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CRIMINOLOGIE

Pr. Mohamed JAOUHAR

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Introduction générale: Observations préliminaires
- Le terme * crime * vient du grec *crimen* qui signifie tout acte
inadmissible/blâmable dans le cadre d’une société.
- Le crime est un phénomène universel auquel sont confrontées toutes les
sociétés. Sa connaissance s’impose, vue son caractère énigmatique et
problématique. Ainsi, c’est l’objet de la criminologie puisque,
littéralement parlant, c’est la science du crime (au sens simple) ou la
science du phénomène criminel (au sens large). Donc l’étude scientifique
du phénomène criminel constitue l’objet de la criminologie. A l’égard de
ce phénomène, il est nécessaire de formuler trois observations
préliminaires:

1) Le crime est un phénomène humain: En ce sens qu’il est propre à


l’être humain. Même l’animal le plus féroce ne saurait commettre des
actes criminels, puisqu’il est incapable de distinguer entre le bien et le
mal (pas de discernement) et par conséquent, il ne pourra faire l’objet de
responsabilité. Aussi la criminalité est congénitale à l’humanité, depuis
sa présence sur terre. Le récit du meurtre d’Abel commis par son frère
Caïn est très significatif à cet égard.
2) Le crime est un phénomène social: En ce sens qu’on ne peut pas
envisager d’action criminelle en dehors de l’existence d’un groupement
social. Peu importe la taille de ce groupement, il constitue une condition
sine qua none à l’expression du comportement criminel. A ce propos, le
comportement criminel dans sa dimension sociale est l'un des thèmes
majeurs de la sociologie. D’ailleurs, Durkheim a estimé que : « le crime
est un phénomène de sociologie normal »
3) Le crime est un phénomène culturel: En ce sens qu’il évolue avec
l’évolution des sociétés, et qu’il est déterminé en fonction de la culture
de chaque société . Le même acte peut être considéré comme criminel
pour une société, et non criminel pour une autre société. C’est dans ce
sens, qu’on parle de la théorie de la relativité du crime dans le temps et
dans l'espace. Ainsi en fonction des valeurs et des normes de chaque
société le même comportement peut constituer ou ne pas constituer une
infraction punissable. IDEM pour le temps

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Chapitre I:
Criminologie et sciences criminelles

PI: Émergence et caractéristiques de la criminologie

- En tant que science, la criminologie est d’apparition récente, elle remonte à la


fin du 19ème siècle. Cela ne signifie pas l’absence de toute réflexion sur le
comportement criminel de l’Homme. Il s’agissait auparavant beaucoup plus
d’idées philosophiques/littéraires/moralistes que d’une véritable approche
scientifique. Le début de l’approche scientifique a lieu avec ces trois italiens :

 En premier lieu, le médecin-légiste Cesare Lombroso, qui a publié en


1876, un ouvrage intitulé «L’Homme criminel». Il a réunit les
conclusions de ses observations à partir d’autopsies pratiquées sur
certains criminels. C’est lui qui a forgé la théorie du criminel-né ou du
criminel par naissance

 En deuxième lieu, le juriste pénaliste et sociologue Enrico Ferri a publié


en 1881 un ouvrage intitulé «La Sociologie criminelle». Dans cet
ouvrage, il consacre certaines idées de Lombroso, mais il traite le
comportement criminel dans le cadre d’une analyse sociologique, càd
l’interaction entre le criminel et la société. C’est lui qui a intégré des
mesures de sûreté (mesures préventives) dans le système pénal.

 En troisième lieu, le pénaliste Rafaëlle Garofalo a publié en 1885 un


ouvrage intitulé «Criminologie» où ce terme apparaît pour la première
fois dans le monde scientifique. C’est dans cet ouvrage que Garofalo a
distingué entre les infractions naturelles ( incriminée dans toute société )
et les infractions conventionnelles.

- Ces trois pionniers peuvent être considérés comme les fondateurs de la


criminologie. Ils forment l’école positiviste qui s’oppose à l’école pénale
classique. En effet, selon l’école classique, l’homme est libre et donc lorsqu’il
commet une infraction il doit en assumer la sanction car il a un libre arbitre. Or,
pour l’école positiviste, l’homme commet un crime suite à certains facteurs. Il
est donc complexe

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- Cette science de criminologie s’est développée par la suite grâce à
l'organisation de congrès et à des formations dispensées par des Instituts de
Criminologie du monde occidental ainsi qu’à travers de nombreuses
recherches, publications scientifiques d’ouvrages et revues (RSC,
criminologie), création d’associations (AICLF)

- Cette science qui s’intéresse au crime et au criminel, mais également à la


victime se trouve au carrefour de plusieurs disciplines.
Pour le comportement de l’Homme dans sa dimension sociale, elle relève à la
fois des sciences humaines et des sciences sociales. Pour l’Homme dans sa
dimension criminelle, elle relève de l’anthropologie criminelle.
L’anthropologie criminelle comprend la biologie et la psychologie criminelle
( la sociologie criminelle est étudiée par la suite )
En étudiant et en analysant le comportement criminel de l’humain, elle ferait
donc partie des sciences comportementales (Béhaviorisme).

- Le phénomène criminel peut être analysé et expliqué à travers plusieurs


angles de vue, soit biologique (on parle de biologie criminelle), soit
psychologique (psychologie/psychiatrie criminelle) soit encore sociologique
(sociologie criminelle) ; Ainsi, différentes sciences sont mobilisées pour
comprendre et expliquer les facteurs du comportement criminel. C’est la raison
pour laquelle, on qualifie la criminologie de science de carrefour.
Mais quel que soit le terrain sur lequel on se place, chaque fois qu’on étudie les
facteurs du comportement criminel, on parle de l’étiologie criminelle, qui
signifie la recherche de la causalité criminelle et des facteurs qui ont conduit au
comportement criminel.
PROCESSUS : En tant que science, la criminologie essaie d’étudier, d’analyser,
de comprendre et d’expliquer le phénomène criminel en faisant appel à
plusieurs sciences, afin de solutionner puis de prévenir.
Elle peut également être une source d’inspiration pour le droit pénal, visant à
prévenir et à combattre la criminalité et à envisager un traitement spécifique
pour chaque type de criminels. Aussi, l’étude criminologique s’intéresse : au
crime, au délinquant/criminel, et à la victime ( on parle de victimologie qui
étudie les syndromes post-traumatiques )

- Cependant, la criminologie a sa propre particularité par rapport au droit


pénal. D’abord la notion de crime n’est pas entendue de la même manière.
Pour le droit pénal, le crime a un sens technique, c’est la catégorie la plus grave
des infractions. Pour la criminologie le terme crime a un sens large car il
englobe les trois concepts que sont crime délit et contravention. La
criminologie élargit davantage son terrain, en s’intéressant aussi à la
délinquance et à la déviance. (# criminalité et déviance : la criminalité englobe

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des actes incriminés et punis, intervention du législateur pénal ; la déviance
concerne des actes non incriminés mais qui dérogent, càd des incivilités)
Sur un autre plan, si le droit pénal s’intéresse aux actes incriminés et punis par
la loi pénale; la criminologie s’intéresse plutôt aux différents profils des
personnalités criminelles, en érigeant des typologies criminelles, c’est-à-dire
des classifications des différents types de criminels. Dans ce sens, on peut
affirmer que le droit pénal a une approche objective, alors que la criminologie a
une approche subjective.
Chaque criminologue a sa propre typologie criminelle . Par exemple, Ferri
classe 5 catégories de criminels : l’aliéné, le criminel-né, le passionnel, le
criminel d’habitude et celui d’occasion.

- Malgré toutes ces différences, la criminologie est une source d’inspiration


pour le droit pénal, qui en a intégré certains apports. Ainsi sur la base du
principe de l’individualisation de la sanction, (principe promu par Saleilles
dans son ouvrage, approche subjective qui s’intéresse à la personnalité du
criminel, à ne pas confondre avec celui de la personnalité de la peine) le droit
pénal a intégré plusieurs mécanismes proposés par la criminologie. Il en est
ainsi :
 du minimum et du maximum de la peine, des mesures de
sûreté , de la récidive
 de la correctionnalisation : résultat d’une circonstance
atténuante qui dégrade le fait et le fait passer de crime à délit
 des circonstances aggravantes ( déterminées par le législateur
) et atténuantes ( laissées à l’appréciation du juge ),
 du sursis ( conditions : délinquant primaire, pour délit
seulement, il est révocable en cas de récidive )
 de l’excuse absolutoire ou atténuante ( excuses légales régies
par les articles 143 à 145 du CP,
Excuse absolutoire : aucune sanction n’est appliquée, la
personne est coupable mais n’est pas condamnée, il faut être
le premier à dénoncer
Excuse atténuante : excuse qui diminue la sanction, à
différencier des circonstances atténuantes qui sont générales
car elles concernent plusieurs infractions alors que cette
excuse ne concerne que celles visées par la loi )
- Tous ces mécanismes essaient d’adapter la sanction en fonction de la
dangerosité du criminel. En fait, la dangerosité constitue un concept clef de la
criminologie.

PII: Le bloc des sciences criminelles

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A vrai dire la criminologie n’est pas la seule science qui s’intéresse au criminel
et au crime, d’autres sciences s’intéressent aussi au crime et au criminel, mais
de leur propre point de vue. En fait la criminologie n’est qu’une discipline
parmi d’autres dans le bloc des sciences criminelles. Ce bloc se compose de
disciplines à caractère normatif, c’est le cas pour le droit pénal général, le droit
pénal spécial et d’autres matières relevant du champ pénal. Ce bloc se compose
aussi de disciplines explicatives, comme la criminologie ou la pénologie ou
encore la politique criminelle. Il se compose enfin de disciplines considérées
comme auxiliaires, apportant leur concours à la justice pénale, c’est le cas pour
la criminalistique, la médecine légale ou encore la psychologie judiciaire.
Afin donc de distinguer le champ de ces disciplines par rapport à celui de la
criminologie, il est nécessaire de faire la connaissance de certaines disciplines.
Etude des sciences auxiliaires :
A- La criminalistique et les sciences forensiques
La criminalistique est une discipline technique, qui englobe dans la conception
française uniquement la police technique et la police scientifique. Dans cette
conception la médecine légale est considérée comme une science à part.
Par contre dans la conception anglo-saxonne, on utilise plutôt l’expression
Forensic Sciences, traduite en français à travers l’expression: Sciences
forensiques, qui signifie sciences légales, ou sciences au service de la loi.
Contrairement à la criminalistique, la notion de sciences forensiques est
beaucoup plus large que la criminalistique. Elles englobent la police
scientifique, la police technique, la médecine légale, et toutes les disciplines
scientifiques qui peuvent apporter leur concours à la justice pénale.

Qu’il s’agisse de criminalistique ou de sciences forensiques, ce sont des


disciplines ayant une vocation probatoire (cherchant les preuves) pour la
justice pénale, dans la mesure où faisant usage de leurs connaissances, elles
permettent de fournir des preuves scientifiques à la justice criminelle. Ces
disciplines poursuivent généralement quatre objectifs:

1) Identifier la victime grâce à l’anthropologie judiciaire


2) Identifier l'agresseur;
3) Identifier le procédé utilisé;
4) Identifier la réalité du crime.

Afin de se faire une idée sur le contenu de ces disciplines, nous présenterons les
principales d'entre elles, à savoir: la police technique; la police scientifique; la
médecine légale et la psychologie judiciaire.

Primo: La police technique

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Elle peut avoir un sens organique ou un sens fonctionnel. Au sens organique, il
s’agit d’une catégorie de personnes (techniciens) qui relève de la police
judiciaire
Au sens fonctionnel, cette discipline s'occupe essentiellement de la collecte des
traces et des indices sur la scène de crime. Le travail de la police technique
repose dans une grande partie sur l'exploitation du principe de Locard. Ce
principe se base sur l'échange actif entre les éléments provenant de l’extérieur
et de l'intérieur; dans une scène de crime cet échange s’accélère et devient plus
intense étant donné la violence de l'action criminelle. Ainsi le criminel va
laisser un peu de lui même sur cette scène, et il va également emporter avec lui
des choses appartenant à cette scène.

La police technique accomplit sa mission en conformité avec certains standards


internationaux ( ceinturât de la scène de crime, zonage ) Pour que l'exploitation
de traces et indices soit possible, il ne faut pas que la scène de crime soit
entamée par quelqu'un d'autre avant que le travail de la police technique ne soit
achevé. Malheureusement, au Maroc, et dans pas mal de situations, la
sauvegarde de la scène de crime n'est pas toujours respectée ( pollution )
Différence entre indice et trace : la trace est un marquage, une impression.
L’indice lui est un signe susceptible d’interprétation. Ils ne constituent des
preuves qu’après avoir été traités, interprétés et vérifiés.

Secundo: La police scientifique

Elle a aussi un sens organique et un sens fonctionnel. Cette police accomplit sa


mission dans des laboratoires relevant de la police judiciaire ou de la
gendarmerie royale. Cette police utilise différentes connaissances scientifiques
telles que la chimie, la physique, la biologie, l'informatique, l'acoustique, etc.
Elle analyse les traces et les indices relevés par la police technique, pour
apporter la preuve matérielle et scientifique à la justice pénale.
La police scientifique se compose de plusieurs sections spécialisées,
notamment la balistique (étude des mouvements des projectiles) ,
l'anthropologie judiciaire, la dactyloscopie (empreintes digitales, 3 catégories :
en boucle/en volute/en arc); l'analyse ADN (empreintes génétiques, 4 bases
nucléiques :adénine/guanine/cytosine/thymine), la graphométrie (expertise de
faux documents), l'entomologie (science des insectes), informatique, etc.

Tertio: La médecine légale

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Le travail du médecin légiste est généralement lié à l'autopsie des cadavres, afin
de déterminer les causes et les circonstances de la mort et la datation de la mort.
Une bonne partie de la médecine légale est occupée par la thanatologie (c'est à
dire: science de la mort).
Mais le médecin légiste travaille aussi sur des vivants, dans la mesure où il peut
délivrer des certificats en cas de viol, en cas de sévices à enfants, ainsi que dans
d'autres situations qui supposent que la victime examinée soit encore en vie.
Outre la thanatologie et l'examen des violences subies par les vivants, la
médecine légale se subdivise en plusieurs branches, parmi lesquelles on trouve
notamment: la toxicologie, l'odontologie médico-légale, l'addictologie, ou
encore l'expertise médico-légale de la responsabilité pénale, la psychiatrie
médico-légale. Le médecin légiste est tenu par le secret médical

Quarto: La psychologie judiciaire

Cette discipline concerne l'usage des connaissances psychologiques dans


l'enquête criminelle. Dans sa forme élémentaire, il peut s'agir simplement d'un
savoir faire acquis par l'expérience de l'enquêteur, en matière d'interrogatoire,
pour amener le coupable à récapituler psychiquement et à avouer son crime. Il
cherche à décoder les attitudes et réponses de l’accusé.

