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Étudier sans réfléchir est une occupation vaine ; réfléchir sans étudier est

dangereux.
(Confucius)

OBJECTIF

BAC

Toutes les clés pour traiter un sujet de dissertation ou de commentaire historique

Des Biographies pour préparer le commentaire


Un lexique pour renforcer les cours
Des méthodes pour maîtriser tous les types d’exercices
Des sujets corrigés pour se préparer au Bac
Des exercices pour s’entraîner et réviser tout le programme
L’analyse de sujet
La problématique
Le plan détaillé
Les erreurs à éviter

Des dossiers pour renforcer vos cours

Nom de l’élève……………………………………………………
Prénom ………………………………………………………......
Classe………………………………………………………………..
Etablissement …………………………………………………….
Année scolaire……………………………………………………..

Édition : 2014

1
Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Les Biographies, notions et concepts clés en terminale

Amnistie : négociation d’une cessation des combats à des conditions exigées par le vainqueur et qui
implique la participation du gouvernement : le politique et le militaire se soumettent alors à l’autorité du
vainqueur aux conditions négociées.
Anticolonialisme : courant ou attitude politique visant à remettre en cause les principes et l’existence mêmes
du système colonial.
Antisémitisme : la haine envers les Juifs
Arafat, Yasser (1929-2004) : homme politique et militant palestinien, chef de l’Organisation de libération de
la Palestine (OLP) de 1969 à 2004 et président de l’Autorité palestinienne de 1996 à 2004.
Autonomie : processus par lequel un territoire dominé par une métropole acquiert une souveraineté partielle.
Baie des Cochons (affaire de la Baie des Cochons) : tentative de débarquement à Cuba d'exilés cubains
anticastristes, appuyés par les États-Unis — dans le but de renverser le gouvernement de Fidel Castro — qui
s’est déroulée en avril 1961 et s’est soldée par un échec total.
CAEM (Conseil d'assistance économique mutuelle - en anglais, Council for Mutual Economic Assistance,
Comecon), organisme intergouvernemental fondé à Moscou en janvier 1949 pour promouvoir et assister le
développement économique de ses membres. Il a été dissous en 1991, lors de l’effondrement de l’URSS.
Carter, Jimmy (1924- ) : homme d'État américain, 39e président des États-Unis d'Amérique (1977-1981),
lauréat du prix Nobel de la paix en 2002.
Charte de l’Atlantique : déclaration commune signée le 14 août 1941 par les États-Unis et le Royaume-Uni,
pendant la Seconde Guerre mondiale, qui énonçait les principes fondamentaux de la paix future.
Churchill, Winston (1874-1965), homme politique britannique, Premier ministre du Royaume-Uni (1940-
1945, 1951-1955).
Coexistence pacifique : politique de tolérance mutuelle entre les deux blocs durant la guerre froide. La
compétition se limite au terrain économique, technologique et idéologique.
Commonwealth (ou Commonwealth of Nations) : association librement consentie d’États souverains
indépendants issus de l’Empire colonial britannique (anciens dominions, protectorats et colonies).
Doctrine Truman : doctrine proposée le 12 mars 1947 par Truman. Elle vise au « containment » ou
« endiguement » du communisme partout dans le monde
Gaulle, Charles de (1890-1970) : général et homme d’État français, chef de la France libre durant la
Seconde Guerre mondiale, architecte de la Ve République française dont il a été le premier président (1959-
1969).
Décolonisation : processus historique qui a conduit les pays colonisés à l’accession à l’indépendance.
Eisenhower, Dwight David (1890-1969) : général et homme d'État américain, 34e président des États-Unis
d'Amérique (1953-1961).
État-providence : terme forgé en Grande-Bretagne au XIXe siècle (Welfare State) pour désigner la prise en
charge par l'État de la vie économique et sociale d’un pays.
Epuration : on appelle ainsi la volonté, à la fin de la Seconde Guerre mondiale en France, de punir les
collaborateurs et collaborationnistes, ainsi que les hommes de Vichy.
Gandhi, Mohandas (1869-1948) : penseur, homme politique et dirigeant nationaliste indien, au rôle
déterminant dans la lutte pour l'indépendance de l'Inde sous l'Empire britannique.
Gorbatchev, Mikhaïl (né en 1931), homme d'État soviétique qui, grâce à la perestroïka, a ouvert la voie à la
démocratisation du régime politique soviétique, avec le souci — mais sans y parvenir — de préserver
l’intégrité de l’Union soviétique et son attachement au socialisme.
Grand Bond en avant : programme économique, social et politique appliqué en Chine de 1958 au début des
années 1960, qui a constitué la première tentative de Mao Zedong pour s’éloigner du modèle soviétique.
Guerre froide : l’état d’hostilité prolongée entre les Etats-Unis et leurs alliés et l’Union Soviétique et ses
satellites sans qu’il y ait des affrontements directs c’est-à-dire par pays interposés de 1947 à 1991.
C’est un conflit idéologique
Hô Chí Minh (1890-1969) : homme d’État vietnamien, président de la République populaire du Viêt Nam.
Dirigeant du Parti communiste indochinois (PCI), il fut l’artisan de l’indépendance du Viêt Nam vis-à-vis de
la France, et le fondateur de la République.
Intifada : soulèvement populaire, à partir de 1987 puis de 2000, des Palestiniens habitant la bande de Gaza et
la Cisjordanie, territoires occupés par Israël.
Khrouchtchev, Nikita (1894-1971) : homme politique soviétique, successeur de Staline dont il a dénoncé les
excès lors du XXe congrès du Parti communiste de l’Union soviétique (PCUS) en 1956.

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Mao Zedong ou Mao Tsé-toung (1893-1976) : homme d’État chinois, dirigeant du Parti communiste chinois
et principal fondateur de la République populaire de Chine.
Maoïsme : voie chinoise vers le communisme qui implique la priorité politique sur l’économique, l’appel à
la responsabilité des masses et la révolution ininterrompue.
Mur de Berlin : mur fortifié, qui a séparé Berlin-Est de Berlin-Ouest d'août 1961 à novembre 1989, érigé sur
l'initiative de la République démocratique allemande (RDA).
Nixon, Richard (1913-1994) : homme d'État américain et 37e président des États-Unis, de 1969 à 1974, date
à laquelle il démissionna de ses fonctions.
Nasser, Gamal Abdel (1918-1970) : homme d’État égyptien, fondateur et président de la République
d’Égypte (1956-1970), ayant incarné les aspirations d’indépendance et d’unité du monde arabe.
Nkrumah, Kwamé (1909-1972) : homme d’État ghanéen, Premier ministre de la Côte-de-l’Or (1952-1957),
puis du Ghana indépendant, qu’il préside de 1960 à 1966.
Non-alignement : position adoptée à partir des années 1950 par les pays du tiers-monde récemment
décolonisés qui refusent de s’engager dans la guerre froide opposant les deux blocs menés par les États-Unis
et l’Union des républiques socialistes soviétiques, et affirment ainsi leur autonomie.
OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord) : alliance régionale de défense, régie par l’article 9 du
traité de l’Atlantique Nord, signé le 4 avril 1949. L’OTAN a pour objectif essentiel de garantir la stabilité, la
liberté et la prospérité de ses membres grâce à un système collectif de sécurité.
Pacte de Varsovie : traité d’alliance militaire signé dans le contexte de la guerre froide le 14 mai 1955 entre
sept États d’Europe de l’Est, sous l’égide de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Panafricanisme : mouvement visant à la réhabilitation des Noirs par l'égalité des droits avec les Blancs, et
l'indépendance économique et politique
Plan Marshall : programme d'aide financière, élaboré par le secrétaire d'État américain George Marshall et
proposé le 5 juin 1947, sous le nom de European Recovery Program (Programme de reconstruction
européenne), dont l'objectif était d'aider à la reconstruction des pays européens dévastés par la Seconde
Guerre mondiale.
Pogrom : mot russe désignant un massacre collectif de Juifs
Rideau de fer : expression employée dans les démocraties occidentales pour caractériser l’isolement des
pays d’Europe centrale et orientale placés, après la Seconde Guerre mondiale, sous la domination de l’Union
des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Reagan, Ronald (1911-2004) : homme d’État américain, 40e président des États-Unis (1981-1989), qui s’est
affirmé comme l’initiateur d’une « révolution conservatrice », exaltant la fierté nationale et les valeurs
traditionnelles. Né à Tampico, dans l’Illinois.
Révolution culturelle : mouvement politique, idéologique et culturel mis en place en Chine par Mao Zedong,
dans les années 1960 et 1970.
SALT (Strategic Arms Limitation Talks - Négociation sur la limitation des armes stratégiques):
négociations entreprises en novembre 1969 par les États-Unis et l'Union des républiques socialistes
soviétiques (URSS) sur la réglementation de la course aux armements stratégiques entre les deux pays. Les
discussions ont porté sur un large éventail d'armes et débouché sur deux traités et plusieurs accords moins
formels.
Sionisme : mouvement politique œuvrant à la création d'un État en Palestine réunissant tous les Juifs de la
Diaspora.
Senghor, Léopold Sédar (1906-2001) : écrivain et premier président du Sénégal (1960-1980).
Staline, Joseph (1879-1953) : homme d’État soviétique, dont l’histoire personnelle s’est confondue, entre
1924 et 1953, avec celle de l’Union des Républiques socialistes soviétiques.
Truman, Harry (1884-1972) : homme d'État américain, vice-président élu en 944, puis 33e président des
États-Unis (1945-1953) après la mort de F. Roosevelt (12 Avril 1945). Sans expériences dans les affaires
étrangères, il donna son aval sur l’usage des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki pour forcer le
Japon à capituler
Tiers-monde : terme très général désignant l’ensemble des pays en voie de développement. C’est Alfred
Sauvy, statisticien et économiste français, qui a forgé le terme de « tiers-monde » en 1952 en référence au
tiers état de l’Ancien Régime en France

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Chapitre 1 : La dissertation historique
I.RAPPEL SUR LA METHODOLOGIE

Le sujet de dissertation est généralement composé d’une citation, d’une question ou d’une
consigne de rédaction. Pour l’aborder, l’élève doit faire plusieurs opérations fondamentales :
décomposer l’intitulé du sujet, identifier le type de sujet dégager une problématique et
chercher des idées relatives au sujet.
1. Comment décomposer un sujet ?
Exemple :
Sujet : La décolonisation et ses conséquences (1945, fin des années 1960)
● Analyse des termes du sujet :
Décolonisation → définir et décrire le processus d’émancipation politique des colonies
Conséquences → évoquer la naissance du terme « tiers-monde » qui réfère à un ensemble
de pays ayant des difficultés économiques et géopolitiques similaires
1945, fin des années 1969 → se concentrer sur les principales phases de la décolonisation
en Asie (1945 – 1955) et en Afrique (1955 – 1965) ; prolonger jusqu’à l’échec du non
alignement (1966)
● Problématique
Dans quelle(s) mesure(s) la décolonisation est-elle une émancipation ? En quoi est –elle
marquée par le contexte de la guerre froide ?

2. Les types de sujets d’histoire


En histoire, le sujet peut demander
► de dresser un tableau ou un bilan :
Exemples : - Bilan de la seconde guerre mondiale.
- Tableau de l’Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale
► de décrire une situation historique
Exemple : Les relations israélo-arabes de 948 à nos jours
► de confronter ou de mettre en relation : le mot « et » l’implique
Exemple : Seconde guerre mondiale et décolonisation dans le monde
► de discuter ou de démontrer :
Exemple : L’Allemagne en 1945 : année zéro ou nouveau départ ?
► de comparer : c’est dégager les similitudes et les différences
Exemple : Comparez la décolonisation du Sénégal et celle de l’Algérie.
► de porter une appréciation (dialectique) : le plan suivant est à adopter : « thèse,
antithèse, synthèse ». C’est un sujet souvent présenté sous la forme d’une affirmation
accompagnée des expressions « Qu’en pensez-vous ? », « Partagez-vous cette assertion ? »
« Quelle réflexion vous inspire cette affirmation ? », etc.
Exemples : « L’ONU n’a plus sa raison d’être. » Partagez-vous cette affirmation.

II. LA REDACTION
Exemple de sujet : La question allemande dans les relations Est/Ouest de 1947 à 1989.

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La rédaction de la dissertation doit se faire en trois parties : introduction, développement et
conconclusion
1. L’introduction
Elle comprend trois étapes
- le préambule ou présentation du sujet: c’est en quelque sorte l’introduction de l’introduction.
L’élève définit le thème central, montre son importance, situe le sujet dans le temps et dans l’espace.
Pour annoncer le sujet, on se réfère à l’histoire ou à l’actualité.

Exemple :
Sujet : La question allemande dans les relations Est/Ouest de 1947 à 1989.
Préambule : Les règlements du conflit sur la base de la force constituent une
source de futurs tensions. Le rôle international de l’Europe diminue
considérablement devant l’hégémonie américaine et soviétique. A partir de ce
moment, les intérêts contradictoires des Etats-Unis et de l’URSS s’acheminent
vers une division du monde en deux blocs : c’est la guerre froide.

- la problématique : elle consiste à poser le sujet, à donner un sens au sujet, à faire apparaître les
questions qu’il suscite. L’élève peut partir du sujet et essayer de le reformuler en phrase interrogative.

Exemple :
Sujet : La question allemande dans les relations Est/Ouest de 1947 à 1989.
Problématique : Comment s’inscrit la question allemande dans les relations
internationales de 1947 à 1989 ?

- l’annonce du plan : elle consiste, par quelques propositions habilement agencées, à indiquer les
idées principales autour desquelles s’articule votre devoir. Il y a plusieurs types de plans : le plan
chronologique, le plan thématique, le plan comparatif…

Exemple :
Sujet : La question allemande dans les relations Est/Ouest de 1947 à 1989.
Plan (possible): Pour quels raisons l’Allemagne devient-elle un enjeu majeur des
discordances Est/Ouest, et comment se retrouve-t-elle alors piégée au cœur du conflit
idéologique américano-soviétique ?

2. Le développement
C’est le corps du devoir. L’élève dégage les faits, les éléments explicatifs, des exemples pour
illustrer les propos et les idées forces.
Le développement comprend deux, trois ou quatre parties qui correspondent à l’explication
d’autant d’idées principales contenues dans le sujet. Chaque partie est subdivisée en sous-
parties ou paragraphes (deux ou trois généralement), qui sont autant d’idées secondaires
justifiant chaque idée principale. Chaque idée secondaire est appuyée par des exemples
concrets, des citations ou des comparaisons. Chacune des grandes parties se termine par une
conclusion partielle qui résume les résultats de l’argumentation et une phrase de transition qui
annonce la partie suivante.
3. La conclusion
Elle n’est pas un résumé du devoir mais elle apporte la réponse à la problématique. Elle peut
comporter quatre parties :

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- la réponse à la question posée par le sujet ;
- le bilan ou le résumé des résultats ;
- le point de vue personnel, c’est-à-dire apprécier le sujet.
- l’ouverture d’une perspective, d’un débat. Elle suggère des pistes de réflexion.

Exemple de résolution :
Sujet : L’ordre soviétique en Europe de l’Est de 1945 à 1990
Présentation : L’ordre soviétique s’est étendu sur tout l’Est de l’Europe dès la fin de la seconde guerre mondiale
et s’est maintenu malgré des soubresauts de 1945 à 1990.
Contexte : L’URSS a lancé, dans l’été 1944, une grande offensive pour libérer l’Europe de l’Est de la
domination nazie. Les soviétiques ont pénétré en Bulgarie et en Roumanie, puis en Hongrie, en Pologne, et en
Allemagne ; le 30 avril 1945, Berlin est investi. Début mai, les troupes soviétiques font leur jonction avec les
forces venues de l’Ouest ; l’Alliance est victorieuse sur le terrain et les armées soviétiques stationnent à l’Est de
l’Europe.
Problématique : Quelles sont les étapes de la mise en place de l’ordre soviétique en Europe libérée par l’Armée
rouge ? Comment cet ordre soviétique réussit-il à se maintenir malgré les contestations ? Comment et pourquoi
se produit l’effondrement ?
Annonce du plan : Nous étudierons, d’abord, la mise en place de l’ordre soviétique en Europe de l’Est, ensuite
les contestations et le maintien de l’ordre soviétique, enfin l’effondrement de cet ordre.

NB : Pour ce sujet, le plan doit être thématique

Première partie : La mise en place de l’ordre soviétique en Europe de l’Est

► La libération de l’Europe de l’Est par l’armée rouge


► La mise en place des démocraties populaires
► La mise en place du modèle soviétique

Deuxième partie : Contestations et maintien de l’ordre soviétique

► Les crises de 1956


► Les tentatives de modèles différents
► La normalisation

Troisième partie : L’effondrement de l’ordre soviétique

► Les premiers ébranlements


► La chute de l’ordre soviétique
► La disparition totale de l’ordre soviétique

Bilan et appréciation : Les pays d’Europe de l’Est ont vaicu durant quarante-cinq ans sous la domination du
système communiste inspiré par l’URSS.
Cependant, les failles de l’ordre imposé par Moscou se sont agrandies au fil du temps, jusqu’à permettre
l’effondrement du système entre 1989 et 1990.
Ouverture : L’Europe est aujourd’hui engagée dans un processus d’union qui vise, entre autres, à assurer la paix
du continent.
Les pays de l’Est rejoignent l’Union européenne et les organisations atlantistes (OTAN). La voie de l’économie
de marché et de la démocratie libérale l’a emporté.

CONSEILS DE RÉDACTION
Attention : il ne vous est pas permis d’écrire : présentation, contexte, problématique, plan, première partie, etc. Nous
l’avons écris simplement pour faciliter votre compréhension.
Le style doit être impersonnel. Vous devez écrire soit à la troisième personne du singulier (le « on » impersonnel) soit
– ce qui est préférable – à la première personne du pluriel (« nous »). En aucun cas vous ne devez faire état de votre
propre positionnement par rapport au sujet. Le « je » est donc à éviter à tout prix.
De même, vous devez avoir une démarche de géographe : argumentez, donnez des informations et ordonnez-les dans un plan
clair, concis ; en bref, faites le tour de la question posée. Utilisez dans la mesure du possible le présent ou l’imparfait.

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Exercices d’application
Traiter ces sujets
Sujet 1 : L’Europe : enjeu entre l’Est et l’Ouest de 1947 à 1991
Sujet 2 : « Même si l’ONU a échoué à bannir la guerre, elle demeure indispensable à la
recherche de la paix. » Samantha Power, dans Le Monde diplomatique, septembre 2005.
Discutez cette affirmation en illustrant vos propos par des exemples précis.
Sujet 3 : « S’il y a des lieux de mémoire, il y a aussi des moments de mémoires et la
Deuxième Guerre mondiale est, de ce point de vue, un moment essentiel : celui où se nouent tous les
enjeux du XXème siècle et dont les échos façonnent les mentalités contemporaines. »
G. Kantin et G. Manceron, Les Echos de la mémoire, Le Monde-Editions, 1991.
Montrer à travers ces propos que, dans l’histoire de l’humanité, la deuxième guerre mondiale
constitue un moment tragique mais aussi un tournant majeur d’espoirs d’un monde nouveau.
Sujet 4 : L’année 1945 montre que « le vieux monde est mort » et qu’ « un nouveau monde va
éclore » : l’ONU, une institution presque paralysée durant la guerre froide par les deux « adversaires-
partenaires ».
Justifiez, par des exemples précis, l’appellation donnée aux relations entre les Etats-Unis et l’Union
soviétique d’ « adversaires-partenaires » puis montrer l’impact de ces relations dans le fonctionnement
de l’ONU.
Sujet 5 : Après avoir étudié les crises dans le bloc oriental ou socialiste des années 1950 et
1960, commentez cette réflexion : « L’année 1962 constitue une date repère dans l’histoire des
relations internationales.»
Sujet 6 : Jean Luc Domenach dans un article intitulé, « La longue marche du communisme chinois »
disait : « Après l’établissement du régime communiste en 1949, la voie chinoise a affirmé son
originalité : nationalisme, émancipation vis-à-vis de l’encombrant modèle soviétique, compromis avec
le capitalisme. Au point qu’aujourd’hui la question se pose : la Chine est-elle encore communiste ? »
Sujet 7 : Montrer que la décolonisation du Sénégal est réussie et que celle de l’Algérie est ratée
Sujet 8 : La décolonisation au Sénégal : de la loi cadre à la Communauté franco-africaine :
contexte, réactions, résultats.
Sujet 9 : La guerre du Viêtnam : causes et conséquences, acteurs et influences sur la
décolonisation du reste des colonies françaises
Sujet 10 : Après avoir analysé le contexte dans lequel a pris naissance la conférence de
Bandung, expliquez le sens de l’expression « esprit de Bandung ».
Sujet 11 : Démontrer que la colonisation porte elle-même les germes de sa propre destruction.
Sujet 12 : La victoire du camp de l’Ouest sur celui de l’Est est-elle l’aboutissement d’un long processus ?
Sujet 13 : Les formes de l’affrontement Est/Ouest pendant la guerre froide
Sujet 14 : Seconde Guerre mondiale et décolonisation dans le monde
Sujet 15 : L’Egypte, en 1978, signe les accords de Wye Plantation avec l’Etat hébreu mettant ainsi les
palestiniens devant leurs responsabilités.
Après avoir rappelé le contexte de ces accords, analyser leurs impacts dans l’évolution du conflit.
Sujet 16 : Lors d’une conférence sur le conflit israélo-arabe à Luxembourg-ville, Michel
Warchawski disait ceci: « Le processus de paix est virtuel, c’est une mystification! Il y a des
négociations, mais il n’y a pas de processus de paix! »
Justifiez ces propos par des exemples précis tirés de vos cours et connaissances
Sujet 17 : Selon l’historien allemand Frobenius, « L’Afrique est une boîte à conserve des
anciennes civilisations ». Par des exemples précis, démontrer cette affirmation.
Sujet 18 : Chaque société du monde aspire à contribuer à l’édification de ce que Senghor
appellait « la civisation de l’universel ». La civivisation négro-africaine dispose-t-elle des éléments
pour contribuer à cette édification ?
Sujet 19 : « Toute entreprise humaine est phénomène de civilisation, qui met en jeu des
groupes humains. C’était le cas, hier, de la colonisation, qui était confrontation de civilisations où les
effets négatifs l’emportaient sur les positifs ; c’est le cas, aujourd’hui, de la décolonisation, qui devrait
être dialogue de civilisations, symbiose de leurs vertus complémentaires ».
Léopold Sédar Senghor, discours d’ouverture du premier Congrès Manding, Londres, 1972.
Commenter cette affirmation de Senghor

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Fiche d'auto-évaluation de ma composition

Cette fiche réunit les principaux critères dont le correcteur tiendra compte pour noter vos
copies. En vérifiant si tous ces points sont respectés, il y a possibilité d'améliorer très vite la
technique d'écriture d'une composition d'histoire ou de géographie.

1/ JE VERIFIE MON EXPRESSION ET MA PRESENTATION


J'écris lisiblement
J'ai respectée la marge; elle est suffisamment large.
Mon orthographe des noms communs et des noms propres est correcte
Je n'ai pas utilisé d'abréviations sans les justifier.
J'ai fait attention aux majuscules qui sont utilisées à bon escient.
Ma copie est présentée sous forme de plusieurs paragraphes.
Mes phrases contiennent un sujet, un verbe et un complément; elles sont simples mais j'ai
bien respecté la syntaxe.
J'ai ménagé des paragraphes de transition.

2/ JE VERIFIE MON INTRODUCTION


J'ai explicité les termes du sujet.
J'ai fixé les limites chronologiques et spatiales du sujet.
J'ai annoncé la problématique.
J'ai annoncé mon plan.
Mon introduction ne dépasse pas une demi-page.

3/JE VERIFIE MON PLAN


Si j'ai un sujet de type évolutif, mon plan est chronologique.
Si j'ai un sujet de type comparatif, mon plan est comparatif.
Si mon sujet est une question, mon plan est dialectique.
Dans les autres cas, mon plan est thématique.
Mon plan répond à la question posée par le sujet.
Mon plan a deux, trois maximum quatre parties.
J'ai suivi dans le développement le plan annoncé dans l'introduction.
Chaque partie ne traite bien que d'un seul thème.
Chaque thème est illustré par un exemple précis.
Chaque partie compte environ le même nombre de lignes.

4/ JE VERIFIE MA CONCLUSION
Ma conclusion commence par faire le bilan.
Ma conclusion élargit le sujet.
Ma conclusion ne dépasse pas une demi-page.

