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Normes IFRS et analyse financière : le cas Danone

Patrick Piget
Dans La Revue des Sciences de Gestion 2007/2 (n°224-225) , pages 29 à 37
Éditions Direction et Gestion
ISSN 1160-7742
ISBN 9782916490083
DOI 10.3917/rsg.224.0029
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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 224-225 — Contrôle/Finance 29

Normes IFRS et analyse financière :

Comptabilité et finance
le cas Danone
par Patrick Piget

es normes IAS (International Accounting Standards ou

L encore normes comptables internationales devenues


normes d’informations financières internationales – IFRS)
sont entrées en vigueur pour les comptes consolidés de
l’année 2005.
L’objectif de cet article est de présenter une analyse financière
du groupe Danone à partir des normes IAS/IFRS ainsi que les
ratios discriminants mesurant notamment la rentabilité finan-
cière ; nous proposons un bilan puis un compte de résultat
IAS/IFRS.
Patrick PIGET
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Maître de conférences en sciences de gestion
1. Bilan et compte de résultat
Université de Paris I
Chercheur à Prism-Sorbonne IAS/IFRS 2005 de Danone
(France)
Le paragraphe 53 de la norme IAS 1 précise quelles informa-
tions doivent figurer dans le bilan : les actifs et passifs sont
présentés sur la base d’une distinction actifs et passifs
courants/actifs et passifs non courants (cf. infra) et, si cette
présentation n’est pas appropriée alors le groupe peut classer
ses actifs et passifs en fonction de leurs liquidité et exigibilité.
La liste des rubriques obligatoires en règle française est moins
importante que celle de la norme IAS 1 qui compte les
éléments ci-après : immobilisations incorporelles, immobilisa-
tions corporelles, immeubles de placement (IAS 40), actifs
biologiques (IAS 41), actifs financiers, participations comptabi-
lisées selon la méthode de mise en équivalence, stocks, clients
et autres débiteurs, trésorerie et équivalents de trésorerie,
capital émis et réserves, intérêts minoritaires, dettes finan-
cières, provisions, actifs et passifs d’impôts différés (IAS 12),
actifs et passifs courants, fournisseurs et autres créditeurs,

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Dossier
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Comptabilité et finance

Tableau n° 1 : actif de Danone.

actifs non courants et groupes d’actifs et passifs liés destinés Tableau n° 2 : passif de Danone.
à être cédés (IFRS 5).
Selon l’IAS 1.57, un actif est classé en actif courant lorsqu’une frais de développement ne sont pas enregistrés à l’actif du
des quatre conditions suivantes est remplie : l’entreprise bilan dans la mesure où tous les critères de reconnaissance
s’attend à pouvoir réaliser l’actif, le vendre ou le consommer établis par l’IAS 38, ne sont généralement pas remplis avant la
dans le cadre de son cycle d’exploitation normale ; l’actif est mise sur le marché des produits.
essentiellement détenu à des fins de transaction ; l’entreprise Un passif est classé en passif courant si l’une des quatre condi-
s’attend à réaliser l’actif dans les douze mois suivant la date de tions suivantes est remplie : l’entreprise s’attend à ce que le
clôture ; l’actif est de la trésorerie ou un équivalent de trésorerie passif soit réglé dans le cadre de son cycle d’exploitation ; le
dont l’échange ou l’utilisation pour régler un passif n’est passif est essentiellement détenu à des fins de transaction ; le
soumis à aucune restriction. Tous les autres actifs sont non passif doit être réglé dans les douze mois après la date de
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courants. clôture de l’exercice ; l’entreprise n’a pas le droit inconditionnel
Selon l’IAS 38, une immobilisation incorporelle est un actif non de différer le règlement de la dette au minimum pour la période
monétaire identifiable sans substance physique : chez Danone, de douze mois après la date de clôture. Tous les autres passifs
les marques acquises, individualisables, de valeur importante doivent être classés en passifs non courants.
et durable, soutenues par des dépenses de publicité et dont la Les capitaux propres qui se substituent à la notion d’actif net,
durée de vie est indéterminée, sont inscrites au bilan consolidé sont déterminés par la différence entre d’une part, l’ensemble
sous la rubrique « Marques ». des actifs de l’entreprise et d’autre part, l’ensemble des
Les frais de recherche constituent toujours des charges mais dettes ; on parle également d’intérêt résiduel dans les actifs de
en revanche, l’immobilisation des frais de développement est l’entité après déduction de tous les passifs. N’étant pas
obligatoire dès lors que les critères suivants sont remplis : la remboursables, les capitaux propres ne font pas partie des
faisabilité technique de l’achèvement de l’actif incorporel afin passifs non courants. Par ailleurs, l’IAS 27 précise que les
de pouvoir l’utiliser ou le vendre ; l’intention d’achever cet actif intérêts minoritaires font partie des capitaux propres, mais sur
incorporel et de l’utiliser ou le vendre ; la capacité à l’utiliser ou une ligne distincte. Ils représentent la quote-part dans le
le vendre ; la capacité à générer des avantages économiques résultat net et dans l’actif net d’une filiale, attribuables aux
futurs probables ; la disponibilité actuelle ou future des intérêts qui ne sont pas détenus par la mère, ni directement ni
ressources techniques, financières ou autres nécessaires pour indirectement par l’intermédiaire des filiales.
réaliser le projet ; la capacité à mesurer de manière fiable les L’IAS 20 interdit la comptabilisation des subventions d’inves-
dépenses liées à cet actif pendant sa phase de développement. tissement en capitaux propres et chez Danone, elles sont
Si l’une des conditions n’est pas réunie alors les frais de inscrites dans le compte de résultat (rubrique « Autres produits
développement sont comptabilisés en charges. Chez Danone, et charges ») au même rythme que les dotations aux amortis-
ces frais de recherche et de développement sont constatés en sements des immobilisations qu’elles ont permis d’acquérir.
charges de l’exercice au cours duquel ils sont encourus : les

