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Fabre Geffrard

homme politique haïtien


Fabre Geffrard

Portrait de Fabre Geffrard.


Titre
Président à vie d'Haïti
15 janvier 1859 – 13 mars 1867
(8 ans, 1 mois et 26 jours)
Élection 15 janvier 1859
Prédécesseur Faustin Ier (empereur)
Successeur Nissage Saget
(provisoire)
Biographie
Titre complet Duc de Tabarre
Nom de naissance Guillaume Fabre Nicolas
Geffrard
Date de naissance 23 septembre 1806
Lieu de naissance Anse-à-Veau (Haïti)
Date de décès 31 décembre 1878
Lieu de décès Kingston (Jamaïque)
Père Nicolas Geffrard
Conjoint Marguerite Lorvana
McIntosh
Enfants Cora Geffrard
Profession Militaire (général de
division)

Présidents d'Haïti
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Guillaume Fabre Nicolas Geffrard (né le


23 septembre 1806[1] à Anse-à-Veau -
mort le 31 décembre 1878 à Kingston en
Jamaïque) est un homme militaire et
politique haïtien[2] qui fut président à vie
de 1859 jusqu’à sa déposition en 1867, à
la suite d'une insurrection provoquant
l’installation d’une assemblée
constituante.

Général dans l'armée haïtienne, il sert


d'abord le pouvoir boyériste sous la
présidence de Jean-Pierre Boyer puis la
période dite de doublure, entre 1844 et
1847, avant de prêter serment à l'Empire
et à Faustin Soulouque en 1849. Brillant
militaire, il reçoit par ce dernier plusieurs
commandements, notamment lors des
différentes campagnes militaires contre
la République dominicaine voisine, et est
titré par la suite duc de Tabarre. Après
avoir collaboré à un coup d'État pour
renverser l'empereur, il est arrêté mais
s’évade pour diriger la Révolution de
1859 qui mène à la chute définitive de
l'Empire. Il rétablit l'ordre, met en vigueur
une version amendée de la constitution
de 1816, ce qui lui permet de se fait élire
président à vie le 15 janvier 1859.

La présidence de Geffrard constitua un


intermède dans cette période de
troubles. Il négocia un concordat avec le
Vatican, signé à Rome le 28 mars 1860,
ce qui mit fin à la scission entre les
catholiques haïtiens et l'Église de Rome.
C'est également sous son mandat
qu'Haïti fut reconnue par les États-Unis
d'Abraham Lincoln le 5 juin 1862.
Geffrard développa l'instruction publique
primaire et supérieure. Par son code rural
de 1863, il instaura la corvée pour
réaliser des routes, canaux et fontaines.
Il encouragea les exportations de coton
et réduisit l’armée de moitié. Mais les
finances restaient fragiles. Il dut réprimer
plusieurs conspirations, dont celle de
Sylvain Salnave au Cap-Haïtien en mai
1865 qui nécessita l’intervention de la
marine britannique.

Devant un soulèvement de toute la région


de l’Artibonite et la menace d'un coup
d'État militaire, Geffrard démissionna le
13 mars 1867. Un gouvernement
provisoire se met en place dans l’attente
de l’adoption d’une nouvelle constitution
mettant un terme à la présidence à vie[3].

Installé en Jamaïque, Geffrard meurt


après un nouvel exil en 1878.

Carrière militaire

Caricature de Charivari, les guerres de Soulouque contre la République dominicaine.

Son père, le général Nicolas Geffrard, est


l'un des pères de l'indépendance d'Haïti
et meurt quelques semaines après sa
naissance. Fabre Geffrard est alors
adopté par son oncle, le colonel Fabre.
Geffrard quitte le collège de la ville des
Cayes en 1821 et s'enrôle dans l'armée.
Quand le général Rivière Hérard engage
une rébellion contre le dictateur Jean-
Pierre Boyer en 1843, Geffrard le rejoint
et est nommé lieutenant-colonel. Il est
ensuite envoyé dans la ville de Jérémie
où il bat les troupes de Boyer qu'il
poursuit jusque dans la péninsule de
Tiburon. Après ce triomphe militaire il est
élevé au grade de général de brigade en
1844. Le nouveau président à vie, Jean-
Baptiste Riché, craint la popularité de
Geffrard, et le fait arrêter pour essayer de
le traduire en justice, mais la cour
martiale l'acquitte faute de charge
suffisante[4]. En 1849, sous le règne de
Soulouque, Geffrard commande une
expédition contre la République
dominicaine au cours de laquelle il est
blessé à la bataille d'Azua. Il occupe les
plus hautes fonctions dans l'armée sous
le gouvernement de Faustin Soulouque et
sous l'Empire. En 1849, Soulouque,
devenu l'empereur Faustin Ier, le nomme
au commandement d'une division de
l'armée lors de la première guerre contre
Saint-Domingue (aujourd'hui la
République dominicaine)[5], dans laquelle
il a acquis la renommée par sa victoire à
La Tabarra. Lors de la deuxième guerre
contre Saint-Domingue (1856) le général
Geffrard se distingue à plusieurs reprises,
notamment grâce à l'habile direction de
l'artillerie à Banico. Il est ainsi titré duc de
Tabarre pour ses succès militaires[6].
Mais se dissociant de ce régime devenu
impopulaire, Geffrard est menacé par
l'empereur Faustin Ier d'arrestation. Mis
aux arrêts, il s'échappe et organise une
révolution, qui conduit à la chute de
l'Empire. Le 15 janvier 1859, quelques
minutes après l'abdication de l'empereur
Faustin Ier, il proclame le retour à la
Constitution de 1816 et se fait élire
président à vie[7].
Président à vie

