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Le Nouvel Hollywood
Le Nouvel Hollywood
I. Avant-propos
Au milieu des années 1960, plusieurs crises se font sentir :
• Baisse de la fréquentation des salles et crise des studios
• Le vide artistique
Cette situation a permis :
• L’abandon définitif du code Hays, en 1966.
• À de jeunes cinéastes d’établir une nouvelle manière de faire du cinéma.
II. Introduction
Le Nouvel Hollywood (New Hollywood) est un mouvement cinématographique américain de
la fin des années 1960 au début des années 1980, qui modernise de façon significative la
production des films à Hollywood.
Ce cinéma, inscrit dans la contre-culture et influencé par le néoréalisme italien, la modernité
européenne et la Nouvelle Vague française, se caractérise par la prise de pouvoir des
réalisateurs au sein des grands studios américains et la représentation radicale de thèmes
jusqu’alors tabous comme la corruption des pouvoirs politiques, la sexualité, la violence ou le
massacre des Indiens.
Le Nouvel Hollywood renouvelle les genres classiques du cinéma américain (western, film
noir) ou les «déconstruit» en s’affranchissant des conventions de ceux-ci.
La période relativement courte du Nouvel Hollywood est considérée comme une des phases
les plus importantes du cinéma américain du point de vue artistique, et révèle de
nombreux réalisateurs comme Brian De Palma, Dennis Hopper, Francis Ford Coppola,George
Lucas, Martin Scorsese, Michael Cimino et Steven Spielberg.
Début et déclin
➢ « Bonnie et Clyde (1967) » de Arthur Penn
➢ « La porte du Paradis » (1980) de Michael Cimino
VI. Thèmes
Les films du Nouvel Hollywood sont concernés par les sujets de société et évoquent les
mouvements de protestation nés de mai 1968.
Ils n'hésitent pas à mettre en scène les rébellions de la jeunesse pour la libéralisation de la
société et contre les structures sociopolitiques engourdies ou la guerre du Vietnam.
Il n’est pas rare d’entendre dans les bandes originales des films les groupes de musique qui
symbolisent ces aspirations, comme Bob Dylan, Cat Stevens, Simon and Garfunkel,
Steppenwolf, The Doors ou encore The Rolling Stones.
1. L'engagement au Vietnam
L'engagement au Vietnam, ses atrocités, son absurdité et ses répercussions sur l'individu
sont justement interrogés dans des films aussi différents que Le Retour (1978) de Hal Ashby,
Hair ou encore Voyage au bout de l'enfer (1978) de Michael Cimino et Apocalypse Now (1979)
de Francis Ford Coppola, deux fresques épiques dont le triomphe planétaire renouvelle
l'esthétique et le traitement du film de guerre.
a. Comédies
Woody Allen commence à représenter les névroses — souvent sexuelles — d’un citadin
moderne dans des comédies originales, emplies d'un humour juif new-yorkais corrosif,
comme Annie Hall ou Manhattan.
Avec ses lunettes et sa silhouette frêle, Allen, premier rôle dans la plupart de ses films,
devient la figure emblématique de l’antihéros de cette époque.
Le protagoniste y est sans cesse contrarié et frustré dans l'atteinte d'objectifs flous et
contradictoires.
Le principe de la quête du héros, présente dans le cinéma classique hollywoodien, est
largement mis en crise.
b. Films d’horreur
Rosemary's Baby (1968), L'Exorciste mettent en scène des « enfants-démons ».
Ces films peuvent être interprétés comme des allégories sur le conflit de génération de
l’époque.
Brian De Palma avec Carrie au bal du diable (1976) et Stanley Kubrick avec Shining (1979)
adaptent chacun à leur manière le romancier d'épouvante à succès Stephen King.
Ils livrent une œuvre culte dans laquelle un jeu de références et de signes complexes jalonne
une mise en scène hypnotique, virtuose et conceptuelle qui scrute la désagrégation
meurtrière de la cellule familiale ou l'intrusion de pulsions morbides dans le puritanisme
anglo-saxon.
c. Films musicaux
La musique populaire des années 1960-1970 est largement utilisée comme bande originale
dans les films du Nouvel Hollywood.
Parallèlement sont produits des films musicaux comme Head (1968), dans lequel Bob
Rafelson (sur un scénario de Jack Nicholson) relate les aventures excitées et psychédéliques
du groupe pop-rock The Monkees, inspiré par les films sur les Beatles de Richard Lester.
Le célèbre chorégraphe Bob Fosse revient sur les heures sombres de l'Histoire et fusionne
références à la peinture, cinéma expressionniste, théâtre et tradition musicale de Broadway
dans Cabaret (1972) qui remporte huit Oscars.
Le documentariste D.A. Pennebaker filme une tournée de Bob Dylan dans Dont Look Back
(1967) et le festival Monterey Pop (1968).
Le film de Michael Wadleigh sur Woodstock est considéré comme un document témoin de la
«génération flower power».
Dans La Dernière Valse, Martin Scorsese filme le concert d’adieu du groupe The Band.
En 1979, Hair de Miloš Forman devient la première comédie musicale sur le mouvement
hippie et la jeunesse contestataire.
d. Science-fiction
Les films de science-fiction du Nouvel Hollywood se distinguent par leur climat pessimiste et
critique à l’égard de la civilisation.
Dans La Planète des singes (1967) Charlton Heston s’aventure dans des mondes post-
apocalyptiques oppressants.
Soleil vert (1973, toujours avec Heston) montre la phase terminale de la civilisation
occidentale, sous l’emprise du brouillard, de la pollution et d’une nouvelle forme de
cannibalisme.
