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Association pour l'encouragement des études grecques en France. Revue des études grecques (Paris). 1909 . Janv.-févr..

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ÉTUDES
GRECQUES

~L PUBLICATION TRIMESTRIELLE

M nSSMMTtOffPOUR
L'ENCOE~GEMESI
DESÉTUDES
GRECQUES

TOME XXII

?96
Janvier-Février 190~

PARIS
ERNEST I~EROUX, ÉDITEUR
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28, KIÛEBONAPARTE,
Yt'

s Toutes les communications concernant la ~<!<t<x<OK doivent être adressées B.


N.'eMTAyT! Gi.aTz. rMacteuren chef, à la fibp<nf}6 Leroux. Toutes cettes qui
eMt~tiient~~tnMO~oM doivent l'être à M. HMM !.BBÈQm:,
M~nt bibliothéeaire
<F)A~octatMn,<'i,ruëueLi)te, v;
REVUE
DES

ÉTUDE S GREC QUE S


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C
R E V U E

DES

ETUDES GRECQUES

PUBUCATtON TRIMKSTRtËLLE

DEL'ASSOCtAT)~
POUR.
L'ENCOURA(!E)fE.r
DESETUDES
GRECQUES

Mabiissement
(RecomM d'utilité pardécret
publique du7jm))et
1869)

TOME XXH

ANNÉE 1909

\c~s~
\L'L-

PAR)S
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
VIe
28, RUEBONAPARTE,

1909
PAPYRUS RECEMMENT DECOUVERTS

0~<y~c/«M P~y~'<. V/. Editcd by ~7~. C/'eM/e// and A.-S.


Hunt, fellowsofQucen's Collège, Oxford. W:th Six Plates,
x)v et 381 pages. Grand in-8", London, Egypt Exploration
fund, 1908.

MM. Grenfell et Hunt viennent de nous donner leur tribut


annuel, un nouveau volume. On ne saurait trop admirer l'infa-
tigable persévérance de ces savants.
Parlons d'abord du morceau capital, les fragments de I'
sipyle d'Euripide. L'attribution en est évidente: elle est confir-
mée d'ailleurs par deux citations qui se retrouvent dans notre
texte. Celui-ci est malheureusement en très mauvais état.
Comment se suivaient les nombreux morceaux de papy-
rus ? Quelques indices sûrs permettent d'en ranger un certain
nombre; le classement des autres est conjectural. Nous adop-
tons celui des éditeurs, qui nous paraît probable.
Au verso du papyrus, on lit le texte grec en onciales allon-
gées; l'écriture semble dater du lie siècle de notre ère. Des
lettres placées à la marge des vers en indiquent les centaines;
il y a beaucoup d'accents, peu de signes de ponctuation le nom
des interlocuteurs, dont la paragraphes marque plusieurs fois
le changement, est fréquemment indiqué en marge. La para-
graphes indique aussi la division strophique des parties lyriques.
11 est difficile de distinguer la première mnin de celle qui a fait
)!)~ X\f).!U'J,j."'h..
2 HEK)() \\E)L G

des corrections. L'orthographe est généralement bonne, mais


beaucoup d'altérations du texte appcDont des conjectures.
Le premier fragment était précède de deux pages, environ
cent dix lignes, qui font défaut aujourd'hui. On y lisait le titre,
l'argument, la liste des personnages, le prologue et sans doute
aussi un certain nombre de vers du dialogue. Le prologue était
prononcé par Hypsipyle, d'après une conjecture très probable,
pour ne pas dire certaine, des éditeurs. Aristophane ()) en cite
le commencement. Traduisons
« Dionysos, qui, vêtu d'une peau de biche, danse sur le
«Parnasse en brandissant le tbyrse. » La phrase n'est pas
terminée, nous la complétons ainsi « est mon aïeul. Le
« dieu engendra Thoas qui régna sur Lemnos. Je suis la fille
« de ce roi et j'ai reçu de lui le nom d Hypsipyle. M
Hypsipyle racontait sans doute les événements de sa vie anté-
rieurs a l'action du drame. Elle parlait des deux fils, Eunéos et
Thoas, qu'elle eut de Jason quand les Argonautes débarquèrent
à Lemnos. Elle parlait sans doute aussi du fameux massacre
des hommes par les femmes de Lemnos et racontait comment,
pour échapper aux fureurs des Lcmniennes, qui lui imputaient
à crime d'avoir épargné la vie de son père, elle se cacha dans
les broussailles de la côte. Des marins la sauvèrent en la
faisant monter a bord de leur vaisseau, mais, arrivés a NaupIIe,
ils la vendirent. La malheureuse finit par entrer comme esclave
dans la maison de Lycurgue, prêtre du temple de Zeus Néméen,
et fut chargée de garder le fils de son mattre, enfant en bas
âge (2). Ces faits, exposés en détail dans une des dernières
scènes de la pièce, étaient peut-être brièvement résumés dans
le prologue.
Donnons l'énumération des personnages qui paraissent sur

(1)Aristophane,Gt'enoMtMe~, v. d2ii-)3.
(2) Lesaventuresd'Hypsipylesont racontéesde diversesmanières.Le récit le
plus détailléèt le plus voisinde la versiond'Euripidese trouvedans les scolies
de Clémentd'Alexandrie(p. i05), et cependantcette versionaussi diffèreen
quelquespoints de cellede notretragédie.Stacc,que Hartunga suivi dansson
~Mnp~M}'M/<<M,n'est pas non plusun guide sur.
i'Ai'mus tiËCËMMj'i' DtScoLVjsn'rs .3

la scène Itypsipy[e; ses deux fils, Ennéos (E'~o~ ou


E~u;)
et Thoas, en costume de voyageurs Amphiaraos avec son
escorte; Eurydice, l'épouse de Lycurgue; Lycurgue, Dionysos.
Le chœur est composé de femmes neméennes, amies
d'Hypsi-
pyle. L'action se passe a Némée, devant )a demeure de
Lycurgue.

Examinons maintenant ]e texte grec. Dans la


plupart des
fragments, les lignes assez bien conservées sont moins nom-
breuses que celles dont on ne peut tirer parti. Il ne faut donc
jamais oublier que nous ne pouvons connaître aujourd'hui, ou
deviner, qu'une partie de ce que contenait le texte primitif.
La reconstitution du texte est due a. WDamowitx, dont les
éditeurs, qui l'avaient consulté, ont presque toujours adopté
les vues.
Après ces préiiminaircs, passons en revue les fragments
conservés.
Colonne I, fragment 1. Hypsipyle est en train de chanter
pour calmer ]e petit enfant, iorsqu'entrcnt deux jeunes hommes.
A leur vue, elle s'écrie '< Bienheureuse la femme qui leur
« donna le jour, quelle qu'elle soit », M
pxxKpM s-~H~v, ~xo'Js'
v~ ~o- v~. Evidemment ilypsipyte admire la vigueur et la
beauté des deux étrangers. Son exclamation rappelle la chan-
son italienne Be/!<?</e~.y/a /f< M~c ~c~<, c/!e /< fece co.<
<~c//a. Il se trouvera par !a suite que la mère qu'Hypsipy)e
estime heureuse n'est autre qu'Hypsipy)e elle-même.
Thoas demande pour lui et son compagnon la permission
de resler jusqu'au lendemain.
Fragment 2. Ce fragment n'est séparé du précédent que par
un très petit intcrvaitc. Hypsipyle répond « On est hospitalier
« ici, et Eurydice, qui gouverne fa maison en l'absence de son
« époux, vous recevra certainement. »
Colonne II, fragment 1. Traduisons la partie bien conservée
de ce fragment. Hypsipyle chante
Fe strophe « Voici les créceMes bruyantes [que je fais
4 HE~OitWKIL

« tourner pour amuser Ce n'est, pas pour alléger ma


« peine que je chante, comme autrefois a Lemnos (t) quand je
« faisais passer le peigne ou ta navette a travers la trame du
« tissu; ûMuse, c'est pour endormir, pour amuser, pour soigner
« un petit enfant »
Cette strophe, ainsi que les suivantes, offre un mètre que la
plupart des métricicns modernes appellent: glyconiquc Wila-
mowitz en signale ou essaye d'en restaurer les rcsponsions
antithétiques.
Chœur, 2' strophe. « Que fais-tu près des portes extérieures,
« amie? Est-ce que tu balaies l'entrée de la maison, ou répands-
« tu une rosée d'eau sur le sol et t'acquittes-tu des autres fonc-
« tions d'une esclave? Ou bien chantes-tu l'Argo, ce navire a
« cinquante rames, dont tu parles toujours (2), ou la toison d'or
«consacrée aux dieux, suspendue aux branches d'un chêne et
« toujours gardée par l'œil d'un dragon? Est-ce que tu évoques
« le souvenir de Lemnos, voisine de la terre, où les vagues de
« la mer Egée, qui l'ébranlent, se hrisent avec fracas? » (Le
chœur est discret, il n'a garde de parler de Medëe). « Sache
« qu'a présent, parti des ptaincs d'Argos, arrivant (3) aux prai-
« ries de Némée, Adrastc au pied léger, revêtu d'armes d'airain,
« va lancer l'impétueux Arès (t) contre les murs qui sont
l'œuvrc fameuse de la cithare d'Amphion (S) )).
La fin de cette strophe est extrêmement mutilée nous y
relevons seulement les mots T~.xO.x a-x~x':K(ou bien <yxY~.K-:?.,
avec Wilamowitz) qui désignent les ecussons des boucliers
qu'Eschyle décrit dans les -S'e~ co/i~'e 7'cy.

(1) Les mots T:~u.'j(h:( A~;j. signifient t'a))cge~ent que je t~e donnais n
Lemnos.
(:!) Hypsipy~c en parle toujours en souvenir de Jason, le père de ses deux fils.
Et cependant, nulle part elle ne prononce le nom de Jason.
(3) Le papyrus porte a~ j'aimerais mieux 9v~
(4) \i)amowitz remplitla lacuneà la findu vers 34 par les mots 'Apr,Oo< Je
préfèreOoSpo' *Apft, choriambeéquivalant)a dipodieiambique.Cependantil
y avait peut-êtreici un participe,par exempleopjiM~~ot.
(3) V. 33. A !a fin de ce vers il manque un iambe. Les éditeurs suppléent /o;j
je su;)p!ue xA~~ov.
PAPYRUS RÉCEMMENT DÉCOUVERTS 5

Colonne III, fragment 1, i'" antistrophe. Hypsipyle chante.


I) s'agit encore des Argonautes toujours présents à sa pensée.
Nous ne pouvons rien tirer des trois premiers vers mutilés.
Traduisons la suite « Quand le calme se fit sur les flots, le
« héros qu'enfanta la jeune Aigina, fille du fleuve (Asopos),
« [commanda] de hisser la voile de la poupe. Au milieu du
« navire, près du grand mât, la lyre d'Orphée le Thrace faisait
« résonner la lamentation (~yo'~) asiatique au refrain y,
« marquant par son chant lacadeucc aux rameurs qui, tantôt
« battaient les flots de leurs longues rames pour avancer rapi-
« dément, tantôt les retiraient, pour respirer. Voilà, voilà ce
« que mon âme veut chanter; qu'un autre célèbre les travaux
« des Danaens (1). »
2e antistrophe. Le chœur raconte les aventures d'Europe et
d'io, héroïnes qui ont dû, comme Hypsipyle, quitter leur patrie
malgré elles. Comme ces fables sont très connues, nous nous
dispensons de traduire. Les aventures des deux héroïnes fini-
rent heureusement. Le chœur consotait-il Hypsipyle en lui
donnant l'espoir qu'il en serait de même pour elle?
Col. IV. Des lignes qui se trouvaient en haut de )a colonne.
il ne reste que quelques mots mutités. Traduisons les vers con-
servés. (Monodie d'Hypsipyle.) « et Procris que son mari tua
à la chasse (2). (La particule prouve qu'avant la mort de
Procris les malheurs d'autres femmes devaient être mentionnés'
dans les vers détruits). [La poésie] (~TJ?~) (3) pteura sur elles
dans ses chants. »

« La mort convient à qui souffre comme moi (4). Quelle


« complainte, quels accents de la voix ou de la cithare, fusseut-
« ils inspirés pat- Ctilliope, pourraient égater mes malheurs?)) »

(1)Cesont les combatsdu siègede Troie.


(2) Letexte porte K'j'~Yo'/ tfpoxp~rr/ T;o?'s'x- )ci x-j'yo~prend le sens
d'un participeprésent.
(3) Je supp~.e « i.j.ous'ït )) parce qu'Hypsipyte dira pius bas qu'aucune com-
plainte poétique ne pourrait égaler ses malheurs..Je crois que la seconde partie
de la monodie fait antithèse avec la première.
(4) Qr/o; e').e, TM' s;j.x T:j9s]f, peut-être 9xvofco'
6 JUSK)U\E!L

lïypsipyte déplore ses malheurs passés et sa servitude.


Le co?'y~/«"<?(anapestes) « 0 Zens, qui habites ce bois de
« Nemec, que veulent donc ces étrangers (1) ? Des Doriens, à en
« juger par leurs vêtements. Ils longent le bois solitaire (2) et
« s'approchent de la maison. En effet, le Dorien Amphiaraos
arrive avec une escorte. 1Lcherche de l'eau courante pour nn
sacrifice.
Après avoir repondu aux questions du devin sur le maître de
cette belle demeure, )ïypsipy)c l'interroge tu son tour au sujet
de sa patrie et de l'expédition des Sept. Amphiaraos entre dans
tous les détails et raconte comment la trahison de sa femme,
corrompue par le don d'un superbe coHier, t'a forcé de partir
malgré lui pourThëbcs,où il trouvera la mort. Le devin s'éloigne,
accompagné d'Hypsipyte, qui porte l'enfant dans ses bras (3).
Ensuite le mauvais état du texte nous rend fort obscure la
marche de l'action. On voit cependant qu'Uypsipytc, revenue
près de la maison, est désespérée de la mort de l'enfant, qu'elle
avait pose a terre pour puiser de l'can a l'usage du devin, et qu'un
serpent a étonne. EHe délibère avec le chœur sur tes moyens de
fuir, mais toutes les issues sont gardées.
Fr. 8, 9. Remontant a l'origine de la guerre des Argiens contre
les Thébains, le poète raconte la rencontre nocturne de Tydéc
et de Polynice devant la maison d'Adraste, qui les marie avec
ses deux filles.
De la scène capitale, la seule vraiment tragique, entre la maî-
tresse irritée et l'esclave qui se défend, nous n'avons plus que
ta fin et peut-être quelques petits fragments que les éditeurs y
rapportent. Lycurgue est absent, Eurydice gouverne )a maison.
Le poète a pensé qu'une mère avait pour son enfant un amour
plus profond et qu'elle serait plus implacable, plus acharnée à
venger sa mort.

(1) Les mots T~o; ~j.~op~; sont-ils a)[êres? '?


(2) Un ett'roi religieux empêchait d'entrer dans le bois de Zeus Ncmecn; on
savait aussi qu'it était hante par un terribfc dragon.
(3) Le fragment de notre tragédie (136 Nauck) T:epipxX', M T~/0' M~ trou-
'cmit une place conven~hte ici ou dans ]a scène de reconnaissance.
PAPt'i!US!tECEMM]~TDHCOUVE)t'rs 7

Voici la fin de la scène. Hypsipyle parlant à sa mattrcsse


(fragment 60) « Il te plaît donc de te laisser aller à une aveugle
« colère, avant d'avoir bien appris comment les choses se sont
« passées. Tu restes muette, tu ne réponds rien à mes explica-
« tions. Oui, je suis la cause de sa mort; mais tu m'accuses à
« tort d'avoir tué l'enfant, le nourrisson que j'ai bercé dans
« mes bras, que j'aimais comme un fils, quoique je ne l'aie pas
« mis au monde. Jl était ma grande consolation. 0 proue du
« navire Argo, que les vagues jaillissantes de la mer couvrent
« d'une blanche écume (1) 0 mes enfants! –je péris misé-
« rablement! 0 devin 0 fils d'OïkIes, je vais mourir. Viens,
« secours-moi. Ne me laisse pas mourir accusée d'un crime
« infamant. C'est à cause de toi que je péris. Viens, car tu
« connais ma conduite et tu serais accueilli par cette femme
« comme le témoin le plus sûr de mes maux. Marchons (à
« la mort) car je ne vois près de moi aucun ami pour me
« sauver, me conduire hors de ce pays. Ma sincérité ne m'a
« donc pas sauvée. »
Amphiaraos n'a pu entendre l'appel d'Hypsipyle, il arrive
cependant « Arrête, dit-il, toi qui envoies cette femme à la
« mort, ô reine de ce palais, car a ta seule vue je reconnais ta
« noble naissance. »
/yy~y/c « Je tombe à tes genoux, Amphiaraos, et je touche
« ton menton en suppliante, au nom de l'art que tu tiens d'Apol-
« Ion tu viens à propos dans mon péril extrême. Sauve-moi
« car je péris pour t'avoir rendu service. Je vais subir la mort.
« Tu me vois à tes genoux, enchaînée, moi qui vous conduisais
« naguère, toi et tes compagnons; tu agiras en homme pieux que
« tu es. Si tu m'abandonnes, tu seras une honte pour les Argiens
« et pour tous les Hellènes. Mais, ô devin, qui, en observant les
« flammes, prédis l'avenir aux Danaens, raconte à cette femme
« comment périt son enfant; tu le sais pour y avoir assisté.

(1)Le textene se construitguère.Je voudraisécrire x~~uxa~~ (crasede xa:


eA~s'jx~o'~),au lieu de x~i~sux~ov.Matraductionrépondau texte corrige. Le
p0)''tcdécrit l'arrivéedu navire.
8 HENtUWEfL

'<Elle prétend que j'ai tué l'enfant de propos délibère, pour


« priver leur maison d'héritier. »
Amphiaraos prend la parole « Je suis venu; dit-il, parce
« que je me doutais du danger que courait la malheureuse Hyp-
« sipyle ». S'adressant ensuite a Eurydice, il la supplie de lui
laisser exposer la conduite d'Hypsipyte. « Quand il s'agit de
« mettre a mort un être humain, une erreur commise est irré-
« parable. »
Eurydice répond qu'elle ne l'eût pas admis en sa présence, si
elle n'avait pas connu par la renommée sa grande sagesse; et
elle l'engage à parler.
~tm~Az~o~ « Si je m'efforce d'apaiser ta colère contre cette
« malheureuse, c'est moins par égard pour elle que pour faire
« triompher la justice. Trahir la vérité serait indigne d'un devin,.
disciple d'Apollon. Cette femme m'a montré une source d'eau
« courante. » Le reste de ce discours ne nous est parvenu
que fragmentairement.
Colonne II « Le serpent darda un regard sanguinolent et
« bondit pour enlacer l'enfant de ses replis. A cette vue, je
« lançai une flèche. »
Le devin déclare qu'il donne a l'enfant le nom d'Archémoros
parce que sa mort présage celle des sept chefs. Adraste, dit-il,
échappera seul à ce désastre.
S'adressant ensuite à Eurydice, Amphiaraos dit que les
peines ne sont épargnées a aucun mortel, et, après avoir déve-
loppé ce lieu commun, il ajoute que lui et ses compagnons
vont honorer Archémoros par des jeux gymniques qui se per-
pétueront et procureront au vainqueur une couronne enviée.
Pour conclure, il répète qu'Eurydice doit acquitter Hypsipyle,
qui est innocente, et que la mort procurera a son fils d'éternels
honneurs.
La réponse d'Eurydice est très mutilée; on voit cependant
qu'elle se résigne a céder.
Quoiqu'il y ait ici une lacune, it est évident qu'Amphiaraos
rendait un nouveau service a Hypsipyle en faisant connaître
DMCOUYEHTS
RÉCEMMENT
PAPYRUS 9

que les deux étrangers étaient les fils qu'elle avait pleurés
comme morts. On voit que le devin, dont la vertu avait été
exaltée par Eschyle, a un beau rote dans notre tragédie.
(Fr. 64, col. II). 0 mes enfants, s'écrie l'heureuse mère,
« [la roue de la fortune] nous a fait passer d'un seul tour de la
« terreur a la joie enfin, notre vie se rassérène, lumineuse et
«douce.)' »
Amphiaraos dit qu'il a rendu bienfait pour bienfait, et, après
avoir formé des vœux pour la mère et les enfants, il leur fait
ses adieux, avant démarcher vers Thèbcs avec ses compagnons.
Les fils ~Wy~y/e « Que les dieux te bénissent, car tu l'as
« mérité, qu'Hs te bénissent, ami. )) (S'adressant aHypsipyle)
« Pauvre mère, il était donc un dieu qui ne pouvait se rassa-
« sicr de te faire souffrir. ))
Puis la mère et les fils se communiquent les aventures de
leur vie. Inutile de revenir sur )a vie d'Ilypsipylc. Les deux
fils avaient été, après la mort de Jason, instruits par Orphée,
Eunéos dans l'art de la musique, Thoas dans l'art de la guerre
enfin leur grand-père Thoas les avait conduits à Lemnos.
La tragédie se terminait par l'apparition de Dionysos. Ici le
texte nous fait défaut et nous sommes réduits aux conjectures.
Il existait a Athènes une famille (yen~) de citharodes, tesËM~eï-
~<M, qui rendait un culte à Dionysos Melpoménos (i) et pré-
tendait descendre de ce dieu par Eunéos. Voila pourquoi
Wila.mowitz suppose que Dionysos ordonnait au fils d'Hypsi-
pyle de se rendre a Athènes. Je crois qu'ensuite le dieu
envoyait Eunéos a Lemnos. Dans l'Hiade (2), nous voyons
Euneos résider, sinon régner, dans cette Uc. Pourquoi le poète
se serait-il écarté de la tradition homérique?
On se demande naturellement ce que devint Thoas. Faut-il
pour répondre à cette question, se servir d'un récit de Plutar-
que, en le modifiant légèrement (3)? D'après ce récit, Thoas se

(1)Voirez,))!, ~4.
(2)~.VIJ,46S;XX)n,'?47.
(3)U'tLpresP)utarque(77i<'see,chap.xx\')),)('s()eux<'rurcsMraicntprispart~ u
la guerre contre les Amazones.
10 H)~mW)~L

rendait a Athènes, afin d'assister Thésée dans sa lutte contre


les Amazones qui assiégeaient la ville, et Thésée le récompen-
sait en le chargeant de commander et de légiférer dans la ville
de Pythopolis (en Bithynie) (1). Quant a Rypsipylc, elle va
sans doute rejoindre son père.
On peut, on le voit, se faire une idée de l'économie du drame.
N'oublions pas cependant. que beaucoup de choses nous échap-
pent aujourd'hui. On voudrait savoir, par exemple, ce que
disaient et faisaient les fils d'Hypsipyle avant la reconnais-
sance.
Quand fut représentée notre tragédie? Le scholiaste d'Aris-
tophane (2) demande pourquoi le poète comique ne fait pas
mention de trois beaux (xxÀM~)drames joués peu de temps
avant les G~<?Mo?«/~c.< a savoir ~y~~y/e, Mey~c/g/Mtey, AM<!o~c.
Ces trois drames appartiennent donc à la vieillesse du poète.
Faut-il porter un jugement sur une œuvre que nous ne con-
naissons pas en entior, mais dont il reste des morceaux consi-
dérables?
Nous avons dit que dans ce drame il n'y avait qu'une scène
vraiment tragique; cela est peut être excessif: nous voyons
une fille de roi, petite-lilte d'un dieu, avilie par la servitude,
réduite aux humbles travaux d~une esclave; et ses plaintes
sont fort touchantes. Or, il appartient a la tragédie, d'après une
définition fameuse, d'émouvoir notre pitié. Il n'en reste pas
moins vrai que ce drame prête aussi a la critique. Le poète
raconte souvent, soit dans le dialogue, soit dans les chœurs,
les incidents de l'expédition des Sept. Ces digressions, qui
a.I)ongent la pièce, ont peu de relation avec le sujet du drame
et le font perdre de vue. Il faut avouer, en outre, que des
longueurs fastidieuses ne sont pas suttisammcnt rachetées par
quelques tournures d'une heureuse concision. La trouvaille
n'en a pas moins de prix. Euripide avait composé un très

(1) Plutarqueparle aussid'un troisièmefrère, flontles aventuresse terminent


par le suicide.
(2) Sc))o))Mte d'Aristoph., /!<7H., 53.
PAPYitUS!tËCEM}tEKTDMCOUVE)tTS n1

grand nombre de tragédies il ne faut donc pas s'étonner que


toutes n'aient pas la même valeur.
Autres fragments nouveaux
Fragment d'une comédie Un esclave est condamné par son
maître à être brûlé vif. Il est probablement déjà lié au bûcher
et son maître approche une torche. Il est évident que l'esclave
est sauvé nous ignorons de quelle manière. Murray pense que
Lachès voulait seulement effrayer l'esclave. Cette comédie est un
travestissement de l'/t/c~~e d'Euripide. Les éditeurs pensent
qu'elle pourrait être dcMénandre. Je ne crois pas que Ménandre
ait jamais traité pareil sujet; Philémon en eut été capable.
Les scholies sur les vers 108-G71 des /)c/<s~M'e~ d'Aristo-
phane et sur les 45 premiers chapitres du II'' livre de Thucydide
ne contiennent que très peu de variantes remarquables. Notons
cependant que dans Thuc., 11, xn;, 20, <P:x?~.o' la lacune
se comble par la leçon traditionnelle n~.pM~ doit être la
bonne leçon. Un mémoire dans lequel le traité de Denys d'Iïali-
carnasse sur Thucydide est réfuté a plus de valeur et donne
une idée favorable de l'intelligence de l'auteur.
Ne nous arrêtons pas aux fragments poétiques très mutilés
et sans grand intérêt. Helevons cependant le mot K~uSv~,
qui n'était jusqu'ici connu que par le lexique d'Hésychios. On
serait tenté, n'étaient deux hiatus, d'attribuer à l'abrégé de
l'ouvrage d'Hérodote, par lequel Théopompc se préparait à
écrire a son tour l'histoire, le fragment d'une Ë~o~e d'Héro-
dote. Le fragment d'un discours contre Démosthène n'est
probablement qu'un exercice de rhétorique.

Textes déjà connus


La plupart n'offrent pas d'intérêt. Des ~)'<yoMaM/~M~,il n'y
a plus que quelques lignes, qui font regretter la perte du
reste. Une correction de Brunck se trouve connrmée au v. 263,
et il y a 2 variantes, v. 270 Xx)~.o~v~ pourX~.xM~ç <x~ou~
et v. 271 o~ys~ovro, pour Kpt.'pm. Quant aux fragments
théologiques, bornons-nous à signaier des morceaux nouveaux
j2 Hf;K)t!W~L

des /(c<c.yde ~m<ea~. Des documents puhlics et privés de


toute nature remplissent les pages 202 a 291.

Remercions MM.Grenfell et Hunt de nous avoir donné de


nouveau un volume si intéressant, qui sera, nous n'en doutons
point, suivi d'autres volumes non moins précieux.
Henri ÂVE<r..
AYOENTHI

C'est un mot étrange et fort, de sens mal défini et variable.


Il vaut ht peine de l'examiner (1). D'abord, il a plusieurs sens et
on peut se demander dans quel rapport ils sont entre eux ce
qui, pour un mot aussi coloré, aussi chargé de sentiment, est
d'un intérêt assez général. Puis, c'est un mot qui, sans avoir
appartenu c'est du moins hautement probable au voca-
bulaire juridique, est tout de même sur la frontière du droit
il peut nous renseigner sur certaines idées morales et juridiques
des groupes où il fut vivant et expressif. Il est vrai qu'une cer-
taine minutie est ici la loi du genre, mais elle peut être féconde
si l'on veut bien ne pas trop se confier au bons sens de l'obser-
vateur et à la sagacité des étymologistes.
Le sens est mal défini, disions-nous on ne )c croirait pas,
tout d'abord. 11 est apparu très bien défini, au contraire, dans
deux ou trois emplois chez Antiphon chez l'auteur des
7'c~Y(/oyte6'plutôt il semble signifier « qui se suicide »; chez
Eschyle, « qui tue un parent » chez les autres auteurs, et le
plus souvent, « meurtrier » tout court, sans aucune idée adven-
tice. La tentation est assez forte de ~<?W«M'e ces sens l'un de
l'autre. Celui qui se suicide fait couler son propre sang, mais

()) M. Psicharii'a étudie tout récemment,maisa une autre périodeJe son


histoire et <1un point de vue différentdu nôtre. Cf.Ë/endi~in iVgfno~Mcfe
p/;t/o~t'e et de /f;i.f'c offertsMM.L. Havct,P.n'is.Hachette.190'
14 LOLUSt..EHKË'L'

de même celui qui tue un parent. Le passage sembtc aussi facile


du second sens au troisième– « du particulier au générât M.
Cette déduction logique nous fait un peu peur. Il y a, des
sautes de sens dont notre logique indulgente ne s'effarouche
guère, mais pour lesquelles la psychologie effacée d'un groupe
lointain offrait sans doute moins de souplesse. Meurtrier d'un
parent, meurtrier d'un individu quelconque, meurtrier de soi-
même, rien ne dit que ces espèces différentes eussent provoqué
des sentiments du même ordre ou d'une commune mesure.
Quant à l'étymologie, en pareil cas, elle ne peut être l'objet
que de conjectures et le point de départ que de malentendus
l'idée qu'on se fait du sens du mot dirige inconsciemment la
recherche, et la racine une fois définie justifie le sens qu'on
avait postulé. C'est ce qu'on appelle généralement un cercle
vicieux. Aussi bien, nous servirait-il a grand chose de savoir,
si on le savait, qn'x'j~s, c'est <xuTo;-}- .e~-fM (cf. latin .s'&
ail'' -S'M~.(/e)
comme le veut PreHwitx, ou que c'est c'j'o; /?.'
(apparenté a ~'ju dont il y a plusieurs exemples au sens de
« tuer ») comme L. Meyer serait porté a le croire (1)? C'est
l'emploi du mot grec en grec qu'il est. le plus court d'examiner.

