Professional Documents
Culture Documents
Produit Terroir & Dev Local
Produit Terroir & Dev Local
HASSANI El Mostafa
Enseignant-Chercheur
LERMA-TDD
Faculté des Lettres et science humaines
Université Kadi Ayyad
Marrakech le 11-10-2012
Questionnements:
Quel cadrage théorique permettant de saisir les
relations entre PT et développement territorial ?
Quelles sont les réalités des zones marginales au
Maroc en rapports avec les PT ?
Quel cheminement pourrait-il y’avoir entre PT et
développement territorial ?
Cadrage théorique
La problématique du rapport de la valorisation des
produits du terroir au développement territorial renvoie
inévitablement aux concepts et théories qui ont fait
l’ossature du discours de développement alternatif ces
dernières décennies ; à savoir le développement local, les
systèmes de production localisés, la ressource territoriale
et la gouvernance locale.
Ces concepts se présentent en effet comme des théorèmes
pour vérifier les hypothèses de ce cheminement aussi bien
complexe que fructueux pour des espaces et communautés
restés longtemps à l’écart des efforts de développement.
1- Le développement local
Le développement local et bien évidemment les concepts
adjacents du développement par le bas et le développement
ascendant insistent sur le discours de l’autonomie locale de
décision et d’action, sur le processus de changement
alternatif à encontre de l’approche fordiste de production et
d’organisation.
Les auteurs éminents de l’époque faisaient du
développement local le cheval de bataille pour faire sortir les
territoires locaux en crise de leur marasme économique : Ils
mettent tous en avant le volet économique sur les autres
volets bien présents dans leur conception du développement.
Xavier Greffe en premier traduit ce souci tout en
insistant sur les synergies et les solidarités d’un territoire
pour permettre le développement local : « Le
développement local est un processus de diversification
et d’enrichissement des activités économiques et
sociales sur un territoire à partir de la mobilisation et de
la coordination de ses ressources et de ses énergies ».,
« Territoires en France.
Les produits de terroir peuvent s’avérer ainsi des
ressources inouïes pour diversifier l’économie locale et
créer de la richesse, à lutter contre la pauvreté et
sauver les territoires de la tourmente de la
mondialisation et de l’uniformisation appauvrissante.
Quant à Jean-Louis Guigou, il met en évidence la
réappropriation des ressources locales par la
population que permettrait le développement local :
« Le développement local est l’expression de la
solidarité locale créatrice de nouvelles relations sociales
et manifeste la volonté des habitants d’une micro-
région de valoriser les ressources locales, ce qui est
créateur de développement économique »
Les ressources locales ne se limitent pas aux facteurs
de production capitaliste en l’occurrence « les
intrants » courants, itératifs et normatifs, mais à des
ressources dont la valeur émane de leurs spécificités
locales en s’appuyant sur les solidarités
communautaires combien avantageuses en ces temps
de concurrence.
Nadir Boumaâza n’y vas pas plus loin lorsqu’il insiste
sur le désenclavement en tant que facteur et outil
d’échange économique. L’autarcie, dont souffrent
plusieurs territoires marginaux, est un facteur de
blocage devant la valorisation des produits locaux.
Les produis de terroirs peuvent aider ces territoires à
renverser la situation et sortir de leur cloisonnement
mortel dans la mesure où ils interpellent les flux
économiques à s’intensifier en cessant de d’être
consommés sur place par les mêmes producteurs.
2- Les systèmes de production localisés
la notion des SPL comme d’ailleurs la notion du
District industriel examinent la localisation des
activités économiques et renvoient toutes les deux, par
conséquent, à la relation étroite qui puisse y avoir
entre dynamique économique et dynamique
territoriale.
La notion de SPL peut être définie selon Claude
Courlet comme « un ensemble caractérisé par la
proximité d’unités productives au sens large du terme
(entreprises industrielles, de services, centres de
recherches et de formation, interfaces, etc..) qui
entretiennent entre elles des rapports d’intensité plus
ou moins forte. ».
