap Bon 127 169 227 23 0 16 ‐
Sahel et Sfax 92 133 201 90 0 16 ‐
Grand Sud 497 544 694 56 13 ‐ ‐ Volume substitué / 
Centre 243 324 384 En fonction des opportunités locales Déficit total
Nord Ouest 0 0 0 En fonction des opportunités locales (A) (B) (C )
Volume max substitué 339 33% 26% 20%
Total Tunisie 1041 1295 1663
Volume min substitué 113 11% 9% 7%

476

Soulignons ainsi une de nos recommandations principales : pour que les EUT participent effectivement
à cette réduction du déficit hydrique, leur réutilisation devra être orientée vers des usages où elles
viendront effectivement en substitution d’autres ressources. Ce point est explicité dans l’encadré ci-
après. La conclusion n’est pas qu’absolument tous les usages des EUT doivent contribuer à de la
substitution mais il nous semble très important d’avoir cette notion à l’esprit dans l’approche stratégique
globale, et, considérant le bilan hydrique actuel de la Tunisie et les perspectives climatiques, il nous
semblerait fondamental qu’une part importante de la politique de REUT vise de la substitution.

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prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Comment faire de la EUT un vecteur effectif d’amélioration du bilan hydrique


national dans un contexte de hausse de la demande et de baisse des
ressources en lien avec le changement climatique ?
Nous insistons sur la nécessité de distinguer avec attention les usages des EUT conduisant à
une réduction effective du déficit hydrique du pays, par la substitution d’une ressource
conventionnelle, et les usages des EUT conduisant à une nouvelle consommation nette d’eau
ne participant pas à l’amélioration du bilan hydrique national comme l’irrigation d’espaces
vers précédemment non irrigués, l’irrigation d’un nouveau périmètre irrigué etc.

Ce point est fondamental pour faire de la REUT un vecteur effectif d’adaptation du pays aux
perspectives d’aggravation du stress hydrique en lien avec le changement climatique et la croissance
démographique et économique.

Le schéma suivant a été présenté dans ce sens lors du COPIL de fin de phase 2 tenu en novembre
2021 à Tunis.

477

Source : BRLi

Dans la partie gauche du schéma (Référence), on décrit la situation de référence dans laquelle une
ville rejette ses eaux usées dans le milieu naturel et où une zone agricole (ou un autre usage) utilise
des eaux conventionnelles pour son irrigation.

Dans le schéma central (Cas 1) on substitue les eaux conventionnelles, utilisées jusque-là sur un
périmètre irrigué, par des EUT. La ressource conventionnelle « libérée » permet à la ville de subvenir
à ses nouveaux besoins. Il y a bien substitution et amélioration du bilan hydrique globale grâce à la
REUT.

Dans le schéma de droite (Cas 2), le périmètre irrigué continue à utiliser les eaux conventionnelles
pour son irrigation, les EUT ne sont plus rejetées dans le milieu naturel (ce qui est en soi un progrès)
mais elles sont cependant utilisées pour créer un nouveau périmètre irrigué. Il y a hausse globale de
la consommation d’eau, et au final, aggravation du bilan hydrique d’un point de vue global. Dans ce
cas, la ville risque d’être obligée d’utiliser une ressource telle que le dessalement pour subvenir à ses
nouveaux besoins.

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prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Soulignons qu’il est en pratique essentiel de tenir compte des particularités propres à ces ressources
potentielles, notamment leur localisation :
 leur répartition est inégale sur le territoire tunisien et les enjeux de la REUT ne seront donc pas
partout les mêmes ;
 leur production est principalement concentrée dans les grands pôles urbains : les EUT sont donc
parfois éloignées des zones de réutilisation potentielle (zones agricoles, zones industrielles, zone
possible de recharge de nappe…) ;
 leur production est principalement concentrée sur le littoral : leur rejet en mer engendrent des
impacts négatifs environnementaux et sur des activités socioéconomiques.

LA QUESTION DE LA REUT DOIT SE POSER D’ABORD EN TERMES D’AMENAGEMENT DU


TERRITOIRE ET UTILISER TOUS LES OUTILS DE LA GIRE POUR PRENDRE DES CHOIX ECLAIRES
AVEC LES TERRITOIRES CONCERNES
Reformulation de la question de la REUT
Les analyses régionales conduites dans les chapitres 10 à 15 ont en effet montré que, pour chaque
zone, les EUT peuvent répondre à des objectifs territoriaux différents en fonction de politique de gestion
de l’eau et d’aménagement du territoire que l’on souhaite y mener. C’est pourquoi il est primordial de
s’imprégner du contexte hydrique et socioéconomique du territoire avant d’envisager d’y exploiter les
EUT.

La question n’est pas : « Pour quel usages devons-nous réutiliser les EUT ? » = Usages agricoles, ou
industriels, ou touristiques…

Mais plutôt : « Quels objectifs territoriaux voulons nous atteindre en réutilisant les EUT ? » = Réduction
du stress hydrique, et/ou développement économique, et/ou réduction de la pollution…
478
Les éléments d’aide à la décision et une démarche au service de la REUT
Nous avons développé dans cette phase d’étude des outils d’aide à la décision et une manière de faire.

En matière d’outils, mentionnons en particulier :


 Une base de données donnant une vision d’ensemble des stations d’épuration du pays, actuelles
et projetées, et permettant de quantifier précisément les flux d’EUT actuels et aux horizons 2025,
2030, 2040 et 2050.
 Un atlas d’environ 60 cartes sur les sujets suivants, croisés avec la localisation des STEP existantes
et projetées : ressources en eau de surface et souterraines, agriculture, industrie, tourisme, impacts
environnementaux et socio-économiques des rejets actuels et futurs,
 Un outil de bilan permettant de cerner les grands termes du bilan hydrique à différentes échelles
géographiques et de mesurer l’enjeu de la REUT en termes de ressources en eau. Cet outil prend
en compte les évolutions possibles des demandes en eau et des ressources en eau selon deux
hypothèses de projection concernant le changement climatique,
 Un inventaire des traitements possibles des EUT, avec une mise en correspondance avec une large
gamme d’usages,
 Une étude de marché détaillée des valorisations possibles des EUT à l’échelle de 34 sous-zones
regroupés au sein de 6 grandes zones, balayant les grandes familles d’usages des EUT et indiquant
les enjeux associés vu du territoire (par exemple à travers des questions comme « quelle part de la
surface en verger est-il possible d’irriguer avec les EUT aujourd’hui et demain ? »),
 Un outil de calcul Coût – Bénéfices dynamique permettant de mettre en lien des avantages et
inconvénients de différentes grandes options d’aménagement du territoire impliquant
potentiellement des EUT.
Il permet de traiter des questions et de dépasser des idées reçues en mettant dans la balance les
coûts directs mais aussi une partie des externalités associées aux projets.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Cet outil agrège des éléments de nombreuses disciplines : traitement des eaux, la potabilisation, le
dessalement, grande hydraulique, irrigation, agriculture associée à la REUT. Il est générique et
dynamique et permet de réaliser facilement des études de sensibilité.

En termes de méthode, rappelons les points suivants :


 La concertation a eu lieu tout au long de la phase d’étude à travers :
- Des réunions de travail avec les acteurs des territoires (gouvernorats, CRDA, ONAS,
associations environnementales, représentant du tourisme, de l’industrie …)
- plus de 300 personnes interrogées lors des enquêtes de terrain, qui ont concerné la quasi-
totalité des gouvernorats du pays et qui ont permis d’enrichir l’étude de marché et de prendre
le pouls de l’acceptabilité sociale au sujet de la REUT
- la tenue de 6 ateliers régionaux qui ont permis d’enrichir également l’étude de marché et
l’identification des enjeux environnementaux et socio-économiques associés aux rejets
actuels des EUT,
- la tenue de deux ateliers nationaux, le dernier ayant permis des échanges fructueux sur les
questions transversales du réglementaire, de l’institutionnel et du financement,

L’ensemble de ces points ont été l’occasion de cerner le dynamisme des acteurs sur la question et leur
attentes en terme de cadre pour mobiliser plus fortement l’intelligence collective qui est à l’œuvre.
 Nous nous sommes efforcés de développer une approche intégrée tout au long de la démarche :
- L’étude de marché a été conduite en considérant les réalités hydriques (vision d’ensemble
des ressources en eau présentes sur le territoire) et socio-économiques (synthèse sur les
questions de l’agriculture, du tourisme et de l’industrie), pour formuler des propositions de
valorisations en prise avec la réalité des territoires concernés.
- Les ACB réalisées prennent en compte des alternatives en termes de ressources en eau.

Pour la suite
La prospective est un process qui doit s’enrichir en permanence. Les décisions ne sont pas prises une 479
fois pour toute et il s’agit plutôt de rester proactif pour ne pas subir l’avenir mais le choisir.

Il nous semble ainsi, pour la suite du développement de la filière REUT en Tunisie, fondamental de :
 Faire vivre de tels outils d’aides à la décision,
 Poursuivre la démarche de concertation territoriale large initiée par la présente étude.

LES INVESTISSEMENTS POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA REUT DOIVENT ETRE RAISONNES


AVEC UNE VUE D’ENSEMBLE DU CYCLE DE L’EAU, VIA UN TRAVAIL PLUS ETROIT ENTRE
INSTITUTIONS
Le développement de la REUT ne pourra répondre aux enjeux du territoire s’il n’existe pas une étroite
collaboration entre au minimum l’institution chargée de la REUT (aujourd’hui la DGGREE), le ministère
en charge des ressources en eau (aujourd’hui le ministère de l’agriculture, des ressources hydrauliques
et de la pêche), les autres ministères concernés par la REUT (santé, environnement, tourisme,
industrie…), l’ONAS et les organismes en charge de définir les stratégies d’aménagement du territoire.
La cohérence entre les investissements des différents ministères doit particulièrement se poser pour :
 la création et le dimensionnement des émissaires en mer, alors même qu’on souhaite en parallèle
développer la REUT. Concernant les émissaires en mer, le Consultant insiste sur la nécessité
de s’interroger de manière urgente - les projets avancent - sur l’intérêt véritable de ces
ouvrages alors même que le présent Schéma directeur vise une réutilisation beaucoup plus
massive des EUT. Les ACB réalisées dans le cadre de l’étude montrent en effet tout l’intérêt
économique de la REUT en comparaison du développement d’émissaires (chapitre 16.1). Il ne sera
peut-être pas toujours possible d’éviter la construction de l’émissaire au regard des fluctuations des
besoins dans l’année des usages des EUT, cependant, dans ce cas, une concertation doit être
établie pour vérifier son dimensionnement qui pourra certainement être réduit.

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17. ELEMENTS DE CONCLUSION

 le choix des filières de traitement complémentaire et la localisation des nouvelles STEP. En effet,
différents scénarios de traitement sont envisageables dans le contexte tunisien en fonction des
usages mais aussi des contraintes territoriales et économiques. C’est pourquoi la coordination entre
les investissements de l’ONAS pour la réhabilitation et la création de nouvelles STEP et les usages
de l’eau est primordiale pour la réussite des projets de REUT.

DES EFFORTS A CONCENTRER EN PARTICULIER SUR 3 GRANDS POLES A ENJEU


La taille des projets de REUT (en termes de volumes d’EUT réutilisés) sera très variables selon les
territoires.

La présente phase montre clairement qu’il serait illusoire de vouloir atteindre une part significative de
REUT dans le pays en se limitant à des projets de tailles réduites ou se concentrant sur des seuls
usages qui induisent des volumes réduits.

Très pratiquement, nous proposons de distinguer trois grands types de projets qui pourraient être mis
en œuvre.

Type 1 : Des projets « modèles »


Ce sont des projets à petite échelle (quelques dizaines d’ha pour l’agriculture, réutilisation des EUT à
l’échelle d’une industrie, d’un golf, etc.). Ils ont pour objectif de tester de nouvelles valorisations des
EUT et/ou de participer à l’acceptabilité de la REUT par les futurs usagers.

Beaucoup des REUT développée jusque-là en Tunisie rentrent dans ce cadre. Ces projets déjà
existants ou à l’étude sont par exemple :
 Des périmètres irrigués dans différentes régions agricoles pour des cultures arboricoles ou
fourragères dont le taux d’intensification est proche de 100 % (exemple des périmètres irrigués de
Ouardanine à Monastir, El Aguila à Gafsa, Souhil à Nabeul) ;
 Les sites pilotes de recharge de nappe (Souhil et Korba), à réhabiliter ;
480  Le rejet d’EUT pour le soutien hydrologique de la lagune de Korba ;
 Les espaces verts irrigués avec des EUT à Tunis ou Gabes ;
 La réutilisation des EUT dans le secteur industriel avec le GCT à Gabes et Gafsa (en projet) ;
 La réutilisation des eaux industrielles de l’industrie Vitalait pour l’irrigation agricole à Mahdia (en
projet).

D’autres projets pourraient être mis en place pour tester de nouvelles valorisations des EUT non
expérimentées à ce jour en Tunisie et ainsi préparer l’avenir. Par exemple la Réutilisation dans des
zones touristiques : nouvelle zone de Chott Hamrouni prévue au sud de Gabès ou extension des zones
touristiques de Djerba. Ces éléments peuvent avoir un impact déterminant pour des touristes qui
deviendront de plus en plus sensibles aux questions environnementales. Un autre exemple serait la
mise en place des sites pilotes pour l’irrigation du maraîchage avec les EUT.

Type 2 : Des grands projets structurants pour le développement de la REUT


Les expériences existantes en Tunisie ont un intérêt pour développer des usages à un niveau local à
proximité des STEP et pour aider à prendre confiance dans la REUT. Cependant, afin d’augmenter
significativement le taux de réutilisation des EUT l’échelle nationale, il sera nécessaire de développer
des projets de plus grande envergure. Ces projets concerneront quelque grands pôles épuratoires qui
concentrent la majorité des EUT du pays. On peut distinguer des pôles d’importance nationale et des
pôles d’importance régionale.

Des pôles épuratoires d’importance nationale


Il s’agit des pôles urbains du Grand Tunis, du Grand Sousse et Monastir et du Grand Sfax. Ils
concentreront respectivement 34 %, 11 % et 7 % des EUT produites dans le pays potentiellement à
l’horizon 2050. Les choix stratégiques concernant la valorisation de ces EUT doivent impliquer fortement
le niveau national, leur exploitation permettant de participer de manière importante à la réduction du
stress hydrique du pays.

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prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Ce sont des zones qui présentent en effet des bilans hydriques grandement déficitaires et/ou
dépendants des autres régions pour leur alimentation en eau. La REUT pour des usages existants
permettrait de libérer des ressources en eaux conventionnelles pour des usages plus exigeants en
termes de qualités comme l’AEP (eaux conventionnelles en particulier concernées : eaux du Nord, eaux
du barrage Nebhana pour le Sahel, eaux des nappes du Centre pour Sfax …).

Leur réutilisation pourrait aussi aider à la sauvegarde de zones agricoles stratégiques menacées par la
baisse des ressources en eau avec le changement climatique et l’augmentation de besoins en eau
potable (plaines arboricoles de Mornag ou Grombalia, basse vallée de la Medjerdah, zones littorales
maraichères du Sahel, oliveraies de Sfax…).

La mobilisation de ces nouvelles ressources va engendrer des investissements et des coûts


d’exploitation importants, que ce soit en termes de niveau de traitement des EUT ou pour transférer ces
eaux vers les zones de réutilisation. Cependant, les ACB développées montrent que, en intégrant
l’ensemble de la situation, dont en particulier les contraintes liées aux rejets en mer, la nécessité de
faire du dessalement si on devait manquer d’eau ou la valeur induire par la ressource libérée, on aboutit
à des VAN positives pour les projets envisagés.

Des pôles épuratoires d’importance régionale


Il s’agit cette fois des pôles urbains de Nabeul/Hammamet, Grand Gabes et Djerba/Zarzis. Pour ces
pôles, les quantités d’EUT produites sont moindre au regard du déficit hydrique national. Elles
représentent respectivement 4 %, 2 % et 4 % des EUT produites dans le pays potentiellement à l’horizon
2050.

Cependant, ces flux peuvent avoir un impact non négligeable sur le bilan hydrique régional ou sur le
développement de nouvelles activités économiques. Ils se situent dans des zones où les prélèvements
en eau sont conséquents : eaux agricoles pour le Cap Bon (agrumes, maraichage…), eaux industrielles
pour Gabes (secteur des phosphates) eaux touristiques pour Djerba/Zarzis… Le développement de
nouvelles activités économiques dans ces zones pourra donc être conditionné par la REUT afin de
limiter les prélèvements dans des ressources conventionnelles, actuellement surexploitées dans ces
zones. 481
La carte ci-dessous localise ces différents pôles épuratoires à l’échelle du pays.

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prospective - Version définitive
17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Figure 104 : Localisation des pôles épuratoire des EUT d’importance nationale et régional

482

Les pôles épuratoires nationaux et régionaux prennent en compte seulement 25 STEP sur plus de 200
STEP qui seront existantes en 2050 dans le pays. Néanmoins, ils représenteront 62 % du flux d’EUT
produit à l’échelle du pays.

Type 3 : Projets locaux sur les STEP disséminées sur le territoire


En dehors des pôles épuratoire d’importance nationale ou régionale, les volumes d’EUT produits dans
le reste du pays sont globalement disséminés sur tout le territoire. Les réflexions seront alors à mener
pour chacune des STEP en fonction des opportunités locales.

De l’animation territoriale de proximité sera nécessaire pour faire émerger les demandes pour des
nouveaux projets. Ces projets n’auront qu’un faible effet sur le bilan hydrique global du pays mais
pourront toutefois diminuer des stress hydriques locaux ou apporter une nouvelle ressource à des zones
qui en sont dépourvues et ainsi aider au développement économique (nouvelles activités industrielles,
nouvelles zones irriguées, etc.).

La gestion de ces projets devrait se faire à un niveau très décentralisé (échelle du gouvernorat voir
communale) pour faciliter leur mise en œuvre et répondre rapidement aux demandes.

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17. ELEMENTS DE CONCLUSION

DES OUTILS TECHNIQUES, REGLEMENTAIRES, FINANCIERS ET INSTITUONNELS DOIVENT ETRE


MIS EN PLACE POUR GARANTIR LE SUCCES DE LA REUT
Les points les plus importants à retenir qui conditionnent la réussite de la filière de la REUT sont les
suivants :
 La question de qualité des EUT est primordiale avec la maîtrise des risques sanitaires et
environnementaux. Une montée en gamme des technologies de traitement sur les STEP sera
incontournable. Mais cette question ne se limite pas au seul traitement complémentaire des EUT.
Elle doit aussi être considérée en amont des STEP avec une meilleure sensibilisation des usagers
qui rejettent leurs effluents dans le réseau d’assainissement, l’amélioration de la séparation des flux
industriels et domestiques et la suppression des flux illicites. Tout le petit cycle de l’eau doit être
concerné par la REUT. L’approche barrière doit aussi être mise en œuvre pour ajouter des gardes
fous supplémentaires au traitement et faire en sorte que celui-ci soit optimisé en terme de coûts.
 Pour convaincre les usagers et les consommateurs de la qualité de l‘eau, il ne suffira pas d’améliorer
techniquement les traitements. Cela nécessitera de la transparence sur les données de qualité
ainsi que des alertes en temps réel des usagers en cas de non-conformité.
 Le cadre réglementaire devra s’adapter en différentes étapes dans le temps et anticiper les
nouvelles valorisations des EUT. Des financements pérennes devront être envisagés.
 Au niveau de la mise en œuvre des projets, les approches institutionnelles devront être
déconcentrées et décentralisées pour autoriser plus rapidement les nouveaux projets pour
les usagers demandeurs d’exploiter les EUT.

