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GASTON CAYROU

PIERRE LAURENT
JEANNE LODS LIBRAIRIE ARMAND COLIN
Digitized by the Internet Archive
in 2020 with funding from
Kahle/Austin Foundation

https://archive.org/details/grammairefrancaiOOOOcayr
GRAMMAIRE FRANÇAISE
LIBRAIRIE ARMAND COLIN

MÉTHODE MODERNE D’HUMANITÉS FRANÇAISES

Grammaire Française, à l’usage des classes de 4e, 3e, 2e et lra,


suivie des Éléments de Versification, par Gaston Cayrcu,
Pierre Laurent et Melle Jeanne Lods.17p édition. Un vol.
in-16 (15 x 19,5), 456 pages, cartonné.

Grammaire Française, à l’usage des classes de Grammaire,


par Gaston Cayrou, Pierre Laurent et MeUe Jeanne Lods.
16 e édition. Un vol. in-16 (15 x 19,5), 340 pages, cartonné.

Exercices pour les classes de 6° et de 5e, par Gaston Cayrou,


Jean Cazeli.es et Melle Monique Parent. 13e édition. Un
vol. in-16 (13,5 x 19,5), 272 pages, cartonné.

Exercices pour les classes de 4® et de 3', par Gaston Cayrou


et Jean Perrotin Un vol. in-16 (13,5 x 19,5), 336 pages,
cartonné.
MÉTHODE MODERNE D’HUMANITÉS FRANÇAISES
publiée sous la direction de
GASTON CAYROU
Inspecteur général de l’Instruction publique

GRAMMAIRE FRANÇAISE
à l’usage des

Classes de 4% 3e, 2e et lre


suivie des

ÉLÉMENTS DE VERSIFICATION

par
GASTON CAYROU

PIERRE LAURENT Melle JEANNE LODS


Professeur agrégé au Lycée Henri IV Docteur ès lettres,
et à l’École Normale Supérieure de St-Cloud Professeur agrégée à l’E. N. S. de Sèvres

LIBRAIRIE ARMAND COLIN


103, Boulevard Saint-Michel, PARIS Ve

1967
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays

79e Edition.
TABLEAU
DES SIGNES ET ABRÉVIATIONS

ABRÉVIATION
ABRÉVIATION
ABRÉVIATION

SIGNE
SIGNE
SIGNE

OU
OU
EXPLICATION EXPLICATION
OU

EXPLICATION

Signifie « paragra¬ indic., ind. indicatif, prés. présent.

JL !
adj.
phe ».
actif; forme active,
adjectif,
interrog. ■
infin., inf.,
interj.
— poss.
infinitif,
interjection,
interrogation ;
pron., pr.
pron. pers.
pronom.
pronom personnel.
— possessif.
adv. adverbe. interrogatif,
— dêmonstr, — démonstratif.
ap. J.-C. après Jésus-Christ, inlran., intr. intransitif,
— relat. — relatif.
art. article, irrég. irrégulier.
lat. latin, — interrog, — interrogatif.
auj. aujourd’hui,
av. J.-C. avant Jésus-Christ, locut. locution, — indéf. — indéfini,
c.-à-d. c’est-à-dire. masc., m. masculin, propos.,prop. proposition.
chap., ch. chapitre. m. à m. mot à mot. qq.ch. quelque chose,
cire, circonstanciel. «Notabene»,en latin:
N. B. qqf. quelquefois,
corapar. comparatif. « remarquez bien ».
qq.un quelqu’un,
compl., c. complément. n. nom.
rad. radical,
« confer », en la- n.f. nom féminin,
n. m. nom masculin, réfl. réfléchi.
ci. , tin : « comparez »,
, « voyez », n. réfl. non réfléchi, Rem. Remarque,
conj. | conjonction, n. 1, etc. note 1, etc. s.-ent. sous-entendu,
j conjugaison; P-, PP- page, pages, sing., s. singulier,
conjug. par exemple,
[ conjugué, p. ex. subj. subjonctif.
1 étymologie; parf. parfait,
étym. sud. suffixe.
étymologique, partie., part, participe.
superl. superlatif.
ex. exemple, pass. passif; voix passive,
féminin, pers. personne, trans., tr. transitif.
fém., f.
fut. futur. plur., pl. pluriel, verb., v. verbe.
fut. ant. futur antérieur, p..., n... page..., note... v. pronom. verbe pronominal. 8
imparfait. p. q. p. plus-que-parfait,

|
imparf. v. déf. verbe défectif,
impér. préf. préfixe,
impératif. V.i,etc. vers 1, etc.
imp. prép. préposition.

Copyright 1948 by Max Leclerc et C 13


Proprietors ol Librairie Armand Colin.
PREMIÈRE PARTIE

LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT

1. Langue parlée et langue écrite. — Le français, comme toutes les


langues, se parle et s’écrit.
Le français parlé, c’est notre langue exprimant les idées à l’aide de sons
qu’émet notre voix, et telle qu’elle apparaît à l’oreille qui écoute.
Le français écrit, c’est notre langue traduisant les sons à l’aide de lettres
que forme notre main, et telle qu’elle apparaît à l’œil qui lit.
Le français parlé a ses règles de prononciation; le français écrit a ses règles
d'orthographe.

I. - LE FRANÇAIS PARLÉ
2. Généralités. — Les sons du langage parlé sont produits par le souffle
traversant, au sortir du poumon, les organes de la voix (larynx et bouche).
Ils diffèrent selon le degré de vibration de deux petits muscles, dits « cordes
vocales », au passage du souffle dans le larynx, et selon la position de la langue
ou la disposition des lèvres au passage du souffle dans la bouche.

3. Les diverses espèces de sons. — Les sons ainsi produits se divisent


en deux catégories : les sons-voyelles et les sons-consonnes.
1° Les voyelles sont des sons musicaux, et peuvent se prononcer isolément,
sans être associées à des consonnes :
a [rat], i [lit], o [pot].

2° Les consonnes sont de simples bruits, et ne peuvent guère se prononcer


qu’associées à des voyelles :
p [as], d [urj, C [ol], f [erl, S [ix], T [oc].

3° Certaines voyelles, placées devant d’autres voyelles, sont intimement


associées à elles dans la prononciation, et ont alors, comme les consonnes, le
caractère d’un bruit plutôt que d’un son; on les appelle des semi-consonnes:
i [pied], U [duel].
(Ces mots se prononcent en une seule syllabe.)
Dans: L’épi est doré, Le pendu est sauvé. Dans: Un pied sensible, Un duel à mort,
i et u, non liés à e, sont des voyelles. * et u, liés à e, sont des semi-consonnes.
Cayrou. — Grammaire française. I
GRAMMAIRE FRANÇAISE
2

Le français dispose de quinze sons-voyelles, de dix-sept sons-consonnes et de


trois semi-consonnes.

4. Les sons-voyelles. — Les quinze sons-voyelles se divisent en deux


catégories : les voyelles orales, au nombre de onze, et les voyelles nasales, au
nombre de quatre.
1° Les voyelles orales sont ainsi appelées parce que, quand on les prononce,
le souffle s’échappe entièrement par la bouche (en latin : os, gén. oris). Ce sont :
j ouvert [ère], p„ j ouvert [seul], _ ( ouvert [ccq],
a $ ouvert* [rage],
W t fermé [pré]; C t fermé [bleu]; t fermé [lot].
I fermé [base];
OU [fou]; i [tir]; U [mur].

N.-B. — L’e sans accent est dit volontiers muet, parce que dans bien des cas il ne se
prononce pas :
app[e]lé tout l[e] temps douc[e]ment ris d[e] veau j[e] l’ai lu
(aplé) ; (toultan) ; (dousman) ; (ridvo) ; (jlélu).

En fait, il se prononce souvent et représente alors le son eu :


brebis, le loup, mûrement, os de poulet, que dit-il ?

2° Les voyelles nasales sont ainsi appelées parce que, quand on les prononce,
le souffle s’échappe par le nez (en latin: nasus) tout autant que par la bouche.
Ce sont :
a nasal, c.-à-d. an e (ouvert) nasal, c.-à-d. èn

[van, lent, paon, rampe, emploi]; [bien, rein, sain, lin, faim];

GU (ouvert) nasal, c.-à-d. eun O (ouvert) nasal, c.-à-d. OU

[à jeun, brun, humble]; [don, nombre, punch].

5. Les sons-consonnes. — Les dix-sept sons-consonnes se divisent en


trois catégories : les labiales, au nombre de cinq’, les dentales, au nombre de
six, et les palatales, au nombre de six également.
1° Les labiales sont ainsi appelées parce qu’on les prononce en rapprochant
les deux lèvres :
p [pulpe], b [barbe], f [fifre], V [verve|, m [momie],

2° Les dentales sont ainsi appelées parce qu’on les prononce en appuyant
la langue contre les dents :
t [tâter], d [dodu], S [senséj, Z [zig-zag], n [naine], 1 [lilas],

3° Les palatales sont ainsi appelées parce qu’on les prononce en appuyant
la langue contre le palais :
C, devant a, o, u g, devanta, o, u
[café, colis, curé] : [gala, godet, aigu] ;
ch. [chape] ; j [juge] ; V trobe] ; gn [signe].

i. Les sons-voyelles a, e, tu, o peuvent se prononcer la bouche grande ouverte ou la bouche deml-îeimée l
Ils sont dits eux-mêmes, selon le cis, « ouverts » ou « fermés ».
LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT
3
N.-B. lo Les labiales b et v, les dentales d et z, et les palatales g et J 3ont dites
sonores, parce que, quand on les prononce, les cordes vocales vibrent
es labiales p et f,les dentales t et s, et les palatales o et ch, sont dites sourdes, parce
que, quand on les prononce, les cordes vocales ne vibrent pas.

CLASSEMENT LABIALES DENTALES PALATALES

Sonores b V d Z g i
Sourdes P f t s c ch

CARACTÈRE Instantanées 1 Continues * Instantanées 1 Continues 3 Instantanées 1 Continues2

expiraÜorbrusTueS.SOIlt d’teS “ inStantailée3 ** Parce <iae Ie soufAe qui les produit s’échappe dans une

rati'onprXngte!63 ^ ^ * COntinUes ’’ P3106 <3ue le soufûe qui les produit s’échappe dans une expi-

thiale m> la dentale n et la palatale gn sont dites nasales, parce que, quand
on les prononce, le souffle s’échappe par le nez autant que par la bouche.
3° La dentale I et la palatale r sont dites liquides, parce que la prononciation en est
coulante, même si elles sont associées à d’autres consonnes (pl, il, cl; br, dr, gr, etc.).

6. Les semi-consonnes. — Les trois semi-consonnes sont:


1° k L ou y°d, distinct de l’i voyelle (§ 4, 1°), et représenté dans l’écriture
tantôt par i, tantôt par y, tantôt par il ou ill:
* [li°n], y ;yeux], il [émail], ill [bille].

2° Lou, ou wou, distinct de Y ou voyelle (§4, 1°), et représenté dans l’écri¬


ture tantôt par ou, tantôt par o [oi, c.-à-d. ouci), tantôt par ut
OU [oui, rouet], O [oie, toit], U [square],

3° L u, ou wu, distinct de l’u voyelle (§ 4, 1°), et représenté toujours dans


l’écriture par ut
U [huile, cuir, tuer].

7. La syllabe. La suite des sons d’une phrase parlée se décompose pour


l’oreille en syllabes.
La syllabe est constituée soit par un son-voyelle, soit par un son-voyelle
accompagné de sons-consonnes (ou de semi-consonnes) :
Ve-nez de-main soir nous cher-cher à la mai son.
(Cette phrase ae décompose en 12 syllabes.)

ë. Le mot. — La suite des syllabes d’une phrase parlée se décompose pour


l’oreille en mots.
GRAMMAIRE FRANÇAISE
4
Le mot est constitué soit par une syllabe, soit par un groupe de deux ou
plusieurs syllabes:
Venez demain soir nous chercher à la maison.
(Cette phrase se décompose en 8 mots.)

N _B — Dans la suite des syllabes d’une phrase parlée, certaines sont plus fortement
prononcées que les autres. On dit alors que la syllabe est accentuée, ou qu elle porte
l’accent tonique.
L’accent tonique frappe régulièrement la dermere syllabe prononcée.
1° D’une phrase :
Avec qui sortirez-vous ? Pierre et Jacques arrivent.

2» D’un élément de phrase, c’est-à-dire d’un groupe de mots unis par la grammaire et

PJr 16 Fermez la porte, | s’il vous plaît. Je suis malade | et je reste couchô.
Au-dessus de nos têtes [ passait un avion.

3» D’un simple mot : Jeanne.


Toulouse
Partons. Amitiés.

9. La liaison. —Dans la suite des syllabes d’une phrase parlée, la consonne


finale d’un mot ne se prononce pas devant un mot commençant par une
consonne ou un h aspiré (§ 12, N. B.):
huit soldats mes mains
nos héros
(no-héro).
(ui-solda); (mè-min);

Mais elle peut se prononcer devant un mot commençant par une voyelle ou
un h muet; elle se joint alors à la voyelle initiale de ce mot et on dit qu’il y a
liaison : huit élèves trop habile
(ui-télèv) ; (tro-pabil).

N .g _io Quand la consonne finale est une sonore (§ 5, N. B., 1°), elle se prononce
généralement, en cas de liaison, comme la sourde correspondante, et inversement :
grand âge sang humain neuf îles mes enfants
(eran-taj) (san-cumin) (ueu-vil) (me-zanfan).
[la sonore d devient <] ; [la sonore g devient e] ; [la sourde / devient v) ; [la sourde s devient sj.

2° Quand la consonne finale est un n de voyelle nasale (§ 4, 2°), la voyelle se prononce


généralement, en cas de liaison, comme la voyelle orale correspondante :
en état plein air un avis bon outil
(a-néta); (plè-nèr); (eu-navi); (oo-nouti).

La liaison est tantôt obligatoire, tantôt interdite, tantôt jacultative:


lo La liaison est généralement obligatoire à l’intérieur d’un groupe de mots
que la grammaire et le sens unissent etroitemen„ :
les arts grand ami nous avons il est aimé
(adjectif et nom); (pronom et verbe) ; (auxiliaire et verbe) ;
(article et nom);
bien heureux vis-à-vis arc-en-ciel
après examen
(adverbe et adjectif) ; (mot composé) : (mot composé).
(préposition et nom) ;

2° La liaison est généralement interdite :


a. Entre deux groupes de mots que la grammaire et le sens isolent l’un de
l’autre '. Avec les beaux jours | a fui ma gaieté.
LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT 5

b. Entre un nom au singulier et l’adjectif qui le suit :


un monument | admirable; mais on dit: des monuments admirables.

c. Après la conjonction et, ou après le groupe de consonnes rt :


à tort et | à travers; à tort | ou à raison.

d. Devant quelques mots isolés, tels que oui, onze, onzième, etc. :
les I oui et les non; les | onze premiers; les trois | onzièmes.

3° La liaison est fréquemment facultative. On peut dire, à peu près indif¬


féremment, avec ou sans liaison :
Toujours est-il qu'il a beaucoup vieilli. Toujours | est-il qu’il a beaucoup vieilli.
Je désire parler à ton père. Je désire parler | à ton père.
Us pensent < à leurs parents. Us pensent | à leurs parents.
Il a vécu des jours doux et paisibles. II a vécu des jours doux | et paisibles.

10. L élision. Dans la suite des syllabes d’une phrase parlée, les voyelles
î» placées à la fin d’un mot, ne se prononcent pas devant un mot com¬
mençant par une voyelle ou un h. muet (§ 12, N. B.) ; on dit alors qu’il y a élision 1
l’arme l’enfer s’il vient l’hôtel
(V, au lieu de : la) ; (l\ au lieu de : le) ; (s\ au lieu de : si) ; (l\ au lieu de : le);
mais on dit : le houblon (h aspiré).

N. B. — La voyelle élidée est généralement représentée dans récriture par un signe


spécial appelé apostrophe (§ 25, 1°).

L’élision est obligatoire dans :


1° L’article singulier le, la :
l’argent, l’aurore, l’homme, l’hirondelle.

2° Les pronoms personnels je, me, te, se, le, la ; le pronom démonstratif
ce ; le pronom relatif ou interrogatif que :
J’écoute. Tu m’indignes. U t’approuve. Us s’ennuient.
Ce discours, je l’ai entendu. Cette poésie, je l’ai apprise.
C’est à toi que je parle. Suis les conseils qu’on te donne. Qu’avez-vous donc fait?

3° Les prépositions de et jusque :


la crainte d’un accident; la France d’outre-mer.
jusqu’alors; jusqu’ici.

4° La conjonction que :
Je crois qu’il a raison.
N. B. — La voyelle finale des conjonctions composées lorsque, quoique, puisque
ne s’élide que devant il, elle, on, en, un:
lorsqu’il dort; quoiqu’elle rie; puisqu’on peut; lorsqu’un ami part;
mais on écrit : puisque André est puni.

i. Les liaisons de ce genre, facultatives quand on parle, sont obligatoires quand on lit ou qu'on récite des
vers : Les antres dans la nuit s’enfoncent et s’allongent.
(Sans la liaison, ce vers de Victor Hugo serait faux, § 453, B, I ”.)
GRAMMAIRE FRANÇAISE
6

5° La conjonction si, devant il et ils:


s’il vient; s’ils restent; mais on dit : si | elle vient; si I elles restent.

6° L’adverbe de négation ne:


Je n’espère rien.
N. g _ La voyelle finale de quelque, presque et entre s’élide dans certains
mots composés : quelqu’un; presqu’île; s’entr’aimer, etc.
mais on écrit: quelque autre, presque achevé, entre amis.

U. - LE FRANÇAIS ÉCRIT

11 Généralités. — Pour transcrire le français parlé, le français écrit


dispose :
lo D’un alphabet, c’est-à-dire d’un ensemble de lettres, lettres-voyelles ou
lettres-consonnes, servant à représenter les sons, sons-voyelles ou sons-con¬
sonnes, du langage parlé ( § 12) ;
2° D’accents, c’est-à-dire de signes placés sur certaines lettres-voyelles,
pour indiquer principalement si elles sont ouvertes ou fermées (§ 16).
jvj b,_Un signe spécial, la cédille, se place parfois sous la lettre-consonne c (§ 14,
1°, N. B.).
3° De signes de ponctuation servant à délimiter les phrases, dans les
phrases les propositions, et dans les propositions les groupes de mots unis
par la grammaire ou le sens (§ 17).

12. L’alphabet. — L’alphabet comprend vingt-six lettres, dont six lettres-


voyelles et vingt lettres-consonnes.
Les unes et les autres se présentent sous deux formes : les majuscules, ou
grandes lettres, et les minuscules, ou petites lettres; les majuscules s’emploient
principalement au commencement des phrases, des vers et des noms propres;
les minuscules s’emploient partout ailleurs.

Les six lettres-voyelles sont :

A, a : Albi, atlas. I, i Iran, iris. U, u Uzès, usure.


E, 6 I Etna, effet. O, o Orne, obole. Y, y Yves, ypérite

Les vingt lettres-consonnes sont ;


B , b : Berthe, bulbe. J, j : Jeanne, joujou. Q, q Québec, quinquet.
G , C : Clovis, cocon. K, k : Kléber, kaki. R, r Robert, rare.
D, d: Désiré, dédit. L, 1 : Lucie, licol. S, s Simone, sensé.

F, f : France, fief. M, m : Moïse, mimer. T, t Tunis, tinter.


G , g : Gaule, gigot. N, n : Nîmes, nenni. V, v Victor, valve.
H,h: Henri, hache. P, p : Paris, pompe. W, W : Wagram, wallon
X, X : Xavier, xénophobe. | S, 2 : Zurich, zézayer.
LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT
7
~ P® 1<^tre h ne rePrésent-e aucun son. Tantôt elle n’est qu’un ornement
a écriture, et on 1 appelle alors muette:
l’homme, les hommes; une heure, des heures.

Tantôt elle indique l’absence de liaison avec le mot précédent (8 10), et on l’annelle
alors aspirée :
le | héron, les | hérons; une | hache, des I haches.

13. Comment sont représentés les sons-voyelles. — Les sons-


voyelles (§ 4) sont représentés dans le français écrit :
1° Par des lettres-voyelles :
a [dame], e [petit], i [mine], O [rose], U [tube], y [lyre].

2° Par des lettres-voyelles surmontées d’accents :


à [là], â [pâte]; é [béni], è [mère], ê [fête], ë [ciguë]; î [île|, ï [haïr];
Ô [côte]; û [fût], Ü [Saül],

3° Par des groupes de lettres-voyelles, dont la dernière est un i ou un u :


ai [paix, traître]; ei [seigle, reître];
au, eau [tuyau, rameau] ; OU [cou, où, voûte]; 6U [peu, bœuf, jeûne].

N. B. — Les groupes de lettres-voyelles ainsi formés ne représentent qu’un son et ne


constituent pas ce qu’on appelle des diphtongues, c’est-à-dire des groupes de deux sons
entendus distinctement (§ 14, N. B.).

4° Par des groupes de lettres-voyelles et de lettres consonnes :


an [van, dent, taon, camp]; in [lin, pain, sein, faim].

14. Comment sont représentés les sons-consonnes. — Les sons-


consonnes (§ 5) sont représentés dans le français écrit :

1° Par des lettres-consonnes, simples ou redoublées :


bocage, rapine, visite, malade; abbaye, biffer, frappe, battue.
N. B. — La lettre-consonne c est parfois, devant les voyelles a, o, u, pourvue d’un
signe spécial, la cédille (ç); elle représente alors non le son k, mais le son s ;
façade, rançon, aperçu; mais on écrit : bocago, flocon, vaincu.

2° Par des groupes de lettres-consonnes :


Ch [chaise], gn [ignare], ph [phoque], SC [science],

3° Par des groupes de lettres-consonnes et de lettres-voyelles :


ge [mangeons], gU [blague], qu [coquet].

N. B. — Les semi-consonnes (,8 6) sont représentées dans le français écrit :


1° Par des lettres-voyelles :
i [pied], y [yole], U (wou) [guano]. U (tou) [tuile]-
GRAMMAIRE FRANÇAISE
8

'Z° Par des groupes de lettres-voyelles :


OU [clouer], O (i) [poison],

3» Par des groupes de lettres-voyelles et de lettres-consonnes :


il [portail], ill [gorille].

Les semi-consonnes unies à des voyelles constituent les seules diphtongues de notre
langue (§ 13, 3°, N. B.).

15. Rapports des sons et des lettres. — La manière dont les sons
“ont représentés dans le français écrit ne s’apprend que par l'usage et la
lecture. En elfet :
lo Un même son est souvent représenté par des lettres différentes :

A. — Voyelles orales.
e ( è [frère]; ê [blême], e [fer, selle] et [béret],
ouvert aî [maire], ais [jamais, français], ei [peine].

e { é [santé], er [orner], es, ez [les, nez],


fermé / ai Ü’ai> Sai> huai], œ [œdème].
( ouvert : ou [pleur], ceu [sœur], ce [œil], ue [écueil],
eu i fermé : eu [pneu], œu [nœud], e [relier], ai [faisan].

( ouvert: o [fort], u [rhum], au [Paul],


® ( fermé : o [rose], ô [cône], au [aube], eau [peau].

OU : ou [clou], où [où], oû [goût].

i : i [site], î [gîte], y [type]. U : u [lune], û [mûre], eu [j’eus].

B. —- Voyelles nasales.

an : an [antre], en [encre], am [ample], em [emplir], ean [Jean], aon [faon],


. ( ein [sein], ain [bain], in [butin], yn [syndic],
en: en [rien] £ e,m [Reims], aim [daim], im [nimbe], ym [nymphe].

( eun [à jeun], un [aucun], ( on [honte], un [punch],


euu j Urn [parfum]. on ( om [bombe].

G. — Consonnes5.

f: f [folie], ph [phrase]. V : v [vivat], w [wagon],


t : t [tapis], th [thon].

( a [sage], c (devant e, i) [ceci], ç [maçon],


8 ( as [passé], ac [scène], t [nation], x [six].

Z : z [zéro], a [ruse], x [sixième].

C : c (devant a, 0, u) [cape], k [képi], q [coq], qu [quatre], x [excès], ch [varech],

g: g (devant a, 0, u) [gale], gu [guet], gh [ghetto], c [second],

ch: ch [char], sh [shah], sch [schiste], j : J [juron], g (devantc,i) [gelée, gilet).

gn : gn [rognon], Ign [oignon].

x. Pour les lettres différentes pouvant représenter une même semi-consonne, voir g 6.
LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT 9

2° Des sons différents sont souvent représentés par les mêmes lettres:

A. — Voyelles orales et nasales.

U. : u [talus], o [album],
eu l eu (ouvert) [fleur], eu (fermé) [creux], u [gageure],
en: an [enfant], én [ennemi], in [examen], ène [pollen].

B. — Consonnes et semi-consonnes.

t : t [amitié,, s [patient]. S : s [songe], z [raison],


C ! c (devant a, o, u) [cave, corde, cube], s (devant e, i) [cela, cime], g [seconder],
g : g (devant a, o, u) [gaze, golfe, lagune], j (devant e, i) [genou, gigot],
ch : ch [chant], k [chaos], gn : gn [dignel, g-n [igné],
X : es [sexe], gs [exact], s [six], z [deuxième], W : v [wagon], ou [tramway],
ill («, a, etc.) : il (e) [ville], il (la) [villa], iy (e, a, etc.) [pille, pilla],

3° Des lettres sont écrites qui ne représentent aucun son :


a [août, toast], e [appeler, chevelu],
h [bonheur], p [dompter], m [automne], t [asthme], C [acquérir], g [vingtaine],

N. B. —- Les consonnes finales de beaucoup de mots ne se prononcent pas. Ainsi :


p [loup], b [plomb], f [clef I, t [trot1, d Idard], 8 [très], Z [chez], I [fusil],
O [porc], g [sang], X [voix],

11 en est ainsi notamment de l’s ou de l’x du pluriel des noms et des adjectifs :
de jolis raisins, de grosses pommes, de beaux vaisseaux.

16. Les accents. — Les accents dont se sert la langue écrite sont :
l’accent aigu [y], l’accent grave [v], l’accent circonflexe [a] et le tréma ["].
1° L’accent aigu se place sur la voyelle e; l’é représente le son-voyelle qui
s’entend dans blé (e fermé) :
dé, périr, café, été, ménage, anémie, rareté, modéré, hébété.

2° L’accent grave se place sur les voyelles e, a, u :


a. Placé sur l’e, il représente le son-voyelle qui s’entend dans près («ouvert):
grès, règle, accès, collège, ébène.
N. B. — L’accent grave ne se place jamais sur l’e ouvert qui précède une consonne
redoublée : greffe, pelle, renne, terre, messe, dette.

b. Placé sur l’a ou sur l’u, il ne représente aucun son et sert seulement à

distinguer dans l’écriture des mots homonymes (§ 83) :


Il a mal à l’estomac. La concierge est là. Cà, vite, rends-moi ça.
(verbe) (préposition) (article) (adverbe) (interjection) (pron. démonstratif)
Où aller, chez Pierre ou chez Paul ?
(adverbe) (conjonction)
N. B. — L’accent grave n’est parfois, sur l’a, qu’un simple ornement d’écriture,
comme dans : déjà.
10 GRAMMAIRE FRANÇAISE

3° L’accent circonflexe se place sur les voyelles e, a, o, i, u :


a. Placé sur l’e, il représente le son-voyelle qui s’entend dans prêt
(e ouvert), comme dans près, et fait ainsi double emploi avec l’accent grave :
chêne, forêt, arête, entêté.

b. Placé sur l’a, l’o, l’i et l’u, il représente un son-voyelle allongé et fermé:
pâte impôt
(mais dans patte, l’a est bref); (mais dans pot, l’o est bref);
gîte, maître flûte, voûte
(mais dans site, mettre, i et e sont brefs) ; (mais dans hutte, route, u et ou sont brefs).

Parfois il ne représente aucun son et sert seulement à distinguer dans


l’écriture des mots homonymes (§ 83) :
Il a dû payer les frais du procès.
(participe) (article)
La rivière a crû. Qui l’aurait cru 1
(du verbe croître) (du verbe croire)

N. B. — L’accent circonflexe représente souvent une lettre jadis prononcée, aujour¬


d’hui disparue :
fête âne hôte île fût âge mûr
(feste), (asne), (hoste), (isle), (fust), (aage), (meur).

4° Le tréma se place sur les voyelles e, i, u, pour indiquer qu’elles doivent


être séparées, dans la prononciation, d'une autre voyelle qui les précède :
aiguë maïs Saill
(prononcer aigu-e, non aigue); (prononcer ma-is, non mais); (prononcer Sa-ut, non Saul).

17. Les signes de ponctuation. — Les signes de ponctuation


actuellement en usage sont : le point [.], remplacé dans certains cas par le
point d’interrogation [?], le point d’exclamation [ !] ou les points de suspen¬
sion [...]; la virgule [,], le point-virgule [;], les deux-points [ :], les paren¬
thèses [(...)], les guillemets [«...»], le tiret [—].

18. Le point. — Le point est le signe de ponctuation le plus fort. Il se place


à la fin d’une phrase affirmative ou négative, et la sépare, le cas échéant, de
la suivante :
Les voyages forment la jeunesse. La fourmi n’est pas prêteuse.
Je suis ù mon balcon. La rue est calme et paisible. Je rêve.

N. B. — 1° Le point d’interrogation marque la fin d’une phrase interrogative, si


l'interrogation est directe (§ 410, 1°, N. B.):
A quoi pensei-tu en ce moment ? Vous irez à la mer cet été ?

Si l'interrogation est indirecte, la phrase se termine par un point ordinaire ;


Je demande quelle heure il est.

2° Le point d’exclamation marque la fin d’une phrase exclamative, réduite parfois


à une simple interjection (§ 317) ;
Comme cet enfant est beau I Puissiez-vous guérir vite !
Quel bonheur 1 Quelle infamie 1 Hélas 1 Bravo 1 Enfin I
LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT 11

3° Les points de suspension indiquent en général qu’une phrase est brusquement


interrompue et reste inachevée :
Je devrais te...; mais, pour cette fois, passons.
(La personne qui parle s’interrompt elle-même.)
Je souhaiterais... — Je sais. Ayez bon espoir : vous aurez satisfaction.
(La personne qui parle est interrompue par son interlocuteur.)

Mais ils s’emploient aussi dans une phrase qui est conduite jusqu’à son terme, et ils
signalent alors :
a. Un silence, plus ou moins prolongé, à l’intérieur ou à la fin de cette phrase :
Que faire ?... Où aller ?... Je suis désemparé.
Venez me voir demain... Non, j’irai plutôt chez vous.

b. Une coupure, plus ou moins importante, à l’intérieur ou à la fin d’une citation :


« Dans le monde, dit Voltaire, tout est bien,... tout va le mieux possible.»
(Les points représentent trois mots supprimés: « tout va bien ».)

19. La virgule. — La virgule est le signe de ponctuation le plus faible. Elle


se place à l’intérieur d’une phrase et en sépare les divers éléments, mots ou
propositions, que ces éléments soient juxtaposés (§ 312, 9°, Rem., et 321, 2°),
coordonnés (§ 312 et 321, 1°) ou subordonnés (§ 315 et 322) :

10 Éléments juxtaposés :
Le père lit, la mère coud, l’enfant dort.
Les assiégés supportèrent vaillamment la faim, la soif, le froid.
Le pauvre garçon allait, venait, criait, gesticulait.

N. B. — La proposition intercalée (§ 322, 2°, N. B.) est toujours séparée du reste de


la phrase par des virgules :
Aide-toi, dit le proverbe, le ciel t’aidera.

11 en est de même du nom en apostrophe (§ 393) ou en apposition (§ 374), ainsi que


de Y adjectif apposé (§ 375) :
« Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? »
Louis XVI, roi de France, mourut sur l’échafaud.
L’enfant, honteux, baissait la tête.

2° Éléments coordonnés :
Soyez joyeux, car la vie est belle. Le roseau plie, mais ne rompt pas.
N. B. — Les mots coordonnés par et ou par ou ne sont pas, en règle générale, séparés
par des virgules :
Caïn et Abel étaient frères. Il faudra vaincre ou mourir.
Il en est de même des mots coordonnés par ni... ni... :
Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux.

3° Éléments subordonnés:
Le lendemain, à l’aube, le condamné fut réveillé.
Le paysan, quand la nuit tombe, rentre à la ferme.

N. b._A la différence de la proposition complément de circonstance, la proposition


complément d'objet (§407) n’est jamais séparée du reste de la phrase par des virgules:
J'espère que nous vainorons.
12 GRAMMAIRE FRANÇAISE

La proposition relative n’en est séparée que si elle équivaut à une proposition con¬
jonctive de circonstance (§ 446) :
La vie, qui est courte, nous est chère. Le livre que je lis est passionnant.
(La relative est entre virgules : (La relative n’est pas entre virgules :
elle équivaut, en effet, à : « parce qu'elle est courte. ») elle est, en effet, un simple déterminant du nom.

20. Le point-virgule. — Le point-virgule est un signe de ponctuation


intermédiaire entre la virgule et le point. Il se place à l’intérieur d’une phrase
formée de deux ou plusieurs membres indépendants, et il sépare chacun de ces
membres du suivant :
La pièce était toute petite et modestement meublée;
mais elle laissait une impression exquise d’intimité et de paix.
Les enfants sont vifs, remuants, capricieux; ils rient et pleurent facilement;
si on les contrarie, ils ont une arme terrible, la colère.

21. Les deux-points. — Les deux-points sont, comme le point-virgule, un


signe de ponctuation intermédiaire entre la virgule et le point. Ils se placent à
l’intérieur d’une phrase formée en général de deux membres indépendants, et
ils séparent le premier du second, qui en développe la pensée.
Ils annoncent le plus souvent :
1° Une citation (toujours encadrée de guillemets, § 23) :
Louis XIV, dit-on, déclara un jour: « L’État, c’est moi. »

2° Une énumération (ils signifient alors : « à savoir ») :


Il y a deux nombres en français : le singulier et le pluriel.

3° Une explication (ils signifient alors tantôt : « en effet », tantôt : « donc ») ;


C’est un sot : il prétend tout savoir. La loi est la loi : il faut obéir.

22. Les parenthèses. — Les parenthèses et les guillemets sont des signes
de ponctuation doubles servant à encadrer entre leurs deux éléments des mots
ou des phrases qu’on veut détacher du reste du texte.
Les parenthèses servent à encadrer, à l’intérieur d’une phrase, une réflexion
ou une indication de caractère accessoire :
Je voudrais (excusez-moi) vous dire un mot.
La mort de Victor Hugo (1885) fut un deuil national.
N. B. — Il arrive plus rarement qu’une phrase entière soit placée entre parenthèses.

23. Les guillemets. — Les guillemets servent généralement à encadrer une


citation, annoncée ou non par deux points (§ 21) :
Louis XIV, dit-on, déclara un jour : « L’État, c’est moi. »
« Connais-toi toi-même », répétait volontiers le sage antique.
N. B. — Us servent aussi à encadrer des mots que l’on a une raison particulière de
souligner : Bossuet était surnommé « l’Aigle de Meaux ».
(La périphrase est admirative.)
Lucien est vraiment un « diable ». Bébé veut « raboutonner » son manteau.
(Le mot est volontairement exagéré.) (Le mot est un barbarisme d’enfant.)
LE FRANÇAIS PARLE ET LE FRANÇAIS rôcRIT 13

24. Le tiret. — Le tiret sert, comme les parenthèses et les guillemets, à déta¬
cher des mots ou des phrases, mais il peut être simple ou double.
1° Le tiret simple sert, dans une conversation rapportée par écrit, à séparer
les propos des interlocuteurs :
Quand venez-vous ? — Demain. — Bien : je vous attendrai.

Dans une description ou un récit, il sert à mettre en relief, en l’isolant, un


détail important . c'est je sojr! — un s0ir gris de décembre.
Il était atterré, — lui dont nous connaissions la belle énergie.

2° Le tiret double sert, comme les parenthèses, à encadrer une réflexion

accessoire . Je voudrais — excusez-moi — vous dire un mot.

25. L’apostrophe et le trait d’union. — 11 convient de joindre aux


signes de ponctuation l'apostrophe [’] et le trait d’union [-].
1° L’apostrophe sert exclusivement à signaler l’élision d une voyelle (§ 10) :
l’inisgc l’esprit s il veut
(l\ au lieu de : la) ; (V, au lieu de : le) ; (s\ au lieu de : si).

2° Le trait d’union sert principalement à unir les éléments des mots com¬
posés (§ 61, N. B.) :
chou-fleur, arc-en-ciel, avant-dernier, c’est-à-dire.

jq. g _Dans certains mots composés, le trait d’union est facultatif. Ainsi on peut
écrire : grand-père ou grand père.

Il s’intercale aussi entre le verbe et le pronom personnel, sujet ou complé¬


ment, qui dans certains cas suit ce verbe :
dis-Jo, vois-tu, croit-il, etc.;
fais-le, parle-lui, donne-nous, etc.; prenons-en, songez-y.

jsj g _ 2° Il en est de même si le sujet du verbe est le pronom démonstratif ce,


ou le pronom indéfini on : est-ce, dit-on.

2° Si le verbe est à la 3e personne du singulier et séparé du pronom sujet par un t


euphonique (§ 279, N. B., 3°), un trait d’union s’intercale avant et après ce t :
donne-t-il, viendra-t-elle, fera-t-on.

3° Si le verbe est suivi de deux pronoms compléments, un second trait d’union


s’intercale entre les deux pronoms ;
rends-le-moi. allons-nous-en.

Il s’intercale enfin entre les adverbes ci et là et le mot qui les précède ou les
suit : ce livre-ci, celui-là, par-ci, par-là; ci-inclus, ci-gît, là-bas.

N. B. — Le trait d’union placé à la fin d’une ligne indique que le dernier mot est
coupé, et il en sépare les deux parties.
DEUXIÈME PARTIE

LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

26. L’origine et le sens des mots. —On appelle vocabulaire d’une langue
l’ensemble des mots dont elle se compose.
Le vocabulaire du français ne semble pas, dans les premiers temps, avoir
compté plus de 8000 mots. Mais, au cours des siècles, il s’est considérablement
accru et il en compte aujourd’hui au moins 30 000.
Ces mots peuvent être étudiés à deux points de vue, celui de leur origine et
celui de leur sens.

CHAPITRE PREMIER

L’ORIGINE DES MOTS

27., Généralités. — Le français dérive principalement du latin. Le latin


fut d’abord la langue d’une population de l’Italie, groupée autour de Rome,
dans le Latium, à partir du vme siècle avant Jésus-Christ. Peu à peu les
Romains, belliqueux et entreprenants, soumirent les territoires de leurs voi¬
sins immédiats; puis ils se rendirent maîtres de toute l’Italie, et enfin ils éten¬
dirent leur domination sur une grande partie du monde connu des anciens.
Ils introduisaient naturellement leur langue dans les pays qu’ils venaient de
conquérir, et c’est ainsi qu’au ier siècle avant notre ère la langue latine pénétra
en Gaule avec les armées de César.
Mais, une fois établi dans des régions où devaient plus tard se former des
nations distinctes, le latin se modifia peu à peu et d une manière différente
selon les peuples : ainsi naquirent les langues dites romanes, l'italien, l'es¬
pagnol, le portugais, le roumain et le français. Toutes ces langues sont donc
filles de la langue latine, et le français n’est guère, primitivement, que du latin
transformé.
Par la suite il a puisé des mots dans les langues les plus diverses, sans cesser
d en emprunter au latin; il a créé aussi des mots nouveaux avec des éléments
tirés de son propre fonds, si bien qu’on peut distinguer dans son vocabulaire :
l’orisïne des mots 18

1° un fonds primitif ; —- 2° des emprunts à diverses langues ; — 3° des


créations proprement françaises.

28. Le fonds primitif du français. — Jusqu’au ier siècle avant Jésus-


Christ, les habitants de la Gaule, c’est-à-dire du pays qui devait devenir la
France, avaient pour langue le gaulois ou celtique.
Au Ier siècle avant Jésus-Christ, lorsque Jules César conquiert la Gauk
(58-51), les soldats romains, ainsi que les colons et les marchands qui les
suivent, apportent avec eux leur langue propre, le latin parlé par le peuple, le
latin vulgaire, qui différait sur bien des points du latin des gens instruits et
des écrivains, appelé « latin littéraire ». Ce latin vulgaire se substitue peu à
peu au gaulois dans l’ensemble du pays.
Au ve siècle après Jésus-Christ, l’Empire romain est ébranlé parles invasions
franques, la frontière du Rhin est forcée, et les vainqueurs introduisent les
idiomes germaniques dans le monde gallo-romain. Mais ils subissent en même
temps l'influence du pays conquis, et s’ils enrichissent son vocabulaire d’un
certain nombre de mots nouveaux, qui aussitôt se latinisent, ils ne modifient
pas le fonds même de la langue qu’ils avaient trouvée en Gaule.
Mots d'origine gauloise, mots d'origine latine (latin vulgaire), mots d’origine
germanique, tel est ce qu’on appelle le fonds primitif du français (§ 31-34).

29. Les emprunts du français. — Ce fonds primitif s’est, par la suite,


considérablement enrichi par des emprunts à diverses langues. Le français a
emprunté beaucoup de mots aux langues mortes, parlées dans l’antiquité par
les Grecs ou par les Latins; aux langues vivantes, parlées dans les pays étran¬
gers, surtout dans les pays voisins du nôtre; aux dialectes régionaux, parlés
dans telle ou telle province française.
1° Les emprunts aux langues mortes s’expliquent, au moyen âge, par le
prestige dont les littératures anciennes continuaient à jouir auprès des lettrés.
Les clercs qui étudient les chefs-d’œuvre de la Grèce et de Rome y puisent
pour leurs écrits des mots nouveaux qui s’introduisent dans la langue de tous.
Plus tard, à l’époque de la Renaissance, c’est-à-dire au xvie siècle, savants,
poètes, écrivains se mettent à l’école de l’antiquité, et les emprunts aux langues
mortes se multiplient.
Dans les temps modernes, les sciences, notamment la physique, la chimie,
la médecine, ne cessent d’y puiser les éléments de leur vocabulaire technique.
Ainsi s’expliquent les emprunts « savants », fruit d’un contact indirect, par
les manuscrits ou les livres, avec des langues qui depuis longtemps ne se parlent
plus (§ 36-39).
2° Les emprunts aux langues vivantes résultent, au contraire, d’un contacL
direct avec les hommes qui les parlent.
Au cours de son histoire, en effet, la France s’est trouvée en relations avec de
46 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

nombreux peuples qui, comme elle, avaient leur langue propre. Ces relations,
déterminées par des considérations politiques, des événements militaires, des
nécessités économiques, ont conduit nos ancêtres et nous conduisent encore à
emprunter des mots aux langues de ces peuples.
Ainsi 1 italien et Y espagnol, Y allemand et Y anglais, pour ne parler que des
langues, romanes ou non, de nos plus proches voisins, ont fourni au français,
selon les époques, un contingent plus ou moins important de mots nouveaux
(§ 40-42).
3° Mais, considérée en elle-même, la langue française, à l’origine, n’était
pas une.
Les écrivains du moyen âge avaient déjà reconnu sur notre sol deux langues,
la langue d’oïl et la langue d’oc1, parlées la première au Nord de la Loire et
la deuxième au Sud.
Langue d oïl et langue d’oc se subdivisaient elles-mêmes en maints langages
particuliers, ou dialectes. Le français, ou plus exactement le francien, n’était
que le dialecte de l’Ile-de-France. S’il l’a emporté sur les autres, le provençal
par exemple, le languedocien, le gascon, le picard, le lorrain, le bourguignon,
le normand, 1 angevin, etc., c’est que la royauté, avec son administration
centralisée, s est installée à Paris et que, par suite, la langue de la capitale et de
sa région a fini par prédominer.
Mais les dialectes n en ont pas moins agi sur le français, qui leur a emprunté
un assez grand nombre de mots. Ce sont là des emprunts internes, qui se dis¬
tinguent nettement des emprunts précédents (§ 43-45).

30. Les créations françaises. — Le français, d’autre part, grâce à des


procédés qui lui sont propres, a toujours enrichi son vocabulaire en forgeant
des mots nouveaux.
Tout le long des siècles, les découvertes et les inventions, le développement
des idées dans tous les domaines, les vicissitudes de la mode, les progrès de
la vie sociale ou économique, en un mot l’évolution continue de la civilisation,
ont rendu nécessaire un renouvellement parallèle de notre vocabulaire.
De là un apport considérable et ininterrompu de mots de création pro¬
prement française (§ 46-79).

I. - LES MOTS DU FONDS PRIMITIF

31. Généralités. La richesse du fonds primitif du français ne peut être


évaluée avec précision : il nous reste trop peu de textes littéraires de l’époque.
Mais ce fonds est certainement plus considérable que nous ne pouvons l’ima¬
giner d’après les témoignages écrits.

I. Les langues sont ainsi appelées d’après le mot qui, dans chacune d’elles, signifiait toui >.
l’origine des mots 17
Il comprend : 1° des mots d’origine gauloise; — 2° des mots d’origine latine
(latin vulgaire) ; — 3° des mots d’origine germanique.

32. Les mots d’origine gauloise. — Les mots d’origine gauloise sont en
petit nombre, et se rattachent à une soixantaine seulement de radicaux. Ce
sont surtout des noms, qui concernent pour la plupart la vie rurale et désignent
des choses concrètes :
arpent, lieue, chemin, talus, charrue, soc, raie (sillon),
alouette, bec, bouleau, chêne, if.

N. B. — Nous laissons de côté les noms de lieux, qui, en assez grand nombre, remontent
au gaulois : Paris, Rennes, Laon, Verdun, Auxerre.

33. Les mots d’origine latine (latin vulgaire). — Les mots d’origine
latine sont de beaucoup les plus nombreux. On les appelle souvent mots de
formation populaire, par opposition aux mots de formation savante (§ 36).
Ils répondent avant tout aux besoins quotidiens de la conversation.
Les noms désignent les réalités de la vie courante sous toutes ses formes:
jour, nuit; lieu, île, feu, cuir, œuf; tête, bouche, jambe;
frêne, épi; cheval, bœuf, chèvre, vache, lièvre;
père, mère, fils, fille, frère, sœur; seigneur, dame, maire;
bonté, joie, liesse, peur, douleur.

Les adjectifs traduisent les caractères concrets usuels et les notions abstraites
élémentaires: chaud, froid; vert, rouge; droit, faux.

Les verbes expriment les manifestations les plus habituelles de Vactivitè


humaine : faire, dire, lire, écrire, aller, manger, coucher, payer.

A ce vocabulaire s’ajoute un matériel de formes (pronoms, prépositions,


adverbes, conjonctions, etc.), qui constitue aujourd’hui encore l’armature
même du français :
je, tu, il, etc.; me, te, se, etc.; moi, toi, soi, etc.;
mien, tien, sien, etc.; cet, cette, ce, etc.; qui, que, quoi, dont, etc.;
on, personne, nul, rien;
en, sur, pour, sous, etc.; ici, là, en, y, où; plus, moins, si, tant;
et, ou, ni; car, donc, or; que, comme, quand, si.

Ce double vocabulaire continue à vivre après des siècles, et c’est lui, en


particulier, qui fait vraiment du français une langue « romane » (§ 27).

34. Les mots d’origine germanique. — Les mots d’origine germanique


sont au nombre de 400 environ; ce sont surtout des noms, mais aussi des
adjectifs et des verbes.
Certains concernent la vie administrative:
fief, alleu, ban, échevin, chambellan, maréchal, sénéchal;
18 £E VOCABUÏ.ÀIRB BU FRANÇAIS

la vie rurale: hameau, jardin, haie, gerbe, marais, crèche;


hêtre, houx, roseau, cresson;
laie, mulot, héron, mésange, faucon, épervier, écrevisse;

la vie courante (matérielle et morale) :


banc, fauteuil; coiffe, gant, écharpe, robe;
hache, baie, lot, cruche, canif, tuyau;
orgueil, honte; haïr, honnir, flatter; gai, morne, hardi;
sale, laid, riche, frais; blanc, bleu, blond, brun, gris.

Un bon nombre se rapportent à la vie militaire:


guerre, trêve, butin; blesser, fourbir, épier;
haubert, heaume, baudrier, botte, bride, étrier, éperon;
dard, épieu, llamberge, bannière, gonfanon.

Enfin, on remarquera que le nom même du « français », c’est-à-dire, au sens


propre, du dialecte du pays occupé par les Francs, est d’origine germanique.

II. - LES MOTS D’EMPRUNT

35. Généralités. — Les mots d’emprunt forment, par rapport au fonds


primitif (§ 31), une masse considérable. Ils sont entrés dans notre langue à des
dates très diverses et le développement des relations internationales en a pro¬
gressivement augmenté le nombre jusqu’à nos jours. Ils proviennent de trois
sources ; 1° les langues mortes; — 2° les langues vivantes; — 3°les dialectes.

A. - LES MOTS EMPRUNTÉS AUX LANGUES MORTES


36. Les mots empruntés au latin (latin littéraire). — Les mots
empruntés aux langues mortes sont de beaucoup les plus nombreux, mais le
latin, le latin littéraire cette fois (§ 33), en a fourni infiniment plus que le grec.
Dès le moyen âge, les clercs, ecclésiastiques ou laïcs lettrés, ont puisé dans le
latin des grands écrivains de Rome des mots de toutes sortes, notamment
beaucoup de mots abstraits, dont ils avaient besoin dans leurs études.
Au xvi6 siècle, traducteurs et écrivains, nourris de latin, n’ont cessé de
« latiniser », c’est-à-dire de faire des emprunts à une langue qu’ils étaient
capables non seulement de lire, mais d’écrire et même de parler.
Noms, adject ifs, verbes exprimant les idées les plus diverses sont ainsi passés
du vocabulaire latin dans le vocabulaire français ;
religion, philosophie, doctrine, opinion, argument, disciple, créature;
mérité, justice, patience, admiration, perfection, faveur, grâce, certitude;
animal, domicile, cirque, théâtre, édifice, instrument;
civil, absurde, fécond, tardif, fatal, prudent, facile, exact;
célébrer, condamner, habiter, administrer, exercer, agiter, tempérer.

Ces mots sont souvent appelés mots savants par opposition aux mots de
formation populaire (§ 33).
l’origtnf. df.s mots 19

ôl. Mots populaires et mots savants. — Un même mot latm peut avoir
fourni au français deux mots : l’un, de formation populaire; l’autre, de for¬
mation savante.
Ainsi, d’une forme latine fragilem, déformée plus ou moins par le langage
parlé, est né l’adjectif frêle (forme populaire).
De la même forme latine fragilem, par une sorte de décalque, sans autre chan¬
gement que celui de la terminaison, est issu l’adjectif fragile (forme savante).
La forme savante est, comme on le voit, plus longue que la forme populaire
correspondante.

38. Les doublets. —Une forme populaire et une forme savante issues d’une
même forme latine s’appellent des doublets.
Chacun de ces doublets, une fois entré dans la langue, vit de sa vie propre;
différents l’un de l'autre pour la forme, les deux mots s’éloignent assez souvent
l’un de l’autre pour le sens :
Ainsi, de la forme latine hospitalem sont nés hôtel (mot populaire) et hôpital
(mot savant).
De même, de la forme latine liherare sont nés livrer (mot populaire) et libérer
(mot savant).
Les doublets, au nombre de 800 environ, comprennent des noms, des adjec¬
tifs et des verbes. Les plus nombreux sont les doublets de noms et de verbes.

Mots Mots Mots


Mots latins
populaires savants SAVANTS

legalem loyal légal


A. Noms mobilem meuble mobile
nalivum naïf natif
aduocalum avoué avocat
nalalem noël natal
caplivum chétif captif
rigidum raide rigide
decimam dîme décime
striclum étroit strict
examen essaim examen
faclionem façon faction C. Verbes
fabricam forge fabrique
auscultare écouter ausculter
polionem poison potion
cumulare combler cumuler
ralionem raison ration
designare dessiner désigner
redemplionem rançon rédemption
dotare douer doter
securilalem sûreté sécurité
maslicare mâcher mastiquer
nauigare nager naviguer
B. Adjectifs
pensare peser penser
acrem aigre âcre recuperare recouvrer récupérer
delicalum délié délicat replicare replier répliquer
direclum droit direct separare sevrer séparer
inlegrum entier intègre lemperare tremper tempérer
20 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

39. Les mots empruntés au grec. — Le français a fait également beau¬


coup d’emprunts à la langue grecque, moins cependant qu’à la langue latine.
Ces emprunts se sont effectués de deux façons :
1° Du moyen âge au xvie siècle les mots grecs sont en général entrés dans
notre langue par l’intermédiaire du latin, où ils s’étaient infiltrés. Ces mots
concernent principalement la religion et les diverses branches du savoir, en
particulier la médecine:
église, baptême, ange, diable, prophète, apôtre, évêque, moine, paradis;
bibliothèque, grammaire, dialecte, synonyme, épithète, dialogue, épigramme, panégyrique;
arithmétique, géométrie, géographie, météorologie;
symptôme, migraine, phtisie, pancréas, aphonie, sciatique, apoplexie.

Mais certains appartiennent au vocabulaire général :


amande, cerise, beurre, chère, trésor, encre; jaloux; blâmer.

2° Du xvie siècle à nos jours les mots grecs sont en général entrés dans notre
langue directement, sans passer par l’intermédiaire du latin.
Certains de ces mots appartiennent au vocabulaire général :
hygiène, épisode, panoplie, paradoxe, éphémère, enthousiasme.

Mais le plus grand nombre appartiennent au vocabulaire des sciences, de la


chimie notamment et de la médecine :
archéologie, botanique; chlore, phosphore, iode;
amnésie, entérite, anesthésie, ankylosé.

B. - LES MOTS EMPRUNTÉS AUX LANGUES VIVANTES


40. Généralités. — Les mots empruntés aux langues vivantes forment une
masse beaucoup moins considérable que celle des mots empruntés aux langues
mortes. Ces emprunts cependant ont commencé de bonne heure et ont continué
sans interruption jusqu’à nos jours.
Ces mots, en passant en français, ont parfois gardé intacte leur forme étran¬
gère, mais la plupart se sont francisés, c’est-à-dire ont pris une forme plus ou
moins française.

41. Les mots empruntés aux langues européennes. — Le français a


puisé, en premier lieu, aux langues des divers peuples européens avec lesquels
notre pays s’est trouvé en rapport au cours de l’histoire.
A. — D’abord aux langues romanes (§ 27), à l'italien surtout et à
Y espagnol.
1° A l’italien notre vocabulaire doit environ un millier de mots, qu’il lui
a empruntés du xive siècle à nos jours, surtout au xvi0 siècle (époque de la
Renaissance italienne, des guerres d’Italie, etc.), ainsi qu’au xvn° et au
xvin* siècle (vogue des modes, de la littérature et de la musique italiennes, etc.).
i.'origine des mots 21

Ces mots concernent principalement :

a. La vie militaire et la vie maritime!


soldat, caporal, colonel; bataillon, escadron; camp, citadelle, bastion;
frégate, gondole, galère; pilote, boussole, escale;
arborer, accoster, remorquer.

b. La vie artistique (architecture, peinture, musique, littérature, etc.) :


balcon, coupole, arcade; fresque, aquarelle, gouache;
solfège, opéra, sonate, ariette; piano, alto, violoncelle, mandoline;
sonnet, madrigal, cantilène.

c. La vie commerciale :
trafic, crédit, banque, bilan, escompte, faillite.

d. La vie courante (vêtements, distractions, qualités et défauts, etc.) :


capuchon, pantalon, caleçon, soutane; ballet, mascarade, carnaval, travestir;
jovial, boufion, brusque, mesquin, brave, poltron.

2° A F espagnol notre vocabulaire doit environ 300 mots, qu il lui a emprun¬


tés du xve siècle à nos jours, surtout au xvie siècle (époque des guerres de
religion, qui amènent les armées espagnoles en France; de l’expansion colo¬
niale de l’Espagne, qui fait connaître beaucoup de réalités exotiques, etc.) et
dans la première moitié du xvne siècle (force des influences espagnoles à la
cour de Louis XIII, vogue de la littérature espagnole à cette date, etc.). Ces
mots concernent principalement :

a. La vie militaire et la vie maritime:


adjudant, camarade (compagnon de chambrée), caparaçon, casque;
canot, chaloupe, aviso, hamac, embarcadère.

b. La vie littéraire:
romance, saynète, fabuliste, matamore, cédille.

c. La vie courante (mots très divers) :


algarade, alcôve, espadrille, moustique, épinard, brasero;
bizarre, fanfaron, hâbleur, alezan.

d. Les choses d'Espagne :


infant, duègne, alcade, toréador, mantille, guitare.

e. Les choses exotiques:


maïs, tomate, vanille; tabac, cigare; alpaga, caïman.

M. b. — Le français doit également au portugais un certain nombre de mots dési¬


gnant surtout des choses exotiques :
abricot, banane, acajou, pintade, pagode.

Ces mots sont entrés dans notre langue au xvi° et au xvn® siècle, époque où le Por¬
tugal avait un commerce maritime florissant.
22 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

B. — Puis aux langues non romanes, à Y anglais surtout et à Y allemand.


1° A l’anglais notre vocabulaire doit un grand nombre de mots, qu’il lui a
empruntés du xvne siècle à nos jours, surtout au xviii0 siècle (développement
de lu marine et du commerce britanniques; prestige des institutions politiques
et des modes anglaises, etc.), et au xixe siècle (vogue des sports anglais). Ces
mots concernent principalement :
a. La vie maritime et la vie commerciale (marchandises, banque, transports,
etc>) • paquebot, brick, steamer; cabine, tonnage, drague;
stock, dock, importer; banknote, chèque;
rail, wagon, tramway, express, ballast, tunnel.

b. La vie politique:
congrès, session, comité, club, meeting, budget, vote, jury, verdict.

c. La vie sportive:
sport, match, record; boxe, croquet, golf, tennis, football, yacht;
turf, jockey; boy-scout; touriste.

d. La vie courante (habitation, costume, cuisine, etc.) :


home, cottage; redingote, châle, pull-over, jersey, flanelle, moire;
bifteck, rosbif, pudding, rhum, punch, grog;
bébé, croup, humour, spleen, snob, bluff, week-end.

N. B. — 1 0 Les mots indiquant les quatre points cardinaux :


nord, sud, est, ouest,

ont été empruntés à l’anglais à une époque beaucoup plus ancienne : ils remontent au
xie siècle.
2° Certains mots français empruntés par l’anglais au moyen âge ont été repris par le
français au xix° siècle, mais en changeant de forme et de sens :
tonnelle est revenue sous la forme tunnel,
mets sous la forme mess, étiquette sous la forme ticket.

2° A l’allemand notre vocabulaire doit environ 150 mots, qu’il lui a


empruntés du xive siècle à nos jours, surtout au xvi® siècle (époque de la
Réforme et des guerres de Religion) et au xvne siècle (époque de la guerre
de Trente Ans). Ces mots concernent principalement :
a. La vie militaire:
blocus, sabre, arquebuse, képi, dolman, havresac, bivouac, halte.

b. La vie courante (cuisine, etc.) :


choucroute, nouille, vermout, bière, bock, chope, trinquer;
vasistas, chenapan, loustic, espiègle, vampire, potasse, zinc, valse.

N. B. — Le français doit également :


1° A la langue néerlandaise une centaine de mots concernant soit la vie maritime,
soit la vie courante :
digue, dune, bac, quille, tribord, bâbord, fret, matelot, amarrer;
colza, houblon, plaque, bouquin, brodequin.
l’origine des mots 23
2° Aux langues Scandinaves des mots concernant principalement la vie maritime:
crique, hune, tillac, étrave, cingler, marsouin.

3° Aux langues slaves des mots concernant les choses de Russie :


boyard, steppe, tsar, moujik, knout, vodka, bolchevisme.

Ces mots sont entrés dans notre langue, les premiers (néerlandais), du xui" au xvne
les seconds (Scandinaves), du xne au xive siècle; les derniers (slaves), du xvneau
siècle;
xxe siècle.

42. Les mots empruntés aux langues extra-européennes. — Le


français a puisé, en second lieu, aux langues de divers peuples extra-européens,
langues orientales ou langues exotiques.
A. —- Les emprunts aux langues orientales sont surtout fréquents depuis
le xin6 siècle, c’est-à-dire depuis l’époque des Croisades :
a. L’hébreu a fourni dès l’origine, par l’intermédiaire des livres saints, des
termes de religion. :
chérubin, séraphin; rabbin; sabbat, manne, cabale;
amen, alléluia

b. L’arabe a fourni, à partir du xme siècle, des termes de sciences (de mathé¬
matiques surtout et d’astronomie, de médecine et de pharmacie, etc.) :
chiffre, zéro, algèbre; zénith, nadir;
alcool, élixir, julep, sirop; alcali, alchimie;

des termes aussi désignant des choses d'Arabie (animaux, denrées, produits,
fonctions, etc.) :
gazelle, girafe; coton, café, couscous; ambre, camphre, goudron;
sultan, calife, émir; mosquée, muezzin, aman;
matelas, jupe, babouche.

Au xixG siècle, depuis la conquête de l’Algérie, et au xxe siècle, les emprunts


se multiplient en Afrique du Nord :
cheik, smala, gourbi, razzia, goum, nouba, zouave.

c. Le turc a fourni, à partir du xvie siècle, des termes désignant des choses
de Turquie;
bey, dey, vizir, khédive; turban, divan, sorbet, tulipe.

d. Le persan a fourni, à partir du xvne siècle, des termes divers :


azur; chacal, safran, lilas; bazar, kiosque.

B. — Les emprunts aux langues exotiques sont surtout fréquents depuis le


xve siècle, c’est-à-dire depuis l’époque où ont commencé les découvertes des
urands voyageurs, les fondations de comptoirs et de colonies dans des pays
lointains ou des continents nouveaux ;
24 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

a. Les langues de l’Asie ont fourni des mots tels que :


thé, kaolin (Chine); bonze, kimono (Japon); pyjama, kaki (Inde);
horde (Tartarie); bambou, cachou, casoar (Malaisie); kangourou (Australie).

b. Les langues de l’Afrique ont fourni des mots tels que :


zèbre (Congo); baobab (Sénégal); kola (Soudan).

e. Les langues de l’Amérique ont fourni des mots tels que :


cacao, chocolat (Mexique); jaguar, tapioca (Brésil);
condor (Pérou); caoutchouc (Équateur); ouragan (Antilles).

C. — LES MOTS EMPRUNTÉS AUX DIALECTES

43. Généralités. — Les mots empruntés aux dialectes parlés dans les
diverses régions de la France sont assez nombreux. Le français a puisé aussi
bien aux dialectes du Midi, dits de langue d'oc, qu’aux dialectes du Nord, dits
de langue doïl.

44. Les mots empruntés aux dialectes du Midi. — En premier


lieu, il a puisé aux dialectes du Midi, surtout au provençal et au gascon.
1° Au provençal notre vocabulaire doit environ 400 mots, qu’il lui a
empruntés surtout au xii® et au xme siècle (vogue de la littérature provençale,
à cette date, dans les cours du Nord de la France). Ces mots concernent princi¬
palement :
a. Les choses du Midi:

mistral, cigale, cocon; aubergine, ciboule, muscade, luzerne; nougat, ailloli, panade;
troubadour, ballade; aubade, farandole, galoubet; estagnon, cabas.

b. La vie courante!

cap, bastide, caserne, auberge, cadeau, velours, cadenas, tat.

2° Au gascon notre vocabulaire doit bon nombre de mots, qu’il lui a


empruntés au xvie siècle (époque de Montaigne, Montluc, du Bartas, écrivains
gascons) et au début du xvii® siècle (règne de Henri IV, roi gascon). Ces mots
désignent les choses les plus diverses :
barrique, cèpe, mascaret; cadet, goujat, drôle.

N. B. — Le français doit en outre à certains parlers alpins (Savoie et Suisse


romande) des termes concernant la haute montagne :
glacier, névé, avalanche, chalet, chamois, mélèze, piolet, luge.

45. Les mots empruntés aux dialectes du Nord. — En second lieu,


il a puisé aux dialectes du Nord, notamment au picard, au normand, au
wallon et au breton. Notre vocabulaire a emprunté :
l’origine des mots 25

1° Au picard des mots désignant les choses les plus diverses :


vergue, es9ieu, caillou, fabliau.

2° Au normand des mots concernant surtout les choses de la mer f


crevette, pieuvre, écaille, varech; bocage.

3° Au wallon des mots concernant surtout les choses de l industriel


houille, grisou, faille; tôle, usine, estaminet.

4° Au breton des mots concernant surtout les choses de Bretagne t


dolmen, menhir, cromlech; biniou; raz, goéland, goémon.

N. B. — Il y a lieu de signaler seulement pour mémoire que le français emprunte


constamment des mots à l’argot;
mioche, larbin, cabot, flemme; chic, roublard; trimer, esquinter;

et parfois à la langue enfantine, dont les mots sont formés d’une syllabe redoublée;
papa, maman, fifl, mimi, bobo, dodo, bonbon, toutou.

III. — LES MOTS DE CRÉATION FRANÇAISE

46. Généralités. — Le français ne s’enrichit pas seulement en empruntant


des mots aux autres langues, mais aussi en créant des mots nouveaux avec des
éléments empruntés ou tirés de son propre fonds.

47. Les procédés de création. — Les créations du français sont de


trois sortes :
1° les créations par adjonction de particules (suffixes ou préfixes);
2° les créations par groupement de mots ;
3° les créations par changement de catégorie grammaticale.

A. — LES CRÉATIONS
PAR ADJONCTION DE PARTICULES

48. Généralités. — Les créations par adjonction de particules se font de


deux manières : on distingue la dérivation par suffixes et la composition par

préfixés. ^ LA DÉRIVATION PAR SUFFIXES

49. Les suffixes. — Le suffixe est une particule spéciale qui se place
après un mot appelé radical en se soudant à lui. Le mot nouveau ainsi formé
par adjonction d’un suffixe s’appelle un mot dérivé.
Si après le mot ours je place le suffixe -on, j’obtiens le nom dérivé ours-on.
Si après le mot azur je place le suffixe -é, j’obtiens 1 adjectif dérivé azur-è.
26 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

Si après le mot fleur je place le suffixe -ir, j’obtiens le verbe dérivé fleur-ir.
Si après le mot simple je place le suffixe -ment, j’obtiens l’adverbe dérivé
simple-ment.

N. B. — 1° Le suffixe n’a pas d’existence indépendante; il ne vit qu’avec le mot auquel


il est soudé.
Mais il a un sens particulier qui s’ajoute au sens du radical :
ân-on, colonn-ade, bou-eux,
c.-à-d. petit âne; c.-à-d. ensemble de colonnes; c.-à-d. plein de boue.

Un même suffixe peut d’ailleurs avoir plusieurs sens :


arros-oir, fum-oir,
c.-à-d. instrument pour arroser; c.-à-d. local pour fumer.

2° Le radical auquel se soude le suffixe se présente souvent sous une forme altérée
dans le mot dérivé :
chêne, clién-aie savon, savonn-age
(chute de la voyelle finale); (redoublement de la consonne finale);
main, man-ette, men-otte
(modification de la voyelle du radical).

3° Le suffixe qui se soude au radical se présente parfois sous une forme altérée dans
le mot dérivé :
bijou, bijou-t-ier; faisan, faisan-d-eau
(addition d’une consonne).

50. Classification des suffixes. —- Les suffixes sont différents, d’une


manière générale, selon qu’ils servent à former des noms, des adjectifs, des
verbes ou des adverbes.
Certains, cependant, servent à former à la fois des noms et des adjectifs,
N- B. —- Au point de vue de leur origine, les suffixes viennent polir la plupart du latin;
quelques-uns viennent du grec par l’intermédiaire du latin.
Les suffixes d’origine latine sont de formation populaire ou de formation savante
(§ 37); les suffixes d’origine grecque sont tous de formation savante:
-aîn, du latin -anum (formation populaire), -in, du latin -inum (formation savante),
haut-ain; enfant-in;
-iq lie, du grec -ikos, latin -icum (formation savante),
volcan-ique.

Il existe, d’ailleurs, des doublets de suffixes comme des doublets de noms d’adiec-
tifs ou de verbes (§ 38) ;
-eur, du latin -atorem (formation populaire), -ateur, du latin -atorem (formation savante),
radot-eur ; fond-ateur.

51. Les suffixes de noms. — Les principaux suffixes de noms sont1 :

i. Ce tableau et les suivants, où les suffixes sont classés d’après leur sens, présentent indistinctement
suffixes de formation populaire et suffixes de formation savante. La plupart sont des suffixes vivants et
servent encore à former des mots français; mais nous avons compris dans notre tableau certains suffixes
morts qui jadis ont servi à former beaucoup de mots et dont l’élève doit connaître l’existence et le sens
Les dérives donnés comme exemples sont, en principe, des mots de création française; mais nous n’avons
pas systématiquement exclu, quand ils étaient plus simples et plus clairs, les mots formés avec le même
suffixe que le français a empruntés directement au latin ou au grec : « réparation » nous a paru pédagogiquement
préférable à « carburation ». « svmpathie » à « homéopathie », etc. soi
Suffixes de noms Sens Noms dérivés

-euse; dans-eur, dans-euse;


-eur,
-[t]eur, -[t]rice; i agent
) lect-eur, lect-rice;
-ateur, -atrice.
-aille,
$
!
f organis-ateur, organis-atrioe.
/ gliss-ade, bavard-age, ûang-ailles,

f(1
-ade, -âge,
-ation, -ance, [ pend-aison, aér-ation, naiss-ance,
-aison,
-ement, -ence, action * pouss-èe, frott-ement, présid-ence,
-ée,
-ion, -ison, -itîon, j évas-ion, guér-ison, abol-ition,

{)
-ure. [ coup-ure.

-et, -ette, instrument / évent-ail, siffl-et, lorgn-ette,


-ail,
-ateur, ( S tract-eur, batt-euse, vaporis-ateur,
\
-eur, -euse, de
-on. l’action / gratt-oir, pass-oire, bouch-on.
-oir, -oire,
-ement, -is, > résultat J moul-age, group-ement, haehi-s,
-âge,
-ature, -iture s de l’action I balay-ure, sign-ature, fourn-iture.
-ure,
-oir,
-âge,
-oire,
-at,
-erie lieu de l’action

Ï
J dort-oir, réfect-oiro, rôtiss-erie.

esclav-age, intern-at,
-ement, -itude
-ance,
S 1
état
isol-ement, lass-itude.
ais-ance,
-esse, prud-ence, drôl-erie, fin-essa,
-ence, -erie,
-té, -été, -ité, 1 beau-tè, fauss-eté, human-itè,
qualité lent-eur, just-ice,
-eur,
-ie,
-ice,
-ise,
-ure.
-isme, i fol-ie, sott-ise, liéro-ïsme,
exact-itude, droit-ure.
-itude,
-eur, -euse; i i lapid-aire; coifï-eur, brod-euse;
-aire;
-atrice; l avi-ateur, dessin-atrice ;
-ateur,
-ienne ; profession ; pharmac-ien, music-ienne;
-ien,
j bouch-er, ling-ère; pot-ier, lait-ière;
-er,
-iste,
-ère;
-eron
-ier, -ière;(
f fleur-iste, forg-eron.

-ite, ] peumon-ie, arthrit-isme, méning-ite,


-ie, -isme,

I
maladie j rouge-ole, luroncul-ose.
-oie, -ose.
-an, Rom-ain, Pers-an,
-ain, origine
Franç-ais, Lill-ois,
-ais, -ois. ■ (ville ou pays)
-on. Paris-ien, Angev-in, Sax-on.
-ien, -in,
! moustiqu-aire, brass-ard,
-aire, -ard,
-ier, objet ) chap-eau, roch-er, pili-er.
-eau, -er,
i rond-in, bout-on.
-in, -on.
arbres fruitiers | orang-er, prun-ier.
-er, -ier.
pomm-ade, cir-age, café-ine, chlor-lte,
-ade, -âge, -ine, -ite, [ produits
cellul-ose.
-ose.
\ dispens-aire, ling-erie, mair-ie,
-aire, -erie. -ie,
O
O

f pigeonn-ier, bûch-er, chen-il.


-ier, -er -i!
contenant reliqu-aire, cendr-ier, sal-ière.
-aire, -ier, -ière.
contenu boucb-èe, pell-etée.
-ée, -etèe.
doctrine bouddh-isme.
-isme.
affiliation mahomét-an, stoïc-ien, royal»lste,
-an, -ien, iste, -ite.
jésu-ite.
Suffixes de noms
(suite)
Sens Noms dérivés j
-ade, -âge, j colonn-ade, plum-age,
-aie, •aille, hêtr-aie, vol-aille,
-ain, -aine, -asse,
-é,
-ie,
-ée,
-ille, -,
-erie,
18 1
collectifs
iquatr-aln, douz-aine, paill-asse,
parent-é, feuill-ée, argent-erie,
bourgeois-ie, charm-ille, éboul-is,
-ière. -ure. sapin-ière, arm-une.

-aille, -ard, -ace, péjoratifs ferr-aille, pill-ard, popul-ace,


-as, -asse, -âtre. plâtr-as, paper-asse, mar-âtre.
-eau, -elle, jambonn-eau, rond-elle,
-ceau, -celle, mon-ceau, par-celle,
-ereau, -erelle, lap-ereau, pass-erelle,
-et, -ette, cofïr-et, cuv-ette,
-elet, -elette, diminutifs pore-elet, côt-elette,
-ille, -il Ion, vflott—ille, port-lllon,
-in. -isseau fort-in, arbr-isaeau,
-on, -eron, -eton, aigl-on, mouch-eron, can-eton,
-oie, -ule, -cule, -icule, besti-ole, vein-ule, opus-cule, parli-cule.
-otte, -otin.
O

ball-ot, men-otte, diabl-otin.


1

52. Les suffixes d’adjectifs. — Les principaux suflixes d’adjectifs sont :

Suffixes d’adjectifs Sens Adjectifs dérivés

capable de (faire solv-able, nuis-ible;


-able, -ible, -uble.
ou subir l’action) louable, lis-ible; sol-uble.
-aire, -ier, -ique. relatif à légend-aire, coutum-ier, volcan-ique.
-al, -el, -ier, -in particulier à roy-al, individu-el, princ-ier, enfant-in.
-âge, vol-age,
-eur, -esque -eux, porté à ment-eur, roman-esque, peur-eux,
-if, -iste, -on. craint-if, fantais-iste, brouill-on.

-el, -if. sujet à inort-el, malad-if.


ain, -eux, haut-ain, courag-eux,
-ique, -u. plein de
-if, pens-if, énerg-ique, charn-u.

-é, -acé. pourvu de; i


ail-ô; opi-acé.
mêlé de
-ain, -aie, -ois, ... lorr-ain, tarn-ais, niç-ois,
-Ien, -in, -on. originaire de
vosg-ien, alp-in, bret-on.
-ard, -âtre, -asse, vant-ard, douç-âtre, fad-asse,
péjoratifs
-aud, -esque Iourd-aud, livr-esque.
-et, -elet, -!n, propr-et, aigr-elet, blond-in,
diminutifs
-ot, -âtre. pâl-ot, verd-âtre.
1
l’origine des mots 29

53. Les suffixes de verbes. — Les principaux suffixes de verbes sont ;

Suffixes de verbes Sens Verbes dérivés

-er, -ier (soudés à un nom). faire une action box-er, bénéfic-ier.

-er, -ifler, mettre courb-er, clar-ifler.


-ir, -cir, -iser, dans un état; ^blanch-ir, noir-cir, tranquill-lser,
rendre nett-oyer.
-oyer (soudés à un adjectif).

-oyer (soudé à un nom). fréquentatif guerr-oyer.

-ailler, -asser. péjoratifs cri-ailler, traîn-asser.

-eler, -eter, ' craqu-eler, vol-eter,


-il 1er, -iner, [à un verbe). diminutifs <mord-iller, trott-iner,
-ocher, -onner, -oter (soudés ’flân-ocher, chant-onner, siffl-oter.
i 1

g — jo Les verbes dérivés d’adjectifs sont formés généralement avec le suf¬


fixe • er, beaucoup plus rarement avec le suffixe -ir (§ 245, N. B.).
2° Les verbes dérivés d’adjectifs qui sont formés avec le suffixe -ir peuvent avoir
le sens transitif ou le sens intransitif (g 230) :
blanch-ir, dérivé de blanc, peut signifier
soit: rendre blanc (sens transitif), soit: devenir blanc (sens intransitif),
L’aube blanchit le ciel; Ma barbe blanchit.

54. Les suffixes d’adverbes. — Il n’existe actuellement qu un suffixe


d’adverbe, le suffixe -ment, qui, soudé au féminin d’un adjectif, donne un
adverbe de manière (§ 283, 2°) :
adroit, fém. adroite : franc, fém. franche : net, fém. nette :
adroite-ment; franche-ment; nette-ment.

B. _ Il existait dans l’ancienne langue un autre suffixe d’adverbe, le suffixe


-ons (parfois -on), qui n’a survécu que dans certaines locutions adverbiales :
à recul-ons, àtât-ons; à califourch-on.

Mais on a dit longtemps :


à chevauch-ons à croupet-ons à genouill-ons
(c.-à-d. à cheval), (c.-à-d. dans une position accroupie), (c.-à-d. a genoux).

55. Les mots latins ou grecs employés comme suffixes. — Le


suffixe peut être non pas une particule spéciale (§ 49), mais un mot dont le
français se sert comme d’une véritable particule :
viti-cole, vermi-fuge, carni-voro;
therrno-mètre, télé-graphe, biblio-thèque.

Les principaux mots latins ou grecs employés comme suffixes sont :


Suffixes Sens Mots dérivés

I. Suffixes latins.

-eide \ qui tue; y insecti-cide;


( action de tuer ) sui-cide.
-cole ^ relatif à la culture de; 1 agri-cole ;
t relatif à l’élevage de i api-cole.
-culteur i qui cultive; viti-culteur ;
( qui élève j pisci-culteur.
-culture ) art de cultiver; 1 horti-culture ;
( art d’élever \ sérici-cuiture.
-fère qui porte calori-fère.
-fique qui produit frigori-fique
-forme qui a la forme de fili-forme.
-fuge j fuh; ) centri-fuge ;
qui fait fuir, qui chasse ) fébri-fuge.
-pare qui enfante vivi-pare.
-pède qui a (deux, etc.) pieds quadru-pède.
-vore qui se nourrit de herbi-vore.

11. Suffixes grecs.


-algie douleur uévr-algia.
-arque qui commande mon-arque.
-archie commandement mon-archie.
-bole qui lance disco-boie.
-céphale qui a une (longue, etc.) tête ! brachy-céphale.
-crate qui domine ; j auto-crate;
partisan de la domination de démo-crate.
-cratie domination plouto-cratie.
qui engendre; j gazo-gène;
-gène
qui est ... par nature \ hétéro-gène,
-gramme écrit (un) câblo-gramme.
-graphe (nom)
qui écrit sur; j musico-graphe ;
qui enregistre S phono-graphe,
-graphe (adj.) qui est écrit lolo-graphe.
-graphie art d’écrire; ) dactylo-graphie ;
étude descriptive t géo-graphie.
-ide qui a la forme de ovo-ïde.
-logue qui étudie neuro-logue.
-logie étude, science bio-logie.
-mancie divination carto-mancle.
-mane qui est fou de bibli-omane.
-manie passion folle clepto-manl*.
-mètre qui mesure chi’ono-mètre,
-métrie art de mesurer thermo-métrle.
-nome qui règle métro-nome,
•nomie art de régler gastro-nomie
Suffixes Sens Mots dérivés

-pathe malade de névro-pathe.


-pathie maladie hémo-pathle.
-phage qui mange anthropo-phage.
-phagie action de manger hippo-phagie.
-phile qui aime franco-phile.
-phobe qui a horreur de xéno-phobe.
-phobie horreur Ilydro-phobio.
-phone qui transmet les sons télé-phone.
-phonie transmission des sons radio-phonie.
-phore qui porte séma-phore.
-scope qui permet d’observer micro-80ope.
-scopie art d’observer radio-ecopie.
-technie science pyro-technie.
-technique relatif à la science de électro-technique.
-thèque dépôt disco-thèque.
-thérapie art de soigner par hydro-thérapie.
-tomie action de couper gastro-tomie.

N. B. — Dans ces mots dérivés, les suffixes latins sont généralement précédés de la
voyelle i, et les suffixes grecs de la voyelle o (§ 60).

2° LA COMPOSITION PAR PRÉFIXES

56. Les préfixes. — Le préfixe est une particule spéciale qui se place
devant le radical (§ 49) en se soudant à lui. Le mot nouveau ainsi formé par
adjonction d’un préfixe s’appelle un mot composé.
Si devant le mot nom je place le préfixe sur-, j’obtiens le nom composé
sur-nom.
Si devant le mot actif je place le préfixe in-, j’obtiens l’adjectif composé in-
actif.
Si devant le mot dire je place le préfixe re-, j’obtiens le verbe composé re-dire.
N. U._1» Le préfixe est soit séparable, s’il peut avoir une existence indépendante
comme préposition ou adverbe, soit inséparable, s’il n’existe qu’en composition :
entre-voir, bien-heureux in-succès, dis-paraîtro
(entre et bien sont des préfixes séparables); (in- et dis- sont des préfixes inséparables).
2° Le préfixe qui se soude au radical se présente souvent sous une forme altérée dans
le mot composé :
co-héritier at-tirer im-poli
(préf. con-: chute (préf. ad- : assimilation (préf. in- : accommodation
de la consonne finale); de la consonne finale); de la consonne finale).

3° Le français forme assez fréquemment des verbes nouveaux en ajoutant au radical


à la fois un préfixe et un suffixe :
dé-ball-er, em-barqu-er, at-terr-ir, en-laid-ir.
Les verbes ainsi formés peuvent donner naissance à de nouveaux dérivés :
dé-ball-age, em-barque-ment, at-terriss-age, en-laidi*s-ement. c
32 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

57. Classification des préfixes. — Les préfixes, au rebours des suffixes


(§50), servent indistinctement, pour la plupart, à former des noms, des adjec¬
tifs, des verbes ou des adverbes.
Ils se classent d’après leur origine, selon qu’ils viennent du latin ou du grec.
Les plus nombreux sont d'origine latine.
N. B. — Les préfixes d’origine latine sont de formation populaire ou de formation
savante (§37); les préfixes d’origine grecque sont tous de formation savante:
Sur-, du lat. super, au-dessu9 de vie©-, du lat. vice, à la place de péri-, du grec péri-, autour
(formation populaire), (formation savante), (formation savante),
sur-production; vice-consul; pèri-scope.
Il existe d’ailleurs des doublets de préfixes comme des doublets de noms, d’ad¬
jectifs ou de verbes (§ 38) :
entre-, du lat. inter (formation populaire), inter-, du lat. inter (formation savante),
entre-côte. inter-costal.

58. Les préfixes d’origine latine. — Les principaux préfixes d’origine


latine sont1 :

Forme
Préfixes Sens Mots composés
LATINE

I
de, loin de :
ab-, a-. abs- ab !
séparation, éloignement )
ad-joindre, ac-courir, af-fluer,
(^ ag-glomérer, al-lier, an-nexer,
vers :
ac-, af-, porter, ar-ranger, as-socier,
ad-, <
! rapprochement; /
V at-tirer, ab-order.
ag-, al-, an-, f
ad ad-apter, ac-corder, aî-foler,
ap-, ar-, as-, |
('ag-graver, al-léger, an-nihiler,
at-, a- tendance à <
)ap-pauvrir, ar-rondir, as-sagir,
^at-ténuer, ag-randir.
ante-, anti- avant anté-diluvien, anti-chambre,
ante
bene-, bien- bien béné-vole, bien-t'aisant.
bene
bis-. bi-, be- deux fois; double bis-cuit; bi-pède, be-sace.
bis
olrcum-, circon- autour circum-polaire, clrcon-voisin.
circum
ois- cis en deçà de cis-alpin.
avec : )com-battre,con-courir,col-laborer,
com-, con-, col-, ’ cor-respondre, coh-éritier;
cum < ensemble ;
cor-, 00-
)con-tourner.
complètement
ontra-dicteur, contre-poison;
contra-, contre- contra contre; à côté contre-maître.
de:
dé- de < détachement ; privation
(de haut en bas: *■ f°nd
dis-tribuer, di-fîusion.di-vagation;
( dispersion,
dis-, dit-, di-, ; dis- dis-joindre, di-gression, dé-penser ;
, éloignement;
dét>-, dé- 1 (inséparable) dis-crédit, dif-ficile, dès-ordre,
( privation dé-plaire.

I. Les tableaux des préfixes sont conçus selon les mêmes principes que les tableaux des suffixes (p. 26,
B. I), sauf que les préfixes y sont présentés dans l’ordre alphabétique.
Forme
Préfixes (suite) Sens Mots composés
latine

en-, em- Inde de U en-lever, em-mener.


ex-, es-, et-, hors de : ex-porter, es-soufiler, effeuiller,
ex
e- extraction é-cosser.
en dehors de ; extra-vaser, extra-ordinaire;
extra¬ extra à l’extrême degré extra-fort.
for-, four-, fau-. for-clos, four-voyer, fau-bourg,
foris dehors
hor- hor-mis.
in-, im-, il-, dans, sur in-clus, im-porter, il-luminé,
em- in
ir-, en-, ir-ruption, en-caisser, em-pocher.

in-, im-,
1 in- négation in-actif, im-prévu, il-limité,
H-,
! (inséparable) Ir-résolu.
ir-
inter-poser, entre-mêler;
au milieu; à demi;
entre- inter entre-voir ;
inter-, réciprocité
inter-vertir, entre-vue.
intra-, intro- intra à l’intérieur de intra-musculaire, intro-duire.
malé-diction, mal-faiteur,
malé-, mal-. mau- male
mal; mau-dire;
négation mal-honnête.
mé8- négation ; mé-content, més-intelligence;
mé-, minus
mal mè-dire, més-estimer.
mi- demi mi-nuit,
médius
non négation non-sens.
non
ob-, oc-, of-, ob-stacle, oc-casion, of-frir,
ob devant, contre
op- op-poser.
presque péné-plaine, péu-ombre.
péné-, pôn- paene
à travers; per-forer, par-courir;
per-, par- per jusqu'au bout per-manent, par-fait,
après post-scolaire.
post- post
à la tête de; à l’avance prè-poser; pré-disposé, pres-sentir.
pré-, près- prae
devant; avant; pro-poser, pour-lécher; pro-logue ;
en avant; à l’avance; pro-jeter; pro-phète, pour-voir;
pro-, pour- pro
en continuant; pro-longer, pour-chasser ;
pour, à la place de pro-nom.
re-venir, ré-gression, ra-patrier,
en arrière;
r-apporter;
re-. ré-, ra- re-
de nouveau; re-dire, ré-élire, r-écrire;
r- (inséparable)
complètement r-emplir.
relro en arrière rétro-grader.
rétro-
semi- à demi semi-direct.
8emi- (inséparable )
sub-ordonner, suc-comber,
sub-, 8UC-, sug-, sug-gérer,
sup-, 8U8-, ( sub sup-porter, sus-pendre;
sous-, 80U- sous-estimer, sou-mettre;
près de sub-urbain.
au-dessus ; super-poser, sour-cil, sur-voler;

super-, aour-, sur- J super par-dessus, en plus;


au suprême degré;
sur-nom;
aupsr-fln, sur-fin;
à l’excès super-flu, sur-chargé.
I
Cayrou. — Grammaire française. 2
Forme Mots composés
Préfixes (suite) Sens
latine

}upra~ supra au-dessus de 3upra-terrestre.


sus- sursum plus haut, ci-dessus 9 us-nommé.

trans-alpin, tra-montane,
trans-_ tra-, très-, j 1 au delà de; tres-saillir,
trans tré-passer;
tré-
déplacement trans-planter, tra-duire.
iri-
tri-, tris-, tré- trois tri-porteur, tris-aïeul, tré-pied.
(inséparable)

au delà de; ultra-montain, outre-mer;


ultra-, outre- ultra i ultra-royaliste, outre-cuidant.
> à l’excès
vice-, vi- vice à la place de vice-amiral, vi-comte.

59. Les préfixes d’origine grecque. — Les principaux préfixes d’ori¬


gine grecque sont :

Forme
Préfixes Sens Mots composés
GRECOUE

a-
a-, an- sans : négation a-thée; an-émie.
(inséparable)
amphi- amphi des deux côtés: en cercle; en double amphî-théâtre; amphi-bie.
ana- ana en remontant : renversement ana-chronisme.
c*nti-, ante- anli contre : opposition anti-alcoolique, anté-christ.
apo- apo à partir de : éloignement apo-stat.

arkhi ( prééminence; ( archi-prêtre, arch-evêque;


archi-, arch- (inséparable) au suprême degré j archi-fou.

en descendant : en bas; i cata-strophe;


cata- cala
de haut en bas; complètement j cata-logue.

dia- dia à travers dia-phane.


di- en deux : double
di- dl-ptyque.
(inséparable)
dns- 1 avec difficulté;
dys-pepsie; dys-enterie.
dys-*
(inséparable) en mauvais état
épi- epi sur; par-dessus, en plus épi-taphe; épi-logue.
eu- eu bien eu-rythmie.
hêmi
hémï- demi hémi-sphère.
(inséparable)
hyper- huper au dessus de : à l’excès hyper-trophie.
hypo- hupo sous hypo-dermique.
méta- mêla après : au delà de; changement méta-physique ; méta-morphose.
para- para à côté de; contre para-site; para-tonnerre.
péri- péri autour de pêrl-scope.
syn-, sym- sun avec syn-thèse; sym-pathie.
l’origine des mots 35

60. Les mots latins ou grecs employés comme préfixes. — Le pré¬


fixe peut être, non pas une particule spéciale (§ 56), mais un mot dont le
français se sert comme d’une véritable particule :
centi-mètre, multi-colore, uni-latéral;
poly-glotte, hecto-gramme, télé-scope.

N. B. — Dans les composés, les préfixes latins sont généralement terminés par la
voyelle i, et les préfixes grecs par la voyelle o (tombant devant une autre voyelle).

Les principaux mots latins ou grecs employés comme préfixes sont ;

Mots Mots
Préfixes Sens Préfixes Sens
composés composés

I. Préfix es latins.
centi- centième centi-mètre milli- millième milii-gramme
curvi- courbe curvi-ligne multi- nombreux multi-colore
déci- dixième déci-litre omnî- tout omni-potent
équi- égal équi-libre uni- unité uni-forme

aéro- air aéro-plane micro- petit micro-phone


anthropo- homme anthropo-logie miso- haine mis-anthrope
auto- soi-même auto-mobile mono- seul mono-logue
baro- pesanteur baro-mètre myria- dix mille myria-mètre
biblio- livre biblio-phile nécro- mort nécro-pole
bio- vie bio-graphie néo- nouveau néo-logisme
oaco- mauvais caco-phonie oligo- peu nombreux olig-archie
chrono- temps chrono-mètre ortho- droit, correct ortho-graphe
cosmo- monde cosmo-polite pan- tout pan-orama
déca- dix déca-logue patho- souffrance patho-Iogie
démo- peuple dèmo-cratie philo- ami philo-sophe
gastro- estomac gastr-algie photo- lumière photo-graphie
géo- terre géo-logie poly- nombreux poly-gone
hecto- cent hecto-litre proto- premier proto-type
hélio- soleil hélio-thérapie pseudo- faux pseudonyme
hémo- _ hémo-ptysie psycho- âme psychologie
hémato- hémato-logie pyro- feu pyro-gravure
hippo- cheval hlppo-drome télé- au loin télé-graphe
hydro- eau hydro-phile tétra- quatre tètra-syllabe
i 80- égal fso-chrone théo* dieu théo-logie
kilo- mille kiio-gramme thermo- chaleur thermo-mètre
litho- pierre litho-graphie topo- lieu topo-graphie
mégalo- grand mègalo-mane zoo- animal zoo-logio
36 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

B. — LES CRÉATIONS PAR GROUPEMENT DE MOTS

61. Généralités.— A côté des créations de mots nouveaux par adjonction


de particules (suffixes ou préfixes) se placent les créations par groupement
de mots existants.
Dans ces créations le sens de chaque élément disparaît, et l’ensemble du
groupe prend un sens nouveau.
Si je dis : une pomme de terre, je ne pense ni à une pomme ni à la terre, mais
au tubercule, tout comme poire ou abricot évoquent à mes yeux un fruit bien
caractérisé. Le mot nouveau ainsi formé par groupement de mots s’appelle un
mot composé.
Le français forme ainsi, en grand nombre, des noms, des adjectifs, des
pronoms, des verbes, des mots invariables.
N. B. — Les éléments du mot composé peuvent être réunis par des traits d’union
(§25) ou même soudés les uns aux autres.

62. Les noms composés. — Les noms composés peuvent être formés de :
a. Deux noms, dont l’un est soit apposition, soit complément (avec ou
sans préposition) de l’autre :
, ( chou-fleur, oiseau-mouche, betterave (le 2' nom est apposition du 1");
APPOSITlOi j chef-lieu, reine-marguerite (le 1" nom est apposition du 2').
r f pied-é-terre, eau-de-vie, ver à soie, rat d’hôtel, gendarme:
UOMPLEMEi ) fête-Dieu (c.-à-d. de Dieu, § 379, a), timbre-poste (c.-à-d. de la poste).

b. Un nom et un adjectif (placé tantôt avant, tantôt après le nom) :


basse-cour, chauve-souris, rond-point, grosse caisse, gentilhomme;
amour-propre, sang-froid, état-civil, place-forte, vinaigre.

c. Un verbe et un nom (ou un pronon) :

Nom ( abat-jour, cache-nez, Nom \ boute-en-train,


C. d’objet ( trompe-l'œil, portefaix. c> DE circonstance ( réveille-matin.

Pronom ( on-dit, qui-vive ;


SUJET OU OBJET ( rendez-vous, lâchez-tout.

d. Deux verbes (à divers modes) :


va-et-vient, laissez-passer, savoir-vivre, ouï-dire.

e. Une préposition et un nom (un pronom ou un verbe) ;


après-midi, sans-façon, parterre, contrevent; chez-eoi; pourboire.

/. Un adverbe et un nom :
avant-poste, arrière-saison, non-combattant, moins-value.
l’origine des mots 37

g. Un groupe de mots divers (formant parfois une phrase entière) :


, Plus-que-parfait, à peu près (un), rien du tout (un), pardessus;
qu en dira t-on (le), sauve-qui-peut (un), m’as-tu vu (un), je ne sais quoi (un).

63. Les adjectifs composes. — Les adjectifs composés peuvent être formés
de :
a. Deux adjectifs :
sourd-muet, ivre-mort, aigre-doux,.

N\ B. — Certains adjectifs composés, formés de deux adjectifs exprimant générale-


ment la nationalité, ont leur premier élément terminé en o :
[monuments] galio-romams, [peuples] anglo-saxons, [guerre] sino-japonaise.

b. Un adjectif (à valeur de nom) et un nom (ou un autre adjectif) :


gris-perle (c.-à-d. d’un gris de perle); bleu clair (c.-à-d. d’un bleu clair).

c. Un adjectif (à valeur d'adverbe) et un participe:


[enfant] nouveau-né, [œuf] frais pondu, [œil] grand ouvert,
haut placé, clairsemé, clairvoyant.

d. Un adverbe et un adjectif (ou un participe) :


malsain, bienheureux; tard venu, mal élevé, bienséant.

64. Les pronoms composés. — Les pronoms composés peuvent être


formés d’éléments divers :
lui-même le mien celui-ci lequel quelqu’un
(pron. personnel), (pron. possessif), (pron. démonstratif), (pron. relatif), (pron. indéfini).

65. Les verbes composés. — Les verbes composés, souvent appelés


locutions verbales, peuvent être formés de :
a. Deux verbes :
faire savoir faire croire envoyer chercher
(r.-à-d. annoncer), (c.-à-d. persuader), (c.-à-d. mander).

b. Un verbe et un nom (parfois précédé de l’article) :


faire silence porter secours tirer parti de avoir l’air
(c.-à-d. se taire), (c.-à-d. secourir), (c.-à-d. profiter de), (c.-à-d. sembler).

c. Un verbe et un adjectif :
avoir beau (c.-à-d. perdre son temps à), se faire fort de (c.-à-d. se piquer de).

66. Les adverbes composés, — Les adverbes composés, souvent appelés


locutions adverbiales (§ 282,2°; 283,4°; 285,2°, etc.), peuvent être formés de:
a. Deux adverbes :
là-dessus, ci-dessous, ici-bas, bientôt.
38 LE VOCABULAIRE DÜ FRANÇAIS

b. Une préposition et un adverbe :


avant-hier, dès lors, en outre, jusqu’ici, par ailleurs, depuis,

c. Une préposition et un nom (un pronom, un adjectif ou une locution) :


sur-le-champ, à peine, ensuite; partout, pourquoi;
d’ordinaire, de nouveau, de même, en général, pour sûr;
à tue-tête, à cloche-pied, d’arrache-pied.

d. Un nom et un adjectif (ou un nom complément) :


autrefois, longtemps, nulle part, bon marché;
tête à tête, mot à mot, coup sur coup.

e. Un groupe de mots divers (formant parfois une phrase entière) :


désormais, aujourd'hui, tout de suite;
peut-être cela peut être),
(c.-à-d. peu s’en faut, naguère (c.-à-d. il n’y a guère [de temps]).

N. B. — Les adverbes démonstratifs voici, voilà, sont formés du verbe voir à


l’impératif et des adverbes ci et là (§ 288, 5°).

67. Les prépositions composées. — Les prépositions composées, souvent


appelées locutions prépositives (§ 301,2°), peuvent être formées de ;

a. Deux prépositions :
d’après, d’entre, par-devant; hors de, près de.

b. Un nom suivi (ou précédé et suivi) d'une préposition :


grâce à, faute de; le long de; à côté de, en faveur de, par rapport à; à l’aide de,

c. Un élément de phrase :
étant donné, eu égard à, il y a [un an).

68. Les conjonctions composées. — Les conjonctions composées, sou¬


vent appelées locutions conjonctives (§311 et 314), peuvent être formées de •

a. Une préposition (ou un adverbe) suivie de que :


avant que, après que, dès que, pour que, sans que;
lorsque, puisque, bien que, aussitôt que, tant que.

b. Un nom précédé d’une préposition et suivi de que :


à condition que, de crainte que, en sorte que, sous prétexte que.

c. Un verbe (à divers modes) suivi de que :


soit que, suivant que, attendu que, pourvu que, à supposer que.

d. Un groupe de mots divers ou un élément de phrase :


par conséquent, au contraire, néanmoins, cependant;
c'est-à-dire, c’est pourquoi, c’est, que, si ce n’est qus.
I. ORIGINE DES MOTS 39

69. Les interjections composées. — Les interjections composées, souvent


appelées locutions interjectives (§ 317, 4°), peuvent être formées de :
«• Deux ou plusieurs mots invariables :
ah niais! eh bien! ahçà! en avant! oh là là!

N-- P- — L’interjection composée hélas ! est formée de l’interjection hé et de


l’interjection las, primitivement adjectif (§ 318, 3°, N. B.).

b. Un nom et un adjectif (ou précédé d’une préposition) :


grand Dieu! juste ciel! par exemple! adieu!

c. Une phrase entière :


fouette, cocher ! dis donc ! vois-tu ! vogue la galère!

C. — LES CRÉATIONS
PAR CHANGEMENT DE CATÉGORIE GRAMMATICALE

70. Généralités. — Le français enrichit encore son vocabulaire, non plus en


créant à proprement parler des mots nouveaux, mais en employant d’une
façon nouvelle des mots existants.
Si je dis : le courant du fleuve est rapide, le mot rapide est un adjectif.
Si je dis : le rapide de midi est parti, le mot rapide est un nom.
L’emploi du mot a changé en même temps que son sens : c’est ce qu’on
appelle la création par changement de catégorie grammaticale h
Le français crée ainsi, en grand nombre, des noms (noms propres et noms
communs), des adjectifs, des pronoms et des mots invariables.

71. Noms propres. — Le français tire des noms propres (de famille) :
a. De noms communs de professions :
Marchand, Boucher, Fabre, Cordier, Charron, Maréchal, Letailleur.

b. De noms communs d’animaux ou de plantes :


Poussin, Lion, Merle, Renard, Hérisson, Bœuf, Lecoq, Lachèvre;
Poirier, Visne, Fougère, Larose.

c. De noms communs de lieux :


Rivière, Ville, Mas, Montagne, Lafont, Dupuy, Delprat.

d. D’adjectifs qualificatifs :
Roux, Grand, Gros, Courtois, Normand, Lebrun, Ledoux.

N. B. — Il s’agit, à l’origine, de surnoms ou sobriquets par lesquels on désignait d’unt


manière plus précise plusieurs personnes de la même localité ou de la même famille
portant le même prénom.

I. On donne parfois à ce genre de création le nom de dérivation impropre.


40 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

72. Noms communs. — Le français tire des noms communs ;


a. De noms propres de personnes :
un gibus, un lebel un hercule, un harpagon
(nom de l’inventeux); (nom du héros ou du personnage type).

b. De noms propres de lieux (pays, régions, villes) :


le hollande, le brie, le roquefort;
le champagne, le bordeaux; l’armagnac, le cognac;
[du] japon [ancien], [du vieux] sèvres; [de beaux] elbeufs, [de jolies] Valenciennes,
le calicot (de Calicut, dans l’Inde), la faïence (de Faenza, en Italie)
(noms des lieux de production ou de fabrication).

c. D’adjectifs qualificatifs (aux deux genres et aux deux nombres) :


un complet, une idiote; les grands, les blondes; le froid, le vrai.

d. De pronoms (personnels, possessifs, indéfinis) :


Le moi est haïssable. Chacun aime les siens. Un rien l’épouvante.

e. De verbes (à l’infinitif surtout et au participe, présent ou passé) :


le dîner, le dormir, le savoir, le rire;
un négociant, une débutante, un pendant, une variante;
un allié, un rôti, une fiancée, une dictée;
le reproche, la réclame.

/.De mots invariables :


L’avant d’un navire Les pourquoi d'un enfant Les si et les mais
(préposition); (adverbe) ; (conjonctions).

73. Adjectifs qualificatifs. — Le français tire des adjectifs qualifi¬


catifs :
a. De noms communs :
un ruban rose, une veste kaki, un air bête, une cravate brique,
un enfant prodige, un tissu soie, une robe tailleur.

b. De verbes (au participe, présent ou passé) :


un garçon charmant, une région riante; un homme estimé, une lecture aimée.

c. De mots invariables :
une personne bien, la presque totalité.

74. Pronoms. — Le français tire des pronoms, notamment des pronoms


indéfinis :
a. De noms (accompagnés parfois d’un adjectif indéfini) :
personne, quelque chose.

b. D’adjectifs qualificatifs (accompagnant parfois un nom) :


certains [le pensent], diverses personnes [le disent].
l’origine des mots 41

75. Mots Invariables. — Le français tire des mots invariables :


a. De noms:
beaucoup, davantage ne... pas, ne... point clame ! peste !
(adverbes de quantité); (adverbes de négation, § 297, 2*, N. B.) ; (interjections).

b. D’adjectifs qualificatifs:
parler bas, chanter faux sauf l’honneur bon ! hardi ! ferme !
(adverbes de manière); (préposition); (interjections).

e. De verbes (au participe surtout, présent ou passé) :


pendant, durant, suivant; excepté, vu
(prépositions);
maintenant soit..., soit... tiens ! allons !
(adverbe de temps); (conjonctions); (interjections).

N. B. — Certaines prépositions s’emploient souvent comme adverbes; certains


adverbes, comme prépositions ou conjonctions :
avant l’heure arriver avant contre l’ennemi parler contre
(préposition), (adverbe) ; (préposition), (adverbe);
sitôt venu sitôt le jour vivre ainsi ainsi il échoua
(adverbe), (préposition); ( adverbe ), (conjonction).

D. - MODES PARTICULIERS DE CRÉATION

76. Généralités. — Le français développe enfin son vocabulaire en créant


parfois des mots nouveaux par raccourcissement ou par amputation des mots
existants.

77. Les raccourcissements de mots. — La création par raccour¬


cissement n’est pas très fréquente. Généralement le mot existant était un nom
féminin d’où un nom ou un adjectif masculin a été tiré par simple suppression
de l’e féminin final. Ainsi on a tiré :
du nom féminin du nom féminin du nom féminin
médecine, violette, châtaigne,
le nom masculin l’adjectif masculin l’adjectif masculin
médecin; violet; châtain.

N. B. — Dans certains cas, le raccourcissement résulte de la chute d’une syllabe


intérieure : idolâtre tragi-comédie
(au lieu de ; ido[lo]làtro) ; (au lieu de : tragi[co]-comédie).

78. Les amputations de mots. — La création par amputation est


courante dans la laugue parlée actuelle. Beaucoup de mots de quatre, cinq
ou six syllabes sont réduits à trois ou à deux syllables, parfois même à une
syllabe. Ainsi on dit :
cinéma, ciné, métro, auto, photo, pneu,
au lieu de au lieu de au lieu de au lieu de au lieu de
"'Rématographe; métropolitain; automobile; photographie; pneumatique.
42 LE VOCABULAIRE BU FRANÇAIS

Les mots amputés sont généralement des mots tirés du grec (§§ 55 et 60).

N. B. — Une habitude récente consiste, dans la langue écrite comme dans la langue
parlée, à désigner des administrations, des organismes, des inventions, etc., par les
initiales des mots qui servent normalement à les dénommer :
P T. S. N. Ct F.
(Postes Télégraphes et Téléphones); (Société Nationale des Chemins de fer Français);
C. G. T.
(Confédération Générale du Travail).
T. C. F. R. P- T. S. F.
(Touring Club de France); (Représentation proportionnelle); (Téléphonie Sans Fil).

Ces groupes d'initiales prononcées littéralement ont parfois donne naissance à des
mots nouveaux. Ainsi :
de C. G. T. de R. P. de T. C. F. de T. S. F.
est né est né est né est né
cégétiste; erpéiste; técéfisto; téhessef.

79. Les familles de mots étymologiques. — Les mots qui ont été
tirés d’un même mot simple par les différents procédés de la dérivation et
de la composition peuvent se grouper d’après leur forme; le groupement ainsi
constitué est ce qu’on appelle une famille étymologique.
Soit le mot pied. A ce mot se rattachent les dérivés et composés suivants
(mots d’emprunt ou mots de création française) :

I. Mors L)E FORMATION POPULAIRE

trépied, couvre-pieds, sous-pied, contre-pied, plain-pied (de);


va-nu-pieds, haut-le-pied; pourpier, ou pied-de-poulet;
pied-droit, pied-à-terre, pied d'alouette, pied-de-biche, pied-de-chèvre;
piéton, piétiner, piétinement; empiéter, empiètement;
piètre, piètrement; piège; Piémont;
peton; péage, péager; pion, pionnier; puy;
empêcher, empêchement; dépêcher, dépêche; appuyer, appui.

II. Mots de formation savante

pédestre, pédestrement; pédicule, pédoncule; pédicure, pédimane;


pédale, pédaler, pédalier;
bipède, quadrupède, palmipède, vélocipède;
expédier, expéditeur, expédition, expéditionnaire, expédient, expéditif;
pétiole, pétiolé;
podomètre, podagre; antipode, apode, polypode, myriapode,
céphalopode, gastéropode;
répudier, répudiation; polype; trapèze1.

N. B. — Les mots peuvent se grouper aussi non plus d’après leur forme, mais d’après
leur sens; le groupement ainsi constitué esL ce qu’on appelle une famille sémantique
(§95)-

i. A ces mots d'origine latine ou grecque il cojivieat Rajouter doux mots d'ongino italienne s
piédestal, pédon (c.-à-d* « courrier À pied » : mot rare).
CHAPITRE II

LE SENS DES MOTS

80. Généralités. — Après avoir étudié l’origine des mots et leur forme,
il y a lieu d’étudier ce qu’ils représentent, c’est-à-dire leur sens.
Les mots sont, en effet, des signes d'idées :
table, bonté, bleu, juste, moi, jeter, nier, jadis, non, hélas !

autant de mots, autant d’idées évoquées à notre esprit.


Dans cette étude générale du sens des mots, nous examinerons les questions
suivantes :
1° Existe-t-il un rapport entre les sons d’un mot et son sens P
2° Existe-t-il des mots de sens identique comme des mots de sens voisin ou
de sens contraire ?
3° Un mot n’a-t-il qu’un sens ou peut-il avoir plusieurs sens P
4° Un mot a-t-il un sens immuable ou peut-il changer de sens ?

A. - RAPPORT DES SONS ET DES SENS


81. Généralités. — En règle générale, il n’y a pas de rapport entre les
sons d’un mot et son sens, ou, s’il en existe un, il est purement fortuit1 :
Les voyelles nasales, sur lesquelles la voix traîne, ne sont pour rien dans le
sens de l’adverbe lentement.
Les consonnes nasales et la voyelle o répétée ne sont pour rien non plus dans
le sens de l’adjectif monotone.

82. Les onomatopées. — Il existe cependant un certain nombre de mots


dont les sons et le sens sont dans un étroit rapport : ce sont les onomatopées,
qui traduisent, par une imitation approximative, des bruits réels :
le glou-glou le ron-ron le frou-frou le tic-tac le clic-clac
(d’une bouteille); (d'un chat); (d’une robe); (d’une horloge); (d’un fouet);
cricri cocorico brouhaha crac
(chant du grillon); (chant du coq); (bruit confus); (bruit sec).

N. B. — De ces onomatopées le français peut tirer des dérivés :


glouglouter, ronronner; craquer, craquement.

83. Les homonymes. — Mais il existe des mots qui ont le même son,

i. Les écrivains, surtout les poètes (§ 464), tirent souvent d’heureux effets d’harmonie imitative du rapport
fortuit existant entre les sons de certains mots et leur sens. Ainsi Alfred de Musset :
L’horloge d’un couvent s’ébranle lentement.
44 LI3 VOCA11ULAIKE DU FRANÇAIS

sans avoir le même sens, ni d’ailleurs la même orthographe : ce sont les


homonymes, très nombreux en français.
Ainsi les mots; pin, pain, peint, ou les mots: vin, vain, vingt, vint:
Les forêts de pins ; Boire du vin ; Chercher en vain ;
Ne gaspillez pas le pain ; Voilà qui est peint. Midi moins vingt; Enfin mon tour vint.
(Dans chaque série, les mots se prononcent de la même manière [§ 4, 2°],
mais n’ont ni la même orthographe, ni le même sens.)

N. B. — 1° Certains mots ont le même sonet la même orthographe, sans avoir le même
sens; ces homonymes, dits homographes, se distinguent seulement par le genre :
Un pauvre mousse Une vieille mousse Un long somme Une jolie somme
(jeune matelot); (plante); (sommeil); (quantité d’argent).
2° Certains mots ont presque le même son et presque la même orthographe, sans
avoir le même sens; ces mots, dits paronymes, ne se distinguent le plus souvent que
par un accent :
tache, tâche; matin, mâtin; patte, pâte; cotte, côte.

84. L’étymologie populaire. — Il faut mettre à part ce qu’on appelle


l’étymologie populaire, c’est-à-dire la confusion qui se produit parfois entre
des mots ayant un sens différent, mais un son très voisin, et qui entraîne
pour l’un d’eux un changement de sens.
Ainsi le verbe hébéter, qui signifie proprement « émousser », rapproché faus¬
sement de bête, a pris le sens de « abêtir » :
Avoir l’esprit hébété Les excès hébètent l’homme
(c.-à-d. émoussé: sens propre); (c.-à-d. abêtissent : sens déformé).

De même, l’adjectif forain, qui signifie proprement « étranger », rapproché


faussement de foire, a pris le sens de « [qui est] de la foire » :
Un débiteur forain Un théâtre forain
(c.-à-d. étranger à la ville: sens propre); (c.-à-d. dressé à la foire: sens déformé).
N. B. — L’étymologie populaire entraîne parfois un changement d’orthographe et de
son, mais non de sens.
Ainsi le nom sarbalane, qui désignait un lance-boulettes, est, sous l’influence de
•1 canne », devenu sarbacane, qui a le même sens.

De même, le nom coute-pointe, qui désignait une couverture piquée, est, sous l'in¬
fluence de « courte », devenue courte-pointe, qui a le même sens.

B. - RAPPORTS DE SENS ENTRE LES MOTS

85. Généralités. — En règle générale, il n’y a pas de mots de sens iden¬


tique, mais il peut exister entre les mots des affinités de sens comme des
oppositions de sens.
Les mots qui ont une affinité de sens sont les synonymes, auxquels il
convient de joindre les périphrases.
Les mots qui sont en opposition de sens sont les antonymes.

86. Les synonymes. — Les synonymes expriment les diverses nuances


d’une même idée et sont des mots de sens voisin î
LE SENS DES MOTS 45

probité, honnêteté; calme, tranquille; ôter, enlever;


sérieusement, gravement;
courage, bravoure, vaillance; content, joyeux, ravi; tromper, duper, attraper;
brusquement, rudement, brutalement.

N. B. —- Les synonymes ne sont jamais absolument équivalents :


La bienveillance n’est pas la bonté; Le dépit n’est pas la colère;
Un homme fier n’est pas forcément un homme orgueilleux;
Singer est distinct d’imiter; Assister est distinct de secourir.
Les synonymes ne doivent donc pas être employés indifféremment les uns pour les
autres, et, en parlant comme en écrivant, il faut toujours choisir le mot juste.

87. Les périphrases. —• Les périphrases sont des expressions disant en


plusieurs mots ce qui pourrait être dit en un seul mot :
Le vainqueur d’Austerlitz Le roi des animaux Le champ du repos
(c.-à-d. Napoléon I”) ; (c.-à-d. le lion) ; (c.-à-d. le cimetière) ;
Le fils d’Anchise descendit au séjour de Pluton
(c.-à-d. Énée) (c.-à-d. les enfers).

N. B. — La périphrase et le mot simple ne sont jamais absolument équivalents; la


périphrase ne se justifie que si elle est plus expressive que le mot simple et si elle enrichit
le sens soit d’une idée (valeur logique), soit d’une image (valeur pittoresque) :
Bossuet célébra le vainqueur de Rocrol Le poète contemple la voûte azurée
(La périphrase, en désignant Condé, (La périphrase, en désignant le citl,
rappelle son plus beau titre de gloire). évoque sa forme et sa couleur).

Mais elle n’a été parfois qu’un jeu d’esprit soit de mondaines qui voulaient en parlent
se distinguer du commun, soit de poètes qui voulaient dans leurs vers éviter l’expression
courante :
Le conseiller des grâces Le long fruit d’or
(c.-à-d. le miroir: (c.-à-d. la poire:
périphrase « précieuse », xvn* siècle). périphrase « pseudo-classique », xvm8 siècle).

Les périphrases ne doivent être employées qu’à bon escient, et, en parlant comme en
écrivant, il ne faut jamais les préférer indûment au mot propre.

88. Les antonymes. — Les antonymes expriment deux idées exactement


opposées et sont des mots de sens contraire :
beauté, laideur; large, étroit; acheter, vendre;
lentement, rapidement;
estime, mépris; gai, triste; accepter, refuser;
humblement, orgueilleusement.
N. g. — Les antonymes permettent souvent de constater que certains mots ne sont
pas absolument synonymes :
Un élève fort Un garçon vigoureux
a pour contraire un élève faible; a pour contraire un garçon chétif
(fort et vigoureux ne sont pas équivalents, non plus que faible et chétif).

C. - LE MOT ET SES SENS


89. Généralités. — Certains mots n’ont qu’un sens, notamment bien des
noms désignant des personnes, des animaux ou des choses ;
matelot, faisan, ardoise, abricot, hache, veston;
46 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

mais la plupart ont plusieurs sens, parfois même de nombreux sens. On a


pu compter
10 sens du nom âme, 20 sens de l'adjectif bon, 80 sens du verbe faire.

En principe, un mot a des sens d’autant plus nombreux qu’il exprime une
idée plus générale, qu’il existe depuis plus longtemps et qu’il est plus usité.

90. Le sens étymologique d’un mot. — Un mot nouvellement intro¬


duit dans notre langue y apparaît avec le sens qu’il avait dans sa langue
d’origine, c’est-à-dire avec le sens étymologique.
Ainsi les mots compère et commère eurent d’abord le même sens que les mots
du latin ecclésiastique d’où ils étaient tirés :
le compère était le parrain, la commère était la marraine
(étym. : [qui est] père avec, [qui est] mère avec, § 58,
donc second père, seconde mère).

Mais, une fois entré dans la langue, le mot y évolue librement et prend des
sens nouveaux, souvent très différents du sens étymologique. Aujourd’hui
le compère est
un joyeux camarade ou un adroit complice,
la commère est
une femme hardie ou une femme bavarde.

De même,le mot boulevard eut d’abord le même sens que le mot néerlandais
d où il était tiré : je ])0Ulevar(l était le rempart
(étym. : ouvrage de madriers, pour la fortification des villes).

Aujourd’hui, le boulevard, qui, au début du xixe siècle, était une promenade


plantée d’arbres établie sur l’emplacement d’anciens remparts, est, d’une façon
générale, une avenue, située même au centre d’une ville.

91. Le sens premier d’un mot. — Le sens étymologique d’un mot ne


doit pas être confondu avec son sens premier, qui est le sens dominant de ce
mot dans la langue actuelle.
Le sens premier est souvent le même, sans doute, que le sens étymologique.
Ainsi dans : astre, pré, seul, juste, rire, dormir.

Mais, plus souvent, il en est distinct. Ainsi dans :


bureau gentil étonner
(sens étym., auj. disparu : (sens étym., auj. disparu : (sens étym., auj. disparu :
étoffe de bure, de race, frapper du tonnerre,
d’où tapis de table en bure; d’où de bonne race ; foudroyer ;
sens premier, aui. : table à écrire). sens premier, auj. ; aimable). sens premier, auj. : surprendre).
LE SENS DES MOTS 47

N. B. — Un mot dont le sens premier est distinct de son sens étymologique peut avoir
conservé son sens ancien dans certaines expressions. Cet emploi s’appelle archaïsme de
vocabulaire.
Ainsi le mot vif signifie aujourd’hui « plein de vie, prompt, animé, ardent » (sens
premier) : un enfant vif, un esprit vif, un style vif, une foi vivo
(ses antonymes sont respectivement : endormi, lent, lourd, mou).

Mais il signifie parfois « encore en vie, vivant » (sens étymologique), notamment dans
les expressions : brûlé vif, être plus mort que vif, haie vivo
(son antonyme est alors : mort).
De même, le mot demeure signifie aujourd’hui « domicile, habitation » (sens premier) :
Le Louvre était la demeure des rois de France.
Mais il signifie parfois encore « action de tarder, retard, délai » (sens étymologique),
surtout dans l’expression :
Il n’y a pas péril en la demeure
(c.-à-d. à tarder, à attendre).

D. - LES CHANGEMENTS DE SENS


92. Généralités. — A côté du sens premier, les mots ont d’autres sens,
qui en sont issus et qu’on appelle sens dérivés ou figurés.
Pour exprimer des idées nouvelles, en effet, on n’a pas toujours recours à des
mots nouveaux, mais on donne des sens nouveaux à des mots anciens. Ainsi
le sens des mots se transforme sans cesse.
Les changements de sens se font généralement soit par métonymie, soit par
métaphore.

93. Les métonymies. — La métonymie est proprement un glissement de


sens, et consiste à appliquer le mot désignant une chose (être, objet, idée) à
une autre chose qu’un lien logique apparente à la première.
Ainsi le mot trône désigne, au sens propre, le siège officiel d’un roi; mais il
peut désigner aussi, par métonymie, le pouvoir royal (sens dérivé) dont le
trône est le signe :
Dagobert avait un trône d’or Louis-Philippe renonça au trône
(sen^ propre). (sens figuré).

De même, le mot café désigne, au sens propre, un fruit exotique; mais il peut
désigner aussi, par métonymies successives, la boisson préparée avec ce fruit,
l’établissement public où se consomme cette boisson, et même l’ensemble des
consommateurs réunis dans cet établissement (sens dérivés):
Griller le café Boire un café Aller au café Amuser le café
(le fruit); (la boisson); (l’établissement); (les consommateurs).

Par métonymie, le sens d’un mot peut glisser notamment:


a. Du concret à l'abstrait, ou, inversement, de l’abstrait au concret :
Lever la tête Perdre ta tête Profiter de la Jeunesse Former la jeunesse
(la partie supérieure du corps) ; (la raison). (le i *r â’ge de l’a vie) ; (les jeunes gens).
48 LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS

b. Du contenant au contenu, ou, inversement, du contenu au contenant’


Rincer un verre Boire un verre Licencier le collège Désinfecter le collège
(le récipient); (la boisson qui le remplit), (les élèves qui le fréquentent); (les locaux).

c. De la cause à l’effet, ou, inversement, de l’effet à la cause :


Aimer l’étude Publier une étude Craindre la mort Boire la mort
(l’action); (l’ouvrage qui en résulte). (l'action); (le poison qui la provoque).

d. De la matière à la chose fabriquée, ou de l’instrument à la chose pro¬


duite :
Travailler le fer Croiser le fer Mettre sous presse Lire la presse
(le métal); (l’épée). (la machine à imprimer); (les journaux qu’elle imprime).

e. Du signe à la personne ou à la chose signifiée :


Charger son fusil Être un bon fusil Revêtir la robe Entrer dans la robe
(l’arme du chasseur); (le chasseur). (le costume du magistrat); (la magistrature).

N. B. — Une variété de métonymie est la synecdoque, qui consiste à élargir la com¬


préhension d’un mot, ou, inversement, à la restreindre, c’est-à-dire à faire glisser son
sens :
1° De la partie au tout, ou, inversement, du loul à la partie:
Réparer un toit Chercher un toit Aérer la chambre Cirer la chambre
(la couverture de la maison); (la maison entière). (la pièce entière); (le parquet de la pièce).
2° De l'espèce au genre, ou, inversement, du genre à l'espèce :
La saison des roses La destinée des mortels
(c.-à-d. des fleurs : sens étendu). (c.-à-d. des hommes : sens restreint).

94. Les métaphores. — La métaphore est proprement une transposition


de sens, et consiste à appliquer le nom désignant une chose (être, objet, idée)
à une autre chose qu’un point de ressemblance rapproche de la première.
Ainsi le mot renard désigne, au sens propre, un animal sauvage connu pour
sa ruse, mais il peut désigner aussi, par métaphore, un homme rusé (sens
dérivé) qui lui est comparé :
Le renard pille les basses-cours Cet homme est un vieux renard
(sens propre). (sens dérivé).

Beaucoup de noms, d’adjectifs, de verbes s’emploient ainsi, par métaphore,


au sens figuré :
Les dents d’une scie. La racine d’un mal. Le dos d’un livre.
Une table boiteuse. Une plaine riante. Une rage aveugle.
Dévorer un livre. Voiler ses desseins. Tramer un complot.

N. B. — Le français ne cesse de s’enrichir par la métaphore, qui est le procédé par


excellence de renouvellement du vocabulaire. Les métaphores abondent dans la langue
parlée comme dans la langue écrite;elles sont d’ailleurs plus souvent d’origine populaire
que d’origine mondaine ou littéraire, et Boileau disait qu’on en entendait aux Halles en
un jour plus qu’on n’en lit dans toute l’œuvre de Virgile.
Mais le destin des métaphores est de passer ou tout au moins de se décolorer. Il en est
que la langue élimine rapidement parce qu’elles sont factices et que seule une mode
-.r,«oon,ére a pu leur assurer un succès momentané. Ainsi ont péri la plupart des méta-
LE SENS DES MOTS 49

phores dont les Précieuses du temps de Louis XIII ornaient leurs périphrases. Dire :
Les trônes de la pudeur } Qu ( Le grand duo des chandelles
pour : les joues, ) ) peur: le soleil,
était dès l’époque de Louis XIV parfaitement ridicule.
Mais les métaphores les plus justes et les plus expressives ont beau subsister dans la
langue : elles s’usent et se vident peu à peu de leur contenu. En les employant, on finit
par ne plus avoir conscience de l’image initiale. Quand nous disons :
Cet homme endetté est aux abois,
nous entendons qu’il est dans une situation désespérée (sens figuré), mais nous n’avons
plus dans l’esprit l’image initiale de l’hallali qui termine une chasse à courre, et nous ne
comparons pas le débiteur au cerf sur le point d’être pris et traqué par une meute
aboyant après lui (sens dérivé).

95. Les familles de mots sémantiques. — De même que les mots


peuvent se grouper d’après leur forme, par dérivés et composés, en familles
étymologiques (§ 79), de même ils peuvent, quelle que soit leur forme, se
grouper d’après leur sens en familles sémantiques.
Soit le mot cheval. A ce mot s’associent naturellement dans notre esprit
les mots concernant l’élevage du cheval et ses diverses races :
cheval, jument, poulain, pouliche, étalon, haras, remonte,
percheron, arabe, barbe, poney, pur sang, etc.;
écurie, box, palefrenier, panser, étriller, ferrer, etc.;

les mots concernant le corps du cheval, sa façon d’aller et de se comporter,


son harnachement :
crinière, naseaux, encolure, poitrail, croupe, jarret, sabots, etc.;
bai, alezan, pie; pas, trot, galop;
fougueux, emporté, emballé, rétif, ombrageux, poussif, morveux, etc.;
harnais, mors, collier, bride, rênes, selle, etc.;

les mots concernant les divers emplois du cheval :


trait, atteler, dételer, attelage, charretier, cocher, fouet, etc.;
course, hippisme, hippodrome, jockey, pesage, piste, etc.;
[guerre] cavalerie, escadron, charge, raid, estafette, etc.;
équitation, manège, cavalier, amazone, écuyer, monture, voltige,
étrier, éperon, cravache, monter, désarçonner, etc. ;
[boucherie] chevaline, liippophagie, hippophagique;

enfin les mots ou expressions figurées telles que ;


cheval de bois (gymnastique), chevaux de bois (manège forain), cheval mécanique (jouet)
cheval-vapeur (physique), cheval de frise (art militaire).

N. B. — Il convient, pour bien parler et bien écrire, de pratiquer parallèlement :


10 Un dictionnaire ordinaire, qui indique le sens des mots en les présentant dans l’ordre
alphabétique ;
2° Un dictionnaire étymologique, qui indique, en suivant le même ordre, l'origine des
mots et leur histoire;
3° Un dictionnaire sémantique, ou idéologique, où les mots sont classés d’après le sens,
par familles d’idées.
TROISIÈME PARTIE

LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

GÉNÉRALITÉS

96. Les espèces de mots. — Il existe neuf espèces de mots : le nom,


l’adjectif, l’article, le pronom, le verbe, l’adverbe, la préposition, la con¬
jonction, l’interjection.
La grammaire étudie ces espèces de mots :
1° Au point de vue de leur forme : cette partie de la grammaire s’appelle
la morphologie.
La morphologie distingue :
A. Les mots dont la forme n’est pas toujours la même, dits mots variables.
Il en existe cinq espèces : le nom, l’adjectif, Y article, le pronom et le verbe :
Enfant travailleur, le succès te récompensera.
Enfants travailleurs, les succès vous récompenseront.
(nom) (adjectif) (article) (pronom) (verbe)

D’une phrase à l’autre, le nom, l’adjectif, l’article, le pronom et le verbe ont


varié.
B. Les mots dont la forme est toujours la même, dits mots invariables. 11
en existe quatre espèces : Y adverbe, la préposition, la conjonction et Y inter¬
jection :
Travaille bien, mon entant, et tu réussiras à ton examen : courage!
Travaille/, bien, mes enfants, et vous réussirez à votre examen : courage!
(adverbe) (conjonction) (préposition) (interjection)

D’une phrase à l’autre, l’adverbe, la conjonction, la préposition, l’interjec¬


tion n’ont pas varié.
2° Au point de vue de leurs rapports avec les autres mots (règles d’accord,
construction des compléments, ordre des mots) : cette partie de la grammaire
s’appelle la syntaxe.
La syntaxe distingue deux espèces de mots essentielles : le nom et le verbe :
A. Le nom, déterminé par l’article et l’adjectif, ou représenté parle pronom,
ou suppléé par l'adverbe, et introduit parfois par la préposition :
Les grandes vacances sont la joie da l’écolier, mais elles passent vite.
(article) (adjectif) (nom) (préposition) (nom) (pronom) (adverbe)
IÆ NOM 51

B. Le verbe, suppléé par l'interjection et introduit parfois par la conjonc-


tlon : Éorls-moi dès que tu pourras: adieu!
(verbe) (conjonction) (verbe) (interjection)

Le nom et le verbe s'agencent selon les règles de la syntaxe pour former des
propositions ou des phrases (§ 319).

LES MOTS VARIABLES

CHAPITRE PREMIER

LE NOM

97. Généralités. — Le nom est un mot variable qui sert à désigner un


être (personne ou animal) ou une chose (objet, action ou idée) :
Louis pâtre chien hêlre table départ bonté
(personne), (personne), (animal), (plante), (objet), (action), (idée).

Les noms désignant les personnes, les animaux, les plantes, les objets, les
actions, c’est-à-dire les êtres et les choses accessibles à nos sens, sont appelés
de s noms concrets.
Les noms désignant les idées, c’est-à-dire les choses accessibles seulement
à notre esprit, sont appelés des noms abstraits.

98. Noms propres et noms communs. — Parmi les noms on distingue


les noms propres et les noms communs.
1° Le nom propre désigne un être en le distinguant des autres êtres de
même espèce. Sont des noms propres :
a. Les noms désignant un être individuel, comme les prénoms, les sur¬
noms, etc. : Léon, Irène, [Louis] le Grand; Médor, Cora.

b. Par analogie, les noms désignant un être collectif, comme les noms de
famille, les noms de peuples, etc. :
Durand, les Belges, les Parisiens, les Asiatiques.
52 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

c, Enfin les noms désignant une chose assimilée à un être, comme les noms
de, réalités géographiques (pays, villes, montagnes, mers, cours d’eau, etc.), de
grands monuments, de grands organismes, etc. :
la Grèce, Bordeaux, le Canigou, la Manche, la Loire;
le Louvre, la Banque de France, l’Opéra.

N. B. — Les noms propres, dans l’écriture, commencent toujours par une majus¬
cule (§ 12).

2° Le nom commun désigne l’ensemble des êtres ou des choses d’une même
espèce ; le marin la mouche le livre la marche le souci
(personne), (animal), (objet), (action), (idée).

Dans la phrase : Le chien est l’ami de l’homme,


les noms chien et homme désignent n’importe quel chien et n’importe quel homme,
c’est-à-dire l’espèce même des chiens et l’espèce même des hommes.

Mais le nom commun peut aussi désigner un être ou une chose sans les
distinguer des autres êtres ou des autres choses de même espèce.
Dans la phrase : Azor est mon chien fidèle,

le nom commun chien désigne comme le nom propre Azor un chien particulier, le mien,
mais il ne le distingue pas, comme le nom propre Azor, des autres chiens.

99. La forme du nom. — La forme du nom change : 1° selon son genre;


— 2° selon son nombre.

I. - LE GENRE DANS LES NOMS

100. Les genres. — Il y a en français deux genres : le masculin et le


féminin.
1° Les noms d’êtres (personnes ou animaux) sont répartis entre les deux
genres selon le sexe : le masculin est le genre des noms désignant des êtres
mâles ; le féminin est le genre des noms désignant des êtres femelles.
Genre ( Jean, le mari, Genre ( Jeanne, la femme,
masculin ( le lion, le coq; féminin ( la lionne, la poule.

N. B. — Il y a désaccord, pour certains noms, entre leur genre et le sexe de l’être qu’ils
désignent : des noms féminins désignent des hommes, et des noms masculins des femmes :
une recrue, une ordonnance un souillon, un laideron
(il s’agit de soldats); (il s’agit de femmes).

2° Les noms de choses (objets, actions ou idées) sont répartis par l’usage
entre les deux genres :
le ballon, la table; le rachat, la perte; le mérite, la justice.

N. B. — 1° Certains noms n’ont plus aujourd’hui le genre qu’ils avaient autrefois;


Nous disons : un écho, une opigramme, mais on a dit longtemps : une écho, un épigramme.
LE NOM 53

2° Certains noms ont un genre sur lequel on se trompe fréquemment.


a. Sont notamment du masculin :
abîme, anathème, armistice, automne, chrysanthème, effluve, emblème,
entrecôte, épisode, exorde, hospice, hémisphère,
incendie, indice, isthme, obélisque, parafe, pétale, ustensile.
b. Sont notamment du féminin:
alluvion, ancre, atmosphère, azalée, écritoire, enclume, énigme,
épitaphe, épithète, libre, horloge, huile,
idole, impasse, oasis, orange, paroi, patère, primeur.
3° Il existait en latin des noms du genre neutre, qui désignaient des choses inanimées;
il n’en existe pas en français.
Les neutres singuliers latins ont donné en français des masculins ; les neutres pluriels
latins ont donné des féminins:
un corps un templo une arme une joie
(lat. corpus, sing.), (lat. templum, sing.); (îat. arma, plur.), (lat. gaudia, plur.).
Parfois d'un même neutre latin (au singulier et au pluriel) sont nés deux noms, l’un
masculin, l’autre féminin:
un grain (lat. granuni, sing.); une graine (lat. grana, plur.).

101. Comment se marque le genre. — D’une manière générale, les


noms d’êtres ont deux formes, l’une pour le masculin, l’autre pour le féminin;
les noms de choses n’ont qu’une forme, soit masculine, soit féminine.
On étudiera successivement comment se marque le genre : 1° dans les noms
communs; — 2° dans les noms propres.

A. - LE GENRE DANS LES NOMS COMMUNS


102. Généralités. —- Parmi les noms communs, il y a lieu de distinguer
les noms d’êtres et les noms de choses.

103. Les noms d’êtres. —- Le genre des noms d’êtres, qui ont deux
formes caractérisées, l’une pour le masculin, l’autre pour le féminin, est facile
à reconnaître.
Dans ces noms le féminin peut être marqué : 1° par un e final, dit féminin;
—- 2° par un suffixe spécial; — 3° par un mot spécial; — 4° par une péri¬
phrase.

104. Le féminin marqué par un -e. — Le féminin est, en règle générale,


marqué par un e, dit féminin, qui s’ajoute au masculin :
le filleul, la filleule; le lapin, la lapine.

L’addition de cet e peut entraîner pour certains noms des modifications de


prononciation en même temps que d’orthographe.
1° Dans les noms terminés au masculin par une voyelle, il n’y a entre le
masculin et le féminin aucune différence de prononciation, mais seulement une
différence d’orthographe:
le fiancé, la fiancée; l’ami, l’amie.
54 TA MORPHOT.OGIE DU FRANÇAIS

2° Dans les noms terminés au masculin par une consonne, il y a entre le


masculin et le féminin une différence de prononciation et une différence d ortho¬
graphe.
a. Si la consonne finale est un s, un t ou un d, elle ne se prononce pas au
masculin, mais se prononce au féminin :
le marquis, la marquise; le candidat, la candidate; le marchand, la marchande.

N. B. — Le t final est souvent doublé au féminin et la voyelle qui le précède n’a plus
le son fermé comme au masculin, mais le son ouvert (§ 4, 1°) :
le chat, la chatte; le minet, la minette; le linot, la linotte.

b. Si la consonne finale est un x, elle ne se prononce pas au masculin, mais


se prononce au féminin en se changeant en s :
le curieux, la curieuse ; l’époux, l’épouse.

c. Si la consonne finale est un n, elle est doublée au féminin dans les noms
en -[i]en et en -on, et la voyelle qui la précède n’a plus le son nasal comme
au masculin (§ 4, 2°) :
le gardien, la gardienne; l’espion, l’espionne; le baron, la baronne.

N. B. — Dans les noms en -in ou en -ain, l’n final n’est jamais doublé au féminin,
mais la voyelle qui le précède n’a plus le son nasal :
le cousin, la cousine; le souverain, la souveraine

Dans les noms en -an, l’n final est rarement doublé, mais la voyelle qui le précède n’a
plus en aucun cas le son nasal :
le paysan, la paysanne; le faisan, la faisane.

d. Si la consonne finale est un r, elle ne se prononce pas dans les noms en


-er au masculin, mais elle se prononce au féminin, qui est en -ère, l’e fermé
du masculin devenant e ouvert au féminin :
le berger, la bergère.

c. Si la consonne finale est un p ou un f, le p ne se prononce pas au masculin,


mais l'f se prononce, et ces deux consonnes se changent en v au féminin :
le loup, la louve; le veuf, la veuve.

Remarque. — Le féminin en -e de quelques noms n’est pas régulièrement formé


sur le masculin ;
le roi, la reine
(du latin regem, masc.), (du latin reginam, fém.);
le bailli,la bailhve
(le fém. est formé sur l’ancien masc. baillif) ;
le mulet, la mule le dindon, la dinde
(ancien masc.: le mul; (ancien masc.: le [coq! dinde;
le mulet est, à l’origine, le a petit mul », le dindon est, à l’origine, le < petit dinde »,
appelé auj. muleton) ; appelé auj. dindonneau);
le canard, la cane,
(le masc. C6t formé sur le fém ).
L* NOM 58

106. Le féminin marqué par un suffixe spécial. — Le féminin est,


dans un certain nombre de noms, marqué par un des suffixes :
-esse, -elle, -euse, -trice.
Ont leur féminin :
1° En -esse, une vingtaine de noms dont le masculin est en -e :
le prince, la princesse ; le tigre, la tigresse ; le prêtre, la prêtresse ;
l’âne, l’ânesse; l'hôte, l’hôtesse; l’ogre, l’ogresse; le poète, la poétesse;
le chanoine, la chanoinesse; le prophète, la prophétesse; le maître, la maîtresse;
le comte, la comtesse; le druide, la druidesse; le nègre, la négresse;
le diable, la diablesse; letraître, la traîtresse; lepauvre, lapauvresse.

N. B. — Le féminin de abbé, pair, duc et dieu, est également en -esse :


l’abbé, l’abbesse; le pair, la pairesse; le duc, la duchesse; le dieu, la déesse.

2° En -elle, les noms dont le masculin est en -el ou en -eau (ancien¬


nement -el) :
le colonel, la colonelle; le jumeau, la jumelle; le chameau, la chamelle.

3° En -euse, les noms d’agent dont le masculin est en -eur :


le vendeur, la vendeuse; le blanchisseur, la blanchisseuse ; le coiffeur, la coiffeuse;
le dompteur, la dompteuse ; le joueur, la joueuse.

IS. B. — 1° Le féminin de quelques noms en -eur est en -eresse :


le demandeur, la demanderesse ; le défendeur, la défenderesse ; le bailleur, la bailleresse ;
le chasseur, la chasseresse;
le pécheur, la pécheresse ; le vengeur, la vengeresse ; l’enchanteur, l'enchanteresse.

2° Le féminin de devin, formé sur « devineur », est devineresse.

4° En -trice, beaucoup de noms d’agent dont le masculin est en -teur1 ;


l’acteur, l’actrice; l’instituteur, l’institutrice; le lecteur, la lectrice.

N. g. — 1° Le féminin de ambassadeur et empereur est ambassadrice et impé¬


ratrice.
2° Le féminin de chanteur est chanteuse, et, pour désigner une chanteuse de talent,
cantatrice.
Remarque. —• Le féminin de quelques noms esL marqué par des suffixes plus rares :

le lévrier, la levrette; le chevreuil, la chevrette;


le héros, l’héroïne; le speaker, la speakeri ne ; le tsar, la tsarine;
le poulain, lu pouliche; le perroquet, la perruche.

i. Ces noms sont faciles à reconnaître. lin principe, ont le féminin eu -euse, même si leur terminaison est
précédée d’un t, les noms en -eur ayant le même radical que le participe prisent des verbes dont ils dérivent :
le danseur, la danseuse le menteur, la mente use ie buveur, la buve use
(v. danser : part. prés, dansant); (v. mentir : part. prés, mentant); (v. boire : part. prés, buvant).
Seul» oat le féminin en -trice les aoros ea -teur qui ae remplissent pas cette condition :
le fondateur, la fondatrice le débiteur, la débitrice l'électeur, Vélectrice
(v. foader : part. près, fondant)', (v. devoir ; part. prés, devant) ; (v. élire : part, présent Huant).
et i*» quatre noms exécuteur, persécuteur, inspecteur et inventeur, qui la remplissent :
l’inspecteur, Vinspectrice (v. inspecter : part. prés, inspectant).
56 LA MOBPHOLOGIE DU FRANÇAIS

106. Le féminin marqué par un nom spécial. — Le féminin est


parfois marqué par un nom spécial; qui n’a aucun rapport de forme avec le
nom masculin :
le mâle, la femelle; le cheval, la jument;
l’homme, la femme; le bouc, la chèvre;
le garçon, la fille; le veau, la génisse;
le mari, la femme; le coq, la poule;
le père, la mère; le jars, l’oie;
le frère, la sœur; le cerf, la biche;
l’oncle, la tante; le lièvre, la hase;
le gendre. la bru; le sanglier, la laie;
le parrain, la marraine; le singe, la guenon.

N. B. — Pour les animaux domestiques, il existe parfois trois noms : l’un, masculin,
désigne l'espèce; un second, masculin aussi, désigne le mâle ; le troisième, féminin,
désigne la femelle:
ie mouton, le bélier, la brebis; le porc, le verrat, la truie;
le bœuf, le taureau, la vache.

107. Le féminin marqué par une périphrase. — Le féminin est


parfois, en l’absence d’un mot spécial, marqué par une périphrase dans
laquelle entre le nom masculin :
1» Quand il s’agit de noms de professions, le féminin est marqué par le mot
« femme » suivi du nom de la profession :
un professeur, un auteur, un médecin,
une femme professeur; une femme auteur; une femme médecin.
N. B. — Dans la langue actuelle, cependant, la formation du féminin en e ou avec
suffixe est de plus en plus fréquente :
un avocat, une avocate; un docteur, une doctoresse

2° Quand il s’agit de noms d’animaux, le féminin est marqué par le nom


de l’animal suivi du mot « femelle » :
un éléphant, un éléphant femelle ; un rossignol, un rossignol femelle.

N. B. — Si le nom de l’animal est du féminin, le masculin est, en outre, marqué par


le nom de l’animal suivi du mot « mâle » :
une girafe mâle, une girafe femelle; une fauvette mâle, une fauvette femelle.

108. Cas particuliers. — 1° Certains noms d’êtres ont un double genre :


c’est le cas de gens et de aigle.
a. Gens. — Ce nom est le pluriel de gent, nom féminin, qui signifiait étymo¬
logiquement « peuple, nation » ;
La Fontaine disait : la gent marécageuse Nous disons encore : le droit des gens
(e.-à-d. le peuple des grenouilles); (c.-à-d. le droit international).

Mais il a pris communément le sens de « hommes » et, le changement de


sens amenant le changement de genre, il est devenu masculin i
Leg gens jaloux sont, odieux.
LE NOM 57

N. B. — Cependant, si gens est immédiatement précédé d’un adjectif, cet adjectif et,
le cas échéant, les autres adjectifs qui le précèdent se mettent encore aujourd’hui au
féminin:
aider les vieilles gens; toutes les vieilles gens;
... \ Malheureux sont les gens prétentieux
mais on dit : ,, .. , . . .
( (malheureux précédé «nom, mais en est séparé par deux mots).

Si l’adjectif dont gens est immédiatement précédé a la même forme au féminin qu’au
masculin, les adjectifs qui, le cas échéant, le précèdent, sont au masculin :
Tous les braves gens sont estimés.

b. Aigle. — Ce nom, au sens propre, est masculin, sauf le cas très rare où
I on veut désigner l’aigle femelle :
Les chasseurs ont abattu un aigle.

Au sens figuré, il est masculin pour désigner un homme supérieur :


Un sot croit souvent être un aigle;

mais il est féminin pour désigner un emblème héraldique ou une enseigne


militaire :
L 'aigle napoléonienne Les aigles romaines
(figurée sur les armoiries impériales) ; (portées en tête des légions).

2° Certains noms d’êtres, terminés généralement par un e, n’ont qu’une


forme pour les deux genres :
enfant, camarade, interne, pensionnaire, pupille, esclave,
propriétaire, locataire, concierge, partenaire,
émule, convive, philosophe, artiste, patriote, soprano.

Dans ce cas, le genre est marqué par les mots, articles ou adjectifs, qui déter¬
minent. le nom :
lo secrétaire, la secrétaire; un buraliste, une buraliste;
l’élève obéissant, l’élève obéissante.

109. Les noms de choses. — Le genre des noms de choses, qui n’ont
qu’une forme, soit masculine, soit féminine, le plus souvent mal caractérisée,
est difficile à reconnaître.
En général, les noms terminés en -e sont du féminin:
la nappe, la chasse, la crainte.

Mais cet usage souffre de nombreuses exceptions. D’une part, beaucoup de


noms terminés en -e sont du masculin:
le parterre, le canotage, le mérite;

d’autre part, beaucoup de noms non terminés en -e sont du féminin:


la paroi, la liaison, la douleur.
58 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

En fait, le genre des noms de choses est marqué principalement par les mots,
articles ou adjectifs, qui les déterminent :
le beurre, la poisson; un pacte, une mission; mon calme, ta frayeur;
l'Important sacrifice, l’activité inusitée;

il ne peut donc s’apprendre que par la pratique.


N. B. —• Cependant le genre des noms dérivés peut se reconnaître à leur suffixe
(§51):
1° Sont du masculin notamment les noms formés avec la plupart des suffixes
exprimant l'instrument, le résultat, le lieu de l'action :
le gouvernail, le soufflet, le compteur, l’aspirateur, le mouchoir, le suçon;
l’étalage, le chargement, l’abatis; le parloir, l’observatoire;
ou encore éveillant l’idée d’un objet ou du local où on le place :
le lampadaire, le poignard, le couteau, le collier, le patin;
le. grenier, le fournil.
2° Sont du féminin notamment les noms formés avec la plupart des suffixes expri¬
mant l'action, la qualité, la maladie:
la baignade, la livraison, la fondation, la vengeance, l’arrivée, la concurrence,
l’élection, la punition, la fermeture;
la constance, la clémence, la flatterie, la bassesse, la fermeté, la douceur,
la modestie, la franchise, la certitude;
la bronchite, la tuberculose, la variole.

110. Cas particuliers. — Certains noms de choses peuvent, sans changer


de forme, changer de genre ;
lu Les uns, assez nombreux, n’ont un double genre qu’en apparence : il
s’agit, en réalité, de noms qui se sont dédoublés et qui, en se dédoublant, ont
gardé la même forme, mais ont pris, avec un sens différent, un genre diffé¬
rent ; ils désignent, au masculin, une personne, et au féminin, une chose :
un critique malveillant une critique malveillante
(il s’agit du juge), (il s’agit du jugement);
le trompette ia trompette le manœuvre la manœuvre
(le musicien), (l’instrument); (l’ouvrier), (l’opération).

Quand ils désignent une personne, ces noms peuvent s’appliquer à une
femme aussi bien qu’à un homme et avoir par conséquent un féminin (§108,2°) ;
la garde j un garde (celui qui garde),
(action de garder) ( une garde (celle qui garde).

N. b. — Ces noms, de même forme et de même origine, ont entre eux une étroite
parenté de sens et n’ont glissé d’un sens à l’autre que par métonymie (§ 93).
Il ne faut pas les confondre avec d’autros noms qui, tout en étant de même forme, ne
sont pas de même origine, n’ont entre eux aucun rapport de sens, et ne sont, à propre¬
ment parler, que des homonymes (§ 83, N. B., 1°) de genre différent :
le livre la livre la vase ia vase le somme la somme
(volume), (poids); (récipient), (bouc); (sommeil), (total).

La plupart de ces noms désignent l’un et l’autre des choses, mais certains désignent
au masculin une personne, au féminin une chose:
le page la page lé mousse la mousse
(jeune noble), (feuillet); (jeune matelot), (plante).
iM NOM 59

2° Les autres, peu nombreux, ont réellement un double genre:


a. Certains changent de genre en changeant de sens : c’est le cas notani
ment de foudre et de période:
ia foudre du ciel un foudre de guerre
(sens propre), (sens figuré);
la plus belle période d'une vie le plus haut période d’uue maladie
(époque), (degré).

N. B. — Le nom masculin foudre, qui désigne un grand tonneau, n’a pas la même
origine que le nom féminin foudre et n’en est qu’un homonyme (§110, 1°, N. B.).

b. Certains changent de genre en changeant de nombre : c’est le cas notam¬


ment de amour, délice et orgue :
un fol amour, de folles amours;
un pur délice, de pures délices; le grand orgue, les grandes orgues.

B._. I) est des noms qui, tout en gardant le même sens, hésitent entre les deux
genres ;
un ou une après-midi On dit ^ un ou une stoppe
Ou dit (mais le masculin est préférable); ( (mais le féminin est préférable);
de belles orges
(mais il est masc. dans: orge mondé, orge perlé).

B. - LE GENRE DANS LES NOMS PROPRES


111. Généralités.— Parmi les noms propres, il y a lieu de distinguer: 1° les
prénoms; — 2° les noms géographiques; — 3° les noms de bateaux.

112. Les prénoms. — Certains prénoms sont spéciaux, les uns pour les
hommes, les autres pour les femmes; les premiers n’ont pas de féminin, les
seconds n'ont pas de masculin :
Arthur, Gaston, Édouard; Anne, Monique, Odile.

Mais la plupart des prénoms ont un masculin et un féminin, formé comme


le féminin des noms communs de personnes (§ 104 et 105) :
René, Renée; Paul, Paule; Louis, Louise; Gilbert, Gilberte;
Adrien, Adriertr.e; Jean, Jeanne; Marcel, Marcelle;
Simon Simone; Justin, Justine; Germain, Germaine; Christian, Christiane;
Léon, Léonle; Henri, Henriette; Victor, Victorlne.

N. b. _ Certains prénoms s’emploient à la fois pour les hommes et pour les femmes
Marie . Claude
(Jean-Marie; Marie-Jeanne); (Jean-Claude; Claude-Irène;.

113. Les noms géographiques. — 1° Les noms de villes françaises et


étrangères sont du masculin:
Paris, Alger, Chicago, Pékin, Marseille;

sauf, d’une manière générale, les noms de villes étrangères terminés en -©:
Rome, Barcelone, Berne.
Gfldit: Paris Ǥt beau. Marseille est grand. ineis: Rome esL belle.
60 LA MORPHOLOGIE t)U FRANÇAIS

N. B. — 1° Le genre des noms de villes comme Le Havre, La Rochelle, etc., est. indiqué
par l’article.
2° Le genre de beaucoup de noms de villes est incertain. On tourne parfois la dif¬
ficulté en disant :
La ville de Londres est grande ou Londres est une grande ville.

2° Les noms de pays ou de provinces sont du masculin :


le Portugal, le Maroc, le Pérou, le Japon; le Poitou, le Dauphiné;

sauf ceux qui sont terminés en -e :


la France, la Tunisie; la Guyenne.
N. B. — Cependant la Franche-Comlé, dont le nom n’est pas terminé en est du
féminin; inversement, le Mexique, le Maine, dont le nom est terminé en -s, sont du
masculin.

3° Les noms de montagnes sont du masculin:


le Pelvoux, le Parnasse, les Apennins,

sauf les Alpes, les Andes, les Cévennes, les Cordillères, les Pyrénées, les Vosges,
qui sont du féminin.
4° Les noms de cours d’eau (fleuves ou rivières) sont les uns du masculin,
les autres du féminin:
le Rhin, le Danube, le Tarn; la Seine, la Tamise, la Marne.

114. Les noms de bateaux. -—- Les noms de bateaux, même s’ils sont
tirés de noms propres ou de noms communs féminins, sont volontiers consi¬
dérés comme masculins :
le Normandie, le Jeanne-d’Arc, le Patrie
(le nom du paquebot, du croiseur ou du cuirassé prend le genre du nom commun * bateau »).

N. B. — 1° L’usage hésite cependant, et on donne souvent au bateau le genre du nom


dont il est baptisé :
Revenir par la Normandie. Être à bord de la Patrie.

Mais une équivoque étant alors possible, on tourne parfois la difficulté en supprimant
devant le nom du bateau l’article qui en indique le genre ;
Revenir par Normandie. Être à bord de Patrie.

2° Les noms de dirigeables, d’avions, etc., sont traités, au point de vue du genre
comme les noms de bateaux :
la Méditerranée ou Méditerranée
(dirigeable).

II. — LE NOMBRE DANS LES NOMS

115. Les nombres. — H y R en français deux nombres: le singulier et


le pluriel.
Le singulier est le nombre des noms ne désignant qu’un être ou qu’une
''hoset L’enfant Joue. La voiture attend.
LE NOM 61

Le pluriel est le nombre des noms désignant plusieurs êtres ou plusieurs


choses: Les enfants jouent. Les voitures attendent.

N. B. — 1° Les noms peuvent avoir au singulier la valeur du pluriel:


a. Les noms dits collectifs désignent par eux-mêmes un ensemble d’êtres ou de choses
de même espèce :
La population du pays Le plumage du paon
(c.-à-d. l’ensemble des habitants) . (c.-à-d. I ’ensemble des plumes).

b. Les autres noms peuvent être employés au singulier dit collectif et désigner l’en¬
semble des êtres ou des choses d’une même espèce (§ 98, 2°) :
Le chien est fidèle Le livre est cher
(c.-à-d. les chiens). (c.-à-d. les livres).

2° Certains noms, désignant des choses formées d’éléments multiples, n'ont pas de
singulier :
les armoiries les funérailles les mo-iirs
(l’ensemble des emblèmes (l'ensemble des cérémonies (l’ensemble des usages
figurés sur un écu) ; accompagnant une sépulture) ; particuliers à un peuple).

On peut citer parmi ces noms :


les agrès, les frais, les dépens, les environs, hs fastes, les vivres,
les arrhes, les ténèbres, les doléances, les prémices, les vêpres.

