ETUDE DE LABORATOIRE SUR DIFFERENTS TUFS OU ENCROUTEMENTS CALCAIRES DU MAROC AHMAR LEGROUN Najib Chef de Service Sols et Matériaux du C.N.E.RINTRODUCTION Les encroutements calcaires ou tufs recouvrent de vastes surfaces dans les régions 4 climat peu pluvieux d'Afrique du Nord et d'une fagon plus générale dans les pays méditerranéens. Nous savons de part la documentation internationale et de part certaines expériences locales dans notre pays que bien que ce matériau ne réponde pas aux spécifications du catalogue de structures Types de Chaussées Neuves, il a un comportement dtensenble correct, qui permet son utilisation en technique routier. Ceci nous a incité dans un premier temps a étudier différents tufs a travers le pays en vue de les identifier et de connaitre leurs comportements mécaniques; puis dans un second temps, il est prévu de réaliser des expérimentations in-situ a l'aide de ces matériaux dans le but d'établir des spécifications définitives sur l'utilisation de ces encroutements calcdires en accotement et en assises de chaussées. FORMATION DES ACCUMULATIONS CALCAIRES OU ENCROUTEMENTS Différentes théories ont tenté d'expliquer ces accumulations calcaires et la théorie la plus admise au Maroc, en particulier par les géomorphologues et les géologues est celle qui admet que les carapaces calcaires, plus précisemment ce que nous définirons comme des croftes et des dalles sont le résultat d'un ruissellement superficiel en nappe d'une eau chargée en calcaire, cette eau dépose son calcaire par évasion de gaz carbonique et évaporation. Si les différents auteurs ne sont pas d'accord sur différents points, il est bon de rappeler que la plupart d'entre eux sont d'accord sur un certain nombre de faits qui sont les suivants. -L'accumulation du calcaire dans les sols, et les carapaces calcaires ne sont pas des phénomenes limités. On les retrouve dans de nombreuses régions et sur de grandes surfaces. -Il y a@ une certaine distribution climatique des carapaces calcaires qui semblent localisées dans les régions & climat néditerranéen et surtout dans l'aride et le semi aride -Les faciés des accumulations du calcaire sont variés -Leur €paisseur peut @tre assez grande et elles sont généralement situées 4 proximité de la surface du sol. -Leurs carapaces calcaires sont le plus souvent anciennes : la plupart date au moins des tyrhinien (Tensiftien au Maroc) et beaucoup se sont formées au Villafranchien (Moulouyen), -Une seule théorie, un seul processus, ne peuvent expliquer tous les cas possibles d'individualisation et d'accumulation du calcaire, Les autres théories expliquent le dépét de calcaire dans le 113sol par différentes maniéres, certains auteurs attribuent cela 4 l'énergie @éolienne, le vent ayant transporté le calcaire sous forme de poussiéres puis lessivé et accumulé en profondeur par les pluies. D'autres enfin pensent que certains encrodtements et calles caleaires sont des dépéts lacustres, D'autres pensent que c'est le résultat d'une évolution essentiellement pédologique par lessivage des horizons supérieurs, ou que l'accumulation de calcaire peut @tre liée 4 la présence d'une nappe phréatique enrichie en calcaire, il y a évaporation de cette nappe, remontée capillaire et concentration autour d'un systéme racinaire. Pour revenir & la théorie admise au Maroc, on retiendra que le carbonate de calcium Caco3, est le constituant essentiel des calcaires et que sa solubilité n'est généralement pas trés élevée et dépend de plusieurs facteurs. Dans l'eau pure au contact ce l'air, la solubilité du carbonate de calcium dépend de la teneur en anhydride carbonique dissout. Cette teneur diminue lorsque la température croft et augmehte lorsque la température décroft. Le carbonate de calcium se dissoudra pour de faibles températures et précipitera si la température s'éléve. on résume ces phénoménes par les équations suivantes : H20 + COz = H2C03, acide carbonique caco3 + 2H2CO3 = Ca(HCO3)2 + H20 + CO2 Au total on a 1'équilibre chimique suivant : caco3 + #20 + CO2 = Ca(HCO3)2. Carbonate Bicarbonate insoluble soluble Sous certains climats subhumides semi arides soit pour H en mm pluviométrie égal respectivement & : 350 {# < 600 mn sub humide 100 CHL 350 mm sub aride L'équilibre ci-dessus est déplacé vers la droite en hiver, l'eau de pluie froide est enrichie en CO) atmosphérique attaque, les calcaires et autres roches carbonatées. Les carbonates solubilisés sur les massifs montagneux sont drainés vers les nappes phréatiques des plaines. En &té, cet @quilibre est déplacé vers 1a gauche, les carbonates des nappes phréatiques précipitent dans les sols des plaines et des terrasses alluviales. UTILISATION DE CES MATERIAUX EN TECHNIQUE ROUTIERE. ces matériaux trés répandus au Maroc et en particulier a 4SCHEMA : PROFILS CALCAIRES DE SOLS - 100 Ca Coz (*) (w ) snapuojosa 1spartir ae Mohamécia, Casa Khouribga, en allant vers le sud ont largenent @té testés au Maroc dans le domaine routier et surtout en accétement et peut-@tre méme en fondation et couche de base pour les routes faiblement circulées. Pendant ce temps en Algérie, en Tunisie ce matériau a 6té trés utilisé en assise de chaussée avec succés et a méme supporté l'accroissement du trafic des années 70 & 80 et heaucoup sont semblent-il encore en service. Ce matériau qui généralement ne répond pas aux spécifications habituelles car @tant souvent tendre, a part, la dalle compacte