17.2 LIGNES DIRECTRICES POUR REPONDRE AUX OBJECTIFS FORMULES LORS DU


DIAGNOSTIC DE LA PHASE 1
L’analyse prospective a permis d’aborder les aspects transversaux de la REUT (aspects
réglementaires, institutionnels, technologiques, économiques, sociaux, etc.) qui seront par la suite 483
détaillé en phase 3. La figure ci-dessous reprend les différents constats effectués en phase 2 et les met
en parallèle avec les 4 grands objectifs fixés lors de la phase 1 de diagnostic.

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17. ELEMENTS DE CONCLUSION

484

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17. ELEMENTS DE CONCLUSION

485

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17. ELEMENTS DE CONCLUSION

17.3 LES FUTURS POSSIBLES ET SOUHAITABLES DE LA REUT EN TUNISIE


Afin de mieux se projeter sur le long terme et de se représenter les futurs possibles de la REUT en
Tunisie, 3 articles de journaux fictifs et futuristes ont été rédigés par l’équipe en charge de la présente
étude. Ils illustrent chacun une vision possible de la REUT en Tunisie et les alternatives de
développement du territoire aux horizons 2040 – 2050 pour les grands pôles urbains producteurs d’EUT.

Ces articles ont servi de support à l’atelier de concertation national organisé le 29 et 30 juin 2021. Les
objectifs poursuivis lors de l’atelier étaient les suivants :

 Faire s’exprimer les participants sur une vision qui leur paraît favorable au développement de
la REUT ;
 Ouvrir la réflexion sur le long terme ;
 Aider à la décision sur des choix de politique de l’eau ;
 Mise en œuvre de l’intelligence collective pour travailler la question suivante : A quels objectifs
la REUT doit-elle répondre en priorité ? Par exemple :
- Réduire le stress hydrique (substitution de ressources existantes) ou créer de nouveaux
usages ?
- Préserver des zones agricoles périurbaines pour contrôler l’urbanisation ou alimenter des
zones rurales sans autres ressources ?
- Dynamiser des secteurs économiques (agriculture, industrie, tourisme) ou protéger
l’environnement (recharge de nappe, alimentation de zones humides, reboisement…) ?
- Améliorer le cadre de vie urbain (espaces verts…) ou aider à la sécurité alimentaire ?
- Investir dans des nouvelles technologies de traitement, dans des transferts ou dans des
émissaires ?
486
Les grandes trajectoires tracées par chacun des articles peuvent être résumées de la manière suivante :

Article 1 : Irriguer ses oliviers avec les eaux usées du Grand Tunis

Cet article s’intéresse à la valorisation des EUT produites dans les grand pôles urbains en prenant
l’exemple du Grand Tunis. L’idée principale est de transférer les EUT pour alimenter des zones rurales
pauvres en ressources en eaux conventionnelles. Des nouveaux périmètres sont donc créées, pour des
cultures actuellement autorisées pour être irriguées avec des EUT (arboriculture, fourrages). Les
investissements sont donc centrés sur le transfert plutôt que sur le niveau de traitement des EUT. Dans
cet article, la REUT reste du ressort du ministère de l’agriculture qui décide des grands projets à l’échelle
nationale. La gestion des transferts est confiée à des sociétés ad hoc, qui appliquent un tarif des EUT
proches de celui des eaux conventionnelles.

Article 2 : Des piments irrigués avec des EUT au Cap Bon

Plutôt que la création de nouveaux périmètres comme proposé dans l’article précédent, l’article 2 décrit
une situation où des périmètres existants reçoivent des EUT en remplacement des eaux
conventionnelles. Les objectifs de la REUT dans cet article sont donc la réduction du stress hydrique
en substituant les eaux conventionnelles par des EUT. De plus, une levée des restrictions culturales
accompagnée de la mise en place de traitements complémentaires poussés permet l’irrigation de
cultures maraîchères avec des EUT. Ce traitement complémentaire est pris en charge par les usagers
pour des productions à haute valeur ajoutée. La gestion des projets de REUT est plus décentralisée
(mise en œuvre, suivi et autorisation).

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17. ELEMENTS DE CONCLUSION

Article 3 : Gabes, nouvelle destination du tourisme durable pour cet été ?

Ce troisième article développe la possibilité de valoriser des EUT dans des nouveaux usages urbains
(irrigation d’espace verts, nouvelles activités industrielles, usages municipaux, etc.). Les objectifs de la
REUT poursuivis sont de développer la réutilisation proche des STEP urbaines et de préserver l’eau
potable en milieu urbain pour l’AEP domestique en utilisant les EUT pour des usages industriels et
touristiques. Cet article propose une implication plus importante du producteur des EUT dans le pilotage
de la REUT. La production d’eau potable est même envisagée dans l’article à l’horizon 2050, avec la
création d’une seule et même structure qui gère l’ensemble du petit cycle de l’eau.

Les articles complets peuvent être retrouvés en annexe 7.

Lors de l’atelier de concertation, les participants ont été amenés à donner leur avis sur ces différentes
visions de la REUT en Tunisie sur le long terme.

Sur l’article 1, la proposition du transfert a divisé les participants. Certains y voient une mesure
d’adaptions « sans regrets » car elle permettrait de limiter les rejets dans le Golfe de Tunis et éviter la
construction d’un émissaire en mer, tout en améliorant le rendement d’oliveraies actuellement en pluvial.
D’autres ont émis l’avis que les bénéfices du transfert n’étaient pas si évident au regard des
investissements fournis et du coût au m3 final des EUT pour irriguer des oliviers.

De plus, des craintes ont été exprimées sur l’acceptabilité des irrigants à recevoir des eaux qu’ils
perçoivent comme « de mauvaise qualité » provenant de Tunis. Des agriculteurs sont aussi méfiants
car ils craignent que l’irrigation avec des EUT ne permettent de convertir leurs oliveraies en agriculture
biologique. L’exploitation des EUT, même après la mise en place du transfert, n’est donc pas assurée.
Pour cela, il a été proposé que les premiers bénéficiaires des EUT soient des grands exploitants
(SMVDA) et qu’elles irriguent des terres domaniales afin de montrer l’exemple aux autres agriculteurs
et pour valoriser des grands volumes d’EUT.

Le long du transfert, il y a de nombreuses contraintes à lever : un suivi strict sera nécessaire pour vérifier
que la qualité des EUT ne se dégrade pas et que la disponibilité des EUT en termes quantitatif soit
assurée (pas de coupures fréquentes à cause de pannes). Pour cela, la proposition qu’une société soit
responsable de la gestion du transfert a été discutée. Dans tous les cas, il est apparu que ce n’était pas
487
le rôle de l’ONAS de se charger de ce transfert.

Pour finir sur cet article, les participants ont insisté sur la nécessité de réduire le stress hydrique grâce
aux EUT, et donc de préserver les eaux conventionnelles pour des usages exigeants des eaux de
meilleure qualité. Pour cela, les EUT transférées devront donc en priorité alimenter des périmètres
existants plutôt que de nouveaux périmètres.

Sur l’article 2, les participants ont partagé les bénéfices agronomiques de la levée des restrictions
culturales. La possibilité pour les agriculteurs de se diversifier et de faire des cultures à plus haute valeur
ajoutée sera un moteur pour l’exploitation des EUT. De plus, il a été noté un enjeu de sauvegarde des
cultures maraîchères menacées par le manque de ressources hydriques dans certaines régions.

Cependant, les inconvénients de cette perspective mis en évidence ont été les risques sanitaires élevés.
Il a été soulignée qu’une réglementation sévère devra être élaborée, avec des contrôles et des mesures
barrières sur tout le long de la filière, des actions de sensibilisation et la mise en place de parcelles de
démonstration pour les agriculteurs. Ces éléments ont plutôt été formulés comme des contraintes
possibles à lever plutôt que des obstacles à la REUT.

Les craintes échangées ont plutôt porté sur le coût du traitement complémentaire pour de tels usages
et sur qui va payer ces coûts supplémentaires. Un partage des coûts sera nécessaire sur toute la filière
REUT. Des entreprise privées pourront aussi être impliquée, comme les industries agro-alimentaires
pour la transformation des produits irrigués avec des EUT et ainsi permettre l’écoulement contrôlé de
ces produits.

Elaboration du Plan Directeur National de réutilisation des eaux usées traitées en Tunisie | Phase 2 – Analyse
prospective - Version définitive
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ANNEXES

ANNEXES 493

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ANNEXES

Annexe 1 : Justification du découpage retenu pour


l’étude
(extrait de la note « Approche méthodologique envisagée pour les enquêtes (Phase 2) - Version 3.0 du 30/03/2020)
Un découpage en grandes zones est proposé. Elles ont été déterminées en fonction de la répartition de
la production des EUT dans le pays, des ressources en eaux conventionnelles disponibles (pluviométrie,
eaux superficielles et souterraines) et du contexte socio-économique (grandes régions économiques,
zones agricoles).

Les tableaux ci-dessous reprennent, pour chacun de ces critères, les zonages qui sont couramment
retenus à l’échelle nationale. A partir de l’étude de tous ces zonages, le dernier tableau indique celui
que nous avons retenu et qui nous semble pertinent à adopter pour l’étude.

PRODUCTION DES EUT


4 grands pôles de production des EUT ont été identifié, Ils cumulent, à ce jour, près de 80 % de la
production nationale et représentent donc les zones où l’offre en EUT sera la plus importante pour la
réutilisation.

Tableau 130 : Pôles de production des EUT


ZONAGE GOUVERNORATS CONCERNES VOLUME D’EUT PRODUIT ET PART DU
VOLUME NATIONAL EN %

Tunis, Manouba, Ariana, Ben Arous, 44 % des EUT produites,


GRAND TUNIS
soit 124 Mm3 par an 495
CAP BON Nabeul 9 % des EUT produites,
soit 27 Mm3 par an

LITTORAL DU SAHEL Sousse, Monastir, Mahdia 18 % des EUT produites,


soit 50 Mm3 par an

VILLE DE SFAX ET Sfax 7 % des EUT produites,


PERIPHERIE
soit 19 Mm3 par an

Source : ordres de grandeur sur la base des données ONAS 2017 compilées dans la phase 1

Les autres régions du pays présentent des STEP isolées avec des productions moindres : 8 % des EUT
sont produites dans la région du Nord-Ouest (Jendouba, Beja, Bizerte, Kef, Siliana, Zaghouan) 5 %
dans le Centre (Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid) et 8 % dans le Sud (Gafsa, Tozeur, Kebili, Gabes,
Médenine, Tataouine). Pour ces cas, il faudra donc adopter une stratégie différente que pour les pôles
de production sur le littoral.

Quelques zones sont tout de même à notifier comme le littoral Sud de Gabès à Zarzis qui concentre 5
% de la production des EUT au niveau national et donc 65 % des EUT du Sud, ou encore les STEP de
Bizerte et Kairouan qui produisent plus de 5 millions de m3 par an chacune.

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ANNEXES

CONDITIONS CLIMATIQUES ET RESSOURCES EN EAU


Pour les critères de la pluviométrie, des ressources en eaux superficielles et souterraines (nappes
phréatiques et profondes), les zonages exposés dans les tableaux suivant reprennent ceux utilisés dans
les annuaires de la DGRE.

Tableau 131 : Zonage de la DGRE pour la pluviométrie


ZONAGE GOUVERNORATS CONCERNES PLUVIOMETRIE MOYENNE ANNUELLE

NORD OUEST Jendouba, Beja, Kef, Siliana 531 mm (moyenne de 400 mm le long de la
Medjerdah et 600 mm à l’extrême Nord-Ouest,
pouvant aller jusqu’à 1500 mm)

NORD EST Grand Tunis, Nabeul, Zaghouan, 504 mm (variant de 400 et 600 mm)
Bizerte

CENTRE OUEST Kairouan, Kasserine, Sidi Bouzid 285 mm (variant de 200 à 400 mm)

CENTRE EST Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax 265 mm (variant de 200 à 400 mm)

SUD OUEST Gafsa, Tozeur, Kebili 128 mm (variant de 50 à 200 mm)

SUD EST Gabes, Medenine, Tataouine 134 mm (variant de 50 à 200 mm)


Source : Annuaire pluviométrique 2016 – 2017, DGRE

Tableau 132 : Régions hydrographiques


ZONAGE GOUVERNORATS CONCERNES APPORTS HYDROLOGIQUES MOYENS
ANNUELS (ANNUAIRE DGRE)

EXTREME NORD ET ICHKEUL Nord Jendouba, Nord Beja, 1 180 Mm3/an (variant de 225 à 3 500
Nord Bizerte Mm3) dont 498 Mm3/an mobilisables
(42 %)
496 Grand Tunis, Nabeul Zaghouan, 205 Mm3/an (variant de 22 à 533 Mm3)
CAP BON, OUED MILIANE ET
SAHEL NORD Nord Sousse dont 76 Mm3/an mobilisables (37 %)

MEDJERDAH ET GHAR EL Sud Jendouba, Sud Beja, Sud 1 017 Mm3/an (variant de 230 à 2 820
MELH Bizerte, Kef, Siliana, (+ 33 % en Mm3) dont 424 Mm3/an mobilisables
Algérie) (42 %)

SEBKHAS KELBIA ET SIDI EL Kairouan, Kasserine, Sidi


HANI Bouzid, Ouest du Sahel 221 Mm3/an (variant de 37 à 700 Mm3)
Est du Sahel, Sfax, Sud Sidi dont 106 Mm3/an mobilisables (48 %)
SAHEL ET LEBEN
Bouzid

CHOTT GHARSA ET SEBKHAS Sud Kasserine, Gafsa, Nord


NOUAL-SIDI MANSOUR Tozeur 156 Mm3/an (variant de 55 à 376 Mm3)
Gabes, Kebili, Medenine, dont 95 Mm3/an mobilisables (61 %)
SUD
Tataouine, Sud Tozeur
Source : Annuaire hydrologique 2016 – 2017, DGRE

A noter que lors des analyses faites dans l’annuaire pour l’hydrologie, les 2 bassins hydrographiques
du centre sont regroupés ainsi que les 2 bassins du Sud.

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Tableau 133 : Systèmes aquifères


ZONAGE GOUVERNORATS RESSOURCES NAPPES PHREATIQUES RESSOURCES NAPPES
CONCERNES PROFONDES

Nord Jendouba, Beja, Kef, 376 Mm3/an, exploitation à 110 % 315 Mm3/an, exploitation estimée à
Siliana, Bizerte, Grand Nord-Ouest caractérisé par des petites entités 91 %, dont 73 Mm3 au Nord-Ouest et
Tunis, Nabeul, hydrogéologiques peu exploitées (58 Mm3) 216 Mm3 au Nord Est
Zaghouan contrairement au Nord Est (356 Mm3) avec
salinisation importante des nappes côtières

TOTAL : 691 MM3/AN, EXPLOITE A 102 %


Centre Kasserine, Kairouan, 252 Mm3/an, exploitation à 141 % 330 Mm3/an, exploitation estimée à
Sidi Bouzid, Sousse, Nappes alluviales localisées surtout sous les 142 % dont 189 Mm3 pour le
Monastir, Mahdia, plaines des steppes du centre ouest. Kairouannais-Sahel et 281 Mm3 pour
Sfax Salinisation importante des nappes côtières le centre ouest
(Sahel et Sfax)

TOTAL : 582 MM3/AN EXPLOITE A 142 %


Sud Gafsa, Tozeur, Kebili, 139 Mm3/an, exploitation à 96 % 784 Mm3/an, exploitation estimée à
Gabes, Medenine, Dégradation de la qualité chimique des eaux 116 % dont 704 Mm3 pour le Sud-
Tataouine des nappes Ouest et 206 Mm3 pour le Sud Est

TOTAL : 923 MM3/AN EXPLOITE A 113 %


Source : Annuaire des nappes phréatiques 2015 et des nappes profondes 2017, DGRE

Globalement, pour les ressources en eau, nous pouvons retenir, pour les différentes régions :
 Un Nord-Ouest (Jendouba, Beja, Bizerte, Nord Kef et Nord Siliana) pluvieux avec des ressources
en eaux superficielles relativement abondantes et mobilisables, quelques ressources souterraines
disponibles en cas d’année sèche.
 Un Nord Est (Grand Tunis, Nabeul, Zaghouan) ayant plusieurs ressources à sa disposition (pluies,
eaux du nord, nappes) mais qui sont surexploitées et qui se dégradent en terme de qualité. 497
 Un Centre Ouest (Sud Kef et Sud Siliana, Kasserine, Kairouan et Sidi Bouzid) où les ressources
reposent sur un système aquifère riche mais surexploité.
 Un Centre Est (Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax) n’ayant que très peu de ressources que ce soit
superficielles ou souterraines par rapport aux besoins.
 Un Sud désertique (Gafsa,Tozeur, Kebili, Gabes, Medenine, Tataouine) dont l’apport en eau
repose essentiellement sur les nappes profondes dont les ressources ne sont pas renouvelables.

SECTEURS ECONOMIQUES
En prenant en compte les caractéristiques socio-économiques, plusieurs grandes régions
économiques, relativement homogènes, ont été délimitées dans le Schéma National d’Aménagement
du Territoire en 1984. Depuis, ces régions, sont utilisées pour la planification territoriale dans les
schémas d’aménagement territoriaux régionaux. Le tableau suivant expose ces régions et quelques-
unes de leurs caractéristiques dans le secteur agricole, industriel et touristique.

