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(ERPI Sciences Humaines) Robin Bade - Monique Barrette - Michael Parkin - Raymond Bienvenu - Initiation À l'Économie-Pearson (2017)
(ERPI Sciences Humaines) Robin Bade - Monique Barrette - Michael Parkin - Raymond Bienvenu - Initiation À l'Économie-Pearson (2017)
Marie-Claude Côté
Gestion de projet
Yasmine Mazani
Révision linguistique
Martin Benoit
Correction d’épreuves
Mariane Landriau
Recherche iconographique
Aude Maggiori
Directrion artistique
Hélène Cousineau
Supervision de la réalisation
Estelle Cuillerier
Conception de l’intérieur et de la couverture
Martin Tremblay
Réalisation graphique
Cyclone Design
Pour susciter l’intérêt et la réflexion, chaque chapitre débute par une question écono-
mique ancrée dans le quotidien de l’étudiant, et la réponse à celle-ci met en évidence le
lien entre les notions théoriques abordées et son vécu. Les capsules Saviez-vous que…
présentent des événements tirés de l’actualité québécoise, canadienne ou internationale
illustrant de manière concrète un concept économique, alors que la rubrique Appliquez
vos savoir-faire donne l’occasion à l’étudiant de passer de la théorie à la pratique et de
mieux comprendre les concepts économiques.
Toutes les rubriques Coup d’œil (sur le passé, sur l’économie québécoise, sur l’économie
canadienne et sur l’économie mondiale) ont été actualisées pour tenir compte des nou-
velles données et des nouveaux événements qui ont marqué l’actualité économique. Les
Coup d’œil sur un grand économiste racontent l’histoire de grands économistes et leur
contribution à la science économique, comme Adam Smith, David Ricardo, Milton
Friedman et John Maynard Keynes. Les rubriques Coup d’œil se terminent par des
questions permettant à l’étudiant de revisiter leur contenu.
Comme autres nouveautés, le contenu numérique compte désormais des tutoriels accom-
pagnant plusieurs des figures du manuel. L’étudiant pourra les visionner facilement en
numérisant les codes QR qui se trouvent dans le livre. De plus, les étudiants et les ensei-
gnants profiteront de centaines d’exercices sur la plateforme MonLab xL.
IV AVANT-PROPOS
REMERCIEMENTS
Nos remerciements s’adressent, tout d’abord, à Marie-Claude Côté, chef du développe-
ment éditorial, et à Yasmine Mazani, gestionnaire de projets éditoriaux, ainsi qu’à tous
les membres de l’équipe d’ERPI ayant contribué à cette quatrième édition.
Nous tenons aussi à souligner la contribution du regretté Raymond Bienvenu, auteur des
éditions antérieures, qui a adapté cet ouvrage à l’enseignement collégial québécois.
Monique Barrette
CHAPITRE 2
Figure 2.1 La CPP et les combinaisons possibles et impossibles p. 33
Figure 2.2 Plein-emploi, sous-emploi, sacrifice et absence de sacrifice p. 35
Figure 2.3 Le calcul du coût de renonciation d’une bouteille d’eau p. 37
Figure 2.4 Le calcul du coût de renonciation d’un téléphone intelligent p. 38
Figure 2.5 Les effets de la croissance économique p. 43
CHAPITRE 3
Figure 3.1 Un barème de demande et une courbe de demande p. 54
Figure 3.2 La différence entre une variation de la quantité demandée et une variation de la demande p. 56
Figure 3.3 Le barème d’offre et la courbe d’offre p. 59
Figure 3.4 La différence entre une variation de la quantité offerte et une variation de l’offre p. 61
Figure 3.5 Le prix et la quantité d’équilibre p. 64
Figure 3.6 Les forces du marché rétablissent l’équilibre p. 65
Figure 3.7 Les effets d’une variation de la demande p. 66
Figure 3.8 Les effets d’une variation de l’offre p. 67
Figure 3.9 L’offre et la demande évoluent dans le même sens p. 69
Figure 3.10 L’offre et la demande évoluent dans des directions opposées p. 69
Figure 3.11 Un loyer plafond entraîne une pénurie de logements p. 72
Figure 3.12 Le salaire minimum entraîne du chômage p. 74
CHAPITRE 4
Figure 4.1 Les flux circulaires des revenus et des dépenses p. 86
Figure 4.2 Dégonfler le ballon du PIB p. 93*
CHAPITRE 6
Figure 6.1 Les phases du cycle économique p. 133
Figure 6.2 Une variation de la quantité demandée de PIB réel p. 136
Figure 6.3 Les variations de la demande agrégée p. 138
Figure 6.4 L’offre agrégée p. 141
Figure 6.5 Les variations de l’offre agrégée p. 143
Figure 6.6 L’équilibre macroéconomique p. 147
Figure 6.7 Les trois types d’équilibre macroéconomique p. 150
Figure 6.8 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école classique p. 151
Figure 6.9 L’atteinte de l’équilibre de plein-emploi selon l’école keynésienne p. 152
CHAPITRE 7
Figure 7.3 La politique budgétaire à l’oeuvre p. 168
CHAPITRE 8
Figure 8.4 Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt p. 202
Figure 8.6 La politique monétaire à l’oeuvre p. 206
* Animation interactive
À TROIS PAS DE LA RÉUSSITE !
1 Engagez-vous dans
vos apprentissages
Imprégnez-vous de la grande
question économique et avancez
une hypothèse. Dans chaque chapitre,
on vous pose une question économique
ancrée dans le quotidien.
2 Passez à l’action
Faites les activités. Lisez les chapitres et
appuyez-vous sur leur contenu pour réaliser les
activités « Faites le point » qui vous sont proposées.
Profitez de la puissance
de MonLab xL et prenez en main vos appren-
tissages. Grâce aux exercices variés et nombreux,
au parcours personnalisé et aux rétroactions
immédiates, c’est comme si votre enseignant était là
en tout temps.
GUIDE D’APPRENTISSAGE
3 Évaluez le chemin
parcouru
Mesurez vos progrès. Faites les activités
« Questions de révision » et lisez le résumé du
« chapitre en bref » pour distinguer les concepts
que vous maîtrisez et ceux que vous devez
retravailler.
Initiation
à l’économie,
accessible sur toutes
les plateformes.
SOMMAIRE
PARTIE 1 INTRODUCTION 2
PARTIE 1 INTRODUCTION 2
CHAPITRE 2 Le problème économique
fondamental : la rareté . . . . . . . . . . . 30
CHAPITRE 1 Qu’est-ce que l’économique ? . . . . 2
2.1 Les possibilités de production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
1.1 L’économique et ses trois questions fondamentales . . 4 La courbe des possibilités de production . . . . . . . . . . . . 32
La microéconomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Faites le point 2.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
La macroéconomie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 2.2 Le coût de renonciation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Êtes-vous capable de combler tous vos désirs ? . . . . . . 5 Le coût de renonciation d’une bouteille d’eau . . . . . . . . 37
Les trois questions fondamentales . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Le coût de renonciation d’un téléphone intelligent . . . 37
Faites le point 1.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Le coût de renonciation et la forme de la CPP . . . . . . . . 38
1.2 La coordination des décisions économiques . . . . . . . . 10 Le coût de renonciation est un ratio . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Les décideurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Les coûts de renonciation sont omniprésents . . . . . . . . 39
Les marchés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 Étudier ou travailler ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
La coordination par le marché et la coordination Faites le point 2.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
par directives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.3 L’expansion des possibilités de production . . . . . . . . . 42
De la théorie à la réalité : des économies mixtes
Faites le point 2.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
et ouvertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Faites le point 1.2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Le chapitre 2 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
1.3 L’économique : une science humaine . . . . . . . . . . . . . . . 16 Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
L’observation et la mesure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
La construction de modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
La vérification des modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Faites le point 1.3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
Coup d’œil sur un grand économiste
1.4 Les graphiques : l’outil des économistes . . . . . . . . . . . . 20 Joseph Schumpeter et les théories de la
Le principe de base de la construction croissance économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
d’un graphique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Coup d’œil sur l’économie mondiale
L’interprétation des graphiques descriptifs . . . . . . . . . . 20 Quand la Chine rattrapera-t-elle les États-Unis ? . . . . . . . . . 44
L’interprétation d’un graphique illustrant
une relation entre deux variables . . . . . . . . . . . . . 23
Faites le point 1.4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
CHAPITRE 3 La demande et l’offre . . . . . . . . . . . . . 50
Le chapitre 1 en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.1 La demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Questions de révision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 La loi de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Appliquez vos savoir-faire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Le barème de demande et la courbe de demande . . . 53
Une variation de la demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
Mots clés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
Faites le point 3.1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Coup d’œil sur l’économie québécoise Coup d’œil sur l’économie québécoise
Le taux de chômage au Québec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 L’évolution de l’équilibre macroéconomique
du Québec depuis 1981 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
Coup d’œil sur l’économie mondiale Coup d’œil sur un grand économiste
La dette des principales économies avancées . . . . . . . . . . . . 175 Milton Friedman et l’évolution de la
politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207
Coup d’œil sur l’économie canadienne
La politique monétaire canadienne à l’œuvre . . . . . . . . . . . . 208
CHAPITRE 8 La monnaie et la
politique monétaire . . . . . . . . . . . . . . . 180
PARTIE 1
INTRODUCTION
CHAPITRE 1
QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ?
ÊTES-VOUS
CAPABLE DE
COMBLER TOUS
VOS DÉSIRS ?
VOUS DÉSIREZ VIVRE PLUS LONGTEMPS ET EN
MEILLEURE SANTÉ. Vous désirez une maison confor-
table et spacieuse, bien meublée et bien équipée. Vous
désirez fréquenter un bon collège, une bonne univer-
sité. Vous désirez toute une panoplie de matériel récréa-
tif, des simples chaussures de sport aux motomarines,
en passant par les jeux vidéo et les cinémas maison.
Vous désirez avoir du temps pour pratiquer vos activités
préférées, faire du sport, vous amuser, lire, voir des
films, écouter de la musique, voyager, rencontrer vos
amis, jouir de la vie.
Cependant, on ne peut pas tout avoir. Chacun est
limité dans la satisfaction de ses désirs, de ses besoins
par le temps qu’il a, le revenu dont il dispose et les prix
de ce qu’il convoite. Nous nous retrouvons tous et
toutes avec des besoins insatisfaits et la nécessité de
faire des choix.
Dans ce chapitre, nous examinerons ce qui limite
notre capacité à satisfaire tous nos besoins (la rareté)
et la science humaine qui étudie les choix que nous
devons faire devant cette contrainte (l’économique).
COUP D’ŒIL
SOMMAIRE
p. 4 p. 5 p. 8 p. 10
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 3
SAVOIR-FAIRE
1 Définir l’économique et distinguer la
microéconomie de la macroéconomie
2 Décrire la coordination des
décisions économiques
3 Décrire le travail des économistes
4 Construire et interpréter les graphiques
utilisés dans les modèles économiques
p. 15 p. 16 p. 19 p. 20 p. 26
4 PARTIE 1 INTRODUCTION
LA MICROÉCONOMIE
Microéconomie La microéconomie est la branche de l’économique qui étudie les choix des individus et
Branche de l’économique qui des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent aux incitatifs, interagissent
étudie les choix des individus
et des entreprises, ainsi que la
entre eux et subissent l’influence des pouvoirs publics. Pourquoi y a-t-il plus de gens qui
façon dont ces choix répondent achètent des véhicules utilitaires sport et moins de gens qui achètent des fourgonnettes ?
aux incitatifs, interagissent Quel est l’effet d’une baisse du prix de la console PlayStation de Sony et du Xbox de
entre eux et subissent
l’influence des gouvernements. Microsoft sur les quantités de ces biens que les gens achètent ? Pourquoi le prix de l’es-
sence fluctue-t-il constamment ? Comment une entreprise maximise-t-elle ses profits ?
Pourquoi le gouvernement taxe-t-il la bière, mais pas le jus d’orange ? Voilà autant
d’exemples de questions microéconomiques.
LA MACROÉCONOMIE
Macroéconomie
Branche de l’économique La macroéconomie est la branche de l’économique qui étudie les effets agrégés (totaux)
qui étudie les effets agrégés des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur l’économie nationale
(totaux) des choix des
individus, des entreprises et des
et mondiale. Pourquoi, après une dizaine d’années de croissance économique soutenue,
gouvernements sur l’économie notre économie a-t-elle connu une récession en 2009 ? La Banque du Canada peut-elle
nationale et mondiale. maîtriser l’inflation en augmentant les taux d’intérêt ? Comment les gouvernements
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 5
La figure 1.1 montre comment la production totale au Canada se répartissait entre ces
quatre catégories de biens et services en 2015. Comme on le voit, la catégorie la plus impor-
tante est celle des biens et services de consommation, loin devant celles des biens d’inves-
tissement et des biens et services des administrations publiques. La figure révèle également
l’importance des exportations, une caractéristique clé de l’économie canadienne.
Biens et services
de consommation : 43 %
Biens
d’investissement : 17 % Biens et services des
administrations publiques : 16 %
Comment produire ?
Les biens et services sont produits avec des ressources productives que les économistes
appellent facteurs de production. On distingue quatre types de facteurs de production : Facteurs de production
Ressources productives qui
• La terre ; servent à produire les biens
• Le capital ; et services ; comprennent la
• Le travail ; terre, le travail, le capital et
• L’entrepreneuriat. l’entrepreneuriat.
En économique, le terme terre englobe les ressources naturelles qu’on utilise pour Terre
produire des biens et services, soit la terre au sens strict, les minéraux, les ressources Ressources naturelles qu’on
utilise pour produire des biens
énergétiques, l’air, l’eau, les arbres et les plantes sauvages, les animaux, y compris les et services.
oiseaux et les poissons, et les microorganismes. Certaines de ces ressources sont renou-
velables, mais d’autres sont épuisables.
Dans le langage courant, le terme « capital » désigne le capital financier, c’est-à-dire
l’argent, les actions et les obligations. Or, s’il permet aux gens de doter les entreprises de
ressources financières et d’obtenir un revenu d’intérêt, le capital financier ne sert pas direc-
tement à produire des biens et services. De ce fait, il n’est pas en soi une ressource produc-
tive, mais il sert à acquérir les ressources nécessaires à la production de biens et services.
En économique, le terme capital désigne plutôt le capital physique – les outils, les Capital
instruments, la machinerie, les édifices et autres constructions – que les entreprises Outils, instruments, machinerie,
édifices et autres constructions
utilisent pour produire des biens et services. Cela inclut les chaînes de montage, les que les entreprises utilisent pour
autoroutes, les centrales électriques, les aéroports et les avions, les marteaux et les produire des biens et services.
tournevis, les robots industriels, les entrepôts, les magasins de détail, les tours de
bureaux, les ordinateurs et les systèmes de communications électroniques.
Travail
Le terme travail, lui, désigne les ressources humaines – le temps et les efforts que les Temps et efforts que les gens
consacrent à la production
gens consacrent à la production des biens et services. Cela inclut les efforts physiques et de biens et services ; inclut le
mentaux de tous ceux et celles qui travaillent dans des fermes, des chantiers de capital humain.
8 PARTIE 1 INTRODUCTION
construction, des usines, des manufactures, des magasins et des bureaux, ainsi que le
Capital humain capital humain, c’est-à-dire les savoirs, les compétences et les habiletés que les gens
Savoirs, compétences et acquièrent par l’instruction, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail, et
habiletés qu’on acquiert par
les études, la formation en qui améliorent la qualité du travail. En ce moment même, pendant que vous suivez ce
cours d’emploi et l’expérience cours d’économique et d’autres cours, vous êtes en train d’investir dans votre propre
de travail.
capital humain, qui continuera à augmenter quand vous prendrez un emploi à plein
temps, que vous acquerrez de l’expérience et que vous vous perfectionnerez dans votre
travail. En 2012, plus de 80 % de la population canadienne en âge de travailler avait
terminé son secondaire, et près de 54 % détenait un certificat, un diplôme d’études col-
légiales ou un diplôme universitaire3.
Entrepreneuriat On appelle entrepreneuriat le type de ressource humaine qui organise les trois
Type de ressource humaine qui autres facteurs de production – le travail, la terre et le capital. L’innovation est le moteur
organise les trois autres facteurs
de production (le travail, la terre
de l’entrepreneuriat. Les entrepreneurs apportent de nouvelles idées sur ce qu’il
et le capital). convient de produire et sur la façon de le faire, prennent des décisions d’affaires et
assument les risques qui en découlent.
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
L’entrepreneuriat se quantifie difficilement, mais les dernières décennies ont été par-
ticulièrement fastes à cet égard. Bill Gates, le fondateur de Microsoft, John Sleeman, qui
dirige une brasserie dont la croissance est l’une des plus rapides en Amérique du Nord,
Guy Laliberté, qui a créé le Cirque du Soleil, Louis Garneau, qui a lancé une entreprise
spécialisée dans la conception de vêtements sport haut de gamme, et Daniel Langlois, qui
a créé Softimage (acheté par Microsoft), sont des exemples de talent entrepreneurial
exceptionnel. Toutefois, ces figures de proue ne doivent pas nous faire oublier que des
centaines de milliers d’autres personnes dirigent des entreprises de toutes tailles.
RÉPONSE
Dans une économie de marché, les gens s’assurent un revenu Pour qui produire ? Puisque le revenu disponible par
habitant au Québec est le plus bas au Canada, les
en offrant les ressources dont ils ont la propriété sur le marché Québécois se procureront moins de biens et services que
des ressources. On distingue quatre types de revenus : les habitants des autres provinces et territoires.
• Le salaire ;
• L’intérêt ;
• Le loyer ;
• Le profit. Loyer
Revenu que rapporte la terre.
Ainsi, la terre rapporte un loyer, le travail rapporte un salaire, le capital financier
Salaire
rapporte un intérêt et l’entrepreneuriat rapporte un profit.
Revenu que rapporte le travail.
Au Canada, quelle source de revenu rapporte la plus grosse part du revenu agrégé Intérêt
(total) ? La figure 1.2, qui montre la répartition du revenu total entre les diverses sources, Revenu que rapporte le
nous apprend que le travail a généré le plus de revenus, avec 72 % du total au Canada capital financier.
en 2015. Il n’existe aucune mesure précise du revenu du capital, du loyer et du profit, Profit (ou perte)
Revenu que rapporte
mais nous savons qu’en 2015 le revenu des entreprises (qu’on appelle « excédent d’ex- l’entrepreneuriat ; peut être
ploitation net ») représentait 16 % du revenu total, et les autres revenus, 12 %. positif ou négatif.
1.1
1 Définir l’économique et distinguer la microéconomie de la macroéconomie
RÉPONSES
1. Ce phénomène est la rareté. Les choix sont inévitables parce que les • Les biens et services de consommation, comme les coupes de cheveux ;
ressources disponibles ne suffisent pas à satisfaire nos besoins illimités. • Les biens et services d’exportation, comme le bois d’œuvre que le Canada
Comme nous ne pouvons pas tout avoir, nous devons faire des choix. vend aux États-Unis ;
2. Microéconomie : b) et d). Macroéconomie : a), c) et e). • Les biens et services des administrations publiques, comme les soins
3. En 2015, les quatre catégories de biens et services au Canada étaient, de la de santé ;
plus importante à la moins importante : • Les biens d’investissement, comme les plateformes pétrolières.
LA COORDINATION DES
1.2 DÉCISIONS ÉCONOMIQUES
Pour bien comprendre le fonctionnement d’une économie, il importe d’en avoir une vue
d’ensemble, d’en connaître les principales composantes et de saisir les relations qu’elles
entretiennent.
Économie fermée La figure 1.3 montre le schéma d’une économie fermée, c’est-à-dire d’une économie
Économie qui n’entretient de qui n’entretient de liens avec aucune autre. En réalité, la seule économie totalement
liens avec aucune autre.
fermée est l’économie mondiale, mais nous nous servirons de ce schéma pour expliquer
sommairement le fonctionnement de la forme la plus simple d’une économie.
Comme on le voit à la figure 1.3, une économie fermée a deux grandes composantes :
• Les décideurs (rectangles bleus) ;
• Les marchés (rectangles gris).
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 11
LES DÉCIDEURS
Les décideurs sont des agents économiques : ils font des
choix. La figure 1.3 montre trois catégories de
décideurs :
• Les ménages ;
• Les entreprises ;
• Le gouvernement et les autres administrations
publiques.
Un ménage est constitué par toute personne vivant
seule ou tout groupe de personnes vivant ensemble
(couple, famille, colocataires, etc.) et qui agit en tant
qu’unité décisionnelle. Chaque ménage a des désirs illi-
mités et des ressources limitées.
Une entreprise est un organisme qui utilise des res-
sources pour produire des biens et services. Tout produc-
Les services médicaux couverts par le régime d’assurance maladie sont choisis par les
teur de biens ou de services, quelles que soient sa taille et gouvernements. Le montant des impôts que paieront les ménages et les entreprises
sa production, est considéré comme une entreprise. font aussi partie des décisions prises par les gouvernements.
LES MARCHÉS
Dans le langage courant, le mot « marché » désigne le lieu physique où l’on achète et
vend des produits. En économique, le terme marché a un sens plus large : il désigne tout
ensemble – physique ou virtuel – qui réunit des acheteurs et des vendeurs pour leur
permettre d’échanger. Nous étudierons plus en détail le fonctionnement des marchés au
chapitre 3.
La figure 1.3 présente deux types de marchés : les marchés des produits, où
s’échangent des biens et services, et les marchés des facteurs, où s’échangent des fac-
teurs de production. Par ailleurs, elle montre que les transactions qui s’y font résultent
des décisions prises par les ménages et les entreprises. Les ménages décident des quan-
tités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’ils vendront sur le marché
des facteurs, et de la façon dont ils dépenseront leurs revenus (salaires, loyers, intérêts
et profits) en biens et services produits par les entreprises. Les entreprises décident des
quantités de travail, de terre, de capital et d’entrepreneuriat qu’elles se procureront, des
types de biens et services qu’elles offriront et des quantités qu’elles produiront pour les
vendre sur le marché des produits.
Les flèches de la figure 1.3 illustrent les flux qui résultent des décisions des ménages
et des entreprises. Les flux rouges représentent les facteurs de production qui vont des
ménages aux entreprises, ainsi que les biens et services qui vont des entreprises aux
ménages. Les flux verts, qui circulent en sens inverse, sont des flux monétaires : ils
représentent les sommes qui circulent au cours de ces échanges. Nous verrons au cha-
pitre 4 comment on mesure tous ces flux, et, au chapitre 8, les sortes de monnaies qui
circulent dans les flux monétaires et le rôle des institutions monétaires comme les insti-
tutions de dépôt et la Banque du Canada. Un processus de choix publics détermine les
lois et les règlements imposés par les divers paliers de gouvernement, les impôts qu’ils
lèvent ainsi que les biens et services qu’ils fournissent. Ces choix des administrations
publiques se trouvent au centre de la figure 1.3.
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
8. Guillaume LANCTÔT, « Après plus de 50 ans, le socialisme cubain est ouvert au changement »,
Perspective Monde, Université de Sherbrooke, 18 février 2014, http ://perspective.usherbrooke.
ca/bilan/servlet/BMAnalyse ?codeAnalyse=1712 (page consultée le 6 février 2015).
16 PARTIE 1 INTRODUCTION
1.2
2 Décrire la coordination des décisions économiques
RÉPONSES
1. a) Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent d) Les entreprises. Les restaurateurs sont des entreprises qui produisent
les lois et les règlements. des repas sur les marchés des produits.
b) Les ménages. Ils achètent des maisons neuves sur les marchés des e) Les ménages. Ce sont eux qui décident de la quantité de travail offerte
produits. sur les marchés des facteurs.
c) Le gouvernement et les autres administrations publiques. Ils instaurent
les lois et les règlements.
l’atmosphère, ce qui a des conséquences pour la vie. « Notre planète se réchauffe à cause
d’une accumulation croissante de dioxyde de carbone dans l’atmosphère » est un énoncé
positif. On peut le vérifier si on dispose de données pertinentes. « Nous devrions réduire
l’utilisation de combustibles fossiles comme le charbon et le mazout » est, quant à lui,
un énoncé normatif. On peut être d’accord ou non avec lui, mais on ne se demande pas
s’il est vrai ou faux. Il ne se prête pas à la vérification par les faits, car il repose sur des
jugements de valeur.
Prenons un autre exemple. « L’universalité des soins de santé réduit le nombre de
jours d’absence au travail pour cause de maladie » est un énoncé positif. « Tous les
Canadiens et Canadiennes devraient avoir un accès égal aux soins de santé » est un
énoncé normatif.
L’économique s’est donné pour tâche de découvrir et de cataloguer les énoncés posi-
tifs qui rendent compte des phénomènes observés et permettent de comprendre le fonc-
tionnement du monde économique. Cette tâche comporte trois étapes :
• L’observation et la mesure ;
• La construction de modèles ;
• La vérification des modèles.
L’OBSERVATION ET LA MESURE
La première étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste
à l’observer et à le mesurer. Les économistes recueillent un nombre considérable de
données sur des phénomènes comme la quantité et l’emplacement des ressources
humaines et naturelles, les salaires et les heures travaillées, les prix et les quantités
produites des divers biens et services, les impôts et les dépenses publiques, les quantités
de biens et services achetés ou vendus à d’autres pays, etc.
LA CONSTRUCTION DE MODÈLES
La deuxième étape pour comprendre le fonctionnement du monde économique consiste
à construire un modèle. Un modèle économique est une représentation schématique Modèle économique
d’un aspect donné du monde économique, une description qui ne retient que les élé- Représentation schématique
d’un aspect donné du monde
ments essentiels pour expliquer le phénomène étudié. Un modèle est plus simple que la économique ; description qui
réalité qu’il décrit. Ce qu’un modèle englobe et ce dont il fait abstraction résulte d’hypo- ne retient que les éléments
essentiels pour expliquer le
thèses sur ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. phénomène étudié.
La figure 1.3 de la page 11 est un bel exemple d’un modèle ou d’une représentation
schématique de la réalité, dans ce cas-ci d’une économie fermée. Ce modèle repose sur
l’hypothèse que trois catégories de décideurs sont en présence. La deuxième hypothèse
consiste à examiner la nature de leurs échanges sur deux types de marchés uniquement,
les marchés des produits et les marchés des facteurs. La troisième hypothèse présuppose
que leurs échanges seront de nature monétaire ou de nature physique (facteurs de pro-
duction ou biens et services). Ce modèle a l’avantage de décrire de manière simple le
fonctionnement d’une économie fermée. Il va de soi que la réalité est nettement plus
complexe.
Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
Smith en est venu à la conclusion que la richesse trois spécialistes fabriquent la tête, une neuvième personne
économique découle de la division du travail et des marchés la fixe, puis une dixième polit et emballe l’épingle. Mais pour
libres, ce qu’il a illustré avec l’exemple d’une fabrique d’épingles. que cette division du travail soit rentable, précisait Smith, le
En travaillant très dur avec les outils de 1770, estimait Smith, marché devait être très vaste. Une fabrique qui emploierait 10
un artisan pouvait fabriquer 20 épingles par jour. Or, affirmait- personnes devrait vendre plus de 15 millions d’épingles par
il, si on décomposait le processus en plusieurs opérations année pour continuer à fonctionner !
simples permettant la spécialisation – si on adoptait la division
du travail –, 10 personnes pourraient fabriquer non pas 200, En quoi la division du travail permet-elle d’accroître la
mais 48 000 épingles par jour. Smith a décrit la méthode : une production ? D’après Adam Smith, quelle autre condition faut-il
personne tire le fil de métal, une autre le redresse, une troisième pour accroître la richesse des nations ? Est-ce que les conclusions
le coupe, une quatrième l’enfile, une cinquième émoud la pointe, de Smith sont toujours d’actualité ?
20 PARTIE 1 INTRODUCTION
1.3
3 Décrire le travail des économistes
RÉPONSES
1. L’énoncé a) est normatif, car on ne peut pas le vérifier. d’intérêt bas entraîneront une hausse de la consommation des ménages,
2. Toutes choses étant égales par ailleurs, une augmentation du revenu et une augmentation des impôts personnels réduira le revenu net des
provoquera une hausse de la consommation des ménages, des taux ménages, et donc leur consommation.
Le diagramme de dispersion représente dans un nuage de points les valeurs d’une Diagramme de dispersion
variable associées à celles d’une autre variable. Ce type de graphique indique s’il existe Graphique qui illustre les
valeurs d’une variable associées
(ou non) une relation entre ces deux variables et, le cas échéant, décrit cette relation. La à celles d’une autre variable.
figure 1.6 montre deux exemples de diagrammes de dispersion.
Le graphique (a) montre une relation entre les les dépenses moyennes par personne
et le revenu moyen par personne au Pays Vert pour une année donnée, de 1999 à 2012.
Dispersés dans le diagramme, les points sont étiquetés selon l’année. Ainsi, le point 03
indique qu’en 2003 le revenu moyen par personne s’élevait à 21 100 $, et les dépenses
moyennes, à 20 100 $. Ce graphique révèle que plus le revenu moyen par personne
augmente, plus les dépenses moyennes sont importantes.
Le graphique (b) montre une relation entre le nombre de minutes d’appels télépho-
niques internationaux et le prix moyen par minute d’appel au Pays Jaune de 1996 à
2012. Il révèle que plus le prix moyen par minute baisse, plus le nombre de minutes
d’appels internationaux augmente.
Un histogramme (ou graphique de série chronologique) indique le temps sur l’axe Histogramme (ou graphique
de série chronologique)
des abscisses, et les variables à l’étude sur l’axe des ordonnées. Le graphique (c) en est
Graphique qui mesure le temps
un exemple ; ici, on mesure le temps en années (de 1975 à 2012) sur l’axe des abscisses, sur l’axe des abscisses, et la
et la variable à l’étude, le taux de chômage au Pays Bleu, sur l’axe des ordonnées. variable ou les variables à
l’étude sur l’axe des ordonnées.
L’histogramme présente rapidement une somme d’information considérable. Ainsi,
le graphique (c) révèle :
1. Le niveau de la variation de la variable (élevé ou bas) – plus la courbe s’éloigne de
l’axe des abscisses, plus le taux de chômage est élevé (comme en 1986) ; plus elle
s’approche de l’axe des abscisses, plus le taux de chômage est bas (comme en 2008) ;
2. Le sens de la variation de la variable (à la hausse ou à la baisse) – quand la courbe
monte, le taux de chômage est en hausse (comme en 1994) ; quand la courbe descend,
le taux de chômage est en baisse (par exemple, de 1999 à 2008) ;
3. La vitesse de la variation de la variable (rapide ou lente) – plus la courbe est abrupte,
plus le taux de chômage monte ou baisse rapidement ; plus la courbe est plate, plus le
taux de chômage monte ou baisse lentement. Ainsi, de 1984 à 1986, le taux de chô-
mage a monté rapidement, alors qu’en 1978 et en 1979, il a monté lentement.
22 PARTIE 1 INTRODUCTION
Dépenses moyennes (en k$ par année) Prix moyen (en dollars par minute)
30 2,00
1,24 $
Dépenses moyennes (en k$ par année) 09 12 Prix moyen (en dollars par minute)
11
30 08 10 1,50
2,00 96
25
07 98
97 1,2499
$
20 100 $ 06 12
09 00
05 08 11
04 10 1,50
1,00 96 01
25 02
20 03 07 98
02 97 99 03 04
20 100 $ 06
00 01 00 05
04 05 06 07
99 1,00
0,50 01
20 02
11,4 milliards 08 09
15 02 0321 100 $
de minutes 11
03 04 10
00 01 05
06 07 12
99 0,50
0 15 20 25 30 0 10 11,420
milliards 30 08 09 50
40
15 21 100 $ de minutes
Nombre de minutes
Revenus moyen 10d’appels
11
(en k$ par année) (en milliards par année)
12
(a)
0 Diagramme
15 de dispersion
20 : dépenses 25et revenus 30 (b) Diagramme
0 de dispersion
10 20 : prix30
moyen par40minute 50
moyens par personne au Pays Vert Revenus moyen et nombre de minutes d’appels
Nombreinternationaux
de minutes d’appels
(en k$ par année) au Pays Jaune (en milliards par année)
Ce graphique
Taux
(a) de chômage
Diagramme montre que
de(en plus le:revenu
pourcentage
dispersion demoyen
et par personne
la population
dépenses revenus active) Ce graphique
Pays
(b) Diagrammemontre que plus le: prix
de dispersion prixmoyen
moyenparparminute
minutebaisse,
s’accroît, plus les dépenses moyennes
moyens par personne au Pays Vert par personne augmentent. plusetlenombre
nombre de
de minutes d’appels internationaux
minutes d’appels internationaux augmente.
12 Pays au
1 Pays Jaune
Augmentation Élevé
Diminution
Taux rapide
de chômage (en pourcentage de la rapide
population active) Pays 2
10
12 Pays 1
Élevé
Pays 3
Augmentation Diminution
lente
rapide Pays 2
rapide Pays 4
8
10
Pays 3
Augmentation Pays 5
lente Diminution
lente Pays 4
6 Pays 6
8
Pays 5
Faible
Diminution Pays 7
lente
6 Pays 6
0 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015 0 2 4 6 8 10
Faible Année Pays 7 Taux de chômage (en pourcentage
de la population active)
(c)
0 Histogramme
1975 1980 :1985
taux de chômage
1990 1995au2000
Pays 2005
Bleu 2010 2015 (d) Graphique
0 à2barres : taux
4 de chômage
6 de
8 sept pays
10
Année Taux de chômage (en pourcentage
de la population active)
(c) Histogramme : taux de chômage au Pays Bleu (d) Graphique à barres : taux de chômage de sept pays
Ce graphique illustre le taux de chômage du Pays Bleu pour Ce graphique représente par des bandes horizontales les
chaque année entre 1975 et 2012 ; il montre le niveau du taux valeurs du taux de chômage annuel moyen de sept pays
de chômage (élevé ou bas), le sens de ses variations (hausse fictifs. Ainsi, on peut comparer les taux de chômage de ces
ou baisse) et leur vitesse (rapide ou lente). pays pour une année donnée.
Tendance De plus, l’histogramme permet de voir s’il y a une tendance dans l’évolution d’une
Mouvement général de la valeur variable, c’est-à-dire un mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens ou
d’une variable dans un sens ou
dans l’autre (à la hausse ou à la dans l’autre (à la hausse ou à la baisse). Ainsi, de 1996 à 2009, la tendance générale du
baisse). taux de chômage a été à la baisse, même s’il a monté légèrement en 1999 et en 2004.
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 23
Par contre, de 1975 à 1986, la tendance a été nettement à la hausse : même s’il a connu
des fluctuations durant cette période, le taux de chômage a monté plus qu’il n’a baissé.
L’histogramme permet de comparer rapidement l’état d’une variable à différentes
périodes. Ainsi, le graphique (c) révèle que, de manière générale, le taux de chômage n’a
pas changé beaucoup dans les années 1970, mais a connu des fluctuations prononcées
dans les années 1980 et 1990 – d’abord à la hausse, puis à la baisse.
Comme on le voit, le graphique de série chronologique transmet énormément d’in-
formation, et ce, en moins d’espace qu’il n’en faut pour décrire seulement quelques-unes
de ses caractéristiques.
Le graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) représente par des Graphique à barres
bandes horizontales ou verticales les valeurs de chacun des éléments d’un ensemble (ou graphique de coupe
transversale)
donné pour en faciliter la comparaison. Le graphique à barres en (d), qui indique le taux Graphique qui représente par
de chômage annuel moyen pour sept pays fictifs, en est un exemple. Ici, la longueur de des bandes horizontales ou
verticales les valeurs de chacun
chaque barre indique le taux de chômage d’un pays, ce qui nous permet de comparer des éléments d’un ensemble
les taux de chômage de plusieurs pays plus facilement et plus rapidement que ne le ferait donné afin d’en faciliter la
comparaison.
une liste de données.
500 40 20
Relation positive Relation Relation
linéaire (constante) positive positive
400 croissante décroissante
30 15
300 B
20 10
A
200
10 5
100
La vitesse et la distance parcourue en Quand la distance du sprint augmente de Plus le temps d’étude s’allonge,
cinq heures augmentent simultanément façon constante, le temps de récupéra- moins le nombre de problèmes résolus
et de manière constante. tion augmente de plus en plus à chaque augmente rapidement, ce qui se traduit
fois, ce qui se traduit par une courbe qui par une courbe qui augmente à un
augmente à un rythme croissant. rythme décroissant.
Temps consacré au squash (en heures) Coût du voyage (en cents par kilomètre) Nombre de problèmes résolus
5 50 25
Relation Relation
négative négative
4 linéaire 40 décroissante 20
3 30 15
Relation
négative
2 20 10 croissante
1 10 5
(a) Relation négative linéaire (b) Relation négative décroissante (c) Relation négative croissante
Quand le temps consacré au tennis Plus le voyage s’allonge, moins son coût Quand le temps de loisir augmente, le
augmente d’une heure, le temps par kilomètre diminue, ce qui se traduit nombre de problèmes résolus diminue
consacré au squash diminue également par une courbe qui diminue à un rythme de plus en plus, ce qui se traduit par une
d’une heure le long de la droite. décroissant. courbe qui diminue à un rythme croissant.
Le graphique (b) montre la relation négative décroissante entre le coût par kilomètre
parcouru et la longueur du trajet. Plus le voyage est long, plus le coût par kilomètre est
bas. Cependant, ce coût ne diminue pas de façon uniforme. Il décroît à un rythme accé-
léré pour un trajet relativement court, mais on observe une diminution de moins en
moins marquée à mesure que le trajet s’allonge. Le coût baisse à un rythme décroissant.
Cette relation s’explique par le fait qu’une partie des coûts (comme l’assurance de la
voiture) est fixe quelle que soit la distance parcourue, et que ces coûts fixes sont plus
facilement amortis sur un trajet plus long.
Le graphique (c) montre la relation négative croissante entre le temps de loisir d’un
étudiant et le nombre de problèmes que ce dernier parvient à résoudre. L’augmentation
constante du temps de loisir entraîne une baisse de plus en plus importante du nombre
de problèmes résolus. Ce nombre diminue à un rythme croissant.
1.4
4 Construire et interpréter les graphiques utilisés dans les modèles économiques
Tableau 1 Tableau 2
x 0 1 2 3 4 5 6 7 8 x 0 1 2 3 4 5 6 7 8
y 0 1 4 9 16 25 36 49 64 y 60 49 39 30 22 15 9 4 0
a) S’agit-il d’une relation positive ou négative ? a) S’agit-il d’une relation positive ou négative ?
b) S’agit-il d’une relation croissante, décroissante b) S’agit-il d’une relation croissante, décroissante
ou linéaire ? ou linéaire ?
c) Énumérez quelques relations économiques qui c) Énumérez quelques relations économiques qui
pourraient ressembler à cette relation. pourraient ressembler à cette relation.
RÉPONSES
1. Relation entre x et y a) La relation entre x et y est positive. Les deux variables évoluent dans le
Y
70
même sens : si x augmente, y augmente ; si x diminue, y diminue aussi.
b) La relation entre x et y est croissante. Une augmentation constante de x
60
engendre une augmentation de plus en plus importante de y.
50 c) Il y a plusieurs réponses possibles à cette question ; vérifiez les vôtres avec
40 votre professeur. Dans cet ouvrage, nous étudierons certaines relations
30
économiques de ce type. Ainsi, au chapitre 3, la courbe d’offre (figure 3.3,
p. 59) établit une relation positive entre le prix d’un bien et la quantité
20
offerte de ce bien, toutes choses étant égales par ailleurs. De même, au
10 chapitre 6, la courbe d’offre agrégée (figure 6.4, p. 141) établit une relation
0 positive entre le PIB réel offert et le niveau général des prix.
2 4 6 8 X
26 PARTIE 1 INTRODUCTION
Le chapitre 1 en bref
Questions
de révision
Au terme de la section 1.1, L’économique et ses trois Au terme de la section 1.2, La coordination des décisions
questions fondamentales, répondez aux questions 1 à 5. économiques, répondez aux questions 6 et 7.
1. Donnez trois exemples illustrant le fait que même les plus 6. Quelles sont les deux grandes composantes d’une économie ?
riches n’échappent pas à la rareté.
7. Quelle est la différence entre une économie ouverte et une
2. Dites si chacune des nouvelles suivantes concerne un enjeu économie fermée ?
macroéconomique ou microéconomique.
Au terme de la section 1.3, L’économique : une science
a) Une hausse de la taxe sur les cigarettes réduira le
tabagisme chez les adolescents. humaine, répondez aux questions 8 et 9.
b) Le Canada a connu une baisse de son activité
économique en 2009. 8. Déterminez si chacun des énoncés suivants est positif ou
c) Une politique de travail obligatoire pour les assistés normatif.
sociaux réduira le nombre de sans-emploi. a) Au Canada, les pauvres paient trop cher pour se loger.
d) Un gel important en Floride a ruiné une partie de la b) Au Canada, le nombre de fermes a diminué depuis
récolte d’agrumes cette année, ce qui a fait augmenter le 50 ans.
prix des agrumes vendus au Québec. c) Au Canada, la population des régions rurales est restée
e) De 2009 à 2010, le prix des ordinateurs portables a constante dans la dernière décennie.
baissé de 17 % au Canada. d) Au Canada, le gouvernement fédéral devrait investir
davantage pour stimuler l’activité économique.
3. Lesquels des éléments suivants ne sont pas des biens ou e) Au Canada, la Banque du Canada devrait réduire les
des services de consommation ? Pourquoi ? taux d’intérêt pour que la consommation des ménages
a) Une tablette de chocolat augmente.
b) Un remonte-pente
c) Une balle de golf 9. Expliquez comment les économistes s’y prennent pour
départager la cause de l’effet. Pourquoi recourent-ils à l’hy-
d) L’autoroute Transcanadienne pothèse ceteris paribus ?
e) Un camion d’incendie
Au terme de la section 1.4, Les graphiques : l’outil des a) Construisez un diagramme de dispersion (nuage de
économistes, répondez à la question 10. points) qui montre la relation entre les dépenses en
enregistrements musicaux et les dépenses en services
10. Le tableau qui suit fournit des données sur les dépenses de internet. Décrivez cette relation.
consommation réelles par personne (en dollars par année) b) Construisez un diagramme de dispersion qui montre la
en enregistrements musicaux, en services internet et en relation entre les dépenses en services internet et les
films sur 10 ans. dépenses en films. Décrivez cette relation.
c) Construisez un diagramme de dispersion qui montre la
Tableau 1 relation entre les dépenses en enregistrements musicaux
et les dépenses en films. Décrivez cette relation.
Services d) Construisez un histogramme (ou graphique de série
Musique Films
Année internet chronologique) des dépenses en services internet. En
(en dollars par année) quelle année ou en quelles années ces dépenses étaient-
elles les plus élevées ? Les plus faibles ? En quelle année
2010 43 4 23 ou en quelles années ont-elles le plus augmenté ? Le
2011 47 5 24 moins augmenté ? Observez-vous une tendance dans les
dépenses en services internet ? Si oui, décrivez-la.
2012 56 6 25
e) Construisez un histogramme des dépenses en
2013 57 11 25 enregistrements musicaux. En quelle année ou en
2014 57 17 27 quelles années ces dépenses étaient-elles les plus
élevées ? Les plus faibles ? En quelle année ou en
2015 55 26 29 quelles années ont-elles le plus augmenté ? Le moins
2016 56 32 30 augmenté ? Observez-vous une tendance dans les
dépenses en enregistrements musicaux ? Si oui,
2017 58 37 31 décrivez-la.
2018 62 43 32
2019 66 48 33
CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIQUE ? 29
Appliquez
vos savoir-faire
Ventes record d’autos aux États-Unis
Les ventes d’autos aux États-Unis ont progressé de quelque 7 %
en février 2016 pour atteindre un sommet en 15 ans, à la faveur
du faible niveau des prix de l’essence, d’un crédit bon marché et de
salaires plus élevés9.
MOTS CLÉS
Biens d’investissement, 6 Intérêt, 9
Biens et services, 6 Loyer, 9
Biens et services d’exportation, 6 Macroéconomie, 4
Biens et services de consommation, 6 Microéconomie, 4
Biens et services des administrations publiques, 6 Modèle économique, 17
Capital, 7 Profit (ou perte), 9
Capital humain, 8 Rareté, 4
Ceteris paribus, 18 Relation croissante, 23
Diagramme de dispersion, 21 Relation décroissante, 23
Économie de marché, 14 Relation linéaire, 23
Économie fermée, 10 Relation négative (ou relation inverse), 24
Économie mixte, 14 Relation positive (ou relation directe), 23
Économie ouverte, 14 Ressources productives, 4
Économique, 4 Salaire, 9
Entrepreneuriat, 8 Tendance, 22
Facteurs de production, 7 Terre, 7
Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale), 23 Théorie économique, 17
Histogramme (ou graphique de série chronologique), 21 Travail, 7
Incitatif, 4
9. Reuters, « Aux États-Unis, les ventes d’autos atteignent un sommet de 15 ans », TVA Nouvelles,
publié le 2 mars 2016 à 6 h 32, mis à jour le 2 mars 2016 à 6 h 38, www.tvanouvelles.ca/2016/03/02/
les-ventes-dautos-atteignent-un-sommet-de-15-ans (page consultée le 13 mars 2016).
30 PARTIE 1 INTRODUCTION
PARTIE 1
CHAPITRE 2
INTRODUCTION LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE
FONDAMENTAL : LA RARETÉ
ÉTUDIER OU
TRAVAILLER ?
SE PROCURER UNE AUTOMOBILE OU PRENDRE
L’AUTOBUS ; acheter une maison ou louer un
appartement ; faire du sport ou regarder un film ;
voyager ou payer ses dettes ; lire ou rencontrer des
amis… Quels choix doit-on faire ?
Comme nos besoins excèdent la capacité que nous
avons de les satisfaire, nous devons faire des choix,
c’est-à-dire déterminer des priorités et décider lesquels
de nos besoins seront satisfaits et lesquels resteront
inassouvis. La rareté nous oblige à choisir.
Ces choix s’imposent car, si considérables soient-elles,
les possibilités de production d’une économie ne sont
pas illimitées. Comment accroître la capacité de
produire d’une économie ? La croissance économique
nous permet-elle d’échapper à la rareté ? Pour répondre
à ces questions, les économistes utilisent un modèle
illustrant la rareté, que nous étudierons dans
ce chapitre.
