You are on page 1of 25

LES FLEURS DU MAL DE BAUDELAIRE

Alchimie poétique : La boue et l’or

« Ô vous! soyez témoins que j’ai fait mon devoir


Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte.
Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. »
D’après un projet d’épilogue pour la deuxième édition des Fleurs du Mal

INTRODUCTION : BAUDELAIRE ET LA MODERNITÉ POÉTIQUE

LE TERME DE MODERNITÉ
Ce terme pose problème. En effet, chaque poète veut apporter une originalité à son époque.
Baudelaire n’échappe pas à cette volonté. Valéry dit de Baudelaire qu’il veut « être un grand
poète, mais n’être ni Lamartine, ni Hugo, ni Musset. »Nous allons voir comment Baudelaire va
inscrire une poésie qui se veut différente et comment celle-ci va ouvrir un nouveau pan de
modernité poétique.

L’ART POUR L’ART : une poésie qui semble s’inscrire dans cette institution et donc ap-
partenir au mouvement des parnassiens
Baudelaire revendique sa dédicace sa filiation au mouvement parnassien (qui a pour slogan
“l’art pour l’art”) dès le début de son œuvre en la dédicaçant :
«  Au poète impeccable
Au parfait magicien ès lettres françaises
À mon très-cher et très-vénéré
Maître et ami
Théophile Gautier  »
> Baudelaire évoque Théophile Gauthier, qui appartient au mouvement des Parnassiens.

-Refus du Romantisme
Ce mouvement est à la recherche d’une beauté allant à l’encontre des épanchements lyriques
des romantiques. Ainsi, une valorisation des formes doit être travaillé ; pour Théophile Gautier,
le travail de poète est un « travail d’orfèvre ». Par ailleurs, son œuvre Émaux et camées rappelle
bien ce travail minutieux, l’auteur travaillant ses poèmes comme les bijoux antiques que sont
les émaux et les camées.

LITTÉRATURE ROMANTIQUE BAUDELAIRE


Sentimentalisme romantique, lié à un moi hypertro-Une poésie plus intellectuelle, avec une forme de dé-
phié. «Les plus désespérés sont les chants les plus personnalisation (notamment dans Spleen II), qui va
beaux et j’en sais d’immortels qui sont de purs san-à l’encontre du moi éploré des romantiques. Le moi
glots  » (Le Pélican - Alfred de Musset) impersonnel est quasiment menacé par le gouffre, le

Un retour vers les valeurs chrétiennes en réaction à Un aspect blasphématoire (”Le mauvais moine”,
néant.

“Les litanies de Satan”, “Le reniement de Saint-


la période révolutionnaire (notamment chez Cha-

pierre”).
teaubriand, Balzac et Hugo)

Un engagement social et politique (par exemple La volonté esthétique prime avant tout, jusqu’à
Mélancholia de Hugo dénonce la pauvreté généréepresque une esthétique amorale. Dans sa préface il
écrit : “je laisse cette fonction à ceux qui ont intérêt à
par la société). Les gens pensent que la littérature
confondre les bonnes actions avec le beau langage […]
peut aider à améliorer la société en dénonçant ses
aucun respect humain, aucune fausse pudeur, aucune
travers.
coalition, aucun suffrage universel ne me contraindront
à parler le patois incomparable de ce siècle, ni à
confondre l’encre avec la vertu.”.
Un idéal de la nature par la contemplation d’un pay-Une forte présence de la ville comme sujet poétique
sage naturel (par exemple “Le Lac” de Lamartine). (”Les tableaux parisiens”). Les paysages qui appa-
raissent ne sont jamais réels, ils ne sont qu’oniriques
ou poétiques (”Vie antérieure”).

Un rejet des valeurs bourgeoises

D’après Théophile Gautier, dans la préface de Mademoiselle de Maupin


«  Il n’y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien, tout ce qui est utile est laid »

On note une opposition dans ce mouvement à la “valeur travail”. Dans la poésie baudelai-
rienne il y a un refus de la société moderne utilitaire qui irait toujours vers le progrès.

BAUDELAIRE S’ÉCARTE DE THÉOPHILE GAUTIER


En dépit de l’hommage fait à Théophile Gautier, Baudelaire s’éloigne malgré tout de ce mou-
vement de la Parnasse car il ne veut plus d’une poésie impeccable, comme le suggérait Théo -
phile Gautier avec l’expression de « travail d’orfèvre ». En effet, Baudelaire juge cette position
trop formaliste. Ainsi donc, il pose une nouvelle esthétique, basée sur des fleurs maladives.

- RÉCEPTION DE L’ŒUVRE [1857] -


Sa poésie prend donc un ton beaucoup plus provoquant ; ceci qui est une rupture dans ce
scandale que devient la poésie de Baudelaire (opposée à la société bourgeoise et chrétienne).
Ce scandale est marquée dès sa sortie, le livre étant qualifié par un article du Figaro : « d’hôpi-
tal à toutes les démences de l’esprit et à toutes les putridités du cœur (…) l’odieux y coudoie
l’ignoble, le repoussant s’y allie à l’infect. »

S’ensuit notamment un procès en moralité contre le poète, mené par le procureur Pinard, qui
demande la condamnation du recueil pour offense à la morale politique, à la morale religieuse
et aux bonnes mœurs. Baudelaire sera seulement condamné à une amende et à la suppres-
sion de six poèmes (les pièces condamnés). Baudelaire étant l’auteur de deux recueils princi-
paux : les Fleurs du Mal et les petits poèmes en prose (ou le Spleen de Paris).

Un autre choc pour son lectorat peut se comprendre par son poème “le Chien et le Flacon”, où
il critique un public “exaspéré par les parfums délicats et y préférant des ordures bien choi -
sies”.
Le premier, il a rompu avec le public - les poètes s’adressaient au public (…) lui le premier s’est
dit : “la poésie sera chose d’initiés. Je suis damné par le public” >Jules Laforgue, un admirateur de
Baudelaire

POÈME « AU LECTEUR »
→ poème liminaire (qui ouvre le recueil) , toujours placé en tête quelques soient les éditions.
→ présente les thèmes majeurs (récurrents) de l’œuvre et définit l’esthétique moderne, qui as -
socie la beauté et le mal
→ Il y a 10 quatrains de vers en alexandrins à rimes embrassées. Alternance entre rimes fémi-
nines et rimes masculines. (règle de la poésie classique).
→ à noter que pour avoir les 12 syllabes, les règles sur la prononciation des “e” doivent être
respectés : il est prononcé avant une consonne, mais ne l’est pas en fin de vers ou suivi d’une
voyelle.