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Tableau 5 : Grandes régions socio-économiques


ZONAGE GOUVERNORATS SECTEURS PRODUCTIFS
CONCERNES

Nord-Ouest Jendouba, Beja, Région agricole importante, principale zone céréalière du pays
Kef, Siliana grâce aux ressources en eau, 31,5 % du potentiel forestier du pays.
Faible dynamisme industriel, peu diversifié, surtout textile,
concentration autour des chefs-lieux et au Nord de la région.
Activité touristique récente, surtout autour du pôle Tabarka-Ain
Draham, 39 unité hôtelières (5 % de l’hébergement national).
Nord Est Grand Tunis, Région la plus urbanisée (80 %), regroupe 40% des activités
Nabeul, économiques au niveau national.
Zaghouan, Agriculture diversifiée notamment au Cap Bon, zones agricoles
Bizerte aussi dans les terres intérieures du gouvernorat de Bizerte et autour
de Zaghouan
1er pôle industriel, activité diversifiée (dominance textile et industries
mécaniques et électroniques) et répartie sur tout le territoire
Pôle touristique, notamment au niveau de Hammamet, 30 % de la
capacité d’hébergement du pays
Centre Ouest Kairouan L’agriculture est le pilier principal du développement
Kasserine, Sidi économique de la région
Bouzid Sauf la ville de Kairouan, peu d’espaces à vocation industrielle,
industrialisation lente : emploie seulement 8 % des actifs contre
19,4 % au niveau national Surtout industries agricoles et alimentaires,
matériaux de construction et industries diverses (papeterie, vannerie,
plastique…)
Pas de zones touristiques, quelques nuitées dans la ville de Kairouan
Centre Est Sousse, Zone oléicole la plus importante et importance du maraîchage,
Monastir, industrie laitière à Mahdia
498 Mahdia, Sfax 2e plateforme industrielle la plus importante après Tunis, surtout
textile (57 %)
1er pôle touristique du pays, 205 unités hôtelières soit 25 % de
l’hébergement du pays
Sud Ouest Gafsa, Tozeur, L’agriculture est l’activité principale de la région
Kebili Peu de potentiel pour les activités industrielles outre les mines de
phosphates et les unités de conditionnement des dattes.
Poids important du tourisme pour la région, en expansion. 5 % de
l’hébergement national, surtout concentré à Tozeur.
Sud Est Gabes, Potentiel agricole localisé sur le littoral
Medenine, Activité industrielle en croissance, surtout localisée au niveau du
Tataouine Grand Gabes, El Hamma et Medenine. Poids important des
industries chimiques pour l’emploi, sinon industries
d’agroalimentaires, mécaniques, électroniques et diverses.
Activité touristique concentrée dans le pôle Djerba-Zarzis, 152
unité hôtelières soit près de 20 % de l’hébergement du pays
Source : Schémas Directeurs d’Aménagement Régionaux 2010 – 2011, DGAT

Pour rentrer plus en détails sur le secteur agricole, 6 systèmes agraires sont distingués en fonction des
conditions environnementales (climat, sol, topographie) et des traditions culturales pour l’agriculture
pluviale. Le tableau suivant repend les grandes caractéristiques de ces systèmes selon l’OTEDD. Les
autres tableaux détaillent les systèmes d’élevage ainsi que les catégories des périmètres irrigués
existants.

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ANNEXES

Tableau 6 : Systèmes agraires


ZONAGE GOUVERNORATS CARACTERISTIQUES DU SYSTEME AGRAIRE
CONCERNES

Nord-Ouest Jendouba, Beja, Kef, Système céréalier « traditionnel » (1 300 000 ha) : 50 %
Siliana, Bizerte, céréales, 45% arboriculture (surtout oliviers, 18 millions de
Nord de Zaghouan pieds), 5 % maraîchage et cultures fourragères
Climat favorable à une agriculture pluviale
Grand Tunis et Grand Tunis, Nabeul Système agricole diversifié (270 000 ha) : 45 % arboriculture
Cap Bon (surtout oliviers, 4,4 millions de pieds mais plantation âgées),
35 % céréales, 20 % maraîchage et cultures fourragères
Diversification des produits et climat favorable, mais
morcellement important des exploitations (40 % inférieures à
1 ha) et urbanisation non maîtrisée
Centre Kairouan Kasserine, Système mixte arboricole – céréalier (860 000 ha) : 55 %
Sidi Bouzid, sud de arboriculture (dont 16,2 millions d’oliviers), 35 % céréales, et
Zaghouan Nord de 10 % maraîchage et cultures fourragères
Gafsa Faible rendement des céréales, érosion hydrique
Sahel et Sfax Sousse, Monastir, Système arboricole (1 400 000 ha): 85 % arboriculture (surtout
Mahdia, Sfax oliviers, 18,2 millions de pieds mais plantations âgées), 10 –
15 % céréales, , 5 % maraîchage et cultures fourragères
Climat peu favorable pour l’agriculture pluviale mais sol et
influence maritime adaptés pour oliviers
Sud-Ouest Gafsa, Tozeur, Kebili Système d’agriculture pluviale marginale (1 000 000 ha):
75 % arboriculture (3,2 millions d’oliviers), 2 % céréales
(20 000 ha), 20 % maraîchage et cultures fourragères
Agriculture basée sur l’irrigation, érosion hydrique et éolienne
Sud Est Gabes, Medenine, Système vulnérable à dominante oléicole (350 000 ha): 78 %
Tataouine arboriculture (5 millions d’oliviers), 20 % céréales (70 000 ha), 2
% maraîchage et cultures fourragères 499
Sol sablonneux fragile, érosion éolienne
Source : Rapport général sur la durabilité de l’agriculture en Tunisie 2010, OTEDD

Tableau 7 : Systèmes d’élevage


Zonage Gouvernorats Caractéristiques des systèmes d’élevage
concernés
Nord Jendouba, Beja, Bovins (72 % production nationale) : soit système extensif peu
Bizerte, Siliana, Kef, rentable mais adapté aux conditions agroécologiques, soit système
Grand Tunis, Nabeul, intégré à l’exploitation mais dépendant des apports extérieurs en
Zaghouan fourrages, soit système hors sol en périphérie des villes (Bizerte,
Tunis, Nabeul).
Ovins (38 % production nationale) et caprins (26 %) : soit système
intégré à la production des céréales au Nord-Ouest, soit élevage
intensif pour la production laitière à Béja et Bizerte, soit système agro-
sylvo-pastoral en zones montagneuses et à la lisière des forêts
(chèvre locale).
Centre Kasserine, Kairouan, Bovins (25 % production nationale) : surtout systèmes hors sol en
Sidi Bouzid, Sahel, périphérie des villes du Sahel et Sfax
Sfax Ovins (39 % production nationale) et caprins (22 %) : Système
intensif intégré à l’exploitation pour l’engraissement au Centre, surtout
Sidi Bouzid
Sud Gafsa, Tozeur, Kebili, Bovins (3 % production nationale) :
Gabes, Medenine, Ovins (22 % production nationale) et caprins (51 %) : surtout
Tataouine système intensif intégré à l’exploitation pour l’engraissement (surtout
Gafsa)
Camélidés : peu de données, système pastoral
Source : Rapport général sur la durabilité de l’agriculture en Tunisie 2010, OTEDD

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ANNEXES

Tableau 8 : Périmètres irrigués


Zonage Gouvernorats Classe des périmètres irrigués
concernés
Haute et Jendouba, Beja 51 000 ha aménagés. PPI récents sur barrages, grandes
Moyenne Vallée Siliana, cultures, faible intensification en été
de la Medjerdah

Kef, Zaghouan 21 000 ha aménagés. PPI récents sur forages, grandes


cultures et maraîchage, faible intensification
Basse Vallée de Bizerte 16 000 ha aménagés. PPI récents sur barrages, grandes
la Medjerdah cultures, faible intensification en hiver

Ariana Manouba
21 000 ha aménagés. PPI anciens vétustes types gravitaires,
polyculture, faible intensification en hiver
Périmètres types Nabeul, Ben Arous 61 000 ha aménagés. PI sur forages/puits, PPI avec eaux du
Cap Bon Nord, maraîchage intensif et systèmes agrumicoles, nappes
surexploitées
Périmètres de la Kairouan, Kasserine, 126 000 ha aménagés. PI sur puits, PPI sur forages,
Tunisie centrale Sidi Bouzid maraîchage et polyculture, faibles intensification en été,
nappes surexploitées. Ou PPI sur barrages, grandes cultures,
ressources en eau variables et faible intensification
Périmètres Sousse, Monastir 13 000 ha aménagés. PPI sur barrages, maraîchage et
maraîchers du arboriculture, peu d’eau mais bonne valorisation
Sahel 18 000 ha aménagés. PI sur puits/forages, maraîchage,
Mahdia, Sfax
salinité élevée de l’eau et surexploitation des nappes
Périmètres du Gafsa, Tozeur, Kebili, 66 000 ha aménagés. PPI forages profonds, systèmes
Sud Gabes oasiens

500 Medenine, Tataouine 7 000 ha aménagés. PPI forages/puits, polyculture, faible


intensification
Source : Rapport général sur la durabilité de l’agriculture en Tunisie 2010, OTEDD

Globalement, pour l’agriculture, nous pouvons retenir :


 Un Extrême Nord (Jendouba, Beja, Bizerte) propice à l’agriculture pluviale céréalière, avec une
importance de l’élevage bovin et une agriculture irriguée qui profite des barrages de la région.
 Un Nord-Ouest (Kef, Siliana, Zaghouan) marqué par des transitions bioclimatiques plus
importantes, des grandes surfaces céréalières et oléicoles mais avec des rendements faibles, un
élevage ovin se rapprochant plus des systèmes du centre. Les périmètres irrigués sont plutôt sur
forages, et peu intensifs.
 Un Nord Est (Ben Arous, Nabeul) avec une agriculture diversifiée (agrumes, maraîchage, céréales,
oliviers etc.). L’agriculture irriguée profite des eaux provenant du Nord et des nappes souterraines
locales mais une surexploitation de ces ressources entraîne l’abandon de périmètres irrigués dans
certaines zones.
 Le Sahel et Sfax (Sousse, Monastir, Mahdia, Sfax) qui reposent sur l’oléiculture pour le pluvial,
l’élevage laitier intensif pour Mahdia et Sfax et le maraîchage/arboriculture pour les périmètres
irrigués avec une bonne valorisation de l’eau malgré le peu de ressources.
 Un Centre Ouest (Kasserine, Kairouan, Sidi Bouzid) marqué par l’oléiculture, les céréales et
l’élevage ovin, avec aussi du maraîchage irrigué mais avec des ressources en eau variables que ce
soit au niveau des nappes surexploitées ou des quelques barrages souvent peu remplis.
 Un Sud Est (Gabes, Medenine, Tataouine) basé surtout sur une oléiculture fragile et quelques
systèmes irrigués oasiens au niveau de Gabes
 Un Sud Ouest (Gafsa,Tozeur, Kebili) pratiquant l’irrigation intensive des palmiers dattiers sur
forages profonds dont les ressources ne sont pas renouvelables et où l’élevage ovin et caprin a son
importance, notamment vers Gafsa.

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ANNEXES

SYNTHESE : PROPOSITION DE ZONAGE POUR LES ENQUETES


A partir des données mentionnées ci-dessus dans les différents tableaux et synthétisées sur la carte 1
ci-dessous, un zonage est proposé sur la carte 2 ci-dessous et dans le tableau correspondant placé
plus haut dans le corps du rapport au chapitre 0.

Carte 1 : Synthèse des zonages des données de base Carte 2 : Zonage déduit pour les enquêtes

501

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ANNEXES

Annexe 2 : Détails sur les options technologiques de


traitement

502

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ANNEXES

FILTRATION GRANULAIRE

PRINCIPE
La technique principalement employée est la filtration sur sable qui permet de capter :
 les petits insectes et organismes
 les algues
 le zooplancton
 les poussières en suspension
 les particules de « floc » formées par un prétraitement de coagulation
 toutes autres particules plus grosses présentes dans l'eau.

L’effluent est distribué en continu en surface du filtre et traverse une couche de sable (ou autres pierre
ponce, gravier, anthracite, grenât disposées en fonction de la densité et de la grosseur des particules)
qui va retenir les particules. L'eau s'écoule assez rapidement (de 5 à 30 m/h) à travers les couches. Les
particules captées s'accumulent dans le matériau filtrant et peuvent finir par obstruer le filtre ou par
passer à travers, ce qui donne une eau sale :

Lavage discontinu :

Pour éviter son colmatage, un rétro-lavage est déclenché sur horloge ou sur perte de charge. La filtration
est alors interrompue et de l’eau filtrée est injectée dans le filtre dans le sens opposé à la filtration pour
évacuer les MES piégées au sein du sable. L’eau de lavage, chargée en MES, est récupérée et évacuée
hors du filtre. De l'air peut également être insufflé en sens inverse du sens de la filtration pour détasser
le média filtrant.
503
Lavage continu :

L’effluent est distribué uniformément soit au centre du filtre à sable par un système de distribution
radiale, soit en fond de filtre qu’il traverse de bas en haut. Les MES sont retenues au sein du massif de
sable et l’eau filtrée est évacuée sur la partie supérieure du filtre par une canalisation dédiée. Un cône
d’aspiration placé en partie inférieure du filtre aspire le sable vers un airlift qui le conduit à un système
de lavage spécifique. Le sable, lavé par de l’eau filtrée, est réintroduit dans le filtre. Ce système permet
une filtration en continu.

MISE EN ŒUVRE
La filtration s’effectue dans des équipements électromécaniques (si leur taille est importante cette
filtration peut s’effectuer dans des ouvrages en béton).

Une bâche de stockage des eaux de lavage et des eaux sales ainsi qu’une centrale de détassage à l’air
(ou d’air lift) sont nécessaires.

Les filtres (à lavage discontinu) peuvent être gravitaire ou sous-pression.

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ANNEXES

Exemple de filtre à sable à lavage discontinu

Exemple de filtre à sable à lavage continu

504

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Filtration sur sables – Avantages et inconvénients

AVANTAGES INCONVENIENTS

 Installation rustique  Sujette à l’encrassement, nécessite des


 Installation peu couteuse en investissement et nettoyages physiques
en exploitation  Nécessité de le coupler à une étape de
 Supporte les fluctuations de la concentration désinfection (UV, etc…) complémentaire
des matières en suspension (dans une certaine
mesure)
 Retours d’expérience importants en REUSE
(ou similaire)

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ANNEXES

FILTRATION SUR TAMIS

PRINCIPE
La filtration sur tamis est basé sur le même principe que la filtration granulaire ou la filtration
membranaire, c’est-à-dire créer une barrière physique (d’une maille de l’ordre de 5 μm) pour retenir les
MES contenues dans les effluents traités.

Le média utilisé pour la filtration est une toile. Elle peut être fixée sur des disques indépendants les uns
des autres ou sur un cylindre, appelé alors tambour. La totalité de l’effluent à traiter traverse les mailles
de la toile ; les MES sont retenues sur sa surface pour former un « gâteau » de filtration qui va améliorer
l’efficience de la filtration pendant que l’effluent filtré est rejeté au milieu naturel. Ces procédés
mécaniques de filtration sont dits « rustiques ». Lorsque le filtre commence à se colmater, le niveau de
l’effluent à l’entrée augmente (perte de charge) et un capteur déclenche un cycle de lavage pour
nettoyer la toile des MES retenues et les évacuer.

La filtration est réalisée de façon continue.

MISE EN ŒUVRE
La filtration s’effectue sur équipement électromécanique en l’occurrence sur des filtres à disques ou des
filtres à tambour en micro-filet :

Exemple de filtre à disques ou à tambour

505

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Filtration sur sables – Avantages et inconvénients


AVANTAGES INCONVENIENTS

 Installation rustique  Sujette à l’encrassement, nécessite des


 Installation peu couteuse en investissement et nettoyages physiques
en exploitation  Nécessité de le coupler à une étape de
 Supporte les fluctuations de la concentration désinfection (UV, etc…) complémentaire
des matières en suspension (dans une certaine
mesure)
 Retours d’expérience modérés en REUSE (ou
similaire)

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ANNEXES

FILTRATION MEMBRANAIRE

PRINCIPE
Les membranes de microfiltration ou d’ultrafiltration sont des membranes poreuses qui permettent
d’effectuer une filtration physique sous l’effet d’une pression. Dans le principe, ce sont des procédés
similaires à une filtration sur sable. La membrane constitue alors une barrière sélective qui selon sa
porosité permet de séparer les constituants d’un fluide en fonction de leur taille.

Les procédés de filtration sur membranes présentent les avantages suivants :


 compacité (avantage en général mais particulièrement valable vis à vis du lagunage)
 rapidité de mise en œuvre
 automatisation aisée
 qualité constante du traitement : Le procédé s’adapte aux variations subites de turbidité sans ajout
de réactif donc la réponse est immédiate (microfiltration et ultrafiltration).

Cette filtration s’effectue sur différents types de membranes selon le diamètre de leurs pores, et donc
des particules retenues. On trouve des membranes de microfiltration qui retiennent des particules dont
le diamètre est compris entre 1µm et 0,1µm, des membranes d'ultrafiltration, de 0,1µm à 0,01µm, des
membranes de nanofiltration, de 0,01µm à 0,001µm et des membranes d'osmose inverse (diffusion)
aux alentours de 0,001 µm.

Le tableau suivant montre la classification des membranes, les pressions opératoires de chacune et les
flux unitaires caractéristiques :

506 Tableau de classification des membranes

PARAMETRES MICROFILTRATION ULTRAFILTRATION NANOFILTRATION OSMOSE INVERSE

Ions divalents
Plus petites Colloïdes Virus La plupart des
espèces retenues Microorganismes Petites molécules espèces dissoutes
MO polymérisée
organiques

Pressions
0,2 – 1,0 0,1 – 5 5 – 15 15 - 80
opératoires (bar)

Flux unitaires
100 - 500 20 – 200 15 - 30 15 - 30
(l/m2.h)

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ANNEXES

Maille de filtration et rétention des différents éléments

MISE EN ŒUVRE
Les membranes utilisées en traitement tertiaire d’eaux usées sont généralement des membranes 507
d’ultrafiltration voire de microfiltration. Ces membranes fonctionnent généralement différemment de
celles employées pour la fabrication d’eau potable. La filtration se fait, à l’inverse de la filtration en eau
potable, de l’extérieur de fibres vers l’intérieur soit par aspiration, soit par mise sous pression.

Par ailleurs, les membranes peuvent être à fibres creuses (filtration de l’extérieur vers l’intérieur type
ZENON ou PURON voire filtration de l’intérieur vers l’extérieur type NORIT) ou être planes (type
KUBOTA au ALPHA LAVAL).

Exemples de fibres creuse et planes

Le flux habituellement retenu lors d’un traitement tertiaire par ultrafiltration est de l'ordre de 45 L/m²/h
suivant la qualité de l’eau à 20°C.

Ces membranes sont soit directement immergées dans un bassin soit dans des modules fermés et sous
pression.

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ANNEXES

Exemple d’une filtration membranaire dans des modules spécifiques

récupération
des eaux
filtrées

Soutirage des
boues et
évacuation des
eaux de lavage

L'eau filtrée recueillie est dirigée en premier lieu dans une bâche de retro-lavage, puis lorsque cette
bâche est pleine elle est dirigée vers les dispositifs de réutilisation (ou stockage). La bâche de rétro-
lavage permet de conserver un volume d'eau nécessaire pour procéder au rétro-lavage.