SOMMAIRE
p. 32 p. 36 p. 40 p. 42
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 31
SAVOIR-FAIRE
1 Utiliser la courbe des possibilités de
production pour illustrer le problème
économique
2 Calculer le coût de renonciation
3 Expliquer comment le progrès technolo-
gique, l’accroissement du capital humain
et l’accumulation du capital augmentent
les possibilités de production
p. 43 p. 44 p. 45
32 PARTIE 1 INTRODUCTION
La CPP est très utile pour illustrer les effets de la rareté et en entrevoir les consé-
quences ; elle met en lumière trois caractéristiques des possibilités de production, soit
la différence entre :
• Les combinaisons possibles et les combinaisons impossibles ;
• Le plein-emploi et le sous-emploi des ressources productives ;
• Le sacrifice et l’absence de sacrifice.
Téléphones intelligents
(en millions par année)
18 Possibilités A B C D E F
Bouteilles d’eau (en millions) 0 1 2 3 4 5
Téléphones intelligents (en millions) 15 14 12 9 5 0
A
15 B Courbe des possibilités
de production (CPP)
Tracé à partir des données du tableau, le graphique permet de
C G visualiser la courbe des possibilités de production (CPP) pour deux
12
biens – ici, des bouteilles d’eau et des téléphones intelligents.
Le point A révèle qu’on peut produire une quantité maximale de
D 15 millions de téléphones intelligents par année si on ne produit
9 Impossible aucune bouteille d’eau. Les points A, B, C, D, E et F du graphique
illustrent les différentes possibilités de production du tableau.
Possible La courbe qui relie tous ces points est la CPP.
6 E
5
La courbe des possibilités de production (CPP) départage les
combinaisons possibles et impossibles. On peut produire les
3 combinaisons situées n’importe où sur la CPP ou à l’intérieur de
la CPP (zone beige). Les points situés à l’extérieur de la CPP,
F comme le point G, correspondent à des combinaisons impossibles.
0 1 2 3 4 5 6
Bouteilles d’eau (en millions par année)
Possibilités A B C D E F
En 2014, le Québec ne faisait pas une utilisation optimale de sa La CPP illustre ce type de sacrifices. Si, à la figure 2.2
main-d’œuvre, car près de 614 000 personnes se trouvaient en situation
(p. 35), on produit au point E et si on veut produire
de sous-emploi. Par conséquent, l’économie québécoise se situait à
l’intérieur de sa CPP. plus de téléphones intelligents (point D), on doit renon-
cer à la production d’un million de bouteilles d’eau. Au
point E, toutes les ressources sont pleinement utilisées.
Pour produire au point D, on doit donc réduire les ressources allouées à la production
de bouteilles d’eau et les utiliser pour fabriquer des téléphones intelligents. Autrement
dit, on doit sacrifier des bouteilles d’eau pour obtenir plus de téléphones intelligents.
Les économistes résument souvent cette idée centrale de l’économique – « tout choix
suppose un sacrifice, et rien n’est gratuit ! » – par le vieux dicton : « On ne peut pas avoir
le beurre et l’argent du beurre. »
1. Personnes disponibles pour travailler qui sont sans emploi et qui se cherchent activement un
poste. Source : DEMERS, André, Frontières entre emploi, chômage et inactivité : la mesure du
chômage a-t-elle omis plus de 280 000 personnes en 2014 ?, Flash-info, Institut de la statistique
du Québec, juin 2015, vol. 16, no 2, p. 1.
2. André DEMERS, « Frontières entre emploi, chômage et inactivité : la mesure du chômage a-t-
elle omis plus de 280 000 personnes en 2014 ? », Flash-info, Institut de la statistique du Québec,
juin 2015, vol. 16, no 2, p. 1.
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 35
Téléphones intelligents
(en millions par année) 1 Quand on emploie toutes les ressources
accessibles, on produit des combinaisons situées
18 sur la CPP, aux points D et E, par exemple.
Courbe des possibilités
de production (CPP) 2 Quand une partie des ressources reste inutilisée,
A on produit des combinaisons situées à l’intérieur
15 B 1
de la CPP, au point H, par exemple.
Plein-emploi
3 Quand les ressources sont pleinement utilisées
12 C
et qu’on veut produire davantage, un sacrifice
3 s’impose. Si on produit 5 millions de téléphones
D Sacrifice intelligents par année au point E et si on veut
9 4 en produire 9 millions (point D le long de la CPP),
Absence de sacrifice on doit renoncer à une certaine quantité de
bouteilles d’eau.
6 E
5 2 4 Quand une partie des ressources est inutilisée,
Sous-emploi
H
on peut produire plus d’un bien sans réduire pour
3 autant la production de l’autre bien. Si on produit
5 millions de téléphones intelligents par année
F au point H et si on souhaite en produire 9 millions,
on peut se déplacer jusqu’à la CPP en utilisant
0 1 2 3 4 5 6 toutes les ressources.
Bouteilles d’eau (en millions par année)
36 PARTIE 1 INTRODUCTION
2.1
1 Utiliser la courbe des possibilités de production pour illustrer le problème économique
RÉPONSES
1. La CPP de l’Île de Robinson est la suivante : a) (a) Possible (possibilité A) : les habitants ne pêchent aucun poisson et
Fruits (en kg)
A cueillent 30 kg de fruits. (b) Possible (possibilité B). (c) Impossible : si
30
les habitants pêchent 20 kg de poisson, ils ne peuvent pas cueillir de
25
B fruits (possibilité G).
b) (a) Cette combinaison requiert la totalité des heures de travail des
20
C
habitants de l’île ; elle se situe sur la CPP (possibilité D). (b) Cette
combinaison ne requiert pas la totalité des heures de travail des
D
15 habitants de l’île ; elle se situe à l’intérieur de la CPP. (c) Cette
E
combinaison requiert la totalité des ressources ; elle se situe sur la
10
CPP (possibilité G).
5
F c) (a) Cette combinaison implique un sacrifice puisqu’elle se situe sur
la CPP. (b) Cette combinaison n’implique aucun sacrifice puisqu’elle
G
se situe à l’intérieur de la CPP. (c) Cette combinaison implique un
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
Poisson (en kg)
sacrifice puisqu’elle se situe sur la CPP.
Téléphones intelligents
(en millions par année)
Diminution de
la quantité de 1 bouteille d’eau
CD divisée par 18 coûte 1 téléphone
l’augmentation Mouvement Diminution Augmentation Diminution de la quantité
de la quantité de le long de de la quantité de la quantité de téléphones divisée
bouteilles d’eau A 1 bouteille d’eau
15 coûte 2 téléphones la CPP de téléphones de bouteilles par l’augmentation de
B
14 d’eau la quantité de bouteilles
1 CD par bouteille
1 bouteille d’eau d’eau
2 CD par bouteille
C
12 coûte 3 téléphones
De A à B 1 million 1 million 1 téléphone par bouteille
3 CD par bouteille
De B à C 2 millions 1 million 2 téléphones par bouteille
D 1 bouteille d’eau
4 CD par bouteille 9 De C à D 3 millions 1 million 3 téléphones par bouteille
coûte 4 téléphones
5 CD par bouteille De D à E 4 millions 1 million 4 téléphones par bouteille
De E à F 5 millions 1 million 5 téléphones par bouteille
6 E
5
Quand on descend de A à F le long de la CPP, le coût de renonciation
oût de renonciation
3 de l’eau embouteillée croît à mesure que la quantité produite de
tité 1 bouteille d’eau
coûte 5 téléphones
bouteilles d’eau augmente.
F
0 1 2 3 4 5 6
Bouteilles d’eau (en millions par année)
Téléphones intelligents
(en millions par année)
nution de la
é de bouteilles 1 téléphone coûte
au divisée 18 1 bouteille d’eau
ugmentation Mouvement Diminution Augmentation Diminution de la quantité
uantité de CD
1 téléphone coûte
le long de de la quantité de la quantité de bouteilles d’eau divisée
A 1 la CPP de bouteilles de téléphones par l’augmentation de
15 B /2 bouteille d’eau
uteille par CD
14 d’eau la quantité de téléphones
uteille par CD C 1 téléphone coûte
12 1
/3 bouteille d’eau De F à E 1 million 5 millions 1
/5 de bouteille par téléphone
uteille par CD De E à D 1 million 4 millions 1
/4 de bouteille par téléphone
uteille par CD D De D à C 1 million 3 millions 1
/3 de bouteille par téléphone
1 téléphone coûte
uteille par CD
9 1
/4 bouteille d’eau De C à B 1 million 2 millions 1
/2 de bouteille par téléphone
De B à A 1 million 1 million 1 bouteille par téléphone
6 E
nonciation 5
Quand on monte de F à A le long de la CPP, le coût de renonciation
ugmente.
3 1 téléphone coûte d’un téléphone intelligent croît à mesure que la quantité produite de
1
/5 bouteille d’eau téléphones intelligents augmente.
F
0 1 2 3 4 5 6
Bouteilles d’eau (en millions par année)
employés seront tout aussi efficaces dans l’une ou l’autre des productions. Pour chaque
paire supplémentaire de chaussures rouges produite, la fabrication de paires de chaus-
sures vertes diminuera d’autant. Le coût de renonciation d’une paire de chaussures rouges
sera constant, et la forme de la CPP sera une droite.
exige la construction d’hôpitaux, l’utilisation d’am- En raison de la pauvreté, le Québec doit renoncer à produire de
15,7 à 17,0 milliards de dollars de biens et services par année, soit un coût
bulances et l’embauche de brancardiers, d’infir- de renonciation qui représente de 5,8 % à 6,3 % de son PIB réel. S’il n’y avait
mières et de médecins. L’inverse serait absurde. Si plus de pauvreté au Québec, les milliards de dollars que coûte la pauvreté
seraient consacrés à produire d’autres biens et services.
un producteur de soins de santé achetait des terres
fertiles, y construisait un hôpital, transformait les
tracteurs en ambulances et engageait des ouvriers
agricoles comme brancardiers ou comme infir-
miers, la production de denrées baisserait de manière spectaculaire, la production de
services de santé augmenterait très peu et le coût de renonciation d’une unité de services
de santé monterait. De même, si un producteur agricole achetait un hôpital, le transfor-
mait en usine de tomates hydroponiques et engageait des brancardiers, des infirmières
et des médecins comme ouvriers agricoles, la production de services de santé diminue-
rait considérablement, la production de denrées augmenterait très peu et le coût de
renonciation d’une unité de denrées monterait.
3. Athanase BARAYANDEMA et Guy FRÉCHET, Les coûts de la pauvreté au Québec selon le modèle
de Nathan Laurie, Québec, Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion (CEPE), gouvernement
du Québec, 2011, p. 16.
40 PARTIE 1 INTRODUCTION
ÉTUDIER OU TRAVAILLER ?
Étudier ou travailler ? Ces deux activités sont importantes pour vous, surtout si vous
travaillez pour payer vos études. Combien de temps devez-vous consacrer à chacune
d’elles si vous ne disposez que de 40 heures par semaine ? Si vous choisissez d’étudier
à temps plein, vous renoncez à travailler. Si vous choisissez de travailler à temps plein,
vous renoncez à étudier. Visiblement, vous devez trouver un compromis.
La figure suivante illustre la CPP d’une personne qui doit doser le temps qu’elle
consacre aux études et au travail. Étant donné que cette personne est parfaitement
capable de réaliser l’une ou l’autre de ces activités, le coût de renonciation des études
ou du travail correspondra à un certain nombre d’heures sacrifiées, qui sera le même
peu importe si elle choisit d’augmenter le nombre d’heures allouées aux études ou le
nombre d’heures dédiées au travail. Une situation de coût de renonciation constant se
traduit par une CPP ayant la forme d’une droite dont la pente est la même entre chaque
point. Tout point situé sous ou sur la CPP est réalisable, alors que tout point situé
au-dessus de la CPP est irréalisable. La personne Études (nombre d’heures)
qui perd son temps se trouvera en situation de
sous-emploi et occupera un point à l’intérieur de la 40
CPP, comme le point A. Inversement, la personne
qui consacre tout le temps dont elle dispose
30
(40 heures par semaine) aux études et au travail
atteindra le point B sur la CPP.
B
Considérez les possibilités suivantes en vous 20
aidant de la CPP. Étudier à temps plein ? Travailler
à temps plein ? Étudier et travailler en même temps A
10
à temps plein ? Lesquels de ces choix sont réali-
sables ? Lesquels sont irréalisables ? Et vous, quel
est votre choix ? 0
10 20 30 40
Travail (nombre d’heures)
Ces étudiants ont fait le choix d’étudier à temps plein. Pour l’employée de cette boulangerie, c’est l’inverse !
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 41
2.2
2 Calculer le coût de renonciation
Tableau 1 Tableau 2
Possibilités A B C D E F G Possibilités A B C D E F
Poisson Poisson
0 6 11 15 18 19 20 0 3 6 9 12 15
(en kg) (en kg)
Fruits Fruits
30 25 20 15 10 5 0 20 18 15 11 6 0
(en kg) (en kg)
a) Si les habitants font passer la production de fruits de a) Calculez le coût de renonciation de 1 kg de fruits et
15 kg à 20 kg et la production de poisson de 15 kg à de 1 kg de poisson si les habitants de l’île produisent
11 kg, quel sera le coût de renonciation de 1 kg de actuellement 5 kg de poisson et 10 kg de fruits par
fruits ? Expliquez votre réponse. jour. Expliquez votre réponse.
b) Si les habitants produisent 6 kg de poisson et 20 kg b) Quel est le coût de renonciation de 1 kg de poisson si
de fruits, quel sera le coût de renonciation de 1 kg de les habitants de l’île augmentent leur production de
fruits et de 1 kg de poisson ? poisson de 6 à 9 kg par jour ?
c) Le coût de renonciation de 1 kg de fruits augmente-t-il
à mesure que les habitants de l’île consacrent plus de
temps à la cueillette de fruits ? Expliquez votre réponse.
RÉPONSES
1. Le coût de renonciation de 1 kg de poisson est égal à la diminution de la Mouvement Diminution Augmentation Diminution du nombre
quantité de fruits divisée par l’augmentation de la quantité de poisson le long du nombre du nombre de kg de fruits divisée
à mesure que la production des habitants de l’île augmente et qu’on se de la CPP de kg de kg par l’augmentation
déplace le long de la CPP, ces derniers consacrant de plus en plus de de fruits de poisson du nombre de kg
temps à la pêche et de moins en moins de temps à la cueillette de fruits. de poisson
Par exemple, quand les habitants ne consacrent aucun temps à la pêche, 5/6 kg de fruits
De A à B 5 kg 6 kg par kg de poisson
la production est celle décrite à la possibilité A du tableau 1. Quand ils
consacrent plus de temps à la pêche, la production de poisson augmente 5/5 kg de fruits
de 6 kg et la production de fruits diminue de 5 kg. Le coût de renonciation De B à C 5 kg 5 kg
par kg de poisson
de 1 kg de poisson est donc de 5/6 kg de fruits (5 kg de fruits sacrifiés 5/4 kg de fruits
divisés par 6 kg de poisson supplémentaires). Le tableau ci-contre donne De C à D 5 kg 4 kg par kg de poisson
les coûts de renonciation correspondants.
5/3 kg de fruits
a) Le coût de renonciation de 1 kg de fruits est de 4/5 kg de poisson. De D à E 5 kg 3 kg
par kg de poisson
Quand la production de fruits augmente de 5 kg, la production de
5/2 kg de fruits
poisson diminue de 4 kg. Le coût de renonciation de 1 kg de fruits est De E à G 5 kg 2 kg par kg de poisson
de 4 kg de poisson sacrifiés divisés par 5 kg de fruits supplémentaires.
Ce coût est l’inverse du coût de renonciation de 1 kg de poisson (de C 5/1 kg de fruits
De G à F 5 kg 1 kg
à D au tableau ci-contre). par kg de poisson
b) Si les habitants produisent 6 kg de poisson et 20 kg de fruits, les
coûts de renonciation des fruits et du poisson sont nuls puisqu’ils
gens peuvent augmenter la production de chacun des deux biens
sans réduire la production de l’autre. La combinaison de biens que
produisent les habitants se situe à l’intérieur de la CPP.
42 PARTIE 1 INTRODUCTION
Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
F F' F F'
Bouteilles d’eau (en millions par année) Bouteilles d’eau (en millions par année)
(a)a)Une nouvelle
Une technologie
nouvelle technologied’embouteillage
permet (b) b)
UneLahausse de la productivité
productivité des travailleurs
de la main-d’œuvre
de d’embouteiller
l’eau l’eau de source plus dans les deuxdans
augmente industries
les deux industries.
La rapidement.
CPP pivote vers l’extérieur.
La CPP pivote vers l’extérieur. La CPP se déplace
La CPP versvers
se déplace l’extérieur.
l’extérieur.
44 PARTIE 1 INTRODUCTION
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
2.3
3 Expliquer comment le progrès technologique, l’accroissement du capital humain
et l’accumulation du capital augmentent les possibilités de production
Le chapitre 2 en bref
Coût de renonciation de x
La diminution de y divisée par l’augmentation de x
Questions
de révision
Au terme de la section 2.1, Les possibilités de production, a) Tracez la courbe des possibilités de production (CPP)
répondez à la question 1. de l’Île-des-Fermiers.
b) L’Île-des-Fermiers peut-elle produire 500 kg de maïs
1. L’Île-aux-Mystères ne produit que deux biens, X et Y, dont et 500 kg de bœuf ?
les habitants refusent de dévoiler la nature. Le tableau 1a c) L’Île-des-Fermiers peut-elle produire 800 kg de maïs
décrit les points A et B sur la CPP de l’Île-aux-Mystères. et 1 200 kg de bœuf ?
d) Si l’Île-des-Fermiers décidait de faire passer sa
Tableau 1a
production de bœuf de 900 kg à 1 200 kg par
Possibilités A B année, quel serait le coût de renonciation de cette
Unités de X 500 400 augmentation de la production bovine ?
Unités de Y 250 375 e) Si l’Île-des-Fermiers décidait de faire passer sa
production de maïs de 400 kg à 600 kg par année,
quel serait le coût de renonciation de cette
Si la CPP de cette économie est concave par rapport à augmentation de la production de maïs ?
l’origine (coûts de renonciation croissants), lesquelles des f) Si elle décidait de produire 400 kg de maïs et
possibilités de production décrites au tableau 1b pour- 1 300 kg de bœuf par année, l’Île-des-Fermiers
raient logiquement décrire d’autres points de cette CPP ? emploierait-elle pleinement toutes ses ressources ?
Expliquez votre réponse.
Tableau 1b
Possibilités C D E F G H 4. À l’Île-de-l’Oisiveté, où on ne produit que du divertissement
Unités de X 600 450 600 350 600 450 et de la bonne chère, les seules ressources accessibles
sont 5 unités de capital et 10 heures de travail par jour. Le
Unités de Y 325 325 350 400 360 415
tableau 4 donne les quantités maximales de divertisse-
ment et de bonne chère que l’Île-de-l’Oisiveté peut actuel-
Au terme de la section 2.2, Le coût de renonciation, répon- lement produire en une journée.
dez aux questions 2 à 4.
Tableau 4
2. Le tableau 2 décrit les points A, B et C sur la CPP de l’Île- Possibilités A B C D E F
des-Maigres, qui ne produit que du yaourt et de la laitue. Divertissement
Quelle doit être la valeur de x pour que le coût de renon- (en unités 100 80 60 40 20 0
ciation des deux seuls types de biens que produit cette par jour)
économie soit croissant ?
Bonne chère (en
0 30 50 60 65 67
Tableau 2 unités par jour)
Au terme de la section 2.3, L’expansion des possibilités de 6. On peut maintenant se procurer des enregistrements
production, répondez aux questions 5 à 10. musicaux sur des sites web spécialisés comme iTunes Store,
emusic.com ou MP3.com.
5. L’Île-aux-Contrastes ne produit que deux biens : de l’acier a) L’avènement de ces sites web a-t-il déplacé la CPP
et du papier. Le tableau 5 donne les quantités maximales des enregistrements musicaux et des autres biens
d’acier et de papier que cette économie peut actuellement et services ? Si oui, comment ?
produire en un mois. b) Y a-t-il encore un sacrifice à faire, ou le coût de
renonciation des enregistrements musicaux a-t-il
Tableau 5 été éliminé ?
Possibilités A B C D E F
7. Le sida est devenu un fléau en Afrique.
Acier (en millions
0 1 2 3 4 5 a) Comment la propagation du sida influe-t-elle sur la CPP
de tonnes par mois)
des économies africaines ?
Papier (en millions b) La propagation du sida a-t-elle accru le coût de
16 15 13 10 6 0
de tonnes par mois) renonciation de certains biens et services ? A-t-elle
réduit le coût de renonciation de quoi que ce soit ?
a) Expliquez ce que décrit ce tableau des possibilités
de production de l’Île-aux-Contrastes en précisant sur
8. Expliquez comment chacun des événements suivants pour-
quelle hypothèse il repose.
rait modifier la CPP du Canada. Dans chaque cas, précisez
b) Définissez le coût de renonciation. s’il y a un coût de renonciation. Si oui, quel est ce coût ?
c) Calculez le coût de renonciation de l’acier pour chaque Si non, pourquoi n’y en a-t-il pas ?
possibilité de production du tableau 5, en allant de 0 à
5 millions de tonnes d’acier. a) Le gouvernement consacre un pourcentage plus impor-
tant de ses dépenses à la formation professionnelle.
d) Pourquoi le coût de renonciation de l’acier est-il
croissant ? b) Le gouvernement augmente ses dépenses en soins de
santé et réduit ses dépenses en équipement militaire.
e) Le coût de renonciation du papier est-il croissant ou
c) Des feux de forêt rasent de vastes étendues de bois
décroissant ? Chiffrez votre réponse.
d’abattage au pays.
f) Tracez la CPP de l’Île-aux-Contrastes. Que représente d) En plein hiver, une panne d’électricité majeure plonge
chaque point sur cette courbe ? une partie du pays dans le froid et dans le noir pendant
g) Comment expliquez-vous la pente négative de cette 19 jours consécutifs.
CPP ? Pourquoi est-elle concave par rapport à l’origine ?
h) Que représente un point à l’intérieur de cette CPP ? 9. À l’aide d’une CPP, illustrez graphiquement l’effet de chacune
Un point à l’extérieur ? des situations suivantes prise isolément sur la capacité de
i) Décrivez et illustrez graphiquement l’effet qu’aurait sur production du Canada et sur celle du Japon. Considérez que
cette CPP chacun des phénomènes suivants. chaque pays produit au plein-emploi des biens d’investis-
1. Une augmentation de la quantité de toutes les sement (sur l’axe des abscisses) et des biens de consomma-
ressources productives de l’Île-aux-Contrastes tion (sur l’axe des ordonnées).
2. Des progrès technologiques dans les deux industries a) Les possibilités de production par habitant du Canada
(acier et papier) de l’Île-aux-Contrastes sont trois fois celles du Japon.
3. La découverte d’un nouveau gisement de fer à b) Le Canada choisit de produire 1/5 de biens d’investisse-
l’Île-aux-Contrastes ment et 4/5 de biens de consommation, tandis que le
4. Des feux de forêt rasant de vastes étendues de bois Japon choisit de produire 2/3 de biens d’investissement
d’abattage sur l’Île-aux Contrastes et 1/3 de biens de consommation.
c) Comme le Japon a choisi de produire davantage de
5. Une augmentation de la productivité dans les
biens d’investissement, ses possibilités de production
papeteries de l’Île-aux-Contrastes
se sont accrues plus vites que celles du Canada.
6. Une augmentation de la main-d’œuvre disponible à d) Le Japon augmente sa production de biens
l’Île-aux-Contrastes (en supposant que les aciéries de consommation et réduit celle de biens
et les papeteries y utilisent respectivement 40 % et d’investissement, tandis que le Canada réduit sa
60 % de la main-d’œuvre disponible) production de biens de consommation et augmente
7. Un chômage important dans l’Île-aux-Contrastes celle de biens d’investissement.
j) Comment expliqueriez-vous un déplacement de la CPP e) Le Japon, après avoir connu du chômage durant la crise
de l’Île-aux-Contrastes vers l’intérieur (vers le bas et asiatique de 1998, a renoué avec le plein-emploi, alors
vers la gauche) ? que le Canada n’a pas été touché par cette crise.
48 PARTIE 1 INTRODUCTION
10. L’Île-Ordinaire ne produit que deux types de biens : des Figure 1 Figure 2
biens civils et des biens militaires. Laquelle de ces figures
illustre le mieux chacun des énoncés qui suivent ? Biens militaires Biens militaires
C C C'
Biens civils Biens civils
Le déplacement d’un point Un pivotement de la CPP
sur la CPP vers un point vers l’extérieur
à l’intérieur de la CPP
Figure 5 Figure 6
Biens militaires Biens militaires
M M'
M' M
C' C C C'
Biens civils Biens civils
Un déplacement de la CPP Un déplacement de la CPP
vers l’intérieur vers l’extérieur
CHAPITRE 2 LE PROBLÈME ÉCONOMIQUE FONDAMENTAL : LA RARETÉ 49
Appliquez
vos savoir-faire
Au moins un million de morts en Afrique
Le paludisme (ou malaria), une infection parasitaire potentiellement mortelle
transmise par des moustiques, est responsable chaque année de plus
de 300 millions de cas de maladie aiguë et d’au moins 1 million de morts.
Il est la première cause de décès chez les enfants d’Afrique subsaharienne.
Chaque année, il occasionne des pertes de près de 12 G$ au PIB de l’Afrique,
ce qui représente environ 4 % du PIB total de l’Afrique subsaharienne, et une
réduction de la croissance de ce PIB d’au moins 1 % par an. Il faudrait un
investissement annuel de 3 G$ au cours des années à venir pour parvenir à
éradiquer la maladie. Or, selon le responsable de la lutte contre le paludisme
de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il serait beaucoup trop coûteux
d’essayer de faire disparaître le paludisme (The New York Times, 4 mars 2008).
L’utilisation de moustiquaires, de médicaments et de DDT permet d’éliminer
environ 90 % des cas de malaria.
MOTS CLÉS
Courbe des possibilités de production (CPP), 32 Plein-emploi, 34
Coût de renonciation, 36 Sacrifice, 34
Croissance économique, 42 Sous-emploi, 34
50 PARTIE 1 INTRODUCTION
PARTIE 1
CHAPITRE 3
INTRODUCTION LA DEMANDE ET L’OFFRE
COMBIEN
ÊTES-VOUS
PRÊT À PAYER ?
VOUS VOULEZ ACHETER UNE PAIRE DE CHAUSSURES
DE SPORT, un beigne et un café, un cinéma maison, un
voyage en Floride ou autre chose. Combien êtes-vous prêt
à payer ? Pour le savoir, vous devez trouver un endroit où
s’achètent et se vendent ces biens ou services, un marché,
un lieu d’échange. Vous désirez convertir 100 dollars
canadiens en dollars américains. Combien de dollars
canadiens devez-vous débourser pour obtenir un dollar
américain ? Dans ce cas, il vous faut dénicher un endroit
où s’échangent des dollars canadiens contre des dollars
américains ; c’est le marché des changes. Et si vous voulez
acheter des actions de Bombardier, où pourriez-vous en
trouver ? Sur les marchés boursiers ! Combien seriez-vous
prêt à payer ?
Il y a donc toutes sortes de marchés où se déterminent
les quantités achetées et vendues, de même que les prix.
Comment le choix de ce que nous achetons et de ce que
nous vendons détermine-t-il les quantités et les prix
des biens et services produits et consommés ? Ce
chapitre traite des forces fondamentales du marché que
sont l’offre et la demande.
SOMMAIRE
p. 52 p. 58 p. 63 p. 64
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 51
SAVOIR-FAIRE
1 Distinguer la quantité demandée de la
demande, et expliquer ce qui détermine
la demande
2 Distinguer la quantité offerte de l’offre,
et expliquer ce qui détermine l’offre
3 Expliquer comment l’offre et la demande
déterminent le prix et la quantité sur
le marché, et décrire les effets de
leurs variations
4 Expliquer comment les prix plafonds
ou planchers entraînent des pénuries ou
des surplus
COUP D’ŒIL
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Une variation de COUP D’ŒIL
la demande de roses SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
Une variation de l’offre Alfred Marshall et le modèle 3.4 Le chapitre 3
de pétrole de l’offre et de la demande Le contrôle des prix en bref
p. 68 p. 70 p. 72 p. 76
52 PARTIE 1 INTRODUCTION
3.1 LA DEMANDE
Marché Le terme marché désigne tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et
Tout ensemble qui réunit des des vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger. Certains marchés sont des
acheteurs (les demandeurs) et
des vendeurs (les offreurs) pour
lieux physiques où les acheteurs et les vendeurs se rencontrent en chair et en os, comme
leur permettre d’échanger. les encans de viandes ou de poissons. D’autres sont des réseaux de personnes dispersées
aux quatre coins du monde, reliées par internet, par téléphone ou par télécopieur, et qui
font des affaires sans jamais se rencontrer ni même se connaître (les marchés boursiers,
par exemple).
La plupart des marchés – ceux où vous faites vos achats – sont des ensembles inor-
ganisés qui réunissent un nombre si important d’acheteurs et de vendeurs que personne
en particulier ne peut influer sur le prix. Sur le marché des chaussures de sport au
Canada, par exemple, les acheteurs sont des millions qui, pour courir ou être à la mode,
se cherchent une paire de chaussures de ce type. Les vendeurs sont les dizaines de mil-
liers de magasins de chaussures de sport. Les acheteurs peuvent choisir où ils vont s’en
procurer, et les vendeurs en sont conscients.
Il y a deux types d’acteurs dans un marché : les acheteurs et les vendeurs. Commençons
par étudier le comportement des acheteurs.
Quantité demandée La quantité demandée d’un bien, d’un service ou d’une ressource est la quantité de
Quantité d’un bien, d’un service ce bien, de ce service ou de cette ressource que les acheteurs veulent et peuvent se pro-
ou d’une ressource que les
acheteurs veulent et peuvent curer à un prix donné et au cours d’une période donnée. Par exemple, si vous décidez
acheter à un prix donné et au d’acheter 2 bouteilles d’eau par jour quand l’eau embouteillée se vend 1 $ la bouteille,
cours d’une période donnée.
cette quantité est votre quantité demandée d’eau embouteillée.
La quantité demandée se mesure toujours pour une période donnée. Si votre quantité
demandée d’eau embouteillée est de 2 bouteilles par jour, on peut aussi dire qu’elle est
de 14 bouteilles par semaine ou de 728 bouteilles par année. En tenant compte des
périodes de canicule, ce nombre peut être plus élevé pour une année ; il est possible qu’il
atteigne 1 000 bouteilles, par exemple. S’il ne correspondait pas à une période précise,
le nombre de bouteilles ne voudrait rien dire.
Supposons que tous les facteurs pouvant influer sur les intentions d’achat restent
constants, sauf un, le prix. Comment la quantité demandée d’un bien variera-t-elle si le
prix du bien change ? La loi de la demande répond à cette question.
Des marchés pour les actions, les devises et les chaussures de sport.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 53
LA LOI DE LA DEMANDE
La loi de la demande s’énonce ainsi : Loi de la demande
Loi selon laquelle, toutes
Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si choses étant égales par ailleurs,
le prix de ce bien augmente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de la quantité demandée d’un
ce bien diminue. bien diminue si le prix de ce
bien augmente, et la quantité
La loi de la demande stipule donc que, toutes choses étant égales par ailleurs, si le demandée d’un bien augmente
si le prix de ce bien diminue.
prix d’un ordinateur portable baisse, les consommateurs achèteront plus d’ordinateurs
portables, et si le prix d’un billet de hockey augmente, les consommateurs achèteront
moins de billets de hockey.
Pourquoi la quantité demandée augmente-t-elle si le prix diminue, toutes choses étant
égales par ailleurs ? Parce que, compte tenu de leurs moyens limités, les consommateurs
ont toujours intérêt à opter pour les achats les plus avantageux. Si le prix d’un article
baisse et que celui des autres articles reste inchangé, l’article dont le prix a baissé
devient plus avantageux, et les gens en achètent davantage. Supposons, par exemple,
que le prix de l’eau embouteillée descend de 1 $ à 0,25 $ la bouteille, alors que le prix
d’une bouteille de Gatorade demeure à 1 $ la bouteille. Certains consommateurs ne
préféreront-ils pas acheter de l’eau plutôt que du Gatorade ? Ils épargneront ainsi 0,75 $
la bouteille, argent avec lequel ils pourront acheter autre chose qu’ils n’avaient pas les
moyens de s’offrir jusque-là.
Quantité 2,50
Le tableau présente un barème
demandée de demande qui donne la quan-
Prix (en millions tité demandée d’eau embou-
(en dollars de bouteilles A teillée à divers prix quand tous
2,00
par bouteille) par jour) les autres facteurs susceptibles
d’influer sur les intentions
d’achat restent constants.
A 2,00 8,5 Courbe
B
B 9,0 1,50 de demande La courbe de demande est la
1,50
représentation graphique du
C 1,00 10,0 barème de demande : elle illustre
D 0,50 12,0
la relation entre la quantité de-
C mandée et le prix, toutes choses
1,00 étant égales par ailleurs.
complément des patins à roues alignées, et les bouteilles d’eau, un complément des
services d’un centre sportif.
Toutes choses étant égales par ailleurs, la demande d’un bien diminue si le prix d’un
de ses compléments augmente, et elle augmente si le prix d’un de ses compléments dimi-
nue. La demande d’un bien et le prix d’un de ses compléments varient en sens opposé.
Par exemple, la demande de salsa diminue quand le prix des tortillas augmente.
Saviez-vous que…
Le nombre d’acheteurs
« Le prix du baril de Brent (pétrole) a été divisé
Plus il y a d’acheteurs dans un marché, plus la demande est par deux entre août 2014 et août 2015. Il coûtait
importante. Par exemple, la demande de places de station- 48 dollars le 2 octobre 2015. […] Avec des prix aussi
nement, de films, de bouteilles d’eau et d’à peu près n’im- bas, la consommation mondiale d’hydrocarbures
porte quoi d’autre est plus importante à Montréal qu’à va augmenter1. » La baisse du prix du baril de Brent
Gaspé ou à Gatineau. a-t-elle un effet sur la quantité demandée ou sur la
demande de pétrole ? Cet événement illustre-t-il un
Les goûts et les préférences des acheteurs mouvement le long de la courbe de demande ou un
déplacement de la demande ?
Quand les goûts et les préférences changent de manière
défavorable, la demande d’un bien ou service diminue et la
RÉPONSE
1. Nicolas TARNAUD, « Les gagnants et les perdants de la baisse du prix du pétrole », Huffington
Post, 8 octobre 2015, www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/gagnants-perdants-baisse-prix-
du-petrole_b_8250376.html (page consultée le 26 février 2016).
56 PARTIE 1 INTRODUCTION
2 Diminution 1 4 Augmentation
de la demande de la demande
La demande diminue et la 1,50 4 La demande augmente et la
courbe de demande se déplace courbe de demande se déplace
vers la gauche (de D0 à D1) quand : vers la droite (de D0 à D2) quand :
3.1
1 Distinguer la quantité demandée de la demande, et expliquer ce qui détermine la demande
RÉPONSES
1. a) La baisse du prix des scooters accroît la quantité demandée, ce qui f) Une baisse du nombre d’acheteurs diminue la demande de scooters.
se traduit par un mouvement vers le bas le long de la courbe de La courbe de demande se déplace vers la gauche (figure 2).
demande (figure 1). Il s’agit d’un exemple de la loi de la demande.
Figure 1 Figure 2
b) Le vélo est un substitut du scooter. Par conséquent, une baisse du
prix des vélos réduit la demande de scooters. La courbe de demande Prix d’un scooter Prix d’un scooter
se déplace vers la gauche (figure 2). La quantité La demande
c) L’interdiction des scooters modifie les goûts et les préférences, et demandée augmente.
réduit la demande de scooters. La courbe de demande se déplace augmente.
vers la gauche (figure 2).
d) Selon toutes probabilités, les scooters sont un bien normal. Par consé-
quent, si les revenus augmentent, la demande de scooters augmente D2
aussi. La courbe de demande se déplace vers la droite (figure 2).
e) L’augmentation anticipée du prix des scooters accroît la demande de D D0
La demande D1
scooters dans l’immédiat. La courbe de demande se déplace vers la diminue.
droite (figure 2).
0 Quantité de scooters 0 Quantité de scooters
58 PARTIE 1 INTRODUCTION
3.2 L’OFFRE
Nous venons d’étudier la demande et le comportement des acheteurs (ou demandeurs).
Passons maintenant de l’autre côté du marché pour étudier l’offre et les forces qui déter-
minent les intentions des producteurs ou vendeurs (offreurs).
Quantité offerte La quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une ressource est la quantité de ce
Quantité d’un bien, d’un service bien, de ce service ou de cette ressource que les producteurs prévoient écouler à un prix
ou d’une ressource que les
producteurs (ou vendeurs) donné au cours d’une période donnée. Par exemple, si le producteur décide d’écouler
prévoient écouler à un 2 000 bouteilles d’eau par jour quand le prix de l’eau embouteillée est de 1,50 $ la bou-
prix donné au cours d’une
période donnée.
teille, ce nombre est la quantité offerte d’eau embouteillée de ce producteur. Comme la
quantité demandée, la quantité offerte se mesure pour une période donnée.
Plusieurs facteurs influent sur les intentions de production. Nous allons commencer
par étudier la relation entre la quantité offerte d’un bien et son prix. Pour ce faire, nous
supposerons que tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur la quantité offerte
restent constants, et nous nous poserons la question suivante : toutes choses étant égales
par ailleurs, comment la quantité offerte d’un bien varie-t-elle avec le prix de ce bien ?
La loi de l’offre répond à cette question.
LA LOI DE L’OFFRE
Loi de l’offre La loi de l’offre s’énonce ainsi :
Loi selon laquelle, toutes choses
étant égales par ailleurs, la Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente si le
quantité offerte d’un bien prix de ce bien augmente, et la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce
augmente si le prix de ce bien
augmente, et la quantité offerte bien diminue.
d’un bien diminue si le prix de La loi de l’offre stipule donc que, toutes choses étant égales par ailleurs, si le prix de
ce bien diminue.
l’eau embouteillée augmente, les producteurs mettront une plus grande quantité de
bouteilles d’eau en vente en supposant que les consommateurs soucieux de leur santé
seront disposés à payer plus cher pour se procurer de l’eau embouteillée.
Pourquoi la quantité offerte augmente-t-elle si le prix aug-
mente, toutes choses étant égales par ailleurs ? Si la production
d’un bien, d’un service ou d’une ressource augmente, son coût de
production augmente aussi. Cependant, si le prix excède le coût
de production, le fait d’augmenter la quantité offerte est profi-
table ; un prix plus élevé rend alors la production d’une plus
grande quantité profitable, même si le coût de production est
plus élevé.
Par exemple, pour accroître la quantité produite de bouteilles
d’eau par jour, le propriétaire d’une usine d’embouteillage doit
embaucher plus de main-d’œuvre et accélérer le processus de
production, ce qui augmente son coût de production. Néanmoins,
si le prix d’une bouteille d’eau monte de 1 $ à 2 $ et si le prix de
tous les facteurs de production (y compris les salaires) reste
constant, le propriétaire de l’usine augmentera sa production et
Pourquoi la quantité offerte augmente-t-elle si le prix de ces bouteilles assumera les coûts plus élevés parce qu’en agissant ainsi il aug-
d’eau augmente, toutes choses étant égales par ailleurs ?
mentera son profit.
Offre
Relation entre la quantité offerte LE BARÈME D’OFFRE ET LA COURBE D’OFFRE
d’un bien, d’un service ou d’une L’offre exprime la relation entre la quantité offerte d’un bien et son prix quand tous les
ressource et son prix quand tous
les autres facteurs susceptibles autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants.
d’influer sur les intentions Autrement dit, alors que la quantité offerte désigne une quantité donnée à un prix donné,
de vente restent constants ;
ensemble des diverses quantités l’offre, elle, désigne l’ensemble des quantités offertes à différents prix. L’offre se décrit
offertes à divers prix. par un barème d’offre et une courbe d’offre.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 59
Un barème d’offre est une liste des différentes quantités offertes d’un bien à divers Barème d’offre
Liste des diverses quantités
prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente
offertes d’un bien, d’un service
restent constants. Le tableau de la figure 3.3 montre un barème d’offre pour de l’eau ou d’une ressource à divers
embouteillée. On y apprend que, si le prix de l’eau embouteillée est de 0,50 $ la bouteille, prix quand tous les autres
facteurs susceptibles d’influer
la quantité offerte est de 8 millions de bouteilles par jour. Si le prix de l’eau est de 1 $ la sur les intentions de vente
bouteille, la quantité offerte s’élève à 10 millions de bouteilles par jour. À 1,50 $ la bou- restent constants.
teille, la quantité offerte grimpe à 11 millions de bouteilles par jour, et à 2 $, elle passe
à 11,5 millions de bouteilles par jour.
Une courbe d’offre est la représentation graphique d’un barème d’offre, c’est-à-dire
Courbe d’offre
des diverses quantités offertes d’un bien, d’un service ou d’une ressource à divers prix Représentation graphique
quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent du barème d’offre, c’est-à-
constants. Les points A à D qui apparaissent sur la courbe d’offre correspondent aux dire des diverses quantités
offertes d’un bien, d’un service
lignes A à D du barème d’offre. Ainsi, le point C du graphique illustre la ligne C du ou d’une ressource à divers
barème d’offre ; il montre que, si le prix de l’eau embouteillée est de 1 $ la bouteille, la prix quand tous les autres
facteurs susceptibles d’influer
quantité offerte est de 10 millions de bouteilles par jour. De même, le point B illustre la sur les intentions de vente
ligne B du barème d’offre ; il montre que, si le prix est de 1,50 $ la bouteille, la quantité restent constants.
offerte est de 11 millions de bouteilles par jour.
La courbe d’offre illustre la loi de l’offre, soit la relation positive (directe) entre le prix et
la quantité offerte. Le long de la courbe d’offre, à mesure que le prix du bien augmente, la
quantité offerte augmente aussi, toutes choses étant égales par ailleurs. Si le prix d’une
bouteille d’eau passe de 1,50 $ à 2 $, la quantité offerte passe de 11 millions à 11,5 millions
de bouteilles par jour. Si le prix diminue, la quantité offerte diminue : si le prix passe de 1,50 $
à 1 $ la bouteille, la quantité offerte passe de 11 millions à 10 millions de bouteilles par jour.
Variation de la
UNE VARIATION DE L’OFFRE quantité offerte
Variation de la quantité d’un
La courbe d’offre illustre la variation de la quantité offerte quand le prix change et que bien, d’un service ou d’une
tous les autres facteurs susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. ressource que les producteurs
prévoient vendre lorsqu’il y a une
Si la variation des intentions de vente résulte d’une variation du prix, il y a une variation variation du prix de ce bien, de
de la quantité offerte, ce qui se traduit par un mouvement le long de la courbe d’offre. ce service ou de cette ressource.
60 PARTIE 1 INTRODUCTION
Par contre, si la variation des intentions de vente résulte d’un facteur autre que le prix
Variation de l’offre du bien ou du service, il y a une variation de l’offre, ce qui se traduit par un déplacement
Variation des quantités d’un de la courbe d’offre. Les principaux facteurs susceptibles d’influer sur l’offre sont :
bien, d’un service ou d’une
ressource que les producteurs • Le prix des biens apparentés ;
prévoient vendre à la suite de
• Les coûts de production ;
la variation d’un facteur autre
que le prix du bien, du service • Les anticipations des producteurs ;
ou de la ressource. • Le nombre de producteurs ;
• La productivité.
Le nombre de producteurs
Plus le nombre de producteurs est élevé dans un marché, plus l’offre est importante.
Ainsi, plusieurs nouveaux producteurs ont créé des usines d’embouteillage d’eau au
Canada, et l’offre d’eau embouteillée a augmenté.
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 61
La productivité
Un accroissement de la productivité, c’est-à-dire de la production par unité de facteur Productivité
de production, réduit le coût de production et augmente l’offre ; inversement, une baisse Production par unité de facteur
de production.
de productivité réduit l’offre. Le progrès technologique est le facteur qui a le plus d’in-
fluence sur la productivité, et donc sur l’offre. Ainsi, le progrès technologique réduit les
coûts de production des ordinateurs et accroît l’offre. Des phénomènes naturels comme
les variations météorologiques font varier la productivité dans les fermes, et donc l’offre
de produits agricoles.
RÉPONSE
La baisse du prix du baril de Brent réduit les coûts de production
O1, la quantité offerte est moindre à tous les prix. Quand l’offre de l’industrie chimique et augmente ses profits, ce qui se traduit
d’eau embouteillée augmente, la courbe d’offre se déplace par un déplacement de la courbe d’offre de produits chimiques vers
la droite.
vers la droite de O0 à O2. Le long de la courbe d’offre O2, la
quantité offerte est plus importante à tous les prix.
2. Nicolas TARNAUD, « Les gagnants et les perdants de la baisse du prix du pétrole », Le Huffington
Post, 8 octobre 2015, www.huffingtonpost.fr/nicolas-tarnaud/gagnants-perdants-baisse-prix-
du-petrole_b_8250376.html (page consulté le 26 février 2016).
62 PARTIE 1 INTRODUCTION
3.2
2 Distinguer la quantité offerte de l’offre, et expliquer ce qui détermine l’offre
RÉPONSES
1. a) Une augmentation des salaires des travailleurs de scierie réduit f) La nouvelle technique accroît l’offre de poutres de bois et déplace la
l’offre de poutres de bois, et la courbe d’offre se déplace vers la courbe d’offre vers la droite (figure 1).
gauche (figure 1).
Figure 1 Figure 2
b) Les poutres de bois et la sciure de bois sont des compléments de
production. Une augmentation du prix de la sciure accroît l’offre de Prix d’une poutre de bois Prix d’une poutre de bois
poutres, et la courbe d’offre se déplace vers la droite (figure 1). L’offre O1 La quantité
c) Une augmentation du prix des poutres accroît la quantité offerte, ce diminue.
O0 offerte O
qui se traduit par un mouvement vers le haut le long de la courbe augmente.
d’offre (figure 2). On a ici un exemple de la loi de l’offre. O2
d) L’anticipation d’une hausse du prix des poutres de bois diminue
l’offre dans l’immédiat, et la courbe d’offre se déplace vers la gauche
(figure 1).
e) La nouvelle loi diminue l’offre de poutres de bois et déplace la L’offre
augmente.
courbe d’offre vers la gauche (figure 1).
0 Quantité de poutres de bois 0 Quantité de poutres de bois
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 63
1,50
2
Prix
d’équilibre 1 Équilibre du marché
1
Équilibre 2 Le prix d’équilibre est de 1,00 $ la bouteille.
1.00
1,00 du marché
3 Au prix d’équilibre, la quantité demandée et la
quantité offerte sont toutes deux de 10 millions
de bouteilles par jour, la quantité d’équilibre.
