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Fiubert Grenier

P i o f c s s : u l ' c j c i ) r c m i ù r eS u p é r i e u r c a u L y c é e L o u i s - l e - G r a n d

Le G@F?Fræsggærice
ffiH?fif;osop*?Hque

Massonet Cie, Éditeurs


1 2 0 , b o u l e v a r dS a i n t - G e r m a i n P
, a r i s6 u
19 7 3
|abie des m.rtières

Avant-propos

Ci:.tl:i!re t.
La plrilosophic et lcs y>hilosophies.

Citt:';ilre z.
Les sciences et la philosonhie

Ci;o-biire:,.
La rér'oiution ccpcrnicicnne

C)i.api!re tr.
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rdscrvés pour tous pa)'s, LanSage ct p)tilcsophie

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Chapilre 7.
@ rgZZ, tr'Iassonel Cie, Paris T., -.,"'.'^
Library of Congress Catalog Card Number 7z E7 (t36
ISBN : z-zz5 362go-z
Clnt'ître 3.
Inprimê en France Conn:rissanccct vie .
Avant-propos

Il n'cst pas tr'ès confortable aujourd'hui, pour des raisons dont toutt:s ne
touchcnt pas à la naturc des institutions, d'être un étudiant en philosophie
si c'est la philosophie quc i'on souhaitc vraiment étudier. A l'écart dt' la
recherchc bruissante oir se précipitent dans les secteurs en pointe tant de
beaux zèlcs, on ne pcut que se sentir désagréablement classé du côté de ccLrx
qui < nc travailient pas r. La philosophie passait jadis pour la reine des scienccs.
pue sa prlace au soleil du savoir soit contestée n'est pas tout à fait récent; il
est plus surprenant que se chargent désormais du réquisitoire les professionnels
dc cette discipline. Or la clénonciation du vide de la philosophie semble de plus
cn plus servir d'unique contenu à certains propos qui se prétendent philo-
. el cst le nouvcau ton strptiriottr.
s n l ) l r i q l l c sT

A l'étudiant perpl,:xc, cléjà peut-êtrc désabusé,s'adrcssece livre. Il vor.rclrait,


arrtant qu'il le peut, l'affermir dans cctte pistis, cette confiance en la philo-
sophie fautc dc laquelle, selon Platon, l'exercice de ia réflexion est altérc,
cor.npromis dès lc départ. A unc époque oir lc mot cle méta"physique fait sourire,
oir l'expression de connaissance scientifique cst devenue un pléonasme, cellc
de connaissance philosophique une imposturc, il importe plus que jamais, si
nous ne consentons pas à ce que s'éteigne une irremplaçable lumière, de nous
fortifier à la puissance intacte de la tradition.

Par là, l'étudiant n'a pas à craindre lcs dangers de l'inactualité, car mieu,r
quc celui qui se flattc d' r être de son temps r, comme si ce que chacun appelle
orgueiileusement r son r ternps n'était pas toujours le ternps des autrcs, donc
le temps cle personnc, ie temps d'un malentcndu, vit, active son temps celui
qui se montre intempcstif. L'intcmpestivité, c't'st dans le temps Ie rappel, le
harcèlement, i'intrusion de l'étemcl. De ce point de vue, Ies ceuvres des véri-
tables philosophes ayant été dès lcur pubiication intempestives nécessairement
le demeurent. Préscnt déjà passé quand il sc présente l'inactuel; présent ne
passant pas, ne se dépassant pas sinon en lui-même, l'intempestif. Il a tout
I'avenir devant soi. Voilà pourquoi, comme le dit Hegei, c'est une histoire que
l'histoirc cie la philosophie et pourtant ce n'en est pas une. Il est commode,
pour ncr.itraliser lcs phiiosophies, pour les réduire aux opinions qu'à telle ou
telle époque des hommes ont émises, de les aligncr en rang chronologique,
cornmc des étoiles mortes depuis plus ou moins d'années-lumière. En les
clisposant ainsi à côté les unes des autrcs Ie long de Ia galerie culturelle, on
croit gagner sur tous les tableaux, satisfaire à la fois au respect demandant
dc lcs mettrc de côté et à l'irrespcct demanclant de les mettre par côté. Mais cc
qui est vcnu d(i'angc.ll.' m,,r'rd", le monde ne l'arrangcru pot èt ne s'en arran-
g e r a p r s r r r s s ia i s é t n c n t .
1i'ùtrl-prifos
4aant-propos

nc se profile fugitivemcnt clans les LIéd,itations dc Descartcs que sous l'cspècc


Cet ouvrage que nc soutient que lâ certitude de I'éternité d'une pirilosophie
dc sa déllnition obscurc, compliquéc, sans portée, clonc rejetéc, d'anirnal
constante au travcrs dc scs conflits, de ses crises, de ses révolutions, Par sa
raisonnablc. En philosophie on traitait de ce qui est, de ce qui comptt', du
visée, son cnjeu : rien d'autre que le sa1ut, théorisé par elle seulc, préscnte le
monde, dc l'esprit. Mais l'homme se désigne pour l'antihumanisme contem-
paradoxe d'être un discours dc circonstance. Voilà vingt ou trente ans, au
porain, humanisme rafûné et sournois, comme cet être dont i'inexistence rnôme
momcnt oir le retour husserlien ( aux choses mêmes > était étrangement inter-
devait être inventée. Est-il meilleur alibi pour notre bonne conscience contcs-
prété par l'école phénoménologique de Paris comme un ( désaveu de la
tantc qu.e cet absent qui a toujours tort ?
science r, il convcnait de souligner auprès des étudiants que Descartes et
Lcibniz construisirent leur- métaphysique à la façon d'un calcul, plus difficile
en rln sens ct plus facile en un autre que le mathématique, puisquc prir'é des
ressourcesmais aussi exempt des complications de l'imagination; que la connais-
sance du troisième genrc chez Spinoza, savoir proprement philosophiquc, ne
peut naîtrc que d'une analyse dcs conditions de possibilité de la connaissance
du deuxième genre dont le ressort est scientif,que;bref que nul n'cntrc ici s'il
n'est géomètrc. La philosophie se corrompt de deux manières : soit en se
coupant de la science, soit en se résorbant en elle. De rappeler ce second péril,
le plus rnenaçant aujourd'hui, ne signifie pas qu'on sous-estime lc premier.
Faut-il ajouter que si nous sommes pcrsuadés que l'épistémologie n'est actuelie-
ment dans l'esprit de beaucoup que l'unique manière de continuer à < faire
de la philosophie , quand on a renoncé à philosopher, nous ne méconnaissons
ni la nécessité pour le philosophe de s'instruire des sciences ni la valeur de tant
de travaux d'histoire et de philosophie des sciences qui sont l'honncur de
notre Université.

Les deux périls que nous venons d'évoquer sont-ils du reste si difiérents?
On parle d'autant plus de la science qu'on en fait moins et qu'on la confond
avec un n discours r. On croit en ce cas naïvement qu'il sufût d'en parler pour
en faire et que, puisqu'il arrive à ceux qui en font d'en parler, réciproquement
ceux qui en parlent en font à leur façon. Une réflexion sur la science, même si
elle est développée par un savant, n'est plus scientifi.que. pu'elie le veuille ou
non elle est, ou n'est pas!philosophique. Autre chose les équations quc formule
Einstein, autrc chose ce qu'il ( dit D d'elles, la portée conceptuelle qu'il leur
clonne. Cela relève aussitôt de la compétence et du contrôle de la philosophie.
L'homme de sciencc n'ignorc pas pour sa part la différence entre ces deux
domaines dont il nc franchit la frontière qr.r'à ses risques et périls, comme
Théétètr s,' Iaissant interrogr-r pal Socrate.

Le pire serait donc cette sorte de territoire incertain oir l'onne sâitpluss'ii
s'agit encore de ia science ou s'il est question désormais de la philosophie.
Trop facilerncnt sertrit-on disposé à l'occuper quand on répugne tout enscmble
à I'cxactitudc cle l'une ct à la rigueur de l'autre. Ce terrain de nos jours, c'est
I'anthropologic. De cet artifice inusable de la rhétorique qu'est l'homme -
Protagoras cn a importé la notion dans la sphère du logos - que faire, il est
vrai, sinon en parler? Toujours, dans I'ancienne comme dans l:r nouveile
sophistique, c'est un signc de déclin spéculatif dès clue l'homme ne s'intéresse
plus qu'à l'homme, ne se passionne plus que pour l'homme. Classiqucrnent
on ne traitait pas clc l'homn-re cn philosophie. Homo, pour prcndre un cxclrrPle,
La Philosophie et les Philosophies

A la difiérencc des plaisirs toujours restrcints par nature, du bonheur dont


les moments ne se succèdent qu'en s'éparpillant, la joie est inséparablc dc la
conscience d'une totalité. De nous apporter cette joie, sans laquelle ellc ne
vaudrait pas une heure dc peine, Ia philosophic s'estimait en droit de
revendiquer I'apanage. Ne se constitue-t-elle pas conrme le seulsavoir intégra-
lement compréhensif, synoptique ? Au philosophe, disait Platon, il appartient
de percevoir les ensembles. N'est-ce pas à juste titre que peut s'affirmer absolue,
all sens qrre dans les Regulae Descartes assigne à ce terme, la science qui ne
clépend d'aucune autre mais dont toutes les autr-es dépendent puisque dans
la hiérarchie du savoir elles en reçoive'nt leur placc et leur statut exacts?
Toutes ces propositions auraient jadis passé pour des évidences, ellcs risquent
fort de ne plus êtrc prises aujourd'hui que pour d'intolérables paradoxcs.
Elles appellent en tout cas une objection apparemment décisive. Qu'il cxiste,
en effet, une connaissancc philosophique suppose à tout Ic moins que cette
connaissancc soit une. La philosopkze ne saurait être désignée comme telle
qu'à la condition d'être d'abord /a philosophie. Or les divergences <le ses doc-
trines, la disparité de leurs méthodes sufÊsent manifestement à ruiner son
ambition synthétique. S'il 1' o des philosophies, c'est qu'il n'y a pas cle philo-
sophie. Les philosophies sont à la fois Ia vie t't la mort de la philosophie.
Il semble tout à {ait scandalcux que Ia science qui se fixe pour projet d'uniher
le savoir ofire elle-même lc spectacle de la plus navrante désunion. Une arène,
ttl est lc tcrme par lequel Kant flétrit la cité philosophante, oùr chacun, note-
t-il encore, se comporte à la manière d'un avocat uniquement soucieux clc
discréditer les discours de ses confrères. De même, opposant les discordes
de l'âge métaphysique à l'unité du stade théologique qui l'a précédé - . quand
les hommes ne parviennent plus à sc mettre d'accord il leur reste cncore la
rcssource de prcndre Dieu à témoin et à l'unité de l'époque positiviste clui
lui succèdc -. au lieu de disputer, on organisera - Auguste Comte nomme cc
La fltilosopltie el lts flLilos,tpltitts La f'hilosophieet les philosofhits 13

turbulent rnoment lc règr.rcclu prétoire. Dcs métaphy'siciens Bcrgson âssurera mécèncs et de rccrutcr dcs collaborateurs pour le meilleur dér'eloppemcnt
cle son côté qu'ils nc pârlcnt jamais clc quelquc chose mais toujours contre d'une sciencc dont il nous exposc quc nolrs pourrons tirer des applications
quelqu'un. mécaniques, nrérlicales et morales si prtissatrtes que déjà de cette tcrre notts
ferons notre paradis. C'est cette scicnce, porteuse de si amples promesses, qu'il
Si la philosophie a voulu s'instalrrer c()mmc Ia science de cc qui, selon
importe, sans plus tarder, cle construire, maintenant que la philosophic a
l'expression de Platon, existc clans le ternps de toujours, alors i'histoirc nc
consolidé définitivement ses fonclcments. En Descartes le métaphysicien
sied pas à la philosophie. Un savoir ne saurait avoir de vérité que s'il s'assimiic,
n'ar.a.it, cn effet, pour rôle que de convaincrc le savant qu'il ne perdra pas son
que s'il s'(rgaleà son objet; la connaissancedc l'éternel nc peut donc être autrc
temps à découvrir les lois d'unc réalité dont seule la philosophie démontre
chose qu'unc connaissance éternelle. Si contempler ne rcvietrt pas à sc joindrc
qu'elle nc se ramène pas un songe passablement cohérent, garantissant ainsi
à ce qu'on contemplc, de l'intelligencc il faudrait conclure absurdenrent qu'ellc
que le bonheur escornpté dcs conquêtes de la science ne sera pas un bonheur
ne participe pas à l'inteltigible. Comment, dans ccs conditions, pourrait-il v
cle rôveurs. Face à I'étendue de ce programme, il serait inutile et même désas-
avoir dcvenir d'une.,'érité par nature incornpatible:rvec lc devcnir? D'êtrc
trcux qut' d'ér'entueis succcsseursvinssent ploursuivre, voire remettre en cause,
livrée à une histoire, signifi.ant, comrne toute histoire, la rcvancl're de l'autrc
la réflexion métaphysiqLre qui Ie légitime, au plus grand dommage du travail
sur le même '- d'oir Ie sens métaphysiqucment très profond c1umot de }Iarx :
scientifique c-t technique or) doir-ent maintenant se mobiliser les énergies. En
la violencc est l'accoucheuse de l'histoirc - ou crrcore i'opiniâtre résistance du
constlquence, on ne saurait soutcnir, comme le suggèrent parfois des formules
multiple à la tyrannie de l'un, cc nc serait ainsi pour la philosophie que la
aussi élégante-s qu'inexactes, que Descartcs nous aurait rendu pour éminent
marque de son imperfection et la prertve c1u'ellene cessede manqucr son but.
En vain, s'cmployant à convertir un désastre en triomphe, se réjouira-t-on, service de nous apprendre à être cartésiens, c'est-à-dire à nous passer de lui.
le cas échéant, que la philosophie renaisse avec chaque philosophe et proposcra- Descartes envisage une histoire, illimitéc, de ia nouvelle science, puisclue sa
perfection se mesurera à I'infinité des choses qu'elle est susceptible de touchcr,
t-on d'inscrirc cct étrange destin au crédit d'une exemplaire radicalité. Autrc
le sérieux d'une continuation, autrc la futilité d'un recommencement. Iiccom- nullement une histoire de la philosophic, puisquc l'achèr.ement de celle-ci
est la condition clc l'essor c1ccellel:i.
menccr toujours, n'est-ce pas la façon Ia plus subtile de ne commcnccr jamais ?
Oui n'arrêtc dc préluclcr n'arrêtc d'éluder. Quand on a véritablement com-
merrcé, on n'a pas bcsoin de rccommencer.
Il est à ce propos c1'usagede se réclamer de f initiative cartésicnne pour Philosophies et ceuvres d'art
illustrer I'obligation philosophique de faire sans relâche table rase, de repartir
infatigablcment à zéro. La référencc n'est pas pcrtinente. Elle néglige que
l'ræuvre que Descartes avait entreprise une bonne fois et pour son propre L'on pourrait toutefois s'étonner que riett ne semble plus déconccrtant à la
compte, il entendait la réussir cle tclle sorte que tous désormais fussent dis- philosophie clue le fait qu'il y ait une histciire rie la philosophie. Après tout,
pensés de s'y essal'er. Dt'scartt's, clans le Discours tle la l[éthodd, ne cèdc Pas ar.'oirune histoirc, c'cst un signe de vitalité. Si la vie n'â pas d'histoire, 1'histoirc,
au moindre souci de prosélytisme. I-oin dc nous inviter à notts engager derrière cIIe, a une vie, une vie supérieure, qui se c1épasse,s'intègre ses écarts, s'enrichit
Iui dans lt: chcmin qu'il a cretts,l r'cr-s la certitrtde, il nous dissuadc, tout au de se.sdifférenccs, sun'it à scs échecs. L'histoire, r'oilà ce par quoi qtrand rttr
rebt>urs, ri'affronter ii notre tour lc rr'doutable Trompeur, car le doute hyper- hommc a tout perdu, il n'a pas tout pcrdu. Appartcnir à l'histoire , c'cst quand
bolique qui exige plusir'rirs semaincs clc pratique pour devenir enfin effectif, u la on périt, avoir encore rrn avcnir. De mêmc que l'humanité ne mcurt pas de 1a
scrile résolution de se défaire de toutcs les opinions qu'on a reçues auparavaut mort des hommes et que l'anthropologie cst le contraire d'une entrop<,rlogic,
en sa créance n'cst pas un exemple qrte chacun doivc suivre; et le monrle n'est ainsi dans la négation des philosophics les uncs par les autres s'afûrmerait lir
quasi conposé que dc deux sortes d'esprits auxqucls il ne convient aucu- puissance cle la philosophie. Dans ses leçons sttr I'Histoire de h Philosopltie
nemcnt > (Discou,rs,cleuxièmepirrtie, la Pléiade, p. r35). Les premiers, précisc (trad. Gibclin, Gallimard, p. 35), devant la variété des systèmes dont i'idée
ie tcxte, rrse croyant plus habiles qu'ils ne sont r péclierai.cnt par précipitation phiiosophique jonche sa progression, Hegel nous pric de irous épargner la
et r s'ils avaient une fois pris la liberté de douter des principcs ,... n delneu- naïr'cté de nous demander lequel est proprement philosophique, si nous ne
reraient égarés toute icur vie r; ics scconds auront, on l'espère, la < nodestie r voulons pas ressernbler fâchcusenrent à cc péclant auquel son médecin avait
de comprendre qu'i1s < doivent bicn plutôt sc contcnter de suivre 1cs opinions conseillé dc manger du fruit et qui refusait les ceriscs, les prunes et les raisins
de ces autres (plus capables qu'eux de distinguer ie vrai du faux) qu'en cher- qu'on lui offrait sous le prétexte qu'il lui avait été recommandé du fruit et
chcr eux-mêmes de meilleures r. Bref, Ies deux sortes d'esprits selon lcsquels non pas des cerises, des prunes ou des raisins. Totttes ces philosophies, rappellc
la méfiance cartésienne distribue les hommes sont ies esprits faibles qui Hegel, sont à coup sûr de la philosopliie.
n'errtreraient yras dans lc doute ct lcs esprits Ïorts qui n'en sortiraicnt pas. Nous nc pou\.ons pourtant pas nous accommoder du réconlort qr.Lenotls
Dcscartt's, il nc s'cn cache pas, nc publie le Discours qu'alin cf intércsser des procurc l'rqroloESrehégelicr.r.I-a philosophic ne sartrait regarder son histoire
r4 La philosophie et les l>hilosophies La philosophie et les philosoflties

conune un gourmet contemple une luxueusc corbeiilc. Autrement dit, ii ne que l'échange tourne à la polémique. A un correspondantqui lui demande
convient pas de comparer les philosophies à des æuvres d'art. Cellcs-ci, suivant avec une malignité ingénuc s'il penseque sa philosophieest la meilleure,il se
l'analyse de Malraux, ne sont en mesure de voisiner sereinement dans notre borne à répondre : n Je ne prétendspas avoir rencontréla meilleure des philo-
admiration que parce qu'elles ont distendu avcc le temps le lien les attachant sophies,mais je sais que je comprendsla vraie philosophiet (LettreLXXVI,
à un moment historique - l'histoire les déshistorise -,-- et que nous les appré- à Albert Borgh). Kant indique pour sa part dans les Considérationssu,r la
cions d'autant mieux à présent que nous nous sommcs dépris des sentiments, nature du, beau,et du. sublirne que le terme de philosophiene doit s'employer
des croyances, de la vision du monde dont elles étaient enveloppées. Hegel qu'au singulier et que nommer des philosophesreviendrait à offensersa signi-
estimait que l'art, ce stade initial de l'avènemcnt d'unc idée astreinte d'abord fication. A la limite, on serait en droit de soutenir que l'unicité nécessairede la
à ne se manifester que sous une forme intuitive, avait fait son temps, nc parlc- philosophie cnpêche qu'on mentionne le nom d'un seul philosophe. Si les
rait plus aussi éloquemment au cceur des homrnes, car il exigeait cette cancleur idécsde l(ant sont vraies.il s'ensuitqu'ellcsne sont pas kantiennes.
désormais surmontée qui croit trouver dans l'immédiateté sensible la vérité
qu'ii n'est donné qu'au concept dc produire. Au contraire, plus les idées qui
s'enroulent à I'ceuvre d'art cessent de solliciter notre adhésion, passent à
I'arrière-p1an, plus nous avons, bcaucoup mieux que scs contcmporains, Philosophies et axiomatiques
I'intuition de sa purc beauté. Cette beauté était indépendante d'une vérité
maintenant occultée, elle nc devait pas son éclat à un simple stade provisoire
Ou les phiiosophiesou Ia philosophie: pour briser ce dilemme et reconlaître
du savoir, encore empêtré dans le sensible. Ainsi s'cxpliq,," qr,. se disposent
sans contradiction Ia double nécessitéde la muitiplicité et de l'unité philoso-
à égaiité esthétique dans le Muséc imaginaire, parce qu'elles se sont désoli-
phiques, il ne resterait plus que Ia solution de tcnir les diversesphilosophies
darisées de leur contcnu représentatif, parce qu'elles ne représentent plus
pour autant dc productions indépendantesmais engendréespar un même t1'pe
qu'elles-mêmes, des ceuvres dont les autertrs, s'ils avaient pu se rencontrer,
de construction intellectuelle. Déduisant de sesprérnissesparticulières toutes
se seraient entr'égorgés. C'est donc bien de la beauté qu'il faut dire qu'elle est
les conséquencesdont elle était grosse, chacunc se développerait sous la
ce qui reste quand tout a disparu. Voilà pourquoi de toutes les vaieurs elle est
forme ininterrompued'une postulationqui, allant jusqu'aubout d'elle-niémc,
la seuie à laquelle l'épreuve du réel ne réserve aucun dégât. Tandis que nous
aurait entièrementcouvert le tcrrain que s*uls poutaicnt circonscrireses
n'aurons jamais qu'un moyen d'être moraux : dc savoir que nous ne le sommes
instrumentsconceptuels.On mesureraitdonc la vanité qu'il y a à mettre en
pas, tandis qu'en fonction de l'exigence critique le vrai n'est jamais assez
relation de conflit de telles axiomatiques.Selonle nouvel esprit philosophique
vrai, en revanche ce qui est beau se révèle toujours plus beau. D'où ce bonheur
les doctrines de Descarteset de Spinozanc s'opposentpas davantagr.que les
que l'histoire de l'art reçoit hélas ! en monopole, eile dont le moteur, à l'encontre
géométricsd'Euclide et de Riemann. Érigécsen bastionsimprenables,les voici
de toutes les autres, est non pas i'échec, mais le succès, puisque ce sont les
à l'abri de ccs piteusestentatives de ré{utation oir 1a critique se place forcé-
réussites inégaiables de l'artiste qui obligent ses successclrrsà s'orienter dans
ment en dehors du système qu'elle s'applique à ruiner. Cette solution, due à
de nouvelles voies.
Monsieur Xlartial Guéroult - cst-il besoin de rappcler les magistralesétudes
A la philosophie il cst interdit de profiter des somptueuses ressourccs du
auxquelleselle a donné lieu? - jouit aujourd'hui d'une extrême {aveur cn
pluraiisme esthétique. Les philosophes ne se présentent pas à nous comme des
raison des nombreux avantagesdont elle peut s'autoriser.Elle permet d'abord
maîtres qu'il serait loisible de tous suivre à la fois. Lcurs doctrines ont pour
de distinguer les philosophiesdignesde ce nom des idéologiesan rang de quoi
dignité dc refuser le partagr.. Nul mr-r-sée ne lr.s accueillcra. Entrc t.llcs, pas I'incompréhensionles ravale. Tandis qu'une idéologic s'efface,reléguéedans
d'émulation, même pas la solidarité de ia concurrencc, de la rivalité. C'est
l'historicité, avecla causequ'elle défendait on n'est paslongtempsintéressant
l'opinion qui se {igure que lcs philosophes se traitent comme des adversaires.
quand on ne fait que soutenir des intérêts ,- la pérennité des philosophies,
Il lui semble, car eiie confond Ia pensée avec unc sorte d'énergie, de puissance
-- n'évoque-t-on pas la force d'unc idée? cluc les idécs seraient dcstinées à I'intense attention qu'elles ne cessentde susciter, lors même que pcrsonne,
comme l'observe Hegel, ne saurait plus se rcfaire une âme platoniciennc ou
entrer en conflit, qu'elies s'entr'empêcheraient comme des événements. Mais
stoïcienne,ont pour cause la rigueur sans défaut de leur ordre de raisons.
une idée n'est pas quelque chose se heurtant à quelque chose et subissant une
Cette rigueur déboute d'avance l'esprit dc facilité qui, attribuant à l'auteur
résistance. Elle n'a pas à se frayer un chemin. I1 serait contradictoirc qu'il
1' les faiblessesde l'intelligence qu'il cn a, se croirait à mêmc dc le prendre en
ait entre les idées un quelconque antagonisme. Au sens où le mot cle polémique
flagrant délit de contradiction et reprocherait par exemple à Piaton, selon
signifie la guerre dans les idées, il n'existe pas, à proprcmcnt parler, de polé-
unc mode lancée par Léon Bmnschvicg, d'être parfois infidèle au platonisme
mique en philosophie. Aussi, dans ses lettres, Spinoza, prêt d'ordinaire à ou à Descartes de ne pas se montrer toujours assezcartésien. Enfin sera
instruire sans impatience quiconque s'adresse à lui, pourvu qu'il cliscerne en pleinement élucidéela différenceentre lcs philosophieset les ceuvrcsd'art et
l'autre un souci c1evérité, abrège-t-il prudcmmcnt lc débat, dès qr.r'ii s'apcrçoit définic la singularitéde leurs morlesrcspectifsde coexistence.
IÔ L a P h t l o s o ? h i ee l I e s f h i l o s o p h i e s La fhilosoplLie et les philosophies l/-

I-a perlcctiorl d'une ceuvre d'art ne porte Pas ombrage à I'exccilence d'unc a t t c o n t r ô l e d r I a r , i a l i t é , e l l c s é c l r a p p c n t a u \ c r i t i q u t ' sq u ' c l l e ss ' i n t i i g r r e i r ' r r t
autre, parce qu'elles n'ambitionnent Pas de reproduirc une réâlité que cellc-ci mutuellement.
en cc cas pourrait plus exactement transcrire quc cellc-là. C'cst cl.eson absence Il tornbe cn ce cas sous une é.r'idence asscz aisée tluc cles systèrncs aiusi
de relation au rôel que l'æuvre d'art tire la premièrc condition de sa réalité conçus sous l'espèce c1'absolus formels, impénétrables les uns aux autres,
distinctive. Un vrai roman n'est pas un roman vrai, au scns oil norls nous achètcnt au tarif Ic plus exorbitant la sauvegarde clc leur autonomie. Car enfrn,
retrouvcrions dans ses personnagcs, où ii nous apparaîtrait qu'ils sont en s'il nc peut phrs y avoir, dans la signification innocente du terme, dt- philo*o-
conformité avec nous. D'eux on dira cc qu'Alain djsait du génie : ils nous phies fausses,c'cst qu'il n'y a pas cle vérité dc la philosophie. Tout cc clui est
rcssemblt'nt bien cpe nous ne lcur rcssemblions pas. François }fauriac le gagné par celleslà est pcrclu par cellc-ci. Arrtant de fois sont lcsphilosophics,
rapl>elait tlirns la post{acc de Galigaï, comr.nc il cxiste r.rnr:planète Terre, il autant de fois la philosophie n'cst pas. Entrc les philosophies ct la philosophir:
existe unc planète Balzac, unc planète Dostoïcvsky, en sortc quc de l'art à la un malin génie nous contraindrait donc toujours à un choix impossible. Alors
vie Ia conclusion n'est pas bonne. Lcs créations esthétiques ne peuvent donc que Hegel sauvait la phiiosophie au détriment des philosophies, momcnts
pas être confrontées,à quelquc hn que ce soit, à un référent crtérieur. On scrait t-'ntant quc tels rnutilés et abstraits d'un sens qui ics surmonte tous, la solution
fondé à penser qu'il n'en va pas de même pour les ou\-rages philosophiques. que nous sommes en train d'examiner, déniant ia possibilité d'une universalité
Aiors que l'ceuvrc d'art possèdc unc signification strictement immanentc, philosophiqr,re, n'adosse l'être des philosophics qu'au néant c1ela philosophie.
ne lenvoic qu'à cllc-même et se rcferme sul soi comme un monde, un discours Davantagc, si unc différerrce cst maintenue dans cette perspective cntre la
ne méritc d'être appelé philosophique qu'à ia condition, bravant les interdits philosophie et l'art, elle tourne indiscutablemcnt à l'avantage dc ce dernier et
de la nouvclle linguistique , où le sens n'est plus porlr un langage qu'une simple accréciitcie thème néo-positiviste, si à la mode, du philosophe comme maulais
affaire interne, de vouloir tout bonnement dire quelque chose, quelquc chose artiste. En effet, l'artiste, clans Ia mesure orl il n'ambitionne pas cl'ajuster
de vrai, c'est-à-dire, de la manière plus ou moins quintessenciée qu'on l'en- au réel une cellvre dont les fleurs sont les abscntes de tout bor.rquet, est urr
tendra, quelque chosc d'adéquat à Ia réalité. Ou une phiiosophic usurl)e son philosophc conscient de sa pratique; le philosophe, qu'habite la prétention
titre ou elle doit se faire un élémentaire clcvoir cle justifier la vtlracité dcs rle rcndre comptc de la réalité, n'est qu'un artiste ne sachant pas ccqu'il fait.
jugements qu'elle porte sur le réel. LTne tclle théoric cnserre la vérité d'une philosoPiiie dans les l>ornes clc sa
L'opinion, dès lors, ne se trouve-t-elle pas conljrmée dans sa réprobation cohérencc : clle la rt-streint à une simple validité logiquc. Or Ia rigucur est
stupéfaite à l'égard des interminablcs querelles philosophiques ? Entre les certes indispensable à ia vérité, c'est son ressort, son motcur interne, mais
doctrines la réalité ne servirait-elie pas natureilement de tribunai? Non, car à tant il est vrai que ie pur dedans n'cst qu'un pur d.ehors,elle n'en détermine
supposer qu'on accepte pareille juricliction, qu'on agrée donc comme unique encore qu'une condition extérieure. Ainsi, en Descartes, l'ordre ne r€çoit pas
autorité en matière de vérité ce bon sens en rnarge duquel, malgré lcurs opposi- sa vérité simplc'ment de la néccssité logiqtre c1escs cléductions, il la doit aussi
tions, les thèses des philosophcs campent identiquement comme autant d'énig- et surtout aux réelles intuitions qu'elies mcttent en rapport. Une thèse est
matiques paradoxes, la critique phiiosophique n'aurait plus aucune raison de fausse, si elle contrevient aux exigences dc la cohérence, mais, pour être
s'exercer. Or le premier acte de toute philosophic consiste à dénoncer I'image v r a i e , i l n , ' l u i s r r f f i t p r s r l e s ' v p l i c r . L a v e l i r l i t é I ^ e i q r r c , é r i g é r .r . n r n a î t r e
confuse et inconsistantc que Ia réalité revêt pour l'opinion, afir1 r1clui substituer absolu, c'est l'idéal de vérité c1eceux qui ont renoncé à la vérité, qui clr.rvrai
un véritablc réel, un récl philosophique clont chaquc systèmc élabore les n'apprécient plus que l'apparentc contrainte et n'aiment la rigucur que polrr
modalités théoriques en fonction de ses exigences spéciales. Ainsi pour Platon scs rigucurs. I'Iais cette contrainte peut donner des aises. Pourvrr que l'on ne se
les objets sensiblcs n'empruntent leur minimum d'être qu'auli idécs transcen- contredise pas soi-mêrne, que i'on ne sc serve que dcs prémisses ct dcs instru-
dantcs dont ils participent, pour Aristote toute chose est constituéc par l'unité m.ents <lémonstratifs qu'on s'est flxés, personnc ne pourra contredire pcrsonne.
infrangiblc et dissociabie seulcment p:r"rla raison d'une matière et d'une forme, Nous ne nous gênerons plus. Car ia rigueur aussi a ses sophistes.
au point que l'entité rnathématiclue éler'ée par Platon au niveau le plus réei Ce n'est pâs un hasard si de nos jours les triomphes en tous domaines du
de la réalité ne bénéficie plus, d'après les critères aristotéliciens, que de l'être piuralismc, cettc variété la plus subtile du nihilisme, exploitent la domination
d'une abstraction. Étant donné que chaquc systèmc s'inaugure par l'opération sur la plupart des esprits du logicisme. Pe'ndant longtemps la logique n'avait
où se réduit à l'état d'apparence le réel commun de ia pcrception immédiate, dû son unité qu'à l'ontologic qui depuis Aristote se diffusait en elle. Lorsqu'orr
aucun ne saurait faire prévaloir sa vérité cn l'établissant, à i'excmple de l'opi- a cnlin résolu cle I'en émanciper, il ne fut pas difficile dc prendre actc tiu'il n'1' a
nion dont ii persisterait à entretenir la naïvcté, sur sa prétendue correspon- pas une logique, mais dcs logi<1ues, autant de logiqucs qu'on voudra. Seulcment
dance à une réalité donnée, antérieure et cxtérieurc à scs protocoles crité- le logicisme, l'axiomatisme, implantés dans la sphère pliilosophique, c'est la
riologiques. Les philosophies, par suite, clélimitant chlcune pour scii ses rlorrnes lrensée cn lambeaux. Tanclis qn'on voit dans les excrcices drt Pornùnide
de vérité, disqualilient cn unc prodigieuse ruse toute instance clevant laquellc Platon s'ef{orcer dc concentrer tout au Iong de sa rcchcrche un ensemble
elles seraient forcées de comparaîtrc. Dans le môme temps oir ellcs st-soustraient d'h1'pothùscs cilns l'trnité questionnéc qr.ri lcs activc et lcs dtlpassc toutes,
rB La. bhitosohttie et les bhilttso.bhies Lt Plrilosol>hiael Ies l>hilosol>hies

conrme en philosophie un problème domine toujours ses soiutions, le logicisme


yeux, bcaucoup acceptcraicnt qu'une piace soit allouée, clans quelque
n'a affairc qu'à des productions opératoires discrètes, cloisonnées, s'ig"norant rucoin
uni'crsitairc, à l'étudc clc la tcchnique clc production des concepts philoso-
les unes les autrcs, se posant dans un espace conceptuel d.épourvu de contingité
phiqucs, étant bien entendu que I'essentiel, l'etamen de leur production
problématisante.
pratiquc, socio-économiques'e_xpédie,en plein vent, ailleurs.
Fn conséquence, entre ces philosophies que n'unit plus la tramc cl'u'e
même question fondamentale et qui dévident des théorèmes inscrits d,avance
dans leurs postulats respectifs, l'initiative d'un choix deviendrait sausrcnue,
coupant les philosophies de l'intention de vérité et d'universalité doit elle, La réfutation
étaient animécs, les dérobant au jugement qui ne sc satisfcrait pas de l,unique
constatation de leur similaire cohérence, leur réduction à des axiomatioùes
accomplit le væu de l'entreprise logiciste : I'éviction généralisée du pensant Phrtôt quc cle saut-egarcler lcs
PhilosoPhics cn |:s crnrnnrant clans lcur..s
au profit du pensé. Quand on aura mis à jour la s1-siématique,I'espècc <ln 1>ostulats, il serait encorc préférablc clc rcprenclre i'ancicnnc ct trar.r<luillc
cornet panaxiomatique d'oir tombent les diverses combinàisons ohiloso- manie cles réfutaterrrs, con.rûie au lton yicux tcrrys 6r), dirls cc qui sc
bapiisait
phiques,-la croyânce dans le pou'oir, dans la spontanéité créatrice un cours cie philosophie, chaque professerrr régtait leur compte, à tour
d'un espr-it de
dont le^destin n'est pas de toute éternité tracé par d.esrégulations techniqucs, rôle,.aux auteu.s qu'il rltait chargé d'enseigrrer. Sans d.oute Hegel
nous a
sera définitivcmcnt liquidée et lcs activités intellectuelles appris que la réfutation n'est qu'un artihce paraphilosopliique : ,l connaître
fourront, déiestécs cie vraiment un systèmc, c'cst l'a'oir en soi jLrstihé. Se contentàr cle réfuter
leurs conditions ontologiques, n'être plus théorisées que des jeux. s,il une
n'est "n*-"
de jeux sans règles, en retour lorsqu'il ne s'agit philosophic, cc n'est pas la comprcnclrc, il farrt l'oir lc r-rai q.,ellc contient.
.point que d.;obscrver
des règles, il ne s'agit également que d.e jouer. Le logiciime se caractérise Rien de pl'sTacile qle d.ecritiquer, de'oir quclque part Ie cai-actèrcnégatif
,
encorc par la substitution au primat dcs principes, transcenclants, unifiants, c est surtout le goût des jeunes, r'ais si l'on ne voit q.r" la négation, r,n
ignorc
du.règne sur la pcnsée cle simples systèmes âe règies. ces systèmes ne s'cxcl.ant le contenu qui lui est aftrmatif; on re dépasse sans se tronver à t,intéiie,r.
n.llement ct résumant leur sens à un mocle d'emploi, le logicisnre, cctte exprcs- La difficulté consiste à voir ce que co.tiennent d.c vrai les svstèmes philoso-
sion d'un pan-technicisme hostile au recours à des rormes d'ér,alualion, p h i q u c s ; c c n ' c s t q u e q u a n d e n e u x - m ê m e so n l , , s a j L r s t i f i é s
e u ' r , n p g 1 1 l, , o r 1 . .
transforme bien tout ce qu'il investit en un jeu. on discerne plus nettement dc lcurs bornes, de leurs étroitesse t (op. cit., p. rcr). Exlste-t-il, ac
iait,
la cause de sa séduction. De jouer aux échecs n'empêche p"i d" jouer par pratique plus absurde qu'u'certair genre cle réfuiationi co,-,ru...., selon une
ailleurs au bridge. N,l ne réchappe à la mort de ses principès, mais l,on sera coutume iamilière à trop de manuels, deux pages à l'exposé cl,,ne
théorie
j.99t prêt à changer de je', à prendre un nouveau visage. D'oir cc refus d.c puis cle.x aut.cs à sa mise en pièces, cela faif qiratre pagàs perclues.
A quoi
l'identité sous n'importe laquelle de ses formes et en particulier cle la coltinuité, bon se référer à une thèse, si c'est pour n'en rienieteniri ilauvaise réfltation,
imposition de l'identité au temps, où trouvent leur àénominateur commun des ccl1c qui s'arinule avec ce qu'elle annule ct confond une négation avcc
lrn
æuvrcs aussi différentes que cclles cle M. Foucault, de G. Deleuzc ou c1e anéantisscment. c'e.sf pourquoi, conlmc nn nrort qu'il faut qu,àn tue, la
thèse
NI. Guéroult. ainsi ré{utée clu dehors par une critique qui ne tènte pas cie la pénétrer, est
La r technologie r des systèmes philosophiques. n,explique pas, en effet, laisstie err son fond intacte et cioit indéllnirnent subir les mêmes coups.
Ainsi
et_ne s'occupe du rc.ste pa; de comprendre que telle phiiosophiô r,ienne aprrès clans la tradition scolairc l'empirisme, ce martyr cles manuels de phiiosophie,
telle arrtre, la critique, dévoile ses obscurité., ,.p.èrrrr. sàn projet sur de se voit à chaquc chapitrc monotonemc,nt fustigé âu nom cl'un àtionalismc
nouvelles bases ou le rempiace par d'autres interrogations. pour .èlu,'it faudrait trouvant dans la réfutation clu mon,strc qu'il crée cle toutes pièces son riniquc.
admettre que, loin qu'elles soient bloquées sur leuis axiomatiques hétérogènes, iustification. Par un rcnvL.rsement fatal, qui réfute témoignà qu,ii est asservi
passe, circ.le entre les philosophies quelque chose comme un dialogue, que à ce qu'il réfute. La maigre pensée réf.tati'c n'a pas sa véritéà i,intérieur
les clc
travcrse la persistance d'rrne qucstion originairc, que s'y aigrrise u-nepiise de soi. Eile ne rcçoit son contenu que de I'afûrmatiori à quoi elle ne s,oppose
quc
conscience qui n'en aura jamais fini avec soi. Mais la réliexiàn contemporaine. parce qu'cllc a partie liée avec elle. une certaine forine de
criticlue ,'ingln;"
voyant dans l'histoire, à causc de sa fonction de continuité, de rccouirement donc à faire lc jeu dc ce qu'elle paraît accabler, à I'instar dc cette fa.ssr:
cri-
communautaire, It: suprôrne refugc du transcendantal, préfère clélir.rer la tique de la religion que fustige Hegel, conclamnée à s'étonner perpétuellement
raison de la corvéc cie i'expliquer. puisqr,re, à ce compte, t'Ëistoire dc la raison c1ela persistance opiniâtre des crol'3n66s que ses as-sautsauraient clû 4étruirc,
semble elle-mêrne, sclon le rnot de piaget, s'cffcctucr sans raison, on sans s'apercevoir cle la complicité qui l,unit à elles.
scra
obligé, pour en éclaircir Ic sens, de s'adrcsscr à des motifs étrangers à la philo- Mais si Hegel nous .,r..iit que nous perclrions ^otr-e tu'rpi à réfuter rcs
sophic, et la sociologie, l'économie pcrlitique proposeront aiors les bons offices Philosophiesc1upassé, c'est po.r ccttc bonne raison que lc teïps cl,aPrèsl.i
s'est déj:i actluitté de cctte b..sogrrc. Réfutécs, toutcs Ic sont sans (iue llous
que l'on sait. Air.rsi, clans 1a clivision du travail organiséc pcu à peu sorls nos
al'olts à Prcndre la pcirrc itrtttilc- dc lcs nicr à notrc tour, dc leur faire subir
La fhilosofhie et les philosophies L u l > l t i l o s o p l t i ee t I e s ; p h i l o s o f h i e s