5/ JE VERIFIE MES CONNAISSANCES


J'ai cité des faits précis, des dates etc.
J'ai bien explicité toutes les notions importantes du sujet.
J'ai des connaissances suffisantes sur ce sujet

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Chapitre 2 : Le commentaire historique
Le commentaire historique est un exercice qui nécessite à la fois une culture générale et une
bonne maîtrise de la méthodologie. Il peut porter sur une étude de texte, d’une affiche, d’une
exploitation de document suivie de construction (de frise ou de croquis …) d’une image, etc.

On distingue deux types de commentaire de texte en histoire : le commentaire libre ou


commentaire classique et le commentaire dirigé.

Etape 1 : Le commentaire libre ou classique


Pour commenter un texte historique, il faut :
- lire plusieurs fois le texte,
- repérer des mots (souligner les expressions, dates, personnages, mots-clés etc.)
- numéroter les lignes du texte (le titre ne fait pas partie).
Pour faire un bon commentaire, il est nécessaire d’interroger le texte avec rigueur et cohérence, en se posant
les questions suivantes : Quelle est la nature du texte ? A quoi sert-t-il ? Qui l’a rédigé ? Que dit l’auteur ?
Comment le dit-il ? Pourquoi le dit-il ? L’auteur est-il un acteur des événements relatés, un témoin, un
analyste ? A-t-il omis quelque chose ? Cette omission est-elle volontaire ? L’auteur exagère-t-il ? Pourquoi ?,
etc. Savoir commenter, c’est savoir critiquer un texte.

Le commentaire se compose de trois parties essentielles : l’introduction, le commentaire


proprement dit et la conclusion. L’introduction est constituée, à elle seule, de quatre sous-
parties. Ce qui fait dire que le commentaire historique comprend six parties.
I - L’introduction
L’introduction est une partie très importante dans l’épreuve de commentaire d’histoire. Car
non seulement elle reste obligatoire mais elle laisse au correcteur la première impression de la
copie. Cette partie se compose de cinq rubriques : la présentation du document, la
présentation de l’auteur, la détermination du contexte historique, l’identification des idées
générales du texte et le plan.
1- Présentation du document et de l’auteur
a- Présentation du document
Pour présenter le document, il est nécessaire d’évoquer sa nature (extrait de texte, discours,
récit, correspondance, article de journal, mémoire, pamphlet, poème, un rapport, etc.),
d’indiquer ses références (voir texte ci-dessus), de préciser si nécessaire son ou ses
destinataires.
b- Présentation de l’auteur
Il s’agit de souligner les éléments de biographie de l’auteur qui permettent d’éclairer le texte,
notamment sa date et lieu de naissance, sa nationalité et ses fonctions. Dans le cas où l’auteur
est peu célèbre, il est interdit à l’élève d’inventer.
2- Contexte historique
Il consiste à donner le contexte dans lequel s’inscrivent les événements relaés dans le texte et
les circonstances qui ont poussé l’auteur à l’écrire. Cela signifie que le texte peut avoir deux
contextes historiques : celui des événements relatés dans le texte et celui de la date de
publication du texte.
3- Analyse ou Résumé
Si vous choisissez l’analayse, vous devez présenter les idées générales ou les centres d’intérêt
du texte. Si vous optez pour le résumé, vous contractez le texte au 1/3 tout en restant fidèle à
l’auteur.

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4- Le plan
Le plan consiste à dégager la structure du texte en deux ou trois parties puis à donner un titre à
chacune d’entres elles. Le plan dégagé doit servir à élaborer le commentaire proprement dit.
NB : Il est impératif d’écrire : présentation du texte, présentation de l’auteur, contexte historique,
analyse, plan. Toute l’introduction ne peut pas être soudée.
II - Le commentaire proprement dit
En abordant le commentaire proprement dit le candidat doit toujours partir du texte et revenir
au texte. Ainsi l’élève doit expliquer, voire expliciter le texte par la clarification des mots-
clés, des idées et faits historiques, des allusions, des prises de position, des parties pris
volontaires ou involontaires. Pour y arriver l’élève doit faire montre d’une capacité
d’organisation des connaissances mais surtout d’un esprit d’analyse et d’un esprit critique.
Expliquer veut dire :
- repérer et extraire des mots ou des membres de phrases ;
- les incorporer dans la rédaction en les plaçant entre guillemets (« … ») : ce sont les citations ; celles-ci doivent
être précisées par des lignes numérotées et liées à la phrase qui les précède pour ne pas donner l’idée d’un
collage artificiel qui rendrait la lecture du devoir heurtée et difficile ;
- chercher dans ses propres connaissances et dans la logique du texte les éléments d’explication et de discussion

1- Le commentaire thématique
Il consiste en l’explication et en la critique si nécessaire des idées du texte. Il se compose de
deux phases : l’analyse et la critique. Analyser revient à commenter les idées des différents
thèmes en se référant au texte dans le but de l’éclairer. Par contre la critique est la mise en
exergue des contradictions internes du texte, sa confrontation avec d’autres sources. Il s’agit
aussi de souligner les omissions mais aussi la véracité des idées avancées par l’auteur.

2- Le commentaire linéaire
C’est une méthode qui consiste à l’explication ligne par ligne.
N.B. La méthode du commentaire linéaire a l’avantage de ne pas s’éloigner du texte, elle est
également utile pour les textes d’ordre juridiques, législatif, diplomatique. Par contre elle peut
pousser à la répétition. Par ailleurs, le commentaire n’est pas une dissertation, aussi s’agit-il
d’éviter le placage du cours, les paraphrases. Il convient dès lors de citer constamment le
texte.
Il faut éviter :
- la paraphrase, c’est-à-dire le commentaire diffus, qui ne fait que recopier le texte ;
- la récitation de tout ou partie du cours, qui consiste à disserter « à propos du document » ou sur un thème
dominant, sans référence explicite à la source ;
- l’omission des citations (chiffres significatifs, mots, extraits de phrases, etc.) ;
- le développement excessif de l’apport de connaissances sur des allusions ou la biographie, qui déséquilibre
l’explication en l’orientant trop loin du document ;
- les erreurs d’interprétation des documents, c’est-à-dire leur faire dire ce qu’ils ne disent pas. Faites attention
à ne pas chercher l’explication d’un élément par ce qui s’est passé ultérieurement.
- Les critiques mal fondées.
- les stéréotypes du genre ‘’le texte qui est sous nos yeux’’, ‘’le texte qui est soumis à notre réflexion’’

III - La conclusion

Elle consiste à faire le bilan général du texte en deux parties :


- La portée historique du document : c’est la critique sur le fond (importance historique,
originalité et insuffisances du texte, révélations ou partis pris de l’auteur). Elle permet de
mettre en relief l’intérêt et l’impact du document

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
- La critique d’ensemble : c’est la critique sur la forme (court, long, difficile ou facile à
comprendre, cohérent ou décousu, complet ou incomplet). Elle consiste en un jugement global
du texte ou en une éventuelle ouverture du texte sur d’autres parties du programme.

Eviter de dire ‘’le texte est dans l’ensemble facile’’ ou ‘’le texte est intéressant mais présente beaucoup de
lacunes’’ sans que votre commentaire ne le fasse apparaître. Il faut nuancer et dire par exemple ‘’le texte ne
pose pas assez de difficultés de compréhension’’

A : Comment Etudier un texte historique ?


Titre donné au Un Paragraphe
texte qui correspond à une
idée

Les premières victimes du régime nazi

Le 25 mars 1933, les premières victimes du nazisme tombent dans le village de Creglingen, près de
Stuttgart, dans la Bade Wurtemberg.

Le 25 mars 1933, deux jours après qu’Hitler eut arraché la loi sur les pleins pouvoirs au Reichstag,
moins de deux mois après la « prise du pouvoir », il y eut un pogrom (massacre). Ce samedi matin,
seize citoyen juifs furent arrêtés pendant l’office par une « colonne mobile » SA de Heilbronn placée
sous le commandement de Klein, avec le soutien de la police et de la SA locales [les troupes d’assaut
du Parti nazi]. Traînés à la mairie, ils y furent « interrogés », c’est-à-dire frappés à coups de barres de
fer, tellement brutalement, qu’Hermann Stern, un agent immobilier en mourut le jour même, et Arnold
Rosenfeld, un marchand de bestiaux, quelques jours plus tard. Stern et Rosenfeld sont, à notre
connaissance, les premiers morts juifs du régime nazi. C’est ici, à Creglingen, que la Shoah a
commencé. […]
D’après Horst F. Rupp, Courrier international, n° 543, 29 mars 2001, p. 52.

Références du texte (Auteur, titre de l’œuvre


Un passage du d’où est extrait le texte, n° du l’œuvre, date de parution de
texte est coupé l’ouvrage, page d’où est tiré le texte)

Vous pouvez avoir d’autres références d’un texte : lieu et maison de publication de l’ouvrage
1. Les références d’un texte
Les références d’un texte sont souvent indiquées dans le même ordre :
Auteur – Titre – Editeur ou Maison d’édition – Année ou date de parution – Page
NB : Le titre donné au texte est différent du titre de l’ouvrage ou des références du texte
2. La nature d’un texte
Reconnaître la nature du texte est indispensable. Les différentes natures de textes sont : extrait
de texte, discours, correspondance, article de journal, mémoire, pamphlet, poème, un rapport,
une étude, un tract
3. Répondre aux questions sur un texte
- Il faut d’abord lire le texte en cherchant à le comprendre
- Il faut répondre les questions par des phrases
- Il faut donner des réponses précises
- Les réponses ne doivent pas seulement répéter des phrases du texte

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Exemple : (question portant sur le document ci-dessus)
- Pourquoi les nazis massacrent les juifs ?
Réponse incorrecte :
Parce que les juifs étaient rejetés par les nazis

Phrase incomplète. Il faut éviter de commercer par ‘’parce que’’

Bonne et correcte réponse :


Les persécutions antisémites s’expliquent essentiellement par le fait que les nazis
considéraient les juifs comme des gens impurs, inférieurs et en partie responsables de
la défaite des Allemands durant la 1ère Guerre mondiale

Bonne compréhension du texte

B : Exemple de résolution de commentaire libre


La guerre totale est absurde
« La guerre totale est absurde en un âge où les grandes puissances peuvent maintenir de puissantes
forces nucléaires relativement invulnérables et refuser de capituler sans avoir recours à ces forces. (...)
Aujourd'hui, les milliards de dollars que nous dépensons tous les ans pour nous procurer des armes
dans l'intention de nous assurer que nous n'aurons jamais besoin de les utiliser sont indispensables au
maintien de la paix. Mais, sans aucun doute, l'acquisition de tels stocks inactifs - qui ne peuvent que
détruire et jamais créer - n'est pas le seul moyen, et encore moins le moyen le plus efficace d'assurer la
paix. (...) La paix mondiale, comme la paix locale, n'exige pas que chaque homme aime son voisin.
Elle exige que tous vivent en intelligence, soumettent leurs différends à un mode d'arbitrage juste et
pacifique. (...)
Nous, Américains, nous avons une aversion profonde pour le communisme, en tant qu'il constitue une
négation de la liberté et de la dignité de la personne. Mais nous pouvons encore rendre hommage au
peuple russe pour ses nombreuses réalisations dans le domaine de la science et de l'espace, du
développement économique et industriel, de la culture et du courage. (...) Nous ne voulons pas
imposer notre système à tout un peuple qui n'en veut pas, mais nous voulons et nous pouvons nous
engager dans une compétition pacifique avec n'importe quel autre système sur la Terre. »

Discours de John F. Kennedy prononcé à l'université de Washington, 10 juin 1963.

Commentaire du discours de Kennedy du 10juin 1963 à l’université de Washington

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Introduction
Présentation du texte et de l’auteur
Ce passage intitulé « La guerre totale est absurde » est extrait du discours de John Fitzgerald Kennedy
prononcé à l’université Washington le 10 juin 1963. Son auteur, Kennedy, né en 1917, était un homme
d’Etat, le 35e président des Etats-Unis de 1961 à 1963. Il fut l’un des artisans de la coexistence
pacifique, avant d’être assassiné le 22 novembre 1963, à Dallas (Texas), par un ancien membre des
marines US, Lee Harvey Oswald. Ce discours traduit (de l’Anglais au Français) et tronqué, est assez
explicite et compréhensible. Il apparaît comme une réponse à l’appel formulé en 1960 par
Khrouchtchev pour une coexistence pacifique.

Contexte historique
Ce texte s’incrit dans un contexte international marqué par la guerre froide, et plus particulièrement
par une pacification progressive des relations américano-soviétiques. Favorable à la coexistence
pacifique avec l'URSS, Kennedy rencontre Nikita Khrouchtchev à Vienne en 1961. Les deux
dirigeants se mettent d'accord sur la neutralisation du Laos, mais ne peuvent trouver un terrain
d'entente à propos de Berlin. Les tensions de la guerre froide sont aggravées lorsque l'Union soviétique
reprend ses expériences nucléaires dans l'atmosphère et la crise de Cuba en 1962. Les relations de
bons voisinages devenaient une nécessité pour les deux rivaux et pour la paix dans le monde.
Analyse
Ce discours de Kennedy dénonce les préoccupations périlleuses des puissances nucléaires avec tous
ses maux à savoir le gaspillage et la menace de la paix mondiale. Il marque la volonté d’un
rapprochement des USA avec l’URSS, dans une nouvelle phase des relations internationales, dans le
respect, la tolérance, la reconnaissance et tout cela dans une opposition, cette fois, de manière
pacifique.
Plan
L’extrait du discours s’articule autour de deux parties :
- Première partie : L1 « La guerre totale » à L11 « pacifique » : La nécessité d’un changement pour le
maintien de la paix.
- Deuxième partie : L12 « Nous, Américains » à la fin : Hommage à la Russie et l’Appel à la
coexistence pacifique

Commentaire proprement dit

Première partie : La nécessité d’un changement pour le maintien de la paix (L1-11)


En réalité, l’année 1963 se situe dans une période de risques d’affrontements (guerre froide) pouvant
conduire à une nouvelle mondiale, mais plus modernes, puisque le monde évolue dans l’ère du
nucléaire (atomique). Ainsi, dès le début de son discours, Kennedy, homme pacifique, montre ses
intentions d’éviter une ‘’guerre’’ en ces termes « la guerre totale est absurbe » (L1). Convaincu
qu’une autre attitude est possible et nécessaire, il exprime sa peur et la terreur incitée par « les
puissantes forces nucléaires » (L2), ces bombes H – atomiques - et à hydrogène dont disposent les
« grandes puissances » (L1) que ce sont les Etats-Unis, l’URSS, la Chine, etc. En effet, ces armes, en
menaçant la paix mondiale, renforcent paradoxalement la témérité de ses pays dépositaires qui ne
reculent désormais devant aucun adversaire. Cette situation amène Kennedy à affirmer
leur « invulnérabilté » et leur refus « de capituler sans avoir recours à ces forces » (L3). Cependant il
dénonce le gâchis (gaspillage) des richesses par les dépenses colossales et inutiles « en milliards de
dollars » (L3) mobilisées pour l’achat des armes et avec des intentions hypocrytes (L3-5). Pour autant,
cet argent, pouvant servir, à son avis, à assurer la « paix » (L5) dans le monde. Il attire ainsi l’attention
des puissances nucléaires sur l’inutilité des armes, « détruire et jamais créer » (L7), et leur inéfficacité
dans le maintien de la paix : « et encore moins le moyen le plus efficace d’assurer la paix » (L7-8). Du
coup, il enseigne que l’amour du prochain, bien que nécessaire, n’est pas la condition essentielle d’une
paix globale mais la tolérance constitue une obligation pour une paix. Il l’affirme en ces termes :
« elle exige que tous vivent en intelligence, soumettent leurs différends à un mode d’arbitrage juste et
pacifique. » (L9-10-11)
Déjà, il annonce sa volonté d’une coexistence « pacifique » (L11).

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Deuxième partie : Hommage à la Russie et l’Appel à la coexistence pacifique

Kennedy agit d’abord avec honnêteté en affirmant le mépris (réprobation) américain de l’idéologie
soutenue par son aversaire (l’URSS) « le communisme » (L12), ensuite exprime sa reconnaissance (sa
gratitude) envers les savoirs-faire et l’apport de la civilisation russe (L14-L15-L16), enfin invite son
rival (URSS) à une « compétition pacifique ». (L18). En effet, le « communisme » constitue aux yeux
des Américains, une idéologie périlleuse (dangereuse) car portant atteinte à la démocratie et niant « la
liberté et la dignité de la personne » (L13). Cette doctrine, contraire aux aspirations des peuples libres,
doit disparaître ; ce qui motivait d’ailleurs Truman à chercher à l’endiguer, menant ainsi son pays dans
une longue guerre froide à partir de 1947. Par ailleurs, il rappelle les « realisations » de la Russie
« dans le domaine de la science et de l’espace » (L14-15). Ce passage fait allusion à la guerre des
étoiles et à la conquête de l’espace, pour le moment gagnée par l’URSS qui était le premier à lancer
des satellites artificiels dans l’espace (SPOUNIK 1 en 1957 et SPOUTNIK 2 en 1961).
Soucieux de combler le retard des États-Unis sur l’URSS dans le domaine de la conquête spatiale,
Kennedy décide de mettre en œuvre le projet d'envoyer un homme sur la Lune (1961). Ceci avait
d’ailleurs poussé les Etats-Unis à investir de nouveaux moyens financiers et de nouvelles ressources
dans leur programme spatial naissant, menant ainsi les deux nations (URSS et USA) à une course pour
déposer le premier homme sur la lune. Aussi, Kennedy loue-t-il la participation active de la Russie
dans l’essor du monde à travers les innovations économmiques (économie socialiste) mais aussi dans
la libération du monde à travers son « courage » (L16) durant la seconde guerre mondiale. Malgré ces
efforts de la Russie consentis pour le monde, Kennedy surestime l’idéologie américaince dont il fait
référence dans les dernières lignes, un « système » qu’il aimerait partager librement (sans imposer)
avec le reste du monde. Ainsi il affirme ses intensions de répandre le système capitaliste, ceci de
manière « pacifique » et dans une « compétition pacifique » avec le communisme, puisque c’est de lui
qu’il se soucie (se préoccupe) de plus.
Conclusion
(Portée historique du document)- Prononcé dans un contexte sensible de guerre froide, ce discours
imprime à la période un impact majeur. En effet, il annonce une volonté manifeste de rompre la
logique de tensions et de la marche vers une détente des relations Est/Ouest.

(Critique d’ensemble) – Ce texte est court mais fort riche en événements. Cependant, il cache une
réalité géopolique majeure car parallèlement à ce qu’il dit en matière de recherche de la paix, Kennedy
envoie seize mille hommes au Sud-Viêt Nam pour contrer la menace communiste, inaugurant
l'escalade de l'engagement américain dans la guerre du Viêt Nam.

NB : Il n’est pas impératif d’écrire : présentation du texte, présentation de l’auteur, contexte historique, analyse,
plan. Toute l’introduction peut être soudée, mais n’oubliez pas d’aller à la ligne après avoir fini d’aborder chaque
sous-partie.
C : Exercices d’application
Exercice 1 : commentaire de texte
On ne saurait comprendre les décolonisations sans prendre en compte les bouleversements
engendrés par les colonisations. Un des résultats majeurs de celles-ci fut, d’avoir déterminé
l’apparition de catégories sociales nouvelles, qui, le temps venu, se retournèrent vers les
colonisateurs. (…) le poids de la Seconde Guerre mondiale fut tout autre. A cet égard, nul ne
doute que l’onde de choc de l’offensive du Japon, en se propageant à travers tout le Pacifique,
joue un rôle déterminant ; déjà la victoire de l’Allemagne avait ébranlé l’Afrique et le Moyen-
Orient. Le conflit transforma ainsi les empires coloniaux en enjeux majeurs et sanctionnant
l’abaissement de puissances coloniales. (…) Les puissances coloniales européennes ne
pouvaient ignorer les contestations grandissantes dans leurs possessions coloniales, d’autant
plus que ces dernières s’inspirent des principes de liberté et de droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes invoqués par les Alliés, et rencontrèrent la sympathie et le soutien effectif du
président Roosevelt et des Etats-Unis. A la fin de la guerre, il n’était plus possible aux

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
puissances coloniales européennes de ne pas tenir compte de l’opinion internationale. (…)
Plusieurs paramètres contribuèrent à rendre plus complexe l’évolution de la question coloniale
à l’époque de la guerre froide : l’anticolonialisme « onusien » soutenu par l’Union soviétique,
la conduite américaine, les réponses des puissances coloniales et l’extension de la guerre
froide en Asie.
Marc Michel, Décolonisation et émergence du Tiers Monde, Hachette, 1993 pages 26, 70, 86 et 136.

Exercice 2 : commentaire de texte

Universalité de la cause palestinienne


Issus pour une part des survivants et des rescapés du plus grand génocide de l’histoire
moderne, à qui la communauté internationale a reconnu le droit de constituer une nation sur
l’emplacement de la Terre promise des anciens Hébreux (…), les Israéliens se sont heurtés à
un environnement hostile où leur droit à l’existence était nié. Renversant la situation, ils sont
passés de la défense à la conquête.
Depuis la guerre de 1948 déclenchée par les pays arabes, dont les Israéliens ont profité pour
procéder à un nettoyage ethnique dont on mesure mieux désormais l’ampleur, et leurs conflits
victorieux, ils font partie du concert des nations dominantes. En 1967, ils ont occupé et
colonisé les 22 % restants de la Palestine historique, créant ainsi, à l’encontre du droit
international, un fait accompli de plus en plus irréversible…
En exil, un tiers des Palestiniens vivent d’ores et déjà la condition de réfugiés (…) sans que
l’Etat d’Israël accepte de leur reconnaître un quelconque droit au retour ni que les pays arabes
envisagent de les intégrer... Peuple « superflu », que la catastrophe collective a fait accéder à
la conscience nationale, ils attendent toujours que la communauté internationale tienne sa
promesse de les faire accéder à l’indépendance dans un Etat viable. En lieu et place, ils ont été
dotés d’une Autorité croupion, et sont tenus pour collectivement responsables des atteintes à
la sécurité de leurs voisins.

Etienne Balibar, Manière de voir, N° 78, décembre 2004-janvier 2005, p. 80.

Exercice 3 : commentaire de texte

« … La pauvreté n’est pas une honte, mais c’est l’exploitation des peuples qui l’est.
Nous reprendrons tous nos droits, car tous ces fonds sont les nôtres et le canal est la propriété
de l’Egypte. La compagnie est une société anonyme égyptienne, et le canal a été creusé par
120 000 égyptiens qui on trouvé la mort durant l’exécution des travaux […]
Après cent ans chacun a trouvé ses droits et aujourd’hui nous construisons notre édifice, en
démolissant un Etat qui vivait à l’intérieur d’un Etat, le canal pour l’intérêt de l’Egypte et non
pour l’exploitation.
Aucune souveraineté n’existera en Egypte à par celle du peuple de l’Egypte, un seul peule qui
avance dans la voie de la construction et de l’industrialisation, et un bloc contre tout agresseur
et contre les complots des impérialistes. Nous réaliserons efficacement ce pays car il n’existe
plus pour nous quelqu’un qui se mêle de nos affaires. Nous sommes aujourd’hui libres et
indépendants. Aujourd’hui, ce seront les Egyptiens comme vous qui dirigeront la compagnie
du canal, qui prendront consignation de ses différentes installations et dirigerons la navigation
dans le canal c’est-à-dire dans la terre d’Egypte. »

Discours de Gamal Abdel NASSER à Alexandrie in Journal d’Egypte, 27 juillet 1956

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Exercice 4 : commentaire de texte
Notre population est nombreuse et notre situation géographique excelle. Mais si nous
n’organisons pas la collectivisation, il n’y aura pas de débouchés pour la paysannerie, malgré
tous les efforts. Les paysans chinois sont encore meilleurs que les ouvriers anglais et
américains, c’est pourquoi on peut « encore plus, encore mieux et encore plus vite » parvenir
au socialisme et on n’a pas besoin de prendre constamment l’Union soviétique comme
référence. Pour fabriquer (annuellement) vingt-quatre millions de tonnes d’acier au bout de
trois plans quinquennaux, cela signifierait justement dépasser l’Union soviétique. Il y a des
accroissements aux deux ailes, mais l’essentiel reste vraisemblablement en retard. […]
Il est très possible que notre pays entre dans le socialisme sans encore être industrialisé. A-t-
on le droit de faire attendre davantage les paysans ? Non, voyons. Si la paysannerie entre
dans le socialisme, cela ne met absolument pas obstacle à l’industrialisation, on ne doit pas la
laisser attendre davantage.

