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~~ ORCHESOGRAPHIE. ET TRAICTE EN FORME DE DIALOGVE, « PAR LEQVEL TOVTES. ERSONNES PEVVENT facilemenc apprendre & pra@tiquerhonnefte exercice des dances. Par Thoinot arbean demeurant a Lengres. sek - ae a Eccle. 3, Tempus plangendi, eo tempus fdtandi, Iniprimd audi& Lengres par Ichan des preyz Imprimeut, tia boutique prochel'eglife Aammiesdudict Lengres, M.D, LXAAIX, ud maifive Guillaume Tabourot, filx de noblehomme ee age mai Eftienne T abourot, Confeillier du Roy noflre fire Co fon Procureur au Baillage de Dijon, fieur des Accurdx, Evnierement que icflois a Dion, vopant les armories De voftre noble Dymnite ou font va lion d: fable en un chef d'argent, trois tambours avec uncheurond or enchampdaxcur, il me fonsuint quentre les papiers ecieEtex eo brouillex,, quei ay recuillex aulereffvis fowb x, maiftre Thoinot verbeau demenrde d Lengres, mon premier maiftre, ily auott certains difcours qquiparlent dus tambour, que ie propofay deflors vows ennoyer fi tof¥ que fe~ toisderetour anditt Lengres. Eft aduenu que les feuillecant de plus prex,i ay treunt qu ilx parlent principallement des dances, @pacce{Joirement du tam— + Bowe, I'ay emprimelerout queie vous enuoye, encor que ledsEE fiewr Arheaw wn euft deffendu dece faire difant telles chofes qu'il anoit brouillées feullement powrtuer le temps,ne mericer Impreffion, ep cneor mang vous eftre prefen- ees: toureffois ay eftime que prenant cefte hardieffe dele vous prefenter, Fauray cet heurdevons fairepenfer ques'ay bonne affection de vows feruép en quelque chofe de meilleur, V oftre humble feruitewe dehan des prey, t a “DIALOGVE DE LA DAN. CE ET: MANIERE DE DANCER, Par Thoinot arbeau, demenrant3 Lengres Capriol. ° Onfieur Arbeaw, ic vous viens faluer, vous ne me cognoiffez plus, ily & fix éu fept ans queie partiz decelicu, de Len+ gres pour allera Paris, & dela Orleans: » ie fuis voftre difciple 4 qui vous aprinites Iecompot. ue : Cl y XQ SS 5s Arbeaw,: Certes de premier front ie yous ay mefcognen, parce-que vous cftes deuenu grand depuis ce temps a: & croy quevous auez aufly agrandy voltre efprit par vertuz, & {ciences: Que vous femble del’eitude desloix?i’y ay cftudie aulreffois. Capriol . ae Ietrenue que c’eft vn art fort beau & neceffaireala chofe pu blique, mais ie me repens qu'cftane a Orleans i'ay negligé d’ap- prendrelaciuilité, de laquelle pluficurs e(coliers fe muniffenr, pouraccompaignerleur fcauoir,car eftant de retour, ie me {uis treuué ez compaignies, du ie fais demeurétout court fans lan- gue & fans piedz, chtimd quafi vne buchede bois. Arbeaw, a Voftre reconforta efté que les vieux docteurs vous ont exc {€faifans ce pendant compte du {cavoir que vous auez acquis, : Capriol, Nek ainfy, maisieuffe bien acquis !4 dexterirdé de danger,aux heures queloniniermeét Peftude grave,ehofe que merendroit youlonticrs yeud'va chacun, Ajj ORCHESOGRAPHIE ~ ae € a © “Arbean o> ¥ Ce vous ferachofe facile & acquetir enlifantles litres ‘rte gois pour vous ‘aguifer le beq,8& aprenanel'cfcrime; ladance,& Icieu de paulme,pout auoir familiaricé auec leshommes, & les dames, Capriol. Vay peins plaifir en Peferime & icu de paulme,ce quime rend bign voulu & familier des ieufnes hommes: Mais 1 ay deffaule ‘dela dance pourcomplaire aux damoifelles, defquelles me femble que depend toute la reputation d'vn ieufne hommes Matier, _ Arbeau,, Vousle prenez fort bien, car naturellement, le mafle &lafe- melle fe recherchént: & n'yachote qui plus incite homme & eftre courtois, honnefte, & faire a@e gencreux quelamour:& fi voulez vous maricr, vous debuez croire qu’vne maiftreffe fe gaigneparla di(poficion & grace qui fe voiten vne dance, car quant al éferime & au iew'de paulme,les dames ny veuillencaf- Sitter de crainéte d'vneefpéerompue, oud’yn coup dettaeuf, quiles pourroit endommager:vous fouuiencil pas des vets vir~ gilians parlans de Turnus, & de ia belle Lauinia file du roy Latinus fa maiftreffe. Liam curbat amor, fi igitquein virgine vuleus: wArdet in arma magis. (re. liyabien plas, carles dances font practiquées pourcognoittre filesamoureux fonr {eins & difpos de sears) Dee dla fia defquelies ileur eft permis fe i tefpeciuementilz pui Yalaine fouefue,& filz fentent vu ndmelelp paule demou Tay bien confiderd que DE THOINOT ARBEAV, 3 - nomfans caufe,ez republiques on auoit admis les ieux & les da~ ees, maisce quem'enadegonite, c'eft que plufiewts oat vitu- perélcs dances, voires mefines creuud deshonnefte deles ro- gardercommeeftanraae muliebre, indigne de la geauitdé de Yhime,iay leu que Ciceron fitreproche aGabinius confulaire qu ilauoit dancé. Tiberius chafla deRomme les danceurs.Do- mitian ofta du nombre des fenateurs , aulcuns qui aucient ~ danc¢.Alphonfe roy d'arragon blafmoit les gaulois parce qu'il jes voioit delecter aux dances. Le S, prophete Moyfe fe cour~ rouga voyant dancerles cnfans d’Ifracl. Arbean. Pour vn quiles4 bla(mées,vnc infinité d'auleres fes ont loides &cltimdes Le S.prophete royal dauid daca au deuatdelarche de Dieu: Ec pourleregard du S. prophere Moyfe,ilnefe cour _ rouga pas de veoir dancer,mais il cltoit marry que ce fulta-len~ tourd’yn veau d'or, qui eftoic vneydololacrie:Quant aCices6 il auoit des varices & iambes enflées, & blafmoit ce qu'il n'euft {ceu faire, difant quil nevoioit guicres dacer cculx qui eftoi¢e “&icun. Appius claudius ayant triumphé,les appreaua.Lesindes faluenrie foleilen dancant, Erceulx qui ontvoyage ez terres Rew Pportent que les {auuages dancent quant ilz apercoi nenclefoleil{e rronftrer {ur Yorizon. Socrates apprintadancer de Afpafia: Les faliens tre{nobles prebftres de Mars dangoient en leurs facrifices. Les choribantcs en frigie. Les lacedemoniés & couxde Crete n’alloienta Paffault contreleurs enkemis find ven dancant, Vulcan graua fur vac targue vac dancec§mecho- fetrefoclle a veoir. Mufeus8 Orpheus, voulurent que leurs byrones quilz auoient compotées en Phonneur des dicux. fue ferrchantées auce Ca es, Bacchus conqueftalesindes, par a Poglife primitive la couftume cone notte temps, a efté de chanterles hyranes Perdis at & ballant,& yefencoren pluficurs _ A ij, ORCHESOGRAPHIE lieux obferuée. Pollux & Cattor, aprindrenties Cariens 4 dan= cer, Neoptolemus filz d’achiles enfeigna yne danceappellee la pirrichiea ceuly de crete pour fen aider en la guerre. Epami nundasen vfoit fore dextrement, auchoq d’yne bataille, affin que tous enfemble marchaffent contre Yennemy. Xenophon rapporte que 16 fig dances & mafcarades pour recepuoit les ca« pitaines deCirus.Les roys & princes ,cOmadent dances & ma- {carades, pour feltoier, recepuoir, & faire recueuilioycux, aux feigneurs eftrangiers. Nous practiquéstelles refiouiflances aux iours dela celebration des nopces, & ez folemnités des feltes de noftre Eglife, encor queles reformez abhorrent telles cho- fes mais ilz meriteroient d’y eftre iraidez de quelque gigor de boucmisen pafte fans lard. . Capriol, Vousmemedez en volité oy) apprendre & me faites repen- tir que ien’y ay appliqué quelques heures gaillardes, cat om peult prendre plaifir honneftefans fe maculer deluxure & mau aailes affections. Il me fouvient quele potte meé les danceure entrelesbien heureux, difanten {on fixieme des Ancides, Pars pedibus plandunt choreas ¢y*carmina dicunt, Arbean, Vous pouvicz encor alfeguer, que noftre feigneur(en Sain& Mathieu vnziefme & Sain& Luc 7} reprochoit aux rharifiens, rebours & mal affedtionnez, Neus anons chantd oo fluid, Co vows wauex pas dancé, levous ditay, il vous faule faire comme fit De= metrius Jequcl ayant blafmé les dances, aprés qu'il eut veu da- cervne mafcaradeen laquelle 6 reprefétoir Yadultere de Mars & Venus,confefla quiln’y auoit fi belle chofe'au monde. Vous pouuezen peu de temps recouurer celte perte cofideré mefme mentque vous cftes muficicn, & que la dance eft dependant dela mufique & modulations diicelie, quiclyn des fept arte hberaux, Capriol. ena DE THOINOT ARBEAV. * Te vous pri¢ dong monfieur Arbeau, m’en apprédre quelque hofe carie {cay bien que vous eftes muficien & qu’auezen vo ftc¢reaneffe receu la reputation d'ttre bon danceut,& fort dex troa mil gaillardifes Arbeaw, Dance vient de dancer, que lon dit en latin Salare: pancerc'elt dire faulcer, faultelocer, caroler, baler,treper, trepiner, mou- uoir & remuct les piedz, mains, & corps de certaines cadan- ces, mefures, & mouuementz, confiftans en faultz, pliement decorps, diuatications, claudications, ingeniculations, eleua- tions,iaQations de piedz, permutations & aultres contenanced defquelles Atheneus,Celius, Scaliger,é auleres font