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Séquence 2 - Partie I
Séquence 2 - Partie I
Nous verrons d’abord que je suis ce que j’ai conscience d’être et que ma conscience me définit comme personne
singulière. Cependant, nous montrerons que la conscience est aussi une source d’illusion sur soi, qu’elle nous cache
ce que nous sommes en réalité. Enfin, nous nous demanderons si le fait de ne pas être totalement conscient de soi
nous empêche ou non d’être libre et responsable ?
Plan détaillé
I- Je suis ce que j’ai conscience d’être, la conscience me définit comme personne singulière
1) Je suis ce que j’ai conscience d’être : Descartes, le cogito = le témoignage de ma conscience → dégager idée de libre arbitre :
mes choix me définissent
2) La conscience me définit comme personne singulière : identité, mémoire des actes passés, Locke cf Essai identité personnelle /
Ricoeur, l'identité narrative, le récit de moi-même = conscience réflexive
Transition: est-ce que certains aspects de moi m’échappent ? est ce que je n’ai pas des illusions sur moi-même?
II- La conscience est lacunaire et illusoire, elle me cache ce que je suis fondamentalement
1) Je suis déterminé par mon cadre social et historique : Marx, sociologie = la conscience de classe
2) Je suis déterminé par l’inconscient, Freud
Transition : si je suis déterminé par le milieu social et par l’inconscient, ais-je perdu toute liberté/responsabilité?
"J'avais dès longtemps remarqué que pour les moeurs il est besoin quelquefois de suivre des opinions qu'on
sait fort incertaines, tout de même que si elles étaient indubitables, ainsi qu'il a été dit ci-dessus : mais pource
qu'alors je désirais vaquer seulement à la recherche de la vérité, je pensai qu'il fallait que je fisse tout le
contraire, et que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute,
afin de voir s'il ne resterait point après cela quelque chose en ma créance qui fût entièrement indubitable.
Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui
fût telle qu'ils nous la font imaginer ; et pource qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même
touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes , jugeant que j'étais sujet à faillir
autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour
démonstrations ; et enfin, considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés nous
peuvent aussi venir quand nous dormons sans qu'il y en ait aucune pour lors qui soit vraie, je me résolus de
feindre que toutes les choses qui m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que les illusions
de mes songes. Mais aussitôt après je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser que tout était faux,
il fallait nécessairement que moi, qui le pensais, fusse quelque chose : et remarquant que cette vérité, je
pense, donc je suis, était si ferme et si assurée que toutes les extravagantes suppositions des sceptiques
n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir sans scrupule comme le premier
principe de la philosophie".
Synthèse du texte
1er moment = annonce du projet cartésien : rechercher un principe absolument vérité afin de fonder toutes les sciences.
Comment, par quelle méthode ? en pratiquant le doute méthodique = mettre en doute toutes nos connaissances et rejeter
comme faux tout ce en quoi on peut imaginer le moindre doute, jusqu’à trouver un fondement certain qui résiste au doute.
Descartes met en place un doute très puissant. Son objectif est de montrer que ce qui résistera au doute est donc très solide,
et pourra servir de fondement à toutes nos connaissances. On dit que son doute est hyperbolique (=exagéré). Il prend au
sérieux la moindre possibilité, même infime, de se tromper. Il rejette toutes les connaissances qui ne sont pas absolument
indubitables. Provisoirement, il réduit le douteux au faux.
Descartes ne peut pas s'attaquer aux connaissances une à une. Il s'attaque à leur racine. On dit que son doute est radical
(radicus = racine en latin). Il s'attaque donc au mode d'acquisition des connaissances. Il y en a 3 : 1) les connaissances par
ouïe-dire = transmises par autrui. 2) les connaissances sensibles = acquises par les sens. 3) les connaissances rationnelles
A) rejet de la connaissance par les sens = argument de l’illusion des sens. Exemple du bâton brisé dans l’eau.
B) rejet de la connaissance par la raison car il existe des erreurs de raisonnements = argument du malin génie.
Cette certitude = la conscience de soi = se rendre compte de son existence, se sentir exister
Attention : l'expression « Je pense donc je suis » est trompeuse, car le « donc » suppose une
déduction, un raisonnement. En fait, le cogito n'est pas le résultat d'une déduction, c'est une
certitude qui s'impose à moi directement sans que j'ai besoin de raisonner. C'est donc une
intuition et non une déduction.
Intuition= proposition qui s'impose directement à l'esprit.
Le cogito n'est qu'un point de départ à partir duquel Descartes va vouloir tout reconstruire
(comme une dalle de béton qui sera la fondation d'une maison).
Liens pour approfondir et bilan cogito
le doute hyperbolique : DESCARTES TE MET UN GROS DOUTE - Esprit et matière (1/5) - Grain de philo #2 -
YouTube
la certitude du cogito : LA CHOSE QUI PENSE - Esprit et matière (2/5) - Grain de philo #2 - YouTube
I/
ipséité = être celui qu’on est,
irréductible à un autre
conscience immédiate/conscience
2) QU’EST CE QUI CONSTITUE
réflexive
L’IDENTITÉ PERSONNELLE?
A) Conséquence du cogito= le libre arbitre. Je suis mes choix
A partir du cogito on dégage l’idée de libre arbitre = je suis une volonté libre, j’ai
le choix, je me détermine moi-même à agir. L’idée de libre arbitre s’oppose au
déterminisme.