3° Certains noms, désignant dos choses qui ne se comptent pas, n'ont pas, en prin¬
cipe, de pluriel. Ce sont notamment :
a. Les noms de qualités:
la fermeté, lu justice, la douceur,

et, on particulier, les noms de valeur neutre tirés d’adjectifs :


l’utile, l’agréable, le vrai, le froid, le chaud.

b. Les noms de matières :


l’or, l’argent, le fer, le cuivre, le marbre.

c. Les noms d’arts et de sciences


la poésie, la géographie, la physique.
la sculpture, la gravure,

Ces noms ne s’emploient au pluriel que s’ils peuvent, par métonymie (§ 93), désigner
des choses qui se comptent. En ce cas :
a. Les noms de qualités désignent les actes répétés que ces qualités inspirent :
Je vous remercie de vos bontés
(c.-à-d. de vos actes de bonté).

b. Les noms de matières désignent tantôt les espèces diverses que ces matières peuvent
comporter :
Los aciers les mieux trempés; Les sucres les mieux raffinés;

tantôt les objets que ces matières servent a faire:


Les bronzes de Rodin Les porcelaines de Sèvres
(c.-à-d. les statues de bronze) ; (c.-à-d. les vases de porcelaine).

c. Les noms d'arts et de sciences désignent les œuvres que les artistes et les savants
produisent :
Les peintures de Raphaël; Les poésies do Lamartine;
J’ai acheté trois chimies
(c.-à-d. trois traités de chimie).
62 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

4» Certains noms s’emploient au singulier et au pluriel, mais n'ont pas le même


sens aux deux nombres:
ciseau ( le ciseau les ciseaux
(lame de métal) ( (du menuisier : lame unique) ; (de la couturière : une paire de lames).
lunette ( la lunette les lunettes
(verre rond) ( (de l’astronome : verre unique); (du myope, etc. : une paire de verres).

116. Gomment se marque le nombre. — D’une manière générale, les


noms, noms d’êtres ou noms de choses, ont un singulier et un pluriel.
On étudiera successivement comment se marque le nombre : 1° dans les
noms communs ; — 2° dans les noms propres.

A. - LE NOMBRE DANS LES NOMS COMMUNS

117. Généralités. — Parmi les noms communs, il y a lieu de distinguer


les noms simples et les noms composés.

118. Les noms simples. — Dans les noms simples, le pluriel peut être
marqué soit par un s, soit par un X:
1° Dans la plupart des noms, le pluriel est marqué par un s, qui s’ajoute
au singulier:
un père, des pères; un lion, des lions; une corde, des cordes; une peine, des peines;

sauf quand le singulier est lui-même terminé par un s, un x ou un z:


un bois, des bois; une noix, des noix; un nez, des nez.

2° Dans un certain nombre de noms, le pluriel est marqué par un x. Ce


sont :
a. Les noms en -al, qui ont le pluriel en -aux :
un cheval, des chevaux; un bocal, des bocaux.

N. B. — 1° Toutefois le pluriel d’une douzaine de noms en -ai est en -s, celui notam¬
ment de bal, cal, carnaval, chacal, festival, pal, récital, régal:
Courir les bals. Organiser des festivals. Redouter les chacals.

2° Le pluriel de val est vaux dans : par monts et par vaux, mais on dit : les vais de
Loire.
3° Le pluriel de idéal est idéais ou idéaux.

b. Les noms en -au, -eau et -eu :


un tuyau, des tuyaux; un rameau, des rameaux; un cheveu, des cheveux.

N- B. — Toutefois le pluriel de landau, sarrau, bleu et pneu est en s: des landaus,


des sarraus, des bleus, des pneus.

c. Sept noms en —ail, qui ont le pluriel en -aux : lad, corail, émail, sou¬
pirail, travail, vantail, vitrail:
un travail, des travaux ; un vitrail, des vitraux ;
mais on dit : un rail, des rail»; un détail, des détails, etc.
LE NOM 63

N. B. — 1° Toutefois le pluriel de travail, au sens spécial de « machine à ferrer » (les


chevaux), est travails.
2° Le pluriel de ail est aulx, mais plus souvent ails.
3° Le nom collectif bétail n’a pas de pluriel; le pluriel bestiaux n’a pas de singulier:
le singulier correspondant à ces deux mots est bâte.

d. Sept noms en -ou: bijou, caillou, chou, genou, hibou, joujou, pout

un bijou, des bijoux; un chou, des choux;


mais on dit : un trou, des trous; un clou, des clous, etc.

e. Les noms aïeul, ciel, œil, dont le pluriel est respectivement aïeux, deux
et yeuxr
Honorer ses aïeux. Contempler les deux* Fermer les yeux.

N- B. Toutefois : 1° Le pluriel de aïeul est aïeuls au sens de « grands-parents »


(encore vivants) :
( Trahir le sang de ses aïeux . ( Avoir encore ses quatre aïeuls
On dit
/ (c.-à-d. de ses ancêtres) ; ( (c.-à-d. ses 2 grands-pères et ses 2 grands-mères)

2° Le pluriel de ciel est ciels dans le nom composé ciel-de-lit, et au sens de « aspects
du ciel » ou de « peintures de ciel » :
des ciels-de-lit; les ciels de Provence; les ciels de Corot.

3° Le pluriel de œil est œils dans les noms composés tels que œil-de-bœuf (lucarne
ronde), œil-de-perdrix (cor au pied), œil-dc-chat (pierre précieuse) :
des œils-de-bœuf, des ceMs-d.-perdrix, d.-s œils-de-chat.

Remarque. — Dan- la langue parlée, le nombre d’un nom est facile à reconnaître
.'i ce nom ne se prononce pas au pluriel comme au singulier :
canal, canaux: émail, émaux; aïeul, aïeux; ciel, cieux;
œuf, œufs; bœuf, bœufs; [un] os, [des] os.

Dans le cas contraire, qui est le plus général, ce sont les déterminants (articles
adjectifs, etc.), ou les liaisons (§9), qui indiquent le nombre du nom:
la main, les mains; mon crayon, nies crayons; ce cahier, ces cahiers;
un charmant enfant, da charmants enfants.

119. Cas particuliers : les noms d’origine étrangère. — Parmi les


noms d’origine étrangère :
1° Les uns prennent le pluriel français en s. quel que soit le pluriel étranger:
un examen, des examens unpiano, des pianos unaviso, des avisos un dandy, desdandys
(latin); (italien); (espagnol); (anglais);
une polka, des polkas un moujik, des moujiks un gourbi, des gourbis un bazar, des bazars
(polonais); (russe); (.irabc); (persan).

2° D’autres conservent le pluriel étranger :


un desideratum, des desiderata un condottiere, des condottieri un gentleman, des gentlemen
(latin); (italien); (anglais);
un lied, des lièder
(allemand).
G4 T, A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

3° D’autres enfin admettent les deux pluriels, mais le pluriel étranger est
moins usuel que le pluriel français :
un maximum ^ des rnaxima, un solo < dos soli un match ( des matchea,
(latin) 11 des maximums; (italien) ( des solos; (anglais) ( des matchs;
un leitmotiv ( des leitmotive,
(allemand) ( des leitmotifs.

N. B. — Certains noms ont au pluriel la môme forme qu’au singulier ;


un pater, des pater un amen, des amen un forte, des forte
(latin); (hébreu); (italien).

Il en est ainsi, en général, des noms tirés de formes verbales latines :


un veto, des veto; un satisfecit, des satisfecit; un exeat, des exeat;
un conflteor, des confiteor; un admittatur, des admittatur; un miserere, des miserere.

Certains pourtant prennent le pluriel en s ;


un accessit, des accessits; un vivat, des vivats; un mémento, des mémentos;
un récépissé, des récépissés, etc.

120. Les noms composés. — Parmi les noms composés, il y a lieu de dis¬
tinguer ceux qui s’écrivent en un seul mot et ceux qui s’écrivent en plusieurs
mots.
1° Les noms composés qui s’écrivent en un seul mot forment leur pluriel
comme les noms simples (§ 118) :
une betterave, des betteraves; un bonbon, des bonbons; un malheur, des malheurs :
un pédicure, des pédicures; un vaurien, des vauriens; un acompte, des acomptes;
un portefaix, des portefaix ; un portemanteau, des portemanteaux.

N. B. — Toutefois, les deux éléments du nom composé conservent leur pluriel dans
monsieur, madame, mademoiselle et monseigneur :
messieurs, mesdames, mesdemoiselles, messeigneurs,

ainsi que dans bonhomme et gentilhomme :


des bonshommes , des gentilshommes.

2° Les noms composés qui s’écrivent en plusieurs mots ont leurs éléments
qui varient en nombre ou qui restent invariables d’après le sens :
u. Si le composé est formé de deux noms dont l’un est en apposition à
l’autre (§ 62, a), ou d’un nom et d’un adjectif épithète (§ 62, b), les deux
éléments se mettent au pluriel :
un chou-fleur, des choux-fleurs ; un chef-lieu, des chefs-lieux;
une basse-cour, des basses-cours; un coffre-fort, des coffres-forts;
un cerf-volant, des cerfs-volants.

N- B- — 1° Si le premier élément est l’adjectif grand, il ne prend la marque du pluriel


qu’au masculin :
un grand-père, des grands-pères;
une grand-mère, des grand-mères; une grand-route, des grand-routes.

Si le premier élément est l’adjectif demi, il reste invariable dans tous les cas (§371) :
un demi-dieu, des demi-dieux; une demi-heure, des demi-heures.
LE NOM 65

2° Si le premier élément est un radical de nom ou d’adjeetif terminé en o. il reste


toujours invariable : ,
une gastro-entérite, des gastro-entérites;
un électro-nimant, des électro-aimants; nn pseudo-prophète, des pqendo-prophètes.
3° Le pluriel de jeune homme, honnête homme, pauvre homme est respectivement
jeunes gens, honnêtes gens, pauvres gens.
4° Le pluriel de terre-plein est terre-pîeins.

( b- Si le composé est formé de deux noms dont l’un est complément de


1 autre (avec ou sans préposition, § 62, a), le premier nom seul se met au
pluriel :
un clief-d œuvre, des cliefs-d’œuvro; un arc-en-ciel, des arcs-en-ciel;
un hôtel-Dieu, des hôtels-Dieu; un timbre-poste, des timbres-poste.

N* B. Dans certains composés de cette espèce, toutefois, le sens exige que le


second nom soit au pluriel, même si le composé est au singulier:
un char à bancs, des chars à bancs une bête à cornes, des bêtes à cornes
(le char a plusieurs bancs); (la bête a deux cornes).
Dans d’autres, le sens exige que les deux noms restent au singulier, même si îe
composé est au pluriel :
un ou des tête-à-tête un ou des coq-à-l’âne
(dans ces entrevues (dans ces propos
on reste tête à tête) ; on passe du coq à l’âne).

c. Si le composé est formé d’un verbe et d’un nom complément (§ 62, c),
le verbe reste invariable et le nom ne se met au pluriel que si le sens le permet:
un abat-jour, des abat-jour; un pèse-lait, des pèse-lait; un gratte-ciel, des gratte-ciel;
un tire-bouchon, des tire-bouchons; un chauffe-bain, des chauffe-bains;
un passe-droit, des passe-droits.

N. B. — 1° Dans certains composés de cette espèce, le sens exige que le nom soit au
pluriel, même si le composé est au singulier :
un ou des compte-gouttes, un ou des porte-allumettes, un ou des couvre-pieds.
2° Dans les noms composés, le mot garde est tantôt verbe, tantôt nom : dans le
premier cas, il reste invariable; dans le second, il se met au pluriel :
un garde-manger, des garde-manger; une garde-robe, des garde-robes;
(garde est verbe et reste invariable) ;
un garde-voie, des gardes-voies; une garde-malade, des gardes-malades
(garde est un nom [garde de voie, garde de malade] et se met au pluriel).
3° Le pluriel de sauf-conduit est sauf-conduits : il s’agit de «conduits», c’est-à-dire
de papiers conducteurs, qui rendent « sauf » celui qui les porte.

d. Si le composé est formé d’un mot invariable (préposition ou adverbe) et


d’un nom (§ 62, e et /), le nom seul se met au pluriel t
un avant-poste, des avant-postes; une arrière-boutique, des arrière-boutiques;
un contre-ordre, des contre-ordres; un vice-roi, des vice-rois; une plus-value, des plus-values.
N. B. — Certains composés de cette espèce ne prennent pas, en général, la marque
du pluriel : un 0u des après-midi ; une ou des avant-scène ;
d’autres ne la prennent jamais :
nn ou des sans-travail; un ou des sous-main; un ou des non-lieu.
CAYHOU. — Grammaire, française. 3
66 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

e. Si le composé est formé de deux verbes (§ 62, d), ou d’une phrase entière
(§ 62, g), il ne prend pas la marque du pluriel t
un ou des va-et-vient; un ou des laissez-passer; un ou des ouï-dire ;
un ou des rendez-vous; un ou des m’as-tu-vu; un ou des on-dit.

jvj. b. _■ Les noms composés d'origine étrangère ne prennent pas tous la marque du
pluriel.
On dit :
un mezzo-soprano, des mezzo-sopranos un sleeping-car, des sleeping-cars
(italien); (anglais);
un privat-docent, des privat-docents
(allemand) ;
mais on dit :
un ou des in-folio un ou des ex-voto un ou des nota bene
(latin); (latin); (latin);
un ou des five o’elock un ou des aqua-tinta
(anglais) ; (italien).
Le composé fac-similé, d’origine latine, reste invariable sous sa forme étrangère, mais
se met au pluriel sous sa forme francisée fac-similé :
un ou des fac-similé; un fac-similé, des fac-similés.

B. — LE NOMBRE DANS LES NOMS PROPRES


121. Généralités. — Parmi les noms propres, les uns sont du singulier,
les autres sont du pluriel. Ceux qui sont du pluriel n’ont pas de singulier; ceux
qui sont du singulier peuvent avoir un pluriel. Le pluriel des uns et des autres
est formé comme le pluriel des noms communs et toujours précédé de l’article
les ou des.
Il y a lieu de distinguer : 1° les noms de personnes; — 2° les noms géogra¬
phiques.
122. Les noms de personnes. — 1° Les noms propres de personnes
prennent la marque du pluriel :
a. Soit qu’ils désignent la totalité ou une partie des personnes portant ce
nom (les, c.-à-d. « les personnes du nom de... ») :
Le château des Condés La fortune des Pichons '
(les princes de cette maison) ; (les membres de cette famille) ;
Le combat des Iloraces et des Curiaces
(les trois frères choisis dans chaque famille).

jy. b. — Les noms d’écrivains et d’artistes qui, par métonymie (§ 93), désignent
leurs œuvres, peuvent aussi se mettre au pluriel ;
Collectionner des Watteaux Acheter des Virgiles
(c.-à.-d. des tableaux do ce peintre) ; (c.-à-d. des éditions de ce poète).

Il en est de même des noms de personnages servant à désigner les œuvres d’art
qui les représentent :
Les Diaues de nos musées
(c.-à-d. les statues de Diane).

x. Toutefois on écrit généralement, dès qu’il ne s’agit pas de familles royales, princières ou illustres: les
Périer, les Ichard, les Guérin, les ïhlry, lesColkit, etc. Le titre du roman de René Bazin est : LesOberlé
(sans s).
LE NOM 67
b. Soit qu’ils désignent une seule de ces personnes, prise comme type de toutes
les personnes qui lui ressemblent (les, c.-a-d. a les personnes comparables à...»)
Les Itugos sont rares
(Victor Hugo est pris comme type des grands poètes).

2° Par contre, les noms propres de personnes ne prennent pas la marque


du pluriel, si le pluriel les n’est que Y équivalent emphatique du singulier le,
et signifie « le grand..., le célèbre... » :
Les Racine, les Molière, les, Bossuet ont illustré le siècle de Louis XIV.
N. B. — 1° Il est des noms propres qui, dans n’importe quel cas, peuvent difficilement
prendre la forme du pluriel :
les Rousseau, les Maréchal, les Lebrun, les La Fontaine, les Dupont, les Claude Gelée.
2° Les noms propres étrangers sont généralement considérés comme invariables :
les Borgia, les Habsbourg, les Romanof, les Leczinsky,
des Murillo, des Shakespeare, des Rembrandt.

123. Les noms géographiques. — 1° Les noms de peuples prennent,


en règle générale, la marque du pluriel :
les Belges, les Espagnols, les Zoulous, les Esquimaux, les Hébreux.

Il en est de même de la plupart des noms d’archipels ou de chaînes de


montagnes :
les Antilles, les Canaries; les Pyrénées, les Carpathes.
N. B.— Toutefois les noms étrangers d’archipels ou de chaînes de montagnes son!
généralement invariables :
les [îles] Samoa; les [montsj Himalaya.

2° Les noms de pays prennent la marque du pluriel s’ils désignent plusieurs


territoires de même nom ;
les Flandres, les deux Amériques, les Guyanes.

Mais les noms de villes, particulièrement les noms étrangers désignant


plusieurs villes de même nom, restent invariables :
les deux Vienne; les deux Fribourg, les douze Boston.
CHAPITRE II

L’ADJECTIF QUALIFICATIF

124. Généralités.— L'adjectif qualificatif est un mot variable qui accom¬


pagne un nom et sert à exprimer une qualité1 de l’être (personne ou animal)
ou de la chose (objet, action ou idée) désignés par ce nom :
un enfant gai, un cheval noir,
un bâton pointu, un geste brutal, une opinion juste.

125. La forme de l’adjectif qualificatif. — La forme de l’adjectif


change: 1° selon son genre; — 2° selon son nombre.

I. - LE GENRE DANS LES ADJECTIFS QUALIFICATIFS

126. Comment se marque le genre. — D’une manière générale, les


adjectifs qualificatifs ont deux formes, l’une pour le masculin, l’autre pour le
féminin: un homme loyal ; une femme loyale.

N. B. — Certains adjectifs n’ont qu’une forme :


1° Les adjectifs terminés par un -e sont des deux genres et peuvent se rapporter à
des noms masculins et à des noms féminins :
un garçon triste, une fille triste; un livre utile, une lecture utile.
11 en est de même des adjectifs châtain, chic (motfamilier) et grognon:
un cheveu châtain, une barbe châtain ; un complet chic, une robe chic.
2U Certains adjectifs n’ont que la forme masculine et ne peuvent se rapporter qu’à
des noms masculins :
un nez aquilin, le miel rosat, le papier vélin, un air fat,
un vent coulis, un timbre carmin,
un esprit dispos, les yeux pers, un pied bot.
D’autres n’ont que la forme féminine et ne peuvent se rapporter qu’à des noms fémi¬
nins : une faim canine, la fièvre scarlatine, une ignorance crasse.

Dans les adjectifs qui ont deux formes, le féminin peut être marqué : 1° par
l e dit féminin ; — 2° par un suffixe spécial.

127. Le féminin marqué par un-e. — Le féminin des adjectifs, comme


le féminin des noms (§ 104), est marqué, en règle générale, par l’e dit féminin,
qui s’ajoute au masculin :
dur, dure; amical, amicale; joli, jolie.

i. Une « qualité », c’est-à-dire, au sens le plus général du terme, une manière d'être (bonne ou mauvaise;.
l’adjectif qualificatif 69

N. B. —- L adjectif grand a le féminin semblable au masculin dans des mots com¬


poses ou des locutions comme :
grand-mère, grand-tante, grand-messe, grand-croix, grand-rue,
avoir grand-peur, avoir grand-faim, avoir grand-soif,
à grand-peine, sur la grand-route, pas grand-chosej

et dans des noms propres comme Granville (pour Grandville).


Il en est de même de l’adjectif fort dans l’expression se faire fort de (§421,2°. N. B.),
et dans des noms propres comme Rochefori, Villefori, Maisonfori.

L’addition de l’e féminin peut entraîner pour certains adjectifs des modi¬
fications de prononciation en même temps que d'orthographe :
1° Dans les adjectifs terminés au masculin par une voyelle, il n’y a entre le
masculin et le léminin aucune différence de prononciation, mais seulement une
différence d'orthographe ;
aisé, aisée; hardi, hardie; barbu, barbue;
vrai, vraie; bleu, bleue.

*''• B- 1° Les adjectifs terminés en -gu au masculin ont, au féminin, l’e surmonté
d’un tréma, et l’u doit être prononcé (§ 16, 4°) :
aigu, aiguë
(ne pas prononcer -gue, comme dans vague).

2° Le féminin de l’adjectif hébreu est hébraïque.

2° Dans les adjectifs terminés au masculin par une consonne, il y a entre


le masculin et le féminin une différence de prononciation et une différence d’or¬
thographe.
a. Si la consonne finale est un t ou un d, elle ne se prononce pas au masculin,
mais se prononce au féminin :
plat, plate; petit, petite; dévot, dévote;
laid, laide; blond, blonde.

N. B. — 1° Le t final est doublé au féminin :


Dans les adjectifs en —et ; coquet, coquette.

Toutefois les neuf adjectifs complet, incomplet, concret, désuet, discret, indiscret, inquiet,
replet et secret ont le féminin en -ète :
complet, complète; discret, discrète.

Dans six adjectifs en -ot, qui sont bellol, boulot, maigriol, pâlot, sol et vieillot:
sot, sotte; vieillot, vieillotte.

Dans les uns comme dans les autres, la voyelle qui précède le t n’a plus le son fermé
comme au masculin, mais le son ouvert (§ 4, 1°).
Dans certains adjectifs, d’ailleurs, elle a le son ouvert même au masculin, où le t final
se prononce : net, nette.

2° Certains adjectifs ont un t au féminin sans l’avoir au masculin :


favori, favorite; coi, coite.

b. Si la consonne finale est un s, elle ne se prononce pas au masculin, mais


70 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

se prononce au féminin, soit comme un Z, après une voyelle, soit comme ss,
après une consonne :
gris, grise, confus, confuse; anglais, anglaise; danois, danoise;
épars, éparse; divers, diverse.

jq. B._io L’g final est doublé au féminin dans les sept adjectifs: bas, gras, las,
é[ais, exprès, métis et gros:
gras, grasse; épais, épaisse; exprès, expresse; métis, mêtis9e.

2° Le féminin des adjectifs tiers et frais est respectivement tierce et fraîche.

c. Si la consonne finale est un X, elle ne se prononce pas au masculin, mais


Pt prononce au féminin en se changeant en s :
honteux, honteuse; jaloux, jalouse.

N. B. _ 1° Le féminin des adjectifs faux et roux est respectivement fausse et


rousse.
2<> Le féminin de l’adjectif doux est douce.

d. Si la consonne finale est un n, elle est doublée au féminin dans les


adjectifs en -[i]en et en -on, et la voyelle qui la précède n a plus le son nasal
comme au masculin (§ 4, 2°):
ancien, ancienne; mignon, mignonne.

N. b._1° Dans les adjectifs en -in,-ain, ou -ein, et en-un, l’n n’est jamais doublé
au féminin, mais la voyelle qui la précède n’a plus le son nasal :
divin, divine; certain, certaine; serein, sereine; brun, brune.

Le féminin des adjectifs bénin et malin est respectivement bénigne et maligne.

2° Dans les adjectifs en -an, l’n n’est généralement pas doublé au féminin, mais
la voyelle qui le précède n’a plus en aucun cas le son nasal :
persan, persane; paysan, paysanne.

e. Si la consonne finale est un 1, elle est doublée au féminin dans les adjec¬
tifs en -el, en —eil, en -ol et en -ul :
réel, réelle; pareil, pareille; fol, folle; nul, nulle.

N. B. — 1° Dans les adjectifs en -al, l’I n’est jamais doublé :


amical, amicale.

2° Dans les adjectifs en -il, l’I n’est pas doublé, sauf dans gentil:
civil, civile; mais gentil, gentille.

3° Dans les adjectifs en -eau (anciennement -el)eten -ou (anciennement -ol), le


féminin se forme sur l’ancien masculin, encore usité devant les noms commençant par
une voyelle ou un h muet, et l’I final est doublé :
beau, belle fou, folle
(sur bel: «. un bel orage »); (sur fol: « un fol espoir »).

De même, le féminin de l’adjectif vieux est vieille (sur vieil: « un vieil habit »).
Le féminin des adjectifs flou et hindou est respectivement floue et hindoue( le
féminin de l’adjectif andalou (anciennement andalous) est andaîoues.
L adjectif qualificatif
71

Sl la.finale est un c, elle se prononce généralement au mas-


eulm, ma» le fem.mn est tantôt en -che. tantôt en -que (en ce carie
ieminin se prononce comme le masculin) :
blanc, blanche; sec, sèche; public, publique; caduc, caduque.

N- B- ~ 10 Le féminin de l’adjectif grec est grecque.


,.f°. Le; féminin de l’adjectif franc est franche, s’il signifie « sincère >» mais franaue
s’il signifie « relatif aux Francs, des Francs » : , mais rranque,
une parole franche, la loi franque.

3° féminin des adjectifs long et oblong, dont la consonne finale est un a est
respectivement longue et oblongue. 9
g. Si la consonne finale est un r, elle ne se prononce généralement pas au
masculin dans les adjectifs en -er, mais elle se prononce toujours au féminin,
qui est en -ère. 1 e fermé du masculin devenant e ouvert au féminin ;
^£er> légère amer, amère
(1 r ne se prononce pas au masculin); (IV se prononce au masculin).

h. Si la consonne finale est un f, elle se prononce au masculin, et se change


en v au féminin :
bref, brève; actif, active; sauf, sauve; neuf, neuve.

128. Le féminin marqué par un suffixe spécial. — Le féminin est,


dans un certain nombre d’adjectifs, marqué par un des suffixes :
-euse ou -trice.
Ont leur féminin :
1° En -euse, les adjectifs dont le masculin est en -eur (§ 105,3°) :
rieur, rieuse; trompeur, trompeuse; poseur, poseuse;
menteur, menteuse.

N. B. — 1° Le féminin des adjectifs pécheur, vengeur, enchanteur, est en -ere<?se


(§ 105, 3°, N. B.):
pécheur, pécheresse; vengeur, vengeresse; enchanteur, enchanteresse.
2° Le féminin des adjectifs en -eur qui sont des comparatifs de supériorité (§ 133,
N.B.) suit l’usage général et est en -eure :
meilleur, meilleure; majeur, majeure.

2° En -trice, beaucoup d’adjectifs dontle masculin est en -leur1 (§ 105, 4°):


corrupteur, corruptrice; dévastateur, dévastatrice.

II. - LE NOMBRE DANS LES ADJECTIFS QUALIFICATIFS

129. Comment se marque le nombre. — La plupart des adjectifs


qualificatifs ont deux formes, l’une pour le singulier, l’autre pour le pluriel.
Le pluriel peut être marqué soit par un s, soit par un x.

i. Ces adjectifs se reconnaissent comme les noms en -teur qui ont leur féminin en -tfice (p. 55, n. 1).
72 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

1° Dans la plupart des adjectifs, le pluriel est marqué par un s, qui s’ajoute
au singulier :
calme, calmes; joli, jolis; lent, lents; grand, grands; neuf, neufs;

sauf quand le singulier est lui-même terminé par un s ou par un x :


un cheval gris, des chevaux gris; un timbre faux, des timbres faux.

2° Dans un certain nombre d’adjectifs, le pluriel est marqué par un X. Ce


sont ;
a. Les adjectifs en -al, qui ont le pluriel en -aux :
amical, amicaux; royal, royaux.

N. b. — Toutefois le pluriel d’un certain nombre d’adjectifs en -al est en -6, celui
notamment de banal (sauf dans l’expression : les fours banaux), bancal, final et naval:
Dos compliments banals. Des armements navals.

Le pluriel de plusieurs autres, comme frugal, jovial, pascal, pluvial, est soit en 8, soit
en aux.
Enfin le pluriel de fatal, glacial, nalal, pénal, et de quelques autres, est à peu près
inusité.

b. Les adjectifs beau, nouveau, jumeau et hébreu:


beaux, nouveaux, jumeaux, hébreux.

N. B. — Par contre, le pluriel de bleu (§ 118, b, N. B.) et celui, peu usité, de /eu
(« défunt», g 371, 5°), sont en -s; des geux bleus, les feus rois.
Remarque. — Dans la langue parlée, le nombre d’un adjectif est facile à recon¬
naître si cet adjectif ne se prononce pas au pluriel comme au singulier:
amical, amicaux.

Dans le cas contraire, qui est le plus général, ce sont les déterminants (articles,
démonstratifs, etc.), ou les liaisons (§ 9), qui indiquent le nombre de l’adjectif:
un ruban rouge, des rubans rouges; ce discours bref, ces discours brefs;
un petit enfant, de petits enfants.

130. Cas particulier : le genre et le nombre dans les adjectifs


composés. — Parmi les adjectifs composés, il y a lieu de distinguer ceux
qui s’écrivent en un seul mot et ceux qui s’écrivent en plusieurs mots:
1° Les adjectifs composés qui s’écrivent en un seul mot forment leur
féminin et leur pluriel comme les adjectifs simples (§ 127) :
clairsemé : de l’avoine clairsemée, des cheveux clairsemés.

2° Les adjectifs composés qui s’écrivent en plusieurs mots ont leurs élé¬
ments qui varient en genre et en nombre ou qui restent invariables d’après le
sens :
a. Si l’adjectif composé est formé de deux adjectifs (§ 63, a), ces deux
adjectifs varient en genre et en nombre:
sourd-muet: une fille sourde-muette, des enfants sourds-muets.
l’adjectif qualificatif 73

N. B. — Si le premier élément est un radical d’adjectif terminé en -o, il reste toujours


invariable . la frontière franco-allemande ; les peuples anglo-saxons,
des traditions sacro-saintes.

b. Si 1 adjectif composé est formé d’un adjectif (à valeur d’adverbe) et d’un


participe passé (§ 63, c), tantôt les deux éléments varient en genre et en nombre,
comme si l’adjectif n’avait pas la valeur d’un adverbe :
une porte grande ouverte, des yeux grands ouverts
(grande, grands, c.-à-d. grandement) ;

tantôt Vadjectif, considéré comme adverbe, reste invariable et le participe seul


varie: une femme court-vêtue des enfants nouveau-nés
(court, c.-à-d. de façon courte) ; (nouveau, c.-à-d. nouvellement).

N- B- — 1° Dans le composé mort-né, formé de deux participes, le premier élément


reste habituellement invariable, bien qu’il n’ait pas la valeur d’un adverbe :
une fille mort-née, des enfants mort-nés
(le sens n’est pas : mortellement née ou nés).

2° Dans le composé tout-puissant, formé d’un ancien participe présent devenu


adjectif verbal (§ 263, p. 188, n. 5) et de son objet, les deux éléments varient en
genre et en nombre, sauf au masculin pluriel, où le premier élément reste invariable:
un roi tout-puissant, des rois tout-puissants ;
une nation toute-puissante, des nations toutes-puissantes.

c. Si l’adjectif composé est formé d’un adjectif (à valeur de nom) et d’un


nom ou d’un adjectif qui le détermine (§ 63, b), les deux éléments restent inva¬
riables! des gants gris-perle une robe bleu clair
(c.-à-d. d'un gris de perle) ; (c.-à-d. d’un bleu clair).

N. B. — Il en est de même de certains adjectifs composés, tels que bas-bleu, beurre


frais, fraise écrasée, etc., formés d’un nom et d’un adjectif qui le détermine :
une femme ) une cravate ) un ruban
bas-bleu; beurre frais; | fraise écrasée.
des femmes ) des cravates ; des rubans

III. — LES DEGRÉS DE SIGNIFICATION :

COMPARATIFS ET SUPERLATIFS
131. Généralités. — L’adjectif qualilieatif exprime généralement la qua¬
lité d’un être ou d’une chose sans indiquer à quel degré cet être ou cette chose
possède cette qualité : Ces fleurs sont belfes.

On dit alors que l’adjectif est au positif.


Mais il peut aussi indiquer à quel degré il possède cette qualité; il prend alors
des formes spéciales que l’on appelle les degrés de signification et qui sont le
comparatif et le superlatif :
Comparatif : Ces fleurs sont plus balles, moins beUas, aussi belles.
Superlatif : Ces fleurs sont les plus belles, très belles.
74 I.A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N. B. —Certains adjectifs exprimant une qualité qui ne comporte pas de degrés n’ont
ni comparatif ni superlatif. Ce sont notamment :
aîné, cadet; premier, dernier; initial, final; unique, double;
éternel, mortel; excellent, principal; carré, circulaire.

132. Le comparatif. — Le comparatif indique qu’un être ou une chose


possède une qualité à un degré plus élevé, moins élevé ou aussi élevé par
comparaison avec un autre être ou une autre chose :
Paul est plus doux que Pierre. Paul est moins doux que Pierre.
Paul est aussi doux que Pierre.

Dans le premier cas, plus doux indique que la douceur de Paul est supérieure
à celle de Pierre : c’est un comparatif de supériorité.
Dans le second cas, moins doux indique que la douceur de Paul est inférieure
à celle de Pierre : c’est un comparatif d’infériorité.
Dans le troisième cas, aussi doux indique que la douceur de Paul est égale
à celle de Pierre : c’est un comparatif d’égalité.

133. Le comparatif de supériorité. — Le comparatif de supériorité est,


en règle générale, formé de l’adjectif précédé de l’adverbe de quantité plus :
plus grand, plus léger, plus juste, plus calme.

Mais trois adjectifs ont un comparatif de supériorité irrégulier, qui est un


adjectif spécial, formé sans adverbe:
meilleur, pire, moindre.

1° L’adjectif meilleur sert de comparatif à bon ; il varie en genre (§ 128,


1°, N. B., 2°) et en nombre :
un plat meilleur, une santé meilleure, des jours meilleurs.

Il possède une forme neutre : mieux :


rien de mieux, quelque chose de mieux, qui mieux est.

2° L’adjectif pire sert de comparatif à mauvais, à côté de plus mauvais ; il ne


varie qu’en nombre (§ 126, N. B., 1°) :
un remède pire, une situation pire, des fautes pires.

Il possède une forme neutre : pis :


rien de pis, quelque chose de pis, qui pis est.

3° L’adjectif moindre sert de comparatif à petit, à côté de plus petit ; il ne


varie, lui aussi, qu’en nombre:
un mal moindre, une distance moindre, des dégâts moindres.

N. B. — 11 existe dix autres adjectifs, qui sont originairement des comparatifs formés
l’adjectif qualificatif 75

sans adverbe, mais qui ne s’emploient plus guère, pour la plupart, qu’avec la valeur de
positifs. un fils majeur ou mineur ;
un étage supérieur ou Inférieur; un acte antérieur ou postérieur;
une cour intérieure, une porte extérieure ; une date ultérieure, une région intérieure.

Quatre seulement peuvent s’employer encore avec une valeur de comparatifs :


supérieure ( antérieur >
Une note à une autre ; un fait
inférieure ( postérieur S àun autre

134. Le comparatif d’infériorité. — Le comparatif d’infériorité est


formé de l’adjectif précédé de l’adverbe de quantité moins :
moins grand, moins léger, moins juste, moins calme.

135. Le comparatif d’égalité. — Le comparatif d’égalité est formé de


l’adjectif précédé des adverbes de quantité aussi ou si:
aussi aussi ) ,, a "j ss
3SÎ ) . aussi \
grand,
si si f léSer> si \ juste,
si ] caIme-

N. B. — L’adverbe aussi peut toujours s’employer; l’adverbe si ne s’emploie que


dans une phrase négative (§ 286, 7°) :
Il est aussi grand. Il n’est pas aussi grand. U n’est pas si grand.

136. Le superlatif. — Le superlatif indique qu’un être ou une chose


possède une qualité :
1° Soit au degré le plus élevé ou le moins élevé, par rapport à un ensemble
d’autres êtres ou d’autres choses :

Paul est 1 le moins doux j de mes enfants.

Dans le premier cas, le plus doux indique que la douceur existe chez Paul
au degré le plus haut par rapport à l’ensemble de mes enfants : c’est un super¬
latif relatif (de supériorité).
Dans le second cas, le moins doux indique que la douceur existe chez Paul
au degré le moins haut par rapport à l’ensemble de mes enfants : c’est un
superlatif relatif (d’infériorité).
2° Soit à un degré très élevé, sans aucune idée de comparaison avec un
autre être ou une autre chose :
Paul est très doux.

Dans ce cas, très doux indique que la douceur existe chez Paul à un degré
très élevé : c’est un superlatif absolu.

137. Le superlatif relatif. — Le superlatif relatif est formé du comparatif


(de supériorité ou d’infériorité) précédé de l’article défini le, la, les :
le garçon le plua doux, la fille la plus douce, les enfants les plus doux,
ou la moins doux; ou la moins douce; ou les moins doux.
76 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N B. — 1° Le superlatif relatif n'a pas l’article, s’il précède le nom au lieu de le suivre :
le plus doux, la plus douce, les plus doux,
ou le moins doux garçon; ou la moins douce fille; ouïes moins doux enfants.

En pareil cas, l’article exprimé se rapporte au nom.


2° Dans les deux cas, l’article peut être remplacé par un adjectif possessif ;
mon enfant le plus doux, mon plus doux,
ou le moins doux ; ou mon moins doux enfant.

138. Le superlatif absolu. — Le superlatif absolu est formé de l’adjectif


précédé de l’adverbe de quantité très, ou d’un adverbe équivalent comme
tort, bien, tout à fait, excessivement, extrêmement, infiniment, etc. :
Paul est très doux.
Ce devoir est fort mauvais. Mon ami est bien malade.
Ma mère est extrêmement bonne. Cette région est excessivement belle.

N. B. — Le superlatif peut en outre être marqué :


1° Par un préfixe, comme archi-, super-, sur-, extra-, ultra- (g 58 et 59) :
une salle archicomble, un miel superfin, une récolte surabondante,
une voyante extralucide, une politique ultralibérale.
2° Par le suffixe -issime, ajouté à certains adjectifs de la langue soit protocolaire,
soit familière :
une altesse sérénissime; une occasion rarissime, un oncle richissime.
3° Par un adjectif de forme positive, mais de sens très fort :
un plaisir divin; une peine immense;
une chaleur torride ; un temps infini ; une œnvue gigantesque.
Certains de ces adjectifs sont originairement des superlatifs, qui correspondent à
d’anciens comparatifs formés comme eux sans adverbe (§ 133, N. B.), mais ils ne s’em¬
ploient plus guère qu’avec la valeur de positifs de sens très fort :
un poids minime une somme infime une joie intime une limite extrême
(compar. : mineur); (compar. : inférieur) ; (compar. : intérieur); (compar. : extérieur).
Deux seulement peuvent s’employer encore avec une valeur de superlatif :
le pouvoir suprême, la pensée ultime,
c.-à-d. le plus élevé (compar. : supérieur) ; c.-à-d. la toute dernière (compar. : ultérieur).
4° Par certains procédés spéciaux à la langue parlée ou à la langue familière :
Le spectacle était beau, beau
(adjectif répété).
La comédie était joliment amusante L’affaire est rudement compliquée
(adverbe familier). (adverbe familier).
La chose est on ne peut plus simple Cet enfant est impoli comme tout
(formule familière). (formule familière).
CHAPITRE ÏII

L’ARTICLE

139. Généralités. — L'article est un petit mot variable qui introduit le


nom et permet de le reconnaître :
Je vais dîner Le dîner est prêt
(dîner, sans l’article, est un verbe). (dîner, avec l’article, est un nom).
Un m’as-tu vu, Un je ne sais quoi
(d’une phrase entière l’article fait chaque fois un nom).

N. B. — L’article indique accessoirement le genre et le nombre du nom :


le cèpe, les cèpes une vis, des vis
(nom masc.; (nomfém.;
sans l’art., le sing. et le plur. se confondraient sans l’art., le sing. et le plur. se confondraient
dans la prononciation). dans la prononciation et l’orthographe).

On distingue trois sortes d’articles : 1° l’article défini; —- 2° l’article par¬


titif; — 3° l’article indéfini.

I. — L’ARTICLE DÉFINI

140. La forme de l’article défini. — L’article défini introduit le nom


des êtres (personnes ou animaux) et des choses (objets, actions ou idées)
bien déterminés : Prête-moi le livre que tu viens de lire
(c.-à-d. ce livre-là, et non un autre).

Les formes de l’article défini sont:


( Masc. le : le chêne; Masc. ) j ^ les chênes;
SINGULIER J-, , 1 . , , Pluriel
( Fem. la : la poule. Fém. S ) les poules.

Mais ces formes subissent dans certains cas des changements, soit par
élision, soit par contraction:
1° Devant un nom commençant par une voyelle ou un h muet, l’article
masculin le et l’article féminin la perdent leur voyelle finale et s’écrivent 1' :
l’arbre, l’homme l’église, l’heure
(V, au lieu de: le) ; (l\ au lieu de: la).

L’article 1’ est appelé article défini élidé (§ 10).


N. B. — 1° L’article le ne s’élide pas devant quelques mots tels que : oui, huit
(huilain. huitaine, huitième), onze (onzième), uhlan, yacht, yucca, etc.:
le huit janvier ; le yacht royal.

2° L’article la ne s’élide pas toujours devant le mot ouate:


On dit : l’ouate, mais aussi : la ouate.
78 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Devant un nom commençant par une consonne ou unh aspiré, l’article


masculin le, précédé d’une des prépositions à ou de, se combine avec la
préposition :
à le devient au : de le devient du :
Aller au jardin, au hanga?. L’entrée du jardin, du hangar.
Mais ou dit [ à l’abri, à l’hôtel. L’entrée de l’abri, de l’hôtel
r (l’article est devant un nom commençant par une voyelle ou un h muet).

Devant un nom commençant par une voyelle ou par une consonne, par
un h muet ou un h aspiré, l'article masculin-féminin les, précédé d’une des
prépositions à ou de, se combine également avec la préposition :
à les devient aux : de les devient des :
Obéir aux ordres. Jouer aux billes. La précision des ordres. La passion des billes.
Aspirer aux honneurs. Aller aux halles. La carrière des honneurs. Le cours des halles.

Les articles au et du, aux et des sont appelés articles définis contractés.
N- B- — 10 Les articles au et aux sont parfois les équivalents de dans le et
dans les : Il est au bureau. U est aux champs.

2“ L’article les, précédé de la préposition en, se combinait autrefois avec elle,


et en les devenait ès. Cet article contracté ne survit que dans certaines formules :
bachelier ès lettres, docteur ès sciences
(on dit, par contre : bachelier en droit, docteur en médecine).

141. Le sens de l’article défini. — En principe, l’article défini intro¬


duit un nom qui désigne :
1 Tantôt 1 ensemble des etres ou des choses d une espece déterminée
(sens général) :
Le chien est l’ami de l’homme La chasse est un sport excellent
(il s agit de n importe quel chien). (il s’agit de n’importe quelle chasse).
Les vacances reposent l’esprit
(il s’agit de n’importe quelles vacances).

2° Tantôt un être ou des êtres, une chose ou des choses bien déterminés
de cette espèce (sens restreint):
Le chien de mon père est noir; La chasse au tigre est dangereuse
(il ne s’agit plus de n’importe quel chien, ni de n’importe quelle chasse).
Les vacances de cette année m’ont paru longues
(il ne s’agit plus de n’importe quelles vacances).

142. Les valeurs particulières de l’article défini. — L’article défini


peut, en outre, avoir :
1° La valeur d’un adjectif démonstratif (§ 185) :
L’affaire est importante Peut-on parler de la sorte ?
(c.-à-d. cette affaire-là). (c.-à-d. de celte façon-là).
11 arrive à I instant II restera tout l’hiver Le lundi, 5 septembre
(c.-à-d. à cef instant-ci). (c.-à-d. cet hiver-ci). (c.-à-d. ce lundi-ci).
J’ai l’espoir qu’il viendra II a eu la bonté de m’écrire
(c.-à-d. ccl espoir-ci) (c.-à-d. c*tte bonté-ci).
l'artîcle

N. B. — Il a parfois, en particulier, le sens emphatique de : « ce ... bien connu »,


a le ... fameux » (en bien ou en mal) :
Joffre, le vainqueur de la Marne. Napoléon, l’homme du 2 décembre.
Le faisan à la Montpensier ; Lee soles à la Marguery
(1a, c.-à-d. la [mode] : emploi fréquent sur les menus des restaurants).

L’article défini, issu d’un démonstratif latin, doit à son origine sa valeur démons¬
trative.

2° La valeur d’un adjectif possessif, en particulier devant un nom dési¬


gnant une partie du corps (§ 177, 3°) :
J’ai mal à la jambe Tu as les mains sales
(la, c.-à-d. ma). (les, c.-à-d. les).
Il a perdu la vie par son imprudence
(la, c.-à-d. sa).

N. b. — L’adjectif possessif peut être employé en pareil cas, mais le sens de la


phrase est alors différent (§ 177, 3°, N. B.) :

3o La valeur d’un adjectif indéfini, en l’espèce de l’adjectif chaque (§ 222) :


Le vin coûte vmgt francs le litre. Nous allons au tennis le dimanche.

143. L’emploi de l’article défini devant les noms communs. —


1° En règle générale, l’article défini est exprimé devant tout nom commun
désignant un être ou des êtres, une chose ou des choses bien déterminés:
Appeler le fils de son voisin. Habiter la maison où l’on est né.
Aimer les romans policiers.

Cet emploi ne donne lieu qu’à deux observations :


a. Lorsque deux ou plusieurs noms sont coordonnés, l’article est ordi
nairement exprimé devant chaque nom 1
le chien et le chat les pommes ou les poires, le nez, la bouche et les yeux.
N. b. _ Toutefois l'article n’est exprimé que devant le premier:
1° Si des noms unis par et désignent un ensemble d’êtres ou de choses formant un
tout (l’article est alors au pluriel) :
les eaux et forêts, les ponts et chaussées, lea us et coutumes,
les officiers, sous-officiers et soldats; les mardi, jeudi et samedi.
Dites-moi les jour et heure où je pourrai vous voir.
2° Si des noms unis par ou désignent une seule et même chose, le second n’étant
que l’explication du premier (l’article est alors au singulier) :
la mal de Pott, ou mal des vertèbres.

b. Lorsqu’un nom est précédé de deux adjectifs coordonnés, l’article est


exprimé, si le sens le demande, devant chaque adjectif :
les bons et les mauvais citoyens
j les sages et vertueux citoyens
mais on dit ( (r catégorie de citoyens, doue 1 article).
(2 catégories de citoyens, donc 2 articles);
B. _ Si les deux adjectifs suivent le nom, et si l’article doit être répété, le nom
peut être répété lui aussi. On peut dire:
LhUtoire ancienne et la moderne, ou : l’hi.toire ancienne et l’hûtoire moderne.
80 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Mais l’article défini n’est pas exprimé :


a. Devant un nom déjà déterminé par un adjectif démonstratif, ou pos¬
sessif, ou interrogatif, ou indéfini, ou numéral cardinal :
cet âne, notre école, quelle heure? auoun élève, deux lots.
N. B. — L’article est parfois exprimé devant un nom déterminé par un adjectif
numéral cardinal, mais le sens de la phrase est différent :
J’ai gagné deux lots J’ai gagné les deux lots
(la loterie comportait plus de 2 lots). (la loterie ne comportait que 2 lots).

b. Devant un nom en apostrophe (§393).


Il pleut, enfants, rentrez vite!
N. B. — L’article, cependant, est parfois exprimé en pareil cas, surtout si l’apo¬
strophe s’accompagne d’un geste :
Ho! l’ami, venez ici 1 « Debout, les Morts! » Avancez, les petits!

c. Devant un nom apposition (§ 374) ou un nom attribut (§ 419) :


Louis XIV, roi de France Louis XIV était roi de France
(roi est apposition). (roi est attribut).

N. B. — L’article, cependant, est parfois exprimé en pareil cas, surtout si l’appo¬


sition et l’attribut expriment un caractère propre à un être ou à une chose:
Tartarin, l’intrépide chasseur. Dieu est le roi des rois.

d. Devant un nom complément de nom introduit par une préposition et


servant à caractériser un être ou une chose (§ 379) :
Un piège à loups. Un vase d’or. Un rayon de soleil. Un poisson de mer.

N. B. — L’article, cependant, est parfois employé en pareil cas :


Le pot au lait. L’eau de la mer.

e. Devant un nom complément d’objet formant avec un verbe une locu¬


tion verbale (§ 65, b) :
Avoir soin. Perdre patience. Prendre possession. Faire peur.
Demander pardon. Donner ordre. Promettre mariage.

N. B. — L’article, cependant, est souvent employé en pareil cas, mais le sens de la


phrase est en général différent’:
Prendre garde n’équivaut pas à Prendre la garde,
ni Donner raison à Donner la raison, ni Rendre justice à Rendre la justice.

/. Devant un nom complément de circonstance,introduit ou non par une pré¬


position et formant avec elle ou avec d’autres mots une locution toute faite :
Aller à pied. Mourir de faim. Être sous terre. Vivre en paix.
Parler à cœur ouvert. Aller par monts et par vaux. Courir à travers champs.
Charger sabre au clair. Sortir tête nue. Travailler nuit et Jour.

g. Devant un nom, quelle que soit sa fonction, désignant une division du


temps (noms de mois, de jours, etc.) :
Août a été très chaud La pendule marque midi Je pars dimanche
(sujet). (comp, d'objet). (comp. de circonstance).
L ARTICLE 81

h. Devant un nom sans fonction définie entrant dans une formule


d’annonce (enseigne, adresse, titre de livre, etc.) :
Lycée Louis-le-Qrand. Il habite rue du Bac. Grammaire française.

i. Dans les proverbes, dont la forme remonte à une époque où l’article


était moins employé qu’aujourd’hui :
Plus fait douceur que violence.

/. Dans les énumérations, par souci littéraire de rapidité :


Vieillards, hommes, femmes, enfants, toute la foule était en joie.

N. B. — Ce souci ne doit pas être confondu avec le besoin pratique de rapidité


auquel répond l’omission de l’article dans le style télégraphique:
Avons reçu colis annoncé. Remerciements maisonnée.
(c.-à-d. le colis) (c.-à-d. de la maisonnée)

144. L’emploi de l’article défini devant les noms propres. — Il y a


lieu de distinguer: 1° les noms de personnes; — 2° les noms géographiques.
1° Devant les noms propres de personnes, prénoms ou noms de famille,
l’article défini, en règle générale, n’est pas exprimé :
Jules. Fabre.

N. B. — Si le nom propre est lire d’un nom commun, il peut garder l’article qu’il
prenait dans son emploi primitif :
Lebœuf, Laroche; Le Bras, L’Hôpital.

En pareil cas, l’article ne se contracte jamais :


Les tableaux de Le Brun. Les lettres à Le Nôtre.

Toutefois les noms propres de personnes se présentent avec Varticle t


a. S’ils désignent l’ensemble des membres d’une famille :
les Césars, les Bourbons, les Dumas.

N. B. — Les noms de famille sont, en particulier, précédés de l’article, s’ils dési¬


gnent, par métonymie (§ 93), les oeuvres d’un artiste, les créations d’un industriel, etc. :
les Hubens, les Rodins; les Citroën, les Farman.

b. S’ils désignent une personne particulière et sont accompagnés d’un


déterminant (adjectif qualificatif ou complément de nom) :
le grand Alexandre, le bon La Fontaine; le Tartarin de Daudet.

N. B. — Les noms de famille désignant une personne particulière sont parfois pré¬
cédés de l’article sans être accompagnés d’un déterminant.
L’article est alors le plus souvent au singulier, parfois au pluriel :
1° Il est au singulier devant les noms italiens d’écrivains ou d’artistes célèbres :
le Tasse le Vinci : Dante
(Torquato Tasso), (Léonard de Vinci); maison ît j (prénom de Dante Alighierl) j
82 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

ainsi que devant les noms italiens et, par extension, les noms français, espagnols, etc.,
de femmes de théâtre (actrices, cantatrices, danseuses) :
la Duse la Patli la Zambelli
(tragédienne), (cantatrice), (danseuse) ;
la Béjart la Clairon la Malibran la Pavlova
(comédienne française), (tragédienne française), (cantatrice espagnole), (danseuse russe).
Cet article, conforme aux habitudes de la langue italienne, ne s’emploie plus guère
devant le nom des actrices d’aujourd’hui.
2° Il est encore au singulier devant les noms de grandes favorites ou de grandes
criminelles :
la Pompadour la Brinvilliers
(grande favorite, xvm" siècle), (grande criminelle, xvn' siècle).

L’article a alors une valeur péjorative et exprime une nuance de mépris ; il signifie :
«la fameuse (en mal)... ».
3° Il est au pluriel devant les noms de grands personnages dont on veut souligner
l’importance :
Les Colbert, les Louvois, les Racine, les Molière, les Bossuet
ont illustré le siècle de Louis XIV.

L’article a alors une valeur emphatique et exprime une nuance d’admiration; il


signifie : « le fameux (en bien)... », « le grand... ».

c. S’ils désignent un bateau, un dirigeable ou un avion (§ 114) :


le La Fayette le Courbet le Santos-Dumont le Goliath
(paquebot), (cuirassé); (dirigeable); (avion).

2° Devant les noms propres géographiques, l’article défini est exprimé dans
un plus grand nombre de cas:
a. Les noms de villes, sans doute, se présentent en général sans article t
Madrid, Tunis, Dakar, Hanoï, Québec.
N. B. — Toutefois les noms de villes qui sont d’anciens noms communs sont pré¬
cédés de l’article :
Le Puy, Le Havre, La Rochelle, La Flèche.
Il en est de même des noms au pluriel :
Les Andelys, Les Laumes.
Devant ces noms l’article se contracte comme devant Jes noms communs:
Je vais au Puy, aux Laumes. Je viens du Puy, des Laumes.
L’article s’emploie, en outre, quand le nom de ville est accompagné d’un déter¬
minant (adjectif qualificatif ou complément de nom) :
le vieux Paris, la Rome d’Auguste.

b. Les noms de peuples, par contre, les noms de pays (de provinces, de
départements), les noms de mers (de cours d’eau, de lacs), les noms de
montagnes se présentent avec l'article t
les Français, les Bretons, les Lyonnais;
le Canada, la Grèce, l'Italie;
le Béarn, la Touraine, l'Anjou; le Cantal, la Côte d’Or, les Landes-
la Manche; le Nil, la Seine, l’Èbre ; le Cher, la Nièvre, l'Aude; le Léman;
ie Caucase, la Cordillère, l'Apennin, les Balkans, lee Alpes.
L ARTICLE 83

N. B. — Les noms de pays, employés comme compléments de lieu et précédés des


prépositions à, en ou de, se présentent en général avec l'arlicle, s'ils sont du masculin,
et sans article, s'ils sont du féminin:
au Maroc, du Maroc.
Aller Rentrer
en Algérie. d’Algérie.

Précédés des prépositions vers, pour, ou par, ils se présentent avec l'article, quel
que soit leur genre :
Cingler vers le Maroc. I par le Maroc.
Partir pour l’Algérie. asser j par |>Algérie.

Si les noms de pays sont au pluriel, ils se présentent toujours avec l'arlicle, quel que
soit leur genre et quelle que soit la préposition dont ils sont précédés :
Aller aux Indes. Cingler vers les Indes. ( par les Indes.
Rentrer des États-Unis. Partir pour les États-Unis. Passer par (eg jjtatg-CTnis.

e. Les noms d’îles se présentent les uns avec l’article, les autres sans
article :
la Crète, la Sicile, l’Irlande la Martinique, les Baléares
(assimilées historiquement à des pays) ; (noms tirés d’adjectifs) ;
Malte, Madagascar, Sainte-Hélène, Ceylan.

II. — L’ARTICLE PARTITIF

145. La forme de l’article partitif. — L’article partitif introduit le


nom d’une chose partageable, dont on ne considère qu’une partie plus ou
moins grande, toujours indéterminée :
Couper du pain. Boire de l’eau.

Il est formé de la préposition de (sens partitif) et de l’article défini le, la,


les, et il peut être, dans les mêmes conditions que l’article défini, élidé ou
contracté (§ 140, 1° et 2°).
Les formes de l’article partitif sont :

o ( Masc. du (de le), de 1’ : Laver du linge, Gagner de l’argent;


( rem. de la, de 1 : Carder de la laine, Verser de l’huile.

Pluriel, Masc. et Fém. des (de les) : Prendre des confitures.

N. B. L’article partitif des et l’article indéfini des (§ 147) ne sont qu’un seul et
même mot; mais ils n’ont pas tout à fait le même sens :
des, article partitif, des, article indéfini,
est le pluriel de du, de la; est le pluriel de un, une.
Si je dis :
J’ai acheté des groseilles.

des est l’article partitif : c’est, en effet, le pluriel de de la, puisque au singulier la phrase
serait : J’ai acheté de la groseille
Si je dis :
J’ai éerit des lattres,
84 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAI

des est rarticle indéfini : c’est, en effet, le pluriel de une, puisque au singulier la
phrase serait : '(’ai écrlt une leUre-
Mais les deux articles sont souvent très difficiles à distinguer 1 un de i autre. Ainsi .
peut être le ( ., , i Manger du raisin . , ^ Manger un raisin
Manger des raisins pluriel | S0,t de | (article partitif). S01' (art icle indéfini ).

146. L’emploi de l’article partitif. — 1° L’article partitif singulier,


et parfois aussi l’article partitif pluriel, introduisent des noms désignant des
choses, concrètes ou abstraites, qui ne se comptent pas :
Moudre du café. Acheter de la viande. Récolter de l’avoine.
Montrer du courage. Faire de la peine. Avoir de l’esprit.
Manger des épinards. Brûler des étoupes.
(On dit au singulier : Manger de /'oseille, Brûler du bois).
N. B. — L’article partitif du introduit parfois des noms d’écrivains ou d’artiste-
servant, par métonymie (§93), à désigner leurs œuvres :
Lire du Corneille. On croirait voir du Rubens. Chanter du Gounod,

L’article pariitif pluriel introduit généralement des noms désignant des


êtres ou des choses qui se comptent, mais qui font partie d’un ensemble déter¬
miné qu’indique un complément de nom ou une proposition relative :
Prenez des fruits que j’ai cueillis. Désignez des élèves de votre classe.
Comparez : « ... de ces fruits », «... de vos élèves ».
2° La préposition de s’emploie seule, sans se combiner avec l’article défini :
a. Devant un nom complément d’un adverbe de quantité (§ 286, 1°, a) :
beaucoup de pain, peu de confiance, trop de paresseux.

N. B. — Toutefois le complément de l’adverbe bien est introduit par l’article


partitif : Avoir bien du mérite. Prendre bien de la peine.
Connaître bien des gens.

b. Devant un nom complément d’objet d’un verbe à la forme négative :


Ne pas boire de vin N’avoir pas de santé Ne pas dire de sottises
(de, c.-à-d. du), (de, c.-à-d. de la) (de, c.-à-d. des).

c. Devant un adjectif précédant un nom pluriel:


Acheter de belles marchandises

N.-B. — L’article partitif est au contraire généralement employé devant un adjectif


précédant un nom singulier:
Fumer du bon tabac Boire de la bonne bière
(plutôt que : de bon tabac). (plutôt que : de bonne bière).

3° L’article partitif n’est pas exprimé généralement :


a. Devant un nom complément d’objet formant avec un verbe une locution
verbale (§ 65, b) :
Prendre patience Avoir regret Garder rancune
(c.-à-d. de la patience). (c.-à-d. du regret). (c.-à-d. de la rancune).

h. Devant un nom complément de circonstance introduit par une pré¬


position :
Travailler avec plaisir Lire sans peine
(c.-à-d. en prenant du plaisir). <c.-à-d. en ne prenant pas de la peine).
L ARTICLE 85

III. — L’ARTICLE INDÉFINI


147. La forme de l’article indéfini. — L’article indéfini introduit le
nom des êtres (personnes ou animaux) et des choses (objets, actions ou idées)
indéterminés ; Prête-moi un livre
(un, c.-à-d. n’importe lequel).

Les formes de l’article indéfini sont :


^ Masc. un : un tigre; Masc. des tigres;
Singulier Pluriel des
( Fém. une : une auto. Fém. des autos.

N. B. — 1° Au singulier, l’article indéfini n’est autre que l’adjectif numéral cardinal


un, dont le sens est nettement différent (§223).
Si je dis : Nous avons un enfant,
un signifie « un ... unique » : c’est l’adjectif numéral.
Si je dis ; Venez un jour prochain,
un signifie * un ... quelconque » : c’est l’article indéfini.
2° Au pluriel, l’article indéfini n’est autre que le pluriel de l’article partitif des,
dont le sens n’est pas tout à fait le même (§ 145, N. B.).

148. Le sens de l’article indéfini. — En principe, l’article indéfini


introduit un nom qui désigne:
1° Au singulier, un être ou une chose indéterminée, dont on ne peut pas
ou dont on ne veut pas préciser Videntité:
Achète-moi un roman J’ai un ami à dîner
(un, c.-à-d. un... quelconque, (un, c.-à-d. un certain...,
indéterminé dans ma phrase et dans mon esprit). indéterminé dans ma phrase, non dans mon esprit).

2° Au pluriel, une quantité d’êtres ou de choses indéterminée, dont on ne


peut pas ou dont on ne veut pas préciser le nombre:
Achète-moi des romans J’ai des amis à dîner
(le nombre en est indéterminé (le nombre en est indéterminé
dans ma phrase et dans mon esprit). dans ma phrase, sinon dans mon esprit).

149. Les valeurs particulières de l’article indéfini. — L’article indé¬


fini peut, en outre, au singulier et au pluriel, avoir une valeur emphatique
ou une valeur péjorative:
Il a un talent! Il est d’une avarice!
(c.-à-d. un ... extraordinaire). (c.-à-d. d’une ... extraordinaire).
Ce sont des saints ! Ce sont des criminels!

N. B. — Il s’emploie ainsi, en particulier, devant les noms propres :


C’est un Coquelin C’est un Harpagon
(c.-à-d. un acteur comparable à ...). (c.-à-d. un avare comparable à ...).
Rome a connu des Augustes, mais aussi des Nérons
(c.-à-d. des empereurs aussi bons qu’ Auguste ou aussi mauvais que Néron, § 122, 1', b).
86 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

150. L’emploi de l’article indéfini. — 1° En règle générale, l’article indé¬


fini est exprimé devant tout nom commun désignant un être ou des êtres,
une chose ou des choses indéterminés:
Attendre un camarade. Chercher des champignons.

Cet emploi ne donne lieu qu’à deux observations :


a. Lorsque deux ou plusieurs noms sont coordonnés, l’article est ordi¬
nairement exprimé devant chaque nom:
un chien et un chat, des pommes ou des poires, un nez, une bouche et des yeux.

h. Lorsqu’un nom pluriel est précédé d’un adjectif, l’article est remplacé
par la préposition de :
Avoir de petits yeux. Offrir de jolis cadeaux.

Lorsque le nom est précédé de deux adjectifs coordonnés, la préposition


est exprimée, si le sens le demande, devant chaque adjectif i
de bons et de mauvais citoyens mais on dit < de sages et vertueux citoyens
(2 catégories de citoyens, donc 2 articles); | (i catégorie de citoyens, donc i article).
N. B. — L’article des est, au contraire, toujours employé:
1° Si l’adjectif forme avec le nom pluriel qu’il précède un nom composé:
Former des jeunes gens. Dire des bons mots.
2° Si l’adjectif suit le nom pluriel, au lieu de le précéder :
Récolter des fruits magnifiques.

2° Mais l'article indéfini n’est pas exprimé généralement :


a. Devant un nom attribut (§ 419) :
Être médecin. Devenir général. Prendre pour avocat. Traiter en reine.
C’est grand dommage.
N. B. — L’article indéfini est parfois exprimé devant l’attribut du sujet, mais le
sens est différent :
Jean est soldat Jean est un soldat
(c.-à-d. : il fait son service militaire). (c.-à-d. : il est le type du soldat).

b. Devant un nom complément d’objet entrant dans une locution verbale


ou un nom complément de circonstance introduit par une préposition :
Faire grand bruit. Souhaiter bon voyage.
Être de bonne humeur. Se réfugier en lieu sûr.
Dire avec intention. Se promener en auto. Sortir sans chapeau.
Accuser de vol. Aller à vive allure. Décider après examen.

c. Dans les formules figées, de forme négative ou interrogative, telles que:


Jamais il ne dit mot. Il ne prévoit que catastrophes.
Il n’y a pas intérêt à attendre.
Est-il enfant plus sage? Où trouver meilleure occasion ?

d. Dans les proverbes, dont la forme remonte à une époque où l’article


était moins employé qu’aujourd’hui :
Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.
A bon chat bon rat.
CHAPITRE IV

LES PRONOMS ET ADJECTIFS PRONOMINAUX

151. Généralités. — Le pronom est un mot variable qui tient, en règle


générale, la place d’un nom:
1° Tantôt il représente un nom déjà exprimé et permet d’en éviter la
répétition :
Pierre est malade ; il est alité. Pierre, qui est malade, est alité.
(Il et qui représentent Pierre.)

2° Tantôt il désigne un être ou une chose dont le nom na pas été exprimé1 :
Tu as raison On appelle Que feras-tu?
(tu désigne la personne (on désigne la personne (que désigne la chose
à qui je m'adresse). dont j’entends la voix). que je veux savoir).

A un pronom peut correspondre, non seulement pour le sens, mais encore


pour la forme, un adjectif, dit pronominal, qui détermine un nom, au lieu
de le remplacer :
Aucun devoir ne vaut le tien Ton devoir est le meilleur de tous
(le lien, qui représente le nom devoir, (tonj qui détermine le nom devoir,
est un pronom). est un adjectif pronominal).

Le tien et ton se rattachent au même radical et expriment tous les deux la


possession.

152. Les six espèces de pronoms. —• On distingue six espèces de pro¬


noms :
1° Les pronoms personnels;
2° Les pronoms possessifs, auxquels correspondent les adjectifs possessifs;
3° Les pronoms démonstratifs, auxquels correspondent les adjectifs démon¬
stratifs ;
4° Les pronoms relatifs, auxquels correspondent les adjectifs relatifs;
5° Les pronoms interrogatifs, auxquels correspondent les adjectifs inter¬
rogatifs ;
6° Les pronoms indéfinis, auxquels correspondent les adjectifs indéfinis.

i. Les pronoms ainsi employés, ne représentant pas un nom, mais désignant, comme le feraient des noms
(§97)> un être ou une chose, tiennent dunomplutôt que du pronom lies grammairiens modernes les appellent
volontiers des « nominaux ».
88 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N. B. — Un pronom d’une espèce déterminée équivaut à un nom précédé de l'adjectif


correspondant :
Ce livre est le mien Mon livre est celui-ci
(le mien, c.-à-d. mon livre). (celui-ci, c.-à-d. ce livre-ci).
Seuls n’ont pas d’adjectifs correspondants les pronoms personnels; ils équivalent
à des noms accompagnés soit de Varticle, soit d’un adjectif possessif, soit d’un adjectif
démonstratif :
Le chien (ce chien, mon chien) est malade: il peut mourir.

LE PRONOM PERSONNEL

153. Généralités. —- Le pronom personnel indique la personne1, c'est-à-


dire le rôle qu’un être ou une chose joue dans le discours. Il peut :
1° Soit désigner (§ 151, 2°) l’être qui paris (1re personne) ;
2° Soit désigner l’être à qui l’on parle (2e personne) ;
3° Soit représenter (§ 151,1°) l’être ou la chose dont on parle (3e personne) :
Je vais bien Tu sais tout
(je désigne l’être qui parle : (tu désigne l’être à qui l’on parle :
ire personne); 2e personne);
Écoute ton père : il te récompensera Lis ce livre : il te plaira
(il représente l’être dont on parle, (il représente la chose dont on parle ,
c.-à-d. ton père : 3e personne) ; c.-à-d. ce livre : 3° personne).

D autre part, aux trois personnes, le pronom personnel, s'il nest pas sujet.
peut :
1° Soit représenter un autre être ou une autre chose que le sujet;
2° Soit représenter le même être ou la même chose que le sujet:
La cigale supplia la fourmi, mais ne la persuada pas
(la ne représente pas la cigale, sujet du verbe persuada, mais la fourmi) ;
Le sot se vante volontiers
(se représente le sol, sujet du verbe se vante).

Dans le second cas, on dit que le pronom est réfléchi2, l’action accomplie
par le sujet retombant sur le sujet, et, par opposition, on dit que dans le
premier cas le pronom est non réfléchi.
Il y a donc lieu d’étudier, pour les trois personnes, les pronoms personnels
non réfléchis et les pronoms personnels réfléchis.

154. La forme des pronoms personnels. — Les pronoms personnels,


non réfléchis ou réfléchis, peuvent varier en personne, en genre et en
nombre.

1. Le mot est pris, dans ce cas, au sens grammatical, qui est le sens étymologique ( § 90 ) : les trois « personnes»
sont les trois a rôles » (en latin : persona) qu’un être ou une chose peut jouer dans le discours.
2. Le pronom se représente le sot comme un miroir « réfléchit » l’image d’un objet placé devant lui.
LE PRONOM PERSONNEL 89

1° En personne, selon qu’ils sont de la 1™, de la 2e ou de la 3e personne;


2° En genre, selon que le nom dont ils tiennent la place est du masculin
ou du féminin;
3° En nombre, selon que le nom dont ils tiennent la place est au singulier
ou au pluriel.

N. B. — Certains pronoms, qui ne représentent pas un nom, mais une idée exprimée
notamment dans un adjectif ou une proposition, ne sont ni masculins ni féminins;
on dit qu’ils sont du genre neutre:
Est-U bon ? — Il l’est Est-il parti ? — Je le crois
(le, c.-à-d. bon). (le, c.-à-d. qu’il esl parti).

Ces pronoms n’ont pas de pluriel.

Mais en même temps les pronoms personnels peuvent avoir des formes
différentes :
1° Selon la fonction qu’ils remplissent, c’est-à-dire selon qu’ils sont sujets,
compléments d’objet, attributs, compléments d’attribution1 ou compléments
de circonstance (§ 391) ;
2° Selon qu’ils sont toniques ou atones, c’est-à-dire selon qu’ils portent ou
no portent pas l’accent tonique (§ 8, N. B.).

N. B. — 1° Les pronoms Ioniques servent à mettre en évidence les êtres ou les choses
qu’ils représentent ou désignent, tandis que les pronoms atones ne font que les repré¬
senter ou les désigner :
Tu crains tout, il ne craint rien.
Tu crains tout, toi; lui, il ne craint rien.
(Tu et il sont des pronoms atones; toi et lui sont des pronoms toniques.)

2° Les pronoms atones je, me, te, se, le, la s’élident lorsque le mot qui suit
commence par une voyelle ou un h muet (§ 10) :
J’obéis. Je m’amuse. Tu t’ennuies. Il s’habille.
Ce livre, je l’ai lu. Cette fable, je l’ai apprise.

I. - LE PRONOM PERSONNEL NON RÉFLÉCHI

155. La forme du pronom personnel non réfléchi. — Les formes du


pronom personnel non réfléchi, atones ou toniques, sont groupées, d’après
la personne et la fonction, dans les tableaux suivants2:

1. Le complément d’attribution n’est qu’une variété du complément de circonstance (§ 426, 30); mais dans
l’étude des pronoms nous lui faisons une place à part, les formes des pronoms ne coïncidant pas exactement
dans les deux fonctions.
2. Dans nos tableaux ne figurent pas les formes, qui sont secondaires, du pronom personnel (non réfléchi ou
réfléchi) employé comme attribut: elles se confondent, les unes, avec les formes toniques du pronom objet direct
des i1* 2* et 3' personnes ; les antres, avec les formes atones du pronom objet direct de la 3” personne. Nous
les indiquons, dans un nota, après chaque série de tableaux: § 155. N. B., z°, p. 02 ïnour le pronom non
réfléchi), et § 170, N. B., i°, p. 104 (pour le pronom réfléchi).
90 A. — PRONOMS DE LA 1™ PERSONNE
(Les formes sont les mêmes pour le masculin et le féminin.)

Singulier Pluriel
Fonctions

Atone Tonique Atone Tonique

Sujet je moi nous nous


(je ris) (moi, je ris) (nous rions) (nous, nous rions)
z
g gl
( DIRECT
me moi nous nous
(il me loue) (il me loue, moi) (il nous loue) (il nous loue, nous)
'S »!
o. P )
me à moi1 nous à IIOU8 1
§ Qf INDIRECT
(il me nuit) (il me nuit, à moi, (il nous nuit) (il nous nuit, à nous)
O ,

Complément me à moi nous à nous


d’attribution (il me dit) (il me dit, à moi) nous dit)
(il (il nous dit, à nous)

Complément à (avec, par, etc.) moi à (avec, par, etc.) nous


DE CIRCONSTANCE (il vient avec moi) (il vient avec nous)

I. Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition de, il n’existe pas de formes atones et les
formes toniques, seules employées, sont de moi, de nous : Il doute de moi. Il doute de nous.

B. — PRONOMS DE LA 2e PERSONNE
(Les formes sont les mêmes pour le masculin et le féminin.)

Singulier Pluriel
Fonctions
Atone Tonique Atone Tonique

tu toi VOUS
Sujet vous
(tu ris) (toi, tu ris) (vous riez) (vous, vous riez)
H f
£ to toi
WHI DIRECT vous vous
(il te loue) (il te loue, toi) (il vous loue)
VW Q-j J-
(il vous loue, vous)
eu Pj
g Q j indirect
te à toi 1 vous à vous 1
(il te nuit) (il te nuit, à toi) (il vous nuit)
u \ (il vous nuit, à vous)

Complément te à toi vous à vous


d’attribution (il te dit) (il te dit, à toi) (il vous dit) (il vous dit, à vous)

Complément à (avec, par, etc.) toi


à (avec, par, etc.) vous
de circonstance (il vient avec toi) (il vient aveo vous)

I. Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition do, U n’existe pas de formes atones et les
formes tomques, seules employées, sont de toi, de vous : Il doute de toi. Il doute de vous. ’
C. — PRONOMS DE LA 38 PERSONNE 91
(Les formes sont différentes pour le masculin et le féminin.)

Singulier : Masculin Singulier : Féminin


Fonctions
Atone Tonique Atone Tonique

il lui elle elle


Sujet (elle rit) (elle, elle rit)
(il rit) (lui, il rit)

H (
Z \ le lui la elle
H Hl DIRECT (il le loue) (il le loue, lui) (il la loue) (il la loue, elle)
g W]
j «\
S o J
Sq 1 lui à lui1 2 lui à elle 1
O [ INDIRECT (il lui nuit) (il lui nuit, à lui) (il lui nuit) (il lui nuit, à elle)
U \

Complément lui à lui lui à elle


d’attribution (il lui dit) (il lui dit, à lui) (il lui dit) (il lui dit, à elle)

Complément à (avec, par, etc.) lui à (avec, par, etc.) elle


DE CIRCONSTANCE (je viens aveo lui) (je viens avec elle)

i. Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition de, il n’existe pas de formes atones, et les
formes toniques, seules employées, sont de lui, d’eSie : Je doute de lui. Je doute d’elle.

Singulier : Neutre

Fonctions
Atone Tonique

il cela 1 1. Ce pronom tonique


Sujet (cela importe) neutre n’est autre que le
(il importe) pronom démonstratif com¬
posé neutre (§ 180, N.B., i°).
2. Les pronoms atones
H f oela
le neutres y (c.-à-d.à cela) et
§ ni DIRECT (il le sait) (il sait cela) en (c.-à-d. de cela) s’em¬
s Si ploient respectivement
J avec des verbes dont le
Q* P J complément d’objet indi¬
2 ol y 2 (il y pense) à cela (il pense à cela)
rect est introduit par la
o f INDIRECT en (il en doute) de cela (il doute de cela) préposition à (penser à) ou
a \
la préposition de (douter
de).
Complément y à cela
d’attribution (il y répond) (il répond à cela)

Complément y (11 y pouBse) à oela (il pousse à oela)


DE CIRCONSTANCE en (il en meurt) de cela (il meurt de cela)
Pluriel : Masculin Pluriel : Féminin
Fonctions

Atone Tonique Atone Tonique

ils eux elles elles


Sujet
(ils rient) (eux, ils rient) (elles rient) (elles, elles rient)

g f les eux les elles


5 Eh l DIRECT
(il les loue) (il les loue, eux) (il les loue) (il les loue, elles)
sE?
« 3<
£0 ]
g Q1 leur à eux : leur à elles 1
G f INDIRECT
O (il leur nuit) (il leur nuit, à eux) (il leur nuit) (il leur nuit, à elles)
'

Complément leur à eux leur à elles


d’attribution (il leur dit) (il leur dit, à eux) (il leur dit) (il leur dit, à elles!
-

Complément à (avec, par, etc.) eux à (avec, par, etc.) elles


DE CIRCONSTANCE (il vient avec eux) (il vient avec elles)

1. Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition de, il n’existe pas de formes atones et les
lormes toniques, seules employées, sont d’eux, d’elles : Je doute d’eux. Je doute d’elles. ’

N- B- — 10 Les pronoms personnels non réfléchis sont parfois ailribuls sous les
formes suivantes:
Formes \ moi, toi, lui (ou eile) ; Formes! le, la, les;
toniques ) nous, vous, eux (ou elles). atones ( Je (neutre).
C’est mol (toi, etc.). Ce sont eux (elles),
i u n’es pas moi. Il n’est pas toi. Je ne suis pas lui.
Es-tu prêt ? — Je le suis.

2° Les formes toniques des pronoms personnels non réfléchis sont souvent renforcées
par l’adjectif même :
Je fais mes devoirs moi-même. J’ai vu la reine elle-même. Il vous l’a dit à vous-mêmes.

158. L’emploi du pronom personnel non réfléchi. — On étudiera


successivement l’emploi des pronoms personnels sujets1, compléments d’objet
directs ou indirects, compléments d’attribution et compléments de circonstance.

157. Les pronoms personnels sujets. — Les pronoms personnels sujets


sont :
A. Formes { Sing. : je, tu, ü, elle ; il (neutre).
atones ) Plur. : nous, vous, ils, elles.
B. Formes ^ Sing. : moi, toi, lui, elle ; Cela (neutre).
toniques ) Plur.: nous, vous, eux. elles.
i. Pour l’emploi des pronoms personnels attributs, voir § 422,
LE PRONOM PERSONNEL 93

A. — Les formes atones

158. — 1° Les pronoms sujets atones sont placés devant le verbe et font
corps avec lui, sinon dans l’écriture, du moins dans la prononciation :
Je rentre. Tu sors. Il ou elle attend. Il (neutre) se peut.
Nous jouons. Vous chantez. Ils ou elles dansent.

N. B. — 1° Ces pronoms ne sont placés après le verbe que dans les phrases de
forme interrogative (§ 279) :
Ai-je tort ? Que fait-elle ? Où allez-vous? Est-il possible ?
2° Ces pronoms ne peuvent guère être séparés du verbe que par la négation ne
ou par un pronom complément atone :
Je ne dis rien. Je le crois. Tu me mens.

2° Les pronoms je, tu, il, elle; nous, vous, ils, elles, indiquent la
personne du verbe, son nombre, et, à la 3e personne, son genre:
Je travaille Vous voyagez II est revenu Elles sont sorties
(ire pers. sing.). (2e pers. plur.). (3e pers. sing., maso.). (3e pers. plur., fém.).

3° Le pronom il neutre s’emploie :


a. Soit comme simple signe de la 3e personne du singulier devant un verbe
impersonnel (§ 271) :
Il pleut. Il tonne. Si neige.

b. Soit comme sujet apparent d’un verbe employé à la forme impersonnelle


et suivi d’un sujet réel (nom ou proposition, § 271, N. B., 2°-6°) :
Il est tombé beaucoup de pluie
(sujet réel : beaucoup de pluie [est tombée]).
Il est sûr que nous mourrons II m’est conseillé de partir
(sujet réel: [le fait] que nous mourrons [est sûr]). (sujet réel: [le fait] de partir [m’est conseillél).

c. Soit avec le sens de cela, pour représenter l’idée de toute une proposition :
Fermez la porte, s’il vous plaît Tu es jeune, il est vrai, mais vaillant
(il, c.-à-d. cela, le fait de fermer la porte). (il, c.-à-d. cela, le fait que lu es jeune).

N. B. — Le pronom il, neutre, au sens de cria, n’est pas exprimé dans certaines
locutions anciennes restées en usage:
Peu importe Si bon te semble A Dieu ne plaise 1
(c.-à-d. il importe peu). (c.-à-d. s’il te semble bon). (c.-à-d. qu’il ne plaise [pas] à Dieu 1;.

4° Les pronoms atones sujets de verbes coordonnés ou juxtaposés sont, ex


règle générale, répétés devant chaque verbe:
a. La répétition est obligatoire si les verbes sont coordonnés par une con¬
jonction autre que et, ou, mais, ni:
Je respire, donc je vis ; Je vis, car Je respire ;

ou s’ils sont juxtaposés, l’un étant à la forme affirmative, l’autre à la forme


'légative :
il ne parle guère, Il réfléchit. 51 réfléchit, il ne parle guere.
94 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

b. La répétition est facultative, si les verbes sont coordonnés par et, ou,
mais :
Je suis malade et [je] ne reçois pas; Il paiera ou [il] sera poursuivi;
Il plie, mais [II] ne rompt pas;

ou s’ils sont juxtaposés, l’un et l’autre étant à la forme affirmative ou à la


forme négative :
Il riait, [il] chantait, [il] sautait. Il ne dit rien, [II] ne pense à rien, [il] ne fait rien.

N. B. — 1° La répétition est parfois obligatoire, si les verbes coordonnés ne sont


pas au même temps : Je l’aï mal reçu, mais j’avais mes raisons.

2° La répétition est destinée parfois à produire un effet d’insistance :


Tu vas, tu viens, tu cours et tu m’étourdis.

c. La répétition est interdite, si les verbes sont coordonnés par ni :


Il ne voit ni n’entend.

B. — Les formes toniques

159. — 1° Les pronoms sujets toniques s’emploient généralement avec les


pronoms atones correspondants; ils sont placés devant le pronom atone et
séparés de lui par une virgule :
Moi, je rentre. Toi.tusors. Lui, il (ou : Elle, elle) attend.
Nous, nous jouons. Vous, vous chantez. Eux, ils (ou: Elles, elles) dansent.

Toutefois le pronom tonique cela s’emploie non pas avec le pronom atone
il, mais avec le pronom démonstratif simple ce (§ 183) :
Cela, c’est vrai.

N. B. — 1° Les pronoms sujets toniques peuvent aussi être placés après le verbe,
dont ils sont alors séparés par une virgule :
Je rentre, moi. Tu sors, toi. Il attend, lui. C’est vrai, cela.

2° Placés devant le pronom atone ou après le verbe, ils peuvent être coordonnés à
un autre pronom tonique ou à un nom :
Eux et nous, nous resterons. Vous sortirez, vous et vos amis.

3° A la 3e personne, ils s’emploient parfois sans le pronom atone; dans ce cas ils
sont toujours placés devant le verbe et n’en sont jamais séparés par une virgule: ’
Eux parlent, lui agit
(au lieu de : Eux, ils parlent; lui, il agit).

A la lre personne et à la 2e, le pronom atone est toujours exprimé :


Tu ris, toi ; moi, je pleure.

2° Les pronoms sujets toniques s’emploient parfois sans les pronoms


atones, comme sujets soit d’un infinitif exclamatif (§334,2°), e, soit d’un par¬
ticipe absolu (§ 447, 2°) :
T oi, parler de la sorte! Eux partis, l’entrain diminua;

ou, dans les réponses, comme sujets d’un verbe sous-entendu :


Qui donc m’appelle ? — Mol. Qui mérite le suocèe ? — Lui.
LE PRONOM PERSONNEL 95

C. -— Formes atones ou toniques:

Valeurs particulières

160. Les pronoms personnels sujets, atones ou toniques, s’emploient parfois


avec une valeur particulière :
1° Le pronom atone je est l’équivalent du pronom tonique moi dans
certaines formules du langage juridique (certificats, quittances, etc.) :
Je soussigné ... certifie, etc. Je soussignée ...reconnais, etc.

2° Le pronom pluriel nous est l’équivalent du pronom singulier je dans


certaines formules du langage administratif (arrêtés, mandements, etc.) ; c’est
le « nous » de dignité :
Nous, préfet de police, ordonnons, etc. Nous, Charles-Irénée, évêque de ..., etc.

N. B. — Le pronom nous est parfois employé au lieu du pronom je par les


auteurs dans leurs préfaces ou les orateurs dans leurs discours : c’est alors un « nous »
de modestie :
Nous étudierons dans cet ouvrage, etc. Nous traiterons dans cette conférence, etc.

3° Le pronom pluriel vous est souvent l’équivalent du pronom singulier


tu : c’ est le « vous » de politesse t
Vous serez bien gentil de m'écrire. Vous n’ètes pas venue en classe hier.

N. B. — Le tutoiement est principalement en usage entre proches parents, entre


amis intimes, entre camarades (de classe, de chantier, d’usine, etc.) et entre enfants.

4» Le pronom de la lre personne nous est parfois, dans le langage familier,


l’équivalent du pronom de la 2e personne tu ou du vous de politesse : c’est
le « nous » de sympathie 1
Dis-moi, Pierrot, nous sommes toujours sage ?
(nous sommes, c.-à-d. tu es).
Eh bien! madame, comment allons-nous ce matin?
(allons-nous, c.-à-d. allez-vous).

N. B. — Les adjectifs et les participes qui se rapportent au nous de dignité, de


modestie ou de sympathie et au vous de politesse, sont toujours, par accord selon
le sens, au singulier (§ 421, 2°, N. B.).

5° Les pronoms je ou nous, tu ou vous, sont parfois, dans le langage


familier, remplacés par le pronom indéfini on (§ 216, 13°) :
Est-ce qu’on a bon appétit ce matin ? Il y a bien longtemps qu’on ne vous a vu
(on, c.-à-d. lu ou vous). (on, c.-à-d. je ou nous).

N. B. — Inversement le pronom indéfini on est parfois remplacé par les pronoms


nous et vous :
A le voir, vous diriez un prince Nous faisons le mal sans le vouloir
(voue diriez, c.-à-d. on dirait). (nous faisons, o.-à-d. on fait.).
96 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

161. Les pronoms personnels objets directs , — Les pronoms per¬


:
sonnels objets directs sont

A. Formes \ Sing. : me, te, le, la ", le (neutre).

atones (Plur.r nous, vous, les.


B. Formes ( Sing.: moi, toi, lui, elle ; cela (neutre),

toniques (Plur.i nous, vous, eux, elles.

A. — Les FORMES ATONES

162. — 1° Les pronoms objets directs atones sont placés entre le pronom
rujet atone et le verbe:
Il me blâme. Je te félicite. Tu le (ou : Tu la) gênes.
Vous nous méprisez. Us vous estiment. Nous les invitons.
II le (neutre) jure.

N. B. —■ Si le verbe est à un temps composé, ils sont placés entre le pronom sujet
axone, et Vauxiliaire :
Il m’a blâmé. Nous vous avons félicités. Tu les as gênés.

2° Les pronoms le, la, les, qui représentent le plus souvent un nom qui
précède, représentent parfois un nom qui suit:
J’ai rencontré Jacques et je l’ai félicité
(le représente Jacques, qui précède).
Je le pressentais, ce malheur Je Ie3 ai lus, tous ces livres
(le représente ce malheur, qui suit). (les représente tous ces livres, qui suit).

3° Le pronom le neutre s’emploie :


a. Soit avec le sens de cela, pour représenter tantôt un pronom neutre,
notamment le pronom cela :
Crois-tu cela? Je ne la crois pas, moi Que désires-tu? Je te le donnerai
(le, c.-à-d. cela). (le, c.-à-d. que, à savoir: la chose que tu désires).

! antôt une proposition, indépendante ou subordonnée, qui précède ou qui suit :


Il est, honnête, je le sais. Je le répète, il a menti.
Je io vois bien, que tu ne comprends pas.

b. Soit avec un sens vague, dans certains gallicismes tels que : Vemporter
sur, le céder à, le disputer à, etc. :
L’homme l’emporte sur l’animal L’animal le cède à l’homme
(c.-à-d. esl supérieur à). (c.-à-d. est inférieur à).

N. B. — Le pronom féminin la a une valeur analogue de neutre dans certains


gallicismes, tels que: la bailler bonne, l'échapper belle, etc.:
Vous me la baillez bonne Nous l’avons échappé belle
(c.-à-d. vous voulez m’en faire accroire). (c.-à-d. nous avons évité de justesse le péril).

4° Les pronoms atones objets directs de verbes coordonnés ou juxtaposés


sont, en règle générale, répétés devant chaque verbe :
Il !o visa et le tua. Il t’écoutait, te regardait, t'admirait.
LE PRONOM PERSONNEL 97

T&utefois si le verbe est à un temps composé et si l’auxiliaire n’est pas


répété, le pronom peut ne s’exprimer qu’une fois :
Nous l’avons toujours aimé et respecté.

B. — Les formes toniques

io3. —- 1° Les pronoms objets directs toniques s’emploient généralement


avec les pronoms atones correspondants: ils sont placés après le verbe et
séparés de lui par une virgule : ^ ^
Il me blâme, moi. Je te félicite, toi. Tu le gênes, lui ; tu la gênes,
Vous nous méprisez, nous. Ils vous estiment, vous. Nous les invitons, eux
Il le jure, cela. [ou : elles).

N. B. — 1° Les pronoms objets directs toniques peuvent aussi être placés devant le
pronom sujet atone, dont ils sont alors séparés par une virgule :
Moi, il me blâme. Toi, je te félicite. Lui, tu le gênes.
Cela, il le jure.
2° Placés après le verbe ou devant le pronom sujet atone, ils peuvent être coordonnés
à un autre pronom tonique ou à un nom :
Il vous estime, vous et elle. Nos amis et nous, il nous méprise.

2° Les pronoms objets directs toniques s’emploient, à la lroet à la 2e per¬


sonne, sans le pronom atone, comme objets d’un verbe à l’impératif, si ce
verbe est à la forme affirmative (le trait d’union est alors nécessaire) :
Aide-moi. Cache-toi. Aidez-nous. Cachez-vous.

N. B. — A la 3e personne, ils sont remplacés par les pronoms atones, qui dans ce
cas sont placés après le verbe et deviennent toniques:
Aidc-le. Cache-la. Aidez-les. Redis-le.

Si l’impératif est à la forme négative, ils sont remplacés à toutes les per¬
sonnes par les pronoms atones, qui dans ce cas restent atones et sont placés
entre la négation ne et le verbe :
Ne me trahis pas. Ne te rends pas. Ne Ie9 gronde pas.
Ne le jure pas.
N. B. — A la 3e personne, le pronom tonique cela peut être employé au lieu du
pronom atone le, mais il est toujours placé après le verbe :
Ne jure pas cela.

3° Les pronoms objets directs toniques s’emploient parfois, sans les pro¬
noms atones, dans les réponses, comme objets d’un verbe sous-entendu :
Qui donc appelle-t-on ? — Toi. Qui doit-on remercier ? — Eux.

164. Les pronoms personnels objets indirects. — Les pronoms per¬


sonnels objets indirects sont:
lo Avec les verbes dont le complément d’objet indirect est introduit par
ia préposition à :
Cayrou. — Grammaire française. i
î>8 LA MORPHOLOGIE BU FRANÇAIS

A. Formes i Sing.: me, te, lui ; y (neutre’.


atones ( Plur. : nous, vous, leur.
B. Formes ( Sing.: à moi, à toi, à lui, à elle ; à cela (neutre),
toniques (Plur.: à nous, à vous, à eux, à elles.

2° Avec les verbes dont le complément d’objet indirect est introduit par
la préposition de :
A. Forme atone: en (neutre).

B. Formes l Sing. : de moi, de toi, de lui, d’elle; de cela (neutre).


toniques IPlur.: de nous, de vous, d’eux, d’elles.

A. —■ Les formes atones

165. — Les pronoms objets indirects atones sont placés entre le pronom
sujet atone et le verbe.
Ils ne sont jamais formés avec une préposition, mais ils équivalent, sauf
le pronom neutre en, aux pronoms toniques correspondants formés avec la
préposition à :
me équivaut à à moi, te à à toi, lui à à lui ou à elle ;
nous à à nous, vous à à vous, leur à à eux ou à elles ;
y à à cela.
Il m’obéit. Je te pardonne. Tu lui déplais.
Vous nous résistez. Ils vous ressemblent. Nous leur succédons.
J’y consens.

Seul le pronom neutre en équivaut à un pronom tonique formé avec ia


préposition de, c’est-à-dire au pronom neutre de cela:
Vous en profitez.
N. B. — Si le verbe est à un temps composé, les pronoms objets indirects atones
sont placés entre le pronom sujet et Vauxiliaire :
Il m’a obéi. Je t’ai pardonné. Tu leur as déplu.
J’y ai consenti. Vous en avez profité.

B. — Les formes toniques

166. — 1° Les pronoms objets indirects toniques formés avec la nrépo-


sition à s’emploient généralement avec les pronoms atones correspondants ;
ils sont placés après le verbe et séparés de lui par une virgule :
Il m’obéit, à moi. Je te pardonne, à toi. Tu lui déplais, à lui (ou: à elle).
Vous nous résistez, à nous. Ils vous ressemblent, à vous.
Nous leur succédons, à eux (ou : à elles).
J’y consens, à cela.

Les pronoms objets indirects toniques formés avec la préposition de, n’ayant
pas de pronoms atones correspondants, s’emploient toujours seuls; ils sont
LE PRONOM PERSONNEL 99

placés après le verbe, mais ne sont pas séparés de fui par une virgule :
Il se souvient do moi. Nous abusons do vous.

Seul le pronom neutre de cela, auquel correspond le pronom neutre atone


en, peut s’employer avec un pronom atone :
Il en profite, de cela.

N. B. — 1° Les pronoms objets indirects toniques peuvent aussi être placés devant
le pronom sujet atone, dont ils sont alors séparés par une virgule :
A moi, il m’obéit. A toi, je te pardonne. A elle, tu lui déplais.
De moi, il se souvient. De cela, il en profite.

2° Placés après le verbe ou devant le pronom sujet atone, ils peuvent être coor¬
donnés à un autre pronom tonique ou à un nom :
Je vous obéis, à toi et à lui. A toi et à ton frère, je vous pardonne.

2° Les pronoms objets indirects toniques formés avec la préposition à


s’emploient à toutes les personnes sans préposition comme objets d’un verbe
à Y impératif, si ce verbe est à la forme affirmative (le trait d’union est alors
necessaire) : Obéis-moi. Pardonne-lui.
(On dit toujours, par contre : Pense à moi, Songe à lui.)

N. B. — Toutefois, à la 3e personne du pluriel, le pronom tonique est remplacé


par le pronom atone leur, qui dans ce cas se place après le verbe et devient tonique :
Ressemblez-leur.

Quant aux pronoms formés avec la préposition de, ils ne s’emploient


jamais sans préposition :
Souviens-toi de moi. Usez et abusez de nous.

Si l’impératif est à la forme négative, les pronoms toniques formés avec la


préposition à sont remplacés par les pronoms atones correspondants, qui
dans ce cas restent atones et se placent entre la négation ne et le verbe :
Ne me désobéis pas. Ne lui pardonne pas. Ne leur ressemblez pas.
(On dit toujours, par contre : Ne pense pas à moi. Ne songe pas à lui.)

Quant aux pronoms toniques formés avec la préposition de, qui ne peuvent
être remplacés par des pronoms atones, ils s’emploient nécessairement en
pareil cas et se placent après la négation pas :
Ne te moque pas de moi. N’abusez pas de nous.

N. B. — Les pronoms toniques à cela et de cela s’emploient toujours avec la prê-


posiiion, quelle que soit la forme de l’impératif :
Consens à cela. Profitez de cela.
Ne consens pas à cela. Ne profitez pas de cela.

Mais ils peuvent être remplacés par les pronoms atones y et en, qui, si l’impé¬
ratif est à la forme affirmative, se placent après le verbe et deviennent toniques :
Consens-y. Proft'*»-«n.
100 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Si, au contraire, l’impératif est à la forme négative, ils restent atones et se placent
entre la négation ne et le verbe :
N’y consens pas. N’en profitez pas.

3° Les pronoms objets indirects toniques s’emploient parfois, sans les


pronoms atones, dans les réponses, comme objets d’un verbe sous-entendu ;
A qui ressemble-t-il? — A toi. De qui abuse-t-on? — De nous.

167. Les pronoms personnels compléments d’attribution. — Les


pronoms personnels compléments d’attribution ont les mêmes formes, atones
ou toniques, que les pronoms objets indirects employés avec les verbes
dont le complément est introduit par la préposition à (§ 164, 1°).
Ils s’emploient de la même manière, comme le montrent les exemples
suivants :
A. — Formes atones
Il me donne. Je ta prête. Tu lui écris.
§ 165
Vous noue parlez. Ils vous promettent. Nous leur jurons
et N. B.
J’y réponds.

B. — Formes toniques

1 II me donne, à moi. Je te prête, à toi. Tu lui écris, à lui.


§ 166, 1» j Vous nous parlez, à nous. Ils vous promettent, à vous.
( Nous leur jurons, à eux. J’y réponds, à cela.
§ 166, 1°, S A moi, il me donne. A toi, je te prête. A lui, tu lui écris.
N. B., 1» et 2° ( Je vous promets, à toi et à lui. Je vous jure, à toi et à ton frère.

§ 1G6, 2°, ( Donne-moi. Prête-lui. Promets-leur,


j Ne me donne pas. Ne lui prête pas. Ne leur promets pas.
et N. B.
f Réponds à cela. Répondez-y. N’y réponds pas.

§ 166, 3» : A qui parles-tu ? — A toi.

168. Les pronoms personnels compléments de circonstance. — Les


pronoms personnels compléments de circonstance n’ont que des formes toniques,
à l’exception des formes neutres de la 3epersonne, y et en, qui sont atones.
Ils sont toujours formés avec les pronoms

moi, toi, lui (ou elle), nous, vous, eux (ou elles),

précédés d’une préposition, qui varie avec la nature du complément de cir¬


constance (à, avec, de, par, vers, etc.).
En règle générale, ils sont placés après le verbe:
II sort avec moi II est connu de nous II s’avance vers eux
(complément d’accompagnement). (complément d’agent). (complément de lieu).

Seules les formes atones y et en se placent avant le verbe :


Il m’y exhorte Il m’en détourne
(complément de but). (complément d'éloignement).
LE PRONOM PERSONNEL 101

169. Les pronoms en et y. — Les pronoms neutres en et y, dont nous


venons de signaler diverses fonctions, sont d’un emploi plus étendu encore.

A. Le pronom en. — Le pronom en, d’origine adverbiale (latin inde),


signifie étymologiquement de là, au propre (c’est-à-dire de ce lieu) et au figuré
(c’est-à-dire de cette chose, prise comme point de départ) :
J’en arrive (sens propre). J’en conclus (sens figuré).

Il a fini par représenter un nom de chose quelconque, parfois même un nom


de personne, introduit parla préposition de, et il est devenu l’équivalent de :
de lui, d’elle, d'eux, d'elles, de cela,
dans toutes leurs fonctions. Il peut être :

1° Soit complément d’un verbe : il est alors tantôt complément d’objet indirect :
Il a des loisirs et il en jouit. Il a de l’argent et n’en profite pas.

tantôt complément de circonstance (de moyen notamment ou de cause) :


Il prit un bâton et m’en frappa II avait la typhoïde et il en est mort
(en, c.-à-d. au moyen de ce bâton). (en, c.-à-d. à cause de la typhoïde).

N. B. — Il est parfois complément d'objet direct, mais il a alors un sens partitif :


Ce civet est bon : j’en reprendrai Vous aimez les fleurs : j’en apporte
(en, c.-à-d. de ce civet). (en, c.-à-d. des fleurs).

2° Soit complément d’un nom, d’un équivalent du nom (pronom ou


adverbe de quantité), ou d’un adjectif:
J’aime ma forêt et j’en connais tous les coins Les jolis fruits! Cédez-m’en quelques-uns
(en, c.-à-d. de ma forêt: compl. de nom). (en, c.-à-d. de ces fruits : compl. de pronom).
Je cherche des cèpes, mais j’en trouve peu Il a le premier prix et il en est digne
(en, c.-à-d. de cèpes : compl. d’adverbe). (en, c.-à-d. de ce prix : compl. d’adjectif).

N. B. — 1° Il représente parfois, dans diverses fonctions :


a. Un nom de personne :
Il a des protecteurs et il en use Il a des amis et il en aura toujours
(en, c.-à-d. d’eux : compl. d’objet indirect). (en, c.-à-d. des amis: compl. d'objet direct).
Qui n’aime pas ses camarades n’en est pas aimé Il a dix enfants : j’en connais plusieurs
(en, c.-à-d. d’eux, par eux: compl. d’agent). (en, c.-à-d. de ces enfants : compl. de pronom.)

b. Une proposition (il a alors le sens neutre de: de cela) :


Il cédera, n’en doutez pas II échoua et je n’en fus pas surpris
( en, c.-à-d. du fait qu’il cédera : ( en, c.-à-d. du fait qu’il échoua :
compl. d’objet indirect). compl. de circonstance).
Il refusera : soyez-en sûr
(en, c.-à-d. du fait qu’il refusera: compl. d’adjectif).

2° Il entre enfin, avec un sens plus ou moins voisin de ce sens neutre, dans un
certain nombre de gallicismes :
Je n'en reviens pas. Il ne m’en veut pas. Tu u'en peux plus, 11 n'en est rien
C’en est fait de lui. Il s’en prend à moi. Il en coûte à tous.
Vous m’en imposez. A qui en as-tu ? Vous en avez menti. Noub nous en tenons la.
102 LA MORPHOLOGIE OU FRANÇAIS

B. Le pronom y. — Le pronom y, d’origine adverbiale (latin ibi),


signifie étymologiquement là, au propre (c’est-à-dire à cet endroitJ et au
figuré (c’est-à-dire à cette chose, prise comme point d’arrivée) :
J'y arrive (sens propre). J’y songe (sens figuré).

Il a fini par représenter un nom de chose quelconque, parfois même un nom


de personne, introduit par la préposition à, et il est devenu l’équivalent de :
à lui, à elle, à eux, à elles, à cela,

dans toutes leurs fonctions. Il peut être :


1° Soit complément d’un verbe: il est alors tantôt complément d'objet indirect :
Il affirme son innocence et j’y crois. La question est grave : j’y réfléchirai.

tantôt complément d'attribution i


Il aime l'étude et il s'y consacre. J’ai bien reçu ta lettre et j’y réponds.

2° Soit complément d’un adjectif:


Le mal ? Il y était enclin dès son enfance
(y, c.-à-d. au mal).
N. B. — 1“ Il représente parfois, dans diverses fonctions :
a. Un nom de personne:
C’est un hypocrite : ne vous y fiez pas
(y, c.-à-d. à lui, qui d’ailleurs est préférable).

b. Une proposition (il a alors le sens neutre de : à cela) :


Il vieillit, mais il s’y résigne
(y, c.-à-d. au fait de vieillir).
2° Il entre enfin, avec un sens plus ou moins voisin de ce sens neutre, dans un
certain nombre do gallicismes :
Je n’y suis plus. Il n’y est pour rien. Il y va de sa vie. Il n’y reviendra pas.
Tu t'y connais. 11 s’y prend mal. Vous n’y tiendrez pas.

Dans le gallicisme il y a, d’un usage si fréquent, le pronom y ne représente à


peu près rien :
U y a là beaucoup de inonde. Il y a vingt siècles écoulés.

II. - LE PRONOM PERSONNEL RÉFLÉCHI

170. La forme du pronom personnel réfléchi. — Les formes du


pronom personnel réfléchi, atones ou toniques, sont groupées, d’après la
personne et la fonction, dans les tableaux suivants.
N. B. -— Deux observations sont à retenir pour l’étude de ces tableaux:
1° Le pronom réfléchi existe à toutes les personnes; mais, à la lro et à la 2» personne,
il a les mêmes formes que le pronom non réfléchi, et à la 3e il n’a que deux formes
spéciales, se et soi.
2° Le pronom réfléchi peut remplir toutes les fonctions sauf la fonction de sujet,
puisqu’il représente toujours le sujet non pas accomplissant l’action, mais la subis¬
sant (§ 153).
A. — PRONOMS DE LA 1” PERSONNE 103
(Les formes sont les mêmes pour le masculin et le féminin.)

Singulier Pluriel
Fonctions

Atone Tonique Atone Tonique

Ej ,
me moi nous nous
H Ht DIRECT
(je me loue) (je me loue, moi) (nous nous louons) (nous nous louons, nous)
a «l
•H 3 '
t?\
5 Q1
O INDIRECT
me à moi 1 nous à nous 1
a ' (je me nuis) (je me nuis, à moi) (nous nous nuisons) (nous nous nuisons, à nous)

Complément me à moi nous à nous


d’attribution (je me dis) (je me dis, à moi) i nous nous disons) (noos nous disons, à nous)

Complément à (avec, par, etc.) moi à (avec, par, etc.) nous


DE CIRCONSTANCE (je vis pour moi) (nous vivons pour nous)

i. Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition do, il n’existe pas de formes atones, et les
formes toniques, seules employées, sont de moi, de nous : Je doute de mol. Nous doutons de nous.

B. — PRONOMS DE LA 2« PERSONNE
(Les formes sont les mêmes pour le masculin et le féminin.)

Singulier Pluriel
Fonctions

Atone Tonique Atone Tonique

H j
te toi VOUS VOUS
H H \ DIRECT
(tu te loues) (tu te loues, toi) (tous VOUS louez) (vous vous louez, vous)
a « )
sa 2 /
j 2\
^ P \
< û te à toi1 VOUS à voua1
O / INDIRECT
O (tu te nuis) (tu te nuis, à toi) (vous vous nuisez) (vous vous nuisez, à VOUS)

Complément te à toi voue à vous


d’attribution (tu te dis) (tu te dis, à toi) (tous VOUS dites) (vous vous dites, à vous)

Complément à (avec, par, etc.) toi à (avec, par, etc.) vous


DE CIRCONSTANCE (tu vis pour toi) (vous vivez pour vous)

i. Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition de, il n’existe pas de formes atones, et les
formes toniques, seules employées, sont de toi, de vous : Tu doutes de toi. Vous doutez de vous.
104 C. — PRONOMS DE LA 3e PERSONNE
(Les formes sont les mêmes pour le masculin et le féminin )

1 1

SINGULIER Pluriel

Fonctions
Atone Tonique Atone Tonique

1 lui, elle ; soi


86 se eux, elles
H 1 DIRECT ils ) ils > . . ( euoc
Z l enejse'one-jine „ .se louent
a ni elle j 80 loue elles ) elles |selouent>| elles
S g 1 on se loue, soi
■w 2/
eu P 1
se à lui, à elle ; à soi1
§a se à eux, à elles1
U f INDIRECT il / .. i à lui
ils i ils ) t à eux
elle j 8e nuit elle ) ’ t à elle
elles j 86 nQ,scnl elles ) ' à elles
on se nuit, à sol

se à lui, à elle ; à soi


88 à eux, à elles
Complément
n ) gedit f à lui ils j . i à eux
d’attribution elle J seait’ )à elle
eî!ej8edit elles!80 disent elles {“"■““‘-J à elles
on se dit, à soi

à (avec, par, etc.)


lui, eüo, soi à (avec, par, etc.)
Complément
il ) .. (lui eux, elles
DE CIRCONSTANCE
elle ) Vlt pour j elle ils j . ( eux
on vit pour soi elles j’1™1 P°ur| elles

i- Si le complément d’objet indirect est introduit par la préposition de, il n’existe pas de formes atones et les
formes toniques, seules employées, sont : de lui, d’elle, de soi, d’eux, d’elles :
Il doute de lui. On doute de soi. Elles doutent d’elles.

N. B. — 1° Les pronoms réfléchis sont parfois attributs sous les formes suivantes,
qui toutes sont toniques :
moi, toi, lui (ou elle), soi; nous, vous, eux (ou elles)
Jfl ne suis plus mol. Il faut rester soi. Sachez être vous.

2° Le pronom réfléchi de la 3e personne représente parfois un pronom sujet de genre


neutre, cela ou il (§ 158, 3°), et il est alors lui-même du neutre.
Il a, en pareil cas, une forme atone se, qui s’emploie principalement dans des tours
impersonnels, et une forme tonique soi, qui s’emploie comme complément de circonstance :
Il s© fait tard II s’agit de toi Cela va de soi
(tours impersonnels). (compl. de circonstance).

3° Les formes toniques des pronoms réfléchis sont souvent renforcées par l’adjecti!
même (§ 155, N. B., 2°):
Elle ne se fie qu’à elle-même. On parle trop de soi-même.

171. L’emploi du pronom personnel réfléchi. — 1° Les pronom"


LE PRONOM ET L ADJECTIF POSSESSIFS 105

réfléchis atones sont, quelle que soit leur fonction (complément d’objet, direct
ou indirect, ou complément d’attribution):
me, te, se; nous, vous, se.

Les pronoms sont les mêmes que les pronoms atones non réfléchis, à
1 exception du pronom de la 3e personne se.
Ils s emploient pour conjuguer les verbes à la forme pronominale (§ 234)
et se placent entre le sujet et le verbe :
Je me flatte, Tu te flattes, Nous nous flattons, Vous vous flattez,
Il (ou: Elle) se flatte. Ils (ou : Elles) se flattent.

2° Les pronoms réfléchis toniques sont :


moi, toi, lui (ou elle), soi; nous, vous, eux (ou elles),

employés, selon leur fonction, sans préposition (complément d’objet direct


ou attribut) ou avec préposition (complément d’objet indirect, complément
d’attribution ou complément de circonstance).
Ces pronoms sont les mêmes que les pronoms toniques non réfléchis, à
l’exception du pronom de la 3e personne soi.
Ils s’emploient tous, sauf soi, pour représenter exclusivement un sujet
déterminé :
Je n’accuse que moi. Tu te défies de toi.
Ton camarade ne pense qu’à lui.
Nous restons trop chez nous. Vous travaillez pour vous.
Les égoïstes ne vivent que pour eux.

Au contraire, soi s’emploie exclusivement pour représenter un sujet


indéterminé (on, chacun, nul, etc.) :
On songe d’abord à soi. Chacun travaille pour soi. Nul n’est prophète chez soi.
N’aimer que soi est pauvreté de cœur.

N. B. — 1° Le pronom soi peut cependant représenter un sujet déterminé, si ce


sujet est un nom de chose:
Un bienfait porte sa récompense en soi.

2° Le pronom soi s’emploie en outre dans un certain nombre de gallicismes:


Le repos est agréable en soi C’étaient de soi-disant policiers
(c.-à-d. dans sa nature). (c.-à-d. se disant tels).

LE PRONOM ET L’ADJECTIF POSSESSIFS

172. Généralités. — Le français peut exprimer la possession par une


double série de mots :
1° Les uns déterminent un nom, à la place de l’article défini, en indiquant
106 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

à qui appartient l’être ou la chose désignés par ce nom : ce sont les adjectifs
possessifs :
Mon stylo Ta règle Ses livres
(mon, c.-à-d. le ... de moi). (la, c.-à-d. la ... de loi). (ses, c.-à-d. les ... de lui).

2° Les autres représentent le nom de l’etre ou de la chose possèdes, pré¬


cédé de l’adjectif indiquant à qui appartient cet être ou cette chose : ce sont
les pronoms possessifs :
Cette maison est la nôtre Ces enfants sont les leurs
(la nôtre, c.-à-d. notre maison). (les leurs, c.-à-d. leurs enfants).

Les pronoms et les adjectifs possessifs varient en personne (§ 153), en genre


et en nombre t
a. En personne, selon que le possesseur est de la lre, de la 2° ou de la
3e personne, soit du singulier (s’il y a un seul possesseur), soit du pluriel (s il
y a plusieurs possesseurs) ;
b. En genre, selon que le nom de l’être ou de la chose possédés est du
masculin ou du féminin;
c. En nombre, selon que le nom de l’être ou de la chose possédés est au
singulier ou au pluriel.

I. - LE PRONOM POSSESSIF

173. La forme du pronom possessif. — Les formes du pronom pos


sessif sont groupées d’après la personne, le genre et le nombre, dans le
tableau suivant :
Personnes

Singulier Pluriel
Nombre
(une chose possédée) (plusieurs choses possédées)
DES
POSSESSEURS
Masculin Féminin Masculin Féminin

T 1 TM lra le mien la mienne les miens les miennes


< 2e le tien la tienne les tiens les tiennes
POSSESSEUR te sien les siennes
3e la sienne les siens
1
1
, 1 '» le nôtre la nôtre les nôtres
1 2® le vôtre la vôtre les vôtres
POSSESSEURS
le leur ia leur les leure
i3'
LE PRONOM ET l’aDJECTIF POSSESSIFS 107

N. B. — 1° Les pronoms possessifs sont formés de l’article le, la, les, et de


Vadjeclif possessif tonique (§ 176).
A la différence des pronoms personnels, ils ont toujours la même forme, quelle que
soit leur fonction. Toutefois, quand ils sont employés comme compléments et intro¬
duits par une des prépositions à ou de, les articles le et les se combinent avec la
préposition (§ 140, 2°) et les pronoms ont alors une forme contractée:
au mien, aux miens, aux miennes, etc.; du mien, des miens, des miennes, etc.
2° Les formes du pronom possessif peuvent être renforcées par l’adjectif propre ;
Il se fie moins au jugement d’autrui qu’au sien propre.

174. L’emploi du pronom possessif. — Les pronoms possessifs peuvent


remplir les diverses fonctions du nom, c’est-à-dire celles de :
1° Sujet : Ton fils a réussi, le mien a échoué.

2° Attribut: Mon avis n’est pas toujours le tien.

3° Complément d’objet direct ou indirect :


J’aime ma patrie comme il aime la sienne. En voyant mes enfants, il songe aux siens.

4° Complément d’attribution: J’écrirai à mes parents ainsi qu’aux vôtres.

5° Compl. de circonstance : Nos amis souffrent de nos maux comme des leurs.

6° Complément de nom: J’ai le souci de vos intérêts et des nôtres.

7° Complément d adjectif : Il est digne de ta sympathie comme de la mienne.

175. Valeurs particulières. — Les pronoms possessifs s’emploient par¬


fois avec une valeur particulière :
1° Au singulier, le masculin le mien, le tien, etc., peut avoir la valeur d’un
pronom neutre et signifier : ce qui est à moi, à toi, etc., c’est-à-dire mon bien,
ton bien, etc. : Ne confonds pas le tien et le mien.

N. B. — Il a le sens figuré correspondant dans le gallicisme . y mettre du sien


(c.-à-d. de son trauail, de sa peine) :
Si chacun y met du sien, nous aboutirons.

2° Au pluriel, le masculin les miens, les tiens, etc., peut avoir la valeur
d’un nom et signifier, selon le cas : mes (tes, etc.) parents, mes (tes, etc.)
amis, mes (tes, etc.) partisans, etc. :
Je vais enfin revoir les miens II ne sera jamais des nôtres
(c.-à-d. mes parents). (c.-à-d. de nos amis).

N. B. — 1° Le masculin les nôtres peut, en outre, signifier: nos soldais :


Attaqués avec furie, les nôtres tinrent bon.
2° Le féminin les siennes s’emploie, au sens défavorable, dans la locution faire
des siennes (c.-à-d. des actes portant sa marque, d’où : de ses sottises habituelles) :
Il va encore faire des siennes.

On dit de même : Il3 ont encore fait des leurs.


Tu Vas encore faire de» tiennes. Vous ave* encore fait des vôtres.
LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

II. - L'ADJECTIF POSSESSIF


176. La forme de l’adjectif possessif. Les formes de l’adjectif pos¬
sessif sont les unes atones, les autres toniques.
Elles sont groupées, d’après la personne, le genre et le nombre, dans le
tableau suivant :

A. — FORMES ATONES B. — FORMES TONIQUES


Personnes

Nombre Singulier Pluriel Singulier Pluriel

des (une chose (plusieurs choses (une chose (plusieurs choses


possédée) possédées) possédée) possédées)
POSSESSEURS

Masc. Fém. Masc. Fém. Masc. Fém. Masc. Fém.

lre mon ma mes mien mienne miens miennes


Un
2e ton ta tes tien tienne tiens tiennes
POSSESSEUR
3e son sa ses sien sienne siens siennes

fre notre nos nôtre nôtres


Plusieurs
2e votre vos vôtre vôtres
possesseurs
3e leur leurs leur leurs

N. B. — 1° Au singulier, l’adjectif féminin atone a deux formes:


a. Ma, ta, sa s’emploient devant un mot commençant par une consonne ou un
h aspiré : ma pioche, ta fourche, sa hache.

b. Mon, ton, son, empruntés au masculin, s’emploient devant un mot com¬


mençant par une voyelle ou un h muet:
mon armoire, ton étagère, son horloge.
(Un hiatus désagréable est ainsi évité, § 454, 2°.)

2° Au singulier, les formes toniques nôtre et vôtre se distinguent par un accent


circonflexe des formes atones notre et votre.
Au pluriel, les formes toniques nôtres et vôtres portent aussi cet accent.

177. L’emploi de l’adjectif possessif. — 1° L’adjectif possessif atone


(lre, 2° et 3e personnes) s’emploie toujours comme épithète (§ 369) et se place
devant le nom ou, le cas échéant, devant l’adjectif qui précède le nom :
mon jardin, ta jolie montre, ses plus beaux chiens.

N. B. —• 1° Lorsque deux noms sont coordonnés, l’adjectif possessif est, en règle


générale, exprimé devant chaque nom :
IVias rosiers et mes lilas sont en fleurs.

Toutefois il n’est exprimé que devant le premier si les deux noms désignent le
même être ou la même chose, ou encore s’ils sont de sens voisin et forment une
'ocution consacrée:
LE PBO.NOM ET l’aDJECTIF POSSESSIFS 109
IVlon oncle et parrain est mort.
(11 s’agit d’une seule et même personne.)
en mon âme et conscience, en son lieu et place,
mes allées et venues, à vos risques et périls, leurs faits et gestes.

2° Lorsqu’un nom est précédé de deux adjectifs coordonnés, l’adjectif possessif n’est,
en règle générale, exprimé que devant le premier:
mon troisième et dernier enfant, vos bons et loyaux services.

Toutefois il est exprimé devant chacun d’eux si les deux adjectifs sont de sens
contraire et s’appliquent, tout en se rapportant au même nom, à des êtres ou à
des objets différents :
mon ancien et mon nouveau patron, nos bonnes et nos mauvaises actions.

2° L’adjectif possessif tonique (ire, 2e et 3e personnes) s’emploie toujours


comme attribut soit du sujet, soit de l’objet (§ 419) :
Cette idée est mienne. Regardez cette maison comme vôtre.
(On dit plutôt : ... est de moi.) (On dit plutôt : ... comme à vous.)

N. B. — Toutefois il est employé comme épithète dans certaines expressions


archaïques, où il est en général précédé de l’article indéfini :
Je tiens cela d’un mien ami. Un mien cousin est notro maire.
(On dit plutôt : ... un de mes amis.) (On dit plutôt : ... un cousin à moi.)

3° L’adjectif possessif en concurrence avec l’article défini le, la, les._


L’adjectif possessif atone (lre, 2e et 3e personnes) est remplacé par l’article
défini, quand il ne peut y avoir de doute sur le possesseur, en particulier
devant le nom d’une partie du corps (§ 142, 2°) :
J’ai mal à la tête. Tu as les yeux noirs. Il a le coeur fatigué.
(Le possesseur ne peut être que le sujet du verbe avoir.)
Je me lave les mains. On t’a mal coupé les cheveux. La tête lui tourne.
(Le possesseur ne peut être que la personne représentée par le pronom complément.)
Je sors de la maison. Il est à deux doigts de la mort. 11 a perdu l’esprit,

N. B. — 1° Le possessif n’est jamais remplacé par l’article si le nom est accom¬


pagné d’un déterminant (adjectif épithète ou complément de nom) :
J’ai mal à ma pauvre tète. Il traîne sa jambe malade.
Il vient de sa maison de campagne.
On dit cependant :
Il a été blessé au bras droit; 11 ne peut ouvrir l’œil gauche;

l’adjectif ne servant alors qu’à désigner avec plus de précision la partie du corps
intéressée.
2° Le possessif est parfois employé dans des phrases où il pourrait être remplacé
par l’article, mais le sens de ces phrases s’en trouve modifié :
Je souffre de mon pied II a perdu son esprit
(c.-à-d. du pied dont je souffre ordinairement). (c.-à-d. l’esprit qui lui est habituel).

4.0 L’adjectif possessif en concurrence avec le pronom personnel en. —


L'adjectif possessif atone de la 3e personne est toujours employé, si le pos¬
sesseur est un être animé (personne ou animal; :
Mon oncle a vendu sa maison. Les chiens ont mangé leur soupe.

Mais si le possesseur est une chose, cet adjectif possessif est souvent rem-
110 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

placé par le pronom personnel en (c’est-à-dire de cela, d’où, par extension, de


lui, d'elle, § 169, A) :
a. L’adjectif possessif est toujours obligatoire quand le possesseur et la
chose possédée sont dans la même proposition :
La vie a ses plaisirs et ses peines. Les arbres ont perdu leurs feuilles.

b. Quand ils sont dans deux propositions différentes, l’adjectif possessif


n’est obligatoire que si la chose possédée est sujet ou complément indirect d un
verbe d’action ; j'aime ce pays : ses pavsages m’enthousiasment
(la chose possédée est sujet d'un verbe d’action).
J’aime ce pays: je ne me lasse pas de ses paysages
(la chose possédée est compl. indirect d’objet).
J’aime ce pays : il m’enchante par ses paysages
(la chose possédée est compl. indirect de circonstance).

Si, au contraire, la chose possédée est sujet d'un verbe d état ou complément
direct d’objet d'un verbe d'action, l’adjectif possessif est généralement rem¬
placé par le pronom personnel en :
J’aime ce pays : les paysages en sont admirables
(la chose possédée est sujet d’un verbe d’état).
J’aime ce pays : j’en admire les paysages
(la chose possédée est compl. direct d'objet d’un verbe d'action).

N. B. — On dirait moins bien :


. . ( 898 paysages sont admirables.
J aime ce pays : ] ., , .
r J ( ] admire ses paysages.

c. Le pronom personnel en est toujours obligatoire dans les phrases où


son équivalent de lui, d’elle, etc., n’exprimerait pas un rapport de possession
et où l’adjectif possessif par conséquent ne saurait être employé :
Ce travail est pénible : j’en sens la fatigue
(la fatigue de ce travail, c.-à-d. celle qu'il me cause, et non celle qu'il a:
je sens sa fatigue serait incorrect et absurde).

5° L’accord de l’adjectif possessif avec le mot désignant le possesseur. —


En règle générale, l’adjectif possessif s’accorde en personne avec le mot,
nom ou pronom, désignant le possesseur :
Je fais mon devoir. Jean apprend ses leçons.
Nous préparons notre composition.

N. B.— 1° Les adjectifs notre et nos s’emploient parfois au lieu des adjectifs mon,
ma, mes, comme le pronom personnel nous au lieu du pronom personnel je (pluriel
de dignité ou pluriel de modestie, § 160, 2° et N. B.) :
Notre bonne ville de Paris Nos bien-aimés fils
(disait le roi de sa capitale). (dit un évêque de ses diocésains).
Notre étude n’épuisera pas le sujet Notre conférence sera sans prétention
(dit un auteur). (dit un orateur).

2“ Les adjectifs votre et vos s’emploient très souvent au lieu de l’adjeetif ton,
LE PRONOM ET L ADJECTIF POSSESSIFS 111
ta, tes, comme le pronom personnel vous au lieu du pronom personnel lu (pluriel
de politesse, § 160, 3°) :
Votre lettre, cher Monsieur, m’a beaucoup touché.

Toutefois, si le possesseur est un des pronoms indéfinis on ou chacun,


l’adjectif possessif n’est pas toujours celui de la 3e personne :
a. Au pronom on correspond, dans la même phrase, l’adjectif son, sa,
ses (3e personne), mais, dans une phrase différente, l’adjectif votre, vos
(2e personne) :
On doit aimer son prochain. On l’interroge : il n’écoute pas vos questions.

b. Au pronom chacun correspond l’adjectif son, sa, ses (3° personne)


dans les phrases où ce pronom est sujet:
Chacun a ses habitudes.

Mais, dans celles où il est en apposition au sujet, l’adjectif qui lui corres¬
pond est de la même personne que ce sujet :
notre grammaire,
Nous avons chacun Vous avez chacun j votr,e mammaire,
nos livres. ( vos livres.
leur grammaire,
Ils ont chacun
leurs livres.

N. B. — Toutefois, quand le sujet est à la 3e personne, l’adjectif son, sa, ses


s’emploie parfois au lieu de leur, leurs:
Ils ont chacun j Sa grammaire.
( se3 livres.

6° L’accord de l’adjectif possessif avec le nom désignant la chose possédée.


— En règle générale, l’adjectif possessif s’accorde en genre et en nombre
avec le nom désignant la chose possédée :
mon champ, ta ferme, se3 bestiaux;
notre école, votre classe, leur étude, nos leçons, vos devoirs, leur» notes.

Les adjectifs notre, votre, leur, et les adjectifs nos, vos, leurs, cor¬
respondent les uns et les autres à des possesseurs qui sont respectivement nous,
vous, ils ou elles (ou un nom pluriel), mais ils ne s’emploient pas indifféremment :
a. Les adjectifs notre, votre, leur s’appliquent, en principe, à des
choses dont chaque possesseur ne possède qu'une unité:
Nous ôtons notre manteau. Vous gardez votre chapeau. Ils portent leur cartable.

b. Les adjectifs nos, vos, leurs s’appliquent, par contre, à des choses
dont chaque possesseur possède plusieurs unités:
Nous aimons nos enfants. Vous rangerez vos livres. Ils soignent leurs poules.

Toutefois ces distinctions ne sont pas toujours respectées, et l’on peut dire,
dans le premier cas :
Nous ôtons nos manteaux. Vous gardez vos chapeaux. Il» portent leurs cartables.
112 LA MORPHOLOGIE üü FRANÇAIS

178. Valeurs particulières. —- Les adjectifs possessifs atones s emploient


parfois avec une valeur particulière :
1° Ils peuvent exprimer, outre la possession, l’appartenance, c’est-à-dire
une relation plus ou moins étroite qui existe entre une personne et une chose.
Ils s’appliquent notamment :
a. A ce qui est devenu nôtre par l’effet d’un travail soutenu, d’une répé¬
tition fréquente, d’une obligation stricte, d’une convenance particulière :
Je connais ma géographie. Il possède son affaire.
Tu as ta migraine. Nous prenons notre café. Ils font leur partie.
Je fais mon service. Il dit sa messe.
Je prendrai mon temps. Je lui ai réglé son compte. Nous choisirons notre heure.

b. A ce qui est devenu nôtre par l’effet de l’intérêt que nous y prenons,
qu’il s’agisse d’affection, de déférence ou de mépris :
mon Robert, ta petite Lise, notre France.
Tout sera fait, mon colonel. Vous m’avez guéri, ma sœur.
Voilà bien ma chance! Va le voir, ton Jean ! Je plains vos gens de cour.
N. B. — 1° Ils expriment la déférence, en particulier, dans les expressions plus ou
moins usuelles où ils accompagnent un titre :
Monsieur, Madame, Monseigneur;
Son Altesse, Sa Sainteté; Notre Dame, Votre Excellence.
2° Us expriment parfois, dans le langage familier, l’intérêt, souvent amusé, que
l’on porte à une personne dont on parle :
Voilà mon homme bien attrapé. Notre ours était un gros lourdaud.

c. A des mots qui entrent dans des gallicismes où le rapport d’apparte¬


nance est plus difficile à saisir:
Il fait son malin Cela sent son renard
(c.-à-d. il fait le malin, selon son habitude). (c.-à-d. cela sent la ruse, inhérente à la chose).

2° D’autre part, ils peuvent, devant les noms exprimant une action, ren¬
voyer à un possesseur qui est soit le sujet, soit l’objet de cette action :
Il supporte mon injure Je vengerai mon injure
(c.-à-d. l’injure que je lui ai faite: (c.-à-d. l’injure qu'il m’a faite:
le possesseur est sujet). le possesseur est objet).

N. B. — On dit que l’adjectif possessif a le sens subjectif ou le sens objectif, selon


que le possesseur est sujet ou objet de l’action.

LE PRONOM ET L’ADJECTIF DÉMONSTRATIFS

179. Généralités. — Le français peut montrer à l’esprit par des mots


ce qu’une main montre aux yeux par un geste. Il dispose à cet effet, d’une
double série de mots :
1° Les uns déterminent un nom, à la place de l’article défini, en montrant
l’être ou la chose désignés par ce nom : ce sont les adjectifs démonstratifs:
ce stylo, cette règle ces livres-ol, ces livres-là
(c.-à-d. le st.ylo, la règle que je montre). (c.-à-d. les livres que voici on que voilà).
LE PRONOM ET l’aDJECTIF DÉMONSTRATIFS 113

2° Les autres représentent le nom de l’être ou de la chose désignés, précédé


l’adjectif qui la montre : ce sont les pronoms démonstratifs :
Notre maison est celie-ci Leurs enfants sont ceux-là
(c.-à-d. cette maison-ci). (c.-à-d. ces enfants-là).

Les pronoms et les adjectifs démonstratifs varient en genre et en nombre:


a. En genre, selon que le nom de l’être ou de la chose montrés est du
masculin ou du féminin;
b. En nombre, selon que le nom de Têtre ou de la chose montrés est au
singulier ou au pluriel.

I. - LE PRONOM DÉMONSTRATIF

180. La forme du pronom démonstratif. — Les formes du pronom


simples, les autres composées.
uemonstratif sont les unes
Elles sont, les unes et les autres, groupées d’après le genre et le nombre
dans le tableau suivant :

Singulier Pluriel
Séries

Masculin Féminin Neutre Masculin Féminin

Formes simples celui celle ce ceux celles

celui-ci celle-ci ceci ceux-ci celles-ci


j Formes composées
celui-là celle-là cela ceux-là celles-là

N. B. — 1° Les pronoms démonstratifs composés sont formés des pronoms simples


renforcés par les adverbes de lieu ci et là (§ 288).
Les adverbes sont reliés au pronom simple par un trait d’union, sauf dans ceci,
cela, qui s’écrivent en un seul mot.
D’autre part, l’adverbe là garde son accent grave dans les formes écrites en deux
mots, mais cela ne prend jamais d’accent.
ti est, d’ailleurs, dans le langage familier, souvent abrégé en ça:
Ça ne va pas. Donnez-moi ça.

2° Les pronoms démonstratifs sont tous Ioniques, sauf ce, qui est atone, et auquel
correspond, comme forme tonique, ceci ou cela; ces trois pronoms sont du genre
neutre :
Qu’est-ce donc? Ceci ne me plaît guère. Cela se voit chaque jour.

çe s’ élidé devant une voyelle (§ 10) et prend alors une cédille devant un a:
C’est certain ç>a été tout.
114 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

181. — L’emploi du pronom démonstratif. — Les pronoms démon¬


stratifs, simples ou composés,peuvent remplir les diverses fonctions du nom,
c’est-à-dire celles de :
1° Sujet : 2° Attribut :
Celui qui ne lit rien ne sait rien. Les forts sont ceux qui luttent.
Ce qui est promis doit être tenu. Nul n’est tout à fait ce qu’il croit être.
Ceux-ci sont gais, ceux-là sont tristes. Ma maxime est celle-ci : i Servir. »

3° Complément d’objet direct ou indirect :

Honorons tous ceux qui travaillent. Pense à celle à qui tu dois le jour.
Faites toujours ce que vous devez. Apprends à jouir de ce qui est beau.
Il faut être prudent : retiens bien cela ! Ne nuis pas à ceux-ci pour plaire à ceux-là.

4° Complément d’attribution : 5° Complément de circonstance :

Donne à ceux qui sont dans le besoin. On est aimé par ceux qu’on aime.
Réponds à ce que je te demande. L’homme arrive à ce qu’il veut.
Fais le bien à ceux-là même qui font le mal. On est blâmé par celui-ci, loué par celui

6° Complément de nom:

Gardons le souvenir de ceux qui ne sont plus.


Nous cédons volontiers à l’attrait de ce qui est nouveau.
Le malheur de celui-ci fait le bonheur de celui-là.

7° Complément d’adjectif :

Les droits de la femme sont égaux à ceux de l'homme.


Ne sois pas dupe de tout ce qui brille.
On est toujours ignorant de ceci ou de cela.

On étudiera successivement l’emploi des formes simples et des formes


composées: 1° du pronom masculin-féminin; — 2° du pronom neutre.
N. B. — D’une façon générale, les formes simples diffèrent par le sens des formes
composées :
1° Les formes composées sont des démonstratifs à sens fort: elles s’accompagnent
le plus souvent d’un geste qui montre :
Il y a deux places libres : prenez celle-ci, je prendrai celle-là.

2° Les formes simples sont des démonstratif- ù sens faible: elles ne s’accompagnent
jamais d’un geste qui montre :
Il y a deux places libres : prenez celle que vous voudrez.

182. Le pronom démonstratif masculin-féminin. — 1° Les pronoms


démonstratifs simples celui, celle, ceux, celles ne se suffisent pas à eux-
mêmes et s’emploient toujours avec un déterminant, qui peut être:
a. Soit un complément introduit par la préposition de:
Mon vélo et celui de mon frère sont réparés.

b. Soit une proposition relative:


Ce clown est celui qui m’a le plus amusé.
N. B. — 1° Le pronom simple est alors, en principe, placé immédiatement aevanl
le relatif.
LE PRONOM ET l’aDJECTIF DEMONSTRATIFS 115
Si le relatif doit être séparé de l’antécédent, le pronom simple est remplacé par le
pronom composé celui-là:
Comme livres, j’ai lu ceux-là seuls que tu m’avais prêtés.

2° Le pronom, simple ou composé, suivi d’une proposition relative ne désigne pas


toujours un être déterminé : il peut avoir la valeur d’un indéfini et signifier tout
homme :
Celui qui est envieux est à plaindre. Celui-là est à plaindre qui est envieux.

2° Les pronoms démonstratifs composés celui-ci, etc., et celui-là, etc.,


se suffisent à eux-mêmes et peuvent s’employer sans déterminant.
En général, ils s’emploient concurremment dans une même phrase, et
celui-ci, etc., s’oppose alors à celui-là, etc. :
a. Tantôt pour distinguer ce qui est rapproché (celui-ci, etc.) de ce qui
est éloigné (celui-là, etc.) :
Turenne et Coudé sont deux grands capitaines,
oelui-ci plus impétueux, celui-là plus réfléchi
(celui-ci, c.-à-d. Condé, le dernier nommé ; celui-là, c.-à-d. Turenne, le premier nommé).

b. Tantôt pour distinguer l’une de l’autre deux choses qu’on a sous les
yeux : Lequel de ces tableaux préférez-vous, celui-ci ou celui-là?

c. Tantôt pour distinguer ce qui suit (celui-ci, etc de ce qui précède


(celui-là, etc.) : Je n'ai développé qu’un de mes deux arguments :
si celui-là vous a laissé froid, celui-ci, je l’espère, va vous convaincre.

d. Mais celui-ci, etc., et celui-là, etc. ne désignent pas toujours des êtres
ou des objets déterminés; ils peuvent avoir la valeur de pronoms indéfinis
et signifier l’un, etc., Vautre, etc. :
Celui-ci dit oui, celui-là dit non : qui croire ?

N. B. — Ces mêmes pronoms, employés indépendamment l’un de l’autre, servent


surtout :
a. Celui-ci ou celui-là, à distinguer une chose parmi d’autres qu’on a sous les
yeux (ils sont alors à peu près interchangeables) :
Voilà plusieurs étoffes : prenez celle-ci. De toutes ces montres, je choisis celle-là.

b. Celui-ci, à annoncer ce qui suit; celui-là, à rappeler ce qui précède :


Son dernier mot fut celui-ci : « Maman 1 » « Agir» : la maxime de ma vie est celle-là.

c. Celui-là, à désigner spécialement à l’attention une personne qu’on admire ou


au contraire qu’on méprise :
Ah 1 celui-là, quel génie ! Ah I celui-là, quel coquin !

183. Le pronom démonstratif neutre. — 1° Le pronom démonstratif


neutre simple ce s’emploie tantôt sans déterminant, tantôt avec un déter¬
minant.
a. Ce, employé sans déterminant, est généralement sujet du verbe etre,
116 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

et forme avec ce verbe la locution c’est (c'était, ce sera, etc.). Il est alors
soit sujet apparent, soit sujet réel (§ 396, 4°, N. B.).
Comme sujet réel, il représente souvent, avec le sens de cela, une chose
qu’on a sous les yeux ou dont on parle, et il a alors pour attribut un adjectif :
C’est splendide. C’était parfait.

Il représente souvent aussi une chose ou un être désignés par un nom ou


un pronom attribut (masculin ou féminin, singulier ou pluriel) :
C’est le chemin. C’est ma faute. Ce sont tes livres. Ce sont ses idées.
C’est un sot, une sotte. Ce sont des sots, des sottes.
C’est moi (lui, elle, nous, etc.). Ce sont eux (elles, § 359, 4°). C’est le mien (la mienne, etc.).

N. B. — Il est sujet réel, en particulier, dans les gallicismes:


c’est... qui, c’est... que (pron. relatif), c’est... que (pron. relatif)
destinés à attirer l’attention sur les mots intercalés :
C’est la haine qui l’inspire; C’est lui que je veux voir;
C’est demain que nous partons;
et dans des locutions telles que:
c’est-à-dire, est-ce que...? n’est-ce pas?
Le roi des airs, c’est-à-dire l’aigle.
Est-ce que tu reviendras bientôt ? Tu reviendras bientôt, n’est-ce pas?

Comme sujet apparent, il rappelle un sujet réel, si ce sujet le précède, ou


il l’annonce, si ce sujet suit l’attribut :
Sa passion, c’était la lecture. Vouloir, dit-on, c’est pouvoir.
Ou’un fds frappe son père, c’est une honte.
(Ce rappelle chaque fois le sujet réel, nom, infinitif ou proposition, ÿ 396, N. B.)
C’est un danger que l’orgueil. C’est un plaisir de se promener.
C’est vrai que la vie est belle.
(Ce annonce chaque fois le sujet réel, nom, infinitif ou proposition, § 396, N. B.)
N. B. — Ce s’emploie parfois avec d’autres verbes que le verbe être dans des expres¬
sions où survit un usage ancien :
Soit comme sujet, notamment du verbe sembler:
Je me conduis bien, ce me semble.

Soit comme complément d'objet ou complément de circonstance:


Ce faisant, il se croyait quitte. Sur ce, nous nous sommes séparés.

b. Ce, employé avec un déterminant, est accompagné tantôt d’une propo¬


sition relative (en ce cas, il est toujours, comme le pronom masculin-féminin,
§ 182, N. B., 1°, placé immédiatement devant le relatif) et peut avoir la valeur
d’un indéfini et signifier une chose, quelque chose, toute chose:
Ce qui est dit est dit. Il n’est pas ce qu’il paraît.
Ne dis jamais ce que tu ne penses pas.

tantôt d’une proposition subordonnée introduite par la conjonction que, au


sens de à savoir que:
Il est ûer de ce que son fils est général
(ce- c.-à-d. ceci, à savoir que...)-
LE PRONOM ET L’ADJECTIF DÉMONSTRATIFS 117

N. B. — Ce* ainsi employé, a disparu dans pour que, sans que, etc. (au lieu de
pour ce que, sans ce que, etc.), mai9 s’est maintenu dans parce que :
Je n’ai pu venir parce que j’étais souffrant
(parce que, c.-à il. en raison île ceci, à savoir que...).

2° Les pronoms démonstratifs neutres composés ceci et cela se suffisent à


eux-mêmes et peuvent s’employer sans déterminant.
En général, ils s’emploient concurremment dans une même phrase et
ceci s’oppose alors à cela (comme celui-ci s’opposait à celui-là) t
a. Tantôt pour distinguer ce qui est rapproché (ceci) de ce qui est éloigné
( cela) :
Mieux vaut être bon qu'être beau : ceci passe, cela reste
(ceci, c.-à-d. être beau; cela, c.-à-d. être bon).

b. Tantôt pour distinguer l’une de l’autre deux choses qu’on a sous les
yeux :
Ceci est à moi, cela est à vous.

c. Tantôt pour distinguer ce qui suit (ceci) de ce qui précède (cela) :


A cela, qui est secondaire, j’ajouterai ceci, qui est essentiel.

d. Mais ceci et cela ne désignent pas toujours des choses déterminées ; ils
peuvent avoir la valeur de pronoms indéfinis et signifier une chose..., une
autre... :
C'était ceci, c’était cela, il avait toujours un prétexte.

N. B. —• Ces mêmes pronoms, employés indépendamment l’un de l’autre, servent


surtout :
a Ceci ou cela, à désigner une chose qu’on a sous les yeux ou dans l’esprit (ils
sont alors à peu près interchangeables, mais cela est plus fréquent que ceci) :
Qu’est ceci? Qu’est cela? Ceci m’ennuie. Cela m’ennuie.

b. Ceci, à annoncer ce qui suit; cela, à rappeler ce qui précède:


Sache bien ceci : je ne céderai pas. Je ne céderai pas : sache bien cela.

Remarque. — Dans le langage familier, le pronom cela désigne souvent:


a. Une chose très vague, dont un jeu de physionomie ou un geste de la main
suggère quelque idée :
Cela va. Cela viendra. C’est cela.
Il est comme cela II va comme cela C’est comme cela
(c.-à-d. c’est son caractère). (c.-à-d. ni bien ni mal). (c.-à-d. ainsi vont les choses).

b. Une personne dont on parle avec mépris ou au contraire avec tendresse:


Cela veut donner des ordres! Cela pardonne, une marnant

Dans ces emplois familiers, cela est souvent abrégé en ça:


Ça va. Il est comme ça. Ça viendra. C’est ça. C’est comme ça.
Ça veut donner des ordres 1 11 va comme ça. Ça pardonne, une mamanI
118 LA MOKK JLOG1E DU FRANÇAIS

II. - L’ADJECTIF DÉMONSTRATIF


184. La forme de l’adjectif démonstratif. — Les formes de l’adjectil
démonstratif sont les unes simples, les autres composées.
Elles sont, les unes et les autres, groupées d’après le genre et le nomlre
dans le tableau suivant :

Singulier Pluriel
Séries
Masculin Féminin Masculin Féminin

Formes simples ce, cet cette Ci38

ce...-ci, cet...-ci cette...-ci C68...-CÎ


Formes composées
ce...-là, cet...-là cette...-là ces...-là
i

N. B. —• 1° Au masculin singulier, ce (réduction de cet) s’emploie devant un


mot commençant par une consonne ou un h aspiré, et cet devant un mot commen¬
çant par une voyelle ou un h muet:
ce chemin, ce hameau ; oet arbre, cet habit.
2° Dans les formes composées, les adverbes ci et là (§ 180, N. B., 1°) se placent
après le nom que l’adjectif détermine et sont reliés à ce nom par un trait d’union:
cechemin-cï, cetarbre-là, cette allée-ci, ces fleurs-là.
3° Il importe de ne pas confondre l'adjectif masculin ce avec le pronom neutre ce
(§ 180 et 183, 1°).

185. L’emploi de l’adjectif démonstratif. — 1° L’adjectif démonstratif


simple s’emploie toujours comme épithète (§ 369) et se place devant le nom
ou, le cas échéant, devant l’adjectif qui précède le nom:
ce coteau, cette belle route, ces grands prés.

Il en est de même, l’adverbe ci ou là mis à part (§ 184, N. B., 2°), pour


les adjectifs démonstratifs composés:
ce champ-ci, cette vigne-ci, ces vieux cllênes-là.

N. B. —- Lorsque deux noms sont coordonnés ou lorsqu’un nom est précédé de deux
adjectifs coordonnés, l’adjectif démonstratif simple s’exprime ou s’omet devant le second
nom ou le second adjectif dans les mêmes conditions que l’adjectif possessif atone (g 177,
1°, N. B.).

2° L’adjectif démonstratif simple ce, cet, cette, ces sert, d’une manière
générale, à montrer, en s’accompagnant volontiers d’un geste, l’être ou la
chose désignés par le nom qu’il détermine :
Regardez c*t enfant si beau. Admirez cette auto neuve.
LE PRONOM ET? l'aDJECTIF DÉMONSTRATIFS 119

N. B. — 1° L’adjectif démonstratif simple ne sert parfois qu’à rappeler ce qui


précédé ou à annoncer ce qui 6uit, mais en le mettant en évidence:
Il y a, près du phare, une petite maison : cette maison est à nous
(cette maison est plus expressif que le pronom personnel elle).
Il m’a fait cette joie d’être premier
(cette est plus expressif que l’article la).

2e L’adjectif démonstratif simple a souvent des valeurs particulières et peut


exprimer notamment :
a. La proximité, dans l’espace ou dans le temps, par rapport à la personne qui
parle : « le ... qui est près de moi (ou : de nous) » :
Le bonheur n’est pas de ce monde Nous irons en Suisse cette année
(ce, c.-à-d. celui où nous vivons). (celte, c.-à-d. celle où nous sommes).

b. La possession (lre personne) : « le ... qui est à moi (ou : à nous) » :


Ne crains rien : ce bras te vengera
(ce bras, c.-à-d. mon bras).
c. L'admiration ou, au contraire, le mépris: « le ... si connu (en bien ou en mal)» :
Lisons Hugo, ce grand poète. On les a pendus, ces criminels.

3° Les adjectifs démonstratifs composés ce...-ci, etc., et ce...-là ne diflè-


rent de l’adjectif simple que par leur force démonstrative particulière et
l’insistance du geste qui les accompagne :
Regardez cet enfant-ci. Admirez cette auto-là.

Ils servent principalement :


a. Tantôt à distinguer ce qui est rapproché (ce...-ci, etc.) de ce qui est
éloigné (ce...-la, etc.), dans le temps comme dans l’espace:
ce pays-ci, cette année-ci ; ce pays-là, cette année-là.
Nous avons de tout dans ce pays-ci, nous n'avions rien dans ce pays-là.

b. Tantôt à distinguer une chose parmi d’autres qu’on a sous les yeux :
Prenez cette étoüe-ci. Je choisis cette montre-là.
Lequel préférez-vous, ce tableau-ci ou ce tableau-là?

N. B. _Les adjectifs démonstratifs formés avec là expriment parfois l’admiration,


ou, au contraire, le mépris:
Saluons ce courage-là. Ne recevez pas ces gens-là.

III. — LES DÉMONSTRATIFS «MÊME» ET «TEL»

186 Généralités. — Aux pronoms et adjectifs démonstratifs que nous


venons d’étudier, il convient de joindre les mots même et tel, qui sont
généralement classés parmi les indéfinis, mais qui ont le plus souvent une
valeur démonstrative.

187. Le démonstratif même. — Le mot même, employé avec une


valeur démonstrative, est toujours adjectif.
Sa valeur diffère selon qu’il est placé après ou avant le nom.
120 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

1° Placé après le nom, il sert à attirer Vattention sur la personne ou la


chose désignée en Vopposant à une autre:
J'ai vu le roi môme II partit le soir même
(c.-à-d. le roi en personne, (c.-à-d. le soir exactement,
et non un de ses représentants). ni plus tôt, ni plus tard).

N. B. — 1° L’adjectif même se place après un pronom comme après un nom


(§155, N. B., 2°, et 170, N. B., 3») :
Connais-toi toi-même. Je lui ai dit cela même.

2° L’adjectif même s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou le pronom


après lequel il est placé :
Les enfants mêmes furent tués. Soyons toujours nous-mêmes.

Après un nom, toutefois, il est souvent considéré comme adverbe et ne s’accorde pas :
Les enfants même (c.-à-d. même les enfants) furent tués.

Après les pronoms nous et vous employés pour je ou tu (§ 160, 2° et 3°), il reste au
singulier :
Jean, avez-vous fait ce devoir vous-même?

3° L’adjectif même, placé après un nom désignant une qualité, identifie avec cette
qualité une personne qui la possède au plus haut degré :
Ma mère est la bonté même.

2° Placé devant le nom, il sert à attirer Vattention sur la personne ou la


chose désignée en Videntifiant à une autre:
Nous prenons le même train. Nous avons les mêmes amis.

N. B. — 1° L’adjectif même est alors précédé d’un déterminant, article, adjectif


possessif ou adjectif démonstratif :
le même banc, son même geste, ce même bruit.

Toutefois l’article n’est pas toujours exprimé, surtout dans la langue familière :
Ils ont même front, mêmes yeux, même menton.

2° L’adjectif même précédé de l'article est parfois employé comme pronom:


Ce vin est bon : j’achèterai le même.

Remarque. —■ L’adjectif même ne doit pas être confondu avec l’adverbe même.
Ce mot est adverbe quand il est placé:
1° Devant un adjectif, un participe ou un adverbe, où il marque une concession et
signifie bien que, quoique:
Même seul, il ne se rendit pas. Même fatigué, il est de bonne humeur.
Même loin, je n’oublie pas les miens.

2° Devant un verbe, où il marque une gradation et signifie bien plus, qui plus est:
Fais le bien : tu le peux et même tu le dois.

3° Devant un nom précédé de l'article, dernier terme d’une gradation explicite ou


implicite :
Les vieillards, les femmes et même les enfants furent massacrés.
Même les braves craignent la mort
(s.-ent. : et non seulement les lâches).

Dans ces divers emplois, même est invariable.


LE PRONOM ET l’aDJECTIF DÉMONSTRATIFS 121

188. Le déroonstr&tif tsl. — Le mot toi, employé avec une valeur


démonstrative, est tantôt pronom, tantôt adjectif.
1° Employé comme pronom, il a la valeur de celui, au sens indéfini de
tout homme (§ 182, 1°, N. B., 2°) :
Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.

S’il est répété, il a la valeur de celui-ci..., celui-là..., au sens indéfini de


l'un..., Vautre (§ 182, 2°, d) :
Tel le blâme, tel l’excuse : qui a raison?

N. B. — Il a ce sens, en particulier, dans la locution tel oit tel:


Je rends visite à tel ou tel
(c.-à-d. à Vun ou à Vautre).

2° Employé comme adjectif, il a la valeur de exactement celui-là, d’où :


semblable à celui-là:
Telles furent ses dernières paroles. Jamais pièce n’eut un succès tel.

N. B. — Il exprime parfois, dans ce cas, l'admiration, ou, au contraire, le mépris:


De tels élèves sont rares. De tels actes déshonorent.

3° Employé comme adjectif, il annonce souvent une proposition de compa¬


raison introduite par le pronom relatif que ( § 443, 2°, n. 1) : tel que a alors la
valeur de : exactement le même que, s’il est suivi d’un nom, et de : exactement
comme, s’il est suivi d’un verbe :
Il est tel que son père. Nul ne se voit tel qu’il est.

N. B. — 1° La proposition de comparaison se présente parfois sous la forme de


deux membres de phrase juxtaposés, introduits l’un et l’autre par tel :
Tel il est, tel il restera Tel maître, tel valet
(c.-à-d. il restera tel qu’il est). (c.-à-d. le valet est tel que le maître).

2° La locution tel quel signifie: dans l'état où il est (avec ses qualités et ses
défauts) : Tel quel, ce candidat peut être reçu.

4° Employé comme adjectif, il annonce souvent une proposition de consé¬


quence introduite par la conjonction que (§ 440, 2°) : tel... que a alors la
valeur de si grand que:
Vous faites un tel bruit qu’on ne s’entend plus.

N. B. — L’adjectif tel n’a guère une valeur indéfinie que s’il est placé devant un
nom sans article; il signifie alors un, quelque:
Tel voyageur découvrira peut-être telle île nouvelle.

De son côté, le pronom composé un tel s’emploie à la place d’un nom propre pour
désigner une personne qu’on ne peut pas ou qu’on ne veut pas préciser, et signifie :
un homme, quelqu'un :
Un tel, dit-on, a fait fortune : est-il plus heureux ?
122 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

LE PRONOM ET L’ADJECTIF RELATIFS

189. Généralités. — Le français peut mettre en relation deux propositions


au moyen d’un pronom ou d’un adjectif spécial, qui les subordonne l’une à
l’autre en rattachant la seconde au nom d’un être ou d’une chose exprimé
dans la première.
Le pronom qui met en relation les deux propositions en représentant ce
nom est appelé pronom relatif:
La rose | que j’ai cueillie hier | est déjà fanée
(le pronom relatif que représente la rose,
et unit à la proposition principale : est déjà fanée,
la proposition subordonnée : que j’ai cueillie hier).

L’adjectif qui met en relation les deux propositions en déterminant ce


nom est appelé adjectif relatif:
Je crains les cas de contagion, lesquels cas sont fréquents
(l'adjectif relatif lesquels détermine cas,
et unit à la proposition principale : je crains les cas de contagion,
la proposition subordonnée : lesquels cas sonl fréquents).

N. B. — 1° Le nom représenté par le pronom relatif est appelé son antécédent. Dans
La rose | que j’ai cueillie hier | est déjà fanée,

rose est l’antécédent du relatif que.


Mais un pronom relatif peut, dans certains cas, être employé sans antécédent :
Qui dort | dîne.

2° L’antécédent, qui est le plus souvent un nom, peut être un équivalent du nom,
et notamment :
a. Un pronom (personnel, possessif, démonstratif, interrogatif ou indéfini) :
Il te renseignera, lui | qui sait tout.
Je songe aux miens, | qulsontloin! Méprisons ceux | qui nous calomnient 1
Qu’ai-je fait | dont tu puisses te plaindre ?
11 n’est rien | à quoi je ne m’intéresse.

h. Un adverbe de lieu, (démonstratif, § 288, 1°, b) :


Il a voulu mourir là | OÙ il était né.

L’antécédent est parfois aussi un adjectif :


Ah! folle | que tu est

I. - LE PRONOM RELATIF

190. La forme du pronom relatif. — Les formes du pronom relatif sont


les unes simples, les autres composées.
Elles sont les unes et les autres groupées d’après leur fonction et, le cas
échéant, d’après leur genre et leur nombre, dans les deux tableaux suivants :
A. — PRONOMS RELATIFS SIMPLES 123

Singulier et Pluriel :
Fonctions Neutre
Masculin et Féminin

le soldat qui veille;


Sujet qui qui
la poule qui chante;
(êtres et choses) ce qui me plaît.
les jours qui passent.