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Les dettes financières doivent être classées parmi les passifs autres que les augmentations provenant des apports des parti-
courants lorsqu’elles doivent être réglées dans les douze mois cipants aux capitaux propres.
après la clôture (IAS 1.63 et 1.64) même si l’échéance d’ori- Le Conseil National de la Comptabilité présente notamment le
gine était de plus d’un an. résultat opérationnel (ou d’exploitation) courant qui est la diffé-
Selon l’IAS 37, une provision est un passif dont l’échéance ou rence entre le résultat opérationnel et les autres produits et

Comptabilité et finance
le montant sont incertains ; une éventualité est une circons- charges opérationnels. Le résultat opérationnel est très proche
tance ou une situation dont le résultat final, bénéfice ou perte, du résultat d’exploitation et quant aux autres produits et
ne sera confirmé que par la survenance ou non d’un ou de charges opérationnels, ils comprennent un nombre limité d’élé-
plusieurs évènements futurs. Chez Danone, les provisions pour ments comme par exemple certaines dépréciations d’actifs
risques et charges sont enregistrées sur la ligne « Autres dettes non-courants, certaines charges de restructuration, une provi-
non courantes » du bilan. sion relative à un litige majeur…
La norme IAS 1 n’impose pas de modèle de compte de résultat L’IAS 35 remplacée par la norme IFRS 5 précise les notions
mais indique les postes devant figurer dans cet état financier : d’actifs non courants destinés à être cédés et abandons d’acti-
les produits des activités ordinaires ; les charges financières ; la vité. L’entreprise doit classer un actif en actifs non courants
quote-part dans le résultat net des entreprises associées destinés à être cédés si la valeur comptable doit être recouvrée
(influence notable) et des entreprises sous contrôle conjoint à travers une vente et par ailleurs, le montant du résultat net lié
(mise en équivalence) ; la charge d’impôt ; le résultat net de à ces activités abandonnées doit apparaître distinctement dans
l’exercice ; la part des intérêts minoritaires dans le résultat net le compte de résultat. Le résultat net d’impôt des activités
et la part du groupe dans le résultat net. arrêtées ou en cours de cessions doit être relatif à une partie
importante de l’activité opérationnelle de l’entité ce qui n’est
pas le cas pour Danone en 2004. En revanche, l’impact sur le
compte de résultat est notable en 2005 : 504 M€ pour un
résultat net de 1 671 M€ (= 30 %). Ce résultat net d’impôt des
activités arrêtées, cédées ou en cours de cession comprend le
résultat net des activités Sauces, ainsi que la plus-value de
473 millions d’euros réalisée dans le cadre de la cession des
activités Sauces au Royaume-Uni et aux États-Unis.

2. Les ratios causatifs


du groupe Danone
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L’analyse financière est un art plus qu’une théorie reposant
essentiellement sur l’exploitation d’informations financières
internationales et elle a pour dessein d’étudier le passé pour
diagnostiquer le présent et prévoir l’avenir. L’analyse financière
a pour objectif premier de mesurer la rentabilité financière à
partir du bilan, du compte de résultat et de toute autre infor-
mation donnée par le groupe (tableau des flux de trésorerie,
annexe…) ou qui peut être obtenue sur elle.
L’étape n° 1 présente le bilan financier IAS/IFRS ainsi que
Tableau n° 3 : compte de résultat de Danone.
quelques soldes intermédiaires de gestion (cf. supra). L’étape
n° 2 présente les ratios en quatre blocs : fonds de roulement et
Les charges sont des diminutions d’avantages économiques au trésorerie ; structure financière et activité puis rentabilité.
cours de l’exercice sous forme de sorties ou de diminutions L’étape n° 3, la plus importante, est l’analyse financière propre-
d’actifs, ou encore de survenance de passifs qui ont pour ment dite ; il s’agit de commenter l’évolution des ratios
résultat de diminuer les capitaux propres autrement que par (pourquoi cette variation ? est-ce favorable ou défavorable ?
des distributions aux participants aux capitaux propres. dans ce dernier cas, que pouvons-nous faire ?) « bloc après
Les produits sont les accroissements d’avantages écono- bloc », avec un minimum d’une page de commentaire (voire
miques au cours de l’exercice, sous forme d’entrées ou plus) par bloc de ratios.
d’accroissements d’actifs, ou encore de diminutions de passifs Dans les comptes établis selon les normes françaises, le bilan
qui ont pour résultat l’augmentation des capitaux propres consolidé est présenté dans l’ordre de liquidité des actifs et
passifs. En application de la norme IAS 1, les actifs et passifs