mention: aulcunefois on y adiouxte les ma(ques pour monftrerlesgeftes ava perfonnage que lon veult reprefenrer. Lucianen 2 fait vatraidtd, du vous pourrez veoir ce quit en dit plusau long: Tulius pollux en fai@ fembiablement yn chappitre bien ample. Capriol. Tepenfe avoir quelqueffois faid leure de ces aultheurs, & aultresfemblables: er tii’aybonne fouuenanceilzrecitent trois fortes de dances,vne graue,nommécEmmelie:vne gaye, quiilz nomment Cordax: yne aultre nommée Siccinnis ,entremefiée de grauicé & gaieté: ilz parlent aufti de ladancenommeé Pirri- chie & pluticurs auleres tortes,commel me fouviécaufi quiilz font mention de pluficurs fortes de mafcarades, mef{memcent d'vnequilz appelldientla Tricorie,compofée de trois choeurs & affemblées de viculx, d’'adolefcétz:8 deieufaes enfans, qui chantoicne, nous auonsefté, nous fommes, & nous ferons. Ie compreadz bien tout cela en gencrale notié,mais ic vouldrois eftre apris de quelz picdz & mouuementz cela fe faifoit, apro- nezle moy fil vous plait. Arbeaw, Antboynearena prouengal a eicriptce que vous demanda& en vers macaronées. , Capriol ORCH ESOGR APHIE “Bm ees vers que:vois didtesil.4 parlé:du mouvement qual fautetenivauxbrinfles,écbaffes dances feullement,& descon- tendnces que doibuent obferueries danccuts, maisla neceflire des vers larendu obfcur, occafion de-quoy,ie-v ous prie m’en e+ olarcircdauantage.- Arbeau. .. vantaux dances anciennes , ie n’en fcaurois que dite, car Piniure: du ‘temps .ou ja pareffe des hommes.ow la diffi ctilté dé des detcripre a efté caufe de nous en after la co- ‘gnoiflance,& aufli vous n’en debuezauoirfoucy,parce que tel Yes fagonsde'dancerfont hors de practique, voiresnous 2uons swell du rempsidenoz peres,aultres dances que celles de prefent ‘Tefquelles en fone de mefmes tant fontles bhomaics amateurs dé nottueauleeziil eft vray que nous povuoat¥cotnparerlemme liea noz pavanes,& baflédances: le cordax, aux gaillardes, tor- “dions;volres;corantes,gauottes branfles de champaigng & de “bourgoigde,branfles gayz & béaniles couppez. LeSiccinnis auxbranilés doubles scbranfles fmples. La pirtichiealadance quenous appelfons bouffons ou matachins. Capriel.. ‘orig quenoftie poftericd lera ignorante de tou- ‘tésdosouuielles dances quevenez de nommer, par les mef SHies cuales fgets ont oftélacognoiffance ae “celles de noz ; + Arbeaw, Ile fauleaind coniedurer, Capriol, Méndeut atbeaune permeétez cela de votre pouuoie puis que y pouvez remedier: medtez en quelque chof: ipe celafera caufequei ‘apprendray cefte ciuilité, & tant, *iPvous fetiblera raieunir 8 auoit les mefines co mpaigai s gqwauiee en Vvoftte icuneffe,8o. prendrez aulrane dexer Wefprit& du corps aufli, car difficillement yvous:abttiendrez vous. DETHOINOT ARBEAV. s vous deremuer les membres,pourm'eafeigner ies mouueméts » yneceffaires: Vray eft que voltremethoded'e(cripreeft telle, qu’ea voftre abfence, fur vos theoriques & preceptes, va difci~ ple pourra feulen fa chambre apprendre vos enfeignements. Et cn premier lieuie vous veulx prier, medireen quelle eftime lt pluralité des gens d’honneurtientladance....,: ye Arbeae. > os La danceou faltation oft yn art plaifane:& proffcable, qui send & conferuclafanté, conuenable aux ieufnes,aggteable auxvieux, & bienfeant a tous, pourueuquonen vfemodefte ment entemps & licu, fans affectation vicienfe: ié disen temps &licu, parce qu'elle apporteroit mefpris a.celluy : ‘qpii comme vn pillicr defalley feroit trop affidu, Vous (cauésque dit lec- clefiafte, Cum muslieve faltattice nor fis affedunsi ts Les enfans des fenateurs romains au fortir des efcoltes alloient apprendreadancer.: _Homere tefmoigne la dance-eftre vne pattie Xappendicedes banquets, tellement que ‘perfonne ne fe peult vanter d’auoir accomply vn braue feltin, fil n’y.2-appli- qué la dance: laquelle eft comme vn corpsenticraccamipaigné de fon bel efprit, fion y iviné les mafquarades. Quanronireci- toit dedas les theatres Aaciennement les tragcedies, comardies, & bergeries, les dances & gefticulations n'y eftoient oublices, enla partie defdias theatres qui pour cefte occafion eltoitap- pelideOrcheftre: que nous pourrions appelleren notre langue frangoife, le dangoir. Capriol. - Puis quec’eft vn art, ildepend dong def'vn des feptarts tsliber raulx. Arbean, F Ie vous ay ia dit, quelle depend dela mufique aemodulations dicelle: car fansla vertu rithmique, la dance feroit obfcure & confafe: daultant qu’il fault queles geftes des membres accom B -ORCHESOGRAPHIE paignentles eadances des initruments muticaulx, & ne faule pasque lepied parle d'un, 8& Pinttrament daulere. Mais princi- pallemeut cous les doctes tiennent que la dance eft vac. efpece detthetorique muctte,par laquelle 1O’rareur peult parfes mou ueméts, fans parler vn feul mot, fe faite entendre, & pertuader aux (pedtateurs, quileft gaillard digne d’eftre loud, aymé, & chery, N’elt. ce pasavoitre aduis vne oraifon qu'il fara pour foy-mefme, pares pieds propres, engendre demonftratif: Ne ditil pastacitementa fa maiftreffe (quile tegarde danger hon- neftement & de bonne grace)aymés moy, defirds moy?Et quat les mafquatadesy (ont ioinétes, elle ha efficace grade de mou- aoirlesaffedions,tantoft a cholete,tantofta pitic & commife- ration, tanroft ala hayne, tantoft al'amour. Come nous lifons dela fille d'Herodias, laquelle obtint ce quelle demandaau Roy Herode Aatipe; aprés quelle cut dancé au baquet magnifique quil fic aux princés de (6 royaulme,a mefme ivur quill etloicnd Comme auffiRofciusle faifoit bien paroiftrea Ciceron, quant il adjangoit fes geftes 8 adtions muettes de telle fagon, qu’au iugetnentde ceulx quien eftoientarbitres, i) mouuoic aulrane ouplasies (peatears, que Ciceron cut peurfaire par fes clo- cutions oratoires. 8 : Caprial. Rofcius efoitvn hiftrion,& me femble que nos loix tiennent tellesgens notésd'infamie. . Arbeaw Rofcius eftoie renu & repucé (par meffieurs dufenat,& par tous fes romains quiafliftoient ordinairementauctheatre pour le veoir) fort honnefte & habille homme: tellemenr que quant on vouiloit alleguer quelque artifane parfait, on ditoic queceftoit vi Rofcius cn fonart, Ciceron plaida pour ley en vnecaufe quil auoit-contre Fannius, & obrint victoire par la faueur detoutle fenar, qui Paimoit, prifoir, & honoroit. DE THOINOT ARBEAY. ‘ Ceulx veritablementlelquels pour gaigner argent, admertent yn chacun indifferemment & veoir leurs icuz & farces, font comptezentre les infames:.mais la loy n'y a iamais compris ceulx qui fexhibent gratuitement, pour fe donnet du plaifr, & recreer les Roys, les princes, les feigneurs, les habitans dvne ville, ou quelques compaignics particuliercs: foit par acids de tragocdies, comecdies, & bergerics, repreférécs avifage decou bert ou par daces qu’on faict aucc mufiques,ouauleres veltures & portementz graticux, pat manicrede refiouiflance: & ainfi Je refoult ’ Empereur en! vnzieme-du Code, au chappitre des Ieuz publiques, Capriol.. lecroy fermement qu'il (e doibt ainfi entendre, Ne tardés donc plus dauantage a exaulcer ma requefte, & me deduifés parle menu, commeiefontles mouuements des dances, affin que ic m’y exerce: & quil-ne me {oit reproché ce que difoit Lucian 4 Craton, que i’aye vn coeur de porc,& vne tefted'afne, Arhean, : Lucian n’adreffe ce reproche, 4 ceulx qui ne veuillent, ou * bien quiveuillent, mais ne peuuent apprendre cét art, mais il attaque ceulx qui le veuillent blafmer & regetter, comme ation mauuaife, non confiderans, qu’ll en eft de deux fortes: les vnes feruenrala guerre,force, & deffencc dela republique, Jes auleres font recreatiues & ont auec foy yne vertu dattirer les coeurs & concilier amour, & fontvn preparatif & cautelle (comme ic vous ay ia dit) pour cognoiftre files perfonnes font point malefici¢es de goutes ou loups és iambes, &fielles ont bonnecontenauce & modefte. Nous lifons que Cliftenes ayat veu danger & morguer impudemment Hypoclide, luy refula fa fille en mariage difant qu'il auoit dedancé lesnopces. Capriol, , Dicu mercy, 1en’ay point telles infirmités & n’ay qu’vne (eur Bip ; ORCHESOGRAPHIE quiettaagéede douzeans que iy feray apprendre quant vous m’aurés enfeigne, eo ao E % a Arbeaw,--' pee “ Galien dit en fon liure du regime dela fanté, que toute chofe naturellemér defire de fe mouuoir; & que lon fe doibt exercer par mouuements doulx & remperés comme eft la dance, que ceulx d’Toniciuuéntérent 3 cét effect:pour cefte occafion elle fere grandement % la fanté, mefmemeane des icufnes filles, le(quelles eftans ordinairement fedentaires, & ententiues'& leur lanifice, brodeties, & oaurages defguille, font amas de plufieurs mauluaifes humeurs, & ont befoing de les faire exha- ler par quelque exercice temperé: a - Capriol.. Ladanceleur eft vn exercice propre car elles n'ont pas liber- te defe promener, & aller ga 8¢ 1a dehors & dedans les villes, ainfi que nous péuuons faire fans reprehenfion, tellement que n’enauons befoing comme elles: ncantmoings, ie fuis defireux d'apprendre-cét art fiancien & fihonnefte & profitable, Arbeau., , Pourvous complaire.ic vous en diray cequeiten fcay encor quiilmedeta nral {eant(cn l'aage de foixante neuf ans ouie {uis) de traidter 8 pra@iquertelle matiere. Parlonisdonq premierement dela dance guetriere, puis nous parlerons deja recreatiue, Les inftruments feruants a la mar- che guetricre, fontles buccines & trompettes,litues & clerons cors8 cornets,tibies, fiftes,arigots, tambours, & aultres {ern- blables,mefmement lefdias tambours. Le tambour des perfes (luquel vfent aulcungs allemands le portans alarcon de lafelle]elt compolé d’vne demyc sphere de cuyure bouche d’vn fort parchemin, d’enuir ceux pieds & demy dediametre: & fait bruit commed’untounerre, quaat ladiGerpeau eft touchde auec batons. DE THOINOT ARBEAY. 