You are on page 1of 9

 20-466-A-10

Barotraumatismes sinusiens
P. Verdalle, J.-B. Morvan

Les barotraumatismes sinusiens (BTS) sont des affections sinusiennes qui résultent de variations lentes et
importantes de la pression ambiante. Le sinus le plus souvent concerné est le sinus frontal. Le diagnostic
du BTS est assez simple et repose essentiellement sur l’interrogatoire. Plus difficile est le diagnostic de la
pathologie en cause qui nécessite le recours à l’endoscopie nasale et au scanner des cavités nasosinu-
siennes. Lorsque le diagnostic étiologique est fait, le traitement pour éviter la récidive est en règle générale
médical et en cas d’échec un traitement chirurgical peut être proposé pour permettre au patient d’être
apte à l’activité professionnelle ou de loisir en cause.
© 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Barotraumatismes sinusiens ; Sinus frontal ; Endoscopie nasale ; Barotraumatisme accident ;


Barotraumatisme récidivant

Plan  Introduction
■ Introduction 1 Les barotraumatismes sinusiens (BTS) sont la conséquence d’un
■ Lois physiques 1 défaut d’équipression entre les fosses nasales et une ou plusieurs

cavités sinusiennes. Ils surviennent lors de variations pression-
Physiopathologie 2
nelles essentiellement au décours de plongées sous-marines ou
■ Conditions anatomiques et extraphysioloques favorisantes 2 lors d’activités aéronautiques. Ils peuvent survenir lors des deux
■ Mécanismes lésionnels 3 phases de la variation de pression ambiante, l’augmentation ou la
■ Fréquence des barotraumatismes sinusiens 3 diminution de la pression.
Ils touchent essentiellement les grands sinus de la face, tout
■ Clinique 3 particulièrement les sinus frontaux et à un degré moindre les sinus
Symptomatologie 3 maxillaires.
■ Formes cliniques 4
En fonction de la topographie 4
En fonction de l’étiologie 4  Lois physiques
En fonction de la fréquence 4
Formes cliniques symptomatiques 4 Le BTS résulte de la variation relative du volume gazeux d’une
Formes associées 4 cavité sinusienne suite à une variation de la pression ambiante.
■ Bilan clinique 4 La pression de l’air au niveau de la mer est de 1 bar. Il existe plu-
Interrogatoire 4 sieurs unités pour exprimer la pression. Un bar est égal à 1013 hPa,
Examen clinique 5 760 mm de mercure, 1 atmosphère absolue (ATA).
Bilan paraclinique 5 Lors de l’élévation de l’altitude la pression ambiante dimi-
■ Diagnostic différentiel 5 nue, c’est une situation dite d’hypobarie. La pression diminue de
0,1 bar tous les 1000 jusqu’à 5000 mètres. À 5000 mètres d’altitude
■ Traitement 5
la pression atmosphérique est de 0,5 bar. À 10 000 mètres
BTS accidents 5
d’altitude la pression atmosphérique est de 0,2 bar, soit divisée
BTS récidivants 6
par 5.
■ Prévention 7 En plongée sous-marine lors de la descente la pression ambiante
■ Aspects médicolégaux 7 augmente rapidement. Elle est de 2 bars à 10 mètres de profon-
Normes énoncées pour les activités de plongée sous-marine ou deur, 3 bars à 20 mètres. La pression augmente de 1 bar tous les
aéronautique 7 10 mètres.
Normes militaires pour le personnel navigant de l’aéronautique 7 La physiopathologie de ces BTS découle de la loi de Boyle
Normes civiles des professionnels de la conduite d’aéronefs 7 Mariotte :
■ Conclusion 8 Pression × volume = constante : le volume d’un gaz est inverse-
ment proportionnel à la pression ambiante.

EMC - Oto-rhino-laryngologie 1
Volume 8 > n◦ 1 > février 2013
http://dx.doi.org/10.1016/S0246-0351(13)58644-2
20-466-A-10  Barotraumatismes sinusiens