un second trépas. Il nous incombe pour tâchc positivc c1cvoir non pas en quoi On nc trorrl'tra clonc pas surprenant, corr)nlc Bcrgsrn ie rcrnarquc chns I-a
elles sont toutes faussesrnais cn quoi ellcs sont au contraire toutes'"'raies, car I)enséeel le l[otr,--"anl(Iid. du Centairc, P. U. li., page 1277) que clans unc
en abandonnant, en laissant tombcl tout à tour scs successivesmanifestations cliscussion t:ntre un philosophe et un non-philosophe, quel que soit lc talcnt
encorc trop abstraites pour elle, c'était d'un système à l'autre l'idée philoso- clr prcnricr, 1. rnel qu'il se donne, lc second paraîtra irnmanquablement avoir
phiqLre qui trar.aillait sans rel)os à sa concrétisation. En se réfutant, les philo- Ic clessrrs.C'cst lui qui semblc simplc, clair ct net. Cette apparente infériolité
sophics construisaient Ia philosophic, si tant est que la vérité de chacunc chr philosophc n'autorise qu'unc conclusion : entre la phiiosophie et la non-
ne pouvait advenir ultérieurement quc dans celle qui précisément l'en priverait. philosopliic aucun dialogue n'cst tcnabie. Il serait contradictoirc que le philo-
Une idée ne rencontre pas tout à coup une autre idée, une contre-idée où elle sc soplic sc {ît cntcnclrc et approuvcr par celui qui ne l'est pas, ne s'est livré
heurterait et se fracasscrait . ia per"rséeignore cette physique du choc, ii n'r' à aucun cffort pour I'êtrc, juge dc tout selon un r bien connu r oir l':rbsence clc
a pas ci'un côté unc thèsc, dc l'autre r-rneantithèse, enfin un télcscopage pcnséc sc constituc intrépidemcnt cn tribunal de toute penséc. Ainsi il est
mais toute idée a pour destin, au fur ct à mcsure qu'cllc accroît ses détcrmi- indéniablc qLlc clans le Corgias Socrate ne rérfute 1)as le ( brillant , Calliclès.
nations, de passer, cn r-ertu rlc sa proll'c spontanéité, par le momcnt oi1 son llais il nc s'agit pas Ià d'un échcc qu'on aurait à 1ui imputer. On ne pourrait
dér'cloppement même la retourne contre soi. L'on distinguera donc unc faussc parler cl'échcc que si Calliclès s'était fait contrc la thè'r socratiqnc le chanr-
ct unc vraie réfutation. La vraie réfutation est Dositive. enrichissar"rte. Elie pion d'une autre thèse. Or Calliclès - cf . 1c pénétrant commentaire cleBcrnarcl
rte sul)llrimc p3s ce qu'clle ttie meis, nn lc niani, cllc I'installe i un nir'.err Groëthuysen clans son Anthropologie 1';hilosophiqae(pages 18 et rg) - n'a pas
supérieur, cllc Ic rencl phrs complet. Dc Ia thèsc qu'elle semble renverser elle ne en r'érité opposé une théorie à la théorie cle Socratc, il s'cst borné à manifester
nie que ce qu'elle enfcrmait de négatif, d'insuffrsant, d'unilatéral. Ainsi l'idée son mépris à l'égard de toute théorie, son refus d'accordcr à 1a théorie une
subjective chrétienne ne congédic i'idée grecquc qu'en élargissant, en infini- placc quelconqu.e dans la vie.
tisant I'cxigence de liberté qu'elle emprisonnait dans les limites dc I'objcctivité Pour être réfutablc il n'est donc qLr'Lrncirléc. Le clogmatique Épicure ar.ait
étatique. En d'autres termes, est incssentielle la réfutation qui, d'une r.érité, cru trouver dans Ia sensation lc 1il à plomb rlu savoir en raison de son irréfu-
fait une erreur. La r'éritablc réfu.tation convcrtit unc erreur en une r.érité. tabilité. II allait jusqu'à l'appcler un alogon. pour souligncr combien il
Réfuter une philosophie revient à dérnontrer qu'elle ne coincidait pas avec son scrait irrationnel de prouver Ia r'ériti' c1r cc qui prou\rc toute r'érité. I-ucrècc
sens, qu'elle n'en était pas Ie lieu naturel, qu'elle était vraie, cn unc ccrtainc énonce, à sa suite, llue pas pius un sens n'est capable de contredire les autres,
manière, mais pas dc 1a r'érité qu'clle croyait. Dialectique toutc démarclie la vuc nc réfute pas l'ouïe, ce que je tor.rchene réfutr pas ce que je vois, pas
de Ia pensée qui accouche, menant à bien Ia mission socratique, une erreur plus chaque sens ne peut se contester lui-même. Soit cette tour carrée qui dc
de Ia vérité qu'elle contcnait mais qui restait captivc de son étroitesse. loin m'apparaît ronde. Il est vrai qu'à cct instant, à distance, je la vois ronde.
On prétend parfois, dans Ie dessein cl'accuser la dialectique hégélicnnc
Je ne peux la voir que comme je la vois. n{a vuc nc m'abuse pas. Eilc est
de légèreté, dc désinvolture interllectucile, que ce scrait un truc: polrr progres- enchâssée comme un fait dans l'état actuel cle I'univers, plcin, objectiï oir ne
ser, son discours sc contcnterait c1edirc toujours le contraire de ce qu'il vient saurait se faufiler clu non-être, se giisser de f illusoire. Je ne me trompe que si
de dire, ainsi sans autre formc dc procès avec une idée on en aurait aussitôt
l)ar une opinion aventureuse extrapolant 1:r-clonnée sensible, I'étendant à un
deux. On aÎûrme encore quc la clialectique 1trétend crécr du vrai avec drr avcnir clont elle ne témoigne pes, jt jug,' clue cette tour est carrée, c'est-à-dirc
faux. La dialectique n'use pas de cette magie. Eile rend au contraire l'erreur quc tout à l'heure, quirnd je me scrai ar-ancé, je la verrai encore telle tlue jc Ia
à la r'érité. Elle repose sur le principe qu'il n'existe pas cl'crreur absoluc, quc vois à préscnt. Jc me suis approché. Je vois la tour carrée. Vais-je en conclure
Ie faux n'était tel que par le vrai qu'il portait déjà en lui ct dans la libération que mes ycux avaient menti? Non point. J'avais simplement éprouvé quancl
duquel il dissipcra sa fausseté. La pcnsée effectivc ne se sauvc pas frilcuse- j ' é t a i s l o i n r r n c s c n s a t i o n ,j ' e n é p r o u v , -q r r a n d j e s u i s p r è s u n e a u t r e , r n a i s c c s
ment de l'erreur, clle sc sauve clans 1'erreur, elle sauve l'errcur ellc-même. deux scnsations n'entrctiennent aucun rapport, ce qui n'est plus ne se mêle
C'est donc déjà un grand titre de gloire que d'être réfutable. C'est Ic privi- pas à ce qui cst. La sensation passée ne pourrait être dite fausse que si elle se
lège de la pensée. On nc réfute pas unc chose. On nc vainc pas un obstacle, unc prolongeait dans Ie présent. Alors, entre celle qui persisterait et la nouvcile,
montagne, par voic de réfutation. Cc qu'on réfute clevait méritcr de I'êtrc. j'aurais certes à choisir, je ne pourrais rne fier aux deux à la {ois. \{ais tel n'cst
Une simpie opinion n'ofirc même pas la moindre prise à une réfutation. EIte pas le cas. Je ne vois pas en même temps la tour ronde et carrée. Il n'y a donc
ne dispose pas d'asscz dc vérité pour être convaincue de fausseté. Unc opinion pas de contradiction.
n'cst pas vraie ou fausse, ellc n'cst pas non plus vraie et faussc, elle n'est ni A l'idée ne convient pas l'insr,rlarité de la sensation que c1écrit Épicurc. Les
vraie ni fausse.On nc sanrait eu rien dire dc sensé,serait-ce en lacontredisant. ic1éesne sont pas des faits qui se succètlcnt, l'ic1éedc deux ne < vient r pas après
Ccla explique qr.re le sLlls comlnLlrl fassc preu\re de tant c1'arrog:r.nce,soit si f idée de un, unc idée ne se rctirc pas cltrvant f icléesuivantc, l'une n'abolit pas
sùr de soi. Il sait qu':i son nit.euu il n':l ricn :\ craindrc'. Il y a 1;ar exemple un i'autrc. Unc idéc nc sc retranchc pas cians l'a.bsolu incrtt-- clc l'in'rnrédiatcté,
matérialisn're trivial, grossicr qui cst absolulncnt irréfutable. c'cst clu roc. e1lc n'r:st ce qu'elle cst que pirr srs relations avec toutcs les autrcs. Toute
22 La plrilosophieet les philosophtes La philosophieet les philosophies 23

idée rcnvoie à toutes ies idées. Voilà pourcluoi une idée n'est pas vraie commr les r'érités sans substallce, sans mouvement, sans négation, sans vie, de la
de l'herrbc est verte. Il n'est donc pas, à. i'irnage de la sensation épicurienne, sciencc, la réfutation des philosophies n'entraîne nullement la réfutation dc
d'idée vraie en elle-mêmc, par clle-même, sans besoin c1evérification. Aussi Ia philosophie.
a-t-on eu raison cle dire qu'unc icléc n'cst ,,'raie qu'à la conclition de pouvoir Il irnpcrtait de prcnclre acte qu'une vraie philosophic, à la ditÏérence d'unc
être fausse. Toute idée est hypothétique. Ainsi ce qui se déroberait à l'infir- idéokrgie, cl'une croyance, a pour dignité d'affronter Ia réfutation que ccllcs-ci
mation sc soustrairait du mômc coup à ia confirmation; ce qui ne serait pas s'cmploient à esquiver. Pius décisivement, une philosophie affermit sa vérité non
réfutable ne serait pas non pius prouvablc. D'oir il sc dégage que cléveloppcr point en expulsarrt la réfutation, en la repoussant hors de soi conrme un cnnemi
la r'érité d'une idée, c'est-à-dire clt:couvrircn clle toutcs ccilcs qu'clle impliquc, quc l'on chassc, rnais en l'accueillant, cn lui laissant faire son ceuvre salubre,
c'est nécessairement nier tout cc qui sc donnait d'abord en ellc comme isolé, en subsistant, après ellc, régénérée. Être réfutée, pour une philosophie c'est
indépendant, auto-suffrsant. Phrs j'aftrrne cc que je pense, plrrs je contrcdis être purifiée. C'cst ainsi que lr.ri'sque certains éléments d'une philosophie,
ce que jc me contentais dt- penser. Comprenclre, selon le mot dc Bachclarcl, conjoints à trn état donné de la sciencc, sc voient condamnés par ia progressiorr
ce serait bien comprenclre qu'on n'avait pas compris. C'cst cela la vit, cl'ur-r du savoir, elle nc s'écroulc pas avec leur chute; sa vérité, inclépendante de la
sens : une perpétuelle objection. IJn sens, à Ia différcnce d'une chose, n'est
science avec laquelle eIIc s'était compromise, acquiert un éclat nouveau.
jamais ce qu'ii est, il ne coïncide pâs a\-ec soi. Ce qu'il cst, c'est ce qu'il n'est
N'en apparaît que plus lisiblcmt-nt son sens profond, dont le philosophe
pas encore, mais cc ciu'il n'est pas encorc, c'est ce qu'implicitement il i:tait
lui-même pouvait ne pas être entré cn complète possession. Prenons l'excmple
déjà. Pour nc pâs comprendre, en efiet, il faut déjii atoir compris. Alors,
de Kant. La construction des géométrics non-euclidiennes aurait, selon une
le sens dc ia compréhension se renverse. Ne pas comprenclrc, c'est nc pas
opinion quasi unanime, récusé à jamais I'Esthétique transcendantale qui nc
comprcndre ce <1u'on comprcnd. Pour si mal quc je comprer-rne, le peu quc constitutive de i'étendrie que par référence à l'espace
fondait l'intuitivité
je comprends est déjà soliclaire dc tout ce quc j'ai encore à con.rprcnclre. Ln
euclidicn. La force de I'objection n'est qu'à la mesure de la méprise oîr le
scns s'outrepasse donc sans ccsse lui-rnême; sans cesse en dehors de soi il
transcendantai est ravalé dans ce dont il ménage la condition. Ce qui est
trouve son êtrc r'éritable, son ôtle intime. Ainsi il en va de toute philosophie.
a posteriori, cn effct, ce sont les figures qui, comme disait Goblot, peuvent
En la réfutant on l'accomplit.
être indifféremtnent cuclidiennes, riémanniennes, lobatcheskycnnes ott tout
on dépiore souvent la faiblesse, la vulnérabilité des prliilosophics. pas unc ce qu'on voudra. Mais l'espace a justement pour apriorité d'assurer ieur
qui ne soit i'objet des plus sér'èr'esgriefs, aucune qui soit univcrscllernent déploiement à toutes. Les figurcs sont à l'espace ce que les événements sont
reconnue. A la limite on insinuera qu'il I'aurait même autant de philosophies au temps. Soutenir que la nature de l'espace détermine celle de ses figures
que de philosophes. on voudra humilier la philosophie en faisant valoir par cst aussi 'absurde que de dire que l'être du tcrnps est à la merci des ér'énements
contraste ia robustesse des mathématiques. L'idéal, assurait Brunschvicg, qui Ie supposent mais dont il ne se composc pas. En sorte que les progrès dc
est d'être géomètre. IJn systèmc mathématique est à l'abri dc la contradiction la géométrie, au lieu de débouter I'analyse kanticnne, lui communiquent un
et une axiomatique ne dit pas non à sa voisint-. oui, parce que dans contreclire surcroît de vigreur, puisque les rnathématiqucs clc l'époque rle mettaient à
il y a dire et que scul un dire pcut être contredit. or les mathématic|rcs n,-
sa clisposition que l'unique espace eucliclien clont ellc clominait à son iustt
disent strictement rien. Leurs systèmcs conbinent des sigr.rcs opératoircs
la particularitc!.
dont ia valeur se situc au ras dc i'usage, clans lcs manipulations inteiiectucllcs
qu'iis permettent. Nous sit.vons dcpris l(ant qu'une lignc riroitc n,est
Pa5
quelcluc cliose c1u'on énoncc, mais quelque chose qu'on trace. L'ontolt,gi.r
depuis Kant a évacué les objets mathématiques. Les mathématiques, on L'unité de la philosophie
en fait, c'est tout; on n'er1 parle pas. Un professeur de géométr-ie nc d.it pas
à ses éièves : aujourd'hui nous allons parler c1r.rtriangle. Mais re philosophc
parle de Dieu, cle la liberté, de l'êtrc, de tout ce dont la réalité ne s'annoncc Peut-être nc,us désorientent tnoins désorrnais ccs continuelles oppositions
que dans un langage, ne vit que dans l'élément du dire qui sc nomme le concept, entre les philosophies dont la philosophie nourrit sa substance indivisible.
le sens. Il faut rejeter l'expression de concepts maihématiques. un signc, La multiplicité des phiiosophies n'abîme pas l'infrangible unité de la philo-
sophic; clle ne doit {oumir prétextc à aucun scepticisme. Pour s'opposer,
en mathérnatique, ne renvoie :'r rien, il n'a pas plus cle dchors qrre de cledans.
en cffet, les philosophies doivcnt être identiquemcnt des philosophies. Leurs
Le concept exprime I'identité d'une extériorité et d'une intériorité. La chose
divergences n'attentcnt pas à leur cornlnune et même relation à la philosophie.
y rassemble son extériorité éparse dans l'élérnent unifiant de la pensée. Dans
De même que dans ses Leçons sur la conscienced'w lamps Husserl fait justice
l'autre oir elle se nie eile accède à soi, elle sc surmonte, se comprend. p'ur ra
de i'opinion implantée en çrsychologic sclon quoi la mtlmoire, cettc sortc cl'or-
même raison qu'il n'est de concepts quc phiiosoPhiques,il n'est de réfutation
gane mcntal étrangement voué à fonctionner toujours mal, altérerait forcé-
qu'en philosopirie. contraircment à cc quc
Jrcnscnt les esprits fascintis par ment cc dont elle est mérnoirc, en rétorqtlant quc ce sccpticismc sc dissout
ri
La philosophie et les philosopltits Lo philosofhieet lesfhilosofhies

n'importc
lui-nrôme dans la tnesure où il nc m'est pas donné cle prcndrc conscirncc pcut-on à la rigueur tout dirc en philosophic, m:ris pas
de l'altération de mon souvenir que si je sais rle qtrelque manièrc ( cela D colnnreût.
critiques que lcs philosophies s'assènent
qui sc trouvc altéré, de même lorsqu'on cléclare qr-r'il n'cst point cie philo- Qui fait copieusement état des
sophic, qu'aucune phiiosophie ne s'égalc à la philosophie, on nc renvoit: clos risf,.,e toujouis de négliger l'essentiel, à.savoir que.ccs critiques sont philo-
tout sens
à dos les philosophies qu'au notn cle I'idée même c1u'on :r de la philosophit,. supii,lues.-Comme tout discours porte sur u*.autrc discours, comme
comme la pensée ne se prencl et ne s'en prencl
C'est donc toujours au norn der la phiiosolrhic qu'on critique une philosophie o àe;l du sens pour matière,
pSilo-
car, sinon, on ne saurait mêmc pas quoi crititpcr clans unc philosopliic. Arr qr,,j,1" la pc^iée, jamais à de l'opinion,.or1_ne critiq'e, au sens.réel,
préalable de critique. Il n'est que du
surpius, ccux qui proclamcnt la fausseté de toutcs les philosophics s'entcn- mphic*re du terme, qu'une tentati'c
à être critiqué' Un philosophe-ne.critique qu'ur1
dent au moins sur ceiles qui sont réellement des philosophies ct sur cclles c.itiq,iant pour demander
lui-
qui n'en offrent quc l'apparencc. Hegcl cst un philosophe, non pas Tainc orr philo.sophe,'il le critique en philosoptrc, comme philosophe ,il l'honore
bc quoi il n'est pas plus remarquable illustration que la critiq.e kan-
Renan. Bref, quand bien même il n'y aurait pas de philosophies vrair:s, il v a, *ê-..
fera plus
à tor.rt le moins, de vraics philosoirhies. I-a pliilosophic sc présente clonc dans tienne de li rnétaphysique.^Kant ne s;est pas contenté, comlne le
toutes lcs philosophics. Si divcrses, si irrapportables soient-elles lc,s rrncs aur tar-cl le positivismË, âe itigmatlser les oiscuscs querelles des métaphysiciens.
autres, elles se conjuguent dans une même relation à la philosophic. On 1r(' I1 a oris beaucoutr au sérieur cet ensernble dialcctique dont il se préparait
< argu-
pénètre dans la compréhension dc la philosophie quc lorsqu'on s'avisc cl'élrr- po.,riar-rt à exhibei le tissu sophistique. C'est ainsi qu'avant de démolir l'
c'oit le trouvcr eu Descartes' au
cider la nature de ce rapport. ,nt,nt , ontologique, tel qu'i1 lc trouve ou'
debo.t, il commencer par montrer quc-to'tes lcs
Il est facile et de pcu de portée de voir en quoi les phikrsophiess'opposent, 'oir-rt cle n,en"rièn laissei
il est plus malaisé mais plus fructueux de voir sur quoi ellcs s'entendent. autrcs preuves d.e Dieu le supposcnt comme_ leur complérnent indispcnsable
S'entrebattraient-e1les autant gu'on se plaît à le dirc, cltcore pour se battrc et qu.. ii une démonstration dô i'existence de Dieu Pouvâit être à notre Portée,
de
convient-il de sc rencontrer, d'avoir un terrain commun. C'est ce terrain aurait réussi clans cctte t-ntreprise l'argnment cartésien, ce chef-d'ættt'rc
la méta-
commun quc l'apprenti philosophe doit s'appliqlrcr avant tout à occupcr. la Raison. Loin de d.ivaguer au hasarcl cle la fantaisie des auteurs,
Certes la
Faute d'un minimum il'accord, lc désaccord est inconcevabie. Un désaccorcl Dhvsique selon I(ant s'Jst édifiée cle la façon 1a plus cohérente'
l,a produite, à cause de son imp.issancc à connaître par ses proprcs
totai, cela n'a pas de sens. Cc n'est plus qu'un fait brut. La dispute alors ifui.o" clui
."rro,r..àr, s,y est enfermée rle part en part dans l'illusion, mais à I'intéricur
n'est même plus continuable, elle fait place à la guerre qui naît non poinl
aussi vaine
de I'impossibilité de l'accord mais d,e i'impossibilité du désaccord. On ne de cette iit,,rio.r elle devait logiquemeni clévelopper cette ceuvre
rl'établir
parvient même plus à comprendre le difiérend. Deux ennemis ne sont donc pas clue magistralc. Il fallait donc é1a-blirqu'ily ^ une métàphysique afin
du critiquant se mesure
deux advcrsaires. Deux rivaux se saluent comme tels;une sorte de compiicité qu,il nJsau.ait y avoir de métaphysiqu.e.L'cnvergure
I)'u1c pol,imiqL1,:' or1 rrttcJld c1u'ellc soit vjve, c1'rrne crititlrrt'
les réunit encore; non point dcux ennemis. L'absolu quc Hcgel célébrait à i cellc clLrcritiqrié.
tort dans la guerre ne manifeste que la contradiction d'une irrelatit'ité. Quand rqu'e11t: soit jrrstc.
aux Pliilo-
on se pense sans rapports, on se met toujours en rapport. Le conflit met aux Où résirle la philosophie? Qucllc est s:r situation par rapport
soltttit,tls ,lc,ut 1a bnrt:rlité arroganlt: brise
prises deux opposés qui nc sont mônle plus capables cle st-'re-poser dans leul s!1rhL:s ? Si 1',on écarie'1"s cic,ux
La sceptiquc. : il n'existc li philosophies, ni philosophie, ct Ia
opposition. L'opposition est dcvenne telie qu'il n'y a plus d'opposition; ellc a lc Pr,rblènrt:,
sans clotrtc:
craqué. On n'a plus en commun de reconnaître qu'on n'a rien en commlln. dogtnaticltrc : il n'existe qu'urrc philosopllic : cclle-ci, ott conviendr:r
absc,lumcnt trlnsccnclante l]i absolurnettt irnmanctrte
La guerre n'est pâs la contradiction, cc nlouvement de I'esprit; c'est la contra- qr,.")i" philotophie n'est ni
n'cst la
diction de la contradiction; c'est tnc rupture, c'est un court-circuit. C'est a,,* 1,Ëibsc,phies,puisqtrt' totttes sont cle 1:r-pliilosophlg et. aucun(r
ni i\ uûe ic1ée platonicienne sur-
pourquoi d'une guerre il est si juste de dire qu'elle éclate. Le désaccord abri- philosophie.'La phibsophie r.res'appartrnter.
h",rt 5çs 6.opiesp.r'princi'e cléfect*e,ses ni à rrnr: tàche
tait donc un accord. Sur un désaccord cncore est-il nécessaire de s'accordcr. i"r.u,ri, toisant il'en
clt' nttrrs,
Et sur quoi, à y réfléchir, avoir à s'accorder d'autrc? Les philosophes, cLrx, iiantiernnc, dont I'achèvement demeure étenrellement au devant
torrjours sans l'atteindrc jarnais'
s'entendent sur leurs mésententes, et ils sorrt même lcs seuls à exactemcnt cornme rrn horizol vers lcquel ou s'achemine
les entendre, à savoir ce qui à travers elles est au juste en qu{.rstioû. Pour ne baigne p.r ,r,,t,. plus sc's systèmcs à la Iaçon cl',un élémr--nt,
La philc.rsoirhic
dc rnên.rc
dissuader de faire de la philosolrhie, on argue que jamais ics philosophes nc: cl,,rn, .,rl,.iance, d'un milicu au scns biologitlrc. S'il cn était ainsi,
quc la vic cst totalcrnent préscntc dans tout vivlrnt, l',analyse retror:vi:rait
se sont entendus. Mais il convient précisément de faire de la philosopliic
Alâin
pour comprendre en quel sens i1s ne s'entenclent pas. On avancera dans I'intcl- 1n mc.me philosoirhie clans ch:rque phikrsoPhie. Tous les philos']Phcs,
ro,,, or..i"nt ljtralcmc'rrt clispcnsé trn semlrlablc etrsei-
iigence philosophiclue en disccrnant en quoi les philosophies les plus manifcstc- aimait i\ lt soutcnir,
prrisqu'ils
ment antipodiques sont d'inteliigence. Certes, clles nc <lisent pas < Ies mêmcs gncrncnt. NIais s'ils 1'ar,aicnt iait, ils str ser-aLicnttous trompés
11 serait déjii plus jutlici..x clc clirc
choses r, rnais c'est à la condition cle parler de r la môrne chose ,. Arrssi r"r',*,nient 'as le sentirncnt r1e le {aire.
26
La fihilosol>hie et les fttttosobhies
),t 1>hiloso/>hir rt lcs fttilo.s,tfltirs

qu'au carrefour,à ra rcrlcontl'e


des philosopli.. tient ou prutôt luit par
moments, scintiile la phiioso'hie à
le facon'd;"i ::. i;.#'n.ï,";ilii,. I exte
sementde de'-x épées.nlai.sair fond clu croi_
,rour'r.ou, égarionsen cheréhant
sophie derrière, dàns ra philo_
cntre. les phirosophics.Il est aussi lntroduction aux r Prorégomènes à toute métaphysique future qui pourra
311
la philosophie rl res pir'osophies absurclede dire se pré-
q;.'à;i;." r,a priori ar l,a postcriori. senter comme science t
purssentse fairc jour des phil0sophies,
identiquement philosopËiq'cs en eue
1ou a ca'se) dc lcurs différences,de reurs dépit
P o u rs e p é n é t r e d r e s e x i g e n c e sp r o p r e sà u n e c r i t i q u ep h i r o s o p h i q uneu, r
r'érité de Ia philosoohie.La phirosophi;;; "r.t.".[iei,^.,"#,,Ëii:.,vc d.e r:r p l u sr.e c o m m a n d a b l e . qcueep a s s a g ce r ud é b u td e sp r o l é g o m è, n t e x t en , e s t
ie transcendantalde.sphiros.irhies. k J n t ,â u u n td e d é n o n -
ar.oir:clevoitJ, d,estompé,ci,inévidelnt, c e r l e s f a i b i e s s etsh é o r i q u e sd u p s y c h o l o g i s mdee H u r i e- , c f . a"ui g z o t a ' J i s i i n c t i o n
d,oubrié, entre
3..,1:;,;.x;ï:.,î*::l..l,cut t e s j u g e m e n t sd e p e r c e p t i o ne t l e s j u g e m e n t sd ' e x p é r i e n c-e À ' a t t a c h e
repèrepas.r,,,,
r;"_piT[.i'""
.1,"
li,llXï J,,]ff
ï :î."ni:Xi"nlL: ]iHi lumièrela dettede reconnaissan,ce que la philosophie a contractéepourtoujoursà I'égard
à m e r r r ee n

i.l, serait chimériquc cie vouloir


d'or qui
"11: d ' u n g é n i a la n a l y s t et ,r a i t ép o u r t a nst i c a v a r i è r e m epnat rs e s c e n s e u r s .

;;."1.;r";"r'morceauxéparscic
"",.;;;;';:;
,, ;i,,t"::l;;i:^ï
pièce.s. . . . < D e p u i sl e s e s s a i sd e L o c k eo u d e L e i b n i zo, u p l u t ô td e p u i sI ' o r i g i n ed e
détachées,on vcrsc darrs L _u.ulr-"a" la méta_
Il n'c' restepas moins q'e r". prrir;;;;îies l,éclectisme."t;"",ti:::11:T:: p h y s i q u ea, u s s i l o i n q u e r e m o n t es o n h i s t o i r e ,i r n e s ' e s t r i e n p a s s éq u i
eût pu être
n'existeraient pas, nc pcurraient p l u s d é c i s i fp o u r l e s d e s t i n é e sd e c e t t es c i e n c e q, u e I ' a t t a q u eq u ' e l l e
rnênrc pas différer si ettx n'cnti'etenaii;t-,,rr" e u t à s u b i rd e l a
sorte dc fonds cornmun, si p a r td e D a v i dH u m e .l l n ' a p p o r t aa u c u n el u m i è r ee n c e t t e
eiles.'habitaient cette sphèrccrc s o r t ed e c o n n a i s s a n c em, a i s
véritârJserveeà la ph'osophie. i l f i t n é a n m o i n sj a i l l i ru n e é t i n c e l l ea v e c l a q u e l l eo n a u r a i tb i e n p u
sphèrelc philosophea sa pracc pu.".iq"',r""li r)ans cetrc a v o i rd e l a l u m i è r e ,
s i e l l e a v a i ta t t e i n tu n e m è c h ei n f l a m m a b l d e o n t i a l u e u re û t é t é a v e c s o i ne n t r e t e n u e
naturcllc. l\lais lc lcct philosophe.E1; lui est crcvcn.e
et augmentée,
qu'o,1nei"i'.1Àiil,,"iiff
Jilir.,:UlJï1"1i"i",;';'î",:ï'.'J,Jï:î.:iîï L e p o i n td e d é p a r td e H u m e é t a i te s s e n t i e i l e m eunnt u n i q u e ,m a i si m p o r t a n t
concept
des philosophies naisscnt.tantâe aecepiions,-ae m é t a p h y s i q u àe ,s a v o i rl a r e r a t i o nd e c a u s eà e f f e t( e t ,p a rs u i t e ,l e s c o n c e p t sq u i
rancceurs,
arorsqu,il fauarait en dé-
pre'dre garde dc considérerà p e n d e n t ,d e f o r c e , d ' a c t i o n ,e t c . ) ; i l s o m m a i tl a r a i s o n ,q u i p r é t e n d
l , a v o i re n g e n d r é
quel n'r""uî'àc.ra penséelcs ph*osophies
critiqLrent.on convicndrait que se d a n ss o n s e i n ,d e l u i e x p r i q u edr e q u e rd r o i te i l ep e n s eq u ' u n ec h o s ep u i s s e
.'" *;;o:"ï:':"" ii"ll]]:::j ê t r ed e t e l r e
*:: l: t,,i,'uu,
ig.;s ceq.,est "i":".u
.,,r",,."i" ;:lifi i:tî..rlîïilt:i:îroîï:ï;
n a t u r e ,q u ' u n ef o i s p o s é e ,i l s ' e n s u i v en é c e s s a i r e m e n
p o s é e ;c a r c ' e s t l à c e q u e d i t l e c o n c e p td e c a u s e .l l p r o u v ad e
q tu . u n ea u t r e d o i v e a u s s i ê t r e
auraitp"' a'".,t.., sôsig.alea cecrqu,eue T a ç o ni r r é { u t a b rqeu ' i l
:;;:;"'iii'.'iiï1,t";1 n,en e s t a b s o l u m e nitm p o s s i b r e à r a r a i s o nd e p e n s e ra p r i o r ie t a u m o y e nd e c o n c e p t su n e
î ïr"ï t e l l e r e l a t i o n c, a r c e l l e - c ir e n f e r m eu n e n é c e s s i t éi;l n ' e s t p a s p à s s i b l e
de concevoir
c o m m e n tp , a r c eq u ' u n ec h o s e e s t , u n e a u t r es e r a i ta u s s i n é c e s s a i r e m e n t
et comment
o n p e u td o n ca p r i o r i n t r o d u i r e l e c o n c e pd t ' u n et e l l er e l a t i o nl .l e n c o n c l u a iqt u e l a r a i s o n
s e f a i s a i tt o u t à f a i t i l r u s i o ns u r c e t t e n o t i o n ,l a c o n s i d é r a nàt t o r t c o m m e
sa propre
p r o g é n i t u r ea,l o r sq u ' e l l en ' é t a i tq u ' u n b â t a r dd e I ' i m a g i n a t i oqnu i ,f é c o n d é e
B i b i i o g r a p hi e parI'expé_
r i e n c e ,a p l a c é c e r t a i n e sr e p r é s e n t a t i o nsso u s l a l o i d ' a s s o c i a t i o nf a, i s a n tp a s s e r
ra
n é c e s s i t séu b j e c t i vqeu i e n d é r i v ec, ' e s t - à - d i ruen eh a b i t u d ep, o u ru n en é c e s s i t é
objective
f o n d é es u r l a c o n n a i s s a n c el l. e n c o n c l u a i tq u e l a r a i s o nn e p o s s é d a i p t as la faculté
,.j;:,:;."1ï:t11]:::ï:: *, res.rapportscreta phirosophicet des plriJosoy,hics, d e p e n s e rd e t e l l e sr e l a t i o n sm , ê m ee n g é n é r a lp, a r c eq u ' a l o r ss e s c o n c e p t sn e s e r a i e n t
re rcxte q u e d e p u r e sf i c t i o n s ;e t q u e t o u t e ss e s p r é t e n d u e n
la l>hirosophie ta vttitosophie,
a ."t"iiei"ïf"itt'"t',-rçor, s o t i o n sa N i o r i n ' é i a i e n qt u e d e s
,t, t'hirtoiir"tr,t::' ,'..1::,::it:
": ,u,-
n'ol.a".rin.t,;J";;;;i;.i ;::;;"iil,5i:,:l,i.Xi.ï"''" ou.'on â rasolution
heseri".,," e x p é r i e n c ecso m m u n e s{,a u s s e m e net s t a m p i i l é e sc ,e q u i r e v i e n tà d i r e q u ' i r
n'y a pas
Ou ltourra
e t q u ' i l n e s a u r a i ty a v o i rd e m é t a p h y s i q u e .
également cot
en hjstoireJ".î; ;;;i;;;'ï"Ï:: M a i ss i p r é c i p i t é e t i n e x a c t eq u e f û t l a c o n c l u s i o ne, l l es e f o n d a i tc e p e n d a n t
ui,;\i,?"0,,";"-E!îïi,t,'.1.s,losisu";et.strucrures
mentares sur une
,!:i:;:!li:l;";.fg"::;":ii:,',,;:'î{!i::;(: l':";;:i::':;#;?i'ii,; e n q u ê t ee t c e l l e - c a i u r a i t b i e n m é r i t éq u e l e s b o n s e s p r i t sd u t e m p s s e f u s s e n tu n i s
i,;1iiï,\?i;,'#
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J,di", i "e,q,l;:-";iili::,.;lâ.iJïi:îïj:li;.::
p o u r r é s o u d r es, i p o s s i b l e a, v e c p l u s d e b o n h e u rc e p r o b l è m ee t
l e p r o p o s a i t i;l e n s e r a i tr é s u l t éb i e n t ô tf o r c é m e n u
dans le sens où il
t n e r é f o r m er a d i c a l ed e l a s c r e n c e .
tivej d.s svslèmes phills6phjqae*
. I . . . t t r . v c l , , p e , )lire, ', a " n ( a t r e , v , , i . M a i s l e s o r t d e t o u t t e m p s d é f a v o r a b làe l a m é t a p h y s i q uveo u l u t q u e H u r n e
\l-\ ne fût
c o m p r i sd e p e r s o n n eo. n n e p e u t v o i r ,s a n s e n r e s s e n t i qr u e r q u ep e i n e ,
c o m m e n ts e s
adversairesReid,oswald, Beattieet finalementpriesiley,manquèrentsi complètement
l e p o i n td u p r o b l è m ee ; t c o m m e n t ,p r e n a n t o u j o u r sp o u r a c c o r d éc e d o n t
iustement
i l d o u t a i tp, r o u v a npt a r c o n t r e a v e c v i o l e n cseo,u v e n m t ê m ea v e cu n eg r a n d ei n d i s c r é t i o n ,
c e d o n ti l n e l u i é t a i tj a m a i sv e n uà l ' e s p r i dt e d o u t e r i,l s m é c o n n u r e nt et l l e m e nst o n g e s t e
e n f a v e u rd u m i e u x q, u e t o u t r e s t e r ae n l ' é t a tc o m m es i r i e nn e s ' é t a i tp a s s é .l l n e
s,agis-
s a i t p a s d e s a v o i rs i l e c o n c e p td e c a u s eé t a i te x a c t ,p r a t i q u ei,n d i s p e n s a b lpeo u r
toute
La fhilosophie et les j'|tilosoptties La philos,tfltie ct les fhihtsofhit.s

f a c o n n a t s s a n c ed e l a n a t u r e ; c e l a H u m e n e I ' a v a i tj a m a i s m i s e n d o u t e ; m a i s
s,il était O n a p p r é c i e rsau r c e t e x e m p l el e s e n se x a c td ' u n ec r i l r q u ep h i l o s o p h i q ude' ,o r d i n a i r e
conçu par la raison a priori et s'il possédaitainsi une véritéinterne,indépendante
de d é n a t u r é ee,t o n l e c o n f r o n t e ràa d ' a u t r e se r e m p l e sY. a - t - i ls e n sà p r é t e n d r eq u e P l a t o n
t o u t e e x p é r i e n c e ,p a r s u i t e u n e u t i l i t é p l u s é t e n d u e e t n o n l i m i t é e c r i t i q u el e s e n s i b l e ?l l c r i t i q u eI ' r d é eq u e n o u s n o u s e n f a i s o n s I. l c r i t i q u en o n p a s l e
aux seuls objets de
I ' e x p é r i e n c ec, ' e s t l à - d e s s u s q u e H u m e a t t e n d a i tu n e c o m m u n i c a t i o n , s e n s i b l eq,u i e s t r é e l ,m a i sI ' a p p a r e n cdeo, n tl e l i e ur é s i d et o u te n t i e rd a n su n j u g e m e n t
i l n ' é t a i tq u e s t i o n ,
en somme, que de I'origine de ce concept et non de son
u t i l i t é i n d i s p e n s a b r e ;c e t t e e r r o n éD . e m ê m eE e r k e l e yn ' a p a s v o u l un o u sd i s s u a d edr e p e n s e rp a r i d é e sg é n é r a l e s .
o r i g i n e u n e f o i s d é t e r m i n é e ,r e s c o n d i t i o n s d e s o n e m p l o i
comme de son champ d,appri_ ll a élablq i u el a g é n é r a l i t é ce , t t eo p é r a t i o inn L e l l e c t u ei lnl e
d i s o e n s a b nl e' é, i a i el n a u c u r -
c a t i o n s e s e r a i e n t b i e n p r é s e n t é e ss p o n t a n é m e n t . c a s u n a t t r i b u td e l ' i d é e ,D e m ê m eB e r g s o nn ' a c r i t i q u én i I ' i n t e l l i g e n cnei l a s c i e n c e L. a
L e s a d v e r s a i r e sd e c e t h o m n r e c é r è b r e a u r a i e n t d û , p o u r p h i l o s o p h i ce o n n a î tl e p a r a d o x e e; l l e i g n o r e l ' a b s u r d i t é .
donner une sorution satis_ de la philosophie
faisante,pénétrerbien avant dans ra nature de ra raison, O n r é f l é c h i r a u s s is u r l e s l u m i è r e sq u e c e t e x t ep r o l e t t es u r l ' h i s t o i r e
en tant qu,eile ne s.occupe d o n tl e s e n sn ' e s tp a sc e l u id ' u nf l e u v eq, u i n e v a p a s d ' u n es o u r c eà u n e e m b o u c h u r e .
que de pensée pure, mais cera reur était inopportun.
i l s i n v e n t è r e n td o n c u n m o y e n l l e s t v r a i q u e s a n sH u m e i l n ' y a u r a i tp a s e u K a n t .M a i ss a n sK a n t i l n ' y a u r a i tp a s n o n
p l u s c o m m o d e p o u r a f f e c t e rd e r a m o r g u e s a n s r i e n
s a v o i r , c e f u t d ' e n a p p e r e ra u s e n s p l u se u H u m e ,K a n ta i n v e n t éH u m e .D ' o ù l e p e u d e p o r t é ed e l a n o t i o nm a g i q u ed ' i n -
commun.
a u x d o x o g r a p h edse l ' < h i s t o i r e
f l u e n c e e, x p o r t é ed u t e r r i t o i r ed e I ' a s t r o l o g ieet s i c h - à r e
. . . J e l ' a v o u eT r a n c h e m e n t c; e f u t I ' a v e r t i s s e m e ndt e D a y i d d e s i d é e s> .
H u m e q u i i n t e r r o m p i td , a b o r c l ,
voilà bien des années, mon sommeir dogmatique
et qui donna à mes recherches en
p h i l o s o p h i e s p é c u l a t i v eu n e t o u t e a u t r e d i r e c t i o n r .

Kant, Prolégonrènes à toute métaphysique


future
qui pourra se présentercomme science.
Thème d'étude
T r a d . J . G i b e l i n ,V r i n , p p . 1 0 - 1 3 .