Complément que le chien que je vois;


que
l’herbe que je coupe;
d’objet direct (êtres et choses) ce que j’ignore.
les fautes que j’évite.

à qui, de qui
le chef à qui j’obéis;
à quoi
Complément la personne à qui je succède;
(êtres seulement) ce à quoi je pense.
les gens de qui je me moque.
d’objet

indirect le neveu dont je m’occupe ;


dont dont
la voisine dont je me méfie ;
(êtres et choses) ce dont je doute.
les outils dont je me sers.

Complément l’orateur à qui je réponds;


à qui à quoi
la fiancée à qui j’écris;
d’attribution (êtres seulement) ce à quoi je m’applique.
les pauvres à qui je donne.

.le camarade avec qui je joue;


à (avec, par, etc.) qui à (avec, par, etc.) quoi
,1a sœur par qui je suis soigné;
(êtres seulement) ce par quoi je finis.
les cousins chez qui je loge.
Complément

l’oncle dont j’hérite;


dont dont
DE la façon dont je parle;
(êtres et choses) ce dont je m’indigne.
les maux dont je souffre.
CIRCONSTANCE
o,
(choses seulement)
1.lela village où j’arrive;
maison où je demeure;
les jours cù je reçois.

dont j!e peintre dont j’admire le talent;


Complément (êtres et choses), dont
ia vache dont je bois le lait;
DE NOM qqf. de qui les arbres dont j’aime l’ombre. ce dont j’ai la preuve.
(êtres seulement)
'

dont le fils dont je suis fier;


(êtres et choses), dont
la confiance dont je suis digne;
qqf. de qui 1 les soucis dont je suis exempt. ce dont je suis content.
Complément (êtres seulement)
'
d’adjectif
le candidat à qui je suis favorable;
à (de, pour, etc.) qui à (de, pour, etc.) quoi
la parente à qui je suis utile;
(êtres seulement) les amis à qui je suis cher.
ce à quoi je suis prêt.
124 tA MORPHOLOGIE £>U FRANÇAIS

N. B. — 1° Le pronom relatif simple est parfois attribut sous la forme que :


le vieillard que je suis; la fête qu’est la Noël}
les mortels que nous sommes.

2° Les pronoms relatifs simples, dont la forme varie avec la fonction, ont, dans
chaque fonction, la même forme au masculin et au féminin, au singulier et au pluriel.
Ils peuvent aussi s’employer au neutre, sauf dans la fonction de complément indi¬
rect (d’objet, d’attribution, de circonstance, etc.), pour laquelle il existe la forme
neutre spéciale quoi.
3° Le pronom que s’élide (§ 10) lorsque le mot qui suit commence par une voyelle
ou un h muet:
Le temps qu’il fait aujourd’hui. La maison qu’habite ma sœur.

B. — PRONOMS RELATIFS COMPOSÉS

Singulier Pluriel
Fonctions j

Masculin Féminin Masculin Féminin

Sujet lequel laquelle lesquels lesquelles

H/
s lesquelles
pi DIRECT lequel laquelle lesquels

PJ
U )
o- / auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles,
Sf INDIRECT
desquelles
O1 duquel de laquelle desquels
U\

Complément
auquel à laquelle auxquels auxquelles
d’attribution

Complément avec (par, chez, etc.) avec (par, chez, etc.) avec (par, chez, etc.) avec (par, chez, etc.)
DE CIRCONSTANCE lequel laquelle lesquels lesquelles

Complément
duquel de laquelle desquels desquelles
DE NOM

Complément auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles,


d’adjectif duquel de laquelle desquels desquelles
1

N. B.— 1° Le pronom relatif composé lequel est formé de l’article le, la, les, etde
l'adjectif interrogatif quel.
LE PRONOM ET l’aDJECTIF RELATIFS 125
Quand il est employé comme complément indirect et introduit par une des prépo¬
sitions à ou de, les articles le et les se combinent avec la préposition (§ 140, 2°); de
là les /ormes contractées :
auquel, auxquels, auxquelles; duquel, desquels, desquelles.
2° Le pronom relatif composé lequel, dont la forme varie avec la fonction, a, dans
chaque fonction, des formes différentes au masculin et au féminin, au singulier et au
pluriel.
Il s’accorde en genre et en nombre avec le nom qu’il représente, c’est-à-dire avec son
antécédent.
Il n’a pas de forme neutre.
3° Il convient de joindre à ces pronoms relatifs composés les pronoms relatifs
quiconque; qui que, quoi que;
qui que ce soit qui (ou que), quoi que ce soit qui (ou que),
souvent appelés pronoms relatifs indéfinis.

191. L’emploi du pronom relatif. — On étudiera successivement l’em¬


ploi : 1° des pronoms relatifs simples; — 2° des pronoms relatifs composés.

192. Le pronom relatif simple qui. — Qui s’emploie soit avec anté¬
cédent, soit sans antécédent.
1° Employé avec antécédent, il peut être :
a. Soit sujet: il représente alors indifféremment les noms d’êtres et les noms
de choses :
L’acteur qui joue. La bombe qui éclate. L’esprit qui pense.
Les chats qui miaulent. Les trompettes qui sonnent.

Il représente aussi parfois le pronom démonstratif neutre ce (§ 183, b) :


Je te raconterai ce qui est arrivé.

b. Soit complément d’un verbe (objet direct excepté), d’un nom ou d’un
adjectif : il est alors introduit par une préposition et représente seulement
les noms d’êtres :
Complément d’objet indirect :

Le témoin à qui je me fie. Le vaniteux de qui je me moque.

Complément d’attribution :

La dactylo à qui je dicte une lettre.

Complément de circonstance :

L’inconnu aveo qui je voyage. Les maîtres par qui je suis formé.

Complément de nom : Complément d’adjectif ;

Le poète de qui je lis les vers. Les gens à qui je suis utile.
N. B. — La forme de qui est le plus souvent remplacée par la forme dont (§ 195) :
Le vaniteux dont je me moque. Le poète dont je lis les vers.

2° Employé sans antécédent, il peut, être :


126 LA MORPHOLOGIE DÜ FRANÇAIS

a. Soit sujet, surtout dans les proverbes et les maximes; il a alors la valeui
d’un indéfini et signifie celui qui..., c’est-à-dire tout homme qui... (§ 182, 1®.
N. B., 2®) :
Qui va à la chasse perd sa place. Qui boit compromet sa santé.

Il représente parfois le pronom démonstratif neutre ce, qui n’est pas


exprimé, et signifie alors ce qui, c’est-à-dire une chose qui t
Qui pis est. Qui mieux est. Qui plus est. Voilà qui est peu vraisemblable.

N. B. — Qui..., qui..., en apposition à un nom pluriel, a une valeur distributive et


signifie ceux-ci..., ceux-là..., c’est-à-dire les uns..., les autres... (§ 182, 2°, d) :
Tous les enfants jouent, qui au tennis, qui au croquet, qui au basket.

b. Soit complément d’objet direct, avec certains verbes tels que pouvoir,
savoir et vouloir; il signifie alors celui que (§182, 1°, b):
Choisissez qui vous voudrez. Consultez qui vous pourrez.

193. Le pronom relatif simple que. — Que s’emploie soit avec anté¬
cédent, soit sans antécédent :
1° Employé avec antécédent, il peut être :
a. Soit complément d’objet direct: il représente alors indifféremment les
noms d’êtres et les noms de choses :
Le berger que j’aperçois. La porte que je ferme. L’ennui que j’éprouve.
Les lapins que j’élève. Les lampes que j’allume.

Il représente aussi parfois le pronom démonstratif neutre CO (§ 183, b) ;


Je regrette ce que j’ai fait.

b. Soit complément de circonstance (de temps surtout ou de manière) :


L’été qu’il fit si chaud De la façon que j’ai vécu
(que, c.-à-d. pendant lequel, oü). ,
(que, c.-à-d. de laquelle dont).

c. Soit attribut: il représente alors un adjectif aussi bien qu’un nom :


Imprudente que j’étais!
Les garçonnets que nous sommes. Les armes qu’étaient les frondes.

2° Employé sans antécédent, il peut être sujet, dans certaines expressions


où survit un usage ancien; il représente alors le pronom démonstratif neutre
ce, qui n’est pas exprimé, et signifie ce qui!
Advienne que pourra.

N. B. — Il signifie qui dans des locutions telles que :


Fais ce que bon te semble,
où le pronom neutre ce, qu’il représente, est exprimé.

194. Le pronom relatif simple quoi. — Quoi s’emploie soit avec


antécédent, soit sans antécédent.
LF PRONOM ET L ADJECTIF RELATIFS 127

Il est dans les deux cas toujours introduit par une préposition, et il ne
représente jamais un nom.
1° Employé avec antécédent, il peut être complément d’un verbe (objet direct
excepté) ou d’un adjectif; il représente alors un pronom démonstratif ou indé¬
fini neutre: ce, rien, quelque chose:
Complément d’objet indirect : Complément d’attribution :
Ce à quoi je ne consens pas. Ce à quoi je m’applique.
Il n’est rien à quoi je ne renonce. C’est quelque chose à quoi je me consacre.

Complément de circonstance : Complément d’adjectif :


Ce par quoi je commencerai. Ce à quoi je suis enclin.
Ce vers quoi je m’oriente. Ce en quoi je suis compétent.

N. B. — Il représente parfois non pas un mot, mais l’idée de touteune proposition:


Je fus interrogé, après quoi je fus relâché
(après quoi, c.-à-d. après avoir été interrogé).
Travaille, sans quoi tu ne réussiras pas
(sans quoi, c.-à-d. si tu ne travailles pas).

2° Employé sans antécédent, il peut remplir les mêmes fonctions ; il représente


alors le pronom neutre, ce qui n’est pas exprimé, après voici, voilà, c’est:
Complément d’objet indirect : Complément d’attribution :

Voici à auoi je ne consens pas. Voilà à quoi je m’applique.

Complément de circonstance : Complément d’adjectif:

C’est par quoi je commencerai. C’est à quoi je suis enclin.

N. B.— La forme cia quoi s’emploie dans diverses locutions elliptiques telles que :
avoir de quoi il n’y a pas de quoi
(c.-à-d. [ce] de quoi [on peut vivre], (c.-à-d. [ce] de quoi [on peut (remercier, etc.)],
d'où : avoir le nécessaire). d’où : il n’y a pas lieu).
Nous n’avons pas de quoi. Il s’inquiète : il n’y a pas de quoi.

195. Le pronom relatif simple dont. — Dont s’emploie toujours avec


un antécédent.
Il équivaut à de qui (§ 192,1°, b, N. B.) ou à duquel, de laquelle, etc. (§ 197, 3°),
dont il tient couramment la place, et il représente indifféremment les noms
d’êtres et les noms de choses. Il peut être :
1° Soit complément d’un verbe (objet direct et attribution exceptés) :
Complément d’objet indirect : Complément de circonstance :
L’ouvrier dont j’ai besoin. La famille dont je descends.
Les fautes dont je me repens, Les maux dont je souffre.

N. B. — Il représente parfois le pronom démonstratif neutre ce, qui le précède


toujours immédiatement (§ 183, b), et il équivaut alors à de quoi:
Voiià ce dont jç doute. C’est ce dont je m’irrite.
128 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Soit complément d’un nom ou d’un adjectil;


L’écrivain dont j’ai lu les œuvres. L’armoire dont J’ai perdu la ciel.
Les lièvres dont je suis les traces.
L’élève dont je suis satisfait. Les qualités dont je suis dépourvu.

N. B. —- Dont ne peut pas s’employer comme complément d’un nom introduit par*
une préposition; il est alors remplacé par de qui ou par duquel (§ 197, 3°) :
L’orphelin aux intérêts de qui vous nuisez
(au lieu de : dont vous nuisez aux intérêts).

196. Le pronom relatif simple où. — Où s’emploie le plus souvent


avec un antécédent.
Il équivaut à dans lequel, dans laquelle, etc. (§ 197, 2°), et ne représente que
les noms de choses.
Il est toujours complément d’un verbe et exprime généralement une cir¬
constance de lieu ou de temps (§ 288, 1°, b, et 290, 1°, b) :
Le jardin où je suis. La ferme où je vais. Les guérets où je chasse.
Le moment où je parle. Les heures où je travaille.

N. B. — Où, précédé d’une préposition, équivaut à lequel: d’où notamment a le


sens de duquel, de laquelle, etc., et par où a le sens de par lequel, pur laquelle, etc. •
La ville d’où je viens. Les prés par où je passe.

197. Le pronom relatif composé lequel. — Lequel s’emploie toujour-


avec un antécédent.
I! représente indifféremment les noms d’êtres et les noms de choses et il en
indique le genre et le nombre. Il peut être :
l°Soitsujet, mais seulement dans la langue judiciaire, et dans les phrases de
la langue courante où l’emploi du relatif simple produirait une équivoque :
Devant nous a comparu le sieur ***, lequel nous a déclaré, etc.
J’ai rencontré le fil s de notre voisine, lequel est guéri
(lequel, mascuRn, indique nettement que l'antécédent est fils, et non voisine).

2° Soit complément d’un verbe (objet direct excepté) :


Complément d’orjet indirect:

Le médecin auquel j'ai recours. La situation à laquelle j’aspire.

Complément d’attribution:

Les études auxquelles je me consacre.

Complément de circonstance :

Le juge devant lequel je dépose. La plume avec laquelle j’écris.


Les raisons pour lesquelles je pars.

N. B., — S’il s’agit de personnes, lequel peut être remplacé par qui; mais s’il
s’agit d'animaux, lequel est ordinairement employé :
Le chien avec lequel j’ai chassé. Les abeilles par lesquelles j’ai été piqué.
S’il s’agit de choses, lequel est obligatoire.
LE PRONOM ET I,’ADJECTIF RELATIFS 129

3° Soit complément d’un nom précédé d’une préposition, les formes duquel,
de laquelle, etc., remplaçant alors le relatif simple dont (§ 195, 2°, N. B.).
S’il s’agit de choses, la forme duquel est obligatoire :
Le meuble à la réparation duquel je travaille.

S’il l’agit de personnes, on peut employer soit duquel, soit de qui;


( sur l’affection desquels )
Les amis je m'appuie.
\ sur l’affection de qui )

198. Les pronoms relatifs composés à sens indéfini. — 1° Qui¬


conque s’emploie toujours sans antécédent.
Il est toujours sujet et signifie celui, quel quil soit, qui, c.-à-d. tout homme
qui (§ 192, 2°, a) :

Quiconque est coupable doit être puni.

2° Les autres relatifs à sens indéfini donnent à la proposition une valeur


concessive (§ 438, 4°, N. B., d) et sont toujours suivis du subjonctif:
a. Qui que peut être soit attribut, soit complément d’objet1. Il signifie
n'importe quel homme que, quelque homme que:

Qui que tu sois, tu es le bienvenu. Qui que je rencontre, je lui parle.

A ce pronom, employé pour les personnes, correspond, pour les choses, le


pronom neutre quoi que, qui signifie n importe quelle chose que, quelque
chose que:
Quoi que tu deviennes, reste modeste. Quoi que tu fasses, tu seras critiqué.

N. B. — 1° Le pronom qui que, devant une 3e personne du verbe cire, est géné¬
ralement remplacé par quel que :
Quel qu’il soit, un père aime ses enfants.

2° Le pronom quoi que, écrit en un seul mot, est devenu la conjonction quoique,
qui exprime la concession (§ 438, 1°).

h. Qui que ce soit qui, quoi que ce soit qui s’emploient comme sujets,
l’un en parlant des personnes, l’autre en parlant des choses :
Qui que ce soit qui vienne. Quoi que ce soit qui arrive.
(au lieu de qui qui, inusité.) (au lieu de quoi qui, très rare.)

Qui que ce soit que, quoi que ce soit que s’emploient, au contraire,
comme compléments d’objet:
Qui que ce soit qu’on appelle. Quoi que ce soit qu’on dise.

i. En réalité, cette fonction est celle du relatif simple que (§ 193, i*), second élément du relatif composé.
Cayrou. — Grammaire française. 5
130 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

II. - L’ADJECTIF RELATIF

199. La forme de l’adjectif relatif. — L’adjectif relatif a les mêmes


formes que le pronom relatif composé lequel (§ 190, B).
Il s’accorde en genre et en nombre avec le nom auquel il se rapporte,

200. L’emploi de l’adjectif relatif. — L’adjectif relatif lequel est d’un


emploi très rare. Il n’est guère usité que dans le langage judiciaire ;
Tous témoins entendus,... lesquels témoins ont signé avec nous ;

et dans la locution de la langue courante : auquel cas :


N’arrivez pas en retard, auquel cas vous seriez puni.

LE PRONOM ET L’ADJECTIF INTERROGATIFS

201. Généralités. — Le français peut interroger sur Y identité, c’est-à-


dire sur le nom, d’un être ou d’une chose, au moyen de mots spéciaux qui
sont appelés pronoms interrogatifs.
Il peut interroger sur la qualité, c’est-à-dire sur la nature ou le rang, d’un
être ou d’une chose, au moyen d’un mot spécial qui est appelé adjectif
interrogatif.
Le pronom interrogatif invite à désigner l’être ou la chose dont on veut
savoir le nom, et l’interrogation qu’il introduit peut être directe ou indirecte
(c’est-à-dire subordonnée, § 410, 1°, N. B.) :
Qui est venu ? Dis-moi qui est venu
(interrogation directe). (interrogation indirecte).

L’adjectif interrogatif détermine le nom de l’être ou de la chose dont il


invite à indiquer la nature ou le rang, et il introduit , comme le pronom, une
interrogation directe ou indirecte:
Quelle heure est-il ? Dis-moi quelle heure il est
(interrogation directe). (interrogation indirecte).

I. - LE PRONOM INTERROGATIF

202. La forme du pronom interrogatif. — Les formes du pronom


interrogatif sont les unes simples, les autres composées.
Elles sont, les unes et les autres, groupées d’après leur fonction dans les
tableaux suivants, où sont distinguées celles qui servent dans l'interro-
gaîion directe et celles qui servent dans l’interrogation indirecte.
A. — PRONOMS INTERROGATIFS SIMPLES 131

Interrogation directe Interrogation indirecte


Fonctions

Masc. ou Fémin. Neutre Masc. ou Fémin. Neutre

qui? que? qui ce qui 1


Sujet
(qui passe?) (que se passe-t-il?) (dis-moi qui passe) (dis-moi ce qui sopasse)

qui? que? qui ce que 1


Complément (qui vois-tu?) (que vois-tu?) (dis-moi qui tu vois) (dis-moi ce que tu rois)

d’objet
quoi ? que? quoi, que
DIRECT
(quoi faire? (dis-moi quoi faire;
que faire?) je ne sais que faire)

Complément à qui ? de qui ? àquoi?dequoi? à qui, de qui à quoi, de quoi


d’objet (à qui obéis-tu? (à quoi penses-tu? (dis-moi à qui lu obéis; (dis-moi à quoi tu penses;
INDIRECT de qui doutes-tu?) de quoi te sers-tu?) dis-moi de qui U doutes) dis-moi de quoi lu te sers)

Complément à qui ? à quoi? à qui à quoi


d’attribution (à qui réponds-tu?) (à quoi te roues-tu?) idis-moi à qui tu réponds) (dis-moi à quoi tu te roues)

Complément à ( arec, par, etc.) qui ? à lari'C, par.etc.j quoi ? à (atec, par, etc.) qui à (aiec, par, etc.; quoi
E CIRCONSTANCE (avec qui sors-tu?) (par quoi finis-tu?) (dis-moi avec qui tu sors) (dis-moi parquoi tu finis)

Complément de qui? de quoi ? de qui de quoi


DE NOM (de qui es-tn l'ami?) de quoi es-tu l’auteur? (dis-moi de qui tuesi'ami) dis-muidequoi tnesl'auteur

Complément à (de, pour, etc.) qui ? à (de, ponr.etc.) quoi ? à (de, pour, etc,) qui à (de, pour, etc.) quoi
d’adjectif (àqui es-tu utile?) (à quoi es-tu apte?) (dh-moi à qui lu es utile] (dis-moi à quoi In es apte)

N. B. — Le prunorn interrogatif simple est parfois allribul sous les formes:


qui? que? quoi? qui, ce que, quoi
(interrogation directe); (interrogation indirecte).

Qui es-tu? Que deviens-tu? Dis-moi qui tu e3. Dis-moi ce que tu deviens.
Quoi devenir ? Je ne sais quoi devenir.

i. Les pronoms interrogatifs ce qui, ce que, ne sont qu’en apparence des pronoms composés ; dans ceB
deux formes, le pronom démonstratif neutre ce ne fait en réalité mi'introduire le véritable interrogatif, qui
ou que, couramment employé seul autrefois dans l'interrogation indirecte. On disait encore, dans la l’antu-
classique :
Je ne sais qui m’arrête Ne sais-je pas que je te dois ?
(au lieu de ; ce qui m’arrête). (au lieu de : ce que je te dois).
132 B. — PRONOMS INTERROGATIFS COMPOSÉS
lo Qui est-ce qui (que)...? Qu’est-ce qui (que)...?

Interrogation directe
Fonctions

Masculin ou Féminin Neutre

qui est-ce qui? qu’est-ce qui?


Sujet (qui est-ce qui passe?) (qu’est-ce qui se passe ?)

Complément qui est-ce que? qu’est-ce que?


(qui est-ce que tu vois?) (qu’est-ce que tu vois ?)
d’objet direct

Complément à qui (de qui) est-ce que ? à quoi (de quoi) est-ce que?
d’objet (à qui est-ce que tu obéis? (à quoi est-ce que tu penses?
de qui est-ce que tu doutes?) de quoi est-ce que tu te sers!)
indirect

complément à qui est-ce que? à quoi est-ce que?


(à qui est-ce que tu réponds?) (à quoi est-ce que tu te voues?)
d’attribution

Complément à (avec,etc.) qui est-ce que? à(avec, etc.) quoi est-ce que?
DE CIRCONSTANCE (avec qui est-ce que tu sors?) (par quoi est-ce que tu finis?)

N. B. — Ces pronoms sont des interrogatifs renforcés, formés de trois éléments :


un pronom interrogatif simple, la locution interrogative est-ce, enfin le relatif qui,
le relatif que ou la conjonction que (suivant que l’interrogatif composé est sujet,
complément direct ou complément indirect) :
Qui | est-ce | qui parle? Qu’ | est-ce | que tu dis ? A qui | est-ce | que tu penses ?
(au lieu de : qui parle P) (au lieu de : que dis-tu P) (au lieu de : à qui penses-tu ?)
[est-ce qui (ou que) P est la forme interrogative de c’est... qui (ou que), § 183, a, N. B.]

2° Lequel? — Ce pronom a les mêmes formes que le pronom relatif


composé lequel (§ 190,B). Ces formes s’emploient dans l’interrogation directe
ou indirecte :
Lequel de vous viendra? Dis-moi lequel de vous viendra.

N. B. — 1° Ce pronom composé est parfois renforcé comme les pronoms simples:


Lequel | est-ce | qui est sorti? Avec lequel | est-ce | que tu pars?

2° Les pronoms interrogatifs, simples ou composés, peuvent être renforcés par des
mots divers : çà, donc, diable, par hasard, etc., qui ajoutent à l’interrogation des
nuances particulières (étonnement, insistance, impatience, etc.) :
Qu’ai-je donc fait ? Qui çà? Que diable veut-il ?
Ou’est-ce oui est donc arrivé ?
LE PRONOM ET l’aDJECTIF INTERROGATIFS 133
203. L emploi du pronom interrogatif.— On étudiera successivement
l’emploi : 1° des pronoms interrogatifs simples; — 2° des pronoms interro¬
gatifs composés.

204. Le pronom interrogatif simple qui? — Qui est du masculin


singulier et signifie quelle personne (homme ou femme). Il s’emploie dans
l’interrogation directe ou indirecte, et il peut être :
1° Sujet: 2° Attribut:
Qui est sorti? Dis moi qui est sorti. Qui es-tu? Dis-moi qui tu es.

3° Complément d’objet direct:


Qui préfères-tu ? Dis-moi qui tu préfères.

4° Complément d’objet indirect :


A qui penses-tu? Dis-moi à qui tu penses.
De qui te moques-tu ? Dis-moi de qui tu te moques.

5° Complément d’attribution :
A qui écris-tu ? Dis-moi à qui tu écris.

6° Complément de circonstance :
Avec qui pars-tu ? Dis-moi avec qui tu pars.
Par qui es-tu blâmé ? Dis-moi par qui tu es blâmé.

7° Complément de nom :

De qui es-tu le rival ? Dis-moi de qui tu es le rival.

8° Complément d’adjectif :

A qui es-tu favorable ? Dis-moi à qui tu es favorable.

205. Le pronom interrogatif simple que? — Que est de genre neutre,


et signifie quelle chose. Il s’emploie presque exclusivement dans l’interrogation
directe, et il peut être :
1° Sujet: 2° Attribut: 3° Complément d’objet direct :
Que manque-t-il? Que deviens-tu ? Que devenir? Que fais-tu ? Que faire?

N. B. — 1° Il ne s’emploie dans l’interrogation indirecte que devant un verbe à


l'infinitif délibératif (§ 334, 2°, c):
Je ne sais que devenir. Je ne sais que faire.

2° Il est parfois complément de circonstance (§299, 1°, N. B., 1°) :


Que tardes-tu ? Que sert de s’irriter ? Qu’importe la puissance ?
(que, c.-à-d. pourquoi P) (que, c.-à-d. à quoi P) (que, c.-à-d. en quoi P)

206. Le pronom interrogatif simple quoi? — Quoi est de genre


neutre, et signifie quelle chose. Il s’emploie dans l’interrogation directe ou
indirecte, et il peut être : jo Sujet
4'1ang une interrogation directe sans verbe) :
Quoi de nouveau ?
134 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Attribut
(devant un infinitif délibératif ou après le verbe) :
Quoi devenir? Je ne sais quoi devenir.
Tu espères être nommé quoi ? colonel? Tu veux être quoi? un rond-de-cuir?

3° Complément d’objet direct


(devant un infinitif délibératif) :
Quoi faire? Je ne sais quoi faire.

4° Complément d’objet indirect :

A quoi renonces-tu ? Dis-moi à quoi tu renonces.


De quoi t’occupes-tu ? Dis-moi de quoi tu t’occupes.

5° Complément d’attribution :

A quoi te consacres-tu? Dis-moi à quoi tu te consacres.

6° Complément de circonstance:

Par quoi es-tu troublé? Dis-moi par quoi tu es troublé.


En quoi es-tu lésé ? Dis-moi en quoi tu es lésé.

7° Complément de nom :

De quoi es-tu le propriétaire? Dis-moi de quoi tu es le propriétaire.

8° Complément d’adjectif :
A quoi es-tu enclin? Dis-moi à quoi tu es enclin.

207. Les pronoms interrogatifs ce qui, ce que. — Ce qui, ce que


sont de genre neutre et signifient quelle chose. Ils ne s’emploient que dans
l’interrogation indirecte, l’un comme sujet, l’autre comme attribut ou com¬
plément d’objet direct:
1° Sujet :
Dis-moi ce qui manque.

2° Attribut : 3° Complément d’objet direct :

Dis-moi ce que tu deviens. Dis-moi ce que tu sais.

208. Les pronoms interrogatifs composés qui est-ce qui? etc. —


Ces pronoms ne s’emploient que dans l’interrogation directe.
1° Les uns, qui est-ce qui? qui est-ce que? à (de, avec, etc.) qui
est-ce que ? sont du masculin singulier, comme les pronoms simples qui et
à (de, avec, etc.) qui, et remplissent principalement les fonctions de :
1° Sujet :
Qui est-ce qui est sorti?

2° Complément d’objet direct : 3° Complément d’objet indirect :

Qui est-ce que tu préfères? A qui est-ce que tu penses?

4° Complément d’attribution : 5° Complément de circonstance :

A qui est-ce que tu écris? Avec qui est-ce que tu pars?


LE PRONOM ET l’aDJECTIF INTERROGATIFS 135
2° Les autres, qu est—ce qui? qu'est-ce que? à (de, avec, etc.) quoi
est-ce que? sont du neutre, comme les pronoms simples que et à (de, avec,
etc.) quoi, et remplissent principalement les fonctions de :

1° Sujet :

Qu’est-ce qui manque?

2° Complément d’objet direct : 3° Complément d’objet indirect :


Qu’est-ce que tu fais ? A quoi est-ce que tu renonces?

4° Complément d’attribution : 5° Complément de circonstance :


A quoi est-ce que tu te consacres? En quoi est-ce que tu es lésé ?

209. Le pronom interrogatif composé lequel? — Lequel? laquelle?


etc., peut désigner des êtres ou des choses ; il est généralement accompagné
d’un complément partitif. Il s’emploie dans l’interrogation directe ou indirecte,
et il peut être :
1° Sujet :

Lequel de vous a gagné? Dis-moi lequel de vous a gagné.

2° Complément d’objet direct :

De ces bagues laquelle préfères-tu? Dis-moi laquelle de ces bagues tu préfères.

3° Complément d’objet Indirect :

Duquel de tes voisins te méfies-tu? Dis-moi duquel de tes voisins tu te méfies.

4° Complément d’attribution :

Auquel de tes amis écris-tu? Dis-moi auquel de tes amis tu écris.

5° Complément de circonstance :
Par lequel de ces chemins passes-tu? Dis-moi par lequel de ces chemins tu passes.

N. B. — Le pronom lequel ? est parfois de genre neutre, et signifie alors quelle chose? :
Lequel vaut mieux, partir ou rester? Dis-moi lequel vaut mieux, partir ou rester.

II. — L’ADJECTIF INTERROGATIF

210. La forme de l’adjectif interrogatif. — L’adjectif interrogatif n’a


qu’une forme, variable en genre et en nombre :

musc. quel? masc. quels?


Singulier Pluriel
fém. quelle? fém. quelles ?
136 T. A MORPHOLOGIE DU FRtriÇAIS

211. L’emploi de l’adjectif interrogatif. — 1° Quel s’emploie dans


l’interrogation directe ou indirecte, et peut être épithète ou attribut; comme
épithète, il précède le nom; comme attribut, il précède le verbe :
Quel train prends-tu? Dis-moi quel train tu prends.
Quelles sont tes intentions? Dis-moi quelles sont tes intentions.

2° Quel sert, d’une façon générale, à interroger sur la qualité (§ 201) :


Quel homme est-ce? Quel temps fait-il? Quelle est ta place?
(c.-à-d. est-il bon, méchant, etc.?) (c.-à-d. fait-il beau, chaud, etc.?) (c.-à-d. es-tu 1", 2°, 3', etc.?)

Mais il peut aussi interroger sur Y identité (§ 201) :


Quel est ce monsieur ? Quel livre lis-tu ?
(c.-à-d. dis-moi son nom). (c.-à-d. dis-moi son titre).

3° Quel s’ emploie souvent comme adjectif exclamatif, et exprime alors la


joie, la douleur, l’admiration, le mépris, etc., qu’inspire l’être ou la chose
auxquels il se rapporte :
Quel bonheur! Quelle épreuve! Quelles inventions! Quels criminels!

LE PRONOM ET L’ADJECTIF INDÉFINIS

212. Généralités. — Le français, qui exprime la quantité d’une manière


précise à l’aide des adjectifs numéraux (§ 223, 1°), peut aussi l’exprimer
d’une manière moins rigoureuse à l’aide d’une double série de mots, dits
indéfinis :
1° Les uns déterminent un nom, à la place de l’article, en donnant sur
les êtres ou les choses désignés par ce nom une indication de quantité vague
ou générale : ce sont les adjectifs indéfinis:
Quelques soldats Nul élève Chaque mois
(indication vague). (indication générale). (indication générale).

2° Les autres désignent les êtres ou les choses à la manière d’un nom pré¬
cédé d’un adjectif donnant cette indication : ce sont les pronoms indéfinis:
Quelques-uns sont partis Nul n’est infaillible A chacun son bien
(c.-à-d .quelques personnes: (c.-à-d. nul homme: (c.-à-d. à chaque homme:
indication vague). indication générale). indication générale).

Les pronoms et adjectifs indéfinis varient pour la plupart en genre et en


nombre :
a. En genre, selon que le nom de l’être ou de la chose désignée est du
masculin ou du féminin.
b. En nombre, selon que le nom de l’être ou de la chose désignée est au
singulier ou au pluriel.
LE PRONOM ET L ADJECTIF INDEFINIS 137

I. - LE PRONOM INDÉFINI

213. La forme des pronoms indéfinis. —- Les pronoms indéfinis sont


groupés dans le tableau suivant d’après leur sens, selon qu’ils expriment l’idée
d’une quantité nulle, partielle, ou totale :
Nul n’est parfait Plusieurs sont malades Chacun vit pour soi
(quantité nulle). (quantité partielle). (quantité totale).

Singulier Pluriel
Sens Neutre

Masculin Féminin Masculin Féminin

1
personne » » » rien
1° 1 aucun aucune » » »
1 nul nulle » » »
Quantité
1 pas un pas une » » »
NULLE | ni l’un ni ni l’une ni ni les uns ni ni les unes ni »
l’autre l’autre les autres les autres

un une » » »
i’un l’une les une les unes »
l’autre les autres »
l’un..., l’une..., les uns..., les unes..., »
l’autre l’autre les autres les autres
i l’un ou l’une ou les uns ou les unes ou »

l’autre l’autre les autres les autres
l’un l’autre l’une l’autre les uns les unes »
les autres les autres
Quantité un autre une autre d’autres autre chose
1 autrui » » » »
quelqu’un quelqu’une quelques-uns quelques-unes quelque ohoee
PARTIELLE quelque autre quelque s autres quelque autre
chose
» » d’aucuns » »
» » certains certaines »
» » plusieurs »
on » » » »

chacun chacune » » »
3° toutes toute chose,
\ » tous
Quantité les unes et tout
; l’un et l’une et les uns et
TOTALE
l’autre l’autre 1 es autres les autres >«

N, b. _ n convient, en outre, de ranger parmi les pronoms indéfinis les exprès^


sions suivantes composées avec un pronom relatif ou interrogatif:
138 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

celui (celle, etc.) qui, etc. (§182, N. B., 2°); ce qui, ce que, etc. (§183, 1», b);
qui que, quoi que (§ 198, 2°, a);
qui que ce soit qui, quoi que ce soit qui (§ 198, 2°, 6);
je ne sais qui, je ne sais lequel (laquelle, etc.), je ne sais quoi;
n’importe qui, n’importe lequel (laquelle, etc.), n’importe quoi.

214. L’emploi des pronoms indéfinis. — Les pronoms indéfinis peuvent


en général remplir les diverses fonctions du nom, c’est-à-dire celles de :

1° Sujet: 2° Attribut :
Personne n’est venu. Tout cela n’est rien.

Complément d objet direct ou indirect :

J’ai vu quelqu’un. Je pense à autre chose.

4° Complément d’attribution : 5° Complément de circonstance :

Je m’applique à tout. Je sors avec d'autres.

6° Complément de nom : 7° Complément d’adjectif :

Respecte le bien d’autrui. Il est mécontent de certains.

On étudiera successivement l’emploi des pronoms: 1° de quantité nulle ;


— 2° de quantité partielle; — 3° de quantité totale.

215. Les pronoms indéfinis de quantité nulle. — 1° Personne est


généralement accompagné de la négation ne ; il a pris, au contact de cette
négation, un sens négatif qu’il n’avait pas d’abord, et il signifie non plus un
homme, quelqu'un, mais aucun homme.
Il est du masculin et n’a pas de pluriel. Il peut remplir les diverses fonc¬
tions du nom :
Personne n’est sûr du lendemain. L’homme sage n’envie personne.
Certaines gens ne s’entendent avec personne.
Ne lèse les intérêts de personne. L’oisif n’est utile à personne.

N. B. — 1° Il a également le sens négatif, sans être accompagné de la négation ne:


a. Dans les phrases où il est introduit par la préposition sans, de valeur négative :
U réussit à vivre sans l’aide de personne.

b. Dans les phrases elliptiques, notamment dans les comparaisons ou dans les
réponses :
Je le sais mieux que personne Qui a parlé? — Personne
(c.-à-d.: ...que personne ne le sait). (c.-à-d.: personne n’a parlé).

2° Il a parfois le sens affirmatif de quelqu’un et s’emploie sans négation dans les


propositions interrogatives qui sont des négatives déguisées ou dans certaines propo¬
sitions subordonnées impliquant une idée négative :
Personne osera-t-il me contredire?
(c.-à-d. : quelqu’un osera-t-il... ? qui équivaut à : personne n’osera...).
Je ne crois pas ou Je doute que personne lui soit supérieur
(c.-à-d.: personne, je crois, ne lui est supérieur).
LE PRONOM ET l’aDJECTIF INDEFINIS 139

3° On ne confondra pas ce pronom masculin avec le nom féminin : « une personne » :


C’est une personne charmante. Ce sont de bonnes personnes.

2° Aucun est généralement accompagné de la négation ne ; il a pris, au


contact de cette négation, un sens négatif qu’il n’avait pas d’abord, et il
signifie non plus quelqu'un, mais, avec moins de force, pas un (§ 215, 4°).
Il a un féminin, mais na pas de pluriel (l’expression d'aucuns mise à
part, §216, 10°). Il peut remplir les diverses fonctions du nom, mais il ne
s’emploie qu'avec un complément partitif, ou, sans complément, en corrélation
avec un nom pluriel déjà exprimé :
Aucun de ces métiers ne m’attire. Je n’ai lu aucune de ces comédies.
Vos élèves sont déjà arrivés? — Aucun n’est là
(aucun est en corrélation avec vos élèves).

Il ne s’emploie jamais absolument au sens de aucun homme, personne.


N.B. _ ]o Ha également le sens négatif, sans être accompagné de la négation ne,
dans les phrases où il est introduit par la préposition sans, ou dans les phrases
elliptiques, notamment dans les comparaisons ou dans les réponses:
Me voilà sans aucun de mes amis.
Il a lu plus qu’aucun de nous. As-tu reçu des nouvelles ? — Aucune.

2° Il a parfois le sens affirmatif de quelqu'un, comme personne et dans les mêmes


catégories de propositions (§215, 1°, N. B., 2°) :
Aucun de vous eût-il agi de la sorte ?
(c.-à-d. : quelqu'un eût-il agi de la sorte ? qui équivaut à : personne n’eût agi de la sorte).
Je ne crois pas ou Je doute qu’aucune d’elles réussisse
(c.-à-d.: aucune d’elles, je crois, ne réussira).

3° Nul est toujours accompagné de la négation ne et signifie aucun, qui


est d’un usage plus ordinaire.
Il a un féminin, mais na pas de pluriel. Il ne peut remplir que la fonction de
sujet. Il s’emploie, en général, comme aucun (§215, 2°), avec un complément par¬
titif ou, sans complément, en corrélation avec un nom pluriel déjà exprime .
Nul d’entre eux n’a réussi. Nulle d’entre elles n’a échoué.
Ces devoirs ) sont médiocres; \ \ n’est vraiment faible.
Ces copies ) l nulle )

A la différence d'aucun, il peut s’employer absolument, et il signifie alors


aucun homme, personne:
Nul n’est exempt de défauts.

4° Pas un est toujours accompagné de la négation ne, et signifie abso¬


lument aucun. . 0. _ q.
Il a un féminin, mais na pas de pluriel. Il s’emploie comme nul (§ 21o, o ) :
Pas un d’entre eux n’a réussi. Pas une d’entre elles n’a échoué.
Ces devoirs ) 8ont médiocres; J u" j n’est vraiment faible.
Ces copies ) ( Pn9 un® '
140 T. A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Toutefois il ne s’emploie sans complément, dans le sens de absolument


personne, que dans l’expression elliptique : comme pas uni
Il est ignorant comme pas un.

5° Ni l'un ni l'autre est toujours accompagné de la négation ne et


signifie aucun des deux.
Il a un féminin et un pluriel. Il peut remplir les diverses fonctions du nom :
a. S’il est sujet, le verbe peut être au singulier ou au pluriel :
Ni l’un ni l’autre n’est parti. Ni l’une ni l’autre ne sont parties.

Mais, s’il est apposition au sujet, le verbe est toujours au pluriel :


Ils ne sont partis ni l’un ni l’autre.

b. S’il est complément d’objet indirect ou complément de circonstance, la


préposition se répète devant chaque terme :
Il ne se fie ni à l’un ni à l’autre.
Il ne fréquente ni chez les uns ni chez les autres.

6° Rien est généralement accompagné de la négation ne; il a pris, au


contact de cette négation, un sens négatif qu’il n’avait pas d’abord, et il
signifie non plus une chose, quelque chose, mais aucune chose.
Il est de genre neutre et n’a pas de pluriel. Il peut remplir les diverses
fonctions du nom :
Rien ne te plaît. L’homme n’est rien. Je ne sais rien.
Il ne doute de rien. Cela ne mène à rien.

N. B. — 1° Il a également le sens négatif, sans être accompagné de la négation ne,


dans les phrases où il est introduit par la préposition sans, ou dans les phrases
elliptiques, notamment dans les comparaisons ou dans les réponses:
On vit difficilement sans rien faire.
J’aime mieux cela que rien. Que répondez-vous à cela? -— Rien.
2° Il a parfois le sens affirmatif de quelque chose dans les catégories de propositions
où personne a le sens affirmatif de quelqu'un (§ 215, 1°, N. B., 2°) :
A-t-on jamais vu rien de plus beau ?
(c.-à-d. : a-t-on jamais vu quelque chose de pl us beau, qui équivaut à : on n’a jamais rien vu de plus beau)-
Je ne crois pas qu’il arrive à rien
(c.-à-d.: il n’arrivera, je crois, à rien).

3° On ne confondra pas ce pronom neutre avec le nom masculin «un rien», qui
signifie « une chose sans importance » :
Un rien parfois nous irrite. On se brouille pour des riens.

216. Les pronoms indéfinis de quantité partielle.— 1° Un, qui est


adjectif numéral (§ 224) et article indéfini (§ 147), est aussi pronom indéfini:
a. Il s’emploie généralement avec un complément partitif, et notamment
avec le pronom personnel en (§ 169, A, 2°); il signifie alors quelqu’un (suivi
d’un complément, § 216, 9°, a) :
Je viendrai sans doute un de ces jours. Il vendra peut-être une de ses maisons.
Quant aux moyens, en voyez-vous un?
LE PRONOM ET l’aDJECTIF INDEFINIS 141

o. Il s’emploie quelquefois absolument et signifie alors quelqu'un (sans


complément, § 216, 9°, a), c’est-à-dire, au masculin, un homme, et au féminin,
une femme :
Un qui a de la chance, c’est ton frère! Une que je plains fort, c’est sa sœur!

N. B. — Cet emploi est aujourd’hui du langage familier, sauf dans le vers de


La Fontaine passé en proverbe :
On a souvent besoin d’urt plus petit que soi.

Il peut avoir aussi la valeur d’un neutre, et signifier une chose:


Promettre est un, tenir est autre chose.
C’est tout un. Ce n’est qu’un. Cela ne fait qu’un.

N. B. — Un, suivi d’un complément partitif, est parfois précédé de l’article défini,
surtout si le complément est un pronom personnel :
L’un de nous prit la parole. Je m’adressai à l’une d’elles.

2° A l'un s’oppose souvent l’autre : l’unsignifie alors le premier (de deux),


et l'autre, le second (de deux) :
De mes deux frères, i’un est officier, l’autre médecin.

Ils ne s’emploient l’un sans l’autre que dans certaines locutions toutes
faites : De deux choses l’une : ou j’ai raison ou j’ai tort.
Il faut, comme dit l’autre, souffrir ce qu’on ne peut éviter
(l’autre, c.-à-d. l’auteur supposé du dicton, d’où : je ne sais qui).

Par contre, ils se combinent souvent pour former des pronoms composés
d’usage très courant : les pronoms de quantité partielle
l'un..., l’autre... (§ 216, 3°); l’un ou l’autre (§ 216, 4°);
l'un l’autre (§ 216, 5°) ;
à côté du pronom j l’un et l’autre et du pronom j ni l’un ni l’autre
de quantité totale ) (§ 217, 3°), de quantité nulle j (§ 215, 5°).

3° L’un..., l’autre... désignent au singulier deux êtres ou deux choses,


et, au pluriel, deux groupes d’êtres ou deux groupes de choses, qui s'opposent
l’un à l’autre.
Ils ont un féminin et un pluriel. Ils peuvent remplir les diverses fonctions
du nom, soit deux fonctions différentes dans une même proposition, soit la
même fonction dans deux propositions différentes :
L’un de ces vins vaut l’autre. Veuillez passer l’une après l’autre.
Ce qui sert aux uns nuit parfois aux autres.
L’un rit, l’autre pleure.
On est vanté par les uns, on est dénigré par les autres.

4° L'un ou l’autre s’emploie dans une même proposition pour designer,


au singulier, deux êtres ou deux choses, et, au pluriel, deux groupes d’êtres
ou deux groupes de choses, qui s'excluent l’un l’autre.
142 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Il a un féminin et un pluriel. Il peut remplir les diverses fonctions du nom:


a. S’il est sujet, le verbe est toujours au singulier :
L’un ou l’autre a menti.

Mais s’il est apposition au sujet, le verbe est toujours au pluriel :


Elles ont menti l’une ou l’autre.

b. S’il est complément d’objet indirect ou complément de circonstance, la


préposition se répète devant chaque terme :
Il recourt à l’un ou à l’autre.
11 est toujours chez les uns ou chez les autres.

5° L’un l’autre s’emploie dans une même proposition pour désigner, au


singulier, deux êtres ou deux choses, et, au pluriel, deux groupes d’êtres ou
deux groupes de choses, qui exercent une action l’un sur l’autre. Il signifie
mutuellement.
Il a un féminin et un pluriel. Les deux termes remplissent deux fonctions
différentes dans la proposition, mais le premier est toujours apposition au
sujet et le second complément d'objet direct ou indirect:
Ils s’encouragent l’un l’autre. Elles se détestent l’une l’autre.
Ils se nuisent les uns aux autres. Elles se méfient les unes des autres.

6° Un autre s’oppose à un (§ 216, 1°), comme Vautre s’oppose à l'un


(§216, 2°); il désigne un être ou un objet indéterminé, différent d’un ou plu¬
sieurs êtres ou d’un ou plusieurs objets de même espèce déjà désignés :
a. Il s’emploie généralement avec un complément partitif, et notamment
avec le pronom personnel en (§ 169, A, 2°) ; il signifie alors quelque autre
(§ 216, 9», b, N. B.):
Je voudrais lire un autre de ses livres. Qu’il vende une autre de ses maisons !
C’est une solution : en voyez-vous une autre?

b. Il s’emploie quelquefois absolument et signifie alors, au masculin, un


autre homme, et, au féminin, une autre femme:
Je laisse ce soin à un autre. Allez le conter à une autre.

c. Il s’emploie enfin en corrélation avec un, et signifie alors, selon qu’il est
exprimé une ou plusieurs fois, un second, un troisième, etc. :
Un lisait, un autre écrivait, un autre dormait.

N. B. — Il a un neutre, la locution sans article autre chose (c’est-à-dire une autre


r.liose), qui est toujours au singulier, et, le cas échéant, accompagnée d’un adjectif au
masculin :
J’achèterai autre chose. Parlez-moi d’autre chose.
J’ai appris autre chose de fâcheux
(l’adjectif épithète est toujours, avec ce pronom, précédé de de, § 369, N. B., a0).
LE PRONOM ET l’aDJECTIF INDEFINIS 143

Par contre, précédé de l’article, autre chose n’est plus un indéfini et peut s em¬
ployer au pluriel:
J’ai une autre chose, d’autres choses à vous dire.

7o Les autres et d'autres sont les pluriels qui correspondent respecti¬


vement aux singuliers l’autre et un autre:
a. Les autres désigne tous les êtres ou tous les obj ets qui restent d un groupe
d’où un être ou un objet au moins est retiré; il signifie tous les autres.
De ces dix timbres, deux sont faux; les autres sont authentiques.

Il s’emploie souvent absolument et signifie, d une façon générale, les autres


hommes, autrui (§ 216, 8°) :
Nous rejetons volontiers nos fautes sur les autres.

b. D'autres désigne une partie seulement des êtres ou des objets qui restent
et signifie certains autres :
Beaucoup se taisaient, mai6 d’autres protestaient.

8° Autrui ne se dit que des personnes et signifie les autres hommes. Il est
invariable et ne s’emploie que comme complément :
Le bien d’autrui. Aimer autrui. Nuire à autrui.

9° Quelqu’un, composé de l’adjectif quelque (§ 221,3°) et du pronom un


(§ 216, 1°), désigne proprement une personne indéterminée. Il a un féminin
et un pluriel, mais il n’a pas au pluriel la même valeur qu’au singulier:
a. Au singulier, il désigne tantôt une personne quelconque, homme ou
femme : Il en veut toujours à quelqu’un ;

tantôt une personne déterminée qu’on ne peut ou ne veut préciser:


Quelqu’un frappe à la porte J’attends quelqu’un ce matin
(je ne peux pas dire qui). (je ne veux pas dire qrnj.

Il est souvent suivi d’un complément partitif ; il signifie alors tel ou tel, se dit
des personnes et des choses, et peut s’employer au féminin:
Prêtez-moi quelqu’un de vos livres. Invite quelqu’une de tes amies.

N g _ 1” Il a un neutre, la locution quelque chose, qui est toujours au singulier


et, le cas échéant, accompagnée d’un adjectif au masculin :
Il me manque quelque chose. J’ai besoin de quelque chose.
J’ai appris quelque chose de fâcheux
(l’adjectif épithète est toujours, avec ce pronom, précédé de de, § 3<39, N. B., 2“).

2° Les pronoms quelqu’un et quelque chose, employés comme attributs, ont par¬
fois un sens emphatique et signifient l’un et l’autre : un personnage d’importance :
Il est devenu quelqu’un. Il se croit quelque chose.
Le second de ces pronoms se dit aussi des choses, et signifie: une chose d impôt-
tance ; C’est quelque ohoee que le bonheur.
144 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

b. Au pluriel, il désigne un certain nombre, peu élevé, de personnes ou


de choses :
Quelques-uns m’ont dit le contraire. J'ai lu quelques-unes de ses œuvres.

N. B. — A quelqu’un s’oppose quelque autre ou quelqu’un d’autre,qui désigne


une personne indéterminée différente de la première :
a. Au singulier, il a les emplois correspondant à ceux de quelqu'un:
Il en veut maintenant à quelque autre
(c.-à-d. à une autre personne quelconque).
Quelqu’un d’autre frappe à la porte J’attends quelqu’un d’autre ce matin
(je ne peux pas dire qui). (je ne veux pas dire qui).

Il a un neutre, la locution quelque autre chose, qui s’emploie comme quelque chase:
Il me manque quelque autre chose. J’ai besoin de quelque autre chose.
J’ai appris quelque autre chose de fâcheux.

h. Au pluriel, il a l’emploi correspondant à celui de quelques-uns:


Quelques autres m’ont dit le contraire. J’ai lu quelques autres de ses œuvres.

10° D'aucuns, seule forme usitée du pluriel d'aucun (§ 215,2°), d’ailleurs


vieillie, a toujours un sens affirmatif et signifie quelques-uns :
D’aucuns le prétendent; moi, j’en doute.

11° Certains, pluriel de l’adjectif certain (§ 221, 6°), signifie des hommes,
et désigne d’une manière indéterminée des personnes déterminées dans l’es¬
prit de celui qui parle :
Certains prétendent que la lune est habitée.

Il est souvent suivi d’un complément partitif ; il se dit alors des personnes
et des choses et peut s’employer au féminin:
Certains de mes livres sont anciens. Certaines de mes compagnes m’ont écrit.

N. B. — Il est distinct de quelques-uns, qui exprime avant tout le nombre ;


Certains de mes élèves sont très bons Quelques-uns de mes élèves sont très bons
(je songe à la personne même de ces élèves). (je songe plutôt au nombre de ces élèves).

12° Plusieurs désigne un nombre indéterminé de personnes ou de choses


un peu supérieur à deux. Il ne s'emploie qu’au pluriel, et il a la même forme
au masculin et au féminin:
J’ai consulté plusieurs de mes amis. Plusieurs de ces affaires sont réglées.

13° On, dont le français fait un si grand usage, signifie étymologiquement


un homme. Il s’emploie toujours comme sujet et le verbe qui le suit est au
singulier. Il ne se dit que des personnes, et désigne tantôt une personne ou
des personnes indéterminées, tantôt les hommes en général* :
On a téléphoné du lycée On dit que l’hiver sera froid
(on, c.-à-d. une personne). (on, c.-à-d. des personnes).
On obéit volontiers à ceux qu’on aime
(on, c.-à-d. les hommes en général).

1. Sur on désignant des personnes déterminées, voir § 160, 5*.


LE PRONOM ET l’aDJECTIF INDEFINIS 145

N. B.— 1° Le pronom on est par lui-même du masculin. Mais, s’il s’applique plus
particulièrement à des femmes, l’adjectif qui s’y rapporte est au féminin :
On n’ est pas toujours heureux. Quand on est vieille, on n’est plus toujours belle.

2° Le pronom on est souvent, pour éviter un hiatus désagréable, précédé de l’article


élidé I* (§ 140, 1°), notamment après où, et, si :
Je vais où l’on veut. Il se leva et l’on partit. J’ignore si l’on peut.

Il ne s’emploie pas avec l’article devant un mot commençant par un I, notamment


devant le, la, les, lui, leur:
Il se leva et on le suivit
(...et on le, au lieu de : ... et Von le ).

217. Les pronoms indéfinis de quantité totale. — 1° Chacun, qui


signifie étymologiquement un par un, s’emploie dans deux sens différents,
qui excluent l’un et l’autre le pluriel :
a. Tantôt il désigne toute personne ou toute chose faisant partie d’un
groupe déterminé et prise isolément. Il est alors suivi d’un complément par¬
titif ou construit en apposition à un sujet pluriel, et il peut avoir un féminin :
J'interroge chacun de mes élèves. Chacune de nos malles fut visitée.
Les hommes ont chacun leurs défauts1.

N. B. — Chacun est toujours pronom et chaque toujours adjectif (§222, 1°). Il faut
donc dire : J’ai payé ces œufs quinze francs chacun
(et non : quinze francs chaque).

b. Tantôt il est employé absolument et signifie toute personne, tout le


monde. Il est toujours alors du masculin i
Chacun vit à sa guise. Donnez à chacun son dû.

2° Tous s’emploie comme pronom dans deux sens différents :


a. Le plus souvent il désigne l’ensemble des êtres ou des choses formant
un groupe déterminé. Il peut alors avoir un féminin, qui est toutes :
J’ai vingt élèves : tous travaillent bien. J’ai relevé mes notes : toutes sont bonnes.

b. Parfois il est employé absolument et signifie tous les hommes, tout le


monde. Il est toujours alors du masculin t
L’air est le bien de tous. Il faut être bon pour tous.

c. Il a un neutre, tout, qui signifie tantôt chaque chose (d’un groupe),


tantôt, d’une façon générale, toute chose, n importe quoi:
Tout est à sa place. 11 est capable de tout.

N. B. — Il se dit parfois des personnes, et signifie tout le monde:


Femmes, enfants, vieillards, tout fut massacré.

3° L’un et l'autre s’emploie pour désigner, au singulier, deux êtres ou

x. Pour l’emploi de l’adjectif possessif après chacun construit en apposition, voir § 177, 5’, 6.
146 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

deux choses, et, au pluriel, deux groupes d’etres ou deux groupes de choses,
qui accomplissent ou subissent une meme action. Il signifie chacun des deux,
tous les deux (§ 216, 2°).
Il a un féminin et un pluriel. Il peut remplir les diverses fonctions du nom:
a. S’il est sujet ou apposition au sujet, le verbe est au pluriel :
L’un et l’autre sont morts. Ils sont morts l’un et l’autre.

b. S’il est complément d’objet indirect ou complément de circonstance, la


préposition se répète devant chaque terme :
Il se moque de l’un et de l’autre. Je travaille pour les uns et pour les autres.

N. b. — Il peut être en apposition à un pronom personnel complément d’objet


direct, mais il n’est jamais complément d’objet direct lui-même:
Il les a félicités l’un et l’autre.

II. - L'ADJECTIF INDÉFINI


218. La forme des adjectifs indéfinis. — Les adjectifs indéfinis sont
groupés dans le tableau suivant d’après leur sens, selon qu’ils expriment
l’idée d’une quantité nulle, partielle ou totale:
Il n’a aucun ami Restez quelque temps Tout homme a des défauts
(quantité nulle). (quantité partielle). (quantité totale).

Singulier Pluriel

Sens

Masculin Féminin Masculin Féminin

1» i aucun aucune » »
Quantité nul nulle » »
NULLE pas un pas une » »

un une d 98
l’aiitre les a utres
un autre une autre d’au très
2° | que que quel ques
quelqu a autre quelque s autres
Quantité quelc onque quelccmques
1 certain certaine certains certaines
partielle » » divers diverses
» » différents différentes
» » plus eurs
maint mainte maints maintes

3° ) cha que » »
Quantité
i tout toute tous toutes
totale
LE PRONOM ET l’aDJECTIF INDEFINIS 147

219. L’emploi des adjectifs indéfinis. — D’une façon générale, les


adjectifs indéfinis ont le sens correspondant à celui des pronoms indéfinis de
même forme.
Leur emploi donne lieu aux observations particulières suivantes.

220. Les adjectifs indéfinis de quantité nulle. — 1° Aucun et nul


ont un féminin, aucune et nulle :
Aucun arbre n’est encore en fleurs. Il agit sans aucune prudence.
Je ne crois pas qu’aucun danger nous menace.
Nul navire n’est à l’horizon. Je n’en ai nulle connaissance.

Ils ne s’emploient guère au pluriel qu’avec les noms inusités au singulier :


Vous n’auriez aucuns frais à payer. Nulies obsèques ne furent si imposantes.

N. B. — Nul s’emploie souvent comme adjectif qualificatif et signifie alors sans


résultat ou sans valeur.
Il est soit épithète, et placé après le nom, soit attribut:
Il y a eu match nul. Cette copie est nulle.

2° Pas un a un féminin, pas une, mais ne s’emploie jamais au pluriel:


Pas un mot, s’il vous plaît. Pas une feuille ne bouge.

221. Les adjectifs indéfinis de quantité partielle.— 1° Un, employé


comme adjectif, prend le nom d’article indéfini (§ 147). Il a un féminin, une,
et un pluriel, des, le même pour les deux genres :
un député, des députés; une église, des églises.

2° L’autre a la même forme au masculin et au féminin, et il a un pluriel3


les autres.
Un autre a un féminin, une autre, et un pluriel, d’autres.
l’autre bras, l’autre jambe, un autre pays, une autre robe,
les autres ouvriers, les autres usines ; d’autres animaux, d’autres histoires.

N. B. — L’autre, devant un nom exprimant une division du temps (jour, semaine,


mois, etc.), exprime, par opposition à aujourd’hui, l’idée d’un passé assez récent ou
d’un avenir assez prochain :
Je suis allé au théâtre l’autre soir Je ne rentrerai que l’autre semaine
(c.-à-d. non pas celui qui précède immédiatement). (c.-à-d. non pas celle qui suit immédiatement).

3° Quelque correspond, comme adjectif, aux pronoms quelqu'un et quelque


chose (§216, 9°). Il a la même forme an masculin et au féminin, et il a an pluriel,
quelques, le même pour les deux genres;
a. Au singulier, il signifie souvent un ... quel qu’il soit, un ... quelconque :
Je consulterai quelque avocat. Il est arrivé quelque accident.

Il signifie souvent aussi une certaine quantité de, un peu de, en parlant de
choses qui ne se comptent pas, mais qui se mesurent :
Il me reste quelque argent. Cela me donne quelque espoir.
148 LA. MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

b. Au pluriel, il signifie un certain nombre de, en parlant de choses qui se


comptent :
J’ai visité quelques musées. Je vais faire quelques achats.

N. B. — 1° Quelque, placé devant un adjectif numéral cardinal, signifie environ;


il est alors adverbe et reste invariable (§ 286, 9°, b) :
Ils étaient quelque cinq cents.

2° La locution concessive quelque... que (§438, A, 3°), suivie du subjonctif, signifie,


avec un nom intercalé, quel que soit le... que; quelque est alors adjectif et par consé¬
quent variable :
Quelque eiïort qu’on fasse, Quelques idées qu’on exprime,
il n’est jamais content. il n’est jamais de votre avis.

Mais, avec un adjectif ou un adverbe intercalé, cette locution signifie si... que;
quelque est alors adverbe, et par conséquent invariable:
Quelque riches qu’ils soient. Quelque adroitement qu’ils s’y prennent,
ils sont malheureux. ils n’aboutiront pas.

3° La locution concessive quelque (§438, A, 4°, N. B.), suivie du subjonctif et toujours


employée avec le verbe être, signifie de quelque nature (grandeur, etc.) que...; dans cette
locution, quel est adjectif, par conséquent variable, et remplit la fonction d'attribut:
Quelle que soit sa science, Quels que soient vos désirs,
il ignore bien des choses. ils seront exaucés.

4° Quelque autre a la même forme au masculin et au féminin, et il a un


pluriel, le même pour les deux genres.
Au singulier, il signifie un autre..., quel qu’il soit (§221, 3°, a); au pluriel,
il signifie un certain nombre d’autres (§ 221, 3°, b) :
Je m’en irai dans quelque autre pays. Je consulterai quelques autres amis.

5° Quelconque signifie quel qu’il soit, n’importe lequel. Il a la même forme


au masculin et au féminin, et il a un pluriel, le même pour les deux genres.
Il est toujours placé après le nom:
Il invoquera une raison quelconque. Supposons deux êtres quelconques.

N. B. — Quelconque s’emploie souvent comme adjectif qualificatif et signifie alors


médiocre:
C’est un romancier quelconque. Ces vers sont bien quelconques.

6° Certain a un féminin, certaine, et un pluriel, certains, certaines :


a. Au singulier, précédé ou non de l’article indéfini, il signifie un, mais
présente d’une manière indéterminée une personne ou une chose déterminée
dans l’esprit de celui qui parle :
Je l’ai vu, certain soir, Dans une certaine affaire,
fort soucieux. il s’est fort honnêtement conduit.

N. B. — Un certain, devant un nom propre, exprime souvent le mépris ironique:


On parle beaucoup d’un certain M. Tartuffe.
LE PRONOM ET l’aDJECTIF INDEFINIS 149
Devant un nom commun, il équivaut à peu près à une quantité appréciable de,
quelque (§ 221, 3°, a) :
Il est resté un certain temps. Il a une certaine importance.

b. Au pluriel, il signifie des, mais présente d’une manière indéterminée des


personnes ou des choses déterminées dans l’esprit de celui qui parle :
Certains événements m’inquiètent. Certaines plantes fleurissent en hiver.

N. B. —- Certain s’emploie le plus souvent comme adjectif qualificatif et signifie


alors sûr.
Il est soit épithète, et placé après le nom, soit attribut:
J’en ai la preuve certaine. Il est certain de réussir.

7° Divers et différents, placés devant un nom et non précédés de


l’article, signifient plusieurs, mais ils insistent moins sur le nombre des
personnes ou des choses désignées que sur leur diversité.
Ils ont un féminin et ne s’emploient qu’au pluriel:
Je produirai divers témoins. Ce mot a différentes acceptions.

N. B. — Divers et différent s’emploient le plus souvent comme adjectifs quali¬


ficatifs, au singulier aussi bien qu’au pluriel.
Ils sont alors soit épithètes, et placés après le nom, soit attributs :
L’homme est un être divers. Mon idée est bien différente.
Les hommes ont des caractères divers. Ces deux sœurs sont différentes de caractère.

8° Plusieurs, comme adjectif aussi bien que comme pronom (§216, 12°),
ne s’emploie qu’au pluriel, et a la même forme au masculin et au féminin:
J'ai plusieurs neveux. Il a plusieurs sœurs.

9° Maint a un féminin, mainte, et un pluriel, maints, maintes; il a


un sens collectif et signifie un grand nombre de:
en mainte occasion, mainte et mainte fois; en maints endroits, à maintes reprises.

222. Les adjectifs indéfinis de quantité totale. — 1° Chaque est


l’adjectif correspondant au pronom chacun (§ 217, 1°) ; il a, comme ce pronom,
un sens distributif.
Il ne s’emploie qu’au singulier, et il a la même forme au masculin et au
féminin t
Je vais chaque jour en classe. Je suis entré dans chaque pièce.

2° Tout, employé comme adjectif, a un féminin, toute, et un pluriel,


tous, toutes.
Il se place toujours devant le nom, ou, le cas échéant, devant l’article, le
possessif ou le démonstratif qui détermine ce nom ;
tout être, toute la lamille; tous mes biens, toutes ces actions.
150 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

a. Placé immédiatement devant le nom, il a, au singulier et au pluriel, un


sens distributif et signifie, n importe quel, chaque... sans exception:
Tout être naît et meurt. En tous pays il y a des lois.

N. B. — 1° Le singulier, en pareil cas, peut toujours être substitué au pluriel. On


dit indifféremment :
en tout pays, à tout moment, de toute part, de toute sorte,
ou en tous pays; ou à tous moments; ou de toutes parts; ou de toutes sortes.

2° Tout, placé immédiatement devant un nom propre de ville, a le sens spécial de


tous les habitants de et reste généralement invariable (§113, 1°) :
Tout Paris défila. Tout Londres s’émut. Tout Rome applaudit.

b. Placé devant le déterminant du nom, il exprime, au singulier, la totalité


d'une chose qui se mesure, et signifie tout entier :
tout le jour, toute une région, tout mon espoir, toute cette page.

Au pluriel, il exprime la totalité d'un ensemble de personnes ou de choses


qui se comptent, et signifie tous sans exception:
Tous les soldats furent tués. Il a vendu toutes ses terres.

N. B. —■ 1° Tous a également cette valeur s’il est placé après un pronom personnel
au pluriel : A nous tous nous sauverons le pays.

2° Tous, placé devant l’article défini qui détermine un nom exprimant une divi¬
sion du temps (heure, jour, mois, etc.), a le sens spécial de une fois chaque..., une
fois par...:
La ronde a lieu toutes les heures. Il fait sa partie tous les jours.

Remarque. — Tout adjectif ne doit pas être confondu avec tout adverbe. Tout
est adverbe, et par conséquent invariable, lorsqu’il signifie entièrement, tout à fait:
Un costume tout neuf. Une fillette tout étonnée. Des voisins tout dévoués.
Des femmes tout heureuses. Une plante tout en fleurs.
Des bas tout soie. Il est tout zèle. Aller tout doucement.

Toutefois, devant un adjectif féminin commençant par une consonne ou un h aspiré,


il se met, pour des raisons d’euphonie, au féminin :
Une fourrure toute neuve. Une fillette toute surprise. Des voisines toutes dévouées.
Elle est toute honteuse.

Devant un adjectif féminin commençant par une voyelle ou un h muet, l’accord est
devenu facultatif. On peut dire indifféremment:
l’armée tout entière et l’armée toute entière.

Devant l’adjectif autre, tout s’accorde ou ne s’accorde pas, selon qu’il est adverbe
ou adjectif:
J’aimerais une tout autre profession Toute autre profession me plairait
(c.-à-d. une... entièrement différente). (c.-à-d. n’ importe quelle autre).
CHAPITRE Y

L’ADJECTIF NUMÉRAL

223. Généralités. —- Les adjectifs numéraux servent à compter : leur


nombre est illimité, comme est illimitée la série des nombres eux-mêmes. On
distingue :
1° Les adjectifs numéraux cardinaux, qui indiquent le nombre, c’est-à-dire
une quantité précise d’êtres ou de choses :
Mon père a tué deux perdreaux. Le théâtre contient douze cents places.

2° Les adjectifs numéraux ordinaux, qui indiquent Vordre, c’est-à-dire le


rang occupé dans une série par un être ou une chose :
Il est le second élève de sa classe. Juin est le sixième mois de l’année.

N. B. — Aux adjectifs numéraux se rattachent certains adjectifs spéciaux indiquant


une multiplication (adjectifs dits multiplicatifs), tels que :
double, triple, quadruple, centuple;
ou une division (adjectifs dits fractionnaires), tels que:
demi, tiers, quart.
Une somme triple Un demi-boisseau
(c.-à-d. multipliée par trois). (c.-à-d .divisé par deux).

I. - L'ADJECTIF NUMÉRAL CARDINAL

224. La forme de l’adjectif numéral cardinal. — 1° Les adjectifs


numéraux cardinaux sont :
A. Des adjectifs simples: les nombres de zéro à seize, les dizaines de vingt
à soixante, ainsi que cent et mille.
B. Des adjectifs composés, formés avec ces mots simples :
a. Soit par addition: les nombres de dix-sept à dix-neuf, la dizaine soixante-
dix, et les nombres compris entre deux dizaines depuis vingt et un jusqu’à
soixante-dix-neuf (de 21 à 29, de 31 à 39, etc.) :
dix-sept (c.-à-d. 10 + 7), vingt-deux (c.-à-d. 20 -f 2), cent trente-quatre (c.-à-d. 100 30 + 4).

b. Soit par multiplication: la dizaine quatre-vingts, les multiples de cent


(de 200 à 900), et les multiples de mille (à partir de 2000) :
quatre-vingts (c.-à-d. 20 X 4), deux cents (c.-à-d. 100 X 2), trois mille (c.-â-d. 1 000 X 3).
152 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

c. Soit par addition et multiplication: les nombres de 81 à 99 (y compris


la dizaine quatre-vingt-dix) et les nombres supérieurs à 180:
quatre-vingt-deux quatre-vingt-dix deux cent dix-huit
(c.-à-d. 20 x 4 + 2), (c.-à-d. 20 x 4 -h 10), (c.-à-d. 100 x 2 + 10 + 8).

C. A ces adjectifs, simples ou composés, il convient d’ajouter certains


noms dérivés, tels que :
millier; million, billion, trillion; milliard;
huitaine, dizaine, douzaine.

N. B. — 1° Les adjectifs composés exprimant les nombres 21, 31, 41, 51 et 61


intercalent devant l’adjectif un la conjonction et:
vingt et un, soixante et un.

Par contre, on dit: quatre-vingt-un, comme aussi cent un et mille un.


On dit de même soixante et onze, mais quatre-vingt-onze, cent onze et mille onze.
2° Les adjectifs composés soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix ont
remplacé les adjectifs septante, octante, nouante, formés comme soixante, mais étrangers
aujourd’hui à la langue courante.
3° L’adjectif composé quatre-vingts est une survivance d’une ancienne numé¬
ration par vingt, d’origine celtique, dont le nom de l’Hôpital des Quinze-Vingts, fondé
par saint Louis pour recevoir 300 aveugles (c.-à-d. 15 x 20), offre un autre exemple.
4° Les éléments des adjectifs composés désignant un nombre inférieur à 100 sont
généralement séparés par un trait d’union (§ 25, 2°), sauf s’ils sont coordonnés par
la conjonction et, qui en lient lieu :
trente-sept, quatre-vingt-trois; cent dix-neuf, dix-sept cents,
quarante-six mille cinq cent trente-huit.
Mais on écrit :
soixante et un, cent cinquante, treize cents.

2° Les adjectifs numéraux cardinaux sont invariables, sauf un, vingt et


cent :

a. Un varie en genre et prend l’e du féminin :


un triangle, vingt et un chevaux, trente et une brebis.

b. Vingt et cent varient en nombre et prennent l’s du pluriel quand ils


sont multipliés par un autre nombre :
Un vieillard de quatre-vingts ans. Un terrain de deux cents hectares.

Mais si vingt et cent multipliés sont suivis d’un autre nombre, ils restent
généralement invariables :
Un vieillard de quatre-vingt-un ans. Un terrain de deux cent huit hectares.

N-B. 1° Les adjectifs un, vingt et cent restent invariables s’ils sont employés
à la place des adjectifs ordinaux (§ 226, 2°, b) :
La strophe vingt et un. La page quatre-vingt. L’an mille neuf cent.
l’adjectif numéral 153

-2° Les adjectifs numéraux cardinaux restent invariables, même s’ils sont pris comme
noms, sauf l’adjectif cent multiplié:
Les Quarante de l’Académie, mais: Le Conseil des Cinq-Cents.
3° Les noms dérivés, tels que million, etc., dizaine, etc. (§ 224, 1°, C), peuvent
naturellement prendre l’s du pluriel :
Trois milliards de francs. Deux douzaines d’œufs.
4° L’adjectif mille peut s’écrire mil dans les millésimes, s’il est suivi d’un autre
nombre et s’il s’agit d’une année de l’ère chrétienne :
L’an mille, L’an mil (ou mille) neuf cent dix,
mais on écrit : L’an trois mille cinq cents avant Jésus-Christ.

225. L’emploi de l’adjectif numéral cardinal. — Les adjectifs numé¬


raux cardinaux peuvent être employés comme adjectifs ou comme noms i
1° Employés comme adjectifs, ils peuvent être épithètes ou attributs t
Deux élèves sont absents. Les Horaces étaient trois.

N. B. — Un s’emploie parfois comme adjectif qualificatif, en parlant d’une chose


qui a de l’unité, qui forme un tout bien lié. En ce cas, s’il est épithète, il est toujours
placé après le nom :
La République une et indivisible. Que l’action d’une pièce soit une.

2° Employés comme noms, ils peuvent remplir toutes les fonctions du nom :
Trois et deux font cinq. Avoir un sept en leçon. Être reçu avec deux seize.
La note d ix-huit. Une moyenne de onze.

N. B. — 1° Mille, employé comme nom, se dit parfois d’une mesure de longueur,


et peut alors prendre l’s du pluriel :
Le mille romain (1480 m.). Le mille anglais (1609 m.). Le mille marin ( 1852 m.).
Le bateau est encore à six milles de la côte.
2° Les adjectifs multiplicatifs peuvent être employés comme noms :
Payer le double. Rendre au centuple.
3° Parmi les adjectifs fractionnaires, demi ne s’emploie que comme adjectif (§371,4°) :
La demi-pension, mais on dit : La moitié d’une tarte;

par contre, tiers et quart ne s’emploient plus que comme noms :


Le tiers de la somme. Le quart du chargement.

226. Valeurs particulières. — Les adjectifs numéraux cardinaux, outre


le nombre précis, peuvent exprimer :
1° Le nombre indéterminé: c’est le cas notamment de deux, vingt, cent,
mille, etc., et, dans le langage familier, de trente-six:
Attendre deux secondes. Habiter à quatre pas.
Répéter centfois. Dire mille sottises. Voir trente-six chandelles.

2° Le rang: ils sont alors employés pour l’adjectif ordinal, et indiquent


l’ordre dans lequel se succèdent :
a. Les souverains d'un même nom :
Le roi Henri quatre. L’impératrice Catherine deux. Le pape Pie onze.
154 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

b. Les années d’une même ère, les jours d’un même mois, les heures d’un
même j our :
L’an seize cent Le quatorze juillet II est sept heures
(c.-à-d. la 1 600" année). (c.-à-d. le 14• jour de juillet). (c.-à-d. c’est la 7‘ heure).

c. Les parties d’un même ouvrage :


tomecînq, livredeux, chapitre trois, page huit, paragraphe cent dix.

d. Les maisons d’une même rue :


Il habite au numéro trente.

N. B.— l°Un, toutefois, ne s’emploie jamais pour premier, en parlant du premier


souverain d’un certain nom et du premier jour d’un mois donné:
Lt> roi François premier, Le premier janvier.

Mais on dit indifféremment tome (livre, etc.) un et tome (livre, etc.) premier. Toutefois
on dit toujours page un.
2° Les noms en -aine, dérivés d’adjectifs numéraux cardinaux, peuvent exprimer
soit un nombre précis, soit un nombre approximatif:
J’ai acheté une douzaine d’huîtres
(c.-à-d. douze exactement).
J’ai écrit une dizaine de lettres J’ai dépensé une centaine de francs
(c.-à-d. dix environ). (c.-à-d. cent environ).

II. - L’ADJECTIF NUMÉRAL ORDINAL

227. La forme de l’adjectif numéral ordinal. — 1° Les adjectifs numé¬


raux ordinaux, à l’exception de premier et de second, sont tirés des adjectifs
numéraux cardinaux, auxquels s’ajoute le suffixe spécial -ième :
deuxième, dixième, centième, millième.

Dans les adjectifs composés, le suffixe ne s’ajoute qu’au dernier adjectif


cardinal l dix-neuvième, quatre-vingtième.

Si le dernier adjectif est un ou deux, on emploie unième au lieu de


premier, deuxième au lieu de second:
cent-unième, vingt-deuxième; quatre-vingt-unième, quatre-vingt-deuxième.

N. B. — 1° L’adjectif unième ne s’emploie jamais isolément pour l’adjectif pre¬


mier, mais les adjectifs deuxième et second s’emploient couramment l’un pour
l’autre :
On dit : Habiter au second étage ou Habiter au deuxième étage.

2° Aux adjectifs cardinaux composés qui intercalent la conjonction et devant les


adjectifs un ou onze (§224, N.B., 1»), correspondent des adjectifs ordinaux qui l’inter¬
calent devant unième et onzième:
vingt et unième. soixante et onzième.
l’adjectif numéral 155
3° Les anciens adjectifs ordinaux prime, tiers, quart, qui signifiaient premier,
troisième, quatrième, ont survécu dans certaines expressions consacrées :
De prime abord. De prima saut.
Le Tiers État. Une tierce personne. Un tiers arbitre.
La fièvre tierce, La fièvre quarte
(c.-à-d. qui revient tous les trois ou tous les quatre jours).

L’ancien adjectif quint, qui signifiait cinquième, n’a survécu que dans certains
noms propres : Charles-Quint. Sixte-Quint.

2° Les adjectifs numéraux s’accordent en genre et en nombre avec le nom


auquel ils se rapportent :
Le premier rang. La première place. Les premiers rangs. Les premières places.

228. L’emploi de l’adjectif numéral ordinal. —- Les adjectifs numé¬


raux ordinaux peuvent être employés comme adjectifs ou comme noms i
1° Employés comme adjectifs, ils peuvent être épithètes ou attributs t
Le premier élève. Il a été premier.

2° Employés comme noms, ils peuvent remplir toutes les fonctions du nom:
La copie du second. Consulter un tiers. Monter au sixième. Voter les douzièmes.

N. B. — 1° Les anciens adjectifs ordinaux sixte, octave, dîme, etc., employés


au féminin, ont survécu comme noms dans certains vocabulaires spéciaux :
Payer la dîme Prêcher une octave Porter une tierce Avoir une quinte
(terme d’administration). (terme d’Église). (terme d'escrime). (terme de médecine).

2° Pour l’emploi des adjectifs cardinaux à la place des adjectifs ordinaux, voir
§ 226, 2°.
CHAPITRE VI

LE VERBE

I. — GËNÉRAMTÉS

229. L’importance du verbe. — Le verbe est un mot variable qui, en


règle générale, exprime une action faite ou subie par le sujet :
Mon père lit son journal. Les enfants jouent dans la cour.
La classe est balayée chaque soir.

Il est le mot central de la proposition, celui autour duquel s’ordonnent


tous les autres mots.
N. B. — Un petit nombre de verbes, tels cjue èlre, devenir, demeurer, rester, sembler,
paraître, expriment un état do sujet :
Le ciel est bleu. Petit poisson deviendra grand. Tout paraît facile.

230. Verbes transitifs et verbes intransitifs. — Les verbes d’action


sont, au point de vue du sens, les uns transitifs, les autres intransitifs (du
latin transeo, passer) :
1° Les verbes transitifs expriment une action qui passe, c’est-à-dire
s’exerce, sur un objet (§ 402) :
a. Si l’objet est direct, c’est-à-dire s’il n’est pas introduit par une prépo¬
sition, le verbe est dit transitif direct :
Je caresse mon chien. Nous aimons nos parents.

b. Si l’objet est indirect, c’est-à-dire s’il est introduit par une préposition,
le verbe est dit transitif indirect:
Ne nuis pas à ton prochain. Ne doute pas de mon amitié.

N. B. —Un certain nombre de verbes d’action sont tantôt transitifs directs, tantôt
transitifs indirects, mais ils n’ont pas le même sens dans les deux cas :
Il a abusé son ami II a abusé de sa force
(transitif direct: il a trompé). (transitif indirect: il a mal usé de).

2° Les verbes intransitifs expriment une action qui ne passe pas, c’est-à-dire
ne s’exerce pas, sur un objet;
L'enfant dort. Le chien aboio. L’hiver arrive.
LE VERBE 157

N. B. — 1° Un grand nombre de verbes d'action sont tantôt transitifs, tantôt intran-


silifs :
a. Un verbe transitif peut être employé intransitivement, c’est-à-dire sans complé¬
ment d’objet :
J’écris une lettre J’écris II songe à son fils II songe
(verbe transitif direct), (emploi intransitif). (verbe transitif indirect), (emploi intransitif).

b. Un verbe intransitif peut être employé transitivement, c’est-à-dire avec un complé¬


ment d’objet:
Je rentre chez moi Je rentre ma bicyclette
(verbe intransitif). (emploi transitif).

2° Les verbes d'étal sont, par nature, toujours intransitifs et s’emploient avec un
attribut (§ 419).

II. — LES FORMES OU VOIX DU VERBE

231. Les trois formes du verbe. — Un verbe d’action peut se présenter


sous une des trois formes suivantes : la forme active, la forme passive, la
forme pronominale :
Le cheval galope Les blés sont moissonnés La maison s’effondre
(forme active). (forme passive). (forme pronominale).

N. B. — Un verbe d'étal (§ 229, N. B.) se présente généralement comme un verbe


d’action de forme active.

232. La forme active — Un verbe est à la forme active quand le sujet


fait Vaction :
Les chats mangent les souri- I.es cerfs courent dans les bois
(verbe transitif). (verbe intransitif).

233. La forme passive. — Un verbe est à la forme passive quand le


sujet subit l’action; l’agent, c’est-à-dire l’être ou la chose qui fait l’action,
est alors désigné par un complément spécial appelé complément d’agent
(§ 430, 4°).
Seuls les verbes transitifs directs (§ 230, 1°, a) peuvent s’employer à la
forme passive :
Les agneaux sont dévorés par les loups. Le clocher fut détruit par les obus.
N. B. — 1° Certains verbes transitifs directs, comme avoir, pouvoir, etc., ne s’em¬
ploient jamais à la forme passive.
2° Certains verbes transitifs indirects, comme obéir à, pardonner à, etc., qui dans
l’ancienne langue étaient transitifs directs, s’emploient parfois à la forme passive :
Les bons chefs sont toujours obéis. Les pécheurs repentis sont pardonnés.

3° La forme passive peut avoir pour équivalents :


a. La forme active avec le sujet indéfini on :
On rebâtira les maisons détruites.

b. La forme pronominale à sens passif (§234, 3°, N. B.) :


Les maisons détruites se rebâtiront.
158 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Dans les deux cas, la phrase équivaut, à :


Les maisons détruites seront rebâties.

234. La forme pronominale. — Un verbe est à la forme pronominale


quand le sujet fait l’action, et que le complément est un pronom représentant le
pronom réfléchi (§ 171).
sujet lui-même, c’est-à-dire un
Parmi les verbes de forme pronominale on distingue :
1° Les verbes dits réfléchis.
Ces verbes sont transitifs et expriment une action faite par le sujet sur
lui-même.
Le pronom réfléchi complément peut être :
a. Soit complément d’objet, direct ou indirect i
Jean se contemple dans la glace Paul se nuit par sa franchise
(se, c.-à-d. lui, Jean, est objet direct). (se, c.-à-d. à lui, à Paul, est objet indirect).

b. Soit complément d’attribution i


Roger s’attribue la meilleure part Henri s’est coupé le petit doigt
(se, c.-à-d. à lui, à Roger). (se, c.-à-d. [a coupé, §363, 3°, N. B.] à lui, à Henri).

2° Les verbes dits réciproques.


Ces verbes sont transitifs et expriment une action faite par un des sujets
sur l’autre, et inversement .
Le pronom réfléchi complément peut être :
a. Soit complément d’objet, direct ou indirecti
Louis et René se querellent Léon et Jules se ressemblent
(se,c.-à-d. l'un l’autre, est objet direct). (se, c.-à-d. l’un à l’autre, est objet indirect).

b. Soit complément d’attribution i


Émile et Jacques se reprochent leurs torts
(se, c.-à-d. l'un à Vautre).

3° Les verbes dits pronominaux.


Ces verbes, transitifs ou intransitifs, sont accompagnés d’un pronom
réfléchi qui n a aucune fonction grammaticale précise et indique simple¬
ment que le sujet est spécialement, intéressé à l’action *
Je m’étonne de son retour
11 se pâme d’admiration
(verbe transitif).
(verbe intransitif).

Certains de ces verbes ne s’emploient qu’à la forme pronominale :


Je me repens de ma faute Il s’évanouit d’épouvante
(verbe transitif). (verbe intransitif).

N. B. Un verbe à la forme pronominale peut avoir le même sens qu’un verbe


à la forme passive ;
Le vin se vend très cher Le blé se sème en automne Une tour *e volt de loin
(c.-à-d. est vendit). (c.-à-d. est semé). (c.-à-d. esl vue).
LE VERBE 159

III. — LES VARIATIONS DU VERBE

235. Généralités. —- Le verbe, quelle que soit sa forme, active, passive


ou pronominale, varie avec le mode, le temps, la personne et le nombre.

236. Les modes. — D’une part, le verbe peut présenter l’action (ou
l’état) :
1° Soit comme un fait réel, qui n’est pas une pure conception de l’esprit :
Il partit. Il part. Il partira.
(Le fait, passé, présent ou futur, est présenté comme réel.)

2° Soit comme une pure conception de l’esprit, c’est-à-dire comme un fait


voulu ou simplement pensé :
Pars. Qu’il parte. Partons.
(Le fait est présenté comme voulu.)
Je ne crois pas que vous partiez. S’il le fallait, je partirais.
(Le fait est présenté comme simplement pensé.)

On appelle modes du verbe (du latin modus, manière) les séries de formes
verbales qui indiquent la manière dont l’action est présentée.
Les modes sont au nombre de six. Il y en a de deux sortes ;
1° Les modes personnels, au nombre de quatre, dont les formes varient en
personne (§ 238) : ce sont Vindicatif, le subjonctif, l’impératif et le condi¬
tionnel.
2° Les modes impersonnels, au nombre de deux, dont les formes ne varient
pas en personne: ce sont 1 infinitif et le participe1.

237. Les temps. — D’autre part, le verbe peut situer l’action (ou l’état)
soit dans le présent, soit dans le passé, soit dans l’avenir:
Je pars U partait. Il partit II partira
(le fait est présent). (le fait est passé). (le fait est futur).

On appelle temps du verbe les séries de formes verbales qui indiquent le


moment dans lequel l’action est située.
Les temps sont au nombre de vingt. Il y en a de deux sortes :
1° Les temps simples, au nombre de dix, dont les formes sont constituées
par un mot unique (§ 239, 1°, N. B.).
2° Les temps composés, au nombre de dix également, dont les formes sont
constituées par un groupe de mots (§ 239, 2°, N. B.).
Ces temps sont indiqués, mode par mode, dans le tableau suivant :

i. Au participe se rattache le gérondif, dont certains grammairiens font un mode à part (§ 335, N. B., 2°).
Sur 1a valeur des différents modes, voir §330-335.
Modes
Modes
Temps Temps Temps Temps
SIMPLES COMPOSÉS SIMPLES COMPOSÉS

Subjonctif
Présent Passé composé Présent Passé

1 Imparfait Plus-que-parfait Imparfait Plus-que-parfait


Indicatif

Impé¬
ratif
! Passé simple Passé antérieur Présent Passé

H Wl
Futur simple,
ou Futur Futur antérieur Z 2 < Présent Passé
0 0 ) (ire et 2 e formes)
°h(
Parti¬
cipe

£ £ < Présent Passé Présent Passé1

JS I
x. Sur la valeur des différents temps, voir § 336-357.

238. Les personnes et les nombres. — Enfin le verbe, en exprimant


l’action, peut indiquer par sa forme la personne et le nombre du sujet.
11 existe pour le verbe, comme pour le pronom personnel (§ 153), trois
personnes, qui sont :
1° La personne qui parle, ou première personne;
2° La personne à qui l’on parle, ou deuxième personne ;
3° La personne de qui l’on parle, ou troisième personne.

Chaque personne a les deux nombres, le singulier et le pluriel, si bien


qu’en principe un temps peut comporter six formes:
Je pars. Tu pars.
Singulier j Pluriel j Nous partT°,n8- Y°uf pa,'tez-
Il part. ( Ils partent.

En fait, le verbe ne varie en personne et en nombre qu’aux divers temps


des modes personnels :
L’indicatif, le subjonctif, le conditionnel présentent, à chacun de leurs
temps, la série complète des six formes.
L’impératif ne présente, à chacun de ses temps, que la lTe personne du
pluriel et la 2e personne (singulier et pluriel) ; à la 3e personne, l’impératif
emprunte les formes correspondantes du subjonctif présent.
LE VERBE 161

IV. - LES ÉLÉMENTS DE LA FORME VERBALE

239. Généralités. -— La forme verbale peut être:


1° Soit un mot unique :
je viens tm viendras qu’il vînt venir
(indicatif présent), (indicatif futur), (subjonctif imparfait), (infinitif présent)

Ce sont là des formes simples.


N. B.— Par analogie, on dit que les temps auxquels ces formes appartiennent sont
des temps simples (§ 237, 1°).

2° Soit un groupe de mots :


j’ai parlé tu seras venu qu’il eût parlé être venu
(indic. passé composé), (indic. futur antérieur), (subj. plus-que-parfait), (infinitif passé).

Ce sont là des formes composées.


N. B. —- Par analogie, on dit que les temps auxquels ces formes appartiennent sont
des temps composés (§ 237, 2°).

240. Les formes simples : le radical et la terminaison. — Une forme


simple renferme deux éléments réunis en un mot : le radical et la terminaison.
1° Le radical est l’élément commun qui se retrouve dans les diverses
formes d’un verbe et qui exprime l’idée même de ce verbe.
Ainsi dans :
jechant-e, tu chant-ais, i chant-a, elle chant-era,
nous chant-erions, que vous chant-iez, qu’ils chant-assent,

qui sont des formes du verbe chant-er, apparaît toujours un élément: chant — ,
qui exprime l’idée d’ « émettre avec la voix une suite de sons variés ». Cet
élément est le radical du verbe.
N. B. — 1° La plupart des verbes ont un radical invariable, qui demeure le même
d’un bout à l’autre de la conjugaison.
On obtient ce radical en retranchant de l'infinitif présent sa terminaison :
j’aid-e, j’aid-ais, j’aid-ai, j’aid-erai; j’aid-erais;
aid -er
que j’aid-e, que j’aid-asse; aid-e;
(rad. : aid -)
aid-ant., aid-é.

je bât-is, je bât-iss-ais, je bât-is, je bât-irai; je bât-irais;


bât - î i*
que je bât-iss-e, que je bât-isse; bât —is ;
(rad. : bât -)
bât -iss-ant, bât-i.

2° Un certain nombre de verbes, pourtant, ont un radical variable, dont l'infinitif


ne présente pas nécessairement la forme pleine :
recev-oir; je reç-us nui-re; je nuis-is
(le radical plein : recev -, (le radical plein : nuis-,
est celui de l’infinitif). n’est pas celui de l’infinitif).

Le radical de ces verbes subit, au cours de la conjugaison, des modifications


diverses. Il peut être :
Cayrou. — Grammaire française. 6
162 LA MORPHOLOGIE DU FRA. j.

a. Fort ou faible, selon que sa syllabe finale porte ou ne porte pas l’accent tonique
(§ 8, N. B.) de la forme verbale:
je tien-s nous ten-ons je meur-s nous mour-ons
(radical fort), (radical faible); (radical fort), (radicalfaible).

Le radical foré est souvent appelé radical tonique, et le radical faible radical alone.
b. Abrégé, s’il perd sa consonne finale devant la consonne initiale de la terminaison:
nous part-ons : je par-s nous suiv-ons : il sui-t
(chute du t devant l’sj. (chute du v devant le t).
nous bouill-ons : ilbou-t
(chute de il!, c.-à-d. de 17 mouillé, devant le t).
nous croy - ons (y représente un i voyelle et un t consonne, § 6, 1°) : je croi - S
(chute de l’i consonne devant l’sj.

c. Élidé, s’il perd sa .oyelle finale devant la voyelle initiale de la terminaison:


jefui-s: jefu-irai; je voi-s : je v-is;
je plai-s : je pl-us; je meu-s : je m-us; jeboi-s: je b-us.

La voyelle élidée est celle du radical abrégé.


d. Appuyé, s’il intercale une consonne, d ou t, entre sa consonne ou sa voyelle
finale et 1’" ’nitial de la terminaison:
jevien-s: je vien-d-rai; jenai-s: je naî-t-rai.

e. Vocalisé, s’il change sa consonne finale, I ou v, en voyelle, en u dans les deux


cas, devant la consonne initiale de la terminaison :
val-oir: je vau-i; 3av-oir: je sau-rai.

f. Assimilé, s’il change sa consonne finale en r devant l’r initial de la terminaison:


jouv-oir : je pour-rai (§ 263, 2°, 6).

g. Mouillé, s’il change sa consonne finale, ) ou n, respectivement en —i11— ou en


-gn-, devant la voyelle initiale de la terminaison:
val-oir: que je vaill-e; je crain-s : que je craign-e;

ou, lorsqu’il est formé directement sur un radical latin1, s’il change sa syllabe finale
-ci- ou -pi- respectivement en -ss- ou -ch-:
qu’il fass-e qu’il sach-e
(formé directement sur le latin faci-am) ; (formé directement sur le latin sapi-am).

3° Certains verbes ont plusieurs radicaux d’origine différente; ainsi le verbe aller,
qui provient de trois verbes latins fondus en un seul :
all-er je vai-s j’i-rai
(du latin vulgaire ala-re), (du latin vad-ere), (du latin i-rc).

2° La terminaison est l’élément particulier qui s’ajoute au radical pour


distinguer les diverses formes d’un même verbe, et qui indique le mode, le
temps, la personne et le nombre de chacune de ces formes.
Ainsi dans :
jechant-aî, qu’il chant-ât, vous chant-eriez,

apparaissent des éléments différents : -ai, -ât; -eriez, qui, s’ajoutant au


radical, permettent respectivement de reconnaître dans ces formes la lTe per-

X. Un radical formé directement sur un radical latin est appelé radical étymologique:
Mour- ir : mor-t (radical latin mor- i).
LE VERBE 163
sonne du singulier de Vindicatif passé simple, la 3e personne du singulier du
subjonctif imparfait et la 2e personne du pluriel du conditionnel présent. Ces
éléments sont les terminaisons.

N. B. — Les terminaisons de certaines formes d’un même verbe sont identiques soit
pour l’oreille, soit pour l’œil.
1° Les unes, qui diffèrent par l'orthographe, se prononcent de la même manière :
chant-er chant-ez chant-ai chant-é
(infinitif présent), (indic. prés., 2” pers. plur.), (passé simple, 1" pers. sing.), (partie, passé passif);
chant-e, chant-es, chant-ent
(indicatif présent, ir" et 2' pers. sing., et 3' pers. plur.) ;
roug-is roug-it roug-ît roug-i
(ind. prés., 1" p. sing.), (ind. prés., 3'p. sing.), (subj. imparf., 3” p. sing.), (part, passé passif).

2° D’autres, dont l'orthographe est identique, sont communes à plusieurs temps :


chant-e chant-es chant-ent
(indic., impér. et subj. présent); (indic. et subj. présent); (indic. et subj. présent);
chant-ons chant-ez chant-ions chant-iez
(indic. et impér. prés.); (indic. et impér. prés.) ; (indic. imparf. et subj. prés.); (indic. imparf. et subj. prés.) ;
roug-is roug-isse roug-issent
(indic. prés, et passé simple); (subj. prés, et imparf.) ; (indic. prés., subj. prés, et imparf.).

La plupart des confusions qui pourraient résulter de cette identité de prononciation


ou d’orthographe sont évitées :
a. Tantôt grâce à la présence des pronoms personnels sujets, qui indiquent, à l’inté¬
rieur d’un même temps, la personne et le nombre (§ 158, 2°) :
je chant-e, tu chant-es, il chant-e, ils chant-ent.

b. Tantôt grâce à l'absence de ces mêmes pronoms, qui caractérise les formes du
mode impératif:
je chant-e, nous chant-ons, vous chant-ez chant-e, chant-ons, chant-ez
(indicatif présent); (impératif présent).

c. Tantôt grâce à la présence de la conjonction que, qui caractérise les formes du


mode subjonctif s
Je chant-e, tu chant-es, il chant-e, que je chant-e, que tu chant-es, qu’il chant-e,
fis chant-ent qu’ils chant-ent
(indicatif présent); (subjonctif présent).

241. Les formes composées : les auxiliaires. — Une forme composée


renferme deux éléments : un auxiliaire et une forme simple, dont le radical
exprime l’idée même du verbe.
On appelle auxiliaire un verbe qui aide à conjuguer les autres verbes en
situant dans le temps ou en présentant sous un certain mode l’action exprimée
par la forme simple qu’il accompagne ou introduit.
Ainsi dans : « Il a couru », la forme composée a couru renferme l’auxiliaire
a et le participe passé couru. Cette forme situe l’action de courir dans le passé :
avoir est donc un auxiliaire de temps.
Dans : « Il doit réussir », la forme composée doit réussir renferme l’auxiliaire
doit et l’infinitif présent réussir. Cette forme présente l’action de réussir
comme probable: devoir est donc un auxiliaire de mode.
164 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Les auxiliaires, connue ces exemples le montrent, se construisent de deux


manières : les uns accompagnent un participe, les autres introduisent un
infinitif. Les premiers sont toujours des auxiliaires de temps ÿ les seconds
sont des auxiliaires soit de temps, soit de mode.

242. Les auxiliaires accompagnant un participe. ■— Les auxiliaires


accompagnant un participe sont le verbe avoir et le verbe être.
Ces verbes, employés comme auxiliaires, ont peu à peu perdu leur sens
propre. Ils servent essentiellement à former les temps composés des autres
verbes, à la forme active, à la forme passive, à la forme pronominale, et, à ces
trois formes, ils aident à situer dans le temps l’action exprimée par le participe^
1° A la forme active, les temps composés sont formés (§ 247) :
a. Si le verbe est transitif, avec l’auxiliaire avoir :
J'ai appris ma leçon.

b. Si le verbe est intransitif, soit avec l’auxiliaire avoir, soit avec l’auxi¬
liaire être :
J’ai dormi très longtemps. Je suis revenu avant-hier.

N. B. — 1° Les verbes intransitifs se conjuguant avec être sont peu nombreux; ils
expriment pour la plupart un mouvement ou un changement d'état. Les principaux
sont : aller, venir, partir, arriver, entrer, sortir, tomber}
devenir, naître, mourir, décéder, éclore.

2° Certains verbes intransitifs admettent les deux auxiliaires ; mais le sens n’est
pas le même dans les deux cas: l’auxiliaire avoir insiste sur l'action, l’auxiliaire être
sur l’éfai qui en résulte :
Ce roman a paru en janvier. Le cortège a passé à trois heures.
(La forme composée exprime une action passée.)
Ce roman est paru depuis janvier. Le cortège est passé depuis trois heures.
(La forme composée exprime un état présent résultant d’une action passée.)

2° A la forme passive, tous les temps, qu’ils correspondent aux temps


simples ou aux temps composés de la forme active, sont des temps composés
(§ 273). Ils sont toujours formés avec l’auxiliaire être :
Je suis gâté par mon grand-père. J'ai ètè saisi par le froid.

3° A la forme pronominale, les temps composés sont toujours formés avec


l’auxiliaire être (§ 275) :
Je me suis trompé Nous nous sommes aidés Je me suis évadé
(verbe réfléchi). (verbe réciproque). (verbe pronominal).

243. Les auxiliaires introduisant un infinitif. — Les auxiliaires intro¬


duisant un infinitif sont :
1° Des auxiliaires de temps, tels que le verbe aller et le verbe venir de :
2° Des auxiliaires de mode, tels que le verbe devoir et le verbe pouvoir.
Ces verbes, employés comme auxiliaires, ont plus ou moins perdu leur
T.E VERBE 165
sens propre. Ils servent essentiellement à présenter l’action exprimée par
1 infinitif avec certaines nuances que les temps ou les modes normaux n’ex¬
priment pas L
1° Les auxiliaires de temps aller et venir de expriment l’un un futur
prochain, l’autre un passé récent:
Le train va partir Le train vient de partir
(c.-à-d. partira dans quelques instants). (c.-à-d. est parti il y a quelques instants).

N. B- — Les locutions verbales être sur le point de et ne faire que de s’emploient


comme auxiliaires de temps pour exprimer l’une un avenir très prochain, l’autre un
passé très récent :
Le train est sur le point de partir Le train ne fait que de partir
(c.-à-d. partira dans un instant). (c.-à-d. est parti il y a un instant).

2° L’auxiliaire de mode devoir présente l’action comme obligatoire, comme


probable ou comme décidée:
Tu dois bien travailler II doit être malade Je dois partir demain
(action obligatoire). (action probable). (action décidée).

3° L auxiliaire de mode pouvoir présente l’action comme possible, comme


vraisemblable ou, au subjonctif, comme souhaitée :
Je peux me tromper II peut avoir dix ans Puisses-tu réussir!
(action possible). (action vraisemblable). (action souhaitée).

V. - LA CONJUGAISON

244. Généralités. — Conjuguer un verbe, c’est en énumérer toutes les


formes, à toutes les personnes du singulier et du pluriel, à tous les temps et
à tous les modes.
On étudiera successivement la conjugaison des verbes :
1° de forme active;
2° de forme passive ;
3° de forme pronominale.

A cette étude on ajoutera celle de la conjugaison impersonnelle et celle


des conjugaisons négative et interrogative.

I. — LA CONJUGAISON DES VERBES DE FORME ACTIVE

245. Les trois groupes verbes. — Les verbes de forme active se


divisent en trois groupes, dont la conjugaison diffère :
1er Groupe. — Les verbes dont Vinfinitif présent est en -er (indicatif
présent en -e) : aim-er, j’aim-e.

x. Les formes composées avec ces auxiliaires ne constituent pas des temps spéciaux, et par suite ne figurent
pas dans les tableaux des conjugaisons.
166 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS.

2e Groupe. —• Les verbes dont 1’infinitif présent est en —ir, Vindicatif


-is et le participe présent en -issant :
présent en
fln-ir, je ûn-is, fm-issant.

3e Groupe. — Les autres verbes, parmi lesquels on distingue :


a. Des verbes dont V infinitif est en -ir, T indicatif présent en -s ou en-e,
le participe présent en -ant1 :
ven-ir, jevien-Ss, ven-ant; cueilJ-ir. je cue.il-e, cueiü-ant.

b. Des verbes dont Vinfinitif est en -oir, Vindicatif présent en -s, le parti¬
cipe présent en -ant :
recev-oir, je reçoi-8, recev-ant.

c. Des verbes dont Vinfinitif est en -re, Vindicatif présent en -s, le parti¬
cipe présent en -ant :
rend-re, je rend-s, rend-ant.

N. B. — 1° Le premier groupe, de beaucoup le plus nombreux, compte près de


4 000 verbes; le deuxième n’en compte pas 400; le troisième n’en compte pas 200.
2° Les deux premiers groupes ne comprennent que des verbes réguliers, dont le radical
est invariable (§ 240, N. B., 1°) et qui se conjuguent sur le verbe de chaque groupe
pris pour modèle (§ 251 et 253).
Les verbes du troisième groupe, au contraire, sont irréguliers, ont pour la plupart
un radical variable (§ 240, N. B., 2°) et ne peuvent se conjuguer sur un modèle
commun.
3° Les deux premiers groupes, enfin, constituent la conjugaison dite « vivante »,
parce que les verbes créés de nos jours sont soit en -er soit en -ir (type fln-ir), le
plus souvent en -er :
téléphon-er, radiograplii-er, amerr-ir.

Par opposition, le troisième groupe constitue la conjugaison dite «morte», parce


que les verbes créés de nos jours ne sont jamais ni en -ir (types cueill-ir et ven-ir),
ni en -oir, ni en -re.

246. Les temps simples de forme active. — Les temps simples de


forme active (§ 237) s’obtiennent en ajoutant au radical, qui exprime l’idée
même du verbe (§ 240, 1°), les terminaisons particulières à chacun de ces
temps (§ 240, 2°).
Ces terminaisons sont2:

1. Les verbes en -ir, selon qu’ils appartiennent au 2‘ ou au 3* Groupe, sont désignés par abréviation de la
manière suivante :
verbes en -ir (-issant); verbes en -ir (-ant),
2. La connaissance de ces terminaisons est essentielle. Dans nos tableaux de conjugaisons, elles seront séparées
du radical par un tiret et imprimées en caractères gras.
Mais nous les présentons d’abord dans un tableau d'ensemble, qui permettra de voir en quoi, d’un gToupe à
l’autre, se ressemblent et se distinguent celles d’un même temps.
1er GROUPE 2e GROUPE 3® GROUPE

Indica¬
Subjonctif Indicatif Subjonctif Indicatif Subjonctif
tif

PRÉSENT PRESENT PRESENT PRÉSENT PRÉSENT PRÉSENT

-e -e -['] S -[iss] e -3 -X -e -e
-es -es ~[i] S -[iss] es -S -X -es -es
-e -e -[i] t -[iss] e -t ou -d -t -e -e
-ons -ions -[iss] ons -[iss] ions -ons -ons -ons -ions
-ez -iez -[iss] ez -[iss] iez -ez -ez -ez -iez
-ent -ent -[iss] ent -[iss] ent -ent -ent -ent -ent

IMPAR¬
FAIT IMPARFAIT IMPARFAIT IMPARFAIT IMPARFAIT IMPARFAIT

-ais -a9se -[îss] ais -isse -ais -isse -usse


-a i9 -asses -[iss] ais -isses -ais -isses -usses
-ait -ât -[iss] ait -:t -ait -ît -ût
-ions -assions -[iss] ions -issions -ions -issions -ussions
-iez -assiez -[iss] iez -issiez -iez -issiez -ussiez
-aient -assent -[iss] aient •issent -aient -issent -ussent

PASSE Impératif PASSE Impératif Impératif


PASSE SIMPLE
SIMPLE SIMPLE
PRESENT PRESENT PRÉSENT
-ai -IS -IS -us
-as -is -[i] s -is -us
-a -it -it -ut
-âmes -ons -îmes -[iss] ons -îmes -ûmes -ons -ons
-âtes -ez -îtes -[iss] ez -îtes -ûtes -ez -ez
-èrent -irent -irent -urent

Condi¬ Condi¬ Condi¬


tionnel tionnel tionnel

FUTUR PRESENT FUTUR PRESENT FUTUR PRESENT

-erai -erais -irai -irai9 -irai -rai -irais -rais


-eras -erais -iras -irais -ira9 -ras -irais -rais
-era -erait -ira -irait -ira -ra -irait -rait
-erons -erions -irons -irions -irons -rons -irions -rions
-erez -eriez -irez -iriez -irez -rez -iriez -riez
-eront -eraient -i ront -iraient -iront -ront -iraient -raient

Infini¬
Participe Infinitif Participe Infinitif Participe
tif

PRESENT PRESENT PASSE PRESENT PRESENT PASSE PRÉSENT PRESENT PASSÉ

-er -ant -ir [iss] ant -ant -i, -u, -t


qqfois Î9
168 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

247. Les i^mps composés de forme active. — Les temps composés


de forme active (§ 237) s’obtiennent en plaçant devant le participe passé,
dont le radical exprime l’idée même du verbe, les temps simples de l’auxi¬
liaire avoir ou de l’auxiliaire être (§ 242, 1°).
Les temps simples de l’auxiliaire sont respectivement :
le présent,
l’imparfait, le passé simple, le futur,

selon que les temps du verbe à former sont :


le passé composé (de l’indicatif) ou le passé (des autres modes),
le plus-que-parfait, le passé antérieur, le futur antérieur,
N. B. — Le participe passé servant- à former les temps composés de la voix active
est une forme simple qui, dans les verbes conjugués avec avoir et dans le verbe alkr
conjugué avec être (§ 255, Tab., n. 2), n’a pas d’autre usage et ne s’emploie jamais
isolément.

ta
Modes

H
Temps Temps Q Temps
O Temps de l’auxiliaire
composés DE L’AUXILIAIRE composés

PRÉSENT PRÉSENT
PASSÉ
PASSÉ
composé [j’ai lu; je suis allé] u [que j’aie lu; que je sois allé]
£
o
IMPARFAIT IMPARFAIT
PLUS-QUE- “j F PLUS-QUE-
Indicatif

PARFAIT C'3 PARFAIT


[j’avais lu; j’étais allé] [que j’eusse lu; quejefusse allé]

PASSÉ SIMPLE < I


passé ) PRÉSENT
-w « ! PASSE
antérieur^ tj.eu9lu; jefusallé] CU H
[aie lu; sois allé]

FUTUR - ta I i
PRESENT
FUTUR ° Z PASSÉ, )
5 5 j lre forme1 J
(antérieur! [j’auraj iu. jc serai allé] ,N g f f [j aurais lu; je serais allé]
U HV 1

PRESENT H H\ PRÉSENT
CS Ch < PASSÉ
[avoir lu ; être allé] [ayant lu; étant allé]

i. Le conditionnel passé, 2‘ forme, est tiré du plus-que-parfait du subjonctif, dont on retranche la conjonction que:
j’eusse lu; je fusse allé.
LE VERBE 169

248. Les verbes avoir et être. — Les verbes avoir et être sont des
verbes de forme active appartenant au 3e Groupe, mais leur conjugaison
doit être étudiée avant celle de tous les autres verbes, dont ils servent à
former les temps composés.
S’ils sont, en effet, très employés comme verbes indépendants exprimant
l’un la possession, l’autre l’état, ils s’emploient plus couramment encore
comme verbes auxiliaires.
D’un autre côté, si leurs temps composés sont très régulièrement formés,
il n’en est pas de même de leurs temps simples, dont la conjugaison présente
un certain nombre d’anomalies.
Il convient donc de les étudier à part, en commençant par le verbe avoir,
qui sert d’auxiliaire au verbe être en même temps qu’à lui-mêm,e.

N. B. — 1° L'irrégularité de ces deux verbes tient à la multiplicité de formes du


radical de chacun d’eux:

a. Le verbe avoir forme Vindicatif présent et Vindicatif imparfait sur le radical


av-, abrégé d’ailleurs en a- à certaines personnes du présent.
Il forme Vindicatif futur et le conditionnel présent sur le radical au- (§240, 1°, N.B.,
2°, e) ; le passé simple et le subjonctif imparfait sur le radical eu-; le subjonctif
présent, Vimpéralif présent et le participe présent sur le radical ay- (forme pleine) ou
le radical ai- (forme abrégée), selon que la terminaison est sonore ou muette.

b. Le verbe être forme Vindicatif présent sur les radicaux su- (lro personne du
singulier, lre et 3e personnes du pluriel) et es- (2e et 3° personnes du singulier,
2e personne du pluriel) plus ou moins modifiés.
Il forme l'indicatif imparfait, le participe présent et le participe passé sur le radical
ét-; Vindicatif futur et le conditionnel présent sur le radical se-; le passé simple et le
subjonctif imparfait sur le radical fu-; le subjonctif présent et Vimpéralif présent sur
le radical soy- (forme pleine) ouïe radical soi- (forme abrégée), selon que la termi¬
naison est sonore ou muette.

2° Les terminaisons elles-mêmes sont régulières (§ 246, 3e Groupe), sauf aux


formes suivantes:

a. Le verbe avoir, à Vindicatif présent, a la terminaison fondue avec le radical à


la lre personne du singulier, qui est ai, et à la 38 personne du pluriel, qui est ont;
il n’a pas de terminaison à la 3e personne du singulier, qui est a.
Au subjonctif présent, il a la 3e personne du singulier en -t, et non en -c; la lro per¬
sonne du pluriel en -ons, et non en -ions ; la 2e en -ez, et non en -iez.
A Vindicatif passé simple et au subjonctif imparfait, il a à toutes les personnes l’u
initial de la terminaison fondu avec le radical eu-.

b. Le verbe être, à Vindicatif présent, a la lre personne du pluriel en -mes, et


non en -ons; la 2e en -tes, et non en -ez; la 3e en -ont, et non en -ent.
Au subjonctif présent, il a les trois personnes du singulier en -s, -s, -t, et non en
-e, -es, -e; la lre personne du pluriel en -ons, et non en -ions; la 2° en -ez, et non
en -iez.
A Vindicatif passé simple et au subjonctif imparfait, il a à toutes J<*° personnes l’u
initial de la terminaison fondu avec le radical fu-.
170 249. Forme active: Verbe Avoir.

TEMPS TEMPS
TEMPS SIMPLES TEMPS SIMPLES
COMPOSÉS COMPOSÉS

Indic:atif SUBJC)NCTIF

PRÉSENT PASSÉ COMPOSÉ PRÉSENT PASSÉ

J’ ai J’ ai eu Que j’ ai - e Que j' aie eu


Tu a - s Tu as eu Que tu ai - es Que tu aies eu
Il a Il a eu Qu’ il ai - t Qu’ il ait eu
Nous av - ons Nous avons eu Que nous ay - ons Que nous ayons eu
Vous av - ez Vous avez eu Que vous ay - ez Que vous ayez eu
Ils ont Us ont eu Qu’ ils ai - ent Qu’ ils aient eu

IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT

J’ av - ais J’ avais eu Que j’ eu - sse Que j’ eusse eu


Tu av - ais Tu avais eu Que tu eu - sses Que tu eusses eu
Il av - ait Il avait eu Qu’ il eû - t Qu’ il eût eu
Nous av - ions Nous avions eu Que nous eu - ssions Que nous eussions eu
Vous av - iez Vous aviez eu Que vous eu - ssiez Que vous eussiez eu
Ils av - aient Us avaient eu Qu’ ils eu - ssent Qu’ ils eussent eu

PASSÉ SIMPLE PASSÉ ANTÉRIEUR Impé R ATI F

J’ eu - s J’ eus eu
T» eu - s Tu eus eu PRESENT PASSÉ
II eu - t Il eut eu — —
Nous eû - mes Nous eûmes eu Ai - e Aie eu
Vous eû - tes Vous eûtes eu
Ils eu - rent Us eurent eu Ay - ons Ayons eu
Ay - ez Ayez eu

FUTUR FUTUR ANTÉRIEUR


CONDTriONNEL

J’ au - rai J’ aurai eu PRÉSENT PASSÉ (informe) 1


Tu au - ras Tu auras eu _
Il au - ra Il aura eu
Nous au - rons Nous aurons eu
Tu au - rais Tu aurais eu
Vous au - rez Vous aurez eu
Il au - rait Il aurait eu
Ils au - ront Us auront eu
Nous au - rions Nous aurions eu
Vous au - riez Vous auriez eu
Us au - raient Ils auraient eu

Infi NITIF Par riCIPE

PRÉSENT PASSÉ PRÉSENT PASSÉ

Av - olr Avoir eu Ay - ant Ayant eu;


Eu (§247, N. B.).
i. Le conditionnel passé, 2 e forme, est: j’eusse eu qui se conjugue comme le
plus-que-parfait du subjonctif, mais uns conjonction.
250. Forme active : Verbe Être, 171

TEMPS TEMPS
TEMPS SIMPLES TEMPS SIMPLES
COMPOSÉS COMPOSÉS

Indicatif SUBJO NCTIF


.....

PRESENT PASSE COMPOSE PRÉSENT PASSÉ

Je su 1 - s J’ ai été Oue je soi - s Oue j’ aie été


Tu es Tu as été Oue tu soi - s Que tu aies été
Il es -1 Il a été Qu’ il soi - t Qu’ il ait été
Nous som - mes Nous avons été Que nous soy - ons Que nous ayons été
Vous ê - tes Vous avez été Que vous soy - ez Que vous ayez été
Ils sont Ils ont été Qu’ ils soi - ent Qu’ ils aient été

IMPARFAIT P LU S-QUE-PART AI 7 IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT

J’ ét - ais J’ avais été Que je fu - sse Que j’ eusse été


Tu et - ais Tu avais été Que tu fu - sses Que tu eusses été
Il ét - ait Il avait été Qu’ il fû - t Qu’ il eût été
Nous ét- ions Nous avions été Que nous fu - ssions Que nous eussions été
Vous ét - iez Vous aviez été Que vous fu - ssiez Que vous eussiez été
Ils ét-aient. Ils avaient été Qu’ ils fu - ssent Qu’ ils eussent été

PASSÉ SIMPLE PASSÉ ANTÉRIEUR Impé R AT IF

Je fu - s J’ eus été
Tu fu - s Tu eus été PRÉSENT PASSÉ
Il fu - t Il eut été
Nous eûmes été Soi - S Aie été
Nous fû - mes
Vous fû - tes Vous eûtes été
Ils eurent été Soy - ons Ayons été
Ils fu - rent
Soy - ez Ayez été

FUTUR ANTERIEUR
CONDI"flONNEL
FUTUR

Je se - rai J’ aurai été PRÉSENT PASSÉ (informe) 1


Tu se - ras Tu auras été
Il se - ra Il aura été Je se - rais J’ aurais été
Nous se - rons Nous aurons été Tu se - rais Tu aurais été
Vous se - rez Vous aurez été Il se - rait Il aurait été
Ils se - ront Ils auront été Nous se - rions Nous aurions été
Vous se - riez Vous auriez été
Ils se - raient Ils auraient été

Infinitif Par TICIPE

PRÉSENT PASSÉ PRÉSENT PASSÉ

Êt - re Avoir été Ét - ant Ayant été;


Été (§247, N. B.)

i. Le conditionnel passé, 2e forme, est: j’eusse été, qui se conjugue comme le


plus-que-parfait du subjonctif, mais sans conjonction.
251. Forme active: 1er GROUPE (Verbes en -er). Modèle: Aimer.

TEMPS TEMPS
TEMPS SIMPLES TEMPS SIMPLES
COMPOSÉS COMPOSÉS

Indi C ATI F SUBJCÎNCTIF

PRÉSENT PASSÉ COMPOSÉ PRÉSENT PASSÉ

J’ aim - e J’ ai aimé Que j’ aim - e Que j’ aie aimé


Tu aim - es Tu as aimé Que tu aim - es Que tu aies aimé
Il aim - e Il a aimé Qu’ il aim - e Qu’ il ait aimé
Nous aim - ons Nous avons aimé Que nous aim - ions Que nous ayons aimé
Vous aim - ez Vous avez aimé Oue vous aim - iez Que vous ayez aimé
Ils aim - ent Ils ont aimé Qu’ ils aim - ent Qu’ ils aient aimé

IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT

J’ aim - aïs J’ avais aimé Que j' aim - asse Que j’ eusse aimé
Tu aim - ais Tu avais aimé Que tu aim - asses Que tu eusses aimé
Il aim - ait Il avait aimé Qu’ il aim - ât Ou’ il eût aimé
Nous aim - ions Nous avions aimé Que nous aim - assions Que nous eussions aimé
Vous aim - iez Vous aviez aimé Que vous aim - assiez Que vous eussiez aimé
Ils aim - aient Ils avaient aimé Qu’ ils aim - assent Qu’ ils eussent aimé

PASSÉ SIMPLE PASSÉ ANTÉRIEUR


Impé RATIF
Jf ciini " âi j eus aime
Tu aim - as Tu eus aimé PRÉSENT PASSÉ
11 aim - a Il eut aimé —

Nous aim - âmes Nous eûmes aimé Aim - e Aie aimé


Vous aim - âtes Vous eûtes aimé
Ils aim - èrent Ils eurent aimé Aim - ons Ayons aimé
Aim - ez Ayez aimé

FUTUR FUTUR ANTÉRIEUR CONDIl’IONNEL

J’ aim - erai J’ aurai aimé


Tu aim - eras PRÉSENT PASSE (ire forme)1
Tu auras aimé
11 aim - era Il aura aimé —
Nous aim - erons Nous aurons aimé J aim - erais J’ aurais aimé
Vous aim - erez Vous aurez aimé Tu aim - erais Tu aurais aimé
Ils aim - eront Ils auront aimé Il aim - erait il aurait aimé
Nous aim - erions Nous aurions aimé
Vous aim - eriez Vous auriez aimé
Ils aim - eraient Ils auraient aimé

InfiiVITIF Part ICIPE

PRÉSENT PASSÉ PRÉSENT PASSÉ

Aim - er Avoir aimé Aim - ant Ayant aimé:


Aimé (§247, N. B.l.
i. Le conditionnel passé, 2e forme, est : j’eusse aimé , qui se conjugue comme le
plus-que-parfait du subjonctif, mais sans conjonction.
LE VERBE 173

252. Remarques sur les verbes du 1er Groupe. — Le radical des


verbes du 1er Groupe (verbes en -er) est, en règle générale, invariable.
Toutefois le radical d’un petit nombre de ces verbes subit dans certains
cas de légères modifications d’ortliographe, qui s’accompagnent parfois de
modifications de prononciation.
A. — L’orthographe du radical, mais non sa prononciation, est modifiée :
1° Dans les verbes dont le radical est terminé par un c, comme lanc-er:
devant une terminaison commençant par un a ou un o, le c prend une cédille:
je lanc-e, vouslanc-iez, mais: il lanç-a, nous lanç-ons.

2° Dans les verbes dont le radical est terminé par un g, comme mang-er :
devant une terminaison commençant par un a ou un o, le g est suivi d’un e :
je mang-e, vous mang-iez, mais: il mange-a, nous mange-ons.

N. B. — Ces modifications d’orthographe ont pour but de conserver au c et au g,


devant un a ou un o, le son doux qu’ils ont normalement devant un e ou un !

B. — L’orthographe et la prononciation du radical sont parfois modifiées :


1° Dans les verbes dont le radical se termine par une syllabe contenant
un e muet, comme lev-er : devant les terminaisons muettes -e, —es, -ent, 1 e
muet du radical se change en e ouvert, marqué par un accent grave (è) :
lev-er : je lèv-e men-er : tu mèn-es peser : ils pès-ent
(mais : nous lev-ons) ; (mais : vous men-ez) ; (mais : il pes-ait).

Ilen est de même, au futur et au conditionnel présent, devant les termi¬


naisons -erai, etc., et -erais, etc., dont la première syllabe est muette:
jelèv-erai, jelèv-erais; jemèn-erai, jemèn-erais; jepôs-erai, je pès-erais.

B._Dans les verbes de cette catégorie dont le radical se termine par un I ou


par un t, c’est-à-dire les verbes en -e!er ou en -eter, 1 e ouvert est marqué :
a. Tantôt par un accent grave:
cisel-er : je cisèl-e (mais : nous cisel-ons); achet-er : tu achèt-cs(mais : vous achet-ez).

Il en est ainsi notamment pour les verbes :


celer1, démanteler, geler1, modeler,
ciseler, écarteler, marteler, peler,
acheter1, corseter, crocheter, fureter, haleter.

b. Tantôt par le redoublement de l’I ou du t :


appel-er : j’appell-e (mais : nous appel-ons); soufïlet-er : tu soufllett-es (mais : vous soufllet-ez).

Il en est ainsi notamment pour les verbes:


amonceler. chanceler, étinceler, morceler, renouveler,
ensorceler, ficeler1, museler, ressemeler.
appeler1,
épeler, grommeler, niveler1, ruisseler;
atteler t.
cacheter1., caqueter, empaqueter h épousseter,
feuilleter, jeter1. souffleter.
étiqueter,

I. Il en est de même des verbes de la même famille.


174 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

L'usage hésite pour un certain nombre de verbes, tels que :


harcel-er; banquet-er, caquet-er, collet-er :
harcel-er : je liarcèl-e ou je harcell-e caquet-er : tu caquèt-es ou tu caquett-es
(mais: nous harcel-ons). (mais: vous caquet-ez).

2° Dans les verbes dont le radical se termine par une syllabe contenant
un e fermé (é), comme céd-er; devant les terminaisons muettes -e, -es, -ent,
l’e fermé du radical se change en e ouvert, marqué par un accent grave (è) :
espér-er : j’espè-re céd-er ; tu cè-des répét-er : ils répèt-ent
(mais : nous espér-ons); (mais : vous céd-ez) ; (mais : il répét-ait).

Mais au futur et au conditionnel présent, devant les terminaisons -erai, etc.,


et -erais, etc., dont la première syllabe est muette, l’e fermé reste fermé
(é), sinon toujours dans la prononciation, du moins dans l’orthographe :
j’espér-erai, j’espér-erais; je céd-erai, jecéd-erais; je répét-erai, je répét-erais.

3° Dans les verbes dont le radical se termine par un y : devant les termi¬
naisons muettes -e, -es, -ent, l’y, en règle générale, se change en i:

a. Le changement est obligatoire si le verbe est en -oyer ou -uyer :


employ-er : j’emploi-e (mais : nous employ-ons); essuy-er : tu essui-es (mais : vous essuy-ez)

b. Le changement est facultatif si le verbe est en -ayer (l’y, s’il est main¬
tenu dans l’orthographe, doit être maintenu dans la prononciation) :
essay-er : j’essay-e ou j’essai-e (mais : nous essay-ons).

N. B. — 1° Dans le verbe grassey-er, l’y ne se change jamais en i et se prononce


à toutes les formes : grassey-er : je grassey-e, je grassey-erai.

2° Dans le verbe envoy-er et son composé renvoyer, l’y se change en i devant -e


-es, -ent, mais le futur et le conditionnel présent sont formés irrégulièrement (d’après
le verbe voir, § 264. 1») : j’enver-rai, j’enver-rais,

Par contre, les verbes convoy-er et dévoy-er forment régulièrement ces deux
temps: je convoi-erai, je convoi-erais.

4° Le verbe aller est un des rares verbes irréguliers du 1er Groupe. Il se


conjugue sur trois radicaux différents (§ 240, N. B., 3°), ail-, va-, i- :
nous all-ons, vousall-ez; j’all-ais, etc.; j’all-ai, etc.;
all-ons; que j’all-asse; all-ant.
jevai-s, tu va-s, il va, ilsv-ont; va.
j’i-rai; j’i-rais.

N. B. — Au subjonctif présent, le radical ail- est modifié en aill- (radical mouillé


§ 240, N. B., 2°) devant un e muet :
quej’aill-e, que tu aill-es, qu’ils aill-ent
(mais : que nous alt-ions, que vous all-iez).
253. Forme active: 2e GROUPE (Verbes en -»/r[ -issant J). Modèle : Fi nir<

TEMPS TEMPS
TEMPS SIMPLES TEMPS SIMPLES
COMPOSÉS COMPOSÉS

Indk:atif SuBJf) N CT IF

PRÉSENT PASSÉ COMPOSÉ PRÉSENT PASSÉ

Je fin -i - s J’ ai fini Que je fin-iss-e Que j’ aie fini


Tu as fini Que tu fin -iss - es Que tu aies fini
Tu fin -i - s
Il fin -i -t Il a fini Qu’ il fin -iss - e Qu’ il ait fini
Nous avons fini Que nous fin -iss - ions Que nous ayons fini
Nous fin -iss - on s
Vous avez fini Oue vous fin-iss - iez Que vous ayez fini
Vous fin -iss - ez
Ils ont fini Qu’ ils fin -iss - ent Qu’ ils aient fini
Ils fin -iss - ent

P LU S-QU E-PAR FAIT IMPARFAIT plus-que-parfait


IMPARFAIT

J’ avais fini Que je fin - isse Que j’ eusse fini


Je fin -iss -aïs
Tu avais fini Que tu fin - isses Que tu eusses fini
Tu fin -iss - ais
Il avait fini Qu’ il fin - ît Ou’ il eût fini
11 fin-iss-ait
Nous avions fini Que nous fin - issions Que nous eussions fini
Nous fin -iss - ions
Vous aviez fini Que vous fin - issiez Que vous eussiez fini
Vous fin -iss - iez
Ils avaient fini Qu’ ils fin - issent Qu’ ils eussent fini
Ils fin-iss-aient

PASSÉ SIMPLE PASSÉ ANTÉRIEUR Impé RATIF


-
J’ eus fini
Je fin - is PRÉSENT PASSÉ
Tu eus fini
Tu fin - is — —
fini
Il fin - it Fin -i - 8 Aie fini
Nous eûmes fini
Nous fin - îmes
fini
Vous fin - Ttes Fin -iss - on9 Ayons fini
fini
Ils fin - irent Fin -iss - ez Ayez fini

CONDI TIONNEL
FUTUR FUTUR ANTÉRIEUR

J’ aurai fini L
Je fin - irai PRÉSENT PASSÉ (ire forme)
Tu fin - iras Tu auras fini — —
Il fin-ira Il aura fini Je fin - irais J’ aurais finw
Nous fin - irons Nous aurons fini Tu fin - irais Tu aurais fini
Vous fin - irez Vous aurez fini Il fin - irait Il aurait fini
Ils fin-iront Ils auront fini Nous fin - irions Nous aurions fini
Vous fin - iriez Vous auriez fini
Ils fin - iraient Ils auraient fini

Infi MITIF Par riCIPE

PASSÉ PRÉSENT PASSÉ


PRÉSENT

Avoir fini Fin -iss - ant Ayant fini ;


Fini (§247, N-

i. Le conditionnel passé, forme, est: j’eusse fini qui se conjugue comme le


plus-que-parfait du subjonctif, mais sans conjonction.
___—--———
176 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

254. Remarques sur les verbes du 2 e Groupe. — Le radical des


verbes du 2e Groupe (verbes en -ir [-issant]) est, en règle générale, inva¬
riable, comme celui des verbes en -er (§ 252).
Mais à certaines de leurs formes s’intercale, entre le radical et la termi¬
naison, la syllabe -iss-, réduite parfois à la voyelle -i-:
je fln-iss-ais, je fm-i-s.

1° La syllabe -iss- est intercalée :


a. A Vindicatif présent (lre, 2e et 3e personnes du pluriel) et imparfait (lre,
2° et 3e personnes du singulier et du pluriel) ;
b. Au subjonctif présent (lre, 2e et 3e personnes du singulier et du pluriel)1;
c. A Vimpératif présent (lre et 2e personnes du pluriel);
d. Au participe présent.
2° La voyelle -i- est intercalée :
a. A Vindicatif présent (lre, 2e et 3e personnes du singulier);
b. A Vimpératif présent (2e personne du singulier).

N. B. — Parmi les verbes en -ir du 2° Groupe, le verbe haïr et le verbe fleurir


présentent cette particularité de se conjuguer l’un et l’autre sur un radical à double
forme :
1° Le verbe haïr se conjugue régulièrement sur le radical ha-, suivi, le cas échéant
de la syllabe intercalée :
nous ha-ïss-ons, je ha-ïss-ais, que je ha-ïss-e, ha-ïss-ons, ha-ïss-ant,
je ha-i'rai, je ha-ïrais, je ha-ïs, que je ha-ïsse
(l’t initial de la syllabe intercalée ou de la terminaison porte toujours un tréma).

Il n’est irrégulier qu’au singulier deVindicatif présent et del'impératif présent, dont


les diverses personnes sont formées sur le radical hai- (sans tréma):
je hai-s, tu hai-s, il hai-t; hal-s.
2» Le verbe fleurir, au sens propre de « être en fleurs », se conjugue régulièrement
sur le radical fleur- :
je fleur-i-s, nous fleur-iss-ons, je fleur-irai.

Mais, au sens figuré de « prospérer », il a Vindicatif imparfait et le participe présent


formés sur le radical flor- :
je flor-iss-ais, flor-iss-ant.

255. Forme active : les temps composés des verbes conjugués


avec l’auxiliaire être. — Les verbes aimer et finir ont leurs temps com¬
posés formés avec l’auxiliaire avoir.
Les temps composés des verbes qui se conjuguent avec l’auxiliaire être
(§ 242, N. B., 1°) se présentent sous la forme suivante :

pas’. LeS formes du subjonctif imparfait n’ont pas, malgré les apparences, la syllabe intercalée. On ne confondra
Indicatif Subjonctif Infinitif Participe

PASSÉ COMPOSÉ PASSÉ PASSÉ PASSÉ

Je suis tombé1 Que je sois tombé Étant tombé;


Être tombé
Tombé2

P LU S-QU E-PAR FAI T P LU S-QU E-PAR FA IT


i. Le participe passé conjugué avec être s’accorde
en genre et en nombre avec le sujet du verbe
J’étais tombé Que je fusse tombé (§ 363, i°):
Elle est tombée;
Nous sommes tombés ; Elles sont tombées.
Impératif
PASSÉ ANTÉRIEUR 2. La forme simple du participe passé des verbes
conjugués avec être (sauf aller) peut, à la différence
PASSÉ de celle des verbes conjugués avec avoir (§ 247, N.B.),
Je fus tombé
s’employer isolément :
L’enfant, tombé du berceau, appelait.
Sois tombé
3. Le conditionnel passé, 2 e forme, est
je fusse tombé,
Conditionnel qui se conjugue comme le plus-que-parfait du sub¬
FUTUR ANTÉRIEUR jonctif, mais sans conjonction.

Je serai tombé PASSÉ (ire forme)3

Je serais tombé

256. Forme active : les temps surcomposés. — A côté des temps


composés, il existe, à la forme active, des temps dits surcomposés.
Ces temps sont formés non plus avec les temps simples de Vauxiliaire (§ 247),
mais avec ses temps composés (passé composé, plus-que-parfait, futur anté¬
rieur de l’indicatif; passé des autres modes).
Les temps surcomposés ne se forment guère qu’avec l’auxiliaire avoir.
Les principaux sont :
1° Le passé surcomposé, qui existe à l’indicatif, au subjonctif, au condi¬
tionnel, à l’infinitif et au participe :
J’ai eu écrit. Que j’aie eu écrit. J’aurais eu écrit.
Avoir eu écrit. Ayant eu écrit.

2° Le plus-que-parfait surcomposé, qui existe à l’indicatif :


J’avais eu écrit.

3° Le futur antérieur surcomposé, qui existe à l’indicatif :


J’aurai eu écrit.
N. B. — Ces formes sont plus ou moins employées et généralement dans la langue
parlée : Dès qu’il a eu dîné, il s’est couché.

257. Forme active : 3e GROUPE (Verbes en -/r[ -ant], -o/r ou -re),


— Les verbes du 3e Groupe ne se conjuguent pas sur un modèle commun:
ils ont pour la plupart un radical variable (§ 240, N. B., 2°) et beaucoup pré¬
sentent des irrégularités.
178 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

1° Pour les conjuguer aux temps simples, il importe de connaître pour


chacun d’eux, avec Vinfinitif présent, Vindicatif présent (lre personne du
singulier et lre personne du pluriel) et le passé simple. D’une façon générale :
a. Sur l’infinitif présent se forment Vindicatif futur {-irai ou -rai) et le

conditionnel présent : sent_ir. je sent.irai) je sent-irai3;


recev-oir: je recev-rai, je recev-rais; peind-re ; je peiad-ral, je peind-rais.

b. Sur l’indicatif présent (lrc personne du pluriel) se forment Vindicatij


imparfait (—ais), le subjonctif présent (—©) et le participe présent {—ant) :
nous sent-ons : je sent-ais, quejesent-e, sent-ant;
nous recev-ons ou ils reçoiv-ent1 :
je recev-ais, que je reçoiv-e, que nous reçev-ions, recev-ant;
nous peign-ons : je peign-ais, que je peign-e, peign-ant.

N. B. —~ L'impératif présent, à chacune de ses personnes, a la même forme que


rindicatif présent : sen-s, sent-ons, sent-ez :
tu sen-s, nous sent-ons, vous sent-ez.
reçoi-s, l'ecev-ons, recev-ez : pein-s, peign-ons, peign-ez :
tureçoi-s, nous recev-ons, vous recev-ez. tu pein-s, nous peign-ons, vous peign-ez

c. Sur le passé simple (-is ou -us) se forme le subjonctif imparfait (-isse


OU -usse) : je sent-is : que je sent-îsse;
jereç-us: que je reç-usse; jepeign-is: que je peign-isse.

2° Pour les conjuguer aux temps composés, il importe de connaître le par¬


ticipe passé, qui est le plus souvent en -i ou en-u, quelquefois en -t ou en -is .
sent-ir: sent-i;
cour-ir: cour-u, voul-oir; voul-u, rend-re : rend-u;
peind-re; pein-t, condui-re: condui-t, offr-ir; offer-t;
prend-re: pr-is.

258. Les verbes du 3e Groupe eu -/r (-ant). — Les verbes du


3e Groupe en -ir (-ant) peuvent se répartir en deux catégories, selon qu’ils
ont un radical invariable ou un radical variable.
Dans chaque catégorie, le radical de ces verbes (le verbe fuir excepté,
§ 261, 4°) est terminé par une consonne.

I. — VERBES A RADICAL INVARIABLE

259. — Ont le radical invariable les verbes dont le radical est terminé par
un des groupes de consonnes 11, ir, vr (Tableau A, I, p. 182):
cueill-ir, offr-ir, ouvr-ir.

i. Le subjonctif présent des verbes qui ont un radical tonique et un radical atone ne se forme pas tout
entier sur la ire persoime du pluriel de l’indicatif présent, mais sur la ir,! (radical atone) ou la 3 e (radica’
tonique), selon que la terminaison du subjonctif est sonore (-ions, -iez) ou muette (-e, -es, -e; -ent) :
Que je reçoive Que nous recevions
(rad. de la 3e pers. du pluriel : (rad. de la i1* pers. du pluriel ;
[ilsj reçoiv- [ent]). [nous] recev- [on»U-
T.E VERBE 179
Ces verbes ont au singulier de Vindicatif présent (lr®, 2® et 3® personnes) et
de l’impératif (2e personne) les terminaisons -e, -es, -e des verbes en -er
(1er Groupe) :
je cueill-e, tu cueill-es, il cueill-e, cueill-e; j’offr-e, tu offre-s, il offr-e, offr-e;
j’ouvr-e, tu ouvr-es, il ouvr-e, ouvr-e.

. N- B- ; 1° Les verbes de cette catégorie ont le passé simple en -is et le subjonctif


imparfait en -isse, comme les verbes en -ir (-issant) du 2e Groupe; leur participe
passé est en -i ou en [-er] t, selon qu’ils ont le radical terminé par un I ou par un r :
je cueill-is, que je cueill-isse, cueilï-i;
j offr-îs, que j’offr-isse, offer-t; j’ouvr-is, que j’ouvr-îàse, ouver-t.

2° Ils ont Vindicatif futur en-irai et le conditionnel présent en -irais, sauf cueillir,
quia ces temps en -erai et -erais, comme les verbes en -er (1er Groupe):
j’offr-irai, j’offr-irais ; j’ouvr-irai, j’ouvr-irais;
mais: je eueill-erai, je cueili-erais.

Iî. — VERBES A RADICAL VARIABLE

260. Ont le radical variable :


1° Une série de verbes dont le radical est terminé par un groupe de
consonnes dont la dernière est m, t ou v (Tableau A, II, 1°, p. 182) :
dorm-ir, part-ir, serv-ir.

Ces verbes ont au singulier de Vindicatif présent (lre, 2e et 3e personnes) et


de Vimpératif (2epersonne) les terminaisons -s,-s,-tdes verbes du 3eGroupe,
mais perdent devant ces terminaisons la consonne finale du radical (radical
abrégé, § 240, N. B., 2°, b).
Cette consonne finale reparaît au pluriel devant les terminaisons -ons,
-ez, -ent, qui commencent par une voyelle:
je dor-s, tu dor-s, il dor-t, dor-s ; je par-s, tu par-s, il par-t, par-s ;
nous dorm-ons, vous dorm-ez, ilsdorm-ent. nous part-ons, vous part-ez, ils part-ent.
je ser-s, tu ser-s, ilser-t, ser-s ; nous serv-ons, vous serv-ez, ils serv-ent.

N. B. — 1° Les verbes de cette série ont le passé simple en -is et le subjonctif


imparfait en -isse, comme les verbes en -ir (issant) du 2° Groupe; leur participe
passé est toujours en -i :
je dorm-is, que je dorm-isse, dorm-i; je part-is, que je part-isse, part-i;
je serv-is, que je serv-isse, serv-i.

2° Ils ont tous Vindicatif futur en -irai et le conditionnel présent en -irais :


je dorm-irai, je dorm-irais; jepart-irai, je part-irais;
je serv-irai, je serv-irais.

2° Une série de verbes dont le radical est terminé par une des consonnes
r ou n (Tableau A, II, 2°, p. 182-184) :
mour-ir, ten-ir.
180 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Ces verbes ont au singulier de l'indicatif présent (lre, 2e et 3° personnes) et


de Vimpératif (2e personne) les terminaisons -s, -s, -t des verbes du 3e Groupe.
Ils ont un radical tantôt tonique, tantôt atone (§ 240, N. B., 2°,a), tonique
devant une terminaison muette, atone devant une terminaison sonore :
mourir tenir
(rad. tonique: meur- ; rad. atone: moue-) : (rad. tonique: tien- ; rad. atone: ten-) :
je meur-s, je mour-ais. je tien-s, je ten-ais.

Au présent de Vindicatif, de Vimpératif et du subjonctif, où les terminaisons


muettes et sonores alternent, les deux formes du radical alternent aussi :
Aux 1™, 2e et 3e personnes du singulier et à la 3e personne du pluriel, les
terminaisons sont muettes et le radical est tonique;
Aux lTe et 2e personnes du pluriel, les terminaisons sont sonores et le radical
est atone.
Indicatif présent

je meur-s, tumeur-s, ii meur-t, je tien-s, tu tien-s, il tien-t,


ilsmeur-ent; ils tienn-ent1 2;
nous mour-ons, vous mour-ez. nous ten-ons, vous ten-ez.

Impératif présent

meur-s; mour-ons, mour-ez. tien-s; ten-ons, ten-ez.

Subjonctif présent

que je meur-e, que tu meur-es, qu’il meur-e, que je tienn-e, que tu tienn-es, qu’il tienn-e,
qu’ils meur-ent; qu’ils tienn-ent;
que nous mour-ions, que vous mour-iez. que nous ten-ions, que vous ten-iez.

N. B. — 1° Les verbes de cette série dont le radical est en -r ont le passé simple
en -is ou en -us, le subjonctif imparfait en -isse ou en -usse, le participe passé en
-i8 ou en -t :

j’acqu-ls, que j'acqu-isse, je mour-us, que je mour-usse,


acqu-is (rad. de forme abrégée). îr.or-t (rad. étymologique, § 240, p. 162, n. 1).

Ceux dont le radical est en -n ont un passé simple irrégulier, dont le radical et la
terminaison sont de forme anormale ; mais leur participe passé, régulièrement formé,
est en -u :
je tin-s, que je tin-sse ; ten-u.

2° Ils ont tous Vindicatif futur en -rai et le conditionnel présent en -rais, mais
ceux dont le radical est en n- intercalent un -d- entre ce radical et la terminaison
(radical appuyé, § 240, N. B., 2°, d) :
je mour-rai, je mour-rais; je tien-d-rai a, je tien-d-rais.

1. Les radicaux toniques en -n doublent cet « devant un e muet.


2. L’indicatif futur des verbes tenir et venir est formé sur le radical tonique, bien que la terminaison soi)
sonore à toutes les personnes de ce temps :
tiendrai et viendrai, ) . , , ( tendrai et vendrai,
tiendrais et viendrais j " ) tendrais et vendrais,
qui étaient régulièrement formés sur le radical atone, mais se confondaient avec les futurs et les condi¬
tionnels des verbes tendre et vendre.
LE VERBE 181

III. — VERBES A PARTICULARITÉS

261. Quelques verbes, plus ou moins employés, de ces deux catégories ne


se conjuguent pas entièrement comme les verbes de la série à laquelle ils
appartiennent (Tableau A, III, p. 184) :
boulll-ir, vêt-ir, cour-ir, fu-ir.

1° Le verbe bouillir appartient à la lre catégorie (§ 259) et se conjugue


pratiquement comme assaillir, sauf qu’au singulier du présent de l’indicatif
et de Vimpératif il a les terminaisons -s, -s, -t des verbes du 3e Groupe :
je bou-s, tu bou-s, il bou-t ; bou-s.

N. B. — Aces diverses formes, le radical bouill- perd sa consonne finale (ill-, c.-à-d. I
mouillé, § 240, N. B., 2°, g) devant la consonne de la terminaison (§ 260, 1°).

2° Le verbe vêtir (anciennement vestir) appartient à la 2e catégorie,


lre série (§ 260, 1°), et se conjugue pratiquement comme sentir, sauf qu’au
singulier du présent de Vindicatif et de Vimpératif il garde le t final du radical
devant la terminaison ; d’autre part, son participe passé est en -u :
je vêt-s, tu vêt-s, il vêt ; vêt-s, vêt-u.

N. B. — A la 3” personne du singulier de l’indicatif présent, le t final du radical


entraîne la chute de la terminaison t.

3° Le verbe courir appartient à la 2e catégorie, 2e série (§ 260, 2°), et se


conjugue pratiquement comme mourir, sauf que son radical cour- est inva¬
riable et subsiste, bien que de forme atone, même devant une terminaison
muette; d’autre part, son participe passé est en -u :
Indicatif présent :je cour-s, tu cour-s, il cour-t; ils cour-ent.
Impératif présent : cour-s.
Subjonctif présent: que je cour-e, que tu cour-e3, qu’il cour-e; qu’ils cour-ent.
Participe passé: cour-u.

4° Le verbe fuir, le seul des verbes en -ir dont le radical soit terminé par
une voyelle, se conjugue pratiquement comme un verbe de la 2® catégorie,
2e série (§ 260, 2°) : il a le radical plein, qui est fuy-, devant une terminaison
sonore; le radical abrégé, qui est fui-, devant une terminaison muette; le
radical élidé (§ 240, N. B., 2°, c), qui est fu-, devant une terminaison com¬
mençant par un i (sauf -ions et -iez) :
nous f uy-ons, vousfuy-ez; je fuy-ais, nous fuy-ions, vousfuy-iez; fuy-ant;
jefui-s, ilfui-t, ilsfui-ent; quejefui-e;
je fu-is (passé simple) ; qu’il fu-isse (rare) ; je fu-irai; je fu-irais; fu-i.
182 Tableau A. — Verbes du

Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel

PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT


présent

I. — Verbes à
Radloal à consonne

assaill-lr1 j’assaill-e j’assaill-ais j’assaill-is j’assaill-irai j’assaill-irais


cueill-ir 2 je cueill-e je cueill-ais je cueill-is je cueill-erai je cueill-erais
défaill-ir 3 je défaill-e je défaill-ais je défaill-is je défaill-irai je défaill-irais
ofîr-ir j’offr-e j’offr-ais j’offr-is j’ofïr-irai j’ofïr-irais
souffr-ir Je souffr-e je soufïr-ais je souffr-is je souffr-irai je souffr-irais
ouvr-ir 1 j’ouvr-e j’ouvr-ais j’ouvr-is j’ouvr-irai i’ouvr-irais

>j0TES._i.De même : tressaillir. Pour saillir, qui est défectif, voir Tableau D, II, p. 206.— 2. De même : accueillir,
recueillir. — 3. Pour faillir, qui est défectif, voir Tableau D, II, p. 206. — 4. De même : entrouvrir, rouvrir; couvrir,

II. — Verbes à
1° Radical à consonne

dorm-ir 1 ( je dor-s je dorm-ais je dorm-is je dorm-irai je dorm-irais


( nous dorm-ons;
i je men-s je ment-ais je ment-is je ment-irai je ment-irais
ment-ir 3
f nous ment-ons;
< je par-s je part-ais je part-is je part-irai je part-irais
part-ir 3
( nous part-ons;
se ( je me repen-s je me je me je me
je me repent-is
repent-ir ) nous nous repent-ons repent-ais repent-irai repent-irai

j je sen-s
sent-ir 4 je sent-ais je sent-is je sent-irai je sent-irais
< nous sent-ons;
j je sor-s je sort-irais
sort-ir 5 je sort-ais je sort-is je sort-irai
( nous sort-ons;
j je ser-s
serv-ir 6 je serv-ais je serv-is je serv-irai je serv-irais
( nous serv-ons;

Notes. —- i. De même: redormir, endormir, rendormir. — 2. De même: démentir. — 3. De même: départir,


repartir (conjugué avec être, au sens de« partir de nouveau »; avec avoir, au sens de u répliquer »). Par contre, répartir,
qui signifie « distribuer », et impartir se conjuguent comme finir (2e Groupe). — 4. De même : consentir, pressentir, ressentir.

2° Radical à consonne

j acquier-s
J’acqu-is j’acquer-rais
acquér-ir1^ nous acquér-ons j’acçfuér-ais j acquer-rai
(rad. abrégé)
ils acquièr-ent2
je rmeur-s
mour-ir \ nous mour-ons je mour-ais je mour-us je mour-rai je mour-rais
ils meur-ent;

[Voir la suite du Tableau p. 184.)


3e GROUPE en -ir (-mat) 183

Subjonctif Impératif Participe

PRÉSENT IMPARFAIT PRESENT PRESENT PASSE

radical invariable.
finale: en 11-, fr-, VT~.

que j'assaill-e que j'assaill-igse J assa'ii-e assaill-ant assaill-i ayant assaill i


que je cueill-e que je çueiü-isse cueill-e çueill-ant cueill-i ayant eueill-i
que je défaill-c que je défaillisse défaill-e défaill-ant défaill-i ayant défaill-i
que j’ofîr-e que j’oflr-isse ofïr-e offr-ant offer-t ayant offer-t
que je soufïr-e que je souffr-isse soufîr-e souffr-ant souffer-t ayant souffer-t
que j’ouvr-e que j’ouvr-isse ouvr-e ouvr-ant ouver-t ayant ouver-t

découvrir, recouvrir.

radical variable.
finale: en ITT—, t—, V-.
dor-s ayant dorm-i
que je dorm-e que je dorm-isse dorm-ant dorm-i
dorm-ons;
men-s ayant ment-i
que je ment-e que je ment-isse ment-ant ment-i
ment-ons;
par-s étant part-i
que je part-e que je part-isse part-ant part-i
part-ons;
repen-s-toi s’étant
que je me se
que je me repent-e repent-ons- repent-i repent-i
repent-isse nous; repent-ant
sen-s
que je sent-e que je sent-isse sent-ant sent-i ayant sent-i
sent-ons;
sor-s étant sort-i
que je sort-e que je sort-isse sort-ant sort-i
sort-ons;
ser-s ayant serv-i
que je serv-e que je serv-isse serv-ant serv-i
serv-ons;

— 5. De même : ressortir, au sens de «-sortir de nouveau ». Par contre, ressortir, au sens de « être du ressort de, relever
de », et assortir se conjuguent comme finir (2e Groupe). — 6. De même : desservir, resservir. Par contre, asservir se conjugue
comme finir (2e Groupe).

Inale : en r- ou n
que j’aequièr-ea acquier-s acqu-îs
que nous acquér-ions que j’acqu-isse acquér-ant ayant acqu-is
acquér-ons; (rad. abrégé)
qu’ils acquièr-ent; (rad. abrégé)
que je meur-e meur-s mo r-t
que nous mour-ions que je mour-usse mour-ant (rad. étant mor-t
mour-ons;
qu’ils meur-ent; étymologique)
Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT

je tien-s je tin-s4
je tien-d-rai je tien-d-rais
ten-Ir 3 nous ten-ons je ten-ais (formation
(rad. appuyé) (rad. appuyé)
ils tienn-ent; anormale)
je vien-s je vin-s7
(formation je vien-d-rai je vien-d-rais
ven-lr • nous venons je ven-ais (rad. appuyé)
anormale) (rad. appuyé)
ils vienn-ent;

Notes. — i. De même : conquérir, enquérir (s*), requérir. — 2. Noter l’accent grave du radical tonique devant un e
muet.— 3. De même : abstenir (s*), appartenir, contenir, détenir, entretenir, maintenir, obtenir, retenir, soutenir. —
4. ire et 2e pers. du plur. : tînmes, tîntes, avec un accent circonflexe. — 5. 3e pers. du sing. : tînt, avec un accent circon¬
flexe. — 6. De même: advenir (verbe impersonnel, § 271); circonvenir, convenir, contrevenir (se conjuguent avec avoir) ;

III. — Verbes à
je bou-s je bouill-is
bouill-ir je bouill-ais je bouill-irai je bouill-irais
nous bouill-ons;
vêt-ir1 je vêt-s, il vêt je vêt-ais je vêt-irais
je vêt-is je vêt-irai
nous vêt-ons ;
je cour-s je cour-ais
cour-ir 2 je cour-us je cour-rai je cour-rais
nous cour-ons;
je fui-s
fu-ir3 je fu-is je fu-irai je fu-irais
nous fuy-ons je fuy-ais
(rad. élidé) (rad. élidé) (rad. élidé)
ils fui-ent;

Votes. — i. De même : dévêtir, revêtir. Par contre, investir et travestir se conjuguent comme finir (2e Groupe). Le
verbe simple vêtir ne s’emploie guère qu’à l’infinitif présent (forme pronominale) et au participe passé. — 2. De même :

262. Les verbes du 3e Groupe en -oit. — Les verbes du 3° Groupe en


-oir ont tous un radical variable, en particulier tantôt tonique, tantôt atone,
les deux formes alternant au présent de Vindicatif, de Vimpératif et du sub¬
jonctif (§ 260, 2°).
Ils peuvent se répartir en deux catégories, selon que ce radical, terminé
à l’infinitif par une consonne, s’y présente sous sa forme pleine ou sous une
forme réduite.