Le poème défini le lectorat de Baudelaire, mais ce lectorat n’est pas valorisé (il est
“hypocrite”), et c’est un lectorat en proie à l’ennui (un ennui existentiel qui dit l’horreur de la
vie). Cependant, Baudelaire affiche une proximité avec le lectorat (”nous”), lectorat malmené
car défini par une suite de défauts (des mauvaises qualités décriés dans le christianisme,
comme par exemple la lésine - l’avarice, qui vont donner suite à des souffrances, comme le
travail - Le mot travail vient du latin tripalium, qui était un instrument de torture composé de
trois pieux). Mais ces remords (péchés) sont aimables, ce qui nous indique le travail d’anti -
thèses fondamental de cette esthétique, avec un mal qui devient délicieux (les fleurs du mal)
⇒ Il y a une forme de plaisir dans le mal. « Et nous rentrons gaiement [le plaisir = le mal] dans le
chemin bourbeux [/ “boue” du parcours] ». Ce jeu structure le texte, et traduit une idée du mal vo-
luptueux, tentateur.
De même, Satan Trismégiste est un oreiller du mal, comme l’indique aussi la douceur du verbe
bercer, l’esprit devenant enchanté . On retrouve toujours cette bipolarité (mal-plaisir) avec les
objets répugnants qui sont des appas, et les “plaisants desseins” qu’auraient le viol ou les in-
cendies.
Il est également l’initiateur de l’alchimie (science magique qui a pour but de transformer le
plomb en or). Ici, la boue (= mal/vice/toute forme de laideur) qui devient de l’or (grâce au
poème).

Cette esthétique qui se veut violente va introduire des termes à priori rejetés de la poésie (qui
est censée être un genre plus “élevé”, l’œuvre textuelle la plus vertueuse et noble), comme ca-
tin, viole, helminthes (des vers intestinaux), le houka (narguilé), vermines (=lecteurs), le verbe puer,
ou les références à Satan (le côté blasphématoire). De même le terme de cerveau , qui s’oppose à
l’âme et au spirituel, avec une description plus prosaïque (la poésie décrit généralement sur-
tout le cœur et parfois la main).

Les images (qui sont caractéristiques de la poésie - un genre plein de métaphores et de com-
paraisons) sont ici renouvelés par leur crudité et leur violence, car elles se veulent délibéré -
ment choquantes. C’est une descente aux enfers, la poésie doit aller vers ses laideurs sans niai-
series ; ce qui est jugé horrible et laid peut devenir bon et poétique.

« Pour la première fois de ma vie, je suis presque content. Le livre est presque bien, et il restera, ce
livre, comme témoignage de mon dégoût et de ma haine de toutes choses. » (lettre 260) > Baude-
laire à sa mère

Auteurs du XIXeme en poésie


Poésie romantique : Musset, Hugo et Lamartine
Parnassiens : Gautier, Banville et Leconte de Lisle
Poésie moderne : Baudelaire, Rimbaud et Verlaine (tributaires également du symbolisme, qui
inspirera plus tard le décadentisme de Mallarmé).

L’ ARCHITECTURE DU RECUEIL
Le recueil a une structure réfléchie en poésie.

Il a en poésie une sorte d’architecture avec des enchaînements et une logique. Celui des
Contemplations de Victor Hugo peut par exemple se lire comme une sorte de journal (avec
comme date clé la mort de Léopoldine) - Sauf que Victor Hugo a truqué les dates pour donner
cet effet.
Baudelaire a longtemps insisté sur la structure signifiante du recueil (c’est notamment un de
ses arguments à son procès). (// Barbey d’Aurevilly). «  Le seul éloge que je sollicite pour ce livre
est qu’on reconnaisse qu’il n’est pas un album et qu’il a un commencement et une fin.   » > Baude-
laire à son avocat

La première édition des fleurs du mal de 1857 comporte ainsi cent poèmes, ce qui peut indi-
quer l’importance du poème 50 : “L’Irréparable”, qui dévoilerait le plan de Baudelaire, avec
d’abord une volonté de voir le passé paradisiaque et radieux (Spleen et Idéal), avant de se
tourner vers un passé ténébreux et irréparable. Dans les cycles de la partie Spleen et Idéal on
trouve par ailleurs les cycles des femmes (”A une passante”, “A une dame créole” etc.).

Mais la structure pourrait aussi être pour Baudelaire un simple moyen d’éviter la censure. La
non-rigidité de cette structure se voit dans l’édition de 1861 où Baudelaire déplace certains
poèmes (”la Destruction” passe des fleurs du mal à Spleen et idéal). S’ensuit d’ailleurs l’ajout
des tableaux parisiens (+ 20 poèmes).

Section SPLEEN ET IDÉAL

Le recueil s’ouvre sur la section SPLEEN ET IDÉAL, avec au départ des poèmes qui su-
> section exprimant l’idéal poétique.

bliment l’idéal et la supériorité poétique. Mais à partir du poème “Les Phares” les choses com-
mencent à se gâter, avec un cycle sur la question de comment travailler ?, qui va poser les
conditions modernes de l’écriture poétique. On sort en effet de la muse qui vient insuffler ses
idées au poète, son travail devient laborieux, avec par exemple la terreur de la page blanche
(reprise par Mallarmé) - un poète menacé d’impuissance.

Après ce cycle suit un cycle des femmes (plus érotiques), dont un est dédié à Jeanne Duval.
Puis le cycle de la présidente (dédié à Mme Sabatier), avec des aspects plus “angéliques” (le
poète veut tout de même lui infuser du venin = encre noire), et un dernier cycle adressé à Ma-
rie Daubrun (qui se détache par ses yeux "verts”).

Dans l’édition de 1857, ce qui suit la section Spleen et idéal c’est la section FLEURS DU MAL.
Cette section reprends par son titre celui du recueil et est souvent considérée comme une
mise en abîme du recueil tout entier.

Dans les six poèmes condamnés à la suite du procès intenté à Baudelaire, trois de apparte-
naient à cette section, or la section ne comportait à l’origine que douze poèmes (C’est la sec -
tion la plus marquée par la censure).

Dans ces pièces condamnées on peut noter, « Lesbos » et les « Femmes Damnées » (Delphine
et Hippolyte), qui font écho au premier titre du recueil qui devait s’appeler les Lesbiennes. On
comprend donc bien le scandale que ces pièces mettant en avant ce genre d’amour pouvait
provoquer.