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doivent être présentés séparément selon qu’il s’agit d’élé- de la situation financière de la filiale concernée à la date d’exer-
ments non courants ou courants. L’application d’IAS 1 n’a pas cice de l’option et l’exercice de ces options augmenterait le
d’impact significatif sur la présentation du bilan consolidé du pourcentage de détention du groupe dans le capital de ces
Groupe (p. 132 du document de référence de Danone). sociétés. Le différentiel entre le prix d’exercice des options et
la valeur historique des intérêts minoritaires est classé dans le
Comptabilité et finance

poste « Écarts d’acquisition nets » du bilan consolidé pour un


montant de 254 M€.
Par définition, le fonds de roulement couvre graphiquement une
partie des actifs courants et représente également un certain
volant de chiffre d’affaires (ou produits des activités ordinaires)
de l’entreprise. En général, une marge de sécurité satisfaisante
est celle caractérisée par les deux ratios ci-après :

Le ratio R 02 est la définition (graphique) du fonds de roulement


Tableau n° 4 : les ratios causatifs.
en termes de marge de sécurité et il a donc plus de pouvoir
explicatif que le ratio R 03. Selon la norme IAS 18, les produits
Par ratios causatifs, nous entendons les ratios-causes concou- des activités ordinaires sont des entrées brutes d’avantages
rants à expliquer les ratios consécutifs, c’est-à-dire les ratios économiques au cours de l’exercice dans le cadre des activités
de rentabilité qui seront développés dans le chapitre suivant. ordinaires lorsque ces entrées conduisent à des augmentations
Le bloc causatif n° 1 traite du fonds de roulement et de la tréso- des capitaux propres. La norme IAS 8 définit quant à elle, l’acti-
rerie. vité ordinaire comme celle engagée par une entreprise dans le
Une règle d’orthodoxie financière chère à l’approche financière cadre de ses affaires ainsi que les activités liées à titre
est celle de l’équilibre financier minimum, c’est-à-dire un fonds d’accessoire ou dans le prolongement ou résultant de ces
de roulement positif. Le fonds de roulement est un indicateur activités. Nous utiliserons plutôt le vocabulaire de « produits
de l’équilibre financier pour un groupe ainsi qu’une marge de des activités ordinaires » à la place de « chiffre d’affaires ».
sécurité (ou partie incompressible) sur les actifs courants, qui Dans les deux cas, la marge de sécurité de Danone est satis-
varie en fonction du secteur d’activité de Danone ; le fonds de faisante et même en amélioration car cette baisse de la marge
roulement IAS/IFRS est alors la différence suivante : de sécurité qui évolue de concert avec celle du fonds de roule-
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ment est plutôt convaincante car être proche de la borne
supérieure (» 30 %) pouvait sembler quelque peu excessif pour
un groupe évoluant dans les secteurs des produits laitiers frais,
des boissons ainsi que des biscuits et produits céréaliers.
L’approche à privilégier est celle par le haut du bilan puisque Par ailleurs, le Conseil National de la Comptabilité appelle tréso-
l’équilibre financier résulte de l’ajustement des flux financiers à rerie brute, la somme de la trésorerie et équivalents de tréso-
plus de douze mois. Il apparaît que la détention d’actifs non rerie et de plus, la trésorerie nette est la différence entre cette
courants dont le degré de liquidité est faible exige la disposition trésorerie brute et les découverts bancaires suivant les condi-
de ressources à long terme à faible exigibilité (principe d’équi- tions définies dans la norme IAS 7.
valence chronologique ou encore de synchronisation).
Ce fonds de roulement baisse de 5 % à 1 558 M€ en raison
essentiellement d’une baisse des passifs non courants de
16 % et plus particulièrement des dettes financières non
courantes : les emprunts obligataires convertibles ont été
quasiment remboursés (605 M€ à 70 M€) et les emprunts Les valeurs mobilières de placement sont traitées comme des
obligataires indexés passent de 130 M€ à zéro. Enfin, il faut actifs détenus à des fins de transaction. Elles sont inscrites au
noter une croissance des écar ts d’acquisition nets de bilan consolidé à leur juste valeur, les variations de juste valeur
3 847 M€ à 4 120 M€. En effet, le groupe s’est engagé à étant enregistrées directement sur la ligne « Produits de tréso-
acquérir les participations détenues par des actionnaires dans rerie et d’équivalents de trésorerie » du compte de résultat. La
certaines sociétés consolidées, au cas où ceux-ci souhaite- note 10.1 du document de référence indique que le total des
raient exercer leur option de vente. Le prix d’exercice de ces disponibilités et des valeurs mobilières de placement est de
options de vente est généralement fonction de la rentabilité et 2 666 M€ puis 2 989 M€ en 2005 ; par ailleurs, les dettes

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financières non courantes sont de 6 677 M€ puis 5 692 M€ augmentation du poste « bénéfices accumulés » de 4 850 M€
pour 2005. à 5 728 M€) et de la baisse des passifs non courants de 16 %
En général, ce ratio dit de liquidité relative est satisfaisant s’il (remboursements des emprunts obligataires) compensant
est supérieur à 70 % et il est généralement inférieur à 100 % ; largement la hausse des passifs courants de 21 %.
c’est la capacité quasi-immédiate du groupe à régler ses