1° Radical a consonne finale : forme pleine

263. Ont à l’infinitif un radical de forme pleine terminé par une consonne
(v ou 1) :
1° Les verbes recevoir, devoir, mouvoir, qui se conjuguent tous les
trois de la même manière (Tableau B, 1°, 1, p. 188).
Ces verbes ont Vindicatif présent et Vimpératif présent en -s1, Vindicatif

1 ■ Nous nous servirons dorénavant de cette formule abrégée en parlant des verbes qui ont au singulier de
l’iudicatif présent (ir*\ 2% 3e personnes) et de l'impératif présent (2e personne) les terminaisons -s, -s, -1.
Subjonctif Impératif Participe

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ

que je tienn-e que je tin-sse5


que nous ten-ions (formation ten-ant ten-u ayant ten-u
qu’ils tienn-ent; anormale) ten-ons;
que je vienn-e que je vin-sse 8 vien-s
que nous ven-ions (formation ven-ant ven-u étant ven-u
anormale) ven-ons ;
qu’ils vienn-ent;

devenir, disconvenir, intervenu , parvenir ; prévenir (se conjugue avec avoir) ; provenir, redevenir, revenir, souvenir
(se) ; subvenir (se conjugue avec avoir) ; survenir. — 7. ire et 28 pers. du plur. : vînmes, vîntes, avec un accent
circonflexe. — 8. 3' pers. du sing. : vînt, avec un accent circonflexe.

particularités.
que je bouilî-e que je bouill-isse bou-s
bouill-ant bouill-i ayant bouill-i
bouill-ons ;
que je vêt-e vêt-s
que je vêt-isse vêt-ant vêt-u ayant vêt-u
vêt-ons;
que je cour-e cour-s
que je cour-usse cour-ant cour-u ayant cour-u
cour-ons;
que je fui-e que je fu-isse
que nous fuy-ions (rad. élidé; fui-s fu-i
fuy-ant ayant fu-i
forme rare) fuy-ons (rad. élide)
qu’ils fui-ent;

accourir, concourir, discourir, encourir, parcouru, recourir, secourir. — 3. De même : enfuir (s').

futur en -rai et le conditionnel présent en -rais, le passé simple en -us et le


subjonctif imparfait en -usse, le participe passé en -u.
Le verbe recevoir, pris comme type, forme tous ses temps, sauf le passé
simple, le subjonctif imparfait et le participe passé, sur le radical plein,
qui est recev- (forme atone) ou reçoiv- (forme tonique, devant un e,
réduite à reçoi- devant un s ou un t), selon que la terminaison est sonore
ou muette:

recev-oir j je reçoi-s, il reçoi-t,


je recev-ais;
nous recev-ons, ils reçoiv-ent;
je recev-rai, je recev-rais;
que je reçoiv-e, que nous recev-ions, qu’ils reçoiv-ent; reçoi-s;
recev-ant.

Il forme le passé simple, le subjonctif imparfait et le participe passé sur le


radical élidé, qui est reç- (avec cédille) :
je reç-us, que je reç-usse, reç-u.

N. B. — Devoir et mouvoir forment leurs temps dans les mêmes conditions:


1» Devoir, sur le radical atone dev- ou le radical tonique doiv-, réduit, le cas
échéant, à doi-, et sur le radical élidé d-:
18G LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

! je dol-s, il doi-t, nous dev-ons, ils dolv-eut;


jedev-ais; je dev-rai, jedev-rais;
que je dolv-e, que nous dev-ions, qu’ils dolv-ent; dol-s;
dev-ant;
je d-us; quejed-usse; d-û.
2° Mouvoir, sur le radical atone mouv- ou le radical Ionique meuv-, réduit, le
cas échéant, à meu-, et sur le radical élidé m- :
/ je meu-s, il meu-t, nous mouv-ons, ilsmeuv-ent;
\ je mouv-ais; je mouv-rai, je mouv-rais;
mouv-oir <; que je meuv-e, que nous mouv-ions, qu’ils meuv-ent; meu-s;
/ mouv-ant;
\ je m-us; que je m-usse; m-û.

2° Les verbes pouvoir, vouloir et valoir, qui présentent dans leurs conju¬
gaisons des analogies et des différences (Tabl. B, 1°, 2, p. 188).
a. Ils ont Vindicatif présent en -x (au lieu de s), mais pouvoir et vouloir ne
forment pas ce temps comme valoir :
Pouvoir et vouloir le forment sur le radical plein, qui est pouv-, voul-
(forme atone) ou peuv-, veul- (forme tonique, devant un e, réduite à
peu-, veu- devant un x ou un t), selon que la terminaison est sonore ou
muette :
( jepeu-x, tu peu-x, il peu-t, ( je veu-x, tu veu-x, il veu-t,
pouv-oir < nous pouv-ons, vous pouv-ez, voul-oir l nous voul-ons, vous voul-ez,
( ils peuv-ent ; ( ilsveul-ent.

Valoir le forme sur le radical plein, qui est val-, ou sur le radical vocalisé,
qui est vau-, selon que la terminaison commence par une voyelle ou par
une consonne :
. . ( je vau-x (au lieu de : val-x), tuvau-x, il vau-t (au lieu de : val-t),
va -oir ^ nous val-ons, vous val-ez, ils val-ent.

b. Ils ont Vindicatif futur en -rai et le conditionnel présent en -rais ; mais,


si pouvoir forme ces deux temps sur un radical assimilé, qui est pour-,
vouloir et valoir les forment sur un radical à la fois appuyé et vocalisé,
qui est voud- et vaud- :
pouv-oir: je pour-rai, je pour-rais
(formés sur le radical latin pot-: pot-rai, d’où : por-rai, puis pour-rai).
voul-oir: je vou-d-rai, je vou-d-rais val-oir: je vau-d-rai, je vau-d-rais
(formés sur le radical latin vol-: vol-rai, (formés sur le radical latin val-: val-rai,
d’où : vol-d-rai, vou-d-rai). d’où : val-d-rai, vau-d-rai).

c. Ils ont le subjonctif présent formé sur un radical mouillé, pouvoir sur
puiss-, vouloir sur veuill- (sauf aux lre et 2e personnes du pluriel), valoir sur
vaill- : que je puiss-e, que je veuill-e, que je vaill-e,
(niais : que nous voul-ions, que vous voul-iez) .

d. Ils n’ont pas d’impératif présent régulièrement formé, sauf valoir :


[vau-x] (inusité), val-ons, val-ez (formes rares).

L’impératif régulier de pouvoir est remplacé par le subjonctif de souhait:


puisass-tu, puissions-nous, ouissiez-vous.
LÉ VERBE 18?
L’impératif régulier de vouloir est remplacé par un impératif irrégulier,
formé sur le radical veuill- :
veuill-e, veuill-ons (rare), veuill-ez.
N. B. — Ces trois verbes forment leur participe présent sur le radical plein :
pouv-ant, voul-ant, val-ant.

e. Par ailleurs, pouvoir, vouloir et valoir ont le passé simple en -us,


le subjonctif imparfait en -usse, et le participe passé en -u ; mais, si vouloir
et valoir forment ces temps sur le radical plein, pouvoir les forme sur le radical
élidé, qui est p- :
je voul-us, que je voul-usse, voul-u; je val-us, que je val-usse, val-u;
mais je p-us, que je p-usse, p-u.

3° Le verbe savoir, dont la conjugaison se rapproche et se distingue à


la fois de celle des verbes précédents (Tableau B, 1°, 3, p. 188).
a. Il a Vindicatif présent en -s, formé sur le radical abrégé, qui est sai-,
ou sur le radical plein, qui est sav-, selon que la terminaison commence
par une consonne ou par une voyelle:
( je sai-s, tu sai-s, il sai-t,
sav-oir ? .
t nous sav-ons, vous sav-ez, ils sav-ent.

b. Il a Vindicatif futur en -rai et le conditionnel présent en -rais, formés


sur le radical vocalisé, qui est sau- :
je sau-rai, je sau-rais.

c. Il a le subjonctif présent, Vimpératif présent et le participe présent formés


sur un radical mouillé, qui est sach.- :
quejesach-e; sach-e, sach-ant.

d. Par ailleurs, il a le passésimpleen -us,le subjonctif imparfait en -usse,le


participe passé en -U, et forme ces trois temps sur le radical élidé, qui est s- :
je a-us, quejes-usse, s-u.

2° Radical a consonne finale : forme réduite

264. Ont à l’infinitif un radical de forme réduite terminé par une consonne
v ou s) les verbes voir et asseoir, dont le radical v- ou ass[e]~ est un
radical élidé (Tableau B, 2°, p. 190) :
1° Le verbe voir, en règle générale, forme ses temps sur le radical plein,
qui est voy-, ou sur le radical abrégé, qui est voi-, selon que la terminaison
est sonore ou muette t
. j je voi-s, il voi-t, nous voy-ons, vous voy-ez, ils voi-ent;
V-0ir ( je voy-ais, nous voy-ions; quejevoi-e; voy-ant.

Tl a Vindicatif futur et le conditionnel présent formés sur un radical assimilé,


qui est ver- :
je ver-rai, je ver-rais
(formés sur le radical du latin vulgaire ved: ved-rai, d’où ; ver-rai).
4ÔÔ LA MORPÎIOLOGlÈ DU FRANÇAIS

Il a le passé simple en -is, le subjonctif imparfait en -isse, le participe


passé en -u, et forme ces trois temps sur le radical élidé, qui est V- :
je v-is, que je v-isse, v-u.

2° Le verbe asseoir, qui ne s’écrit avec un e qu’à Y infinitif présent, peut


former ses temps de deux manières :
a. Sur un radical plein, qui est assoy-, ou un radical abrégé, qui est
assoi-, selon que la terminaison est sonore ou muette:
- i j’assoi-s, il assoi-t, nous assoy-ons, vous assoy-ez, ils assoi-ent;
( j assoy-ais, nous assoy-ions; quejassoi-e; assoy-ant.

Il forme également sur le radical assoi- Vindicatif futur et le conditionnel


présent, dont la terminaison commence par une consonne:
j’assoi-rai, j’assoi-rais.

b. Sur un radical plein, qui est assey-, devant une voyelle, même devant
un e muet, ou sur un radical abrégé, qui est assié- ou assied-, devant une

Tableau B. — Verbes du

Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT

N. B. • • Tous les verbes du 3' Groupe en -oir ont un radical variable. 1° Radical à consonne
1° f je reçoi-s
recev-oir ' nous recev-ons je reç-us
je recev-ais je recev-rai je reeev-rais
(rad. élidé)
^ ils reçoiv-ent;
i je doi-s
dev-oir! | nous dev-ons je d-us
je dev-ais je dev-rai je dev-rais
(rad. élidé)
( ils doiv-ent;
f je meu-s
mouv-oir3 J nous mouv-ons je m-us
je mouv-ais je mouv-rai je mouv-rais
(rad. élidé)
f ils meuv-ent;
2 ° jepeu-x1
pouv-oir ) nous pouv-ons je p-us je pour-rai je pour-rais
je pouv-ais
(rad. élidé) (rad. assimilé) (rad. assimilé)
* ils peuv-ent;
, je veu-x
voul-oir < nous voul-ons je voul-ais je voul-us je vou-d-rai je vou-d-rais
' ilsveul-ent; (rad. appuyé et vocalisé)
j je vau-x je vau-d-rai || je vau-d-rais
val-oir 7 je val-ais je val-us
» nous val-ons; (rad. appuyé et vocalisé.)
3° ! jesai-s
je sav-ais je s-us je sau-rai je sau-rais
sav-oir 1 nous sav-ons; (rad. élidé) (rad. vocalisé) (rad. vocalisé)
Notes. — 1. De même : apercevoir, concevoir, décevoir, percevoir. — 2. De même : redevoir (mais part, passé : redu,
sans accent). — 3. De même: émouvoir (mais part, passé : ému, sans accent), promouvoir (seules formes usitées, en
dehors de 1 infinitif : part, présent promouvant ; part, passé promu, sans accent). — 4. Ou puis, formé sur le radical
mouillé puiss-, réduit à pin- (radical abrégé). —• 5. A remplacé puiss-ant (radical mouillé), qui subsiste comme adjectif.
LE VERBE 189
ionsonne (assié- devant un r ; assied- devant un -s, ou devant un -t, dont
le d entraîne d’ailleurs la chute) :
^ j'assied-s, il assied (sans l), nous assey-ons, vous assey-ez, ils assey-ent;
asse-oir s j’assey-ais, nous assey-ions; que j’assey-e; assey-ant;
( j’assié-rai; j’assié-rais.

Il a le passé simple en -is, le subjonctif imparfait en -isse, le participe


passé en -is, et forme ces trois temps sur le radical élidé, qui est ass- :
j’ass-is, que j’ass-isse, ass-is.

N- B- — Le verbe surseoir se conjugue comme le verbe asseoir, mais il n’a qu’un


radical plein, qui est sursoy-, et un radical abrégé, qui est sursoi-, écrit surseoi-
à l'indicatif futur et au conditionnel présent:
(jesursoi-s, il sursoi-t, nous sursoy-ons, vous sursoy-ez, ils sursoi-ent;
surse-oir < je sursoy-ais, nous sursoy-ions; que je sursoi-e; sursoy-ant;
je surseoi-rai; je surseoi-rais.

Il a le passé simple, le subjonctif imparfait et le participe passé formés sur le radical


élidé, qui est surs-: je surs-is, que je surs-isse, sur-sis.

3e GROUPE en -oir.

Subjonctif Impératif Participe

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ

.- 1

finale: forme pleine.

que je reçoiv-e
que je reç-usse reçoi-s reç-u .
que nous rec.ev-ions recev-ant
(rad. élidé) recev-ons; (rad. élidé) ayant reî'u
qu’ils reçoiv-ent;
que je doiv-e d-û ayant d-û
que je d-usse doi-s [rare]
que nous dev-ions dev-ant (rad. élidé)
(rad. élidé) dev-ons;
qu’ils doiv-ent; [Écrire : due, dus, dues, sans accent.]
que je meuv-e m-û | ayant in-ù
que je m-usse meu-s
que nous mouv-ions mouv-ant (rad. élidé)
(rad. élidé) mouv-ons;
qu’ils meuv-ent; [Écrire: mue, mus, mues, sans accent.]

que je puïss-e que je p-usse p-u


[inusité] pouv-ant6 ayant p-u
(rad. mouillé) (rad. élidé) (rad. élidé)

que je veuill-e
veuill-e
(rad. mouillé, que je voul-usse voul-ant® voul-u ayant voul-u
(rad. mouillé)
sauf : voul-ions, voul-iez.
que je vaill-e vau-x [rare]
(rad. mouillé)
que je val-usse val-ant8 val-u ayant val-u
val-ons;

que je sach-e que je s-usse sach-e sach-ant9 s-u


(rad. mouillé) (rad. élidé) | (rad. mouillé) (rad. mouillé) (rad. élidé)
ayant s-u

— 6. A remplacé veuill-ant (radical mouillé), qui subsiste, sous une forme altérée, dans les adjectifs bienveillant et
malveillant. —• 7. 0e même équivaloir, prévaloir (mais subjonctif présent : que je prévale), revaloir. —■ 8. A remplacé
vaill-ant (radical mouillé), qui subsiste comme adjectif. •—• 9. A remplacé sav-ant (radical plein), qui subsiste comme
adjectif. — [Voir la suite du Tableau p. 190.]
Infinitif
Condi¬
Indicatif
tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT

2° Radical à consonne

je voi-s .
je v-is je ver-rai
v-oir1 | nous voy-ons je voy-ais je ver-rais
(rad. élidé) (rad. assimilé) (rad. assimilé)
ils voi-ent;
j’assoi-s
nous assoy-ons j’assoy-ais j’as9oi-rai j’assoi-rais
\ ils assoi-ent,
j’ass-is
ass|e]-oirs < ou ou (rad. élidé)
j’asssed-s
nous assey-ons j’assey-ais j’ass'é-rai j’assié-rais
\ ils assey-ent;
je sursoi-s
sur6[6j-oir ^ nous sursoy-ons jesursoy-ais je surs-is
je surseoi-ra: jesurseoi-rais
(rad. élidé)
ils sursoi-ent;

Notes. — i. De même : entrevoir, pourvoir (mais passé simple : je pourvus; indicatif futur : je pourvoirai ; condi¬
tionnel présent : je pourvoirais ; subjonctif imparfait: que je pourvusse), prévoir (mais indicatif futur : je prévoirai;

265. Les verbes du 3e Groupe en ~re. — Les verbes du 3e Groupe en


-re peuvent se répartir en deux catégories, selon qu’ils ont un radical inva¬
riable ou un radical variable.
Dans chaque catégorie, les uns, les plus nombreux, ont à l’infinitif le radical
terminé par une consonne, les autres le radical terminé par une voyelle.

N. B. — Ces verbes ont tous Vindicatif présent et l'impératif présent en -s, Vindi¬
catif futur en -rai et le conditionnel présent en -rais.
Les verbes à radical invariable terminé par une consonne ont, en règle générale,
le passé simple en -is, le subjonctif imparfait en -isse, le participe passé en -u,
exceptionnellement en -is.
Les verbes à radical invariable terminé par une voyelle ont le passé simple en -is
ou en -us, le subjonctif imparfait en -isse ou en -usse, le participe passé en -i ou
en -u.
Les verbes à radical variable ont le passé simple généralement en -is, quelquefois
en -us; le subjonctif imparfait en -isse, quelquefois en -usse; le participe passe
généralement en -t, quelquefois en -u, exceptionnellement en is, en-i ou en -é.

I. — VERBES A RADICAL INVARIABLE

1° Radicai. a consonne finale

266. Ont le radical invariabl© terminé par une consonne t


i° Les verbes en -andre, -endre isauf prendre, § 268, 1°) ou -ondr»
Subjonctif Impératif Participe

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ

finale: forme réduite.

que je voi-e
que je v-isse voi-s V-U
que nous voy-ions voy-ant ayant v-u
(rad. élidé) voy-ons; (rad. élidé)
qu’ils voi-ent;
que j’assoi-e
assoi-s
que nous assoy-ions assoy-ant
qu’ils assoi-ent, assoy-ons,
que j’ass-is^e ass-is
ou (rad. élidé) ou ou (rad. élidé) ayant ass-is
assied-s
que j’assey-e; assey-ant
assey-ons;
que je sursoi-e
sursoï-s
que nous sursoy-ions que je surs-isse sursoy—mt
surs-is
ayant surs-is
(rad. élidé) sursoy-ons; (rad. élidé)
qu’ils sursoi-ent;

conditionnel présent : je prévoirais), revoir. — 2. De même : rasseoir (usité surtout, comme asseoir, à la forme prono¬
minale : s’asseoir, se rasseoir). Pour le verbe simple seoir, voir § 270, Tableau D, III, p. 209).

et les verbes en -erdre ou -ordre, dont le radical est terminé par un d


(Tableau C, I, 1°, 1, p. 200) :
épand-re, vend-re, tond-re, perd-re, mord-re.

Ces verbes forment régulièrement tous leurs temps sur ce radical, dont ils
gardent le d final devant une consonne comme devant une voyelle; à l’indicatif
présent, 3e personne du singulier, ce d entraîne la chute de la terminaison t:

jerend-s, il rend (sans t), nous rend-ons ; jerend-ais; jerend-is;


jerend-rai, je rend-rais;
rend-re
quejerend-e, que je rend-isse; rend-s;
rend-ant, rend-u.

2° Les verbes en -ompre, dont le radical est terminé par un p (Tableau C,


t, 1°, 2, p. 200) : romp_re.

Ces verbes forment régulièrement tous leurs temps sur ce radical, dont ils
gardent le p final devantune consonne comme devant une voyelle; à l’indicatif
présent, 3e personne du singulier, ce p laisse subsister la terminaison t :
je romp-s, il romp-t (avec t), nous romp-ons; jeromp-ais; jeromp-ia;
jeromp-rai, je romp-rais;
romp-re
que je romp-e, que je romp-isse; romp-s;
romp-ant, romp-u.
192 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

3° Les verbes en -attre et en -ettre, dont le radical se termine par un


double t (Tableau C, I, 1°, 3, p. 200) :
batt-re, mett-re.

a. Les verbes en -attre forment régulièrement tous leurs temps sur ce


radical, dont ils gardent le double t final devant une consonne comme
devant une voyelle, sauf aux formes du singulier de l’indicatif présent et de
l’impératif présent, où les deux t se réduisent à un seul ; à la 3e personne de
l’indicatif présent, ce t entraîne la chute de la terminaison t :
jebat-s, il bat, nous batt-ons ; jebatt-ai3; jebatt-ls;
batt-re
(rad. abrégé : bat-, je batt-rai ; je batt-raîs ;
avec t muet) quejebatt-e; que je batt-isse ; bat-s;
batt-ant, batt-u.

b. Les verbes en -ettre forment leurs temps comme les verbes en -attre,
sauf le passé simple, le subjonctif imparfait et le participe passé, qu’ils forment
sur le radical élidé1 ; ils ont le participe en -is, et non en -u :

mett-re je met-8, il met, nous mett-ona ; je mett-ais ; je m-is ;


(rad. abrégé : met-, je mett-rai ; je mett-rais ;
rad. élidé : m-) quejemett-e; quejem-lsse; met-s ;
mett-ant, m-ia.

4° Le verbe vaincre, dont le radical se termine par un c (Tableau C, I,


1°, 4, p. 200) : vaincre.

Ce verbe forme régulièrement tous ses temps sur ce radical, dont il garde
le c final devant une consonne comme devant une voyelle, mais en le repré¬
sentant par qu- devant toutes les voyelles saufu; à l’indicatif présent, 3e per¬
sonne du singulier, le c entraîne la chute de la terminaison t :
vaincre ( vaine—s, il vainc (sans t), nous vainqu-ons; je vainqu-ais ;
(radical- ) jevainqu-is; jevainc-rai; je vainc-rais;
vainc- ou vainqu-) ) que je vainqu-e ; que je vainqu-isse ; vainc-s;
l vainqu-ant; vainc-u.

N. B. — L’orthographe qu- a pour but de conserver au c le son dur à toutes les


formes du verbe; elle se trouve devant les voyelles a, e, i, o, bien qu’elle ne soit
indispensable que devant un e ou un i, où le c a normalement le son doux.

2° Radical a voyelle finale

287. Ont le radical invariable terminé par une voyelle les verbes conclure
et rire, dont le radical est respectivement en -u et en -i (Tableau C, I.
2°, p. 200) : conclu-re, ri-re.

i. Malgré cette modification du radical, limitée d’ailleurs à trois temps, il nous a paru pédagogiquement
utile de présenter ces verbes avec les verbes à radical « invariable » : les verbes en -ettre ressemblent trop aux
verbes en -attre pour en être séparés ; de même, plus bas (§ 267), les verbes conclure et rire diffèrent trop des
verbes en -ne à radical variable (§ 269, 20) pour en être rapprochés.
I. K VEH BE
193

Ces verbes forment régulièrement leurs temps sur ce radical, sauf le passé
simple, le subjonctif imparfait et le participe passé, qu’ils forment sur le
radical élidé :
je conclu-s, il conclu-t, nous conclu-ons; je conclu-als; jeconcl-us;
oonclu-re je conclu-rai ; je conclu-rais;
(rad. élidé : concl-) que je conclu-e; que je concl-usse; conclu-s;
conclu-ant; concl-u.
je ri-s, il ri-t, nous ri-ons; je ri-ais; je r-ls;
rl-re jeri-rai; jeri-rais;
(rad. élidé : quejeri-e, que je r-isse ; ri-a;
ri-ant, r-i.
N. B. — L’i final du radical du verbe rire ne s’élide pas devant Pi initial de la
terminaison -ions (1» personne du pluriel ; indicatif imparfait et subjonctif présent):
nous ri-ions comme nous conclu-ions
(si cet i s’élidait, nous r-ions, à l’indicatif imparfait, se confondrait avec nous ri-ons, de l’indicatif présent).

II. — VERBES A RADICAL VARIABLE

1° Radical a consonne finale

268. Ont le radical variable terminé par une consonne:

1° Les verbes prendre, coudre et moudre, dont le radical est terminé


par un d (Tableau C, II, 1°, 1, p. 202) :
prend-re, coud-re, moud-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical appuyé (§ 240, N. B., 2°, d).
Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification; mais, à
l’indicatif présent, 3e personne du singulier, son d final entraîne la chute de
la terminaison t :
prend-re \ . je Prend~8. jl Prend (3ans V /
( je prend-rai ; je prend-rais; prend-s.
coud-re j je coud-s, il coud (sans t);
l jecoud-rai; je coud-rais; coud-8.

moud-re f , d moud (sans t);


t jemoud-rai; jemoud-rais; moud-9.

Devant une voyelle, le radical change de forme:

a. Dans le verbe prendre, le radical appuyé prend- est remplacé à tous


les temps, sauf au passé simple, au subjonctif imparfait et au participe
passé, par le radical plein, qui est pren- (forme atone) ou prenn- (forme
tonique), selon que la terminaison est sonore ou muette:
prend-re ( nous pren-ons, ils prenn-ent ; je pren-ais ;
(rad. plein: que je prenn-e, que nous pren-ions; qu’ils prenn-ent;
pren-ou prenn-) ( pren-ant.
Cayrou. — Grammaire française. 7
194 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Au passé simple, qui est en -is, au subjonctif imparfait, qui est en -isse,
et au participe passé, qui est en -is, le radical appuyé est remplacé par le
radical élidé, qui est pr- :
prend-re ( je pr-is; que je pr-isse;
(rad. élidé : pr-) ( pr-is.

b. Dans les verbes coudre et moudre, le radical appuyé, coud- ou


moud-, est remplacé à tous les temps, même au passé simple, au subjonctif
imparfait et au participe passé, par le radical plein, qui est cous- ou moul-1 :
coud-re1 ( nous cous-ons, ils cous-ent; je cous-ais;
(rad. plein : 1 que je cous-e, que nous cous-ions, qu’ils cous-ent;
cous-) ( cous-ant.
moud-re i nous moul-ons, ils moul-ent; je moul-ais;
(rad. plein : 5 que je moul-e, que nous moul-ions, qu’ils moul-ent;
moul-) ( moul-ant.

Ces deux verbes ont respectivement le passé simple en -is et en -us, le


subjonctif imparfait en -isse et en -usse, mais ils ont l’un et l’autre le
participe passé en -u :
je cous-is, que je cous-isse, cous-u;
je moul-us, que je moul-usse, moul-u.

2° Les verbes en -aindre, -eindre ou -oindre, dont le radical est


terminé par un d (Tableau C, II, 1°, 2, p. 202) :
craind-re, peind-re, joind-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical appuyé.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucuns modification, sauf
devant un s ou un t, où il est remplacé par le radical plein, qui est en
-ain-, -ein- ou -oin- (crain-, pein-, join-) :
craind-re : je craind-rai, je cralnd-rais;
mais ) je crain-s, ii crain-t;
(rad. plein: crain-) ( crain-s.

peind-re: je peind-rai, Je peind-rais; joind-re: je joind-rai, Je joind-rais;


mais i je pein-s, il pein-t; mais i jejoin-s, il join-t;
(rad. plein : pein-) ( pein—s. (rad. plein : join-) ( join-s.

Il en est ainsi, en particulier, au participe passé, qui est terminé par un t :


crain-t, pein-t, join-t.

Devant une voyelle, le radical appuyé est également remplacé par le


radical plein, mais à tous les temps, même au passé simple, qui est en -is,
et au subjonctif imparfait, qui est en -isse, l’n final de ce radical se change

i. Les verbes coudre et moudre viennent des verbes oos-ere (latin vulgaire) et mol-ere (latin classique), d’où
les radicaux cous- et moul-.
LE VERBE 195

en -gn- feraign-, peign-, joign-) [radical mouillé, § 240, 1°, N. B., g] :


craind-re ( nous oraign-ons ; je craign-ais ;
(rad. mouillé : / que je oraign-e ; craign-ant;
craign-) ( jecraîgn-is; que je craign-isse.
pelnd-re ( nous peign-ons ; je peign-ais; Joind-re ( nous joign-ons ; jejoign-ais;
rad. mouillé: < que je peign-e ; peign-ant; (rad. mouillé : j que je joign-e ; jolgn-ant;
peign-) ( je peign-is; que je peign-isse. joign-) [ jejoign-is; que je joign-isse.

3° Les verbes en -soudre, dont le radical est terminé par un d (Tableau C,


II, 3, p. 202) : résoud-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical appuyé.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification, sauf devant
un s ou un t, où il est remplacé par le radical abrégé, de forme vocalisée,
qui est en -sou- (résou-) :
résoud-re: je résoud-rai, je résoud-rais;
mais ( je résou-s, il résou-t;
(rad. abrégé : résou-1) ( résou-s.

Devant une voyelle, le radical appuyé est remplacé à tous les temps, sauf
au passé simple, au subjonctif imparfait et au participe passé, par le radical
plein, qui est en -solv- (résolv-) :
résoud-re ( nous résoiv-ons ; je résoiv-ais ;
(rad. plein : résol v-) { que je résolv-e; résoiv-ant.

Au passé simple, qui est en-us, au subjonctif imparfait, qui est en -usse,
et au participe passé, qui est en -u, le radical appuyé est remplacé par le
radical abrégé, de forme non vocalisée, qui est en -sol- (résol-) :
résoud-re ( je résol-us ; que je résol-usse ;
(rad. abrégé : résol-) ( résol-u.

4° Les verbes en -aître et en -oître, dont le radical est terminé par un t


(Tableau C, II, 1°, 4, p. 202) :
connatt-re, croît-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical appuyé.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification, sauf devant
un s ou un t, où il est remplacé par le radical abrégé, qui est en -ai
(connai-) ou en -oi (croi-) :
connaît-re: je connatt-rai, je connatt-rais; croît-re: je croît-rai, je croît-rais;
mais ( je connai-s, il connaî-t; mais ( je oroî-s, il croî-t;
(rad. abrégé : connai-) t connai-s. (rad. abrégé : croît-) ( croî-s.

i. Le radical plein de ce verbe est résolv-; le radical abrégé eat réaol-, dont résou- est la forma
vocalisée (§ 340, N. B., 2% e).
196 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Devant une voyelle, le radical appuyé est remplacé à tous les temps, sauf
au passé simple, au subjonctif imparfait et au participe passé, par le radical
plein, qui est en -aiss- (connaiss-) ou en -oiss- (croiss-) :
connatt-re J nous connaiss-ons ; je connaiss-ais ;
(rad. plein: connaiss-) ( que je connaiss-e ; connaiss-ant.
croît-re j nous croisa-ons ; je croiss-ais ;
(rad. plein : croiss-) ( que je croiaa-e ; croiss-ant.

Au passé simple, qui est en -us, au subjonctif imparfait, qui est en -usse,
et au participe passé, qui est en —u, le radical appuyé est remplacé par le
radical élidé, qui est conn— ou cr— ï
connaît-re 1 je conn-us ; que je conn-usse;
(rad. élidé: conn-) ( oonn-u.
croît-re J je cr-ûs; que je cr-ûsse ;
(rad. élidé: cr-) ( or-û.

g, _ io Le verbe naître forme le passé simple et le subjonctif imparfait sur îo


radical irrégulier naqu- :
je naqu-is; que je naqu-isse.

Son participe passé, formé sur le latin nalus (radical anormal), est exceptionnel¬
lement en -é : né.
2° Les verbes en -aître et en -oître ont un accent circonflexe sur l’i du radical,
quand cet i est suivi d’un t:
connalt-rc : il connaît, je connaît-rai, je connaît-rais;
croît-re: il croît, je croît-rai, je crott-rais.

Le verbe croître a, en outre, l’accent circonflexe aux formes suivantes, qui se


distinguent ainsi des formes homonymes du verbe croire (§ 269, 3°) :
je croî-s, lu croî-s; je cr-ûs, etc.; que je cr-ûsse, etc.
crû
(mais on écrit, sans accent: crue, crus, crues).

5° Les verbes en -ivre, dont le radical est terminé par un v (Tableau C,


II, i°, 5, p. 204) :
suiv-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, le radical plein.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification, sauf devant
un s ou un t, où il perd son V final et est remplacé par le radical abrégé,
qui est en -ni— (sui—) :
suiv-re: jesuiv-rai, jesuiv-rais;
mais 1 jesul-s, il sui-t;
(rad. abrégé : sut-) ( sui-s.

Devant une voyelle, le radical plein ne subit aucune modification, même


au passé simple, au subjonctif imparfait et au participe passé :
LE VERBE 197
suivre \ nous suiv -ons; jesuiv-ais;
(rad. plein: suiv-) . que je suive; suivant;
( je suiv-is; que je suiv-isse; suiv-i.

B- — Le verbe vivre forme le passé simple, le subjonctif imparfait et le parti¬


cipe passé sur le radical irrégulier véc- :
jevéc-us; que je véc-usse; véc-u.

2° Radical a voyelle finale

269. Ont le radical variable terminé par une voyelles


1° Les verbes en -[ujire, dont le radical est terminé par un i précédé
d une voyelle, et le verbe écrire, dont le radical est terminé par un i pré¬
cédé d’une consonne (Tableau C, II, 2°, 1, p. 204) :
cui-re, écri-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical abrégé.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification, même au
participe passé, qui, en règle générale, est en t :
cui-re ( jecui-s, ilcui-t; écri-re ( j’écri-s, il écri-t-
(rad. abrégé: / je cui-rai, je cui-rais; cui-s; (rad. abrégé : J j’écri-rai, j’écri-rais- écri-s
oui-) ( cui-t. écri-) ( écri-t. ’

N. B. —- Les verbes luire et nuire ont le participe passé en i, formé sur le


radical élidé, qui est lu- et nu- :
lui-re: lu-î; nui-re: nu-i.

Devant une voyelle, le radical abrégé est remplacé, même au passé simple
et au subjonctif imparfait, par le radical plein, qui est en —is— dans les verbes
en -[u]ire (cuis-) et en -iv- dans le verbe écrire (écriv-) :
cui-re i nous cuis-ons; jecuis-ais; écri-re ( nous écrivons ; j’écrivais •
(rad. plein: 1 que je cuis-e ; cuis-ant ; (rad. plein : J que j’écriv-e ; écri v-ant • ’
cuis-) ( je cuis-is; que je cuis-isse. écriv) f j’écrivis; que j'écrivisse.

2° Les verbes en —ire (sauf écrive), dont le radical est terminé par un i
précédé d’une consonne (Tableau C, II, 2°, 2, p. 204):
confi-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical abrégé.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification, même au
participe passé, qui est généralement en -t :
confi-re ( je confï-s; ilconfi-t;
(rad. abrégé : / jcconfi-rai; confi-rais; confl-s ;
confi-1 ( confl-t.

N. B. — Les verbes lire et suffire ont le participe passé respectivement en -u


ou en -i, formé sur le radical élidé, qui est I- et suff- :
ll-re : J-u ; euffi-ro : sufT-i.
198 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Devant une voyelle, le radical abrégé est remplacé à tous les temps, sauf
au passé simple et au subjonctif imparfait, par le radical plein, qui est en
-is- (confis-) :
confi-re ( noug oonfis-ons, ils oonfls-ent ; je confîs-ais;
(rad. plein: confis-) I que je confls-e ; confis-ant.

Au passé simple et au subjonctif imparfait, le radical abrégé est remplacé


par le radical élidé (conf-) :
confi-re
je conf-is; que je eonf-issc.
irad. élidé: conf-)

N. b. — 1° Le verbe dire et son composé redire forment irrégulièrement la


2« personne du pluriel du présent de Vindicatif et de l'impératif en ajoutant au radical
abrégé, qui est di-, la terminaison anormale -tes:
vousdi-tes, vous redi-tes; di-tes, redi-tes.

Les autres composés du même verbe forment régulièrement cette personne en


ajoutant au radical plein, qui est dis-, la terminaison normale -ex:
[vous] contredis-ez, [vous] médis-ez, [vous] interdis-ez, [vous] prédis-ez.

2° Le verbe lire a son passé simple en -us et son subjonctif imparfait en -usse,
formés sur le radical élidé : je l-us; que je l-usse.

3° Les verbes en -aire (sauf faire) et en -oire (c’est-à-dire boire et


croire), dont le radical est respectivement en -ai et en -oi (Tableau G, II,
2», 3, p. 204)
plai-re, boi-re, croi-re.

Le radical de ces verbes est, à l’infinitif, un radical abrégé.


Devant une consonne, ce radical ne subit aucune modification t
plai-re j je plai-s, ilplaî-t;
(rad. abrégé: plai-) ( je plai-rai, je plai-rais; plai-s.
boi-re ( je boi-s, il boi-t;
(rad. abrégé : boi-) ( je boi-rai, jeboi-rais; boi-s.
croi-re ( je croi-s, il croi-t ;
(rad. abrégé: croi-) i je croî-rai, je croi-rais ; croi-s.

N. B. — Le verbe plaire, à la 3e personne du singulier de Vindicatif présent, a un


accent circonflexe sur l’i du radical:
il piat-t
(mais on écrit, sans accent : il tai-t).

Devant une voyelle, le radical abrégé des verbes en -aire est remplacé à
tous les temps, sauf au passé simple, au subjonctif imparfait et au parti¬
cipe passéj par le radical plein, qui est en -ais- (plais-) :
p!al-re t nous plals-ons; jeplala-ais;
(rad. plein : plaie-) ( que je ptaie-e; plais-ant.
I.F VERBE
199
Le radical abrégé du verbe boire est remplacé, dans les mêmes conditions,
par le radical plein, qui est buv- (forme atone) ou boiv- (forme tonique),
selon que la terminaison est. sonore ou muette :
boi-rc . nous buv-ons, ils boiv-ent ; je buv-ais ;
(rad. plein : que je boiv-e, que nous buv-ions, qu’ils boiv-ent ;
buv- ou boiv-) ( buv-ant.

Le radical abrégé du verbe croire ne subit aucune modification ou est


remplacé par le radical plein, qui est croy-, selon que la terminaison est
muette ou sonore :

croi-re nous croy-ons, ils croï-ent ; je croy-ais ;


(rad. abrégé : cpoi- ;
que je croi-e, que nous croy-ions, qu’ils croi-ent;
rad. plein : croy-)
croy-ant.

Au passé simple, au subjonctif imparfait et au participe passé, qui est en


-11, le radical abrégé est remplacé par le radical élidé, qui estpl-, b- ou cr- :
plaire ( je pl-us; que je pl-usse;
(rad. élidé: pi-) ( pl-u.
boi-re ( jeb-us; que je b-usse croi-re
(rad.élidé : b-) j jecr-us; que je cr-usse;
b-u. (rad. élidé : cr-) cr-u1.

, ?;■ B' VCrî)e faire> ,J’une fa5°n générale, forme ses temps comme les autres
n.,i ~a‘re’iC est'a'd're snr le radical abrégé, qui est fai-, ouïe radical plein,
vo clle- îaiS~’ Sel°n que la terrmnaison commence par une consonne ou par une
y je fai-s, il fai —t ;
nous fais-ons; je fais-ais, nous fais -ions; fais -ant.

De même, comme les autres verbes en -aire, il remplace, au passé simple et au


subjonctif imparfait, le radical abrégé par le radical élidé, qui est f- :
je f-is, que je f-isse.
Mais il forme irrégulièrement:
a La 2* personne du pluriel du présent de Vindicatif et de Vimpératif en ajoutant au
ra îcad abrégé la terminaison anormale -tes, et la 39 personne du pluriel en ajoutant
au radical élidé la terminaison anormale -ont :
vous fai-tes ; fai-teaj ils f-ont.

b. L'indicatif futur et le conditionnel présent sur le radical fe-:


je fe-rai ; je fe-rais.

c. Le subjonctif présent sur un radical mouillé, qui est fass- (§ 240, N. B., 2°, g) :
que je fass-e.

A. Le participe passé sur le radical abrégé fai-, auquel il ajoute la terminaison t:


fai-t.

.La conjugaison du verbe boite sera utilement rapprochée de celle du verbe recevuir (§ 263, i°), et la cou
jugaison du verbe croire de celle du verbe voir (§ 264, i°).
Tableau C. — Verbes du
200

CONDI¬
Infinitif Indicatif TIONNE!.

IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT


PRÉSENT PRÉSENT

I. — Verbes à
10 Radical à
1"

j’épand-ais j’épand-is J’épand-rai j'épand-rais


êpand-re1 j’épand-s*
je défend-ais je défend-is je défend-rai je défend-rais
défend-re je défend-s
je descend-ais je descend-is je descend-rai je descend-rais
descend-re3 je descend-s
je fend-s je fend-ais je fend-is je fend-rai je fend-rais
fend-re4
je pend-s je pend-ais je pend-is je pend-rai je pend-rais
pend-re3
rend-re je rend-s je rend-ais je rend-is je rend-rai je rend-rais
je tend-s je tend-ais je tend-is je tend-rai je tend-rais
tend-re 9
je vend-s je vend-ais je vend-is je vend-rai je vend-rais
vend-re7
fond-re 8 je fond-s je fond-ais je fond-is je fond-rai je fond-rais
pond-re je pond-s je pond-ais je pond-is je pond-rai je pond-rais
répond-re9 1 je répond-s je répond-ais je répond-is je répond-rai je répond-rais
tond-re je tond-s je tond-ais je tond-is je tond-rai je tond-rais

perd-re je perd-s je perd-ais je perd-is je perd-rai je perd-rais


mord-re10 i je mord-s je mord-ais je mord-is je mord-rai je mord-rais
tord-re11 je tord-s je tord-ais je tord-is je tord-rai je tord-rais


romp-re1! je romp-sls je romp-ais je romp-is je romp-rai je romp-rais

3 ° ( je bat-s
batt-ro14 il bat15 je batt-ais je batt-is je batt-rai je batt-rais
f nous battons;
i. je met-s
je m-is je mett-rai je mett-rais
mett-re16 < il met15 je mett-ais (rad. élidé)
‘ nous mett-ons;
4° Il . . la
,, jevainc-s18 je vaînqu-ais je vainqu-is je vainc-rai je vainc-rai
vainc-re17
( nous vainqu-ons;

NOXES. — De même: répandre. — 2. 3e pers. du sing. sans i, dans tous les verbes de cette série: dp and, etc. —
3. De même: condescendre, redescendre. — 4. De même: pourfendre, refendre. — 5. De même : appendre, dépendre, 1
rependre, suspendre. — 6. De même: attendre, étendre, détendre, distendre, entendre, étendre, prétendre, retendre. —j
7. De même: revendre. — 8. De même: confondre, refondre, morfondre (se). — 9. De même: correspondre. — 10. De|

2" Radical à

Je conclu-s Je conclu-ais je concl-us


oonolu-re1 j (rad. élidé) je conclu-rai je conclu-rais
nous conclu-ons; nom conclu-ions
je ri-s je ri-ais je r-is
rl-ro3 j (rad. élidé) je ri-rai je ri-rais
nous ri-ons; nous ri-ions3;

NoTit9. — 1. De même ; exclure; inclure (seules tonnes usitées: inclus, incluse); reclure (seules formes usitées :
3® GROUPE en -re 201

Impé¬
Subjonctif Participe
ratif

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ


1
l

radical invariable.
consonne finale.

que j’épand-e que j' épand-isse épand-s épand-ant épand-u ayant épand-u
que je défend-e que je défend-isse défend-s défend-ant défend-u ayant défend-u
que je descend-e que je descend-isse descend-s descend-ant descend-u ayant descend-u
que je fend-e que je fend-isse fend-s fend-ant fend-u ayant fend-u
que je pend-e que je pend-isse p end-s pend-ant pend-u ayant pend-u
que je rend-e que je rend-isse rend-s rend-ant rend-u ayant rendu
que je tend-e que je tend-isse tend-s tend-ant tend-u ayant tend-u
que je vend-e que je vend-isse vend-s vend-ant vend-u ayant vend-u
que je fond-e que je fond-isse fond-s fond-ant fond-u ayant fond-u
que je pond-e que je pond-isse pond-s pond-ant pond-u ayant pond-u
que je répond-e que je répond-isse répond-s répond-ant répond-u ayant répond-u
que je tond-e que je tond-isse tond-s tond-ant tond-u ayant tond-u

que je perd-e que je perd-isse perd-s perd-ant perd-u ayant perd-u


que je mord-e que je mord-isse mord-s mord-ant mord-u ayant mord-u
que je tord-e que je tord-isse tord-s tord-ant tord-u ayant tord-u

que je romp-e que je romp-isse romp-s romp-ant romp-u ayant romp-u

que je batt-e que je batt-isse bat-s batt-ant batt-u ayant batt-u

que je m-isse
met-s
m-is ayant m-is
que je mett-e (rad. élidé) mett-ant (rad. élidé)

que je vainqu-e que jevalnqu-isse vainc-s vainqu-ant vainc-u ayant vainc-u

même: démordre, remordre. —- u. De meme: détordre, retordre. —• 12. De même: corrompre, interrompre. — 13. 3e pers.
du sing. avec un t: romp-t. — 14. De même : abattre, combattre, débattre, ébattre (s’), rabattre, rebatlre. — 15. 3e pers.
du sing. sans autre t que celui du radical. — 16. De même : admettre, commettre, démettre, émettre, entremettre (s’), omettre,
permettre, promettre, remettre, soumettre, transmettre. — 17. De même : convaincre. — 18. 36 pers. du sing. sans t: vainc.

voyelle finale.

que je conclu-e que je concl-usse conol-u


(rad. élidé) conclu-s conclu-ant (rad. élidé) ayant concl-u
que nous conclu-ions
que je ri-e que je r-isse r-i
(rad. élidé) ri-s ri-ant (rad. élidé) ayant r-i
que nous ri-ions8;

reclus, recluse). — 2. De même : sourire. — 3. Noter l’absence d'élision (§ 367, N. B.). — [Voir la suite du Tableau p.303.]
Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT

II. — Verbes à
1° Radical à
r Je prend-s3
Je pr-is
prend-re1 nous pren-ons je pren-ais je prend-rai je prend-rais
(rad. élidé)
ils prenn-ent;
( je coud-s2
coud-re3 je cous-ais je coua-is je coud-rai je coud-rais
) nous coua-ons;
{ je moud-sa
moud-re je moul-ais je moul-us je moud-rai je moud-rais
t nous moul-ons;

oontraind- je contrain-s je contraign¬ je contraind¬ je contraind¬


je contraign-is
nous contraign-ons ais rai rais
( je crain-s
craind-re je craign-ais je craign-is je craind-rai je craind-rais
( nous craign-ons;
(je plain-s
plaind-re je plaign-ais je p!aign-is je plaind-rai je plaind-rais
t nous plaign-ons;
astreind- f j’astrein-s j’astreign-
j’astreign-is j’astreind-rai j’astreind-rais
fre nous astreign-ons; [ais
.... 1 j’attein-s
atteind-re > ... j’atteign-ais j’atteign-is j’atteind-rai j’atteind-rais
( nous atteign-ons;
. . (je cein-s
ceind-re \ je ceign-ais je ceign-is je ceind-rai je ceind-rais
( nous ceign-ons;
empreind- j j’emprein-s j’empreign-
j’empreign-is j’empreind-rai j’empreind-rais
[re^ nous empreign-ons ,ais
j’enfrein-s j’enfreign-
enfrelnd -rej [ais j’enfreign-is j’enfreind-rai j’enfreind-rais
nous enfreign-ons;
j’étein-s
éteind-re j j’éteign-ais j’éteign-is j’éteind-rai j’éteindr-ais
nous éteign-ons;
je fein-s
feind-re j je feign-ais je feign-is je feind-rai je feind-rais
nous feign-ons;
je gein-s
goind-re \ je geign-ais je geign-is je geind-rai je geind-rais
nous geign-ons;
je pein-s
pelnd-ra 5 je peign-ais je peign-is je peind-rai je peind-rais
nous peign-ons;
£ je tein-s
teind-re 6 je teign-ais je telgn-is je teind-rai je teind-rais
) nous teign-ons;
^ je join-s
joind-ro 7 je joign-ais je Joign-is je joind-rai je joind-rais
( nous joign-ons;
3*
je résou-s je résol-us
rèsoud-re8 je rêsolv-ais je résoud-rai Je résoud-rais
nous ré8olv-ons; (rad. abrégé)

je connai s je connaiss- je conn-us
connaît-re9 [ais (rad. élidé) je connaît-rai je connaît-rais
i nous connaiss-ons;
je nai-s je naqu-is
naît-ro10 je naiss-ais (rad. irrégulier) je nalt-rai je nuît-rais
nous naiss-ons;
je par-us
paraît-r«11 i je parai-s . jeparaiss-ais je paraît-rai je paralt-raia
v X nous paraiss-ons; (rad. élidé)
i j e croî-s13 je cr-ûs14
je croi98~ais (rad. élidé) je crolt-rai Je croît-rais
/ nous orolee-oa*;
IVoir la “'.iW rt"' T»bleau p. 204.]
Impé¬
Subjonctif Participe
ratif

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ

radical variable.
consonne finale.
que je prenn-e
que nous pren-ions que je pr-isse pr-ls
(ra . élidé) prend-s pren-ant ayant pr-is
qu’ils prenn-ent; (rad. élidé)

que je cous-e que je cous-isse coud-s oous-ant COU8-U ayant cous-u

que je moul-e que je moul-usse moud-s moul-ant moul-u ayant moul-u

que je contraign-e quejecontraïgn- contrain-s contraign-


contrain-t arant contrain-t
[isse [ant
que je craign-e que jecraigri-isse crain-3 craign-ant crain-t ayant crain-t

que je plaign-e que je plaign-isse plain-s plaign-ant plain-t ayant plahi-t

que j astreign¬
que j'astreign-e astrein-s astreign-ant astrein-t ayant astrein-t
isse
que j’atteign-e que j ’atte i g n -isse attein-s atteign-ant attein-t ayant attein-t

que je ceign-e que je ceign-isse cein-s ceign-ant cein-t ayant cein-t


que j empreign¬ empreign-
que j’empreign-e emprein-s emprein-t ajant emprein-t
isse [ant
que j'enfreign-
que j’enfreign-e enfrein-s enfroign-ant enfrein-t ayant enfrein-t
[isse
que j’éteign-e que j’éteign-isse étein-s étcign-ant étein-t ayant étein-t

que je feign-e que je felgn-isse fein-s feign-ant fein-t ayant fein-t

que je geign-e que je geign-isse gein-s geign-ant gein-t ayant gein-t

que je peign-e que je peign-isse pein-s poign-ant pein-t ayant pein-t

que je telgn-e que je teign-isse tein-s teign-ant tein-t ayant tein-t

que je jolgn-e que je joign-isse join-s joîgn-ant join-t ayant join-t

que je résol-usse résol-u


que je résolv-e résou-s résolv-ant ayant résol-u
(rad.abrégé) (rad. abrégé)

que je conn-usse conn-u


que je connaiss-e (rad. élidé) connai-s connaiss-ant ayant conn-u
(rad. élidé)
que je naqu-isse n-ê
que je naiss-e (rad. irrégulier) nai-s naiss-ant étant n-6
(rad. élidé)
que je par-usse par-u
que je paralss-e (rad. élidé) parai-s paraiss-ant ayant par-u
(rad. élidé)
que je cr-ûsse1* cr-û ayant cr-û
que je croiss-e (rad. élidé) croî-s13 orolsa-ant
(rad. é lidé)
[Écrire : crue, crus, •rues sans accent]
Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT


je sui-s
suiv-re15 je suiv-ais je suiv-is je suiv-rai je suiv-rais
nous suiv-ons ;
je vi-s je véc-us
viv-re19 je viv-ais je viv-rai je viv-rais
nous viv-ons ; (rad. irrégulier)

Notes. — i. De même : apprendre, comprendre, éprendre (s*), entreprendre, méprendre (se), reprendre, surprendre. —
2.3e pers. du sing. sans t: prend, coud, moud. — 3. De même : découdre, recoudre. —- 4. De même : étreindre, restreindre.
— 5. De même : dépeindre, repeindre. — 6. De même : déteindre, reteindre. — 7. De même : adjoindre, disjoindre,
enjoindre, rejoindre. — 8. De même : absoudre, dissoudre (mais passé simple inusité; participe passé : absous, oute; dissous,
otite).— 9. De même : méconnaître, reconnaître. Noter l’accent circonflexe sur Yi devant un t: connaît, etc. — 10. De même :

2° Radical à

( ie condui-s je conduis-
oondui-re 1 nous conduis-cns ; [ais je conduis-is je condui-rai je condui-rais
je construi-s je construis¬
construi-re2 ais je construis-is je construi-rai je construi-rais
nous constî'ui3-ons;
je cui-s je cuis-ais
cui-re3 je cuis-is je cui-rai je cui-rais
nous cuis-ons;
11 a
lui-re4 S je
J lui-s, . je luis-ais je luis-is je lui-rai je lui-rais
f nous luis-ons;
je nui-s je nuis-ais
nui-re je nuis-is je nui-rai je nui-rais
nous nuis-ons;
j ’écri-s j’écriv-ais
écri-re6 j’écriv-is j ’écri-rai j’écri-rais
nous écrîv-ons ;
2° |
; je confl-s je conf-is
confi-re6 je confis-ai? je confi-rai je confi-rais
nous confls-ons; (rad. élidé)
; je suffi-s je suff-is
suffi-re je suffls-ais je suffi-rai je sufïi-rais
1 nous suffis-ons; (rad. élidé)
je di-s je dis-ais je d-is
di-re7 je di-rai je di-rais
nous dis-ons8; (rad. élidé)
je li-s je l-us
li-re9 je lis-ais je li-rai je li-rais
nous lla-ons; (rad. élidé)

je plai-s11 je pi-us
plai-re10 je piais-ais (rad. élidé) je plai-rai je plai-rais
nous plais-ons;
je tai-s je t-us
tai-re je tais-ais (rad. élidé) je tai-rai je tai-rais
nous tais-ons;
je fai-s je f-is je fe-rai je fe-rais
fai-rela je fais-ais (rad. élidé) (rad. irrégulier) (rad. irrégulier)
nous fais-ons13;
je boi-s
je b-us
boi-re nous buv-ons je buv-ais (rad. élidé) je boi-rai je boi-rais
ils boiv-ent;
je croi-s
je cr-us
croi-re14 nous croy-ons je croy-ais (rad. élidé) je croi-rai je croi-rais
\ ils croi-ent;

Notes. — i. De même : déduire, enduire, induire, introduire, produire, réduire, reproduire, séduire, traduire. —
2. De même : reconstruire, détruire, instruire. — 3. De même : recuire. — 4. De même : reluire. — 5. De même : cir¬
conscrire, décrire, inscrire, prescrire, proscrire, récrire, souscrire, transcrire. — 6. De même ; déconfire (formes usitées :
partie, passé déconfit, fite). — 7. De même ; contredire, dédire (se), interdire ; maudire (mais radical plein : maudiss-, au
lieu de : maudis-, d’où : maudiss-ons, maudiss-ais, etc.) ; médire, prédire, redire. — 8. 2e pers. du plur. : di-tes. De même :
Impé¬
Subjonctif Participe
ratif

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PA SSÉ

que je suiv-e que je suiv-isse sui-s suiv-ant SUi’iM ayant suiv-i !


que je véc-usse ."éû-iî , l
que je viv-e (rad. irrégulier) vi-s viv-ant {rad. Irrégulier) ayant vec-u j

renaître (mais temps composés inusités). Noter l'accent circonflexe sur Vi devant 'in tî fiait, 3tC,— II. Deraéme: appa- j
raitre, comparaître, disparaître, reparaître, réapparaître, transparaître. Noter V.iecsnt circonflexe sur Vi devant un t:
paraît, etc. — 12. De même : accroître, décroître (mais participe passé sans accent : aCCVU, décru). — 13. Noter l’accent
circonflexe dans : croîs, croît. — 14. Noter l’accent circonflexe à toutes les personnes J Jrûs, etc.; que je crûsse, etc.
— 15. De même : poursuivre, ensuivre fs’) [verbe impersonnel], — 16. De même : revfîlïC, Wtsrhre.

voyelle finale.

que je condui8-
que je conduis-e [isse condui-s conduis-ant C0!5flul«$ ayant condui-t
que Je construia- construi-s construis-ant ccastuii t ayant cons-
que je construia-e [isse [trui-t
que je cuia-e que jeoulo-isse cui-s cuia-ant CUÎ-i ayant cui-t

que je luia-e que je luls-isse lui-s luis-ant fa-î ayant lu-i


(rad.éüdéj
nui8-ant nu-i ayant nu-i
que je nuis-e que je nula-isse nui-s (rad. élidé)
que j’écrlv-e que j’éorlv-isse é cri-s écriv-ant écri-t ayant écri-t

que je conf-isse confis-ant ayant confl-t


que je oonfla-e (rad. élidé) conü-s confl-t
que je auff-isse auffis-ant suff-i ayant suff-i
que je suffls-e (rad. élidé) sufïï-s (rad. élidé)
que je d-isse dis-ant di-t ayant di-t
que je dia-e (rad. élidé) di-s6
que je l-usse lia-ant l-u
que je lls-e (rad. élidé) li-s (rad. élidé) ayant l-u

que je pl-usse pl-u


que je plaia-e (rad. élidé) plni-s plaia-ant (rad. élidé) ayant pl-u
que je t-usse t-u
que je tais-e (rad. élidé) tai-s tais-ant (rad. élidé) ayant t-u
que je fasa-e que je f-isse
(rad. mouillé) (rad. élidé) fai-s13 fais-ant fai-t ayant fai-t
que je bolv-e
que nous buv-ions que je b-u9se boi-s buv-ant b-u
(rad. élidé) (rad. élidé) ayant b-u
qu’ils boiv-ent ;
que je croi-e cr-u
que nous croy-ions que je cr-usse
(rad. élidé) cro i-s croy-ant (rad. élidé)
ayant cr-u
qu’ils croi-ent ;
redi-tes• mais dans les autres composés, la forme est régulière: contredis-ez, etc. — 9. De même : relire, élire, réélire. —
10. De même’: complaire, déplaire. — n. 30 pers. du sing. : plaît, avec accent circonflexe. — 12. De même : contrefaire,
détaire; jorjaire, méfaire (seules formes usitées, en dehors de l’infinitif ; partie, passé forfait, méfait, aans les temps
composés) ; parfaire, refaire, satisfaire, surfaire. — 13. 2» pers. du plur. : fai-tes; 3* pers. du plur. : font. — 14. Le
composé accroire n’est usité qu’à l’infinitif, dans la locution « en faire accroire » (Tableau D, 4 , n. 1, p. 210;.
206 LA MORPHOLOGIE DU FRVNÇAIS

270. Les verbes défectifs. — Un certain nombre de verbes, appartenant


pour la plupart au 3e Groupe et très anciens dans la langue, ne sont plus
usités aujourd’hui qu’à certains modes, ou a certains temps de tel ou tel mode,
ou à certaines personnes de tel ou tel temps : ces verbes, à qui manquent une
partie de leurs formes, sont dits défectifs (du latin deficere, manquer).
On trouvera, dans le Tableau D qui suit, la liste de ces verbes avec 1 in¬
dication des formes qui subsistent actuellement.

TABLEAU D. —

! Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel
1

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT

I. — Verbes en

bay-er 1 Note. — Ces deux verbes ne survivent qu’à l’infinitif présent, dans les locutions:
est-er bayer aux corneilles (c.-à-d. perdre son temps en regardant en l’air) ; |

II. — Verbes en
[il* fau-t8] » je laill-irais
falll-lr1 je faill-is je faill-irai
(rad. vocalisé)
fér-lr 5 B » 9 D B

je gi-s 8
[gés-ir7] je gis-ais 9 D B
nous gis-ons;
[iss-ir9] » B 9 B B
ou-ïr11 • > [j'ou-ïs] 0 9

quèr-iria » B B 0 B

saill-ir18 il15 saill-i-t


il saill-iss-ait il saill-it il saill-ira il saill-irait
1° jaillir14 ils saill-iss-ent;
2° être
il17 saill-e il saill-ait B il saill-era il saill-eralt
en saillie 10
trans-irls il19 trans-i-t B il trans-it B B

Notes. — i. C.-à-d. manquer. N’est d’usage courant que comme auxiliaire de mode, devant un infinitif (§ 243),
au sens de « être bien près de » : Je faillis mourir. S’emploie parfois comme verbe indépendant : i° au sens intransitif,
soit de « commettre une faute » : L’homme est sujet à faillir, soit de « faire défaut : La mémoire m'a. failli; 2° au sens
transitif de « s’abstenir d’accomplir (un devoir, etc.) » : Je ne faillirai pas à ma promesse. Pour le composé défaillir, voir
p. 182,1.—2. Il (l’esprit, etc.), ou elle (la mémoire, etc.). Il faut, de faillir (doublet de falloir, p. 208, Ill,n. 10),n’est pas
une forme impersonnelle. — 3. Ne survit que dans de vieilles locutions : Le cœur me faut. Au bout de l’aune faut le drap. —
4. N’est usité qu’aux temps composés. — 5. C.-à-d. frapper. Ne survit, à l’infinitif présent, que dans la vieille locution :
sans coup férir (§ 406, i°, b), c.-à-d. sans se battre. — 6. C.-à-d. frappé, atteint : Il est féru de folie ; d’où, au figuré, avec la
valeur d’un adjectif, « épris, passionné » : Il est féru de romans. — 7. C.-à-d. être étendu, en parlant surtout de blessés ou
de morts. Se conjugue sur les radicaux gi- (devant une consonne) ou gis- (devant une voyelle), comme je lis sur les
radicaux li- ou lis- (§ 269, 2’). — 8. 3e pers. du sing. : gît, avec accent circonflexe, usitée surtout dans la locution ci-gît,
LE VERBE 20V

N. B. — Les formes qui subsistent sont d’ailleurs plus ou moins employées; dans
le tableau, les plus rares sont mises entre crochets, ainsi que les infinitifs tombés
en désuétude.
Les temps dont nous donnons seulement la lre personne du singulier peuvent, sauf
indication contraire, s'employer à toutes les personnes; en pareil cas, si le radical se
modifie au pluriel devant une terminaison sonore, la lro personne du pluriel est éga¬
lement indiquée.
Les temps dont nous ne donnons pas la lre personne du singulier s'emploient stric¬
tement aux formes données.

VERBES DEFECTIFS

Impé¬
Subjonctif Participe
ratif

PRESENT IMPARFAIT PRÉSENT PRESENT PASSE

-er (1er Groupe).

j ester en justice (c.-à-d. soutenir une action devant les juges).

■ ir (2e et 3e Groupes).

9 que je faill-isse » » faill-i4 ayant faill-i

9 B » » fér-u 6

9 9 9 gis-ant 9

9 9 9 B iss-u10 étant iss-u


9 [que j’ou-ïsse] » 9 ou-ï ayant ou-1
9 9 » 9 9 9

qu’il saill-isse 9 saill-iss-ant saill-i ayant saill-i


qu’il saill-iss-e

9 saill-ant saill-i ayant saill-i


saill-e 9

9 9 9 9 trans-i20

c -à-d. ici repose, fréquente sur les pierres tombales. - 9. C.-à-d. sortir. - 10. C.-à-d. au figuré, avec a valeur d un
adjectif, né: Il est issu d'une vieille fa,mile. — 11. C.-à-d. entendre, dans la langue judiciaire : Ouïr les témoins. Oui les
rapports des experts. N’est usité, dans la langue courante, qu’aux temps composes, suivi de 1 infinitif : / a. oui
dire etc. Prend le tréma (§ 16, 4°) à toutes ses formes. — 12. C.-a-d. chercher. N’est usité qu à 1 infinitif piésent
aDrès les verbes de mouvement aller, venir, envoyer: Allez quérir un médecin. Pour les composes acquérir, etc., vo.r
/.a, it ,0 j. N’est usité qu’à la 30 personne (singulier et pluriel). Pour les composes assaillir, etc., voir
p 182 I. - ü. Dans ce sens, se conjugue sur finir (§ 253). - 15. H sang, etc.), ou elle (l’eau, etc). La forme
n’est pas impersonnelle. — 16. Dans ce sens, se conjugue sur cueillir (p. 182, I). — 17. 11 (le balcon etc.), ou elle (la
corniche, etc ). La forme n’est pas impersonnelle. - 18. C.-à-d. traverser, pénétrer, en parlant dujroid.jle lapeur, etc.
— 19 II (le vent, etc.), ou elle (la peur, etc.). La forme n’est pas impersonnelle,
- 20. N'est guère usité qu’aux temps
composés : La bise m'a transi. — [Voir la suite du Tableau p. 208.]
Condi¬
Infinitif Indicatif
tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT J PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT


• n

III. — Verbes ea

[appar-olr1] jjil apper-t * s

[chal-oir2] j il chau-t* » »
(rad. vocalisé)
[il ch-ul] [il cher-ra5]
ch-olr* [il choi-t] y>
(rad. assimilé)

(rad. élidé)
je déchoi-s je décli-us
déch-oîi'8 | » je déclioi-rai7 je déchoi-rais7
nous déchoy-ons (rad. élidé)
il échoi-t il éch-ut
éch-oira j > il échoi-ra9 il échoi-rait9
ils échoi-ent; ils éch-urent
fall-oir10 | il lau-t il fau-d-ra il fau-d-rait
il fall-ait il fall-ut
(rad. vocalisé) (rad. appuyé)
pleuv-oir11 j il pleu-t il pl-ut
il pleuv-ait il pleuv-ra il pleuv-rait
(rad. abrégé) (rad. élidé)
[se-olr1*] !
» » »
1° être assis (
il17 sied il sey-ait il sié-ra il sié-rait
2° convenir10
( ils siè-ent; ils sey-aient; ils sié-ront; ils sié-raient;

Notes. — i. C.-à-d. apparaître avec évidence, ressortir (d’un rapport, etc.), dans la langue judiciaire. N’est usité
que comme verbe impersonnel. —- 2. C.-à-d. être important, importer. N’est usité que comme verbe impersonnel. —
3. Formé comme vaut, de valoir (§ 2G3, 2’). Ne survit que dans de vieilles locutions : Peu m’en chaut. Il ne m'en chaut
luire, etc.— 4. N'est plus guère usité qu’à l’infinitif présent, dans les locutions : faire choir, laisser choir. — 5. Formé
comme verra, de voir (§ 264, r°). Ne survit que dans la phrase de Perrault, bien connue des enfants : Tire la bobinette,
et la chevillette cherra (Le Petit chaperon rouge). —- 6. Composé de choir. — 7. Ou, plus rarement, je décher-rai, je
décher-rais (radical assimilé). — 8. Composé de choir. — 9. Ou, plus rarement, il écher-ra, il écher-rait (radical assimilé).
— 10. Doublet de jaillir, au sens de «faire défaut» (p.206, II, n. 1), d’où : être nécessaire; mais n’est usité que comme
verbe impersonnel, soit à la forme active (auxiliaire avoir) : Il faut partir. Il a fallu accepter; soit, dans la locution
s’en falloir, c.-à-d. s'en manquer, à la forme pronominale (auxiliaire être) : Il s’en faut. Peu s’en est fallu, etc. Se
conjugue comme valoir (§ 263, 2*), mais le radical est jall- devant une voyelle, abrégé en jal-, d’où fau-, devant une
consonne.— 11. Verbe impersonnel (§ 271). — 12. Sens intransitif. N’; pas de temps composés. Pour les composés

IV. — Verbes en

acorol-re1 ||
il brai-t il bray-ait il brai-ra il brai-rait
brai-re2 j
ils brai-ent; ils bray-aient; ils brai-ront; ils brai-raient ;
il6 brui-t il bruiss-ait
brul-re4 |
ils bruiss-ent; ils bruiss-aient;
clo-re7 je clo-s8; je clo-rai je clo-rais
il éclô-t10 il éclo-ra il éclo-rait
éclo-re9 !
ils éclos-ent; ils éclo-ront; ils éclo-raient;
enolo-re12 j’enclo-sla j’enclo-rai j’enclo-rais
[forclo-re11]
[forfal-re15] I

[Voir la suite du Tableau p. tie.j


Impé¬
Subjonctif
ratif Participe

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ


1-

•oir (3e Groupe).

> » B * » B

t B » » »

i [ch-u]
* [qu'il ch-ût] B »
(rad. élidé)
que je déchoi-e que je déch-usse déch-u
(rad. élidé) (rad. élidé) ayant déch-u
• qu’il éch-ût éch-u
(rad. élidé) éohè-ant ayant éch-u
(rad. élidé)
qu’il faill-e
qu’il fall-ût B » fall-u
(rad. mouillé) ayant fall-u
qu’il pl-ût pl-u
qu'il pleuv-e » pleuv-ant »
(rad. élidé) (rad. élidé)

. > ,18
s-is16
sé-ant 1* étant s-is
(rad. élidé)
[qu’il sié-e]
B » sey-ant18 1 B
[qu'ils sié-ent;;

asseoir, etc., voir § 264,20. — 13. Le vieux verbe se seoir, c.-à-d. s'asseoir, survit, dans la langue familière, à l’impératif :
Sied-s-toi, Sey-ez-vous. — 14. C.-à-d. siégeant, dans la langue judiciaire : La Cour d’appel séant à Paris. ■— 15. C.-à-d.]
avec la valeur d’un adjectif, situé, dans la langue judiciaire : Une maison sise rue du Bac. — 16. Dans ce sens, est
usité à la 3e personne (singulier et pluriel). Se conjugue sur les radicaux sié- et sey-, comme asseoir sur les radicaux
assié- et assey- (§ 264, 2"); mais devant un e muet, où le radical d'asseoir est assey-, le radical de seoir est sié-: ils
assey-ent, ils sié-ent. Se conjugue de même le composé messeoir, c.-à-d. ne pas convenir (sur mes-, préfixe négatif, voir
§ 58), inusité, comme seoir, à l’infinitif, mais aussi au subjonctif et au participe présent. — 17. Il (ce chapeau, etc.)
ou elle (cette robe, etc.). Mais, à tous les temps, la 3e personne du singulier s’emploie aussi impersonnellement : Il sied
d'être modeste. — 18. S’emploie surtout avec la valeur d’un adjectif : Cette robe est seyante. Au figuré, en pariant de
convenances morales, est remplacé par séant, dont les composés bienséant, malséant sont usuels ; Ces propos ne sont
pas séants, sont malséants.

-re (3e Groupe).

B > B B | • »
qu'il brai-e
*
î [bray-antj brai-t8 ayant brai-t
qu’ils brai-ent ;
» > bruiss-ant8 B >
[que je clos-e] B clo-s clo-s ayant clo-s
qu’il éclos-e
> > [éclos-ant] éclo-s11
qu’ils éclos-ent; étant éclo-s
• B B
B enclo-s ayant enclo-s
» B > » forclo-s B
» » » B forfai-t18 ayant forfai-t
Condi¬
Infinitif Indicatif tionnel

PRÉSENT PRÉSENT IMPARFAIT PASSÉ SIMPLE FUTUR PRÉSENT

fri-re17 je fri-s18 rje fri-rai ] [je fri-rais]


I
[imboi-re20]
» »
[occi-re22]
[oind-re24] j’oin-s j’oign-ais j’oign-is j’oind-rai25 j’oind-rais
paît-re23 je pai-s je paiss-ais je paît-rai je pait-rais
poind-re27 il28 point29 » il poind-ra30 »

sourd-re33 elle31 sourd [elle sourd-ait] > >

je trai-s je trai-rai je trai-rais


trai-re35 je tray-ais S
nous tray-ons;

Notes. — i. C.-à-d. croire ce qui n'est pas. Ne survit qu’à l’infinitif présent, dans les locutions : En faire accroire
à, c.-à-d, essayer de tromper; S'en faire accroire, c.-à-d. trop présumer de soi-même. — 2. N’est guère usité qu’à la 3° per¬
sonne (singulier et pluriel). Se conjugue sur les radicaux irai- et bray-, comme croire sur les radicaux croi- et croy-
(§ 269, 3"); mais le participe passé est en -t. — 3. N’est usité qu’aux temps composés. — 4. N’est usité qu’à la
3e personne (singulier et pluriel). Se conjugue sur les radicaux brui- et bruiss-, comme nuire sur les radicaux nui- et
nuis- (§ 269, i’). — 5. Il (le vent, etc.), ou elle (la forêt, etc.). La forme n'est pas impersonnelle. — 6. Bruyant, forme
ancienne, n’est plus qu’adjectif. — 7. Se conjugue sur les radicaux cio- et clos-, comme plaire sur les radicaux plai- et
■ plais- (§ 269, 38); mais le participe passé est en -s. — 8. Inusité au pluriel, 3" personne du singulier : clôt, avec accent
1 nrconfiexe.— 9. Composé de clore.—10. Avec un accent circonflexe, comme clôt (n. 8).— 11. Se conjugue, à tous les
’emps composés, avec l’auxiliaire être.— 12. Composé de clore. — 13. Inusité au pluriel. 3° personne du singulier:
enclôt, avec accent circonflexe, comme clôt (n. 8). — 14. Composé de clore. C.-à-d., dans la langue judiciaire, exclure
d'un droit (au delà d’un certain délai). — 15. C.-à-d. agir en dehors de, manquer à: Forfaire à l’honneur. — 16. N’est
usité qu’aux temps composés. — 17. C.-à-d., selon que le sujet est une personne ou une chose, faire cuire (sens
transitif) ou cuire (sens intransitif) dans une poêle : Je fris ma pêche. Ma pêche frit. Si le sujet est une personne, on
dit faire frire plutôt que frire : Je fais frire ma pêche. N’est guère usité qu’à l’indicatif présent et aux temps composés. —
18. Inusité au pluriel. — 19. S'emploie souvent avec la valeur d'un adjectif : Un merlan frit. Des pommes frites. — 20.
C.-à-d. imbiber. — 21. C.-à-d., au figuré, avec la valeur d’un adjectif, pénétré: Il est imbu de préjugés. — 22. C.-à-d.

271. Les verbes impersonnels. — Un certain nombre de verbes ne


s’emploient, en raison de leur sens, qu’à la 3e personne du singulier, précédés
du pronom neutre il (§ 158, 3°) : ces verbes, qui expriment, pour la plupart,
des phénomènes de la nature (vent, pluie, etc.), c’est-à-dire des actions qui
n’ont pas de sujet, sont dits impersonnels1 :
il tonne, il neige, il grêle, il vente, il bruine, il pleut

Devant ces verbes, le pronom neutre n’est que le signe matériel de la


3e personne du singulier.

N. B. — 1° Certains verbes impersonnels, qui ne s’emploient normalement qu’à la


3e personne du singulier, peuvent, au sens figuré, s’employer à d’autres personnes,
surtout à la 3® personne du pluriel>
Les balles pleuvaient. Les canons tonnaient.
Vous tonnez contre des peccadilles!

2° Inversement certains verbes, qui s’emploient normalement à toutes les personnes,

I. Les verbes impersonnels, ne s'employant qu’à une seule personne, sont appelés par certains grammairiens
< verb»s unipersonnels ».
Impé¬
Subjonctif Participe
ratif

PRÉSENT IMPARFAIT PRÉSENT PRÉSENT PASSÉ

B s [fri-s] D fri-t 19 ayant fri-t


B B 9 9 imb-u21 S
• D 9 B occ-is38 ayant occ-is
que j’oign-e que J’oign-isse [oin-s86] oign-ant oin-t il
que je paiss-e D pai-s paiss-ant £ S
» 0 [poign-ez31] poign-ant83 8 n
t B 9 9 9 fi
que je trai-e 9 trai-s tray-ant trai-t ayant trai-t S

uti: — 23. Ne se dit plus guère qu’aux temps composés, le plus souvent par plaisanterie : /’ai occis une mouche. —
24. C.-à-d., autrefois, dans la langue courante, frotter d'huile (le corps d’un athlète, etc.); aujourd’hui, dans la langue
religieuse, frotter d’huile sainte (le front d’un malade, etc.). Se conjugue comme joindre (§ 268). — 25. Ne survit que
dans le vieux dicton, au sens figuré de bien traiter: Oignez vilain, il vous poindra (maltraitera, n. 27); poignez (mal¬
traitez, n. 31) vilain, il vous oindra. — 26. C.-à-d., selon qu’il s’agit de bestiaux ou de bergers, brouter ou garder :
dans le premier sens, n’est guère usité qu’à la 39personne (singulier et pluriel); dans le second, n’appartient qu’à la
langue écrite (poétique, biblique, etc.) : Paissez mes brebis (c.-à-d. faites paître, menez paître). Se conjugue, à tous ses
temps, comme connaître (§268,4"). De même : repaître, qui n’est pas défectif. — 27. C.-à-d., au sens transitif, piquer,
d’où, au figuré, maltraiter; au sens intransitif, commencer à paraître (en parlant du jour, etc.). Se conjugue comme
joindre (§ 268). — 28. Il (le jour, etc.), ou elle (la vérité, etc.). La forme n’est pas impersonnelle. — 29. Au sens
intransitif seulement : Le jour point. — 30. Au sens intransitif, le plus souvent : Le jour poindra bientôt. Au sens
transitif, ne survit que dans le vieux dicton où il est opposé à oindra (n, 25). — 31. Au sens transitif. Ne survit que
dans le vieux dicton où il est opposé à oignez (n. 25). — 32. C.-à-d. piquant, d’où, au figuré, avec la valeur d’un
adjectif, très vif: Une douleur poignante. — 33. C.-à-d. sortir de terre, en parlant de l’eau. — 34. Elle, c.-à-d. l'eau. —
35. Se conjugue sur les radicaux trai- et tray-, comme braire sur les radicaux brai- et bray- (n. 2). De même ; abs¬
traire, distraire, extraire, soustraire.

peuvent, à la 3e personne du singulier, prendre la forme impersonnelle; dans ce cas,


le pronom neutre est un sujet apparent et annonce le sujet réel, qui suit le verbe
(§ 396). Ces verbes peuvent être :
a. Des verbes intransilifs, y compris le verbe être exprimant l’existence ;
Il existe ou II est des amis sûrs. Il reste un espoir. Il tombe beaucoup de neige.
Il importe de lire.
Il convient que tu t’excuses. Il arrive qu’on se trompe.

b. Des verbes transitifs, et exceptionnellement des verbes inlransitifs, employés à


la forme passive ou à la forme pronominale:
Il est interdit de stationner. Il est prouvé qu’il est coupable. Il n’est parlé que de guerre.
Il se répand bien des fausses nouvelles.

c. Le verbe être employé comme verbe d’état et formant des locutions verbales
avec un adjectif attribut exprimant la convenance, l’utilité, la nécessité, etc. :
Il est beau de se sacrifier. I! est urgent que tu écrives.

d. Les verbes sembler, etc.; devenir, etc.; rester, etc., employés comme verbes
d’état (§ 419, 1°) et construits avec un adjectif attribut exprimant ces mêmes
idées ;
Il semble possible de le sauver. Il paraît utile que tu viennes.
Il devient évident qu’il est coupable.
Il reste difficile de lui faire entendre raison.
212 I.A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

3° Le verbe falloir (doublet de jaillir, p. 208, III, n, 10) et le verbe advenir, qui
ne s’emploient plus guère qu’à la forme impersonnelle, se construisent de la môme
manière :
Il faut du pain. Il faut travailler. Il faut qu’on joue.
Il advint une chose singulière. Il advint que le train dérailla.

Il en est de même du verbe pleuvoir, si, à la forme impersonnelle, il est employé


au sens figuré :
Il pleuvait des balles. Il pleuvait des injures.

4° Le verbe avoir s’emploie, à la forme impersonnelle, dans la locution il y a (§ 169,


B, N. B.), qui, suivie d’un sujet réel, est l’équivalent de il est ou il existe employés
impersonnellement :
li y a du vin dans les caves. Il y a des abus à réprimer.

5° Le verbe faire s’emploie, à la forme impersonnelle, suivi soit d’un nom exprimant
un phénomène de la nature, soit d’un adjectif exprimant un état du temps :
Il fait du vent. Il fait du soleil II fait jour. Il fait nuit
(c.-à-d. le vent souffle; le soleil brille). (c.-à-d. le jour est levé; la nuit est venue).
Il fait beau. Il fait froid
(c.-à-d. le temps est beau; le temps est froid).

Le nom et l’adjectif font corps avec le verbe et forment avec lui des locutions
verbales qu’on considérera dans une analyse comme indivisibles.
6° Le verbe geler et son composé dégeler s’emploient, à la forme impersonnelle,
comme les autres verbes exprimant des phénomènes de la nature, sans autre sujet
que le pronom neutre il:
Il a gelé. Il dégèle.

272. La forme des verbes impersonnels. — Sauf pleuvoir et falloir,


qui sont du 3e Groupe et dont la conjugaison a été étudiée avec celle des
verbes défectifs (p. 208, III, n. 10-11), les verbes impersonnels appar¬
tiennent au 1er Groupe (verbes en -er) et se conjuguent sur le verbe aimer
(§25i).
Ils s’emploient à tous les modes, sauf l’impératif, et à tous les temps de
chaque mode, sauf le participe passé, qui est usité seulement dans les temps
composés.
Ils forment ces temps composés avec l’auxiliaire avoir.

N. B. — 1° Les verbes non impersonnels employés à la forme impersonnelle gardent


l’auxiliaire avec lequel ils se conjuguent comme verbes personnels :
Il a toujours existé de bons amis. Il a soufflé un vent très violent.
Il est tombé un peu de neige.
Il s’est produit ces dernières années de grands événements.

2° Les verbes non impersonnels employés à la forme impersonnelle se présentent


sans le pronom il dans certaines expressions toutes faites, dont plusieurs sont pro¬
verbiales (§ 158, 3°, N. B.) :
Peu importe Si bon te semble N’empêche (familier)
(c.-à-d. il importe peu). (c.-à-d. s’il te semble bon). (c.-à-d. il n’empêehe).
Huit ôté de douze, reste quatre D’où vient que tu sois si triste ?
(c.-à-d. il reste quatre). (c.-à-d. d’où vient-il que...?).
Mieux vaut tard que jamais Advienne que pourra Rien ne sert de courir
(c.-à-d. il vaut mieux...). (c.-à-d. [qu’jil advienne..., § 193, 20). (c.-à-d. il ne sert à rien...).
LE VEBBE 213
Il en est de môme du verbe falloir dans les expressions :
Peu s’en faut Tant s'en faut
(o.-à-d. il s’en faut peu). (c.-à-d. il s’en faut tant).

Verbe impersonnel. — Modèle : Tonner.

TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSÉS TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSÉS

Ind I CAT IF SUB.JONCTIF

PRÉSENT PASSÉ COMPOSÉ PRÉSENT PASSÉ

Il tonn-e Il a tonné Qu’il tonn-e Qu’il ait tonné

IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT

Il tonn-ait Il avait tonné Qu’il tonn-ât Qu’il eût tonné

PASSÉ SIMPLE Impératif : inusité


PASSÉ ANTÉRIEUR

Il tonn-a Il eut tonné Cond 1TIONNEL

FUTUR FUTUR ANTÉRIEUR PRÉSENT PASSÉ (ire forme)1

Il tonn-era Il aura tonné Il tonn-eralt Il aurait tonné

Inf INITIF PaftTICIPE

PRÉSENT PASSÉ PRÉSENT PASSÉ

Tonn-er Avoir tonné Tonn-ant Ayant tonné

i. Le conditionnel passé, 2* iorme, est : il eût tonné, formé comme le plus-que-parfait du subjonctif,
mais sans conjonction.

II. - LA CONJUGAISON DES VERBES DE FORME PASSIVE


273. Généralités, — Les verbes de forme passive, à quelque groupe
qu’ils appartiennent (§ 245), se conjuguent tous de la même manière.
La conjugaison passive comporte les mêmes modes et, à chaque mode, les
mêmes temps que la conjugaison active.

Mais les temps de la conjugaison passive, qu’ils correspondent aux temps


simples ou aux temps composés de la conjugaison active (§ 237), sont tous des
214 TA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

temps composés1, sauf le participe passé, qui, à côté de la forme composée,


possède une forme simple.
Les temps de la conjugaison passive se forment avec l’auxiliaire être ; ils
s’obtiennent en plaçant devant le participe passé (forme simple), dont le
radical exprime l’idée même du verbe, les temps correspondants de cet auxi¬
liaire (§ 250).
Les temps de l’auxiliaire sont respectivement :
1° Le présent, l’imparfait, le passé simple, le futur,
selon que les temps du verbe à former sont :
le présent, l’imparfait, le passé simple, le futur;
2° Le passé composé (de l’indicatif) ou le passé (des autres modes),
le plus-que-parfait, le passé antérieur, le futur antérieur,
selon que les temps du verbe à former sont :
le passé composé (de l’indicatif) ou le passé (des autres modes),
le plus-que-parfait, le passé antérieur, le futur antérieur.

N. B. — 1° Le participe passé, dans la conjugaison passive, s’accorde en genre et


en nombre avec le sujet du verbe (§ 363, 1°) :
Elle est aimée ; Ils sont aimés ; Elles sont aimées.
2° Le participe passé passif de forme simple peut, comme le participe passé actif
des verbes conjugués avec être (§ 255, Tableau, n. 2), sinon des verbes conjugués
avec avoir (§ 247, N. B.), s’employer isolément :
Blessé au pied par une balle, il se traînait avec peine.
Dans ce cas, il arrive fréquemment qu’il n’exprime pas une action subie, mais un
étal durable, une qualité; il a alors la valeur d’un adjectif :
Nous avons un bon maître, juste et respecté
(respecté exprime un état durable, comme juste).

3° A côté des temps composés, il existe à la forme passive, comme à la forme active
(g 256), des temps surcomposés :
Dès qu’il a eu été guéri, il est allé à la campagne
(à la voix active, le temps surcomposé correspondant serait : « [dès qu’jon Va eu gucri »).

Les temps surcomposés du passif, qui comportent nécessairement trois participes,


sont, en raison de leur lourdeur, moins employés encore que les temps surcomposés
de l’actif, qui en comportent deux.
4° On prendra garde de ne pas confondre les formes passives avec les forme-
composées des verbes conjugués à la voix active avec être (§ 255) :
Je suis aimé Je suis tombé
(le sujet subit l’action, (le sujet fait l’action,
donc forme passive: indicatif présent). donc forme active: indic. passé composé).

i. Les temps du passif qui correspondent aux temps simples de l’actif conservent néanmoins dans la conju¬
gaison passive le nom de « temps simples »; seuls les temps du passif qui correspondent aux temps composés de
ïactif portent le nom de i temps composés ». En particulier, je fus pris, qui correspond à je pris, est appelé
« passé simple »; il se distingue ainsi de j'ai été pris, appelé « passé composé », parce qu’il correspond A j'ai pris.
MODES
TEMPS TEMPS TEMPS TEMPS
SIMPLES DE L’AUXILIAIRE COMPOSÉS DE L’AUXILIAIRE

' PRÉSENT PASSÉ COMPOSÉ


PASSÉ
PRÉSENT
COMPOSÉ
[je suis pris] [j’ai été pris]

IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT
IMPARFAIT PLUS-QUE-
Indicatif

PARFAIT
[j’étais pris] [j’avais été pris]

PASSÉ SIMPLE PASSÉ ANTÉRIEUR


PASSÉ PASSÉ
1 SIMPLE ANTÉRIEUR
[je fus pris] [j’eus été pris]

FUTUR FUTUR ANTÉRIEUR


FUTUR FUTUR
ANTÉRIEUR
l [je serai pris] [j’aurai été pris]

PRÉSENT PASSÉ
j
PRÉSENT PASSÉ
H '
O [que je sois pris] [que j’aie été pris]
£
O
•“3
Ü
' { IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT
5 1 PLUS-QUE-
IMPARFAIT ■' —
CD | PARFAIT
(que je fusse pris] [que j’eusse été pris]
tionnel
Condi¬

PRÉSENT
PASSÉ
PASSÉ (ire forme )1
PRÉSENT
(ire forme)
[je serais pris] [j’aurais été pris]
Impé¬
ratif

^ PRÉSENT
PRÉSENT — PASSÉ (Inusité)
[sois pris]

1
nitif
Infi¬

t PRÉSENT PASSÉ
PRÉSENT — PASSÉ
[être pris] [avoir été pris]

'
Parti¬
cipe

PRÉSENT PASSÉ
PRÉSENT PASSÉ <
[étant pris] [ayant été pris]

i. Le conditionnel passé, »' /onnt, est : j'eusse été pris, qui se conjugue comme le plus-que-
parfait du subjonctif, mais sans conjonction.
2?4. Forme passive. Modèle : Être aimé,

TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSÉS TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSÉS

Indicatif Subjonctif

présent PASSÉ COMPOSÉ PRÉSENT PASSÉ

Je suis aimé J’ ai été aimé Que je sois aimé Que j’ aie été aimé
Tu es aimé Tu as été aimé Que tu sois aimé Que tu aies été aimé
Il est aimé Il a été aimé Qu’ il soit aimé Qu’ il ait été aimé
Nous sommes aimes Nous avons été aimés Que nous soyons aimés Que nous ayons été aimés
Vous êtes aimés Vous avez été aimés Que vous soyez aimés Que vous ayez été aimés
Ils sont aimés Ils ont été aimés Qu’ ils soient aimés Qu’ ils aient été aimés

IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT IMPARFAIT PLUS--QUE-PARFAIT

J‘ étais aimé J' avais été aimé Que je fusse aimé Que j’ eusse été aimé
Tu étais aimé Tu avais été aimé Que tu fusses aimé Que tu eusses été aimé
Il était aimé Il avait été aimé Qu’ il fût aimé Qu’ il eût été aimé
Nous étions aimés Nous avions été aimés Que nous fussions aimés Que nous eussions été aimés
Vous étioz aimés Vous aviez été aimés Que vous fussiez aimés Que vous eussiez été aimés
Ils étaient aimés Ils avaient été aimés Qu’ ils fussent aimés Qu’ ils eussent été aimes

PASSE SIMPLE PASSE ANTERIEUR


Impératif
Je fus aimé J’ eus été aimé
Tu fus aimé Tu eus été aimé présent PASSÉ
Il fut aimé II eut été aimé
Nous fûmes aimés Nous eûmes été aimés Sois aimé
(Inusité)
Vous fûtes aimés Vous eûtes été aimés Soyons aimés
Ils furent aimés Ils eurent été aimés Soyez aimés

FUTUR FUTUR ANTERIEUR Conditionnel

Je serai aime J’ aurai été aimé PRESENT PASSÉ (i« forme) i


Tu seras aimé Tu auras été aimé
II sera aimé Il aura été aimé Je serais aimé J’ aurais été aimé
Nous serons aimés Nous aurons été aimés Tu serais aimé Tu aurais été aimé
Vous serez aimés Vous aurez été aimés Il serait aimé Il aurait été aimé
Ils seront aimés Ils auront été aimés Nous serions aimés Nous aurions été aimés
Vous seriez aimés Vous auriez été aimés
Ils seraient aimés Ils auraient été aimés

Infinitif Participe

PRESENT PASSÉ PRÉSENT PASSÉ

Être aimé Avoir été aimé Étant aimé Ayant été aimé;
Aimé (§ 273, N.B., 2°).
x. Le conditionnel passé, 2° forme, est: j’eusse été aimé, qui se conjugue
comme le plus-que-parfait du subjonctif, mais sans conjonction.
LE VERBE 217

II!. - LA CONJUGAISON DES VERBES DE FORME PRONOMINALE

275. Généralités. — Les verbes de forme pronominale, qu’ils soient de


sens réfléchi, de sens réciproque ou simplement pronominaux (§ 234), se
conjuguent tous de la même manière.
La conjugaison pronominale comporte les mêmes modes et, à chaque mode,
les mêmes temps que la conjugaison active.
Les temps de la conjugaison pronominale, selon qu’ils correspondent aux
temps simples ou aux temps composés de la conjugaison active (§237), sont eux-
mêmes des temps simples ou des temps composés.
Les temps simples se forment comme les temps correspondants des verbes
du même groupe (§ 245) de la conjugaison active1.
Les temps composés se forment avec l’auxiliaire être; ils s’obtiennent en
plaçant devant le participe passé (forme simple), dont le radical exprime
l’idée même du verbe, les temps simples de cet auxiliaire (§ 250).
Les temps simples de l’auxiliaire sont respectivement :
le présent,
l’imparfait, le passé simple, le futur,

selon que les temps du verbe à former sont :

le passé composé (de l’indicatif) ou le passé (des autres modes),


le plus-que-parfait, le passé antérieur, le futur antérieur.

N. B. — 1° Le participe passé, dans la conjugaison pronominale, s’accorde suivant


des règles qui diffèrent selon qu’il s’agit de verbes dits pronominaux, de verbes
réfléchis ou de verbes réciproques (§ 363, 2° et 3°).
2° Le participe passé, dans la conjugaison pronominale, n’est jamais de forme
simple, sauf celui de certains des verbes dits pronominaux, qui peut s’employer iso¬
lément, mais sans pronom réfléchi :
Les prisonniers, une fois évadés, se dispersèrent
(évadés, c.-à-d. s’étant évadés, après s’être évadés).

Il arrive fréquemment que le participe ainsi employé n’exprime pas une action,
mais un étal durable; il a alors la valeur d’un adjectif :
Que de bonheurs évanouis ! Que de maisons écroulées !
Les pécheurs repentis seront pardonnés.

3° On prendra garde que les verbes réfléchis et les verbes réciproques peuvent se
conjuguer à la forme pronominale et à la forme active : dans le premier cas, ils
prennent l’auxiliaire être, dans le second cas l’auxiliaire avoir :
Il s’est perdu. II s’est nui. Ils se sont querellés.
Il a perdu sa montre. Il a nui à son ami. Ils ont querellé leur voisin.

i. Les temps simples du verbe se blesser, modèle de la conjugaison pronominale (§ 276, p. 219), se conjuguent
comme ceux d’aimer (ieT Groupe); ceux des verbes se blottir (-issant), se repentir (-ant), s’apercevoir, se taire, se
conjugueraient respectivement comme ceux de finir (2’ Groupe), de sentir, de recevoir et de plaire (3“ Groupe)
218 T. A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

4° Il en est de même de ceux des verbes dits pronominaux qui peuvent se conjuguer
aux deux formes :
U s’est étonné de mon retour. Il s’est pâmé d’admiration.
Il a étonné ses amis. Il a pâmé de rire.

Par contre les verbes dits pronominaux qui ne se conjuguent qu’à la forme prono¬
minale prennent toujours l’auxiliaire être :
Il s’est abstenu de répondre. Il s’est blotti dans un coin.

Les principaux de ces verbes sont :


1er Groupe (verbes en -er) :
s’accouder, s’adonner, s’agenouiller, s’arroger, se cabrer,
se démener, se désister, s’écrier, s’écrouler, s’emparer, s’empresser,
s’en aller, s’évader, s’évertuer, s’extasier, se gargariser,
se gendarmer, s’ingénier, s’ingérer, se méfier, se moquer, s’obstiner,
s’opiniâtrer, se parjurer, se ratatiner, se raviser, se rebeller,
se récrier, se réfugier, se rengorger, se soucier.

2e Groupe (verbes en -ir [-issantj) :


s’accroupir, se blottir, s’évanouir.

3e Groupe (verbes en -ir [-ant] et en -re) :


s’abstenir, s’enfuir, s’enquérir, se repentir, se souvenir;
se dédire, s’éprendre, se méprendre.

cn
Modes

Ü
Temps Temps G Temps Temps
composés de l’auxiliaire COMPOSÉS DE L’AUXILIAIRE

PASSÉ PRÉSENT I'F.ÉSENT


&
H PASSÉ
COMPOSÉ
[je me suis vengé] [que je me sois vengé]

PLUS-QUE- IMPARFAIT IMPARFAIT


PLUS-QUE-
PARFAIT PARFAIT
H [je m’étais vengé] [que je me fusse vengé]
î|
<
2 S
ratif
Impé¬

Q PASSÉ PASSÉ SIMPLE


Zi — PASSÉ (Inusité)
ANTÉRIEUR
[je me fus vengé]

1 ^
m a
FUTUR PRÉSENT
FUTUR 1 0 Z PASSÉ
ANTÉRIEUR (ire forme)1 ^
[je me serai vengé] [je me serais vengé]

1 b PRÉSENT PRÉSENT
H PASSÉ œ S< PASSÉ
& Z
I i
[s’être vengé] < u.
Ch [s’étant vengé]

I. Le conditionnel passé, 2“ forme, est: je me fusse vengé, qui se conjugue comme le plus-que-parfait du sub¬
jonctif, mais sans conjonction.
276. Forme pronominale. Modèle: Se blesser

TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSÉS TEMPS SIMPLES TEMPS COMPOSÉS

Indicatif Subjonctif

PRÉSENT PASSÉ COMPOSÉ PRESENT

Je me blesse Je me suis blessé Que je me blesse Que je me sois blessé


Tu te blesses Tu f es blessé Que tu te blesses Que tu te sols blessé
II se blesse II s’ est blessé Qu’ il se blesse Qu’ il se soit blessé
Nous nous sommes blessés Que nous nous blessions Que nous nous soyons blessés
Nou s nous blessons
Vous vous êtes blessés Que vous vous blessiez Que vous tous soyez btessés
Vous vous blessez
Ils se blessent Ils se sont blessés Qu’ ils se blessent Ou’ ils se soient blessés

IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT
IMPARFAIT PLUS-QUE-PARFAIT

Je m* étais blessé Oue je me blessasse Queje me fusse blessé


Je me blessais
blessais Tu t* étais blessé Que tu te blessasses Que tu te fusses blessé
Tu te
blessait II s’ était blessé Qu’ il se blessât Qu’ il se Sût blessé
II se
Nous nous étions blessés Que nous nous blessassions Que uous nous fussions blessés
Nous nous blessions
Vous vous étiez blessés Que vous vous blessassiez Que tous tous fussiez blessés
Vous vous blessiez
blessaient Us s’ étaient blessés Qu’ ils se blessassent Ou’ ils se fussent blessés
Ils se

PASSÉ SIMPLE PASSÉ ANTÉRIEUR Impératif

Je me blessai Je me fus blessé


te fus blessé PRÉSENT PASSE
Tu te blessas lTu
II se blessa II se fut blessé
Nous nous blessâmes Nous nous fûmes blessés Blesse-toi (Inusité)
Vous vous blessâtes Vous vous fûtes blessés Blessons-nous
blessèrent Ils se furent blessés Blessez-vous
Us se

Conditionnel
FUTUR FUTUR ANTERIEUR

serai blessé PRESENT PASSÉ (ir° forme)1


Je me blesserai Je me
Tu te blesseras Tu te seras blessé
blessé Je me blesserais Je me serais blessé
II se blessera II se sera
Tu te blesserais Tu te serais blessé
1 > U U c nuun umoeoi ^ -
blesserait Il se serait blessé
Vous vous blesserez Vous vous serez blessés II se
nous blesserions Nous nous serions blessés
Ils se blesseront Ils so seront blessés Nous
Vous vous blesseriez Vous vous seriez blessés
lis se blesseraient Ils se seraient blessés

Infinitif Participe

PRESENT PASSÉ
PRÉSENT PASSÉ

Se blessant S’étant blessé


Se blesser S’être blessé

i.Le conditionnel passé, 2•/ofmi.etf. je metusseblessé,qui se conjugue Minme le plus-que-parfait du subjonctif,


nais sans conjonction.
220 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

IV. - LES CONJUGAISONS NÉGATIVE ET INTERROGATIVE


277. Généralités. — Nous avons considéré jusqu’ici les formes verbales
telles qu’elles se présentent dans les propositions affirmatives, c’est-à-dire ne
comportant ni négation ni interrogation. Il reste à montrer comment ces
formes se présentent dans les propositions négatives ou interrogatives.

278. La conjugaison négative. — Dans les propositions négatives, les


formes verbales sont les mêmes que dans les propositions affirmatives, mais
accompagnées d’un adverbe de négation: ne ... pas, ne ... point, ne
jamais, ne ... plus, etc. (§ 297, 2°, A).
Cette présentation spéciale est ce qu on appelle la conjugaison négative.
1° Aux temps simples, la forme verbale est, à tous les modes, sauf à l’infi¬
nitif, intercalée entre les deux éléments de Vadverbe r
Je ne comprends pas. Qu’il ne parle point. Ne calomnie jamais.
Je ne reviendrai pius. Il ne se repent pas.

A l’infinitif, la forme verbale est précédée de l'adverbe, dont Iss deux élé¬
ments sont en pareil cas placés côte à côte :
U craint de ne pas réussir. Tâche de ne pius te troubler.

2 Aux temps composes, 1 auxiliaire seul est, a tous les modes, même â
l'infinitif, intercalé entre les deux éléments de L'adverbe:
Nous n’avons pas pu. Je ne suis point sorti. Tu n’es jamais puni.
Il ne s’est plus caché. Il regrette de n’être pas venu.

Si l’auxiliaire est lui-même à une forme composée, seul le premier éiém.enï


de cette forme est intercalé :
Je n’ai pas été grondé.

279. La conjugaison interrogative. — Dans les propositions interro¬


gatives, les formes verbales sont les mêmes que dans les propositions affir¬
matives, mais suivies, et non plus précédées, du pronom sujet.
Cette présentation spéciale est ce qu’on appelle la conjugaison interro¬
gative.
Elle n’existe qu’à l'indicatif et au conditionnel, l'impératif et le subjonctif
ne s’employant pas dans une interrogation.
1° Aux temps simples, le pronom sujet est placé immédiatement après le.-
forme verbale et relié à celle-ci par un trait d’union :
Reçois-je? Dormais-tu? Craignit-ii? Oserons-nous? Céderiez-vous?
Partiraient-iis ? Se reposent-elles ?

N. B. — 1° A la 1" personne du singulier de l'indicatif présent des verbes du 1« Groupe


inversion du pronom je entraîne, avec le déplacement de l’accent tonique (88 NB)'
le changement de l’e muet final en é (e fermé): ’
Je rêve devient Rêvé-,le ?
(accent tonique sur ri-) (accent tonique sur -vi-).
LE VERÈE 251

On dit plutôt, d’ailleurs, en employant la locution interrogative eet-es que.,.?


(g 298, 2») :
Est-ce que je rêve ?

2° A la ire personne du singulier de l'indicaiif présent des verbes des 2e ei 3e Groupes,


l’inversion du pronom je est, pour des raisons d’euphonie, généralement évitée,
surtout si la forme verbale est monosyllabique :
On peut dire :
ai-je? vais-je? sais-je? fais-je?
vois-je? dois-je? crois-je? dis-je? puis-je? suis-je?
Mais, en dehors de ces cas particuliers, on a recours à la locution est-ce que...?
Est-ce que je pars ? Où est-ce que je cours 0 Qu’est-ce que je perds?
(au lieu de : pars-je?) (au lieu de : où, cours-je?) (au lieu de : que perds-je?)

3° Aux 3ea personnes du singulier qui se terminent par un -e ou un -a, l’inversion


des pronoms il, elle et on entraînant un hiatus (§ 454, 2°), un t euphonique, pré¬
cédé et suivi d’un trait d’union, est intercalé entre la forme verbale et le pronom :
Travaille-t-il? Où va-t-elle? Dansera-t-on?

2° Aux temps composés, le pronom sujet est placé immédiatement après


F auxiliaire t
4i-je reçu? Avais-tu dormi? Eut-il craint? Aurons-nous osé? Auriez-vous cédé?
Sont-ils punis? Se sont-elles reposées?

Si l’auxiliaire est lui-même à une forme composée, le pronom est placé


immédiatement après le premier élément de cette forme :
Ai-je été condamné?

Le cas échéant (§279, 1°, N. B., 3°), un -t- euphonique est intercalé entre
l'auxiliaire, ou son premier élément, et le pronom:
A-t-il emprunté? Aura-t-elle saisi? Sera-t-on prévenu?

N. B. — Si le sujet est un nom, ce nom, aux temps simples, se place devant la


forme verbale comme sujet réel, mais il est doublé par un pronom placé après cette
forme comme sujet explétif (§ 396, N. B., 2°) :
IVIes frères viendront-ils?

Aux temps composés, le pronom sujet explétif est placé immédiatement après l'auxi¬
liaire, ou, si l’auxiliaire est lui-même à une forme composée, après le premier élément
de cette forme :
L’heure est-elle passée? Le voleur a-t-ll été pris?

280. La conjugaison interrogative-négative. — Dans les propositions


à la fois interrogatives et. négatives, la forme verbale ou, s’il s’agit d’un
temps composé, l’auxiliaire seulement est intercalé entre les deux éléments de
l'adverbet
N’appelles-tu pa3 ? Ne te sers-tu pas ?
N’as-tu pas appelé? Ne t’es-tu pas servi?
LES MOTS INVARIABLES

CHAPITRE VII

L’ADVERBE

281. Généralités. ■— L’adverbe est un mot invariable qui, d’une manière


générale, accompagne un verbe et sert soit à compléter le sens de ce verbe,
soit à modifier le sens de toute la proposition qui le contient.

On distingue :

1° Les adverbes de circonstance, qui complètent le sens du verbe en expri¬


mant certaines circonstances de l’action : la manière, la quantité, le lieu et
le temps :

Il lit lentement II parle trop II entre partout II repart demain


(adverbe de manière). (adverbe de quantité). (adverbe de lieu). (adverbe de temps).

N. B. — La quantité n’est pas, en réalité, une circonstance de l’action. Les adverbes


qui, pour le sens, expriment l’idée d’une quantité (comme d’autres l’idée d’une
qualité, d’un sentiment, etc. : « franchement », « tristement », etc.) expriment en
général, pour la grammaire, un rapport de manière et se ramènent au fond à des
adverbes de manière :
Il travaille trop 11 marelle assez
(c.-à-d. d’une manière excessive, excessivement). (c.-à-d. d’une manière suffisante, suffisamment).

Les adverbes de quantité peuvent d’ailleurs compléter le sens d’un adjectif ou


d’un adverbe aussi bien que d’un verbe; ils ont encore alors la même valeur:
Il est très savant II marche si vite
(c.-à-d. à un haut degré, extrêmement). (c.-à-d. à un tel degré, tellement).

2° Les adverbes d’opinion, qui modifient le sens de toute la proposition en


affirmant ou en niant l’action exprimée, ou encore en interrogeant sur cette
action :
Il ira sûrement à Lyon II n’ira pas à Paris Quand ira-t-il à Lille?
(adverbe d’affirmation). (adverbe de négation). (adverbe d’interrogation).

282. La forme de l’adverbe. — Les adverbes de circonstance et les


adverbes d’opinion se présentent sous la forme :
l’advekbe 223

1° Soit d’un mot unique :


vite plus près hier oui non où?
(manière), (quantité), (lieu), (temps), (affirmation), (négation), (interrogation).

2° Soit de groupes de mots, appelés locutions adverbiales :


de même un peu adroite d’abord sans doute ne... pas est-ce que?
(manière), (quantité), (lieu), (temps), (affirmation), (négation), (interrogation).

N. B. — Certains mots d’aujourd’hui étaient, à l’origine, des locutions adverbiales.


ensuite (c.-à-d. ensuite), bientôt (c.-à-d. bien-tôt), autour (c.-à-d. au-tour).

LES ADVERBES DE CIRCONSTANCE

I.-L’ADVERBE DE MANIÈRE

283. La forme des adverbes de manière. — Les adverbes de manière


peuvent être :
1° Des mots de formation diverse, dont le nombre est très limité :
ainsi, bien, mal, mieux, pis, même, plutôt,
ensemble, comme, exprès, debout, volontiers.

2° Des mots dérivés d’adjectifs, dont le nombre est indéfini, mais qui sont
tous formés de Y adjectif féminin et du suffixe -ment (§ 54)1 :
dure-ment nette-ment joyeuse-meni vive-ment folle-ment
(dur. fém. dure), (net, fém. nette), (joyeux, fém. joyeuse), (vif, fém. vive), (fou, fém. folle),
franche-ment
(franc, fém. franche).

N. g, _ 1» Les adjectifs terminés au masculin par une, voyelle, sonore (-ai, -é, -i, -u)
perdent généralement devant le suffixe l’e final non prononcé de leur féminin :
vrai-ment aisé-ment hardi-ment résolu-ment
(vrai, fém. vraie), (aisé, fém. aisée), (hardi, fém. hardie), (résolu, fém. résolue).

Cet e féminin subsiste parfois ou est représenté par un accent circonflexe (§ 16,
3°, N. B.) :
gaie-ment ou gaî-ment crû-ment assidû-meni
(gai, fém. gaie), (cru, fém. crue), (assidu, fém .assidue).

L’adjectif gentil, dont la consonne finale ne se prononce pas, et l’adjectif impuni,


dont la voyelle finale se modifie devant le suffixe, donnent respectivement ;
genti-ment, impuné-ment.

2° Certains adjectifs terminés au masculin par un e dit muel ou par une des syllabes
-ès, -is, -ond, -un, -ur, -us, changent en é, devant le suffixe, l’e final de leur
féminin : énormé-ment précisé-mont
(énorme, fém. énorme), (précis, fém. précise).

i. Ce suffixe, d’origine savante (§ 50, N. B.), est tiré du latin mente (nom féminin, à l’ablatif) et signifie
proprement ! ® dans une intention... », d’où : ° d une manièie... » .
pieuse-mmf, c.-à-d. dans une intention pieuse, d’où : d'une manière pieuse.
224 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

On dit notamment:
aveuglé-ment, commodé-ment, conformé-ment, immensé-rnent, Intensé-ment,
opiniàtré-ment, uniformé-ment,
expressé-ment, exquisé-ment, profondé-ment, communé-ment, opportuné-ment.
obscuré-ment, confusé-ment,
(maison dit: large-ment, etc. ; ronde-ment, ete. ; pure-ment, etc.).
3° Les adjectifs en -ant et en -ent, dont le féminin, dans l’ancienne langue, était
semblable au masculin1 2 * * * * * et par conséquent sans e final, forment respectivement leur
adverbes en -amment et en -emment8:
constam-ment prudem-ment
[contraction de constant-ment] [contraction de prudent-mentj
(constant, anc. fém. constant), (prudent, anc. fém. prudent).
On dit cependant, même dans l’ancienne langue :
présente-ment véhémente-ment
(présent, anc. fém. présent) , (véhément, anc. fém. véhément).

4° Certains acberbes en -ment sont formés sur des mots, noms ou participes,
employés comme, adjectifs, et même, par extension, sur d’autres mots:
bête-ment, diable-ment notam-ment, précipitam-ment
(noms : bête, diable) ; (partie, prés. : notant, précipitant) ;
telle-ment, autre-ment com-ment, quasi-ment
(adj. dém. : tel; adj. indéf. : autre) ; (adverbes: comme, quasi).
5» Certains adverbes en -ment sont formés sur des mots, adjectifs ou adverbes,
aujourd’hui disparus ou subsistant sous une forme modifiée :
journelle-ment, griève-ment, briève-ment, traîlreuse-ment,
(adj. auj. disparus : journel, g rie/) ; (adj. auj. modifiés: brief, traitreux) ;
nuitam-ment sciem-ment
(adv. auj. disparu : nuitantre, du lat. noctanter) ; (adv. auj. disparu : scientre, du lat. scienter).
G0 Certains adjectifs n’ont pas servi à former d’adverbes en -ment; l’adverbe est
remplacé en pareil cas par une périphrase :
concis. charmant : content :
avec concision; d’une façon charmante ; d’un air content.

3° Des adjectifs employés comme adverbes (§ 75, b) et qui dans cet


emploi restent invariables :
parler bas, crierfort, chanter faux, voir clair, penser juste,
marcher droit, monter haut, vendre cher, peser lourd, sonner creux, sentir bon.
(L’ancien adjectif vile ne s’emploie plus guère que comme adverbe.)

N. B. — Il peut exister deux séries parallèles d’adverbes: l’une d’adverbes en


-ment, l’autre d'adjectifs employés comme adverbes. Le sens est généralement différent
On comparera :
[parler] bas et [agir] bassement J [chanter] faux et [affirmer] faussement.

1. Ces adjectifs, en effet, viennent d’adjectifs latins en -ans et en -ens, qui, comme :
constans, gén. constant-is et prudens, gén. prudent-is,
ont la même forme au masculin et au féminin.
2. On prendra garde que certains adjectifs eu -ent viennent d'adjectifs latins en -entus, qui, comme •
violentas (masc.), violenta (fém.), violentum (neuf.),
n’ont pas la même forme au masculin et au féminin.
Ces adjectifs ont le féminin en-ente, mais forment leur adverbe en-emment, par analogie avec lep
adjectifs qui ont la même forme aux deux genres : ^
violent, fém. violente: violemment.
Toutefois, 1 adjectif lent, dont le féminin est lente, forme son adverbe sur ce féminin : lente-ment.
l’adverbe 225
4° Des locutions de formation diverse :
à tort, à loisir, à propos, à dessein, à verse, à reculons, à tâtons ;
à tort ou à raison, à tort et à travers, au fur et à mesure ;
à contre-cœur, à cœur joie, à vau-l’eau, à tue-tête;
èl’envi, à la légère, à l’amiable, a la française, à la dérobée, à la diable, au hasard-
de force, d’emblée, de préférence, de suite, de même ;
en général, en gros, en détail, en vain, par hasard, par cœur, par analogie •
côte à côte, tête à tète, goutte à goutte, tour à tour, mot à mot ; ° ’
bon marché, bon gré mal gré, sens dessus dessous, cahin-caha.

N. B. Un certain nombre d’adverbes ou de locutions adverbiales sont empruntés


directement au latin :
gratis (gratuitement), mordicus (obstinément),
ex aequo ex cathedra ad libitum in extenso a fortiori
(à égalité), (d’un ton doctoral), (à volonté), (en son entier), (à plus forte raison)
vice versa ne varietur
(réciproquement), (à titre définitif);
ou à Yilalien (surtout des termes de musique) :
piano lento andante allegro crescendo forte
(doucement), (lentement), (modérément), (vivement), (en renforçant), (avec force)
incognito franco
(sans être connu), (sans frais).

284. L’emploi des adverbes de manière. — 1° Les adverbes de manière


peuvent s’employer de trois façons :
a. D’abord, normalement, comme adverbes de manière: ils complètent,
alors le sens d’un verbe et remplissent la fonction de complément de circons¬
tance (§ 431, 5°) :
U agit franchement. Il parle bas. Il obéit volontiers.
(Ces adverbes équivalent à : « avec franchise », « à voix basse », « de bon cœur ».)

b. Certains s’emploient, en outre, comme adverbes de quantité: ils com¬


plètent alors le sens d’un adjectif ou d’un adverbe aussi bien que d’un verbe
ou sont suivis d’un complément partitif introduit par la préposition de
(§ 286, 1», a) :
La mer est fort calme. Il écrit joliment bien. Comme tu as maigri!
Il a tellement de talent!

c. Certains enfin s’emploient comme noms ou comme adjectifs: ils peu¬


vent alors remplir toutes les fonctions de l’adjectif ou du nom :
Ot allegro est entraînant. On constate un léger mieux Ils manœuvrent avec ensemble
(nom sujet). (nom compl. d’objet). (nom compl. de circonstance).
Les spectacles gratis sont courus Le clocher est encore debout
(adjectif épithète). (adjectif attribut).

Ces indications générales vont etre précisées par l’étude particulière des
principaux adverbes de manière.
2° L’adverbe bien, qui exprime proprement la manières
Il a bien agi,
Cayrou. — Grammaire française. n
226 I.A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

peut exprimer aussi la quantité. Ï1 signifie alors très devant un adjectif ou un


adverbe, et beaucoup devant un verbe, devant un adjectif ou un adverbe au
comparatif, ou devant un complément partitif (§ 146, 2°, a, N. B.) :
Il est bien content. Il arrive bien tard.
Il a bien réfléchi. Il est bien plus grand. Il réussit bien mieux. Il a bien des défauts.

II s’emploie couramment comme nom et comme adjectif:


Le mieux est l’ennemi du bien II fréquente des ramilles bien Tout est bien qui finit bien
(nom). (adjectif épithète : emploi familier). (adjectif attribut).

3° L’adverbe mal, qui exprime proprement îa manièret


Il a mal agi.

peut exprimer aussi la quantité. Il signifie alors peu (§ 286, 2°), mais ne s'em¬
ploie guère avec ce sens que dans la locution négative pas mal, qui équi¬
vaut à bien, c’cst-à-dirc à très ou à beaucoup (§ 284, 2°), et se construit
couramment sans la négation net
Il est pas mal vaniteux. J’ai pas mal voyagé. Il a pas mal d’ennemis
N. B. — Il a ce sens, en particulier, comme préfixe d’adjectif (§ 58):
malheureux, malhonnête, malsain, maladroit, malpropre.

Il s’emploie couramment comme nom et comme adjectif1:


La science du bien et du mai Voilà des jeunes filles bien mal Tout lui paraît mai
(nom). (adjectif épithète). (adjectif attribut).

4° L’adverbe mieux est le comparatif irrégulier de bien (§ 284, 2°, et


292, 1°). Il ne s’emploie pas seulement comme adverbe :
Personne ne chante mieux que lui,

mais aussi comme nom et comme adjectif (§ 133, 1°) ;


Le mieux est l’ennemi du bien II n’y a rien de mieux Bile est mieux que sa sœur
(nom). (adjectif épithète, § 369, N. B., 2°). (adjectif attribut).

N.B. — Mieux entre dans un certain nombre de locutions:


de mieux en mieux, tant mieux, à qui mieux mieux.

5° L’adverbe pis est Je comparatif irrégulier de mal (§ 284, 3°, et 292, 1°).
il ne s’emploie pas seulement comme adverbe :
Tout va pis que jamais,

mais aussi comme nom et comme adjectif (§ 133, 2°) ; dans ce dernier cas,
il se rapporte généralement à un pronom neutre :
Mettons les choses au pis II n’y a rien de pis Ce fut bien pis encore
(nom). (adjectif épithète, § 369, N. B., 20). (adjectif attribut).

1. Cet emploi est d’autant plus naturel que l’adverbe mal est un aneien adjectif, qui survit d'ailleurs dans
certaines locutions : bon gré, mai gré ; bon an, mal an ;
male bouche, male peste, male mort, male fortune.
L'AnVEBBE 227

N. B, — Pis entre dans un certain nombre de locutions :


de mal en pis, tant pis, au pis aller.

6° L’adverbe plutôt (en un mot), qui exprime la manière, signifie tantôt


a de préférence », tantôt « plus exactement » :
Ne t’indigne pas, ris plutôt. Il est naïf, ou plutôt puéril.

Ï1 ne doit pas être confondu avec plus tôt (en deux mots), qui exprime
le temps (§ 289, 4°) et s’oppose à plus tard :
Il est arrivé plus tôt que moi.

Il exprime parfois la quantité et signifie alors « assez », « passablement » :


Ce roman est plutôt ennuyeux.

7° L’adverbe comme1, qui exprime proprement la manière et signifie « de


quelle façon », ne s’emploie guère aujourd’hui que comme adverbe excla-
matif: Comme il me traite!

N. B. — Il s’employait autrefois couramment comme adverbe interrogatif, direct ou


indirect :
Albin, comme est-il mort ? Je sais comme il faut vivre.

Il a, dans cet emploi, cédé la place à comment, et ne survit guère que dans
certaines locutions :
Il a vécu Dieu sait comme. Je me vengerai, et voici comme.

Il exprime, d’ailleurs, plus souvent la quantité, et signifie alors « combien»,


« à quel degré » (§ 286, 8°) :
Comme il fait chaud ! Comme il est changé !

8° L’adverbe comment, dérivé de comme, n’exprime que la manière et


ne s’emploie que comme adverbe interrogatif, direct ou indirect (§ 299) :
Comment a-t-il pu se sauver ? Je sais comment je m’y prendrai.

II. - L’ADVERBE DE QUANTITÉ

285. La forme des adverbes de quantité. — Les adverbes de quantité


peuvent être :

1° De simples mots:
peu; beaucoup, bien; assez, suffisamment; trop;
très, fort, tout;
moins ; plus, davantage ; autant, aussi ; tant, si, tellement?
combien, que, comme;
seulement; presque, environ,quelque, qua*i, quasiment.

I. On se gardera de confondre comme adverbe et comme conjonction (§ 3Ï4, N . B, j*).


228 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2® Des locutions de formation diverse :


ne ... guère ; ne ... que ;
à demi, à moitié, à peine, à gogo;
peu ou prou, ni peu ni prou, tant soit peu, peu à peu, à peu près,
tout à fait, pas du tout.

286. L’emploi des adverbes de quantité. — 1° Les adverbes de quan¬


tité peuvent s’employer de trois façons :
a. S’ils expriment la quantité proprement dite, ils s’emploient comme
noms et se construisent avec un complément partitif introduit par la prépo¬
sition de (§ 146, 2°, a) :
peu de soldats, beaucoup de fruits, assez de courage, trop d’eau,
moins de crimes, plus d’argent, autant d’adresse, tant de soucis! que de livres!

N. B. — Le groupe ainsi formé par l’adverbe et son complément peut rempli;


toutes les fonctions du nom :
Peu d’ouvrages sont parfaits 11 montre assez de patience Tu agis avec trop de lenteur
(sujet). (compl. d’objet). (compl. de circonstance).
Il est l’objet de tant de haines ! Il est doue, de beaucoup de qualités
(compl. de nom). (compl. d’adjectif).

b. S’ils expriment le degré, ils s’emploient devant un verbe, un adjectif


ou un adverbe, dont ils complètent le sens à la façon d’un adverbe de
manière (§ 281, 1°, N. B.) ;
Il a trop insisté. Il est très riche. il habite fort loin.

Certains d’entre eux s’emploient soit comme exclamatifs dans une propo¬
sition indépendante :
Il a tellement insisté! il est si riche ! Qu’ii habite loin!

soit, dans une proposition principale, comme corrélatifs d’une conjonction


que introduisant une proposition de conséquence (§ 440, 2°) :
Il est si sourd, ou tellement sourd, qu’il n’entend rien.

c. S’ils expriment, avec la quantité ou le degré, la comparaison, ils


s’emploient, soit avec un complément partitif, soit, devant un verbe, un
adjectif ou un adverbe, comme corrélatifs dune conjonction que introduisant
une proposition de comparaison (§ 443, 2°) :
J’ai récolté plus de blé que l’an dernier.
Il triche moins que son frère. Tu es aussi fautif que ta sœur.
Il crie plus fort que tout le monde.

Ces indications générales vont être précisées par l’étude particulière des
principaux adverbes de quantité.
N. B. — La plupart des adverbes de quantité expriment tantôt la quantité, tantôt
le degré; un petit nombre (beaucoup, autant, etc.) expriment seulement la quantité:
un petit nombre (très, aussi, etc.) expriment seulement le degré.
l’adverbe 229

2° L adverbe peu s’emploie seul ou précédé de l’article indéfini: peu,


sans article, exprime l’idée d’une quantité insuffisante ou d’un degré insuf¬
fisant, et signifie «ne... pas assez»; un peu exprime l’idée d’une petite quan¬
tité ou d’un faible degré, et signifie «ne... pas beaucoup», «ne... pas bien ».
Peu et un peu peuvent compléter le sens d’un verbe, d’un adjectif ou
d’un adverbe :
Il travaille peu. 11 lit un peu.
Il est peu aimable. 11 écrit peu souvent. Il est un peu gros. II parle un peu trop.

Ils peuvent aussi s’employer comme noms et se construire avec un complê


ment partitif (§ 286,1°, a) :
Il a peu de santé. Il boit un peu de vin.

N. B. — 1° Peu est souvent remplacé dans tous ses emplois par la locution néga¬
tive ne... guère (§297, 2°, c, N. B.):
Il ne travaille guère. Il n’esl guère aimable. Il n’a guère de santé.
2° Peu, en fonction de nom, s’emploie parfois sans complément partitif, au senr-
de « peu de chose » ou « peu de temps », plus rarement de « peu de gens » :
Contentons-nous de peu. Depuis peu. Avant peu. Sous peu. Peu savent agir à propos.
3° Peu, en fonction de nom, est parfois précédé de l’article défini, d’un adjectif
démonstratif ou d’un adjectif possessif :
Le peu de repos qu’il prend. Ce peu de zèle que tu montres. jVion peu d’expérience de la vie.

La locution de peu exprime l’idée d’une petite différence et s’emploie


avec un superlatif relatif ou comme complément d’un verbe de supériorité
ou d’infériorité (§ 303, B, 1°, d) :
Il est de peu le plus âgé. Il l’emporte de peu. il s’en est fallu de peu,

N. B. — Peu entre dans un certain nombre d’autres locutions:


tant soi; oou, à peu près, si peu que rien, peu à peu, pour un peu quelquepeu,
peu ou prou (§ 2S6, 3% N. D., 1°), ni peu ni prou.

3° L’ad 'erbe beaucoup exprime i idée d’une grande quantité, l’idée d’un
degré élevé étant plutôt exprimée par bien.
Il peut s’employer comme nom et se construire avec un complément par¬
titif (§ 286, 1°, a) :
Il perd beaucoup de temps. il a beaucoup d’illusions.

Mais il est suppléé par bien pour compléter le sens d’un adjectif ou d’uu
adverbe (§ 284, 2°) :
Il est bien content. Il arrive bien tard.

Il peut, par contre, compléter le sens soit d’un verbe, soit d'un adjectii
ou d’un adverbe au comparatif :
Il m’inquiète beaucoup. Il est beaucoup plus jeune. 11 va beaucoup moins mai.
N. B. — 1° Beaucoup est remplacé par le vieil adverbe prou dans les locutions:
peu ou prou, ni peu ni prou
230 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2» Beaucoup, en fonction de nom, construit avec un complément partitif, est


parfois remplacé par le nom force construit à la façon d’un adjectif :
Il in’a lait force politesses.
3° Beaucoup, en fonction de nom, s’emploie parfois sans complément partitif, au
sens de « beaucoup de choses » ou de « beaucoup de gens »:
Il a beaucoup vu et beaucoup retenu.
Beaucoup parlent sans savoir. C’est l’avis de beaucoup. Il est écouté de beaucoup.

La locution de beaucoup exprime l’idée d’une grande différence et s’em¬


ploie avec un superlatif relatif ou comme complément d’un verbe de supé¬
riorité ou d’infériorité (§ 303, B, 1°, d) :
Il est de beaucoup le plus âgé. Il l'emporte de beaucoup. Il s’en faut de beaucoup.

Elle peut s’employer aussi avec un comparatif :


Il est de beaucoup plus savant à côté de : Il est beaucoup plus savant.

N. B. — De beaucoup est parfois placé après le comparatif ou le superlatif qu’il


complète :
Il est plus savant de beaucoup. Il est le plus âgé de beaucoup.

4° L’adverbe très exprime l’idée d’un degré fort élevé, l’idée d’une fort
grande quantité étant exprimée par des adverbes tels que extrêmement, infi¬
niment, etc.
Très peut compléter le sens d’un adjectif ou d’un adverbe, dont il sert
ainsi à former le superlatif absolu (§ 293, 2°) :
Il est très généreux. I1 sort très rarement.

Mais il est suppléé par beaucoup, extrêmement, infiniment, etc., devant un


verbe ou un complément partitif :
Il a extrêmement souffert. 11 a infiniment de loisirs.

N. B. —■ 1° Très est souvent remplacé par l’adverbe fort, qui peut d’ailleurs
compléter le sens d’un verbe aussi bien que d’un adjectif ou d’un adverbe, et par
l’adverbe tout (§222, 2J, Rem.) :
Être fort vieux. Aller fort loin. Il pleut fort. Être tout triste. Parler tout bas.
2° Il peut s’employer devant un participe ou un nom pris comme adjectifs:
Il est très connu. Il est très enfant.
Il ne s’emploie jamais, par contre, devant un nom pris comme nom :
On ne dit pas : J’ai très faim, mais : J’ai grand faim.

5° L’adverbe trop exprime l’idée d’une quantité excessive ou d’un degré


excessif.
Trop peut compléter le sens d’un verbe, d’un adjectif ou d’un adverbe :
Il a trop parlé. Il est trop sévère. Il vient trop tôt.

Il peut aussi s’employer comme nom et se construire avec un complément


partitif (§ 286, 1°, o) :
Il mange trop de pain. Tu as trop d'audace.
l’adverbe 231

N. B. — 1° Trop, en fonction de nom, s’emploie parfois 6ans complément partitif


au 3ens de « trop de choses » :
Il ne faut pas trop demander.

2° Trop, en fonction de nom, est parfois précédé de l’article defini, d’un adjectif
démonstratif ou d’un adjectif possessif :
Le trop de lumière éblouit. Son trop de confiance le perdra.
Ce trop d’amitié me confond.

3° Trop entre dans un certain nombre de locutions :


par trop [§ 305, A,2‘] de trop, qqf. en trop ne... pas trop
(c.-à-d. vraiment à l’excès) : (c.-à-d. en excès) : (c.-à-d. médiocrement) :
Il est par trop ennuyeux. J’ai dix francs de trop. II ne réussit pas trop bien.
Ce mot est en trop.

6° Les adverbes plus et moins sont respectivement les comparatifs irré¬


guliers de beaucoup et de peu. Iis expriment l’idée soit d’une quantité plus
grande ou moins grande, soit d’un degré plus élevé ou moins élevé.
Plus et moins peuvent compléter le sens d’un verbe, d’un adjectif ou
d’un adverbe :
plus. plus plus
Il dort Il est hardi. Il vend cher.
moins. moins moins

N. B. — Us servent ainsi à former les comparatifs de supériorité et d'infériorité de


l’adjectif (§ 133-134) et de l’adverbe (§292), et, précédés de l’article le, la, les, les
superlatifs relatifs correspondants (§ 137 et 293, 1°).

Ils peuvent aussi s’employer comme noms et se construire avec un com¬


plément partitif (§ 286, 1°, a) :
Il a plus de mérite. Il a moins de mérite. Il a plus d’enfants. Il a moins d’enfants.

N. b. — 1° Moins est souvent remplacé par les locutions négatives ne ... pas
autant devant un verbe ou un complément partitif, et ne... pas aussi devant un
adjectif ou un adverbe (§ 286, 7°) :
Il ne dort pas autant. Il n’a pas autant de mérite. Il n’a pas autant d’enfants.
Il n’est pas aussi hardi. Il ne court pas aussi vite.

2° Plus et moins, en fonction de noms, sont parfois précédés de l’article défini:


Qui peut le plus peut le moins.

3» Pluset moins entrent dans un certain nombre de locutions:


de plus, non plus, sans plus,
Ilestpauvre, et de plus infirme. Tu n’as rien dit, moi non plus. J’ai reçu ses injures, sans plus.

de plus, de moins, en plus, en moins,


J’ai un an de plus. J’ai un souci de moins. J’ai une valise en pl us. J’ai des frais en moi ns.

au plus, tout au plus, au moins, pour le moins,


Ils sont mille au plus. II y a trois mois au moins.

Plus et moins, exprimant la supériorité ou Vinfériorité, c est-à-dire une


comparaison, ont généralement pour complément une proposition de compa-
232 Ï,A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

raison introduite par la conjonction que et sont dans la principale les corré¬
latifs de cette conjonction (§443, 2°, b) :
Il souffre plus, ou moins, qu’il ne dit.
Il est | | riche qu’on ne croit. lia j ( d’argent qu’on ne croit.
Il est arrivé pl us tard, ou moins tard, qu’il ne pensait.

Cette proposition est souvent elliptique :


Paul est plus doux que Pierre Paul écrit moins bien que Pierre
(c.-à-d. que Pierre [n’est doux]). (c.-à-d. que Pierre [n’écrit]).

N. B. — 1° Plus et moins ont parfois pour complément un adjectif numéral (car¬


dinal, multiplicatif ou fractionnaire, §223) introduit par la préposition de ou, le cas
échéant (§ 225, 2°, N. B., 2° et 3°), par l’article défini contracté du :
plus de deux, moins de trente; plus du double, moins du tiers.

Mais si le complément est une locution telle que à demi, à moitié, aux trois
quarts, etc., il peut être également introduit par la conjonction que :
Le travail est plus qu’à demi fait ou Le travail est plus d’à demi fait.
2° Plus est souvent, remplacé par l’adverbe davantage, mais cet adverbe s’emploie
exclusivement avec un verbe et toujours sans complément :
Ne tardez pas davantage.
On ne dirait plus aujourd’hui, comme dans la langue classique:
Faire toujours davantage de bien. Aimer la paix davantage que la guerre.
3° Plus est remplacé par le vieil adverbe mais (§ 312,4°, b, N.B.) dans la locution:
-Te n’en peux mais.

?o Les adverbes autant et tant, aussi et si expriment les premiers l’idée


d’une quantité égale, les seconds l’idée d’un degré égal.
a. Autant et tant peuvent compléter le sens d’un verbe, mais tant n’est
possible que dans une proposition négative :
Il pleure autant. Il ne pleure plus autant. Il ne pleure plus tant.

Ils peuvent aussi s’employer comme noms et se construire avec un com¬


plément partitif (§ 286,1°, a) :
Il a autant de zèle. Il n’a plus autant de zèle. Il n’a pl us tant de zèle.

N. B. — 1° Autant et tant, en fonction de nom, s’emploient parfois sans complé¬


ment partitif, au sens de « autant de choses », « tant de choses » :
Il promet toujours autant. Il ne promet plus autant. Il ne promet plus tant.
2° Autant et tant entrent dans un certain nombre de locutions :
d’autant autant (et un infinitif) tant et plus
(c.-à-d. dans la même proportion) (c.-à-d. il vaut autant) (c.-à-d. énormément)
Il boit et rit d’autant. Autant le dire tout de suite. Il amasse tant et plus.

b. Aussi et si peuvent compléter le sens d’un adjectif ou d’un adverbe,


mais si n’est possible que dans une proposition négative :
Il est aussi gai. Il n’est plus aussi gai. Il n’est plus si gai.
Il marclie aussi bien. Il ne marche plus aussi bien. Une marche plus si bien
l’adverbe 233
N. B. — Aussi et si servent ainsi à former le comparant d'égalité de l'adjectif (8 1351
et de l’adverbe (§292).

o. Autant et tant, aussi et si exprimant Y égalité, c’est-à-dire une com¬


paraison, ont généralement pour complément une proposition de comparaison
introduite par la conjonction que et sont dans la principale les corrélatifs
de cette conjonction (§ 443, 2°, a) :
Je perds autant que tu gagnes. Il est aussi fier que tu es modeste.

Cette proposition est souvent elliptique :


Il a autant de bon sens que quiconque Il est aussi scrupuleux qu’un autre
(c.-à-d. que quiconque [a de bon sens]). (c.-à-d. qu’un autre [est scrupuleux]).
Il ne dépense pas tant qu’avant Il n’est pas si prudent que vous
(c.-à-d. qu’[/Z dépensait] avant). (c.-à-d. que vous [êtes prudent]).

d. Tant et si peuvent également avoir pour complément une proposition


de conséquence introduite par la conjonction que et sont alors dans la prin¬
cipale les corrélatifs de cette conjonction (§ 440, 2°) :
Il a tant lu qu’il sait beaucoup. Il a tant de bonté qu’il te pardonne.
Il est si naïf qu’on abuse de lui.

Ils s’emploient souvent sans complément comme adverbes exclamatifs :


Il a tant hésité! Il fait tant de choses ! Il est si heureux!

N. B. — 1° Tant et si sont souvent remplacés comme adverbes exclamatifs par


tellement :
Il a tellement hésité ! Il fait tellement de choses! Il est tellement heureux!

2° Si est toujours remplacé par tant ou par tellement en tête de l’exclamation :


Il se refuse tout, tant (ou tellement) il est avare 1

8° L’adverbe combien exprime soit la quantité, soit le degré, dans les


propositions de forme exclamative ou interrogative, et signifie soit « en
quelle quantité », soit « à quel degré ».
Il peut compléter le sens d’un verbe, plus rarement d’un adjectif ou un
adverbe :
Combien je redoute l'avenir! Combien l’homme est égoïste ! Combien loin sont les étoiles!
Tu vois combien je suis lasse.
(Dans cet emploi, combien n’est jamais interrogatif direct.)

N. B. —- 1° Combien est souvent remplacé, surtout devant un adjectif ou un


adverbe, par l’adverbe de manière comme, pris comme adverbe de quantité (§ 284, 7°).
Mais comme est toujours séparé de l’adjectif ou de l’adverbe dont il complète le
sens : Comme les étoiles sont loin !
2° Combien peut être également remplacé par l’adverbe de quantité que, mais
seulement dans les propositions de forme exclamative :
On» ’e redoute l’avenir! Que l’homme est égoïste ! Que les étoiles sont loin!
234 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Il peut aussi s’employer comme nom et se construire avec un complément


partitif (§ 286, 1°, a) :
Combien de déportés ne sont pas revenus !
Combien d’argent te faut-il? J’ignore combien tu as d’atouts.
(Dans cet emploi, combien peut être interrogatif direct ou indirect.)

N. g. _ fo combien, en fonction de nom, s’emploie parfois sans complément


partitif au sens de « combien de gens » ou « combien d’argent » :
Combien 6’cn contenteraient 1 Combien vaut ce bracelet ?
2° Combien, en fonction de nom, peut être remplacé, devant un complément
partitif, par l’adverbe que, mais seulement dans les propositions de forme excla¬
ma tive : Que de déportés ne sont pas revenus!
Employé sans complément partitif, il est souvent remplacé par que, au sens de
« combien d’argent » : Que vaut ce bracelet ?

9« Les adverbes de quantité suivants sont faciles à employer:


a. Seulement et ne... que (§ 297, 2°, c, N. B.), qui expriment une limi¬
tation et signifient «rien de plus», « pas davantage » :
Il aime l’argent seulement. Nous ne serons que trois.

b. Presque, à peu près, environ, quelque (invariable), qui expriment


une approximation et signifient «peu s’en faut»:
Il est presque sourd. Tu ne sais à peu près rien. Il a un million environ.
Il y a quelque vingt ans.

N. b. — 1° Presque s’emploie parfois devant un nom à la façon d’un adjectif


épithète : Il a obtenu la presque totalité des suffrages.
2° Quelque s’emploie devant un adjectif ou un adverbe, avec le sens de ei, dans
la locution quelque ... que (§ 438, 3°) :
Quelque indocile qu’il soit, il trouvera son maître.

c. Comme, quasi, quasiment, qui expriment une atténuation et signi¬


fient « pour ainsi dire » :
Elle était comme morte. Cela n’arrive quasi jamais. Ta robe est quasiment perdue.

N. b. — Quasi et quasiment sont aujourd’hui vieillis et un peu familiers1.

III. - L’ADVERBE DE LIEU

287. La forme des adverbes de lieu. - Les adverbes de lieu peuvent


être des mots ou des locutions exprimant :
1° le lieu où Von est; 2° le lieu où Von va; 3° le lieu d’où Von oient;
4° le lieu par où Von passe.

1. Les adverbes dits de prix, dont on fait parfois une classe à part, sont en réalité des adverbes de manière
ou des adverbes de quantité. Les principaux sont :
cher, bon marché combien, que gratis, franco
(§ 283, 3" et 4‘), (§ 286, 8°), (§ 283, 4”. N. B ),
Acheter cher. Que coûte ce livre ? Expédier franco.
L ADVERBE 235

1° Les adverbes exprimant le lieu où Fon est ou le lieu où Fou va sont :


où ici là y
[où es-tu ? où vas-tu?], [reste îcl ; viens loi], [reste là ; va là], [j’y reste ; j’y vais];
ci, çà ; ici et là, çà et là ; de-ci de-là ; par-ci par-là ; voici, voilà ;
deçà (rare), delà ; au deçà, en deçà, au delà ; par deçà, par delà ;
dedans, dehors : dessus, dessous :
au-dedans, au dehors ; en dedans, en dehors , au-dessus, au-dessous ; en dessus, en dessous ;
là dedans, là dehors. là-dessus, là-dessous,
avant, après, arrière ; devant, derrière; en avant, en arrière ; en tête, en queue ;
au milieu, au centre ; à côté, à droite, à gauche ;
en haut, en bas ; là-haut, là-bas ;
près, auprès; autour, alentour; loin, au loin;
partout, quelque part, nulle part, ailleurs.

N. B. — Un certain nombre d’adverbes de cette catégorie sont empruntés directe¬


ment au latin:
ibid. [c.-à-d. ibidem] passim in fine intra muros
(au même endroit). (çàetlà). (à la fin). (dans l’enceinte).

2° Les adverbes exprimant le lieu d’où Fon vient (tous, sauf un, commen
cent par la préposition de) sont :
d’où d'ici de là en
[d’où viens-tu?], [pars d’ici], [sors de là], [va-t-en],
de dedans, de dehors ; de dessus, de dessous ; de devant, de derrière ;
d’en haut, d’en bas ; de là-haut, de là-bas ;
de près; d’alentour; de loin;
de partout, de quelque part, de nulle part, d’ailleurs.

3° Les adverbes exprimant le lieu par OÙ l’on passe (tous, sauf un, com¬
mencent par la préposition par) sont :
par où par ici par là y
[par où passes-tu?], [passe par ici], [passe par là], [passes-y] ;
par dedans, par dehors; par-dessus, par-dessous; par devant, par derrière;
par en haut, par en bas ; par là-haut, par là-bas ;
partout, par ailleurs.

288. L’emploi des adverbes de lieu. 1° Certains adverbes de lieu


sont :
a. Des adverbes démonstratifs, qui ont la valeur d’un nom (lieu,
endroit, etc.) accompagné d’un adjectif démonstratif :
Je reste ici Allez là l’on viens Passez-y
(c.-à-d.dans ce lieu-ci) (c.-à-d. dans ce lieu-iu, (c.-à-d. de ce lieu) (c.-à-d. par ce lient

N, B. — En et y n’expriment pas toujours le lieu et s’emploient couramment


comme pronoms personnels de la 3a personne représentant principalement des noms
de choses (§ 169).

b, Des adverbes relatifs, qui unissent deux propositions à la manière d’un


pronom relatif et qui ont pour antécédent un autre adverbe de lieu ;
Reste là où tu es.
9e te suivrai oartout où tu iras. Monte là-haut, où l’on t’atteitf.
236 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N. B. — Où s’emploie couramment comme pronom relatif représentant princi¬


palement des noms de lieux (§ 196) :
La maison où j’habite La ville d’où je viens La rue par où je passe
(c.-à-d. dans laquelle). (c.-à-d. de laquelle). (c.-à-d. par laquelle).

c. Des adverbes interrogatifs :


Où es-tu? Où vas-tu? D’où viens-tu ? Par où passes-tu ?

2° Ici désigne le lieu où est la personne qui parle, et là un lieu où elle n est
pas : Viens ici [où je suis). Ne reste pas là [où tu esj.

N. B. — 1° Ici-bas signifie « dans ce bas monde », « sur la terre », et s’oppose à


là-haut, pris au sens particulier de « dans le ciel » :
Nous ne faisons que passer ici-bas.

2° Là-bas ne s’oppose pas à là-haut, pris au sens propre de « en haut », mais


exprime l’éloignement et signifie « à quelque distance d’ici » :
Vois-tu ce clocher là-bas ?

3° Ci est l’abréviation de ici. Il ne s’emploie plus isolément qu’en termes


de comptabilité :
5 mètres de drap à 500 francs, ci... 2500 francs.

Mais il sert à former des locutions adverbiales en se combinant avec


d’autres mots auxquels il est relié par un trait d’union :
ci-dessus, ci-dessous, ci-devant ci-après, ci-contre,
ci-gît, ci-joint, ci-inclus.

N. B. — Ci sert, en particulier, ainsi que ià, à former les pronoms et les adjectifs
démonstratifs composés (§180, N. B.) :
celui-ci, ce livre-ci, ceci; celui-là, ce livre-là, cela.

4° Çà s’opposait dans l’ancienne langue à là, et signifiait «ici», «à cet


endroit-ci » (lieu où 1 on va) ; Viens çà.

Il ne s’emploie plus que dans la locution çà et là et, en composition,


dans les adverbes :
deçà (rare), au deçà ou en deçà, par deçà,

qui s’opposent à :
delà, au delà ou en delà, par delà:
Restez en deçà. Allez au delà.

5° Voici (c’ est-à-dire vois ici) et voilà (c’est-à-dire vois là) s’opposent
comme ici et là, et servent à désigner, d’une façon générale, l’un ce qui est
rapproché, l’autre ce qui est éloigné de la personne qui parle ;
Voici des fleurs que je te donne Voilà le village où nous dînerons
(les fleurs sont dans ma main). (le village est dans le lointain).
LADVERBE 237

Ils s’emploient concurremment dans une même phrase tantôt pour distin¬
guer l’une de l’autre deux choses qu’on a sous les yeux :
Voici mon pardessus et voilà le vôtre ;

tantôt pour distinguer ce qui suit de ce qui précède :


Voilà ton objection et voici ma réponse
(l’objection précède, la réponse suit).

N. B. — Ces adverbes démonstratifs sont à rapprocher, pour ces divers sens, des
pronoms et des adjectifs démonstratifs formés avec -ci et -là (§ 182, 2° et 183, 2°).
On remarquera que, dans la pratique, quand ils ne sont pas opposés l’un à l’autre
dans une même phrase, voilà s’emploie volontiers pour voici. On dit indifféremment.
Voici > que voici ; en voici ;
L’homme De l’argent ?
Voilà \ le tram‘ que voilà. en voilà.

D’une façon générale, voilà tend à supplanter voici, qui n’est guère nécessaire
que dans l’expression: voici venir:
Voici venir enfin le printemps !

6° Les adverbes dedans et dehors, dessus et dessous ne s’emploient


plus comme prépositions, mais seulement comme adverbes. Dans l’ancienne
langue, par contre, on pouvait dire :
Aller dedans les enfers. Se cacher dessous la table.

7° Certains adverbes de Heu peuvent s’employer comme adverbes de temps:


Nul ne sait le jour où il mourra.
Tout peut changer d’ici à demain. Attendez patiemment jusque-là.
L’été est loin et l’hiver tout près.

IV. - L’ADVERBE DE TEMPS

289. La forme des adverbes de temps. — Les adverbes de temps


peuvent être des mots ou des locutions exprimant :
1° le moment de Vaction; 2° la durée de Vaction; 3° la répétition de l'action;
4° Vordre de succession des actions.
1° Les adverbes exprimant le moment de l’action sont notamment, selon
qu’il s’agit du présent, du passé ou de Y avenir :
maintenant, à présent, en ce moment, aujourd’hui ;
autrefois, jadis, récemment, naguère, dernièrement, avant-hier, hier;
bientôt, sous peu, prochainement, demain, après-demain.

N. B. —- 1° Certains de ces adverbes s’appliquent indifféremment :


a. Au passé et à l'avenir: tout à l’heure, tantôt, un jour:
Je suis venu ) . ..... Je l’ai aperçu
Je reviendrai j tout à 1
heupe- j>irai ,e voir tantôt.

Un jour il prit la fuite. Un Jour il s’en repentira

b. Au présent, au passé et à l'avenir: encore, déjà, quand?...


Il est (était, sera) encore là. Il est (était, sera) déjà là.
Quand vient-il (est-il venu, viendra-t-il) ?
238 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Les noms des jours de la semaine (lundi, etc.) s’emploient couramment comme
adverbes, ainsi que les mots matin et soir, qui, le cas échéant, les accompagnent:
Je suis parti samedi matin. Je rentrerai dimanche soir.
Les locutions ce malin, ce soir, cet après-midi se disent de la journée présente;
celle nuit, de la nuit précédente ou de la nuit suivante :
Il est arrivé (arrive, arrivera) ce matin
(c.-à-d. aujourd’hui, dans la matinée).
II a plu cette nuit II neigera cette nuit
(c.-à-d. la nuit dernière). (c.-à-d. la nuit prochaine).

2° Les adverbes exprimant la durée de l’action sont notamment :


toujours, longtemps, quelque temps, peu de temps, pendant ce temps ;
depuis toujours, depuis longtemps, depuis lors, depuis;
jusque-là, jusqu’à présent, jusqu’ici ; désormais, dorénavant, à jamais.

3° Les adverbes exprimant la répétition de l'action sont notamment :


toujours, ordinairement, souvent, fréquemment, bien des fois,
parfois, quelquefois, plusieurs fois, de temps en temps, de loin en loin, une fois,
de nouveau, encore; ne ...plus, ne ...jamais.

4° Les adverbes exprimant l’ordre de succession des actions sont notam¬


ment : avant,
auparavant, antérieurement, précédemment, plus tôt ;
d’abord, en premier lieu, au début ;
après, puis, ensuite, postérieurement, ultérieurement, dans la suite, plus tard ;
enfin, en dernier lieu, à la fin ;
alors, dès lors, aussitôt, sitôt, immédiatement, sur-le-champ, tout de suite •
soudainement, tout à coup ; ensemble, simultanément, en même temps.

N. B. — Les adverbes indiquant l’ordre de succession numérique des actions sont


des adverbes en -ment (g 283, 2°) formés sur les adjectifs ordinaux (g 227, 1») :
premièrement, secondement, troisièmement;
ou des adverbes en -o d’origine latine, généralement écrits en abrégé:
primo (1»), secundo (2°), tertio (3“).

290. L’emploi des adverbes de temps. — 1° Certains adverbes de


temps sont :
a. Des adverbes démonstratifs, qui ont la valeur d’un nom (moment,
jour, etc.) accompagné d’un adjectif démonstratif:
Vous ne m’avez pas alors parlé de cette aflaire
(c.-à-d. à ce moment-là).

b. Des adverbes relatifs, qui unissent deux propositions à la manière d’un


pronom relatif, et qui ont pour antécédent un nom exprimant une division
du temps : Préviens-moi du jour où tu viendras.

c. Des adverbes interrogatifs :


Quand donc viendrez-vous? Depuis quand est-il parti?

2° L’adverbe aussitôt (en un mot) signifie « immédiatement ». « tout de


su,tft !> : On appela le médecin, qui vint aussitôt.
l’atjverbe 280

La locution aussi tôt (en deux mots) annonce une proposition de compa¬
raison et s’oppose à aussi tard, comme plus tôt à plus tard (§ 284, 6°) :
Il arriva aussi tôt que moi.
N. b. _ Les adverbes bientôt, autrefois, quelquefois, longtemps, écrit9
en un seul mot, ne doivent pas être confondus avec bien tôt, [une] autre fois,
quelques fois, [un] long temps, écrits en deux mots:
Je serai bientôt prêt, Tu es arrivé bien tôt
(bien tôt est l’opposé de : bien tard).
Ce sont les mœurs d’autrefois, Je reviendrai une autre fois
(autre fois est toujours précédé d’un déterminant).
Il est un peu bourru quelquefois, Je ne l’ai vu que quelques fois
(quelques fois équivaut à un certain nombre de fois).
Il attendra encore longtemps , Ah ! le long temps de la captivité I
(long temps est toujours précédé d’un déterminant).

3° L’adverbe sitôt (en un mot) signifie « si vite » :


Comment peut-on mourir sitôt !

Il annonce parfois une proposition de comparaison et signifie alors « aussi


vite » (§ 443, 2°, a) : Il n’arriva pas sitôt que moi.

La locution si tôt (en deux mots) s’oppose à si tard, et s’emploie en


particulier pour annoncer une proposition de conséquence (§440, 2°).
Nous ne vous attendions pas si tôt. Il est si tôt que je ne suis pas prêt.

N. b. _ La locution de sitôt, qui ne s’emploie qu avec la négation, signifie


« prochainement » : Il ne reviendra pas de sitôt.

40 L’adverbe tantôt se dit de la journée où l’on est, et signifie, avec un


verbe au passé ou au futur, « cet après-midi » :
Je l’ai aperçu tantôt J’irai le voir tantôt
(la phrase est prononcée le soir). (la phrase est prononcée le matin).

Il s’emploie parfois avec un verbe au présent et signifie alors «bientôt»:


Il est tantôt midi.

N B _ La locution à tantôt signifie « à cet après-midi ».

5° L’adverbe jamais, généralement accompagné de la négations, a


pris, au contact de cette négation, un sens négatif qu’il n’avait pas d abord,
et signifie « à aucun moment » :
On n’a Jamais rien vu de pareil.

Mais il a parfois le sens affirmatif de « à un moment .quelconque », « quelque


our » et s’emploie sans négation dans les propositions interrogatives qui
sont des négatives déguisées ou dans certaines subordonnées, notamment les
propositions de condition :
T’ai-je Jamais soutenu le contraire?
(c.-à-d. je ne t'ai jamais soutenu...) ■
Je ne crois pas qu’il guérisse Jamais. Si Jamais 11 vient, U sera bien reçu.
C’est le plus beau livre que J’aie Jamais lu.
240 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N.B. —- 1° Il a le sens négatif, sans être accompagné de la négation ne:


a. Dans les propositions dont le verbe à l'infinitif est introduit par la préposition
SOIS : Il part sans Jamais m’avertir.

b. Dans les phrases elliptiques, notamment dans les comparaisons ou dans les
réponses: Je nie porte mieux que jamais Es-tu allé à Rome ? — Jamais
(c.-à-d. que je ne me suis jamais porté). (c.-à-d. je ne suis jamais allé...).

2° Il a le sens affirmatif de « toujours » dans les locutions à jamais et pour


jamais: Être séparés à jamais. Dire adieu pour jamais.

6° L’adverbe encore, s’il exprime la continuationd'une action qui se pro«


longe, signifie «jusque-là », «alors », ou «jusqu’ici », « maintenant », selon qu’il
s’agit d’une action passée ou d’une action présente :
Il y a un siècle, l’esclavage existait encore II n’est pas mort : il respire encore
(c.-à-d. continuait à exister). (c.-à-d. continue à respirer).

S’il exprime la répétition de l’action, il signifie «de nouveau », « une fois de


plus », d où il passe au sens de « de plus », d’où toute idée de temps est exclue :
Donnez-nous encore à boire. Sois juste, mais sois encore bon.

7° L’adverbe tout de suite signifie « immédiatement » ; l’adverbe de


manière de suite, avec lequel il est souvent confondu, signifie « à la file »,
« successivement » :
Un enfant doit obéir tout de suite. J’ai reçu de lui trois lettres de suite.

8° L’adverbe tout à coup signifie « soudainement » ; l’adverbe tout d’un


coup, avec lequel il est souvent confondu, signifie «en une seule fois»:
Un orage éclata tout à coup. Il a fait fortune tout d’un coup.

V. - LES DEGRÉS DE SIGNIFICATION


DES ADVERBES DE CIRCONSTANCE

291. Généralités. Comme les adjectifs qualificatifs, sur lesquels ils


sont formés (§ 283, 2° et 3°), les adverbes de manière, mais aussi certains
adverbes de lieu et de temps peuvent avoir des comparatifs (8 132-135) et des
superlatifs (§ 136-138).