Après SPLEEN ET IDÉAL, Baudelaire va mettre TABLEAUX PARISIENS (n’apparaissait pas


dans la première édition), puis la section le vin avant la section fleurs du mal. Dans la première
édition : l’ordre était le suivant : Fleurs du mal ⇒ Révolte ⇒ le Vin ⇒ La mort .

On note ici les déplacements qui vont apparaître. Dans la seconde édition 35 poèmes sont
ajoutés. Ces modifications montrent par rapport à cette idée d’une architecture rigoureuse,
que cette architecture n’est pas aussi précise que ce qu’avait dit Baudelaire pour se défendre
de la censure.

Petit retour sur la section FLEURS DU MAL


35 poèmes ajoutés dans l’édition 1868
A cause de cette volonté d’une architecture rigoureuse, on remarque que tous ces rajouts ou
suppression de poèmes pour éviter la censure ont contredit cette soi disant architecture

- Dernière section = mort -


recueil se finit par cette section et = but ultime et seule solution apporté a ce mal-être qui
semble caractérise le poète du recueil. Dans édition 1861, dernier poème ajoutée = « Le

voyage ».
Tentant a la lecture du poème de voir la morale du recueil + voir dans ce dernier poème de
voir cette idée d'une architecture secrète. La mort serait la possibilité de résoudre ce postulat
contradictoire donné dans la poésie de Baudelaire, i.e homme partagé entre Spleen et Idéal.
Mais, postulat non résolu: ni par les paradis artificiel (LE VIN), ni l'abandon au péché

(FLEURS DU MAL) ni par la rébellion (RÉVOLTE). postulat ne pourrait être résolu que par la
mort.
Dans le dernier poème, on pourrait y voir décrit toutes les étapes de la vie du poète (=mé -
moire, également les nôtres avec les différents échecs de cet quête du poète, quête qui de -
mande sans cesse du nouveau et dont la dernière espérance ce serait donc la mort, notre
seule certitude dont le poète essaye d'en faire le dernier espoir)
[à réutiliser en dissertation]
A - L'OR ET LA BOUE

I- La prédominance de la laideur et du mal dans la poésie de Bau-


delaire

Pour essayer de comprendre cette laideur : il faut voir l’association entre la laideur et le péché
qui va poser un mal comme étant un mal ontologique (= issu de notre nature même, pas issu
de notre relation au monde, l’homme en est porteur dès l’origine).

1) La laideur et péché : un mal ontologique.

Mal ontologique = homme en serait porteur dès l'origine (réf « Au lecteur »)
Renvoie aux valeurs chrétiennes. On a une poésie blasphématoire (cf tableau) mais en même
temps ce mal se définit chez Baudelaire en faisant référence aux valeurs chrétiennes. Le
thème de la chute, posé dans l’épisode de la Genèse biblique, est repris dans la conception
baudelairienne du monde. Dans la poésie de Baudelaire,il y a une opposition à l’idéologie
chrétienne mais en même temps, une ambivalence de Baudelaire transparaît puisque que ce
n'est pas la même chose de dire ‘‘Dieu est mort’’ ou ‘‘Dieu c'est Satan’’ que ‘‘Je ne crois pas en
Dieu’’. Nouveau Dieu que l’humanité connaît (Baudelaire) : Satan. Pensée qui, certes, va a l'en-
contre des idées chrétiennes mais reproduction d’une structure qui reprend ce que décrit la
religion chrétienne. Beaucoup de poèmes montrent un monde sous l'emprise du mal, irrémé-
diablement sous l'emprise de Satan, car en face, il y a un Dieu impuissant ou bien absent.

cf différents poèmes :

• «Le reniement de Saint Pierre» (dans section RÉVOLTE)


« Dieu s'endort au doux bruit de nos affreux blasphèmes » > Dieu absent, ne réagit pas
Il s'adresse à Jésus, en appuyant sur son échec de sauver l'humanité qui l'a persécuté et l'es-
poir qu'il avait de «remplir l'éternelle promesse  »
«  Saint Pierre a renié Jésus... Il a bien fait  »
Vices que nous chérissons > érotisme dans la poésie de Baudelaire qui va a l'encontre d'une
sensualité commune. Volonté d'associé de façon tout a fait scandaleuse le vice(=douleur) à
quelque chose de beau ou plaisant. Poème qui fait apparaître relation très trouble entre beau -
té et le mal

• « L'héautontimorouménos »
-Le possédé, Baudelaire chante la gloire de Satan

• « Le Possédé »
«  Sois ce que tu voudras, nuit noire, rouge aurore ;
Il n’est pas une fibre en tout mon corps tremblant
Qui ne crie : O mon cher Belzébuth, je t’adore ! »
- Belzébuth > autre nom donné au diable

• « La destruction »
«  Sans cesse à mes côtés s'agite le Démon ;
II nage autour de moi comme un air impalpable.
Je l'avale et le sens qui brûle mon poumon,
Et l'emplit d'un désir éternel et coupable.  »

• « L'imprévu »
«  Chacun de vous m’a fait un temple dans son cœur ;
Vous avez, en secret, baisé ma fesse immonde !
Reconnaissez Satan à son rire vainqueur,
Énorme et laid comme le monde !  »
- érotisme tout a fait scandaleux dans « baisé ma fesse immonde »

Beaucoup d'autres poèmes "Franciscae mae Laudes"


- S'adresse a une femme, sorte de messe noire
-Poèmes = anti-prières

2) La LAIDEUR issue de la modernité, du monde industriel

Poésie romantique privilégie espaces naturels parce que le public romantique fuit la laideur de
la ville pour se ressourcer dans sa solitude face a la nature > topos poétique
Sorte de lieu commun en poésie parce que la nature = lieu de la beauté qui ignore la laideur du
monde
laideur de la société moderne trouve une place dans la poésie de Baudelaire de façon nova -
trice
Ville = lieu ou règne la boue (=fange)
ex: Romans de Balzac = héros trop pauvre pour utiliser la voiture à cheval mais veut apparaître
de f,façon convenable dans société de classe aisée, sa plus grande crainte est d’être taché de
boue (Eugène de Rastignac). boue = caractéristique de la ville du XIXe, représente métaphori-
quement la misère social.
• LES TABLEAUX PARISIENS
= volonté de Baudelaire de représenter cet autre aspect de la modernité poétique de Baude -
laire
Représentation de la ville etc … Pas de la même manière que Victor Hugo ( à qui beaucoup de
poèmes sont dédiés)
Baudelaire est souvent associé aux Parnassiens mais veut s’en détacher (car influence roman-

« J’aime le souvenir de ces époques nues… »


tique)

- 1ere strophe : une sorte d'âge d'or où l'homme et la nature existent en harmonie
nombreuses référence à l’Antiquité (Phoebus), Sybel, la louve (cf Romulus et Remus), sorte de
Paradis de l’Antiquité, représentation de la race humaine faite de façon > dimension méliora-
tive, « l’homme élégant, robuste et fort » toujours érotisme, sensualité baudelairienne. Pureté
qui fait écho aux valeurs chrétiennes.

