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LEX ORANDI ‘collection da Centre de PustraleLiurigue DU MEME AUTEUR : Abraham notre pére, collection * L'Esprit liturgique’, 24 Les Editions du Cerf, 1955, JOSEPH LECUYER LE SACERDOCE DANS LE MYSTERE DU CHRIST LES EDITIONS DU CERF 29, Bowler Lafe-Saubourg © 1957 by Les Baltions de Cerf fae 1937 1 L’UNIQUE VRAI PRETRE ET L‘UNIQUE VRAI SACRIFICE \NIBIL, OBSTAT: Rome, le 10 mat 1956 G. Fuoonass, & J. CHAPITRE PREMIER LUNIQUE VRAI PRETRE Que le Christ soit prétre, il n'est pas besoin de le démontrer, car nous touchons la 8 un des points es- sentiels de la Révélation chrétienne. Déja VAncien Testament attribuait au futur Messie les prérogatives du sacerdoce ; Je texte le plus connu, encore que I’un des plus mystérieux du psautier, faisait prononcer & Dieu cette promesse : « Ta es prétre & jamais selon Yordre de Melchisédech » (Ps. 110, 4); ce que signi- fisit cette relation & Melchisédech devait demeurer bien obscur & Ia tradition juive, mais la prophétie d'un sacerdoce futur du Messie ne laissait place & a ‘une ambiguité, et nous verrons plus tard comment Ia E tradition chrétienne, s'appuyant sur l'ipitre aux Hé- breux, mettra en valeur la promesse du Psaume. ~. Dautres passages de I'Ancien Testament orien: taient Vattente d'Israél vers la venue d’un Messic- -prétre, ou, du moins, vers un sacerdoce nouveau qui épanouirait dans le futur royaume messianique, Ainsi Je livre de Zacharie, en une vision prophétique, fai- » sait entrevoir la transformation du sacerdoce (Zach., + 8, 1-40}; et le prophtte Malachie annongait : « Je ne prends nul plaisir en vous, déclare Yahvé des armées, 4, Bos agus permetins ae renvoyes a note tie: Jt ay Joie oleracea Chil dana Rechts de Se: Ray al, as ate VUNIQUE VRAI PRETRE et je n'ai point agréables les offrandes de vos mains. Mais de Orient au couchant, mon Nom est grand chez les Nations et en tout lieu un sacrifice d’encens est présenté & mon Nom ainsi qu’une offrande pure » (Malach., 1, 10-11) ; opposé au culte de Ancien Tes- tament qui ne trouvait place qu’en Jérusalem, le pro- phite annongait done un autre culte, non plus limité ‘un liew ou & un peuple, mais présent sur Ia terre en- titre, Ces données de lcriture durent pourtant parattre & beaucoup de Juifs, difficiles & concilier avec une autre donnée traditionnelle suivant laquelle le Messie de- vait nattre de la race de Juda, alors que le sacerdoce était de la descendance de Lévi ; c'est sans doute pour arer & cette difficulté que la Communauté essénienne ‘de Qumran, dont nous aurons souvent & parler, atten- dait deux Messies, Pun issu de Juda, et l'autre d’Aa- ron. Mais en recourant & ce subterfuge, il faut bien reconnaitre que les prétres esséniens dépassaient les données traditionnelles, et sen écartaient arbitraire- ment. ‘Au contraire, c'est bien dans la ligne de la révéla- tion de Ancien Testament que PEpitre aux Hébreux présentera le Christ comme un grand prétre, et que toute la tradition chrétienne & sa suite, en particulier dans sa Liturgie, proclamera cette dignité du Sauveur 5 de nos jours, la Messe du Christ Prétre souverain et, éternel, et PEncyclique Mediator Dei ne feront que rappeler solenneliement cette prérogative. Si ce point fondamental ne peut offrir de diffcultés & ‘un catholique, il est pourtant un aspect de cette vérité de foi qui doit nous arréter plus longuement. Car on ne se contente pas daffirmer que Jésus est prétre: on proclame que c'est Lui le Vrai prétre, le véritable grand prétre. Que comporte cette affirmation, qui don- nerait & entendre que tous les autres sacerdoces ne Wonrque.vEar PRiree n seraient pas valides, ne seraient que de faux sacerdoces? Est-ce bien cela que nous devons comprendre ? Il faut nous méfier ici de notre tendance spontanée, héritée d'une formation aristotélicienne sinon, et c'est bien plus grave, eartésienne, & opposer toujours pure ment et simplement cequi est vrai A ce qui est faux. Le langage de la Bible, celui des Pres, comme celui de la Liturgie, permettent bien d'autres nuances, qui sont facilement perceptibles dans une perspective plus proche du langage de Platon que de celui d’Aris- tote: pour les platoniciens, et en particulier pour Phi- Jon dont on ne peut gutre nier Pinfluence sur le voca- bulaire de I'Epitre aux Hébreux, les réalités de la terre niexistent qu’en fonction d'une idée divine qui est la ‘Vérité au sens fort, Sera vrai dans cette perspective:ce quia sa valeur par soi-méme, indépendamment des au- tres choses qui peuvent de quelque fagon s’en appro- cher, le reproduire ou Vimiter ; ces dernitres ne sont pas fausses, mais, puisqu’elles n'existent qu’en dépen- dance d'une autre, qu’en fonction d’elle, en relation avec elle, elles n’ont qu’une vérité relative, subordon- née; au sens fort, on ne peut done dire qu’elles sont vraies. ‘Tel est déja le sens du mot vrai ou véritable en maint passage de saint Jean : Jésus est la vraie Lumiére (1, 9) 5 illest le vrai pain descendu du ciel (6,82), la vraie vigne (15, 1). Et ’Epftre aux Hébreux se servira d'un voca- bulaire analogue pour qualifier le sacerdoce et le sa- erifice du Christ ; ce dernier est « ministre des licux saints et de la tente, ls vraie, celle que le Seigneur —non un homme —'s fixée » (8, 2) ; rappel du temps ot, dans le désert, Dieu s’était fait construire un sane- tuaire, une tente (tabernacle), ott s'accomplirait le ser- vice liturgique du peuple juif ; mais ce n’était la qu'une solution d’attente, provisoire, figurative dune autre réalité qui s'accomplit en Jésus: « Ce n'est pas, VONIQUE VEar PRETEE effet, dans un sanctuaire fait & la main, dans une copie du rai, que le Christ est entré, mais dans le Ciel lui-méme, pour étre maintenant visiblement devant la face de Dien en notre faveur » (9, 24). Sil'Epitrefaux Hébreux ne dit pas explicitement que e{Christ est le seul vrai grand prétre, au sens que nous avons dit, il est clair cependant que telle est bien la pensée de Vauteur, Et les Péres de VBglise. qui se pencheront sur ces textes, ne feront qu’expliciter cet enseignement, Ainsi Clément d’Alexandrie affirmera-t- il que le Christ est le soul grand-prétre « qui, ait la science du culte divin », c'est-A-dire que de Iui seul dépend toute véritable piété, tout véritable eulte rendu & Dieu®, Origine dira de mime: « Peut-ttre doit-on dire que lui seul est vraiment et parfaitement prétre +. ‘Nous trouverons un écho de ees affirmations dans cette a@Eustbe de Césarée: + Lui qui seul sait ren- dre & Dieu le culte qui lui convient, lui qui se tient entre le Dieu inengendré et ceux qui ont été engendrés apres Tui, Tui qui & reyu Ie gouvernement de toutes choses et qui a été consacré au Pére pour tous ceux qui lui sont soumnis, lui qui seul Le rend propice et miséri- cordieux envers tous, il est déclaré prétre éternel, et, de plus, Christ (oint) du Pare », Et Cyrille de Jérusa- lem: « Celui-ci est Ie vrai Oint », opposant ainsi le 1 SG, Sea, peau Heres Ya Pa 198» 20 ‘Sonia t+ (la, Seasmam, 1, 123, 20-37). Pour bion cot share ir potbs Sune ‘tals formbie FeStsiceng, dont ident slneplr’ te, ia cen ay pray, sce eo ees, S10; Avnonrevs oe RUDD TARTS te Boston vu, id entrain, pe 0, 19; Searos Ea ni Ade thn ty 13 Marne Pty 19) ‘arte st tec, pour un pes pus que pour Clstent he st dour domsines tcactement ad etre, cest deja transformer Ee Sidwoaeme, Cunend a Bar Jesus, 16, 2 GCS. x 999, 510) SBE Pelee 8 GG EI, : Bast, aye VONIQUE VEar PRETRE Christ-& tous les autres prétres?. On pourrait citer nom- bre d’expressions semblables chez les Peres Cappado- ciens*, et dans toutes les éeoles. Mais une telle énumé- ration ne saurait qu’étre fastidieuse et n’ajouterait rien ‘Ace que nous avons dit... Parmi les latins, contentons- nous de quelques rappels: voici d’abord les expres- signs si frappantes de Tertullien, selon Iequel le Christ, seul est proprius et legitimus Dei antistes*, authenticus pontifex Dei Palrist, Puis tout Venseignement de saint Ambroise sur le sacerdoce nouveau qui est le seu! vrais, car Ia vérité au sens plein du mot ne réside qu’au ciel, dans ce vrai sanctuaire ob Jésus est entré avec son sacrifice® ; doctrine que saint Jéréme résumera dans cette phrase lapidaire qui oppose les sacerdoces an- ciens & celui du Christ :-Praccessit umbra, nune veritas est. Nous réservant de revenir plus tard sur ces expres- sions, posons-nous tout. de suite une question : pour- quoi le sacerdoce du Christ est-il vrai, et pourquoi Ini seul Pest-il ? On entrevoit Pimportance de cette ques- tion : si nous arrivons a reconnaftre ce qui, & la diffé- rence de tous les autres sacerdoces, distingue celui du Christ au point qu'il soit Punique vrai sacerdoce, nous aurons découvert par le fait méme ce qui est Pessentiel du sacerdoce, ce qui peut définir sa fonction véritable, et qui pout permettre de situer toutes les autres réa- lités qui s'y rapportent de prés ou de loin. On évitera ainsi le prooédé, toujours critiquable et dangereux, de donner une définition a priori, & Iaquelle eotite que Sopp 3. Adv. Haters 5,9. Perera Sam BE CSE ik Sana, 1, Gd. Kiustners, “Spine 23,38 (Ch. HuLaEo, CS.EL, 54, p47, 1 UNIQUE VRAT PRETRE code on essaierait ensuite de ramener tout sacerdoce, y compris celui du Christ. L’Keriture Sainte, dont la primauté d’importance et de valeur en théologie vient d’étre rappelée par le P. de Broglie, nous donne-t-elle sur ce point des indica- tions précises ? Nous croyons pouvoir répondre par Pafiirmative, ‘Si ’on examine les passages ott |’Bpitre aux Hébreux affime Ia supériorité du Christ grand prétre sur tous ceux qui Pont précédé, on ne peut qu’étre frappé par Ta constatation que cette supériorité réside toujours dans la méme prérogative: celle Pavoir pénétré réel- Iement dans les ciowx avec son sacrifice, comme pré- curseur of cause de notre salut. C'est pour cela est supérieur & Moise et & Josué: coux-ci n’ont eon- duit ‘Wel qu’ un repos transitoire aprés la marche au désert; le vrai repos, celui du septitme jour, existe qu’au ciel od: Jésus seul est entré. Mais rien ne vaut la clarté du texte sacré : ‘St Josué avait introduil Jes Isradlites dans ce repos, Dieu n’aurait pas parlé dans la suite d'un autre jour. C'est done qu'un repos, celul dy septitme Jour est réservé au peuple de Dieu. Car celui qui est entré dans ce repos de Diew fe ropoe il aussl de ses ceuvres, comme Dieu des sennes, Efforcons-nous done d’entrer dans ce repos, afin que nul ne fuccombe, en imitant eet exemple de désobéissance (des Isradlites)... Avant done un souverain Prétre qui a deja traversé {es cieux, Jésus, le Fils de Dieu, tenons ferme rofession de foi. Car nous n’avons pas un grand prétre impuissant & compatir & nos faiblesses ; bien au contraire, ila été éprouvé en tout, conformément a sa ressemblance ‘avec nous, & l'exception du péché. Avangons donc avec assurance vers Ie trone de la grace afin d'obtenir miséri- ‘corde et de trouver grace pour une aide opportune (Hébr., 4, 816). 