292. La forme du comparatif. — 1° Le comparatif de supériorité est


formé de l’adverbe précédé de plus (§ 286, 6°) :
plus vite, plus cher, plus loin, plus tôt.

Toutefois, pour quelques adverbes, ilest constitué par un adverbe spécial:


m,eux Pis plus m '
(comp.dei>w»,§284,4°), (comp.demal, §284, 5»), (comp. de beaucoup, § 286, 6»), (comp. de p'u^ 286, 6°).

empl^é^ue^a111^3^^^ r®8u^er de mal, qui estplus mal, est plus fréquemment


'» ; <«
l’adverbe

2° Le comparatif d infériorité est formé de l’adverbe précédé de moins


(§ 286,6°): moins vite, moins cher, moins loin, moins tôt.

8° Le comparatif d’égalité est formé de l’adverbe précédé de aussi ou de


si (§ 286, 7°, b) :
aussi
ssi . aussi
auS8i < vite, cher, ®si i loin, au8si i tôt.
SI $ ’ sii 1 si• S ’ si \

293. La forme du superlatif. — i« Le superlatif relatif est formé du


comparatif (de supériorité ou d’infériorité) de l’adverbe précédé de l’article
défini le i
le plus i le plus
vite, i cher, , le P|us 1 loin, le P|US
ie moins S le moins 5 le moins S tôt.
le moins
le mieux, i le plus mal, le pis; i le plus,
ie moins bien ; ) le moins mal ; ( le moins.

2° Le superlatif absolu est formé de l’adverbe précédé de très (§ 286, 4°;


ou d’un adverbe équivalent comme fort, bien, tout à fait, extrême¬
ment, etc. :
très, / très., très, j
fort, bien i vlte* fort, bien fort, bien >

LES ADVERBES D’OPINIOfM

I. - L’ADVERBE D’AFFIRMATION
294. La forme des adverbes d’affirmation. — Les adverbes d’affir
mation peuvent être:
1° Soit de simples mots:
oui (c.-à-d. cela est), si (c.-à-d. c’est ainsi),
certes, vraiment, assurément, certainement, sûrement, bien
parfaitement, effectivement, réellement,
justement, précisément, même, surtout.

2° Soit des locutions de formation diverse:


à la vérité, en vérité, sans aucun doute, pour sûr, bien sûr.

N. B. — A ces adverbes, qui renforcent l'affirmation, peuvent être joints ceux qui
l’atténuent, en présentant l’action comme simplement possible ou probable, et dont
on fait parfois une classe à part, celle des «adverbes de doute»:
peut-être, sans doute, probablement, apparemment, évidemment,
bien, volontiers, soit.

295. L’emploi des adverbes d’affirmation. — 1° L’adverbe oui s’em¬


ploie :
143 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

o. Pour remplacer, à lui seul, toute une proposition, dans une réponse à
une interrogation non négative!
Viendrez-vous? — Oui
(c.-à-d. je viendrai).
N. b, _ b B est souvent, dans cet emploi, soit répété, soit renforcé par un autre
mot, généralement un adverbe ou une interjection:
Viendrez-vous ? — Oui, oui.
Viendrez-vous ? — Oui certes. Viendrez-vous ? — Oh ! oui.
Viendrez-vous? — Mais oui.
Les formes renforcées que oui (§ 315, N. B., 2°), oui-dame (§ 318, 3°, N. B.)
appartiennent au langage familier; oui-da est vieilli.
2° Il remplace encore une proposition dans des expressions telles que dire (ré¬
pondre, etc.) oui, dire (croire, etc.) que oui:
Viendrez-vous? Dites-moi oui Viendra-t-il? Je crois que oui
(c.-à-d. : dites-moi : je viendrai). (c.-à-d. je crois qu’il viendra).

b. Pour renforcer l’affirmation, en tête ou à la fin d’une proposition dont


il est séparé par une virgule :
Oui, je me vengerai. Je me vengerai, oui.

2° L’adverbe si s’emploie :
a. Pour remplacer, à lui seul, toute une proposition, dans une réponse à une
interrogation négative ; Ne viendrez-vous pas? — Si
(c.-à-d. je viendrai).
N. B._ 1° Il est souvent, dans cet emploi, soit répété, soit renforcé par un autre
mot, généralement un adverbe ou une interjection :
Ne viendrez-vous pas ? — Si, si.
Ne viendrez-vous pas ? — S! certes. Ne viendrez-vous pas ? — Oh ! si.
Ne viendrez-vous pas? — IVIais si.
Les formes renforcées que si (§315, N. B., 2») et si fait1 appartiennent au langage
familier.
2“ Il remplace encore une proposition dans des expressions telles que dire (ré¬
pondre, etc.) si, dire (croire, etc.) que si :
Ne viendrez-vous pas? Diles-moi si Ne viendra-t-il pas? Je crois que si
(c.-à-d. : dites-moi : je viendrai). (c.-à-d. je crois qu'il viendra).

b. Pour renforcer l’affirmation, en tête ou à la fin d’une proposition affir¬


mative dont il est séparé par une virgule :
SI, je me vengerai. Je me vengerai, si.

3° L’adverbe vraiment, employé seul ou avec oui, parfois avec non,


renforce Vaffirmation et signifie «réellement»:
Il est vraiment poète.
Oui, vraiment, tu exagères. Non vraiment, tu exagères.

x. C’est-à-dire : si (ainsi) fait-il. On disait, à l’origine, si fais-je, si fais-tu, etc. La locution s’employant
volontiers sans sujet, la 3" personne, plus fréquente, finit par subsister seule et perdit bientôt son sens
verbal ; depuis lors, o fait» reste invariable, quels que soient le sujet et le temps du verbe de la proposition
interrogative : Ne viens-tu pas ? — SI fait Ne viendront-ils pas ? — S i fait
(au lieu de : si fais-je). (au lieu de : si feront-ils).
l’adverbe 243

Parfois, le renforcement est ironique:


C’est vraiment à vous de critiquer les autres.

N- B. — L’adverbe voire, aujourd’hui vieilli, signifiait «vraiment».


Il s’emploie encore dans une réponse ironique à une affirmation contestable et
signifie «oui, si l’on veut», «oui et non »:
C’est notre plus grand orateur. — Voire.
Souvent accompagné de môme, il a fini par en prendre le sens, et signifie à lui.
seul «et même»: Il est bon, voire (ou voire même) un peu faible.

4° L’adverbe sans aucun doute signifie « à n’en pas douter », « certai¬


nement », et renforce V affirmât ion; l’adverbe sans doute, au contraire, atténue
l affirmation, et signifie «selon toute apparence», «probablement»;
Nous mourrons tous sans aucun doute.
Mon frère arrivera sans doute aujourd’hui.

N. B. — 1° Sans doute avait souvent, dans l’ancienne langue, la valeur de


« sans aucun doute » : Nous mourrons tous sans doute.

Il l’a parfois encore, notamment quand il est en corrélation avec mais et


exprime la concession (il équivaut alors à : « oui, je le concède ») :
Il est riche sans doute, mais peu heureux.
2° Sans doute est parfois suivi de la conjonction que employée de façon explétiue
(§ 315, N. B., 2°) : Sans doute qu’il viendra.

En ce cas, il a la valeur, à lui seul, d’une proposition telle que: «il est probable »,
et qui aurait une subordonnée commençant par que pour sujet (§ 400, 1°).
Les adverbes peut-être, probablement, apparemment, etc., peuvent s’em¬
ployer de la même manière : Peut-être qu’il pleuvra
(c.-à-d. il est possible qu’il pleuve).

5° L’adverbe bien est aussi souvent adverbe d’affirmation qu'adverbe de


manière ou de quantité (§ 284, 2°). Il s’emploie :
a. Dans une réponse, pour exprimer l’assentiment, soit seul, soit répété,
soit renforcé par un autre adverbe, avec la valeur de « d’accord »:
Bien, tout sera fait. Bien, bien, c’est entendu. Fort bien, j’ai compris.

b. En corrélation avec mais, pour exprimer la concession, avec la valeur


de «sans doute» (§ 295, 4°, N. B.):
Il est bien riche, mais peu heureux.

c. Dans une proposition quelconque, pour exprimer Vapproximation, avec


la valeur de « à peu près », « environ » :
Il y a bien deux lieues d’ici au village.

6° L’adverbe soit (c’est-à-dire [que cela] soit J s’emploie dans une réponse
pour exprimer l’assentiment, avec la valeur de « d’accord », mais générale¬
ment avec une nuance de regret :
Tu veux partir? Soit, mais tu t’en repentiras.
244 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

II. - L'ADVERBE DE NÉGATION

296. La forme des adverbes de négation. — Les adverbes de négation


sont essentiellement les mots :
non (forme tonique) et ne (forme atone).

N. B. — Il existait dans l’ancienne langue l’adverbe nenni, qui n’est plus usité
que dans le parler des paysans, souvent sous la forme nani.

297. L’emploi des adverbes de négation. — 1° L’adverbe non est le


contraire à la fois de oui et de si (§ 295, 1° et 2°). Il s’emploie :
a. Pour remplacer, à lui seul, toute une proposition, dans une réponse à
une interrogation négative ou non:
Viendrez-vous? Non Ne viendriez-vous pas? — Non
(c.-à-d. je ne viendrai pas). (c.-à-d. je ne viendrai pas).

N. b. — 1° Il est souvent, dans cet emploi, soit répété, soit renforcé par un autre
mot, généralement un adverbe ou une interjection :
Viendrez-vous ? — Non, non.
Viendrez-vous? — Non certes. Viendrez-vous? — Oh ! non.
Viendrez-vous? — Mais non.

Les formes renforcées non pas, ou que non, que non pas (§ 315, N. B., 2°) sont
très fréquentes.
2° Il remplace encore une proposition dans des expressions telles que dire
(répondre, etc.) non, dire (croire, etc.) que non, etc. :
Partirez-vous? Dites-moi non Partira-t-il? Je crois que non
(c. à-d. : dites-moi: je ne partirai pas). (c.-à-d. je crois qu’il ne partira pas).
et dans la locution sinon (en un mot), qui signifie « dans le cas contraire », ou, si
elle est en corrélation avec du moins, « non pas» (§442, N. B., 2°) :
Courez, sinon vous arriverez en retard II sait, si non le grec, du moins le latin
(c.-à-d. si vous ne courez pas). (c.-à-d. s’il ne sait pas le grec).

b. Pour renforcer la négation, en tête ou à la fin d’une proposition néga¬


tive dont il est séparé par une virgule :
Non, je ne céderai pas. Je ne céderai pas, non.

c. Pour nier, à l’intérieur d’une phrase, un élément, mot ou groupe de


mots, de cette phrase :
La maison, non construite encore, est déjà louée.
Il habite non loin de toi. Il se plaint non sans raison.

N. B. — Il s’emploie, en particulier, avec la valeur d’un préfixe négatif (§ 58),


devant un adjectif ou un participe:
Un succès non douteux. Une leçon non sue. Un père non consentant.
Il a parfois aussi cette valeur devant un nom ou un infinitif, auquel il est relié
par un trait d’union :
Cette phrase est un non-sens. Il bénéficie d’un non-lieu.
Les non-combattants. Un traité de non-agression. Les non-valeurs.
Une fin de non-recevoir.
l’adverbe 245

d.Tour opposer, à l’intérieur d’une phrase, deux éléments, mots ou pro¬


positions, remplissant dans cette phrase la même fonction :
La beauté passe, non la vertu. Il aime les louanges, non les conseils.
Agis toujours par devoir, non par intérêt.
Il voudrait qu’on l’aime, non qu’on le craigne.

N. B. — La négation nie, en pareil cas, le second élément; mais l’ordre peut être
interverti ; l’élément nié est alors le premier, et le second est introduit par mais:
Il aime non les conseils, mais les louanges.

Il en est ainsi, en particulier, dans la construction symétrique (§ 311, II) non


seulement..., mais encore (ou mais aussi):
Il a non seulement l’estime, mais encore l’aSection de tous.

2° L’adverbe ne s’employait couramment seul dans l’ancienne langue :


Ne bougez d’ici
(c.-à-d. ne bougez pas d'ici).

A. — Aujourd’hui ne est généralement accompagné d’un mot qui en ren¬


force la valeur négative. Ce mot peut être :
a. Soit une des particules adverbiales pas et point, qui forment avec ne
les négations composées ne ... pas, ne ... point :
Il ne réussira pas. Je ne le veux point.

N. B. — 1° De ces deux particules, pas est de beaucoup la plus usitée; point nie
avec plus de force et équivaut à « nullement ».
2° Les particules pas et point sont d’anciens noms qui désignaient une parcelle
infime d’espace, comme mie ou goutte une quantité insignifiante de pain ou d’eau.
On disait d’abord, avec des verbes de sens correspondant :
Je n’avance pas Je ne vois point Je ne mange mie Je ne bois goutte
(c.-à-d. [pas] d’un pas ). (c.-à-d. [pasj un point). (c.-à-d. [pas ]une miette), (c.-à-d. [pasj une goutte).

Mais, dans cet emploi, ces noms perdirent peu à peu leur sens propre, si bien qu’on
les associa indifféremment à n’importe quel verbe :
Je n’avance mie. Je ne vois goutte. Je ne mange pas. Je ne bois point.

Au contact de la négation, ces mots finirent par prendre un sens négatif et devin¬
rent ainsi de simples particules de renforcement de la négation.
3° Les particules pas et point ont fini par exprimer parfois à elles seules l’idée
négative et s’emploient notamment dans le langage familier avec la valeur de non
(sj 297, 1°, C et d) : I] travaille pour lui, pas pour les autres.
Il y a trop de leçons pas sues. Il écrit des pièces pas gaies.

b. Soit la conjonction négative ni ou la construction symétrique ni ... ni


(§311,1): Je ne peux ni na veux. N’être ni beau ni laid.

N. B. — Il n’est jamais renforcé à la fois par ni et par pas ou point.

c. Soit un des pronoms, adjectifs ou adverbes indéfinis, tels que personne,


rien, aucun, jamais, qui tantôt précèdent, tantôt suivent l’adverbe ne :
Personne n’est sans défaut. Rien ne naît de rien. Aucun être n’est éternel.
Jamais le sage ne s’irrite.
La mort n’épargne personne. Un sot ne pense à rien. Qui donc n’a aucun souci?
L’avenir n’est jamais sûr.
246 LA MOrtPHOT.OGIE DU FRANÇAIS

N. B. — 1° Ces mots, qui avaient par eux-mêmes un sens affirmatif, ont fini par
prendre un sens négatif (§ 215, 1°, 2° et 6°; 220, 1°, et 290, 5°) au contact de la néga¬
tion ne, dont ils peuvent ainsi renforcer la valeur négative.
2° L’adverbe ne est souvent accompagné d’autres adverbes avec lesquels il forme
certaines locutions :
ne ... guère ne ... que ne ... plus
(c.-à-d. ne ... pas beaucoup), (c.-à-d. ne ... pas, si ce n’est), (c.-à d. ne ... pas désormais),
Il n’entend guère. Il ne lit que des vers. Il ne voyage plus.
3° L’adverbe ne est parfois omis devant les mots de renforcement, qui expriment
alors à eux seuls l’idée négative.
Il en est ainsi dans les phrases sans verbe, notamment dans les réponses:
Comment vas-tu ? — Pas bien. Êtes-vous fâché ? — Point.
Quiestvenu? — Personne. Quoideneuf?— Rien. Céderas-tu? —Jamais
Pas fameux, ce devoir! Sans argent, point de pain.

B. — Mais encore aujourd’hui ne s’emploie seul, sans mot qui en renforce la


valeur négatives
a. Dans certaines expressions toutes faites, souvent de forme imper¬
sonnelle, et certaines locutions verbales :
N’importe. N’empêche.
A Dieu ne plaise! Ne vous en déplaise! Qu’à cela ne tienne!
N’avoir garde de. Ne faire que de. N’avoir que faire de. N’avoir cure de.
Il n’est que de (c.-à-d. il suffit de).

b. Dans certains proverbes, conservés sous leur forme ancienne :


Il n’est pire eau que l’eau qui dort.

c. Dans une proposition de forme interrogative ou exclamative introduite


par que ne... (c.-à-d. « pourquoi ne... pas », § 299, N. B., 1°) :
Que ne répondiez-vous tout de suite? Que ne suis-je au bord de la mer!

N. B. — Il s’emploie avec ou sans mot de renforcement dans les interrogations ou


les exclamations introduites par qui ne..., que ne... (c.-à-d. « quelle chose ne ...
pas») ou quel ... ne...:
Qui ne court [pas] après la Fortune ? Que ne ferais-je [pas! pour vous plaire ?
Quel esprit ne bat [pas] la campagne ?

d. Souvent devant les verbes oser, pouvoir, cesser, savoir, suivis d’un infi¬
nitif objet (§ 405, 2°) exprimé ou sous-entendu :
Il n’ose [pas] aller chez toi. Je ne pouvais [pas] me consoler. Il ne cesse [pas] de tousser.
Je n’ose [pas]. Je ne puis [pas]. Je ne sais [pas].

N. B. — Il est généralement seul aussi devant le verbe savoir employé au condi¬


tionnel avec la valeur de « pouvoir » :
On ne saurait [pas] penser à tout,
ou suivi d’une interrogation indirecte à sens délibératif (§ 410, 1°, b):
Je ne sais [pas] où aller.

Mais il n’est jamais seul si le verbe savoir exprime la connaissance, la possession


d’une science ou d’un art : Il ne sait pas nager
(c.-à d, il ignore l’art de nager).
l’adverbe 247

e. Souvent dans les locutions r?avoir (ne faire, ne savoir, etc.) d'autre ... que:
Je n’ai [pas] d’autres désirs que les tiens.

/. Souvent dans une proposition de condition introduite par si (§ 442) :


La mémoire se perd si on ne l'exerce [pas].
N. B. — Il est généralement seul dans les expressions si je ne me trompe, si ce
n’est toi (lui, etc.) :
Si je ne me tpompe, tu le connais. Si ce n’est toi, c est ton camarade.
Mais il est toujours seul dans la locution si ce n’est signifiant « sinon », «excepté»:
Je ne l’ai dit à personne, si ce n’est à mon fils,
et dans les locutions n’était, n’eût été, abréviations de «si ce n’était [pas] », « si ce
n’eût [pas] été» (§ 442, A, N. B., 2°) :
N’était son grand âge, elle m’accompagnerait.

g. Souvent dans une proposition de conséquence (§ 440) ou une relative de


sens équivalent (§ 446, 4°), si la principale est de forme négative ou interro¬
gative : Peut-on si bien agir qu’on ne soit [pas] critiqué?
Il n’est point de peine que le temps n’atténue [pas].

h. Souvent dans une proposition de temps introduite par la conjonction


depuis que ou par les locutions il y a (un an, etc.) que, voilà (un an,etc.)
que (§ 441, 3°, N. B.), si le verbe de la subordonnée est à un temps composé:
Il y a deux ans que je ne l’ai [pas] vu.
B._ n n’est jamais seul si le verbe est au présent ou à l'imparfait :
Voilà deux ans que nous ne nous parlons pas.

C. — En outre, ne s’emploie seul, mais de façon explétive, dans certaines


propositions subordonnées qui logiquement ne devraient pas contenir de
négation.
N, g. __ Le ne dit explétif ne donne pas en réalité un sens négatif à la propo¬
sition dans laquelle il se trouve ; il ne fait que traduire une idée négative plus ou
moins impliquée dans l’ensemble de la phrase. Si je dis :
Je crains qu’on ne me trompe,
j’exprime à la fois la crainte d’être trompé (fait positif) et le désir de ne pas l’être
(fait négatif). Le ne explétif est l’écho de ce désir négatif impliqué dans ma crainte.

Le ne explétif, dont l’emploi est facultatif, se rencontre principalement :


a. Dans les propositions compléments d'objet des verbes exprimant la
crainte, comme craindre, avoir peur, redouter, trembler, etc. (§ 408, 2°, a), si la
principale est de forme affirmative ou interrogative :
Je crains qu’il ne vienne Craignez-vous qu’il ne vienne ?
(c.-à-d. je désire qu'il ne vienne pas). (c.-à-d. désirez-vous qu'il ne vienne pas?).
jq B._ 1° Le ne explétif ne s’emploie pas dans la subordonnée, si la principale
est de forme négative : Je ne crains pas qu’il vienne.
248 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Il est remplace nécessairement par la négation ne ... pas, si la principale est


de forme affirmative et la subordonnée de forme négative :
Je crains qu’il ne vienne pas.

b. Dans les propositions compléments d'objet des verbes exprimant l’empê¬


chement, comme empêcher, éviter, etc. (§408,2°, b), quelle que soit la forme
de la principale :
J’empêcherai qu’il ne parte. Empêcherai-je qu’il ne parte?
Je n’empêcherai pas qu’il ne parte.
N. B. — 1° Le ne explétif s’emploie ou ne s’emploie pas avec le verbe prendre garde,
selon que la subordonnée exprime un résultat à éviter ou un résultat à atteindre :
Prends garde qu’on ne te voie Prends garde que ta leçon soit sue
(le résultat est à éviter). (le résultat est à atteindre).
2° Il ne s’emploie jamais après le verbe défendre, quelle que soit la forme de la
principale : J’ai défendu qu’on se chamaille. Ai-je défendu qu’on s’amuse ?
Je n’ai pas défendu qu’on cause.

c. Dans les propositions compléments d objet des verbes exprimant la


négation ou le doute, comme nier, douter, contester, etc. (§ 408,1°, a, et 2°, N. B.),
si la principale est de forme négative ou interrogative :
Je ne nie pas qu’il ne soit guéri, Peux-tu douter qu’il ne guérisse?
(ne est souvent omis dans les deux cas).

N. B. — Le ne explétif ne s’emploie pas dans la subordonnée, si la principale est


de forme affirmative : Je doute qu’il guérisse.

d. Dans les propositions de comparaison complétant un comparatif de


supériorité ou d’infériorité, ou encore les mots autre ou autrement
(§ 443, 2°, b), si la principale est de forme affirmative :
Il est plus aimable qu’il n’était. Il a moins d’esprit qu’il ne croit.
Il agit autrement qu’il ne parle.

N. B. — Le ne explétif ne s’emploie pas, en général, si la principale est de forme


négative ou interrogative:
Il n’est pas plus aimable qu’il était. Agit-il autrement qu’il parle ?

e. Dans des propositions de circonstance introduites par diverses locutions


conjonctives, notamment par de peur que (§ 439), avant que (§ 441, 3°), à
moins que (§ 442, N. B., g) :
Il a pris la fuite, de peur qu’on ne l’arrêtât.
Ne pars pas avant que je ne sois rentré. Il acceptera, à moins qu’il ne soit fou.
N. B. — 1° Le ne explétif ne s’emploie pas dans une proposition introduite par
sans que : Je travaille pour toi, sans que tu t’en doutes.
2» La conjonction que, employée avec la valeur d’une de ces locutions (§ 315), y
compris sans que, est toujours accompagnée du ne explétif :
Va-t-en vite, que je ne t’assomme
(c.-à-d. de peur que).
Ne joue pas que tu n’aies fait ton devoir II ne fait rien qu’on ne le contraigne
(c.-à-d. avant que). (c.-à-d. à moins que).
Je ne te parle jamais que tu ne t’irrites
(c.-à-d. sans que).
l’adverbe 249

f. Après certaines locutions telles que : peu s'en faut que, il ne tient pas â
rmoi, etc.) que, etc.:
Peu s’en fallut qu’il ne tombât mort. Il ne tient pas à moi qu’il ne réussisse.

III. - L’ADVERBE D’INTERROGATION

298. La forme des adverbes d’interrogation. — Les adverbes d’inter¬


rogation sont de deux sortes :
1° Les uns servent â interroger sur les diverses circonstances de l’action.
Ces adverbes, mots ou locutions, peuvent exprimer :
a. La manière (§ 284, 8°): b. La quantité (§ 286, 8°) : c. La cause:
comment? combien? pourquoi?

d. Le lieu (§ 288, 1°, ci. e. Le temps (§ 290, i°, c) :


où? d’où? par où? quand? depuis quand?

2° Les autres servent à interroger sur la réalité même de l’action. Ces


adverbes sont au nombre de deux, une locution et un simple mot :
est-ce que...? si1.

299. L’emploi des adverbes d’interrogation. — 1° Les adverbes ser¬


vant à interroger sur les circonstances de l’action s’emploient dans l’inter¬
rogation directe ou indirecte (§ 410, 1°, N. B.) :
a. Manière b. Quantité:
Comment va ton père? Combien de frères as-tu?
Ois-moi comment va ton nère. Dis-moi combien de frères tu as.

c. Cause:
Pourquoi te tourmentes-tu ? Dis-moi pourquoi tu te tourmentes,

d. Lieu :
Où restes-tu? Dis-moi où tu restes. D’où viens-tu? Dis-moi d’où tu viens.
Par où passes-tu ? Dis-moi par où tu passes.

e. Temps '
Quand partiras-tu ? Dis-moi quand tu partiras.
Depuis quand attends-cu ? Dis-moi depuis quand tu attends.

N. B. — 1° L’adverbe interrogatif pourquoi est parfois remplacé dans l’interro¬


gation directe par le pronom interrogatif que employé avec une valeur adverbiale
{§ 205, N. B., 2°) :
Que tardes-tu à revenir g Que n’es-tu près de moi ?

2° Les adverbes interrogatifs, comme les pronoms et les adjectifs interrogatifs,


sont toujours placés en tête de la proposition.

i. L’adverbe d’interrogation si ne doit pas êtrf --ouîondu avec la conjonction si, qui exprime la condition
<§ 442).
250 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Les adverbes servant à interroger sur la réalité de l’action s’emploient,


l’un, est-ce que...? dans l’interrogation directe; l’autre, si, dans l’inter¬
rogation indirecte (§ 410, 1°, N. B., c) :
Est-ce que tu sais l’anglais? Dis-moi si tu sais l’anglais.

N. B. — L’interrogation directe portant sur la réalité de l’action peut être marquée,


non par la locution est-ce que...?, mais:
a. Par l'inversion du pronom sujet (§279):
Sais-tu l’anglais ?
b. Par un pronom rappelant après le verbe, comme sujet explétif, le nom sujet réel
qui précède le verbe (§ 279, 2°, N. B.) :
Jean sait-il l’anglais?
c. Par Vintonation (sans inversion du pronom sujet) :
Tu sais l’anglais ?
CHAPITRE VIII

LA PRÉPOSITION

300. Généralités. — La préposition est un mot invariable qui sert à


introduire un complément (nom, pronom, verbe à l’infinitif) en précisant le
rapport qui l’unit au mot complété :
J’habite dans une ferme II rentre à huit heures 11 se promène avec moi
(rapport de lieu). (rapport de temps). (rapport d’accompagnement).
Il est fier de ses enfants Je travaille pour vivre
(rapport de cause). (rapport de but).

N. B. — L’adverbe était un mot expressif par lui-même ; la préposition n’a pas


d’existence indépendante et n’est qu’un lien entre deux mots expressifs, le complé¬
ment et le complété.

301. La forme des prépositions. — Les prépositions se présentent sous


la forme :
1° Soit de simples mots :
à, de ; dans, en, chez, hors ; sur, sous ;
vers, envers ; devant, derrière ; contre, pour ; entre, parmi ;
avant, après, passé; pendant, durant; depuis, dès; jusque;
avec, sans; par, moyennant; vu, attendu;
sauf, excepté, hormis ; outre ; selon, suivant, malgré.

N. B. — 1° A ces prépositions d’usage courant, il convient d’ajouter:


a. ès (c’est-à-dire en les, § 140, 2°, N. B.), usité seulement dans certains titres
universitaires : docteur ès lettres, licencié ès sciences, etc.
b. fors (c’est-à-dire hors, du latin forts), qui survit dans la phrase souvent répétée
de François Ier après Pavie: «Tout est perdu, fors l’honneur. »
c. lès (c’est-à-dire à côté de, du latin talus), usité seulement dans certains noms
de villes: Plessis-lès-Tours.
2° Les prépositions tirées de participes ou d'adjectifs (§ 75) sont, comme telles, tou¬
jours invariables :
Vu l’urgence, télégraphiez-moi Tout a été volé, sauf les livres
(c.-à-d. en raison de). (c.-à-d. à l’exception de).

3° Les mots voici et voilà, souvent considérés comme des prépositions, sont ei
réalité des adverbes démonstratifs de lieu (§ 288, 5°).

2° Soit de groupes de mots, appelés locutions prépositives:


à travers, d’après, d’avec, de par, d'entre,
de chez, de devant, de derrière, de dessus, de dessous, de delà,
par chez, par-devant, par derrière, par-dessus, par-dessous, par delà,
jusqu’à, quant à, sus à, sauf à, grâce à,
hors de, loin de, près de, auprès de, autour de, vis-à-vis de, faute de.
étant donné, eu égard à, il y a [un an, etc.],
252 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

à cause de, à côté de, à défaut de, afin de, à force de, à raison de,
à l’abri de, à l’aide de, à l’égard de, à la faveur de, èl’envide, à l’insu de,
au delà de, au dedans de, au-dessus de, au-dessous de, au-devant de,
au bas de, au haut de, au milieu de, au travers de, au lieu de, au prix de,
aux environs de, aux dépens de,
en deçà de, en dedans de, en dehors de, en face de, en faveur de, en raison de
en dépit de, en plus de, par rapport à.

302. L’emploi des prépositions. — 1° Les prépositions peuvent intro¬


duire :
a. Des compléments de noms (§ 378) :
Une table à ouvrage. Le livre de mon frère. Une course en ville.

b. Des compléments d’adjectifs (§ 383) :


Cher à ses camarades. Avide de puissance. Bon pour les animaux.

c. Des compléments de verbes, soit ÔL objet indirect (§ 405), soit de circon¬


stance (§ 428-434) :
Nuire à ses semblables Abuser de sa force
(compl. d’objet indirect). (compl. d’objet indirect)
Léguer ses biens à un hospice Mourir pour la patrie Être pris par les gendarmes
(compl. d’attribution). (compl. d’intérêt). (compl. d’agent).
Habiter en province Partir dans un mois
(compl. de lieu). (compl. de temps).
Vivre sans dignité Fendre avec une hache Saisir par le bras
(compl. de manière). (compl. d’instrument). (compl. de partie).
Partir avec un guide Descendre de Jupiter
(compl. d’accompagnemeDt). (compL de provenance).
Construire en ciment Mourir de chagrin Manger pour vivre
(compl. de matière). (compl. de cause). (compl. de but).
Reculer de deux pas Surpasser en beauté
(compl. de mesure). (compl. de point de vue).

N. B. — Certaines prépositions introduisent parfois des mots qui ne sont pas


compléments :
Il a le titre de prince Elle fut prise à témoin Je tiens le fait pour sur
(prince est apposition). (témoin est attribut du sujet). (sûr est attribut de l’objet).

Elles ont, en pareil cas, perdu à peu près tout leur sens, n’expriment aucun
rapport précis, et leur emploi peut être considéré comme explétif.
Il en est souvent de même devant certains compléments, notamment devant des
infinitifs objets :
Elle aimait à voyager. Il souhaite d’être reçu.
(On peut dire: » Elle aimait voyager. ») (On peut dire : « Il souhaite être reçu. »)

2° Certaines prépositions ont un sens très simple et n’expriment guère


ju’un ou deux rapports, trois au plus, généralement peu abstraits et très
voisins les uns des autres :
chez parmi sans pendant sauf envers outre
(dans la maison de), (au milieu de), (privation), (au cours de), (exception), (à l’égard de), (en sus de),
devant (en avant de), derrière (en arrière de), malgré (en dépit de),
LA PRÉPOSITION 253

depuis jusqu’à (en, etc.) vers


(point de départ : lieu et temps), (point d’arrivée : lieu et temps), (acheminemeut : lieu et temps),
avec
(accompagnement, instrument, manière),
avant après
(antériorité: lieu, temps, rang), (postériorité: lieu, temps, rang).

Mais d’autres, qui comptent parmi les plus employées, ont un sens très
complexe et expriment de multiples rapports, souvent très abstraits et
parfois très différents les uns des autres. Telles sont :
à et de, en et dans, par et pour, sur et sous,

dont nous allons étudier les divers emplois.

303. Les prépositions à et de. — Les prépositions à et de ont origi¬


nairement des sens opposés, mais elles sont inséparables parce qu’elles se
complètent et qu’elles en arrivent parfois à exprimer les mêmes rapports.

A. — La préposition à.
La préposition à (du latin ad, « vers ») exprime essentiellement la « direction
vers », puis, par extension, la « situation dans ».
1° Elle introduit, par suite, des compléments de circonstance (§ 428-434}
exprimant1 :
a. Le lieu (où l’on va et où l’on est) :
Aller à Londres. Vivre à Paris.

b. Le temps : Renvoyer à huit jours Dîner à huit heures.

c. Le but ou le résultat :
Viser à la tête. Exhorter à l’union. Souffrir A faire pitië.

d. L’attribution ou l’appartenance :
Donner à un malheureux. Appartenir à un parti.

Mais elle introduit aussi des compléments de circonstance exprimant %


a. L’instrument;
Piquer A la machine. Jouer à la halle. Charger à la baïonnette.

bo La manière;
Marcher à pas lents Se porter à merveille. Acheter à crédit.

c. La provenance (après les verbes prendre, enlever, emprunter, acheter


demander, etc.) :
Enlever un drapeau à l'ennemi. Demander conseil à ses parents.
N. B. — La préposition à a pris l’emploi, dans le premier cas, du latin apud
(«avec», en latin vulgaire); dans le dernier cas, du latin ab («[en partant] de »).

i. Une préposition exprime, au sens propre, le heu; au sens dérivé, elle exprime le temps ou des rapports
plus abstraits : but, cause, etc.
254 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

2° Elle introduit souvent, en outre :


a. Le complément d’objet indirect (§ 405) :
Échapper à un danger. Renoncer à ses projets.

b. Le complément du nom (§ 378) :


Un voyage à Naples Un départ à l’aube Un moulin à café Un camarade à moi
(lieu). (temps). (destination). (appartenance).
Un duel à l’épée Une location à l’année Un enfant à l’esprit vif
(instrument). (manière). (qualité).

c. Le complément de l’adjectif (§ 383) :


Enclin à la colère. Utile à l'humanité. Agréable à entendre.

N. B. — 1° Elle peut introduire, d’une manière explétive (§ 302, N. B.):


a. Un nom allribut du sujet ou de l'objet (§ 420), notamment dans les expressions :
Prendre ou Être pris à partie, Prendre ou Être pris à témoin. Imputer ou Êlre imputé à crime.
Prendre à tâche de, Tenir à honneur de.

b. Un infinitif objet, après certains verbes qui admettent aussi la construction


directe (§ 405, 2°, N. B.) :
Il aime à jouer à côté de II aime jouer.

2° Elle entre avec des valeurs diverses dans un certain nombre de locutions :
Être homme à [se venger, etc.] Avoir [une chose] à [faire, etc.] Donner à [manger, etc.]
(c.-à-d. être capable de), (c.-k-d. avoir l’obligation de), (c.-à-d. donner de quoi),
c’est à moi à [c.-à-d. c’est mon tour de], distinct de : c’est à moi de [c.-à-d. c’est mon rôle de]
(cette distinction théoriaue n’est pas toujours respectée).

B. — La PRÉPOSITION de.
La préposition de (du latin de, «[en détachant] de ») exprime essentiellement
la « séparation », le « point de départ ».
1° Elle introduit, par suite, des compléments de circonstance (§ 428-434)
exprimant :
a. Le lieu (d’où l’on vient) :
Arriver de Lille. Sortir de classe.

b. Le temps : L’an ÎOO de l’Hégire


(c. à-d. à partir de la « fuite » de Mahomet à Médine).
Dater de deux mois. Recevoir de cinq à six. Se lever de bonne heure.

c. La provenance :
Tirer de l’eau d’un puits. Descendre de sang royal.

N. B. — 1° Elle a souvent le sens partitif, qui se rattache à l’idée d’extraction;


elle introduit alors le nom d’une chose, ou d’un ensemble d’êtres ou de choses, dont
on distrait une partie :
Manger de la viande. Choisir de bons soldats.
Elle forme ainsi, seule ou combinée avec l’article défini, Y article partitif (g 145-146),
qui peut introduire un nom remplissant n’importe quelle fonction.
I.A PREPOSITION 255

2° Elle sert souvent de particule nobiliaire, les noms des familles nobles étant
généralement empruntés à leur terre d’origine :
Henri de Guise M““e de Sévigné M. de Grignan
(Henri, duc de Guise). (Mms la marquise de Sévigné). (M. le comte de Grignan).

d. L’éloignement ou la différence:
Chasser de l’esprit. Détourner de l’étude. Différer de son voisin.

N. B. — Elle sert souvent à exprimer la mesure de la différence qui sépare une chose
d’une autre :
Dépasser de la tête. L’emporter de beaucoup. S’en falloir d’un doigt.
Avancer de vingt pas. Retarder de huit jours.

d. L’agent (après un verbe à la forme passive, § 430, 4°) :


Être approuvé de ses amis. Être encombré de bagages.

/. La Cause: Trembler de froid. Pleurer de honte.

g. L’instrument:
Frapper de sa canne. Saluer de la main. Reproduire de mémoire.

h. La manière :
Boire d’un trait. Voir d’un mauvais œil. Agir de bon gré.

i. Le point de vue :
Être Français de cœur. N’être roi que de nom.

2° Elle introduit souvent, en outre :


a. Le complément d’objet indirect (§ 405) :
Regorger de biens. Profiter d’une occasion.

N. B. — Elle introduit aussi le complément de propos (§ 431, 6°, N. B.), très voisin
du complément d’objet indirect :
Parler de la bombe atomique. Traiter de l’immortalité de l’âme.
Décider de toutes choses.

b. Le complément du nom (§ 378) :


Une descente d’avion Un ami de toujours Une couronne d’or Un cri du cœur
(lieu). (temps). (matière). (origine).
Un morceau de gâteau Des larmes de joie Un coup de bâton
(sens partitif). (cause). (instrument).
Une robe de bal Un homme de talent
(but). (qualité).
La poupée de ma sœur Un fossé d’un mètre Un Anglais d’origine
(possession). (mesure). (point de vue).
La peur de l’ennemi Un traité de botanique
(objet ou sujet). (propos).

c. Le complément de l’adjectif (§ 383) :


Libre de soucis Fier de sa force Doux de caTaetère Désireux de gloire
(éloignement). (cause). (point de vue). (objet).
256 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N. B. — 1° Elle peut introduire, d’une manière explétive (§ 302, N. B.):


a. Un infinitif sujet (§ 398, 2°, b) :
De te voir m’a fait du bien. Il est ridicule de se vanter.

b. Un infinitif objet (§ 405, 2° et N. B.) :


Il craint d’être ruiné. Il souhaite de réussir,

c. Un infinitif de narration (§ 334, 2°, a) :


Il s’en alla, et nous de rire.

d. Un nom apposition (§ 374, N. B., 20-3°, et n. 4) :


La ville de Toulouse. Le mois de décembre.

e. Un adjectif épithète se rapportant à un pronom, notamment à un pronom neutre


(§ 369, N. B., 2°) :
Quoi d’étonnant ? Quelqu’un de petit. Quelque chose de joli. Rien d’intéressant.

/. Un nom ou un adjectif attribut de l'objet (§ 420) :


On l’a traité de vaurien.

2° Elle entre avec des valeurs diverses dans un certain nombre de locutions:
On dirait d’[un malade] Si j’étais que de [vous, etc.]
(c-à-d. on le prendrait pour...). (c.-à d. si j’étais à la place de...).
C’est à vous de [remercier, etc.]
(c. à-d. c’est votre rôle de, § 303, A, 2°, N. B.).

304. Les prépositions en et dans. — Les prépositions en et dans ont


originairement le même sens et signifient « à l’intérieur de » ; elles sont en
concurrence l’une avec l’autre, et la première, très ancienne, a perdu au
profit de la seconde, de date récente, une partie de ses emplois.

A. — La préposition dans.
La préposition dans (du latin vulgaire de-intus, « à l’intérieur de ») s’emploie,
en règle générale, devant un nom déterminé par un article ou par un adjectif
possessif, démonstratif, interrogatif, indéfini ou numéral.
Elle introduit ainsi des compléments de circonstance (§428-434) exprimant :
a. Le lieu (où l’on est et où l’on va), au propre et au figuré :
Loger dans un Jiôtel. Aller dans sa chambre.
Garder dans l’esprit. Se plonger dans une lecture. Entrer dans ces vues.

N. B. — Elle sert souvent, au figuré, à exprimer la situation matérielle ou la dispo¬


sition morale : Vieillir dans la misère. Tomber dans le dénuement.
Vivre dans l’angoisse.

b. Le temps (au cours duquel ou au bout duquel s’accomplit une action) :


Arriver dans la nuit. Partir dans trois mois.

c. Le but : Agir dans son seul intérêt.

B. — La préposition en.
I- — La préposition en (du latin in, « dans ») s’emploie, en règle générale,
devant un nom non déterminé.
LA PRÉPOSITION 257

1° Elle introduit des compléments de circonstance (§428-434) exprimant:


a. Le lieu (où l’on est et où l’on va) :
Se promener en forêt. Envoyer en province.

N- B- — 10 Elle sert souvent, au figuré, à exprimer la situation matérielle ou la


disposition morale:
Laisser en désordre. Être en disgrâce. Mettre en gaîté.
2° Elle a parfois, au propre, la valeur non de dans, mais de sur:
Mourir en croix. Avoir le casque en tête. Peindre en pied.

b. Le temps (au cours duquel ou dans les limites duquel s’accomplit une
action): Bombarder en plein jour. Guérir en une semaine.

c. Le but ou le résultat:
Plaider en divorce. Livrer en proie.
Mettre en pièces. Fondre en larmes. Changer l’eau en vin.

d. La cause, spécialement la cause intérieure, c’est-à-dire le motif (elle a


alors la valeur de parJ s Agir en haine du voisin.

e. La matière: Construire une maison en brique.

/. La manière:
Expédier en vrac. Sortir en haillons. Recevoir en secret. Appeler en hAte.

g. Le point de vue :
L'emporter en beauté. Avoir raison en droit.

2° Elle introduit parfois, en outre :


a. Le complément d’objet indirect (§ 405) :
Croire en Dieu. Avoir confiance en soi. Espérer en l’avenir.

b. Le complément du nom (§ 378) :


Une promenade en mer Une terre en friche Une femme en colère
(lieu). (situation matérielle). (disposition morale).
Un payement en espèces
(manière).
Une maison en vente Une métamorphose en oiseau Une table en noyer
(destination : but). (destination : résultat). (matière).
Un connaisseur en musique
(point de vue).

c. Le complément de l’adjectif (§383) :


Fort en calcul. Heureux en affaires. Fertile en vin. Riche en vertus.

N. B. — 1° Elle peut introduire, d’une manière explétive (§302, N. B.), un nom


attribut du sujet ou de l’objet (§ 420, et n. 1) :
Il a parlé en soldat II me traite en ennemi
(attribut du sujet). (attribut de l’objat).
Cayrou. — Grammaire française . f
258 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

L’attribut précédé de en équivaut alors à un complément de manière.


2° Elle introduit généralement le gérondif (§ 335, 1°, N. B.):
Sourire en pleurant S’instruire en lisant Parler en tremblant
(temps). (moyen). (manière).

Par contre, elle n’introduit jamais un infinitif.

IL — Cependant la préposition en peut s’employer devant un nom déter¬


miné, à condition que le déterminant ne soit pas Y article définit
en un clin d’œil en d’autres temps en mon pouvoir en cette occasion
(article indéfini), (article partitif), (adjectif possessif), (adjectif démonstratif),
en quel siècle? en tout temps en deux fois
(adjectif interrogatif), (adjectif indéfini), (adjectif numéral).

Elle n’introduit qu’exceptionnellement un nom déterminé par l’article


défini : en 1’, en la s’emploient dans certaines locutions consacrées :
en l’air, en l’année [1900, etc.], en l’espèce, en l’occurrence, en l’état,
en l’absence de, en l'honneur de, en la personne de.
Il n’y a pas péril en la demeure.

Mais en le, en les sont toujours remplacés par dans le, dans les, ou
par au, aux (c’est-à-dire à le, à les, § 140, 2°) :
Être dans le jardin, ou au jardin. Être dans les enfers, ou aux enfers.

N. B. — 1° En les est exceptionnellement remplacé par ès dans certains titres


universitaires (§301, 1°, N. B.).
2° On prendra garde que le sens diffère parfois selon que la préposition employée
est en ou dans. On comparera :
. ( en mer; j en classe; . ( en ville;
etre ( dans la mer; ctre ( dans la classe; e rL‘ ( dans la ville;
( en chambre ; ( en une heure;
travailler ^ ,jan8 ;a chambre; arriver ^ dans une heure.

305. Les prépositions par et pour. — Les prépositions par et pour,


qui ont originairement des sens différents, en sont arrivées à exprimer parfois
les mêmes rapports et se sont souvent confondues. Dans l’ancienne langue,
on a dit, par exemple, indifféremment :
parce que et pour ce que partant et pourtant
(c.-à-d. en raison de ce fait que). (c.-à-d. en raison de tout cela).

Dans la langue actuelle, par et pour, tout en gardant des points de


contact, expriment généralement des rapports différents.

A. — La préposition par.
La préposition par (du latin per, « r travers ») exprime essentiellement l’idée
de « passage ».
1° F’D introduit par suite des compléments de circonstance (§428-434)
exprimant :
LA PBé»OSÏTIOM 259

a. Le lieu (par où l’on passe), au propre et au figuré :


Faire route par Tours. Sauter par la fenêtre. Courir par le monde.
Passer par l’esprit. Passer par des épreuves.

b. Le temps (durant lequel s’accomplit une action) :


Que d’inquiétudes par ces temps troublés!

N. B. — Elle se dit, en particulier, des conditions atmosphérqucs dans lesquelles


l’action s’accomplit :
Sortir par un beau soleil. Vovager par Ions les temps.

v. L instrument ou l’entremise :
Arriver par le car. Détruire par le feu. Triompiier par «e ruse.
Obtenir par un ami. Apprendre par un tiers.

N. B. — Elle introduit, en particulier, dans les serments, les supplications, les


jurons, le nom de la personne ou de la chose dont on invoque la garantie :
Supplier par tous !es dieux; Jurer par une vieille amitié Par ma foi; par Dieu
(c.-à-d. par l’entremise de, d’où : au nom de). (ou parbleu, § 317, 4°, N. B.).

d. La partie :
Tenir par les oreilles. Tirer par les pieds. Commencer par 'a fin.

e. L’agent (après un verbe à la forme passive, § 430, 4°) :


Être tué par un bandit. Être mouillé par la pluie.

/. La cause (spécialement la cause intérieure, c’est-à-dire le motif) ,


Agir par ambition. Pécher par ignorance.

g. La manière ! Attaquer par surprise. Procéder par ordre.

h. La répartition:
Répartir par groupes. Diviser par chapitres.
Gagner tant par jour. Payer tant par tête. Marcher deux par deux.

2° Elle introduit parfois, en outre, le complément du nom (§ 378) :


Un voyage par mer Un envoi par la poste Une société par actions
(lieu). (moyen). (manière).
Un congé par huissier
(entremise).

ÎV. B. — On prendra garde que par n’est pas la préposition dans les locutions .
de par le roi par trop [§ 285, 5°, N. B.]
(c.-à-d., par altération, de la part du roi). (c.-à-d. vraiment trop : par est adverbe).

B. — La préposition pour-
La préposition pour (du latin pro, «en avant de», «devant») n'a jamais le
sens propre de la préposition latine et exprime essentiellement les idée?
dérivées de a destination » et d’« équivalence ».
260 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

1° Elle introduit, par suite, des compléments ûe circonstance (§428-434)


exprimant :
a. Le lieu (elle signifie alors : « à destination de ») :
Partir pour Bordeaux.

b. Le temps (elle signifie alors tantôt « pour la date de », tantôt « pour


une durée de ») :
Donner congé pour le 1er avril. S’absenter pour trois semaines.

c. Le but (elle signifie alors « en vue de ») :


Travailler pour la gloire. Voyager pour s’instruire.

d. L’intérêt (elle signifie alors « dans l’intérêt de », « pour la défense de »,


« en faveur de ») :
Mourir pour son pays. Quêter pour les sinistrés.

N. B. — Elle signifie souvent «à l’égard de», «envers», en parlant d’un sentiment


favorable ou défavorable :
Avoir de l'affection pour ses parents. Avoir de l’aversion pour les menteurs.

e. La substitution (elle signifie alors « au lieu de », « à la place de »):


Répondre pour un camarade.

/. L’échange (elle signifie alors « à la place de », d’où : « en échange de », « en


retour de ») :
Payer cent francs pour un repas. Rendre le bien pour le mal.

g. Le prix (elle signifie alors « en retour de», d’où: «au prix de», « moyen¬
nant ») :
Céder sa maison pour un million. Avoir une valise pour mille francs.

h. La cause (elle signifie alors « en ret our de », d’où : « en considération de »,


« en raison de ») :
Être estimé pour ses vertus. Être puni pour avoir volé.

L La proportion (elle signifie alors « étant donné», d’où: « par rapport à »,


.< eu égard à ») :
Être en avance pour son âge. Être trop vêtu pour la saison.

2° Elle introduit souvent, en outre :


a. Le complément du nom (§378) :
Un train pour Lyon Un billet pour demain Un tailleur pour dames
(destination : lieu). (destination : temps). (destination : but).

b. Le complément de l’adjectif (§ 383) :


Né pour l’action. Bon pour le service.
LA PRÉPOSITION 261

N. B. — Elle peut introduire, d’une manière explétive (§ 302, N. B.) :


1° Un nom ou un adjectif attribut du sujet (après le verbe passer, etc.) ou de l'objet
(après les verbes avoir, prendre, choisir, etc.) 1§ 420] :
Passer pour un voleur. Passer pour hypocrite.
Tenir un fait pour certain. Laisser un homme pour mort.
Prendre son père pour modèle. Avoir pour arme un bâton.

2° Un nom, un adjectif ou un pronom mis en évidence en tête d’une phrase (elle


signifie alors <t quant à ») :
Pour de l’esprit, il en a Pour méchante, elle l’est bien
(le nom est objet). (l’adjectif est attribut).
Pour moi, je n’en crois rien
(le pronom est sujet).

306. Les prépositions sur et sous. — Les prépositions sur et sous


ont originairement des sens opposés et n’expriment, au propre et au figuré,
que des rapports contraires.

A. — La préposition sur.

La préposition sux- (du latin super, « au-dessus de ») exprime essentiellemenl


la position d’une chose par rapport à une autre qui est plus bas et qui la sou
tient.
1° Elle introduit, par suite, des compléments de circonstance (§ 428-434)
exprimant :
a. Le lieu (sur lequel on est ou sur lequel on va) :
Dormir sur un grabat. Monter sur une colline.

N. B. — Elle se dit parfois d’une chose qui est au-dessus d’une autre, sans être
soutenue par elle : Des avions volent sur la ville.

b. Le lieu (dans la direction duquel on va) ; elle signifie alors « vers », « du


côte de » : Marcher sur la capitale. Tirer sur un cambrioleur.
Loger sur la rue.

c. Le temps (aux alentours duquel s’accomplit l’action); elle signifie alors


a vers », « aux environs de » :
Se coucher sur les dix heures.

N. B. — Elle sc dit parfois non du moment approximatif, mais du moment précis


de l’action : Partir sur l’heure Sur ce il me quitta
(c.-à-d. à l'instant même). (c.-è-d. aussitôt après).

d. La supériorité (sous toutes ses formes: puissance, influence, excellence.


etc.): Régner sur un grand pays. Agir sur l’opinion publique.
L’emporter sur ses camarades.

e. Le point d’appui, c’est-à-dire la base (la garantie, le modèle, etc.) sur


2S2 T A MORPHOI-OGTT? DU FRANÇAIS

laquelle on se fonde (on se repose, on se règle, etc.); elle signifie alors « eB


s’appuyant sur », d’où : « d’après » ou « moyennant » :
Se fonder sur la loi. Croire sur la foi d’autrui. Se régler sur son père.
Juger sur la mine. Prêter sur gages.

/. Le rapport (d’une dimension à une autre):


Un mètre de long sur un de large.

g. Le prélèvement (d’une partie sur un tout) :


Retenir sur une somme. Vivre sur un capital. Prendre sur son sommeil.

2° Elle introduit souvent, en outre :


o. Le complément d’objet indirect (§405):
Veiller sur un pupille.

N. B. — Elle introduit aussi le complément de propos (§ 431, 6°, N. B.), très voisin
du complément d’objet indirect :
Discourir sur les événements. Enquêter sur ud assassinat.
8e tromper sur un point.

b. Le complément du nom (§ 373) :


Un pont sur pilotis Un raid sur Paris Une ruée sur l’ennemi Une chambre sur cour
(lieu). (lieu : au-dessus de). (direction : vers). (direction : du côté de).
Un complet sur mesure Un examen sur titres Un sermon sur la mort
(base). (base). (propos).
L’impôt sur le revenu
(prélèvement).

N. B- — Elle entre avec des valeurs diverses dans un certain nombre de locutions :
Avoir sur le cœur. Prendre une chose sur soi. Être sur les dents.
Être sur le qui-vive. Vivre sur un bon pied.

B. — La préposition sous.

La préposition sous (du latin sub, « au-dessous de ») exprime essentiellement


la position d’une chose par rapport à une autre qui est plus haut et qu’elle
soutient.
Elle introduit par suite des compléments de circonstance (§ 428-434) expri¬
mant :
a. Le lieu (sous lequel on est ou sous lequel on va) :
Nager sous l’eau. Rentrer sous terre.

N. B. — Elle se dit parfois d’une chose qui est au-dessous d’une autre, sans la
soutenir : Attendre sous un hangar,

ou encore d’une chose qui est au pied d’une autre :


Camper80U8 les remparts

b. Le temps (au bout duquel s’accomplira une action):


Je reviendrai soue peu de Jours. Répondez-moi ooue huitaiaa
LA PRÉPOSITION 263

N. B. — Elle se dit parfois du temps pendant lequel un souverain a exercé ses


fonctions ou un régime politique a duré :
Sous le règne de Louis XIV. Sous la IIIe République.

c. L’infériorité (sous toutes ses formes : sujétion, subordination, dépen¬


dance, etc.) :
Tenir sous sa domination. Étudier sous un maître. Prendre sous sa protection.

d. La condition (à laquelle est subordonnée une action) ; elle signifie alors


« moyennant » :
Acheter sous condition. Libérer sous caution. Accepter sous réserve.

e. La cause (elle signifie alors « par l’effet de ») :


Agir sous la pression d’autrui. Agir sous l’empire de la colère.

N. B. — Elle s’emploie au figuré dans un grand nombre de locutions :


Avoir sous la main. Avoir sous les yeux.
Être sous le feu de l’ennemi. Appeler sous les drapeaux. Être sous l’influence d’un ami.
Affirmer sous serment. Dire sous le sceau du secret. Passer sous silence.
Sous prétexte de. Sous le nom de. Sous peine de.

307. Les autres prépositions. — 1° Avant et devant. — Les préposi¬


tions avant et devant expriment l’une et l’autre l’antériorité, mais la pre¬
mière se dit du temps, et la seconde de l’espace :
Se lever avant l’aurore. Marcher devant ses parents.

Au figuré, avant se dit du rang et exprime la supériorité:


Être classé avant son frère. Mettre l’honneur avant l'intérêt.

2° Après et derrière. — Les prépositions après et derrière expriment


l’une et l’autre la postériorité et s’opposent respectivement à avant et devant :
Se coucher après le dîner. Marcher derrière le guide.

Au figuré, après se dit du rang et exprime l’infériorité :


Être classé après son frère. Mettre l’intérêt après l’honneur.

3° Vers et envers. — a. La préposition vers exprime essentiellement


l'acheminement et signifie « dans la direction de » :
Voguer vers le pôle.

Elle exprime, par suite, l’approximation, dans l’espace ou dans le temps,


et signifie alors « du côté de », « aux alentours de » :
Habiter vers le faubourg. Déjeuner vers une heure.

b. La préposition composée envers ne se dit qu’au figuré ; elle exprime la


disposition morale et signifie « à l’égard de » :
Être ingrat envoro son bienfaiteur.
264 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N, p. — La préposition composée tieverâ ne s’emploie guère que dans la locution


par-devers, généralement suivie d’un pronom et signifiant « du côté de », « aux
mains de » : Garder une lettre par-devers soi.

40 Près de, auprès de et contre. — Les prépositions près de, auprès


de et contre expriment toutes les trois la proximité, mais ne s’emploient
pas l’une pour l’autre :
a. Près de exprime le voisinage dans 1 espace et dans le temps :
Habiter près de la cathédrale. Être près de sa dernière heure.

Elle s’emploie aussi au figuré :


Être près de la perfection.

N. B. _ Près de, suivi d’un infinitif, signifie « sur le point de » et ne doit pas être
confondu avec prêt à, qui signifie « disposé à » :
Être près de partir. Être prêt à partir.

J. Auprès de exprime le voisinage, comme près de, mais dans 1 espace


seulement : Habiter auprès du palais.

A la différence de près de, elle exprime souvent une présence assidue


à côté d’une personne : Rester auprès de sa mère.

_i» près s’emploie au lieu de près de ou de auprès de dans certaines locu-

tl0ns ' Loger près le Palais-Royal. Être avoué près la cour d’appel.

2° Auprès de s’emploie parfois au figuré et signifie alors soit « en comparaison de »,


«au prix de», soit «dans l’esprit de», « dans l’opinion de »:
Ce malheur n’est rien auprès du nôtre. Il se justifiera auprès de ses chefs.

c. Contre exprime le voisinage immédiat, c’est-à-dire le contact :


Avoir sa maison contre un garage.

Elle s’emploie aussi au figuré et exprime alors soit l’opposition, soit l’échange :
Travailler contre ses intérêts. Parier cent francs contre un sou.

50 Loin de. — La préposition loin de est le contraire de près de et exprime


l’éloignement dans l’espace et dans le temps :
Vivre loin de son pays. Être encore loin de Pâques.

Elle s’emploie aussi au figuré :


Être loin de la perfection.

6° Entre et parmi. — Les prépositions entre et parmi expriment res¬


pectivement les idées voisines, mais distinctes, d’intervalle et de milieu :

a. Entr e situe dans un intervalle qui sépare deux êtres ou deux choses et
se dit de l’espace et du temps :
Être suspendu entre ciel et terre. Arriver enti'e onze heures et midi.
LA PRÉPOSITION 265

b. Parmi situe au milieu d’un ensemble d’êtres ou de choses, et ne se dit


que de l’espace; il introduit toujours un nom pluriel ou un nom collectif :
Errer parmi des inconnus. Se promener parmi la foule.

N. B. — Entre s’emploie parfois avec la valeur de parmi:


Trouver un ami entre les morts,

ou encore avec la valeur de dans:


Tenir un enfant entre ses bras.

7° A travers et au travers de. — Les prépositions à travers et au


travers de expriment l’une et l’autre l’idée de passage et s’emploient res¬
pectivement, en théorie, selon que le passage est librement ouvert ou comporte
un obstacle à franchir :
Se promener à travers la campagne. Se faire jour au travers des ennemis.

En fait, cette distinction n’est pas toujours respectée:


Observer à travers un rideau. Passer au travers de la cour.

8° Dès, depuis et jusque. — a. Les prépositions dès et depuis expri¬


ment le point de départ dans l’espace et dans le temps, la première insis¬
tant sur le caractère immédiat de l’action, la seconde sur sa continuité:
Nous avons eu la pluie dès Orléans. Nous avons la pluie depuis Orléans.
11 s’est levé dès l’aube. 11 est levé depuis l’aube.

b. La préposition jusque, combinée avec une autre préposition (jusqu’à,


jusqu’en, jusque chez, etc.), exprime le point d’arrivée, dans l’espace et
dans le temps, et sert de corrélatif à depuis:
Arriver jusqu’à Rome. Attendre jusqu’à Pâques.

N. B. — Elle est parfois combinée avec un adverbe de lieu ou de temps: jusqu’ici,


jusque-là, jusqu’alors, etc.

Elle s’emploie aussi au figuré, et se dit, avec la valeur de « même », d’une


chose qui va au delà du convenable ou de l’ordinaire :
Aimer jusqu’à ses ennemis. S’élever jusqu’au sublime.

9° Chez. ■— La préposition chez signifie proprement « dans la maison de »,


puis, par extension, « dans le pays de » :
Servir chez un grand seigneur. Séjourner chez les Esquimaux.

Elle se dit du temps aussi bien que de l’espace, et signifie alors « au temps
de » : Quelle abondance chez nos pères !

Elle s’emploie aussi au figuré, et signifie alors « en la personne de » ou «dans


l’œuvre de » :
Tout déplaît chez ce garçon-là. Que de jolis récits chez Daudet!
266 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

10° Avec et sans. — Les prépositions avec et sans expriment respecti-


vementlesidées contraires d’accompagnementet de séparation ou de privation:
Se promener avec des amis. Être sans aucune ressource.

Avec exprime aussi l’instrument ou encore la manière:


Écrire avec un stylo. Se conduire avec courage.

11° Hors, sauf et excepté. — a. La préposition hors signifie originai¬


rement « à l’extérieur de » et exprime l’exclusion, au propre et au figuré.
Elle s’emploie généralement combinée avec la préposition de :
Hors de la ville. Hors de l’eau.
Hors de danger. Hors d’atteinte. Hors de soi. Hors de combat. Hors de service.

Elle ne s’emploie seule que dans un certain nombre de locutions consacrées :


Hors la loi.
Hors cadre. Hors ligne. Hors rang. Hors concours. Hors pair.

Elle exprime alors parfois l’exception et s’emploie avec la valeur de « sauf »:


Tous sont morts, hors deux ou trois. Hors cela, nous sommes d’accord.

N. B. — La préposition composée hormis (c’est-à-dire mis hors) s’emploie avec la


même valeur, mais elle est vieillie.

b. La préposition sauf (§ 75, b) signifie proprement « sans blesser » ou « sans


exclure » : Sauf votre respect. Sauf avis contraire.

Elle s’emploie aussi au figuré, et signifie alors « à l’exception de », comme


hormis ! Vendre tous ses biens, sauf sa maison.

c. La préposition excepté (§ 75, c) s’emploie, comme sauf, avec la valeur


de hormis : Vendre tous ses biens excepté sa maison.

308. La répétition des prépositions. — Les prépositions à, de, en,


qui sont courtes, se répètent devant chaque complément :
Écrire à son père et à son oncle.
Se nourrir de légumes et de fruits. Payer en espèces et en nature.

N B. — Elles ne se répètent pas, toutefois, si les compléments expriment des


idées voisines :
Partir à ses risques et périls. Se perdre en allées et venues.

Les autres prépositions ne se répètent généralement pas:


Dîner avec des collègues et des amis. Vivre dans l’oisiveté et le déshonneur.
Chasser à travers les guérets et les bruyères.

N. B. — Elles se répètent, toutefois, si les compléments expriment des idées


opposées : Aller par monts et par vaux. Répondre par oui ou par non.
CHAPITRE IX

LA CONJONCTION

309. Généralités. — La conjonction est un mot invariable qui sert à unir


entre eux des mots, des propositions ou des phrases.
On distingue : 1° les conjonctions de coordination ; — 2° les conjonctions
de subordination.

I. — LES CONJONCTIONS DE COORDINATION

310. Généralités.— Les conjonctions de coordination servent à unir soit


deux mots de même nature et de même fonction dans la même proposition, soit
deux propositions de même nature et de même fonction dans la même phrase,
soit enfin deux phrases :
Mon frère et ma sœur sont venus Mon frère est venu, mais est reparti
(et unit deux mots). (mais unit deux propositions).
Je suis rentré vite. L’orage en effet menaçait
(en effet unit deux phrases).

311. La forme des conjonctions de coordination. — Les conjonctions


de coordination se présentent sous la forme soit de simples mots, soit de
groupes de mots appelés locutions conjonctives:
Simples mots Locutions conjonctives
et, ou, au contraire, en effet,
mais, donc, etc. par conséquent, etc.

Elles servent soit de lien pur et simple, soit de lien logique. Les principales
sont :
I. — LIAISON SIMPLE
-— Constructions symétriques -———

Affirmative et et... et...; d’une part..., d’autre part...;

Négative ni ni... ni...; d’une part,...ne...pas..., d’autre part,...ne...pas...;

Alternative OU ou... ou...; soit..., soit...; tantôt..., tantôt....


268 II. — LIAISON LOGIQUE

mais, donc,
Opposi¬
au contraire, mais au contraire, par conséquent, par suite
tion ( par contre, en revanche. 1 partant;
Consé¬
1 quence ainsi, dans ces conditions;
Conces¬ cependant, pourtant, aussi, c’est pourquoi,
sion néanmoins, toutefois. alors, de là, d’où.

seulement ; en outre, de plus,


Restric- 1 du moins, au moins; bien plus, et même,
TION du reste, au reste ; \ au surplus,
d’ailleurs. Grada¬
tion
( mais encore,
non j rnaj8 aussi,
car, seulement,) majs surtout
Cause en effet, aussi bien.
1

c’est-à-dire ;
Explica¬ Enchaî¬ cr,
savoir, à savoir; soit;
tion par exemple, ainsi. nement or donc.
1

N. B. — La conjonction ou (sans accent), qui exprime l’alternative, ne doit pas


être confondue avec l'adverbe de lieu où (avec un accent grave), soit relatif (§ 28S, b),
soit interrogatif (§ 288, c) :
Réponds oui ou non Reste là où tu es Où est-il passé?
(conjonction). (adverbe relatif). (adverbe interrogatif).

312. L’emploi des conjonctions de coordination. — 1° La conjonction


et exprime essentiellement l’addition :
Il remue ciel et terre. U est grand et robuste.
Il mange peu et boit peu. 11 ne veut pas et ne peut pas.
Il cherche et ne. trouve pas.

Mais elle peut également exprimer :


o. L’opposition : elle équivaut alors à « et cependant », « mais » :
Le roseau plie et ne rompt pas.

b. La conséquence : elle équivaut alors à « et par suite », « donc » :


Je suis souffrant, et je ne puis sortir.

c. La soudaineté de l’action (devant un infinitif de narration, §334, 2°, a) :


elle équivaut alors à « et aussitôt » :
Un agent survint et le gamin de s’enfuir!
LA CONJONCTION 269

d. L’étonnement ou l’indignation en lète.d’une phrase exclamative ou inter¬


rogative): elle équivaut alors à « eh quoi ! » :
Et il croit que je céderai ! Et vous osez vous montrer ?

N. B. — La conjonction et s’emploie aussi dans une énumération à plusieurs termes:


elle ne s’exprime alors généralement que devant le dernier:
J’ai cueilli des roses, des violettes et des lis.

Cependant, pour produire un efjel d’accumulalion, elle est parfois exprimée devant
chaque terme : Ils égorgèrent et les femmes et les enfants et les vieillards.

La construction symétrique et... et... sert à établir un parallélisme entre


deux mots d’une proposition affirmative; elle équivaut à « d’une part...,
d’autre part... », ou à « non seulement..., mais encore... » :
Il est sain et de corps et d’esprit.

2° La conjonction négative ni exprime à la fois l’addition et la négation et


sert à unir deux propositions négatives (la négation est alors ne, et non ne...
pas, dans chaque proposition, § 297, 2°, b) :
Il n’avance ni ne recule.
(On dit plus couramment : Il n’avance pas et ne recule pas, § 312, I°.)

Elle sert également à unir deux propositions subordonnées dépendant d’une


principale négative:
Je ne crois pas qu’il le veuille, ni qu’il le puisse.

Elle sert enfin à unir deux mots introduits par la préposition négative sans.
On peut dire :
Être sans parents ni amis ou Être sans parents et sans amis.

La construction symétrique ni... ni... sert à établir un parallélisme entre


deux mots d’une proposition négative, (négation ne); elle équivaut à « d’une
part... ne... pas.., d’autre part... ne... pas » :
Il n’a ni l’eau ni le gaz. Il n’est ni beau ni bon.
Il ne sait ni lire ni écrire.

N. B. — 1° La conjonction négative ni n’est pas toujours exprimée devant le pre¬


mier terme, et la négation ne est alors remplacée par ne... pas:
Il n’a pas l’eau ni le gaz. Il n’est pas beau ni bon.
Il ne sait pas lire ni écrire.

2° La conjonction négative ni s’emploie aussi dans une énumération à plusieurs terme!


et s’exprime alors devant chaque terme :
Il n’a cédé ni aux conseils, ni aux prières, ni aux menaces.

3° La conjonction ou exprime essentiellement l’alteraative : elle équivaut


tantôt à « ou peut-être », « ou encore », les deux idées étant également admis¬
sibles t Je partirai lundi ou mardi. Venez donc déjeuner ou dîner.
270 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

tantôt à« ou au contraire », « ou alors », les deux idées s'excluant l'une l'autre J


Il faut, vaincre ou mourir. Payez, ou vous serez poursuivi.

N. B. — Elle est souvent, dans les deux cas, renforcée par l’adverbe bien, surtout
dans le langage parlé :
Je partirai lundi ou bien mardi. Il faut vaincre ou bien mourir.

Mais elle peut également exprimer l’équivalence de deux mots, et signifie


alors « c’est-à-dire », « autrement dit » :
L’éthique, ou la morale, est la plus haute des sciences.

La construction symétrique ou... ou... sert à souligner fortement l'oppo¬


sition entre les deux termes de Valternative :
Répondez ou par oui ou par non.

N. B.— 1° La construction symétrique soit..., soit..., équivaut à « ou » non répété,


ou à la construction symétrique « ou... ou... »:
Soit faiblesse,soit raison, il a cédé. Il faut soit avancer, soit reculer.
2° La construction symétrique tantôt..., tantôt..., exprime Valternance de deux
états, de deux actions, etc. :
Il est tantôt gai, tantôt triste. Tantôt il rit, tantôt il pleure.

4° La conjonction mais exprime essentiellement l’opposition:


Il travaille non pour lui, mais pour ses enfants.

N. B. —- Elle sert notamment, avec cette valeur, à introduire une objection:


Il sera condamné. — Mais sur quelles preuves ?

ou à marquer le brusque passage d'un sujet à un autre, en particulier le retour à


la question après une digression :
Mais passons à l’autre question. Mais revenons à notre affaire.

Mais elle peut également exprimer :


a. La restriction: elle équivaut alors à « seulement »:
J’accepte, mais sans enthousiasme.

b. L’étonnement ou l’indignation (en tête d’une phrase exclamative ou inter¬


rogative) :
Mais voyez cette insolence! Mais qu’avez-vous ce matin?

N. B. —- La conjonction mais avait à l’origine un sens adverbial (du latin magis,


« plus ») et signifiait « davantage ». Elle a gardé ce sens dans la locution n’en pouvoir
mais, c’est-à-dire « n’y pouvoir rien », « n’en être pas responsable » (§286, 6°J.
Elle s’emploie encore dans la conversation avec la valeur d’un adverbe, pour insister
ou renchérir; elle équivaut alors tantôt à «oui, vraiment», tantôt à «bien plus»:
Ils m’ont reçu très bien, mais très bien. Cet enfant est joli, mais très joli.

5° La conj onction cependant exprime essentiellement la concession et équi¬


vaut à « malgré cela »:
Il est. triste, et cependant souriant.
LA CONJONCTION 271
N. B. — 1° La conjonction cependant avait à l’origine un sens adverbial et signi¬
fiait « pendant ce temps », « en attendant » :
Dormez, et cependant je ferai le guet.

2° Les conjonctions pourtant, néanmoins et toutefois expriment, comme « cepen¬


dant », la concession, mais avec des nuances différentes:
Il est triste ; et cependant souriant
(cependant, c.-à-d. bien qu’il soit triste).
Il est triste et pourtant souriant II est triste et néanmoins souriant
(pourtant, c.-à-d. pour triste qu’il soit). (néanmoins, c.-à-d. [il| n’\en est] pas moins...).
Il est triste ; toutefois il est souriant
(toutefois, c.-à-d. [il est] en tout cas...).

6° La conjonction seulement exprime essentiellement la restriction,


limitée d’ailleurs à un seul point :
Allez le voir ; seulement ne restez pas longtemps.

N. B. — Les conjonctions au moins et du moins expriment la restriction, comme


« seulement », mais avec des nuances différentes :
Tu ne sais rien : au moins n’affirme rien II est ambitieux ; du moins on le prétend
(au moins laisse intacte la première assertion; du moins la corrige).
Les conjonctions au reste, du reste ont, elles aussi, une valeur restrictive :
Il est irrité, au reste avec raison II est actif, du reste sans scrupules
(au reste laisse intacte la première assertion ; du reste la corrige).
Elles peuvent être remplacées l’une et l’autre par d’ailleurs.

7° La conjonction en effet exprime essentiellement la cause, et équivaut


à la conjonction car, conjonction de cause par excellence:
Il échouera; en effet il ne travaille pas. Il échouera, car il ne travaille pas.

N. B. — 1° La conjonction en effet avait à l’origine un sens adverbial et signifiait


a en réalité », « en fait » :
S’il e6t froid en apparence, il est sensible en effet.
Elle s’emploie encore dans la conversation avec la valeur d’un adverbe pour
confirmer une constatation ; elle équivaut alors à « effectivement », « réellement »:
Il a très mal agi. — En effet.
2° La conjonction aussi bien exprime la cause, comme « en effet »; elle équivaut à
« dans le fait », « après tout », « en somme »:
Je ne sortirai pas ; aussi bien est-il trop tard.

8° La conjonction donc exprime essentiellement la conséquence, et équi¬


vaut à « par conséquent » :
Il travaille donc il réussira.

Mais elle peut également exprimer :


a. Un mouvement vif de surprise, d’indignation, d’impatience, etc. (dans
une phrase exclamative ou interrogative) :
J’étais donc né pour être malheureux !
Qu’est-ce donc? Allonadonc! Tais-tol dono I Répondez donc I
272 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

b. Une transition, le retour notamment â an développement interrompT*


Donc, pour revenir à notre affaire.

N. B. — 1° Les conjonctions par conséquent et par suite expriment la conséquence,


comme « donc », mais avec plus d’insistance:
Il travaille; par conséquent il réussira.

La conjonction partant (du latin per tantum, « en raison de cela ») est vieillie et ne
s’emploie plus guère :
Vous avez signé, partant vous êtes lié.

2° Les conjonctions ainsi et aussi, qui sont proprement des adverbes, l’un de
manière (§283, 1°), l’autre de quantité (§285, 1°), expriment elles aussi la conséquence :
Il aime; ainsi il est aimé II sème ; aussi il récolte
(c.-à-d. de cette façon, d’où : par suite). (c.-à-d. également, d’où : par suite).

Les locutions dans ces conditions et c’est pourquoi s’emploient respectivement


avec la valeur de «ainsi» et «aussi», mais elles insistent sur la conséquence et lui
donnent tout son relief.
3° L’adverbe de temps alors, qui exprime proprement la succession (§ 289, 4°),
s’emploie souvent avec la valeur de « donc » :
Il travaille; alors, il réussira. Alors, pour revenir à notre affaire.

Les adverbes de lieu de là et d’où, qui expriment proprement Je lieu d'où l’or,
oient (§287, 2°), puis Vorigine, s’emploient souvent avec la valeur de « par suite »:
Il a un procès; de là ses soucis. Il a un procès, d’où ses soucis.

9° La conjonction or exprime essentiellement l’enchaînement, et introduit,


un élément nouveau important soit dans un raisonnement, soit dans un récit :
Les hommes sont mortels ; or tu es homme, donc tu es mortel.
Les souris dansaient ; o.- survint un chat : quelle débandade !

N. B. — La conjonction or avait à l’origine un sens adverbial (du latin adhoram,


« à cette heure »), et signifiait « maintenant ».
Elle s’employait souvent, renforcée ou non par une particule d’insistance telle que
çà, bien, sus, etc., pour exhorter à accomplir une action:
Or çà, donne. Or bien, je vais t’aider. Or sus, commençons.

Elle est aujourd’hui généralement remplacée dans cet emploi par « eh bien ».
Par contre, elle s’emploie encore, renforcée ou non par donc, pour marquer une
transition:
Or, voici ce qui s’était passé. Or donc, pour en venir au fait.

Remarque. —- Les conjonctions de coordination ne sont pas toujours exprimées :


les éléments de la phrase, mots ou propositions, sont alors placés côte à côte, séparés
par une virgule ou par un signe de ponctuation plus fort, et l’on dit qu’ils sont jux-
laposés :
Les non-combattants, vieillards, femmes, [©tj enfants, furent tous égorgés.
Les paroles s’envolent, [mais] les écrits restent,
da nuit tombait : on regagna donc] la
LA CONJONCTION 2T3

I». — LES CONJONCTIONS DE SUBORDINATION

313. Généralités. — Les conjonctions de subordination servent à unir


deux propositions d une meme phrase qui ne sont ni de même nature ni de
même fonction et entre lesquelles elles établissent un rapport de dépendance.
La proposition introduite par la conjonction de subordination est dite
proposition subordonnée; elle remplit, d’une manière générale, la fonction soit
de complément d'objet, soit de complément de circonstance du verbe de l’autre
proposition, dite proposition principale :
Persuadons-nous que nous sommes tous frères
(que introduit une proposition complément d’objet).
Sors, puisqu’il fait beau Pars, dès que tu seras prêt
(puisque et dès que introduisent des propositions compléments de circonstance,
exprimant l’une la cause, l’autre le temps).

314. La forme des conjonctions de subordination. — Les conjonc¬


tions de subordination se présentent sous la forme soit de simples mots, soit
de groupes de mots appelés locutions conjonctives:
Simples mots Locutions conjonctives
que, quand, parce que, bien que,
comme, si, etc. afin que, de sorte que, etc.

La conjonction de subordination introduisant une proposition complément


d’objet (§407,a) est toujours que :
Nul n’ignore qua la terre est ronde.
Je crains qu’il ne soit mort. Je me réjouis qu’il soit guéri.

Les conjonctions de subordination introduisant les propositions complé¬


ments de circonstance sont de sept espèces, selon qu’elles expriment la
cause, la concession, le but, la conséquence, le temps, la condition ou la compa¬
raison (§ 436) :
Puisqu’il y a des malades, il faul des médecins
(puisque introduit une proposition de cause).
Quoiqu’il soit riche, il n’est pas heureux Travaillons tous, pour que le pays renaisse
(quoique introduit une proposition de concession). (pour que introduit une proposition de but).
Il ment toujours, de sorte qu’on ne le croit plus
(de sorte que introduit une proposition de conséquence).
Quand les chats n’y sont plus, les souris dansent
(quand introduit une proposition de temps).
Si tu veux la paix, pratique la justice II est reparti comme il était venu
(si introduit une proposition de condition). (comme introduit une proposition de comparaison).

Les principales de ces conjonctions sont les suivantes, classées d’après l’idée
qu’elles expriment et accompagnées de l’indication des pages de la syntaxe
où leur emploi est étudié :
Pages
Idée
Conjonctions de subordination DE LA
exprimée
Syntaxe

parce que, comme, puisque, du moment que,


Cause P. 378
attendu que, vu que, sous prétexte que

bien que, quoique,


Conces¬ quelque [bon) que, si [bon] que, pour [bon] que, tout [bon] que,
P. 380
sion encore que, tandis que, alors que,
même si, quand même, quand

But pour que, afin que, de peur que P. 382

Consé¬ de façon que, de manière que, de sorte que, P. 383


quence au point que, si bien que, tellement que

quand, lorsque,
( comme, aussitôt que, dès que,
Temps avant que, pendant que, tant que, tandis que, après que, P. 385
en même temps que,
( depuis que, jusqu’à ce que, en attendant que

si,
Condition
à condition que, pourvu que, à moins que, P. 386
soit que..., soit que...,
au cas où, en cas que

Compa¬
comme, de même que, ainsi que, j
à mesure que, selon que, suivant que, P. 390
raison
comme si \

N. B. — 1° La conjonction que ne doit pas être confondue avec :


a. Le pronom relatif que (§ 193): b. Le pronom interrogatif que (§905):
Voici le dernier livre que j’ai lu. Que me conseillez-vous de faire ?

c. L'adverbe de quantité que (§286, 8°):


Que de monde sur l’avenue !

2° La conjonction parce que (en deux mots), qui exprime la cause, ne doit pas être
confondue avec par ce que (en trois mots: c.-à-d. au moyen de ce que):
Par ce que tu me dis, je comprends ce que tu feras.

3° La conjonction quoique, qui exprime la concession, ne doit pas être confondue


avec le pronom quoi que (c.-à-d. quelque chose que, § 198, 2°, o) :
OhoI qu’on fasse, on est toujours critiqué.
LA CONJONCTION 275

4° La conjonction quand, qui exprime ordinairement le temps, exprime parfois la


concession, si elle est suivie du conditionnel :
Quand je le voudrais (c.-à-d. même si je le voulais), je ne le pourrais pas.

Elle ne doit être confondue ni avec l’adverbe interrogatif quand (§ 299, e), ni avec la
préposition quant à (c.-à-d. en ce qui concerne, §301, 2°) :
Quand viendrez-vous me voir ? Quant à moi, je ne puis sortir.

5° La conjonction comme, qui exprime originairement le temps, exprime parfois


ia cause et parfois la comparaison :
Comme la vie est belle, aimons-lal Comme on fait son lit, on se couche.

Elle ne doit pas être confondue avec Vadverbe comme, qui exprime tantôt la
manière, tantôt la quantité (§ 284, 7°) :
Comme il me traite 1 Comme il est généreux 1

6° La conjonction si, qui exprime la condition, ne doit pas être confondue avec :
a. 'L'adverbe d'affirmation si (§295, 2°) : b. L'adverbe de quantité si (§286, 7°) :
Ne viendrez-vous pas ? — Si. Il n’est pas si spirituel.

c. L'adverbe d'interrogation si (§298, 2°) :


Dites-moi si vous viendrez.

315. L’emploi des conjonctions de subordination. — L’étude de l’em¬


ploi des conjonctions de subordination se confond avec celle des propositions
compléments d’objet ( § 407,1°, a) ou compléments de circonstance (§ 435-443)
qu’elles introduisent.
Nous nous bornerons à indiquer ici que la conjonction que, qui introduit
ordinairement une proposition complément d’objet, peut également introduire
des propositions compléments de circonstance exprimant :
1° La cause (après les locutions cest ou ce n’est pasJ i
S’il ne dit rien, c’est qu’il est timide
(c.-à-d. [c’est] parce que).
S’il ne dit rien, ce n’est pas qu’il soit sot
(c.-à-d. [ce n’est pas] parce qu’il est sot).

2° Le but (après une principale à l’impératif) :


Viens, que ton père t’embrasse! Pars, que je ne t’assomme'.
(c.-à-d. afin que.) (c.-à-d. de peur que.)
Voulez-vous rester, que nous causions un peu?
(c.-à-d. pour que ; le tour interrogatif est un impératif adouci, p. 289, n. 1).

3° La conséquence:
Il est têtu, que c’est un vrai mulet II ne sort pas qu’il ne rentre fatigué
(c.-à-d. au point que). (c.-â-d. sans que).

4° Le temps :
Tu n’iras pas jouer que tu n’aies fait tes devoirs
(c.-à-d. avant que).
276 I.A MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

N. B. — 1° La conjonction que s’emploie souvent, dans une série de subordonnées


unies par et, pour éviter de répéter en tête de la seconde la conjonction de subor¬
dination exprimée en tête de la première :
Comme il neige et qu’il gèle, Rien qu’il neige et qu’il gèle
je reste au coin du feu. je m’en vais au théâtre.
Du silence, pour qu’on se repose et qu’on dorme !
Quand je le vois et que je t’entends, S’il vient et que je ne sois pas là,
je suis heureux. prie-le de m’attendre.

2° La conjonction que s’emploie dans certaines constructions pour mettre en


valeur une autre conjonction (§442, N. B., b) ou un adverbe (§ 295 et 297,1°, N.B.) :
Que si tu m’attaquais, je saurais me défendre.
Le connaîtrais-tu par hasard ? — Que oui. Il va pleuvoir, je crois. — Que non.
Comme nous nous promenions, voilà qu’un orage éclata.

Dans d’autres constructions, elle s’emploie de façon explétive:


Peut-être [qu’jil est malade. Heureusement [qu’jil est là.
Quelle sottise [que] d’agir ainsi !
C’est un trésor [que] la santé. Il ne laisse pas [que| d’<Hre bon.
Si j’étais [que] de vous, je n’accepterais pas.
CHAPITRE X

L’INTERJECTION

316. Généralités. L interjection est un mot invariable qui sert à expri¬


mer avec vivacité, sous lu forme réduite d un cri, une réaction brusque de
notre nature en face d’un fait ou d’une idée.

N. B. l, interjection se distingue nettement de l’adverbe, qui est un complément,


ainsi que de la préposition et de la conjonction, qui sont des liens grammaticaux.
Elle ne remplit dans la phrase aucune fonction grammaticale; elle est, pour ainsi
dire, hors phrase.

317. La forme des interjections. - Les interjections, suivies en règle


générale d’un point d’exclamation (§ 18, N. B., 2°), se présentent sous la
forme :
1° Soit de vrais cris, formés de voyelles (dont un h marque souvent l’allon¬
gement), ou de voyelles combinées avec des consonnes, ou de consonnes:
ah! oh! eh! ha! ho! hé! ô...!
aïe! bah! ouais! euh! heu! fi! pouah! ouf! chut!
hem! hep! ohé! hum! hue! hi ! dia! hô!
pst! kss! rr! brr!

2° Soit d’onomatopées (§ 82), traduisant par une imitation approximative


des bruits réels : pan! vlan! crac! paf! hop! pouf! boum!
pan pan ! clic clac! cric crac ! pif paf!
zut! patatras! rataplan! cocorico! miaou! meuh !

3° Soit de vrais mots (noms, adjectifs, pronoms, verbes, adverbes), employés


comme interjections par changement de catégorie grammaticale (§ 75):
Dieu! diable! ciel! dame!
crétin! animal! vipère! vache! chameau! peste!
halte! silence! attention! alerte! paix!
courage! patience! grâce! miséricorde! merci! salut! malheur!
bon! ferme! hardi! parfait! preste! vrai! chic! chouette! quoi!
suffit! va! gare! tiens! tenez! allons! allez! voyons! soit!
bien! vite! ouste! debout! assez! comment! ici! là! çà ! arrière!

N. B. -— Un certain nombre d’interjections de cette espèce sont empruntées à une


langue étrangère :
hourrah! stop! bravo! basle!
(anglais : hurrah ! ) (anglais : stop, arrête-toi.) (italien : bravo, bon, habile.) (italien: basta, suffit.)
bis ! vivat !
(latin : bis, deux fois.) (latin : vivat, qu’il vive I)

L’interjection allô, employée dans les conversations téléphoniques, vient non de


l’anglais halloo! mais du français « allons », dont il est une déformation volontaire.
278 LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

4° Soit de groupes de mots, parfois de phrases entières, appelés locutions


interjectives :
grand Dieu ! bon Dieu! mon Dieu! Dieu merci! Dieu du ciel! par Dieu!
juste ciel! bonté divine! bonjour! bonsoir!
bon sang! ma foi! ma parole! tout beau! tout doux!
vois-tu! voyez-vous! dis donc! va donc! allons donc! voyons donc!
à la bonne heure ! par exemple! en avant! en arrière! adieu ! au revoir!
hélas! eh quoi! eh bien! hé là ! holà! ah là là là ! ah non 1 il donc!
ah bah! ah mais!
Dieu me pardonne ! Fouette, cocher! Va comme je te pousse ! Attends un peu!
Vogue la galère !

N. B. — Un certain nombre d’interjections sont des jurons déformés par scrupule


religieux ou adoucis par souci de politesse :
diantre! pardi! parbleu! morbleu! fichtre!
(c.-à-d. diable!) (c.-à-d .par Dieu!) (c.-à-d. mort [dé] Dieu ! ) (c.-à-d.foutre!)

ou des mots quelconques diversement altérés :


ouiche! motus!
(c.-à-d. oui [ironique] I) (c.-à-d. pas un mot 1 )

318. L’emploi des interjections. — 1° Les interjections qui sont de vrais


cris expriment les unes une émotion, les autres un appel.
A. — Expriment une émotion notamment : ah ! oh ! eh ! euh ! aïe ! bah !
fi! pouah! ouf!
a. ah! et oh!, qui sont les plus employées, peuvent, selon l’intonation,
la mimique et le contexte, exprimer le plaisir ou la douleur, l’étonnement,
l’admiration ou l’indignation :
Ah ! quelle joie de vous revoir! Ah ! que je suis malheureux!
Ah ! déjà de retour? Ah ! les braves gens! Ah ! c’est un peu fort!
Oh ! que je suis content! Oh ! comme j’ai souffert!
Oh ! la bonne surprise! Oh ! le beau coucher de soleil. Oh ! qu'il est lâche.

Ces deux interjections s’emploient à peu près indifféremment; il semble,


cependant, que oh ! exprime une émotion plus vive que ah!
b. eh! exprime l’étonnement ou l’admiration; euh ! l’étonnement ou l’indi¬
gnation: Eh ! que dites-vous donc? Eh ! quelle éloquence!
Euh ! cela me surprend! Euh ! si je le tenais!

euh ! peut aussi exprimer l’incertitude ou l’indifférence :


Que vas-tu faire? — Euh ! je ne sais trop. La gloire, euh ! que c’est peu de chose!

c. aïe! exprime la douleur; bah! l’indifférence; fi ! le mépris; pouah!


le dégoût; ouï! le soulagement:
Aïe ! tu me fais mal ! Bah ! je m’en moque ! Fi ! que c’est vilain !
Pouah ! quelle horreur ! Ouf ! je respire enfin !

N. B. — 1° ah ! oh ! eh ! euh ! sont parfois écrits ha! ho! hé! heu! mais ont la
même valeur sous les deux formes.
l’interjection 279
2° Certaines interjections de cette espèce sont parfois redoublées, généralement pour
traduire l’émotion avec plus de force :
Ah ! ah ! te voilà enfin ! Oh ! oh ! vous le prenez bien haut I Eh ! eh ! ce n’est pas mall

parfois, dans une réponse, pour laisser deviner sa pensée sans l’exprimer nettement :
Comment va-t-il ? — Euh ! ou h !
(c.-à-d. : il ne va pas trop bien).

3° ouais ! qui exprime l’étonnement, est aujourd’hui un peu vieilli:


Ouais ! il fait bien le fierl

4° brr ! exprime soit une sensation de froid, soit un sentiment de crainte :


Brr ! il gèle ce matin I Brr ! j’ai eu bien peur !

B. — Expriment un appel notamment : hé ! renforcé parfois en hem ! hep !


ou ohé ! — ho ! renforcé parfois en holà ! et réduit à ô (avec un accent circon¬
flexe) dans une invocation ou une imprécation; — enfin pst!
Hé n’ami, viens ici! Hep ! gare à l’auto ! Ohé ! là-bas, approchez!
Ho ! quelqu’un, vite! Holà ! au secours! Merci, ô mon Dieu! O douleur! ô désespoir!
Pst ! chauffeur, vous êtes libre?

N. B. —■ 1° ô est immédiatement suivi du nom de la personne ou de la chose à qui


s’adresse l’invocation ou l’imprécation, et le point d’exclamation se place après ce nom.
2° hum ! seul ou redoublé, est un appel discret à une personne à qui on veut
signaler ou rappeler sa présence.
3° chut ! est une invitation à faire silence ou à parler plus bas.
4° hein? est une invitation à répondre à une question qu’elle annonce ou qu’elle
rappelle, d’où le point d’interrogation qui la suit :
Hein ? que dites-vous donc ? Cela est bien compris, hein ?

5° kss ! seul ou redoublé, est un cri servant à exciter.


6° hop ! seul ou redoublé, est un cri servant à stimuler, et en particulier à faire
sauter ou à faire déguerpir :
Hop ! sortez vite de là!

7° hue ! altéré souvent en hi !, et son contraire hô ! remplacé souvent par rr !, sont


des cris de charretiers servant l’un à faire avancer, l’autre à faire arrêter les chevaux.
hue ! renforcé souvent en huhau ! sert encore à faire aller les chevaux à droite, par
opposition à dia I qui sert à les faire aller à gauche.

2° Les interjections qui sont des onomatopées ont une voleur purement
descriptive. Elles peuvent évoquer à l’oreille :
a. Soit un bruit isolé, sec ou sourd, de coup ou de chute: pan! crac! vlan!
paf ! pouf ! boum ! Elles expriment alors, au figuré, une action soudaine et
rapide :
Et pan ! l’enfant fut giflé ! Crac ! le voilà parti! Et vlan ! mon plan tut à bas!
Boum ! un pneu qui éclate ! Paf ! un jockey par terre ! Pouf ! les malles qui tombent !

b. Soit un bruit répété : l’onomatopée est alors double, et la voyelle n’est


généralement pas la même dans les deux éléments : pan pan (coups de mar-
280 LA MOBPHOLOGIE DU FBANÇAIS

teau) ! clic clac (coups de fouet) ! cric crac (suite de déchirures) ! pif paf
(suite de battements)!
Pan pan ! on frappe à la porte. Clic clac ! et les chevaux démarrent !
Cric crac ! il déchira les lettres. Pif paf ! toutes les portes battaient.

c. Soit un bruit complexe : rataplan (roulement de tambour) ! patatras


(chute en plusieurs temps) !
I£t rataplan ! tout le régiment défila. Et patatras ! la vaisselle dégringola.

d. Soit des cris d’animaux : cocorico (chant du coq) ! miaou (miaulement


du chat) ! meuh (beuglement de la vache) ! etc.

N. B. — zest ! s’emploie pour souligner la promptitude avec laquelle s’accomplit


une action : A ces mots, zest ! il prit la fuite.

3° Les interjections qui sont de vrais mots ou des groupes de mots ex¬
priment des invocations ou des imprécations, des jurons ou des serments, des
injures, ou, sous une forme souvent elliptique, des ordres ou des exhortations,
des avertissements ou des prières, des approbations ou des protestations,
des menaces ou des civilités, etc. :
Dieu! mon Dieu! peste! morbleu! ma parole! crétin! vipère!
(invocation) (imprécation) (juron) (serment) (injures)

halte! courage! gare! grâce!


(c.-à-d. faites halte !) (c.-à-d. prenez courage!) (c.-à-d. qu’on se gare!) (c.-à-d. faites-moi grâce !)
(ordre) (exhortation) (avertissement) (prière)

bien! parfait! comment! ah mais! attends un peu! salut! bonsoir!


(approbations) (protestations) (menace) (civilités)

N. B. La valeur primitive de certaines interjections est aujourd’hui perdue de


vue. C’est le cas notamment de:
dame ! peste !
(c.-à-d. Notre-Dame : S" Vierge !) (c.-à-d. que la peste t’étouffe !)
hélas ! adieu !
(c.-à-d. hé! las [malheureux que je suis '1) (c.-à-d. [je vous recommande\ à Dieu /I
QUATRIÈME PARTIE

LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

CHAPITRE PREMIER

LA PROPOSITION ET LA PHRASE

I. - GÉNÉRALITÉS

319. Proposition et phrase. — 1° On peut dire :


Nous n’avons pu sortir à cause de la pluie.

Ces mots, unis entre eux par les lois de la syntaxe, expriment un fait (nous
n’avons pu sortir) et la cause de ce fait (à cause de la pluie).
L’ensemble ainsi constitué ne contient qu’un mot (verbe) auquel s’adaptent
tous les autres mots : c’est une proposition indépendante, ou proposition
simple.
2° Mais on peut dire également, sans que le sens change :
Nous n’avons pu sortir, car il pleuvait.

L’ensemble ainsi constitué contient celte fois deux mots (verbes) à chacun
desquels s’adaptent d’autres mots, et renferme ainsi deux propositions ; mais
ces propositions sont unies par une conjonction de coordination (car) : un tel
ensemble s’appelle phrase de coordination.
3° On peut dire encore, sans que le sens change :
Nous n’avons pu sortir parce qu’il pleuvait.

L’ensemble ainsi constitué contient, comme le précédent, deux mots (verbes)


à chacun desquels s’adaptent d’autres mots, et renferme ainsi deux proposi¬
tions; mais ces propositions sont unies par une conjonction de subordination
(parce que) : un tel ensemble s’appelle phrase de subordination.
4° Enfin on peut dire, sans que le sens change :
Nous n’avons pu sortir: il pleuvait.

L’ensemble ainsi constitué contient, comme les précédents, deux mots


(verbes) à chacun desquels s’adaptent d’autres mots, et renferme ainsi deux
282 TA SYNTAXE DU FTtANC.AÏS

propositions ; mais ces propositions ne sont unies par aucune conjonction ni


de coordination ni de subordination, et sont simplement placées l’une à côté
de l’autre : un tel ensemble s’appelle phrase de juxtaposition.

II. - LA PROPOSITION INDÉPENDANTE

320. La présentation de la proposition indépendante. — La propo¬


sition indépendante se présente sous diverses formes. Elle peut être constituée :
1° Par un verbe, accompagné ou non de compléments :
a. Généralement avec sujet exprimé t
Le chien craint le fouet. Que Dieu vous entende ! A deux nous réussirions,
(indicatif). (subjonctif) (conditionnel)
Et le lièvre de détaler !
(infinitif)

b. Mais parfois sans sujet exprimé:


Courez. Ralentir. Mentir ainsi ! Où aller?
Dis la vérité. Prendre la droite. Trahir sa patrie ! A qui se fier?
(impératif : ordre) (infinitif : ordre) (infinitif : indignation) (infinitif : délibération)
Il pleut. Il pleut fort.
(verbe impersonnel : l’action n’a pas de sujet)
N. B. — 1° Le verbe peut être remplacé par une locution verbale (§ 65) :
Portez secours aux malheureux. Je ne fais fi d’aucun conseil.
2° La proposition indépendante constituée par un verbe accompagné ou non de
complément peut être à la forme affirmative (§ 277), à la forme négative (§ 278) ou à
la forme interrogative (§ 279).

2° Par un nom ou un. pronom, accompagné ou non de compléments:


Louis!—Me voici. Chambre à louer. Qui appelle?—Moi.
(apostrophe) (annonce) (réponse)
Du silence ! Défense de fumer. Quel malheur !
(ordre) (défense) (exclamation)
N. B. — Ces propositions sans verbe sont parfois appelées propositions nominales.

3° Par un mot invariable, adverbe ou interjection :


Es-tu satisfait? — Oui. Sortiras-tu? — Non. Ne viens-tu pas? — Si.
Oh ! le beau ciel !
N. B. — Ces propositions sont parfois appelées propositions elliptiques. En fait,
elles ne présentent aucune ellipse, et l’idée est entièrement exprimée.
Une idée peut même être exprimée, sans l’aide de mots, par un simple geste: de
la tête, pour dire « oui » ou « non » ; du bras, pour ordonner de sortir, etc.

III. - LA PHRASE DE COORDINATION

321. La présentation de la phrase de coordination.— 1° La phrase de


coordination du type le plus simple se compose de deux propositions ayant
la forme de propositions indépendantes.
LA PROPOSITION ET LA PHRASE 283

De ces propositions, la première est dite proposition principale, la deuxième


proposition coordonnée à la principale :
Je suis arrivé hier | et je repars demain.
(lr8 proposition : principale) (2f proposition : coordonnée à la principale)

Si la phrase se compose de plus de deux propositions, la troisième propo¬


sition est dite coordonnée à la deuxième, la quatrième coordonnée à la
troisième, etc. :
Je suis arrivé hier | et je repars demain,
(ire proposition ; principale) (2e proposition : coordonnée à la principale)
mais je reviendrai | et je ne repartirai plus.
(3e proposition : coordonnée à la 2e) (4e proposition : coordonnée à la 3e)

N. B. — 1° Les propositions dont se compose la phrase de coordination peuvent


prendre toutes les formes des propositions indépendantes (§ 320) :
Tu respires, dono tu existes. Dieu vous bénisse et vous sauve! Je voudrais, mais je ne pourrais.
Et lui de supplier et de menacer tour à tour I
Grondez, mais pardonnez! Bien faire et laisser dire. Qui croire et que faire ?
Maison à vendre ou à louer.
Du calme et du sang-froid ! Quel succès, mais à quel prix ?
Les propositions coordonnées peuvent n’être pas toutes de même forme:
J’ai perdu, mais tant pis I Presse-toi, car on s’impatiente. Debout, et qu’on se dépêche 1
2° Les conjonctions qui unissent les propositions coordonnées expriment des rapports
divers déjà étudiés dans la morphologie (§ 311-312).

2° Dans la phrase de coordination composée de plus de deux propositions,


il peut arriver que la dernière proposition seule soit coordonnée, celles qui
précèdent étant simplement juxtaposées (§ 319, 4°) :
L’enfant va, vient, trotte, galope, | et n’est jamais fatigué.

Si la dernière elle-même n’est pas coordonnée, la phrase n’est plus alors


qu’une phrase de juxtaposition :
Le chien aboyait, courait, s’arrêtait, repartait : il avait perdu la piste.

IV. — LA PHRASE DE SUBORDINATION

322. La présentation de la phrase de subordination. — 1° La phrase


de subordination du type le plus simple se compose d’une proposition prin¬
cipale et d’une proposition subordonnée qui en dépend, dite proposition
subordonnée à la principale :
Tu sais bien | que j'attendrai.
(ir« proposition ; principale) (2e proposition : subordonnée à la principale)

Mais de cette subordonnée peut dépendre une autre subordonnée, dont


elle est, pour ainsi dire, la principale :
Tu sais bien | que J’attendrai | que tu reviennes.
(I1? propos. I principale) (2* propos. : subordonnée à la principale) (3e propos. ; subordonnée à la 2e)
284 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

D’autre part, de la principale peuvent dépendre une ou plusieurs autres


subordonnées :
Tu sais bien | que j’attendrai | que tu reviennes,
(ire proposition : principale) (2“ propos. ; subordonnée à la principale) (3e propos. : subordonnée à la 2e;
puisque tu me connais.
(4e proposition : subordonnée à la principale)

2° Dans la phrase de subordination, il peut arriver qu’il y ait deux principales


qui soient coordonnées entre elles, et que de chacune d’elles dépende une
subordonnée :
Je suis sûr | qu’il viendra | et je pense | qu’il est en route.
(ire principale) (subordonnée à la ire principale) (2e principale) (subordonnée à la 2e principale

Il peut arriver aussi qu’il y ait deux ou plusieurs subordonnées dépendant


d’une même principale et qu’elles soient coordonnées entre elles :
Je suis sûr | qu’il viendra ou qu’il téléphonera,
(iro principale) (i“ subordonnée à la i'6 principale) (28 subordonnée à la ire principale)
et je pense | qu’il est en route et qu’il sera bientôt là.
(2e principale) (irc subordonnée à la 2e principale) (2* subordonnée à la 2e principale)

Il peut arriver enfin qu’il y ait des principales ou des subordonnées sim¬
plement juxtaposées :
Il demande, il ordonne, il exige | qu’on s’excuse.
(propositions principales juxtaposées) (proposition subordonnée)
Est-il un homme | qui ne sache rien, qui ne lise rien, qui ne lasse rien?
(proposition principale) (propositions subordonnées juxtaposées)

N. B. — Il faut faire une place à part à la proposition dite intercalée, qui est une
proposition indépendante enclavée dans une phrase, mais sans faire corps avec elle :
L’hiver, dit-on, sera très rude. Sachez, je le répète, qu’il ment.

323. Les diverses catégories de subordonnées. — Les propositions


subordonnées ne sont pas toutes de même espèce. Elles peuvent se classer
d’après leur forme, leur sens, ou leur fonction.
A. — Au point de vue de la forme, on distingue :
1° Les propositions subordonnées introduites par un mot spécial: conjonc¬
tion de subordination, pronom ou adverbe relatil, pronom, adjectif ou adverbe
interrogatif: Je crois | qu’il a tort.
(conjonction de subordination)
Méfie-toi de l’eau | qui dort. Dis-moi | quel est ton avis.
(pronom relatif) (adjectif interrogatif)

2° Les propositions subordonnées où la subordina tion esl marquée nar le


mode du verbe:
Je sens | battre mon cœur. L’été venu, | Paris esv désert.
(infinitif) (participe)
LA PROPOSITION ET LA PHRASE 285
B. — Au point de vue du sens, on distingue :
1° Les propositions subordonnées qui sont l’équivalent d’un nom:
Sais-tu | quelle heure il est? Dès qu’il naît, l’homme pleure
(c.-à-d. sais-tu l'heure ?) (c.-à-d. dès sa naissance).

2° Les propositions subordonnées qui sont l’équivalent d’un adjectif:


La gloire est un bien | qui dure un jour
(c.-à-d. [un bien] éphémère : adjectif qualificatif).

C. — Au point de vue de la fonction :


1° Les propositions subordonnées à valeur de nom peuvent être :
a. Sujet : b. Attribut (§ 423) :
Qu’il réussisse | est possible Le mieux est | qu’il parte
(c.-à-d. son succès). (c.-à-d. son départ ).

C. Complément d’objet : d. Complément de circonstance :


J’apprends | qu’il est mort Il ne sort pas | parce qu’il est enrhum?,
(c.-à-d. sa mort). (c.-à-d. à cause de son rhume).

e. Complément de nom : f. Complément d’adjectif :


Voilà la preuve | qu’il se trompe Je suis heureux | que tu sois guéri
(c.-à-d. de son erreur). (c.-à-d. de ta guérison).

2° Les propositions subordonnées à valeur d’adjectif peuvent être seu¬


lement : On récompense les élèves | qui travaillent
Ép ITHETE
ri
(c.-à-d. travailleurs).

V. — ANALYSE DE LA PHRASE

324. Généralités. — Analyser une phrase, c’est :


°
1 Délimiter les éléments principaux de cette phrase;
2° En déterminer la forme ;
3° Établir entre eux les rapports de sens qui les unissent.
Les mêmes procédés d’analyse s’appliquent à la proposition indépendante,
à la phrase de coordination, à la phrase de subordination.

325. Analyse de la proposition indépendante. — boit la proposition


indépendante :
Nous n’avons pu sortir à cause du mauvais temps.

Elle contient deux éléments principaux:


°
1 Un ensemble de mots étroitement rattachés au verbe et appelés pour
cette raison groupe du verbe, ou groupe-verbe : ce groupe ( nous n avons pi s
sortirJ exprime l’action.
28r LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

2° Un ensemble de mots étroitement rattachés au nom et appelés pour


cette raison groupe du nom, ou groupe-nom: ce groupe (à cause du mauvais
temps) exprime la cause de l’action (complément de circonstance).
Ces éléments principaux peuvent à leur tour se décomposer :
1° Nous n’avons pu sortir. — L’action de sortir est présentée comme
possible, grâce à l’auxiliaire de mode pouvoir (§243), et, d’autre part, elle est
niée par l’adverbe de négation ne; enlin, elle a pour sujet (agent de l’action) le
pronom personnel nous ; elle est située dans le passé, de là l’emploi du passé
composé avons pu. Quant à sortir, infinitif, il est complément d’objet direct
de avons pu.
2° A cause du mauvais temps. — Le groupe-nom est introduit par la
préposition à cause de; en outre, le nom temps est précédé de l’article du et
de l’adjectif cpialificatif mauvais, qui précisent de quelle sorte de temps il s’agit.

326. Analyse de la phrase de coordination. — Soit la phrase de coor¬


dination :
Nous n’avons pu sortir, car le temps était mauvais.

Dans cette phrase, les éléments principaux sont deux groupes-verbes dont
chacun constitue une proposition.
1° Nous n’avons pu sortir. —Ce groupe-verbe constitue la proposition
principale. L’analyse se fait comme dans la proposition indépendante (§ 325).
2° Car le temps était mauvais. -— Le verbe d’état était a pour sujet
le nom temps, et pour attribut l’adjectif qualificatif mauvais. Ce groupe de
mots constitue une proposition rattachée à la première (proposition princi¬
pale) par la conjonction de coordination car ; elle est coordonnée à la pre¬
mière et en exprime la cause.

327. Analyse de la phrase de subordination. —- Soit la phrase de


subordination :
Nous n’avons pu sortir, parce que le temps était mauvais.

Dans cette phrase, les éléments principaux sont deux groupes-verbes dont
chacun constitue une proposition.
1° Nous n’avons pu sortir. — Ce groupe-verbe constitue la proposition
principale. L’analyse se fait comme dans la proposition indépendante (§325).
2° Parce que le temps était mauvais. — Le verbe d’état était a
pour sujet le nom temps, et pour attribut l’adjectif qualificatif mauvais. Ce
groupe de mots constitue une proposition rattachée à la première (proposi¬
tion principale) par la conjonction de subordination parce que; elle esl
subordonnés à la première et en exprime la cause.
LA PROPOSITION ET LA PHRASE 287

N. B. Le tableau suivant montre comment peut se résumer chacune des analyses


qui précèdent :

Proposition indépendante Phrase de coordination Phrase de subordination

Nous n’avons pu sortir 1° Nous n’avons pu sortir 1° Nous n’avons pu sortir


[proposition principale] [proposition principale]

à cause du 2’ car 2° parce que


mauvais temps le temps était mauvais le temps était mauvais
[nom complément de cause] [proposition complément de cause, [proposition complément de cause,
coordonnée à la principale] subordonnée à la principale]

I proposition 2 propositions 2 propositions


LES GROUPES DANS LA PROPOSITION

GÉNÉRALITÉS

328. Le groupe du verbe et le groupe du nom. — Les éléments essen¬


tiels de la proposition sont le groupe du verbe et le groupe du nom (§ 325).
1° Le groupe du verbe, ou groupe-verbe, est formé du verbe et, le cas
échéant, de son déterminant: Y adverbe.
2° Le groupe du nom, ou groupe-nom, est formé du nom et, le cas échéant,
de ses déterminants: Y épithète, Y apposition, le complément du nom.
N. B. — Il n’y a, dans une proposition, qu’un groupe-verbe, mais il peut y avoir
plusieurs groupes-noms, si, par exemple, la proposition présente un nom sujet, un nom
complément d'objet, un nom complément de circonstance.
Le groupe-nom, terme général, peut donc, selon la fonction du nom qui en est le
centre, être un groupe-sujet, un groupe complément d'objet (ou, par abréviation, groupe-
objet), un groupe complément de circonstance.
L’adjectif ou le nom attribut peut également, avec ses déterminants, former un
groupe, dit groupe attribut.

Nous allons étudier successivement le groupe du verbe et le groupe du nom.

CHAPITRE II

LE GROUPE DU VERBE

329. Généralités. — Des deux éléments du groupe-verbe (§ 328, 1°),


l’un, l’adverbe, a été étudié dans la morphologie au point de vue de son emploi
aussi bien que de sa forme (§ 281-299).
Reste l’élément essentiel, le verbe, dont nous n’avons encore étudié que la
forme (active, passive ou pronominale, § 229-280), et dont nous allons étudier
l’emploi dans la proposition indépendante ou principale, en considérant tour
à tour : 1° son mode ; — 2° son temps ; — 3° son nombre, sa personne, et, le cas
échéant, son genre, c’est-à-dire ses règles d’accord.

I. - L’EMPLOI DES MODES

330. Le mode indicatif. — L’indicatif est le mode du fait réel (§ 236,1°) ;


il présente le fait comme certain, qu’il s’agisse d’un fait passé, présent ou
futur: Je suis né jadis J’existe Je mourrai un jour
(fait passé). (fait présent). (fait futur).
LE GROUPE DU VERBE 289

N. B. — L’indicatif est parfois remplacé, pour l’expression d’un fait passé. Dar
1 infinitif de narration (§ 334, 2°, a).

331. Le mode impératif. — 1° L’impératif est, d’une façon générale,


le mode du fait voulu (§ 236, 2°); comme tel, il exprime essentiellement
1 ordre et la défense à la 2° personne du singulier et du pluriel :
Sors d’ici! Ne réplique pas ! Cessez le feu I N’entrez pas!

B- A la 3e personne du singulier et du pluriel, l’ordre et la défense s’expriment


par le subjonctif (§ 332, 1°).

Outre l’ordre et la défense catégoriques, l’impératif peut exprimer à la


même personne :
ci. la demande11 b. la prièrei
Prête-moi ton stylo, s’il te plaît. Délivrez-nous du mal, ô mon Dieu !

c. le conseil: d. le souhait:
Attends, ne t’impatiente pas 1 Au revoir, portez-vous bien !

N. B. — A la l'e personne du pluriel, l’impératif exprime une exhortation qu’on


adresse soit à soi-même, soit à un groupe dont on fait partie :
Profitons de la leçon, me dis-je. Aimons-nous les uns les autres.

Une exhortation qu’on s’adresse à soi-même peut-être également à la 2“ personne


du singulier : Bah ! me disais-je, n’hésite pas, accepte.

2° L’impératif est parfois le mode du fait simplement pensé (§ 236, 2°);


comme tel, il peut exprimer la supposition à la 2e personne du singulier et
du pluriel, et à la lre du pluriel:
Sois bon avec lui, il abusera de toi Cachons nos fautes, on les découvrira
(c.-à-d. si lu es bon). (c.-à-d. même si nous cachons).

N. B. — L’impératif ne s’emploie que dans les propositions indépendantes ou prin¬


cipales; il ne s’emploie jamais dans les propositions subordonnées.

332. Le mode subjonctif. — 1° Le subjonctif est d’abord, comme l’impé¬


ratif, le mode du fait voulu (§ 236, 2°); comme tel, il exprime Y ordre et la
défense à la 3e personne du singulier et du pluriel :
Qu’on l’arrête ! Que personne ne sorte ! Qu’ils se taisent !

Outre l’ordre et la défense catégoriques, le subjonctif peut exprimer à la


même personne :
a. la demande! b. la prière:
Qu’il me passe le journal, s’il l’a lu. Sire, que votre bonté me pardonne !

i. La demande ou la prière est souvent adoucie par une formule de politesse ou de déférence qui l’introduit :
Veuillez prévenir votre frère. Daignez considérer notre détresse.
Ayez la bonté (l’obligeance, etc.) de me tenir au courant.
Faites-moi le plaisir (l’honneur, etc.) de venir me voir.
La formule n'est pas nécessairement à l’impératif; elle est souvent à l’indicatif ou au conditionnel, mais à la
forme interrogut. ve :
Voulez-vous m'accompagner ? Voudriez-vous passer chez lui ?
Cayro J. — Grammaire française. 10
290 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

c. le oonceil: d. le souhaiti
Qu’il prenne un grog bien chaud. Que tous vos vœux soient comblés !

2° Le subjonctif est par excellence le mode du fait simplement pensé;


comme tel, il peut exprimer la supposition à la 3e personne du singulier et
du pluriel :
Qu’il grêle, la récolte sera perdue Qu’ils m’injurient, je ne répondrai pas
(c.-à»d. s'il grêle). (c.-à-d. même s'ils m’injurienl).
Soit un veau sans pattes : vivra-t-il ?
(c.-à-d. supposons qu’il existe).

Il exprime en particulier, à toutes les personnes, une supposition qu’on


envisage avec indignation :
Moi, que je lui demande pardon 1

N. B. — 1° Le subjonctif n’a pas d’autres emplois dans les propositions indépen¬


dantes ou principales; il s’emploie surtout dans les propositions subordonnées.
2° Le subjonctif s’employait, dans l’ancienne langue, pour exprimer l’affirmation
atténuée; cet usage ne subsiste que dans les locutions : je ne sache pas que ou que je
sache: Je ne sache pas qu’il soit mort II n’est pas mort, que je sache
(c.-à-d. je ne crois pas savoir). (c.-à-d. [chose] que je crois savoir).
Aujourd’hui, l’affirmation atténuée s’exprime par le conditionnel (g 333, a, N. B.).

333. Le mode conditionnel. — Le conditionnel est, d’une façon géné¬


rale, le mode du fait dont la réalisation est soumise à une condition (§ 442,
B, 2e cas): Je serais heureux, si je réussissais
(mon bonheur est soumis à mie condition : mon succès).

Mais il peut exprimer aussi un fait dont la réalisation est simplement


éventuelle, c’est-à-dire :
a. un fait possible:
Sa lettre ferait croire à sou repentir II n’est pas venu : serait-il malade ?
(c.-à-d. peut faire croire). (c.-à-d. peut-être est-il malade).

N. B. — 1° Il s’emploie souvent, par politesse, au lieu de l’indicatif, pour présenter


une réalité comme une simple possibilité, c’est-à-dire ponr atténuer une affirmation :
Je vous conseillerais de ne pas accepter Vous devriez travailler davantage
(au lieu de: je vous conseille). (au lieu de: vous devez).
ou pour adoucir une demande :
Je désirerais une prompte réponse
(au lieu de : je désire).
Voudriez-vous venir avec moi ? Auriez-vous un livre à me prêter ?
(au lieu de : voulez-vous). (au lieu de : avez-vous ).

2° Il s’emploie parfois, par prudence, au lieu de l’indicatif, pour présenter sous


toutes réserves un fait incertain :
L’accident est grave : il y aurait cent morts.

b. un fait imaginé ou souhaité :


Je vivrais volontiers à la campagne.
LE GROUPE DU VERBE 291

<s. un fait supposé, qu’on envisage avec étonnement ou avec indignation ;


Il me ferait donc son héritier? Moi, j’aurais trahi ma patrie!

d. un fait simulé:
Jouons au voleur : tu serais le gendarme.
N. B. —Le conditionnel ne s’emploie guère que dans les propositions indépendantes
ou principales ; il ne s’emploie jamais dans les propositions subordonnées de condition.

334. Le mode infinitif1. — L’infinitif est la forme nominale du verbe et


exprime l’action à la manière d’un nom. Aussi a-t-il la valeur tantôt d’un
nom, tantôt d’un verbe.
Dans les deux cas, l’action est exprimée sans aucune indicationAii de per¬
sonne ni de nombre.
i° Employé comme nom, l’infinitif peut remplir toutes les fonctions du
nom, c’est-à-dire être sujet, attribut, complément d’objet, complément de
circonstance, complément de nom aussi et complément d’adjectif :
Dormir n’est pas vivre
(sujet) (attribut)
[c.-à-d. le sommeil n’esl pas la vie].
Le chat aime jouer On lit pour ss cultiver Le plaisir de chasser Être prêt à agir
(compl. d’objet) (compl. de circonstance) (compl. de nom) (compl. d’adjectif)
[c.-à-d. aime le jeu]. [c.-à-d. pour sa culture]. [c.-à-d. de la chassej. [c.-à-d. à l’action].

2° Employé comme verbe, l’infinitif peut exprimer:


a. Le fait réel, à la place de l’indicatif (§ 330); il s’emploie ainsi dans les
récits et s’appelle alors infinitif de narration :
Il approche, et les oiseaux de s’envoler !

b. Le fait voulu, à la place de l’impératif (§ 331); il s’emploie ainsi dans les


proverbes et dans les prescriptions de tout ordre (touristiques, scolaires,
culinaires, pharmaceutiques, etc.) de forme générale et impersonnelle :
Bien faire et laisser dire.
Ralentir au tournant. Apprendre tout le chapitre. Battre les œufs en neige.
Agiter avant de s’en servir. Ne pas se pencher par la portière.

c. Le fait simplement pensé, à la place du subjonctif (§ 332, 2°) ; il s’emploie


ainsi dans les propositions exclamatives exprimant l’étonnement, l’indigna¬
tion, le souhait, etc. :
Moi, devenir ministre! Toi, en arriver là!
Ah! partir et voir de lointains pays!

i. L’infinitif et Je participe ne sont appelés modes que par abus de langage : ils n’indiquent par eux-mêmes
aucune manière particulière de présenter l’action et ont la valeur modale du verbe à un mode personnel par
lequel ils peuvent être remplacés :
Et lui, de s’enfuir Prendre la droite Je l’ai vu mourant Pris, il s’évaderait
(c.-à-d. il s'enfuit, (c.-à-d. prenez, (c.-à-d. gui mourait, (c.-à-d. serait-il pris,
indicatif : fait réel). impératif : fait voulu). indicatif : fait réel). conditionnel : fait supposé).
292 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

Il s'emploie aussi dans les propositions interrogatives exprimant la déli¬


bération, c’est-à-dire l’hésitation entre plusieurs partis possibles :
Je suis bien indécis: où aller? que faire?
(c.-à-d. où dois-je aller ? que puis-je faire ?)

N. U. — L’infinitif à valeur de verbe n’a pas d’autres emplois dans les propositions
indépendantes ou principales ; il s’emploie surtout dans les propositions subordonnées.

335. Le mode participe. — Le participe est la forme adjective du verbe


et exprime l’action a la maniéré d un adjectif. Aussi a-t-il la valeur tantôt
d’un adjectif, tantôt d’un verbe.
Dans les deux cas, le participe, présent ou passé, s’emploie généralement
dans une proposition dont le verbe est à un mode personnel et se rapporte à
un nom de cette proposition.
1° Employé comme verbe, le participe exprime une action et peut être
accompagné de compléments d’objet ou de circonstance :
L’aigle, emportant sa proie, s’envola. J’ai vu un loup errant dans le bois.
L’officier, atteint d’une balle, s’affaissa.

N. b. — 1° Le participe passé, employé comme verbe, s’accorde en genre et en nombre


avec le nom auquel il se rapporte ; le participe présent, employé comme verbe, est
toujours invariable : Des fleurs cueillies par ma sœur
(cueillies, participe passé, est au fera, plur., comme fleurs).
Une hauteur dominant la ville Des bergers chantant dans la plaine
(dominant et chantant, participes présents, restent invariables).

2° Le participe présent, employé comme verbe, ne doit pas être confondu avec le
gérondif, dont la forme est identique, mais qui est régulièrement introduit par la
préposition en1 : C’est en forgeant qu’on devient forgeron.

Le gérondif exprime l’action à la manière d’un nom plutôt que d’un adjectif et
remplit à côté d’un verbe la fonction de complément de circonstance :
Mourir en arrivanc S’instruire en I isant Parler en tremblant
(c.-à-d. à l’crrivée, (c.-à-d. par la lecture, (c.-à-d. avec un tremblement,
complément de temps). complément de moyen). complément de manière).
Se blesser en tombant
(c.-à-d. dans sa chute, complément de caust ).

Ainsi le gérondif, dont la forme rappelle celle du participe, s’apparente pour se-
emplois à l’intlnitif.
3» Le participe, présent ou passé, employé comme verbe, peut ne pas appartenir à.
une proposition dont le verbe est à un mode personnel et ne se rapporter à aucun
nom de cette proposition; il a alors lui-même un sujet propre, et il constitue le verbe
d’une proposition dite proposition participe (§ 447, 2°) :
La chance aidant, il peut vaincre. L’été fini, je suis rentré à l’aris.

i. Dans certaines locutions, où survit un usage de l’ancienne langue, le gérondif se présente sans pré¬
position :
Payer argent comptant Causer chemin faisant. Mener tambour battant
(c.-à-d. en comptant l'argent). (c.-à-d. en faisant son chemin). (c.-à-d. en battant le tambour).
[Le mal, etc.) va croissant (c.-à-d. en croissant).
Ï.E GROUPE OU VERBE
293

A " Employé comme adjectif, le participe exprime une qualité et ne peut


etre accompagné d’aucun complément d’objet ni de circonstance:
Un enfant obéissant. Un maître respecté.
Il est alors appelé adjectif verbal.

> N’ B! T,.1” Le P,articiPe Présent et le participe passé, employés comme adjectifs


s accordent 1 un et 1 autre en genre et en nombre avec le nom auquel ils se rapportent:
Des œuvres connues
(connues est au fém. plur., comme Œuvres ).
Une feuille voiante Des yeux brillants
(volante et brillants s’accordent respectivement avec feuille et yeux).

2° Le participe présent, employé comme adjectif, doit être soigneusement distingué


du participe présent employé comme verbe:
A. Dans les deux emplois, il a généralement la même orthographe, mais l'adjectif se
reconnaît a certains signes extérieurs (absence de complément d’objet ou de circon-
stance, mai pue du féminin ou du pluriel, etc.). On comparerai
Les chiens courant dans le bois 1 ( Les chiens courants, dans le bois
ont leve un hevre et ont levé un lièvre
écourani est participe présent). ) ( (courants est adjectif verbal).
Une fille parlant avec sa mère Une vache dormant sur l’herbe Des malades souffrant le martyre
et Une horloge parlante. et Une eau dormante. et Des amis souffrants.

B. Mais l'adjectif a parfois une orthographe propre, résultant soit d’une modification
de radical, soit d’un changement de terminaison :
a. Le radical est modifié notamment dans les adjectifs :
fatig-ant, provoc-ant, extravag-ant, intrig-ant, navig-ant,
convainc-ant, vac-ant,

alors que les participes correspondants, formés sur le radical du verbe, sont :
fatigu-ant, provoqu-ant, cxtravagu-ant, iutrigu-ant, navigu-ant,
convainqu-ant, vaqu-aut.

b. La terminaison en -ant est changée en -ont notamment dans les adjectifs:


adhér-ent, différ-ent, équival-ent, excell-ent, influ-ent,
précéd-ent, néglig-ent,

alors que les participes correspondants, dont la terminaison est normale, sont :
adhér-ant, difîér-ant, équival-ant, excell-ant, influ-ant,
précéd-ant, néglige-ant1.

3° Le participe présent, employé comme adjectif, a, d’une manière générale, une


valeur active:
un livre captivant une miette souriante des vers Iuisant9
(c.-à-d. qui captive), (c.-à-d. qui sourit), (c.-à-d. qui luisent).

Mais il a parfois une valeur passive ou une valeur pronominale :


un avocat consultant
(c.-à-d. que Von consulte, qui est consulté),
un billet payant une robe voyante
(c.-à-d. que l’on paye, qui est payé), (c.-à-d. que l’on voit, qui est vue),
un homme bien portant
(c.-à-d. qui se porte bien),
uu pécheur repentant la partie plaignante un voisin méfiant
, (c.-à-d. qui se repent), (c.-à-d. qui se plaint), (c.-à-d, qui se méfie).

i. On prendra garde que le participe présent et l’adjectif verbal du verbe exiger sont l’un et l’autre : exigeant.
294 LA SYNTAXE DÜ FHANÇAIS

Dans un petit nombre de cas, il a une valeur qui n’est ni active, ni passive, ni
pronominale : un chemin glissant
(C.-à-d. où l’on, glisse),
une rue passante la poste restante une soirée dansante
(c.-à-d. où l’onpasse), (c.-à-d. où les lettres restent), (c.-à-d. ou l on danse).

4° Le participe passé, employé comme adjectif, a, d’une manière générale, une i «leur
passive : un chef adoré
(c.-à-d. que l’on adore, qui est adoré) ;
mais il a parfois une valeur aclivc, ou une valeur pronominale :
un garçon réfléchi (dissimulé, etc.) un garçon appliqué (retenu , etc.)
(c.-à-d. qui réfléchit, qui dissimule, etc.) ; (c.-à-d. qui s’applique, qui se retient, etc.).

Dans un petit nombre de cas, il a une valeur qui n’est ni active, ni passive, ni
pronominale. : une place assise
'c.-à-d. où Von s’assied).

II. — L’EMPLOI DES TEMPS

A. - LES TEMPS DE L’INDICATIF


336. Le présent. — Le présent de l’indicatif exprime :
1° Une action présente, c’est-à-dire qui est en train de s’accomplir au
moment où Ton parle :
Le train part. Le bébé dort.

2° Une action à la fois présente, passée et future, parce qu’elle sc répète


régulièrement (présent iVhabitude, ou de répétition) :
Je me lève de bonne heure
(l’action se répète chaque jour).
N. b. — Le présent exprime, en particulier, une action qui s’accomplit continuel¬
lement ou se répète indéfiniment, et qui est, par suite, une vérité de tous les temps
(présent d'expérience, ou de vérité yènêrate) :
La terre tourne autour du soleil. Qui va à la chasse perd sa place.

Le présent sert ainsi à exprimer les notions scientifiques (constatations, défini-


lions, etc.) et les notions morales (maximes, proverbes, etc.).

3° Une action passée ou une action future voisine du moment où Ton


parle (passé récent ou futur prochain).’
Vous le manquez de peu : il sort d’ici Je déjeuno demain chez des amis
(c.-à-d. il vient de sortir). (c.-à-d. Je déjeunerai).

4° Une action passée, souvent très éloignée du moment où Ton parle, mais
qu’on situe dans le présent pour nous y faire assister et donner ainsi de la
vie au récit (présent de narration, ou présent historique) t
I.’orage menaçait : soudain le tonnerre gronde et la foudre tombe.
Vercingétorix avait dressé la Gaule entière contre Romê :
mais César prend Avaricum, et, s’il échoue devant Gergovie, il bloque Alésia,
et le chef gaulois doit se rendre.
(L* passé simple situerait ces actions dans le passé; le présent les ressuscite et les met sous nos veux.)
LE GROUPE DU VERBE
295

337. L’imparfait, — L’imparfait de l’indicatif exprime :


1° Une action passée qui était en train de s’accomplir, à un moment où
avait lieu une autre action passée:
Quand il arriva à la gare, le train partait. Pendant que nous dînions, le bébé dormait.

, B'rT L imParfait sert Par suite, dans un récit, à présenter l’action passée dans sa
durée et a nous faire assister à son déroulement (imparfait de narration) :
Il neigeait. Un enfant entra : il grelottait et il pleurait
(le passé simple présenterait ces actions comme accomplies et ne ferait que Jes situer dans le passé).

2° Une action passée qui se répétait régulièrement dans une période de


temps complètement écoulée (imparfait d’habitude, ou de répétition) ;
Pendant les vacances, je me levain tard
(l’action se répétait chaque jour).

N‘ ?' — d’imparfait sert par suite, dans une description, à présenter au passé les
aspects habituels, moraux ou matériels, d’un être ou d’une chose (imparfait de descrip-
>Wn) ' ...
c était
Il un
SVait soixanto ,ans ;
egotste : U vivait seul, elle avait
La maison était coquette :
deux étages, comprenait six pièces
ne fréquentait personne et n aimait personne. et un petit jardin l'entourait.

3° Une action récente ou une action prochaine par rapport à une autre
action située dans le passé :
A peine démarrions-nous qu’un pneu éclata Je sortais justement quand vous avez sonné
(c.-à-d. venions-nous de démarrer). (c.-à-d. j’allais sortir).

N. B. — L’imparfait, spécialement à la 1” personne, sert parfois, avec certains verbes


introduisant un infinitif, à présenter avec discrétion ou ménagement une affirmation
ou une demande (imparfait de politesse) ; il tient alors la place d’un présent:
Je venais prendre de vos nouvelles. Je voulais solliciter votre appui.
(L’imparfait, en rejetant la déclaration dans le passé,
semble la retirer au moment même où il la présente.)

338. Le passé simple. — Le passé simple exprime :


1° Une action entièrement accomplie, située à un moment déterminé du
passe, dans une période de temps (année, mois, journée, etc.) complètement
écoulée 1 Henri IV mourut en l’an 1610. Dimanche il plut tout le jour.

B- — 11 se distingue ainsi nettement de l’imparfait, qui présente l’action passée


en train de s’accomplir (§ 337, 1°).
Il s’emploie principalement dans la langue écrite, surtout dans les récits où sont
présentées des actions successives tombant l’une après l’autre dans le passé :
Saint Louis prit la croix, débarqua à Damiette en 1249,
mais dut battre en retraite, fut fait prisonnier et ne revint en France qu’on 1252.

Dans la langue parlée, le passé simple, dont certaines formes sont très lourdes, est
volontiers remplacé par le passé composé (§ 339, 3°) :
Au lieu de: Nous le vîmes hier, on dit plutôt : Nous l’avons vu hier.

2° Une action souvent constatée dans le passé comme dans le présent et


29G LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

présentée comme une vérité de tous les temps (passé simple d expérience),
il équivaut alors au présent d’expérience (§ 336, 2°, N. B.) :
Le café réchauffé ne valut jamais rien.

N. B. — Le passé simple ne s’emploie ainsi qu'accompagné d’un adverbe de temps


(toujours, souvent, ne... jamais, etc.), qui en indique la portée générale.
Il est souvent, dans cet emploi, remplacé par le passé composé (§ 339, 4°).

339. Le passé composé. — Le passé composé exprime:


1° Une action entièrement accomplie, située à un moment indéterminé du
passe : J’ai lu souvent des romans. Il a visité beaucoup de pays.

N. B. — L’action passée exprimée par le passé composé est souvent envisagée


dans son résultat, qui est présent au moment où l’on parle :
J’ai reçu une lettre représente le latin Habeo epistulam«cceptam,
qui signifie proprement :
J’ai [je possède] une lettre reçue, d’où: J'ai reçue (puis: reçu) une lettre.

Dans cette forme, l’auxiliaire exprime le résultat présent de l’action passée exprimée
par le participe : J’ai caché un trésor J’ai appris ma leçon
(ce trésor, je l’ai, il est dans ma cachette; cette leçon, je l’ai, elle est dans ma mémoire :
il s’agit, chaque fois, d’im résultat actuellement acquis).

2° bu. action entièrement accomplie, située à un moment déterminé du


passé, dans une période de temps (année, mois, jour, etc.) encore incomplè¬
tement écoulée t Ce mois-ci, j'ai voyagé beaucoup.

3° Une action entièrement accomplie, située à un moment déterminé du


passé, dans une période de temps entièrement écoulée ; il équivaut alors au passé
simple (§ 338, 1°) :
Le mois dernier, j’ai voyagé beaucoup.
Henri IV est mort en l’an 1610. Dimanche il a plu tout le jour.

4° Une action souvent constatée dans le passé comme dans le présent et pré¬
sentée comme une vérité de tous les temps (passé composé d'expérience) ;
il équivaut alors au présent d’expérience (§ 336, 2°, N. B.) :
Le monde n’a jamais manqué de charlatans.

N. B. — Le passé composé ne s’emploie ainsi qu 'accompagné d’un adverbe de temps


(toujours, souvent, ne... jamais, etc.), qui en indique la portée générale.
Il tend, dans cet emploi, à remplacer le passé simple (§ 338, 2°, N. B.).

5° Une action future présentée par anticipation comme entièrement accom¬


plie : il équivaut alors au futur antérieur employé au lieu du futur simple
(§ 343, 2°) : Prends les devants: dans dix minutes je t’ai rejoint
(au lieu de : je t’aurai rejoint).

Remarque. — Le passé surcomposé. — Le passé surcomposé (§ 256, 1°) exprime


une action passée entièrement accomplie, mais antérieure à une autre action passée
exprimée au passé composé.
LE GROUPE DU VERBE 297

Il s’emploie généralement dans une proposition circonstancielle de temps:


Dès qu'il a eu dîné, mon père s'est couché.

Il s’emploie parfois dans une proposition indépendante et exprime alors une action
promptement accomplie :
Du lait restait : Minet l’a eu vite lapé.

Il s’emploie surtout dans la langue parlée, où il remplace parfois le passé antérieur


(§ 340, 2°, N. B., 2»),

340. Le passé antérieur. — Le passé antérieur exprime:


1° Une action entièrement accomplie, mais immédiatement antérieure aune
autre action passée exprimée au passé simple :
A peine eut-il dîné que mon père se coucha.

N- B. — Il s’emploie ainsi le plus souvent dans une proposition de temps subor'


donnée à une principale dont le verbe est au passé simple :
Dès qu’il eut dîné, mon père se coucha.

2° Une action entièrement accomplie, mais si promptement qu’elle paraît


presque antérieure à une autre action, qui en réalité la précède ; il tient alors
la place d’un passé simple (§ 338) :
Du lait restait : Minet l’eut vite lapé.

N. B. -—• 1° Le passé antérieur ne s’emploie ainsi qu'accompagné d'un adverbe de


temps (bientôt, vite, en un moment, etc.), qui indique la succession rapide des actions.
2° Le passé antérieur est parfois remplacé, dans la langue parlée, par le passé sur¬
composé (§ 339, Rem.).

341. Le plus-que-parfait. — Le plus-que-parfait de l’indicatif exprime


une action entièrement accomplie, mais antérieure à une autre action passée
exprimée le plus souvent à Y imparfait, parfois au passé simple ou au passé
composé (§ 339, 3°) :
Il avait gagné le gros lot et il vivait largement.
Quand la police arriva, il avait disparu. Quand tu m’as téléphoné, j'étais sorti.

N. B. — 1° L’action antérieure ainsi exprimée est en général plus reculée dans le passé
que celle qu’exprime le passé antérieur (§ 340, 1°).
2° L’action exprimée par le plus-que-parfait est souvent une action répétée (plus-
que-parfait d'habitude, ou de répétition) :
Quand il avait déjeuné, il faisait la sieste
(ces actions se répétaient chaque jour).

3° L’action passée exprimée par le plus-que-parfait est souvent envisagée dans son
résultat, qui est passé par rapport à l’action à laquelle elle est antérieure.
Cette nuance s’explique par la forme même du plus-que-parfait:
j’avais reçu une lettre représente le latin Habebam epistulam acceptam,
qui signifie proprement : ■
J’avale [je possédais] une lettre reçue, d’où: J’aval9 reçue (puis: reçu) une lettre.
39R LA’ SYNTAXE DU FRANÇAIS

Dans cette forme, l'auxiliaire exprime le résultat passé de l'action passée exprimée
par le participe : J’avais caohé un trésor J’avais appris ma leçon
(ce trésor, je l’avais, il était dans ma cachette ; cette leçon, je l’avais, elle était dans ma mémoire :
il s'agit chaque fois d'un résultat déjà acquis dans le passé).

On rapprochera de cette nuance celle qu’exprime le passé composé (§ 339, 1°,


N. B.).
Remarque. _Le plus-que-parfait surcomposé. — Le plus-que-parfait surcomposé
(g Q56, 2°) exprime une action passée entièrement accomplie, mais antérieure à une
autre action passée exprimée au plus-que-parfait:
A peine avait-il eu dîné que mon père s’était couché.

Il s’emploie rarement, et presque exclusivement dans la langue parlée.

342. Le futur simple. — Le futur simple exprime :


1° Une action qui s’accomplira dans l’avenir, un avenir proche ou lointain
par rapport au moment où l’on parle :
Je partirai dès demain. Le monde périra un jour.

2° Une action qui se constatera dans l’avenir comme dans le passé et dans
le présent, et qui est présentée comme une vérité de tous les temps (futur
d'expérience) ; il équivaut alors au présent d’expérience (§ 336, 2°, N. B.) :
Les hommes commettront toujours des fautes.

g._Le futur ne s’emploie ainsi qu'accompagné d’un adverbe de temps (toujours,


souvent, ne... jamais, etc.), qui en indique la portée générale, ou dans les proverbes:
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera.

3° Une action présentée comme pouvant ou devant s’accomplir dans l’aveuir,


c’est-à-dire :
a. Une action possible ou même probable i
Cet enfant tournera mal. Tu saie, je mourrai bientôt.

b. Une action voulue, qu’il s’agisse soit d’une intention, soit d’un conseil
ou d’un ordre; dans ces deux derniers cas, il équivaut à un impératif présent
(§ 344, N. B.) . Il donnera à sa fille une jolie dot.
Tu feras le sourd, si tu m’en crois. Le bien d’autrui tu ne prendras.

N. B. — Le futur, spécialement à la l10 personne, sert parfois, avec certains verbes


introduisant un infinitif, à présenter avec discrétion ou ménagement une affirmation
ou une demande (futur de politesse) ; il tient alors la place d’un présent :
Je me permettrai de vous contredire Je vous prierai de n’en rien dire
(le futur, eu projetant la déclaration dans l’avenir,
semble l’ajourner, au moment même où il la présente).

343. Le futur autérieur. Le futur antérieur exprime :


1° Une action future entièrement accomplie, mais antérieure à une autre
action future exprimée au futur simple :
Mon père aura dîné quand il se couchera.
I.E GROUPE DU VERBE 299

N. B. — 1° Il s’emploie ainsi le plus souvent dans uno proposition subordonnée


dépendant d’une principale dont le verbe est au futur simple:
Je me déciderai quand j’aurai réfléchi. Tu récolteras ce que tu auras semé.

2° L’action future exprimée par le futur antérieur est souvent envisagée dans son
résultat, qui est futur par rapport à l’action à laquelle elle est antérieure :
Cette nuance s’explique par la forme môme du futur antérieur :
J'aurai reçu une lettre représente le latin Jlabebo épislulam acceptant,
qui signifie proprement :
J’aurai déposséderai] une lettre reçue, d’où: J’aurai reçue (puis: reçu) une lettre.

Dans cette forme, l’auxiliaire exprime le résultat futur de Vaction future exprimée par
le participe : J'aurai caché un trésor J’aurai appris ma leçon
(ce trésor, je l’aurai, il sera dans ma cachette ; cette leçon, je l’aurai, elle sera dans ma mémoire ;
il s’agit chaque fois d’un résultat déjà acquis dans l’avenir).

On rapprochera de cette nuance celle qu’expriment le passé composé (§ 339, 1°,


N. B.) et le plus-que-parfait (§ 341, N. B., 3°).

2° Une action future entièrement accomplie, mais si promptement qu’elle


paraît presque antérieure à une autre action future, ou même présente, qui
en réalité la précède; il tient alors la place d’un futur simple (§ 342) :
Du lait restera (ou: reste): Minet l’aura vite lapé.

3° Une action passée présentée comme ayant pu s’accomplir, c’est-à-dire


comme une simple supposition; il tient alors la place d’un passé composé
( § 339) : Jean n’est pas encore là : il aura musé en route.

X. B. — Le futur antérieur, à toutes les personnes, sert ainsi parfois à atténuer


une affirmation (futur antérieur de politesse):
J’aurai mal compris vos intentions. Vous aurez commis là une petite erreur.
Remarque. — Le futur antérieur surcomposé. — Le futur antérieur surcomposé
(^ 25G, 3°) exprime une action future entièrement accomplie, mais antérieure à une
autre action future exprimée au futur antérieur:
Dès qu’il aura eu dîné, mon père se sera couché.

Il sert parfois également à insister sur la promptitude avec laquelle une action
future aura été accomplie :
Du lait restera : Minet l’aura eu vite lapé.

Il s’emploie à peu près exclusivement dans la langue parlée.

B. - LES TEMPS DE L’IMPÉRATIF

344. Le présent.— Le présent de l’impératif exprime une action à accom¬


plir soit au moment même, soit dans un avenir proche ou lointain :
Porte tout de suite cette lettre à la poste.
Venez demain à dix heures. Honorons la mémoire des morts.

g,_L’action ainsi exprimée par l’impératif dit « présent » est en réalité une
action future, qui peut être exprimée également par le futur simple de l’indicatif
(§ 342, 3°, b) : Ne tue point équivaut à Tu ne tueras point.
300 LA SYNTAXF. DU FRANÇAIS

345. Le passé.— Le passé de l’impératif exprime une action à accomplir


en la présentant par anticipation comme déjà accomplie s
Ale fini ton travail avant le dîner. Soyer rentrés tous pour quatre heures.

N. B. — 1° L’action ainsi exprimée par l’impératif dit «passé» est en réalité une
action future, qui, étant envisagée dans son résultat, peut être exprimée également
par le futur antérieur de l’indicatif (§ 343) :
Soyez rentrés pour quatre heures équivaut à Vous serez rentrés pour quatre heures.
2° L.e passé de l’impératif est toujours accompagné de l’indication précise du délai
dans lequel l’action doit être accomplie.

C. - LES TEMPS DU SUBJONCTIF1 *

346. Généralités. — Alors que l’indicatif a huit temps, iesubjonctif n’en


a que quatre (§ 237), un pour exprimer les actions présentes et trois pour
exprimer les actions passées ; il n’en a pas pour exprimer les actions futures.
La valeur d’un temps du subjonctif doit correspondre, par conséquent, à
celle de plus d’un temps de l’indicatif ; en fait, tout en exprimant soit le
présent, soit le passé, chacun des temps du subjonctif peut exprimer égale¬
ment l’avenir.

N. B. — L'imparfait du subjonctif, dont la plupart des formes sont très lourdes,


est de moins en moins employé dans la langue parlée, sauf à la 3e personne du sin¬
gulier; le plus-que-parfait du subjonctif, qui est formé avec l’imparfait de l’auxiliaire,
tombe peu à peu, lui aussi, en désuétude

347. Le présent. — Le présent du subjonctif exprime :


1° Une action présente, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait expri¬
mée au présent:
Je suis désolé que tu partes Je ne conteste pas qu’il ait du mérite
(c.-à-d. tu pars, et j’en suis désolé). (c.-à-d. il a du mérite, je ne le conteste pas).
Il n’est pas sot, bien qu’il ne dise rien
(c.-à-d. il ne dil rien, cependant il n’est pas sot).

2° Une action future, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au futur!
Je ne crois pas qu’il vienne demain Je crains qu’il ne perde la partie
(c.-à-d. viendra-t-il demain ? je ne crois pas). (c.-à-d. perdra-t-il la partie ? je le crains).
Cherchez jusqu’à ce que vous trouviez
(c.-à-d. jusqu’au moment où vous trouverez).

N. B. -— L’action future exprimée au subjonctif présent peut être une action voulue,
présentée soit dans une proposition indépendante (à la 36 personne : ordre donné indi¬
rectement, §332, 1°), soit dans une subordonnée(à la2° personne ou à la 3e); exprimée

i. Le subjonctif s’employant surtout dans les subordonnées ( § 332, N. B., i°), la valeur de ses temps sera étudiée
principalement dans ces propositions et, le cas échéant, dans les propositions indépendantes ou principales.
LE GROUPE DU VERRE 301

à l’impératif (2a personne : ordre donné directement), elle serait dans les deux cas
au présent, qui à ce mode a la valeur d’un futur (§ 344, N. B.) :
Qu’il dorme bien I
(c.-à-d. dis-lui : « Dors bien. »)
Je désire que tu fasses du sport Je répète, pour que vous compreniez bien
(c.-à-d. fais du sport, je le désire). (c.-à-d. comprenez bien, je répète).

348. L’imparfait. — L’imparfait du subjonctif exprime :


1° Une action passée, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
a 1 imparfait l II était heureux qu’on l’invitât
(c.-à-d. on l’invitait, et il était heureux).
Je ne savais pas qu’il fût là dès hier Je cédai, non pas qu’il me fît peur
(c.-à.-d. il était là..., mais je ne le savais pas). (c.-à-d. il ne me faisait pas peur, mais je cédai).

2° Une action future, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au futur : Il faudrait qu’il arrivât de bonne heure
(c.-à-d. arrmera-t-il de bonne heure? il le faudrait).

N. B. — L’action future exprimée au subjonctif imparfait est souvent future par


rapport non à une action présente, mais à une action passée; exprimée à un autre
mode que le subjonctif, elle serait au conditionnel présent, qui exprime le futur dans
le passé (§ 353, 1°) : Je lisais en attendant qu’il revînt
(c.-à-d. en attendant le moment où il reviendrait).

349. Le passé. — Le passé du subjonctif exprime:


1° Une action passée, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au passé simple, ou au passé composé employé au lieu du passé simple
(§ 339, 3°) :
Il se peut qu’il ait écrit lundi Je crains qu’il ne soit mort hier
(c.-à-d. écrivit-il, ou a-t-il écrit lundi ? il se peut). (c.-à-d. mourul-il, ou est-il mort hier ? je le crains).

2° Une action passée, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au passé composé i
Je me réjouis que tu aies réussi Je doute qu'il soit déjà rentré
(c.-à-d. tu as réussi, et je m'en réjouis). (c.-à-d. est-il déjà rentré ? j’en doute).

3° Une action future, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au futur antérieur :
Je ne crois pas qu’il ait fini son travail quand il se couchera
(c.-à-d. aura-t-il fini... ? je ne crois pas).

350. Le plus-que-parfait. — Le plus-que-parfait du subjonctif exprime :


1° Une action passée, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au plus - que-pa> fait i
J’ignorais qu’il eût tout perdu Je regrettais qu’il fût venu pour rien
(c.-à-d. il avait tout perdu,mais je l’ignorais). (c.-à-d. il était venu pour rien, et je le regrettais).
302 I.A SYNTAXE DU FRANÇAvS

2° Une action passée, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au passé antérieur : je ne me couchai pas avant qu’il eût fini
(c.-à-d. avant le moment où il eut fini).

3° Une action future, qui, dans une proposition à l’indicatif, serait exprimée
au futur antérieur; Je ne voudrais pas qu’il eût gelé
(c.-à-d. aura-t-il gelé ? je ne le voudrais pas).
N. B. — L’action future exprimée au subjonctif plus-que-parfait est souvent future
par rapport non à une action présente, mais à une action passée; exprimée à un
autre mode que le subjonctif, elle serait au conditionnel passé, qui exprime le futur
antérieur dans le passé (§ 353, 2°) :
J’attendais qu’il eût dit oui
(c.*à-d. j’attendais le moment où il aurait dit oui).

D. - LES TEMPS DU CONDITIONNEL

351. Le présent. — Le présent du conditionnel exprime1:


1° Une action regardée comme possible dans l’avenir, la condition étant
présentée comme réalisable dans Vavenir.
A ce conditionnel, appelé potentiel, correspond, dans la proposition circon¬
stancielle de condition, un imparfait de Vindicatif:
Demain, si j’avais de l’argent, je te rembourserais
(j’en aurai peut-être, et dans ce cas je pourrai te rembourser).

2° Une action regardée comme impossible dans le présent, la condition


étant présentée comme non réalisée dans le présent.
A ce conditionnel, appelé irréel du présent, correspond encore, dans la
proposition de condition, un imparfait de Vindicatif :
Aujourd’hui, si j'avais de l’argent, je te rembourserais
(mais je n'en ai pas, et par conséquent je ne peux pas te rembourser).

N. B. — Le présent du conditionnel a ainsi une double valeur, et on prendra garde


que la même phrase dans laquelle il est employé peut présenter deux sens nettement
différents.

352. Le passé. -— Le passé du conditionnel exprime :


Une action regardée comme impossible dans le passé, la condition étant
présentée comme non réalisée dans le passé.
A ce conditionnel, appelé irréel du passé, correspond dans la proposition
de condition un plus-que-parfait de Vindicatif :
Hier, si j’avais eu de l’argent, je t’aurais remboursé
(mais je n’en ai pas eu, et par conséquent je n’ai pas pu te rembourser).

i. II n’est question ici que du conditionnel proprement dit, c’est-à-dire exprimant une action dont la réalisa¬
tion est soumise à une condition et employé dans une proposition principale dont dénend une proposition subor¬
donnée introduite par la conjonction si 442, B, 2e cas).
LE GROUPE DU VERBE 303

N. B. — 1” Le passé du conditionnel peut s’employer au lieu du présent pour expri¬


mer une action regardée comme possible dans l’avenir, mais envisagée surtout dans son
résultat.
A ce conditionnel correspond, dans la proposition de condition, un imparfait de
I indicatif ; Si j’avais de l’argent, j’aurais achevé ma maison en six mois
(j’en aurai peut-être, et dans ce cas ma maison sera achevée en six mois).

2° Le passé du conditionnel, 2e forme, est peu usité, surtout dans la langue parlée.
II peut s’employer dans la principale à la place du passé du conditionnel, lre forme, et
parfois dans la proposition de condition à la place du plus-que-parfait de l’indicatif:
S’il avait réussi, il eût été heureux. S’il eût réussi, il aurait été heureux.
S’il eût réussi, il eût été heureux.

3° Le présent ou le passé du conditionnel sont souvent employés dans des phrases


où la condition n’est pas exprimée par une proposition introduite par si, mais par
des tours équivalents :
Tu serais bien sot de refuser Je serais malheureux sans toi
(c.-à-d. si tu refusais). (c.-à-d. si tu n'étais pas là).
Il aurait trouvé sans doute en cherchant bien
(c.-à-d. s’il avait bien cherché).

353. L’expression du futur dans le passé. — Le conditionnel, présent


ou passé, a parfois la valeur non d’un conditionnel, mais d’un indicatif futur.
Il s’emploie ainsi dans une proposition subordonnée complément d’objet,
quand le verbe de la principale est à un temps du passé (§408, 1°, N. B., 2°);
il exprime alors ce qu’on appelle le futur dans le passé, c’est-à-dire une action
qui, à un certain moment du passé, était regardée comme future :
1° Le présent du conditionnel ainsi employé a la valeur d’un futur simple
( § 342) : Paul disait que Jean reviendrait.
(La phrase équivaut à : Paul disait : « Jean reviendra. »)

2° Le passé du conditionnel, de son côté, a la valeur d’un futur antérieur


(§ 343) : Paul disait que Jean serait revenu avant Pâques.
(La phrase équivaut à : Paul disait : a Jean sera revenu avant Pâques. »)

N. B. — Le conditionnel, présent ou passé, ainsi employé n’implique aucune idée


de condition : c’est simplement un conditionnel de concordance, et si le verbe de la
principale n’était pas au passé, celui de la subordonnée serait au futur :
( Jean reviendra,
Paul dit (présent) que ^ jcan sera revenu avant Pâquea.

E. - LES TEMPS DE L'INFINITIF

354. Le présent. — L’infinitif dit présent1 n’exprime pas par lui-même


le temps et ne situe pas spécialement une action dans le présent.
Il exprime une action qui s’accomplit, qui s’accomplissait ou qui s’acoom-

i. Il n’est question ici que de l’infinitif employé comme verbe. L'infinitif présent employé comme nom exprime
l’action pure et simple, sans fournir aucune indication de temps ( § 334, i°).
304 LA SYNTAXE DE FRANÇAIS

plira, c’est-à-dire une action présente, passée ou future, selon que le verbe
auquel il se rattache est au présent, au passé ou au futur:
Je le vois dormir Je le voyais dormir Je le verrai dormir
(c.-à-d. je le vois qui dort : (c.-à-d. je le voyais qui dormait: (c.-à-d. je le verrai qui dormira :
les deux actions sont présentes). les deux actions sont passées). les deux actions sont futures).

L’infinitif présent exprime ainsi essentiellement la simultanéité.


N, g. _La valeur de temps de l’infinitif présent est parfois déterminée par le
sens même du verbe qui l’introduit, et non par le temps de ce verbe:
J’espère, j’espérais, j’espérerai revenir
(l’infinitif exprime une action future, quel que soit le temps du verbe qui l’introduit).