Mais une question préjudicielle si Ku~ signifie vraiment


« qui se suicide M,c'est un fait. considérable, et qui dominera
toute l'enquête K'jQ~ signiue-t-it « .qui se suicide M? `?
Deux séries de témoignages paraissent en ce sens des
définitions des lexicographes ou grammairiens; cinq
exemples des 7W~oyz'e.y attribuées a Antiphon. La pre-
mière série ne doit pas avoir grand crédit les auteurs en

(1) Prellwitz,AY'/nt.~'<M.</e)' S/J' p.9. )j. Meyer,//f;M<&.


f/e;'
E/ t. )), p. ]S2-)83. L'un et t'outre,d'ailleurs,rapprochenta66~TT.; de
x~uM, maisle premier met davantagel'accent, il sembte,sur l'élémentd'incri-
tninationcontenudans ~'jOsvTT, Cf. ttoisacq,Dic~'f')'.<m., p. ~0. ~f.Créa!,
~).S. L., XH,7, a pensé a <'jT&+
Are~xms [5

question n'ont guère pour principe d'allé)' au fond des choses,


et au demeurant, on s'explique assez que certains emplois du
mot (« il s'est tue lui-même », x~r/T~)~ la formation du mot
aussi les aient conduits à attribuer à xu~Y~ un sens qu'il n'a
pas véritablement (t). Aussi bien, même traduction avait été
donnée pour TjTo'/s!.?, en soi très clair et qui ne saurait faire
difficulté (2) mais des exemples comme Soph., ~h:<y., )175
A~M'~ oAMÀ~ x'jToyst.? x~KTT!T~ avaient égare. Le témoi-
gnage des lexicographes, tant qu'il n'est pas corrobore par
ailleurs, ne vaut rien.
Restent les cinq exemples du Pseudo-Antiphon (3). Us sont
tous les cinq dans la seconde 7'c~'<7/c"yxc.Voici les faits un
jeune homme a blesse mortellement d'un javelot un de ses
compagnons de gymnase; il est poursuivi par le père de la
victime sous l'inculpation de so~o~xxo'jT.o. Son père à lui pré-
sente sa défense il essaye de montrer (second discours) qu'il
n'y a pas eu faute de la part de son fils, mais bien de la part de
la victime; son fils a lance le javelot dans la direction du but,
et c'est seulement parce que l'autre est passé par là en courant
qu'il a reçu le coup mortel. Jusqu'ici le mot y.'j~vr~ n'apparaît
pas. Réponse du père de la victime, pathétique et indignée
« Permcttrex-vons, dit-il aux juges, que mon fils soit traite
d'ctu&r/T/'j;;?(4) x. Traduire ici par « meurtrier )), suivant le
sens courant, parait bien difficile x'j~T- pense-t-on tout de
suite, c'est ici le meurtrier ~e ~?K<~HC. Et cette interpréta-
tion paraît se renforcer l'argumentation du second discours,
insinuante et comme voilée de discrétion, se comprend mieux
le père de l'accusé voudrait suggérer sans l'exprimer la pensée

(1)Anecdotade Cramer, 4, p. 180,4 6E~'jro' a'~pMv.–~y/ Af., s.


o s&j~ o e~'jTo'/
xTwjNv.Suit un essai fâcheuxd'etymotogie.
(2) Cf. Bekker, .~Mcd., U, p. 4G8, 2, où l'explication est critiquée.
(3) Nous disons le Pseudo-Antiphon, considérant comme définitive, tant du
point de vue Unguistique que du point de vue juridique, l'argumentation de
DUtcnherger, Hemte~, XXX!, 2'U-2T: et XXXII, l-4t. (Cf. XL, 4SO-410); dans le
même sens, Glotz, ,SoMa''t<6, 506, n. 7.
(4) Il, Y, 4 OppEjSMj[J. X'jO;~T' TrpOJXXTXy'~MTOEVT~ U~' 'J;J. ET~Oti)fX'JTû~;
tl OJTE 'j'~p 'f~J.s! X'jB~T:~XTtT~YVMjOs'~S; OT' Ct).A'a~djL' OtVT:~9o:;J.E~ÙjJ.M~.
t6 Ï.OmSGE~'ET

qu'il s'agit bel et bien d'un suicide. Le père de la victime riposte,


interpelle les juges cette tache restera-t-elle attachée au nom
de mon fils? –Pourquoi cette véhémence, même de Cour d'As-
sises, si par ce mot d'r~ qu'il veut infamant, il n'entend
pas, en l'espèce, l'homme qui se suicide?–Et c'est bien ainsi
qu'on a souvent traduit ('().
Mais peut-il s'agir d'un vrai suicide? A un second examen,
non le père de t'accuse dit formellement que la faute de la vic-
time fut involontaire (~, 8). Alors de deux choses l'une ou le
mot <xu~T7).; peut désigner, a l'occasion, celui qui est mort
victime de son imprudence ou il n'a rien à voir avec l'idée de
suicide, même involontaire si cette alliance de mots peut se
soum'ir. Or la première hypothèse est écartée par une considé-
ration très simple lemotxu~ violent, véhément, presque
déclamatoire, ne peut pas s'appHqucr de lui-même a l'impru-
dence déplorab)e d'un adolescent qui s'est trouvé fâcheusement
sur le chemin d'un javelot. Il faut donc que normalement il
désigne tout autre chose. On le voit bien quand le père de
l'accusé reprend l'argumentation de l'accusateur ce dernier
s'indigne, dit-i!, de cette incrimination paradoxatc la victime
qui n'a ni tancé le javelot, ni eu la volonté de )e lancer, sera
pourtant qualifiée d'œu~v~! (S, 4). C'est donc que cette appct-
lation reviendrait natureuemcnt à celui qui ~xovT'.TE et ~~6-
A'jf)~T/ nulle part, ne signifie « qui se suicide )). Il faut
chercher dans une autre direction.

111

Eschyle offre deux exemples d'j~ Dans .4y<MHeHmoK,


Oytemnestre déclare après le meurtre de son mari « Pour
moi, je ne demande qu'une chose, c'est que désormais ce soit
une autre famille qui soit tourmentée Ku~L Qx'/x~o' (2). M

(1)Pas toujours d'aUteurs voir la traductionde Cucuct (Uib)ioHicque


de la
I-'MuItudes Lettresde Lyon,t. V).
(2)~ynm., )5-!3
3
~n'eE~TU~ 17

On traduit généralement, « par des meurtres domestiques ».


Et il n'y a pas d'autre interprétation possible. D'abord, s'il
s'agissait de meurtres qui fussent commis contre des étrangers,
ce serait non pas une autre, mais deux autres familles qui
seraient la proie du génie du meurtre. De plus, on ne compren-
drait pas l'assimilation qu'établit Ctytcmnestrc entre oM. Y:
et la sienne propre. Enfin, la seule idée que pourrait évoquer
K'j~/T~ en dehors de ceile-la, c'est celte du meurtre commis
par la propre main, mais de qui? Dira-t-on que J'idée toute
seule du meurtre, qui n'était pas rendue par 9x'/x':& l'est par
K~Y~? Et qu'x'J~K~ ~'x'/KTo'est simplement un synonyme
dramatique de p'.x'~o' ~x'~xTo'? Ce serait une bien étrange façon
d'exprimer son idée que d'insister sur une autre qui n'est pas
intéressante (mort donnée par un individu lui-même) parce
qu'elle implique celle qui intéresse (mort violente). Non,
'x'j~x'.T'. (t~xTO! signifie bien « meurtres domestiques et ce
qui doit résulter de toute cette discussion, c'est qu'il le signifie
immédiatement le poète n'a pas fait un emploi poétique, il n'a
pas détourné ni sollicité le sens. Au~o, a bien une valeur dans
K'j~ mais c'est que le mot désigne celui qui tue un de ses
/6~'c.s parents, non celui qui tue de sajM'o/e main.
L'autre exemple, celui des .EM?Hc'M«/e6', concorde avec celui-
ci, sauf qu'il estplus littéraire, qu'Eschyle adavantage travaillé
le mot. Les Erinyes répondent a Apollon qui leur reproche de
n'avoir pas poursuivi la femme meurtrière de son mari (1)

aux Y~o~' ouLX'o, KJ~T'~ aoyo~.

La négation retombe-t-elle sur x'j~? Certainement oui


autrement il faudrait comprendre K C'est qu'alors le meurtre
x'jQ~T~ ne serait pas o'jjL'x'.u.o-;
o il faudrait même accentuer
le meurtre, même xuQs'~T~o.Une interprétation qui condamne
a la subtilité forcée ne convient guère à un vers comme celui-là,
étant donnée surtout la place d'o'.u~T'~ entre c~onpn~ et :s6'/o~.

(t) ~H!ë/ 212.


RK(j,XXH. !~f,n"
18 LOmSGE~iST

Donc, les Erinyes atnrmcnt que, dans le cas suggère par


Apollon, le meurtre ne serait pas fx'j~ Il y a là, manifeste-
ment, une restriction du sens précèdent. Au~~TYjs,c'était tout-a-
l'heure celui qui tue une personne de sa fami))e, et, implici-
tement, Clytemnestre se comprenait comme 'xu~ï~. ici elle ne
l'est plus KuQ~/Tï~et o~ao~ se fondent en une seule exprès*
sion. Le fait seul qu'K'jQs~i;, dans le vers des EMmeHtf/cs, ne
prend toute sa valeur que du rapprochement d'o~ mani-
feste bien qu'i) y a )a un emploi particulier a Eschyle la langue
pouvait l'accepter, elle ne le comportai) pas d eHc-memc. Ici
comme ailleurs, Eschyle a fait effort pour retrouver au fond
de la conscience grecque des idées qui s'euaçaient, mais se pou-
vaient raviver pour un moment. A plusieurs reprises, les
Erinycs anirment qu'elles poursuivent en Orestc le meurtrier
d'une personne de son sang; l'idée que les liens du sang sout
des liens plus forts que les autres, que la parente parle sang est
plus féconde que toute autre en obligations et restrictions reli-
gieuses, elle est famiHcrc a Eschyle ('t) elle apparaît aussi
dans les 5'M/ï'<&y où l'on voit exprimée avec un lyrisme
violent la répulsion pour un inceste pourtant assez lointain.
De la la spécialisation dn mot 'xu~ç. Par l'emploi particulier
qu'en fait Eschyle, il manifeste )a contradiction entre deux idées
morales celle qui considère comme beaucoup plus mons-
trueux le meurtre d'une mère par son fi)s, et celle, plus récente
sans doute, qui le met sur )c même plan que le meurtre du mari
par sa femme (2).
Mais cette restriction du sens, Eschyle n'a pu se la permettre
qu'a partir d'un sens communément admis, qui était !e pre-
mier « meurtrier d'une personne de son groupe familial ».

(~ Cf. Huchhotz,Die 6't< )4''c«c/i~iaM~/iy (/M /'<~f/~)'M!(< y~'c/t~o~


[).)M3.
(2~)t y a quelquechosede laborieuxet de violentdans cet ett'ort d'Eschyle
pour restreindrel'acceptiond'ï~r, commed'ailleurs-et c'est )a tnemechose
pour thuiter le rù)c des Erinyes de tudes contradictionscommecelle qu'a
signaléeAf.Da.fmcyda. (~C<?,XH, :0.'i)cittt'cles vers 42) et G05des T~/Mern'f/M
et qui ne para.tt nécessiter,âprestout, aucunecorrection.
.n'e~T)~ )U

Ajoutons qu'il est impossible que le sens ordinaire fût alors


« Qui tue de sa propre main )' Clytemnestre avait tue de sa
propre main. Or il est permis a un grand écrivain de forcer la
tangue comme a un mauvais de la violenter il n'y a moyen
pour personne de faire signifier a un mot le contraire de ce
qu'il signifie.
Ce qui confirme encore notre sens, c'est qu'on le retrouve
dans Euripide, 7p/Mf/en<e M ~< 1190, où il est applique a
Agamemnon meurtrier de sa fille (t). Voi)a donc un sens bien
attesté.

IV

Mais déjà cbex Hérodote nous trouvons un emploi diuerent;


et, postérieurement, dans l'usage le plus fréquent, le mot prend
une valeur voisine de ~o~s'j;. Le plus souvent, on considère
x&j; et K'j~TY~ comme a peu presequivatents. Tout au plus
donne-t-on a ce dernier une couleur un peu plus forte et l'on
met l'accent sur l'x'jT~ qu'on y voit contenu c~ K qui tue
de )ui-meme, qui tue de sa propre main ou de sa propre
initiative ». Mais voyons les choses d'un peu près.

(t)t)e ce donner exenq)ic,uous serions dispose .~rapprocher te fragment tMU


(Snuck)dnm('')neF.uripide:
T'JYY');JLO'~0,TO~'?0'J~9;û'J;S~X'.ûO'$~)

ET~T~
~T:Xi'T:ï'j9!TÏ'.J~XO~M'~M;J.M~

Uest aremM'quer au moins que c'est la même idée et )c même mouvement de


phrase que dans te pMsnged'fp/;t.?eH<e6t.4!
0'J':Xp'J:J'J~5')'J;i'J;6!0'~T,~OIU.!9'

S~TO?J"/X'j9!T'<E2'0~TO;l~:

De plus, il est. <)nestion de gens qui continuent d'habiter avec leurs enfants
~ueurtriers~; meurtriers d'un ftt'an{;er,n Athènes, ils seraient poursuivis par
la t'umiUe de celui-ci; niais meurtriers d'un de leurs parents, ils ne peuvent être
poursuivis et punis que par l'intermédiaire de leur propre famille. Dans la reatite
contemporaine et l'on sait qu'Kuripide en reste assez près les vers du
fragment ne sont intelligibles qu'avec la seconde hypothèse il y est parlé do ta
réprobation des Dieux, et justement c'est la justice divine que la famille appette
surette en pareitcfts;cf.Demosthcnc,C.t/i<u<)-2.
20 LOmSt.ËRXKT

A~i~TY~ est souvent, employé avec un datif de personne. On


est K'j~ pour quelqu'un. Pour qui? Pour celui dont on a
tue ie parent; Les exemples sont nets Harpagos déclare a
Astyage, dans Hérodote (1), qu'il ne voulait pas, en tuant le
petit-fils de ce dernier, être <xu9sv~ pour lui et sa fille. Voilà
qui peut nous mettre sur la voie. De l'ait, KuQr~T~ désigne
très souvent l'homme qui a tue un des parents de celui qui
parle ou de celui dont il est parié (2). Certains exemples sont
particulièrement probants en ce qu'ils ne laissent place a
aucune autre interprétation. « Le comble de l'horreur, dit
Electre chez Sophocle (3), c'est que le meurtrier, To~ x'j-ro~-
(4), partage la couche de notre malheureuse mère )'. Qu'est-
T'/j-~
ce adiré, /cn~eM~'<e~ Pourquoi cette précision que renforce
l'article défini? Pourquoi cette désignation, qui est bien insuiM-
sante si c'j'Ms'T~ signifie simplement « assassin H, qui est
bien gauche et tout a fait mal venue si otuTosv"~ représente
l'individu qui eut une part prépondérante dans un meurtre? 11
n'y a pas d'hésitation possible 7.u':os' c'est « celui qui
a tué un des nôtres M.

(1) tiel'Od.~ i. H~ TXOT~W O'Att~ [J-fjTEfj'jyGtT~. Tf) T'f, [J-TiTEX'J?~ ?0'f/


~fti~T'f.
(2) Dans la majorité de nos exemptes. A ceux que nous discutons on peut
ajouter Thucydide, Ht, S8, S, discours des Piateens qui adjurent les Lacéde-
monicns de ne pas les livrer aux Thébains qui ont combattu avec ic Perse dans
les champs tm''mes où sont tombés des Spartiates jA).o T, s'/ ~oA!;j.:j: T; xx;
'T:~p:t TO~ ~'jO~~TJi; 'nxtSpa, TO'J; 'j;J.!TEpO'J; y.X~.~'JY~ om;J.O'J;pM'/
M'y l'~o'jT: xx's"~T; ;) Euripide, ~fM'c. /«)' )3M
00~ S~ T:M~ O'~T~ X'j9e~TT;'<
!;JLM7.
Cf. 839 T&~XX/t';Sx JTE~~O'< X'j9 '< T ~(i'/M.
(~) Sophocle, ~<ech'e, 211-2':4
~M TOJ':M'/ TÏ.V TS~S'JT~
~Sj5:
TT~ Qt'J'COS'~TTj'/ T~JL: S'/ XO~TYl
TTX'C~&~
~'J'~ T~ ':X~T['~)~ ~tTO'~

Sophoclea ici la formex'jTo~Trj counne dans l'autre exeu~ptcqu'i)nous


fournitdece mot (QM~ /!ot,<OT;.
(4)Nouspt'cvc[ionsque j[~'coE'/T~ est ici une correctionpour jt'jTos~f,v,
umisune correctionuniverseHemcnt adoptée,et qui se trouve amplementjus-
tinec,d'une part, par tous les rapprochementsque nous indiquons,et de t'autre,
par le fait qu'j':o':<i'<T,'<
ne signifieraitvraimentrien.
.n'eEM')~ 21

L'/f/OMï~~Me d'Euripide (1) nous offre une confirmation


saisissante; Hermione s'y adresse en ces termes à Ahdro-
maque « toi qui oses avoir commerce avec le fils de l'homme
quia tué (on mari et avoir des enfants d'un xu~rr~ H. A'j~
ce n'est évidemment pas celui qui a tue de sa main/ou qui eutt
une part quelconque dans Je meurtre Néoptolemc ne fut
pour rien dans la mort d'Hector. Pourquoi donc cette désigna-
tion ? C'est qu'un meurtrier, dont le contact est une souiHurc
pour les parents de sa victime, transmet a ses fils ce caractère
horrible. Et de même que les parents ont le devoir de pour-
suivre au propre d'abord, judiciairement dans la suite le
meurtrier d'un des leurs, ainsi ils doivent avoir pour son fils
une aversion toute religieuse te mot c~~Ty; qui évoque chez
)esmêmes individus des sentiments du même ordre a l'égard
du père et a l'égard du fils, peut et doit qualifier également le
père et le fils. Et c'est de quoi nous trouvons la confirmation
dans les 7)'ovcn~cs, où la même Andromaquc dit d'cHe-mcme
(639-660):
U.! TK(L; sëo'JA-~Y) ).T.6~
'y~).;M~
Sx'J.xaTX M'J~~TU
00:J ,Z:J7W 0S' ~`I 7.'J~J~`/v(J`/
K'J~TMV SoULCi'
,o~P'~f' oop.o'

Nous pouvons encore mentionner un autre exemple, du


Pseudo-Euripide, qui paraît d'abord moins significatif. C'est
dans le /«.y(873). Le cocher, qui vient de raconter la sur-
prise dont l'armée de Dolon fut victime, s'en prend violemment
a Hector qu'il accuse d'avoir assassiné les malheureuses vic-
times. Hector proteste avec douceur et lui afïirme qu'il sera
soigné, puisqu'il a été blessé, avec tout te dévouement dési-
rable. Ko",~t~, répond le cocher,

XK~. ~M; fX'J~VTMV


UL! X'~SsuS'O'JT! '/SOE~;

Qu'j~~M'~ insiste particulièrement sur la part prépondé-

(i) V. 6)o-Ct6.
<X'J 0 e' T Tt 5~ T~
;J.t~T':00' M; T' s~2s?')OX' 'Ay'.A).SM;.
22 LOL:!SGE~);T

rantc qu'aurait eue Hector dans le massacre ou sur l'éxecution


matëricHc qui lui serait imputable, où est l'intérêt dans la
phrase même? On ne voit pas au juste quelle valeur aurait
le vers ainsi interprète « Comment me soigneront les mains
de ceux qui ont perpétré le meurtre e~e-H!e;~e~~ » On com-
prend une phrase de ce genre « Ceux-là doivent se purifier
d'un meurtre qui en sont )cs~<?.y<i;M/<?M~-)),–mais la nôtre?
Il faudrait un mot comme co'~ il n'y en a pas. Mais la
phrase se comprend si Ku~v- désigne, non plus sans doute
au sens strict celui qui tue un de vos parents, mais celui qui
tue un des vôtres. Et a'M~-v~ s'eciaire du rapprochement de
x'jTo'jT~ x'~So;, x'fjS~M, ces mots se rapportent csscnticHc-
mcnt aux relations de parenté (cf. xv~). t) y a la, presque
indiquée déjà, une de ces pointes comme les aime Euripide.
Et l'on paraphraserait assez exactement « Comment ceux qui
tuent les miens pourront-ils avoir mon égard les soins d'un
parent? u
Un dernier exemple, chez Antiphon, est tout aussi probant
que les autres, et il a sur eux t'avantage d'une détermination
bien positive et d'une précision déjà toute technique. Les tri-
bunaux, est-il dit dans )c/)McoM~.<.M'/c~M'W~'o~(~
jugent les causes de meurtre en plein air c'est afin que les
juges ne se trouvent pas dans la même enceinte que des hom-
mes dont les mains sont impures, et que celui qui poursuit ne
se trouve pas sous le même toit que l'xu~ Dans cette
dernière opposition, symétrique de la première, o xu~-Y);
est le pendant avère de o S'.MXM~les deux termes se définissent
l'un par t'autre et se renforcent de leur antithèse nécessaire.
Cela' se conçoit. Quel est-il, le poursuivant? Un parent du
mort. Le sens et l'emploi du mot se justifient ici parles insli-
tutions il n'y a ptus a prouver que le droit attique ignorât
toute Y?x~ so'~tj le meurtre ne donnait pas lieu a une action
publique ouverte a tout le monde, mais il une action privée

(')Ant!phf)!),V,U
.n't)).THY s' 233

réservée a la famille de [a victime (').). Ainsi le meurtrie)' est.


<rj~T- par rapport a un parent, mais i) ne l'est: pas d'une
façon indéterminée ni purement sentimentale ce qui définit la
relation, ce qui souligne la valeur du mot, c'est que le parent
a tout ensemble ic devoir impérieux de la vengeance et le droit
exclusif de la poursuite.
Ainsi prend toute sa valeur une observation bien facile a
faire, mais dont l'insignifiance apparente laisserait d'abord
gfisser l'attention. A'j~~T~ dans les exemples caractéristiques
que nous en trouvons au v" siècle, est d'ordinaire employé
absolument. On n'est pas x'j~ï- de quelqu'un, on est K'
tout court. Le mot n'est pas suivi du génitif que semble appeler,
par exemple, mo~u~. Pourquoi? C'est que notre nom est
encore bien loin d'être ce que tendent a devenir tous les
noms une notation, un signe, qui n'ait d'autre intérêt ni
d'autre rôle, dans le système de ia phrase, que de s'articuler
avec d'autres signes pour donner une représentation schéma-
tique et, autant que possible, objective et froide de la pensée.
A'jfi~TT),est un mot dramatique et qui d'abord saisit, retient.
Pour cela il se suffit,à lui-même. 11 est, pour l'individu auquel
il s'applique, un qualificatif substantiel et d'une couleur vio-
lente. Le mot n'a commencé à s'adjoindre un génitif que
lorsqu'il s'est affaibli, éteint. Au fond, le phénomène est le
même que celui qui fait succéder dans les verbes la valeur
transitive à la valeur intransitive. La pensée substantialisc
d'abord, même l'action (2). -Mais d'une façon générale, il est
trop commode de s'en tenir là. Invoquer une loi de sémantique
abstraite, fondée sur une loi de la pensée, cela revient en
partie à expliquer le donné par le donné. Pourx'jf~ en tout
cas, l'analyse peut aller plus loin et rendre compte du phéno-
mène par des causes plus proches. Si le mot est employé avec
une valeur substantielle, c'est qu'on n'est pas o~ abstrai-
tement, ni pour toute la cité au même titre on est 'x'j~-v~

p. 42~et s.
(1)Glotz, .S'oMn<-t<ë,
(2) Cf. ]!rea), /Mt f/e ~ë~M/i~Me, 4" (*'()., p. ~9.'i.
24 LOtj!SRE)~ET

pour qui pouvait naguère exiger la vengeance du sang, pour


qui exerce maintenant le privi)ège de la poursuite. Voilà ce
qui est subtantiatise dans [e nom.

Ainsi donc, par un certain nombre d'exemples très nets,


nous avons établi que le mot or.'jQ; avec une valeur plus
sentimentale chez les tragiques, plus positive chez Antiphon
désigne, non pas dans un sens matériel, mais dans un sens
social, l'auteur d'un meurtre. Mais Eschyle et Euripide, par
ailleurs, nous ont fourni un autre sens « meurtrier d'un
parent ». Sens tout aussi irrécusable emploi conforme a un
usage certain, et non déviation littéraire.
Ces deux sens, dans quel rapport sont-ils l'un avec l'autre? Il ne
paraît possible ni de les dériver tous les deux d'un troisième ni
de dériver celui qui est le plus ancien dans nos textes de celui
qui est le plus récent d'abord parce qu'il est le plus ancien,
ce qui est une raison en somme ensuite parce qu'K'j-:6, dans
l'K'j~<-j, d'Eschyle, a une vatcur ~M yeKcn's' qu'on ne com-
prendrait guère qu'il etit acquise tout d'un coup, c) de façon
plutôt éphémère; et enfin, parce qu'on ne voit pas du tout
comment passer, du sens de meurtrier soumis a la poursuite
d'un parent du mort, au sens de meurtrier d'un parent. La
dérivation inverse s'impose.
Seulement on n'en voit que la possibilité comment s'cst-
elle opérée, en fait? Certainement ce n'est pas en raisonnant
la-dessus et par des analyses de concepts. qu'on y verra
clair. Mais un cas voisin peut déjà nous aider c'est celui
du latin ~a?'c! Après toutes les discussions auxquelles a
donné lieu ce mot, on peut dire que la lumière se fait. Dans la
prétendue loi royale .M ~M!/<~H!!Mcn? /<6e?'«M!</o/o sciens Mï~<
</M<<, ~M~'e~a ey<o, que désigne ~'<eM~? Il ne désigne pas le
Are~'ru~ 25eJ

parricide des raisons linguistiques s'y opposent (I), et des


considérations tirées de l'histoire du droit (2). H ne désigne
pas l'auteur. d'un meurtre prémédité (3), auquel cas nous
aurions simplement une tautologie c it y aura meurtre inten-
tionnel quand on tuera intentionnellement ». Au contraire, la
dérivation à partir d'un primitif '~<Mo.y, d'où dor. ~on~, ion.
7~0, <' parent » (4), a te double avantage d'offrir une solution
élégante du problème linguistique (5) l'.y intervocaliquc tom-
bant en grec et passant à ?' en latin -et d'éclairer convenable-
ment l'adage de droit primitif que nous a transmis Festns.
P~'t'C! c'est d'abord celui qui tue un membre de sa famille;
la désignation s'est ensuite étendue au meurtrier en gênera),
mais légalement défini (6).

(1) L'n, bref dans p«<g)', est long dans y)n<(;< Dep)us, on n'a pas d'exemple
du passage de <)' a )'. Voir pourtant Henry, /')'MM (le ;yramm. camp., § 119
(4' éd., p. 189) et Bréal, M. S. L., X)), 15 (qui ne laisse pas de faire valoir contre
d'autres étymologies l'objection tirée de la quantité). Pour le redoublement de
après M long initial, cf. Vendryes, 7;!<c~ !i;t/ p. 123.
(2) Cf. Girard, Ot'~ati. j~ic. des /}on! p. 32, n. 1.
(3) Mommsen qui le soutient (même préfixe, suivant lui, que dans pe;'yf<)'t't<))!)
se contredit )ui-meme il admet implicitement (&<'o<<public, trad. fr., )V, 240)
que t'adage pose une définition cette définition stricte, pourquoi s'en serait-on
écarté tout de suite si arbitrairement que d'y faire rentrer l'indécence (que Plu-
tarque nous dit soumise à la juridiction des ~MaM/o'c.; parft'cMt:, cf. Rom., 20) ?
Témoignage qu'accepte pourtant Mommsen (p. 241, n. 1). Dans un même
ordre d'idées, on a pensé à rattacher pfo'ict~ct aux mots de la famille de pat'o'e
(Lnnak, de p~-tcf'f~t vocis 0)-t.~t)!e, Odessa, 1900) Wotalin (~)-c/t. ~<e<)!.
/.e~tA., X[f, l'!l-2) serait assez disposé a admettre cette dérivation mais le point
de vue juridique, visiblement, lui échappe un peu;
(4) C'est )'etyn]o)og~e proposée par,rohdc (Be:t&e)~e)'~ Bet/~e, VU), 164)et
adoptée par Brugmann. Plusieurs historiens et juristes s'y réfèrent, notamment
itrunnenmeister, qui a très fortement marqué le sens de la loi de Numa (f/a~
7\M~«t~f!uet'&t'ec/ien im a<(t'o)n. ~cc/t<, p. 108 et s.) Cf. Schrnder, RMf!e~ p. u58,
et Sp)-ac/)M~ < ~<f., 3'! éd., p. 405-406). Ed. Meycr (Ge~/t. des ~«e)'</n<m~, t),
n'' 326) dérive le mot de pn;)' (comme M. d'Arbois de Jubainvitte, ;Voxf. Rev. /i!
f/c f<f0t< /')'. el ë<t' XXV, p. 405 et s., mais dans un autre sens qu'on peut croire
plus heureux) et traduit y)~)'t'ct~t meurtrier d'une personne de son groupe
C'est une idée assez voisine de la nôtre, mais qui apparaît moins explicative.
(S) Brugmann t'adopte incidemment et comme lui paraissant tout a fait satis-
faisante Gr!<n~)'i.M, t~, 2° éd., p. 801.
(6) Mommsen s'oppose à cette déduction La supposition prise pour base et
selon )aquc!ie la yM4' même aurait été l'État et aurait eu le droit de punir est en
contresens de la conception romaine qui ne connait la yen~ que comme portion
de) l'État et ne lui attribue aucun rote d'Etat La question ne paraît pas bien
26 LOUtSGE~tNET

Or les deux sens d'K'j~i.; s'enchaînent suivant; te même


procès que les deux sens de ~zc~/a. C'est le même genre de
meurtrier qu'ils représentent d'abord; c'est ensuite le meur-
trier d'un individu quelconque, mais dans un sens social. Il y
a eu extension de sens; il y a eu application d'un terme parti-
culier a un ordre d'idées général une catégorie juridique
s'est constituée. E)le s'est constituée de façon plus systéma-
tique dans le cas de j~c~, plus instinctive dans )e cas
d'<xu~ mais le développement a été identique. La le phé-
nomène s'est exprimé dans une formule, icut demeura incons-
cient mais c'est toujours le même phénomène. Nous avons
dans 'x'j~ un équipaient méconnu de~<c«~.
Ainsi nous vérifions encore que lorsque s'éfargit ou se
déunit– l'extension d'un concept juridique, la volonté réné-
chic du législateur peut préciser, parce qu'elle le renète, un
certain ordre de représentations collectives mais elle ne crée
pas (1). Que le terme de ~s)'<c~<ait pu un jour être employé
dans un texte de loi pour signifier une catégorie qu'il ne
signulait pas dans le principe, cela suppose, dans l'usage
commun et courant dé la langue, l'évolution inconsciente que
nous représente l'histoire d'e~v~. Seulement il fallait que
tous les deux, x'j~ et ~'t'c! fussent des mots /o?'~ (2).
Le genre de meurtre qu'ils évoquaient, c'est celui qui d'abord
suscitait le plus sûrement sinon seul la réaction du sen-
timent moral (3). La sphère du sentiment s'élargissant, le sens

posée. i) ne s'agit pas d'attribuera ce qui n'était pas encore l'État un pouvoir
d'Ktat; EHd'autrestermes, le mot/M/'iCM~t et le mot aM~T'f,; ne définis-
saient pas un délit antérieurementa la juridiction sociale ce serait contradic-
toire. Ils désignaientun meurtre spé';ia),un meurtre commissur les membres
d'un groupedéfini.Dansla préhistoiredu droit, il va sansdire que ia réaction
contrece meurtren'était pas organisée.
(1) H y a des sociétés où mot qui désigne le meurtre d'un parent est resté
spécialisé dans cette acception ainsi l'irlandais /i'< (d'Arbois de Jubainvihe,
-E/. ~M- le f/ot< celt., ], C'!).
(2) C'est qu'il s'agit, au vrai, d'une souillure religieuse. Cf. le scho). d'Eschyle,
~<t)!<))., c. auOs'/TT~, 5 eSTL~L'pd;.
(3)ïtetenonsqu'il s'agitd'un phénomène
socia),et non pas de l'histoireparti-
cuticrede la Grèceou de Home cf. Schrader,<. c., et Kulischer,dans une
.n'e~NTN~ 27

du mot s'est étendu. Ainsi put se faire une de ces transposi-


tions qui sont un des procédés nécessaires de la pensée collec-
tive à rage où le droit commençant n'a qu'une conscience
incertaine un mot comme « sacriiëge », quand il exprime ou
provoque au plus haut point la révolte des consciences, est
fréquemment étendu à des crimes qu'il ne désigne pas par lui-
meme (t); un mot comme « meurtrier », à son tour, pourra
qualifier des criminels qui ne sont pas, au sens strict, cou-
pubtcs de meurtre (2).