7 Letambour duquel vfenties frangois[affés cogricu par yn cha- cun]eft de boiscaue long d’enuiron deux pieds & demy,cftou pédvn coufté & d’aultre de peaulx de parchemin, arreftéca auec deux cercles denuiron deux pieds & demyde diametre, bandées aucc cordeaux affin qu’elles foient plus roides: 8 fai& {comme vous powuez auoir ony plufieurs fois] vn gtand bruie, quant lefdides peaulx font frappées auc deux battonsque cel luy quiles bat tient en fes mains. Lafigureen eftaflés cogneuc avn chacun, touteffoisicla mettray icy puis quenous en fom- mes en propos, Capriol es petirs liens & boucles, 2 chacune reflexion Vous mee des cordea Arbeass, e Bij ORCHESOGRAPHIE, C’eft pour banderles peaulx quant on Ie veut barre, en ap- prochant lefdiéts liens prés du meillieu: & pourles defbandcr quant on le veut laiffer a repos en approchant lefdiéts liens des cercles.& bords, lene f{eay files enfans d’Ifrael'vfoient du tam bour avn fonds, comme on faifoita Rommeau facrifice de la mere des dicux:mais le quinzieme chappitre d’Exode rappor- te, que Marie foeur de Moyle & d’Aaron, battoit fort bien le tambour. ’Virgile au fixieme de ! Ancide parlant de Mifcnus, tromperte d’Heétor, puis d’anée, dit ces mots, Quo non praflansior alter Eve ciere viros, martemdue accendere cants. Etpeuapprés. Et lituo pugnas infignis obibat, é hafta. Le brui&t de touslefdiéts infttuments,fert de fignes & aducr- ciffements aux foldats, pour defloger, marcher, fe retirer: 83 larencontre de fennemy leur donne ceeur, hardieffe, & cou- tage d'affaillir, & fe deffendre virilement & vigourevfement. Or pourroientles gens de guerres marcher confufémét & fans ordre caufe quiilsferoienten peril d’eftre réuerfés & deffaias, pourquoy nofdias frangois, ont aduifé de faire marcher los rencs & iougs des efcouades auec certaines mefures, - Capriol, Comment cela. : Arbeaw, Vous eftes muficien, & fcaués bien que e’eltdes mefures, du temps,les vnes fone binaires, les aultres fone ternaires, & que de toutes ces deux fortes de temps il en y a de pefantes, de moyennes, & de concitées C apriol” Cela elt vray. Arbean. . Vous me confefferds que ficcois hommes fe promenoient 8& DE THOINOT ARBEAV marchoient cnfemble, & chacun deulx vouloit aller a pare {eld P'vne des trois diuerficds ils netaccorderoient pas: car il faul- droic que tous trois marchaffent, ou vittement,ou bellement, ou mediocrement, Capriol. Iln’ya point de doubte. Arbeaw. Cet pourquoy, en la marche dela guérre, le frangois. 3 fai& ferair le tambour pour tenirlamefure,fuyuant laquelleles fol- dats doibuent marcher, combien que la plus grand part des foldac.n’y fone gvieres bien exercés, non plus qu’en tout le rettedel’arr militaire, mais pour cela iene laifferay den efcrip= relesmodes. La mefure & bartement dutambour, contient hui& minimes blauches,defquelles les cing premicres font battues& frappées fcauois les quacre premieres chacune d'vn coup de bafton, feul & la cinquieme des deux batrons tout enfemble, & les trois aaltres font reaes & retenues, fans eftre Frappées. SSS tan ta Tan tan in tan, Pendanrle fon & battement de ces cing blanches & trois fouf- pirsle foldat faict vac palfée, c'eita dire, ilpaffe & exrend fes deux iambes tellement que fur la premiere notte, il pofe& affiet fon pied gaulche, & durantles trois aultres nottes, illeue le pied droi& pour le pofer & affecir fur la cinquieme notte, 8 durantlestrois foufpirs qui equipolenca trois nottes. il releuc fon pied gaulche pour recommancer vne aultre pafléc comme auparauant: Erainfi confequemment tant quele chemin dure en forte qu’en deax mil cing cents battements de tambour le ORCHESOGRAPHIE™ foldat marche lalongueur d’vnelieue, Capriol, Pourquoy faites vous marcherle pied gauche le premier? eee ; Arbeas. Patce que la plus grand part des hommes font droidtiers, & quele pied gaulche eft le plus foible, & filaduenoitquele pied gaulche vacilaft par quelque inconuenient,le pied droi€{eroit incontinent preft pour lefoulager. Capriol, “Itme'femble qu’vne paffée, en latin paffis eft didedel'expan- fion des deux bras, &¢ non des deux pieds, Arbeaw, Regardés bien & treuzerés enlemefurant que la pafide des deux pieds eft de mefmelongueur, quel'expanfion ou extens fion'des deux bras, que les geomecriens eftiment éftre de cing pieds Capriol, my Vous forcomptés vous point, de dire quiil fault pour vne lieue marcher deux mil cing cents battements dé tambour car lalieuenetient que deux mil paflées quifont deux mil batte- méts de tambour a prendre commie vous dices, achacun bat- tement de tambour vne paffée. Arbedw. Vnefeulle paffée, tient veritablement cing pieds, & en. faule deux mil pourla lieue, mais quant on fai& foubs le tambour plufieurs:paffées I've apres Paulere, chacune paffée n’a que quatre pieds,d’auleant que le pied dela cadance dela premiere pailée fert de pofition ala deuxieme:& ainfi de paffée en paflée tellement que lefdictes paflées ne contiennenr chacune que quatre pieds, & par ainfi faule pour vnclicue deux mil cing céts paffées, qui font-deux mil longueursde cinq pieds geometri. ques. Capriol, DE THOINOT ARBEAV: 9 Capriol.. * Pee Iele comprends fort bien maintenant. - vicgrts aktbeittix dnd + ee Oultre ce vous debuds penfer que quant les battements du tambour font diuerfiffids, ils-en font plus aggreables , & pour cefte canfe ceulx quilebatrent me@ent quelqueffois: Jes.cing minimes blaches & les trois {oulpirs comme deflusrelté, not, té,quelqueffois en lieu des blanches;ils medtent deux minimes; noires ou quatre crochucs, commeil leur vient’en phantafie, maisce pendant il fault que la cinquiemenotte foitentiere blanche, fice eft qu’ils veuillent continuer deux ou £rois, ot pluficurs battements, car lorsil ne font point les croisfoutpirs fors au dernier?’ Lit. Capriol i Bolus ce Tentends quafi cecy,maisie vouldrois biena avoir. exeinple. deces dinerfités, ‘ m5 Arbeau. Les diuerfitds fe font par les entremeflements des blac hes, noires, & crochues. Capriol. eine tk Donnés m’en veoir vnelifte, ou tabulature. : ‘ Arbeas, Vous icauds bien qu’vne minime blanche emporte deux noires: & quvncminime nvireemporte deux grgchyes: ainfi pendant le cemps d'vne blanche, on en peult bactre deux ‘noi- res ou quatre crochues:& pourle miculx remarquer appellons Je fond’vne minime blanche quife faipar vn coup debafton appellons [edis-ie Tan, ou. Plan. Etle fon dedeux tii: mes noires, qui fe faidt par deux coups de baftons appeiloris le Tere, & lefonde 4crochues quife taidkpar 4 coups debattés Fre. Entremefloas puis aprés ces diueifitds les vnes auecles aultres, & nous en treaucrons de maintes fortes delquelles voicy vne tabulature, enlaqucile vous choifirds les forces qui vous plairontlemiculx. Cc ORCHESOGRAPHIE: | -Tabulature contenant toutes les diuerfités des battements du tambour. Lapremiertefagon, elt compotée feullement de cing Tan. efté Tan tan tan tan tan, Les aultres battements font compofés par les meflanges de Tan auec Tere, Dadi& TanauecFre, &destrois enfemble Tan, Tere, & Fre, Et premierement meflange de quatre Tan, & va Tere,Ce peule faire en quatre fortes, Tere tan tan tan tan. DE THOINOT ARBEAVs: fo Meflange de trois Tan, & deuxtere, a pak ‘Tan tan rere tere tan, a= Tan tere tere tan tan, Hite Tan tere tan tere tan, Tere tere tan tan tan, Tere tan tere tan tan, Tere tan tan tere tan. Meflangede deux Tan, & trois Teré, Tan tere tere tere tan, cH $ ORNCHESOGRAPHIE, Tere cere tere tan-tan, Aultre meflange de quatre Fere & vn Tan, laquelle ne fe peulr diuerfiffier aultrement, parce qu'il fault paeneceflité que le Tan (git 2 Ia fin pour faire la cadance. Teretere tere teretan Meflangede quatre Tan & vn Fre. Tantan fre tantan DE THOINOT ARBEAY. ir T= van fre tancantan, Meflange de trois Tan &deux Fre, lequel regoit fix diuerfi~ tés ainfi qui fentuic. SEEN. Yantan fre fre tan, iE: ran fte fre tan tan, SE TIEEHHES ‘yan fre tan fre tan, EEE? — Fre fte tan tan tan, TS = Fre tana fre tantan, it ORCHESOGRAPHIE. TEIEES Meflange de deux Tan & trois Fre lequelo on peult diuerfiffier en quatre fortes. nein eS ian TPES fre tan fre tan. ‘ ere tite = Fre fre fre. tantan, Aulere barement compofé de quatre Fre, &vn Tan lequel ne fe peultaultrement diucrfiffier. SEN DE THOINOT ARBEAV. 