Si je suis libre, alors ce qui fait que je suis moi ce sont mes choix conscients. Je
deviens qui je suis par mes choix :
Le Portefeuille - The Wallet by Vincent Bierrewaerts - YouTube
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.
synthèse, je suis mes choix
Ce qui fait que je suis moi-même ce sont les choix que je fais. Chaque choix que je fais
influence qui je suis, je ne suis pas la même personne si je choisis de rendre un
portefeuille tombé par terre ou si je choisis de garder l’argent pour moi. A la fin de la
journée je rentre chez moi dans les deux cas, mais je n’ai pas vécu la même histoire dans
un cas et dans l’autre, j’ai donc changé en fonction des choix que j’ai fait. Ce sont donc
mes choix qui font qui je suis. Nos choix nous déterminent.
On peut préciser que je ne choisis pas tout dans l’absolu, par exemple un enfant né dans
telle famille rêve d’aller dans l’espace mais n’a pas forcément le choix de devenir
astronaute. Mais le fait de devenir astronaute n’est pas un choix mais une conséquence
de plusieurs choix. c’est à dire que si je fais une bonne succession de choix je pourrais
éventuellement réussir à devenir astronaute. Je nais dans un milieu que je ne choisis
pas, mais à l’intérieur de ces conditions de vie, je peux faire des choix qui font partie de
mes ‘’possibilités’’ réelles.
De plus on peut distinguer le choix des conséquences du choix. J’ai le contrôle sur le
choix, mais pas toujours sur les conséquences.
Qu’est ce qui constitue l’identité personnelle ?
être celui qu’on est, c’est être à la fois le même et un autre, c’est rester le même tout en changeant
constamment. De quelle manière?
1) C’est la mémoire qui crée le lien rétrospectif entre les différents états de “moi” de ma personne.
La mémoire implique un rapport à soi, un retour sur soi. Elle constitue l’ipséité.
Par la mémoire on dépasse la conscience immédiate pour développer la conscience réflexive = elle implique
un retour de la conscience sur elle-même.
cs immédiate / cs réflexive qui implique un dédoublement, un regard sur soi-même, à la fois le même et
l’autre, à la fois sujet et objet = “celui que j’étais” : je suis à la fois le même et différent
2) cela implique un récit de soi, une histoire sur soi-même = le rôle de la parole et du langage
se définit comme la capacité de la personne de mettre en récit de manière concordante les événements de
son existence. Lien entre récit et ipséité. On se constitue en se racontant sa vie et grâce au récit des autres
Paul Ricœur, La Mémoire, l'histoire, l'oubli, 2000, Points essais, 2003, p. 115-116
"En se souvenant de quelque chose, on se souvient de soi.
Trois traits sont volontiers soulignés en faveur du caractère foncièrement privé de la mémoire. D'abord, la mémoire paraît
bien être radicalement singulière : mes souvenirs ne sont pas les vôtres. On ne peut transférer les souvenirs de l'un dans la
mémoire de l'autre. En tant que mienne, la mémoire est un modèle de mienneté, possession privée, pour toutes les
expériences vécues du sujet. Ensuite, dans la mémoire paraît résider le lien originel de la conscience avec le passé. [...] la
mémoire est du passé et le passé est celui de mes impressions ; en ce sens ce passé est mon passé. C'est par ce trait que la
mémoire assure la continuité temporelle de la personne et, par ce biais, cette identité dont nous avons affronté […] les
difficultés et les pièges. Cette continuité me permet de remonter sans rupture du présent vécu jusqu'aux événements les
plus lointains de mon enfance. D'un côté les souvenirs se distribuent et s'organisent en niveaux de sens, en archipels,
éventuellement séparés par des gouffres, de l'autre la mémoire reste la capacité de parcourir, de remonter le temps, sans
que rien en principe n'interdise de suivre sans solution de continuité ce mouvement. C'est dans le récit principalement que
s'articulent les souvenirs au pluriel et la mémoire au singulier, la différenciation et la continuité. Ainsi me rapporté-je en
arrière vers mon enfance, avec le sentiment que les choses se sont passées à une autre époque. [...]. Il reste que ce facteur
de distinction entre les moments du passé remémoré ne ruine aucun des caractères majeurs du rapport entre le passé
souvenu et le présent, à savoir la continuité temporelle et la mienneté du souvenir. Enfin, troisièmement, c'est à la mémoire
qu'est attaché le sens de l'orientation dans le passage du temps ; orientation à double sens, du passé vers le futur, par
poussée arrière, en quelque sorte, selon la flèche du temps du changement, mais aussi du futur vers le passé, selon le
mouvement inverse de transit de l'attente vers le souvenir, à travers le présent vif."
TRANSITION
Est-il vrai que le moi a le contrôle sur ses pensées? si la conscience nous
définissait totalement, alors nous serions conscient de tout ce qu’il y a en
nous. Or d’une part ma conscience présente des lacunes, certaines
choses lui échappent, comme les lapsus, les rêves, les absences. D’autre
part, elle est parfois illusoire car on croit être ce que l’on n’est pas, par
exemple on croit choisir librement nos pensées alors qu’en réalité elles
peuvent être influencées par des facteurs extérieurs dont on ne se rend
pas compte. Ne faut-il pas alors affirmer que la conscience nous induit
en erreur sur nous-même?