P o u r é l u c r d e r r e s e n s d e c e ^ t e x t e ,i r . n e s e r a p a s i n u l i l e Les philosophes et I'histoire de la philosophie


d e r e c e n s e rd a n s | c e u v r e d e
Kant, spicialement dans res.prorégomènee s r ra critique de ra Raisoi-irà, rn, passages
o ù i l e s t f a i t n o m m é m e n t r é f é r e n c eà H u m c .
O n v o u d r a b i e n e s s a y e r d e r é p o n d r e a u x q u e s t r o n ss u r v a n t e s , l l n c s i p . i s d e q r , e s l i o np i u s e s s c " l i ' l l e à l a p h i l o s o p h i cq u r l e p r o b l o m eo u e l u i s o r r n e t
H o u r q L r oH r ume, (( attaq.uan> t r a m é t a p h y s i q u e ,a - t - i l c o n c e n t r é l e t i r d e s e s s a p r o p r € . h j s 1 o l rLea. c o n s c j e n c eq u ' e l l ep r e n d , c h e z l e s d i f f é r e n t sa u t e u r s ,d ' e l l e ' m ê m e
s u r l a n o t i o n d e c a u s a r i t é " ?E n q u o i I i d é e - q u ; e n a v a i e n t crtiques p < r i r r c i n : r a h l ed o l ; s i n r r i f i.er t r o nn r r ' i l sa s s i n r r - n ià c o r n r s < é I p c n h r l a ( n r , h e S n Ont
I e s p h i r o s o p r r e s_ - . u s s i b i e n
i i v e v v i Y i i !

f a ç o n t r è s d j f i é r e n i e ,A r i s t o t e e t o e s c a i i e s , s o u s , t e n d a i t d o n c p a s a t t e n d u H e g e l p o u r r é f l é c h i r s u r I ' h i s t o i r ed e l a p h i l o s o p h i e .M a i s l e u r r é f l e x i o n
lr:e: u
- "r^s1y:s^tre?m
l "e, q u o i q u e , d e tout e s t s u s c e p t i b l ed ' a u m o i n s d c u ' o r i e n t a i i o n sL, ' o n p c u l e s ' i m e r q u e c e l i e h i s t o i r e a, v e c
e t c o n s t i t u a i te n n r ê m e t e m p s l e u r p o i n t d e m o i n d r e r é s i s t a n c e ?
Q u e l l e c o n t r a d i c t i o ns e c a c , h a . idt a n s c e c o n c e p t ? p o u r q u o i y s e s p é r i p é t i e s e m b r o u i l l é e s ,s e s t à t o n n e m e n t s , s e s v a - e t - v i e n t ,n ' é t a i t q u e I ' e f f e t d ' u n
. troruuit,,tconfondu t r o p l o n g é g a r e m e n t . L a r a i s o n d e c e t t e h i s t o i r e ,c ' é t a i t I ' a b s e n c ed e l a r a i s o n .A d v i e n n e
u n e q u e s l i o n d e f a i t e t u n e r e r a t i o ne n t r e i d é e s ? A u s s i
H u m e p o u v a i t - i ré c r i r e q , , o n n y
a a f f a i r e q u ' à < u n b â t a r d d e I i m a g i n a t i o nf é c o n d é e p a r e n f l n l a p h i l o s o p h i e ,s ' r n t e r r o m p r as o n h i s t o i r e . T e l l e e s t l a t h è s e d e s p h i l o s o p h i e s d e
r ' - " x p é r r e n c>e. E n c r r o r lt a c a u s e
s e m b l e d ' a v a n c ec o n t e n i r e f f e t .T o u t r a p p o r t d e n e c e s s i t ée s t r o g i q u e m e n tu n r a p p o r t l a r a d i c a l i i é d, e l ' i n i t i a t i v ed é c i s i v e ,d u c o m m e n c e m e n la b s o l u .C o m m e i l n ' y a q u ' u r r e
d ' i m p l i c a t i o n ,P o u r t a n t I e 1 0n
f f e t s r i l r a c a u s e . ' J a m à i sd o n c d , u n f a i t ' o n - n " r a i s o n ,i l n e s a u r a i ty a v o i r q u ' u n p h i l o s o p h ee t s a p h i l o s o p h i es e r a l a p h i l o s o p h i eD. e s -
r,ioru a priori . a r r r s , S p r n o . a n e p e r d r o n l p a s l c r r ' l e m p s à é t u d i e r u n D d s s él o ù j o u . se n c o m b r a r r et t
s a c o n s é q u e n c e .A d a m , d i t H u m e , n e p o u v a i t p r é v o i r
e n a b o r d a i t ' p o u r t i p r e m i _ . . et o i s p r o p r e à n e s a t r s f a i r eq u ' u n e f u t i l e c u r i o s i t é .C c q u ' o n t p e n s é l e s a u t r e s ,c ' e s t p o u r e u x d u
u n e , r i v i è r eq u ' i i s ' e x p o s a iàt . u n r i s q u ed ' a s p h y x i es ' i r p é n é t r a i t
d a n s I e a u , R é d u i s a n tr a d e h o r s ,d e I ' o p i n i o n d, u p r é 1 u g éQ . u i p e n s e p a r s o i s ' a c c o r d eà l ' a u t r em a i s a u - d - o d a n s ;
r e l a t i o nd r : c a u s a l i t éà t r n e r e l a t i o nl o g i q u e t à p n i t o s o p n i e
e n é l i m j n a l ts o n é l é m e r i e s s e n - r l p e n s ec o m m e c h a c u n d o i t p e n s e rs ' i l s e d é l i v r ed e t o u t e e m p r i s e ,d e t o u t e i n f l u e n c e:
t r e l : l e t e m p s . E i l e m é c o n n a i s s a i tq u e r a c a u s a r i t é ,
c esr ce par quoi ir y a sans cessedu
nouveaudans le monde. u n i v e r s e l l e m e n t .L a r a d i c a l i t é e t l ' u n i c i t é d e l a p h i l o s o p h i e n e p r o c è d e n t p a s d ' u n e
P o u r q u o i l ' a v e r l i s s e m e ndt e H u m e d o n n a , t - i ra u x r e c h e r c h e s a m b i t i o no r c u e i l l e u s ee: l l e s d é c o u l e n ts t r i c t e m e n td e I ' a u t o n o m i ed e l a r a i s o n .
de Kant une tout autredi_ O n p e u i t ô n i r a u c o n t r a i r e q u e l a v é r i t é r e q u i e r t u n a p p r e n t t s s a g e e, x i g e u n e c o l l a b o -
r e c t i o n ? c ' e s t - à - d i r er u i f i t c o m p r e n d r eq u e r a n é c e s s i t é
qrr iogii r;;.;;;;r;;o^1 Hume r a t i o n , n e s a u r a i t s e d é v o i l e rd ' u n c o u p . S a v o i r o ù e n e s t l a s p é c u l a t i o n ,c ' e s t s a v o i r d ' o ù
n'avait pas expliqué ia certitude
Lrourtana t bsolue que nous en avons, la ramenanrau e l l e e s t v e n u e , q u e l s c h e m i n s e l l e a s u i v i s .A i n s i A r i s t o t e s e m o n t r e t o u j o u r s e x t r ê m e m e n t
p r o d u i l d ' u n e s i m p r e h a b i t u d es u b j e c t i v e ,n e
s e m o c r è r ep u . r r i t à . À g l n r ' o J o e ] u r m r n a l r o n
o e s r a r s o n n e n r e n t sD ? ' o r l l a s u b s i i t u t i o nà l a l o g i q u e a t t e n t r fa u x t h é o r i e s d e s e s p r é d é c e s s e u r sq u ' i l a s o i n d e r e c e n s e rp r é c a u t i o n n e u s e m e n t
f o r m e l l eo " r " i " ô , q r " l i u n r . r n . t . n , a v r 1 . d ' , . . p o s e rl a s i e ^ n e .l l l u i l r a r a i le n e f f e t i m p o s s i b l eo u ' e l l e ss o i e n rl o . L I e se r r o n p c s ,
I a te .
H u m e , d i t K a n t , n e f u t c o m p r i s d e p e r s o n n e ,E n L'archerle nroins habjle,à force de lancer sa flèche vers la cible, flnit bien urr jour ou
e f f e t s e s a d v e r s a i r e ss , i m a g r n _ " r e r t l ' a u t r e p a r 1 ' a t t e i n d r eD . e m è m e , d e p u r s q u e l e s p h i l o s o p h e sm é d i t e n t e t s ' e f f o r c e n td e
q u ' i l s ' e n p r e n a i tà I ' u s a g ed e l a n o t i o nd e
c a u s a l l t ée t q u ' i l e n t e n d a i t l,u i , c e t a d m i r a t e u r t o u c h e r a u v r a i , i l s e r a i t r n c r o y a b l eq u ' i l s f u s s e n t à c h a q u e f o i s p a s s é s à c ô t é , C e r t e s
d e N e w t o n , r u i n e r r a o h v s i q u e .i l é t a i t a l o r s t a c i r e â
t"rr.esinierpr;taj;o;;;ssiere de a u c u n e d e l e u r s t h è s e s n ' e s t v r a i e m a i s e l l e s c o m p o r t e n tà p e u p r è s t o u t e s u n . j p a r t d e
r é t o r q u e rq u e r a r a i s o n n - ' ap l u s l e m o i n d r e m o t
à c r i r es r e t e s , i n t e r d i td e p r o c é d e r c a u s a - v é r i t é ,A r i s t o t e s ' a p p l i q u e r ad o n c à c o m p r e n d r e s e s d e v a n c i e r sà t o u s l e s s e n s d u t e r m e ,
l e m e n t e t q u e H u m e r u i - m ê m ea p p u y a i ts u r d e s . u r . u r
a u c r i t a q u ed e I u t i r j s a t r o nd e r a à r a s s e m b l e rd a n s u n e e x p l i c a t i o n u n i f l a n t e l e s é l é m e n t s p o s i t i f s d i s p e r s é s d a n s l e u r s
c a u s e . M a i s H u m e v o u r a i tb e a u c o u p p r u s s u b t i l e m e n t
montrer'qr"-ru.àrùrité n,est c e u v r e s .D ' a u t a n t q u e I ' a u d i e n c e q u e c e r t a i n e s d o c t r i n e s o n t r e ç u e c o n s t i t u e u n g a g e
q u ' u n e f o r m a t i o n p s y c h o r o g i q u eq u r _ s ' e x p r i q u e
mais ne se justifie pas. ce n,est pas ra s i n o n d e v é r i t é , t o u t a u m o i n s d e v r a i s e m b l a n c e .C o n t r a i r e m e n tà P l a t o n , A r i s t o t e n e
nature'.c'est notre esprit qui est déterminé. Nous
s o m m e s s i m p l e m e n t d é t e r m r n e sà d é d a i g n ep a s I ' o p i n i o n ; i l n e v o i t p a s d a n s l a v r a i s e m b l a n c el a p a r o d i e d e l a v é r i t é .
penser les chosescomme déterminées Hume
s e p r o p o s a r tn o n d e r e n v e r s e rr a s c r e n c e O i p o l l o i c h e z P l a t o n a u n s e n s i n f a r l a n t ; i l d é s i g n e l a m u l t i t u d e ,l a f o u l e , c e t t e f o r n r e d u
m a i s d ' i n q u i é t e ri ' e s p r i t . l l f a l l a i t ê t r e p h i l o s o p h e p o u r
ê t r e s e n s i b l - .à c e t t e i n q u i e t u d e . m a l .O i p a l l o ic l - . e zA r i s t o t e d o i t s e t r a d u i r e p a r l a o l u o a r t .C ' e s t u n t e r m e é l o g i e u x .A r i s i o l e
3o La fhilosofltie et les fhihsrtj>hits lt fltilosofhie e/ lrs fhilosoplties -1,r

va jusqu'à dire que < l'avisde ious est le langagede l'être> 1Éthique à Nicomaque, X,2, H e g e l n ' e s t d o n c a u c u n e m e n t I e p r e m i e r p h i l o s o p h eà a v o i r p r i s a u S é r i e u xl ' h i s t o i r e
1 1 7 3a ) . O n p e r ç o i tl e s d a n g e r sd ' u n t r a i t e m e nat u s s ia c c u e i l l a ndt u p a s s é S . a libéralité d e l a p h i l o s o p h i e .M a i s i l e s t e n r e v a n c h e l e p r e m i e r , e t d e c e f a i t f o r c é m e n t l e d e r n i e r ,
s u p p o s eu n e i n d u l g e n c e x c e s s i vàe l ' é g a r dd e l a d o x a L . a dialectique c h e z p l a t o nn o u s à a v o i r i d e n t i f l é l a p h i l o s o p h i e à s o n h i s t o i r e .C h a q u e s y s t è m e d o i t ê t r e t e n u p o u r u n
d é l i v r a idt é f i n i t i v e m e dne t I ' o p i n i o nA. r i s t o t ee n r a v a l eI ' a r td u c ô t é d u p r o b a b l ee; l l e n ' a m o m e n t n é c e s s a i r ed e l a d i a l e c t i q u e d e / ' i d é e . l l n ' é t a i t f a u x q u e d a n s l a m e s u r e o ù
p l u sp o u rb u t q u e d e t r o u v e ru n e m é t h o d eq u i n o u sm e t t ee n m e s u r ed e t i r e rd e sc o n c l u - i l s ' i g n o r a i te n t a n t q u e m o m e n t . R é i n s é r é d a n s l e d e v e n i r d e l a p e n s é e , r a p p o r t é à s a
sions sur toui problème.proposé, en pariant d'opinionsreçues(Topiques 1,1,100a). En t o t a l i t é d y n a m i q u e , i l d e v i e n t v r a i . D e l a s o r t e , l a p h i l o s o p h i ed e H e g e l p e u i r e v e n d i q u e r
o u t r e ,c ' e s tf a i r ep r e u v ed e b e a u c o u p d ' i m p r u d e n cqeu e d e c o n s i d é r e r ' q ul'aà{ a ç o nd . u n p o u r p r e u v e d e s a v é r i t é l a c o m p r é h e n s i o nq u ' e l l e s e u l e a s s u r e d e l a v é r i t é d e t o u t e s l e s
e n f a n tl a v o i xd e l a r a i s o ne s t d ' a b o r db r e d o u i l l a n t lel s. o n t b a l b u t i éd, i t À r i i t o t eo e s e s a u t r e s . C h a c u n e t r o u v e e n e l l e s a p l a c e é t e r n e l l e .O r c o m m e n t l e s e n s d e c e t t e h i s t o i r e
p r é d é c e s s e u rdsa, n s I ' a n a l y s e d e l a c a u s a l i t éS. j l ' o n d o t e I a r a i s o nd ' u n à e n t a n c e o, ù a u r a i t - i lp u a p p a r a î t r es i e l l e n e s ' é t a i t a c h e v é e ? L a s i g n i f i c a t i o nd ' u n e h i s t o i r e d e m e u r e
celle-cis'arrêtera-t-elle? Les proposd'Aristotepourrontdonc être retournéscontre lui- o p a q u e ,b r o u i l l é e c a c o p h o n i q u e s e m b l a i td o n c l e c o n c e r id e s p h i l o s o p h i e-s t a n t q u ' e l i e
m ê m e .L é o nB r u n s c h v i csgo u t e n a iqt u e s a p h y s i q u e c o r r e s p o nàd l a m e n t a l i t d é ' u ne n f a n t n ' a ! l a s p r i s f l n , l a p h i l o s o p h i eh é g é l i e n n e ,o ù s e d i s s i p e n t ,s e c o n t r e d i s e n te n f t n t o u + , e s
d e h u i ta n s . l e s c o n t r a d i c t i o n ps h i l o s o p h i q u e sn, ' e s t a i n s i v r a i e q u e p a r c e q u ' e l l ee s t u l t i m e . P a r l à '
N u l p h i l o s o p hm e o i n sq u e L e i b n i zn e m é p r i s as e s d e v a n c i e r so.n s a i t q u e H e g e l e s t à m ê m c c j e r é p o n d r e à u n e q r , r e s t i o cna p i t a l e ,d o n t a u c u n d e s e s p r é d é c e s s e u r s
sa grande
t â c h ef u t d e r é c o n c i l i eer t l a . p h i l o s o p h iaen t i q u ee t l a p h i l o s o p h i m e o d e r n ee, r r a s c o _ n ' a v a i té t é e f f l e u r é p a r I ' i d é e : p a r q u e l m y s t è r e s e T a i t ' i lq u e l a v é r i i é m ' a i t a t t c n d u p o u r
l a s t i q u ee t l e c a r t é s i a n i s m lel .a s s u r a i q t u e l e s s y s t è m e s o n tt o u s v r a i se n c e q u ' i l s s e m a n i f e s t e r ,q u e c e s o i t m o i q u i I ' a i t r o u v é e ? K a n t p o u v a i t f o r t b i e n e x p l i q u c r e n q u o i
a f f i r m e n l , . f a uexn c e q u ' i l s n i e n t .L e u r se x c l u s i o n ns ' o n t p o u r c a u s eq u e l e s s a t h é o r i es u p p r i m a i te n d r o i t l e s a n t a g o n i s m e sp h i l o s o p h i q u e si l, é t a i t i n c a p a b l ed e d i r e
D o r n e so e p o u r q u o ic ' é t a i tl u i , à t e l l e p é r i o d ed e I ' h i s t o i r ed, a n s t e l l e c o n t r é eg e r m a n i q u e q, u i a v a i t
I e u r sp o i n t sd e v u e r e s p e c t i f sl l. f a u t d o n ca c c é d e ra u g é o ' m é t r a J ,l o t ,Ë1. o i . l o , g n e ncr e s
m u l t i p l e sp e r s p e c t i v eTs a . n t i l e s t e x a c tq u e l a s t r u c t u i ed ' u n e p h i l o s o p h i e ' e s t m e n é à b i e n c e t t e t â c h e . l l d e m e u r a i t d e l a c o n t i n g e n c e d a n s l a n é c e s s i t éd e s a s o l u t i o n .
toulours
e n r e l a t i o nd ' . i s o m o r p h i s m a vee cc e l l eq u ' e l l ep r ê t eà l a r é a l i t ét,à p h i t o ô p À i ed e L e i b n i z A v e c H e g e l o n n ' a p l u s à i n s c r i r e a u c o n r p t e d ' u n e o b s c u r e g é n i a i i t él e s v é r i t é s p h i l o -
s e r aI a n r o n a d o l o goi eù s ' h a r m ojns e n lc e sm o n a d c sq u es o n t t o u l e lse sa u t r e sp h i l o s o p h i u s . s o p h i q u e s .L e v r a i s e d é p o u i l l e d e s o n a p p a r a t r e l i g i e u x .l l n ' y a p l u s r i e n e n l u i d e r é v é l é .
A-t-onpourtantle droitde comparerles systèmesà des ;iràirs?ô"r r-iiàiL' jineremment l l e s t d o n c m a l v e i l l a n td e r e p r o c h e r à H e g e l d e n e s a u v e r l e s s y s t è m e sq u ' a u b é n é f l c e
s i t u é so f f r e n td u r é e rd e s i m a g e sd i v e r s e sd, e s e x p r e s s i o nvsa r i é e sm , a i sb e a u c o u pp r u s d ' u n s e u l ,l e s i e n ,A u s e n s o ù o n p a r l e d ' u n e p e n s é ed e K a n t , i l n ' e s t p o i n t d e p e n s é ed e
a i g u s ,v i o l e n t s e m b l e n lte s d i s s e n t i m e n p t sh i l o s o p h i q u elsl s. n à o i u " r f à n 1 - p u irr,s s , o p _ H e g e l . C e l u i - c in ' a e u q u ' à c o m p r e n d r eq u e l o u i é t a i t c o m p r i s .
p o s e n t i,l s s e n i e n tm u t u e l l e m e n t .
a y " ] l p h i l o s o p h i ee s t l e t h é â t r ed ' u n c o n f l i ta u t r e m e n p t r o f o n d ,i n d é n o u a b r ev ,o i r à
c e d o n t P a s c aal v e r t i tl e ss p é c i a l i s t edsu c o m p r o m i s<. V o i l ài u g u " r r "
o r u " r i " e n t r ei o u s
it faut q u e . c h a c u n
p r e n n ep a r r i( p e n s é e su,O ,e r r n . . i u i à g , - + : a ; .C " t t "
rl :ui lr"rTeeTs"rrr:a c o9nùs e q u e n cien c v i l â b l ed e l a c o r r u p t i o nd e l a r a i s o n .L a
i a u t eô . i g i n e l l cn , a
dçllrjl cetterarsonqui <.fait.not.re ê1re> (op.ci1.439);de cettepuissancec1 oécréation
i3:
e i l e n e t a r tp a s c a p a b l em , a i se l l e I ' a a l t é r é eN . o t r ei n t e l l i g e n cne' e s t p a s/ a u s s ee, l l e e s t
/aussée.c'est pourquoires véritésqu'eile saisit À" s,u;rîieÀi
L e d o g m a t i s m e x p r o i t er e s f a i b l e s s e d ôrr., i[irb"i"antinomie.
s u s c e p t i c i s m er;e s c e p t i c i s m e vit des échecs
du dogmatisme.
P o , u r . K a natu s s id o g m a t i s m eest s c e p t i c i s m ense c e s s e n e t n p h i r o s o p h idee s e r i v r e r
c o m b a et t s c a n d e nst o nh i s t o i r eM. a i sc e c o m b a tp e u te t d o i tc o n n a î t r e
,n i"rrur* oenoue_
m e n t ;m i e u xq u ' u n et r ê v e , , u n p e a i xd o n tc ' e s tu n p r é o n a s mdee d i r e q u , e i l ei " r u p " r p " -
t u e l l e .N o n p o i n tc o m m ec h e zp a s c a rp a r u n d é p a s s e m e n d te r a p h i l o s o p h i em, a i sp a r u n
d é p a s s e m e ndta. n s r a p h i r o s o p h i es.c e p t i c i s m ee t d o g m a t r s m e
d é v e r b p p Ë net n , etTet,
l e s d e u xi l l u s i o _ n s
a u x q u e i l ecsè d en a t u r e i l e m e n t ot u r à t o u r u n e . . a i s o q nui ne s esrpas
e n c o r ec r i t i q u é ec, ' e s t - à - d i rqeu i n e s ' e s t p a s e n c o r ea v i s é e f a i r e
de v a l o i rs e s d r o i t s .
A u s s i ,é t a n te n _ t e n dquu ' u n < 1 r o n i t' a d e v a l i d i t éq u , à l , i n t é r i e udr u r e s s o i t - o ,i :r ,a é t a b l i
s a s o u v e r a i n e t-é l e d r o i t ,c e s o n t l e s l i m i t e sd u d r o i t- u n "
r . à i r o À l u i ' n ; àp u , , , . u
f i x e rd a n ss o nd o m a i n ee s t - e l l ce o n d a m n eàe b a s c u l àdr e I ' i d é eq u ' e tf e p è u tt o u t
à I ' i d é eq u ' e i l en e p e u tr i e ns a v o i rK. a n t ,p o u ré l u c i d e Ir' h i s t o i r e connaître
o Ël "
à u n p a r a d i g mb e i o r o g i q uuen s c h é m aj u r i d i q u eL. a r a i s o nq, u a n d ô À i ' i o * p À Ës, u b s t j i u e
.ir; t;;àifr; sa propre
c r r t i q u ee, s td e v e n u e a d u r t en o n p o i n t s ê r o rna n a t u r em a r ss e r o nI e s p r i t .E i l e
u n e m a j o r i t éc i v i l e .B i o l o g i q u e m e nêtt,r e a d u l t e ,c , e s ts ' a r r ê t e r g r a n d i rs. ' e s td o n n é
de Toutautre
l a m a t u r i t éj u r i d i q u ec. e n ' e s tp a su n t e r m e ,c ' e s tu n e a c c e s s i o n .
E n f l i m a j e u r er,a r a r s o n
ra,viepour raqueileeile était destirrée. A Iencontreo'un cïntÀsens trop
rl:^T:11i":"^-d"
epan0un , o n s e u l e m e nst e d é v e l o p p e c h e z K a n i l a t h è s ed , u n eh i s t o i r ed e l a r a i s o n ,
marscettehistoirene prendpas du tout fln avecra critique.
Kant, dans res pràrégomènes,
n e d e m a n d ep a sà s e s c o i l è g u e d s e s e c r o i s e r e sb r a sp o u ri o u j o u r sr, l r é p è t eà m a i n r e s
r e p r i s eq s u ' i ln ' a e u . r et e m p sq u e d ' é t a b r il re d e v i sd ' u n é d i f l c e ,
q û , i rn , ut i r ; q ; ; d e sp r a n s ,
qu'it reste encore à construire.Se termine avec Kant
,;; i;;r;. ËriJi", contuse,
e n t r a v é et ,o u r n a n e t n r o n d .c o m m e n c ee n f l n ,s ' i n a u g u r eg r â c eà l u i u n e
S e t e r m i n eI h i s t o i r ed e s p h i r o s o p h i ensd. v i e n te n n ÀI ' n i r t à i r . h i s t o i r ev r a i e .
oe lu pÀito.àoîi"
33

philosophique nc serait qu'une 1;scudo-connaissence, rrr-tcconnlissance para-


sitaire. Pour la défcnsc de ccttt--thèsc il sera rappclé qu'il n'cxistc tltrc deux
types de savoir, mathématique ou physicpe, et quc lir philosophie ne partage
aucunc de leurs modaiités. La mathématitpc erst une discipline rigoureuse
parce qu'elle élabore clle-même ses objets idécls ct quc, ne se préoccupant
que de parfaire la souplesse dc leur maniemcnt, elle n'a pas à se soucier de
Ieur correspondance à une réalité extérieure. Or il est clair que la phil-rsophie
sc clénaturerait si elle résumait son ambition, sur le modèle dc }fonsieur Tcste,
Les sciences et Ia philosophie à la pratique, fût-il inflniment complcxe, d'un jer.rnrental. Kant a rendu compte
par ulrr' fornurle déhnitivr dc cettr: divergcnce entre lir mathématiqnc et la
métaphysiquc. Cellelà procède par construction dc concepts, celle-ci prr
simplcs conccpts. A la cliffércnce du mathématicien, lc philosophe n'est pas
Iibre dc choisir ses prémisses ct cle décider des règles dont il uscra. Etant unc
analyse de la pensée, rien d'autre, dit Kant, que l'entendement se prenant
pour objet, la philosophie n'iuvc'nte pas ses notior.rs, ellc les puisc dans ce
donné qu'est d'abord pour ellc - et pour soi - I'esprit. Liberté, causalité,
matière, espace, temps, voilà entre' autrcs les idécs communes qu'cllc a Ia
cirarge d'exiiliciter. D'oir son apparcnte infériorité. EIlc' est privée du pouvoir
- cf. I(ant, CritiEre de la Raisort. Pure, Discipline cle Ia Raison pure - de
Le Iecteur pourrait objecter que lc chapitre précédent n'abritait ses pro-
colnmcncer par des délinitions exactcs, univcrselles, suscitant, conme en
blèntcs que clans le crctrx d'une omission cle singulièr'etaillc. Notrc perplcxittl
mathématiqucs, leur objet, c'cst-à-clirc ie réalisant dans l'intuition, et com-
devant l'histoire de Ia philosophie et ses problèmcs ne provenait-elle pas
mandant d'avance :'r toutes sc'spropriétés. La philosophie débute dans l'à-pcu-
uniquement de la méconnaissance de son tribut constant envers la sciencc? près. Lcs cléûnitions dont il lui faut bien partir sont provisoires et inévitablc-
C'est la sciencc, en réalité, qui nr: cesserait d'orienter les démarches et dc renou-
nrcnt défectueuscs, sujettcs à controverse. Leur élucidation totale ne se situe
veler la matièrc de Ia réflexion. Davantage : à chaque époque du savoir, la
qu'à un horizon toujours reculé. Si l'idéal mathématique lui est re{usé, la
térnéraire philosophie n'aurait fait cluc porter précipitamment à l'absolu
philosophie ne pourrait-elic sc tournt:r clu côté de la physique? Après tortt,
une étape de la progression clc la positivité, travestissant scs concepts, Ies
tanclis que Ie nathématicien nc règnc ,1Lresur dcs êtres cle raison, le physicicn
détournant de lcur fonction logistiqLrc cn les hypostasiant clans le ciel dcs
et le philosopht'- les deux r-notsétaicnt jadis svnonymes---ont en commull
signilicatiorrs transcenclantr-:s,en sorte rlue ltts cliverses métaphvsiqucs n'ali-
d'avoir affaire à du r/:cllcment réel, à ccci pri's quc le premicr n'éttrdie que
raicnt jarnais été que I'cxprcssion {antastique d'une épistémologie donnée.
dcs choscs générablcs et corruptiblcs, priscs clans le devcnir, alors quc le seconcl
Selon lcs moments la philosophic se serait unifiéc en fonction dc la prédo-
traiterait <1c naturcs p(lurvlles dc l'existcrrcc pleine, éternelle, aussi I'usagc
ntinance rlt: tcllc ou tellc scit-nce dont elle généraliserait arbitraircment lcs
a-t-il prévalu dc baptiscr rnéta-pliysiqut' ct non pas méta-mathérn:rtique
méthocles. On pnrlera lrinsi volontiers cl'un mathérnatisrnc cartésien, d'un
sa r sciencc r. De son univcrs lc rnathématicicn peut, en conséquence,s'cstimcr
phl.sicisme k:rnticn, d'un historicisrne hirgclicn, cl'ur-rbiologisme ltcr5Js,rnicn.
Ie Dieu, tout Dieu cst Dieu du fictii, il n'1' 11rr.rr'.rajamais que ce qu'il 1'a
C c t t t - t h è s , ' q r r i f : r i t r k ' l ; t s c i r ' r r c l. a s , r r l r c ed , . l a P r o d u c t j o nd r s i c L é r .psh i l n -
mis. X[ais, de mêmc que Ie physicien doit rcndrc intelligible une naturc étran-
sophiqucs et consigne le philosophe au rôle suspect de traliquant de Ia scicn-
gèrc, qu'il n'a pas créée et qui u se moque cle scs équations ,, dc même lt- philo-
tihcité ne présentc dc neuf cpe i'épitht)tc cle matérialiste qu'clle sc confère
sophe se dispose vers cet être dont il sait, à tout le rnoins, sclon la formule
on ne sait trop sinon pourquoi du noins à quel titre. Naguère l'avait déj:\
heidcggericnne, qu'avcc Iui il n'y a rien à fairc.
soutcnuc Lrn thonristc commc Gilson, un icléalistc col-nme Bnrnschvicg. La
Pourtant le phiiosophe ne saurait imp.rurter dans sa sphère les i>rotocolcs
géonrétric anal1'tiquc, i'nonç:rit ct: tlt'r'nir:r,explique tout Dcsc:rrtcs, lt' calcul
opérationncls d'oir la physique tire son effectivitÉ. Car il y a une revanche du
i n h r r i t t i s i m l rt lu r L t L t i L r r r i z .
ph1'sicicn. Rcn'"'ersant sa situation initiaLe, i1 trans{ormc des évéIrcments
toujours autres sur lesquels il ne pcut ricn en cles faits toujours lcs mêmes
Mathématiques, physique, philosophie sur lcsquels il pcut beaucoup plus puisque c'est lui. qui les a faits et que rien
nt' l'cmpôchera dc les rc-faire. Alors il se dotrne lc luxe de prédire. Il cotrvcnait,
Ce serait dottc unc ér'iclcnclr quc lir philosophie sc trorrvcrait astrcinte à en effct, que les sciences cle la naturc n'eussent paradoxalement pas lcur
chercher cr1 clchors cl'cllc'-mômc lc contctm rlc son savoir. La conneissance siègc dans la nature mais dans lc licu arti{iciel du laboratoire. Grâce à ces
, L r . ss c r e r r r r . sr t i a f , l : i l o s o f h i t Lcs s c i e t t c e . st ! lt f,ltitos,tf/tie
3.1 3.;

instnrmcnts dc soustraction {lue sont lcs laboratoires, lc pltysicien, sc râppro- tcncc en rnatière dc vérité qucl ctnploi Pcut bicn eltcorc ôtrc clévolu au brlrcau
chant dc l'idéal mathématiquc dtt < vasc clos r, substitue à l'cncher'êttcmcnt clc Placetncnt chi savoir? Quant-l, par vicux réflerc universitairc, on rtiplgnt:
indéllni dc ia naturc où tout cst égalcrncnt, sclon le mot clc Pascal, < cartsé à la congédicr sans façon, on srrggér'cra,le cas échéant, que cl'autrcs valcurs
ct causant ), une expéricncc qu'il a précautionncusemcnt circonscrite. La restent soLlsson angle de vision, p:rr excrnplc 1esr':ricursesthétiqucs et moralr:s,
plil'siquc cst née avcc Galilée lorsquc 1c savant, illuminé Par ia rér'élation et qu'ii lui appartient d'æuvrer, sans abdiclur.r'cntièrcment son plojct d.
que I'csprit n'cnrichit son savoir qllc par l'appauvrissemc'nt clc son objet, syntlièse, iru rassemblcment ct à Ia confrontatiou dc ioutes lcs valcurs. I-a
relsoiut cnfin de rcnoncer à etnbrasscr I'cxhaustivité c1u clc,ttné. \ég1igécr r'érité hélas ! nc laissc hors dc soi lc moindre territoire ct si l'on ne vcut
Pas
cliisormais Ia mauvaise luxuriance dc I'intuition immécliirtc, tllirninécs les faire ri 1a phibsophic un cadcau emPoisonné, il conviendra cncore dc c1étcr-
léger, du st:c et cle l'humicle,
qr.i:r-litésscnsiblcs clu liatrt et clu bas, du lourcl ct c1r-r mincr c1c quel coeflrcicnt dc vérité est susceptiblc d'être aficctée la notion
la n:rturc cntrait cnfin clans lir sciencc avec l)o11rtout bagage cles figr.rrcset de valcur. or cc n'est pas un hasarcl si ie tr:rrne clc valeur était inconnu c1ela
clcs mour'(:mcnts. Ainsi on corlPrcnd, puisrlrr'elle cloit sc taillcr sor-ruspacc phiicr.sophic classiquc et si cn ce siècle l'apparition météorique cles < philo-
c1r comportcmcnt cn faisant abstraction c1cla complétudc tncombrantc drt soPhics clcs valcurs ) ne correspondit qu'au dernicr souff-led'un spiritualismc
récl, quc la sciencc sc clivisc fortdiulcntak'mcnt en dcs scienccs ct que l'rrni- à l'agor-rir'.Du vrai, cn effet, ia valcur nc proposc que lc plus lointain ersatz.
vers, conlne \ralérv I'enseignait avant Bachelard, ne tombc jamais -\oLlsson IJne r valcu, cst exposéc à t'équivoque dc sécluirc èt a lalols cle commander.
regarcl. La scicncc ne saisit tout dans Ic monde qu'à 1:r"condition c1ene pas Flie est énigmatiquernent à Ia fois aimable ct contraignante. La vérité, quant
appréhencler lc monde lui-même. \\rittgenstein avait donc raison rie qualifler à elle, ne plaît ni n'ordonne. Elle ne porte pas tracc clé ce mérangc de subjccti-
lcs conccpts scientif,qucs d' < incx:rcts r. Ils sont r à bords flous , disait-il r.'isme ct d'objectivisme ct'où l'idée de valeur reçoit son scintilleàent <1outcux.
cncorc. Du moment quc chaquc scicncc nc s'inaugure qu'ttt clélimitant ur-r Il allait c1esoi pour toutc la tradition philosophique que c'était dans I'élémcnt
cliarnir d'opérations oir importe strictcmcnt cc qui est utilc à ccs opérations, commLrn de la vérité que devaient s'unir nos systèmes appréciatifs, clivers
il faut prcndrc acte qu'une ri:glcmentation n'est applicablc q11t l)ar lc nombrc e-n sirnpic irl)parcnce. Ainsi chez Platon ni lc bien ni le bôau ne disposent
hni dc règlcs qu'ellc comportc. Au tennis par cxt'mplc, obscrle \\rittgcnstein. d'cxigenccs distinctcs, l'éthique ct l'esthétique ne rclèvent pas d.'insiances
la hautcur de la baiic tr'est pas fixéc, ni sir force, n-raisil c-tiste c1'autrcsrèglcs, inclépcnclantes du vrai; ellcs ne sont rien d'autre que la théorie de l'accomplis-
et l'on peut jouer. sement c1cla vie vraic, c'est-à-dire dc la vie selon la vérité. aussi vertu est-elle
A la philosophie il n'cst pas loisible clc nc s'octro)'r'r qlr'unc portion c1c scicnce et sciencc est-clle beauté. Forge-t-on, au contraire, la notion cle valeur,
l'être ct de se re-convcrtir en activité sectorielle. Scn domainc, à f image de Iui attribue-t-on un ôtrc propre, s'interroge-t-on, cn ce cas, sur Ia valeur de
Ia raison kanticnnc, c'est la totalité, ct la totalité, lcs sto'icicnsI'ar.'aicnt bien la r'érité et aussitôt 1a"vérité est déchuc, clle sc r.assaliseà un critèrc exttiricur.
r.u, d'oir leur théorie du destin, se dôrobe à toutc technicpc. Pas phis qu'ellc-- La vérité c1e la valeur supprimc toutc valeur cle la vérité. Alors se 1èvcnt
n'offrc dc prise à un clécoupagc,clle ne résulte d'une qr.lelcortqrtesomlnatiolt. les ^sc1]pçons: que cache Ic souci de la vérité ? les accusations : qui profltc
Le tout dominc scs partics d'unc cliffércncec1enaturc. I1 n'cst cle partius qut' dc la r'érité? ct ce qui était selon Platon l'enjcu. d'un r<combat c1i geants,
physiques, dt-- tout que rnétaphvsiquc. I)c pirrtics c'n partics or1 n'.rrrivcrtt clevient prétextc à querellcs de difiamatcurs. La vaieur est clévalorisante :
jamais au tout. Sa r.'oc:rtiondc totalité intcrclit donc à la phikrsopiiic clc rcct.,tt- tclle frit la clilcouvertc dr: Nictzschc. ce qui a dc la valcur n'a plus auclrnc
rir aux méthodes limitantcs mais constructivcs dcs scicnct:s.Dès lors, la tota- valcur dès iors quc jc m'avisc quc la valeur doit tout son être au jugemcnt
lité nc pouvant, semblc-t-il, rry'êtrt: présr-rméc,s'cxplirlLrr:cpc la philosophie qui l'éta.blit cornmc tcllc. Quclle quc soit la r-érité qLrr jc pot", t".hurlt q,r"
soit condamni:e à n'ôtrc janais quc l'annonce tle la philosophir. Sa" vérité je la- p,se, je la déposcrai.
Jc me tienclrai plus lia.t. Nictischc savait cionc,
cst inséparable d'unc norr-r'érité. Ll. non-vérité est l'élérncnt rnômc clc sa lui, cc qu'il faisait en accrochant la valeur cornmc un brûlot au flanc clu vrai.
vérité. Voilà pourquoi il scrait dc la clernière incongruité dc mentionner clcs I1 le cIésintégrait. Ii logeait dans la philosophie, car les valeurs sont n.mltiplcs
philosophies fausscs. Seulement, cc qui avantage les philosophies ne saurait si Ia vérité est une, Ia dispcrsion, la luttc à outrance, la mort.
une nouveile fois tounrer qu'au t1étriment de la philosophic et la ,i rigut'ur ,, Si I'on rerloncc à. appliquer aux philosophies le critère du vrai et d. faux,
moderne énonccra quc s'ii n'y a pas dc philosophies fau:;scs,c'cst qu'il n']'cn si on.ne tient plLrs Ia philosophic pour unc connaissancc,il n'cst pl.s moycn
-r.
a pas non pius clc vraies. dc ciépart:rgcr 1es systèmes. Leur portéc ne pourra prus guère ,o"rur..
qLr'àlcur iuflucncc, Pourquoi pas à leur r irnpact r? D'eux, rapetissésen ( gran-
dt:urs crrlturcllcs ,, nc comptcra plus que la difiusion. Sans cloute certaines
Valeur et vérité doctrincs ont joLri cle sriccès de cctte sorte : Diogènc Laërcc afhrme que dcs
lilkrs entièics ne sufÊraient pas à contenir lcs disciples d'Épicurc. Ilais d.ans
Si la vérité cst quclcpc chosc qui se constmit ct s'il r-r'csta.ucunsens à parlt:r unc semblablc réussite Platon n'aurait vu que lc signe ci'un échec, cl'un malen-
<1'rrneconstnrction dc 1a totalité, l) rrnc plrilosophir :r.mprrtét:rlc toutc comlré- tcnciu calamiteux. En1ln, sans s'inforrner clc l'avis clcs Athéniens crui condam-
, i t t t r t' c l l t Les sciences et Ia phi/osofltie
Lcs ftrtl t, fhit 37

nèrcnt à mort Socrate, on prôtera à la philosophie unc fonction totalisatrice, sophie soit ri,flcxion, qLrel philo.sophc lc contc-stcrait? Réfléchir,
c,cst s:rr-.ir
chacune aurait concentré en soi l'esprit dc son époque et ainsi Iui st'ra ajoutée pour.c|-roion sait. PhilosoPhc, I'homnre qui s't,st posé une
fois la qrrt,stion
par ses faux amis la dernièrc touchc nécessaircpour quc rietr trc' distingue cle sa'.ir corn'rcnt il est cn nrcs'rc rlc ca1n.i1.,, lc pcu qu,il
a,rrrurît. cr.qrr'il
plus son portrait de celui d'une idéologie. cirerchc, c'est cle clétcr'rincr commcnt les autrcs, ét tui-même
en tant qu,il
était cncore cet alltrc, Dcscartts nrlthématicic'n, Kant géologrre,sorr
s.sccl)_
tiblcs clc trouvcr. I-cs déco.vertcs dcs autrcs sont Ie
foi'i'cle déPart cic sa
rechcrche :i lui' Il sc clentande par quelle ouvcrture aussi ér,aséequc
clissinrulée,
Le repli vers l' < épistémologie > I'êtrc, ct: clont n*l rle s'occrpe à part lui, pcut être convoqué
à la pcnsct: ct
clc'cnir possible qLrelqLreclrrsc cômme ra r,érité. Seulcmàt Ia
1>rrilos,,phi,,
n'cst pas assimilalile à. n'importc qlcl gcnrc clc réflexion et, sous'rurr,,r1,,,..
Ilcsterait à la pirilosophic clc sc constitrLcr moclcstenrentrnais honnêtcment
anr>dinct Plutôt rass.rant, la troP r-llgrrccltifiniti.n qui vient tl,êtrc
r:n u épistémologic r. Dcs r'éritrls scientiliques il lui incomberait c1'ê1rela pro- ro1,1,,,r-té,,
a l)our conséquencc,:i plus ou moins prochc échéanôe,cle la cliscrécliter
clamation. L'animcra alors non point l'orgueil clui poussait Augustc Comte r-acli-
calement.
:i faire du philrsophc le rccteur, lc clirccteur dcs conscienccssavantcs, torrjours
Platorr révélait cléjà clans le () lur.rtttide la tournLrre sopiristiqr-rc
en passe, s'il ne lcs survcille, cle céder à la tentation jamais abc.rliede l'occulte, clc cctt.
conception du rôle de la. philosophic. Ii fa.it clire à Socratc : u
mais l'humilité de s'efforcer enlin clc tirer au clair comtnent lcs autres clisci- coJr',"nt conce-
voir unc sensation qui ser:rit scnsatirtn cl,e:lle-rnêrtrc ct qui nc serait scnsation
piincs s'y prennent pour triomphcr là où elle-même échouc toujours. Rref,
cl'auc.n des objcts c1ecette même scrsation? r (167 c) < comment
cndossarrt une livrée inattenduc, elle remplira l'oflicc dc fairc-valoir clc la ; concevoir
rtne vi-çionqui, lcs objets de r;cttc vi.sion étant clonnés,n,cst pas
scicrrcc.Voilà la voic oir beaucoup aujourd'hui s'cngageut srttts ttrrp dcr scru- la visii_,nri,,
ces oltjcts mais vision cl'cllc-rnôrlc ct clcs :lrtrcs visions? r
pulcs. Avant dc r1éplorcr pareillc démission, il convit'nt cle disccrncr l'état llt encorr, ca_r
i l n ' c s t l i l r s r l l a l s i ' a n t d t ' s ' a c l t a r r r r : rs r r r l ' i n t ' p t i c : { . C o n l p c p t
d'r.sprit qui dcpuis trop longtcmps l'a prépa.rée ztu point t1r'cllc riscltre clc conccvoir unr.
oIiliion tlui slrit opirriun tl',,1,111i61y,r ,.t t[',.1|:-11ôrrr:,sans olriner sLrr ricl rll,
semblcr tout à fait naturclie. Classiqucrnent la philosophic savait cc qu'clle
c c s r r r q u o i P o r t c n t l c s a u t r t : s o p i n i o n s ? , C , . l l r ,c , 1 1 1 1 r n , .o i , s l c \ . c r r o n s , n ( ,
était : lc savoir de l'absolu; lc savoir cies principcs ct des prttnii'r.cs cattses.
signilic P:r-sseulcment rnitis signite tout clc rnêrne cl,aborcl qrrc
C'était net, sans équivoque. Mais plus tard, contre lcs durctés c1upositivisme nul ne saurart
pcrtincnlrncnt réfléchir slrr lrn sar-oir cbnt il n'a pas la praiiquc,
ics métaphysiciens entenclirent protéger leur méditation clans une espècc c,r:st_à_c1ir.r.
s'il nc sait l.i-mê'rc lcs chosr:s quc sait cc s:r'oii. conrment,
de halo vaporeux. On entendit de plus en plus dcs propos de ce gt nrc : la ainsi q.c s,c'
flatte lc 1>hilosophc, savoir clLrclr:sautles sar.cnt cc cluelcur savoir a1 prcrnlur.
philosophie aurait pour gloirc d'ôtrc unr démarchc pcrplexc, inquiètc, s'inter-
clrgr-é lcur fcr:rit igr-urrcr cluiLnclon nc sait pas arùsi l.ricn clu,eux cc tlu,ils
rogcant pcrpétuellcmcnt sur son scns. Comment rnême la clirsigncr, puisqut'
savcnt. , Aur:rit-on l'iclét-,
la définition clc la philosophie cautionncririt déjà, introduirait subrcpticcmcnt lroursuit Socratc, clc rcconnaîtrc,\ clrr-elqu,un cornpr_
tencc cn mérlt'ciuc sans hri avoir posé clcs qucstions sur Ie tulr-,
toutc unc philosophic ct cxclurait cellcs clui ne s'1'conformcraient pas. Voilà .i le morbiclc,
ou clc clit-cclc ilttelqu'un qu'il cst un véritaLle politique sans l'ayoir
l'étrangc scicncc que ccr-tains peu à pcu ont r.oulu accréditcr, une sciunc.' ilterrogti
sttr la trittttt't:tlrr jtrstc ci cic I'injLrst,:?, Cc t1'pr,'rk:réilcxicrl nc
à la recherche de scs objets propres. En vain ser:rit-il rappclé cyu'cllcnc court clollcra f.rcé-
ntt:nt lien t1u'à un savoir- imPostcur. Ayant r\ I'cxtririeur d.e soi
dc nos jours après cux rluc parce r1r'ils lui ont tous été cnk'r-és, qu'apr-i'slc:; son contenu,
lc.lai.ssanttcl qrrcl, rtc lc_pénétntnt prLsintimcrncnt, il n'entrc cn
sciencesdc la natrtre, les scienccs cle l'liomme sc sont à leur tour constituées rappor.t ar,t.<:
I u i c y u cc l c 1 . f a ç o ' l : r P h r s a r t i h c i e l l e . I l n ' y ' . d o n c
cn lui rctirant lcs ultimes monopoles de sa compétencc, juscp'à cc lengage, P t r sà s ' é t o n n e r q u , i l n c
bastion du mystère ontologiquc, dont la nouvellc linguistique cléroulc et Provoqu(' r;ue rlr-,'s thè.st:sclispar:lte,s - p:ir exernplc on convcnlit ii y a r iirgt an:
q.u'ii n'cst dc Philosophic dc la science q''icléaliste, aujourd'hui
étalc de part en part les rcplis pour exhiber quc dans ce discours fonctionnant q'e matir-
rialistc - e' raison de 1'arbitraire et cle la contingence de .sasituation
comme une chose ricn nc s'agrippe, ne rcste collé d'une signification transcen- 'is-r)-vjs
de.sonobjet. Hcgci l'appelle la fausscréflcxion, la réflexion srr. Elle
dante, d'une présence évoqui:c. Ç]u'à ccla nc tiennc : lc philosophe, cxpert nc paraîtra,
i'r l'occasion, Profonde que Jlarcc qu'cllc séjourne i\ urrc distancc
en consolations, se ragaillarclira à la pcnsée qu'il n'importr: guèrc qu'ttn ie infinic cle
déleste les uns après les autrcs clcs domaines de sa juridiction passéc, pourvu sott objet. Fausse réflexion, la réflexion citrl'esprit sur Ia chose, cilc sr:
contcnte
que lui soit maintenu l't--sscnticl,le soin de réIléchir sLrr tout 1' cornPris son clc glisscr, clc Patincr. chacun v fournit son avis. Ainsi clu clehors ll finalité,
proprc trépas. clisait clauclc Bcrnard, on ne pcut que la contempler -- lcs bavarcis
chr lina-
On tombe sur cette ciéfinition, à la fois réscrvér: ct irr[5661;1nc'usc,clt\sla lismc Plaqucnt cles significations sur un nronclc, sur unc histoire
se rcfermant
première page de n'importe <1uclprécis clc philosophic à l'usagc clt.s clirsscs : sous ellcs. Vlaic rtiflcxion, Ia réllcxion clc la chosc rnême dans l,csPrit,
la philosophie n'est pas un savoir, certes, elle cst moins ct rn mômc tcmps oir cllc tléPloie, dans 1ln élérnent dy'nan-rique, scs
l)roprr.s rlÉtcrminn-
elle est plus : elle est réflexion sur le savoir, sur tous lcs savoils. Que la philo- tions.
li / r.s sctrrcrs tl lt l.hil,t.s,'phie Lt;.sciences t/ lu plLilosof,hie
3q

