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Dans le cours 2, nous avons étudié une variable macroéconomique importante: le Produit Intérieur Brut (Y)

Le Pib mesure la richesse créée par les entreprises d’une économie au cours d’une période déterminée.

Nous avons vu que, pour mesurer de façon correcte cette richesse, il faut considérer la valeur ajoutée de chaque entreprise; le Pib
est défini comme la somme des valeurs ajoutées engendrées par l’activité des entreprises au cours d’une certaine période:

Y = ∑ VA

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Si on se place du point de vue comptable (ex post), et qu’on considère une économie fermée sans intervention de l’Etat, nous avons vu
que deux relations sont toujours vérifiées:

Y=C+I
Cela indique que tout bien produit au cours de la période a été soit acheté par les ménages, soit intégré au capital des entreprises (nous
sommes en train de considérer une économie qui n’échange pas avec le reste du monde et dans laquelle l’Etat n’intervient pas: les seuls
acteurs macroéconomiques sont donc les ménages et les entreprises)

Y=C+S
Cela indique que le revenu engendré par l’activité des entreprises a été soit dépensé pour la consommation soit épargné (là encore, il faut
rappeler que nous sommes en train de considérer une économie dans laquelle il n’y a pas d’impôts à payer: il n’y a donc pas d’autres
utilisations possibles du Pib dans sa forme monétaire que la dépense pour consommation et l’épargne. Toujours pour rappel, la partie du
Pib que les entreprises ne distribuent pas aux ménages – c’est-à-dire l’autofinancement des entreprises – est comptabilisée dans l’épargne,
tous comme la partie du revenu des ménages qui n’est pas dépensée).

Bien évidemment, on peut déduire une troisième relation des deux précédentes:

S=I
Cela indique que, dans une économie fermée sans Etat, l’épargne et l’investissement seront forcément identiques du point de vue
comptable (l’épargne réalisée est toujours égale à l’investissement réalisé).

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Pour comprendre d’où vient – dans une économie fermée sans Etat - l’égalité comptable entre épargne et investissement, simplifions
encore davantage l’analyse: supposons que les entreprises distribuent la totalité de leurs profits aux actionnaires. Cela revient à dire que les
entreprises ne font pas d’autofinancement (Se=0), ce qui implique que tout le Pib, dans sa dimension monétaire, devient un revenu pour les
ménages. Sous l’hypothèse Se=0, le revenu national est donc égal au Pib: R = Y.

[Mathématiquement: Y = W + P , R= W + divid ; si Se=0, divid = P et donc R = Y]

On est donc dans une économie fermée sans Etat. Si les entreprises ne font pas d’autofinancement, les ménages reçoivent – en salaire et
dividendes – la totalité du Pib dans sa dimension monétaire. Cela veut dire que le revenu des ménages (R) a une valeur identique à celle des
biens produits par les entreprises (le Pib dans sa dimension réelle) et qui étaient à vendre: si les ménages avaient dépensé la totalité de leur
revenu, ils auraient acheté tous les biens produits par les entreprises.
Mais en règle générale, les ménages épargnent une partie du revenu
national: il y a donc des biens produits par les entreprises qui n’ont pas été
achetés par les ménages, et la valeur de ces biens est identique à celle de
l’épargne des ménages.
Que deviennent les biens produits par les entreprises qui n’ont pas été
achetés par les ménages ? Ils restent forcément propriété des entreprises
(soit parce qu’il s’agit de biens d’équipement vendus par une entreprise à
une autre entreprise, soit parce qu’ils ne sont pas vendus et sont alors
stockés par l’entreprise qui les a produits). Ces biens sont donc intégrés au
capital des entreprises qui va alors augmenter au cours de la période: leur
valeur correspond à l’investissement national.
On voit donc que, du point de vue comptable, dans une économie fermée
sans Etat, l’épargne réalisée est forcément identique à l’investissement
réalisé par les entreprises.
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Exemple.