1, Note en,appendice & Youvrage aa P, L. Bovvan, Dur Protes- tanliame & Fitglde, Pais, 1984, p- 247-250. en sfoffrant lui-m < erifices doit la né Vowraue vear PRtTRE 15 Contrairement & Moise et Josué qui n'ont conduit le peuple et n’ont pénétré eux-mémes que dans une terre promise d'ici-bas, Jésus a déjd pénétré dans le Ciel ; et nous qui sommes le nouveau peuple de Dieu, nous y avons déja pénétré aussi d’une certaine maniére, par l'espérance : ace llg, tous avons comme ung ancre de notre Amo, sl- je autant que fermement attachée, et pénétrant par-del le voile, lao est entré pour nous en précurseu, Jésus, devenu, selon Vordre de Melehisédech, grand prétre pour toujours (Hébr., 6, 19-20). Plus clairement encore, un peu plus loin, Iipitre aux Hébreux établit Ia supériorité du sacerdoce du Christ sur le sacerdoce lévitique par Ia méme préro- gative : c'est qu'il est au ciel, ct que son sacrifice a pénétré au Ciel, jusqu’d Dieu Iui-méme, tandis que ‘tous les autres cultes étaient irrémédiablement con- fings a la terre: Oui, tel est précisément Ie grand prétre qu'il nous fale Jit, saint, innocent, immaculé, séparé désormais des pé- cheurs, élevé plus haut que les cieux, qui ne soit pas jour- nellement dans la nécessité, comme les grands. prétres, 'offrir des victimes d’abord’ pour ses propres péohés, puis our ceux du peuple, ear ec! afait une fois pour Cotes e (7, 26-27)... Le point capital de nos Dropos ext que nous avons ua pare grand prétre qu s'est assis a la droite du trone de la Majesté dans les cieux, - ministre des lieux saints et du tabernacle, le vrai, celui que le Seigneur, non un homing, a dressé. Tout grand prére, en effet, est établi pour présenter des offrandes et des sa- eessite pour lol aussi davoir quelque a présenter. Ala vérte, of Jésus était sur terre, ne serait pas méme prétre, étant donné qu'il y a d autres pretres. qui présentent des offrandes conforme- ment a la Loi ; ils assurent le service d'une reproduction et d'une ombre du sanctuaire oéleste, ainsi que Moise — quand il eut a résliser le tabernacle — en regnt Pavis par Tévélation : Vois, dit-il, en effet, tu feras tout daprés le Vowique vaar PabTRE modéle qui t'a été montré sur la montagne. Mais a pré sent le Christ a obtenu un ministére d'autant plus gus mellcure et lance dont etl mediate, of fon- Iée sur de meilleures promesses (8, 1-6)... La premiére alliance, elle aussi, avait done des institutions cultuelles, ainsi quan sanchuair, celui de ce bas monde (1). La Voie du sanctuaire céleste n'est pas ouverte tant que le premier tabernacle subsiste (9, 8)... Mais le Christ, lui, funn comme grand préte ss bisa a ven, tavefsant ‘eente supérieure et plus parfaite qui n'est pas fabri Pittman eestadite qui nest pas de velte ereaion ‘entra une fois pour toutes dans le sanctuaire, sans se servir du sang de boues et de jeunes taureaux, mais avec gen propre sab, gprs nous aver aoquls une rédempllon leraclle (0, 1112). Il eat négeseate, Wane part, que les reproductions des réalités célestes soient purifies de cette maniere (par le sang) ; d’autre part, que les réalités célestes le soieat aussi, mals par des sacrifices plus excel- Tents que ceux dici-bas. Ce n'est pas, en effet, dans un sanctusire fait & Ia main, dans une copie de Vauthentique, ie le Christ est entré, mais dans Je ciel Tui-méme, afin Fétze maintenant visiblement présent et pour nous de- vant la face de Dieu (9, 23-24). On ne saurait lire ces textes sant etre frappé de I'in- sistance de auteur A mettre en valeur le caractére of- leste du sacerdoce et du sacrifice de Jésus ; c'est sur cette prérogative qu'il s'appuie pour affirmer Ia supé- riorité dit Christ grand prétre sur tous les autres pré- tres; c'est aussi pour cela que, dans les derniers cha- pitres, il va insister sur la nécessité de la foi persévé- rante qui seule permet aux chrétiens de s'unir au vrai sacrifice qui n’est pas deJce}monde visible : Ainsi done, fréres, puisque nous avons lassurance You- ue pour I'aceés au sanctuaire (eéleste) par le sang de Jé- sus, par cette voie quil a inaugurée pour nous, récente et vivante — a travers lo voile — c'est-a-dire sa chair —, ef un prétre ai grand établi sur la maison de Dieu, appro- chons-nous avee tin cceur sincére dans la plénitude de fo), (0, 19:2), ‘La {oi est la garantie des biens que I'on espére, la preuve itontque vaar PReTRE des réalités qu'on ne voit pas (11, 1)... Nous n’avoné pas ici-bas de cits permanente, mais nous recherchons celle de Yavenir (13, 14), Bref, ce qui doit fonder la foi et Vespérance des chrétiens au milieu des tribulations, c'est quills ont un grand prétre supérieur & tous les autres, qui, déja, parvenu & la vraie patrie du ciel, nous en a déja ouvert Paccts par son sacrifice. En d’autres termes, et pour xfsumer tout ce qui préetde, le Christ est le vrai grand prétre, parce que, par son sacrifice, il a pénétré dans le vrai sanctuaire ; son sacrifice est done aussi Je seul vrai sacrifice au sens que nous avons dit, car il est le seul qui ait pu nous délivrer de nos péchés, c’est- a-dire: nous rouvrir Pacc’s du ciel. Le lien entre ces deux derniers concepts apparait par la simple énumé- aon des textes ob I'Epitre aux Hébreux parle du : Ja purification des péchés, il s'est assis Ala droite de la maj ‘au pls haut des etenx (1,3). ‘Ayant done un grand souverain prétre qui a deja tra: versé les ciewx.... (qui a) été éprouvé en tout, conformé- ment & sa ressemblance avec nous, & l'exception du péché ; avaneons done avec assurance... (4, 14-16). Le Christ est entré dans le ciel lui-meme... I! s'est mani festé maintenant une seule et unique fois pour abolir le éché par le sacrifice de lui-méme (9, 24-26). Tandis que tout prétre se tient debout chaque jour, of- ficiant, et offrant maintes fois les mémes sacrifices, qui sont absolument impuissants & enlever les péchés, lui par Coatre, ayant offer pour les pecs un unique sacrifice, il s'est assis pour toujours a la droite de Dieu... Car, par une oblation unique, ila rendu parfaits pour toujours ceux quill sanctifie (10, 11-14), : Ainsi le vrai sacrifice est celui qui réalise vraiment * e¢ & quoi tend tout szerifice : le retour 4 Dieu de Phu- manité, séparée de Iui par le péché, ou, en d’autres termes, la possibilité pour les hommes pécheurs de 18 WONIQUE Vaar PRETRE pénétrer dans le ciel qui est leur véritable ‘Terre pro- mise, leur vrai repos, leur vraie patrie. Or, cest-cela, qu’accomplit le sacrifice de Jésus, car, en pénétrant lui-méme dans le ciel, avec son Humanité immolée et ressuscitée pour nous, il nous en ouvre l'accts et, @une certaine maniére, il nous y introduit tous avec Lui. L’Epitre aux Hébreux enscigne ceci de bien des manitres ; parfois, c'est le concept de solidarité qui est au premier plan : Nous le voyons couronné de glore et Whouneur, parce "il a soufert 1a mort, en sorte que, par la grace de Dieu, Gest au bénéfice de tout homme qu'il a connu les affres do la mort, It convenait en effet que Celui pour qul et par qui sont toutes choses, ayant & conduire a la gloire tun grand nombre de fils, rendit parfait par des souffrances le chef qui devait les guider vers leur salut. Car le sanc- tiftcateur et les sanctifiés ont tous iméme origine. Crest urquoi il ne rougit pas de nous nommer fréres... Puis one que les enfants valent. commun le sang ot la chair, lui qussi devait y participer pareillement afin de réduire & l'impuissance, par sa mort, celui qui a 1a puis- sance de In mort, c'est~i-dire le diable, et d'affranchit cewela mémes qui étaient tenus toute leur vie en escla- vage par la crainte de la mort. Car ce n'est pas, certes, Jp ease des anges qu’ prend en main, mas il asaune Ik descendance d’ Abraham: En conséquence, il a di devenir en tout semblable a ses fréres, afin de devenir dans leurs Fapports avec Diew un grand pretre,misércordieux ale pour expier les péchés du peuple. Car des 1a qu’ a Tuisméme souflert par I'epreuve il est capable de venir en aide & ceux qui sont éprouvés (2, 9-18). Ala fin de ce premier texte nous trouvons déja indi- quée en plus de l'idée de solidarité, celle de causalite + Le Christ est capable de venir en aide... Ce concept se retrouve ailleurs : Noug nfavons pas un grand prétze impuisant & com: patir A nos faiblesses... “Avangons donc avec assurance VONIQUE Vaar PRETRE vers le trone de Ia grace afin d'obtenir miséricorde et de trouver gre, pour une aide opportune (4 19-10), Tl est devenu pour tous ceux qui lui obéissent princi de salut éternel, puisqu’il est salué par Dieu du titre id prétre selon Trordre de Melehisédech (5, 9-10). 27" est capable de sauver de fagon défnitive eeux qui pay lal avanoent vers Dieu, tant toujours vivant pour _Intereéder en leur faveur (7,'25). 2” Selon une autre formule, nous sommes liés au sacri- fice de Jésus, parce qu’il est notre représentant : Ce n'est pas, en effet, dans un sanctuaire fait a la main que le Christ est entré, mais dans le ciel lui-méme, afin, Gétre maintenant visiblement présent et pour nows devant” Ia face de Dieu (8, 24), _. Enfin, d'un mot qui dit tout : + Nous sommes deve- ‘nus participants du Christ » (8, 14). Mais PEpttre aux Hébreux n’est pas le seul écrit du Nouveau Testament qui nous affirme notre union au sacrifice de Jésus, et done notre retour en Iul et faveo Ini vers le Pére. Il faut d’abord citer le grand texte de P'Epitre aux Ephésiens : Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, & cause du grand amour dont if nous a aimés, alors que nous étions morts ppar suite de nos fautes, nous a fait revivre avec le Christ, =: —eest par grace que vous étes sauvés! —; avec Lui il nous a ressuscités et fait asseoir dans les cieux, dans Ie * Christ Jésus (Eph., 2, 4-6). "Pus ce sont les affirmations de I’Epitre aux Romains : “Nous qui croyons en Celui qui ressuscita, d'entre les ‘morts Jésus Notre-Seigneur, livré pour nos péchés et res- suscité pour notre justification... (4, 24-25)... Si, tant ennemis, nous ffimes réconciliés i Dieu par la Taort de son Fils, a bien plus forte raison, une fois réconciliés & Dieu, rons-nous sauivés par sa vie, et non seulement réconci- igs, mais pleins de Joyouse assurance en Dieu par Notre- +20 Vontque vaar PRETRE Seigneur Jésus-Christ par qui dés a présent nous avons obtenu la réconciliation (Rom., 5, 10-11), Ainsi, suivant PEpitre aux Hébreux et d'autres éerits de saint Paul, nous croyons pouvoir affirmer que Ie sacerdoce de Jésus est P'unique vrai sacerdoce, parce que Iui seul @ pu, par sa Passion et sa Résurrection, offrir le vrai sacrifice qui réconcilie Phomme avee Dieu, en pénétrant avec son Humanité immolée et glorifiée dans le vrai sanctuaire oi Dieu réside. Mais cette affirmation nous semble si importante pour le sacer~ doce chrétien qu’il sera utile de examiner & nouveau dans une autre perspective. CHAPITRE If LA RESURRECTION, L'ASCENSION ET LE SACRIFICE DU CHRIST Si nos conclusions du chapitre préeédent sont exac- + tes, il faut admettre que Ia Résurrection (et I"Ascen- sion), ’est-a-dire Pacets du Christ, dans son Humanité, a la vie glorieuse, a une importance de premier- ordre dans toute étude dui sacrifice et du sacerdoce du Christ. Cette affirmation n'est pas sans déranger un peu nos habitudes de penser: quand nous pensons au sacri- fice du Sauveur, ne sommes-nous pas conduits & pen ser d’abord, sinon uniquement, & la Passion et & la Mort au Calvaire ? ‘Aussi faut-il, dis Yabord, écarter un malentendu possible. Il ne s’agit aucunement de diminuer Vim- portance des éouffrances et de la mort du Seigneur, ct, ainsi, d'une nouvelle maniére, de « réduire & néant la Croix du Christ » (I Cor, 1, 17). Nous ne saurions oublier, certes, les véhémentes protestations de !’A- tre : « Pour moi, a Dieu ne plaise que je me glorifie, sinon dans la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ qui fait du monde un erucifié pour moi et de moi un erucifié pour le monde » (Gal., 6, 14). Et il reste vrai que c'est Ia Croix qui nous réconcilie avee Dieu Sy. (Eph., 2, 16), que c’est le sang de la Croix qui établit < a vraie paix (Col,, 1, 20). Mais nous croyons nécessaire d’ 22 LA RESUERECTION, L’ASCENSION tie se peut pleinement comprendre que dans la per~ spective dela Résurrection, et que le sacrifice du Christ, dans les sources de la Révélation, ne se réduit pas la Passion, mais ne trouve son achtvement que dans la Résurrection et la glorification du Sauveur: tel est le premier point que nous voudrions établir ici. Ten est un deuxiéme, peut-étre encore moins eonnu : nous eroyons que la Résurrection (avec l’Ascension qui en est inséparable), non seulement est le terme, Yachévement du sacrifice de Jésus, mais qu'elle marque aussi le dernier achtvement d’un progres de son sacer- doce : en d'autres termes, le saverdoce de Jésus n’est parfait que par-la glorification conséeutive & la Pas- sion ; telle est du moins Ia doctrine que nous décou- yrons dans I’Beriture et la Tradition, et qui est aussi celle de saint Thomas dAquin, Pour le premier point, il ne semblerait pas nécessaire Ainsister beaucoup aprés ce que nous avons déja dit du sacrifice du Christ selon |"Epitre aux Hébreux les chapitres 9 et 10 de celle-ci, en rapprochant le sa- erifice de Jésus de la liturgie solennelle de Kippour, affirme avee une clarté qu’on ne saurait éuder que le sacrifice n'est achevé, mieux que 'aete principal n'a lieu que dans Ie sanctuaire eéleste. Dans le sacri- fice de Jésus, comme dans celui de I’Ancien Testament, il y a sans doute une immolation préalable, puisque c'est le sang de Ia victime qu’on introduit dans le Saint des Saints ; cette nécessité de la mort du Christ est encore manifestée par le fait que son sacrifice est présenté comme scellant une nouvelle Alliance, qui est aussi un testament nouveau, selon le double sens du mot 2a, et que ¢ 1A ol ily a disposition testamen- taire, il est nécessaire que la mort du testateur soit ‘constatée » (0, 16); mais lacte définitif, le plus solen- nel, celui que préfigurait Ventrée du. grand prétre “qi! Ue SACRIFICE DU CHRIST + derriére le voiie, ne s'accomplit que par Ia Résurrec- tion et la montée au ciel. Quelques exemples montre- ront que telle est bien. Ia doctrine traditionnelle. Saint Irénée, qui admet que toute activité terres- tre du Sauveur est sacerdotale, car toute son activité a pour but de ramener & Dieu et & V’héritage perdu par Ie péché, Vhomme exilé et condamné}, affirme cepen- dant que ceci ne pouvait pas se réaliser sans la Résixr- rection, c’est-a-dire sans I'accts de !'Humanité du Christ '4 Pimmortalité et & Vincorruptibilité: nous ayant, par Incarnation, récapitulés en son Humanité, le Christ peut nous ramener au Pére!, dans Punité de son Corps ressuscité : « Nous ne pouvions pas recevoir Yincorruptibilité et Timmortalité, sans étre unis & Yincorruption et a Vimmortalité. Or, comment pour- rions-nous étre unis & Pincorruption et a l'immortalité, ‘si Vincorruption et Vimmortalité ne s’étaient pas d’a- bord faites ce que nous sommes, pour que la corrup- tion soit absorbée par V'incorruption, la mortalité par Vimmortalité, et que nous recevions adoption fi liale ? »* Aussi Emmanuel ¢ descendrait dans les profondeurs de Is terre (Is., 7, 14) pour chercher la brebis qui était perdue (c'est-a-dire leeuvre qu'il avait, S “modelée Lui-méme) et remonterait ensuite dans les <* Hauteurs pour présenter et recommander a son Pare cet: homme ainsi retrouvé... de sorte que, comme la 4, Gest pour cela que 'on ne pouvait pas tu reprocher de guésir ‘onde faire dss mlracse durant lo rabbat, ear les uvres sacerdotales as elus quae est ad eum eommantoni semetipeum, ut nos coligeret_ in sinum BG, 1124 ab), 57 oa Ct erasers mots sont dss fy 15, 6-94; Hom, & 153 Gaby 4,3). 26 LA RESURRECTION, L’ASCENSION téte est ressuscitée d’entre les morts, ainsi ressuscite- rait le reste du corps. »t Lrentrée du Christ au ciel, sa session a la droite du Pere, est, pour Origine aussi, le signe de la supériorité de nétre grand prétre sur celui de l’ancienne alliance, Tequel n’entrait que dans des sanctuaires faits de main homme, La place de la Résurrection dans ta théologie du sa- cerdoce de Cyrille d’Alexandrie est considérable, La Resurrection a été pour le Christ la condition préalable our qu'il nous procurat I’Esprit Saint: il fallait qu'il ressuseitat, lui, le premier, prémices de toute résurrec- tion, pour que nous, & notre tour et & son image, nous puissions ryssusciter une vie nouvelle*, Car le sacri- fice de Jésus comprend et sa mort et sa résurrection et son ascension, avec sa continuation définitive, Ia -présence devant le Pére de 'Humanité glorifiée : aussi le sacrifice est-il nommeé un ¢ sacrifice céleste et vivi- flant, par lequel la mort a été détruite », Cyrille se rend d'ailleurs parfaitement compte du caractére anor- smal de ce sacrifice: normalement, dans l’Ancienne Loi, le sacrifice était achevé par la mort et par Poffran- de la victime... Mais cette diffienlté ne Parréte pas : bien mieux, iJ découvre dans ’Ancien Testament une figure de ce sacrifice insolite. Le Lévitique, en effet, prescrivait, au grand jour de 'Expiation, deux boues destinés au sacrifice pour le péché (Lévit, 16, 5) Yun des deux était immolé, et Pautre chassé au désert, porteur innocent des péchés du peuple. Cyrille voit dans ce double rite un symbole complexe du sacri- 4, Hae. uy, 19, 8 (trad. F, Saowanp, p. $87), Sur la récepitulation de Yoate Tiumianite dans le Chiist selon irene, voir Vouvrage 1B Scuan., Rekapludationsbegrjf es hi, Ieendus und seine’ ae dang auf die Kerpercely Fret. 1. t., 1941. In Levit, Xt, 1 GAGS, vt, 494-485), 3, dit Joan, 13-414 (P. G.,'73, 790 6) 5 (bid, 918-919 (cok, 2-433). : ‘€IK Malach, 880 (P, Gy 72, 297 ed). EQ-LE SACRIFICE DU cHRIsT fice du Christ: pour ne pas multiplier les miracles, ‘et n'avoir pas a ressusciter la victime, Diew avait com- * thandé qu’il y en eft deux, qui, & elles dewx, représen- : teraient tout le sacrifice de Jésus ; l'un des deux boucs figurait done sa mort, son immolation au Calvaire ; * lesecond représentait le méme Christ vivant @ nouveau, L ressuscité, et pénétrant, porteur des péchés des hom- mes, dans le ciel, ce lieu inaccessible aux hommes que S figurait le désert?. C’était 1a, d'ailleurs, le seul taber- S nacle qui convint au grand prétre nouveau : Le tabernacle ancien fut élevé dans le désert par le & tris sage Molse, et il fut construit selon le modéle qui lui “avait éé montré sur la montagne. Ce tabernacle conve- Fait perfaitement aux prétres qui sacrifiaient selon Ia Loi, f° Mais la demeure convenable et naturelle du Christ, c'est Ja’belle cité d’en-haut, le ciel, tabernacte divin et sublime, ql nest pas Je frat d'un art humain, mais une couvrs * sainite de Dieu. * Cette place de la Résurrection dans le sacrifice de Alexandrins, obtiendra une place au moins aussi grande chez les écrivains palestiniens. C'est d’abord Eustbe de Césarée qui affirme en ces mots l'efficacité salvifique de la Résurrection : En coafessant sa résurrection dentre les morts, nous isons: Nous nous réjouissons de ton selut (Ps. 19, 6); en eflet, que peut-on entendre d’autre par le salut du Christ, sinon sa résurrection d’entre les morts, par laquelle Fla relevé ceux qui auparavant étaient tombés ?* Saint Bpiphane de Salamine sera plus explicite en- Apris Toffrande de la Paque, et avant trois jours, c'est= E Sloptyr. tm Lev P. G60, 568880). 2 Derecla ide ad repinas, 185 (Pusey, p. 812 P. G., 76, 1396 ed). Deans Beaiign: ty 36, 13 (G.ESs Vs, De 186) LA RESURRECTION, L'ASCENSION aire trois fours aprég VAgnenu Paseal il était preset G'ofirir une gerbe (Lévit., 25, 15); e'était l'image de cette gerbe bénic gu ressuscorall. des morts apres le trodseme jour, lorsque la terre la restitua, lorsque le Christ. Tui mméme la reprit de ses mains quand elle ressuscita du tom- beau, Jorsqu’il demeura avee ses disciples quarante jours, et lotsqu'il introduisit, & la fin de la Pentecdte, cette gerbe dans les. cleux: premier-né des. premiers-nés, prémices saintes, gerbe moissonnée en Marie, faisceau rassemblé en Dieu, fruit du sein maternel, prémices de la moisson', Et encore : Notre Seigneur, qui n'était pas un homme, mais le Logos saint et divin de Dieu, fils de Dieu engendré sans commen- cement et hors du teinps, existant. toujours avec le Pere, est devenu pour nous hotnme du sein de Marie, ct sans semence Virile ; et il offre au Pére son offrande saverdotale, is en avoir pris [a matiére du sein de Phumanité, afin il soit établi pour nous prétre selon eet ordre de’ Mel- isédech qui na pas de succession; car le Christ continue & offrir pour nous & jamais ees dons, aprés s'étre offert lui-méme sur la croix, afin de supprimer les sacrifices de Yancienne alliance, en offrant pour le monde entier un sa- gpllce pls parfait et vivant; c'est Iui-méme qui est vie time, lui hostie, lui prétre, lof autel, Ini Dieu, Inf homme, uf roi, Tui grand. prétre, lui brebis, lai agneau, devent qu'il est tout en toutes choses pour nous, afin qu'il de- vienne de toutes facons notre vie, et afin @établir & tout jamais la formeté inébranlable de son sacerdoce’, De méme Hésychius de Jérusalem voit un lien trés étroitentrela Passion et la Résurrection, ct les deuximys- teres sont constamment unis sous sa plume dés qu'il agit du salut des hommes* ; c'est par ces deux mys- tires que Jésus a fondé MEgliset; ils complétent le 1 Ado, Hate $4, 31 (6.05-,$04905 5 P, Gu, 41,945 9 2 Ado, Maer 85, 4 (C-6.8,"520-990 5. Gey 41, 980 be), 3. Volel queldiues exemples :'7n Isaiam, 23, 23 et 51, 1 (éd. Fav ugban, p. 105 et 104 b) Commentatre aut Peaumes, tS pat Taare (Suppletientum Peauert| Bononiensis, Vienne, 101%, tres teéquetn- smentnar grempi, Py 27, 61 $4, te. 4.°In Ps, 25, 12 (6d, Jacic, p. 49), SET LE SACRIFICE DU: CHRIST ‘sacrifice, car la Résurrection et l’Ascension introdui sent dans le sanctuaire ofleste le sang versé sur la = Croix, comme le grand prétre portait & V'intérieur du Saint des Saints le sang de Ia victime qui avait été immolée dans le sanctusire extérieur'. Aussi Hésy- ‘chius parle-t-il volontiers de Vautel eéleste dont le ! Christ ¢ s'est approché par l’Ascension » 4, et qui n'est Fi autre que le Corps méme de Jésus glorifié & la droite “du Pére®, Ne nous étonnons pas de Vineohérence appa- frente de ees métaphores ; la pensée est claire et lau- _ teur Ja. précise ailleurs: Ibi sanguinem introduait, “quia cicatrices portans passionum, a mortuis resur- pe rerit... alque ita in clos ascendit', Tl faut done bien admettre une certaine continuation, une conclusion ¢é- Eleste du sacrifice de la Croix, par la Résurrection et ‘VAseension, par lesquelles le Christ nous a introduits ‘éyee Iui-dans le ciel®, Si nous abordons les écrivains de l'Hcole d’Antioche = nous retrouverons les mémes perspectives. Il serait difficile de trouver expressions plus fortes que celles F de Théodore de Mopsueste : Passion, Résurrection Set Ascension ne font vraiment qu'un’ seul mystére, commencé au Calvaire et se terminant au ciel Us appellent Croix 1a Passion et tout ce qui fut en la Passion j et tout fut inclus sous un seul nom, parce que par sy Etta nnn meen cups mt bo ecl gt ie eeu cage cs rua per eee es Se eee 2 ct etna a er me Siok gnu gs warn q $ 93, 706-707 5 824'c ; 848). Ld RESURRECTION, L’ASCENSION 4a Croix vint la mort, pois de la mort vint la vie immon- tele, HL s'avanga a la mort par la Croix afin de détruire par elle la mort’ dans sa résutrection d'entre les morts!. Le Commentaire au livre de Jonas sera tout entier une explication typologique de la rédemption opérée par la Mort et la Résurrection du Seigneur : Théodore Y montre, en un trés beau prologue, que ces mystéres étaient préfigurés par le rite de YAgneau pascal & la sortie d’Egypte, par le serpent d’airain au désert, et surtout par l'histoire incroyable de Jonas englouti par Je monstre et finalement sauvé ; tous ces épisodes re- présentaient A I’avance non’ seulement la Passion du Christ, mais aussi son aecession a la vie glorieuse par Ja Résurrection’, En définitive, c'est en ce dernier mystire, avee 'As- cension qui en est inséparable’, que Théodore voit la manifestation la plus parfaite du souverain pontifieat de Jésus : c'est par ces mystéres qu'il accomplit Pacte supréme de son sacerdoce dans le sanetuaire vérita- ble du ciel, dont Je Saint des Saints de Jérusalem était, image. Les prescriptions du Lévitique ne convenaient en effet qu’a des hommes mortels, puisque les victi- ‘mes elles-mémes y étaient purement terrestres et mor- telles ; au contraire, ce qui convenait su Christ, don- neur d’immortalité, e’était un sacrifice dans le séjour des immortelst, C'est done du ciel que le Christ est ministre et grand prétre, ¢ et Ia, pour nous, il accom- 1, Homes Cauehdtiques, vt, 2 (trad, Toxyeay, p. 189-138). 2 Ibid, vn 8 (p. 148). Vole aussi, Hom, VILL 8. In onain, protog. (P. Ge 66, 320-921 ; 324). 