355. Le passé. — L’infinitif passé exprime une action entièrement accom¬


plie, qu’il présente comme antérieure à une action présente, passée ou future
exprimée par le verbe principal :
1° Antérieure à une action présente, l’action accomplie serait, dans une pro¬
position à l’indicatif, exprimée au passé composé (§ 339) :
Après avoir dîné, il se couclie
(c.-à-d. quand il a dîné).

2° Antérieure à une action passée, l’action accomplie serait, dans une propo¬
sition à l’indicatif, exprimée au plus-que-parfait (§341) ou au passé anté¬
rieur (§340), selon que l’action passée serait, de son côté, à Y imparfait ou au
passé simple:
Après avoir dîné, il se couchait Après avoir dîné, il se coucha
(c.-à-d. quand il avait dîné). (c.-à-d. quand il eut dîné).

3° Antérieure à une action future, l’action accomplie serait, dans une propo¬
sition à l’indicatif, exprimée au futur antérieur (§343) :
Après avoir dîné, il se couchera
(c.-à-d. quand il aura dîné).

L’infinitif passé exprime ainsi essentiellement l'antériorité.


N. B. — L’action accomplie qu’exprime l’infinitif passé est souvent envisagée dans
son résultat, qui peut être :
1° Soit présent, après un verbe au présent: l’action, dans une proposition à l’indi¬
catif, serait alors exprimée au passé composé:
Il croit avoir réussi II croit être arrivé
(c.-à-d. qu’il a réussi). (c.-à-d. qu’il est arrivé).

2° Soit passé, après un verbe au passé: l’action, dans une proposition principale à
l’indicatif, serait alors exprimée au plus-que-parfait :
Il croyait avoir réussi II croyait être arrivé
(c.-à-d. qu’il avait réussi). (c.-à-d. qu’il était arrivé) .
3° Soit futur, après un verbe au présent : l’action, dans une proposition principale
à l’indicatif, serait alors exprimée au fidur antérieur :
Il espère avoir réussi demain II espère être arrivé demain
(c.-à-d. qu’il aura réussi). (c.-à-d. qu’il sera arrivé).
LE GROUPE DU VERBE 305

Le résultat est parfois futur après un verbe au passé : il s’agit alors d’un futur
dans le passé (§ 353), et l’action, dans une proposition à un mode personnel serait
alors exprimée au conditionnel passé:
Il espérait avoir réussi demain II espérait être arrivé demain
(c.-à-d. qu’il aurait réussi) . (c.-à-d. qu’il serait arrivé).

F. - LES TEMPS DU PARTICIPE

356. Le présent. — Le participe dit présent1 n’exprime pas par lui-même


le temps et ne situe pas spécialement une action dans le présent.
Il exprime une action qui s’accomplit, qui s’accomplissait ou qui s’accom¬
plira, c’est-à-dire une action présente, passée ou future, selon que le verbe
auquel il se rattache est au présent, au passé ou au futur :
Il s’en va criant II s’en allait criant II s’en ira criant
(c.-à-d. s’en va et crie: (c.-à-d. s’en allait et criait: (c.-à-d. s’en ira et criera:
les deux actions sont présentes). les deux actions sont passées). les deux actions sont futures).

Le participe présent exprime ainsi essentiellement la simultanéité.


N. B. — Il en est de même du gérondif (.< 335, 1°, N. B., 2°) :
Il trouve en cherchant II trouvait en cherchant Ii trouvera en cherchant
(c.-à-d. il cherche et il trouve), (c.-à-d. il cherchait et il trouvait), (c.-à-d. il cherchera et il trouvera).

357. Le passé. — Le participe passé exprime une action entièrement


accomplie, qu’il présente comme antérieure à une action présente, passée ou
pâture exprimée par le verbe principal.
1° Antérieure à une action présente, l’action accomplie serait, dans une
proposition à l’indicatif, exprimée au passé composé (§339) :
Ayant dîné, il se couche
(c.-à-d. quand il a dîné).

2° Antérieure à une action passée, l’action accomplie serait, dans une propo¬
sition à l’indicatif, exprimée au plus-que-parfait (§341) ou au passé antérieur
(§340), selon que l’action passée serait, de son côté, à T imparfait ou au
passé Simple : Ayant dîné, il se couchait Ayant dîné, il se coucha
(c.-à-d. quand il avait dîné). (c.-à-d. quand il eut dîné).

3° Antérieure à une action future, l’action accomplie serait, dans une pro¬
position à l’indicatif, exprimée au futur antérieur (§ 343) :
Ayant dîné, il se couchera
(c.-à-d. quand il aura dîné).

Le participe passé exprime ainsi essentiellement l’antériorité.

i. Il n’est question ici que du participe employé comme verbe. Le participe employé comme adjectif exprime
un état durable, sans fournir aucune indication de temps ( § 335, z°).
306 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

N. B. — Il en est ainsi de tous les participes passés, actifs ou passifs, de forme


composée ou de forme simple :
Formes composées: Formes simples:

t 1° Actif : ayant aimé (v. trans.), étant tombé (v. intr.); ( 1° Actif: tombé (v.intr.);
( 2° Passif: ayant été aimé. ) 2°Passif: aimé.
Toutefois, l’action accomplie qu’exprime le participe passé de forme simple (tombé,
pour étant tombé; aimé, pour ayant été aimé) est souvent envisagée dans son résultat,
qui peut être présent, passé ou futur, selon que le verbe auquel il se rattache est au
présent, au passé ou au futur :
Il meurt aimé de tous II mourut aimé de tous II mourra aimé de tous
(il est, en mourant, aimé). (il était alors aimé). (il sera alors aimé).

III. — L’ACCORD DU VERBE

358. Généralités. — Le verbe s’accorde, d’une manière générale, avec son


sujet en nombre et en personne.
N. B. — La question de l'accord en genre ne se pose pas si le verbe est à un temps
simple (§237, 1°) : les formes simples du verbe, en effet, n’ont pas de genre.
Elle se pose, au contraire, si le verbe est à un temps composé, actif (§ 237, 2°) ou
passif (§ 273) : les formes composées du verbe, en effet, présentent un élément, le
participe, qui peut varier en genre comme en nombre.

359. L’accord en nombre. — Deux cas peuvent se présenter : le verbe,


en effet, peut avoir un seul sujet ou plusieurs sujets.

A.— Le verbe a un seul sujet

1° Si le verbe a un seul sujet, il s’accorde, en règle générale, avec ce sujet:


Le pêcheur tend ses filets. Les pêcheurs tendent leurs filets.

2° Mais le sujet peut être un nom collectif, tel que foule, troupe, etc., c’est-
à-dire singulier pour la forme, et pluriel pour le sens. Dans ce cas :
a. Si le nom collectif n’est pas suivi d'un complément, le verbe est au sin¬
gulier : Une multitude innombrable remplissait les arènes.

b. Si le nom collectif est suivi d’un complément, qui est nécessairement au


pluriel, le verbe est au singulier ou au pluriel suivant les exigences du sens :
Une nuée de criquets dévasta le pays Une foule d’indigents meurent de froid
(la « dévastation » est l’œuvre collective de la « nuée »). (ce sont les « indigents » qui meurent, non la « foule »).

N. B. — 1° Si le sujet est un nom collectif tel que un (grand, petit, etc.) nombre,
une (grande, petite, etc.) partie, la majorité, le reste, etc., le verbe est indifféremment
au singulier ou au pluriel.
Un grand nombre de badauds Une bonne partie des invités
attend ou attendent. resta ou restèrent.

Dans la langue parlée, le pluriel est plus fréquent.


2° Si le sujet est un nom collectif tel que la moitié, le quart, etc. ; une aizaine, une
LE GROUPE DU VERBE 307

centaine, etc., le verbe est au singulier ou au pluriel, selon que ce nom est pris au
sens strict ou au sens large :
Le tiers des députés a voté pour. La douzaine d’œufs vaut 200 francs.
La moitié des gens manquent de bon sens. Une dizaine de copies ont la moyenne.

3° Le sujet peut être aussi un adverbe de quantité (beaucoup, peu, etc.)


équivalent d’un nom collectif.
Le verbe est alors toujours au pluriel, que l’adverbe soit ou ne soit pas suivi
d’un complément (§ 286, a) :
Beaucoup d’enfants sont étourdis. Peu de personnes savant se taire.
Combien s’en vont qui ne reviendront pas !

N. B. — 1° Si le sujet est une locution telle que nombre de, quantité de, force
(§ 286, 3°, N. B.), etc.; la plupart (de), etc., assimilable à un adverbe de quantité, le
verbe est également au pluriel :
Nombre de gens vivent pauvrement. Force sottises trouvent crédit.
Il méprise ce que la plupart adorent. La plupart des guerres ne payent point.

2° Si le sujet est la locution le peu de, le verbe est au singulier ou au pluriel


suivant les exigences du sens:
Le peu d’efforts qu’il fait me désespéra Le peu de mots qu’il dit me consolèrent
(le peu de, c.-à-d. l’insuffisance de). (le peu de, c.-à-d. les quelques...).

3° Si le sujet est la locution plus d’un, le verbe est au singulier:


Plus d'un an s’est écoulé.

Mais si le sujet est la locution moins de deux, le verbe est au pluriel:


Moins de deux ans se sont écoulés.

4° Le sujet enfin peut être un pronom neutre, soit le pronom ce (§ 183, 1°),
dans la locution c’est (c’était, ce sera, etc.); soit le pronom il (§ 158, 3°), dans
les verbes de forme impersonnelle :
a. Dans la locution c’est, etc., l’accord se fait avec ce, et le verbe est au sin¬
gulier, même si l’attribut, nom ou pronom, est au pluriel :
Qui fait les lois ? C’est l'Assemblée, c’est les députés.

Toutefois, quand l’attribut est un nom pluriel, le verbe est plus souven!
au pluriel :
Qui fait les lois ? Ce sont les députés.

Le singulier n’est obligatoire qu’avec les pronoms nous et vous :


Qui l’a fait? Ce n’est pas nous, c’est vous.

N. B. — La forme ce sont, à la 3a personne du pluriel, est une survivance de


l’ancienne langue, qui conjuguait la locution c’est à toutes les personnes, en accor¬
dant le verbe avec le pronom qui le suivait, considéré comme sujet, et non avec ce,
considéré comme attribut :
ce suis-je, c’es-tu, ce sommes-nous, ce sont-ils.

Nous dirions aujourd’hui, en employant les pronoms sujets de forme tonique:


c’est moi, c’est toi, c’est nous, c’est eux, ce sont eux.
308 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

b. Dans les verbes de forme impersonnelle, l’accord se fait avec il, et le verbe
est toujours au singulier, même s’il est suivi d’un sujet réel au pluriel (§271,
N. B., 2°) :
Il vante. Il fait beau. Il pleut (les balles. Il existe (les amis sûrs.

B. — Le verbe a plusieurs sujets

1° Si le verbe a plusieurs sujets et si les sujets sont coordonnés par la


conjonction et, ou simplement juxtaposés, le verbe s’accorde, en règle géné¬
rale, avec l’ensemble des sujets et se met au pluriel:
Mon père et ma mère font la partie. Mon frère et mes sœurs lisent des vers.
Mes cousins et mes amis viendront jeudi.
La gloire, la richesse, la puissance sont éphémères.

N. B. — l°Les sujets sont parfois unis par une conjonction de subordination, telle
que comme, de même que, ainsi que, ou par la préposition avec. L’accord se
fait alors de deux manières:
a. Ou bien la conjonction et la préposition conservent leur valeur propre et le verbe
est au singulier :
Le chat, comme le chien, rend des services Le paysan, avec son fils, va à la foire
(proposition de comparaison). (complément d’accompagnement).

b. Ou bien la conjonction et la préposition sont considérées comme les équivalents


de et, et le verbe est au pluriel:
Le chat comme le chien rendent des services Le paysan avec son fils vont à la foire
(c.-à-d. le chat et le chien). (c.-à-d. le paysan et son fils).

2° Les sujets juxtaposés sont parfois de sens voisin et désignent une seule el même
personne ou une seule el même chose; le verbe est alors au singulier :
Le chef, le directeur, est absent. Quel zèle, quelle foi t’anime !

3° Les sujets juxtaposés forment parfois une gradation dont le dernier terme sup¬
plante les premiers, ou sont repris par un pronom qui les résume tous; le verbe, dans
ce cas encore, est au singulier:
Une parole, un geste, un regard Une ombre, un souffle, un rien,
nous trahit. tout l'effraye.

2° Si les sujets sont coordonnés par la conjonction ou, le verbe peut s’ac¬
corder avec l’ensemble des sujets ou seulement avec le dernier:
a. Il s’accorde avec l’ensemble des sujets et se met au pluriel, si les sujets
peuvent accomplir l’action l'un en même temps que l'autre:
Mon père ou ma mère assisteront Son travail ou sa chance assureront
au mariage son succès
(ils pourraient y « assister » tous deux à la fois). (ils pourraient 1’ « assurer » tous deux à la fois).

b. Il s’accorde avec le dernier sujet et reste au singulier, si les sujets ne


peuvent accomplir l’action que l'un à l’exclusion de l'autre:
Le préfet ou le maire présidera La noblesse ou la bassesse de cœur
la distribution des prix se lit sur un visage
(Us ne peuvent la « présider j en même temps). (elles ne peuvent « s’y lire » en même temps).
LE GROUPE DU VERBE 309

N, B. — Cette distinction n’est pas toujours respectée, et le verbe est souvent au


singulier, même dans le premier cas.

Si les sujets sont coordonnés par la conjonction ni, l’accord du verbe se


fait dans les mêmes conditions :
Ni l’argent ni la gloire ne donnent Ni la faiblesse ni la violence ne garantit
le bonheur la paix
(ils pourraient le « donner » tous deux à la fois). (elles ne peuvent pas la « garantir » en même temps) K

360. L’accord en personne. — Deux cas peuvent se présenter : le verbe,


en effet, peut avoir un seul sujet ou plusieurs sujets.

A. — Le verbe a un seul sujet

En règle générale, si le verbe a un seul sujet, la personne du verbe est celle


du sujet: Je vais bien. I! va bien. Vous allez bien.
Mes parents vont bien.

N. B. — Si le sujet est le pronom relatif qui, qui par lui-même n’est pas d’une
personne déterminée, la personne du verbe est celle de Vantécédent:
Je te le dis, moi qui suis ton père. Plaignez-moi, vous qui êtes mes amis.
Méprisons les ser3S qui nous flattent.
Si l’antécédent est un mot exprimant une pluralité (deux, trois, etc.; beaucoup,
plusieurs, etc. ; une /ouïe, etc.) employé comme attribut d’un pronom personnel de
la lre ou de la 2e personne, la personne du verbe est celle non de l'antécédent, mais
du pronom :
Vous êtes dix qui réussissez bien. Nous sommes beaucoup qui voyons clair.
Nous sommes une bande qui jouons toujours ensemble.

Si l’attribut est une expression telle que le seul, le premier, etc., les deux, etc., la
personne du verbe peut être celle de Vantécédent ou celle du pronom:
Tu es le seul qui sois actif Je suis le premier qui ait cette chance
(« sois » est à la z” personne, comme « tu »)- (« ait » est à la 3* personne, comme « le premier »).

B. — Le verbe a plusieurs sujets

1° Si le verbe a plusieurs sujets et si les sujets sont de même personne,


la personne du verbe est celle des sujets :
Mon père et ma mère vont bien.

2° Mais si les sujets sont de personnes différentes, la personne du verbe


est celle d’un sujet seulement: la 2re, si un des sujets est de lte personne ; la
2e, si un des sujets est de 2e personne:
Toi et moi allons bien. Ton frère et toi allez bien.

N. B. — Les sujets de personnes différentes sont en général repris par un pronom


pluriel, nous ou vous selon le cas, qui détermine nettement la personne du verbe :
Toi et moi nous allons bien. Ton frère et toi vous allez bien.

i. Sur l’accord du verbe lorsque le sujet est l'un et l’autre, l’un ou Vautre, ni l’un ni l’autre, voir s 215, 5°1 2l9,
310 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

301. L’accord du participe passé (temps composés). — Dans les


temps composés, l’auxiliaire, être ou avoir, s’accorde en nombre et en
personne avec le sujet, comme s’il avait la valeur d’un verbe indépendant :
Bébé est turbulent et il est tombé Nous avons des livres et nous avons lu
[verbe indépendant] [verbe auxiliaire] [verbe indépendant] [verbe auxiliaire]
(«est » s’accorde dans les deux cas avec « Bébé »). (« avons » s’accorde dans les deux cas avec « nous »).

Quant au participe, forme adjective du verbe (§ 335), il s’accorde, d’une


manière générale, en genre et en nombre, mais avec un mot qui remplit dans
la phrase une fonction différente selon que le participe est conjugué avec
être ou avec avoir.

A. — Participe passé conjugué avec « être »


362. Les formes où il est employé. — Le participe passé joint à l’auxi¬
liaire être sert à former :
1° Dans la conjugaison active, les temps composés (§247) de certains verbes
intransitifs (§ 242, 1°, è);
2° Dans la conjugaison passive, tous les temps (§ 273), qu’ils correspondent
aux temps simples ou aux temps composés de la conjugaison active (§ 242, 2°) ;
3° Dans la conjugaison pronominale, les temps composés de tous les verbes
(§ 275), qu’ils soient dits réfléchis, réciproques ou pronominaux (§ 234 et
242, 3°).

363. Gomment il s’accorde. — 1° Dans la conjugaison active (spéciale


à certains verbes intransitifs) et dans la conjugaison passive, le participe
conjugué avec être est un attribut, et, comme tel (§ 421), il s’accorde en
genre et en nombre avec le sujet:
Forme ACTIVE ( Le jour est né. La nuit est venue.
(verbes intransitifs) ( Les colis sont arrivés. Les lettres sont parties.

Forme ( Le dîner est ou fut servi. La villa est ou fut vendue.


passive j Les arbres sont ou furent taillés. Les portes sont ou furent ouvertes.

2° Dans la conjugaison pronominale, le participe des verbes dits prono¬


minaux est encore un attribut, et, comme tel, il s’accorde en genre et en
nombre avec le sujet (le pronom réfléchi se n’a en effet ici aucune fonction
réelle, § 234, 3°) :
Il s’est étonné de mon retour. Elle s’est pâmée d’admiration.
Les coupables se sont repentis de leur faute. Des fillettes se sont évanouies de peur.

N. B. — 1° Le participe des verbes pronominaux employés avec la valeur de verbes


passifs (§ 234, 3°, N. B.) s’accorde de la même manière que celui des verbes prono¬
minaux employés comme tels :
Ces tableaux se sont vendus cher Ces robes se sont beaucoup portées
(c.-à-d. ont été vend us). (c.-à-d. ont été portées).
LE GROUPE DU VERBE 311

2° Le participe du verbe pronominal se rire, qui équivaut grammaticalement au


verbe intransitif rire conjugué avec avoir, n’est pas un attribut, et par suite il est
invariable, comme celui des verbes intransitifs conjugués avec cet auxiliaire (§ 365, 2°) :
Ils ou Elles se sont ri de nos peines
(se sont ri de équivaut grammaticalement à ont ri de, où ri est invariable).

3° Dans la conjugaison pronominale, le participe des verbes dits réfléchis


et des verbes dits réciproques n'est pas un attribut et s’accorde en genre
et en nombre avec le pronom réfléchi, si ce pronom est complément d’objet
direct (§ 365, 1°) :
Il s’est étendu sur l’herbe. Elle s’est contemplée dans la glace.
Mes fils se sont baignés à marée haute. Mes sœurs se sont levées de bon matin.
Les prisonniers se sont tous entr’aïdés.

N. B. — 1° Dans les verbes de ces deux catégories, les formes composées avec être
admettent un complément d’objet direct parce qu’elles équivalent pour le sens à des
formes composées avec avoir:
Elle s’est blessée Ils se sont battus
(c.-à-d. elle a blessé elle-même), (c.-à-d. ils ont battu l’un Vautre).

2° Il importe d’observer que le participe des verbes de ces deux catégories, s’accor¬
dant avec le pronom réfléchi complément d’objet, s’accorde, en définitive, comme
celui de tous les verbes précédents, avec le sujet, puisque le pronom réfléchi complé¬
ment d’objet représente la même personne que le sujet.

Si le pronom réfléchi est complément d’objet indirect ou complément d’at¬


tribution, le participe est invariable :
Il s’est nui par sa franchise. Ils se sont succédé sur le trône.
(se, dans ces deux exemples, est complément d’objet indirect.)
Il s’est croisé les bras. Elle s’est piqué le doigt.
Nos parents se sont imposé des sacrifices. Les villes se sont donné de nouveaux édiles
Les gamins se sont jeté des boules de neige.
(se, dans tous ces exemples, est complément d’attribution.)

N. B. — 1° Le pronom réfléchi équivaut alors à à lui-même, ù elle-même, etc., et le


nom qui suit le verbe est un complément d’objet, direct :
Elle s’est blessé la main Ils se sont dit des injures
(c.-à-d. elle a blessé la main à elle-même). (c.-à-d. ils ont dit des injures l’un à Vautre).

Si le verbe est dans une proposition relative et si le pronom relatif est complément
d’objet, le participe s’accorde avec ce complément,qui précède le verbe (§365, 1°) :
La main qu’elle s’est blessée Les injures qu’ils se sont dites
(e.-à-d. qu’elle a blessée ù elle-même). (c.-à-d. qu’ils ont dites l'un à l’autre).

2° Le participe du verbe pronominal se plaire, ou se complaire (§363,2°), qui éqif-


vaut grammaticalement au verbe réfléchi se faire plaisir (c’est-à-dire «faire plaisir ù
soi»), est invariable, comme celui des verbes réfléchis où le pronom se est complé¬
ment d’objet indirect :
Elles se sont plu, ou complu, à nous contredire.
Il en est de même de se plaire, au sens de « se trouver bien », et de son contraire
se déplaire : Elles se sont plu, ou déplu, dans cet appartement.
3“ Le participe du verbe pronominal s'arroger (§ 363,2°), qui équivaut grammati
calement au verbe réfléchi s'attribuer (c’est-à-dire «attribuer à soi»), reste invariable
312 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

ou s’accorde dans les mêmes conditions que celui des verbes réfléchis où le pronom se
est complément d’attribution :
Elles se sont arrogé des droits. Les droits qu’elles se sont arrogés.

On peut dire, eu résumé, que le participe de tous les verbes conjugués avec
être, qu’ils soient actifs, passifs ou pronominaux, s’accorde avec le sujet, sauf
dans un cas, où il reste invariable, celui des verbes réfléchis ou réciproques dans
lesquels le pronom se est complément d’objet indirect ou complément d’attri¬
bution.
B. — Participe passé conjugué avec « avoir »
364. Les formes où il est employé. — Le participe passé joint à l’auxi¬
liaire avoir ne sert à former que des temps de la conjugaison active :
1° Les temps composés (§ 247) de tous les verbes transitifs, directs ou indi¬
rects (§ 242, 1°, a).
2° Les temps composés (§ 247) de certains verbes intransitifs (§ 242, 1°, b).

365. Gomment il s’accorde. — A la différence du participe conjugué avec


être, le participe conjugué avec avoir ne s'accorde jamais avec le sujet.
1° Si le verbe est transitif direct, le participe s’accorde en genre et en
nombre avec le complément d’objet, lorsque ce complément précède le verbe,
c’est-à-dire :
a. Lorsqu’il est un pronom relatif (§ 406, 2°) :
Le devoir que j’ai fait. La leçon que j’ai apprise.
Les cours que j’ai suivis. Les lettres que j’ai écrites.

b. Lorsqu’il est un pronom personnel (§ 406, 2°) :


On m’a vorsé dans l’artillerie. On t’a bien gâtée, ma petite !
Ce discours nous a enthousiasmés.
J'ai vu ces fruits et je les ai achetés. Je médite ces pensées après les avoir notées.

c. Dans une proposition interrogative ou exclamative (§ 406, 2°) :


Quels services a-t-il rendus? Quelle habitudes tu as prises !

Mais le participe est invariable lorsque le complément d’objet suit le verbe


ou lorsque le verbe n'a pas de complément d'objett
Les accusés ont avoué leurs crimes. Nous avons attendu et toujours espéré.

2° Si le verbe est transitif indirect, ou s’il est intransitif, le participe est


toujours invariable:
La Fortune nous a enlin souri ! Ils ont triomphé de leurs défauts.
(Le verbe, transitif indirect, est soit précédé, soit suivi d’un complément d’objet indirect.)
Nous avons dormi sur la dure. Les quatorze ans qu’il a régné.
(Le verbe, intransitif, est accompagné d’uu complément de circonstance.)

N. B. —- Dans les temps surcomposés (§ 256), l’accord se fait d’après les mêmes
règles, mais le second participe seul est accordé:
Nos soldats les ont eu vite délogés. Ils ont eu vite délogé les ennemis.
LE GROUPE DU VERBE 313

366. Les cas difficiles. — Cette règle, simple en elle-même, est parfois
d’application délicate, quand le complément d’objet précède le verbe et
notamment quand ce complément est un pronom (§ 365, 1°).
A. — D’abord un même pronom peut remplir des fonctions différentes,
et il importe de bien distinguer les cas où il est complément d’objet.
1° Avec certains verbes, qui sont tantôt intransitifs et tantôt transitifs, le
pronom relatif que est tantôt complément de circonstance et tantôt complément
d'objet. Dans le premier cas, le participe est invariable; dans le second cas,
il s’accorde.
Ces verbes sont notamment :
valoir, coûter, peser, courir, vivre.

a. Valoir signifie, au sens intransitif, « être évalué (à tel prix) », d’où :


« avoir la valeur de », et, au sens transitif, « rapporter (un avantage, etc.) »:
Ce château a valu dix millions Sa conduite lui a valu des éloges
(« valoir » est intransitif, (« valoir » est transitif,
et « dix millions » est complément de prix, § 431). et « des éloges » est complément d'objet)

On écrit donc, quand le complément est le relatif que :


Les dix millions que ce château a valu Les éloges que sa conduite lui a value
(« que » est complément de prix, (« que » est complément d'objet,
et a valu » reste invariable). et « valu » s’accorde).

b. Goûter (du latin constare, être fixé) signifie, au sens intransitif, « être
tarifé (à tel prix) », d’où « être payé (tel prix) », et, au sens transitif, « néces¬
siter (un sacrifice, etc.) » :
Ce poisson a coûté cent francs Ce travail a coûté de longs efforts
(« coûter » est intransitif, (« coûter » est transitif,
et « cent francs » est complément de prix, § 431). et « des efforts » est complément d’objet).

On écrit donc, quand le complément est le relatif que :


Les cent francs que ce poisson a coûté Les longs efforts que ce travail a coûtés
(« que » est complément de prix, (« que » est complément d’objet,
et « coûté » reste invariable). et « coûté » s’accorde).

N. B. — Pratiquement, les verbes valoir et coûter doivent être tenus pour intran¬
sitifs lorsque le nom complément peut être remplacé par un adverbe de prix :
Ce château a valu dix millions Ce poisson a coûté cent francs
peut être remplacé par peut être remplacé par
Ce château a valu très cher. Ce poisson a coûté très cher.
(Comme « très cher », « dix millions » et « cent francs » sont compléments de prix.)

c. Peser signifie, au sens intransitif, « avoir un poids de », et, au sens


transitif, « mesurer le poids de, ou la valeur de » :
Cette lettre a pesé vingt grammes Nous avons pesé les pommes de terre
(« peser » est intransitif, (« peser » est transitif,
et « vingt grammes » est un complément de mesure, § 431). et « pommes de terre » est complément d’objet)
314 I,A SYNTAXE DU FBANÇAIS

On écrit donc, quand le complément est le relatif qu6 î


Les vingt grammes que cette lettre a pesé Les pommes de terre que nous avons pesées
(« que » est complément de mesure, (« que » est complément d'objet,
et « pesé » reste invariable). et « pesé » s’accorde).

d. Courir signifie, au sens intransitif, « aller vite », et, au sens transitif,


« courir à la suite de, poursuivre (un lièvre, etc.) ; courir au devant de, s’expo¬
ser à (un danger, etc.) », ou « courir à travers, parcourir (le monde, etc.) » :
Nous avons couru cinq minutes Nous avons couru bien des dangers
(« courir » est intransitif, (« courir » est transitif,
et « cinq minutes » est complément de temps, § 434). et « dangers » est complément d'objet).

On écrit donc, quand le complément est le relatif que :


Les cinq minutes que nous avons couru Les dangers que nous avons courus
(« que » est complément de temps, (« que » est complément d'objet,
et « couru » reste invariable). et « couru » s’accorde).

e. Vivre signifie, au sens intransitif, « être en vie », et, au sens transitif,


« passer (tel ou tel temps) » :
Il a vécu soixante-dix ans Il a vécu des années dures
(« vivre » est intransitif, (<< vivre » est transitif,
et « soixante-dix ans » est complément de temps, § 434). et « années » est complément d'objet).

On écrit donc, quand le complément est le relatif que :


Les soixante-dix ans qu’il a vécu Les années dures qu’il a vécues
(« que » est complément de temps (« que » est complément d'objet,
et « vécu » reste invariable). et « vécu » s’accorde).

2° Avec les verbes impersonnels, qui sont toujours intransitifs, le pronom


relatif que est toujours complément de circonstance et le participe est inva¬
riable: Il a plu deux jours
(« deux jours » est complément de temps, § 434).

On écrit donc, quand le complément est le relatif que :


Les deux jours qu’il a plu
(« que » est complément de temps, et « plu » reste invariable).

N. B. — Avec les verbes non impersonnels employés à la forme impersonnelle


(§ 271, N. B.), le pronom relatif que est sujet réel, et comme ces verbes s'accordent
avec le sujet apparent (§ 359, 4°, b), qui ne change pas, le participe est invariable :
11 y a eu dos abus. Il a fait de fortes chaleurs. Il a fallu des vivres.
(« des abus », « de fortes chaleurs », « des vivres » sont sujets réels.)
Les abus qu’il y a eu. Les fortes chaleurs qu’il a fait. Les vivres qu’il a fallu.
(« que », qui représente « les abus », « les fortes chaleurs », « les vivres », est sujet réel,
et « eu », « fait », « fallu » restent invariables1.)

1. On prendra garde que le participe de certains verbes employés à la forme impersonnelle est conjugué avec
(tre. Ces verbes s'accordant avec le sujet apparent, leur participe est toujours invariable, quels que soient le geurc-
et le nombre du sujet réel :
Il est tom bè de la neige. Il est resté trois cadavres.
Si les phrases étaient retournées, le relatif serait sujet, et le verbe ne serait plus à la forme impersonnelle :
La neige qui est tombée. Les trois cadavres qui sont restés.
LE GROUPE DU VERBE 315

B. — Dans d’autres cas, le pronom complément d’objet représente non


pas un mot, mais un groupe de mots, et il importe de bien distinguer celui
de ces mots avec lequel le participe doit s’accorder.
1° Si le complément du verbe est le pronom relatif que, ce pronom repré¬
sente souvent un nom collectif (troupe, foule, etc.) suivi, d'un complément au
pluriel.
Dans ce cas, le participe s’accorde, d'après le sens, soit avec le nom collec¬
tif, soit avec le complément de ce nom :
Le paquet de livres que j’ai reçu Le paquet de livres que j’ai lus
(au maso. sing. : c’est le « paquet » qui a été reçu). (au masc. plur. ; ce sout les « livres » qui ont été lus).
La foule de badauds que j’ai photographié©
(au fém. si;,g. ; c’est la « foule » qui a été photographiée).

N. B. —- 1° Le peu de... que. — Si le pronom que représente la locution le peu


(§ 359, 3°, N. B., 2°) suivie d’un co;rplérneni partitif, le participe s’accorde, d’après
In même règle, soit avec la locution, soit avec son complément:
Lr- peu d’efforts qu’il a fait me navre Le peu de paroles qu’il a dites m'encouragent
(c’est le * peu » d’efforts qui me navre). (ce sont les « paroles » qui m’encouragent).

2° Un des... que. — Si le pronom que représente le pronom indéfini un suivi


d'un complément partitif, le participe s’accorde, en règle générale, avec ce complément :
C’est un des beaux pays que j’ai visites.

Toutefois, si ce complément est déterminé par un superlatif relatif, le participe


peut s’accorder avec le pronom indéfini :
C’est un des plus beaux pays que j’aie visites, ou visité.

3° Si le complément du verbe est, au lieu du pronom que, un atl C5T 00 de.


suivi d'un complément partitif, le participe s’accorde également, en règle générale, avec
le complément partitif :
Combien de lettres as-tu écrites? Que de sacrifices j’ai consentis !

Toutefois, si le complément partitif suit le verbe, le participe est invariable:


Combien as-tu écrit de lettres ? Que j’ai consenti de sacrifices !

2° Si le complément du verbe est le pronom personnel neutre 1’ (§ 162, 3°),


qui équivaut à cela, ce pronom représente toute une proposition.
Dans ce cas, le participe est invariable:
Il lit trop vite : je l’ai souvent dit
(le, c.-à-d. qu'il lit trop vile).

Mais dans certaines propositions, notamment dans des propositions de


comparaison introduites par la conjonction que (§443, 2°), le pronom 1’ peut
représenter, selon le point de vue auquel ou se place, un nom (il équivaut
alors au masculin le, ou au féminin laJ aussi bien qu’une proposition.
Dans ce cas, le participe peut s’accorder avec le nom, mais le plus souvent
il reste invariable :
L'affaire est plus grave qu’on ne l’avait cru
(T, c.-à-d. non pas 1’ « affaire », mais le fait qu’elle était « grave »).
La maison est plus grande que Je ne l’avais Imaginée ou Imaginé
(l’, c.-à-d. soit la « maison », soit le fait qu’e’Je était « grande »).
31(5 LA. SYNTAXE DU FRANÇAIS

N B. — 1° Dans les propositions de ce genre, le pronom neutre P peut être sup


primé sans inconvénient pour le sens :
L’affaire est plus grave qu’on n’avait cru
(au lieu de qu’on ne l’avait cru).
20 Dans l’expression je l’ai échappé belle, le pronom I’ est considéré comme un
neutre et le participe est invariable.
En réalité, l’expression s’écrivait jadis : « Je l’ai échappée belle », et I5 représentait
la balle, qu’un joueur de paume « échappait », bien que « belle » (c’est-à-dire « facile
à renvoyer »).

3° Si le complément du verbe est le pronom personnel neutre en (§ 169, A),


qui équivaut à de cela, ce pronom de sens partitif représente un nom, masculin
ou féminin, généralement au pluriel.
Dans ce cas, le participe ne s’accorde pas avec ce nom, mais avec le pro¬
nom en, et par conséquent est invariable:
J’ai cueilli des prunes et j’en ai mangé.

Toutefois, si le complément du verbe est un adverbe de quantité ayant


pour complément partitif le pronom en, le participe peut rester invariable
ou s’accorder avec le nom pluriel :
Des livres, j’en ai beaucoup acheté ! Des heures, combien j’en ai perdues !
N. B. — Lorsque le pronom en représente un nom féminin, le participe est
toujours invariable, si son féminin est pour l’oreille distinct du masculin :
Des promesses, il en a tant fait ! Des libertés, ii en a tant pris !

C. — Dans d’ autres cas, enfin, le participe est suivi d’un infinitif qui lui est,
subordonné, et il importe de bien distinguer celui des deux verbes dont le
pronom est complément d’objet.
Parmi les verbes dont le participe peut être ainsi construit, on cite notam¬
ment :
1° Des verbes exprimant une perception (§ 407, 2°) :
voir, entendre, sentir.

a. Si le pronom personnel ou relatif est complément d’objet de l’infinitif,


le participe de ces verbes est invariable:
Cette maison, je l’ai vu construire Ces vers, que j’ai entendu lire
(l’ est c. d'objet du v. trans. « construire t). (que est c. d’objet du v. trans. « lire »).

N. B. — En pareil cas, le complément d’objet du participe est l’infinitif qui le


suit (§ 405, 2°). On pourrait dire, en effet :
construire 1
J’ai
vu qu’on construisait > cette maison. J’ai \Ule, }
entendu ) qu onllsait ( ces vers.
la construction de 1 ( la lecture de )

b. Si le pronom, au contraire, n’est pas complément d’objet de l’infinitif,


le participe de ces verbes peut s’accorder:
Cette personne, je 1 ai vu© entrer Ces chiens, que J’ai entendus aboyer
(r n’est pas c. d'objet d’a entrer », v. intr.). (que n’est pas c. d'objet d’a aboyer », v. intr.).
GL EUROPE DU VERBE 317

N. B. En pareil cas, le pirticipe s’accorde, parce que le pronom est considéré


comme son complément d’objet; en fait, le complément d’objet du participe est
une proposition iniinitive (g 407, 2°, et p. 355, n. 1), et le pronom est le sujet de
rinfinilij. On pourrait dire, en effet :
J’ai ^ cette personne entrer; j,aj 1 ces chiens aboyer;
tu ) «Pie cette personne entrait; entendu ) <Iue ces chiens aboyaient;
{ l’entrée de cette personne. ( les aboiements de ces chiens.

Aussi le participe peut-il rester invariable dans ce cas comme dans le premier :
Cette personne, je l’ai vu entrer. Ces chiens, que j’ai entendu aboyer.

En général, il ne s’accorde que pour éviter l’équivoque, lorsque le verbe à l’infinitif


peut être de sens transitif ou de sens intransitif:
Je l’ai entendu gronder
peut, en effet, signifier
J’ai entendu qu’on le grondait et J’ai entendu qu’il grondait
(t gronder » est alors transitif) (« gronder » est alors intransitif).

Au féminin et au pluriel, l’équivoque disparaît si le participe est accordé :


Je l’ai entendue gronder et Je les ai entendus gronder
ne peuvent signifier que
J’ai entendu qu’elle grondait et J’ai entendu qu’ils grondaient.

2° Des verbes exprimant une volonté (§ 407, 2°, N. B.) :


laisser (c.-à-d. permettre), faire (c.-à-d. ordonner).

Avec ces verbes, comme avec les verbes de perception, le pronom peul
êlre ou n’être pas complément d’objet de l’infinitif, mais, dans les deux cas,
le participe est invariable :
Cette maison, je l’ai fait construire Ces arbres, que j’ai laissé abattre
(T est c. d’objet du v. trans. i construire »). (que est c. d’objet du v. trans. « abattre »).
Cette personne je l’ai fait entrer Ces chiens que j’ai laissé aboyer
(V n’est pas c. d'objet d’« entrer », v. intr.). (que n’est pas c. d’objet d’« aboyer », v. intr.).

N. B. — 1 “ Toutefois, si le pronom n’est pas complément d’objet de l’infinitif, le par¬


ticipe du verbe laisser s’accorde parfois, le pronom étant alors considéré comme son
complément d’objet : Ces chiens, je les ai laissés aboyer.
Par contrp, le participe du verbe faire ne s’accorde pas, le pronom ne pouvant pas
être considéré comme son complément d’objet:
Ces enfants, je les ai fait déjeuner.

2° Le participe du verbe envoyer, suivi d’un infinitif (§ 432, 3°, N. B., 1°), est toujours
invariable, le pronom ne pouvant être que complément d’objet de l’infinitif:
Ces livres, je les ai envoyé chercher.

3° Le participe des verbes avoir et donner, suivi d’un infinitif introduit par la pré¬
position à (§303, 2°, N. B.), reste généralement invariable, le pronom étant alors
considéré comme complément d’objet de l’infinitif:
Celte lutte, qu’il a eu à soutenir. Ces devoirs, on me les a donné à faire.

Mais le participe s’accorde parfois, le pronom pouvant être considéré comme son
complément d’objet:
Celle lutte, qu’il a eue à soutenir. Ces devoirs, on me les u donnés à faire.
318 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

30 Des verbes admettant un infinitif complément d’objet direct ou indirect


(§ 405, 2°), tels que :
pouvoir, devoir, vouloir, etc.; songer (à), tâcher (de), etc.

Avec ces verbes, le pronom est complément d’objet de l’infinitif et le par¬


ticipe est invariable, même si l’infinitif est sous-entendu :
Les services que j’ai pu rendre Les œuvres que j’ai voulu lire
(que est complément d'objet de « rendre »). (que est complément d'objet de « lire »).
J’ai rendu les services que j’ai pu J’ai lu les œuvres que j’ai voulu
[s.-ent. rendre]. [s.-ent. lire].
Les erreurs que j’ai songé à ou que j’ai omis de signau r
(que est complément d’objet de « signaler »).

N.B. — Avec certains verbes, tels que les verbes de déclaration ou d’opinion (§108,1°),
le participe est parfois suivi non d’un infinitif, mais d’une proposition complément
d’objet introduite par la conjonction que :
Dans ce cas, le pronom est complément d’objet du verbe de cette proposition, et le
participe est invariable :
La récompense que j’avais prédit que vous recevriez
(le relatif que est c. d’objet non de « avais prédit », mais de « recevriez »).',
Le participe peut être suivi aussi d’une proposition complément d’objet à l’infinitif
Dans ce cas, le pronom est sujet du verbe de cette proposition, et le participe esi
invariable également :
La pièce qu'on m’avait dit être la plus comique
fie relatif que est sujet de « être »).
CHAPITRE III

LE GROUPE DU NOM

367. Généralités. — Des deux éléments du groupe-nom (§ 328, 2°), l’un,


le nom, a été étudié dans la morphologie au point de vue de sa forme (§ 97-123),
et il sera étudié plus loin (§ 391) au point de vue de son emploi, c’est-à-dire
de ses fonctions.
Restent les déterminants du nom, qui peuvent accompagner le nom, quelle
que soit sa fonction. Ces déterminants sont :
1° Des mots qui introduisent le nom, comme Yarticle (défini, § 140-144, ou
indéfini, § 147-150), les adjectifs pronominaux (possessifs, §176-178; démon¬
stratifs, § 184-185 ; interrogatifs, § 210-211 ; indéfinis, § 218-222), et les adjectifs
numéraux (§ 224-228), dont la forme et la valeur sont déjà étudiées.
2° Des mots qui complètent le nom, comme Yépithète, Y apposition et le
complément du nom, dont nous allons étudier la construction.

1. — L’ÉPITHÈTE

368. Généralités. — L épithète s ajoute a un nom pour qualifier l’être ou


l’objet que ce nom désigne, et elle fait corps avec ce nom.
L’épithète peut être : 1° un adjectif ; — 2° une proposition subordonnée.

369. L’adjectif épithète. — L’adjectif épithète est un adjectif qualificatif


(§ 124) placé immédiatement à côté d’un nom qu’il détermine, avant ou après
ce nom, et sans virgule qui l’en sépare :
Un enfant malade. Un beau chat. Des cheveux blonds.
N. B.— 1° L'adjectif épithète s’oppose à l'adjectif attribut, qui est rattaché au nom
par l’intermédiaire d’un verbe (§ 417):
Cet enfant est malade. Ces cheveux sont blonds.

Il se distingue, d’autre part, de l'adjectif apposition, ou adjectif apposé (§375), qui


est séparé du nom par une virgule :
L’enfant, malade, se coucha.
2° L’adjectif épithète est, par définition, de construction directe, et n’est introduit par
aucune préposition.
Toutefois, quand il se rapporte à un pronom neutre, il est de construction indirecte,
et introduit par la préposition de :
Quoi de nouveau? — Rion d’intéressant.
Il en est de même quand l’adjectif suit un nom accompagné d'un adjectif numéral car¬
dinal: Il y a dix matelots de noyés.
320 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

370. L’accord de l’adjectif épithète. — Deux cas peuvent se présenter :


l’adjectif, en effet, peut se rapporter à un seul nom ou à plusieurs noms.
A. — L’adjectif épithète se rapportant à un seul nom s’accorde en genre
et en nombre avec ce nom :
Un chien no h*. Des chiens noir3. Une robe noire. Des robes noires.

N. B. — 1° Avec un nom pluriel, deux adjectifs coordonnés peuvent êlre nu sin¬


gulier, si chacun se rapporte à une seule des choses désignées par ce nom :
Les langues grecque et latine. Les armées russe et japonaise.
Les dix-septième et dix-huitième siècles
(il y a bien deux « siècles », mais un seul « dix-septième » et un seul « dix-huitième »).

2° Après deux noms, dont le second esl complément du premier, l’adjectif s’accorde
indifféremment avec le premier ou avec le second, s’il peut, pour le sens, s’appliquer
à l’un comme à l’autre :
Une bande d’enfants bruyante. Une bande d’enfants bruyants.
Des tricots de laine bleus. Des tricots de laine bleue.

Dans le cas contraire, il s’accorde avec celui des noms auquel il peut exclusivement
s’appliquer :
Une gerbe de glaïeuls très belle. Des pots de confitures bien pleins.
Une pièce de drap gri3. Une liste de faits sûrs.

3° Sur l’accord des adjectifs composés, voir § 130.


4° Sur l’absence apparente d’accord des adjectifs grand et fort dans certaines expres¬
sions, voir § 127, N. B.

B. — L’adjectif épithète se rapportant à plusieurs noms s’accorde :


1° Avec l’ensemble des noms lorsqu’ils sont coordonnés par la conjonction
et, ou simplement juxtaposés. Il se met alors:
a. Au masculin pluriel, si ces noms sont tous masculins :
Un veston, un gilet et un pantalon neufs. Un veston, un gilet, un pantalon neufs.

b. Au féminin pluriel, si ces noms sont tous féminins t


Une jupe et une jaquette neuves.

c. Au masculin pluriel, si ces noms sont de genre différenti


Un chapeau et une robe démodés.

N. B. — 1° Dans ce dernier cas, si le masculin de l’adjectif est, pour l’oreille, dis¬


tinct du féminin, le nom placé à côté de l’adjectif masculin pluriel est, en général, le
nom masculin : Une robe et un chapeau verts.

2° L’adjectif s’accorde parfois non pas avec l’ensemble des noms, mais avec le dernier:
a. Si les noms sont synonymes (le dernier est alors considéré comme résumant les
premiers) : Il a un sang-froid, un courage, une énergie peu commune.

b. Si les noms forment une gradation (le dernier est alors considéré comme supplan¬
tant les premiers) :
Il y a dans tout son être un calme, une noblesse, une majesté impressionnante.
LE GROUPE DU NOM 321

# 3° Avec le dernier nom, lorsque deux noms sont coordonnés parla conjonc¬
tion ou et. que l’un des deux exclut Vautre r
Il a, je crois, une jambe ou un bras cassé.

Dans le cas contraire, l’adjectif s’accorde avec l’ensemble des noms comme
s’ils étaient coordonnés par et (§ 370, B, 1°) :
Les sauvages se nourrissent de chair ou de poisson crus.

371. Cas particuliers. — 1° Les adjectifs de couleurs tirés de noms de


fleurs, de fruits, etc. (§ 73, a), sont invariables, h. l’exception de écarlate, mauve,
pourpre et rose, qui s’accordent :

des étoffes marron, des gants paille, des cravates crème,


des cheveux poivre et sel, des satins feuille morte
(c.-à-d., par abréviation, couleur de marron, couleur de paille, couleur de crè ~ie, etc.) ;
des soies écarlates, des fleurs mauves, des joues pourpres, des écharpes rosos.

N. B. — Les adjectifs de couleurs non tirés de noms (de fleurs, de fruits, etc.), mais
employés eux-mêmes comme noms, forment parfois, avec un adjectif, un nom ou un
complément de nom, un adjectif composé qui est toujours invariable (§ 130, 2°) :
des robes rouge foncé, des yeux bleu pervenche, des rubans vert de mer
(c.-à-d., par abréviation, d’un rouge..., d’un bleu [de]..., d’un vert de...).

2° Les adjectifs haut et bas, placés dans certaines locutions devant un nom
précédé de l’article défini, ont la valeur d'adverbes et ne s’accordant pas:
Us l’ont emporté haut la main
(c.-à-d. avec la sûreté du cavalier qui tient « haut » la main des rênes).
Haut les mains 1 Haut les cœurs ! Bas les armes I Bas les pattes !
(c.-à-d. « en haut » et « en bas », avec ellipse du verbe).

3° L’adjectif nu, placé devant le nom de certaines parties du corps (tête, pieds,
jambes, etc.) et relié à ce nom par un trait d’union, a la valeur d’un préfixe et
ne s’accorde pas :
Se promener nu-tête. Marcher nu-pieds. Sortir nu-jambes.

Mais, placé après le nom, il a la valeur d’un adjectif et s’accorde :


Se promener tête nue. Marcher pieds nus. Sortir jambes nues.

4° L’adjectif demi, placé devant un nom et relié à ce nom par un trait


d’union, a lui aussi la valeur d’un préfixe et ne s’accorde pas:
une demi-heure, une demi-douzaine, des demi-litres, des demi-journéer
(un demi-..., c.-à-d., au sens strict, un... divisé en deux, une moitié de, la moitié d’un...
une demi-clarté, des demi-mesures
(un demi-..., c.-à-d., au sens large, un... imparfait, ou un... insuffisant).

Il ne s’emploie après le nom que dans la locution et demi, où il est adjecii,


et s’accorde (en genre seulement) !
deux kilogs et demi deux lieues et demie
(c.-à-d. et un... divisé en deux [demi]). (o.-à-d. et une... divisée en deux [demie]).
Cayrou. — Grammaire française.
322 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

In . B. — 1° L’adjectif demi) placé devant un adjectif ou un participe, et relié à cet


adjectif ou à ce participe par un trait d’union, a la valeur d'un préfixe et ne s'accorde
pas: une femme demi-folle, des plats demi-cuits, des plantes demi-mortes
(demi, c.-à-d., au sens large, à demi, à moitié, moitié1).

2° L’adjectif demi s’emploie souvent comme nom, soit au masculin pour désigner
la moitié d’une unité, soit au féminin pour désigner la moitié d’une heure :
Quatre demis font deux imités. La demie n’a pas encore sonné.

3» L’adjectif mi-, toujours employé comme préfixe invariable, est parfois placé,
avec la valeur de demi-, devant un adjectif ou un participe:
une fenêtre mi-ouverte, des yeux mi-clos, un tissu mi-soie (§ 73, a)
(mi-, c.-à-d. à demi, à moitié, moitié).

Placé devant un nom, il exprime l’idée non de moitié, comme demi, mais de milieu:
a. Devant un nom d'époque, de mois, etc., il forme avec lui un nom composé toujours
précédé de l’article féminin :
la mi-carême, la mi-juillet
(la mi-, c.-à-d. non la moitié de, mais le milieu de).

b. Devant un nom exprimant une longueur, une hauteur, etc., il forme avec lui une
locution adverbiale sans article, toujours introduite par la préposition à:
s’arrêter à mi-chemin, être à mi-côte, avoir l’eau à mi-jambes
(à mi, c.-à-d. au milieu de).

4° L’adjectif senti-, toujours employé comme préfixe invariable, mais presque


exclusivement dans des mots techniques, est parfois placé, avec la valeur de demi-,
devant un nom ou un adjectif: les semi-voyelles,
les canaux semi-circulaires les verbes semi-déponents les fêtes semi-doubles
(terme d’histoire naturelle). (termes de grammaire). (terme de liturgie).

5° Le vieil adjectif feu, c’est-à-dire, par euphémisme, «mort récemment»,


placé devant un nom précédé de l’article (ou d’un adjectif possessif), est inva-
iable ; mais, placé entre l’article (ou l’adjectif possessif) et le nom, il s’accorde i
feu la reine, feu ma mère; la feue reine, ma feue mère.

372. La proposition épithète. — La proposition épithète est une propo


sition relative qui détermine l’antécédent du relatif à la manière d’un adjectif.
Elle est placée immédiatement à côté du nom, mais toujours après lui, et
sans virgule qui l’en sépare;
L’élève qui travaille est récompensé
(qui travaille équivaut à travailleur).
Une gloire qui passe Les choses qu’on ne voit pas Un fait dont on cloute
(c.-à-d. passagère). (c.-à-d. invisibles). (c.-à-d. douteux).

N. B. —- Le mode de la proposition épithète est, en règle générale, Vindicatif


(§ 401, B, et 412).

i. Il s’emploie aussi, au sens large, devant un adjectif pris comme nom: un demi-fou, et, au sens strict,
devant certains noms de personnes exprimant un état, tels que frète, sceur, dieu :
un demi-frère, une demi-sœur, des demi-dieux
(demi, c.-à-d. à moitié, d’où : d’un seul côté, paternel ou maternel).
LE GROUPE DU NOM 323

I!. - L’APPOSITION

373. Généralités. — L'apposition s’ajoute à un nom pour définir ou


qualifier 1 l’être ou l’objet que ce nom désigne, mais, à la différence de l’épi¬
thète, elle ne fait pas corps avec ce nom.
L’apposition peut être : 1° un nom ; —- 2° un adjectif ; — 3° un infinitif ;
— 4° une proposition subordonnée.

374. Le nom apposition. — 1° Le nom apposition est un nom placé à


côté d un autre nom qu’il détermine, le plus souvent après ce nom, mais avec
une virgule qui l’en sépare :
Louis XII, roi2 de France. La guerre, fléau du monde.
Grand poète, Hugo repose au Panthéon.

N. B. — 1° Le nom apposition peut être précédé d’un article (§ 143,2°, c, N. B.)


ou d’un adjectif démonstratif (§ 185, 2°, N. B., c) :
Louis XII, le « père du peuple ». La guerre, ce fléau du monde.

2° Le nom apposition précédé de l'article est souvent, à la manière d’un adjectif


epithète, placé immédiatement à côté du nom qu’il détermine, sans virgule qui l’en
sépare, mais toujours avant ce nom:
Le roi Louis XII3, qui était très aimé, fut très regretté.
Le mont Pelvoux est très élevé. Le mot patrie est doux à entendre.

Toutefois, quand le nom déterminé est un nom propre géographique (de ville ou
d’île principalem: nt), un nom de mois, un nom d’ouvrage, etc., il est relié au nom
apposition par la préposition de, employée à titre explétif (§ 303, B, c, N. B.) :
La ville de Home4, qui est très ancienne, est bâtie sur le Tibre.
L'île d’Oléron. Le mois de mai. La pièce de a Cinna ». Le titre de duc.

3° Le nom apposition non précédé de l'article est parfois, à la manière d’un adjectif

1. L’apposition définit l’être ou l’objet, si elle le range dans une « espèce », c’est-à-dire dans une catégorie-
elle le qualifie, si elle indique une de ses manières d’être, c’est-à-dire une de ses « qualités » (p. 68, n. i)
Victor Hugo, grand poète Le mistral, vent du Nord Le père, indulgent, pardonna
(l’apposition range Hugo (l’apposition range le mistral (l’apposition indique
dans l’« espèce » des poètes). dans IL espèce » des vents). une « qualité » du père).
2. Le nom apposition équivaut à une proposition relative elliptique dans laquelle il serait attribut :
Louis XII, [qui était) roi de France.
Par suite, il est parfois appelé « attribut implicite ».
3. Le nom apposition est « roi » (nom de l’espèce). Le sens est, en effet : « Le roi [qu’ (attribut) est] Louis XII
(sujet) », et la phrase entière équivaut à :
Louis XII, roi qui était très aimé, fut très regretté.
4. Le nom apposition est « ville » (nom de l’espèce). Le sens est, en effet : «La ville [qu’ (attribut) est! Rome
(sujet) », et la phrase entière équivaut à :
Rome, ville qui est très ancienne, est bâtie sur le Tibre.
L’opinion traditionnelle, selon laquelle l’apposition est le nom introduit par la préposition, est généralement
contestée aujourd’hui. Soit un exemple dans lequel le nom apposition et le nom qu’il détermine puissent être
indifféremment placés l’un à côté de l’autre ou reliés par la préposition de:
Le mot patrie. Le mot de patrie.
Dans les deux cas, le sens est : « Le mot [ qu’(attrlbut) est! patrie (sujet) », et si dans le premier l’apposition est
« mot » (nom de l’espèce), il doit en être de même dans le second.
324 LA SYNTAXE

épithète, placé immédiatement à côté du nom qu’il détermine, sans virgule qui l’en
sépare, mais toujours après ce nom.
11 a alors la valeur d'un adjectif et qualifie l’être ou l’objet désigné par ce nom :
Un enfant prodige
(le nom apposition « prodige » équivaut à l’adjectif « prodigieux »).

Dans la langue parlée, ce nom apposition est parfois placé avant le nom qu il dé¬
termine et qui est alors relié à lui par la préposition de, employée à titre explétif:
Un prodige d’enfant.
Un fripon de valet. Un amour de chien. Une horreur de robe.

4° Le nom apposition peut déterminer, au lieu d’un nom, un équivalent du nom,


c’est-à-dire un pronom ou un infinitif, et parfois toute une proposition.
Moi, vieux soldat, que je trahisse ! Servir, devoir du bon citoyen.
Résultat bien inattendu, il fut reçu.

2° Le nom apposition s’accorde, le cas échéant, avec le nom qu’il déter¬


mine : La colère, mauvaise conseillère. Les malheureux, victimes du sort.

Mais il peut ne pas être du même genre ou du même nombre que ce nom :
La vanité, défaut ridicule. Le lion, terreur des forêts.
Les Romains, peuple de soldats. Les enfants, joie des parents.

375. L’adjectif apposition. — L’adjectif apposition, ou adjectif apposé,


est un adjectif qualificatif placé à côté d’un nom qu’il détermine, avant ou
après ce nom, mais avec une virgule qui l’en sépare :
La foule, indignée1, protesta. Indignée, la foule protesta.

N. b. — L'adjectif apposition se distingue de l'adjectif épithète, placé immédia¬


tement à côté du nom, et sans virgule qui l’en sépare (§ 369, N. B., 1°).

376. L’infinitif apposition. — L’infinitif, qui a souvent la valeur d’un


nom (§ 334, 1°), peut, comme le nom, remplir la fonction d’apposition:
L’homme de bien n’a qu’un but : être utile à tous
(être utile à tous équivaut à : Vutilité de tous).

377. La proposition apposition. — La proposition apposition est une


proposition soit conjonctive, soit relative, qui détermine, selon le cas, un nom
ou une proposition à la manière d un nom apposition.
1° La proposition conjonctive apposition est introduite par la conjonction
que, au sens de «à savoir que», et placée à côté du nom quelle détermine,
mais toujours après lui, avec une virgule qui l’en sépare :
Sachez une chose, qu’il n’a pas do cœur
(c.-à-d. à savoir: son manque de cœur).

j L'adjectif apposition équivaut à une proposition relative elliptique, dans laquelle Userait attribut:
La foule, [qui était; indignés, protesta.
Par suite, il est parfois appelé, comme le nom apposition (p. 323, n. 2), » attribut implicite »-
LE GROUPE COU NOM 325

N. B. — La proposition conjonctive apposition peut déterminer, au lieu d'un nom,


un pronom neutre (le, ceci, etc.) :
Il le voit bien, qu’il s’est trompé. Je sais ceci, que je ne sais rien.
Cela m’a fait plaisir, qu’il ait gagné son procès.

2° La proposition relative apposition est introduite par une des locutions


relatives ce qui, ce que, etc., ou par le relatif qui, au sens de ce qui
(§ 192, 2°), et placée à côté de la proposition qu’elle détermine, avant ou
après elle, mais toujours avec une virgule qui l’en sépare:
Il ne m’a pas écrit, ce qui m’étonne,
il m’a insulté et, qui pl us est, il m’a frappé.

N. B.— Le mode de la proposition apposition est l'indicatif, si le fait exprimé est


un fait réel (ou donné pour tel) [§ 408, 1° ; § 401, B, et 412], et le subjonctif, si le
fait est voulu ou présenté avec une nuance affective (§ ’0', 2°, et 408, 2° et 3°).
Le subjonctif exprime exceptionnellement l’affirmation atténuée dans la proposi-
tion relative apposition que je sache:
Ce n est pas, que je cache, un homme à mépriser.

1H. - LE COMPLÉMENT DU NOM

378, Généralités. — Le complément du nom s’ajoute à un autre nom


par l’intermédiaire d’une préposition, qui établit entre les deux noms un des
rapports qu’elle peut exprimer (§302-307).
Le complément du nom peut être : 1° un nom; — 2° un pronom; — 3° un
infinitif ; — 4° une proposition subordonnée.

379. Le nom complément de nom. — Le nom complément de nom est


généralement introduit par les prépositions de ou à, parfois par les prépo¬
sitions en, par, pour, sans, etc.
Il exprime principalement :
Ct. La possession: La maison de mon père1.

N. B. — Le complément de possession, qui est aujourd’hui de construction indi¬


recte, était souvent, dans l’ancienne langue, de construction directe.
Il reste dans la langue actuelle des traces de l’ancienne construction (§ 62, a) :
La Fête-Dieu L’Hôtel-Dieu Bourg-la-Reine
(c.-à-d. la Fête de Dieu). (c.-à-d. l’Hôtel de Dieu). (c.-à-d. Bourg de la Reine).

Sont formés de la même façon des tours usuels tels que:


La Librairie Armand Colin. Le Ministère Poincaré. Le boulevard Sadi-Carnot.
Le Lycée Pasteur. Le fils Durand. La loi Falloux. La Tour Eiffel. L’affaire Dreyfus.

i. On prendra garde de ne pas confondre les deux constructions : « La ville de Rome » et « Le livre de Pierre ».
Dans la première, les deux noms expriment une seule et même réalité, et la préposition est employée à titre explétif
(§37+, N. B., 2°); dans la seconde, les deux noms expriment deux réalités différentes, et la préposition exprime
unrapport précis (§ 37q, a).
LA SYNTAXE DU FRANÇAIS
326

b. L’origine, la provenance:
Le vent d’Ouest. Les soieries de Lyon. Le cri du cœur.

c. Le tout, dont on considère ane partie désignée par le nom complété ?


La moitié de l’année. Le pied d’une lampe.

d. La matière : une couronne d’or. Une table en noyer.

e. Le propos, c’est-à-dire la matière dont il est question (dans un livre, un


discours, un entretien, etc.) :
Un traité d’arithmétique. Un sermon sur la mort.

/. Le moyen, l’instrument :
Un coup de b&ton. Un air de flûte.
Un duel à l’épée Une machine à vapeur. Une blessure par balle.

g. La cause:
Une mort par aooident. Un procès pour fraude.
Des larmes de joie.

h. Le point de vue :
Un Anglais d’origine. Un mètre de hauteur Un as en philosophie.

i. La manière, c’est-à-dire la façon d’agir :


Un achat à crédit. Un payement en nature. Une attaque par surprise.

/'. La qualité, c’est-à-dire la manière d’être, matérielle ou morale :


Une robe Je couleur. Une affaire d’importance. Un avocat de talent.
Une façade de dix mètres. Un enfant de bonne mine.
Un buffet à étagères. Une mémoire à éclipses. Un vieillard à manies.
Une terre en friche. Un personnage en vue. Une fillette en colère.
Un homme sans patrie. Un garçon sans souci.

k. La destination, le but :
Le chemin de la gare. Une robe de soirée. Le toile à matelas. Une maison en vente.
Le train pour Bordeaux. Un tailleur pour dames.

i. Le lieu et le temps:
Une descente d’avion. Une excursion à la campagne. Une promenade en ville.
Un raid sur Paris.
Une messe de minuit. Un départ à l’aube. Un billet pour dimanche.

ni. Le sujet ou l’objet d’une action •


La sortie des élèves La réparation du mur
(les « élèves », sujet du verbe « sortir », de » mur », objet du verbe « réparer »,
impliqué dans le nom d’action « sortie »). impliqué dans le nom d’action « réparation»,,
ï a mort d’un ami. L’achat d’une maison. L’ordre du départ. L’obéissance à Ja «O,.
‘ La crainte de l’ennemi
(l’« ennemi » peut être, selon le cas, sujet ou objet du verbe a craindre »
’mpliané dans le nom d’action « crainte
LE GROUPE DU NOM 327

N. B. — 1° Au complément de nom exprimant le tout dont on considère une partie


© rattache le complément des adverbes de quantité (§286, a) :
Beaucoup de gens Trop de promesses
(<t beaucoup » équivaut à « une foule »). («trop » équivaut à « un excès »).

te complément de ces adverbes est souvent appelé complément partitif.


2° Au complément de nom exprimant notamment la possession ou la qualité équi¬
vaut parfois, pour le sens, un adjectif épithète (§369) :
La maison Les qualités Les souffrances Les hommes
du père ou paternelle, du corpsouphysiques. de l’âme ou morales, d’espritou spirituels.

3° Le complément de nom introduit par les prépositions de ou à est, selon le sens,


au singulier ou au pluriel. Dans certains cas, le sens veut qu’il soit:
a. Au singulier, même si le nom qu’il complète est au pluriel :
Un homme ou des hommes de génie.
Un coup ou des coups de pied. Un fruit ou des fruits à noyau.

b. Au pluriel, même si le nom qu’il complète est au singulier:


Un homme ou des hommes d’affaires.
Un sac ou des sacs de pommes. Une robe ou des robes à volante.

Dansd’autres cas, le sens permet qu’il soit indifféremment au singulier ou au pluriel :


Des habits de femme Des noms de lieu Du sirop de cerises Une maison de briques
ou de femmes. ou de lieux. ou de cerise. ou de brique.
Des jouets de tout genre ou de tous genres. Des bêtes de toute espèce ou de foutes espèces.

380. Le pronom complément de nom. — Le pronom, qui tient la place


du nom (§ 151), peut, comme le nom, remplir la fonction de complément de
nom.
Le pronom complément de nom, sauf certaines formes spéciales comme en
(§169) et dont (§195), est généralement introduit par la préposition de,
plus rarement par la préposition à :
Une maison de campagne à soi, quel rêve ! Qui n’aime la mer et n’en sent la beauté?
(pronoms personnels).
Chacun désire le bonheur des siens
(pronom possessif).
Suivons les conseils de ceux qui savent II y a des poètes dont les vers m’enchantent
(pronom démonstratif). (pronom relatif).
De qui envierais-tu le sort? Respecte l’opinion d’autrui
(pronom interrogatif). (pronom indéfini).

381. L’infinitif complément de nom. — L’infinitif, qui a souvent la


valeur d’un nom (§334,1°), peut, comme le nom, remplir la fonction de complé¬
ment de nom.
L’infinitif complément de nom est généralement introduit par les prépo¬
sitionsde ou à, plus rarement par la préposition pour :
Le regret de partir. La joie de connaître. Le tabac à fumer.
Une histoire pour rire.
328 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

382. La proposition complément de nom. — La proposition complé¬


ment de nom est une proposition conjonctive qui détermine un nom (expri¬
mant en général la déclaration,| l’opinion, la connaissance, etc.) à la manière
d’un complément de nom exprimant l’objet d’une action (§ 379, m).
Elle est introduite par la conjonction que et placée d’ordinaire immédiate¬
ment à côté du nom, mais toujours après lui, sans virgule qui l’en sépare:
La nouvelle qu’il est mort se répand La pensée qu’il réussira le stimule
(c.-à-d. de sa mort). (c.-à-d. de son succès).
Je le défends avec la certitude qu’il est innocent
(c.-à-d. de son innocence).
L’ordre qu’on fasse halte est donné II vit dans la crainte qu’on ne le vole
(c.-à-d. de faire halte). (c.-à-d. d’être volé).

N. B. — Le mode de la proposition complément de nom est l’indicatif, si le fait


exprimé est un fait réel (ou donné pour tel), et le subjonctif, si le fait est voulu ou
simplement pensé (§ 408, 1° et 2°).

IV. - LE COMPLÉMENT DE L’ADJECTIF

383. Généralités. — L’adjectif, qui détermine le nom, peut être à son


tour déterminé par un complément.
Ce complément s’ajoute à l’adjectif par l’intermédiaire d’une préposition,
qui établit entre les deux mots un des rapports qu’elle peut exprimer ( § 302-307).
Le complément de l’adjectif peut être : 1° un nom ; — 2° un pronom ; —
3° un infinitif ; — 4° un adverbe; -— 5° une proposition subordonnée.

384. Le nom complément d’adjectif. — Le nom complément d’adjec¬


tif est généralement introduit par les prépositions de ou à, parfois par les
prépositions en, par, pour, etc.
Il exprime principalement :
a. L’origine, la provenance:
Natif d’un pays lointain. Issu de parents pauvres.

b. L’éloignement, et par suite la séparation, la privation:


Absent de sa maison. Veuve d’un officier. Différent de son frère.
Libre de préjugés. Exempt d’impôts.

c. Le moyen, et par suite l’abondance:


Une pièce garnie de meubles.
Un panier plein de pommes. Une mine riche en charbon.

d. La cause:
Fier de sa force. Content de son sort. Honteux de sa fautes
Célèbre par ses exploits. Jalousé pour ses vertus.
LE GROUPE DU NOM 329

e. Le point de vue:
Joh de forme. Harmonieux de lignes. Juste de ton.
Supérieur en nombre. Fort en calcul. Connaisseur en tableaux.

f. La destination, et par suite l’inclination, l’intérêt, le rapprochement:


t oué à la misère. Sujet à la fièvre. Né pour l’étude. Apte aux affaires.
Enclin à la colère. Porté à la boisson. Prêt à la lutte.
Nuisible à la santé. Utile à son pays. Favorable à l’accusé. Fidèle à sa parole.
Ami de la vérité. Bon pour les pauvres. Ingrat envers son père.
\ oisin de l’église. Semblable à un dieu. Conforme à la loi.

g. L’objet d’une action:


Désireux de gloire
(“ gloire », objet du verbe « désirer », impliqué dans l’adjectif « désireux »).
Soucieux de ses devoirs. Conscient de sa valeur. Respectueux de ta loi.
Convaincu de son innocence. Certain de sa culpabilité.

385. Le pronom complément d’adjectif. — Le pronom, qui tient la


place du nom (§ 151), peut, comme le nom, remplir la fonction de complé¬
ment d’adjectif.
Le pronom complément d’adjectif, sauf certaines formes spéciales comme
en (§169) et dont (§195), est généralement introduit par les prépositions
de et à :
Un sot est infatué de lui-même N’affirmons rien sans en être sûrs
(pronoms personnels).
Nos droits sont égaux aux vôtres
(pronom possessif).
Le snob est féru de ce qui se fait Ne réclame rien dont tu ne sois digne
( pronom démonstratif). (pronom relatif).
A quoi un paresseux est-il bon ? Un fou est capable de tout
(pronom interrogatif). (pronom indéfini).

386. L’infinitif complément d’adjectif. — L’infinitif, qui a souvent la


valeur d’un nom (§ 334, 1°), peut, comme le nom, remplir la fonction de
complément d’adjectif.
L’infinitif complément d’adjectif est généralement introduit par les prépo¬
sitions à ou de :
Prompt à obéir. Joyeux de vivre. Habile à parler.
Avide de commander. Impatient de partir.

387. L’adverbe complément d’adjectif. — L’adverbe complément d’ad¬


jectif peut exprimer soit la manière, soit le temps, soit la quantité:
Une personne haut placée Un ami toujours fidèle Un marchand peu aimable
(adverbe de manière). (adverbe de temps). (adverbe de quantité).

N. B. — Pour les adverbes de quantité qui servent ù former les comparatifs et


les superlatifs, voir § 292-293.
LA SYNTAXE DÜ FRANÇAIS
330

388. La proposition complément d’adjectif. — La proposition complé¬


ment d’adjectif est une proposition conjonctive qui détermine un adjectif
(exprimant en général la connaissance J a la manière d un nom complément
d’adjectif exprimant l’objet d’une action (§ 384, g).
Elle est introduite par la conjonction que et placée d’ordinaire immédiate¬
ment à côté de l’adjectif, mais toujours après lui, sans virgule qui l’en sépare :
Je m’en retourne, certain qu’il guérira
(c.-à-d. de sa guérison).

Dans les mêmes conditions, la proposition complément d’adjectif peut déter¬


miner un adjectif exprimant un sentiment, k la manière d’un nom complément
d’adjectif exprimant la cause (§384, d) :
Je m’en retourne, heureux qu’il soit guéri
(c.-à-d. de sa guérison).

N g _Le mode de la proposition complément d’adjectif est Vindicatif, si le fait


exprimé est un fait réel (ou donné pour tel) [§ 408, 1°], et le subjonctif, si le fait
exprimé est un fait voulu ou présenté avec une nuance affective ( § 408, 2° et 3°).

389. Le complément du comparatif. — Le complément de l’adjectif


au comparatif (§ 132), soit de supériorité, soit d’infériorité, soit d'égalité, est
1 introduit par la conjonction que (§ 443, 2°) :
Paul est plus grand que Pierre. Paul est moins grand que Pierre.
Paul est aussi grand que Pierre.

N. b._ Toutefois le complément de certains adjectifs, qui sont originairement


des comparatifs formés sans adverbe (§ 133, 3», N. B.), est introduit par la prépo¬
sition à :
Une note j -"ElT j à une autre‘ Un fait \ “stérfcur j à un autre'
390. Le complément du superlatif. — Le complément de l’adjectif au
superlatif relatif (§ 136,1°), soit de supériorité, soit d’infériorité, est introduit
par la préposition de :
Paul [ te 1S grand J d. n». .nl.nl..

PL b._ 1° Le complément du superlatif relatif est parfois introduit par la locu¬


tion d’entre : Paul est le plus grand d’entre nous.

2° Le superlatif absolu (§ 136, 2°) n’a pas de complément, puisqu’il ne suppose pas
de comparaison.
LES FONCTIONS DANS LA PROPOSITION
ET DANS LA PHRASE

GÉNÉRALITÉS

391. Les rapports des deux groupes. — 1° Dans une proposition, il


peut arriver qu’un groupe-nom soit grammaticalement indépendant du groupe-
verbe t c’est le cas lorsque le nom est mis en apostrophe:
Jean, sais-tu ta leçon ?

Mais ordinairement les deux groupes sont dans une étroite dépendance, et
le nom (accompagné, le cas échéant, de déterminants) est soit le sujet du
verbe, soit son complément d’objet, soit son complément de circonstance:
Le vent se lève
(sujet).
Le vent déchaîne la tempête Le vent souffle avec violence
(complément d’objet). (complément de circonstance).

Le nom peut être également, avec des verbes exprimant l’attribution d’une
qualité, un attribut du sujet ou un attribut de l’objet :
Les vrais amis sont des frères J’appelle mes amis des frères
(attribut du sujet). (attribut de l’objet).

N. B. — Le groupe-nom peut donc être, selon le cas, un groupe sujet, un groupe complé¬
ment d'objet, un groupe complément de circonstance ou un groupe attribut.
Les emplois divers du nom s’appellent les fonctions du nom.
2° Dans une phrase, une proposition subordonnée peut remplir, par
rapport au verbe de la proposition principale, les mêmes jonctions qu’un
nom remplit dans une proposition, c’est-à-dire être soit le sujet de ce verbe,
soit son complément d’objet, soit son complément de circonstance:
Qui a bu boira
(sujet du verbe principal : a qui a bu » équivaut à : « tout ivrogne »).
Je sais ce que valent beaucoup de promesses
(c. d’objet du verbe principal : a ce que valent... » équivaut à : « la valeur de... «).
Bien qu’elle soit courte, la vie a du prix
(c. de circonstance du verbe principal : a bien qu’elle soit courte » équivaut à : a malgré sa brièveté t).

Une proposition subordonnée peut être également un attribut du sujet ou


un attribut de l’objet :
Le malheur est qu’ils ne s’entendent pas Mes maîtres m’ont fait ce que je suis
(attribut du sujet, p. 365, n. 1). (attribut de l’objet).

Nous allons étudier successivement dans chacune de leurs fonctions le nom


et la proposition.
CHAPITRE IV

LE NOM INDÉPENDANT : L’APOSTROPHE

392. Généralités. — Le nom indépendant est celui qui ne se rattache ni


au verbe de la proposition comme sujet ou complément, ni à aucun autre mot
comme déterminant : c’est le cas particulier du nom mis en apostrophe.

393. Le nom en apostrophe. — Le nom en apostrophe désigne un être 01


des êtres, une chose ou des choses personnifiées à qui on adresse la parole en les>
interpellant.
Ce nom, qui peut être un nom propre ou un nom commun, se présente, en
règle générale, sans article, mais parfois précédé de l’interjection O (§318, B) :
Jacques, as-tu achevé tes devoirs? Enfants, ne parlez pas tous à la fois.
O Jacques, encore en retenue! O enfants, ne mentez jamais!
oSoleil, arrête-toi!», s’écria Josué.
O sole! i, sois béni de tous 1

N. B. — 1° Le nom en apostrophe est parfois introduit :


a. Par Varücle défini, qui s’accompagne alors généralement d’un geste (§ 143, 2°, b) :
lié! l’ami, venez ici. « Debout, les IVIorts ! » Avancez, les petits !
b. Par Y adjectif possessif de la lTe personne, qui exprime alors l’affection ou la défé¬
rence (§ 178, 1°, b) :
Tu as grand tort, mon petit! Tout sera fait, mon colonel.
2° Le nom en apostrophe peut être accompagné d’un des déterminants habituels du
nom: adjectif épithète, apposition, complément de nom, proposition subordonnée :
Dormez en paix, morts héroïques ! Fido, mon chien joli, la patte !
(adjectif épithète). (apposition).
Gloire à vous, soldats de l’an II ! Amis qui m’écoutez, croyez-moi
(complément de nom). (proposition subordonnée).
3° Le pronom personnel de la 2e personne (singulier et pluriel) peut, comme le nom,
être mis en apostrophe :
Toi, reste avec moi. Vous, partez en avant.

Le pronom ainsi employé est toujours de forme ionique (§ 157).


4° L'apostrophe, qui est un appel, ne doit pas être confondue avec l'exclamation, qui
est un cri traduisant un sentiment sans s’adresser à personne :
O reine admirable! O désespoir! ô trahison! O nuit désastreuse !
CHAPITRE V

LE SUJET

I. - GÉNÉRALITÉS

394. Le sujet. — On appelle sujet :


1° Tantôt l’être ou la chose qui fait l’action exprimée par un verbe â la
forme active ( § 232) ou à la forme pronominale ( § 234) :
Le renard mange les poules Les élèves jouent dans la cour
(forme active : verbe transitif). (forme active : verbe in transitif).
Mon frère se baigne Les enfants se querellent La maison s'effondre
(forme pronom. : v. réfléchi). (forme pronom. : v. réciproque). (forme pronom. : v. pronominal).

N. B. — Le sujet d’un verbe d'élal est l’être ou la chose qui se trouve dans cet état :
Ma sœur est malade. Le temps reste froid.

2° Tantôt l’être ou la chose qui subit l’action exprimée par un verbe à la


forme passive (§ 233) :
Les voleurs sonl punis par les juges, La ville fui pillée par l’ennemi.

395. La nature du sujet. — 1° Dans une proposition, le sujet est le plus


souvent un nomî Les hommes se trompent.

Mais le nom peut être remplacé par un équivalent du nom, c’est-à-dire un


pronom ou un infinitif :
Certains se trompent. Se tromper est humain.

2° Dans une phrase, le sujet du verbe de la proposition principale peut être


une proposition subordonnée :
Quiconque est homme | peut se tromper.

396. Le sujet réel et le sujet apparent. — Certains verbes peuvent avoir


deux sujets qui se répètent l’un l’autre :
a. L’un, qui est un nom, un infinitif ou une proposition placés après le
verbe, est pour le sens le sujet véritable, et par suite est souvent appelé sujet
réel (ou logique);
b. L’autre, qui est généralement le pronom personnel neutre il (§ 158, 3°)
334 LA SYNTAXF. DU FRANÇAIS

placé devant le verbe, est un simple signe qui annonce le sujet réel, et par suîle
est souvent appelé sujet apparent (ou grammatical1).
Se présentent notamment avec ces deux sujets (§ 2/1, N. B.) :
1° Les verbes impersonnels il faut, il advient, et, au sens figuré, il pleut:
Il faut de l’argent. Il faut s’entr’aider. Il faut qu’on dorme.
Il advint une chose étrange. Il advint que le train dérailla.
Il pleuvait des coups.

2° Les verbes non impersonnels employés a la forme impersonnelle r


Il existe des milliardaires. Il est d’excellents amis.
Il est tombé de la grêle. Il a été perdu une bague. Il s’est vendu cent bœufs.
Il convient de se distraire. Il est défendu de tricher.
Il importe que tu te nourrisses bien. il est établi que la terre est ronde.

3° Les locutions impersonnelles formées avec les verbes être, sembler, etc.,
et un adjectif attribut exprimant la convenance, l’utilité, la nécessité, etc. :
Il est honteux de s’enivrer. Il semble utile que tu viennes.

4° La locution impersonnelle il y a (c.-à-d. il existe), dans laquelle le verbe


avoir a perdu son sens propre :
Il y a du blé dans les greniers. Il y a des abus à réprimer.
N. B. — 1» Dans la locution c’est, le pronom démonstratif neutre ce (§ 183, a) est
souvent un sujet apparent, et le sujet réel qu’il annonce est placé après l'attribut qui
suit le verbe :
C’est amusant le patinage. C’est un devoir de voter. C’est juste qu’il soit puni.
Ce sont mes enfants ces fi Mettes.
Mais le sujet réel peut aussi être placé avant le sujet apparent ce, qui alors, au lieu
de l’annoncer, le rappelle :
Le patinage, c’est amusant. Voter, c’est un devoir. Qu’il soit puni, c’est juste.
Ces fillettes, ce sont mes enfants.
2° On ne confondra pas le sujet apparent des verbes ou locutions de forme imper¬
sonnelle avec le sujet explétif des verbes non impersonnels, qui double, à la forme
interrogative, un nom sujet (§ 279, 2°, N. B.).
Le sujet apparent, placé avant le verbe, est un signe purement formel: le sujet
explétif, placé après le verbe, représente un être ou un objet désigné par le sujet réel:
Votre fils s’ennuie-t-il ? La poule couvc-t-elle ? Les poêles brûlent-ils?

II. — LE SUJET DANS LA PROPOSITION

397. L’emploi du sujet. —- 1° Un sujet, nom, pronom ou infinitif, accom¬


pagne toujours un verbe à r indicatif, au subjonctif ou au conditionnel :
Le vent chasse les nuages. Rien ne naît de rien. Souffler n’est pas jouer.
Oue la raison soit ton guide ! Qui pourrait vivre sans amis?

i. Nous adoptons cette distinction traditionnelle fondée sur la logique, sinon sur l’histoire de la langue.
Ferdinand Brunot, qui voyait des « compléments d’objet » dans les « sujets réels », convenait lui-même que sa
façon de voir présentait des « inconvénients pédagogiques ». Dans les phrases notamment :
Il faut de l’argent; Il y a des abus;
Il convient de se distraire; Il est utile que tu viennes,
un élève sentirait difficilement comme «objets» les noms, infinitifs ou propositions appelés traditionnellement
« sujets réels ji
LE SUJET 335

Par contre, un verbe à Vimpératif se présente toujours sans sujett


Observe. Chantons. Circulez.

N. B. — Suivant les habitudes de l’ancienne langue, le pronom sujet n'esl pas


exprime, même devant un verbe à l’indicatif ou au subjonctif, dans certains pro¬
verbes ou locutions qui ont survécu sous leur forme première :
Fais ce que dois Homicide point ne seras
(c.-à-d. ce que tu dois). (c.-à-d. tu ne seras point...).
N’importe Grand bien vous fasse! Ainsi fut fait
(c.-à-d. il n’importe [pas]), (c.-à-d. qu’ti [que cela] vous fasse grand bienl) (c.-à-d. il fut ainsi fait)

2° Un sujet, nom ou pronom, peut accompagner un verbe à Vinfinitif ou au


participe, formant ainsi avec ce verbe une proposition infinitive (§407, 2°)
ou une proposition participe (§ 447, 2°) :
Je vois | le soleil se lever. Le froid me fait trembler. Mes devoirs achevés, | je lis.

Mais à ces deux modes le verbe se présente souvent sans sujet : il a alors
le même sujet que le verbe principal :
J’espère | gagner mon procès. Arrêté, | le voleur s’échappa.

398. La construction du sujet. — 1° Le nom ou pronom sujet est, en


règle générale, de construction directe et se présente sans préposition t
L’homme sait beaucoup. Personne ne sait tout.

N. B. — Le nom sujet est parfois précédé de l’article partitif de la, ou par élision,
de I’ (§ 145) : De l’avoine fut donnée aux chevaux.

Mais, dans ces formes, la préposition est un élément de l’article partitif et elle est
aussi inséparable de l’article défini que dans les formes contractées du ou des:
Ou grain fut jeté aux poules. Des os furent jetés au chien.

2° L’infinitif sujet, qui s’emploie surtout dans les phrases de tour senten¬
cieux, accompagne généralement soit le verbe être suivi d’un nom, d’un
adjectif ou d’un infinitif attribut, soit un verbe à la forme impersonnelle :
Il est de construction tantôt directe, tantôt indirectet
a. Il est de construction directe et se présente sans préposition, s’il précède
le verbe :
Voler est un déshonneur. Voler est déshonorant. Voler est se déshonorer. (
Donner et retenir ne vaut.

b. Il est de construction indirecte et introduit par la préposition de, s’il suit


le verbe, dont il est, le cas échéant, séparé par un attribut.
Dans cette construction l’infinitif est un sujet réel et le verbe est précédé
d’un pronom neutre sujet apparent (§ 396) :
O’est un déshonneur de voler. Il est déshonorant de voler. Ô'estse déshonorer c'a v-lar.
Il convient de parler peu.
336 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

N. B. — 1° Il est souvent introduit par la conjonction que ou par les mots que de,
si l’attribut est un nom ou un infinitif :
que voler,
C'est un déshonneur C’est se déshonorer 1 t*uo vo*er‘
que de voler. >
que de voler.

2° Il est parfois de construction directe si le verbe est autre que le verbe être:
Il vaut mieux souffrir que mourir.

399. La place du sujet. — Le sujet, nom ou pronom1, est placé, en règle


générale, avant le verbe.
Cependant il est parfois placé après le verbe, mais dans certaines propositions
seulement et sous certaines conditions :
A. DANS LES PROPOSITIONS INTERROGATIVES DIRECTES.
— Deux cas peuvent se présenter:
?" CAS : LA PROPOSITION N’EST PAS INTRODUITE PAR UN MOT INTER¬
ROGATIF. — Dans ce cas :
1° Si le sujet est un pronom personnel, le pronom démonstratif neutre ce
ou le pronom indéfini on, le sujet est placé après le verbe :
Pars-tu? Grandit-il? Restons-nous? Vivent-elles? Vient-on?
Est-ce exact?

2° Mais si le sujet est un nom, ou un pronom possessif, démonstratif (sauf ce)


ou indéfini (sauf on)2, il est placé avantle verbe comme sujet réel, et doublé
par un pronom personnel placé après le perle comme sujet explétif (§ 279, 2°) :
Tes parents se portent-ils bien?
Les nôtres tiennent-ils bon? Cela aboutira-t-il? Quelqu’un interviendra-t-ll?

2” CAS : LA PROPOSITION EST INTRODUITE PAR UN MOT INTERROGATIF. —


Dans ce cas :
1° Si le mot interrogatif n est pas le sujet de la proposition, le sujet, nom ou
pronom, est placé après le verbe. La proposition peut être introduite :
a. Par un pronom interrogatif ou par Yadjectif interrogatif employés comme
attributs I
Qui est cette personne? Que deviendront les miens? Quel est ton Itinéraire?
Qui es-tu? Que deviendrai-je? Que sera-ce alors ? Quels sont-ils?

b. Par le pronom interrogatif neutre complément d'objet direct ou par Yadjectif


interrogatif accompagnant un nom qui remplit cette fonction :

Quefs fivres ! liscnt ce8 en,ant9? Quête “ivres j IiUon aui°urd'hui ?


x. La place de l'infinitif sujet a été étudiée avec sa construction, qui dépendait de cette place (§ 398, 20).
2. Les pronoms de ces trois espèces sont, pour la plupart, assimilables à des noms, et se placent, en fonction
de sujets, comme les noms sujets. Il n’est pas question ici du pronom relatif,qui ne saurait, en aucun cas, être
le sujet d’une proposition iotcrrofrative.
LE SUJET 337

N. B. — Par contre, si la proposition est introduite par le pronom interrogatif


masculin-féminin qui, employé comme complément d'objet direct, le nom sujet (p. 336,
n. 2) est toujours placé avant le verbe, mais doublé par un pronom personnel:
Qui le maître félicitera-t-il ?
(Avec l’inversion du sujet, la phrase serait équivoque : « qui félicitera le maître ? »)

Il en est souvent de même si la proposition est introduite par l'adjectif interro¬


gatif accompagnant un nom complément d’objet direct:
Quels livres ces enfants lisent-ils?

c. Par un pronom interrogatif complément d'objet indirect ou de circonstance,


ou par Y adjectif interrogatif accompagnant un nom qui remplit une de ces
fonctions :
A qui ) succéda A quoi ) s’applique De qui ) a hérité
A quel roi 1 Louis XIV? A quels actes ) cette loi? De quel parent j ton père?

De quels incidents | Parlez-vous ? Par ^decin J est-U soi^é ?


ou encore par un des adverbes interrogatifs de circonstance où? quand?
comment? combien?
Où conduit cette route? Quand finira la guerre? Comment vont tes cousins?
Combien coûte le pain?
Par où passerons-nous? Comment reviendra-t-il?

N, B. — Dans ces divers cas, toutefois, le nom sujet (p. 336, n. 2) peut être placé
avant le verbe, mais doublé par un pronom personnel :
A qui ) Louis XIV A quoi ) cette loi De qui j ton père
A quel roi j succéda-t-il? A quels actes ) s’applique-t-elie? De quel parent ( a-t-iî hérité?
Où cette route mène-t-elle? Quand la guerre finira-t-elle? Comment tes cousins vont-ils ?
Combien le pain coûte-t-il?

Il en est toujours ainsi si le verbe est accompagné d’un complément d’objet direct
ou d’un attribut, ou si la proposition est introduite par l'adverbe interrogatif pour¬
quoi?
A qui Louis XIV laissa-t-il le trône? Comment ton frère devint-il officier?
Pourquoi le mal existe-t-il?

2° Mais si le mot interrogatif est le sujet de la proposition, ce sujet, qui ne


peut être qu’un pronom interrogatif, est toujours placé avant le verbe, sans
être doublé par un pronom personnel.
Il en est de même si le sujet est un nom précédé d'un adjectif interrogatif
qui introduit la proposition.
Qui me renseignera ? Lequel de vous est l’aîné ? Quel métier te plairait?

Par contre, le pronom interrogatif neutre, sujet réel d’un verbe à la forme
impersonnelle, est toujours doublé par le pronom neutre il :
Que se passe-t-il ?

N. g. — Si la proposition est introduite par la locution interrogative eat-ce que...?


le sujet, nom ou pronom, est, en règle générale, placé avant le verbe :
( ton ami reste ?
Est-ce que j tu resteg ?
338 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

Il en est de même si elle est introduite par un pronom interrogatif composé


complément d’objet, comme qui est-ce que...? qu’est-oe que...? etc. (§208) :
- , ( ton ami veut ?
Qu’est ce que J tu veux ?

En ce cas, toutefois, si le sujet est un nom, il peut être placé après le verbes
Qu’est ce que veut ton ami ?

B. DANS LES PROPOSITIONS INTERROGATIVES INDIRECTES.


— Deux cas peuvent se présenter, selon que la question, posée à la forme directe,
serait ou ne serait pas introduite par un mot interrogatif.
ier CAS : LA QUESTION, A LA FORME DIRECTE, NE SERAIT PAS INTRODUITE
par UN MOT interrogatif (A, 1er cas). — Dans ce cas, l’interrogation indi¬
recte est introduite par l’adverbe interrogatif si, et le sujet, nom ou pronom,
est toujours placé avant le verbe :
Dis-moi si tes parents se portent bien.
Dis-moi si tu pars. Dis-moi si l’on vient. Dis-moi si c'est exact.

N. B. — Il en serait de même si la question, à la forme directe, était introduite


par la locution interrogative est-ce que...? (A, 2e cas, N. B.) :
_. . ( si ton ami reste.
Dis-moi ^ ^ restes

2* CAS : LA QUESTION, A LA FORME DIRECTE, SERAIT INTRODUITE PAR UN


mot interrogatif (A, 2° cas). — Dans ce cas :
1° Si le mot interrogatif n’est pas le sujet de la proposition et si le sujet est
un nom ou un pronom possessif, démonstratif (sauf ce) ou indéfini (sauf on), le
sujet est, en règle générale, placé après le verbe:

Dis-moi
qui est
cette personne.
Dis-moi
. (
■S
ce que
ce que deviendront
les miens.
Dis-moi j
quel est
ton itinéraire.

Dis-moi1 lisent ces enfants.


j quels livres \U
où conduit cette route.
Dis-moi S à quel roi I succéda
Louis XIV. Dis-moi
comment vont tes cousins.

N. B. — Toutefois le nom sujet peut être également placé avant le verbe, à moins
que le verbe ne soit le verbe être, mais il n’est jamais doublé par un pronom per¬
sonnel : Dis-moi ce que les miens deviendront.
ce que } ces enfants a qui Louis XIV
Dis-moi
quels livres ) lisent. *!
ù quel roi succéda.
où cette route
Dis-moi
conduit

Mais si le sujet est un pronom personnel ou le pronom démonstratif neutre ce


ou le pronom indéfini on, il est toujours placé avant le verbe:
_.. . . ( qui tu es. ce que c’est.
Dis-moi | Ce que Je deviendrai. Dis-moi
quels ils sont.
. i cequ’ )
Dls-m01 1 quels livres I on lit aujourd’hui.
de quoi ) , par où nous passerons.
Dis-moi Dis-moi )
de quels incidents j vou8 Parlez* oomment II reviendra.
LE SUJET 339

2° Si le mot interrogatif est le sujet de la proposition, ce sujet, qui ne peut


être qu’un pronom interrogatif, est toujours placé avant le verbe.
Il en est de même si le sujet est un nom précédé d’un adjectif interrogatif
qui introduit la proposition :
qui lequel de vous quel métier
Dis-moi Dis-moi Dis-moi te plairait.
me renseignera. est l’aîné.

C. DANS LES PROPOSITIONS EXCLAMATIVES. — Deux cas


peuvent se présenter :
1° Si la proposition n’est pas introduite par un mot exclamatif, et si le sujet
est un pronom personnel, le pronom démonstratif neutre ce ou le pronom indéfini
on, le sujet est placé après le verbe:
Est-il fier ! L’a-t-on assez répété ! Est-ce long !

Par contre, si le sujet est un nom, ou un pronom possessif, démonstratif


(sauf ce) ou indéfini (sauf on), il est placé avant le verbe comme sujet réel,
mais doublé par un pronom personnel placé après le verbe comme sujet
explétif ! Cet homme est-il fier !

2° Si la proposition est introduite par un mot exclamatif, le sujet, nom ou


pronom, est, en règle générale, placé avant le verbe :
Quel courage Quel courage > montré !
cet homme a montré ! Que de courage )
Que de courage

Toutefois, si le sujet est un nom ou un pronom possessif, démonstratif (sauf ce)


ou indéfini (sauf on), il peut être placé après le verbe :
Quel courage 1 montré cet homme ! Que décourage ( ont montré les tiens !
Que de courage ) 'Jue ae courage j

ou bien, si la proposition est négative, être placé avant le verbe, mais doublé
par un pronom personnel :
C cot homme ^ l©8 tiens
Quel courage j n-a.t_n pas montré ! Quel COurage ( n’ont-ils pas montré !

D. DANS DES PROPOSITIONS DE FORME ET DE NATURE


DIVERSES. — Le sujet est placé après le verbe:
1° Dans certaines propositions au subjonctif, exprimant notamment le
souhait, le temps, la supposition ou la concession:
Vivent les vacances ! Ainsi soit-il ! Puisse mon fils guérir !
Vienne la nuit, tout se tait. Soit le triangle AB G. Il le fera, dût-il en patir

2° Dans certaines propositions intercalées indiquant qu’on rapporte les


paroles ou la pensee d autrui :
. Le temps, dit-on , est de l’argent. » « Qui dort dîne », dit un proverbe.
« Cache ta vie », répétait le sage. » On les aura ! » criaient les pollua.
L’accusé, croit-on, sera acquitté.
340 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

N. B. — Par contre, le sujet est placé avant le verbe, si la proposition intercalée,


au lieu de signaler une citation, n’est que l'affirmation d’une opinion de la personne
qui parle :
j je crois, je pense, ) aura T) ... 1 je sais, je parie, > du mal
La pièce j j8 SUppOSej j du succès. 11 ( je m’en doute, j de moi.

Dans certains cas, le sujet se place indifféremment avant ou après le verbe:


La loi, Il me semble, sera votée. La loi, me semble-t-il, sera votée.

3° Dans certaines propositions commençant par un adjectif attribut t


Telles furent ses paroles. Tout autre est mon avis. Grande fut ma surprise

4° Dans certaines propositions commençant par des mots invariables tels


que : aussi, à peine, peut-être, sans doute, du moins, etc. :
a. Si le sujet est un pronom personnel, le pronom démonstratif neutre ce
ou le pronom indéfini on, il est placé généralement après le verbe:
A peine est-elle levée qu’elle chante. Il avait volé : aussi l'a-t-on condamné.

b. Si le sujet est un nom, ou un pronom possessif, démonstratif (sauf ce) ou


indéfini (sauf on), il est placé avant le verbe, mais doublé par un pronom
personnel :
A peine ma sœur est-elle levée II avait volé :
qu’elle chante. aussi les juges Font-ils condamné.

N. B. — Dans le premier cas, toutefois, le sujet peut être également placé avant
le verbe, et dans le second il peut ne pas être doublé par un pronom personnel :
A peine elle est levée qu’elle chante. Il a volé : aussi les juges l’ont condamné.

5° Dans certaines propositions commençant par un complément de circon¬


stance, nom ou adverbe, à condition que le sujet soit un nom (p. 336, n. 2) et
que le verbe ne soit pas accompagné d’un nom complément d’objet :
Sur la colline se dressait un calvaire.
Ici demeurent nos parents. Enfin arriva mon tour. Soudain retentit un cri.

N. B. — Dans ce cas, le sujet peut être également placé avant le verbe:


Sur la colline un calvaire se dressait.

Cette place est obligatoire si le sujet est un pronom personnel, le pronom démon¬
stratif ce ou le pronom indéfini on :
Ici nous retrouvons nos parents. Enfin ce fut mou tour. Soudain on entendit un cri.

ou si le verbe est accompagné d’un nom complément d'objet:


Sur la colline un calvaire dressait sa croix.

6° Dans certaines propositions subordonnées se présentant dans les mêmes


conditions que les propositions précédentes (D, 5°), et en particulier :
a. Dans des propositions relatives introduites par un relatif complément
d'objet ou de circonstance :
Les lettres qu’a apportées le facteur.
Les affaires dont s’occupe mon père. Les gens chez qui habite mon fils.
Les villages où s'arrête le car.
LE SUJET 341

b. Dans des propositions compléments de circonstance exprimant notamment


le temps, la comparaison ou la concession :
Quand reviendra l’été. Comme l’ordonne la loi.
Pour grands que paraissent les rois.

c. Dans des propositions compléments d'objet dont le verbe est à l'infinitif


(§ 407, 2°) :
J’ai vu | défiler les soldats. J’entends | chanter les oiseaux.
J’ai fait | partir mon colis.

N. B. — 1° Dans les deux premiers cas, le sujet peut être également placé avant
le verbe: Les lettres que le facteur a apportées.
Quand l’été reviendra. Comme la loi l’ordonne.
Cette place est obligatoire si le sujet est un pronom personnel, le pronom démon¬
stratif ce ou le pronom indéfini on :
Les affaires dont je m’occupe. Quand ce sera l’été. Pour grand que l’on paraisse.
ou si le verbe est accompagné d’un nom complément d’objet :
Les affaires dont mon père a la charge. Quand l’été ramènera la chaleur.
2° Dans le troisième cas, le sujet peut être également placé avant le verbe, sauf si
l'infinitif dépend du verbe faire :
J’ai vu | les soldats défiler.
Si le sujet est un pronom personnel, ce pronom, qui ne peut être que le, la ou les,
se place non avant l’infinitif, mais avant le verbe dont cet infinitif dépend, même
si c’est le verbe faire :
Les soldats, je les ai vu défiler. Mon colis, je l’ai fait partir.

7° Dans des propositions où, pour des raisons de style, le verbe est placé en
tête : Survint un troisième larron. Reste la question essentielle.
(Le verbe est mis en évidence par sa place anormale.)

III. - LA PROPOSITION SUJET DANS LA PHRASE

400. L’emploi et la construction de la proposition sujet. — 1° Une


proposition sujet se présente généralement sous la forme d’une proposition
conjonctive.
La proposition conjonctive sujet est introduite par la conjonction que et
accompagne le plus souvent comme sujet réel un verbe ou une locution de
forme impersonnelle que précède un pronom neutre sujet apparent (§ 396) :
Il importe | qu’on dorme.
Il est exact | que les enfants sont bavards. Qu’il soit acquitté, | c'est douteux.

Mais elle peut aussi accompagner, sans sujet apparent, un autre verbe :
A ces défauts s’ajoute | qu’liment. Qu’Il mente | ne me surprend pas.

2° Une proposition sujet se présente aussi parfois sous la forme d’une


proposition relative.
342 I.A SYNTAXE DU FRANÇAIS

La proposition relative sujet est introduite par un pronom relatif sans


antécédent et à valeur indéfinie (§ 192, 2°), qui ou quiconque, ou par les
locutions relatives celui qui, celui que, etc.; ce qui, ce que, etc.; tel
qui, tel que, etc.; elle a la valeur d’un nom et peut accompagner n’importe
quel verbe :
Qui veut la fin | veut les moyens. Quiconque est loup | agisse en loup.
Ce que tu feras | sera bien fait.
(Dans les locutions relatives, on ne séparera pas par l’analyse le démonstratif du relatif.)
Tel qui rit vendredi ) dimanche pleurera.

N. B. — La proposition relative sujet est parfois introduite par le pronom relatif


neutre que (§ 193, 2°) : Advienne que pourra
(c.-à-d. « [qu’il] advienne ce qui pourra»).

3° Le verbe qu’accompagne une proposition sujet peut être à Vindicatif,


au subjonctif ou au conditionnel;
Il est prouvé | que la terre tourne.
Que | quiconque travaille | soit heureux. Il serait juste | que la misère disparût.

Une proposition sujet n’accompagne jamais un verbe à l’impératif, à


l’infinitif ou au participe.

401. Le mode de la proposition sujet. — A. Le mode de la proposition


conjonctive sujet est tantôt Vindicatif, tantôt le subjonctif :
1° Le mode est l’indicatif, si la proposition exprime un fait réel (§ 330) ou
regardé comme tel, et notamment si elle accompagne les verbes ou locutions :
il est sûr (vrai, clair, évident, etc.) que ; il paraît (il semble1 2, il est probable, etc.) que ;
il s’ensuit (il résulte, il arrive3, etc.) que.

Il est certain | qu’il a de l’esprit. Il paraît | qu’il est hypocrite.


Il s’ensuit | qu’il ne plaît à personne.

N. B.— La proposition conjonctive sujet qui accompagne ces verbes ou locutions


a cependant son verbe au subjonctif :
a. Si elle précède la proposition principale au lieu de la suivre:
Qu’il ait de l’esprit, | c’est certain.
(Dans ces phrases, le fait est énoncé avant que sa réalité soit affirmée.)

b. Si la proposition principale est négative, de forme ou de sens, ou bien interrogative ;


Il n’est pas sûr | qu’il soit venu 11 est faux | qu’il soit venu
(la principale est négative de forme). (la principale est négative de sens).
Est-il sût | qu’il soit venu ?
(Dans ces phrases, la réalité du fait est niée, ou présentée comme douteuse.)

1. La locution i! semble que est suivie de l’indicatif si elle exprime la croyance et présente le fait comme
probable; mais elle est suivie du subjonctif si elle exprime le doute et présente le fait comme seulement possible :
Il me semble | qu’il a raison II semble qu’ | il aille mieux
(c.-à-d. je crois, il est vraisemblable). (c.-à-d. on dirait, il est possible).
2. La locution il arrive que est suivie de l'indicatif si elle présente le fait comme réel; mais elle est suivie
du subjonctif si elle le présente comme seulement possible :
Il arriva | que le bateau fit naufrage. Il arrive | qu’on soit grondé à tort.
LE SUJET 343

2° Le mode est le subjonctif, si la proposition exprime un fait voulu


(§ 332). un fait possible ou douteux, ou encore un fait réel, présenté comme
tel, mais avec une nuance d’approbation ou de désapprobation, dite nuance
affective1.
Selon le cas, la proposition accompagne alors un verbe ou une locution
d’une des trois catégories suivantes :
/ il faut *1 est nécessaire
a. \ (il convient, il importe, il suffit, etc.) que; (juste, important, utile, naturel, etc.) que;
| il est temps que; il me (te, etc.) tarde que;
l. il se peut (il est possible, etc.) que; il est douteux (difficile, rare, etc.) que;
' il est heureux il est malheureux
c' ( (admirable, étonnant, consolant, etc.) que; (triste, regrettable, honteux, etc.) que.

Il importe | que tu agisses vite. Il est naturel | qu’on te prévienne.


Il me tarde ( que l’hiver soit passé.
Il se peut | qu’il fasse beau. Il est douteux | qu’il guérisse.
Il est heureux | que tu sois élu. Il est triste | qu’il y ait des guerres.

B. Le mode de la proposition relative sujet est, en règle générale,


Vindicatif: Qui ne dit mot I consent.

N. B. — Le mode est le conditionnel, si la proposition exprime un fait éventuel:


Qui suivrait tes conseils | s’en féliciterait.

i. Le subjonctif, dans une proposition conjonctive sujet ou objet (§ 408, 3°), traduit en effet, s’il exprime
un tait réel l’émotion que provoque ce fait dans l’âme de la personne qui parle.
Si je dis : Il est certain que tu as menti ,oa;Je constate que tu as menti, l’indicatif as menti exprime
simplement la réalité du fait constaté. ..... ,
Par contre, si je dis: Il est honteux que tu aies menti, ou : Je m indigne que tu aies menti, le sub¬
jonctif aies menti exprime, en outre, la réaction de ma sensibilité en face du fait constaté.
Le subjonctif est, en pareil cas, comme déclenché par la force affective d« la locution impersonnelle w *s(
honteux ou du verbe de sentiment je m’indigne
CHAPITRE Vï

LE COMPLÉMENT D'OBJET

I. - GÉNÉRALITÉS

402. L’objet. — On appelle complément d’objet, ou, par abréviation,


objet, l’être ou la chose sur lesquels s’exerce l’action exprimée par un verbe
transitif (§ 230, 1°), qui est toujours, dans ce cas, à la forme active:
Le cocher fouette son cheval. Le menuisier rabote une planche.
Les écoliers apprennent leurs leçons.

403. La nature de l’objet. - 1° Dans une proposition, l’objet est le


plus souvent un nom : Soulageons la misère.

Mais le nom peut être remplacé par un équivalent du nom, c’est-à-dire un


pronom ou un infinitif :
Il y a des malheureux : aidons-les. Nous devons aider les malheureux.

2° Dans une phrase, l’objet du verbe de la proposition principale peut être


une proposition subordonnée :
Nous savons | qu’il faut s’entr’aider.

IL - L’OBJET DANS LA PROPOSITION

404. L’emploi de l’objet. — Un objet, nom, pronom ou infinitif, peut


accompagner un verbe transitif à tous ses modes, personnels ou impersonnels :
Les chats mangent les souris. Un égoïste n’aime personne. Nous espérons tous réussir.
Que chacun combatte ses défauts ! Qui ne voudrait connaître l’avenir?
Ne jugeons pas les gens sur la mine.
Vivre sans rien faire : triste idéal ! Il lit son journal en fumant la pipe.

N. B. — Un verbe intransilif est parfois accompagné d’un complément d’objet si


ce complément est un nom de même racine ou de même sens que le verbe et s’il est.
lui-même accompagné d’un déterminant:
Vivre une vie misérable.
Dormir son dernier sommeil. Parler le langage du cœur
Aller son chemin.

405. La construction de l’objet. — 1° Le nom ou pronom objet est,


en règle générale, de construction directe et se présente sans préposition; on
dit alors qu’il est objet direct : ’
Écouter ses parents. N 'écouter personne.
LE COMPLÉMENT d’oBJET 345
N. B. — Le nom objet est parfois précédé de l’article partitif de la ou, par élision,
do I’ (§ 145) : Donner de l’avoine aux chevaux.

Mais, dans ces formes, la préposition est un élément de l’article partitif et elle est
aussi inséparable de l’article défini que dans les formes contractées du ou des:
Jeter du grain aux poules. Jeter des os aux chiens.

Mais il est parfois de construction indirecte, et introduit par une préposition,


généralement à ou de ; on dit alors qu’il est objet indirect :
Obéir à la loi Triompher de l’ennemi Nuire à autrui
(obéir à équivaut à respecter). (triompher de équivaut à vaincre). (nuire à équivaut à léser).
Croire en la justice. Veiller sur ses bagages.
Soupirer après les honneurs.

Les principaux verbes admettant un objet indirect sont :

A. -— Avec la préposition à :

aspirer, prétendre, nuire, plaire, obéir, penser, songer,


succéder, survivre, compatir, renoncer, ressembler, recourir, résister, consentir
échapper, accéder, attenter, remédier, vaquer,
se fier, s’attaquer, s’acharner, s’attendre.

B. — Avec la préposition de :
jouir, profiter, douter, triompher, regorger, hériter,
s’emparer, s’apercevoir, se douter, se servir, s’abstenir, s’occuper, se soucier,
se souvenir, se repentir, se méfier, s’indigner, s’éprendre, se moquer, se jouer.

N. B. — 1° Certains verbes admettent un objet tantôt direct, tantôt indirect:


a. Quelquefois sans changement de sens :
Goûter f une sauce ; Pardonner \ une faute ; Croire c une personne;
( a une sauce. t a un coupable. ( à la victoire.
Satisfaire i *es Parents’- une pièce ;
Applaudir
I à une demande. à une décision.

b. Le plus souvent avec changement de sens :


C ses amis ;
Abuser Tenir l bâto" î, Manquer j un lièvre ;
1 de l’alcool. ) à ses affaires. t à sa parole.
Aider ( les malheureux; TJ j sa santé;
/ à la moisson. ( de son droit.

2° Les verbes dits pronominaux (§234,3°) et les locutions verbales n’admettent qu’un
objet indirect:
Se fier à la fortune. S’apercevoir de son erreur.
Avoir accès à un grade. Prendre garde à la peinture. Donner raison à un enfant.
Avoir besoin d’argent. Prendre soin de ses livres. Tenir compte d’un conseil.
Faire tort à un voisin. Faire état d’un témoignage.

3° Le pronom personnel objet indirect (§164-166) a toujours, s’il est de forme atone,
l'apparence d'un objet direct (§ 161-163) :
Il me blâme. Il te gêne 11 me nuit. Il te plaît
(c.-à-d. moi, toi, objets directs). (c.-à-d. à moi, à toi, objets indirects).
Il leur obéit II en profite II y songe
(c.-à-d. à eux, objet indirect). (c.-à-d. de cela, objet indirect). (c.-à-d. à cela, objet indirect).
346 LA SYNTAXE CU FRANÇAIS

2° ï .‘infinitif objet est tantôt de construction directe, tantôt de construction


indirecte: Il espère vaincre
(vaincre, c.-à-d. la victoire: objet direct).
Il renonce à lutter II doute de réussir
(à lutter, c.-à-d. à la lutte : objet indirect). (de réussir, c.-à-d. du succès : objet indirect).

Les principaux verbes admettant un infinitif objet direct sont :


pouvoir, devoir; dire, affirmer, déclarer, prétendre, avouer, nier;
croire, penser, espérer, compter ; savoir, reconnaître ;
vouloir, désirer, aimer mieux, préférer ; oser.

Les principaux verbes admettant un infinitif objet indirect sont :

A. — Avec la préposition à :

aspirer, songer, apprendre, enseigner, consentir, hésiter, chercher, renoncer;


se hasarder, s’obstiner, s'attendre.

B. — Avec la préposition de :
décider, tenter, essayer, tâcher, entreprendre, risquer ; cesser, acnever, nmr ;
ordonner, conseiller, prier, demander, permettre, défendre, empêcher, interdire;
négliger, éviter, omettre, oublier, refuser, promettre, regretter, pardonner, mériter;
s’efforcer, s’empresser, se hâter, se soucier, se repentir, se souvenir.

N. b. — 1°Certains verbes admettent un infinitif objet tantôt direct, tantôt indirect:


a. Le plus souvent sans changement de sens :
Aimer < travailler; ( réussir;
Souhaiter
i à travailler. ( de réussir.

b. Quelquefois avec changement de sens :


( partir;
Penser
\ à partir.

2° Certains verbes, qui n’admettent qu’un infinitif objet indirect, se construisent


avec la préposition à ou la préposition de, sans changement de sens :
à chanter ; à pleurer ;
Commencer f Continuer
de chanter. de pleurer.

3° L’infinitif objet, direct ou indirect, a, en règle générale, le même sujet que le verbe
dont il dépend.
Certains verbes cependant, tels que conseiller, ordonner, demander, interdire, etc.,
sont suivis d’un infinitif objet qui a pour sujet logique le complément d’attribution
dont ils sont généralement accompagnés :
Je conseille à ton ami de se reposer
(de se reposer, c.-à-d. qu’il se repose).

Après certains autres, tels que prier, empêcher, etc., qui admettent un double objet,
généralement un complément de personne et un complément de chose1, Y infinitif
objet, complément de chose, a pour sujet logique le nom objet, complément de per¬
sonne : J’empêcherai cet individu de nuire
(de nuire, c.-à-d. qu’il nuise).

i. On ne dit plus aujourd’hui que « prier une personne », mais on disait aussi, dans l’ancienne langue, « prier
(c.-à-d. demander) une chose ». Par contre, on dit encore « empêcher une chose » aussi bien qu’ « empêcher une
personne ».
LE COMPLÉMENT D’OBJET à47

406. La place de l’objet. — 1° L’objet, nom ou infinitif, de construction


directe ou indirecte, est placé, en règle générale, après le verbe :
Il achève son devoir. Il désire travailler.
II songe à son avenir. Il décide d’intervenir.

Cependant le nom objet est parfois placé avant le verbe, et notamment :

a. Dans les propositions interrogatives ou exclamatives, où il est introduit soit


par l’adjectif interrogatif quel, soit par l’adverbe de quantité combien ou
tjue ; Quelle saison préfères-tu?Quels exploits tu as accomplis:
Que de choses nous ignorons !
A quel poste aspire-t-il? De quels avantages il jouit!

b. Dans certaines locutions de l'ancienne langue, qui ont survécu sous leur

iorme première. faisant, tambour battant,


chemin
sans férir, sans bourse délier, à pierre fendre.
coup
Grand bien vous fasse! A Dieu ne plaise!
<c.-à-d. qu’il [que cela] vous fasse grand bien!) (c.-à-d. qu’il [quecela] ne plaise [pas] à Dieu !}

c. Dans certaines phrases où il est mis en valeur par sa place anormale, et


•appelé devant le verbe par un pronom personnel atone :
Ce témoin, je le récuse.
A ces projets, il y renonce. De mes intérêts, il s’en moque

2° Le pronom objet, de construction directe ou indirecte, est placé après


îe verbe, si c’est un possessif, un démonstratif ou un indéfini t
Chacun défend les siens. Je n’ai pas dit cela. Il faut aimer autrui.
Ne nuisons pas aux nôtres. Songe à ceci. Il ne s’est occupé de rien.
N. B. — Toutefois les pronoms indéfinis rien et tout, employés comme objets
directs d’un verbe à un temps composé, sont placés entre l’auxiliaire et le participe:
Il n’a rien lait. Il a tout oublié.

Ces mêmes pronoms, employés comme objets directs d’un infinitif objet, sont
placés avant cet infinitif:
Il espère ne rien perdre. Il croit tout savoir.

Mais si le pronom objet est un des pronoms personnels atones me, te, le,
la; nous, vous, les; se; lui, leur; le (neutre), en, y (§ 405, N. B., 3°),
il est placé avant le verbe :
Je te félicite. Il la reconnaît. Tu nous estimes. Ils se justifient.
Elle m’a succédé. Nous lui ressemblons. Tu leur as obéi.
Il en jouit. Il y consent.

N. B. — Si le pronom personnel objet est de forme tonique, il se place comme il


est indiqué aux g 163 et 166.

Le pronom objet est placé également avant le verbe si c’est un interrogatif


ou un relatif:
Qui as-tu appelé? Qu’a-t-il répondu? Lequel as-tu choisi?
A quoi songez-vous? De qui se moque-t-on?
b'bomme que je cherche. Le chef à qui j'obéis. Les choses dont je doute
34b LA SVNTjUI DU FRANÇAIS

111. - LA PROPOSITION OBJET DANS LA PHRASE

407. L’emploi et la construction de la proposition objet. — 1° Une


proposition objet accompagne généralement un verbe exprimant soit Y affir¬
mation (dire, penser, savoir), soit la volonté (désirer, ordonner, défendre) ou le
sentiment (se réjouir, se plaindre), soit Y interrogation (demander).
a. Après un verbe exprimant 1 affirmation, la volonté ou le sentiment,
la proposition objet est introduite par la conjonction que et appelée propo¬
sition conjonctive objet :
Nous savons | que la vie est courte
(verbe d’affirmation).
Je souhaite | qu’il vive longtemps Je me réjouis | qu’iI soit guéri
(verbe de volonté). (verbe de sentiment).

b. Après un verbe exprimant l’interrogation, la proposition objet est


introduite par un mot interrogatif (pronom, adjectif ou adverbe) et appelée
proposition interrogative objet ou interrogative indirecte :
Ii demande (
qui est venu, j quelle heure il est, | où tu iras.

2° Une proposition objet accompagne parfois un verbe exprimant la percep¬


tion (voir, entendre, sentir).
Elle n’est introduite alors par aucun subordonnant, mais elle a son verbe à
l’infinitif avec un sujet qui lui est propre, et elle est appelée proposition
infinitive :
Je vois | le soleil se coucher. J ’entends | les oiseaux chanter.
Je sens | mes forces revenir1.

N. B. — Une proposition infinitive peut aussi accompagner :


a. Les verbes de volonté faire (c.-à-d. ordonner ou obtenir) et laisser (c.-à-d. per¬
mettre): Faites | entrer les élèves. Laisse! | jouer les enfants.
b. Les verbes d'affirmation (dire, penser, savoir) employés dans une proposition rela¬
tive dont le relatif est sujet de l’infinitif :
Voilà un timbre | que j’afiirme être faux.

3° Une proposition objet se présente parfois sous la forme d’une proposition


relative.
La proposition relative objet est introduite, comme la proposition relative
sujet (§ 400, 2°), par un pronom relatif sans antécédent et à valeur indéfinie
(§ 192, 2°), qui ou quiconque, ou par les locutions relatives celui qui,

i. On prendra garde de ne pas confondre la proposition infinitive otrjet, qui a un sujet propre, et l'inf initif objet
(§ 4°5, 2°), qui a le même sujet que le verbe principal :
H prétend avoir rai««n. Il ne songe qu'à s’amuser. Il se hâte de s’acquitter.
LE COMPLÉMENT d’oBJET 349

celui que, etc. ; ce qui, ce que, etc. ; elle a la valeur d’un nom et peut accom¬
pagner n’importe quel verbe transitif, direct ou indirect :
Nous aimons | qui nous aime. Méprise | quiconque te fiatte.
Fais | ce que tu dois.
(Dans les locutions relatives, on ne sépare pas par l’analyse le démonstratif du relatif.)
Songeons souvent | à ceux qui souffrent.

4° Le verbe qu’accompagne une proposition objet peut être à n importe


quel mode, personnel ou impersonnel :
On dit | que l’été sera chaud.
Qu’il craigne | qu’on ne le punisse! Qui laisserait | un enfant pleurer?
Espérons | que la paix régnera un jour sur la terre.
Il faut savoir | ce que l’on veut. Il meurt er. jurant | qu’il est innocent.

408. Le mode de la proposition conjonctive objet. — Le mode de la


proposition conjonctive objet est tantôt Vindicatif, tantôt le subjonctif.
1° Le mode est l’indicatif si la proposition exprime un fait réel (§330) ou
regardé comme tel, et par conséquent si elle suit un verbe d’affirmation, c’est-
à-dire de déclaration (dire), d'opinion (penser) ou de connaissance (savoir) :
Je certifie | qu’il vit. Je crois | qu’il ment. Je vois | qu’il a tort.

Les principaux verbes d’affirmation sont :


a. Verbes de déclaration :
dire, déclarer, affirmer, assurer, certifier, soutenir, parier, nier;
répondre, ajouter, répéter, raconter, rapporter, proclamer, crier, écrire;
annoncer, prévenir, avertir, jurer, promettre.

b. Verbes d’opinion :
croire, penser, se dire, sentir, s’imaginer, supposer;
être d'avis, juger, estimer, considérer, réfléchir, convenir; espérer, présumer.

c. Verbes de connaissance :
savoir, apprendre; voir, constater, s'apercevoir, remarquer, comprendre;
se rappeler, se souvenir, retenir, oublier, omettre, passer sous silence;
enseigner, montrer, démontrer, faire savoir, expliquer1.

N. B. — 1° La proposition conjonctive objet qui accompagne un verbe d’affirma¬


tion a cependant son verbe au subjonctif :
a. Si elle précède la proposition dont elle dépend, au lieu de la suivre :
Qu’il vive, | je le certifie. Qu’il mente, | je le crois. Qu’il ait tort, | je le vois.
(Dans ces phrases, le fait est énoncé avant que sa réalité soit affirmée.)

i. A cette liste il convient d’ajouter les locutions verbales qui, pour le sens, équivalent à des verbes d'affirmation :
ie bruit court que; mon avis (idée, espoir, etc.) est que; la preuve en est que;
la nouvelle se répand que; faire le serment que; c’est le signe que, etc.
Le bruit court | qu’un déraillement a eu lieu
(le bruit court que équivaut à : oh raconte que).
350 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

b. Si la proposition dont elle dépend est une principale négative, de forme ou de


6ens, ou bien interrogative :
Je ne certifie pas [ qu’il vive. Je ne crois pas | qu’il mente.
Je ne vois pas | qu’il ait tort.
(La principale est négative de forme.)
Je nie | qu’il soit coupable. Crois-tu | qu’il dise vrai ?
(La principale est négative de sens.) (La principale est interrogative.)

ou encore une subordonnée de condition introduite par si :


Si tu estimes | que je doive venir, écris-moi.
(Dans toutes ces phrases, la réalité du fait est niée ou présentée comme douteu- e.t

Toutefois, dans bien des cas, l'indicatif reste possible:


Je ne certifie pas | qu’il vit. Crois-tu | qu’il dit vrai
Si tu estimes | que je dois venir, écris-moi.

L’indicatif est même obligatoire si la principale est à la fois interrogative et négative,


et n’est par suite qu’une affirmation déguisée:
Ne crois-tu pas [ qu’il dit vrai ?
(Ne crois-tu pas.*.? équivaut à : Tu crois certainement.)

2° La proposition conjonctive objet, qui accompagne un verbe d’aflirmation a fiai fois


son verbe au conditionnel. Elle exprime alors :
a. Soit un fait soumis à une condition: le conditionnel a alors sa valeur de mode
(§ 333): Je crois | qu’il réussirait. Je crois | qu’il aurait réussi,
s’il travaillait. s’il avait travaillé.

Le même fait, exprimé dans une principale, serait encore au conditionnel, présent
ou passé : Il réussirait, je crois, Il aurait réussi, je crois,
s’il travaillait. s’il avait travaillé.

b. Soit un fait futur, envisagé d’un moment du passé: le conditionnel n’a plus alors
qu’une valeur de temps (conditionnel de concordance, § 353), et le verbe principal est
toujours au passé :
Jo pensais | qu’il finirait demain. Je pensais | qu’il aurait fini demain.

Le même fait, exprimé dans une principale, serait à l’indicatif futur, simple ou
antérieur: Il finira demain, pensais-je. Il aura fini demain, pensais-je.

2° Le mode est le subjonctif, si la proposition exprime un fait voulu (§ 332),


et par conséquent si elle suit un verbe de volonté, c’est-à-dire de désir, de
crainte ou d’effort (souhaiter, craindre, avoir soin), de commandement, de
permission ou de défense (ordonner, permettre, défendre) :
Je souhaite | qu'il fasse beau. Je crains | qu’il ne1 sache rien.
Ayez soin | que tout soit prêt.
J’ordonne | qu’il parte. Je permets | qu’il s’en aille. Je défends | qu’on sorte.

Les principaux verbes de volonté sont :


o. Verbes de désir, de crainte ou d’effort :
vouloir, désirer, souhaiter, préférer, prier, demander;
craindre, avoir peur, redouter, trembler; avoir soin, prendre garde, obtenir.

u Sur l’emploi du ne explétif, voir § 297, 2", C


LE COMPLÉMENT D’OBJET 351

b. Verbes de commandement, de permission ou de défense :


ordonner, commander, prescrire, exiger;
permettre, souffrir, tolérer; défendre, interdire, empêcher, éviter1.

N. B. — 1° La proposition conjonctive objet est également au subjonctif si elle


exprime un fait de réalisation incertaine, c’est-à-dire si elle suit un verbe de doute, tel
que douter, contester, désespérer, etc. ;
Je doute | qu’il s’enrichisse.
2“ Par contre, elle est à Vindicatif si elle exprime un fait voulu de réalisation obli¬
gatoire, c’est-à-dire si elle suit un verbe de décision, tel que décider, décréter, arrêter, etc. :
Je décide | que nous partirons demain.
Elle est alors généralement à Vindicatif futur ou, si le verbe de décision est à un
temps du passé, au conditionnel de concordance (futur dans le passé, § 353) :
J’ai décidé | que nous partirions demain.

3° Le mode est également le subjonctif si la proposition exprime un fait


réel, présenté comme tel, mais avec une nuance affective (§ 401, 2°), et par
conséquent si elle suit, un verbe de sentiment exp^iwnt Àa joie, la tristesse,
l’admiration, l’étonnement, le regret, etc. :
Je me réjouis | qu’il soit rétabli. Je m’étcîW'l 4 OWelt accepté.

Les principaux verbes de sentiment sont :


se réjouir, se féliciter, s’étonner, admirer, a'îïîer, approuver;
se plaindre, s’indigner, regretter, déplorer, détester, avoir honte.

N. B. — La proposition conjonctive objet qui suit un verbe de sentiment est cepen¬


dant à Vindicatif si elle est introduite non parla conjonction aue. mais par la locution
de ce que :
Il s’indigne | de ce qu’on l’a mal reçu. Il se plaint | de ce qu’il est mal nourri
(de ce que insiste sur la cause du sentiment, et l’indicatif sur la réalité de cette cause).

Mais certains verbes de sentiment, tels que s'étonner, regretter, etc., n’admettent pas
cette construction; d’autres, par contre, tels que s'affliger, se glorifier, etc., sont
toujours ainsi construits.

409. Le temps de la proposition conjonctive objet : les règles dites


de la « concordance des temps ». — Le temps de la proposition conjonctive
objet dépend du temps de la proposition principale et varie avec lui suivant
les régies dites de la concordance des temps.

i. A cette liste il convient d’ajouter :


i° Certains verbes d’affirmation qui peuvent, en raison de leur sens, s’employer aussi comme verbes de volonté
et se construire alors avec une proposition conjonctive au subjonctif :
Il me dit | qu’il vient II me dit | que je vienne
(il dit, c.-à-d. il déclare, est v. d’affirmation, (il dit, c.-à-d. il ordonne, est v. de volonté,
et la propos, objet est à l’indicatif). et la propos, objet est au subjonctif/.
Parmi ces verbes à double sens, et par suite à double construction, ou peut citer:
dire, prétendre, crier, écrire.
2° Certaines locutions verbales qui, pour le sens, équivalent à des verbes de volonté :
mon désir est que; ma crainte est que; donner l’ordre crue.
Sa peur est | que sou père soit paralysé.
352 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

Ces règles diffèrent selon que la proposition objet est à Vindicatif ou au


subjonctif, et, dans chaque cas, selon que la proposition principale est au pri¬
sent, au passé ou au futur.

1° La proposition objet est à l’indicatif. — Dans ce cas :


a. Si le verbe principal est au présent, le verbe de la proposition objet est
à Vindicatif présent, passé ou futur, selon que l’action qu’il exprime est présente,
passée ou future par rapport à l’action exprimée par le verbe principal :
Il croit | que tu mentais que je viendrai.
Il avoue qu’il souffre. Il sait
(mentis, as menti,avais menti).

b. Si le verbe principal est au passé, le verbe de la proposition objet est à


Vindicatif imparfait, à Vindicatif plus-que-parfait ou au conditionnel de concor¬
dance (futur dans le passé, § 353), selon que l’action qu’il exprime est présente,
passée ou future par rapport à l’action exprimée par le verbe principal :
Il avouait (avoua, a avoué, etc.) | qu’il souffrait.
Il croyait (crut, a cru, etc.) | que tu avais menti.
Il savait (sut, a su, etc.) | que je viendrais.

c. Si le verbe principal est au futur, le verbe de la proposition objet est à


Vindicatif présent, passé ou futur, selon que l’action qu’il exprime est présente,
passée ou future par rapport à l’action exprimée par le verbe principal :
Il croira | que tu mentais Il saura | que je viendrai.
Il avouera | qu’il souffre.
(mentis,as menti,avais menti).

N. B. — 1° Le verbe principal, au lieu d’être à l’indicatif, est parfois au conditionnel:


a. S’il est au conditionnel présent, le verbe de la proposition objet est au même
temps que si le verbe principal était à l’indicatif présent ou futur :
Il croirait | que lu mentais Il saurait | que je viendrai.
Il avouerait | qu’il souffre.
(mentis,as menti, avais menti).

b. S’il est au conditionnel passé, le verbe de la proposition objet est au même temps
que si le verbe principal était à un temps passé de l’indicatif :
Il aurait avoué | qu’il souffrait. Il aurait cru | que tu avais menti
Il aurait su | que je viendrais.

2° La proposition objet est parfois, nous l’avons vu (§408, 1°, N. B., 2°), au condi¬
tionnel (valeur de mode).
Dans ce cas, son verbe peut être au conditionnel présent ou au conditionnel passé,
quel que soit le mode (indicatif ou conditionnel) ou le temps (présent, passé ou futur)
du verbe principal :
Il sait (savait, a su, etc.; saura) ( que je viendrais [s’il le fallait].
Il saurait (aurait su) ( que je serais venu [s’il l’avait fallu].

2° La proposition objet est au subjonctif. — Dans ce cas :


a. Si le verbe principal est au présent, le verbe de la proposition objet est
au subjonctif présent (valeur de présent, § 347, 1°), au subjonctif passé ou au
subjonctif présent (valeur de futur, § 347, 2°), selon que l’action qu’il exprime
LE COMPLÉMENT D’objn» 353

est présente, passée ou future par rapport a l’action exprimée par le verbe
principal :
Jeregrette | qu’il parta. Jedéplore | qu’il ait échoué. J’attends I qu’il revienne.

b. Si le verbe principal est au passé, le verbe de la proposition objet est au


subjonctif imparfait (valeur de présent dans le passé, § 348, 1°), au subjonctif
plus-que-parfait, ou au subjonctif imparfait (valeur de futur dans le passé,
§ 348, 2°), selon, que l’action qu’il exprime est présente, passée ou future par
rapport à l’action exprimée par le verbe principal :
Je regrettais (regrettai, ai regretté, etc.) | Je déplorais (déplorai, ai déploré, etc.)
qu’il partît. qu’il ait échoué.
J’attendais (attendis, ai attendu, etc.) | qu’il revînt.

c. Si le verbe principal est au futur, le verbe de la proposition objet est au


subjonctif présent (valeur de présent, § 347, 1°), au subjonctif passé ou au
subjonctif présent (valeur de futur, § 347, 2°), selon que l’action qu’il exprime
est présente, passée ou future par rapport à l’action exprimée par le verbe
principal :
Je regretterai | qu’il parte. Je déplorerai | qu'il ait échoué.
J’attendrai | qu’il revienne.

N. B.— Le verbe principal, au lieu d’être à l’indicatif, est parfois au conditionnel:


a. S’il est au conditionnel présent, le verbe de la proposition objet est au subjonctif
présent ou imparfait pour exprimer indifféremment une action présente ou future, et
au subjonctif passé ou plus-que-parfait pour exprimer une action passée :
qu’il m’écrive ;
J’aimerais J’aimerais ( qu’il m’ait écrit ;
qu’il m’écri vit. ( qu’il m’eût écrit.

b. S’il est au conditionnel passé, le verbe de la proposition objet est au subjonctif


imparfait pour exprimer une action présente ou future, au subjonctif plus-que-parfait
pour exprimer une action passée :
J’aurais aimé | qu’il m’écrivît [aujourd’hui]. J’aurais aimé | qu’il m’écrivît [demain].
J’aurais aimé | qu’il eût écrit [hier].

410. Le mode et le temps de la proposition interrogative objet. —


1° Le mode de la proposition interrogative objet, ou interrogation indirecte,
est généralement l’indicatif, comme celui de l’interrogation directe :
Je me demande | quelle heure il est
(interrogation directe : quelle heure est-il ?)

Mais, dans l’interrogation indirecte comme dans l’interrogation directe, le


mode peut être aussi :
a. Le conditionnel, soit à valeur de mode, si l’interrogation porte sur un
fait soumis à une condition (§ 333) :
,Te me demande (me demandais, etc.) | où il irait, s’il partait
(interrogation directe : où irait-il, s’il partait?)
CAYROU. — Grammaire française. 12-
354 LA SYNTAXE Du FRANÇAIS

soit à valeur de temps (futur dans le passé, § 353), si l’interrogation porte sur
un fait futur envisagé d’un moment du passé :
Je me demandais | comment :! agirait
(interrogation directe : comment agira-t-il?)

b. T .'infinitif, si l’interrogation exprime la délibération (§ 334, 2°, c) ;


Je me demande ] quel parti prendre
(interrogation directe : quel parti prendre? c.-à-d. quel parti faut-il que je prenne?).

N. B.— L’interrogation indirecte, ne se distinguant pas de l’interrogation directe


par son mode, se reconnaît aux signes suivants:
a. L'interrogation directe est une proposition indépendante ou principale; Yinlerro-
galion indirecte est une proposition subordonnée qui suit un verbe de demande, tel
que demander, se demander, ne pas savoir, ignorer, chercher à savoir, examiner, etc.1.
b. L'interrogation directe a son sujet généralement placé après le verbe (§ 399, A)
et, dans la langue écrite, se termine par un point d’interrogation; Vinterrogation
indirecte a son sujet généralement placé avant le verbe et ne se termine pas par un
point d’interrogation.
c. L’interrogation directe et l’interrogation indirecte sont introduites par les mêmes
mots interrogatifs (pronoms, adjectifs ou adverbes); cependant l'interrogation directe
emploie :
d’une part, les pronoms neutres ) t ( d’autre part, la locution
qu’est-ce qui? qu’est-ce que? que? ) ( est-ce que?

là où l’interrogation indirecte emploie respectivement :


les pronoms ce qui, co que (g 202) et l’adverbe si (§298,2°).

2° Le temps de la proposition interrogative objet dépend du temps de la


proposition principale et varie avec lui suivant les règles de la concordance
des temps.
Le verbe de la proposition interrogative objet étant généralement à l’indi¬
catif, son temps varie comme celui de la proposition conjonctive objet à
l’indicatif (§ 409, 1°). On dit donc:
o. Si le verbe principal est au présent (§ 409, 1°, a) :
( où tu vas ;
Il se demande < où tu allais (allas, es allé, étais allé) ;
( où tu iras.

b. Si le verbe principal est au passé (§ 409, 1°, b) :

Il se demandait j °V fî1®'3 ,
(se demanda, s’est demandé, etc.) ) °u tu étais aile ;
( ou tu irais.

i. A cette liste il convient d’ajouter certains verbes d'affirmation qui peuvent, en raison de leur sens, s*employei
aussi comme verbes de demande et se construire alors avec une proposition interrogative objet :
Il me dit | qu’il viendra II me dit | qui est venu
(il dit, c.-à-d. il déclare, est v. d’afnimation, (il dit, qui répond à une question virtuelle,
et suivi d’une propos, conjonctive objet). est suivi d’une propos, interrog. objet).
Parmi ces verbes à double sens, et par suite à double construction, on peut citer :
dire, écrire, comprendre, voir, savoir, montrer, expliquer.
LE COMPLEMENT D'OBJET 355

c. Si le verbe principal est au futur ( § 409, 1°, c) :


( où tu vas;
lise demandera < où tu allais (allas, es allé, étais allé);
( où tu i ras.
N- B- ~ 10 Le verbe principal, au lieu d’être à l’indicatif, est parfois au condi¬
tionnel. En ce cas, on dit :
(J. S’il est au conditionnel présent (§ 409, 1°, N. B., a) :
i où tu vas ;
Il se demanderait . où tu allais (allas, es allé, étais allé);
( où tu iras.

b, S’il est au conditionnel passé (§ 409, 1°, N. B., b) :


( où tu allais;
Il se serait demandé ! où tu étais allô;
f où tu i rais.

2° La proposition interrogative objet est parfois, nous l’avons vu (§ 410, 1°, a), au
conditionnel (valeur de mode).
Dans ce cas, son verbe peut être au conditionnel présent ou au conditionnel passé,
quel que soit le mode (indicatif ou conditionnel) ou le temps (présent, passé ou futur)
du verbe principal :
lise demande (se demandait, s’est demandé, etc.;
où tu irais [si tu partais];
se demandera)
où tu serais allé (si tu étais parti].
Il se demanderait (se serait demandé)

411. Le mode et le ten'ps de la proposition infinitive objet.— 1° Le


mode de la proposition infinitive objet ne saurait être que celui dont elle tire
son nom, c’est-à-dire l’infinitif.

N. B. — En pareil cas, l’infinitif est toujours accompagné d'un sujet (-3 397, 2°),
mais on prendra garde que ce sujet est en même temps, du moins en apparence, le
complément d'objet du verbe principal1 :
1° Si l'infinitif n'a pas lui-même de complément d'objet, son sujet a toujours la
forme d’un objet direct; il se place, si c’est un nom, avant ou après l’infinitif, et si
c’est un pronom personnel, avant le verbe principal :
( mon frère arriver; ( les enfants parler;
p vms ) nrriver mon frère. ' en en s ( parler les enfants.
Je le vois arriver. Je les entends parler.

Toutefois lorsque le verbe principal est le verbe faire, le sujet de l’infinitif qui en
dépend se place toujours, si c’est un nom, après cet infinitif :
Je fais réciter mon fils.

2° Si l'infinitif a un complément d'objet, son sujet a généralement la forme d’un


objet direct; il se place toujours, si c’est un nom, avant l’infinitif, et si c’est un
pronom personnel, av nt le verbe principal :
Je vois un paye n labourer un champ. J’entends des élèves dire des sottises.
Je le vois ubourer un champ. Je les entends dire des sottises.

En fait, l’objet du verbe principal est uniquement la proposition infinitive, comme le montre l’équivalence
des deux tours : le soleil se coucher, les oiseaux chanter,
Je vois J’entends
le coucher du soleil. le chant des oiseaux.
Je fais | rentrer 'es élèves, c.-è-d ; J’assure | la rentrée des élèves.
LA SYNTAXE DU FRANÇAIS
J56

Mais le sujet de l’infinitif prend volontiers la forme d’un objet indirect, si c’est un
pronom personnel de la 3e personne:
Je lui vois labourer un champ. Je leur entends dire des sottises.

Si c’est un nom, il peut prendre aussi cette forme, surtout après le verbe laisser,
et il la prend régulièrement après le verbe faire :
Je laisse lire ce livre à mon fils. Je fais jouer cet air à ma fille.

Il peut d’ailleurs encore, après les verbes voir et entendre, comme après les verbes
laisser et faire, prendre la forme d’un complément d'agent introduit par la préposition
par: ...
Je vois labourer un champ par un paysan. J’entends dire une sottise par un eleve.
Je laisse lire ce livre par mon fils. Je fais jouer cet air par ma fille.

2° Le temps de la proposition infinitive objet est, en règle générale, le


présent, que le verbe principal soit au présent, au passé ou au futur :
Je vois (voyais, vis, ai vu, verrai) J entends (entendais, ai entendu, entendrai)
le soleil se coucher. les oiseaux chanter.
Je laisse (laissais, laissai, ai laissé, laisserai) bavarder les enfants.
Je fais (faisais, fis, ai fait, ferai) rentrer les élèves.

412. Le mode et le temps de la proposition relative objet. — 1° Le


mode de la proposition relative objet est, en règle générale, Vindicatif:
Il invite | qui lui plaît. Il obtient | ce qu’il veut.

N. B. — Le mode est le conditionnel si la proposition exprime un fait éventuel:


Il mépriserait | qui le craindrait.

2° Le temps de la proposition relative peut être le présent, le passé ou le


futur t U embauche | qui il peut.
Il embauchait | qui il pouvait. Il embauchera | qui il pourra.

IV. - LE DISCOURS INDIRECT

413. Généralités. — Les propositions compléments d’objet, du moins les


propositions conjonctives et les propositions interrogatives, sont l’élément carac-
téristique du discours dit indirect.
Les paroles d’une personne, en effet, peuvent être rapportées de deux façons
différentes :
1° Ou bien directement, telles qu’elles ont été prononcées, sans être ratta¬
chées par un subordonnant au verbe qui les annonce (dire, demander, etc.) ;
c’est le discours direct :
Jacques m'a dit : Jean m’a demandé :
« Mon grand-père est malade. » « Est-ce que tu as de bonnes places? »
Paul disait : « Ne m’attendez pas ! Je vous rejoindrai dans un instant. »

N. B. — Dans la langue écrite, le discours direct est encadré par des guillemets
(§ 23).
LE COMPLÉMENT d’oBJET 35?

2° Ou bien indirectement, c’est-à-dire par l’intermédiaire d’un subor¬


donnant qui les rattache au verbe qui les annonce (dire, demander, etc.);
c’est le discours indirect :
Jacques m’a dit | Jean m’a demandé |
que son grand-père était malade. si j’avais de bonnes places.
Paul disait | que nous ne l’attendions pas, qu’il nous rejoindrait dans un instant.

Le discours indirect rapporte donc non les paroles réelles d’une personne,
mais seulement le sens de ces paroles, et il n’emploie à cet effet que des propo¬
sitions subordonnées1.
N. B. — Toutefois il existe un discours indirect qu’aucun verbe n'annonce, qu'aucun
subordonnant n'introduit, et qui rapporte les paroles d’autrui dans des propositions
indépendantes, identiques de forme aux propositions subordonnées du discours indi¬
rect ordinaire : Paul était tout joyeux :
ii avait gagné ia partie, disait-il, et il aurait sa bicyclette !

Dans le discours indirect ordinaire, la phrase serait:


Paul était tout joyeux :
il disait qu’ | il avait gagné la partie et qu’il aurait sa bicyclette.

Et dans le discours direct: Paul était tout joyeux :


« J’ai gagné la partie, disait-il, et j’aurai ma bicyclette ! »

Le discours indirect ainsi présenté est parfois appelé discours indirect libre.

La substitution de propositions subordonnées aux propositions principales


du discours direct entraîne dans le discours indirect certains changements de
mode, de temps et de personne.

414. Les changements de mode. — Les changements de mode n’ont


lieu que dans un cas :
1° Si la proposition principale du discours direct est à l’indicatif, au
subjonctif ou au conditionnel (valeur de mode, § 353), la proposition subor¬
donnée correspondante du discours indirect est au même mode que cette pro¬
position :
n Je sais bien ma leçon », dit-il. « Que tout le monde se taise ! » dit-il.
Il dit | qu’il sait bien sa leçon. Il dit | que tout le monde se taise.
« Tu me ferais plaisir, me dit-il, si tu m’écrivais. »
Il me dit | que je lui ferais plaisir, si je lui écrivais.

2° Mais si la proposition principale du discours direct est à l’impératif, il


n’en est plus de même, et la proposition subordonnée correspondante du

i. Le discours indirect peut rapporter aussi non les paroles, mais les pensées d’une personne, c’est-à-dire ce
qu’elle se dit à elle-même, la pensée étant assimilée à un discours intérieur; il est alors amené par un verbe non
d’affirmation, mais d’opinion (penser, etc.) :
Jacques pensait (c.-à-d. se disait) : Jacques pensait (c.-à-d. se disait) |
« J’ai raison. » qu’il avait raison.
358 LÀ SVNfAXÉ Dt> FRANÇAIS

discours indirect est au subjonctif, ou remplacée par un infinitif objet intro-


duit par la préposition de (§ 405, 2°) :
« Reviens demain ! » me dit-il.
Il me dit | que je revienne demain ou II me dit | de revenir demain.

jsj. b. — Les propositions subordonnées du discours indirect correspondant à des


propositions subordonnées du discours direct sont au même mode que ces propositions:
« Je sais que tu es bon », dit-il. « Je veux que tu sois gai », dit-il.
Il dit | qu’il sait que je suis bon. Il dit | qu’il veut que je sois gai.
« Je crois que tu aurais tort, dit-il, si tu te lâchais. »
Il dit | qu’il croit que j’aurais tort, si je me fâchais.

415. Les changements de temps. — Les changements de temps, comme


les changements de mode, n’ont lieu que dans un cas, et ne sont qu’une appli¬
cation des règles de la concordance des temps (§ 409 et 410, 2°) :
1° Si le verbe qui annonce le discours indirect est au présent ou au futur,
la proposition subordonnée du discours indirect correspondant à la propo¬
sition principale du discours direct est au même temps que cette proposition :
a Je suis franc, dit-il (ou dira-t-il), je l’ai toujours été et je le serai toujours. »
Il dit (ou II dira) I qu’il est franc, qu’il l'a toujours été et qu’il le sera toujours.

2° Mais si le verbe qui annonce le discours indirect est au passé, il n’en est
plus de même, et selon que la proposition principale du discours direct est
au présent, au passé ou au futur, la proposition subordonnée correspondante
du discours indirect est à l’imparfait, au plus-que-parfait ou au conditionnel
de concordance (valeur de temps : futur dans le passé, § 353)1 :
a Je suis franc, a-t-il dit, je l ai toujours été et je le serai toujours. »
Il a dit | qu’il était franc, qu’il l'avait toujours été et qu’il le serait toujours.

N, b. — Les propositions subordonnées du discours indirect correspondant à des


propositions subordonnées du discours direct sont au meme temps que ces propositions:
qu’il avait raison;
U croit ,'u’,il1a raison: II croyait
, .. s qu’il a eu raison; qu’il avait eu raison;
Je dis qu il croit ; * J’ai dit qu’il croyait
f qu’il aura raison. qu’il aurait raison.
Je veux Je voulais ) ...
| qu’il soit actif. jg ! qu il fût actif.
Je dis que je veux J’ai dit que je voulais

416. Les changements de personne. — Les changements de personne,


qui affectent, avec les verbes, les pronoms personnels, et les pronoms-adjectifs
possessifs, ont lieu dans deux cas:
1° Les pronoms personnels et les pronoms-adjectifs possessifs de la lrc per-

t. Toutefois, si la proposition principale du discours direct exprime une vériU gtlnérule, encore vraie au moment
où l’on parle, la proposition subordonnée correspondante du discours indirect est au présent, quel que soit le
temps du verbe annonçant le discours indirect :
« La haine, dit-on (ou a-t-on dit), C9t mauvaise conseillère. »
On dit (ou On a dit) | que la haine est mauvaise conseillère.
LE COMPLÉMENT d’ob.TET 859

SOlUie du discours direct sont remplacés, dans le discours indirect, par des
pronoms personnels et des pronoms-adjectifs possessifs de la 3" personne:
« Je n’entends rien », dit-il. « Nous ne voyons rien », disent-elles.
Il dit | qu'il n’entend rien. Elles disent | qu'elles ne voient rien.
« IVIa sœur est arrivée », dit-elle. « J’ai perdu tous les miens », dit-il.
Elle dit | que sa sœur est arrivée. II dit | qu’il a perdu tous les siens.

N. B. — On prendra garde aux changements qui affectent, en outre, certains pro¬


noms-adjectifs démonstratifs et certains adverbes de lieu ou de temps se rapportant à
la lrs personne :
ceci, ce...-ci cela, ce...-là
sont remplacés par
(c.-à-d. qui est près de moi) (c.-à-d. qui est près de lui);
ici (c.-à-d. où je suis) par là (c.-à-d. où il est);
hier par la veille, aujourd’hui par le jour même, demain par le lendemain,
maintenant (c.-à-d. en ce moment-ci) par alors (c.-à-d. à ce moment-là).
« Je resterai ici », disait-il. « J’irai aujourd’hui », disait-il.
Il disait | qu’il resterait là. Il disait | qu’il irait le jour même.

2° Les pronoms personnels et les pronoms-adjectifs possessifs de la 2e per¬


sonne du discours direct sont remplacés, dans le discours indirect, par des
pronoms personnels et des pronoms-adjectifs possessifs de la lra personne :
« Tu avais raison », me dit-elle. « Vous avez tort », disent-ils.
Elle me dit | que j’avais raison. Ils disent j que nous avons tort.
« Tes conseils me sont utiles », dit-il. b Mes intérêts sont les vôtres », dit-elle.
Il dit | que mes conseils lui sont utiles. Elle me dit | que ses intérêts sont les nôtres.

3° Mais les pronoms personnels < t les pronoms-adjectifs possessifs de la


3e personne restent, dans le discours indirect, à la 3e personne :
« Il n’écoute rien », te dis-je. « Elles chantent bien », me dit-il.
Je te dis | qu’il n’écoute rien. Il me dit | qu’elles chantent bien.
« Leur honneur est saut », dit-elle. « Chacun chérit les siens », dit-on.
Elle dit | que leur honneur est sauf. On dit | que chacun chérit les sienri
CHAPITRE VII

L’ATTRIBUT DU SUJET ET DE L’OBJET

1. - GÉNÉRALITÉS

417. L’attribut. — On appelle attribut un mot exprimant une qualité


(p. 68, n. 1) attribuée, c’est-à-dire reconnue, à un être ou à une chose par
l'intermédiaire d'un verbe:
L’enfant est capricieux Je trouve ce vin sucré
(capricieux est l’attribut de l'enfant). (sucré est l’attribut de ce vin).

418. La nature de l’attribut. — 1° Dans une proposition, l’attribut


est le plus souvent un adjectif ou un équivalent de l'adjectif, en particulier un
participe ou une locution adjective:
Le tigre est sanguinaire. Le tigre a la peau zébrée.
Le tigre était à bout de forces
(à bout de forces équivaut à très affaibli).

L’attribut peut être aussi un nom, ou un équivalent du nom, c est-à-dire


un pronom ou un infinitif :
Le tigre est le roi de la jungle.
Les indigènes appellent les tigres des « mangeurs d’hommes ».
Qu’est un tigre? Un carnassier. Être un tigre, c’est être cruel.

2° Dans une phrase, l’attribut peut être une proposition subordonnée.


Le malheur est | que certains hommes sont de vrais tigres.

II. _ L’ATTRIBUT DANS LA PROPOSITION

419. L’emploi de l’attribut. — L’attribut, nom ou adjectif, peut se


rapporter soit au sujet, soit a 1 objet du verbe.
1° L’attribut du sujet s’emploie :
a. Après les verbes intransitifs exprimant l’état (§ 229, N. B.), réel ou
apparent, ou Yentree dans un état, ou la persistance dans un étati
être, se trouver1, se montrer, etc. sembler, paraître, passer pour, etc.
( état réel) ; (état apparent) ;
devenir, tomber, se faire, etc. rester, demeurer, se maintenir, etc.
(entrée dans un état); (persistance dans un état).
11 est avocat. U deviendra général. Il reste député.
Il se montre juste. Il paraît, fier. Il se fait vieux. Il demeure indécis.

I. Les verbes pronominaux ainsi employés ne gardent rien de leur valeur réfléchie primitive.
t,*ATTRIBUT DU SUJET ET DE L’OBJET 361

b. Après certains verbes intransitifs exprimant une action, l’attribut indi¬


quant alors l’état du sujet au moment où cette action s’accomplit;
naître, vivre, mourir, venir, partir, arriver, etc.
Il est mort colonel II a vécu heureux
(il était colonel quand il est mort). (il a été heureux pendant qu’il vivait).
Il est tombé évanoui
(il était évanoui quand il est tombé).

c. Après certains verbes transitifs à la forme passive, qui, à la forme active,


se construisent avec un attribut de l’objet (§ 419, 2°) :
Il est nommé président. Il est proclamé roi. Il est déclaré coupable.

2° L’attribut de l’objet s’emploie :


o. Après certains verbes transitifs exprimant l’action soit de mettre une
personne ou une chose dans un certain état, soit de dire ou de croire quelle se
trouve dans cet état:
faire, rendre ;
nommer, élire, proclamer, créer, instituer, sacrer, saluer ;
appeler, baptiser, reconnaître, déclarer, dire ;
croire, juger, estimer, trouver ;
prendre pour, traiter de, considérer comme, regarder comme, tenir pour.
Le roi l’a fait marquis. L’âge nous rend prudents.
On l’a nommé préfet. On le dit irritable. On le trouve impoli.

b. Après certains verbes transitifs exprimant l’idée d'avoir, de trouver,


de voir, de savoir, de laisser, de vouloir, etc., une personne ou une chose dans un
certain état :
Il aies cheveux blonds. J’ai trouvé la porte ouverte. Il a vu son voisin ivre.
Je sais ton frère souffrant. Il a laissé ses enfants libres. Je voudrais une bonne active.

N. B. — 1° Le pronom attribut peut, comme le nom ou l’adjectif attribut, se rap¬


porter au sujet ou à l’objet du verbe :
Si j’étais toi, je tenterais la chance. Je tiens cette affirmation pour rien.

2° L'infinitif attribut ne peut se rapporter qu’au sujet:


Paraître n’est pas être.

