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Art en philo

L'art est un sujet brûlant de philosophie : il déchire les philosophes depuis Platon jusqu'à
Heidegger. De discipline mineure à l'Antiquité, l'art est devenue une thématique propre
(la philosophie esthétique) tardivement.

Kant, dans la Critique de la faculté de juger, fait de l'art et du sentiment esthétique le troisième
pilier de la raison. Certains, comme Nietzsche ou Kierkegaard, feront de l'esthétique un mode
de vie, une catégorie existentielle (authentique chez Nietzsche, inauthentique chez
Kierkegaard). Plus tard, l'Ecole de Francfort et la théorie critique feront de l'art une forme de
résistance à la déshumanisation du monde moderne.

Les grandes questions relatives à l'art sont les suivantes :

– L'art est-il une technique ?

– Qu'est-ce que le génie ?

– Le beau est-il universel ?

– Qu'est-ce qu'une œuvre d'art ?

– Quel est le rôle de l'artiste ?

Phrases célèbres sur l'art

Platon : L'art est l'illusion d'une illusion

Aristote : C'est par l'expérience que la science et l'art font leur progrès chez les hommes

Baumgarten : Science de la connaissance sensible ou gnoséologie inférieure


Art en philo

Kant : Le jugement de goût, c’est-à-dire un jugement qui repose sur des fondements subjectifs
et dont le motif déterminant ne peut être un concept, ni par suite le concept d’une fin déterminée
(Critique du Jugement)

Arthur Schopenhauer : L’art est contemplation des choses, indépendante du principe de


raison

Friedrich Nietzsche : Chez l’homme l’art s’amuse comme la perfection (Nietzsche et l'art)

Oscar Wilde : La Vie imite l’Art bien plus que l’Art n’imite la Vie (citations Oscar Wilde)

Alain : Tous les arts sont comme des miroirs où l'homme connaît et reconnaît quelque chose
de lui-même

Martin Heidegger : L’essence de l’art, c’est la vérité se mettant elle-même en œuvre

Herbert Marcuse : L’art brise la réification et la pétrification sociales. Il crée une dimension
inaccessible à toute autre expérience – une dimension dans laquelle les êtres humains, la nature
et les choses ne se tiennent plus sous la loi du principe de la réalité établie. Il ouvre à l’histoire
un autre horizon

L’ART EN PHILOSOPHIE

Le terme art a longtemps désigné les savoir-faire artisanaux, les modes de production et déjà
en grec, les termes poésies et technè recouvraient indifféremment l'activité des artistes et celle
des artisans. Néanmoins, l'existence des différents arts dans les sociétés humaines a invité la
philosophie, dès son origine, à s'interroger sur eux. Quelle est leur fonction ? Doit-on s'en méfier
? Dans les faits, l'évolution des arts, et surtout leur diversité rend difficile une définition de l'art
au singulier. Car l'art est un terme qui se suffit désormais à lui-même. Aujourd'hui utilisé sans
épithète, l'art désigne une forme culturelle qui n'a que récemment été comprise comme
autonome, en s'émancipant aussi bien des techniques de production dans sa forme que des
religions dans son contenu. Mais surtout, parler de l'art au singulier implique un jugement de
valeur : on ne se contente pas d'englober un certain nombre d'objet – des tableaux, des poèmes,
des films etc… mais on comprend ainsi une manière d'être (l'artiste, longtemps assimilé au
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génie) une manière de faire (la création d'œuvres) et une manière de sentir (l'expérience
esthétique)

La philosophie de l'art

Art et vérité

La République, Platon considère que l'art, plus spécifiquement la peinture et la poésie, est
une activité mensongère, puisqu'il consiste à produire des faux-semblants ; en
conséquences, dans une cité idéal, on devrait pouvoir se passer d'artiste.

Pour Aristote, l'activité artistique exprime au contraire un authentique effort de connaissance.


Dans La Poétique, il déclare que la poésie est “plus philosophique et plus noble que l'histoire”,
plus qu'une description pure et simple de faits singuliers. L'art permet d'atteindre une vérité plus
générale que la vérité immédiate. Par ce moyen, l'homme peut parvenir à se connaître lui-même.
La finalité de l'art peut alors rejoindre l'ambition de la philosophie.

Une philosophie de l'art qui ne s'élève pas contre l'art, mais qui en pense à la fois la nature et la
fonction, sera développée au XIXème siècle dans la monumentale Esthétique de Hegel. Quant
à la philosophie de Nietzsche, elle procède à une réévaluation de l'artiste.

L'artiste

Non seulement la finalité de l'art pose problème, mais la définition de l'activité artistique et de
l'artiste n'est pas simple. Pour définir l'artiste, il faut s'interroger sur ce que la production des
œuvres d'art comporte d'énigmatique. Tant qu'elle a été considérée comme une imitation de la
nature, l'activité artistique n'était pas comprise comme création originale. Et l'idée de création
est passée tardivement à la métaphysique à l'art.

Pour Kant, la puissance de création de l'artiste réside dans son génie, dans sa capacité
d'invention. Alors que la technique procède par l'application d'une science, le génie de l'artiste
consiste à produire son œuvre sans posséder le savoir de ce qu'il fait. Mais être artiste implique
aussi une manière d'être et de percevoir le monde. L'existence humaine peut alors devenir
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esthétique pour elle-même. “L'homme n'est plus artiste, il devient lui-même œuvre d'art”,
écrit Nietzsche dans La Naissance de la tragédie.

L'esthétique

Le Beau

Pour Kant, dans la Critique de la faculté de juger, l'esthétique, est une étude de la subjectivité
humaine lorsqu'elle éprouve du plaisir et du déplaisir : le Beau se définit comme “ce qui plaît
universellement sans concept”.