4: « Ge ne fut pas seilement pat sa resurrection que Te Christ fat .POUF noms prémices, mais aussl par son ascension Ux elewe, ef £2 foutes deur, nous assoele Asa grace » (Hom, Caléch, Vis 73 trad. Tonneau, p. 171-173). ', Hom. Gatéch, xu, 9 (p, 327); In Hebr., 7, 8 (4, K. Stan, p. dir aa. fomél Gatteh, xv, 18 (p. 487), ET LE SACEIFICE DU CHRIST F plit la Liturgie pour nous y attirer tous de toutes ma- nitres selon sa promesse » 1, Le nouveau culte, le nou- veau sacrifice s"inaugurera par la Résurrection : c'est pour cela que Jésus, selon saint Jean {Jo., 2, 19), g, lorsqu'l chassa du temple les vendeurs et les changeurs, égitimera son geste en annongant Ia Résurrection : Le Christ, en chassant les marchands et les changeurs dy temple, paraisait rejeter non seulement le commerce, mals B encore Lusage des sacrifices, puisque e'était pour permet. tre ceuscci que les commergants vendaient baru et co. lombes, Aussi se retranche-til & bon droit derriére sa RE surrection, comme s'il disait: ..cex rites anciens disparat- e tront et un nouveau genre de vie sera institue®, De tous ces textes.et de bien dautres semblables, il ressort que pour Théodore, ce n’est que par la Résur- Teetion et Vaccession & la vie glorieuse que s’accomplit f. parfaitement Je sacrifice de Jésus, et la Passion elle- _Iéme n’en est que le premier acte, la condition préa- lable pour ainsi dire, de méme que limmolation de la ‘vietime, au jour de Kippour, ne trouvait son vrai sens jue dans entrée solennelle que faisait ensuite le ‘and prétre dans le Saint des Saints. Ce sera un enseignement tout semblable que nous trouverons chez le contemporain et ami de Théodore, it Jean Chrysostome ; ceci ressort en particulier in paragraphe du Commentaire & l'Epitre aux Hé- jbreux que nous notis contenterons de traduire : Si done il est prétre, affirme Paul, ainsi qu'il lest de foit, i lui faut chercher une autre résidence, car s'il était neuré sur terre il ne serait pas prétre. Comment, eo ‘eflet, pourrait-il Y'étre ? Il n'y a pas offert de sacrifice, a pas exereé de fonction sacerdotale : logiquement urs, puisqu'll-y avait déja les prétzes levitiques... BSB ee apr Deen, 32 BERD epee ae F LA RESUBRECTION, L’ASCENSION Et Paul montre qu'il ne lui était méme pas possible d’e- tre prétre sur tere: comment en effet Vaurait-l pu? Ii n'y avait pas moyen d'entrer en compétition avec (les preties levithques), dita Le sacrifice du Christ ne saurait done pleinement s'acoomplir sur terre: c'est au ciel qu'il s'achéve. Tel est, selon Chrysostome, le sens de mainte expres- sion de l’Epitre aux Hébreux : Use présente, dit Paul, devant la face de Dieu pour nous Gees 2b, ‘Que veut dire ce pour nous ? — Cela veut Vil est monté avec un sactifice...*. Voyez, c'est lic haut ue hous avons notre vietime, Ii-haut Thotre prétre, Thaut notre sacrifice. Le saint Docteur recourt lui aussi & la typologie de Ja féte de Kippour pour décrire entrée au ciel du Sei- gneur avee son sang versé pour noust; de telle sorte que Ja déctrine eucharistique de Chrysostome, si importante dans histoire des dogmes, ne peut abso- Tument pas se comprendre sans cette relation au ciel et done & la Résurrection et & l’Ascension de Jésus*. Quelques bréves indications suffiront pour montrer “dna Mhomassin (Dogmat, Teo, De Incarnation, Xy Sai, 7 333), oF défe fo preialer traductourTatin, Mutien (P.'G.y ‘ce mest pas i We Sens normal di ot. Theodore fexpliquant le meme passage de VEpttre aux Hhrows, fe interprétation qui éclaire celle de Chrysostome: ei Heh ar ee ie Sorat pas and pete car Lol any ‘enc, qui tall de Digu ot ne pouvalt cone fas ety transprectte, Svalt lb ‘an unguo sacerdoce pour i coiition teres, et th ‘ure snerdooe terestre ne pouvall pass éabllr en concurrence avec acerd Ppourait succéder au precédent ob bn, 5 AGE Eilat iar ee yt on nos pematn de renvoyer uote srice® Le eacerdace css da Chrtt selon Chg Ses, dat ‘dans Nouvelle Reowe Théologique, 72, 1950, p. 569-579. que les Pares de langue syriaque ne se séparent pas de Zeet enseignement traditionnel. Pour Aphraate, I'As- = cension est un acte sacerdotal : Le Christ a donne son sang pour tous les hommes, pour que nous ne recherchions plus des animaux: il est ‘entré dans le sanctuaire qui n’est pas fait de main d’homme, et est: devenu pontife miséricordleux et ministre du Saint E des. Saints}. “Selon saint Ephrem, la résurrection du Christ est jaon seulement le modéle et Vimage de la notre’, mais, “encore la cause de tous les biens spirituels dont nous sommes les bénéficiaires ‘Tous les secours que le Seigneur miséricordieux nous a octroyés, comme une source abondante, ont commencé & se répandt et & couler au jour de la Résurection du Se- nent Mais Ephrem s’arréte avec une complaisance encore plus menifeste & la contemplation du mystére de PAs- cension ; car, en ce jour, ce n’est pas’ seulement Jésus ‘qui a été exaité & la droite de son Pére, c'est nous tous, nature humainet ; par 1a, Jésus est devemu la grande lation de Phumanité entigret. 4: De Gazate 6 apts a trad de J. Panson, Pa, Sprague, " i Ratiatin de Bardesane 6a, GW. Minemeci 1p 78, ar 8 ‘Stem pout ta nul domanche ae Pagucyy€6 Lane? 80, 3 aa sie) Bite sige mobs gata Ret (tigate, ‘irs 78001 Pele autem coved of myst hae 5 iin ‘enon anc a foerunt mylar in Wo corpore, Ed ascend velut cbitlo Eorio descent tux et & g tiger cuce decent ot tet, agent eau ub po igmat dipers, vn, 8, 10; 66. Laney, Ty, T8700), Er paplne eran Sec ay gaa vet ed infotnrs apparent fe nia Tepe operat» (Ea goncordantis expositio, Xx1, trad. Avcut fenise, tp (278-274). She Oblate co spre tifa, quia fast oclss ef edaratas Sabino aged ascent Deming, et obtula© (pra! diapers So, 13; th, ‘ease, 1,730), 82 1A HESURRECTION, 1/ASCENSION Cyrillona, le podte syriaque de la fin dw-1ve sitele, voit aussi dans I’Ascension la montée au ciel de toute Pespéee humaine ea Ja personne du nouvel Adam‘, De méme Balai, le chorévéque de Bérée, dans la pre- mitre moitié du v* sitcle®. L’enseignement de Nar- sts, le premier maitre important de P’école de Nisibe, sur PEucharistie, suppose que le sacrifice de Jésus ‘comprend principalement sa Résurrection et son As- cension’, Jacques de Saroug, de méme, enscigne que Ie prétre de la Messe « renouvelle le mémorial de la mort de Jésus et de sa Resurrection ». Il sera facile de montrer par quelques exemples que ~Ia tradition orientale postérieure au vie sidcle est de- meurée fide & 'enseignement des grands devanciers. Sévére d’Antioche, au vi? sitcle, écrit ces lignes re- marquables : Le Christ, a ace but de rendre possible la Resurrection, rimmortalité ot Vincorruptibilité, et de nous les communiquer. Sans une mort pré elle avoir liew Ressuscité, le Christ est monté au ciel, mais il nous a tous élevés avec lui, de méme que le premier Adam 4, Promitre Homie sur ta Cine, vers 400 3, (@’aprts la trad. e's banoesosonran, danyesinte Schindler Syrae eg Ber Bid pa Ln, ar Pa Tey pa 4. Prieta a snl Vierg, vers Ob x, apres a Find alee me omul Lticbipun, avs (Papris ta toed. angina de RH. Gonworie, Tests and Stadler: vis, 13 voir surtout fe 12 | 207235 SP seein) rom, xa 954 ‘Sot bir fee unsopara p11 912). ‘edits (Rs. Suro, Beyrouty 198, p, 104198) oi ata p. 149. Seite ajoute quo, tr le out dela Pcaion, pout Hs oe al Stes aie na veut ne fee tare tend. Baik, Pole Or, Ys, 2, pe 300-591) té et a soulfert 1a Passion dans le” ralable, en effet, comment la résurrection pourrait- | les aijunts, vers. 190 55. (trad. La § f& avait perdu tous les hommes par son péché!. Car Jésus f°. nous contient tous en lui : yi ‘quill a regue du sein de Marie? ; c'est done toute Phu- manité qui monte avec lui au cicl, avec Ini qui est ®-les Prémices de tous les élus*. fi Au vun® siécle, Germain de Constantinople, @abord p, évéque de Cyzique, puis patriarche de Constantinople de 715 & 783, expliquant les cérémonies de la messe, | ne sépare pas, Iui non plus, Ia Passion de la Résurrec- tion : Jésus s'est offert en sacrifice, comme prémices z de notre nature et comme contenant en lui, pour ainsi dire, ¢ toute Ja masse de la rece humaine »*; mais son sacrifice, que Ia messe représente, inclut tout le ‘mystére du Christ depuis la Passion jusqu’é l’Ascen- sion‘. Aussi, la Messe nous fait, pour ainsi dire, péné- p trer dans le sanctusire céleste, ¢ ot le Christ a élevé ‘sa chair... et I'a présentée & Dieu le Pére, et Dieu le Pere l’a regue comme un sacrifice et une offrande agréa- ble en faveur du genre humain » *, *Citons encore pour mémoire. Théodore Studite,“qui voit dans I’Ascension une présentation au Pére¥de . Hyper 104, 105 st 107 (4d. BW, Bacon dans Pal Orta, ed45 4 1); ios gull le pastas aide do econ yes suthentigienent sevatender au oer ache Goteemes our ie cpoaddrcs il eo su eaves couse tee is amolgnagen nimontant au viele st Sevse eee Te pail stent dla OMCeaS, Amtfianitice (ond, 8s 194); Hom, LXXT (tra Pageant pS sb 00) Mme XT Gnd orlemplaio ex i, p.. 388-080 3 foconstitotion, de thal stats a, aa OOS ace ‘Taxtes nonibreus, dans Kaaswonesciy, p, $26, Soy 247,48, sg dams emma Se, 06 Va sede tk ie: pe Rascals. itso; Duognnag, p20 tn. Inne Be crAtasien Ig Bbtgtkdeaie ca. batmiobs, ie 40 borin eae flag 10, 1908, py does Dan We texte es faut ne probabionet igen avec Biihtsan a as do Wakes LA RESURRECTION, L’ASCENSION Y’Humanité sainte de Jésus, en faveur des hommes!. Mais nous ne citerons pas ici les théologiens et exége- ‘tes byzantins postérieurs, dont nous aurons occasion de rencontrer ailleurs le témoignage. En Occident, Punanimité des éerivains n'est pas moins frappante. ‘Nombreux sont les textes ot Hippolyte de Rome considére la Résurrection et Ascension sous un as- pect sacrificiel: « Le Sauveur est ressuscité et il a manifesté sa chair sacrée comme un temple #8; « i a pris une chair de In méme matitre (cf. Rtom., 9, 21) que la notre, il Pa ressuscitée, P'a faite prémices de 1a chair des justes #; « Il est monté au ciel le premier et a offert & Dieu Homme comme un don », Hippo- Iyte se plaft & montrer le Sauveur comme le prétre éleste et le Saint des Saints véritable'. Aussi ne nous étonnerons-nous pas de le voir considérer !'Eucharistie ‘comme un mémorial a la fois de Ia mort et de Ia Résur- rection : « Nous souvenant done de sa mort et de si résurrection, nous vous offrons le pain et Ie vin, en vous rendant gréces... ¥% Saint Cyprien aura ce mot évocateur pour parler de la célébration de "Eucharistic : « Nous, nous eélébrons Ia Résurrection du Seigneur Je matin 97. ‘Vietorin de Pettau considére la Passion comme un prélude & Ventrée du Christ jusqu’a cet autel eéleste que décrit I’ Apocalypse (6, 9) et que représentait l'au- tel d’or du temple de Jérusalem ; de méme que le grand prétre ne.s’approchait de ce dernier qu'une 4, Pele 6 eat, vir (42, Auymay-Tovaano, Paris, 1891, p. BrP. 6.99, B17 6, ‘D De Antichristo, 6 (G.C.8,y 1 b, p. 8, 12-13). nasrvé per Tisdedoety Bxasteres, Dial. IT (P. Gu #3, 585 a5 GOS, 1B, B. 255, 1800, “A Pragmy, i Samal, tv (G.C.8> 1 by 122, 10-145 dans Twbono- at, P, 8, 178), 8. In Ban, rv, 92 (trad, Larvae, p, 198). £ °; i ipa. & ea Bory 4 (Ca Baran, 9.20610). 85 fois par an, de méme le Sauveur n’a souffert la Pas- sion qu'une fois, pour pénétrer ensuite dans Ie ciel?, Lactance applique & VAscension la eitation de Da- niel, 7, 18: Et usque ad anticum dierum pervenit et oblatus est eit. Saint Hilaire de Poitiers contemple dans la Résur- . rection: de Jésus notre propre résurrection: In eo enim sumus, reeurrectionem nostram in resurrection ‘tous contenus dans Je Christ, et celui-ci, montant au J giel au jour de l’Ascension, nous y a tous introduits ; avee lui pour nous offrir au Pere; sacrifice préfiguré ppar le sacrifice de 'ancienne Loi : “Telle était, en offet, la Loi.du sacerdoce, exposée avec ‘soln par sat Lug, selon toute la prédion de ia Lo pouvait monter jusqu’au Saint des Saints celui qui at grand pte et cela un sel jour dane Fannie Toutes fui s'accomplissaient a i element doeonpies en Notre Sagecar I wert. Le ciel est done le véritable Saint des Saints, le temple véritable ot le Christ ressuscité péndtre’, et dans lequel, grand prétre éternel, il offre au Pere son sacrifice, qui n'est autre que Iuiméme et téute {Vhumanité rendue par lui et en lui au Pére, reachens = nos secur, obl Deo munus*, i." Grégoire d’Elvire écrit britvement : « Il est monté » 49, pT ee Ps is fevions plas Tam sur‘ce ermir texte: 36 LA RESURRECTION, L'ASCENSION Saint Ambroise, qui affirme avec une telle insis- tance T'importance de Ie Passion du Christ, n’y voit cependant pas le dernier acte de son sacrifice : Le prétre, en effet, doit offrir quelque chose, et confor- rémett 1a Loli doit entrer dans Te sanctuaire avec le sang; par consequent, puisque Dieu avait rejeté le san des tatrenux et des Bots, ll falait que ce pretreci ere ‘rit avec son propre sang dans le Saint des Saints du cel oi il pénétrait afin dy étre une offrande éternelle pour nos péchés!. Entré au ciel et offert comme prémices de toute Vhumanité*, comme premier-né de tous ceux qui doi- ‘vent ressusciter & son image et par son pouvoir, le Christ nous présente tous avec lui et en hui A son Pere: «Dans cette chair du Christ, par la communauté d'une méme nature, la chair de tout le genre humain a été somblée Phonneurs >. Disciple d’Ambroise, mais @’un génie trés différent, saint Augustin a développé avec un luxe de considé- rations ce qu'il entend par le « vrai sacrifice ». Le vrai sacrifice, c'est celui qui unit réellement Phomme & Dieu, « toute ceuvre accomplie pour nous établir dans une sainte société avec Dieu », Sera done un vrai sacrifice, avant tout autre, celui de la mort du Christ, verissimum sacrificium®, car lui