Dans sa forme élaborée, on parle de profiling/profilage permettant de donner un


portrait robot psychique du coupable. Il peut aussi s'agir de recours à certains
procédés qui ne font pas l'unanimité. Parmi ces procédés, on peut citer l'usage
du polygraphe appelé également détecteur de mensonges. Cette machine
utilisée aux États Unis d'Amérique mesure un certain nombre de réactions
humaines à la suite de chaque question posée. On peut citer également l'usage
de l'hypnose ou de la narcoanalyse (sérum de vérité). Les démocraties
européennes rejettent ces différents procédés pour l'atteinte qu'ils constituent
à la dignité humaine, à la présomption d'innocence et aux droits de l'Homme,
notamment le droit de la défense. Ils causent aussi un problème de fiabilité
étant donné que chacun réagit différemment face aux différentes situations.

B- La pénologie et la science pénitentiaire

La pénologie peut être définie comme la science des peines. Elle analyse les
peines adoptées par un système pénal déterminé, quant à leurs fonctions, quant
à leur adéquation et quant à leur utilité pour prévenir et combattre efficacement
la criminalité. Elle se distingue du droit pénal qui est une discipline normative
alors que la pénologie est explicative. La science pénitentiaire constitue une
grande branche de la pénologie, mais elle ne concerne que la peine privative de
liberté.

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Afin d'illustrer la pénologie, on peut prendre à titre d'exemple la peine de mort
qui partage non seulement les pénologues, mais également l'opinion publique
entre partisans de l'abolition et adeptes du maintien.
Arguments : - Abolition : violation des DH, du droit à la vie, erreur
judiciaire, considérations religieuses, souffrance morale
- Maintien : violation des droits des victimes, souci de justice et de
justesse, effet dissuasif, coût cher, la loi du Talion
- Autre argument : dans l’édifice normatif marocain, il y a une
contradiction entre la constitution et le droit pénal : en effet, ce dernier prévoit
des peines de mort pour certaines infractions, alors que la constitution consacre
le droit à la vie ; ainsi, l’accusé peut invoquer l’art 133 de la constitution pour
invoquer l’exception d’inconstitutionnalité.

La controverse sur cette peine est posée avec acuité actuellement au Maroc. Du
fait de la ratification par le Maroc de certaines conventions internationales qui
consacrent le droit à la vie, notamment le pacte de 1966 sur les droits civils et
politiques. Ainsi que par référence à la nouvelle constitution marocaine de
2011. Certains militants des droits de l'Homme estiment que le Maroc se trouve
dans l'obligation d'abroger la peine de mort. Par contre, les défenseurs du
maintien de la peine de mort estiment, au nom de la loi du talion, que cette
peine est utile dans la mesure où elle préserve le droit à la vie du côté des
victimes et de leurs ayants droit.

Actuellement le Maroc adopte une position médiane, du fait que d'un côté il n'a
pas procédé à l'abrogation de cette peine, et d'un autre côté les peines qui sont
prononcées par les tribunaux ne sont jamais mises à exécution depuis
pratiquement 1994.

Quant à la science pénitentiaire qui concerne tout spécialement la peine


privative de liberté, du fait du recours systématique des systèmes pénaux
modernes à la prison, elle a fait l'objet d'un intérêt très particulier de la part des
pénologues.
Les aspects négatifs de cette peine l'emportent largement sur les aspects
positifs. D'abord cette peine :
- remet en cause le principe de la personnalité de la peine, puisqu'elle a
toujours des retombées sur la famille ( la femme peut voir son mari mais
cette possibilité de rencontre n’est pas réglementée, elle est laissée à la
discrétion du directeur de l’établissement pénitentiaire)
- Ensuite, cette peine est accusée de priver le détenu, qui reste également
un citoyen de plusieurs droits de citoyenneté, notamment celui du vote et
celui d'exercer un recours pour excès de pouvoir en cas de sanctions
disciplinaires.

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- Par ailleurs la PPL a une dimension criminogène : l'univers carcéral est
considéré comme un univers hautement criminogène qui favorise la
récidive et l'apprentissage de la criminalité pour les détenus à de courtes
peines; ce qui va à l'encontre de l'idée de la réinsertion sociale.
- Enfin les peines privatives de liberté coûtent très cher à la communauté
surtout en cas de surpopulation carcérale à cause d’un taux
anormalement élevé des détenus préventifs. ( France : 24% de
surpopulation, Maroc : 202%)
Voici les types de PPL :
- Peines intra-muros : Réclusion criminelle ( > 5 ans, pour les crimes),
l’Emprisonnement ( délit ), et la Détention ( contravention ). A signaler que la
garde à vue n’est pas une PPL car il n’y a pas de condamnation
- Peines extra-muros : assignation à résidence ( résidence forcée ), bracelet
électronique

C'est la raison pour laquelle plusieurs spécialistes préconisent l'adoption des


peines de substitution, qui sont de véritables alternatives à la peine privative de
liberté.

LES PEINES DE SUBTITUTION = PEINES ALTERNATIVES :


-En cas délits mineurs , le Maroc ne les utilise pas encore, il y a seulement un
avant-projet du Code pénal d’avril 2015 qui les a prévu dans les articles 35-01
à 35-15, elles ont l’avantage de punir sans mettre en prison
- Il existe 3 catégories de peines alternatives :
- D’abord le travail d’intérêt général TIG : âge > à 15 ans, la peine
principale ne doit pas dépasser 2 ans ,la durée totale est de 400 à 600 heures à
raison de 2h/jour si cela dure un mois
- Jour-amende : amende par jour fixée par le tribunal, les mineurs sont
écartés de cette mesure, comprise entre 100 et 2000 dhs
- Restrictions de certains droits ou soumission à certaines mesures : il
s’agit de mesure de réhabilitation, de contrôle ( faire le pointage ), de thérapie ,
bracelet électronique

- Conditions d’application de ces peines : pas de récidive, s’applique aux délits


uniquement de – 2ans, aux delits de police, la personne doit accepter pour être
dispensée de la peine classique.

C- La politique criminelle et la politique pénale

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La politique criminelle peut être définie comme la politique suivie ou
l’ensemble des moyens mobilisés par l’État pour prévenir et combattre la
criminalité ( 2 aspects : prévention et répression ) Cette politique peut reposer
sur des mesures répressives, mais pour prévenir la criminalité, l’État a souvent
recours à des politiques sociales, comme c'est le cas pour l'Initiative Nationale
pour le Développement Humain (INDH), la restructuration du champ religieux,
la veille sécuritaire. Quant à la politique pénale, il s'agit de recours à des textes
juridiques de nature pénale se rapportant à telle ou telle situation criminelle qui
seront adoptés par l’État.
!: La politique pénale fait partie de la politique criminelle, elle en constitue
la partie majeure ( elle repose sur l’incrimination et la sanction) Mais la p.
pénale se distingue par le fait qu’elle n’utilise que l’instrument pénal qui n’est
qu’un outil parmi d’autres dans la p. criminelle
Comment alors peut-on faire de la politique criminelle sans faire de la p.
pénale : en nous plaçant sur le terrain de la prévention

La politique pénale est toujours conduite par deux mouvements, le mouvement


de pénalisation et le mouvement de dépénalisation. Le premier mouvement
consiste à incriminer des comportements qui n'étaient pas jusqu'à présent
incriminés. Pour le deuxième mouvement, il s'agit d'enlever à un comportement
qui était déjà incriminé son caractère pénal. Pour ce déclassement pénal, on
peut citer à titre d'exemple dans le droit français, la dépénalisation en 1975 de
l'interruption volontaire de grossesse (IVG), ou encore de l'adultère dans la
même année, ou encore la dépénalisation en 1983 de l'homosexualité.
Dans le sens inverse de la pénalisation, en ce qui concerne le Maroc beaucoup
de textes ont été adoptés ces derniers temps, on peut citer à titre d'exemple la
pénalisation en 2003 du terrorisme ou encore de la cybercriminalité, qualifiée
dans le code pénal: d'Atteintes aux Systèmes de Traitement Automatisé des
Données (STAD), ou encore du harcèlement sexuel (art 503-1 du code pénal) et
de la pédopornographie (art 503-2). On peut également faire mention de la loi
43-05 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux et qui a été
promulguée par un dahir du 17 avril 2007.

PIII: Les méthodes de la criminologie

Les connaissances en matière de criminologie sont déduites à partir des


méthodes utilisées par cette discipline. Ces méthodes changent en fonction du
type de criminologie.

En fait, il faut distinguer deux formes de criminologie. La première est


qualifiée de criminologie générale ou théorique, dans le cadre de cette
criminologie, on fait des études et des analyses sur le phénomène criminel de

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manière générale et on formule des théories et des explications sur telle ou telle
forme de la criminalité.
La deuxième est qualifiée de criminologie clinique ou pratique, où un criminel
déterminé fait l'objet d'un examen spécifique de sa personnalité par une équipe
spécialisée, afin de diagnostiquer sa dangerosité et proposer un traitement
adéquat.

A- Les méthodes de la criminologie théorique

Cette forme de criminologie utilise généralement deux procédés, à savoir: les


statistiques criminelles et l'enquête sociale.

1- Les statistiques criminelles

Elles se présentent comme une approche quantitative du phénomène criminel.


Les statistiques criminelles renseignent les criminologues sur l'évolution de la
criminalité dans un pays déterminé et pour une période déterminée. Elles
permettent également de se faire une idée sur l'ampleur d'un crime particulier,
ou sur les conditions de sa commission ou encore sur le profil des criminels ou
des victimes. Le traitement des statistiques criminelles prend en considération
un certain nombre de paramètres, tel que l'âge, le sexe, le niveau culturel, la
condition socio-économique, l’habitat.
Ces statistiques peuvent viser la criminalité en général ou un phénomène
criminel particulier. L’objet de ces statistiques est soit le profil du criminel ou
celui de la victime, elles sont très actives dans le domaine carcéral
Concernant leur nature, il faut distinguer les statistiques officielles, émanant
d'administrations publiques ou d'organisations internationales, des statistiques
non officielles à savoir celles qui sont élaborées de manière indépendante par
des chercheurs.
- pour les statistiques officielles :
Administration publique/organisations nationales : administration
pénitentiaire, Haut Commissariat au Plan, Ministère de la Justice, de
l’Intérieur, DGSN, Gendarmerie Nationale, Douane
Organisations internationales : Interpol, Europol, ONUDC
- pour les statistiques non officielles : utilisée avec précaution
- Ces statistiques criminelles permettent une vision objective de la
criminalité : en France, il y a l’Obs.Nat.de la Délinq.et des Réponses
pénales : c’est l’organisme qui observe de manière objective l’évolution de
la criminalité et produit un rapport chaque année ; au Maroc il n’y a pas de
tels organismes : les statistiques criminelles sont souvent erronées, visant à
protéger l’opinion publique ce qui empêche le Maroc d’avoir une vision
objective de la criminalité

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Les statistiques criminelles souffrent de l'existence du chiffre noir (dark
number). Celui-ci constitue une donnée incontournable dont le taux ne peut être
déterminé avec certitude car il est toujours fluctuant. Il s’agit de la partie de la
criminalité qui échappe à la connaissance et qui n’est donc pas comptabilisée.
Par rapport au chiffre noir, il faut distinguer trois niveaux de décalages.

Le premier niveau est constitué par le décalage entre la criminalité réelle, c'est
à dire celle effectivement commise et la criminalité connue c'est à dire, celle
qui arrive à la connaissance des autorités. Ce décalage peut résulter soit du
comportement de l'auteur de l'infraction, soit de la victime, soit du témoin ou à
la nature de l’infraction :
- Auteur : professionnel ou non
- Victime : lorsqu’elle ne porte pas plainte , l’infraction n’est pas connue
par les autorités
- Témoin : crainte de représailles, ou à cause de son individualisme, il ne
témoigne pas
- Nature de l’infraction : certaines sont dénoncées systématiquement,
d’autres sont difficiles à démasquer ( exemple : avortement)

Le deuxième niveau est constitué par le décalage entre la criminalité connue et


la criminalité apparente, c'est à dire celle qui apparaît dans les statistiques des
autorités de poursuite. Tout ce qui est connu n’est pas forcément comptabilisé.
Ce décalage peut trouver sa cause dans plusieurs raisons, notamment à travers :
- la corruption : infraction connue de l’agent mais ce dernier ne la
communique pas aux autorités publiques
- le principe de l'opportunité des poursuites dont dispose le parquet :
lorsque le parquet reçoit une plainte, il doit apprécier si elle doit être
poursuivie ou non, celles qui ne le sont pas n’apparaissent donc pas dans
les statistiques.
- Le classement sans suite : conséquence du principe précédent
- Le non lieu : si l’affaire parvient au juge de l’instruction, en cas de
manque de preuve, il peut prononcer le non lieu , donc pas besoin
d’envoyer l’affaire au juge de jugement

Le troisième niveau est constitué par le décalage entre la criminalité apparente


et la criminalité officielle, c'est à dire celle qui a fait l'objet de condamnation
par les tribunaux. Tout ce qui est connu n’est pas forcement condamné.
Différentes raisons peuvent justifier ce décalage, notamment l'extinction de
l'action publique pour différentes causes dont principalement la prescription, la
légitime défense, l'excuse absolutoire ou encore pour l'absence de preuves.

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Par rapport toujours à ce dernier niveau, il est nécessaire de souligner la
subdivision concernant la criminalité officielle entre les administrations
pénitentiaires et les tribunaux , il faut aussi remarquer le décalage qui existe
entre les statistiques des tribunaux et celles de l'administration pénitentiaire;
toutes les personnes condamnées par les tribunaux ne sont pas forcément
comptabilisées sur les registres des prisons, c'est le cas notamment des
personnes condamnées à l'amende, avec sursis ou encore par contumace
( décision judiciaire prononcée en l’absence du condamné qui est en fuite)

L’écart entre la réalité criminelle et l’apparence criminelle ne fait que se creuser


en fonction de ces trois niveaux du chiffre noir. Ainsi les statistiques criminelles
ne donnent qu’une image approximative de la criminalité.