Supposons d’être dans une économie fermée sans Etat, dans laquelle les entreprises n’ont pas fait d’autofinancement.
Le Pib est Y = 1000, et nous savons que les entreprises ont payé des salaires W = 700.

Regardons d’abord le Pib dans sa dimension monétaire. Puisque Y = W + P , les entreprises ont réalisé des profits P = 300.

Les ménages ont reçu des revenus du travail W = 700. Nous savons que tous les profits ont été distribués aux actionnaires (absence
d’autofinancement des entreprises): cela implique que les ménages ont reçu des revenus du capital divid = 300. Au total, le revenu des
ménages, qui s’appelle revenu national, est donc R = 1000 (car R = W + divid).

On voit donc que sous l’hypothèse Se = 0, on a que R = Y : si les entreprises ne gardent rien pour s’autofinancer, tout le revenu engendré par
leur activité (Y) est transféré aux ménages, soit sous la forme de salaires soit sous la forme de dividendes.

Regardons maintenant le Pib dans sa dimension réelle: les entreprises ont produit, et mis en vente, des biens qui valent Y = 1000. Il n’y avait pas
d’autres biens mis en vente (économie fermée: pas de biens importés). La valeur des biens qui étaient à vendre (Y=1000) correspond
exactement à celle du revenu qui était dans les poches des ménages (R = 1000). Supposons de savoir que le ménages ont acheté des biens pour
une valeur de 800 (c’est la consommation nationale, C = 800, qui dans sa dimension monétaire est la somme dépensée par les ménages pour la
consommation finale, et dans sa dimension réelle est la valeur des biens de consommation finale qui ont été achetés par les ménages). Cela
implique que les ménages ont épargné Sm=200. Puisque on a supposé Se=0, l’épargne des ménages coïncide avec l’épargne nationale: S = 200
(pour rappel, S = Se + Sm).

Quelle est la valeur des biens qui, au cours de la période, ont été intégré au capital des entreprises ? Ce sont les biens qui n’ont pas été vendus
aux ménages. Sur un total de biens produits Y = 1000, les ménages en ont achetés C = 800: la variation du capital des entreprises au cours de la
période (c’est-à-dire l’investissement qu’elles ont réalisé) est donc I = 200.
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On retrouve (et c’est obligé lorsqu’on fait de la comptabilité dans une économie fermée sans Etat) que S = I.
Jusqu’ici nous avons considéré une économie fermée dans laquelle L’Etat n’intervient pas. Nous allons maintenant généraliser l’analyse en
prenant en considérations, en plus de ménages et des entreprises, deux autres acteurs macroéconomiques: le Reste du Monde et l’Etat.

Pour rappel, l’agent macroéconomique « reste du monde » regroupe tous les agents qui interagissent avec l’économie de son extérieur.

La prise en compte des échanges des biens et des services avec le « reste du monde » implique de considérer deux nouvelles variables
comptables:

1/ Les importations (M) correspondent à la valeur des biens qui ont été produits à l’extérieur de l’économie et achetés par des agents de
l’économie.

2/ Les exportations (X) correspondent à la valeur des biens qui ont été produits par les entreprises de l’économie et achetés par des agents
qui sont à l’extérieur de l’économie.

Ces variables ont à leur tour une dimension réelle et une dimension monétaire: les exportations correspondent à des biens qui partent vers
le reste du monde (dimension réelle) et à un flux monétaire qui rentre dans l’économie en provenance du reste du monde (dimension
monétaire). Les importations correspondent à un flux réel en entrée (des biens qui proviennent du reste du monde) et à un flux monétaire
en sortie. Ainsi, par exemple, quand des voitures Mercedes sont importées en France, il y a un flux monétaire qui sort de France; quand des
voitures Renault sont exportées, il y a un flux monétaire qui rentre dans l’économie française.