Drurs ces conclitions, lcs spécialistcs d'un savoir tléciilcront tôt ou tard Inencr intégralement à bien Ia tâchc pour la.rlrcllc Ia yrhikrsophieaurait ir-tterstti
iL ixlt rlrr-rit tl,' suppllntcl lc plrilosr.'phcoisif ct oiscux ct d'écoudtrire cet son inaptituclc, lc rccouvremcnt cornplct de cc
Par quoi il y a drr sens. Ta,nclis
ol1y1-ii'rclc Ia onzièrnc ht'Lrrt: sc l)résclltant pour engrilnger à son compte des rlttc le sans-gônclrortrru n-raispas n'réchantchr scicntisrnc ntifaisait qlr('pousscr-
moi.ssons,ai{)rs qu'il u'avrLit l)as l)ris la pcinc clc collaborer aux sclnailles. cl'un corrlr cl'éparrlc la philosopliic hols clc l'enct'intt--cles choses rér,.,,."..,
Platon li'rernlrquait rllcorL': r Une scicnccsans objct propre, unc scirnce rcntablcs, lli scientificité compte accorlplir sorl proglammc tout en la clissiparrt
n'a1,s11 pour objet qtlc ceux clcs u-utrcs nc scrvirait absolumcnt:i ricn r. cti tilnt qu'itrstattcc c1usavoir. FIlc sc prol)osc clr la réaliser clc l'1niq1c manièr-1
\/cut-on irâtir une maison, ce n'est pirs au philosophe qui spécule sur l'architec- dont lcs moderncs croient qu'il cst yrssible cle lc faire, cn la sirrrrrrimant.
turc, c'rrst à 1'u-rchitcctccn l)ersonn(-'(llr'or1s'ir.hcssenr,c't, se scnt-orl malade, B r r ' [ , l , : c i t t t t i s m r ', ! l t t l a t l l r Ll , l r i l o s o l ' h i , .l r. q r r , . - t i o l dt l r s ( . n q1 y , . ] ' i n ' 1 , ' . 1 . , . r i 1 1 1
on ne song(]fa pils clar-antage lr'.r 1>hilosophc, on ira t:,rnsrrltcr lc: médccin.
Pas. La scientificité ne contountt'l)as 1a philosr>|hic, 1)o1rrl.cl)l,r,ltc1r(,ult llt()t
I-cs choscs sÈ sont cffcctir-,.'mcnt1>asséers clans la citl' rlu savoir comntr' Platon fr'Éqrrr'rrrmcrrt rrtilisé par- un clc..s,-'s tcnants, liichr-'l Frirrcarrlt, t,llt l'ilîdc. r'itr
Ie claignait. Un jour devit.it arrivcr oir clcs scicrlccs ircLrltes s't'mploicraient sttitr: ttc lui si:t'tlrtt plus concticli't'slcs positittns rL.rtpli clont nous avons plus
à ceuvrtr irar lcurs l)r()prcs lno]'cns à I'irhiciclation rlt'lr:rrr l)ratiqllf. N'appar- h:lrrt corlstaté la 1rrécarité;cllc sela tracluéc sous torrs ics cspècest:t scs iLr.lrtlrs.
ticnt-il pas arr mathrirnaticicrl ou ar.1sociologuc clc résorrclrc Ics problèmcs À cctte lin, il s'agira premièremcnt clc clérnontrcr clLrela phiiosophie a toljoLrr-s
théoriqLrLs sorrlcr'éspar lcs mathématiques ot pirr la sociologie? C'cst aux cu l)our objct dc {rciner lc mour-entcnt clu savoir, dcuxièmeltrcnt cl'éiablir-
scienccs qrf il inconlbr:, clit-on actrrellc'ment, d'arnénlrgcr' lcur p)rilosophic. qu'lrllc l'éritable positivitr'r cst iL Inêrnc cf ir-rvcstir-l'cnsenrbk, clir tcrritoirc
Jamais,.sclon llnc formul: c,,11èbrr:, elles n'ort eu arrtant bc-soinclc phikrsoplrie, é r ' a c r r r , ' l r alra p h i l r s o P h i t . : l e s c n s . ' f c l s . s r ' n t l r : s c l c r r xp o i n t s e r r t 1 1 , ) r r s : r \ - o ) r s
jamais clles n'ont eu nrcins besoin cle la phihsophie. IJ'oir lzr cr.rnr1iti,,npas- ii i'ranriner. Réscrr.<rnsau premic.r'llL litr cltr c,, clrll,itr.".
sablcmcnt ironiquc infligée désormlis à cctte dcrr.riôre: d'être i'r Ia {oi> liertout
ct nulle part; de résidt:r partout, oui, mais partout, corrune unc vagabonde,
hors de chcz elie. Encolc cst-ce trop dire. L'épistémologie n'cst l)llrs, commc
elle lc: fut nagLrère,unc philosophie qui n'ose pas ciire son nom t:t s'infiltrc Philosophie et idéologie : analyse d'un malentendu
clanrlcstinemcnt d:urs lc logis cles arrtrr:s; elle est cn train c1cdcvcnir Ia philo-
sopliie de ccux qui nt' r'culent plus cle la philosophic. Cc n'cst plus rtne lrseudo-
Bachclard avait jtrgé bon d'avcrtir scs colli.grr,rsctu'ils cltr':Lic1t s'i1str.uir.t,
philosophic; c'est, qrtancl on n'c'st pirs naïf, unc antiphilosophic.
Parlà se mcsurc la différencc - du tout au tout - cntrc I'ancicn scicnti- Pltrs séricuscmcnt dcs progrès scientilitltrcs l)ollr. l1(-llils \.{,rscr.[;tns lc r.iclicrrlt
c1edécocher leurs flèchcs contre la scicncc cl'hicr. Il rt-grettait e.n somtrc- qrr,ir
cismc et la nouvelle r scientifrcité r. Il ne s'agit pas de la répétition languis-
l't:xcmplc clu philosophc qtrc portraitisc le Tltiéttile, torrjours clans la conv('r-
sante d'un même ct rnorlotone discours. Le scientisme considérait la philo-
satiorl en rcta.r-dtl'ttt'tc réplitltrr', les métaphlsicicns fusscnt per'ptitut:l1emr,1t
.sophie comrne un procluit superflu, inutile : du luxc, à f instar des épiphéno-
etr rctartl cl'rrnc scicrrct'srLrll scir:r'L<:r,. I-ts norLr-t.iurx <lisciplcsrirt nroins cltgml
rnènes consciencicis srrr lesqr.rclscllc s'attarde. Il cntcndait que son brouillard
tiqrrc dcs auteurs, prenant poul argcnt contptunt 1,.,sboutadts que sa \icr\.1,
sérnantique nc sc clif{usât pas dans unc scicnce qu'il désirait parfaitement
st' licrrnr:tt:rit parfois, etr conclttcnt intr-épicicrn,nt ,1r,. s{,1,,nlrri li phiLrsophir'
lissc, époussctée, occupirc par lc lxrr matériau de l'objcctif, de l'extéricur,
iLurait tité lc prinr:ipal q ol)stitcle épistén'rologirll('), r'n sorrc (lu on scrait tclrr
du mesrrrable.Lc scicr.rtismen'allait pas jusqtr'à prétendrc que tout se plierait
clr:strpPoscr clrc Dcscar-tcsou I-r'ibniz nt' lrarticilrt\rcnt atr clér,elrilrlrcmetrtdc ll
à ce traitr.mcnt positif . I1 lLri aunr"it falhr pour cela avoir fait le tour dt's choscs,
rn;rthrirnatique qrrc rllrns la mtsru'c oir 1ir-m1.t;r1 ,lir..iqire n'ar.lit
sonrli'll fond clela réalit11,irvoir-clonc coritraclictoircmcnt suivi Ia mtitaphvsiquc l,rrs cntit)r.,,_
ttt<rnt Pcrver-ti lcrrl r,sPlit. Rechelarcl ainait (.Tr()utre soulign,-r l,arrclacc iL
clans st's <:liimériqut'sinvestigations. ll admettait qLr'il y eut dt: I'inconnais-
latlrLelleIa scietrct n'hésitc l)as l)olll-sortir de s(,i r.n1l)a1.r.,1s. Ainri, alc,rsqrt urr,,
sablc pourvu qu'il fût clair que la science n'aura jamais à s'cn imirortuner.
mcûtalité clérouttlcs'ér'crttrait, {nce au srlrgisscnlentdes nourrell,-'sgéonrétric,s,
Ce qLie jc ne s:ris pas, <lisait Goblot, je l'ignore. Librc à ccrtains de continuer
à sauvcr ia vieillc géométric d'Euclidc, en argrlant que la
leurs cscapades ir-rtcllectuelles et de se consacrer r\ la rurnination clcs questions Physiqrrc ie ccsscrait
d'avoir bcsoin d. son langage, le nouvel esprit mathématique, r-tlpugnant aur
sans rél){)r)se. A côtti (L' son fauteuil, le tolérant scicntisme était clisposé à
derni-rncsurcs, s'c'st rendu clécisi'crnent non c'rrclidicn. Dôbarràssée clc sc.s
accr,rclcr à la irhikrsr'irhir,ic str:tponl.in qu'elle réclancrait. Ii sc l>omait à
yrrivilègcs intuitifs, la géonrl'tric cl'Euclitle n'est qrr'unc arionrirtiqrrr: pernri
exptLlscr Ia philo:;r,rplric tLrt savoir'. I-a scicntificité t-xpLrlsc la philosoplrie cle
cl'arrtrcs arr scin cl'trnc pan-géornétrit'. c'était, arr rlcmcurant, contre. un cucli-
la philosophic t'1lr'-rnônr'.Illlc lui prcnd tout et nc lui laissc ricn, pas même
dismc lui-même non-crrclidien, rr:trorrvcr cornmc on a pu dirc, ce
lcs ombrcs cl'un non-savoir-.Arrtrcment clit, loin c1ec1écrôtcravcc Ic scientisme Pur esprit
cLc r'érité riui faisait alipelcr à Errcliclc lxrstulats clcs initiatives c4rératoires
quc lc tcrmc c1t:phikrsr'phic trc r-t'tl'oic t1u'à la région imaginaire clcs problèmcs r}rr-' clcs générations cle mathérnaticicns pcu clain.oyants dcvaient cssiryer
insolublcs cttnlins r"ct's lesclucls l'csprit humain nc ccsscra erratitpcn-rt:nt slrtls cfft:t dc transformer cn théorèmcs. Au foncl, IJachcl:rrclrappclait simpl,'-
rnlis glotir:ttslnl( nt (L .'rLvtntrrrt r lir. scientitcitti sc, targLr au contrairr: cle n t l t r t < 1 l t tl li t s c i c n t : cl tl o s s t ) c l , ' t l t 'tsi c l r n i q r r c ss i s o r r p l ' sr l r r r l , , r s , 1 u ; , . l l<c1 É r : , , r i r - r - c ,
Les srrrrtrr-s et la fltilosofltie L e s s c i e n c e se t l a f h i l o s o p h i e 4l

des objcts non irltégrilblcs ii ceux qu'elle a déjii réglcmcntés, au licu de le's contemporains de Copcrnic l'hommc ne bénéllciait d'aucun traitenrrnt rlc
conlirmcr cornlllc des intrus clans quelque annL-xc, par lc Plus fructueux faveur. Dans cette onto-cosmologie solidemcnt hiérarchiséc, tanclis qlrc lcs
rctournemcnt, c'est à eux qu'clle intègre les précédcnts, élargissant ainsi son astres, ces êtres divins, par ia stabilité, la régularité d'un parcours circulairc
champ logistique. De quoi térnoigne toute l'histoire des nombres. Dc quoi oir le mouvement s'emploie constammcnt à sc nier lui-mêmc, imitent c1unricux
également la physitluc est i'illrtstration, puisqu'un norr.vcau système n'y détruit qu'il est possible dans le temps I'ir-nmutabilité du Premier l\foteur, tandis quc,
pas de {ond en comble un lutrc tnais Ie rcçoit, l'insère, le promeut sous lâ forme plrrs bas, lcs trajectoircs des plant:tes entraînécs par la première sphèrc intro-
de cas particulier clans unc cxPlication plus compréhensive. Après Einstein, duisent déjà dans le monde clc l'errance et du clésorclrc,au plus loin de l'excci-
Nervton reste vrai c()nlmcnt sinon comPrendre clttc I'expérience ait été lencc périphérique gît la région sublunaire, la nôtre, vouée à la double intlx.r-
si docilc à scs hvitothèscs et quc somme toute des homrnt's llt \ront ar,rjorrrcl'liui fection de la naissancc ct cle la mort. Là tout t-st en proie zl l'altération, l'incltl-
str la Lunc que parcc <lu'il rr.ousa appris que tous les corlts tornbcnt lcs rlus termination sc glisse prartout et la néccssité prcnd le visage cle la conting,'rrc,.,
srlr lcs autrcs même crux qui ne tombcnt pas? ntitis sa vérit{-1cst clésottnais non point parcc que ics choscs scraient soustraitcs à Ia causalité nlAis 1.ar',-,.
installée dans lcs lirnitcs d'une constrLrction logico-cxpériln(ilrtrLlcc1éportrvLtc qu'au contraire la multitucle dcs carlscs, leurs cnchevêtrements ar.cc lcrrrs
de certains paramètrcs. PourqLroil'actuelle scicntificittl, r'rralir l'aisc clcvant lir cffets, I'absence clc finalité compromettent les prévisions. Voilà la zonc onto-
complexité géniale dt: la progression scientif,quc et le g(:nie, c'cst Précisé- logiquemcnt disgraciée oir seule Ia permanc-nce des espèces mani{este lc plus
ment dc tout abandonltt-r et c1e tout récupérer, dc torlt pcrclrc tt cle tout pâle reflet de l'immortalité divine. Ici vit l'homme d'Aristote ; ici, liorn.rislcs
Sauver ..-recourt-elle à l'expétlient cle ses brutales cotrl)ures,nc volt pirrtout, fulgurants mais fugitifs moments de contemplation c1udivin réservés:\ l'unirpe
appauvrissant la pcnsée <lc Bacl-relard, que révolution, ruptrirc? A I'ctlcontre philosophe, il doit se clébattre dans l'imparfait, compter avec lc hasarrl, s'cn
du positivismc d'Augustt: comte pour lcquel 1a collaboration r'i traYcrs los remettre pour asslrrer scs pas inccrtains à la pnrdence de la délibération t't
âges des savants offrait la preuvc éblouissante dc l'existt'ncc divine r1e 1'êtrc aux risques de la clécision. Qui ne se convainc donc que pour toute la traclition
le plus réel, cette htrmaniti:, rlon Point substance mais ral)Port, rclation inc-éca- aristotélicienne, cc qr.ri était divin, c'était lc ciel, cc n'était certainemcnt 1.lzrs
blc du mort au vivant, s'il est intolérable à la scientihcité cl'avouer quc le notre terrc. Si les astres tournaient autour d'elle, si elle se situait dans cc
travail cles uns puissc aicler t'n tlrtoi que ce soit i'crttlre clt's:rtttres crt être milicu du moncle qui n'était à son centre que parce que de tous côtés il s'y'
récupéré par elle, si clle nic avec Xl. Foucault qutr I'histoirc zàt saYoir soit tenait au plus bas, ce n'était nuilernent qu'elle en accaparât la résiclcnce la
l'histoire d'u,n, savoir, c't'st pour unc raison cxteitieurc à l'épistémologie. La mieux lotie. Sans doute, cctte cosmologie faisait de Ia terre un lieu pririlÉgiÉ,
u philosophie r, en efir't, qùe sous une couverture scientif,que elle vcut implan- mais dans la simple mesurc où ellc offre le point de vue d'oir se montrent lr:
ter dans les esprits, ne vise qu'à une liquidation totale de la continrrité humaine, micux l'harmonie de l'ordonnance univcrselle, la raison qui la régit, la bcarrté
considérée comme le mal absolu. dont r:lle brille.
Un exemplc suffira pour disculper la philosophie du grief d'activités contrc- Voilà pourqu<ti le christi:r"nismc ne rejettera pas la cosmologic aristoté-
positives; c'est celui, dtt reste, que ses détracteurs ressassent i\ l'cnvie. Soit licienne. I1 se l'artncxcra c1'autantplus facilemcnt qu'elle était de naturc à fairr:
donc le renversement copt'rnicien. Il aurait, répète-t-on, porté un coup fatal savoir :l cct ôtr-e déchu qu'est l'homme la magnif,cence d'unc cré:rtion divinc
zi I'anthropomorphisme qui se confortait à la vision c1'un monde dont Ia oir 1:r gloirc d.c l)icu cst chantée par lcs cieux. Au demcurant, si uux 16,'ct
fcrre occupait souverainernt-nt lc ccntrc immobilc ct où tt-rut artrait été organisé r7e siècles l'abanclon plr la physiclue dc cc svstt':nteavait dû êtrc si mturtrit'r'
cn faveur du principal habitant tlt' I'astre autour duquel tottrttc la couronne pour I'apologétiqut', on ne comprenclrait pas quc lc nouvcl csPrit scit.ntillrlutt
des étoiltrs. En ruinant lt- géocentrist.nc, étnanation iui-rnême d'un égocen- ait pu être l'objet dc la part de certains théologicns d'un accueil iurssi hosl>i-
trisme enfantin, Copernic aurait J)our Ia première fois dans l'histoirc ébranlé t:rlit:r, que lc Cardinal dc Bérullc, que le Père Mcrscnne aicnt appuvé Dr.scartes
cettc mégalomanie humtrinc au service de quoi l'idtiologic théologicolhilo- cle lcur sollicitucir:, que N{alebranche, cct oratorien, ait été, selon 1':rnr-cclote
sophique se serait au colrtrairc toujours empressée. f'elle cst depuis Freud nrpqrortée par Fontenellc, à tel point ému rlu'il manqua s'évanouir par la
mais en gros Brunschvicg tenait déjà le même langage - l'opinion quari lccturc cl'un ouvrage qu'i1 avait ouvert distraitcment dans une librairit et
unanimc. EIle honort-' cl:rns la science l'éternelle persécutéc des puissances dont Ia coLrvcrture portait le nom d'un inconnu pour lui Renatus Cartesiu,s.
conscrvatrices. Sans voulrir volcr au secours de la scolastiquc, il faut tout Or cc livre n'était pas un traité dc métaphysiquc plein dc démor"rstr:rtions c1c
dc même noter qu'unc tcllc vcrsion contrevient et au bon scns ct au rcspcct l'existcncc clc Dierr. Nlalebranchc n'était pas en train de fcuilletcr \cs XIédi-
'I'rttité
cle la vérité historiquc. Ari bon sens, car il est assez facile de sc rendre compte tations rnais le de I'Homme, texte de stricte physiologie. L'autcur, démon-
quc l'astrononie n'a jirnriiis pu êtrc pour l'homme trne école d'infatrration. tant les organismcs conmc s'ils étaient des cliosts inertes, parlant matériclle,
par la consi-
Il ne derrait de tout tcrnps n'1' glarrcr quc des lcçons cle tr-roclestit- ment ries réalités matérielles, bannissant de Ia nature toutc animation psy-
dération c1c son exiguité, cle son insignifiance cosmirltre. Au rcspcct cie la chiqut', toutc forcc I'itale, la nettoyait clesmixles impurs dc matière ct cl'csprit
vérité historique, car clans I'irnage aristotélicienne rp'avaicnt dLt monde it's caractéristitpes cl'nr.rpaganisme qui avait persisté à circulcr soutcrrainemc'nt
Les sciences et lo philosophie Lrs scierrces
et la pttitosophie ^2

dans la physique scolastique. Tant il est plus malaisé que ne le croient les néo- coup le mcnacc de ne pas sarr.oir bien. Aussi tout clans l:r. philosoirhit.
tlcr
phytes de la sciencificité de séparer du bon grain scientifique l'ivraie philo- Dc-scartesprocècle-t-il de la résolution dc mettrc toujolr.s a,lr-dcssls
ci,, cc.
sophique. qu'il sait la façon dont il lc sait et de ne pas laisscr la penséc céder
à l,iclolàtritr
dc sespcnsées.La méthoclc aura pour butà'accoutr,-.i l'int.lligc.nce z\
rnépl iser
cles vérités qu'elle n'aurait attei*tes quc par rcncontre ou par la vertrr
clont
se contcntera I-eibniz de recettcs automatiquenrent appliquéès. Les clérnarches
La vigilance philosophique cle I'cntendement lui-même en appcilcront-à la consiincc, à l,éveil
sals cessc
alerté de la faculté noble et activc cn nous, le 'ouloir. Il n,y aura
chosc- si
Descartes éloignée auquel o. ne par'iennc ni si cachée qu'on ne clécouvre
(Discortrs,
ze partic) ( porlrv. seulement qu'on s'absticnnè <1'en rcce'oir aucullc
])o11r
Loin qu'ellc gênc dt: sa massc obstruante la progression de la sciencc, il vraic qui ne lc soit ct clu'on gardc fçr11jùrlrs l'orcire qu'il faut pour lcs c1écllirc
apparaît tout à rcbours que Ia philosophie s'est depuis son origine proposé Ies unes clesautrcs r. cet ordre, conlme unc ligne aràite, c,est la iiberté
qui lc
clc l'aidcr à prendre davantage conscience de ses exigences et de leur signi- srrPl.,orte. Quant à l'innéi.sme, pir.ot clc la niétaphl'siqu.e cartésienne,
si ll,unc
fication. On sait quel trouble s'empara des esprits après la révolution gali- certaine manière - d'oir les critiques tl'un condiijac -- il empêche
la raiso.
léenne : l'ancien cosrnos s'effondre, ses cadres ont craqué, l'astronomie sc de se concevoir commc l'instance généalogique de ses idécs, s,il
'o.s f:rit
disproportionne et Pascal s'efiraie. L'univers de la nouvellc science n'est accLreillir telles queilcs sous forme de don clivin les semencesdc vérité qu,exploi-
plus régi par une structure absolue. Son étendue dé1te les limites, à aucune tera indéliniment la science, il n'extériorise la source de nos r,érités en
Dicu
chose ne correspond plus un siège prédestiné, comme naguère le haut pour quc pour intérioriser la nature à notre esprit. Affranchis de
l,humiliation
l'air et le fcu, le bas pour l'eau et la terre. Nulle finalité n'y développe plus ses d'aller quérir au dehors par tâtonnements i'certains la matière
dc ,otre
desseins. Les rigucurs du mécanisme excluent tout vers quoi ou. pour quoi. savoir, nous voici instruits qu'est déposée en nous la clef de l,intelligibilité
Dans cctte indéfinité, pétrie de la même matière, qu'clle soit célcste ou terrestre, dcs choses, qu'il nous suffira pour ordonner le mond.ed'ordonner nos idées sclon
tous lcs lieux, à la mesure des coordonnées galiléennes, sc valent, s'équivalent, lc tableau de ses principes gravé dans notrc esprit, en demandant
simplement
n'ont donc plus de valeur. Rien ne pcut plus se prévaloir d'une <luelconque à unc expérience maîtrisée d'ofirir à ia théorie <1.es problèmcs particuliers et de
supériorité ontologique. Dès lors les pôles de la connaissance basculent. montrer quelle est la structure physique réeiicment existantc parmi unc rlulti-
Jusqu'à présent lc. su dominait de toute sa hauteur le sachant. Depuis Platon tude d'autres possibles dont pourrail rendre compte ,rrr. ..^i..r." plus amirlc
connaîtrc, c'était pour l'inteiligence se hisser au niveau de l'intelligible, pour encore que l'univers.
l'âme se pénétrer de la bcauté, de I'harmonie de ce avec quoi par le savoir elie or ce nouvel esprit qui est i'esprit, ia récente science qu'il inspirc ne
i,a
cntre en contact. A présent que lcs choses ne sont plus que ce qu'elles sont, que pas encorc rcconnu comûre sien. D',oir vient, en effct, que Descartes, sans
qtr,il
lerrrs nrouvcments détcrmini.s mais aveugless'accomplissent,selon I'expression soit nécessaire d'invoquer de misérables motifs dc prudence, ait pris
soin cle
de I(oyré, sans rirne ni raison, la priorité passe tout entière du côté de celui marquer scs distances d'avec.Galilée : rr
Je trou'e cn générai qu,ii philosophe
qui connaît, I'hommc auquel les moycns étaient cnfin oflerts, dans cct univcrs beaucoup mieux que le vulgaire ." qr,'il quitte Ie plius qu,il p"ut i"s errcurs
sans âme, de se poser comme sujet. Cc monde pcrdu, c'était I'homme trouvé. de l'école et tâchc à cxaminer les "n
matières physiques pour^cles'r-aisons mathé-
l)oréna-u'ant il n'5r aura plus qu'unc scule chose admirable dans l'immensité matiques. En ccla je m'accorde entièremenf ai'eciui ei je tiens <1u,il
n ), a pas
de l'espace astronomiquc, l'astronome. Oui, mais de cette rér'olution il n'est d'a'trc moyen pour trouver la vérité. x'Iais il '-re scmbie qu,il Àanqr,è
beà.r-
que Descartes encore pour clisccrncr la porttlc et s'u"ttacher à la consoliclation coul) cn ce qu'il fait continuellcment cles digressions et ne s'avisË point
à
théorique qu'elle requiert. expliquer tout à fait une matière, ce qui nrontré qu'il ne les a point examinées
Dcscartcs ne r.'oulait pas quc ces victoircs scientifiques destinécs à nous par- ordre et que sans avoir considt<ré les premièies causes dô la nature,
il .
rendre u maîtres ct possesseurs, d'une nature que ne hante plus aucune hnalité, seulcment cherché lcs raisons de q'elques effcts particuliers, ct ainsi
q.,il a
a-ucun dessein transccndants susccptibles dc contrccarrcr notre tcchniquc, bâti sans fonderncnt u (Lettre à Mersennt, rr oct. 163g). Si Galitée
ne qLritte
nc sc paycnt d'un prix exorbitant. 11 craint que les conquêtes d'unc science pas tout à fait lcs erreurs de l'école, c'cst qu'il tâche, comme dit la lettrc,
d.,cxa-
dcvant laquellc s'ouvrc de part cn part ùne /rs extensa, étalée au regard, miner_lcs rnatières physique.s pr:ur <les raisons 'rathér'atiques, ce clui
s.us-
sans replis ni secrets, ne se retournent contre leur autcur dès lors qu'il serait entend qu'il n'y réussit pas pleinement.
porté à s'extasier sur l'étendue dc ses connaissanccset de sa puissancc plutôt Sur ce point, cn cffct, ainsi que sur bicn d.'autres, la nouvelle physiquc est
qu'à méditer sur la purification intérieure, Ia victoire sur soi à quoi il est encore pénétrée d'un aristotélisme dont elle partage et véhicule lci pieluges
reclcvable de leur obtcntion. L'administration dcs choscs ne doit pas faire chosistes tenant la ph1'siqus pour .supérieurc cn dignité aux mathématiqrùs.
oulrlier à l'hommc l'esscntiel, le gorivcrnement dc son cs1'rrit.Dc.a,'ôir bcau-
Tant pour Galilée que pour Aristote, à l'abstraite mathématique s,oppo.sela
[,es sciences et Ia plilosoPhie Les sciences et la philosophie 45
+4

physique dont le tcrrain est composé d'objets récllcrnent et non idéellemcnt Leibniz
réeis. Aussi Galilée tcnait-il qu'à son titre officiel de mathématicien on ajor.rtât
cclui de philosophe (: de lrhysicicn), car, écrivait-il < Je fais profession d'avoir Y eut-il plus grand triomphc que celui dc la théorie newtonienne que l'expé-
consacré plus d'années à l'étudc de la philosophie que dc mois à cclle des rience agréait avec tant dc complaisances? Mais la même théorie, si respcc-
n.rathématiqucs pures r. (Lettre à Besilario \rinta du 7 rnai 16ro, cité par tucuse dcs faits, si hostile, tout au moins s'en flattait-elle, aux hypothèses,
I{. Robert Blanché, in La méthodeexpérimentale et la philosophie de la Physique, qui réjouissait un Voltaire, inquiétait un Leibniz. Assurément, Leibniz n'était
p. 23, ouvrage auquel nous empruntons la plupart des citations de ce para- pas fâché des succès d'une physique qui supplantait Ia cartésienne. II disait
graphe). Dans le même sens, Bacon comparait l'astronomie mathématique préférer à un cartésien lui exposant ce qu'il pense un nervtonien lui exposant cc
à une peau à laquelle manqueraient lcs entrailles, c'cst-à-dire les raisons propre- qu'il voit. Mais ses sentiments avaient beau être anti-cartésiens, son esprit
ment physiqucs ct I{epler se vantait de son côté d'édifier sa science r noz. ne l'était pas, et c'est en philosophe formé à I'école critique du cartésianisme
hypothesibu.slacticiis setl ph,ysicis cattsis >. II scrait donc intolérable à la scicnce qu'il dénoncera dans I'action à distance, ressort du nervtonisme, une catastro-
'yri se met en place de ne se servir dcs mathématiqucs qu'à titrc d'expéciicnts phique rechute dans l'occulte. Comment concevoir par idées claires et distinctes
dont la commodité de l'emploi ne dcvrait pas faire perdre dc vue la valeur qu'un corps, sans contact aucun, agisse sur un autre ? Par queile immatérielle
purement instrumentale. C'est pourquoi, pour apaiser le réalisme physicaliste, projection la matière exercerait-clle son influence ? Les faussessciencesn'ont-elles
elIe sc figurera que les mathématiques, du secours desquelles clle ne pcut plus pas en partage dc postuler invariablement, de la télépathie aux tables tour-
se passcr, sont littéralement inscrites dans la nature, et ainsi décalées de nantes, une action à distance? Dc fait, le m1'51iç1g"ne, Ics cxplications reprises
l'intelligible dans le sensible. Galilée énoncera < les caractèrcs dc ce livre de l'antique par l'attirance (attraction - attrait), l'amour universels trou-
(qu'est la nature) ne sont autres que triangles, carrés, cerclcs, sphères et autres vèrent dans ce système un aliment dc choix. Leibniz manque cl'épithètes
figures r. Galilée épelle dircctement le mathématique dans le physique. Pour pour cingler une semblable énormité r qui nous ramène dans le royaume cles
lui la phvsique n'est mathématique que parce que le mathématique est ténèbres r. < Cc moyen dc communication, déclarc-t-il à Clarke (correspon-
physique. dance V. rzo), cst, dit-on, invisiblc, intangibtc, non mécanique. On pourririt
Ainsi la raison ne prof,te de ses récentcs victoircs que pour en faire aussitôt a j o r r t c r a v e c l c m ê m c d r o i t , i r r r . y P l i ç a f 1 . ,n , r 1 1i n t e l l i g i b l c , 1 , r é c a i r e ,s l n s
cadeau à l'objct. Le seul Dcscartes protestera contre cette démission. I1 fera fondemcnt, sans cxemple ,r. Ce mode dc causalité u surpassant les forccs des
valoir lcs droits d'une mécanique vraiment rationnelle en établissant que le créatures r s'appuie sur les miracles permant,nts d'un Dicu s'ingérant de la
mouvement ne consiste qu'cn un rapport, lequel, comme toute relation pro- façon la plus indiscrète au sein de la positivité si vantée de la théorie. Partout,
prcment intellectuellc pcut, à la différence d'un lien naturel, se prendre par quand on prolonge les axes de l'explication nervtonienne, on rencontre Dieu.
n'importe quel bout. Ii devient donc inclifférent de feindre que c'est cc corps La réalité des mouvcmcnts al,,solus impliqués par le système n'étant pas
qui bouge et cet autre qui ne bouge pas ou f inversc, puisque dans les deux empiriquement exhibable en appelait à une confirmation d'ordre théologique.
cas l'équation rnathérnatique dcrncurcra la mêmc. Poussant le paradoxe Si, estimait donc Newton, il est naturel que cet être imparfait qu'est l'Ïromme
jusclu'à termc afin cl'exténuer le réalismc qui met lc mouvcment dans le mobiie ne soit pas capable de discerner I'existence réelle d'un mouvcmcnt, Dieu
commc 1a pcsantcur clarrs la piene, il ira jusqu'à écrirc dans les Principes pour lequel rien ne reste dans l'ombre doit savoir, lui, de son obscrvatoire
(secondc partic, article z4) < c1u'unernême chosc pcut en même tcmps changer absolu, si un corps est ou non en repos. Cette physiqLre émettait donc surles
de licu ct n'cn changer pas r. A I'estirne cartésicnnc, la contrariété cntre l'hélio- phénomènes une lumière qu'elle n'était pas en mesure de réfléchir sur ses
centrismc ct lc géocentrisme a moins d'importancc que la communc illusion principes. Devant faire intervenir sans discontinuer un Dieu auquel Descartes
réalistique dc leurs défenseurs. Aussi, alors que Galilée physicalisait la mathé- n'avait accordé que le moment d'une chiquenaude, elle se présentait sur 1e
matique et transportait I'esprit dans lcs choscs, Dcscartcs, sans du rcste y plan de la rationalité pure comme une régression par rapport au cartésianisme
aboutir complètement, mathématisera Ia physique et soumcttra les choses à et elle fut réputée pour telle au r8e siècle chez les philosophes qui n'avaient
l'esprit. Les vraies choses, ce sont ccs rclations entre les choscs qui ne sont pas pas encore abdiqué leur mission dc vigilance.
des choses. Ce faisant, tout cn annonçant Einstein (je ne suis pas un physicien,
a v a i l c o u t u m e d e d i r c E i n s t c i n , j c s u i s u n g é o m è t r e ) ,i l l c t r o r r v e I ' e x i g e n ç q
platonicicnnc, éclipsée depuis des siècles, sclon laquellc il serait contradictoire
Les équivoques du progrès
que l'intelligible de quoi Ie sensible tient sa vérité, reçût sa réalité de son
inscription en celui-ci. On le voit, la rationalité, plutôt que d'opérer par
coupures, se construit dans une histoire où il lui faut sans trêve se rcssaisir, Ces philosophes ne se laissaient pas impressionner outre mesure par les
reprendre possession de soi car elle y est exposéc à la menace de se voiler progrès de la science. Iis savaient que des découvertes scientiflques ne se
dans ses propres triomphcs. tracluisc'nt pas forcément en progrès pour la science proprement dite. Ils ne
4't 1-rs sr'rcrcrsel la philosofltie Les sciences et Ia philosophie

confondaicnt, coulrne nous tendons dc plus cn plus à Ic faire, lcs progrès dars Par des hypothèses aux conclusions contradictoires (strict déterminisme sclop
la science avcc lcs progrès da la scicnce, les progrôs de lzr rationalité scicnti- ta Rclativité, indéterminismc sclon les Quanta), pour lcsquelles on a inventé
fiquc. lticn, à ia vérité, n'est plu.sintimidant que la notion du progrès. Elle a la solution paresscuse, le deus ex machina du principe de complémentarité ?
pour elle la tyl3nnis du fa.it accompii. Il nous semblc nornral quc ce qui vient . Co_mte,si méprisé par ies désinvoltes, se méfi.ait des cadeaux d.ela technique.
f
après soit supérieur à ce qui était avant. un effort a eu lieu, ii cloit porter ses son développement même lui semblait de nature à endormir un esprit risquànt
fnrits. Nier lc progrès, ce serait nier le labeur. Et c'est bien parce qucles Grecs d'oublier que son effort de rationalisation sera toujours le même, iussi diificitc
n'assimilaient pas la penséc à un travail qu.'ils ne croyaient pàs que tout et sans collaboration du côté du réel, car enfin il n'est pas de degré dans les
s'y réglàt par voie de progrès. une arralyse de I'ic1ée de progrès clécou'rc apparences, et qu'on regarde les choses à I'ceil nu ou au microscope, ce n'est
{acilement qu'elle ne saurait s'appiiquer qu'à une activité r1enatrire techniquc. toujours pas du vrai que l'on contemple.
On progrcsse e-n mettant en place de meilleurs montages. Il n,y a de L'on souhaiterait que les philosophes ne répugnent pas à cet ofûce de vigi-
Progrès -
que c1'un savoir-faire. Lc progrès réclame, cn cffct, le rnaintien d'un-acquis lancc par lcquel, loin cl'humilier la science, ils doivent n'exiger d'elle rien
pouvant sc transmettrc tcl quel parce qu'il s'incarne dans un dispositif maté- d'autre quc scs propres exigences. Les incertitudes qu'ils prêtent à leur propre
riel, dans quelque chosc dc- corporel ou d'analoguc à du co.porcl : c,rrps rrc discipline ne leur paraissent pas les autoriser à critiquer les autres. Quelques-
métiers, corps d'institutions. Progrès ce qui dc l'esprit peut passer clans un uns sont même, prêts, au moindre prétexte, à larguer les principes les plus
corps. L'instru.mcnt du progrès, c'est l'habitude. Ainsi selon Iiant pas de fermement établis par leur analyse, dès lors qu'on leur fait part d'un soudain
progrès possible pour la rnoralité, cette pure disposition intérictrre. à vouloir embarras expérimental. C'est ainsi que l'on s'est imaginé naguère que, de
d ' u n e ' o l o n t é t o u j o u r s p r é s c n t c , c a r d . ' a v o i ré t é j u s t e h i c r n t . m ' a i r r c c n r i e n même que les nouvelles géométrics rendaient périmée I Esthétique tran,scen-
ir l'être aujourd'hui, mais un progrès illimité envi.sageablc par le drr:it, cet rlantale, les diflicultés rencontrée-s par les physiciens à l'échelle microphysique
aménagement extérieur cle nos relations. En revanche, là où on nc saurait obligeaicnt de passer à la refonte I'Analytiqu.e à son tour. Chacun apprend
concevoir de transmission automatique, on ne saurait non plus parler cle pro- dans les classes que l'impossibilité pratique de déterminc.r à la fois Ia polition
grès. or la rationalité nc sc développe pas commc une' tèch'ique, avec ses et la vitesse d'une particule intra-atomiquc, dc repérer à ce niveau élérnen-
outiis, ses machincs qui se conscrvent et quc chaque génération perfectionne. taire des entités énergétiques suff,sammcnt individualisées, des < choses ,r
c'est 'nc exigence que l'on risque toujours de perclre ou d'amôincrrir, q*'il comme dans i'ancienne physiqut:, amena à conclure à la faillite du u vieux ,
faut réinvestir du dedans et dominer sans cesse. Èusserl a fondé la ohénomé- détcrrninisme non adapté à cct univers de < non-objets ,i. Il ccinvenait de le
nologie pour lutter contre cette déperdition de sens clont peut toujours être remplacer par une causalité ph,rs souple, stochastique, de stmcture stricte-
affectée la région éidétique recouvrant chaque science. Il rèdoutait que d.ans ment mathérnatiqLre, ajustant son efficacc à la loi des grands nombres.
i'alIégresse de ses réussites opératoires le mathématicien n'en vînt à oubiier
jusqu'à la nature paradoxale des idéalités dont il a la charge, de ces non-
objets dont dérive toute objectivité, ou encore que ie biologiste, occupé à
démontrer des mécanismes, ne perdit de vue ia spécificité, I'ètrangeté de la Hume
vie elle-même jusqu'à l'évacuer, comme beaucoup s'en font groire, cle sorr
propre domaine. Plus généralement, Husserl, au milieu dc Ia bonne conscience
L'on aurait dû cepcndnnt être plus circonspect à l'égirrd du renfort c1u'on
de tous, osa se demander à quoi répondait le fait que lcs sciences tournent
allait à la hâte quérir du côté dcs probabilités. Le calcul dcs probabilités régit
de plus cn plrrs le dos à ia philosophie : à une hausse d.u souci scientifique ou
un champ opérationnel or\ tout est issu des décrets du mathématicien. C'est
simplement à une baisse de I'intention philosophique.
lui qui a décidé par exemple qu'il y régnerait une parfaitc égalité de chanccs.
Il importe donc de mesurer en quoi la science progressL.,ce qui, comme par
Ainsi il n'y aura pas de raison quc la pièce de monnaie tombe sur face plutôt
nécessité, progresse au juste dans la science. S'affinent ses instruments,
que sur pile. On voit donc que l'objet suspendu à ces postulations est un objet
s'étend sa pônétration clrr réel. Il n'est guère de mois or) quelque physi-
déréalisé, préscrr'é dc toute action naturelle, pression, usure, frottemcnt, dont
cien japonais, russe ou américain n'enrichisse la collection d.es particuies.
Itèffet est de perturber les conditions idéales que s'octroie ie calcul. pas plus
S'accroît donc unc puissance. Mais la puissance ne fait pas forcément bon
qr-rel'âme et 1>ourlcs mêmes causcs, Lctbniz nous l'a appris, la nature ne connaît
ménage avec la connaissance. Est-ce u' hasard si ra physiq'c ne joue pius I'indifférence, l'état dc total érluilibrc. Naturellement, les divers élérncnts de
aujourd'hui dans lcs autres sciences son rôle traditjonnel d.e modèle métho- la rouiette ne s'altèrcnt pas de la même façon. Naturellement, les dés sont
dologique? Tant pis pour lc roi nul constatons que ce qu'on apPelle de nos toujours pipés. Il était cionc sophistique de transporter dans le territoire
jours d'une expression assez curieuse la recherchc fends*antale n'est pas physiquc une légalité qui n'a dc sens qu'en mathématiques. Aussi bien, on ne
trop gravement en proie aux afires du désir d'intelrigibiiité. sait pas par quei miracic rine indétermination au niveau inférieur de l'intra-
Qui, cLcpuis que
Einstein est mort, s'alarme du désordre tiréoriqu.c d'unc phy.sique écartelée atorni<1uc rrrodrrirait au nivcau suPérieur cle I'observation classique cles régu-
48 Les sciences el Ia philosoPhie Les sciences el la philosolthie
49