Discours de Mao Zedong, 6 décembre 1955, Le Grand Livre rouge, Flammarion, 1975.

Exercice 5 : commentaire de texte


Que s’est-il passé de mémorable à Bandoeng ? Ceci : qu’un milliard cinq cent millions
d’hommes se sont réunis dans une ville d’Asie pour proclamer solennellement que l’Europe
n’avait plus vocation pour diriger unilatéralement le monde, pour proclamer que la
domination Européenne sur les parties non Européennes du globe avait conduit à une impasse
dont il importait de sortir …
Ce qui a été condamné à Bandoeng ça n’a pas été la civilisation européenne, ça a été la forme
intolérable qu’au nom de l’Europe certains hommes ont cru devoir donner aux relations qui
devaient normalement s’instaurer entre l’Europe et les peuples Européens… Pour bien
comprendre la portée de cette conférence, je vous demande de réfléchir à ces deux dates : en
1885 l’Europe se réunissait à Berlin pour se partager le monde ; en 1955 le monde s’est réuni
à Bandoeng pour signifier à l’Europe que le temps de l’empire Européen est fini.
Aimé Césaire in Les Temps Modernes Mars Avril 1956

Exercice 6 : commentaire de texte

"C'est très bien qu'il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils
montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu'elle a une vocation universelle.
Mais à condition qu'ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France.
Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque
et latine et de religion chrétienne.(…) Vous croyez que le corps français peut absorber dix
millions de musulmans, qui demain, seront vingt millions et après-demain quarante ?" "Si
nous faisions de l'intégration, si les Arabes et Berbères d'Algérie étaient considérés comme
Français, comment les empêcherait-on de venir s'installer en métropole, alors que le niveau de
vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s'appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises,
mais Colombey-les-Deux-Mosquées7". "Vous les avez regardés, avec leurs turbans et leurs
djellabas ? Vous voyez bien que ce ne sont pas des Français ! (...) Essayez d’intégrer de l'huile
et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront à nouveau. Les
Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français7" "Avez-vous songé que les Arabes se
multiplieront par cinq puis par dix, pendant que la population française restera presque
stationnaire ? Il y aurait deux cents, puis quatre cents députés arabes à Paris ? Vous voyez un
président arabe à l’Elysée ?" (Confidences de Charles de Gaulle à Alain Peyrefitte)
Charles de Gaulle, cité par Alain Peyrefitte, in C’était de Gaulle, p. 56.
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Exercice 7 : commentaire de texte

Communiqué final de la conférence afro-asiatique de Bandung (24 avril 1955)


[…] La Conférence afro-asiatique a discuté des problèmes des peuples dépendants et du
colonialisme et des maux résultant de la soumission des peuples à l’assujettissement de
l’étranger, à leur domination et à leur exploitation par ce dernier. La Conférence est d’accord :
1. Pour déclarer que le colonialisme dans toutes ses manifestations, est un mal auquel il doit
être mis fin rapidement ;
2. Pour déclarer que la question des peuples soumis à l’assujettissement de l’étranger, à sa
domination et à son exploitation constitue une négation des droits fondamentaux, de l’homme,
est contraire à la charte des Nations Unies et empêche de favoriser la paix et la coopération
mondiales ;
3. Pour déclarer qu’elle appuie la cause de la liberté et de l’indépendance de ces peuples ;
4. Et pour faire appel aux puissances intéressées pour qu’elles accordent la liberté et
l’indépendance à ces peuples. […]
Libérées de la méfiance, de la crainte, faisant preuve de bonne volonté mutuelle, les nations
devraient pratiquer la tolérance, vivre en paix dans un esprit de bon voisinage et développer
une coopération amicale sur la base des principes suivants :
Dix principes
1. Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de
la charte des Nations unies ;
4. Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays.
[…]
6. a) Refus de recourir à des arrangements des défenses collectives destinés à servir les
intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu’elles soient ;
b) Refus par une puissance quelle qu’elle soit d’exercer une pression sur d’autres ;
[…]
10. Respect de la justice et des obligations internationales. […]
Source : Nouvel Ordre international et Non Alignement, Bagdad, Édition du monde arabe,
1982.
Exercice 8 : commentaire de texte
Parmi les obstacles à cette paix et au retour des négociations, il y a le problème de Jérusalem-
Est, AL Qods, notre capitale éternelle. (…). Al Qods est aujourd’hui confronté à la
recrudescence des agressions et violations israéliennes, et cela malgré plusieurs
condamnations fermes de la politique d’apartheid et des mesures discriminatoires prises par
Israël dans les territoires occupés, en particulier, Jérusalem-Est, Al Qods. (…)
Je souhaite rappeler d’autres obstacles à la paix qu’entretient en permanent Israël : les
atteintes délibérées et préméditées sur les lieux de cultes par exemple, constituent des
violations graves de toutes les normes et conventions internationales et une atteinte à la
diversité culturelle et religieuse de la ville et de son statut pluraliste. C’est une agression
contre l’humanité, contre l’histoire de nos civilisations millénaires, contre les lieux saints,
contre nos arbres et nos terres, notre patrimoine d’une façon générale. Pas plus tard
qu’aujourd’hui, viennent de tomber comme des couperets, des décisions graves et illégales du
premier ministre israélien qui vient d’inscrire unilatéralement au patrimoine israélien des sites
historiques et religieux du patrimoine palestinien, musulman et chrétien (…) Durant l’année
2009, selon les chiffres de l’Onu, Israël a procédé à la destruction de 200 habitations
palestiniennes soit 320 personnes sans abri, sans parler des milliers de familles sans abri
depuis la guerre de Gaza.
Abdalrahim Al Farra, ambassadeur de Palestine au Sénégal, dans Walfadjri, n° 5384, 2 mars 2010

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Exercice 9 : commentaire de texte

Il y a peu de temps encore le feu des passions suscitées par la « guerre froide » était si grand
qu’une simple étincelle aurait pu provoquer une conflagration mondiale. La politique
étrangère de certaines puissances occidentales était basée sur des calculs nettement agressifs,
sur une politique des « positions de force » (…)
Actuellement, une évaluation plus sobre de la situation, une compréhension plus raisonnable
de l’équilibre des forces sur la scène internationale se manifeste de plus en plus en Occident.
Et une telle compréhension des choses conduit inévitablement à la conclusion que les plans
prévoyant l’emploi de la force contre le monde socialiste devraient être relégués dans les
archives.
La vie elle-même exige que les pays des systèmes sociaux différents doivent apprendre à
vivre ensemble sur notre planète, à coexister pacifiquement (…)
Le principe même de coexistence pacifique ente Etats aux systèmes sociaux différents
implique des éléments de concessions mutuelles, la prise en considération des intérêts
réciproques car on ne saurait, autrement, édifier des relations normales entre Etats. Quant aux
questions idéologiques, nous nous en sommes tenus et nous nous en tiendrons, inébranlables
tel un roc, aux principes du marxisme – léninisme. Les problèmes idéologiques ne peuvent
être réglés parla force et on ne peut imposer à un Etat l’idéologie qui règne dans un autre Etat.
Aucun homme sensé n’a jamais admis que les litiges d’ordre idéologique ou les questions
relatives au régime social d’un tel ou tel autre pays doivent être réglés par la guerre.
Les capitalistes n’approuvent pas le système socialiste ; notre idéologie ; nos conceptions leur
sont étrangères. Dans une égale mesure, nous citoyens d’Etats socialistes, nous n’approuvons
pas le régime capitaliste et l’idéologie bourgeoise. Il nous faut vivre en paix et régler les
problèmes internationaux, qui se présentent par des moyens pacifiques seulement.
De là découle la nécessité de faire des concessions mutuelles, de compromis et, même des
aménagements de part et d’autre dans le domaine des relations entre Etats, dans le règlement
des problèmes d’ordre pratique venus à maturité dans l’intérêt de la sauvegarde et de la
consolidation de la paix (…)
KHROUTCHEV, Rapport à la session du Soviet Suprême du 31 Octobre 1959
Exercice 10 :
Pendant et après le deuxième conflit mondial l’anticolonialisme passa pour être une des idées
forces de la politique des Etats-Unis…. Réflexe généreux d’un peuple qui se souvenait
d’avoir brisé sa servitude coloniale et était épris de liberté, pensaient d’aucuns : calcul
d’affairistes à la recherche de matières premières et de débouchés sans préjudice du désir
secret d’affaiblir des nations concurrentes européennes, disaient les autres…..
La préoccupation de la diplomatie américaine fut de ne pas faire un choix définitif entre ces
deux termes antithétiques : soutien des positions coloniales ou soutien des mouvements
d’émancipation.
Les Etats-Unis cherchèrent à jouer un rôle de conciliateur dans les conflits provoqués par le
problème de l’émancipation des peuples coloniaux, moins dans la perspective des solutions
plus ou moins favorables à apporter, que dans le but d’éviter des troubles, derrière lesquels ils
croyaient toujours voir se profiter l’ombre du communisme.
De fait, cette politique « à double visage » n’a pas été vue sans suspicion par les occidentaux
aussi bien par les peuples coloniaux.
Henri Grimal, La décolonisation, Editions de Complexe, 1985 pp. 136, 136

(Henri Grimal, agrégé d’histoire, a enseigné à l’Institut d’Etudes Politiques à Paris IV et à l’Ecole
Normale Supérieure de Saint- Cloud. Il est notamment auteur de nombreux)

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Exercice 11 : commentaire libre
Discours de Fidel Castro au lendemain de la crise des fusées
« Il y a une question que je veux souligner aujourd’hui, ou une appréciation que je veux donner : c’est
celle qui concerne le peuple, la conduite qu’a observée le peuple en ces journées. Je dois dire que
l’attitude du peuple a dépassé tout ce que les plus optimistes pouvaient espérer : en décision, en
courage, en discipline. Il faut dire que des milliers d’hommes qui n’étaient pas miliciens, qui en ces
quatre ans de révolution n’avaient pas été miliciens, le sont devenus pendant cette crise. Il faut dire
que des milliers de personnes qui n’appartenaient pas à des organisations de masse ni à un Comité de
défense de la révolution, sont allées s’inscrire dans les organisations de masse en ces journées. Il faut
dire que l’ennemi ne peut compter à l’intérieur de notre patrie sur des alliés d’aucune sorte. Il faut dire
qu’en ces jours de crise extrême il n’y a pas eu de motif à la moindre arrestation. Même des hommes
et des femmes qui faisaient des critiques à la révolution ont senti naître en eux dans ces heures
décisives, le sentiment patriotique et révolutionnaire et sont allés s’enrôler. Et ils sont allés s’enrôler
pour une lutte qui, selon toutes les perspectives, était une lutte grave, une lutte effroyable, une lutte qui
pouvait être livrée avec des armes traditionnelles, mais aussi avec des armes atomiques.
M. le Président des États-Unis a essayé d’intimider notre peuple, ce peuple qu’il appelle « peuple
captif », quand il a déclaré que nous pourrions être la cible d’attaques atomiques, et le résultat a été
qu’il y a eu plus de miliciens que jamais, plus de militants révolutionnaires que jamais. […]
L’ennemi, à force d’hostilité, nous a rendus disciplinés, nous a organisés, nous a rendus aguerris. Ces
quatre ans d’hostilité ont fait un peuple héroïque, un peuple plus spartiate, parce que l’on dit qu’à
Sparte les mères se séparaient de leurs enfants en leur disant : « Avec le bouclier ou sur le bouclier. »
Et ici tout un peuple, hommes, femmes et enfants, jeunes et vieux, se dit à lui-même : « Avec le
bouclier ou sur le bouclier. »
Source : Merlier (M.), les Étapes de la Révolution cubaine, Paris, François Maspero, 1964

Exercice 12 : commentaire de texte


Les accords d’Évian (18 mars 1962)
Déclarations gouvernementales relatives à l’Algérie
Déclaration générale
« Le peuple français a, par le référendum du 8 janvier 1961, reconnu aux Algériens le droit de choisir,
par voie d’une consultation au suffrage direct et universel, leur destin politique par rapport à la
République française.
Les pourparlers qui ont eu lieu à Évian du 7 mars au 18 mars 1962 entre le gouvernement de la
République et le FLN ont abouti à la conclusion suivante.
Un cessez-le-feu est conclu. Il sera mis fin aux opérations militaires et à la lutte armée sur l’ensemble
du territoire algérien le 19 mars.
Les garanties relatives à la mise en œuvre de l’autodétermination et l’organisation des pouvoirs
publics en Algérie pendant la période transitoire ont été définies d’un commun accord.
La formation, à l’issue de l’autodétermination d’un État indépendant et souverain paraissant conforme
aux réalités algériennes et, dans ces conditions, la coopération de la France et de l’Algérie répondant
aux intérêts des deux pays, le gouvernement français estime avec le FLN que la solution de
l’indépendance de l’Algérie en coopération avec la France est celle qui correspond à cette situation. Le
gouvernement et le FLN ont donc défini d’un commun accord cette solution dans des déclarations qui
seront soumises à l’approbation des électeurs lors du scrutin d’autodétermination. […] »
Source : Journal officiel, 20 mars 1962.

Exercice 13 : commentaire de texte


La doctrine de Truman, mars 1947
Les Etats-Unis doivent soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d’asservissement par
des minorités armées ou des pressions venues de l’extérieur. […]
Notre aide doit consister essentiellement en un soutien économique et financier […]. Chaque nation se
trouve désormais en face d’un choix à faire entre deux modes de vie opposés. L’un d’eux repose sur la
volonté de la majorité et il est caractérisé par des institutions libres, un gouvernement représentatif, des
élections libres, des garanties assurant la liberté individuelle, la liberté de parole et de religion et

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
l’absence de toute oppression politique. Quant à l’autre, il repose sur la volonté d’une minorité
imposée par la force à la majorité. Il s’appui sur la terreur et l’oppression […].
Les semences des régimes totalitaires sont nourries par la misère et dénuement. Elles croissent, se
multiplient dans le sol aride de la pauvreté et du désordre. Elles atteignent leur développement
maximum lorsque l’espoir d’un peuple en une vie meilleure est mort.
Cet espoir, il faut que nous le maintenions en vie. Les peuples libres du monde attendent de nous que
nous les aidions à sauvegarder leurs libertés.
H. S. Truman, Mémoires, 1955.

Exercice 14 : Commentaire de texte (BAC 1991, 1er groupe)


. . . Au lendemain des accords de Genève de 1954, le Cambodge avait choisi avec courage et
lucidité la politique de neutralité qui découlait de ces accords et qui aurait seule pu épargner à
l’Indochine de devenir un terrain d’affrontement pour les dominations et idéologies rivales .
C’est pourquoi, tandis que votre pays parvenait à sauvegarder son corps et son âme parce
qu’il restait maître chez lui, on vit l’autorité politique et militaire des Etats – Unis s’installer à
son tour au Viet – Nam du Sud et du même coup, la guerre s’y ranimait sous la forme d’une
résistance nationale. Après quoi les illusions relatives à l’emploi de la force conduisirent au
renforcement continuel du corps expéditionnaire et à une escalade de plus en plus étendue en
Asie, de plus en plus proche de la Chine, de plus en plus provocante à l’égard de l’Union
Soviétique, de plus en plus réprouvée par de nombreux peuples d’Europe, d’Afrique
d’Amérique Latine et, en fin de compte, de plus en plus menaçante pour la paix du monde.
Oui, la position de la France est prise. Elle l’est pour la condamnation qu’elle porte sur les
actuels événements ? Elle l’est par sa résolution de n’être pas, où que ce soit et quoi qu’il
arrive, automatiquement impliquée dans l’extension continuelle du drame et de garder en tout
cas les mains libres. Elle l’est, enfin , par l’exemple qu’elle a donné naguère en Afrique du
Nord , en mettant délibérément en terme à des combats stériles sur un terrain , que pourtant,
ses troupes dominaient sans conteste , qu’elle administrait directement depuis cent trente deux
ans et où étaient installés plus d’un million de ses enfants . Mais comme ses combats
n’engageaient ni son honneur ni son indépendance, et qu’ils pouvaient aboutir à rien qu’à des
pertes, des haines, des destructions sans peine accrues, elle a voulu en sortir sans qu’aient, de
ce fait, souffert sa puissance, son prestige et sa prospérité.
Discours du Général De Gaulle à Phnom – Penh Le 1er septembre 1966

Exercie 15 : Commentaire de tetxe (BAC 1994, 1er Groupe)


LE GENERAL DE GAULLE ET LA DECOLONISATION (septembre 1959)
Sur l’ensemble du mouvement de décolonisation qui existe d’un bout à l’autre du monde, je n’ai
jamais cessé, depuis le jour même où la guerre mondiale m’a amené à parler, à agir, au nom de la
France, je n’ai jamais cessé de suivre la même direction . . .
. . . Ce n’est pas, bien entendu , que je renie en quoi que ce soit l’oeuvre colonisatrice qui a été
accomplie par l’occident européen , et en particulier par la France . Je considère plus que jamais que
cette oeuvre fut belle, fut grande et fut féconde, et ce n’est pas sans ironie que, de temps en temps,
j’assiste aux fureurs anti – françaises de certains qui, aujourd’hui n’ont guère d’importance et
d’audience qu’en vertu de ce qu’ils ont puisé dans le trésor de la France.
Mais je n’en crois moins qu’il faut savoir, quand le moment est venu – et il est venu – reconnaître à
tous le droit à disposer d’eux – mêmes, leur faire en principe confiance , et même attendre d’eux qu’ils
apportent , à leur tour , leur contribution au bien de notre humanité . Mais je crois que c’est à partir de
l’oeuvre déjà accomplie chez eux, par les colonisateurs, que les peuples qui s’affranchissent ont tout
intérêt à entreprendre leur propre développement. ( . . .) Autrement dit, est – ce que les nouvelles
souverainetés, doivent être acquises et exercées contre l’ancien colonisateur, en la maudissant par
surcroît, ou bien, au contraire, en accord amical avec et en usant de son concours ?

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
La réponse me paraît être commandée par le bon sens. Je répète qu’à quatorze républiques africaines et
à la république malgache, qui sont venues de l’Union Française et auxquelles, a été reconnue la libre
disposition d’elles – mêmes la France a proposée sa coopération.
Une seule l’a refusée, nous n’y avons mis aucun obstacle mais je ne vois réellement pas quel avantage
elle en a tiré
Charles De Gaulle, Discours et Message T 111 avec le renouveau (1958 – 1962) Paris, Plon
1970, pp. 236 - 237.

Exercice 16 : Commentaire de texte (BAC 1999, 1er Groupe)


. . . Qui mesurera dans la conscience collective de chacune de ces nations, la France ou
l’Angleterre, cette nécessité de reconnaître à des hommes, qui étaient colonisés, l’égalité ? Est
– on sûr que nos terreurs d’aujourd’hui, qui s’expriment parfois par le racisme, ou bien par
l’idée que nous allons être envahis par ces peuples plus prolifiques que les peuples européens,
que tout cela n’est pas le produit de cette humiliation, qui nous a fait passer, nous les
européens, les maîtres du monde d’une certaine manière, du rôle de colonisateurs et de
maîtres à celui de partenaires et d’égaux ? Et le fait aussi que ces indépendances aux colonies,
nous ne les avons consenties que contraints, qu’il a fallu des défaites pour que nous cédions . .
.
Si les guerres mondiales ont été de brusques coups d’accélérateur dans l’évolution des pays
coloniaux, parce qu’elles montraient la faiblesse des puissances colonisatrices c’est la
révolution russe qui a joué un rôle décisif.. .
Bien des leaders asiatiques, ainsi HO CHI MINH l’adversaire des français en Indochine, ont
été formés par l’Internationale Communiste. Même les hommes qui n’ont pas adhérés au
communisme ont été influencés par lui . . . Parfois l’appui est venu aussi des Etats – Unis.
Quand par exemple Nasser décide de nationaliser le Canal de Suez, que français et Anglais
envoient sur le canal leurs troupes, Londres et Paris se heurtent à la double menace des USA
et de l’URSS, unis dans leur opposition aux puissances coloniales. Cette division du monde
sert le mouvement d’émancipation des peuples coloniaux. Dans la grande rivalité qui sépare
les puissances de premier plan les colonisés jouent leur carte et s’appuient, alternativement
sur les uns ou sur les autres .La Guerre
Froide, a donc été un facteur favorable à la décolonisation mais, le mouvement s’était déjà
amorcé.
Max GALLO « Le xxème siècle raconté par Max GALLO » Perrain 1979

Exercice 17 : Commentaire de texte (BAC 2000, 1er Groupe)


LA CONFERENCE DE BRAZZAVILLE
Si le Général De Gaulle reste pour la France, l’Homme du 18 juin, il restera pour les peuples jadis
soumis, l’Homme de Brazzaville . . .
Il est vrai que la conférence de Brazzaville n’a pas abouti à une proclamation solennelle du droit des
peuples à disposer d’eux – mêmes puisque ainsi que nous l’avons vu, elle écartait d’emblée la
possibilité de constitution de « self – government ». En revanche, et là se trouve l’aspect résolument
progressiste et révolutionnaire de la conférence, les personnalités présentes à Brazzaville, conscientes
de la naissance d’un nouvel ordre des choses, ont adopté le principe de la responsabilité politique tout
en ne se cachant pas que cette évolution vers une certaine forme d’autonomie serait longue après un
passage par le stade de l’association politique . . .
Si elle a jeté les bases de la future Union Française, la conférence de Brazzaville a été aussi l’origine
de la communauté Franco – Africaine posée par le texte constitutionnel de 1958 . . .
Robert Bourgi, Le Général De Gaulle et l’Afrique Noire (1940 – 1969) Librairie Générale de Droit et
de Jurisprudence Nouvelles Editions Africaines 1980

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Exercice 18 : Commentaire de texte (BAC, 2001, 1er groupe)
« On s’accordera à reconnaître que ces dernières années, la principale source de conflits est d’ordre
idéologique. Dans le domaine économique, on peut dire que c’est l’opposition entre le capitalisme et
le communisme ; on dit aussi – ce qui d’ailleurs prête à discussion – que c’était l’opposition entre la
démocratie et le totalitarisme. C’est un conflit idéologique, que l’on a appelé la guerre froide, qui a
empoisonné les relations internationales dans l’après – guerre . . .
Maintenant, nous devons nous occuper d’une autre source de conflits qui découle elle aussi
directement de la deuxième guerre mondiale .L’un des buts essentiels de la charte était de favoriser le
développement des territoires non autonomes et leur accession au statut de nations. Les dix premières
années de l’après – guerre ont vu la plupart des pays d’Asie libérés de la domination coloniale,
acquérir leur indépendance . . . En Afrique, c’est seulement au cours des cinq dernières années que des
progrès remarquables ont été faits dans le même sens . . .
Le monde d’après – guerre a vu une autre révolte encore, celle des pays qui ne sont pas nantis . . . les
pauvres acceptaient la pauvreté comme une chose naturelle. Or, ce qui a marqué les quinze dernières
années c’est le refus catégorique d’une telle conception des choses . . . L’écart entre les pays riches et
les pays pauvres a creusé une sorte de fossé entre le Nord et le Sud . . . L’aide économique à elle seule
ne peut pas résoudre le problème : …elle ne saurait tenir lieu de prix justes et stables . . . On comprend
dès lors l’intérêt que les pays neufs manifestent pour l’activité déployée par les Nations – Unies dans
le domaine économique . . . »
Passage d’un discours de U – Thant, prononcé le 11 Novembre 1963(Revue syndicale Suisse de
Berne, Décembre 1963, reproduit dans Documentation Française, Art. N° 1497 du 20 Février 1964, p.
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Exercice 19 : Commentaire de texte (BAC, 2004, 1er Groupe)


BERLIN, CUBA : deux impasses
Deux sérieux foyers de tension subsistent, autour de Berlin et de Cuba : deux taches
minuscules sur la carte, mais dont l’analogie à condition d’inverser les couleurs, est
saisissante, et qui suffisent à remettre en cause le partage du monde sur lequel repose bon gré
mal gré depuis Yalta le fragile équilibre de la paix.
A l’heure des fusées intercontinentales et de la bombe de 50 mégatonnes, la valeur militaire
de ces deux avant – postes de l’Occident, au delà du rideau de fer, et du communisme, au
beau milieu des Amériques, est évidemment négligeable. Les douze mille soldats alliés de
Berlin – Ouest sont aussi peu capables de résister à « l’Armée Rouge »que les quatre ou cinq
mille techniciens soviétiques expédiés sous le ciel des tropiques à un débarquement américain
...
. . . Berlin, gêne l’un en attirant vers le capitalisme et la liberté, les masses désenchantées des
démocraties populaires. Cuba gêne l’autre en attirant vers le communisme les masses
exploitées de l’Amérique Latine. Mais l’existence de ces deux têtes de pont dans le camp
adverse persuade en même temps chacun qu’il a le sens de l’Histoire pour et le pousse de ce
fait à tenir bon. Comment douter de l’avenir de la démocratie lorsque, après seize ans de
régime communiste en Allemagne Orientale, Ubricht est obligé de construire un mur pour
empêcher ses sujets de s’enfui?
Comment à l’inverse, lorsqu’on règne à Moscou, douter de l’avenir du communisme quand on
voit le drapeau de la révolution fidéliste provoquer sur tout un continent un tel frémissement ?
...
André Fontaine Journal « Le Monde » le 13 octobre 1962
N.B : André Fontaine est un des spécialistes français des Relations Internationales

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Etape 2 : Le commentaire dirigé
Il s'agit de répondre à des questions précises sur un document dont la nature peut être
extrêmement variée: un texte (comme ci-dessus), une photo, un carte, un tableau statistique,
un graphique, une caricature, une image, une affiche, une peinture etc. Ce commentaire
comporte trois parties : l’introduction, la réponse aux questions et la conclusion.
I. L’introduction
Elle est obligatoire. Elle se fait comme l’introduction d’un commentaire libre : présentation
du texte et de l’auteur, contexte historique, analyse ou résumé et plan (voir A. ci-dessus). Il
faut rédiger, sur la copie, les rubriques ne faisant pas l’objet de question.
Par exemple, à la suite d’un texte, on vous pose les questions suivantes :
1. Dégager le contexte historique du texte.
2. Dégager l’idée générale du texte.
3. Expliquer le passage souligné.
Pour cet exercice, vous devez présenter une introduction comportant seulement la présentation du
texte et de l’auteur et le plan car le contexte historique et l’analyse font déjà l’objet de questions.