VIL

L'histoire la plus ancienne d''x'j~T7~ n'es); pus Unie. D'une


part il est vrai, ie mot s'est ia fois décoloré et démonétise
déco]oré, parce qu'il s'est réduit peu a peu à être un synonyme
sans éclat de sovsus; démonétisé, parce que les valeurs parti-
culières qu'il connotait, juridiques et morales, se sont eu'acées;
et l'on a dit couramment, sans arrière-pensée, o'.u~T/~ T.o;,
« meurtrier de quoiqu'un ');dans cet emploi, il s'est perpétué
assez longtemps. Mais d'autre part, du jour où H exprima,
entre l'auteur d'un meurtre et les parents de la victime, ce
rapport d'obligation qui se résolvait jadis par la. vengeance pri-
vée, aujourd'hui par la punition légatc, il devint nécessaire
que des notions nouvclles s'y incorporent en dernière ana-
tyse, nous l'avons vu par l'exemple d'Antiphon, c'est devant la
justice qu'on était c'jQi'~Vj-;pour quelqu'un; et comme on ne
pouvait i'eh'c que sous des conditions qui, depuis Dracon,
étaient legatcmeï!); déunies, ridée d'incrimination peu a. peu

étude suggestive (U/i<e~i«;/t!<n~e/i


N&s)'f~Mpt'tMt.S/'Y<fc/ in /et~c/t<
fe)- ~sc/t~tCiM., XVI,nota.tnment
p. 434et s.).
(1) Sur cette « assitui~tion voir Glotz,CoM;)<M'
rendusde ~c~< des~i~-
Ct't/)<to~1903,p. 513.
(2) Sur l'extension du concept de paWcMa, voir Mommsen, D)'o:< ~CHa!, trad.
fr., Jf, 242, n. t. Cicéron (De <f' 2, 9, 22) t'ormn)e la peine du sacrilège en ces
termes /Mn'/c' M/o.
28 LOL'fSnf;)!KHT

imprégna le terme. Ce qui s'est passé pour ~a~'c?'~ (1) s'est


passé pour ~u~v~ (2) ayant désigne celui qui répond d'un
meurtre, ccj~ désigna celui qui en est. responsable.
C'est ce qui apparaît surtout dans les exemples du Pscudo-
Antiphon que uous avons eu à discuter. Nous laissons de côte
la question de savoir quelle valeur documentaire peuvent avoir
les 7'e7~/o<y<espour l'histoire du droit; nous croyons d'ailleurs
que cette valeur est à peu près nulle mais nous admettons
qu'elles ne nous apprennent rien du droit positif le document
n'en est que plus instructif pour qui veut atteindre une certaine
moyenne de notions morales; et c'est possible parce que son
antiquité n'est guère contestable. Nous laissons aussi de
côte la question de savoir quelle était la patrie de l'auteur
nous pensons avec Dittenbcrger que c'était un Ionien. Mais
peu importe ic sens qu'il donne à notre mot, Grecs d'Athènes
et Grecs d'Asie devaient y être venus également. Quelle
notion de la responsabilité implique donc xu~v~?
Une notion à la fois assez brutale et assez trouble. Autour du
mot s'entremêlent à nos yeux des sophismes compliques et pué-
rils. Et ainsi, on peut se tromper gravement sur le caractère
des 7W~Yi!/<~<°.)'dans ce jeu de réquisitoires supposés et de
ripostes imaginaires, l'indignation de l'un paraît factice, et l'ar-
gumentation de l'autre paraît forcée. « Alors, dit l'auteur de
l'accusation, ce sera mon fils, ce sera la victime, qui aura été
l'auteur du meurtre! Permettrez-vous que cette tache reste a
son nom ? Et pourquoi, répond l'autre, ne serait-i) pas con-
sidéré comme le véritable meurtrier? N'est-il pas, trcs évidem-
ment, la cause du meurtre? M Tout cela paraît tiré, froid, en
somme franchement absurde. Mais est-il vraisemblable qu'il
y eût. même absurdité pour les contemporains du Pscudo-

(t) Dans lès X)) Tab)es,il est probableque pfn'tct~as'opposaita celui qui
occidit cf. Girard, c.
)'m;)i-ftf~<)S
~~) f.e même sens, « auteur d'un meurtre inlentionnel (''tait devenu assez
général Scho). d'Euripide, Troo~ 655 (= 660 Nauck) ~'j~v~; -~o ).6-o'jj'. To'j;
E'~O'jy! '~0') 'HT~oyou.E'~O'J~.
.\re~;xrm 29

Antiphon, surtout a une époque oit tout le monde était juge?


Nous ne le croyons pas, mais que tout simplement responsa-
bilité coïncide ici avec causalité; la cause responsable suscite
naturellement. l'indignation; et l'indignation est en quelque
sorte déclanchéc par le mot a.'jQ;fj;, troublant et rude comme
le serait pour nous le motay~M~Pour bien comprendre,
qu'on se rappelle les procès faits aux animaux et aux objets
inanimes. On dit c'est le sentiment de la vengeance qui s~ex-
prime ainsi, c'est une réaction passionnelle. C'est vrai, mais
d'une vérité incomplète le sentiment est bien saisi, mais non
pas l'idée qui le double. La passion, en l'espèce, n'est pas tout
a fait aveugle. L'homme en société peut raisonner mal ses sen-
timents il les raisonne. Devant l'événement qui touche au vif
les consciences, devant un j~.o, 'j'xw.To.;notamment, le Grec
remonte à une c~M~?aussi clairement définie qu'il se peut
quand cette cause est un agent humain, celui-ci a tous les
titres a être qualifié d'!y.'j~v,s. Ce n'est donc pas pure sophis-
tique que l'argumentation du Pscudo-Antiphon, ou du moins
c'est de la sophistique vivante. D'autant que la justice pour les
Grecs a gardé, pas toujours très net, mais en tout cas sous-
jacent, le souvenir de son origine arbitrale; le S~x~s~ retenait
quelque chose de son premier état la décision entre deux indi-
vidus opposés, deux prétentions contradictoires. Ainsi se défi-
nit dans notre cas le rapport entre poursuivant et accusé « il
faut un o~ si ce n'était pas toi, ce serait moi )). Naï-
veté de la pensée commune, mais le raninemcnt fàcheux de
l'écrivain ne nous permet d'y saisir qu'un ergotage impa-
tientant.
Seulement, à quelles conditions scra-t-on considéré comme
cause? Le mot semblait déjà le dire un peu par lui-même. Il
s'est ici produit ce qui se produit souvent, ce qu'on définit
quelquefois, un peu étroitcmcnt, phénomène d'étymologie
populaire la pensée collective, plus ou moins Inconsciem-
ment, a <<i!<a!c sur le mot. Pour la seconde partie, elle
pouvait être incertaine x'jTo~ )'a fixée. C'est dès lors l'idée
30 LOmSG.~UXET

d'exécution matérieltc qu'éveitia, pas toujours d'ailleurs, ni nu


même degré, le mot K'j~~TY). Le rapprochement, si naturel,
avec o'.uTo~Et.p, peut y avoir aide. De fait, les deux noms furent
souvent considérés comme synonymes Hésychius et Harpo-
cration en témoignent. Et il est significatif que, dans la seconde
7'a/o~e, l'auteur de l'accusation admette implicitement l'exé-
cution matérielle et la volonté consciente comme éléments de
1 incrimination évoquée par x'j~v~ ('i).
On voit donc ce qu'il y a encore de confus dans l'idée de res-
ponsabilité d'après la majorité des exemples, apparemment,
que connaissaient les lexicographes, d'après le témoignage du
Pseudo-Antiphon, x'j~T~~ u'aurait guère pu désigner celui qui
avait poussé à un crime, )c coupable de ~&JT~; et a l'inverse,
le mot pouvait s'appliquer a celui qui avait été l'agent matériel
d'une mort, même sans intention de tuer il suffisait, dans le
cas particulier de la seconde 7'<«/~<e, qu'a !'xKo- se joi-
gnit-l'sTr's~, c'est-a-dirc tout simplement, d'après le contexte,
la volonté de faire ce qu'on fait, la volonté de lancer uu
javelot (2).
On essaya, paratt-it, de donner il, x'j~v~ un contenu a [a
fois plus net et plus juridique Harpocration reprend Lysias
d'avoir détourné le sens du mot en l'appliquant aux Trente,
qui n'avaient pas tué de leur propre main, mais fait tuer. Il y
a un effort générai, au début du iv" siècle, pour assouplir et
définir en même temps les notions juridiques le même
Lysias essayait alors d'étendre le concept de flagrant délit an
cas d'Agoratos et argumentait qu'un homme qui a fait tuer au
vu et au su de tout le monde est passible d'YM'~ devant les
Onze comme tout xxxo'Jpyo, sn' K'j-ro'cM?M (3). Mais ce n'est

(t) ~/&TA~ 5~ XTtXtU;XXO'J~ '3XCXMV


T~ '7:~0:t, [J.TtT~X'O'~T~~ ~T~ ST:C'?~
N'jBs'~TT,; M'; ETT.S~X'J'm (S, 4).

(2) On n'a peut-être pas assez remarque que c'est encore un peu le point de
~'ue des Xi! Tables dans )'at'tic[e qui vise thotnicide involontaire (Girard, Textes,
p. 20, VIII, 2j) ~t <<;<ttmMM;; /'t~/t~ Mta~/6' f/;M?)t jecil. C'est justement notre
cas, et celui que prévoyait, mais bien pins nettement, la loi de Dracon.
(:!) Lysias, C.ora/M, 8G-S'?.
.U'e!~TU~ -31

pas encore a un cas de po'j).sL'T' que Lysias applique le mot


K'j~TY~ xT; était le terme employé pour ceux qui font pro-
noncer des condamnations tI mort, même légales, et les Trente,
en raison de ce mot et en raison de leurs forfaits, pouvaient
être considérés immédiatement comme des assassins. Ainsi, la
dérivation de sens était a peine sensible. Elle eût répugné
davantage aux Grecs, certainement, si l'on avait voulu désignel'
par M'jf)! l'instigateur d'un crime.
Aussi bien, le mot, pour signifier l'auteur responsable d'un
meurtre, ne vécut guère, il semble, après la fin du v° siècle. Et
cela se comprend; comme mot courant, mo'j.; était plus clair
et depuis longtemps d'un emploi plus général comme terme
juridique, il y avait déjà, dans le recueil de Dracon, 'x'~Spo-
s&'<'o, le prestige des vieilles lois sauvegarda K'~Sposo~o~ qui
avait sur K'J~7~ une supériorité certaine. De bonuc bcure, il
fut défini légalement Démosthènc y insiste, et marque avec
netteté sa valeur juridique ~pM-rc~p~ S~ -c'jTov ~Epos&o~
Àsy~ To'~Vj~MxoT' '~o7'jTïj ~sM ()). Ce n'est pas qu'j~y;; n'eut
pu être spécialisé dans une autre acception, et de lui-même il y
invitait ce fut, si l'on veut, un accident historique s'il ne fut
pas consacré terme de droit. Mais un accident qu'on s'ex-
plique la grande supériorité d'o~Soo~o,, c'est qu'il est un
mot plus objectif et en quoique sorte, par f'évidence de sa
composition, plus algébrique gage de survie pour un terme
juridique ou voisin du droit. C'est peut-être une loi,' en efl'et,
que la prépondérance graduelle, dans la langue juridique, des
termes impersonnels sur les mots dramatiques (2). On conçoit
ainsi qu'x'j9!< ne se soit pas maintenu. Aussi bien, au
iv'' siècle, avec l'extension des échanges et la multiplication des
contrats, le droit rcstitutif tendait à le pas sur le droit

(1)nëmosthenc,XX))),29.Cf.~t~c' y«t'tf/.f/ 2<série, p. ti.


(2) Cf. ('observation de Mommsën propos de f<e~c<i<M(Oi'ot<e<;n<, trad. fr.,
t. ), p. 1)) « Cette expression ne contient aucune figure de rhétorique. Par li,
se séparent les mots <<eh'(;/u~ et n:«/e/<ctMm qui par ailleurs sont en substance
synonymes –D'une façon génërate, il n'y a guère de législation primitive où
les crimes particulièrement graYei; ne soient désignes par des mots dramatiques.
32 LOUfSGEMNET

répressif. A t'iutërieur de celui-ci, le mot K'j(t~-c7~aurait sonné


comme-un mot pathétique qu'il était. Et les codes, dans ces
situations-ta, ne s'accommodent guère des mots pathétiques.

Louis GEKKET.
LE SAMOOPAlKmOS ~AMtPHON

ET LA PERÉE SAMOTHRACIENNE

Le n:p~ ï&Li lKmoft?Kxu'/ mopo'j d'Antiphon ne nous


est connu que par quelques gloses d'Harpocration et par trois
fragments que citent Suidas, Démétrios et. Priscicn (i).
Je crois que ce plaidoyer fut écrit en 424, a la suite de
l'augmentation des tributs imposes aux alliés (2), et que si tes
Samothraces le urent faire, c'est qu'ils se trouvaient lésés
depuis qu'Athènes, en 425, avait taxe de tributs particuliers
les diverses localités de la Perce samothracienne, sans dégrever
d'autant les gens de l'Mc.
Pour point de départ de ma démonstration, je prendrai les
gloses qu'Harpocration a données des mots amc'x~ et 0')~.
L'T:oTx~ était, ta mesure financière qui consistait a taxer sépa-
rément de tributs particuliers des alliés d'Athènes qui avaient
.été jusqu'alors TL'yrs)~, c'est-à-dire qui jusqu'alors a.vaient
payé ensemble un tribut global (3). Tel avait été le cas des
Samothraces jusqu'en 42S. !ls avaient jusqu'à cette date été

(!) Cf.Antiphon,M. Biaas2, fr. 49-5C.


(2) Sur cette augmentation, voir en dernief lieu E. Cavaignac, t'<M(<es~t<r <tM-
/OH'e~t<?Mete)'g<«/iene~aM\p. i2Gsq.
(X) Fr. 55 a~OTJ~t ':0 /M?L; ':STJ!/6~L TOM;T:pOT!pO'< d~A'~O~ J'J~TEtO;Y;J.6W~;
E~ To 'jT?oT~ 'c6'/ MptT[jLs'/o~~ooov. A. sv Ttu T. ~x;j-. ~opou (!!at'p.). Fr. 56
~'J'~TB~Ei't o! T'JvS~VN~TS; Xï! T'J~SLJ~SpO~T!~ 'c4 OS ~p~y~ï T'J~'C:\ELa Xï)~-
td; SJT' S'J~ SVTM'A'/T'.XMVn; T. ~J.. '-Ù~IU. A'f.;M~Os' ':M 'JT:!p Kï'f,-
~i'.M'o; (Harp.
KHG,XX!L i'J09, n<"Jt.. )
34 PAULPËHD)UZET

taxés a six talents (i). Cette contribution était-acquittée en


commun par les Samothraces de l'ile et par les habitants des
possessions samothracicnnes de terre ferme.
On sait, en effet, qu'en face de leur îte, sur la côte thrace, les
Samothraces possédaient une Perce, analogue aux Përées rho-
dienne, thasienne, samienne, tënédienne. Mërodote est le plus
ancien auteur qui nous parle des S~o~hc.o'. (2), mais
l'analogie avec Thasos induit a croire que leurfondation remon-
tait a l'époque archaïque, et au vu", voire même auvm" siècle,
plutôt encore qu'au vi". On a voulu dater de la première moitié
du v" siècle l'établissement des Samothraces à Drys et a. Zone,
parce que ces villes seraient « attribuées aux Cicones par Ucca-
tec dans Etienne de Byxance, et aux Samothraces par Héro-
dote (3) M.En réalité, Hérodote ne parle point de Drys, et ta
notice de cette localité dans Etieune dit seulement ceci Ap'j~,
~«A~ QpKxv~, 'Ex~T~o, Ë'JpM~. Quant a. la notice sur Zone
dans Etienne (ïM~ K!.x6'~M'ËxxTo~o, E'JpM~), il faut prendre
garde d'abord qu'elle n'est qu'un résume ou qu'un extrait fait
par t'e/M~M~o)'anonyme d'Etienne; il ne nous est parvenu,
du grand dictionnaire géographique d'Etienne, qu'un abrégé
très sec, sauf pour les notices depuis A~t jusqu'à AMT~,
que nous avons en entier. Eussions-nous d'ailleurs la notice
intégrale d'Etienne sur Zone, nous ne saurions pas encore
ce qu'Hëcatëe avait pu dire de cette ville. Et même si Hëcatec,
dans sa Pe'?'!eye~ n'avait noté, à propos de Zone, que te
fait qu'elte tirait son origine des Cicones d'Homère, cela ne
prouverait pas que les Samothraces n'y fussent pas déjà établis
au temps d'Hëcatëe.

(t) Pedro)i, /<y'~M/t<<<~MM<:f<~)<eMe, p. 168 (dans les .S/t <<tS<ortf/ «tt/t'c~


de .). Bc~och, t. f).
(2) VH, 108 (EEp~r~) T:~j:~jJmësTOTTO~Jo;J~V(!< EX Aop'jTXOM T:pNT~~S'~ TJt ~J.O-
OpTjiy. 't!£Z¡X,
Op'rl£'l.X'][, 'tW'J i7Zi-¡ 1te'jtÓÀ~t:x~
TM'~ST/GC:~ TtST:0~~m ~?Õ; EJ~6pT~ 7T:H
~p0~ É77tÉp"'¡" tÓÀ~~
'C'f) oS'/O~t è,t!
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H, 59 Tx; ~St~T~; T:JtSX~aT:XO;J.]t; C; .~OpUXO'~0~ 'JXC/0'. XS~S'JJ~VTO; '~EpSsM
S; TO'~Ot~UAC, TO'< TtpOTE~MAop!TXMSXO;J.m<. i'< TN S~T, TE S~(JLoOp'ft'.x;/r, T:c~d-
/7TJt: ~OA~X~~ Zht'~Tj,T2~J'CX'.X 0~XJTO'~~S0p~0'~ X'ApT)O'J~OJJ-XTTft 6 /<~p0~Q'~TO~
T~ 7:XAX:~'~v K:X~
(:!) f/e cu<'r. /t< rjOO, [). ).
L~ ~A'J()e)'~K[KO~ U'AKTtPHOX ET LA L'ÉXËE SAMOt'UHA.CtËNXË 35

Hérodote nous donne les noms de trois localités de la Perce


samotbraciennc Mesembriè, Sa!e, Zone. Il y Faut ajouter,
d'après !e Pseudo-Scytax (i), cette bo.urgadc deDrys, dont nous
venons de parler, et d'après Strabon (2), Tcmpyra, où débar-
qua Ovide dans son voyage vers t'pxit (3), plus, nous dit-on (4),
une localité nommée Gharacôma. Peut-être la Perce samotbra-
cicnne comprenait-elle d'autres localités encore, dont les noms
ne nous sont point connus. Peut-être aussi je dois dire que
cette hypothèse me semb)c plus sûre Tcmpyra et Drys sont-
ils d'autres noms (le deux des Sxjj~pv~x'.x 'y~'x d'Hérodote
Wj~op~ thasien d'O~symë n'a-t-i) pas porte les noms d'Ema-
(hic et d'Antisara ou Tisara (S)? D'après une inscription du
v'' sièc)e. que nous citerons tout a l'heure, Drys semble la même
localité que Mesenibrie; d'où il résulterait que Tempyra serait
identique soit a Zone, soit a Sale. Quant a Characôma, c'est un
nom que je verrais disparaître sans regret de nos répertoires
géographiques j'admets, avec Car) Mu)tcr (6), qu'n y a une
faute dans le texte ou t'eu a cru ic lire. Ce texte n'est pas pré-
cisément de Strabon, pas plus que Ja notice sur Zone dont nous
pariions tantôt n'est celle d'Etiennc; c'est seulement un ré-
sume de Strabou. Au lieu de TM'~~x~o~p~xM~~o~M T:
7:'JpXXX'KÀ/.CXx~XXM~X; OU7:~X!X'. YjX'X~<)fj?KXYj
'TC,, OUCOr-
rigera, dans 1 <</<«/f~ <.v<c<7//MsTo. ~r;j:'y. xx!.SxÀVj'/onx-
XM~.K,O'~XTÀ.
Jusqu'en 425, ni Sate, ni Zone, ni Drys-Mesembrie ne
iigurent sur les listes du <-)pxx',xo,o& (7). Elles n'y paraissent
qu'après celle date. H est vrai que )a Tx~ soao~ de 424 nous

Y.X t]t'J'C'f~
()) .t)]tOMV! '/f,~0;XX'./J.r~
I:J.o()~~7.T, XXI:ita'JTf~ ';?,f.T:M
co
!:iTop~.tT~ XM'f)(A)ûHer, Ceo~)'. ), p.)).
(2) V)), t'r. 4? ;J.!TJt TT~ M~OM'~HV'OpO~-j-Op~~<<AL;i<~ TJ! T:S~ ~;SM~ T:]['
T).0'J; T6~u;, xx! TO TH'< S~;J.o6pXXM'/T:OA:0'/ 1'S;J.T:'J~XXti XAAOX~~XMU. <~
TTpOX~~X'. Xx~.oQpXXT~ \7,'?0~.
(3) 7'M<M, X, 2).
(4) KtfH. <<eeo~ Ae~ H)M, p..t48, t:;), 155.
(a) PseuJo-Scynmos, 660; Athénée, ), p. 3t; Etietine de tiyzancc, A'. M. 0~j:f..
(6) Éd. de Strabon, t. tf, p. 988 (f~e.t; cfo'tne ~c~toots).
('?)Voir[c tableaudressépar Pedro!i,o; p. iGT-8.
36 f'ACLPEUDmXËT

est parvenue incomptètc (1), et qu'il y manque justement la


partie qui nous intéresserait pour notre démonstration, c'est-a-
dire la colonne où étaient inscrites les villes de ]'Ëpith)'acc.
Mais, dans les fragments (2) d'une TK~ postérieure sans doute
de très peu d'années à 424, il en est un, relatif au 6?ax!.xo.;eopo,,
où FoB lit ceci

IONE PAPA Zu~ T:xax


TT
$EPPE)ON Sspos')~.
APY$rAPA ApU; T:K?K
T
_$EPPE)ON XspM'.0'
XXX SALI- x~].

C/est le seul fragment d'une liste du Qpxx'.x~ soso, posté-


rieure a 425. H sutnt à prouver, par comparaison avec les listes
du <-)pxx'.x~-B&M,antérieures à cette date, que depuis la Tx~
e:6?o'jde 424 les localités de la Perce samothracicnnc furent
taxées a part.
Hciisons maintenant les fragments du XxpLoOpxx'.xo. Kous
y apprenons d'abord que, si ce ptaidoyer fut écrit par Antiption.
il fut prononce par le chef de l'ambassade envoyée par Samo-
thracc a Athènes pour rectamcr contre le tribut; ensuite, que
t'oratcur, il l'appui de sa réclamation, avait insiste sur la pau-
vreté de son pays « Pour savoir que notre i)e est pauvre,
dtsait-it aux Athéniens qui tous, une fois ou l'autre, avaient
du faire campagne dans la. mer de Thrace point n'est besoin
d'y être descendu on s en doute assez, rien qu'a la voir de
loin, avec son profH abrupt, son aspect montagneux. Les
nnages de hon rapport, les terres arables y sont de peu d'éten-
due, la plus grande partie de Fite n'est pas cultivable; et l'ifc

(1)Hicks-niti,C/'M/t/tM<.f)!6'cf.,p. 64, d'après \V~hcim,dans ['~)t:et'/e;'f<f)'


t~t'e/<er
.M/eH::e, 189'?.Cf. Cavaignac,o~). pl. 1, n" 2, p. xnv et 128.
(2)Cesfragmentssont~unotubrede trois. Ils ontété rapprochéspar LoHing.
Copie dans Cavaignac,o~ c~ pl. uo 3 (cf.p. XL\').U est regrettabteque
M. Cavaignacn'ait pas cru devoirnommerl'auteurde ce rapprochement.
LE ~AM06PA!K[KO~ D'AKTtPHOX ET LA PÉHË)': SAMOTHt)AC!EKKE 37

entière est petite (i). » Je n'ai pas envie, à propos de ce texte


qu'ont ignoré les derniers érudits qui aient écrit sur Samo-
thrace, de rouvrir leur discussion sur les oignons de l'île (2).
Pour établir que Samothrace était riche, on- invoque te'e
témoignage de M..Conxe (3), d'après lequel «.j'ile suiTirait
amplement a nourrir sa population M. Mais probabtcment
était-e))e plus peuplée au v" siècle avant notre ère que lors
du voyage de M. Conze, en 1857, sous la <OM)'eoc?'a<!e.
J'en reviens a notre ambassadeur. tt dut démontrer, que, !e
tribut restant le même pour les Samothraces après l'~M-K~,
ils ne viendraient plus a bout de le payer, puisque les villes de
leur Perce, qui les y avaient aidés jusque i&, paieraient désor-
mais un tribut il part. I) concluait évidemment par une demande
de dégrèvement pour les habitants de l'iic. 1) la. justifiait proba-
blement en alléguant que même avant t'o'.wr'x~ de 425/ tes
Samothraces trouvaient déjà trop lourd le tribut de six talents,
auquel ils avaient été taxés. Ce tribut devait peser surtout
sur les propriétaires fonciers qu'il écrasait lentement. Il était
perçu parles riches, ou p)us exactement par ceux qui avaient
quelque bien (4). On peut croire que ces percepteurs (sx).o-
Y~) étaient responsables du tribut. « Or, c'est aggraver
beaucoup le fardeau des contributions que de charger les
peuples de les percevoir eux-mêmes. Le pire système de
perception est celui qui est effectué par les contribuables.
M. de TocqueviUe a décrit la misère des co//cc<CM~ du
xvm'sièctc il a décrit du même coup la misère des CM~'<<?.<
de l'Empire romain (3). )) Les sxÀOY~ du tribut imposé par

(t) FF. 50 <t~;> Y~ '~M;, ?~ !0;JLS~, S'f,AY);J.SVX~. ~Op~M~SV< ejT"<


'j'~Tt)~ x~. T0! xiL ïit !JL! /o'r,T~j.Tt xx'. spY~J'n ~x~ ~Tf,; EjT' TJ[ S'apy~
TO~T!, ;J.XpS; a'J-?,; o3j~
1900,p. [53.
(2)Cf.Bull. de con-.AeM.,
(3) Reise ~de<! /tt~e<<: des </t<Y~'tM/te;: ;VM)'M, p. 48-SO.
T~
(4)Fr.a2 sxXoYs~oti'AX~ s~7:pt'o~Ts~ 6'o)is'CME'fi;j.')?!t;).

'A. S~ TM TOJ 0~ T:?.JTÏ M&X!~


T! S~ ~OpO'J 'r,?!<)TjT~ vio SX~Oy?,; -p' T,;J.~

/GT,:nTx s~ (Harp.).

(S) Fustelde Coûtantes,Hist.des institutionspolitiquerde ~Jtc!g)!neFt'OHfe,


t.U, p. S8.Cf.A. de Tocquevine,A'~HCtMt ). H. ch.x~.
)'e'/tMee< la /}eoo~<<to<i,
38 PAU).t'J';)tD)!)Z)':T

Athènes ne devaient pas être ptus heureux aSamothracect


aitteurs que les CM;«/~ du Bas-Empire et que les eo//<'e<CM)'de
l'Ancien régime. Le fragment du ExuLcQp~x'.xo; conservé
pai'Priscien vise probablement, comme Btass l'avait déjà soup-
ri,,ix K'/0") ~7 TM'/
les SX~OYS~ XK'~TO'.
'1 tes
çonne. O'JX 6 KÀÀMV
'y -~r'
7rOÀ'.TM'/
'7KÀ~T:M2~ ~OO'JTXS~K'~TO, T~i; Oî Ta!0~ K'JTM~ TMT~'i' TJX

S'J~~TX~ (1).
Le cas de Samothrace nous eciairc, je crois, sur celui de
Lindos. Comme Samothrace, Lindos avait sa Perce, ses pos-
sessions d'an-dcla de l'eau. Comme Samothrace, Lindos, en
425, dut avoir a se plaindre d'une ~o'K~. Comme Samothracc,
elle dut envoyer a Athènes, en 424, une ambassade pour recta-
mer contre cette x~o-:xE' Comme l'ambassade samothracicnnc,
ceUede Lindos fit écrire parAntiphon le p)aidoyerqu'c))cavait
a prononcer c'est le Dsp!. 'ou A~/S~M'~ copou, qui nous
est connu par quelques gloses d'Harpocration. L'une de ces
gloses nous a conserve l'écho des protestations énergiques que
les Lindiens avaient fait entendre o~T:E~ o'i.Toijomoxxm~
xx!.xSu~KT~TaH. 'A'hJV E'~TM ?: TO'JA~3~M'/ ~OpO'J,X~. X' 'C'J
~xp~o-KT~-t. nxpK-c(j)on~tp. Il y avait dans ces plaintes quelque
chose de prophétique en 4t), Lindos, talysos et Kamiros de-
vaient rompre le lien confédéral qui les attachait a Athènes (2).
H était question, dans le A'o'.xxo;, de ces ~Txo~o!.
qu'Athènes envoyait dans les villes aHiëes pour examiner les
conflits auxquels ietribut.donnait naissance. Ce)a se comprend
très bien, si le A'ot.xxo.; était ce que nous supposons.
Dans les Oiseaux d'Aristophane, une des scènes qui font
suite il la fondation de Neph'etococcygie daube sur les ~Tx&~o'
LavHte neuve n'est pas encore bâtie qu'un de ces commissaires
y paratt déjà ne re)cve-t-e])e pas de )cur survcitfancc, comme
fondation d'un citoyen d'Athènes? Les scholiessont pour cette
scène tout a fait iusumsantes et erronées elles prétendent

(1) )''['. 5t, Avec h~note de )~ass:((E7.\o'j'fh'c:c<~«i< n.


(2)T))))c~)jde,Vnt,t4.
LE ~AMO~PAtKI)~ R'ANTU'HO~ KT LA )~)ŒR SAMOTHHÂOEN~R 39

que l'sn~xo~o, serait un fonctionnaire de l'invention du poète,


qu'il n'existait rien de tel à Athènes, ~K-r~ x!x' °'-?'
vot.o 'A~<'iT'. (t). Devons-nous penser que, les O~eaM~ ayant
été joués en 414, l'institution des ~M-xoTm'.est antérieure de
peu de temps a cette date? Nous serions ainsi amenés a.placer
vers 415 le~so~. ro'j A'u'~ s&pou où il était question
des s~Txo~o! et, par ricochet, )e SK~oQpxx'.xo. dont le sujet
semble avoir été analogue au At.xxo. Mais les témoi-
gnages épigraphiqncs ruinent ce raisonnement car les s~~xo-
no'. sont mentionnés dans les inscriptions attiqnes dès 460
environ (2).
Harpocration nous dit qu'il était question des sT~xoTc~dans
deux plaidoyers d'Antiphon, dans le Ai.w.xxo~et dans le Kx-ra
A'X.T~oS~O'J ;3'XOT:0~ 'A'~T'.SM~:V TM Tt!?~.TT~ A'O'~M'~
SMOU X~. S'~ TU XX'a Aott.T~oS~OU.SO~X'X3'EX~T:!TfiTHT~ UTM
T~ 7:Kp'EXXT*0!
'A~K~U'~ S~ ':?.! U~XOOU~~6).E! E'n'.TXEnTO~E~O'.
Le KK-ΠA'y.TioS~o'j n'est connu que par cette glose et par
trois autres, que voici
K'nt.TT!~ ~T~ TOU!X'ns~ 'A. X~-TOt
Aot'.<K06MU.
r <XÀY~6 'A. X~TO'.AK!.9-noSMU.
:cu u n 'A. E'J
0O~U~ XXTK
SV,Ci)X!l,!l AK'.TIOSMU.
':I.\O"7tO()\OU.