On peut appliquer cette notion à chaque modèle
d’organisation de la production basé sur la présence
d’économie externe et de connaissances non
transférables et sur l’introduction de formes spécifiques
de régulation qui identifient et sauvegardent
l’originalité de la trajectoire de développement.
L’intérêt de SPL se manifeste, sans aucun doute, dans
la solidarité des producteurs d’un territoire de se
défendre contre la concurrence et dans leurs capacités
collectives de s’organiser, de coopérer, d’y changer des
informations et des connaissances.
Les produits de terroir cristalliseraient cette notion de
SPL pour deux raisons :
premièrement par ce qu’ils manifestent la solidarité des
producteurs agricoles d’un territoire pour promouvoir
un produit quelconque
deuxièmement par ce qu’ils traduisent non seulement
les spécificités locales (physiques, historiques et
culturels) de l’espace de production mais également de
valoriser leurs connaissances et leurs savoir-faire dans
un souci de développement territorial
« les systèmes de production traditionnel sont au
Maroc plus homogènes et diffèrent plus par la taille
des exploitations que par les activités et les techniques
qu’elles pratiquent ». Il s’agit de systèmes nécessitant
l’organisation en filières ou en coopératives pour
pouvoir améliorer les revenus des producteurs et
chercher des débouchés à leurs produits. »
3- La ressource territoriale
Pour que la ressource soit territoriale Bernard
Pecqueur conçoit un processus d’activation et de
spécification qu’il qualifie comme processus de
métamorphose:
« Le passage de la ressource générique à l’actif
spécifique correspond à une stratégie de
développement qui peut se décomposer en deux
temps : le passage de la ressource à l’actif (générique),
et de l’actif générique à l’actif spécifique ». Précise-t-il
A notre avis les produits de terroir ne se situe point au
passage où l’activation de la ressource (générique)
potentielle et préexistante qui se fait par le marché,
mais bien au niveau du deuxième passage où
l’activation de la ressource (spécifique) virtuelle peut
être activée à la suite d’un processus particulier
d’engagement.
« L’objet/ressource qui va servir de support à la
production d’un actif ne peut être réduit à sa dimension
d’input mais relève d’un système qui lui est propre ».
Le système, donnant lieu aux produits de terroir, n’est
pas donné mais construit au tour de valeurs locales, de
paysages, de savoir-faire, de capital social…par
l’activation de la ressource générique en ressource active
en instaurant des règles de jeu et un système de bonne
gouvernance.
L’exemple de la coopérative féminine de production
d’huile d’argane (62 adhérentes) au Souss montre
l’activation d’un produit qui a toujours existé, d’une
ressource générique à une ressource spécifique en
valorisant le produit de l’huile d’argane et améliorant
les conditions de production et de commercialisation.
La dynamique des producteurs ne s’arrête pas à
constituer la coopérative, mais d’intensifier leur
relations aussi bien avec des partenaires nationaux
( ORMVA-SM) que des partenaires étrangers (GTZ).
Cette dynamique « les emmène à envisager de réaliser
d’autres projets (Elevage caprin, aviculture) pour
diversifier et augmenter leur revenu ».
Argane
205 coopératives
5 676 membres
1 524 100 dh
Denrées alimentaires
112 coopératives
1 231 membres
482 601 dh
Grâce à la coopérative féminine de production d’huile
d’argane au Souss, les productrices ont pu améliorer
leurs revenus et signalent « les avantages tirés de leur
organisation en coopérative :
plus grande communication entre elles, mobilité et
ouverture sur l’extérieur, prise de confiance, grande
fierté de voir leur produit commercialisé en Europe »
Claude Courlet p 107
Intégration sectorielle et amélioration de
l’image de marque
Le président de la commune de Chefchaouen parle de
l’intérêt des PT comme altenative lorsqu’il temoinge :
« Nous avons changé de cliché qui consiste à réduire
l’image de notre région à la consommation de la
drogue. Dans le passé, les touristes qui venaient chez
nous attirés seulement par le cannabis, aujourd’hui
nous voulons leur proposer les charmes de notre
région et les produis de son terroir »
Construction territoriale: la nécessaire
articulation d’ acteurs locaux et d’acteurs extérieurs