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Cours: Economie monétaire et financière 1

Semestre 3

Professeur: M.MOUTMIH
Année Universitaire 2022/2023
Cours: Economie monétaire et financière 1
Semestre 3

Chapitre 1: La monnaie
Depuis les origines de l’économie politique, la monnaie a toujours représenté un objet d’étude particulièrement
complexe. Selon une expression célèbre de Stanley Jevons (1835-1882), «la monnaie représente en économie ce
qu’est la quadrature du cercle en géométrie ou le mouvement perpétuel en mécanique ».
La monnaie occupe une place prépondérante dans nos économies. Elle est, en effet, au cœur de tous les
mécanismes économiques dans la mesure où les opérations d’achat et de vente s’effectuent en monnaie; le troc
ayant pratiquement disparu de nos économies.
Avant de s’intéresser à l’ensemble des questions relatives à la monnaie, il convient de s’attarder sur le troc.
L’objectif de ce premier chapitre est de traiter les points suivants:
1. Le troc
1.1. Définition du troc
1.2.Les caractéristiques du troc
1.3.Les relations potentielles d’échange dans une économie de troc.
2.La monnaie
2.1. Définitions
2.2.Les formes de la monnaie
3.3.Les fonctions de la monnaie

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1. Le troc
Dans une économie où les besoins sont relativement indifférenciés et peu nombreux, on peut imaginer que la
société s’organise de façon à ce que chacun produise selon ses capacités ce dont l’économie tout entière a
besoin. Se met donc en place une forme de division du travail, de répartition des tâches, entre les différents
individus membres de cette société. Chaque individu va alors échanger son surplus contre des produits qu’il
désire mais qu’il ne produit pas.
1.1. Définition du troc:
Si un individu souhaite échanger le blé qu’il produit mais dont il n’a pas besoin contre du poisson, il est
nécessaire qu’il trouve un autre individu pêchant le poisson et désirant l’échanger contre du blé.
Le troc est l’échange d’un bien contre un autre bien en l’absence de la monnaie. C’est un système d’échange
complexe.

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1.2. Les caractéristiques du troc
 Les conditions de fonctionnement d’une économie de troc:
Pour réaliser une opération de troc, quatre conditions doivent être remplies :
• Une communauté réduite de personnes:
 Offre de produits restreinte
 Volonté commune de la part des individus à échanger
 Prix d’échange de produits facile à établir.
Lorsque les sociétés n’évoluent pas ou peu, chaque individu va échanger sa production respective dans le cadre
d’un rapport d’échange stable. Les individus mémoriseront les rapports d’échange.
Dans cette forme d’échange:
- chaque marchandise exprime la valeur d’échange d’une autre marchandise, et ceci dans un rapport bilatéral.
- il existe ainsi des rapports d’équivalence simple, c’est-à-dire des rapports d’équivalence entre deux
marchandises prises une à une.

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 Les coûts liés au troc:
• Dans une économie de troc où les individus cherchent à échanger directement leurs
marchandises, les coûts liés aux échanges sont très élevés. En effet, pour qu’il y ait échange, il est
nécessaire que les individus se déplacent afin de satisfaire la double coïncidence des désirs d’échange.
• Mais, au-delà de cette double coïncidence, un accord relatif aux quantités à échanger doit être
établi pour chaque échange (rapports d’échange).
• Ainsi, pour chaque échange, les individus doivent s’entendre a priori sur les valeurs d’échange
respectives de leurs biens. Autrement dit, ils doivent définir les termes de l’échange. En fin de
compte, la transaction a un coût qu’on appelle « le coût de transaction ».
Soit un individu qui vend des poulets, et qui désire acheter des canards. L’individu en question va rencontrer
plusieurs obstacles tels que :
• Les coûts de la recherche
• La double coïncidence des désirs
• La valeur relative des biens

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1.3. Les relations potentielles d’échange dans une économie de troc.
Dans une économie de troc, il y a des coûts de transactions (Les coûts de la recherche, la double
coïncidence des désirs et la valeur relative des biens).
Exemple :
Soit une économie de troc caractérisée par la présence de 5 biens (Mangue, oignon, Avocat, Ananas et Poulet)
qu’on représente au niveau du tableau suivant :