II. La réponse aux questions


Après l’introduction, il faut répondre aux questions. Il est souvent recommandé de répondre
aux questions en suivant l’ordre.
III. La conclusion
Elle est identique à celle d’un commentaire libre (voir ci-dessus).

Exercices d’application
Exercice 1 :

« Nous nous trouvons désormais dans un univers entièrement différent de celui où notre pays avait
vécu pendant des siècles. Nous fûmes accoutumés à une Europe équilibrée où trois ou quatre grandes
puissances tout en rivalisant entre elles et en se faisant la guerre périodiquement, avait une civilisation
semblable. Notre vieux continent dominait en fait le monde par sa richesse, sa puissance, son
rayonnement.
Le tableau a complètement changé. Notre planète, telle qu’elle est aujourd’hui, présente deux masses
énormes toutes portées à l’expansion, animés des courants idéologiques opposés.
L’URSS et les USA sont automatiquement rivales.
Le rapetissement de la Terre les met partout en contact. L’invention des moyens de destruction terrible
introduit dans les relations un élément d’inquiétude et d’angoisse.
Charles De Gaulle, Discours, avril 1947, Strasbourg.
Questions
1. Résumer le texte au ¼
2. Donner un titre au texte.
3. Présenter le texte et l’auteur.
4. Dégager le contexte général et le contexte particulier du texte.
5. Commenter les passages soulignés.
NB : introduction et conclusion obligatoires

Exercice 2 :
Guerre froide et détente
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, les Soviétiques consolidèrent leur empire sur l’Europe
de l’Est. En réaction, les Etats – Unis définirent ce que l’on connaît maintenant sous le nom de «
politique d’endiguement ». Sur le front européen la doctrine Truman de 1947 et la constitution de
l’O.T.A.N en 1949 mirent un frein à toute autre avance soviétique.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Huit pays d’Europe et ceux d’Asie sont devenus communistes entre 1945 et 1949. Mais, au cours des
vingt cinq années de 1949 à 1974, les seules actions entreprises par l’armée rouge ont été dirigées
contre les pays alliés de l’U R.S.S. en Europe de l’Est . . . Nous étions passés du monopole nucléaire à
la supériorité puis à la parité . . . Un bloc de pays « non alignés » se constituaient . . .
En 1969, ces nouvelles conditions exigeaient la mise au point d’une nouvelle stratégie . . . Elle
comprenait une évolution mesurée de la confrontation à la négociation avec l’Union – Soviétique.
La détente et la guerre froide sont l’une et l’autre des alternatives à la guerre chaude et notamment à la
guerre nucléaire entre les deux grandes puissances.
Richard – Nixon, « La vraie guerre » A. Michel, 1980.
Questions
1) – Résumez au tiers ce texte de Richard Nixon
2) – Montrez en quoi consistait cette politique d’endiguement dont parle Richard Nixon.
3) – Montrez les difficultés qui existaient dans le bloc de l’est.

Exercice 3 :
Les rapports de forces au Moyen-Orient
« Le Moyen-Orient connaît une situation particulièrement explosive. Il y a tant de comptes à régler, de
violents désaccords, des haines implacables qu’il suffirait d’une étincelle pour que toute la région
s’embrase. Beaucoup d’observateurs prévoient un été brûlant et sanglant. Ce qu’ils redoutent, ce n’est
pas seulement la poursuite des guerres d’Irak et d’Afghanistan, et la possible extension du conflit
afghan aux zones tribales su Pakistan, mais plutôt une grande guerre au Levant entre Israël et ses
voisins, où seraient entraînés le Liban, la Syrie et les territoires palestiniens occupés, avec même le
risque d’une intervention de l’Iran. Vu l’alliance étroite des Etats-Unis avec Israël, les intérêts
américains seraient inévitablement affectés. »
Patrick Seale, « Moyen-Orient, ni guerre ni paix », dans Jeune Afrique, n° 2468 du 27 avril
au 3 mai 2008, page 40
Questions :
1. Analyser en quelques lignes les origines du conflit israélo-arabe
2. Etudier les risques de conflit ouvert au Moyen-Orient
3. Quel est la place des Etats-Unis dans l’évolution et le règlement des relations israélo-arabes ?
4. Rappeler les dates des grandes guerres israélo-arabes et puis faire la frise chronologique
5. Expliquer les désaccords israélo-arabes auxquels l’auteur fait allusion dans le texte
Introduction et conclusion obligatoires

Exercice 4
« Le militantisme politique palestinien a principalement utilisé deux répertoires d’action : l’activisme
armé et surtout la mobilisation de masse qui combinait manifestations, grèves, boycotts, etc.
Cependant, la professionnalisation actuelle du militantisme s’accompagne d’une nouvelle orientation
vers l’expertise publique et le plaidoyer. […] Les ONG et les associations de plaidoyer, souvent
composées d’anciens militants de la gauche arabe, sont en première ligne. Elles cherchent à
documenter les violations des droits de l’Homme commises par l’armée israélienne, l’extension des
colonies etc. et à porter ces faits auprès des juridictions internationales, ou plus récemment des
juridictions nationales étrangères. »

Pénélope Larzilière, Le militantisme palestinien : un changement de répertoire d’action ?, dans


Sciences au Sud – Le journal de l’IRD, n° 51, septembre/octobre 2009, page 12.
Questions :
1. Comment les militants palestiniens comptent-ils incriminer l’Etat d’Israël ?
2. Quels sont les principales organisations nationales de défenses de la cause palestiniennes ?
3. Expliquer la phrase soulignée dans le texte
Introduction et conclusion obligatoires

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Dossier 1 : La Seconde Guerre mondiale : les conséquences et les règlements du conflit

Document 1 : Les pertes humaines liées à la guerre


Militaires (en milliers) Civils (en milliers) En % de la pop. de 1939
Pologne 320 5500 14%
URSS 7500 10000 12%
Yougoslavie 410 1400 10%
Allemagne 3850 3810 7%
Japon 1220 700 3%
Pays-Bas 10 200 2,5%
Grèce 74 500 2,4%
Chine 3500 10000 2,2%
France 211 330 1,5%
R-U 245 150 1%
Italie 230 150 1%
Canada 42 - 0,4%
Etats-Unis 298 - 0,2%

Document 2 : Communiqué final de la conférence afro-asiatique de Bandung (du 18 au 24 avril 1955)


[…] La Conférence afro-asiatique a discuté des problèmes des peuples dépendants et du colonialisme
et des maux résultant de la soumission des peuples à l’assujettissement de l’étranger, à leur domination
et à leur exploitation par ce dernier. La Conférence est d’accord :
1. Pour déclarer que le colonialisme dans toutes ses manifestations, est un mal auquel il doit être mis
fin rapidement ;
2. Pour déclarer que la question des peuples soumis à l’assujettissement de l’étranger, à sa domination
et à son exploitation constitue une négation des droits fondamentaux, de l’homme, est contraire à la
charte des Nations Unies et empêche de favoriser la paix et la coopération mondiales ;
3. Pour déclarer qu’elle appuie la cause de la liberté et de l’indépendance de ces peuples ;
4. Et pour faire appel aux puissances intéressées pour qu’elles accordent la liberté et l’indépendance à
ces peuples. […]
Source : Nouvel Ordre international et Non Alignement, Bagdad, Édition du monde arabe, 1982
La conférence de Bandung est perçue comme l’émergence politique des pays du Tiers-Monde, « la mort du complexe
d’infériorité » dira Léopold Senghor ou « l’Internationale des pauvres » selon l’expression de Nasser.
Document 2 : Le mythe de Yalta ou le partage du monde
"Or, par la prime qu'il accorde si allégrement au cynisme de Staline, Yalta, loin de déboucher sur la
paix pour longtemps, débride toutes les audaces du réalisme soviétique: en vérité, non seulement la
soviétisation de toute l'Europe orientale, mais encore le coup d'Etat de Prague, l'affaire coréenne,
l'affaire indochinoise, la victoire de Mao-Zedong, le blocus de Berlin, l'affaire de Cuba, l'imbrication
de la manœuvre communiste dans le drame de la ségrégation raciale aux Etats-Unis pour le troubler et
l'exaspérer, sont en germe dans les accords du 11 février 1945. C'est à Yalta que le Communisme
international prend conscience de la candeur de l'Occident. Dès lors, il ne se lassera plus d'essayer de
l'abuser. La témérité de Roosevelt fait frémir. (...)
De ce jour-là aussi date en fait la séparation des deux Allemagnes, si redoutable à tous égards. L'un
des faits essentiels à noter est que la conférence de Yalta entrouvre la faille qui va s'approfondir au
milieu de l'Europe et dont Washington répugnera, pendant deux ans, à reconnaître l'existence. Comme
l'écrira Pierre Frederix: " L'U.R.S.S. ne participera pas à l'administration effective de la Bavière, mais
les Etats-Unis renonceront à celle de la Saxe et du Brandebourg ... De même que Téhéran préparait
l'abandon des Balkans à l'Empire soviétique, Yalta prépare le partage de l'Europe en deux blocs..."
CONTE Arthur, Yalta ou le partage du monde, Laffont, Paris, 1964. p. 440

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
I. Un désastre sans précédant
50 Millions de victimes pour les ¾ des civils et dont les 2/3 en Europe, au total trois fois plus de
victimes que la première guerre mondiale qu’on avait pourtant appelée “ la der des der ”. Le manque
d’hommes jeunes, le surnombre de femmes, le sort de prés de 20 millions de personnes déplacées de
gré ou de force (Allemands, Polonais, juifs…) marqueront la démographie, tandis que les villes et
villages plus ou moins rasés, les économies effondrées (mais pas toutes), la persistance de la pénurie
et des restrictions, le retour de l’inflation demeurent les principaux défis. Pour l’Allemagne on
parlera d’année 0.
Officiellement, les vainqueurs ont bonne conscience et, grande première, 2 ans durant, de19 46 à 1948,
un tribunal international siègera à Nuremberg, puis à Tokyo pour punir les “ crimes de guerre ” ou
les “ crimes contre l’humanité ” des dirigeants nazis et japonais. Chez beaucoup un doute s’est
infiltré : l’humanité toute entière a été rabaissée par l’horreur des actes visant les civils et les peuples à
bannir. L’existentialisme, qui est un regard désabusé sur l’homme, influencera toute une génération
lectrice de Sartre et de Camus.
II. La nouvelle donne internationale
25 siècles de domination de l’Europe ont pris fin, la première puissance mondiale est en Amérique. La
France n’a eu droit qu’à un strapontin dans le camp des vainqueurs. L’URSS est comptée aussi comme
un “ Super Grand ” mais l’effort de reconstruction la laisse en arrière des USA, restés intouchés sur
leur territoire, détenteurs de l’arme nucléaire et de la suprématie financière. (2/3 du stock d’or
mondial).
Alliés pendant la guerre, les deux super grands se sont rencontrés deux fois en 1945 : à Yalta
(Février) et à Potsdam (Juillet Avec Truman).
Yalta a été surtout le pathétique effort de Roosevelt et de Churchill pour contrer les ambitions d’un
Staline qui pensait surtout à conserver ses conquêtes et à les protéger par un “ Glacis de sécurité ” de
pays amis, et, pour tout dire soumis et communistes. Le sort de l’Allemagne a été défini (amputations,
occupation quadripartite, réparations), la Pologne remodelée.
Avant la fin de l’année, la méfiance s’est installée entre les deux grands : l’URSS n’organise pas les
“ élections libres ” ou les truquent, les USA suspendent le “ prêt-bail ” en faveur de l’URSS. En 1946
Churchill dénonce l’abaissement d’un “ rideau de fer ” entre les deux Europe qui fait perdre aux “ pays
de l’est ” leur liberté.
III. l’espoir d’un monde nouveau
A. Reformuler l’économique
Reconstruire un monde différent de celui de l’avant guerre qui y a conduit, tel est l’unanime désir.
Deux modèles s’offrent issus des vainqueurs : da démocratie qui a redoré son blason et le
communisme dont le prestige est renforcé par la victoire soviétique. On attend de l’Etat et des Etats
qu’ils corrigent et prennent en charge, remplaçant pour l’individu ce qu’on laissait à la “ Providence ”.
Les USA, convaincus que le protectionnisme issu de la crise de 29 avait conduit à la guerre veulent
privilégier les échanges économiques entre pays. Les 45 signataires des accords de Bretton Woods
(Juillet 44) se sont accordés pour aligner leur monnaie sur un $ dont la valeur or est désormais fixe
(35$ l’once) et à chercher à équilibrer leur commerce extérieur. Le FMI (en cas de perte de cet
équilibre) et la banque Mondiale (pour aider à la reconstruction et au développement) complètent ce
dispositif, tandis que les accords du G.A.T.T. en 47 visent à baisser les droits de douane. La toute
puissance des USA est ainsi confirmée et le monde vit encore partiellement selon ce dispositif.
B. Créer un arbitre mondial : l’ONU
La SDN avait fait long feu et déjà, lors de leur rencontre en Août 41, Churchill et Roosevelt,
signataires de la “ Charte de l’Atlantique ” avaient appelé de leurs vœux une nouvelle organisation
internationale. Affiné de conférence en conférence, le projet se concrétise le 26 Juin 1945 à San
Francisco : l’ONU est née. (voir dossier spécial ci-dessous)

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Dossier spécial : L’ONU, de 1945 à nos jours : Origine, fonctionnement et bilan de l’action

Charte des Nations unies (préambule)


C’est sur la base de la « Charte de l’Atlantique », texte élaboré en août 1941 par le président américain
Roosevelt et le Premier ministre britannique Churchill, complété en 1943, puis en 1944 par les
représentants des grandes puissances, qu’a été adopté, le 26 juin 1945, le texte qui constitue la
« Constitution des Nations unies ». Soucieux d’étendre la démocratie aux relations internationales, le
texte de la Charte énumère un ensemble de règles de conduite destinées à assurer la sécurité
internationale et assurer le maintien de la paix.
Préambule de la Charte des Nations unies
Les considérations qui ont inspiré les fondateurs de l’Organisation des Nations unies sont
énoncées dans le préambule de la Charte. Ce préambule est ainsi conçu :
« NOUS, PEUPLES DES NATIONS UNIES, RÉSOLUS
à préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, deux fois en l’espace d’une vie
humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances,
à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et
la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi
que des nations, grandes et petites,
à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées
des traités et autres sources du droit international,
à favoriser le progrès social et instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus
grande,
ET À CES FINS
à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l’un avec l’autre dans un esprit de bon voisinage,
à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales,
à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu’il ne sera pas fait usage de la
force des armes, sauf dans l’intérêt commun,
à recourir aux institutions internationales pour favoriser le progrès économique et social de
tous les peuples,
AVONS DÉCIDÉ D’ASSOCIER NOS EFFORTS POUR RÉALISER CES DESSEINS.
En conséquence, nos Gouvernements respectifs, par l’intermédiaire de leurs représentants,
réunis en la ville de San Francisco, et munis de pleins pouvoirs, reconnus en bonne et due
forme, ont adopté la présente Charte des Nations Unies et établissent par les présentes une
organisation internationale qui prendra le nom de Nations Unies. »
Source : « Charte des Nations Unies, Préambule », Textes et Documents pour la classe, 1965, n° 176.
Introduction

Selon la charte des Nations unies, l’ONU est destinée à maintenir la paix et la sécurité internationales,
et à réaliser la coopération internationale afin de résoudre les problèmes internationaux d’ordres
économique, social, intellectuel ou humanitaire… Tout devant concourir au respect des Droits de
l’homme et des libertés fondamentales. De nombreux organismes spécialisés comme l’Unesco, le
FMI, l’Unicef, le Conseil économique et social, la Cour internationale de justice concourrent à ses
progrès.
L’ONU a-t-elle eu les moyens de son action ? Est-elle établie sur une fondation solide, ou bien sur du
sable ? Est-elle bénéfique pour l'humanité, ou bien est-elle une menace ? Son caractère indispensable
est-il un principe ou une réalité ? Quel est son bilan, un demi-siècle plus tard ?

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I. Origines et Fonctionnement
1. Ses origines
- L'échec de la S.D.N. : la Société des Nations créée en 1919 par le traité de Versailles selon la volonté
du Président américain Wilson, ne peut entraver la montée des dictatures et assiste, impuissante à la
marche à la guerre.
- La Deuxième Guerre mondiale conduit Roosevelt, président démocrate à reprendre l'idée d'une
organisation internationale garante de la paix mondiale en lui assurant plus de moyens et plus
d'envergure.
2. Les étapes de sa création.
- La Charte de l'Atlantique de 1941 signée par Roosevelt et Churchill qui, outre le droit des peuples à
disposer d'eux-mêmes, le refus de toute annexion, la liberté des mers... projette un système de sécurité
collective.
- La conférence de Yalta (février 1945) permet à Roosevelt de faire adopter définitivement à Staline
qui n'y attache alors guère d'importance, son idée d'organisation internationale.
- La conférence de San Francisco (25 avril-26 juin 1945). Elle réunit tous les États en guerre contre
l'Axe. Ils signent la Charte des Nations Unies.
3. Deux textes fondamentaux servent de base à l’ONU
- La Charte (25 juin 1945) définit les objectifs de l'O.N.U. :
* Assurer la paix mondiale et la sécurité de tous les États contre toute agression,
* Défendre la démocratie et faire respecter les Droits de l'homme et le droit des peuples à disposer
d'eux mêmes,
* Développer la coopération internationale pour permettre le progrès économique, social et culturel.
- La Déclaration universelle des Droits de l'homme signée le 10 décembre 1948 à Paris.
Ainsi la naissance de l'O.N.U. résulte-t-elle d'une volonté américaine à l'origine de reconstruire un
monde meilleur et d'imposer un idéal politique et social conforme à ceux du monde occidental, ce qui
peut expliquer certains heurts, surtout à l'époque de la guerre froide. Depuis 1945, l’ONU s’applique à
désamorcer les crises et conflits. Elle se concentre également sur les Droits de l’homme. Elle sait
s’appuyer sur les organismes civils, les organisations non gouvernementales, et sur les forces
militaires des pays membres (« Casques bleus »).
Son fonctionnement repose sur une bureaucratie imposante. Ses deux principales instances sont
l’Assemblée générale, où chaque Etat membre dispose d’une voix, et le Conseil de sécurité, qui
comprend cinq membres permanents avec droit de veto et dix membres élus par l’Assemblée pour
deux ans. Elément à la fois moteur et relais, le secrétaire général, élu pour cinq ans par l’Assemblée,
exécute les décisions de l’Assemblée et du Conseil de sécurité.
Chaque année, le troisième mardi de septembre s’ouvre la session de l’Assemblée générale des
Nations unies, qui est le plus grand rendez-vous diplomatique de la planète.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
II. Les actions de l’ONU, indispensables mais très limitées
1. Les domaines d’actions
Plusieurs opérations de maintien, qui n’avaient pas été prévues par la Charte, sont aujourd’hui les
principaux instruments des Nations unies.
- Les opérations de maintien de la paix
- La consolidation de la paix
- La lutte contre le terrorisme
- Le désarmement et la non-prolifération des armes de destruction massive
- Les nouvelles menaces (criminalité organisée, corruption, trafic de drogue)
- La coopération entre les Nations unies et les autres organisations internationales et régionales dans
les domaines de la gestion des crises et de la sécurité
- La protection des droits de l’Homme (droitd politiques, économiques, sociaux, droits des femmes,
des enfants)
- La justice internationale (Cour internationale de justice, le tribunal administratif des Nations unies et
les diverses juridictions pénales internationales)
- L’humanitaire
- Le développement et l’environnement
- L’éducation, la santé, la culture, la science, etc.
2. Les moyens d’actions
Les moyens d’action sont nombreux mais limités car la Charte ne reconnaît pas le droit à l'O.N.U.
d'intervenir dans les «affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d'un État».
- Les recommandations : Dans le but de régler un différend ou un conflit : enquête, négociation
(diplomatie), arbitrage, appel à la Cour de justice, envoi d'observateurs (ex: Palestine).
- Les condamnations : Par exemple de l'Irak le 2 août 1990.
- Des mesures économiques : Le blocus ou l'embargo (en 1990 contre l'Irak...)
- Des mesures militaires : Soit pacifiques par l'envoi des casques bleus comme force d'interposition (ex
: au Liban...), soit guerrières (Corée du Nord - Irak).
3. Le bilan des actions de l’ONU, entre échecs et réussites
Certains voient en elle une organisation fantoche 1 chimérique, incapable de se soustraire
des groupes de pression et surtout de la volonté des Etats -Unis, tandis que d’autres plus

1
Fantoche : qui a un rôle de représentation contrôlé par une autorité ectérieure et ne possède aucun pouvoir effectif

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laudateurs voient en elle une organisation salvatrice qui pu préserver quoi qu’il en soit
le monde d’une troisième guerre mon diale.
Chaque partie dispose d’arguments solides et irréfutables. Comme l’affirme Samantha
Power (Le Monde diplomatique, septembre 2005), « même si l’ONU a échoué à bannir la guerre,
elle demeure indispensable à la recherche de la paix. »
1. Les échecs de l’ONU
a. L’ONU de 1945 à 1991, un otage de la guerre froide
Pendant la guerre froide, l’ONU a été paralysée par :
* ses propres faiblesses : Elle n’a jamais eu d’armée internationale permanente qui aurait pu prévenir
le déclenchement de conflits ou de guerres civiles (en Afrique notamment). Les sanctions
économiques qu’elle a décidées n’ont pas toujours eu de résultats en raison des réticences de certains
États membres.
* la rivalité entre les deux supergrands qui avaient, par simple veto au conseil de sécurité, la
possibilité d’empêcher l’ONU d’agir. Les conflits dans lesquels ils intervenaient à la demande d’un
gouvernement « ami » étaient considérés comme des affaires intérieures qui ne regardaient pas les
Nations unies: intervention des Soviétiques en Hongrie (1956), en Tchécoslovaquie (1968) en
Afghanistan (1979) ; interventions des États-Unis en Amérique centrale et dans les Caraïbes. En 1950,
les États-Unis n’ont réussi à faire voter l’intervention armée de l’ONU contre la Corée du Nord (dont
les troupes avaient envahi la Corée du Sud) qu’en profitant de l’absence du représentant de l’URSS au
conseil de sécurité. Dans ces conditions, seuls les conflits peu importants et dans lesquels les deux
grands n’étaient pas directement impliqués avaient des chances d’être réglés.
* l’abus du droit de veto des cinq membres permanents : De 1945 à 1985, l’URSS y a eu recours
116 fois, les États-Unis 42 fois, le Royaume-Uni 23 fois, la France 15 fois et la Chine 4 fois.
b. Les échecs de l’ONU depuis 1991, impuissnce ou manque de sérieux
L’ONU a manqué de résoudre plus de 130 conflits et d’assurer le désarmement. Elle a ainsi montré
son incapacité à remplir la première de ses missions : la résolution des conflits. C’est que Claire
Tréan constate : « L’Assemblée générale n’avait cessé d’adopter des résolutions, de dépêcher des
médiateurs, mais ici le sang continuait de couler ».
Le Génocide rwandais (1994) a pu longuement se préparer et ensuite se consommer sous les
projecteurs des médias du monde entier, surtout avec la présence au Rwanda des casques bleus de
l'ONU, censés être des soldats de la paix, sans la moindre intervention, ni pour le prévenir, ni pour
l'arrêter.
Pire, lorsque le génocide commence dans la nuit du 6 au 7 avril 1994, l'ONU qui disposait au Rwanda
d'une force de 2.500 hommes dans ce qui était la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au
Rwanda (MINUAR), n'a pas voulu adapter le mandat de cette force aux nouvelles circonstances et d'en
augmenter le nombre. Au contraire, le Conseil de Sécurité s'est hâté de mettre à l'abri ses militaires,
abandonnant les victimes à la merci de leurs bourreaux. De même, elle ne parvient pas à mettre fin aux
massacres au Darfour.
De plus, les Casques bleus ne sont pas en Tchétchénie ni au Tibet, régions de la Russie et de la
Chine qui, de toute façon, mettraient leur veto à toute présence de l'ONU.
Même si la fin de la guerre froide a permis de lever le blocage du système, l’ONU est affaiblie par la
disparition du contrepoids que constituait l’URSS. Aujourd’hui, les USA, unique superpuissance,
agissent souvent de manière unilatérale. Leur intervention en Irak en mars 2003 sans l’aval du Conseil
de Sécurité en est une parfaite illustration.
L’Onu ne parvient pas à réglementer le commerce des armes. Dans ce domaine, comme le dit Anna
Macdonald (directrice de la campagne pour la maîtrise des armements chez Oxfam), "Le monde est
pris en otage par trois Etats" à savoir l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord qui se sont opposés à
l'adoption du texte en évoquant ses failles.