12 Meflangede trois Tere & vn Fre, auec le Tan final , SHEE Teretere tere ian Fre tere tere tere tan, Loh, capriol Tecroy queletambour ne feautoit faireauleres diterlitds de battemens queceulx qu’auds declard cy deflus, Arbeai. Ladeduction vous endefté ennuyeufe, mais ilen ya encor Gauleres que ’acheuctay affin dene laiffer imparfaid ce que en ay commenced, ; Meflange de aa & deux Fre, aucc le Tan final, * TRS tere tere fe - ~ fre ae t ORCHESOGRAPHIE ihe = Tere — fre fre tere tan, wt a se AS | Fre tere “fre tere tan, aE NE = : Fre _ tere tere fre tan. Meflanged'vn Tere & trois Fre, aitec le Tan final, lequel on peule diuerfiffier en quatre fortes. apréslefquellesie vous de duiray lereftc des aultres meflang tHE: Tere fre STEHT: i Fre © tere DE THOINOT ARBEAV. Neniiesize:37 ee Fre fre tere "fe tan. AMIE Fre fre fre tere tan Meflange detrois Tan, vn Tere &vn Fre, de laquelle font fai- Ges & compofées, les diuerfites quefenfayuent ennombre de douze. ae Tamtantere fre tan, Se Tanteretan fre tan, i= Tere tantan fre tan, (See © Tantere fre tantan, ee — Teretan fre tantan. ~ ORCHESOGRAPHIE Ean = Tantan fre __ tere tan, SEMEEES - Tan fre tere tan tan. Sie Tan fre tanteretan, SEH: fre tantan tan, ae ae Fre = Tere cca tan tan. Fre tantantere tan, Meflange de deux Tan,deux Tere, & vn Fre,de laquelle font faides & compoféesles dincriivez quis'enfuyuent, & font ea nombre de douze, DE THOINOT ARBEAY, % ei ee eps Teretan tere fre tan, ere tan fre teretan (Sel hans tTantere fre tere tan, Nee SUMS Tan fre tere tere tan, HEHE He rere fre tere tantan, ORCHESOGRAPHIE VE rere -fre. tantere tan, SENT TEE Fre tantere tere tan, ie ae BIH S Fre tere tan tere tan, fe Fre tere tere tan tan, Meflangede deux Tan vn tere & deux Fre de laquelle font fai- é&es & compofées les, diverficés qui fenfuyuent 8 font en nombre de huid, SSE He = Fre fre tere tan tan, SEaEE ae Hf Fre fre DE THOINOT ARBEAY: 4 SoHE Fre tan fre tere tan. ES Senay Tere fre fre tantan, Tan fre fre tere tan, Entre toutes les diverfirez nombrees cy deflus, vn tambour pourra choifir celles quiluy fembleéront eftre plus aggreables, & mieulx fonnantes auxaiureilles, Capriol. Pourquoy y me& on.ces foufpirs ? Quene fai letambour pourchacune paffee les hui& minimes blanches ?.quatre pout lepied gauche, & quatre pourlepied droid. Arbeas, Sile tambour n’afoit point de foutpirs,les marches des fol- dars pourroient tumber en confufion car[ commeic vousaY dir]'Iafficttedu pied gauche doibt eftre fur la premierenote, D ij ORCHESOGRAPHIE & laffiete du pied droit fur lacinqui¢me. & files hui& nottes eftoient routes touchees , vn foldar pourroit faire les affiertes de fes pieds fur aultres notres que fur la premiere & cinquié- 2 me'Ce quin’aduienc en ycolloquant des repos & foulpirs, car batrant ainfiilentend bien ladi@e premiere notte, &ladige cinguidime, Capriol - Ne peult on faire des foufpirs és battemeas du tambouraul- tres quapreslacinquiéme no Le tambour des Su notte,& les trois foul affiettes des pieds fe fon me notte. dE vu foufpiraprez la troifi¢éme istout sevientavni:car les Colin tan Colin tan plon Caprio. Ces modes de marcher auton du tambourfontbelles,quant elles fontbien obferuees, DE THOINOT ARBEAV.. 16 Arbeaw, Elles fe peuuent faire aulerement par fadi&e mefurcbinaire en mettant feulement vng foulpir aprez les cinq nottes mini- mes:& en ce cas lefoldat pofe fon pied gauche fur la premiere notte,puis fon pied droit far la troifieme notte puis encor fon pied gaulche furla cinquiéme.Et au batteméc qui vientaprez, il faid Jaifiecte de fon pied droitfurla premierenotte,puis de fon pied gaulche fur latroifieme notte, & encorde fon pied droit fur la cinquieme, & ainfi continuant tant quele chemin dure. Capriol. Ace compte chacun battement detambouremporteroit plus grand efpace de chemin qu'il ne feroiten marchant par affees. Arbeaw, Ceft chofe certaine:Car le premier battement, emporteroit fept picds, & tous les auleres fuyuans fix pieds feullement,& par ce moyen le foldat chemineroit vne licueen mil fix cents foixante fix batcements de tambour ou enuiron.Il {eroit poffi- ble auffi de bactrelefdidtes cing minimes blaches & vu foufpir, & les marcher & paffer par mefure rernaire, HiNHENNS= Sowbz ladi&e mefute ternairelefoldat poferoiclaffiette de fon pied gauche fur la premiere netce-& puislatfiette de fon pied dreitt, fur la quatrieme norte, & ainfi confequemment, Capriol, Celte mefareternaire eft pica yentile,les paffees y font fem- blables comme au binaire,& (i nya qu’vog foulpir & repos, Arbeass, Quant les guerriers approchentlennemy, ils fe ferrent plus eftroitement,& doibuent bien ob{cruer leurs marches coms a : ORCHESOGRAPHIE. : meie vousay diten affeantle gaulchefur la premierenotte. Capriol, Si lefoldar affeoit le pied droi@ fur ladi&e premiere notte, tournereuiendroit-il pasa yng? . Arbean, Non pas bonnement, par ce que[ comme ilefta prefuppo- fer] {a plas pate des foldats eftants droitiers & marchans le pied gauche le premicr, fi auicungs commenccoient par Ie droigt & finiffoient parle gauche,ils fe hurteroientles efpaules dors qu ils font ferrez,& s’empefchcroicnt,pat ce que nous get~ tons lefpaule du coulté de laffiette du pied, Sidoncvn foldat commenceoit du pied gauche, fonefpaule yroita gauche, & lefpaule de celuy quicommenccroit da pied droitiroita droit, & feviendroir’ heurter.Ce quen’aduient és marches fembla- bles & de mefme pied.ou les efpaules vont vndoyants d'vng coufté puis d’aulere fans fe heurter ou empefcher:ce que vous experiméterez facilement en vous promenant auec quelcung. Get pourquoyle tambour faiét aucunesfois vne continuation de pluficurs batrements ioinéts enfemble,affin ques'il y adela confafion par tranfmutation de marches,les foldatsla puiffent reparer , & quils fe remettent tous aifément fur laMfiette gau- ~ che,aprés quils ont ouy le repos du foufpir ou de trois foufpirs: Etcelafert grandementa faire les euolutions. Capriol, Qwreft-ce’ dire evolution, Arbeas. Cen’eft pas noftre intention de traidter icy deart militaire: Si vous voulez {cauoir que c'ch ‘cuolution, voiezle liure que Alianusa efcript a!’ Empereur Adrian, Je vous diray feulemée: quoultre les marches faltations & dances guertieres cy def fas declarees:le tambour vfed vne continuation de batteméts pluslegiers & concitez par minimes ncites,y entremeflant des coups DE THOINOT ARBEAV. 17 coups de battons frappez rudement, lefquelz font vn fon c6- me fi ceftoient coups d'arquebuzes ,& ce quad Jes foldatsap- prochent Sennemy de prez+Et lors quiils fe veullentioindie contre le batallon de lennemy; les foldats fe fertent les vns contreles autres, comme sils-eftoient rous.d'vne piece,&c ou- chent leurs pic ques & fariffes, faifans digelles yn rampart fort efpaiz,& difficile a forcer & rompre. cae €ependant le tambour fonnedevx minimes noires conti- nuces, gui font la mefure binaire legiere,du pied queles Poe tes appellnt Pirrichie,& fauanceans,tenans touffours le pie? E ORCHESOGRAPHIE - gauche deuant., & en fone lafliette fur la premiere notte du Pirrichic. Et {ur ladeuxieme notte dudi&t Pirtichie , ils font laffierteda pied droict dernier,& proche dudit pied gau- che,céme pours en feruird Arc bouttant-Eraing faaltclocds & danceans, commancent lecombat, comme filetambour vouloit-dire: a : Capriol, Te matcherois & dancerois maintenant fort bien[ ce me femble}ies paffees militaires foubz les battements & mefures, Mais pourquoy eft ce tambour adcompaigné d'vn ou deux flutteurs? © Arbeau. Nousappellonsle fifrevne petite flutretrauerfea fixtrouz, de laquelle vfenties Allemandz & Suyffes , & d/auleant quelle eft percee bien eftroidtemencde la groffeur d’vn boulet de pi« ftolet, elle rend vn fon aga: aulcungs vient en licu defifredu- di& flajol & fluttot nommé arigot, lequel