Le solde de la balance commerciale est égal à la différence entre la valeur des exportations et celle des importations: (X-M)

Si le solde est positif (X>M), on parle d’un excédent commercial: le commerce international engendre un flux monétaire net en entrée, qui
provient du « reste du monde ». Si le solde est négatif (X<M), on parle d’un déficit commercial: le commerce international engendre un flux
monétaire net en sortie, qui s’en va vers le « reste du monde ».
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L’agent macroéconomique « Etat » intervient de trois façons différentes dans le circuit économique.

1/ L’Etat achète des biens et des services.

La variable dépenses publiques pour achat de biens et des services (G) a, comme d’habitude, deux dimensions différentes: elle
indique la valeur des biens et services achetés par l’Etat (dimension réelle) et aussi la somme dépensée par l’Etat pour ces achats
(dimension monétaire).

2/ L’Etat prélève des impôts.

Pour simplicité, nous allons supposer que les impôts sont prélevés exclusivement sur le revenu des ménages (sur le revenu national).
Les ménages paient en effet des impôts directs (comme l’impôt sur le revenu) et des impôts indirects (comme la TVA). Dans la réalité,
l’Etat prélève des impôts aussi sur les entreprises. Considérer que les impôts sont payés seulement par les ménages est donc une
simplification: mais il faut rappeler que les propriétaires/actionnaires des entreprises font partie des ménages. Notre simplification
revient donc à supposer que les impôts qui sont prélevés, dans la réalité, sur l’activité des entreprises, sont prélevés sur le revenu de
leurs propriétaires.

3/ L’Etat verse des allocations aux ménages.

Ces allocations (comme les allocations familiales, chômage, étudiant etc.) ne doivent pas être confondues avec les dépenses publiques
du point 1. Il s’agit ici de transferts monétaires qui n’ont pas comme contrepartie l’achat de biens et services.

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Il faut alors prendre en compte l’existence de deux flux monétaires qui circulent entre Etat et ménages: les impôts (flux monétaire
qui va des ménages vers l’Etat) et les allocations et aides diverses (flux monétaire qui va de l’Etat vers les ménages).

Par la suite, pour simplicité, nous allons considérer seulement les impôts (T). Mais il faut avoir à l’esprit qu’il s’agit des impôts nets,
c’est-à-dire de la différence entre la somme que les ménages paient à l’Etat et la somme qu’ils reçoivent en allocations. Ainsi par
exemple, si les ménages paient 500 en impôts et qu’il reçoivent 100 en allocations, nous dirons que T = 400 (ce qui correspond au
flux monétaire net qui va des ménages vers l’Etat).

On appelle Revenu Disponible (RD) la partie du revenu des ménages qui reste à leur disposition après avoir réglé les rapports avec
l’Etat (donc, après avoir payé les impôts et reçu les allocations). Donc le revenu disponible est égal à la différence entre le revenu
national (R) est notre variable « impôts » (T):

RD = R - T

La prise en compte des agents macroéconomiques « Reste du monde » et « Etat » complique un peu le circuit économique, mais
permet d’élargir les résultats que nous avons obtenu dans l’hypothèse d’une économie fermée sans intervention de l’Etat au cas
général d’une économie ouverte (c’est-à-dire qui commerce avec le reste du monde) et dans laquelle l’Etat intervient.

Nous avons donc maintenant quatre acteurs macroéconomiques: les entreprises, les ménages, l’Etat et le reste du monde.

Pour généraliser nos résultats, il faut repartir des deux dimensions du Pib.

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Dimension réelle du Pib. De nouveau, on va se placer d’un point de vue comptable (ex post) et se demander, après coup, ce que sont
devenus les biens produits par les entreprises, dont la valeur correspond au Pib (Y).

Ces biens ont été mis en vente, mais en vente, au cours de la période, il y avait aussi – puisque nous sommes en train de considérer
une économie ouverte – des biens importés. La valeur totale des biens mis en vente dans une économie ouverte est donc Y + M.