Après ce que nous venons d'apprendre sur la date et les


causes du So~otip'xx~xo. la mention de Galcpsoset d'(Esymé
dans le KctTK A'x'.T~oSm'j paraîtra sans doute un indice
précieux. Ces localités, en ef!et, étaient les deux principaux
s~n&p'x des Thasiens dans leur Péréc du Pangéc. Il est vrai-
semblable que le K'rc'. A<x!.T7;o~oj avait rapport, lui aussi,
aux dimcultés suscitées par t'aT:6TK~~de 425/4, laquelle avait
dû séparer de Thasos les s~op'.x thasiens du continent. M. Van
Leeuwen a supposé, il est vrai, que la scène de 1' s~~xo~o~,
dans les OMe6tM;r, visait La;spodias. Ce personnage avait,

(1)Scho).ad ~e.s, 1022.


(2) /G, I, 9 (et supp).), 10. Cf..Van Leeuwen, ~rM<. ~tuM, p. lo8, et Sxanto, dans
Pn.uh'-Wissown, M. 'E~iTxo~o'
40
0 PAULPE~DtUXET

paraît-il, un défaut aux jambes (')), et il le dissimulait autant


qu'il pouvait, comme Cicéron ses varices, en se drapant le plus
bas possible. Ainsi s'expliquerait, quand l'E~M-xo-~ anonyme
fait son entrée, l'exclamation de Peithéfaeros « Que nous veut
ce Sardanapale )), T~ o EKpS~x~xD.o; o'j-:o~. L'hypothèse, si
hardie soit-elle, est admissible mais elle n'oblige pas a dater
le Kx-:x Ax'.o-~oS~o'j de l'année qui a précédé les O~'e~
.le procès qui donna lieu au plaidoyer dans lequel Antiphon
-avait;, stigmatise la conduite de Lsespodias comme E~ixono.
a trës'bi.en pu être une cause retentissante, d'où Lœspodias
sortit marqué pour longtemps.
Revenons; pour conclure, au Sot~oQpKx'.xo~. Si notre
hypothèse sur ce plaidoyer est juste, c'est une acquisition pour
l'histoire de la. Perde samothracienne; elle vient s'ajouter aux
conclusions que M. Wilheim déduites du décret pour Hippo-
médon (2), et aux. indications que donnent les deux bornes,
découvertes près de Dédéagatch, du domaine consacré, selon
l'usage (3), par les colons samothraces à leur dieux natio-
naux (4).
Toute lumière nouvelle, si faible soit-elle, qui nous éclaire
un peu plus sur l'histoire obscure des diverses Pérées, doit
être la bienvenue. Ces cités grecques, Sampthracc, Thasos,
Ténédos, Samos, les villes rhodiennes, situées sur les confins
de l'hellénisme, à proximité d'une côte barbare où leurs mar-
chands et leurs colons arrivèrent à prendre pied et a se main-
tenir, constituent un type particulier de~o~et de {jL'~TponcÀ'
Elles étaient janiformes, à la fois insulaires et continentales,

(1) Cf.Kocket VanLeeuwenad Aves,1569;Kirchner,P)'<MO; 1.1!,p. 1.


<!«tc<.r,
(2) ~</tM:.~t~/ie~ 1894,p. 294.Cf. Homo))c,BCM,1900,p. )';f:et Diltenber-
ger, Sylloge n' 22t.
(3) Foucart, Les colonies a</te~ten)!M, dans les iWn:Ot)'e~ p)'Me<!<M à l'Acad. des
7)~0- l''c série, t. ]X, p. 384.
(4) Dûment, Mélanges, p. 440, n" )08 opo; npï; /Mpo! BC~, 1900, p. H':4
Spo.; ~pS; /.Mpx; 6s~ TM'~ Ex;j.o6pxx~. Le domaine des Cabires dans la Përée
samothracienne rappelle celui que la fléra samienne devait posséder sur la côte
iydienne, près d'Anma (cf. Wilaitiowitz, dans les Si/f.~e)')e/!<e de t'Academie
de Beriin, 1904, p. 92~).
LE 1AM08PA)K!KO~ D'AKTiPHOKET LA PÉHÉE SAMOTORACtEXXE 411

et elles formaient vraiment avec leurs colonies, les ayant


tout près d'eHcs, à l'ombre de leurs ailes, comme une poule
ses poussins, une république une et indivisible, au lieu de les
essaimer au loin et de ne garder avec elles qu'un lien plutôt
lâche.
Paul PE)tD)t)ZET.
> 1
DEMETRIO S BIKÉLAS

Le 7 juillet de celle année, dans la délicieuse oasis de ver-


dure de Képhisia; aux environs d'Athènes, s'est éteint un de
ces hommes dont la disparition est, dans toute la réalité du
terme, une perte nationale Démétrios Bikélas est décédé a
l'âge de 70 ans, après une maladie de plus de trois mois.
Bikélas naquit le 15 février 1835 à Hermoupolis (Syra), d'un
père Macédonien, natif de Béroé, et d'une mère épirote, qui
appartenait a l'illustre famille Mêlas, de Janina. Dans les
~°M!OM'c.y qu'il a laisses inédits, mais dont nous espérons et
souhaitons la prochaine publication, mémoires écrits avec cette
simplicité charmante qui traduit admirablement le caractère
même de l'auteur, il raconte toute sa vie. I) commence par
relater tous les renseignements qu'il a pu recueillir sur sa
famille et remonte jusqu'en 1773. Les vicissitudes de sa famille
pendant la période terrible de la Révolution grecque et celle
qui l'a suivie, s'identifient presque avec les vicissitudes mêmes
de la patrie aussi bien toutes les chroniques domestiques des
Grecs à cette époque méritent-elles d'être lues. Les années de
jeunesse de Bikélas s'écoulèrent tour à tour à Syra, a Constan-
tinople et à Odessa. Il avait 17 ans quand il se rendit pour la
première fois a Londres, d'abord comme employé, puis comme
directeur de la maison Mélas; il y vécut près de vingt-trois ans.
Mais si les nécessités de l'existence le poussèrent dans la
carrière commerciale, qui lui permit de s'assurer l'aisance
D. BIKÉLAS
DËMËTXIOS B!KËLASS 43

matérielle et l'indépendance, dès l'enfance il ressentait un


goût très vif pour la littérature. Tout jeune, il avait commencé
a faire des vers pendant son séjour à Londres, il consacre les
instants que lui laisse le métier à des études ou il fut gran-
dement servi par sa connaissance parfaite des langues anglaise
et française. Dans ses Tt/c~oM'ey, il raconte a quelles dates,
V
dans quelles circonstances il composa ses divers ouvrages.
Nous citerons ses premiers Poèmes, d'une inspiration si
délicate; son roman national Zo~.s TL~'a. qui fut traduit
dans presque toutes les langues; son travail surIcs7~<M!<<yM,
très estimé à une époque où les études byzantines n'étaient
pas encore en grand honneur, ainsi que ses articles très nom-
breux dans diverses revues sur des sujets de littérature, d'his-
toire, de diplomatie et même de botanique.
Vers l'année 1875, une cruelle et incurable maladie chro-
nique de sa femme l'obligea à quitter Londres et il s'installer a
Paris. La, débarrassé de tout autre travail, il put s'adonner a
la littérature. H traduisit les principaux/)~M!f/e~/«7/-e~c~'c
en vers élégants et pleins de vie il composa ses Contes exquis,
tableaux de la vie grecque, qui furent aussi traduits en plusieurs
langues, et d'autres livres et écrits, récits de voyages, souve-
nirs, conférences. Tous ont pour sujet la Grèce~ objet constant
de son culte. Son activité littéraire non seulement satisfait son
ardent patriotisme, mais lui sert aussi de consolation pendant
les longs jours d'angoisses qu'a eu à subir son cœur, tandis
qu'il soignait, vingt ans durant, avec l'affection la plus tendre,
sa femme atteinte d'une maladi': mentale.
A Paris, son long séjour le fit entrer en relations avec la
plupart des notabilités françaises, savants, artistes, lettrés; il
réussita en faire non seulement ses amis personnels, mais aussi
des amis de la Grèce. Sa maison était a )a fois le rendez-vous
d'une société éminemment distinguée et un lieu de rencontre
pour les étudiants hellènes de Paris, auxquels il s'efforçait de
communiquer ces vertus qui étaient son propre ornement.
Les jeunes gens écoutaient ses conseils la force irrésistible
44 SAKRLLAP.OPOtJf.OS

de ses arguments les convainquait; ils voyaient en lui comme


un modèle accompli. Il leur était impossibtc de sortir de sa
maison sans se sentir meilleurs.
En 1895, nommé représentant de t'ocM'~M '/yyH/~<.)~Mc
~ce<~<e aux jeux Olympiques Internationaux célèbres à Paris,
il proposa de célébrer les prochains jeux a Athènes. Sa
proposition fut acceptée. C'est en ~896 qu'Athènes vit pour
la première fois la brillante cetebration de ces jeux inou-
bliables dans la stade panathénaïquc restauré par la munifi-
cence d'Awërof. Cependant, désireux de contribuer aussi dans
sa mesure au développement de l'art grec, il donna de T.~M/'M
~.<M'<M et de ses CoM<c~,en grec et en français, de nouvelles
éditions de luxe, illustrées par les meilleurs dessinateurs de la
Grèce.
Au cours dé la malheureuse guerre turco-grecque de 1897,
il travailla avec zèle et enthousiasme, et de toutes les manières,
pour la patrie souffrante; il organisa un navire-hôpital pour
)e transport des soldats blessés..On a trouve dans ses papiers
un -7o!M/ de /<! ~Me~'6, prêt pour la publication; il y révèle
toute l'amertume dont les injustes malheurs de sa patrie
avaient abreuvé son cœur. Un an après la guerre, il s'installe
définitivement a Athènes; sa maison qui était vraiment une
demeure d'artiste, avec ses splendides bibliothèques et ses
beaux tableaux, devient le rendez-vous hospitalier des étran-
gers les plus distingués de tous les pays. Le maître de mai-
.son ne laissait échapper aucune occasion de tirer parti de la
présence de l'étranger pour gagner à sa patrie une sympathie
ou un avantage. Et certes tous sortaient de son accueillante
maison amis de Bikélas et amis de la ~rèce. Son activité,
son ardent patriotisme, sa philanthropie étaient infatigables et
sans répit. Un an après son installation à Athènes, il fonda
l'Association ~OM?'/a ~~M!0~ des livres utiles, qui se proposait
de répandre dans le peuple, a des prix très modiques, de petits
livres contenant des notions utiles et morales. Pendant environ
dix ans, Bikélas subvint de ses deniers à la plus grande par-
DÉMMT!UOS]UKËL,\S 45

tic des frais d'entretien de l'Association, bien que le succès de


la fondation fut très grand. L'Association fut couronnée suc-
cessivement dans différentes expositions intcrnationalos.
Il entreprit ensuite la publication de la ~c/e' périodique
mensuel. En même temps, sur son initiative, fut réuni a
Athènes le premier Congrès de l'éducation. Son principal
souci, son désir ardent, c'était l'amélioration et l'extension de
l'instruction en Grèce et surtout de l'éducation populaire. Il
comptait particulièrement sur cette œuvre pour corriger tout ce
qui laissait à désirer dans la mentalité et l'organisation de son
pays. Il n'hésita pas a solliciter personnellement les donations
des riches pour le bien commun. Pour cela il entreprit une
tournée en Egypte et dans d'autres pays où prospèrent de riches
colonies grecques; il demandait leur obole pour la fondation
d'une A/aMOM(fauc~/f~, qui fut en effet fondée à Kalléthéa,
près du Phalèrc, d'une ~'eo/e </e << ~OM~'la j~M/~w, qui fut
fondée près de l'Ilissus, d'un -'t/M.~ce ~e~~o~~Medans le local
de l'Association des livres utiles, qu'il a légué lui-même a
l'Association, d'une ~co/e~'o/'e~<o~He//c derrière le Lycabette.
La mort ne lui permit pas de fonder aussi une M<!MOM de
MM~n~K~, comme il le désirait. Jamais il ne concevait un
projet utile a la nation ou à l'humanité sans pourvoir lui-
même aux ressources nécessaires à sa réalisation. En mourant,
il laissa inédit un article, qui a paru après sa mort dans la
ilfélétè (juin-juillet 1908), relatif a la fondation, sur le Lyca-
bette, d'un monument commémoratif de l'époque de la Révo-
lution grecque (1821). Il s'était aussi occupé des moyens d'exé-
cution de cette idée; il dit dans son article avoir reçu d'un des
fils les plus fervents de la Grèce, M. Marines Kormalénios, rési-
dant à Londres, l'assurance qu'il était prêt à verser au bas mot
10,000 livres sterlings, comme contribution a cette œuvre,
pour laquelle on devait organiser des quêtes patriotiques. Rare-
ment deuil fut plus général et plus sincère que celui que la
Grèce et la société hellénique sans distinction de parti éprou-
vèrent a la mort de Bikélns.
46
6 SAKELLAHOPOULOS

C'était un homme au cœur noble, d'une extrême douceur, un


ami sincère, sans arrière-pensée, gai et sympathique, un
écrivain spirituel et gracieux, un patriote exemplaire, prêt a
tous les sacrifices pour sa patrie et pour sa nationafité, un
philanthrope d'une activité et d'un dévouement sans bornes.
Dans un très bel article sur Demctrios Hikclas, dû a une pfumc
féminine et publié sans signature, il y a quelques mois, dans
)c -/o~w</ de C~-re, après un admirable portrait de Rikétas
comme homme et comme écrivain, on lit ceci « Bikélas avait
un défaut il était incapable de haïr. » Nous Ic constations sou-
vent, nous ses en le voyant dépenser pour des indignes
les trésors de son indulgentc bonté. Croyant toujours au bien,
et l'imaginant la même où il n'était pas, il voyait partout des
amis, et, de fait, il s'en faisait partout où il passait. Il ne voulait
condamner personne même ces blessures de i'amour-nropre
littéraire, la piqûre aiguë que peu d écrivains sont capables de
supporter sans dépit, il les endurait sans aigreur et avec
indulgence. Oui, Hi)\é)as ne savait pas haïr; mais nous ne
voudrions pas lui en faire un reproche, comme l'aimable de-
moiselle qui, d'aiitcurs, avait pour lui tant d'estime.
Nous pensons que la bonté et la douceur de caractère
étaient le fond même de toute la pcrsonnatité de Hikélas, )ui
que nous avous tant pleuré, nous, ses amis, qui avons eu le
bonheur de pénétrer dans son intimité. Cette tendresse, sûre-
mont innée chez lui, il la tenait sans doute de cette mère émi-
nente qu'il a tant adorée. Les souvenirs admirables de son culte
pour sa mère, tous les liront dans quelque temps, quand ses
A/<,w~'e'. auront passé aux mains du public. Ces Mémoires
forment deux votumes. H n'a pas eu mathcureusement le temps
de les achever )ui-mémc; mais ils ne tarderont pas a voir le
jour. Ils seront complétés par trois autres volumes, que publie-
ront ses parents d'après sa correspondance et les notes qu'i) a
laissées.
l'ar son testament il a distribué sa fortune aux musées, a
des fondations phiiantht'opiqucs, a sa chère Ayso~oM </e.s
DË))~n!)OSt!)KÉLAS 47i

/<u/'e) «~7~ et à ses frères. H n'a pas oubiië /cc~~o/~ yjf~M'


/~e~60M?'aoeH;p?~</e) 7~«J< </?'ee~Mes'a Paris, dont il avait été
le président et qu'il aimait beaucoup.
A ses amis, a ses connaissances, à tous ceux qui sont entrés
en rapports avec lui it a laisse le souvenir impérissable d'un
beau caractère, d'un type d'honnête homme, ami de la vérité,
d'un homme du monde distingué, d'un vm'ita.bic « gentleman »
de la Grèce.
S. SAKULLAHOPOULOS.
(traduitdu ~rec par G. Foudres).

En attendant la publication des Mémoires annoncés par M. Sakel-


laropoulos. on pourra consulter sur la vie et l'œuvre de Bikélas, le
prochain article de M. A.ndrea.disdans la ~(/s(utft~c/:e Xe<c/u'<< de.
1909, tome XVIII.
M. Krumbacher, le tnaitre des études byzantines, a consacré lui-
même au plus célèbre ouvrage de Bikélas, Z.OMAn' ~tM'ux,un article
intéressant (~MMC/tMer ~VeMc A'ac/o'tc/~eH,19 déc. 1891) qu'il vient de
reproduire dans ses ~*o~M<<M'e /tM/K<ze (Leipzig, 1909;. On nous
saura gré de ptacer sous les yeux du lecteur français quelques
lignes de cette étude

« Ce qui attache dans ce livre c'est )n. sincérité cordiale du


récit, la fine caractéristique des hommes et des choses de
i'Oricnt, la justesse du ton local, le fond d'histoire universelle
sur lequel se détachent les simples événements de ia vie pri-
vée. Bikélas ignore les moyens violents qui servent à tant de
romanciers et de dramaturges modernes pour agir sur les nerfs
du public. Dans tout ce qu'il écrit passe un sounle de modé-
ration qui fait du bien et qui rappelle la TMm&oTu-~ des anciens
Grecs. Je ne saurais trouver parmi les auteurs modernes un
nom dont le rapprochent davantage son talent et sa manière
d'être que celui de l'aimable et toujours jeune narrateur du
t~'c~M'c</c H~?/?/ »
48 DMHh'mOS Lt)K)~LAS

Et.dans une note ajoutée cette année, M. Krumbacher déplore la


perte de celui qu'il appelle « une des ugorcs les plus distinguées et
les plus aimables de ta littérature néo-grecque ».
Nous devons à une gracieuse communication de M. Théodore
lteinach, quelques extraits dé lettres privées de Bikélas, dont la
publication n'offre aucun inconvénient, et qui feront mieux con-
naitre l'homme, le patriote, l'ami de l'/t.MOc<a<«~.

Ah, cette cot'respondance M (1). H paraît qu'on la lit en


Grèce plus que je ne l'aurais voulu. M. Carapanos me disait
l'autre jour que je suis trop tricoupiste. Et moi qui croyais
être tout à fait impartial! Mais il est diflicile de contenter tout
!e monde. Du reste, l'opposition ne serait contente que si je
prenais ouvertement parti poureHe. Alors, jo serais impartial.
Paris, avri) <8!)0.

11

Hëtlexion faite, j'ai cru devoir me décider à me priver


du plaisir d'être votre collaborateur régulier à la /?euMe des
Eludes G~'ec~M~. En écrivant ma « Correspondance grecque »,
je croyais faire œuvre d'<o?':< Je tenais à voir et a juger
les choses de haut et de loin, en me tenant à l'écart des partis
et des luttes personnelles. Je vois que l'on veut me considérer
et me traiter comme un publiciste, et me faire prendre, malgré
moi, une teinte xo~~T[~x/i' Je préfère m'arrêter a temps.
Athènes, novembre 1890.

111

Athènes,Hmarst891.
L'intervention brutale des grandes puissances est-cité

(i) Il s'agit de !a Cot't'M/)o;tf<Mce yrecgMe que D. Biké~aa rédigea pou)' la Hec"e


~~Mf/M'/t'ce~ depuis décembre <SSSjusf'(u'et)jnin)89).
nx/rnAl'i's DE mrnŒS 49

en conformité avec le droit des gens? Que l'on se borne a


parler du </?'~ </M~M font. C'est plus simple et plus sincère.
Non; l'attitude des grandes puissances est odieuse. E)les ne
sont mues que par des convoitises qu'elles n'osent pas avouer
et par la peur qu'elles ont d'être jouées les unes par les autres
quand viendra le moment de partager les dépouilles. La Rus-
sie veut garder ]e morceau tout entier pour elle l'Allemagne
se démène pour détacher la Russie de la France, et ainsi, de
suite pour les autres. Vous nous conseillez d'attendre le jour
où s'ouvrira ta grande liquidation. Qui nous garantit que les
alliances, telles qu'elles se formeront a)ors, et les appétits,
aigris par Ja lutte, respecteront les droits légitimes qui sont
foulés aux pieds en ce moment? ~)«e?M~'e est facile a dire;
on nous l'a trop souvent dit. Peut-être le plus sage est d'agir
comme vous dites, mais il y a des circonstances où la sagesse
est une faute, et la folie une sagesse; et je ne suis pas sur que
nous ne nous trouvons point dans un pareil moment. Du reste,
si nous commettons une folie, la responsabilité n'en est pas a
nous. Si l'on tient autant qu'on le dit au maintien de la paix,
il y avait mi)le moyens de l'assurer, en donnant a la Crète une
solution qui en fut une, au lieu de nous pousser à bout, comme
si on voulait nous forcer a des actes de désespoir. Nous ne
pouvions pas laisser )a Turquie amasser des troupes sur nos
frontières, sans appeler nos réserves. L'élan avec lequel celles-
ci ont répondu à l'appel, l'enthousiasme de nos troupes, s'ils
sont un élément de force, constituent en même temps un
danger qu'il aurait été facile de conjurer en s'y prenant a
temps. Les Puissances peuvent aller plus loin encore qu'elles
ne .l'ont fait. EUcs peuvent s'unir a la Turquie pour nous
écraser; elles sont assez fortes pour cela. Mais. vous dirai-je
ce qu'Ttn Américain de mes amis m'écrivait? « That statcs
should be collect.ively capable of meanness ot'which anindi-
vidual would be ashamed, is onc of the strongest arguments
for anarchy. »
Merci de tout ce que vous faites pour nos réfugiés. j\ous
!!K.,X.\)),)M,!)"9<
50 DËMËTtttOSBIKËLAS

avons grand besoin de vos secours, car leurs besoins dépassent


nos moyens. Nous avons eu à les soulager en 1896 déjà. Ils
sont près de 20,000, et, du train dont vont les choses, nous les
aurons longtemps encore, à moins d'une solution satisfaisante.
L' « ordre » que les amiraux réunis « ont fait » jusqu'ici
« régner » dans la Canée et ailleurs, malgré leurs bombarde-
ments, n'est pas de nature à encourager ces pauvres réfugies à
aller retrouver leurs maisons, occupées probablement par
leurs ennemis entassés dans les villes fortifiées sous la pro-
tection du sultan
P. S. Ne vous semble-t-il pas diflicile de justifier ou d'cxpfi-
quer~oM~<~< l'annexion de la Crète « déchaînerait la guerre )'?

IV

Athènes, t9jnini8i/
Mon cher ami,
Vous devez bien comprendre l'état d'Ame qui m'a empêché
de vous écrire depuis si longtemps. A mon optimisme d'autre-
fois a succédé un découragement que j'aime parfois a attribuer
a ta fatigue morale de cette longue période d'angoisses. Je sens
le besoin de sortir un peu de l'atmosphère qui m'environne
pour me ressaisir. Mais je ne veux pas quitter Athènes avant
de voir notre horizon commencer à s'éctaircir, et la paix n'est
pas encore conclue! Quelles doivent en être les conditions?
Et cette paix une fois conclue, quelles épreuves encore et
quelles dilHcu!tés aurons-nous a traverser?
Vous avez raison dans tout ce que vous me dites dans votre
lettre du 25 avril. Que de choses se sont passées depuis, et que
ce court espace de temps m'a paru long Je me sens vieilli de
plusieurs années. Oui, tout le monde a, sa part de responsa-
bilité dans les malheurs qui nous sont arrivés, depuis le
premier jusqu'au dernier, y compris ceux qui, voyant ou
entrevoyant les dangers où nous nous risquions, n'ont pas eu
le courage de le crier par-dessus les toits. Cela n'aurait peut-
EXTRAITS DE LETTRES 5t
être pas servi beaucoup, car tout le monde était trop emballé
pour s'arrêter; mais ce n'en était pas moins un devoir à rem-
plir. Je me reproche de ne l'avoir pas rempli pour ma faible
et humble part. Je me reproche aussi de m'être laissé mêler, ne
fût-ce que tout a. fait superficiellement, a cette Ligue Nationale
qui, sans mériter de devenir le bouc émissaire qu'on en fait
maintenant, n'en a pas moins eu le tort de se dévoyer et
d'ajouter son impulsion au courant qui nous a menés où nous
nous trouvons.
Mais je n'aime pas encore à parler de ce passé si douloureux,
même avec des amis tels que vous. Ah que je voudrais,
devançant le temps, pouvoir le voir et le juger comme nous
pourrons le faire dans quelques années! Si. l'on pouvait être
sûr que cette dure épreuve tournera a notre profit, il y aurait
alors moyen de s'en consoler. Il y a déjà un symptôme conso-
lant c'est que tout le monde pense aux réformes nécessaires
.pour porter remède au mal dont nous avons souffert si long-
temps, à la maladie politique dont nos revers ont dévoilé
l'acuité. Tout le monde met le doigt juste aux points où la gué-
rison doit s'appliquer. Mais <OM< le monde ne suffit pas. Il nous
faut MMAoM!M!e capable de s'imposer, de nous guider, d'appli-
quer le remède et cet homme, je ne le vois pas encore. Mais
la vie des peuples est longue, et l'Hellénisme a la vie dure.
Son histoire en fait foi. Espérons toujours et quand même!
Espérons aussi que l'Europe ne sera pas toujours ce qu'elle a
été et est encore Je n'ai parlé que de nos fautes à nous mais
il y aurait long a dire si l'on voulait passer en revue tout ce
qu'elle a fait et n'a pas fait pour que nous aboutissions a ce
gâchis, cette Europe dont les discordes n'ont trouvé d'autre
point de ralliement que l'injustice envers les faibles! –Mais
laissons tout cela de côté.
1: ACTESDE L'ASSOCtATtOi\

/()(;M-ue~M«a,' <s' séances <~M6'o)Mt<c ~c~'Mt~ ci ~cceMt~'e '/90~.

~!yM!Me< /.9~ Présidence de M. Homotle, président de l'Association.


Membre décédé M. Gaston Boissier.
Membres nouveaux M. le docteur Gieseler, AL Jean Lesquier, M. Paul Cloche,
M. Luc de Vos, M. René Roux.
Le Président communique une lettre de )). Franz Cumont. M. Cumont se pro-
pose de consacrer à l'achèvement du Cff<ft~t<s co[<tC<iM<M<o~o;/tCO)'t<myrnecorM)):
le montant du prix qui vient de lui être décerne par l'Académie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres. Le fonds le plus important qui soit encore à dépouiller
est celui de la Bibiiothequo Nationale. M. Cumont offre a l'Association une
somme de 3,000 francs pour être distribuée, n titre d'encouragement <' aux auteurs
qui dresseront d'ici à trois ans le catalogue des manuscrits astrotogiques grecs de
la B. N. Cette somme de 3,000 francs serait divisible au gré de l'Association,
c'est-à-dire qu'eUe pourrait être attribuée soit à plusieurs auteurs qui auraient
fait ensemble tout le travail, soit, en partie, a un auteur qui aurait inventorie
un certain nombre de manuscrits dès que ce cata)oguR partiel serait achevé. Le
catalogue devrait être rédigé en latin, selon le plan adopte pour les autres
volumes de la même collection, c'est-à-dire qu'il devrait comprendre, outre la
description détaittee des manuscrits, la copie des textes inédits les plus impor-
tants ». M. Cumont ajoute que, si l'Association accepte son offre, il lui remettra
immédiatement la somme de 3,000 francs, dont les intérêts lui resteront acquis
jusqu'au jour ou elle versera le capital aux auteurs qu'elle récompensera.
La proposition est acceptée et le Comité, sur la proposition du Président, vo)o
des remerciements a M. Franz Cumont.
Le Président entretient le Comité de la visite qu'il a faite, en compagnie de
M. Th. Reinach, président sortant, a M. Gautier, directeur de l'enseignement
secondaire. M. Gautier, après en avoir référé au ministre de l'instruction publique.
écrit qu'il se met à la disposition de l'Association pour cette enquête, et qn'i)
est prêt H l'entreprendre dès que celle-ci lui aura transmis son questionnaire.
Communications M. E. Cavaignac communique une étude sur la chrouo-
ACTES DE L'ASSOOA'HOK 53

logie attique du v° siècle. Les ouvrages récents se refirent, en général, en ce qui


concerne cette chronologie, aux articles de M. B. Keit (He)';nM, t894). L'article
de M. Oppert (R. E. G., 1903) oblige a reviser les conclusions de M. Keil. La
réforme de Méton (433) a réellement fait passer le calendrier athénien du système
octaétérique à un système d'une durée de 19 ans. Les Athéniens avaient adopté,
en 566, le premier système qui, en 433, avait produit un retard d'un mois sur le
soleil. Méton retrancha un mois à l'année 434/3, et depuis lors on observa le
cycle de 19 ans. Qu'en est-il résulté pour le calendrier prytanique? On connait
l'écart des deux calendriers en 4tt. M. Cavaignac essaie de reconstituer la série
des années prytaniques, en remontant a partir de cette date. Le début de l'année
prytanique et le f'' Hécatombieon ont coïncide en 562. C'est l'année donnée par
Aristote pour l'institution du ser'uent des Bouleutes. Cette coïncidence confirme
les conclusions d'Oppert et les déductions qui viennent d'en être tirées.
M. L. BIochet étudie les deux noms sous lesquels les historiens chinois désignent
l'empire romain et qui n'ont pas encore été suffisamment expliqués. Le premier,
Ta-Thsin, transcription contemporaine du t"' siècle de notre ère, est une forme,
moitié traduction avec la (supérieur), moitié transcription avec 77MtM,dunom grec
de la Syrie supérieure, r, x'/MSupix, dont le nom araméen, 7~/t0!«', ne pouvait être
prononcé partes Chinois, qui n'ont pas d'r, que 7'~oM/i~;pour rendre le mot
T/Mott~,les Chinois ont employé le caractère dont la prononciation en était la
plus voisine, soit T/i~n, prononcé actuellement T'/M! Le second terme, Fo-M;),
apparait au début du vn° siècle, et se prononça d'abord /'M-Mm. C'est la trans-
cription du nom grec 'PM~, avec l'aspirée initiale, que l'arménien, le pahli et
l'araméen ont rendu par 77)'un: (avec r aspiré). Les spirantes ayant une ten-
dance à évoluer en f, les Chinois ont entendu /)'?)):, /rd))t, qu'ils ont transcrit
le plus exactement qu'ils ont pu par /b-MM; car ils ne possèdent ni l'r, ni la
syllabe M~. C'est ainsi qu'au xm* siècle, ils ont transcrit le nom des Francs
qu'ils ont entendu dans la bouche des Persans, soit Fren~, sous la forme
Fo-~fMtp.

5 HOHemAt'e/9<M. Présidence de M. HomoDe, président de l'Association.


Membres décèdes MM. E. Vlasto, Thomas-Piétri, Dêmêtrius Moraïtis, Combo-
thecras, Charles Landelle, D. Bikélas.
Membres nouveaux MM. Jean Stavridi, Luis Segalà y Estradella, Edhem Bey.
Échanges l'échange de la Revue des ~u~s G)'ec'j'Me~avec les ~M~ o/'
~c/ttEO/o~y N!t:~~?!<t'opo~ de Liverpool est accepté.
Le Président annonce au Comité qu'il a reçu de M. Cumont la somme (le
3,000 francs dont la destination a été déterminée à la précédente séance. Notre
confrère M. Milliet lui a également écrit pour demander des renseignements sur
l'état des travaux préparatoires à la traduction du livre d'Overbeck. Le retour
prochain de M. Monde) en France fait espérer que ces travaux pourront être
désormais poussés plus activement.
Communication M. S; Reinach communique une étude intitulée La Déesse
c/tefaH/ie Clélie et Epona, Prenant pour point de départ la statue archaïque de
Laurentum et la statue du même type qu'on voyait à Rome :?: ~Mmma via ~o~,
et où les uns voulaient reconnaître Clélie, les autres Valéria, il montre que ces
S4~l~ ACTES DE L'ASSOCIATION

deux images représentaient une femme assise sur un cheval. ]) écarte l'hypo-
thèse que l'on doive y retrouver une Amazone ou le type de la Vénus Equestris.
Une explication meilleure peut être fournie par la découverte, dans l'ancienne
ville arcadienne de ~;<.K'i, d'une statuette en terre cuite puMiée par MM.Reichel
et Wilhelm. La statue de Laurente, la prétendue Clélie, la terre cuite de Lousoi
remontent à un même original l'image d'une déesse équestre honorée dans un
sanctuaire arcadien. Sous les noms de Poseidon d'une part, de Démétcr etArtémis
de l'autre, se cache, en Arcadie, un couple primitif formé d'un Dieu cheval et
d'une Déesse cavale. L'Épona gauloise dérive du même type.
MM. Fougères, Th. Reinach, ))omo)Jc, Vendryes présentent quelques observa-
tions.