Mangue Oignon Avocat Ananas Poulet


Mangue
oignon
Avocat
Ananas
Poulet

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 Le nombre de relations potentielles d’échange ne sont pas de 25 (c-à-d- n x n = 5 x5 = 25) ; on doit exclure
les échanges d’un produit (n) contre lui-même (exemple : mangue contre mangue).
 On ne retient pas, aussi, les relations redondantes (mangue contre ananas et ananas contre manque).
 Dès lors, le nombre de relations possible est de n (n -1)/2 soit dans notre exemple 5 (5-1)/2 = 10. On aura
ainsi 10 relations potentielles d’échanges
1.4. Les coûts liés à l’échange
Deux types de coûts liés aux échanges peuvent être distingués, des coûts de transaction et des coûts d’attente.
 Les coûts de transaction:
Les coûts de transaction correspondent aux coûts engendrés directement par le déplacement de l’individu qui
souhaite réaliser un échange ainsi que les coûts liés au temps et aux efforts requis pour réaliser la double
coïncidence entre les désirs d’échange. En effet, le temps que l’individu passe à se déplacer est du temps perdu:
pendant ce temps, il ne produit rien. Il subit donc une perte dont le montant peut-être estimé par la valeur des
marchandises qui auraient pu être produites pendant le temps passé à se déplacer. Par ailleurs, le déplacement
engendre des efforts, de la fatigue, etc
Exemple : Si un individu A possède un kilogramme de viande et souhaite l’échanger contre une douzaine d’œufs, il est
nécessaire qu’il entre en contact avec un individu B possédant cette douzaine d’œufs et désirant son kilogramme de
viande en échange. Les individus A et B étant localisés à des endroits différents, l’individu A doit se déplacer pour
rencontrer l’individu B afin de concrétiser cette double coïncidence des désirs d’échange.

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 Les coûts liés à l’attente :
Les coûts liés à l’attente peuvent être de deux types : subjectifs ou objectifs.
■ Les coûts subjectifs
Avant de satisfaire son désir d’échange puis son besoin, un individu doit attendre de trouver un autre
individu possédant le bien qu’il désire et désirant le bien qu’il possède. Les deux individus doivent par
ailleurs s’accorder sur les termes de l’échange, les valeurs d’échange respectives des différents biens.
Cette attente sera d’autant plus importante que les désirs d’échange sont nombreux et différenciés. Cette
attente engendre une frustration qui correspond à la non-satisfaction immédiate du désir d’échange et du
besoin, frustration que l’on peut appréhender comme un coût subjectif puisqu’elle dépend de chaque
individu.
Exemple : L’individu A désire obtenir une douzaine d’œufs contre son kilogramme de viande. Avant de l’obtenir, il va devoir
attendre de trouver l’individu B qui possède des œufs et qui veuille bien les troquer contre de la viande. Mais qui plus est, les
individus A et B doivent s’entendre sur les termes de l’échange (une douzaine d’œufs contre un kilogramme de viande ou
contre deux kilogrammes ?).

• La frustration engendrée par l’attente peut être appréhendée comme un coût

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 Les coûts objectifs :
Tant qu’ils n’ont pas réalisé les échanges, les individus doivent stocker leurs marchandises
respectives, ce qui, là aussi, génère des coûts (entreposage, gardiennage éventuel…). Ces
coûts seront d’autant plus importants que les marchandises à stocker sont périssables :
les marchandises peuvent se détériorer avant que l’échange n’ait pu être réalisé. L’attente
génère donc aussi des coûts objectifs.

Exemple : L’individu A qui possède un kilogramme de viande va devoir le stocker jusqu’à ce qu’il rencontre l’individu B
qui accepte de l’échanger contre sa douzaine d’œufs. Si 15 jours plus tard, notre individu A n’a toujours pas réussi à
échanger son kilogramme de viande, il y a de fortes chances pour qu’il ne trouve jamais plus quelqu’un qui l’accepte dans
cet état…

• Les coûts objectifs liés à l’attente regroupent donc les frais de stockage et les pertes
engendrées par la détérioration subie par les marchandises à échanger.

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2.La monnaie
2. 1.Définition de la monnaie
De nombreux ouvrages sur l’économie monétaire ne donnent pas de définition de la monnaie ou bien se
contentent d’évoquer les fonctions et les formes de la monnaie.
« La monnaie est un bien ou un actif dont les formes varient en fonction des structures économiques et
sociales et qui est accepté, sur un certain espace, pour l’évaluation et le règlement des échanges et
pour la constitution de réserves. La création de monnaie, effectuée par des institutions,
principalement dans le cadre d’opérations de crédit, est en relation d’interdépendance avec
l’évolution de la production et des prix. La régulation monétaire, dans ses composantes interne
(politique monétaire) et externe, (politique de change), est au cœur de la politique économique ».
 La monnaie est un bien ou un actif:
La monnaie a longtemps pris la forme d’un bien, d’une marchandise, mais le développement de la monnaie
bancaire débouche sur une nouvelle forme: la monnaie est un actif, une créance liquide détenue par les
agents économiques (Une créance bancaire: actif pour les agents économiques et passif pour les
banques).