Une à deux fois par semaine, s’ajoute un lavage dit de maintenance des membranes à l’eau de Javel
puis à l’acide citrique (lors des rétrolavages).

A noter que pour les membranes planes, il n’y pas de nécessité de rétrolavage, ni de lavage de
maintenance.

Pour finir, 2 fois environ par an, un lavage dit de régénération des membranes est nécessaire au travers
de trempage dans des bains d’eau de Javel puis d'acide citrique.

Schéma de fonctionnement d’une filtration membranaire


508

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ANNEXES

PERFORMANCES
L'ultrafiltration réalise une élimination totale des particules minérales et biologiques (même les virus)
ainsi que l'élimination de matières en suspension et le maintien des taux de DCO et DBO5 à des valeurs
inférieures à 35 mg/l et 5 mg/l respectivement, grâce à un piégeage total des MES.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Filtration membranaire – Avantages et inconvénients


AVANTAGES INCONVENIENTS
 Effluent de grande qualité en fonction  Sujettes à l’encrassement, nécessite des
d’installations nécessitant peu d’espace nettoyages physique et chimique
(procédé peu s’autosuffire dans certains cas)  Utilisation d’un produit chimique avec les
 Peut être mutualisé avec le traitement règles de sécurité inhérentes
biologique des effluents (bioréacteur à  Installation complexe
membranes)
 Installation très couteuse en investissement et
 Elimination non spécifique des pathogènes en exploitation (électricité, réactifs,
 Supporte les fluctuations de la concentration renouvellement des membranes, etc…)
des matières en suspension
 Retours d’expérience importants en REUSE
(ou similaire)

509

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ANNEXES

RAYONNEMENTS UV

PRINCIPE
Un autre moyen de désinfecter les eaux usées consiste à utiliser les ultraviolets. Cette désinfection tire
profit de la grande énergie contenue dans les rayons UV pour détruire la capacité des bactéries et
autres micro-organismes à se reproduire, ce qui est une façon efficace de les tuer.

Pour qu’il y ait désinfection, les lampes doivent fournir une radiation lumineuse dont le spectre
d’émission se situe dans la région de l’UVC laquelle est la plus efficace à produire un effet germicide
(λ = 254 nm).

Par ailleurs, comme indiqué en préambule, plus la concentration en MES (et donc la DCO et DBO5)
sera grande, plus difficile et contraignante sera la désinfection. C’est pourquoi une étape préalable de
filtration est souvent préconisée.

MISE EN ŒUVRE
Dans le traitement des eaux usées, on installe les lampes UV dans un canal de contact ouvert peu
profond ou dans une chambre (ou réacteur) fermée de façon à favoriser le contact des rayons UV avec
l’effluent à traiter. Lorsque les lampes sont immergées, elles doivent être confinées dans des tubes à
quartz afin d’empêcher le refroidissement excessif et protégées par une grille de métal pour éviter
qu’elles ne se brisent.

Lampes UV en chambre et en canal

510

Les équipements nécessaires sont donc :


 des lampes émettant dans le domaine des UV
 un réacteur pour y disposer les lampes
 un système de contrôle du niveau d’eau dans le canal et un système électrique
 un capteur peut être installé à l'intérieur de la lampe pour mesurer l'intensité des UV et détecter un
incident ou prévenir l'utilisateur de l'usure de la lampe. Les détecteurs indiquent la perte d'efficacité
et la nécessité de réaliser la maintenance telle que le nettoyage de la lampe ou bien son
remplacement.

Les lampes UV peuvent être basse pression ou moyenne pression (de la famille des hautes pressions).
Les lampes basse pression présentent les avantages et les inconvénients suivants :
 Plus de lampes donc moins compactes mais meilleure répartition du rayonnement
 Durée de vie plus importante mais plus de lampes
 Consommation d’énergie plus faible
 Température de fonctionnement plus faible donc moins de risque d’encrassement par entartrage
mais plus de lampes à nettoyer

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ANNEXES

PERFORMANCES
Etant donné que les rayons UV doivent atteindre les bactéries contenues dans les eaux usées pour les
détruire, ces eaux doivent être très peu chargées étant donné que toute particule en suspension est
susceptible de réfléchir et disperser la majeure partie des rayons UV, formant ainsi un écran entre
certaines bactéries et les rayons UV, et les laissant intactes. C’est pourquoi ce mode de désinfection
est combiné avec une filtration amont. Pour ce type de projet, une filtration sur sable est adéquate.

S’ajoute l’impact des réactifs qui peuvent être utilisés dans la filière de traitement des eaux de la station
d’épuration tel que le chlorure ferrique (pour le traitement physico-chimique du phosphore) pouvant
créer des taches brunes sur les lampes limitant leur efficacité ou nécessitant des nettoyages fréquents.

A titre indicatif, le tableau ci-dessous précise l’efficacité de la désinfection UV en fonction des


concentrations en MES en entrée.

Désinfection UV – Efficacité en fonction de concentration en MES


MICRO-ORGANISMES A MICRO-ORGANISMES A LA
MES
L’ENTREE SORTIE
(EN MG/L)
(EN NOMBRE/ML) (EN NOMBRE/ML)

0–5 10 000 <1 – 10

5 – 10 10 000 <1 – 100

10 – 20 10 000 10 – 1 000

20 – 100 10 000 10 – 5 000

Il est à noter cependant que, contrairement à la chloration, le traitement aux rayons UV n’a aucun
pouvoir rémanent. C’est pourquoi, il est nécessaire d’ajouter une dose de chlore avant de transporter
l’effluent ainsi désinfecté.
511
Les spores bactériennes et kystes de protozoaires sont les formes les plus résistantes et certains micro-
organismes parasitaires comme les œufs d’helminthe ne sont pas tués. D’après une étude, les UV
détruisent quand même 1,8 fois plus de spores que le chlore.

Les abattements obtenus par désinfection UV pour les coliformes thermotolérants permettent donc, à
des doses suffisantes d’UV, de respecter les recommandations du CSHPF. En ce qui concerne
l’abattement d’œufs d’helminthe, les rayonnements UV sont par contre inefficaces aux doses
habituellement utilisées (pour une élimination de 99,9% de ces œufs une dose de 92 000mJ/cm2 est
nécessaire).

Les rayonnements UV n'ont pas d'effet sur le pH ou la composition chimique de l'eau. Cependant la
couleur, la turbidité, la composition chimique de l'eau, les MES et la MO peuvent interférer avec la
transmission des UV, si bien qu'il est conseillé de déterminer l'absorbance des UV par l'eau à traiter
avant d'installer l'équipement UV.

Exemple : Pour une eau déminéralisée la transmittance est de 97% à 100%, pour une eau usée la
transmittance est de 40 % à 80 %. Le tableau ci-dessous montre donc que de doubler la dose
d'exposition multiplie l'effet destructif par 10. Pour augmenter l'effet destructif de 90 à 99 %, il faut donc
doubler la dose.

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ANNEXES

Désinfection UV – Efficacité sur E. Coli en fonction de dose


DOSES REDUCTION DU NOMBRE DE
(EN MJ/CM2) MICROORGANISMES VIVANTS

5,4 90,0%

10,8 (x2) 99,0%

16,2 (x3) 99,9%

21,6 (x4) 99,99%

27,0 (x5) 99,999%

Les lampes UV perdent de leur intensité au fur et à mesure de leur utilisation. Lorsqu’elles ont perdu 20
à 30% de leur puissance les lampes sont remplacées. La durée de vie des lampes est plutôt faible de
l’ordre de 8000 heures (soit un peu plus d’un an).

Exemple de dose d’UV minimale pour atteindre en sortie 1 000 coliformes totaux/100mL avec un temps
de séjour des microorganismes de 20 secondes pour des effluents ayant subi :
 une décantation primaire 750 mJ/cm2  37,5 mW/cm2
 une floculation - décantation 750 mJ/cm2  37,5 mW/cm2
 une épuration biologique sans nitrification 550 mJ/cm2  27,5 mW/cm2
 une épuration biologique avec nitrification 550 mJ/cm2  27,5 mW/cm2

Ces doses ont été calculées avec des valeurs moyennes d’effluents bruts.

512 AVANTAGES/INCONVENIENTS

Désinfection UV – Avantages et inconvénients


AVANTAGES INCONVENIENTS

 Bons bactéricides et virucides  Pas d'effet rémanent


 Pas d’ajout de produits chimiques dans l’effluent  Efficacité dépendante des MES (nécessité
 Pas de stockage, ni transport de produits d’une filtration préalable)
chimiques  Sujettes à l’encrassement, nécessite de
 Temps de contact très court (20 – 30 s) nettoyages chimiques (nettoyages pour éviter
le fouling) avec utilisation de produits
 Aucune toxicité chimiques (dans une moindre mesure) et
 Surdosage ne présente aucun risque leurs risques inhérents
 Pas de sous-produits  Effet réduit si l'eau change brutalement de
qualité
 Retours d’expérience importants en REUSE (ou
similaire)  Remplacement lampes régulier
 Reviviscence des certains micro-organismes

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ANNEXES

LA CHLORATION

PRINCIPE
Dans l'eau, le chlore ou plus exactement l'une des formes du chlore HClO est stérilisante et peut
pénétrer la membrane cellulaire pour inhiber les fonctions enzymatiques de la bactérie. En fonction de
la dose appliquée, le traitement par chloration entraîne soit des lésions réversibles soit des lésions
irréversibles causant la mort cellulaire.

Le problème de ce traitement est la production de composés chlorés indésirables voire dangereux


(THM, chlorophénols, organochlorés) qu’elle engendre. Ces sous-produits peuvent avoir un effet
néfaste sur la faune et la flore.

Par ailleurs, comme indiqué en préambule, plus la concentration en MES (et donc la DCO et DBO5)
sera grande, plus difficile et contraignante sera la désinfection. C’est pourquoi une étape préalable de
filtration est souvent préconisée.

MISE EN ŒUVRE

Schéma d’une installation de chloration

513

La chloration peut se faire soit avec du chlore gazeux, soit avec de l’hypochlorite de calcium (peu utilisé
dans le traitement des eaux) mais on utilise le plus souvent de l’hypochlorite de sodium.

Cl2 + H2O  HClO + H+ + Cl-

ou

NaClO + H2O  HClO + Na+ + OH-

Le chlore gazeux est livré sous forme liquéfiée dans des bouteilles sous pression (15bar) contenant
généralement 40kg de Cl2. Après détente dans un chloromètre, le chlore est mélangé par l’intermédiaire
d’un hydroéjecteur à une eau de service puis il est injecté dans l’eau à désinfecter et va réagir dans un
bassin de contact dimensionné à partir du temps de contact.

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ANNEXES

Bouteille de chlore gazeux

L’utilisation d’hypochlorite de sodium nécessite un bac de stockage, une pompe doseuse et un système
d’injection. Il est livré en bonbonnes, en containers ou en camions citernes. Son stockage dans des
cuves en plastique ou en acier doit se faire à l’abri de la lumière et de la chaleur (à noter qu’il cristallise
à 0°C). Il se décompose rapidement et garde ses propriétés pendant deux mois maximum.

Dosage d’hypochlorite de sodium

514

Il existe des techniques d’électrochloration qui permettent de fabriquer de l’hypochlorite de sodium in


situ par électrolyse d’une solution de NaCl.

Installation d’électrochloration

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ANNEXES

A noter que pour éviter certains effets indésirables de la persistance de composés chlorés (exemple
d’impact sur les cultures à irriguer : Perturbe la croissance bactérienne saine et nuit à des micro-
organismes bénéfiques, empêche l'absorption essentielle à la croissance de la plante des éléments
nutritifs, altère les niveaux de pH, etc…), il est possible d’effectuer une étape de déchloration. Ce
traitement met généralement en œuvre du bisulfite de sodium. La réaction se fait mole à mole aussi
bien pour le chlore libre que pour les chloramines. Ce traitement engendre un surcoût de 20 à 30 %
mais permet de limiter les effets toxiques de certains sous-produits.

PERFORMANCES
L’action du chlore est avérée contre les bactéries, mais d’une part son efficacité contre les virus est
moins connue et d’autre part il existe de plus en plus d’organismes résistant au chlore.

L'efficacité du chlore dépend toutefois de la température de l'eau et du pH. Dans les eaux chaudes et
pour des pH élevés, d'une part, la proportion de HClO baisse très vite, d'autre part, les matières
oxydables par le chlore, matières organiques et surtout ammoniaque, consomment du chlore et rendent
donc une partie de la dose introduite inutilisable pour la désinfection, et il faut alors augmenter la dose
de chlore.

L’avantage du chlore est qu’il présente un effet rémanent dans le réseau.

Pour une eau à température de 15°C et à pH 7,5, une dose de chlore résiduel de 0,3 mg/l, maintenue
pendant 10 à 20 minutes, suffit à assurer la destruction des bactéries.

A titre indicatif les dosages choisis en désinfection lors de réutilisation d’eaux usées est de l’ordre de 2
à 5 g/m3.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Chloration – Avantages et inconvénients


515
AVANTAGES INCONVENIENTS
 Bon désinfectant  Utilisation d’un produit chimique avec les
 Facilement disponible règles de sécurité inhérentes

 Plusieurs formes possibles : le Cl2, le  Formation de THM ou d'organohalogénés


CaClO et le NaClO  Pour une bonne efficacité, le pH de l'eau doit
 Effet rémanent être inférieur à 7,5

 Bon marché  Faible stabilité en stockage pour le NaClO

 Bon rapport coût / risque / efficacité  Maintenance importante

 Retours d’expérience modérés en  Efficacité faible contre les virus


REUSE (ou similaire)  Selon les usages, peut nécessiter une
déchloration selon les usages

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ANNEXES

DIOXYDE DE CHLORE

PRINCIPE
Le dioxyde de chlore (ClO2) est appelé aussi bioxyde de chlore. C’est un gaz orangé explosif à une
concentration de plus de 10% dans l’air. Pour des raisons de sécurité du fait de son instabilité, il doit
être fabriqué sur place au dernier moment à partir de chlorite de sodium et d’acide chlorhydrique ou de
chlorite de sodium et de chlore gazeux.

Contrairement au chlore ou à l’ozone, le dioxyde de chlore ne réagit qu’avec quelques composés


organiques. Cette plus grande sélectivité augmente l’efficacité de ce désinfectant. De plus, la gamme
de pH pour laquelle le dioxyde de chlore conserve un pouvoir germicide est plus importante : entre 4 et
10.

Le dioxyde de chlore est également plus efficace que le chlore pour l’inactivation des spores, bactéries,
virus et autres organismes pathogènes. Son action est également rapide : temps de contact 2 à 3 fois
plus court que pour le chlore.

Par ailleurs, comme indiqué en préambule, plus la concentration en MES (et donc la DCO et DBO5)
sera grande, plus difficile et contraignante sera la désinfection. C’est pourquoi une étape préalable de
filtration est souvent préconisée.

MISE EN ŒUVRE
Comme nous l’avons précisé précédemment, du fait du caractère très instable, explosif et plutôt irritant
du dioxyde de chlore, sa production est effectuée sur site. Pour le générer on peut utiliser soit du chlore
gazeux, soit de l’acide chlorhydrique avec du chlorite de sodium. Le procédé avec l’acide chlorhydrique
516 est le moins dangereux.

5 NaClO2 + 4 HCl  ClO2 + 2 H2O + 5 NaCl

ou

NaClO + 2 HCl + 2 NaClO2  H2O + 2 ClO2 + 3 NaCl

Tout comme pour la chloration, le dioxyde de chlore est injecté à l’aide d’un hydroéjecteur dans un
réacteur.

PERFORMANCES
De nombreux résultats montrent que la quantité de dioxyde de chlore à mettre en œuvre est
relativement faible en raison de sa grande efficacité (2 à 5 mg/L avec un temps de contact de 5 minutes).

Exemple : Sur une STEP fonctionnant avec un procédé biologique et un procédé physico-chimique pour
115 000 équivalents habitants, l’application de 4,8 g ClO2/m3 donne les résultats suivants :

Abattement de micro-organismes par le ClO2


TAUX D’ABATTEMENT
ESPECES
(EN LOG)

Coliformes totaux 4,6

Coliformes fécaux 4,6

Streptocoques fécaux 4,6

Clostridium Perfringens 1,8

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ANNEXES

L'efficacité du dioxyde de chlore est au moins égale à celle du chlore, même à des concentrations
inférieures.

Cependant, il présente plusieurs autres avantages, non moins négligeables :


 les valeurs de pH comprises entre 4 et 10 n'affectent pas l'efficacité,
 le dioxyde de chlore est clairement plus efficace que le chlore, pour la destruction des spores,
bactéries, virus et autres organismes pathogènes,
 le temps de contact nécessaire est inférieur,
 le dioxyde de chlore est plus soluble,
 des concentrations élevées en chlore n'ont pas d'effets corrosifs. Les coûts de maintenance à long
terme sont réduits,
 le dioxyde de chlore ne réagit pas avec NH3 et NH4+,
 il détruit les précurseurs THM et favorise la coagulation.

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Dioxyde de chlore – Avantages et inconvénients


AVANTAGES INCONVENIENTS
 Bon désinfectant  Utilisation d’un produit chimique avec les
 Effet rémanent règles de sécurité inhérentes

 Large plage d'utilisation de pH : de 6 à 10  Nécessite un générateur spécifique et


complexe
 Temps de contact faible
 Ne réagit pas avec les composés organiques
 Action intéressante vis à vis des algues 517
 Retours d’expérience modérés en REUSE (ou
similaire)

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ANNEXES

ACIDE PERACETIQUE

PRINCIPE
Il est généralement utilisé dans l’industrie et le milieu hospitalier. Son activité désinfectante est basée
sur la libération d’oxygène actif. Son efficacité est meilleure à pH acide et est fortement réduite en
présence de matières organiques.

L’acide peracétique commence à être utilisé en désinfection d’eaux usées.

Par ailleurs, comme indiqué en préambule, plus la concentration en MES (et donc la DCO et DBO5)
sera grande, plus difficile et contraignante sera la désinfection. C’est pourquoi une étape préalable de
filtration est souvent préconisée.

MISE EN ŒUVRE
L’acide peracétique a un fort pouvoir oxydant. Il agit par dénaturation des protéines, par modification de
la perméabilité de la membrane cellulaire et par oxydation des ponts sulfure des protéines, enzymes et
autres métabolites cellulaires.

En solution aqueuse, l’acide peracétique se présente sous la forme d’un mélange à l’équilibre contenant
de l’acide peracétique, du peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée), de l’acide acétique et de l’eau :

518

Après le traitement, les différents constituants se dégradent rapidement dans l’environnement, sans
laisser de sous-produits nocifs :
 l’acide peracétique se décompose sous forme de peroxyde d’hydrogène, d’oxygène et d’acide
acétique, le peroxyde d’hydrogène se transforme en eau et en oxygène
 l’acide acétique est un composé non toxique, facilement et rapidement biodégradable dans le milieu
naturel.