- 2eme strophe : décadence à cause de la nouvelle conception de l'Utilité


représentation du monde moderne > autre représentation du corps
« Le poète aujourd’hui, quand il veut concevoir
Ces natives grandeurs […]
Sent un froid ténébreux envelopper son âme
Devant ce noir tableau plein d’épouvantement »
> lien entre laideur actuelle et modernité

« Ô pauvres corps tordus, maigres, ventrus ou flasques,


Que le dieu de l'Utile, implacable et serein,
Enfants, emmaillota dans ses langes d'airain ! »
>lien marqué par la présence d’un autre Dieu, Dieu de l’Utile marque la fin de l’Antiquité,
marque valeurs de la bourgeoisie travailleuse.

langes = tissu dans lequel on emmaillote les enfants, rappelle quand ils étaient dans le ventre
de leur mère. Mais ici, langes de métal, quelque chose qui vient empêcher la croissance de
l’enfant et entraîne « ces corps perdus ».
Différentes déclinaisons pour cette laideur qui est celle de l’humanité du 19 e et qui s’éloigne de
la beauté d’autrefois.

- 3eme strophe : dans cette laideur, il y a une autre sorte de beauté


annonce le projet Baudelaire : paradoxalement, dans la laideur il y a la possibilité de l’émer-
gence d’un autre type de beauté.
« Des visages rongés par les chancres du cœur,
Et comme qui dirait des beautés de langueur »
>beautés très particulières mais écartés a la fin de la strophe pour rendre hommage aux beau-
tés d’autrefois

Le titre SPLEEN ET IDÉAL ne rend pas compte de l’ordre, de la structure. Les premiers

poèmes font plus référence à l’idéal qu’au spleen. Le début de SPLEEN ET IDÉAL célèbre la
beauté d’autrefois.

« A une passante »
Baudelaire décrit un phénomène nouveau = surpopulation de la foule. Dans un village, tout le
monde se connaît mais dans ville on peut rencontrer des gens qu’on ne verra plus jamais ;
poème rend compte de l’anonymat que permet la ville ainsi que des rencontres furtives et
brèves; beauté qui ne sera vu qu’une seule fois

« La rue assourdissante autour de moi hurlait » projet de représenter cet aspect nouveau de la
ville au 19e, et introduire cette réalité qui était écarté car considéré comme laid dans la poésie,
l’art.
Parallèle avec la peinture, (représentation de la nature)
Claude Monet > peint gare saint-Lazare sous différents angles.

(« L’Albatros »
Le poète comme l’Albatros est le prince de la nuée
beauté de l’Albatros, qui en se retrouvant en ville, perd de sa beauté)

« Le crépuscule du soir »
On retrouve le thème de la boue avec « cité de la fange »
Dureté et pénibilité du travail : « l'ouvrier courbé », « douleur sauvage »
-Représentation de ceux qui voient dans la nuit la possibilité de mettre fin à leur travail ; pas
représenté de manière heureuse => classe des gens honnêtes, humanité fatigué en proie aux
maux causé par le travail.

- Représentation des exclus de la société > nuit citadine inquiétante car il ne s’agit pas du mo-
ment du sommeil, souhaité par la population travailleuse mais de l’humanité sous l’emprise
des vices.
- Énumération des vices qui rendent l’espace citadin inquiétant:
« S’emplissent de catins, et d’escrocs, leurs complices »
mal ontologique rappelé « démons malsains »
« La Prostitution s’allume dans les rues »
> lumière ne vient pas d’un élément matériel, encore moins d’un élément de la pensée, c’est le
mal qui vient éclairer la ville
> majuscule donnée à prostitution > entité, allégorie, (rappelle dieu de l’Utile comme si, en rai-
son de l’importance de la prostitution, cette dernière devient déifié).

Baudelaire dédie une strophe aux "malades", qui meurent dans la "Nuit" personnifiée : la Nuit
devient symbole de la mort, comme développé dans la précédente strophe.

Regroupement de gens : enfants qui ne vont pas à l’école


+ les malades ou les fous qui vont à l’hôpital, représentation se conclut par
« L'hôpital se remplit de leurs soupirs. - Plus d'un
Ne viendra plus chercher la soupe parfumée,
Au coin du feu, le soir, auprès d'une âme aimée. »
> Humanité malheureuse

• « Crépuscule du matin » 
Au lieu d’une conclusion heureuse, il y a une continuation de ce crépuscule du soir, insécurité
toujours présente. Crépuscule symbolise plutôt le début de quelque chose de sombre, la lai-
deur du monde. Crépuscule du matin ne représente pas particulièrement quelque chose d'en-
viable.

« Les maisons çà et là commençaient à fumer.


Les femmes de plaisir, la paupière livide,
Bouche ouverte, dormaient de leur sommeil stupide ; »
>(Comme dans la peau de chagrin où après l’orgie apparaissent les visages remplis de laideur)

« Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,


Empoignait ses outils, vieillard laborieux »
>La fin du poème marque toutefois le retour des ouvriers

Baudelaire s’intéresse surtout à ces laissez pour compte dans LES TABLEAUX PARISIENS >

Autre vice cité: les Joueurs, en proie eux aussi à des démons (cf « Le Jeu », « La peau de Cha-
tous ceux que la société du 19e abandonne.

grin »)

« Le jeu » > image des joueurs développée


« Le vin des chiffonniers », « Les Aveugles » qui vivent des rebus de la ville.

Ce sont ces gens écartés de cette société qui deviennent héros de cette section LES TA-

BLEAUX PARISIENS. Baudelaire s’associe à cette humanité délaissée.