0,50
3 D
Quantité
d’équilibre
0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour)
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 65
À la figure 3.6 (a), quand le prix est de 1,50 $ la bouteille, les producteurs voudraient
vendre 11 millions de bouteilles, mais les demandeurs n’en achètent que 9 millions.
Comme il y a un surplus de 2 millions de bouteilles, le prix se met à baisser. À mesure
que le prix diminue, la quantité demandée augmente et la quantité offerte diminue, de
même que le surplus. Le prix baisse jusqu’à l’élimination du surplus et se stabilise à 1 $
la bouteille.
À la figure 3.6 (b), à 0,75 $ la bouteille, les demandeurs voudraient acheter 11 millions
de bouteilles, mais les fournisseurs n’en vendent que 9 millions. Il en résulte une pénurie
de 2 millions de bouteilles, et le prix se met à monter. À mesure que le prix augmente, la
quantité demandée diminue et la quantité offerte augmente, de même que la pénurie. Le
prix monte jusqu’à l’élimination de la pénurie et se stabilise à 1 $ la bouteille.
Les marchés sont constamment soumis à des événements qui modifient l’offre et la
demande, et qui entraînent des variations de prix et de quantité. Certains de ces événe-
ments influent sur la demande, d’autres influent sur l’offre. Parfois, les influences
sont simultanées.
Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
2,00 2,00
3 O O
Surplus
1,50 1,50
4
Le prix 4
baisse. Le prix
monte. 3
Pénurie
1,00
1.00 1,00
1.00
0,75
0,50 D 0,50 D
2 1 2 1
Quantité Quantité Quantité Quantité
demandée offerte offerte demandée
0 8 9 10 11 12 13 0 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
Supposons maintenant qu’une nouvelle boisson énergétique sans calories arrive sur
le marché et réduit la demande d’eau embouteillée. À la figure 3.7 (b), la courbe de
demande se déplace vers la gauche de D0 à D2. Au prix initial de 1 $ la bouteille, il y a un
surplus, de sorte que le prix descend à 0,75 $ la bouteille, et la quantité, à 9 millions de
bouteilles par jour. L’offre reste inchangée, mais la quantité offerte diminue.
Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
2,00 1 O 2,00 1 O
La demande La demande
augmente. diminue.
3
La quantité
1.50
1,50 offerte 1,50
2 augmente.
Le prix 2
monte. Le prix
3
baisse. La quantité
offerte
1,00 D1 1,00
diminue.
0.75
0,75
0,50 4 0,50
La quantité D0 4 D0
La quantité
d’équilibre d’équilibre
augmente. diminue. D2
0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
2,00 2,00 O2 1
1 O0 L’offre
L’offre diminue.
augmente. 2
O1 Le prix O0
augmente.
1,50 1.50
1,50
2
Le prix 3
baisse. La quantité
demandée
1,00 1,00 diminue.
0.75
0,75
3
La quantité
0,50 demandée D 0,50
4 4 D
augmente. La quantité La quantité
d’équilibre d’équilibre
augmente. diminue.
0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
30
D
0 75 80 85 90
Quantité (en millions de barils par jour)
Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
1 3
2,00 O0 2,00 Une diminution O2 O0
Une augmentation simultanée
de l’offre et de la demande simultanée de
augmente la quantité échangée. l’offre et de la
O1 demande diminue
la quantité
1,50 1,50 échangée.
4
1,20 1,20 Comme
OD,
1,00 D1 1,00 le prix augmente.
2
0,50 Comme D0 0,50
DO, D0
le prix augmente.
D2
0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
(a) Augmentation simultanée de l’offre et de la demande (b) Diminution simultanée de l’offre et de la demande
1 La quantité échangée augmente et 2 Le prix peut augmenter, 3 La quantité échangée diminue et 4 le prix peut augmenter,
diminuer ou demeurer le même. diminuer ou demeurer le même.
Prix (en dollars par bouteille) Prix (en dollars par bouteille)
1 2,00 3
O1 Une augmentation Une diminution de la O0
de la demande et demande et une augmentation
2,00 une diminution de de l’offre baissent le prix.
l’offre augmentent O2
le prix.
1,50
O0
1,50
1,00
1,00
D1
2 D0
Comme OD, 0,50
4
la quantité Comme DO,
0,50 échangée D2
D0 la quantité échangée
reste la même. reste la même.
0 7 8 9 10 11 12 13 0 7 8 9 10 11 12 13
Quantité (en millions de bouteilles par jour) Quantité (en millions de bouteilles par jour)
(a) Augmentation de la demande et diminution de l’offre (b) Diminution de la demande et augmentation de l’offre
1 Le prix augmente et 2 la quantité échangée peut augmenter, 3 Le prix diminue et 4 la quantité échangée peut augmenter,
diminuer ou demeurer la même. diminuer ou demeurer la même.
70 PARTIE 1 INTRODUCTION
Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
3.3
3 Expliquer comment l’offre et la demande déterminent le prix et la quantité sur le marché,
et décrire les effets de leurs variations
EXERCEZ-VOUS
1. Le tableau 1 présente les barèmes d’offre et de demande du lait.
a) Où se situe l’équilibre du marché ? Tableau 1
b) Décrivez la situation du marché du lait quand le prix est de 1,75 $ le carton.
c) Que se passe-t-il dans le marché du lait si le prix est de 1,75 $ le carton ? Quantité Quantité
Prix
demandée offerte
Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ?
(en dollars (en milliers de
d) Une hausse du coût de production réduit la quantité offerte de lait par carton) cartons par jour)
de 45 000 cartons par jour à tous les prix. Quel est le nouvel équilibre
1,00 200 110
du marché et comment se rétablit-il ?
e) Une campagne de publicité rend le lait plus populaire, et la quantité 1,25 175 130
demandée augmente de 5 000 cartons par jour à tous les prix. 1,50 150 150
Simultanément, une meilleure alimentation des vaches laitières accroît 1,75 125 170
la quantité offerte de 50 000 cartons par jour à tous les prix. Quel est
2,00 100 190
le nouvel équilibre du marché et comment se rétablit-il ?
RÉPONSES
1. a) La figure 1 montre l’équilibre du marché à 1,50 $ le carton et à quantité demandée (155 000 cartons) est inférieure à la quantité
150 000 cartons par jour. offerte (200 000 cartons). Il y a un surplus, et le prix commence à
b) À 1,75 $ le carton de lait, la quantité demandée (125 000 cartons) est baisser. Quand le prix atteint 1,25 $ le carton, la quantité monte à
inférieure à la quantité offerte (170 000 cartons), ce qui entraîne un 180 000 cartons par jour (figure 2).
surplus de 45 000 cartons par jour.
Figure 1 Figure 2
c) À 1,75 $ le carton, il y a un surplus de lait. Au fur et à mesure que les
fournisseurs baissent le prix, la quantité demandée augmente, la Prix (en dollars par carton) Prix (en dollars par carton)
quantité offerte baisse, et le surplus diminue. Le prix baisse jusqu’à
O1 O0
l’élimination totale du surplus à 1,50 $ le carton. O1
d) La courbe d’offre se déplace vers la gauche de 45 000 cartons par
jour à tous les prix. À 1,50 $, la quantité demandée (150 000 cartons)
1,75 O0 1,50
est supérieure à la quantité offerte (105 000 cartons). Il y a pénurie
de lait, et le prix commence à monter. À mesure que le prix monte,
la quantité demandée diminue, la quantité offerte augmente, et 1,50 1,25
la pénurie diminue. Le prix monte à 1,75 $ le carton, et la quantité D
descend à 125 000 cartons par jour (figure 1). D0 D1
e) La courbe de demande se déplace vers la droite de 5 000 cartons
0 125 150 0 150 180
par jour à tous les prix. La courbe d’offre se déplace vers la droite
Quantité (en milliers de cartons) Quantité (en milliers de cartons)
de 50 000 cartons par jour à tous les prix. À 1,50 $ le carton, la
72 PARTIE 1 INTRODUCTION
LE PRIX PLAFOND
Prix plafond Le prix plafond est le prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou res-
Prix au-delà duquel la vente sources devient illégale. Le loyer plafond – loyer maximal au-delà duquel la location de
de certains biens, services ou
ressources devient illégale. logements devient illégale – en est un exemple. Voyons comment le plafonnement des
Loyer plafond loyers influe sur le marché du logement locatif.
Loyer au-delà duquel la location Les propriétaires décident de la quantité offerte de logements ; plus le loyer est élevé,
d’un logement devient illégale
(voir prix plafond). plus cette quantité est importante. Les locataires décident de la quantité demandée de
logements ; plus le loyer est bas, plus cette quantité est importante. Le loyer s’ajuste
jusqu’à ce que la quantité demandée et la quantité offerte s’équilibrent.
La figure 3.11 illustre un marché du logement locatif. La courbe de demande du loge-
ment locatif est D, et la courbe d’offre, O. L’équilibre du marché se situe à un loyer de
550 $ par mois et à une quantité de 4 000 logements.
Supposons que le gouvernement considère que personne ne devrait payer un loyer
plus élevé que 550 $ par mois. Pourra-t-il améliorer la situation des locataires en impo-
sant un loyer plafond ?
Un prix plafond, comme un loyer plafond, n’a pas le même effet selon qu’il est
supérieur ou inférieur au loyer d’équilibre. À la figure 3.11, si le loyer plafond est
supérieur à 550 $ par mois, rien ne changera puisque les locataires paient déjà 550 $
0 2 3 4 6 8
Quantité (en milliers d’unités)
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 73
par mois – moins que le loyer plafond. Par contre, s’il est inférieur au loyer d’équilibre,
le loyer plafond aura un effet important sur le marché : il empêchera une hausse de
loyer (de prix) suffisante pour équilibrer la quantité demandée et la quantité offerte.
Dans ce cas, la loi et le marché sont en conflit, et l’un d’entre eux (ou les deux) finira
par céder. Si le loyer plafond est de 400 $ par mois, tout loyer supérieur à ce montant
(au-dessus de la ligne rouge) est illégal. À 400 $ par mois, la quantité offerte est de
3 000 unités, et la quantité demandée est de 6 000 unités. Il y a donc une pénurie de
3 000 logements.
Le premier effet d’un loyer plafond est donc la pénurie de logements. Les locataires
potentiels demandent plus de logements que la quantité que les constructeurs et les
propriétaires ont l’intention d’offrir dans ces conditions.
L’histoire ne s’arrête pas là. D’une façon ou d’une autre, les 3 000 logements que
les propriétaires sont prêts à offrir doivent être répartis entre les locataires qui
cherchent 6 000 logements. En empêchant les ajustements qui permettraient à la
quantité demandée et à la quantité offerte de s’équilibrer, on ne met pas fin à la rareté.
Quand la loi empêche la hausse des loyers de répartir les logements à louer, il faut
recourir à d’autres mécanismes de répartition des ressources en logement, comme la
règle du premier arrivé, premier servi ou l’imposition de critères restrictifs (l’interdic-
tion des animaux, par exemple) – mesures que la plupart des gens trouvent pires
qu’une hausse des loyers.
LE PRIX PLANCHER
Le prix plancher est le prix minimal en deçà duquel la vente de certains biens, services Prix plancher
ou ressources devient illégale. Le salaire minimum, salaire en deçà duquel l’embauche Prix en deçà duquel la vente
de certains biens, services ou
de travailleurs devient illégale, est un exemple de prix plancher. Les entreprises ressources devient illégale.
peuvent payer un salaire supérieur au salaire minimum, mais pas un salaire moindre. Salaire minimum
Quel est l’effet du salaire minimum sur le marché du travail ? Salaire en deçà duquel
l’embauche de travailleurs
Les entreprises décident de la quantité demandée de travailleurs ; plus le salaire devient illégale (voir prix
horaire est bas, plus la quantité demandée est importante. Les ménages décident de la plancher).
quantité offerte de travailleurs ; plus le salaire horaire est élevé, plus la quantité offerte
est importante. Le salaire horaire s’ajuste de manière à rendre égales la quantité deman-
dée et la quantité offerte de travailleurs.
La figure 3.12 (p. 74) illustre le marché du travail des livreurs de pizzas. La courbe
de demande de livreurs est D, et la courbe d’offre, O. L’équilibre du marché s’établit à
un salaire de 5 $ l’heure et à une quantité de 5 000 livreurs embauchés.
Supposons que le gouvernement considère que personne ne devrait travailler à un
salaire aussi bas que 5 $ l’heure et qu’il décide d’augmenter les salaires. Pourra-t-il
améliorer les conditions de travail des livreurs de pizzas en imposant un salaire
minimum supérieur ?
Un prix plancher comme le salaire minimum n’a pas le même effet selon qu’il est
inférieur ou supérieur au prix d’équilibre. À la figure 3.12, le salaire d’équilibre est de
5 $ l’heure et, à ce salaire, les pizzérias embauchent 5 000 livreurs. Si le gouvernement
impose un salaire minimum de 5 $ l’heure ou moins, rien ne changera. Les pizzérias
paient déjà 5 $ l’heure ; comme ce salaire est supérieur au salaire minimum, elles conti-
nueront à embaucher 5 000 livreurs.
L’objectif d’une loi sur le salaire minimum est d’accroître le revenu des travailleurs
à faible salaire. Le salaire minimum doit donc être supérieur au salaire d’équilibre.
Supposons que le gouvernement légifère pour imposer un salaire minimum de 7 $
l’heure. À la figure 3.12, les salaires inférieurs à 7 $ l’heure (dans la zone située sous la
ligne rouge) sont illégaux. Les entreprises et les travailleurs ne peuvent donc plus fonc-
tionner au point d’équilibre, qui est situé dans la zone illégale. Les forces du marché et
la loi sont en conflit.
74 PARTIE 1 INTRODUCTION
Le gouvernement peut fixer un salaire minimum, mais il ne peut pas dire aux pizzé-
rias combien de livreurs elles doivent embaucher. Si elles doivent payer au moins 7 $
l’heure, elles n’engageront que 3 000 livreurs. Au salaire d’équilibre de 5 $ l’heure, elles
en embauchaient 5 000 ; une fois le nouveau salaire minimum en vigueur, elles en congé-
dieront donc 2 000. Supposons par ailleurs qu’à un salaire minimum de 7 $ l’heure,
2 000 personnes qui ne voulaient pas travailler à 5 $ l’heure cherchent un emploi de
livreur de pizzas. La quantité offerte sur le marché du travail se chiffrera maintenant à
7 000 livreurs, dont 4 000 sont sans travail : les 2 000 livreurs congédiés et les 2 000 per-
sonnes qui cherchent un emploi de livreur au salaire minimum.
D’une façon ou d’une autre, les 3 000 emplois offerts doivent être répartis entre les
7 000 personnes prêtes à travailler comme livreurs de pizzas. Comment cela se fera-t-il
si le prix ne joue plus son rôle en tant que moyen de répartition des ressources ? La
réponse est la même que pour le marché du logement : par le recours à la règle du pre-
mier arrivé, premier servi et par l’imposition de critères restrictifs.
Un salaire minimum au-delà du salaire d’équilibre a l’effet d’une loterie où les
gagnants sont les travailleurs dont le salaire augmente, et les perdants, les travailleurs
congédiés et les sans-emploi qui ne trouvent pas de travail à cause des nouvelles condi-
tions salariales. Les recherches économétriques ont établi de manière très fiable que, si
une hausse de 10 % du salaire minimum entraîne une baisse de l’emploi de 2,5 % en
moyenne (entre 1,4 % et 3,7 %) chez les 15-19 ans, elle n’a aucun effet significatif sur
l’emploi chez les 20 ans et plus3.
9 O
6
Surplus
8
Salaire minimum
7 1 Sur ce marché du travail des livreurs de pizzas,
2 Zone illégale
2 le salaire d’équilibre est de 5 $ l’heure et
Salaire
6 d’équilibre 3 la quantité d’équilibre de livreurs est de 5 000.
1
Équilibre Le salaire minimum – fixé à 7 $ l’heure dans cet
5 du marché exemple – est supérieur au salaire d’équilibre.
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Quantité (en milliers d’unités)
3.4
4 Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus
EXERCEZ-VOUS Tableau 1
1. Le tableau 1 présente le marché du logement locatif Quantité demandée Quantité offerte
Loyer
de Miniville. de logements de logements
(par mois)
a) Quel est le loyer d’équilibre et combien y a-t-il par trimestre par trimestre
de logements loués ? 900 500 $ 450
b) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 900 $ 800 600 $ 500
par mois, quel serait le loyer d’équilibre et combien
y aurait-il de logements loués ? 700 700 $ 550
c) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 700 $ 600 800 $ 600
par mois, quel serait le loyer d’équilibre et combien 500 900 $ 650
y aurait-il de logements loués ?
400 1 000 $ 700
RÉPONSES
1. a) Le marché du logement est en équilibre lorsqu’à un même prix c) Si le gouvernement plafonnait les loyers à 700 $ par mois, la quantité
(loyer) la quantité demandée de logements est égale à la quantité demandée de logements serait de 700 unités, et la quantité offerte,
offerte. Ici, l’équilibre survient à un loyer de 800 $ par mois et à une de 550 unités. À ce prix, il y aurait une pénurie de 150 logements.
quantité de 600 logements.
b) Comme le loyer plafond (900 $ par mois) est plus élevé que le loyer
d’équilibre (800 $ par mois), il ne modifie pas l’équilibre décrit en a) :
le loyer d’équilibre reste à 800 $ par mois, et la quantité d’équilibre,
à 600 logements.
76 PARTIE 1 INTRODUCTION
Le chapitre 3 en bref
4 Expliquer comment les prix plafonds ou planchers entraînent des pénuries ou des surplus
Questions
de révision
Au terme de la section 3.1, La demande, répondez à la l) Une amélioration de la conjoncture économique qui se
question 1. traduit par une hausse du revenu des ménages et une
baisse des taux hypothécaires
1. Depuis quelques années, on observe au Québec des m) Une forte spéculation foncière qui entraîne une
hausses parallèles du prix du vin et de la consommation de augmentation marquée du prix des terrains destinés à
vin. Doit-on considérer le vin comme une exception à la loi la construction domiciliaire
de la demande ? Justifiez votre réponse.
4. Pour chacun des énoncés suivants, précisez s’il y a une
Au terme de la section 3.2, L’offre, répondez à la question 2. variation de la demande ou de la quantité demandée, ou
une variation de l’offre ou de la quantité offerte.
2. Décrivez l’effet de chacun des événements suivants sur a) Au printemps 2010, l’éruption du volcan islandais
l’offre ou sur la demande de jeans. Eyjafjallajökull a paralysé le transport aérien
a) Une nouvelle technique réduit de moitié le temps transcontinental ; cette baisse de la quantité offerte
de fabrication d’un jean. a fait augmenter considérablement le prix des vols
transatlantiques.
b) Le prix du denim baisse.
b) Si le soccer devient plus populaire au Québec tandis
c) Les jeans ne sont plus à la mode. que le basketball perd de sa popularité, le prix des
d) Le prix d’un jean diminue. souliers de basketball baissera.
e) Le salaire versé aux travailleurs du vêtement augmente. c) Il est plus coûteux de skier dans les Laurentides en
f) Le Comité olympique canadien lance des jeans hiver qu’au printemps.
« Équipe Canada ». d) Si le prix du yaourt glacé baisse, la demande de crème
g) Le prix des jupes en denim double. glacée diminuera et son prix baissera.
h) Les revenus augmentent.
5. Le tableau 1 donne les barèmes d’offre et de demande des
Au terme de la section 3.3, L’équilibre du marché, répondez tapis de souris.
aux questions 3 à 9. Tableau 1
3. Sur le marché des maisons unifamiliales mises en chan- Prix Quantité demandée Quantité offerte
tier sur la Rive-Sud de Montréal, décrivez l’effet de chacun (en dollars
des événements suivants sur l’offre ou sur la demande de (en milliers de tapis de souris
par tapis de
maisons, et sur le prix et la quantité d’équilibre. par semaine)
souris)
a) Une migration importante de la population urbaine de 3 160 120
Montréal vers la Rive-Sud
4 150 130
b) Une hausse des salaires des ouvriers de la construction.
c) Une forte augmentation des taux hypothécaires 5 140 140
d) Une forte hausse des loyers à Montréal 6 130 150
e) De nouvelles subventions aux entrepreneurs pour 7 120 160
relancer la construction domiciliaire
8 110 170
f) Une forte augmentation du coût des déplacements
en automobile entre la Rive-Sud et Montréal en a) Où se situe l’équilibre du marché ?
raison de hausses du prix de l’essence et des frais de
stationnement b) Décrivez la situation du marché quand le prix du tapis
de souris est de 7 $. Comment le marché atteint-il son
g) Une forte hausse des taxes foncières dans les nouvel équilibre ?
municipalités de la Rive-Sud
c) Qu’advient-il de l’équilibre du marché si une baisse
h) Une diminution du nombre de terrains disponibles du prix des ordinateurs accroît la quantité demandée
pour la construction domiciliaire en raison d’une de 20 000 tapis de souris par semaine à tous les prix ?
modification de la loi sur le zonage agricole Comment le marché atteint-il son nouvel équilibre ?
i) De nouvelles techniques de préfabrication qui d) Qu’advient-il de l’équilibre du marché si un nouveau
permettent des économies importantes sur les coûts logiciel activé par la parole diminue la quantité
de construction de maisons demandée de 10 000 tapis de souris par semaine à
j) L’intégration des transports en commun de la Rive-Sud tous les prix et si, en même temps, une baisse du
au réseau de la ville de Montréal, avec pour résultat une coût de production des tapis de souris augmente
nette amélioration du service et une baisse de prix la quantité offerte de 30 000 tapis par semaine à
k) Une forte hausse du prix des matériaux de construction tous les prix ? Comment le marché atteint-il son
nouvel équilibre ?
78 PARTIE 1 INTRODUCTION
6. Supposons que le marché des téléphones intelligents est d) Supposons qu’un saboteur détruit la moitié des
en situation d’équilibre. fabriques de gomme à mâcher, réduisant ainsi de
a) Décrivez l’effet sur le prix et la quantité d’équilibre de moitié la quantité offerte de gomme à mâcher à
chacune des hypothèses suivantes. tous les prix. Quels seront alors le prix et la quantité
d’équilibre ?
1. L’augmentation de la demande est plus forte que la
e) Supposons maintenant que, grâce à une campagne
baisse de l’offre.
publicitaire particulièrement efficace, la quantité
2. L’augmentation de la demande est égale à la baisse demandée de gomme à mâcher augmente de
de l’offre. 40 millions de paquets par semaine à tous les prix.
3. L’augmentation de la demande est plus faible que la Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ?
baisse de l’offre. f) Supposons qu’une augmentation du revenu des
b) Quelle conclusion peut-on tirer des trois cas précédents ? consommateurs fait augmenter la quantité demandée
c) Décrivez l’effet sur le prix et la quantité d’équilibre de gomme à mâcher de 20 millions de paquets par
de chacune des hypothèses suivantes. semaine à tous les prix et qu’une baisse des coûts
1. L’augmentation de la demande est plus forte que de production fait augmenter la quantité offerte de
l’augmentation de l’offre. 20 millions de paquets par semaine à tous les prix.
Quels seront alors le prix et la quantité d’équilibre ?
2. L’augmentation de la demande est égale à
l’augmentation de l’offre.
9. La croissance économique des pays émergents comme la
3. L’augmentation de la demande est plus faible que Chine et l’Inde a contribué à augmenter la demande de
l’augmentation de l’offre. carburant, ce qui a entraîné une hausse du prix du pétrole
d) La conclusion tirée en b) est-elle encore valable ? sur le marché mondial au-delà des 100 $US, et ce, jusqu’en
7. Dites si vous êtes d’accord ou en désaccord avec l’énoncé 2014. L’Inde et la Chine ont investi massivement en Afrique,
suivant et justifiez votre réponse : « Si la demande d’ordi- où les réserves d’hydrocarbures sont largement sous-
nateurs augmente et si les coûts de production des ordi- exploitées, afin d’augmenter la production des pays afri-
nateurs diminuent, la quantité d’équilibre sur le marché cains pour satisfaire leur demande intérieure.
des ordinateurs augmentera. Il est toutefois impossible a) Illustrez dans un graphique l’équilibre initial du
de déterminer avec certitude si le prix des ordinateurs marché mondial du pétrole en supposant que le prix
augmentera, diminuera ou restera constant. » d’équilibre est alors de 100 $US le baril, et la production
d’équilibre, de 85 millions de barils par jour.
8. Le tableau 2 donne les barèmes d’offre et de demande de b) Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs, la
la gomme à mâcher. production de pétrole en provenance d’Afrique augmente
de façon importante. Comment le prix du pétrole et la
Tableau 2 quantité échangée varieront-ils ? Justifiez votre réponse
Prix Quantité demandée Quantité offerte et illustrez-la dans le graphique tracé en a).
(en dollars (en millions de paquets c) Supposons que, toutes choses étant égales par ailleurs,
par paquet) par semaine) des ouragans aux États-Unis et des conflits ailleurs
dans le monde détruisent une partie importante des
0,20 200 40 installations pétrolières de la planète. Comment le
0,40 180 60 prix du pétrole et la quantité échangée varieront-
ils ? Expliquez votre réponse et illustrez-la dans le
0,60 160 80 graphique tracé en a).
0,80 140 100 d) Toutes choses étant égales par ailleurs, comment la
1,00 120 120 croissance économique des pays émergents a-t-elle
pu propulser le prix du pétrole à plus de 100 $US ?
1,20 100 140 Expliquez votre réponse et illustrez-la dans le
1,40 80 160 graphique tracé en a).
1,60 60 180 Au terme de la section 3.4, Le contrôle des prix, répondez à
1,80 40 200 la question 10.
2,00 20 220
10. Supposons que le marché de la bière est en équilibre.
a) Donnez le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre de la a) Décrivez l’effet de l’imposition par le gouvernement
gomme à mâcher. d’un prix de la bière minimum supérieur au prix
b) Quelle est la situation du marché si le prix de la gomme d’équilibre. Qu’arrivera-t-il si le prix minimum est
à mâcher s’établit à 0,80 $ ? Comment le marché inférieur au prix d’équilibre ?
retrouvera-t-il son équilibre ? b) Décrivez l’effet de l’imposition par le gouvernement
c) Quelle est la situation du marché si le prix de la gomme d’un prix de la bière maximum inférieur au prix
à mâcher s’établit à 1,40 $ ? Comment le marché d’équilibre. Qu’arrivera-t-il si le prix maximum est
retrouvera-t-il son équilibre ? supérieur au prix d’équilibre ?
CHAPITRE 3 LA DEMANDE ET L’OFFRE 79
Appliquez
vos savoir-faire
L’arrivée des téléphones intelligents
Avec l’arrivée des téléphones intelligents, et plus particulièrement de l’iPhone
en 2007, les télécommunications mobiles ont largement évolué, au détriment
des moyens de télécommunications résidentiels, qui perdent de plus en plus
de terrain au Canada. Au cours des dernières années, un nombre grandissant
de ménages canadiens s’est converti aux téléphones mobiles, préférant ces
appareils aux multiples fonctions au bon vieux téléphone résidentiel.
MOTS CLÉS
Barème d’offre, 59 Prix d’équilibre, 64
Barème de demande, 53 Prix plafond, 72
Bien ou service inférieur, 55 Prix plancher, 73
Bien ou service normal, 55 Productivité, 61
Complément, 54 Quantité d’équilibre, 64
Complément de production, 60 Quantité demandée, 52
Courbe d’offre, 59 Quantité offerte, 58
Courbe de demande, 53 Salaire minimum, 73
Demande, 53 Substitut, 54
Équilibre du marché, 64 Substitut de production, 60
Loi de l’offre, 58 Surplus (ou offre excédentaire), 64
Loi de la demande, 53 Variation de l’offre, 60
Loyer plafond, 72 Variation de la demande, 54
Marché, 52 Variation de la quantité demandée, 54
Offre, 58 Variation de la quantité offerte, 59
Pénurie (ou demande excédentaire), 64
80
CHAPITRE 4
PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
PARTIE 2
LES INDICATEURS LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE
MACROÉCONOMIQUES
SOMMES-NOUS
PLUS RICHES
QUE LES
AMÉRICAINS ?
SOMMES-NOUS PLUS RICHES QUE LES
AMÉRICAINS, LES FRANÇAIS OU LES CHINOIS ?
Sommes-nous plus riches que nos grands-parents ? Pour
répondre à ces questions, il faut connaître la production
totale – la production agrégée – plutôt que la production
d’un bien ou d’un service en particulier afin de mesurer
notre niveau de vie (production par habitant).
Nos choix des biens et services que nous produisons
et consommons, ainsi que de leurs destinataires,
influent sur notre niveau de vie, un sujet central en
macroéconomie. L’un des indicateurs les plus impor-
tants du niveau de vie est, sans nul doute, le produit
intérieur brut (PIB). Dans ce chapitre, vous apprendrez
comment Statistique Canada calcule le PIB. Quelles sont
ses limites en tant que mesure du niveau de vie ? Existe-
t-il d’autres indicateurs du niveau de vie ?
COUP D’ŒIL
SOMMAIRE
p. 82 p. 87 p. 90 p. 92
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 81
SAVOIR-FAIRE
1 Définir le produit intérieur brut (PIB)
et expliquer pourquoi la valeur de la
production, celle des revenus et celle
des dépenses s’équivalent dans une
économie de marché
2 Expliquer comment Statistique Canada
calcule le PIB
3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et
l’indice implicite des prix du PIB, et
expliquer les relations entre ces concepts
4 Expliquer les limites du PIB réel en
tant que mesure du niveau de vie
COUP D’ŒIL
COUP D’ŒIL SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE 4.4 L’indicateur de SOMMES-NOUS
Le calcul du PIB réel par Le PIB réel et développement humain PLUS RICHES QUE LES Le chapitre 4
Statistique Canada le niveau de vie de l’ONU AMÉRICAINS ? en bref
p. 95 p. 97 p. 99 p. 101 p. 102
82 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
LA DÉFINITION DU PIB
Produit intérieur brut (PIB) Le produit intérieur brut (PIB) mesure la valeur marchande de la totalité des biens et
Valeur marchande de l’ensemble
services finals produits dans un pays au cours d’une période donnée. Cette définition
des biens et services finals
produits dans un pays au cours comprend quatre éléments clés que nous allons examiner un à un :
d’une période donnée.
• La valeur monétaire de la production (valeur marchande) ;
• La nature de la production (biens et services finals) ;
• Le lieu de la production (pays) ;
• Le moment de la production (période donnée).
La nature de la production
Bien ou service final Pour calculer le PIB, on évalue la somme des biens et services finals produits au cours
Bien ou service destiné à son
d’une période donnée. Les biens et services finals sont destinés à leurs utilisateurs
utilisateur final, et non à la
production d’un autre bien ou finals, alors que les biens et services intermédiaires sont les articles que les entreprises
d’un autre service. produisent et achètent pour les utiliser dans la production de biens et services finals.
Bien ou service Ainsi, un VUS Ford est un bien final, alors qu’un pneu Goodyear du même véhicule est
intermédiaire
Bien ou service produit par une un bien intermédiaire. Notez qu’un pneu neuf remplaçant un pneu crevé n’est pas un
entreprise, acheté par une autre bien intermédiaire, mais un bien final. Toute pièce de remplacement est un bien final.
entreprise et utilisé dans la
production d’un autre bien ou
En ne considérant que les biens et services finals, on évite de compter le même produit
d’un autre service. deux fois.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 83
Par ailleurs, quand vous faites l’acquisition d’obligations ou d’actions, vous prêtez
votre argent aux entreprises ou à l’État. Quand vous obtenez un prêt étudiant, on vous
prête de l’argent. Dans aucun de ces cas vous n’achetez de biens ou de services. Ce ne
sont que des transferts d’argent d’un individu à un autre, à l’image des dépenses en
valeurs mobilières. Ces transactions sont dites improductives, car elles ne génèrent pas
de production de biens ou de services et ne créent aucune valeur. Elles ne seront pas
comptabilisées dans le calcul du PIB.
Le lieu de la production
Seuls les biens et services finals produits dans un pays sont comptabilisés dans le PIB
de ce pays. Quand le fabricant de chaussures canadien Bata produit des chaussures en
Thaïlande, la valeur marchande de ces chaussures est comptabilisée dans le PIB de la
Thaïlande, et non dans celui du Canada. De même, quand le constructeur d’automobiles
japonais Honda produit des automobiles à Alliston, en Ontario, la valeur marchande de
cette production est comptabilisée dans le PIB du Canada, et non dans celui du Japon.
Le moment de la production
Le PIB indique la valeur marchande de la production au cours d’une période donnée –
habituellement un mois, un trimestre ou une année. Certaines institutions financières,
dont les banques à charte, les caisses populaires, les maisons de courtage et la Banque
du Canada, consultent le PIB mensuel et le PIB trimestriel pour suivre l’évolution de
l’économie à court terme. Par contre, pour analyser les tendances à long terme, on se
réfère au PIB annuel.
Comme le PIB est une mesure de la production réalisée au
cours d’une période donnée, une année, par exemple, on ne
Saviez-vous que…
comptabilise pas la valeur des productions d’années antérieures, Au Canada, 6 009 unités de logement
car elles ont déjà été comptabilisées l’année où elles ont été pro- achevées n’étaient toujours pas vendues en
duites. C’est le cas des biens d’occasion. Ainsi, une voiture fabri- décembre 20141. Ces unités feront-elles partie
quée en 2012 a été comptabilisée dans le PIB de 2012 et, même du PIB de 2014 ou de 2015 ? Qu’en est-il des
si elle se vend sur le marché des voitures d’occasion en 2015, on unités inachevées ?
ne la comptabilise plus.
RÉPONSE
2. Statistique Canada, Accent sur les institutions sans but lucratif au service des ménages (IS-
BLSM), 27 novembre 2015, http://www.statcan.gc.ca/pub/13-015-x/2009000/sect08-fra.htm,
(page consultée le 13 mars 2016).
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 85
É MARCHÉS
MÉNAGES
FINANCIERS
Y C Ib
TN
G XN
TN Données de 2015
G
C En G$
Y Ib
XN C 1 141
Ib 392
G 500
XN —47
ENTREPRISES Y 1 986
Dans le modèle des flux circulaires, le revenu est représenté par le flux revenus (É). Les entreprises empruntent sur les marchés financiers pour
bleu (Y), et les dépenses en biens et services, par les flux rouges (C, Ib, acheter des biens (Ib) provenant d’autres entreprises. Il y a égalité entre
G et XN). Les flux verts sont des flux monétaires : les ménages et les en- les dépenses, les revenus et la valeur de la production.
treprises paient des impôts nets (TN) aux gouvernements et aux autres Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut
administrations publiques et les ménages épargnent une partie de leurs (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.
Comme les entreprises versent les revenus qu’elles reçoivent aux facteurs de produc-
tion, la dépense agrégée est égale au revenu agrégé. Ainsi,
Y = C + Ib + G + XN
Du point de vue des entreprises, la valeur de la production est égale au coût des
facteurs de production utilisés, lequel correspond aux revenus des ménages (revenu
agrégé). Du point de vue des acheteurs, la valeur de la production est égale au coût des
achats effectués pour l’obtenir, c’est-à-dire aux dépenses en biens et services finals
(dépense agrégée). Par conséquent, la dépense d’un agent économique constitue un
revenu pour un autre et vice versa. Un plein d’essence de 30 $ est une dépense pour
vous, mais un revenu pour la station-service. Une paie de 300 $ est un revenu pour
vous, mais une dépense pour votre employeur. Ainsi,
4.1
1 Définir le produit intérieur brut (PIB) et expliquer pourquoi la valeur de la production,
celle des revenus et celle des dépenses s’équivalent dans une économie de marché
RÉPONSES
1. a) Des services finals. L’étudiant est l’utilisateur final. 2. a) Dépense agrégée =
b) Des biens finals. Ces nouvelles voitures s’ajoutent aux biens C + Ib + G + (X - M) = 30 G$ + 15 G$ + 12 G$ + (5 G$ - 2 G$) = 60 G$
d’équipement et sont donc un investissement. b) Revenu agrégé = Dépense agrégée = 60 G$
c) Un bien intermédiaire. Le papier est un composant du journal. c) PIB = Dépense agrégée = 60 G$
d) Un bien intermédiaire. La crème glacée est un composant des coupes
glacées.
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.
Étant donné que la consommation des Québécois représentait 60,7 % • L’excédent d’exploitation brut ;
du PIB du Québec en 2015, une baisse de 10 % de la consommation des
Québécois engendrera une baisse du PIB supérieure à celle occasionnée
• Le revenu mixte brut.
par une baisse de 10 % des autres postes, dont l’importance est moindre À cette somme s’ajoutent les impôts moins subven-
(39,3 %).
tions sur la production, sur les produits et sur les
importations. Voyons cela de plus près.
3. Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut en termes de dépenses,
par province et territoire, comptes économiques, annuel (dollars sauf indication contraire),
modifié le 8-11-2016.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 89
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
Y C Ib
TN
G XN
GOUVERNEMENTS/ MARCHÉS
MARCHÉS PAYS
ADMINISTRATIONS
DES FACTEURS PUBLIQUES DES PRODUITS ÉTRANGERS
TN
G C Ib XN
Y
ENTREPRISES
PIB aux prix du marché 1 985 654 PIB aux prix du marché 1 985 654
Calculer le PIB par la méthode des revenus revient à mesurer la tissement privé brut (Ib). Enfin, les exportations nettes (XN) se
valeur du revenu agrégé (Y) – le flux bleu qui va des entreprises trouvent sous deux postes distincts : les exportations de biens
aux ménages. Pour ce faire, Statistique Canada recueille des et services et les importations de biens et services (montant
données sur les revenus bruts des facteurs de production négatif).
en y ajoutant, sous deux postes distincts, les impôts moins
subventions sur la production et les impôts moins subventions En théorie, les revenus égalent les dépenses, et les deux
sur les produits et sur les importations. méthodes arrivent au même total. En pratique, les totaux
divergent, car les données sur les revenus et celles sur les
Calculer le PIB par la méthode des dépenses revient à me- dépenses comportent des marges d’erreur. Estimant que celles-
surer et à additionner la valeur de tous les flux rouges qui vont ci sont sensiblement du même ordre, Statistique Canada divise
des marchés des produits aux entreprises (G, C, Ib et XN). Pour ce la divergence en deux : une moitié est soustraite du total le plus
faire, Statistique Canada utilise les données de sondages sur les élevé et l’autre moitié est ajoutée au total le plus bas. Dans ce
dépenses aux prix du marché. Les dépenses de consommation cas-ci, quelle est la valeur totale de la divergence statistique ?
finale et la formation brute de capital fixe des administrations Pourquoi doit-on soustraire la moitié de cette divergence du PIB
publiques composent les dépenses totales des administrations
par la méthode des revenus et additionner l’autre moitié au PIB
publiques (G) ; les dépenses de consommation finale des mé-
par la méthode des dépenses ?
nages et des ISBLSM forment les dépenses de consommation
(C) ; la formation brute de capital fixe des entreprises et des Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0063, Produit intérieur brut (PIB),
en termes de revenus, comptes économiques, et tableau 380-0064, Produit intérieur
ISBLSM et les investissements en stocks représentent l’inves- brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques, modifié le 01-03-2016.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 91
4.2
2 Expliquer comment Statistique Canada calcule le PIB
nominal en valeur réelle, on exprime le PIB en dollars d’une année de référence (celle
de l’indice implicite des prix) ou en dollars constants. Cela permet de comparer les PIB
de différentes années entre eux afin d’en calculer la variation en pourcentage puisqu’ils
sont tous mesurés à l’aide du même dollar, celui de l’année de référence de l’indice ayant
servi à la conversion de la production nominale en valeur réelle. Ainsi, en divisant le PIB
nominal (1 986 G$) exprimé en dollars de 2015 par l’indice implicite des prix du PIB
(112,3) dont l’année de référence est 2007 et en multipliant le résultat par 100, on
obtient le PIB réel (1 768 G$) exprimé en dollars de 2007.
Le PIB nominal a augmenté de 2007 à 2015. Une partie de cette augmentation s’ex-
plique par un accroissement de la production ; l’autre, par une hausse des prix. La
figure 4.2 montre que le PIB nominal se compare à un ballon qui se gonfle à mesure que
la production augmente et que les prix montent. L’indice implicite des prix du PIB (IIP)
dégonfle le ballon du PIB nominal en éliminant sa portion inflationniste ; il dévoile ainsi
le PIB réel. Le ballon rouge de 2007 représente le PIB réel de 2007, le ballon vert, le PIB
nominal de 2015, et le ballon rouge de 2015, le PIB réel de 2015. Pour obtenir la valeur
du PIB réel de 2015, on procède à une déflation du PIB nominal à l’aide de l’IIP.
Une fois sa portion inflationniste éliminée, le PIB dévoile les variations réelles de la
valeur de la production. Ainsi, de 2007 à 2015, le PIB nominal est passé de 1 582 G$ à
1 986 G$, une augmentation de 25,5 %, mais le PIB réel, lui, est passé de 1 582 G$ à
1 768 G$, et son augmentation n’a été que de 11,8 %. Nous verrons plus loin comment
se calcule la variation en pourcentage du PIB réel.
PIB
Indice implicite
2 000 PIB des prix du PIB
nominal
1 800
1 600
1 400
1 200
PIB PIB PIB
1 000 réel réel réel
800
600
400
200
0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2007 2015 Année
Le ballon rouge de 2007 représente le PIB réel de 2007 (1 582 G$), le ballon vert, le PIB nominal de 2015 (1 986 G$),
et le ballon rouge de 2015, le PIB réel de 2015 (1 768 G$). Pour obtenir la valeur du PIB réel de 2015, on procède à une
déflation du PIB nominal à l’aide de l’IIP.
* Depuis 2001, Statistique Canada calcule le PIB réel en $ enchaînés tel qu’expliqué au Coup d’œil sur l’économie canadienne,
« Le calcul du PIB réel par Statistique Canada ». p. 95.
Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0064, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, comptes économiques,
modifié le 01-03-2016.
94 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
4. Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, Produit intérieur brut en termes de dépenses,
par province et territoire, comptes économiques, annuel (dollars sauf indication contraire),
modifié le 8-11-2016.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 95
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
Nous avons maintenant deux comparaisons possibles entre On répète chaque année le calcul que nous venons de
2014 et 2015. En dollars de 2014, la valeur de la production décrire, et on compare chaque année à la précédente. Par
nominale est passée de 200 $ en 2014 à 270 $ en 2015. La exemple, le PIB réel de 2016 sera égal au PIB réel de 2015 +
hausse est de 70 $, soit de 35 % [(70 $ ÷ 200 $) × 100]. En dollars le pourcentage de variation du PIB de 2016. Si le PIB réel de
de 2015, la valeur de la production est passée de 500 $ en 2014 2016 est de 20 % supérieur à celui de 2015 et si le PIB réel de
à 575 $ en 2015. La hausse est de 75 $, soit de 15 % [(75 $ ÷ 2015 se chiffre à 250 $, le PIB réel de 2016 sera donc de 300 $.
500 $) × 100 %]. Lorsqu’on ajoute ainsi la variation en pourcentage au PIB réel de
l’année précédente, le PIB réel de chaque année est en quelque
Pour calculer le PIB réel, on fait la moyenne de ces deux sorte « enchaîné » aux dollars de l’année de référence (2007, au
pourcentages d’augmentation, ce qui donne 25 % [(35 % + 15 %) moment d’écrire ces lignes).
÷ 2]. Le PIB réel de 2015 a augmenté de 25 % par rapport à 2014.
Comme le PIB réel de 2014 se chiffrait à 200 $, on lui ajoute 25 % Pourquoi Statistique Canada a-t-il changé sa façon de
de sa valeur pour obtenir le PIB réel de 2015, ce qui donne 250 $ calculer le PIB réel ? Pourquoi doit-on le calculer de cette façon ?
[200 $ + (0,25 × 200 $)]. En quoi consiste ce calcul ?
96 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
4.3
3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB, et expliquer les relations
entre ces concepts
Tableau 1
PIB nominal tc PIB nominal IIP tc IIP PIB réel tc PIB réel
Année
(en G$) (en %) (2024 = 100) (en %) (en G$) (en %)
2024 100 1 200
2025 1 280 102 2
2026 5 1 292 3
Tableau 2
PIB nominal tc PIB nominal IIP tc IIP PIB réel tc PIB réel
Année
(en G$) (en %) (2024 = 100) (en %) (en G$) (en %)
2024 1 300 100
2025 1 400 1 360
2026 1,4 106 3 1 340
RÉPONSES
1. a) Le PIB nominal en 2024 est de 1 200 G$, soit (100 × 1 200 G$) ÷ 100. f) L’indice implicite des prix du PIB en 2026 est de 104, soit (1 344 G$ ÷
b) Le taux de croissance du PIB nominal en 2025 est de 6,7 %, soit 1 292 G$) × 100.
(1 280 G$ – 1 200 G$) ÷ 1 200 G$ × 100. g) Le taux de croissance de l’indice implicite des prix du PIB en 2026 est
c) Le PIB réel en 2025 est de 1 255 G$, soit (1 280 G$ ÷ 102) × 100. de 2 %, soit (104 – 102) ÷ 102 × 100.
d) Le taux de croissance du PIB réel en 2025 est de 4,6 %, soit (1 255 G$ 2. L’économie de l’Île-aux-Palmiers est en expansion puisque le taux de
– 1 200 G$) ÷ 1 200 G$ × 100. croissance du PIB réel est positif.
e) Le PIB nominal en 2026 est de 1 344 G$, soit (1 280 G$ × 5 %) +
1 280 G$.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 97
L’économie souterraine
L’économie souterraine regroupe les activités qu’on cache délibérément à l’État pour
échapper à l’impôt ou à la réglementation, ou à cause de leur caractère illicite. Comme
elles ne sont pas déclarées, les activités économiques souterraines ne sont pas compta-
bilisées dans le PIB.
