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Le naturalisme : tout ce qu’il faut savoir pour le bac

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Le naturalisme est un mouvement littéraire de la seconde moitié du XIXème siècle


(1860-1890) dont Émile Zola est le chef de file.

Le naturalisme cherche à aller plus loin que le réalisme en s’inspirant des méthodes
scientifiques pour faire du roman un lieu d’expérimentation.

Suite à un travail minutieux de documentation, l’écrivain naturaliste soumet ses


personnages à des épreuves et observe le poids des déterminismes sociaux et
héréditaire sur la destinée de ces derniers.

I – Le contexte historique du naturalisme


Le contexte historique du naturalisme est très proche de celui du réalisme :

◊ L’échec des idéaux de la révolution de 1848

La révolution de 1848 promettait de réaliser les idéaux des romantiques. Mais cette
révolution est un échec.

Napoléon III instaure un gouvernement autoritaire. Les valeurs de la bourgeoisie et de


l’argent triomphent…

◊ la révolution industrielle

Le XIXème siècle est le siècle de la révolution industrielle.

Les progrès techniques sont considérables : machines à vapeur, industrie textile, de


l’acier, construction de chemins de fer…

Le capitalisme prend de l’ampleur, avec la  Bourse, et on assiste à la montée en


puissance d’une bourgeoisie d’argent.

Mais le progrès technique ne va pas forcément de pair avec un progrès social.

La prolétarisation accentue les inégalités sociales.

D’où le regard critique du capitalisme industriel chez Karl Marx, mais aussi chez Zola
(L’Assommoir, Germinal).

◊ L’engouement pour la science


Le positivisme, philosophie initiée par Auguste Comte, propose d’étudier l’humain et les
sociétés en se fondant sur l’observation, les connaissances et l’expérimentation.

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Cette philosophie est un succès et influence tous les domaines : biologique, médecine,
droit, politique.

L’influence positiviste mène à un engouement pour la science.

Le scientifique est placé au dessus du politique : il est vu comme celui qui apportera le
progrès et résoudra les problèmes.

◊ Le darwinisme
Des découvertes scientifiques vont particulièrement influencer Zola et les naturalistes :

♦ La découverte de la génétique

♦ Les théories de Darwin sur l’évolution des espèces :

Dans De l’origine des espèces (1859), Darwin explique que les espèces vivantes ont
évolué à partir d’un seul ou de quelques ancêtres communs grâce au processus
d’adaptation et de sélection naturelle.

♦ En France, le docteur Lucas écrit un traité sur l’hérédité naturelle.

Ces ouvrages convainquent Zola que l’homme est déterminé par son hérédité.

♦ Herbert Spencer adapte la théorie de Darwin à l’organisation sociale : c’est ce qu’on


appelle le darwinisme social. La société serait également régie par la « “sélection des
plus aptes” ».

Cette théorie a une influence décisive chez les écrivains naturalistes qui considèrent que
la sélection naturelle s’opère dans le milieu social (les plus forts socialement menant à la
disparition des plus faibles).

◊ La démarche expérimentale de Claude Bernard


♦ Claude Bernard, un médecin français, fonde une démarche expérimentale qui donne
naissance à la plupart des protocoles des expérimentations scientifiques.

Cette démarche expérimentale influence Zola qui veut donner un statut scientifique à la
littérature.

II – Les principes du naturalisme


Comme les écrivains réalistes, les auteurs naturalistes visent à « faire vrai » et à
atteindre l’impartialité à travers une écriture objective (voir ma fiche sur le réalisme).

Mais les naturalistes vont plus loin en cherchant à faire de chacun de leurs romans une
expérimentation scientifique sur des personnages soumis à des déterminismes
sociaux et héréditaires.

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◊ Le poids des déterminismes

Pour les naturalistes, l’homme est déterminé par son hérédité et par son
environnement, c’est à dire qu’il ne peut pas échapper au poids de l’hérédité et de leur
environnement.

Par exemple dans L’assommoir, Zola montre que Gervaise, malgré ses bonnes
intentions et son armature morale, ne peut lutter contre son hérédité (parents
alcooliques) et son environnement social (milieu ouvrier). Elle sombre dans l’alcoolisme
et meurt dans une déchéance physique et morale totale.

Zola a donc une conception dite mécaniste de l’humain : ses personnages sont mus par
leur instinct et ne peuvent se libérer de leur hérédité.

◊ Une plongée dans les bas-fonds

Pour les naturalistes, comme pour les réalistes, tous les sujets sont dignes d’être
traités.

Toutefois, les naturalistes vont encore plus loin que les réalistes.

En effet, les réalistes comme Balzac ou Flaubert ont finalement beaucoup décrits la petite
bourgeoisie.