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 Formes variables:
La monnaie est un instrument sociale dépendant du contexte dans lequel elle s’inscrit.
Les formes de la monnaie des sociétés traditionnelles (coquillages, sel…) sont différentes de celles des
sociétés du capitalismes libéral (métal précieux) et des formes contemporaines (avoirs bancaires,
billets…).
Résultat: Une différence dans les modes de d’émission et dans le pouvoir de création de monnaie.
 elle est acceptée sur un certain espace:
Une crise de confiance dans la monnaie se traduit par un échange de monnaie contre
des actifs financiers, des biens ou des devises étrangères. «La fuite devant la monnaie»
induit une dépréciation de la monnaie qui peut être interne ou externe.
La monnaie repose
sur la confiance La dépréciation interne provient du remplacement de la monnaie par des biens:
que lui accordent appréhendant une nouvelle hausse des prix, les agents accélèrent leurs achats, ce qui
les agents accentue le processus d’inflation. La dépréciation interne s’explique par la perte de pouvoir
économiques d’achat de la monnaie, par la hausse des prix des biens (inflation).
La dépréciation externe est entrainée par la substitution de devises à la monnaie nationale.
Les opérateurs cèdent leurs actifs en monnaie nationale et acquièrent des actifs en monnaie
tierces. La dépréciation externe s’exprime par une dévalorisation de la monnaie par rapport
au reste du monde, par une baisse du taux de change.
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La réflexion sur les formes de la monnaie passe par une analyse historique qui permet
d’éclairer la réalité actuelle de la monnaie.
 La monnaie métallique est à la base du système.
 Ce système repose sur l’or (l’étalon –or) ou sur l’or et l’argent (bimétalliste).
 Les formes de la monnaie au début du XIX siècle se hiérarchisent autour de la
monnaie métallique.
Dans les systèmes métalliques, la valeur de la monnaie est définie par un poids de métal
précieux.
Le métal constitue l’étalon qui permet d’évaluer une monnaie et donc, au niveau
international, d’établir une relation stricte entre les valeurs de deux monnaies, définies
par rapport à un métal précieux.
Le bien qui revêt les caractéristiques d’une monnaie qui reste une marchandise

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La monnaie marchandise circule sous forme de lingots, de pièces qui «valent leur pesant
d’or».
Lorsque la valeur faciale de la pièce est équivalente à sa valeur réelle, il s’agit d’une
monnaie métallique.
L’émission de monnaie résulte de la frappe libre: transformation des barres ou des
lingots en pièces
La création de monnaie est à l’initiative des possesseurs d’or et d’argent. Le rôle des
banques reste passif dans la création de monnaie métallique

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2.2.La dématérialisation de la monnaie
 Au cours des deux derniers siècles, le système monétaire s’est profondément transformé,
entrainant une dématérialisation de la monnaie.
 Première forme de dématérialisation: la monnaie manuelle se substitue à la monnaie métallique.
Suite à l’inconvertibilité des billets en or nait la monnaie «fiduciaire».
La suspension de la convertibilité des billets en or s’accompagne d’une disparition de la circulation
des pièces d’or et d’argent au profit de la monnaie fiduciaire (les billets) et de la monnaie
divisionnaire.
 La deuxième forme de dématérialisation: la monnaie scripturale
Après la seconde guerre mondiale, la détention des comptes en banque se multiplie jusqu’à couvrir
la quasi-totalité de la population (bancarisée): c’est l’apparition et l’essor de la monnaie scripturale,
qui prend la forme d’avoirs bancaires utilisables par jeux d’écritures.
L’apparition de la monnaie scripturale constitue un déplacement du pouvoir de création de monnaie:
ce sont les banques commerciales qui, par le biais des opérations de crédit, émettent la monnaie,
dans un système régulé par la banque centrale.

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 La troisième forme de dématérialisation: l’informatisation des moyens de paiement.
Cette dématérialisation touche moins la monnaie scripturale que les moyens de paiements qui
bénéficient des progrès de la technologie de l’information au détriment des modes de paiement
transactionnels.
Les banques incitent les agents économiques à
utiliser les modes de paiement informatisés:
Le chèque connait une régression paiement à la carte, virements, et prélèvements
relative informatisés

Les trois formes de monnaie

La monnaie fiduciaire est La monnaie scripturale est


constituée des billets sont composée de tous les avoirs
La monnaie divisionnaire est émis par la banque centrale.
constituée de pièces de bancaires utilisables
La monnaie divisionnaire et directement pour régler les
monnaie émises par le la monnaie fiduciaire
trésor public et mises en dettes . La monnaie
composent ce que l’on scripturale circule entre les
circulation par la banque appelle de façon expressive la
centrale. D’un pouvoir agents par des jeux
« monnaie manuelle » d’écriture par le biais de
libératoire. limité.
différents moyens,
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2.3. Les fonctions de la monnaie:
 Une unité de compte:
La monnaie joue un rôle fondamental dans les l’échange marchand, puisqu’elle fournit un
instrument de mesure de la valeur des biens. Elle permet de mesurer et de comparer
immédiatement les prix entre eux.
 Un intermédiaire des échanges:
La monnaie permet d’acheter des biens et services et de se les procurer immédiatement.
C’est un instrument d’échange, puisqu’elle fournit une contrepartie du bien (ou du service,
de l’actif …) échangé.
 Une réserve de valeur:
La monnaie stockée permet de reporter le pouvoir d’achat dans le temps en investissant
grâce l’épargne.. Des auteurs, Keynes en particulier, ont souligné ce rôle. La monnaie
constitue au même titre que les actifs financiers un mode de détention de son patrimoine .
L’importance des encaisses est liée aux taux d’intérêt.

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