Pour bien comprendre le retentissement de cette variation de car les variations de pression sont plus lentes qu’en plongée sous-
pression sur le volume d’air on prend l’exemple d’un ballon gonflé marine, excepté pour les avions militaires, en particulier de chasse
avec 1 litre d’air au niveau de la mer. où la pression n’est pas régulée comme sur les vols commerciaux.
Immergé à 10 mètres sous l’eau, soit 2 bars si on applique la
loi de Boyle Mariotte (P × V = constante), le volume du ballon est
diminué de moitié soit un demi-litre.
En altitude on note l’effet inverse la pression diminue et le
 Conditions anatomiques
volume du ballon augmente de façon proportionnelle et est de et extraphysioloques favorisantes
2 litres à 5000 mètres.
Les sinus de la face sont des cavités closes à parois osseuses. Le Les sinus sont des cavités à parois osseuses recouvertes d’une
volume de la cavité ne peut donc pas varier. Ainsi, en cas de défaut muqueuse de type respiratoire. Ils se drainent dans les fosses
d’équipression entre la fosse nasale et un sinus, lors de la descente nasales par des ostia pour les sinus maxillaires et sphénoïdaux
le volume de la cavité sinusienne ne diminue pas mais il s’installe et par le canal nasofrontal pour les sinus frontaux. L’ostium du
une dépression relative dans le sinus par rapport à la fosse nasale. sinus sphénoïdal est court de 2 à 4 mm. L’ostium du sinus maxil-
Lors de la montée en altitude c’est l’inverse qui se produit, soit laire ou canal maxillonasal mesure entre 5 et 8 mm de long et
une hyperpression relative. le canal nasofrontal est plus long, de 15 à 20 mm de dimen-
sion indépendante de la taille du sinus frontal, parfois tortueux
dans un ethmoïde antérieur étroit. Le canal nasofrontal peut être
 Physiopathologie le siège de rétrécissement, surtout en cas d’un développement
excessif des cellules ethmoïdales antérieures, en particulier l’ager
Le BTS est la traduction d’un défaut d’équipression, entre les nasi.
fosses nasales et les sinus de la face, lors de variations rapides de Ces différences anatomiques expliquent la localisation pré-
la pression ambiante. férentielle des BTS au niveau du sinus frontal puis au sinus
Les activités subaquatiques ou le passage en caisson théra- maxillaire et la rareté de l’atteinte du sinus sphénoïdal.
peutique représentent les situations d’hyperbarie et les activités Si la perméabilité ostiale est compromise, les sinus sont isolés
aéronautiques celles d’hypobarie. lors des variations de pression ambiante. Ils sont en situation de
Sous l’eau, le plongeur est soumis à une pression hydrosta- réaliser un BTS (Fig. 1).
tique qui augmente d’un bar tous les 10 mètres. Les variations Ainsi en plongée, en phase de descente, ils se trouvent en
de la pression sont donc plus importantes à proximité de la dépression relative par rapport à la pression ambiante. Un œdème
surface. En effet de 0 à 10 mètres la pression double pour pas- ostial ou un obstacle méatal peut gêner l’équilibration pression-
ser de 1 à 2 ATA. Pour qu’elle double à nouveau (4 ATA) la nelle aggravant la dépression relative tout au long de la descente.
profondeur à atteindre est de 30 mètres. Ceci explique la fré- Il se produit alors des lésions a vacuo (accidents implosifs). À
quence plus grande des BTS à proximité de la surface entre 0 et l’inverse, à la remontée ils sont en surpression relative en l’absence
10 mètres. d’équipression. Cette surpression est d’autant plus accentuée
En aéronautique les variations de pression atmosphérique sont qu’un obstacle intrasinusien (polype) empêche l’évacuation d’air.
moins rapides. En effet, il faut atteindre environ 5000 mètres La plus grande fréquence d’accidents à la descente est due au
pour atteindre une pression deux fois moins importante que celle fait que, lors de l’apparition de la douleur sinusienne à la des-
du niveau de la mer. Lors des vols commerciaux la pressurisa- cente, le plongeur interrompt habituellement la plongée, évitant
tion de la cabine place le sujet à une altitude équivalente de la survenue d’un BTS lors de la remontée. Les BTS surviennent
2500 mètres avec lors de la descente des variations de 150 mètres dans 70 % des cas lors de la descente, dans 30 % des cas lors de la
par minute. Les BTS en situation hypobare sont moins fréquents remontée [1] .

Figure 1.
A. Forme implosive : en cas d’obstruction ostiale
lors de la descente, la dépression relative dans
le sinus/pression ambiante dans la fosse nasale
entraîne un collapsus de la muqueuse sinusienne.
B. Forme explosive : en cas d’obstruction ostiale,
lors de la remontée, survenue d’une hyperpres-
sion relative dans le sinus/pression ambiante dans
la fosse nasale.

+ +

A B

2 EMC - Oto-rhino-laryngologie
Barotraumatismes sinusiens  20-466-A-10

 Mécanismes lésionnels  Fréquence des barotraumatismes


Le rôle des échanges gazeux intrasinusiens transmuqueux est sinusiens
négligeable dans ces situations.
Dans un sinus en dépression relative par rapport à la fosse Classiquement les BTS sont trois fois moins fréquents que les
nasale (accidents « implosifs ») lors de la descente, les lésions barotraumatismes d’oreille moyenne [2] .
consistent (Fig. 2) : Les statistiques de 2002 à 2005 de l’École de plongée de la
• pour une dépression de 100 à 150 mmHg (0,13 à 0,2 ATA) en un Marine Nationale basée à Toulon nous donnent des informations
œdème et une hyperhémie de la muqueuse, par extravasation différentes et intéressantes. Entre 2002 et 2005 on recense :
de plasma sans passage d’éléments sanguins (ultrafiltration) ; • 284 cas de barotraumatismes de l’oreille moyenne tous stades
• pour une dépression de 150 à 300 mmHg (0,2 à 0,4 ATA) en confondus ;
un épanchement séromuqueux ou sérohématique, par passage • 168 cas de BTS, soit un rapport de 0,59 par rapport aux baro-
transcapillaire des éléments figurés ; traumatismes d’oreille moyenne.
• pour une dépression supérieure à 300 mmHg (> 0,4 ATA) en Taylor [3] , sur une série de 709 plongeurs suivis durant une
une hémorragie tout d’abord interstitielle puis sous-muqueuse, année, analyse la répartition des barotraumatismes et rapporte
puis enfin intracavitaire lors de la déchirure de la muqueuse et 53 % de barotraumatismes d’oreille, 37 % de BTS et 10 % de baro-
constituant l’hémosinus. traumatismes dentaires.
La plongée sous-marine est un facteur favorisant de dysperméa- La fréquence des BTS est probablement sous-estimée. Les plon-
bilité ostiale : geurs qui pratiquent cette activité en loisir ne consultent pas un
• la température de l’eau en deçà de 18 ◦ C est responsable au médecin oto-rhino-laryngologiste pour un BTS mineur qui guérit
niveau des fosses nasales d’une hyperhémie et d’une réduc- spontanément, mais uniquement pour les formes les plus algiques
tion du mouvement ciliaire. Outre la température de l’eau, le et en cas de BTS récidivants.
plongeur respire un mélange détendu, donc froid ; En médecine aéronautique, une étude analysant le taux de sur-
• la position tête vers le bas favorise la congestion veineuse ; venue de barotraumatismes chez des pilotes effectuant des vols
• l’hypertonie de l’eau de mer est responsable pour certains d’une commerciaux au décours d’une rhinite aiguë banale rapporte 72 %
hypokinésie ciliaire. de barotraumatisme d’oreille pour 28 % de BTS ; 90 % des barotrau-
Certaines pratiques de plongée telles que « l’ascenseur » qui matismes surviennent à la descente [4] .
consiste en des montées et descentes très fréquentes favorisent
la survenue des BTS.
Les causes de dysperméabilité ostiale sont nombreuses, chro-  Clinique
niques ou aiguës (Fig. 1) :
• toute hyperplasie muqueuse lors de rhinosinusites inflamma- Symptomatologie
toires, allergiques, etc., chez les fumeurs où la perméabilité
ostiale est réduite de 30 % ; La céphalée est le symptôme princeps. D’intensité variable
• les polypes, kyste muqueux, tumeurs, etc. ; allant de la simple gêne à une douleur intense, en particulier dans
• les déformations septales, les concha bullosa, etc., ne sont en les formes explosives. Elle est localisée le plus souvent en regard
général que des facteurs anatomiques favorisants. du sinus concerné par le barotraumatisme :