seul parvient & réa- liser ce que tous les autres ne faisaient que signifier, le retour de homme & Dieu : car le sacrifice du Christ Ley 18, 692 ob) De Ojiets, 3, 48, Voir aussl Eplst, 44, 18:19 Ly 16 100-3017 ea. ne petite voir: J, Lpeuven, , ‘bynes be Ciadte bela 8 CSB Y. 0 a, 1, p80, 5; share tn gap ne eight coe rin ie Bae YF Prey 4,800 ott, 22, 498% section ‘pi lest entré dans le Saint des Saints, au-dela du voile, en, ce lion o¥ Je grand prétre n’entrait symboliquement gurthe seule, fois Van, comme le Seigneur luratine 6 offert qu’une seule fois dans toute la durée du temps. B Crest lui-méme qui s'est offert, lui qui gt le prétre, tut la Victime, il est entré dans le Saint des Saints une fois, et F désormais il ne meurt plus, et la mort ne le Vainera plus), ‘Mais en ce sacrifice du Sauveur, nous aussi nous sommes contenus, bien que nous soyons encore hors du sanctuaire céleste ; déja, dans le Christ, nous som- mes montés au ciel, en espérance, contenus dans ce- lui qui est les Prémices, le gage et la cause de notre -salut®, Le principe de V'inclusion de tout Je genre humain dans le Christ est précisément I’une des clés de I’en- ‘seignement de'saint Léon le Grand ; or, nous sommes contenus dans le Christ dés le mystére de la Passion La nature humaine qui, en nous, avait toujours été cou- § pable et esclave, en lui souffrait innocente et libre; afin que, pour dter fe péché du monde, il soffit en victime ‘comme un agneau, lui que la communauté de substance ‘corporelle unissait & tous, et que som origine spirituelle dis- tinguait de toust, i Mais cette mort avait pour but de renouveler en lui toute Ia nature humaine : Car nul ne pourrait étre déliveé des liens de la mortalité, BE. 1, In Pe, 190, 4 (PL, 97, 1708); ch In Pa, 28,2, 10; In Bead t Bas ith, SG; e's agen ts eras (8 1, 88, tig ina. ee a 06; Sem. Caaf 4 (Sem. pt Bos pepe P 348-349 et 507 5). oer riot Pe SD iebe so Ue E56 7p Sem 8,298 198, 9; aH Ri Sle Reps Melua Tr poesia ee ai LA RESURRECTION, LASCENSION si lui, en qui seul la nature commune est innocente, ne se laissait mettre & mort par les mains des: impiest.... En Ini tous ont été crucifiés, tous sont morts, tous enseveis, tous aussi ressuscités ; ...et parce qu'il n'y a qu'un média teur entre Dieu ot les hommes, le Christ Jésus qui homme (I Tim, 2, 5)... apres. avoir lutté dans la fai- blesse de notre chair contre lorgueiileux ennemi, il com- munigue sa propre vetoire & ceux dans le corps desquels il avait. triomphe*, Nous sommes done dans le Christ au ciel Prenant notre état de faiblesse, descendu qu'il était pour nous sur terre, il nous a placés dans les ciewx*... Tous les, fidéles, nés aux fonts baptismaux... ont été crucifiés avec Je Christ dans sa Passion, sont, ressuscités en sa Résurrec- tion, et dans son Ascension, piaeés & la droite du Pere. L’Ascension du Christ est’ notre exaltation... ; dans le Christ, nous avons pénétré dans les hauteurs’ des cieux ; ;nsc0ux qui Iui sont ancorpords, le Fils de Diew les a placés Hla droite du Pere.* Or, I’Ascension est un acte cultuel : Le grand prétre entrait dans le Saint des Saints, et le Prétre. sans tache entra pour prier Dieu au travers du voile de sa chair. Bt le passage de la Loi a 'Evangile, de la Synagogue A 'Egtise, des nombreux sacrifices & I'uni- que hostie, est si evident, que... le voile sacré qui cachait ar sa présence les profondeurs du Temple et le Saint des Saints se dechira, sous action d'une force instantanée, du haut jusqu’en bast. Il est temps de clore cette bréve enquéte dans ls tradition. Nous croyons en avoir assez dit pour con- clure que le vrai sacrifice, le sscrifice du Christ, ne 218 BY; of, Serm. 65, 5; Ser. 08, 6. 16 be); ef. Serm. 72, 5 (P. L., 54, 414B). 34, 318 0) ‘peut pas se comprendre sans prolonger la Passion par Ja Résurrection et V'Ascension, Ce serait s’interdire ‘toute possibilité d’entrer un peu profondément dans Ja compréhension du sacerdoce de Jésus que de se li- tniter &'sa souffrance et & sa mort, sans se préoccuper -de son aboutissement céleste!. Et il est important de souligner que ceci peut s’établir indépendamment de toute spéculation ultérieure sur le ¢ sacrifice eéleste » et sur Factivité sacerdotale actuelle du Christ au ciel. Aussi, dés maintenant, nous devons tenir pour assuré pee point central : le vrai sacrifice, 'unique vrai sacri- fice au sens fort, est celui qui raméne Vhumanité B jusqu’au ciel, qui est le vrai sanctuaire, celui que Jésus, ~e seul vrai grand prétre, y a introduit une fois pour toutes, dans l'unité de son corps sacrifié pour nous. % Or, c'est cela, nous le savons, qui constitue le mys- §- tire pascal pris dans sa totalité. Le sacerdoce de Jésus, e vrai sacerdoce, devre done toujours étre considéré d'abord a la lumiére du mystére de Paques. Nous ver- rotis, toutefois, que ce premier aspect, si primordial quill soit, ne suffit pas & en exposer la richesse, et qu'il ‘nous faut aussi recourir au mystére qui Vachéve et le prolonge, celui de la Pentecbte. Résurrection de Jésus, myslie de E définitivement les péchés, elle ne s’en tient pas IA, Si lle le compare au sacrifice de ’Expiation qui permet- ait d’entrer dans Ie sanctuaire, elle le compare aussi un autre sacrifice qui, dans ’histoire du peuple d’Is- aél, avait eu une importance de tout premier ordre. livre de "Exode (24, 4-8) nous rapporte que Moise, ors de la conclusion de PAlliance du Sinal, avait fait ‘ffir des holocaustes et des sacrifices d'aetions de grice. V’auteur de lEpitre aux Hébreux s’empare ide ce fait, qu'il rappelle (ailleurs trés librement en ‘se référant peut-étre davantage A Ia tradition orale fqu’au texte inspiné 1a premiere alliance n'a pas 66 indugunée sans du sang. En effet, chaque prescription ayant été lue selon la teneur de'la Loj an peuple entier par Moise, celui-ci prenant le sang des jeunes taurcaus ot des bouts, aver de Veau et Je la laine écarlate et de Mhysope, aspergea et le livre lul- Bméme et tout le peuple, disant : Ceci est le sang de I'AL nee que Diew a presetite pour vous. Et en outre, de la Maniére, il aspergea de sang la tente et tous, les pbjets de culte (Hébr., 9, 19-22). i du Christ correspond, inaugurant une nouvelle ;Vauteur de l’Epitre nous le dit expressément, LE SACRIFICE DE Jésus mais il ne pouvait dailleurs écrire les mots: « Ceci (Tore au liew de Bob de PExode, 24, 8) est le sang de PAlliance », sans avoir & esprit les mots du Christ, instituant !'Bucharistie (Mc, 14, 24 ; Mt., 26-28 ; I Cor., 11, 25), et citant, lui aussi, les paroles de Motse pour les appliquer & son propre sacrifice et & la nouvelle Alliance. Cest, ailleurs, un principe général allirmé par IE pitre aux Hébreux que tout changement de sacerdoce entraine un changement de Vlliance et de la Loi « Chang€ le sacerdoce, nécessairement se produit aussi un changement de loi » (7, 12). L’union et la dépen- dance entre les deux sont si intimes que Yon peut, en une méme argumentation, conelure au renouvelle. ment de l'un et de Pautre : Iy a eu abrogation de la prescription antérieure, en rat son de sa faiblesse et de son inutilitg, — carla Loi n'a rien amen¢ & la perfection —, introduction, par contre, dune espérance meillere par laquelle nous approchons de Diet, dans la mesure 00 cela ne s'est pas fait sans serment — coux-ld en effet sont devenus prétres sans serment ; ‘mais celui-ci avec serment, par celui qui lui a dit? Ila juré, le Seigneur, et il ne s‘en repentira pas: Tu es prétre ur Vélernité —, pour autant, c'est d’tine alliance meil- ure que Jésus est devenu garant (7, 18-22). Du serment divin qui établit Je Christ prétre; on peut done conclure aussi qu'il est le garant, le médiateur (Eppes) @une nouvelle alliance, Das lors, on peut - dire que le sacrifice de Jésus a deux effets, qui se com- plétent mutuellement 1) tout d’abord, il purifie, efface les péchés (9, 28-24) et permet ainsi aux hommes de s'approcher de Dieu . avee et dans le Christ (10, 1): par le fait méme, ils pénétrent dans un monde nouveau, le monde des cho- ses eélestes (9, 28), parfaites et saintes (10, 1 et 14). Cest ce que nous avons montzé au chapitre précédent, ui remplace celle du Sinai, et qui constitue le nou- ‘veau peuple de Dieu dans sa mission. Cest ce deuxit- ne-aspect que nous’ devons manifester ici. !Nous avons dit que le sacrifice de Jésus permet aux F hommes de s'approcher de Dieu; mais lEpttre aux J. -Vous ne vous étes pas approchés, en effet, d'une chose ipabie, ni d'un feu qui brdlait, ni d’obscurite, ni de té- ebres, ni d'ouragan, ni du bruit de trompettes, ni d'une ‘elameur de paroles, dont ceux qui l’entendaient refusaient ;qu’il leur soit ajouté un mot : car ils ne supportaient pas ge qui avait été prescrit: Et si méme un animal touche ‘montagne, il sera lapidé, Et si terrible était Ia manic festation, que Moise dit: Je suis effrayé et tout trem- nt (Hebr., 12, 18-21). ‘Sinai (Exode, 19, 12-19; Deut., 4, 11-145 5, 22-80): fA une alliance d’ordre terrestre, sensible, touchable sptible seulement dans la foi: E Au contraire, vous vous étes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem eé- Beste, et de myriades d’anges, de lassemblée de fete, et TBglise des premiers-nés inscrits dans les cieux ; et de Dieu, juge de tous, ct des esprits des justes rendus par~ its} et de Jésus médiateur d'une alliance nouvelle, et fh wat sacerntce pe nisus proche avee le sacrifice du Christ, et ol il pénétre déja par sa foi; mais il Iui en vient aussi une nouvelle al- Vance, une nouvelle Loi scellée par un nouveau sang @aspersion, et donnée par un nouveau Médiateur. En quoi consiste cette nouvelle Alliance ? I ne peut y avoir sur ee point aucun doute : PEpttre aux Hébreux, reprenant un texte prophétique de Jérémie (81, 81-84), nous exprime clairement, en opposant a celle dont la. | venue du vrai prétre manifeste le dépassement : Or, maintenant, le Christ a regu en partage un minis- tere ‘d’'autant. plus, remarquable que, meilleure est T'al~ ance dont il est médiateur, fondée qu’ello est sur de meil- eures promesses. Car si cette premiere allianee avait été irréprochable, une place n’aurait pas été cherchée pour une seoonde. C'est en les blamant, en effet, qu'il dit : Voici que des jours viennent, dit Je Seigneur, Et jrelfectuerai avec la maison disraél et la maison de ‘Juda une alliance nouvelle, ‘Non pas a le maniére de alliance que je fis avec leurs ‘Au Jour oi je les pris par la main pour les tirer du pays Puloqe Gaines ne sont pas demeurés dans mon al Vianee,, Moi aussi je les ai négligés, dit le Seigneur. Mais voic PAllimee que je contraterai avec la maison Israel, Aprés ces Jours-a, dit Je Seigneur: Donnant mies lois dans leur entendement, Et dans leur cour je les inserirai, Et je serai leur Diew Et eux seront mon peuple; Et ils n’auront plus @ instruire chacun son concitoyen, Ni chdcun son irére, disant : Connais le Seigneur ! Puisque tous me connaitront, ‘Du petit fusgu'au plus grand dentre eux. je serai apaisé a Vendroit de leurs iniquités fe leurs péchés je n’aurai plus souvenanee. (Hébr., atDs Cette longue citation de Jérémie indique d'abord & ‘quoi s’oppose la nouvelle Alliance, c’est-d-dire celle du ‘Sinaf. Mais elle va plus loin et positivement nous dit ‘ce qui caractérise la nouvelle: alors que l’ancienne ‘était écrite sur des tables de pierre, Ia nouvelle sera ‘inserite dans Vintelligence et le coeur de chaque mem- bre du Peuple de Dieu ; done ce ne sera plus une ligne ide conduite extéricure, mais une transformation faite Spar Dieu directement. au plus intime de chaque Ame, et qui sere. la fois une lumiére dans V'intelligence et une foree dans la volonté. De plus, cette présence de F la Loi au plus intime du coeur est lige & Ia rémission des péchés, et tout cet ensemble de bienfaits dépend j-du sacrifice du Christ, comme le redit avec solennité Yauteur de !'Epitre au chapitre 10 (14-18) en repre- nant le méme texte. » Nous aurons plus loin & préciser la nature de cette ‘dans le cur des fideles’, I n’y a done pas lieu de nous B étonner si la tradition catholique a vu dans le mystére de la Pentecdte la contrepartie de.!’Alliance du Sinal. ‘Les documents liturgiques sont, sur ce point, d'une E Aoquence remarquable: notre Veni' Creator, en pro- damant V’Esprit Saint le « doigt de la main droite du Jes chrétiens sont ¢ une lettre du Christ... éerite non ‘avec de Venere, mais avec PEsprit du Dieu vivant, sk