[voir ce qui fait référence à la ville, qui privilégie laideur]

• lien entre ville et la boue


«  Contemple-les mon âme ; ils sont vraiment affreux !  »
Les aveugles, pâles reflets du poète :
« Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété »
« Moesta et errabunda »
« noir océan de l’immonde cité »  « ici la boue est faite de nos pleurs »
La boue a une dimension métaphorique: métaphore du vice et du mal, vices favorisés par
cette création nouvelle des grandes métropoles. Nuit = vie où le vice règne

3) La laideur = la réalité. Le monde lui-même dans sa réalité qui n’est que


banalité, prosaïsme, sinon la laideur même, s’oppose par définition à la
beauté idéale.

> Lectures: « Rêve Parisien », « Paysage »

• « Rêve Parisien »

1ere partie : un long rêve


> La monotonie est un terme qui est expliqué de manière assez ambiguë dans la poésie de
Baudelaire.
Pourquoi-est ce devenu synonyme de beauté ?
Dans la monotonie, il y a une valorisation de la régularité : « l’enivrante monotonie  ».

«  ce terrible paysage m’éblouit  »


> Le paysage décrit est onirique, extraordinairement beau.
2eme partie : La réalité
Elle est plus courte que la 1ere partie, car ce rêve ne mérite pas d’exister.
La réalité est associée – à la pauvreté (« taudis »)
– aux soucis
– au temps : la dernière strophe insiste sur la pendule et ce temps meur -
trier, horrible, associé à la mort
«  La pendule aux accents funèbres
Sonnait brutalement midi,
Et le ciel versait des ténèbres
Sur le triste monde engourdi. »

Du côté du rêve, on est toujours dans la lumière (en opposition à « ténèbres »)

• « Paysage »

Il s’agit du poème qui ouvre la section TABLEAUX PARISIENS


Tout d’abord, il y a de nombreuses descriptions qui semblent très mélioratives
«  Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité, »
> On peut remarquer le terme de « tuyau », qui rappelle la ville de Paris et qui peut également
étonner étant terme rare dans cet art qu’est la poésie.

«  Les fleuves de charbon monter au firmament »


> Le paysage parisien, décrit sous son aspect industriel, s’élève néanmoins au rang de féerie,
de rêverie. Lorsque l’hiver est évoqué, le texte prend une autre tournure ; un autre paysage se
dessine.

«  Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones,


Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.  »
> Le rêve permet d’accéder à quelque chose de féerique, d’une beauté bien supérieure à ce
que le début du poème décrivait

«  De tirer un soleil de mon cœur, et de faire


De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.  »
> Le rêve permet de nier l’hiver

Il y a une idéalisation de l’enfance qui correspondrait au Paradis


«  Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin.  »
Un univers luxueux est permis par le rêve
« albâtres » > couleur blanche, translucide, très précieux

«  L’Émeute, tempêtant vainement à ma vitre »


> L’Émeute rappelle le vent, l’hiver mais il s’agit également d’un évènement politique. Baude-
laire cherche à ignorer l’aspect politique dans la poésie, dont le but est d’accéder à la beauté.

Quand le personnage rêve, le paysage observé avant paraît moins beau. Baudelaire cherche à
créer un monde idéal qui rappelle l’enfance perdue (dans une période où les révoltes et grèves
sont nombreuses).

La réalité devient synonyme de laideur pour Baudelaire et donc un mal qu’il faut fuir.

« Sur Le Tasse en prison »

«  Ce rêveur que l'horreur de son logis réveille,


Voilà bien ton emblème, Âme aux songes obscurs,
Que le Réel étouffe entre ses quatre murs ! »
La condition humaine, la vie ainsi que la réalité deviennent synonyme de laideur. Avec le
temps, ils deviendront ce mal qu’est le bout de notre vie.

« Semper eadem »

«  Vivre est un mal . C’est un secret de tous connu  »

II – La tâche du poète

• «Les phares »
Divers artistes sont cités : Rubens, Léonard de Vinci, Rembrandt, Michel-Ange, Puget, Wat-
teau, Goya, Delacroix. Baudelaire leur rend hommage en proposant un équivalent poétique de
leurs œuvres (chaque artiste = phare) et en valorisant dans les trois dernières strophes le tra-
vail de l’artiste qui devient une prière pour l’humanité.

1) La figure du poète dans le recueil


Tout d’abord, il nous faut dissocier la figure de Baudelaire et le poète (= narrateur)
En effet, divers éléments dans le recueil prêtent à confusion et nous font croire que le poète
raconte sa vie sous forme versifiée (ex : « Au lecteur »)

Cependant, certains éléments permettent une distinction claire entre le poète (je poétique) et
Baudelaire(la personne)

• « Bénédictions »

Premier poème de SPLEEN ET IDÉAL. Certains éléments sont autobiographique.


→ Naissance du poète > accomplissement de sa tâche, qui est de célébrer la beauté du
monde
> Peut rappeler la naissance de Gargantua, avec la vengeance de la mère
→ Enfance présentée au début de manière heureuse « Il joue avec le vent, cause avec le nuage

> Cependant, rapport social hostile (« L’Albatros »)


»

→ Mariage > rapport avec l’épouse qui fait écho avec la réponse de la mère (toxique)
→ Conclusion : dernière prière du poète, qui reconnaît malgré tout être l’élu de Dieu

Ce qui est vraie : Les relations conflictuelles. Cependant, le poème a un aspect trop lyrique,
trop tragique, ce qui traduit l’image d’un poète maudit. Inspiration de la vie de Baudelaire
mais différence entre journal intime et poésie qui donne une valeur plus grande.

• « L’apparition d’un ange »


Il en aurait vu un… (anecdote : il était consommateur de drogue)

• « Charogne »
Il est invraisemblable d’aimer une charogne, ou de la trouver séduisante.