3 cMee)):t)'et9M. rrésidence de M. Homolle, président de l'Association.


Membre décédé M. Constantin Mêlas.
Membre nouveau M. Avezou. M. Segalfi y Estradella devient membre
donateur.
La correspondance contient une lettre de M. Iconomo, neveu de M. Bikélas,
informant l'Association que son oncle lui a légué, par testament, une somme de
cinq mille francs. Le Comité charge )e Président de transmettre a M. Iconomo
les remerciements de l'Association.
Le Président rend compte de l'entretien qu'il a eu récemment avec M. Gautier,
Directeur de l'Enseignement Secondaire. M. Gautier pense pouvoir communiquer
a l'Association les résultats de l'enquête, au commencement de i909.
Communication. M. A. J. Reinach étudie l'inscription de Pergame (Ditten-
berger, 0<M< .~)'asct hMC)')<Mt!M s~M<as, n° 266), relative à une convention
entre Eumène 1' et ses mercenaires. ]) en montre l'intérêt pour l'étude des institu-
tions militaires, si imparfaitement connues, de l'époque hellénistique. !1 cherche a
déterminer la date et les causes de la rébellion de ces mercenaires, et croit qu'ils
avaient pour chef un Eumène, cousin d'Eumène )", inconuu de nous par ailleurs.
)) étudie successivement les huit articles de la convention et termine en mon-
trant que les traits essentiels qui la caractérisent sont la (léfiance réciproque des
deux parties, et le caractère personnel du contrat qui lie les mercenaires il
Euméne 1er. Ainsi s'explique la fragilité de la puissance des rois de Pergame.
M. Glotz présente a M. Reinach quelques observations relatives au rôle de
l')':umcne, fils d'Attale, mentionné à la fin de l'inscription. )1 trouve plus simple
de voir en lui, avec Kiese, le père d'Eumène I" plutôt qu'un Eumène de nous
inconnu.
COMPTES
RENDUSBIBLIOGRAPHIQUES

/.a /~UMe t'e)K<compte, ft ce~e p~acc, de tous les OMU)'o~e~)'e~<i/xenta;


études /MMe)n<~Me~ OM f< la C~ece tno~o'tte~ ~o)t< UNea?e))~<«t)'esera
a~'eMe au &M;'eaM de la ~e~Nc~<OK,chez M. /j6)'ou.r, e~~CM~ rMe
/~onaHa)'<e.
Les OMOY/~M ~OH< les f<M/eu~ font ~O~tHS~eà /lMOCtf<0)! ~OM)'
fe~coM)'~emeH< des /~yMa!e~~~e~t<e~ H~ seront analysés ~an~ cette
&t~to~'a/)At<? </Me.t< eH est CKuoy DEUXe.remp/aM'e~ ~'MHdevant
)'M/e!' à la Bibliothèque de l'Association, et f~M~'e devant e/?'ë rc~HMà
/'NM<CM!' dit compte ?'eM<~M.

1. (.-fN7YMO;V). ~jo~e~4H<t'p/<oK, que les torts de ses ancêtres envers le


d'après des fragments Inédits sur peuple? (a))usion obscure a un procès
papyrus d'Egypte par JM~ Nicole. antérieur, qui s'était termine par une
Genève et B.Ue, Georg, 190'7. tn-S", quasi-confiscation). Autre reproche
N5 p. et un fac-shnite. a).At ;j.s~ ET, ~yo'JT~ ~)~ x~TTt'j'oao: M;
s~EYpjxo~ ïs E'~x; oi~o' x~. [ï']& S (1)
Quatre fragments d'un papyrus du exspoxi'~ov o!T:o TouTou ce renseigne-
tf ou du ni" siècle après J.-C., acquis ment très curieux nous apprend donc
par M. Nicole pour la bibliothèque de que les avocats à la mode se faisaient
Genève, appartiennent, comme l'a re- payer un tant pour cent (ici t/S) du
connu ce savant, à un manuscrit de la montant du litige. Antiphon répond a
fameuse Apologie (~dyo; mo! }jLET~j'cj- cette accusation que précisément en sa
OEM;)prononcée par Antiphon après la quatite d'avocat il aurait eu intérêt au
chute des Quatre Cents. Le texte était maintien du gouvernement populaire,
écrit en colonnes étroites (10 lettres où la parole décide de tout. Aussi Wiia-
environ A la ligne), hautes de 14 cen- mowitz restitue-t-it avec raison ~6-
timctres. Dans le fr. 1, le plus impor- TSpO~ 0'J/ 0~)! T' E~jJH Y:YVMJXE~ TX
tant de beaucoup, l'orateur essaie de X[uT'.]TSAoS'/ï[o[s];J.X'JTML.
démontrer que son adhésion au gou-
vernement oligarchique ne s'inspirait
(!) Comme T cs~rosLituëet )a barre sur F~
d'aucun motif intéressé, tel que la invisibte j'avais eu des doutes sur t'cxactitudc de
crainte d'un procès en reddition de cette tccture et conjecture xx! M; Ex;pS~o'<,
comptes. S'il en avait été autrement, mais M. Nicole m'aftirme que s est sûr et sur-
n'aurait-on pas trouvé, pour le con- monté d'une erafîm'c <' on te trait signififatif
damner à t'amende, un autre prétexte Hgurait certainement M.
56 COMPTES RENDUS BfBUOGRAPHIQUES

Si fragmentaire que soit ce ms.,it il 3.M B~t~LEr. /.e~ /o~tMet-t6~


n'cn constitue pas moins un des plus <<)M<t<toe au ~htsee ~'Ot'~e'nn. dans
intéressants accroissements apportés IesA7<'n!0))'e.9f<e~6!~octe<ec[)'c/teo<o-
partapapyrotogioatavieitteprose gique <?/ /tM/o)'<e de l'Orléanais,
attique. M. Nicole, en t'acquérant et en t. XXX!, pp. 95-164, avec 24 planches.
le publiant, s'est acquis un nouveau Or~an~HM~~M,
titre a la reconnaissance des hellénistes.
T R. On sait que les fouilles de M. Gayet
a Antinoé ont notablement enrichi le
Musée Cuimet. On sait moins qu'une
2.B~CC/t.<DB.E))t)i!Ct,«'i<t~M!&te e bonne partie des objets recueillis dans
/an!)ne;t<t.tntrodu/,ione,comcntoc c ces fouilles est conservée aujourd'hui
appendice criticadi~n.~oT'aeco~e. au Musée d'Orléans, grâce aiatibéra-
Torino,Lœschcr,t90'iu-t2,n[-219p. lité du Ministère de l'Instruction pu-
blique ctàta double munificence de la
On ne cherchera pas ici un-travail Société française de fouilles archéoto-
original; je ne crois pas qu'une seule giques et de la Société archéotogiquc
des conjectures notées par M. Tacconc de l'Orléanais. C'est cette collection
soi de son cru, et le commentaire lui- d'Ortéans que décrit M. naiilet avant
m~mc ainsi quêta. substantielle intro- d'en dresserle catalogue, Elle comprend
duction (qui traite successivement de un certain nombre d'ûbjetsdivcrs,tc)s
la vie du poète, du papyrus et de l'art que statuettes, masques de momies,
'de Bacchytide) sont puisés presque en- vases, fragments de papyrus,etc.Mais
tièrement dans les travaux de titaas, elle vaut surtout par les étoffes, comme
Witamowitz, .tebb, Fraccaroti, etc. on peut s'en rendre compte par un
~fais il faut louer t'éditent'd'avoir lu coup-d'œil sur les planches. Aussi le
avec tant de soin tout ce qui se rappor- travaHdeM.Rail)etcst-itessentie])e-
tait <i.son sujet, de choisir en générât ment une étude sur tcvetemcntgreco-
avec sens et de fournir a l'étudiant égyptien. )i examine de près la fabri-
une documentation bien digérée, il la- cation des tissus, les matières eu)-
quelle on ne peut guère reprocher que ployées, la disposition et la coloration.
d'être trop touH'uc, de viser trop sou- 11 insiste sur la technique de la déco-
vent à la chimère des « énumérations ration. Procédés de décoration (tissage,
comptetesx.ttesthlenrarc qu'on sur- tapisserie, brochage, passementerie),
prenne M. T. en ttagrant délit de para- fonds et sujets (répartition du lin et de
doxe on en trouvera pourtant un la laine), disposition des decors(carres
exemple dans la manière dont il dé- et médaillons simples ou complexes,
fend dans V, 30 la leçon du papyrus bandes décoratives et chaines de me-
;~T'~8puT:ot;.))aurait mieux faitanssi daillons, registres superposes), enco-
de ne pas écouter Jebb dans sa tenta- lures et empiècements telles sont les
tive de justifier la date de 43i fournie principales rubriques dans cette partie
pour Il. par Eusèbe ce qui l'a en- du mémoire.Enfin vient la description
traine aptaccrtexitdeBaccttytide des thèmes avec la définition de leur
après -}o2! et je ne suis pas arrivé sens symbolique, s'ii y a lieu décors
.'tcon)prendrccequeveutdire(p.x[) géométriques, tables, corbeiues, vases
'< Suida e ZoH~'a sotto Bxx/'j~ n. décors végétaux, pampres, roses, ro-
Quant aux mètres,A). T.asuivintass: saces, fleurs composites; animaux,
c'esttoutdirc. quadrupèdes, oiseaux, poissons, dau-
T.t!. p)nns;tcteshumaines et personnages,
Eros, Sirènes, défunts, doubles, dan-
seurs, cavaliers. L'intérêt de toute cette
COMPTES RENDUS B)CUOGKAPH!QUES ~7-j

décoration consiste principalement, tions) trouvent leur mention et souvent


comme, on sait, dans les rapports leur image dans ce tableau raride, mais
qu'elle permet de préciser entre l'art complet tel FéphebedeCerigotto
gréco-égyptien et l'art byzantin. (traité avec un peu d'indulgence) et
C. G. l'admirable petite Ménade de Dresde.
Deux observations pour finir. Com-
ment le goût délicat de M. CoHignon ne
4. ~Mtme CO~~C.VO.V. Scopas et ~)'<t- s'est-il pas offensé de t'hypothése qui
A't/e/R. Paris,Pion,190'In-i2,n5 p. voit dans les chastes Pleureuses du sar-
31 simili-gravures (de la collection cophage de Sidon les baladines dont
tM)nai<)'M~er~)'/). s'entourait le roi Straton? (p. 148).
Comment croire que Praxitèle ait reçu
Ce charmant petit livre est moins en 3MO la con:)n<:)i(/e d'une Aphrodite
la réunion de deux monographies qu'une pour FAdonion d'Atcxandric de Carie,
étude d'ensemble, comme l'indique le .vitte qui, son nom l'indique, est de
sous-titre, de la sculpture grecque au création postérieure a Alexandre (p.10)'*
iv" siècle jiM~'aM temps ~exaKfh'e. Évidemment la statue signalée par St.
Ces derniers mots ont pour but d'écar- Byz. (Overbeck, n" 1241), y a été lrans-
ter Lysippe, qui pourtant est a cheval p~rtéeultérieurement, à moins que la
sur les deux générations c'est que ville c))e-me!~e n'eut changé de nom.
M. Collignon s'est occupé de cet artiste T. H.
dans une autre collection. L'exclusion
du grand bronzier de Sicyone donne
d'ailleurs à ce livre une certaine unité a. Co').'?''e~ hellénique fre;t~et'/)!eme);<.
ce sont presque exclusivement des mar- n~M'C'i~ EM~xA'; EX~X'.OSUTLX~ T'J'
briers qui défilent sous nos yeux, et nul Sp'.O~ ~TT[ T/OA~X~ E'Q~~M~.
n'a trouvé des images plus justes et des Athènes, bureau du Comité directeur,
mots plus expressifs pour caractériser 1904.)n-8"00p.
la merveilleuse technique de l'époque,
vibrante et pathétique avec Scopas, Signalons mieux vaut tard que
voluptueuse et rauinee avec Praxitèle jamais- aux amis de ta Grèce moderne,
(M. Collignon a raison de le louer do c'est-à-dire à tous nos lecteurs, ce vo-
son c!at<' o&sc«)', mais peut-oii parler tume qui perpétuera la mémoire.du.
chez un sculpteur d'un « sentiment de premier congrès pédagogique tenu à
la.co!<te:t)' "?). Les idées générales sont Athènes (du 31 mars au 4 avril 1904).
naturellement celles que l'auteur avait Le congrès, accompagné d une exposi-
déjà développées dans le second volume tion scolaire que j'ai visitée avec grand
de sa grande histoire, mais le lecteur intérêt,avait été organisé par tessoins
attentif remarquera sur combien de combinés de trois excellentes sociétés
points M. C. s'est corrigé ou retouché, (le Sy~ogue pour la propagation des
soit en lisant il est parfaitement lettres grecques, )e /'ar;!6'Mo~ et le
documenté et, chose plus rare, nous Syllogue pour la propagation des bons
communique libéralement (p. la9 suiv.) livres, enfant préféré de notre cher
les sources de sa documentation soit et regretté Bikeias). Il était divisé en
en réfléchissant et en regardant. C'est quatre sections: enseignement primaire,
ainsi que la Vénus de Milo reprend sa enseignement secondaire (les Grecs
véritable date, qu'elle conservera, espé- disent moyf)!)(t), enseignement des
rons-le, tant que Furtwangler sera
mort. Inutile de dire que les nouveaux (t) On comptera tes renseignements donnés
chefs-d'œuvre dont s'est enrichi depuis dans cc~c section en pan'courantcertains comptes
dixansl.'artduiv'siecle(ousesimita- l'cndl1~annucls ~mhliGspar Ics Fcolesgrccqucs
58 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

jeunes filles, enseignement profession- tion de Menas, on trouvera aux pages


net. Chaque section tint trois séances 2 et 3 une discussion qui n'est pas très
dont ce volume nous apporte [es pro- nouvelle, mais demeure toutefois inté-
cès-verbaux. Elle entendit, en outre, un ressante, sur la différence entre )'ET:L-
exposé d'ensemble, consacré en partie [~A~:t, simple commission, et la fonc-
a l'analyse des mémoires, propositions tion ot)icie))e de t'eTrt.u.e~~Tfit. J/etude
et notices soumis à la section; ces sur Teriaacomptete et rectifie la mo-
exposés, qu'on trouvera reproduits ut nographie donnée par M. Regling dans
M;/e~o, eurent pour auteurs MM. Mi- le GGeW:Mc~aM7M;M'o~)Y;M:H!. L'étude
khalopoulo, Kapetanaki, Kourtidis, .sur Béroia est un supplément au Cor-
Protopapadakis. Aux séances générales pus numorum. Tout est soigné dans
on entendit encore un rapport de Aut. cette publication l'impression est
Matesisur t'amétioration des livres belle; les planches sont d'une 'grande
scolaires et on arrêta les statuts d'une netteté. G. G.
société hellénique d'enseignement
(e~Xï~txA; EXTC~~5s'JHX&; à; T'J'<0!T[J.O;).
Un goûter au Phalère, un discours du GRBA'FE~f. and A. IIUNT. The /Me/t
prince royal et du ministre de l'ins- p~.). pa)~London,Egypt Explo-
truction publique, le couronnement de ration fund,190C.tn-8°,xiv-4tO p.
statue de Koraïs furent la digne con- 10 planches.
clusion de cette belle réunion qui ne
laissera pas seulement des souvenirs, A 50 kitometres environ au sud de
mais des fruits. Béni Souef et autant au N. de Shekh-
T.R. Fadt (Kynopolis) s'élève sur la rive
droite du Nil un tumutus couronné des
ruines de l'antique ville de T'e~Mt,
C.co):}/7'/BM;oC/E- près du village moderne de /&?/ Les
B/.Ë'/<. tVoHÏMHM,{//t~MC/;My;)/M <-<;< cimetières ptolémaïques de cette loca-
~MKG'ett'e~e~e<' nt:<t'/tg)! ~i<)!tMn~e, ), lité avaient été mis au pillage depuis
Bertin,MayeruudMutter,i907.In-4°, plusieurs années par des fouineurs
28 p. et 3 planches. clandestins, lorsque Grenfell et Hunt,
avertis d'une trouvaille de cartonnages
Le premier fascicule de cette publi- de momies dans ces parages, y trans-
cation nouvelle est dédié à Imhoof- portèrent leur équipe d'ouvriers du
Blumer, pour célébrer d'avance le 70' Fayoum et y exécutèrent a deux re-
anniversaire du vaillant numismate. prises (mars-avril 1902, janvier 1903)
Il contient trois études, une de chaque des fouilles courtes, mais fructueuses,
auteur et une faite en collaboration. dont le présent volume apporte les
Le solo de von Fritzc est intitulé premiers résultats (1). Les papyrus
Sestos, l'inscription du Menas et le démotiques, beaucoup plus nombreux
monnayage de la ville; celui de que les grecs, ont été écartés; ces der-
M. Gaebler a pour titre Beroia. Le niers se placent tous dans la période
sujet du duo est fourni par les mon- comprise entre PtutadetpheetÉver-
naies de Térina. A propos de l'inscrip- gete ils sont presque tous fort
mutités.
du royaume et de t't'tranger. J'ai sous les yeux
ceux des écoles de Chio réunis en un volume ft) D6s i89G tes explorateurs anglais avaient
(Chio, Damianos, t90)),qui embrasse tcsannfes acquis plusieurs fragments tinfraircs de cette
)893-)!)00 (E'x6eT:t TÙv s'/ TO~ 6~6086~0' provenance (sans ie savoir) qui ont paru dans
ST,;J.Oj!o:; T/O~SLOi; XtO'J ~E~p~~LE~M~, Grenfell JL Plusieurs se raccordent avec les
etc.). fr.nouveUcmcntdccouvcrts.
COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 59

-Les fragments littéraires sont nom- puyee par le mot ~c~xp/ qu'on lit
breux. Le n"t porte le nom d'Epi- au v. 81? Les. éditeurs, suivant une
charme, mais il s'agit enreaUte d'une suggestion de Blass, qui se fonde uni-
introduction (par Àxiopistos?) a un quement sur le nom de l'esclave, ont
recueil de sentences extraites d'Epi- cru retrouver ici l'original de l'~4«~<-
charme. L'introduction est en vers <at)'e, et, à cause de la fin du vers 28 qui
trochaïques dont )est4 premiers se commence par Koo'.T[ comme le fr. '189
lisent a peu près, af/«t)<<e R~<o. de Philémon, l'attribuent a ce poète.
C'estunboniment sans valeur poétique: J'avoue que ces constructions me pa-
raissent bien peu solides, et tel est
~E~XxtY~MjJ.M~~tT~S'a~
aussi l'avis de Léo et de II. Weit.
jtt:t6f)~'t'oT:;
Il y aurait peut être davantage à tirer
Es~MTEod; TE X' E?~ psATH)~ E; T* T::h't'
d'un autre fr. de comédie (n° 6) où une
a'f'jp.
vingtaine de vers sont en assez bon
Hn'ya pas grand choseatirer d'un
état, mais qui ne paraitavoir intéressé
fragment très mutiie de )a7~)'o(?) de ni les éditeurs ni Blass.
Sophocle (n° 3). En revanche le n° 4 Peut-être ]e texte littéraire le plus
(fr. de l'(JEne:M d'Euripide) intéresse à
précieux du volume est-il le fr.(n"i3)
la fois par sa date c'est avec la ?' d'un « discours aux Grecs sur la mu-
montée de Berlin un des plus anciens sique ou plutôt contre certains critiques
papyrus littéraires connus et par musicaux dis-
qui, selon l'auteur,
quelques lignes un peu moins iacerees sertent a tort et à travers sur les
que le reste et que la divination de effets moraux de cet art, sans en con-
Blass a su remettre sur pied. naitre le premier mot. « Ils prétendent
'~S'~oS' TE~O]; 'j'ao TM~e[JLM'~ ~O'j'M'~S/S' que le chromatique fait des lâches et
l'enharmonique des braves. Mais Les
E~' '?~ T;pOTT,Xs]'. T;pjt~< Op)J.T~MTt0~(,
M; T:ÏTpO[8]~3M MEASXYpM SMp~;J.~T~ Etoliens, les Dolopes, tous les habitants
xBi'TMTtpû9M;JL~]t, XQ[T:O~TjpM9~ T~BO; des Thermopyles font usage du fHa/o-
TX'b)~ SX~M'~ To)'~XEXXAX'.TTS'J~J.E'~f~ ?ttf/t/e et sont pourtant autrement cou-
X TO~T~X~]E'C'?~X'~5pXTL~['~S?U-X~ TTOETIS' rageux que les tragédiens qui chantent
toujours selon )e genre enharmonique
Les fr. d'une comédie publiés sous
Ce raisonnement est boiteux, puisque
le n" 5 n'ont vraiment d'inteHigiMe l'auteur après avoir parlé du chroma-
que les quelques vers où un esclave, substitue le dialonique on
tique y
Strobilos, cherche a s'enfuir (?) d'un lieu attération.
peut soupçonner quelque
enchanté (?)
Le texte n'en est pas moins très inté-
v~ oH' xxp~ëM; Stot'. ïf.; o!xou~E'~ ressant c'est un témoignage nouveau
!spJtMaM!;S!UT'i't'ST~'ft~MMjJ.OV'~ et sûrement contemporain sur l'emploi
-<9dL5s 'in'co'.x'fj~~s'. 'nd!T5, ot Oso'I, de l'enharmonique ~c véritable, sans
xa!w/6?T'ElT~x~!y70'J'sv9xS!. doute) dans la tragédie, du moins dans
En vain son maitrc (?) l'appelle tes monodies tragiques (1). Le philo-
sophe attaqué est, comme le conjec-
K.~Tpoë~E! turent les éditeurs, bien probablement
S.*AKO~O~X3[!f)5o!,T')UT:J[J.~TO;! Damon, et l'auteur le sophiste Hippias
N. n~! S'j~T'j~; STpoS;)~
ou l'un de ses émules.
E. Ti;X!XA~Xe!J.E;
N. EYU. S. J'J O'S~ T~ M TN'~
Xp~HJTE

ftSM' (l)M.Ruct)cquiaLtradmtdans)aL/?eî)i<6t/e~/«-
~o~o~i'etcp:tp.l3cnacoichtuïtpcuvitequetc
Qu'est-ce que ce pays (x~p~) en- fr. noté d'Euripide ditfr.Wessetyesten
chanté, patrie des dieux, sinon FÉgypte, en harmonique il ne faut pas oublier qu'il s'agit ta
et cette conjecture n'est-e))e pas ap- d'unfr.dcc/'fBt~
60 COMPTES )ŒXDUS C)nnOGRAPH)QUES

Très intéressants aussi les débris élève d'Eudoxe vers 300, l'ordonnance
(n° 14) du plaidoyer perdu de Lysias n° 28 (de Philadelphe?) concernant la
contre Théozotidés (~~T~ x~pa~o~M'~). division d'une ville (Alexandrie ou Pto-
Nous apprenons que ce personnage lemaïs) en 5 tribus, 12X5 dûmes, 12 X
avait proposé 1° d'exclure du bienfait 12 X 5 phratries « deux fois autant qu'il
de la loi, qui faisait élever par l'État les y a de jours dans l'année un spé-
fils (les citoyens morts pour lui, les cimen d'assignation en justice remon-
enfants adoptifs ou iiiégitimes, 2" de tant peut-être .'t)'an 300 (n~ 30). Dé-
réduire la solde des cavaliers de mophorerëc)ameàsonintendant:"Pc-
1 drachme à4obo)cs, 3" d'élever celle toys avec ses flûtes phrygiennes et
des m~oïo~oT~t de 2 (?) ob. a 8. Le pas- Zénobios l'etl'cminé (ï& jj.~xx&v), aussi
sage sur les orphelins a été audacieu- bien vêtu que possible, avec son tam-
sement piagié par Eschine, C. Clés., bourin, ses cymbales et ses castagnettes,
D4. Mentionnons encore un dis- car les femmes en ont besoin pour
cours aux Athéniens (n« 15), placé, ce le sacrifice ))(n"S4).Mention~en240,
semble, dans la bouche de Léosthéne d'une correspondance sacerdotale avec
et qui n'est qu'un exercice de rhéteur; Manethos (l'historien ??) (n" 12). Lettre
une critique (n'*lC) de la théorie ato- prouvant que vers 238 les biens des
mique deDemocritc (parThëophraste?), clérouques décédés revenaient au gou-
et quelques dictons de Simouide (n° n) vcrnement(u° 81). Vente de blé datée
a i'e)oge de la parcimonie. dcl'aLn!idePtolëmee(Sotcr),)aplus
La place nous manque pour analyser ancienne date connue sur un papyrus
comme ils le méritent les papyrus qui grec (n° 84, en double) on voit que le
offrent des textes déjà connus. Disons culte d'Alexandre était déjà établi en
seulement qu'a propos de divers papy- 301. Transaction de l'an 2u9 entre deux
rus homériques, notamment d'un ms. juifs, soldats de t'ept~ot!e(n''9C). Très
fortancien(avant250)dcs)i\'resuet[n remarquable registre d'un maitrc de
de l'Iliade (no 19), les éditeurs ont com- poste, notant les jours et heures du pas-
battu avec beaucoup de force les théo- sage des courriers royaux avec leurs
ries excessives de Ludwich sur la pré- rouleaux (x~o!) pour )c roi, le diaj-
pondérancede la Vulgate avant l'époque cète, etc. (n° tlO) (ce texte a été rcetu-
alexandrine. Les divergences, les vers dié dans la Klio, tome VII, par Prei-
ajoutés représentent une proportion sigke).
énorme, non seulement pour l'Hiade, Appelons en terminant l'attention des
mais encore pour l'Odyssée, dont le n-23 historiens sur deux importantes disser-
est le premier fragment ptotematque tations placées en appendice l'une sur
connu. M. H. Weitadcjâ utilisé pour la la concordance des calendriers égyp-
3~ édition de son/tt~f; e<: 7'Mt'tf/e tien et macédonien l'autre sur le dou-
()ue!ques bonnes ieçons fournies parie ble système de dates régnâtes employé
papyrus n" 24, qui en renferme aussi sous les Ptolemees (années du roi et
beaucoup de mauvaises. Il y a de années de revenus). Les conclusions
bonnes variantes dans le long fragnient sont très réservées, mais toutes les don-
de la 7i/<e<o<'t~xe à /«e.);n<t~)'e (n" 26) ce nées de ces deux dimcilea problèmes
papyrus, de l'an 280 environ, ruine l'opi- sont réunies, et les ditférents systèmes
nion de Susemihl que ce traité serait analysés et discutés avec autant de
i'oeuvrcd'un rhéteur du m''siéc)e:ia clarté que d'impartialité. Un 3c appen-
paternité d'Anaximene redevient pro- dice renferme une liste mise a jour des
bable, sinon certaine. prêtres éponymes de 301 â22t av. J.-C.
Le reste du volume est occupé par T.R.
des « documents a. H y en a de fort cu-
r~c~em~~n"2~œu~e~m
COMPTES
HËKDUS 61
BUiLlOGHAPUiQU~S
S. /t. GHENFELL, A. //t/NÏ', J?DG/</< beau à Sigée arrivée d'Eurypyle chez
eOOMPBED. 77te 7e&~fMM Pf~yrt. les Troyens et de Néoptolème chez les
Part[t.London,Frowdc,190'T.!n-8°. Grecs).On notera aussi deux fragments
xv;-48ap.3planches. d'un traité de médecine et de recettes
médicales (2'!2-3), un calendrier astrono-
A la différence du totnc)"des papy- mique donnant les déplacements des dif-
rus do Tebtynis, qui était composé de férentes planètes dans le zodiaque, an-
documents extraits des momies de cro- née, mois et jour (t)(2'?4), une invoca-
codiles, celui-ci renferme exclusivement tion en forme de triangle magique au
des pièces recueillies dans les maisons démon fëbrifuge~o/t~O!<A'XoM~(27S),
de la bourgade; elles appartiennent deuxfragmentsd'astrologie<!po<ë~)nn-
presque toutes aux trois premiers siè- <t~Ke (2T6-'?), et deux petits morceaux
des de l'ère chrétienne le déchiffre- acrostiches, savoir une liste de profes-
ment en a été fait par les inventeurs en sions comme dans nos alphabets d'en-
collaboration avec M. Goodspeed, pro- fants ('AprjxoTO; j!~su, r'/x~Eu;, etc.),
fesseur à l'Université de Chicago. Le et un petit conte en lignes courtes
soin apporté à la publication et au connnencantparA,B, f,etc. (2T8;.
commentaire des textes est au-dessus Parmi les documents, peu nombreux,
detout éloge. d'époque ptolémaïque, le n° 2~9 (for-
La littérature est ici'faiblement repré- mule d'enregistrement de l'an 231) nous
sentée (1). Toutefois il faut signaler le apprend )c sens encore discute de la
n" 3C8 qui nous apporte une centaine phrase ~sTTTMxs'~ s!; xtëMTo~; entendez
de lignes mutilées de l'original grec, si (le contrat) été déposé dans l'armoire
longtemps cherché, de ~Dictys de (des archives). La quitta r.cen°28t mon-
Crète)'. On sait que le texte latin de tre que l'impôt perçu à l'occasion des
cet ouvrage se donne comme la traduc- achats de terrains à bâtir ou de maisons
tion, par un certain L. Septimius, d'un (syxu'À'.o'~) comportait une nmjoration
manuscritgrec surécorce d'arbre trouvé de 10 0/0 (E'.Ep~/p. c'est-à-dire 2 dr.
dans une tombe de Cnosse au temps par20)aupro6tdutpmp)edeSouchos
de Néron, mais cette indication avait à Arsinoé.
été contestée (notamment par F. Meis- Arrivons aux pièces d'époque ro-
tf;r).Lavoici mise hors de doute (j'en- maine. Les jurisconsultes recueilleront
tends le fait d'un original grec) et nous avec intérêt le petit rcscritderempc-.
voyons aussi maintenant que Ma!ala, reur Gordien (n'' 285), spécifiant que
dans la partie homérique de sa chrono- l'inscription ou t'omission dans les re-
graphie, a suivi directement (ou a tra- gistres ne peut ni conférer ni enlever
vers un compilateur byzantin) le Dictys des droits aux enfants légitimes. Un
~rec. Le papyrus est de i'an 2a0 envi- autre rescrit, celui-ci d'Hadrien, est cité
ronne texte lui-même pourrait bien dans les actes du procès no 286: outre
dater du i" siècle.Laversion latine en l'adage vojj.ït ao:xo; o'jS~ !~u~ (!M<<ï
était une paraphrase assez libre et ver- y)OMeMtO)t!/tt< M;<e<)on y notera le ton
Le fragment retrouvé correspond d'impatience avec leqùel l-'empereur.
a iV, 9-15 du texte latin (mort d'Achille, expédie un pétitionnaire qui recourt a.,
enlèvement de son cadavre, son tom- lui au lieu d'invoquer le secours de la.
loi. Le n" 28'! (procès des foulons et