felon fa petiteffe a plus ov moings de trouz,les miculx fairs ont quatre trouz de- uante & deux derriere,& eft leur fon fort efclatcant,& pourtoit onles appeller petites Tibies, parce que premierementon les faifoit de Tibies & iambes de Grues. Les Ioucurs defdicts c4- bour & fifre font appellez dunom de leurs Inftruments, quae nous difons de deux foldats,que I'vng eft letambour &laulere Je fifre de quelque Capitaine: Capriol. Y¥-ilcertaine fagon pour iouerdu fifreouarigor? : Arbeae. , ° Coulx quien fonnentiouentaplaifir, & leur fuficde tumber DE THOINOT ARBEAV. rt en cadance aucc fe (on du tambour,toutesfois nouslifons que le ton Phtigien que les muficiens appellent le troifiefme ton, incite naturellement a colere , & diceluy vfoientles Lydians allans en la guerre: L’hy{toire rapporte que quand Thimothee en iovoitfursa Tibie , avfli roft Alexandrele Grand feleuoit comme furreux & enragé de combatre. Bacchus grand Capi- tayne nommé Dionifius apprint fes foldats enuironnez des feaimes de fon camp adancer & faire marches guerrieres au fon du tambour & de la Tibic Phrigienne, & parce moyen fubiuga les Indois,car les {ndois marchoient en foule & con- fufion auce cry2 & butlements . & partant furent perturbez & tacilement mis en vande-routce & vaincuz. Capnol: ‘ Donnez moy vne tabulature dufifre ov arigot comme vous macezdonné du tambour. Arbeau, Te vous ay dit que la mufique du fifre ou arigat fe compole au plaifir duioueur: Toutesfois ie vous en donneray icy yng petit cxtraid que ay retire de M. Yiaac. unguet Organifte, léquellextendiurfon Efpinctre depuis C fol fave, ouB fa B my jufquesen Ela: Et pour Baffe- contre en ticu de rambour, il tient du poulce defa main gauche € fave, & dv petit doigt Yodaueen bas,le(quelz il rouche par rechange, (cauoir toa~ ucen bas farla premiere minime blanche. & C fave furla cin~ quieme,tenanttoufiours ferme le doigt demonftrant furleG ve, qui faic Paccord parfaict d’vne quinte auccladide oGaue en bas,&& d'vne quarte contre lediQ C fave. Capriol, H me femble[fauf voftre correBion ] que parlesreigles de mufique , cefte quarte nef pas recevable pour feruir en fa Baffe-contre. Arbean, a Vousle prenez fort bien, mais celas’entend quad on veut 1 ORCHESOGRAPHIE faire chanter quacre partie auecles voix: maisencecasicy , il ef queftion du fon dutambour, lequel fere.de Baffe contre, 8& parce quiln’a poind de phrongueX& confiftance,ileft comme ie vous ay dit a rousaccords , & n’cft pas mal fai& quel Efpi- nettele reprefente en ces diicords accordants, & avant quede vous en donner la Tabulacure,vous vous fonuiendrez qu'il y adeux manieres de flutter ,Pvaeen tetanr, laulere en rollat,au premier lalangue du loucur fai té cété,outeretere tere , 8 au fecond icu rollé .lalangue du loucur faict relé relé relé; Ie vous aduerty dececy , parce que la Tabulature que ie vous veulx elcripre doit eftre fluttecen icu tété, & non pas enieu rolld, Capriol. Pour quelle raifonla doit on pluftoft rétér,que roller? Arbeais, Poarce quela pronunciation duieute td cftplusaigre & ru- de,& confequemment plus conucnableaufon guerricr , que n'eft celle duieurollé. Tabulature du Fifre, ou Arigot du troifiefme ton. Parirrerce urea ters faa 5 pe PARTE a GE ig pipiens elhrstepey tyietili pasts | Gis 2 eg UNA Gaile ete npeeynrtiatetgtoett: glia ys peter eclTsge pogtyys ELEY SE ORCHESOGR APHIE ennai ieserited bays ieytge TSE: =i Safe ‘tml! TB rip eee eee pose ett as eTPrEHig: qHiseaBiis pull ge HPT SEIN NE pint MS nytt = tient Sle Fe ee hnbrtn hie Capyiol, Te fuis bien aife d’auoir cette rabulature, i'ay vn petit arigot iemeflairay d’y iouer le contenu enicelle. Arbean, Vous poutrés ampliffier cclte mufique, 4 voltre plaifir &' phanrafie. Et fi d’auenture vous prefupofés que lerambour fonne par mefureteruaire, laquelle confifte de cing minimes blanches & vn foulpir, vous vous pourrés ayderdela mufique. cy deffus en retranchane deux miaimes blanches fur chacun batcemenc tantoft fur la fin des cadances,tantoft fur le com- mencement, tantoft furle meillieu, tellement que laliaifon n’en foit point corrompue. Capriol. Ceulx qui ont cognoiffance de 1a mufique, le penuent faite facilement. Arbean, Te vous en veulx donner vneen mefure ternaire,dont vous vferez fans avoir la pesne deretrancher la fuldi&e fivous ne voulez plaquelle vous pourrez aufli amplifier cant qu'il vous plaira. Capriol. Pais qu'sl cous plaift prendre ceftc peine,vors m Yobligerem ORCHISOGRAPHIE _Tabulature pour iouer du Fifre ou Arigot en mefure ternaire. p=zpl sigur Pelee steer rape tine tase ali ssh eile’ pile lel Sy HURTE qesppititleg nytt eters et anne Be DE THOINOT. ARBEAV. ine EES rai sai pee aT: ig sfattnitettraingty ely SEEMING allel feat Pema Sul put aesiss UNG pape plitienityspieigiie ge ORCHESOGRAPHIE:. Capriol. “Tew ayautcune affedion daller enla guerre, toutesfois ces preceptes que m’auez donnez dela dance guertiere'me pour- ront feruir quant nous ferons quelque monftre en armes par Javille'de Lengres: Maistandiz pafiez oultre, & menfeignez ane celt de ladance Tecteatine, 1 cArbehg:, ; : “n vous faule prémiérement premedtre qu’’ a fami udeda tambour, duquel nousations parlécy deflus.onena faidivng petic que l'on appelletabourin amain, long d’enuiton deux petits piedz & vn pied de diamerre,que ¥ fidorus appellie moi+ tyé de Simphonie, furlés fonds & peanly duquel on. colloqué des fillets retors,en lieuqu’au grand tambour ony meét fur fe diametredel ung des fonds feulement vn doublecordeaa. 2. Capriol. Dequoy eruencces fillets eto? Arbo, “Hzdfone cafe que quant Tetabourin eft Bactt d’yng’baton- net, ou avecles doigrs, le (on dudi@cabourin eft ftridule 8 tremblorane, Capriol, “Symphonie,cett 3 dire comfonance, & non pas vn raboirin, Arbenn, DE THOINOT ARBEAV. «22 Alaverité, ce mot grec de Symphonia efta dire confonance, & decemotitort appellez les’ Muficiehs Symphoniaques: Mais il weft pas impertinent; qaele rabourii ait receu celte denomination deftre comprinsfoubzle nom de Symp honie, & Vappelle Yfidore demye ou moytidde Symphonie, parce qu’il eft accompaigné ordinairementd’yng ou plufieursaul- tres Inftruments moficaux, avec lefquels il conuient , & leur denne grace fervant de Bafe &’ Dildiapafon atous accords, ceft yrayfemblablement, celuy duquel on vfortauecPinftru- + mentappellé Chorus,pour rendrelovangea Diewen refioyl fance,& dont parlele S. Propheteroyal , quand ildit: Landare Lominum intympano ¢ choruren Sain Luc 15.e filz aifné du pe- re defamille furindigné quand iffédat que pour la bienvenve de fon frere,!on-failoit grand che¢te auecleveau gras-& la Symphonie & le Chorus. Daniel fecite enfon 3.Chap.que Nabuchodonofor fit crier que chacun adoraft fa ftatue,fi tot quelon orroit iouer Ia flutte Ic haubpis la facqueboutte , la harpe, le pfaltetion ,la Symphonie, paresinftrammeprs pes ficaux. pri Yeuffe interpretéce metde Chorus pour yne compagnie de danceurs. Arbeai. Jay veu la figure dudi& inftrament Chorus enn liyre< on, tous les Inftruméts font defcripts, & eftoit ioinG aucc la Sym~ phonicou tabourin,comme maintenanton y-ioin@ la flutre ou grand Tibie. Les Bafques & Bearnois vfent d’vng aultre; tabourin qu’ils tiennent furpendu a la main gayche.& lerou-, chentauecles doigrs dela main droide, le bois eft fevlement; creux de demy pied, & les peaulx d’vn petit pied de diamerre,, & eft enuironné defonnertes & petites pieces de cuyure,ren- dants vn bruit aggreable 8& nonaffreux, comme celuy grand. que defcript Suidas rempl ce clochectes, duquel vioiét coulx: des Indes enleurs bataillcs avofiretabourin, nousny F oii ORCHESOGRAPHIE:“t mettons boing de fonnettes.& ?’ accompagnonsordinairemér dyng longucf flucceou grand tibie: Er de ladide fluste le iou- hante foutes chanfons que bon luy femble, larenat auco la mainda bras gauche, Sagactl fouttientle tabourin, ~Efe il ‘polible qui ie uss fonncbene chanfonauec fa main gauche feulle:Ie nele puis croire,caic(uis affez empef- ché de creutter cant dé voix diuerfes auec mes deux mains {ur vane flutte a neuf trouz ,é aoffi il me femble impoflible de iduer &cla tenir d'vne mefme main. Arbeaw. -"Le bout pres la Iumiere eft fouftenu dans Ja bouche du Toueur,& te boutd’embas eft (ouftenuentreledoige auricu. laite-& le doig medicin, 8 oultrece afin qu'elle ne coulehars lamaiii du louéar, ilyavneelguilletcean bas de ladséte flutre ou fe'fiet ledit medicin pourlengaiger &tafouttenir, & n'a quetrors perevis, deux denant,& vng derrier,& eft admirable- ment iauentce,cardu doig demonftrant & du doig dume:l- liew qui couchent fur les deux pertuis deuanc & du poulce qui touche fur le pértuis derzier, tous les toas & voixde la game DETHOINOT ARBEAV. 