Il est plus facile de décrire l’économie souterraine que de la mesurer. Au Canada,
elle était estimée par Statistique Canada5 à 42 milliards de dollars en 2012 (les chiffres
les plus récents à la parution de cet ouvrage), soit à environ 2,3 % du PIB6. Depuis le
début des années 2000, ce pourcentage est relativement stable et se situe entre 2,3 %
et 2,4 %. Les quatre secteurs économiques les plus impliqués en 2012 étaient ceux de
la construction (28,3 %), de la finance, des assurances, des services immobiliers, des
services de location à bail et des sociétés de portefeuille (13,8 %), du commerce de détail
(12,2 %) et des services d’hébergement et de restauration (11,6 %). Ces secteurs repré-
sentaient ensemble près des deux tiers de la valeur ajoutée par ce type d’activité. Pour
le Québec, l’économie souterraine représentait un peu plus de 10 G$ en 2012, soit 2,9 %
du PIB. Ces données sur l’économie souterraine au Canada et au Québec ne tiennent
pas compte des activités liées à la drogue et à la prostitution. Or, l’économie souterraine
La qualité de l’environnement
La qualité de l’air, l’accessibilité aux espaces verts et la pollution atmosphérique ne font
pas partie du calcul du PIB. Par ailleurs, une société industrielle pollue davantage l’at-
mosphère qu’une société agricole : elle brûle davantage de charbon, de pétrole et d’es-
sence, et contribue à l’épuisement des ressources, à la déforestation massive et à la
pollution de l’air, des lacs et des rivières. La destruction et la détérioration des res-
sources, de la terre, de l’eau, de l’air que nous respirons ne font pas partie du calcul du
PIB. Il faudrait inclure dans ce calcul les coûts de la destruction et de la détérioration des
ressources (les coûts liés à la dépollution, par exemple) pour obtenir une mesure tenant
compte des effets de la croissance économique sur l’environnement. Cette mesure est
communément appelée le « PIB vert ». Le problème, c’est qu’il est difficile d’estimer la
valeur d’une ressource qui a disparu ou qui s’est détériorée, pour laquelle il n’existe pas
de marché et donc pas de prix, comme l’eau ou l’air. En 2012, l’Organisation des Nations
unies (ONU) a présenté à la Conférence de Rio + 20 un nouvel indicateur, l’Indice de
richesse globale, ou Inclusive Wealth Index7, en anglais (IWI), qui intègre au PIB la valeur
des dommages causés à l’environnement. Cet indicateur affiche une croissance nette-
ment moindre que celle du PIB. Ainsi, le taux de croissance moyen par habitant de la
Chine de 1990 à 2008 est ramené de 9,6 % à 2,1 %, celui des États-Unis, de 1,8 % à
0,7 %, celui du Brésil, de 1,6 % à 0,9 %, et celui de l’Inde, de 4,5 % à 0,9 %. Au Canada,
il passe de 1,6 % à 0,4 %. En Afrique du Sud et en Russie, il devient négatif : il est ramené
de 1,3 % à - 0,1 % et de 1,2 % à - 0,3 %, respectivement.
Saviez-vous que…
Autres facteurs qui influent sur le niveau de vie
« En 2013, 44 % des Canadiens ont donné de et sur la qualité de vie
leur temps, […] consacré près de 2 milliards
La quantité de biens et services que nous consommons influe
d’heures à leurs activités de bénévolat,
ou l’équivalent d’environ 1 million d’emplois grandement sur notre niveau de vie, mais c’est aussi le cas
à temps plein8. » Ces heures de bénévolat d’autres facteurs comme la santé, l’espérance de vie, la liberté
sont-elles incluses dans le PIB ? politique et la justice sociale, dont on ne peut s’attendre à ce qu’ils
soient comptabilisés dans le PIB.
RÉPONSE
D’après Statistique Canada, un bénévole est une personne Comme le PIB réel n’est pas une mesure parfaite, on a mis au
qui fournit un service sans rémunération à un organisme,
à une association communautaire ou sportive. Par point d’autres mesures, comme l’Indicateur du développement
conséquent, ces milliards d’heures de bénévolat ne seront humain, ou IDH (voir le « Coup d’œil sur l’économie mondiale »).
jamais prises en compte dans le calcul du PIB.
Grâce à l’IDH, on peut comparer l’évolution du PIB réel par habi-
tant et le mieux-être.
7. Programme des Nations unies sur l’environnement (PNUE), Inclusive Wealth Report 2012,
[en ligne] www.unep.org/pdf/IWR_2012.pdf.
8. Statistique Canada, « Enquête sociale générale : dons, bénévolat et participation, 2013 », Le
Quotidien, 30 avril 2015, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/150130/dq150130b-fra.htm
(page consultée le 21 mars 2016).
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 99
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Les États-Unis arrivent au 5e rang, derrière la Norvège (au classe bon dernier, au 187e rang, avec une durée moyenne de
1er rang), l’Australie, la Suisse et les Pays-Bas. Le Canada se classe scolarisation de 1,4 année et un revenu national brut (RNB) par
au 8e rang, tout juste après l’Allemagne et la Nouvelle-Zélande, habitant de 873 $ US.
qui occupent respectivement le 6e et le 7e rang. Le Niger se
100 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
Il y a beaucoup d’écart entre le Canada et les États-Unis en (63 909 $ US). Parmi les pays dits émergents faisant partie du
ce qui a trait à l’IDH (0,902 contre 0,914), mais les deux pays se BRICA, comme le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique
classent derrière la Norvège, qui a une bonne longueur d’avance du Sud, lesquels ont un IDH très élevé, élevé, moyen ou faible ?
pour ce qui est du revenu national brut (RNB) par habitant Pourquoi ?
* L’ONU a conçu d’autres indices : l’IDH ajusté aux inégalités (IDHI), l’indice Source : Programme des Nations unies pour le développement, Rapport mondial
d’inégalités de genre (IIG), l’indice de la pauvreté multidimensionnelle (IPM) et sur le développement humain 2014 : pérenniser le progrès humain : réduire les
l’indice de développement de genre (IDG). vulnérabilités et renforcer la résilience.
4.4
4 Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie
RÉPONSES
1. a) On peut facilement comparer le Nacada et les Zéta-Zunis, dont les d) Oui, le classement de ces pays selon le PIB réel par habitant
données sur les activités domestiques, l’économie souterraine, les correspond vraisemblablement à leur classement selon le niveau de
loisirs et l’environnement se ressemblent. Il en va de même pour la vie, car, quand les différences sont minimes (entre le Nacada et les
Chinoisie et la Russinie, pour la même raison. Zéta-Zunis), les autres facteurs sont semblables, et quand les autres
b) Il est plus difficile de comparer le Nacada et les Zéta-Zunis avec la facteurs diffèrent, les différences sont considérables.
Chinoisie et la Russinie : les données sur la production domestique
et l’économie souterraine réduisent les différences, tandis que les
données sur le temps de loisirs et l’environnement les accentuent.
c) Il faudrait des renseignements plus précis sur la valeur de la
production domestique et sur celle de l’économie souterraine, ainsi
que sur le nombre d’heures de loisirs et sur les sommes consacrées à
la protection de l’environnement.
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 101
La plupart de vos dépenses font partie des dépenses de consommation. Si vous achetiez une
maison, cette dépense apparaîtrait dans les investissements. Puisque la majorité des biens que
vous consommez ont été produits à l’étranger, les dépenses pour ces biens sont calculées dans les
importations. Si vous avez un emploi, votre revenu fait partie de la rémunération des salariés.
Étant donné que, dans le calcul du PIB, on n’inclut que les transactions commerciales, il est
probable qu’une partie de votre production de biens et services ne soit pas prise en compte. Quels
sont les produits et services hors marchés que vous produisez ? À combien les évaluez-vous ?
L’achat d’une maison est probablement l’investissement le plus important que vous ferez dans votre vie.
Le chapitre 4 en bref
3 Définir le PIB nominal, le PIB réel et l’indice implicite des prix du PIB,
et expliquer les relations entre ces divers concepts
4 Expliquer les limites du PIB réel en tant que mesure du niveau de vie
Questions
de révision
Au terme de la section 4.1, Le PIB, les revenus et les dé- Au terme de la section 4.2, Le calcul du PIB canadien, répon-
penses, répondez aux questions 1 à 4. dez aux questions 5 et 6.
1. Nommez chacun des flux désignés par les lettres Q, R, U, V, 5. Les comptes nationaux de l’Île-du-Papier étaient tenus
W, X et Z à la figure 1. sur… papier. Un incendie a détruit le Bureau de statistique,
et les comptes nationaux du revenu et de la production
2. Au Pays du Futur, en 2026, les valeurs de certains des flux sont maintenant incomplets. On a toutefois retrouvé les
illustrés à la figure 1 étaient les suivantes : Q = 1 092 G$, données suivantes pour l’an dernier : la rémunération des
U = 204 G$, W = 621 G$ et Z = 57 G$. Calculez : salariés, 2 000 $ ; les dépenses de consommation, 2 000 $ ;
les impôts moins subventions sur la production, sur les
a) le PIB du Pays du Futur ; produits et sur les importations, 200 $ ; le revenu mixte
b) X. brut, 800 $ ; les dépenses totales des administrations
publiques, 800 $ ; l’investissement privé brut, 800 $ ; les
3. Au Pays de l’Avenir, en 2026, les valeurs de certains des flux importations, 1 800 $ ; les exportations nettes, 200 $. On a
illustrés à la figure 1 étaient les suivantes : U = 1,6 G$, W = retenu vos services pour rétablir les chiffres manquants en
6,2 G$, X = 1,4 G$ et Z = -0,2 G$. Calculez : calculant :
a) Q ; a) le PIB ;
b) R + V. b) les exportations ;
c) l’excédent d’exploitation brut.
Figure 1
6. Le tableau 1 présente des données incomplètes sur les
MÉNAGES V MARCHÉS comptes nationaux pour l’année courante de trois pays :
FINANCIERS
Alpha, Bêta et Gamma. Calculez les données manquantes.
W X
Q R Tableau 1
U Z
Alpha Bêta Gamma
Poste
Montant (en G$)
MARCHÉS GOUVERNEMENT/ MARCHÉS PAYS
DES FACTEURS ADMINISTRATIONS DES PRODUITS ÉTRANGERS
PUBLIQUES Rémunération des salariés 310 380
Z Dépenses de consommation 380 400
R X
Q U W
Impôts moins subventions 50 75 55
ENTREPRISES
Produit intérieur brut aux
500
prix du marché
4. Voici des données sur l’économie du Pays Imaginaire cette Dépenses totales des
80 75 90
année : le PIB, 100 G$ ; les impôts nets, 18 G$ ; les dépenses administrations publiques
totales des administrations publiques, 20 G$ ; l’épargne des
ménages, 15 G$ ; les dépenses de consommation, 67 G$ ; Excédent d’exploitation brut 105 75 110
l’investissement privé brut, 21 G$ ; les exportations de
biens et services, 30 G$. Exportations 20 25 15
a) Trouvez la valeur des importations en biens et services
du Pays Imaginaire. Revenu mixte brut 30 40 30
b) Trouvez la valeur des exportations nettes du Pays
Investissement privé brut 30 90
Imaginaire.
c) Retracez le schéma de la figure 1 en y inscrivant les Importations 25 20
valeurs du Pays Imaginaire.
104 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
Au terme de la section 4.3, Le PIB nominal et le PIB réel, 9. En 2015, le PIB nominal du Canada s’élevait à 1 986 G$, et le
répondez aux questions 7 à 9. PIB réel (en dollars de 2007), à 1 768 G$. Le PIB réel de 2007
(en dollars de 2007) se chiffrait à 1 582 G$.
7. Le tableau 2 présente les données relatives au PIB de la a) Calculez l’indice implicite des prix du PIB de 2007 et de
Syldavie pour l’année 2027. 2015.
Tableau 2 b) Quel a été le pourcentage d’augmentation du niveau des
prix entre 2007 et 2015 ?
Montant c) Quel a été le pourcentage d’augmentation du PIB réel
Poste
(en G$) entre 2007 et 2015 ?
Rémunération des salariés 352 d) Quel a été le pourcentage d’augmentation du PIB
nominal entre 2007 et 2015 ?
Revenu mixte brut 119
Excédent d’exploitation brut 150 Au terme de la section 4.4, Le PIB nominal et le PIB réel,
répondez à la question 10.
Impôts moins subventions 109
Dépenses de consommation 433 10. Le 20 avril 2010, l’explosion de la plateforme Deepwater
Investissement privé brut 111 Horizon dans le golfe du Mexique a provoqué le déverse-
ment d’environ 4,9 millions de barils de pétrole dans l’eau
Dépenses totales des administrations pu- (soit l’équivalent de 780 millions de litres), créant une marée
165
bliques noire qui a affecté les écosystèmes et les économies de la
Exportations nettes 21 Louisiane (premier producteur de crevettes aux États-Unis)
et de la Floride, menaçant plus de 400 espèces marines
Produit intérieur brut en 2026 690
(baleines, dauphins, lamantins, etc.) et de nombreuses
Indice implicite des prix du PIB de 2026 115 espèces d’oiseaux (aigrettes, hérons, etc.). Ce n’est qu’après
Indice implicite des prix du PIB de 2027 125 plusieurs tentatives infructueuses que la fuite a enfin été
colmatée, le 19 septembre 2010.
a) Calculez le PIB aux prix du marché pour l’année 2027 a) Comment le désastre écologique produit par ce
selon la méthode des revenus. déversement a-t-il été comptabilisé dans les comptes
b) Calculez le PIB aux prix du marché pour l’année 2027 nationaux des États-Unis ?
selon la méthode des dépenses. b) Les comptes nationaux tiennent-ils correctement
c) Calculez le PIB réel en 2026 et en 2027. compte des effets d’un tel désastre écologique sur le
d) Quel a été le taux de croissance du PIB réel en 2027 ? niveau de vie des gens qui en ont subi les conséquences ?
Justifiez votre réponse.
8. Le tableau 3 présente des données incomplètes sur l’éco-
nomie de Futurama. Calculez les données manquantes.
Tableau 3
PIB nominal PIB réel
Année IIP
(en G$)
2021 1 107 1 036
2022 1 153 100,0
2023 1 174 103,3
2024 1 291 106,6
2025 1 375 1 247
2026 1 282 112,8
CHAPITRE 4 LE PIB ET LE NIVEAU DE VIE 105
Appliquez
vos savoir-faire
Le PIB et l’économie criminelle11
En septembre 2014, Eurostat a demandé aux pays membres
de l’Union européenne d’inclure dans le calcul de leur PIB la
valeur des activités liées à la drogue, à la prostitution, ainsi
qu’à la contrebande d’alcool et de tabac. Ces activités stimulent
l’économie puisque les revenus qu’elles génèrent sont dépensés
et créent des revenus à leur tour. Ce sont des activités illicites
difficilement mesurables. Pour intégrer la valeur de ces activités
au calcul du PIB, il faut procéder à des estimations. En 1987, l’Italie
a inclus la valeur du travail au noir, ce qui a fait bondir son PIB
de 11 %, dépassant même celui de la Grande-Bretagne comme
quatrième économie européenne. On estime qu’inclure la drogue,
la prostitution et la contrebande d’alcool et de cigarettes ferait
augmenter le PIB de l’Italie de 20 %, et ceux de la France et de la
Grande-Bretagne, de 3 % et de 1 %, respectivement. Au Canada, le
À cause de son caractère illicite, la valeur exacte de l’économie criminelle est dif-
PIB augmenterait de 5 %. ficile à mesurer.
c) Est-ce que le fait d’inclure la valeur des activités issues de l’économie criminelle ferait du PIB un
indicateur plus juste de l’activité économique ? Justifiez votre réponse.
MOTS CLÉS
11. RDI Économie, Drogue, sexe et PIB, Entrevue avec François Delorme, économiste [en ligne]
www.facebook.com/rdieconomie/videos/292743114244567/ (page consultée le 1er février 2016).
106
CHAPITRE 5
PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
PARTIE 2
LES INDICATEURS LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE
MACROÉCONOMIQUES
COMBIEN
D’ARGENT
VOUS FAUT-IL
POUR VIVRE ?
VOUS TRAVAILLEZ POUR GAGNER NOTRE VIE ET
dépensez pour vous nourrir, vous loger, vous habiller,
vous déplacer, vous divertir… Vos revenus suivent-ils
l’augmentation des prix? Pas toujours! Surtout lorsque
vous vous retrouvez sans emploi, en chômage. Combien
d’argent vous faut-il pour subvenir à vos besoins?
Comment le savoir?
Le principal indicateur de l’évolution du coût de la vie
est l’indice des prix à la consommation (IPC) que
Statistique Canada publie tous les mois. Dès que l’IPC
est connu, les analystes des médias s’empressent de
spéculer sur les causes des dernières variations des
prix, sur leurs répercussions dans l’ensemble de
l’économie et sur les mesures que prendra la Banque
du Canada par rapport aux taux d’intérêt. Il en va de
même pour les résultats de l’Enquête sur la population
active, qui dresse tous les mois le portrait du marché
du travail canadien et nous renseigne sur le taux de
chômage.
Dans ce chapitre, nous nous concentrerons sur les
mesures du coût de la vie et du chômage. Comment
Statistique Canada mesure-t-il le niveau des prix, le
taux d’inflation et les principaux indicateurs du marché
du travail ?
COUP D’ŒIL
COUP D’ŒIL
SOMMAIRE
SUR LE PASSÉ
5.1 SUR LE PASSÉ 5.2 Les salaires nominaux et les
L’indice des prix à la 148 ans d’inflation et de Valeurs nominales salaires réels des premiers
consommation déflation au Canada et valeurs réelles ministres du Canada
SAVOIR-FAIRE
1 Définir l’indice des prix à la consommation
(IPC) et le taux d’inflation, et expliquer
comment ils se calculent
2 Corriger des valeurs monétaires pour tenir
compte de l’inflation : le salaire réel et le
taux d’intérêt réel
3 Expliquer les principaux indicateurs du
marché du travail et leur calcul, et distin-
guer les divers types de chômage
COUP D’ŒIL
5.3 SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Les indicateurs du marché COMBIEN D’ARGENT VOUS Le taux de chômage Le chapitre 5
du travail FAUT-IL POUR VIVRE ? au Québec en bref
Le panier de l’IPC
La première étape consiste à repérer les biens et services qui font partie des habitudes
de consommation des ménages et qui constitueront le panier de l’IPC. Ce panier contient
près de 600 biens et services qui sont représentés dans l’indice dans des proportions
reflétant exactement leur importance relative dans la structure des dépenses d’un
ménage type. Ainsi, comme les ménages dépensent plus en logement qu’en billets d’au-
tobus, l’IPC accorde proportionnellement plus d’importance au prix du logement qu’à
celui des billets d’autobus.
Pour déterminer les habitudes de consommation des ménages, Statistique Canada
utilise les données de deux enquêtes : l’Enquête sur les dépenses des ménages et l’En-
quête sur les dépenses alimentaires. Le panier de l’IPC doit être mis à jour régulièrement
(tous les quatre ou cinq ans, en moyenne) pour éviter que des changements dans les
habitudes de consommation faussent les statistiques.
La figure 5.1 montre la pondération du panier de l’IPC de 2013 ; les quelque 600 biens
et services qu’il contient sont regroupés en huit grandes catégories. Le logement repré-
sente 26,8 % des dépenses totales du ménage type. Si on y ajoute la catégorie « Dépenses
courantes, ameublement et équipement du ménage », qui inclut 13,1 % des dépenses, on
arrive à près de 40 %. Viennent ensuite les transports (19,1 %) et les aliments (16,4 %).
À elles seules, ces quatre composantes représentent un peu plus de 75 % des dépenses
totales du ménage type. Relativement importante (10,9 %), la catégorie « Loisirs, forma-
tion et lecture » est suivie des catégories « Vêtements et chaussures », « Soins de santé et
soins personnels » et « Boissons alcoolisées et produits du tabac ».
Statistique Canada décompose chacune de ces huit catégories en sous-catégories. Par
exemple, le dentifrice appartient à la sous-catégorie « Articles et accessoires de soins
personnels », qui fait elle-même partie de la catégorie « Soins de santé et soins
personnels ».
Quand vous considérez l’importance relative des catégories du panier de l’IPC,
souvenez-vous que les pourcentages de chacune des catégories reflètent la structure des
dépenses du ménage type, et non d’un ménage ou d’un individu en particulier. Par
exemple, il se peut que la catégorie « Vêtements et chaussures » représente 50 % de votre
budget, alors qu’elle représente seulement 6,1 % des dépenses de l’ensemble des
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 109
consommateurs canadiens (le ménage type). Étant donné la pondération plus élevée de
cette catégorie au sein de votre budget, une hausse des prix touchant cette catégorie
affectera davantage la valeur moyenne des prix de votre panier de biens et services.
Pensez à vos dépenses et amusez-vous à comparer les biens et services que vous achetez
avec ceux du panier de l’IPC.
Le calcul de l’IPC
Le calcul de l’IPC se fait en trois étapes.
• On trouve le coût du panier de l’IPC aux prix de la période de base.
• On trouve le coût du panier de l’IPC aux prix de la période courante.
• On calcule l’IPC pour la période de base et pour la période courante.
Pour simplifier, supposons que le panier de l’IPC ne contient que deux biens et ser-
vices : des oranges et des billets de cinéma. Toujours pour simplifier, construisons l’IPC
annuel (plutôt que mensuel) en prenant l’année 2002 comme période de base et l’année
2015 comme période courante.
La partie (a) du tableau 5.1 présente, à titre d’exemple, les données pour la période
de base. En 2002, les consommateurs ont acheté 10 oranges à 1 $ l’unité et 5 billets de
cinéma à 8 $ l’unité. Afin de calculer le coût du panier de l’IPC pour la période de base,
on multiplie les quantités par les prix de cette période. Ainsi, les oranges coûtent 10 $
(10 × 1 $), et les billets de cinéma, 40 $ (5 × 8 $). La dépense totale pour le panier de l’IPC
aux prix de la période de base est donc de 50 $ (10 $ + 40 $).
110 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
La partie (b) du tableau 5.1 présente les données pour la période courante. Supposons
qu’en 2015 le prix d’une orange est passé de 1 $ à 2 $, et le prix d’un billet de cinéma,
de 8 $ à 10 $. Pour calculer le coût du panier de la période courante, on multiplie les
quantités de 2002 par les prix de 2015. Ainsi, le coût des oranges est de 20 $ (10 × 2 $),
et le coût des billets de cinéma, de 50 $ (5 × 10 $). Le coût du panier de l’IPC aux prix de
la période courante est donc de 70 $ (20 $ + 50 $).
À la troisième étape, nous utilisons ces chiffres pour trouver l’IPC de 2002 et de 2015
à l’aide de la formule suivante :
Ainsi, le tableau 5.1(a) révèle que les dépenses en oranges (10 $) représentent 20 %
[(10 $ ÷ 50 $) × 100] du coût du panier ; le facteur de pondération est donc de 0,2. Quant
aux dépenses en billets de cinéma, elles représentent 80 % [(40 $ ÷ 50 $) × 100] du coût
du panier ; le facteur de pondération est donc de 0,8. Si on calcule le pourcentage d’aug-
mentation du coût du panier en pondérant chaque hausse de prix selon l’importance
relative du bien concerné dans le panier initial, on obtient 40 % [(100 % × 0,2) + (25 %
× 0,8)], soit la moyenne pondérée de l’augmentation du prix des oranges et des billets
de cinéma.
D’après Statistique Canada, l’IPC était de 126,6 en 2015, ce qui indique que le niveau
moyen du prix du panier de biens et services consommés par un ménage type avait
augmenté de 26,6 % par rapport à 2002.
LA MESURE DE L’INFLATION
L’IPC permet, entre autres choses, de mesurer les variations du coût de la vie. Si l’IPC Inflation
augmente, il y a inflation (augmentation généralisée des prix) ou hausse du coût de la Situation où le coût de la vie
monte.
vie. Si l’IPC diminue, il y a déflation (baisse généralisée des prix) ou baisse du coût de
Déflation
la vie. Situation où le coût de la vie
Pour mesurer les variations de l’IPC, on calcule le taux d’inflation, c’est-à-dire le baisse.
pourcentage de variation du niveau des prix mesuré par l’IPC d’une année à une autre, Taux d’inflation
Pourcentage de variation du
selon la formule suivante :
niveau des prix (mesuré par
l’IPC) d’une année à une autre.
(IPC de l’année courante – IPC de l’année précédente)
Taux d’inflation = × 100
IPC de l’année précédente
Le taux d’inflation, qui mesure le changement relatif (en %) de l’IPC,
est une moyenne pondérée des variations de prix survenues dans l’éco- Saviez-vous que…
nomie au cours d’une période donnée. En 2014, l’IPC s’établissait à Au Québec, l’IPC est passé de 121,7 en
125,2. La comparaison des IPC de 2014 et de 2015 révèle donc que la 2013 à 123,4 en 2014, puis à 124,7 en
moyenne des prix du panier de biens et services consommés par un 20151. Quels étaient les taux d’inflation
ménage type avait augmenté de 1,1 % : en 2014 et en 2015 ? Le Québec était-il
Taux d’inflation en 2015 = [(126,6 – 125,2) ÷ 125,2] × 100 = 1,1 % en déflation durant cette période ?
RÉPONSE
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
16
14
12
10
8
6
4
2
0
2
4
6
8
10 Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021,
12 Indice des prix à la consommation (IPC) panier 2009, annuel,
modifié le 22-01-2016. Statistique Canada, Statistiques
historiques du Canada, séries K33-43, no 11-516-XIF au
1867 1887 1907 1927 1947 1967 1987 2007 catalogue, édition 1965.
Année
2. Comme le calcul de l’IPC a débuté en 1914, les variations du niveau général des prix de
1867 à 1914 ont été estimées à l’aide de l’indice des prix de gros (excluant l’or), dont les
données remontent à 1867. Nous remercions M. Charles Morissette de Statistique Canada de
son aide précieuse.
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 113
5.1
1 Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation,
et expliquer comment ils se calculent
EXERCEZ-VOUS Tableau 1
1. L’Enquête sur les dépenses des ménages à Ville-Maigre révèle Année IPC
que les gens n’y consomment que du jus et du tissu. En 2013 225
2014, année de l’enquête qui sert aussi de période de base, 2014 274
le ménage type a dépensé 60 $ en jus et 40 $ en tissu. Le
2015 310
prix du jus était de 4 $ la bouteille, et celui du tissu, de 10 $
le mètre. En 2015, l’année courante, le prix du jus est de 5 $
la bouteille, et celui du tissu, de 11 $ le mètre. QUESTION SUPPLÉMENTAIRE
a) Quelle était la composition du panier de l’IPC en 2014 ?
3. L’Enquête sur les dépenses des ménages à Pétard-Ville
b) Calculez le facteur de pondération de chacun des révèle que les gens n’y consomment que des pétards et
biens du panier en 2014. des pansements. En 2014, année de l’enquête et période
c) Calculez l’IPC en 2014 et en 2015. de base, le ménage type a dépensé 100 $ en pétards et
d) Trouvez le taux d’inflation en 2015 en calculant le 10 $ en pansements. En 2014, le prix des pétards était
pourcentage de changement relatif du coût du panier de 2 $ l’unité, et celui des pansements, de 1 $ le paquet.
de 2014 à 2015. Dans l’année courante, 2015, le prix des pétards est de 3 $
e) Montrez que le taux d’inflation calculé en d) est égal l’unité, et celui des pansements, de 1,25 $ le paquet.
à la moyenne pondérée des variations de prix de a) Calculez le panier de l’IPC de la période de base, ainsi
chacun des produits du panier. que la pondération de chacun des biens du panier.
2. Le tableau 1 donne les IPC de la Haute-Slobovie de 2013 b) Calculez l’IPC et le taux d’inflation en 2015, et montrez
à 2015. Calculez les taux d’inflation pour 2014 et 2015. que ce dernier est égal à la moyenne pondérée des
Le niveau des prix a-t-il monté ou baissé entre 2014 et variations de prix de chacun des produits du panier
2015 ? Le taux d’inflation a-t-il monté ou baissé entre de l’IPC.
2014 et 2015 ?
RÉPONSES
1. a) Le panier de l’IPC contient les quantités achetées en 2014, année de d) Pour calculer le taux d’inflation en 2015, il faut diviser la différence de
l’enquête. Le ménage type a dépensé 60 $ en jus à 4 $ la bouteille ; il l’IPC de 2015 et de l’IPC de 2014 par l’IPC de 2014, puis multiplier par
en a donc acheté 15 bouteilles. Il a aussi dépensé 40 $ en tissu à 10 $ 100, ce qui donne un taux d’inflation de 19 %, ou [(119 – 100)] × 100.
le mètre ; il en a donc acheté 4 mètres. Le panier de l’IPC contient donc e) De 2014 à 2015, le prix du jus a augmenté de 25 %, [(5 $ – 4 $) ÷ 4 $]
15 bouteilles de jus et 4 mètres de tissu. × 100, et le prix du tissu a augmenté de 10 %, [(11 $ – 10 $) ÷ 10 $] × 100.
b) En 2014, le ménage type a dépensé 60 $ en jus et 40 $ en tissu ; En b), nous avons calculé un facteur de pondération de 0,6 pour le jus
ses dépenses totales s’élevaient donc à 100 $. Ses dépenses en jus et de 0,4 pour le tissu. Donc, la moyenne pondérée de l’augmentation
représentaient 60 % de ses dépenses totales [(60 $ ÷ 100 $) × 100], des prix est de 19 % [(25 % × 0,6) + (10 % × 0,4) = (15 % + 4 %)].
soit un facteur de pondération de 0,6, tandis que ses dépenses en 2. Le taux d’inflation en 2014 est de 21,8 %, [(274 – 225) ÷ 225] × 100. En
tissu représentaient 40 % du panier [(40 $ ÷ 100 $) × 100], soit un 2015, il est de 13,1 %, [(310 – 274) ÷ 274] × 100. Entre 2014 et 2015, le
facteur de pondération de 0,4. niveau des prix a monté, mais le taux d’inflation a baissé.
c) L’IPC de 2014 est égal à 100, puisque 2014 est l’année de base. Pour
calculer l’IPC de 2015, il faut trouver le coût du panier de l’IPC en 2014
et en 2015. En 2014, il se chiffrait à 100 $ (60 $ en jus + 40 $ en tissu),
et en 2015, à 119 $ [75 $ en jus (15 bouteilles à 5 $ la bouteille) + 44 $
en tissu (4 mètres à 11 $ le mètre)]. L’IPC de 2015 est donc égal à 119
[(119 $ ÷ 100 $) × 100].
114 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
3. Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0009, Prix de détail moyens, essence et mazout,
selon le centre urbain, mensuel (cents par litre), modifié le 22-07-2016.
4. Statistique Canada, CANSIM, tableau 326-0021, Indice des prix à la consommation, annuel
(2002-100 sauf indication contraire), modifié le 22-01-2016.¢
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 115
En 2015, le salaire nominal moyen se chiffrait à 855,66 $ par semaine et l’IPC était
de 126,6 (2002 = 100), de sorte qu’en dollars de 2002 le salaire réel moyen était de
675,88 $ par semaine.
855,66 $ × 100
Salaire réel en 2015 = = 675,88 $
126,6
Le salaire réel exprimé en dollars constants mesure la quantité de biens et services
qu’on peut réellement se procurer ou le pouvoir d’achat. Toute variation du salaire réel
permet de mesurer la variation de la quantité de biens et services qu’on peut se procurer
ou du pouvoir d’achat. Par contre, une variation du salaire nomi-
nal mesure la variation de la quantité de biens et services qu’on Saviez-vous que…
peut se procurer et la variation des prix. Le salaire réel élimine les
Au 1er mai 2015, le salaire minimum au Québec
effets de l’inflation, qui influence la valeur du salaire nominal.
est passé à 10,55 $ l’heure, soit une hausse de
Ainsi, une hausse du salaire nominal ne signifie pas nécessai- 0,20 $ l’heure6. Étant donné que l’IPC est passé
rement qu’on est plus riche. Si l’inflation augmente plus vite que de 123,4 à 124,7 de 2014 à 20157, quel était le
le salaire nominal, le salaire réel diminue. Comme la hausse du salaire minimum réel en 2014 et en 2015 ? Le
salaire nominal ne suit pas l’augmentation généralisée des prix, salaire minimum réel a-t-il augmenté ou diminué
on s’appauvrit puisqu’on subit une baisse du pouvoir d’achat. durant cette période au Québec ?
Le salaire réel est une variable économique révélatrice, car il
RÉPONSE
mesure la rétribution réelle du travail, principal déterminant du Le salaire minimum réel en 2014 était de 8,39 $ [(10,35 $ ÷
123,4) × 100]. En 2015, le salaire minimum réel était de 8,46 $
niveau de vie, ainsi que le coût réel du travail, qui influe sur la [(10,55 $ ÷ 124,7) × 100]. Au Québec, le salaire minimum réel a
quantité de main-d’œuvre que les entreprises sont prêtes à augmenté de 0,07 $, soit d’à peine 0,8 %, de 2014 à 2015.
embaucher.
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
Dans les trois décennies qui ont suivi, l’inflation a Le salaire réel des premiers ministres du Canada a-t-il
recommencé à éroder le salaire du premier ministre jusqu’à toujours été supérieur à leur salaire nominal depuis 1906 ?
ce qu’il ne représente plus que la moitié de ce qu’il était à son Pourquoi le salaire réel et le salaire nominal de Jean Chrétien
sommet de 1933. En 1963, une augmentation de salaire de étaient-ils identiques ? Pourquoi le salaire réel de Stephen Harper
61 % l’a ramené à peu près à son niveau de 1912 mais, après était-il inférieur à son salaire nominal ? Le salaire réel de Justin
1963, l’inflation a recommencé à grignoter le pouvoir d’achat Trudeau sera-t-il inférieur ou supérieur à son salaire nominal ?
du premier ministre, et ce, malgré plusieurs augmentations
Les salaires des premiers ministres du Canada depuis 1903
du salaire nominal. À la fin des années 1990, le salaire réel du
Salaire du premier ministre (en milliers de dollars par année)
premier ministre était revenu à son niveau de 1962.
350
Toutefois, de 1997 à 2003, il a presque doublé, ce qui a
300 Justin
fait de Jean Chrétien, de Paul Martin et de Stephen Harper les Wilfrid Richard Lester
Paul
Martin Trudeau
Laurier Bennett Pearson
premiers ministres les mieux payés depuis Wilfrid Laurier en 250 Jean
Stephen
1905. De 2001 à 2004, le salaire nominal du premier ministre Chrétien
Harper
200
était le même que celui du juge en chef de la Cour suprême. Salaire
Depuis 2004, pour éviter l’érosion de son pouvoir d’achat, il est 150
réel
l’inflation a augmenté. Il a donc vu son salaire réel diminuer. Sources : Bibliothèque du Parlement, Indemnités, salaires et allocations, 1er avril 2015.
Statistique Canada, L’indice des prix à la consommation, CANSIM, tableau 326-0021
Justin Trudeau, élu en octobre 2015, recevait le même salaire et produit no 62-001-X au catalogue, modifié le 22-01-2016.
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 117
5.2
2 Corriger des valeurs monétaires pour tenir compte de l’inflation : le salaire réel et le taux d’intérêt réel
RÉPONSES
1. a) Pour calculer le prix réel de l’essence en dollars de 2002, il faut diviser b) Le salaire réel des travailleurs n’a augmenté que de 0,99 $ l’heure, soit
son prix nominal par l’IPC de chacune de ces années, puis multiplier par de 6 %.
100, ce qui donne 0,93 $ pour 2000, 0,86 $ pour 2007 et 0,85 $ pour 2014. 3. Durant l’année où Miriam a travaillé, le taux d’inflation était de 7,3 %,
b) C’est en 2000 que le prix réel de l’essence était le plus élevé ; celle-ci soit [(132 – 123) ÷ 123] × 100. Ses économies étaient placées à un taux
coûtait alors 0,93 $ (en dollars de 2002) par litre. d’intérêt réel égal au taux d’intérêt nominal (7 %) moins le taux d’inflation
c) Entre 2000 et 2014, le prix réel de l’essence est passé de 0,93 $ à 0,85 $ (7,3 %), soit à –0,3 % (7 % – 7,3 %). Miriam a donc placé ses économies à un
par litre, une baisse de 0,08 $, soit de 8,6 %. taux d’intérêt réel négatif. (Notons que, si elle avait gardé ses économies
2. a) En 2010, le salaire réel en dollars de 2002 était de 16,61 $ l’heure sous son matelas, son taux d’intérêt nominal aurait été de 0 %, et son taux
[(20 $ ÷ 120,4) × 100]. En 2015, il était de 17,60 $ l’heure [(22 $ ÷ 125) d’intérêt réel, de –7,3 %, ce qui aurait été encore pire.)
× 100].
118 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
Population totale
(35,9 millions)
La population en âge de travailler se divise
en deux groupes : la population active et la
Population en âge de travailler population inactive. La population active
(29,280 millions) se divise à son tour en deux groupes :
les personnes occupées et les chômeurs.
Population de
Population active moins de 15 ans Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableaux
282-0002 et 282-0022, Caractéristiques de la
(19,278 millions) (6,620 millions) population active, emploi et chômage, modifié le
08-01-2016. Statistique Canada, CANSIM, tableau
Population inactive 051-0001, Estimations de la population, selon
Personnes occupées Chômeurs (10,002 millions) le groupe d’âge et le sexe au 1er juillet, Canada,
provinces et territoires, annuel (personnes sauf
(17,947 millions) (1,331 million)
indication contraire), modifié le 28-09-2015.
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Population (en millions)
LA NOMENCLATURE DE L’ENQUÊTE
Selon la nomenclature de l’Enquête sur la population active, fait partie des personnes
occupées toute personne qui, dans la semaine précédant l’enquête :
• A fait un travail rémunéré quelconque pour un employeur ou à son propre compte
(cela comprend aussi le travail familial non rémunéré, c’est-à-dire le travail non
rémunéré pour une entreprise dirigée ou gérée par un membre du ménage) ;
8. Ce groupe exclut les militaires, les personnes institutionnalisées, les habitants du Yukon, des
Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut, ainsi que les résidents des réserves amérindiennes.
Ces personnes soit ne peuvent faire partie du marché du travail, soit travaillent dans des con-
ditions qui ne sont pas représentatives de celles du marché du travail canadien. On désigne
souvent la population en âge de travailler par l’expression population civile hors institutions
de 15 ans et plus (ou P15+).
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 119
• Avait un emploi, mais n’était pas au travail à cause d’une maladie ou d’une in-
capacité, pour obligations personnelles ou familiales, pour des vacances ou à la
suite d’un conflit de travail.
Selon cette même nomenclature, fait partie des chômeurs toute personne qui, dans
la semaine précédant l’enquête, était sans emploi et disponible pour travailler, et satis-
faisait à l’une des trois conditions suivantes :
• Avoir été mise à pied temporairement, mais s’attendre à être rappelée au travail
et être disponible pour travailler ;
• Être sans emploi, avoir activement cherché un emploi au cours des quatre der-
nières semaines et être disponible pour travailler ;
• Avoir été engagée pour un nouvel emploi, être appelée à s’y présenter dans les
quatre semaines à compter de la semaine de référence et être disponible pour
travailler.
Toute personne en âge de travailler qui, selon les critères précédents, n’est ni occupée
ni chômeur est exclue de la population active.
Le taux d’activité
Le nombre de personnes qui composent la population active sert d’indicateur de la
volonté des personnes en âge de travailler à trouver un emploi. Le taux d’activité est le Taux d’activité
Pourcentage de la population
pourcentage de la population active au sein de la population en âge de travailler :
active au sein de la population
en âge de travailler.
Population active
Taux d’activité = × 100
Population en âge de travailler
En 2015, la population active comptait 19,278 millions de personnes, et la population
en âge de travailler, 29,280 millions. On calcule donc le taux d’activité en 2015
comme suit :
19,278 millions
Taux d’activité = × 100 = 65,8 %
29,280 millions
Le taux d’emploi
Le taux d’emploi, aussi appelé rapport emploi-population, mesure le pourcentage de Taux d’emploi
personnes occupées au sein de la population en âge de travailler. On le calcule selon la Pourcentage de personnes
occupées au sein de la
formule suivante : population en âge de travailler.
Personnes occupées
Taux d’emploi = × 100
Population en âge de travailler
En 2015, la population en âge de travailler comptait 29,280 millions de personnes,
dont 17,947 millions étaient occupées. Le taux d’emploi était donc de 61,3 % :
17,947 millions
Taux d’emploi = × 100 = 61,3 %
29,280 millions
120 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
Le taux de chômage
Chômage L’ampleur du chômage révèle la disponibilité des emplois sur le marché du travail
Situation d’une personne,
– la difficulté qu’éprouvent les personnes qui cherchent un emploi à en trouver un. Le
d’une entreprise ou d’un
secteur de l’activité économique taux de chômage est le pourcentage de chômeurs au sein de la population active.
caractérisée par le manque Autrement dit :
de travail.
Taux de chômage Nombre de chômeurs
Pourcentage de chômeurs au Taux de chômage = × 100
sein de la population active. Population active
En 2015, le nombre de chômeurs s’élevait à 1,331 million, et la population active
comptait 19,278 millions de personnes. On calcule donc le taux de chômage en 2015
comme suit :
1,331 million
Taux de chômage = × 100 = 6,9 %
19,278 millions
RÉPONSE
On appelle chômage frictionnel le chômage qui résulte de En 2015, le taux de chômage s’établissait à 7,6 %, soit
la mobilité normale de la main-d’œuvre. Deux raisons [337 200 ÷ (4 097 000 + 337 200) × 100]. Le taux d’activité était
de 64,8 %, soit [(4 097 000 + 337 200) ÷ 6 843 300 × 100]. Enfin,
expliquent cette mobilité. Premièrement, des personnes le taux d’emploi représentait 59,9 % de la population en âge
intègrent ou quittent tous les jours le marché du travail de travailler au Québec et était calculé ainsi : [(4 097 000 ÷
6 843 300) × 100].
(finissants en quête d’un premier emploi, retours aux études,
congés de maternité ou de paternité, etc.). Deuxièmement,
le roulement des entreprises entraîne inévitablement la
création et l’élimination continuelle d’emplois. Ce type de chômage est un phénomène Chômage frictionnel
Chômage qui résulte de la
permanent et sain dans une économie dynamique et en croissance. mobilité normale de la main-
Il suffit de lire le journal ou d’aller sur un des nombreux sites web spécialisés pour d’œuvre, c’est-à-dire du fait que
des gens intègrent ou quittent
constater qu’il y a toujours des postes vacants et des personnes en quête de travail. En continuellement le marché
général, les employeurs n’embauchent pas le premier venu, et les chômeurs ne sautent du travail.
pas sur le premier emploi vacant ; les uns comme les autres essaient plutôt de trouver
ce qu’ils pensent leur convenir le mieux. La recherche d’emploi permet aux personnes
au chômage de trouver un travail qui correspond à leurs compétences, à leurs champs
d’intérêt et à leurs exigences salariales ; entre-temps, ils sont en chômage frictionnel.
Le chômage structurel
Le chômage structurel apparaît quand le progrès technologique ou la concurrence inter- Chômage structurel
nationale change les compétences requises pour occuper un emploi ou modifie la localisa- Chômage qui apparaît quand
le progrès technologique ou
tion des emplois. Comme ce type de chômage oblige les travailleurs à se recycler et peut-être la concurrence internationale
à déménager pour trouver un nouvel emploi, ces épisodes sont habituellement plus longs change les compétences
requises pour occuper un
que ceux du chômage frictionnel. Par exemple, si on automatise un central téléphonique à emploi ou modifie la localisation
Halifax, certains emplois disparaissent dans cette ville. Entre-temps, de nouveaux emplois des emplois.
dans la vente d’assurance et la vente au détail se créent au Québec, en Alberta et en
Colombie-Britannique. Après quelques mois de chômage, les ex-téléphonistes se résignent
à déménager, à se recycler et à accepter un de ces nouveaux emplois. Le chômage structurel
est une douloureuse épreuve, en particulier pour les travailleurs plus âgés, souvent forcés
de prendre une retraite précoce avec un revenu inférieur à celui qu’ils escomptaient.
Le chômage saisonnier
Comme son nom l’indique, le chômage saisonnier résulte de la baisse du nombre d’em-
Chômage saisonnier
plois en raison de contraintes saisonnières. Au Canada, ce type de chômage augmente Chômage qui résulte de la
l’hiver et diminue au printemps et à l’été. Le travailleur agricole qu’on licencie après la baisse du nombre d’emplois
en raison de contraintes
récolte automnale et qu’on réembauche l’été suivant est en chômage saisonnier. Au
saisonnières.
Canada, environ 200 000 travailleurs sont en chômage saisonnier tous les hivers.
Le chômage cyclique
Le terme chômage cyclique (ou conjoncturel) désigne le chômage dont les fluctuations Chômage cyclique
coïncident avec celles du cycle économique ; il augmente en période de récession et (ou conjoncturel)
Chômage dont les fluctuations
diminue en période d’expansion. Le travailleur de l’automobile qu’on licencie quand coïncident avec celles du cycle
l’économie entre en récession et qu’on réembauche quand une reprise s’amorce quelques économique ; augmente en
période de récession et diminue
mois plus tard est en chômage cyclique. en période d’expansion.
10. Statistique Canada, CANSIM, tableau 282-0002, Enquête sur la population active (EPA), esti-
mations selon le sexe et le groupe d’âge détaillé, annuel (personnes sauf indication contraire),
modifié le 08-01-2016.
122 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
LE PLEIN-EMPLOI
Plein-emploi Le chômage peut être élevé même en situation de plein-emploi. Une économie est en
Situation où l’économie produit situation de plein-emploi quand elle produit à sa pleine capacité, en utilisant efficace-
à pleine capacité en utilisant
efficacement toutes ses ment toutes ses ressources productives (main-d’œuvre, technologie, terre, capital et
ressources et où il n’y a aucun autres facteurs de production). Cependant, même dans ces conditions, certains travail-
chômage cyclique.
leurs peuvent encore être sans emploi. Le plein-emploi ne résorbe que le chômage
Taux de chômage naturel
cyclique ; les chômages frictionnel, structurel et saisonnier perdurent. Le taux de chô-
Taux de chômage observé
en situation de plein-emploi mage naturel est le taux observé en période de plein-emploi. Comme Statistique Canada
(addition des chômages publie chaque mois un taux de chômage désaisonnalisé pour tenir compte des variations
frictionnel et structurel).
saisonnières, le taux de chômage naturel équivaut à l’addition du chômage structurel et
du chômage frictionnel. Si l’économie n’est pas au plein-emploi, l’écart entre le taux de
chômage observé et le taux de chômage naturel s’explique par le chômage cyclique.
Il n’existe aucune mesure fiable du taux de chômage naturel. La plupart des écono-
mistes considèrent que ce taux fluctue et qu’il peut être élevé durant les périodes de
changements démographiques ou structurels rapides. Au Canada, le taux de chômage
naturel se situait probablement autour de 9 % au début des années 1990. Présentement,
il serait d’environ 6 %.
5.3
3 Expliquer les principaux indicateurs du marché du travail et leur calcul,
et distinguer les divers types de chômage
RÉPONSES
1. a) La population active inclut l’ensemble des personnes occupées et c) Le nombre de personnes occupées était de 14,7 millions, et la
des chômeurs. Le nombre de chômeurs est donc égal au nombre population en âge de travailler, de 24,5 millions, ce qui donne un taux
de personnes qui composent la population active moins le nombre d’emploi de 60 % [(14,7 millions ÷ 24,5 millions) × 100].
de personnes occupées, soit 1,2 million de personnes (15,9 millions d) Puisque le taux de chômage observé est égal au taux de chômage
– 14,7 millions). Le taux de chômage est le pourcentage de chômeurs naturel, le taux de chômage cyclique est nul. Le chômage cyclique a
au sein de la population active, soit 7,5 % [(1,2 million ÷ 15,9 millions) été résorbé complètement.