Chimère : désir ou projet impossible à réaliser

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Le dossier syrien continue à empoisonner la diplomatie internationale. L'Assemblée générale de
l'ONU a adopté ce vendredi soir une résolution appelant à la transition politique à Damas... et
condamnant "l'inaction du Conseil de Sécurité". Constat d'impuissance, au lendemain de la démission
du médiateur de l'ONU pour la question syrienne, Kofi Annan. Mais à qui la faute ? Selon Chris
Doyle, directeur du CAABU (Conseil pour la compréhension arabo-britannique) le plan de paix du 21
mars 2012 a été un échec car l'envoi de 300 observateurs onusiens non armés sur le terrain s'est
rapidement révélé insuffisant, notamment dans un pays aussi vaste. "Si l'ONU avait été plus sérieuse,
il y aurait eu entre 3.000 et 5.000 observateurs soutenus par une grande équipe de médiateurs
experts." déplore l'expert dans le Guardian.
2. Les réussites de l’ONU
Certaines de ses interventions peuvent même être considérées comme des succès partiels. L’ONU a pu
prévenir des conflits armés, régler des guerres locales et à intervenir directement dans des
conflits.
Les Nations Unies envoient régulièrement des observateurs pour faire respecter un armistice
(Palestine, Cachemire). Les forces de l'O.N.U. sont également intervenues dans le Sud du Liban en
1978, au Cambodge ou en Yougoslavie, ce qui permet dans la plupart des cas de limiter les conflits
L'intervention de l'O.N.U. a été décisive dans le cessez le-feu Iran/Irak. L'O.N.U. retrouve dans la
période récente un rôle de médiateur extrêmement important. En 1991, c’est avec l’accord du conseil
de sécurité que les États-Unis et leurs alliés ont obligé par la force Saddam Hussein à évacuer le
Koweit (guerre du Golfe). Invoquant le droit d’ingérence, l’ONU est intervenue ensuite
diplomatiquement en Irak en faveur des Kurdes, puis pour contrôler le désarmement nucléaire,
chimique et biologique de ce pays.
Son action diplomatique peut être aussi efficace. En 1988, le secrétaire général, Pérez de Cuellar, a
mis fin par la négociation au conflit Iran-Irak, après huit ans de guerre. Elle a, par exemple, réussi à
mettre fin, en 2002, à une longue guerre entre les rebelles du Timor-Oriental et l'Indonésie. Mais elle
connaît aussi des échecs.
Elle a envoyé des casques-bleus pour séparer des combattants, dans l’ex Congo belge par exemple, en
1960. Elle les a aussi disposés entre les belligérants, après certains conflits, en Corée (1953), à Suez
(1956), au Moyen- Orient (1974-1978), dans l’ex-Yougoslavie (1992), en Somalie (1993)...
Les réussites de l’ONU se mesurent aussi par son action non plotique. En effet elle a affirmé les
droits de l’homme et sous son égide, des conventions internationales ont été signées contre
l’esclavage, la prostitution, l’apartheid...
Son action sociale et humanitaire est louable. Sur plus de deux millions de réfugiés palestiniens, 750
000 vivent dans des camps et sont nourris par l’ONU. De même, elle assure une assistance technique
(envoi d’ingénieurs, de médecins, d’enseignants), une aide alimentaire, la lutte contre les épidémies
et l’analphabétisme, la sauvegarde du patrimoine de l’humanité (temples d’Abou Simbel en
Égypte, Venise...).
Conclusion
Depuis 1945, 130 conflits locaux que l’ONU n’a pu éviter ont fait plus de 10 millions de morts. Les
échecs de l’ONU s’appellent Corée, Viêt Nam, Biafra, Moyen-Orient, désarmement, Bosnie, Rwanda
(guerre civile entre Hutus et Tutsis en 1994)... Son efficacité et son prestige ont été minés par les
rivalités entre les deux grands, par les dissensions entre pays riches et pays pauvres.
L’ONU reste cependant une tribune, un cadre de rencontre pour les négociations internationales.
Comme le formulera plus tard Henry Cabot Lodge, ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations
unies, l’ONU est vouée, non pas « à nous mener au paradis », mais « à nous sauver de l’enfer ».

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Dossier 2 : La guerre froide : conflit idéologique, conflit de puissances
Introduction

De nouvelles façons de faire la guerre naissent dans le second XXème siècle. C’est en octobre 1945,
sous la plume de l’écrivain britannique George Orwell que l’expression « Guerre froide » apparaît
pour la première fois. Elle est ensuite popularisée par le journaliste américain Walter Lippmann dans
une série d’articles publiée en 1947. Cette expression désigne l’affrontement indirect et principalement
idéologique opposant le camp américain et le camp soviétique depuis 1947 (date à laquelle les deux
grands mettent fin à l’alliance qu’ils avaient contractée pendant la Seconde Guerre mondiale contre
l’ennemi nazi) jusqu’à 1991 (date à laquelle l’URSS finit par s’effondrer). Le philosophe français
Raymond Aron la résume ainsi « guerre improbable, paix impossible ».
Mais deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis et l’URSS n’entendent pas
relancer une nouvelle guerre mondiale. Jamais ils ne perdront de vue la nécessité de maintenir la paix
entre eux, même dans les moments de tension les plus vifs.
Pourquoi la « Guerre froide » est-elle un conflit atypique ?

I. Pourquoi Berlin est-elle le lieu emblématique de la Guerre froide ?


1. Le blocus de Berlin, début de la Guerre froide

• La carte présente la division de l’Allemagne et de Berlin en quatre zones d’occupation après la


Seconde Guerre mondiale suite au blocus de Berlin par l’URSS, lancé en juin 1948.
• Trois causes majeures semblent expliquer le déclenchement du blocus :

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- on distingue quatre zone d’occupation sur le territoire allemand, chacune attribuée à une des
vainqueurs de l’Allemagne nazie (le Royaume-Uni au Nord-Ouest, la France au Sud-Ouest, les Etats-
Unis au Sud et l’URSS à l’Est). Berlin est aussi découpée et occupée de la même façon ;
- on constate que les secteurs occidentaux de Berlin sont noyés en pleine zone soviétique : il n’y a pas
de continuité territoriale entre les zones occidentales allemandes et celles de Berlin ;
- la cause majeure du déclenchement de ce blocus est le fait que les occidentaux ont fusionné leur zone
d’occupation (sans associer les Soviétiques), ce qui a entraîné la colère de Staline, qui déclenche un
blocus des secteurs occidentaux de Berlin en représailles.
• Le blocus a lieu de juin 1948 à mai 1949. L’Armée rouge (armée soviétique) entoure les secteurs
occidentaux de Berlin et coupe les routes menant à ceux-ci. Il s’agit en quelque sorte de prendre en
otage la population civile des secteurs occidentaux de Berlin et d’empêcher son ravitaillement. Mais
les occidentaux mettent en place un pont aérien (ravitaillement par avion) pour « assurer le
ravitaillement ». Ce pont aérien fait échouer le blocus soviétique et Staline décide de le lever en mai
1949, n’ayant pas réussi à empêcher la fusion des zones occidentales. Dès lors, l’Allemagne se scinde
alors en deux Etats distincts : la RFA à l’Ouest (sur les trois anciennes zones occidentales fusionnées)
qui intègre le bloc américain et la RDA à l’Est (sur l’ancienne zone soviétique) qui intègre le bloc
soviétique.
2. Le mur de Berlin, symbole de la Guerre froide

Document : « Ich bin ein Berliner » (Je suis Berlinois)


« Il y a deux mille ans, le plus grand acte d’orgueil c’était de dire “civis romanus sum”. Aujourd’hui,
dans le monde de la liberté, on ne saurait se donner plus d’honneur que de dire “Ich bin ein Berliner”.
Il ne manque pas de gens dans le monde qui ne comprennent vraiment pas, ou qui prétendent ne pas
comprendre, quel est l’enjeu de la lutte contre le communisme. Qu’ils viennent eux aussi à Berlin !
Certains, enfin, en Europe et ailleurs, déclarent qu’on peut collaborer avec les communistes. Qu’ils
viennent à Berlin ! Et il y en a même un petit nombre qui, tout en reconnaissant les méfaits du
communisme, estiment qu’il leur permet de faire des progrès économiques. Qu’ils viennent donc s’en
convaincre à Berlin !
La liberté connaît, certes, bien des difficultés et notre démocratie n’est pas parfaite. Cependant, nous
n’avons jamais eu besoin, nous, d’ériger un mur pour empêcher les gens de chez nous de s’enfuir. […]
Le mur est la preuve la plus abominable et la plus éclatante de la faillite du système communiste.
L’aveu de cet échec est visible aux yeux du monde entier. Mais nous n’en éprouvons aucune
satisfaction car, comme l’a dit votre bourgmestre, il est une offense au monde, une offense à
l’humanité. »
Discours du président Kennedy à Berlin le 27 juin – resté célèbre –le président américain John
Fitzgerald Kennedy prononce le lors de son voyage à Berlin-Ouest.
Ce discours, prononcé depuis le balcon de l’hôtel de ville en juin 1963 (soit moins de deux ans après la
construction du mur) dénonce vivement la construction de ce mur.
• Deux raisons expliquent la construction du mur. La première est évoquée dès le début du discours de
Kennedy : « nous n’avons jamais eu besoin d’ériger un mur pour empêcher notre peuple de s’enfuir ».
Par cette phrase, Kennedy sous-entend qu’une partie de la population de Berlin-Est fuyait vers Berlin-
Ouest (pour y trouver des conditions de vie meilleure, une vie plus libre qu’à l’Est). D’autre part, la
construction de ce mur est facilitée par la configuration territoriale de Berlin : Berlin-Ouest est située
au beau milieu du territoire de la RDA donc il est facile pour les autorités estallemandes d’élever ce
mur qui entoure la partie occidentale de Berlin.

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• Ce mur a été mis en place dans la nuit du 12 au 13 août 1961 (d’abord de façon provisoire avec des
barbelés et des blocs de bétons dans les rues avant d’être construit en dur). Mesurant 155 km de long
sur 5 mètres de haut, il entoure totalement Berlin-
Ouest et a été élevé à l’initiative de la RDA avec le soutien de l’URSS. D’ailleurs, 1200 soldats est-
allemands surveillent le mur et empêchent qu’il ne soit franchi (136 personnes sont tuées entre 1961 et
1989 en tentant de le franchir). Ce mur est le symbole de la division de Berlin, de l’Allemagne et du
monde pendant la Guerre froide.
3. La chute du mur de Berlin, fin de la Guerre froide
Des raisons internes et externes à l’Allemagne expliquent la chute du mur de Berlin en novembre
1989. Gorbatchev précise que « l’idée d’un changement s’est imposée, par une union monétaire et une
confédération de deux Etats allemands » : il entend par là que les deux Allemagne aspiraient à se
réunifier. Il évoque aussi « le processus de réformes pour démocratiser le pays [que] les gens […]
voulaient », ceci montre que les Allemands de l’Est aspiraient à plus de libertés, ce que la RDA a tardé
à leur donner. Gorbatchev dit aussi à Honecker « c’est vous qui déciderez ce que vous voulez pour
votre pays » : en effet, l’URSS ne se mêle plus à la fin des années 1980, de la politique intérieure des
pays communistes de l’Europe de l’Est (fin de la doctrine Brejnev).
La chute du mur de Berlin est liée à un mouvement populaire : le 9 novembre 1989, les autorités de
RDA annoncent que le mur pourra être franchi sur simple présentation d’une pièce d’identité. La foule
se presse pour traverser le mur à partir de minuit, l’armée n’intervient pas et le lendemain, des
Berlinois commencent à abattre le mur. La Guerre froide s’achève donc là où elle a commencé, sans
aucune violence.
II. La guerre de Corée, un conflit périphérique et une crise originale de la
guerre froide
Document 1: La théorie des dominos
« Il s’agit d’empêcher les pays du Sud-Est asiatique de passer dans l’orbite communiste et de les aider à vouloir
et à pouvoir résister aux influences communistes. […] En l’absence d’une réaction efficace et opportune, la
défaite d’un seul pays peut entraînerait probablement, dans des délais relativement courts, la soumission au
communisme ou un alignement politique chez les autres pays du groupe. En outre, un alignement sur le
communisme du reste du Sud-Est asiatique, de l’Inde et, à plus long terme du Moyen-Orient (excepté sans
doute le Pakistan et la Turquie) aurait toutes les chances de s’établir peu à peu : cet alignement général
mettrait en danger la stabilité et la sécurité de l’Europe. […]
La perte du Sud-Est asiatique, notamment de la Malaisie et de l’Indonésie, pourrait être à l’origine de pressions
économiques et politiques sur le Japon et il deviendrait difficile d’empêcher ce pays d’être finalement un
refuge pour le communisme. Aussi est-il impératif qu’une attaque ouverte du Sud-Est asiatique par les
communistes chinois puisse être vigoureusement contrée. »
Rapport secret du Pentagone
Document 2: L’intervention de l’URSS
« Le 3 septembre [1949], le secrétaire personnel de Kim Il Sung, Sung Il, vint me voir et, commissionné par Kim
Il Sung, il signalait qu’ils avaient reçu des informations fiables que dans un proche avenir les Sudistes avaient
l’intention de s’emparer d’une partie de la péninsule d’Ongjin qui se trouve au nord du 38ème parallèle, et aussi
de bombarder la cimenterie dans la ville de Kaisiu.
A propos de ceci, Mun Il disait que Kim Il Sung demande la permission de commencer des opérations militaires
contre le Sud, avec pour but de s’emparer de la péninsule d’Ongjin et d’une partie du territoire de la Corée du
Sud à l’est de la péninsule d’Ongjin, approximativement jusqu’à Kaesong, afin de raccourcir les lignes de
défense. […]
En ce qui concerne les intentions des Sudistes de s’emparer de la péninsule d’Ongjin au nord du 38ème parallèle,
nous avons seulement des informations [provenant] de déserteurs sudistes.
Il n’y a pas eu d’incidents sérieux au 38ème parallèle depuis le 15 août. De faibles échanges de coups de feu ont
eu lieu, [il y a eu] des cas de tirs d’artillerie sur le territoire de la Corée du Nord sur la péninsule d’Ongjin, au-
delà du 38ème parallèle. Les Sudistes sont en train de réaliser des travaux défensifs au 38ème parallèle à un
rythme accéléré. Je demande vos ordres. »
Télégramme de Shtykov (général soviétique) à Vyshinsky (diplomate soviétique), 3 septembre 1949

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Document 3: Massacre de Corée, Pablo, Picasso, 1951

III. Pourquoi Cuba constitue-t-elle une crise typique de Guerre froide ?


1.. Une crise indirecte entre les Etats-Unis et l’URSS
Document : Une menace aux portes des États-Unis.

Chronologie de la crise.
1959 : le révolutionnaire Fidel Castro a pris le pouvoir dans l’île de Cuba.
1961 : échec d’une attaque contre Cuba, agression organisée et soutenue par les Américains. Les communistes
cubains et leurs alliés soviétiques croient que les Américains vont envahir Cuba.
1962 : pour éviter une attaque américaine contre Cuba et menacer les États-Unis, les
Soviétiques ont installé des troupes et des missiles nucléaires dans cette île. D’autres navires soviétiques chargés
d’armes sont en route.
14 octobre 1962 : un avion espion américain découvre et photographie les rampes de lancement de missile.
22 octobre 1962 : le président américain Kennedy annonce à la télévision un blocus autour de Cuba, il menace
l’U.R.S.S. d’une riposte.
25 octobre 1962 : réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies, puis négociations diplomatiques entre les
dirigeants américains et soviétiques.
29 octobre 1962 : l’U.R.S.S. fait retirer tous ses navires, y compris les sous-marins, et les
Américains renoncent à des missiles installés en Turquie.

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• La crise de Cuba, qui se déroule fin octobre 1962, s’explique par l’installation de trois bases de
lancement de missiles nucléaires soviétiques sur l’île de Cuba, au coeur de la mer des Caraïbes. Ces
bases sont identifiées par le survol de l’île par des avions espions de l’armée américaine le 25 octobre
1962 : on voit, sur la photo aérienne, le transporteur de missiles, l’abri pour les missiles et la
plateforme de tir. La portée de ces missiles est d’environ 2000 km : ils peuvent donc toucher le tiers
Sud-Ouest du territoire américain (dont Washington) ainsi que toute l’Amérique centrale (dont le canal
de Panama).
• Cette crise est une crise indirecte de la Guerre froide. En effet, elle oppose directement les Etats-Unis
à Cuba (où Fidel Castro a pris le pouvoir en 1959 suite a une révolution et s’est allié à l’URSS).
L’URSS peut donc installer ces missiles et menacer directement le territoire américain, ce qu’elle
n’aurait pas pu faire depuis leur sol. La crise de Cuba passe donc par l’intermédiaire d’un pays tiers,
Cuba en l’occurrence.
2. Une tension extrême sans jamais employer la force
John Fitzgerald Kennedy prononce un discours télévisé le 22 octobre 1962. Il s’adresse à la nation,
annonçant la présence de missiles nucléaires soviétiques à Cuba et les mesures qu’il a prises. Avec un
ton très ferme, Kennedy annonce qu’il a « commandé aux forces armées de se préparer à toute
éventualité », ce qui sous-entend que les Etats-Unis feront usage de l’arme nucléaire en cas d’attaque
et que toutes les bases militaires américaines des Caraïbes sont en alerte générale (ce qu’on voit sur la
carte). D’ailleurs, il annonce que « tout lancement d’un engin nucléaire à partir de Cuba contre une nation
quelconque du continent américain [sera considérée] comme une attaque de l’Union soviétique contre les
Etats-Unis, attaque exigeant une riposte sur une grande échelle contre l’Union soviétique ». De plus, la carte
indique un blocus de la part de la marine américaine autour de l’île de Cuba. Les deux grands sont
prêts à se lancer des missiles nucléaires l’un sur l’autre : c’est « l’équilibre de la terreur ».
• Pour autant, malgré les vives tensions, jamais les acteurs de la crise n’ont recours aux armes. Même
si Castro encourage vivement Khrouchtchev à utiliser l’arme nucléaire et même si Kennedy menace
d’avoir recours à la force, chacun espère que la paix sera maintenue : Kennedy dit « je fais appel à M.
Khrouchtchev afin qu’il mette fin à cette menace » ; Castro écrit « nous conservons l’espoir que la
paix soit sauvée. »
3. Une crise désamorcée par le recul de l’URSS : une crise diplomatique
Document : Ce sont les négociations directes entre les dirigeants américains et soviétiques qui sont
décisives pour éviter une guerre nucléaire.
Nous sommes prêts à retirer de Cuba les armes que vous considérez comme offensives. Nous sommes prêts à
prendre cette obligation devant l’O.N.U.
Lettre du dirigeant soviétique Nikita Khroutchev au Président américain J.-F. Kennedy, le 26 octobre 1962.
Pour notre part, nous accepterions […] : 1. de lever rapidement le blocus actuellement en application de vous
donner des assurances contre toute invasion de Cuba.
Lettre du président américain J.-F. Kennedy au dirigeant soviétique Nikita Khroutchev, le 27 octobre 1962 .
La crise de Cuba a été désamorcée sans recours à la force. En effet, on apprend que « M.
Khrouchtchev a accepté purement et simplement les conditions de M. Kennedy » : en d’autres termes,
l’URSS a retiré ses missiles de Cuba. L’URSS a fait machine arrière dans ce contexte de tension
extrême. La crise prend fin car l’URSS s’est dégonflée.
En contrepartie du retrait des missiles, « les Etats-Unis n’envahiront pas Cuba », ce qui satisfait
Khrouchtchev (mais visiblement pas Castro qui semble en douter car les Etats-Unis ont déjà fait une
tentative, avortée, en 1961 dans la baie des Cochons). La raison principale de la fin de la crise de Cuba
est évoquée dans l’article du Monde : « après cette alerte, qui aura fait prendre conscience à
l’humanité des terribles périls auxquels elle demeure exposée ». C’est donc la dissuasion nucléaire qui
a désamorcé la crise de Cuba et fait réaliser à Khrouchtchev que cet épisode pouvait entraîner le
monde dans une guerre nucléaire, causant sa destruction totale.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Document : Discours de Castro au lendemain de la crise des fusées
« Il y a une question que je veux souligner aujourd’hui, ou une appréciation que je veux donner : c’est celle qui
concerne le peuple, la conduite qu’a observée le peuple en ces journées. Je dois dire que l’attitude du peuple a
dépassé tout ce que les plus optimistes pouvaient espérer : en décision, en courage, en discipline.
Il faut dire que des milliers d’hommes qui n’étaient pas miliciens, qui en ces quatre ans de révolution n’avaient
pas été miliciens, le sont devenus pendant cette crise. Il faut dire que des milliers de personnes qui
n’appartenaient pas à des organisations de masse ni à un Comité de défense de la révolution, sont allées
s’inscrire dans les organisations de masse en ces journées. Il faut dire que l’ennemi ne peut compter à l’intérieur
de notre patrie sur des alliés d’aucune sorte. Il faut dire qu’en ces jours de crise extrême il n’y a pas eu de motif à
la moindre arrestation.
Même des hommes et des femmes qui faisaient des critiques à la révolution ont senti naître en eux dans ces
heures décisives, le sentiment patriotique et révolutionnaire et sont allés s’enrôler. Et ils sont allés s’enrôler pour
une lutte qui, selon toutes les perspectives, était une lutte grave, une lutte effroyable, une lutte qui pouvait être
livrée avec des armes traditionnelles, mais aussi avec des armes atomiques.
M. le Président des États-Unis a essayé d’intimider notre peuple, ce peuple qu’il appelle « peuple captif »,
quand il a déclaré que nous pourrions être la cible d’attaques atomiques, et le résultat a été qu’il y a eu plus de
miliciens que jamais, plus de militants révolutionnaires que jamais. […]
L’ennemi, à force d’hostilité, nous a rendus disciplinés, nous a organisés, nous a rendus aguerris. Ces quatre ans
d’hostilité ont fait un peuple héroïque, un peuple plus spartiate, parce que l’on dit qu’à Sparte les mères se
séparaient de leurs enfants en leur disant : « Avec le bouclier ou sur le bouclier. » Et ici tout un peuple, hommes,
femmes et enfants, jeunes et vieux, se dit à lui-même : « Avec le bouclier ou sur le bouclier. »
Source : Merlier (M.), les Étapes de la Révolution cubaine, Paris, François Maspero, 1964.