Encore une fois, quand on fait de la comptabilité, il y a seulement deux possibilités: soit ces biens ont été vendus, soit ils n’ont pas été
vendus. Pour les biens qui ont été vendus, il faut considérer les biens de consommation finale qui ont été achetés par les ménages et
les biens d’équipement qui ont été achetés par les entreprises. Mais il faut maintenant considérer aussi les biens achetés par l’Etat et
les biens qui ont été achetés par les reste du monde, et qui ont donc été exportés. Les biens qui n’ont pas été achetés ni par les
ménages, ni par les entreprises, ni par l’Etat, ni par le Reste du monde, n’ont pas été vendus: ils sont donc restés propriété des
entreprises qui les ont produits.

Comme nous l’avons vu, l’investissement national comptabilise la valeur de tous les biens qui ont été intégrés au cours de la période
au capital des entreprises: donc les biens d’équipement vendus d’une entreprise à une autre entreprise, mais aussi les biens non
vendus et donc stockés.

La valeur des biens mise en vente (Y+M) est donc forcément identique à la somme de la consommation nationale (valeur des bien
achetés par les ménages), de l’investissement national (valeur des biens intégrés au capital des entreprises), des dépenses publiques
pour l’achat des biens et des services (valeur des biens achetés par l’Etat) et des exportations (valeur des biens achetés par le reste du
monde). La logique est assez simple: tout bien qui était à vendre est, à la fin de la période, forcément passé en propriété – ou resté en
propriété, pour les biens non vendus – de l’un des quatre acteurs qui composent l’économie.

Donc, du point de vue comptable Y + M = C + I + G + X est toujours vrai.


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Exemple.

Considérons une économie dans laquelle le Pib de l’année 2015 était Y = 2000. Nous savons aussi que la valeur des importations au cours
de la même année est M = 500. Cela veut dire que, dans cette économie et au cours de l’année 2015, la valeur des biens en vente était
2500.

Supposons d’avoir mesuré, pour 2015, la consommation nationale C = 1200, les dépenses publiques pour achat de biens et services G = 600
et les exportations X = 400.

Cela veut dire que nous savons qu’en 2015, les ménages de l’économie ont acheté des biens de consommation finale pour une valeur 1200,
que l’Etat a acheté des biens pour 600 et que le reste du monde a acheté des biens, qui ont donc été exportés, pour 400. Ce qui donne au
total une valeur de 2200.

Que sont devenus les biens, dont la valeur est 300, qui étaient à vendre et qui n’ont pas été achetés ni par les ménages, ni par l’Etat, ni par
le reste du monde ? Ils sont forcément resté propriété des entreprises (il n’y a pas d’autres acteurs macroéconomiques). Peut-être que
certains de ces biens sont restés propriété de l’agent « Entreprises » parce qu’il s’agit de biens d’équipement produits par une entreprise et
vendus à une autre entreprise. Peut-être que d’autres biens sont restés propriété de l’entreprise qui les a produits, car celle-ci n’a pas
trouvé d’acheteur. Mais dans les deux cas, en 2015 ces biens ont été inscrits à l’actif du bilan des entreprises (soit comme biens
d’équipement achetés, soit comme variations de stocks), ce qui fait que l’actif du bilan – c’est-à-dire le capital des entreprises – a augmenté
en 2015 d’une valeur de 300.

L’investissement national est la variable comptable qui indique de combien a augmenté en cours de période le capital des entreprises:
donc, pour cette économie, on a qu’en 2015, I = 300.

On voit donc que l’égalité comptable Y + M = C + I + G + X est forcément respectée.

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Dimension monétaire du Pib. Comme on l’a fait dans le cas d’une économie dans laquelle l’Etat n’intervient pas, on va se demander que
devient le revenu engendré par l’activité de production des entreprises. Mais cette fois, on va prendre en considération l’intervention de
l’Etat, et notamment le fait que les ménages doivent payer des impôts.