Comptabilité et finance
passifs courants.
Le stock de trésorerie de Danone est confortable à plus de Ce deuxième ratio dit de capacité d’endettement à plus de
2000 M€ d’autant qu’il a été soustrait de la trésorerie brute, douze mois mesure la structure des ressources permanentes
les dettes financières courantes y compris la part à moins de (capitaux propres + passifs non courants) pour les groupes.
douze mois des dettes financières non courantes. La liquidité Chez Danone, les dettes financières non courantes représen-
relative permet de compléter l’analyse de la trésorerie et cette tent environ 90 % des passifs non courants. Les financiers
liquidité peut être définie comme la capacité de l’entreprise à considèrent que si ce rapport est inférieur à 50 % alors les
faire face à ses échéances à moins d’un an, c’est-à-dire possibilités d’obtention de passifs non courants, c’est-à-dire
rembourser ses passifs courants. Elle est plus que satisfai- essentiellement des dettes financières non courantes, sont
sante puisque supérieure à 70 % et empiriquement, nous très difficiles à moins que le groupe ne puisse fournir d’impor-
constatons souvent une trésorerie nette positive avec une liqui- tantes garanties.
dité relative supérieure à la valeur précitée : force est de Le ratio déjà satisfaisant s’améliore grandement du fait de
constater une baisse de la liquidité relative en liaison avec la l’augmentation des capitaux propres et de la baisse des passifs
légère diminution de la trésorerie (- 19 M€) et plus précisément non courants. Les dettes financières à plus de douze mois de
l’augmentation des dettes financières courantes de 527 M€ à Danone sont notées A1 stable par Moody’s et A + stable par
869 M€. Standard & Poor’s. L’objectif du groupe est de maîtriser le coût
Le bloc causatif n° 2 traite de la structure financière. Les condi- d’accès à ses capitaux, en privilégiant un financement par la
tions de réalisation de l’équilibre financier de l’entreprise sont dette financière, tout en maintenant un niveau d’endettement
étroitement liées d’une part, à l’importance des ressources raisonnable pour conserver sa flexibilité financière.
stables (capitaux propres + passifs non courants) par rapport
aux emplois stables (actifs non courants) et d’autre part, à celle
des capitaux propres par rapport aux capitaux empruntés. Ce ratio est parfois qualifié de capacité de remboursement des
passifs non courants puisque ces derniers s’effectuent avec le
surplus monétaire net du groupe. Ce ratio répond à la question
Ce ratio R 06 dit d’autonomie financière voire d’endettement suivante : combien d’années faut-il pour se libérer de ses dettes
permet d’examiner la structure financière du passif, il met en financières non courantes à autofinancement « constant » ? Il ne
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valeur le degré de dépendance ou d’indépendance du groupe doit pas être supérieur à quatre ans et les prêteurs estiment
vis-à-vis des tiers ; un rapport élevé indique que Danone est peu qu’au-delà de cinq ans, l’entreprise est trop endettée à plus de
dépendant de ses tiers et qu’il dispose d’une importante douze mois. Là encore ce ratio baisse favorablement pour être
capacité d’endettement. Le système bancaire avance souvent à peu près dans la norme en 2005…
le barème suivant : L’examen des moyens physiques peut s’effectuer sous
– R 06 < 33 % : zone de surendettement (financement assuré plusieurs angles notamment l’outil de production et de commer-
par des fonds étrangers pour plus des deux-tiers) ; cialisation ainsi que les investissements.
– 33 % R 06 < 50 % : zone d’incertitude mais en fait, d’autres
ratios doivent permettre de trancher si R 06 correspond plutôt
au surendettement (par exemple, 40 % peut être un « gros » Ce ratio dit de structure financière de l’actif mesure le poids
33 %) ou bien à la normalité (par exemple, 40 % peut être un des éléments durables ou actifs non courants dans le patri-
« petit » 50 %) ; moine, on parle aussi d’intensité capitalistique. Il est générale-
– 50 % R 06 < 66 % : zone normale voire satisfaisante où le ment important (plus de 40 %) pour les groupes industriels et
groupe possède une bonne autonomie financière et le coût de plus faible (moins de 20 %) pour les groupes commerciaux) ; ce
l’endettement financier net est en principe limité ; ratio reflète souvent la technologie du secteur.
– R 06 66 % voire à 100 % : rare et dans ce dernier cas, le Ce ratio est élevé chez Danone puisque les actifs non courants
groupe a la possibilité de faire appel au crédit sans grand représentent près des deux-tiers de l’actif en légère baisse
problème, mais toutefois, le rapport ne doit pas être trop suite aux dotations aux amortissements. Les immobilisations
élevé car cela pourrait traduire un manque d’investissement. incorporelles nettes représentent plus de 50 % des actifs non
Le groupe Danone voit son ratio passer favorablement d’une courants : le groupe est propriétaire de brevets, licences et
zone d’incertitude (= 39 %) à une zone normale (= 50 %) en recettes propres, ainsi que d’un important savoir-faire et de
raison de l’augmentation des capitaux propres de 25 % (forte technologies liées à ses produits et à leurs procédés de produc-

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tion, aux emballages utilisés pour ses produits, à la conception En volume, le groupe est le premier producteur mondial de
et l’exploitation de divers procédés et équipements nécessaires produits laitiers frais, le second producteur mondial de biscuits
à son activité. Les marques, modèles, droits d’auteur, déposés et produits céréaliers et le premier producteur mondial ex aequo
ou non, licences, brevets et savoir-faire représentent une part d’eau conditionnée. Les concurrents de Danone, dans ses
substantielle du patrimoine de Danone qui est donc déterminé métiers, sont de grands groupes internationaux de l’agroali-
Comptabilité et finance