Le règne de Geffrard

Portrait de Fabre Geffrard, président à vie.

Après la chute de l'Empire, Geffrard prend


le pouvoir suprême et rétabli la
présidence à vie, en vigueur entre 1816 et
1849. Dès sa venue au pouvoir, Geffrard
est très populaire. Il tente de s'imposer
comme l'unique représentant du peuple
et modifie les institutions et fait adopter
une nouvelle version amendée de la
constitution[8]. C'est les débuts d’une
nouvelle dictature qui s’impose dans un
contexte de rejet des partisans de
Soulouque et des partisans républicains
réclamant la fin de la présidence à vie,
comme le général Sylvain Salnave[9].

Politique étrangère

En 1859, le président tenta pour la


première fois de négocier avec la
République dominicaine, alors sous le
régime de Pedro Santana.
Malheureusement, en mars 1861,
Santana signa un traité avec l'Espagne
qui aboutit à l'établissement d'un
protectorat espagnol sur le pays, ce qui a
rendu les autorités haïtiennes inquiètes
quant à la possibilité de rétablir le
pouvoir européen à leurs frontières. En
mai de cette année, la guérilla a éclaté en
République dominicaine. Geffrard a
envoyé plusieurs troupes pour soutenir
les rebelles contre les troupes
espagnoles. Mais en juillet 1861,
l'Espagne lança un ultimatum à Haïti pour
sa participation et son soutien aux
rebelles dominicains. À la fin, Geffrard
dut accepter de se rendre aux demandes
espagnoles et a abandonné toute
intervention sur le territoire dominicain.
Cet épisode a laissé beaucoup d'Haïtiens
humiliés et en colère contre Geffrard
parce qu'il s'était retiré devant un pays
européen alors que le régime impérial de
Faustin Ier ne l'aurait jamais toléré.

Geffrard, comme de nombreux Haïtiens,


a soutenu le mouvement abolitionniste
aux États-Unis et a organisé des
obsèques officielles pour l'abolitionniste
John Brown, qui a été pendu pour avoir
dirigé une insurrection armée contre le
gouvernement des États-Unis en 1859.
Avec la sécession du sud États dans la
guerre civile américaine[10], Haïti a été
reconnu diplomatique par les États-Unis.
Pendant la guerre, les autorités
coloniales espagnoles et britanniques à
Cuba, aux Bahamas et en République
dominicaine, ont ouvertement pris parti
pour la Confédération, hébergeant des
pillards du commerce et des bloqueurs
de la Confédération. En revanche, Haïti
était la seule partie des Caraïbes où la
marine des États-Unis était la bienvenue,
et Cap-Haïtien servait de quartier général
à son escadron des Indes occidentales,
qui contribuait au maintien du blocus de
l'Union dans le détroit de Floride. Haïti a
également profité de la guerre pour
devenir un important exportateur de
coton aux États-Unis, et Geffrard a
importé des techniciens pour accroître
sa production. Cependant, les récoltes
ont échoué en 1865 et 1866 et, à ce
moment-là, les États-Unis exportaient à
nouveau du coton.

Tensions et crises politiques

Cora Manneville-Blanfort, née Cora Geffrard, fille du président, assassinée en septembre 1859.

Dès le huitième mois de la présidence de


Geffrard, l'ex-ministre de l'Intérieur de
Faustin Ier, Guerrier Prophète, a
commencé à exposer son plan pour
renverser Geffrard. Heureusement pour
Geffrard, son plan fut repris par ses
espions, et Prophète fut arrêté et exilé.
En septembre 1859, Cora Manneville-
Blanfort[11], la fille de Geffrard, fut
assassinée par Timoléon Vanon. En
1861, le général Legros a tenté de
reprendre le stockage des armes, mais a
été arrêté par les forces
gouvernementales. En 1862, Etienne
Salomon tenta de rallier la communauté
rurale à lui contre Geffrard, mais il fut tué
par balle. En 1863, Aimé Legros
rassemble des troupes pour renverser
Geffrard, mais ses troupes le trahissent
et il est abattu.
En 1864, la communauté d'élite de Port-
au-Prince tenta de prendre en charge le
stockage des armes, mais les
conspirateurs ont ensuite été poursuivis
et condamnés à une peine de prison. En
1867, certains lieutenants de Geffrard le
trahirent et tentèrent de l'assassiner à
l'intérieur du palais national, ce qui
échoua.