qui a un pourcentage de Ca Co3 > 80 et a un los de 25, a un comportement dtensemble trés satisfaisant et a aussi beaucoup intéress® les techniciens de ia route pour son utilisation en technique routiére, Il faut dans un premier temps décaper 1a terre végétale soit les 20 & 30 cm premiers puis on tombe alors sur la dalle conpacte qui est en général trés cure, dans son état non altérée puis on tombe sur un matériau moins dur et moins riche en Ca Co3; ‘le mieux que l'on puisse faire c'est de passer un concasseur primaire afin d'obtenir un tuf & squelette soit une grave 4 granulométrie continue et dureté plus élevée. A Géfaut de concasseur un rouleau & grille peut donner Ge bons résultats, ces matériaux ainsi préparés peuvent supporter néme des trafics élevés. En ce qui concerne les tufts pulvérulent trés tendres, si on devait les mettre en couche ce base, il est nécessaire de les m@langer A des graves roulées. Pour des tufs obtenus & partir de sols argileux, qui sont trés plastiques un mélange avec des sables est nécessaire pour 1'améliorer. Ces encroutements se présentent de la maniére suivante: Horizon A : terre végétale contenant de la matiére organique, faible épaisseur (qques décimétres) pouvant @tre nul en cas d'érosion, couleur sombre, Horizon BCA : horizon d'accumulation et Gifférenciation du calcaire ou encrof@tement proprement dit, épaisseur trés variable (généralement plusieurs décimétres aépassant parfois 2 m) couleur blanchatre, Horizon C : & faible enrichissement & calcaire Voir ci-aprés un exemplaire de profils calcaires de sols a profil calcaire différencié. 116wo av av av av av av av vo wo 1s 1s av av av l>ao1 uo) iO0E+ BTAdT ZLS2 Ot OSL+ 9T¥d i 74s% Go5 oge + cua zusz bo 4009 + ¥2 ~¥d 9Tesa 009 + €@ jrMd Test €¥d Cfzsy 0z i+Z9¥d Bad “zuaoedt 00z i ~4d Oeat @+BudOpad iSTHayTISUT 6 ¥d gael TSIXd Id iSLT¥d Tay; V1 jaraqguopnuea Wor yeoT gt JUepL suTeoozeu sazyeoTeo sjny sanbranb ap sanbruyoaqoab stessa,p szeqTnsed 7INTERPRETATION DES RESULTATS Nous donnons ci aprés un tableau récapitulatif des resultats obtenus sur différents tufs prélevés a travers le pays. Nous attirons l'attention du lecteur que ces échantillons n'ont pu @tre prelevés par la méme personne, vu 1'éloignement des différents sites; ceci explique, peut @tre que certains @chantillons contiennent plus de fines que d'autres. Notons, enfin, que nous avons en notre possession une étude de laboratoire sur des tufs tunisiens et les résultats obtenus, sont similaires 4 ceux que nous trouvons au CNER. On constate que dans ce tableau en ce qui concerne les passants 4 80 microns on a : 39 % des valeurs inférieures ou égales 4 32% 48 % des valeurs sont comprises entre 32 et 62% et 138 : 62 ete2e Done 13% des échantillons étudiés ont un passant 4 80 microns trés élevé, sinon le reste soit 87% ont un pourcentage faiblement A moyennement élevé. Ces valeurs cadrent bien avec celles obtenues Gans une étude réalisée en Tunisie par exemple. Les indices de plasticité sont généralement assez faibles et pour 87% des valeurs ils sont supérieurs ou @gales a 14. Ceci hontre que méme si le pourcentage des fines est parfois fort, ces fines ne sont pas argileuses et sont certainement carbonatées. * En ce qui concerne un paramétre trés important pour les tufs ou encro@tements calcaires qui est le pourcentage de Ca C03 carbonate de calcium, nous avons vu qu'il dépend de la profondeur et qu'en général quand décroit cette derniére augmente. Nous savons aussi que la dureté de ce tuf dépend de sa teneur en Ca 03. Pour les échantillons étudiés, mis a part, 2 @chantillons qui ont respectivement 28 et 38% de Ca C03 les autres ont en général une teneur en Ca CO3 qui dépasse les 50% et atteint méme 95 et 98% donc assez élevée. + pour les essais Proctor modifiés la teneur en eau optimale est dans la plupart des cas entre 10 et 13 % et la densité séche optimale varie le plus souvent entre 1,8 et 2,1. Les CBR sont trés variables et selon les @chantillons ils varient de 3 et 4 pour ceux qui ont un passant & 80 microns assez fort, a ceux qui ont un CBR égal & 113, 121 et 134 qui sont peu plastiques et ont un faible pourcentage de passant @ 80 microns. Enfin la classification LPC donne comme vous pouvez le constater différentes classes Ap, SL, GA, SA. Comme vous pourrez le constater sur le graphique ci-avant, le pourcentage de carbonate de calcium (Ca C03) varie selon la profondeur et diminue nettement a 2 m. 119CONCLUSION L'étude de laboratoire menée au CNER sur les tufs, n'est quiune premiére tape. I1 faudrait dans un second temps réaliser des expérimentations in-situ d'une part, suivre le comportement des chaussées construites avec ce matériau en accOtement en couche de fondation et de base, d'autre part afin de tirer des conclusions sur son utilisation en technique routiére, déterminer les spécifications auxquelles ils doivent obéir pour permettre son utilisation en acc8tement ou en assise de chaussée; déterminer la tranche de trafic que ce matériau peut supporter. Enfin si ce matériau est plut6t préconisé pour les routes Sconomiques & faible trafic, il faudrait réaliser des études au laboratoire sur le traitement de ces matériaux en vue de leur utilisation pour des routes a plus fort trafic, le traitement en question consiste & ajouter de la chaux, ou du ciment ou un sable Propre (de dune) s'il est argileux, ou alors une grave roulé si la dureté est trop faible. 120