à prendre toutes les mesures juridiques qui s’imposent pour mentaire et des boissons comme Nestlé, Kraft, PepsiCo, Coca-
protéger et exploiter ses droits de propriété intellectuelle et Cola, des sociétés plus petites spécialisées dans certaines
industrielle. gammes de produits ou certains marchés et des chaînes de
Dans le cadre d’une stratégie destinée à pérenniser la distribution offrant des produits génériques ou leurs marques
dynamique de croissance rentable de ses activités, le groupe a propres. La présence de nombreux acteurs, tant locaux qu’in-
notamment procédé aux opérations suivantes : en janvier 2005, ternationaux, fait du secteur des boissons et des aliments
il a finalisé la cession d’Italaquae (Boissons – Italie) et a conditionnés un marché fortement concurrentiel.
procédé aux apports de ses activités Biscuits en Argentine et Danone mène à la fois une politique de croissance interne et
au Brésil à la société Bagley Latino America constituée avec le externe visant à établir un équilibre géographique entre pays
groupe Arcor ; en août 2005, le groupe a cédé ses activités développés et pays émergents. La croissance interne de 6,7 %
Sauces au Royaume-Uni et aux États-Unis, générant une plus- réalisée en 2005 résulte pour environ 5,2 % d’une augmenta-
value nette de 473 millions d’euros ; en novembre 2005, suite tion des volumes vendus et pour 1,5 % d’une meilleure valori-
à la décision de se désengager de l’activité eaux en bonbonnes sation des produits. L’effet périmètre s’explique principalement
(Home and Office Delivery) aux États-Unis, le groupe a cédé au par la cession en 2004 des filiales du Pôle Biscuits et Produits
fonds d’investissement Kelso les actifs détenus dans la société Céréaliers au Royaume-Uni (Jacob’s) et en Irlande (Irish
DS Waters, LP. Biscuits), par la déconsolidation des activités Biscuits en
En revanche, les principales acquisitions de l’exercice 2005 Amérique Latine à compter du 1er janvier 2005 et par la cession
concernent : la prise de participation complémentaire de 3,22 % des activités d’eaux en bouteilles en Italie en janvier 2005. Ces
dans Danone Asie, société holding détenant les participations effets de périmètre négatifs sont partiellement compensés par
du Groupe dans la zone Asie-Pacifique ; l’acquisition d’une parti- l’intégration globale d’Al Safi Danone Company à la suite de la
cipation complémentaire de 29 % dans la société Sotubi prise de contrôle de cette société par le groupe le 1er juillet
(Biscuits – Tunisie), portant le pourcentage de détention du 2005. L’effet devise s’explique principalement par l’affaiblisse-
Groupe de 20 % à 49 %. ment de l’euro vis-à-vis du dollar américain et des monnaies qui
lui sont liées, notamment le yuan chinois.

Le ratio d’obsolescence ou bien le taux d’amortissement (où


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sont exclus du dénominateur les terrains sauf ceux de gisement
et les immobilisations en-cours), marque le degré d’obsoles-
cence, la productivité des actifs non courants… En principe, un
ratio satisfaisant ne doit pas être supérieur à 50 % et un taux
élevé ou croissant depuis plusieurs années indique des équipe- Le ratio R 12 (numérateur et dénominateur sont TTC et le taux
ments vieillis ou vieillissants à renouveler impérativement. de TVA appliqué est par hypothèse de 12 %) de délai de règle-
Le ratio est quelque peu médiocre puisque s’établissant à 59 % ment des clients « DRC » ou de durée moyenne de crédit
et c’est peut-être le seul point faible de Danone : le facteur accordé, dépend de plusieurs facteurs : valeur unitaire des
important reste un amortissement cumulé élevé pour les instal- produits et marchandises vendus, durée de vie du produit,
lations techniques, matériel et outillage avec une valeur de rythme de croissance et taux de concentration du secteur. Cet
2 990 M€ (la valeur brute étant de 4 425 M€). indicateur reste stable à 37 jours.
Le ratio R13 de délai de règlement aux fournisseurs « DRF » ou
Le bloc causatif n° 3 traite de l’activité. de durée moyenne de crédit obtenu en jours (hypothèse d’un
taux de TVA déductible de 10 %), dépend de trois facteurs :
valeur unitaire des matières premières ou des marchandises
achetées, rythme de croissance et taux de concentration du
Premier ratio d’activité, la variation (apparente) des produits secteur. Il baisse défavorablement de 94 jours à 88 jours…
des activités ordinaires ou chiffre d’affaires (R 11) est un Enfin, le crédit interentreprises est défini par la relation
indicateur important et les écarts peuvent être dûs à une varia- suivante : il faut que le délai-clients DRC soit inférieur au délai-
tion du prix de vente unitaire ; à une variation des quantités fournisseurs DRF sinon de graves problèmes de trésorerie et de
vendues ou éventuellement à un effet devises ; voire un change- rentabilité financière sont à envisager. Chez Danone, le crédit
ment de périmètre de consolidation pour Danone.

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interentreprises est à la fois favorable et très important puisque


le différentiel est de plus de 50 jours.