Devant ces différentes tentatives de


coups d'État, Geffrard est contraint de
réagir par la force, renforçant ainsi son
pouvoir personnel et sa mainmise sur le
pays.
Chute et fin de vie

Photographie de Geffrard, en 1866.

En 1865, le général Sylvain Salnave


entreprit sa prise de contrôle du nord et
de l’Artibonite. Le 15 mai, Geffrard et ses
troupes se sont affrontés aux troupes de
Salnave. Après avoir reçu l'aide de la
marine britannique, Geffrard put rétablir
l'ordre et Salnave fut exilé[12].

Mais vers 1867, les tensions ne cessent


de monter dans le pays, tandis que les
partisans de Salnave réclament son
retour et menace de perpétrer un coup
d'État[13]. En mars 1867, Geffrard accepte
de quitter le pouvoir. La constitution est
alors suspendue et un gouvernement
provisoire, dirigé par le général Nissage
Saget, se met en place.

Geffrard part en exil à Kingston en


Jamaïque après l’adoption de la
constitution républicaine de 1867 qui
abolit la présidence à vie, et permet à
Salnave de devenir président de la
République pour un mandat de 4 ans.
L'ancien dictateur demeure en exil et
meurt en Jamaïque en 1878[14].

Notes et références
1. William Wells Brown, « The Rising
Son; Or, the Antecedents and
Advancement of the Colored Race »
(https://books.google.com/books?id
=YNC8Q-cbsaAC&pg=PA12
0)  [archive], sur Google Books,
General Books LLC, 9 mars 2017
(consulté le 9 mars 2017)
2. Haitians and African Americans : A
Heritage of Tragedy and Hope (lire
en ligne (https://books.google.com/b
ooks?id=f7fOuefnbp8C&pg=PA5
0)  [archive])
3. Jan Rogozinski, A Brief History of the
Caribbean : From the Arawak and the
Carib to the Present, New York, Facts
on File, Inc., 1999, Revised éd., 415 p.
(ISBN 0-8160-3811-2), p. 220
4. « HaitianTV | Jean-Baptiste Riché »
(http://www.haitiantv.com/jeanbaptis
teriche.html)  [archive], sur
www.haitiantv.com (consulté le
16 juillet 2019)
5. Michael Deibert, Notes From the Last
Testament : The Struggle for Haiti,
Seven Stories Press, 2011, p. 161
6. Website of Christopher Buyers (htt
p://www.royalark.net/Haiti/haiti5.ht
m)  [archive]
7. (en) « Fabre Geffrard | president of
Haiti » (https://www.britannica.com/
biography/Fabre-Geffrard)  [archive],
sur Encyclopedia Britannica
(consulté le 1er octobre 2019)
8. « HaitianTV | Fabre Geffrard » (htt
p://www.haitiantv.com/fabregeffrard.
html)  [archive], sur
www.haitiantv.com (consulté le
1er octobre 2019)
9. Quayer-Larivière, « Geffrard le
progressiste » (http://jeunes-haitien
s.over-blog.com/article-geffrard-le-pr
ogressiste-64602900.htm
l)  [archive], sur UNREAL EDDY
(consulté le 1er octobre 2019)
10. Anne-Aurore Inquimbert, « John
Keegan, La guerre de Sécession »,
Revue historique des armées, no 266,‎
16 février 2012 (lire en ligne (http://r
ha.revues.org/7413)  [archive],
consulté le 17 août 2017).
11. (en-US) « Cora Geffrard » (http://memoir
edencrier.com/cora-geffrar
d/)  [archive] (consulté le
1er octobre 2019)
12. « 1846 to 1873 » (http://islandlumino
us.fiu.edu/french/5.html)  [archive],
sur islandluminous.fiu.edu (consulté
le 1er octobre 2019)
13. « Constitution haitienne de 1867,
Digithèque MJP » (https://mjp.univ-p
erp.fr/constit/ht1867.htm)  [archive],
sur mjp.univ-perp.fr (consulté le
1er octobre 2019)
14. « Geffrard, Fabre Nicolas (1803–
1878) | Encyclopedia.com » (https://
www.encyclopedia.com/humanities/
encyclopedias-almanacs-transcripts-
and-maps/geffrard-fabre-nicolas-180
3-1878)  [archive], sur
www.encyclopedia.com (consulté le
1er octobre 2019)

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