(« La femme sauvage et la Petite-Maîtresse »)

2) Savoir trouver l’idéal

Désormais, cherchons à définir l’idéal prôné par Baudelaire


Dans un discours, on peut remarquer un parallèle avec l’usage de l’opium qui permettrait de «
revêtir la nature entière d'un intérêt surnaturel qui donne à chaque objet un sens plus profond, plus
volontaire, plus despotique » (d’après Baudelaire, citation d’Edgar Poe).
La Nature serait dotée d’un plus, améliorée par quelque chose. Cela donne donc un sens plus
retentissant, un abîme plus infini. La tâche de l’artiste serait donc de nous faire voir l’excrois-
sance qui rend les choses plus belles.
La perception des choses serait plus sensible et donc l’artiste nous ferait voir un aspect surna-
turel à la chose (à ne pas confondre avec surréalisme = mouvement artistique du 20 e)

Admiration de Delacroix. La peinture Delacroix revêtit l’intensité et révèle le surnaturalisme


par cet au-delà de la nature. Il y a la possibilité d’accéder à ce que l’opium permettrait.Art = ac-
céder à cette beauté qui échappe à notre perception humaine et qui révèle le surnaturalisme

• « Correspondances »

→4e poème de SPLEEN ET IDÉAL


→ Premier sonnet du recueil

Zoom sur le sonnet : genre apparu pendant la Renaissance (en France), apprécié. Ce genre
poétique apparaît d’abord en Italie. Au 17 e siècle, le genre est moins apprécié. (« Le Misan-

thrope » : le personnage éponyme juge le poème de quelqu’un « il est bon à mettre en cabinet
», « ce n’est qu’affect en pure ») Au 19e, il revient sur le devant de la scène, dans beaucoup de re-
cueil.
Le sonnet est soumis à de fortes contraintes : Il est constitué de 2 quatrains, qui ont des vers
isométriques, des rimes embrassées uniques et construits sur les mêmes rimes (ABBA ABBA)
suivis de 2 tercets. Ces 2 tercets constituent 2 rimes suivies, qui forment un distique, et : qua -
train, qui sont soient constitués de rimes croisées (=FRANCE et donc on a CCDEDE) , soient
constituées de rimes embrasées (=ITALIE et donc on a CCDEED). Il faut être très sensible au
dernier vers, qui constitue le point de chute du sonnet et donne un effet surprenant.

Dans ce sonnet, Baudelaire ne respecte pas les règles du sonnet classique (car dans les 2 der-
niers tercets, le quatrain apparaît au début): il s’agit d’un sonnet irrégulier. Il est inspiré du
mouvement du Symbolisme, où s’inscrivent Mallarmé et Rimbaud. Les symboles permettent
de mieux comprendre le rapport entre réalité et l’irréel, différent de l’écriture réaliste ou ro-
mantique.

1er quatrain : Dans la forêt, Baudelaire entend des voix, le temple a une sonorité semblable au
temps, lié aux arbres. La description n’est pas réaliste. Ainsi, la strophe fait du poète quelqu’un
qui a accès à quelque chose d’exceptionnel. Le poète serait donc un mage qui a un rôle inter -
médiaire entre le monde spirituel, qui magnifie la perception du Monde et le réel ; la nature
devient vivante, elle parle, observe (confusion).
2e quatrain : il y a une association d’éléments contraires. [Le poème est aussi appelé « les sy-
nesthésies »] Il y a une opposition entre la correspondance horizontale et verticale. Ici, elle est
verticale (réalité = sens qui ne sont pas semblables). Comparaison « Le parfum...se répète »
Il y a une confusion de quatrain → une idée d’unité apparaît, les termes se confondent et une
unité se réforme, ce que voulait Baudelaire
« Vaste comme la nuit et comme la clarté » vérité à laquelle à accès le poète. Un jeu est perce-
vable avec « unité », qui rime avec « clarté ». L’unité est retrouvée dans la nuit. La vérité n’est
pas accessible ; il y a une sonorité qui se répète : «-on» → cela vient faire entendre ce que le
poète aurait perçu. Un travail de figuration du poète est mise en avant.

Les tercets développent et illustrent avec l’exemple du parfum, introduit à la fin du 2 e quatrain,
ce que le poète ressent. Différents parfums sont cités ; d’abord des parfums « normaux », puis
des parfums riches.

Processus synesthésie → parfums frais ou doux


Comment la poésie qui privilégie les images inscrit la correspondance horizontale ?
Le terme de « parfum » est liée à un goût, une couleur (= chose infinie), aux cinq sens. Il per-
met d’accéder au monde spirituel. En effet, il était déjà indiqué dans les quatrains. La nature
est associé à

Le poète est celui qui est capable de déchiffrer les mystères du Monde. Il a recours aux sym-
boles et aux images qui lui permettent de saisir une réalité dissimulée et d’établir une corres-
pondance entre les choses (horizontales) mais aussi entre les choses visibles et invisibles. La
poésie ne sert pas à décrire le monde réel mais à exprimer les impressions perçues par les ac -
teurs, privés d’une beauté surnaturelle (liée à l’infini).

Dans « Rêve Parisien », l’horreur du réveil s’oppose à la splendeur du rêve.


- Caractéristique de la Beauté naturelle -

Qu’est-ce que la beauté idéale ?


Dans la Beauté, il y a une prosopopée de la beauté, l’éternel s’oppose à la beauté, tout comme
la matière.

a. Comment la beauté est associé à un monde surnaturel ?


Comme un rêve de pierre.
Ce qui est valorisé est l’aspect éternel. En effet, la beauté est associée à la statue car la chair
est menacée de vieillissement, de putréfaction.
• « Rêve Parisien »
→ Valorisation du métal, du marbre et de l’eau qui, de par leur enivrante monotonie, s’op -
posent à l’irrégularité se rapprochent de l’infini.
→ D’autres matières sont citées, valorisées car liés à la stabilité: « or mat ou bruni », « rideaux
de cristal », le végétal irrégulier est banni, « pierres inouïes », « gouffres de diamant »
→ Dans les rêves, le noir est lumineux, coloré
→ Agathe = nom de pierre

« Avec ses vêtements ondoyants et nacré » → association de minéraux charmants, yeux polis,
blasphème avec le terme « ange inviolé »
Dernier tercet → inutile, haine de l’utile

Le titre initial du recueil, Les Lesbiennes traduit la haine de Baudelaire vis à vis de la fécondi-

Beauté idéale de Baudelaire s’oppose à la conception de base de la poésie (= romantique).


Cela donne lieu au fruit d’une élaboration intellectuelle i.e jamais lié à une description qui se
fait à partir du réalisme. Poésie veut s’éloigner du romantisme, du réalisme. La tâche du
poète est de construire une autre réalité liée à une forme de souffrance.

b. Beauté associé à un monde naturel

• Parfum exotique
Il s’agit d’un des très rares sonnets réguliers du poème : quatrains suivies de rimes.
Les quatrains et les tercets sont presque identiques. Le même cadre est posé.
Une intimité est posé avec « l’odeur sein », qui transporte le poète vers un ailleurs exotique.
Dans le tercet, il y a une reprise de l’odeur qui ressuscite la vision du poète vers le monde exo -
tique.
Dans les quatrains : complément circonstanciel de temps dans la réalité puis proposition prin-
cipale.
Dans les tercets : proposition principale puis complément circonstanciel de temps dans
l’ailleurs ; la réalité est gommée. Il n’est plus question d’odeur mais de parfum dans l’endroit
rêvé. Le monde/réalité est discrédité par Baudelaire pour valorisé le monde spirituel, où le
terme de parfum, plus élogieux, est employé.