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Le ratio DMS (PRO) détermine la durée moyenne de stockage
des produits des marchandises susceptibles d’être vendus. Il
Tableau n° 5 : les ratios consécutifs.
est satisfaisant car relativement bas à 20 jours… En valeur
absolue, le besoin en fonds de roulement est négatif (respecti- fique justifié par une structure de marché concentrée et un
vement : -493 M€ puis -562 M€), c’est une ressource, ce qui nombre réduit d’intermédiaires contrôlant la majeure partie de
est tout à fait remarquable pour un groupe comme Danone et l’offre. Les achats d’emballages sont gérés via des
en conséquence : la trésorerie positive s’explique en grande programmes d’achats mondiaux ou régionaux permettant d’opti-
partie par ce besoin en fonds de roulement négatif. miser les compétences et les effets volumes. En effet, les prix
sont influencés par l’offre et la demande au niveau mondial et
régional, par les cycles économiques mais aussi par les
3. Les ratios consécutifs capacités de production installées et le prix du pétrole. Le PET
du groupe Danone et les plastiques, qui figurent parmi les principales matières
premières d’emballage achetées par le groupe, ont vu leur prix
fortement varier en Europe et en Asie en 2004 et 2005, en
raison notamment de la fluctuation du prix du pétrole. Les
Ce ratio dit de rentabilité opérationnelle ou économique traduit autres matières premières d’emballage, telles le carton, n’ont
la capacité du groupe à vendre avec profit, un produit et/ou une pas enregistré d’évolution significative de prix à l’échelle du
marchandise sur un marché donné, indépendamment de toute groupe sur la période.
politique de financement et d’impôt sur les bénéfices. Pour un Le coût des produits vendus correspond aux coûts de produc-
groupe, on peut donner le barème suivant : si le rapport R tion, comprenant essentiellement le coût des matières
15 est négatif alors il n’y a aucune rentabilité opérationnelle ou premières alimentaires et des emballages, la main-d’œuvre
économique ; si 0 % ≤ R 15 < 5 % alors la rentabilité opération- industrielle ainsi que les dotations aux amortissements du
nelle est faible ; si 5 % ≤ R 15 < 10 % alors elle est moyenne et matériel de production. En valeur absolue, le coût des produits
si R 15 ≥ 10 % alors la rentabilité opérationnelle est satisfai- vendus a augmenté de 6,8 %, passant de 6 223 M€ à
sante. Chez Danone, cette rentabilité opérationnelle est remar- 6 644 M€ en 2005. En pourcentage des produits des activités
quable avec une valeur oscillant autour de 13 % ! ordinaires, le coût des produits vendus est passé de 50,7 % à
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La rentabilité opérationnelle intègre finalement deux compo- 51,0 % en 2005 et cette augmentation résulte principalement
santes : les produits des activités ordinaires et les charges de l’augmentation du coût de certaines matières premières,
opérationnelles. Étant donné que la variation des produits des notamment les matières plastiques. Cette évolution défavo-
activités ordinaires a déjà été évoquée lors du bloc précédent, rable est en partie compensée par la poursuite de la politique
alors la rentabilité opérationnelle est finalement une étude des menée par le groupe visant à optimiser l’utilisation des ingré-
charges opérationnelles. Ces dernières sont principalement les dients et des emballages, à rationaliser les flux de matières en
achats de matières premières et/ou de marchandises, les collaboration avec les fournisseurs et à améliorer sa producti-
autres charges externes (sous-traitance), les charges de vité.
personnel et les dotations aux amortissements. Les frais sur ventes se composent des dépenses publicitaires
Le résultat opérationnel courant s’est amélioré de 8 %, en dépit et promotionnelles, des coûts de distribution et des frais de
d’une forte augmentation du coût des transports et du prix des structure de la force de vente. En valeur absolue, les frais sur
matières premières, en particulier les matières plastiques. Les ventes sont passés de 3 108 M€ à 3 331 M€ en 2005, repré-
besoins de Danone en matières premières concernent princi- sentant respectivement 25,3 % et 25,6 % des produits des
palement : les matières nécessaires à la production de produits activités ordinaires. Cette légère augmentation résulte notam-
alimentaires et de boissons, notamment le lait, les fruits, la ment de la hausse des coûts de distribution à la suite de la
farine, le sucre, le cacao et les matières grasses, et les hausse des prix du pétrole mais elle est partiellement
matières nécessaires à l’emballage des produits, en particulier compensée par la politique de Danone visant à optimiser et à
les plastiques et le carton. Les matières premières énergé- mieux cibler ses opérations publicitaires et promotionnelles et
tiques représentent une part plus limitée des achats. En 2005, à renforcer l’accessibilité prix des produits du groupe, notam-
le prix du lait est resté stable en Europe de l’Ouest, alors qu’il ment dans les pays émergents.
était orienté à la hausse en Europe de l’Est et en Amérique. Les Les frais généraux ont légèrement augmenté en 2005 à
achats de sucre et de cacao donnent lieu à un suivi plus spéci- 1 017 M€ contre 976 M€ en 2004 ; ils représentent 7,8 % des

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Dossier
36 La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 224-225 — Contrôle/Finance

produits des activités ordinaires en 2005 contre 8,0 % en (charges d’intérêt, résultat des couverture de taux de change,
2004. Cette diminution en proportion du chiffre d’affaires gains et pertes liés à l’extinction des dettes).
résulte notamment de la politique active menée depuis Le ratio R 17 est couramment utilisé par la profession bancaire
plusieurs années par le groupe pour diminuer ses frais de struc- notamment pour juger du poids relatif du coût de l’endettement
ture. financier : c’est à la fois un ratio d’endettement financier (un
Comptabilité et finance