23> sy trenuent facilement, hee Capriol, C’eft donc vng fecret quer'apprendrois voluntiers en paf- fant chemin, puis ic vous reméttray én.propos. oi? Arbean, Vous debuez fcauoir queles tubes ou tuyaulx qui font haults & longs, & ont lalumicre baile & eftroide comme eft la lutte » de queftion, faultéc facilement & naturellementa leurquinte quant ilz fone fouflez vn peuplas fur: Ee fioales fouffleen- cor plus fort, ils montent aloctaue : De fagon que quantia 16 - gue flutte eft (oufflee doulcement & tous les pertuis font bour ! chez,fuppoté quelle fonne G vr,fi on ouurc le premier perquis que bouche le doigt mediant,ellc fonnera A re,fi on ouureen- | corle deuxieme pertuis que bouche lindex,clle fonnera B my, & fi on ouure le croifieme pertuis qui eft derrier que bouchele poulce,elle fonnera C fa ve:A prez cela,le rout eftant bié bo ché, foufflane vn peu plus fort, elle faultealaquinte &fonne.! Dfolre: Auecce mefme veng, file mediant cft leud , ellefon- nera Ela my, &ledemonftratlea¢é aprez,cllefoannera F faver Ce faid,emleuant le poulce, elle fonnera Gfol re vt,& ainfi cd. tinuane & leuanrles doigs , & donnantle vent fort comme apparticat,on y treuue pluficursgradatious de voix. § 0.0: : Capriol. » Vous faidtes cette o€aue de G fol revefar Pouuerenre du poulce,donc en fermanrtour,ce dcburoit eltre Alamiré,: Arbean, Le cout bouchéfonneloctatic aufli ya caufede la naturelle difpotiion de cefteforte de flutte, qui ‘faitlee oulebonaiee a la quinte, puis. a Yodauc, - \ " t Caprial. Quant on di& en Therence,quela comeedie det’ ‘andriefu : ioude foubs lesTibies non pareilles de Claudius.$e doibtil en- Fiij ORCHESOGRAPHIE tendrede ces fluttes dont vous parlés? Arbean, Gertes.i¢ le croy ainfi; car par les marbres ‘antiques il fe treuue qu'vn mefme perfonnage ioticit de’ deux flutres cout en femble defquelles Pyne eftoir plus grade & fonnoit plus grauc, Paulere eftoic plus courte. »&fonnoit plusaigre. Laplus grande eftoie’ala main gaulche: & la pluséurte, alamain droide. Ecles tenoicitainfi 2 monaduisiafiin de mieblx & plus aifee- mencfaire les cadances du-deffus; de ladidte main droide, limefouvicne d’avoit veuiouerd'vne flutce double (venant du mont faind Claude que Prolomée appellele mont luras) Pyne defquelles cftoit couppée plus courte, & faifoie vne tierce- fur la plus grande, & celluy qui eniduoitdes deux mainsles faifvic accorder harmonienfemecot Capriol. Valere maxime, au chappitre dés Inflicutions; aneienes par- ledu peollege desioueuisd= Tibies. Arbean, . ce college eftoit comme les bandes des iouevrs din trométs quifont par les villes: Et iouoienc de diuerfirés de Tibies, les vnescomme celles dont nous venonsde parler, atiltres a neuf trous, aultres auec\anguettes de rozeaulx, approchans le fon des trompettes comme font noz haulbois, defquelz pale le Poéte Horace difantaingi: Tibia non-vt nunc ovicalcho cin€ta, tubeque zinula. Caprial, Ala veritéles haulbois ont'quelque reffemblance aux tr6- pettes, & | font vne confonanceaflez aggreable, quandies gros fonnans l’o@tauc en bas, font menez cnlemblémentaucc les pe- thehaulbols gui tiennent odtaue en haule. ‘ Arbeau, DE THOINOT ARBEAY, 24 Eefte couple eft bonne pout faire refonner vn grand bruit, tel qu'il faule és feltes de village & grandes affemblees , mais fi elle etoit ioin@eauecla flutce,elle offulqueroit le fon deladite flucte:Bien Ja peulet-on ioindreauccletabourin, ouauecle grad tambour." * vec Capriol, <9 + Sepeule-on ayderdugrand tabour pourla dante recreatiue? « Arbeaw, EG : Ouy certes: mefmementauveclefdits haulb cis qui font bruyas _ secryards,& font foufflezauec force, — Caprio. , bee Da teegset Reuenonsau propos. du Tabourin, & dela dance. : Arbean, oe Le tabourin accompaigné defa flutte longue, entre dultres inftruments, cltoi du temps de. noz peres:emploi¢ ppurce qu’vn feul ioweur fuffifoica mener des deux enfemble, & fai- foient la (ymphonie & accordacc entiere fans quil fut befding de faire plus grad defpence, & d’auoir pluficurs auleres ioueurs comme violons, & femblables , maintenantil n’cft pas fi petit manouorier qui neveuilleafes nopces auoir les haulbois & fa queboutes, Lors on dangoit pluGicurs fortes de. dances recrea~ tiues. Caprial, ORCHESOGRAPHIE «. : DiGes moy quelles foncces dances; & comment il es faule gonduite., Nn . % ie: : 5 On dangoit pauanes, baffe-dances _branles & courantess ‘Tes baffe-dancestont hors @ ’viagedepuis quarante ou cinquante ans:Maisie. prenoy que les matrones fages & modeftesles re- mettront en vfage ,comme eftant vne forte de dance pleine d@honneur & modettic. cant : Capriol. Comment eft- ce que noz peres dangoientla baffes dances - — Arbean. Il y auvit deux fortes de baffles dancesles ynes communes & regulicres les aulcres irregulicres. Les regulieres cftoient ap- propri¢es aux chanfons regulieres.& les irregulieres aux chan- fons irregulieres, i; , J Caprio. * Qu’appellds vous chanfons'conimunes & régulieres. Arbean. Les muficiens d’alots compofoient leurs chanfons de feize mefures qu’ilz repetoient, & ainfi eftoient trente deux mefu- res pourle commencement: & pour la mediation meéoient feize mefures, & fur la fin {cizémefures repetées qui faifoient trente deux mefures,ainfi en rout eftoient quatre vingtz mefu- res, dontla baffle dancecommune & reguliere eftoit cépofee: Et fid’auenture lair dela chanfon pafloit ces o@ante mefures, la batfe. danceiouée furicelle,eftoit appellee irreguliere. Capriol. Quelz monuemens conuenoit-il ee Dene mefures? Arbean, I vous fault auparauant {Gauoir que les chanfons des baffle dances fontiouces par mefure ternaire,& achacune mefure, le Se pote scceracr a auec {fa flutte,faiétfa mefureternaire aufli: ’ DE THOINOT. ARBEAV. . ay auffi: En frappant lefdies o€tante mefures defon batonner, lefdiétes mefures confiftans dvne minime blanche & de qua- trenoires ainG; “2a ===> Et a chacune mefure , le danceur fai& les mouuements des pieds & du corps,felon les preceptes de la dance. . Caprial, Comment feray-i¢ ces mouuements,quantie voudraydan- ceryne baffe-dance. . Arbean, En premier lieu, quand vousferés entré au lieu , ou eftla compagnie preparée pour Ja dance, vous choifirés quelque honnette damoifelle telle que bon yous femblera, & oftant le chappeau ou bonnet, de voftre main gaulche , Ivy tendrés la main droie pourla mener dancer, Elle fage & bien aprile, vous tendra fa main gaulche, &feleuera pour vous fuyure. Lorslaconduyrés au_bourdela falle, a la veiie d’va chacun, e & aduertirés les ioueurs d’inftrumétz de fonner yne baffe dan- ce, Car aultrementilz pouroiétfonner par inaduertencé quel- que aultre forte de dances.Ft quant ilz commencerontafon- ner, vous commencerés’ dancer. Etnotterés queleur dem3- dantvne baffe dance, ilz entcadront affés qu’en demanderés vnereguliere & commune: touteffois fi lair d’vne chanfon fur laquelle eft formée vne baffe dance vous aggrcoit. plus qued’vneaultre pourrés lear nommerle commencement de lachanfon. Capriol, Siladamoife'ic refufoitic iciois bien honteux. G - ORCHESOGRAPHIE Arbears, Vne damoifelle bien arprife, ne refufe iamais celluy quiluy fai& céchonneur. dela mener dancet & fiellele faid, elle eft tepurée lotte, car. fi elle ne veult dancer elle ne fe dosbe pas meétre aurenc des aultres. Capriol. Iele croy bien, mais tandis Ja honte du refus en tumberoit furmoy. ‘ Arbean, Sivous eftiés affeuré dela bone grace d’vncaulere damoifelle dela compaignie, il la fauldroit prendre & Jaiffer cefte mal gracieufe,en vous excufant de luy auoir efté imporcun: toutef- foisil fen rreuueroit affés d’aultres, quine le porteroient pas fi patiemment: maisil vault miculx parler ainfi doulcement, qu/aucc vneaigreur, & aiafi faifaat vous acquerrés reputation d’eftre doulx & humain,& reieGterds far elle la marque d’vae gloricufe:indigne de 'honneur que luy faifiez. Capriol. Nousvoila plantés au bout dela fale, lesioneurs commen- centa fonnet la baffe dance, par quelz mouuementz commen- -cerons nous 4 marcher? Arbean, 7 Le premier mouuement eftla reverence ,marquée par vne grande R. La deuxieme forte de mouuement, cf Ie branle, marquéparvn b. Larroifieme force de mouvement. font deux fimples, marquéspar ff. La quatrieme fortede mou- uementeftledouble,marquéparvn d. Lacinquiemefor- tedemouuement, eft la reprife, marquéepatyneperite x, Capriol, Eft-ce la tout ce qu'il fault dancer en vne baffe dance com- mune & regulierc? Arbean, DE THOINOT ARBEAY, 26 - Hn’yapoint d’aultres fortes de monuementzen tabaffe dace ny au retour de ladiéte baffe dance, bien y