|P1|
|P1| P2
|P1| < |P2|
|P2|
P2

|P1| < |P2|


A B C
Figure 2. Stades anatomocliniques des barotraumatismes sinusiens : forme implosive.
A. État normal : équipression entre la fosse nasale (IP2) et le sinus (IP1).
|P1| = |P2| B. Stade 1 : P = 100–150 mmHg, œdème et hyperhémie de la muqueuse sinusienne.
C. Stade 2 : P = 150–300 mmHg, épanchement séromuqueux ou sérohématique intrasinusien.
D. Stade 3 : P > 300 mmHg, déchirure de la muqueuse sinusienne, hématome sous-muqueux et
hémosinus.

EMC - Oto-rhino-laryngologie 3
20-466-A-10  Barotraumatismes sinusiens

• sus- et rétro-orbitaire lorsqu’il s’agit du sinus frontal ; • les BTS récidivants : il s’agit d’une pathologie différente dans
• pour ce qui est du sinus maxillaire la douleur peut être de loca- son étiologie et dans la prise en charge puisqu’elle peut contre-
lisation sous-orbitaire et/ou frontale ; indiquer la pratique de l’activité causale (plongée sous-marine
• douleur au niveau du vertex et occipitale en cas d’atteinte rare ou activité aéronautique). Cette forme nécessite un bilan naso-
du sinus sphénoïdal. sinusien approfondi afin d’aboutir à un diagnostic étiologique
L’intensité de la douleur varie en fonction des circonstances de précis dans un but thérapeutique. Les conséquences d’une inap-
survenue du BTS. titude sont moindres s’il s’agit d’une activité de loisir mais
Quand la pression augmente progressivement lors de la des- parfois dramatiques si cette pathologie survient dans un cadre
cente au décours d’une plongée sous-marine, la douleur est liée à la professionnel avec une remise en cause de l’aptitude profession-
dépression relative qui s’installe dans le sinus par rapport à la fosse nelle, en particulier pour des personnels navigants ou plongeurs
nasale. La douleur augmente progressivement et représente un sous-marins professionnels.
signal d’alarme pour le plongeur qui doit stopper la plongée avant
que la douleur ne soit insupportable. Lorsque l’augmentation de
pression est très rapide, par exemple lors d’une descente très rapide
pour les pilotes de chasse, la douleur atteint rapidement son acmé. Formes cliniques symptomatiques
La situation est différente pour les BTS survenant lors de la dimi- Elles sont très rares et ne surviennent que dans les formes explo-
nution de la pression ambiante, lors de la remontée, que ce soit en sives.
plongée ou en aviation (forme explosive). Dans ce cas la douleur L’hypoesthésie dans le territoire du nerf infraorbitaire : elle se
est liée à une hyperpression intrasinusienne relative par rapport traduit par un engourdissement de la joue et de la lèvre supérieure.
à la fosse nasale. Si la douleur survient au décours d’une plongée Elle est toujours associée à une douleur causée par un BTS du sinus
sous-marine lors de la remontée, le plongeur ne peut interrompre maxillaire survenant au décours de la remontée lors d’activités
la remontée et la douleur va augmenter durant la remontée pro- de plongée sous-marine ou aéronautique [9] . L’hyperpression rela-
portionnellement à l’importance de l’hyperpression relative créée tive qui se développe dans le sinus maxillaire entraîne dans ce cas
dans le sinus jusqu’à devenir intense et insupportable, voire syn- une lésion réversible du nerf infraorbitaire dans le canal infraorbi-
copale. Le barotraumatisme à la remontée peut mettre en danger la taire, en particulier s’il existe une déhiscence. Cette hypoesthésie
vie du plongeur en cas de douleur syncopale. Dans la même situa- disparaît en moins de 48 heures.
tion, le pilote de chasse lors d’une montée rapide peut interrompre La rupture exceptionnelle d’une paroi du sinus ou l’issue de
la montée et éviter l’aggravation du barotraumatisme. gaz à travers une déhiscence qui peut être spontanée, post-
L’épistaxis : retrouvée dans 58 % des cas [5] , elle survient dans traumatique ou consécutive à une chirurgie sinusienne peut se
les formes implosives et traduit un saignement intrasinusien traduire par :
lié à la dépression relative intrasinusienne. Ce saignement ne • un emphysème sous-cutané de localisation sus- ou sous-
s’extériorise pas immédiatement dans la fosse nasale. orbitaire ;
Lors d’un BTS de stade 3 survenant lors de la descente au décours • une pneumorbite ;
d’une plongée sous-marine, le plongeur note la présence de sang • une pneumencéphalie avec ou sans complication infectieuse
dans le masque essentiellement lorsqu’il sort de l’eau. Cette exté- méningoencéphalique associée.
riorisation tardive du saignement s’explique par le fait que, lors Ces formes exceptionnellement rapportées surviendraient dans
de la remontée, l’hyperpression relative qui se crée dans le sinus 50 % des cas chez des patients présentant des antécédents de chi-
chasse le sang intrasinusien dans la fosse nasale. rurgie endoscopique, en particulier ethmoïdale [10] .
Lors des consultations réalisées à l’École de plongée de la Marine
Nationale entre 2003 et 2005 sur 168 cas de BTS, les symptômes
sont représentés dans 62,5 % des cas par des céphalées exclusives
et dans 37,5 % des cas par l’association céphalées-épistaxis. Formes associées
Il est indispensable d’éliminer par l’interrogatoire et l’examen
 Formes cliniques un barotraumatisme de l’oreille moyenne associé qui est retrouvé
dans 20 % des cas de BTS [2] .
En fonction de la topographie
Le BTS localisé au sinus frontal est beaucoup plus fréquent que
l’atteinte du sinus maxillaire.  Bilan clinique
De rares cas d’atteinte du sinus sphénoïdal sont rapportés dans
la littérature [6] . Interrogatoire
Il doit faire préciser :
En fonction de l’étiologie • les circonstances de survenue du BTS : symptômes évocateurs
d’une infection ou inflammation aiguë des voies aériennes
Les circonstances de survenue d’un BTS sont essentiellement supérieures ou symptomatologie évocatrice d’une pathologie
représentées par la plongée sous-marine et les activités aéronau- nasosinusienne chronique avant la pratique de l’activité cau-
tiques. sale ;
Des BTS peuvent aussi survenir dans des caissons hyperbares • des antécédents rhinosinusiens :
utilisés à des fins thérapeutiques [7] . Des cas exceptionnels de BTS ◦ traumatisme craniofacial, chirurgie sinusienne en particulier
sont rapportés lors d’anesthésies générales utilisant le protoxyde ethmoïdale,
d’azote [8] . ◦ BTS,
◦ rhinite chronique,
En fonction de la fréquence ◦ pathologie sinusienne chronique et faire préciser les éven-
tuels traitements antérieurs médicaux ou chirurgicaux,
Il est très important de différencier deux formes cliniques de ◦ maladie de la muqueuse respiratoire,
BTS : ◦ terrain allergique ;
• les BTS accidents qui sont les plus fréquents et qui posent peu • les symptômes évocateurs d’une pathologie nasosinusienne
de problèmes thérapeutiques. Il s’agit d’un BTS qui survient chronique :
généralement chez un plongeur ou aviateur, le plus souvent au ◦ hyposmie ou anosmie,
décours d’une infection virale des voies aériennes supérieures ◦ obstruction nasale en précisant ses caractéristiques : uni- ou
ou d’une rhinite aiguë. Ce BTS accident ne récidive que rare- bilatérale, permanente ou non,
ment ; ◦ rhinorrhée, prurit nasal, éternuement.