Les frais de recherche et de développement, qui représentent rapport élevé confirme un taux d’endettement défavorable) et
environ 1 % des produits des activités ordinaires, ont légère- un ratio de rentabilité financière (à partir d’un certain niveau, le
ment diminué en 2005 et s’établissent à 123 M€ contre coût de l’endettement financier brut est tel que la rentabilité
129 M€ l’année précédente. financière devient faible voire inexistante). Le barème fréquem-
Le résultat opérationnel courant a augmenté de 130 M€, ment avancé est le suivant : si le rapport R 17 = Coût de
passant de 1 608 M€ à 1 738 M€ en 2005. Cette progression, l’endettement financier brut/Produits des activités ordinaires
qui provient notamment de l’amélioration de la performance est inférieur à 2 % alors c’est favorable (situation actuelle de
opérationnelle et des variations de périmètre, est à mettre en Danone) ; si le rapport R 17 est compris entre 2 % et 4 % alors
perspective d’un contexte de hausse sensible du coût des c’est moyen ; si le rapport R 17 est supérieur à 4 % alors c’est
transports et du prix des matières premières, principalement défavorable et la perte financière est vraisemblablement
des matières plastiques, et de l’impact négatif de l’évolution du élevée.
mix pays. Le coût de l’endettement financier net est passé de 94 M€ à
En 2005, les autres charges opérationnelles s’élèvent à 32 M€ 101 M€ en 2005. L’augmentation du coût de l’endettement
et comprennent principalement la perte de valeur de 53 M€ financier brut résulte notamment de la charge de 13 M€
constatée sur la participation du groupe dans ses activités HOD constatée dans le cadre du remboursement anticipé des obliga-
au Canada, partiellement compensée par le profit de 19 M€ tions convertibles ainsi que d’une augmentation du coût moyen
réalisé sur la cession d’Italaquae (Boissons – Italie). En 2004, de la dette brute. L’augmentation des produits de trésorerie et
les autres charges opérationnelles s’élevaient à 49 M€ et d’équivalents de trésorerie provient principalement d’une
comprenaient principalement la perte réalisée dans le cadre de augmentation du montant moyen des placements. En 2004, les
la cession des activités Biscuits au Royaume-Uni (Jacob’s) et en autres produits financiers s’élevaient à 104 M€ et compre-
Irlande (Irish Biscuits). naient principalement des plus-values de cession de titres de
Finalement, le résultat opérationnel a augmenté de 147 M€, participation pour 47 M€ ainsi qu’un complément sur le prix de
passant de 1 559 M€ à 1 706 M€ en 2005. cession de la société BSN Glasspack pour 71 M€. La charge
d’impôt a augmenté, passant de 428 M€ à 473 M€ en 2005.
La hausse du taux effectif d’imposition, qui s’établit à 29,6 %
L’autofinancement est un indicateur important de rentabilité en 2005 contre 27,3 % en 2004, résulte notamment d’une
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financière en valeur absolue et la marge brute d’autofinance- fiscalisation particulière des plus et moins-values de cession de
ment peut être aperçue dans le tableau des flux de trésorerie. participation et des pertes de valeur.
On rapporte souvent l’autofinancement aux investissements En 2005, la ligne « Perte de valeur » comprend la perte de
pour obtenir le « taux d’autofinancement » qui doit être tendu valeur constatée sur la participation minoritaire dans Bakoma
vers 100 % ce qui est le cas pour Danone notamment en 2005. (Produits Laitiers Frais – Pologne). La ligne « Résultat de
Les investissements industriels ont atteint 607 M€ en 2005 cession » comprend principalement la perte nette de 313 M€
contre 520 M€ en 2004. Le groupe mène depuis plusieurs réalisée dans le cadre de la cession des activités HOD aux
années une politique de maîtrise de ses investissements indus- États-Unis, la plus value nette de 292 M€ réalisée dans le
triels et les montants engagés au cours de l’exercice 2005 cadre de la cession de Mahou (Bière – Espagne) et la plus-value
intègrent, à hauteur d’environ 40 %, des investissements de nette de 22 M€ réalisée dans le cadre de la cession de
capacité dans les pays « Nouvelles Frontières », à forte crois- Galletas Noël (Biscuits – Colombie). En 2004, la ligne « Pertes
sance de chiffre d’affaires (Russie, Mexique, Chine, Indonésie de valeur » enregistrait les provisions et pertes de valeur
et États-Unis) Les investissements financiers quant à eux se constatées sur les participations du Groupe dans Danone
sont élevés à 636 M€ en 2005 contre 98 M€ en 2004. Waters, LP et The Danone Springs of Eden BV.