× 100].
b) Le taux d’activité de la main-d’œuvre est le pourcentage de la
population active au sein de population en âge de travailler, soit 64,9 %
[(15,9 millions ÷ 24,5 millions) × 100].
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 125
Le chapitre 5 en bref
1 Définir l’indice des prix à la consommation (IPC) et le taux d’inflation, et expliquer comment ils se calculent
Salaire réel Conversion d’une valeur d’une année B en $ Taux d’intérêt réel
Salaire nominal d’une année A Taux d’intérêt nominal
× 100
IPC IPC d’une année A – Taux d’inflation
Valeur d’une année B ×
IPC d’une année B
Questions
de révision
Au terme de la section 5.1, L’indice des prix à la consomma- 3. La Boldavie est un petit pays qui ne produit que trois biens :
tion, répondez aux questions 1 à 3. du vin, du fromage et du tissu. L’an dernier, le vin se vendait
5 $ le litre, le fromage, 20 $ le kilo, et le tissu, 10 $ le mètre
1. Deux pays, le Pays Chaud et le Pays Froid, mènent des carré. La famille boldavienne typique dépensait alors
enquêtes sur les dépenses de consommation. Au Pays 3 000 $ en vin, 6 000 $ en fromage et 1 000 $ en tissu. Cette
Chaud, les consommateurs achètent 70 bouteilles d’eau, année, le vin se vend 5,50 $ le litre, le fromage, 22 $ le kilo,
20 kilos de pain et 10 litres d’huile d’olive par année. Au et le tissu, 12 $ le mètre carré.
Pays Froid, les consommateurs n’achètent aucune bouteille a) Décrivez la composition du panier de l’IPC de la
d’eau (ils sucent des glaçons qui ne leur coûtent rien), mais Boldavie pour l’année dernière (année de base).
ils achètent 80 litres d’huile d’olive et 20 kilos de pain par b) Calculez le coût du panier de l’année dernière et de
année. Les prix dans les deux pays sont les mêmes, et cette année.
mesurés avec la même monnaie, le dollar. Dans l’année de
c) Calculez l’IPC de la Boldavie pour l’année dernière et
base, l’eau embouteillée coûtait 1 $ la bouteille, le pain, 5 $
pour cette année.
le kilo, et l’huile d’olive, 10 $ le litre. Dans l’année courante,
l’eau embouteillée coûte 2 $ la bouteille, le pain, 6 $ le kilo, d) Quel est le taux d’inflation en Boldavie cette année ?
et l’huile d’olive, 11 $ le litre. e) Selon l’éditorialiste du Bolda-Matin, la principale cause
de l’inflation au pays est l’augmentation de 20 % du
a) Quel est l’IPC au Pays Chaud dans l’année courante ? prix du tissu. Êtes-vous d’accord avec cette affirmation ?
b) Quel est l’IPC au Pays Froid dans l’année courante ? Pourquoi ? (Suggestion : calculez la moyenne pondérée
c) Dans lequel de ces deux pays l’IPC a-t-il augmenté le des variations de prix.)
plus rapidement ?
d) Pourquoi l’IPC a-t-il augmenté plus rapidement dans Au terme de la section 5.2, Valeurs nominales et valeurs
l’un des deux pays ? réelles, répondez aux questions 4 et 5.
2. Le tableau 1 présente les habitudes de consommation des 4. Le tableau 2 montre le salaire nominal moyen et le salaire
cégépiens du Pays du Futur, avec le prix des biens de leur réel d’un groupe de travailleurs, de même que l’IPC pour les
panier en janvier 2017 (période de base) et en janvier 2018 années consécutives 1, 2 et 3.
(période courante).
a) Calculez les valeurs qui manquent dans ce tableau.
a) Calculez le coût du panier de biens des cégépiens du b) Si le taux d’inflation est de 5 % la quatrième année
Pays du Futur en janvier 2017, puis en janvier 2018. et si le salaire nominal monte à 882 $, quelle sera la
b) Calculez l’IPC pour janvier 2017 et janvier 2018. variation du salaire réel des travailleurs ?
c) Calculez le taux d’inflation de janvier 2017 à janvier
2018. Tableau 2
d) Calculez le pourcentage de variation de prix de chacun Salaire Salaire
Année IPC
des quatre biens qui composent le panier de janvier nominal réel
2017 à janvier 2018.
1 760 $ 95
e) Calculez le facteur de pondération de chacun de ces
quatre biens en janvier 2017. 2 798 $ 798 $
f) Calculez la moyenne pondérée du pourcentage 3 105 800 $
d’augmentation des prix de ces quatre biens de janvier
2017 à janvier 2018.
g) Montrez que le taux d’inflation mesuré par l’IPC est la 5. Cette année, le taux d’intérêt nominal est de 9 % en
moyenne pondérée du pourcentage d’augmentation de Haute-Slobovie et de 5 % en Basse-Slobovie. Le taux
prix des quatre biens qui composent le panier. d’inflation est de 10 % en Haute-Slobovie et de 3 % en
Basse-Slobovie.
Tableau 1 a) Quel est le taux d’intérêt réel en Haute-Slobovie ?
Prix moyen b) Quel est le taux d’intérêt réel en Basse-Slobovie ?
Quantité (en dollars)
Bien
moyenne Janvier Janvier
2017 2018
Repas à la cafétéria 20 4 5
Jean 1 40 60
Chemise 2 30 36
Spectacle 1 20 22
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 127
Au terme de la section 5.3, Les indicateurs du marché du 8. Supposons qu’un des ménages sondés lors de l’Enquête
travail, répondez aux questions 6 à 10. sur la population active de Statistique Canada se compose
d’une retraitée, d’une femme au foyer, d’un professeur de
6. Le tableau 3 présente des données partielles sur l’état du 50 ans, d’un jeune âgé de 13 ans et d’une diplômée âgée
marché du travail de la Neustrie en mai, en juin et en juillet de 20 ans à la recherche de son premier emploi. Dites
derniers. Calculez les données qui manquent. lesquelles de ces personnes font partie de la population
active et précisez pourquoi.
Tableau 3
Nombre de personnes 9. En juillet dernier, la population active du Pays Vert
(en milliers) comptait 629 000 personnes âgées de 15 à 24 ans, dont
Indicateur 302 800 femmes et 326 200 hommes. Chez les femmes,
Mai Juin Juillet le taux d’activité était de 65,0 %, et le taux d’emploi, de
Population en âge de travailler 20 700 20 000 57,5 % ; chez les hommes, le taux d’activité était de 70 %,
et le taux d’emploi, de 57 %. Quel était le taux de chômage
Population active 13 800 13 650 des femmes ? des hommes ? de l’ensemble des 15-24 ans ?
Emploi 12 006 12 400
10. En début d’année, Monopolis comptait 100 000 chômeurs,
Chômeurs 1 600 soit 10 % de sa population active. Durant l’année, la ville
Taux d’activité 65 % a connu 17 300 pertes nettes d’emplois. Pourtant, en fin
d’année, il n’y avait plus que 87 300 chômeurs à Mono-
Taux de chômage 10 % polis, soit 9 % de la population active. Sachant que la
Taux d’emploi population en âge de travailler n’a pas changé, comment
expliquez-vous cet apparent paradoxe ?
7. Dites de quel type de chômage il s’agit dans chacune des
situations suivantes.
a) À cause de la récession, une grosse entreprise met
300 travailleurs à pied.
b) Comme tous les hivers, Louis, un jeune pêcheur
gaspésien, se retrouve au chômage.
c) Maria, une Montréalaise qui travaille depuis 25 ans
dans l’industrie du vêtement, perd son emploi parce
que l’entreprise où elle travaillait ne peut plus soutenir
la concurrence des produits importés.
d) Profitant des conditions favorables du marché du
travail, Anne change d’emploi. Elle a quitté celui qu’elle
occupait la semaine dernière et ne commencera le
nouveau que dans deux semaines. Elle sera donc sans
emploi durant la semaine de référence de l’Enquête sur
la population active.
e) Charlot quitte son emploi à Chicoutimi pour aller vivre
avec sa femme à Toronto.
f) Fraîchement diplômée, Virginie a du mal à décrocher
son premier emploi.
g) L’implantation d’une chaîne de montage robotisée
a entraîné l’abolition du poste d’Albert, qui est
maintenant au chômage.
h) Tous les ans, en janvier et en février, Pierre se
retrouve au chômage à cause du ralentissement de la
construction.
128 PARTIE 2 LES INDICATEURS MACROÉCONOMIQUES
Appliquez
vos savoir-faire
Les effets de la baisse du prix de
l’essence sur l’IPC11
En 2015, la hausse de l’IPC s’est établie à 1,1 % comparative-
ment à 2,0 % en 2014, à cause de la baisse du prix de l’essence.
Les consommateurs ont payé 16,5 % de moins pour l’essence
en 2015 qu’en 2014 ; c’est la baisse la plus marquée depuis
2009. Si on exclut l’essence, la hausse de l’IPC a été de 2,0 %
en 2015.
Les prix ont augmenté dans sept des huit catégories en 2015.
Seule la catégorie « Transports » a connu un recul de l’ordre de
3,0 %. Les prix des aliments ont progressé de 3,7 %, en raison
de la hausse de 15,1 % du prix du bœuf et de la hausse de
8,1 % du prix des légumes frais.
11. Statistique Canada, «Indice des prix à la consommation : revue annuelle, 2015», Le Quo-
tidien, 22 janvier 2016, http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/160122/dq160122c-fra.htm
(page consultée le 3 mai 2016).
CHAPITRE 5 LE COÛT DE LA VIE ET LE CHÔMAGE 129
MOTS CLÉS
Chômage, 120 Salaire nominal, 114
Chômage cyclique (ou conjoncturel), 121 Salaire réel, 114
Chômage frictionnel, 121 Taux d’activité, 119
Chômage saisonnier, 121 Taux d’emploi, 119
Chômage structurel, 121 Taux d’inflation, 111
Coût de la vie, 108 Taux d’intérêt nominal, 115
Déflation, 111 Taux d’intérêt réel, 115
Indice des prix à la consommation (IPC), 108 Taux de chômage, 120
Inflation, 111 Taux de chômage naturel, 122
Période de base de l’IPC, 108 Travailleur à temps partiel, 120
Plein-emploi, 122 Travailleur à temps partiel involontaire, 120
Population active, 118 Travailleur à temps plein, 120
Population en âge de travailler, 118 Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé), 120
130 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
PARTIE 3
CHAPITRE 6
COMPRENDRE LA LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES
MACROÉCONOMIE
PEUT-ON
PRÉVOIR
L’AVENIR ?
VIVRONS-NOUS LES EFFETS D’UNE BAISSE OU
D’UNE HAUSSE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ?
Comment le savoir ?
L’économie peut se comparer à un océan qu’on regarde
sur la plage à marée montante. Même si on sait que, de
manière générale, la mer est en train de monter, ce qu’on
remarque surtout, c’est qu’elle monte et descend au gré
des vagues qui vont et viennent. À long terme, notre
niveau de vie s’élève, et le coût de la vie augmente
constamment. Pourtant, à court terme, le PIB réel, l’em-
ploi et le niveau des prix augmentent et diminuent au gré
des fluctuations économiques. Comme le flux et le reflux
des vagues, ces fluctuations si répétitives à première vue
sont en réalité difficiles à prévoir, car ce ne sont jamais
exactement les mêmes, ni en force ni en durée.
Pourquoi notre économie ne progresse-t-elle pas de
façon constante ? Qu’est-ce qui explique les fluctua-
tions cycliques de la production, de l’emploi et du
niveau des prix ? Pour répondre à ces questions, nous
étudierons un modèle macroéconomique qui permet
de prévoir les variations du PIB réel et du niveau des
prix, soit le modèle de la demande et de l’offre agré-
gées, et d’ainsi mieux comprendre les hauts et les bas
de l’activité économique.
COUP D’ŒIL
SOMMAIRE
SAVOIR-FAIRE
1 Décrire les phases du cycle économique
2 Expliquer les facteurs susceptibles
d’influer sur la demande agrégée
3 Expliquer les facteurs susceptibles
d’influer sur l’offre agrégée
4 Expliquer comment l’offre et la demande
agrégées déterminent le PIB réel et le
niveau des prix et décrire les différents
types d’équilibre macroéconomique
COUP D’ŒIL
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
6.4 L’évolution de l’équilibre
L’équilibre PEUT-ON macroéconomique du Le chapitre 6
macroéconomique PRÉVOIR L’AVENIR ? Québec depuis 1981 en bref
LE CYCLE ÉCONOMIQUE
Cycle économique On appelle cycle économique la fluctuation périodique mais irrégulière de l’activité
Fluctuation périodique économique. Le cycle économique comporte deux phases, une d’expansion et une de
mais irrégulière de l’activité
économique caractérisée par récession, et deux points de retournement, un sommet (le plus fort niveau d’activité
deux phases – une expansion économique atteint durant le cycle) et un creux (le plus faible niveau d’activité écono-
(qui inclut une phase de reprise)
et une récession – et par deux mique atteint durant le cycle). Le niveau d’activité économique se mesure principalement
points de retournement – par le niveau du PIB réel par habitant et par le niveau de l’emploi.
un sommet et un creux.
La phase d’expansion du cycle débute à un creux et prend fin à un sommet ; elle se
Expansion
Phase du cycle économique
caractérise par une accélération soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit
caractérisée par une par une augmentation du PIB réel et de l’emploi. Toute phase d’expansion commence
accélération soutenue de par une période de reprise, qui part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité écono-
l’activité économique, laquelle
se traduit par l’augmentation mique soit revenue au niveau du sommet précédent.
du PIB réel par habitant et de
l’emploi ; débute à un creux et
La phase de récession se caractérise par
prend fin à un sommet ; inclut un ralentissement soutenu de l’activité éco-
une période de reprise. nomique, lequel se traduit par la diminution
Reprise du PIB réel et de l’emploi ; elle débute à un
Dans la phase d’expansion du
cycle économique, période qui
sommet et prend fin à un creux.
part du creux et dure jusqu’à ce Notons qu’il n’existe aucune définition
que l’activité économique soit
revenue au niveau du sommet précise de ce qu’est une récession. La règle
précédent. souvent citée dans les médias et les manuels
Récession voulant qu’une économie soit technique-
Phase du cycle économique ment en récession lorsque le PIB réel baisse
caractérisée par un
ralentissement soutenu de durant deux trimestres consécutifs n’est
l’activité économique, lequel se pas fondée. Il peut survenir une baisse de
traduit par la diminution du PIB
réel par habitant et de l’emploi ;
l’activité économique sur un ou deux tri-
débute à un sommet et prend mestres sans que nous soyons en récession.
fin à un creux. Il faut prendre en compte d’autres indica-
teurs, comme ceux du marché du travail.
Une baisse significative et généralisée du
PIB réel sur plusieurs mois accompagnée
d’une hausse du taux de chômage au même
moment est un indicateur annonçant
une récession.
Durant une phase d’expansion économique, la construction est en plein essor,
et les emplois abondent. Durant une récession, les files de chômeurs s’allongent.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 133
La figure 6.1 illustre les phases et les tournants d’un cycle économique complet. Elle
montre que la durée d’un cycle économique complet correspond au temps écoulé d’un
sommet au sommet suivant (ici, de l’an 2 à l’an 8), ou d’un creux au creux suivant (ici,
de l’an 4 à l’an 10). Le temps écoulé entre le creux et le sommet donne la durée de la
phase d’expansion ; le temps écoulé entre le sommet et le creux, la durée de la phase
de récession.
La durée des phases d’expansion et de récession varie d’un cycle à l’autre, de même
que leur ampleur – c’est-à-dire l’importance des variations de la production par habitant
et de l’emploi. Depuis 1926, année où l’ancêtre de Statistique Canada, le Bureau fédéral
de la statistique, a commencé à dresser un bilan mensuel de notre économie, le Canada
a traversé 14 récessions (voir le « Coup d’œil sur le passé », p. 134).
PIB réel
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
6.1
1 Décrire les phases du cycle économique
DA = Cp + Ibp + Gp + XNp
Plusieurs facteurs influent sur les intentions de dépenses. Pour étudier la demande
agrégée, on les divise en deux catégories : le niveau des prix et tous les autres facteurs.
Nous verrons d’abord l’effet du niveau des prix sur les intentions de dépenses, puis nous
étudierons l’effet des autres facteurs.
Inversement, une baisse du niveau général des prix accroît la quantité demandée de PIB
réel et entraîne un mouvement vers le bas le long de la courbe de demande agrégée.
La courbe de demande agrégée est une relation négative, ce qui s’explique par deux
phénomènes :
• L’effet de richesse ;
• Les effets de substitution.
L’effet de richesse
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le niveau des prix augmente, plus la richesse
réelle diminue. La richesse réelle correspond à la valeur des actifs monétaires des gens
(argent en banque, obligations, actions, REER, etc.), mesurée non pas en dollars, mais
en biens et services que ces actifs peuvent acheter – autrement dit, en pouvoir d’achat.
Une hausse du niveau des prix réduit la valeur réelle des actifs détenus et incite les gens
à la rétablir en réduisant leurs dépenses courantes et en épargnant davantage. Une
hausse des prix entraîne donc une diminution de la quantité demandée de PIB réel.
Prenons l’exemple des intentions d’achat d’Anna, une étudiante qui vit à Moscou.
Anna a travaillé dur tout l’été et a réussi à épargner 20 000 roubles (le rouble est l’unité
monétaire de la Russie), qu’elle a l’intention d’utiliser pour payer des études supérieures
en économie. L’épargne d’Anna se chiffre donc à 20 000 roubles. Pendant l’année sco-
laire, Anna occupe un emploi à mi-temps, dont le revenu couvre ses dépenses courantes.
Mais voilà que le niveau des prix en Russie augmente de 10 %. Anna a maintenant besoin
de 22 000 roubles pour acheter ce qui coûtait auparavant 20 000 roubles. Pour compen-
ser en partie la perte de valeur de son épargne, Anna achète donc moins de biens et
services, et essaie de reconstituer ses économies.
Inversement, toutes choses étant égales par ailleurs, une baisse du niveau des prix
entraîne une augmentation de la quantité demandée de PIB réel. Prenons l’exemple des
intentions d’achat de Mika, une étudiante qui vit à Tokyo. Comme Anna, elle a travaillé
fort tout l’été, et elle a épargné 200 000 ¥ (le yen est l’unité monétaire du Japon), qu’elle
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 137
a l’intention d’utiliser pour payer des études supérieures en médecine. Or, voilà que le
niveau des prix au Japon baisse de 10 %. Comme 180 000 ¥ suffisent maintenant pour
acheter ce qui coûtait auparavant 200 000 ¥, Mika décide, en plus de payer des études
supérieures en médecine, de s’acheter un nouvel iPad.
140
130 1
Augmentation
de la demande
agrégée
120
Quand la demande agrégée augmente 1 ,
la courbe de demande agrégée se déplace
vers la droite de DA0 à DA1.
110
Quand la demande agrégée diminue 2 ,
la courbe de demande agrégée se déplace
2 vers la gauche de DA0 à DA2.
100
Diminution
de la demande DA1
agrégée
DA0
90
DA2
escomptés dans les périodes à venir. L’anticipation d’une augmentation du profit aug-
mente les investissements que les entreprises ont l’intention de faire immédiatement et
accroît la demande agrégée.
Les entreprises financent leurs investissements en capital en utilisant leurs capitaux
propres (les bénéfices non distribués) ou en effectuant des emprunts sur les marchés
financiers. Une diminution de l’impôt sur les bénéfices des sociétés ou une diminution
des taux d’intérêt est de nature à encourager les entreprises à investir davantage, ce qui
stimule la demande agrégée.
2. Stéphan Dussault, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le Journal de Montréal,
jeudi 14 avril 2016, www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins-cheres-avec-
lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).
140 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
6.2
2 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur la demande agrégée
RÉPONSES
1. a) Comme le niveau des prix augmente plus vite au Canada que chez e) Les investissements publics augmentant, la demande agrégée
ses partenaires commerciaux, le coût relatif des exportations augmentera, et la courbe de demande agrégée se déplacera vers la
canadiennes augmente. Les autres pays achètent moins de produits droite (de DA0 à DA1 à la figure 2).
canadiens, et la quantité demandée de PIB réel canadien diminue, f) Une baisse des taux d’intérêt augmentera la demande agrégée, et la
mais la demande agrégée reste constante ; il y a un mouvement vers courbe de demande agrégée se déplacera vers la droite (de DA0 à DA1
le haut le long de la courbe de demande agrégée (figure 1). à la figure 2).
b) Une baisse de la richesse réelle des Canadiens réduit la quantité
demandée de PIB réel ; il y a un mouvement vers le haut le long de la Figure 1 Figure 2
courbe DA (figure 1). Niveau des prix Niveau des prix
c) La croissance économique aux États-Unis accroît la demande de
produits canadiens et donc la demande agrégée du Canada. La
courbe de demande agrégée se déplace vers la droite (de DA0 à DA1 à
la figure 2).
d) Si l’Union européenne entre en récession, la demande européenne DA1
de produits canadiens baissera. Le Canada verra ses exportations et DA DA0
sa demande agrégée diminuer. La courbe de demande agrégée se DA2
déplacera vers la gauche (de DA0 à DA2 à la figure 2). 0 PIB réel 0 PIB réel
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 141
La figure 6.4 montre la courbe d’offre agrégée – la courbe OA. Le long de la courbe OA,
tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises, autres que
le niveau des prix, restent constants.
Si tous les facteurs qui influent sur les intentions de production des entreprises,
autres que le niveau des prix, restent constants, la quantité offerte de PIB réel diminue
(mouvement vers le bas le long de la courbe OA) lorsque le niveau des prix baisse, et
augmente lorsque le niveau des prix monte (mouvement vers le haut le long de la
courbe OA).
140
1
Une baisse
du niveau des prix
130 réduit la quantité
offerte de PIB réel.
La courbe d’offre agrégée OA montre
OA la relation entre la quantité offerte
120
de PIB réel et le niveau des prix
quand tous les facteurs qui influent
sur les intentions de production des
110 2 entreprises, autres que le niveau des
Une hausse
du niveau des prix prix, restent constants. La quantité
accroît la quantité offerte de PIB réel 1 diminue
100 offerte de PIB réel. quand le niveau des prix baisse et
2 augmente quand le niveau des
prix monte.
90
140
130 OA2
OA0
120
Une augmentation de l’offre agrégée
OA1 1 déplace la courbe d’offre agrégée OA
vers la droite de OA0 à OA1. Une baisse
110
de l’offre agrégée 2 déplace la courbe
d’offre agrégée OA vers la gauche de
OA0 à OA2.
100
90
L’offre agrégée varie quand il y a variation d’un des facteurs qui influent sur les
intentions de production, autre que le niveau des prix. Parmi ces autres facteurs, on
trouve :
• Les coûts de production :
− le salaire nominal ;
− les prix des matières premières utilisées ;
− le prix de l’énergie ;
• La productivité de la main-d’œuvre et du capital ;
• Les réglementations gouvernementales, comme les taxes ou les subventions ;
• D’autres perturbations.
3. Guillaume A. CALLONICO, expert en géopolitique, « Causes et conséquences de la chute des prix du pé-
trole », Le Huffington Post, Québec, publié le 7 février 2016, mis à jour le 8 février 2016, http://quebec.
huffingtonpost.ca/monde68/chute-prix-petrole_b_9159566.html (page consultée le 15 avril 2016).
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 145
D’autres perturbations
Des catastrophes naturelles ou un climat politique instable sont des exemples d’événe-
ments qui peuvent provoquer une interruption temporaire des activités des entreprises
et réduire l’offre agrégée. À l’inverse, des conditions climatiques favorables ou un climat
politique stable peuvent favoriser une hausse des activités des entreprises et de l’offre
agrégée.
Refaites l’analyse que nous venons de faire pour montrer comment les changements
de ces variables peuvent entraîner une baisse de l’offre agrégée, puis comparez vos
réponses avec l’information de la colonne de droite du tableau 6.2, où les facteurs qui
influent sur l’offre agrégée sont résumés.
6.3
3 Expliquer les facteurs susceptibles d’influer sur l’offre agrégée
RÉPONSES
1. a) La fermeture des entreprises a entraîné la baisse de la quantité e) La subvention destinée aux entreprises étrangères permet d’augmenter
offerte de PIB réel au niveau des prix courants. La courbe d’offre le nombre d’entreprises au Japon, la production augmente et a pour
agrégée s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). effet de déplacer la courbe d’offre agrégée vers la droite (de OA0 à OA2 à
b) Les équipementiers et constructeurs automobiles ayant interrompu la figure 2).
leurs activités, la production a diminué, et la quantité offerte de PIB
réel au niveau des prix courants a baissé. La courbe d’offre agrégée Figure 1 Figure 2
s’est déplacée vers la gauche (de OA0 à OA1 à la figure 1). Niveau des prix Niveau des prix
120 E
Niveau des
prix d’équilibre
110 L’équilibre macroéconomique survient
à l’intersection des courbes DA et OA.
100 A
Les entreprises
90 augmentent leur
production et PIB
leurs prix. d’équilibre DA
Supposons maintenant que le niveau des prix est de 100 et le PIB réel, de 900 G$
(point A sur la courbe OA). Comme la quantité demandée de PIB réel excède 900 G$, les
entreprises sont incapables de satisfaire à la demande au niveau actuel de production.
Les stocks s’épuisent, et les consommateurs réclament des biens et services. Les entre-
prises doivent donc augmenter leur production et leurs prix jusqu’à ce qu’elles arrivent
à répondre à la demande, ce qui ne se produit qu’à un PIB réel de 1 000 G$ et à un niveau
des prix de 110. Mais où se situe ce PIB réel d’équilibre par rapport à la capacité de
production de l’économie ?
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
80
réel augmente et que les points se déplacent vers la droite,
il y a croissance économique. Une récession (comme celles 1989
suremploi. La différence entre la valeur du PIB réel d’équilibre et celle du PIB potentiel Écart inflationniste
Différence entre la valeur du
exerce une pression à la hausse sur le niveau général des prix : c’est ce qu’on appelle un PIB réel d’équilibre et celle du
écart inflationniste. PIB potentiel lorsque l’économie
est en équilibre de suremploi ;
Au graphique (c), la demande agrégée diminue, et la courbe de demande agrégée exerce une pression à la hausse
descend jusqu’à DA2. Les entreprises réduisent leur production et leurs prix jusqu’à ce sur le niveau général des prix.
qu’elles aient écoulé toute leur production. Le PIB réel descend à 950 G$ et tombe en Équilibre de sous-emploi
deçà du PIB potentiel. Le taux de chômage observé devient supérieur au taux naturel. Situation où le PIB réel d’équilibre
est inférieur au PIB potentiel.
L’économie est alors en équilibre de sous-emploi. La différence entre la valeur du PIB
Écart déflationniste
potentiel et celle du PIB réel exerce alors une pression à la baisse sur le niveau des prix ;
Différence entre la valeur du PIB
c’est ce qu’on appelle un écart déflationniste. Un équilibre de sous-emploi pourrait réel d’équilibre et celle du PIB
aussi résulter d’une baisse de l’offre agrégée, ou de l’offre agrégée et de la demande potentiel lorsque l’économie est
en équilibre de sous-emploi ;
agrégée. La rubrique « Coup d’œil sur l’économie québécoise » montre l’évolution de exerce une pression à la baisse
l’offre et de la demande agrégées au Québec de 1981 à 2015. sur le niveau général des prix.
150 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
Niveau des prix (IIP, 2007 100) Niveau des prix (IIP, 2007 100) Niveau des prix (IIP, 2007 100)
140 140 140
PIB PIB PIB
potentiel potentiel potentiel
130 130 130
OA OA OA
120 120 120
115
110 110 110
105 Écart
déflationniste
100 100 100
90
DA 1
90 90
DA 0 Écart
inflationniste DA 2
0 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 0 900 950 1000 1050 1100 1150 1200 0 900 950 1000 1050 1100 1150 1 200
PIB réel (en G$ enchaînés de 2007) PIB réel (en G$ enchaînés de 2007) PIB réel (en G$ enchaînés de 2007)
L’ÉCOLE CLASSIQUE
École classique
Selon cette école de pensée, Pour l’école classique, l’économie s’autorégule et reste toujours en équilibre de
l’économie s’autorégule et plein-emploi. Ici, le terme « classique » fait référence aux théories des fondateurs de
reste toujours en équilibre de
plein-emploi par l’ajustement l’économique comme Adam Smith (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du
automatique des salaires. chapitre 1, p. 19), David Ricardo et John Stuart Mill.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 151
Selon l’école classique, le salaire nominal qui est derrière la courbe d’offre agrégée
à court terme est instantanément et totalement flexible ; il s’ajuste si vite pour maintenir
l’équilibre du marché du travail que le PIB réel revient toujours très vite au PIB potentiel.
En d’autres mots, le PIB réel est toujours égal au PIB potentiel.
La figure 6.8 illustre cet ajustement des salaires. Lorsqu’il y a un écart déflationniste,
le taux de chômage observé est supérieur au taux naturel, d’où un surplus de main-
d’œuvre sur le marché du travail. Ce surplus de main-d’œuvre exerce des pressions à la
baisse sur les salaires. Les entreprises embauchent de nouveaux travailleurs à un salaire
inférieur. Au fur et à mesure que les salaires diminuent, les coûts de production des
entreprises diminuent et l’offre agrégée se déplace vers la droite, passant de OA1 à OA.
Le niveau des prix diminue et le PIB réel augmente jusqu’au PIB potentiel— équilibre de
plein-emploi. Dans le cas d’un écart inflationniste, le taux de chômage observé est infé-
rieur au taux naturel. Cela se traduit par une pénurie de main-d’œuvre, et les entreprises
doivent offrir un salaire plus élevé aux nouveaux travailleurs qu’elles embauchent. Les
salaires augmentent, les coûts de production aussi, l’offre agrégée se déplace de OA2 vers
OA. Le niveau des prix augmente et le PIB réel diminue jusqu’au PIB potentiel.
Pour les macroéconomistes classiques, l’État ne devrait pas intervenir dans le dérou-
lement de l’activité économique. Ils prônent le « laisser-faire », c’est-à-dire la non-
intervention de l’État en matière économique.
L’ÉCOLE KEYNÉSIENNE
Pour l’école keynésienne, l’économie serait rarement en équilibre de plein-emploi École keynésienne
Selon cette école de pensée,
lorsqu’elle est livrée à elle-même ; pour qu’elle atteigne et maintienne un équilibre de l’économie serait rarement en
plein-emploi, il faut donc la soutenir activement par des mesures de politique budgétaire équilibre de plein-emploi ; pour
qu’elle atteigne et maintienne
et monétaire. Le terme « keynésien » vient du nom d’un des plus célèbres économistes du
un équilibre de plein-emploi,
xxe siècle, John Maynard Keynes (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du cha- il faut des politiques
pitre 7, p. 164). budgétaires et monétaires
pour régulariser l’activité
Pour l’école keynésienne, le salaire nominal qui est derrière la courbe d’offre agrégée économique.
à court terme est extrêmement rigide quand il s’agit d’aller vers le bas. Essentiellement,
il ne baisse pas. Par conséquent, lorsqu’un écart déflationniste apparaît, aucun méca-
nisme automatique n’en viendra à bout. Si elle était possible, une baisse du salaire
nominal augmenterait l’offre agrégée à court terme et rétablirait l’équilibre de plein-
emploi. Mais comme le salaire nominal ne baisse pas, l’économie reste en récession.
L’école keynésienne réclame des mesures de politiques budgétaire et monétaire pour
contrer activement les variations de la demande agrégée responsables de la récession. La
figure 6.9 illustre les effets sur la demande agrégée de ces mesures. En stimulant la
demande agrégée en période de récession, on peut rétablir l’équilibre de plein-emploi.
Une augmentation des dépenses gouvernementales et une réduction des impôts ou des
taux d’intérêt stimulent la demande agrégée et la déplacent de DA1 à DA, ce qui permet de
rétablir l’équilibre de plein-emploi. Si l’économie est aux prises avec une poussée d’infla-
tion, un niveau de production qui excède le PIB potentiel, il faudra réduire les dépenses
gouvernementales et hausser les impôts ou les taux d’intérêt pour freiner la demande
agrégée qui se déplace de DA2 à DA, et ainsi rétablir l’équilibre de plein-emploi.
L’ÉCOLE MONÉTARISTE
École monétariste Pour l’école monétariste, l’économie s’autorégule et se maintient normalement en équilibre
Selon cette école de pensée, de plein-emploi, pourvu que la politique monétaire ne soit pas incohérente et qu’on garde
l’économie s’autorégule et
se maintient en équilibre de le taux de croissance de la monnaie constant. Le terme « monétariste » a été proposé par le
plein-emploi pourvu que le taux fameux économiste du xxe siècle, Karl Brunner, pour qualifier ses propres idées et celles de
de croissance de la monnaie
demeure constant.
Milton Friedman (voir le « Coup d’œil sur un grand économiste » du chapitre 8, p. 207).
Pour les monétaristes, un taux de croissance de la monnaie constant permet d’atté-
nuer les fluctuations de la demande agrégée, et à l’économie, de rester au plein-emploi.
Les récessions et les périodes d’inflation résultent d’une politique monétaire inadéquate.
Si une banque centrale réduit trop brutalement la quantité de monnaie en circulation ou
même son taux de croissance, l’économie entrera en récession. Dans le cas contraire,
ce sera l’inflation.
CHAPITRE 6 LA DEMANDE ET L’OFFRE AGRÉGÉES 153
Comme les keynésiens, les monétaristes croient que le salaire nominal est rigide à
court terme. Si l’économie entre en récession, à moins qu’on ne la soutienne activement,
il lui faudra un temps inutilement long pour revenir au plein-emploi.
Les monétaristes partagent les vues des classiques sur l’intervention de l’État. Tant
que le taux de croissance de la monnaie reste constant, aucune mesure de stabilisation
n’est nécessaire pour contrer les écarts déflationnistes ou inflationnistes.
6.4
4 Expliquer comment l’offre et la demande agrégées déterminent le PIB réel et le niveau
des prix et décrire les différents types d’équilibre macroéconomique
RÉPONSES
Niveau des prix 1. La figure 1 montre l’équilibre macroéconomique (PIB réel Selon l’école keynésienne, l’économie livrée à elle-même
140 PIB de 750 G$ et niveau des prix de 110) ainsi que le PIB poten- serait rarement en équilibre de plein-emploi. Pour qu’elle
potentiel OA tiel. Le PIB réel est en deçà du PIB potentiel ; l’économie est atteigne et maintienne un équilibre de plein-emploi, il faut
120
donc en équilibre de sous-emploi. donc la soutenir activement par des mesures de politiques
2. Selon l’école classique, l’économie s’autorégule et reste budgétaire et monétaire.
110
toujours en équilibre de plein-emploi. L’État ne devrait
100
donc pas intervenir dans le déroulement de l’activité
DA
économique. Les tenants de cette école prônent le « laisser-
80 faire », c’est-à-dire la non-intervention de l’État en matière
économique.
0 650 700 750 800 850
PIB réel
(en G$ hirsutes)
154 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
Le chapitre 6 en bref
Cycle économique
Comprend deux phases, l’expansion et la récession, et deux points de retournement, le sommet et le creux
Récession Expansion
• Ralentissement soutenu de l’activité économique • Hausse du PIB réel et de l’emploi (d’un creux à un sommet)
• Baisse du PIB réel et de l’emploi (d’un sommet à un creux) • Reprise (d’un creux jusqu’au niveau du sommet précédent)
Équilibre macroéconomique
Détermination du PIB réel et du niveau des prix à l’intersection de l’offre et de la demande agrégées
Questions
de révision
Au terme des sections 6.2, La demande agrégée, et 6.3, Au terme de la section 6.4, L’équilibre macroéconomique,
L’offre agrégée, répondez aux questions 1 à 3. répondez aux questions 4 à 10.
1. Quel serait l’effet de chacun des événements suivants sur 4. Le tableau 1 décrit la demande agrégée et l’offre agrégée
l’offre agrégée et la demande agrégée du Canada, toutes de la Bordurie cette année.
choses étant égales par ailleurs ?
Tableau 1
a) Une augmentation du salaire nominal.
b) La Banque du Canada fait monter les taux Quantité Quantité
d’intérêt au pays. Niveau demandée offerte de
c) Une augmentation de la productivité de la des prix de PIB réel PIB réel
main-d’œuvre canadienne. (en G$ borduriens)
d) Le gouvernement canadien réduit les impôts sur le 100 1 350 900
revenu des particuliers.
e) L’économie mondiale entre en récession. 105 1 300 1 000
110 1 250 1 100
2. Pour chacun des événements suivants, dites s’il modifie
115 1 200 1 200
l’offre agrégée, la demande agrégée, ou aucun de ces
éléments. 120 1 150 1 300
a) La Banque du Canada fait augmenter les taux d’intérêt. 125 1 100 1 400
b) Le gouvernement canadien augmente les impôts sur
a) Tracez la courbe de demande agrégée et la courbe
le revenu des particuliers.
d’offre agrégée.
c) Le gouvernement canadien accroît les dépenses
b) Où se situe l’équilibre macroéconomique ?
militaires.
c) Si le PIB potentiel bordurien se chiffre à 1 100 G$,
d) Le niveau général des prix baisse au Canada.
de quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?
e) Une récession aux États-Unis réduit les exportations
canadiennes. 5. Le tableau 2 décrit l’indice implicite des prix du PIB, la
f) Le PIB réel du Canada diminue. demande agrégée, l’offre agrégée et le PIB potentiel de l’an
g) Le taux de change de la devise canadienne diminue par prochain en Syldavie. Si ces prévisions se réalisent :
rapport à celui de la devise américaine.
h) Les salaires augmentent au pays. Tableau 2
i) Une percée scientifique majeure accroît la productivité Quantité Quantité
PIB
au Canada. Niveau demandée offerte de
potentiel
j) L’épuisement des gisements de pétrole au Canada fait des prix de PIB réel PIB réel
bondir le prix de cette ressource. (en G$ syldaves)
3. Parmi les événements énumérés à la question 1 : 110 800 600 680
a) Lequel accroît l’offre agrégée, et lequel la réduit ? 115 750 650 680
b) Lequel accroît la demande agrégée, et lequel la réduit ? 120 700 700 680
c) Lequel accroît le PIB réel et fait baisser le niveau 125 650 750 680
général des prix, et lequel accroît le PIB réel et fait
monter le niveau général des prix ? a) Quelle sera la valeur du PIB réel l’an prochain ?
d) Lequel réduit le PIB réel et fait baisser le niveau général b) Quelle sera la valeur de l’indice implicite des prix du PIB
des prix, et lequel réduit le PIB réel et fait monter le l’an prochain ?
niveau général des prix ? c) Dans quel type d’équilibre macroéconomique la
Syldavie sera-t-elle l’an prochain ?
156 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
6. Le tableau 3 décrit l’offre agrégée et la demande agrégée 8. Le tableau 5 décrit la demande agrégée et l’offre agrégée
de cette année en Slobovie. À combien se chiffrent le PIB de cette année au Pétrolistan, dont on estime le PIB poten-
réel et le niveau des prix : tiel à 600 G$.
Tableau 3 Tableau 5
Quantité Quantité Quantité Quantité
Niveau demandée de offerte de Niveau demandée de offerte de
des prix PIB réel PIB réel des prix PIB réel PIB réel
(en G$ sloboviens) (en G$ pétrolistans)
90 450 350 90 690 390
100 400 400 100 660 460
110 350 450 110 630 530
120 300 500 120 600 600
130 250 550 130 570 640
140 200 600 140 540 710
a) Au point d’équilibre macroéconomique ? a) Quelles sont les valeurs d’équilibre du PIB réel et du
b) Si la quantité demandée de PIB réel s’accroît de 100 G$ niveau des prix ?
à chaque niveau des prix l’an prochain ? b) De quel type d’équilibre macroéconomique s’agit-il ?
c) Si la quantité offerte de PIB réel diminue de 100 G$ à Pourquoi ?
chaque niveau des prix l’an prochain ? c) On prévoit pour l’an prochain d’importantes hausses
d) Si la quantité demandée de PIB réel augmente de du prix des matières premières et des ressources
100 G$ et que la quantité offerte de PIB réel diminue de énergétiques. Si elles se réalisaient, ces hausses de
100 G$, et ce, à chaque niveau des prix, l’an prochain ? prix augmenteraient les coûts de production, ce qui
réduirait la quantité offerte de PIB réel de 70 G$ à
7. Le tableau 4 décrit l’offre agrégée et la demande agrégée chaque niveau des prix. Quels seraient alors le PIB
cette année en Boldavie. À combien se chiffrent le PIB réel réel et le niveau des prix ? Dans quel type d’équilibre
et le niveau des prix : macroéconomique cette économie serait-elle ?
Appliquez
vos savoir-faire
La crise des migrants en Europe
En 2015, 1,25 million de réfugiés ont demandé l’asile à l’Union
européenne, la plupart fuyant la guerre en Syrie4.
MOTS CLÉS
Cycle économique, 132 Équilibre de suremploi, 149
Demande agrégée, 135 Équilibre macroéconomique, 146
Écart déflationniste, 149 Expansion, 132
Écart inflationniste, 149 Offre agrégée, 141
École classique, 150 PIB potentiel, 148
École keynésienne, 150 Quantité demandée de PIB réel, 135
École monétariste, 152 Quantité offerte de PIB réel, 141
Équilibre de plein-emploi, 148 Récession, 132
Équilibre de sous-emploi, 149 Reprise, 132
PARTIE 3
COMPRENDRE LA LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE
MACROÉCONOMIE ET LA DETTE
PAYEZ-VOUS
TROP
D’IMPÔTS ?
VOUS ATTENDEZ-VOUS À DES BAISSES OU À DES
HAUSSES D’IMPÔTS ? Vous attendez-vous à des baisses
ou à des hausses des dépenses du gouvernement ? Quels
sont les effets d’une variation des impôts ou des dépenses
du gouvernement sur notre économie ? Et sur la dette du
pays ? Serons-nous plus endettés ou moins endettés à la
fin de l’année ?
Dans ce chapitre, nous étudierons d’abord la situation
budgétaire du gouvernement canadien et son évolution
de 1970 à nos jours. Puis, nous nous servirons du modèle
de l’offre et de la demande agrégées pour expliquer les
répercussions de la politique budgétaire sur notre écono-
mie. Nous verrons pourquoi les variations des dépenses
publiques et des impôts ont un effet multiplicateur sur
la demande agrégée, et comment le gouvernement
fédéral utilise son budget pour influer sur la production,
l’emploi et le niveau des prix au Canada de même que sur
la dette.
SAVOIR-FAIRE
1 Décrire la situation budgétaire du
gouvernement fédéral et son évolution
de 1970 à nos jours
2 Décrire la politique budgétaire
canadienne, et en expliquer le
fonctionnement et les effets
3 Expliquer le lien entre le déficit et
la dette, et décrire l’évolution de la
dette fédérale
LA SITUATION BUDGÉTAIRE DU
7.1 GOUVERNEMENT CANADIEN
Tous les ans, le ministre des Finances du Canada dépose son budget au Parlement et
explique comment ce budget s’inscrit dans la politique budgétaire du pays. Une politique
budgétaire est une politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur
l’emploi, la production et le niveau général des prix. Au Canada, l’instrument de la poli-
tique budgétaire du pays est le budget fédéral. Pour comprendre le fonctionnement de
la politique budgétaire canadienne, penchons-nous d’abord sur la situation budgétaire
du gouvernement fédéral.
LE BUDGET FÉDÉRAL
Budget fédéral Le budget fédéral est un document annuel qui fait état des revenus et des dépenses du
Document annuel qui fait
état des revenus et des
gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire (SB) qui en résulte. Ce solde
dépenses du gouvernement budgétaire est égal à la différence entre les revenus et les dépenses budgétaires.
du Canada, ainsi que du
solde budgétaire qui Quand les revenus et les dépenses sont égaux (SB = 0), il y a un équilibre budgétaire.
en résulte. Quand les dépenses sont supérieures aux revenus (SB < 0), il y a un déficit budgétaire.
Solde budgétaire Quand les revenus sont supérieurs aux dépenses (SB > 0), il y a un excédent budgétaire.
Différence entre les revenus
et les dépenses budgétaires. Au tableau 7.1, on détaille les revenus et les dépenses totaux prévus par le gouverne-
Équilibre budgétaire
ment pour l’année financière 2016-2017 (du 1er avril 2016 au 31 mars 2017) ainsi que
Égalité des revenus et des leur importance relative. Comme on le voit, la principale source de revenus du fédéral est
dépenses budgétaires. de loin l’impôt sur le revenu des particuliers (50,0 % des revenus totaux), suivi de l’impôt
Déficit budgétaire sur le revenu des sociétés (13,2 %), de la TPS (11,6 %) et des cotisations d’assurance emploi
Solde budgétaire négatif :
(7,8 %). Les principales dépenses sont les transferts aux particuliers – prestations aux
les dépenses sont
supérieures aux revenus. aînés, prestations d’assurance emploi et prestations pour enfants – (28,8 % des dépenses
Excédent budgétaire totales), et les transferts aux autres administrations publiques – provinces et territoires –,
Solde budgétaire positif : incluant la péréquation (21,6 %), auxquels s’ajoutent les charges de fonctionnement
les revenus sont supérieurs
(26,5 %). Les frais de la dette publique, essentiellement des intérêts payés sur la dette, ne
aux dépenses.
représentent que 8,1 % des dépenses totales du gouvernement fédéral.
Les revenus totaux (287,7 G$) moins les dépenses totales (317,1 G$) donnent le solde
budgétaire du fédéral pour l’année financière 2016-2017, soit un déficit prévu de 29,4 G$.
Tableau 7.1 État des revenus et des dépenses du gouvernement du Canada pour 2016-2017
Revenus (en G$) (en %) Dépenses (en G$) (en %)
Impôt sur le revenu des particuliers 143,9 50,0 Principaux transferts aux particuliers
Impôt sur le revenu des sociétés 37,9 13,2 Prestations aux aînés 48,4 15,3
Autres impôts sur le revenu 6,3 2,2 Prestations d’assurance emploi 21,1 6,6
Taxe sur les produits et services (TPS) 33,5 11,6 Prestations pour enfants 21,9 6,9
Autres taxes et droits 11,1 3,9 Péréquation 17,9 5,6
Droits de douane à l’importation 5,0 1,7 Transferts aux autres administrations 50,7 16,0
Cotisations d’assurance emploi 22,4 7,8 Charges de programmes directes
Autres revenus Paiements de transfert 41,7 13,2
Revenus des sociétés d’État 10,4 3,6 Amortissement des immobilisations 5,8 1,8
Autres revenus de programmes 15,3 5,3 Charges de fonctionnement 83,9 26,5
Revenus des opérations de change 1,9 0,7 Frais de la dette publique 25,7 8,1
REVENUS TOTAUX 287,7 100,0 DÉPENSES TOTALES 317,1 100,0
SURPLUS (DÉFICIT) (29,4 G$)
Note : Les chiffres ayant été arrondis, leur somme peut ne pas correspondre au total indiqué.
