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Chapitre C3 Chimie

Chapitre C3 : Molécules et interactions


I. Structure de Lewis des molécules.

Dans ses différents états, la matière est généralement formée de molécules ou d’assemblages
ioniques. La formation des molécules est favorisée car elle correspond à une diminution de le
l’énergie d’une population d’atomes libres.

1. Notation de Lewis des atomes.

Le chimiste américain Gilbert Newton Lewis avait remarqué que seuls les électrons situés « en
périphérie » de l’atome, sur sa couche de valence, intervenaient dans la liaison chimique.
Il a mis au point une représentation schématique de cette couche de valence.

Les électrons de valences se présentent sous 2 formes :


- Des électrons célibataires représentés par un point •
- Des paires d’électrons, représentées par un trait, appelé doublet non liant. —
Représentation de Lewis des 2 premières périodes.
1 2 13 14 15 16 17 18

H• He


Li • Be• • B• • C• • N• O• F• Ne
• • • • •

A partir de la 3e période, les éléments d’une même colonne de la classification périodique ont
la même couche de valence. Leur notation de Lewis est identique : Exemple : ∙ 𝐶𝑙$
La structure de Lewis de H, C, N et O doit être parfaitement connue.
2. Liaison covalente.

La mise en commun de deux électrons par deux éléments chimiques constitue une liaison
covalente.
A• + •
B → A−B
La liaison est modélisée par un doublet (paire) d’électrons — , appelé doublet liant.

Exemples : H• + •H → H −H Cl • + •H → Cl − H
Énergie de liaison :
On appelle énergie de liaison, l’énergie à fournir à une quantité de matière précisée (Une mole
en général) pour casser la liaison existant entre deux atomes (en phase gazeuse)
Liaison H2 O2 N2 Cl2 HF HCl HBr
EAB (kJ/mol) 432 494 942 240 565 428 362
On retiendra que l’énergie de la liaison covalente est de l’ordre de quelques centaines de
kJ/mol

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3. Stabilité. Règle de l’octet.

Pour gagner en stabilité, les atomes cherchent à acquérir la structure du gaz noble (dernière
colonne) le plus proche.

Règle du duet : H s’entoure de deux électrons (soit un doublet — )


Règle de l’octet : Les éléments de la deuxième période (en particulier C, N et O)
s’entourent de huit électrons de valence, appelés octet (soit 4 doublets — )

Électronégativité : C’est l’aptitude d’un élément chimique à attirer à lui les électrons d’une
liaison.
Il existe plusieurs échelles pour la mesurer.
Electronégativité X C N O F
Echelle de Allred-Rochow 2,50 3,07 3,50 4,1
Echelle de Mulliken 2,48 2,33 3,17 3,90
Echelle de Pauling 2,55 3,04 3,44 3,98

Le fluor est l’élément le plus électronégatif de la classification périodique.


L’électronégativité décroit lorsque l’on s’éloigne de F (vers la gauche ou vers le bas).
O est donc plus électronégatif que C

4. Structure de Lewis des molécules et des ions.

Méthode générale :
Etape 1 :
- On représente la structure de Lewis de chacun des atomes formant la molécule et on
repère leur nombre d’électrons de valence NV.
- On compte le nombre d’électrons de valence de l’espèce. N e = ∑ NV
o S’il s’agit d’un anion, on ajoute autant d’électron qu’il y a de charges
o S’il s’agit d’un cation, on enlève autant d’électron qu’il y a de charges
- On calcule le nombre de doublets (liants et non liants) de la molécule : D=Ne/2
Etape 2 :
- On positionne l’atome possédant le plus d’électrons célibataires au centre.
- On forme les liaisons simples entre les éléments.
- On complète ensuite avec les doublets restants pour respecter l’octet de chaque atome.
o On peut envisager des liaisons doubles ou triples s’il manque des électrons.
Etape 3 :
- On vérifie que chaque élément vérifie la règle de l’octet (entouré par 4 doublets liants
ou non) et que H vérifie la règle du duet
- Si la structure d’un élément diffère de sa structure de Lewis initiale, on lui attribue une
charge formelle)
On attribue arbitrairement la charge – à l’élément le plus électronégatif (le plus proche
de F) et la charge + à l’élément le moins électronégatif
- On vérifie que la somme des charges formelles correspond à la charge totale de l’espèce.