Le poème fait rentrer le lecteur dans le cycle amoureux de Jeanne Duval > exotisme + ro-
mance tumultueuse.
Que représente la femme dans cet univers Baudelairien ? Il ne s’agit non pas de voir un poème
qui célèbre la femme aimée mais qui permet de développer les moyens d’accéder à ce qui est
cher à Baudelaire : l’idéal.

Il faut donc être sensible aux images, aux rythmes, aux sons.

Analyse linéaire – PARFUM EXOTIQUE

c) La Beauté est liée à un autrefois à jamais perdu


La tâche du poète est de retrouver cette beauté disparue. Lié au thème du regret et à la mé-
lancolie.

« Le Balcon » : « Je sais l’art d’évoquer les minutes heureuses »


> Mélancolie et nostalgie qui ne sont pas obligatoirement des moments pleins de tristesse.

« Harmonie du soir » -> pas triste, ni désolant.


Il s’agit d’un pantoum [Poème composé de quatrains à rimes croisées, dans lesquels le 2 e et le
4e vers sont repris par le premier et le 3e vers de la strophe suivante.]

Dans la poésie de Baudelaire, la nostalgie est très récurrente.


 Quête nostalgique dans la poésie de Baudelaire
 Peut mener à un spleen plus profond ou permette d’accéder à cette beauté qui se se-
rait perdue.

nostalgie. (Cf. « La Vie Antérieure »)


Le pantoum apporte une musique assez lancinante et répétitive pour faire entendre cette

Dans tous les cas, la beauté est toujours le produit de l’imagination ou du rêve/souvenir ; au-

Cela pose une supériorité du poète (=mage des « Correspondances ») et engendre également
tant de création intellectuelle.

son exclusion avec la figure du poète maudit (« Bénédictions », « L’Albatros »). Il est égale-
ment l’architecte des féeries

« Le Vin », « Les Chats ».

3) Savoir transformer la banalité ou la laideur du réel pour en extraire la


beauté, et le poète devenant l’alchimiste qui sait transformer la boue en
or.
« Des poètes illustres s’étaient partagés depuis longtemps les provinces les plus fleuries du do-
maine poétique. Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était plus difficile,
d’extraire la beauté du Mal. » D’après un projet de préface pour l’édition de 1858 des Fleurs du
Mal

a – La boue et la fange

Le Paris du 19e siècle se caractérise par ses rues pleines de boues, évoqué notamment dans Le
Vin des Chiffonniers. Dans les romans du 19e, comme ceux de Balzac, le héros désargenté qui
aime une femme de la haute classe a peur que la boue ne crotte ses bottes, ce qui signifierait
qu’il n’a pas de voiture et est venu à la soirée mondaine à pied.

• « Le crépuscule du soir »
Cet aspect du 19e est évoqué dans de nombreux poèmes du recueil comme :

• « La cité des Fanges »


• « Abel et Caïn » (TABLEAU PARISIENS) : la race de Caïn dans la fange = la boue ,n’est

« Au cœur d’un vieux faubourg » > présence d’un labyrinthe fangeux.


pas un aspect hideux matériellement mais aussi moralement

• « Moesta et errabunda »: la ville est représentée par la métaphore de l’océan ; un re-


gard négatif de Baudelaire est porté sur la ville. Un idéal s’oppose : l’océan bleu, beau.
- « Dis-moi, ton cour vole-t-il parfois, Agathe » > une idée de voyage vers l’irréel, le rêve
est présentée
- Le paysage marin promet un ailleurs.
- Répétition du 1er vers et du dernier vers, qui traduit une plainte se faisant entendre. La
musique est également présente (« orgue », « berceuse »)
- 3e strophe : « boue faite de nos pleurs » ; la boue est associé à la tristesse du poète
[immondes cités = horreurs morales comme la douleur, les crimes] . Un paysage marin

- 4e strophe : rappelle « Parfum exotique » ; éloignement plus temporaire et spirituel


est toujours présente

que spatial.
- 5e strophe : Le paysage est plus champêtre que citadin ; l’autrefois est lié à l’enfance,
l’innocence. Idée de lointain avec le vers « plus loin que l’Inde et la Chine ».

b – La boue et l’or

« J'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or. » « Projet d’épilogue »

→ les chercheurs d’or sont entourés de résidus pour pouvoir bien peser l’or. « L’Horloge »
« Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or ! »

« Le Soleil »
On le rappelle la tache du poète est de transformer la boue en or, d’après Baudelaire.

«  Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles  »

→ La métaphore de la fleur est ainsi présente, comme dans « Une charogne »

Analyse linéaire – UNE CHAROGNE

B – ÉCHEC DU POÈTE OU TRIOMPHE DE LA POÉSIE

1)Le paroxysme de la laideur … ou l’échec du poète

« Alchimie de la douleur » : « Je change l’or en fer »

a -Le paroxysme du mal : horreur de la vie, la mort impossible .


Le mal finir par se confondre, non pas avec la réalité mais la vie elle-même, qui est une agonie
sans fin, dont l’image va se traduire par l’Homme qui ne peut pas mourir.

• « La cloche fêlée »
« cloche au gosier vigoureux »

Tercets :
« Moi, mon âme est fêlée, et lorsqu'en ses ennuis
Elle veut de ses chants peupler l'air froid des nuits,
Il arrive souvent que sa voix affaiblie

Semble le râle épais d'un blessé qu'on oublie


Au bord d'un lac de sang, sous un grand tas de morts,
Et qui meurt, sans bouger, dans d'immenses efforts. »
→ Comparaison à la cloche qui n’est pas un son vigoureux.
→ Chant poétique totalement amoindri.
→ Agonie donc on ne connaît même pas la fin. Première image de cette agonie sans fin.