2- L'enquête sociale

Dans le cadre de l'enquête sociale, la criminologie utilise des méthodes relevant


des sciences sociales et tout spécialement deux procédés, à savoir:
– Le questionnaire: il repose sur l’insertion d'un certain nombre de
questions sur un formulaire, auxquelles il faut répondre par oui ou par non. Le
questionnaire présente l'avantage d'être soumis à plusieurs catégories de
personnes, mais il a par contre l'inconvénient de ne pouvoir être soumis à des
personnes analphabètes. En outre, les réponses formulées ne sont pas toujours
une source de fiabilité.
– L'interview: ce procédé permet de s'adresser directement aux personnes
interrogées sur un sujet déterminé. Il peut concerner même des personnes
analphabètes et n’est pas fermé, mais lui aussi présente un problème de
fiabilité.

B- Les méthodes de la criminologie clinique

La criminologie clinique ne s'occupe pas de formuler des théories générales,


mais d'examiner une personnalité criminelle déterminée, afin de se prononcer
sur sa dangerosité criminelle. Cet examen se fait par une équipe
criminologique, qui se compose au moins de quatre spécialistes dont un
médecin, un psychologue, un psychiatre et une assistante sociale.

Cette étude se fait dans le cadre de ce qu'on qualifie de «Dossier de


personnalité». Celui-ci peut être commandé par différentes autorités
judiciaires, procureur, juge d'instruction, juge de jugement. Le dossier de
personnalité vise à éclairer les autorités judiciaires sur le profil du criminel à
juger. Il s'agit d'apprécier l'état dangereux du criminel examiné et sa capacité
future à nuire.

14
Cet éclairage se fait à travers le rapport général de l'équipe criminologique, qui
synthétise en quelque sorte les différents examens opérés qui constituent le
diagnostic de l’état dangereux. L'équipe criminologique donne également son
avis sur les risques de récidive ainsi que sur les chances de réinsertion, à travers
un pronostic, et dresse un programme de traitement qu'il propose aux autorités
judiciaires.

L'autorité judiciaire peut à la lumière du dossier de personnalité imposer une


cure de désintoxication ou toute autre forme de thérapie par le biais de
l'injonction de soin. Il est à signaler que le droit français a institué depuis la loi
du 25 janvier 2008 la mesure de rétention de sûreté qui permet de retenir des
criminels dangereux même après avoir purgé leurs peines, si l'examen
criminologique révèle la persistance de l'état dangereux et le risque du passage
à l'acte criminel.

Dans le droit pénal marocain, théoriquement le dossier de personnalité se


trouve mentionné dans le code de procédure pénale (art 87 et 88), mais
malheureusement, sur le plan pratique, il est systématiquement ignoré par la
justice pénale marocaine
Le dossier de personnalité n’est pas systématique, plus l’état du criminel est
dangereux plus le dossier est demandé
Objectif du dossier : faire le diagnostic de l’état dangereux et de la capacité
criminelle future du criminel pour composer un programme de traitement

Définitions :
- Anthropologie criminelle : étude de l’être humain dans sa dimension criminelle à
travers son aspect biologique et psychique/psychologique. Elle relève de la
criminologie
- Anthropologie judiciaire : étude du corps humain pour l’identification judiciaire
spécialement des victimes. Elle relève de la criminalistique
- Intérêts des peines alternatives : c’est pour éviter la surpopulation carcérale, la
détention préventive, les aspects négatifs des PPL
- A quoi sert l’expertise psychiatrique dans le cadre médico-légal ? : elle permet
d’établir et de vérifier si la personne est irresponsable pénalement ( en cas
d’aliénation mentale) . c’est une application de la médecine légale
- Qu’est ce qu’une preuve scientifique ? : preuve établie par la police scientifique au
profit de la justice pénale ou par la médecine légale

15
Chapitre II:
Le courant biologique

PI: La théorie de LOMBROSO sur le


criminel-né
- Le médecin italien CESARE LOMBROSO (1835- 1909) est bien connu par
sa théorie sur le criminel par naissance ou criminel-né. Ce qui le place au cœur
de l'école constitutionnaliste, expliquant le phénomène criminel par rapport à la
constitution physique ou psychique du délinquant. Le darwinisme, le
positivisme (observation puis théorisation) et la phrénologie ( étude du crâne,
de l’influence de sa forme sur le comportement) ont largement guidé la pensée
de Lombroso. De par son expérience en tant que médecin légiste pour l'armée
et l'administration pénitentiaire italienne, et à travers les autopsies qu'il avait
pratiquées, il a eu la conviction que la criminalité n'est pas acquise, mais qu'elle
est inhérente à certaines personnes de par leur naissance.

- Cette hypothèse basée sur la constitution physique du délinquant a été


construite à partir des nombreuses observations sur les corps des criminels qui
ont été autopsiés par lui. En constatant certains signes sur leurs corps, il a

16
estimé qu'il s'agit là de stigmates d'atavisme et de dégénérescence, c'est à dire
en quelque sorte d'une régression vers l'homme primitif et d'une résurgence de
l'homme des cavernes.

- Pour Lombroso, le type criminel est un individu atavique et anormal


commettant des forfaits par nécessité biologique. Il présente certains traits
anatomiques (forte mâchoire, arcades sourcilières proéminentes)
psychologiques (insensibilité à la douleur…) et sociaux (tatouages, argot…) qui
le rapprochent du sauvage. Il faut dire que Lombroso a essayé de comprendre
le comportement criminel à l’aide de sa formation de médecin. Il considère que
les signes d’atavisme et de dégénérescence sont en quelque sorte les
symptômes de la pathologie d’un criminel.

- Cette théorie, qui relève d'une criminologie qualifiée de corporelle expliquant


le comportement criminel par la constitution physique ou psychique du
criminel), a soulevé plusieurs critiques, que ce soit sur le plan du droit pénal ou
que ce soit sur le plan de la criminologie.
Ainsi sur le plan du droit pénal, on estime que la théorie de Lombroso a un
caractère foncièrement déterministe. Ce caractère heurte, d'une part le principe
du libre-arbitre sur lequel se trouve fondée la responsabilité pénale, et peut
d'autre part entraîner une intervention ante-delictum de la part de la société à
l’encontre du criminel potentiel.
Sur le plan de la criminologie, en ce qui concerne le fond, on observe que les
études de Lombroso se sont limitées aux hommes et n'ont pas concernées les
femmes. On observe également l'absence d'une prise en considération des
facteurs découlant du milieu social. Et enfin l’homme primitif n’est pas
sauvage mais car il se trouve dans un milieu hostile . En ce qui concerne la
forme, on a reproché à Lombroso l’absence de recours aux groupes de
comparaison : on a relevé que les signes invoqués par Lombroso en ce qui
concerne les criminels peuvent également être constatés sur des non-criminels

- La théorie du criminel-né n'est pas défendable scientifiquement parlant, mais


Lombroso a eu le mérite -au moins- d'attirer l'attention sur la possibilité
d'aborder la criminalité sous un angle scientifique.

PII: Les hypothèses génétiques

Des explications ont été avancées par certains criminologues sur la base des
gènes qui composent le tissu cellulaire. Il s'agit essentiellement de deux
hypothèses.

A- L'hypothèse de la corrélation entre l’hérédité et la criminalité

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Dans le domaine de l'hérédité les travaux de Grégoire MENDEL (1822- 1884)
font référence en matière de botanique. Celui-ci est bien célèbre à travers ses
expériences d'hybridation sur différentes plantes et spécialement les petits pois.
A partir de ces hybridations Mendel a dégagé les principes s’imposant dans le
domaine de l’hérédité, notamment les proportions de présence du caractère
récessif et du caractère dominant. Aujourd’hui les lois de Mendel s'imposent à
la communauté scientifique. Car non seulement elles sont valables en matière
de botanique, mais elles étaient transposées également dans le domaine de
l'hérédité animale et humaine.

Si aujourd'hui ces règles sont indiscutables sur le plan génétique, il n'en va pas
de même en ce qui concerne l'hérédité en matière de caractère. Car certains
criminologues ont été tentés de transposer les règles de Mendel, en ce qui
concerne la transmission de la criminalité des parents aux enfants. Seulement, il
faut observer que ce qui est valable sur le plan génétique, peut ne pas être
valable sur le plan comportemental. C'est pourquoi plusieurs tentatives de
certains criminologues ont été vouées à l'échec.

Aujourd'hui, en ce qui concerne la question de l'hérédité dans sa corrélation


avec la criminalité, on se réfère essentiellement à deux pistes:

– La première piste est celle de l'arbre généalogique, où certains


criminologues ont essayé de recenser sur plusieurs générations la descendance
d'un criminel notoire déterminé (Kalikak par exemple), pour dégager le nombre
plus ou moins grand de descendants qui ont révélé un penchant criminel. Mais
cette piste a été remise en cause, ne serait ce que du fait de la non prise en
considération des facteurs relatifs au milieu social.

– La deuxième piste est celle des jumeaux, car quoi de mieux que les
jumeaux pour démontrer l'influence de l'hérédité sur la criminalité. Seulement,
il y a deux types de jumeaux, les monozygotes qui proviennent d'un même
ovule, et les dizygotes qui sont issus de deux ovules. Or la proportion de
ressemblance et de dissemblance n'est pas la même. Ainsi, la ressemblance peut
atteindre jusqu'à 70 % dans les jumeaux monozygotes, alors qu'elle n'est que de
38 % en ce qui concerne les dizygotes.

B- L'hypothèse des aberrations chromosomiques

La cellule humaine contient 46 chromosomes qui se présentent sous forme de


couplet, ce qui donne 23 pairs. On distingue 22 pairs qui sont qualifiées
d'autosomes, elles sont responsables de la production des traits génétiques des

18
parents. Par contre le 23ème pair est qualifié de gonosome, elle détermine le
sexe de l'enfant, s'il est mâle sous forme (y) s'il est femelle sous forme de (x).

Toutes les cellules contiennent 46 chromosomes, à l'exception des gamètes (les


cellules de reproduction), à savoir les spermatozoïdes du côté des hommes et
les ovules du côté des femmes. Ainsi, dans le processus de reproduction, le
fœtus reçoit 23 chromosomes du côté du père et 23 chromosomes du côté de la
mère. C'est à ce niveau qu'un accident génétique peut survenir et entraîner une
aberration chromosomique.

On peut dire que les aberrations qui touchent les autosomes n'intéressent pas
particulièrement les criminologues. Le plus souvent on rencontre à ce niveau la
trisomie 21 ou syndrome de Down, qui s'exprime à travers le phénomène du
mongolisme. Par contre les aberrations qui touchent le gonosome, spécialement
par excès retiennent l'attention des criminologues. Deux formes particulières
ont fait l'objet des études criminologiques:

1) L'aberration (xxy), elle a des retombées sur le plan physique et sur le plan
psychique. Ainsi physiquement, ces personnes sont déterminées génétiquement
en tant que mâles, mais leurs corps tendent vers la féminité. On remarque chez
eux des hanches quasiment féminines, une absence de pilosité, ainsi que de la
stérilité. Sur le plan criminologique, les porteurs de cette aberration ont
tendance à commettre des infractions à thématique sexuelle, telles que la
pédophilie, l'homosexualité.

2) L'aberration (xyy), elle peut aussi avoir des répercussions sur le plan
physique et sur le plan psychique. Physiquement il s'agit d'hommes mais avec
un excès de masculinité. Ces personnes se distinguent par leur grande taille et
par une masculinité bien prononcée dans leur action. Sur le plan
criminologique, les porteurs de cette aberration ont tendance à commettre des
infractions violentes exprimant une certaine agressivité, telles que les coups et
blessures, les homicides et les destructions.

Les aberrations chromosomiques permettent d'expliquer à partir de facteurs


génétiques le comportement criminel. Mais il faut prendre cette piste avec une
certaine relativité, car tous ceux qui sont porteurs de ces aberrations ne
deviennent pas forcément des criminels. En outre les porteurs de ces
aberrations ne représentent qu'une infirme partie sur l'ensemble des criminels,
qui dans leur majorité ne présentent pas cette forme de tare physique.

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PIII: L'hypothèse des troubles hormonaux

Les hormones sont des substances déversées dans le sang par ce qu'on appelle
les glandes endocrines. Les hormones sont un facteur important dans l'équilibre
physique et psychique. Les glandes endocrines sont: l’hypophyse, la thyroïde,
les surrénales, les îlots du Pancréas, les testicules et les ovaires.

Les troubles hormonaux peuvent résulter de certaines perturbations touchant le


fonctionnement des glandes endocrines en ce qui concerne les sécrétions
hormonales.

Le déséquilibre hormonal peut s'exprimer sous forme d'hypersécrétion, c'est à


dire un excès de sécrétion, ou bien sous forme d'hyposécrétion, c'est à dire un
déficit de sécrétion. Si on prend, à titre d'exemple l'hypophyse, l'hypersécrétion
peut entraîner une croissance excessive de la taille, une certaine excitation et
impulsivité. Par contre, en cas d'hyposécrétion cela risque d'entraîner une
insuffisance de la croissance de la taille et une certaine apathie psychique
concernant l'activité. De même, en cas de déséquilibre dans le fonctionnement
des testicules en ce qui concerne les sécrétions hormonales, notamment la
testostérone, cela risque d'entraîner des appétits sexuels quelque peu excessifs.

Sur un autre plan, les criminologues observent en ce qui concerne la criminalité


féminine, une certaine corrélation entre le comportement criminel et les
périodes de sécrétions hormonales entraînant des modifications dans le corps et
le psychisme féminin, telles que la période de grossesse, des règles ou encore
celle de ménopause.

Ces troubles hormonaux pouvant être à l’origine de certains comportements


criminels peuvent justifier dans le cadre d’un dossier de personnalité un
programme de traitement chimiothérapique, voir une castration chimique en ce
qui concerne, par exemple, des pédophiles multirécidivistes.

DONC LE POINT COMMUN ENTRE HEREDITÉ, GENETIQUE, ET


TROUBLES HORMONAUX : ANORMALITÉ DU CRIMINEL DANS SA
CONSTITUTION PHYSIQUE

20
Chapitre III:

Le courant
psychiatrique
Le courant psychiatrique s'exprime à travers une branche particulière qui
s'appelle la psychiatrie criminelle.

Celle-ci s'intéresse en premier lieu, à la relation qui existe entre certaines


formes de maladies mentales et le comportement criminel. En second lieu, elle
permet de déterminer le degré de responsabilité de certains criminels en
fonction de la nature de leurs maladies.
En troisième lieu, elle permet de donner un aperçu sur la classification des
maladies mentales et de donner aux magistrats un minimum de connaissances
psychiatriques, afin d'éviter un dialogue de sourds entre le psychiatre et le juge,
du fait que le premier utilise un jargon difficilement accessible au second.