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Exemples :
H2O : 2x H • + O• à NV = 2x1 + 6=8à O3 : 3x O• à NV = 3x6 = 18 à D = 9
• •
D=4 −
|O − O = O
H −O− H +


• CH3OH : 4x H • + • C • + O•
HCOOH : 2x H • + • C • + 2x O• •



à NV = 4x1 + 4 + 6 = 14 à D = 7
à NV = 2x1 + 4 + 2x6 = 18 à D = 9
H"
H" C" O" H"
H" C" O" H"
O"
H"

$" +"
HO- H" O" H3 O+ H" O" H"
H"
H"
+"
NH4+ H" N" H"
H"

5. Limites de la règle de l’octet.


O"
A partir de la troisième période, la règle de l’octet peut ne pas être suivie. $" $"
En effet, dans certaines espèces, pourtant stables, des atomes possèdent plus O" S" O"
de quatre doublets ce sont des éléments hypervalents. O"
Exemples : PCl5, SF6, SO42-…

II. Propriétés géométriques et électriques des molécules.

1. Géométrie d’une molécule.

Les doublets liants et non liant présents dans une molécule subissent des interactions répulsives
(deux charges identiques se repoussent).

Les molécules tendent à acquérir une géométrie qui minimise les forces de répulsion entre
les doublets, ce qui minimise son énergie.

Exemples : H2O ; CO2 ; SO2 ; BH3 ; NH3 ; CH4 (Utilisation du site www.molview.org )

H O H O C O O S O

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H
H B H H N H
H C H
H H
H

2. Liaison polarisée. Moment dipolaire.


Considérons deux atomes A et B qui participent à une liaison covalente. Si A est plus
électronégatif que B, il tend à attirer à lui les électrons de la liaison.
dq- dq+
Il apparaît alors une dissymétrie de charges.
A tend à acquérir une charge -dq (appelée charge partielle) et par A B
conséquence, B tend à acquérir une charge -dq. !⃗

On décrit ce phénomène par un vecteur moment dipolaire noté 𝜇⃗:


-----⃗
𝜇⃗ = 𝛿𝑞. 𝐴𝐵

Remarques :
- Ce vecteur est toujours orienté de la charge négative vers la charge positive.
- +++++⃗( = 𝛿𝑞. 𝑑!" où 𝑑!" correspond à la taille de la liaison.
Sa norme est : ‖𝜇⃗‖ = 𝛿𝑞. (𝐴𝐵
- On pourrait exprimer cette norme en C.m mais on utilise le Debye D : 1 D = 3,33.10-30 C.m
- On appelle pourcentage d’ionicité le rapport dq/e où e = 1,6.10-19 C

Exemple : Fluorure d’hydrogène HF : dHF = 92 pm µ = 1,82 D


Représenter le moment dipolaire de cette molécule. Calculer la charge partielle.
dq- dq+
F est plus électronégatif que H. Le moment dipolaire est orienté de F vers H.
F H
𝜇 1,82 × 3,33.10%&' !⃗
‖𝜇⃗‖ = 𝛿𝑞. 𝑑!" ⇒ 𝛿𝑞 = = ≈ 6,6.10%)' 𝐶 ≈ 0,41 𝑒
𝑑#$ 92.10%()
Où e représente la charge d’un électron

3. Moment dipolaire d’une molécule.

Le moment dipolaire 𝜇⃗ d’une molécule est la somme vectorielle des moments dipolaires de
ses liaisons.
Une molécule possédant un moment dipolaire non nul est dite polaire.
Une molécule possédant un moment dipolaire nul est dite apolaire.
Exemple : Déterminer qualitativement le moment dipolaire des molécules H2O et CO2

!! O !"
H H O C O
!⃗ !"
!!
Molécule polaire Molécule apolaire

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III. Interactions intermoléculaires.