Source : Ministère des Finances du Canada, Le budget de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.html#_
Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 161
revenus de près de 9 G$, on parle ici d’un déficit budgétaire de La Loi sur l’équilibre budgétaire de 1996, mise à jour le
l’ordre de 5,4 G$ pour l’année 2015-2016. 1er avril 2016, dit ceci : « Le gouvernement atteint l’équilibre
budgétaire lorsque le solde budgétaire est nul ou affiche
un excédent2. » Du point de vue de la loi, le budget du
Québec était équilibré, même s’il affichait un excédent des
1. Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www.
budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
revenus sur les dépenses de 1,4 G$, ce qui correspond à la
définition économique d’un budget dit excédentaire.
2. Gouvernement du Québec, Loi sur l’équilibre budgétaire, chapitre E-12-00001, Éditeur offi-
ciel du Québec, mise à jour le 1er avril 2016, www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca (page
consultée le 21 avril 2016).
162 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Figure 1 Figure 2
Les revenus du gouvernement du Québec, 2016-2017 Les dépenses du gouvernement du Québec, 2016-2017
Impôt des sociétés (6,4 %) Soutien aux personnes Provision pour éventualités
Droits et permis (3,7 %) et aux familles (0,4 %)
Impôt foncier et scolaire
(2,1 %) Entreprises du (9,5 %)
gouvernement (4,7 %)
Gouverne et justice
(7,6 %) Santé et
Cotisations pour Impôt des particuliers services sociaux
les services de santé (28,9 %) (38,1 %)
(6,3 %) Service de la dette
(10,4 %)
Revenus divers
(9,8 %)
Économie et
environnement
Taxes à la (12,5 %)
consommation Éducation et culture
(18,4 %) Transferts fédéraux (21,5 %)
(19,7 %)
Source : Ministère des Finances du Québec, Budget 2016-2017, Le plan économique du Québec, mars 2016,
www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
7.1
1 Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours
RÉPONSES
1. Les principales composantes des revenus fédéraux sont l’impôt sur le 2. Le budget fédéral affiche un excédent budgétaire quand les revenus sont
revenu des particuliers, l’impôt sur le revenu des sociétés, la taxe sur les supérieurs aux dépenses.
produits et services et les cotisations de l’assurance emploi.
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 163
agrégée, les dépenses publiques et les dépenses de consommation (par les impôts), que
la politique budgétaire influe sur le PIB réel, l’emploi et le niveau général des prix.
Les variations des dépenses de l’ensemble des administrations publiques (G) et des
impôts (T) ont un effet multiplicateur sur la demande agrégée (DA), le PIB réel et le niveau
général des prix. Nous allons étudier tour à tour :
• L’effet multiplicateur d’une variation des dépenses publiques ;
• L’effet multiplicateur d’une variation des impôts.
Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
déterminé par ce que les consommateurs sont prêts à acheter, « Quand je m’aperçois que j’ai tort, je réel ne dépend pas des biens et services
offerts, mais de ce que les consomma-
c’est-à-dire par le principe de la demande effective. Il arrive, disait change d’avis. Pas vous ? » teurs sont prêts à acheter.
La figure 7.2 (p. 166) illustre l’effet multiplicateur d’une augmentation des dépenses
publiques. Au départ, la courbe de demande agrégée est DA0. Le gouvernement aug-
mente de 40 G$ ses dépenses publiques (∆G), ce qui accroît d’autant la dépense agrégée,
et donc la demande agrégée. La courbe mauve DA0 + ∆G montre le résultat de cette
première étape du processus : l’augmentation de 40 G$ des dépenses publiques (et donc
de la dépense agrégée) a accru la demande agrégée du même montant et a déplacé la
courbe de demande agrégée vers la droite (flèche bleue). Puis, l’effet multiplicateur s’en-
clenche (flèche rouge) : l’augmentation de la demande agrégée entraîne une augmenta-
tion de la production, de l’emploi et du revenu disponible, ce qui accroît encore les
dépenses de consommation, la dépense agrégée et donc la demande agrégée à chaque
niveau des prix. Des augmentations en chaîne des dépenses de consommation de plus
en plus faibles augmentent la demande agrégée de 60 G$ supplémentaires.
À la fin du processus, la courbe de demande agrégée s’est déplacée vers la droite
jusqu’à DA1. L’augmentation initiale des dépenses publiques (40 G$) a entraîné une
augmentation de la demande agrégée deux fois et demie plus élevée (100 G$). Dans cet
exemple, le multiplicateur des dépenses publiques est donc de 2,5.
166 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
140 3
Augmentation finale
de la demande agrégée
130
2
Effet multiplicateur :
120 augmentations 1 Une augmentation des dépenses publiques
en chaîne des dépenses accroît la demande agrégée et augmente le revenu
de consommation
disponible, ce qui 2 entraîne des augmentations
110 en chaîne de plus en plus faibles des dépenses
de consommation. 3 L’augmentation finale
de la demande agrégée (100 G$) est 2,5 fois
100 plus importante que l’augmentation initiale
DA1
1 des dépenses publiques.
Augmentation DA0 G
des dépenses
90 publiques
DA0
Le multiplicateur des impôts est toujours négatif : une baisse d’impôts augmente la
demande agrégée ; une augmentation d’impôts la réduit. Autrement dit,
∆DA = mT × ∆T
Par exemple, si une baisse d’impôts de 40 G$ entraîne une augmentation finale
de la demande agrégée de 60 G$, le multiplicateur des impôts est de −1,5, ou [60 ÷ (−40)].
Cependant, l’effet d’une baisse des impôts est toujours plus faible que l’effet d’une
hausse équivalente des dépenses publiques. On comprendra pourquoi en comparant ce
qui se passe à la première étape du processus dans chacun des cas.
Dans le cas d’une hausse des dépenses publiques, l’augmentation initiale des
dépenses publiques entraîne une augmentation équivalente de la demande agrégée
(première étape). Puis, l’effet d’entraînement de cette augmentation de la demande
agrégée sur les dépenses de consommation multiplie l’augmentation initiale de la
demande agrégée (étapes suivantes).
Dans le cas d’une variation des impôts, les choses se passent différemment.
Contrairement aux dépenses publiques, les impôts ne sont pas une composante de la
dépense agrégée. Ainsi, à la première étape du processus, une baisse des impôts ne
modifie pas la demande agrégée ; elle ne fait qu’augmenter le revenu disponible, ce qui
a immédiatement un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation.
Supposons que le gouvernement fédéral choisit de réduire de 100 M$ les impôts au
lieu d’augmenter ses dépenses de 100 M$. Les revenus après impôts des contribuables
augmentent de 100 M$. S’ils ont l’habitude de dépenser 60 % de leurs revenus, l’aug-
mentation des dépenses de consommation sera de 60 M$. Ce n’est qu’à partir de ce
moment que l’effet multiplicateur entre en action.
L’augmentation des dépenses de consommation de 60 M$ engendrera une augmen-
tation additionnelle des revenus de 36 M$ (60 M$ × 60 %) qui, à son tour, fait augmenter
les dépenses de consommation de 21,6 M$ (36 M$ × 60 %).
Si le processus s’arrête à cette étape, les dépenses se seront accrues de 117,6 M$
uniquement, soit l’augmentation initiale de 60 M$ plus les autres augmentations de
36 M$ et de 21,6 M$, ce qui est nettement inférieur aux 196 M$ générés par une hausse
équivalente des dépenses publiques.
Parce qu’il s’enclenche après la première étape, l’effet multiplicateur d’une baisse
des impôts sera toujours moindre que l’effet multiplicateur d’une hausse équivalente des
dépenses publiques.
augmente la demande agrégée de ∆D. S’il s’agissait de la seule variation des dépenses,
la courbe de demande agrégée deviendrait DA0 + ∆D, mais l’augmentation des dépenses
publiques a un effet d’entraînement sur les dépenses de consommation ; à chaque étape
du processus, la demande agrégée augmente, et la courbe DA se déplace progressive-
ment vers la droite jusqu’à DA1.
Ainsi, l’économie se déplace vers un nouveau point d’équilibre. Cependant, l’aug-
mentation de la demande agrégée entraîne une hausse du niveau des prix (voir le cha-
pitre 6). Le niveau des prix monte à 110, et le PIB réel, à 1 000 G$. On atteint de nouveau
le plein-emploi.
Une baisse d’impôts aurait produit un effet similaire, mais moindre, sur la demande
agrégée, et donc sur le PIB réel.
Niveau des prix (IIP, 2007 = 100) Niveau des prix (IPP, 2007 = 100)
140 140 1
Réduction de
1 2 PIB PIB
Hausse de la dépense agrégée
Effet potentiel potentiel
la dépense multiplicateur
130 agrégée 130
2
Effet
120 120 OA
OA multiplicateur
115
110 110
DA 0
105
100 100 DA 0– ∆D
90 DA1 90 DA 1
DA 0+ ∆D
DA 0
Effet d’éviction des D’un autre côté, la mise en place d’une politique budgétaire expansionniste vise à
importations
Phénomène rencontré
stimuler les dépenses dans l’économie, notamment les dépenses de consommation. Cet
lorsqu’une partie de accroissement des dépenses n’est pas uniquement destiné à se procurer des biens et
l’augmentation des dépenses services produits au Canada, mais aussi des biens et services étrangers. On parle d’effet
de consommation sert à se
procurer des biens et services d’éviction des importations lorsqu’une partie de l’augmentation des dépenses de
importés au lieu de biens et consommation sert à se procurer des biens et services importés au lieu de biens et ser-
services produits au Canada.
vices produits au Canada.
Tous ces obstacles ont pour effet de réduire l’efficacité de la politique budgétaire mise
en place.
7.2
2 Décrire la politique budgétaire canadienne, et en expliquer le fonctionnement et les effets
RÉPONSES
1. Les mesures (a) et (c) sont expansionnistes ; les mesures (b) et (d), restrictives. b) La demande agrégée diminue de plus de 100 G$, car la hausse
2. a) La demande agrégée augmente de plus de 100 G$, car la hausse des d’impôt a un effet multiplicateur qui réduit la dépense agrégée.
dépenses publiques a un effet multiplicateur qui accroît la dépense c) La demande agrégée augmente, car l’effet d’une augmentation de
agrégée. 100 G$ des dépenses publiques est plus important que l’effet d’une
réduction équivalente (100 G$) des impôts.
RÉPONSE
Selon la Loi sur la réduction de la dette et instituant le
Par ailleurs, la cote de crédit du gouvernement influe sur les Fonds des générations de 2009, mise à jour le 1er avril 2016,
taux d’intérêt auxquels il emprunte sur les marchés financiers, 0,5 G$ provenant de la taxe sur l’alcool plus les droits et
redevances sur l’extraction minière sont versés au Fonds des
sur les intérêts payés et, finalement, sur les frais de la dette. Qui générations chaque année4. À cela peuvent s’ajouter d’autres
fixe la cote de crédit du gouvernement ? Ce sont les agences de sommes, comme des revenus de placements ou une partie
notation, comme Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch. Ces agences des bénéfices d’Hydro-Québec. Ces sommes serviront à
rembourser la dette brute du Québec.
évaluent le risque de non-remboursement d’un État qui émet des
titres de dette (comme des obligations), et attribuent une cote ou
une note allant de triple A, la meilleure, à triple C, la pire. Pour
les États, une décote se traduit par une hausse des taux d’intérêt auxquels ils empruntent
sur les marchés financiers ; en d’autres mots, cela coûtera plus cher d’emprunter pour un
État sur les marchés financiers.
Le gouvernement canadien a une cote de crédit triple A et peut emprunter à des taux
moindres sur les marchés financiers.
3. Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017, www.
budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
4. Gouvernement du Québec, Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des généra-
tions, chapitre R-2.2.0.1, éditeur officiel du Québec, mise à jour le 1er avril 2016, http://www2.
publicationsduquebec.gouv.qc.ca/documents/lr/R_2_2_0_1/R2_2_0_1.htm (page consultée le
21 avril 2016).
172 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
20
0
2016 2017 2018 2019
Année
élevée. Elle est comparable à celle du Royaume-Uni (25 %), mais nettement inférieure à celles
de l’Allemagne (60 %), de la France (64 %) et des États-Unis (48 %). La part de la dette brute
du Japon détenue par les étrangers est d’à peine 9 %, et celle de l’Italie, de 35 %7.
Le poids de la dette
Le poids de la dette ou la dette en pourcentage du PIB permet de mesurer l’ampleur de Poids de la dette
l’endettement d’un gouvernement ou d’un pays. Pour connaître le poids de la dette, il Pourcentage correspondant à la
dette divisée par le PIB nominal,
faut diviser la dette par le PIB nominal, puis multiplier le résultat par 100. La figure 7.5 puis multipliée par 100.
retrace l’évolution de la dette fédérale (en pourcentage du PIB) depuis 1945. Les énormes
déficits accumulés durant la Deuxième Guerre mondiale l’ont à ce point accrue qu’elle
représentait 110 % du PIB, un sommet inégalé !
Les excédents budgétaires de l’après-guerre réduisent le rapport de la dette au PIB
jusqu’en 1975, année où il n’est plus que de 14 % – une première depuis la Deuxième
Guerre mondiale. Jusqu’à la fin des années 1970, de faibles déficits n’augmentent que
légèrement le rapport de la dette au PIB, mais ce ratio bondit avec les énormes déficits
annuels des années 1981 à 1986. Devenu chronique, le déficit fédéral commence alors à
se nourrir lui-même : les emprunts accrus augmentent la dette et les intérêts sur la dette,
lesquels creusent encore le déficit et la dette – un cercle vicieux qui explique l’ampleur du
déficit accumulé dans les années 1980. À la fin de la décennie, le rapport de la dette au
PIB continue à croître, mais plus modérément. Il se remet à grimper rapidement avec la
récession de 1990-1992, pour atteindre 73,8 % du PIB en 1995-1996. Après 1993, la
politique fédérale de lutte au déficit permet d’abord de réduire le rythme de croissance
de la dette, puis, après 1996, de réduire le rapport de la dette au PIB, qui était tombé à
31,7 % pour l’exercice budgétaire de 2007-2008. La récession de 2008-2009 a fait aug-
menter la dette et son poids pour atteindre 34 % du PIB en 2010-2011. Depuis, le poids
de la dette fédérale a diminué pour s’établir à 31,0 % du PIB en 2014-2015. Il devrait
rester à ce niveau jusqu’en 2020-2021, un niveau élevé par rapport aux années 1970.
On constate d’importantes disparités dans l’endettement des provinces. Le « Coup
d’œil sur l’économie québécoise » retrace l’évolution de la dette brute du Québec depuis
1998 et compare le poids de sa dette nette (en pourcentage du PIB) avec celui de la dette
nette des autres provinces.
0
1945 1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015 2025
Année
Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0002 : Produit intérieur brut financier annuel du gouvernement du Canada, Exercices 2010-2011, 2011-2012,
(PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 24-05-2012 ; tableau 380- 2012-2013, 2013-2014, 2014-2015. Ministère des Finances du Canada, Le bud-
0007 : Comptes sectoriels : ensemble des niveaux des administrations publiques, get de 2016, Plan budgétaire, http://www.budget.gc.ca/2016/docs/plan/anx1-fr.
trimestriel, modifié le 01-03-2012. Ministère des Finances du Canada, Rapport html#_Toc446176138 (page consultée le 20 avril 2016).
7. Ministère des Finances du Canada, Rapport sur la gestion de la dette 2014-2015, 16 février
2016, https ://www.fin.gc.ca/dtman/2014-2015/dmr-rgd1501-fra.asp#toc06 (page consultée le
22 avril 2016).
174 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Jusqu’en 1997-1998, la dette brute du Québec se composait La figure 2 montre qu’au 31 mars 2015, le poids de la dette
uniquement de ses déficits budgétaires cumulés. Le coût des brute du Québec était de 55,1 %, ce qui dépasse, et de loin, le
immobilisations (routes, hôpitaux, etc.) était inscrit en entier poids de la dette brute du gouvernement canadien (45,6 %)
aux dépenses de l’année financière pendant laquelle ces et celui de l’Ontario (46,0 %), et fait du Québec la province la
immobilisations avaient été acquises ; en d’autres termes, le plus endettée de la Confédération (en pourcentage du PIB).
coût n’était pas amorti. Depuis la réforme de la comptabilité Pour la première fois de son histoire, l’Alberta a une dette brute
gouvernementale de 1997-1998, la valeur de l’amortissement correspondant à 7 % de son PIB.
des immobilisations s’ajoute dorénavant au calcul de la dette
brute. Autrement dit, le gouvernement du Québec comptabilise À combien s’élevait le poids de la dette brute du
maintenant l’amortissement des immobilisations aux fins du gouvernement du Québec au 31 mars 2015 ? Comme la dette
calcul de la dette brute. s’élevait à 203,9 G$, calculez la valeur du PIB ayant servi au calcul
du poids.
Depuis cette réforme comptable de 1997-1998, la dette
brute du Québec n’a cessé de s’accroître. La dette brute du En quoi consistait la réforme de la comptabilité gouverne-
gouvernement du Québec a grimpé de 98,4 G$ au 31 mars 1998 mentale de 1997-1998 ? Quelle conséquence a-t-elle eue sur le
à 203,9 G$ au 31 mars 2015. calcul de la dette brute du Québec ?
La figure 1 résume l’évolution du poids de la dette brute du Au 31 mars 2015, le poids de la dette brute du gouvernement
gouvernement du Québec – c’est-à-dire l’évolution de la dette du Québec était-il supérieur ou inférieur à celui du gouvernement
brute en pourcentage du PIB. Au 31 mars 1998, après la réforme fédéral ? Le Québec est-il la seule province canadienne dans
comptable, le poids de la dette était de 57,8 %, pour diminuer cette situation ?
à près de 49 % au 31 mars 2007. La consolidation des réseaux
Figure 1 Figure 2
L’évolution de la dette brute du Québec depuis 1998 La dette brute des provinces au 31 mars 2015
(en % du PIB) Provinces
Dette brute (en pourcentage du PIB) Québec
60 Ontario
Canada
50 Nouvelle-Écosse
40 Manitoba
Nouveau-Brunswick
30 Terre-Neuve-et-Labrador
20 Colombie-Britannique
Île-du-Prince-Édouard
10 Saskatchewan
Alberta
0
1995 2000 2005 2010 2015 2020 2025
Année
0 20 40 60
Dette nette (en pourcentage du PIB)
Source : Ministère des Finances du Québec, Le plan économique du Québec, Budget 2016-2017,
www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/2016-2017 (page consultée le 20 avril 2016).
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 175
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
250
200
150
100
50
0
Japon Italie France Espagne Royaume-Uni États-Unis Canada Allemagne Zone Euro Total OCDE
Pays
Source : OCDE, Perspectives économiques de l’OCDE, Statistiques : solde budgétaire et endettement des administrations
publiques, tableau 33, Engagements financiers bruts des administrations publiques en pourcentage du PIB nominal,
www.oecd.org/fr/eco/finances-publiques/ (page consultée le 24 avril 2016).
7.3
3 Expliquer le lien entre le déficit et la dette, et décrire l’évolution de la dette fédérale
RÉPONSES
1. Lorsque le gouvernement fédéral fait un déficit budgétaire, il vend des obligations ou des bons du Trésor pour financer ce
déficit.
2. La dette d’une administration publique est égale à la somme de ses déficits budgétaires antérieurs moins la somme de
ses excédents budgétaires antérieurs. Chaque déficit fait augmenter la dette publique.
176 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
Pour plusieurs, faire une déclaration d’impôt est un vrai casse-tête : déductions par-ci, crédits d’impôt par-là.
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 177
Le chapitre 7 en bref
1 Décrire la situation budgétaire du gouvernement fédéral et son évolution de 1970 à nos jours
Politique budgétaire
Politique économique qui utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la production et le niveau général des prix
Dette publique
Un déficit augmente la dette, alors qu’un surplus peut être consacré à rembourser une partie de la dette.
Dette nette = Dette brute – actifs financiers
Dette (déficits cumulés) = Dette nette – actifs non financiers
Questions
de révision
Au terme de la section 7.1, La situation budgétaire du gou- 8. Pour chacune des mesures suivantes, précisez s’il s’agit
vernement canadien, répondez à la question 1. d’une mesure budgétaire expansionniste ou restrictive.
a) Une augmentation des dépenses militaires
1. Pour chacune des mesures suivantes, précisez si le budget
b) Une baisse des impôts sur le revenu des particuliers
fédéral (voir le tableau 7.1, p. 160) risque d’être déficitaire, du fédéral
équilibré ou excédentaire et de combien.
c) Une hausse des impôts sur le revenu des sociétés
a) Une augmentation des prestations d’assurance emploi d) Une réduction des subventions fédérales aux
de 5,6 G$ agriculteurs de l’Ouest
b) Une hausse des impôts sur le revenu des particuliers e) Une augmentation des transferts fédéraux aux
de 29,4 G$ provinces et territoires
c) Une baisse des impôts sur le revenu des sociétés
de 7,6 G$ Au terme de la section 7.3, Le déficit et la dette, répondez
d) Une baisse des charges de fonctionnement de 29,4 G$ aux questions 9 et 10.
e) Une baisse des transferts fédéraux aux provinces et
territoires et de la péréquation de 39,4 G$ 9. En Slobovie, les revenus budgétaires de l’État central se
chiffrent toujours à 15 % du PIB. Les dépenses totales,
Au terme de la section 7.2, La politique budgétaire cana- incluant les frais de la dette, s’élèvent cette année à 112 G$.
dienne, répondez aux questions 2 à 8. Le PIB se chiffre à 640 G$, et la dette nationale, à 350 G$.
On estime le PIB potentiel à 660 G$. L’économie slobovienne
2. Pourquoi la politique budgétaire relève-t-elle du gouver- est en récession.
nement fédéral ? Un gouvernement provincial pourrait-il a) Calculez le solde budgétaire de l’État central pour
utiliser aussi efficacement son budget pour influer sur la l’année en cours.
production, l’emploi et le niveau des prix ? Pourquoi ?
b) Si l’économie était en situation de plein-emploi, le solde
budgétaire de l’État central serait-il excédentaire ou
3. Quel était l’objectif de la nouvelle politique budgé- déficitaire ? Chiffrez votre réponse.
taire canadienne adoptée en 1945, et quelles mesures
c) Sachant que la dette nationale est financée par un
pouvait-on prendre pour l’atteindre ? Quel autre rôle a-t-on emprunt obligataire à un taux d’intérêt de 10 %,
donné à la politique budgétaire canadienne en 1960, et calculez les frais de la dette pour l’année en cours.
comment était-il possible de l’atteindre ?
d) Quel serait l’effet d’une baisse de 1 % du taux d’intérêt
sur le solde budgétaire ?
4. Quel effet multiplicateur est le plus fort : celui d’une varia-
e) Si l’aggravation de la récession réduit le PIB de 5 % et
tion des dépenses publiques ou celui d’une variation des
augmente les dépenses de 3 G$, quel sera son effet sur
impôts ? Pourquoi ?
le solde budgétaire ? Chiffrez votre réponse.
5. Supposons que le gouvernement fédéral augmente ses 10. Financée par des emprunts obligataires à un taux d’intérêt
dépenses et ses impôts de 10 G$. Doit-on conclure que de 5 %, la dette de l’État central de l’Absurdistan se chiffrait
ces mesures s’annuleront et n’auront aucun effet sur le PIB à 400 G$ au début de l’année. Durant l’année, l’État central
réel ni sur le niveau des prix ou celui de l’emploi ? Expliquez a perçu 80 G$ en impôt sur le revenu des particuliers et
votre réponse. 15 G$ en impôt sur le revenu des sociétés. Il a versé 50 G$
en transferts aux particuliers et 25 G$ en transferts aux
6. Comment une réduction des dépenses budgétaires du autres administrations. La taxe sur les produits et services
gouvernement fédéral pourrait-elle influer sur le PIB réel (TPS) lui a rapporté 25 G$, et les autres taxes, 5 G$. Les
et le niveau général des prix ? travailleurs ont versé 20 G$ en cotisations d’assurance
emploi. Les charges de fonctionnement totalisaient 55 G$.
7. Le Parlement canadien vote des baisses d’impôts de
plusieurs milliards de dollars. Expliquez l’effet de cette a) À combien se chiffrent les frais de la dette de l’État
mesure budgétaire sur les facteurs suivants. central de l’Absurdistan ?
b) Produisez le budget de l’État central de l’Absurdistan en
a) Le revenu disponible y incluant les frais de la dette.
b) Les dépenses de consommation c) Le solde budgétaire est-il excédentaire ou déficitaire ?
c) La demande agrégée Chiffrez votre réponse.
d) Le PIB réel d) À combien s’élèvera le montant de la dette de l’État
e) Le solde budgétaire du gouvernement fédéral central au début de la prochaine année ?
e) Quel effet aura une augmentation de 1 % du taux
d’intérêt sur le solde budgétaire de l’État central ?
CHAPITRE 7 LA POLITIQUE BUDGÉTAIRE ET LA DETTE 179
Appliquez
vos savoir-faire
Hausse de la dette fédérale8
La dette fédérale au 31 mars 2016 s’établissait à 619,3 G$
et elle devrait augmenter de 29,4 G$ en 2016-2017, de
29 G$ en 2017-2018 et de 22,8 G$ en 2018-2019, selon
les projections du gouvernement canadien. Toutefois,
les spécialistes du bureau du directeur parlementaire
du budget (DPB) soutiennent que les déficits prévus
seront moindres. En 2016-2017, ils anticipent un déficit
budgétaire de 20,5 G$, de 24,2 G$ en 2017-2018, et
de 12,4 G$ en 2018-2019. Cela nous laisse croire que
le budget fédéral a des « revenus cachés ». En effet, le
gouvernement canadien, en retranchant 40 G$ au PIB,
sous-estime ses revenus de 6 G$ chaque année et base
ses projections sur une croissance du PIB réel de 1,4 %
en 2016 et de 2,2 % en 2017, alors que les spécialistes
s’attendent plutôt à une croissance de 1,8 % en 2016 et
La dette fédérale devrait augmenter de 81,2 G$ de 2016-2017 à 2018-2019, selon les projections
de 2,5 % en 2017. du gouvernement canadien.
MOTS CLÉS
Budget fédéral, 160 Effet d’éviction des investissements publics, 169
Déficit budgétaire, 160 Équilibre budgétaire, 160
Délai de mise en œuvre, 169 Excédent budgétaire, 160
Délai de perception, 169 Frais de la dette, 170
Délai d’élaboration, 169 Multiplicateur des dépenses publiques, 165
Dette brute, 172 Multiplicateur des impôts, 166
Dette fédérale, 172 Poids de la dette, 173
Dette nette, 172 Politique budgétaire, 163
Effet d’éviction des importations, 170 Solde budgétaire, 160
8. Agence QMI, « Le déficit fédéral serait inférieur aux prévisions du budget », Canoe.ca, 19 avril
2016, http://fr.canoe.ca/argent/actualites/archives/2016/04/20160419-102733.html (page consul-
tée le 21 avril 2016).
180
CHAPITRE 8
PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
PARTIE 3
COMPRENDRE LA LA MONNAIE ET LA
MACROÉCONOMIE POLITIQUE MONÉTAIRE
ÉPARGNER OU
EMPRUNTER ?
SI VOUS ÉPARGNEZ, VOUS DÉPOSEREZ CES
SOMMES À LA BANQUE. Dans ce cas, quel sera le taux
d’intérêt que vous recevrez sur vos placements? Si vous
avez un prêt étudiant ou accumulez des dettes sur votre
carte de crédit, quel taux d’intérêt devrez-vous payer ?
Comment savoir si les taux d’intérêt augmenteront
ou diminueront dans les prochains mois ? Le savoir vous
permettrait sans doute de faire de meilleurs choix :
moins acheter à crédit, épargner davantage, payer vos
dettes le plus rapidement possible.
Dans ce chapitre, nous allons étudier le fonctionne-
ment du système monétaire canadien en répondant à
ces questions. Qu’est-ce que la Banque du Canada ? Quel
rôle joue-t-elle dans l’économie canadienne ? Comment
influence-t-elle les taux d’intérêt des banques ?
Comment ses décisions influent-elles sur vos choix
d’épargner ou d’emprunter ? Une question préalable
s’impose : qu’entend-on exactement par « monnaie » ?
Le présent chapitre répond à cette question, décrit les
institutions de dépôt et explique comment celles-ci
peuvent créer de la monnaie.
COUP D’ŒIL
SOMMAIRE
SAVOIR-FAIRE
1 Définir la monnaie et décrire ses fonctions
2 Décrire le système monétaire et
expliquer comment les institutions de
dépôt créent de la monnaie
3 Décrire et expliquer les fonctions de la
Banque du Canada, les éléments clés et
les effets de la politique monétaire
COUP D’ŒIL
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE COUP D’ŒIL
8.3 Milton Friedman et SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
La Banque du Canada l’évolution de la politique La politique monétaire ÉPARGNER OU Le chapitre 8
et la politique monétaire monétaire canadienne à l’œuvre EMPRUNTER ? en bref
LA DÉFINITION DE LA MONNAIE
Monnaie Par monnaie, on entend tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans
Tout bien, jeton, coupon (ou, de
nos jours, toute inscription dans
la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de paiement.
la mémoire d’un ordinateur) Cette définition comporte trois parties, que nous examinerons une à une.
généralement accepté comme
instrument de paiement.
Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription
dans la mémoire d’un ordinateur)…
La monnaie doit toujours être facilement reconnaissable et divisible en unités plus
petites. Ainsi, elle peut être un bien comme un lingot d’or ou d’argent, un jeton comme
une pièce de 0,25 $, un coupon comme un billet de 10 $ ou une inscription apparaissant
sur un relevé bancaire.
… généralement accepté…
La monnaie est généralement acceptée, ce qui signifie qu’elle peut servir à acheter n’im-
porte quoi, qu’elle a un pouvoir d’achat généralisé. Une carte d’appel peut servir à payer
un appel téléphonique, mais pas du dentifrice ; ce n’est pas une monnaie. Par contre, un
billet de 5 $ peut servir à payer autant un appel téléphonique que du dentifrice ou toute
autre chose qui coûte 5 $ ou moins ; c’est une monnaie.
Notons qu’une monnaie qui a cours légal est universellement acceptée, car il existe
une obligation légale de l’accepter comme instrument de paiement. Nous y reviendrons
plus loin.
Un moyen d’échange
La monnaie est un moyen d’échange. Sans elle, il nous faudrait faire du troc, c’est-à- Moyen d’échange
dire échanger directement des biens et services contre d’autres biens et services. Or, le Tout bien, jeton, coupon
ou toute inscription acceptés
troc présente un inconvénient majeur : il exige une double coïncidence des besoins. Si en contrepartie de biens
vous voulez vous procurer un soda et n’avez qu’un livre de poche à offrir en échange, et services.
vous devez trouver quelqu’un qui non seulement a un soda à vendre, mais qui accepte Troc
Échange direct de biens et
votre livre en échange. La monnaie assure la double coïncidence des besoins, car les services contre d’autres ;
gens qui ont quelque chose à vendre acceptent toujours de la monnaie en échange. La exige la double coïncidence
monnaie facilite les échanges. des besoins.
Un réservoir de valeur
Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription qu’on peut conserver et échanger ultérieu- Réservoir de valeur
rement contre des biens et services est un réservoir de valeur. Si ce n’était pas le cas, Tout bien, jeton, coupon
la monnaie ne serait pas acceptée en échange de biens et services. Plus la valeur d’une ou toute inscription qu’on
peut conserver et échanger
monnaie est stable, mieux elle peut jouer son rôle de réservoir de valeur. Aucun réservoir ultérieurement contre des biens
de valeur n’est parfaitement fiable. On sait que la valeur d’un bien matériel comme une et services.
maison, une automobile ou une œuvre d’art fluctue dans le temps. Il en va de même de
la valeur des objets ou des jetons utilisés comme monnaie ; ainsi, en période d’inflation,
la monnaie connaît une baisse persistante de sa valeur (de son pouvoir d’achat).
184 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
LA MONNAIE AU CANADA
Deux types de monnaie remplissent les fonctions que nous venons de décrire :
• La monnaie fiduciaire ;
• La monnaie scripturale.
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
1. J.-P. AUBRY, F. DUPUIS et G. GERMAIN, (15 février 2007). « Doit-on cesser d’uti- 2. A. DUBUC, La Presse, 18 février 2007.
liser la pièce de un cent ? », Points de vue économiques, Mouvement des caisses 3. Les coûts et les avantages de la pièce de un cent canadien pour les contribuables
Desjardins, division des études économiques. La suite de cette étude a été publiée et l’économie canadienne, rapport du Comité sénatorial permanent des finances
le 9 avril 2008 sous le titre « Le centième anniversaire du cent canadien », Points nationales, présidé par l’honorable Joseph A. Day. Disponible sur l’internet Par-
de vue économiques, Mouvement des caisses Desjardins, division des études lementaire au www.parl.gc.ca.
économiques. Ces études sont disponibles en ligne.
186 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
LES CARTES DE CRÉDIT Nous avons vu que les chèques ou les virements électroniques ne
sont pas de la monnaie, mais qu’en est-il des cartes de crédit ou de débit ? Une carte de
crédit n’est pas de la monnaie. Supposons que Karine utilise sa carte de crédit plutôt
qu’un chèque pour acheter ses patins à roues alignées. Elle insère sa carte à puce dans
le lecteur, compose son NIP, complète la transaction et quitte le magasin avec ses nou-
veaux patins. Cependant, elle ne les a pas payés ; elle a simplement emprunté auprès de
la banque qui a émis sa carte de crédit. La banque de Sport Extrême crédite le compte
du magasin de 200 $ (moins les frais) et envoie la facture à la banque qui a émis la carte
de crédit de Karine. À la fin du mois, Karine recevra le relevé de compte de sa carte de
crédit, qu’elle paiera avec de la monnaie. Quand vous utilisez une carte de crédit pour
acheter quelque chose, la banque émettrice paie les biens, et vous la remboursez plus
tard. Bien qu’elle serve de moyen d’échange, la carte de crédit n’est pas de la
monnaie.
LES CARTES DE DÉBIT Une carte de débit n’est pas non plus de la monnaie. Supposons
que Karine utilise sa carte de débit pour acheter ses patins à roues alignées. Quand le
commis de Sport Extrême glisse sa carte dans le lecteur, l’ordinateur de la MiniBanque
reçoit le message suivant : prenez 200 $ dans le compte de Karine et transférez-les dans
le compte de Sport Extrême. Les opérations bancaires s’effectuent automatiquement en
temps réel. Ici encore, les dépôts bancaires sont de la monnaie, mais la carte de débit
de Karine est simplement un moyen qui lui donne accès à la monnaie dont elle dispose
dans son compte et qui lui permet de la transférer dans celui de Sport Extrême.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 187
Vous savez maintenant que ni les chèques, ni les virements électroniques, ni les cartes
de crédit ou de débit ne sont de la monnaie, mais, à l’ère des nouvelles technologies de
l’information et des communications, un nouveau type d’argent fait son apparition : la
monnaie numérique.
4. Karyne BOUDREAU, « Ils veulent que vous coupiez vos billets de banque en deux », Journal de
Québec, 5 avril 2016, www.journaldequebec.com/2016/04/05/ils-veulent-que-vous-coupiez-vos-
billets-de-banque-en-deux (page consultée le 10-04-2016).
188 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
régler une transaction et de passer son téléphone intelligent sur le terminal tout en
posant un doigt sur le capteur Touch ID.
La monnaie numérique possède un atout fort pratique en cas de perte ou de vol de
portefeuille. Si vous égarez votre portefeuille rempli de billets de banque, il n’y a pas
grand-chose que vous puissiez faire pour récupérer votre argent. À l’inverse, si vous
perdez votre carte à puce intelligente ou si vous vous la faites voler, votre banque peut
annuler la monnaie numérique dont elle était chargée et vous en procurer de la nouvelle
en remplacement.
Quoique la monnaie numérique ne jouisse pas encore d’une reconnaissance univer-
selle, il est fort probable que son usage prendra de l’ampleur au point de remplacer les
formes matérielles de l’argent.
Dépôts des
Dépôts des particuliers
particuliers 716
dans
dans les
lesbanques
banquesààcharte
charte 854
M2 M2+
8.1
1 Définir la monnaie et décrire ses fonctions
RÉPONSES
1. Comme la monnaie est un instrument de paiement, seuls les 0,25 $ dans b) M2+ se chiffre à 734 G$, soit la somme de M2 (511 G$) et des dépôts
les distributrices (b) et les billets de 20 $ dans les institutions financières autres que les banques à charte
dans votre portefeuille (c) sont de la monnaie. (223 G$).
2. a) M2 se chiffre à 511 G$, soit la somme du numéraire hors banques
(36 G$), des dépôts des particuliers dans les banques
à charte (425 G$) et des dépôts à vue et à préavis autres que ceux
des particuliers dans les banques à charte (50 G$).
190 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
LE SYSTÈME MONÉTAIRE ET
8.2 LA CRÉATION DE MONNAIE
Système monétaire Le système monétaire canadien englobe la Banque du Canada ainsi que les institutions
canadien
Système qui englobe la Banque
de dépôt, soit les banques virtuelles, comme Tangerine ou Manuvie, les banques ayant
du Canada et les institutions de pignon sur rue, les caisses populaires, les caisses d’économie et les sociétés de fiducie
dépôt du pays. et de prêt, qui acceptent les dépôts, accordent des prêts et offrent les services permettant
Institutions de dépôt de faire des paiements et d’en recevoir.
Banques, caisses populaires,
caisses d’économie, sociétés de
fiducie et de prêt hypothécaire
qui acceptent les dépôts, LES INSTITUTIONS DE DÉPÔT
accordent des prêts et offrent
les services permettant de faire Trois types d’institutions acceptent les dépôts qui font partie de la monnaie du pays :
des paiements et d’en recevoir.
• Les banques à charte ;
• Les caisses populaires et les caisses d’économie ;
• Les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire.
6. Association des banquiers canadiens, Résultats financiers bancaires, Exercice 2014-2015, 4e tri-
mestre se terminant le 31 octobre 2015, public-db251-base de données des résultats financiers
des banques canadiennes, avril 2016.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 191
Diluer le risque
Prêter de l’argent est risqué, car on ne peut jamais exclure complètement la possibilité
qu’un emprunteur ne rembourse pas son prêt. En prêtant à un grand nombre de
192 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
particuliers et d’entreprises, l’institution financière dilue ce risque. Elle connaît les pro-
babilités de pertes, comme Loto-Québec connaît les probabilités de tirage d’un numéro
gagnant. Et comme Loto-Québec, qui calcule ses chances de façon à s’assurer un profit,
elle fixe un taux d’intérêt assez élevé pour que les gains sur les prêts remboursés com-
pensent les pertes sur les prêts non remboursés. Cette dilution du risque profite tant aux
institutions de dépôt qu’aux déposants.
7. Selon les règles de Bâle III, les institutions de dépôt sont tenues d’avoir au moins 10,5 % de leurs
actifs en fonds propres et d’accorder des prêts en conséquence.
194 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
Réserves Prêt
1. MiniBanque 100 000 $ 5 000 $ 95 000 $
5000$ 95 000 $
Dépôt
95 000 $
Réserves Prêt
2. CIBC 195 000 $ 9 750 $ 185 250 $
4750$ 90 250 $
Dépôt
90 250 $
et ainsi de suite…
22000000$
000 000 $ 100
100000
000$$ 000$
1 900 000 $
RÉPONSE
Ce classement signifie que les banques canadiennes sont bien capitalisées,
en liquide ne lui rapporterait rien, alors bien gérées et bien réglementées. Elles sont considérées comme les plus solides
qu’acheter des titres du gouvernement fédé- du monde.
ral, des provinces, des municipalités et des
grandes sociétés peut être très lucratif. En
plus d’offrir des intérêts et une grande sécu-
rité, ces divers titres ont des échéances variables – de 30 à 365 jours pour les bons du
Trésor, et de 1 à 30 ans pour les obligations du gouvernement canadien, par exemple.
La constitution d’un portefeuille de titres diversifié permet à l’institution de dépôt d’en
échanger en tout temps et sans perte. Nous verrons dans la prochaine partie que la
Banque du Canada peut acheter ou vendre des titres du gouvernement fédéral et ainsi
influer sur la capacité de prêter des institutions de dépôt.
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
8.2
2 Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie
1. Le système monétaire canadien est composé de la Banque du Canada, des même, le montant des nouveaux dépôts qu’elle peut créer : le montant des
banques à charte, des caisses populaires, des caisses d’économie et des fonds dont elle dispose pour prêter et le coefficient de réserves désirées.
autres institutions de dépôt. 4. a) Le multiplicateur des dépôts est égal à 1/rd, (où rd représente le
2. Une banque fait des profits en empruntant aux déposants à un faible taux coefficient de réserves désirées, soit 10 % ou 0,1). Le multiplicateur
d’intérêt et en prêtant à un taux d’intérêt plus élevé. est donc de 10 (soit 1/0,1).
3. Les institutions de dépôt peuvent octroyer des prêts à même leurs fonds b) Comme le multiplicateur des dépôts est de 10, une augmentation
disponibles pour prêter. Quand une institution de dépôt consent un prêt, initiale des dépôts de 100 $ créera 1 000 $ de nouveaux dépôts (∆MM
elle crée un nouveau dépôt pour l’emprunteur. Deux facteurs limitent le = ∆D × md), soit 100 $ × 10 = 1 000 $.
montant des prêts qu’une institution de dépôt peut octroyer et, par le fait
LA BANQUE DU CANADA ET
8.3 LA POLITIQUE MONÉTAIRE
Régulièrement, on entend dire dans les médias que la Banque du Canada a haussé ou
abaissé son taux directeur pour faire monter ou baisser les taux d’intérêt au pays.
Qu’est-ce que ce fameux taux directeur, et pourquoi la Banque du Canada cherche-t-elle
à influer sur les taux d’intérêt ?
Banque du Canada
Banque centrale du Canada. LA BANQUE DU CANADA
Banque centrale La Banque du Canada est la banque centrale de notre pays. Une banque centrale est
Organisme public qui, dans
un pays, est responsable de un organisme public qui, dans un pays ou un regroupement de pays comme l’Union
l’émission des billets de banque, européenne, est responsable de l’émission des billets de banque, agit comme agent
agit comme agent financier du
gouvernement central, offre des
financier du gouvernement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux
services bancaires à ce dernier institutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la politique
ainsi qu’aux institutions de monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité et la compétitivité
dépôt, sert de prêteur en dernier
ressort à celles-ci, conduit la du système financier.
politique monétaire et s’emploie
à favoriser la fiabilité, la solidité,
Le tumulte économique et financier de la Grande Dépression ayant rendu nécessaire
l’efficacité et la compétitivité du la création d’un organisme central qui réglemente et supervise les marchés financiers,
système financier. la Banque du Canada a été constituée sous forme de société privée en 1934 et a ouvert
ses portes le 11 mars 1935. Elle est devenue une société d’État en 1938.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 197
9. S’il désapprouve la politique que préconise la Banque du Canada, le ministre des Finances est
autorisé à donner publiquement au gouverneur des instructions sur la politique à suivre. Si le
gouverneur n’est pas d’accord, il doit démissionner. Ce cas ne s’est toutefois jamais présenté.
10. Le gouverneur actuel est Stephen S. Poloz, nommé pour un mandat de sept ans qui a débuté le
3 juin 2013.
198 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
fait plus depuis septembre 1998, préférant laisser le marché – le jeu de l’offre et de la
demande – en déterminer le cours et se réservant tout au plus la possibilité d’intervenir
en cas de crise majeure.
LA GESTION DU PORTEFEUILLE DE TITRES DU GOUVERNEMENT Les emprunts du gouverne-
ment fédéral se font par émissions de titres – bons du Trésor ou obligations négociables.
La Banque du Canada assure la bonne marche de ces émissions et conseille le gouverne-
ment fédéral sur la gestion de son portefeuille de titres. Les activités de la Banque du
Canada dans ce domaine visent à assurer à l’État un financement stable au coût le plus bas.
Quand elle annonce une hausse de son taux directeur, la Banque du Canada signale aux
divers acteurs des marchés financiers son intention de voir augmenter les taux d’intérêt au
pays. Comme elle a pour effet de hausser le taux d’escompte et donc de rendre plus coûteux
le financement des déficits de réserves, la hausse du taux directeur incite les institutions de
dépôt à augmenter leurs réserves déposées à la Banque du Canada. Parallèlement, la
hausse du taux directeur fait monter le revenu d’intérêt sur les réserves déposées à la
Banque du Canada (le taux de rémunération des dépôts), ce qui incite également les insti-
tutions de dépôt à accroître leurs réserves déposées chez elle. L’accroissement des réserves
des institutions de dépôt à la Banque du Canada réduit les fonds disponibles sur le marché
du financement à un jour, ce qui fait monter le taux d’intérêt de ce dernier.
L’annonce d’une baisse du taux directeur produit les effets inverses. La Banque
annonce ainsi qu’elle aimerait voir diminuer les taux d’intérêt au Canada. La baisse du
taux directeur incite les banques à réduire leurs réserves à la Banque du Canada, ce qui
augmente les fonds disponibles sur le marché à un jour et fait baisser le taux du finan-
cement à un jour.
11. La liste des négociants principaux est publiée sur le site web de la Banque du Canada et dans
chaque livraison de la Revue de la Banque du Canada.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 201
Figure 8.4 Les effets d’une variation du taux directeur sur les taux d’intérêt
4,25 % O0 O1 4,25 % O1 O0
2
Taux cible
4,00 % 4,00 %
1 3
Taux La Banque du
courant Canada hausse
son taux directeur,
3,75 % 3,75 % ce qui réduit l’offre
de fonds à un jour.
2
Taux cible 1
Taux
3,50 % 3,50 % courant
3
La Banque du Canada
baisse son taux D D
3,25 % directeur, ce qui accroît 3,25 %
l’offre de fonds à un jour.