Les questions inhérentes à l’aliénation mentale et à ses conséquences sur la


responsabilité pénale et sur la sanction sont traitées dans les articles 134, 135 et
136 du code pénal, ainsi que dans les articles 76, 77, 78 et 79( mesures de
sûreté) du même code.

A propos de la classification des maladies mentales, on peut partir d'un


distinguo fondamental de deux grandes catégories, à savoir: les Maladies
Mentales Organiques et les Maladies Mentales Fonctionnelles.

21
3 HYPOTHÈSES : ARTS 134, 135, 136
- Première hypothèse : l’article 134 : troubles mentaux au moment de
l’acte criminel, donc pas de discernement, l’individu est totalement
irresponsable
- Deuxième hypothèse : l’article 135 : affaiblissement des facultés
mentales, le discernement n’est pas absent mais il est imparfait,
l’individu est donc partiellement irresponsable , il sera puni mais en
prenant compte sa situation ( mesure de sûreté : internement dans H.P)
Cet article comprend deux sous hypothèses :
- soit la personne n’est plus malade mentalement le jour du jugement,
on prononce donc la peine
- soit elle est encore malade, donc avant d’exécuter la peine, on
l’interne dans un H.P
- Troisième hypothèse : l’article 136 : au moment de l’acte, après expertise
psychiatrique, la personne est normale et a donc le discernement, pour la
juridiction, elle est donc totalement responsable. Mais si au moment du
jugement, elle devient malade mentale, la juridiction doit surseoir à statuer
donc reporter le jugement car la personne ne peut pas se défendre elle sera donc
internée dans un HP pour être traitée, une fois traitée, on prononce la peine

CECI EN THÉORIE, en pratique pour les personnes irresponsables


pénalement, faute de place dans les HP , elles sont mises en prison
Rappelons que les psychiatres se réfèrent aux DSM pour déterminer les
maladies mentales

Section 1: Les maladies mentales organiques

Les maladies mentales organiques, sont des maladies qui affectent l’organe par
une atteinte physique déterminée. Il y a à la base, une lésion du cerveau ou du
système nerveux. La lésion est palpable physiologiquement parlant.

A l’intérieur des maladies mentales organiques, on peut distinguer entre autres


deux types de maladies qui illustrent cette catégorie. On fera la connaissance
dans un premier temps des arriérations mentales et dans un second temps on
traitera de la démence au sens médical.

PI: Les arriérations mentales DIC

22
Elles résultent essentiellement de facteurs congénitaux qui affaiblissent les
capacités intellectuelles de l’individu qui se trouve atteint de Déficit
Intellectuel Congénital, appelé également Oligophrénie.

Cette personne aurait souffert, durant la grossesse d'une perturbation dans le


processus du développement cérébral, qui peut être causée par plusieurs
facteurs.
Le rôle de la mère est déterminant en cas d’absorption de certains médicaments,
de l’alcool ou du tabac; ou du fait de son exposition aux rayons X, ou du fait
qu’elle soit porteuse de maladies sexuellement transmissibles, telles que: la
rubéole, la syphilis ou le sida.

Les arriérations mentales sont mesurées au moyen du quotient d’intelligence


(Q.I), qui établit la relation entre l’âge physique et l’âge mental, grâce aux
différents tests psychologiques.

Les différents degrés d’arriération mentale sont exprimés par le tableau suivant:

Catégories Age mental Quotient d’intelligence


d’arriération
Idiot Jusqu’à 2 ans De 0 à 19

Imbécile De 3 à 6 ans De 20 à 49
Débile De 7 à 10 ans De 50 à 69
Faible d’esprit De 11 à 12 ans De 70 à 89
Normal Au-delà de 12 ans 90 et plus

Du point de vue criminologique et pénal, l’arriéré mental atteint d’idiotie a un


âge mental qui correspond à celui d’un enfant de deux ans. L’idiot est incapable
de comprendre la signification de l’interdit pénal, et son irresponsabilité ne fait
pas de doute.

L’imbécile ayant l’âge mental d’un enfant de trois à six ans, n’est capable de
comprendre que certains interdits graves tels que l’homicide.

Quant au débile et au simple d’esprit, ils peuvent saisir la plupart des interdits
pénaux. Mais étant donné que leur âge mental ne dépasse pas 12 ans, ce qui
correspond à l'âge de minorité pénale où la loi institue une présomption
irréfragable d'irresponsabilité, Il serait peu probable qu'ils soient
responsabilisés.

23
Mais il faut signaler, que l’arriération mentale n’est pas en soi un facteur
criminogène. Par contre des instigateurs qui jouissent parfaitement de leurs
capacités mentales peuvent inciter ces personnes souffrant d'arriérations
mentales pour commettre certains crimes. Il faut noter que si l'attardé mental
échappe à la responsabilité, il n'en est pas de même pour l'instigateur, l'art 131
du code pénal est clair à cet égard, lorsqu'il affirme:

«Celui qui a déterminé une personne non punissable en raison d'une condition
ou d'une qualité personnelle, à commettre une infraction, est passible des
peines réprimant l'infraction commise par cette personne»

PII: La démence au sens médical

Deux formes s’expriment dans cette démence:

- La première forme de démence ne correspond pas à un âge déterminé, et les


sujets atteints de cette maladie peuvent se recruter dans les différentes tranches
d’âge. Une lésion cérébrale ou un traumatisme crânien peuvent être à l’origine
de cette maladie.
Les symptômes de la maladie se manifestent par des troubles de caractère, un
affaiblissement psychique progressif caractérisé par une altération des
fonctions intellectuelles, morales et affectives et par une perturbation des
conduites sociales. Le sujet est turbulent, impulsif et présente des stéréotypies
(notamment des tics).
Ne jouissant pas de discernement et manquant de perception des interdits
légaux, le dément peut être conduit à commettre un crime étrange, par exemple
incendier la maison. L’action de la personne atteinte de démence reste en
principe imprévisible.

- La deuxième forme qualifiée démence sénile, est due à la dégénérescence


cérébrale et se manifeste, en général, après 70 ans.

Généralement, on observe une accentuation des signes du vieillissement,


diminution des possibilités d’adaptation du sujet aux situations nouvelles,
grande fatigabilité intellectuelle, le sujet avec une humeur changeante se
montre tantôt irritable tantôt dépressif et parfois même agressif.
Sur le plan criminologique, on signale la relation de cette forme de démence
avec des infractions sexuelles telles que l’exhibitionnisme et la pédophilie.
La maladie d’Alzheimer est considérée également comme une variante de la
démence, elle se caractérise essentiellement par une dégradation de la mémoire
et une perte du sens de l’orientation.

24
Section 2:
Les maladies mentales fonctionnelles

Les maladies mentales fonctionnelles sont celles qui révèlent une perturbation
au niveau du fonctionnement du psychisme, c’est-à-dire un certain
dysfonctionnement. Elles regroupent trois grandes catégories: les psychoses, les
névroses et les psychopathies.

PI: Les psychoses

Les psychoses sont des maladies mentales caractérisées par une atteinte
profonde de la personnalité, se manifestant notamment par des troubles de la
sphère cognitive et de la sphère affective.

Dans les psychoses, le sujet n’a pas conscience de sa morbidité (c’est-à-dire sa


maladie), et ne peut plus s’adapter à la vie sociale et à la réalité en général.
Les psychoses perturbent : l’aspect professionnel, familial et personnel à un tel
point, que l’hospitalisation de celui-ci devient nécessaire, du fait que ses
réactions deviennent dangereuses pour lui-même et pour l’entourage. C’est ce
qu’on appelle le caractère invalidant
Il est à noter que dans sa vie relationnelle, dans ses propos et ses sentiments, le
psychotique reste incompris de son entourage.

Il faut enfin signaler cinq caractéristiques, qui ont valeur de symptômes pour
les psychotiques. Ainsi, on relève chez ces patients:

a- des troubles de langage et de la pensée;

b- des troubles d’affectivité;

c- le retrait social ;

d- les délires;

e- les hallucinations.

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Nous faisons ici l'étude de trois maladies très représentatives des psychoses, qui
sont respectivement: la psychose maniaco-dépressive; la schizophrénie et la
paranoïa.

A- La psychose maniaco-dépressive

Dans cette forme de maladie, le sujet est l’objet d’une alternance d’états
psychiques contradictoires, allant de la mélancolie et de la dépression, à la
manie et la surexcitation.
Les psychoses maniaco-dépressives ou troubles bipolaires ont pour terrain la
cyclothymie (alternance des cycles) sur laquelle se greffent des excès
d’excitation et de dépression.

Les premiers sont bien gênants pour l’entourage (coups et blessures) et les
seconds peuvent exposer au risque de suicide ou d’homicide

Sur le plan criminologique, cette catégorie de patients lorsqu’elle ne commet


pas des actes de suicide, elle peut se trouver impliquée dans un meurtre des
membres les plus proches de la famille.

B- La schizophrénie : c’est la psychose par excellence ( schizo : diviser,


phrénie : état d’esprit)

La schizophrénie appelée également démence précoce, puisqu’elle fait son


apparition en général entre 18 et 25 ans. La schizophrénie peut être définie
comme un état pathologique caractérisé par une déstructuration ou
dissociation de la personnalité, qui est responsable d’une perte de contact avec
le réel et d’une inadaptation progressive au milieu.

Tous les symptômes des psychoses se vérifient chez le schizophrène qui


s’enferme dans un univers hermétique incompréhensible et incommunicable,
à côté des délires et des hallucinations mal systématisées. Le sujet peut
manifester des impulsions auto agressives ou hétéro agressives, ainsi que de
gros troubles psychomoteurs.

Sur le plan criminologique, les schizophrènes présentent un grand potentiel de


dangerosité. Des psychiatres estiment que 40% des psychotiques meurtriers
sont des schizophrènes, ils commettent le plus souvent des meurtres
apparemment immotivés. Les schizophrènes sont irresponsables pénalement car
manque de discernement

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C- la paranoïa

Elle peut être définie comme une psychose chronique caractérisée par un
délire systématisé, hallucinatoire et interprétatif. Le sujet paranoïaque
démontre un accord précaire avec la réalité, ses relations avec autrui sont
gravement altérées à cause de sa méfiance, de sa susceptibilité, de ses erreurs
de jugement, de sa mégalomanie ou à cause d’un sentiment de persécution à
peu près constant. ELLE SE CARACTERISE PAR LES DÉLIRES :

Les psychiatres distinguent en général quatre formes de paranoïa:

a- les délires passionnels;

b- les délires de revendication;

c- les délires d’interprétation :mégalomanie

d- les délires de persécution.

Sur le plan criminologique, ce type de psychose a un grand potentiel criminel, il


faut craindre de la part des paranoïaques surtout des crimes justiciers ou des
actes de terrorisme.

PII: Les névroses

Définition : A l’inverse des psychoses, les névroses sont des troubles mentaux
dont le sujet a douloureusement conscience, en percevant le caractère
pathologique mais qu’il ne peut maîtriser.

On peut dire que ce sont des maladies subjectives quoique le comportement


puisse être grandement affecté, la personnalité n’est pas désorganisée.

A- les phobies

La phobie constitue la principale forme des névroses d’angoisse, elle peut être
définie comme une affection mentale caractérisée par une peur intense,
irraisonnée et tenace éprouvée à l’égard de certaines choses ou de certaines
situations qui ne justifient pas par elles-mêmes une telle réaction.

Ces craintes morbides sont extrêmement variées, les psychiatres distinguent


entre autres:

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a- les phobies de situation, à titre d’exemple: la claustrophobie
(peur des endroits fermés) ; l’agoraphobie (peur des grands espaces ouverts) ;
l’acrophobie (peur des hauteurs)

b- les phobies des moyens de transport, à titre


d’exemple :l’aviophobie (peur de monter l’avion) ; la cyclophobie (peur des
deux roues)

c- les phobies de certains animaux ou de certains insectes


(zoophobies)
d- phobies limites : peur du sang…

LA PHOBIE EST UNE MANIFESTATION DE LA NEVROSE


D’ANGOISSE

B- La névrose scrupuleuse- obsessionnelle

C’est une affection mentale caractérisée par l’apparition dans le champ de la


conscience : de pensées, de sentiments ou de conduites qui tendent à s’imposer
au sujet, malgré tous ses efforts pour les chasser.

Le terme obsession met l’accent sur le caractère insistant des pensées qui
occupent la conscience du sujet, et que celui-ci reconnaît comme absurdes et
anormales. Il s’agit en fait d’un T.O.C, c’est-à-dire un trouble obsessionnel
compulsif.

L’élément parasite peut être un doute, un scrupule ou le désir d’accomplir un


acte ridicule, agressif ou sacrilège ou la peur d’une action ou d’un objet présent
non pas matériellement comme dans les phobies, mais en pensées.

Le sujet pour apaiser sa tension, peut avoir recours à des actes conjuratoires et
à des stratagèmes dérisoires

C- L’hystérie

L’hystérie est une névrose d’expression aux manifestations très variées


traduisant en symptômes corporels des idées, des représentations ou des
sentiments inconscients. Elle se présente sous forme d'une expression
psychosomatique.

Cliniquement, l’hystérie se traduit par des manifestations


psychosomatiques relativement durables :

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a- les troubles moteurs

b- les troubles sensoriels

c- les troubles neurovégétatifs ( interaction entre système nerveux


et végétation ( estomac) )

d- les troubles mentaux ( amnésie, somnambulisme, dédoublement


de la personnalité )

PIII: Les psychopathies:

On désigne sous cette appellation : «toute forme d’organisation de la


personnalité, se traduisant par un mauvais contrôle émotionnel des
impulsions, et par des conduites asociales ( non intégrées à la société) ou
antisociales ( contre la société) dues à un besoin irrésistible de satisfaire
immédiatement ses désirs».

Il s’agit de la maladie mentale qui intéresse le plus la criminologie. Et si le


psychopathe est un inadapté social, la réciproque n’est pas vraie.
Trois formes de psychopathie intéressent notre étude à savoir, la délinquance
chronique, la toxicomanie et les perversions sexuelles.