Mais cette idée d'une universalité du Beau dépend du privilège accordé par Kant à la beauté
naturelle. Dans la contemplation de la nature, le Beau peut-être éprouvé indépendamment des
œuvres d'art, ainsi que des époques où elles se situent. Selon Kant, le jugement de goût possède
une universalité, mais lorsqu'il se confronte aux œuvres d'art, il risque de perdre ce caractère.
Chacun sent ce qu'est la beauté, mais les avis diffèrent sur ce qui est beau. Car le jugement de
goût, même s'il semble être strictement individuel, possède un caractère social.

Art et société

Les œuvres d'art possèdent une fonction sociale de cohésion. Elles permettent de relier un
groupe humain, elles ont donc une fonction religieuse ; pensons aux tragédies grecques du
Moyen-âge. Mais on peut aussi constater que le jugement du goût que l'on porte sur les œuvres
d'art a une fonction de distinction, et qu'il sert à séparer des groupes à l'intérieur d'une même
société : il y a alors un “bon” et un “mauvais” goût, un goût “vulgaire” et un goût “raffiné”.

La mort de l'art

Avec Hegel, l'esthétique se donne exclusivement l'art pour objet. L'objet de l'esthétique est
moins le Beau que la signification des œuvres d'art dans leur diversité. L'art, sous toutes ses
formes, est considéré comme le moyen d'expression par lequel la conscience humaine se
manifeste historiquement. La dimension historique des expressions artistiques est donc
reconnue.
Art en philo

A travers l'histoire, l'art s'est modifié à tel point qu'il a fini par devenir un moyen dépassé :
Hegel déclare que l'art “appartient au passé”, ce qui ne veut pas dire qu'on ne produit plus
d'œuvres d'art, mais que leur rôle est devenu inessentiel. La “mort de l'art” ne se manifeste pas
par un détachement total vis-à-vis des œuvres d'art, mais par l'apparition d'une nouvelle manière
de les aborder, plus distanciée et plus savante, que Hegel nomme “esthétique”.

La nature de l'œuvre d'art

Est-ce que tout peut devenir art ?

Il est impossible de définir l'œuvre d'art de manière unique, car ce qu'on définit comme une
œuvre d'art varie selon les périodes historiques. La définition de l'art est historique, et elle met
aussi bien en jeu notre rapport au passé qu'à l'actualité. Au début du XXème siècle par exemple,
lorsque le mouvement Dada se proclame “anti-art”, Marcel Duchamp inventa le “ready-made”
en proposant que n'importe quel objet puisse être arbitrairement baptisé œuvre d'art. Il choisit
par provocation un qu'un urinoir soit considéré comme une sculpture et soit exposé comme
telle. La valeur et la signification de l'œuvre d'art deviennent alors extrêmement
problématiques. Aujourd'hui, on peut se demander quand, par exemple, on peut dire d'une
photographie c'est de l'art.

L'œuvre d'art et le sacré

Depuis Platon, l'œuvre d'art apparaît comme une réalité intrigante : elle n'a par elle-même
qu'une réalité inconsistante, car elle n'a de sens et de valeur que relativement à ce qu'elle
“mime”, à ce qu'elle imite sans l'être. Ainsi, un masque est inquiétant parce qu'il simule quelque
chose en dissimulant une réalité ; dans un cérémonial magique, il est un accessoire porté pour
manifester autre chose.

Plus généralement, les œuvres d'art, tant qu'elles restent perçues comme des fétiches comme
des objets magiques ou sacrés, ne sont pas encore appréciées comme œuvres d'art. Le chrétien
qui prie devant un crucifix n'est pas là pour admirer (voire pour critiquer) le travail de l'artiste
qui l'a sculpté.
Art en philo

La valeur culturelle des œuvres d'art s'est déplacée en situant le sacré dans l'œuvre elle-même,
et non pas dans ce qu'elle signifie. Pour Walter Benjamin, l'œuvre authentique dans sa
matérialité est reproductible, mais son “aura”, sa valeur culturelle, tient au caractère unique de
son apparition.

L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique

La photographie, le disque possède l'avantage de nous familiariser avec une multiplicité


d'œuvres qui, sans cela, nous resteraient méconnues. La reproductibilité technique des œuvres
d'art les rend plus disponibles, même si elle leur fait perdre leur aura. Cette nouvelle approche
des œuvres qui nous est offerte nous invite, selon André Malraux, à constituer un “musée
imaginaire” plus vaste et plus riche que tous les musées existants. mais la médiatisation des
œuvres d'art remet en cause la perception que nous avons d'elle et le charme qu'elles sont
susceptibles d'avoir sur nous.

Définitions particulières de philosophes sur l'art :

– L'art selon Aristote : “L'art (technè) est une certaine disposition accompagnée de règle vraie,
capable de produire (Ethique à Nicomaque)

– L'art selon Kant :

 “L'art se distingue de la nature comme faire d'agir ou effectuer en général et le produit


ou la conséquence du premier, l'ouvrage se distingue de même des effets de la seconde.
L'art, habileté de l'homme, se distingue aussi de la science (comme pouvoir de savoir)
(Critique du Jugement)
 “Les Beaux-Arts sont les arts du génie” (Critique du Jugement)

– L'art selon Schopenhauer : “L'art est contemplation des choses, indépendante du principe de
raison” (Le Monde comme Volonté et comme Représentation)
Art en philo

– L'art selon Nietzsche : “L'essentiel dans l'art, c'est qu'il parachève l'existence, c'est qu'il est
générateur de perfection et de plénitude. L'art est par essence affirmation, bénédiction,
divinisation de l'existence” (La Volonté de Puissance)

– L'art selon Heidegger : ”L'essence de l'art, c'est la vérité se mettant elle-même en oeuvre”
(Chemins qui ne mènent nulle part)

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