od dort, Pant e Lot Neue, dans La Vie Spe de Dieu ef le SaintEsprit Sette Re ane be esl oe ae He aE aah ere Fe Cspia36 38 P. La, 38, 218 8.) Serm. past Maur., p. 383, 36 ; Serm. 156, 13, etc. Chine ‘base! rm. gxait (Ps b, 208, 1809) 7 ANS aa Lm sacuinicr DE giisus non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos cocurs » (2 Cor, 8, 8); la nouvelle Al- liance n’est pas un ¢ ministére de mort gravé en let-" ‘tres sur des pierres » (ibid., 8, 7), mais une alliance ins- crite par Esprit de Dieu. Une hymne de la liturgie grecque, attribuée 4 saint Jean Damascéne?, ainsi que de nombreux textes liturgiques du Moyen-Age latin contiennent le méme enseignement®, Ul est d’ailleurs probable que Pipitre aux Hébreux fait elle-méme une allusion directe a la Pentecdte, dans le passage que nous lisions plus haut (Hébr., 12, ‘opposant a la montagne du Sinai, avec toute Vatmosphére dramatique de la premiére alliance, la « montagne de Sion, cité du Dieu vivant, Jérusalem eéleste », I'auteur pensait, sans doute, avant tout a la « Jérusalem den-haut » que déja saint Paul, éerivant aux Galates, opposait a ls montagne du Sinaf, symbole de alliance ancienne (Gal., 4, 24-27) ; mais il pens: aussi yraisemblablement & la montagne de Jérusalem ob se produisit, + tandis que s'écoulait le jour de la Pentecdte » (Act., 2, 1), Ia nouvelle Théophanie, Aussi Jes Peres de V'Eglise verrontiils dans ce dernier mys- tare Ia réalisation d'un oracle conservé a la fois par Ie Livre d’Isaie (2, 8-4) et par celui de Michée (4, 2-8): | « C'est de Sion que doit sortir la Loi, et de Jérusalem 5 Ja parole de Yahvé »; ainsi le comprendra déja Inénée, ALP. G, 96, 693 & 2 Quelques exemples sufiront: a) Séquence Lux fecunda, att | gues exemp at Sequence bbuée & Adam de Saint-Victor: + in tabellis saxeis = Non in linguis igneis - Lex de monte populo.... —b) Séquence Simples tn eseafla, allsibuée au méme :'« Lex praecessit in figura - Lex poenslis, lek ‘obscura Lumen evangelledin.. s— "«) aude’ duX* siecle « Renovantur namque festala dudum in Sina - Moys! consignata,..—d) L’bymne Tradene fegert Damine, pout la Pentecdte, qui ei attribuee & Abélerd, es tout eo titre cehacrée'& ce theme. jueiee Aliiprona’ (am ea iphona’ tam 4 et de ,méme apres lui, saint Basile, Chrysostome, ‘Théodoret*. EY Le rapprochement entre les deux théophaniés de- i vait d’ailleurs se présenter naturellement a la pensée fdes chrétiens et tout d’abord des apétres eux-mémes. Car la fete juive de la Pentecdte, qui n’avait sans doute é1é primitivement qu'une féte des récoltes, était deve- nue la féte du don de la Loi au Sinai ; on y comméino- F rait, cinquante jours aprés la Pique, Ia conclusion de F V’Alliance que Yon situait cinquante jours aprés la f premitre Paque de la sortie d’Egypte. Peu importe pour Fle présent qu’aient été justes les calculs chronologiques €ablissant que cinquante jours séparaient 1a sortie d'itgypte de la théophanie du Sinai; mais il semble Feertain que telle était la croyance, attestée par les deux Targums de Jérusalem*, et confirmée par le Li- yyre des Jubilés (6, 1 ss.); ce dernier livre enseigne, Hen. effet, que la féte des Semaines, qui est notre Pen jtecdte, remontait A la toute premiére alliance faite avec No¢ ; cette féte, renouvelée lors de alliance avec 4, Ingwte, Ade, Haer, rv, 94, 4; 8. Bastre, Jn Ieaiam, 2,3 (P. Gry ‘bid. (PG, tt Ba Sa a Ga shy pean So Pha hog Aas santo & Bae aps Ee PBB rade te tet ied efit bain eaten Shennan imese ie eg eapaie he Svinte Sas @esias eames aki EUSWUatlatnt Caceaieieparae ume la, seers aaeesre cats Rime tas ge, seb aie Has i ahraatar adecon a Bechet sale oe te as SES ea dete rea a Sa ‘Fan 180 de notre ére (ef. Loxise, dans le Theol. Werterd SISO cers 9 Cee EO, love cpa Saat Oka eae ieee st a Pet ae aia te he Pan UME ys Ten UE ea as eee asa ieee ee Seimones edt Maur. p35, 384, ct. ot aussi Saint Thom ele: Saba la abet aaa SSL aaa at Le SACRIFICE DE sésuS Abraham (14, 20), mais tombée en désuétude aprés les patriarches, aurait été restaurée & nouveau au Sinal (6, 19); il est vrai, comme le fait remarquer Lobse dans son article du Worterbuch de Kittel sur la Pente- ebte, que auteur du Livre des Jubilés ne dit pas ex- plicitement que la féte doive étre aussi un rappel de Alliance du Sinai et du don de la Loi ; il semble bien cependant que le rapprochement constant entre la Fete des Semaines et les trois alliances successives (Noé, Abraham, Sinal) soit assex significatif par Iui- méme, et que la solennité devait devenir Ia féte de toutes les alliances, notamment de la dernitre et la - plus solennelle ; le fait récemment mis en lumidre que | des sectes esséniennes de Qumran et de Damas suivaient le calendrier du Livre des Jubilés, ct que probable. 4 ment le Christ lui-méme la suivi pour la eélébration de la Paquet, nous conduit done & penser que les apé- tres avaient & Vesprit le souvenir du Sinai lorsque FEsprit vint sur eux. En tout as, opposition établie , par saint Paul, d'une part entre le Sinai et la nouvelle Loi de liberté de T'alliance nouvelle (Gal., 4, 245.) et ‘autre part par I'Epitre aux Hébreux entre la méme montagne du Sinai et la « montagne de Sion », dont, | s‘approchent les chrétiens (Hébr., 12, 22-24), devait foreément conduire les chrétiens & opposer Ia Pente- ebte, mystére du don de Esprit dans le cceur des fi- diles, 4 Pancienne théophanie. Nous aurons Poccasion Wen voir de multiples témoignages. Pour n’en citer | ici qu'un seul, Ie pape sainit Léon s’émerveillera des concordances providentielles entre Phistoire du peuple juif et celle du nouveau peuple de Dieu : Jadis, le peuple hébreu fut libéré de I'Egypte, et cin GL B. Voor, Antguam Kaendarum sorrel, dane Bic, 4b, be AO wa Tag tid ona’ Bab ett ans Blo, A Sheotunn, Le date deta dernre Cine, dane eo. de Fab. sie ee HE bd HO 8 Vocal tine Med gee in de lnc dar det ae ts Pa se pe, “9 eau, Diew tui sla Passion du eu immolé pour juante jours aprés Vimmolation de I’ lonna Id Joi sur le mont Sinaf ; ainsi, Christ, qui est le véritable Agnea de Bpous, ‘cinquante jours apris sa Résurrection, Te Saint~ prit est descendu sur fes Apétres et sur le peuple des croyants', Ty @ copendant une différence manifeste entre les pdeux mystéres: dans l'histoire d'Israél, il y a deux sacrifices, celui de l'agneau pascal qui inaugure la li- Fbération de PEgypte, et.celui de V'alliance offert au ‘Sina et dont le sang sera répandu par Moise sur le peuple ; dans le mysttre chrétien, il n'y a qu’un seul sacrifice que les deux victimes préfigureient & leur ‘manitze : Pagneau ‘pascal représente le sacrifice du Christ dans son réle de libération du péché (car PE- -ypte est le symbole du monde pécheur: cf. Kzéch, 28, 8, 8, 19, 27; Apoc., 11, 8)%; les victimes du Sinai eprésentent le méme sacrifice dans sa fonction de fondement et ‘de sceau de I'Alliance nouvelle. Par le premier, comme aussi par le rite de 'Expiation, le euple de Dieu, se détachant de son péché, obtenait de pPouvoir, avec Moise ou avec le grand-prétre, s'appro- [cher de Dieu (Hébr., 10, 1), soit sur la sainte montagne, Is montagne qu’on pouvait toucher, le feu ardent... f ls voix qui parlait » (Hébr., 12, 18), soit dans le Saint des Saints de la montagne de Sion. Par les seconds sa- perifices, Ie peuple élu recevait alliance qui le consti- it officiellement en Peuple de Dieu, avec sa mission widentielle dens I’histoire du salut du monde, sa 5, Low, In Peden, San 78, (BL Bh, 400401); Bogen oe Sein lta Tk i , 0 Sees aioe © EH 4, Tala alt dite Geyene ely radonnete: cL, Bovvan, Fp esata aeyene lees roma tL, Bourg Wir Li Bae de Feiss Bae ‘co theme? : ‘feéquerninent bat. $. Ingnte, Adv. Harr, 4, 477 Cutie, D'Atcy Stats hy by 305 B2, 18, 88; Onickws, In Exod., Homél. 1, 2, eta 50 BE sacamice DE sisus mission de premier-né qui continuait celle des premiers- nés des patriarches (Hébr., 12, 16). : Or, le sacrifice de Jésus opére, & lui seul, tout cela par lui, libérés du péché, les membres du vrai peuple de Dieu ont accés auprés du Pére avec le Christ ressus- cité (Hébr., 7, 25) ; les chrétiens peuvent ¢s'epprocher du trone de la grace » (Hébr., 6, 16), « de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céles- te » (Hébr., 12, 22): ils ont un libre accts + dans le lieu trés saint, gréce au sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu'il nous a frayé a travers le voile, c’est-A-dire & travers sa propre chair » (Hébr., 10, 19). Mais par le méme sacrifice, ils sont aussi cons- titués en un peuple nouveau, recoivent une alliance nouvelle (Hébr., 8, 10) par ¢ le sang de V’alliance éter- nelle » (Hébr., 18, 20), une mission nouvelle, agrégés quills sont & ¢ 'Feglise des premiers-nés inserits dans es cieux » (Hébr., 12, 28). Double effet de 'unique vrai sacrifice qui, par sa perfection, supplante et aché- ve tous les autres: au premier aspect correspond le mystire de Paques, et au second celui de la Pentecdte. ‘Mais le second dépend étroitement du premier et ne saurait se coneevoir sans lui : ’Alliance ne peut étre 1, Le, Sri penta qu eas premieres de Hébr, 12,28, dst went non les hommes, sais Tes anges- Saus parler de Wnterpreta- ‘traditionaelle des Peres de Iglise, Hl eetble que le contexte {018 guter peu favorable ce sens tle feisonnement de Senn. 13 18.28, continue en effet ue exhortation commencée en 12,"12. 4 Relver done vor mane dialiants... Encotragemest & ae perdre courage, ta paix, & 1a charite fraterneia (12,14) +i ne faut as, comme Esa, que les chrétiens perdent leur + droit de De pour tne satislacton tmnt Ghent (18, 21) mais dune Teallté invisible et celeste, 1 d'une €gtise des promlerenés insrits dang les cleux'» (18, 23) Le seas qul sme 4 post et gue lee ehrtiensy bien que eur trie obt ude dict dal Tes agrege 8 tous lag sutres premierixnas, sot dja parve- , gol nserits dans MEglise de ta terre qui falt déja partie de ces réalités lestes dont parle Hbr., 9, 28 co sont ous lor now 4 ‘eaux « premiere née » predgurés par ice Gremiere-nes des Ievadltes ghee sthe de VAgnent pascal a tauves de Ventrmiaation (on, io terresire (12, 16-17); car 4 (65 30) co west pas duno xéalltéterrostrot charnelle quills sappro- ET-LA PENTECOTE = Valide qu’aprés et par le sacrifice. L"Eipitre aux Hé- breux a encore exprime cette nécessité en un paragra- phe trés important, of Je raisonnement s'appuie sur Je double sens du mot %atyjxy qui signifie & la fois alliance et testament : Oi il y a biabieny il est nécessaire que la mort du tes- tateur alt eu licu une Biabjer, en effet, est valable sous condition de mort, puisqu’elle n'a jamais valeur tant que vit le testateur. De la vient que pas méme la premiere (Getter) n'a été inaugurée sans da sang... (Hébr, & 1617), Et lauteur de rappeler le rite de la premiére alliance, comme nous l'avons étudié plus haut : au Sinai aussi, ily a cu mort des victimes offertes en secrifice, et eeci, nous 'avons vu, était une image du sacrifice futur du Christ et de sa mort. ‘Nous touchons ici un aspect txts important de toute alliance entre Dieu et les hommes 5 car une telle Allian- e est toujours décrite par ls Bible comme un contrat unilatéral’, un don de Dieu. purement gratuit, le don de son Amour. Le peuple de son coté ne peut rien don- ner a Dieu, et ne peut que recevoir et accepter libre- * ment le Don de Dieu. Cette gratuité de I’Alliance est. fortement exprimée par le choix du mot tabfxn, car un testament est nécessairement un contrat unila- ‘téral. Si done ce. testament ne devient valide, si eette allianee n'est. ratifide que par la mort du testateur, il faut en conclure que, dans Ie cas présent, ce ne peut j dire que par la mort d'un Dieu ; c'est parce que Jésus ‘est & la fois Dieu et homme que son sacrifice peut véri- -tablement et définitivement seeller et ratifier l’Allian- -ge entre Dieu et les hommes ; en mourant, il nous légue Eses droits de Fils de Dieu, son héritage eéleste. (Jésus n’est done pas un médiateur quelconque ; ill fest bien supérieur & Moise : ¢ Moise a été fidéle dans FP isch smo, Lptne.ous Hates, mp. 286 32 um sacerrice DE sésus toute sa maison, comme un serviteur... Mais le Christ Pest comme un fils a la téte de sa maison... » (Hébr., 8, 2-6) ; non seulement médisteur, mais testateur, parce que tous les biens du Pére lui appartiennent et que, par son sacrifice, il nous les donne. ‘Une fois de plus, nous voici amenés & voir deinx as- pects complémentaires