L’un des inconvénients de son utilisation dans les eaux usées est l’accroissement non négligeable de
la DBO5 et de la DCO qu’elle provoque (20 à 60%). Il n’est pas toxique pour un temps de contact
suffisant.

PERFORMANCES
Une étude montre qu’avec une dose de 5 à 7 mg/L avec un temps de contact supérieur à 10 minutes
on peut abattre 3Ulog de coliformes thermotolérants d’un effluent secondaire. Par contre l’effet virucide
est nettement moins bon (1Ulog sur les Entérovirus).

Lors d'essais en vraie grandeur de désinfection de boues, des œufs de Tenia Saginata ont été exposés
pendant 1 heure à des boues traitées par 1000 ppm d'acide peracétique. Un examen au microscope a
révélé que le taux d'éclosion a baissé à 1 % (à comparer à 94 % sans traitement). Aucun embryon actif
n'a été observé dans la boue traitée, contre 25 % dans la boue non traitée. La dose indiquée de
1 000 ppm d'acide peracétique est cependant très élevée, comparée aux 2 ppm qui sont couramment
utilisée dans le traitement tertiaire d'eau usée, pour obtenir environ 2 log de réduction sur les coliformes.

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ANNEXES

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Acide peracétique – Avantages et inconvénients


AVANTAGES INCONVENIENTS
 Facilement biodégradable  Peu ou pas de référence pour les REUSE (ou
 Temps de contact relativement court similaire)
 Utilisation d’un produit chimique avec les règles de
sécurité inhérentes
 Pas d’effet rémanent
 Efficacité faible contre les virus

519

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ANNEXES

OZONATION

PRINCIPE
L’ozone est l’oxydant le plus puissant (le fluor présente un potentiel oxydant supérieur mais il n’est pas
utilisé dans le traitement de l’eau). Son action est la suivante : oxydation de la paroi cellulaire,
pénétration et destruction du matériel cellulaire.

L’ozone est un gaz qui se produit sur site par décharge électrique dans de l’air ou de l’oxygène. Le
traitement d’ozonation se réalise dans des colonnes de contact où circulent généralement à contre-
courant l’eau et le gaz ozoné.

Selon les conditions d’utilisation, l’action de l’ozone est multiple :


 la transformation de composés organiques difficilement dégradables en substrats plus faciles à
décomposer par un traitement biologique ultérieur
 l’oxydation totale de composés organiques
 la décoloration par une action oxydante qui attaque préférentiellement les molécules colorantes au
niveau de leurs doubles liaisons
 le puissant effet désinfectant, même à dose relativement faible

Le pouvoir oxydant de l’ozone est accru dans le procédé d’ozonation catalytique. Le procédé permet, à
taux de traitement en ozone identique, une oxydation accrue de la matière organique et, en
conséquence, une élimination plus poussée de la DCO et de la couleur résiduelle.

Par ailleurs, comme indiqué en préambule, plus la concentration en MES (et donc la DCO et DBO5)
sera grande, plus difficile et contraignante sera la désinfection. C’est pourquoi une étape préalable de
520 filtration est souvent préconisée.

MISE EN ŒUVRE
Une installation d’ozonation comprend 4 parties :
 le traitement de l’air utilisé pour la production d’oxygène
 le générateur électrique d’ozone appelé ozoneur
 le transfert de l’ozone dans l’eau par turbinage, hydroinjection ou diffusion dans des cuves en béton
armé
 le système de récupération et traitement des évents ozonés.

Exemple d’un ozoneur

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ANNEXES

L’air utilisé pour la production d’ozone doit être sec et propre d’où son traitement préalable. Ce
traitement est constitué d’une première étape de condensation de l’air ambiant après filtration,
généralement par surpression pour les petites installations (6 à 7 bars), suivie d’une dessiccation sur
un adsorbant.

Une haute tension est appliquée entre deux électrodes disposées concentriquement. Les électrodes
sont séparées l’une de l’autre par un diélectrique et par deux chambres de décharge traversées par le
gaz. Certaines des molécules d’oxygène présentes dans le gaz injecté se fractionnent dans le champ
électrique et se combinent immédiatement aux molécules d’oxygène libre, formant ainsi de l’ozone.

L’ozone peut être généré à des concentrations comprises entre 20 et 60 g/m3 avec de l’air sec (point de
rosée < - 60 °C), la consommation d’énergie étant généralement située entre 12 et 18 W/g d’O3, en
fonction de la concentration et de la température de l’eau de refroidissement. Afin de générer des
volumes de production plus importants (> 1 kg/h), on utilise de plus en plus de l’oxygène pur ou de l’air
enrichi d’oxygène.

PERFORMANCES
Une teneur résiduelle de 0,5 mgO3/L après 10 minutes inactive bactéries et virus à un taux supérieur à
99,9 % dans une eau usée.

Dose d'ozone pour atteindre un abattement de 99,9% sur le Poliovirus


DOSE D’OZONE
TYPE D’EFFLUENTS
(EN MGO3/L)

Effluent primaire 16 à 25

Effluent secondaire 6 à 12

Effluent tertiaire 5à8 521


L'ozonation agit non seulement sur les polluants en améliorant la transparence de l'eau car il oxyde le
fer et le manganèse, métaux souvent responsables de la coloration de l'eau, mais il agit également sur
les bactéries se développant dans l'eau en les éliminant. L'ozone a un pouvoir stérilisant important
puisqu'il a une action nette, rapide et radicale sur de nombreux virus.

Exemple de dose d’ozone minimale pour atteindre en sortie 1 000 coliformes totaux/100mL avec un
temps de séjour des micro-organismes de 20 minutes pour des effluents ayant subi :
 une décantation primaire 17 mg/L
 une floculation - décantation 15 mg/L
 une épuration biologique sans nitrification 8,5 mg/L
 une épuration biologique avec nitrification 8 mg/L

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ANNEXES

AVANTAGES ET INCONVENIENTS

Ozonation – Avantages et inconvénients


AVANTAGES INCONVENIENTS
 Bon désinfectant  Peu ou pas de référence pour les REUSE
 Permet d'oxyder le fer et le manganèse (ou similaire)

 Associé à H2O2 il intervient dans l'élimination  Utilisation d’un produit chimique avec les
des pesticides règles de sécurité inhérentes

 Agit également sur les algues  Coûteux à l'investissement et à


l'exploitation (énergivore)
 Temps de contact relativement court (10 – 30
 Pas d'effet rémanent
min)
 Peu soluble dans l’eau
 Généré sur site (pas de transport ni de stockage)
 Risque de formation de bromates
 Se transforme en oxygène
 Améliore les paramètres physico-chimiques de
l’effluent (DCO, odeurs, couleur)

522

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ANNEXES

ELECTRODYALYSE

PRINCIPE
L’électrodialyse est un procédé pouvant s’appliquer dans de vastes domaines de par ces différentes
configurations possibles. Ceci étant, on le retrouve à ce jour essentiellement dans l’industrie (textile,
vinification, etc.), dans le dessalement d’eau de mer et le traitement d’effluents industriels spécifiques.

Plus particulièrement dans le domaine de l’eau (potable et assainissement), le procédé d’électrodialyse


a été commercialisé dans les années 1960, environ dix ans avant l’introduction de l’osmose inverse
pour le dessalement de l’eau de mer. En termes d’installations actuellement implantées, la plus
importante application de l’électrodialyse reste celle de la production d’eau potable à partir d’eau
saumâtre. Dans ce domaine l’électrodialyse est en compétition directe avec l’osmose inverse et
l’évaporation multiétagée. L’électrodialyse a été implantée aux USA dans les années 1970. En 2006,
on comptait sur le territoire américain plus de 2000 installations dont la capacité totale de production
d’eau potable dépasse les 1 000 000 m3/jour, ce qui correspond à 1,5 million de m2 de membrane
implantée. Un appareil d’électrodialyse compact pour le dessalement de l’eau de mer a même été
développé dans le but de produire de l’eau potable sur les bateaux de pêche ou de plaisance.

L’électrodialyse se couple à des procédés membranaires et des procédés biologiques, ces derniers
étant dans ce cas le plus souvent placés en amont. L’électrodialyse utilise le principe suivant : Si un
liquide riche en ions est soumis à un champ électrique grâce à deux électrodes entre lesquelles on
applique une différence de potentiel continue, les cations vont se diriger vers l'électrode négative (ou
cathode) tandis que les anions vont se diriger vers l'électrode positive (ou anode). Si rien ne s'oppose
à leur mouvement, ils viennent se décharger sur les électrodes de signe contraire, il y a électrolyse.

En revanche, si l'on place entre les électrodes un ensemble de membranes de dialyse sélectives
 Les unes, cationiques, perméables aux cations seulement 523
 Les autres, anioniques, perméables aux seuls anions, disposées alternativement comme l'indique
la figure précédente, on limite la migration des ions, car les anions ne peuvent traverser les
membranes négatives, ni les cations les membranes positives
Contrairement à la filtration membranaire (ultrafiltration ou nanofiltration) ou l’osmose inverse, ces sont
les éléments (ions, etc.) qui traversent les membranes et pas l’eau.

MISE EN OEUVRE
La configuration qui reste la plus utilisée est celle à plusieurs compartiments. Son principe est
schématisé ci-après :

Figure 105 : Schéma de principe de l’électrodyalyse

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ANNEXES

Dans le cas de la cellule du schéma comportant trois paires de membranes, dont les compartiments 1,
2, 3, 4 et 5 sont alimentés, par exemple, par une solution de chlorure de sodium, les ions des
compartiments 1, 3 et 5 passent dans les compartiments 2 et 4, sous l'effet du champ électrique créé
par les électrodes.

Dans ces conditions l'eau des compartiments 1, 3 et 5 s'appauvrit en sel ("se déminéralise"), tandis que
celle des compartiments 2 et 4 se concentre.

Pour chaque coulomb apporté au système, on observe donc la sortie d'une valence-gramme d'anions
et de cations de chaque compartiment de déminéralisation (1, 3, 5), valence-gramme qui vient s'ajouter
à celles déjà présentes dans les compartiments de concentration (2, 4).

Une solution élégante consiste, pour éviter les risques d'entartrage (confère suite du présent
paragraphe), à inverser régulièrement la polarité des électrodes (par exemple 5 min toutes les 30 à 60
min, et permuter ainsi instantanément compartiments de concentration et compartiments de
dessalement et donc la position des couches de polarisation qui changent de côté de la membrane.
L'eau "produite" pendant ces phases d’inversion doit donc être rejetée. Cette technique est prévue sur
tous les postes d'électrodialyse modernes, car elle permet de simplifier le prétraitement au prix, il est
vrai, d'une complication significative de l'installation.

524
Figure 106 : Exemple d’installations d’électrodyalyse

PERFORMANCES
Cette technique est utilisée pour des eaux usées traitées réutilisées spécifiques ou des usages
spécifiques en réutilisation des eaux usées tels que des eaux usées traitées chargées en sel ou
l’irrigation de cultures sensibles aux sels.

Ainsi, il est difficile de donner des performances en traitement des eaux usées sur les paramètres
classique (DBO5, MES, etc.) pour l’électrodyalyse car comme vu précédemment cette technologie n’est
pas réservé à ce jour à ce type d’usage.

Il figure ci-après des ordres de grandeur des performances obtenues en dessalement pour ce procédé :

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ANNEXES

Tableau 134 : Electrodyalyse – Qualité de l’eau produite en dessalement

NB par rapport au tableau précédent :

 TDS : Solides dissous totaux

 TH : Titre Hydrométrique

Dans le cas du dessablement, il est difficile, technico-économiquement parlant, de vouloir réduire la


salinité de l'eau produite à moins de 200 mg/L.

AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
525
Tableau 135 : Electrodyalyse – Avantages et inconvénients
AVANTAGES INCONVENIENTS

 Permet d’éliminer les ions, mais pas aussi  Ne joue qu’un rôle limité : Eliminée des ions et des
efficacement que l’osmose inverse solides dissous

 Permet d’éliminer les solides dissous en grande  Peu ou pas de référence pour la REUT (ou
quantité similaire)

 Installation compacte  Sujettes à l’encrassement, nécessite des


prétraitements :
Elimination de la turbidité (pour éviter les dépôts
surtout dans les zones mal irriguées)
Réduction de la teneur en métaux, ex.: Fe et Al <
0,3 mg/L, Mn < 0,1 mg/L, etc.
Réduction des sels susceptibles de précipiter dans
les compartiments de concentration, ceci en tenant
compte de la polarisation qui tend, dans le cas de
l'électrodialyse non seulement à surconcentrer les
ions de l'eau à traiter, mais également à changer le
pH

 Installation complexe

 Installation très couteuse en investissement et en


exploitation (électricité, renouvellement des
membranes, etc.)

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ANNEXES

Annexe 3 : Présentation des éléments de benchmark


du cadre institutionnel

526

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ANNEXES

RECHARGE DE NAPPE POUR LA PRODUCTION INDIRECTE D’EAU POTABLE EN BELGIQUE


Entretien avec Emmanuel Van Houtte le 22 janvier 2021 (Expert R&D, qualité de l’eau et
environnement)

IWVA Saint-André, Belgique (Société intercommunale de production d’eau potable)

Points de discussion
 Processus d’émergence du projet : à l’échelle locale ou décision nationale ?

La société de de production AEP (IWVA) est une société intercommunale, qui avait des problèmes de
fourniture d’eau potable à la fin des années 1980 et il y avait la problématique de salinisation des
nappes. L’IWVA a fait appel à l’Université de Gand pour trouver des ressources alternatives. Ils se sont
intéressés aux pratiques des Pays Bas où il y a infiltration de l’eau des fleuves dans les nappes puis
pompage mais cela n’était pas possible en Belgique car il n’y a pas d’eau de surface. Ils se sont donc
tournés vers ce qui existait aux Etats-Unis et ont fait un voyage d’étude (1997). Le dessalement n’était
pas une option car cela nécessite trop d’énergie et est une technologie moins durable.

Il n’y a pas de plan pour le développement de la REUT en Belgique, encore moins il y a 20 ans et le
projet a émergé du besoin local puis 10 ans ont été nécessaires pour développer le projet.
 Gestionnaire du projet

La collecte des eaux usées brutes et le traitement secondaire est réalisé par la société Aquafin puis
l’eau est collectée par l’IWVA qui réalise les traitements additionnels (UV et Osmose inverse), gère
l’infiltration des eaux dans les dunes, les prélèvements, les traitements complémentaires et la
distribution.

Selon M. Van Houtte, le montage institutionnel à privilégier est celui d’une compagnie intégrée, qui
gérerait à la fois la collecte des EUB, le traitement secondaire, les traitements complémentaires, la
recharge, et la distribution de l’AEP. Cela garantirait que la compagnie a intérêt à avoir une bonne
qualité de l’eau et ne peut pas mentir sur de mauvaises qualités (cf. projet existant en Angleterre).
527
 Autorisation du projet : qui a le pouvoir d’autorisation, après consultation de quels acteurs ?

Les régions ont une certaine indépendance sur le plan environnemental en Belgique et le permis
d’exploitation a été délivré par la région de la Flandre. Le plus difficile pour l’obtention du permis
concernait l’infiltration de l’eau dans les dunes, car les dunes sont un écosystème protégé.
 Contrôle de la qualité

Mise en place d’un « water safety plan » : screening de tout le process avec détermination des points
où il y a les plus grands risques. Les contrôles se font au niveau de ces points, de façon automatique
mais aussi par des prélèvements manuels. Les risques sont très bien maîtrisés et il n’y a jamais eu de
problème pour le moment. En cas de problème de qualité sur les eaux infiltrées dans la nappe, il y a
toujours la réserve de la nappe (pour cette raison, la réutilisation indirecte est plus sécurisée que la
réutilisation directe). En cas de problème sur les eaux prélevées dans la nappe, il y a des tuyaux qui
viennent des régions voisines et de la France.
 Diffusion des données de qualité de l’eau

Tous les contrôles sont des autocontrôles, il n’y pas de contrôles extérieurs et les données sont
partagées avec les autorités locales qui publient tous les ans un rapport disponible au public.

Il y a un mécanisme d’alerte en cas de problème de qualité : au niveau de l’ultrafiltration, s’il y a des


problèmes de turbidité, le process est stoppée immédiatement, idem pour l’osmose inverse avec arrêt
immédiat.
 Maîtrise des risques sanitaires et environnementaux

Pour l’instant, les autorités n’ont toujours pas réalisé d’études épidémiologiques même si l’IWVA en a
demandé souvent. Il n’y a donc pas d’information à ce sujet.

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ANNEXES

Par contre il y a un suivi environnemental de l’impact sur les dunes réalisé par l’IWVA avec un rapport
tous les 3 ans au début et 5 ans maintenant. Il n’y a pas de pollution des sols (le traitement très poussé
avant infiltration garantit ce point). Il y a un biologiste qui travaille sur les aspects écosystème.
 Traitement des concentrats

Les concentrats de l’osmose inverse sont déchargés dans un émissaire en mer. Il y a un projet en cours
pour utiliser les saules pour diminuer les taux de nutriments dans les concentras. Il est intéressant de
créer en parallèle des espaces verts avec de la végétation qui résiste à la salinité.
 Est-ce que la réglementation nationale intègre la possibilité de réutilisation pour l’eau
potable ?

C’est la directive européenne qui est suivie.


 Quels sont les grands facteurs de réussite du projet
- Grande confiance entre l’IWVA et les autorités
Il y a des réunions trimestrielles et les relations sont fluides avec de bons échanges.
- Grande confiance entre l’IWVA et les populations/bonne acceptabilité
Il y a un centre pour les visiteurs qui existe depuis la fin des années 1990. Il y a des visites
guidées, des jours ouverts dans la station pour mieux comprendre comment fonctionne
l’osmose inverse.
Selon M. Van Houtte, la confiance passe par l’implication forte des techniciens, « il ne faut pas
laisser un politicien expliquer la réutilisation car les gens n’auront pas confiance ». Alors que
le technicien saura répondre aux questions et les gens auront confiance. »
- Il y a un très bon niveau de compétence
C’est un élément crucial selon Emmanuel et il ne faut pas hésiter à faire appel à de l’aide lors
de l’élaboration des projets pour assurer la réussite. Une collaboration est possible.
L’utilisation des EUT pour l’AEP après passage par la nappe est techniquement faisable et
économiquement viable. Mais, c’est très technique il faut la compétence osmose inverse, UV,
528 etc.
Par ailleurs, l’infiltration des EUT est très délicate et dépend de nombreux facteurs comme la
perméabilité, la température, etc. Chaque projet est unique. Au niveau technique, la
réutilisation directe pour l’AEP, sans passage par la nappe, semble être plus facile. Ils sont en
phase de test en Belgique où l’infiltration est remplacée par un filtre à charbon actif après
osmose inverse pour traiter les matières organiques.
- Il est nécessaire de commencer par de petits projets, pour gagner progressivement en compétence
et rassurer/motiver les gens

REUTILISATION DES EUT EN ISRAËL


Entretien avec Amit Gross Israël (gestion de l’eau, des sols et de l’environnement) 28/01/2020

Points de discussion
 Organisation générale du secteur

En Israël, la gestion de l’eau est très centralisée. L’eau est considérée comme une ressource nationale.