III. En quoi le Vietnam incarne-t-il le modèle du conflit de Guerre froide ?


La guerre du Viêtnam, un conflit périphérique, est une guerre visant à endiguer l’expansion
communiste en Asie, une guerre technologique, asymétrique et meurtrière qui se solde par un échec
cuisant des Etats-Unis
Cette guerre répond bien à la logique de la Guerre froide car elle est motivée par une opposition
idéologique (les Etats-Unis veulent empêcher la propagation du communisme en Asie). De plus, elle
n’oppose pas directement les deux grands de la Guerre froide (d’ailleurs, l’URSS a un rôle assez
mineur dans cette guerre, c’est la Chine qui aide surtout le Nord-Vietnam et le Vietcong) et les
combats se déroulent loin du territoire américain. Enfin, la guerre prend fin par le retrait des Etats-
Unis (comme à Cuba en 1962 où l’URSS avait fait machine arrière).

IV. Les guerres périphériques


Les stratégies ont éloigné la crainte d'un affrontement direct au Nord mais multiplié les affrontements
indirects dans le Sud. Ainsi les USA, à partir de 1963 se sont enlisés au Viêt-Nam dans leur volonté
d'empêcher la propagation du communisme depuis le Viêt-Nam Nord dans le Sud ainsi qu'au Laos et
au Cambodge. Face à des adversaires communistes déterminés 500000 soldats américains et
d'incessants bombardements et autres moyens sophistiqués ont été impuissants à empêcher la bascule
de toute la péninsule dans le bloc opposé en 1975, deux ans après un piteux retrait imposé par la
réprobation de l'opinion publique nationale et internationale. Laquelle est restée ensuite étrangement
silencieuse quand les Khmers rouges du Cambodge ont massacré le quart de la population du pays
pour éliminer les tenants de l'impérialisme bourgeois et quand le nouvel ordre au Viêt-Nam a
provoqué la fuite de centaines de milliers de Boat People.
En Amérique latine, Cuba a été le relais de la diffusion du communisme. Guevara dit le "Che",
compagnon de Fidel Castro a allumé dans plusieurs pays des guérillas communistes. Le Che a été
abattu en 1967 et en 973 la C.I.A. a aidé au renversement du régime socialiste du Chili par le général
Pinochet.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
IV. Vers La fin de la bipolarisation : Les USA vainqueurs par défaut
Document : L’analyse du dernier secrétaire du PCUS
« En analysant la situation, nous découvrîmes en premier lieu un ralentissement de la croissance économique.
Au cours des quinze années qui avaient précédé, le taux de croissance du revenu national avait décliné de plus de
cinquante pour cent pour tomber au début des années quatre-vingts à un niveau proche de la stagnation. De plus
le fossé, en efficacité de production, qualité des produits, production et utilisation des techniques de pointe par
rapport aux nations les plus avancées, ne cessait de se creuser à notre désavantage. […]
Perestroïka, cela signifie surmonter le processus de stagnation, rompre le mécanisme de freinage, créer des
systèmes fiables et efficaces… Perestroïka, cela signifie aussi initiative de masse. C’est le développement
complet de la démocratie, l’autonomie socialiste, l’encouragement de l’initiative et des attitudes créatives, c’est
aussi davantage d’ordre et de discipline, davantage de transparence, la critique et l’autocritique dans tous les
domaines de notre société. […]
Perestroïka, cela signifie le développement prioritaire du domaine social, avec pour objectif de satisfaire les
aspirations du peuple soviétique à de meilleures conditions d’existence. […]
Les relations de la communauté socialiste sont déjà en cours de réadaptation aux exigences de l’époque […].
Avant tout, le cadre entier des relations politiques entre pays socialistes doit être strictement fondé sur
l’indépendance absolue. »
M. Gorbatchev, Perestroïka, Flammarion, 1987.

Dès 1969, la politique d'ouverture à l'Est (Ostpolitik) du chancelier de RFA Willy Brandt contribue à
la détente. Durant son ministère (1969-1974) le chancelier a reconnu la RDA et permis aux deux
Allemagnes d'entrer à l'ONU rendu possible une timide ouverture du mur de Berlin pour les familles
séparées et les retraités. Ainsi, en 75, lors de la conférence d'Helsinki, les frontières de l'Europe sont
internationalement reconnues et les signataires (USA, Canada et tous les pays d'Europe sauf l'Albanie
qui a choisi le camp Chinois) s'engagent même à respecter les droits de l'homme. Pourtant les années
qui suivront verront un durcissement des deux camps : le déploiement en Europe d'une nouvelle
génération de missiles à courte et moyenne portée : SS20 pour les Soviétiques et Pershing pour les
Américains, la propagation du communisme dans plusieurs pays d'Afrique (voir carte) et au
Nicaragua, les ambitions du Viêt-Nam sur le Cambodge et surtout l'invasion de l'Afghanistan par les
Soviétiques (1979). Contrastant avec la faiblesse de son prédécesseur Carter, Ronald Reagan suscite
des guérillas anticommunistes et surclasse l'URSS dans la course aux armements. Incapable de suivre,
à bout de moyens économiques l'URSS de Gorbatchev doit alors adopter un profil conciliant. De 87 à
92 l'URSS se désengage de tous les terrains (Réduction des forces nucléaires, retrait d'Afghanistan en
88, ouverture du mur de Berlin en novembre 89, réunification de l'Allemagne en 90) puis elle
disparaît elle-même.

La guerre froide est Un conflit avant tout idéologique et


indirect. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le monde est bipolaire : USA et URSS sont
les seuls grands vainqueurs, et tous les autres pays sont affaiblis et ruinés, dépendants le plus souvent,
déchirés parfois. Les deux grands, que tout oppose maintenant, se retrouvent face à face, inquiets
chacun de la montée en puissance de l'autre. De 1945 à 1946, les divergences d’intérêt, les
malentendus et les méfiances, accroissent la tension entre les deux supergrands, et conduisent à la
rupture de 1947 : c’est le début de la guerre froide.
La guerre froide est un profond antagonisme Est-Ouest qui dure de 1947 à 1991et prend la forme
d'un conflit permanent et systématique, sur le plan idéologique, politique, économique, culturel,
militaire et spatial, mais qui ne conduit pas pour autant à un affrontement armé direct et généralisé des
deux blocs.
Les deux adversaires vont recourir à tous les moyens de l’intimidation, de la propagande, de la
subversion, voire de la guerre locale tout en s’abstenant d’en venir aux armes l’un contre l’autre ; la
menace sur la paix est tout de même désormais permanente.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Dossier 3 : La Chine 1945 aux années ‘’1990’’

Document 1 : Le Grand bond en avant


« Les campagnes spécialisées se succèdent. Dès 1958, les moineaux sont déclarés ennemis du
peuple et toute la population est mobilisée pour faire du bruit ; les moineaux, effrayés,
craignent de se poser et tombent, épuisés. (…)
Un autre slogan visa la construction des digues et des barrages ; organisant, dans chaque
commune, des « séances de colère contre la rivière » ; auxquelles toute la population devait
participer, on mobilisa des millions d’hommes et de femmes pour transporter de la terre dans
de petits paniers remplis à la main et élever des barrages. (…)
Pendant les premières années, on vécut sous l’influence de ce que les responsables eux-
mêmes ont appelé le délire statistique ; pressés, pour obtenir leur avancement et éviter des
sanctions, de montrer des progrès en tout (…) les chefs locaux du Parti ont adressé des
rapports optimistes appuyés sur des chiffres (…). Bientôt il fallait déchanter : le rationnement
est établi sur tout le territoire (…) la disette est générale et dans certaines régions atteint la
proportion d’une véritable famine. (…) »
Cité dans André Philip, Histoire des faits économiques et sociaux, Aubier – Montaigne.
Document 2 : La révolution culturelle
●D’après un journal chinois
« Cette révolution vise (…) à porter un coup décisif aux idées, à la culture, aux mœurs, aux
coutumes et aux habitudes du passé exploiteuses, à instaurer en grand les idées, la culture,
les mœurs, les coutumes et les habitudes, prolétariennes et socialistes. »
« Hommage à nos gardes rouges », article du Jen Min Jih Pao, 29 août 1966, cité dans M. Chaulanges, Delagrave.
●Selon le Parti
La grande Révolution culturelle prolétarienne en cours – révolution dont la pensée de Mao
Zedong est le prestigieux drapeau et dont les Gardes rouges constituent l’avant-garde – non
seulement transformera radicalement la physionomie morale de toute notre société, mais
améliorera et consolidera notre dictature du prolétariat, créera du neuf à la place de ce qui
subsiste encore chez nous des nombreux vestiges de la vieille société et de la force de
l’habitude, incompatible avec la dictature du prolétariat.
Extrait de la Résolution en 16 points adoptée par le Comité central du PCC le 8 août 1966.
●Selon un sinologue occidental
(Les intellectuels occidentaux ont été longtemps fascinés par la révolution chinoise ; Simon Leys a été l’un des
tout premiers spécialistes à porter un jugement très critique sur le régime de Mao Zedong)
La « Révolution culturelle » qui n’eut de révolutionnaire que le nom, et de culturel que le
prétexte tactique initial, fut une lutte pour le pouvoir, menée au sommet entre une poignée
d’individus, derrière le rideau de fumée d’un fictif mouvement de masses. Dans la suite de
l’événement, à la faveur du désordre engendré par cette lutte, un courant de masse
authentiquement révolutionnaire se développa spontanément à la base, se traduisant par des
mutineries militaires et par de vastes mouvements de grèves ouvrières ; celles-ci, qui
n’avaient pas été prévues au programme, furent impitoyablement écrasées…
Simon Leys, Les Habits neufs du président Mao, Champ libre, 1971.
Document 3: La décollectivatisation des campagnes chinoises
« … [La victoire de Deng Xiaoping] marque le retour au statu quo des années 1960, tolérance à
côté d’un secteur collectif de lopins privés familiaux (5 à 10 % de la surface cultivée) fournissant
légumes et viande de porc et procurant la majeure partie des revenus monétaires grâce aux
ventes sur le marché libre (…).
[De plus] la terre qui reste propriété de l’équipe, est de fait allouée aux familles qui assument de
façon autonome, la majeure partie des travaux agricoles (…). L’équipe continue d’assurer les
labours, la gestion de l’irrigation (…). [Mais] la famille devient responsable de ses profits et
pertes, tandis que l’équipe se contente de faire payer ses services et de prélever les sommes
nécessaires pour les équipements collectifs ou pour les aides sociales. »
C. Aubert, La Chine rurale, la révolution silencieuse, Projet, octobre 1982.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
La Chine d’après guerre a fait une entrée fracassante dans le monde moderne, d’abord comme
modèle idéologique (49-75) puis comme exemple de réussite économique et ceci tout en restant
“ communiste ”.
I. La Chine devient communiste
Depuis la chute de la dynastie impériale en 1911 la Chine est l’objet de soubresauts politiques qui
aboutit à la guerre civile entre les nationalistes au pouvoir avec Tchang Kaï-chek et la guérilla
communiste de Mao Zedong. Forcés à la retraite avant guerre (la Longue Marche), les communistes
reprennent le dessus et viennent à bout des nationalistes minés par la corruption. Tandis que Tchang
Kaï-chek se replie sur Taiwan, Mao proclame le 1er octobre 1949 La République populaire de Chine
(RPC). L’année suivant un traité d’amitié et de coopération est conclu avec l’URSS. Le pays s’engage
dans l’imitation du modèle soviétique : spoliation dramatique des propriétaires terriens et
collectivisation des terres, ambitieux programme d’industries lourdes.
II. La Chine crée un modèle communiste original
Mao trouve cependant que l’imitation de l’URSS ne convient pas aux conditions particulières de son
pays essentiellement rural. De plus il n’approuve pas la déstalinisation ni la coexistence pacifique.
Aussi, en 58 il lance sa propre voie vers le communisme : le “ Grand Bond En Avant ” : Les campagnes
sont divisées en 25000 communes populaires chargées d’assurer collectivement la réalisation de tous
leurs besoins économiques et sociaux. La réalisation brutale de cet objectif à grand renfort de
propagande et de contrainte a gravement perturbé l’économie du pays tandis que se consommait la
rupture avec l’URSS. Famines et désordres contraignirent Mao à faire marche arrière dès 61 et à
laisser l’initiative au président Liu Shaoqui et son collaborateur Deng Xiaoping, tous deux partisans
d’une politique plus réaliste. Toutefois en 1966 Mao reprend l’initiative avec la Révolution Culturelle,
terrifiante manipulation de la jeunesse visant à éliminer ses adversaires. Les Gardes Rouges se sont
vus confier la mission de réaliser le communisme intégral en brisant toute hiérarchie. Professeurs et
gradés ont été mis “ en rééducation ” tandis qu’un intense culte de la personnalité était orchestré
autour de la personne de Mao. Ce chahut désastreux a désorganisé l’économie et la société chinoise
mais il a fasciné la génération des jeunes occidentaux des années 60 qui ont trouvé là un relais pour
leurs aspirations idéalistes déçues par l’URSS. Le “ Maoïsme ” a été au cœur des idéologies soixante-
huitardes.
III. Deng Xiaoping fait triompher le réalisme
En 1976, Mao, le Grand Timonier (celui qui tient la barre) meurt, rapidement Deng Xiaoping, sorti de
sa disgrâce, s’impose et applique une politique plus réaliste connue sous le nom “ des 4
modernisations ”. Les campagnes sont arrachées au collectivisme et rendues aux familles, libres à
elles de trouver les meilleures productions pour s’enrichir. Le plein succès de cette politique a
conduit la Chine à l’autosuffisance alimentaire. Parallèlement l’industrie est stimulée par
l’autorisation de créer des entreprises privées, l’appel aux technologies et investisseurs étrangers
(Création des ZES en 8190). Avec un taux de croissance supérieur à 10% par an sur 20 années, la
Chine s’est hissée au rang de 10ème puissance économique mondial. Ainsi, la Chine s’est convertie
plus tôt et mieux que l’URSS à l’économie de marché, mais elle n’a pas renoncé au communisme
politique, c’est à dire à la dictature du parti Communiste. Les aspirations aux réformes
démocratiques sont étouffées avec violence, on l’a vu en 1989 avec la répression de la place Tien An
Men. Les successeurs du “ petit timonier ”, mort en 1976, gardent le même cap.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Dossier 4 : La décolonisation

Les causes et les formes


Documents : Les soutiens à la décolonisation
« On ne peut lutter contre la servitude fasciste et en même temps ne pas libérer sur toute la surface du globe les
peuples soumis à une politique coloniale rétrograde »
F. Roosevelt à W. Churchill, 14 Août 1941
« Les buts des Nations unies sont les suivantes : […] développer entres les nations des relations amicales fondées
sur le respect du principe de m’égalité et de leurs droits à disposer d’eux-mêmes… »
Charte de l’ONU, article 1, 1945
« La crise du système coloniale se manifeste par le puissant essor du mouvement de libération nationales dans
les colonies et les pays dépendants. […]
L’URSS est le seul vrai défenseur de la liberté et de l’indépendance de toutes les nations, un adversaire de
l’oppression nationale et de l’exploitation coloniale sous toutes ses formes. »
A. Jdanov, Rapport, septembre, 1947.

La décolonisation est un processus par lequel les populations


des territoires dominés et occupés par une puissance étrangère, retrouvent leur identité nationale,
leur liberté d’action, les attributs de la souveraineté internationale.
À la faveur de la guerre, les mouvements nationalistes profitent de l'affaiblissement des métropoles
européennes et demandent la reconnaissance de leurs revendications. L'hostilité des Etats-Unis ou de
l'URSS à la colonisation, la création d'un organisme comme l'ONU, sont par ailleurs autant d'éléments
favorables à l'émancipation des peuples dominés. Donc, le mouvement d’affranchissement est une
conjonction de deux facteurs : externes et internes.

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Si, dans un grand nombre de cas, les indépendances découlent d'un processus de négociation entamé le
plus souvent sous la pression et se déroulent pacifiquement (réussie), dans d'autres cas, les métropoles
se crispent sur leurs positions et la décolonisation se déroule dans le déchirement et la violence (ratée).
I. La décolonisation en Asie
1. Le cas de l’Inde, une décolonisation réussie
Document 1. « Partez de l’Inde !»
« Au lieu de reposer sur la liberté, [les vues des Alliés] se fondent sur la domination des pays coloniaux
assujettis et sur le maintien des techniques et des traditions impérialistes. ( …) L’Inde, cette victime type
de l’impérialisme moderne, est devenue le nœud de l’affaire, car c’est sur la libération de l’Inde que l’on
jugera l’Angleterre et les Nations Unies, et que les peuples d’Asie et d’Afrique trouveront source
d’enthousiasme et d’espoir. (…)Une Inde libre (…) se lancera alors de toutes ses forces dans le combat
pour la paix, contre l’agression qu’elle soit nazie, fasciste ou impérialiste. Cela changera non seulement
le sort de la guerre mais aidera à faire se ranger toute l’humanité opprimée du côté des Nations Unies. »
Résolution « Quit India » du parti du congrès, août 1942.
Document 2. La désobéissance civile
« La désobéissance civile complète est une révolte, mais sans aucune violence. Celui qui s’engage à
fond dans la résistance civile ne tient simplement aucun compte de l’autorité de l’Etat. Il s’arroge le
droit de se passer outre à toute la loi contraire à la morale. Il peut être amené à refuser de payer des
impôts, à ne pas se plier à la réglementation. »
Gandhi, 1920
« Que chaque village se procure du sel de contrebande, que nos sœurs forment des piquets devants les
magasins d’alcool, les fumeries d’opium et les magasins de textile étrangers. Les jeunes et les vieux
doivent manier le takli, filer et tisser abondamment tous les jours. Les textiles étrangers doivent être
brûlés. Que les étudiants quittent les écoles et les universités de l’Etat, que les fonctionnaires
démissionnent et se consacrent au service du peuple. Gandhi, 1930
Document 3. Le refus de la Ligue musulmane
« La solution du Parti du Congrès peut être résumée : ainsi : le Gouvernement britannique doit d’abord
accorder l’indépendance et transmettre l’appareil civil et militaire de l’Etat aux hommes du
« Congrès » qui mettront en place un gouvernement national selon leurs propres conceptions. (…) Au
contraire, la Ligue musulmane se fonde sur la réalité. J’ai expliqué en détail les différences
fondamentales entre Hindous et Musulmans. Il n’y a jamais eu, pendant tous ces siècles, d’unité
sociale ou politique entre ces deux principales nations. L’unité indienne dont on parle aujourd’hui ne
relève que de l’Administration britannique qui n’a maintenu la paix, la loi et l’ordre dans ce pays que
par le recours ultime à la police et à l’armée. La revendication du « Congrès » est fondée sur une
nationalité qui n’existe pas sauf dans l’esprit de doux rêveurs. Notre solution se fonde sur la partition
du territoire de ce sous-continent en deux Etats souverains : l’Hindoustan et le Pakistan. »
Discours de Mohamed Ali Jinnah à la Convention législative de la Ligue musulmane à Delhi, 7 avril 1946
Document 4 : Le déchaînement de la violence
« La route était déserte. C’était effrayant et sinistre : je savais qu’autour de moi, on devait se
massacrer. Au bout de quelques kilomètres, j’aperçus, au loin, une jeep avec des hommes armés en
uniforme. Je sortis mon révolver. Et puis je vis leurs turbans : c’étaient des soldats sikhs. Je n’avais
rien à craindre. L’un d’entre eux me dit : ‘’on a viré tous ces porcs de la région.’’ Cela signifie que lui
et ses hommes avaient chassé ou tué des musulmans de ce coin du Pendjab oriental, à une trentaine de
kilomètres à l’ouest de la Nouvelle-Delhi. » (…)
« En ce 13 août 1947, Kushwant Shingh s’enfuit, car le Pakistan s’apprête à naître dans l’horreur et le
sang, entraînant le plus grand et le plus tragique transfert de population de l’histoire : sikhs et hindous
des régions du Pendjab occidental, à majorité musulmane, gagneront l’Inde. Musulmans des réions du
Pendjab oriental, à majorité sikh et hindou, partiront pour le Pakistan. Bilan : des centaines de milliers
de tués, plus de dix millions de refugiés. » B. Philip, Le Monde, 13 août 1947

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
P end a n t la 2 è m e G u erre Mo nd ial e, 2 .5 mi ll i o n s d e so ld a t s
d e l ’U n io n I nd i e n ne a va ie n t co mb a tt u s a u x c ô té s d e s b ri ta n niq u e s ; ce u x -c i, p ro me tt e nt
l ’i nd ép e nd a nc e à la f i n d es ho s ti lit é s.
Il e x is te d a n s le j o ya u d e la co u r o n ne b r ita n n i q ue d e u x p ar ti s p o l it iq u es r i va u x : le P ar ti
d u Co n gr ès a ve c à sa têt e Mo h a nd a s K ara mc ha nd G AN DHI (1 8 6 9 -1 9 4 8 ), et J a wa h arl al
NEH R U (1 8 8 9 -1 9 6 4 ) , g r o up a n t l a maj o rit é d e s hi nd o u i ste s ; e t l a Li g ue M us u l ma n e d e
Mo h a m med J i n na h ( 1 8 7 6 -1 9 4 8 ) mi no r it air e et s ép ara ti s te. F ac e a u x h é si tat io n s
b rita n n iq ue s Ga nd h i la n ce la ca mp a g ne d e d é so b éi ss a nce c i vi le et l a p o lit iq ue d e l a no n
vio le n ce p o ur o b te n ir l ’ au to no mi e d e l ’i nd e.
D ès 1 9 4 6 , d e tr ès vio le nt s a f fr o n te me n t s o n t lie u e n tre H i nd o ui s te s e t M us u l ma n s, a lo r s
q ue le s a n g la is a n no nc e nt le r etr ai t d e le ur s p r o p res tro up e s p o ur j ui n 1 9 4 8 . Fa ce à ce tte
ha i ne e nt re le s co m mu n au té s r el i gi e us es , le Ro ya u me U ni p ré co ni se l a p arti tio n d e l ’U nio n
Ind ie n ne e n d e u x t er r i t o ir e s : l ’ I nd e et le P a k is ta n. Ne h r u, o p p o sé à ce p ro j e t d a n s u n
p re mier te mp s, s ’ y r al l ie f i na le me n t e t c ’e s t ai n si q ue l e 1 5 ao ût 1 9 4 7 na is se n t d e u x
no u ve a u x p a ys : l ’ I nd e et le P a ki s ta n. De s co n flit s vo nt b i e ntô t o p p o se r ces d e u x p a ys . Le
2 5 mars 1 9 7 1 , l e s d ir i ge an t s d u P a ki s ta n Orie n t al p ro c la me n t l ’i nd ép e n d an ce d u p a ys so u s
le no m d e B a n g lad e s h

2. Le cas de l’Indochine, une décolonisation ratée

Documents : La guerre du Vietnam

1. Les origines de l’intervention américaine


Après le départ des Français du Vietnam en 1954, les Etats-Unis veulent préserver la péninsule
indochinoise du communisme. Le président américain, le général Eisenhower, déclare en 1959 : « …
Sur le plan stratégique, la prise du Vietnam par les communistes les feraient avancer de plusieurs
centaines de kilomètres dans une région encore libre. Les autres pays du sud-est asiatique seraient
menacés sur leurs flancs par ce grand mouvement… » Peu avant 1960, les communistes du Vietnam
du Sud, les Vietcongs, reprennent la lutte et contrôlent une grande partie des campagnes. Ils sont aidés
par le gouvernement de Hanoi, lui-même soutenu par l’URSS et par la Chine. La guérilla gagne les
pays voisins du Laos et du Cambodge.

2. Les opérations militaires


Le président Kennedy et ses successeurs, Johnson et Nixon, décident d’envoyer des techniciens et des
soldats au Vietnam : 16 000 en 1962, 75 000 en 1965, 520 000 en 1969. Pour empêcher l’aide d’Hanoi
aux Vietcongs, le président Johnson décide d’écraser le Vietnam du Nord sous les bombes, de février
1965 à mars 1968. Les digues sont détruites et les récoltes inondées. La route Hô Chi Minh qui permet
le ravitaillement du Sud est pilonnée. Les moyens les plus sophistiqués et les plus meurtriers sont
utilisés. Les Vietcongs résistent et passent même à l’offensive le 30 janvier 1968, à l’occasion du Têt,
Nouvel An vietnamien.