4 EMC - Oto-rhino-laryngologie
Barotraumatismes sinusiens  20-466-A-10

Examen clinique d’un traitement canalaire incomplet, mais le plus souvent une
récidive de la carie est retrouvée ;
L’examen des fosses nasales avec un spéculum est complété par • une algie faciale (migraine, algie vasculaire de la face, névral-
une endoscopie à la recherche d’une étiologie et d’une surinfec- gie faciale). Les algies vasculaires de la face sont volontiers
tion. déclenchées par l’hypoxie relative régnant dans les avions [11] .
L’endoscopie nasale avec un fibroscope ou une optique rigide La douleur est volontiers calmée par l’inhalation d’oxygène et
doit être réalisée d’abord sans vasoconstricteur pour ne pas mas- peut être prévenue par la prise de dérivés de l’ergot de seigle
quer une anomalie de la muqueuse, puis après rétraction de la avant les vols. Dans le doute, l’imagerie permet de confirmer le
muqueuse avec de la Xylocaïne naphazoline® . Cet examen per- diagnostic de BTS ;
met de différencier un problème architectural d’une pathologie • l’épistaxis peut être causée par le squeeze du masque d’un plon-
de la muqueuse : geur sous-marin. Il s’agit d’une dépression dans le masque qui
• anomalies architecturales : déviation de la cloison nasale, survient à la descente. Pour l’éviter, le plongeur doit insuffler
hypertrophie non muqueuse des cornets ou inversion de cour- de l’air dans le masque par le nez. Certains plongeurs, en par-
bure du cornet moyen ; ticulier en milieu militaire, pour éviter d’être repérés par les
• pathologie de la muqueuse nasosinusienne : œdème de la bulles qui sortent du masque ou des néophytes qui l’oublient
muqueuse nasale, en précisant s’il existe un œdème du peuvent ne pas faire cette manœuvre. Lors d’une plongée de
processus unciforme et/ou de la bulle, cause d’un dysfonction- longue durée le maintien de cette dépression peut entraîner
nement ostioméatal, polypose nasosinusienne, surinfection par une épistaxis par rupture des vaisseaux de la cloison nasale,
la recherche de pus au niveau du méat moyen. en particulier au niveau de la tache vasculaire. Il peut s’y asso-
L’interrogatoire et l’examen clinique sont très importants, cier une hémorragie sous-conjonctivale et/ou une ecchymose
essentiellement pour les BTS récidivants pour réaliser un diagnos- périorbitaire bilatérale qui sont caractéristiques.
tic étiologique en vue d’un traitement préventif.