En 1971, Stanley Kubrick provoque un scandale retentissant lors de la sortie de son film
d'anticipation Orange mécanique, adapté d'Anthony Burgess, dans lequel une bande de jeunes
désœuvrés se livre avec délectation à des actes d'ultraviolence.
Dans THX 1138 (1971) de George Lucas, les victimes imberbes d’une dictature aseptisée se
rebellent contre leur bourreau.
Enfin le film Alien - Le huitième passager de Ridley Scott, qui révolutionne l’esthétique et la
narration du film de sciencefiction , représente à travers une atmosphère cauchemardesque
l’extermination d’un équipage de vaisseau spatial par un extraterrestre.
e. Western
Sam Peckinpah signe quelques westerns de troisième génération inimitables, poétiques et
pessimistes comme La Horde sauvage. Sa sympathie va aux hors-la-loi en situation
d’échec — à l’instar des bandits attendrissants de Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill
(1969) — devant un État tout-puissant qui les abattra sans pitié.
Dans Little Big Man (1970), « antiwestern » satirique et divertissant, Dustin Hoffman incarne
un anti-héros amical au milieu des guerres indiennes.
Les sympathiques Indiens du film contrastent avec la représentation du héros national
George Armstrong Custer en psychopathe brutal.
Dans John McCabe (1971), Robert Altman s’affranchit de toutes les règles du genre et trace le
portrait d’un aventurier désabusé dans une ville bourbeuse de l’Ouest.
Dans The Missouri Breaks d’Arthur Penn (1975), Marlon Brando campe un tueur étrange
parodiant les brigands traditionnels du western.
Robert Redford incarne pour Sydney Pollack un jeune trappeur qui découvre la beauté et la
cruauté des Rocheuses (Jeremiah Johnson, 1971).
Clint Eastwood, vedette des westerns spaghetti, met en scène, L'Homme des hautes plaines
(1971) et rend hommage au genre baroque qui l'a révélé et à son réalisateur-fétiche Sergio
Leone.
• Le concept de « réalisateur-auteur »
Le Nouvel Hollywood met également à l'honneur des réalisateurs indépendants comme
Sydney Pollack (On achève bien les chevaux) et Sidney Lumet (Serpico) et permet à des
acteurs de devenir metteurs en scène : Jack Nicholson, Clint Eastwood, Peter Fonda, Paul
Newman, Robert Redford et Warren Beatty.
De même, des scénaristes talentueux passent, avec aisance et succès, à la réalisation : Paul
Schrader et John Milius.
Le temps du Hollywood classique qui bloquait toutes passerelles professionnelles est révolu.
Dans la plupart des films du Nouvel Hollywood, le réalisateur tient une place centrale.
Il est le responsable de l’histoire et du regard artistique qui en découle.
Il dispose du final cut, c’est-à-dire qu’il décide jusqu’au bout du montage de son film.
Dans les productions antérieures de Hollywood, seuls les producteurs ou les directeurs de
studio détenaient ce pouvoir de décision finale.
La plupart des réalisateurs du Nouvel Hollywood se reconnaissent dans la tradition
européenne du cinéma d’auteur où le réalisateur est considéré comme le principal créateur
du film et s'implique aussi bien dans l'écriture du scénario que la production et le montage.
Beaucoup des innovations du Nouvel Hollywood - stylistiques ou narratives - s'inscrivent
dans la continuité de la Nouvelle Vague française, du néoréalisme italien, du Free cinema
britannique et des cinéastes modernes des années 1960 (Michelangelo Antonioni, Ingmar
Bergman, Federico Fellini, Andreï Tarkovski, Alain Resnais, etc.).
Très cinéphiles, les nouveaux metteurs en scène américains s’enthousiasment pour la qualité
du cinéma européen et admirent des réalisateurs comme Resnais, Carl Theodor Dreyer,
Fellini, François Truffaut, Bergman, Jean-Luc Godard, Jean Renoir, Luchino Visconti, Luis
Buñuel, Antonioni et Roberto Rossellini.
Ils accueillent aussi favorablement les cinéastes venus d'Asie comme Satyajit Ray, Kenji
Mizoguchi et Akira Kurosawa.
Ils prennent alors leurs distances avec les productions commerciales d’Hollywood et suivent
un cheminement original qui les amène à exprimer une vision personnelle dans des œuvres
subtiles et matures.
Comme chez Godard, Truffaut, Antonioni ou Bergman, leur style va à rebours des règles
classiques : les récits prennent un rythme plus leste et sont en apparence moins structurés,
les personnages paraissent plus opaques, ambivalents ou inaccessibles et sont parfois sans
désir d'action, le sens est moins lisible, les valeurs exposées plus complexes et abstraites et
les fins plus ouvertes, voire ambiguës (Orange mécanique, Serpico, Une femme sous
influence, Nashville, Taxi Driver).
Sur l'exemple de Fellini, Buñuel et Bergman, certaines œuvres recréent une forme de
souvenir fantasmé et d'autofiction (Annie Hall) ou abolissent les frontières entre rêve, réalité,
mythologie et hallucination (Apocalypse Now, Que le spectacle commence, Shining).
• Réalisateurs emblématiques
➢ Arthur Penn
➢ Brian De Palma
➢ Clint Eastwood
➢ Dennis Hopper
➢ Francis Ford Coppola
➢ George Lucas
➢ Jack Nicholson
➢ Sam Peckinpah
➢ Sidney Lumet
➢ Stanley Kubrick
➢ Steven Spielberg
➢ Sydney Pollack
➢ William Friedkin
➢ Woody Allen
➢ Martin Scorsese
➢ Michael Cimino
➢ Miloš Forman
➢ Paul Newman
➢ Paul Schrader
➢ Robert Altman
➢ Roman Polanski