Quelques éléments généraux sur la gestion de l’eau en Israël sont donnés dans l’encadré ci-dessous.

Eléments du document “Water management in Israel: key innovations and lessons learn for
water-scarce countries”

Les changements observés dans le secteur de l’eau en Israël ont majoritairement émergé après
plusieurs crises importantes. Suite à des sécheresses répétées, le gouvernement a pris la décision
d’engager des réformes ambitieuses dans le secteur de l’eau. L’autorité de l’eau (IWA : Israel Water
Authority) a été créé, en tant qu’agence gouvernementale autonome, avec les compétences de
planification et régulation pour tous les usages liés à l’eau.

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ANNEXES

Israël a pris la décision d’atteindre la viabilité financière via le recouvrement des coûts. Un nouveau
cadre financier et de nouveaux tarifs ont été mis en place, sous le contrôle de l’IWA, qui a établi les
tarifs pour l’ensemble des usagers.

Les services municipaux d’eau potable et d’assainissement ont été graduellement transformés en
sociétés régionales, à orientation commerciale, et les tarifs ont augmenté de façon progressive, jusqu’à
permettre le recouvrement des coûts.

La réutilisation des EUT fait exception cependant. En effet, pour la REUT, il y a des aides de l’état pour
permettre aux agriculteurs de payer l’eau, et qu’elle soit moins chère que les eaux conventionnelles.
L’objectif en Israël est de favoriser la substitution des eaux conventionnelles par les EUT, comme cela
est mentionné dans la politique nationale. Ainsi, les coûts associés au traitement et au stockage des
EUT est largement subventionné, alors que les agriculteurs payent les coûts associés au transport des
EUT.

L’eau potable est produite essentiellement par la désalinisation. Il n’y a pas de projet de REUT pour de
l’eau potable, au niveau de l’acceptabilité, cela ne passerait pas. Ainsi la désalinisation permet de
produire l’AEP et la REUT est utilisée pour l’usage agricole.

La REUT est principalement gérée par 3 grosses sociétés. Il y a réinjection à Tel Aviv mais ailleurs,
l’eau est directement réutilisée. Ces compagnies ne sont pas en contact avec la société nationale
d’approvisionnement en eau potable ni avec les sociétés qui font la désalinisation. La réinjection se fait
dans un aquifère qui ne sert pas à l’eau potable, il n’y a donc pas de lien entre la REUT et
l’approvisionnement en eau potable.

Selon le Prof Gross, cette gestion très centralisée avec quelques gros producteurs d’EUT facilite le
contrôle et le bon fonctionnement du système, mais selon lui, il faudrait pouvoir décentraliser le système
pour le rendre plus accessible au niveau local et ouvrir sur de nouveaux usages potentiels (voir ci-
après).
 Problématiques sanitaires/Contrôle de la qualité

En Israël, les problématiques sanitaires sont gérées par le Ministère de la Santé. Les analyses de qualité 529
de l’eau sont réalisées par les compagnies de production des eaux traitées, plus d’une fois par semaine.
Les échantillons sont analysés par quelques laboratoires agréés par le Ministère de la Santé. La plupart
des données sont publiques et les compagnies doivent les publier, avec un rapport tous les 3-4 mois,
plus un rapport annuel. Il n’y a pas de problèmes de confiance avec les résultats des analyses de qualité
car il y a des contrôles « surprises » réalisés par le Ministère de la Santé et jusqu’à présent il n’y a pas
eu de différences entre les résultats des compagnies et du Ministère.

Il y a déjà eu des problèmes de qualité qui poussent à arrêter la réutilisation (tous les 3-5 ans). C’est le
Ministère de la Santé et la Water authority qui sont chargés de relayer l’information au niveau national,
via la radio, la télé, etc. Au niveau régional, le Conseil régional est aussi un relais de l’information via le
téléphone portable, pour donner l’alerte immédiatement. Il est intéressant de noter que dans ces cas-
là, il n’y a pas de ressource alternative.
 Problématiques environnementales

Les risques potentiels pour l’environnement sont plus importants que les risques sanitaires selon le Prof
Gross, particulièrement pour les sols et les produits de l’agriculture. Il y a notamment des problèmes de
contamination par les métaux, le manganèse.

Il y a des analyses sur les produits agricoles pour regarder s’il y a contamination. A ce niveau, il y a
parfois des problèmes, notamment pour les endroits où l’eau n’est pas de très bonne qualité mais où
les produits sont quand même vendus de la même façon que les produits agricoles produits où l’eau
est de très bonne qualité.
 Incitation financière pour la réutilisation des EUT

L’eau est particulièrement chère en Israël (entre 1 et 2 USD/m3 pour les premiers m3, puis 4 USD/m3)
alors que pour les EUT, l’eau est bien moins chère (environ 30-40 centimes par m3). Cela explique
pourquoi les agriculteurs sont très demandeurs de cette ressource, alors qu’il n’y a souvent pas de
ressources alternatives. Il y a des quotas et c’est la water authority qui distribue les quotas.

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prospective - Version définitive
ANNEXES

 Décentralisation de la REUT

Le système de production est centralisé mais il y a aussi quelques sites décentralisés de production
d’EUT où l’eau peut être utilisée mais pour des usages requérant des qualités d’eau moindre
(notamment pour les oliveraies). Selon le Prof Gross, il devrait y avoir des compagnies
publiques/privées indépendantes et lucratives pour réaliser les analyses de qualité au niveau local et
garantir les « best management practices » afin de fournir une eau de bonne qualité. Cela permettrait
d’autoriser la REUT sans restriction au niveau local. En Israël, l’eau est tellement chère que la
réutilisation est toujours une ressource moins chère que les autres ressources.

Il pourrait y avoir un suivi avec transmission des résultats en direct « online indicator » qui seraient
accessibles au Ministère de la Santé afin de créer un système d’alerte en direct. Il y a un projet pilote
en ce moment mené par le Prof Gross. Il s’agit de 30 systèmes de récupération des eaux grises
domestiques pour l’arrosage des jardins, les toilettes mais aussi le maraîchage pour de petits
producteurs. L’Université a mis en place un monitoring online pour vérifier le fonctionnement du
traitement de ces eaux grises. Les paramètres analysés sont la turbidité et parfois les résidus de chlore
(lien entre le chlore et les TSS). L’Université réalise des analyses 8 fois par an pour vérifier que les
résultats obtenus par le monitoring en ligne sont bons. Cela fait plusieurs années que le projet pilote est
en cours et selon le Prof Gross, le monitoring sert surtout à rassurer la population. En effet, si la
maintenance des installations est bonne, alors les risques de problèmes sont évités à plus de 99% (ils
ont réalisé une analyse des risques pour en arriver à ce constat).

La qualité des eaux traitées est excellente et pourrait permettre tous les types de REUT. Cela serait de
toute manière un prérequis du Ministère de la Santé pour autoriser ce type de REUT.
 Facteurs de succès pour le développement de la REUT
- Acceptabilité des usagers,
- Un cadre solide pour la régulation des activités
- Une technologie fiable, simple d’usage et à faible coût (il ne faut pas que ce soit trop technique)
- La qualité des EUT doit garantir que les productions agricoles sont de très bonne qualité
530
REUTILISATION DES EUT A MURCIE, EN ESPAGNE
Entretien Francisco Pedrero Salcedo - Irrigation Department of the Centre for Applied Soil Science and
Biology of the Segura (CEBAS/CSIC).
 Emergence de la REUT à Murcie

C’est le gouvernement régional qui a initié le projet de REUT à Murcie, notamment pour développer
l’agriculture et limiter la pollution des rivières. Aujourd’hui, sur les 150 000 ha irrigués dans la région,
100 000 peuvent avoir recours aux EUT. De la même façon, la plupart des STEP de la région ont un
traitement tertiaire et pratiquement 100% des eaux sont réutilisées, de façon directe ou indirecte.

Au niveau local, ce sont les usagers qui font la demande pour les projets, via les associations d’irrigants.
- La confédération hydrographique du Segura (organisme de bassin) est en charge de la validation de
la demande. Elle l’examine pour voir si c’est en accord avec les plans de gestion de bassin
(notamment pour vérifier que la réutilisation ne va pas impacter négativement le débit des rivières).
- L’autorité de santé publique de la région de Murcie exige de la proposition technique la description
des traitements en fonction des usages et la description du programme de suivi de la qualité.
 Les principaux acteurs

La loi sur l’eau pose les contours de la réutilisation des eaux usées traitées.
- Elle exige de la société ESAMUR de fournir une eau de ‘bonne qualité’ aux usagers (via un traitement
secondaire et souvent tertiaire). ESAMUR a été créé par la région et ses responsabilités concernent
la gestion, l’utilisation et le suivi des eaux usées.
- Ce sont ensuite les usagers qui sont responsables de la qualité de l’eau et de son suivi. Le
gouvernement peut soutenir les usagers s’ils ont besoin de mettre en place des traitements
additionnels (avec parfois des aides financières).

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ANNEXES

- Le secteur de la Recherche se situe entre les usagers et la société ESAMUR et a beaucoup œuvré
pour améliorer la confiance entre les usagers et ESAMUR. En effet, il y a 10 ans, il n’y avait pas de
confiance sur la qualité de l’eau distribuée. Il n’y a plus cette crainte aujourd’hui ; il n’y a qu’une seule
équipe et tout le monde s’assoit à la même table. C’est le travail sur le long terme qui a permis
d’établir la confiance, la sensibilisation du public aussi (particulièrement sur les bénéfices
environnementaux, ça marche très bien). Il y a d’ailleurs tous les mois des réunions, au niveau local
qui regroupent les associations d’irrigants, la société ESAMUR, le monde de la recherche.

Il y a une réelle concertation entre les différents acteurs (gouvernement régional, usagers, golfs, villes,
centres de recherche) pour préparer des plans pilote de développement de la REUT.
 Financement du secteur

Le « Sanitation Master Plan » de la région de Murcie a été développé entre les années 2001-2010. Il
prévoit une nouvelle organisation pour le financement de la REUT avec l’introduction d’une nouvelle
taxe au niveau de la facture d’assainissement. Ils ont fait une étude à postériori, qui a montré que les
gens ne s’étaient pas rendu compte qu’ils payaient cette taxe (80% des personnes ne savaient pas
qu’une partie de leur facture servait à financer la REUT). Par contre, quand on leur a expliqué à quoi
servait cette taxe et qu’elle avait permis de réduire la pollution des cours d’eau et produire plus en
agriculture, plus de 90% des personnes s’étaient dites prêtes à payer un peu plus cher.

Les usagers payent pour le transport de l’eau mais l’eau leur est distribuée gratuitement. Ils doivent
démontrer qu’ils ont besoin de cette eau et monter un projet.

En fonction des usages, différents traitements peuvent être réalisés. Une étude préliminaire définie qui
va utiliser l’eau afin de déterminer le niveau de traitement adapté.
 Données qualité de l’eau et système d’urgence

ESAMUR publie les données générales de qualité de l’eau. Ces données sont accessibles à tous.
Cependant, l’ensemble des données n’est pas public, pas comme en Californie où tout le monde peut
avoir accès à l’ensemble des données. C’est mieux, c’est vers cela qu’il faudrait tendre. Concernant les
procédures d’urgence en cas de problème de qualité, le mécanisme dépend du mode de 531
fonctionnement de la station (plus de 100 stations font de la REUT). Parfois, c’est le gestionnaire de la
station qui lance l’alerte, parfois ce sont les chercheurs s’ils reçoivent les résultats de qualité.
 Réservoirs de stockage

Normalement, les STEP sont situées à proximité du point de réutilisation et en sortie de STEP il y a des
réservoirs qui permettent de stocker entre 500 000 m3 et 1 million m3 (il existe environ 3 000 réservoirs
dans la région de Murcie). Ces réservoirs permettent :
- De garantir la disponibilité de l’eau,
- De produire un traitement additionnel (par le soleil),
- De diluer les problèmes de qualité s’il y en a en sortie de station.

La recharge des aquifères est un sujet nouveau, pensé particulièrement pour les STEP qui ne sont pas
connectées aux grandes villes. La recharge permettrait de recharger l’aquifère en hiver et de réutiliser
directement les EUT en été. La prise en charge des coûts additionnels n’est pas encore claire mais
selon M. Pedrero Salcedo, ce sera au Gouvernement Régional de couvrir ces coûts.
 Réutilisation pour l’eau potable

La réutilisation pour l’eau potable n’est pas autorisée en Espagne. M. Pedrero Salcedo pense que cela
viendra mais selon lui, il faut être prudent et chaque chose en son temps… La réutilisation pour l’eau
potable ne doit être pratiquée que si la REUT est déjà bien maîtrisée.
 Facteurs de réussite

Mr Pedrero Salcedo a cité 3 facteurs de réussite clé:


- Un bon réseau institutionnel avec une société en charge du traitement qui ait les compétences (la
société ESAMUR a des professionnels très compétents, qui ont les capacités de résoudre les
problèmes).

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ANNEXES

- Des Universités et des centres de recherche qui travaillent sur des sujets de recherche pratique (la
taxe sur l’assainissement permet aussi de financer la recherche),
- La sensibilisation du public et le renforcement des capacités des usagers.

Lecture du “Integrated Urban Water Reclamation and Reuse System in the Murcia Region”

Points clés de la région : 300 mm de précipitations annuelles, population de 1.5 millions de personnes.
20% des fruits et légumes exportés en Espagne proviennent de cette région.

La forte pollution de la rivière Segura a conduit le Parlement régional à adopter une loi pour mettre en
place un nouveau système de traitement des eaux usées. Le nouveau système comprend les actions
suivantes :
- Donner plus de compétences au gouvernement régional autonome pour le traitement des eaux
usées traitées. La compétence est exécutée par le département général de l’eau et de l’agriculture,
via la direction générale de l’eau ;
- Mettre en place un plan de gestion pour le traitement des eaux usées urbaines dans la région de
Murcie ;
- Mettre en place une taxe pour le traitement des eaux usées ;
- Créer une structure publique responsable pour le suivi, la mise en œuvre et la maintenance des
installations.

Le plan avait pour objectif de coordonner les actions entre les différentes administrations publiques (à
l’échelle nationale, régionale et municipale) et a été validé par le gouvernement régional de Murcie.
Les critères basiques opérationnels étaient les suivants :
- Construction des installations nécessaires pour le traitement des eaux usées traitées ;
- Sélection de critères de conception assurant la fiabilité et la bonne qualité des EUT ;
- Mise en place de procédures de gestion et maintenance des installations rigoureuses ;
532 - Mise en place de suivi des activités industrielles en matière de production d’eau usées et
encouragement du traitement à la source des eaux usées industrielles.

Particularité du plan : les STEP doivent produire des EUT pour 2 usages potentiels :
- L’évacuation des EUT dans les cours d’eau pour une réutilisation indirecte en aval ;
- La réutilisation directe des EUT.

Ces deux usages nécessitent une très bonne qualité de l’eau car même dans les cours d’eau, il n’y a
pas d’effet de dilution et la qualité doit être garantie pour les usages indirects à l’aval. Pour répondre
à cette demande, toutes les nouvelles STEP ont été équipées d’un traitement poussé sur les
nutriments et de traitements tertiaires permettant la réutilisation de l’eau. La mise en place de
traitement avancé pour l’ensemble des STEP de la région de Murcie est une spécificité de ce plan.

Création du système de gestion des installations :

La loi régionale a mis en place la taxe sur l’assainissement pour financer la mise en œuvre, la
maintenance et le suivi des installations. La taxe a aussi permis la création de l’institution régionale
ESAMUR pour réaliser ces activités. ESAMUR est une institution publique régionale qui assure la
gestion et le contrôle des d’ouvrages d’assainissement, pour le comptes des communes, qui sont
propriétaires des infrastructures.

Un seul tarif est appliqué pour la taxe (déterminée au niveau régional) : il y a une taxe pour les
producteurs d’EU domestiques et une autre pour les industriels. C’est ESAMUR qui collecte et
administre la taxe.

Actuellement la taxe est la suivante :


- 0,30 €/m3 (tarif domestique) + redevance fixe de 36€/an
- 0,42 €/m3 (tarif industriel - non domestique où la consommation annuelle dépasse 1500 m3/an) +
redevance fixe de 42€/an.

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ANNEXES

Construction des installations :

Dans le cadre du plan de gestion, 97 STEP ont été construites (dont 46 de taille importante) et la
construction du système de collecte des EUB a permis de connecter 99% de la population urbaine
aux STEP. Une grande partie de la construction a été développée par le département régional de
l’eau et de l’agriculture et réalisée par la direction générale de l’eau de la région de Murcie. L’Union
européenne a cofinancé les installations à hauteur de 75-80% via le fond régional de développement
et le fond de cohésion.

L’investissement total a été de l’ordre de 645 millions d’euros (78% par la communauté autonome,
17% par le ministère de l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, 5% par les municipalités).
Suite à la mise en place de toutes les installations, en 2010, 110 Mm3 étaient traités par les 97 STEP,
dont 100 Mm3 étaient directement ou indirectement réutilisés.

La réutilisation :

Les différents usagers font une demande de réutilisation qu’ils adressent à la confédération
hydrographique de la rivière Segura, qui instruit la demande et vérifie que la réutilisation n’aura pas
d’incidence sur l’environnement.

533

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ANNEXES

Annexe 4 : Hypothèses retenues pour l’établissement


des scénarios régionaux
RECYCLAGE INDUSTRIEL
Pour chaque région, pour tous les scénarios, il est estimé qu’une part des effluents industriels produits
sera recyclée au sein des unités industrielles. Le volume arrivant aux STEP se retrouve donc réduit. Il
est estimé que ce recyclage concernera 20 % des effluents produits en 2025, 50 % d’ici 2030 et 80 %
en 2040 et 2050. Les données utilisées pour connaître les volumes des effluents industriels sont celles
fournies par le modèles de calcul des flux d’EUT détaillé dans le chapitre 3 du rapport.

BESOINS EN EAU D’IRRIGATION


Des hypothèses sur les besoins en eau actuels et futurs des cultures sont effectuées pour estimer les
superficies irrigables avec les volumes d’EUT pouvant être valorisés. Le tableau ci-dessous résume les
besoins en eau retenus pour l’horizon 2020, par cultures et par régions. Pour des parcelles en fourrages
ou maraîchage, les besoins en hiver et en été sont additionnés.