420. La construction du nom et de l’adjectif attributs. — L’attribut,


nom ou adjectif, peut être, selon le verbe qui le relie au sujet ou à l’objet,
de construction directe ou de construction indirecte, et il est appelé, suivant le
cas, attribut direct ou attribut indirect.
L’attribut indirect est introduit par une des prépositions à, de, pour1,
ou parla conjonction comme, qui joue alors le même rôle qu’une préposition;

i. Certains grammairiens considèrent aussi comme des attributs, après iels ou tels verbes, des noms introduits
par la préposition o n :
Il a parlé en soldat. Il a agi en roi. Il m’a traité en ami.
D’autres pensent que ces noms sont plutôt des compléments de manière, la préposition ne signifiant pas alors
« en qualité de », « en tant que », mais « à la manière de » (§ 431, 50, N. B., 3°).
LA SYNTAXE DU FRANÇAIS
362
ces mots, ainsi employés, ont perdu à peu près tout leur sens et leur emploi
peut être considéré comme explétif (§ 302, 1°, N. B.).

1° Attribut direct :

Il est, est devenu, restera officier. Il est, a paru, tombera malade.


Il est né poète. Il est parti guéri.
Il a été sacré évêque. Il a été reconnu innocent.
Il a fait son neveu héritier. Il a rendu sa famille heureuse.
On a élu mon voisin maire. On a jugé l’arrêt injuste.

2° Attribut indirect :

L’afîaire passe pour compliquée.


Il est choisi pour champion. Il est tenu pour responsable.
On m’a pris à témoin. On m a pris à partie.
On le traite de vaurien. On le traite de lâche.
On le prend comme arbitre. On le considère comme fou.

jvj g _On prendra garde de ne pas confondre le nom attribut indirect avec la
locution attribut, qui est formée d’une préposition et d’un nom et qui a la valeur d’un
adjectif :
Ma patience est à bout II est resté sans parole On le laisse en liberté
(c.-à-d. épuisée ). (c.-à-d .muet). (c.-à-d .libre).

421. L’accord du nom et de l’adjectif attributs. — 1° Le nom attribut


s’accorde en genre et en nombre avec le nom ou pronom, sujet ou objet, auquel
il se rapporte :
Mounet-Sully est un tragédien. Sarah-Bernhardt est une tragédienne.
Nos soldats se sont rendus maîtres de la situation.

^ g i<> L’accord ne peut pas toujours avoir lieu, soit que le nom attribut n’ait pas
les deux genres ou les deux nombres, soit que le sens impose de le laisser invariable :
Cette femme est un bon écrivain Cet homme est une franche canaille
(écrivain n’a pas de féminin). (canaille n’a pas de masculin).
On appelait Titus « les délices de Rome »
(délices, féminin, n’a pas de singulier).
Le travail est une joie. Cette région est un désert. Les bavards sont une plaie.
Les Anglais sont un peuple pratique. Les spectateurs étaient une centaine.

2° Le nom témoin n’a pas de féminin, mais il a un pluriel, et ne s’accorde par


conséquent qu’en nombre :
Ma femme vous servira de témoin. J’ai deux passants pour témoins.

Toutefois il est toujours invariable dans la locution prendre à témoin, ou, en tête
d’une proposition, employé elliptiquement avec la valeur de « je prends à témoin»:
Je prends tous mes amis à témoin. Il s’est battu, témoin ses blessures.

2° L’adjectif attribut s’accorde suivant les mêmes règles que l’adjectif


épithète (§ 370) :
a L’adjectif attribut se rapportant à un seul nom s’accorde en genre et en
nombre avec ce nom :
Le suieil était torride. La nuit paraît longue. Les lions vivent solitaires.
Les heures sont brèves.
J 'avais la tête bien lourde. On nous trouve Imprudents. Je laisse les fenêtres fermées.
l’attribut du sujet et de l’objet 363

b. L’adjectif attribut se rapportant à plusieurs noms coordonnés par la


conjonction et s’accorde avec l’ensemble de ces noms, et sc met alors au
masculin pluriel s’ils sont tous masculins, au féminin pluriel s’ils sont tous
féminins :
Mon veston et mon gilet sont neufs. Ma blouse et ma jupe sont neuves.
Il a eu son fils et son neveu tuéa à la guerre.

et au masculin pluriel, s’ils sont de genre différent :


Sa robe et son manteau sont noirs. Il a son frère et sa sœur malades.

c. Par contre, l’adjectif attribut se rapportant à plusieurs noms coor¬


donnés par la conjonction ou s’accorde seulement avec le dernier nom :
Le préfet ou le maire sera présent. Il a son frère ou sa sœur malade.

N. B.— 1° L’adjectif attribut se rapportant aux pronoms personnels nous et vous


employés au lieu de je et lu est toujours au singulier (§ 160, 4°, N. B.).
2° L’adjectif attribut se rapportant au pronom indéfini on est, en règle générale,
au masculin singulier; il est cependant au féminin singulier, si le pronom s’applique
particulièrement à des femmes (§ 216, 13°, N. B.).
3° L’adjectif attribut employé après la locution verbale avoir l’air s’accorde géné¬
ralement avec le sujet, quelquefois avec l'objet du verbe avoir, c’est-à-dire avec « air t :
Elle a l’air douce Elle a l’air faux
(c.-à-d. elle parait: on songe au caractère). (c.-à-d. elle a un air...: on songe à la mine).

L’accord se fait toujours avec le sujet si c’est un nom de chose, ou si l’adjectif, en


raison de son sens, ne peut s’appliquer à un « air » :
Ces prunes ont l’air mûres Cette femme a l’air bossue
(prunes est un nom de chose). (un air ne peut être bossu).

4° Les adjectifs fort et court restent invariables dans certaines expressions où ils
sont attributs :
se faire fort de se porter fort pour demeurer court
(c.-à-d. se piquer, se flatter de) ; (c.-à-d. garantir le consentement de) ; (c.-à-d. s'arrêter net [en parlant]).
Elle se fait fort de gagner le procès. Elles se portent fort pour leur sœur.
Je tremble qu’ils ne demeurent court.

Toutefois l’accord de l’adjectif fort est toléré dans l’expression se faire, forl de.

422. La construction et l’accord du pronom attribut. — 1° Comme


le nom et l’adjectif attributs, le pronom attribut peut être de construction
directe ou d,e construction indirecte:
Je ne suis pas toi. Ce livre est le mien. Il est demeuré tef.
Regarde cette maison comme la tienne.
Voilà l’homme que je suis. Qui êtes-vous? Je ne suis plus riem
De quoi ’a-t-on traité? Il se tient pour quelqu’un.

2° Comme le nom et l’adjectif attribut, le pronom attribut s’accorde, en


règle générale, avec le nom auquel il se rapporte. Toutefois cette règle appeiie
deux réserves :
364 T,A SYNTAXE DU FRANÇAIS

a. Certains pronoms ont la même forme aux deux genres ou aux deux nombrei
et restent par conséquent invariables :
Voyons, Jean, tu n’es plus 1 toi-même. reste l'homme ) que ( j'étais.
Voyons, Jeanne, tu n'es plus > Nous restons les hommes > I nous étions.
0 j est ce monsieur? qu| ( sont ces messieurs?
yul 1 est cette dame? v ( sont ces dames?

b. Certains pronoms sont de forme neutre et restent par conséquent inva¬


riables; ils s’emploient surtout pour représenter un adjectif, masculin ou
féminin, singulier ou pluriel :
Il était fier et il le reste. Ils étaient fiers et ils le restent.
Elle était fière et elle le reste. Elles étaient flères et elles le restent.
Tel qu’il est Tels qu’ils sont.
Telle qu’elle est. Telles qu’elles sont.

N. B. — On prendra garde que les pronoms personnels construits comme attributs


sont tantôt déformé tonique, tantôt de forme atone (§155, N. B., p. 92 ;§ 170, N. B., p. 104):
1° Ils sont de forme tonique:
a. Après la locution toute faite c’est (§ 359, 4°) :
c’est moi (toi), c’est lui (elle) ; c’est nous (vous), ce sont eux (elles).
Le responsable, c’est toi. Ce sont eux» nos meilleurs amis.

b. Après le verbe être :


Tu n’es pas moi. Sachons rester nous-mêmss.
l\ faut être sol.

2° Il est de forme atone, s’il est placé avant le verbe être: c’est le cas du pronom
le, la, les (§ 161) :
a. Pour représenter un nom accompagné d'un déterminant, le pronom le, la, les
s’accorde en genre et en nombre avec ce nom :
Êtes-vous le fiancé ? Êtes-vous la fiancée ? Êtes-vous les fiancés ?
— Je le suis. — Je la suis. — Nous les sommes.

b. Pour représenter un nom non accompagné d'un déterminant ou un adjectif, on


emploie la forme neutre le :
Êtes-vous poète ? Es-tu prête ? Sont-ils prêts ?
— Je le suis. — Je le suis. — Us le sont.

423. La construction de l’infinitif attribut. — Comme le nom, l’ad¬


jectif et le pronom attributs, l’infinitif attribut peut être de construction
directe ou de construction indirecte :
Parler n’est pas agir.
Vivre, c’est combattre. C’est voler que « chiper ». Cela s’appelle faillir.
Le mieux est de ne pas bouger1.

N. B. — L’infinitif étant une forme invariable du verbe, la question de l’accord de


l’infinitif ne se pose pas.

x. Dans les phrases de ce genre, où le premier terme n'est pas un infinitif ou un pronom neutre, l’infinitif tra¬
ditionnellement appelé « infinitif attribut » est plutôt considéré aujourd’hui comme un infinitif sujet (§ 398, 2°)-
La phrase équivaut, en effet, à:
Le mieux est | que nous ne bougions pas,
phrase dans laquelle la proposition subordonnée, dite traditionnellement « attribut », est aujourd’hui considérée
plutôt comme une proposition sujet (p. 365, n. 1).
l’attribut du sujet et de l’objet 3G5

III. - LA PROPOSITION ATTRIBUT DANS LA PHRASE

424. L’emploi, la construction et le mode de la proposition attribut.


— 1° Une proposition attribut s’emploie comme attribut du sujet après une
locution verbale formée d’un nom et du verbe être, telle que:
le malheur est, l'ennui est, le résultat est, le mieux est.

Cette proposition est introduite par la conjonction que et appelée propo¬


sition conjonctive attribut.
Le mode est l’indicatif si le verbe exprime un fait réel (§ 330) ou présenté
comme tel, et le subjonctif s’il exprime un fait voulu (§ 332) :
Le résultat est | que je suis alité. Le mieux est | qu’il ne vienne pas1.

2° Une proposition attribut se présente aussi parfois sous la forme d’une


proposition relative.
La proposition relative attribut, qui peut être attribut soit du sujet, soit de
i’objet, est introduite par un pronom relatif sans antécédent et à valeur indé¬
finie (§ 192, 2°), ou par les locutions relatives celui qui, celui que, etc.,
ce qui, ce que, etc. ; elle a la valeur d’un nom et accompagne un verbe
admettant un nom attribut.
Le mode de la proposition relative attribut est l’indicatif :
Je ne suis pas | qui vous croyez II est devenu | ce que tu sais
(attribut du sujet). (attribut du sujet).
Il m’a fait | ce que je suis
(attribut de l’objet).

N. B. — Certains grammairiens considèrent aussi comme attributs les propositions


relatives construites comme il suit :
Il est là | qui attend. Je le vois | qui jardine.

D’autres, avec plus de raison, semble-t-il, les considèrent comme des appositions :
elles équivalent, en effet, à des participes remplissant cette fonction (§ 448) et expri¬
mant une circonstance de temps :
qui attend équivaut à: attendant qui jardine équivaut à: jardinant
(c.-à-d. en train d’attendre). (c.-à d. en train de jardiner).

i. Les propositions de ce genre, traditionnellement appelées « propositions attributs », sont plutôt considéré''
aujourd’hui comme des propositions sujets (§ 400, i°). En effet, de deux termes unis par le verbe être, l’attriuui
n’est pas nécessairement celui qui suit le verbe, mais celui dont le sens est le plus général, c'est-à-dire qui s’appliqu 1
au plus grand nombre d’êtres ou d’objets :
Les hommes sont mortels Ma patrie est la France
(l’attribut est mortels, qui s’applique (l’attribut est patrie, qui s’applique
à d’autres êtres que les hommes). à d’autres pays que la France).
Il en est de même quand l’un des deux termes est une proposition :
L’ennui est | que Jean est sourd
(la surdité de Jean est un fait particulier, un ennui parmi beaucoup d'autres possibles,
et la proposition que Jean est sourd n’est pas attribut, mais sujet)
CHAPITRE VIII

LES CIRCONSTANCES

I. - GÉNÉRALITÉS

425. Les circonstances. — 1° On appelle complément de circonstance,


ou complément circonstanciel, celui qui exprime une des circonstances accom¬
pagnant une action ou un état, c’est-à-dire une des conditions dans lesquelles
l'action s'accomplit ou Vétat se réalise :
Marcher à reculons. Mourir de faim. Sortir avec sa mère.
Être sans foyer.

N. B. — 1° Les compléments de circonstance sont tous les compléments de verbe,


autres que le complément d'objet (§ 402). Le complément d’objet est un complément
indispensable du verbe; le complément de circonstance est un complément simplement
utile.
Si je dis : « J’ai acheté », sans indiquer l’objet de mon achat, ma phrase ne pré¬
sente pas un sens complet; elle ne le présentera que si j’ajoute au verbe un nom
complément d'objet, tel que : « un livre », « une maison », etc.
Au contraire, si je dis : « J’ai acheté une maison », sans indiquer le lieu où elle se
trouve, ma phrase présente déjà un sens complet, et l’addition d’un nom complément
de circonstance, tel que : « en ville », « à la campagne », etc., est sans doute utile,
mais non indispensable.
De même, si je dis : « J’espère », sans indiquer l’objet de mon espoir, ma phrase
ne présente pas un sens complet; elle ne le présentera que si j’ajoute au verbe une
proposition complément d'objet, telle que: « qu’il réussira », « qu’il reviendra », etc.
Au contraire, si je dis : « J’espère qu’il reviendra », sans indiquer la cause de cet
espoir, ma phrase présente déjà un sens complet, et l’addition d’une proposition com¬
plément de circonstance, telle que : « parce qu’il l’a promis », etc., est sans doute utile,
mais non indispensable.

2° Le complément de circonstance, qui est le plus souvent le complément


d'un verbe, peut être aussi le complément d'un nom (§ 379), en particulier d’un
nom d’action :
Une charge à la baïonnette. Des larmes de joie. Une promenadeà la campagne.

426. La classification des circonstances. — Les compléments de cir¬


constance peuvent se répartir en trois groupes, selon qu’ils expriment Y origine,
le moyen ou la destination.
1° Au groupe des compléments d’origine appartiennent les compléments
exprimant :
LES CIRCONSTANCES 367

a. LA PROVENANCE ! b. LA MATIÈRE î G. l’ÉLOIGNEMENT !


Descendre d’un dieu. Être en argent. Détourner d’un projet.

d. l’agent :

Être récompensé par son père.

2° Au groupe des compléments de moyen appartiennent les compléments


exprimant :
a. l’instrument : b. le prix : C. LA CAUSE 1 :

Frapper avec un bâton. Coûter dix mille francs. Mourir de la fièvre.

d. LE POINT DE VUE : e. la manière : /. l’accompagnement :

Égaler en ingratitude. Parler à voix basse. Voyager avec un ami.

3° Au groupe des compléments de destination appartiennent les complé¬


ments exprimant :

a. l’attribution : b. l’intérêt : C. LE BUT :

Donner à un pauvre. Mourir pour la patrie. Viser à la perfection.

A ces compléments de circonstance il convient d’ajouter ceux qui expri¬


ment le lieu ou le temps, et qui se ramènent souvent à un complément d ori¬
gine, de moyen ou de destination:

a. lieu : b. temps :

Venir de la maison Passer par la route Dormir depuis la veille Arriver en dix jours
(origine). (moyen). (origine). (moyen).

Descendre à la cave Partir pour deux mois


(destination). (destination).

Rester à Paris. Dormir la nuit.

427. La nature du complément de circonstance. — 1° Dans une pro¬


position, le complément de circonstance est le plus souvent un nom :
Vivre de ses rentes Vivre avec ses parents Vivre à la campagne
(compl. de moyen). (compl. d’accompagnement). (compl. de lieu).

Mais le nom peut être remplacé par un équivalent du nom, c’est-à-dire un


pronom, un infinitif ou un gérondif:
Vivre pour soi-même Vivre pour être utile Vivre en bataillant
(compl. d’intérêt). (compl. de but). (compl. de manière).

Le complément de circonstance peut être aussi un adverbe, qui équivaut à


un nom introduit par une préposition :
Vivre honnêtement Vivre éternellement
(c.-à-J. avec honnêteté : compl. de manière). (c.-à-d. pendant l’éternité : compl. de temps).

i. Le complément de cause est parfois rattaché au groupe des compléments d origine.


868 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

2° Dans une phrase, le complément de circonstance du verbe principal peut


être une proposition subordonnée :
Quand on travaille, | on vit heureux
(propos, compl. de temps).

II. - LES CIRCONSTANCES DANS LA PROPOSITION

428. L’emploi du complément de circonstance. — Un complément de


circonstance, nom, pronom, infinitif, gérondif ou adverbe, peut accompagner
à tous ses modes, personnels ou impersonnels, un verbe transitif ou intransitif t
Il a écrit \ Il sort \
Il écrirait volontiers Jà ma mère Il sortirait volontiers J en auto
Qu'il écrive ( (compl. d’attribution) Qu’il sorte f (compl. de moyen)
Écris i
pour la rassurer Sors l l’après-midi
II veut écrire \ (compl. de but). Il veut sortir ] (compl. de temps).
11 m’a fait plaisir en écrivant } Il se distrait en sortant /

429. La construction du complément de circonstance.— Le complé¬


ment de circonstance, nom, pronom ou infinitif, est généralement de cons¬
truction indirecte:
Entrer en classe Danser avec entrain Agir par devoir
(compl. de lieu). (compl. de manière). (compl. de cause).
Hériter de son père Se lever à six heures
(compl. d’origine). (compl. de temps).

N. B. — 1° Le nom complément indirect de circonstance est introduit par les pré¬


positions les plus variées, dont les plus fréquentes sont à, de, en, avec, par et pour.
2° Le pronom complément indirect de circonstance est introduit, en règle générale,
par les mêmes prépositions que le nom.
On prendra garde toutefois que les pronoms en (§ 1G9, A) et dont (§ 195) s’emploient
souvent comme compléments de circonstance au lieu d’un pronom personnel ou d’un
pronom relatif précédé de de :
Il prit ( et m’en ) II avait > et il en )
1
un bâton i dont il me ( raPPa unc typhoïde ( dont il j es* morL
(en, c.-à-d. de lui; dont, c.-à-d. duquel: (en, c.-à-d. d’elle; dont, c.-à-d. de laquelle:
compl. de moyen). compl. de cause).

De même le pronom y (§ 169, B) s’emploie souvent comme complément de circon¬


stance au lieu d’un pronom personnel précédé de à :
Il aime l’ctude et il s’y consacre II veut protester et je l’y pousse
(y, c.-à-d. à elle: compl. d’attribution). (y, c.-à-d. à cela: compl. de but).

Mais les compléments de circonstance exprimant le lieu, le temps, le prix et


la manière peuvent être de construction directei
Habiter rue de Passy Recevoir chaque mardi Valoir mille francs
(compl. de lieu). (compl. de temps). (compl. de prix).
Marcher pieds nus
(compl. de manière).
LES CIRCONSTANCES 369

430. Le complément d’origine. — Le complément d’origine exprime


essentiellement la provenance, la matière, l’éloignement et l'agent.

1° Le complément de provenance, qui indique de qui ou de quoi une


personne ou une chose tire sa source, c’est-à-dire est issue, est généralement
introduit par de :
Descendre d’un illustre croisé. Sortir d’une famille modeste.
Extraire du charbon d’une mine.
Recevoir un colis d’une marraine. Tenir une nouvelle d’un voisin.

Toutefois il est introduit par à après certains verbes tels que puiser, demander,
acheter, emprunter, etc. :
Puiser de l’eau à une fontaine. Emprunter de l’argent à un banquier.
Demander l’heure à un passant.

2° Le complément de matière, qui indique de quoi une chose tire sa


substance, c’est-à-dire est faite, est généralement introduit par en (surtout
au sens propre) ou par de (surtout au sens figuré) :
Ce tombeau est en granit. Ce corsage est en satin.
La parole est d’argent et le silence est d’or.

N. B. — Le complément de matière accompagnant un verbe d’action est voisin du


complément de moyen (§431) :
Construire une maison en brique.

Aussi est-il souvent introduit par avec :


Faire un panier avec du rafla.

3° Le complément d’éloignement, qui indique de qui ou de quoi une per


sonne ou une chose est écartée, affranchie ou privée, est introduit par de :
Éloigner une table d’une fenêtre. Séparer un enfant de sa mère.
Délivrer de la servitude. Priver d’un secours. Détourner d’un devoir.

N. B. — Au complément d’éloignement se rattache le complément de différence, qui


est toujours introduit par de :
Différer de son camarade.

Il en est de même du complément exprimant la mesure de la différence:


Avancer de deux pas. Descendre d’un degré. Dépasser de la tâte.

4° Le complément d’agent, qui, après un verbe à la forme passive, indique


par qui ou par quoi l’action est accomplie, est généralement introduit par par,
dans certains cas par de :
Être tué par un bandit. Être renversé par le vent.
Être ruiné par la guerre.
Être aimé de ses chefs. Être encombré de bagages.

N. B. — Les deux prépositions s’emploient parfois l’une pour l’autre. On dit indiffé¬
remment : Être précédé par un huissier. Être précédé d’un huissier.
En général, cependant, la première s’emploie plutôt après un verbe exprimant une
370 LA SYNTAXE PU FRANÇAIS

uciion, matérielle ou morale, mais toujours momentanée ; la seconde, après un verbe


exprimant un étal, matériel ou moral, mais toujours durable:
Il fut arrêté par la police. Elle fut effrayée par une auto.
Le champ est entouré d’une haie. La mer est aimée des peintres.

431. Le complément de moyen. — Le complément de moyen exprime


essentiellement Vinstrument1, le prix, la cause, le point de vue, la manière et
Y accompagnement.

1° Le complément d’instrument, qui indique au moyen de quoi ou par


l’intermédiaire de qui une action est accomplie, est introduit par de, avec,
à ou par : „
Percer de sa lance. Jouer de la flûte.
Gratter avec un canif. Attaquer à la g renade. Arriver par le train.
Payer de ses deniers. Aider de ses conseils.
Réussir avec des flatteries. Obtenir par la douceur. Apprendre par un parent.

N. B. — 1° Le complément d’instrument peut être un infinitif, généralement intro¬


duit par a : A raconter ses maux souvent on les soulage.

Il est aussi parfois un gérondif :


On s’instruit en voyageant.

2° Au complément, d’instrument se rattache le complément indiquant la partie par


laquelle on tient une personne ou une chose ; il est introduit par par :
Tenir un enfant par la main.
Saisir le taureau par les cornes. Prendre une coupe par l’anse.
Commencer par le commencement.

2° Le complément de prix, qui indique moyennant quoi, c’est-à-dire avec


quelle somme on se procure une chose, est toujours de construction directe
avec les verbes valoir, coûter, payer, et souvent avec les verbes acheter et
vendre l Ce bracelet vaut ou coûte vingt mille francs.
Acheter une propriété un million. Payer un complet quinze billets.

Mais il peut être aussi de construction indirecte et il est alors introduit par
à ou pour : ,
x Le pain esta vingt-quatre francs le kilo.
Solder des brochures à cent sous. Acheter du miel à trois cents francs.
Déjeuner mal pour six louis. Vendre un beau piano pour rien.

N. B.— 1° Le complément de prix peut être un adverbe, dit de prix (p. 234, n. 1) :
Vendre cher.

2° Au complément de prix se rattache le complément d'échange, qui est introduit


généralement, par pour ou contre:
Échanger sa vieille montre pour une neuve.
Rendre le bien pour le mal. Employer un mot pour un autre.
Troquer un meuble contre un tableau.

i. Le mot « instrument », en termes de grammaire, a un sens très général, et désigne tout ce qui, chose
persons action ou idée, est employé pour atteindre un résultat.
LES CIRCONSTANCES 371

3° Au complément de prix s'apparente le complément de mesure (dimension, poids,


etc.), qui est de construction directe:
La Tour Eiflel mesure 300 mètres. Cette lettre pèse vingt grammes.

3° Le complément de cause, qui indique par suite de quoi ou sous l’effet


de quoi une action s'accomplit, est généralement introduit par de, pour
ou par :
Souffrir de la goutte. Mourir de la typhoïde.
Pleurer de rage. Crier de douleur. Accuser de vol.
Être estimé pour ses vertus. Tuer par ordre. Agir par intérêt.

N. B. — 1° Le complément de cause peut être un infinitif, généralement introduit


par de, pour (toujours suivi de l’infinitif passé), faute de, sous prétexte de:
Être essoufflé d’avoir couru. Être renvoyé pour avoir fraudé.
Nous voyons souvent mal faute de bien regarder.

Il est aussi parfois un gérondif:


L’avarice perd tout en voulant tout gagner.

2° Au complément de cause s’apparentent :


a. Le complément de concession, exprimant une cause réelle, mais qui ne produit pas
son effet; il est généralement introduit par malgré ou avec :
Je sors malgré la pluie
(je « concède » qu’il pleut, mais cette raison de ne pas sortir ne produit pas son effet).
Avec tous ses millions, il n’est pas heureux.

Le complément de concession peut être un infinitif, généralement introduit par


pour ou sans1, selon que la concession est positive ou négative :
Pour être pauvre, on n’est pas bête Sans être savant, il est très cultivé
(c.-à d. bien qu’on soit pauvre). (c.-à-d. bien qu’il ne soit pas savant).

Il est aussi parfois un gérondif :


Éclater de rire tout en pleurant Être en retard, même en courant
(c.-à-d. bien qu’on pleure). (c.-à-d. bien qu’on coure).

b. Le complément de condition, exprimant une cause hypothétique, mais qui peut


éventuellement produire son effet ; il est généralement introduit par avec, en cas
de, si la condition est positive, et par sans, sauf, à moins de, si la condition est
négative :
Avec beaucoup de soins, il peut guérir En cas d’incendie, garde ton sang-froid
(c.-à-d. s’il reçoit beaucoup de soins). (c.-à-d. si un incendie se produit).
Sans l’amitié, que serait la vie?
(c.-à-d. si l’amitié n’existait pas).

Mais il est parfois de construction directe:


Un pas de plus, il tombait dans le précipice
(c.-à-d.s'il avait lait un pas de plus).

i. La concession implique toujours une opposition, mais une opposition ne comporte pas toujours une conces¬
sion (§ 438, 40). Le complément d'opposition pur et simple ast introduit par loin de, au lieu de:
Loin de guérir, il se meurt. Au lieu d’agir, il parle.
372 I.A SYNTAXE DU FRANÇAIS

Le complément de condition peut être un infinitif, généralement introduit par à,


de, à condition de, ou par sans, à moins de:
A l’en croire, il sait tout faire Tu serais sot de ne pas accepter
(c.-à-d. si on Ven croit). (c.-à-d. si tu n’acceptais pas).
Il réussira à condition de travailler
(c.-à-d. s’il travaille).
Il no réussira pas sans travailler. Il échouera à moins de travailler
(c.-à-d. s’il ne travaille pas).

Il est aussi parfois un gérondif :


En travaillant, il réussira
(c.-à-d. s’il travaille).

4° Le complément de point de vue, qui indique sous quel rapport une affir¬
mation est vraie, est introduit par de ou en :
Être séparé de biens. Être Français de cœur. Être héritier de droit.
Surpasser en beauté.

5° Le complément de manière, qui indique de quelle façon s’accomplit une


action, est généralement introduit par à, de, en, par, avec ou sans :
S’avancer à pas lents. Filerà l’anglaise. Se porter à merveille.
Parler d’un ton sec. Obéir de bon gré.
Sortir en pantoufles. Être en colère. Recevoir en secret.
Attaquer par surprise.
Se battre avec courage. S’en aller sans regret.

Mais il est parfois de construction directe :


Marcher la tête droite.

N. B. — 1° Le complément de manière peut être un infinitif, généralement introduit


par sans : Entrer sans frapper.

Il est aussi parfois un gérondif :


Parler en tremblant.

2° Le complément de manière est souvent un adverbe, dit de manière (§ 283) :


Se battre vaillamment.

3° Au complément de manière se rattache le complément de comparaison, qui est


généralement introduit par en (p. 361, n. 1), à la façon de, comme; en propor¬
tion de, en rapport avec, selon:
Parler en soldat. Juger en connaisseur.
Vivre à la façon d’un ermite. Être traité selon ses mérites.

6° Le complément d’accompagnement, qui indique en compagnie de qui


une action s’accomplit, est généralement introduit j>ar avec :
Se promener avec des amis.

N. B. — A côté de ces compléments de circonstance, il convient de placer le complé¬


ment de propos, qui indique au sujet de qui ou de quoi on parle ou on écrit; il est
généralement introduit par de ou sur:
Parler d’un malade. Traiter de l’art grec.
Discourir sur les évènements.
LES CIRCONSTANCES 373

Il s’emploie volontiers sans verbe pour former à lui seul un titre d’ouvrage ou de
chapitre: De la brièveté de Sa vie. De l’éducation dee enfants.

Il est parfois de construction directe, surtout dans la langue parlée :


Parler politique. Causer chiffons. Discuter finances.

Le complément de propos est très voisin du complément d’objet, et sa construction


rappelle celle de verbes tels que rire, douter, juger, etc., suivis d’un complément d’objet
indirect (§ 405, 1°) :
Rire d’une sottise. Douter d’une affirmation. Juger d’une attitude.
(de, daus tous ces exemples, équivaut à ; au sujet de, à propos de.)

432. Le complément de destination. — Le complément de destination


exprime essentiellement Vattribution, Vintérêt et le but.

1° Le complément d’attribution, qui indique à qui s’adresse un don, une


parole, un ordre, etc., est toujours introduit par la préposition à:
Donner des étreintes à ses enfants. Annoncer son mariage à des amis.
Ordonner un remède à un malade.

Les principaux verbes admettant un complément d’attribution sont :


donner, céder, livrer, confier, offrir, prêter, rendre,
attribuer, accorder, remettre, procurer, proposer, envoyer;
dire, annoncer, signaler, indiquer, raconter, exposer, révéler,
avouer, enseigner, montrer, écrire, cacher, déguiser;
ordonner, commander, imposer, prescrire, suggérer, conseiller, souhaiter,
permettre, défendre, interdire.

N. b. — Au complément d’attribution se rattache le complément d'appartenance,


qui est introduit par la préposition à :
Cette ferme appartient à mon père.
L’avenir n’est à personne.

2° Le complément d’intérêt, qui indique au profit de qui ou au contraire au


préjudice de qui une action s’accomplit, est introduit par à, pour ou
Contre : Chercher un appartement à un ami.
Voter pour un honnête homme. Plaider contre un mercanti.

N. B. — 1° Le complément de certains verbes tels que :


prendre, enlever, voler, soustraire, ôter, arracher, retirer,
est considéré soit comme un complément de provenance (§ 430, 1°), soit comme un com¬
plément d'intérêt1:
Enlever une ville à l’ennemi. Voler des poules à un fermier.

Le nom de complément d’attribution, qui lui est parfois donné, s’accorde mal avec
le sens de ces verbes.
2° Le complément d’intérêt est souvent un pronom personnel (l18, 2° et 3° per¬
sonnes) désignant le possesseur d’une partie du corps qui est spécialement intéressée

I. En latin, le verbe eripio, enlever, se construit soit avec un ablatif d’éloignement, soit avec un datif d'intérêt:
Verres ab Heio ou Heio pulcherrimas statuas eripuit.
Verrès vola à Héius de très belles statues.
374 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

dans l’action et dont le nom, sujet ou complément du verbe, est précédé seulement
d’un article : Les dents me font mal.
Pourquoi te ronges-tu les ongles ? Un furoncle lui a poussé au cou.
Il s’cst cassé une jambe.

3° Le complément d’intérêt est souvent un pronom personnel de la lre ou de la 28


personne employé à litre explétif:
a. Avec un verbe à l’impératif, ce pronom complément (lre personne) insiste sur
l’ordre donné, en soulignant l’intérêt que prend à son exécution la personne qui parle :
Mettez-moi ce chien dehors. Qu’on me pende ce coquin 1

b. Avec un verbe à Vindicatif, ce pronom (2e personne) insiste sur le fait énoncé,
en appelant sur lui l’attention de la personne à qui l’on parle :
Le chat vous prit la souris et la croqua.

3° Le complément de but, qui indique en vue de quoi une action s’accom¬


plit, est généralement introduit par à ou pour, quelquefois par dans:
Viser à la tête. Tendre à la perfection. Pousser à l’action.
Agir pour son propre bien. Agir dans son propre intérêt.

N. B. — 1° Le complément début peut être un infinitif, soit de construction directe


(après un verbe de mouvement), soit de construction indirecte (après un autre verbe);
dans ce dernier cas, il est généralement introduit par à, pour, afin de, en vue de,
de peur de :
Aller chercher des allumettes. Envoyer prendre le médecin.
Inviter à dîner. Diviser pour régner.
Se soigner afin de guérir. Flatter en vue de plaire. Se cacher de peur d’être pris.

2° Au complément de but fait pendant le complément de conséquence, indiquant non


pas à quoi tend une action, mais à quoi elle aboutit.
Le complément de conséquence n’est jamais un nom ni un pronom, mais toujours
un infinitif ; il est introduit :
a. Soit par les prépositions de façon à, de manière à, en sorte de, au point
de, jusqu’à, à : Agir de façon à ou de manière à plaire.
Faire en sorte de plaire.
Courir au point de ou jusqu’à ou à en perdre haleine.
Être habillée à ravir.

f>. Soit par les locutions assez ... pour, ou trop ... pour :
Être assez fort pour se défendre. Être trop loyal pour tromper.

433. Le complément de lieu. — Le complément de lieu peut exprimer le


lieu où l’on est, le lieu où l'on va, le lieu d'où l’on vient, et le lieu par où l’on passe.

1° S’il exprime le lieu où l’on est, il est généralement introduit par à,


dans, en ou chez ; sur ou sous :
Être à la maison. Attendre dans la rue. Travailler en étude.
Demeurer chez son père. Être perché sur un arbre. S’arrêter sous un porche.

Il est introduit par des prépositions différentes si l’on veut situer le lieu où
l’on est par rapport à un autre lieu t
Habiter hors ville.
Demeurer près ou loin de l’église. Rester devant ou derrière la porte.
Planer au-dessus ou au-dessous des nuages.
LES CIRCONSTANCES 375

Il est parfois de construction directe, notamment dans les indications


d adresses: Habiter place de l’Étoile.

2° S’il exprime le lieu où l’on va, il est généralement introduit par vers à» ,
sur ou pour ; dans, en ou chez ; sur ou sous :
Se diriger vers la gare.
Aller à la mairie. Marcher sur la capitale. Partir pour l’école.
Monter dans un wagon. Entrer en classe. Se rendre chez lo dentiste.
Grimper sur un mur. S’enfoncer sous l’eau.

Il est introduit par des prépositions différentes si l’on veut situer le lieu
où l’on va par rapport à un autre lieu i
Rejeter l’ennemi au-delà du fleuve.
Envoyer près ou loin du but. Tomber devant ou derrière une haie.
S’élever au-dessus des montagnes. Descendre au-dessous de l’horizon.

Il est parfois de construction directe, notamment dans les indications


d adresses : Se rendre boulevard des Italiens.

N. B. — Le complément de lieu exprimant le lieu où Von va se ramène à un complé¬


ment de destination (§ 432).

3° S’il exprime le lieu d’où l’on vient, il est généralement introduit par de,
seul ou combiné avec d’autres prépositions :
Venir de la poste. Descendre d’une auto.
Arriver de chez son oncle. Sortir de dessous la table. Relever de par terre.

N. B. — Le complément de lieu exprimant le lieu d"où Von vient se ramène à


un complément d’origine (§ 430).

4° S’il exprime le lieu par où l’on passe, il est généralement introduit par
par, seul ou combiné avec d’autres prépositions :
Passer par un soupirail. Entrer par la porte. Sortir par la fenêtre.
Pénétrer par chez le voisin. Sauter par-dessus le fossé.
Repasser par-devant notaire.

N. B. — Le complément de lieu exprimant le lieu par où Von passe se ramène à


un complément de moyen (§ 431).
Remarque. — Le complément de lieu est souvent un adverbe, dit de lieu (§ 287) :
Demeurer ici Venir ici Partir d’ici Passer par ici
(lieu où l’on est). (lieu où l’on va). (lieu d’où l’on vient). (lieu par où l’on passe).

434. Le complément de temps. — Le complément de temps exprime


essentiellement soit le moment, soit la durée de l’action.
1° S’il exprime le moment de l’action, il peut être de construction directe:
Partir le lendemain. Etre né le 18 décembre. Rentrer cette année.

Mais il est souvent aussi de construction indirecte, et il est alors générale-


376 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

ment introduit par à, de, en ou dans, ou, si le moment est indiqué d’une
façon approximative, par vers ou sur :
Se coucher à minuit. Se lever de bon matin. Moissonner en juillet.
Arriver dans la nuit.
Être décédé vers Pâques. Se coucher sur les dix heures.

N. B. — Il est introduit par sous, si le moment est désigné par un nom de roi ou
de forme de gouvernement :
Être né sous Louis XIV. Être mort sous l'Empire.

2° S’il exprime la durée de l’action, il peut être de construction directe t


Vivre cent ans. Travailler tout le jour. Sortir une minute.

Mais il est souvent aussi de construction indirecte, et il est alors généra¬


lement introduit par pendant ou durant, qui insistent sur la durée de
1 action : Attendre pendant deux mois. Souffrir deux heures durant.

N. B. — 1° Le complément de temps peut encore exprimer d’autres rapports et


indiquer notamment :
a. Depuis combien de temps une action a eu lieu ou au bout de combien de temps elle
aura lieu; dans le premier cas, il est soit introduit par il y a ou voilà, soit intercalé
dans les locutions il y a... que ou voilà... que :
Il est venu \ '* X ® ] trois ans. *! X.f 1 trois ans qu’il est venu.
( voilà S Voilà )
Dans le second cas, il est introduit par dans ou au bout de :
Il viendra dans trois ans.

b. Depuis combien de temps ou pour combien de temps une action a lieu; dans le
premier cas, il est introduit par depuis, et, dans le second, par pour:
Il dort depuis deux heures. Il part pour deux semaines.

Le complément se ramène alors, dans le premier cas, à un complément d'origine


(§ 430), et, dans le second cas, à un complément de destination (§ 432).
c. En combien de temps une action a eu lieu, a lieu ou aura lieu; il est alors intro¬
duit par en ou dans l’espace de:
On est arrivé (on arrive, on arrivera) en deux jours.

Le complément de temps se ramène alors à un complément de moyen (§ 431).


2° Le complément de temps peut être un infinitif: il exprime alors une action anté¬
rieure ou postérieure à celle qu’exprime le verbe dont il dépend, et il est, selon le
cas, introduit par après (toujours suivi d’un infinitif passé) ou par avant de :
Partir après avoir déjeuné. Déjeuner avant de partir.

11 est aussi parfois un gérondif: il exprime alors une action simultanée par rapport
à celle qu’exprime le verbe dont il dépend, et il est volontiers précédé de l’adverbe
tout, qui souligne la simultanéité des deux actions:
Apprendre en vieillissant. Discuter tout en marchant.

3° Le complément de temps est souvent un adverbe, dit de temps (§ 289) :


Devenir bientôt. S’attarder longtemps. Bavarder parfois.
LES CIRCONSTANCES 377

III. - LA PROPOSITION DE CIRCONSTANCE


DANS LA PHRASE

435. L’emploi et la construction de la proposition de circonstance.


-— 1° Une proposition de circonstance n’accompagne pas, comme une propo¬
sition objet (§ 407), des verbes d’un sens déterminé; elle peut accompagner
des verbes de n’importe quel sens.
La proposition de circonstance est généralement introduite par une conjonc¬
tion et est appelée alors proposition conjonctive de circonstance:
Je viendrai, | puisque tu le désires
(proposition de cause).
Je viendrai | quand tu voudras Je viendrai, | s’il fait beau
(proposition de temps). (proposition de condition).

2° Une proposition de circonstance se présente parfois sous la forme d’une


proposition relative.
a. Dans certains cas, la proposition relative de circonstance est introduite,
comme la proposition relative sujet (§ 400, 2°) ou objet (§407, 3°), par un pro¬
nom relatif sans antécédent et à valeur indéfinie (§ 192, 2°), qui ou quiconque,
ou par les locutions relatives celui qui, celui que, etc.; ce qui, ce que,
etc. ; elle a alors la valeur d’un nom complément de circonstance et elle est
précédée d’une préposition, comme le serait le nom dont elle est l’équivalent :
Souhaitons longue vie | à quiconque vit
(c.-à-d. à tous les vivants: compl. d’attribution).

b. Plus généralement, la proposition relative de circonstance est introduite


par un pronom relatif avec antécédent ; elle a alors la valeur d’une proposition-
conjonctive de circonstance :
Tes parents, | qui t’ont donné la vie, | méritent ta reconnaissance
(c.-à-d. parce qu’ils t’ont donné la vie : la relative équivaut à une propos, de cause).

3° Une proposition de circonstance peut enfin se présenter sans subordon¬


nant, sous la forme soit d’un participe apposé (§ 447, 1°), soit d’un participe
absolu (§ 447, 2°), c’est-à-dire d’une proposition qui a son verbe au participe,
avec un sujet propre, et qui est souvent appelée proposition participe :
Les passants, affolés, s’enfuirent Les vacances finies, chacun rentre
(c.-à-d. parce qu’ils étaient affolés: (c.-à-d.quand les vacances sont finies:
le partie, apposé équivaut à une propos, de cause). la propos, partie, équivaut à une propos, de temps).

4° Le verbe qu’accompagne une proposition de circonstance peut être à


n’importe quel mode, personnel ou impersonnel :
Il gèle si fort | que la rue est déserte.
Qu’il vienne, | pour que je lui parle. Il t’écouterait, | s’il était sensé.
Sois loyal, | puisque tu es Français.
Il faut donner à qui est dans le besoin. Souffrant comme je souffre, je ne sors pas.
378 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

A. - LA PROPOSITION CONJONCTIVE DE CIRCONSTANCE

436. Tableau des propositions conjonctives de circonstance. —


Toutes les circonstances ne s’expriment pas sous forme de propositions. La pro¬
position conjonctive de circonstance exprime seulement:
1° La cause : elle indique alors le fait en raison duquel s’accomplit l’action
énoncée dans la principale.
2° La concession : elle indique alors le fait en dépit duquel s’accomplit
l’action énoncée dans la principale.
3° Le but : elle indique alors le fait en vue duquel s’accomplit l’action
énoncée dans la principale.
4° La conséquence : elle indique alors le fait qui résulte de l’action énoncée
dans la principale.
5° Le temps: elle indique alors un fait qui se produit avant, pendant ou
après l’action énoncée dans la principale.
6° La condition: elle indique alors le fait sans lequel ne pourrait s’accomplir
l’action énoncée dans la principale.
7° La comparaison: elle indique alors un rapport de ressemblance entre
le fait qu’elle énonce et l’action énoncée dans la principale.
Toutes ces propositions sont caractérisées non seulement par la conjonction
qui les introduit, mais encore par le mode de leur verbe.
N. B. — 1° Certains grammairiens ajoutent à cette liste des propositions dites de
lieu et des propositions dites de manière. En réalité :
a. Les propositions dites de lieu, introduites par l’adverbe relatif où (d'où, par où, etc.)
sans antécédent, ou par la locution relative où que (d'où que, par où que, etc.), se
ramènent à des propositions relatives (§ 435, 2°) :
J’irai | où tu m’enverras Où que tu ailles, | je te suivrai
(c.-à-d. dans le lieu où). (c.-à-d. dans le lieu, quel qu’il soit, où).

b. Les propositions dites de manière, introduites par comme, se ramènent ù des


propositions de comparaison :
Nous ne vivons pas | comme vivaient nos aïeux
(c.-à-d. de la même manière que : propos, de comparaison ;
comme établit une « comparaison » entre deux « manières » de vivre).

437. La proposition de cause. — A. La conjonction. — La proposition


de cause est introduite généralement par une des conjonctions:
parce que, comme puisque, du moment que
(le fait est présenté comme produisant (le fait est présenté comme produisant
effectivement un autre fait) ; logiquement un autre fait);

attendu que, vu que sous prétexte que


(en langage juridique surtout) ; (en parlant d’une raison fausse).
Il pleure, | parce qu’il est puni Comme il est riche, | on le flatte
(la subordonnée suit en général la principale). (la subordonnée précède toujours la principale!.
Sois courageux, | puisque tu es un homme
(la subordonnée peut suivre ou précéder la principale).
LAS CIRCONSTANCES 379

N. B. — 1° La proposition de cause peut également être introduite:


a. Par la conjonction que, employée, pour éviter une répétition, au lieu d’une
conjonction de cause déjà exprimée (§ 315, N. B., 1°) :
Comme il neige et qu’il gèle, | je reste au coin du icu.
b. Par la conjonction que, employée, pour abréger, au lieu de parce que, soit après
une proposition principale affirmative formée par la locution c’est (§ 315, 1°) :
S’il ne dit rien, c’est qu’il est timide;
soit après une proposition principale négative, formée par la locution ce n’est pas,
1 réduite souvent à non pas ou non :
S’il ne dit rien, ce n’est pas qu’il soit sot, c’est qu’il est timide.
Il ne dit rien; non pas qu’il soit sot, ou non qu’il soit sot, mais il est timide.

c. Par la conjonction que, employée, à titre explétif, après une proposition princi¬
pale interrogative :
Qu’avez-vous donc, | que vous êtes tout pâle ?
(On pourrait dire, sans conjonction : qu’avez-vous donc P vous êtes tout pâle t)

d. Parla conjonction si, employée, par atténuation, au lieu de puisque, avec la


valeur de s'il esl vrai que:
Comment payerait-il, | s’il n’a pas d’argent ?
(Son manque d’argent, présenté comme supposé, est réel.)

d° La proposition de cause n’est plus guère introduite par la conjonction à cause


que, fréquente au contraire dans l’ancienne langue.
3° Les propositions accompagnant un verbe de sentiment, que.nous avons rangées
pa-mi les propositions compléments d’objet (§408, 3°), sont parfois rangées parmi les
propositions compléments de circonstance, le fait qu’elles expriment pouvant être
considéré comme la cause aussi bien que comme F objet du sentiment.

B. Le mode. — Le verbe de la proposition de cause est:


1° A l'indicatif, s’il exprime, comme il arrive généralement, un fait réel
(§ 330), c’est-à-dire après parce que, comme, puisque, du moment que, attendu
que, au que, sous prétexte que (§ 437, A), que ou si (§ 437, A, N. B.).

N. B. — L’indicatif est remplacé par le conditionnel, si le verbe exprime un fait


éventuel (§ 333) : Surveillez-le, I parce qu’il s’évaderait
(c.-à-d. il s’évaderait [si on ne le surveillait pas]).

2° Au subjonctif, s’il exprime un fait simplement pensé (§332,2°) et


présenté comme une cause fausse, c’est-à-dire après ce n'est pas que, non pas
que, non que (§ 437, A, N. B.).

Remarque. — On se rappellera que la cause peut, en outre, être exprimée:


1° Par une proposition indépendante, coordonnée ou juxtaposée, aussi bien que par
une proposition subordonnée (§ 319). Au lieu de dire :
Je le poursuis | parce qu’il m’a diffamé,
on peut dire:
Je le poursuis, | car il rn’a diffamé ou Je le poursuis : il m’a diffamé.

2° Par une proposition relative (§446, 1°), ou par un participe, apposé (§448, 1°) ou
absolu (§ 449, 1°).
3° Par un nom, ou un équivalent du nom, complément de circonstance (§ 431, 3°).
3âô la sÿntaxë dü français

438. La proposition de concession. — A. La conjonction. — La pro¬


position de concession est introduite généralement :
1° Si la concession porte sur un fait réel, par une des conjonctions :
bien que, quoique.
«àien qu’il m’ait nui, | je lui pardonne
(o.-à-d. il m’a nui, je le « concède», mais je lui pardonne).

N. B, — 1° La proposition de concession n’est plus guère introduite par la conjonction


encore que, fréquente au contraire dans l’ancienne langue.
2° Elle est souvent introduite par la locution malgré que, qui, en réalité, ne
devrait s’employer, comme dans l’ancienne langue, qu’avec le verbe avoir, le nom
malgré (c.-à-d. mauvais gré, mécontentement) ne pouvant s’ajuster qu’à ce verbe:
I! devra s’exécuter, | malgré qu’il en ait
(c.-à-d. quelque mécontentement qu’il en ait).

Par contre, la locution en dépit que, qui résulte de la fusion de en dépit [de] et
de [malgré] que, continue à s’employer, comme dans l’ancienne langue, avec le verbe
avoir seulement: Il devra s’exécuter, | en dépit qu’il en ait
(c.-à-d. quelque dépit qu’il en ait).

2° Si la concession porte sur un fait supposé, par une des conjonctions :


même si; quand bien même, quand même, quand; alors même que.
(Vlême s’il me nuit, | je lui pardonnerai. Quand il me nuirait, | je lui pardonnerais
(c.-à-d. il me nuira peut-être, je le « concède », mais je lui pardonnerai).

3° Si la concession porte non sur une action, mais sur une qualité, c’est-à-
dire sur un adjectif accompagnant un verbe d’état, par une des locutions :
si... que, quelque... que, pour... que; tout... que.
Si, ou Quelque, ou Pour savant que tu sois, | tu ne sais pas tout
Tout solide que tu es, | tu peux tomber malade
(c.-à-d. tu es très solide, je le « concède », néanmoins tu peux tomber malade).
N. B. — La concession porte parfois sur un adverbe:
Si loin qu’il aille, | on le retrouvera.
Il en est ainsi, en particulier, dans la locution toute faite pour peu que s
Pour peu qu’il attende, | il arrivera trop tard.

4° Si la concession n’est pas formelle, mais seulement impliquée dans une


opposition, par une des conjonctions ou locutions:
alors que, tandis que, pendant que.
Il flâne, | alors que nous travaillons
(alors que insiste sur l’opposition; bien que insisterait sur la concession).
Remarque. — Il arrive parfois que l’idée d’opposition domine au point d’exclure
toute idée de concession. C’est le cas notamment des propositions introduites par
bien loin que ou au lieu que:
Bien loin qu’il soit guéri, | sa fièvre monte.
N. B. — 1° La proposition de concession peut également être introduite :
a. Parla conjonction que, employée, pour éviter une répétition, au lieu d’une
conjonction de concession déjà exprimée (§ 315, N. B., 1°) :
Bien qu’il gèle et qu’il neige, | je m’en vais au théâtre.
LES CIRCONSTANCES 381

b. Par la conjonction sans que, employée, si la proposition est négative de sens,


avec la valeur de bien que... ne... pas :
Il est très riche, | sans que cela paraisse.

c. Parla conjonction si, employée, par atténuation, au lieu de quoique, avec la


valeur de s'il est vrai que :
S’il est pauvr’, | il n’est pas malhonnête
(sa pauvreté, présentée comme supposée, est réelle).

d. Par un pronom ou un adverbe relatif à sens indéfini (g 198, 2°), tel que :
qui que, quel que, quoi que, etc.; où que, d’où que, etc.
Qui que vous soyez, | vous êtes le bienvenu. Quel qu’il soit, | un père aime ses enfants.
Quoi qu’on fasse, | on est toujours critiqué.
Où qu’il aille, | il sait se faire aimer.

2° La proposilion de concession peut, dans certains cas, n'être introduite par aucun
subordonnant et affecter la forme d’une proposition principale, sans que la vraie prin¬
cipale subisse aucun changement. Dans ce cas :
a. Ou bien la proposition de concession a pour verbe la locution concessive avoir
beau, qui, suivie d’un infinitif, signifie proprement avoir une belle occasion de, puis,
par antiphrase ironique, perdre son temps à:
Il a beau parler, | personne ne l’écoute
(c.-à-d. bien qu’il parle, quoi qu’il dise).

b. Ou bien elle a son verbe au conditionnel (présent ou passé), ou au subjonctif de


supposition (imparfait, sans que, § 332, 2°), avec inversion du sujet:
Vivrais-je cent ans, | je ne l’oublierais pas N’eût-il rien, | un homme est un homme
(c.-à-d. même si je vivais...) . (c.-à-d. même s’il ne possédait rien).

En pareil cas, le verbe de la vraie principale est souvent introduit parla conjonction
que, employée à titre explétif:
Vivrais-je cent ans | que je ne l’oublierais pas. N’eût-il rien | qu’un homme est un homme.

L’inversion du sujet n’est pas alors obligatoire si la proposition de condition est


au conditionnel : je vivrais cent ans | que je ne l’oublierais pas.

c. Ou bien elle a son verbe à Vimpèralif (g 331, 2°); en ce cas, elle précède toujours
la Vraie principale : Cachez vos fautes, | on les découvrira
(c.-à-d. même si vous cachez...).

B. Le mode. — Le verbe de la proposition de concession est :


1° Au subjonctif, après bien que, quoique (§ 438, A, 1°), encore que, malgré
que, en dépit que (§ 438, A, 1°, N. B.), que, sans que (§ 438, A, 4°, N. B.),
bien qu’il exprime alors un fait réel (§ 330).
Un fait réel, en effet, dans la mesure où il est concédé, est aussi un fait voulu
(§ 332, 1°); une conjonction de concession telle que quoique équivaut à je
veux bien que et se construit par suite avec le subjonctif.
2° Au subjonctif, après si... que, quelque... que, pour... que (§ 438, A, 3°),
qui que, etc., où que, etc. (§ 438, A, 4°, N. B.), parce que l’état ou le fait
qu’il exprime alors, s’il est en partie réel, est aussi en partie pensé (§ 332, 2°).
38 *1 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

N. B. — 1° La locution tout... que, qui affirme avec force la réalité d’un état
(§ 438, A, 3°), est généralement suivie de Vindicatif; mais, par analogie avec la locu¬
tion si... que, elle est parfois suivie du subjonctif.
2° La locution bien Soin que, qui nie avec force la réalité d’un fait simplement
pensé (§ 438, A, 4°, Rem.), est toujours suivie du subjonctif.

3° Au conditionnel, après quand bien même, quand même, quand, alors


même que (§ 438, A, 2°), c’est-à-dire s’il exprime un fait éventuel (§ 333).

4° A l’indicatif, après même si (§ 438, A, 2°) ou si (§ 438, A, 4°, N. B.), c’est-


à-dire s’il exprime un fait supposé, dont on admet un moment la réalité (§ 442,
B, 1er cas).
N. B.— 1° Les conjonctions alors que, tandis que, pendant que (§438, A, 4°),
qui constatent généralement une opposition entre deux faits réels, plutôt qu’elles n’ex¬
priment une concession, sont suivies de Vindicatif:
Il parle, | alors que nous travaillons.

Toutefois, elles sont suivies du conditionnel si elles opposent à un fait réel un fait
éventuel: Il parle, | alors qu’il devrait agir.

2° La locution au lieu que (§438, A, 4°, Rem.) est, elle aussi, suivie tantôt de Vin¬
dicatif, tantôt du conditionnel :
Il parle, | au lieu que nous agissons. Il parle, | au lieu qu’il devrait agir.

Mais elle peut, en outre, être suivie du subjonctif, si elle oppose à un fait réel un
(ail simplement pensé:
Au lieu qu’il soit guéri, | la fièvre monte.

Remarque. —• On se rappellera que la concession peut, en outre, être exprimée:


1° Par une proposition indépendante, coordonnée ou juxtaposée, aussi bien que par
une proposition subordonnée (§ 319). Au lieu de dire :
Quoiqu’il soit pauvre, 1 i est généreux,
on peut dire :
U est pauvre, cependant il est généreux. Il peut bien être pauvre, il est généreux.

2° Par une proposition relative (§ 446, 2°), ou par un participe, apposé (§ 448, 2°)
ou absolu (§ 449, 2°).
3° Par un nom, ou un équivalent du nom, complément de circonstance (§ 431,3°, N. B.).

439. La proposition de but. — A. La conjonction. — La proposition


de fout est introduite généralement par une des conjonctions :
pour que, afin que,

ou, si elle est négative, par :


pour que (ou afin que)... ne... pas. de peur que (ou de crainte que).
Je travaille, | pour que mon père soit content.
Je travaille, | pour que mon père ne soit pas mécontent.
Je travaille, | de peur que mon père soit mécontent.

Remarque. — La conjonction de peur que (ou de crainte que) est souvent accom¬
pagnée du ne explétif (§ 297, G, e) :
Je travaille, | de peur que mon père ne soit mécontent.
LES CIRCONSTANCES 383

N. B. — La proposition de but peut également être introduite :


a. Par la conjonction que, employée, pour éviter une répétition, au lieu d’une
conjonction de but déjà exprimée (§ 315, N. B., 1°) :
Du silence, | pour qu’on se repose et qu’on dorme !
b. Par la conjonction que, employée, pour abréger, au lieu de pour que, après une
proposition principale à l’impératif (§ 315, 2°), ou par la conjonction que ne, em¬
ployée dans les mêmes conditions au lieu de pour que... ne... pas, de peur que:
Viens, | que ton père t’embrasse ! Pars vite, | que je ne t’assomme t

B. Le mode. — Le verbe de la proposition de but est toujours au sub¬


jonctif. parce qu’il exprime toujours un fait voulu (§ 332, 1°).
Remiroue. — On se rappellera que le but peut, en outre, être exprimé :
1° Par une proposition relative (g 446, 3°).
2° Par un nom, ou un équivalent du nom, complément de circonstance (§ 432, 3°).
Mais on remarquera qu’il n’est jamais exprimé :
a. Ni par une proposition indépendante coordonnée, faute de conjonction de coor¬
dination exprimant le but (S 311, II).
b. Ni par une proposition indépendante juxtaposée, employée plutôt pour expri¬
mer la conséquence (g 440, B, Rem.) :
Je travaille : mon père sera content
(c.-à-d. par conséquent, mon père sera content).
c. Ni par un participe, apposé (§ 448) ou absolu (§ 449).

440. La proposition de conséquence. — A. La conjonction. — La


proposition de conséquence est introduite généralement :
1° Si la conséquence résulte de la manière dont s’accomplit l’action exprimée
dans la principale, par une des conjonctions ou locutions1:
de (telle) façon que, de (telle) manière que, de (telle) sorte que,
en sorte que.
Il vit de tells façon | qu’il est très estimé.

2° Si la conséquence résulte de Y intensité de l’action ou du degré de la qualité


exprimée dans la principale, par une des conjonctions ou locutions :
au point que, à ce point... que, à tel point... que, tellement... que,
tant... que, si bien... que,
si (grand, etc.; vite, etc.) que, tel (c.-à-d. si grand, etc.) que.
Il a tellement cric | qu’il est enroué.
La grenouille s’enfla si bien | qu’elle creva.
Il est si méchant | qu’il n’a aucun ami. Il marche si vite | qu’on ne peut le suivre.
Il a un tel talent | que tout le monde l’admire.

N. B. — La proposition de conséquence peut également être introduite:


a. Par la conjonction que, employée, pour éviter une répétition, au lieu d’une
conjonction de conséquence déjà exprimée (§ 315, N. B., 1°) :
Je ferai en sorte qu’il viorne et qu’il accepte.

i. En réalité, la proposition de conséquence est uniformément introduite par la conjonction que; mais
cette conjonction est toujours annonces dans la proposition principale par un corrélatif, adjectif, adverbe ou
expression adverbiale, avec lequel elle finit par faire corps et forme les conjonctions et locutions citées ici.
384 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

b. Parla conjonction que, employée, pour abréger, aulieu de au point que (§ 315, 3°) :
il est têtu | que c’est un vrai mulet 1

Cet emploi est du langage familier.


c. Par la conjonction pour que, employée notamment après les verbes il su/fl ou
il jaul, ou les adverbes assez ou trop:
il suffit ou il faut... pour que, assez ou trop... pour que.
Il suffit d’un rien | pour qu’elle se plaigne. 11 faut du temps | pour que le lilé mûrisse.
Il est assez prudent l ... ....
Il est trop étourdi 1 Pour *uon lui Permette de sortir seu!
(pour que exprime ici non plus le but, § 439, mais le résultat).

d. Par la conjonction sans que, employée, si la proposition est négative de sens,


avec la valeur de de telle façon que... ne... pas :
Il est parti | sans que je m’en aperçoive.

B. Le mode. — Le verbe de la proposition de conséquence est :


1° A l’indicatif, s’il exprime, comme il arrive généralement, un fait réel
(§330).

N. B. — L’indicatif est remplacé par le conditionnel, si le verbe exprime un fait


éventuel (§ 333) :
Il agit si habilement | que le plus fin s’y tromperait
(c.-à-d. s’y tromperait, [s’il le voyait agir]).

2° Au subjonctif, s’il exprime un fait simplement pensé (§ 332, 2°), notam¬


ment :
a. Après une proposition principale négative ou interrogative :
Il n’est pas vieux au point qu’il soit gâteux. Fait-il si froid qu’on ait besoin de feu?

b. Après pour que, annoncé dans la principale par il suffît ou il faut, assez
ou trop (§ 440, A, 2°, N. B.).
c. Après sans que (§ 440, A, 2°, N. B.).

N. B. — Le verbe est également au subjonctif si à l’idée de conséquence se mêle


l’idée de bul, c’est-à-dire s’il s’agit d’un résultat cherché, et par conséquent d’un fait
voulu (§ 332, 1°) : Il parle de manière qu’on l’entende bien.
Faites en sorte que tout soit prêt.

Remarque. — On se rappellera que la conséquence peut, en outre, être exprimée :


1° Par une proposition indépendante, coordonnée ou juxtaposée, aussi bien que par
une proposition subordonnée (§ 319). Au lieu de dire:
Il parle si vite | qu’ou le comprend mal,
on peut dire :
Il parle vite : aussi on le comprend mal. On le comprend mal : il parle si vite 1

2° Par une proposition relative (§ 446, 4°).


3° Par un infinitif complément de circonstance (§ 432, 3°, N. B.).
Mais on remai quera qu elle n est jamais exprime© ni par un nom, ni par un par¬
ticipe, apposé (§ 448) ou absolu (§ 449).
LES CIRCONSTANCES 385

441. La proposition de temps. — A. La conjonction. — La propo¬


sition de temps exprime un fait qui est, par rapport au fait énoncé dans la
principale, simultané, antérieur ou postérieur.

1° Si elle exprime un fait simultané, elle est introduite par une des con¬
jonctions qui indiquent:
a. Soit le moment de l’action:
quand, lorsque; au moment où; en même temps que.
Lorsqu’il mourut, | il fut très regretté. Nous partirons | quand tu le désireras.
J’arrive | au moment où tu sors.

N. B. — Elle n’est plus guère introduite par la conjonction alors que, fréquente au
contraire dans l’ancienne langue et employée aujourd’hui plutôt comme conjonction
de concession (§ 438, 4°) que comme conjonction de temps.

b. Soit la durée de l’action:


comme; pendant que, tandis que; tant que, aussi longtemps que;
à mesure que.
Comme nous déjeunions, | le facteur entra.
Nous rions | pendant que d’autres pleurent. Je ferai mon devoir | tant que je vivrai.
Il déclinait | à mesure qu’il vieillissait.

c. Soit la répétition de l’action:


i toutes les fois que, chaque fois que.
Je le chapitre | chaque fois que je le rencontre.

N. B. — Les conjonctions quand et lorsque s’emploient souvent avec la valeur


de toutes les fois que, notamment si le verbe de la principale est au présent (§336, 2°)
ou à l’imparfait (§ 337, 2°) :
Lorsqu’il veut, | il réussit. Quand il voulait, [ il réussissait.
Quand il a réussi, | il est satisfait.

2° Si elle exprime un fait antérieur, elle est introduite par une des con¬
jonctions :
après que; dès que, aussitôt que, sitôt que; depuis que.
Ap rès qu’il eut goûté, | il se mit au piano.
Dès qu’il aura dîné, | il se couchera. Depuis qu’il est au monde, | il souffre.

N. B. — Les conjonctions quand et lorsque s’emploient souvent avec la valeur


de après que, notamment si le verbe qu’elles introduisent est à un temps composé :
Lorsqu’il eut goûté, | il se mit au piano.

3° Si elle exprime un fait postérieur, elle est introduite par une des conjonc¬
tions :
avant que ;
jusqu’au moment où, jusqu’à ce que, en attendant que.
L’alouette chante | avant qu' il fasse jour.
Jeresterai | jusqu’à ce qu’il revienne. Jerestai | en attendant qu’il revint.
Cayrou. — Grammaire française. 13
386 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

Remarque. — La conjonction avant que est souvent accompagnée du ne explétif


§ 297, C, e) : L’alouette chante | avant qu’il ne tasse jour.

N. B. — La proposition de temps peut également être introduite:


a. Par la conjonction que, employée, pour éviter une répétition, au lieu d’une
conjonction de temps déjà exprimée (§ 315, N. B., 1°) :
Quand je te vois et que je t’entends, je suis rasséréné.

b. Par la conjonction que, employée, pour abréger, au lieu notamment de avant


que (§ 315, 4°) :
Je ne m’en irai pas | que tout ne soit achevé;

ou d’une façon à peu près explétive (§ 315, N. B., 2°) :


A peine était-il sorti | qu’il pleuvait. Il n’est pas encore guéri | qu’il veut se lever.
Il y a déjà dix ans | qu’il est mort.
(On pourrait dire, en renversant la phrase : « Il est mort il y a déjà dix ans. »)

c. Par la conjonction si, employée, par atténuation, au lieu de lorsque, avec la


valeur de toutes les fois que:
Si je dis oui, tu dis non; si je dis non, tu dis oui.

B. Le mode. — Le verbe de la proposition de temps est :


1° A l’indicatif, s’il exprime un fait réel (§ 330), c’est-à-dire un fait simul¬
tané ou antérieur, en d’autres termes un fait présent ou passé par rapport à
un fait réel énoncé dans la principale (§ 441, A, 1° et 2°).

N. B. — L’indicatif est remplacé par le conditionnel, si le verbe exprime un fait


éventuel (g 333), présent ou passé par rapport à un autre fait éventuel :
Elles resteraient, | tant qu’elles voudraient Je t’écrirais, ( dès que je l’aurais vu
(c.-à-d. si elles voulaient). (c.-à-d. si je le voyais).

2° Au subjonctif, s’il exprime un fait simplement pensé (§ 332, 2°), c’est-à-


dire un fait postérieur, en d’autres termes un fait futur par rapport au fait
énoncé dans la principale (§ 441, 3°).
Remarque. — On se rappellera que le temps peut en outre être exprimé:
1° Par une proposition indépendante, coordonnée ou juxtaposée, aussi bien que par
une proposition subordonnée (§ 319). Au lieu de dire :
Quand il eut chanté, j il déclama,
on peut dire : Il chanta et puis il déclama ou II chanta, puis il déclama.
2° Par une proposition relative (§ 446, 5°), ou par un participe, apposé (§ 448, 31*) ou
absolu (§ 449, 3°).
3° Par un nom, ou un équivalent du nom, complément de circonstance (§ 434).
4° Par un adverbe, dit de lemps (§ 289).

442. La proposition de condition. — A. La conjonction. — La propo¬


sition de condition est introduite généralement par la conjonction:
si
81 quelqu'un vient, | je suis sauvé. St *v/ue vient pas, | Je suis perdu.
LES CIRCONSTANCES 387

Remarque.— 1° On prendra garde que la conjonction si exprime tantôt une condi¬


tion, tantôt une simple supposition.
Si je dis . Si tu viens me voir, | tu me feras plaisir,
la conjonction si exprime une condition: la «visite» de mon ami aura pour consé¬
quence un «plaisir» pour moi; elle est la condition de ce plaisir.
Mais si je dis . Si tu viens me voir, | ne viens pas seul,
la conjonction si n’exprime qu’une supposition: la «visite» de mon ami n’est pas
présentée comme entraînant une conséquence, c’est-à-dire un fait dont elle serait la
condition.
Dans les deux cas, d’ailleurs, l’emploi de la conjonction si est régi par les mêmes
règles, et il n’y a pas lieu, pour la syntaxe, de distinguer le si de supposition du si
de condition.
2° On prendra garde que la conjonction si peut exprimer la cause (§ 437, A, N. B.),
la concession (§ 438, A, 4°, N. B.) et le temps (§ 441, A, 3°, N. B.).

N. B.— 1° La proposition de condition peut également être introduite:


a. Par la conjonction que, employée, pour éviter une répétition, au lieu de la
conjonction 8i déjà exprimée (§315, N. B., 1°) :
S’il vient et que je ne sois pas là, prie-le de m’attendre.
b. Par la locution que si, aujourd’hui vieillie, mais employée encore parfois dans
la langue écrite avec la valeur d’un si renforcé, et toujours placée en tête de la phrase :
Que si tu m’attaquais, | je saurais me défendre.
Dans la langue parlée, on emploie plutôt et si.
c. Par la locution si même, pour ajouter une condition à une autre, en renché¬
rissant sur elle :
Si vous venez deux, si même tu viens seul, | nous pourrons tout finir.
d. Par les locutions même si, quand bien même, quand même, quand, alors
même que, pour exprimer une condition combinée avec une concession (§438, A,2°) :
Même s’il a des ennuis, | il reste gai
(c.-à-d. s’il a des ennuis [condition] et quoiqu’il les ait [concession]).
On prendra garde de ne pas confondre même si et si même.
e. Par les locutions si seulement, si encore, ah ! si, pour exprimer une condition
combinée avec un souhait ou un regret:
Si encore, ou Si seulement il était bien soigné, | il pourrait guérir.
Ah ! s’il avait été bien soigné, il aurait pu guérir.

En pareil cas, il n’y a pas toujours de proposition principale exprimée; la propo¬


sition de condition est alors de forme exclamative, et la locution qui l’introduit équi¬
vaut à pluise au ciel que...! puisse...! (formules de souhait) ou à plût au ciel que...! (for¬
mule de regret) ;
Si encore il se repentait ! Si seulement il se repentait ! Ah ! s’il se repentait !
(c.-à-d. Plaise au ciel qu’il se repente! Puisse-t-il se repentir !).
Dans les mêmes conditions, la conjonction si peut, à elle seule, exprimer le souhait
OU le regret : Si jeunesse savait! si vieillesse pouvait I
Si j’avais su I

/. Par la locution â condition que, pour exprimer une condition dont la réalisa», n
est nécessaire à l’accomplissement du fait principal :
Je lui pardonnerai, | à condition qu’il s’excuse
(les « excuses » sont la condition nécessaire du « pardon »).
388 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

g. Parles locutions pourvu que ou à moins que, pour exprimer la condition dont
la réalisation peut seule permettre (pourvu que) ou empêcher (à moins que) l’accom¬
plissement du fait principal :
Il réussira | pourvu qu’il travaille II échouera, | à moins qu’il ne travaille
(seul le « travail » permettra le « succès » : (seul le « travail » empêchera T « échec » :
pourvu que équivaut à si seulement). à moins que équivaut à sauf si).

Avec pourvu que, comme avec si seulement, il n’y a pas toujours de proposition
principale exprimée; la proposition de condition est alors de forme exclamative et
exprime le souhait : Pourvu qu’il réussisse !

h. Parles locutions à supposer que, en admettant que, pour exprimer une condi¬
tion qu’on suppose un instant réalisée afin d’en tirer une conclusion sur l’accomplis¬
sement du fait principal :
A supposer qu’il ait de l’argent, | te remboursera-t-il ?

i. Par les locutions symétriques soit que..., soit que...; que..., ou que..., pour
exprimer Y alternative entre deux conditions dont la réalisation entraîne une consé¬
quence identique: Soit qu’il avoue, soit qu’il nie, ) . ,
Qu’il avoue ou qu’il nie, ] Je le crols couPable-

j. Par les locutions selon que... ou, suivant que... ou, pour exprimer Y alternative
entre deux conditions dont la réalisation entraîne deux conséquences différentes:
Salon qu’il dort bien ou mal, | il est de bonne ou de mauvaise humeur.

k. Par les locutions au cas où, dans le cas où, pour évoquer une circonstance
éventuelle favorable à l’accomplissement du fait principal :
Lis ce livre, | au cas où tu l’aurais sous la main.

2° La proposition de condition, si elle est négative, se présente parfois sous une forme
elliptique. Dans ce cas, la condition est exprimée :
a. Soit par les locutions n’était (c’est-à-dire : si ce n'était) ou n’eût été (c’est-à-
dire : si ce n'avait été), suivies d’un sujet, nom ou proposition (§ 297, 2°, B, /) :
N’étaient ses yeux, | N’eussent été ses yeux, |
on le prendrait pour son père. on l’eût pris pour son père
(la locution, avec un nom sujet, équivaut à sans).
N’était qu’il a des migraines, | il jouit d’une bonne sauté
(la locution, avec une proposition sujet, équivaut à sauf).

b. Soit par les mots ou locutions sinon, autrement, sans cela, sans quoi, qui
opposent une condition négative à une condition affirmative exprimée ou impliquée
dans la proposition précédente :
Cessez de vous disputer, | sinon je m’en vais
(sinon, c.-à-d. si vous ne cessez pas).

B. Le mode. — I. Le verbe de la proposition de condition est toujours à


l’indicatif lorsque cette proposition est introduite par la conjonction si. Mais
deux cas sont à considérer :
rer CAS. — La proposition introduite par si exprime une condition qu’on
suppose un moment réalisée (dans ce cas, le verbe de la proposition princi¬
pale est toujours à 1 ’ indicatif) :
1° Si la condition est supposée réalisée dans le présent ou dans Vavenir, le
-v**rbe qui l’exprime est toujours au présent.
LES CIRCONSTANCES 389

A ce présent correspond dans la principale tantôt un présent, tantôt un


futur : Si tu acceptes, | tu as tort. Si tu acceptes, | tu auras tort.

2° Si la condition est supposée réalisée dans le passé, le verbe qui l’exprime


est au passé composé.
A ce passé composé correspond dans la principale un autre passé composé i
Si tu as accepté, | tu as eu tort.

N. B.— Le verbe de la proposition principale est parfois à l’impératif :


Si ton ami réussit, réjouis-toi.

2° CAS. — La proposition exprime une condition simplement imaginée


(dans ce cas, le verbe delà proposition principale est toujours au conditionnel).
1° Si la condition est présentée comme réalisable dans Vavenir, le verbe qui
l’exprime est à l’imparfait de l’indicatif.
A cet indicatif imparfait correspond dans la principale un conditionnel
présent, dit potentiel (§ 351, 1°) :
Si j’avais de l’argent demain, | je te rembourserais
(le sens est : si j’en avais, et j’en aurai peut-être).

2° Si la condition est présentée comme non réalisée, le verbe qui l’exprime


est à Y imparfait ou au plus-que-parfait de l’indicatif.
a. Il est à l’imparfait, si la condition est présentée comme non réalisée dans
le présent.
A cet indicatif imparfait correspond dans la principale un conditionnel
présent, dit irréel du présent (§ 351, 2°) :
Si j’avais de l’argent aujourd’hui, | je te rembourserais
(le sens est : si j’en avais, mais je n'en ai pas).

b. Il est au plus-que-parfait, si la condition est présentée comme non réalisée


dans le passé.
A cet indicatif plus-que-parfait correspond dans la principale un conditionnel
passé, dit irréel du passé (§ 352) :
Si j’avais eu de l'argent hier, | je t’aurais remboursé
(le sens est : si j’en avais eu, mais je n’en ai pas eu.)

N b. _ 1° Au plus-que-parfait de l’indicatif correspond généralement le condi¬


tionnel passé (1T° forme), mais ces deux temps sont parfois, dans la langue écrite,
remplacés soit séparément, soit simultanément, par le conditionnel passé (2" forme) :
S’il l’avait pu, | il l’eût fait. S’il l’eût pu, | il l’aurait fait.
S’il l’eût pu, 1 il l’eût, fait.

2° Au plus-que-parfait de la proposition de condition correspond parfois, dans la


proposition principale, un conditionnel présent, qui s’explique par une raison de sens :
Si je t’avais écouté, | je serais médecin
(dans le passé) (dans le présent).
390 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

3° Au plus-que-parfait de la proposition de condition correspond parfois dans la


proposition principale un indicatif imparfait, qui s’explique par une raison de style :
Si tu ne m’avais secouru, | je me noyais
(je me noyais, au lieu de : je me serais noyé:
l’indicatif présente le résultat comme certain).

4° Les propositions de condition introduites par les locutions composées avec si,
telles que si même, même si, etc., se mettent au même mode et au même temps
que les propositions introduites par si.

II. Le verbe de la proposition de condition est, en règle générale, au sub¬


jonctif, lorsque cette proposition est introduite par une conjonction autre
que si ou une locution composée avec si si même, même si, etc., § 442,
A, N. B., b-e).

Toutefois il est :
1° Au conditionnel, s’il exprime un fait éventuel (§ 333), c’est-à-dire
après quand bien meme, quand meme, quand, alors meme que et apres au cas
où, dans le cas où (§ 442, A, N. B., d et k).
2° A l’indicatif, après selon que... ou, suivant que... ou (§ 442, A, N. B., /),
qui introduisent deux conditions dont chacune est tour à tour supposée un
moment réalisée.
Remarque.— On se rappellera que la condition peut, en outre, être exprimée :

1° Par une proposition indépendante, coordonnée ou juxtaposée, aussi bien que par
une proposition subordonnée (§ 319). Au lieu de dire :
Si on dit oui, | il dit non,
on peut dire l On dit oui, ©t il dit non ou On dit oui, il dit non.

On peut, d’ailleurs, dire encore à l’indicatif, mais avec inversion du sujet


Dit-on oui, il dit non.

On peut dire enfin, au subjonctif ou à l’impératif :


Qu’on dise oui, il dit non. Dites oui, il dit non.

2° Par une proposition relative (§ 446, 6°), ou par un participe, apposé (§ 44S, 4») ou
absolu (§ 449, 4°).
3° Par un nom, ou un équivalent du nom, complément de circonstance (,§431,36, N. B.).

443. La proposition de comparaison. — A. La conjonction. — La


proposition de comparaison est introduite :
1° Soit par une des conjonctions :
comme, de même que, ainsi que,

qui expriment une ressemblance entre deux actions :


Cet enfant ment 1 comme il respire. Î1 est mort | ainsi qu’il a vécu.
De même que le feu éprouve l'or, 1 le malheur éprouve le courage.
LES CIRCONSTANCES 391

N. B. — 1° La conjonction de comparaison est souvent rappelée en tête de la pro¬


position principale par un adverbe corrélatif tel que de même, ainsi, pareille¬
ment, etc. :
De même que le feu éprouve l’or, | de même le malheur éprouve le courage.

2° La proposition de comparaison se présente souvent sans son verbe, si ce verbe


toit être le même que celui de la proposition principale :
Il s’est battu | comme un lion La vie passe | ain9i qu’un éclair
(c.-à-d. comme un lion [se bat]). (c.-à-d. ainsi que [passe] un éclair).

2° Soit par la conjonction que1, en corrélation avec un adjectif ou un adverbe


qui précède et qui peut exprimer :
a. Légalité. tel qU6j le même... que;
aussi... que, si... que; autant que, tant que.
Prenons les hommes tels qu’ils sont. Il a les mêmes ennuis qu’autrefois.
Il est aussi orgueilleux que son père. Je le méprise autant que je l’estimais.

N. B.— L’adjectif tel est parfois employé sans complément devant un nom, avec
la valeur de comme: Il s’est battu | tel un lion.

b. L inégalité. autre que, autrement que,


plus... que, moins... que; plus que, moins que.
Il est tout autre qu’il ne paraît. Il agit autrement qu’il ne parle.
Il est plus docile que ses frères. Il a travaillé moins que ses camarades.

c. La proportion:
d’autant plus... que, d’autant moins... que,
à mesure que, au fur et à mesure que; dans la mesure ou, autant que,
selon que (sans alternative), suivant qu8 (sans alternative),
On paye d’autant plus d'impôts qu’on est plus riche.
On est plus indulgent On n’est bien portant
au fur et à mesure qu’on vieillit. qu’autant qu’on fait de l’exercice.
Je le récompenserai selon qu’il me rendra service.

b. _ io La proposition de comparaison peut également être introduite par ra


conjonction comme si, pour exprimer une comparaison combinée avec une suppo¬
sition: Je l'aimais | comme s’il était mon flls.

2° La proposition de comparaison peut n'ôtre introduite par aucun subordonnant.


Dans ce cas, la phrase se présente sous la forme de deux propositions juxtaposées :
la première représente la proposition de comparaison, la seconde la proposition prin¬
cipale, et elles sont l’une et l’autre introduites par l'adjectif ou l'adverbe exprimant
l’égalité, l’inégalité ou la proportion:
Telle est la mère, telle est la fille Autant il gagne, autant il dépense
(au lieu de :1a fille est telle que ia mère). (au lieu de: il dépense autant qu’il gagne).
Autre chose est promettre, autre chose est donner
(au lieu de: donner est autre chose que promettre).
Plus il y aura de fleurs, plus il y aura de fruits
(au lieu de: il y aura d'autant plus de fruits qu'il y aura plus de fleurs).

i. Ce mot, que nous sentons aujourd’hui comme conjonction dans toutes les propositions de cornpai aisou,
est en réalité', dans certaines locutions, notamment tel que, le même... que, autre que, etc., un pronom relatif :
Reste tel qua (attribut) tu es. J’ai le même souci que (objet) toi.
392 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

Cett,e construction est souvent employée dans les proverbes et les maximes, et le
verbe est alors volontiers supprimé :
Tels parents, tels enfants. Autant d’hommes, autant d’avis.

B. Le mode. — Le verbe de la proposition de comparaison est à l’indicatif,


s’il exprime, comme il arrive généralement, un fait réel (§ 330).
N. B. — L’indicatif est remplacé par le conditionnel si le verbe exprime un fait
éventuel (§ 333) : Il gagne ici autant qu’il gagnerait ailleurs.
Remarque. — On se rappellera que la comparaison peut, en outre, être exprimée:
1° Par un adjectif exprimant l’égalité, l’inégalité ou la proportion, et suivi d'un
complément :
Il s’est battu pareil à un lion II a une vie différente de la mienne
(au lieu de: comme un lion). (au lieu de : une autre oie que moi).
Le châtiment est proportionné au crime.
2° Par un nom, ou un équivalent du nom, complément de circonstance (§ 431,5°, N. B.).

B. - LA PROPOSITION RELATIVE DE CIRCONSTANCE

444. Généralités. — La proposition relative de circonstance a tantôt la


valeur d’un nom complément de circonstance ( § 435, 2°, a), tantôt la valeur d’une
proposition conjonctive de circonstance (§ 435, 2°, b).

445. La relative de circonstance à valeur de nom. — La relative de


circonstance à valeur de nom peut, comme un nom, exprimer :
1° L’origine (§430):
Hériter de qui n’a pas d’enfant
(c.-à-d. d’un homme sans enfant : compl. de provenance).
Priver de ce qu’il faut Être attiré par qui flatte
(c.-à-d. du nécessaire : compl. d'éloignement). (c.-à-d.par les flatteurs: compl. d’agent).

2° Le moyen (§431):
Vivre de ce qu’on gagne Être estimé pour ce qu’on fait
(c.-à-d. de son salaire: compl. d’instrument). (c.-à-d. pour ses actes: compl. de cause).
Dépenser comme qui est millionnaire
(c.-à-d. comme un millionnaire : compl. de manière).

3° La destination (§432):
Donnerà qui n’a rien Voter pour qui est honnête
(c.-à-d. à un indigent : compl. d’attribution). (c.-à-d. pour un honnête homme: c. d’intérêt).
Viserà ce qui est utile
(c.-à-d. à l'utile: compl. de but).

4° Le lieu (§433) et le temps (§434):


Frapper où l’on est sensible Durer ce que dure uno rose
(c.-à-d. à l'endroit sensible: compl.de Heu). (c.-à-d. la durée d'une rose : compl. de temps).

Le verbe de la relative de circonstance à valeur de nom est toujours à


l’indicatif.
LES CIRCONSTANCES 393

446. La relative de circonstance à valeur de conjonctive. — La


relative de circonstance à valeur de conjonctive peut, comme une conjonctive,
exprimer :

1° La cause (§437) :
Mon voisin, | qui a gagné le gros lot, | est fou de joie
(c.-à-d. parce qu’il a gagné).

Le verbe de la relative de cause est à l’indicatif: il exprime en effet un


fait réel (§330).

N. B. — La relative de cause est ordinairement placée entre deux virgules.

2° La concession (§438):

L’homme, | qui est un être faible, | est le roi de l'univers


(c.-à-d. bien qu'il soit un être faible).

Le verbe de la relative de concession est à l’indicatif: il exprime en effet


un fait réel et le présente comme tel (§ 330).
N. B. — 1° Le même fait, exprimé dans une proposition introduite par bien que,
serait au contraire présenté comme un fait « concédé », donc voulu, et le verbe serait
au subjonctif (§438, B, 1°).
2° La relative de concession est ordinairement placée entre deux virgules.

3° Le but (§ 439) :
Appelle un médecin qui te guérisse vite
(c.-à-d. pour qu’il te guérisse).

Le verbe de la relative de but est au subjonctif : il exprime en effet un


fait voulu (§ 332, 1°).

4° La conséquence (§440) : dans ce cas, le verbe de la relative peut être :


a. A l’indicatif, s’il exprime un fait réel (§ 330) :
Il apprit bien sa leçon, | qui ce jour-là fut sue
(c.-à-d. si bien que ce jour-là elle fut sue).

b. Au subjonctif, s’il exprime un fait simplement pensé (§ 332, 2°), notam¬


ment après une principale négative ou interrogative :
Je demande une bonne | qui soit honnête
(c.-à-d. telle qu’elle soit honnête).
Il n’estpas d’homme | qui sache tout Est-il un homme | qui sache tout ?
(c.-à-d. tel qu’il sache tout).

N. B. — 1° Le verbe de la relative est, en particulier, au subjonctif, si l’antécédent


est un nom accompagné d’un superlatif relatif ou d’une expression superlative telle
que le premier, le dernier, le seul, etc. :
Cet enfant est le plus sage que je connaisse. Cet homme est le seul que j’aie rencontré.
394 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

En pareil cas, le subjonctif atténue le caractère tranchant de l’affirmation contenue


dans la principale ; mais l’indicatif est possible si l’on veut insister sur la réalité du
fait dont personne ne dit de mal.
Tu es le seul homme
à qui j’osais me confier.

2° Le verbe de la relative de conséquence peut être encore :


a. Au conditionnel, s’il exprime un fait éventuel (§ 333) :
Je rêve d’un voyage | qui ne finirait jamais.

b. A l'infinitif, si une idée de possibilité est impliquée dans la pensée:


Il n’a pas de quoi manger Ils trouveront à qui parler
(c.-à-d. de quoi il puisse manger). (c.-à-d. à qui ils puissent parler).

En pareil cas, le relatif est toujours introduit par une préposition.

5° Le temps ( § 441) :
L’enfant | qui vient au monde | se met à pleurer
(c.-à-d. lorsqu’il vient au monde).

Le verbe de la relative de temps est à l’indicatif : il exprime en effet un


fait réel (§ 330).

6° La condition (§442):
Quelqu’un qui t’entend rait | te prendrait pour un fou
(c.-à-d. si quelqu’un t’entendait, il...).

Le verbe de la relative de condition est au conditionnel : il exprime, en


effet, un fait éventuel (§ 333).

C. - LE PARTICIPE ET L’EXPRESSION DES CIRCONSTANCES

447. Généralités. — Le participe a toujours la valeur d’une proposition


conjonctive de circonstance (§ 435, 3°).
Il peut être apposé, ou absolu.

1° Le participe apposé n’est pas le verbe d’une proposition distincte et na


pas de sujet qui lui soit propre.
Il se rapporte à un nom, sujet ou complément du verbe de la proposition
dont il fait lui-même partie, et, comme l’adjectif apposé (§ 375), il est placé
à côté de ce nom, avant ou après, avec une virgule qui l’en sépare :
Ayant récité, l’élève s’assit; L’élève, ayant récité, s’assit
(aijanl récité se rapporte à l’élève, sujet de s’assit, et, comme s’assit, a ce nom pour sujet).

2° Le participe absolu1 est le verbe d’une proposition distincte, dite propo¬


sition participe, et a un sujet qui lui est propre.
La proposition dont il est le verbe est subordonnée à une autre proposition,

i. Ce mot signifie, étymologiquement, « détaché » : le participe « absolu », en effet, n’est « rattaché » par aucun
mot à la proposition principale.
LES CIRCONSTANCES 395

mais il ne se rapporte lui-même à aucun nom, sujet ou complément, de cette


proposition . Sa leçon récitée, | l’élève s'assit
(récitée ne se rapporte pas à l’élève, sujet de s'assit, et a un sujet propre, sa leçon).

N. B. —- Il peut arriver toutefois que le participe absolu ait pour sujet un nom
représenté dans la proposition principale par un pronom complément, ou pour com¬
plément un pronom représentant le sujet de cette proposition :
Le blé une fois moissonné, on le bat Des voisins le gênant, Jean a déménagé
(le, c.-à-d. le blé, sujet de moissonné). (le, c.-à-d. Jean, sujet de a déménagé).

448. Le participe apposé. — Le participe apposé, présent ou passé, peut,


comme une conjonctive de circonstance, exprimer :

1° La cause (§ 437):
Voyant le danger, le chauffeur ralentit L’enfant, ayant trop mangé, fut malade
(voyant, c.-à-d. comme il voyait). (ayant trop mangé, c.-à-d. parce qu’il avait...).
Ma mère, fatiguée par le voyage, se coucha
(fatiguée, c.-à-d. parce qu’elle était fatiguée).

2° La concession (§438):
Il veut, ignorant tout, parlerde tout Blessé mortellement, il espérait encore
(c.-à-d. bien qu’il ignore tout). (c.-à-d. bien qu’il fût blessé),

N. B. — Le rapport de concession est parfois explicitement marqué: tantôt le


participe est introduit par bien que, quoique, même, etc. ; tantôt le verbe principal
est accompagné de pourtant, cependant, néanmoins, etc.:
Bien qu’étant aveugle, il sort seul. Injurié9 il sut pourtant se contenir.

3° Le temps (§ 441) :
Entrant brusquement, je criai : « Me voilà 1 » Ayant pris la ville, l’ennemi la pilla
(c.-à-d. tandis que j’entrai). (c.-à-d. après qu'il eut pris).

N. B. — Le rapport de temps est parfois explicitement marqué: tantôt le parti¬


cipe est introduit par une fois, ü peine, sitôt, etc. ; tantôt le verbe principal est
accompagné de bientôt, aussitôt, etc. :
A peine soumise, l’îlese révolta. Acquitté, il fut aussitôt libéré.

4° La condition ( § 442) :
Gagnant le gros lot, je ferais bien des heureux
(c.-à-d. si je gagnais).
Mieux entraînés, nous aurions gagné la partie
(c.-à-d.si nous avions été mieux entraînés).

Le participe apposé n’exprime jamais ni le but, ni la conséquence, ni la


comparaison.
N. B. — L'adjectif apposé (§375) peut, comme le participe apposé, avoir la valeur
d’une conjonctive de circonstance et exprimer:
1° La CAUSE : Honteux dé sa fauté, il ne se montrait plus
(c.-à-d. parce qu’il était honteux).
2° La concession :
Malade, il gardait sa bonne humeur II était, quoique pauvre, très généreux
(c.-à-d. bien qu’il fût malade). (c.-à-d. quoiqu’il fût pauvre).
396 LA SYNTAXE DU FRANÇAIS

3° Le temps :
Jeune, on nourrit de grands espoirs Une fois vieux, on ne songe qu’au passé
(c.-à-d. quand on esl jeune). (c.-à-d. une fois qu’on est vieux).
4° La condition : Plus aimable, il aurait plus de clients
(c.-à-d. s’il était plus aimable).
En fait, l’adjectif apposé est un attribut implicite (p. 324, n. 1), uni au sujet par
le participe étant.

449. Le participe absolu. — Le participe absolu, présent ou passé, peut,


comme une conjonctive de circonstance, exprimer :

1° La cause (§ 437):
Son état s’aggravant, on dut l’opérer La guerre ayant éclaté, on mobilisa
(c.-à-d. comme son état s'aggravait). (c.-à-d. comme la guerre avait éclaté).
La journée étant finie, les ouvriers quittent l’usine
(c.-à-d. comme la journée esl finie).

2° La concession (§438):
La capitale prise, le peuple ne désespéra pas IVlême tous feux éteints, l’auto fut repérée
(c.-à-d. bien que la capitale fût prise). (c.-à-d. bien que tous ses feux fussent éteints).

3° Le temps (§441):
Le chat parti, les souris dansent II se retira une fois fortune faite
(c.-à-d. quand le chai est parti). (c.-à-d. une fois qu’il eut fait fortune).

4° La condition (§442):
Dieu aidant, nous serons vainqueurs
(c.-à-d. si Dieu nous aide).
L’amitié supprimée, la vie serait sans agrément
(c.-à-d.si l’amitié était supprimée).

Le participe absolu n’exprime jamais ni le but, ni la conséquence, ni la


comparaison.
N. B. — 1° Le participe absolu est employé, en particulier, dans un certain nombre
de locutions toutes faites héritées de l’ancienne langue:
cela étant moi vivant le cas échéant
(c.-à-d .puisqu’il en est ainsi), (c.-à-d. tant que je vivrai), (c.-à-d. si le cas se présente),
toute affaire cessante1, séance tenante (c.-à-d. continuant).
2° Le participe absolu se présente parfois sans verbe, si ce verbe doit être le verbe
être; il se trouve alors réduit à un sujet et à un attribut:
Une fois la route libre, je repartis
(c.-à-d. une fois que la route fut libre).

i. Le participe présent est resté variable, contrairement à l’usage général moderne (§ 335, i°, N. B.), dans
certaines de ces locutions appartenant à la langue judiciaire : « tous empêchements cessants », etc.
LA VERSIFICATION
NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE MÉTRIQUE1

450. Objet de la métrique. — La métrique a pour objet l’ensemble des


définitions et des règles qui se rapportent soit à la structure des vers, soit à
leur groupement en poèmes de formes diverses.

LA STRUCTURE DES VERS

451. Généralités. — Le vers français présente trois caractères essentiels :


lo II est syllabique, c’est-à-dire fondé sur le nombre des syllabes qui le
composent2.
2° Il est rimé, c’est-à-dire terminé par une syllabe de même son que la
syllabe finale d’un vers voisin.
3° Il est musical, c’est-à-dire caractérisé par des pauses et des sonorités
qui lui donnent son rythme et son harmonie.

I. - LA MESURE

452. Le nombre des syllabes. — La mesure d’un vers est constituée par
le nombre de ses syllabes.
Théoriquement toutes les mesures sont possibles, mais toutes ne sont pas
également employées.
A. _ Certaines sont rares et destinées à produire des effets déterminés :
1° D’une part, il existe des vers de 2, 3 ou 4 syllabes, que les poètes d autre-

Ï Nous réduisons ces notions à l’essentiel. Pour plus de détaüs, on pourra se reporter à l’excellent livre de
Maurice Graminont, Petit Traité de Versification française, 12e édition (Librairie Armand Colin, 1947).
2 Le vers latin et le vers grec, au contraire, sont fondés sur la quantité des syllabes, qui peuvent être brèves
( ) ou Ion mes (—) et dont les combinaisons diverses forment des « pieds », comme en musique les combinaisons
de notes forment des « mesures » : le vers se caractérise alors par le nombre et la composition de ses pieds et non

PaSoîtnun1versdL3:.«»Il«, c’est-à-dire de six pieds, dont les quatre premiers pieds peuvent être indifféremment
ries dactyles (— vz ou des spondées ( —) .
I^_|-_|-uu|--|-uu|--|
Il a Quatorze syllabes: mais, une syllabe longue valant deux brèves, comme une noire, par exemple, vaut deux
croches il est musicalement équivalent au vers suivant, qui a seize syllabes parce que les dactyles y prédo¬
minent’: |-wv|-vu|--|-uv|-vv|-|
398 I,A VERSIFICATION

fois comme ceux d’aujourd’hui emploient à l’occasion, en les mêlant généra¬


lement à des vers plus longs :
C’est promettre beaucoup; mais qu’en sort-il souvent?
Du vent. (La Fontaine.)
Même il m’est arrivé quelquefois de manger
Le berger. (La Fontaine.
C’était, dans la nuit brune, Fuis, fuis le pays morose
Sur le clocher jauni, De la prose,
La lune, Ses journaux et ses romans
Comme un point sur un i. Assommants.
(A. de Musset.) (Ch. Nodier.)
La cloche, dans le ciel qu’on voit,
Doucement tinte ;
Un oiseau, sur l’arbre qu’on voit,
Chante sa plainte. (Verlaine.)

2° D’autre part, il existe des vers de. 13, 14,15 syllabes, ou même davantage,
que certains poètes, depuis la fin du xixe siècle surtout, emploient volontiers :
Il a plu, la terre est fraîche et contente, tout luit.
(Ce vers a treize syllabes.) (Francis Jammes.)

B. — Les mesures courantes sont comprises entre ces deux extrêmes. On


distingue principalement :

1° Parmi les vers qui ont un nombre pair de syllabes :


a. Le vers de 8 syllabes, ou octosyllabe :
Gloire à notre France éternelle ! (V. Iluco.)

b. Le vers de 10 syllabes, ou décasyllabe :


Vous chantez dès 1 aube avec les oiseaux. (Leconte de Lisle.)

c. Le vers de 12 syllabes, ou alexandrin;


Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer? (Lamartine.)

N* B- Le vers alexandrin tire son nom d’un poème sur Alexandre (xne siècle)
où il était employé et dont le succès fut considérable.

2° Parmi les vers qui ont un nombre impair de syllabes :


o. Le vers de 7 syllabes, ou heptasyllabe :
Plutôt souffrir que mourir :
C’est la devise des hommes. (La Fontaine.)

b. Le vers de 9 syllabes, ou ennéasyllabe ;


L’air est plein d’une haleine de roses :
Tous les vents tiennent leurs bouches closes. (Malherbe.)
LA STRTJCTURS DES VERS 309

N. B. — On trouve quelquefois, en outre, des vers de 5, S ou 11 syllabes:


Mon enfant, ma sœur, Je sais sur la colline
Songe à la douceur Une blanche maison;
D’aller là-bas vivre ensemble î Un rocher la domine...
(Baudelaire.) (Lamartine.)
Ohl regarde donc les arbres affolés!...
Les voilà plus souples que des blés
Dont la grêle d’août vient flageller les tiges.
(Edmond Haraucourt.)

453. Le compte des syllabes. — En principe, toutes les syllabes d un mot,


qu’elles soient sonores ou muettes dans la prononciation courante (§ 4, N. 11.),
doivent être comptées dans le vers :
récita appelons rudement
(3 syllabes). (3 syllabes). (3 syllabes).

Toutefois trois cas particuliers sont à considérer.


A. L’e MUET final. — L’e muet final est traité différemment selon qu’il
est précédé d’une consonne ou d’une voyelle.
1° Précédé d’une consonne, il compte pour une syllabe à l’intérieur du vers,
s’il est suivi d’un s ou placé devant un mot commençant par une consonne
OU un h aspiré : Tu frappes et guéris, tu perds et ressuscites.
(Racine.)
Leur bouche de vingt mois montre ses dents de lait.
(Rollinat.)
Il porte le haubert que portait Salomon.
(V. Hugo.)

Si, au contraire, il n’est pas suivi d’un s et s’il est placé devant un mot
commençant par une voyelle ou un h muet, il s’élide (§ 10) et par consé¬

quent ne compte pas. Un[e] hirondelle] en ses voyages


Avait beaucoup appris. Quiconqu[e] a beaucoup vu
Peut avoir beaucoup retenu.
(La Fontaine.)

A la fin du vers, qu’il soit ou non suivi d un s, il ne compte jamais i


Sur la petite place, au lever de l’aurorje ,
Le marché rit, joyeux, bruyant, multicolor[e].
(A. Samain.)

Ses yeux jaunes et bleus sont comme des agat;es .


(E. Rostand.)

2° Précédé d’une voyelle, l’e muet ne compte pas s’il est à 1 intérieur d un
mot : envi[e'ront, ondoi[e(ra, aboi[e]ment, dévou[e]ment, dénuje'ment.
Spencer s'en revenant de l’île des Ié[e]ries.
(Sainte-Beuve.)

Ceux que vous oubliez ne vous oublieront pas.


(V. Hugo.)

(Tous trois désavoueront la douleur qui te touche.


ÇCORNtlLUa.)
400 LA VERSIFICATION

N^B. Il est. parfois, en pareil cas, supprimé dans l’écriture, et la voyelle aui
précédé est surmontée d’un accent circonflexe : **
Ma foi, sur l’avenir bien fou qui so ffra.
(Racine.)
Car Dieu dénoûra toute chaîne.
(V. Huoo.)

A la fin d’un mot, mais à l’intérieur d’un vers, il s’élide et par conséquent
ne compte pas, s il n est pas suivi d’un s et s’il est placé devant un mot com¬
mençant par une voyelle ou un h. muet :
La splendeur d'une nuit lacté[e] et violette.
(Sully-Prudhomme.)
La vi[ej aux mille soins, laborieux et lourds.
(V. Hugo.)
Imitez le canard, la grufej et la bécasse.
„ . (La Fontaine.)
h uis nos villes de bou[e] et notre âge de bruit.
(Lamartine.)

Si, au contraire, il est suivi d’un s ou placé devant un mot commençant par
une consonne ou un h aspiré, le mot qui le contient est en principe exclu du
vers; en fait, il y est parfois admis, mais alors l’e muet ne compte pas;
Bon . jurez ! Le serment vous li[e]-t-il davantage?
(La Fontaine.)

l’e, en effet, se prononçait Tt^omitait poï^une Syllabe H3™11 ***' eXdU dU VCrS;
Le timon était d’or et les roues dorées.
(Ronsard.)

A la fin du vers, qu’il soit ou non suivi d’un s, l’e muet ne compte jamais ■
L’arbretientbon.lero^upJU^ Mauvaise graine est tôt venufej.
Je marcherai les yeux fixés sur mes penséfes]. A °NTAINE’)
(V. Hugo.)

B. La syllabe muette -ent. - La syllabe muette-ent, qui termine dans


les verbes !a 3; personne du pluriel, est traitée, elle aussi, différent™t selon
qu elle est precedee d une consonne ou d’une voyelle. ’

ver‘° maist
vers, maïs la lin
a la fin "ITT’
du vers elle ne compte pasP°U'
: s»Uabe » l’intérieur du

Pré^rapefUX prisonniers sous tes voûtes splendides


Frémirent comme au vent frémissent les épis

Chèvres, béliers, taureaux aussitôt délogèrent!


Daims et cerfs de climat changèrent], ’
(La Fontainb.)
LA STRUCTURE DES VERS 401

2° Précédée d’une voyelle, elle ne compte jamais ni â l’intérieur ni â la fin


du vers : Ils ne mourai[ent] pas tous, mais tous étaient] frappés.
(La Fontaine.)
Mes yeux verrai[ent] partout le vide et les déserts.
(Lamartine.)
Qu’ils soi[ent] dorénavant ton unique entretien.
(Corneille.)
Les mondes fui[ent], pareils à des graines vannées.
(Sully-Prudhomme.)
Du temps que les bêtes parlaient], C’est le soleil après la pluie...
Les lions entre autres voulai[errt] De la ville que ses feux noi[ent],
Etre admis dans notre alliance. Toutes les fenêtres flamboi(ent].
(La Fontaine.) (y. Hugo.)
Mais bientôt malgré nous leurs princes les rallient],
Leur courage renaît et leurs terreurs s’oubli[ent].
(Corneille.)

C. Les groupes de voyelles. —Les groupes de voyelles comptent tantôt


pour une syllabe, tantôt pour deux syllabes.

1° En principe, ils comptent pour une syllabe, s’ils sont issus d’une seule
syllabe latine :
pied nuit ciel
(du latin pedem) ; (du latin noctem) ; (du latin caelum).
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.
(Baudelaire.)

Si, au contraire, ils sont issus de deux syllabes latines, ils comptent pour
deux syllabes :
li-er sci-ence acti-on
(du latin li-gare) ; (du latin sci-enliam) ; (du latin acti-onem).
Quel est cet élixir? Pêcheur, c’est la sci-ence...,
Trésor de la pensée et de l’expéri-ence.
(A. de Vigny.)

2° En fait, l’usage varie beaucoup avec les époques et avec les poètes, pour
un même groupe de voyelles et parfois pour un même mot. Signalons seulement :
o. Le groupe -io- dans les finales -ion ou -ions. — Dans les noms, la
finale -ion (au pluriel -ions) compte pour deux syllabes!
Vous êtes mon li-on superbe et généreux.
(V. Hugo.)
Mon printemps ne sent pas vos adorati-ons.
(A. de Vigny.)

Dans les verbes, la finale -ions (lre personne du pluriel : imparfait de


l’indicatif, présent et imparfait du subjonctif, présent du conditionnel) ne
compte, en principe, que pour une syllabe:
Oh ! comme nous courions dans cette solitude !
(V. Hugo.)
Nous l’estimerions plus s’il était ignorant.
(La Fontaine.)
Ne vaudrait-il pas mieux que nous devinssions frères?
(V. Hugo.)
402 LA VERSIFICATION

Toutefois elle compte pour deux syllabes t

D’une part, si elle est précédée de deux consonnes différentes dont la


seconde est un 1 ou un r:
voudri-ons, devri-ons; semblî-ons.
Nous sommes des seigneurs bienfaisants et très doux :
Nous ne voudri-ona pas vous faire de la peine.
(V. Hugo.)

D’autre part, dans les verbes rire, sourire, et les verbes en -ier, au présent
de l’indicatif et de l’impératif, où l’i fait partie du radical :
souri-ons; pri-ons, oubli-ons.
Ri-ons, chantons, dit cette troupe impie.
(Racine.)
Ne nous associ-ons qu’avecque nos égaux.
(La Fontaine.)

b. Le groupe -ie- dans les finales -iei' ou -iez. -— Dans les noms et les
adjectifs, la finale -ier (au féminin -ière) compte pour une syllabe:
Un savetier chantait du matin jusqu’au soir.
(La Fontaine.)
J’ai senti tout à coup un homicide acier
Que le traître en mon cœur a plongé tout entier.
(Racine.)
Le fabricateur souverain
Nous créa besaciers tous de même manière.
(La Fontaine.)
Ruez-vous sur l’homme, guerrières !
(V. Hugo.)

Il en est de même, dans les verbes, de la finale -iez (2e personne du plu¬
riel : imparfait de l’indicatif, présent et imparfait du subjonctif, présent du
conditionnel) : Vous vous abandonniez au crime en criminel.
(Racine.)
Pour me tirer des pleurs, il faut que vous pleuriez.
(Boileau.)
Je voudrais bien, pour voir, que, de votre manière,
Vous en composassiez sur la même matière.
(Molière.)
Si je vous le disais, pourtant, que je vous aime,
Qui sait, brune aux yeux bleus, ce que vous en diriez ?
(A. de Musset.)

Toutefois les finales -ier (au féminin -ière) et -iez comptent pour deux
syllabes :
D’une part, si elles sont précédées de deux consonnes différentes dont la
seconde est un 1 ou un r :
baudri-er, ouvri-ére, sangli-er; voudri-ez, devri-ez, sembll-ez.
Monseigneur le duc de Bretagne Convoqué de Nante à Mortagne
A pour les combats meurtri-era. L'arrière-ban de ses guerriers.
(V. Huao.)
LA STRUCTURE DES VERS 403
Sous les verts marronniers et les blancs peupll-ers.
(A. de Musset.)
Donnez, riches ! l’aumône est sœur de la pri-ère.
(V. Hugo.)
Vous devri-ez brûler tout ce meuble inutile.
(Molière.)

D’autre part, dans les verbes rire, sourire, et les verbes en -ier, au pré¬
sent de l’indicatif et de l’impératif, ainsi qu’au présent de l’infinitif, où l’i
fait partie du radical :
souri-ez; pri-ez, oubli-ez; mendî-ei'.
Venez autour de moi ! ri-ez, chantez, courez !
(V. Hugo.)
Nature au front serein, comme vous oubli-ez !
(V. Hugo.)
Au pied de l’Éternel je viens m’humili-er.
(Racine.)

c. Des groupes divers que les poètes, dans certains mots, comptent pour
une ou pour deux syllabes selon les besoins de la versification:
^ Hier on m’a volé, moi, près du pont de Tolède...
hier ( La lune étant couchée, hi-er, plaza Mayor.
(V. Hugo.)
j J’oserais ramasser le fouet de la satire...
fouet ^ Marqué du fou-et des Furies...
(A. de Musset.)
( Sur la terre où tout jette un miasme empoisonneur...
miasme ^ Mêlé dans leur sépulcre au mi-asme insalubre.
(V. Hugo.)

454. L’élision et l’hiatus. — Dans le compte des syllabes, un cas doit


retenir particulièrement l’attention, celui de deux mots qui se suivent, dont
l’un se termine et l’autre commence par une voyelle.

1° En ce cas, il se produit parfois, on l’a vu (§ 10), une élision, et la voyelle


finale du premier mot ne compte pus.
S’il s’agit d’un mot auxiliaire (article, adverbe, préposition, conjonc¬
tion, etc.), l’élision porte généralement sur un e, parfois sur un a ou un i;
la voyelle élidée ne s'écrit pas, et elle est, comme en prose, remplacée par
une apostrophe (§ 25, 1°) :
Oh ! l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un dieu partage et multiplie !
(V. Hugo.)
Quant à l’humeur contredisante,
Je ne sais s’il avait raison.
(La Fontaine.)

N. B. — Le pronom le est parfois élidé même s’il est employé comme objet d’un
404 LA VERSIFICATION

verbe à l’impératif, c’est-à-dire dans un cas où il porte l’accent tonique (§ 163,2°, N. B.) :
il perd alors son e final dans la prononciation, mais non dans l’écriture :
Mettons-lfol en notre gibecière.
(La Fontainb.)
Coupe-l[e] en ouatre, et mets les morceaux dans la nappe.
(A. de Musset.)

S’il s’agit d’un autre mot qu'un mot auxiliaire (nom, adjectif, verbe, etc.),
l’élision porte toujours sur un e, qui s'écrit, mais ne se prononce pas:
L’argent en honnêt[e] homm[e] érig[e] un scélérat.
(Boileau.)
Elletombfe], ellecrife], ell[e] est au sein des flots.
(A. Chénier.)
Jugez de quell[e] horreur cette joFel est suivie.
(Racine.)

2° Au lieu d’une élision, il se produit parfois un hiatus : dans ce cas, la


voyelle finale du premier mot et la voyelle initiale du second se prononcent
et se comptent séparément.
L’hiatus, fréquent dans la poésie du moyen âge, est parfois désagréable à
l’oreille. Aussi, dès le xvie siècle, fut-il évité par les poètes et, à partir du
xvii® siècle, interdit par les théoriciens, par Malherbe d’abord, puis par Boi¬
leau en deux vers célèbres :
Gardez qu’une voyelle, à courir trop hâtée,
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée.

En fait, l’hiatus restait toléré dans certains cas et notamment :


a. Si la voyelle finale du premier mot était suivie soit d’une consonne qui ne
se prononçait pas, soit d’un e muet qui s’élidait :
Seigneur lou[p] étrangla le baudet sans remède.
(La Fontaine.)
Je reprends sur-le-champ le papieir] et la plume.
(Boileau.)
Il y va de ma vl|e] et je ne puis rien dire.
(Racine.)

b. Si la voyelle initiale du second mot était précédée d’un h aspiré :


Et le mâtin était de taille
A se défendre hardiment. (La Fontaine.)

N. B. — L’hiatus était toléré encore, surtout dans la poésie simple et familière, à


l’intérieur d’une locution toute faite ou d’une série d’interjections :
peu à peu ; çà et là ; oui, oui ; oh là 1 oh !

Depuis le xixe siècle, l’hiatus est plus fréquent et toléré dans tous les cas où
il ne blesse pas l’oreille : x
1 Ah ! loue que tu es !
Comme je t’aimerais demain, si tu m'aimais !
(A. de Musset.)
Nulle plume d’oiseau et nulle aile d’insecte.
(H. de Régnier.)
Et je me suis meurtri avec mes propres traits.
(J. Moréas.)
LA STRUCTURE DES VERS 405

En principe, l’hiatus blesse l’oreille toutes les fois que la voyelle finale du
premier mot est identique à la voyelle initiale du second :
Dona Anna pleurait.
(Th. Gautier.)
Chaumière où du foye[r] étincelait la flamme.
(Lamartine.)
Et le soir, tout au fond de la valley] étroite.
(V. Hugo.)
Mon âme est devenu[ej une prison sonore.
(J.-M. de Heredia.)

Encore peut-il, dans ce cas, se justifier par l’heureux effet qu’il produit :
A ces mots on cria haro sur le baudet.
(La Fontaine.)
Après bien du travail le coche arrive au haut.
(La Fontaine.)
La nuéfe] éclate.
(V. Hugo.)

N. B. — On prendra garde que l’hiatus existe à l’intérieur de beaucoup de mots


usuels et que ces mots ont toujours été admis dans les vers. Tels sont:
a-érien, oeé-an, di-amant, oubli-er, envi-eux, po-ète, éblou-ir, immu-able.
Ce beau rêve
Qui sera le ré-el un jour.
(V. Hugo.)
La girou-ette en deuil cri-ait au firmament.
(A. de Vigny.)

11. - LA RIME

455. Les espèces de rimes. — 1° La rime est la répétition, à la fin de


deux vers, de la dernière voyelle sonore et, éventuellement, des sons-consonnes

qui lu Suivent. passé peut rimer avec bonté,


amour avec retour, soleil avec vermeil, gazon avec pinson,
courag[e] avec carnag[e], august[e] avec arbust[e].

jsj g._ io h peut y avoir rime entre deux mots sans que l’identité de son s’ac¬
compagne d’une identité d’orthographe :
enfant peut rimer avec content,
jouc[e] avec mouss[e], vain avec fin, cor[ps] avec mor[t], lai[d] avec valejtj.

2° Mais il n’y a pas rime si l’identité de la dernière voyelle sonore ne s’accompagne


pas, le cas échéant, de l’identité du son-consonne qui la suit:
pur[e] ne peut rimer avec chut[e],
ni sag[e] avec rnassje], ni prêt[e] avec frêl[e], ni sombr[e] avec mot-nje].

Il y a alors simplement assonance. L’assonance suffisait dans la plus ancienne poésie


française : Rolanz ferit en une pierre bis[e] :
Plus en abat que je ne vos sai dirfe]1.
(Chanson de Roland, xr siècle.)

L’usage de la rime s’établit au xn* siècle.

i. Traduction : « Roland frappe [de son épée] sur une roche bise : il en abat plus que je ne saurais dire. »
406 LA VERSIFICATION

2° Il y a deux sortes de rimes : les rimes masculines et les rimes féminines.

a. Elles sont masculines, si la dernière syllabe sonore n’est pas suivie d'une
syllabe muette r Les chants désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j’en sais d’immortels qui sont de purs san-glots.
(A. de Musset.)

b. Elles sont féminines, si la dernière syllabe sonore est suivie d’une syllabe
muette : Quatre jours sont passés, et l'île et le ri-vag[e]
Tremblent sous ce fracas monstrueux et sau-vag[e],
(V. Hugo.)
Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nè[es],
La valeur n’attend pas le nombre des an-né[es].
(Corneille.)

N. B. — Les 3es personnes du pluriel, dans lesquelles la terminaison -ant suit une
voyelle et forme avec celle-ci une seule et même syllabe, sont considérées comme
masculines ; les autres, dans lesquelles la terminaison suit une consonne et constitue
une syllabe à part, qui est muette, sont considérées comme féminines:
Ni loups ni renards n’épi-aient ...Ce conseil ne plut pas.
La douce et l’innocente proie ; Il en prit mal ; et force États
Les tourterelles se fuy-aîent : Voisins du Sultan en pâ-tir[ent] :
Plus d’amour, partant plus de joie. Nul n’y gagna, tous y per-dir ent],
(La Fontaine.) (La Fontaine.)

456. La disposition des rimes. — En règle générale, dans une même


alternent avec les rimes féminines.
pièce de vers, les rimes masculines
1° Les rimes sont dites plates, ou suivies, quand deux vers à rime masculine
alternent avec deux vers à rime féminine :
Il neigeait. On était vaincu par sa con-quêt[e].
Pour la première fois l’aigle baissait la têt[e].
Sombres jours ! l'empereur revenait Iente-ment,
Laissant derrière lui brûler Moscou fu-mant.
(V. Hugo.)

2° Les rimes sont dites croisées, quand un vers à rime masculine alterne
avec un vers à rime féminine:
Mon cœur, lassé de tout, même de l’espé-rano[e],
N’ira plus de ses vœux importuner le sort;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon en-fanc[el,
Un asile d’un jour pour attendre la mort. (Lamartine.)

3° Les rimes sont dites embrassées quand deux vers à rime féminine sont
précédés et suivis d’un vers à rime masculine, ou inversement:
Je fais souvent ce rêve étrange et péné-trant
D’une femme inconnue, et que j’aime et qui m’aim[e],
Et qui n’est chaque fois ni tout à fait la mêm[e]
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me com-prend. (Verlaine.)

N. B. — Les rimes sont dites redoublées si la même rime, masculine ou féminine,


est répétée plus de deux fois.
Elles sont dites mêlées, ou libres, si elles se succèdent dans un ordre irrégulier,
tour à tour plates, croisées, embrassées ou redoublées, selon la fantaisie du poète.
LA STRUCTURE DES VERS 40?

457. La valeur des rimes. — Les rimes n’ont pas toutes la même valeur:

1° Les rimes sont dites suffisantes, si elles présentent deux éléments iden
tiques: la voyelle sonore et le son-consonne qui la suit :
clair et dé-ser[t], é-clor[e] et au-ror(é], por-tail et tra-v ail,
o-rag[el et ri-vag[e], vou-loir et es-poir, prendrai et tendr[e], pui-ssan[t] et ar-den[t],
La sève en mai, gonflant les aubépines blanchfes],
S’enfle et sort en salive à la pointe des branch[es]. (V. IIugo.)

2° Les rimes sont dites riches, si elles présentent trois éléments identiques:
la voyelle sonore, le son-consonne qui la suit, et de plus le son-consonne qui la
précède et qui est appelé consonne d'appui:
en-fer et sou-ffer[t], pro-pos et re-pos, lan-cier et sor-cier,
vi-sag(e] et pré-sag[el, sa-voir et pou-voir, gé-mir et dor-mir, mur-mur[e] et ar-murfe].
Le vaste oiseau, tout plein d’une morne indo-leno[e]
Regarde l’Amérique et l’espace en si-!enc[e].
(Leconte de Lisle.)

3° Les rimes sont dites pauvres, si elles ne présentent qu’un élément iden
tique : la voyelle sonore :
pa-ri et ü-ni, bon-té et ai-mê, ver-tu et con-çu,
or-ti[e] et fo-li[e], frai|s) et lai[t), lou[p] et dou[x], ro-sè[e] et nué-[e].
Sous votre aimable tête un cou blanc, déli-ca[t],
Se plie, et de la neige effacerait l’é-cla[t]. (A. Chénier.)

4° Les rimes sont dites défectue’ises, si la voyelle sonore nest pas d’un
timbre identique dans les deux cas:
trao[e] et grâc[e], sa-cré et par-fait, donn[e) et prôn|e).
S’étant pris, dis-je, aux brancher dece saul[e],
Par cet endroit passe un maître d’é-col[e]. (La Fontaine. ,

Elles le sont également, si la voyelle sonore est précédée ou suivie d’un


son-consonne qui ne se prononce pas de la même manière dans les deux cas,
ou encore qui ne se prononce que dans un cas:
u-sé[e] et pen-sé[e], mèr[e] et guerrfe], vill[e] et fill[e),
ve-nus et Vé-nus, se[p]t et ob-je[t], mou-ru[t] et Ruth.
Elle écoute. Un bruit sourd frappe les sourds é-cho[s]:
Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos? (V. Huoo.)

N. B. — On prendra garde que chez les poètes classiques certains mots riment
ensemble, bien que la syllabe finale ne se prononce pas de la même manière.
En réalité, la rime est alors fondée sur une ancienne prononciation, en usage
surtout dans la récitation soutenue, où les consonnes finales gardaient toute leur
valeur. On trouve notamment rimant ensemble :
aimer et amer, associer et fier (adj.), enfermer et air,
monsieur et rieur, assis et f![l]s, brebi9 et jadis, baudet et net.
Le renard s’en saisit et dit : « Mon bon monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » (La Fontaine.)
408 LA VERSIFICATION

III. - LA MUSIQUE

458. Les éléments de la musique. — La musique du vers est constituée


par son rythme et par son harmonie.

A. — Le rythme du vers

459. Généralités. — Le rythme du vers est marqué par des pauses, dites
coupes ou césures.
Ces pauses sont placées après des syllabes particulièrement accentuées et
divisent le vers en groupes de mots, liés par le sens et la syntaxe et dits élé¬
ments rythmiques.
Le nombre et la longueur de ces éléments varie avec la mesure du vers :
les vers de huit syllabes et plus comportent au moins une coupe et par consé¬
quent au moins deux éléments rythmiques.

460. Les coupes dans l’octosyllabe. — L’octosyllabe est généralement


coupe soit après la 3° syllabe, soit après la 4°, c’est-à-dire à l'hémistiche
(du grec hémistichos, « demi-vers »), mais parfois après la 2e ou la 6e.
Certains vers ont une coupe secondaire, d’autres une seule coupe à peine
marquée. Au fond des cjeux | un point scintille>
Regardez: || il grandit, | il brille,
Rapproche, || énorme et vermeil.
O République | universelle,
Tu n’es encor | que l’étincelle ;
Demain II tu seras le soleil 1
(V. Hugo.)
O sœurs | des corolles vermeilles Acharnez-vous sur lui, H farouches
Filles de la lumière, || abeilles, Et qu’il soit chassé | par les mouches
Envolez-vous | de ce manteau 1... Puisque -es hommes | en on “eur 1
(V. Hugo.) (V. HuG(; }

461. Les coupes dans le décasyllabe. — Le décasyllabe est générale¬


ment coupe après la 4e syllabe; parfois, à partir du xixe siècle, après la 5e :
Jean s’en alla | comme il était venu,
O mon cher rouet, | ma blanche bobine,
Mangea le fonds | avec le revenu,
Tint les trésors | chose peu nécessaire.
Je vous aime mieux | que l’or et l’argent!
Quant à son temps, | bien le sut dispenser:
Vous me donnez tout, | lait, beurre et farine,
tt le gai logis, | et le vêtement.
Deux parts en fit, | dont il voulait passer
L’une à dormir, | et l’autre à ne rien faire.
Je vous aime mieux | que l’or et l’argent,
O mon cher rouet, | ma blanche bobine !
(La FONTAINE.)
(Leconte de Lisle.)

462. Les coupes dans l’alexandrin. Il importe de distinguer 1 ’alexan-


drin classique et Y alexandrin romantique.

1° L alexandrin classique est un vers dit binaire : il est coupé, en effet.


La STRUCTURE UES VERS 409

apres la 69 syllabe, c est-à-<iire à 1 hémistiche, et partagé par conséquent en


deux éléments rythmiques égaux:
Nous partîmes cinq cents ; Il mais par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille | en arrivant au port.
[6 + 6] (Corneille.)

Boileau a formulé en deux vers célèbres la pratique courante de son temps :


Que toujours dans vos vers | le sens, coupant les mots,
Suspende l’hémistiche, || en marque le repos.

Mais, à côté de la coupe principale, l’alexandrin classique présente en général,


dans chacun de ses éléments rythmiques, une coupe secondaire, si bien qu’il
comporte le plus souvent quatre temps:
Ta douleur, | du Périer, || sera donc | éternelle.
[3+3 II 3+3) (Malherbe.)

Les poètes évitent la monotonie:


a. Tantôt en variant la place des coupes secondaires:
Traîner | de mers en mers II ma chaîne | et mes ennuis.
[2+4 II 2 + 4] (Racine.)
Ce qu’il ne peut | de force, Il il l’entreprend | de ruse.
[4 + 2 || 4 + 2] (Corneille.)
Combien | dans cet exil || ai-je souffert | d’alarmes!
[2 + 4 II 4 + 2] (Racine.)
Soyons femme | d’Horace II ou sœur | des Curiaces.
[4 + 2 II 2 + 4] (Corneille.)

Les combinaisons sont nombreuses et toutes sont admises.


b. Tantôt en diminuant l’importance de la coupe à l’hémistiche et en plaçant
ailleurs la coupe principale:
Je fuis, Il ainsi le veut | la fortune ennemie.
[2 II 4 + 6] (Racine.)
Sans mentir, Il l’avarice | est une étrange rage.
[3 || 3 + 6] (Boileau.)
Dans un si grand revers, | que vous reste-t-il? || —Moi.
[6 + 5 II 1] (Corneille).

2° L’alexandrin romantique est un vers dit ternaire: il est coupé, en


effet, non plus à l’hémistiche, mais après la 4e et la 8® syllabe, et partagé par
conséquent en trois éléments rythmiques égaux:
Il vit un œil II tout grand ouvert || dans les ténèbres.
[4 + 4+4] (V. Hugo.)
Tantôt légers, Il tantôt boiteux, || toujours pieds nus.
[4+4 + 4] (A. de Musset.)

Victor Hugo a formulé en un vers célèbre la pratique nouvelle:


Nous faisons basculer la balance hémistiche.

Mais, outre que les romantiques n’ont jamais abusé du vers ternaire, ils en
410 LA VERSIFICATION

ont volontiers varié la structure en le partageant en éléments rythmiques iné'


gaux: Ils 8e battent, Il combat terrible, Il corps ô corps.
14 + 5+3J (V. Hugo.)
Le cheval II galopait toujours II à perdre haleine.
[3 + 5+4J (V. Hugo.)

Les combinaisons sont nombreuses et toutes sont admises.

Après les romantiques, le vers ternaire a été employé par les poètes de
toutes les écoles:
Une nuit claire, Il un vent glacé. Il La neige est rouge.
(Leconte de Lisle.)

Puis franchement, || et simplement, Il viens à ma table.


(Verlaine.)

Je songe à moi, Il je songe à toi, Il je songe à Dieu.


(Francis Jammes.)

N. b. _Les dénominations d'alexandrin classique et d’alexandrin romantique ne


doivent pas être prises à la lettre. En fait:
1° Les classiques ont employé le vers ternaire, exceptionnellement, il est vrai, et
presque toujours dans les genres inférieurs (comédie, satire, fable, etc.) :
Toujours aimer, || toujours souffrir, || toujours mourir.
(Corneille.)
Maudit château, || maudit amour, Il maudit voyage.
(La Fontaine.)

2° Les romantiques et les poètes postérieurs ont employé couramment le vs


binaire, en le « disloquant » sans doute, selon le mot de V. Hugo :
J’ai disloqué ce grand niais d’alexandrin,

mais aussi sous sa forme la plus régulière :


Souvent sur la montagne, || à l’ombre du vieux chêne.
Au coucher du soleil, || tristement je m’assieds.
(Lamartine.)

Ce siècle avait deux ans. || Rome remplaçait Sparte.


(V. Hugo.)
Seul le silence est grand ; || tout le reste est faiblesse.
(A. DE Viqny.J

Oui, sans doute, tout meurt ; Il ce monde est un grand rêve.


(A. de Musset.)

Le ciel est triste et beau | comme un grand reposoir.


(Baudelaire.)

11 dort dans l’air glacé, || les ailes toutes grandes.


(Leconte de Lisle.)

463. L’enjambement ou rejet. — En principe, un vers se termine par un


ligne de ponctuation plus ou moins fort, le dernier mot du vers achevant une
phrase complète ou tout au moins un élément de phrase qui forme un tout.
De bonne heure, cependant, les poètes pratiquèrent ce qu’on appelle l’enjam¬
bement ou rejet : la phrase, ou l’élément de phrase, au lieu de finir avec le vers,
empiète alors sur le vers suivant, dont les premiers mots sont étroitement
liés, pour le sens et pour la grammaire, aux derniers mots du vers précédent.
LA STRUCTURE dès vers 411

Au début du xvii* siècle, l'enjambement fut interdit par Malherbe, comme


Boileau se plaît à le rappeler :
Enfin Malherbe vint,...
Et le vers sur le vers n'osa plus enjamber.

En fait, l’enjambement est employé parfois par les classiques, surtout dans
les genres inférieurs (comédie, satire, fable, etc.) :
N’y manquez pas, au moins ! J’ai quatorze bouteilles
D’un vin vieux... || Boucingo n’en a point de pareilles!
(Boileau.)

Il partit comme un trait ; mais les élans qu’il fit


Furent vains: || la tortue arriva la première.
(La FONTAINE.)

Mais il a été réhabilité et couramment employé par les romantiques et les


poètes postérieurs, qui en ont tiré les plus heureux effets :
Et le char vaporeux de la reine des ombres
Monte, [| et blanchit déjà les bords de l'horizon.
(Lamartine.)

Car les derniers soldats de la dernière guerre


Furent grands : |] ils avaient vaincu toute la terre.
(V. Hugo.)
Une ondulation majestueuse et lente
S’éveille, Il et va mourir à l’horizon poudreux.
(Leconte de Lisle).

De Palos de Moguer routiers et capitaines


Partaient, Il ivres d’un rêve héroïque et brutal.
(J.-M. de IIeredia.)

N. B. — 1° La phrase commencée dans le premier vers se prolonge parfois jusqu’à


la fin du vers suivant :
Le voyageur s’effraie, et croit voir dans la brume
D’étranges bûcherons qui travaillent la nuit. (V. Hugo.)

2a L’enjambement est particulièrement fréquent dans l’alexandrin, mais il se ren¬


contre aussi dans les vers plus courts :
Oh ! dormez sous le vert nuage Le ciel rit, et les rouges-gorge3
Des feuilles qui couvrent ce nid ! Chantent dans l’aubépine eri fleurs.
(Lamartine.) (V. Hugo.)

B. — L’harmonie du vers

464. Généralités. — L’harmonie, comme le rythme, contribue à la musique


du vers.
Elle est produite, en poésie comme en musique, par un heureux choix et
une heureuse combinaison de notes, qui, en l’espèce, sont des syllabes se
distinguant entre elles par leur timbre.
La répétition dê certains sons, voyelles ou consonnes, renforce l’idée ou le
sentiment exprimé par les mots, et les poètes, à toutes les époques, ont utilisé
les richesses de notre langue en sonorités exprossives.
412 LA VERSIFICATION

465. La valeur expressive des voyelles. — Les voyelles répétées pro¬


duisent des impressions différentes selon que le timbre en est aigu, clair, écla¬
tant ou sombre.

1° Les voyelles aiguës expriment souvent la douleur ou l’amertume :


Tout m’affl-i-ge et me n-ui-t et consp-i-re à me n-ui-re.
(Racine.)

Avec un cr-i s-i-n-i-stre, il tournoie, emporté.


(J.-M. de Heredia.)
Mais parle : de son sort qui t’a rend-u l’arb-i-tre ?
Pourquoi l’assass-i-ner? Qu’a-t-il fait? A quel t-i-tre ?
Ou-i te l’a d-i-t? (Racine.)

2° Les voyelles claires expriment souT ent la gaîté, la grâce, la douceur ?


L-es lap-ins, qui, sur la bruy-è-re,
L’œil év-eill-é, l’or-e-ll-e au gu-et.
S’ég-ay-ai-ent, et de th-ym parfum-ai-ent leur banqu-et.
(La Fontaine.)
Et leur âme chant-ait dans les cf-aî-rons d’ai-r-ain.
(V. Hugo.)
Et l’ombre où rit le t-im-bre argent-in d-es font-ai-nes.
(J.-M. de Heredia.)

3° Les voyelles éclatantes expriment souvent les bruits violents, les explo¬
sions de joie ou de colère :
Lavict-oi-reauxc-en-tv-oi-x sonner a s-a f-a-nf-a-re.
(V. Hugo.)
P-a-raissez, N-a-v-a-rr-ois, Maures et C-a-still-ans,
Et tout ce que l’Esp-a-gne a no-urri de v-aill-ants !
(Corne n.le.)
Voulez-vous que je dise? Il faut qu’enfm j’écl-a-te,
Que je lève le m-a-sque, et déch-a-rge m-a r-a-te.
(Molière j

4° Les voyelles sombres expriment souvent la mélancolie, les bruits sourds,


les sensations de lourdeur et de lenteur :
S-ou-s les c-ou-ps red-ou-blés t-ou-s les bancs retentissent,
Les m-u-rs en son-t ém-us ; les v-oû-tes en m-u-gissent,
Etl’or-gue même en p-ou-sse un 1-on-g gémissement.
(Boileau.)
Ils f-on-t t-ou-sser la f-ou-dre en leurs r-au-ques p-ouun-ons.
(V. Hugo.)
Avec des gr-on-dements que pr-o-î-on-ge un 1-on-g râle.
(J.-M. de Heredia.;
La 1-ou-rde artillerie et les f-ou-rg-ons pesants
Ne cr-eu-sent plus la r-ou-te en pr-o-f-on-des ornières.
(Tii. Gautier.)

466. La valeur expressive des consonnes. — Les consonnes répétées


produisent des impressions différentes selon qu’elles sont instantanées ou
continues (§5):
LA STRUCTURE DES VERS 413

1° Les consonnes instantanées, qui sont dures, expriment souvent les


bruits secs, les mouvements saccadés :
T-an-d-is que c-oups d-e p-oing t-ro-tt-aient...
(La Fontaine.)
On n’en-t-en-d-ra jamais p-iaffer sur une rou-t-e
Le p-ied vif du cheval sur les p-avés en feu.
(A. de Vigny.)
... et l’homme.
Chaque soir de marché, fait t-in-t-er d-ans sa main
Les d-eniers d’argent c-lair qu’il ra-pp-or-t-e d-e Rome.
(J.-M. DE IIEREDIA.)
Sur le lu-g-u-bre la-c d-ont c-la-p-o-t-aient les eaux.
(J.-M. de IIeredia.)

2° Les consonnes continues, qui sont douces, expriment souvent les impres¬
sions d’apaisement et de langueur, les glissements ou les sifflements prolongés :
Un f-rais par-f-um s-ortait des tou-ff-es d’as-ph-odèle,
Les 8-ou-ff-les de la nuit f-lottaient s-ur Galgala.
(V. Hugo.)
Ain-s-i tout pa-ss-e, ain-s-i tout la-ss-e;
Ain-s-i nous-mêmes nous pa-ss-ons,
Héla-s ! s-ans lai-ss-er plus de tra-c-e
Que c-ette barque où nous gli-ss-ons,
S-ur c-ette mer où tout s’e-ff-a-c-e.
(Lamartine.)

Pour qui s-ont c-es s-erpents qui s-i-fî-lent s-ur vos têtes?
(Racine.)

LE GROUPEMENT DES VERS

467. Généralités. — Une suite de vers formant un tout constitue ce


qu’on appelle une poésie, ou un poème.
Au point de vue de la structure, les poèmes sont de plusieurs sortes :
1° Dans les uns, dont la longueur varie avec l’importance du sujet et la
fécondité du poète, les vers, formant une suite continue, ont tous la même
mesure et les rimes sont disposées de la même manière d’un bout à l’autre 1.
N.B. —■ La disposition des rimes est parfois moins uniforme, et il arrive que dans un
même poème se succèdent, dans un ordre régulier, des systèmes complexes de rimes, où
alternent par exemple des rimes embrassées et des rimes croisées 2.

2° Dans d’autres, dont la longueur est variable également, les vers se


présentent en groupes distincts, séparés par un repos, mais offrant la même

1. Exemples : « Le Repas ridicule », de Boileau; 1’ « Élégie aux Nymphes de Vaux », de La Fontaine; « L'Aveu¬
gle», d’André Chénier; « L’Immortalité », de Lamartine; « La Conscience », de Victor Hugo; » La Mort du Loup »,
d’Alfred de Vigny; « Niobé », de Leconte de Lisle, etc.
2. Exemple : a Le Sommeil du Condor », de Leconte de Lisle, où cette combinaison paraît deux fois, une série
isolée de rimes embrassées terminant ensuite le poème :
f.m.m.f. | m.f.f.m. | f.m.f.m. || f.m.m.f. | m.f.f.m. | f.m.f.in. Il f.m.m.f.
(Les lettres m et f indiquent respectivement les rimes masculines et les rimes féminines.)
414 LA VERSIFICATION

combinaison de mètres et la même disposition de rimes : ces groupes de vers


sont appelés des strophes1.

N.B. — 1° Les strophes peuvent être de types très variés, et il arrive fréquemment
que dans un même poème alternent, à des intervalles plus ou moins rapprochés et plus
ou moins réguliers, des strophes de types différents 2.
2° Les strophes sont typographiquement séparées les unes des autres par un blanc.

3° Dans d’autres enfin, dont la longueur est invariable, les vers sont groupés
en strophes de types nettement déterminés et dans lesquelles la disposition des
rimes est rigoureusement réglée : ce sont les poèmes dits à forme fixe, dont les
principaux sont le rondeau, la ballade et. le sonnet.
L’étude du groupement des vers se ramène ainsi essentiellement à l’étude :
i° des strophes; — 2° des poèmes à forme fixe.

I. - LES STROPHES

468. Généralités. — La strophe est un groupe de vers formant un


ensemble rythmique et logique à la fois : d’une part, une strophe a un
rythme propre, qui tient à la mesure et au nombre des vers ainsi qu’à la dispo¬
sition des rimes; d’autre part, elle présente un sens complet, la lin d’une strophe
coïncidant généralement avec la fin d’une phrase s.

N.B. — La strophe est appelée stance dans les poèmes religieux, philosophiques ou
élégiaques, et couplet dans les chansons.

469. La mesure des vers et la strophe. — La mesure des vers peut


varier non seulement d’une strophe à une autre, mais à l’intérieur d’une même
strophe : une strophe, en effet, peut être composée de vers soit de même lon¬
gueur, soit de longueur différente ; dans le premier cas, elle est dite isométrique,
et dans le second, hétérométrique.
La strophe hétérométrique, à son tour, est dite symétrique, si les vers longs
et les vers courts y alternent régulièrement, et asymétrique, si l’alternance n’est
pas régulière ou si tous les vers sont de même longueur à l’exception d’un seul:

t. Exemples: la « Consolation à M. du Périer », de Malherbe; les « Stances sur la Retraite », de Racan; « Le


Vallon», de Lamartine; « Booz endormi », de Victor Hugo; « La Maison du Berger », d’Alfred de Vigny; «Les
Vieux de la Vieille », de Théophile Gautier; «Le Voyage », de Baudelaire; «Chanson d’Automne», de Verlaine, etc.
2. Exemples : « La Vigne et la Maison », de Lamartine; « Napoléon II », de Victor Hugo; les « Nuits », d’Alfred
de Musset; « Le Vase», de Henri de Régnier, etc. Dans « La Retraite» ( 1819), de Lamartine, les strophes sont toutes
de types différents : ce cas est très rare.
3.11 en est du moins ainsi généralement à l'époque classique; mais avant et après cette époque, les poètes ne
considèrent pas cêttè eomCidencè comme obligatoire : s’il est rare qu’un poèlne contienne, comme l’ode « A Ville-
quier », de V. Hugo, une longue période s’étendant sur dix strophes, le cas de deux strophes formant Une seule
phrase, comme dans l’ôdê « D’unVanneur de blé aux Vent* », dé Ronsard (strophes t-î), cm enjambant l’Une su]
l’autre, comme dans l’ode sur « Le Jeu de Pstlthe », d’A. Chénier (strophes ri-is), est loin d’être exceptionnel.
LE GROUPEMENT DES VERS 415

1° Strophes isométriques
(Les chiffres indiquent le nombre de syllabes de chaque vers.)

12. 12. 12. 12. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 10. 10. 10. 10.


(Leconte de Lisle, (Victor Hugo, (Francis Jammes,
■a Les Éléphants ».) « Le Manteau impérial ».) « Le Vieux village^'

2° Strophes hétérométriques

Symétrique: 12.12.6.12.12.6. Asymétrique: 12.12.12.12.12.8.


(V. Hugo, «O Soldats de l’an deux! ») (Lamartine, «La Cloche du village ».)

N.B. —■ Dans les strophes peuvent entrer des vers de toute longueur, depuis le vers
de 2 syllabes jusqu’à Y alexandrin. Les vers les plus couramment employés sont, après
l’alexandrin, ceux de 6, de 8 et de 10 syllabes.

470. Le nombre des vers et la strophe. — Le nombre des vers varie


avec les strophes :
1° Une strophe est généralement composée de 4 vers, de 5 vers, de 6 vers,
de 7 vers, de 8 vers, de 9 vers ou de 10 vers,
a. La strophe de 4 vers est appelée quatrain:
Midi, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine;
La terre est assoupie en sa robe de feu.
[12. 12. 12. 12.] (Leconte de Lisle.

La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles;


On a beau la prier,
La cruelle qu’elle est se bouche les oreilles.
Et nous laisse crier.
[12.6.12.6.] (Malherbe.)

Pâle étoile du soir, messagère lointaine,


Dont le front sort brillant des voiles du couchant,
De ton palais d’azur au sein du firmament,
Que regardes-tu dans la plaine?
[12.12.12.8.] (A. de Musset.)

N.B. — Le quatrain peut être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
8. 8. 8. 8. 4 4.4.4. 10.10.10.10. 0.9. 9. 9. 6. G. 6. 6.
(Sully-Prudhomme, (Verlaine, (Victor Hugo,
« Lu Vase brisé ».) « Charleroi », « Clair de Lune », « Art poétique ».) « Nivôse ».)

12. 8. 8. 12. 12. 12. 12. 6. et 12. 6. 12. 6. G. G. 2. 6.


(É. Verhaeren, «Un matin».) (Lamartine, « Le Lac ».) (Musset, «Ballade à laLune ».),

}). La strophe de 5 vers est appelée quintain :


J’ai des rêves de guerre en mon âme inquiète;
J’aurais été soldat, si je n’étais poète.
Ne vous étonnez point que j’aime les guerriers !
Souvent, pleurant sur eux, dans ma douleur muette,
J’ai trouvé leurs cyprès plus beaux que nos lauriers.
[12. 12. 12. 12. 12.] (V. Huco.)
416 LA VERSIFICATION

N. B. — Le quintain peut être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
6. 6. 6. 6. 6. 8. 8. 8. 8. 8.
(Lamartine, « La Retraite », 1828.) (V. Hugo, « La Fiancée du Timbalier
12.12.12.12.8. 12. 12. 12. 8.12. et 12. 12. 8. 8. 12. 10.8.8.8.12.
IA. de Musset, «A Ninon».) (V. Hugo, « Le Matin ».) (Musset, «Le Rhin allemand», t

c. La strophe de 6 vers est appelée sixain :


Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans le morne océan se sont évanouis !
Combien ont disparu, dure et triste fortune,
Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune,
Sous l’aveugle océan à jamais enfouis!
[ 12. 12. 12. 12. 12. 12) (V. Hugo.,

N. B. — Le sixain peut être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
8. 8. 8. 8. 8. 8. 10. 10. 10. 10. 10. 10.
(A. de Musset, a La Nuit de Décembre ».) (P. Valéry, « Le Cimetière marin ».)
4. 4. 3. 4. 4. 3. 7. 7. 4. 7. 7. 4.
(Verlaine, k Chanson d’Automne ».) (V. Huoo, « Les Paysans au bord de la mer ».)
8. 8. 4. 8. 8. 4.
(Mme de Noailles, « Les Ombres ».)

12. 12. 8. 12. 12. 8. 12. 12. 6. 12. 12. 6.


(V. Huoo, i Soleils couchants >, * Lorsque l’enfant paraît... »j
7. 3. 7. 7. 3. 7. 12.12.12.12.12.8.
(Ronsard, « Bel aubépin verdissant ».) (LAMARTINE, « Le Poète mourant ».)

d. La strophe de 7 vers est appelée septain :


Le crépuscule ami s’endort dans la vallée
Sur l'herbe d’émeraude et sur l’or du gazon.
Sous les timides joncs de la source isolée
Et cous le bois rêveur qui tremble à l’horizon,
Se balance en fuyant dans les grappes sauvages,
Jette son manteau gris sur le bord des rivages.
Et des fleurs de la nuit entr’ouvre la prison.
[12. 12. 12. 12. 12. 12. 12.) (A. de Vigny.)

N. B. — Le seplain peut être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
12. 12. 12. 12. 12. 12. 8. 12. 12. 12. 6. 6. 6. 6. 8. 12. 12. 12. 7. 7. 12.
(Lamartine, n Utopie », « La Providence à l’Homme », « Hymne du Matin ».)

e. La strophe de 8 vers est appelée huitain:


Je vous aime, gars des pays blonds, beaux conducteurs
De hennissants et clairs et pesants attelages,
Et vous, bûcherons roux des bois pleins de senteurs,
Et toi, paysan fruste et vieux des blancs villages,
Qui n’aime que les champs et leurs humbles chemins,
Et qui jettes la semence d’une ample main
D’abord en l’air, droit devant toi, vers la lumière,
Pour qu’elle en vive un peu, avant de choir en terre.
fl2. 12. 12.12.12.12.12.12.] (É. Veriiaeren -f
LE ^iJPEMENT des vers 417
N. B. — Le huilain peut, être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
5. 5. 5. 5. 5. 5. 6. 5. 10. 10. 10. 10 .10. 10. 10. 10.
(V. Huoo, « Dans l’alcôve sombre ».) (liÉRAxann, « Le vieux sergent ».)
12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 8. 12. 12. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 12. 12. 12. 7. 7. 12. 12. f».
(Lamartine, a A Némésis », « Hymne du Matin », « Hymne du Malin j

/. La strophe de 9 vers est appelée neuvain :


Soit lointaine, soit voisine,
Espagnole ou sarrazine,
11 n’est pas une cité
Qui dispute, sans folie,
A Grenade ta jolie
La pomme de la beauté.
Et qui, gracieuse, étale
Plus de pompe orientale
Sous un ciel plus enchanté.
[7.7. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7.] (Y. Hoao.J

N. B. — Le neuvain peut être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 8. 10. 10. 10. 10. 10. 10. 10. 7. 7.
(Lamartine, « La Marseillaise de la Paix », « Hymne du Matin ».)
10. 8. 10. 8. 10. 8. 10. 10. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 12.
(A. de Musset, « La Nuit de Décembre ».) (Y. Hugo, g A quoi ce proscrit pense-t-il? »),

g. La strophe de 10 vers est appelée dizain:


Pour t’élever de terre, homme, il te faut deux ailes,
La pureté de cœur et la simplicité;
Elles te porteront avec facilité
Jusqu’à l’abîme heureux des clartés éternelles.
Celle-ci doit régner sur tes intentions;
Celle-là présider à tes affections,
Si tu veux de tes sens dompter la tyrannie :
L’humble simplicité vole droit jusqu’à Dieu,
La pureté l’embrasse, et l’une à l’autre unie
S’attache à ses bontés et les goûte en tout lieu.
[12. 12.12.12.12.12.12.12.12.12.] (Corneille, Imitation, ïï, 4.

N. B. — Le dizain peut être de types très divers, et par exemple d’un des types
suivants :
8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 8. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7. 7.
(V. Hugo, «■ Fonction du Poète ».) (Lamartine, a Pensée des Morts ».)
. . . . .
12 12 12 12 12 8. 8. 8. 8. 8. . . . . . . .
8 12 12 12 12 6 10 6. 10 10 . .
(Corneille, Stances de Polyeucte; Stances de Rodrigue.)

2° Il existe des strophes de moins de 4 vers ou de plus de 10 vers, mais elles


sont moins employées.

A. Les strophes de moins de 4 vers sont le distique et le tercet.


a. Le distique est formé de 2 vers rimant ensemble.
Par un soir de grand deuil, de tous les bords do/ le,
Vers l’église on les vit s’avancer à la file;
Cayrou. — Grammaire française. 14
418 LA VERSIFICATION

Chacune elles avaient leur chapelet en main.


Lentement égrené par le triste chemin;
Jusqu'à terre à longs plis pendait leur cape noire
Mais leur coiffe brillait, blanche Comme l’ivoire;
Et c’était en Léon et dans l’île de Batz,
L’île des grands récifs et des sombres trépas.
[12.12.] (Brizeux.

N. B. — 1° Le distique peut être de types divers, et par exemple d’un des types
suivants :
10.10. 8.8. 8. G.
jJ. Laforgue, a Dimanches ».) (Verlaine, b O triste... était mon âme ! ») (Brizeux, « La Chanson
du Marin ».)
2° Il existe des distiques d’un type particulier, qui entrent dans la composition du
poème appelé iambe, cultivé surtout par André Chénier et Auguste Barbier : ces dis¬
tiques sont formés d’un cdexandrin et d’un octosyllabe qui ne riment pas ensemble, mais
respectivement avec l’alexandrin et l’octosyllabe suivants :
O Corse à cheveux plats, que la France était belle
Au grand soleil de messidor 1
C’était une cavale indomptable et rebelle.
Sans frein d’acier ni iènes d’or.
(12. 8. J| 12. 8.) (A. Barbier.)
Les distiques de l’iambe vont ains>' deux par deux, formant comme des quatrains à
rimes croisées; mais les quatrains ainsi formés ne sont jamais séparés les un3 des autres
par des blancs ;
m. f. m. f. m. f. m. F. m. f. m. F. M. F. M., etcA

h. Le tercet est formé de 3 vers rimant ensemble :


Ce vieux, poilu comme un lapin,
Qui s’en va mendiant son pain.
Clopin-clopant, clopant-clopin,
Où va-t-il? d’où vient-il? Qu’importe!
Suivant le hasard qui l’emporte,
Il chemine de porte en porte.
[8. 8. 8.] (J. Richepin.)

K. B. — 1° Le tercet peut être de types divers, et par exemple du type suivant ;


. . .
12 8 12
(Brizeux, b Invocation ».)

2° Il existe des tercets d’un type particulier, qui entrent dans la composition du
poème appelé terza-rima, importé d’Italie au xixe siècle : les vers de ces tercets ne
riment pas ensemble, mais le 2e vers de chacun d’eux rime avec le 1er et le 3e vers du
tercet suivant :
Moines de Zurbaran, blancs chartreux qui, dans l’ombre.
Glissez silencieux sur les dalles des morts,
Murmurant des Pater et des Ave sans nombre.
Quel crime expiez-vous par de si grands remords?
Fantômes tonsurés, bourreaux à face blême,
Pour le traiter ainsi, qu’a donc fait votre corps?

i. Les lettres m et f désignent respectivement les rimes masculines et les rimes féminines. Si la stroph" ’omporte
plusieurs rimes masculines ou féminines différentes, nous les distinguons les unes des autres par des caractères
dinerents :
tp. f. (romains); m. /. (italiques); m. f. (petites capitales); M. F. (grandes capitales).
LE GROUPEMENT DES VERS 419
Votre corps, modelé par le doigt de Dieu même,
Que Jésus-Christ, son fils, a daigné revêtir,
Vous n’avez pas le droit do lui dire : Anathème 1
[12. 12.12.] (Th. Gautier.)

Les tercets s’entrelacent ainsi d’un bout à l’autre de la terza-rima, par le moyen de
ces rimes dites tiercées; seules restent nécessairement doubles la première et la dernière
rime du poème, dont le dernier vers est un vers isolé 1.
f. m. f. | m. f. m. | f. m. f. \ m. f. m. | F. m. f. | m. F. M. ) F. M. F. | M.

B, Les strophes de plus de 10 vers sont inégalement employées.


a. La strophe de douze vers est fréquente :
Oh! demain, c’est la grande chose!
De quoi demain sera-t-il fait?
L’homme aujourd’hui sème la cause,
Demain Dieu fait mûrir l’effet.
Demain, c’est l’éclair dans la voile.
C’est le nuage sur l’étoile,
C’est un traître qui se dévoile,
C’est le bélier qui bat les tours.
C’est l’astre qui change de zone.
C’est Paris qui suit Babylone;
Demain, c’est le sapin du trône.
Aujourd’hui, c’en est le velours.
[8.S.8.8.8.8.8.8.8.8.8.8.] iV. fluso.)
N. B. — La strophe de 12 vers peut être de types très divers, et par exemple d’un
des types suivants :
12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 8. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 12. 8. 8. 12. 12.
(Th. Gautier, <t Albertus ».) (Lamartine, a Invocation pour les Grecs ». )

5. 5. 7. 5. 5. 7. 3. 3. 7. 5. 5. 7.
(Baudelaire, » L’Invitation au Voyage ».)

b. La strophe de onze vers est plus rare 2; les strophes de treize vers et
au-dessus sont des essais isolés : au xvi6 siècle, Ronsard a écrit des strophes
de 14, de 15, de 16, de 18, de 19 et même de 20 vers; plus près de nous, André
Chénier en a écrit de 13 et de 19 vers 3 *.
Remarque. — Les combinaisons de vers longs et de vers courts sont d’autant plus
variées que le nombre des vers de la strophe est plus grand : on peut dire, si l’on consi¬
dère l’ensemble des strophes, que les possibilités de combinaisons sont en nombre
infini.