• « Le rêve d’un curieux »


« J’étais mort sans surprise, et la terrible aurore
M’enveloppait. — Eh quoi ! n’est-ce donc que cela ?
La toile était levée et j’attendais encore. »
→ Dernière strophe : mort vue comme l’ultime porte de survie.
→ Avant et après, il n’y a pas de différence => pas d’échappatoire à la souffrance.
• « La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse »
=> mort devenue impossible

b - L’impuissance poétique, la disparition du « moi » deviennent des thèmes poé-


tiques
Comment ce mal de vivre va finir par se confondre avec un dégoût de soi qui met en péril l’ob-
jectif du poète ? → Le poète serait un mauvais alchimiste.
- Impuissance, stérilité poétique développée par Mallarmé

• « Alchimie de la douleur »
« Tu me rends l'égal de Midas,
Le plus triste des alchimistes ;

Par toi je change l'or en fer


Et le paradis en enfer »

« La cloche fêlée» montre une capacité à produire un beau son.


→ Il y a ainsi un lien entre le dégoût de la vie et la production poétique.

Dans « Le Mauvais moine », le poète est apostrophé


« Ô moine fainéant ! quand saurai-je donc faire
Du spectacle vivant de ma triste misère
Le travail de mes mains et l'amour de mes yeux ? »

• « L’ennemi »
Le travail de la poésie est menacée. Expression poétique se fera avec la métaphore des fleurs.
« Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ? »

Le désir de néant s’exprime par la crainte de ce même néant (cf. l’idiotie, même procédé. On
peut souhaiter être idiot mais en avoir peur.)

• « Châtiment de l’orgueil »
« Le silence et la nuit s’installèrent en lui,
Comme dans un caveau dont la clef est perdue. »
→ Cela rappelle le Spleen.
→ Les métaphores dépersonnalisent le poète.
(cf. « De Profundis Clamavi »)

• « Le gouffre »
« Et mon esprit, toujours du vertige hanté,
Jalouse du néant l'insensibilité. »

Analyse linéaire 2e SPLEEN

2) La victoire de la poésie

A cette échelle, cela devient un thème poétique nouveau. Le thème se dit dans une forme
poétique qui est maîtrisée. La poésie se perçoit ainsi du côté des sentiments, de l’affect. Or, la
poésie est tout d’abord un travail de la langue.

Le travail du poète est de construire un langage. Dans le discours, il dit que la langue doit être
plus profonde, plus pure, plus puissante, plus intense que n’importe quel personnage réel.

D’après André Gide « « L'Invitation au voyage » de Baudelaire contenait tous les éléments de l'art :
ordre et beauté, luxe, calme et volupté. » Un travail esthétique est effectué
→ Cela montre la parfaite définition de l’œuvre d’art, qui sort du traité historique. En effet, il y
a beauté, foisonnement d’images, calme, tranquillisation du Tumulte, sensibilité du langage.

Dans les Fleurs du Mal, la poésie est classique dans le choix de ses formes, comme le montre
l’utilisation du sonnet. « Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense… »

Le pantoum est également utilisé .

• « Harmonie du soir »
Il est très répétitif, ce qui illustre ces sons et parfums qui tournent. De plus, cela donne un
rythme lent
pantoum : Poème composé de quatrains à rimes croisées, dans lesquels le deuxième et le qua-
trième vers sont repris par le premier et le troisième vers de la strophe suivante.
• « Les litanies de Satan » - c’est aussi un pantoum
→ Cela montre un aspect spirituel.
→ Il y a une correspondance verticale, qui porte sur les souvenirs et le regret. Le rythme lent
traduit le passé, qui disparaît lentement.

« Moesta et errabunda »
=> le ciel est triste et beau à la fois.

Il y a 6 quintils (strophe de cinq vers) qui comportent des rimes croisées.
Les premiers et derniers vers sont identiques.

Progression du poème : immense possibilité de s’éloigner de la boue, de la laideur morale ain-


si que de la laideur de la vie. Le voyage n’est pas celui qui mène dans un autre lieu mais qui
permettrait de découvrir l’idéal de l’enfance, qui se finit mal chez Baudelaire. Sauf que sortir
de la laideur de ce monde est impossible, aucune échappatoire n’existe. Le fait que les pre-
miers et derniers vers soient identiques traduit cet effet de clôture.

3) Vers une nouvelle esthétique

a – Le sonnet revisité
« Le sonnet, monsieur, est une des œuvres les plus difficiles de la poésie. Ce petit poème a été gé-
néralement abandonné. Personne en France n’a pu rivaliser Pétrarque »
Balzac, Illusions perdues
Dans Les Fleurs du Mal, il y a 5 sonnets réguliers (8, 13, 21 ,24, 25)

b – Une langue et un style renouvelés


Dans le vocabulaire, le lexique est modernisé. Il y a l’utilisation d’anglicisme et autres origines
de langue : « spleen », « wagon », « moesta »…
Walter Benjamin parle d’un putsch Baudelairien dans le langage poétique : les mots et réalités
sont prosaïques, ce qui témoignent de cette poésie qui va tenir compte de la laideur poétique.

• « A une passante »
→ Beauté percevable une seule fois.
« La rue assourdissante autour de moi hurlait. »
→ cela témoigne d’un travail sur les figures de style

• « Le Balcon »
« La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison »

Il y a un prosaïsme important dans la poésie Baudelairienne.


«  Il a le premier   trouvé après toutes les hardiesses du romantisme ces comparaisons crues, qui
soudain dans l’harmonie d’une période mettent en passant les pieds dans le plat – (non le charme
d’une quinte) – comparaisons palpables, trop premier plan, en un mot américaines semble-t-il –
palissandre, toc déconcertant et ravigotant » -Jules Laforgue

On remarque que Baudelaire accorde une importance aux oxymores, très présentes dans ses
poèmes car il s’agit de la figure de style qui réalise le mieux l’alchimie poétique, qui consiste à
transformer la boue en or.
Les allégories et symboles, aussi récurrentes, permettent de faire un lien avec la poésie, qui se
veut plus intellectuelle. Par exemple, dans le Cygne, on peut lire « tout pour moi devient allégo-
rie ».

Dans le poème Les Quotidiennes, on peut voir une forme de réalisme dans les descriptions.
Ce réalisme est cependant à mettre en parallèle avec la pratique allégorisante qui vient trans-
former l’être en « cygne du destin »
Cela nous instaure une position de penseurs qui vient déchiffrer le réel.

B – L’esthétique du bizarre
Le poète étant celui qui est capable de tout peindre, tout ce qu’il y a de plus doux et tout ce
qu’il y a e plus horrible est celui qui peut se déclarer poète dans l’immensité du monde.

Le fait de peindre l’horreur renouvelle le poète esthétique oxymorique et donc le bizarre, car
le beau est toujours bizarre.

You might also like