A- la délinquance chronique ( definitions, criminalité organisée, delinquant


pathologique, catégories tueurs plusieurs victimes…)

Au sens de la psychiatrie criminelle, on entend par délinquance chronique -–


«des formes de récidive où la conduite criminelle se fait à cause de l’impulsion
psychopathique». Le comportement du criminel est dû à une incapacité de
contrôler ses impulsions, ce qui cause la répétition d’actes criminels
( récidive ) ; Ici la délinquance chronique est dictée par une pathologie

Par contre, au sens du droit pénal, la délinquance chronique c’est le choix


d’être criminel sans être atteint de pathologie
Dans ce sens pénal du terme, on retrouve de façon générale quelques
constantes, tel que l’intolérance à la frustration, l’impulsivité et la facilité du
passage à l’acte criminel. L’agressivité et la tendance aux comportements
antisociaux enfin, l’insensibilité à la répression qui favorise la répétition des
conduites antisociales.

29
Dans cette catégorie, on peut rencontrer des criminels appartenant le plus
souvent à la frange de la criminalité organisée: bande de malfaiteurs, trafiquants
de drogue, trafiquants d'armes ou d'êtres humains et proxénètes. Il s'agit de
délinquants chroniques professionnels, qui ont choisi d'adopter un mode de vie
criminel. C'est le modèle de délinquant chronique professionnel. Ce modèle ne
peut pas être considéré comme relevant de la psychopathie, mais plutôt de la
criminalité organisée.

Sur le plan individuel, la criminologie s'intéresse à une autre catégorie de


délinquants chroniques, à savoir le modèle délinquant chronique pathologique.
Cette catégorie est attirée, en fonction des cas, vers une forme déterminée de
comportement criminel. Les impulsions qui guident le comportement criminel
d'un délinquant chronique psychopathe révèlent son déséquilibre psychique et
sa dangerosité criminelle.

C’est dans cette catégorie qu’on range les tueurs en série, les pyromanes, les
cleptomanes et les mythomanes.

1- Les tueurs en série ( définition, déséquilibre-miseàmort-


jouissancesexuelle-narcissosexuel-modusoperandi-programme-centre)

Les tueurs en série ou (serial killers) :


- tuent par plaisir.
- Ces assassins cataloguent plusieurs victimes répondant à un profil déterminé,
le plus souvent des femmes ou des enfants.
- la mise à mort soit accompagnée d’un rituel élaboré, répondant aux fantasmes
sexuels du criminel ( domination et jouissance sexuelle) s’exprimant dans
certains cas par des mutilations ou à travers l’anthropophagie (cannibalisme).
Le tueur en série est également qualifié de tueur narcisso-sexuel.
- Chaque tueur adopte un modus operandi spécifique et laisse sa signature dans
la scène de crime. Ces assassins tuent passionnément avec des raffinements
macabres, en général, sous l’empire de pulsions sexuelles.

Du fait de l’absence de mobiles ou de liens avec leurs victimes, ils échappent


parfois pour plusieurs années à la police. Et étant donné que 75% des meurtres
en série se trouvent commis aux États-Unis, le FBI a crée le Centre National
d'Analyse de la Criminalité Violente, le N.C.A.V.C composé d’enquêteurs et
qui a mit en place le V.C.A.P (Violent Criminal Apprehension Programme), qui
consiste en un système informatique destiné à collecter et à analyser les crimes
violents commis sur le territoire américain
Procédure : en cas de crime de sang, l’enquêteur en fait un rapport détaillé qu’il
transmet au centre, le centre saisit ces données sur le système : si elles

30
correspondent à un modus operandi, cela signifie que c’est le même tueur en
série

AUTRE POINT : Les études de ce centre ont permis de distinguer trois


types de meurtriers à victimes multiples:

a- Mass murderer (tueur de masse):

C’est le meurtrier qui tue à visage découvert plusieurs victimes , au même


endroit lors d’un même événement dans un laps de temps très court ;
LE TUEUR EN MASSE EST PSYCHOTIQUE ET NON PAS
PSYCHOPATHE, il commet son crime suite à une crise, ne choisit pas ses
victimes. Il est psychotique ( dossier médical) donc irresponsable
pénalement alors que le tueur en série est un psychopathe conscient de ses
actes et est donc responsable car tout est calculé
b- Spree killer (tueur compulsif):

Le tueur compulsif, dit également tueur par éclat commet des meurtres
multiples à des endroits différents dans un laps de temps très court (30 min à
2h), Mais il diffère du tueur en masse par le fait qu’il cible ses victimes et ne se
cache pas. On l’appelle aussi tueur par éclat car il accumule de la colère en lui
puis l’éclate de manière brutale , ces personnes ont aussi un dossier médical
( psychotique)

Le point commun entre ces catégories est qu’ils relèvent des maladies
fonctionnelles et qu’ils font plusieurs victimes
LE TUEUR EN MASSE N’EST PAS UN DELINQUANT CHRONIQUE
CAR IL NE TUE QU’UNE SEULE FOIS ( PAS DE RECIDIVE) ALORS
QUE LE TUEUR EN SERIE ET TUEUR COMPULSIF LE SONT
Point commun entre tueur en masse et tueur compulsif :
Maladies fonctionnelles, plusieurs victimes, psychotiques, ont un dossier
médical, en principe ne sont pas responsables

2- les pyromanes

Allument le feu, avec récidive


4 formes d’incendiaires :

- suicide par le feu

- homicide par le feu

- incendie des propriétés par vengeance

31
- incendie des biens suite à une impulsion pathologique

C’est à l’égard de ce dernier type qu’on parle de pyromanie

Les pyromanes, sont attirés par le feu qu’ils allument par passion. Il s’agit d’un
véritable délinquant chronique ( récidive) qui a un dossier de personnalité
Il y a une tension qui le pousse à allumer le feu. Le pyromane est seul,
introverti, échec de situation familiale et professionnelle, il peut aussi avoir une
amnésie simulée ou réelle

3-les cleptomanes : vol pathologique pour des raisons non utilitaires

La cleptomanie est souvent définie : «comme le désir irrationnel de voler pour


des raisons non utilitaires et reliées à l’inconscient chez un individu dont les
autres aspects de la personnalité sont par ailleurs intactes».

La cleptomanie s’exprime à travers l’impossibilité de résister aux impulsions de


vol d’objets n’ayant ni utilité immédiate ni grande valeur monétaire, avec une
tension croissante avant de commettre l’acte, et une grande satisfaction après sa
réalisation ; les cleptomanes souffrent souvent d’angoisse et de dépression
L’acte du cleptomane s’accomplit le plus souvent en public, avec le risque
d’être pris en flagrant délit, ce qui augmente l’excitation et montre une
recherche inconsciente de la punition pour se déculpabiliser
Ils sont responsables pénalement, mais leur situation peut être prise en compte
pour une atténuation de la peine

3-Les mythomanes

La mythomanie peut être définie : «comme un mensonge pathologique répétitif


exprimé par certains psychopathes». 3 catégories :

a- Les profiteurs

Cette catégorie regroupe une grande variété de cas de bovarysme. Le mensonge


a des visées utilitaires et lucratives (escroc, faux médecin, faux mari, faux
héritier, sorcier…etc.)

b- Les vengeurs

Regroupant des mythomanes visant la nuisance à des personnes déterminées


(fausse accusation de vol, de viol, de maltraitance, anonymographie…etc.)

32
c- Les ludiques : mentent par amusement

Les ludiques pervers regroupent une diversité de typologies:

- Don Juanisme (prétentions de séduction)- Pathomimie (simulation de la


maladie)- Colporteurs de rumeurs - Chefs de sectes ... etc

B- La toxicomanie

Elle peut être définie comme une addiction à certaines substances nocives, qui
entraîne une intoxication de l'organisme.
Toutes les addictions ne sont pas des toxicomanies, les psychiatres ont aussi
relevé des addictions comportementales
Pour la toxicomanie : Il s'agit essentiellement d'alcoolisme et du mauvais usage
des stupéfiants.

1- L’alcoolisme

L’alcoolisme est le fait de s’imprégner d’alcool dans le cadre d’une dépendance


physique et psychique, qui conditionne à la fois le corps et l'esprit.

Q : L’alcool est-il un facteur de comportement criminel ?


R : Il faut distinguer deux cas :
- l’alcoolique criminel : à cause de son alcoolisme, il bascule vers un
comportement criminel, l’alcoolisme est donc la cause de criminalité
- le criminel alcoolique : la personne est au départ criminelle, et elle
accompagne sa criminalité par l’alcoolisme
Dans les deux cas, il y a corrélation entre toxicomanie par alcoolisme et
criminalité
Cette criminalité à cause d’alcoolisme se manifeste par des injures, de coups et
blessures ou d’homicides, de maltraitance infantiles, de violence conjugale,
d’inceste, d’agressions sexuelles, d’actes incendiaires et de délits
d’imprudence.
L’alcoolisme est donc un facteur criminogène mais aussi un facteur
victimogène car l’alcoolique peut être victime lui-même. Il est d’abord victime
de sa propre intempérance, il peut se faire du mal et commettre un acte auto
agressif, comme il peut être agressé par autrui: vol, coups et blessures sur sa
personne, rixe entre des buveurs …etc.

33
L’alcoolique reste responsable pénalement, car l’alcoolisme n’est pas une
excuse d’irresponsabilité pénale ( art 137 ) mais la sanction pénale doit être
accompagnée d’une mesure de sureté, càd le placement judiciaire dans un
établissement thérapeutique pour une cure de désintoxication.
Rappelons que le décret royal de 1967 réprime l’ivresse publique en général en
dehors de toute infraction, et que la discipline relative aux addictions s’appelle
l’addictologie

2- Le mauvais usage de stupéfiants : consommation de drogues ou de


psychotropes

- la drogue est tout produit naturel ou synthétique capable de modifier le


comportement de celui qui la consomme et d’engendrer une dépendance
physique et psychique.
- les psychotropes sont des produits stupéfiants
Les autres sont souvent naturelles, les psychotropes sont fabriqués
La dépendance psychique se traduit chez le toxicomane par le désir de
renouveler la consommation de la substance, tandis que la dépendance
physique entraîne une adaptation de l’organisme, avec comme conséquence
l’apparition de troubles physiques intenses lorsque le produit n’est plus
consommé. Le dahir portant loi de 1974 traite les drogues, la drogue est un
grand facteur criminogène plus qu’un facteur victimogène

. Les spécialistes ont relevé 3 liens entre les drogues et le comportement


criminel :

- les liens pharmacologiques:


Ici, le produit est en lui-même un générateur du comportement violent.
`
- les liens économiques:

La dépendance conduit l’usager à commettre des actes délictueux pour se


procurer de l'argent et donc consommer de la drogue

- les liens sociologiques:


les criminels ayant choisi ce mode vie partagent des chose communes dont la
consommation de la drogue

Les effets des drogues sur les individus susceptibles d’engendrer des
comportements criminels se manifestent essentiellement à travers trois types
d'actions:

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- l'action confusionnelle : perte de lucidité
- l'action paranoïde : peut tout faire
- l'action désinhibitrice : l’individu se sent libéré

Là aussi, il faut une mesure de sureté : placement judiciaire dans un


établissement thérapeutique, la responsabilité pénale n’est pas exclue

C- Les perversions/déviances sexuelles

On appelle généralement perversions sexuelles, les pratiques érotiques dont


certaines personnes ont impérativement et exclusivement besoin pour accéder
au plaisir sexuel. Cette thématique relève d'une discipline qualifiée de
sexologie. Elis, Ebing et Freud comptent parmi les spécialistes qui ont des
travaux qui font référence en la matière.
Les perversions sexuelles ne sont pas à confondre avec les infractions sexuelles
dans la mesure où l’infraction sexuelle est une notion pénale nécessitant
incrimination et sanction, alors que la perversion sexuelle relève du champ de
la psychiatrie et de la criminologie et ne tombe pas forcément sous le coup de la
répression pénale.
En matière de P.S : le comportement sexuel est tracé par la société, il doit être
conforme aux standards sociaux, s’il déroge à ces standards, il y a
anticonformisme et donc perversion ou déviance sexuelle : ce qui cause une
désapprobation sociale et donc une stigmatisation sociale

Primo: Perversions par modification du but sexuel (P.M.B.S)

Dans cette catégorie, le pervers modifie le but ordinaire de la sexualité, à savoir


la rencontre homme/femme, en substituant l’une des pratiques qu'il privilégie.
Ici, la déviance sexuelle se manifeste par une pulsion anormale et irrésistible
qui cause un scénario anormal

1- l’exhibitionnisme

L’exhibitionnisme est une perversion propre aux hommes, il s’agit d’une


perversion sexuelle obsédante et impulsive, caractérisée par le besoin d’étaler
en public et en général, avec une certaine fixité d’heures et de lieux, ses organes
génitaux à l’état flasque ou en érection.
L’exhibitionniste réalise sa jouissance rien qu’en exhibant son organe à un
public déterminé. Il se focalise spécialement sur la réaction psychique
démontrée par le public cible suite à la surprise du spectacle. Sur le plan pénal,
ce comportement est appréhendé sous la qualification d'outrage public à la
pudeur.

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2- le voyeurisme

C’est la pratique qui consiste à épier autrui souvent à son insu, dans son
intimité quotidienne.
Le voyeur trouve dans sa pratique l’essentiel de sa satisfaction, sa vision est
érotisée

3- le fétichisme

On parle de perversion de fétichisme dans tous les cas où un sujet ne peut


accéder à la jouissance sexuelle sans la présence effective d’un objet sexuel
auquel il attribut un pouvoir magique mystérieux. L’objet sur lequel se fixe
l’imaginaire sexuel du fétichiste, peut être soit une partie du corps de l’autre
sexe, sois un objet qui lui appartient ex : combinaison, ceinture, fourrure, cuir,
chaussures, etc. Le fétichiste n’est pas responsable pénalement car il n’ y a pas
d’atteinte à l’ordre public, sauf s’il atteint une autre personne ou la société

4- le sadisme et le masochisme

Le sadisme et le masochisme constituent deux perversions complémentaires. Le


sadisme peut être entendu comme la jouissance sexuelle de la souffrance
infligée à autrui. Le masochisme est entendu comme la jouissance sexuelle de
sa propre souffrance infligée par autrui.

Dans le couple sado-maso, L'un des sujets va éprouver l’une de ces deux
perversions, tandis que l’autre perversion sera assumée par le partenaire.

La souffrance physique ou morale sont des conditions sine qua none à


l’obtention de la satisfaction sexuelle chez le sadique ou le masochiste. Les
pratiques diffèrent en fonction de chaque pervers : insultes, humiliation,
coups…
S’il l’un des partenaires n’est pas consentant : ce sont des coups et blessures
La perversion du sadisme est forgée du nom du célèbre Marquis de SADE,
tandis que le masochisme est à relier au nom du romancier autrichien Léopold
ZACHER MASOCH.