Bilan paraclinique
 Traitement
Il est différent suivant qu’il s’agit d’un BTS accident ou récidi-
vant. Il est intéressant d’analyser l’évolution naturelle de certains BTS
accidents.
BTS accident L’École de plongée de la Marine Nationale à Toulon organise
plusieurs cours annuels de formation de durée variable. Le cours
• Si la symptomatologie est modérée, il n’est pas nécessaire de de plongeur de bord professionnel ne dure qu’un mois. Une inter-
réaliser une imagerie. ruption de plus de cinq jours pour raison médicale ne permet
• Si la douleur est intense et persiste une imagerie doit être réali- pas au stagiaire de valider le diplôme. Dans ces conditions les
sée. L’imagerie de référence est le scanner des sinus qui permet interruptions doivent être parfaitement motivées.
de préciser le sinus en cause et de retrouver une pathologie Leur attitude sur les BTS est très intéressante. Les plongeurs
sinusienne préexistante au traumatisme et qui est la cause du présentant lors du stage un BTS accident se manifestant par des
barotraumatisme. douleurs tolérables avec ou sans épistaxis reprennent la plongée
le plus souvent le lendemain sans incident.
BTS récidivant Sur 105 patients présentant des douleurs sinusiennes exclusives,
et typiques de localisations frontales et maxillaires de stade 1,
Dans ce cas il est indispensable de réaliser un bilan complémen-
80 % replongent le lendemain de l’incident après un traitement
taire à visée diagnostique dans l’optique de permettre au patient
associant des aérosols et un anti-inflammatoire stéroïdien per os.
de continuer à exercer l’activité causale du BTS une fois l’étiologie
Seulement deux plongeurs sont déclarés inaptes à la poursuite du
connue et traitée. Le bilan repose sur trois examens :
cours.
• l’endoscopie nasale, soit avec un fibroscope soit une optique
Sur 63 cas de BTS se manifestant par une épistaxis, 55
rigide ;
replongent le lendemain soit 90 % sans problème à l’issue d’un
• une imagerie : scanner des sinus à la recherche :
traitement symptomatique.
◦ d’anomalies anatomiques : concha bullosa qui peut causer un
Cette attitude réalisée avec un encadrement médical spécialisé
rétrécissement du méat moyen, cellules unciformiennes ou
en médecine de la plongée n’est en aucun cas un arbre décisionnel
méatiques antérieures anormalement développées,
à proposer mais permet de montrer la réversibilité rapide de ces
◦ anomalies muqueuses : opacité sinusienne en particulier eth-
BTS accidents de stade 1 et 2.
moïdale, frontale et maxillaire. Il précise le caractère uni- ou
Il est indispensable de différencier les BTS accidents qui vont le
bilatéral des anomalies notées,
plus souvent guérir spontanément des BTS récidivants.
• la rhinomanométrie présente un intérêt dans les formes où
une obstruction nasale chronique est notée. L’analyse des résis-
tances, si elles sont perturbées permet de proposer au patient,
si la tomodensitométrie des sinus est normale, un geste non BTS accidents
invasif sur la cloison nasale et/ou les cornets inférieurs.
Si le bilan est négatif, une enquête allergologique doit être réa- Ils surviennent le plus souvent au décours d’une rhinite aiguë et
lisée. le traitement est essentiellement symptomatique [12] : traitement
À l’issue de ce bilan des anomalies sinusiennes évidentes de la douleur par des antalgiques de palier 1 type paracétamol,
sont notées, mais dans un nombre de cas non négligeable on voire palier 2 et traitement de la rhinite aiguë. Dans certains cas, en
trouve des anomalies nasosinusiennes peu importantes, voire pas particulier pour les BTS survenant à la remontée, l’hyperpression
d’anomalie, bien que le retentissement clinique soit important relative sinusienne peut être importante et entraîner des céphalées
avec des conséquences importantes en cas de survenue de ce BTS intenses qui résistent à toutes les classes d’antalgiques y compris
lors d’activités professionnelles (pilotes ou plongeur sous-marin). les morphiniques (Fig. 3). Il s’agit pratiquement toujours de BTS
touchant le sinus frontal. Seule la restauration d’une pression nor-
male au niveau du sinus frontal bloqué entraîne la sédation de la
 Diagnostic différentiel douleur. La mise en place d’un clou de Lemoyne sous anesthésie
générale entraîne la sédation immédiate de la douleur. Le clou est
En raison des circonstances de survenue le diagnostic est assez laissé en place 2 à 3 jours (Fig. 4).
simple mais on peut discuter : En cas d’atteinte identique rare au niveau du sinus maxillaire
• une odontalgie barotraumatique survenant le plus souvent à la une ponction du sinus maxillaire par voie du méat inférieur avec
remontée. Elle survient en général sur une dent ayant fait l’objet mise en place d’un drain d’Albertini est réalisée.