(î)LcsjKtpvrt)si'Ot))~riqn<'sn"*2(i~cL2~G)'cn-
fct'tnenLquctqucs variantes curieuses H, 345 (l)LcsannucssonLtO-tSdcTfajanctcoïnci-
'AoyEfo:?:~ y/~(;ncc Plutarque, V~oB; 2, dent en parLicavccrcpoqueentbrasséc partes ta-
a7)contrcx~Tx des m!!s.X[,M3.4:restes d'unc bIelles démoliquespubliées par Brug.chen IS5G
fcf;ontouL:'tf:ut)inuvf;Un(~x'ft?&?. le texte d~mo~iquesert ainsi à compléter le texte
~rcc.
62 COMPTES UENDUS DtHUOGKAPH)QUES

teinturiers du nome arsinoïte concer- sacrifiait un veau.Le n° 308 est un reçu


nant une augmentation de leur patente, signé par un prêtre pour l'achat des
~:pM'o'~ n~ontre, résultat intéres- 20,000 tiges de papyrus au fermier du
sant pour l'histoire financière, que le maquis (Sp'j;j.M'<).Le n° 315 jette un jour
montant annuel de la patente imposée il inquiétant sur la comptabilité de la
un corps de métier d'un nome était un congrégation deSoknebtunis un supé-
contingent fixe, qui se répartissait en- rieur avertit un prêtre comptable qu'un
suite entre les membres de la corpora- inspecteur des finances va passer, c'est
tion (au marc le franc?) la patente était un homme très sec(oYJ!pMoM~o,).!a'/
donc alors un impôt de répartition. tt eTn~Œ'jTTT~o~); mieux vaut ne pas le
est question ici d'un tarif ('pM~.M~) voir en personne « mais ne t'inquiète
resté invariable pendant vingt ans. pas, j'arrangerai ton aH'aire. » En pas-
Le groupe de papyrus 29t-3t5 se ré- sant, et comtne sans y toucher, le bon
féré tout entier aux affaires des prêtres apôtre prie son correspondant de lui
de Tebtynis et de leur dieu-crocodile acheter six robes de toile (!)(?), deux
Soknebtunis, identifié a Saturne. Les manteaux et divers petits objets.
prêtres en exercice sont répartis en cinq Avec le n" 316 nous abordons le cha-
classes (298); on nous donne des détails pitre des pièces administrativespro-
sur leur budget et sur les fonctions et premcnt dites. La première, qui est
revenus de leur principaldignitairc,te aussi la plus intéressante, consiste en
~poBftTf~, qui achetait sa charge du une série de déclarations faites par
gouvernement. Au lieu d'une subvention des éphèbes d'Alexandrie, attestant leur
en argent, le temple avait reçu de l'État état civitet)a~))!))M)'t'e où ils ont été
ta fermc(sans doute il des conditionspar- enregistrés. Les déclarations datent de
ticuliérement avantageuses) de 500 et t/4 l'an 3 de Trajan (99) et la ~romo/to/t
aroures de terre royale (1) (302). Les des éphèbes correspond a l'an 2 de
documents concernant la circoncision Domitien .(83); on voit en outre que
(291-3), l'enquête établissant la « pu- l'entrée dans l'éphébie avait lieu a des
reté. l'aptitude et la descendance des âges très variés 3 ans, 7 ans par
candidats au sacerdoce sont d'un vif in- exemple! Tout cela est fort intrigant.
térêt et présentent des analogies sug- Len°323 nous montre qu'il était
gestives avec les tois juives. Le candi- d'usage pour l'acquéreur d'un im-
dat doit fournir la preuve qu'il sait lire meubieden faire la déclaration avec
tsp~T'.XT!X~ 0[i'j"JXTLXYp~jljJ.XT~~r,t 0~ indication du prix d'achat, indépen-
~pOYp~iJ.jJ.XTS~ T:pOÏ~XÏV p;6).0'J ~p~T' damment des déclarations exigées du
xï,t, conformément it nn ÙT:&ij.~T,jj.~ (du vendeur.
grand-prêtre d'Egypte ?). L'enfant du Parmi les pétitions on remarquera
prêtre n'est admis à la circoncision que le n° 326, relatif à une dation de tuteur
sur t'attestation,confirmée par serment, par le préfet. Le n" 332 (dénonciation
de trois prêtres d'ailleurs l'âge où se d'un vol)prouve que le propriétaire qui
fait cette opération est très variable s'éloignait de sa maison en fcru~ait la
(i ans, tt ans). Parmi les redevances porteai'aide de clous.
imposées aux prêtres, notez (301) la Les documents re)atifsà<'t;)t/ju<
Ssx~ïït ;j.o~M\ c'est-à-dire apparemment posent, comme toujours, de nouveaux
10 0/0 sur le prix payé par le fidèle qui problèmes. Ainsi )en"34i, dans des
avances de semences à faire à des la-
boureurs royaux, fait figurer une cer-
(1) Celleterre c)!e-m('mcataitjadis appartenu
nu temple, mais fut confisquée par le préfet Pc-
tronius. On notera dans ce document date de l'an ()) Hsp! [ïN'~ .]ppo'j !;j.]fTtM~r'. Lescdi-
7tap.J.-C.)an)ent!onderepi!itratCgiedei'Hep- leurs supplu;cnlICnom proprc Prrrhus, mHicn'csl-
tattonmic. ce pas j))utùtt'(~ot)c!)c)6c p~po;
COMPTES RENDUS BtBL10GHAPiHQL!ES 63

taine quantité représentant )a'JT:6~- Britannique relatif au calcul de divers


< Le n° 342 est le premier exempte impôts, et notamment du KM~'ox.
de la location d'une fabrique de pote- Voicilecaicu[dun<.tt<~t07; pour une
rie la cense se paye en un nombre dé- surface de 5 1/2 aroures. Multipliez le
terminé de pots d'une certaine qualité. nombre d'aroures par 100 drachmes de
On notera encore 343 (important fr. de cuivre: soit 550. Ajoutez 1/10 pour les
cadastre), 346 et 347 (mention de nou- centimes additionnels 550 + 55 = 605
veaux impots, ~xxp/~ et A'xT,).Ku)[e 1/60 pour le change: 605+15 = 620.
part l'érudition et le bon sens des édi- Convertissez en argent a raison de
teurs n'apparaissent plus vivement que Idr. d'argent pour 300 de cuivre
dans leurs commentaires sur ces difE- (noter ce rapport) il vient 2 dr. d'ar-
ciles questions de fiscalité égyptienne. gent et 1/2 obole. Le second ap-
La série des cof:~Y<<~comprend une pendice, relatif à la topographie du
trentaine de numéros, presque tous I''ayoum,apporteune série de complé-
intéressants. Au n*'3'~8 un des contrac- ments et de corrections au travail de
tants, un vieiUard,T:T,)~ a pour cu- Wessely publié en 1904, et en particu-
ratrice (x'f,6sjTp;x) sa sœur, contraire- lier une histoire administrative de cette
ment au droit romain. Le n" 381 est un province et un dictionnaire topogra-
testament sous -forme de contrat; la phique remis a jour. Je ne vois pas
testatrice lègue tous ses biens à sa fille, que les auteurs, à l'article ')6tM' aient
sauf 8 dr. d'argent que recueillera un noté r'fëLM-~ Ta'jx~jj.so;(?) des Pf/yj.
petit-fils e:e filia il semb)e, d'après 7!etMc/t, 43. Une carte sommaire, mais
l'analogie de B. G. U. 18:t, que cejut la précise, du nome arsinoïte termine le
une somme stéréotypée en pareil cas, volume.
comme en Angleterre <o cul o/y !f<t n Th.)<EfX.\CH.
~/t<~t'<t' Le groupe si intéressant des
contrats d'apprentissage s'augmente de
deux spécimens (384 et38a), tous deux
relatifs au métier de tisserand. Le 9. ~M/M ~~U~C~. A~<H:Mn)tt<t'gMe
n° 391, unique en son genre, représente co;M<n)t<ttttet!)ie. Iconographie et
une convention entre quatre traitants chronoiogie. Description historique
des émissions monétaires. T. ï. Paris,
pour la levée de la capitation ().x9-
s~). Le rcgicn~ent de comptes n° 39*! Leroux, 1908, n9 p. d'introduction,
est remarquable par la longueur des 507p.etXX!Hpi.
lignes et l'excellente conservation.
Viennent enfin les comptes (mar- ~). M. a eu l'excellente idée de pu-
chand de bière, poseur de briques, blier depuis 1904 dans les Revues nu-
etc.)etles~e«!'M~)'tue'M. Parmi ces mismatiques allemande, anglaise, fran-
dernières, notons le n" 407, où un ex- çaise, italienne, ainsi que dans les
grand-pretre d'Arsinoé annonce a sa Mémoires de la Société des Antiquaires
femme et a sa fille son intention d'af- de France, une série d'articles prélimi-
franchir certains esclaves, sous menace, naires, dans lesquels il a appelé l'atten-
si elles s'y opposent, de faire donation tion du monde savant sur les travaux
à Sérapis d'Alexandrie d'une partie de qu'il préparait concernant les émissions
leur fortune. monétaires de la période constanti-
A ces 1CO documents reproduits in niennc. Ha a ainsi occasionné des dis-
e.t;<e;!so viennent s'ajouter les analyses cussions, des réflexions, des contro-
sommaires de 265 autres, plus une ving. verses même, dont ila a su tirer un ju-
taine d'o.<<<'acHdu type ordinaire. Dans dicieux profit pour que son ouvrage fùt
t')/)/)M~t< les auteurs publient un aussi complet et aussi exact que la
important papyrus inédit du .Musée science moderne pouvait ic souhaiter.
t)4 COMPTAS HEKDUS «[ULiOGttAPUiQUBS

Cette façon de procéder permettait Tetrarque, sous la réserve naturelle


d'espérer que le livre soulèverait moins que le temps nécessaire se fût écoule
de critiques, puisque l'auteur s'était pour que les coins de l'atelier aient pu,
montré prêt, pendant plusieurs années, par suite de leur renouvellement, cesser
à tenir compte de celles qui étaient de porter l'ettigic de l'Empereur tetrar-
justes et susceptibles d'occasionner des que précèdent. »
modifications.. Jusqu'à ce jour les numismates avaient t
'i\ M. s'attache a la numismatique été obligés de déplorer la confusion
de l'époque de Constantin, parce qu'au- complète existant entre les représenta-
cun ouvrage ne s'est occupé jusqu'à tions des Empereurs de la Tétrarchie
présent du classement chronologique et les légendes monétaires circulaires
des émissions d'espèces de l'Empire apposées aux espèces, sans parvenir ail
romain depuis la réforme monétaire de comprendre ces anomalies. M. M. ex-
Dioclétien (2i)S) jusqu'à la formation plique de la façon la plus heureuse
de la seconde tétrarchie (305). Réservant comment les chancelleries des Augustes
peut-être cette question première pour et des Césars échangeaient entre elles
un travail ultérieur, il commence son les portraits des souverains. Les olli-
étude a cette année 305, et il la continue ciers monétaires de chaque atelier com-
jusqu'au début de 338. Cette période de binaient ensuite indifféremment autour
33 ans constitue son magnifique et de l'une ou de l'autre effigie telle ou
captivant sujet. U commence par re- telle légende des autres Augustes ou
constituer, année par année, parfois Césars régnants, sauf qu'on respec-
mois par mois, la succession des faits tait dans chaque partie de la tétrarchie
dans cctEmpireromainqui représente lé principe détermine ci-dessus. M. M.
presque l'universalité du monde connu. a su dégager les fils conducteurs, qui
Il précise les changements subis par permettent de se retrouver dans ces
les légendes monétaires, comme consé- émissions enchevêtrées.
quences des modifications si fréquem- L'auteur aurait peut-être pu essayer
ment survenues dans les noms ou dans de faire comprendre cet emploi de
tes situations respectives des Augustes légendes portant le nom d'un autre co-
et des Césars de la Tétrarchie, la empcreur, usage qui parait étrange a
suite de chaque décès ou de chaque première vue, par la persistance d'une
victoire. H arrive parce moyen a idée inhérente a cette numismatique.
classer les monnaies époque par épo- Les Romains ont toujours rappelé sur
que. Rarement les faits historiques leur numéraire les événements impor-
relevés au jour le jour ont amené tants de leur histoire. Cette règle devait
un résultat plus probant, lis per- continuer de recevoir son application,
mettent cette fois d'établir clairement puisque le gouvernement de deux ou
la succession des émissions moné- quatre co-rëgents se conciliait avec le
taires effectuées dans les officines ro- maintien de l'unité impériale. La
umaines au coursde)apériodede temps preuve manifeste de cette unité ro-
étudiée. maine, régie par quatre personnes ne
Jj'une des découvertes les plus impor- constituant qu't ~OKMo', consistait
tantes de M. M. consiste a avoir établi dans la figuratiou sur le numéraire des
que « ta véritable ettigie monétaire d'un efngies de ces quatre Empereurs gra-
Empereur de l'époque de la Tétrarchie vées inditferemmeut les unes pour les
figure toujours entourée de ta iégendc autres. Comme ils représentaient le
ai son nom sur les monnaies et médaiUcs principe d'une puissance unique, lé-
frappées dans les ateliers se trouvant gendes etetngies pouvaient et devaient
danstaparticdeterritoiredonti'ad- être communes à tous et inditferem-
ministrationiui fut dévolue comme ment combinées. Aurait-il fallu atlor
COMt'T~S XËNUUS B)UHOC)tAt'HIQUES M"i

jusqu'à supposer que cette conception l'obligeait en montrer t'appncatiun


nuuvelle du système et de l'idée impé- sur les ptanches affectées à l'icono-
1-iale peut être une invention subtile, graphie de chaque prince. La. rareté
imaginée par le. paganisme expirant, des exemplaires typiques retrouvés en
pour être opposée au dogme naissant bon état de conservation doit proba-
de)aTrinitequicommençaitàêtreen blement pouvoir être invoquée comme
faveur chez les Chrétiens? M. A), a excuse. Ou bien l'auteur s'est-il laissé
indiqué que les substitutions d'effigies dominer par la pensée de faire paraitre
pouvaientrésulter dans certaineslimites immédiatement aux yeux la réalité des
de la création des dynasties divines des substitutions d'effigies '1
Empereurs Joviens et Hercutiens, ainsi Nous ne saurions trop louer le soin
que du culte païen qui en avait été la avec lequel l'auteur a su se servir des
conséquence. Notre hypothèse un peu lois figurant dans les Codes Théodosien
osée qui précède pourrait appuyer ce et.lustinien pour éclaircir les questions
point de vue, curieux pour ceux qui historiques aussi bien que les questions
étudient la science des religions, par numismatiques. H est arrive par ce
deux lois du Code Théodosien que M. M. moyen a préciser fréquemment jour
a omis de citer. La première qualifie par jour les lieux de résidence des
internâtes vultus » les efligies des différents Empereurs et à nous rensei-
Empereurs (1); la seconde,émanant de gner sur leurs séjours ou sur leurs
Valentinien Il, dénomme le faux mon- voyages aveclaplus grande précision.
nayeur « sacri oris imitator et divino- 11 a tiré de ces constâtations'les consé-
rum vultuum adpetitor » (2). De telles quences les plus fécondes. Son exemple
expressions prouvent incontestable- sera suivi, et ces points de repère vont
ment les idées divines et cultuelles être desortnaismisttprofit partes his-
attachées aux effigies des Tétrarques. toriens et par les numismates, qui en
NousregrettonsqueM.M.,quiest obtiendront les résultats les plus heu-
parvenu il dégager, dans ce dédale, la reux pour leurs investigations. M. Ht.
tnaniere de retrouver la représentation est arrivé de cette façon n dater Je fa-
véritable d'un souverain sur les espèces meux médaillon contor'niate de Cons-
des divers ateliers, n'ait pas appliqué tant [ portant la légende BONOjStA
ce principe speciatement dans la com- OCEANEN. 11 en fait concorder la créa-
position des planches an'ecteM n l'ico- tion avec l'embarquement de ce prince
nographie de chacun des Augustes ou a Boulogne sur mei', au moment où
des Césars. Les monnaies reproduites Constant t se rendait en Angietcrrc
fournissent souvent des effigies en- pour organiser une expédition contre
tourées de légendes se rapportant a des les barbares recettes. Une loi de ce sou-
Empereurs différents de ceux réelle- verain figurant au Code Theodosieu et
ment représentes, n aurait pu ne faire signée ai nouiogne le 8 des catendes de
dessiner les espèces offrant ces permu- février 343 (t) montre )adatc a laquelle
tations de légendes et de portraits que cet Auguste a effectivement fait un sé-
sur les tableaux concernant les émis- jour à BO~OKtA. OCEANEN, avant d'ef-
sions spéciales a chaque atelier. La fectuer la traversée.La tituiaturc de la
reste qu'H avait si bien fait ressortir légende témoigne de la vérité de la con-
cordance.
Les renseignements provenant des
(!) Corpusjuris civifis. hd. Etxcvif. tttt! et même des marques des
An)~tct't!am.Vot. ll, p. 335. Dejud. ft'. sacrum inscriptions
signa.toresmonet:e'), relevées sur
o<ieLdiviniYuUus.Cod.TMod.T.t,).3c!),6.
certains lingots de meta.ont été mis il
(:')Coct.Th<;od. comment par Coctefre;.
Lipsiae,1737.Vol.III, p. MO.4f~t<oi'=
reproducteuracharné. ())Li!LTiL.Lf.i. 5..
f!)-;C.Xt),t!)0~,n<'J'
66 COMPTES XENDUS BIBLIOGXAPmQUES

profit avec non moins de sagacité pour cheurs soucieux d'étudier telle ou telle
arriver à déterminer les conditions dans question trouveront par suite d'utiles

lesquelles travaillaient iesinone.tarii références dans ce traité qui est une


chargés de l'exploitation des dix-neuf oeuvre des plus suggestives. Le terrain
ateliers de Constantin. Les sigles spé- est préparé pour l'étude d'un grand
ciauxCgurantsurde nombreuses pièces nombre de points de vue nouveaux
ont pu se trouver ainsi interprétés pour dans le domaine de l'histoire et dans
la première fois, ou au moins des celui de la science des re)igions, aussi

explications plausibles ont pu être bien que sous le rapport numismatique,


tentées. objet principal du tivre.Tous les lec-
Les prot)le<nes que pose la circula- teurs y trouveront des idées nouvelles
tion des espèces entre 305. et 331, pé- <i glaner, qui pourront leur être utiles
riode au cours de laquelle le système pour leurs études de preditcction. La
monétaire de Dioctétien a été remplacé façon dont M. M. dépeint le travail des

par celui de Constantin,sont présentes mo!te~t dans les ateliers de'la Gaule
sous un nouveau jour quiapern~is de et du Nord-Ouest de Fempirc, invite à
leur donner d'heureuses solutions. Les étudier la question si complexe du
modifications successives que le sys- monnayage mérovingien. L'apparition
tème constantinien apportait dans cha- des premiers symbotes chrétiens, du
que:atelier, au furet mesure que les simple T comme emblème momentané
monnayeurs changeaient de souverains des christianisants primitifs, des mono-
et de conditions d'exploitation, sont en- grammes successifs de 'f'r.~o'~ Xp:STo;,
suite précisées d'une faç~h claire et nor- )X et ensuite XP, sur les monnaies de
male, lorsque l'auteur établit t'histo- Tarraôone, de la croix latine i- sur
riqueëttesemissionsde chacune des les pièces d'Aquilée en 333, ne peuvent
oiRcines. M. Babelon, dans son magis- manquer d'être les sujets d'investiga-
tral ouvrage (t), avait ouvert la route tions intéressantes pour ceux qui s'oc-
dans cette oeuvre dillicile et avait indi- cupent de la science des religions.
qué les. véritables bases d'investiga-
tion. M. A! profitant des vues judi-
tter.rou['quoi~vou'n))s/'o/Ms,duft':)ïuninuu\
cieuses de son initiateur,aeuteinerite
p. m, tM c). 197, et du nmscuth) aux )SC.
de classer le nombre considérable de
207,t3,M<etc.?–Lc;Kf7Kf/~M<'dutab)caut
ces émissions distinctes et de ces circu-
c';td(''Mmm<i)/!)7;<tr~)Mej).MO,).2),p.
lations successives. On peut seulement 7 et, )0, p. 424, 1. dern. et plus loin, (i. MO,

signaler a l'auteur l'avantage qu'il au- nv.-dcrn. )., Hi~ffïj'e/tHf; ~t:<t est a~petc j~(T/<?,
rait trouvé a revoir avec soin le texte p. 308, t.)),et 311, 1. 19, sans qu'il soit fourni
de ces études parallèles se succédant, la moindre cxpticationsur la j)ossibitited'uuc
variante de ce non).–Vc</t;t'ecsti)nprimepom'
et à en éliminer un certain nombre de
t'e~ecc,p.3.K),not.3ctj).H),).S–)'42t,
répétitions de faits identiques ou de
t.ldu3'=§,T/'co~or/e~pour7~/fcof/os<Ctt.–
passages des memcsauteursanciens. r'.72,tntrod.<7.E/t)t~~<eHnourJ/(t.E/"tt'ë~.
L'ouvrage est conforme aux méthodes r'.)S.~).9ctj).4S3,iesce)')j'ode)'En)HM'cnr
modernes qui exigent l'indication des cstsu)'n')0nt'nondci'ai~tci')diqu!6pai'erreur,
sources dans des renvois figurant au mais d'une victoire.VoirpLX[jno4etXXm,
bas de chaque page (2). Tous les cher- n<'7).–r'3S,n.3,OTpjT;MTX~j.ourSTpx-
T.t~Tx'P.i9t),"tapatmcf/;[/t)cnt!a\ic-
())7'a~c~ë~~io~)t<ï<(;s~j'<(j'itMe~'oHtH~t~. toirc'au Hcude:nta~atme ~<fe tient tavic-
Paris, 90).1. toire P. i 54, n. `?; la dernière phrase ne se
(2) Nous )'cgfcHo))Sscufct))C))Lque les 6)')'uuves CO!n]n'cndpas:"E)tcetait située entre les empi-
aient 6Lérelues avec trop de h:UeeL que t'au).eut' res de Constant têt de Constance t). S'it s'agit
jutIni'isesubsistet'dcnotnbt'euscsfauLcsd'iu)- dcConstanti)]0['!e,con)mcc'cstprobabJCjitaut'Hit
ptcssionoudpsert'eut'sjm'oton).ai!'esf[u'uftc.\a- été bon d'ajouter que !aeaj)itaic de l'Empire était
u'cn auoUif aurait, permis facilo'tcnt de recti- resiL'c indivise OMneutre entre ces souverains.
COMPTES HENDUS BtRUOGRAPHIQUES .67

L'historien sera certainement frappé La collection de papyrus de Leipzig,


par le curieux tableau de cette société propriété du gouvernement saxon, a été
romaine du me siècle, dans laquelle )a commencée en 1902, en partie avec te
succession desTétrarques parait finale- concours moral et pécuniaire de Momm-
ment n'avoir pas eu plus d'importance sen.. Dus 1903 on entreprit d'en publier
que de simples changements de minis- les principales pièces en autographie
tères ou de Présidents de la République, mais ce volume, à la suite de nom-
accompagnés de temps à autre soit breuses corrections suggérées par Wil-
d'émeuteslocales,soitdc batailles iso- cken, fut retiré de la circulation. Celui
lées entre soldats inféodés a l'un ou à qui le remplace aujourd'hui olfre la
l'autre des compétitcurs. La victoire perfection typographique et l'aspect
de Constantin sur Maxence, a la suite séduisant auxquels nous a habitués le
de la bataille livrée au pont Milvius )e célèbre éditeur on regrettera'pourtant
28 octobre 313 entre les troupes des la parcimonie qui a préside au choix
deux prétendants n'empêcha pa' Dio- des fac-similés, au nombre de deux
ctétien de vivre au même moment tran- seulement. Quoique le déchiffrement
quillement à Salone et d'y prononcer et le commentaire des textes doivent
ses phrases historiques empreintes de beaucoup aux avis de Wijcken et de
philosophie sur la vanité des grandeurs Vitelli, c'est M. Mitteis qui en est l'au-
humaines. Si un ancien Empereur pou- teur principal et responsable; il a mis
vait ainsi terminer paisiblement sa vie d'ailleurs sa marque sur cette publica-
dans son palais pendant les luttes de tion par le soin et la pénétration qu'il
ses successeurs, combien d'autres ci- a apportés a l'éclaircissement des
toyens devaient imiter cet exemple et questions juridiques, où l'on connait
se préoccuper peu de savoir les co- sa compétence. Dans le classement par
régents qui se partageraient plus ou nature d'affaires et par ordre chronolo-
moins l'administration de la grande gique, dans la transcription des textes
unité romaine! L'organisation impériale (accentués), les notes critiques, com-
était si forte et si savamment combi- mentaires, traductions, index (en parti-
née, elle était appuyée sur un tel en- culier un utile index juridique), M. Mit-
semble de dispositions législatives que teis a pris pour modèles les publica-
les révoltes ou les luttes de prétendants tions de Grenfell et Hunt il ne pouvait
n'empêchaient pas la vie romaine de mieux choisir.
persister comme par le passé. Les mon- Ce volume ne contient pas de textes
naies pouvaient toujours continuer de littéraires. Ce qu'il nous offre, ce sont
célébrer dans leurs légendes la FAX des papiers d'affaires, au nombre de
AETERNA AVGVSTt et la BEATA 123, la plupart de l'époque romaine. Il
TRAKQVILL1TAS de l'Empire. n'y a la aucune pièce de tout premier
Le traité de M. M.n'est pas un livre ordre, mais beaucoup de documents pré-
de vulgarisation, mais c'est un ouvrage cis, intéressants à divers titres, par les
rempli d'aperçus imprévus et retenant solutions qu'ils apportent comme par
l'attention, que tous,.érudits, cher- les problèmes qu'ils soulèvent. Parmi
cheurs, hommes du monde et numis- ies co'ih'a~. on remarquera les décla-
mates auront intérêt et profit lire. rations (alcoyp~ajn) de ventes ou cons-
Paul liOHDEAUX. titutions d'hypothèques faites au bu-
reau des Conservateurs des immeubles
(3, 8, 9) la vente eXe-mémc s'opère
en
10. Gt'i'ec/tMC/te U)'/t'<'t~ettf<er7'~)y;M- parfois par une simple E~'j'p~r,
banque. L'inscription du droit réel se
~ammi!M't.'ys:t/.et/):tr/.t~B!iHd–
hcrfmsgcgebcn von ~,«f/M.'t'y;U/7'S. faisait aussi dans les registres de la l!i-
bi'.othèfjuc d'Hadrien et du Xanaion ;i
),ci[)xig,Teubncr,t90G.)n-4",380p.
68 COMPTESXEKDUSi;UiUOCi!At'HK)UES

Alexandrie; nous avons uncxeu~pie motifde divorce.Le n°43(iv"siécte) est


(tu) d'une inscription de ce genre opérée le plus ancien spécimend'un arbitrage
C2 ans après la conclusion du contrat d'évcque en matière civile. Dans le
(il s'agit d'une antichrese),p~r ordon- n°44estcitt;entatinunrescritdéja
nance du président du tribunal. f.c connu de Dioclétien sur les privitéges
creancierqui requiert l'inscription paye des athlètes et des artistes (L.t 1 au
a la ville d'Alexandrie nu droit fixe de Cod.tO,H4):tenouveautcxteestp)us
12 drachmes et un droitprnportionnct. détai))e que <'etni du Code, mais très
Postérieurement .antichrrsc. le dé- corrompu.
biteur a contracte envers son creau- Toute une serie<<'ac<c6'a<<Htt'<:M<tY<-
(;icrunonouvc)Je<dj)igation,[)uren)C))t, /t/A'(4Ssuiv.)j)rot'iennentdes bureaux
ci)irographairc, mais en s'engageant a de t'ottici.d de taThébaïdo,Flavius Isi-
lui laisser la jouissance de l'immeuble, doros (versets), qui figure aussi dans
[t)cmc après )eren<bûursement de la une affaire <Jepécutat<nifitaire (34 et
dette originaire, tant que cette seconde :i5). On y prend sur. le vif la sévérité
obligation ne serait pas remboursée di! système liscal de l'époque. Les im.
cette clause conventionnelle, mais pro- pùts les plus divers, les fournitures de
bablement de style, fut, on le sait, vêtements et d'équipements pour les
érigée en règle de droit par Gordien troupes, même pour ie~Mf/Ht'des
(L.lauCod.8,2G). gladiateurs d'Atcxandrie (S~) sont
Le contrat d'adoption (n° 28) est cu- répartis entre les différentes villes de la
ricux l'adoptant adopte le fils d'un province. Chaque année, dans chaque
frère ainé predecedé, et l'enfant est lucalité, un contribuabte est respon-
donné en adoption par la grand'mere. sable de la levée de la contribution ou
Le testament a la grecque (s~xov de l'acquittement de la liturôie. Il s'en-
po'j~eujix, n° 29) mérite aussi une men- gage u. comparaitre, pour rendre ses
tion, non moins que le fragment testa- co~nptes, a Thebes ou a Alexandrie, et
mentaire n" 30, où l'on voit curieuse cet engagement est ordinairement cor-
survivance–onpieinm~siecieun roboré par une caution. Encore à cette
bourgeois d'Oxyrhynchus Nxertasomme époque, la qualité de a philosophe)' »
à dépenser pourla parure de sa momie dispensait de ces lourdes corvées (4'
et ordonner qu'on lui érige une pyra- Cf. Dig. 50,4, )8). L'impôt est acquitté
'mide. en or, ordinairement en tingots, dont
Leproces-verbaf)i''33(ftermoupons, les receveurs généraux (/pu?Mv~t) véri-
368 ap. J.-C.), relatif à une affaire de fient le titre, moyennant un léger droit
succession, apporte de nouveaux élé- de contrôle (~~MjjLŒ, 62).
ments pour l'étude de )a(<ey!Mncta<to Parmi les pièces de comptabilité, la
~t<t4'<);aMc<o)'t<a<e, de la péremption plus considérable (n° 91) provient des
d'instance et de la repam/to <em;.<o)'!<n!. registres d'un domaine impérial d'Her-
De la même époque est le procès cri- monthis (338 ap. J.-C.). C'est un papy-
minel n" 40, qui met vivement en scène rus énorme, long de 4 mètres, qui nous
une accusation d'attaque nocturne et fait pénétrer dans le détail très varié
de cambriolage d'une maison. Le prin- des dépenses et des recettes d'une ex-
cipal inculpé est un esclave séance ploitation de ce genre produits agri-
tenante, pour lui délier la langue, le coles (blé, orge, lentilles), revenus des
juge lui fait appliquer des coups de nerf paysans (adpo;, aopsTpo~, 'j~p TT:o'
de bœuf. On remarque que si les débats S'~), etc.; M. Mitteis s'est particutière-
ont lieu en grec, les ordres de service ment appliqué à débrouiller les me-
de ce genre sont donnés en latin. sures .multiples qui figurent dans ces
Le n" 41 nous montre l'abandon du comptes il n'y a. pas moins de 4 ar-
domicile coujuga)considerccOH)tnc un tabcs différentes, t'artabedu trésor,
COMPTESHENDUS)t[!!f.)0~tAPmQUE& 69