Secundo: Perversions par modification de l’objet sexuel (P.M.O.S)

Dans cette catégorie, le pervers change l’objet sexuel c'est-à-dire modifie le


partenaire ordinaire dans une relation sexuelle normale.

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1- L’homosexualité = paraphilie, Freud la qualifie d’inversion

- Considérée comme un acte contre nature par les trois religions,


l’homosexualité est l’une des perversions sexuelles les plus controversées
actuellement dans le monde occidental, étant donné la montée du discours
légitimant l’homosexualité, la réclamation du droit à la tolérance de cette
minorité. Ce qui a entraîné une vague de dépénalisation de l'homosexualité
dans une partie des pays occidentaux , avec la formation de l’IGLA et même
d’une communauté LGBT

L’homosexualité est définie comme l’attirance sexuelle permanente ou


passagère qu’un individu homme ou femme éprouve pour la personne du même
sexe. Ainsi, l’homosexualité masculine est qualifiée de pédérastie/sodomie,
alors que l’homosexualité féminine est qualifiée de lesbianisme/ saphisme/
gomorrhéenne

2- La pédophilie

Il s’agit de l’attirance sexuelle envers les enfants. Elle peut donc être
homosexuelle ou hétérosexuelle. Le terme « pédophilie » n’existe pas dans le
code pénal, elle est qualifiée d’attentat à la pudeur sur mineur, soit sans
violence soit avec violence (articles 484 et 485 du code pénal).
Il y a une différence entre :
 Viol : art 486 : c’est l’acte par lequel l’homme a des relations sexuelles
avec une femme contre le gré de celle-ci, il s’agit d’un crime
Attention : elle ne concerne que les femmes ( pour les hommes, c’est
l’attentat à la pudeur) , si elle concerne une mineure ou incapable, elle est
une circonstance aggravante
 Attentat à la pudeur : art 484-485 : sans violences ( sur mineur ou
incapable, pédophilie) , avec violences ( pas nécessaire que ce soit un
mineur ou un incapable, ce sont des circonstances aggravantes, c’est un
crime)
 Outrage public à la pudeur : art 483 : suppose un acte impudique et
public sans atteinte à l’intégrité physique ou sexuelle d’une personne
Un nouveau art est aussi introduit au CP en 2003 : l’art 503-02 qui incrimine la
pédopornographie

3- L'inceste

Il s’agit de relations sexuelles intra familiales. Là aussi, il s'agit d'un acte contre
nature. Il peut s'agir d'une relation frère/sœur ou d'une relation mère/fils ou
encore d'une relation père/fille. Cette dernière reste de loin la plus fréquente.
Dans l’art 487 : l’inceste est évoqué indirectement «  si le coupable est

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l’ascendant/tuteur… puni de réclusion selon les cas ( viol, attentat à la pudeur,
outrage public à la pudeur)

4- La gérontophilie

A l'inverse de la pédophilie, la gérontophilie exprime une attirance sexuelle


envers les personnes âgées. Il s'agit d'une autre anomalie dans le choix du
partenaire sexuel assez réprouvée socialement.

5- La zoophilie= bestialité

le zoophile préfère avoir des relations sexuelles avec l’animal déterminé ce qui
suppose un penchant maladif vers cet animal précis

6- La nécrophilie

La nécrophilie peut être définie comme une perversion sexuelle caractérisée par
une attirance sexuelle morbide pour les cadavres. Le sujet peut se contenter de
contempler le cadavre, le caresser et l’embrasser ou aller jusqu'à pratiquer une
relation sexuelle. Il s’agit d’une attirance pathologique
Les psychiatres voient dans la nécrophilie une tentative d’identification avec le
cadavre qui cache un grand attachement avec le parent décédé. D’autres voient
une résurgence du culte des morts.
Le viol post-mortem pratiquée par un tueur en série sur sa victime révèle
ostensiblement, chez lui, un certain penchant nécrophile.

Tertio: Perversions par modification de l’identité sexuelle (P.M.I.S)

Dans cette catégorie, le sujet manifestant le travestisme ou la transsexualité


exprime un refus de son identité sexuelle et un penchant pour l’identité du sexe
opposé.

1- La transsexualité, transsexualisme

Le transsexuel se distingue d’abord de l’hermaphrodite;


- l’hermaphrodite : personne qui suite à un accident génétique, se trouve à la
fois avec les attributs physiques masculins et féminins , il s’agit d’un bisexuel
physiquement parlant ou un transgenre
- le transsexuel n’est pas hermaphrodite : physiquement il est homme ou
femme, mais il a le psychique et le comportement du sexe opposé : il a donc
une opposition entre l’identité physique et psychique

Cela cause son changement par intervention chirurgicale.

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2- Le travestisme

Le travestisme est une perversion sexuelle qui se rencontre aussi bien chez
l’homme que chez la femme. Le travesti peut être défini comme quelqu’un qui
ne peut atteindre son plaisir sexuel qu’à la condition de porter des vêtements du
sexe opposé, mais ce comportement n’est pervers que si elle a une relation
sexuelle avec ce travestisme
3 VARIANTES :
- le fétichiste travesti : s’habille et se comporte comme une femme lors d’une
relation sexuelle
- homosexuel qui s’habille en femme pour séduire les hommes
- le transsexuel travesti : c’est un travesti en apparence car il se considère
comme femme, il s’habille donc comme femme car c’est sa vraie nature

ATTENTION : LE TRANSEXUEL ET LE TRAVESTI APPARTIENNENT


PHYSIQUEMENT À UN SEXE DÉTERMINÉ CONTRAIREMENT A
L’HERMAPHRODITE

Plus :
- psychopathologie ; ensemble des maladies organiques et fonctionnelles
- le psychopathe qlq soit la forme de psychopathie est toujours conscient donc
est responsable pénalement
- l’hystérie est une névrose d’expression car il y a manifestation
psychosomatique du conflit psychique

39
Chapitre IV:

Le courant psychologique

Le courant psychologique présente des hypothèses qui essaient d'expliquer le


comportement criminel sur la base de facteurs psychologiques. Elles sont d'une
grande diversité, mais dans leur grande majorité, elles puisent leurs matériaux
dans la doctrine freudienne.

PI: La psychologie freudienne et le comportement criminel

Sigmund FREUD (1856-1939) neuropsychiatre autrichien est considéré comme


le fondateur de la psychanalyse, et comme le père de toute une école qui a
révolutionné la psychologie et la pratique médicale psychiatrique au 19 ème
siècle.

40
Beaucoup de psychologues et de criminologues se sont inspirés de ses théories
relatives à l’agressivité et aux perversions. Il est donc essentiel de passer en
revue les trois bases de la psychologie freudienne.

A- Les éléments de l’appareil psychique

Freud estime que l’appareil psychique humain se divise en trois éléments ou


zones à savoir, le «Ça», le «Moi» et le «Surmoi». Il y a une interaction entre ces
trois composants qui jouent leur rôle dans la formation normale ou anormale de
la personnalité.

Pris à part, chacun de ces éléments assume une fonction spéciale nécessaire
dans la vie interne de l’individu.

Le «Ça» est la zone la plus ancienne, il correspond à la sphère des instincts et


du végétatif. Il est par nature rebelle à la réalité et aux conventions sociales, il
se trouve par contre soumis au principe du plaisir.

Le «Surmoi» exprime les exigences de la vie sociale et les interdits légaux et


moraux, il est acquis tout au long de l’éducation et joue un grand rôle dans la
formation de la personnalité équilibrée.

Le «Moi» constitue un élément de synthèse et une liaison entre le «Ça» et le


«Surmoi», il assure la fonction synthétique de la personnalité et cherche un
équilibre entre les exigences sociales et les désirs personnels.

B- La distinction entre le Conscient et l’Inconscient

La psychanalyse pratiquée par Freud pour le traitement des névroses, prend


pour base essentielle la distinction entre le conscient et l’inconscient. Il est
difficile de définir la conscience parce que c’est une pure subjectivité, mais on
peut tout de même dire que c’est la connaissance qui accompagne nos
sentiments et nos actions.

A coté de ce qui est conscient, existe une sphère qui conditionne certains de nos
actes et de nos comportements et qui reste dans l’obscurité, c’est l’inconscient.
Celui-ci désigne l’ensemble des faits psychiques dont nous n’avons pas
conscience. Ce sont toutes nos acquisitions personnelles, nos expériences, nos
pensées, nos souvenirs perdus qui peuvent resurgir lorsque l’occasion est
propice. C’est le passé enfoui, qui commande le présent et le futur. Pour
FREUD, l’inconscient est soumis essentiellement à deux grandes impulsions,
l’Éros et le Thanatos.

41
C- L’évolution psycho-sexuelle chez l’enfant

FREUD part du postulat que la sexualité ne commence pas avec la puberté,


mais bien avant. C'est-à-dire immédiatement après la naissance. Pour défendre
cette vision, Freud distingue d’abord ce qui est sexuel de ce qui est génital, en
mettant l’accent sur les zones érogènes. Contestant ainsi l’innocence des
enfants, il expose quatre stades dans le déploiement de la sexualité infantile.
1- Le stade buccal

Il commence après la naissance, et la bouche se détermine, à ce stade, comme


zone érogène capable de satisfaction auto érotique. Pour FREUD, la bouche en
plus de sa fonction nutritive, remplit une fonction érotique.

2- Le stade anal-sadique

Il se prolonge entre 18 mois et trois ans, la satisfaction érotique commence à se


déplacer au niveau des sécrétions de l’enfant. Pour FREUD, ces sécrétions ont
un rôle érogène et c’est à ce stade également que commence à s’exprimer
l’agressivité chez l’enfant.

3- Le stade phallique-œdipien

Il s'étale entre 3 et 7 ans, le plaisir érotique commence à se déplacer sur


l’organe génital. C’est à ce stade que le garçon traverse le complexe œdipien,
où symboliquement il désire posséder sa mère et essaie de se débarrasser de son
père.

L’équivalent du complexe d’œdipe chez la fille est appelé complexe d’Electre.

4- Le stade de latence

Il s'étale de 7 ans à la puberté. A ce stade l’éducation et les exigences sociales


inculquées à l’enfant détournent provisoirement sa libido sous forme de
sublimation et de pudeur.

FREUD estime que la sexualité entre en léthargie, dans un état de latence, en


attendant la puberté pour donner à l’érotisme sa véritable expression, où le
sexuel rejoint le génital. C’est durant ce stade que l’enfant surmonte et résout
son complexe qui se révèle incompatible avec la vie sociale.

PII: Les poste-freudiens et l’étiologie criminelle

42
L’étiologie criminelle chez les poste-freudiens s’articule, en ce qui concerne le
criminel, essentiellement autour de trois concepts:

- la perturbation du processus de socialisation;


- la mentalité criminelle ou dissociable et ;
- la constitution psychique perverse chez le criminel.

Parmi les poste- freudiens qui ont puisé dans le bagage conceptuel freudien on
peut citer: Marie Bonaparte, Aichhorn ou encore Kate Friedlander.

La principale hypothèse poste-freudienne est avancée par Daniel LAGACHE


(psychologue français), qui tout en partant de la primitivité du «surmoi», pour
expliquer la constitution psychique perverse chez le criminel, nous présente un
processus en deux phases:

1- la phase de retrait ou le refus de l’identification au groupe social

2- la phase de restitution ou la tentative d’ajustement de la


sociabilité

Ces deux phases constituent les deux faces d’une même médaille qui repose sur
la désintégration psychique chez le délinquant et son désengagement moral vis-
à-vis de la société. Le désengagement social est remplacé par l’adhésion au
groupe des délinquants. Ainsi le délinquant va retrouver dans le groupe
criminel le reflet de son image et une dimension sociale qu'il a perdue par
rapport à la société globale.

PIII: La personnalité criminelle et le passage à l’acte

A- la psycho-crimino-genèse d’Étienne De GREEFF

Le criminologue belge Étienne De GREEFF (1898-1961) est considéré comme


l’un des grands piliers de la pensée criminologique européenne. Sa vision de la
personnalité criminelle et du passage à l'acte se présente comme suit:

1- la conception globale du criminel

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L’originalité de la pensée du maître de Louvain provient d’abord de sa
conception globale du modèle criminel. De GREEFF ne perçoit pas le criminel
comme quelqu’un qui souffre nécessairement d’un dérèglement psychique ou
physique, ce qui le rend différent de l’homme ordinaire.

Pour lui, il part d'une conception objective et réaliste, en excluant d’abord les
criminels malades du champ de la recherche criminologique et en
s’interrogeant ensuite sur les criminels vrais, c'est-à-dire ceux qui sont
normalement constitués.

Pour lui, la question capitale est celle de savoir comment des êtres normaux
parviennent à commettre des actes anormaux. En d’autres termes, il s’agit de
savoir comment l’homme peut-il devenir criminel.

La question étant posée en ces termes, ne peut que conduire à rechercher si les
clés de la délinquance ne se trouvent pas plutôt dans les profondeurs du
psychisme et de la personnalité propre à chacun de nous, le dérèglement est
donc inhérent à la nature humaine.

2- la dynamique de la psycho-crimino-genèse

Partant du postulat que nous sommes tous des délinquants virtuels et


inconscients du fait des incitations à l’agressivité qui nous sont transmises par
notre système neurophysiologique, De GREEFF distingue un «psychisme de
base» extrêmement dangereux et un «psychisme supérieur» assumant l’auto
régulation.

Le psychisme de base est essentiellement commandé par les réactions du


mésencéphale (cerveau basal). Il est soumis par ailleurs à deux types de
fonctions:

- les fonctions instinctives: se composent des instincts de défense et des


instincts de sympathie. Les premiers tendent à la conservation du «moi», les
seconds tendent à la conservation de l’espèce. L’opposition entre les deux peut
engendrer une certaine agressivité.

- les fonctions incorruptibles: échappent complètement à la volonté, elles sont


aveugles et indifférentes au bien et au mal. Dans certaines conditions
déterminées, elles jouent sous l’impulsion de l’instinct de défense avec un
automatisme terrifiant.

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Ces mouvements instinctifs de la vie psychique de base, qui peuvent recevoir
une traduction mécanique dans la réalité, ne peuvent être déjoués que par un
psychisme supérieur, capable d’échafauder une défense contre les mauvais
tours du mésencéphale. C’est par un système de valeur tourné vers autrui et
réactivant nos instincts de sympathie et de sociabilité, qu’on peut faire face aux
réactions du psychisme de base, ce qui suppose nécessairement un
élargissement de la zone de tolérance.

3- le processus du passage à l’acte

Dans la criminalité passionnelle, le crime est souvent le résultat d’une morne


application et d’une maturation criminelle, qui met en jeu des sentiments
d’injustice subie et d’atteinte à la dignité, en déclenchant les réactions des
fonctions incorruptibles.