EMC - Oto-rhino-laryngologie 5
20-466-A-10  Barotraumatismes sinusiens

Traitement de la cause
À l’issue du bilan étiologique on peut individualiser deux
groupes de patients.
Patients dont le scanner des sinus est normal
Une rhinite chronique est traitée médicalement au long cours
par un corticoïde intranasal et des instillations nasales de sérum
physiologique [15] . Un traitement par antihistaminique suivant
les recommandations ARIA (Allergic Rhinitis and Its Impact on
Asthma) peut être prescrit en cas d’allergie.
Une hypertrophie turbinale non améliorée par le traitement
médical peut faire l’objet d’un traitement instrumental (laser,
radiofréquence, cautérisation) et en cas d’échec une turbinecto-
mie inférieure partielle est indiquée.
Les anomalies architecturales, si elles paraissent jouer un rôle
dans l’étiopathogénie sont traitées chirurgicalement :
• déviation septale par septoplastie ;
• concha bullosa ;
• hypertrophie turbinale par turbinectomie partielle en cas
d’échec des autres méthodes.
Avant d’envisager tout traitement chirurgical il est indispen-
sable de disposer d’un bilan complet endoscopique, scanner et
Figure 3. Barotraumatisme sinusien frontal gauche récidivant de
d’une rhinomanométrie pour affiner le diagnostic étiologique. Il
stade 3 sur pathologie nasosinusienne chronique. Céphalées frontales
s’agit d’une chirurgie fonctionnelle dont le plus souvent le seul
résistantes à la morphine. Indication de clou frontal de Lemoyne.
but est de retrouver une aptitude à une activité professionnelle ou
de loisir. Le patient doit être informé de l’éventualité d’un échec
fonctionnel. En raison du contexte, le risque de complication doit
être réduit au maximum.
Patients dont le scanner est en faveur d’une pathologie
rhinosinusienne chronique
Le traitement médical par corticoïdes inhalés est prescrit en
première intention.
En cas d’échec fonctionnel le praticien se trouve confronté à
deux situations :
• la pathologie en cause pose un problème dans la vie courante
et ne permet pas la pratique de la plongée. Le traitement de
la pathologie sinusienne est identique aux standards pour la
pathologie en cause, mais il se pose secondairement la question
de l’aptitude pour la pratique de l’activité responsable du BTS ;
• la pathologie ne gêne le patient que pour la pratique de l’activité
responsable du BTS. Nous sortons du cadre habituel des indica-
tions thérapeutiques, le but étant de redonner au patient une
aptitude à une activité professionnelle ou de loisir. Si un traite-
Figure 4. Barotraumatisme sinusien récidivant de stade 3 du sinus fron-
ment médical est possible on débute toujours par le traitement
tal gauche. Contrôle tomodensitométrique 1 mois après l’ablation du clou
médical bien conduit adapté à la pathologie. En cas de résul-
de Lemoyne. Bonne aération du sinus frontal gauche.
tat insuffisant, une corticothérapie per os est prescrite à la dose
de 1 mg/kg/j durant cinq jours [16] . Dans 50 % des cas le traite-
ment médical, en particulier les corticoïdes intranasaux, permet
Les décongestionnants locaux ou généraux sont prescrits pour
de reprendre l’activité responsable du BTS. Ce n’est qu’en cas
favoriser la reperméabilisation de l’ostium et traiter une inflam-
d’échec de ce traitement qu’un traitement chirurgical de la
mation aiguë nasosinusienne.
pathologie en cause est proposé, par exemple :
Les aérosols soniques avec un anti-inflammatoire stéroïdien
◦ pour le sinus maxillaire : méatotomie moyenne,
peuvent être proposés.
◦ pour le sinus frontal : le but de la chirurgie est de reperméa-
Une antibiothérapie per os type amoxicilline-acide clavula-
biliser le sinus frontal pour permettre la reprise de l’activité
nique ou céphalosporine de 2e génération est nécessaire en
déclenchante du BTS.
cas de rhinorrhée purulente associée. Pour les BTS survenus au
décours d’une plongée sous-marine, une surinfection secondaire En cas de pathologie ethmoïdofrontale unilatérale
est retrouvée dans 28 à 60 % des cas [13, 14] et il est proposé Sont préconisées :
pour les stades 2 et 3 cliniques une antibiothérapie per os • ethmoïdectomie antérieure ou complète qui est parfaitement
systématique. codifiée ;
La corticothérapie per os peut être discutée et est le plus sou- • ou ablation de la cloison intersinusienne frontale par un abord
vent prescrite. Son but comme dans la pathologie sinusienne externe unilatéral sourcilier qui permet d’aérer et de drainer le
est de traiter l’œdème responsable du dysfonctionnement de sinus frontal pathologique dans le sinus frontal sain ;
l’ostium. Cet œdème est le plus souvent localisé au niveau du méat • de nouvelles techniques chirurgicales [17] , « cathéters ballons
moyen. sinusoplastie », sont proposées, en particulier en cas de patho-
logie limitée au canal nasofrontal. Le principe est de dilater
le canal nasofrontal à l’aide d’un ballonnet après avoir repéré
BTS récidivants et franchi l’ostium du sinus avec un cathéter guide. La fluo-
roscopie ou la transillumination permet de s’assurer de la
En phase aiguë le traitement est identique au BTS accident, bonne localisation du cathéter [18] . Cette technique récente
mais s’il existe une pathologie sinusienne chronique il est licite semble donner des résultats identiques à la chirurgie conven-
d’instaurer une antibiocorticothérapie per os durant 5 à 7 jours tionnelle mais doit encore être évaluée car des échecs sont
comme pour les BTS accidents. rapportés [19] .