1. Interactions de Van der Waals.

Les interactions de Van der Waals regroupent l’ensemble des interactions entre les moments
dipolaires des molécules. Il existe 3 types d’interactions de Van der Waals :
L’interaction dipôle permanent – dipôle permanent. Interaction de Keesom
Deux molécules possédant un moment dipolaire permanent interagissent entre-elles via des
interactions électrostatiques. La partie chargée dq+ d’une molécule attire la partie chargée dq -
de l’autre molécule et inversement.
L’énergie de cette interaction est de l’ordre de quelques kJ.mol-1.

dq- dq+ dq- dq+


!! !"

L’interaction dipôle permanent – dipôle induit. Interaction de Debye


Une molécule apolaire peut se déformer sous l’action du moment dipolaire permanent d’une
autre molécule. La molécule apolaire tend alors à se « polariser ».
On parle alors de moment dipolaire induit.

dq- dq+ Molécule dq- dq+ dq- dq+


apolaire
!! Déformation !! !"#$

Ces deux dipôles ainsi formés interagissent entre eux (comme décrit précédemment).
L’énergie de cette interaction est de l’ordre de quelques dixièmes de kJ.mol-1.

La capacité d’une molécule à acquérir un moment dipolaire induit est appelée polarisabilité,
notée a. En général, la polarisabilité d’une molécule augmente avec sa taille ou sa masse
molaire.

L’interaction dipôle induit – dipôle induit. Interaction de London


A cause du mouvement de son nuage électronique, une molécule apolaire peut acquérir un
moment dipolaire instantané, d’autant plus grand que la molécule est polarisable. Les moments
instantanés peuvent alors interagir entre eux.
L’énergie de cette interaction est de l’ordre de quelques dizaines de kJ.mol-1.

Répartition des différentes interactions de Van der Waals pour quelques exemples :
% Keesom % Debye % London
H2 O 69 7 24
NH3 34 9 57
Ne 0 0 100
HCl 9 5 86
HI 0,1 0,5 99,4

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Remarque culturelle :
Le Gecko est un lézard capable de grimper sur les murs et les plafonds, en se déplaçant
rapidement. Cette prouesse tient à la structure de ses pattes, composées de sétules et spatules
microscopiques qui permettent de coller aux supports grâce aux interactions de Van der Waals.
Un Gecko de 50g peut ainsi supporter une force de 20 N soit 40 fois son poids.

D’après Julien Beutier, www.culturesciences.chimie.ens.fr

2. Liaison hydrogène.
Une liaison hydrogène est une interaction entre un atome d’hydrogène lié à un atome
électronégatif A et un atome électronégatif B porteur d’un doublet non liant (N, O, F, …)
L’énergie d’une liaison hydrogène est de l’ordre de quelques dizaines de kJ.mol-1.
Par exemple, les molécules d’eau sont reliées entre elles par des liaisons hydrogènes.

O H O H

H H
Remarque culturelle :
La structure en double hélice de l’ADN s’explique par la
présence de liaisons hydrogènes entre les deux brins.

On retiendra que l’énergie d’une liaison de Van der Waals est de l’ordre du kJ/mol soit
100 fois plus faible que celle d’une liaison covalente, et la liaison hydrogène a une
énergie d’environ 10 kJ/mol soit 10x plus faible que la liaison covalente.

3. Température de changement d’état d’un corps pur.

Plus les interactions entre les molécules d’un corps pur sont importantes plus la température
de changement d’état dans le sens solide à liquide à gaz sera importante.
(Il faut plus d’énergie pour « casser » ces liaisons.)