Comme nous le savons, du point de vue monétaire le Pib prend la forme soit de salaires soit de profits: Y = W + P
Nous savons aussi que les entreprises peuvent décider soit de distribuer les profits aux actionnaires/propriétaires sous la forme des
dividendes, soit de les destiner à l’autofinancement: P = divid + Se. Et nous savons que les dividendes sont un revenu pour le ménages
(revenus du capital) tout comme les salaires (revenus du travail). Et donc: R = W + divid.
On a alors que Y = W + P = W+ divid + Se Y = R + Se

Jusqu’ici, rien de nouveau. Maintenant, il faut considérer qu’une partie du revenu national (le revenu des ménages) est versée à l’Etat sous
la forme d’impôts. Nous avons dit que la partie du revenu national qui reste à la disposition des ménages pour la consommation et
l’épargne s’appelle revenu disponible: RD = R – T

L’épargne des ménages correspond à la partie du revenu disponible qui n’est pas dépensée: Sm = RD - C

On a alors: RD = C + Sm. Puisque R = RD + T, on peut écrire: R = C + Sm + T. Ce qui veut dire simplement que le revenu national est soit
dépensé pour la consommation, soit épargné, soit versé à l’Etat sous la forme d’impôts.

Nous savons que Y = R + Se. Alors Y = C + Sm + T + Se . La somme de l’épargne des ménages et de l’autofinancement des entreprises est, par
définition, l’épargne nationale: S = Sm + Se . Nous pouvons alors écrire:

Y=C+T+S
Cette relation, qui est toujours vérifiée, indique que le revenu monétaire engendré par l’activité des entreprises (Y) est soit dépensé pour la
consommation, soit versé à l’Etat en impôts, soit épargné (sous la forme d’autofinancement des entreprises et d’épargne des ménages). 10
Nous venons de démontrer que deux relations comptables sont toujours respectées dans une économie ouverte avec intervention de l’Etat:

Y+M=C+I+G+X Y=C+T+S

[Ces deux relations sont plus générales de celles qu’on avait pour une économie fermée sans Etat. Si on considère une économie fermée, alors
M = 0 et X = 0. Si l’Etat n’intervient pas dans l’économie, G = 0 et T = 0. On retrouve alors, dans ce cas particulier, Y = C + I et Y = C + S]

De nouveau, nous pouvons déduire de ces deux relations toujours vérifiées du point de vue comptable, une troisième relation qui sera elle
aussi toujours vraie du point de vue comptable.

Y=C+I+G+X–M ; Y=C+T+S C+I+G+X–M=C+T+S

S = I + (X – M) – (T – G)

Nous connaissons déjà la variable (X – M), qui est le solde de la balance commerciale.

La valeur (T-G) correspond au solde du budget public, qui est égal à la différence entre les recettes de l’Etat (T) et les dépenses de l’Etat (G).
Si le solde est positif (T>G) on parle d’un excédent budgétaire pour l’Etat, si le solde est négatif (T<G) d’un déficit budgétaire.

Du point de vue comptable, on retrouvera donc toujours:

Epargne nationale = Investissement national + solde de la balance commerciale – solde du budget public

[Dans le cas particulier d’une économie fermée sans Etat, les soldes de la balance commerciale et du budget public sont évidemment zéro: on
retrouve donc – dans une économie de ce type – l’égalité comptable entre épargne et investissement] 11
Dans le cas général d’une économie ouverte dans laquelle l’Etat intervient, on retrouvera toujours du point de vue comptable
S = I + (X – M) – (T – G). Pour comprendre cette relation, on peut la réécrire différemment: S + M + T = I + X + G, et l’étudier ensuite dans le
cadre du circuit entreprises/ménages.