6 EMC - Oto-rhino-laryngologie
Barotraumatismes sinusiens  20-466-A-10

En cas de pathologie bilatérale, telle une polypose


nasosinusienne
 Aspects médicolégaux
Les indications thérapeutiques actuelles pour cette pathologie, Normes énoncées pour les activités
qui sont développées dans un autre chapitre de cet ouvrage, sont
à proposer dans le cadre de la prise en charge d’un BTS : de plongée sous-marine ou aéronautique
• traitement médical et en cas d’échec un traitement chirurgical Elles laissent une grande latitude au praticien pour l’aptitude.
est proposé ; Pour la plongée sous-marine de loisir : toute pathologie
• polypectomie sous guidage endoscopique au niveau du méat sinusienne compromettant de façon définitive l’équilibre des
moyen associée à une méatotomie moyenne ; pressions dans les sinus de la face constitue une contre-
• chirurgie ethmoïdale en première intention ou secondaire en indication absolue. La seule contre-indication mentionnée
cas d’échec de la polypectomie. Si une indication de type précisément est une contre-indication relative pour la polypose
ethmoïdectomie est retenue il est alors nécessaire de réali- nasosinusienne. En pratique, on voit souvent des plongeurs sous-
ser une chirurgie radicale de type ethmoïdectomie bilatérale marins atteints de polypose nasosinusienne qui continuent à
avec sphénoïdotomie qui donne de meilleurs résultats qu’une plonger.
chirurgie endoscopique fonctionnelle en cas de polypose naso- Pour la plongée professionnelle : les mêmes normes que la
sinusienne [20] . plongée de loisir s’appliquent avec un élément supplémentaire :
les sinusites chroniques sont considérées comme une contre-
Résultat du traitement indication.
Cette définition très large doit nous inciter à la prudence et
Le traitement médical bien conduit [15] permet dans 50 % des cas il paraît raisonnable de ne pas autoriser une activité de plongée
une reprise de l’activité. En cas d’échec, le traitement chirurgical professionnelle à un patient qui présente une pathologie rhinosi-
est indiqué. nusienne chronique dès qu’elle entraîne un BTS récidivant (Fig. 5 :
Ces interventions chirurgicales adaptées à la pathologie per- polype de l’infundibulum). Un traitement actif doit être proposé
mettent de retrouver une aptitude à l’activité en cause dans plus de avec contrôle du résultat anatomique au niveau du sinus en cause
90 % des cas. Les séries publiées rapportant les résultats de la chi- par un scanner des sinus.
rurgie endoscopique sinusienne fonctionnelle en particulier dans
ces indications sont peu nombreuses. Parsons [21] rapporte 92 %
de bons résultats pour des pilotes professionnels traités par une
chirurgie endoscopique ethmoïdale ainsi répartis : guérison dans Normes militaires pour le personnel navigant
62 % des cas, et dans 28 % survenue de quelques BTS ne compro-
mettant pas la pratique aéronautique, y compris professionnelle.
de l’aéronautique
Les publications concernant les résultats de chirurgie endosco- Les fosses nasales doivent être perméables. Les déviations de
pique fonctionnelle dans le cadre de BTS sont peu importantes. la cloison nasale, les hypertrophies des cornets lorsqu’elles pro-
Le milieu ambiant en plongée sous-marine est plus hostile que les voquent une diminution sensible de la perméabilité nasale, les
conditions rencontrées en aéronautique et les résultats des traite- infections aiguës ou chroniques des voies aériennes supérieures
ments sont moins bons que pour les BTS survenant lors d’activités et de leurs annexes, constituent une cause d’élimination tempo-
aéronautiques. raire ou définitive, suivant leur curabilité et le résultat fonctionnel
Les risques bien connus de la chirurgie endoscopique sinu- postopératoire.
sienne, en particulier ethmoïdofrontale doivent inciter le
praticien ORL à la prudence, surtout si la pathologie sinusienne
en cause ne gêne le patient que dans des conditions extraphysio-
logiques de loisir. Normes civiles des professionnels
Si une chirurgie sinusienne, en particulier ethmoïdale, est envi- de la conduite d’aéronefs
sagée uniquement pour restaurer une aptitude sportive et/ou
professionnelle il apparaît raisonnable de confier le patient à un La présence d’un des troubles suivants entraîne l’inaptitude :
spécialiste référent en pathologie nasosinusienne. une limitation notable de la perméabilité aérienne des voies
nasales ou dysfonctionnement des sinus.

 Prévention
Il est nécessaire d’informer les patients effectuant des acti-
vités avec un risque de BTS d’éviter l’activité à risque, en
particulier la plongée sous-marine, en cas d’infections des voies
aériennes supérieures. Pour les personnels navigants des compa-
gnies aériennes il est souhaitable de proposer la même attitude en
cas d’inflammation importante des voies aériennes supérieures.
Quelle est la place des décongestionnants par voie nasale ou
générale ? Ces traitements à visée préventive en vente libre sur
internet sont très utilisés en automédication par les plongeurs
mais aussi par les personnels navigants des compagnies aériennes,
même si aucune étude ne permet de préciser la fréquence de cette
pratique.
Le risque de cette pratique, surtout lors d’une plongée sous-
marine, est d’empêcher la survenue du BTS à la descente qui est
moins grave et d’exposer le plongeur à un BTS à la remontée, très
dangereux en raison du caractère syncopal de la douleur. Il est
raisonnable de déconseiller cette pratique particulièrement chez
les patients qui présentent des BTS récidivants. Certains [16] préco-
nisent de ne pas utiliser les vasoconstricteurs par voie générale ou
locale dans les 12 heures précédant une plongée sous-marine. Figure 5. Barotraumatisme sinusien (BTS) récidivant de stade 3. Plon-
Pour les passagers de vols commerciaux il est licite de prescrire gée sous-marine. Contrôle tomodensitométrique à 1 mois. Persistance
un vasoconstricteur per os avant le vol et un vasoconstricteur par d’une opacité de l’infundibulum gauche. Risque de récidive de BTS frontal
voie nasale juste avant la descente [22] . gauche. Inaptitude temporaire.