du sacrifice, et done de la mé- diation sacerdotale de Jésus. Car si, comme nous ve- nons de le dire, par son sacrifice, le Christ nous donne gratuitement les-bienfeits du Pére, son Alliance, son Esprit Saint, par le méme sacrifice il nous raméne et nous donne nous-mémes au Pére dans Punité de son Corps immolé et ressuscité, ainsi que nous avons dit, au chapitre précédent ; médiateur entre Dieu et nous pour nous donner I'Esprit Saint de Ia nouvelle Alliance, il est aussi celui par lequel nous allons au Pere. Le sacrifice de Jésus est ainsi au centre d’un double mou- vement: l'un qui va de ’homme pécheur vers Dieu, par la mort au péché, la résurrection et la participation Ale vie céleste de Jésus ; Pautre qui descend de Dieu aux hommes réconeiliés pour en faire le nouveau peu- pie de Dieu et les instruments de son plan de salut dans Je monde. Ce que Vifpitre aux Hébreux nous enseigne, ains que la relation entre Ia Pentecdte et l’Alliance du Sinaf, se rétrouve en d’autres passages du Nouveau ‘Testa- ‘ment: ainsi PBpttre aux Ephésiens, au chapitre 4, déerit Jes dons divers que les chrétiens regoivent du Christ ; avec les dons, communs & tous, d'un unique Esprit, d'une méme foi, d'une méme espérance, et d’un seul baptéme, il y a cependant des dons divers dans YEglise : , Cependant chacun de nous a regu sa part de la faveur divine selon que le Christ a mesuré ses dons. Ainsi dit YEcriture: Montant dans les hauteurs, i a emmené en 7 LA PENTECOTE ~captivité des captifs (littéralement: la captivité), it a ané des présents aux hommes (Ps. 68, 19). Il est monté, quiest-ce a dire sinon qu'il est aussi descendu dans les régions Inférieures de la terre ? Et celui qui est descendu, est le meme qui est aussi monté au-dessus de tous les sieux, afin d'embrasser tout univers, Et puis, il a donné - Eaux tins d’étre apotres, & d/autres d’étre. prophétes, ou encore évangélistes, ou’ bien pasteurs et docteurs, orga nisant ainsi les saints pour Pi@uvre du ministere en vue de la construction du Corps du Christ (Eph, 4, 7-12). Quoi qu’il en soit des difficultés de détail, il est cer- tain que saint Paul pense ici A PAscension du Christ, “et a la Pentecdte,” ainsi d’ailleurs que V'ont compris les Peres de I’Fglise, aprés saint Justin’, saint Irénéet, et Origine’. Et Ia liturgie romaine elle aussi retien- dra cette interprétation en employant le Ps. 68, cité "par saint Paul, pour les deux fétes de Ascension et de la Pentecdte, Or un fait notable est & souligner : saint Paul ne cite as le Ps, 68 sclon les Septante ni selon Phébreu ; dans pcos deux textes, en effet, lesens serait: « Tu es monté _ sur la hauteur (e'est-A-dire sur Ia montagne de Sion), ,' ti.as eapturé des captifs, regu des hommes en tribut, Dieu 5 c'est, Dieu qui regoit les hommes délivrés de la captivité d’Egypte, et les fait passer en sa possession. Mais la tradition juive avait interprété le psaume - de fagon trts différente : elle y voyait Moise ddlivrant les Hébreux de l'Egypte, montant au Sinai, recevant Ja Loi et la donnant aux hommes. Un Targum, eité E- Par Strack Billerbeck‘, commente notre passage en’ ces termes: « Tu es monté au ciel, c'est-i-dire Moise le Prophite. Tu as emmend en captivilé la captivité, tu Homains, 5, 19. Gor rvs Talmud thd” Mtdeseh” wpe 388, ‘Farguia dans la Bibl. Potggl, de'Londres, os um sacumrce DE sisus ‘as appris les paroles de Tora, tu les as données aux hommes comme présents...», C'est exactement la cita- tion de saint Paul? ; si l'on ajoute quela version ara~ méenne des Psaumes présente le méme texte, il faut done conclure que PApétre cite le psaume dans le sens augue! Pavaient habitud les commentaires officiels de son temps. La chose est d’autant plus vraisemblable que le psaume était utilisé dans la liturgie juive du jour de la Pentecdte, au cours de l'assemblée prescrite par Num., 28, 26 et Lév., 23, 81, pour commémorer a théophanie du Sinai. Ainsi saint Paul transpose au Christ et au don de Esprit de la Pentecdte ce qui était dit de Moise donnant Ia Loi au Sinai, confir- mant ainsi ce que PEpitre aux Hébreux nous avait en- seign€ : aprés avoir libéré les hommes de la captivité du péché, le Christ monté au ciel distribue aux hom- mes, en leur envoyant 'Esprit, les dons charismati- ques qui conférent au nouveau peuple de Dieu son organisation pour la mission providentielle, pour ¢ la construction du Corps du Christ », ‘Un passage de P'Epttre aux Romains complete en- core cet enseignement de saint Paul; il s’agit du pas- sage bien connu du chapitre 10, 5-10, qu'il nous faut abord situer dans son contexte : aprés avoir, au cha- pitre 7, déclaré que le chrétien est affranchi de la loi extéricure, PApétre décrit la vie du chrétien, qui est une vie sous la Loi intérieure de I'Esprit de Diew (ch. 8); puis il considére le cas d'Tsraél infidéle & sa mis- sion : eette infiddlité provient du refus de s’élever au dessus de la justice extérieure, méconnaissance du vrai sens de la Loi : « Israél qui poursuivait une loi-de jus- 1, Volr d'autres, citations dans le méme sens, dans Smack ig ety pr S839. 2'Vorr la noie a3 Fi. ‘Toarnay eur co peaumme dant la Bible de Jeraeatem, 1 baition, 1981, D. BE’ LA PENTECOTE 56 E-tice n'a pas atteint Ia loi, Pourquoi? Paree qu’au -u de recourir la foi, ils comptaient sur les oeuvres» (9, 81-82). L’ApOtre continue : « Méconnaissant Jo jus- tice de Dieu et-cherchant & établir la leur propre, ils, ‘ont refusé de se soumettre & la justice de Dieu. Car la F fin de la loi, c'est le Christ pour la justification de tout F efoyant » (10, 8-4), Le Christ met fin & la Loi aneienne en l'accomplis- sant par la foi, qui est attitude intérieure d'accueil au don de Dieu : of, cela, ’Ancien Testament lui-méme l’a- \vait enseigné : Molse écrit en effet de la justice née de la loi qu’en \secomplissant homme vivra par elle Lév. 18.0), tan- dis que la justice née de la foi, elle, parle ainsi : Ne dis pas dans ton ecir: Qui montera’ au ciel ? entends : pour'en faire descendre le Christ; ou bien: Qui descendra dans Yabime ? entends : pour faire remonter le Christ de chez es morts, Que dit-elle done ? La parole est tout prés de toi, sur tes lévres et dans ton ecour, entends: la parole da fol que nous préchons. En effet, sl tes levres contes. F sent que Jésus est Seigneur, et si ton cour eroit que Dieu ‘Ta ressuscité des morts, tu seras sauvé. Car la foi du coeur ‘obtient Ja justice et la confession des levres le salut (Rom., 10, 5-10; trad. Lyonnet). C'est évidemment cette demitre phrase qui donne la alé de tout le passage : c’est la foi intérieure professée =par le chrétien qui le justifie et le ssuve. Mais pour ar- river & cette conclusion, Paul utilise un passage du Deutéronome qu'll interpréte d'une manitre assez -étrange ; voici le texte du Deutéronome (80, 11-14) : Gette loi que je te preseris aujourd'hui n'est pas au-dela dde tes moyens ni hors de ton atteinte ; elle n'est pas dans ‘es cieux, qu'il te faille dire: Qui montera pour tous aux ‘ciewx pour Ja chercher, que nous l'entendions pour la ‘mettre en pratique ? Elle n'est pas au-dela des mers qu'il ‘te faille dite: Qui ira pour. nous au-dela des mers nous la chercher, que nous lentendions pour Ia mettre en prati- que? Car la parole est tout prés de toi, elle est dans ta 6 Lp SACEIFICE DE sésUS bouche et dans ton cceur pour que tu la mettes en pratique (Trad. Cazelles). 9 ae Test clair que saint Paul transpose au Christ ce qui est dit ici de la Loi : il n’y a pas besoin de monter au ciet pour Ven faire descendre, ni aux enfers pour Yen ressusciter ; car la parole de la foi est présente au plus > intime du coeur des croyants. Or, ici encore, cette inter- prétation paulinienne s’explique par un rappel des traditions juives : la deuxidme recension du Targum de Jérusalem, dit Targum fragmentaire, glose, en effet, de la manitre suivante : £2 ol seat pas dans los, qilte fle die: Pits ciel que nous ayons quelqu’un, comme Motse le prophtle, Gui monte au cil pour nous la'chercher, et nous fase en: tendre ses préceptes pour que nous l'accomplissions ! La Lol n’est pas non plus au-dela des mers, qu'il te fall dire : Plat au ciel que nous ayons quelqu’un comme Jonas le rophéte, qui descende dans les profondeurs de la mer, ‘et nous rameéne la Loi, A la lumitre de ce rapprochement Ia pensée de saint Paul apparait tres claire : la Loi véritable est dans le 4 coeur des eroyants; il n’y a pas a faire descendre le Christ du ciel, comme Motse descendit du Sinai, ou Ale faire ressusciter comme Jones fut sauvé des eaux ; car ce que ces deux prophétes préfiguraient est déja accompli : Jésus est ressuscité comme Jonas, il est mon- ¥6 au ciel ct on a donné la Loi, comme Moise au Sinai, mais en I'infusant dans notre eeur. Ainsi, une fois de plus, le Sinai est mis en paralléle avec le don de la Loi 4, Le texto se trouve, avec une traduetion latine, dans 1a Bible Poljgiole de Londres, toine rv, 1657, p, 976, — On trouvera wie in ferpttation voluine dans le Mfudraseh Debarim Rabba: « Motse dit Yous ne pensiez pas: Molse reviendra plus fu clel uno autre Loy fe vous al deja fat con ss portera 3 + Elle West pas dans le ciel» (apres ia traduction allemanda ‘itaresch-DeSarbr abba, Leiptig, 1862, ition rents tats gue fe Targus re oaitenant comme fs ances Balle de A Wornscu, 196) Mals ce texts ext do ‘que nous avons cite ect BT LA FENTECOTE ar nouvelle que Jésus a fait aprés son Ascension, c’est-t- | dire & la Pentecdte, Puisque nous savons que cette ‘nouvelle Loi est celle de PAlliance nouvelle, et qu’elle a été scellée dans le sang du Christ, il ne saurait y ‘avoir une étude sérieuse du sacrifice et du sacerdoce de Jésus qui négligerait eet aspect. Nous aurons done & cn tenir compte dans nos recherches futures. En terminant cette enquéte dans le Nouveau Tes- tament, il sera bon toutefois de revenir sur la fin d'un texte que nous avons déja cité : auchapitre 12 de 'E- F pltre aux Hébreux, aprés le rappel de la théaphanie du Sinai, Vouteur enseigne aux chrétiens qu’lls se sont approchés d'une autre montagne, la Jérusslem d’en- haut ; il ajoute: (Vous vous étes approchés) de Jésus médiateur d'une alliance nouvelle, et d'un sang d’aspersion parlant mieux F que celui d’Abel. Veillez & ne pas refuser celui qui parle, ar ceux, ayant, refuss celui, qui_promulgualt sur terre des oracles, n'ont pas échappé au chétiment, a plus forte raison n’échapperons-nous pas si nous le repousions quand il parle du haut des cieux, dont la voix ébranla la E- terre jadis; mais maintenant il @ fait une promesse, dic sant: Encore une fois, mot, j'ébranlerai non seulement ; Ia terre, mais aussi le ciel (Hébr., 12, 24-26). Les difficultés de détail ne menquent pas dans ccs E versets ; mais il demeure certain, en tout cas, qu’a S nouveau se manifeste l’opposition entre la promulga- tion de la Loi ancienne par Moise, et.celle de la Loi “nouvelle par Jésus. Dans les deux cas, c'est Dieu qui = parle, mais la premiére fois, par Moise et pour une al- -liance terrestre, promulguée sur la, terre; la seconde Fo fois, c'est. par le Christ et pour une alliance eéleste car elle est promulguée dans le ciel oit le Christ est E entré avec son sang ¢ qui parle mieux (ou : qui procla- me des choses meilleures) que celui d’Abel », et qui ‘LE SACRIFICE DE sésus est, comme celui des victimes immolées au Sina, un «sang daspersion », ‘La comparaison entre le sang d’Abel et celui du * Christ est intéressante : il y a évidemment ici une allu- sion & Gen., 4, 10, ob Dieu dit & Caln : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frére crie de Ia terre jusqu’a moi. » L’Epitre aux Hébreux, un peu plus haut, y avait déja fait allusion: « Par la foi, Abel présenta & Dicu un sacrifice meilleur que celui de Cain, ce pour- ‘quoi il fut déclaré juste, Dieu ayant rendu témoignage A ses dons, et c'est pourquoi, quoique mort, il parle encore » (Hébr., 11, 4). Le sang d’Abel, type du sang du Christ, continue & avoir une eMficacité d’interces- sion, comme d’ailleurs celle de tous les autres justes « immolés pour la parole de Dieu » (Apoc., 6, 10). Mais le sang du Christ a une plus grande efficacité, proclame des choses meilleures. Le rapprochement, +, difficilement explicable par le hasard, entre ce « sang @aspersion qui parle (adcivn) », et, immédiatement a la suite: « Ne refuses pas d’écouter celui qui parle (rv Radstvea) » (Hébr., 12, 24 et 25), suggere