Les naturalistes, eux, plonge dans les bas-fonds, la corruption, la misère,


l’alcoolisme, la déchéance physique, la prostitution (Nana de Zola, Boule de Suif de
Maupassant), le meurtre (Thérèse Raquin).

C’est ce qui fera dire à Barbey d’Aurevilly : « “M. Zola se vautre dans le ruisseau, et il le
salit.” »

◊ L’emploi d’une méthode scientifique


Ce qui distingue le plus le naturalisme du réalisme, c’est l’application de méthodes
scientifiques à la littérature.

Cette idée peut nous sembler étrange aujourd’hui.

Mais à l’époque, l’engouement pour les sciences est tel que les romanciers aussi
souhaitent appliquer les méthodes scientifiques à l’écriture.

Tout d’abord, l’écrivain mène une enquête sur le milieu qu’il souhaite décrire et se livre
à un minutieux travail de documentation.

Il tente de traduire au plus près le réel : descriptions physiques, attention portée aux
détails qui peuvent paraître vils et triviaux, transcription du parler populaire…

Enfin, l’écrivain ne se contente pas dans ses romans d’observer la réalité.

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En s’inspirant des méthodes expérimentales de Claude Bernard, l’écrivain naturaliste
expérimente son sujet.

Il soumet ses personnages à des épreuves afin de vérifier si ses hypothèses (sur
l’hérédité, l’influence du milieu social…) se réalisent.

◊ Entre pessimisme et foi dans le progrès social

Les romans naturalistes peuvent sembler très pessimiste :

Les personnages ne peuvent se soustraire aux déterminismes héréditaires et sociaux qui


les accablent et s’abîment dans le meurtre, l’alcoolisme, la prostitution…

Pourtant, la lecture des romans de Zola montre que ce dernier croit au progrès social.

Il pense que l’écrivain joue un rôle politique en montrant les meurtrissures de la


société.

III – Les réactions contre le naturalisme


Si tu m’as bien lue jusqu’ici, tu as compris que les naturalistes, dont Zola est le chef de
file, appliquent des méthodes scientifiques à la littérature.

Tu le comprends, cette prétention a des limites :

Le scientifique manie des faits qu’il ne peut pas contrôler, alors que l’écrivain, même s’il
se documente minutieusement, est obligé à un moment donné d’inventer les actions de
ses personnages.

Cette limite lui a valu de nombreuses critiques et Zola avait beaucoup de détracteurs.

Zola avait aussi beaucoup de disciples et se réunissait avec ses amis écrivains dans sa
villa de Médan.

Mais certains de ses amis ont rompu avec lui en publiant dans Le Figaro une violente
lettre ouverte à Zola – Le Manifeste des cinq.

Dans ce manifeste, ils renient leur maître, lui reprochant de se complaire dans le vulgaire
et d’user de méthodes de documentation et d’expérimentation peu sérieuses.

IV – Les principaux auteurs naturalistes


C’est ans le roman que s’exprime le mouvement naturaliste, et notamment dans les
romans de Zola et de Maupassant.

◊ Zola

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♦ Les Rougon-Macquart (1871-1893) sous titré Histoire naturelle et sociale d’une famille
sous le second Empire est une fresque romanesque en vingt volumes de Zola
dépeignant la société française sous le second-empire. ZOLA s’inspire de la Comédie
Humaine de Balzac mais choisit de mettre en scène la trajectoire d’une seule famille
sur plusieurs générations, ce qui montre sa préoccupation naturaliste et son souci
d’étudier l’hérédité.

♦ L’Assommoir (1877) de Zola est un roman naturaliste car Zola met en scène la
tragédie inéluctable de l’alcool qui sévissait dans le milieu ouvrier à la fin du 19ème siècle
(lire par exemple le commentaire de l’excipit de l’Assommoir).

Les personnages principaux, Gervaise et Coupeau, ne peuvent lutter contre les


déterminismes héréditaires (parents alcooliques) et sociaux (milieu ouvrier) et sombrent
tous les deux dans l’alcoolisme.

◊ Maupassant
♦ Bel-Ami (1885) de Maupassant est également un roman naturaliste : Georges Duroy, le
personnage principal, va gravir petit à petit les échelons de la société grâce à l’aide des
femmes qu’il va croiser. A mesure qu’il réussit socialement, il se corrompt moralement.

♦ On retrouve aussi dans Pierre et Jean (1888) de Maupassant une préoccupation  liée à
l’hérédité et à la sélection naturelle et sociale.

◊ Autres auteurs naturalistes


♦ Les frères Goncourt (Edmond et Jules de Goncourt), avec notamment Germinie
Lacerteux

♦ Huysmans

♦ Alphonse Daudet

♦ Octave Mirbeau.

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