font lefdittes fortes ~ repetdes plufieurs fois. Capriol, Qu’entendds vous parce retour de baffle dance? Arbean, La baffe dance entierecontient trois parties: Lapremicre partic eft appellée baffe dance: La feconde partic cit appellée retour de labaffe dance: Et latroifieme & derniere pattie, eft appelléetordion. Ie vous enay icy mispar elcripevn memoi- re, affin que lappreniez par coeur Memoir € des mouuementz pour la ‘baffle dance. . Rb @drdrbMddd rd rb@M@drboc Capriol. Que veult dire ceftelettre cquevousauez mife dla fin? Arbean, 7 Elle fignifie le congé quil fault prendre dela Damoifelle, en ha faluant,la tevanc coufiours parla main pour retourner oul’6 acommencé , affin de dancer lafeconde partie & retour dela~ die bafledance, Memoire des mouuementz pourle retour delabafle dance. bdrb @ ddd r dir bie G ij ORCHESOGRAPHIE Ceftelettrec finale, figaifiecongé comme Vaulere, &n'ya pointdegrandRau commencement de ce retour,parce quon Ie commence fans faire la reucrence.laquelle fe differe infques~"~ aprésle congé, auant que commencer le tordion. : - Capriol, Expofez moy particulicrem ent & parle menu les geftes & mouuements fignifiés par cesleceres & memoires. ‘ ; : Arbean. ~ Lareuerence premier gefte & mouuement,tient quatre bat- tements de cabourin,qui accompaignent quatre mefures dela chanfon que fonnela flatte. Anthoine Atena confiderant que toutes dances commencent patle pied gauche , a efté d’aduis oa la reuerence doit eftre faite du pied gauche, toutesfois if femble en fin quille remetreen doute,difant ainfi: Bragardi certant,eo adbuc fub indice lis eff, De quali gamba fit facienda falus, Quarida moy,ietiensauecmon mailtre, fouz lequel i’ay aul- tresfoisapprisa Poidtiers, qu’il,la fault faire du pied droit: Cefaifant ona moyen detournerle corps & la face deuers la Damoifelle,& luy iettervn gracicux regard, DE THOINOT ARBEAY. Capriol, Le branle {uit la reuerence,comment le faulc-il faire? Arbeas. Le branleeft appellé par Arena Coneedinm.& croyqu’il len&- me ainfi. pource qu’a veoirle gefte du danceur,il fembleroit qu'il vouluft finir & prendre congé,& neantmoins apres le bra- Je, il continue fes marches & mouvements,comme ils font e& crits é(dits memoires:Ledit branle fe faié en quatre batteméts de tabourin,quiaccompaignent quatre mefures de la chanfon iouce parla flutte,ea tenant les picds ioin&s, remuantle corps doucement du couftd gauche pour la premiere mefure,puis du coufté droit, en regardant les affiftans modeftement pour la deuxieme mefare,puis encor du coufté gauche pour la troific- me meture:Et pour la quatrieme mefure du coufté droit,en re- gatdancla Damoifelled’vne ceillade deftobee doulcement 8 difcrecement. 27 Capriol, Deux fimples fuyuent le branle,comment fault-il les faire? Arbeaw, Vous marcherez en auant du pied gauche pour la premiere G ij ORCHESOGRAPHIE Mefure : Puis meterez le pied droitivinét auec ledi@ gauche pour la deuxieme mefufe:Puisawancerez le pied droit pour la trofiefme mefure:Ee ala quatrieme mefure & bartement join - drezlepied gaucheauec ledi&t pied droit,& ainfilera parfaic& le mevuement des deux fimples : Er fe faulc donner garde de faire Ics auonces des pieds fi grandes qu'il emble qu'on veuil- te mefurer la longueur dela falle ioingt que la Damoifelle ne pourroit honneftement faire de fi grades pafleescomme vous feriez.Atena & aultres, defa fequelle forle fimple d’vn mefme pied ntarquant pour la premiere mefure du pied gauche a cou- fté du droit,puis aduanceant ledit gauche. Et aultant du pied droit: Mais il me fouuiée que mon maiftre de Poictiers imprea- uoit cette mode,difant qu'il eftoit plus décenc de finir les deux fimples parles pieds ioin&s, que pat Yaduace del'vn des pieds. Capriol, Cefte raifon’ me femble bonne , fc fuiutay vottre opinion: Venezacefte heureau double, par que}mouuementle faule-il faire? - Arbean. : Le double fe faié en quatre mefures & battements du ta- bourin: Sar Ja premiere mefure, fault auacer le pied gauche.Sur la feconde mefure,il fault adaancerle pied drott Sarla troifiel me mefure, il faule encor auancer le pied gauche: Ec fur la quatricme mefure, il fault ioindrele droit auecledit gauche. Etlainfien 4. mefures {era complet le double : Ecs’il ya deux doubles: L’aulere double fuyuant fe fai& au contraire du pre- mier,auanceant le pied droit,puisle pied gauche, puis encorle pied droit: Eta la quatrieme mefure fauitioindrele pied gau- cheauecle droit: E¢ain& en hui& mefures demeuerront accé- plis les deux doubles. Et pour faire encor vng troifiefme dou- ble,il faule aduancerle pied gauchic,puis le pied droit, puis le gauche, puis tumbera piedsioings comme actté faicau pre- ‘mier double : Etainti demeurentles troisdoubles acheuez en DE THOINOT ARBEAN. 28 douzebattements & mefures du tabourin. : Capriol. Ilrefte encor a fcauoir comme|'on fai& vne reprife, Arbeas, . Le mouuement appellé reprife, precede ardinairement le branle,& quelquesfois le double, &tient quatre mefures du ta+ bourin avfi bien commel|es aultres meuuements, lequel vous ferez en remuant vn peu les genoux,oules pieds ; ovlesartoils feullement, comme files pieds vous fremioient: Syauoir fur la premicre meture Jes artoils du pied droit,puis encorlefdits ar- toils du pied droit far la fecéde mefure , puis les artoils du pied gauche fur 1a troifiememefure: & les artoils dadit pied droit fur laquatrieme mefure:Et en ces quatte mouneméts demeu- reaccompliela reprife & le daceur,preft 3 faire le branle oules aulcres mouuements qui fuyuent. Capriol, i Si nous voulions appelleries 4. mefures dutabourin & de Ja fluete yng quaternion ou tetradion: Ietreuueen comptant Jes cara&teres que m’auez donnez par memoire , que'la baffe dance contient vingt quaternions:Et le retour dela baffe-dan- ce contient douze quaternions, Arbean, s Lafupputation én eft bonne:Etaprés ta baffe-dance & lere- tour dela baffe-dance: Vous pourrez commencer la dance du rordion, qui eft én mefure ternaire, commeeftla baffe-dance: Maisclle eft plus legicre & concitee, Capriol. Le tordioneft-il compofé des. mefmes mounements de la baffe-dance & fon retour,c’elt a dire de fimples,dowbles,repri- fes & branles? oArbeas, C’cft vneaultre forte de mouvements qui confifte de certai- nes affiectes de pieds & vnecadance, ce que ie yous donne- ORCHESOGRAPHIE ray plus clairement Xentendre quant nous patlerons de la gail- larde, car le tordion n’eft aultre chole qu’yne gaillarde par terre. Capriol, Apprenez moyles mouucments de cefte gaillarde. Arbean, Nous ea patlerons aprés que nous aurons parl¢ dela pauane, Jaquelle on dangoit ordinairement auparauant a baffe- dance: Suadicte pauanc n’a pas efté abolie & mife hors d’vfage du tour, & crop qu'elle nclefera iamais , vray eft qu’elle n’elt pas fi fre- quentce que parle paflé: Noz loueurs d'inftruments la fonnét quant onmeyne efpouferen face de fainéte Eglife vne fille de ‘bonne maifon,& quant ils conduifent.les prebftres,,le baton- nier & les confreres de quelquenotable conftairie. r : Capriol, Attendant que traidtiez de la gaillarde, dies moy de quels mouuements il fault vferen la pauane. Sel Arbeau. La pauane eft facilea dancer,cariln’ya quedeux fimples &vn double,en marchant & fauanceat. Et deux fimples & vn double en reculant & defmarchant : Etfe iouc par mefure bi- naire. Et notterez qu’en la dangeant , lefdits deux fimples & le- dit double de l’'aduance,fe commencent parle pied gauche: xt lefdits deux fimples 8 le double de la de{marche,fe commen- cent parle pied droit. Capriol. Le tabourin dic & aultres inftraments y fonthui& battemées & mefures en marchant,& hui& mefares en defmarchant. : ’ Arbeaw, left ain i: Ee fi on veut onne recule point, & marche lon toufiours auant. Capriol, Nefai&-on point de dematchcscn danceant la baffe-dance? Arbeit, DE THOINOT ARBEAV; 29 ; Arbean, Quelquesfois il y a fi grand preffe & multitudede perfonnes ena falle,que la place pour dancer eft racourfie, parquoy quad vous ferez prez'du bout.fauldra que faciez de deux chofes I'v- ne,ou quedefmarchiez vous & la damoifelle quevous menez, ou bien que faciez vine conuerfon, Capriol. Qu’entendez vous faire conuerfion? Arbeaw, . Cett xdire qu’approchant du bout, vous facieztovfioursal- der droitla damoifelle,& vous defmarchiez aultant quelle mar- chera, iufques ace qu’aiez torn€éle doz du coufté quauiezles vifaiges. . Capriol. Lequel des deux vous fembicie meilleur 3 fairer Arbeau, : Mon opinion eft qu’il vault mieux vfer de conuerfion, affin que la damoifelle puiffe veoir ou elle marche, cat fielle treu- uoit quelque empefchement en faifantlesdefmarches , elle pourroit