(a) La Banque du Canada baisse son taux directeur (b) La Banque du Canada hausse son taux directeur
1 Le taux du financement à un jour est de 3,75 %, et 2 la Banque 1 Le taux du financement à un jour est de 3,75 %, et 2 la Banque du
du Canada souhaite le faire baisser à 3,50 %. Pour y parvenir, Canada veut le faire monter à 4,00 %. Pour y parvenir, elle hausse son
elle baisse son taux directeur et peut procéder à des prises en taux directeur et peut procéder à des cessions en pension. 3 L’offre
pension. 3 L’offre de fonds à un jour grimpe à 102 G$ et le taux de fonds à un jour tombe à 98 G$ et le taux du financement à un jour
du financement à un jour tombe à 3,50 %, ce qui fait baisser tous grimpe à 4,00 %, ce qui fait monter tous les autres taux d’intérêt à
les autres taux d’intérêt à court terme. court terme.
Encore une fois, la hausse du taux du financement à un jour fait monter l’ensemble
des taux d’intérêt à court terme, depuis les taux sur les prêts à un jour jusqu’aux taux
sur les placements, les bons du Trésor ou les obligations, en passant par les taux sur les
hypothèques et les prêts personnels.
Les taux d’intérêt bas sur une longue période ont amené les ménages canadiens
agrégée (et donc la demande agrégée), le PIB réel à accroître leur endettement. Cela se traduit par une hausse de 20 points de
et le revenu disponible. La baisse du revenu dis- pourcentage du taux d’endettement en seulement 8 ans, ce qui rend les ménages
ponible entraîne une réduction des dépenses de canadiens plus vulnérables à une hausse éventuelle des taux d’intérêt.
12. Statistique Canada, CANSIM, tableau 378-0123, Comptes du bilan national, indicateurs finan-
ciers, ménages et institutions sans but lucratif au service des ménages, trimestriel (pourcen-
tage), modifié le 01-03-2016.
204 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
3
2
Les taux
Les fonds disponibles pour d’intérêt 4
le financement à un jour baissent.
augmentent, et le taux du Le dollar canadien
financement à un jour baisse. se déprécie sur le
marché des changes.
1
La Banque du Canada 5 6
diminue son taux Les dépenses de Les exportations
directeur. consommation nettes augmentent.
et l’investissement
privé augmentent.
8 7
Le PIB réel augmente, La demande
ainsi que le niveau agrégée
des prix. s’accroît.
2 3
Les taux
Les fonds disponibles pour
d’intérêt 4
le financement à un jour
montent. Le dollar canadien
diminuent, et le taux du finan-
cement à un jour augmente. s’apprécie sur le
marché des changes.
1
La Banque du Canada 5 6
hausse son taux Les dépenses de Les exportations
directeur. consommation nettes diminuent.
et l’investissement
privé diminuent.
8 7
Le PIB réel diminue, La demande
ainsi que le niveau agrégée
des prix. diminue.
Les interventions de la Banque du Canada sur le marché du financement à un jour influent sur la quantité de fonds
disponibles pour le financement à un jour, et donc sur le taux du financement à un jour. Les variations des taux
d’intérêt qui s’ensuivent influent sur les dépenses de consommation, l’investissement privé et les exportations nettes,
et font varier la dépense agrégée – donc la demande agrégée, le PIB réel et le niveau général des prix.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 205
Niveau des prix (IIP, 2007 = 100) Niveau des prix (IPP, 2007 = 100)
140 140 1
Réduction de
1 2 PIB PIB
Hausse de Effet la dépense agrégée
potentiel potentiel
la dépense multiplicateur
130 agrégée 130
2
Effet
120 120 OA
OA multiplicateur
115
110 110
DA 0
105
100 100 DA 0– ∆D
90 DA1 90 DA 1
DA 0+ ∆D
DA 0
(a) Une politique monétaire expansionniste (b) Une politique monétaire restrictive
Au départ, le PIB réel est de 900 G$, ce qui est inférieur au PIB Au départ, le PIB réel est de 1 100 G$, ce qui excède le PIB potentiel
potentiel (1 000 G$) ; l’économie est en équilibre de sous-emploi. (1 000 G$) ; l’économie est en équilibre de suremploi. Pour éviter
Pour éviter une récession, la Banque du Canada baisse son taux l’inflation, la Banque du Canada pousse les taux d’intérêt à la hausse,
directeur, ce qui fait baisser les taux d’intérêt et accroît la dépense ce qui fait augmenter les taux d’intérêt et réduit la dépense agrégée.
agrégée. 1 La demande agrégée augmente de ΔD. 2 L’effet 1 La dépense agrégée diminue, la demande agrégée baisse de
multiplicateur de cette augmentation initiale de la demande ΔD, et la courbe de demande agrégée se déplace vers la gauche
agrégée déclenche une série d’augmentations des dépenses de jusqu’à DA0 – ΔD. 2 La baisse de la demande agrégée entraîne une
consommation. La courbe de demande agrégée se déplace jusqu’à série de réductions des dépenses de consommation, et la courbe de
DA1. Le PIB réel augmente et revient à égalité avec le PIB potentiel. demande agrégée se déplace à DA1. Le PIB réel diminue et revient
L’économie est en équilibre de plein-emploi. Le chômage diminue, à égalité avec le PIB potentiel. L’économie est en équilibre de plein-
et la récession est évitée. emploi. Le niveau des prix diminue, et l’inflation est évitée.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 207
Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
20 Taux d’escompte
Hausse des taux d’intérêt
pour lutter contre l’inflation
15
Taux des bons
du Trésor à
trois mois Baisse des taux d’intérêt
10 pour éviter une récession
Taux du financement
5 à un jour
0
1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 2015
Année
Sources : Statistique Canada, CANSIM, tableau 176-0041, Statistiques du marché financier, données du mercredi sauf indication contraire, hebdomadaire, modifié le 18-05-
2012. Statistique Canada, CANSIM, tableau 176-0078, Taux du marché et autres taux d’intérêt de la Banque du Canada, quotidien (en pourcentage), modifié le 05-01-2016.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 209
ÉPARGNER OU EMPRUNTER ?
Combien d’argent liquide conservez-vous dans votre portefeuille ? Et combien dans votre
compte bancaire ? Ne serait-il pas préférable de garder moins d’argent à la banque ?
Non, ce ne serait probablement pas judicieux. Pourquoi ? Parce que détenir de l’argent
liquide ne rapporte rien alors que le placer à la banque rapporte de l’intérêt.
Pourquoi ne choisissez-vous pas de diminuer votre solde de carte de crédit ? Le taux
d’intérêt sur ce solde correspond à ce que coûte le fait d’utiliser l’argent des autres
épargnants. En acquittant la totalité de votre solde, vous éviterez de payer un taux d’in-
térêt de plus de 20 % par année.
Si vous empruntez à taux variable, comme dans le cas des marges de crédit, les
variations du taux directeur affecteront directement votre taux d’intérêt. À l’inverse, si
vous empruntez à taux fixe pour la durée d’un terme (de trois, de quatre ou de cinq ans),
ces variations n’auront pas d’impact sur votre taux d’intérêt. Si vous prévoyez que le
taux directeur va augmenter, devriez-vous opter pour un taux variable ou pour un
taux fixe ?
Lisez-vous les différents communiqués de la Banque du Canada ? Il est probable que
non, mais rien ne vous empêche de le faire. Ainsi, vous serez beaucoup plus au fait de
la situation économique nationale. Pour devenir un consommateur averti, prenez l’ha-
bitude de visiter le site web de la Banque du Canada, www.banqueducanada.ca. Cliquez
sur l’onglet Publications et repérez la version la plus récente du Rapport sur la politique
monétaire. Vous y trouverez des renseignements sur ce qui se passe dans chacune des
provinces canadiennes et dans l’ensemble du pays.
De plus, gardez l’œil sur le calendrier de la Banque du Canada et guettez les dates
où elle annoncera sa décision de changer ou non le taux directeur. Cette opération sur-
vient à huit reprises durant l’année. Ces jours-là, suivez les nouvelles dans les médias.
Une fois l’annonce rendue publique, cherchez à connaître les raisons que la Banque a
données pour justifier son choix. Surveillez ce qui se passe sur le plan des taux d’intérêt
des banques afin d’être en mesure de décider s’il est préférable d’épargner ou
d’emprunter.
Le taux d’intérêt exigé sur le solde impayé d’une carte de crédit est de plus de 20 % par année.
210 PARTIE 3 COMPRENDRE LA MACROÉCONOMIE
8.3
3 Décrire et expliquer les fonctions de la Banque du Canada, les éléments clés
et les effets de la politique monétaire
RÉPONSES
1. En tant qu’agent financier du gouvernement fédéral, la Banque du Canada 4. Quand la Banque du Canada baisse son taux directeur, les taux d’intérêt
sert de banquier au gouvernement et gère sa trésorerie, ses réserves de diminuent, de même que la valeur du dollar sur le marché des changes.
devises étrangères ainsi que son portefeuille de titres. Avec la baisse des taux d’intérêt et du taux de change, l’investissement, les
2. a) La limite supérieure de la fourchette est de 4 % ; sa limite inférieure, de dépenses de consommation et les exportations nettes augmentent, ce qui
3,5 %. accroît la demande agrégée.
b) Le taux officiel d’escompte est égal à la limite supérieure de la Cette augmentation initiale de la demande agrégée a un effet d’entraîne-
fourchette, soit 4 %. ment sur les dépenses de consommation, et la demande agrégée augmente
c) Le taux de rémunération des dépôts est égal à la limite inférieure de la d’un multiple de la variation initiale des dépenses. L’économie atteint un
fourchette, soit 3,5 %. nouvel équilibre (au point d’intersection de la nouvelle courbe de demande
3. a) Comme les taux d’intérêt montent, les entreprises retardent leurs agrégée et de la courbe d’offre agrégée). Le PIB réel augmente, ainsi que le
achats de biens d’équipement. L’investissement privé brut diminue. niveau général des prix.
b) Comme les taux d’intérêt montent, les ménages retardent leurs gros
achats à crédit (voitures, électroménagers, etc.). Les dépenses de
consommation baissent.
c) Comme les taux d’intérêt canadiens montent et que les taux d’intérêt
étrangers demeurent les mêmes, la valeur du dollar canadien
augmente sur le marché des changes. Les biens canadiens deviennent
relativement plus coûteux pour les étrangers, et les exportations
canadiennes diminuent.
d) Avec la montée du dollar canadien, les biens importés deviennent
relativement moins coûteux pour les Canadiens. Les achats de biens
importés par les Canadiens augmentent.
CHAPITRE 8 LA MONNAIE ET LA POLITIQUE MONÉTAIRE 211
Le chapitre 8 en bref
2 Décrire le système monétaire et expliquer comment les institutions de dépôt créent de la monnaie
Création de monnaie
En générant des dépôts à partir de fonds disponibles (différence
entre les dépôts et les réserves désirées) qui sont prêtés
Multiplicateur des dépôts (Md)
= 1/rd où rd = coefficient des réserves désirées
Variation de la masse monétaire (ΔMM) = ΔD × Md
Banque du Canada
• Responsable de la conception, de l’émission, de la distribution et du remplacement des billets de banque
• Agent financier du gouvernement fédéral et prêteur en dernier ressort des institutions de dépôt
• Responsable de l’élaboration et de la mise en place de la politique monétaire du pays
Questions
de révision
Au terme de la section 8.1, Qu’est-ce que la monnaie ?, Au terme de la section 8.3, La Banque du Canada et la poli-
répondez aux questions 1 à 5. tique monétaire, répondez aux questions 8 à 10.
1. Lesquels des éléments suivants sont de la monnaie ? 8. À quel type d’opération sur le marché libre devrait procéder
a) Un chèque-cadeau Renaud-Bray d’une valeur de 100 $ la Banque du Canada pour abaisser le taux du financement
à un jour ? Expliquez les effets de cette mesure.
b) Un dépôt dans une caisse populaire
c) Une carte Visa 9. La Banque du Canada prévoit une récession et veut la
d) Un billet de 20 $ US contrer en abaissant son taux directeur. Quel sera l’effet de
e) Une carte de débit cette mesure sur les éléments suivants ?
a) La quantité de fonds disponibles pour le financement
2. Nommez les trois fonctions essentielles de la monnaie, puis à un jour et les taux d’intérêt à court terme
dites à laquelle vous associez chacun des énoncés suivants.
b) L’investissement privé brut et les dépenses
a) Une bonne chaîne stéréo coûte 2 000 $. de consommation
b) Vous achetez un nouveau téléphone intelligent à 600 $. c) Le taux de change du dollar canadien
c) Vous déposez 200 $ dans votre compte en prévision des et les exportations nettes
livres scolaires que vous aurez à vous procurer. d) La demande agrégée
d) Les kiwis sont en solde cette semaine à cinq pour 1 $. e) Le PIB réel et le niveau des prix
e) Vous épargnez depuis deux mois afin d’acheter une
nouvelle console de jeux vidéo. 10. La Banque du Canada prévoit une poussée inflationniste
et veut la contrer en haussant son taux directeur. Quel sera
3. Alice gagne 2,5 M$ au Lotto 6/49 et les dépose dans son l’effet de cette mesure sur les facteurs suivants ?
compte à la caisse populaire. Quel agrégat monétaire son a) La quantité de fonds disponibles pour le financement
dépôt modifie-t-il, M2 ou M2+ ? Justifiez votre réponse. à un jour et les taux d’intérêt à court terme
b) L’investissement privé brut et les dépenses
4. Thierry retire 100 $ de son compte d’épargne à la caisse
de consommation
populaire et les dépose dans son compte chèques à la CIBC.
Quel agrégat monétaire son dépôt modifie-t-il, M2 ou M2+ ? c) Le taux de change du dollar canadien
Justifiez brièvement votre réponse. et les exportations nettes
d) La demande agrégée
5. Monsieur Brunet dépose 5 000 $ en numéraire à sa banque. e) Le PIB réel et le niveau des prix
Le même jour, M. Corriveau obtient un emprunt de 5 000 $
à la même banque, qui dépose cette somme dans son
compte chèques. Ces deux transactions ont-elles modifié
M2 ? Si oui, de combien ? Justifiez votre réponse.
Appliquez
vos savoir-faire
Les réserves des institutions de dépôt
Si tous les gens qui ont des dépôts dans des institutions financières tentaient
de les retirer le même jour, ils constateraient vite que les réserves des
institutions de dépôt sont largement insuffisantes pour pourvoir à autant de
retraits simultanés.
MOTS CLÉS
Banque à charte, 190 Multiplicateur des dépôts, 194
Banque centrale, 196 Numéraire, 184
Banque du Canada, 196 Opération sur le marché libre, 200
Caisse populaire ou caisse d’économie, 190 Politique monétaire, 198
Cession en pension, 200 Pouvoir libératoire des pièces de monnaie, 184
Coefficient de réserves désirées, 193 Prise en pension, 200
Délai de transmission de la politique monétaire, 205 Réserves désirées, 192
Institutions de dépôt, 190 Réserves excédentaires, 193
Instrument de paiement, 182 Réservoir de valeur, 183
M2, 188 Société de fiducie et de prêt hypothécaire, 191
M2+, 188 Système monétaire canadien, 190
Masse monétaire, 188 Taux cible du financement à un jour, 199
Monnaie, 182 Taux de rémunération des dépôts, 199
Monnaie fiduciaire, 184 Taux officiel d’escompte, 199
Monnaie scripturale, 184 Troc, 183
Moyen d’échange, 183 Unité de compte, 182
214 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
PARTIE 4
CHAPITRE 9
L’ÉCONOMIE MONDIALE LE COMMERCE INTERNATIONAL
ACHETER DES
PRODUITS
LOCAUX OU
IMPORTÉS ?
ACHETER UNIQUEMENT DES PRODUITS DE CHEZ
NOUS n’est pas forcément avantageux lorsque nous
pouvons en acheter qui viennent d’ailleurs à meilleur
prix. Lorsque les étrangers achètent nos produits, nos
entreprises en profitent et créent de nouveaux emplois.
Le commerce international crée de l’emploi et de la
prospérité au pays, mais il rend aussi notre économie
plus vulnérable aux soubresauts économiques de nos
grands partenaires commerciaux, en particulier des
États-Unis. Le libre-échange oblige nos producteurs à
concurrencer les producteurs étrangers. Mais pouvons-
nous soutenir cette concurrence ? Dans les pays comme
la Chine, l’Inde et le Mexique, où les salaires sont
beaucoup plus bas que les nôtres, le commerce
international représente-t-il une menace pour les
travailleurs canadiens ? Tirons-nous avantage du
commerce international ?
Dans ce chapitre, vous découvrirez comment tous les
pays ont intérêt à produire les biens et services pour
lesquels ils détiennent un avantage dit comparatif, et à
échanger une partie de cette production avec d’autres
pays. Vous verrez que tous les pays peuvent être
concurrentiels, si élevés qu’y soient les salaires. Enfin,
vous apprendrez pourquoi, même s’ils ont tous avantage
à pratiquer le libre-échange, les pays tentent quand
même de le restreindre sous une forme ou une autre.
SAVOIR-FAIRE
1 Décrire sommairement la structure du
commerce international canadien
2 Expliquer comment tous les pays peuvent
tirer avantage du commerce international
3 Expliquer comment les barrières
commerciales restreignent le commerce
international
COUP D’ŒIL
9.3 SUR LE PASSÉ ACHETER DES
Les restrictions au commerce L’évolution des tarifs PRODUITS LOCAUX OU Le chapitre 9
international douaniers canadiens IMPORTÉS ? en bref
LE COMMERCE INTERNATIONAL :
9.1 L’EXEMPLE DU CANADA
Le commerce international représente les deux tiers du PIB canadien ; nos exportations
comptent pour environ 34 %, et les importations, 32 % du PIB canadien. Quels sont les
principaux biens et services que le Canada importe et exporte ? Près de la moitié de nos
exportations consistent en biens manufacturés (automobiles, machineries et biens de
consommation), et nous en importons encore plus (automobiles, téléviseurs, appareils
ménagers, jeans et t-shirts, etc.). Le Canada importe et exporte aussi un volume consi-
dérable de services.
dollar canadien et la vigueur de l’économie américaine à la fin des années 1990 et au début
des années 2000. À la fin de 2007, l’étonnante remontée du dollar canadien et la faiblesse
appréhendée de l’économie américaine ne semblaient pas avoir inversé la tendance.
Nos échanges commerciaux avec l’Union européenne, la Chine et le Japon sont éga-
lement importants, mais à une moindre échelle, comme l’explique la rubrique « Coup
d’œil sur l’économie canadienne » (p. 218). Notons que notre commerce avec la Chine
progresse à un rythme vertigineux.
Le Canada a également signé une douzaine d’autres accords de libre-échange, dont
ceux avec le Chili, la Corée du Sud, le Costa Rica et Israël. Un autre accord de libre-échange
a été signé, mais n’a pas encore été ratifié par les Parlements canadien et européen : l’Ac-
cord économique et commercial global (AECG) avec l’Union européenne, qui compte
28 pays. Cet accord donnera accès aux entreprises canadiennes à un marché de près de
500 millions de personnes et représentant environ 25 % de l’économie mondiale.
POURQUOI COMMERÇONS-NOUS ?
Ne vaudrait-il pas mieux tout produire nous-mêmes ? La réponse à cette question est
non. Certains pays sont relativement plus efficaces que d’autres dans la production de
certains biens ou services : ils détiennent un avantage comparatif dans la production Avantage comparatif
de ces biens ou services. Avantage que détient un pays
qui peut produire un bien ou un
Les pays détiennent un avantage comparatif si leur coût de production de certains service à un coût moindre que
celui d’un autre pays.
biens ou services est inférieur à celui de leurs partenaires commerciaux, ce qui rend les
échanges profitables. Voyons cela de plus près.
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
provenance des importations ? Source : Statistique Canada, CANSIM, tableau 228-0069, Importations et exportations
de biens sur la base de la balance des paiements, selon le pays ou le groupe de pays,
modifié le 05-04-2016.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 219
D 4 D
0,5 3 0,5 2 Quantité
La quantité achetée Quantité exportée 3
est égale à la quantité achetée Quantité
produite au Canada. au Canada produite
au Canada
0 20 40 60 80 100 0 20 30 40 60 80 100
Quantité (en locomotives par année) Quantité (en locomotives par année)
Prix (en dollars par t-shirt) Prix (en dollars par t-shirt)
12 12
1 O O
Équilibre
sans commerce
international
9 2 9
Prix
8
1
Prix
6 6 mondial
5
3
Quantité produite
au Canada
3 3 3
La quantité achetée D 4 2 D
Quantité Quantité
est égale à la quantité importée achetée
produite au Canada. au Canada
0 4 8 12 16 0 4 8 10 12 16
Quantité (en millions de t-shirts par année) Quantité (en millions de t-shirts par année)
9.1
1 Décrire sommairement la structure du commerce international canadien
RÉPONSES
1. Le Canada échange principalement des biens manufacturés et des ma- 2. Le Canada est membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et
tières premières. de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), qui ont
pour mandat de libéraliser le commerce international.
222 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
2. Supposer que les coûts de renonciation de la production d’un jet régional au Canada et en
Chine sont constants simplifie et clarifie notre démonstration. Si nous supposions que ces
coûts de renonciation sont croissants, nous arriverions à la même conclusion, mais la dé-
monstration serait un peu plus complexe, et la conclusion, moins claire.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 223
0 15 20 40 50 60 80 100
Jets régionaux (par année)
(a) CPP du Canada
224 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
2
La Chine produit 100 millions
Q de paires de chaussures de sport
100 et en échange 60 millions contre
30 jets régionaux.
1 S’il se spécialise dans la production de jets régionaux,
3
Les deux pays consomment le Canada en produit 100 par année au point P.
CPP du Canada davantage des deux biens. 2 Si elle se spécialise dans la production de chaussures de
75
sport, la Chine en produit 100 millions de paires par année
au point Q.
60 A' 3 Si les chaussures de sport et les jets régionaux s’échangent
1 à raison de 2 millions de paires de chaussures par jet,
50 A Le Canada produit
100 jets régionaux les deux pays peuvent accroître leur consommation des
40 B' et en échange 30 contre deux biens, et consommer respectivement aux points A’ et B’.
60 millions de paires Les gains de l’échange équivalent à la consommation accrue
de chaussures de sport. des deux pays.
25 B
CPP de la Chine
10
P
0 20 30 40 60 70 80 100 120
Jets régionaux (par année)
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 225
9.2
2 Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international
RÉPONSES
1. a) En Amérique du Nord, le coût de renonciation d’une unité de produits e) et f) L’Amérique du Nord et l’URSS ont toutes deux réalisé des gains :
agricoles était de 2 unités de biens industriels. grâce à la reprise de leurs échanges commerciaux, ces deux blocs
b) En URSS, le coût de renonciation d’une unité de produits agricoles ont obtenu plus de biens industriels et de produits agricoles.
était de 3 unités de biens industriels. Quand ils se spécialisent dans la production du bien pour lequel
c) L’Amérique du Nord détenait un avantage comparatif dans la ils détiennent un avantage comparatif, puis font des échanges
production de produits agricoles parce que le coût de renonciation internationaux, les pays y gagnent toujours.
d’une unité de produits agricoles était inférieur à celui de l’URSS.
d) L’Amérique du Nord a importé de l’URSS les biens pour lesquels ce
pays détenait un avantage comparatif : les biens industriels.
226 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
Coup d’œil
SUR UN GRAND ÉCONOMISTE
1
9,0 Prix
canadien Si le Canada impose un tarif douanier sur les
importations de t-shirts, 1 le prix canadien
7,5 est égal au 2 prix mondial 3 plus le tarif
3 douanier, de sorte que le tarif douanier
6,0 Tarif augmente le prix que les Canadiens paient
douanier pour un t-shirt. 4 La quantité de t-shirts
5,0 achetée au Canada diminue. 5 La quantité
6 2 de t-shirts produite au Canada s’accroît, et
Les importations Prix 6 les importations de t-shirts diminuent
4
diminuent. La quantité D mondial également. Le gouvernement canadien
3,0
achetée au perçoit le revenu tarifaire (rectangle mauve).
5 Canada
La quantité Quantité achetée
produite diminue.
au Canada
au Canada
s’accroît.
0 2 4 5 8 10 12 16
Quantité (en millions de t-shirts par année)
9,0
1 Le prix mondial est de 5 $ l’unité.
3
Le prix 2 Les 3 millions de t-shirts par année que
7,5
canadien le quota permet d’importer s’ajoutent à
monte. 1
Prix l’offre canadienne de t-shirts, ce qui donne la
mondial courbe d’offre du marché O + quota. 3 Le prix
canadien d’équilibre monte à 7,50 $ l’unité,
5,0 et 4 la quantité achetée diminue au Canada.
6
Les importations 5 Le Canada produit 2 millions de t-shirts
diminuent. 4 par année, et 6 les importations canadiennes
3,0 La quantité
achetée sont égales au quota de 3 millions par année.
5 D
La quantité au Canada
produite diminue.
au Canada
augmente.
0 2 5 10 16
Quantité (en millions de t-shirts par année)
230 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
25 Adoption de la politique
Guerre des tarifs douaniers
nationale de tarifs douaniers
des années 1930
20
Adoption
15 du GATT
Kennedy
Round
10 Uruguay
Round
5 Tokyo
Round
0
1872 1892 1912 1932 1952 1972 1992 2012
Année
Sources : Statistique Canada, Statistiques historiques du Canada, catalogue 11-516 (juillet 1999) ; Statistique Canada,
CANSIM, tableau 380-0002, Produit intérieur brut (PIB), en termes de dépenses, trimestriel, modifié le 01-03-2012 ;
Statistique Canada, CANSIM, tableau 380-0034, Comptes sous-secteurs des revenus et dépenses de l’administration
fédérale, trimestriel, modifié le 01-03-2012.
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 231
9.3
3 Expliquer comment les barrières commerciales restreignent le commerce international
RÉPONSES
1. a) Les consommateurs canadiens paient moins cher les biens importés 2. a) Les consommateurs américains paient plus cher les pommes de terre.
du Mexique. b) Les achats de pommes de terre ont diminué aux États-Unis.
b) Le volume des importations canadiennes en provenance du Mexique a c) Les exportations canadiennes de pommes de terre vers les États-Unis
augmenté. ont baissé.
c) Le volume des exportations canadiennes vers le Mexique a augmenté.
d) Le revenu tarifaire que le commerce avec le Mexique rapportait au
gouvernement est maintenant nul.
234 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
Le chapitre 9 en bref
2 Expliquer comment tous les pays peuvent tirer avantage du commerce international
Questions
de révision
Au terme de la section 9.1, Le commerce international : 5. Le tableau 1 donne les possibilités de production du Sao
l’exemple du Canada, répondez aux questions 1 à 3. Rico et le tableau 2, celles du Gran Chapo.
6. Le Ponja et le Becqué ne produisent que deux biens : des a) Si le gouvernement du Brasero imposait un tarif
calculatrices et du papier journal. Le tableau 3 donne les douanier de 20 % sur les importations d’automobiles,
possibilités de production du Ponja et le tableau 4, celles du quel en serait l’effet sur :
Becqué. En autarcie, la production du Ponja se situe au point D 1. Le prix d’une automobile au Brasero ?
de son tableau des possibilités de production, et le Becqué, au 2. La quantité d’automobiles achetée au Brasero ?
point B du sien.
3. La quantité d’automobiles importée au Brasero ?
Tableau 3 4. La quantité d’automobiles produite au Brasero ?
Possibilités de production 5. Le revenu tarifaire du gouvernement du Brasero ?
du Ponja b) Supposons que le gouvernement du Brasero impose
Bien A B C D E F un quota de 5 millions d’automobiles par année. Situez
Calculatrices dans la figure 3 :
60 48 36 24 12 0 1. Le prix d’une automobile au Brasero ;
(en millions d’unités)
2. La quantité d’automobiles achetée au Brasero ;
Papier journal
0 12 24 0 36 48 3. La quantité d’automobiles importée au Brasero ;
(en millions de tonnes)
4. La quantité d’automobiles produite au Brasero.
Tableau 4
Possibilités de production 8. Le tableau 5 donne les barèmes d’offre et de demande des
du Becqué tapis de souris en Syldavie. En autarcie (sans commerce
Bien A B C D E F international), le prix et la quantité d’équilibre sont respec-
tivement de 5 $ et de 140 000 tapis de souris sur le marché
Calculatrices intérieur. Supposons que la Syldalvie ouvre ses frontières
40 32 24 16 8 0
(en millions d’unités) au commerce extérieur.
Papier journal
0 10 20 30 40 50 Tableau 5
(en millions de tonnes)
Prix Quantité demandée Quantité offerte
a) Quel pays jouit actuellement d’un avantage comparatif
dans la production de papier journal ? Dans la production (en dollars par (en milliers de tapis de souris
de calculatrices ? tapis de souris) par semaine)
b) Chiffrez l’augmentation de la production totale des 2 170 110
deux pays si chacun produit le bien pour lequel il jouit 3 160 120
d’un avantage comparatif. 4 150 130
c) Si les deux pays avaient exactement les mêmes 5 140 140
ressources productives, quel pays jouirait d’un avantage 6 130 150
absolu dans la production de papier journal ? Dans la
7 120 160
production de calculatrices ?
8 110 170
d) Si le Becqué et le Ponja s’entendaient pour échanger
34 millions de calculatrices contre 38 millions de tonnes a) Si le prix mondial des tapis de souris est de 7 $, la
de papier journal, quels seraient les gains de chaque Syldalvie sera-t-elle exportatrice ou importatrice de
pays pour chacun des biens ? tapis de souris ? Pour quelle quantité ? Quelles seront
les valeurs de la production et de la consommation
Au terme de la section 9.3, Les restrictions au commerce
intérieures de tapis de souris ?
international, répondez aux questions 7 à 10. b) Si le prix mondial des tapis de souris est de 3 $, la
Syldalvie sera-t-elle exportatrice ou importatrice de
7. La figure 3 illustre le marché de l’automobile au Brasero
tapis de souris ? De combien d’unités ? Quelles seront
en l’absence de restrictions sur les importations d’automo- les valeurs de la production et de la consommation
biles. Le prix mondial d’une automobile est de 10 000 $. intérieures de tapis de souris ?
Figure 3 c) Supposons que le prix mondial des tapis de souris est
Brasero de 3 $ et que la Syldavie impose un tarif de 1 $ par tapis
Prix (en k$ par automobile) de souris. Quelles seront les valeurs de la production
20
intérieure, de la consommation intérieure et des
importations de tapis de souris ? Quel sera le revenu
O
15 tarifaire du gouvernement ?
12 d) Supposons que la Syldavie impose un quota de
10
20 000 tapis de souris par semaine. Quel sera le prix
5
du tapis de souris et quelles seront les valeurs de la
D
production intérieure, de la consommation intérieure et
des importations de tapis de souris ?
0 5 8 10 15 20 25
Quantité (en millions
d’automobiles par année)
CHAPITRE 9 LE COMMERCE INTERNATIONAL 237
9. La figure 4 illustre la demande et l’offre quotidiennes de a) Quels sont le prix d’équilibre et la quantité d’équilibre
chemises au Nacada en l’absence de restrictions sur les sur le marché nacadien des chemises si le Nacada
importations de chemises. Le prix mondial des chemises fonctionne en autarcie (sans commerce extérieur) ?
est de 24 $ l’unité. b) Quelles sont, au prix mondial de 24 $, les valeurs de la
production intérieure, de la consommation intérieure et
Figure 4 des importations de chemises du Nacada ?
Nacada
c) Cédant aux pressions des fabricants canadiens, le
Prix (en dollars par chemise)
gouvernement impose un tarif de 4 $ par chemise
60 D O importée. Chiffrez la production intérieure, la
52
consommation intérieure et les importations de
44
chemises après l’imposition du tarif. Quel est le revenu
36
Prix
mondial
tarifaire du gouvernement nacadien ?
28
24
20
10. Quelles sont les différentes mesures pour restreindre le
12
commerce international ? Donnez un exemple de chacune
4
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
de ces mesures.
Quantité
(en milliers de chemises par jour)
Appliquez
vos savoir-faire
L’accord sur le bois d’œuvre entre
le Canada et les États-Unis4
L’Accord sur le bois d’œuvre de 2006 conclu entre le Canada et les États-
Unis n’est plus en vigueur depuis le 12 octobre 2015. En vertu de cet accord,
les exportateurs canadiens de bois d’œuvre devraient payer des droits à
l’exportation.
Malgré cet accord, les États-Unis ont déposé, à trois reprises, des plaintes
à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Les programmes de soutien
à l’industrie forestière de l’Ontario et du Québec constituaient, aux yeux des
Américains, une forme de subvention aux producteurs canadiens de bois
d’œuvre. Cela a conduit à l’imposition d’une surtaxe sur les importations de
bois d’œuvre en provenance du Canada.
Depuis 2006, les exportations canadiennes de bois d’œuvre vers les
a) Quelle a été la conséquence de cette surtaxe sur les exportations États-Unis ne cessent de diminuer.
canadiennes de bois d’œuvre vers les États-Unis ? Expliquez pourquoi.
MOTS CLÉS
Avantage absolu, 225
Avantage comparatif, 217
Barrière commerciale non tarifaire, 227
4. Ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation, Accord sur le bois d’œuvre résineux
de 2006 entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis, www. Protectionnisme, 227
economie.gouv.qc.ca/fr/objectifs/conformer/accords-commerciaux/page/accords-commer-
ciaux-12519/?tx_igaffichagepages_pi1%5Bmode%5D=single&tx_igaffichagepages_pi1%5B- Quota d’importation, 227
backPid%5D=53&tx_igaffichagepages_pi1%5BcurrentCat%5D=&cHash=705ceafb01ee70d- Tarif douanier, 227
7d51e033b74d2805a (page consultée le 26 avril 2016).
238 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
PARTIE 4
CHAPITRE 10
L’ÉCONOMIE MONDIALE LA FINANCE INTERNATIONALE
COMBIEN
COÛTERA VOTRE
PROCHAIN
VOYAGE À
L’ÉTRANGER?
LE COÛT DE VOS VACANCES À L’ÉTRANGER dépend
de la valeur de notre devise en monnaies étrangères (en
euros ou en dollars américains ou d’autres devises, selon
votre destination) sur le marché des changes. Si notre
devise prend de la valeur en monnaies étrangères, vos
vacances vous coûteront moins cher. Au contraire, si elle
en perd, vous dépenserez davantage pour vos vacances.
En 1970, le dollar canadien était à égalité avec le dollar
américain, mais sa valeur a dégringolé dans les années
qui ont suivi, et il ne valait plus que 0,69 $ US en 1986.
En 1991, il était remonté à 0,89 $ US ; en 2002, il était
redescendu à 0,62 $ US, et le 7 novembre 2007, il
s’échangeait à 1,09 $ US, un record, pour ensuite osciller
autour de la parité. En 2015, il s’échangeait à 0,78 $ US.
Pourquoi la valeur du dollar canadien par rapport à celle
du dollar américain fluctue-t-elle autant ? Pourrions-
nous et devrions-nous prendre des mesures pour
stabiliser la valeur de notre dollar ?
Ce chapitre porte sur la finance internationale. Vous y
apprendrez comment les pays tiennent leurs comptes
internationaux. Qu’est-ce qui fait qu’un pays est un
prêteur net ou un emprunteur net ? Comment
détermine-t-on la valeur de notre monnaie en monnaies
étrangères ?
SAVOIR-FAIRE
1 Décrire les comptes de la balance
des paiements d’un pays, et expliquer
la différence entre un emprunteur net
et un prêteur net
2 Expliquer comment s’établit le taux
de change de notre dollar et pourquoi
il fluctue
3 Expliquer comment la Banque du Canada
pourrait influer sur le taux de change
de la devise canadienne
COUP D’ŒIL
COUP D’ŒIL SUR LE PASSÉ
SUR LE PASSÉ 10.3 COMBIEN COÛTERA Le taux de change du dollar
Pourquoi le taux de change La Banque du Canada et le VOTRE PROCHAIN canadien de 1947 à 2015 : Le chapitre 10
est-il si volatil ? marché des changes VOYAGE À L’ÉTRANGER ? fixe ou flexible ? en bref
LE FINANCEMENT DU COMMERCE
10.1 INTERNATIONAL
Un magasin Sony établi au Canada qui importe des consoles de jeu du Japon ne les paie
pas en dollars canadiens, mais en yens. De même, une entreprise ferroviaire irlandaise
qui achète une locomotive à Electro-Motive Diesel, en Ontario, la paie en dollars cana-
diens. Quand on achète des biens et services provenant d’un autre pays, on les paie avec
la devise de ce pays ; cela vaut pour tout achat, qu’il s’agisse d’un produit de consom-
mation, d’un bien d’équipement, d’un édifice ou d’une entreprise.
Avant d’étudier les marchés où s’achètent et se vendent les diverses devises natio-
nales, nous nous pencherons sur l’ampleur du commerce international, les transferts de
capitaux et les investissements internationaux, et sur la façon dont ces transactions sont
consignées dans la balance des paiements.
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE CANADIENNE
Le solde du compte capital et financier (courbe jaune) Entre quelles années le compte courant était-il en excédent ?
donne l’image inversée du solde du compte courant (courbe Entre quelles années était-il en déficit ? Pour quelle raison le
verte). La divergence statistique (courbe rouge) – l’écart entre compte courant est-il redevenu déficitaire en 2008-2009 ?
4 Compte capital
et financier
3
2
Divergence statistique
1
–1
–2 Compte
courant
–3
–4
Dans cette analogie, les revenus de travail de Johanne correspondent aux revenus
d’exportations d’un pays ; ses revenus d’intérêt, aux revenus primaires que ce pays
reçoit de l’étranger ; ses achats de biens et services (y compris l’achat de sa maison),
aux dépenses en importations du pays ; son prêt hypothécaire, c’est-à-dire ce qu’elle a
emprunté, aux emprunts contractés ailleurs dans le monde ; l’héritage de sa vieille mar-
raine décédée, à une entrée nette de capital.
244 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
PRÊTEURS ET EMPRUNTEURS
Emprunteur net On qualifie d’emprunteur net un pays dont le compte courant est déficitaire et qui
Pays dont le compte courant emprunte davantage qu’il ne prête, et de prêteur net un pays dont le compte courant
est déficitaire et qui emprunte
davantage qu’il ne prête. est excédentaire et qui prête davantage qu’il n’emprunte.
Prêteur net Même si le Canada a été un prêteur net de 1999 à 2008, ce statut est très récent. De
Pays dont le compte courant la fin de la Deuxième Guerre mondiale à 1998, le Canada a généralement été un emprun-
est excédentaire et qui prête
davantage qu’il n’emprunte. teur net ; il n’a été un prêteur net que 20 années sur 62 – surtout concentrées dans les
années 1940 ! La récession de 2008-2009 a ramené le Canada à son statut
d’emprunteur net.
Durant la même décennie, les États-Unis sont passés du statut de prêteur net à celui
d’emprunteur net, et, depuis 1989, le solde du compte courant américain n’a cessé d’être
déficitaire. Alors que, historiquement, ce pays était le principal prêteur au monde, il en
est devenu le principal emprunteur net (voir le « Coup d’œil sur l ’économie
mondiale »).
La plupart des pays sont des emprunteurs nets, mais quelques-uns sont des prêteurs
nets ; parmi eux, la Chine, le Japon, l’Allemagne et, à cause de sa richesse pétrolière,
l’Arabie saoudite. Les exportations de ces pays excèdent leurs importations, ce qui leur
fournit des fonds à prêter et à investir à l’étranger.
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE MONDIALE
Source : Banque Mondiale, Balance des paiements courants (BDP, $ US courants),
1. La Russie ayant été temporairement suspendue du groupe depuis mars 2014, http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/BN.CAB.XOKA.CD (page consultée le
le G8 est redevenu le G7. 30 avril 2016).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 245
Coup d’œil
SUR L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
Le déficit de la balance commerciale du Québec depuis De 1986 à 2014, le volume des exportations du Québec a-t-il
2002 vient de la faible croissance de la valeur des exportations, toujours été supérieur à celui des importations ? Que pouvait-on
plombée par la hausse du huard et la Grande Récession de 2008- observer le plus souvent au cours de cette période ? L’entrée en
2009, et de la forte croissance de la valeur des importations, vigueur de l’ALENA en 1994 a-t-elle modifié cette situation ? En
attribuable surtout à la flambée du prix du pétrole. En 2014, 2014, le déficit de la balance commerciale du Québec s’élevait à
alors que notre commerce avec les États-Unis montre un 22 G$. Quelles sont les raisons de ce déficit ?
200
190
180 Déficit
170
160
150
140
130
120
110 Excédent
100 Importations
90
80
70
60 Exportations
0 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014
Année
Sources : Statistique Canada, Les comptes économiques des provinces et des territoires : Tableaux de données, numéro 13-018X
au catalogue (disponible en ligne) ; Statistique Canada, CANSIM, tableau 384-0038, PIB, en termes de dépenses, provinciaux
et territoriaux, annuel, modifié le 10-11-2015 ; Québec, Développement économique, Innovation et Exportation, Le Calepin –
le commerce extérieur du Québec, édition 2015.
246 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
10.1
1 Décrire les comptes de la balance des paiements d’un pays, et expliquer la différence
entre un emprunteur net et un prêteur net
RÉPONSES
1. a) Le solde du compte courant est égal aux exportations nettes plus Le solde du compte capital et financier est égal à la somme des soldes
les revenus primaires nets plus les revenus secondaires nets, soit des deux comptes, soit −11 G$. La divergence statistique permettant
+ 10 G$. Le solde du compte capital est égal aux entrées moins les d’équilibrer les comptes de la balance des paiements est de + 1 G$.
sorties de capital, soit + 4 G$. Le solde du compte financier est égal b) En 2015, la Haute-Slobovie est un prêteur net puisque le solde de son
à la différence entre les investissements étrangers en Haute-Slobovie compte courant est positif.
et les investissements de la Haute-Slobovie à l’étranger, soit −15 G$.
Le taux de change est le prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle Taux de change
d’un autre pays. Après avoir atteint la parité avec le dollar américain en septembre 2007, Prix auquel la monnaie d’un
pays s’échange contre celle
le dollar canadien a dépassé ce dernier pour la première fois depuis trois décennies. d’un autre pays.
Ainsi, le 7 novembre 2007, le taux de change du dollar canadien en dollars américains
était de 1,09 $ US. Pour exprimer le taux de change du dollar américain en dollars cana-
diens, il suffit d’inverser le taux canadien : ainsi, en novembre 2007, le taux de change
du dollar américain en dollars canadiens était de 0,92 $, soit (1 $ ÷ 1,09 $ US).
Il y a appréciation d’une devise quand une devise prend de la valeur par rapport à Appréciation d’une devise
une autre. Par exemple, si la valeur du dollar canadien grimpe de 0,92 $ US à 1,00 $ US, Augmentation de la valeur d’une
devise par rapport à une autre.
le dollar canadien s’apprécie de 8,7 %.
Il y a dépréciation d’une devise quand une devise perd de la valeur par rapport à une Dépréciation d’une devise
autre. Par exemple, si la valeur du dollar canadien descend de 1,00 $ US à 0,92 $ US, le dollar Diminution de la valeur d’une
devise par rapport à une autre.
canadien se déprécie de 8 %. Autrement dit, quand le dollar canadien se déprécie par rap-
port au dollar américain, le dollar américain s’apprécie par rapport au dollar canadien.
La figure du « Coup d’œil sur le passé » (page 254) montre les hauts et les bas de la
devise canadienne par rapport à la devise américaine de 1947 à 2015.
Mais qu’est-ce qui fait fluctuer une devise ? Pour répondre à cette question, il faut
comprendre les forces qui déterminent le taux de change. En effet, le cours d’une devise
est un prix, et, comme tous les prix, il est déterminé par l’offre et la demande.
3. Stéphane DUSSEAULT, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le Journal de Mon-
tréal, jeudi 14 avril 2016, http://www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins-
cheres-avec-lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 249
0,85 1
Une hausse du taux de change
réduit la quantité demandée Toutes choses étant égales par ailleurs, la quantité
de dollars.
de dollars que les gens prévoient acheter dépend du
taux de change.
0,80
1 Une hausse du taux de change du dollar canadien
réduit la quantité demandée de celui-ci et entraîne
un mouvement vers le haut le long de la courbe de
demande de dollars canadiens. 2 Une baisse du
0,75 taux de change du dollar canadien accroît la quantité
demandée de celui-ci et entraîne un mouvement
2 vers le bas le long de la courbe de demande de
Une baisse du taux
de change accroît dollars canadiens.
0,70 la quantité demandée
de dollars. D
0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)
Plus cet écart est élevé, plus la demande de biens et services canadiens est importante,
et plus la demande de dollars canadiens s’accroît sur le marché des changes.
LE TAUX DE CHANGE ANTICIPÉ Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de
change anticipé est élevé, plus la demande de dollars canadiens est forte. Pour saisir ce
phénomène, mettez-vous à la place du directeur financier de Dell. Aujourd’hui, le dollar
canadien vaut 0,75 $ US, mais vous pensez que son prix grimpera à 0,80 $ US à la fin du
mois. Vous décidez donc d’acheter maintenant 1 000 000 $ au prix de 750 000 $ US. À
la fin du mois, le dollar canadien grimpe à 0,80 $ US, comme vous l’aviez prévu. Vous
vendez alors 1 000 000 $ au prix de 800 000 $ US, et vous réalisez un profit de 50 000 $ US.
Toutes choses étant égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus le
profit anticipé est important, et plus la demande de dollars canadiens est forte.
La figure 10.2 résume les facteurs qui influent sur la demande de dollars. Une hausse
de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une hausse
du taux de change anticipé accroît la demande de dollars et déplace la courbe de demande
vers la droite, de D0 à D1. Une baisse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du
Canada et des autres pays ou une baisse du taux de change anticipé réduit la demande de
dollars canadiens et déplace la courbe de demande vers la gauche, de D0 à D2.
0,85 1
Augmentation de
la demande de dollars
0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)
0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)
décidez d’attendre à la fin du mois. En effet, aujourd’hui, vous n’aurez que 0,75 $ US
pour un dollar canadien, tandis que, si vos prévisions se réalisent, vous en obtiendrez
0,80 $ US à la fin du mois – un profit de 0,05 $ US par dollar. Donc, toutes choses étant
égales par ailleurs, plus le taux de change anticipé est élevé, plus le profit anticipé de la
vente immédiate de dollars canadiens est faible, et plus l’offre immédiate de dollars
canadiens est faible elle aussi.
La figure 10.4 résume les facteurs qui influent sur l’offre de dollars canadiens. Une
hausse de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou
une hausse du taux de change anticipé réduit l’offre de dollars canadiens et déplace la
courbe d’offre de dollars canadiens vers la gauche, de O0 à O1. Inversement, une baisse
de l’écart entre les taux d’intérêt ou d’inflation du Canada et des autres pays ou une
baisse du taux de change anticipé augmente l’offre de dollars canadiens et déplace la
courbe d’offre de dollars canadiens vers la droite, de O0 à O2.