Tableau 136 : Hypothèses utilisées pour les besoins en eau actuels des cultures par régions
Cultures considérés Besoins en eau d’irrigation estimés en 2020 (m3/ha/an)

Nord Centre Sud

Agrumes 8 000 Non utilisé Non utilisé


534 Oliviers 3 000 3000 3 000

Vignes 4 100 Non utilisé Non utilisé

Autres arboricultures 6 650 5 750 8 200

Céréales 1 800 Non utilisé Non utilisé

Fourrages d’été 8 100 6 200 8 550

Fourrages d’hiver 1 550 1 400 3 800

Maraîchage d'été  6 600 5 650 Non utilisé

Maraîchage d'hiver  1 050 1 350 Non utilisé

Oliviers et fourrages en
Non utilisé 6 000 12 000
intercalaire 

Palmiers dattiers Non utilisé Non utilisé 13 600

Concernant les besoins futurs, il est estimé que les besoins en eau des cultures vont augmenter de 15
% en 2050 avec l’augmentation de l’évapotranspiration dû au changement climatique. Le tableau ci-
dessous reprend donc les besoins en eau d’irrigation des cultures et par régions mais cette fois à
l’horizon 2050.

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ANNEXES

Tableau 137 : Hypothèses utilisées pour les besoins en eau futurs (2050) des cultures par régions
Cultures considérés Besoins en eau d’irrigation estimés en 2050 (m3/ha/an)

Nord Centre Sud

Agrumes 9 200 Non utilisé Non utilisé

Oliviers 3 450 3 450 3 450

Vignes 4 700 Non utilisé Non utilisé

Autres arboricultures 7 650 6 600 9 400

Céréales 2 100 Non utilisé Non utilisé

Fourrages d’été 9 300 7 100 9 800

Fourrages d’hiver 1 800 1 600 4 400

Maraîchage d'été  7 600 6 500 Non utilisé

Maraîchage d'hiver  1 200 1 550 Non utilisé

Oliviers et fourrages en
Non utilisé 7 000 13 000
intercalaire 

Palmiers dattiers Non utilisé Non utilisé 15 600

535
TEMPORALITE DE LA MISE EN OEUVRE DES DIFFERENTES VALORISATIONS DES EUT
Il est estimé que les différentes valorisations des EUT prévues dans les scénarios ne sont pas toutes
réalisées au même horizon temporel. En fonction de la difficulté technique de leur mise en œuvre, cet
horizon temporel est plus ou moins éloigné. Par exemple, nous avons estimé que l’irrigation du
maraichage qui nécessite des traitements des EUT plus poussés commencera aux alentours de 2040.
Il a aussi été pris en compte le calendrier de création des nouvelles STEP.

Tableau 138 : Hypothèses des horizons temporels de mise en œuvre des différentes valorisations des EUT
Valorisation des EUT Horizon temporel de début de mise en œuvre

Irrigation agricole pour des cultures autorisées Si périmètre déjà projeté : 2025
actuellement – création de nouveaux périmètres
irrigués Si moins de 10 km de la STEP : 2030

Si besoins de transfert de plus de 10 km : 2040

Irrigation agricole pour des cultures autorisées – A partir de 2030 (augmentation progressive, voir note
substitution des eaux conventionnelles par des EUT en dessous du tableau)
dans des périmètres existants

Irrigation agricole pour du maraîchage 2040

Irrigation des espaces verts (municipaux et 2030


touristiques)

Reboisement 2030

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Valorisation des EUT Horizon temporel de début de mise en œuvre

Irrigation de nouveaux golfs 2030 ou 2040 en fonction des programmations de


l’AFT et de la STDG

Recharge de nouvelles nappes 2030

Réutilisation industrielle 2030

Pour le secteur des phosphates : à partir de 2025

AEP 2050

NB : Pour certains scénarios, il est envisagé pour des périmètres irrigués existants alimentés par des
eaux conventionnelles que leurs ressources soient remplacées par des EUT. Il est estimé que cette
substitution se fait progressivement dans le temps. Pour les grands périmètres irrigués (vallée de la
Medjerdah, plaine de Mornag, plaine de Grombalia, maraîchage à Sousse et Sfax…), il est estimé que
la substitution concerne 50 % des superficies en 2030 et 90 % en 2040. En 2050, ce développement
reste à 90 % des surfaces irriguées et non 100 % car il peut exister des contraintes techniques à la
substitution des eaux conventionnelles par des EUT pour certaines parcelles, d’où cette hypothèse des
90 %.

REUTILISATION INDUSTRIELLE DES EUT


Pour certaines régions (cas du Sahel et Sfax, Grand Tunis, Grand Sud), la réutilisation des EUT pour
des usages industriels est une valorisation envisagée pour des unités à proximité des STEP. Pour
quantifier cet usage, les données des consommations en eau potable de la SONEDE des grandes
zones industrielles ont été utilisées. Elles ont été complétées par les prélèvements des industries dans
les nappes profondes fournies dans l’annuaire de la DGRE. Il est ensuite estimé qu’une part de ces
536 volumes consommés sera substituée par des EUT. Les hypothèses formulées sont une réutilisation
industrielle de 10 % du volume consommé en 2030, 20 % en 2040 et 30 % en 2050. Les volumes
consommés par les Industries Agro-Alimentaires ne sont pas pris en compte au regard de l’exigence
en termes de qualité des EUT pour ces industries.

COUTS DES SCENARIOS


Ces coûts sont basés sur les hypothèses présentées en annexe 6 du rapport de Phase 2.

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Annexe 5 : Volumes d’EUT substitués aux eaux


conventionnelles par régions, usages et scénarios
SAHEL ET SFAX 2050
Volume  Superficies  Part du volume  Part du volume total 
Scénarios Valorisations des EUT substitué (Mm3) concernées (ha) réutilisé d'EUT produit
Arbo/fourrages 52 7 478 52% 32%
Maraîchage 32 3 914 32% 19%
TOTAL AGRICOLE 83 11 392 84% 51%
Scénario 1 Espaces verts 0 0 0% 0%
Réutilisation industrielle 0 0 0% 0%
Recharge de nappe 6 ‐ 6% 4%
TOTAL  89 11 392 91% 55%
Arbo/fourrages 0 0 0% 0%
Maraîchage 0 0 0% 0%
TOTAL AGRICOLE 0 0 0% 0%
Scénario 2 Espaces verts 0 0 0% 0%
Réutilisation industrielle 0 0 0% 0%
Recharge de nappe 0 0 0% 0%
TOTAL  0 0 0% 0%
Arbo/fourrages 0 0 0% 0%
Maraîchage 0 0 0% 0%
TOTAL AGRICOLE 0 0 0% 0%
Scénario 3 Espaces verts 13 370 25% 8%
Réutilisation industrielle 4 ‐ 7% 2% 537
Recharge de nappe 0 0 0% 0%
TOTAL  16 370 33% 10%

CAP BON 2050
Volume substitué  Superficies  Part du volume  Part du volume total 
Scénarios Valorisations des EUT (Mm3) concernées (ha) réutilisé d'EUT produit
Agrumes 9 1 012 32% 22%
Arbo/fourrages 1 76 2% 1%
Maraîchage 9 1 072 33% 22%
Scénario 1 TOTAL AGRICOLE 19 2 160 67% 46%
Espaces verts 4 412 13% 9%
Recharge de nappe 0 0 0% 0%
TOTAL  23 2 571 80% 55%
Agrumes 0 0 0% 0%
Arbo/fourrages 0 0 0% 0%
Maraîchage 0 0 0% 0%
Scénario 2 TOTAL AGRICOLE 0 0 0% 0%
Espaces verts 0 0 0% 0%
Recharge de nappe 0 0 0% 0%
TOTAL  0 0 0% 0%
Agrumes 0 0 0% 0%
Arbo/fourrages 0 0 0% 0%
Maraîchage 0 0 0% 0%
Scénario 3 TOTAL AGRICOLE 0 0 0% 0%
Espaces verts 0 0 0% 0%
Recharge de nappe 16 ‐ 68% 37%
TOTAL  16 0 68% 37%

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ANNEXES

GRAND TUNIS 2050
Volume substitué  Superficies  Part du volume  Part du volume 
Scénarios Valorisations des EUT (Mm3) concernées (ha) réutilisé total d'EUT produit
Arbo/fourrages 0 0 0% 0%
Maraîchage 0 0 0% 0%
TOTAL AGRICOLE 0 0 0% 0%
Espaces verts 6 399 3% 3%
Scénario 1
Réutilisation industrielle 4 ‐ 2% 2%
Recharge de nappe 9 ‐ 5% 4%
AEP 151 ‐ 78% 64%
TOTAL  170 399 88% 72%
Arbo/fourrages 82 14 105 38% 35%
Maraîchage 19 2 157 9% 8%
TOTAL AGRICOLE 101 16 262 47% 43%
Espaces verts 6 399 3% 3%
Scénario 2
Réutilisation industrielle 4 ‐ 2% 2%
Recharge de nappe 9 ‐ 5% 4%
AEP 0 0 0% 0%
TOTAL  120 16 661 57% 51%
Arbo/fourrages 128 16 296 60% 55%
Maraîchage 0 0 0% 0%
TOTAL AGRICOLE 128 16 296 60% 55%
Espaces verts 0 0 0% 0%
Scénario 3
Réutilisation industrielle 0 0% 0% 0%
Recharge de nappe 28 ‐ 13% 12%
AEP 0 0 0% 0%
TOTAL  156 16 296 73% 66%
Arbo/fourrages 72 9 885 0 0
538 Maraîchage 0 0 0% 0%
TOTAL AGRICOLE 72 9 885 41% 31%
Espaces verts 0 0 0% 0%
Scénario 4
Réutilisation industrielle 0 0% 0% 0%
Recharge de nappe 28 ‐ 16% 12%
AEP 0 0 0% 0%
TOTAL  100 9 885 57% 43%

GRAND SUD 2050
Volume substitué  Superficies  Part du volume  Part du volume total 
Scénarios Valorisations des EUT (Mm3) concernées (ha) réutilisé d'EUT produit
Palmiers dattiers 20 1 274 32% 20%
Espaces verts 4 485 7% 5%
Scénario 1 Réutilisation industrielle 13 ‐ 21% 13%
Recharge de nappe 18 ‐ 30% 19%
TOTAL  56 1 760 90% 56%
Palmiers dattiers 0 0 0% 0%
Espaces verts 13 1 368 15% 13%
Scénario 2 Réutilisation industrielle 0 0 0% 0%
Recharge de nappe 0 0 0% 0%
TOTAL  13 1 368 15% 13%

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ANNEXES

Annexe 6 : Hypothèses retenues pour les ACB


La présente annexe détaille les données utilisées pour les ACB.

CONVERSION MONETAIRE
Taux de conversion euro – Dinar tunisien : 1 € = 3.25 DT

COUT DE L’ENERGIE
1 kWh : 0,235 DNT

ESTIMATION DES COUTS DE TRAITEMENT DES EUT AU NIVEAU III


Ces coûts de traitement sont estimés sur la base des coûts présentés au chapitre dédié, aussi bien
pour les aspects investissement que fonctionnement.

ESTIMATION DES COUTS DE TRANSFERT


Ces coûts sont estimés sur la base des prix d’ordre suivants établis par BRLi sur la base de prix de
travaux récents et de l’expertise des ingénieurs hydrauliciens de BRLi.

Les coûts intègrent toutes les sujétions associés aux projets (foncier, étude …).

Coûts des canalisation


Tableau 139 : Coût d’ordre des canalisations
539
DN Cout ordre /km DN Cout ordre /km
mm euro/m DNT/m mm euro/m DNT/m
            100              190              620           1 800           1 681           5 460 
            250              240              780           1 900           1 772           5 760 
            300              330           1 070           2 000           1 864           6 060 
            400              390           1 270           2 100           1 955           6 350 
            500              480           1 560           2 200           2 046           6 650 
            600              570           1 850           2 300           2 138           6 950 
            700              670           2 180           2 400           2 229           7 240 
            800              760           2 470           2 500           2 321           7 540 
            900              850           2 760           2 600           2 412           7 840 
         1 000              900           2 930           2 700           2 503           8 140 
         1 200           1 140           3 710           2 800           2 595           8 430 
         1 400           1 330           4 320           2 900           2 686           8 730 
         1 500           1 420           4 620           3 000           2 777           9 030 
         1 600           1 520           4 940 
         1 700           1 590           5 170 

La canalisation représente 90% du coût, le matériel (vannes, ventouses …) 10 % du coût.

Pour le dimensionnement des conduites, les calculs de perte de charge dans la canalisation sont
déterminés par la formule de Lechapt et Calmon suivante : J = L x QM x D-

Avec :
 J, perte de charge linéaire en mm/m,

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ANNEXES

 Q, débit transitant dans la canalisation en m3/s,


 D, diamètre intérieur de la canalisation en m,
 L, M et N coefficients de Lechapt et Calmon dépendants de la rugosité des conduites.

La rugosité retenue pour le dimensionnement des conduites est de 0.5 mm, soit L = 1.4, M = 1.96,
N = 5.19

Une majoration de 10% pour prendre en compte les pertes de charge singulières diffuses (coudes,
points singuliers…) est intégrée.

Coûts des stations de pompage


Le dimensionnement des stations de pompage est réalisé sur la base débit / HMT afin de déterminer
la puissance de chaque station.

La HMT de stations de pompage est définie par addition des pertes linéaires dans l’adducteur de
transfert (selon formule vue ci-avant) et du dénivelé géographique saisie comme hypothèse.

La puissance hydraulique de la station de pompage est calculé à partir de la formule suivante :


9.81𝑥𝑄𝑥𝐻
𝑃
𝑟 𝑥𝑟

Avec :
 P = Puissance hydraulique de la pompe (en kW),
 Q = débit de la pompe en m3/s,
 H = HMT de la pompe (en mCE),
 rp = rendement des pompes (70% dans le cadre de l’étude),

540  rm = rendement du moteur (90% dans le cadre de l’étude).

Les coûts des stations de pompage sont estimés sur la base des prix d’ordre suivants établis par BRLi
sur la base de prix de travaux récents et de l’expertise des ingénieurs hydrauliciens de BRLi. Les
coûts intègrent toutes les sujétions associés aux projets (foncier, étude …).

Tableau 140 : Coût d’ordre des stations de pompage


Cout ordre / kWh
hydraulique

kW euro/kW DNT/kW
                  10           8 500        27 625 
                  50           5 600        18 200 
               100           4 500        14 625 
               200           3 600        11 700 
               500           2 700           8 775 
            1 000           2 200           7 150 
            2 000           1 800           5 850 
            3 000           1 500           4 875 
            4 000           1 400           4 550 
            5 000           1 300           4 225 
            6 000           1 300           4 225 
            7 000           1 300           4 225 

Le génie civil représente 1/3 du coût, le matériel hydromécanique 2/3 du coût.

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ANNEXES

Optimisation du couple Station de pompage - Adducteur


Le couple station de pompage – adducteur est dimensionné par optimisation. Le calcul vise à rechercher
le couple puissance de la station/diamètre de l’adducteur qui minimise la somme suivante :

coût d’investissement de la station + coût d’investissement de la canalisation + coût de fonctionnement


de l’ensemble (principalement coût d’énergie).

On peut en effet montrer que cet


ensemble connaît un minimum : les coûts
d’investissement de la canalisation sont
croissants avec le diamètre mais plus le
diamètre est grand et plus les pertes de
charge seront réduites et plus le coût
d’investissement de la station et les coûts
d’énergie seront réduits.

Le calcul est réalisé par un calcul actualisé avec un coût d’actualisation de 3%.

Coûts d’exploitation autre que énergie


Sur la base de l’expérience de BRL en matière de maîtrise d’ouvrage et de gestion de grands réseaux
hydrauliques, le coût annuel d’exploitation hors énergie de l’ensemble de l’infrastructure de transfert est
pris égal à 1% du coût d’investissement.

Renouvellement et Durée de vie


Les hypothèses retenues sur les durées de vie sont les suivantes : 541
 Durée de vie canalisation : 60 ans
 Durée de vie matériel hydro cana : 25 ans
 Durée de vie génie civil station de pompage : 50 ans
 Durée de vie matériel hydromécanique station de pompage : 25 ans

ESTIMATION DES COUTS DE STOCKAGE


Les coûts de stockage sont estimés sur la base d’un prix d’ordre de 5 DT/m3 stocké.

La durée de vie est supposée égale à 50 ans. 10% du total de l’investissement est toutefois supposé
renouvelé 1 fois en 30 ans.

Les frais annuels d’exploitation sont pris égaux à 1 % du montant d’investissement.

ESTIMATION DES COUTS DES STATION DE DESSALEMENT


Coûts d’investissement et de fonctionnement
Les coûts des unités de dessalement sont estimés sur la base des hypothèses suivantes :

 Coût d’investissement : 1 500 €/m3/jour. Nous avons retenu ce coût sur la base de précédentes
études BRLi et sur la base des coûts mentionnés dans l’étude Eau 2050 (tableau extrait ci-
dessous) :

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ANNEXES

Le génie civil représente 20 % du coût, l’équipement 80 % du coût.


 Coût d’exploitation (incluant énergie et autre) : 0.70 €/m3
 Consommation d’énergie : 3.5 kWh/m3

Durée de vie
Les hypothèses retenues sur les durées de vie sont les suivantes :
 Durée de vie génie civil : 30 ans
 Durée de vie équipement : 10 ans

ESTIMATION DES COUTS DES STATIONS DE POTABILISATION


Les coûts de potabilisation sont basées sur les bordeaux suivants établis par les ingénieux de BRLi
spécialisés en eau potable sur la base de différents marchés récents.

Pour une unité de traitement partielle (Reminéralisation, désinfection, chloration et stockage), pour
potabiliser des EUT ayant fait l’objet d’un traitement poussé par osmose inverse
Energie (hors
542 Capacité de Coût captage et
Coût Investissement
traitement Fonctionnement refoulement
station)
m3/jour eurosHT euroHT/m3/jour eurosHT/m3 kWh/m3
                 5 000           1 175 000  235                             0,08                          0,060 
               10 000           2 100 000  210                             0,08                          0,060 
               15 000           2 775 000  185                             0,08                          0,060 
               30 000           4 650 000  155                             0,08                          0,060 
               40 000           5 600 000  140                             0,08                          0,060 
               90 000           9 450 000  105                             0,08                          0,060 
             125 000        10 625 000  85                             0,08                          0,060 

Les coûts de fonctionnement indiqués incluent énergie et autre.

Le génie civil représente 40 % du coût d’investissement, l’équipement 60 %.

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ANNEXES

Pour une unité de traitement complète

Energie (hors
Capacité de Coût
Coût Investissement captage et
traitement Fonctionnement
refoulement station)

m3/jour eurosHT euroHT/m3/jour eurosHT/m3 kWh/m3


                5 000          2 875 000  575 0,240                             0,150 
             10 000          5 100 000  510 0,230                              0,150 
             15 000          6 675 000  445 0,220                             0,150 
             30 000       11 400 000  380 0,210                             0,150 
             40 000       13 600 000  340 0,200                             0,150 
             90 000       22 950 000  255 0,180                             0,150 
           125 000       26 250 000  210 0,170                             0,150 

Les coûts de fonctionnement indiqués incluent énergie et autre.