Ainsi, le processus du passage à l’acte criminel chez les criminels passionnels


se déroule en quatre phases.

a- la phase de l’assentiment inefficace

Résulte d’un état souterrain chez le sujet qui lui fait entrevoir par un événement
quelconque, la possibilité souhaitée de se débarrasser de son partenaire.

b- la phase de l’assentiment formulé

Tout en continuant à s’efforcer de penser que la disparition pourra s’accomplir


sans son concours, le sujet commence à se mettre lui-même en scène en tant
qu’auteur de l’acte criminel. Mais la progression de ces réflexions passe par des
hauts et des bas, le travail de dévalorisation de la victime alterne avec l’examen
des inconvénients du crime.

c- la phase de crise

Le sujet rentre dans une véritable agonie morale, essaie de se convaincre de la


nécessité du passage à l’acte criminel et de le justifier face à lui-même, en
entamant un processus avilissant et réductionniste à l’égard de la victime.

d- la phase du dénouement

Le processus réductionniste consacré par le sentiment d’injustice subie et


d’humiliation participe au désengagement du sujet à l’égard de la victime. Et le

45
dénouement de la lutte émotionnelle passe par la commission de l’acte grave de
meurtre.

Les réactions des criminels passionnels à la suite de leurs actes sont tout à fait
variées et expriment la personnalité criminelle soit par le remord, soit par
l’indifférence, soit par le soulagement ou encore par le cynisme.

B- Le noyau central de la personnalité criminelle chez Jean PINATEL

Pour Jean PINATEL, le passage à l’acte n’est que la réponse d’une personnalité
à une situation et comme on vient au crime par des chemins différents, le
passage à l’acte en soi se révèle comme insuffisant pour déterminer la
personnalité criminelle.

Le dénominateur commun qui révèle cette personnalité serait alors le noyau


central de la personnalité criminelle.

PINATEL a pris le sens inverse de MAINOUVRIER, qui s’est interrogé à


propos de ce qui empêche le non délinquant de passer à l’acte.

MAINOUVRIER estime que le mouvement vers l’infraction est avorté à cause


des freins psychologiques qui ont joué. Ces freins sont très personnels,
sentiment d’immoralité, crainte de la peine, pitié pour la victime…Etc.

Quant à PINATEL, il estime que chez le délinquant qui est passé à l’acte, les
freins d’ordre moral, pénal, matériel ou affectif n’ont pas joué. N’est ce pas là
le signe que le délinquant possède dans sa personnalité des traits
psychologiques qui sont en opposition avec ceux qui retiennent le non
délinquant.

En effet, ces traits psychologiques constituent les composantes du noyau central


de la personnalité criminelle, elles sont au nombre de quatre:

1- l’égocentrisme

Le délinquant a tendance à se considérer comme le centre de l’univers et à


surestimer ses exigences personnelles. Ce qui le pousse à faire primer ses
intérêts personnels.

2- la labilité

46
Considérée comme une prédisposition psychique résultant d’une certaine
incapacité d’être inhibé par la menace de la sanction. Ce qui explique la facilité
du passage à l'acte criminel.

3- l’agressivité

Cette caractéristique permet au délinquant de renverser les obstacles de toute


forme pour réaliser la satisfaction personnelle et braver les interdits moraux et
pénaux.

4- l’indifférence affective

Constitue le résultat logique de l’égocentrisme et exprime le désengagement


moral et social envers autrui. Le criminel reste insensible aux supplications de
ses victimes.

Ainsi malgré la grande diversité des personnalités criminelles, ces quatre traits
constituent un dénominateur commun, qu'on retrouve dans toute personnalité
criminelle. Et c'est pour cette raison que PINATEL parle du noyau central de la
personnalité criminelle, qui permet aux délinquants une certaine aisance dans le
passage à l'acte criminel.

Chapitre V:

47
LECOURANT SOCIO-CULTUREL

A l’intérieur du courant socioculturel, on peut distinguer deux grandes


orientations, une orientation européenne classique axée sur l’influence du
milieu social .Et en second lieu, une orientation américaine articulée sue les
aspects culturels.

Para I: L’étiologie criminelle européenne

Les criminologues européens ont concentré leurs efforts sur le rôle des facteurs
sociaux dans l’apparition de la criminalité .Différents facteurs sociaux ont été
mis en exergue. C’est ainsi qu’on a étudié l’influence du milieu familial et sa
contribution dans le comportement criminel.

Souvent, une famille éclatée est responsable de la déviance de jeunes


délinquants. Le milieu géographique a été également étudié et à l’aide de
statistiques, on arrive à brosser la différence entre la criminalité rurale et la
criminalité urbaine.

Le milieu économique a constitué de son coté un point d’intérêt pour les


théories sociologiques, qui ont essayé de trouver des corrélations entre la
criminalité et la pauvreté, de démontrer l’influence de mouvements
économiques sur l’accroissement du mouvement criminel.

Les masses média ont été également étudiées dans leur rôle néfaste sur la
criminalité.

48
Les criminologues européens qui ont essayé de mettre l’accent sur les facteurs
extérieurs sont allés plus loin dans des tentatives d’élaboration de pseudo lois
sociologiques.

Dans ce sens, on peut citer la loi thermique de la délinquance de GUERRY et


QUETELET, qui suppose que les crimes contre les personnes font plus
apparition dans le sud et en période de chaleur, et que les crimes contre les
biens se rencontrent beaucoup plus dans le nord où prédomine le climat froid.
Enrico FERRI a avancé pour sa part la loi de saturation criminelle dans son
ouvrage sur la sociologie criminelle, en vertu de laquelle, dans une société
déterminée chaque année s'expriment un certain nombre d'actes criminels bien
précis, en fonction des conditions socio-économiques qui prévalent dans cette
société.

PII: L’étiologie criminelle américaine

La recherche criminologique se caractérise par son intérêt pour le concept de


culture et sa relation avec les concepts de personnalité et de société.

La culture étant un agent social qui conditionne la personnalité pour exprimer


une civilisation déterminée. Mais dans toute société existent des cultures
marginales adoptées par certains groupes et qui peuvent se mettre en opposition
avec la culture prédominante.

A- La théorie d’Edwin SUTHERLAND

La théorie de SUTHERLAND est exprimée essentiellement à travers deux


hypothèses :

1-L’hypothèse de l’association différentielle

L’idée maîtresse de cette hypothèse c’est que le comportement criminel est un


comportement acquis et qui s’apprend. On ne né pas criminels, mais on le
devient par l’observation et par l’association à des modèles criminels.

C’est cette association qui transmet au futur délinquant les techniques


criminelles dont il a besoin, pour opérer dans le domaine de la délinquance .En
plus de cette formation délinquante, il y a un effort pour l’orientation des
mobiles criminels à travers les interprétations négatives des normes sociales.

49
Certains criminologues ont critiqué cette hypothèse avancée par
SUTHERLAND qui a mis l’accent sur le processus individuel de réception, en
ignorant les données endogènes. On a fait observer, en outre, l’absence de
processus d’association différentielle chez les collaborateurs de la justice
(policiers, magistrats, personnel de prisons), vu leur contact permanent avec les
modèles criminels.

2- l’hypothèse de la criminalité en col blanc

Il s’agit d’une innovation dans le domaine de la pensée criminologique. En


effet, jusqu’à 1939, année où SUTHERLAND avait exposé sa théorie sur la
criminalité en col blanc, on croyait que la criminalité avait des soubassement
économiques, et qu’elle était l’apanage des classes pauvres et défavorisées.
SUTHERLAND qui n’acceptait pas cette conception exclusive de la
criminalité, a forgé le modèle inverse et lui a donné l’appellation de criminalité
en col blanc (White Colar Crime).

Ce modèle consacre le style criminel des hommes d’affaires qui restent loin des
soupçons, mais qui ont une criminalité essentiellement acquisitive liée à
l’exercice de leur profession.

Le grand succès de l’hypothèse de SUTHERLAND dans le domaine de la


criminalité d’affaires a poussé par la suite certains criminologues, à inventer de
nouvelles catégories criminologiques, tel que la criminalité en col bleu (celle
des ouvriers), ou la criminalité en blouse blanche (celle des médecins), ou la
criminalité en veste bleue (celle des policiers), ou encore le délit chevalier,
invention allemande pour les infractions qui ne soulèvent pas une véritable
réprobation morale (comme la fraude fiscale).

B- La théorie des conflits de culture

Les conflits de culture désignent un ensemble de conditions sociales


caractérisées par la divergence et l’hétérogénéité des influences qui se font
sentir sur les individus.

Cette théorie se rattache essentiellement au nom de Torsten SELLIN, elle a


connu plusieurs applications.

1-Les cultures contradictoires

Un conflit de culture surgit lorsque les valeurs morales et les normes de


conduites sanctionnées par le droit pénal d’un pays déterminé, se trouvent en
désaccord avec les valeurs et les normes adoptées par des groupes d’individus,

50
qui ont une conception différente de la vie social, peut être génératrice de
conduite criminelle.

La criminalité engendrée par un conflit de culture peut particulièrement être


illustrée à travers deux exemples assez significatifs:

C’est ainsi que la naissance du conflit peut provenir du fait de la colonisation,


celle-ci introduit en effet les normes d’un groupe culturel sur le territoire d’un
autre groupe, elle rend ainsi brusquement illégales les règles de conduite qui
étaient considérées comme traditionnelles.

La naissance de conflits peut également être constatée à travers le phénomène


de l’immigration, les immigrants peuvent conserver certaines façons de se
conduire, qui sont en contradiction avec les normes du pays d’accueil.

La civilisation américaine avec le brassage des différents peuples immigrants


sur son territoire, est particulièrement propice pour produire des conflits de
culture ainsi que des théories sur les conflits de culture.

2-Les sous cultures

La sous culture est définie comme une subdivision d’une culture nationale
composée d’une combinaison de situations sociales tel que la classe, le
fondement ethnique, la résidence urbaine ou rurale et l’affiliation religieuse.

La sous culture se manifeste lorsqu’il y a interaction des personnes qui


partagent et intériorisent dans leurs croyances et leurs actions, le modèle
culturel du sous groupe.

A partir d’une idée de localisation spatiale, les criminologues nous présentent


deux formes de sous culture:

a- La première forme s’intéresse aux sous cultures urbaines

On a cherché à découvrir dans les grandes agglomérations, de véritables zones


criminelles, qui sont qualifiées d'aires de délinquance, des catégories entières
de jeunes cherchent refuge dans la violence, la drogue et la marginalité.

b- La deuxième forme s’intéresse aux sous cultures pénitentiaires

Présente un intérêt indéniable à plusieurs points de vue. La prison espace vital à


coté de son rôle criminologique sur les individus, s’avère un milieu culturel qui

51
favorise l’entretien de relations spéciales entre les détenus ou entre ceux-ci et
les agents de l’administration pénitentiaire.

3-L’anomie

Le conflit de cultures revêt chez certains criminologues américains


particulièrement Robert King MERTON, l’aspect d’anomie. Celle-ci peut être
définie comme un affaiblissement des normes sociales dans les consciences
individuelles.

Le concept d’anomie a été emprunté au sociologue français Émile


DURKHEIM, qui soutient que tout changement social trop accéléré, retentit sur
la structure sociale et les normes qui régissent la solidarité au sein de la société.

Pour MERTON, l’anomie se ramène à une rupture entre les buts valorisés par
une société de consommation et les moyens légitimes proposés par la société à
ses membres pour réaliser leur épanouissement.

Ainsi, dans l’échelle des valeurs de la société de consommation, l’argent est


proposé comme un objectif légitime de promotion sociale. Et face à ce
processus d’exaltation des fins, les normes qui définissent les moyens légitimes
d’acquisition de l’argent ne se développent pas corrélativement. Et comme les
mécanismes économiques et sociaux ne permettent pas à tout le monde
d’accéder légalement à la richesse, le phénomène de déviance et d’anomie fait
inéluctablement son apparition pour donner naissance à l’anticonformisme.

PIII: Les criminologies critiques

Les criminologies critiques consacrent une nouvelle forme de la réflexion


criminologique dans l’approche de la problématique criminelle. Ils ont fait leur
apparition à partir des années 60 en s’érigeant contre les modèles de la
criminologie classique.

Les criminologies critiques proposent une nouvelle approche du modèle


criminel en substituant à une criminologie étiologique, une criminologie de la
réaction sociale ou du contrôle social.

Deux théories représentant essentiellement ce courant, à savoir la criminologie


interactionniste et la criminologie radicale.

A- la criminologie interactionniste

52
Elle est qualifiée également de théorie de la stigmatisation ou encore théorie de
l’étiquetage (labelling theory). Elle a occupé la scène criminologique à partir
des années 60 avec l’apparition de deux ouvrages, le premier d’Edwin
LEMERT intitulé: «La pathologie sociale», le second d’Howard BECKER
intitulé «Les déviants : étude de la sociologie de la déviance».

Ainsi, contrairement au modèle classique qui voit dans la déviance la violation


des règles sociales, l’école interactionniste estime qu’il faut renverser le
schéma, car la délinquance n’est qu’une création sociale.

De ce fait, la déviance n’apparaît pas comme une qualité intrinsèque à l’acte


prohibé, mais comme le résultat d’une stigmatisation sociale taxant certains
individus comme déviants.

Ce renversement du schéma d’analyse apparaît dans:

1- Les positions critiques de l’école interactionniste

Ces positions critiques sont articulées autour de trois points:

1/ On reproche aux théories classiques d’avoir passé sous silence le rôle du


droit pénal dans la genèse criminelle. Pour la théorie de l’étiquetage, on ne
saurait négliger le rôle des institutions pénales dans la fabrication de la
déviance.

2/ L’école interactionniste reproche aux théories classiques, la distinction entre


le criminel et le non criminel. Pour l'école en question, cette distinction est non
avenue du fait du chiffre noir responsable de la confusion entre ces deux
entités.

3/ l’école interactionniste fait grief aux théories classiques d’avoir construit des
modèles explicatifs portant le cachet du déterminisme.

2-L’acquisition du statut social par le déviant

Cette acquisition se fait à la fois sur le plan social et sur le plan individuel.

- Sur le plan social

L’école interactionniste cible deux aspects à savoir l’application des normes,


ainsi que leur établissement.

53
Au niveau de l'établissement des normes, trois remarques sont avancées:

1)- les sociétés modernes ont tendance à faire du droit pénal, la forme
prédominante du système de contrôle social, ce qui est parfaitement illustré à
travers le phénomène de la sur criminalisation.