larités. On peut cn gros prévoir le nombrc dcs accidents d'un wcck-end, mais d'univers. L'on n'avait encore jamais connu d'hypostases négativcs : I'inclé-
cela implique quc chacun aura des causes précises et singulières. Humc, dans ttrminisrne érigé, contradictoirement, cn prirrcipe néga"tif de la naturc, un
Ic Traité de la Nature Ilurnaine (troisième partic : Connaissance et Probabilité) obstacle expérimental mis au rang de loi physiquc.
avait examiné avcc soin le mécanisme des illusions qu'à foison suscite l'ambi- Devant la science les philosophes témoigncnt pour l'ordina-ire aujourd'hui
guïté de la notion clc probabilité. Non critiquéc, elle nous l)ousse irrésistible- d'une déférence si excessive,si zéléc, qu'ellc ne saurait être absorument inno-
ment à prendre pour un caractère du réel une simple modalité de la connais- centc. Nictzsche nous en fournirait une explication qui vaut Ia peine d'être
sance que nous en avons. Nous négligeons que ce que mesurcnt lcs probabilités, méditéc. Servante rie l'idéal ascétique, cette volonté de puissance de ceux qui
ce n'est pas l'éventualité de tcl état de choses, c'est 1a valeur quantifiable n'en ont plus, la philosophie a voulu opposer à une vie trop riche, trop lourcie,
du jugemcnt par lequel nous l'augurons. Les probabilités signif,cnt que pour trolr cxubérantc un savoir équipé pour neutraiiser ses forces tumultleuses. La
moi, en l'état actuel de mes connaissances, tel événcment a tant de chances vic était der.enir, changemcnt, aventure, le savoir sera éternité, immLrtabilité,
cl'adve-nir. Ellrs désigncnt un savoir qui a pour paradoxc clc s'étendrc sans sécurité. Tous les attributs cle la réalité s'inversent dans la vérité clont its
pour cela diminrier son ignorance. Ainsi, si je tract: l1nc marquc phy.siqucmcnt tornbelrt .sortsla coupe. La r'érité philosophiqLreest une r'érité contre la rtlalité.
négligeable sur les quatre faces d'un dé: < Nous n'avons rien qu'un simple La r-érité philosophique est une contrevérité. Dans la philos.rphic lc vrai
dé à contcmpler afln de comprendrc i'une des plus curieuscs opérations de entre cn conflit avcc Ie réel. Il le domestique, il l'annuk:. Telie était la grande
l'esprit hunain ,, jc sais désormais que chaque face marqué,-: a quatre chances ambition de ce platonisme que toutes les phiiosophies ont fait leur. De cc
sur six d'apparaître, une fois le dé lancé et retombé, mais je ne sais toujours point dc vue, la science, soumettant les événements qui passent à cles lojs
pas quelle facerapparaîtra. Prévoir n'est pas pr&oir. qui nc passent pas, ne doit être prisc que pour unc continuation sous une
C'est donc par un cléplaccment frauduleux du subjectif dans l'objectif autre formr: dc la philosophic'. La scicncc n'est quc la philosophic campant
quc nous sommes enclins à inscrire dans les choscs, à titre de facteur effectif, sur un terrain plus solide. car l'on pouvait considércr conlmc dcs fictions les
une situation mentale. De par la marque, quelque chose s'est moclifié dans idées platonicicnncs, le Dieu de }falebranche, le transccndantal kantien, mais
notre esprit, rien n'a été changé dans la nature. Chaque face dispose toujours l'on doit s'incliner devant les faits que brandit la scicnce.Sonrfaitalisme) est une
d'unc scule chance sur six. L'errcur revient à confonclre rrne chancc avec une fatalité philosophiquc. Suprênre iusc ,lc le philosophie, voilà la science oir
cause. Un fait n'arrivera pas parce qu'il a un grand nombre de chances l'icléal ascétiquc s'épargne enfir.Lles démentis. On sc moquait ckr philosophe,
d'arriver; il n'arrivera pas parce qu'il était probable, mais en vcrtu d'trne Aristophane raillait lcs nuées socraticNcs, Diogène bravait le ridicrrlc. N{ais
succession et d'un concours de causes oh il n'y a pas de place pour de I'indé- nul n'attaquera la scicnce. Le phiiosophe faisait rire; lc savant en imposera.
terminé, du flou. Les probabilités nous offreni le-cas écliéant àes espérances
légitimes; ellcs peuvent {ortifier notre résolution, eiles sont indispensables
aux bonnes opérations des compagnies d'assurances, elles n'agissent pas
dans l'uni','ers. Il ignore nos espoirs conrme nos craintes. Si, comme nous L E C l UT E S
nous y attendions, dix-neuf navires retournent au port sur les vingt qui étaient
partis pour une iointaine expéclition, ce n'cst pas parce que la dcrnière fois Irour un tcl sujet, la nroindre bibliographie prenclrait cles proportions c1émesurées.I-'on
il en était déjà allé ainsi. Alain définissait la magie : nos pcnsées rôclant dans pourra cerrtrer Ie travail sur le'I'railé de la ir'alure Hunmine de l:Iulrr et, dans 1a Critiquc
lcs choses. Lcs physiciens n'hésitèrent pas à donner dans cette rn:rgie et les de la Raisotr, Pure, |'AtaLytique des Principcs. on 1' appre'dra en quels terrnes se pose
philosophiquernent le problèrne de la causalité. f)n nresurera ensuite ce que devient ce
philosophes lcur emboîtèrcnt Ie pas. l\{ais les pirysicicns ne lisent pas Humc
mêmc problème quand le savant croit le résoudre par les seuls nroyens de sa pratique. Se
ct les philosophes ne ie liscnt Ie plus souvent qu'en historiens de la phiiosophie. reportcr par exemple à : W. HerspNrruc, Physique et philosofhie, :rg59; H. RercnrN-
Piutôt que de formulcr des réserves sur la solution dont les hommes de BÀcH, ( Causalité et intiuction r, in Bulletin de la Sociétéfrançaise de .philosoptrie,(juillet-
science se satisfaisaient à trop bon compte, l'épistémologie préféra se fabriquer septenlbrc r937).
Voici la conclusion de cet auteur : < Nous ne pouvons quc réaliser les conditions rréces-
un traité de la méthodc de style inédit. On énonça qu'en bonne logique cc qui saires des prérlictions, et parnri cclles-ci chercher les conditions les meilleures. C'est là le
était indéterminable clcvait être jugé comme de l'indéterminé. Du moment s e n s d e l a m é t h o d e s c i c n t i l i q u e ; s i c l l e a p p o r t e d u s u c c è so u n o n , c e l a d é p c n d d c c i r c o n s -
que nos dispositifs expérimentaux échouaient - peut-être provisoirement - tances qui échappent à notre pouvoir. Nous sommes des pêchcurs dans la mcr dc la connais-
à mettre en évidence un déterminisme, il n'existait pas. Certes on avait cléjà sance; jetons nos filets et attendons. r
en philosophie eu affaire à de dangereuses hypostases. Kant, dans la Dialec-
tique transcendantales'était mênre attaché à prouver que toute ia métaphysique
reposait sur de tels tours de passe-passe. Lcs antinomies de la cosmologie
rationnelle ont pour origine f introduction par la raison dans les choscs d'un
espacc et d'un tcmps, pures conditions transcendantales dc toute position
5o Les scitnceset Ia Philosophie Lr's scient:ts el Ia 1'lLilosophie 5l

Ouestions l a t i o n d e s o s d a n s l e u r s e m b o î t e m e n t s ,l a d i s t e n s i o ne t l a t e n s i o n d e s m u s c l e s m e r e n d e n t
capable par exemple de fléchir à présent ces membres; et voilà la cause en vertu de
l a q u e l l e ,p l i é d e l a s o r t e , j e s u i s a s s i s e n c e l i e u ! S ' a g i t - i l m a i n t e n a n td e I ' e n i r e t i e nq u e
M a t h é m a t i q u e se t P h i l o s o p h i e j'ai avec vous? ll seraitquestion d'autrescauses analogues : à ce propos on alléguerait
I ' a c t i o nd e s s o n s v o c a u x ,d e I ' a i r ,d e I ' a u d i t i o n m , i l l ec h o s e s e n c o r ee n c e g e n r e ; e t I ' o n
- P o u r q u oS i o c r a t er é p o n d - iàl C a l l i c l è sq u ' i l n e t i e n d r a i tp a s s e s p r o p o ss ' i l s a v a i t n ' a u r a i t c u r e d e n o m m e r l e s c a u s e s q u i l e s o n t v é r i t a b l e m e n t .O r l e s v o i c i : p u i s q u e
ce qu'est la géométrie?(Gorgras, 508 a). l e s A t h é n i e n s o n t j u g é m e i l l e u rd e m e c o n d a m n e r , p o u r c e t t e r a i s o n n r ê m e , m o i à m o n
- P o u r q u o il a m a t h é m a t i q une' e s t - e l l e c e p e n d a np t o u r P l a t o nq u e ( I e p r é l u d ed e
t o u r , j ' a i j u g é m e i l l e u r d ' ê t r e a s s i s e n c e l i e u , c ' e s t - à - d i r ep l u s j u s t e d e s u b i r , e n r e s t a n t
l'air qu'il faut jouer >? (République, LivreVll, 531d).
- Méirétiquemathématiqueet métrétiquedialectique.CL Le Politique(283c, 599). o ù j ' é t a i s ,t e l l e p e i n e q u ' i l s m ' i n f l i g e n t . . .
- L a m é t h o d ec a r t é s i e n n e n e c o n s i s t e - t - e lq l eu ' e n u n e g é n é r a l i s a t i odne s m a t h é - , , , D o n n e r t o u t e f o i s l e n o m d e c a u s e s à d e s c h o s e s p a r e i l l e se s t u n c o m b l e d ' e x t r a -
m a t i q u e?s v a g a n c e .D i t - o n a u c o n t r a i r e q u e , s a n s l a p o s s e s s i o n d ' o s , d e m u s c l e s ,d e t o u t c e q u ' e n
- P o u r q u osi e u l eI a m é t a p h y s i q uoec c u p e - t ' e l lsee l o nD e s c a r t e Is' e n t e n d e m e nptu r ? p l u s j ' a i à m o i , j e n e s e r a i s p a s à m ê r n e d e r é a l i s e rm e s d e s s e i n s? B o n , c e s e r a i tl a v é r i t é .
( C f .L e t t r eà E l i s a b e t h2,8 l u i n 1 6 4 3 ) . Mais dire que c'est à cause de cela queje fais ce que je fais et qu'en le faisant j'agis
- P o u r o u oP i a s c aé l c r i t - i l: a v e c m o n e s p r i t ,n o n c e p e n d a n te n v e r t u d u c h o i x d u m e i l l e u r ,p e u t - ê t r ee s t - c e e n p r e n d r e
< C a r p o u r v o u s p a r l e rf r a n c h e m e ndt e l a g é o m é t r i ej e , l a t r o u v el e p l u s h a u te x e r c i c e plusque largemenà t s o n a i s e a v e c l e l a n g a g e !l l y a l à u n e d i s t i n c t i o nd o n t o n e s t i n c a -
; a i se n m ê m et e m p sj e l a c o n n a i sp o u rs i i n u t i l eq u e! e f a i s p e u d e d i f f é r e n c e
d e I ' e s p r i tm p a b l e : a u t r e c h o s e e s t e n e f f e t c e q u i e s t c a u s e r é e l l e m e n t ,a u t r e c h o s e , c e s a n s q u o i
e n t r eu n h o m m eq u i n ' e s tq u e g é o m è t r ee t u n h a b i l ea r t i s a n A . u s s i j e I ' a p p e l l el e p l u s I a c a u s e n e s e r a i tj a m a i s c a u s e . O r v o i l à ,à m e s y e u x , c e q u e l a p l u p a r t ,t â t o n n a n t c o m m e
b e a um é t i e r d um o n d e m , a i se n f i nc e n ' e s tq u ' u nm é t i e n ?L e t t r eà F e r m a tE. d .B r u n s c h v i c g , dans les ténèbres, désignent, d'un terme dont I'enrploiest impropre, comme étant
o.229. u n e c a u s e , L a c o n s é q u e n c e ,c ' e s t q u ' u n t e l , a y a n t e n t o u r é l a t e r r e d ' u n t o u r b i l l o n , v e u t
q u e c e s o i t l e c i e l q u i l a m a i n t i e n n ee n p l a c e ,t a n d i s q u e p o u r u n a u t r e e l l e e s t u n e s o r l e
- Pourquoil'Éthiqueest-elleécriie moregeometrico? En résulte-t-ilqu'il n'y ait pour
d e v a s t e h u c h e à l a q u e l l eI ' a i r s e r t d e b a s e e t d e s u p p o r t . Q u a n t à l a p u i s s a n c e ,p a r I ' a c t i o n
S p i n o z ad e c o n n a i s s a n cqeu e d e { o r m e m a t h é m a t i q u e ?
- L e i b n i zo h i l o s o p h d d e l a q u e l l el a m e i l l e u r e d i s p o s i t i o n p o s s i b l e p o u r c e s c h o s e s e s t c e l l e q u i e s t e n f a i t
e u c a l c u li n f l n i t é s i m a l .
F o n c i i o n sd e l a s e n s i b i l i t e
é t d e l ' e n t e n d e m e ndta n s l a c o n c e p t i o nk a n t i e n n ed e s r é a l i s é e ,c e t t e p u i s s a n c e , i l s n e l a c h e r c h e n t p a s ; i l s n e s e f i g u r e n t p a s q u ' u n e f o r c e
mathématiques. divine est en elle. Mais ils pensent pouvoir un jour découvrirquelque Atlas plus fort
- L o g o i e t m a t h e m a l a c h e z H e (gcef l. L a p r é f a c e à L a P h é n o m é n o l o g i e d e l ' E s p r i t ) . q u e c e l u i - l à ,p l u s i m m o r t e l , e t p a r q u i s o i t d a v a n t a g e s u p p o r t é l ' e n s e m b l e d e s c h o s e s ;
- L a t h é o r i em o d e r n ed e l ' a x i o m a t i q uree m e t - e l leen q u e s t i o nI ' a n a l y s e platonicienne a u t r e m e n td i t , l e b i e n , q u i e s t o b l i g a t i o n ,i l s s e f i g u r e n t q u e c e n ' e s t p a s l u i q u i r e l i e e t
desmathématiques? supporte en vérité quoi que ce soit )).
- Y a - t - i ls e n sà d i r e d e s m a t h é m a t i q u eqsu ' e l l e ss o n t u n l a n g a g e ?
- M a t h é m a t i q ueei L o g i q u e . Platon, Phédon 98b - 99c.
T r a d . R o b i n , L e s B e l l e sL e t t r e s .

I extes
On se gardera d'imaginer que Platon défend ici la cause perdue d'avanced'un flna-
l i s m e a n t h r o p o m o r p h i q u e .C e t e x t e d é f l n i t a v e c p r é c i s i o n l e s l i m i t e s , l ' i n s u f f l s a n c e
d ' u n t r a i t e m e n t d e l a n a t u r e e x c l u s i v e m e n tm é c a n i s t e .L e m é c a n i s m e , r é d u i t à l u i s e u l ,
Un exemple de critique philosophique de la science : l'exanten par Platon de la cau- est opaque.ll peut rendre compte de tout sauf de ce par quoi il peut rendre comple de
salité des physiciens t o u t : l e m o u v e m e n t , l a d i r e c t i o n d e m o u v e m e n t .C e v e r s q u o i s ' o r i e n t e l e m o u v e m e n t
n ' e s t p a s l u i - m ê m e e n m o u v e m e n t .S i d e q u e l q u e f a ç o n n ' é t a i t p a s d o n n é < d ' a b o r d >
S o c r a t e c o n fr e q u e l l e f u t s a d é c e p l i o n à l a l e c L u r ed ' u n t r a i t é s c i e n t i f r q u ed ' A n a r a g o r e , l e b u t , I e t e r m e d u m o u v e m e n t , . l a m a i si l n ' y a u r a i t d e m o u v e m e n t p u i s q u ' i l n ' y a u r a i t
o ù i l é t a i t d i t : < C ' e s t e n d é f l n i t i v eI ' e s o r i t o u i a t o u t m i s e n o r d r e > . pas de raison que le mouvementallât dans telle direction plutôt que dans telle autre.
l l p o u r r a i t a l l e r p a r t o u t à l a f o i s , e t c e s e r a i t l e c h a o s . L e d é t e r m i n i s m en e s e d é v e l o p p e
< E h b i e n ! a d i e u l a m e r v e i l l e u s ee s p é r a n c e ! J e m ' e n é l o i g n a i s é p e r d u m e n t .A v a n ç a n t
d o n c q u e s o u s l e c o u v e r t d ' u n e i n d é t e r m i n a t i o nr a d i c a l e . L e s v r a i e s c a u s e s e n s o n t
e n e f f e t d a n s m a l e c t u r e ,j e v o i s u n h o m m e q u i n e f a i t r i e n d e I ' E s p r i t ,q u i n e l u i i m p u t e a b s e n t e s , O n t i e n t v o l o n t i e r s l e d é t e r m i n i s m e p o u r I ' e x p r e s s i o np o s i t i v e d u p r i n c i p e
n o n p l u s a u c u n r ô l e d a n s l e s c a u s e s p a r t i c u l i è r e sd e I ' o r d r e d e s c h o s e s , q u i p a r c o n t r e d e c a u s a l i t é .C ' e s t i n e x a c t . L e d é t e r m i n i s m e ,c ' e s t I ' e x t é n u a t i o nd e l a c a u s a l i t é . D a n s
a l l è g u eà c e p r o p o s d e s a c t i o n s d e I ' a i r , d e l ' é t h e r ,d e I ' e a u , e t q u a n t i t é d ' a u t r e s e x p l i - I ' u n i v e r s s e l o n l e d é t e r m i n i s m e ,o ù t o u t r e n v o i e à t o u t , r i e n n ' e s t c a u s a n t q u i n e s o i t
c a t i o n s d é c o n c e r t a n t e s .O r s o n c a s , m e s e m b l a - t - i l ,é t a i t t o u t p a r e i là c e l u i d e q u e l q u ' u n I u i - m ê m ec a u s é . P a s d e c a u s e s , r i e n q u e d e s e f f e t s . L e d é t e r m i n i s m e ,c ' e s t l a r e v a n c h e
qui, après avoir dit que dans tous ses actes Socrateagit avec son esprit,se proposant d e I ' e f f e ts u r l a c a u s e , l a l i q u i d a t i o nd e l a c a u s e d a n s t ' e f f e t .C ' e s t p o u r q u o i l e m é c a n i s m e
e n s u i t e d e d i r e l e s c a u s e s d e c h a c u n d e m e s a c t e s , l e s p r é s e n t e r a i ta i n s i : P o u r q u o i , n ' e s t q u ' u n e a b s t r a c t i o n , c o m m e d i t K a n t ( C r i t i q u e d e l a F a c u l t éd e J u g e r , d é b u t d e I ' a r -
d ' a b o r d , s u i s - j e a s s i s e n c e I i e u? C ' e s t p a r c e q u e m o n c o r p s e s t f a i t d ' o s e t d e m u s c l e s ; t i c l e 8 4 ) u n < s y s t è m e i d é a l i s t e> a u m a u v a i s s e n s d u t e r m e . C ' e s t p r é c i s é m e n t p o u r n e
p a s i o m b e r d a n s c e t t e a b s t r a c t i o nq u e P l a t o n c o n s t r u i tl a t h é o r i ed e s l d é e s .A v e c l e m é c a -
que les os sont solides et ont des commissures qui les séparent les uns des autres,
n i s m e o n n e d é p a s s ep a s I e s t a d e d u s i m p l e p o s s i b l e .C ' e s t u n e e x p l i c a t i o ni n d i s p e n s a b l e
t a n d i s q u e l e s m u s c l e s , d o n t l a p r o p r i é 1 ée s t d e s e t e n d r e e t d e s e r e l â c h e r ,e n v e l o p p e n t
m a i s t r o p l a r g e . L e j e u d e s o s e t d e s m u s c l e s d e S o c r a i e c o n d i t i o n n et o u s s e s d é p l a -
l e s o s a v e c l e s c h a i r s e t a v e c i a p e a u q u i m a i n t i e n t l ' e n s e m b l e :o a r s u i t e d o n c d e I ' o s c i l - c e m e n t s ,t o u t e ss c s p o s t u r e s ,i l n e r e n d d o n c r a i s o n d ' a u c u n e e n p a r t i c u i i e r .l l e s t i n d i f f é -
Les sciences et lu.philosofhie
) !
Lts scictrces et lo f>ltilosofltie
t.l

r e n tà l e u rm é c a n i s m qe u e S o c r a t es o i te n c e m o m e n d t a n sl a p r i s o nd ' A t h è n e so u e n f l n L e se s s e n c e so n ti m p l i q u _ é e p sa r l a c o m p r é h e n s i odnu d e v e n i re; l l e sn e s o n ro o n c p a s


d u c ô i é d e M é g a r eo u d e l a B é o t i e A , u s s i u n e p h y s i q u ei g n o r a n tl e s c a u s e sr é e l t e s e x p l i c a b l eps a r l u i . U n e o p é r a i i o nm a t h é m a t i q unee s e r a m è n ep a s à u n p r o c e s t u sp h y -
d o n n e - t - e l llei c e n c eà u n e r n u l t i t u d ed e s u p p o s i t i o n cs o n c u r r e n t e se, n t r e l e s q u e l l e s s i q u e ,c o m m e l e f a i tv o i rl ' e x e m p l e q u e p r e n de n s u i t ep l a t o n 1 , 0n ' e s tp a s i s s ud ' u n d e v e -
e l i e c s t i n c c p a b l cd e c h o i s i r . n i r . O n n ' o [ : t i e n t p a s l 0 e n a j o u t a n t 2 à 8 . D e 8 à 1 O , onu' yàa9p, ia1s d e p a s s a g e . A q u e l
L em o u v e m e npt ,o u rê t r ec o m p r i sr,e q u i e rqt u e l q u er é a l i t éq u i n e s o i tp a se n m o u v e m e n t , m o m e n te n c e c a s 8 d e v i e n d r a9i t e t 9 à s o n t o u r s e c h a n g e r a iet n 1 0 ?B - j - 2 , c e i a n e f a i t
I ' i d é eC. o m m el e d i t M i c h e lA l e x a n d r e ( L e c t u rdee P l a t o np, a g e1 6 4 ): < D e sc h o s e sr e c t i - j a m a i so u eB d ' u n c ô t é ,2 d e I ' a u t r ec, o m m e1 + 1 , e t a j o u t e r a i t - o. lnu n e i n f l n i t éd e f o i sà ' t
l r g n e sp o u r r o nfto r m e ru n e c h o s et r i a n g u l a i r em, a i sc e c h a n g e m e npt h y s i q u ed e l a c h o s e ,
c e l an e f e r a i tj a m a i sq u ' 1 .1 0 n e r é s u l t ed e r i e n .1 o n ' a p a s a t t e n d u1 e t 2 e t 3 , e t c . p o u r
n ' e s rp a s l e p a s s a g d e e l a l i g r e a u r r , a n g l ec,' e s tl e p a s s a g d e ' u n é i a t d e c h o s eà u n ê t r e1 0 .1 0a t o u l o u r sé t é 1 0 .L ' o r d r ed e s n o m b r e sn e r e s s e m D rpea sa u c o u r so e s c n o s e s ,
a u t r eé t a t d e c h o s e> . E s s a y o ndse b i e n e n t e n d r eP. l a t o nn e v e u t p a s d i r e q u e l e s i d é e s c a r s ' i nl ' y a v a i t p a s 1 0 , ( d é j à >j a1m 0 ,a i s S * 2 n e f e r a i e n i e u x - m ê m e s l o , . j a m a i s p e r s o n n e
s o n tà l ' c e u v r d e a n sI ' u n i v e r s: m a u v a i s e t a b s u r d ef l n a l i t éC . ' e s ti u s t e m e not o u r I ' a v o i r n c s e s c r a i tu n b e a uj o u ra p e r ç uq u et i e n s lp a r e x e m p l e8! t 2 , c e l ad o n n e1 0 .E t d e m ê m e
c r u q u ' A n a x a g o reet i e sP h y s i c i e nosn tt o u tm i s p ê l e - m è l eL.a n e c e s s i tm e ê m ed e l a c a u s e l e t r i a n g l en ' e s tp a s p l u s u n f a i t- c e s o n tl e s f a i t sq u i s o n tf a i t s- q u e l e n o m b r es n ' e s t
adluvante ( l e m é c a n i s m e s t { o n d é ,m a i sà s o n n i v e a us) u f f i 1à r é v é l e q r ues'il n'y a pas u n e c h o s eq u i s e r a i tc o m p o s é d e e l a r é u n i o nd e 5 a u t r e s P . a sd e t r i a n g l e sd a n sr a n a r u r e ,
s a n sr é f é r e n c àe I ' l d é ed e c o m p r é h e n s i odne l a c a u s a l i t éi l, n ' y a e n r e v a n c h p e a sd e c a u - p a s d e c h i f f r e ss e p r o n r e n a ndt a n s l e m o n d e .L e s n o m b r e sn e s e s u i v e n tp a s ., l s n e s e
s a l i t éd e l ' i d é e .L ' i d é en ' a g i ip a ss u r l e s c h o s e sC . e n ' e s tp a s u n e i d é eq u i c a u s eu n f a i t , s u c c è d c n tp a s c o m m e l e s g o u t t e sd ' u n e a v e r s e .M a i s c ' e s t p a r l ' i d é e i n e n g e n d r a b l e
c ' e s t u n a u t r eT a i t .O u b i e n i l f a u d r a i ta d m e t t r eq u e c ' e s t l a l o i d e l a c h u t e d e s c o r p s q u ' e s rt c n d ui n t e l l i g i btl oe u te n g e n d r e m e nPto. u re n g e n d r eurn es p h è r ei ,l f a u ts à n sd o u t e
q u i l e sf a i t t o m b e r L . ' i d é er e n dr a i s o nc, ' e s tt r è sd i f f é r e n tL. u m i è r eI ' i d é e n, o n p o i n tf o r c e . T a i r et o u r n e ru n d e m i - c e r c l a e u t o u rd e s o n d i a m è t r ee, t v o i r l a d é f l n i i i o nd e l a s p h è r e ,
L e r e c o u r ds a n sl e / i m é ea u d é m i u r g lee n l r e q u el e si d é e sa u r a i e nél t é p a re ' l e s - m è m e s m a i s r i e n d a n sI ' i d é ed u d e m i - c e r c l ne e n o u si n v i t eà l e f a i r et o u r n e r .P o u rf a r r et o u r n e r
i m p u i s s a n t eA s ,u s s i b i e n ,c ' e s t p a r c eq u ' e l l e sn e s o n t p a s p u i s s a n t eqs u ' e l l e sn e s o n t l e d e m i - c e r c leet e n g e n d r ear i n s il a s p h è r e ,i i f a u t d é j àa v o i rl ' i d é ed e l a s p h è r e L
p a s n o n p l u s i m p u i s s a n t e lsl . n ' e n t r ep a s d a n s l a f o n c t i o nd u m o d è l ed e c o n s t r u i r el a . a pro-
ductio,r dans l'a-priorin'est pas la productiondans I'a-posleriori. Nous ne déduisons
c o p i e .L ' i n t e l l i g i b lnee p a s s ed o n c p a s d a n s l e s e n s i b l eS, e u l ,e n u n s e n s ,l e s e n s i b l e u n e i d é ed ' u n ea u t r eq u e s i n o u sa v o n sd ' a b o r dc e i t ei d é ee t I ' a u t r e( c f .A l a i n : s p i n o z a ,
e x i s f em , a i st o u t es a r é a l i t éi l i a t i e n t d e I ' i n t e l l i g i b l e
d ,e s a r e l a t i o nà I ' i n t e l l i g i b l eL.o i n p . 4 8 )A . i n s iu n ec h o s en ' e nd e v i e npt o u rn o u su n ea u t r e ,e t c ' e s tl e p h y s i q u ec,e p r o c e s s u s ,
d e s u b s t i t u e rlàa p h y s i q u u e n em é t a p h y s i q uleo,i nd e p r o p o s eurn e s o r t ed ' h y p e r - p h y s i q u e , q u e p a r c eq u e n o u sa v o n sl ' i d é ed e c e q u ' e l l eé i a i t e t d e c e q u ' e l l es e r a .S a n s I ' o b j e t
P i a i o nd é f i n i ti a v r a i en r é t a p h y s i q uceo m m el e f o n d e m e ndt e l a v r a i e p h y s i q u eS . i ce m a i h é m a t i q u eq,u i n ' e s tp a s u n e c h o s ee t n e s e m ê l ep a sa u x c h o s e si,l n , ya p l u sq u , u n
q u i c h a n g en ' e s tc o m p r i sq u e p a r r a p p o r tà q u e l q u ec h o s eq u i n e c h a n g ep a s ,c e q u i é v a n o u i s s e m e ncto, m m e t e l i r n p e n s a b l ei n , d é t e r m i n éT. e l l e e s t l a v é r i t é s a n s v é r i t é
c h a n g e ,c ' e s t l a p h y s i q u ec, e q u i n e c h a n g ep a s , c ' e s t e x a c t e m e nl ta m é t a p h y s i q u e . d e l a c h o s e : e l l e e s t t o u j o u r sa u t r ec h o s e .E n r e v a n c h eI ' e s s e n c n e ' e s tp a s o b j e t m a i s
S i r i e n n ' é t a i tm é t a p h y s i q u e r i,e n n e s e r a i tn o n p l u s p h y s l q u eO. n v o i t s u r c e t e x e m p l e ï a Ç o nd c s e r e n d r er a i s o nd e I ' o b j e t h, y p o t h è s eL.' e s s e n cees t h y p o t h è s ev ,o i l àl e d e r n i e r
e n q u o i c o n s i s t eu n e c r i t i q u ep h i l o s o p h i q udee l a s c i e n c e .P l a t o nn e r e p r o c h e r ap a s m o t d e P l a t o nL. ' i n t e l l i g i b lceo m m ec o n d r t i o nd e l a c o n n a i s s a n ceen, a u c u nc a s d e I ' e x i s -
a u x p h y s i c i e nds' ê i r em é c a n i s t - "isl f, e r ac o m m ee u xd a n sl e T i m é e ; l ep h i i < t s o p hne' a d m i - t e n c ed u s e n s i b l eF. i n a l i t éa,f f a i r ee n t r el ' e s p r i e
t t l u i - m é m en, u l l e m e not b s c u rc o m m e r c e ,
n i s t r ep a s a u x s a v a n t su n e l e ç o nd e m é t h o d o l o g isec i e n t i f i q u ei l, l e u r p r o u v eq u e l e u r t r a f i ce n l r eI ' e s p r i et t l e s c h o s e sS . i n o n ,à I ' e x e m p l e d ' A n a x a g o r eo,n s e n s i b i l i sIe' i n t e l l i -
s c i e n c es e r a i ts o p h i s t i q u se i , p a r u n r é a l i s m ea u q u e le l l e r é s i s t em a l , e l l e i n v e s t i s s a i t g i b l e .O n i r r é a l i s el e n o u se n l e r é a l i s a n tO. n l e p e r d .A l a l e t t r e o, n p e r d I ' e s p r i t .
d a n sl e d o n n él e s c o n d i t i o n ds e s o n i n t e l l i g i b i l i t L ée . d o n n é ,c ' e s tl e d e v e n i rM . a i sa u t r e O n c o n f r o n t e r aI ' a n a l y s ep l a t o n i c i e n n ed u 8 * 2 : i O à I ' a n a l y s ek a n t i e n n ed, a n s
l e d o n n é ,a u t r e l a p e r s é e .L o i n q u e p a . l e d e v e r i r l e s c h o s o ss o i e n lp e n s a b l e sc. ' e s 1 La Critiquede la RaisonPa,re(introduction),à la fois très voisine et très distante cle
d u p o i n td e v u e d u d e v e n i q r u ' e l l e ss o n ti m p e n s a b l e Js a. m a i sd ' u n e t a t p r é c é d e not n n e 7+5--12.
t i r e r aI ' e x p l i c a t i odne l ' é t a ts u i v a n tU . n p r i n c i p ee s t p r é s e n dt a n ss a c o n s é q u e n c m e ais O n é t u d i e r aé g a l e m e ndt e q u e l l ef a ç o n d i f f é r e n t es, o u s l ' u n i t éd ' u n m ê m e p r o b l è m e
q u a n dc e m o m e n at p p a r a î tl ',a u t r ea d i s p a r uU . n er e l a t i o n e x i g el e m a i n t i e nd e s e st e r m e s . p h i l o s o p h j q u: el a p h y s i q u em a t h é m a t i q u see, d i s t r i b u e ncth e z p l a t o ne t c h e z K a n t
A v a n i n e p u t j a m a i sê t r e a v e c a p r è s .L e r a p p o r tt e m p o r e ln ' e s t d o n c p a s u n r a p p o r t l e sr a p p o r t sd e l a p h y s i q u e t d e l a m a t h é m a t i q u e P.o u rP l a t o nm , athématise l ar p n y s r q u e ,
d u t o u t .B r e f/ a p h y s i q u en e s e c o n f o n dp a sa v e c/ e p h y s i q u e<. L e sc h o s e ss e c o m p o s e n t c'est construireson objet en le soustrayantau devenir.Pour Kant, la quantificaiionet
p a r m o u v e m e n t sl e, s c h a n g e m e n tpsh y s i q u e s o n t d e s c o m p o s i t i o nm s a t é r i e l l e sm; a i s l a q u a l i f ' r c a t ino' n
exprimen p ta se n c o r ec e q u ' i l y a d e s u b s t a n t i de al n sI ' o b l e :t l a r e l a t i o n
l ' i d é ed e t r i a n g l en e s e c o m p o s ep a s d e I ' i d é ed e l a l i g n ec o m m eu n o b j e t d o u b l ee s t e l l e - m ê n r qe u i e s t t e m p o r e l l e( c f . A n a l y t i q u ed e s P r i n c i p e sc ,h a p . I l , t r o i s i è m es e c t i o n:
c o m p o s éd e d e u xo b j e t sI ' u n a u b o u t d e I ' a u t r e> ( M i c h e A l l e x a n d r eo,p .c i t . p . , 1 6 4 - 1 6 5 ) . c o m p o s j t i oent c o n n e x i o n )D. ' o ù l e < p a s s a g e> c o m m ed e I ' a b s t r a iat u c o n c r e td e s p r i n -
P l a i o nd, a n sl eP h e d o nt h, é o r i s e l e sc o n d i t i o ndse p o s s i b i l i tdé' u n ep h y s i q u m e athématique. c i p e s m a t h é m a t i q u easu x p r i n c i p e sd y n a m i q u e sC, h e zP l a t o n d, u m a t h é m a t i q uaeu p h y -
l l e x p o s eq u e s i l a p h y s i q u ee s t m a i h é m a t i q u el a, m a t h é m a i i q u ne ' e s t p a s p h y s i q u e , s i q u e ,i l y a u n m o i n s .C e m o i n se s i l e d e v e n i rp a r q u o i t o u t s ' e f f a c eC . hezKant il y a
u n p l u s .c e p l u s e s t l e t e m p s p a r q u o i t o u t p r e n dc o n t i n u i t éL. e p r o b l è m ep l a t o n i c i e n
e s t c e l u i d e l a p r i s ee n c h a r g ed u p h y s i q u ep a r l e m a t h é m a t i q u el e; p r o b l è m ek a n t i e n
< C ' e s ta u s s i ,e n c o n s é q u e n c ep,a r l a G r a n d e u qr u e l e s g r a n d e sc h o s e ss o n t g r a n d e s e s t c e l u id e l ' < a p p l i c a t i o> n d e l a m a t h é m a t i q uàe l a p h y s i q u e .
e t p l u s g r a n d e sc e l l e sq u i s o n t p l u s g r a n d e sc, o m m ep a r I a P e t i t e s s e p l u s p e t i t e sc e l l e s
q u i s o n t p l u s p e t i t e s ?- O u i - E n c o n s é q u e n c ec,e n ' e s tp a s t o i n o n p l u s q u i a c c e p t e -
r a i tq u ' o nv î n tt e d i r es u r c e l u i - cqi u ' i le s t d e l a t ê t e p l u s g r a n dq u e c e l u i - l àe i , s u r l e p l u s L'analyse de la fiction dans le Traité de la Réforme de l'Entendement de spinoza
p e t i td e s d e u x ,q u e c ' e s t d e l a m ê m ec h o s e q u ' i l e s t p l u s p e t i t ! . .C . a r t u a u r a i sp e u r ,
. i ec r o i s ,d e v o i r s ' a v a n c ecr o n t r ei o i u n e o b j e c t i o nq u i , l o r s q u et u s o u t i e n d r a iqsu e c ' e s t V o i c iu n a u t r ee x e m p l d e e c r i t i q u ep h i l o s o p h i q ud e l a s c i e n c eE. n d é p i td e c e q u e l a i s -
d e l a t ê t eq u e c e l u i - cei s t p l u sg r a n do u c e l u i - l àp l u sp e t i t ,d i r a i te n p r e m i e lri e u : < A l o r s , s e r a i e nct r o i r ec e r t a i n se x e m p l e s: é l é p h a n t sp a s s a n p t a r l e t r o u d ' u n ea i g u i l l e m , ouche
c ' e s t d e l a m ê m ec h o s eq u e l e p l u s g r a n de s t p l u s g r a n de t l e p l u s p e t i t ,p l u s p e t i t ?> i n f l n i e ,a r b r e sq u i p a r l e n t ,c h o i s i sp o u r l e u r s i m p l i c i t él u m i n e u s eI ,' a n a l y s se' é t e n d a n t
e t e n s u i t e :< <C ' e s t d o n c d e l a t ê t e ,l a q u e l l ee s t p e t i t e q , u e c e l u iq u i e s t p l u s g r a n d e s t d a n s l ' o u v r a g ed e I ' a r t i c l e5 0 à l ' a r t i c l e6 5 n e p o r t e p a s d i r e c t e m e nstu r l a s u p e r s t i t i o n
p l u s g r a n d ! > A s s u r é m e nct ' e s tu n p r o d i g ed ' ê t r eg r a n dp a r q u e l q u ec h o s ed e p e t i t . e t s e s t a n t a s m e sS. a p l a c ed a n s l e t e x t e n e p e r m e tp a s l e d o u t e .c ' e s t d e l a m é t h o d e
q u ' i ls ' a g i tm a i n t e n a nst ,p i n o z ad é n o n c es o u sl e n o m d e f i c t i o nn o r rp o i n tt a n t l a c o n n a r s -
E s t - c eq u e t o u t c e l an e t e f e r a i tp a s p e u r ?I ( 1 0 0e - 1 0 1b ) .
s a n c ed u p r e m i e gr e n r eq u e l e s d o m m a g c a b l ecso n c e s s i o nqsu e l u i f e r a i te n c o r e à,
54

s o n i n s u ,u n e s c i e n c ep o u r t a npt e r s u a d édee s ' e nê t r ed e p u i sl o n g t e m p ds é l i v r é eF. i c t i o n


t o u té n o n c éa c c o m p a g ndé' u n p e u t - ê t r eF.i c t i o n t o u t es u p p o s i t i odne m a n d a nàt ê t r ec o n f l r -
m é e .S p i n o z ad é n o n c ei c i , s o u l i g n el e s i n c e r t i t u d eds' u n e s c i e n c ed e l a n a t u r eq u i , a u
l i e u d e d é d u i r ea v e c r i g u e u rs e s l o i s d e I ' e s s c n c e o b j e c t i v ed e s r e s f i x a e a e t e r n a e q u :
d e l ' é t e n d u es, ' e n r e m e i i r a iàt I ' e x p é r i e n cdeu d é b u tà l a f i n , b a p t i s a nht y p o t h è s eds , - .
s i m p l e sc o n . j e c t u r eésm i s e sà p a r t i r des faitset recevand t es faits leur conflrmatjon.
S e m b l a b l ed é m a r c h ea v e n t u r e u s eo,ù l e v r a i n e s e r a i t o a s i n d e xs u i , c o n t r e v i e n d r a r t
à l a n o r m ef o n d a m e n t a ldee l a m é t h o d eO . r c ' e s td a n s c e t t ev o i e p é r i l l e u s eq,u ' e l l en :
q u i t t e r ap l u s ,a l l a n ti n t r é p i d e m e d nu t c o m m es i a u p o u r q u opi a s ?q u e S p i n o z av o i ts ' e n g a -
g e rl a s c i e n c e d e s o nt e m p s E , n p h i l o s o p hSe p, i n o z raé c l a m e
m o i n sm a i s p l u s d ' e s p r i ts c i e n t i f i q u e .
d o n cd e l a s c i e n c en o n p a s La révolution copernicienne
o n é t u d i e r ac o m m e n t a , u p r i x d e q u e l l e sp r é c a u t i o n sS, p i n o z aa c c o r d eà l a f l c t i o l
u n r ô l e p o s i t i fd , ' o r d r ee s s e n t i e l l e m epnét d a g o g i q u eE.n c e s e n s ,l a c r i t i q u es p r n o z i s t c
de la Tictionet la critique bergsonienncde ia négation(Êvolutioncréatrice,chap, lV :
e l l e a p o u r r ô l e d e < r e d r e s s eor u p l u i ô t d ' a v e r t i > r ) p r o c è d e ndt e l ' i d e n t i q u e x i g e n c =
d ' i n t e l l i g i b i l i t séo, u c i e u s et o u j o u r sd ' é p u r e rI ' e x p l i c a t i odnu r é e l d e s t e c h n i q u e sm u l i -
I a n t e sd u e s à l a c o n s i d é r a t i odnu p o s s i b l e .