d'origine ptolémaïque (25 lit., 46), l'ar- est philosophe. Et, dans une revue, a
tabe o publique (qui vaut 1/18 de vol d'aigle, de la poésie européenne au
pius),t'artabephorique(Mtit.,4'!?), siècle dernier, il constate que le carac-
enfin le ;j.ETpo~~ooLN~qui serait la nou- tère général de cette poésie, c'est que
velle artabe romaine de 29 lit., 18. « les philosophes éclairent le rêve et
Mais voici que l'ombre de t'tstam accompagnent les pas de tous les
s'étend sur l'Égypte. Le plus récent do- grands artistes du rythme et du verbe
cument du volume (n° 103) appartient Sans doute la littérature a son prin-
a t'époque arabe. C'est une déclaration cipe dans temoi;maisl'art)e plus haut,
d'impôts faite sous serment par un cer- pense-t-il, est celui qui tend à exprimer
tain Taurinos d'Hermoupolis. II en at- le moi, non point isolé et parqué dans
teste la sincérité T:po;TSToSeeo!jTo5 son intime individualité, mais large.
nx~'COXpfjt'C&pO~ XX~T' ?M'CT~O~V T~ 32T- ment mêlé au monde extérieur. Ainsi,
TOTM~~U.NVTM'~'A~jUp~TMV.Les Pto)É- la nature objective se lie si étroitement
mees ont succédé aux Pharaons, les à la subjective, qu'elle devient une se-
Césars aux Pto)émces, les émirs aux conde forme de l'âme du poète.
Césars le fellah paye toujours et, On le voit, c'est, à peude chose près,
comme le sous-préfet d'About, sert tou- la théorie de l'école symboliste, encore
jours aussi fidèlement le gouvernement, que M. Palamas paraisse goûter médio-
quoiqu'on l'ait changé plusieurs fois. crement la forme floue qui balbutie
T. R. l'idée et le sentiment et s'identifie dans
le vague avec la musique. Plus ami de
Henri de Régnier que de Stéphane Mal-
H.~<M<M PALAMAS. rpau-jj~Tot. To- larmé, pour prendre des exemples chez
~o~o5'Ts'po;A9'?i'190' les nôtres, il cherche, dans le principe
et dans l'exécution, à concilier la flui-
Poésie ou prose, un livre de M. Pa- dité des symbolistes aveclaplasticité
tamas est toujours un régat, délicieux à des Parnassiens. Il estime que les vrai-
ta. fois et substantiel. Voici un nouveau ment grands poèmes sont ceux qui pré-
recuei) d'Études Z.t«etY(:<'M, le second sentent une vaste et solide composi-
d une série que l'auteur publie paral- tion, ceux qui sont bâtis comme un
ictement à ses T~èmM. !t se compose palais ou comme un temple.
d'uti certain nombre d'articles, d'études, La prédilection de M. Palamas pour
de monographies, dont la plupart ont la poésie philosophique « issue d'un
déjà paru dans diverses publications, cœur qui pense », pour "l'Idée faite
au hasard de l'actualité. Beauté x et pour le symbole qui la. ma-
L'ensemble forme comme un corps gnifie, lui inspire peu d'attrait pour le
de doctrine où Il. Palamas expose ses lyrisme purement subjectif; et peut-
idées personnelles, toujours judicieuses, être, dans ses appréciations, réduit-il
souvent profondes, qu'on peut grouper un peu trop la part due aux poètes qui
sous trois chefs principaux la Poésie, n'ont chanté que leur propre émotion.
<< dt'Mma/t~Ke, 7.an~:<e M<:ot:H~. Les quelques grands cris de passion, de
joie et de douleur personnelles qui, de-
t
puis Sapho jusqu'à Musset, en passant
Ceux qui connaissent t'œuvre poé- par Tibulle, prolongent leur écho dans
tique de M. Palamas ne seront pas sur- lecceur des siècles, sont-ils donc d'une
pris de la préférence qu'i) témoigne au poésie inférieure aux exposés objectifs
lyrisme philosophique et, si l'on peut d'un Lucrèce? Et, pour ne parler que do
dire, objectif. Il répète volontiers, après celui-ci, ne se montre-t-il pas plus ad-
Shelley, que si tout grand philosophe mirable poète dans les endroits où son
est poète, tout grand poète à son tour vers nous rèvèle l'intimité de son ;)u)e
7<) COMPTES XEKDUS ftfHDOGHAPHtQUES

ardente? Cela n'infirme aucunement, tend que le poète dramatique prenne


d'ailleurs, la supériorité de la ~e,<ye!)f<<'pour guide ces deux Muses, la Logique
des siècles sur le sonnet d'Arvers. et la Vie: l'une lui dictera l'unité ré-
gulière, t'autre la diversité complexe
n et celle-ci devra prendre le pas sur
M. Palamas constate que de toutes celle-là, de telle sorte que l'oeuvre soit
les formes d'art cultivées par les poètes avant tout, et largement, humaine. Sur
de la Grèce moderne (le mot poète cette indispensable trame, il lui sera
étant pris ici dans sa plus large accep- loisible de broder sa poésie et sa phi-
tion),, la forme dramatique est là seule losophie. L'originalité de l'inspiration
qui soit demeurée en friche. Ce n'est sera de couler d'une source purement
pas une décadence, puisqu'il n'y a pas grecque, d'avoir son principe dans la.
eu d'apogée, c'est une reptation. Quel- tradition, les légendes, les mœurs na-
ques louables tentatives permettent tionales.
toutefois d'espérer que la reptation Quant à ]a forme, à l'habileté scé-
évoluera en marche et que la marche nique, aux procèdes, ils n'ont qu'une
se perfectionnera en essor. Mais pour importance secondaire et M. Patamas
parvenir a la réalisation du chef-d'œu- en fait bon marché. Sur ce point, dit-il,
vre souhaité, le futur dramaturge de- le moindre vaudevilliste peut en re-
vra consentir a composer ses pièces en montrer aEuripidc.t) se félicite même
vue de i'art, non en vue du succès. Il que la Grèce moderne n'ait aucune tra-
restera digne et renoncera à être « un dition scénique susceptible J'inuuen-
épicier en gros Il voudra que son cer le dramaturge et d'entraver sa li-
œuvre devienne l'instrument d'une vé- berte. De )a sorte, celui-ci se soumet-
rité uti)e a quelque progrès social. tra sans doute, par ~intuition de son
Sans doute )a scène n'est ni l'école, art, aux règles générâtes,permanentes,
ni la tribune, ni i'égiise, ni le journal, qui sont les conditions mêmes de la
mais elle est au besoin l'écho artistique forme dramatique, mais il se sous-
detoutceia".Etvoi)M,semb]e-t-it, traira aux exigences du truc, à la mé-
que M. Palamas penche vers la théorie canique du métier. « H méprisera le
des pièces athèsé. succès facile, le lucre mercantile, les
Ce n'est pas le lieu de discuter ici louange, et les applaudissements qui
cette conception du théâtre. Une pièce exigent le sacrifice de la conscience
:i thèse peut etrcune méchante comé- En un mot il travaillera non pas pour
die où un chef-d'œuvre, selon le génie la scène, mais pour l'art. Le pubtic
d~ son auteur. Mais si l'on veut ad- commencera peut-être par siffler les
mettre tout bonnement que )e théâtre œuvres ainsi conçues et exécutées;
est ia représentation et l'imàge de la mais peu à peu, aidé par l'opinion de
vie, oh conviendra que la peinture des I'étiteinte!tigente,it il subira leur ascen-
mœurs et le jeu des passions humaines dant et finira par s'y' laisser séduire.
constituent le fonds immuable et éter- Et la Grèce moderne pourra enfin
nel de ['oeuvre dramatique. Qu'on l'as- s'enorgueillir de posséder un théâtre
saisonne discrètement du set de l'ac- vraiment original et national.
tuatité,rieh de mieux; mais qu'on
n'ai)!e pas fausser la nature des senti- Ht
ments et la vérité des caractères en les M. Palamas estime naturettement
assujettissant de force un cadre fa- qu'une condition essentielle de toute
çonné d'avance, ni noyer l'action sous oeuvre littéraire est l'emploi exclusif de
ieftotgiacédesdissertations. la langue nationate vivante, de cette
Au reste, M. Palamas n'est point si Sf)~oTtxf)traquée avec tant d'acharne-
absolu, nï si étroit. Loin de )à.iien- ment par les pédagogues, soi-disant
COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 71

puristes. Cette vérité, bien simple et slvement. Les dialectes d'oc perdent
bien évidente, qu'on n'est vraiment tous les jours du terrain devant les
.poete~ vraiment.Écrivain, même en conquêtes définitives de la vraie langue
prose, qu'en la langue qu'on a parlée nationale. La propagande linguistique
sur tes genoux de sa mère, n'est, en- de Mistral et des Félibres est une œu-
core comprise, la-bas, que d'un petit vre de réaction; celle de Psichari et des
nombre, heureusement accru de jour popularistes est une œuvre de progrès.
en jour, grâce a Ia ferveur des prosé- )1 est de fait que la question linguis-
lytes. Dans un très bel article. sur le tique en Grèce n'est pas une'simple
.T~Q: de Psichari, M. Patainas raconte querelle de lettrés, un caprice de no-
comment il fut converti à l'Idée par vateurs, mais une question vitale, d'où
la grande voix de t'apotre. Les expres- dépendent les destinées de la nation.
sions dont il use témoignent de t'en- M. Palamas le dit fort bien L'Idée
thousiasme du catéchumène.Ce fut un linguistique, sous son aspect symbo-
)'ëvcit.Msatuaun«Messic))ct"adora lique, est une sorte de labarum, sous
!a Vérité n.H s'enchantait du.parfum les plis duquel se groupent ceux qui
rustique exhalé de ces pages il en re- veulent combattre nos erreurs de toute
cevait une sensation analogue a celle espèce et avant tout notre faux et
qu'onéprouve,au sortir det'étoufl'ante aveugle romantisme, qui ne voit rien
atmosphère des vittes, sur une colline de la réalité. Et à propos d'un livre
rafraichie parle matin n. La poésie du récent deM.PhotisPhotiadis.il note
fivre parlait surtout au cœur de ce les étapes franchies depuis uu siècle
poète. Mais en même temps la lumière par l'idée populariste. Si la conclusion
des arguments éclairait son esprit. Et qui s'en dégage n'est pas triomphante,
dès lors il renonce à la xxP.:psuou<jx elle n'a rien non plus de désolant.
pour se ranger résolument, à côté (lu D'importants progrès ont etc.'accom-
maitre, sous ['étendard populariste. plis la Vérité est en marche'Mais
Que M. Palamas me permette ici elle a besoin d'être soutenue et secon-
d'ouvrir une parenthèse et de réfuter dée par le concours et lé dévouement
ce que je juge une erreur. H fait .quel- de tous ses adeptes. Ils ontforme la
que part dans sou livre une louangeuse Ligne de la Langue nationale qui a
monographie du grand poète proven- pour objet de lutter contre le byzanti-
çal, Mistral, dont it cétebre, comme il nisme séculaire. Aux membres de cette
convient, l'admirable génie. Le Pro- ligue M. Palamas donne le consèil de
vençal qui écrit ces' lignes adhère de combattre avec « l'arme intellectuelle
tout cœur a t'étoge .du poète, étant à du bôn sens et l'arme morale de
même de goûter dans sa saveur native l'énergie ». Et après avoir dénonce
tout te charme de l'original. Mais il se l'illogisme de l'opinion régnante, qui
refuse a admettre une comparaison, au honore les érudits exhumant les tré-
point de vue social et patriotique, sors de la :Ianguë populaire ét insulte
cntret'œuvre linguistique de Mistrat les écrivains.vivifiant par elle de nou-
et cette de Psichari. Peut-on soutenir velles: couvres, qui glorifie'le botaniste
que là question de ta langue en .'Pro- et conspuç le jardiuier, il conclut par
vence ressemblera ta question -de ta cette exhortation forte et précise:« La
tangue en Grèce,? Uans te. Midi de ta xaS~ps'jo'JTa a hérite les livres des an-
France, a.cote des patois, tocaux.i) il ciens, la B'~j.o~xT)a hérite leur.ii.nte'.
existe une langue commune que tout Étudions leurs livres immortels mai?
te monde comprend, lit et parle a l'oc- par dessus tout, gardons-nous de tuer
casion et cette langue, c'est le fran- leur âme! »
çais, dont presque toutes tes familles L'ouvrage se dut sur une manière
provençales aisées usent même c~ctu- d'épilogue qui est un poème en prose,
72 COMITES ttE!SDUS )nBUOGnAPH)QUES

«La Plainte des Marbres x. Dans un tantinidis (remaniement du t~assow).


de ces grandioses symboles affection- /'apa<~opo)~o~ /<'e)'<HHe;M. Notice sur
nés de fauteur, tes Marbres masses auxx Euthymios Malakis, métropolite de
nancs du Pentétique déplorent la vul- la nouvelle Patras (xn*siecte),6pis-
!;aritu et la laideur de l'époque pré- tolographe fécond; K. publie son
sente, qui, après un sommcil de plus oraison funèbre prononcée par son
de vingt siècles,ne les extrait du bloc cousin Euthy me Tornikis (après 1204).
natal que pour exalter des banquiers –Étude sur deux manuscrits de ]a
cousus d'or ou édifier de mornes et bibliothèque de Nicolas Karatzas
prosaïques bâtisses, n Nous attendons (xy][)'siec)e) (~~ceMaoex concer-
vainement, gémissent-iis, l'heure de. nant surtout les Paleolognes).
redevenir des ApoUcus, des Victoires. S;)'/<'«'~o;t Lft)n&)'(M.t!nc épigramme
des Hc'ros,des Temples, des Emblèmes italienne de Cyriaque d'Ancône sur
i)eYieetdeJieautu.))–Si)es!\tar Mistra. -Notice sur ~)ic)~e) Zorianos,
bres doivent être un jour consolés, ils fonctionnaire et copiste du xm* sic-
le seront par les œuvres qu'inspirera cle. Suppjement a la liste (dres-
dans l'antique Heiias, patrie de l'Art, sée en !9()2) des bibliographes et
tegéniedesespenseursetdcsespoe- collectionneurs de mss. athéniens au
tes modernes, au premier rang des- Moyen âge et sous la Turcocratie.
quels M. KostisPatamas a brillam- S/j'/t'tOtt Pnyj~~eo)'~to~. La commu-
ment marque sa place. nauté et l'église grecques de Mnnich
Eugène CL~:)!H.\T. (depuis d828).–Catalogue descriptif
des manuscrits de l'école helllnique
d'Odessa.
t2.P~)';t<tMOS.'t")\oY'.x&j').\<<Yo;UG[~- G. So~u'todtt. lnscriptions byzantines
'jd;)~<a: Années'? (1903), 8
d'Etoiie(Mokista), une entre autres
(H)04),9(t906).224+222+2;j)p. mentionnant ~!ichetZorianos(v. su-
(plus des documents administratifs).
pra).
)n-8°. Athènes, Bureau du Syllogue.
N. CM;i<)o/)ox/o~. Saint Bessarion, ar-

Atadinercnce de tant de sociétés lit- chevêque de Larissa (H90), a propos


de trois portraits de ce saint dans
toraircs qui n'ont eu en Grèce qu une
l'église de Goura. Les deux villes
existence éphémère, ie rfo'~tM~o~, vieux
médiévales d'Uahnyros (ThessaHc) et
de 40 ans, continue à témoigner, par la ville actuelle.
ses publications annuellcs, d'une très
;UtcA. C/t;oc/too~. La « Tempe )) de
louable activité. Cette activité bénéficie
MMedoine (défito d'Arethusc, Rcn-
surtout aux provinces de la Grèce
tina Bonghax).
byzantine, medievaie et moderne, pour 77t. P/ttMe~)/MM~. Documents relatifs
l'exploration desquelles les Grecs sont a l'école de Janina.
particulièrement désignes je ne puis A~c~ Be'M. Catalogue des manuscrits
qu'en féliciter la société. On se fera du monastère des 40 saints â Thera-
une idée de là variété des sujets traités
ptM! (Laconie;, et du monastère des
par ses collaborateurs en parcourant
Saints Théodores à Aroania (éparchie
la liste suivante des travaux publiés
de Kalavryta). Notes sur le Wct-
dans les trois annuaires quej'ai sous
les yeux: /)e)'~pte.?e/ publié par Krumbacher.
P. ~t'o~t~M. Dans Strabon, XH, o35, le
Gr. Be)')m)'f/M/n's. Observations sur des manuscrit de la grande Lavra. lit
documents athéniens des xit" et M~ (déjà conjecture par Groskurd).
xm" siècles publiés par Papadopou- XU, 536 (A~ â~v.o'j ?) il faut. écar-
los Kerameus. Compte rendu cri- ter ta conjecture'ATëJjj.o[!o'j; les deux
tique du Dictionnaire grec de Kons- sources sont différentes.
COMPTES HEKDUS BtHLIO&KAPHtnuES 7.3

l'lie 7'~i~ë/M. L'égtise orthodoxe dans connait à fond les textes assyro-baby-
les i)es ioniennes sous les Vénitiens Ioniens et toute la littérature moderne,
(traduit d'un ms. italien de Meletios en particulier la littérature slave, que
Typaldos). ses origines lui rendent familière. La
D. /tna~Ho~~opo!</os. Le fort M('')a (Mes- rédaction est claire, mais verbeuse et
senie). négligente; il y a des répétitions into-
~f//t. &p!/)'t~a/t-t~ et S/<:)na<o:~M. Enig- lérables (p. ex: p. 175).
mes byzantines en vers; quelques- On me permettra d'insister sur le trai-
unes fort jolies. tement de quelques textes classiques.
G. Zolotas. Notes géographiques sur )). P. veut à toute force retrouver dans
Pachymère. Ctésias la mention d'un Cyaxare I"
Nie. Ceo)'a<'a~. L'église byzantine de contemporain de Sargon, qui aurait
Scopétos. Stèle commémorative de conduit en Médie les débris des Aryas
Saint-Reginos. du pays de Manna (haut Tigre) chassés
/.e7~j))a.6:Ho/f</M/tt~.Idiotismesde par les Assyriens. Je ne veux pas dis-
l'ile de Karpathos. cuter la réalité de ce Cyaxare I",qui se-
C/t.. 7'apaioaHnM. Cata)ogue des ma- rait le OMM/f/M/ta/t'ade l'inscription de
nuscrits de l'archevêché de Chypre. Behistoun. Mais bien certainement dans
~t.<<e~'a<)'oi'. L'emploi du sabte Diodore, 1), 32, Kux~pï~ est une simple
dans les écoles au temps de la domi- bourde de copiste pour Ar~oxr~ ce
nationturque. passage est pris dans Hérodote, et il
T.n. est invraisemblable de supposer que
Diodore l'aurait emprunté à /t'aM)'.s
Ctésias qui aurait pris la peine de cor-
13. y;M<!)< V. /'7i~S~A'. GMe/itc/i<e ~)- rt.~er le Déjocès d'Hérodote en Cyaxare!
A/e</e)' !<)!<e~e)'. t. Band. Geschi- P. 196, il est dit que d'après Nicolas
chle ~e;' jVe~ef und des ~}e!c/M de;' (p. 66) Cyrus était un berger marde,
Mt!~e;' (flandbticher der alten Ge- fils d'Atradatés, et aurait, dans sa jeu-
schichte, J.) Gotha, Perthes, 1906. nesse, vécu de brigandage or, Nicolas
tn-8°,vm-282p. dit cela du père, non du fils. Ensuite
nous lisons abweichend &ei'c/<<f<Stna-
L'histoire si obscure des origines bo (p. '!29) dass des A'y)'<M ~<e)' eH:
mcdo-persiques jusqu'à Darius, objet ~etCMM)' ~t'a(7a<M '/gtoe~e<t. Strabon
de ce volume, a été renouvelée depuis ne dit rien de pareil. Selon lui, c'est
cinquante ans par les inscriptions cu- Cyrus lui même qui aurait d'abord
néiformes. Quoique ce sujet ne rentre porté le nom d'Agradatés (faute pro-
pas directement dans notre cadre, il bable pour Atradatès).
intéresse à un si haut degré les lecteurs T. R.
~d'Hérodote et de Ctésias que je ne veux
pas manquer de leur 'signaler le
Manuel de M. P. comme la mise au 14..Mt(;t<t Moo'e ~V~Y. 77te ~<e o/'
point la plus récente et sans doute ta the jj.x'j'Etpotin //ie life of the <!mcte?:<
plus approfondie qu'il ait reçue. Le Ct'ee~, as depicted in greek litera-
mot ~<M!<e<, imposé par la collection ture and inscriptions. Chicago, the
dont cet ouvrage fait partie, s'applique University Press, 1907. ln-8°, vi-92 p.
d'ailleurs assez mal une suite de con-
troverses, de discussions critiques pro- Chez nous, Molière opposait le grec
longées dans les notes, et où l'hypo- et la cuisine. Et voici qu'on étudie les
thèse joue forcément un grand rote. cuisiniers grecs Joli sujet, que M. Ran-
Inutile de dire que l'auteur, justement kin a traité d'abord comme thèse pour
estimé pour ses précédents travaux, le grade de docteur en philosophie, à
74 COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES

Harvard et qu'il a cru digne d'être re- se trouve des collections sérieuses
pris avec plus de détails. L'ouvrage pour accueillir de pareilles choses.
qu'il nous présente est un recueil com- J.YE.-SDBYES.
plet des textes littéraires et épigra-
phiques l'auteur a naturellement étu-
dié de près les nombreux fragments de 16. S~o')t<M REINACH. CK/<M, )M)/~tM
comédie cités dana.!e'Ban~Me< d'Athe- ~r~/t~to~ Tome)). Paris, Leroux,
née. Ses fiches sont bien classées 1906. )n-8°,xvf[[-466 p. 30 gravures.
étymologie du mot ;j.~s'.po;, condition
sociale des ~poL (dans: Homère, Sur les 35 mémoires, toujours inté-
dans la comédie, en dehors de la comé- ressants, souvent originaux, qui com-
die), leurs noms (surtout par rapport posent ce volume, la moitié environ
a leur position sociale), reur origine, concernent tes études helléniques. En
leur lieu de stationnement et leurs rap- voici la nomenclature avec un bref
ports avec la police, les occasions où sommaire de leur contenu. 1
on les employait, leur nombre, leur sa- ? 6. Les Cabires e/ ~ë~tcet'/e. Les
laire, leur costume, leurs traits carac- Cabircs de Samothracc, etc., sont bien
téristiques. Mais rordredahsteque) se iesA7<&t)'t)n phéniciens, c'est-à-dire
suivent tous ces paquets de fiches n'est ]es<'grands dieux n,maisle culte pé-
pas toujours très bon. L'auteur ne tire jusgique des « grands dieux o préexis-
pas non plus' toujours de ses docu- tait dans ces ites a l'arrivée des navi-
ments tout ce qu'ils 'pourraient fournir gateurs phéniciens ce sont eux qui
à une maïëutique plus pressante. Les ont <ftdMt< le nom indigène, non t'in-
chapitres tes.ptus utiles, ceux qui sont verse ensuite les Grecs ont tiré Kxg;
-rctatifs à la position sociale des [~5' pc~ de Ka&irtm. De même Paiemon,
po~scraientpeut-etreptus précis, .s'iis dieu marin de Cprinthe, a reçu des
distinguaient mieux les diuerentes es- Phéniciens, quand ils entrèrent en rap-
pèces des manœuvres et d'artistes com- ports-avec cette ville, le surnom de
prises dans le genre. L'ouvrage est ce- Me~f:r<(roide!aviUe),d'oùp)ustard
pendant très agréable a lire, et il serait Meiicerte. Ainsi « pour établir l'ori-
a souhaiter qu'on eût un recueil. de gine sémitique de la mythologie grec-
textes analogues a cctui-)à sur chaque que, ta présence de noms sémitiques
corps de métier. L'histoire économique dans le panthéon grec ne suffit pas.
et sociale de la Grèce ancienne ne pour- ? Les </teo.t'entM e< <evol dés Dios-
'raitqu'ygagner. c;o'e~. De nombreuses plaques en terre
G. G. cuite découvertes a Tarente et quel-
ques autres monuments montrent les
Dioscures descendant. travers les
airs pour se rendre a un banquet pré-
1S. /'<~ REGNAUD, D;c~):Mt)'eë<)/- .I paré en leur honneur (théoxénie).
mo~o~<e~«~a<!):e< ~M~recdans Leurs chevaux ne sont pas ailés. Pour-
ses rapports avec le latin, d'après la quoi ? Il y a lieu de croire.qu'a l'ori-
.méthode évolutionniste. (~H/:a/M de
gine_ ce ne sont pas des Dieux cavi-
/'{/tttM;'M<e de ~0t:. If, fascicule 19).
liers, mais, en leur quaiite de fi)s de
Paris-Lyon, 1908. Lëda et de Zeus-Kyknos, des dieux
cygnes rinde,)a Germanie offrent
Depuis longtemps, la plupart des des figures analogues. À. défaut de tex-
revues .scientifiques s'abstiennent de -tes précis, la blancheur des .vêtements
"endre compte des ouvrages de.M. Paul et des chevaux des Dioscures est. char-
~cgnaud. Celui-ci n'est pas indigne gée d'appuyer cette hypothèse.
les précédents, n est regrettable qu'il N°8. Zffy)'e!M,e)'pett< co?'H!<.
COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 7S:7

Zagreus, né des amours de Zeus <)'ans- mi!ë a son dieu (Zagreusjeune).. Initié,
/<M'mëeKf~Y:.?on (selon Athenagore) avec il « rencontre )'te lait, c'est-à-dire la
Persephbne, aurait été un serpent, et nourriture qui lui convient.
même un serpent cornu (xspo~ppEso;) [Explication atambiquée et qui ne
ce q.ni permit de l'identifier ensuite au parait pas satisfaire l'auteur lui-même.
<n!<)'e<tt<sacré mange par les. Titans, L'énigme attend son OEdipe].
mythe ou rite thrace. Ce serpent cornu K°13.t.e/tëro~Sct;'o~d<7tt~eM
doit (''trc rapproche de celui qui figure utcompt'M de la 7~/iOt'~c~e, H s'agit du
sur les monuments attiques et de vers )LI,i8:i (Athènes épuisée d'hom-
l'oMttn:f<)!yKt;!K)):dePline,2~2.Lc mes arme quelques petits bâtiments
druidisme donne ainsi la main a l'or- pour garder l'arsenal) <)'eï~!<epe<«;i/
phisme travers la Thrace. ueran! o'e~t 5<amma cn)'t?:<!e. Au lieu
? 10. La 7t:oW c<'Q)'p/tM. Orphée de ct'edî Lucain aurait écrit Sct;'t
déchire, puis pleuré par les Mënadps (génitif du héros Sciros) qui, pris pour
de Thrace, rappelle Osiris, Adonis, uninGnitif,aëtechangeeno'ef<[Le
Atys, Dionysos-Zagreus, Penthée. Pri- texte de Lucain, quoique tarabiscoté,
mitivement, des analogies permettent estinte))igibieetspiritue);jp<'<ereason
de le croire, les Bassarides ne se con- sens juridique. La vraie o't~; est le
tentaient pas de déchirer Orphée, mais Phoibea navalia du vers précèdent.
le mangeaient. Rien pourtant n'atteste Est-ce une confusion avec Délos?]
l'existence du canniba)isme chez les ? ~5. Sisyphe aux e)i/o'~ et ç!<e<«'~
Grecs primitifs: c'est donc que le ~nmttM. Le mythe de Sa)monëe remonte
dieu /<Mat)t Orphée a pris, dans l'exé- à un acte rituel on essaie de provo-
gèse postérieure, la place d'un NM!imn< quer l'orage en imitant le bruit de la
sacre, dépecé et consommé tout vivant, foudre et les éclairs. Un tableau mal
selon une coutume très répandue. Dio- compris de ce rite est devenu l'image
nysos est ainsi -dévoré sous l'aspect d'un châtiment, et, suivant une con-
d'un taureau, d'un chevreau, d'un ception familière, le supp)icex »se
i'aon: c'est un meurtre rituel, une perpétue aux enfers dans les conditions
théophagie, suivie naturellement d'une même où il s'est réalisé sur terre. La
résurrection. Comme les Ménades même explication s'applique aux sup-
thraces étaient vêtues de )atc!Mn)'aet plices de Tityos(un mort,dévore par les
portaient elles-mêmes le nom de Bas- vautours), de Sisyphe (géant légendaire
'.M:)'nt (c'est-à-dire, selon Hësychius, t'e- qui aurait transporté à mi-hauteur de
K<t)'(<en thrace ou en lydien), l'auteur l'Acrocorinthe les énormes blocs du Si-
conclut qu'Orphée fut a l'origine un sypheion) et même deTantale (éponyme
dieu-renard, comme Dionysos-Bassa- de)avinedeTanta]isqui,à]asuite
reus; et spécialement unrenard agraire, d'un trembiement de terre, fut englou-
un démon de la végétation, tel qu'on tie dans un lac). Le « malentendu gra-
en rencontre dans beaucoup de tradi- phique », combiné avec )'iJee de la per-
tions. Il est, les Bacchantes en font petnité des supptices infernaux, rend
foi, le <o<em d'un clan féminin; son aussi compte du supplice bizarre de
nom (racine op'~) signilie le ténébreux, Thésée et de Pirithotis, cxp)ique tes
l'animal qui ne sort que de nuit. interprétations fantaisistes de Pausa-
K°ll.U/!e/'o<'mM<eo)'/)/)t<)'!<c.Dans nias a propos de la Nekyia de Poly-
les phylactères orphiques du tv" siècle gnote, le mythe d'Oknos, celui des Da-
trouvés dans certaines tombes d'Italie naïdes (héroïnes bienfaisantes qui ont
et de Crète, il est dit de l'initie apporté l'eau dans un-pays desséche).
«homme,je deviens dieu; chevreau, je C'est ainsi encore que l'Apocalypse de
.tombe dans lelait"(sp~o.j' PtO're éternise le supplice de Sappho
~sw~. Le chevreau, c'est l'initié assi- condamnée à se jeter indéfiniment du
76 COMPTES)tKKDUStt)!)UO(:)tAt')!)nL!ES
haut du rocher de Leucade. [Mémoire !<22.a;i<t;MMceff~/te<;<t(bas-
extrêmement ingénieux et suggestif.] relief de Chalcédoine au musée de
? 16. Le martre aoec )):€)'. Constantinople) = REG, 1901, ~2~ suiv.
Cyrus en détournant le Gyndès (Héro- N''23.oMo7tO/)~o;: nC/t~/pt'e=
dote, J, 189) obéit aux prescriptions de REG, 1889, 225-233.
l'Avesta qui ne permettent pas de lais- N" 24. La déesse ~p/taia à ~<;ie.
ser un cadavre dans l'eau courante. L'auteur adopte et justifie l'opinion de
Xerxès immerge des entraves dans Furtwaengier, qui attribue Aphaia-
i'Hettcspont et lui applique une ttaget- Britomartis le fameux temple dont les
lation rituelle, en guise d'alliance, non frontons sont a Munich. 11 hasarde la
de châtiment. Potycrate jette son an- conjecture que le fantôme féminin »
neau .a la mer pour l'épouser; Minos qui anima la flotte grecque à Salamine
et les Ioniens d'Aristide, quand ils en- (Herod., VIII, 84) aurait été, par la
gloutissent les jjL'jopo'.de fer, obéissent tradition Égiuetique, identifié à cette
auneidée analogue. déesse. [La thèse contraire de Fraen-
N" 18. OtMftiM' et .)a~<t'Aa~ (à propos ke) aurait dû être discutëej.
d'un stamnos béotien il !\tadrid). Ana- K° 23. L'Hécate de ~e/!e~<)'a/e. Cette
iysant, sans les adopter expressément, statue, citée par Pline M, 32, ne doit
des théories récentes qui voient dans pas être confondue avec )'Hecate de
le svastika et dans )eh-MMi!e une ci- Thrason(Strabon),également conser-
gogne et une poulpe stylisées et sim- vée a t'Artémision d'Ëphése. Le
plifiées, l'auteur étudie le caractère to- rayonnement du marbre » que Pline
témique de ces deux animaux dans la déclare dangereux pour les yeux pro-
Grèce primitive. viendrait d'une hyperbole mal com-
N" 19. 7MHe;!<toamcot'ae. Midas a dé- prise des ctcerottt locaux (?).
couvert une ancre (non t'ancre x) sur ? 26. 7fe)'))Mp/!t'od!<e (statuette en
l'emplacement d'Ancyre, où on ]a mon- bronze, de la collection Luppe.decnu
trait du temps de Pausanias; n'est-ce verte dans l'Oise). A propos de cette
pas la même que celle dont parle statuette, l'auteur esquisse une histoire
Ovide, ~e/ XV, 265: et M~ invenla du dieu et du type qu'il fait remonter
est Hi MiOM/t&fMattcot'~ ~MmmM? Nou- au Ive siècle.
velle preuve de l'existence d'une lé- N°2'<)!OM~o.~et<e~~<a<Me~e//e
gende phrygienne du déluge. Serap~deR/'yMt~. M. Bouché-Le-
N" 20. 7'f7e~/t0)'e. Ce petit dieu fri- clercq a signalé en 1902 un texte de
teux, vêtu du CMcxMiM, n'aurait qu'en Plutarque (De soll. antm., 36), inconnu
apparence un nom grec. Il viendrait des archeotogues, qui mentionne, a
du Nord, de Thrace peut-être, et son propos de la Corè de Sinope, le mou-
vrai nom se terminait en Tcop:<. lage d'une statue. M. R. reprend à ce
? 2t. La naissance de l'loutos. Une propos l'histoire du moulage des sta-
belle hydrie attique, découverte en 1894 tues dans l'antiquité et discute les tex-
sur l'acropole de Rhodes et paraissant tes relatifs au Sérapis de Bryaxis, a
dés lors dater des toutes dernières an- Alexandrie. [Je ne saurais admettre les
nées du ve siècle, représente la nais- conclusions de ce travail. Le mot ~;oa-
sance de Ploutos, sujet inédit Gè pré- non chez le Pseudo-Callisthène n'indique
sente l'enfant, sur une corne d'abon- pas nécessairement une statue en bois.
dance, à Déméter sa mère, devant plu- D'autre part Sinope n'est pas située « sur
sieurs autres divinités. [It est permis la rive septentrionale du Pont où Sc-
de se demander si, dans le célèbre sostris aurait conduit son armée.]
groupe de Céphisodote, ta déesse est N" 29. jt/~M c<</ta)'è(<e. Bas-relief du
vraiment Eirènè.connnet'adeux fois musée de Constantinople = REG,
affirmé Pausanias, plutôt que Dèmèter]. 1900, 10-15. Il. GRUEBLER.
COMPTES!<Ei\UUSmBDOGHAPHXJUES 77