Ce circuit nous dit comment circulent la monnaie entre les deux acteurs macroéconomiques (partie bleue du schéma): les entreprises – en contrepartie de
l’utilisation des facteurs de production - versent des revenus aux ménages, qui dépensent ces revenus pour acheter des biens de consommation. La monnaie
revient donc vers les entreprises, qui peuvent alors verser des revenus aux ménages et ainsi de suite. Comme le montre le schéma, il y a cependant des « fuites »
de ce circuit (en rouge), c’est-à-dire de la monnaie qui sort du circuit et ne circule plus entre entreprises et ménages.
1/ La première fuite est celle vers l’autofinancement des entreprises: c’est la partie du revenu engendré par l’activité de production (Y) qui n’est pas distribuée
aux ménages ni sous la forme de salaires ni sous la forme de dividendes.
2/ Une partie du revenu national s’échappe du circuit à cause des
impôts (qui correspondent à de la monnaie qui s’en va vers l’Etat).
3/ Une autre partie du revenu national est épargnée par les
ménages, et sort donc aussi du circuit.
4/ Enfin, une partie des achats des ménages concernent des biens
importés: le flux monétaire qui correspond aux importations
s’échappe donc aussi du circuit (il part vers le reste du monde).

Si on additionne toutes les fuites du circuit


entreprises/ménages, on retrouve donc la partie gauche de
notre relation comptable:

S + M + T.

(il faut se rappeler que l’épargne nationale, S, est égale à la somme


de l’autofinancement de entreprises et de l’épargne des ménages).

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Il faut maintenant considérer la présence
d’« injections » dans le circuit
entreprises/ménages (en vert), à savoir de
monnaie qui rentre dans le circuit de son
extérieur.
1/ Quand le reste du monde achète des biens
(ces biens sont donc exportés), il y a de la
monnaie qui rentre dans les caisses des
entreprises et qui ne provient pas des ménages.
2/ Même chose quand l’Etat achète des biens:
c’est une injection monétaire dans le circuit (de
la monnaie qui rentre dans les caisses des
entreprises et qui ne provient pas des ménages)
3/ Enfin, le financement de l’investissement est
aussi une injection monétaire. Une entreprise
qui décide d’acheter un bien d’équipement a
deux possibilités: soit autofinancer cet achat
(auquel cas la monnaie qui s’était échappée du
circuit par l’autofinancement est réinjectée dans
le circuit pour financer l’investissement), soit
emprunter. Dans ce deuxième cas, le crédit
accordé – par exemple – par une banque à
l’entreprise correspond à une injection
monétaire dans le circuit ménages/entreprises,
c’est-à-dire à de la monnaie qui rentre dans les
caisses des entreprises et qui ne vient pas des
ménages.
Si on additionne toutes les injections du circuit entreprises/ménages, on retrouve donc la partie droite de notre relation comptable:
I+G+X 13
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Du point de vue comptable, on aura toujours

S+M+T=I+X+G

Je viens de montrer qu’on peut lire cette relation de la façon suivante: le total des fuites du circuit entreprises/ménages (partie gauche de
l’équation) est forcément identique au total des injections (partie droite de l’équation).

[Pour ceux qui connaissent un peu de comptabilité: imaginez un compte consolidé pour entreprises et ménages. Les fuites du circuit – vers
l’épargne (S), vers le reste du monde (M) et vers l’Etat (T) – correspondraient à la colonne « emplois » du compte. Les injections dans le
circuit – qui proviennent du financement de l’investissement (I), du reste du monde (X) et de l’Etat (G) – correspondraient à la colonne
« ressources ». Comptablement, le total des emplois est forcément identique au total des ressources]

Pour rappel, cette relation comptable – qui est toujours respectée - est beaucoup plus simple dans le cas particulier d’une économie
fermée sans Etat:

S=I

La semaine prochaine nous utiliserons les variables que nous avons défini dans ce cours, mais d’une autre perspective: au lieu de
considérer leur valeur comptable (mesurée ex post), nous prendrons en compte les programmes des agents, autrement dit les variables
ex ante.

Dans ce cours, nous avons vu que les différentes variables respectent forcément, ex post, des équilibres comptables. On verra que la
situation est très différentes lorsqu’on prend en compte le programmes des agents.

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