Le génie civil représente 45 % du coût d’investissement, l’équipement 55 %.

Durée de vie
 Durée de vie génie civil : 30 ans
 Durée de vie équipement : 15 ans.

543

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EMISSAIRE EN MER
Les émissaires en mer sont estimés sur la base des coûts indiqués dans l’étude ONAS – Etude
d’exécution d’un émissaire pour l’évacuation et l’éloignement des eaux traitées du pôle épuratoire sud
de Tunis (Pôle sur Méliane – Volume 1 (2020) pour un émissaire de 7 km et de 3 m3/s.

RESEAU D’IRRIGATION
Le coût des nouveaux réseaux d’irrigation (intégrant l’ensemble des infrastructures hors réseau à la
parcelle) est estimé sur la base d’un prix d’ordre de 8 000 DT/ha auquel s’ajoute un coût de 2 000 DT/ha
pour le cout des réseaux à la parcelle.

Le coût d’exploitation annuelle est supposé égal à 1% du coût d’investissement du réseau.

Les coûts d’énergie sont basés sur l’hypothèse d’une HMT de 60 mCE.

544 ELEMENTS POUR L’ESTIMATION DES VALORISATIONS AGRICOLES


Olivier
Les hypothèses suivantes sont formulées (sources : éléments considérés pour le apport de Phase 1) :
 Rendement en sec : 0.85 T/ha
 Rendement en irrigué : 4 T/ha
 Prix de vente : 1000 DT/T
 Coût d’exploitation
- 500 DT/ha en sec
- 1 770 DT/ha en irrigué intensif

Elevage
Les hypothèses suivantes sont formulées.
 Rendement luzerne : 3300 UF/ha (apport phase 1 – périmètre Aguila)
 Besoin cheptel :
- Ovin : 1.5 UF/jour
- Bovin : 8 UF/jour
 Prix de vente
- Ovin : 235 DT/jour
- Bovin : 5 430 DT/jour
 Coût d’exploitation
- Ovin : 52 DT/jour
- Bovin : 2 145 DT/jour

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ANNEXES

Annexe 7 : Articles prospectifs sur la filière REUT

545

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12 octobre 2039 – Irriguer ses oliviers avec les eaux usées du Grand Tunis : la
visite d’une exploitation agricole singulière près de Zaghouan
Depuis 3 ans, M. GHALLA irrigue ses oliviers et ses fourrages. Son exploitation se trouve dans la localité de Bir
Mchergua. Il utilise les Eaux Usées Traitées (EUT) produites par la station d’épuration de El Attar, située à 40 km.
Retour éclairant sur les conséquences de l’ambitieux transfert des EUT nommé «TUNISIA REUSE», achevé en 2036.
Des EUT à la rescousse de zones agricoles assoiffées ont ainsi pu s’installer dans la région tout en sécurisant leurs
revenus et en profitant du tarif attractif des EUT de 100
Avant l’arrivée des EUT pour l’irrigation, une agriculture millimes par m3.».
pluviale sensible aux aléas climatiques était pratiquée sur les
terres de la plaine de Boucha, dans le Gouvernorat de Un littoral tunisois mieux préservé
Zaghouan. Les sécheresses successives depuis les années 2025
Outre le secteur agricole, ce transfert a aussi aidé à préserver
ont laissé des traces avec des précipitations ne dépassant pas
d’autres activités économiques qui subissaient les rejets d’eaux
les 350 mm/an. A l’ombre d’un de ses oliviers croulant de
comme l’atteste M. OUTIL de l’Office National du Tourisme
fruits, M. GHALLA se souvient de l’épisode particulièrement
Tunisien (ONTT) : « Les eaux usées qui se déversaient dans le
caniculaire de l’été 2031 : «on n’a pu produire que 300 kg
Golfe de Tunis dégageaient parfois de mauvaises odeurs et il
d’olives par ha cette année-là, contre un rendement moyen de
arrivait que certaines plages soient fermées à la baignade. La
600 kg en temps normal. Ça a été très dur pour tous les petits
situation était insoutenable pour le secteur touristique ainsi que
agriculteurs ». Depuis la construction de la conduite de
pour les tunisois ».
transfert des EUT, il irrigue 15 ha d’oliviers en agriculture
biologique. En plus de compléter les eaux pluviales qui se
raréfient, ces EUT sont une source de nutriments essentiels au
bon développement des arbres. En parallèle, M. GHALLA a pu
accroître son troupeau ovin en irriguant des fourrages sous ses
oliviers : « je peux aujourd’hui produire de la viande en plus de
mon huile d’olive et je vends une partie de cette production aux
gîtes de la région, le reste part pour l’exportation ». En effet,
l’essor de l’écotourisme dans la Gouvernorat de Zaghouan
permet à M. GHALLA d’écouler localement ses produits de
qualité, largement appréciés par les touristes.
Ouvrage hydraulique de régulation en amont du transfert

Dans la continuité de sa stratégie, le MARHP étudie


actuellement la faisabilité pour transférer les EUT de Sousse
vers les délégations de Msaken et Sidi El Heni.

Mais un bilan hydrique toujours soumis à de fortes


tensions
Cependant, cette stratégie de développement de nouvelles
superficies irriguées est soumise à de vifs débats dans le
Oliviers et fourrages en intercalaire irrigués avec des EUT
contexte de stress hydrique actuel que subit le pays. Comme
L’idée du projet « TUNISIA REUSE », portée alors par le M. BLED de la municipalité de Zaghouan, ils sont plusieurs à
Ministère en charge de l’environnement, avait déjà germé en s’insurger : «Même si les agriculteurs de Zaghouan ont été
2010, sans aboutir. C’est à partir de 2025, lorsque le Ministère consultés en amont du projet, le processus porté par Tunis a
en charge de l’agriculture a poussé au développement des manqué de concertation aux différentes étapes du projet.
superficies irriguées avec les EUT que l’idée est réapparue. Le Résultat, tous les agriculteurs concernés initialement n’utilisent
projet était d’irriguer près de 6 000 ha dans une zone pas les EUT transférées. Des investissements énormes ont été
dépourvue de ressources en eau. Pour cela, il a fallu se faits pour que, au final, des infrastructures, dont le
coordonner avec les différentes parties prenantes et fonctionnement est payé à 90 % par le contribuable, ne soient
notamment l’ONAS, qui a vu dans le projet l’opportunité pas exploitées au maximum de leur capacité [NDLR : le coût du
d’économiser la construction d’un émissaire en mer au coût traitement tertiaire et du transport des EUT s’élève à plus de 1
très élevé. Pour un montage efficace, la Société d’Exploitation DNT par m3]. En plus, au lieu de changer les pratiques agricoles,
des EUT du Grand Tunis a été créé en 2033. En plus de porter on transporte des EUT sur des dizaines de kilomètres pour faire
la maîtrise d’ouvrage du projet, elle est chargée de la des nouveaux périmètres irrigués. Ça génère plein de CO2 et des
promotion de la REUT auprès des usagers, du traitement périmètres existants disparaissent tous les ans par manque de
complémentaire de ces eaux et de la gestion des ouvrages de ressources en eau, il n’y a qu’à voir l’abandon progressif des
transfert. D’après Mme DAR de l’Office des Terres Domaniales périmètres maraîchers du Cap Bon. Cette politique de l’eau
(OTD) : « ce transfert a permis de valoriser des surfaces peu menée par le MARHP est une fuite en avant ! Dans l’antiquité,
exploitées jusqu’à alors et de dynamiser des zones rurales où on construisait des aqueducs pour transporter les eaux de
l’activité agricole reste largement majoritaire, même si elle Zaghouan vers Carthage, maintenant on renvoie les eaux sales
subit les effets du changement climatique. Des jeunes de Tunis vers Zaghouan. C’est le monde à l’envers ! »
agriculteurs ont été formés à exploiter sans risques les EUT. Ils
26 septembre 2042 – Des piments irrigués avec des Eaux
Usées Traitées débarquent au festival de la Harissa de
Nabeul
Depuis 2015, cet évènement met en lumière un pan important du patrimoine
culinaire tunisien. Cette année, la vedette des stands est une harissa élaborée avec des piments irrigués par les Eaux
Usées Traitées (EUT) de Korba. Prouesse technologique et agronomique ou coûts et risques insensés ?
L’utilisation accrue des EUT dans les périmètres sont assistés techniquement par l’ONAS qui leur fourni la
irrigués pour contrer le stress hydrique quantité d’eau demandée avec une qualité équivalente à celle
pour irriguer les arbres fruitiers. D’autre part, la création du
La prise en compte grandissante des impacts du label « AquaBlue » a aidé à rassurer les agriculteurs et les
changement climatique sur les ressources en eau du pays a consommateurs. Il est décerné par l’ANCSEP si les bonnes
mené le ministère de l’agriculture à ne plus autoriser la pratiques sanitaires sont respectées et si les contrôles depuis
création de nouvelles superficies irriguées. M. M, les eaux brutes jusqu’au produit irrigué démontrent un respect
représentant de l’Agence de l’Eau du Cap Bon dans le de la réglementation. Un client, convaincu après une
Comité Régional de Réutilisation des EUT, explique les dégustation, se délecte et s’apprête à acheter 1 kg de la Harissa
conséquences de ce choix dans la stratégie de réutilisation de M. FELFEL : « il faut encourager les agriculteurs qui changent
des EUT : «Il nous a semblé inconcevable de créer de de pratiques pour s’adapter à la sécheresse ».
nouveaux périmètres irrigués avec les EUT comme ce qui
avait été opéré jusque-là. Nous savions que les irrigants
avaient déjà des difficultés à exploiter leurs périmètres.
Nous avons donc axé nos efforts pour conserver le savoir-
faire existant en changeant la nature de la ressource en eau
utilisée ». Cette substitution par des EUT a été encouragée
auprès des agriculteurs, comme nous le confirme M. ME :
« pour les arbres fruitiers, les agriculteurs ont été aidé
financièrement à rajeunir leurs plantations et à réhabiliter
leur réseau d’irrigation s’ils exploitaient les EUT ». C’est ainsi Parcelle de M. FELFEL : piments irrigués avec des EUT
qu’on a pu constater, dans les années 2030, des mélanges
Différentes visions agricoles qui s’affrontent
entre des EUT et des eaux de barrages ou souterraines dans
les périmètres existants. Ces eaux irriguent de nos jours des De retour au festival sur un autre stand, M. HOMS, président
agrumes dans la plaine de Grombalia, des céréales dans la de l’association « Agriculture durable de Nabeul » vend de
basse vallée de la Medjerdah, ou encore des palmiers l’huile d’olive biologique et de la bsissa aux lentilles. Il a
dattiers à Kebili. abandonné ses fraisiers depuis longtemps car ils
consommaient trop d’eau : « le problème de la REUT c’est
Un nouveau cap franchi avec l’autorisation de qu’on perpétue des pratiques d’irrigation intensives. On pompe
l’irrigation du maraîchage avec les EUT les ressources en eau de notre pays dans le but d’exporter des
conserves de tomates ! Il faudrait plutôt cultiver des plantes
Au Cap Bon, la salinisation des nappes phréatiques
adaptées aux nouvelles conditions climatiques et orienter les
surexploitées a forcé les autorités locales à trouver des
efforts sur les économies d’eau plutôt que de mettre de l’argent
nouvelles solutions pour préserver l’agriculture de cette
dans des traitements des eaux usées, coûteux en énergie ». En
région. M. FELFEL, maraîcher sur la côte orientale, se souvient :
effet, ce traitement complémentaire coûte de l’ordre de 400
« il a été difficile dans les années 2025 de continuer à irriguer
millimes par m3. Bien que supporté à moitié par les agriculteurs
avec l’eau de mes puits dont certains titraient jusqu’à 6 g/L !
eux-mêmes, le reste est financé par le consommateur d’eau via
J’ai dû planter des oliviers pour continuer mon activité. J’ai
une taxe spéciale sur la facture d’eau. Mme BHAR du
même pensé à me reconvertir ». Depuis l’élargissement de la
Gouvernorat de Nabeul précise : « il est vrai que des citoyens
liste des cultures autorisées pour l’irrigation avec les EUT en
se plaignent de devoir financer l’activité de certains
2039, il a commencé à recevoir de l’ONAS les eaux produites
agriculteurs. D’un autre côté, on évite les rejets des eaux usées
par la station d’épuration de Korba. « Au début, j’avais peur
qui autrefois polluaient nos lagunes et nos plages ».
que les eaux dégradent la qualité de mes piments et de mes
tomates. Mais le secrétariat permanent du Comité Régional de L’irrigation prochaine des périmètres maraîchers de Monastir
Réutilisation des EUT a organisé des visites du site de avec des EUT est en cours de discussion avec les agriculteurs et
démonstration près de Nabeul et a proposé des formations. J’ai la société civile. Ce sujet complexe, qui aborde des
été convaincu que c’était la seule solution pour sauver ma thématiques de sécurité alimentaire, de stress hydrique et
production ». d’adaptation au changement climatique n’a pas fini
d’alimenter les débats.
Des risques pour la santé des consommateurs ?
Les produits maraichers, qui sont en contact direct avec l’eau
d’irrigation, exigent une qualité d’EUT supérieure et des
précautions sanitaires supplémentaires. Les GDA motivés
peuvent installer le traitement complémentaire nécessaire. Ils
3 mai 2040 – Gabes, nouvelle destination du tourisme durable pour cet été ?
Un an après son inauguration, la station touristique de Gabes Sud rencontre un succès croissant. Elle ravive
l’attractivité touristique perdue par ce littoral industrialisé. Le pari ambitieux d’un tourisme plus durable semble se
révéler gagnant. Sur les eaux usées, un objectif est annoncé : 0% rejetées, 100 % recyclées !

Des espaces verts arrosés avec des Eaux Usées l’Université de Gabes ». La ville a aussi lancée d’autres
Traitées (EUT) initiatives de réutilisation des eaux urbaines, comme à Sousse
pour l’irrigation des parcs urbains ou à Sfax pour la réutilisation
Dans l’hôtel de l’Oasis Bleu, on se prépare pour la saison industrielle.
estivale. Le directeur, M. OUTIL, nous montre fièrement sa
station végétale filtrante « les eaux grises sont séparées à la
source avant d’être épurées par un lit de roseaux puis
réutilisées pour arroser les espaces verts de l’hôtel et alimenter
les blocs sanitaires. Nous estimons que cela réduit notre
consommation d’eau potable de 40 % ! Ce sont des arguments
auxquels notre clientèle est manifestement sensible ».
L’interdiction de création de nouveaux forages pour puiser
l’eau des nappes pour les usages touristiques a amené le
secteur à réagir en trouvant des alternatives. Pour les
logements touristiques plus modestes, les eaux usées sont
collectées puis traitées dans la nouvelle station d’épuration de Parc urbain irrigué avec des EUT au sud de Gabes
Gabes Sud, ainsi qu’une partie des effluents domestiques de la Eau potable et eaux usées, même principe !
ville. Plutôt que d’être rejetées en mer, ces eaux sont
réutilisées pour l’irrigation d’un golf, de parcs urbains avec Ces projets ont été instruits par l’ONADEP (Office National de
fontaines et de la palmeraie de Teboulbou. Un circuit l’Assainissement et de l’Eau Potable), né de la fusion entre la
touristique aménagé dans cette dernière l’a sauvée de SONEDE et l’ONAS depuis 2028. L’office est responsable du
l’extension urbaine. traitement des eaux usées avant de les vendre aux usagers, à
un tarif fixé selon la nature de l’activité, du volume réutilisé et
de la zone géographique. M. DABOUZA du pôle REUT de cet
La REUT dans la zone touristique de Gabes Sud
organisme, précise : « La prise en charge de la REUT par
Ressources en Traitement Usages
eaux usées
l’ONADEP a permis d’étendre les secteurs d’usages de ces eaux,
autrefois majoritairement utilisées par l’agriculture. La
stratégie s’est concentrée sur les pôles urbains avec un triple
objectif : éviter les rejets d’eaux usées près des zones de
baignade, réutiliser l’eau au maximum localement et diminuer
Ville de Gabes l’utilisation d’eau potable pour des usages urbains autres que
STEP de domestiques ».
Gabes Sud
Cette organisation institutionnelle permet une cohérence dans
la gestion du circuit des eaux urbaines, dit petit cycle de l’eau.
Cependant, cette centralisation des décisions au niveau des
Eaux grises producteur des EUT est soumise à des critiques provenant
Blocs sanitaires Unité filtrante
Espaces verts d’usagers de l’eau. C’est le cas de M. KAMOUNE, secrétaire de
hôteliers
individuelle l’URAP de Gabes : « il y a un manque de coopération avec les
agriculteurs. C’est une politique de REUT surtout gérée par
Gabes, pionnière des villes tunisiennes à réutiliser ses l’offre plutôt que par la demande. Il est pour nous incohérent
eaux dans les secteurs urbains d’irriguer la pelouse des hôtels plutôt que d’assurer la sécurité
alimentaire du pays, surtout dans le Sud tunisien largement
Attirer de nouveau les touristes à Gabes n’a pas été une mince impacté par le changement climatique. La REUT doit aider à
affaire avec la pollution causée par l’industrie phosphatière. subvenir aux besoins en eau des périmètres irrigués. Certaines
Pourtant, avec ses oasis maritimes uniques au monde, la région zones agricoles sont aujourd’hui assoiffées ! Je comprends
a du potentiel. La dégradation du cadre de vie a fortement qu’améliorer le cadre de vie des citoyens est important, mais il
mobilisé la société civile pour protéger son environnement. La est possible de créer des zones végétalisées adaptées à la
REUT est ainsi devenue une des préoccupations majeures au vu sécheresse, sans irrigation. Nous demandons à ce que les
du stress hydrique et des impacts des rejets des effluents objectifs de la REUT soient reconsidérés ».
domestiques et industriels dans le Golfe de Gabes.
Mais l’ONADEP ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ?
Mme OUED de la Direction Régionale de l’eau et de Il nous donne RDV en 2050 pour un nouveau projet :
l’environnement de Gabes, nous rappelle l’historique : « la l’alimentation en eau potable du Grand Tunis avec les EUT…
première mesure forte a été l’obligation en 2023 pour le Groupe
Chimique Tunisien de réutiliser au maximum les EUT de la ville
de Gabes. Des programmes d’irrigation d’espaces verts ont
ensuite été réalisés sur exemple du site pilote lancé en 2018 par
1105, avenue Pierre Mendès-France
www.brl.fr/brli BP 94001 - 30 001 Nîmes Cedex 5
FRANCE
Société anonyme au capital de 3 183 349 euros Tél. : +33 (0) 4 66 87 50 85
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