worth,1907.fu-8",X\iH,408p.et
130 planches.
n.iUotsesc/nt~t~. 7f~)o)'<6'tt)'<f6'
/o'tp/tO;M /te&)Y<t<<M de /'E.;jM;e Longtemps, dans l'histoire de l'art
(;Vo!<t;e~e~ f<rc/ttt)M des Missions de la Rome impériale comme dans
~Cte<:<t/«M e</t'<fe)'~t)'e~,t. X[V, celle de sa littérature, a fait loi le vers
rMc. 3, pp. 229-421). Paris, Impri- fameux d'Horace Cr~ectft ca/j~a /e-
merie nationale, 190' ]n-8", 193 p., )'i<Mtt)tc<o<'eH: cepit et aWe~ con-
23.fig.hor3 texte. firmé, pour la sculpture en particulier,
par cet aveu de Virgile R~cM~ft!~ n/tf
Bien que cette élude, dans son en- x;)tratt<Kt mollius no'cetmodiCe seule-
semble, n'ait pas de rapport direct ment, à partir de Juvénal, par son cri
avec la Grèce, nous croyons devoir la d'atarme S'/t' ;); 7'tAertM <<e/<M.tt<
signaler à nos lecteurs. Elle le mérite 0/'o)t/M/
d'abord parles qualités de méthode. Depuis quelque temps cette opinion
C'est un modèle à proposer à tous ceux genera)e, qui n'était guère mieux
qui auront à faire un petit Co/'pM. Le fondée que celle'de la flenaissance qua-
commentaire dont s'accompagnent les lifiant det'oMa'!<Mtous les chefs-d'œuvre
inscriptions est si complet et si bien trouvés à Rome, a fait place à trois
encadré, que le recueil d'inscriptions courants distincts dont )econt)itadejà
est tout prêta à devenir une excellente beaucoup contribué à éclairer l'histoire
monographie et que l'histoire générale artistique de l'Empire les plus con-
y trouve déjà des pages à découper. servateurs, avec Pctersen, Schreiber,
Une autre raison recommandera cet Amelung, ne voient dans l'art romain
ouvrage a ceux qu'intéressent les Grecs que le prolongement de l'art heUénis-
à toutes les périodes de leur histoire. tique, tandis que Strxygowski, d'une
Plusieurs inscriptions permettent de part, revendique, dès l'époque flavienne,
constater les relations qui se sont éta- la prépondérance de l'Orient syrien
blies de très bonne heure entre les et qu'à l'autre extrémité Wickhoff et
Juifs d'Espagne et les pays de langue Riegl affirment que, loin d'avoir subi
grecque, relations qui ont eu un résul- passivement l'influence de la Grèce
tat durable, puisque aujourd'hui les et de l'Asie (1), le génie de Rome,
Juifs .partent une sorte d'espagnol sur par ses ressources propres, a rénové
bien des points de t'Archipet. Ainsi, l'art tant de l'Orient que de l'Occident.
M. Schwab a étudié à son tour la fa- C'est de cette dernière doctrine que
meuse épitaphe trilingue de Tortose M°"! Strong, qui f)és 1900 traduisait la
en hébreu, latin et grec (p. 7-10 tVt'ette/' G'e<!MM(Roman <!<-<)de Wick-
et pl. 1). Ailleurs (p. 157), en parlant holf, se déctare dans sa préface la néo-
d'une grande famille établie à Barce- phyte convaincue. La personnalité de
lone du commencement du xn' a la fin l'auteur rend sa conviction je dirais
du xtV siècle, les Schaltiel, il trouve presque sa foi, tant elle a mis d'ardeur
l'occasion de mentionner la présence et d'habileté à son service d'autant
d'un Juda Schaltiel à Candie' en ial8. plus digne d'attention pour tous ceux
Ce sont )a des renseignements que qui aiment l'art grec qu'aucun d'eux
l'histoire ne doit pas négliger. n'ignore que, par sa traduction des
G. G.
(t) Sur ceUc réaclion qui tend dans tous les
domaines à montrer sous l'Empire l'influence
trop négligée de Rome, M"~ S. mit gagné à con-
i8. ~tM)- .S'T~tOA~ (née E. Sel- naitrc l'excellent livre de J. Ha)m, /?OMund
)ers).7!om~cMJ'p/io'e/<'OM~iM- ~OM~nt'~WtM ~'t'ec/<~e/t-d~M/ie!t O~ot
<'«/o(.'o<M<a;)e. Londres, Duck- (f.cipxig.ttOC).
78 COMPTES itEKDUS BIBLIOGHAPHIQUES

jUgM/e~'ifer/fe de Furt\vaengler, par commence par les essayer toutes. Si


son édition des chapitres de Pline sur c'esttà un essai, il est plein de har-
l'art, ainsi que par de nombreux arti- diesse et de promesses qui, après un
cles, M"'° S. s'est allirmée comme l'un siècle environ de perfectionnement
des meilleurs connaisseurs de l'art technique, aboutiront aux triomphes de
grec. On ne s'étonnera donc pas que, i'artnavien. Les artistes augustecns
malgré )e titre du livre, qui semble ne sont ni des académiques, ni des dé-
l'exclure du domaine propre aux étu- cadents, bien moins des imitateurs ser-
des grecques, le contenu, si impor- viles. Ce sont des pionniers qui s'en-
tant pour l'histoire de )a sculpture hel- gagent u peine sur ries chemins nou-
lénique, en soit analysé ici avec quel- veaux (p. S6). Le chef d'œuvre f)a-
que détail. vien auquel mènent ces bas-reliefs de
Les trois premiers chapitres, consa l'Ara ~ncts, ce sont ceux de l'Arc de
crësà)ascu)ptut'c de l'époque d'Au- Titus dont le développement harmo-
guste, convergent pour ainsi dire au- nieux et iampieur pittoresque sont
tour de cette .Yt /'acM /f«.(/<M<aequi en mis en excellente lumière dans le cha-
est la plus haute expression. De ses pitre [v:aGr.tceàrhabiteto avec la-
morceaux encore épars au Musée des quelle les personnages ont été taillés
Thermes, au Vatican et à fa villa Me- dans le marbre a des profondeurs va-
dicis, aux UtI'izi et au Louvre, et dont riées, le spectateur a le sentiment de ne
on doit souhaiter avec l'auteur la pro- pas voir scutement passer une proces-
chaine reconstitution à Home, on doit sion bien alignée, comme sur un bas-
rapprocher: pour les scènes de sacrifice, re)iefgrec,pa)'exemp)e,ousnr)'~))Y<
l'autel de Domitius Ahcnobarbus au l'acis, mais de pénétrer ses rangs.
Louvre, la frise commémorative d'Ac- Comme le dit WickhoH, la relation
tiumàMunich, l'autel des ~tcotMn~t' entre les personnages groupés et le
<<'tde Rome; pour les encadrements de décor architectural, telle qu'elle est
guirlandes, les rubans, les enroule- observée dans Jesretiefs de Pergame,
ments d'acanthes, les bucranca, toute est ignorée ou, plus exactement, évi-
une série des autels et des sarcophages tée a dessein. Il n'y a ici qu'un cadre
réunis par Altmann. Dans les artsmi- grand ouvert au travers duquel on
ncurs de la sculpture même, sur les voit s'avancer la procession triom-
vases de Bosco-Reale, les coupes de phale (p.ltO, 113). Si ces reliefs
Hildeshcimetd')psia,sur)aGe?/HΠrestent encore loin de ceux d'un Ghi-
~i<.<y;M<Mde Yiennf* et sur le « Grand berti, ils n'en constituent pas moins
ça n)ée de France)', c'est Ic même art ce que l'art romain fera de plus
noble sans académismc, plein de vie et achevé en la matière, et c'est comme
de vigueur sans outrance que M""= S. provenant d'autres arcs d'époque t)a-
définit en termes excellents. « Une vienne, soit celui du Ct)'c!M/)fa.):ttn ;M
étude approfondie des reliefs de l'~)'f< soit celui du futur Forum de Trajan,
7'ncM tendrait à montrer qu'ils mettent que .\[~° S., à la suite de Stuart Joncs
en présence d'un art embryonnaire et de \are, étudie les huit médail-
encore et loin de sa maturité. Le tona dt; i'Arc de Constantin, deux frag-
sculpteur a hérite d.e la masse de con- ments de procession triomphale con-
naissances accumulées par l'art hellé- servés au Belvédère, les temples de
nistique; mais il n'a pas encore appris Mars Ultor et de Magna Mater sculptés
à choisir et à condenser. !1 parait écrasé sur des plaques de la Villa Medicis, t'ad.
par la nouveauté et la magnificence mirabte sacrifice d'un taureau )' des
des thèmes que lui offre le nouvel Em- Uu'izi.Acot6deccsre)iefs,)cchap.v v
pir.e, et, hésitant entre les formes di- groupe que)quesaute)s où l'eK~neut
verses dont il pourrait les revctir, il Hora)sc)iep)usintimemcntadcsre-
COMPTES itENDUS UtBLIOGHAPHIQUËS 79

présentations animales, où fleurs et l'Arc de Constantin, les têtes des mêmes


fruits sont traités avec un libre réalisme barbares au Vatican, celle du Mars B.ir-
comme le « pilier aux roses nette racco, la~Thusnelda n de la Loggia dci
"pitier aux citrons » du Latran. La Lanzi, la continuité ma~e't'teMe, que ne
riche décoration du temple de Minerve permet, pas la nature du monument, est
commencé par Domitien en face suppléée par une façon de continuité
desquels il eut été bon de placer les H:o)'<t/e, qui résulte de ce que, dans
scu)pturcs beaucoup plus sèches des chaque relief formant une scène com-
trophées de Marius », élevés par cet plète par lui-même, l'intérêt se con-
empereur, et de la corniche du temple centre autour de la personne de l'em-
de Vespasien, plus chargée aussi que pereur.
celle du temple des Dioscures élevé Cest ce style continu purement
par Auguste achevé, aux yeux de romain qui constituerait encore lc
M"" S.,d'attester la supériorité de l'art fond de la sculpture impériale à l'épo-
tta.vien. «Des recherches ultérieures ne que d'Hadrien, modifié seulement en
manqueront pas d'attribuer a cet art raison du goût manifeste par l'empe-
des monuments qu'on considère gene- reur pour les chefs-d'œuvre de la Grèce
ratementcomme sculptés au début du classique (chap. x-x;). Des reliefs his-
rcgne de Trajan; tels les deux grands toriques, connue ceux qui proviennent
reliefs de la balustrade des Rostres de l'Arco di.PortogalIo ou les 38 ;Yn-
qu'on voit encore sur le Forum on <:p?!M qui ornaient les bases des co-
sait que Cajitarelli a proposé d'y voir, lonnes du temple de Neptune, ne se dis-
non Trajan instituant les /)!<e)'t alimen- tinguent guère, en effet, de l'art de
<<t;t ou brûlant la liste des débiteurs Trajan. Mais il aurait fallu noter l'ori
du fisc, mais Domiticn faisant jeter au gine asiatique de ces personnifications
feu les <t&e~t /'a)no~t et édictant la loi etleur introduction à Rome, notamment
protectrice de l'enfance dont le félicite avec les statues offertes à Tibère par
Martial et les quatre grandes scènes les douze cités d'Asie relevées par lui
de combatde Romains contre les Daces après le tremblement de terre de .l'an
det'architraYeetdet'attiquedei'Arc 30, et je ne saurais rien voir de romain
de Constantin. Ces quatre.composi- dans les statues comme le Dionysos
tions, ainsi que le légionnaire et le de Tibère ou des têtes comme l'Anti-
barbare encastrés dans le piédestal nous Mondragone. Puis, on ne devrait
.de la ))e)pon!t;nc du Louvre et le négliger ni de parler de la .sculp-
cavalier dace passant le Danube à )a ture égyptienne d'alors ni d'avertir que
nage encastré dans le mur du jardin toutes les statues signées de l'époque
de la Villa Médicis, pourraient se rap- se rapportent à une école qui fleurit
porter aux guerres daciques de ))omi- alors il Aphrodisias en Carie~ formée
tien plutôt qu'à celles de Trajan. Si apparemment au point de contact des
ces monuments étudiés au chap. v[ res- influences de Hhodcs et de Pergame.
sortissent peut-être ainsi a fart uavien, C'est leur art dramatique qui se retrouve
celui de Trajan réside tout entier dans dans les sarcophages de la Vengeance
la Colonne de bronze à laquelle les d'Oreste ou du Massacre des Niobides
chap. vu et vmsont consacrés. Etteottre les Éros de la ciste de Lucullus Félix
ie chef-d'œuvre de la Mttn'a/tox co;!<ttt;<e descendent en droite ligne de~ceux
de grands événements historiques se d'Alexandrie les Centaures affrontés
développant sans interruption tout portant des Amours surleur dos qu'on
autour d'un fo~M)He<:de bronze. Sur nous donne comme « caractérisant la
t'Arc de Trajan âBenevcnt, autour veine romantique de l'époque augus-
.duque) le ct)ap. [x groupe .quelques téenne n, sur l'autel d'un affranchi de
sculptures comme les Daces captifs do Livie, se retrouvent au Capitole sous.la
80 COMPTES ):EKDUS BIBLIOGHAfHIQUES

signature d'Aristeas et de Papiasd'A- cherches d'optique ramenant detiberc-


phrodisias les plus pures stèles attiques mentât'isotemcntetàtabrutatito
reviventdansrAntinousd'Antoninia.nos archaïques des figures, rapprochant.
d'Aphrodisias. celui-là, où l'absence d'unité et de pers-
M~ S., dans techap.xn, consa- pective serait pareillement dueti")'in-
cre a la période Antonine, voit l'in- fluence de nouvelles lois spatiales et
Hucnce romaine triomphante avec la optiques de ces tapisseries de Flan-
Lutte des Dieux et des Géants, dont les dre qui, suivant sa jolie expression, ne
principaux fragments sont auHetvedere sont pas moins Utnocfn< o/'pe~pec/tcc.
du Vatican, et dans la Guerre des Ro- Il est impossibte de regarder ces reliefs
mains et des Parthes dont les reliefs, trop étriqués avec leurs files superpo-
découverts en 1903 à Ëphése, sont ex- sées de personnages sans vie et sans
posés au Betvëdero de Vienne. Comme cohésion, a la fois pressés les uns con-
dans la Thusnetda, que M"" S. pta.ce tre les autres et isolés dans la même
a l'époque de Trajan (1), j'y verrais attitude rigide, sans y reconnaitre, sinon
plutôt la conséquence des longs séjours la décadence, dont M'"c S. ne veut pas
d'Iladrien en Asie-mineure et comme entendre parler, du moins la profonde
un réveil det'artdePergame. Le transformation qui, par les sarcophages
rôle de plus en plus grand du pathé- chrétiens, mené tout droit à Fart ro-
tique et du mervéiUeux,ies allégo- man. Si, à Rome même, l'influence
ries froides et les personnifications trop gréco-asiatique subsiste encore parfois
abstraites, la tendance attristée et mo- au U[° siècle, copiant le Mithra taurok- c
ralisante, la place prépondérante prise tone sur la Niké égorgeant le taureau
partout par l'empereur, tous ces traits, et faisant revivre un dernier souvenir
que M"" S. a si bien mis en lumière des batailles de Pergame contre les Ama-
pour distinguer la Colonne Antonine zones et les Galates sur le sarcophage
de la Colonne Trajane et les reliefs de d'AchiUo et Penthésilée au Belvédère
l'Arc d'Hadrien de ceux de l'Arc de et sur celui des Romains chargeant
Marc-Aurete, ne sont-ils pas dùs préci- les Daces de la Collection Ludovisi,
sément à l'influence de t'Oricnt helléni- dans les provinces d'Occident, aux-
sé, influence qui, trcs médiocre encore à quelles on. eùt souhaité que A)°" S.
)tome durant tout le f'' siècle, n'a fait consacrât quelques pages, on est déjà
que s'accroitre d'Hadrien ~Septime en plein art roman tel groupe de
Sévère pour dominer de Caracalla a Mo<)-es assises est impossible à distin-
Dioclétien et triompher, sous sa forme guer d'un groupe de saintes, tel dieu-
chrétienne, avec Constantin? '1 cavalier terrassant un dragon a pu
De ['Arc de Sévère a l'Arc de Cons- prendre place dans une cathédrale
tantin, dont l'étude forme le centre comme Saint-Georges ou Saint-Miette).
des chap. xm et xiv, la décadence est Si je pouvais m'etcndre ici sur les
manifeste. En eti'ct, quoi qu'en dise questions que soulève l'ouvrage si sug-
M"* S., invoquant pour cetui-ci les gestif de M"~ S., c'est dans les reliefs
théories de Hiegtsurtessubtitesrc- de ce genre que je chercherais la vérita-
bteorigiuatitë de l'art romain, ce par
())Sitat'Thu?nc)da'tCstbicnun~<'G:i)tia" quoi son action s'est exercée et perpé-
commeon l'a concht du rapprochement avec des tuée dans les provinces occidentales de
monnaies de César, il est bien (Unicitéde la faire
descendre jusqu'à Trajan. D'aittcurs, la (ignre (pji t'Empire, alors que l'art venu de Grèce
et d'Orient le chassait de la capitale
ioiresscmbteparntites~V~~OH~dutempfcdc elle-même. L'Occident celtique n'a-t-il
Neptune peut dater aussi bien de l'édification
par Auguste que de la réédification par Hadrien. pas cherché les modèles de ses dieux
Cf. M. JaUa, Le )'n/)/);'MeM<f(H;e/;f/);n<f dc~e dans les sculptures primitives de t'Jta-
A'<'ot';Mc~t'OM~tM<)!f)mc*tM8. )ictusco-tatinc?L'aute)de!Mavi))\-ue
COMPTES
REND.US
BIBLIOGRÂPtUQUËS 81

reproduit-il pas les vieux types des Itn'ya.riendcpinsetonnantavoft'ta


Douze J')tt ConMn<M du pied du Capi- sculpture grecque s'adapter à la colonne
tole?Epona n'est-elle pas imitée de la ou à l'a.rc de triomphe qu'A le voir
Diana de Tifata et de la Cluilia de la s'emparer de la tombe carienne ou ly-
.Sfto'a Via? Des Cereres, comme celle cienne ou des temples orientaux de
du Musée Tortonia, n'ont-elle pas servi l'Egypte ai l'Inde. Ni la colonne à reliefs
demndé)eades~</)'M,et des couples ni le mausolée circulaire ne sont, d'ail-
de DMpa~gt- etdereft'aMt~eraux leurs, inconnus à l'art grec: le système
couples si nombreux en Gauie du dieu de la HCft'ra~'c/t continue, que M" S.,
auMai))etetde)adéesseàfaCorne après Wickhou', considère comme carac-
d'Abondance (t)?Au moins aurait-on téristique de l'art romain, se retrouve
souhaité que la question fùt posée et sur des vases peints d'Athènes, d'Éré-
que, de même, dans le dernier chapi- trie, d'Apulie le relief historique est
tre (xv), consacré à )'évo)ution de la connu en Lycie comme enÉtrurie; les
~omn/t /~o?'/)'a:~M)'e, on eût commencé couples couchés sur leur sarcophage
par déterminer tout ce que le réaUsme sont aussi nombreux au M usée de Sparte
qui caractérise !a statuaire romaine a qu'au Musée de Florence la matrone.
pu devoir aux statues funéraires d'É- assise est un type bien connu des stèles
trurie où une exactitude scrupuleuse à grecques; les cuirasses à reliefs ont été
reproduire les traits du défunt parait 'portées par les diadoques avant de
avoir été, comme en Égypte, un devoir t'être par les empereurs; le nombre
religieux. s'accrott tous les jours des portraits
L'absence de cette étude préliminaire d'un réalisme considère comme tout
des etéments indigènes empêche d'ap- romain qu'une étude plus attentive re-
précier cette origina!ité de l'art né a vendique pour l'époque hellénistique
i'époque d'Auguste au confluent de l'art le Jutes Cesa.r))du Louvre redevient
déjà si heUénise des derniers siècles Antiochos 111; les bronzes romains de
de la République et de l'art de l'Orient « Sénèque et de « Brntus sont recon-
grec. Si M" S., qui nous vante cette nus pour des philosophes ou des savants
origina)itë,sebornaita.a.CErmerque d'Alexandrie le Tibre du Louvre imite
"Rome, en fournissant de nouveaux le Nil du Vatican les bucranes parais-
sujets à i'art hellénistique, lui donna sent avoir été appliqués d'abord a l'or-
une vie nouvelle et de nouvelles fa- nementation du temple de Samothrace,
cuités de développement)) (p. n); et les lourdes guirlandes de fruits fes-
si elle ajoutait que Home lui otfr~t tonnent déjà les monuments de Per-
même de nouvelles formes où il put game, de Magnésie et de Pri~ne; il y a
se manifester, comme ces colonnes longtemps qu'on a démontré que des
et ces arcs de triomphe, le mausolée statues aussi fameuses que le « Rémou-
circulaire et le sarcophage où le couple leur ou t'~Arria et Paetus étaient
des défunts est couché sur le couvercle, de trois aiéctps antérieures aux conspi-
conceptions propres au génie de Route, rations auxquelles on les rattachait;
ou ne pourrait que lui donner raison. quant aux bas-reliefs qualifiés d'a~.MH-
Mais, ce serait exprimer seulement ce ~-t/~ depuis les travaux de Schreiber,
fait êvidentque l'Empire romain, comme je ne puis concevoir que tout ce que
l'avait déjà fait l'Empire d'Alexandre, Wickhoff a écrit de ceux de ta Fon-
fournit à l'art grec l'occasion d'étendre taine de Vienne ou du palais Spada
sondomaineetdcrenouvetersesforces. à Rome permette d'y voir rien qui soit
romain de facture ou d'inspiration
(t) Pour des références sur ces diverses qucs- tout au plus sont-ce des imitations à
la façon de Catulle traduisant Calli-
tion'jcntcpcrn)ctsdcrenvoyerâunart)c!edc
Pro ~<M/«, i909.. maque et, chaque fois qu'un de ces
REG, XXH,)909, n°M.
~2 CÔMPfES RENDUS BtBHOGRAPMtQUËS

monuments est l'objet d'une étude 19. J'.eopoM WJTA'GM. D<e ~K/i.?
approfondie, ne parvient-on pas à en des Œ/yen~tcAen !'(BMMc/ie)t Rec/t/.f im
placer le' prototype en pleine époque (y<ttUf')~t<;B<tn<e)'t-tc/t<e.Wien,Manz,
hellénistique (1) ? Je ne puis que rap- ln-8",40p.
peler ici ces.quelques faits, en deman-
dant s'ils autorisent à parler de la sculp-
Sous ce titre, l'auteur a réuni en une
ture impériale romaine autrement que
brochure deux teconsdéjâ publiées
comme du prolongement de l'art hellé- dans i'~t/~entetoe o'ert'ct'c/t. GeftC/t/s-
nistique sous l'Empire, à peine modifié
Zet/M)!.? (années LV, n" 5-6, et LVIII,
.par le goût national. Ce goût d'art nn 26-27).Une de ces )eçons, sur l'his-
.calme et noble qui serait propre aux
toire du droit romain, a été faite en
.Romains a-t-il même, comme le croit
<90'! l'autre, sur Mommsen, est de
M'"° S., été la cause de ]a trans-
1993. Ce qui a déterminé l'auteur à les
formation que l'art subit en ce sens réunir,cequifaitt'unitë de la brochure,
sous Auguste, et l'école néo-attique
c'est l'idée nettement indiquée dans le
n'avait-eile pas commence, dès ie début
titre, le désir d'intervenir dans les
du i"- siècle av. J.-C., cette réaction
discussions qui ont lieu,en Autriche,
naturelle contre l'emphase de l'école comme ailleurs, sur la question de l'en-
rhodiennne, emphase qui reparaitra à du droit
seignement et particulière-
l'époque des Sévères? Enfin, M"" S. ment du droit M. Léopold
romain.
n'est-elie pas obligée de reconnaître
Wenger est un romaniste convaincu.
que, «.si les conceptions artistiques
.sont franchement augustëennes.'(p. 9t),
.on ne rencontre guère a Rome que des dansuneprochamc<diUon:P.t5,Ent.stcAung.
artistes grecs jusqu'à P.3tet3')ir(::Bi'uckmann.P.4),de~P.43,
Néron et cela
Ti6uUu!P.70,Archite)ittt)'.P.t09,)agraphic!
« depuis le temps de Pompée,
puisque Ga~e7'tt;n'estguÈre)nibit.uenepourtcroi Van-
le Coponius qui travailla pour lui ne
date, si même elle est plus près de l'étymologie.
.doit sans doute ce nom qu'à son patron Pou['quOtdireaussiCaracaUus?P.109. Vigou-
romain, comme ses contemporains roux. P. ttî, dans la traduction de YVickhoff, il
C.' Avianius Evander, M. Cossutius Ker- y a des fautes évidentes à co'rigGr aux 1. i, t et
.donouM.CossutiusMene)aos?Aurions- 6.P.t49,AponodorMs.t'6ï,M.Ti))emontest
.nous même affaire a des artistes b.Mrrc.P[.XCtX,ti<!hedcre.P.t7f.,M"'S.ne
ro-
mains travaillant à Rome pour les Ro- parait pas savoir que la réliabilitation dc Domi-
ticn a déjà été raite par Gse)) ()894), et sa con-
.mains, à des oeuvres de forme spécifl- à
damnatio~viotcntcd'Etagabate(p.308)seratt.à
.quement romaine, qu'il ne faudrait ja- reviserparleU\redcDuv'[quet(t903).P.i05,
mais oublier que l'un des chefs-d'œuvre jc)tfivoispas,danstcsUvrc';co))sacresauFo-
de la ciselure grecque, la fameuse ciste rumpaL'HutsetietparThedenat)CGquiau<.orise
.de Palestrina, est signée :A~MM/ à parler d'un déplacement de l'Arc de Tilus sous
<'<<M we~ /!onia: fecicl; Di/if/M ~<?co/y!M Hadrien. P. U7,la comparaison de \Vickhotf

.fileai dedit. Maigre fa vigueur entraî- CHU'cl'arLdeceLarect.cctuideVelasqucxnc


nante et les déductions n~'riLa)Lguëred'6trcrCj)rise.P.334,Ue5tbten
spécieuses du hardi de dire que Riegl a proHuë que tes théories
.beau livre de M" S., je persiste à
optiques formulées par lui dominaient l'art, ro-
croire que cette ciste de Plautius con- main depuis le n" siècle. P. 99, il est égale-
tient toute l'histoire de la sculpture ment téméraire d'aftirmer que Furtwacngtcr a
.romaine, admirable et suprême épa- pj'ouue que le monument d'Adam-Klissi avait été
.nouissement que l'Empire romain a e)evceu99ar.J.-C.Voir7!ec!;eee~~Mf,t909.
Pour la question des fresques de l'Esquilin, voir
donné à l'art hellénistique (2).
V~cu. <trcA., 1907, tt. Je compte montrer dans
A.J.HEfjf~cu.
la même Yvette pourquoi la Hicoric de Stuart
()) Voir, en dernier lieu, MargareLc Bieber, Joues sur tesmcdaiUons de l'arc de Constantin,
/)fr7)<'Mf!Mei'S<:Af[M~;e<e)')'e~'e/'(t907). queM°" S. s'est empressée d'adopter, ne me
(:*)Voici quelques menues erreurs à corriger parait nullement démontrée.
COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIQUES 83

n trouve dans la nature des faits, unilatérale d'une société dont on ne


comme dans la vie et les oeuvres de connaitra jamais la période primitive
Mommsen, des raisons évidemment que par la méthode comparée et dont
très fortes de faire valoir l'importance les progrès sont dus pour la plus
historique et ta vertu éducative de la grande. part à. la philosophie et au
((raison écrite ». Reste tout de même droit grecs.
à savoir si l'historien du droit peut G. G.
s'enfermer étroitement dans l'étude
OUVRAGES DÉPOSÉS AU BUREAU DE L\ REVUE

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M't ïou 'ATTpou; xt'cj[ ïo'j~ jj.sM'Jt a!Mvat xai ri Tt~p' Œurou xj?ïpot. T6 TOTTM-
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ERRATUM

Danalederniern''deta~M~<'(n''1C):p..n3,L39,au)ieudcKAWEnAN,
)h'eKAWERAL';p P 485, 1. 21-28, au lieu de Décout, lire de CoM

Bon à tirer donné le 1C février 1909.

J'.e)'e~;c<eMreHc/te/G~sr.KG).OTX.

Le Puy-en-Velay. împ. l'eyriller, Rouchon et Canton.


TABLE .DES MATIÈRES

~7??YE' LITTÉRAIRE
~ges.
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S. SAKELLAROPOûLos.Demétrins Bikélas. 42
Dëmét~os BisËLAS'. Extraits de lettres. 48

CHRONIQUE

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BIBLIOGRAPHIE

Comptes ren~M~ &t6~o~?'aN/tt<jfM< 55


OKM'a~e~a!fBOA'~au bureau de la /~uM6. 84

Le Comité se réunit le premier jeudi non fërie de chaque mois,


excepté en août, septembre et octobre. Tous les membres de
l'Association peuvent assister aux séances avec voix consultative.
La Bibliothèque de l'Association (Sorbonne, salle des conférences de
grec), est ouverte le mardi de 4 h. à 5 h. 1/2, et le samedi de 2 h.
a4h.

La Revue des /~M~M grecques est publiée quatre ou cinq fois par
an (comité de rédaction MM. DtEUL, Paul GIRARD,POTTIER,
Th. REmACH;rédacteur en chef M. Gustave GMTz).
Prix d'abonnement Paris. 10 a
Départements et étranger li »
Un numéro séparé. 250
La Revue est envoyée gratuitement aux membres de l'Association
pour l'encouragement des études grecques.

LePuy-en-Yclay.–Imp.PeyriHer,RouchonetGamon.

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