2)- le droit pénal moderne évolue vers la médicalisation de la


délinquance et prend de plus en plus une forme thérapeutique.

3)- les valeurs protégées par la loi pénale coïncident le plus souvent avec
les intérêts de la classe dominante.

Au niveau de l’application des normes:

L’école interactionniste considère que les mécanismes de recrutement des


délinquants (enquête, poursuite, jugement, sanction) ne sont pas des
mécanismes objectifs et neutres, mais revêtent plutôt un caractère subjectif.
Différentes considérations personnelles et sociales sont à l’origine des prises de
décision, lesquelles taxent certains comme déviants et anticonformistes, tandis
que les autres gardent leur étiquette de conformistes.

- Sur le plan individuel

La déviance et l’étiquetage apparaissent comme étant l’œuvre des audiences


sociales, la déviance n’est pas inhérente à certaines formes de comportement,
mais c’est une propriété attribuée à ces formes de comportement par les
audiences sociales qui se composent selon Kai ERIKSON de la société globale,
des institutions de contrôle social (police - tribunal - prison) et des petits
groupes constituant l’entourage (famille – voisins – amis).

Un processus interactionniste se trouve engagé entre les instances sociales et


l’individu objet de la stigmatisation et c’est à travers des appréciations
négatives émanant des audiences sociales, que le stigmatisé acquiert son statut
et son rôle de déviant. Aux termes de ce processus d’interaction, l’individu
suspecté et stigmatisé a acquis le statut social de déviant et réorganisé sa
personnalité en fonction du rôle social correspondant qui lui a été assigné par la
société. Cette redéfinition de soi comme déviant et l’adaptation à ce nouveau
statut, est désignée par LEMERT sous le vocable de «Déviance secondaire».

Dans cette perspective, le rôle criminogène de la société est mis en relief, c’est
à la suite de l’incrimination et du contrôle social que l’on devient délinquant, et

54
au lieu de dire que la déviance conduit au contrôle social, il faut plutôt dire que
c’est le contrôle social qui conduit à la déviance.

B- La criminologie radicale

La criminologie radicale ou théorie néo-marxiste se rattache essentiellement à


l’école de Berckeley , représentée dans une large mesure par les époux:
SCHWENDINGER (Herman & Julia) et par Tony PLATT. Mais cette théorie a
débordé les frontières américaines, pour trouver un écho en Angleterre avec
TAYLOR, WALTON et YOUNG. La criminologie radicale a trouvé également
des partisans dans les pays scandinaves avec Niel CHRISTIE et
CHRISTIENSEN, ainsi qu’en Hollande avec William BONGER.

Le dénominateur commun entre ces différentes pensées reste la position


critique, prenant la forme d’une conception néo-marxiste dans le domaine de
l’explication criminologique.

Partant d’une interprétation économico-politique de la criminalité, la théorie


radicale puise ses racines dans la praxis marxiste. Dans cette perspective deux
dimensions s’imposent à nous, l’une explicative l’autre pragmatique.

1-L’explication radicale de la criminalité

L’explication avancée par l’école radicale relativement à la criminalité se base


sur une conception marxiste. Dans cette optique, la déviance exprime la
confrontation des délinquants avec les structures économico-politique installés,
et il faut y voir une forme de contestation de l’organisation sociale en place.
L’appropriation des moyens de production par les classes dominantes; les
structures de la société capitaliste, débouchant sur une distribution inégale des
biens et de l’autorité, ne peuvent que donner lieu à la réaction criminelle.

L'État, organisme représentant et défendant les intérêts des classes dominantes


économiquement et politiquement, est un instrument qui n’est pas neutre, il est
au service du pouvoir économique et ne fait que consacrer la contradiction des
intérêts .La domination de la classe puissante se maintient par les institutions
pénales et les lois répressives, qui ne sont que l’arme de cette classe pour
garantir la soumission de la classe défavorisée.

La fausse neutralité de l’État et du pouvoir politico-économique apparaît non


seulement sur le plan d’une législation sélective des lois, mais également sur le
plan d'une application sélective de ces lois. Ce qui est considéré comme une
conséquence logique de l’opposition des intérêts.

55
L'application de certains interdits légaux ne vise que certaines couches sociales,
et la loi perd de sa généralité. Il faut noter que la classe économiquement
puissante plus elle participe à l’autorité et à la prise de décisions, plus son
immunité pénale devient grande.

D’ailleurs les radicaux n’hésitent pas à voir dans l’amende la meilleure forme
de l’application sélective de la loi pénale. C’est ainsi qu’à leur yeux, on
transforme le châtiment pénal en une expression monétaire qui se trouve à la
portée des membres nantis de la société lorsqu’ils désirent transgresser les lois;
d’où la célèbre expression des néo-marxistes qualifiant l’amende comme une
«taxe levée sur le privilège de violer la loi».

2-Le produit criminel et son utilité pour l’État

Chez les criminologues radicaux, la démonstration de la fausse neutralité de


l’État et la transformation de la justice pénale en une justice de classe, est
nécessairement accompagné par l’abandon et la réfutation de l’étiologie
criminelle comme modèle explicatif dans les théories classiques.

La criminalité ne peut plus être perçue comme un phénomène pathologique ou


universel, mais elle est la conséquence logique du système capitaliste qui
consacre la domination de l’Homme par l’Homme, avec le soutien de l’appareil
étatique. Toute explication émanant des instances capitalistes a pour objectif la
création d’une fausse conscience chez la classe dominée, en vue de présenter la
criminalité comme un danger qui menace l’intérêt public, alors que la menace
vise un intérêt assez spécial.

Les rouages capitalistes font inévitablement de l’État une institution favorisant


la production de la criminalité. Les néo-marxistes estiment qu’il serait assez
nocif à l’Etat de ne point avoir de criminalité, car c’est cette criminalité qui crée
du travail pour la police, pour les juges, pour l’administration pénitentiaire, et
on peut encore allonger la liste avec le psychiatre, le réalisateur le journaliste et
le professeur de droit criminel …etc.

Dans cette nouvelle conception criminologique, l’école radicale tout en rejetant


le schéma bourgeois du problème criminel, essaie de proposer une explication
conforme à la vision marxiste des rapports sociaux. La théorie radicale se veut,
en plus, contestataire et militante en vue de dénoncer le vernis intellectuel et
idéologique qui masque le problème criminel dans le système capitaliste.

La théorie radicale a été critiquée et rejetée par la criminologie classique qui


estime que la théorie radicale est beaucoup plus une conception économique et

56
politique qu'une théorie criminologique. La criminologie classique estime
également que la pratique de cette forme de criminologie tend à transformer le
criminologue en un malfaiteur intellectuel.

Chapitre VI:

Le courant
Victimologique

Le courant d’idées articulé autour de la victimologie est né comme une réaction


contre les différentes théories étiologiques, passant sous silence le rôle joué par
la victime. Dans la triptyque criminelle: -crime – criminel – victime. Cette
dernière est restée totalement dans l’ombre des théories criminologiques qui
focalisent toute l’attention sur le criminel.

PI: Le cadre conceptuel de la victimologie

Le point de départ de ce courant datait de 1948 avec l’apparition de l’ouvrage


d’allemand Hans Von HENTG intitulé: «Le criminel et sa victime».

57
Cet ouvrage a attiré pour la première fois l’attention sur cette relation latente
qui existe entre le criminel et la victime. L’étude de la relation intersubjective
entre les deux pôles de l’action criminelle revêt un grand intérêt pour les
criminologues, ne serait-ce qu’au niveau de la compréhension des situations
pré-criminelles et des facteurs de la criminalité, sans bien sûr omettre l’intérêt
pour la politique criminelle sur le plan de la prévention. L’évolution du droit
pénal a continué à ignorer la victime dans la dynamique criminelle, où on ne
s’intéresse à elle qu’en tant que partie civile. De même pour la criminologie
étiologique, tout l’intérêt était porté sur la personne du criminel.

Pour les victimologues, la relation dialectique entre le criminel et la victime


doit être mise en relief; et cela passe tout d’abord par l’abandon du schéma
classique qui voit toujours le criminel dans l’image de Caïn et la victime dans
l’image d’Abel. La victimologie a été alimentée essentiellement par les écrits
de grands victimologues tel que: MENDELSOHN, ELLENBERGER et Ezzat
ABDEL FATTAH.

Dans la culture victimologique, on doit distinguer aujourd’hui entre deux types


de victimologie:
- la première appelée: victimologie générale, englobe toutes les catégories de
victimes, même celle des accidents et des catastrophes naturelles. Le but de
cette victimologie est l’amélioration de la prise en charge de la victime, ainsi
que l’amélioration des voies d’indemnisation.

- la seconde appelée: victimologie pénale ou criminologique ne prend en


considération que les victimes d’infractions pénales, elle est étroitement liée à
la criminologie.

Cette forme de victimologie s’intéresse scientifiquement à tout ce qui touche à


la victime au sens pénal du terme: sa personnalité, ses traits biologiques,
psychologiques et moraux, ses caractéristiques socioculturelles, ses relations
avec le criminel et enfin son rôle et sa contribution à la genèse du crime.

PII: Les situations de la victimité

La victime est un élément essentiel de la situation pré-criminelle. Le choix de la


victime d’un acte criminel n’est pas toujours dû au jeu du hasard, mail il existe
de nombreux cas où cette détermination résulte de certains types de rapports
entre la victime et son criminel .D’autre part, certains paramètres rentrent en
jeu dans le choix par le criminel de sa victime.

58
Ainsi certains victimologues accordent une importance à la notion de cible
victimale. Ils observent que le risque du passage à l’acte criminel résulte de la
mise en relation d’une cible attractive faiblement gardée avec un criminel
potentiel qui se sera, en général, livré à une analyse stratégique en termes de
risques et profits.

D’une façon générale, la victime et l’auteur se connaissent, la criminalité est


une affaire de proximité, c’est le cas notamment de la majorité des viols, des
homicides et des agressions. Il est à noter que la famille est une grande
pourvoyeuse de victimes (jalousie, humiliation, maltraitance, violences
domestiques, agressions sexuelles, homicides)

Parmi les facteurs de victimisation, les victimologues avancent l’âge comme


facteur biologique, l’enfant et la personne âgée sont exposés plus que d’autres
à l’agression criminelle. La condition physique constitue également un facteur
biologique favorisant les attitudes criminelles, où la cible se trouve une femme
ou une personne malade ou handicapée, ou en état d’ébriété.

Dans les facteurs sociaux, d’une part les métiers à risques sont nombreux:
chauffeurs de taxis, convoyeurs de fonds, caissiers, policiers, prostituées, ... etc.
Et d’autre part, le mode de vie, comme la fréquentation de lieux à risques
(boites de nuit, quartiers dangereux) ou les relations avec les délinquants sont
importantes à prendre en considération.

La condition socio-économique peut être à l’origine de l’acte criminel, l’habitat


dans un quartier dangereux ou a contrario, la richesse ostentatoire peut
constituer une cible attractive (femme parée de bijoux, maison bourgeoise
isolée, touriste manipulant l’argent). L’isolement spatial facilite également la
victimisation (immigré, gardien, parking peu surveillé)

Ainsi les victimologues essayent de mettre en relief les différents facteurs


facilitant la commission de l’acte criminel à l’égard de tel ou tel type de
victimes. Quant au droit pénal la prise en considération de la situation de la
victime est en relation soit avec les problèmes d’indemnisation, soit en relation
avec l’aggravation ou l’atténuation de la sanction.

PIII: Les typologies victimologiques

Les partisans du courant victimologique, dans leurs tentatives de


systématisation ont essayé, à l’instar des théories étiologiques, d’ériger des
typologies victimologiques.

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La classification victimologique des crimes repose sur cette idée que la victime
n’occupe pas toujours la même position dans la structure concrète des crimes;
c’est ce qui a donné lieu à une classification de 4 types:

1) les crimes contre des victimes réelles, c'est-à-dire bieu ciblées et concrètes.

2) les crimes contre des victimes fictives, ici la victime est diffuse et générale
(ordre public, santé publique…)

3) les crimes contre des victimes potentielles, c’est le cas de la conduite en état
d’ivresse où il y a risque d’homicide par imprudence.

4) les crimes sans victime, c’est le cas pour la prostitution ou l’usage des
stupéfiants.

D’autres victimologues ont préféré dresser des typologies relativement à la


personnalité de la victime, c’est le cas par exemple pour S.SCHAFFER qui
distingue:

1- la victime sans relation avec le criminel: ce sont tous les membres du corps
social qui sont des victimes potentielles.

2- la victime provocatrice: qui encouragerait l’agresseur et c’est le cas pour


certaines agressions sexuelles.

3- la victime incitative, qui solliciterait par son attitude ou l’étalage de ses biens
une agression.

4- la victime socialement vulnérable comme l’immigré, l’exclu, le membre


d’une minorité.

6- l’auto-victime: comme le toxicomane, l’alcoolique, le joueur pathologique,


le suicidaire.

7- la victime politique, sacrifié par un système idéologique.


La typologie victimologique présentée par SCHAFFER n’est pas la seule
typologie articulée autour de la personne de la victime. D’autres victimologues
ont présenté des typologies soit à caractère juridique comme c’est le cas pour
MENDELSOHN, ou à caractère criminologique ou sociologique comme c’est
le cas pour ELLENBERGER.

En somme, la victimologie se veut un éclairage d’une perspective demeuré


longtemps dans l’ombre. Il s’agit en l’occurrence de la victime et de son rôle

60
dans la genèse de l’acte criminel. Ce qui contrebalance une tendance excessive
de la criminologie étiologique à focaliser l’attention uniquement sur a
personnalité du criminel et sur sa constitution physique, psychique ou son
milieu criminogène.

Mais l’apport incontestable de la victimologie en tant que nouvelle branche de


la criminologie, ne doit pas occulter l’origine idéologique de cette branche
ayant apparu à la suite de la deuxième guerre mondiale, afin d’attirer l’attention
sur le rôle de victime joué par le peuple juif à travers l’histoire.

Aujourd’hui on constate que la victimologie s’est détachée de cette origine


idéologique et s’est constituée en branche autonome de la criminologie. Il
apparaît même que la victimologie est en train de s’amplifier dans le champ
pénal. Le mouvement victimologique actuel s’expliquerait par l’impuissance
des sociétés occidentales à empêcher l’accroissement incessant de la
délinquance au cours des 30 dernières années ; si bien que la seule ressource
serait de reporter l’action sur l’atténuation des effets du phénomène, en prenant
en considération les victimes, à défaut de pouvoir agir efficacement sur les
causes.

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