tumber,chofe qui voustorneroit 3 bla{me,& qui vous” reculeroit defes bones graces, Etainfi mefemble debuoir eftre faidt és pauanes quant onles yeule dancer , en faifant deux ow trois tours parla alle, Capriol, & Lebattement dutabourin pour la pauanc,eft ilcomme pour Jabaffe. dance? Abed, ~' Welt: binaire, confiftant d’vne minime blanche & de deux noites,encefte fagon: pos gS Capriol. Tetreuue ces pauanes & baffe- dances belles & graues, & bié H ORCHESOGRAPHIE feantes aux perfonnes honorables, principalement aux damcs & damoifeiles, Arbean, Le Gentil-homme Ia peult dancer ayant la cappe &lefpec: Et vous aultres veltuzde vozlongucs robes, marchants hon- neftementauec vue grauité pofee. Etles damoilelles auecyne contenance humble,les yeulx baifflez .regardans quelquesfois les affiftans auec vnc pudeur virginale. Er quant ala pauane,clle fertaux Roys,Princes & Seigncurs graues, pourfe monftrerca quelquciour de feftin folermnel,auecleurs grands manteaux & robes de parade. Etlorsles Roynes, Princeffes , & Damesles accompaignent les grands queties de leurs robes absiffees & traifnans,quelquesfois portces par damoifelles.Et font lefdites pauanesiouces par haulbois & faquebouttes qui l'appellent le grand bal, & la fone durer iufques 4 ce que ceux quidancent ayent circuitdeux ou trois toursla falle: miculx ilsn’aymene la dancer par marches & defmarches, On fe fertauffi defdides pauanes quanc on veult faire entrer en vnemafcarade chariotz triumphantz de dieux & deeffes, Empcereurs ou Roys plainsde maicite. Capriol. Mettez moy parefcript lesairsd’vne pauane & dvnebaffe- dance. Arbeas. Tele veulx bien pour le defir quei’ay que tellesdances honne= ftes foient remifes au deffus, enlicu des dances lafciues & deshontees quel onaintroduig en leur place au regret des fas ges feigneurs & des dames & matrones deboa & pudiqueiu- gement. Premierement ic vous dopneray vne pauane auccle bactemene du tabourin en mefare binaire pefant. accompai- gnee dela taille,haulce-contre , & baffle contre, laquelle fuffira pour fgauoir dancer touteslesaaltres , & fi voulez fansla dan- cer, la ferez chanter ouiouer a quatre parties. Puisaprezic vous donneray vnebafle-dance commune,auecfonretour & letor- dion, laquelle femblablement vous {eruira pour toutes aultres, DE.THOINOT. ARBEAV. 30 pourueu que fgachiez parcesurce queie vous en ay donndpar efcrit cy deffus: Pauanea quatre parties: auec les mefures “& battemens dutambour, Sa pe PTe eaT EP eT Ral Superius pees sel !¢ quitiensma vi e cap tiue dans tes Contra tenor. See tyls paces | see ¢ captive dans tes Tenor anit Enters Bel Jequiticnsmavi e cap tiue danstes HOij BESITE Bel lequit ___ » ORCHESOGRAPHIE Battement dutambour, ae ipey Sey epee ee) Superius. pS Shee yeulx, Qui-m’as la me ra ui ed’vn foubz-riz Contra tenor, = Seip See= yeulx, qui m’aslame ra ui_-ed'vn foubz-riz Tenor ASSES = yeulx, Quimasfame ra ui d’vn foubz-riz Baffus. (SMHS EHS yeulx Quimastlame ra ui DETHOINOT ARBEAV. st Batrementdutambour Lara livin = Superius. re TSS Contra tenor. alts Sa SS= graci eux viens roftme fe co! Tenor. graci ux viens toftmefecou rir oo Baffus. ena ne [22 ux viens toft me {eco ORCHESOGRAPHIE ° Battement du tambour. ERED EET RE ne Superius. PRP SsHAES Contra tence, Oe antes | ites me fauldra mourir . viens toft me {eco Bats. SEBS eS me fauldramourir viens toft me fecou rir DE THOINOT ARBEAY. 2 Battement dutambour Hitt == sSHlice = ou me fauldra mourir, Contra tenor. gS oume fauldra mourir, Tenor. ————— ou me fauldra moutir, ou me fauldra mourir, ORCHESOGRAPHIE La pauane cy deffuz mifea quatre parties, tient deux aduances & deux defmarches marquées parleurscaraGeres ainfi ff d T dff_d fd & tient trante deux mefures & bactements de tabourin; Et pour la prolonger fault recommencer tant de fois qu'il plaitt aux ioucurs d'inftruments ou aux danceurs, & parce qu'il vous pourra prendre quélque iour enuie de chanterla chanfon entiere, la voicy par efcripr. CHANSON. Belle qui tiens ma-vie De mes affections, Captine dans tes yeulx, Et amis foubs [a loy Quim'as Lame ranie Et mon coeur ¢ ma foy. D'vn foulrx-ris gracienx, Approche donc ma belle Viens toft me fecourir Approche toy mon bien, Ou mefauldra mourir, Ne me foisplus rebelle * Pourquoy fuis tu mignarde Puis que mon coeur eft tien, Siie fuispres deroy, Pour mon mal appaifer, Quand tes yeulx ie regarde Donne moy vn baifer. Te meperds dedans moy ‘Te meursmon Angelette Car tes perfeEtions Temeurs en te baifant, Changent mes a€tions, Ta bouche tant doucette ~ Tesheautéx go tagrace Va mon bien vaniffant Et tes diuins propos. A cecokp mes efpritx Ont efchaufféla glace Sont tous d'amour efpris. Qui megelott lesos, Pluftoft on verral' onde Et ont vemply mon coeur Contre mont reculer D'vneamaurenfeardeur, Et plufloft Poel du monde Mon ame fouloit eftre Ceffera de brufler, Libre de pafsions, Quelamour qui m' éooinkt Mais amour sefl fait maiftre Decrcifed vn foul poinét. Capriol DE THOIN DT ARBEAYV. 33 ca Capriol, : Ceftedance de pauanceft trop graue & pefant, pour dancer envnefalleauec yneieune fille feu) a feul. Arbeais, - Les ioueurs d’'inftruments a feanent aulcunesfois moins pe- famment, & d’vne meture plus legiere, & parce moyenelle fe reflentedejamediocrité d’vne baffe-dance, s lappellent paffe meze. Depuis peu de temps ils en ont apporté vne qu ils appel- lent la panane d’E(pagne, laquellefe dance decoupee auec di- uerlicé de geftes, & parcequ’elle a quelque conformité auec la dance des Canaties, i¢ ne vous en declarctay point la mode de la dancer , iufques 4 ce quenous foyonsen propos defdigtes Ca- aaries,feullement vous cntendrez icy qu'il yaaulcuns danceurs, lefquels decoupéc le double qui eft aprez les deux fimples:Car enlicu queledit double neferoit que de quatre mefuresnotees par quarre femibseues , ilsca font hui@ minimes blanches ou feize minimes noites ,.8éconfequemment font plufieursaffier- tes de pieds,paflages'& Acurets, le{quels recumbent én mefme cadance.& font de mefime duration de temps, & tels decoupe- ments & mouuemens de pieds legierement faids ,moderent la grauicd dela pauanc,ioing qu’aprezla pauane,on dance cou ftumierementla gaillarde quicit legiere. Capriol. Apprenez moytous ces paflages & decouppements. Arbean, Voftre defir n’eft aultre. chofe. que de {cauoir comment on peulthacher parle menu vng double. Les bonsdanceurs agil- les & gaillards ypeuuent faire tant & tels decouppements & hachares que bon leur femble, pouruecu qu’ils recumbent {com- me ie vous ay dit) aleurcadance,le pied aprefté pour marcher les deux fimples qui fuyuentledit double:Et quelquesfois ils an- ticipentleur paffages {ur ledeuxieme fimple. Vous cntendrez ORCHESOGRAPHIE ces patfiges 8 decouppements quant vous (caurezles modes & facons diueries de mouscir les pieds,dont nous parlerons en declarancla dance delagaillarde. Cependant ie vous donne- ray icy par efcriptlair d’ vnc baffe-dance commune,auec la me- fure cernaire du tabourin, Capriol. Faule-il neceffairement qu’és pauanes & baffe-dancesle ta- bourin sla flutte y foient employez. Arbean. Non quine veult:Car onles peulriouerauec violons,efpinet- tes , flutces crauerfes & A neuf tro4z, haaldois, X toutes fortes dinftruments:V oires chanreraueclzs voix : Maisle rabourin ayde merueilleufement parfes mefures vniformes 2 faire les af- Gettes des pieds felon la difpofitid requife pour les mouueméts. Baffe-danceappellee:Louyffance vous donneray: auecles mefures & -battemens du tabourin, ‘See: Saeee Fears aE Air dela baffe-dance, SHS REVERENCE? DE’ THOINOT ‘ARBEAY. 34 Battement duwtambour outabourin, Fy ar ie se Continuation deTair.- = tet Hts ae oe BRANLE, 2 ER GEE! int ee oe z pee area ssi DOVBLE, li ORCHESOGRAPHIE ‘Battement du tabourin Pagar areas at Continuation de fair. Sap eS REPRISE, Hl HB ae 2 = sired ear See DOVBLE, Pl DE‘THOINOT ARBEAV. 8 Battementdu tabourin. cate aiae Bie ae Continuation de lair pitty Hanes = FST ES SpiRteMNESSe Sage SHE Ee Dat ORCHESOGRAPHIE Battement da tabourin Continuation de air. Pease Ae DEVX SIMPLES, BRANLE & congé Sitoft que vous entendrésle dernier battement du branle pre- cedent lecongé vous tournerés le corps deuers la damoifelle pour (cftantle bonnet fajfantla teuerence) prendre ledia& con- gé,& larefticuer ou yous aués commencéla baffle danceafiin de DE. THOINOT ARBEAV. 36 danger le retour deJadicte bafle-dance felon igsbateements du cabourin & les moanemencz quifenfayuent, Retour delabaffe-danceauecle: batrement du tabourin. anne ‘de lair Pr satee {EMpaitpeyial: =e EES ‘REPRISE, BRANLE.

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