On nc peut qu'ôtre frappé p:rr la simplicité des exemples scientihques quc


choisisscnt dans leurs ouvrages dc philosophie des auteurs par aillcurs émi-
nents mathém;rticiens ou physicicns. Pour distribuer les gcnrcs dc connaissance,
S1>inozas'en tient torrjours au qLratrièmcnombre proportionncl dans la série z,
1, 3, 6. Nous trouvons chcz Iiant 7 + 5 : tz, chez Descartes u deux et
t r o i s j o i n t s e n s e m b l e) , , c l \ e z L e i b n i z z I z : 1 , chez Platon r +- r:2.
Peut-on, comme le dit Descartes, < imaginer ricn de plus facile que cela r ?
Il cst vrai que, pour aussi cornpiexes quc seront ses déveioppements, on ne
cornprendra jarnais rien à I'arithmétique si I'on ne parvient pas à s'c-xpliquer,
ce qui donnait beaucoup de mal à Socratc, comment r et r arrivent à produire z.
Cela, du rcste, n'empêche nullcmcnt l'arithmétic1ue, ct n'inportc quellr:
scicnce',de faire ce qu'elles font aussi loin qu'il leur est possible deleconduire,
mais ceia interdit c1umêmc coup at1 savant, quand on lui demande comment
il peut bien faire ce qu'il fait, dc répond.re en se contcntant cle le refaire.
Un Platon ou un Descartcs nc cro]/aient clonc pas que le rôle cle la philo-
sophie revenait à doubler lc travail de la science ct à raconter, un pcu moins
bien que lui, de quelie façon procède Ie s:rvant. A cc compte, la philosophie se
heurterait à l'absurdité suivantc, où elle perd toutt' raison d'être : < Parler
des nrathématiques ne peut êtrt. que lL.srefaire r. Contrairernent à ce que clisait
encorc Cavaillès (Méthode axiotnatique et. fornnlisnte, p. 6) le problème du
fondcment des mathématiques n'cst pas ( un problème technique >. Bref, il y a
lieu d'cstimcr qtle les philosoplies de la tradition auraicnt été fort perplcxcs
dev:rnt cette brancht' envahissante de la phiiosophie nommée aujourd'hui
épistémologie. (Ce qui ne signilic pas qu'ils nous auraient dissuadé de nous
initier aux scienccs,mais ils nous irrlraient conscilié ii cette hn dc consulter dc
préfércnce lcs traités scicntifiqucs crrx-nrôrnes, parnti lesquels lcs Icurs).
Philosopircr sLrria scictrce, c'est tssaycr dc Ia fonclcr, c'cst-i\-clire cle déterrniner
qucilos sont clarrsun être, qrr'à corrp sûr' norrsnc l)ouvons pas fairc, Ics structures
La ré,toluli.n cofertti, ien ut l.a tp, olttIi ,tt t.'prrnitiltne

d'où la sci€rncctit-'nt la possibilité de ses opérations. A cette condition sculc- satisfaction aux v(Èux de I'esprit, grâce à un dér'cloppernent oirtiural des
ment, cn éclaircissant la raison de scs <euvrcs, I'csprit ccssc r1e se subir et lit schèncs de I'ordre et de l'harrnonie. C'cst cllc, sous la dircction clc normes
scicncc prcnd enfin un sens. Le sens, en effet, nc sc cantonnc pas plus dans lc's défrnics par la dialectique, qui nous apprcndra que ce mondc rclèvc de la
iimitcs d'un faire, aveugle par lui-rnêmc, qu'il ne réside dans un ôtre fermé loi du mcillcur ct qu'il mérite l'appcllation de divin.
snr soi (c1. lc Sophisla, < planté Ià comme une borne ,, 24g a), posé indépen- Platon nc voulait donc pas de ccs hypothèses clont la vérité, non appuyée
damment dc torrt ce qrr'il nous autorise à dire et à relaliser.A la jonction de sLrr dcs principcs, ne sLrfitesure qu'à des conséquences heureuses, à des appli-
l'êtrc ct du fairc brille le scns. La philosophie n'est l'étuclc ni dc cc qui cst trr cations réussies. Il rcfusait cle faire sienne cctte pratique désinvoltc oir le vrai,
soi ni dr: cc quc nous firisons; ni théorie ni méthodologie. nlais ( cc que norrs traité comrne un résultat, poufrait sans dommage provenir du faux. La clialec-
{ a i s o n sa s c s P r i n c i P , : s ; t t l ' É t r , , p e p e u t j e m a i s ô t r e . s à i s i ( l u c c o m m ; ' l ' o b j c t tiqu.c a pour but de sauver ce qu'il importe avant tor,rt de sauvcr, davantage
d'une relatic'rn syr-rthétiquc avec lcs principes mônrcs de ce qr.renous faisolts D crlcorc qilc les phtinornènes,la science elle-rnêrne,arrachée l)ar eiic à i'empirc'
(G. Deleuzc, Etr,pirislne et subiectiuiti, hn). du. facticc et donc du fictif. Est-ce-à-dire que Platon était hostile à toutc
Sur cettc qrrestiorron poltrra sc reportcr à tltux rcmrr"rquablcsarticlcs:< I)c prisc cn charge dc l'liypothétique par la science? Non pas. La meillcurc hylto-
la métaphysiclue,, par J. Lagneau (Reuwephiloso't'hiEre,févricr r88o), publié thi:sc nc pcut que dcmeurer une hypothèse. EIlc le doit même, car cllc tire
in CélèbresLeçons et Fragments, P.U.F. (ze édition, r96,+)ct < llétaph1.siq111 sor"re.xccllcncc plLrs de l'agrément clLr'elle reçoit dt l'esprit que du satisfccit
ct relativité historique r, par L.B. Geiger (Reutte de XIétaphysiqu.e et tle que lui accorde lc réel. Il serait contradictoire que tînt son unique garantie
XIorale, oct.-déc. rq5z). du scnsible l'intelligible qui lui cc,nfi.r,' sa r-érité, il serait scandaleux que la
L'unité du projct philosophique sc cliyersihera se6n les scicncesqui,:\ tcilc cliose fût Ie juge dc l'idée. Chcz Platon la r'érité de la théorie se rapporte direc-
ou tellc époquc, pilotcnt le savoir. tcrnent à l'csprit, indircctcment à l'objet. Le vrai, ce sont les r choses r, ces
apparenccs, cc mondc, mais, comme le commcntait Lagneau (op. cit., p. 89),
vus à travcrs l'csprit, y gilgnant unc lumière nouvcllc, unc.cxistcnce supéricurc,
unc bcauti-, dc la virlcur. I.a meillcurc hvpothèsr: nt: pcut clonc trouvcr dans
Platon ll nature de quoi la Promouvoir c-nccrtituclc. Son suplrort, c'r-st L-t cc l1c PL.ltt
être que I'intelligencc, les exigcnces,la clairr,o)'anccde l'intelligence. Mais cette
Au temps dc Platon, la scicnce reine, c'tst I'zrstronomie. Lc cosizosest lc ^intcllisence
_ ^ - _ ___" '_ôn'est
_ nas elle-même cornmc urrc sortr- de {ait. Il faut s'ouvrir à
sur-objet qu'intrépidement la science a d'abord investi. C'cst par la totalité elle. II faut avoir fait régner l'harrnonie en soi pour avoir chance de la décou-
que commence l'esprit. Loin d'être captive d'une sortc de réalismc primitif, vrir dans le rnoncle. Voilà pourquoi, dans 1e trrme désignant chez Platon
comme on le prétend parfois, la science grecque avait dc l'hypothèse une idée I'idée du bien, l'hvpothéticlue persiste; purilié, il est surmonté, il n'cst pas
extrêmement pure, déliée. Les cercles quc traçait l'astronomie étaient stricte- eflacé : c'cst l'anJrypothétique. 11 appartient à f idée du bier.rclc nous péni'trcr
ment géométriqucs. Ils ne ressemblaient pas aux sphères de cristal dont clu car:rctèrc nécessairement ct heureusement hypothétiquc dc 1a pcnsée, de
Aristote fera dcs u yrièccs dc la machinerie célcste > (cf. lt. Blanché, op. cit., cette chose légère,:relrienne,libre qui même clevant le mondc nc- rloit jamais
p. 14). Une théorie astronomique consistait en unc ccrtaine {açon de comprenclrc attcnclrc c1esoutien que de soi.
dcs apparences, par la construction cl'un modèle mathérnaticlue susceptiblr
d'aider les mesures. Les Grccs ne demandaient Pas r:Lce qui lrous assure l'intcl-
ligibilité du réel de pnsser-lui-même dans les choses. ces modèies ne sont pas
Descartes
exclusifs les uns clt,sautres. Il y aura de nornbreusesfaçons, non concurrentcs,
m\'
de sauver les phénomènes. N{ieux, la pluralité des hypothèses sera pour certains
Ie signe de la richcssc, dc la fécondité d'une raison si puissante que dcs mêmc's I)e la déconvcnuc que luiâtcausée scs étudcs, Dcscartes a excepti les mathé-
faits elle est capablc dc présenter difiérentes explications. S'il faut choisir matiques. Ii s'r'st plu à eiles r à ceuse de la certitudc et de l'éviclence dc lerrrs
entrc elles, ce nc scra que selon des critères d'utilité pratiquc, cn adoptant raisons r (Discours, rr€ partie). La certitude, une clr'idencctotale, incntamable,
cel1eoù il est fait appel aux calculs les moins compliqués. cl'acicr, tcl est f idéal que les t.natliématiques ont maintenant lnculcp.é à
Platon ne s'accommodera pas de ce commodismc. II ne souffrira pas cettc i'csprit. Plus de derni-savoir, dc vérités élargics mais branlantes. L'uniquc loi
multiplicité, figure pour lui en tous ordres du mal. Ou la science n'est qu'unc sera celle du tout orr rien. En matière de certituclc, il conviendra clonc ci'êtrc
technique médiocre, pragmatique, dcstinée purement et simplement à nous impitoyable. L'objet du doute, ce sera le certain lui-mêmc. Qu'on nc s'v
permettre, au moyen de prévisions convenables, de passablement nous trompc pas: être certain, cc n'cst pas avoir des idécs ingénieuscs,piirusibles,
débrouiller, nous ( 1' retrouvcr r au milieu d'un jeu confus d'apparences, ou satisfaisantes,c'est savoir parfaitement cc qu'on sait. La certiturle est parti-
iI doit y avoir une r bonnc r hypothèsc, supérir:urea1lx alttrcs, donnant pl.ine cipution à I'absolu. St'ult's les mathématiques où tout cst rigoureusemcnt
.t8 La yéuohtliort copernicienne
Lt rétolttlirtn c,tfertticiettne

clair et distinct, où ce que n.us afhr-morrscoincidc


avcc cc que polls conce'olls, p:rr l)cscartes lui-rnême cotnmc une hction, celrri
nous offrent cettc 'it:, cc'tte jouissancc cri'incs. <le corps iuraginr:s
ct-rtc.smon sar",i. e' mathé- 'ru't cLrrs, u'c physiquc qui ''cst pl.s tr-oP 1xLrf.it,.r-
matiq.ucs Pcrrt nc Pas_êtrecomplet, cransmillc 1".g. 1ro',,.i;"îii,.i",r.,,, ,r,oi,
uns lcs géomètrc,sn,en auront rlui r-,]Lr.s-sit
à présent^1>ar dcs mesrrrÀ,
pcut-êtrc pas erco.c hni avec.les propriétés 1r...r.., â salslr tout rc récl rt ric.
ciu triangli, ii,r"rt pas coml,lct c1.Lrle récl, clans son ûlct. Descartes clcr'àit asscoir
mais il cst cntier. Lc pcu qlre j'), siis, à tout le ra physiq.. sur scs bascs,
nroins"jt_. nc lc -*ais.1,1s r.rnpcu, I{a't examinc 'ne p}rysiclue cléj:i faite. Il n,y
cn sortc e.r' ri 1111 enfant inst.rit cn l'arithmétique, :i1,ant fait a plrrs r.Lse clcr.ancler.si elre r-.st
unc acldition p,ssible, pui.squ'elle est réelle. La réussite du
sc'lon lcs règles, sr: rrcut ass.rcr c|a'oir ncrvionis're décourage ies clétr:rc_
tro'r,é, to'ihiut la sr'rmr,. qn,il tcurs impénitcnts du savoir. on commcncc rnêrnt:
cxaminait, torrt cc q_.c |csprit hurnain sa'rait à sc dire, d.er.antl,a'rnpreurc1:ce
trouver n (Discottrs, ze partie). trio'r'he, quc Dicu est unc hylmthùsc.o.t la.scien..
I)cs mathématiqucs I,,s honim., clrr r7" sii.cl6,p1,1
,"ç,, u',..O.lji"iio,-' ino'îe : cle cet-:rvis) pertt sans dégât .sÀpasspr. Ilais 1N.rtà., iui, rr,etoit pns
ellcs lcur ont mor]tré qrrr, l'orr pcrrt t,ut sar,oir l'esprit sc trourzc al.rs confro't.
c1,unechosc sans tout savorr à un clcrnicr pa'tcnairc, bcaucoirp moins sûr,
rlc torrt, qrr'un r-ntcùclrrncnt jini n'c,, t:st p,i.squ,il ,.r,l.rt-a"ï...cit.
lras moins ca.liablt.11ecrrtitLrr-1c d''n. parolc et quc cerui-ci cst riu.t, ra natrrre. tiue
absoluc. Rien nc l.i rrro've qu,eilcr
Ilais cette ccrtitrrrlt.,,ncs,oLrtrcPassc sera-toujours régulière, c'est-à-dirc n régulière
r avec |ri, quc le'sore1, -r,,].-.,1i.na.. col]rp1.
l)as ellr,_rnôme.Jc nc suis ce.rtain qLtr: ''lit Humc, sr: lèvera demain, qu'un,r
quand je suis ccrtain, clans r'écrat éblouissant perccption, .nn.il,,,
mais instantané c1,nnr:ér,iclence tlémcntir lc principe de causalitÉietdétruirc p",
ponctuelle. I,Ion enteudc,rnentn,i:tant pas lc
créirteur dc ses objets, nta penséc ainsi de ",r foncl cn conrble la co.lia'cc
n'étant c1'ela rnesurccrc.so'siir.oir,rnr-, .lùr1t nous ento'rons ra sciencc. I{a't
a répond. qri,u'e p;;i; ?ve,t.alité
1,", cr,rlcclc r,être cf. rc commcntaire rr'ét.it.pas envisagc'abre,car re crurcept cle
deF.Alqrrié,Lanostargiedet'être,p.t3g -mac-crtit.clent:sa.raitrnefo'rnir càlsalité, loin d,êtrc.nc formatio'
le gage de-sa pcrpétuat on. Si p"nr.r.."it r>svchologique empiriquernent cléterminée, constitue
l)ens{-,rce qui est, riprr 1c ,.'.'cgirrantlt une des co'ciitio.s clc
quc ce qui cst scra to.j.iir-s colnnc il cst. l'erirérience. Ce n'est le supposait H'me, ,,r," .ut.go.ir__ tlc la
Le malin génie est lc symrrorc dc ra- l,ur, ."o',]--.
rnoclalité, c'est une catégorie de l. reratlon.
nlonacc ciLrela tempor-aliti:fait.pescr,sur l,csprit. Ir y o p",,t_0t." à"-rt 'ii"ù.,,,faits sans
t" i.1r;1u*,,rrlri", ..r,-Dcrca.t,'s, ci'rse, la nat're est même pc't-êtrc en
nc r.iscra Pas à ajoutr:r.cl,'qr'ér.ii's:i cl,autrcs.r,érités. son fonâ spônfa.rcito, pu."r,
Ellc accclrter. mêrnc q*e r.iris rotre expéric*cc ne saurait, crlc, à cor.rp..sir,
cl'i'rmr:rses z''t's'ri,é.rr^'11,-.1.1,,tout.cc i.s'1,^,î.i1r", a,,nt
q.i touchc a,r, irnr'.t,,r,,. mo),ens cllc rcç:oit sa structurc. fl y a pcut_êtrc
de in créati'n cri'i.e, les'x,ilalités c1ei''niàn cles fàtts sarr-. ""t'r.in,i."
dc r,âmc,,t,t..,.n.p.._ Augmen_ causc mais nous n,auronri
jarnais àrcn connaîtrc. La scic*cc
ter le nombrc c1t'sr,ér-itt1s, c'r.st Ia f''ction crc 1a scicncr,. I_a rrission n'. ricn à craindre .r c:rrnou-
c1c ra llct.dc 1a perception, car le mêmc crtcnclcmcnt
philosolrl.ric,c'cst d'étcrnistr les certitudcs
c1ela scicncc. Les ltéditatto,s sont est à"",r,r.1.;;;;;c
l,æuvrc dans ci:llc-là
le seul o*\'ragr prrilosoPhiq.c oir rr: rrct.ur et dans celle-ci, tu.ln]t^o-rlyh_ie n,e1j pas autre chose que
n,err sait p.s Plrrs .i ra fin q.,a* "t l,analyse du Pou_
clébut. Qui cloutiLit d" st,ri rxistencr, ut q*i par la perception no*s met dans un
s'était jamais cnr sc.r? ilni,.ré.n._ ];:il 1::"*."d11t1t monde accessiblc
r.ais unc absc'c. de do'tr s'cst transfo.n(rc cre paft en part :) la science r't en ''ilc rcvicnt
r.' ccr-tit.dc 'ositi'e. à soi pour ." .,_,ntltrir.
\ i n s i ' r [ r ' f l ç . r r q , ' { ! r o i c . r ' t i t u t r c sr r * Pourq[oi, cn ce cas, ]a for]clation kantienne
,, s o i r n t l r e s 1 , , rj rn 1 1 1(-.ru l ' p r o m l i { . s . sc présente-t-elle ct,,'r'rc ur.rt
Dtrscartcs,orr re sait, fonticra r'étrrnité c1ur.rai Parce q.e, si fr>ndcr rerriert :\ r'alidt'r,
sur lâ véraciié.r,,,,.,Di,,,, quc sii ,:iiti:t:l"?. arrtht-.ntifier ,r, pour-.,i.,
1'établir rlans scs clroits, c'cst rc pror)re de
Perfectiort crnPôche clc:.sccléjLrger-, clc défair-c et dc refairc, solt (ÈLL'rc. I_c 'ra.i tout crroit qric a,--rr-r,1rr,,.'tc.sli'ritcs
doit sorr irnrnutabilittl :i l;L constance crc rir rii' son t't'ssort. Torrt tLroit r'o.io,.,-,1,"g,re
rrorontc dir,inc. rr,r. 1rr,r, ..,1rc*clant a,r n,oi1r'.l,,rn .t.-rr,ri., celui t1c se
chez Descartcs clu0cllcz PLltcin,l'cs|ri1 n'cst tlélirnit..r' Lir-rcpuissancL'l1cse compiirc
contraint cleqLri:nranclcr à qrrelq't: Pas:\ un pou'oir. un.:lruirr"'r,,..r,
-Itur,r)rrrrr,
dchors 'a clrutioit cL: srs juuiss.nc"s. I_., irlrsolrret't sc situe au-clelàcru clroit.
Di..u, en efïet, qui r.rc contblc cle un clioit sans limità s;in;uriu.rait
félicité, je nc lc rcncontrc I'i-mêmo, commc ii rc.fait dlys 1c dogrnatisme,
Pas cn partant de l,extériorité ciLr,1u,rc1,,, j,: ic serisis ccttc manifcstatio' clébricrée
e' nroi sous la fo'rnc clt: ccttt: iciéc sans ra pcrrfection d'unc raison.sauvage, incapablc clc seïunrre.
de raqrLeileje ',aurzrrs pas rrn état civir. Kant, oû l,a dit,
clouté de la r.-alcurclc r'.. s:rvciir',d" cc a appris à nc prus conJ.ncr'e, à l'exemple
côn.ept sa.s lequer je',en aurars ]lols dc Humc, i" 1r.,riii..irt a'"r"
d'autre. Si 'ra Pe'sée 'c communit1Llcpir-s l)a,s limitc et ia négativité d'une brrne. La borne
leur statut éter'i à scs certitucles, i'est qu,une ri-it" à;i."ginati.n,
arr rnoins le fait e' til. ct' tlui ra faii une limite imaginaire' La pensée de ra trorne
Prrnser,c' s.rtt: cluc lc 'rai reste bien rr'c 'c pôut borner. ra pensée. poser
aflaire intérieurc li l't,s1rrrt. ,nr: borne,.c.'estla rléposer. En ce sens, ir
''existe 1>asrle rro.r*r',1,,-r...ran.,.,
comme Spi'oza i'a vu. on nc pe.t paricr
crcsbornes a., r.roi. tl.rc''par réftr-
rt.nce à'n savoir phrs étcndu.
errantl je sais crlre rnon sa'oir r,st b.rrri, j.
Ka nt sais donc qrre mon savoir n,cst
Pas born,,,. Cc qui bornc clLrsavoir, c,est clr,r
sarroir.
Ertre l)esca.tcs et riant., la- phr-siq.e. unc IJri sav,riI horné t.sl un ; r r r q r t I l i l r n a D , I r c q i l H l { l u I c h u s e , r r r rs ; r r , , i r
phvsicr,r,:rlrri '1, s'ir-,'lic1'c limité est nn savoir arrquel _sar.oir.
sin-rplement,conlno les lois au in,ri cartiisignnt,s, '.rs il nc' manqrrc rien. LIn sa."'oirlinrité cst
:i rr1 cas irli,ul colsiclértl .rr srr'rrrr
forir'lé.ou'il ne s.it possible cL: fonrlcr ia
science qu,e' la limitant ne \.crit
lras
L t I ) é ; , ' 1 u l i t , 1 t( o f ( r n i c i e u i l e Lt r 1 : , o l t t ti n n ( , , f r y n i a i ( n n e 6r

du tout clire quc notrc savoir scrair restreint, qu'il y auririt tlt-.f incotinaissable mais r)c sont pas de rrroi. La possibilité trilnsccndantalc, tout en constituant
clans ic réel, ccla signilic, au contraire, que la science cst tlélimiti:c- par lcs 1' a priori en maîtrc de l'a posleriori, lait ùc l'a priori lui-môme unc instancc
exigences de la rationalité, qu'clle s'appliquc à une nature rcncluc lrensablc dont je nc suis pas I'autcur et où s'cxprimc lu" part clc passivité néccssaire
par l'entendement, qu'elle n'a donc pas affairc à des alrparenccs, mais à clcs au déploiement dc I'activité intellcctuellc.
phénomènes, c'cst-à-dire à dcs réalités dont tout l'ôtrc cst c1'êtrcun être pour Voiià pourquoi, notons-le unc dcrnièrc fois porrr tcntr:r cl'éclairer la diflicilc
nous. Dire qu'il y a,une expéric'ncc,c'est dirc rlLreccttc cxptiricncc €tstltensable situation cle Ia phiiosophie, son histoire ne saurait bénélicier du progrès dont
< dc fond en c()mble r, qut' tout y a rapport à tout, que toutc chose dépend sc flatte à bon droit la sciencc. Par ia scicncr:l'esprit rléveloppc ses polrvoirs.
dc toutes les autrcs, et c'est précisémcnt l)ârce quc tout r:stconnaissablcdans Il affine l'instrument mathématique et y plic clc micux en micux la" réalité
i'cxpérience quc lrous :rurons toujours à en prenclrc davantagc connilisstnce physitlLrc.Commcnt n'en retircrait-i1 pas l'illusion d'unc souveraineté absoluc ?
et quc la scict-Lcc, cn droit intr:rmin:rblc, nc saurait se fixcr, s'arrôte.r cn un C'cst pour ccttc raison que la scicnce ou plutôt l'épistémologie moclerne prcncl
savoir absolu. si volonticrs (norts t' revicnclrotrs att clraPitr',' .\) un t,;n nictzschû,'n. ll v a
Autremc:nt ciit, le cotrtrus('llsJ)ar quoi lc kantisme r.st si sorrvcnt uccablé, certainernent clans l:r sciencc une volonté dr: prrissanccirnimôe par une éncrgie
consiste à cloirc qu'il borncrait notre connaissance cn regarrl d'unc autrc- beaucorrpplus intense quc ccllc quc lui colicédâit Nictzschc. En tous domainc's,
rnanière de connaître, supérieure, à nous rrfusée, celle cl'un Dieu. L'intellecfus la science actucllc, augrncntant sâ souplcsse opératnir,', se croit en état de
alchety|us qu'é-,'oque I(ant n'aurait absolument pas à connaîtrc lcs choses conclure à u.nc liberté, r'r un affranchisscnlcnt quasi total cle l'csprit. Ainsi
puisqu'il les aurait lui-mêmc créées.Non poir.rt,mais c'est la positir-ité rnôn're en mathématiqucs, oir l'axiorr-raticicndisposcrait à son gré de scs prénrisses,
dc l:r (* nôtrc) connaissance cpi l'otrligc iL nc plus sc lrrer\dr. polrr lrn >ir\'(rir ainsi t'n phlsiquc, oir lc rtiel nc sc: pltiscntc lrius docilemcnt c1u'iurbout dcs
clc chosesen soi, clc réalités t'xistzrntindépcnrlamment tl'ellc c't clcseserigr.nt-t,s. calculs, ainsi tllns lcs scicnces cle l'honimc cllcs-mêmes, or) la cornbinatoirc
Une connaissance a priori de I'cn-soi scrait contradictoirc. I-'en-soi, on nr
irar cxcmple des systèmcs dc p:rrcnté rnène à bien lc recouvrcment mrrthéma-
prut que lc rcncontrer, l'appréhcndcr empiriqucment. Alors la pensée cst tiquc d'un possiblebeaucoup plus vastc quc sesquclqucs réalisationshistoriclucs.
sccondc, à la rcmorcluc. Alors adicu sa dignité! I-es limitcs cle Ia conneissancc ]lais ros pouvoirs s'élargisscnt sans qr.le climirruc l'impuissance <lont ils
ne font qu'un chc-z I{ant avcc la connaissancc clle-mêmc, avcc sa vtiritô. proct\clt:nt.l)ar.s l'r:space ct ic temps nous l)ouvons pcut-être tout mais nous
La frlriturle-clt'la raison cf. lr's colnmcntaires d'E. \\'cil, Problùnes lianliens, ne poul'ons rien szrr l'espacc ct le tenrps, sur leur structure métapbysique.
\-rin c'cst la raison. l)'ici nous nc frrons jarnais ]à ni dc ck:nrain aujourd'hui. Aussi ics vérités
Supposons un entendcmcnt intni. De la seule penséc il tirerait lc réel. niétaph1'siques nc sauraient êtrc rcmises en question par lcs progrès dc la
Rien ne distingucrait la réalité de l'idéc qu'il en a. Le monde nc st:rait qrrc son scicnce mais obligent au contrairc lc philosophc ir les réinsérer sans cessc
rêr'e. Dicu, c'cst l'idéaliste absolu. Le récl tient sa réalitt{ dc f inrpossihilité clans lcurs limites exactcs.
qu'il y a à l'cxtriiire d'unc idtl.-. C'cst pourc|roi I'analvsc d'un conct.Pt ue l)ro- On cornprcntl qu'une scii'ncL-, ignolartt' cle son or-iginc transccnrlantale
duira jamais la moindrc connaissance. Nous ne pou\.on\ rirn savoir c1'nn et fascinée par ses succi:s,cédcrait, pcnsart dér'oilerrclc l'absolu dans ct'qu'elle
concept mathén-ratiquesinon cn Ic construisirnt, cn lc réalisant dans f intuition. sait, à 1n plus rccloutable tcntation, l'idolâtrie clu savoir. tr'I:risen rcconrnan-
Si le récl, c'est f inexhaustif, ce dont on nc fera jamais lc tour- par la pcnséc, clant à 1:r mét:rphysique la gardc du seriil dc l'absolu, crr lui dernanrl:tnt non
la forme spatiotcmporeilc dc f intuition signific quc la chosr_., c'cst toujours pas clc prolonger nos connaissanct's mais dc rlélinir leur statLrt ex:rct, cn fontlant
autrc chosc. C'r'st parce ql11lnous ne s(immes pas Dicu quc nolrs l)ou\'olls la vérité sur la hnitllde, Iiant r-rctounrait i>nsli: dos à tons ses préclécessr:urs.
connziîtrc. Par suitc, si Iu,f>riori cst la marque d'un pouvoir, cL' I)ouv.rir sc Porrr Dcsca.rtcsnussi fondcr étrLitlimiter, limitrr était fonclcr'.La métarphysique
dévcloppc sur fond d'impuissancc. C'cst lc pouvoir c1'un être impLrissant. en Dcscartes est 1>ournous avertir que l'inlinité n'est pas clLrcôté dcs choses,
Son impuissance est la condition mêmc de tous ses pouvoirs. Ce que je pcux de cc qu'inveslit la scicncc. La divisibilité de la res extensa enlève :'r la
n'est tel que par rapport à cc que je ne pcux pas. Parcc qu'elle a pour rôle naturc 1'être plein, total, clle la voue à l'ir-rciéfini.Indéfini, ce au ,.avoir de
cle nous rcmettrc tout cela u en mémoire ,, la métaphysiquc a été c't sera dc quoi on pourra toujours ajouter tlrclqrrc chose. Indéfinis Lcmonde et sa scitttc.'.
tous temps insupportabk' Aux ( csprits forts r. Evitons d'amalgarnc:r f in{inité du Dicu parfait à I'adoration duqucl concluit
Si j'étais Dicu, si j'avais créé lc mondt', j'ar.rraisdcs choscs unc intnition la métaphysiquc ct i'infinité dcs r.érités qlre pcut saisir la sciencc. Chez Des-
purcment intellectucllc, ce qui signihe que leur réalité, suspendue à une cartes, comme chez Kant, c'cst parce quc dans l'étalement de la za.ser;tensa
simple possibilité logique, nc serait qu'unc continuation, unc extension (luan- il n'y a aucune chose u qlrc nous nc puissi,,ns comprendre r (A. Ilerscnnc,
titative de lcur croncept.L'intuition purc scrait, clu dedans ct immédiare nrcnr, r5 avril 163o) quc nous avons l'espérancc cl' u une scienceparfaite touchant
pénétration totale, coînciclencc,sans rapport aucun avcc ur-rcconnaissancr. unc inllnité dc choses r (IIéditation citrtlttiènr.e),entc'ndons parfaite en son
clont l'inévitable extériorité r,is-à-r'isdc ses objets requiert la condition trans- genre, inépuisablc, à la différcncc de la niétaphysique, savoir cxcellent car,
cer-rclantalede ces formes a priori dc l'cspacc et du temps qui sont cr moi cl'un bout à l'autre, son orclre dc raisorrs pt'ut ôtre parcourlr par un seul.
Ll r t t ; , , 1 t t I i , t t tc o f e r t t i c i r t t n e La t't!t'olul i ort cttfelnicienir 63

Chez l)escartcs aussi 1a < science r sera cl'autant plus parfaitL] colnmc sclcnce Ies renr,c'rsemcnts philosophiqucs, 1cs rcnlcrst'n-tcnts coPct-uicicns. Lisons
quc sorl obj,.:t nc l'est pas, coinme il résulte dc la théoric clc la cré:rtion pru d'abord le texte.
Dieu clcs vérités éten-Lelles,selon laquelle, Dieu et moi nc notls tenant pas < Je clevaisp.'nscr quc l'cxcmplc clc la mathérnatitlrtc ct cle 1a physi<pt' qui,
du môrne côté du vrai, cc qu'il crée dans la liberté, je le reçois diurs la nécessité. par l'effct d'une révolution subite, sont devcnues co qLlt notrs lers vovolls,
Cette thèse a pour cotrséquence négatirre qtre les vérités n'émant'trt plus t1r: était asscz rcmarquablc pour fairr réfl.1chir sur le caractère essc'nticl dc cc
Dieu conrme les rayons du soleil,i1 aurait pu, s'il I'avait vortlu, lcs faire autres, changcrncnt dc méthode qui ltur a tltô si avantageux et l)our portcr à I'imiter
elles ne lui sont pas constrbstanticlles. Elle clétient pour por-tér: positive dt: ici clu moins à titrc cl'cssai atttant que le permet leur analogit:, cn tant
fortifier notre cr:rnnaissance.Dieu scrait-il, en effct, comme répanchr dans lts quc connaissanccsrationnellr's, ar,cc la rnétaph1'siqrre.Jusqu'ici on adrnt:ttait
r'érités, l)our en cornprcnclre cntièrcment une, il nous fauclrait lr: comprendrc qrrc toritc notre connaissancc cler.ait sc r-églcr sur' lcs objets (.siclz usclt den
lui-mêrrre et dispcscr d'tne scientia intuitiua à laquellc notrc cntendemcut Getenstattdenrichten); mais, clatrs ccttc hvpothr"se, totts les cfforts tcnti:s
ne saurait :rspircr. I-a transcendancc cle l'être par rapport à la r'érité cst donc, 1r<rrrrétablir sl1r erlx quclqrre jugement t friorï lrar cotrccpts, cc qrLi lrtrait
rnalgré l'irpparencc, néccssaircà la constitution c1'unsavoir réc:l.En témoigncrtt ilccllr notrL'connaissancc, n'aborrtissaient ii rir:n. (-)ue l'on essaie clouc enlin
ct la thèse cartésicnnc dc la création clcs r'érit.1s éternelles, ct la philosophie de r.oir si norrs ne scrons pas lrlus ht'rrreur rlans les problèrnes cle la m,rtePhr'-
transcenrlantalc de I{ant et chez Platon la lonction de l'icléc clu Bien u supé- : i q l i , ' r l ) s t l l l j , ' r ( i t l I rt l r t r l * t , l , j rl . t l " i r ' , ' t L t. , ' r i ' g i , r s r t r n o l t l c r , n l t ; t i i - a n c H .
lir:ure à l'êtrc e-ndignité et en puissatrct > (llépubliqtte,Iivre VI, 5og b). ce c}ri s'accorcle déjii micux ar,cr: la possibilité rlôsirée d'une coturaisslrt'tcc
Dc la vérité nol pirts rlous ne devons pas nous {aire unc iclole. a friori cle ces objets cpi établissc cpcirluc cltosi: à leur éga.i-darvirnt clLi'ils
nous soirnt donnirs. 11 cn cst Irritirtlmcnt ici corttt-ttr.: dc la prcmièrc itlét: clc
Copcrnic; I'o1'ant qu.'ii r-rc lrouvait pas réussir à txPliqrit:r' 1t's ntor-ivct.t.ttt'tts
dLr cicl, cn arlmcttant que toute I'arrni':,:des étoilcrsér'oluait :rtttour du spccta-
La révolution copernicienne teur, il clit'rclra s'il n'aurait pas plus clc strccèsttr f:lisant ititrrncr l'oltst'rva-
tcur lui-niênrt- autour c1t'sastrt's inulobiles...
I-utter, selon le pr-ojet <1cIiant, ii la fois contrt: lc cloglnatisnte et cotttre le . . . C ' c , r tt l i r n sc c t t e t e n t t r t i r - t ' d i rc h 2 u l g c rl l i r n É t h u c h ' s u i v i cj u s c l L r ' i cti' n n t é t a -
scepticisme, c'r-st, lrour la philosophic, se gardcr clcs cfctrx écueils, iis sont ph1'siquc t:t d'opért'r:rinsi cn r:llc unc rér-olLrtiontotale, suivitnt l'r\('11l)lt)
r.oisins commc Chalt'bclc et Scylla, du réalismc ct du subjectivisme. Pour tlcs géon-rètlesct rlcs pTn-sicicns,qr,tt:consistc I'cuvrc clc ccttc Critiquc cle
qui a correctement entendu le sens de Ia fondation kantienne du savoir, Ic la raison purc spéculativc. EIL: cst un traité cle Ia rnétirocle ct rton un svstènre
scns de la notion cle limite, Ia science nc peut plus apparaître commc un point cle la scir.nce elle-mêmc. ]'Iais elle en décrit torrt c1emême Ia circotrscriptit-'tr
dc vue, plus ou moins borné, étriqLré. En cc dernier cas, il serait loisible d'ima- totalc, tant par rapirort à ses lirnitcs que par rapptttt ii sa structure interntt;
girrer un point dc vuc 1;lus élcvé, plus cornpréhensif, vrai, tt'llcment largr c'c'st c1.rr:la raison pure spéculatir-ea cet:i c1cpa.iticLrlieren elle-même, qrt'tllt:
'pctt c:t clclit rncsurer exuctcmcnt sorr
qu'enrbrassant tous lc:s auttcs il n'cn serait l)lus un. Tel cst lc contraclictoire l)rol)r{r poLtvttil srtivant les clir'.'r-scs
point dc vuc clc l)ir-rr oir tente, clans une inlassablc iilusion, de se hattsst,r nr:rrrii:rc'sclont t'llc choisit lcs objcts (Objrcte) clc'srt pcnsée ct frtilt'.tus\i trrl
unr^ {uussc métuphvsiqrrr', clifiusée aujourd'hrri dans Ic rêr.'e scientiste cl'r.ru dénomlrr-cntr'ntcomplct clc toutcs k's façons rlift'érc'rttcsclc sc post'r-lt's irto-
savoir intégral. Bicn qrtr-'lr:ttt-objetnc puisseôtre un absohl, lcs forlnes tr:rnsccn- blèrnes, cn mêmc tcmps quc s.' tl'accr, t-lc ccttt' ntanit\t't:,to'.rt lc plart tl'rtn
dantalcs ne rcssembk'nt trullt:ntnt à dcs lunettes cléformantes,à dcs llrismcs, s],stèmc cl,: métaPhvsique...
à dcs u cadrcs r, toutcs r(ralités physiqries et empiriques. Elles cléterminent, C'est ainsi rprc lcs lois centrirlts (lts nrouvcrncnts clcs crirps ci:lcstcs con\'cr-
ct cllcs sculcs, unc pensée cl'univers. Kant rnet au point la théorie du sujet tircnt en ccrtitudc absoluc Ia théoric quc C.opcrnic n'avait adrnisc tout cl'abord
connaissant commc ôtrt' att monde, c'cst-à-c1ireêtre ni hors drr monde (Dieu) que comn1. unc hypothèsc, ct qu'cllcs prour'èrtrttt c'n rnêmc tcmps la force
ni tlans lc mondc (t:hose). invisiblc clLrilic lc systèmc clu t.nontlc (l'attraction <lc Ncç,ton) t:t qui n'rrtrt:rit
Nous voyons par là conrbit'n il scrait srLpt'rficiciclc soutcnir qu€] son æuvre jamais été clémontréc si Copcrnic n'avait pas ostl rt'chcrchcr, cl'ttnc' mrrnicr','
n'cst qrlr) la tr-ar-rsposition philosophiqur ch ncrvtonisme. Ccr-tcsl(ant trat'aille contraire au térnoignagc dcs scns, tnais pour+,ant vraic, 1'cxpliclitiolt rL:s
sur liL physiquc dt: Nt:rvton (sur quclle arrtrc,r'oudrait-on <1u'illc fît?), mais monvcmcnts observés, non dans lr:s objets du ciel, mais dans leur spectrrtr'rtr.
il s'cst proposé clc prescrvcr sa signi{ication du réalisme d:ins ir:cpel tombait Dans cette préface, je ne présente que comme une hyirothèse le changt'mcnt
sou auteur lorsrpu'il érigcait l'espace (ct lc ternps r1u mômr corrp) cn absoir.r dc méthocleque j'expose dans la Critique et qui est analogue à cette hypothèsc
o f i , . r t a r r r c g a r d d ' r r n D i c r r . S c u l o m c n t I ' o r r n c g ; r g r r c r a i tr i , ' n l r l r c h a n g e s i , c1eCopernic. Ce changement sera toutefois établi dans le traité mêmc par la
par une interprétation abcrrante cLc la solution de Kant, l'on remplaçait nat,,rrc clc nos rcPréscntations dc I'espacc et dn tcmps et Par lcs concePts
Ie sensoriu.mDei y>arun sensorium hominis. I-a subjcctivité tr:rriscendantale élérncntair-csdc l'cntcnclcme,.nt ; il scla cloncpror rvii norr plus hypothétic1r,'rnt'nt,
n'rst p:rs un sLrbjectivisrne,cc n't--stpas rna sLrbjcctivité.BcarrcorrpplLrs subtils rnais lticn apoclictiquerncnt. Jc lr' préscntc ici comntt: [1'potlrt)sc r.tniclrtettrr'nt
La réuoltûion copernicienne La rluululiort tofernicienne 65