3. La fin de la guerre
Dès janvier 1969, des pourparlers sont engagés à Paris entre Vietnamiens et Américains qui amorcent
le retrait de leurs troupes. Nixon veut mettre un terme à cette guerre pour plusieurs raisons : dépenses
considérables, indignation de l’opinion publique américaine à cause des atrocités, évolution de la
situation internationales avec la détente qui bat son plein, etc. Le 27 janvier 1973, les accords de Paris
mettent fin à la guerre. Le conflit reprend entre le Nord et le Sud Vietnam et les communistes occupent
Saigon le 30 avril 1975.
Encyclopédie Microsoft Encarta, 2006, s. v. « Guerre du Vietnam ».

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
Hô Chi Minh (1890-1969), Chef du Vietminh puis Viêt-Cong

Déclaration d’indépendance du Vietnam (Hanoi, 2 septembre 1945)


Cependant, depuis plus de 80 ans, les impérialistes français, reniant leurs
principes : liberté, égalité, fraternité, ont violé la terre de nos ancêtres et opprimé
nos compatriotes. Leurs actions sont contraires à l’idéal d’humanité et de justice.
[…]
… La vérité est que nous avons choisi notre indépendance des mains des
Japonais et non des mains des Français. Avec la fuite des Français, la
capitulation des Japonais et l’abdication de l’empereur Bao Daï, notre peuple a brisé les chaînes qui
avaient pesé sur nous pendant prés de cent ans et a fait de notre Vietnam un pays indépendant. Notre
peuple a, en même temps, renversé le régime monarchique établi depuis des dizaines de siècles et il a
fondé la République.
Pour ces raisons, Nous, Membres du Gouvernement provisoire, déclarons que nous n’aurons
désormais aucune relation avec la France impérialiste, que nous abolirons les traités signés par la
France au sujet du Vietnam, que nous abolirons tous les privilèges que se sont arrogés les Français sur
notre territoire. Tout le peuple du Vietnam, inspiré par la même volonté, est déterminé à combattre
jusqu’au bout toute tentative d’agression de la part des impérialistes français. […]
Pour ces raisons, Nous, Membres du Gouvernement provisoire de la République démocratique du
Vietnam, proclamons solennellement à l’intention du monde entier : le Vietnam a le droit d’être libre
et indépendant et il est en fait libre et indépendant. Le peuple tout entier du Vietnam est décidé à
mobiliser toutes ses forces spirituelles et matérielles et à sacrifier ses vies et ses biens, dans le but de
sauvegarder son droit à la liberté et à l’indépendance. »
D’après Jean Chesneaux, L’Asie orientale aux XIXe et XXe siècles, Paris, P.U.F., 1966.

La co lo ni e fra n çai se d 'I nd o c hi n e e s t co n st it ué e d u Lao s,


d u Ca mb o d ge , d u T o n k i n, l 'A m ma n et l a Co c hi n ch i ne. Ap rè s le d ép ar t d es j ap o nai s e n 1 9 4 5
d an s le c ad r e d u seco nd co n f li t mo nd ial , ce s co l o ni e s p ro cl a me n t u ni la t éral e me n t le ur s d es
ind ép e nd a n ce s. De Ga u lle et le go u ver n e me nt s 'o p p o s e nt à l a p er te d e l 'I nd o c hi n e. De s
né go cia tio n s vo n t s e d ér o u ler j u sq u 'à l 'a u to m ne 1 9 4 6 a vec no ta m m en t co n fére nc e d e
Fo nt ai neb lea u a v ec H ô C hi Mi n h ) mai s ce lle s ci vo n t éc ho uer. La Fr a nce d é cid e

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Monsieur Adama BALDE, professeur d’Histoire-Géographie au Lycée Maciré BA de Kédougou
d 'i nt er ve n ir mi lit air e me nt a ve c d e s b o mb ard e me n t s ma ss i fs et i nte n si fs d e s vi lle s e t
ca mp a g ne s vi et n a mie n n es. C 'es t le d éb u t d e la g uerre . La C h i ne ap p o rte so n so ut ie n a u x
vi et n a mi e ns . La g u er r e d ur e p l us d e 9 a n s. E n 1 9 5 4 la g u erre s 'e n li se ; d an s la b a ta il le d e
Diê n B i ê n P h u, l 'ar mé e fr a nç ai se e s t en cerc lé e p ar l'ar mé e d e Hô C h i Mi n h et fai s a nt d e
no mb r e u x mo r t s e t p l u s d e 1 0 0 0 0 p r i so n nier s. L'ar mé e fra n çai se cap it ul e. Ce q u i e ntr aî n e
la c h u te d u g o u ver ne me nt fr a nç ai s et c 'e st P ier re Me nd es Fr a nce q ui s ig n e l e s ac co rd s d e
Ge nè ve e n j u il le t 1 9 5 4 s ur l 'i nd ép e nd a nc e d u Lao s, d u Ca mb o d ge, d u Vie t na m No rd e t d u
Vie t na m S ud . De s él ect io n s d o i v e nt i n ter ve n ir p o ur ré u ni fier le Vie t na m ma i s le s Et at s
U ni s e mp êc her o nt c e s é l ect io ns p o ur é v ite r q ue l e V iet n a m d u s ud d e v ie n ne co m mu n i s te.

II. La décolonisation au Proche-Orient : la question palestinienne et les relations


israélo-arabes
1. La déclaration Balfour (1917)
« Le gouvernement de Sa Majesté considère favorablement l’établissement, en Palestine, d’un
Foyer National pour le peuple juif et fera tous les efforts pour faciliter l’accomplissement de ce
dessein étant bien entendu qu’il ne sera rien fait qui puisse porter préjudice aux droits civiques
et religieux des communautés non juives existant en Palestine ni aux droits et aux statuts
politiques dont jouissent les Juifs dans les autres pays »
Lettre de Lord Arthur James Balfour, ministre britannique des Affaires étrangères à Lord Rothschild, le 2 novembre 1917.

Balfour, Arthur James (1848 en Ecosse-1930), Premier ministre britannique et chef du parti
conservateur, célèbre pour son action en tant que ministre des Affaires étrangères pendant la Première
Guerre mondiale. En novembre 1917, il publia une lettre d'intention, devenue célèbre sous le nom de
déclaration Balfour, qui indiquait que l'Angleterre favoriserait la création en Palestine d'un foyer
national pour le peuple juif.
2. Proclamation de l’Etat d’Israël par David Ben Gourion (14 mai 1948)
« Le pays d’Israël a été le berceau du peuple juif. C’est la que s’est formée son identité spirituelle, religieuse et
nationale. […]
L’année 1897, le premier congrès sioniste […] proclama le droit du peuple juif à ressusciter en tant que nation
dans son propre pays. Ce droit fut reconnu par la déclaration Balfour du 2 novembre 1917 et réaffirmé par le
mandat de la Société des Nations. […]. L’holocauste nazi, qui anéantit des millions de Juifs d’Europe, démontre
à nouveau l’urgence de reconstituer l’Etat juif et d’apporter ainsi une solution à la situation des Juifs déracinés
en ouvrant la porte à tous les Juifs et en introduisant le peuple juif à rang d’égalité dans la famille des nations.
[…] Le 29 novembre 1947, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution en faveur de la
création d’un Etat juif indépendant en Palestine et a invité les habitants du pays à prendre toutes les mesures
nécessaires en vue de rendre cette décision effective. […].
En conséquence, Nous, Membres du Conseil national, représentant le peuple juif de Palestine et le mouvement
sioniste mondial, réunis en Assemblée solennelle en vertu des droits naturels et historiques du peuple juif et de la
résolution de l’Assemblée générale des Nations unies, proclamons l’établissement de l’Etat juif de la Palestine
qui se nommera Israël.»
Documentation française, NDE n° 909, mai 1948.
BEN GOURION David (1886-1973) : Né à Plonck, en Pologne et établi en Palestine dès 1906, il milite pour la
constitution d’un Etat juif, d’orientation socialiste. Après avoir proclamé l’indépendance de l’Etat d’Israël le 14 mai
1948, il est élu Premier ministre à deux reprises (1948-1953 et 1955-1963).
Yasser Arafat 3. Une escalade militaire insensée
« Comme à Beyrouth, je suis encerclé par des tanks et des soldats israéliens sur ordre
d’Ariel Sharon, à cette différence près que, cette fois, je suis assiégé chez moi, en
Palestine. L’important n’est pas ce que je subis mais ce qu’endure mon peuple. Tanks,
blindés, chasseurs F16, cette escalade militaire est insensée. Ils ont détruit notre centre de
statistiques, le siège de la télévision et de la radio, l’aéroport international de Gaza, le port,
en somme la plupart de nos infrastructures… Plus de la moitié de nos oliviers ont été
arrachés, privant des milliers de familles du produit de leurs terres. Un grand nombre de
nos usines ont été rasées. Ils ont même attaqué des églises et des mosquées à Bethléem et
à Gaza. À Jérusalem, ils ont dynamité des maisons et projettent d’ériger un mur pour
isoler la ville sainte de la Cisjordanie. Nous dénombrons aujourd’hui près de mille martyrs
et plusieurs centaines de blessés, dont beaucoup sont dans un état grave, ou handicapés à
vie. […] Il n’est pas un endroit au monde où pareille chose soit encore possible. Nous sommes le seul peuple de
la planète qui vit sous occupation. […] Israël a déjà « liquidé » plusieurs de nos responsables, parmi lesquels
Abou Djihad, Aboul Houl, Abou Iyad, certains à Beyrouth, d’autres à Tunis, à Paris, à Rome, à Londres, au

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Koweït, au Pakistan. […] (Sharon a essayé de me tuer treize fois). Il a dit pire que cela. N’a-t-il pas déclaré que
le processus d’Oslo était mort ? C’est là une affirmation grave. Il déclare mort un accord que j’ai signé avec mon
partenaire Rabin, assassiné par un extrémiste juif pour avoir osé signer la paix des braves.
[…] Cela (la paix) ne se fera pas sans le concours de la Communauté internationale : les Etats-Unis, l’Europe, la
Russie, les Nations unies, les pays non alignés. Et puis Sharon était avec Netanyahou à Wye River et nous y
avons conclu un accord.
[…] J’ai traité avec chacun de ses prédécesseurs, qu’il soit de gauche ou de droite : Barak, Netanyahou, mon
défunt partenaire Rabin, Pérès, Weizmann… Je le ferai aussi avec lui en tant qu’il représente le peuple
israélien. »
Yasser Arafat, interview accordée à Afafe Ghechoua, Jeune Afrique/L’Intelligent, n° 2146, du 25 février au 3 mars 2002.

4. La question des refugiés palestiniens


Depuis la guerre de 1948 déclenchée par les pays arabes, dont les Israéliens ont profité pour procéder à
un nettoyage ethnique dont on mesure mieux désormais l’ampleur, et leurs conflits victorieux, ils font
partie du concert des nations dominantes. En 1967, ils ont occupé et colonisé les 22 % restants de la
Palestine historique, créant ainsi, à l’encontre du droit international, un fait accompli de plus en plus
irréversible. L’aboutissement logique, avoué par certains et dénié par d’autres, c’est soit la
transformation des Palestiniens en sujets d’un grand « Etat juif », soit un nouveau transfert massif de
population, soit une combinaison des deux.
En exil, un tiers des Palestiniens vivent d’ores et déjà la condition de réfugiés, souvent misérables,
sans que l’Etat d’Israël accepte de leur reconnaître un quelconque droit au retour ni que les pays arabes
envisagent de les intégrer et de leur conférer les droits de citoyens. Peuple « superflu », que la
catastrophe collective a fait accéder à la conscience nationale, ils attendent toujours que la
communauté internationale tienne sa promesse de les faire accéder à l’indépendance dans un Etat
viable. En lieu et place, ils ont été dotés d’une Autorité croupion, et sont tenus pour collectivement
responsables des atteintes à la sécurité de leurs voisins.
Etienne Balibar, « Universalité de la cause palestinienne », Manière de voir, N° 78, décembre 2004-janvier 2005, p. 80.

Dossier spécial: La Palestine

Le processus de paix : les éléments de négociation, principaux facteurs bloquants

1. La question de l’eau
D’une longueur d’environ 360 kilomètres, le fleuve du Jourdain, principale ressource
hydrique, naît au Liban et traverse une vallée équivalente à un désert, où l’agriculture n’est
possible que grâce à l’irrigation. Cela entraîne une concentration des populations sur les rives
du fleuve. Le Jourdain chevauche les territoires de quatre Etats (Jordanie, Liban, Syrie et
Israël) et le territoire palestinien de la Cisjordanie.
Le bassin du fleuve contient également des ressources d’eau souterraines situées sous la
chaîne de Montagnes en Cisjordanie. Ces eaux souterraines sont actuellement à la fois
contrôlées par Israël et l’Autorité palestinienne.
Depuis la guerre des Six Jours de juin 1967, Israël est l’unique maître et utilisateur du
Jourdain en territoire israélo-palestinien et le principal utilisateur des aquifères montagneux,
ce qui fait de l’eau une dimension centrale et transversale du conflit israélo-palestinien ainsi
que de l’occupation des territoires palestiniens, constituant ainsi un enjeu, une cause
principale du conflit qui oppose les deux peuples, selon certains auteurs, et un facteur
aggravant les antagonismes, selon d’autres. En effet, le conflit, l’occupation de la Cisjordanie
par Israël et les politiques hydriques qui en résultent ont des impacts nuisibles sur la qualité et
la quantité de l’eau dont disposent les populations palestiniennes, et sur les aquifères partagés
par les deux peuples.
L’avenir économique de la Palestine dépend de son approvisionnement en eau pour
l’irrigation et la production d’électricité. Ainsi, la question de la frontière au Nord est une
question économique et, « économique » signifie dans ce contexte, approvisionnement en eau.

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En 1951, l’État hébreu entreprit de construire le conduit national israélien d’eau, clef de voûte
de la politique de développement des ressources hydrauliques, du pays en vue d’amener ces
ressources du Nord au Sud. Les soldats israéliens dans le Nord défendent les sources d’eau du
Jourdain qui sont détournées, en partie, vers le désert du Néguev pour servir les paysans,
entraînant des tensions entre l’Etat hébreu et les Etats arabes.
Israël refuse de quitter la Vallée du Jourdain car sans l’eau, l’Etat ne réalisera pas ses
projets agricoles et son droit d’exister serait remis en question.
Les ressources dont disposent les Palestiniens ne suffisent pas à combler leurs besoins et
parfois les municipalités achètent de l’eau à Mekorot, la compagnie d’eau israélienne.
2. Les frontières
L’autre point de discorde reste la question des frontières. Les Etats arabes et le territoire
palestinien revendiquent le retour des frontières israélo-arabes de 1967. Ceci semble
impossible car le gouvernement israélien poursuit la colonisation en Cisjordanie et à Gaza, y
agrandissant les implantations existantes et les reliant par des routes contournant les territoires
sous contrôle palestinien.

3. Les refugiés
Sur une population palestinienne estimée à environ 8 millions de personnes, environ
3,5 millions vivent en territoire palestinien. La part de réfugiés, expulsés ou contraints de fuir
leur maison au moment de la première guerre israélo-arabe de 1948, puis en 1967, est
d’environ 60%. Ces réfugiés vivent pour la plupart dans la bande de Gaza, en Cisjordanie ou
dans les pays arabes voisins. La question du retour des réfugiés palestiniens est un mot
d’ordre central de la lutte palestinienne et l’une des principales pierres d’achoppement
au processus de paix avec Israël. Si la résolution 194 de l’ONU a consacré, dès 1948, le
droit au retour pour les membres de la diaspora palestinienne, son respect reste aléatoire. En
effet, alors que pour Israël, le retour des réfugiés palestiniens tend à compromettre la
viabilité même de l’État juif pour des raisons démographiques, la direction palestinienne
semble osciller entre réaffirmation du droit au retour et tentatives de compromis.
Leur retour n’est pas envisageable aux yeux des Israéliens car cela poserait à nouveau le
problème de terres et les attribuer des terres, signifierait accepter les frontières de 1967 et la
perte de terres juives. La restitution de terre est contraire à l’idée de la terre promise des
israéliens.

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4. Jérusalem, ville sainte des trois monothéismes
Le patrimoine de Jérusalem permet de constater que la ville est lieu pour les trois religions
monothéistes : Judaïsme, Christianisme et Islam. Dans ce berceau commun, ces traditions
spirituelles cohabitent, mais elles ont aussi connu des conflits. Située dans les collines du
Judée, la vieille ville est ainsi divisée en quatre quartiers : juif, chrétien, arménien et
musulman. Le patrimoine témoigne des ces rapports complexes. Pour les Juifs, la ville
conquise par David au IX e siècle av. J-C, est la ville sainte où se trouvait le temple bâti par
Salomon. Le patrimoine juif a pour lieu phare le mur des lamentations, soubassement du
temple de Jérusalem, seul vestige accessible de ce lieu saint disparu.
Pour les Chrétiens, la ville est le lieu de Passion et de la Résurrection de Jésus. La basilique
de Saint-Sépulcre a été bâtie au IV e siècle sur l’emplacement supposé de ces événements.
Pour les Musulmans, Jérusalem est la 3e ville sainte après la Mecque et Médine, dans laquelle
Mohamed était montée au ciel, lors de sa chevauchée nocturne. A la fin du VI e siècle, la
Grande Mosquée d’Al-Aqsa (la plus lointaine) et la coupole du Rocher sur l’ancien
emplacement du temple.
Actuellement les Palestiniens de Jérusalem-Est sont considérés comme des résidents
étrangers.

III. La décolonisation au Maghreb : l’Algérie, une décolonisation ratée


Doc. 2 Affichette de contre propagande de l’armée
française Alger
Doc.1 : Proclamation du FLN, 1er novembre 1954
(extraits)
[…] Nous considérons avant tout qu’après des
décades de lutte, le mouvement national a atteint sa
phase de réalisation. […]
Pour préciser, nous retraçons ci-après, les grandes
lignes de notre programme politique :
But : L’Indépendance nationale par :
1) La restauration de l’Etat algérien souverain,
démocratique et social dans le cadre des principes
islamiques.
2) Le respect de toutes les libertés fondamentales
sans distinction de race et de confession.
Objectifs intérieurs :
1) Assainissement politique par la remise du
mouvement national révolutionnaire dans sa
véritable voie et par l’anéantissement de tous les
vestiges de corruption et de réformisme, cause de
notre régression actuelle.
2) Rassemblement et organisation de toutes les
énergies saines du peuple algérien pour la
liquidation du système colonial.
Objectifs extérieurs :
- Internationalisation du problème algérien.
- Dans le cadre de la charte des Nations Unies,
affirmation de notre sympathie à l’égard de toutes
nations qui appuieraient notre action libératrice.
Moyens de lutte :
Conformément aux principes révolutionnaires et
compte tenu des situations intérieure et extérieure,
la continuation de la lutte par tous les moyens
jusqu’à la réalisation de notre but. […]

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Doc. 3 : Le drame algérien
Effectifs engagés : 2 millions d’hommes. Tués ou décédés : 24 614 dont 12 383
militaires et 3 200 civils du maintien de l’ordre, au combat ou par attentat ; 7 917
des deux catégories par accident et 1 114 par maladie. Blessés : 64 985 dont
35 615 au combat ou par attentat et 29 370 par accident.
Voilà dans toute sa sécheresse le bilan officiel – du côté français – d’une guerre qui,
longtemps, n’a pas voulu dire son nom et qui s’abritera derrière une expression des
plus banales : opérations de maintien de l’ordre.
Pourtant, du 1er novembre 1954 (la Toussaint Rouge) au 19 mars 1962 – date
officielle de la fin des combats, mais non des attentats –, c’est une véritable guerre
qui se déroulera en Algérie. Une longue guerre avec son lot de drames, de misère et
qui se terminera par l’indépendance de l’Algérie et le tragique exode des Pieds-Noirs.
Bernard Michal, Histoire du drame algérien, Tome, Paris, Editions de Crémille, 1971, pp. 9-10.

Alors que la Tunisie et le Maroc, les pays de l’ancienne


AOF et de l’AEF et même le Cameroun et le Togo accèdent à l’indépendance sans
heurt par la négociation, l’Algérie y parvient après une guerre de près de 8 ans.
Pourquoi ? En effet l’Algérie depuis l’expédition d’Alger d e 1830 et la conquête du
pays, l’Algérie est considérée comme faisant partie intégrante du territo ire
national français. Elle était peuplée de 10 millions d’habitants, parmi lesquels on
compte un million de français de souche, qu’on appelle « les pieds no irs », très
influents dans l’administration française en Algérie.
Pendant plus d’un siècle de colonisation, les français ont menés une
exploitation sans répit de l’Algérie, en occupant par exemple les bonnes terres,
laissant du coup la m ajeure par tie de la population pauvre et sans terre. Cette
exploitation est do ublée d’une sacrée hum iliation et d’une répression sans égal.
Les algériens ne pouvaient pas jouir par exemple de la citoyenneté sauf s’il
renoncer d’être musulman. Chaque manifestation é tait réprimée dans le sang avec
la plus grande terreur comme celle de Sétif en 1945. Cette situation les a poussés
à se révolter contre les français.
C’est le Front de Libération Nationale, dirigé par Ahmed Ben Bella, qui lance la
rébellion le 1er novem bre 1954. La guerre est lancée et s’enlise car les français
n’entendent pas céder l’Algérie son indépendance.
Face aux actions de terrorisme et de guérilla les français ripostent avec des
massacres et des bom bardements intenses dans les villes et les campagnes.
Tous ces événements, d’une extrême grav ité, conduisent à l’effondrement de la
IV è m e République et au retour au pouvoir du général De Gaulle. Pour celui ci, la
négociation apparaît la seule issue face à se conflit sanglant qui n’honore pas
l’image de LA France .Mais les pieds noirs n’entendent pas cela de cette oreille.
C’est ainsi qu’il créèrent et l’O.A.S. (Organisation de l’Armée Secrète) qui tente à
plusieurs reprises d’assassiner De Gaulle.
Les négociations abo utissent enfin, le 12 mars 1 962, à la signature des Accords
d’Evian : Algérie indépendante. 800 000 pieds -noirs quittent alo rs l’Algérie pour la
France métropolitaine, alors que la situatio n militaire était maîtrisée par l'armée
française. La guerre a fait entre 600 000 et un million de victimes. Ce fut la plus
cruelle des guerres de décolonisation.

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IV. La décolonisation en Afrique noire
1. Le cas du Ghana (Gold Coast), une décolonisation réussie
Kwamé Nkrumah
Document 1 : L’action positive
« Je signalai qu’il y avait deux manières d’acquérir l’autonomie, l’une par la révolution armée
et l’autre par des méthodes non violentes constitutionnelles et légitimes. (…) Nous
préconisions la seconde méthode. La liberté, on ne l’avait cependant jamais accordée à un
aucun pays colonial sur un plateau d’argent ; on ne l’avait gagnée qu’après d’amères et de
vigoureuses luttes. A cause du retard des colonies en matière d’instruction, la majorité des
gens était illettrée et il y avait une seule chose qu’ils puissent comprendre, à savoir l’action.
Je décrivis l’action positive comme l’adoption de tous les moyens légitimes et constitutionnels par lesquels nous
pouvions attaquer les forces de l’impérialisme dans le pays. Les armes étaient l’agitation politique, les
campagnes de presse et d’enseignement et, comme dernière ressource, l’application constitutionnelle de grèves,
de boycottages et de non coopération basés sur le principe de non-violence absolue, tel que Gandhi en a usé dans
l’Inde »
Kwame Nkrumah, « La naissance de mon parti et son programme d’action positive », présence Africaine, mars 1957.
Document 2 :
La Gold Coast fait l’objet d’une politique de valorisation économique constante. Politiquement, les Britanniques
appliquent deux régimes différents. Tandis que la plupart du territoire est placée sous administration directe, le
territoire ashanti et le Nord bénéficient d’une administration indirecte. […]. Les Britanniques, confrontés à une
agitation nationaliste incessante, adoptent des mesures favorisant l’autonomie interne, préalable à l’établissement
progressif d’un État indépendant. En 1951, des élections législatives voient la victoire du parti de la Convention
du peuple (Convention People’s Party, CPP), fondé en 1949 par le docteur Kwame Nkrumah. Ce dernier, qui a
été formé en Grande-Bretagne et aux États-Unis, prend la tête du gouvernement local. Il collabore avec les
autorités britanniques pour préparer l’indépendance. Celle-ci est proclamée en janvier 1957. Le 6 mars, le nouvel
État prend le nom de Ghana. Nkrumah entend ainsi rappeler le passé glorieux de l’Afrique noire. Le Ghana entre
dans les jours suivants aux Nations unies.
Microsoft Encarta 2009.