que Crest le sang méme de Jésus qui proclame la nouvelle Alliance, ou, mieux, que Dieu proclame la nouvelle Alliance par le sang rédempteur. Le lien entre le sa- crifice du Christ et, 1s proclamation de la nouvelle Alliance est ainsi fortement marqué. ‘Test remarquable, en tout cas, que ces mots : « Qui parle mienx que le sang d’Abel 2, aient été souvent interprétés par la tradition catholique dans le sens du don de VEsprit Saint aux fidéles ; ainsi fera Chrysos- tome, selon lequel, si le sang du Christ parle, e’est qu'il nous donne l’Esprit + qui interetde en nous par des soupirs inexprimables » (Rom, 8, 26)*. Suivie par Théo- 2. Sur Abel, gure du Christ, vols Vuricle de TE. MaNoENor, ans le Diet, dé Tht, Colt. 1, col $2-95. "2 fa Bpist od Heir, xt, howl, 82,2 (P. G., 63, 221). E phylactet, cette interprétation passera chez les latins -aveo Raban Maur, et se retrouvera de fagon légére- ‘ment différente chez Haymon d’Auxerre, Hervé de ‘Bourg-Dieu, Pierre Lombard, Hugues de Saint Victor et la Glossa Ordinaria? : chez ces derniers, le sang du F Christ parle, parce qu'il nous fait professer notre fol en Jésus-Christ et en son salut ; cette dernitre interpré- F tation se retrouvera chez saint Thomas*. Plus caractéristique encore, sans doute, est-le choix $ que fait la Glossa Ordinaria d'un sermon de saint Augustin pour commenter notre passage. Lauteur a bien vu que PEpitre aux Hébreux mettait en paralléle Ie don de l’ancienne Alliance et le don de la Pentecdte, et il choisit ce beau passage de Pévéque d’Hippone Equi précisément oppose les deux mystéres : Considére done Ja différence entre les deux : 18, aprés que Timmolation de la Paque eut été eélébrée, au ei quantiéme jour, Dieu descendit sur le Sinat dans le fe uals sa venue effrayait le peuple qui se tenait A distance ; ‘et Dieu éerivit de son doigt la loi sur la pierre et non sur Files cceurs. [ci au contraire, Esprit Saint qui est le do de Diew vint sur le lieu ob les lidéles étaient rassembles, F sous forme de langues de feu, non pas de loin et en semant épouvante, mals’en se posant ur chacun deux; il y ut bien un’ bruit qui vint tout & coup du ciel, comme fe Druit d'un souille violent ; mais nul n’en éprouva de erain- ‘fe. La, feu et fumée ; ic, un feu paisibles. Cette citation, qui sera reprise par Pierre Lombard 4, In Hetr, xan, 24 (P, G., 125, 984 4), =! 2 Ranaye Maun, 7 Hebe lib. tare (P. dn Heb 12, 24 (PL 117, 27°): le sang du Christ parie + cunt 19, 829) Hayton, poe loqunted tacit quod Jess ise ost Flug Del.» De meme Herve (FL Ho, 076). Lombard (5°, 10, 608) 7 Hguae de (Quoastioncs tn Hp. ad Hebe, q 100; P. Ley 17%, 682 b) Giossa erdinarta, sur ce passage. pe'3, Eaposiro super pts. ad Hebr cap. x1, leet 4 fi. PA! Glacen Orditaria, i, 66, de Venise, 1889, col. 900, Le texte "en asses Taauvals en forme’ dextialts du Serm. 185, 55, de 8, Augustis, P- L., $8, B48, Le SacRIFICE DE sésus pour commenter le méme passage de 'ipttre aux Hé- breuxt, illustre bien ce que nous avons dit dans ce chapitre, 1, In Hebr., xu (P. L., 192, 507 a). 2, Pour confirmer le relation entro lo sacrifice da Christ ot 1 Penteette, on pourra tenit compte aust des données suivantes | fon salt que In tele de Ascension ue falsalt au début qu'une seule fete oe la Pentechte ; en Occdent ty a de fete dstinete qu’a dud tidie, et let Elites de Syrie Occidentale et de Palestine oath Suent @ efldbrer !Asoension le 50" Hor sidérde’ par la ‘Litufgie comme correspondant hla. monte “de Stelse au Sufat pour y rosevoir ls tables de le Lol = voir par exermple, in" Litgre, Byzantine do, jour de VAseension (ct , Mencavinn, Ea pritre des 9 santin, I, 2. Std, Te" Canon); 1k litufgle Mozarabe fat lire & Nene du Jour Oetave de TAtcension le Pai de Molse montant at Sinal pour que Dieu tusenve la Lol sur les {ables de plerre, Deut. 10, 1 x» et lmmzadiatoment aprécon it deh, 1420 Cest'aedire la prodiese d'un cour nouveau. L'Teonogra Confirms’ cette correspondance entre. la monte au ‘son sacifiee non plus sur Te Sinat mals “ds son Ptrels pouvoir de nous eavoyer Salat qui incort la Nouvelle Lol dans Tes ccrurs, 0 LES ETAPES DU SACERDOCE DU CHRIST CHAPITRE IV ‘LE SAGERDOGE DE JESUS ET L'INCARNATION ‘enseignement traditionnel sur le sacerdoce eéleste de Jésus, ne doit pas cependant nous conduire &reje- ‘er, commie ont fait les Sociniens, tout sacerdoce de f: Jésus sur la terre. Si l'on peut, comme nous avons I’b tention de le dire plus loin, parler d’une onction sacer- dotale de Jésus lors de sa Résurrection, il n'en est pas, ‘moins assuré qu'il était deja prétre dés le moment de son Incarnation. Certains ont méme pensé pouvoir donner au titre ‘de Prétre dlernel toute sa signification, et rattacher le B sacerdoce de Jésus a la génération éternelle du Logos ‘au sein du Pére. Dans cette perspective, le Christ ne serait pas devenu prétre par Incarnation, mais I -rait été de toute étemnité, STlest & remarquer que cette opinion s'est manifestée surtout en Palestine, C'est ainsi qu’Eustbe de Césarée zne se contente pas d’affirmer, contre Marcel d’Ancyre, sppuyant sur le psaume 109, il songe & une éternité Fsacerdotale au sens strict, & une durée sans commence- iment dans Je temps et sans fin’, Cela le eonduit évi- ‘demment A faire du sacerdoce un attribut du Logos “ternel, et non un attribut deson Humanité, Il faut, 4, Contra Moreellum, u, 4 (G.CS.,1¥, 98-94; P. G., 24, 281) 2 Damanstr. Boang,, v7 8 (P. G.,'22, 365 0) LE SACERDOCE DE JESUS nous dit-il, bien distinguer, lorsqu’il s'agit du Christ, les affirmations qui concernent Ia divinité de celles qui ont trait & Incarnation ; parmi les premitres; P'évé- que de Césarée cite : Verbe de Dieu, Puissance de Dieu, Sagesse de Dieu, ¢ grand et éternel grand prétre qui été consacré au Pére et obtient de tui qu'il appelle & Pexistence etqu'il sauve toutes les eréatures ». Dans 4 Is deuxiéme catégorie, qui concerne ’humanité, Eu- sbbe énumére : Agneau de Dieu qui enleve le péohé du monde, brebis conduite A Ia mort: « Cette victime, était le corps humain (litt, la tente humaine) qu'il avait pris comme une brebis ou comme un agneau de | notre troupeau » et qu'il a offert au Pére aprés en avoir fait les prémices du genre humain?, A nous en j tenir a ce texte, il faut done conelure que le Logos était grand prétre dés avant la création du monde. ‘Aussi, continue Eustbe, le Christ a regu Yonetion sacerdotale bien avant lTnearnation ; évidemment cet . te onction n’a rien de matériel, et n’est pas faite de main @homme, car Dieu, étant seul éternel, pouvait , seul le consacrer dans 'éternité®: I était oint toujours, méme avant sa venue parmi les hhommes, et de méme apres eotte venue, ear Yonction quil avait regue ne venait pas d'un homme et n'était pas faite avec un onguent matériel, tel qu'en usent Jes hommes, mais c'était une onction venant di Dieu souverain et faite par la déité inengendrée?, illeurs fréquemment qu’Eusébe revient sur la question de Fonction saerdotale du Christ les expressions différent quelque peu : onction de la divi nité, onguent digne de Dieu et divin, action de "Esprit Crest 1, Demonatr. Beang, x, 4, 3 (P. Gy 22, M617; CCS vg aca : ‘ha, 1, 18, 5 (2 Gy 22, 297-900; G.-C. 178181). B Toi 8, Bo CG BB, BBS 0s GE ve 10D) ET L'INCARNATION 65 Saint?, autant d’expressions qui indiquent clairement, sans doute, que Fonction sacerdotale du Christ n’a pas été faite de main d’homme, mais qui laissent pla- é ner une certaine obscurité sur la pensée véritable de leur auteur : ect onguent dont il parle estiil la divinité E présente dans le Logos, comme certaines expressions le laisseraient entendre ? Il semble, en tout eas, que ce Logos-prétre est eonsidéré comme inférieur au Pere, -intermédiaire entre Dieu et les eréatures:: il se tient, nous dit Eustbe, « entre le Dieu inengendré et ceux qui “ont été engendrés aprés lui »*, Dans cet enseignement de Pévéque de Césarée, on sent combien il est resté F etranger A Vauthentique doetrine de I'Eglise sur le ‘Verbe Incarné : par crainte du sabellianisme qu’il com- ‘bat chez Marcel d’Ancyre, il penche vers un subordi natianisme qui fait du Logos un diew inférieur, dépen- dant du Pére comme la premitre des créatures, eréé Bde toute éternité par la volonté souveraine du Pere. ECeite conception du Logos-prétre se rapproche évi- ‘demment beaucoup de celle de Philon, pour qui aussi le Logos est I'intermédiaire entre Dieu et les eréatures, Vintercesseur du peuple auprés de Dieu...® Mais il se~ rait vain de forcer le rapprochement : c'est plutét, sans -doute, de certaines expressions mal comprises d’Origéne que dépend ici Eusébe: le grand aléxandrin ne man- F quait pas de textes qui pouvaient incliner ses disciples Evers le subordinatianisme, bien que, sur la question edu sacerdoce, il ait eu un enseignement beaucoup plus précis que celui d’Eusébe. On sera plus étonné de rencontrer chez Cyrille de S'1, Ibid, yn, 2, 42 et rw, 15, 89-46 (P. G., 22, 608 et 207-300 ; G.G8. sr) Sid ot 178-100} 2 my 1¥, 10, 10 (G.CS. vt, 107, 85) 4, 5 Vole: De jay’ et 'incention, 108s. (6a. 10 si). Ci. Med: Lagnanen Vert le Logos ae ibigie, HA, 1828, Du 3h 66 La SacERDOCE DE Jésus 4 ‘Jérusalem un écho de la théologie d’Eusthe, mais que | nous eroyons cependant parfaitement orthodoxe! : Le Christ est un grand prétre qui posséde un sacerdoce intransmissible, TI n'a pas commencé son sacerdoce depuis, tun temps donné, et il n'a pas de suecesseur dans ce sacer~ doce supréme... Tl n'a pas regu le souverain pontificat par descendance corporelle, et n'a pas été int d'une huile fabriquée, mais 11 'a été avant les sigcles par le Peret. Les autres étaient des Christs (= des oints) en figure, tan- dis que celui-ci est le vrai Christ, qui n'est pas parvenu fu sacerdoce par une promotion ati-dessus des autres hom- mes, mais qui posséde depuis toujours de son Pére la di- ‘gnité du sacerdoce’. Quill y ait eu une influence des écrits d’Eustbe sur Cyrille, i n’est guere possible d’en douter ; toutefois son enseignement touchant le Logos est parfaitement orthodoxet. Or, on ne voit pas trés bien ce que peut signifier pour Ie Logos, avant Incarnation, ou, com- me dit notre auteur, avant Jes sitcles, la dignité du 4 sacerdoce, si ce Logos est parfaitement égal au Pere, 4 et ne pent donc étre considéré comme un médiatour. 4 ce qui est la conception traditionnelle du sacerdoce ;, peut-étre cependant peut-on suggérer une interpréta- | tion admissible de ces passages eyrilliens. Si nous ad- | mettons, en effet, que Ie sacerdoce du Christ. consiste purement et simplement dans sa Filiation divine com- muniquée par union hypostatique & une nature hu- J maine, et non dans une dignité surajoutée et acciden- telle, ne peut-on pas dire, puisque cette Filiation est: ‘coe de Jerarcten ef Partantame, dans em yp. 201-2103 B. Nimpensenoue, Die Logos “Fetasalem, Paderbora, 1823, p. 88s ET VINCARNATION étemelle, qu'il posstde un sacerdoce éternel ? Non qu'il, ; ait, avant les siécles, une nature humaine en laquelle il F soit constitué prétre, mais parce que-le Verbe resoit du Pere, de toute éternité, cette filiation divine, dont Js communication dans le temps & une nature humaine F fera de !'Homme-Dieu le prétre par excellence. On pourrait done dire, dans ce sens, que le Christ a un sacerdoce éternel, et nous pensons que telle est la pen- sée de Cyrille de Jérusalem?. Un fragment de Diodore de Tarse laisserait enten- "dre que lui aussi ferait du sacerdoce un attribut divin ; fle voici, dans le traduction latine ob il nous est parvenu: ‘Adorammus purpuram propter indutum, et templum habitatorem, Yormam serot propler fevmain eae propler ponifcem, cxsumplum. propler assumeném® Mais il est permis de douter de 'authenticité de ce texte, d’autant plus que notre connaissance de l'ceu- 4, Seeley cot dpc sn gt a vp aR rs a emcee ea Enea rats sigue ued aati it Saat Lie a atte he sates ee ai ete Spe oe a ar deta le (pots clare ations f «i est appele Christ, non quit soit eint par des maine bumaizes, iden Hien temptshe de patter d'un sacar ‘preciummala, Nous ue voyous dane pas is Recessive de modi- texte ot dele ris fee, comme le youll Le Bee (Got Gye de raster, daca BIE col BD) Site ac Fare iso, ston une ngte de Gs: Relat (der tates to Cy ily Sia g's a8- 260) gt nous s'avons ax Paver ‘erat i ipon de fe plpart Ses mantels ot Ce et a Teil de. 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