pour faire ressortir lc caractère toujours hypothétique des premicrs essars et < impartialité r. Leurs conclusions hâtivcs embrouillèrcnt tout. Alors que
cl'une ri:fornrc dc cc gL-nrc) (Tracl. A. Trerncsa,\'gucsct Il. Paciiud, P. LT. F., l'esscnticl dc la critiquc était d'accorder cnfin un statut et une fonction posi-
rer extrait, pages r8-rg; 2e extrait, piige zr; 3e extrait, note de Iapage zt). ti{s à un apparaître jusque-là confiné clans les bas-fonds de l'ontologiquc ct
Pour bien détermincr le sens de ce texte, il importe de voir qu'il sc développc traité uniquement en source d'illusions, Ie prrblic prit le premier essai de phéno-
à plusieurs niveaux. Tout d'abord, d'un point clc vue cxotérique, nous avorls ménologie, salué plus tard en ces tcrmcs par Hegel, l)our un réchauffé phéno-
affaire à une sorte de discours de circonstance, de plaidoyer pro domo. S:ur cc méniste. Il échappa qu'à tout le moins l'ouvrage apportait une garantie
plan, ce texte a pour objet d'cxpliquer comment la science a pu procurer incontestable à une science mise à l'abri des doutes cl'un Hume.
à la philosophic l'exemple d'un savoir qui, cn renvcrsant totalement ses pcrs-
pcctives, loin de s'écrouler une fois sapés ses vieux fondernents, s'est au
contrairc consolidé sur de:; bases définitives. Et cependant que de résistances
avait rcncontrt':esIa théorie de Copernicl Elle avait, sernblait-il, pour consé- Un imbroglio philosophique
quence de désemparer littéralement l'homme. L'univcrs n'était donc qu'en
apparcnce ce tableau que' Dieu {ait tourner autour de nous pour mieux nous En r'érité, I{ant ar.ait bien réalisé unc (Eul're copt'rnicienne. De même quc
en déployer la beauté. Longtcmps l'on avait estimé que l'intclligence ordon- le mécanismc dc copernic supprimait toute hiérarchie et toute distinction
natrice faisait si bien lcs choses. Si les astres se déplaçaient comme des acteurs dc matière dans un univers définalisé et désontologisé, I(ant réintègre le
au théâtre, le spectacle bougeait, le spectateur restait immobile. Lc voici sujct, privé de ses prérogativcs, dans la trame unique de I'expérience. Il n'1,
maintenant bousculé et ernporté à son tour; il fuit. Dans cc rnonde clont norts a plus, sous quelque formc rafûnée qu'on voudra, un monde intérieur et un
n'occupons plus le centre, cornmcnt la scicnct', déchue dc son obscrvatoire monde extérieur. Je ne saurais me targuer de plus de substantialité que les
privilégié, pourrait-elle se rctrouver, puisque ie savant fait partie du rnouve- choscs. Comme d'elies, jc nc puis connaître de moi que des déterminatior.rs
n r t ' n t r r n i v c r s r l? L t ' s p e c t a t c t l r d é l o g ô c t c n g n u f f r é d : r r r s l l s i , c c t i r c l e ,c ' - . t extrinsèques. Le cogito n'étarrt qu'unc condition formclle, moi aussi je ne fais
le dé,sordrc.II aurait été cléconcertant, il n'atrrait pas été tragiquc que Copernic que m'apparaître à moi-mênre. L'on comprend que les lecteurs mal conscicnts
substituât à un système du rnonde un autre systèmc clu monde. I{ais Ia plupart du sens d'une ceuvre dont ii restait à dégager Ia positivité (ce n'est en nous
dc ses contemporains ont cru que c'était le monde cornmc système qu'il ni hors de nous du côté de l'objectif que nous trouverons l'absolu, mais à
vcnait dc ruiner. Tcl fut leur boulevcrscment spirituel dcvant une révolution travers les exigences d'une moralité qui, plus que de connaître, nous prescrit
scientifique dont ils nc mesuraient pas encore la rationalité. de transformer), aient été surtout frappés par le < relativisme r de Ia critique.
Or la Critique de la Raison Pure a provoqué chez ses premiers lecteurs un L'on comprcnd également que, pour les arnener à la reconsidérer d'un autrc
désarroi du mômc genrc. Jusqr,r'à Kant il était certes arrivé aux métaplrysiciens ceil, Kant, dans sa deuxièmc édition, l'ait placée sous le patronage de I'astro-
dc tout changcr (ou prcsque) dans ltt philosophie, mais ils nc changeaient nomie copernicienne et sc soit attaché à mettre cn ér'idence leur analogie.
ricn â la philosophie elle-r.nôme.Sur son objr't, sa portée, Dcscartes, commc I1 était habiie de chercher dans I'exemple ci'unc illustre initiative, si mal
le fait remarquer H. Gouhier, clcmcure aristotélicien. Les Méttitations s'inTr- accueillie d'abord, si plcinement couronnéer de succès ensuite, unc caution
tulent trt':s traclitionnc'llcnent J'[éditatiorts snr ln philosophie première. Avant
POur sa proprc cntrr:|risc. Du moment que nul homrêtement ne nicra quc ia
I ( a r r t , l e r n É t e p l r y s i q r i , r r ' l v r i t l ) a s n ( ' n 1 , l i r ; r n a n r | r é d ' i r r l v e r s a i rs, , t n e i s métaphysiqLrt' sc soit autant discrérlitée quc la scicnce pré-copcrnicicnne,
l'on pouvait imputer lcurs uttaques i\ unc cécité philosophiquc, i'r une mécon- on ne saur:rit étrt- cléfavorable par principe à un nouvel effort, c1estylc inédit,
naissancc de la nirturc dc I'tt priori. Avec bcaucoup plus de perfidie et de gre- que Kant dans notrc texte prend soin à multiplcs reprises de ne préscnter
r.ité Iiant cléboute toirt savr:ir cie l'absolu au nonr mêmc des droits de I'a priori. que cornme un css:ri, une hypothèse clont on aura le bon goût d'attcndrc les
r Si I'intuition dcvait sr: réglcr sur la naturc clcsobjets, je ne vois pas comment résultats pour les apprécier. Si la science a tiré proût d'un retourncmcnt
on pourrait connaître quelquc chose d priori n (Critique..., p. r9). L'on avait de perspective, la philosophie doit oser à son tour cette ultime tentative.
maintes fois déj:'i voulu humilier Ia raison devant l'cxpéric,nce, avec Kant Réduit à ce palier interprétatif, ce textr. toutefois, malgré son ingéniosité
la raison paraît de son J)roprc chcf renonccr. à ses plus profoncles ambitions. stratégique, devient excessivement embarrassant et troublant. Sans cloutc
< Ouand on a lu, s'écriera un de ses collègucs, la Critiqu,e,on cst dans l'état Kant, toujours soucieux d'exactitudc dans son vocabulairc, parle, quancl il
d'un hommc qui, après avoir fait lc plus beau rêr'e du monde, scnt que cclui-ci sc réfèrc à la scicnce, d'cxemple, non pas de modèle. Et s'il avance le terme
lui échappe et n'est qu'un rôve r. r Kant, dira un autre, a tor.rt rnis cn pous- d'imitation, il le nuance tout de suite cn ajoutant celui d'anaiogie. Prendre
sière r. Bref, ce fut une consternation que Kant, pourtant si pludent, n'avait excmple sur, ce n'cst pas forcément calqucr, répéter tel quel. Soit. Mais ce
pas prér'ue. Dans la préface clc la première éclition clc son olrvrage, en unc ne saurait êtrc quand mêrne prendre le contre-picd de ce derl on prétend
époque qu'il nommait < k: siècle dc la critique r, il s'cstirnait en rnesure <l'attcn- s'autoriser. Or, de ce pcint dc vuc, les propos de Kant semblcnt minés par
clre cle lecteurs délivrés clc r la dôlirante passion... du clogmatisme r < paticnce r une contrtrcliction éhontée. A tcl point que cette révolution copcrnicienrie
J,tt t tiL'olut i,.n ct)f c'r JLtcletluc 67
(t(, La. réua htl i,.ttt cQP( rn I c tc' lûle

à celui d'une colonnc d'eau à lui counuc, ou c1uancl,plus tard, Stahl transfomra
de la philosophic a tout l'air d'unc purc et simplc rcstarrt'iltion t1c I'ante-
Ies métaux en chaux et ia ciraux en rnirtal, en leur ôtant o'.r cr-rlui restituant
copenl-icisrne. Quoil cct hommc que scicntifiquerlnent Copernic avait ârraché
sous la cloLrirlt-- imprrlsion quelque chosc, ce fut unc rér'tilatic.rrt lrtminctrsc pour totts les pll1'sici6'11s.
c1cla place ,1,,til r'étuit arrogéc au centrc du co-sr;ro.s,
de ses st-ns ct de i'c'rrgueil de sa taisrrtt, Iiant rrr: lc Il complircnt qrre ia raison ne voit cpc ce qu'e-lle produit cllc-môme d'irprès
4u téÀoignagc incertain
cluqucl tor.trnent ses proprcs plans et t1u'eile doit prendre les clevants avc'c 1cs principcs qrri
réinstalle-t-il pas métaphysiquemcnt au point llxe aritoul -fanclis
quc la sciencc détcrminent ses jugemcnts, suivant des lois immuablcs, qu'elle doit obliger
cles phénomèncs réglés sur la structure de son csPrit ?
plus mêler notre subjectivité au réc1 I'âmc, clit llalc- la nature à répondre à ses cluestions et ne pas se laisser conduirc pour airrsi
nous-dcm:rncle de ne
l'i'pistémoltrgie dire en laisse; car autrement, faites au hasard et sans aucun plan tracé d'avancc,
br-lr1chr,,rr'1r quc trop tcnclance i\ sc, répaurlrc.au clchors
nos obscrvations nc se rattachcraient point r\ unc loi nécessaire, chose qr.rt:la
k ; t n l i , . t r i l rt .t ' É t r O n C r ' - t - r1' l,l l,t < s, i l l l l l l l , l , r l l l t ' ,( l l l t l i ' ) l l Sl l ( ' ( ' r l r l l i t i l l u l j :j l r n t ; L i t
raison demande et dont c-llca besoin > (Critiqu,e...,p.rZ).
r l r s c h o s r s q l l c c e q r r { l l o l l : 1 ' l t r i ' , n s n t i s?
Cc texte, bien que les candidats au baccalauréat, quand ils sont interrogés
cc que l{ànt rcnvcrsc, c'est colren-ric.Et ilOlr sculement il nc s'aYist' 1,as
sur lui, ne discernent pas toujours très nettemcnt la différcnce, cc n'est prs
clu rr-rallenter-rcl.'Inais il I'accr'ît ('llcore' l.rst}tc' au mi'l)ris cltr Plausiblc'
il ne craint l)its d'indiquer en notc qtlc ( Copcrllic a chercltri 1'crplicatic-,nclcs du Claude Bernard. Son but n'est i)as cle montrcr que pour expérimenter,
mouvelnents obscrvtls non clans les objets du cicl mais dlltls lcrtr spcctatc'ur. > il ne sufht pils, commc c1i'crétait llagenclie, d'avoir des ycux et dcs oreilles,
L',imbroglio est à son comble. coltre cette inlpost'.r|e philosophique, contrc mais qu'il faut aussi ct srrrtout procédcr à des hypothèses. Des hypothèses,
fusscnt-ellcs les plus avcntureuses, l'homme n'a jamais été avare. Galilée
cettc imposture qu'est la philosophic, auront donc t'r bnta-illcr les authentiqucs
rér'olltions copcinicienncs, les rér'olutions scitntiltqucs toujours dcstinées et Torricelli nc se sont pas contentés d'émettre, une fois de plus, des suppo-
:i combattrc linfatutrtion humaint,. La scieuc:t'âurait Porlr vrrtu currosi\'. sitions. IIs n'ont pas voulLr sc faire unc nouvellc idée des {aits, chacun sait
et salubre, c'est elle sclon la scientifrcité actr.rrllc qui philosr-,Pheà couP dc ce que cela vcut dire quand on déclarc d'un homme qu'il se fait des idées.
Se faire ur-reidéc, c'est l'usagc vain, dér'oyé de l'entcndement. I-'entendement
marteau, cle cléccntrtt toujours cl:u'antag(ll'hommc, de fairc r1elui Ic sattllitc
ne fait pas I'idéc, il fait le fait. Les prédécesseurs dc Galilée et de Torricelli
clcs astrcs dont il sc cro\rait 1c solcii. trIa vérité cst hors r1enroi, clans un Iangage
q1c je n'ai pas créé et cpi mc doninc, dans uue vic r.cttut' cle ltc:rtlcoup |lrts cht-rchaient, r,rr-r,l'idée. Ils ne pouva"ir-,ntla chercher qu'à partir d'une obscr-
vation naï\'e, rnaL armée, s'évertuant de Ia sorte à rnettre en ordre un donné
loin que nous, dans un système économiqlre, la nclcessittiil'rttt travail dont
brut et décousu. Cet orclre, que le cionné n'of{rait pas, qu'il refusait même,
nous aont étrangers aussi bien la source que les résultats, tel Lst, selon llichel
Iorce lcur était par conséquent de ne l'établir que dans leur discours. Il n'y
Foucault, l'enseignemcnt de la modernité. Dans I'Intyodlt.tion à la ps1'cha-
a pas €ru lang:rge r-nieux fait que la < sciencc r scolastique. Le verbalismc s']-
nalyse (Payot, p.266), Freud, se situant lui aussi, mais iL lron clroit, dans la
protégeait de toute contra<lictior"r.I-c <liscours suppléait la chose et s'octroyait
tignee ae liastronome polonar,is,rappelait que trois c1émentisalaicnt été infligés
la cohcirenceqLr'il n'y trouvait pas.
à1a mégalornanie de l'homrnc', clont elle ne st rclèvcrir pas, c,rltti de Ccrpernic,
nous débusquant du centre du monde, celui dr: Danvin Il,rtts obligcant à nc Galilée et Torricelli o'nt inuenté I'expérience;une expérience définie a priori
eu môi commc l'enscrnble des conditions aLl moyen desquellcs nous pouvons ramener
Plus nous tènir pour notre prol)rc origine, lc sicn, enfin, irl)l)rcrnant
qu'il n'cst mêmc pas lt' m:rîtrc datls sa proprc Ina1soll. ù I ' r r n i t é I ' l r é t , i r ' , , g r i r r é idt rér s c n s i L r l , ,l ,a m a î t l i s e r , c ' r ' s t - à - d i r ee \ c r c c r c f l c c t i -
vt'mcnt, ,,nr-r'1',ai dans des mots mais sur la chose, notre pensée. L'objct,
ar-cc 1a noirvell: science, n'est pas le clor-rrré, il est le réscau des exigcnccs de
la raison. La lais,rn, cluand elle se présente enhn à elle-même, s'appellc I'expé-
Expérience et raison riencc. De ccllc-ci nous savons d'avancc, quel que soit son contenu, quc sa
forme ett tiÉterminée par lcs exigences de notre entendcment. Les catégorics
scientiliques nc sont pas des propositions, ce sont dcs positions. Ellcs ne discnt
Avant dc contrcsigûer c1ctels attcndus et de prêter à Iiluit un contrL-scl1s pa-" d'avancc r, ce eue sont r les choscs, elles ne préjugent pas du réei, eiies
aussi violcnt, il importe de se poser cette question : qu'a fait, au iuste, Copcr- fixent les critèrcs en vertu desquels nous serons capables de porter des juge-
nic? Quelie est la signification précisc quc Kant assigne à rtne ceuvrc qu'il
ments sur lui. Les principes de la vraie science ne touchent donc pas au fond dcs
est peut-être le seul à correctcmt:nt cntcndre ? copernic a fait cadeau à l'astro-
choscs; ils marqucnt les normes de leur inteiligibilité. Tout principe régit
nomie, comme Galilée et Torricelii à ta physique., c1erègles qui affranchisscnt
une conduitc, une volonté. Cc n'est pas la nature qui leur obéit, c'est le savant
la connaissance dc sa sujétion à I'cxpérience irnmédiate ct lui permettent
qui se les imposc. Le principe d'inertie (il est absurde de l'appeler une force)
de constlrire elle-mênre ses objcts. llelisons, Lln peu avant notre texte, ce
sigrrific que nous nc deaons pas attribuer à l'objet une quelconque spontanéité,
célèbre passage : < Quand Galilée lit rouler ses sPhèrcs sur un plan incliné
sinon il scra toujours prêt à bafouer lcs lois les mieux assurées, comme l'ean,
avec un degré d'accélération c1ûà la pesanteur selon sa volonté, quand'Iorri-
dans lcs pompes r1e Florence, quancl ii partir clc rS,33 m ellc cesse souclain
cclli fit srurporter à l'air rrn poi<ls qu'il sar.ait lui-mêm^ cl'rvancc être égal
l.a té; "lutiott c '7rttticirtttte Lrt rétoluliott cofertLicitn nr ()9

d':n'oir horreur du vide. Le principe clela conscrvation de la quantité dc matière trarrscendantalc aura clonc :'r établir que l'appalcnce et la réalité rre s()rlt rxl.s
(ou dc nrouvcment) signific, quelles que soient scs dc plus en plus hncs for- deux niveaux dc l'êtrc. Aussi bicn, pour cacher ia réarité comme.r,.,
mulations scicntifiques, quc si norls tolérions quc dans la naturc il v eût des en occulte un autrc, 1'alilrarencedevrait contradictoirenrent avoir rle laréaliti:. "rt."
apparitions ct des clisparitions absolues, nous renonccrions à la connaître, L'apparcnce a son siège, c'r-'st-:\-clircson explication, dans notre j.grnrcnt;
c'est-à-dire à expliquer un état de chose par un état préc:édcnt, puisquc le cllc n'opère pas l'r notrc placc les jugcrnents vrais ou f:nrx que no.,,
1,,ur.,o,r,
changemel)t implique quclque chose qui changc, qrri subsistu r'Ltravers lui, portcr sur ellc. Lc kantisme :r pour vérité que nous nc pouvons pelrscr que
lc cours réglé, l'ordre du temps. du pensable, qu'rne cxpérience cléj:i informéc par la pensée; ainii, r",,, 1.,
Grâct- à Galilée ct à Torricelli, I'cx1>éricnceest cler.cnLlL- Lir]c nréthode. Ce synthèses transcendantlrlcs c1c l'cntendemcnt en générat, jamais lnoll
qui confère à i'objet sa réaiité, la quantité, lc dcgré, ce s()nt cle'sopérations entenclcmcnt ne serait c:r1lab1e d'effcctucr s(.s s),nthèscs enrPiriqrr,.s.
méthodiques. I-a mesurc n'cst pas un artificc, un actc extérieur zi la chose, I'Iais cc 1;cnsable rcste cncore p()ur nous torrt cntier à pcnser. Ausii c,,'qrr.,
clle ia constitrrc, l:r convertit en objct. Le plan incliné c1eGalilét, le tubc c1e nous offre l:r natrrrt', chcz lirr-nt, n'est,cc'nullemcnt la scicncc, tout,,flLitt,,
rnercure dc Torricclli sont des applications du schénratisrnt. Dc: même, la mais simPlenrent la condition de sa possibilité.
Ç.)u'cst-cequc i'aP1ra-
balance dc Lavoisier, créatrice d'unc chimie que Kant a le génie c1'annonccr, rencc ? La réalitti rn:rl comprisc. Qu'est-cc quc la réalité ? I-'airp"r"ncc
bicrr qu'il n'ait sous les yeux que la pratique tâtonnantc d'un alchimistc, comprise.
Stahl, aussi écrit-il en note : < Je ne suis pas ici, d'une manièrc précise, la Copernic a clonc enscigné aurl astronorncs le souci cle rattacher I'cxulicatiol
ntarche de l'histoirc de la méthode cxpérimentale, dont ies prerniers débuts, cles mouvcments ci:lcstes aux exigences cl.e Ia rationaiité mathématiqnc,
d'ailleurs, ne sont pas bicn connus , (CritiErc..., p.r7).'flansformer l'expé- plutôt que dc sc les figurer scl.n le grti dcs sens. Le concept scolastiqu.-,
riencc en raison, fairc des principcs de la nature les principes clc la science, basc de I'ancienne science, irléc généralc rirssembrée par prélèvement sur les
ce fut le grand renversement opéré par Galiiée ct Torriccili. Or Copernic, faits,
-cxprirnait lc primat clc la rôalité sul l'esprii, l'iàéc mathématique,
dans un domaine beaucoup plus difficile, sans lcs avantages cle l'cxpérimenta- outil dc la noulelle scicnce,signifie la subordination de I'cxpérience à la penséc.
tion, leur avait déjà à tous ouvert Ia voie. Du momcnt q'e la physique cloit sa validitti i). clcs notiôns mathématiq'rs,
On restreindrait singulièrement l'ampleur de son initiativc, on scrait a\reugle objr't d'un sar-oir a priori,Ia laturc nc reçoit que clc notre r:rison sa structurc
à Ia < révélation lumineuse r dont parle Kant, si l'on s'imaginait que la gloire d'intelligibilité, comme sculc est capablt' cle le théoriscr la prrilosophie rrans-
de Copernic vient cle ce qu'il a remplacô une image du moncle, idéologique, cendantale. ce que Kant a découvcrt, en eft'et, ce n'cst pis 1'a
friori, c'est
Ie géocentrisme par une autre image du monde, scientifique, mais comment sa portéc transcendantale. L'un nc doit surtout pâs être icicntifie à l,autre.
une image pourrait-elle l'être? I'héliocentrisme. (Au demeurant, le problème De I'a priori, Platon, Descartes o' Leibniz étaiént sufâsamment informés.
historique de la signification exacte du géocentrisme et de l'héliocentrisme x{ais I'apriorité, chez eux, n'était clue rnétaphysiquc c'est une chose, c1éjà
chez les Grccs, chez Copernic, puis Galilée est cxtrêmement compliqué et appréciable, que dc rcconnaîti-e quc nous disPosons sous for.rne d'idécs innécs
ne saurait être examiné dans les limites de cettc étucle. Copernic cstimait, de la représcntation clcs principes cIe la nerture, mais par-là ori se bornc encclre
cn tout cas, que se rnouvoir pour la Tcrre était tout lc cor-rtrairecl'unedéchéance, à constater un fait, on n'cxpliquc pas ia rir-isondc |eipérience, on ne préscnte
quant au solcil, il n'était pour lui qu'nn ( luminaire r. Cf. Lcnis Blanchc, qu'uû cmpirisme c1el:r raisorr. Encort' convicndra-t-il cl expliryrcr quc là laturt:
Les paracioxes chr systène dLt tnoncle, Ileaue de I'enseignenre.nt pltilosof>hiqtte, se irlie à cies principes clrri n'exister.rt qut: clans notrc inl.elligence,-c'cst-à-dirc,
(juin-juillct r968). cn dernier rcssort, de rccc.rurir:\Dicu. c'est unc autre chose qrre cle clémontrlr
A brandir l'hélioccntrisme conrne unr machine de guerrc contre lc géo- comrnent ccs principes a priori for-rclent par ettx-trtilre.s une connaissance t:t
centrisme, mais il y a bien des façons de conceaoirl'un ct l'aLrtre, on s'expose régissent l'expérience.
à ne se payer que de rnots, on montre qu'on demeurc prisonnier dc ces appa- Le transfcrt rlcl'a priori du rnétaphysiquc au transccncLantal ne s'accomplir:r
rences dont Copernic nous a libérés de la tyranie. Avec Copcrnic, selon Kant, pas sans un bor:lcverscmt'nt radical des éléments usuels, dcs protagonistcs
cc n'est pas unc apl)àrence, r'raie, qui s'est implantée à la pl:rce d'unc autre de. la dramat.rgie philosophique. En efiet, des concepts même purs ne sufh-
apparence, {ausse. II n'est point d'apparence privilégiée à quoi ia science raient lras :i rcmplir une connaissance a priori dr réel. Du concept, simple
n'aurait qu'à sc conformcr et le réel n'a pas tlcux façons d'apparaître. Avant instmment de liaisorr, il rr'cst pas possible d'extraire dircctement un savoir,
ou après Copernic, c'cst le même mondc, la même apparencc. Êtrc compétcnt cornme y Prétenclait r.ainement la dialectique. I-e concept, à noins r1c restcr
en astronomie revicnt non pas à irrésenter au tableau noir une construction 'icle, doit se rapporter à une intuition elle-mêmc pure et, a priori, non maté-
intelligible, à substituer à des imagcs dcs équations, mais à comprendrc, ricllc rnais formelle, non intcllectuelle mais serLsible(+ sentie). Ainsi la ques-
ce qui est moins facilc, par l'cffct dc quellcs lois I'apparcnce ne peut être autre tion, énigmatiquc et renvoyéc aux bons offices cle Dieu, dc |accord de nos
que ce qu'elle est. I1 n'y a pas de i'érité dans l'apparence, il n'y a de vérité concc|ts avec tlne naturc extérieure se règlc rationnellemt:nt dans les rr.latio;s
euc r1,' l':rpparcnct:, ces cleux propositions sont corrélatir-es. La philosophie :rPrioriqucr; des catégories ct de f intuition. Ces relatiç1s n'ent pas 5cs6in
J,u rér:0ltt/iOtt aohernicit tlne col)elnrct enite n1
La réuolution

d'rur Dicir l)our l(_.s calltionltrr. La phil6sophie transccnciantllc, c,est


lc trépas, Pauvre c1onc,clc Pcu cic Poicls, malgré son ton suptlrit:ur, la thèsc scicntistc
épisténrologiqrrr',rre Il t,t ri.Li ,1,t: I'application de l,u^ité dr:
.L)i.tu. ra caté_ selon laquellc les r'éritables rér'olutions copcrnicicnncs ont r1téet scrout tou-
goric à la clir..r.sitô clc i'int.iti'r-r prsc
firoblèi*. r" schématisrnc sera chargé jolrs l'apanagtr c1'trtrcscicncc rabattant 1'art'oglncc llhiiosophiquc, siglrl clc
dr- L' rtisorrd'r. ()r scr.it dr>^c t:n clr.ii .r. dir", ,",r,
quc le rôle ia mégalomanie lnrmainc. A des proPos de ce style, cn atttertr cxctcti att cri-
d-e tra.it-.d'u'irn qr,rc jo.ait Di.'. cla.rs les ";;;é;;1;;,
métaph5rsiqrîs est rlévolu cirez
,t l'ir'agin.tior, cct r irrt caché clans les profondeurs ticisrne, Husserl ir rélxrtrclu r.itrcfois potrr tt.rutcsclans un tcxtc intitrrlé:lo
]Xl: cle l,âme humainc , crise rltt, sai,oir ,nrro'Péenet la phértctrninologietranscendantale (rq6).I1 \'cl(rnrtin-
\ L n n q u e . . . ,I r . 5 - l ) .
trait quc ce quc Copcrnic a retnis l'i sa placc, cr: n'cst pas l'homlnr:, c'cst la
Tcrre. La théoric <1,rC.opcnric nr' rabat la prétention rltc clc cct êirc ttatttrcl
qui s'était cnr logé au ccntrc clu cosmr-rs, en I'homtuc clle n'in11igcnn c:rnrottfltt
Le sens philosophique de la science q1'à i'incligèuc dLt moncle. illais cllc prouvc dtt nrême cor.rp qu'ir l'llomrnc
est rtiservit le pouvoir dc sttrmot'ttct 1esappar-cnccs,cLCcontcstt'r lc ténr,risn:rqt
de scs sens ct quc dc par cc pouvoir i1 est bien pius quc le chétif habit;tnt
llaintrrant c1u'il uoris. est- apltar-u clu,tntrc l:,. révohiti,rn
coliernicicnnc, c1'un canton itrfimc clLr réel. Cr-rurmcntsi l'hommc n'était qlt'Llnc partic rlu
screntifique, rt la r'ér'olution kantienne,
Phitosophrqlle, lle surrsiste 'lus rien rnondr poLrrrait-il savoir qu'ii n'en cst qu'une p:rrtic ? Lr: srv5fi113 c1eCopernic
de la discordattc,',c1cl'opircsition anrl.t rl.ou.
nc,rrséto*rjor.is au rléb.t cle l,ana- srlppùsc ulle ralson rn nlcsurc der clomint'r lcs instanccs clt la nlLturalit," ct
lys'", il est
.tcmps clc rcvcnir une dcrnière fois sur t", ,"1a-rt, J"' l" ,.i.,.,.. de s'orrvrir sur lc rt<t-lrtnc perslrcctit'e quc cciui-Ci llc cralusc llas clc lui-môlnc.
et dc ia philosophie. Nous po*r'ons ar:corcrer
à la critiq'e q',clle est l,cxprcs- Comment serions-nous azr ntondr: si ttous étions totlrlement r/azs Ic tnonclt:?
sion réfléchie d'un rcto'rnement q''avait
déjà réussi ia ,.-i"r",.,] È,, .. ,.r-,r, Lc regard oir sc lt)r.er-rtles raPPorts cl:-ci et dr'-Li n,: Pcrrt êtrc rir'é ni ici ni
la phil.sophic chcz Iiant cst une
i>iise de conicience de la science.seuremcnt, là. Cc par ipoi tout sr:sait comme cxti:r-ieurà tout cst unc irrtériorité. Le scienc,'
comme toutc prisc de_conscience, erirr requiert
un cf{'rt aécisrt .r.rgrrr.l, pcrit clonc ct rloit tout rendri. conrirtc rlt--l'honrnrc ert Ic faisar-rt rcntrcr rl;uts
elle nc saurait êtrc coDsitr,irtjecomme la sirnpre "t
tracluction, a,:rur'r-r.i, entièrc_ la natrire; il cst justc qu'cllt: lrri cnlèvt-'lcs privilègl's al;usifc ck: supt:r-objt't
rnent explicitc, clc c|rr:lque chose qui créjà
ie se.ait, cyune ccrtainc 'ranière, qrr'ii s'octroyait, mais plus cct indigènc du moucle tst ,' rabaissi r pttr la sciurl(, ,
su avant elle. Prc'dre conscience,c'cst sàisir
par lcs causc, ." q,,;o, n,appré- c'est-à-dire réintroditit dans Ic jcu ck's stmcturr,'s unir-t'rscilc's,irlus se dessitrtr
hendait ju^sque-làqlre
Par rt--seffets; c,cst se remettre à l,cnâroit. L,esprit clirns sa purcté la climcnsion cL: ce rcgard, nott ravttltl dans ce t1u'il rav:rlc.
à l'æuvrc dans la scien
La théorie cle Darrvin n'offcnsi: ir son trtul en I'honllle tlue lt menrbrc cl'uni:
renversemen
ts,ca
r', ffËi ::i :ffi '';JTiï,1;:*:".Xï:1iîJ,ï:ï:iiî:: espèce biologique sc flattant c1'êtrc un colnmencemcnt absolu. l'Iais l'hyPo-
toutes chosesà un unique niveau, à effacer d.
..s i", *nditions thèsc par quoi I'homme est contraint dc situer moclistemcnt sa lignt'e à son
possibles.Le sens commun est "*'pii"rii"",
naturellement rang clans 1:r suite cLc l'ér'oluticrn n'autait jamais été sritltcttte ltar Danvin
lllrl_]::
crolt quc::^, _.^":d,l:r réatiste;
no's pcrcevonsles chosestclles qu'elles sont. Le savant ni par personnc d'autre si nous étious i:ngkrutis dans nottc corps. Pour qrte
que le réel se construit, mais, cédant à un a appris
reflux du réarisme,li l;i"t qrre la l'homnc s'intcrrogt: sur la" r'tiritir cle son ririginc, etlcor{r fa,.rt-il cp'il soit c:lpable
réalité ainsi Procluite subsiste, inclépendamment
dcs conclitions trarlscell_ cl<:se clétachcr cle son organismc, c1esc le rcprésentcr commcun objet, qu'il
clantalesprar lcsqrrcllcsnous p.r,r.,<,,rJ les informer. entreticnne par conséqucnt avcc cc corps qu'il est ct qu'il n'est pirs, avcc
A'ssi, le refus scientiste de ra dimension transce.crantale
cst-il animé par Iccpel il s'iclentifle sans poul' autant sc confor-Ldre , ce tt'pe singulier dc rclation
rl'e a'efsrcn à r'égarcl,de la métaphysique,euc-même,
cornme tiurrt t,u -is spécial à unc conscience toujours distincte clc ce qu'cllc est. Avcc copernic,
j":]t', métaphysiqucclepart cn pàrt.
:: Dàns les antinomies crela r?aison l'homme ne dcvient physiquemcnt un satellitc qr.reparce ty'il est ratiomrelle-
l'a'tithèse (empiriste,matérialiste,scic'tistc) P*re
n'cst qu,unc ontotogi"negatirre. ment un ccntre. Avcc Darrvin, l'homme ne cesse d'être son proPrc ancêtre
llichei Alexa'dre le commentaitexce'cmen't: u
t..s sériesclc pfiéno-èn.r... qucr parce quL. sll conscience est à l'origine dc la lucidité scientifiqut: dont il
sont i''niquc, l'absoluc réalité -- par conséquent
on confère la propriété dc apPrenclra à nc plus se tcnir pour originairc. La science peut tout élimint-'r
i'inconclitionné ,i l'incréfinimcnt conclitionné.'
ce qui est dogmafiq'e c,est : chr monopolc humain sauf la conscicnce sans laquclle elle ne procéderait pas
. ,, I I y a rrnemanièrcindirecrc
:,,1,]:l' à. Ë"ii.r"i." ii ."i.i)n, ,,,"nii." à ccs éiiminations. Cornment la psychanall'se fcrait-ellc exccption à ccrttc
' l o l o n t r " clr";;
l ' u ' ' l r ( ,i ) i l r '( ' (l r r r r é g a t i o 'm ô m c ,e n
'terrel ) o s a n tq u e c c t r c | o , r r s i è r nd e règle? Lc cogilo philosophique u'a rien dc commun avcc le sujct < psycholo-
phénomè^esest |r'iquc rer:rlité.car rrne
,rcgatron'e rerèvc d,aucune glque , que I'on se plait aujourd'hui à tailler cn pièccs. I1 signifie que, quelle
réalité positive - t't nùm': c'est au fond;; piio.nn".toir
le phénomènecomme que soit la muitiplicité de cc que jc suis, et aussi divisé, déchiré, conflictuel
phénornène.Lc caractèrc phén''rénal du phénoment,
est nié, car dans l,anti_ serais-jc, je n'cn prends conscience que dans une unité de penséc^Chez Dcs-
tlrèse,l'espaceet le temps sont poséscomïc
des absorusn (Lecturede Kattt, cerrtcs le cogito est la certitudc dont dépenclcnt toutcs les ar.ttrcs. Chcz Kant,
p. zr8. P. U. F.).
il cst position <f unit'ers. I.'universcl, voilà sa frlnction. En :rtlclrn cas il t'tcr
72
La réuolutiott copernicienne
La réuolution copelnicienne 7.J