Le Conseil National de la Comptabilité a défini le coût de Ce ratio causatif, le plus important de toute l’analyse finan-
l’endettement financier net comprenant les produits de tréso- cière, a plusieurs appellations : rentabilité financière, Return On
rerie et d’équivalents de trésorerie (produits d’intérêt, résultat Equity (ROE = Net Income/Book Value of Equity) plus proche de
de cession d’équivalents de trésorerie, résultat des couverture la rentabilité financière que le Return On Investment – ROI
de taux de change) et le coût de l’endettement financier brut (Résultat net/actif). Ce ratio intéresse les actionnaires, les
investisseurs potentiels et les dirigeants ; la rentabilité finan-

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La Revue des Sciences de Gestion, Direction et Gestion n° 224-225 — Contrôle/Finance 37

cière est un indicateur de la capacité du groupe à rémunérer les Compte tenu des charges existantes (charges opérationnelles,
actionnaires, soit sous forme de dividendes, soit sous forme le coût de l’endettement financier net et l’impôt sur les
d’une affectation aux réserves augmentant ainsi la valeur intrin- bénéfices) pour aboutir au bénéfice net, alors une rentabilité
sèque des titres qu’ils détiennent. Le ratio doit être suffisam- opérationnelle (ou économique) nette de 5 % peut être jugée
ment élevé pour que l’actionnaire accepte de confier son comme satisfaisante.

Comptabilité et finance
épargne au groupe. Le taux de rotation du capital est le rapport entre les produits
Le seuil de survie d’un taux de profit avancé par les financiers des activités ordinaires et le montant des moyens engagés
et les stratèges est souvent de 10 % et en conséquence, nous (Actif) exprimant le montant de PAO obtenu avec un euro de
pouvons esquisser le barème suivant, pour un groupe industriel capital investi dans l’actif. En général, ce ratio tourne entre
et/ou commercial : si le rapport R 18 = Résultat net/Capitaux 0,70 euro et 1,30 euro : il faut penser un euro de produits des
propres est négatif alors il n’y a aucune rentabilité financière ; activités ordinaires généré par un euro d’actif.
si 0 % ≤ R 18 < 5 % alors la rentabilité financière est faible ; si Le ratio d’endettement (ou d’autonomie financière) le plus
5 % ≤ R 18 < 10 % alors elle est moyenne ; si R 18 ≥ 10 % alors important est le rapport capitaux propres/passifs non courants
la rentabilité financière est satisfaisante. Le groupe Danone et passifs courants. Compte tenu du barème avancé par le
possède une rentabilité financière exceptionnelle surtout en système bancaire, si ce ratio doit être supérieur à 50 % alors le
2005 (= 29,7 %) suite à une rentabilité économique nette rapport passif/capitaux propres doit être légitimement inférieur
exceptionnelle à 12,8 % mais celle-ci est anormalement gonflée à trois (= 300 %).
par le résultat net des activités arrêtées, cédées ou en cours (= Chez Danone, tous les indicateurs sont favorables sauf peut-
504 M€). être le taux d’endettement qui est de 3,6 en 2004 mais qui se
Par ailleurs, nous pouvons expliquer un ratio causatif global en rapproche de la norme en 2005.
le décomposant en ratios discriminants partiels ; le ratio de
rentabilité financière R 18 peut alors être expliqué par le produit
de trois ratios (ou chaîne de ratios) : Bibliographie
Bachy Bruno et Sion Michel. Analyse financière des comptes consolidés
– normes IAS/IFRS. Dunod, 2005, 264 p.
Lopater Claude et Sijelmassi Leila. S’initier aux IFRS. Éditions Francis
Lefebvre, 2005, 320 p.
La Bruslerie Hubert (de). Analyse financière. Dunod, 2006, 3e Éd.,
496 p.
Cohen Elie. Analyse financière. Economica, 2003, 5e Éd., 608 p.
Degos Jean-Guy. Diagnostic financier, analyse des experts et pertinence
des normes IFRS. La Revue du Financier, décembre 2003, n° 144,
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20 p.
Tableau n° 6 : la rentabilité financière. Obert Robert. Pratique des normes IAS/IFRS. Dunod, 2004, 2e Éd.,
246 p.
Pour un groupe industriel et/ou commercial, la survie d’un taux Price Waterhouse Coopers. IFRS 2005 – Divergence France/IFRS.
Francis Lefebvre, 2004, 2e Éd., 1 000 p.
de profit est la finalité ultime pour tout système ouvert sur son
Rsm Salustro Reydel. Maîtriser l’essentiel des IFRS. Option Finance,
environnement, elle est mesurée par la rentabilité financière, supplément du 14 juin 2004, n° 789, 108 p.
c’est-à-dire le rapport résultat net/capitaux propres dont le Vernimmen Pierre, Quiry Pascal et Le Fur Yann. Finance d’entreprise.
seuil fatidique est de 10 %. La décision d’investissement est le Dalloz, 2002, 5e Éd., 1 137 p.
moyen de survie mais il n’y a point de survie sans argent, c’est- www.danone.com/cmscache/MYSESSION~BAB61CC5919E8D90C125
à-dire une bonne rentabilité opérationnelle nette et/ou une 7141005460BF/DDR2005_VDEF_fr. PDF
bonne capacité d’endettement d’où la décomposition de survie www.danone.com/wps/portal/jump/DanoneCorporate.Finance.Chiffres
Cles.Commun?ref=CMS.DanoneCorporate.Finance.ChiffresCles.Donne
d’un taux de profit en trois indicateurs-clés. es12Ans.Bouton3
Si la rentabilité opérationnelle est supérieure à 10 % alors le http://www.minefi.gouv.fr/fonds_documentaire/reglementation/avis/a
groupe peut être considéré comme économiquement rentable. visCNCompta/recommandations/04r02.htm

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