La décolonisation de la Gold Coast Ghana fut l’une


des plus réussie à travers le monde noir, elle s’est faite sans violence et a été
orchestré en grande partie par Kwamé Nkrumah, (1909 -1972) et son parti à savoir la
CPP (Convention People's part y). Nkrumah fut brièvement emprison né par les
Britanniques pour sédition, après avoir organisé une série de grèves et de boycotts
afin de favoriser l 'accession à l 'indépendance. Mais à la suite de l a victoire du CCP
aux élections de 1951, il fut libéré pour for mer un gouvernement et mener la
colonie à l'indépendance qui fut obtenu en 1957 sous le nom de Ghana, Kwamé en
devient le premier président j usqu’à ce qu’il fut renversé par un coup d'état
militaire en 1966.
2. Le Cas du Sénégal, une décolonisation réussie

Document 1 : « L’égalité dans la cité »


« Le ‘’Bon Nègre’’ est mort ; les paternalistes doivent en faire le deuil. C’est la
poule aux œufs d’or qu’ils ont tuée. Trois siècles de traite, un siècle d’occupation
n’ont pu nous avilir, tous les catéchismes enseignés n’ont pu nous faire croire en
notre infériorité. Nous voulons une coopération dans la dignité et l’honneur, sans quoi ce ne serait que
‘’kollaboration’’, à la vichyssoise. Nous sommes rassasiés des bonnes paroles (jusqu’à la nausée), de
sympathie méprisante ; ce qu’il nous faut, ce sont des actes de justice. Comme le disait un journal
sénégalais : ‘’Nous ne sommes pas des séparatistes, mais nous voulons l’égalité dans la cité’’. Nous
disons bien : l’EGALITE.
Pratiquement, nous voulons entre autres choses :
1. Que l’Assemblée constituante complète la Déclaration des droits de l’Homme en ajoutant à la
liberté et à l’égalité celle des peuples et des races (…)
4. Que les autochtones puissent, à titre égaux, accéder à toutes les fonctions administratives (…) »
Léopold Sédar Senghor, « Défense de l’Afrique noire », Esprit, 1er juillet 1945

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Document 2 : La Conférence de Brazzaville
Si le Général De Gaulle reste pour la France, l’Homme du 18 juin, il restera pour les peuples déjà
soumis, l’Homme de Brazzaville.
Il est vrai que la Conférence de Brazzaville n’a pas abouti à une proclamation solennelle du droit des
colonies à disposer d’elles-mêmes puisque ainsi que nous l’avons vu, elle écartait d’emblée la
possibilité de constitution de « self-governments). En revanche, et là se trouve l’aspect résolument
progressiste et révolutionnaire de la Conférence, les personnalités présentes à Brazzaville, conscientes
de la naissance d’un nouvel ordre des choses, ont adopté le principe de la responsabilité politique tout
en ne se cachant pas que cette évolution vers une certaine forme d’autonomie serait longue après un
passage par le stade de l’association politique…
Si elle a jeté les bases de la future Union française, la Conférence de Brazzaville a été aussi l’origine
de la Communauté franco-africaine posée par le texte constitutionnel de 1958…
Robert Bourgi, Le Général De Gaulle et l’Afrique noire (1940-1969), 1980.
Document 3 : Extrait du préambule de la Constitution française de 1946. Il proclame une série de
« principes politiques » annoncés comme « particulièrement nécessaires ».
« La République française, fidèle à ses traditions, se conforme à la règle du droit public international.
Elle n’entreprendra aucune guerre dans des vues de conquête et n’emploiera jamais ses forces contre la
liberté d’aucun peuple.
La France forme avec les peuples d’outre-mer une Union fondée sur l’égalité des droits et des devoirs,
sans distinction de race et de religion.
L’Union française est composée de nations et de peuples qui mettent en commun ou coordonnent leurs
ressources et leurs efforts pour développer leurs civilisations respectives, accroître leur bien-être et
assurer leur sécurité.
Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge la
liberté de s’administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires ; écartant tout
système de colonisation fondé sur l’arbitraire, elle garantit à tous l’égal accès aux fonctions publiques
et l’exercice individuel ou collectif des droits et libertés proclamés ou confirmés ci-dessus. »
Document 4 : Extrait de la loi-cadre Defferre
Elaborée avec la collaboration du ministre d’Etat, Houphouët-Boigny, la loi-cadre, définitivement
adoptée par le Parlement le 23 juin 1956, énumérait quelques principes :
« - Généralisation du suffrage universel et du collège unique dans les territoires d’outre-mer, en vue de
donner un moyen d’expression complet à l’opinion publique. […]
- En vue d’africaniser les cadres, des facilités d’accès à la à tous les échelons de la fonction publique
seraient données aux citoyens autochtones. »
Document 5 : L’éclatement de la Fédération du Mali
La Fédération du Mali éclate le 20 août 1960 soit quatre mois après sa proclamation, en raison de
multiples raisons :
- Les difficultés d’une union à deux entraînant toujours dans tous les organes une répartition
paritaire.
- Les divergences idéologiques et politiques : le socialisme de Modibo Keïta demeure plus proche
de l’orthodoxe marxiste que le socialisme africain défendu par L.S. Senghor.
Sur le plan politique les Soudanais luttent pour la création d’un Etat unitaire alors que les Sénégalais
défendent l’autonomie interne des Etats fédérés.
Le déséquilibre économique entre les deux pays exacerbe cette cause.
- Les relations avec la France : le Sénégal veut préserver et renforcer ses relations avec l’ancienne
métropole alors que le Soudan envisage de profiter de son indépendance et surtout s’ouvrir aux
pays de l’Est.
- La compétition aiguië dans la répartition des postes de commandemant de la Fédération :
Présidence de la Fédération, du Gouvernement, de l’Assemblée nationanle… et surtout sur celui
du chef d’Etat-major. Mamadou Dia, vice-président, ministre de la défense et de la sécurité
extérieure proposa le Colonel FALL. Modibo Keïta chef du Gouvernement lui proposa le colonel
Soumaré (sénégalais et plus ancienmais attaché au Soudan) et le nomma sans le contreseing de
Dia. Source : Archives nationales du Sénégal

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I. Les débuts du processus : de la conférence de Brazzaville à la loi-cadre (1944-1956)

La conférence de Brazzaville (30 janvier-8 février 1944) traduit la volonté française de continuer la
domination. Elle détermine une nouvelle orientation de la politique coloniale française en Afrique
car elle devait permettre la création de rapports nouveaux entre la métropole et ses colonies afin
d’encourager leur effort de guerre. Déçus par la Constituante, les députés africains décident de se
grouper pour faire face au mouvement colonialiste, obtenir l’application effective des nouvelles lois et
la reconnaissance de la personnalité africaine avec des droits politiques réels. Les conséquences
immédiates de la conférence de Brazzaville furent les premières applications administratives,
l’éclosion des activités politiques et syndicales.
En effet, à la fin de la guerre, le Sénégal envoie à l’assemblée constituante Léopold Sédar Senghor et
Lamine Gueye, tous deux membres de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO).
Ils participent activement à l’élaboration de la nouvelle constitution, adoptée le 27 octobre
1946. Elle crée une Union Française au sein de laquelle le Sénégal est territoire d’Outre-mer.
Les députés obtiennent avec la « Loi Lamine Gueye » du 7 mai 1946, la suppression de
l’indigénat et l’extension de la citoyenneté à toute la population.
Le 23 juin 1956, le Parlement français adopte la loi-cadre mise au point par le ministre de la
France d’Outre-mer Gaston Deferre. Cette loi Deferre consacre la balkanisation de l’Afrique
en introduisant l’autonomie interne. Les pouvoirs des assemblées territoriales sont élargis tandis
que l’instauration du suffrage universel entraîne un contact plus étroit entre politiciens et masses
rurales. Le débat politique s’africanise avec l’instauration d’un collège unique.
Dans chaque colonie, un exécutif local est installé. Ainsi, Mamadou Dia est nommé vice-
président du gouvernement du Sénégal dont la présidence est réservée au gouverneur de la
colonie, Pierre Lami.
Le BDS se renforce grâce à deux fusions: il forme avec l’Union Démocratique Sénégalaise (UDS),
le Bloc Progressiste Sénégalais (BPS) ; ensuite, le BPS fusionne avec le PSAS (Parti Sénégalais
d’Action Socialiste) pour donner naissance à l’Union Progressiste Sénégalaise (UPS).
Mais, avec l’indépendance de la Gold Coast le 7 mars 1957, la loi cadre apparaît vite dépassée pour
les responsables politiques francophones. Un nouveau cadre institutionnel qui accélère
l’émancipation est réclamé.

II. La fin du processus : du référendum à l’indépendance (1958-1960)


A la faveur de la crise algérienne, le Général de Gaulle revient à la tête de l’Etat français et fait
adopter une nouvelle constitution le 28 juillet 1958. Le général entreprend alors une tournée de
propagande en Afrique noire du 20 au 27 août 1958.
Lors du référendum du 28 septembre 1958, le Sénégal vote en majorité « oui » et entre dans la
communauté française. La République du Sénégal est proclamée le 25 novembre 1958.
L’assemblée législative élit Mamadou Dia président du Conseil chef du pouvoir exécutif qui nomme
des ministres responsables devant l’Assemblée.
Conscients des dangers de la balkanisation de l’Afrique, Senghor et Modibo Keita fondent en janvier
1959 la Fédération du Mali qui regroupe le Sénégal et le Soudan(Mali). Après la signature le 4 avril
1960 des accordes transférant les compétences au Sénégal et au Soudan, l’indépendance de la
fédération du Mali est proclamée le 20 juin 1960.
Mais, l’expérience fédérale est écourtée car la Fédération éclate dans la nuit du 19 au 20 août
1960. La République du Sénégal est proclamée le 20 août 1960 avec Senghor comme Président
et Mamadou Dia comme chef de gouvernement. Cependant, c’est la date du 4 avril que le
Sénégal retient comme date anniversaire de son indépendance.

A l’image de l’Algérie, la Guinée Bissau et l’Angola connaissent une décolonisation ratée.

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Dossier 5 : Etudes des civilisations

I. Le concept de civilisation
Fernand Braudel, dans sa Grammaire des civilisations, définit ainsi les civilisations: « Les civilisations
sont des espaces (des aires culturelles), les civilisations sont des sociétés […], les civilisations sont des
économies […], les civilisations sont des mentalités collectives ». Il écrit : « La notion de civilisation est au
moins double. Elle désigne à la fois des valeurs morales et des valeurs matérielles. »

Avant lui, l'ethnologue britannique Edward Burnett Tylor avait précisé dans son livre la Civilisation
primitive (1871) qu'une civilisation englobe « les connaissances, les croyances, art, morale, droit, coutumes et
toutes les autres aptitudes propres à l'Homme en tant que membre de la société ».
Etre civilisé c’est donc vivre dans la cadre d’une cité, d’un Etat pourvu de lois, c’est de se
distinguer du sauvage et du primitif. Une civilisation désigne l'ensemble des croyances, des
conventions sociales et l'état d'avancement matériel qui caractérisent une société. C’est une œuvre
passagère caractérisant une manière de vivre d’une société ou d’un peuple à une période donnée de
son évolution. Il est donc plus juste de parler des civilisations plutôt de civilisation car, il ya autant
de groupes humains que de civilisations (civilisation sumérienne, crétoise, troyenne, précolombienne,
Nok, musulmane, négro-africaine capitaliste, communiste, européenne…). On ne peut pas parler de
peuples civilisés et de peuples non civilisé, de civilisations supérieures et de civilisations
inférieures.
II. Les civilisations négro-africaines : situation, organisation, religions
Plusieurs civilisations ont vu le jour en Afrique au cours de l’histoire : en Egypte, en Ethiopie, qu
Ghana, au Mali, au Djoloff, au Gaabu, etc. Ces civilisations étaient les œuvres d’hommes regroupés en
sociétés (patrilinéaire ou matrilinéaire) ayant comme bas la famille. Le système politique le plus
répandu fut la royauté. L’économie était basée sur des activités diverses : agriculture, élevage, pêche,
artisanat, commerce. Les sociétés pratiquées des cultes traditionnels que les Européens ont nommés
fétichisme, animisme, paganisme, naturalisme, totémisme. Ces croyances sont aujourd’hui renommées
religions traditionnelles par les Africains. Elles un fond commun : un Dieu suprême appelé Roog Sen
chez les sérères, Emetèye chez les Diola, Nasi Baci chez les mancagnes et Geeno chez les peuls.
A côté de ce Dieu Suprême, les populations vénéraient les Esprits, les Ancêtres, les Génies, les Héros
civilisateurs.
L’arrivée de l’Islam et du Christianisme changea la culture des africains, leur mode de vie, leur
pratique religieuse, leur organisation politique… En effet, on assiste à l’émergence de théocraties
musulmanes, de l’individualisme au détriment du collectif, à la disparition de l’endogamie, du
matriarcat, des religions traditionnelles… La décolonisation n’y changea pas grande chose.

III. La civilisation musulmane


1. Naissance de l’Islam
Né dans la péninsule arabique au VIIe siècle, l’islam est l’une des trois grandes religions révélées.
Cette nouvelle religion, qui s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs, est prêchée par le prophète
Mohamed de 610 à 632. A sa disparition, ses successeurs se sont employés à propager l’islam à
travers le monde qui compte actuellement une large communauté d’environ un milliard d’adeptes.
Cette religion, avec son dogme et son culte qui en sont les fondements propose à l’homme un
véritable code de conduites socio-politico-économiques faisant partager aux musulmans une même
civilisation.
2. Le Coran et les fondements de l’Islam
L’enseignement de Mohamed s’appuie sur le Coran qui est la base de la loi, de la morale et du droit
de l’acceptation du dogme et de la pratique du culte.
Le Coran est le livre de la révélation qui compte 114 sourates et 6236 versets. Il est descendu en
fragments en 23 ans (de 610 à 632). Ce texte a été rassemblé par le calife Ousmane en 653. La
tradition prophétique, appelée sunna est un ensemble de hadiths qui constituent un précieux
complément du Coran.

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Le dogme est la base de la religion. Il s’articule autour de 5 principes fondamentaux : la croyance en
un Dieu unique, la croyance aux anges, la croyance à tous les prophètes, la croyance aux livres
révélés et la croyance au jour de la résurrection.
Le culte repose sur 5 piliers fondamentaux : la profession de foi (Shahada), la prière rituelle (salât), le
jeûne, l’aumône légale (zakat), le pèlerinage à la Mecque si possible
3. L’expansion et organisation du monde musulman

L’œuvre de diffusion de l’Islam entreprise par Mohamed et son premier noyau de fidèles va se
poursuivre d’abord avec les califes, successeurs du Prophète, ensuite par l’intermédiaire des
dynasties qui réussirent à étendre cette religion au reste de l’Asie, à l’Afrique et à l’Europe.
La diffusion de l’Islam se fera suivant les périodes et les réalités du moment par les armes mais
aussi par la force de la persuasion (voie pacifique). La pérennisation de l’islamisation et de
l’arabisation dans les territoires conquis est due en grande partie à la bonne organisation des
conquérants musulmans.
4. La culture musulmane
Le croyant doit suivre les principes édictés par le Coran. Il faut ordonner le bien et interdire le mal, ce
qui implique la justice, l’égalité, l’entraide, l’hospitalité, la générosité. L’Islam réclame une adhésion
du cœur et dénonce les hypocrites dont la religion n’est qu’extérieure
Les lettres et les sciences ont connu un développement grâce aux écoles coraniques et aux
universités. La principale langue littéraire est l’arabe, à côté du persan et du turc. C’est une
littérature d’inspiration religieuse, mais aussi profane
5. Unité et diversité du monde musulman

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Les musulmans sont unis car ils adoptent la même foi fondée sur la révélation divine à Mohamed. Ils
font du Coran leur référence première et de la sunna leur deuxième source. Les cinq piliers de l’islam
sont acceptés de tous et la langue arabe est reconnue comme la langue par laquelle Allah s’est
exprimé. La création de la Umma dirigée par un calife est aussi un facteur d’unité.
Malgré cette unité, les musulmans sont divers par leurs idéologies. On distingue des tendances
historiques (sunnites orthodoxes, kharijites, chiites) et les tendances actuelles qui sont de nouveaux
courants de pensée : courant réformiste, islamisme radical.
Pour mieux sauvegarder leurs intérêts dans un monde en perpétuelle mutation et garder l’unité entre
eux, les musulmans ont créé des organisations comme la Ligue arabe (22 mars 1945), l’Union du
Maghreb arabe (UMA), le 17 février 1989, et l’Organisation de la Conférence islamique (OCI).

Dossier spécial: Le « choc des civilisations » ou l’apocalypse futur

L’expression « clash of civilizations », ou « choc des civilisations » a été utilisée pour la première fois
par Bernard LEWIS2 dans un article dans la revue The Atlantic Monthly (1990) intitulé ‘The Roots of
Muslim Rage’ (Les Racines de la Rage Islamique). Deux ans après l’article de LEWIS, Francis
FUKUYAMA soutient dans « La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme » que l’avènement de la
démocratie libérale du monde occidental probablement signale la fin de l’évolution idéologique de
l’humanité et peut constituer la forme finale de tout système de gouvernement humain.
Réagissant à la thèse de FUKUYAMA, Samuel P. HUNTINGTON reprend l’expression « choc des
civilisations » en 1993 et avance l’hypothèse que ce sont surtout les identités culturelles et
religieuses qui seront, dans le futur, la source de conflit dans le monde de l’après-guerre froide.
Il base son analyse des conflits à venir sur le concept de « civilisation » (comme stade suprême de
l’identité culturelle). Il soutient que le choc des civilisations dominera la politique mondiale et que les
conflits se situeront dans des zones inter civilisations, comme ceux qui ont secoué l’ex-Yougoslavie,
l’Inde et le Pakistan, et bien d’autres encore.
Pour HUNTINGTON, les deux civilisations qui se posent comme antagonistes et concurrentes à la
civilisation occidentale sont la civilisation chinoise et l’Islam. En fait, pense-t-il, une jonction sino
islamique assurera la coopération de la Chine avec l’Iran et le Pakistan, dans l’intérêt et pour le
bénéfice de la Chine. Dans cette perspective, HUNTINGTON soutient que le choc Occident/ Islam
constituera le conflit le plus meurtrier du 21eme siècle. Une sorte de Troisième Guerre Mondiale en
fait, qui doit pousser l’Amérique à s’assurer du soutien du Japon et de la Russie pour contrer la
jonction sino islamique…
Samuel Huntington part du constat que les distinctions essentielles entre les individus ne sont pas de
nature idéologique, politique ou économique mais culturelle, car le monde est en butte à une crise
générale d’identité. Lorsque les peuples s’efforcent de répondre à la question : qui sommes-nous ? leur
réponse fait référence aux ancêtres, à la religion, à la langue, à l’histoire, aux valeurs, aux coutumes,
aux institutions. Il en déduit que les peuples s’identifient à des groupes culturels qui reposent sur la
religion, disons sur un système de pensée. Pour se déterminer et pour savoir qui il est, l’homme
cherche au premier chef à définir qui il n’est pas. La reconnaissance identitaire ne s’effectue pas par
une accumulation de traits commun, mais par une opposition aux autres : « Je suis Occidental parce
que je ne suis pas musulman, confucéen, hindou, etc. » C’est la première fois dans l’histoire que
la politique est à la fois multipolaire et multicivilisationnelle. En effet, jusqu'à présent,
l’Occident s’était opposé à chacune des autres civilisations ; les techniques et la mondialisation
ont pour conséquence le fait que chaque civilisation se trouve désormais confrontée à l’ensemble
des autres civilisations.
L’auteur pense que le XXIème siècle sera caractérisé par un heurt entre les civilisations,
chacune ayant des aspirations mondiales ou régionales ; elles seront de ce fait aux prises avec

2
Lewis : un juif anglais naturalisé américain en 1982, « spécialiste » de l’Islam et de son interaction avec l’Occident, avocat du sionisme et
très écouté par l’administration Bush, surtout en ce qui concerne l’invasion de l’Irak, considère que le retard des pays arabes est dû
principalement à leur culture et leur religion, un retard auto infligé !

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d’autres civilisations ayant les mêmes objectifs. Les conflits entre ces civilisations n’élimineront pas
les guerres tribales ou les conflits ethniques, mais le potentiel de violence qui opposera les Etats et
groupes n’appartenant pas aux mêmes civilisations sera infiniment plus élevé. Les chocs entre
civilisations, s’ils sont internes aux pays, transformeront rapidement la nature du conflit en
raison de l’implication des Etats frères et les lignes de combat les plus dangereuses sont celles
qui coïncident avec les lignes de fractures entre les civilisations.
L’auteur développe ensuite sa thèse en se consacrant essentiellement aux rivalités aux quelles
l’Occident aura à faire face :
· La menace musulmane qui concerne l’Europe occidentale ;
· La menace chinoise, défit crucial lancé à la puissance américaine.
La caractéristique de ces deux menaces est qu’elles reposent sur des bases différentes : la démographie
pour la civilisation musulmane, la puissance économique pour la Chine.

La théorie développée par Huntington se résume ainsi :


- Le monde est divisé en civilisations
- Les civilisations sont en équilibre instable parce que l’Occident qui avait dominé le monde (la
colonisation, la guerre froide) s’efface progressivement en raison de sa perte de puissance
économique, notamment devant les dragons asiatiques, et démographique.
- Un nouvel ordre des civilisations est né et On assiste de ce fait à une recomposition politique
globale qui s’effectue autour des civilisations. Celles-ci possèdent des Etats phares qui
symbolisent la civilisation et lui permettent de rayonner de manière concentrique. Les zones
conflictuelles se situent à la périphérie des zones civilisationnelles, là où elles entrent en contact
avec les autres civilisations.
- Les conflits entre civilisations sont réels car des menaces pèsent sur l’Occident. L’adversaire
principal de l’Occident est constitué par les civilisations islamique et confucéenne (Chine). Dans
cette perspective, le principal problème réside dans le fait que des conflits internes peuvent
dégénérer en conflits intercivilisationnels et échapper à tout contrôle à partir du moment où des
communautés appartenant à des civilisations différentes font appel à leurs « pays frères ».

La réalité est que la thèse de HUNTINGTON suppose des « civilisations » à valeurs figées et
immuables. Et pourtant, il n’y a qu’à voir des nations comme l’Inde, la Turquie, le Japon, Taiwan et
certains pays de l’Europe de l’est pour se convaincre que les valeurs changent et se transmettent
facilement. Ces pays sont devenus de vraies « démocraties », alors que dans beaucoup de pays
occidentaux traditionnellement « démocratiques » sont devenus des laboratoires de despotisme et
d’interventionnisme.
Mais au lieu de parler de « choc de civilisations », nous devons plutôt parler de « choc des intérêts »
comme cause réelle de conflits. Les affinités et les différences culturelles déterminent les intérêts, les
antagonismes et les associations entre Etats.

Pour contrer cette théorie du choc des civilisations, une autre théorie ou idée plus moderne est apparue
récemment, celle du « Dialogue entre les Civilisations ». Le premier à avoir formulé cette idée est
Mohammad KHATAMI, l’ancien président iranien. Le concept trouva adhésion, et constitua ainsi la
base d’une résolution des Nations Unies, qui déclara l’année 2001 l’année du « Dialogue entre les
Civilisations ». En Septembre 2004, après les attentats meurtriers de Madrid, les premiers ministres
espagnol (José Luis ZAPATERO) et turque (Recep Tayyip ERDOGAN) lancèrent une initiative à
l’Assemblée Générale des Nations Unies. Cette initiative, appelée « Alliance des Civilisations », a
pour but de combattre l’extrémisme et de briser les barrières culturelles et sociales entre les mondes
occidental et musulman.

Noureddine GUELLA (Publié dans la Revue AL-DAAWA No.88, Dhul Hijja 1430H, pp. 46-47).
NB : Nous avons modifié certains passages de l’article

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