471. La disposition des rimes et la strophe. — La disposition des


rimes est régie par deux obligations : d’une part, observer l’alternance des
rimes masculines et des rimes féminines ; d’autre part, éviter la succession de

1. Exemples : a La Chasse de l’Aigle », de Leconte de Lisle; « Les Destinées » (avec certaines irrégularités),
d’Alfred de Vigny; « N’est-ce pas ? En dépit des sots... », de Verlaine; « La Fileuse », de Paul Valéry, etc.
2. Exemples : Lamartine, « Hymne du Matin», v. 153-163; « Invocation pour les Grecs », v. 1-11; A. de Musset,
< La Nuit de Mai », v, 192-202, etc.
3. Exemples : A. Chénier, « Odes françaises », 4, éd. P. Dimofi (4 strophes de 13 vers); « Le Jeu de Paume»
(22 strophes de 19 vsrsl.
420 I.A VERSIFICATION

deux rimes plates, c’est-à-dire une série de quatre vers dont les deux premiers
seraient sur une rime et les deux derniers sur une autre.

N. B. — 1° L’alternance des rimes est de rigueur non seulement à l’intérieur d’une


strophe, mais aussi d’une strophe à l’autre : si la première strophe finit par une rime
masculine, la seconde doit commencer par une rime féminine, et inversement.
2° Une rime, masculine ou féminine, peut être répétée plus de deux fois : trois fois
notamment dans les tercets et dans les strophes de plus de 4 vers.

a. La strophe de 4 vers est construite sur deux rimes, qui sont obligatoire¬
ment croisées ou embrassées :
m. f. m. ï. ou f. m. f. m.; m. f. f. m. ou f. m. m. f.

b. La strophe de 5 vers est construite sur deux rimes, dont une est répétée
trois fois. Les combinaisons les plus courantes sont :
m. f. m. f. m.; f. m. f. m. f.; f. m. f. f. m.; f. m. m. f. m.; f. f. m. f. m.

c. Les strophes de 6 vers et de 7 vers sont construites parfois sur deux rimes,
mais généralement sur trois. Les combinaisons les plus courantes sont :
Strophe ( m. m. f. m. m. f.; Strophe ( f. m. f. m. /. /. m.; f. f. m. f. f. f. m.;
de 6 vers { f. f. m. f. f. m. de 7 vers \ i. m. m. f. f. f. m.

d. La strophe de 8 vers est construite sur deux, sur trois ou sur quatre rimes,
la strophe de 9 vers généralement sur quatre rimes, la strophe de 10 vers sur
quatre rimes ou sur cinq. Les combinaisons les plus courantes sont :
Strophe i f. m. m. m. f. f. L m.; f. m. f. m. f. f. f. m. ;
de 8 vers 1 m. f. m. f. rr. m. f. f. m. f. m. f. m. f. m.; m. f. f. m. f.m.m.f.
Strophe ( m. f. m. f. f. m. /. m. m. f. f. m. f. f. m. m. f.; f. m. f. m. /. m. f. f. m.;
de 9 vers ( f. f. m. f. f. m. f. f. m.
Strophe j f. m. f. m. /. m. m. f. f. m.
de 10 vers ( f. m. m. f. m. m. f. m. /. m.; f. m. f. m. f. f. m. f. f. m.

e. Les strophes de moins de 4 vers, c’est-à-dire les distiques et les tercets,


sont construites sur une seule rime, sauf les distiques spéciaux de l’iambe et les
tercets spéciaux de la terza-rima (§ 470, 2°, A).
/. Les strophes de plus de 10 vers sont construites, celles de 11 vers sur
quatre rimes ou sur cinq, celles de 12 vers sur cinq rimes et quelquefois sur six :
Strophe f f. m. m. f. m. f. m. f. m. f. m.;
de 11 vers { f. m. f. m. f. f. m. f. f. f. ni.
Strophe ( f. m. m. ni. f. m. /. m. m. f. m. m.; f. m. f. m. /. f. f. m. f. f. f. m.;
de 12 vers f f. f. m. f. f. m. f. f. m. F. F. m.; m. m. f. m. m. f. m. m. /. M. M.’/.

La strophe de 13 vers est construite sur cinq rimes ou sur six ; la strophe de
19 vers sur huit rimes:
Strophe de 13 vers : m. f. m. f. m. m. f. f. m. f. f. m. f.

Strophe de 19 vers : m. f. m. m. f. m. ni. f. m. /. f. m. f. M. f. M. F. M. F.


LE GROUPEMENT DES VERS 421

II. - LES POÈMES A FORME FIXE

472. Généralités. — Les poèmes à forme fixe ont leur structure stric¬
tement déterminée et rigoureusement imposée par une longue tradition.
La plupart, notamment le lai, le virelai, le rondeau, la ballade, le chant
royal, sont d'origine française et remontent au moyen âge; très en vogue dès
le xive siècle, ils sont bien oubliés aujourd’hui et n’ont plus qu’un intérêt
historique, à l’exception du rondeau et de la ballade, auxquels certains poètes
modernes ont assuré une certaine survie.
Un seul poème à forme fixe, le sonnet, est de date plus récente : importé
d'Italie au xvie siècle, il connut tout de suite un grand succès, qui se maintint
au siècle suivant; après une longue éclipse, il est revenu en faveur au siècle
dernier et conserve encore aujourd’hui de nombreux fervents.
Nous nous bornerons à donner les règles du rondeau, de la ballade et du
sonnet.

473. Le rondeau. —- Le rondeau se présente sous deux formes : le ron¬


deau ancien, ou rondel, et le rondeau nouveau.
N- B. —- Le rondeau ancien, ou rondel, très cultivé au xive siècle et au xve, fut sup¬
planté par le rondeau nouveau au xvie. Il a été remis en honneur au xixe par Théodore
de Banville.

1° Le rondeau ancien, ou rondel, est un poème de 13 vers (y compris les


vers formant refrain) ; il est composé de deux quatrains et d’un quintain, ci
construit tout entier sur deux rimes t
LE TRINTEMPS LA NUIT
Le Temps r aissé son. manteau Nous bénissons la douce Nuit,
De v-înt, de froidure et de pluie, Dont le frais baiser nous délivre.
Et s’est vêtu de broderie, Sous ses voiles on se sent vivre
De "cioil luisant, clair et beau. Sans inquiétude et sans bruit.

1 n’y a bête ni oiseau Le souci dévorant s’enfuit,


' u’en 1 son jargon ne chante ou crie: Le parfum de l’air nous enivre :
j^e Temps a laissé son manteau Nous bénissons la douce Nuit,
De vent, de froidure et de pluie. Dont le frais baiser nous délivre.

Rivière, fontaine et ruisseau Pâle songeur qu’un dieu poursuit.


Portent en livrée 3 jolie Repose-toi, ferme ton livre.
Gouttes d’argent d’orfèvrerie; Dans les cieux blancs comme du givre
Chacun s’habille de nouveau 3 : Un flot d’astres frissonne et luit :
Le Temps a laissé son manteau. Nous bénissons la douce Nuit.
(Charles d’Orléans.) (Théodore de Banville.)

i. Qui en. — 2. Trisyllabe (§ 453, A, 2°, N. B.). — 3. De neuf.

D’après ces exemples, le rondeau ancien, ou rondel, se caractérise comme il


suit:
a. Les vers sont des octosyllabes.
b. Le refrain est formé par les deux premiers vers du 1er quatrain, qui son'
422 LA VERSIFICATION

repris comme derniers vers du 2e quatrain, le premier de ces vers étant repris,
en outre, comme dernier vers du quintain.
c. Les rimes, dont la première est répétée 7 fois et la seconde 6 fois, sont
embrassées dans le 1er quatrain, croisées dans le 2e quatrain, et de nouveau
embrassées dans les quatre premiers vers du quintain :
m. f. f. m. | m. f. m. I. | m. f. f. m. ra.
N. B. — Le rondeau ancien, ou rondel, a parfois 14 vers: le quintain filial ost alors
remplacé par un sixain, dont les deux derniers vers reprennent les deux premiers vers
du 1er quatrain.

2° Le rondeau nouveau est un poème de 15 vers (y compris les vers


formant refrain); il est composé d’un quintain, d’un quatrain et d’un sixain,
et construit tout entier sur trois rimes:

AU BON VIEUX TEMPS... MA FOI, C’EST FAIT 17...

Au bon vieux temps un train 1 d’amour régnait Ma foi, c’est fait de moi ; car Ysabeau
Qui sans grand art et dons se démenait2, M’a conjuré de lui faire un rondeau :
Si qu’3 un bouquet donné d’amour profonde 4, Cela me met en une peine extrême.
C’était donné 5 toute la terre ronde, Quoi ! treize18 vers, huit en eau, cinq en ème.
Car seulement au cœur on se prenait. Je lui ferais aussi tôt19 un bateau.

Et si par cas 6 à jouir 7 on venait, En voilà cinq pourtant en un monceau.


Savez-vous bien comme 8 on s'entretenait9? Faisons en sept en invoquant Brodeau 20,
Vingt ans, trente ans : cela durait un monde Et puis mettons, par quelque stratagème:
Au bon vieux temps. Ma foi, c’est fait.

Or 10 est perdu ce qu’amour ordonnait : Si je pouvais encor de mon cerveau


Rien que pleurs feints, rien que changes11 on n’oit12. Tirer cinq vers, l’ouvrage serait beau.
Qui voudra13 donc qu’à aimer je me fonde 14, Mais cependant me voilà dans l’onzième
Il faut premier 16 que l’amour on refonde, Et ci 22 je crois que je fais le douzième.
Et qu'on la mène 16 ainsi qu’on la menait En voilà treize ajustés au niveau.
Au bon vieux temps. Ma foi, c’est fait.
(Marot.) (Voiture.)

i Façon d’aller, procédé. — 2. Se pratiquait. — 3. Si bien que. — 4. « Amour » est alors féminin. — 5. Comme
si on eût donné. — 6. D’aventure. — 7- A avoir le bonheur d’être aimé. — 8. Combien. — 9. Restait uni. — 10.
Aujourd’hui. — 11. Inconstances. — 12. On n’entend. Prononcer : « oué ». — 13. Si l’on veut. —• 14. Je me mette
fermement à. — 15. D’abord. — 16. Pratique. — 17. Ce rondeau célèbre donne les règles du genre. — 18. Treize,
non compris les deux vers formant refrain. — 19. Aussi vite. — 20. Poète du xvi° siècle. — 21. Le onzième (§ 140,
i°, N. B.). — 22. Ici.

D’après ces exemples, le rondeau nouveau se caractérise comme il suit :


a. Les vers sont des décasyllabes, sauf les deux vers formant refrain, qui ont
chacun quatre syllabes.
b. Le refrain est formé par les premiers mots du quintain, qui sont repris
comme dernier vers du quatrain et du sixain.
c. Les rimes, dont la première est répétée 8 fois, la seconde 5 fois, et la
troisième 2 fois, sont plates dans les trois strophes; mais la première revient
trois fois dans le quintain et le sixain, la deuxième une fois seulement dans
le quatrain, et la troisième est celle des deux vers formant refrain :
m. m. f. f. m. | m. m. f. m. | m. m. f. f. m. m.
LE GROUPEMENT DES VERS 423

474. La ballade. — La ballade est un poème de trois strophes suivies


d’un envoi, avec un vers formant refrain : les trois strophes sont tantôt des
huitciins, tantôt des dizains; l’envoi, égal à une demi-strophe, est dans le
premier cas un quatrain, dans le second cas un quintain. Au total, la ballade
a tantôt 28 vers, tantôt 35 vers, et elle est, selon le cas, construite toute entière
sur trois rimes ou sur quatre.
N. B. — La ballade du moyen âge, illustrée notamment par Villon, n’a rien de com¬
mun avec la ballade romantique, imitée des ballades allemandes, qui sont des poèmes
de forme libre, composés d’un nombre de strophes variable, souvent sans refrain, et
dont les sujets sont généralement légendaires.
Comme le rondeau, la ballade du moyen âge a eu au xixe siècle un regain de vie
grâce à Th. de Banville, qui composa notamment, après Villon, une « Ballade des
Pendus ».
I II
Frères1 humains qui après nous vivez, Sur 30 ses larges bras étendus
N’ayez les cœurs contre nous endurcis, La forêt où s’éveille Flore
Car si pitié de nous pauvres avez. A des chapelets de pendus
Dieu en 2 aura plus tôt de vous mercis 3. Que le matin caresse et dore.
Vous nous voyez ci 4 attachés cinq, six : Ce bois sombre, où le chêne arbore
Quant de la chair 6, que trop avons nourrie, Des grappes de fruits inouïs
Elle est pieça 6 dévorée et pourrie, Même chez le Turc et le More,
Et nous les os 7, devenons cendre et poudre. C’est le verger du roi Louis!
De notre mal 8 personne ne s’en rie 9;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Si frères vous clamons 10, pas n’en devez Tous ces pauvres gens morfondus,
Avoir dédain, quoique fûmes occis 11 Roulant des pensers qu’on ignore,
Par 12 justice. Toutefois vous savez, Dans les tourbillons éperdus
Que tous hommes n’ont pas le sens rassis13; Voltigent, palpitants encore.
Excusez-nous, puisque sommes transis 14, Le soleil levant les dévore.
Envers le fils de la Vierge Marie, Regardez-les, cieux éblouis,
Que 15 sa grâce ne soit pour nous tarie, Danser dans les feux de l’aurore :
Nous préservant de l’infernale foudre. C’est le verger du roi Louis!
Nous sommes morts : âme 16 ne nous harie17 ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

La pluie nous a débués 18 et lavés, Ces pendus, du diable entendus,


Et le soleil desséchés et noircis. Appellent des pendus encore.
Pies 19, corbeaux nous ont les yeux cavés 20 Tandis qu’aux cieux, d’azur tendus,
Et arraché la barbe et les sourcils. Où semble luire un météore,
Jamais nul temps nous ne sommes assis 21 ; La rosée en l’air s'évapore,
Puis çà, puis là 22, comme le vent varie, Un essaim d’oiseaux réjouis
A son plaisir sans cesse nous charrie, Par-dessus leur tête picore :
Plus becquetés d'oiseaux 23 que dés à coudre. C’est le verger du roi Louis!
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie 21, Prince, il est un bois que décore
Garde qu’Enfer n’ait de nous seigneurie 25 : Un tas de pendus, enfouis
A lui 26 n’ayons que faire 27 ni que souldre 28. Dans le doux feuillage sonore :
Hommes, ici n’a 29 point de moquerie, C’est le verger du rot Louis!
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudrel (Th. de Banville,
(François Villon.) Gringoire, sc. 4, 1866.)

i. Villon, condamné à mort, s’attend à être pendu : comme s’il l’était déjà, i! s’adresse, au nom de tous les pendus
du gibet de Montf aucon, aux curieux qui les regardent. — a. A cause de cela. — 3. Miséricorde. — 4. Ici. — 5. Pour
424 LA VERSIFICATION

ce qui est de notre chair. — 6. Depuis longtemps. — 7. Les squelettes. — 8. Malheur. — 9. Que... ne se rie. — 10.
Appelons. — n. Tués. — 12. Avec. — 13- Bien assis. — 14- Trépassés. — 15. De façon que. 16. Personne.
17. Que... ne nous tracasse. — 18. Lessivés. —• 19. Prononcer : « pi-es ». 20. Creusés. 21. En repos. 22.
Tantôt par-ci, tantôt par-là. — 23. Parles oiseaux. — 24. Souveraineté. — 25. N ait sur nous pouvoir de seigneur.
— 26. Avec lui. — 27. Rien à faire. — 28. Rien à payer. — 29. Il n'y a. — 30. -Sur la promesse d un bon dîner,
le poète famélique Gringoire, mis en scène par Th. de Banville, récite cette ballade de sa composition aux invités
d’un bourgeois parisien.

D’après ces exemples, la ballade se caractérisé comme il suit :


a. Les vers sont soit des décasyllabes, soit des octosyllabes, les strophes ayant
dans le premier cas 10 vers, dans le second cas 8 vers.
b. Le refrain est formé par le dernier vers de la première strophe, qui est
repris à la fin des deux autres strophes et de l’envoi.
c. Les rimes de la ballade à strophes de 10 vers sont au nombre de quatre:
deux masculines et deux féminines (les deux masculines, dont la seconde est
répétée trois fois, sont croisées dans les cinq premiers vers de la strophe; les
deux féminines, dont la première est repétée trois fois, sont croisées dans les
cinq derniers vers de la strophe et dans l’envoi). Elles sont ainsi disposées :
Strophes : m. m. m. m. m. f. f. f. i. f.'. Envoi : f. f. f. f. f.

Dans la ballade à strophes de 8 vers, les rimes sont au nombre de trois :


deux masculines et une féminine (la première masculine et la féminine sont
croisées dans les quatre premiers vers de la strophe; la féminine et la seconde
masculine sont croisées dans les quatre derniers vers de la strophe et dans
l’envoi). Elles sont ainsi disposées :
Strophes : m. f. m. f. f. m. f. m.; Envoi : f. m. f. m.

475. Le sonnet. — Le sonnet, dont Boileau a formulé les « rigoureuses


lois » (Art poétique, II, v. 82-102), est un poème de 14 vers, composé de deux
quatrains construits sur deux rimes et d’un sixain en deux tercets, construit sur
trois rimes.
Il se présente sous deux formes, qui diffèrent par la disposition des rimes
du sixain en deux tercets : la forme ancienne, héritée des modèles italiens,
et la forme nouvelle, proprement française, qui la supplanta à partir du
xvne siècle.
1" Forme ancienne. — LA PETITE PATRIE

Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,


Ou comme cestuy là 1 qui conquit la toison 3,
Et puis est retourné, plein d’usage 3 et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge 4 !

Quand reverrai-je 5, hélas ! de mon petit village 6


Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province 7 et beaucoup davantage?
LE GROUPEMENT DES VERS 425

Plus me plaît le séjour qu’ont bâti mes aïeux,


Que des palais romains le front audacieux;
Plus que le marbre dur me plaît l’ardoise fine,

Plus mon 8 Loire gaulois que le Tibre latin,


Plus mon petit Liré que le mont Palatin,
Et plus que l’air marin la douceur angevine.
(Joachim du Bellay.)

i. Celui-là. Il s’agit de Jason. — 2. La toison d’or. — 3. Expérience. — 4. Vie. — 5. Le poète est à Rome. -
6. Liré, en Maine-et-Loire. — 7. État, d’où : royaume. — 8. Le nom latin de la Loire est masculin.

2° Forme nouvelle. — a MARIS STELLA 1 »

Sous les coiffes de lin, toutes, croisant leurs bras


Vêtus de laine rude ou de mince percale,
Les femmes, à genoux sur le roc de la cale,
Regardent l’Océan blanchir l’ile de Batz 2.

Les hommes, pères, lils, maris, amants, lâ-bas,


Avec ceux de Paimpol, d’Audierne et de Cancale,
Vers le Nord sont partis pour la lointaine escale.
Que de hardis pêcheurs qui ne reviendront pas i

Par-dessus la rumeur de la mer et des côtes


Le chant plaintif s’élève, invoquant à voix hautes
L’Étoile sainte, espoir des marins en péril;

Et l’Angélus, courbant tous ces fronts noirs de hâle,


Des rochers de Roscofî à ceux de Sybiril,
S’envole, tinte et meurt dans le ciel rose et pâle.
(José-Maria de Heredia.

Z. En latin : « Étoile de la Mer ». — 2. Prononcer : <1 Ba ».

D’après ces exemples, le sonnet se caractérise comme il suit :


a. Les vers sont, dans les deux cas, des alexandrins.
b. Les rimes des quatrains sont, dans les deux cas, des rimes embrassées;
mais le sixain en deux tercets présente, dans le sonnet de forme ancienne, deux
vers à rimes plates et quatre vers à rimes embrassées, et dans le sonnet de forme
nouvelle, deux vers à rimes plates et quatre vers à rimes croisées:
Forme ancienne : f. m. m. f. | f. m. m. f. | m. m. f. m. m. f.
Forme nouvelle : m. f. f. m. j m. f. f. m. | /. f. m. f. m. f.

jq. B._ lo b existe des sonnets en décasyllabes, parfois en octosyllabes : ils remontent
les uns au xvie siècle, les autres au xvne.
2° La disposition des rimes n’est pas toujours régulière dans les sonnets de forme
nouvelle : les quatrains présentent parfois des rimes croisées; parfois aussi ils sont
construits sur quatre rimes; le sixain en deux tercets présente parfois, après deux vers
à rimes plates, quatre vers â rimes embrassées, ou inversement; parfois aussi il n est
construit que sur deux rimes.

III. - LES POÈMES EN VERS LIBRES


476. Généralités. — A l’opposé des poèmes à forme fixe, il existe des
poèmes dits en vers libres, où le poète s’affranchit plus ou moins des règles
traditionnelles concernant la structure ou le groupement des vers.
426 LA VERSIFICATION

Ce nom est indifféremment appliqué à des poèmes du xvn® siècle tels que
les « fables » de La Fontaine, et à des poèmes du xixe siècle tels que ceux des
Symbolistes; en fait les vers libres classiques sont très différents des vers libres
modernes.

477. Les vers libres classiques. — Les vers libres classiques, que l’on
trouve principalement dans les Fables (1668-1694) de La Fontaine et dans cer¬
taines œuvres dramatiques comme Y Agésilas (1666) de Corneille ou V Amphi¬
tryon (1668) de Molière, sont seulement des vers mêlés.
Le poète associe dans un même poème des vers de mesures inégales et de
rythmes variés, et a recours aux combinaisons de rimes les plus diverses. Mais
la structure et la facture de chaque vers pris en lui-même sont parfaitement
régulières. La liberté n’est ici que besoin de variété, et le mélange qui en
résulte est toujours réglé par un goût, très sûr.

N. B. — Oa peut prendre comme exemples de vers libres classiques les textes


suivants :
1° Molière, Amphitryon, I, 1 (récit du combat) et 2 (entretien de Mercure et de Sosie) ;
2° La Fontaine, Fables, II, 14 (Le Lièvre et les Grenouilles), et VII, 16 (Le Chat,
la Belette et le petit Lapin).

478. Les vers libres modernes. — Les vers libres modernes, que l’on
trouve principalement chez des Symbolistes et chez les poètes postérieurs,
rompent plus hardiment avec la tradition et sont vraiment des vers libérés.
Le poète associe dans un même poème des mètres et des rythmes rares aux
mètres et aux rythmes normaux; ses vers, de longueur souvent très inégale,
comptent en bien des cas plus de douze syllabes; les coupes y sont en nombre
indéterminé et à des places imprévues; les hiatus (§ 454, 2°) n’en sont pas
bannis; les rimes, dont l’alternance n’est pas toujours respectée (§ 471), y sont
capricieusement disposées, volontiers redoublées ou espacées, fréquemment
remplacées par des assonances (§ 455, N. B., 2°) ou même supprimées. La
liberté est ici besoin d’évasion, et le poète, n’acceptant aucune contrainte,
donne à son vers la forme même la plus irrégulière, si elle lui paraît la mieux
adaptée au sentiment qu’il veut exprimer ou à l’impression qu’il veut produire.

N. B. — On peut prendre comme exemples de vers libres modernes les textes


suivants :
1° Henri de Régnier, Les Jeux rustiques et divins (1897), 3° partie, « Odelette »; La
Cité des Eaux (1902), « Le Sang de Marsyas ».
2° Émile Verhaeren, Les Campagnes hallucinées (1893), « La Ville »; La Multiple
Splendeur (1906), « Le Vent de Novembre ».
INDEX ALPHABETIQUE

(Les numéros renvoient aux pages.)

accueillir, conjug., 182. Adverbe, 222-250; — de civ.


à ce point... que, conj., 383. constance, [manière] 223-
A acharner [s’) à, v. tr. ind., 345. 227; [quantité] 227-234;
acheter, conjug., 173. [prix] 234, n. 1 ; [lieu] 234-
A, prép., 251, 253-254, 266. à chevauchons, adv., 29. 237; [temps] 237-240; degrés
abattre, conjug., 201. achever (de), v. tr. ind., 346. de signification, 240-241 ; —
abbé, îém., 55. à condition que, conj., 274, 387. d’opinion, [affirmation] 241-
abîme, genre, 53. à côté, adv., 235. 243; [négation] 244-249; [in¬
abondance (compl. d’), 328. à côté de, prép., 252. terrogation] 249-250; — pris
abrégé (radical), 162. acquérir, conjug., 180, 182. comme nom, 40; adjectif,
absolu (participe), 394-396. Voir à croupetons, adv., 29. 40 ; préposition, 41 ; con¬
Participe (proposition), action (verbes d’), 156, 157. jonction, 41.
absolu (superlatif) : des adjec¬ active (forme), 157-213; mo¬ affirmation (adverbes d’), 241-
tifs, 75-76; des adverbes, 241. dèles : Aimer, 172 ; Finir, 175. 243.
absoudre, conjug., 204. à défaut de, prép., 252. affirmation (verbes d’), [décla¬
abstenir (s’), v. pronom., 218; à demi, adv., 228, 322. ration] 349; [opinion] 349;
s’—[de), v. tr. ind., 345; à dessein, adv., 225. [connaissance] 349.
conjug., 184. adhérant, adhérent, 293. affirmation atténuée (expres¬
abstraire, conjug., 210. adieu, interj., 280. sion de 1’) : conditionnel, 290;
abstraits (noms), 51. Adjectif numéral, 151 ; car¬ subjonctif, 290, 325.
abuser (de), v. tr. ind., 345. dinal, 151-154; ordinal, 151, affirmative (conjugaison), 220.
à califourchon, adv., 29. 154-155. afin de, prép., 252.
à cause de, prép., 252. Adjectif qualificatif, 68; afin que, conj., 274, 382.
à cause que, conj., 379. féminin, 68-71 ; pluriel, 71- à force de, prép., 252.
accéder (à), v. tr. ind., 345. 73; degrés de signification, a fortiori, adv., 225.
accent (signe orthographique) : 73-76; — épithète, 319; — à gauche, adv., 235.
aigu, 9; grave, 9; circon¬ apposé, 324, 395-396; — agenouiller (s’), v. pronom.,
flexe, 10. attribut, 360-363 ; — pris 218.
accent tonique, 4. comme nom, 40; pronom, à genouillons, adv., 29.
accompagnement (compl. d’), 40; adverbe, 41, 224; prépo¬ agent (compl. d’), 367, 369.
367, 372. sition, 41; interjection, 41; à gogo, adv., 228.
Accoed : du nom [apposition], — (compl. de T), 328-330. ah! interj., 277-279.
324; [attribut], 362; — de Adjectif verbal, 293-294. ah! si (souhait ou regret), 387,
l’adjectif [épithète], 320-322; Adjectifs pronominaux, 87; aider, — (à), 345.
[attribut], 362-363; —■ du —■ possessifs, 105-106, 108- aie I interj., 277, 278.
pronom [attribut], 363-364; 112; —- démonstratifs, 112- aïeul, plur., 63.
—■ de l’adjectif possessif, 110- 113,118-121; — relatifs, 122, aigle, genre, 57.
111 ; — de l’adjectif numéral, 130; —• interrogatifs, 130, ail, plur., 63.
152-153; — du verbe, 306- 135-136; —• indéfinis, 136, -ail (noms en), plur., 62.
309; du participe passé, 292, 146-150. ailleurs, adv., 235; d'—,235;
310-318; de l’adjectif ver¬ adjoindre, conjug., 204. par —; 235.
bal, 293. ad libitum, adv., 225. aimer, v. modèle (1er Groupe),
accouder (s’), v. pronom., 218. admettre, conjug., 201. conjug. : [forme active], 172;
accourir, conjug., 185. adonner (*’), v. pronom., 218. [forme passive], 216.
accroire, v. défect., 205, 208. à droite, adv., 235. aimer, — (à), 252, 346.
accroître, conjug., 205. advenir, conjug., 184; forme -aindre (verbes en), conjug.,
accroupir (s’), v. pronom., 218. impersonnelle, 212, 334. 194-195.
428 INDEX ALPHABETIQUE

-aine (noms en—, dérivés d’adj. anglais (mois), 22. asservir, conjug., 183.
cardinaux), 152-153, 154. antécédent : du pron. relatif, assez, adv., 227, 228.
ainsi, adv., 41, 223; c.onj., 41, 122; de l’adv. relatif, 122, assez... pour, 374; assez... pour
268, 272. 235, 238. que, 384.
ainsi que, conj., 274, 308, 390. antérieurement, adv., 238. assidûment, 223.
air (avoir V), accord de l’attri¬ antonymes, 45, 47. assimilé (radical), 162.
but, 363. à peine, adv., 228, 340. assonance, 405.
-aire (verbes en), conjug., 198. apercevoir, conjug., 188; s — ’ assortir, conjug., 183.
-ailre (verbes en), conjug., 195. (de), v. tr. ind., 345. assurément, adv., 241.
-ci (noms en), plur., 62; (adj. il peu près, adv., 228, 229, 234. astreindre, conjug., 202.
en), plur., 72. apostrophe (signe orthogra¬ à supposer que, conj., 388.
à l’abri de, prép., 252. phique), 13. à tâtons, 29, 225.
4 la faveur de, prép., 252. Apostrophe (nom en), 11, 80, à tel point... que, conj., 383.
à l’aide de, prép., 252. 332. atmosphère, genre, 53.
4 la vérité, adv., 241. apparaître, conjug., 205. atone (radical), 162.
4 l’égard de, prép., 252. apparemment, adv., 241. atones (formes), [pron. pers.]
alentour, adv., 235; d’—, 235. apparent (sujet), 333-334. 89-105; [adj. poss.] 108; [né¬
à l’envi de, prép., 252. apparoir, v. défect., 208. gation] 244.
alexandrin (vers), 398; clas¬ appartenance (compl. d’), 253, à tort, adv., 225; —- ou à rai¬
sique, 408; romantique, 409; 373. son, 225; — et à travers, 225.
coupes, 408-410. appartenir, conjug., 184. à travers, au travers de, prép.,
& l’insu de, prép., 252. appeler, conjug., 173. 251, 265, 266.
allegro, adv., 225. appendre, conjug., 200. attaquer (s’) à, v. tr. ind., 345.
allemands (mots), 22. appert (il), 208. atteindre, conjug., 202.
aller, verbe à triple radical, 162, applaudir, — à, 345. atteler, conjug., 173.
174; conjugué avec être, 164; apposé (adjectif), 324, 395- attendre, conjug., 200; s’ — (à),
auxiliaire de temps, 164-165; 396; -—- (participe), 394-395. v. tr. ind., 345, 346.
en (s’) •—, v. pronom., 218. apposition, 11, 323; nom —, attendu, prép., 251.
allô, interj., 277. 80, 256, 323; adjectif —, attendu que, conj., 274, 378.
alluvion, genre, 53. 324; infinitif •—-, 324; propo¬ attenter (à), v. tr. ind., 345.
à loisir, adv., 225. sition —-, 324-325. -ailre (verbes en), conjug., 192.
alors, adv., 238, 359; conj., 268, apprendre, conjug., 204; — (à), Attribut, 360; du sujet ou
272. v. tr. ind., 346. de l’objet, 360-361; direct
alors même que, conj., 380, 387. appui (consonne d’), 407. ou indirect, 361-364; 252,
alors que, conj., [de concession], appuyé (radical), 162. 254, 256, 257, 261; adjectif
274, 380; [de temps], 385. après, adv., 235, 238; prép., (ou locution adjective), 360-
alphabet, 6. 251, 263. 363; nom, 360-363 ; 80, 86;
alternance : des radicaux (to¬ après-demain, adv., 237. pronom, 360, 363-364; infi¬
nique et atone), 180; des à présent, adv., 237. nitif, 360, 364; proposition,
rimes, 406, 419. après-midi, genre, 59; plur., 365; — implicite, 323, n. 2;
ambassadeur, fém., 55. 65; cet —, 238. 324, n. 1.
à mesure que, conj., [de temps] après que, conj., 274, 385. attribution (compl. d’), 367,
385; [de comparaison] 274, à propos, adv., 225. 373; 89, n. 1; 253.
391. arabes (mots), 23. au, art. contracté, 78.
amnistie, genre, 53. à raison de, prép., 252. -au (noms en), plur., 62.
à moins que, conj., 274, 388. à reculons, adv., 29, 225. au bas de, prép., 252.
à moitié, adv., 228, 322. argot (emprunts à 1’), 25. au cas où, conj., 274, 388.
amonceler, conjug., 173. arrière, adv., 235; en —, 235. au centre, adv., 235.
amour, genre, 59; 422, n. 4. arriver, conjugué avec être, 164 ; au contraire, mais —-, conj.,
amputés (mots), 41-42. arrive (il) que, 211 ; 342, n. 2. 268.
Analyse : propos, indépen¬ arroger (s’), v. pronom., 218; aucun, adj. indéf., 146, 147;
dante, 285-286; phrase de accord du partie, passé, 311. pron. indéf., 137, 139.
coordination, 286; phrase de Article : 77; défini , 77-83, au début, adv., 238.
subordination, 287-288. 258; indéfini, 85-86; parti¬ au dedans de, prép., 252.
anathème, genre, 53. tif, 83-84. au delà de, prép., 252.
ancre, genre, 53. aspirer (à), v. tr. ind., 345, 346. au-dessous de, prép., 252.
andalou, fém., 70. assaillir, conjug., 182, 207. au-dessus de, prép., 252.
andante, adv., 225. asseoir, — (s’), 18£“- "onjug., au devant de, prép., 252.
-andre (verbes en), conjug., 190. 190-191. au fur et à mesure, adv., 225.
INDEX ALPHA B ETIQUE 429

au fur et à mesure que, conj., avant-hier, adv., 237. bleu, plur., [nom] 62; [adj.] 72.
391. avant que, conj., 274, 385. -bleu (suffixe), altération de
au hasard, adv., 225. avec, prép., 251, 266; d’ —, 251. dieu, 278.
au haut de, prép., 252. à verse, adv., 225. blottir (se), v. pronom., 218.
aujourd’hui, adv., 237. aveuglément, 223-224. boire, conjug., 198; 199 et
au lieu de, prép., 252; 371, avoir, v. auxiliaire, 164, 168; n. 1, 204.
n. 1. conjugaison, 169, 170. bon gré mal gré, adv., 225;
au lieu que, conj., 380, 382. avoir (une chose, etc.) à (faire, 226, n. 1.
au milieu, adv., 235. etc.), 254, 317. bonhomme, plur., 64.
au milieu de, prép., 252. avoir beau, 381. bon marché, adv., 234, n. 1.
au moins, adv., 231; conj., avoir de quoi, 127. bouillir, conjug., 181, 184.
268, 271. -ayer (verbes en), conjug., 174. boulevard, sens, 46.
au moment où, conj., 385. azalée, genre, 53. boumt interj., 277, 279.
auparavant, adv., 238. bourreler, conjug., 174.
au plus, adv., 231 ; tout —, braire, conjug., 208.
231. B bravo, interj., 277.
au point que, conj., 274, 383. bretons (mots), 25.
auprès, adv., 235. baht interj., 277, 278. brièvement, 224.
auprès de, prép., 251, 264. bail, plur., 62. bruire, conjug., 208.
au prix de, prép., 252. bailleur, fém., 55. bureau, sens, 46.
auquel [à laquelle, etc.), pron. bailli, fém., 54. but (compl. de) : nom (ou
relatif, 124, 125. bal, plur., 62. infin.), [c. de nom] 326;
au reste, conj., 268, 271. ballade, 421, 423-424. [c. de verbe] 367, 374; pro¬
aussi, adv., 232-233; aussi... banal, plur., 72. position, 378; 382, 393.
que, 75, 233, 241, 391; conj., bancal, plur., 72. but (moyens d’exprimer le),
268, 272. banqueter, conjug., 174. 383, Rem.
aussi bien, conj., 268. bas, adv., [de manière] 224;
aussi longtemps que, conj., 385. [de lieu] 321 ; en —, là-,
aussitôt, adv., 238; aussi tôt, 235; d’en —, de là-, 235; C
239. par en —, par là- —, 235.
aussitôt que, conj., 274, 385. bastel interj., 277. ça, pron., 113, 117.
au surplus, conj., 268. bateaux (noms de) : genre, çà, adv., 235, 236; dans une
autant, adv., 232-233; autant... 60; avec ou sans article, interrogation, 132.
que, 233, 391; autant..., au¬ 82. cabrer (se), v. pronom., 218.
tant..., 391; d’ —, 232. battre, conjug., 192, 200. cacheter, conjug., 173.
autant que, conj., 391. bayer, v. défect., 206. çà et là, adv., 236.
automne, genre, 53. beau, fém., 70; plur., 72. café, sens, 47.
autour, adv., 223, 235; — de, beaucoup, adv., 227, 229-230; caillou, plur., 63.
prép., 251. de —, 230; degrés do signi¬ cal, plur., 62.
autre chose, pr. indéf., 137,142; fication, 240-241. canard, fém., 54.
autre chose..., autre chose, 391. bel, emploi, 70. caqueter, conjug., 173.
autrefois, adv., 237, 239; autre bénin, fém., 70. car, conj., 268, 271.
fois (une), 239. bétail, bestiaux, bêles, 63. cardinal (adj. numéral), 151-
autrement, adv., 388; autre¬ bien, adv., [de manière] 223, 154.
ment... que, 391. 225; [de quantité] 227, 229; carnaval, plur., 62.
autre... que, 391. 76, 241; degrés de signifi¬ catégorie grammaticale (chan¬
autrui, pr. indéf., 137, 143. cation, 240-241 ; [d’affirma¬ gement de), ou dérivation
aux, art. contracté, 78. tion] 243. impropre, 39-41.
-aux (noms plur. en), 62; bien loin que, conj., 380. cause (compl. de) : nom (ou
(adj. plur. en), 72. bien plus, conj., 268. infin.), [c. de nom] 326;
aux dépens de, prép., 252. bien que, conj., 274, 380. [c. d’adjectif] 328; [c. de
aux environs de, prép., 252. bien sûr, adv., 241. verbe] 367, 371; proposi¬
Auxiliaires (verbes), 163; de bientôt, adv., 223, 239; bien tion, 378-379, 393, 396.
temps, de mode, 163-164; tôt, 239. cause (moyens d’exprimer la),
accompagnant un participe, bijou, plur., 63. 379, Rem.
164; introduisant un infini¬ binaire (vers), 408. ce (cet, celte, ces), adj. dé-
tif, 164-165. bis, adv., 277. monstr., 118, 119; 238.
avant, adv., 235, 238; en , blesser (se), v. modèle (forme ce, pron. démonstr. neut., 113,
235; prép., 251, 263. pronominale) : conjug., 219. 115-117; élidé, 113.
430 INDEX ALPHA R ÉTIQUE

ceci, pron. démonstr. nout., cher, adv., 234, n. 1. commodément, 223-224.


113, 117. cheval, famille sémantique, 49. communément, 223-224.
ce... -ci [cet...-ci, celte..,-ci, ces...- chez, prép., 251, 252, 265; communs (noms), 52, 53-59,
ci), 118, 119. de —, 251; par —, 251. 60-66.
cédille, 6, 7; 173. chic, adj., sans fém., 68; interj., comparaison (compl. de) : nom,
ceindre, conjug., 202. 277. 372; proposition, 378, 390.
cela, pion, démonstr. neut., choir, v. défect., 208. comparaison (moyens d’expri¬
113, 117; 359; pron. pers. chou, plur., 63. mer la), 392, Rem.
neut., 91, 93, 94, 96, 97, 98, chrysanthème, genre, 53. comparaître, conjug., 205.
99. chut! interj., 277, 279. comparatif : des adjectifs, 74-
ce...-là (cet...-là, cette...-là, ces...- ci, adv., 13, 113, 235, 236, 237; 75; des adverbes, 240-241;
là), 118, 119; 359. -après (-contre), — -des¬ — (compl. du), 330.
celer, conjug., 173. sous (-dessus, -devant), 236. compatir (à), v. tr. ind., 345.
celui (celle, ceux, celles), pron. ciel, plur., 63. compère, sens, 46.
démonstr., 113, 114-115. ci-gît, 206-207, 236. complaire, conjug., 205; — (se),
celui-ci (celle-ci, ceux-ci, celles- ci-inclus, 236. accord du partie, passé, 311.
ci), pron. démonstr., 113, ci-joint, 236. Complément : du nom, 325-
114, 115. circonscrire, conjug., 204. 328; de l’adjectif, 328-330;
celui-là (celle-là, ceux-là, celles- Circonstance (compl. de), du verbe, [c. d’objet] 344-
là), pron. démonstr., 113, 366-367 ; direct ou indirect, 359; [c. de circonstance]
114, 115. 368 ; nom (pronom ou infi¬ 366-396; de l’adverbe [de
^elui qui (celui que, etc.), pron. nitif), [c. de verbe] 369-376; quantité], 84, 228.
indéf., 138. 253, 254, 256, 257, 258, 260, Composés (mots), 31 : noms,
ce n'est pas que, 379. 261, 262, 263-266; [c. de 36, 64-66; adjectifs, 37, 72-
cent, accord, 153. nom] 325-326; 254,255,257, 73; pronoms, 37; adj. numé¬
cependant, conj., 268, 270-271. 259, 260, 262; [c. d’adjectif] raux, 151-152; verbes, 37;
ce qui (ce que), pron. interrog. 328-329; 254, 255, 257, 260; adverbes, 37-38; préposi¬
neutre, 131 et n. 1, 134; proposition [conjonctive] 378- tions, 38; conjonctions, 38;
pron. indéf., 138. 392; [relative] 392-394; [par¬ interjections, 39.
-cer (verbes en), conjug., 173. ticipe] 394-396. composés (temps) : voir Verbe.
certain, adj. indéf., 146, 148- circonvenir, conjug., 184. composition : par préfixes, 31-
149; un —, 148. ciseler, conjug., 173. 35; par groupement de mots,
certainement, adv., 241. clore, v. défect., 208. 36-39.
certains, pron. indéf., 137, 144. cocorico! interj., 277, 280. comprendre, conjug., 204.
certes, adv., 241. coi, fém., 69. concession (compl. de) : nom
cesser (de), v. tr. ind., 346. collectif (nom, ou mot), 61; (pron. ou infin.), 371; pro¬
c’est, 115 (ce, sujet réel); 116, accord du verbe avec un position, 378, 380-382, 393
334, 335-336 (ce, sujet appa¬ sujet —, 306; accord du 395-396.
rent); ce sont, 307; est-ce, part, passé avec un—, 315. concession (moyens d’exprimer
132. colleter, conjug., 174. la), 382, Rem.
c’est à (moi, etc.) à, c’est à combattre, conjug., 201. concevoir, conjug., 188.
(moi, etc.) de, 254, 256. combien, adv., [de quantité] conclure, conjug., 192-193, 200-
c’est-à-dire, conj., 116, 268. 233-234; [de prix] 234, n. 1; 201.
c'est pourquoi, conj., 268, 272. [d’interrogation] 249. concordance des temps, 351-
c’est... qui (que, etc.), 116. commandement, permission ou 353.
c’est que, 379. défense (verbes de), 351. concordance (conditionnel de),
césures, 408-410. comme, adv., [de manière] 223, 303; 350, 351, 352; 354,
cet (cette, ces) : voir ce (adj. 227; [de quantité] 227, 233, 355; 358.
démonstr.). 234, 275; conj., 227, n. 1, concourir, conjug., 185.
chacal, plur., 62. 274-275; [de cause] 275, concrets (noms), 51.
chacun, pron. indéf., 136, 137, 378; [de temps] 275, 385; condescendre, conjug., 200.
145; 111. [de comparaison] 275, 390. condition (compl. de) : nom
chaloir, v. défect., 208. commencer (à), — (de), v. tr. (ou pronom), 371; proposi¬
chanceler, conjug., 173. ind., 346. tion, 378, 386-390, 393-396.
chanteur, fém., 55. comment, adv. d’interrogation, condition (moyens d’exprimer
chaque, adj. indéf., 136,146,149. 249. la), 390, Rem.
chaque fois que, conj., 385. commère, sens, 46. Conditionnel (mode), 159-
chasseur, fém., 55. comme si, conj., 274, 391. 160; formes, 166-168, 177;
châtain, adj., sans fém., 68. commettre, conjug., 201. 213-215; 217-218; emploi ;
INDEX ALPHABETIQUE 431

dans la prop. indép. ou contenir, conjug., 184. dans la suite, adv., 238.
princip., 290, 302-303, 388- continuer (à), — (de), v. tr. ind., dans le cas où, conj., 388.
389; dans la prop. subord. 346. d'après, prép., 251.
[sujet] 343, [objet] 350, 355, continues (consonnes), 3; va¬ d’aucuns, pron, indéf., 137,144.
356, [c. de circonst.] 379, leur expressive, 413. d’autant plus (ou moins) que,
382, 384, 386, 389, 390, 392, contraindre, conjug., 202. conj., 391.
394. Voir : Concordance contre, prép., 251, 264. d’autres, pron. indéf., 137, 143;
(conditionnel de), Potentiel, contredire, eonjug., 198, 204. adj. indéf., 147.
Irréel. contrefaire, conjug., 205. davantage, adv., 227, 232.
condottiere, plur., 63. contrevenir, conjug., 184. de, prép., 251, 254-256, 266;
conduire, conjug., 204. convaincant, convainquant, 293. élidé, 5; au lieu de l’art,,
confire, conjug., 197-198, 204. convaincre, conjug., 201. [partitif] 84; [indéf.] 86.
confondre, conjug., 200. convenir, conjug., 184; forme débattre, conjug., 201.
conformément, adv., 223-224. impersonnelle, 211. de beaucoup, 230, 255.
confusément, adv., 223-224. convoyer, conjug., 174. debout, adv., 223.
Conjonction, 267 ; de coordi¬ coordination : conjonction de décasyllabe (vers), 398, 408.
nation, 267-272; de subor¬ —, 267-272; phrase de •—, de ce que, conj., 351.
dination, 273-276. 281-283, 286. décéder, conjugué avec être, 164,
Conjonctive (proposition) : Coordonnées (propositions), décevoir, conjug., 188.
apposition, 324; compl. de 281, 282-284; 286; — ex¬ déchoir, v. défect., 208.
nom, 328; compl. d’adjec¬ primant la cause, 379; la de-ci de-là, adv., 235.
tif, 330; sujet, 341, 342- concession, 382; la consé¬ décider (de), v. tr. ind., 346.
343; c. d’objet, 348, 349-353; quence, 384; le temps, 386; déclaration (verbes de), 349.
attribut, 365; c. de cir¬ la condition, 390. dèconfîre, conjug,, 204.
const., 377, 378-392. corail, plur., 62. découdre, conjug., 204.
Conjugaison, 165; do forme correspondre, conjug., 200. découvrir, conjug., 183.
active, 165-213; de forme corrompre, conjug., 201. de crainte que, conj., 382.
passive, 214-216 ; de forme côte à côte, adv., 225. décrire, conjug., 204.
pronominale 217-219; coudre, conjug., 193-194, 202. décroître, conjug., 204.
négative et interrogative, coupes (des vers), 408-410. dedans, adv., 235, 237 -, au-,
220-221. courir, conjug., 178, 181, 184; en —, là —, 235; de —,
connaissance (verbes de), 349. accord du participe passé, 235; par —, 235; prép.,
connaître, conjug., 195-196, 202. 314. 237.
conquérir, conjug., 184. court (demeurer), 363. dédire (se), v. pronom., 218
conseil (moyens d’exprimer le), courle-pointe, 44. conjug., 204.
289, 290, 291. coûter, accord du partie, passé, déduire, conjug., 204.
conseiller (de), v. tr. ind., 346. 313. de (telle) façon que, conj., 274,
consentir, conjug., 182; — (à), cracl interj., 277, 279. 383.
—- (de), v. tr. ind., 346. craindre, conjug., 202. défaillir, conjug., 182.
conséquence (compl. de) ; in¬ crescendo, adv., 225. défaire, conjug., 205.
finitif, 374; proposition, 378, crocheter, conjug., 173-174. défectifs (verbes), 206-211.
383-384, 393-394. croire, conjug., 198-199 et n. 1, défectueuses (rimes), 407.
conséquence (moyens d’expri¬ 204; croire, — à, 345. défendeur, foin., 55.
mer la), 384, Rem. croisées (rimes), 406. défendre, conjug., 200; — (de).
Consonnes ; sons- —, 1-3; croître, conjug., 195-196, 202. v. tr. ind., 346.
—• instantanées, 3, n. 1 ; crûment, adv., 223. défense (moyens d’exprimer la),
— continues, 3, n. 2; let¬ cueillir, conjug., 178-179, 182. 289, 291.
tres- —, 6-9; -— (valeur ex¬ cuire, conjug., 197, 204. défini (article), 77-83,
pressive des), 412-413. dégeler, conjug., 173; forme
Construction (directe ou in¬
impersonnelle, 212.
directe) : de l’épithète, 319; D Degrés de signification :

de l’apposition, 323-324; du des adjectifs, 73-76; des ad¬


compl. du nom, 325-327; du d’abord, adv., 223, 238. verbes, 240-241.
compl. d’adj., 328-329; du d'ailleurs, conj., 268. dehors, adv., 235, 237.
sujet, 335-336; du c. d’ob¬ dame! interj., 277, 280. déjà, adv., 237.
jet, 344-346; de l’attribut, dans, prép., 251, 256, 266. delà, adv., 235; au —, par —,
235-236; prép., 251; de—,
361-364; du c. de circons¬ dans ces conditions, conj., 268,
272. par —, 251.
tance, 868.
dans la mesure où, conj., 391. de là, adv., 235; conj., 272.
construire, conjug., 204.
432 INDEX ALPHABÉTIQUE

délibération (moyens d’expri¬ descendre, conjug., 200. disconvenir, conjug., 185.


mer la), 292, 354. desideratum, plur., 63. discourir, conjug., 185.
délice, genre, 59. désir, crainte ou effort (verbes discours : direct, 356; indi¬
de loin en loin, adv., 238. de), 350. rect, 356-359.
demain, adv., 237. désister (se), v. pronom., 218. disjoindre, conjug., 204.
demande (moyens d’exprimer de sitôt, 239. disparaître, conjug., 205.
la), 289 et n. 1; 290. dès lors, adv., 238. dissoudre, conjug., 204.
demander (de), v. tr. indir., 346. désormais, adv., 238. distendre, conjug., 200.
demandeur, fém., 55. de (telle) sorte que, conj., 274, distique, 417-418.
de (telle) manière que, 274, 383. 383. distraire, conjug., 211.
démanteler, conjug., 173. dès que, conj., 274, 385. divers, adj. indéf., 146, 149.
d'emblée, adv., 225. desservir, conjug., 183. dizain, 417.
de même, adv., 223. dessous, adv., 235, 237; au-, donc, conj., 268, 271; dans
de même que, conj., 274, 390. en —, là-, 235 ; de —, 235 ; une interrogation, 132.
démener (se), v. pronom, 218. par-, 235; prép., 237; de donner (une chose, etc.) <1
démentir, conjug., 182. —, 251; par-, 251. (faire, etc.), 254, 317.
démettre, conjug., 201. dessus, adv., 235, 237 ; au-, dont, pron. relatif, 123,127,327.
demeure (en la), sens, 47. en —, là- —, de —, 235; dorénavant, adv., 238.
demi, adj., 151, 153; accord, 64, par-, 235; prép., 237; de dormir, conjug., 179, 182.
321; nom, 322; et —, 321. —, 251; par-, 251. d’où, adv. [de lieu], relatif,
de moins, adv., 231. destination (compl. de), 366- 235, 378; interrogatif, 249;
démonstratifs : pronoms, 112- 367, 373-374, 392; 326, 329. conj., 272.
117, 359; adjectifs, 112-113, de suite, adv., 225, 240. doublets : de noms, d’adj., de
118-119, 238, 359; adverbes, déteindre, conjug., 204. verbes, 19; de suffixes, 26;
235, 238. de temps en temps, adv., 238. de préfixes, 32.
démordre, conjug., 201. détendre, conjug., 200. d’où que, adv. relat. indéf., 381.
de nouveau, adv., 238. détenir, conjug., 184. doute (adverbes de), 241.
dentales (consonnes), 2. détordre, conjug., 201. douter (de), v. tr. ind., 345.
d’entre, prép., 251. détruire, conjug., 204. douter (se) de, v. tr. ind., 345.
de par, prép., 251. deux points, 12. doux, fém., 70.
de par le roi, 259. devant, adv., 235; de —, 235; du, art. contracté, 78, 83.
départir (se), conjug., 182. par—, 235; prép., 251, 252, duc, fém., 55.
dépeindre, conjug., 204. 263; de—, 251; par-, 251. du moins, conj., 268, 271;
dépendre, cornue;., 200. devenir, v. d’état, 156, 157, sinon..., du moins, 244.
de peu, 229. 360; conjug., 164, 185; 211. du moment que, conj., 274,378.
de peur que, conj., 274, 382. dévêtir, conjug., 184. d’une part..., d'autre part; —-
déplaire, conjug., 205. devin, fém., 55. ne... pas, ■—- ne... pas, 267.
de plus, adv., 231; conj., 268. devoir, conjug., 184-185, 188; duquel (de laquelle, etc.), pron.
de préférence, adv., 225. auxiliaire de mode, 165. relatif, 124, 125.
depuis, adv., 238; — long¬ dévoyer, conjug., 174. durant, prép., 251.
temps, — lors, — toujours, dial interj., 277, 279. du reste, conj., 268, 271.
238; prép., 251, 265. diablel interj., 277; dans une
depuis quand ? adv. interrog., interrogation, 132.
249. dialectes : du Midi, 24; du E
depuis que, conj., 274, 385. Nord, 25.
de quoi (avoir), 127 ; — (il n’y a diantre! interj., 278. e, muet, 2; féminin, 53, 68; sa
pas), 127. dieu, fém., 55. valeur dans le vers, 399-400.
dérivation : par suffixes, 25-31 ; différant, différent, 293. -eau (noms en), fém., 55; plur.,
impropre, 39-41. différence (compl. de), 369; 62; -eau (adj. en), fém., 70;
Dérivés (mots), 25-31, 39-41, mesure de la — (compl. de), plur., 72.
277. 255, 369. ébattre (s’), conjug., 201.
dernièrement, adv., 237. différents, adj. indéf., 146, 149. écarlate, adj., 321.
derrière, adv., 235; de —, 235; diïidon, fém., 54. écarleler, conjug., 173.
par-, 235; prép., 251, 252, diphtongues, 7. échange (compl. d’), 370, 260.
263 ; de —, 251 ; par —, 251. dire, conjug., 198, 204. échapper (d), v. tr. ind., 345.
des, article [défini] 78; [par¬ direct : v. transitif —, 156; écho, genre, 52.
titif] 83; [indéfini] 83, 85; discours —, 356; interroga¬ échoir, v. défect., 208.
adj. indéfini, 147. tion —, 354. Voir Cons¬ éclore, v. défect., 208; conju¬
dès, prép., 251, 265. truction. gué avec être, 164.
INDEX ALPHABÉTIQUE 433

écrier [s’), v. pronom., 218. en dépit que, conj., 380. environ, adv., 227, 234.
écrire, conjug., 197, 204. en dernier lieu, adv., 238. envoyer, conjug., 174; suivi d'un
écriioire, genre, 53. en détail, adv., 225. infin., 317, 374.
écrouler (s’)> v- pronom., 218. endormir, conjug., 182. épandre, conjug., 191, 200.
effectivement, adv., 241. -endre (verbes en), conjug., épeler, conjug., 173.
effluve, genre, 53. 190. épigramme, genre, 52.
efforcer [s') de, v. tr. ind. , 346. enduire, conjug., 204. épisode, genre, 53.
élit interj., 277, 278, 279. en effet, conj., 268, 271. épitaphe, genre, 53.
-eindre (verbes en), conjug., 194. en face de, prép., 252. épithète, genre, 53.
-eler (verbes en), conjug., 173- en faveur de, prép., 252. Epithète, 319; adjectif —,
174. enfin, adv., 238. 319-322; proposition—-, 322.
élidé (radical), 162. enfreindre, conjug., 202. épousseter, conjug., 173.
élire, conjug., 205. enfuir [s’), conjug., 185; v. éprendre (s’), conjug., 204; v.
élision, 5-6, 77, 83, 89, 124; pronom., 218. pronom., 218; s’ —- (de), v.
dans le vers, 403-404. en général, adv., 225. tr. indir., 345.
elle, pron. pers., [non réfléchi] en gros, adv., 225. équivalant, équivalent, 293.
91, 92, 93, 94, 96, 97, 100; énigme, genre, 53. équivaloir, conjug., 189.
à —, 91, 98, 99, 100; d’ —, enjambement, 410-411. -er (verbes en), 165, 172-174.
91, 98; [réfléchi] 104, 105; enjoindre, conjug., 204. -erdre (verbes en), conjug., 191.
à —, 104; d' —, 104. en même temps, adv., 238. -eresse (fém. en), 55, 71.
-elle (noms fém. en), 55. en même temps que, conj., 274, ès, c.-à-d. en les, 78, 251, 258.
elles, pron. pers., [non réfléchi] 385. espagnols (mots), 21.
92, 93, 94, 96, 97, 100; à —, en moins, adv., 231. essayer (de), v. tr. ind., 346.
92, 98, 100; d’ —, 92, 98; ennéasyllabe (vers), 398. -esse (noms fém. en), 55.
[réfléchi] 104, 105; à —, énormément, adv., 223. est-ce, forme interrog. de c’est,
104; d'—, 104. en outre, conj., 268. 132.
elliptique (proposition), 282. en plus, adv., 231. est-ce que P adv. interrog., 116,
éloignement (eompl. d'), 367 ; en plus de, prép., 252. 221, 249, 250, 338.
( c. il'adj.] 328; [c. de verbo], en premier lieu, adv., 238. ester, v. défect., 206.
° ”7?. enquérir («’), conjug., 184; v. et, conj., 267, 268-9; et..., et...,
émail, plur., 62. pronom., 218. 267, 269.
emblème, genre, 53. en queue, adv., 235. étant donné, prép., 251.
embrassées (rimes), 406. en raison de, prép., 252. état (verbes d’), 156, 157, 169,
émettre, conjug., 201. en revanche, conj., 268. 171; construction, 360-361.
empaqueter, conjug., 173. enseigner (à), v. tr. ind., 346. éteindre, conjug., 202.
emparer («’) de, v. pronom., 218; ensemble, adv., 223, 238. étendre, conjug., 200.
v. tr. ind., 345. ensorceler, conjug., 173. -eler (verbes en), conjug., 173-
empêcher [de), v. tr. ind., 346. en sorte que, conj., 383. 174.
empereur, féin., 55. ensuite, adv., 223, 238. étinceler, conjug., 173.
empreindre, conjug., 202. ensuivre (s’), conjug., 205. étiqueter, conjug., 173.
empresser (s’), v. pronom., 218; -enl (terminaison : 3e pers. et même, conj., 268.
s’ — (de), v. tr. ind., 346. plur.) : sa valeur dans le vers, étonner, sens, 46.
400-401, 406. étrangers (noms), plur., 63-66.
en, adv., 235; pron. pers., 91,
98-101; 109-110, 327. -enl (adj. en), 224, n. 1. être: conjugaison, 169, 171;
entendre, conjug., 200; suivi emploi, [v. d'état] 156, 157,
en, prép., 251, 256-257,258, 266.
en admettant que, conj., 388. d’une prop., infin. 348, 355; 360; [v. auxiliaire] 164, 168,
accord du partie, passé, 316. 176-177, 213-215, 217-218;
en aller [s’), v. pronom., 218.
entre, prép., 251, 264; élidé, 6. forme impersonnelle, 211.
en attendant que, conj., 274, 385.
entrecôte, genre, 53. étreindre, conjug., 204.
en cas que, conj., 274.
entremettre [s’), conjug., 201. être sur le point de, auxiliaire
enchanteur, fém., 55, 71.
entreprendre, conjug., 204; — de temps, 165.
enclore, v. défect., 208.
de, v. tr. ind., 346. -cite (noms fém. en), 55.
enclume, genre, 53.
entrer, conjugué avec être, 164. -élire (verbes en), conjug., 192.
encore, adv., 237, 238, 240.
entretenir, conjug., 184. étymologie populaire, 44.
encore que, conj., 274, 380.
entrevoir, conjug., 190. étymologique : sens -—■, 46;
encourir, conjug., 185.
entrouvrir, conjug., 182. famille de mots —-, 42; ra¬
en deçà de, prép., 252.
en vain, adv., 225. dical —, 162, n. 1.
en dedans de, prép., 252.
en vérité, adv., 241. -eu (noms en), plur., 62.
en dehors de, prép., 252.
envers, prép., 251, 252, 263. eu égard à, prép., 251.
en dépit de, prép., 252.
434 INDEX ALPHABÉTIQUE

euh! interj., 277, 278, 279. falloir, v. défect., 208, 212, 334. forte, adv., 225.
■eur (noms en), fém., 55 et n.l; familles (de mots) : étymolo¬ fou, fém., 70.
-eur (adj. en), fém., 71. giques, 42; sémantiques, 49. foudre, genre, 59.
-eure (adj. fém. on), 71. fatal, plur., 72. fouet, nombre de syllabes (citais
-euse (noms fém. en), 55 ctn. 1 ; fatigant, fatiguant, 293. le vers), 403.
-euse (adj. fém. en), 71. faut (il) : du v. falloir, 208; du fractionnaire (adjectif), 151,
eux, pron. pers., [non réflé¬ v. faillir, 206. 153.
chi] 92, 94, 96, 97, 100; faute de, prép., 251. fragile, frêle, doublets, 19.
à —, 92, 98, 100; d’ —, 92, faux, fém., 70. frais, fém., 70.
98; [réfléchi] 104; à —, 104; favori, fém., 69. franc, double fém., 71.
d’—, 104. feindre, conjug., 202. français parlé et français écrit,
évader (s’), v. pronom, 218. Féminin, 52; des noms com¬ 1-13.
évanouir (s’), v. pronom., 218. muns, [d’êtres] 53-56, [de franco, adv., 225; 234, n. 1.
évertuer (s’), v. pronom., 218. choses] 57-59; des noms fréquemment, adv., 238.
évidemment, adv., 241. propres, 59-60; des adj. qua¬ frire, conjug., 210.
éviter (de), v. tr. ind., 346. lificatifs, 68-71. frugal, plur., 72.
ex aequo, adv., 225. féminines (rimes), 406. fuir, conjug., 181, 184.
ex cathedra, adv., 225. fendre, conjug., 200. fureter, conjug., 173.
excellant, excellent, 293. férir, v. défect., 206. Futur, 159-160; simple, 167,
excepté, prép., 251, 252, 266. festival, plur., 62. 298; antérieur, 168, 298;
exclamation (point d’), 10. fête-Dieu, 36. surcomposé, 177, 299; —
Exclamative (proposition) : feu (adj.), plur., 72; accord, 322. (expression du) dans le passé,
ponctuation, 10; mot excla- feuilleter, conjug., 173. 303.
matif [adjectif] 136, [adverbe] fil interj., 277, 278.
227, 228, 233-234; mode du fibre, genre, 53.
verbe, 94, 289, 290, 291; ficeler, conjug., 173. G
place du sujet, 339. Voir : fichtre! interj., 278.
Apostrophe, Interjection. fier (se) à, v. tr. ind., 345. gatment, gaiement, adv,, 223.
exclure, conjug., 200. final, plur., 72. garde, dans les noms compo¬
exeal, plur., 64. finir, v. modèle (2e Groupe), sés, 65.
exigeant, 293, n. 1. conjug., 175-176. gargariser (se), v. pronom.,
exorde, genre, 53. finir (de), v. tr. ind., 346. 218.
exotiques (mots), 23-24. fleurir, conjug., 176. gascons (mots), 24.
explétif (emploi) : du pron. flou, fém., 70. gaulois (mots), 17.
pers., 374; de la prép., 252, fol, emploi, 70. geindre, conjug., 202.
254, 256, 257, 261, 323, 346, Fonctions : des mots daus geler, conjug., 173; forme im¬
362; de la négation ne, 247- la proposition, 331 ; 319, 323- personnelle, 212.
249, 350, n. 1, 382, 386; de 324, 325-327, 328-330, 332- gendarmer (se), v. pronom., 218.
la conjonction que, 276, 379, 341, 344-347, 360-364, 366- genou, plur., 63.
386; 243, 244. 376, 394-396; des proposi¬ Genre, 52; des noms com¬
exprès, adj. : fém., 70. tions dans la phrase, 331; muns, 53-59; des noms pro¬
exprès, adv., 223. 322, 324-325, 328, 330, 341- pres, 59-60. Voir Masculin,
expressément, adv., 223-224. 343, 348-356, 365, 377-396. Féminin, Neutre.
exquisément, adv., 223-224. fondre, conjug., 200. gens, genre, 56.
extasier (s’), v. pronom,, 218. forain, sens, 44- gentil, sens, 46.
extraire, conjug., 211. force (c.-à-d. beaucoup de), 230, gentilhomme, plur., 64.
extravagant, extravaguant, 293. 307. gentiment, adv., 223.
-eyer (verbes en), conjug., 174. forclore, v. défect., 208. gentleman, plur., 63.
forfaire, v. défect., 205, 208. géographiques (noms) : genre,
Formes : [du verbe] active, 59; nombre, 67; avec ou
F passive ou pronominale, 157- sans article, 82-83.
158 ; [de la proposition] affir¬ -ger (verbes en), conjug., 173.
fac-similé, plur., 66. mative, négative ou inter¬ germaniques (mots), 17.
faible (radical), 162. rogative, 220-221. Gérondif, 292; forme (avec
faillir, conjug., 182, 206, 208. fors, prép., 251. ou sans en), 258, 292 et
faire, 199, 204; forme impers., fort (radical), 162. n. 1; emploi, 258, 292, 367,
212;— (c.-à-d. ordonner), suivi fort, adv., 76, 227, 230, 241. 370, 371, 372, 376.
d’une prop. infin., 348, 356; fort (se faire) de, 69, 363; — gésir, v. défect., 206.
accord du partie, passé, 316. (se porter) pour, 363. glacial, plur., 72.
INDEX ALPHABÉTIQUE 435
goûter, — (à), 345. hier, adv., 223, 237; nombre indépendant© (proposition),281,
goutte, auxiliaire de négation, de syllabes (dans le vers), 403. 282.
345. hindou, adj. : fém., 70. Indicatif (mode), 159-160;
grâce à, prép., 251. ho! interj., 277, 278. formes, 167-168, 177, 213-
grain (un), graine (une), 53. hôl interj., 279. 215, 217-218; emploi : dans
grand, fém., 69. holà! interj., 277, 279. la prop. indép. ou princip.,
grasseyer, conjug., 174. homme (être) à, 254. 288, 294-299; dans la prop.
gratis, adv., 225; 234, n. 1. homonymes, 43-44, 58. subord. [épithète] 322, [ap¬
grec, fém., 71. honnête homme, plur., 65. position] 324-325, [c. de
grecs : mots —, 20 ; suffixes hop! interj., 277, 279. nom] 328, [c. d’adjectif] 330,
—-, 26; mots suffixes —-, 29- hôpital, hôtel, doublets, 19. [sujet] 342-343, [c. d’objet]
31; préfixes —, 34; mots horloge, genre, 53. 349-350, 353, 356; [attribut]
préfixes -—, 35. hormis, prép., 251. 365 ; [c. de circonst,] 379,382,
grièvement, adv., 224. hors, prép., 251, 266 ;—de, 251. 384, 386, 388-389, 390, 392,
grognon, genre, 68. hospice, genre, 53. 393-394.
grommeler, conjug., 173. hourrahl interj., 277. indice, genre, 53.
Groupe : du nom (ou groupe- hue! interj., 277, 279. indigner (s’) de, v. tr. ind., 345.
nom), 288, 319-330, 331; du huhau! interj., 279. indirect : v. transitif —, 156;
verbe (ou groupe-verbe), 288- huile, genre, 53. discours -—, 356-359; inter¬
318. huitain, 416. rogation —, 348, 353-355.
Groupes : de verbes (les hum! interj., 277, 279. Voir Construction.
trois —), 165-166 ; de voyelles induire, conjug., 204.
(dans le vers), 401-403. -ine (noms fém. en), 55.
guillemets, 12. I in extenso, adv., 225.
in fine, adv., 235.
iambe, 418. Infinitif (mode), 159-160; for¬
H ibid., adv., 235. mes, 167-168, 177, 213-215,
ici, adv., 235-236; d’ --, 235, 217-218; emploi : comme
h, muet ou aspiré, 7. 237 ; par —, 235. verbe, dans la prop. indép.,
ha! interj., 277, 278. ici-bas, adv., 236. 268, 289, 291-292; dans la
haïr, conjug., 176. ici et là, adv., 235. prop. subord., 303-304, 354,
haleter, conjug., 173. idéal, plur., 62. 355-356, 394; comme nom,
harceler, conjug., 174. idole, genre, 53. 291, [apposition] 324, [c. de
harmonie : du vers, 411 ; ■— il, pron. pers. ; masc., 91, 92, nom] 327, [c. d’adjectif]
imitative, 43, n. 1. 93; neutre, 91, 93, 210-212. 329, [sujet] 333-335, [c. d’ob¬
hasarder (se) à, v. tr. ind., 346. il n’y a pas de quoi, 127. jet] 344, 346-347, [attribut]
hâter (se) de, v. tr. ind., 346. ils, pron. pers., 91, 92, 93. 360, 364, [c. de circonst.]
haut, adv., [de manière] 224; imboire, v. défect., 210. 367, 370, 371, 372, 374.
[de lieu] 321 ; en -—, là-, immédiatement, adv., 238. infinitive (proposition), 348,
235; d’en —, de là-, 235; immensément, adv., 223-224. 355-356.
par en —, par là-, 235. Imparfait : de l’indic., 160, influant, influent, 293.
héI interj., 277, 278, 279. 167, 176, 178, 295; du subj., ingénier ($’), v. pl_,nom., 218.
hébéter, sens, 44. 160, 167; 176, n. 1 ; 178, 301. ingérer (s’), v. pronom., 218.
hébreu, fém., 69; plur., 72. impartir, conjug., 182. initiales (groupes d’), 42.
hébreux (mots), 23. impasse, genre, 53. inscrire, conjug., 204.
hein? interj., 277, 279. Impératif (mode), 159-160; instantanées (consonnes), 3;
hélas 1 interj., 39, 280. formes, 167-168, 177, 213- valeur expressive, 413.
heml interj., 277, 279. 215, 217-218; emploi, 289, instruire, conjug., 204.
hémisphère, genre, 53. 299, 300, 381. instrument (compl. d’), 367;
hémistiche, 408. impersonnels (verbes), 210- [c. de nom] 326; [c, de verbe]
hep l interj., 277, 279. 213. 253, 255, 259, 370.
heptasyllabe (vers), 398. importe (il), 212. intensément, adv., 223-224.
hériter (de), v. tr. ind., 345. impunément, adv., 223. intercalée (proposition), 11,
hésiter (à), v. tr. ind., 346. incendie, genre, 53. 284, 339, 340.
heul interj., 277, 278. inclure, conjug., 200. interdire, conjug., 198, 204; —
heureusement que, 276. incognito, adv., 225. (de), v. tr. ind,, 346.
hi I interj., 277, 279. indéfinis : article, 85-86; pro¬ intérêt (compl. d’), 367; [c.
hiatus : dans le vers, 404-405. noms, 136-146 ; adjectifs, d’adjectif] 329; [c. de verbe]
hibou, plur., 63. 136, 146-150. 260, 373-374.
436 INDEX ALPHABETIQUE

Interjection, 277-280. je, pron. pers., 90, 92, 93; Langues : d’oïl et d’oc, 16,
interrogatifs : pronoms, 130- élidé, 5, 89; au lieu de moi, 24; romanes, 14, 20, 21 ; non
135; adjectifs, 130, 135-136; 95. romanes, 22-23; orientales,
adverbes, 236, 238, 249-250. je ne sais lequel (qui, quoi), 23; exotiques, 23-24; an¬
interrogation (adverbesd’), 249- pron. indéf., 138. ciennes (grec et latin), 14,
250. jeter, conjug., 173. 17, 20.
interrogation : directe ou in¬ jeune homme, plur., 65. la plupart, accord du verbe,
directe, 354. joindre, conjug., 194-195, 202. 307.
interrogation (point d’), 10. jouer (se) de, v. tr. ind., 345. latin : vulgaire, 15, 17; lit¬
interrogative (conjugaison), jouir (de), v. tr. ind., 345. téraire, 18; mots venus du
220-221. joujou, plur., 63. •—v [noms, adjectifs, verbes,
Interrogative (proposition) : journellement, adv., 224. etc.] 17, 18-19, 53, 63-64,
directe, 354 ; ponctuation, 10 ; jovial, plur., 72. 65-66, 225, 235, 238, 277,
avec mot interrogatif, [pro¬ jumeau, fém., 55, 70; plur., etc.; [suffixes] 26, 29-30;
nom] 130-135 135-136, [ad¬ 62, 72. [préfixes] 32-34, 35.
jectif] 135-136, [adverbe] jusqu’à ce que, conj., 274, 385. l’autre, pron. indéf., 137, 141;
249-250; sans mot interro¬ jusqu’au moment où, conj., 385. adj. indéf., 146, 147.
gatif, 220-221, 250; mode du jusque, prép., 251; élidé, 5; le (masc.),art. défini, 77; élidé,
verno, 292, 354; place du jusqu’à (en, chez, etc.), 251, 5, 77; pron. pers., 91, 92,
sujet, 336-338; affirmative 265; jusqu’alors (ici, là, etc.), 96, 97, 364; élidé, 5, 89.
déguisée, 350; négative dé¬ 238, 265. le (neutre), pron. pers., 91, 92,
guisée, 138, 139, 140; impé¬ justement, adv., 241. 96, 97, 364; élidé, 5, 89.
ratif adouci, 289, n. 1; — Juxtaposées (propositions), leitmotiv, plur., 64.
indirecte, 348, 354; ponc¬ 283, 284; —• exprimant la le leur (la leur, etc.), pron.
tuation, 354; mot interro¬ cause, 379; la concession, poss., 106.
gatif, [pron.] 130-135, [adj.] 381, 382; la conséquence, le mien (le lien, etc.), pron.
135-136 ; [adv.] 249-250 ; 384; le temps, 386; la condi¬ poss., 106; [neutre] 107;
mode du verbe, 353-355 ; tion, 390; la comparaison, [masc. plur.] nom, 107.
place du sujet, 338-339. 391. le nôtre (le vôtre, etc.), pron.
interrompre, conjug., 201. juxtaposition, 272, Rem.; poss., 106; [masc. plur.]
intervenir, conjug., 185. phrase de •—, 282, 283. nom, 107.
inlra muros, adv., 235. lento, adv., 225.
Intransitifs (verbes), 156- le peu de... que, accord du
157; conjugués avec avoir, K participe, 315.
164; avec être, 164, 168, lequel (laquelle, etc.), pron.
176-177 ; employés à la forme ksst interj., 277, 279. relatif, 124, 128; adj. rela¬
impersonnelle, 211 ; accom¬ tif, 130.
pagnés d’un c. d’objet, 344. lequel ? pron. interrog., 132,135.
intrigant, intriguant, 293. L le reste, accord du verbe, 306,
introduire, conjug., 204. les, art. défini, 77; pron. pers.,
invariables (mots), 50, 222-280. la, art. défini, 77; élidé, 5, 77; 92, 96, 364.
investir, conjug., 184. pron. pers., 91, 92, 96, 364; lès, prép., 251.
-ir (verbes en), 166; en -ir élidé, 5, 89. les autres, pron. indéf., 137,
(-issanl), 175-176; en -ir là, adv., 113, 235-237; de —, 143; adj. indéf., 146, 147.
\-anl), 177, 178-185, 207. 235; par —-, 235; précédé lettres : majuscules, 6; minus¬
-ire (verbes en), conjug., 197. ou suivi d’un trait d’union, cules, 6.
irréel : du présent, 389; du 13; dans le discours indi¬ lettres-consonnes, 6-9.
passé, 389. rect, 359. lettres-voyelles, 6-9.
isthme, genre, 53. là-bas, adv., 235, 236. leur, pron. pers., 92, 98, 99,100.
italiens (mots), 20. labiales (consonnes), 2. leur (leurs), adj. poss., 108,
-ivre (verbes en), conjug., 196- là-haut, adv., 235, 236. 109-112.
197. laideron, genre, 52. liaison (des mots) : obligatoire,
laisser (c.-à-d. permettre), suivi 4; interdite, 4 ; facultative, 5.
J d’une prop. infin., 348, 356; libérer, livrer, doublets, 1?.
accord du partie, passé, 316. libres (vers) : classiques, 426;
jadis, adv., 237. laisser (ne pas) que de, 276. modernes, 426.
jamais, adv., 239; ne... —, la majorité, accord du verbe, lied, plur., 64.
238, 239, 245; à —, pour —, 306. lieu (adverbes de), 234-237;
238, 240. landau, plur., 62. dans le discours indirect, 359.
INDEX AT.I HABÉTIQTJE 437

lieu (compl. de) : nom, [c. de malgré, prép., 251, 252. meuhl interj., 277, 279.
nom] 326; 254, 255, 257, malgré que, conj., 380. mi-, préfixe, 322.
259, 260, 262; |c. de verbe] malin, fém., 70. miaoul interj., 277, 279.
253, 256, 257, 259, 260, 261, manière (adverbes de), 223- miasme, nombre de syllabes
262, 263, 264, 265, 266, 367, 227. (dans le vers), 403.
374-375 ; proposition, 378, manière (compl. de) : nom, [c. mie, auxiliaire de négation,
392. de nom] 326; [c. de verbe] 225.
lire, conjug., 197-198, 204. 253, 255, 257, 259, 367, 372; mien (mienne, etc.), adj. poss.,
Locutions ; adverbiales, 37- proposition, 378. 108, 109.
38, 223, 225, 22S, 234, 237- manquer, — (à), 345. mieux, compar., 74; 223, 226,
238, 241; conjonctives, 38, marteler, conjug., 173. 240.
267, 273; interjectives, 39, Masculin, 52; des noms com¬ mille, adj. numér., 153; écrit
277; prépositives, 38, 251- muns, [d’êtres] 53-57, [de mil, 153; employé comme
252; verbales, 37, 80, 84, choses] 57-59; des noms nom, 153.
propres, 59-60; des adjec¬ minuscules (lettres), 6.
345; 349, n. 1; 351, n. 1.
tifs qualificatifs, 68-71. Modes (du verbe), 159; em¬
loin, adv., 235; au —, de —,
masculines (rimes), 406. ploi : dans la prop. indép.
235.
match, plur., 64. ou princip., 288-294; dans
loin de, prép., 251, 264; 371,
matière (compl. de) : nom, [c. la prop. subord. [épithète]
n. 1.
de nom] 326; [c. de verbe] 322, [apposition] 324, 325;
long, fém., 71.
257, 367, 369. [c. de nom] 328; [c. d’ad¬
longtemps, adv., 238, 239; long
malin, adv., 238; ce —, 238. jectif] 330; [sujet] 342-343;
temps (un), 239.
maudire, conjug., 204. [c. d’objet] 349-356; [at¬
lorsque, conj., 274, 385; élidé, 5.
mauve, adj., 321. tribut] 365; [c. de circonst.]
lui, pron. pers., [non réfléchi]
maximum, plur , 64. 379, 381-382, 383, 384, 386,
91, 92, 94, 96, 97, 98, 100;
me, pron. pers., [non réfléchi] 388-390, 392, 392-394, 396;
à —, 91, 98, 100; de —, 91,
90, 96, 98, 100; élidé, 5, 89; dans le discours indirect,
98; [réfléchi] 104, 105; à —,
[réfléchi] 103, 105. 357.
104; de —, 104.
méconnaître, conjug., 204. modeler, conjug., 173.
luire, conjug., 197, 204.
médire, conjug., 198, 204. moi, pron. pers., [non réfléchi]
l'un, pron. indéf., 137, 141.
méfaire, conjug., 205. 90, 92, 94, 96, 97, 100; à —,
lundi (mardi, etc.), adv., 238.
méfier (se), v. pronom., 218; 90, 98, 99, 100; de —, 90, 98,
l’un et l’autre, pron. indéf.,
se — (de), v. tr. ind., 345. 99; [réfléchi] 103, 105; à —,
137, 145-146; 309, n. 1.
meilleur, compar., 74. 103; de —, 103.
l’un Vautre, pron. indéf., 137,
mêlées (rimes), 406. moindre, compar., 74.
142.
l’un..., l'autre..., pron. indéf., même, adj. démonstr., 119- moins, compar., 240; emploi :
120; renforçant un pro¬ 75, 231-232, 240-241; le —,
137, 141.
nom, 92, 104, 120. 75-76, 241 ; —- de (trois, etc.),
l’un ou Vautre, pron. indéf.,
même, adv., 120, 223, 241. 232; — que, 231-232, 391;
137, 141; 309, n. 1.
même si, conj., 274, 380, 387. au —-, de —, en —, 231;
-ment, suffixe d'adverbe, 29, moins..., moins..., 391.
M 223-224, 238; étymologie, moins de deux, accord du
223, n. 1. verbe, 307.
mentir, conjug., 182. moitié (c.-à-d., à moitié), adv.,
madame, plur., 64.
méprendre (se), v. pronom., 218; 322.
mademoiselle, plur., 64.
conjug., 204. mol, emploi, 70.
maint, adj. indéf., 146, 149.
maintenant, adv., 237. mériter (de), v. tr. ind., 346. mon (ma, etc.), adj. poss., 108,
messeoir, v. défect., 209. 109, 112.
maintenir, conjug., 184.
mais (c.-à-d. davantage), adv., mesure (compl. de), 371, 313. monseigneur, plur., 64.
232; n’en pouvoir —, 232. mesure (des vers) : nombre monsieur, plur., 64.
mais, conj., 268, 270; bien..., des syllabes, 397-399; compte moquer (se), v. pronom., 218;
des syllabes, 399-403. se —- (de), v. tr. ind., 345.
mais, 243. morbleu! interj., 278.
majuscules (lettres), 6, 52. métaphore, 48-49.
métis, fém., 70. morceler, conjug., 173.
mal, ancien adj., 226, n. 1.
métonymie, 47-48, 58, 61. mordicus, adv., 225.
mal, adv., [de manière] 223,
226; [de quantité] 226; pas métrique, 397 : structure des mordre, conjug., 191, 200.
—, 226; degrés de signifi¬ vers, 397-413; groupement morfondre (se), conjug., 200.
Morphologie, 50, 51-280.
cation, 240-241. des vers, 413-426.
mettre, conjug., 192, 200. Mots, 3; variables ou inva-
mal-, préfixe, 33, 226.
438 INDEX AIE H AU ÉTIQUE

fiables, 50; abstraits ou 123-128, 129; pron. interrog., nuitamment, adv., 224.
concrets, 51 ; dérivés ou 131-132, 133, 135; pron. nul, adj. indéf., 136, 146, 147;
composés, 25, 31 ; populaires indéf., 137, 140, 141, 142, pron. indéf., 136, 137, 139.
ou savants, 17-19; — (ori¬ 143, 144, 145. nulle part, adv., 235; de—, 235.
gine des), 14-42; — (sens neuvain, 417. numéral (adjectif), 151; -—
des), 43-49; — (familles de), ne varietur, adv., 225. cardinal, 151-154; — ordi
42, 49. ni, conj., 267, 269; 245; ni... nal, 151, 154-155.
motus I interj., 278. ni..., 245, 267, 269.
mou, fém., 70. ni l’un ni l’autre, pron. indéf.,
moudre, conjug., 193-194, 202. 137, 140; 309, n. 1. O
mouillé (radical), 162. n’importe lequel [qui, quoi),
mourir, conjug., 179-180, 182; pron. indéf., 138. -o (radical en), 1er élément
avec être, 164. niveler, conjug., 173. d’un mot composé, 65, 73.
mouvoir, conjug., 186, 188. Nom : 51; propre, 51-52; com¬ ô, interj., 277, 279; 332.
moyen (compl. de), 366-367, mun, 52; genre, 53-60; nom¬ oasis, genre, 53.
370-373; 326, 328. bre, 60-67 ; — apposition, obéir (à), v. tr. ind., 345.
moyennant, prép., 251. 323; — c. de nom, 325; — obélisque, genre, 53.
mulet, fém., 54. c. d’adjectif, 328; — en objectif (sens) : de l’adj. poss.,
multiplicatif (adjectif), 151,153. apostrophe, 332; — sujet, 112; du compl. de nom,
museler, conjug., 173. 334-335; — c. d’objet, 344- 255, 326.
345; — attribut, 360-363; — Objet (compl. d’), 344; direct
c. de circonstance, 367;. — ou indirect, 344-345; nom
N (compl. du), 325-328. (ou pronom), [c. de verbe]
Nombre, 60-61; dans les noms 345, 347; 252, 254, 255, 256,
naguère, adv., 38, 237. communs, 62-66; dans les 257, 262; [c. de nom] 326;
naître, conjug., 196, 202; avec noms propres, 66-67; dans [c. d’adjectif] 329; infinitif,
être, 164. les adjectifs qualificatifs, 71- 346, 347 ; proposition, [con¬
narration (infinitif de), 268, 73; dans les verbes, 160. jonctive] 348-353 ; [interro¬
289, 291. "Voir Singulier, Pluriel. gative] 348, 353-355; [infini-
nasales (voyelles), 2. nombre de, accord du verbe, tive] 348, 355-356; [relative]
natal, plur., 72. 307; un [grand, petit, etc.) 348, 356.
naval, plur., 72. — de, 306. oblong, fém., 71.
navigant, naviguant, 293. nominale (proposition), 282. obscurément, adv., 223-224.
ne, adv., 245-249; élidé, 6; nominaux, 87, n. 1. obstiner («’), v. pronom., 218;
avec mot de renforcement, non, adv., 223, 244-245; pré¬ s’ — (d), v. tr. ind., 346.
245-246; sans mot de ren¬ fixe, 33, 244. obtenir, conjug., 184.
forcement, 246-247 ; explétif, non pas que, non que, 379. occire, v. défect., 210.
247-249, 350, 382, 386. non plus, 231. occuper (s’) de, v. tr. ind., 345.
néanmoins, conj., 268, 271. non seulement..., mais encore octosyllabe (vers), 398, 408.
néerlandais (mots), 22. (aussi, surtout), 245, 268. œil, plur., 63.
ne faire que de, auxiliaire de normands (mots), 25. offrir, conjug., 178-179, 182.
temps, 165. notamment, adv., 224. oh I interj., 277, 278, 279.
négation (adverbes de), 244- notre (nos), adj. poss., 108, 110. ohé! interj., 277, 279.
249. nôtre (nôtres), adj. poss., 108- oindre, v. défect., 210.
négative (conjugaison), 220- 109. -oindre (verbfs en), conjug.,
221. nous, pron. pers., [non réflé¬ 194- 195.
négligeant, négligent, 293. chi] 90, 92, 93, 94, 96, 97, -air (verbes en), conjug., 166,
négliger [de), v. tr. ind., 346. 98, 100; à —, 91, 98, 100; 177-178, 184, 191, 208.
ne... guère, 228, 229, 246. de —, 91, 98; —, au lieu de -oire (verbes en), conjug., 198-
nenni, adv., 244. je, 95; au lieu de lu ou de 199.
ne... pas trop, 231. vous, 95; au lieu de on, 95; -oîlre (verbes en), conjug.,
ne... plus, adv., 238, 246. [réfléchi] 103, 105; à —-, 195- 196.
ne... que, 228, 234, 246. 103; de —, 103. omettre, conjug., 201; — (de),
n'est-ce pas P 116. nouveau, fém., 70; plur., 72. v. tr. ind., 346.
n’était, n’eût été, 247, 388. nouvel, emploi, 70. -ompre (verbes en), conjug.,
Neutre (genre), 53; pron. pers., nu, accord, 321. 191.
89, 91-94, 96-102, 104; pron. nuire, conjug., 197, 204; — on, pron. indéf., 137, 144-145;
poss., 107; pron. démonstr., (à), v. tr. ind., 345. 111; au lieu do je ou nous,
113, 115-117; pron. relal., nuit (celle), 238. tu ou vous, 95.
INDEX ALPHABÉTIQUE 439

parafe, genre, 53.


-ondre (verbes en), conjug., 1 90- pas, auxiliaire de négation»
191. paraître, v. d’état, 156, 360; 245-248.
onomatopées, 43; 277, 279-280. conjug., 202; forme imper¬ pascal, plur., 72.
opiniâtrément, adv., 223-224. sonnelle, 211. pas du tout, adv., 228.
parbleu, interj., 278.
opiniâtrer (s’), v. pronom., 218. pas mal, 226.
opinion (adverbes d’), 241- parce que, conj., 274, 378. passé, prép., 251.
250. Voir Adverbe. par ce que, 117, 274. Passé : de l’indic., [p. simple]
opinion (verbes d’), 349. par-ci par-là, adv., 235. 160, 167; 214, n. 1; 215,
opportunément, adv., 223-224. par cœur, adv., 225. 217, 295; [p. composé] 160,
opposition (compl. d’), 371, par conséquent, conj., 268, 272. 168, 177, 214, 215, 217, 218,
n. 1. par contre, conj., 268. 296; [p. surcomposé] 177,
or, conj., 268, 272; — bien, parcourir, conjug., 185. 297; [p. antérieur] 160, 168,
— çà, — donc, — sus, 272. par devers, prép., 264. 177, 214, 215, 217, 218,
orales (voyelles), 2. pardi! interj., 278. 297; du subj., 160, 168, 177,
orange, genre, 53. pardonner (à), v. tr. ind., 345; 214, 215, 217, 218, 301; de
ordinairement, adv., 238. — (de), 346. l'imper., 160, 168, 177, 214,
ordinal (adjectif numéral), 151,parenthèses, 12. 215, 217, 218, 300; du
154-155. par exemple, conj., 268. eondit. [lre et 2e formes),
ordonnance, genre, 52. parfaire, conjug., 205. 160, 168, 177, 21.4, 215, 217,
ordonner [de), v. tr. ind., 346.parfaitement, adv., 241. 218, 302, 303; de l’infin.,
ordre (moyens d’exprimer 1’), parfois, adv., 238. 160, 168, 177, 214, 215, 217,
289, 291. par hasard, adv., 225; ren¬ 218, 304; du participe, [forme
-ordre (verbes en), conjug., forçant une interrogation, simple] 168, 177, 212, 214,
191. 132. 217, 306; [forme composée]
orge, genre, 59. parjurer (se), v. pronom., 218. 160, 168, 177, 214, 215, 218,
orgue, genre, 59. par (de) le roi, 259. 305, 306.
origine (compl. d’), 366-367, parmi, prép., 251, 252, 265. passim, adv., 235.
369-370; 326, 328, 392. paroi, genre, 53. passive (forme), 157, 213-216;
ou, conj., 267, 269-270; ou paronymes, 44. modèle Être aimé, 216; —■
par où, adv. [de lieu], relatif,
(bien)..., ou (bien)..., 267, de sens impersonnel, 211.
270. 235, 378; interrogatif, 249. pas un, pron. indéf., 137, 139;
-ou (noms en), plur., 63. par rapport à, prép., 252. adj. indéf., 146, 147.
-ou (adj. en), fém., 70. par suite, conj., 268, 272. paler, plur., 64.
partant, conj., 268, 272.
où, pron. relat., 123, 128; adv. patère, genre, 53.
Participe
relat. [de lieu] 235-236, 378; (mode), 159-160; patatras! interj., 277, 280.
[de temps] 237, 238; adv. formes, 167-168, 177, 213- pauvre homme, plur., 65.
interrog. [de lieu], 223, 249. 215, 217-218; emploi : comme pauvres (rimes), 407.
ouais! interj., 277, 279. verbe, sans sujet propre pécheur, fém., 55, 71.
oublier (de), v. tr. ind., 346. [apposé], 292, 394-395; avec peindre, conjug., 194-195, 202.
ouf! interj., 277, 278. sujet propre [absolu], 292, peler, conjug., 173.
oui, adv., 223, 241-242; 394-396; comme adjectif, pénal, plur., 72.
-da, — -dame, 242. 293-294. pjendant, prép., 251, 252.
ouïr, v. défect., 206. participe (proposition), 94, 292, pendant ce temps, adv., 238.
où que, adv. relat. indéf., 378, 377, 394-396. pendant que, conj., [de conces¬
Participe passé (accord du) : sion] 380; [de temps] 274,
381.
outre, prép., 251-252. employé seul, 177, n. 2; 214, 385.
ouvrir, conjug., 178-179, 182. 217, 293 ; conjugué avec perulre, conjug., 200.
-oyer (v. en —), conjug., 174. avoir, 312-318 ; conjugué penser (d), v. tr. ind., 345,
avec être, 310-311. 346.
partie (compl. de la), 259, 370. percevoir, conjug., 188.
P partie (une grande, etc.) de, perdre, conjug., 191, 200.
accord du verbe, 300. période, genre, 59.
paf ! interj , 277, 279. partir, conjug., 179, 182; avec périphrase, 45.
être, 164. permettre, conjug., 20] ; —• (de),
pair, fém., 55.
paître, conjug., 210. partitif (article), 83-84. v. tr. ind., 346.
partitif (complément), 327; perroquet, fém., 55.
pal, plur., 62.
palatales (consonnes), 2. 225, 228, 254. persans (mots), 23.
partout, adv., 235; de —, 235. personne, pron. indéf., 137,
pan! interj., 277, 279.
par, prép., 251, 258-259, 266. par trop, 231. 259. 138.
440 INDEX ALPHABÉTIQUE

personnel (pronom), 88-89; — plus tôt, plutôt, 223, 227, 238. précédemment, adv., 238.
non réfléchi, 89-102; — ré¬ pluvial, plur., 72. précipitamment, adv., 224.
fléchi, 102-105. pneu, plur., 62. précisément, adv., 223, 241.
personnes (les trois), 88 et poèmes : en vers continus, prédire, conjug., 198, 204.
n. 1; 160; dans lo discours 413; en strophes, 413; à Préfixes, 31-35.
indirect, 358. forme fixe, 414; en vers premier (sens), 46.
peser, conjug., 173; accord du libres, 425. premièrement (secondement,
partie, passé, 313. poignant, 211. etc.), adv., 238.
peslel interj., 277, 280. poindre, conjug., 210. prendre, conjug., 193-194, 202.
pétale, genre, 53. point, auxiliaire de négation, Préposition, 251-266 ; prise
peu, adv., 227, 229; de —, 245-246. comme adverbe, 41.
229; un —, 229; degrés de point (au, à ce, à tel) que, près, adv., 223, 235, 237; de
signification, 240-241. conj., 274, 383. —, 235; prép., 264.
peu à peu, adv., 228, 229. point de vue (compl. de) : près de, prép., 251, 264.
peu de temps, adv., 238. nom, [c. de nom] 326 ; Présent : de l’indic., 160, 167,
peut-être, adv., 241, 340; — [c. d’adjectif] 329; [c. de 213-215, 217, 294; du subj.,
— que, 243, 276. verbe] 372. 160, 167, 213-215, 217, 300;
Phrase : proposition et •—, point (être sur le) de, auxi¬ de l’impér., 160, 167, 213-
281 ; — de coordination, 281, liaire de temps, 165. 215, 217, 299; du condit.,
282-283; — de subordina¬ point (signe de ponctuation), 160, 167, 213-215, 217, 302,
tion, 281, 283-284; — de 10; d’interrogation, 10; d’ex¬ 303; de l’infin., 160, 167,
juxtaposition, 281-282, 283; clamation, 10; points de sus¬ 213-215, 217, 303; du par¬
analyse de la —, 285-287. pension, 11. ticipe, 160, 167, 213-215,
piano, adv., 225. point-virgule, 12. 217, 305.
picards (mots), 25. ponctuation (signes de), 10-14. présentement, adv., 224.
pied, famille étymologique, 42. pondre, conjug., 200. presque, adv., 227, 234, 40; éli¬
pire, compar., 74. populaires ; mots, 19; suf¬ dé, 6.
pis, compar., 74; 223, 226, fixes, 26; préfixes, 32. pressentir, conjug., 182.
227, 240. portugais (mots), 21. prétendre, conjug., 200; —■ (à),
plaindre, conjug., 202. possessifs : pronoms, 106-107; v. tr. ind., 345.
plaire, conjug., 198-199, 204; adjectifs, 108-112. prévaloir, conjug., 189.
—- (à), v. tr. ind., 345. possession (compl. de), 255, prévenir, conjug., 185.
plaire (se), v. pronom., 311; 325, 327. prévoir, conjug., 190.
accord du partie, passé, 311. postérieurement, adv., 238. prier (de), v. tr. ind., 346.
plates (rimes), 406. potentiel, 389. prière (moyens d’exprimer la),
plein (radical), 161. pou, plur., 63. 289 et n. 1.
pleuvoir, conjug., 208, 210. pouah! interj., 277, 278. prime, adj., 155.
Pluriel, 61 ; des noms com¬ pouf ! interj., 277, 279. primeur, genre, 53.
muns, 62-66; des noms pro¬ poulain, fém., 55. primo (secundo, etc.), adv.,
pres, 66-67; des adj. quali¬ pour, prép., 251, 259-261. 238.
ficatifs, 72-74. pourfendre, conjug., 200. Principale (proposition), 283-
plus, compar., 240 ; emploi, pour le moins, adv., 231. 284.
74, 223, 231-232, 240-241; pour peu que, conj., 380. prix (adverbe de), 234, n. 1.
le —, 75-76, 241; — de pourpre, adj., 321. prix (compl. de), 367, 370-371;
(trois, etc.), 232; — d’ (à pour que, conj., [de but] 274, 234, n. 1; 260, 313.
demi, etc.); — que, 232, 382; 117; [de conséquence] probablement, adv., 241.
391 ; au —, de —, en —, 384. prochainement, adv., 237.
non—, sans—, 231; plus..., pour (bon, etc.) que, conj., produire, conjug., 204.
plus..., 391. 274, 380. profiler (de), v. tr. ind., 345.
plus d’un, accord du verbe, pourquoi ? adv., 249. profondément, adv., 223-224.
307. poursuivre, conjug., 205. promettre, conjug., 201; — (de),
plusieurs, pron. indéf., 137, pour sur, adv., 241. v. tr. ind., 346.
144; adj. indéf., 149. pourtant, conj., 26S, 271. pronominale (forme), 158, 217-
Tlus - que - parfait ; de l'in- pour un peu, adv., 229. 219; modèle Se blesser, 219.
dic., 160, 168, 177, 214, pourvoir, conjug., 190. pronominaux (adjectifs) : voir
215, 217, 218, 297; du subj., pourvu que, conj., 274, 388. Adjectifs.
160, 168, 177, 214, 215, 217, pouvoir, conjug., 186-187, 188; pronominaux (verbes), 158;
21 8, 301 ; p.-q.-p. surcomposé, auxiliaire de mode, 165. liste des principaux —, 218.
177. précédant, précédent, 293. Pronoms, 87; — personnels,
INDEX ALPHABÉTIQUE 441

88-105; — possessifs, 105- 275, 385; [de concession] quelqu’un d’autre, pron. indéf.,
107; — démonstratifs, 112- 274, 380, 387. 144.
117, 120-121; — relatifs, quand ? adv. interrog., 237, que ne... P 249.
122-129; — interrogatifs, 238, 249, 275. que... ne (e.-à-d. de peur que...
130-135; — indéfinis, 136- quand bien même, quand même, ne), 383.
146 ; fonctions des — : conj., 274, 380, 387. que non, adv., 244, 276; — pas,
[c. de nom] 325; 101, 107, quant à, prép., 251, 275. 244.
114, 125, 127, 129, 133, quantité (adverbes de), 222, que oui, adv., 242, 276.
134, 138; [c. d’adjectif] 329; 227-234. quérir, v. défect., 206.
101, 102, 107, 114, 125, 127,quart, 151, 153, 154. que si, adv., 242, 276; que si,
133, 134, 138; [sujet] 334, quasi, quasiment, adv., 227, conj., 276, 387.
335; 92-95,107,114,125,126, 234. qu esl-ce-quc ? pron. interrog.,
128, 133, 134, 135, 138; [c. quatrain, 415. 132, 135, 338.
que, formes homonymes, 274;
d’objet] 344-345 ; 96-100,101- qu est-ce qui P pron. interrog.,
102, 105, 107, 114, 125, 126, élidé, 5, 124; pron., [relatif] 132, 135.
127, 128, 133, 134, 135, 138; 123, 124, 126, 274, 313; qui, pron., [relatif] 123, 125;
[attribut] 360, 363-364; 92, 391, n. 1; [interrogatif] 131, [interrogatif] 130, 131, 133.
104, 107, 114, 124, 126, 131, 133, 274; adv., [de quan¬ quiconque, pron. relat. indéf.,
133, 134, 138; [c. d’attribu¬ tité] 233-234, 274; [d’inter¬ 125, 129.
tion] 373; 100, 102, 104- rogation] 246, 249; conj. : qui (à, de, etc.) est-ce queP pron.
105, 107, 114, 125, 127, 128, particule du subj., 163; in¬ interrog.,132, 134,338.
133, 134, 135, 138; [c. de troduisant une propos, [ap¬ qui cst-ce qui P pron. interrog..
circonst.] 367; 100, 104-105, position] 324, [c. de nom] 132, 134.
107, 114, 125, 126, 127, 128, 328, [c. d’adjectif] 330, [su¬ quint, adj., 155.
133, 134, 135, 138. jet] 342-343, [c. d’objet] 273, quintain, 415.
proportion (compl. de), 260. 275, 348, 349-353, (c. de qui que, pron. relat. indéf.,
propos (compl. de), 326; 255, circonst.j 275, 391 et n. 1 125, 129, 138, 381.
262, 372-373. remplaçant une conj. com¬ qui que ce soit que, pron. relat,
Proposition, 281 ; indépen¬ posée, 379, 383, 384, 386; ou indéf., 125, 129, 138.
dante, 281, 282; principale, en évitant la répétition, 276, qui que ce soit qui, pron. relu
283-284; subordonnée, 283- 379, 380, 383, 386, 387; em¬ indéf., 125, 129, 138.
285; coordonnée, 282-283, ployée à titre explétif, 276, quoi, pron., [relatif] 124, 126;
284; juxtaposée, 283, 284; 379, 381, 386; 243, 244. [interrogatif] 131, 133.
nominale, 282; que de, introduisant un infin.
elliptique, quoi (à, de) est-ce que... P pron.
282; intercalée, 284; affir¬ sujet, 336. interrog., 132, 135.
mative, 220; interrogative, que je sache, 290, 325. quoi que, pron. relat. indéf.,
220-221; négative, 220-221. quel, adj. interrog., 130, 135, 125, 129, 138, 274, 381.
propres (noms), 51-52, 59-60, 136; adj. exclam., 136. quoique, conj., 274, 380; élidé,
66-67. quelconque, adj. indéf., 148. 5.
proscrire, conjug., 204. quelque, adj. indéf., 136, 146, quoi que ce soit que, pron. relat.
prou, adv., 229; peu ou —, 228, 147; adv., 148, 227, 234; indéf., 125, 129, 138.
229; ni peu ni —, 228, 229. élidé, 6. quoi que ce soit qui, pron. relat.
provenance (compl. de), 326, quel... que, 129, 148, 381. indéf., 125, 129, 138.
328; 369, 253, 254-255. quelque autre, pron. indéf., 137,
provençaux (mots), 24. 144; adj. indéf., 146, 148.
provenir, conjug., 185. quelque autre chose, pron. indéf., R
provocant, provoquant, 293. 137, 144.
psi! interj., 277, 279. quelque chose, pron. indéf., 137, rabattre, conjug., 201.
puis, adv., 238, 143. ■ accourcis (mots), 41.
quelquefois, adv., 232, 239;
puis (je), aulieu de peux (je), 188. Radical : des mots dérivés.,
quelques fois, 239.
puisque, conj., 274, 378 ; élidé, 5. 25; des mots composés, 31;
quelque part, ;.Jv., 235; tic —, du verbe, 161-162.
235. rasseoir, — (se), conjug., 191,
Q quelque peu, adv., 229.
quelque... que, 148, 234, 274,
ralaplanl interj., 277, 280.
ratatiner (se), v. pronom., 218
qualificatif (adjectif) : voir 380. raviser (se), v. pronom., 218
Adjectif. quclqr • temps, adv., 238. -re (verbes en), conjug., 166
qualité (compl. de), 326, 327. quelqu’un, pron. indéf., 136, 177-178, 190-205, 208, 210
quand, conj., [de temps] 274, 137, 143. réapparaître, conjug., 205.
442 INDEX ALPHABÉTIQUE

reballre, conjug., 201. renaître, conjug., 204.


rebeller (se), v. pronom., 218. renard, sens, 48.
récemment, adv., 237. rendormir, conjug., 182.
recevoir, conjug,, 178, 184- rendre, conjug., 191, 200-201.
S
185, 188. rengorger (se), v. pronom., 218. saillir, conjug., 182, 206.
réciproques (verbes), 158. renoncer (à), v. tr. ind., 345, 346.
récital, plur., 62. sans, prép., 251, 252, 266.
renouveler, conjug., 173. sans cela, 388.
reclure, reclus, 200-201. renvoyer, conjug., 174,
reconnaître, conjug., 204. sans doute, sans aucun doute
répandre, conjug., 200. adv., 223, 241, 243.
reconstruire, conjug., 204. reparaître, conjug., 205. sans plus, adv., 231.
recoudre, conjug., 204. repartir, conjug., 182.
recourir, conjug., 185; — (à), répartir, conjug., 182. sans que, conj., [de concession]
v. tr. ind., 345. 381; [de conséquence] 384.
repeindre, conjug., 204. sans quoi, 388.
recouvrir, conjug., 183. rependre, conjug., 200.
récrier (se), v. pronom., 218. sarbacane, kit.
repentir (se), conjug., 182; v. sarrau, plur., 62.
récrire, conjug., 204. pronom., 218; se — (de),
recrue, genre, 52. satisfaire, conjug., 205.
v. tr. ind., 345, 346. satisfaire (à), 345.
recueillir, conjug., 182. répondre, conjug., 200.
recuire, conjug., 204. sauf, prép., 251, 252, 266; —
reprendre, conjug., 204. à, 251.
redescendre, conjug., 200. reproduire, conjug., 204.
redevenir, conjug., 185. sauf-conduit, plur., 65.
requérir, v. défect., 184. savants : mots, 19; suffixes, 26;
redevoir, conjug., 188. résister (à), v. tr. ind., 345.
redire, conjug., 204. préfixes, 32.
résoudre, conjug., 195, 202. savoir, conjug., 187, 188.
redormir, conjug., 182. ressembler (à), v. tr. indir., 345.
redoublées (rimes), 406. savoir, à —, conj., 268.
ressemeler, conjug., 173. Scandinaves (mots), 23.
réduire, conjug., 204. ressentir, conjug., 182.
réel (sujet), 333-334. sciemment, 224.
resservir, conjug., 183. se, pron. pers. [réfléchi], 102
réélire, conjug., 205. ressortir, conjug., 183.
réellement, adv., 241. 104, 105; 158, 211; élidé, 5’
restreindre, conjug., 204. 89.
refaire, conjug., 205. reteindre, conjug., 204. séant, 209.
refendre, conjug., 200. retendre, conjug., 200.
réfléchi (pronom), 102-105; non retenir, conjug., 184. secourir, conjug., 185.
—■ (pronom), 89-102. séduire, conjug., 204.
retordre, conjug., 201. selon, prép., 251.
réfléchis (verbes), 158. revaloir, conjug., 189.
refondre, conjug., 200. selon que, conj., 274, 388,
revendre, conjug., 200. 391.
réfugier (se), v. pronom., 218. revenir, conjug., 185.
refuser (de), v. tr. ind., 346. revêtir, conjug., 184. sémantique : famille de mots
régal, plur., 62. —, 49.
revivre, conjug., 205. semble (il) que, mode, 342
regorger (de), v. tr. ind., 345. revoir, conjug., 190.
n. 1.
regretter (de), v. tr. ind., 346. riches (rimes), 407.
rejet (ou enjambement), 410- rien, pron. indéf., 140. sembler, y. d’état, 156, 360;
411. forme impersonnelle, 211.
rime, 405-407, 419-420. semi-, préfixe, 322.
rejoindre, conjug., 204. rire, conjug., 192-193, 200.
relatif (superlatif) : des ad¬ rire (se), v. pronom., 311 ; semi-consonnes, 1, 3, 7-8.
jectifs, 75-76; des adverbes, Sens (des mots), 43-49; _
accord du participe passé, étymologique, 46; — 'pre¬
241.
relatifs : pronoms, 122-129; risquer (de), v. tr. ind., 346. mier, 46; changements de
adjectifs, 122, 130; adverbes, roi, fém., 54. —, 47-49.
235-236, 238. sens dessus dessous, adv., 225.
romanes (langues), 14, 20-21. sentiment (verbes de), 351."
Relative (proposition) : épi¬ rompre, conjug., 191, 200.
thète, 322; apposition, 325; rondeau : ancien (ou ronde!), sentir, conjug., 178, 182; suivi
sujet, 341, 343; objet, 348, d’une prop. infin., 348, 355;
421 ; nouveau, 422.
356; attribut, 365; c. de rondel (ou rondeau ancien), 421. accord du partie, passé, 316.
circonst., 377, 392-394; 12. rose, adj., 321. seoir, v. défect., 191, 208.
relire, conjug., 205. septain, 416.
rouvrir, conjug., 183.
reluire, conjug., 204. servir, conjug., 179, 182; se
roux, fém., 70.
remédier (à), v. tr. ind., 345. rr! interj., 277, 279. — (de), v. tr. ind., 345.
remettre, conjug., 201. seulement, adv., 227, 234; conj.,
ruisseler, conjug., 173. 268,271.
rernordre, conjug., 201, rythme (du vers), 408-411. seyant, 209.
INDEX ALPHABÉTIQUE m
si, adv., 275; [de quantité] -soudre (verbes en), conjug., suivant que, conj., 274, 388,
232-233; 75, 241, 383, 391; 195. 391.
[d’affirmation] 241, 242; souffleter, conjug., 173. suivies (rimes), 406.
[d’interrogation] 249, 250. souffrir, conjug., 182. suivre, conjug., 197, 204.
si, conj., 275; élidé, 6; [de souhait (moyens d'exprimer le), Sujet, 333; réel ou apparent,
cause] 379; [de concession] 289, 290, 291, 339, 387. 210-212, 333-334, 335-336;
381; [de temps] 386; [de souhaiter, — (de), 252, 346. réel ou explétif, 221, 334,
condition] 386-387, (souhait souillon, genre, 52. 336-340; direct ou indirect,
ou regret) 387. soumettre, conjug., 201. 256, 335 ;
nom, pronom ou
si bien que, conj., 274, 383. soupirail, plur., 62. infinitif, 334-341 ; proposi¬
si ce n’est, prép., 247. sourdes (consonnes), 3. tion, 341-343.
sien (sienne, etc.), adj. poss., sourdre, v. défect., 210. superlatif : relatif ou absolu,
108,
109. sourire, conjug., 201. 75, 76; des adjectifs, 75-76;
si encore, conj., 387. sous, prép., 251, 262-263. des adverbes, 241 ; —- (compl.
siennes (faire des), 107. souscrire, conjug., 204. du), 330.
si fait, adv., 242 et n. 1. sous peu, adv., 237. supposition (moyens d’expri¬
si j'étais que de loi (lui, etc.), sous prétexte que, conj-, 274, 378. mer la), 289, 290, 339, 381,
276. soustraire, conjug., 210. 386-390.
si même, conj., 387. soutenir, conjug., 184. sur, prép., 251, 261-262.
simples (temps) : voir Verbe. souvenir (se), conjug., 185; v. surcomposés (temps), 177, 214;
simultanément, adv., 238. pronom., 218; se — (de), 296, 298, 299.
Singulier, 60; — collectif, 61. v. tr. ind., 345, 346. sûrement, adv., 241.
sinon, 244, 388; —..., du moins, souvent, adv., 238. sw-le-champ, adv., 238.
244. steppe, genre, 59. surprendre, conjug., 204.
si peu que rien, adv., 229. stop! interj., 277. surseoir, conjug., 190.
si... que, conj., [de concession] strophes, 414-419. surtout, adv., 241.
274, 380; [de conséquence] subjectif (sens) : de l’adjectif survenir, conjug., 185.
383; [de comparaison] 391. possessif, 112; du compl. de survivre, conjug., 205; — (à),
si seulement, conj., 387, 388. nom, 255, 326. v. tr. ind., 345.
sitôt, adv., 238, 239; de —-, Subjonctif (mode), 159-160; sus à, prép., 251.
239; si tôt, 239. formes, 167-168, 177, 213- suspendre, conjug., 200.
sitôt que, conj., 385. 215, 217-218; emploi : dans suspension (points de), 11.
sixain, 416. la prop. indép. ou princip., syllabe, 3; -— accentuée, 4.
slaves (mots), 23. 289-290, 300-301; dans la syllabes (dans le vers), 397-
soi, pr. pers. [réfléchi] 102, prop. subord., [apposition] 403.
104, 105; à —, 104; de —, 325; [c. do nom] 328; [c. d’ad¬ symétriques (constructions),
104. jectif] 328-330; [sujet] 343; 267.
soi-disant, 105. [c. d’objet] 349-351; [attri¬ synecdoque, 48.
soir, adv., 238; ce —, 238. but] 365; [c. de cireonst.] synonymes, 44-45.
soit, adv., 243. 379, 381, 382, 383, 384, 386, Syntaxe, 50, 281-396.

soit..., soit..., conj., 267, 270. 390, 393, 394.


soit que..., soit que..., conj., subordination : conjonction de
274, 388. —, 267, 273-275; phrase de T
solo, plur., 64. —, 281, 283-284.
son (sa, etc.), adj. poss., 108, Subordonnées (propositions), l euphonique, 221.
109-112. 283-285; [épithète] 322; lâcher (de), y. tr. ind., 346.
songer (à), v. tr. ind., 345, [apposition] 324-325; [c. de taire, conjug., 204.
346. nom] 328; [c. d’adjectif] tandis que, conj., [de conces¬
sonnet, 421; forme ancienne, 330 ; [sujet] 341-343 ; [c. d’ob¬ sion] 274, 380; [de temps]
424-425; forme nouvelle, 425. jet] 348-356; [attribut] 365; 274, 385.
sonores (consonnes), 3. [c. do cireonst.] 368-392; tant, adv., 232-233; tant... que,
sons-consonnes, 1, 2-3. 392-394; 394-396. 233, 391; — et plus, 232.
sons-voyelles, 1, 2-3. subvenir, conjug., 185. tantôt, adv., 237, 239; ô -—,
sortir, conjug., 182; avec être, succéder (à), v. tr. ind., 345. 239; tantôt..., tantôt, conj.,
164. suffire, conjug., 197, 204. 267, 270.
soucier (se), v. pronom., 218; suffisamment, adv., 227. tant que, conj., [de temps]
se — (de), v. tr. ind., 345, suffisantes (rimes), 407. 274, 385; [de conséquence]
346. Suffixes, 25-31. 233, 383.
soudainement, adv., 238. suivant, prép., 251. tant soit peu, adv., 228, 225.
444 INDEX ALPHABÉTIQUE

larder (à), v. tr. ind., 346. tonique (accent), 3. trône, sens, 47.
le, pron. pers., [non réfléchi] 90, tonique (radical), 162, 180, n. 2. trop, adv., 227, 230; de —,
96, 98, 100; élidé, 5, 89; toniques (formes), [pron. pers.] 231; en—, 231; par —, 231,
[réfléchi] 103, 105. 89-105; [adj. poss.] 108; [né¬ 259.
teindre, conjug., 202. gation] 244. trop... pour, 374; trop... pour
tel, pron.-adj. démonstr., 121, tonner, v. modèle (forme im¬ que, 384.
391. personnelle), conjug., 213; tu, pron. pers., 90, 92, 95; au
tel ou tel, 121. employé comme v. personnel, lieu de vous, 95.
tel que, [comparaison] 121, 210. tutoiement, 95.
391; [conséquence] 121, 383. tordre, conjug., 200. turcs (mots), 23.
tel quel, 121. tôt, adv., 239.
tel..., tel..., 121, 391. toujours, adv., 238.
tellement, adv., 233.
tellement que, conj., 274, 383.
tour à tour, adv., 225. U
tous, pron. indéf., 137, 145.
témoin, emploi elliptique, 362; tout, adj. indéf., 146, 149-150. -[u\ire (verbes en), conjug.,
— (prendre à), 362. tout, adv., 150, 227; devant 197.
temps (adverbes de), 237-240; un adj. fém., 150; devant ultérieurement, adv., 238.
dans le discours indirect, autre, 150. un, art. indéf., 85-86; adj. in¬
359. tout, pron. indéf. (neutre), 137, déf., 146, 147 ; pron. in¬
temps (compl. de) : nom, [c. de 145. déf., 137, 140-141; adj. nu¬
nom] 326; 254, 255, 260; tout à coup, tout d’un coup, méral, 85, 151-154.
[c. de verbe] 256, 259, 260, adv., 239, 240. un autre, pron. indéf., 137,
261, 262, 263, 264, 265, 367, tout à fait, adv., 228. 142; adj. indéf., 146, 147.
375-376; proposition—, 378, tout à l'heure, adv., 237. un certain, 148, 149.
385-386, 394, 395, 396. tout de suite, de suite, adv., un des (hommes, etc.) que, 315.
temps (moyens d’exprimer le), 219, 240. une fois, adv., 238.
386, Rem. toute chose, pron. indéf., 137. uniformément, 223-224.
Temps (du verbe) : voir Verbe. toutefois, conj., 268, 271. un jour, adv., 237.
temps (concordance des), 351- toutes les fois que, conj., 385. un peu, adv., 223, 229.
353. tout-puissant, 73, 188. un tel, 121.
tendre, conjug., 200. tout (bon, etc.) que, 21 h, 380. user, v. tr.; — (de), v. tr. ind..
tenir, conjug., 179-180, 184; traduire, conjug., 204. 345.
tenir, — (d), 345. traire, conjug., 210. ustensile, genre, 53.
tenter (de), v. tr. ind., 346. trait d’union, 13; dans les -uyer (verbes en), conjug., 174.
tercet, 418-419. mots composés, 36-39; dans
terminaisons (dans les verbes), les adjectifs numéraux, 152;
161-163, 166-167.
ternaire (vers), 409.
dans les pron.-adj. démonstr., V
113, 118; dans la conjug.
terre-plein, plur., 65. interrogative, 220-221. vacant, vaquant, 293.
terza-rima, 418-419. traîtreusement, adv., 224. vaincre, conjug., 192, 200.
tête à tête, adv., 225. transcrire, conjug., 204. val, plur., 62.
-leur (noms en), fém., 55 et n. 1 ; transir, v. défect., 206. valoir, conjug., 186-187, 188.
-leur (adj. en), fém., 71. Transitifs (verbes), direcls accord du participe, 313.
lien (tienne, etc.), adj. poss., ou indirects, 156; conjugués vantail, plur., 62.
108, 109. avec avoir, 164; employés vaquer (à), v. tr. ind., 345.
tiers, 70, 151, 153, 154. à la fo rmc impersonnelle, variables (mots), 50, 50-221.
timbre-poste, 36. 211 ; employés intransitive¬ véhémentement, adv., 224.
tiret (simple ou double), 13. ment, 157. vendre, conjug., 191, 200.
toi, pron. pers., [non réfléchi] transmettre, conjug., 201. vengeur, fém., 55, 71.
90, 92, 94, 96, 97, 100; à —, transparaître, conjug., 205. venir, conjug., 180 et n. 2, 184-
91, 98, 99, 100; de —, 91, travail, plur., 62-63. 185; avec être, 164; auxiliaire
98; [réfléchi] 103, 105; à —, travestir, conjug., 184. de temps, 164-165.
103; de —, 103. tréma, 10, 69, 176. Verbe, 156; d’action, 156;
tomber, conjugué avec être, très, adv., 76, 227, 230, 241. d'état, 156, 360-361; tran¬
164, 176-177; forme imper¬ tressaillir, conjug., 182. sitif, direct ou indirect, 156,
sonnelle, 212. -trice (fém. en), dans les noms, 344-346; intransitif, 156, 344;
ton (la, etc.), adj. poss., 108,
,
109 112 , 55 et n. 1; dans les adjec¬
tifs, 71.
formes ou voix, 157-158 :
[active] 165-213; [passive]
tondre, conjug., 191, 200. triompher (de), v. tr. ind., 345. 213-216; [pronominale] 217-
INDEX ALPHABÉTIQUE 445
219; modes, personnels ou vingt, accord, 152. 91, 98; —, au lieu de lu, 95;
impersonnels, 159, 288-294; virgule, 11. au lieu de on, 95; [réfléchi]
temps simples ou compo¬ vis-à-vis de, prép., 251. 103, 105; à —, 103; de —,
sés, 159-160, 166-168, 176- vite, adv., 223, 224. 103.
177, 178, 213-215, 217-218, vitrail, plur., 62. Voyelles : sons- —, 1-2; —
294-306; temps surcompo¬ vivat ! inlerj., 277. orales, 2; — nasales, 2;
sés, 177, 214, 296, 298, 299; vivre, conjug., 197, 204; ac¬ lettres-, 6-9; — (valeur
personnes, 88, n. 1; 160; cord du participe, 314. expressive des), 412.
nombres, 160; radical, 161, vlan! interj., 277, 279. vraiment, adv., 241, 242-243.
162; terminaisons, 162, 166; Vocabulaire du français, 14- vu, prép., 251.
auxiliaires, de mode ou de 49. vu que, conj., 274, 378.
temps, 163, 165, 169-171 vocalisé (radical), 162.
(conjug. Avoir et Être) ; les voici, adv., 235, 236-237, 251.
trois groupes de verbes, 165-
166 : 1er Gr., v. en -er, 172-
voilà, adv., 235, 236-237, 251;
— (un an, etc.) que, 247 ;
w
174 (conjug. Aimer)-, 2e Gr., — que, 276.
wallons (mots), 25.
v. en -ir (-issant), 175-176 voir, conjug. 187, 190; suivi
wou, semi-consonne, 3.
(conjug. Finir): 3e Gr., v. d’une prop. inlin. 348 355;
wu, semi-consonne, 3.
en -ir (-ant), 177-184; v. en accord du partie, passé, 316.
-oir, 184-190; v. en -re, 190- voire, adv., 243.
205; verbes défectifs, 206- volonté (verbes de) : [désir,
211; verbes impersonnels, crainte ou effort] 350; [com¬ Y
210-213. mandement, permission ou
vers, prép., 251, 263. défense] 351. y, adv., 235; pron. pers., 91,
Versification (éléments de), volontiers, adv., 223. 98-100, 102.
397-426. votre (vos), adj. poss., 108, 109, y a (il), 102, 212, 334; — (un
vêtir, conjug., 181, 184. 110-111. an, etc.), que, 247.
veto, plur., 64. vôtre (vôtres), adj. poss., 108- yod, semi-consonne, 3.
vice-, préfixe, 32, 34. 109.
vice versa, adv., 225. vouloir, conjug., 186, 188.
vieil, emploi, 70. vous, pron. pers., [non réfléchi]
vieux, fém., 70. 90, 92, 93, 94, 96, 97, 98,
vif, sens, 47. 100; à —, 91, 98, 100; de —, zuil interj., 277, 280.
TABLE DES MATIÈRES

Page.
TilULEAU DES SIGNES ET ABRÉVIATIONS IV

Première Partie

LE FRANÇAIS PARLÉ ET LE FRANÇAIS ÉCRIT


Rages
§ 1, Langue parlée et langue écrite, 1. bet, G. — § 13, Comment sont représentés
les sons-voyelles, 7. — § 14, Comment
I. — Le français parlé ... l sont représentés les sons-consonnes, 7.—
§ 2, Généralités, 1. — § 3, Les diverses § 15, Rapport des sons et des lettres, 8.
espèces de sons, 1. — §4, Les sons-voyelles, — § 16, Les accents, 9. — § 17, Les
2. — § 5, Les sons-consonnes, 2. — § 6, Les signes de ponctuation, 10. — § 18, Le
semi-consonnes, 3.-— § 7, La syllabe, 3. —- point, 10. — § 19, La virgule, 11. — § 20,
Le point-virgule, 12. — § 21, Les deux
§ 8, Le mot, 3. — § 9, La liaison, 4. —
§ 10, L’élision, 5. points, 12. — § 22, Les parenthèses, 12.
— § 23, Les guillemets, 12. — § 24, Le
IL — Le français écrit... 6 tiret, 13. — § 25, L’apostrophe et le trait
d’union, 13.
§ 11, Généralités, 6.— §12, L’alpha-

Deuxième Partie

LE VOCABULAIRE DU FRANÇAIS
§ 26, L’origine et le sens des mots, 14. (latin littéraire), 18.—■ § 37, Mots popu¬
laires et mots savants, 19. — § 38, Les
Cnap. premier. — L’origine des doublets, 19.— § 39, Les mots empruntés
au grec, 20.
mots. 14
B. Les mots empruntés aux langues
§ 27, Généralités, 14. — § 28, Le fonds vivantes : § 40, Généralités, 20.— §41,
primitif du français, 15.— § 29, Les em¬ Les mots empruntés aux langues euro¬
prunts du français, 15. — § 30, Les créa¬ péennes, 20. — § 42, Les mots empruntés
tions françaises, 16. aux langues extra-européennes, 23.

I. — Les mots du fonds primitif . 16 C. Les mots empruntés aux dia¬


lectes : § 43, Généralités, 24. — § 44, Les
§ 31, Généralités, 16. — § 32, Les mots mots empruntés aux dialectes du Midi, 24.
d’origine gauloise, 17.— § 33, Les mots — § 45, Les mots empruntés aux dia¬
d’origine latine (latin vulgaire), 17. — lectes du Nord, 24.
§ 34, Les mots d’origine germanique, 17.
III. — Les mots de création française. 23
II. — Les mots d’emprunt. . . 18
§ 46, Généralités, 25. — § 47, Les
§ 35, Généralités, 18. procédés de création, 25.
A. Les mois empruntés aux langues A. Les créations par adjonction
mortes : § 36, Les mots empruntés au latin de particules : § 48, Généralités, 25. —
448 TABLE DES MATIERES

Pages. Pages.
1° La dérivation par suffixes : § 49, Les D. Modes particuliers de création :
suffixes, 25; 5 50, Classification des suf¬ S 76, Généralités, 41. — 5 77, Les rac¬
fixes, 20; § 51, Les suffixes de noms, 26; courcissements de mots, 41. — S 78, Les
§ 52, Les suffixes d’adjectifs. 28; § 53, amputations de mots, 41. — ü 79, Les
Les suffixes de verbes, 29; S 54, Les suf¬ familles de mots étymologiques, 42.
fixes d’adverbes, 29; S 55, Les mots latins
ou grecs employés comme suffixes, 29.
2° La composition par préfixes : § 56, Les Chap. II. — Le sens des mots. 43
préfixes, 31; S 57, Classification des pré¬
fixes, 32; § 58, Les préfixes d’origine § 80, Généralités, 43.
latine, 32; § 59, Les préfixes d’origine
grecque, 34; § 60, Les mots latins ou A. Rapports des sons et des sens:
grecs employés comme préfixes, 35. § 81, Généralités, 43. — § 82, Les ono¬
matopées,43.— § 83, Les homonymes,43.
B. Les créations par groupement
— § 84, L’étymologie populaire, 44.
de mots : § 61, Généralités, 36. — § 62,
Les noms composés, 36. — § 63, Les ad¬ B. Rapports de sens entre les mots :
jectifs composés, 37.— § 64, Les pronoms § 85, Généralités, 44. — § 86, Les syno¬
composés, 37. — S 65, Les verbes com¬ nymes, 44. — § 87, Les périphrases, 45.
posés, 37. — § 66, Les adverbes compo¬ — § 88, Les antonymes, 45.
sés, 37. -— § 67, I.cs prépositions compo¬
sées, 38. — § 68, Les conjonctions com¬ C. Le mol et ses sens : § 89, Géné¬
posées, 38. — § 69, Les interjections ralités, 45. — § 90, Le sens étymologique
composées, 39. d’un mot, 46. — § 91, Le sens premier
d’un mot, 46.
C. Les créations par changement
de catégorie grammaticale : § 70, Gé¬ D. Les changements de sens : § 92,
néralités, 39. — S fl, Noms propres, 39. Généralités, 47. — S 93, Les métony¬
— § 72, Noms communs, 40. — § 73, Ad¬ mies, 47. — § 94, Les métaphores, 48. —
jectifs qualificatifs, 40. — § 74. Pro¬ § 95, Les familles de mots sémanti¬
noms, 40. — § 75, Mots invariables. 41. ques, 49.

Troisième Partie

LA MORPHOLOGIE DU FRANÇAIS

Généralités : § 96, Les espèces de nin marqué par un -e, 53. — § 105, Le fé¬
mots, 50. minin marqué par un suffixe spécial, 55.
— § 106, Le féminin marqué par un
nom spécial, 56. — § 107, Le féminin
LES MOTS VARIABLES . 51 marqué par une périphrase, 56. -— § 108,
Cas particuliers, 56. — § 109, Les noms
Chap. premier. — Le nom. . 51 de choses, 57. — § 110, Cas particuliers, 58.

B. Le genre dans les noms pro¬


§ 97, Généralités, 51. — § 98, Noms
pres : § 111, Généralités, 59. — S 112,
propres et noms communs, 51. — § 99, La
Les prénoms, 59. — § 113, Les noms géo¬
forme du nom, 52.
graphiques, 59. — § 114, Les noms de
bateaux, 60.
I. — Le genre dans les noms. . 52
§ 100, Les genres, 52. — § 101, Com¬ II. — Le nombre dans les noms. 60
ment se marque le genre, 53. § 115, Les nombres, 60.— § 116, Com¬
A. Le genre dans les noms com¬ ment se marque le nombre, 62.
muns : § 102, Généralités, 53.— § 103, .4. Le nombre dans les noms com¬
Les noms d’êtres, 53. — § 104, Le fémi¬ muns : § 117, Généralités, 62. — § 118,
TABLE DES MATIERES 449

Pages Pages
Les noms simples, 62.— § 119, Cas par¬
ticulier : les noms d’origine étrangère, 63. III. — L’article indéfini. . . 85
— § 120, Les noms composés, 64. § 147, La forme de l’article indéfini, 85.

B. Le nombre dans les noms pro¬ — § 148, Le sens de l’article indéfini, 85.

pres : § 121, Généralités, 66. — § 122, — § 149, Les valeurs particulières de


l’article indéfini, 85. — § 150, L’emploi
Les noms de personnes, 66. — § 123, Les
de l’article indéfini, 86.
noms géographiques, 67.

Chap. II. — L’adjectif qualifi¬ Chap. IV. — Les pronoms et


catif . 68 adjectifs pronominaux ... 87
§ 151, Généralités, 87. — § 152, Les six
§ 124, Généralités, 68. — § 125, La
espèces de pronoms, 87.
forme de l’adjectif qualificatif, 68.

Le pronom personnel ... 88


I. — Le genre dans les adjectifs qua¬
§ 153, Généralités, 88. — § 154, La
lificatifs . 68
forme des pronoms personnels, 88.
§ 126, Comment se marque le genre,
I. Le pronom personnel non ré¬
68. — § 127, Le féminin marqué par
fléchi : § 155, La forme du pronom
un-e, 68. — § 128, Le féminin marqué
personnel non réfléchi, 89. — § 156,
par un suffixe spécial, 71.
L’emploi du pronom personnel non réflé¬
chi, 92. — § 157-160, Les pronoms per¬
II. — Le nombre dans les adjectifs
sonnels sujets, 92 : A, Les formes atones,
qualificatifs. 71 93; B, Les formes toniques, 94; C, Formes
§ 129, Comment se marque le nom¬ atones ou toniques : valeurs particuliè¬
bre, 71. — § 130, Cas particulier : le res, 95. — § 161-163, Les pronoms per¬
genre et le nombre dans les adjectifs sonnels objets directs, 96 : A, Les formes
atones, 96; B, Les formes toniques, 97.
composés, 72.
— § 164-166, Les pronoms personnels
III. — Les degrés de signification. . 73 objets indirects, 97 : A, Les formes atones,
98; B, Les formes toniques, 98. — § 167,
Comparatifs et superlatifs : § 131, Les pronoms personnels compléments
Généralités, 73.— § 132, Le comparatif, d’attribution, 100 : A, Les formes atones,
74. — § 133, Le comparatif de supério¬ 100 ; B, Les formes toniques, 100. — § 168,
rité, 74. — § 134, Le comparatif d’infé¬ Les pronoms personnels compléments de
riorité, 75. — § 135, Le comparatif d’éga¬ circonstance, 100. — § 169, Les pronoms
lité, 75. — § 136, Le superlatif, 75. — en et y, 101.
§ 137, Le superlatif relatif, 75. — § 138,
II. Le pronom personnel réfléchi:
Le superlatif absolu, 76.
§ 170, La forme du pronom personnel
réfléchi, 102.— § 171, L’emploi du pro¬
Chap. III. — L’article . . 77 nom personnel réfléchi, 104.

§ 139, Généralités, 77. Le pronom et l’adjectif possessifs. 105


I. — L’article défini ... 77 § 172, Généralités, 105.

I. Le pronom possessif : § 173, La


§ 140, La forme de l’article défini,
forme du pronom possessif, 106. — § 174,
77. — § 141, Le sens de l’article défini, 78.
L’emploi du pronom possessif, 107. —
— § 142, Les valeurs particulières de
§ 175, Valeurs particulières, 107.
l’article défini, 78. — § 143, L’emploi
de l’article défini devant les noms com¬ II. L'adjectif possessif : § 176, La
muns, 79. — § 144, L’emploi de l’article forme de l’adjectif possessif, 108. —
défini devant les noms propres, 81. § 177, L’emploi de l’adjectif possessif,
108. — § 178, Valeurs particulières, 112.
II. — L’article partitif ... 83
Le pronom et l’adjectif démonstratifs. 112
§ 145, La forme de l’article partitif, 83.
— § 146, L’emploi de l’article partitif, 84. § 179, Généralités, 112.

Cayrou. —- Grammaire française. 15


450 TABLE DES MATIERES

Pages. Pages.
I. Le pronom démonstratif : § iso, /. Le pronom indéfini: § 213, La
La forme du pronom démonstratif, 113. forme des pronoms indéfinis, 137. —
— § 181, L’emploi du pronom démon¬ § 214, L’emploi des pronoms indéfinis,
stratif, 114. — § 182, Le pronom démon¬ 138- -— § 215, Les pronoms indéfinis de
stratif masculin-féminin, 114. — § 183, quantité nulle, 138. — § 216, Les pro¬
Le pronom démonstratif neutre, 115. noms indéfinis de quantité partielle, 140.
— § 217, Les pronoms indéfinis de quan¬
II. L'adjectif démonstratif : § 184,
tité totale, 145.
La forme de l’adjectif démonstratif, 118.
— § 185, L’emploi de l’adjectif démon¬ II. L’adjectif indéfini : § 218, La
stratif, 118. forme des adjectifs indéfinis, 146. —
§ 219, L’emploi des adjectifs indéfinis,
III. Les démonstratifs «même » et
147. — § 220, Les adjectifs indéfinis de
0 tel » : § 186, Généralités, 119. — § 187,
quantité nulle, 147. — § 221, Les adjectifs
Le démonstratif même, 119. — § 188,
indéfinis de quantité partielle, 147. —
Le démonstratif tel, 121.
§ 222, Les adjectifs indéfinis de quantité
totale, 149.
Le pronom et l’adjectif relatifs . 122
§ 189, Généralités, 122.
Cnap. V. — L’adjectif numéral. 151
I. Le pronom relatif : § 190, La forme
S 223, Généralités, 151.
du pronom relatif, 122. — § 191, L’em¬
ploi du pronom relatif, 125. — § 192, Le
pronom relatif simple qui, 125. — § 193,
I. — L’adjectif numéral cardinal . 151
Le pronom relatif simple que, 126. — § 224, La forme de l’adjectif numéral
§ 194, Le pronom relatif simple quoi, 126. cardinal, 151. — § 225, L’emploi de l’ad¬
— § 195, Le pronom relatif simple dont, jectif numéral cardinal, 153. — § 226, Va¬
127. — § 196, Le pronom relatif simple leurs particulières, 153.
où, 128. — § 197, Le pronom relatif
composé lequel, 128. — § 198, Les pro¬ II. — L’adjectif numéral ordinal . 154
no ms relatifs composés à sens indéfini, 129.
§ 227, La forme de l’adjectif numéral
II. L'adjectif relatif : § 199, La ordinal, 154. — § 228, L’emploi de l’ad¬
forme de l’adjectif relatif, 130.— § 200, jectif numéral ordinal, 155.
L’emploi de l’adjectif relatif, 130.

Chap. VI. — Le verbe . . 156


Le pronom et l’adjectif interrogatifs. 130
§ 201, Généralités, 130. I- — Généralités .... 156

I. Le pronom interrogatif : § 202, § 229, L’importance du verbe, 15G. —


La forme du pronom interrogatif, 130. — § 230, Verbes transitifs et verbes intran¬
sitifs, 156.
§ 203, L’emploi du pronom interrogatif,
133. — § 204, Le pronom interrogatif sim¬
ple qui ? 133. — § 205, Le pronom
II. — Les formes ou voix du verbe. 157
interrogatif simple que ? 133. — § 206, § 231, Les trois formes du verbe, 157.—
Le pronom interrogatif simple quoi ? 133. § 232, La forme active, 157.— § 233, La
— § 207, Les pronoms interrogatifs ce forme passive, 157. — § 234, La forme
qui, ce que, 134. — § 208, Les pronoms pronominale, 158.
interrogatifs composés qui est-ce qui? etc.,
134. — § 209, Le pronom interrogatif III. — Les variations du verbe. . 159
composé lequel ? 135.
§ 235, Généralités, 159. — § 23G, Les
II. L'adjectif interrogatif : §210, modes, 159. — § 237, Les temps, 159.
La forme de l’adjectif interrogatif, 135. —- — § 238, Les personnes et les nom¬
§ 211, L’emploi de l’adjectif interro¬ bres, 160.
gatif, 136.
IV. — Les éléments de la forme
Le pronom et l’adjectif indéfinis . 136 verbale. 26 ’
§ 212, Généralités, 136. § 239, Généralités, 161. — § 240, Les
TABLE DES MATIERES 451

Pages. Pages.
formes simples : le radical et la termi¬ III. La conjugaison des verbes de
naison, 161. — § 241, Les formes compo¬ forme pronominale : § 275, Généralités
sées : les auxiliaires, 163. — § 242, Les 217. — § 276, Forme pronominale. Mo¬
auxiliaires accompagnant un participe, dèle : Se blesser, 219.
164. — § 243, Les auxiliaires introdui¬
sant un infinitif, 164. IV. Les conjugaisons négative et
interrogative : § 277, Généralités, 220.
— § 278, La conjugaison négative, 220.
V. — La conjugaison ... 165 — § 279, La conjugaison interrogative,
§ 244, Généralités, 165. 220. — § 280, La conjugaison interroga-
tive-négative, 221.
I. La conjugaison des verbes de
forme aciive : § 245, Les trois groupes
de verbes, 165. — § 246, Les temps sim¬ LES MOTS INVARIABLES 222
ples de forme active, 166. — § 247, Les
temps composés de forme active, 168.
§ 248, Les verbes avoir et être, 169. — Chap. VII. — L’adverbe. . 222
§ 249, Forme active : verbe Avoir, 170. —
§ 281, Généralités, 222. — § 282, La
§ 250, Forme active : verbe Être, 171.
forme de l’adverbe, 222.
§ 251, Forme active, 1er Groupe (ver¬
bes en -er). Modèle : Aimer, 172.— § 252,
Remarques sur les verbes du 1er Groupe,
Les adverbes de circonstance. . 223
173. I. L'adverbe de manière: § 283, La
§ 253, Forme active, 2 e Groupe (ver¬ forme des adverbes de manière, 223. —
bes en -ir [-issaraf]). Modèle : Finir, 175.— § 284, L’emploi des adverbes de manière,
§ 254, Remarques sur les verbes du 28 225.
Groupe, 176.
II. L'adverbe de quantité : § 285,
§ 255, Forme active : les temps compo¬
La forme des adverbes de quantité, 227.
sés des verbes conjugués avec l’auxiliaire
— § 286, L’emploi des adverbes de quan¬
être, 176.— § 256, Forme active Mes temps
tité, 228.
surcomposés, 177.
§ 257, Forme active : 3e Groupe (verbes III. L'adverbe de lieu : § 287, La
en -ir [-ant], oir ou re), 177. forme des adverbes de lieu, 234. — § 288,
§ 258, Les verbes du 3e Groupe en -ir L’emploi des adverbes de lieu, 235.
[-ant) : § 259, X, Verbes à radical inva¬ IV. L'adverbe de temps : § 289, La
riable, 178; § 260, II, Verbes à radical forme des adverbes de temps, 237.— §290,
variable, 179; § 261, III, Verbes à parti¬ L’emploi des adverbes de temps, 238.
cularités, 181; Tableau A, 182.
§ 262, Les verbes du 3e Groupe en -oir, V. Les degrés de signification des
184 : § 263, I, Radical à consonne finale, adverbes de circonstance : § 291, Géné¬
forme pleine, 184; § 264, II, Radical à ralités, 240. — § 292, La forme du compa¬
voyelle finale, forme réduite, 187 ; Tableau ratif, 240. — § 293, La forme du superla¬
B, 188. tif, 241.
§ 265, Les verbes du 3e Groupe en -re,
190 : § 266, I, Verbes à radical invariable, Les adverbes d’opinion ... 241
1° à consonne finale, 190; § 267, 2° à
I. L'adverbe d'affirmation : § 294,
voyelle finale, 192; §268, II, Verbes à radi¬
La forme des adverbes d’affirmation, 241.
cal variable, 1° à consonne finale, 193; § 269,
— § 295, L’emploi des adverbes d’affir¬
2° à voyelle finale, 197 ; Tableau C, 200.
mation, 241.
§ 270, Les verbes défectifs, 206; Tableau
D, 206. II. L'adverbe de négation : § 296,
§ 271, Les verbes impersonnels, 210. La forme des adverbes de négation, 244.
— § 272, La forme des verbes imperson¬ — § 297, L’emploi des adverbes de néga¬
nels, 212. tion, 244.

II. La conjugaison des verbes de III. L'adverbe d'interrogation :


forme passive : § 273, Généralités, 213. §298, La forme des adverbes d’interroga¬
— § 274, Forme passive. Modèle : Être tion, 249. — § 299, L’emploi des adverbes
d’interrogation, 249.
aimé, 216.
452 TABLE DES MATIERES

Pages. Pages.
Giiap. VIII. — La préposition. 251 forme des conjonctions de coordination,
267. — § 312, L’emploi des conjonctions
§ 300, Généralités, 251. — §301, La forme de coordination, 268.
des prépositions, 251. — § 302, L’emploi
des prépositions, 252. — § 303, Les pré¬
positions à et de, 253. — § 304, Les prépo¬
II. — Les conjonctions de subordi¬
sitions en et dans, 256. — § 305, Les pré¬ nation. 273
positions par et pour, 258. — § 306, Les
§ 313, Généralités, 273. — § 314, La
prépositions sur e t sous, 261. — § 307, Les
forme des conjonctions de subordination,
autres prépositions, 263. — § 308, La
273. — § 315, L’emploi des conjonctions
répétition des prépositions, 266.
de subordination, 275.

Chap. IX. — La conjonction. 267


Chap. X. — L'interjection. . 277
§ 309, Généralités, 267.
§ 316, Généralités, 277. — § 317, La
I.—Les conj onctions de coordination. 267
forme des interjections, 277. — § 318,
§ 310, Généralités, 267. — § 311, La L’emploi des interjections, 278.

Quatrième Partie

LA SYNTAXE DU FRANÇAIS
La proposition
Chap. premier.—
Chap. II. — Le groupe du verbe. 288
et la phrase.281 § 329, Généralités, 288.

I. — Généralités .... 281


I. — L’emploi des modes . . 288
§ 319, Proposition et phrase, 281.
§ 330, Le mode indicatif, 2S8. —
H. — La proposition indépendante. 282 § 331, Le mode impératif, 289. — § 332,
Le mode subjonctif, 289. — § 333. Le
§ 320, La présentation de la proposi¬
mode conditionnel, 290.— § 334, Le mode
tion indépendante, 282.
infinitif, 291. — § 335, Le mode parti¬
cipe, 292.
III. — La phrase de coordination. 282
§ 321, La présentation de la phrase de II- — L’emploi des temps . . 294
coordination, 282.
A. Les temps de l'indicatif : § 330
IV. — La phrase de subordination. 283 Le présent, 294.—§337, L’imparfait,295!
§ 338, Le passé simple, 295. — § 339
§ 322, La présentation de la phrase de
Le passé composé, 296. — § 340, Le passé
subordination, 283. — § 323, Les diverses
antérieur, 297. — § 341, Le pl us-que-
catégories de subordonnées, 284.
parfait, 297. — § 342, Le futur simple,
V. — Analyse de la phrase . . 285 298. § 343, Le futur antérieur, 298.

§ 324, Généralités, 285. — § 325, Ana¬ B. Les temps de l'impératif ;


lyse de la proposition indépendante, 285. § 344, Le présent, 299. — § 345, Le
—§326, Analyse de la phrase de coordina¬ passé, 300.
tion, 286. — § 327, Analyse de la phrase C. Les temps du subjonctif .- § 349,
de subordination, 286. Généralités, 300. — § 347, Le présent’
300. — § 348, L’imparfait, 301. — § 349’
LES GROUPES Le passé, 301. § 350, Le plus-que-
DANS LA PROPOSITION parfait, 301.

Généralités.288 D. Les temps du conditionnel :


§ 351, Le présent, 302. — § 352, Le
§ 328, Le groupe du verbe et le groupe passé, 302. — §353, L’expression du futur
nu nom. 288. dans le passé, 303.
TABLE DES MATIERES 453

Pages. Pattes.
E. Les temps de l'infinitif: § 354,
Le présent, 303. — § 355, Le passé, 304.
LES FONCTIONS
F. Les temps du participe : § 356,
DANS LA PROPOSITION
Le présent, 305. — § 357, Le passé, 305.
ET DANS LA PHRASE
III. — L’accord du verbe . . 306
§ 358, Généralités, 306. — § 359, L’ac¬ Généralités.331
cord en nombre, 306. — § 360, L’accord S 391, Les rapports des deux groupes,
en personne, 309. 331.
§ 361, L’accord du participe passé
(temps composés), 310 :
Chap. IV. — Le nom indépen=
A. Participe passé conjugué avec être:
S 362, Les formes où il est employé, 310; dant: l’apostrophe.332
S 363, Comment il s’accorde, 310.
§ 392, Généralités, 332. — § 393, Le
B. Participe passé conjugué avec avoir :
nom en apostrophe, 332.
S 364, Les formes où il est employé, 312;
§ 365, Comment il s’accorde, 312. —
§ 366, Les cas difficiles, 313. Chap. V. — Le sujet. . . 333

I. — Généralités . . . . 333
Chap. III.— Le groupe du nom. 319
§ 394, Le sujet, 333. — § 395, La nature
§ 367, Généralités, 319. du sujet, 333. — § 396, Le sujet réel et le
sujet apparent, 333.
I. — L'épithète .... 319
§ 368, Généralités, 319.— § 369, L’ad¬ II. — Le sujet dans la proposition. 334
jectif épithète, 319. — § 370, L’accord § 397, L’empioi du sujet, 334. — § 398,
de l’adjectif épithète, 320. — § 371, Cas La construction du sujet, 335. — § 399,
particuliers, 321.— § 372, La proposition La place du sujet, 336.
épithète, 322.
III. — La proposition sujet dans la
IL — L’apposition. . . . 323
phrase. 341
§ 373, Généralités, 323. — § 374, Le
§ 400, L’emploi et la construction de
nom apposition, 323. — § 375, L’adjectif
la proposition sujet, 341. — § 401, Le
apposition, 324. — § 376, L’infinitif
mode de la proposition sujet, 342.
apposition, 324. — § 377, La proposition
apposition, 324.
Chap. VI. — Le complément
III. — Le complément du nom . 325 d’objet.344
§ 378, Généralités, 325. — § 379, Le
nom complément de nom, 325. — § 380, I. — Généralités .... 344
Le pronom complément de nom, 327. — § 402, L’objet, 344. — § 403, La nature
§ 381, L’infinitif complément de nom, de l’objet, 344.
327. — § 382, La proposition complé¬
ment de nom, 328. II. — L’objet dans la proposition . 344

IV. — Le complément de l’adjectif. 328 § 404, L’emploi de l’objet, 344. — § 405,


La construction de l’objet, 344. — § 406,
§ 383, Généralités, 328. — § 384, Le La place de l’objet, 347.
nom complément d’adjectif, 328. — § 385,
Le pronom complément d’adjectif, 329.— III. — La proposition objet dans la
§ 386, L’infinitif complément d’adjectif,
phrase. 348
329. — § 387, L’adverbe complément d’ad¬
jectif, 329. — § 388, La proposition com¬ § 407, L’emploi et la construction de la
plément d’adjectif, 330. — § 389, Le proposition objet, 348. — § 408, Le mode
complément du comparatif, 330. — § 390, de la proposition conjonctive objet, 349.—
Le complément du superlatif, 330. § 409, Le temps de la proposition conjonc-
454 TABLE DES MATIERES

Pages. Pages.
tive objet : les règles dites de la « concor¬ § 427, La nature du complément de cir¬
dance des temps », 351. — § 410, Le mode constance, 367.
et le temps de la proposition interrogative
objet, 353. — § 411, Le mode et le temps II. — Les circonstances dans la pro¬
de la proposition infinitive objet, 355. —
position . 368
§ 412, Le mode et le temps de la propo¬
sition relative objet, 356. § 42S, L’emploi du complément de cir¬
constance, 368. — § 429, La construction
IV. — Le discours indirect . . 356 du complément de circonstance, 368. —
§ 430, Le complément d’origine, 369. —
§ 413, Généralités, 356. — § 414, Les
§ 431, Le complément de moyen, 370. —
changements do mode, 357. — § 415, Les
§ 432, Le complément de destination,
changements de temps, 358. — § 416, Les
373. — § 433, Le complément de lieu,
changements de personne, 358.
374. — § 434, Le complément de temps,
375.
Ciiap.VII. — L’attribut du sujet
et de l’objet. 360 III. — La proposition de circonstance
dans la phrase. 377
T. — Généralités .... 360
§ 435, L’emploi et la construction de
§ 417, L’attribut, 360. — § 418, La la proposition de circonstance, 377.
nature de l’attribut, 360.
A. La proposition conjonctive de
II. — L’attribut dans la proposition. 360 circonstance : § 436, Tableau des propo¬
sitions conjonclives de circonstance, 378.
§ 419, L’emploi de l’attribut, 360. — — § 437, La proposition de cause, 378.
§ 420, La construction du nom et de — §438, La proposition de concession, 380.
l’adjectif attributs, 361. — § 421, L’accord — § 439. La proposition de but, 382.
du nom et de l’adjectif attributs, 362. — — § 440, La proposition de conséquence,
§ 422, La construction et l’accord du pro¬ 383.— § 441, La proposition de temps,
nom attribut, 363. — § 423, La construc¬ 385. — § 442, La proposition de condi¬
tion de l’infinitif attribut, 364. tion, 386. — § 443, La proposition de
comparaison, 390.
III. — La proposition attribut dans
la phrase.365 B. La proposition relative de cir¬
constance : § 444, Généralités, 392. —
§ 424, L’emploi, la construction et le § 445, La relative de circonstance à va¬
mode de la proposition attribut, 365. leur de nom, 392. — § 446, La relative
do circonstance à valeur de conjonc¬
Chap. VIII. — Les circonstances. 366 tive, 393.

C. Le participe et l'expression des


I. — Généralités . . . . 366
circonstances : § 447, Généralités, 394.
§ 425, Les circonstances, 366. -— § 426, — § 448, Le participe apposé, 395. —
La classification des circonstances, 366. — § 449, Le participe absolu, 396.

LA VERSIFICATION
NOTIONS ÉLÉMENTAIRES DE MÉTRIQUE

§ 450, Objet de la métrique, 397. des syllabes, 399. — § 454, L’élision et


l’hiatus, 403.
La structure des vers.... 397
§ 451, Généralités, 397.
II. —• La rime : § 455, Les espèces
de rimes, 405.— § 456, La disposition des
I. — La mesure : § 452, Le nombre rimes, 406. — § 457, La valeur des
des syllabes, 397. — § 453, Le compte rimes, 407.
TABLE DES MATIÈRES 455

Pages. Pages
III. — La musique : § 458, Les
I. — Les strophes : § 468, Généra¬
éléments de la musique, 408.
lités, 414; § 469, La mesure des vers et
A. Le rythme du vers : § 459, Géné¬ la strophe, 414; § 470, Le nombre des
ralités, 408; § 460, Les coupes dans l’oc¬ vers et la strophe, 415; § 471, La dispo¬
tosyllabe, 40S ; § 461, Les coupes dans le sition des rimes et la strophe, 419.
décasyllabe, 40S; § 462, Les coupes dans
l’alexandrin, 408; § 463, L’enjambement II. —- Les poèmes à forme fixe:
ou rejet, 410. § 472, Généralités, 421; § 473, Le ron¬
deau, 421; § 474, La ballade, 423; § 475,
B. L'harmonie du vers : §464, Géné¬
Le sonnet, 424.
ralités, 411; § 465, La valeur expressive
des voyelles, 412; §466, La valeur expres¬
III. — Les poèmes en vers libres :
sive des consonnes, 412.
§ 476, Généralités, 425; § 477, Les vers
libres classiques, 426; § 478,Les vers libres
Le groupement des vers. . . 413
modernes, 426.
§ 467, Généralités, 413.

Index alphabétique. 427


Imprimé en France par l’Impr. Willaume - Égret, en Avril 1967.
Dépôt légal effectué dans le 2e trimestre 1967.
Date du 1er dépôt légal : 22 Décembre 1948.
N° d'ordre dans les travaux de la Librairie Armand Colin : 4.112
N° d’ordre dans les travaux de l’Imprimerie Willaume-Égret : 2106
DATE DUE
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PRINTED IN U. S. A.
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Grammaire française a g
l'usage des classes de 4 ,
3e, Z , et Ie, par Cayrou
et al
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445
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