L’équilibre du marché
La figure 10.5 montre comment l’offre et la demande déterminent le taux de change sur
le marché des changes. La demande est représentée par la courbe D, et l’offre, par la
courbe O. Comme dans les autres marchés, le prix (le taux de change de la devise) joue
le rôle de régulateur. Si le taux de change d’une devise est trop élevé, il y a un surplus
– la quantité offerte de cette devise dépasse la quantité demandée. Par exemple, à la
figure 10.5, quand le taux de change du dollar canadien est de 0,80 $ US, il y a une offre
excédentaire de dollars canadiens sur le marché des changes.
Si le taux de change d’une devise est trop bas, il y a une pénurie – la quantité offerte
de cette devise est inférieure à la quantité demandée. Ainsi, on voit à la figure 10.5 que
l’offre de dollars canadiens est déficitaire à un taux de change de 0,70 $ US.
Au taux de change d’équilibre, il n’y a ni pénurie ni surplus ; la quantité offerte est
égale à la quantité demandée. À la figure 10.5, le taux de change d’équilibre du dollar
canadien est de 0,75 $ US. À ce taux, la quantité demandée et la quantité offerte corres-
pondent toutes les deux à 50 G$ par jour.
0,85
1
0,70 Augmentation
de l’offre
de dollars
0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 253
1 O
Excédent de dollars
canadiens à 0,80$US
0,85 La demande de dollars canadiens est représentée
par la courbe D, et l’offre, par la courbe O.
1 Si le taux de change du dollar canadien est de
0,80 $ US, il y a un surplus de dollars canadiens,
0,80 ce qui fait baisser le taux de change.
2 Si le taux de change du dollar canadien est de
0,70 $ US, il y a une pénurie de dollars canadiens,
3
Équilibre ce qui fait monter le taux de change.
0,75 à 0,75$US
3 Si le taux de change est de 0,75 $ US, il n’y a
ni pénurie ni surplus, et le taux de change du
dollar canadien reste constant. Le marché est
en équilibre.
0,70
D
2
Pénurie de dollars
canadiens à 0,70$US
0 30 40 50 60 70
Quantité (en G$ par jour)
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
Figure 1 Figure 2
Dépréciation du dollar canadien de 1991 à 2002 Appréciation du dollar canadien de 2002 à 2007
Taux
Tauxde
dechange
change(en
(endollars
dollarsaméricains
américainspar
pardollar)
dollar) Taux
Tauxde
dechange
change(en
(endollars
dollarsaméricains
américainspar
pardollar)
dollar)
11
On
Onanticipe
anticipe OO0707
OO9191
une
unedépréciation
dépréciation
du
dudollar
dollarcanadien.
canadien.
OO 0202 1,09
1,09
OO0202
0,87
0,87
11
On
Onanticipe
anticipe
une
uneappréciation
appréciation
DD9191 du
dudollar
dollarcanadien.
canadien.
DD0707
0,62
0,62
22
Le
Ledollar
dollar
se
sedéprécie.
déprécie. DD0202 0,62
0,62
22
Le
Ledollar
dollar
s’apprécie.
s’apprécie. DD0202
00 QQ00 00 QQ00
Quantité
Quantité(en
(enG$
G$par
parjour)
jour) Quantité
Quantité(en
(enG$
G$par
parjour)
jour)
(a)
(a)De
De1991
1991àà2002
2002 (b)
(b)De
De2002
2002àà2007
2007
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 255
10.2
2 Expliquer comment s’établit le taux de change de notre dollar et pourquoi il fluctue
RÉPONSES
1. a) Pour les étrangers, un taux d’inflation au Canada plus faible rend Figure 1 Figure 2
les biens et services canadiens moins chers que ceux de leur
Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de chang
propre pays. Pour les Canadiens, c’est le contraire. Les exportations O0
O1
O0
canadiennes augmentent et les importations diminuent. Cela se
traduit par une hausse de la demande de dollars canadiens etO 1une T1 O1 T1
baisse de l’offre de dollars canadiens, et une augmentation du taux O0
figure 1).
b) Pour les étrangers, les taux d’intérêt plus élevés au Canada qu’aux D0 D0
D1
États-Unis rendent les actifs financiers
T1
canadiens plus attrayants. T1
Pour les Canadiens, les actifs financiers étrangers le sont moins. La
D1
demande de dollars canadiens augmente, alors que l’offre de dollars D1 T0 T0
Les taux d’intérêt au Canada ont baissé alors que ceux aux États-Unis
ont augmenté. Cet écart entre les taux d’intérêt au Canada et ceux et c’est le taux cible de la Banque – indiqué par la droite
aux États-Unis a réduit la demande d’actifs financiers canadiens et a
fait augmenter la demande d’actifs financiers étrangers. La demande
horizontale rouge.
Supposons que la demande de dollars canadiens aug-
de dollars canadiens a diminué, alors que l’offre de dollars canadiens
s’est accrue. Ces deux déplacements se sont renforcés mutuellement,
mente et que la courbe de demande se déplace vers la
ce qui a fait baisser le taux de change du dollar canadien à 0,70 $ US.
droite jusqu’à D1. Le taux de change du dollar canadien
dépasse le taux cible. La Banque du Canada vend des
dollars canadiens pour acheter des dollars américains. Cette mesure augmente d’autant
l’offre de dollars canadiens et maintient le taux de change le plus près possible du taux
cible. La courbe d’offre se déplace vers la droite jusqu’à O1.
Par contre, si la demande de dollars canadiens ne cesse d’augmenter, la Banque ne
pourra pas maintenir indéfiniment le taux de change à 0,75 $ US, car cela l’obligerait à
vendre continuellement des dollars canadiens et à accumuler constamment des devises
étrangères, dans ce cas-ci des dollars américains.
De même, si le taux de change du dollar canadien demeure en deçà du taux cible, la
Banque ne pourra pas maintenir indéfiniment le taux de change à 0,75 $ US, car cela
l’obligerait à acheter continuellement des dollars canadiens et à vendre constamment
des dollars américains ; tôt ou tard, ses réserves de devises étrangères (en dollars amé-
ricains) s’épuiseraient et elle devrait y renoncer.
Pour ces raisons, en septembre 1998, la Banque du Canada a décidé de ne plus
intervenir directement sur le marché des changes, sauf en cas de crise majeure.
4. Pierre CLÉROUX., v.-p., économiste en chef, « Où s’en va le dollar canadien ? », Banque de dé-
veloppement du Canada (BDC), www.bdc.ca/fr/articles-outils/marketing-ventes-exportation/
exportation/pages/ou-va-dollar-canadien.aspx (page consultée le 29 avril 2016).
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 257
O0
0,85
0 30 40 50 60 70
Quantité (en milliards de dollars canadiens par jour)
10.3
3 Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change
de la devise canadienne
Coup d’œil
SUR LE PASSÉ
0,90
Quelle est la différence entre un régime de change fixe et
0,85 Parité entre le dollar canadien
et le dollar américain un régime de change flexible ? Quel était le taux de change cible
0,80 du dollar canadien de juillet 1946 à septembre 1950 et de 1962
0,75 à 1970 ? Quel a été le taux de change du dollar canadien le plus
0,70 bas et le plus haut jamais atteint jusqu’à maintenant ?
0,65
5. Les taux de change représentés dans la figure sont des moyennes annuelles ; ils 6. Pour une perspective historique détaillée, voir l’excellente monographie de
ne rendent pas compte des changements, parfois importants, qui surviennent au James Powell (2005), Le dollar canadien : une perspective historique, Banque du
cours de chaque année. Canada. Disponible en ligne gratuitement.
260 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
Le chapitre 10 en bref
Prêteur net
• Compte courant excédentaire
(prête plus qu’il n’emprunte)
3 Expliquer comment la Banque du Canada pourrait influer sur le taux de change de la devise canadienne
Questions
de révision
Au terme de la section 10.1, Le financement du commerce 3. Le tableau 2 montre la balance des paiements partielle
international, répondez aux questions 1 à 4. de trois pays : l’Alpha, le Bêta et le Gamma. Calculez les
données manquantes.
1. Dites si les transactions suivantes représentent une entrée
ou une sortie de fonds pour le Canada, et précisez lequel de Tableau 2
ces trois soldes elle modifie : le solde du compte courant, le
solde du compte capital ou le solde du compte financier. Balance des paiements
(en milliards de dollars)
a) Un éleveur de porc de la Beauce expédie 2 000 tonnes Alpha Bêta Gamma
de porc au Japon.
Compte courant
b) Le gouvernement canadien accroît son aide
économique au Darfour de 500 M$. Exportations de
+200 +300
c) Des investisseurs chinois achètent trois des plus biens et services
grandes mines de charbon du Canada. Importations de
-320 -250
d) Des fonds de placement américains achètent pour biens et services
100 M$ de bons du Trésor canadiens. Revenus primaires nets +14 -10 -15
e) Une entreprise pharmaceutique européenne achète un
brevet à une compagnie québécoise. Revenus secondaires nets -4 +5 -5
f) Bombardier vend 50 avions Q400 à un transporteur Solde du compte courant +20
danois. Compte capital
g) Le gouvernement canadien annule la dette de 500 M$ et financier
de la Zizanie.
Compte capital :
h) Un résident canadien expédie 1 000 $ par mois à ses
parents au Liban. Entrées de capital +20 +15
i) Un Russe émigre au Canada avec sa fortune Sorties de capital -10 -10
personnelle. Solde du compte capital +10
j) La Banque du Canada achète des euros pour le
Compte financier :
compte du Fonds de change du ministère des Finances
canadien. Investissements
+80 +100 +100
2. Les données du tableau 1 décrivent l’économie du Pays étrangers au pays
des Glaces, dont la devise est le glaçon, en 2015. Investissements
-125
du pays à l’étranger
Tableau 1
Solde du compte financier -22 +20
(en milliards
Poste Solde du compte
de glaçons) -20
capital et financier
Importations de biens et services 250
Divergence statistique +2
Exportations de biens et services 150
Revenus primaires nets -10 4. Qu’est-ce qu’un emprunteur net ? Qu’est-ce qu’un prêteur net ?
Donnez des exemples de pays qui sont dans cette situation.
Revenus secondaires nets +35
Entrées de capital 25 Au terme de la section 10.2, Le taux de change, répondez
aux questions 5 à 8.
Sorties de capital 21
5. Toutes choses étant égales par ailleurs, dites si ces événe-
Investissements étrangers
125 ments entraînent une appréciation ou une dépréciation du
au Pays des Glaces
dollar canadien.
Investissements du Pays des Glaces
55 a) La FED (la banque centrale des États-Unis) baisse son
à l’étranger
taux directeur.
a) Calculez le solde du compte courant. b) Les cambistes anticipent une baisse du taux de change
du dollar canadien par rapport à l’euro.
b) Calculez le solde du compte capital
c) La BCE (la Banque centrale européenne) hausse son
c) Calculez le solde du compte financier.
taux directeur.
d) Calculez le solde du compte capital et financier. d) Les cambistes anticipent une appréciation du yen par
e) Calculez la divergence statistique. rapport au dollar canadien dans les mois qui viennent.
f) Le Pays des Glaces est-il un emprunteur net ou un e) Le taux d’inflation aux États-Unis est plus élevé qu’au
prêteur net ? Pourquoi ? Canada.
262 PARTIE 4 L’ÉCONOMIE MONDIALE
6. Laquelle des deux figures illustre l’effet de chacun des 8. Le dollar canadien se déprécie. Lesquels des événements
événements mentionnés à la question 5. suivants peuvent avoir entraîné cette dépréciation ?
Pourquoi ?
Figure 1 Figure 2
Taux de change (en dollars américains par dollar) Taux de change (en dollars américains par dollar)
a) Les Canadiens achètent de plus en plus d’actions de
O0
O1 compagnies étrangères.
b) Les étrangers augmentent leurs achats d’obligations
O1 T1
canadiennes.
O0
T0 c) Les cambistes anticipent une dépréciation du dollar.
d) Les taux d’intérêt canadiens ont augmenté par rapport
D0
D1 à ceux des États-Unis.
T1
e) Les taux d’intérêt canadiens ont diminué par rapport
D1 T0 à ceux des États-Unis.
D0
Au terme de la section 10.3, La Banque du Canada et le
0 Q0 0 Q0
Quantité (en G$ par jour) Quantité (en G$ par jour) marché des changes, répondez aux questions 9 et 10.
9. Le dollar canadien s’apprécie pour atteindre 1 $ US. La
7. Le dollar canadien s’apprécie. Lesquels des événements Banque du Canada décide d’intervenir sur le marché des
suivants peuvent avoir entraîné cette appréciation ? changes pour le stabiliser.
Pourquoi ?
a) Quelles mesures la Banque peut-elle prendre
a) Les Canadiens achètent de plus en plus d’actions pour atteindre son objectif ?
de compagnies étrangères. b) La Banque pourrait-elle maintenir ces mesures
b) Les étrangers augmentent leurs achats d’obligations indéfiniment ? Justifiez votre réponse.
canadiennes.
10. Le dollar canadien se déprécie pour atteindre 0,60 $ US. La
c) Les cambistes anticipent une appréciation du dollar. Banque du Canada décide d’intervenir sur le marché des
d) Les taux d’intérêt canadiens ont augmenté par rapport changes pour le stabiliser.
à ceux des États-Unis.
a) Quelles mesures la Banque peut-elle prendre ?
e) Les taux d’intérêt canadiens ont diminué par rapport
à ceux des États-Unis. b) La Banque pourrait-elle maintenir ces mesures
indéfiniment ? Justifiez votre réponse.
CHAPITRE 10 LA FINANCE INTERNATIONALE 263
Appliquez
vos savoir-faire
Le huard s’envole !
Depuis le début de l’année 2016, la hausse de l’or noir a fait s’envoler le huard
[le dollar canadien]. « Depuis le début de l’année, le baril de pétrole est passé de
moins de 30 $ à 41 $ [US] », explique Hendrix Vachon, économiste principal au
Mouvement Desjardins. Il montre aussi du doigt les perspectives économiques
moins roses aux États-Unis. « Depuis le début de l’année, plusieurs devises ont
rebondi par rapport au dollar américain », note l’économiste. Finalement, les
bonnes données économiques canadiennes, comme la hausse de l’emploi,
ont aussi contribué à hausser la valeur de la monnaie canadienne7.
7. Stéphane DUSSEAULT, « Vacances moins chères avec l’envol du huard », Le journal de Mon-
tréal, jeudi 14 avril 2016, http://www.journaldemontreal.com/2016/04/14/vacances-moins- Depuis le début de l’année 2016, le dollar canadien s’est apprécié
cheres-avec-lenvol-du-huard (page consultée le 15 avril 2016). par rapport au dollar américain.
MOTS CLÉS
Appréciation d’une devise, 247 Emprunteur net, 245
Balance des paiements, 240 Marché des changes, 246
Compte capital et financier, 240 Prêteur net, 245
Compte courant, 240 Réserves officielles internationales du Canada, 241
Dépréciation d’une devise, 247 Taux de change, 247
GLOSSAIRE
A Budget fédéral Document annuel qui fait état des revenus et des dé-
penses du gouvernement du Canada, ainsi que du solde budgétaire qui
Appréciation d’une devise Augmentation de la valeur d’une devise par en résulte. (p. 160)
rapport à une autre. (p. 247)
Avantage absolu Avantage que détient un pays sur un autre lorsque,
pour un bien ou un service, sa production par unité de facteur est supé-
C
rieure. (p. 225) Caisse populaire ou caisse d’économie Coopérative de crédit de juri-
diction provinciale possédée et dirigée par ses membres, et qui fournit à ces
Avantage comparatif Avantage que détient un pays qui peut produire derniers les mêmes services qu’une banque. (p. 190)
un bien ou un service à un coût moindre que celui d’un autre pays. (p. 217)
Capital Outils, instruments, machinerie, édifices et autres constructions
que les entreprises utilisent pour produire des biens et services. (p. 7)
B Capital humain Savoirs, compétences et habiletés qu’on acquiert par les
Balance des paiements Bilan des activités commerciales et financières études, la formation en cours d’emploi et l’expérience de travail. (p. 8)
d’un pays sur la scène internationale pour une période donnée. (p. 240)
Cession en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre
Banque à charte Entreprise privée qui a obtenu du gouvernement fédéral à ses négociants principaux de leur vendre des titres du gouvernement
une charte l’autorisant à recevoir des dépôts et à accorder des prêts. (p. 190) canadien en s’engageant à les leur racheter le jour ouvrable suivant à un
prix convenu d’avance ; exerce une pression à la hausse sur le taux du finan-
Banque centrale Organisme public qui, dans un pays, est responsable cement à un jour. (p. 200)
de l’émission des billets de banque, agit comme agent financier du gouver-
nement central, offre des services bancaires à ce dernier ainsi qu’aux insti- Ceteris paribus Expression latine qui signifie « toutes choses étant égales
tutions de dépôt, sert de prêteur en dernier ressort à celles-ci, conduit la par ailleurs », ou, plus explicitement, « si tous les autres facteurs pertinents
politique monétaire et s’emploie à favoriser la fiabilité, la solidité, l’efficacité restent constants ». (p. 18)
et la compétitivité du système financier. (p. 196)
Chômage Situation d’une personne, d’une entreprise ou d’un secteur de
Banque du Canada Banque centrale du Canada. (p. 196) l’activité économique caractérisée par le manque de travail. (p. 120)
Barème de demande Liste des quantités demandées d’un bien, d’un Chômage cyclique (ou conjoncturel) Chômage dont les fluctuations
service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs su- coïncident avec celles du cycle économique ; augmente en période de réces-
sceptibles d’influer sur les intentions d’achat restent constants. (p. 53) sion et diminue en période d’expansion. (p. 121)
Barème d’offre Liste des diverses quantités offertes d’un bien, d’un Chômage frictionnel Chômage qui résulte de la mobilité normale de la
service ou d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs main-d’œuvre, c’est-à-dire du fait que des gens intègrent ou quittent conti-
susceptibles d’influer sur les intentions de vente restent constants. (p. 59) nuellement le marché du travail. (p. 121)
Barrière commerciale non tarifaire Toute mesure qui limite le com- Chômage saisonnier Chômage qui résulte de la baisse du nombre d’em-
merce international autre qu’un tarif douanier. (p. 227) plois en raison de contraintes saisonnières. (p. 121)
Bien ou service final Bien ou service destiné à son utilisateur final, et Chômage structurel Chômage qui apparaît quand le progrès technolo-
non à la production d’un autre bien ou d’un autre service. (p. 82) gique ou la concurrence internationale change les compétences requises
pour occuper un emploi ou modifie la localisation des emplois. (p. 121)
Bien ou service inférieur Bien ou service dont la demande diminue
quand le revenu augmente, et dont la demande augmente quand le reve- Coefficient de réserves désirées Pourcentage des dépôts que les insti-
nu diminue. (p. 55) tutions de dépôt jugent nécessaire de détenir sous forme de réserves. (p. 193)
Bien ou service intermédiaire Bien ou service produit par une entre- Complément Bien ou service consommé avec un autre. (p. 54)
prise, acheté par une autre entreprise et utilisé dans la production d’un Complément de production Bien ou service produit conjointement
autre bien ou d’un autre service. (p. 82) avec un autre. (p. 60)
Bien ou service normal Bien ou service dont la demande augmente Compte capital et financier Bilan en deux comptes (1) des transferts
quand le revenu augmente, et dont la demande diminue quand le reve- en capital et des échanges d’actifs intangibles (compte capital), et (2) des
nu diminue. (p. 55) investissements étrangers au Canada et des investissements du Canada à
Biens d’investissement Biens que les entreprises achètent pour ac- l’étranger (compte financier). (p. 240)
croître leur capacité de production. (p. 6) Compte courant Bilan des recettes et des paiements d’un pays sur la
Biens et services Produits que les êtres humains valorisent et produisent scène internationale pour une période donnée ; son solde est égal à la
pour satisfaire leurs besoins et leurs désirs ; les biens sont des objets phy- valeur des exportations nettes (exportations moins importations), des reve-
siques, et les services, des tâches qu’on accomplit pour des gens. (p. 6) nus primaires nets et des revenus secondaires nets. (p. 240)
Biens et services de consommation Biens et services que des parti- Courbe de demande Représentation graphique du barème de demande,
culiers achètent pour leur jouissance personnelle, et qui contribuent à leur c’est-à-dire des diverses quantités demandées d’un bien, d’un service ou
niveau de vie. (p. 6) d’une ressource à divers prix quand tous les autres facteurs susceptibles
d’influer sur les intentions d’achat restent constants. (p. 53)
Biens et services des administrations publiques Biens et services
qu’achètent les gouvernements et les administrations publiques. (p. 6) Courbe des possibilités de production (CPP) Frontière entre les
combinaisons de biens et services qu’il est possible de produire et celles
Biens et services d’exportation Biens et services produits dans un qu’il est impossible de produire avec une quantité de ressources fixe et une
pays et vendus dans d’autres pays. (p. 6) technologie donnée. (p. 32)
GLOSSAIRE 265
Dépréciation (ou consommation de capital fixe) Valeur de l’usure et Équilibre budgétaire Égalité des revenus et des dépenses budgé-
de l’obsolescence du stock de capital. (p. 89) taires. (p. 160)
Dépréciation d’une devise Diminution de la valeur d’une devise par Équilibre de plein-emploi Situation où le PIB réel d’équilibre est égal au
rapport à une autre. (p. 247) PIB potentiel. (p. 148)
Dette brute Valeur totale des engagements financiers. (p. 172) Équilibre de sous-emploi Situation où le PIB réel d’équilibre est infé-
rieur au PIB potentiel. (p. 149)
Dette fédérale Valeur de la dette nette moins les actifs non finan-
ciers. (p. 172) Équilibre de suremploi Situation où le PIB réel d’équilibre dépasse le
PIB potentiel. (p. 149)
Dette nette Valeur de la dette brute moins les actifs financiers. (p. 172)
Équilibre du marché Équilibre qui survient quand la quantité deman-
Diagramme de dispersion Graphique qui illustre les valeurs d’une va- dée est égale à la quantité offerte (autrement dit, quand les intentions des
riable associées à celles d’une autre variable. (p. 21) acheteurs et celles des producteurs coïncident). (p. 64)
266 GLOSSAIRE
Équilibre macroéconomique Situation où la quantité demandée de PIB Investissement privé brut Sommes consacrées à l’acquisition de
réel est égale à la quantité offerte de PIB réel à l’intersection des courbes de nouveaux biens d’équipement (outils, instruments, machines, bâtiments et
demande agrégée et d’offre agrégée. (p. 146) autres constructions) ainsi que l’investissement en stocks. (p. 84)
Excédent budgétaire Solde budgétaire positif : les revenus sont supé-
rieurs aux dépenses. (p. 160) L
Expansion Phase du cycle économique caractérisée par une accélération Loi de la demande Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par
soutenue de l’activité économique, laquelle se traduit par l’augmentation ailleurs, la quantité demandée d’un bien diminue si le prix de ce bien aug-
du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un creux et prend fin à un mente, et la quantité demandée d’un bien augmente si le prix de ce bien
sommet ; inclut une période de reprise. (p. 132) diminue. (p. 53)
Exportations de biens et services Biens et services produits au Canada Loi de l’offre Loi selon laquelle, toutes choses étant égales par ailleurs,
et vendus à l’étranger. (p. 85) la quantité offerte d’un bien augmente si le prix de ce bien augmente, et
Exportations nettes de biens et services Différence entre la valeur la quantité offerte d’un bien diminue si le prix de ce bien diminue. (p. 58)
des exportations de biens et services et la valeur des importations de biens Loyer Revenu que rapporte la terre. (p. 9)
et services. (p. 85)
Loyer plafond Loyer au-delà duquel la location d’un logement devient
illégale (voir prix plafond). (p. 72)
F
Facteurs de production Ressources productives qui servent à produire M
les biens et services ; comprennent la terre, le travail, le capital et l’entrepre-
neuriat. (p. 7) M2 Agrégat monétaire composé du numéraire hors banques, des dépôts
détenus par les particuliers dans les banques à charte et des dépôts à vue
Frais de la dette Somme des intérêts payés sur la dette, des primes, des et à préavis autres que ceux des particuliers, toujours dans les banques à
commissions, des frais de service et du coût d’émission de nouveaux titres charte. (p. 188)
du gouvernement (obligations ou bons du Trésor). (p. 170)
M2+ Agrégat monétaire composé de M2 auquel s’ajoutent tous les autres
types de dépôts dans les sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire, les
G caisses populaires, les caisses d’économie et autres institutions finan-
cières. (p. 188)
Graphique à barres (ou graphique de coupe transversale) Gra-
phique qui représente par des bandes horizontales ou verticales les valeurs Macroéconomie Branche de l’économique qui étudie les effets agrégés
de chacun des éléments d’un ensemble donné afin d’en faciliter la compa- (totaux) des choix des individus, des entreprises et des gouvernements sur
raison. (p. 23) l’économie nationale et mondiale. (p. 4)
Marché Tout ensemble qui réunit des acheteurs (les demandeurs) et des
vendeurs (les offreurs) pour leur permettre d’échanger. (p. 52)
H
Marché des changes Marché où l’on change des devises d’un pays contre
Histogramme (ou graphique de série chronologique) Graphique celles d’un autre pays. (p. 246)
qui mesure le temps sur l’axe des abscisses, et la variable ou les variables à
l’étude sur l’axe des ordonnées. (p. 21) Masse monétaire Quantité de monnaie en circulation. (p. 188)
Microéconomie Branche de l’économique qui étudie les choix des
I individus et des entreprises, ainsi que la façon dont ces choix répondent
aux incitatifs, interagissent entre eux et subissent l’influence des gouver-
Importations de biens et services Biens et services produits à nements. (p. 4)
l’étranger qu’achètent les ménages, les entreprises et les administrations
Modèle économique Représentation schématique d’un aspect donné du
publiques du Canada. (p. 85)
monde économique ; description qui ne retient que les éléments essentiels
Impôts nets Différence entre les impôts payés par les ménages et les pour expliquer le phénomène étudié. (p. 17)
entreprises et les paiements de transfert ou subventions qu’ils reçoivent
Monnaie Tout bien, jeton, coupon (ou, de nos jours, toute inscription dans
de l’État. (p. 85)
la mémoire d’un ordinateur) généralement accepté comme instrument de
Incitatif Récompense ou punition (« carotte » ou « bâton ») qui encourage paiement. (p. 182)
ou décourage une action. (p. 4)
Monnaie fiduciaire Monnaie en numéraire qui n’a aucune valeur en
Indice des prix à la consommation (IPC) Indicateur de l’évolution du soi ; sa valeur repose sur la confiance du public envers l’institution émet-
niveau moyen des prix d’un panier fixe de biens et services consommés par trice. (p. 184)
un ménage type au cours d’une période donnée. (p. 108) Monnaie scripturale Monnaie dématérialisée qui n’existe que sous
Indice implicite des prix du PIB (IIP) Moyenne des prix courants, expri- forme d’écritures comptables (de nos jours, inscrites dans la mémoire d’un
mée en pourcentage des prix d’une année de référence. (p. 92) ordinateur) et qui est constituée par l’ensemble des dépôts dans les institu-
tions de dépôt. (p. 184)
Inflation Situation où le coût de la vie monte. (p. 111)
Moyen d’échange Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription acceptés
Institutions de dépôt Banques, caisses populaires, caisses d’économie, en contrepartie de biens et services. (p. 183)
sociétés de fiducie et de prêt hypothécaire qui acceptent les dépôts, ac-
cordent des prêts et offrent les services permettant de faire des paiements Multiplicateur des dépenses publiques Nombre par lequel on multi-
et d’en recevoir. (p. 190) plie la variation initiale des dépenses publiques pour déterminer la variation
finale de la demande agrégée. (p. 165)
Instrument de paiement Mécanisme qui permet de faire une transac-
tion ou de régler une dette. (p. 182) Multiplicateur des dépôts Nombre par lequel on multiplie une varia-
tion initiale des dépôts pour déterminer la variation de la masse monétaire
Intérêt Revenu que rapporte le capital financier. (p. 9) qui en résulte. (p. 194)
GLOSSAIRE 267
Multiplicateur des impôts Nombre par lequel on doit multiplier une Prix plancher Prix en deçà duquel la vente de certains biens, services ou
variation des impôts pour déterminer l’augmentation finale de la demande ressources devient illégale. (p. 73)
agrégée. (p. 166)
Productivité Production par unité de facteur de production. (p. 61)
Produit intérieur brut (PIB) Valeur marchande de l’ensemble des
N biens et services finals produits dans un pays au cours d’une période don-
née. (p. 82)
Numéraire Monnaie en espèces (billets de banque et pièces de monnaie)
qui a cours légal. (p. 184) Produit intérieur brut (PIB) nominal Valeur des biens et services fi-
nals produits dans une année donnée, exprimée en dollars de cette même
année. (p. 92)
O Produit intérieur brut (PIB) réel Valeur des biens et services finals
Offre Relation entre la quantité offerte d’un bien, d’un service ou d’une produits dans une année donnée, évaluée en dollars constants. (p. 92)
ressource et son prix quand tous les autres facteurs susceptibles d’influer
Produit intérieur brut (PIB) réel par habitant PIB réel d’un pays
sur les intentions de vente restent constants ; ensemble des diverses quan-
divisé. (p. 9)
tités offertes à divers prix. (p. 58)
Profit (ou perte) Revenu que rapporte l’entrepreneuriat ; peut être po-
Offre agrégée Quantité offerte de PIB réel à chaque niveau des prix sitif ou négatif. (p. 9)
quand tous les autres facteurs qui influent sur les intentions de production
restent constants. (p. 141) Protectionnisme Mise en place de mesures visant à restreindre le com-
merce international. (p. 227)
Opération sur le marché libre Achat ou vente par la Banque du Canada
de titres du gouvernement canadien (bons du Trésor ou obligations). (p. 200)
Q
P Quantité demandée Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource
que les acheteurs veulent et peuvent acheter à un prix donné et au cours
Pénurie (ou demande excédentaire) Situation où la quantité deman- d’une période donnée. (p. 52)
dée excède la quantité offerte. (p. 64)
Quantité demandée de PIB réel Quantité totale de biens et services
Période de base de l’IPC Période de référence pour laquelle on éta- que les consommateurs, les entreprises, les administrations publiques et
blit la valeur de l’IPC à 100 ; depuis mai 2007, la période de base de l’IPC les étrangers voudraient et pourraient acheter au pays à un niveau de prix
est 2002. (p. 108) donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales par
ailleurs. (p. 135)
PIB potentiel Niveau de production que peut soutenir une économie en
situation de plein-emploi sans que cela provoque une poussée inflation- Quantité d’équilibre Quantité achetée et vendue au prix d’équi-
niste ; se mesure en PIB réel. (p. 148) libre. (p. 64)
Plein-emploi Situation où l’économie produit à pleine capacité en Quantité offerte Quantité d’un bien, d’un service ou d’une ressource
utilisant efficacement toutes ses ressources et où il n’y a aucun chômage que les producteurs (ou vendeurs) prévoient écouler à un prix donné au
cyclique. (p. 34, 122) cours d’une période donnée. (p. 58)
Poids de la dette Pourcentage correspondant à la dette divisée par le Quantité offerte de PIB réel Quantité totale de biens et services que
PIB nominal, puis multipliée par 100. (p. 173) les entreprises voudraient et pourraient produire à un niveau général des
prix donné et au cours d’une période donnée, toutes choses étant égales
Politique budgétaire Politique économique par laquelle le gouver- par ailleurs. (p. 141)
nement d’un pays utilise le budget de l’État pour influer sur l’emploi, la
production et le niveau général des prix. (p. 163) Quota d’importation Restriction d’importation qui spécifie la quantité
maximale d’un bien qu’on peut importer durant une période donnée. (p. 229)
Politique monétaire Ensemble de mesures qui visent à préserver la
valeur de la monnaie en maintenant l’inflation à un niveau bas et stable,
et ce, en influant sur les taux d’intérêt – lesquels influent à leur tour sur la R
dépense agrégée, et donc, sur la demande agrégée. (p. 198)
Rareté Insuffisance des ressources accessibles pour satisfaire tous les
Population active Ensemble des personnes occupées et des chô- besoins exprimés. (p. 4)
meurs. (p. 118)
Récession Phase du cycle économique caractérisée par un ralentisse-
Population en âge de travailler Ensemble des personnes âgées de ment soutenu de l’activité économique, lequel se traduit par la diminution
15 ans et plus. (p. 118) du PIB réel par habitant et de l’emploi ; débute à un sommet et prend fin à
un creux. (p. 132)
Pouvoir libératoire des pièces de monnaie Montant maximal au-delà
duquel on n’est plus tenu légalement d’accepter un paiement pour chacune Relation croissante Relation entre deux variables où la variation de
des pièces de monnaie en circulation. (p. 184) l’une entraîne une variation de plus en plus importante de l’autre. (p. 23)
Prêteur net Pays dont le compte courant est excédentaire et qui prête Relation décroissante Relation entre deux variables où la variation de
davantage qu’il n’emprunte. (p. 244) l’une entraîne une variation de moins en moins importante de l’autre. (p. 23)
Prise en pension Opération par laquelle la Banque du Canada offre à ses Relation linéaire Relation représentée par une droite dans un gra-
négociants principaux de leur acheter des titres du gouvernement canadien phique. (p. 23)
en s’engageant à les leur revendre le jour ouvrable suivant à un prix convenu Relation négative (ou relation inverse) Relation entre deux variables
d’avance ; exerce une pression à la baisse sur le taux du financement à un qui évoluent dans des directions opposées. (p. 24)
jour. (p. 200)
Relation positive (ou relation directe) Relation entre deux variables
Prix d’équilibre Prix auquel la quantité demandée est égale à la quantité qui évoluent dans le même sens. (p. 23)
offerte. (p. 64)
Reprise Dans la phase d’expansion du cycle économique, période qui
Prix plafond Prix au-delà duquel la vente de certains biens, services ou part du creux et dure jusqu’à ce que l’activité économique soit revenue au
ressources devient illégale. (p. 72) niveau du sommet précédent. (p. 132)
268 GLOSSAIRE
Réserves désirées Somme qu’une institution de dépôt détient dans ses Taux de rémunération des dépôts Taux d’intérêt que la Banque du
coffres ou a déposée à la Banque du Canada. (p. 192) Canada verse sur les réserves que les institutions financières gardent en
dépôt chez elle pour un jour. (p. 199)
Réserves excédentaires Différence entre les dépôts dont une institu-
tion dispose et ses réserves désirées. (p. 193) Taux d’inflation Pourcentage de variation du niveau des prix (mesuré
par l’IPC) d’une année à une autre. (p. 111)
Réserves officielles internationales du Canada Avoirs du gouverne-
ment fédéral en devises étrangères. (p. 241) Taux d’intérêt nominal Rendement en pourcentage de la valeur nomi-
nale d’un prêt ou d’un dépôt. (p. 115)
Réservoir de valeur Tout bien, jeton, coupon ou toute inscription
qu’on peut conserver et échanger ultérieurement contre des biens et ser- Taux d’intérêt réel Rendement en pourcentage de la valeur réelle (pou-
vices. (p. 183) voir d’achat) d’un prêt ou d’un dépôt (soustraire le taux d’inflation du taux
nominal). (p. 115)
Ressources productives Ressources servant à produire des biens ou
des services : ressources naturelles, travail, ingéniosité humaine, outils et Taux officiel d’escompte Taux d’intérêt minimal auquel les institutions
équipements. (p. 4) financières à court de réserves peuvent obtenir des avances de fonds de la
Banque du Canada. (p. 199)
Tendance Mouvement général de la valeur d’une variable dans un sens
S ou dans l’autre (à la hausse ou à la baisse). (p. 22)
Sacrifice Fait de renoncer à une chose pour en obtenir une autre. (p. 34) Terre Ressources naturelles qu’on utilise pour produire des biens et ser-
vices. (p. 7)
Salaire Revenu que rapporte le travail. (p. 9)
Théorie économique Ensemble de généralisations qui résument notre
Salaire minimum Salaire en deçà duquel l’embauche de travailleurs compréhension des choix et des comportements des agents économiques ;
devient illégale (voir prix plancher). (p. 73) repose sur des modèles qui ont passé avec succès et à répétition l’épreuve
Salaire nominal Salaire exprimé en dollars courants. (p. 114) des faits. (p. 17)
Salaire réel Salaire exprimé en dollars constants (dollars de l’année de Travail Temps et efforts que les gens consacrent à la production de biens
base), mesurant la quantité de biens et services qu’on peut se procurer. et services ; inclut le capital humain. (p. 7)
(p. 114) Travailleur à temps partiel Personne qui travaille habituellement
moins de 30 heures par semaine. (p. 120)
Société de fiducie et de prêt hypothécaire Institution de dépôt qui
reçoit des dépôts, consent des prêts et agit à titre de fiduciaire pour admi- Travailleur à temps partiel involontaire Travailleur à temps partiel
nistrer des fonds en fidéicommis. (p. 191) qui veut du travail à temps plein, mais n’en trouve pas. (p. 120)
Solde budgétaire Différence entre les revenus et les dépenses budgé- Travailleur à temps plein Personne qui travaille habituellement
taires. (p. 160) 30 heures ou plus par semaine. (p. 120)
Sous-emploi Utilisation incomplète ou inefficace des ressources produc- Travailleur découragé (ou chercheur d’emploi découragé) Per-
tives compte tenu de la meilleure technologie accessible. (p. 34) sonne sans emploi, disponible et désireuse de travailler, mais qui n’était
pas activement à la recherche d’un emploi au cours des quatre dernières
Substitut Bien ou service qui peut en remplacer un autre. (p. 54) semaines. (p. 120)
Substitut de production Bien ou service qui peut être produit à la place Troc Échange direct de biens et services contre d’autres ; exige la double
d’un autre. (p. 60) coïncidence des besoins. (p. 183)
Surplus (ou offre excédentaire) Situation où la quantité offerte excède
la quantité demandée. (p. 64)
U
Système monétaire canadien Système qui englobe la Banque du Cana-
Unité de compte Mesure reconnue pour évaluer les prix des biens et
da et les institutions de dépôt du pays. (p. 190)
services. (p. 183)
T V
Tarif douanier Taxe qu’impose un pays importateur sur un bien importé
Variation de la demande Variation des quantités d’un bien, d’un service
lorsque ce bien traverse sa frontière. (p. 227) ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter à divers prix
Taux cible du financement à un jour Taux d’intérêt auquel la Banque lorsqu’il y a une variation d’un facteur autre que le prix de ce bien, de ce
du Canada aimerait voir les institutions de dépôt se prêter et s’emprunter service ou de cette ressource. (p. 54)
mutuellement des fonds sur le marché du financement à un jour ; taux di- Variation de la quantité demandée Variation de la quantité d’un
recteur de la Banque et point médian d’une fourchette opérationnelle dont bien, d’un service ou d’une ressource que les acheteurs prévoient acheter
la limite supérieure est le taux officiel d’escompte, et la limite inférieure, le lorsqu’il y a une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette res-
taux de rémunération des dépôts. (p. 199) source. (p. 54)
Taux d’activité Pourcentage de la population active au sein de la popu- Variation de la quantité offerte Variation de la quantité d’un bien, d’un
lation en âge de travailler. (p. 119) service ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre lorsqu’il y a
une variation du prix de ce bien, de ce service ou de cette ressource. (p. 59)
Taux de change Prix auquel la monnaie d’un pays s’échange contre celle
d’un autre pays. (p. 247) Variation de l’offre Variation des quantités d’un bien, d’un service
ou d’une ressource que les producteurs prévoient vendre à la suite de la
Taux de chômage Pourcentage de chômeurs au sein de la population variation d’un facteur autre que le prix du bien, du service ou de la res-
active. (p. 120) source. (p. 60)
Taux de chômage naturel Taux de chômage observé en situation de
plein-emploi (addition des chômages frictionnel et structurel). (p. 122)
Taux d’emploi Pourcentage de personnes occupées au sein de la popu-
lation en âge de travailler. (p. 119)
SOURCES DES PHOTOGRAPHIES
Note : L’information de Statistique Canada est utilisée avec la permission de Statistique Canada. Il est interdit aux utilisateurs
de reproduire les données et de les rediffuser, telles quelles ou modifiées, à des fins commerciales sans le consentement
de Statistique Canada. On peut se renseigner sur l’éventail des données de Statistique Canada en s’adressant aux bureaux
régionaux de Statistique Canada, en se rendant sur le site Web de l’organisme à www.statcan.gc.ca ou en composant sans frais
le 1 800 263-1136.
K Moyenne pondérée des variations de prix, indice implicite des prix du –, 92
nominal, 92-95
110-111
Keynes, John Maynard, 164 Multiplicateur potentiel, 148
des dépenses publiques, 165 réel, 92-95
L des impôts, 166-167, 194-195 biens et services non comptabilisés
dans le –, 97-100
Licence d’importation, 231
calcul du – par Statistique Canada, 95
Liens économiques internationaux, 14 N et niveau de vie, 97-100
Locomotive, marché de la –, 217-219 Niveau de vie par habitant, 97
Loi facteurs qui influent sur le –, 97-98 quantité demandée de –, 130
de l’offre, 58
PIB réel et –, 97-100 quantité offerte de –, 141
de la demande, 53
Norme Pièces de monnaie, pouvoir libératoire
Loisirs, 98
de santé, 231 des –, 184
Loyer, 9
de sécurité, 231 Plein-emploi, 34, 35, 122
plafond, 72-73
Numéraire, 184 atteinte de l’équilibre de –, 150
selon l’école classique, 151
M O selon l’école keynésienne, 152
M2, 188 des ressources, 34
Offre, 58, 58-61 équilibre de –, 148-149, 150
M2+, 188
agrégée, 141-145 Poids de la dette, 171-173
Macroéconomie, 4-5
variations de l’–, 143-145 Politique
Maintien d’un taux de change artificiellement
barème d’–, 58-59 budgétaire, 163
bas, 231
courbe d’–, 59 à l’œuvre, 167-169
Marché, 12, 52
de dollars canadiens, 251 canadienne, 163-170
coordination par le –, 12-13
de la locomotive, 219 variation de l’–, 251, 252 et dette, 158-176
des changes, 246, 255-257 effets d’une variation de l’–, 66-67 expansionniste, 167-168
demande sur le –, 247-249 excédentaire, 64 limites de la –, 169-170
intervention de la banque du Canada loi de l’–, 58 restrictive, 168
sur le –, 257 modèle de la demande et de l’– agrégées, d’achats préférentiels, 231
intervention directe sur le –, 256-257 133 monétaire, 198, 196-209
offre sur le –, 249-253 sur le marché des changes, 249-253 à l’œuvre, 208
des facteurs, 12, 17 variation de l’–, 60, 59-61 canadienne, 198-200, 208
des produits, 12, 17, 18 variations simultanées de l’– et de la conduite de la –, 205-206
du financement à un jour, opérations sur demande, 67-71 délai de transmission de la –, 205
le –, 200 OMC (Organisation mondiale du commerce), évolution de la –, 207
du travail 216 expansionniste, 205, 206
indicateurs du –, 118-122 Opération sur le marché libre, 200 restrictive, 206
les trois principaux indicateurs du –, Ordonnées, axe des –, 20 Population
119-120 Organisation mondiale du commerce (OMC), active, 118
du t-shirt, 220-221 216 Enquête sur la –, 118
économie de –, 14 Origine, 20 en âge de travailler, 118
équilibre du –, 64-70, 252-253 Possibilités de production
libre, opération sur le –, 200 P au Canada, 222-223
courbe des –, 32-35
régulation du –, 64-65
Marshall, Alfred, 70 Paiement(s) en Chine, 222-223
Masse monétaire, 188 balance des –, 240 expansion des –, 42-44
Méthode comptes de la – du Canada en 2015, Pouvoir libératoire des pièces de monnaie,
des dépenses, calcul du PIB par la –, 87-88 242 184
des revenus, calcul du PIB par la –, 88-89, du Canada depuis 1986, 243 Prêteur, 244
91 évolution de la – du Canada depuis Prise en pension, 200
Microéconomie, 4 1986, 243 Prix
Mise en œuvre, délai de –, 169 instrument de –, 182 à la consommation, indice des –, 108
Modèle(s) Panier de l’IPC, 108 contrôle des –, 72-74
construction de –, 17 Papier-monnaie, 187 d’équilibre, 64
de la demande et de l’offre agrégées, 133 Partenaires commerciaux des biens apparentés, 54-55, 60-61
des flux circulaires du Canada, 216-217, 218 du PIB, indice implicite des –, 92
dépenses dans le –, 83-85 intentions de dépenses des –, 139 moyenne pondérée des variations de –,
revenus dans le –, 85 Pension 110-111
économique, 17 cession en –, 200 plafond, 72
vérification des –, 17-18 prise en –, 200 plancher, 73-74
Monnaie, 182, 180-210 Pénurie, 64 relevé mensuel des –, 109
au Canada, 184-187 Perception, délai de –, 169 variation du –, 54
création de –, 190-195 Période de base de l’IPC, 108 Production
définition de la –, 182 Perte, 9 capacité de – de l’économie, 148
fiduciaire, 184 PIB (produit intérieur brut), 82-87 complément de –, 60
fonctions de la –, 183 calcul du – courbe des possibilités de –, 32-35
mesures officielles de la –, 188-189 canadien, 87-91 domestique, 97
numérique, 187-188 par la méthode des dépenses, 87-88 expansion des possibilités de –, 42-44
pouvoir libératoire des pièces de –, 184 par la méthode des revenus, 88-89, 91 limites de la –, 33
scripturale, 184 par Statistique Canada, 90 possibilités de –, 32-34
Moyen d’échange, 183 du Canada, 101 au Canada, 222-223
274 INDEX
U
Unité de compte, 183
V
Valeur(s)
marchande, 82
nominale, 114-116
réelle, 114-116
réservoir de –, 183
Variable(s)
graphique illustrant une relation entre
deux –, 23-25
niveau de la variation de la –, 21
sens de la variation de la –, 21
vitesse de la variation de la –, 21
Variation(s)
de l’investissement, 202-203
de l’offre, 60, 59-61
agrégée, 143-145
de dollars canadiens, 251, 252
effets d’une –, 66-67
de la demande, 54-56
agrégée, 137-140
de dollars canadiens, 248-249, 250
effets d’une –, 65-66
de la quantité
demandée, 54, 247
offerte, 59, 250
de la variable
niveau de la –, 21
sens de la –, 21
vitesse de la –, 21
de prix, 54
moyenne pondérée des –, 110-111
des dépenses
de consommation, 202-203
publiques, effet d’une –, 163-164, 165,
166
des exportations nettes, 203
des impôts, effets d’une –, 163-164,
166-167
des taux d’intérêt, effets en chaîne
d’une –, 202-204
du taux de change, 253
du dollar canadien, 203
du taux directeur, effets d’une – sur les
taux d’intérêt, 201-202
Virements électroniques, 186
Volatilité du taux de change, 254