EMC - Oto-rhino-laryngologie 7
20-466-A-10  Barotraumatismes sinusiens

 Conclusion [8] Salvinelli F, Rinaldi V, D’Ascanio L. Paranasal sinus barotrauma


in general anesthesia: special attention. J Clin Anesth 2005;17:
323.
Pour les BTS accidents qui sont les plus fréquents la reprise de
[9] Butler FK, Bove AA. Infraorbital hypesthesia after maxillary sinus
l’activité déclenchante (plongée sous-marine ou aéronautique) ne barotrauma. Undersea Hyperb Med 1999;26:257–9.
pose pas de problème. Le délai de reprise est fonction de l’intensité [10] Parell G, Becker G. Neurological consequences of scuba diving with
des symptômes. chronic sinusitis. Laryngoscope 2000;110:1358–60.
Dans les BTS de stade 1, l’activité peut être reprise au bout de [11] Zhao JM, Schaaning J, Sjaastad O. Cluster headache: the effect of low
sept jours. Dans les stades 2 et 3 la prudence impose un arrêt de oxygen saturation. Headache 1999;30:656–9.
l’activité responsable du BTS durant un mois après vérification de [12] Becker GD, Parell GJ. Barotrauma of the ears and sinuses after scuba.
l’intégrité des sinus de la face par un scanner. Eur Arch Otorhinolaryngol 2001;258:159–63.
Pour les barotraumatismes récidivants, la reprise de l’activité [13] Edmonds C, Lowry C, Pennefather J. Diving and subaquatic medicine.
est envisagée une fois l’étiologie traitée et après vérification par Oxford: Butterworth-Heinemann; 1998.
un scanner. [14] Vaillant PY. Pathologie otologique et sinusienne en plongée. A propos
Pour la plongée sous-marine exercée à titre professionnel un de 60 observations. [thèse medicine], Lyon, 1997.
test réalisé en caisson hyperbare à 4 ATA est indiqué avant de se [15] Skevas T, Baumann I, Bruckner T, Clifton N, Plinkert PK, Klingmann
prononcer sur l’aptitude. C. Medical and surgical treatment in divers with chronic rhinosi-
nusitis and paranasal sinus barotraum. Eur Arch Otorhinolaryngol
2012;269:853–60.
[16] Klingmann C, Baumann I, Bruckner T, Praetorius M, Plinkert P. Oto-
 Références rhinolaryngologic disorders and diving accidents: an analysis of 306
divers. Eur Arch Otorhinolaryngol 2007;264:1243–51.
[1] Uzun C. Paranasal sinus barotrauma in sports self contained underwater [17] Welch K, Stankiewic J. Application of minimally invasive endoscopic
breathing apparatus divers. J Laryngol Otol 2009;123:80–4. sinus surgery techniques. Otolaryngol Clin N Am 2010;43:565–78.
[2] Broussole B, Méliet JL, Coulange M. Physiologie et Médecine de la [18] Bara S, Ryan M, Sindwani R, Marle B. Balloon catheter technology in
plongée. Paris: Ellipses; 2006. rhinology: reviewing. The evidence. Laryngoscope 2011;121:226–31.
[3] Taylor DM, O’Toole KS, Ryan CM. Experienced scuba divers in Aus- [19] Andrews J, Weizel E, Eller R, McMains C. Unsuccessful frontal bal-
tralia and the United States suffer considerable injury and morbidity. loon sinusoplasty for recurrent sinus barotraumatism. Aviat Space
Wild Environ Med 2003;14:83–8. Environ Med 2010;81:514–6.
[4] Rosznkvits L, Klopper M, Katholm M. Upper respiratory infections [20] Devars du Mayne M, Pruliere Escabasse V, Zerah-Lancner F, Coste
and barotrauma in commercial pilots: a retrospective survey. Aviat A, Papon JF. Polpectomy compared with ethmoidectomy in treat-
Space Environ Med 2008;70:960–3. ment of nasal polyposis. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 2011;137:
[5] Farmer JC. Ear and sinus problems in diving. In: Bove A, editor. Diving 111–7.
Medicine. Philadelphia: WB Saunders; 2007. [21] Parsons DS, Chambers DW, Boyd EM. Long-term follow-up of avia-
[6] Bourolias C, Gkotsis A. Sphenoid sinus barotrauma after free diving. tors after functional endoscopic sinus surgery for sinus barotrauma.
Am J Otolaryngol 2011;32:159–61. Aviat Space Environ Med 1997;68:1029–34.
[7] Fitzpatrick DT, Franck BA, Mason KT, Shannon SG. Risk factors [22] Weitzel E, McMains K, Rajapaksa S, Wormald P. Aerosinusitis: patho-
for symptomatic otic and sinus barotrauma in a multiplace hyperbaric physiology, prophylaxis and management in passengers and aircrew.
chamber. Undersea Hyperb Med 1999;26:243–7. Aviat Space Environ Med 2008;79:50–3.

P. Verdalle, Professeur agrégé du Val-de-Grâce (orl@sainteanne.org).


J.-B. Morvan, Interne des hôpitaux des Armées.
Hôpital d’instruction des Armées Sainte-Anne, BP 20545, 83041 Toulon cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Verdalle P, Morvan JB. Barotraumatismes sinusiens. EMC - Oto-rhino-laryngologie 2013;8(1):1-8 [Article
20-466-A-10].

Disponibles sur www.em-consulte.com


Arbres Iconographies Vidéos/ Documents Information Informations Auto- Cas
décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

8 EMC - Oto-rhino-laryngologie
Cet article comporte également le contenu multimédia suivant, accessible en ligne sur em-consulte.com et
em-premium.com :

1 autoévaluation
Cliquez ici

© 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 18/10/2017 par Bibliothèque Nationale de Luxembourg - (568544). Il est interdit et illégal de diffuser ce document.

You might also like