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Exemple 1 : Cas des gaz rares


Gaz rare He Ne Ar Kr Xe
Tfus (K) 3 24 84 117 161
Tvap (K) 4 27 87 120 165

Interprétation :
La masse molaire (et le volume) des atomes augmente de He à Xe. La polarisabilité et donc les
interactions de Van der Waals augmentent de He à Xe.

Exemple 2 : Températures d’ébullition pour plusieurs composés hydrogénés

125 Température d'évaporation de quelques corps purs


H2 0
75

25
HF
H2Te
-25 SbH3
NH3 H2Se HI
H2 S SnH4
AsH3
-75 HCl HBr
PH3 GeH4
-125 SiH4

-175
CH4

Interprétation :
On retrouve l’interprétation précédente pour chaque série à l’exception de H2O, HF et NH3.
Ces molécules possèdent une température d’ébullition plus élevée à cause de la présence de
liaisons hydrogènes (H est lié à un atome électronégatif, et O, F et N possèdent des doublets
non liants)

IV. Propriétés des solvants.


1. Caractérisation d’un solvant.

Pouvoir dispersant
Deux charges opposées +q et -q séparées d’une distance r, subissent dans le vide une force :
𝑞)
𝐹=
4𝜋𝜖' 𝑟 )
Où 𝜖' est la permittivité diélectrique du vide.
Lorsque les mêmes charges sont placées dans un solvant, elles subissent une force plus faible :
𝑞)
𝐹=
4𝜋𝜖' 𝜖* 𝑟 )
Où 𝜖* est la permittivité relative du solvant. Plus 𝜖* est importante, plus la force d’interaction
entre les charges est faible. Les ions peuvent alors plus facilement se dissocier.
On parle alors de pouvoir dispersant du solvant.
Par exemple : Dans l’eau 𝜖* = 79 : l’interaction entre deux ions dans l’eau est 80 fois plus
faible que dans l’air

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Pouvoir ionisant :
Un solvant est polaire si les molécules qui le constituent sont polaires. Sinon, il est apolaire.
Lorsqu’une molécule polaire est introduite dans un solvant polaire, celle-ci, peut se transformer
en paire d’ion sous l’action du moment dipolaire du solvant.
Les solvants polaires dissolvent les molécules polaires. Ces solvants sont dits ionisants.

Proticité :
Un solvant est protique si les molécules qui le constituent possèdent un atome d’hydrogène
susceptible de former des liaisons hydrogènes. Sinon, il est aprotique.

2. Miscibilité.

On classe les solvants en trois grandes catégories :


polaires protiques, polaires aprotiques et apolaires aprotiques

Solvant Moment dipolaire µ (D) Permittivité relative er Polaire Protique


Eau H2O 1,85 79 Oui Oui
Ethanol C2H5OH 1,7 33 Oui Oui
Acetone C3H6O 2,9 21 Oui Non
Ether C4H10O 1,2 4 Oui Non
Cyclohexane 0 2 Non Non

Plus les solvants ont des propriétés en commun, plus ils sont miscibles entre eux.
Qui se ressemble s’assemble …

3. Dissolution d’une espèce chimique.

L’eau est un solvant ionisant, dispersant et solvatant.


Prenons l’exemple de la dissolution du chlorure d’hydrogène HCl. Celle-ci s’effectue en 3
étapes :
- Ionisation : Création d’une paire d’ion (pouvoir ionisant)
H – Cl à ( H+, Cl- )
- Dissociation : Séparation de la paire d’ion (pouvoir dispersant)
( H+ , Cl- ) à H+ + Cl-
- Solvatation : Chaque ion est entouré par les H
H

molécules d’eau (H, chargé positivement, tourné


vers les anions, O chargé négativement, tourné
H

O
O

H
O

vers les cations)


H

+ -
H

+ - + -
H + Cl à H (aq) + Cl (aq) H
O

O
H

H
H

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