sc donnc l)orrr lrn J)ersonnage,pour l,hôtc


d,un logis i'téricur. Le vrai je, le p r e s t i g e sd e l a d i s t a n c e e t n e t t o i e I ' u n i v e r sd e t o u t e é t r a n g e t é .L e m o u v e m en t d e s a s t r e s
jc cl'vrai, n'a
l)as à êtrc rnaître clans sa maison puisqLr,il n,a pas cle'rarson. e s t d û p a r e x e m p l ea u x m ê m e s c a u s e sq u e l e t r a j e t f a m i l i e r d e s m o u t o n s l e l o n g d e s l i m i l e s
de leur pré. Toujours les mèmes lois.C'est partout comme ici.
E n c o u r a g é ,I ' h o m m e n e b o r n e p l u s s a v u e à c e q u ' i l v o i t . l l ( f o r c e l e s p o r t e sé t r o i t e m e n t
cioses de la nature >, que ne pouvaientpercer nos sens. ll brise une double clôture :
c e l l e d e l ' i n f l n i m e n t p e t i t , l i e u d e s a t o m e s , p r i n c i p e s m a t é r i e l sd e t o u t e s c h o s e s , c e l l e
Thème d.étuoe d e I ' i n f l n i m e n tg r a n d . L a p h y s i q u e d é m o n t r e r a q u ' i l e x i s t e , a u - d e l à d e l a v o û t e d u c i e l
e n f l a m m é q u i l e s c a c h e , u n e i n f l n i t é d ' a u t r e s m o n d e s f o r m é s e x a c t e m e n tc o m m e l e n ô t r e .
L a p h y s i q u e l ' é t a b l i t p a r l e s s e u l e s r e s s o u r c e sd e I ' i n j e c t u sa n i m i , l a d é d u c t i o n c a p a b l e ,
p o u r v u q u ' e l l e s n e c o n t r e v l e n n e n tp a s a u x d o n n é e s d e s s e n s , d e r e n d r e v i s i b l e à I ' e s p r i i
R é v o l u t i o nc o p e r n i c i e n n e t p h i l o s o p h i e
c e q u i e s t i n v i s i b l ea u x y e u x . L e t e x t e l a t i n d i t : M e n t e a n i m o q u e .l l n e s ' a g i t p a s d ' u n e r e d o n -
d a n c e . C e r e n f o r c e m e n ts i g n i f i e q u ' à c e t t e t â c h e p r o d i g i e u s et o u s l e s m o y e n s d e l a p e n s é e
K a n t , aa s s o c i .àés a p h i l o s o p h iIe' e x p r e s s i ocni e< s o n t n é c e s s a i r e sA . lors rien ne se dérobe plus à I'homme.D'un unique regard, il réunit
r e v o l u i i ocno p e r n i c i e n n>e, o n s e r a i t
c, e p e n d a net n d r o i t d e s o u t e n i q r u ' r rn ' ' e s pt o i n i à e p h . i r o s o p hviéer i t a b r e l e s m o n d e s , e m b r a s s e l e t o u t . P a r l a p e n s é e d o n t r i e n n ' a p p r o c h e l a v i t e s s e ,{ ' h o m m e
e n q u e t q u ed o m a i n ep r o p r e ,à u n r e t o u r n e m e n r ; ; a l ô ; ; qui ne procede,
ô ; " ; ; i ; î ; ; ; ; r " ; p a r t i rd , u n s ' é g a l eà l ' u n i v e r s .
r e n v e r s e m eq nu t e s e l è v e n t s, o u , sl ' e f f e td ' u n g e s t e
r n a u g u r a t e uaru, r e g a r dd , u n ep h i r o -
o e , n o 3 v e a u x . p a v s a gdeesv é r i t é sA . i r Ë i ; ; a p u p a r r e rd , u n ei é v o r u t r o n C e t t ov i c l o i r es ' a c c o m p l iet n d e u x L e m p s L , ' a l e ' , l e r e l o u r .É p i c u r ea, p r è sa v o i rp a ' c o r ' u
1
n9 r c1r!e| en n e
de p j a t o n coper_ ( p e r a g r a r e )t,r a v e r s éd e p a r I e n p a r t I ' u n i v e r s ,r e v , e n l . R e t o u r c l a s s i q u e d u p h i l o s o p h e ,
d a n s I ' o r d r ed u l a n g a g e<, C , e s tc e r " n u " r r * à n l
o p é r és o c r a t eA . u r i e uc J ' e s p é r e r l u s a f i e i e t " f o n drea*nr gi ea g e ol'initnoo" qr,u c o m m e d e l ' é v a d é d e l a c a v e r n e p l a t o n i c i e n n e ,M a i s c e l u i - l à n ' a v a i t e u q u e d e s v i s i o n s ,
c o n t r a i r e . i u s t i f ieetrf o n d e rr e m b n d ep u , .t u t u n g u g " . t";l;;";;;, i r i a u ta u c o n _ i i a v a i t é t é é b e r l u é p a r d e s a b s t r a c t i o n s ,d e s c h i m è r e s . Ê p i c u r e r e t o u r n e d o n c p a r m i
i n t é r i o r i t ée t f o n d e r s u r n o l r e i d e n t i t ét ' r o e n t i t é " o uL e r a n g a g ed o i t e x t é r i o r r s enro t r e nous. Unde refert :lc tcrme évoque le chasseu.,I'Hercule porlant sur les épaulos son
r e e r . .L
. e r a n g a g eé t a i t r e s a t e i l i t e
d u r é e l .s o c r a t ea f a i t d u r é e rr e s a t e l r i t t l ; i ; " ; u g " b u t i n . Q u e m e t - i l à n o s p i e d s ? Q u e n o u s e n s e i g n e - t - i l ?Q u e t o u t e s c h o s e s o b é i s s e n t
o n t o t o g i q udeu r a n g a g ea c h a n g éd e s e n so . N . D u m ê m ec o u p r a s i g n i f i c a t i o n à des lois,flxant, assujétissantleur constitution c e s o n t l e s f o e d e r an a t u r a e - l e s e n s e r -
e r i m a t o i: u L e s n a m à n r J * J ù . r u , , q r " r ,
n"Xu^u et de Morale,1968,n" 4, page 426. rant dans de strictes limites. Quelle bonne nouvellel Tout n'est donc pas possible,
u n c^d,"-Métaphy,sique
n e r c h e r ad e q u e l r e n v e r s e m e nc th a q u ep h i l o s o p h e n ' i m p o r t e q u o i n e p e u t p r o v c n i r d e n ' i m p o r l e q u o i . P l u s d e p u i s s a n c e sd é m c s u r é e s ,
V o i c i 'à t i t r ed ' e x e m p l er,e t a b l e a uq r " p r o ! u n t ! a été I,auteur. t e r r i b l e s L. a r e l i g i o nq u i n o u s e n t r e t e r a i td a n s l e u r p e u r e s t a i n s i f o u l é ea u x p i c d s ; r e n -
l u c r e c ed e l ' e x p r o ipt l u sq u , h e r c u r é e n
a c c o m p lpl a r s o n m a î t r eE p i c u r e: v e r s é e , L ' h o m m e é t a i t e n b a s . L e c i e l , l e s d i e u x I e s u r p l o m b l a i e n t .A u - d e s s u s d e l u i , i l
v o y a i t ,é p o u v a n t é ,l a t é t c m e n a ç a n t e - c a p u l - d e l a r e l i g i o n , c ' e s t - à - d i r el a p r o j e c l i o r t
< A l o r s q u ' a u xy e u x d e t o u s , r ' h u m a n i t é t r a î n a i ts u r t e r r e u n e v i e a b j e c t e é d e s o n i m p u i s s a n c e ,l e s f a n t a s m e sd e s a r e r r e u ' , L e v o i c i à p r é s e n te n h a u t . P a r l . r p e n s e .
s o u s r e p o i d sd ' u n e r e r i g i o nd o n t r e v i s a g e s, e , crasée i l a g r a v r j u s q u ' a u c i e l , e t , r a v a l é e ,I a r e l i g i o n e s t e n b a s .
m o n t r a nd t u h a u td e s r é g i o n sc é r e s t e s ,
menaçaitres mortersde son aspect horribre,re premier
un Grec, un homme,osa rever C o m m e C o p e r n i c ,É p i c u r e a f a i t v a l o i r l e s d r o i t s s o u v e r a i n sd e I ' e x p l i c a t i o nr a t i o n n e l l e .
ses yeuxmorterscontreeile,et contree[e se dresser. l l a c h e r c h é l u i a u s s i l e s v é r i t a b l e s r a i s o n s d a n s l a t ê t e d u s p e c t a t e u r .C e q u ' i l f a l l a i t
Loin de |arr'êter,re, ruor", divines,
l a f o u d r e ,l e s g r o n d e m e n t sm e n a ç a n t sd u c r i t i q u e r ,c c d o n l i l f a l l a i t r o m p r e I ' e m p r i s e c, e n ' é t a i t p a s l e t é m o i g n a g ed e s s e n s , p a r
c i e r n e f i r e n tq u , e x c i t edr a v a n t a g e|ardeur
de son courage,et son désir de forcer re premie, e u x - m ê m e s n o n t r o m p e u r s e t n ' a y a n t p a s d e r e s p o n s a b i l i t éd a n s l e s j u g e m e n t s h â i i f s
l"t ;"1;; ;t;;i #uii'i,"r", o" r"
natureA ' u s s i I e f f o r t v i g o u r e u xd e s o n e s p r i t o a r q u o i n o u s o u t r ^ p a s s o n sl e u r s 6 6 n 1 é e s ,c ' é l a r t u n r o g a r d i n c e r t a i n ,f l o u , p ^ ' s u a d À
a f i n i p a r t r i o m p h e r i; r s , e s ta v a n c ér o i n
a u - d e r àd e s b a r r i è r e se n f l a m m é eds e n o t r eu n i v e r s ; o ê \ , o i .L o q r ' i l n c ' a i s a , lq u ' i m a q i n o rC, e r ' e l a i p a s I a p p a r e n c ec, ' é r a i tI i l l u s i o nI,' a s p el cu s ,
d e ' e s p r i t e t d e r a p e n s é ei r a p a r - conrfne dit Lucrècc au vers 65 horribili aspeclu.
c o u r u r e t o u t i m m e n s ep o u r e n r e v e n i rv i c t o r i e u x
n o u s e n s e i g n e cr e q u i p e u t n a î t r e ,
c e q u i n e l e p e u t ,e n f i n r e s r o i s . q u d i é r i m i t e nI te p o u v o i rd e c h a q u e D e r n i e r e i d é c i s i f e { T e td u r e t o u r n e m e n t . L e d i v i n , n o n d é t r u i t , m a i s r r i s à l ' e n d r o i l ,
b o r n e si n é b r a n l a b l eE s .t p a r - l à l,a r e l i g i o ne s t à s o n c h o s es u i v a n td e s
t o u r r e n v e r s é e t f o u l é ea u x p i e d s , n e l o g e p l u s d a n s l e s p e c t a c l e ,i l p a s s e t o u t e n t i e r d a n s l e s p e c t a t e u r .A d m i r a b l e , n o n
e t n o u s ,l a v i c t o i r en o u s é l è v ej u s q u ' a u xc i e u x . p o i n t l e m o n d e , m a i s I ' e s p r i tà m ê m e d e s ' e n e m p a r e r .C e q u i r a v i t L u c r è c e ,c e n ' e s t p a s
q u e ' a s c h o s c ss o i . n i c e q u ' e l l e ss o n l , c ' e s I q u ê n o u s p u i s s i o n sl e s c o n n a î t r eC, f , L i v r e3 ,
premier,
Livre r.au.r,.njJfff:3: g:ii# i:iï:1
vers62-7e. lou,oursàl'occas,ond'uneloged'Épicu.e:<Atraverslevideloutenlierjevoissaccomplir
l c s c h o s e s> . E t p l u s l o i n : < L a l e r r en e m e m p e c h ep a s d e d i s t i n g u e r t o u l c eq u i s o u s m e s
p i ê d s s a c c o m p l i td a n s l e s p r o f o n d e u r sd u v i d e . D e v a n l c e s c h o s e s ,j e m e s e ^ s s a i s i
L ' o ns e r as e n s r b l e au caractère é p i q u e- c ' e s t u n e g e s t e_ d e c e t e x t ef o r t e m e n t o - r e s o r t pd e v o l u p t éd i v i n ee l d ' h o r r e u r( c ' e s Ii h o r r o r s a c r e e ,l e l r a n s p o r tb o u l e , e ' s a n I
m a t i s é .L ' h u m a n i t é < i r a î n a i ts u r t e r r e u n e u r e - à q 1 e c t à , , , dra_
.tiu;;;;"û,'N;î;;, r,emproi d e l ' â m e ) ,à l a p e n s é eq u e l a n a t u r e ,a i n s i d é c o u v e r t cp a r t o n g é n i e , a l e v é t o u s s e s v o i l e s
d e l ' i m p a r f a i te, x p r e s s i o d
n ' u n e d u r é eo t u i " . à ' u ' i ' i u s s e q u r pour se montrer à nous >. Vers 26-30,
l e t e m p sé t e r n i s éd u m v t h e ,d. e r a f a b l e .L o n g n e p a s s ep a s . c , e s t a u s s i
dain un événement. R i e nn e c h a n g e a i tE. t p u r ss o u - O r r i i . v r aa u s s ro e 6 o l s r l e l a l c ç o n q u e l c n ' a t c r i a l i s m de c l a v r a i c p h y s i q u ea p p a ' a i s s a i l
u';, ,t:._yl:..,a-;ri "r.rà;uge .
oe t,hisrorique.
L et e m p ss e m o b r r i s eu.n e e n t r e p r i sceo"ù;ri,i;;;tion Le passébascute. à L u c ' è c e c o m m e I a p r e u v e l a p l u s é c l a t a r l e d u p o u v o i rd e l a p e n s é ee t d e s o n g é n i e .
mmence a v e cs e sp n a s e ss, e sé p i s o d e ns e t t e m e n t
marquespar Lucrèce,,"^1:fi?l! r"rnplace Cf. la répétion voulue du terme esprit : animi virtutem... vis animi... mente animoque.
t,imparfait.D,abàii É;l;;;;'Ë;; res yeux.
T h è m e e s s e n t r edr a n s r ' é p i c u r i s m e : p h i r o s o p h b c, e r u .qi u i s a i t r e g a r d e rq, u i D ' a v a n c e L u c r è c e r é p o n d i c i à c e u x q u i p r e n n e n l p r é t e x l ed e s c o n q u è t e s d e l a s c i e n c e
d r o i td a n sl e sv e u x .É p i c u r ec o n s i d è r d e o n . i ; ; ; Ë r ; . M a i sc e n ' e s tp a s p o u r regarde p o u r h u m i l i e r I ' h o m m e e t l e r a v a l e r à s o n t o u r e n u n a p l a t i s s e m e n tg é n é r a l i s é- s i g n i -
p l e r ' p o u r s e p r o s t e r n eàr n o u . v e a uc ,' e s t p o u r r e sc o n t e m _ f l c a t i v e l a p r é d i l e c t i o na c t u e l l e p o u r l e s s u r f a c e s ,l a d é f l n i t i o nd u s e n s c o m m e s u r f a c e
res
r e g a r d D ' i c i ,i l s e t r a n s p o r t er à h a u t .L a r - . , â u i n ' ersnl e s u r e re, n p r e n d r ep o s s e s s i odnu o u b l i a n tq u e d a n s u n r e n v e r s e m e nqt u e l q u e c h o s e n e d e s c e n dq u e p a r c e q u e q u e l q u e
p r u sr à - h a u tL. a s c i e n c ec o n i u r er e s
cnose monle.
75
La véuoltttion cof ertttctutttt'
A i n s i c e sp r o -
q u e n o u sn ' e n - a y o nesn c o r ea u c u nc o n c e p t '
I exle c h o s ec o m m ed o n n é ,b i e n s a n s ê t r e r é e l l e s o
; n n e peutconclure
peuuenê t trepossibles'
o o s i t i o n s: l e s c h o s e s - s o n tt r è s! u s i e m e n t v a l a b l e p
s o u r l a r a i s o nh u m a r n e '
d e l a s i m p l ep o s s i b i l i t aé r " t l l i i i e ' s e t r o u v e t l a n s l e s c h o s e s elles-mêmes'
c e t t ed i f f é r e n c e
Les rapports du possible et du réel chez Kant s a n s p o u rc e l ap r o u v e r . q u e q u e c e s p r o p o s i t i ons^possèdent
t o n c l u 'p a rc o n s é q u e n t
E ne f f e t q, u ec e l an ' e np u ' ' l J # " - o i r n o t r e i a c u l t éd e c o n n a î t r ee' nt a n t
d a n s 1 1
O n a p u d i r e q u e l a r é v o l u i i o nk a n t i e n n ea v a i t c o n s i s t ép o u r l ' e s s e n i i eàl r e n v e r s e r c e r t e su n ev a l e u rp o u r t e so b j e t s TltÏ1" a u x o b j e t sd e ss e n s
-
( a l ss i n n t i c hb e l i n g t )s, ' a p p l i q u e
l e sr a p p o r tds u p o s s i b leet d u r é e l .K a n ta m i s f l n ,e ne f Ï e ta, u p r i m a ta, u r è g n em é t a p h y s i q u e q u e c o n d i t i o n n épea r l e " " ; ; i ; i ; e n c ' e s t l à c e qur
p"',t l:: thot"t sénéral'
d u p o s s i b l eL. e p o s s i b l eé i a i t t e n u p a r l ' o n t o l o g i e l e i b n i z i e n n pe o u r u n e s o r t ed e p r é - m a i sq u ' e l l e sn . p o u ' e o " n i î ; ; J ; ; ; ; i ; " ' d e r a r a i s o n d ' a d m e t t r eq u e l q u e
cnose
r é a l i t éd , e r é a l i i éd ' a v a n tl a r é a l i t éd é t e r m i n é jeu s q u ed a n s s o n m o i n d r ed é t a i l .A i n s i , résurte c r a i r e n r e na t e ' i n l e î u n t " c o n d i t i o n et cans
'
" * i g " n . "
qr'"*l.tunt nécessairement s a n s
p a r m iu n e i n f l n i t éd ' a u t r e sT a r q u i n sc o n c e v a b l eds o, n tI ' u na u r a i té t éu n m o d è l ed e v e r t u , ( l e { o n d e m e n ot r i g i n a i r el;i i u n i
d ' o ùl ' i d é eq u ' i ly a p l u sd a n sI ' e m p i r ed u p o s s i b l q e u ed a n sl a p r o v i n c e d u r é e l ,a u T a r q u i n I e q u e l p o s s i b i | i t é e t r é a | i t é n e d o i v e n t p | u s d u t o u at êu tcruendciosnt ci ne gp tu'cé' e sst.-C à -' e
d isr teu n e i d é e
r é e lc o r r e s p o n d a e , t o u s p o i n t si d e n t i q u eu, n T a r q u i np o s s i b l er,é s i d a n ta, v a n tl a c r é a -
i in p o u r l a q u e i l en o t r e e n t e n î e n l e nnt e o " i : " ^ * - : l l ^ " l u m e n tu n e t e l l ec h o s ee t s a m a n i è r e
t i o n , d a n s I ' e n t e n d e m e ndte D i e u . L a p r i o r i t éd u p o s s i b l ed é c o u l a i d i e la perfection pour se représenter
d i v i n eD . i e un e d o i t - i pl a sc o n c e v o idra n su n ea b s o l u ed l s t i n c t i o ne,t n o n p o i n tv a g u e m e n t , c r u ' in l e p e u td é c o u v r l ar u c u n eî a ç o n penser à sa guise),c'est sinrplement
En effet, s,il la pense (denkt)(il p_eut_la
g r o s s i è r e m ecnot m m el e f a i t u n h o m m e c, e q u ' i lv a r é a l i s e rC ? o m n t e npt a s s e d r u possible c,exister. c o m m ed o n r r é ed a n s
' " 0 ' é ' à n i a n ' E n s t - i lc o n s c i e n t
e
a u r é e l ,t e l l eé t a i t s e l o nK a n t l a c r u x d e I ' a n c i e n n e e n t a n t q u e p o s s i b l eo u ' 5 " " ï u i possibilité? C'est
métaphysiquc. q u ' i l p e n s eq u e l q u ec h o s e s a d e
P o u rq u e l e p o s s i b l e d e v î n tr é e l ,l u i c e r é e là q u o i i l n e m a n q u a i ti r o n i q u e m e nqtu e l a l ' i n t u i t i o n ?a l o r se l l ee s t r é e l l es' a n s ( a b s o l u n o t h - V y ' e n eisgt)s a n s
d
n é c e s s a i r e
r é , r l i i éa, u s s ii e n d a i t - i lp, r é t e n d a i t -ài l e x i s t e r i,l { a u d r a i If u i a j o u l e rq u c l q u ec h o s c q u i p o u r q u o il e c o n c e p to ' " n â i i à t n t o l u m e n t q u à p o u r I ' e n t e n d e m e nhtu m a i n
p a r d é f i n i t i o n e f a i t p a s p a r t i ed e l u i , d o n c q u i e s t p r é c i s é m e ni m t p o s s i b l eP. o u r t a n tl e d o u t e u n e l d é e i n d i s p e n s a b ld e e l a r a i s o n 't a n O l s pour
p o s s i b l en e s e r é s u m ep a sà u n e i l l u s i o nq u ' i ln e s ' a g i r a iqt u e d e d i s s i p etro u t e .E x p l i q u e r C e p e n d a n ti'l p o s s è d eu n e v a l e u r
c ' e s t u n c o n c e p tp ' o n r e * u î ' q ' " ] i n u " t " " ' i u t " ' l à c o n s t i t u t i o s
n p é c i f i q u de celles-ci
e
u n f a i t ,n ' e s t - c p e a sd é t e r m i n e r cqeu i l ' ar e n d up o s s i b l eT?o u j o u r lsa p h i l o s o p h ikea n t i e n n e é t a n td o n n é
l , u s a g ed e n o s i a c u l t é ,i " î " ] 1 . 1 t , r " , S'il estsi diificile
p a r t i r ad u f a i t : l ' e x i s t e n cdee l a s c i e n c el,a p r é s e n c e n n o u sd e l a t o i m o r a l e n, o sj u g e .
m a i sn o n p a | . i " U Ë t e t p o u r t o u t à t r ec o n n a i s s a n t . . .
m e n t s e s t h é t i q u e sp,o u r r e m o n t e rà s e s c o n d i t i o n sd e p o s s i b i l i t é :sc ' e s t l a q u e s t i o n "on"éqr"nip*|. autant que la raison'c'est sim-
ut"t-::t-:,o^ncepts
d e d r o i t .D u p o s s i b l ea u r é e l I ' i m a g i n a t i om pour notre entendementdl"n fai'e i:i t a n t q ' u ' ? e p l r t e l l n ià I ' o b i e t '
n é t a p h y s i q usee T o u r v o y a iDt .u r é e l a u p o s - c o m m ep ' i n " i p " ' e n
s i b l e ,v o i l àl a v r a i e ,l a s e u l e r o u t ed e l a r a i s o nL. e p o s s i b l e l o g i q u e( l e n o n - c o n t r a d i c t o i r e ) o l e m e n tq u e c e q u e t a r a i s o né t a b l i t r ' t r * " i n ( c ' e s t - à - d i r iem p o s s i b l es e l o n
eniendement
e s t r e l a y ép a r l e p o s s i b l et r a n s c e n d a n t acl o, n d i i i o nd e l ' e x p é r i e n c eA.i n s i I e c o n c e p t , L s t t r a n s c e n d a npt o u r l u i , c o m m e m a x i m ec o n s e r v e
c o n n a i s s a n c e )- ' E t a l o r s c e t t e
I a c a 1 é g o r i ce e, s s ed ' ê t r ea v e cK a n t u n e e s s e n c el o g i q u er, é e l l eà t i t r e d e p o s s i b l ec; ' e s t l e s c o n d i t i o n ss u O l e c t i u eùse s a l o r s q u el e u r c o n n a i s s a n cdeé p a s s e
i à u s t e s o
. r i e t s '
u n e p o s s i b i l i tdée j u g e m e n i s u r l e r é e l .C e n ' e s tp a sd u c o n s t i i u éd, a n su n m o n d ei n t e l - t o u j o u r ss a v a l e u r facul-
""J;;;; l e s c o n d i t i o n ss r u l e c t i u e d s e I ' e x e r c i cdee n o s
l i g i b l e d, a n sI ' e n t e n d e m e n d ti v i n ,c ' e s td u c o n s t i t u a nC t . o m m et e l , i l n ' a n a s d e c o n t e n u . l a f a c u l t éd e l , e n t e n o e m e l.nui i u u n t à la nature humaine); et
L ' ap r i o r i c h e zK a n { n ' e s tp o s u n e n a l u r e ,c ' e s l u n l : o u v o i rC. e q u ' i l e s l ,c ' e s Ic e q u ' i l { a i l notr" nature (c'esi-à-dire
tés, nécessair"."nt innà,"nt"r-â (et il ne peuten êtreautrement
p a r r a p p o rt
o u p l u t ô tc e q u ' i l p e r m e td e f a i r e ,Q u ' e s t - c ea,u T o n d q, u e l a c a u s a l i t é ? V o i l à u n e i n t e r r o - s i l e s i u g e m e n t .p o t t e t î J ' " J t i " - m u n i c r " q' u i d é t e r m i n e n t
g a t i o nc o n g é d i é p e a r l a p h i l o s o p h iter a n s c e n d a n t a l len. ' y a r i e nà c o n n a î t r d e a n sI a c a t é - p e u v e n êt t r ed e s p r . i n " i p " tc o n s t i t u t i f s
a u x c o n c e p t st r a n s c e n d a n t sn)e p r i n c i p e sr é g u l a t e u r s '
g o r i e ,t o u t à c o n n a î t r ep a r e l l e ,A u p o s s i b l ec o m m er é e l l e r e n v e r s e m e nk ta n t i e na s u b -
l ' o b i e t ,t e l q u ' i l e s t i l s d e m e u r e n tn é a n m o i n sd e s
s t i t u él e p o s s i b l ed u r é e l . " " " ' i i i ' o ' a u x v u e s h u n t a i n e sr'r
D è sl o r s ,v a r i a nst e l o nl e so r d r e st,h é o r i q u ep,r a i i q u e( t u d o i s ,d o n ct u p e u x )l,e sr a p p o r t s i r n r n " t " i t " e t s c , , sa I ' u s a g ee' t c o n f o r m e s
d u p o s s i b l ee t d u r é e lc o m p o s e nut n r é s e a uc o m p l e x em
d e n o s f a c u l t é se t t r a m e d e l a p h i l o s o p h rter a n s c e n d a n t a l e .
, o b i l e c, o n d i t i o nd u b o n u s a g e
,,,iâ:h :i
1Ï"":i:,':i::::.i:';fl
f;'i:1
< l l e s t a b s o l u m e nnt é c e s s a i rpeo u r I ' e n t e n d e m e n h tu m a i nd e d i s t i n g u elra p o s s i b i l i t é
et la réalitédes choses.La raisons'en trouve dans Ie sujet et la naturede ses facultés
d e c o n n a î t r el .l n ' y a u r a i tp a s u n e t e l l ed i s t i n c t i o n( e n t r eI e p o s s i b t ee t l e r é e l )s i p o u r
l e u r e m p l o i d e u x m o m e n t s( s t ù c k e )t o u t à f a i t h é t é r o g è n e sn ' é t a i e n tn é c e s s a i r e s:
I'entendemen p to u r l e s c o n c e p t se t I ' i n t u i t i o ns e n s i b l ep o u r l e s o b j e t s( o b j e k t eq) u i l e u r
c o r r e s p o n d e nSt .i n o t r ee n t e n d e m e nétt a i ti n t u i t i f i, l n ' a u r a i p t a s d ' a u t r eo b j e t( G e g e n -
s t â n d e )q u e l e r é e l .L e s c o n c e p t s( q u i s e r a p p o r t e nst i m p l e m e n<t b l o s s > à l a p o s s i -
b i l i t éd ' u n o b j e t )e t l e s i n t u i t i o n s e n s i b l e s( q u i n o u sd o n n e n q t u e l q u ec h o s e ,s a n sp o u r
cela le faire connaîtrecommeobjet) disparaîtraient les uns et les autres.Or touie notre
d i s t i n c t i o ne n t r e l e s i m p l ep o s s i b l ee t l e r é e l r e p o s es u r c e q u e l e p o s s i b l es i g n i f i e
s e u l e m e nlta p o s i t i o n( P o s i t i o n d ) e l a r e p r é s e n t a t i odn' u n ec h o s er e l a t i v e m e nàt n o t r e
c o n c e p te t e n g é n é r aàl l a f a c u l t éd e p e n s e rt,a n d i sq u e l e r é e ls i g n i f i eI ' a c t ed e p o s i t i o n
( d i e s e t z u n g )d e l a c h o s ee n s o i - m ê m e( e n d e h o r sd e c e c o n c e p t )A . insiladistinction
e n t r e l e s c h o s e sp o s s i b l e se t l e s c h o s e sr é e l l e se s t u n e d i s t i n c t i o nq u i n ' a d e v a l e u r
q u e s i m p l e m e n st u b . j e c t i v e m epnot u r I ' e n t e n d e m e nhtu m a i n ,p u i s q u en o u s p o u v o n s
t o u j o u r sp e n s e rq u e l q u ec h o s e ,m ê m e s ' i l n ' e x i s t ep a s , o u n o u s r e p r é s e n t eqru e l q u e
tl

le seuil de l'humanité, à qucl point par conséquent une fonction passe par la
mutation décisive oir cllc sc clébioiogise et accède à la sphère du sens. Dans
cette perspectivc, parler < r'raiment r nc consistc pas à parlcr â quclqu'un
(la perdrix aussi prévient ses congénères et donne I'alarme), serait-ce pour
lui annoncer ce qu'on pourrait le cas échéant faire. Le lion cst capable dc
rugir pour manifester sa colère, intimider, signaler qu'il est sur lc point
d'attaquer et s'épargner ainsi une lutte superflue. On parle pour de bon
Langage et philosophie quand on se met à parler da quclqri'un (cf. R. Ruyer, L'Animal, l'Honrnte,
la Fonction syntbolique, N. R. F.) ; quand on cn parle sans que les mots pro-
noncés invitent à se comporter à leur écoute comme on le ferait si le person-
nage évoqué (ou Ia situation) était récllcment présent. < Si je dis : < Napoléon ,
vous ne salncz pas comme si je vous avais présenté le personnage > (op. cit.,
p. 95, avec la référence à S. Langcr, Philosophy in a new hey).
Le langage s'installe dans sa vérité lorsqu'il ne sert plus à une action, ne
{ait plus partie intégrante d'une technique, comme c'est le cas pour 1es signes
scientifiques, toujours limités à leur mode d'emploi ct ne renvoyant à rien
d'autre qu'aux opérations dont ils garantisscnt la maîtrise intellectuelle;
l o r s q u e , p o u r t o u t d i r r ' , i l s e p r t n t l l r r i - n t i m c t ' n f i n I t o t r r o b j e t . A l t - r r s ,t l è s
L'élément du sa'oir, c'est le langage. Rien pour l'homme qui ne cornmenccJ qu'on ne se contentc plus d'agir, de faire, d'aboutir à un résr.rltat sanctionnant
dans lc projet, avec lcs mots ni ne se tcrminè, donr le bilan', avec cux. une manipulation réussie,mais qne, prt-nant ses distances,on parle de ce qu'on
Rien
qui_soit s'il ne peut être dit. Dire, cc n'cst pas simplcmerrt fairc fait, on parle dc cc qui permet c1cparlcr dc torit et d'accroître ainsi sa rnain-
part cle
quelquc chosc, ie transférer d'un dedans à un rlehors, .'"tt l" porter mise sur tout, s'amorcent une interrogation, un questionnement étrangrrs
à un nivcau
supérieur, le promouvoir, le faire entrer dans la sphère propreÂent hurnaine.
En aux pseudo-discours des scienccs. Voilà pourquoi, loin de devoir jarnais se
ce sens, le langage n'est pas un commencement. Le dabui, c'cst la réaction,
le dissoudre dans un savoir efïectif ct objcctif, la philosophie, jugéc si inutile
geste, Ie cri. Mais il est une origine, un fondement. Dans son Traité d.e psyc,ho- et si dangercuse par le technicismc, a pour destination d'imposer à la connais-
lo.gie gënérala(tome 2, r, p.+8g sq), pradines soulignait cette portée sance le renversement copernicicn, c'cst-à-clire Ie retournement du langage
décho-
sifiante, surréalisantc du langage. L'homme qui dit ,"1'ol tuirn, ou plutôt, sur lui-mêmc. Les sciences ne clér'cloppent pas un disconrs, lcs vérités c1u'ellcs
car
le j'ai faim ne serait.n.nr" q,r'.r.r. clameui physioiogiqu", trr,tË, éperdue, établissent ne sauraient se hisscr à 1'universalité philosophiquc, malgré leurs pré-
qui relate : ce temps-là no's souffrions de la iaim, changc le scns tentions totalitaristes, parce que, se bornant à parler cl.ccc dont elles parlcnt,
de ce qu,ii
exprime, plus cxactement il l'investit d'une signification. La fatm cesse d,ètre elles ne parlent jamais c1u fait cp'elles ern parlent et que cc sont e1lt'sqrri cn
cct appel neutrc, anonymc, dc cerhrles en clanger, la r-oil:\ clésignéc parlent. Cette critique (nc visant éviclemment clans lcs sciences rltrc lerLr
cornmc un
rnal hurnain, un fléau, u' scanclalc, quelquc choie qui existe mai! qui anrbition hégémonique dans l'ordrc de f iritellectualité) r'aut du restc égalcrnent
nc devrait
pas_être, contrc quoi I'on firoteste. La faim se proclame,.omÀ" les droits pou.r dcs types apparemment très différents de discours, pour pen cluc Iertrs
se déclarent. Dcs animaux peuvent s'affronter, ie battre, ils ne combattent auteurs dédaignent de les soumcttrc à I'éprerive clu discours fondamcntal,
pas,, ils ne déclarent pas- Ia gue'-cr, ct ra guerre ne se créclarc pas à la du discours sur le discours (taxé par cux de bavardage) et feignent, dans rtn
façon
dont une maladie sc déclarc. aplatissement de la signi{rcation, que cc qu'ils clisent de tout s'applique lussi
dans le langage, aclvient au j'ste cet arrènement qu'est ra parore? sans autre forme dc procès à ce qui leur assure de le dire. Parmi ces autres
^oï,.
on fait fausse routc tout.autant lorsqu'on considère en bloc Ë 1",-,g.g. types de systématicité incomplète, tronquée, sc distinguent au prcmier chef
comme
le privilègc absol' dc I'homme, que dire en cc cas c1u mcssagc .Ë les formulations théologiqucs oir le iangage, dans l'extériorité d'rinc révélation,
l,"b"ill"
butineuse.? que lorsqu'on indétcrmine tcllcment s:r détnition q,ri,,n. < s'inclinc devant une parole figéc, oraculaire, et c1u'il n'aura plus qu'à re-dire
sirnple ,
transmission génétique, sans a.cunc intention d.e comrnunic.iio'r, ou, avec beaucoup de prudence, à commenter. De ce point de vue, les critiques
,.." rccou-
ve.rte par clle. La psychologic animalc, seulc forme sÉrieuse dc la psychologic de la théologie et de sa variété moderne, le scientisme, sont au service d'une
scientif,quc, n'a pour but ni cl'élargir au maximum ni cle restreirrà.Ë même souveraineté : les droits absolus du logos sur l'ensemble de son domaine
lurq,î,rl
les supprimer les différcnces cntrc l'hommc et la bête. Nous renscignant et procèdent de l'identique re{us de laisscr Ia philosophie se dégrader en unc
sur
ce que, dans chacune de ses fonctions, l'liommc partage a'ec lcs purc et simple glose, en nnc répétition plus ou moins redondantc.
ànima'x,
elle nous révèlc où, à l'intt'rricur cle |irommc ct non pas à partir c1ehri,
se situc I1 appartenait à Lrn disc\>lc ciu plus grand philosophe spécr,rlatif dc rappeler
75 LatLgagt t/ fhiktsophie Langage et Ph ilttsof,hte

ccttc 1)ulssancc zrbsolue du dédoublerncnt réflcxif du langagc, sans quoi lcs divine, s'éprouvant, selon l'cxprcssion de Hegcl, quand elle résonne comnrc
p l u s l é g i t i m c s c o n t c s t a t i o n sn o u s s e r a i c n t i n t e r d i t c s : ( . . . L o r s q u ' u n m a t h é - n'étant la voix clc personne.
maticicn ne sc contente plus dc r fairc clesmathén'Latiqu,.s,,. ma-is commcncc La philosophie fut donc naturellement d'abord cnvoûtée par le langage. Il
à parler cle ce qu'il fait cn lc faisant, il dér-cloppc (discursiven-rcnt) ce qu'il se déroule chez les pré-socratiques, tenus longtemps pour de rnauvais savants
appellc de nos jours unc < méta-mathématiquc r, c'cst-à-dire ce qui s'appclait alors qu'ils furcnt de si bons poètes, comtnc l'étoffe même de ia réalité, la
< métaphysiqire r dans lc bon vieux tcmps ct ce quc lcs néo-kantiens aLt scns trame éclatante oùr s'unisscnt i'être et le penscr. A travers lui, tout vient ar-r
étroit c1utcrme préfèrent appeler r phiiosophic critiquc (dcs mathématiqu.cs) r... jour, tout transparaît. Le philosophe ne se voudra que son porte-parole,
Dc même, un physicicn fait dc la physique lorsqrr'il clit, p:r-r-exemplc,qût tou,t son tmchement. C'est lui Ia déesse par laquellc Parménide est dirigé et élevé
ce dont ii p:r.rlc doit êtrc réc1uit à dcs intcractions (mcsurables) entrc clcs sur la voie de la vérité; c'est h,ri, et non pas rnoi, observe Héraclite, qr,r'il
< élcctrons ), ( n.iutrons r, r protons r ou autrcs entités c1umêmt,genrt., nrais convient d'écouter. L'indivision ensorcelantc du dire et de l'entendre, sans
exclut de cc dont il parlc tout cerqu'il cn del lui-rnên'rc;mais c1èstp'il f ir.rclut, distance ni recul, ernpôchait encore le travail de ce dur fiis c1ela séparation,
en disant quc ce cyt'll dit doit aussi êtrc réduit aux interactiors dclnt il parlc, Ic concept. Fascinées, vivant dans le logos commc à bout portant de l'être,
il Parlc non 1>lusen physiçiçn, mais en philosophc, qrri intùgrt r111r. (Pcut-êtrc ces philosophies seront éternellement {ascinantcs. Ricn nc causera jamais
bonne) physique en une (ccrtainement maulaise) u philosophic r (clitc rr maté- plus unc plus fortc ct délicicuse sensation de vertige intellectuei quc ces
rialiste >, clui s'élirnine d'ailleurs d'tile-nême du systèmc c1usai'oir, priisqu'elle sentences oir lc plcin cst au vidc pareii et clont obscure cst la lumièrc ct lumi-
se réduit elle-rnême au silencc cn se contrt:disant)... neuse i'obscurité.
Quant au sociologue,
ii n'a pas besoin cl'êtrc naif au poirrt d'exclure c1eson interprétation icléotogique L'envoûtement cependant ne sera chez lcs Grccs tlue de courte durée.
sa propre théoric dc l'idéologie. I1 pcut (s'i1 cst intelligc'nt) parlcr atrssi de IIs s'apcrcer.ront très vite qu'un tel langage, prisonnicr dc sa proprc ouvcr-
I'idéologie de son proprc discours sociologiquc et il en p:rrlera alors en sociolo- ture, prsp65e à la réflexion les pires difÊcultés. Se présentcra une alterna-
logue. Nl:r.isdès qu'il s'aviscra de parler de ce qu'il clit lui-mêrne cle la sociologie t i v e a r t x d c r r x i s . r r r ' ;é g e l c m c n t d é ' a s t l o t r s e s O
. u l. langagcdit intégralcmnnt
(y compris la sienne), il transformera celle-ci par cela môme en phiiosophie l'ôtre, cn sortc quc kr moindrc mot l'e'xprimr: parfaitement, mais cn ce cas
(et, s'il cléveloppc complètentent cc discours < critiquc r ou philosophitlue), c'est toujours lir"mêmc chosc quc I'on clit et quel que soit 1e parcours des rnots
en système d1rsavoir ) (A. I{ojève, Essai d'ttne histoire rnisonn/e de la .l>hïloso,l>hie l'on u revicndra toujours ici r, i'on repassera toujours par le même point et
paîenne, tome f, introduction, pp. 3o-3r). quand on a déclaré : I'être cst, on a tout dit, ce n'est pas la peine, il serait
Cepcndant, avant d'être un agent de dissociation ct d'anal1-se la parole même dangerenx et sacrilège d'ajouter quoi quc ce soit, sinon que le non-être
ne pouvait que troubler, méduser l'homme qu'elle happait dans son uni\-ers n'est pas. Ou bien la parole a unc surabondancc tclle quc toujours elle capte
magique. Les mots, en efiet, ne sont pas de simples substituts clcs choses, davantage d'ôtr-. En ce cas,on n, n finira pas clcdire ce qu'on dit. Il y aura
leur équivalent utilitaire ; plus que dcs signaux grâce auxqucls nous sommes toujours quelque chose à dire, et, tant qu'on ne l'aura pas dit, rien ne sera
capables de réagir en l'abscncc de l'objet, prenant ainsi sur lcs ér'énements dit. D'un côté, ie trop court discours parménidien, tissé de silence, c1ei'ar-rtre
ce minimum d'avance néccssaire à toute concluitc, ce sont clcs sl,rnboles, des le trop long discours héraciitéen, le et cetera perpétuel, selon Platon la logorrhée
révélatcurs. Pour nous c'est dans le mot quc naît la chosc, cluc sc cfécor.n'rc catarrhcusc. Le ctrarmc cst rompu. La lieille conflance se détmit pLrisqu'il
et s'anime son cxprcssivité. Helcn Ke1lcr, la petite a\:eugle nuettc ct sourde devient patcnt qllc ccs zalEs, ces inspirés, ne tiennent pas les mêmes propos.
comprit, après tant dc tentatives infructueuses dc son infirmière, cc qu'était Le beau discours, franc, innoccnt, tout d'unc piècc, recouvrait un complexe
le langage, < no' quand elle associa un signal ct un résultat, mais quancl cllc et perhde entrelacs de significations. Il y a dans cc labvrinthe toutcs sortcs de
associa un nom ct un être r (R. Ruycr, op. cit, p. 98). u Je connus alors que lr,'ater c o u c h e s ,d c n i v c a u x . i l y a c e q u c j c v c r r x d i r c r - t c c r l r r oj c d i s r . t a u s s ic c q u c j e
signifiait le < rvonderful cool somcthing that rvas florving over my hand r, ne veux pas clire ; Ic sens d'une parole peut nc pas être le même pour celui
en un état d'âmc, indique R. Ruycr r qui n'était pas sans analogic avcc celui qui la profèrc ct pour celui qui l'entend. Un mot peut tcnir licu d'un autre,
d'un poète ou d'un amourellx dc la nature r. Ce qui rend l'expéricnce de la les mots changer clc scns, ics sens changer de mots. Nous pouvons fort bien
parole si bouleversante, ce n'cst pas seulcment le tcrritoire mcrvcilleux dirc autre chose quc ce quc nous pensons, penser autre chose que ce que nous
qu'elle suscite, c'est le mystère dc son originc. L'hommc a cu immédiatement disons, nous trornper, c'est ennuyeux, mais aussi mentir, c'est réconfortant.
le sentiment que parler était tout autre chose q.e respircr, 't.rnger ou sc Il nous est aussi donné de parler, scandaleusement, por-rrne rien dire. Chacun
déplacer. Lcs psychologucs I'ont noté : on n'apprend pas à parlcr comme on peut constatcr qu'il existe clu jeu dans le langage et que la mouvance de ses
apprend à marcher. C'cst moins l'enfant clui prend possession du iangage plis autorisc tous 1cs trafics. Dcux solutions s'offrcnt alors.
quc le langage qui s'empare dc lui. En moi les mots parlent;quelque chose Ou bien s'armrr dc précautions, forger des règles pour contrôler le discours,
arrirre au monde, s'énonce, vcnu de plus loin, de plus haut quc moi. parlant, le survcillcr, lui intcrdirc dc divaguer; créer une logique. La logiquc, ce pro-
j'écoute;j'écoute cc cpi sc dit en moi arrccl'asccnclarrtc1ccctte voix solcnnelle, tocolc dc lnéfuincc, est inséparablc d'rine clésillusion; rlle sc constlLrit sur les
Langage el PhilosoPhie Lattgage et fhilosofhie
ùI

ruines d'urlc ontologie clémystiliée. sans doute,


l)enilant d.cssièclc.s,la logique chaque nlome.t dc la sensation. Il fa.clrait, autrcnicnt clit, quc le langagr
pourra sc cachcr la cléccption clont elle est issue; ellc- s'cfforccr-a clc faire bon nc Iût composé quc cle noms propres. comm.nt lcs mêmts màts rentlraicnt
ménagc avec uûe nouvcllc ontologie et toute unc tradition cornptc cf imlrrcssions toujours autrcs? D'imprcssions, au surpius,
Philosophique spécialcs
reposera sur la confusion de leurs rapports. Ainsi chez son instauratcur, Aristote, à chacun, dont nul ne scra jamais sûr qu'autrui res rcsst_.nte
on nc sait si le langage tient sa structure dc sa conforniité à l'être ou s'il irnpose .o.rrn1. l1i. Iticr.r
ne nous gararitit que Ie même mot a le mêrnc sens
à la théorie ses schèmes grammaticaux. tr[ais il viendra un momcnt oir Ie lxlur nous tous, que lorsqu'ils
clisent amour certains 'e pensent pas haine. Noirs clcvons p..rrâ."
conflit ne pourra plus être camouflé. Dcpuis Kant, et en dépit dc l'essni de actc que
nolls ne disposons d'aucune référence objective oir nos inientions
sauvctagc hégélien, jusqu'aux axiomatiqucs actuellos, la logiqrrc, érigéc en scralent
susc.ptible.s cle s'accordr:r. ccrtes ii .sembl,rait que la vi.rilication fût
uniquc juridiction du savoir, se viclera dc plus cn plus d.e son àontenu onto- facile.
pLr:rnclnous clisons chcval, nous n'aurions qu'à montrcr
logiclrc. o. bien, on s'accommodera du jeu du langage, on y découvrira d.cs clu doigt un chcval.
Hélaslce n'cst pas si simple. Car nous Voyrsl. matntenant unc image rnais
ressourccs inéPuisables, on en attendra des félicités inouics. L'horrrrne -se nous
n e v o v o n s t o u j o u r s p a s l e m o t . N o u s v o v o n s L r n ô t r e q L l { . d , a u t r r .p a r t
taillera ttn intrnt'trseetnpire, dc sécluction,dc trompcrit:, clc subr.ersion.Toutes nous
norttmons chcval, notls ne vo)'olls toujoLLis
les hgurt:s dc la rhétoriquc se mcttront en placè, sans quc, au demcurant, l)as ct que lc notn chcval clésig1t-
(cf. Brice Parain, l?echerches sur la nature et'res iottcîiottsdt Lan.gage, N. R.'F.,
les clcux expédicnts de la logiqu.c ct de la rhétorique soient forcément jugés p. 36). Nous cLer.onsainsi nous contentcl c1'aPproximatior-,s.iflr'santes pour
incompatibles, comrne il sc voit chcz Aristote oir dans le prolongemr:nt d.ela ia bonne marche rle n.s affaircs, sans cherchei à y regarcier clc trr_rp
logique < scientifique r s'inscrit une logique chr probable et de I'opinion. parmi piès :
i1 n'r' a rien i\ voir.
les répolscs à la crisc du /ogos clont nous n'avons encore p,.t fnit le tour,
objectcra-t-on a\rcc socrate quc ics mots sont lcs miroirs non
est.tenue à l'écart prour l'instant la solution platonicit-nnc, figurrnt donc la l)uint cles
chos.s sensiblcs mais cies réalités intelligiblcs, les iclécs sous lesqucllcs
logiquc, orientation à I'intérieur clc la philosophie, c'est lc sillagc aristotélicien, se
rangcnt, se classr:nt ct prenncnt fornc- ies objcts cle l'cxpéricncr', on
du côté clc l'aristotélisme, Leibniz, Hcgcl, mais Dcscartes et Spinoza nc scront n,aur.r
fait que reculcr Ia difhculté. car on scra obrigé cle
pas des < logiciens r, et la sophistique. 1,ro.r.cr quc i;idée, sinon
cl1e pcrd s:r raison d'êtrc, s'applique à la chosc. or tous leur.s attril_ruts
sont
Quand lc langage fait eau de toutes parts, 1'heurecst arrir'ée ponl lcs solrhistes. contr:rircs. L'étranger d'Elée en avertit Théétètc, lui ral4relant 11u,on n.
T'c langage est mort. vive le: langa.ge : ainsi parlera rc sophistr. clc-rntla dialec-
vic^t pas si aisément à bout drr sophistt-. Tu
tiquc déjà modernc, dans sa virtuosité à renverser les contraircs les uns dans Prétc,^cls q,,.i l" mc's, réiron.r
le sophiste par sa bo'che, eh bie'r jc refusc q,,t,,r-r-" tralte âc mentc.r,
lcs autrcs, convertira en un tournemain une défaite totale en une totale vic- t:rnt
que nc m'a pas été exhibéc la réalité que lcs propos oficnseraicnt. Tu
toire. Etudions sur quels fondements ou plutôt sur quels effondements théori- allèg.es
que je ne s.is q.'rn faiseur cl'imagcs.
qucs les sophistcs ont constitué la rhétoriquc en sculc forme possiblc, quand Jc ne comprends ritn à ton accusatron,
lc nc sals pas cc quc c'est qu'une image. Et lle crois pas t'cn tirer cn me dési-
tout rapport à I'être est brisé, dc relations cntre lcs hornmcs. ce n'est oas gnant dcs reflets sur les c:r.ux, dt's miroirs et des pcinturcs, car
ii travcrs le iangage que les choses adviennt'r-rt à nous. Notrc contact ai.ec cc n,est tou-
jo.r-s pas_ l'imagr: quc t. m'inrliq.es. Tri clevrai.s cncorc
cllcs s'effcctuc tic' manière beaucoup plus brutc et nue, m'appr.nclre r cc,
Par Ia sensation. Si qu'il y a de cornmun entrc toutes ccrschoscs que I'on clit étrc rr-r,,itip1,,, ct qut-
la source chr connaîtrc ne résicle que clans le sentir, il faut iuciclemcnt rcnoncer l'on honore Pourtant d'un nom 'nique, cerui cf imagu, colnrne si l,àn
à l'espérance cl'un savoir conçu comme adéquation du connaissant et cll c()nnu. Pour,ait
étcndrc srrr ellc rne rrnité quelcr-,r.rclre > (Sophiste,z4o a, sqq.). ce n'cst cronc
L | r ' r a i , s ' i l t s t , r r t ' , ' r ' lri'r ' i t , ' c l cc o n s | L r ' , .cr ( . 1 ( . r m c n
. 'a l,lus ri,.ncl'unmiroir pas aYec dcs mots trompeuls quc' l'on sera cn nlesure clc clénonccr la tromperic
rlu réel. c-.r:qui fait la r,érit(: de la r'érité n'est p:rs cl'êtrc la r'ér.ité c1cta ré:alité.
dt-s s.phistes. Quand on est co'traint de parier mensongJère,mcnt s.i-nÉmc,
Puisquc la sensation est changemcnt, altération, sentir, c'cst touiours sentir on n'est pir"sen clroit de parler du menson[c d.es autrcs.
différcmment, tout ce !111e lrous clisons de nr-rtresensation cst faux, ce clont
llais, dès lors, se cléplt,ic en n,)Lrs,rn. p,,irrun.e inhnie. De la faiblessc c1e
nous parlons n'est plus lt' rnôme, s'est transformé au fur et à mesure quc nous
nos mots sortira la force dc nos phrases.Levrai,cela aurait étéun assLrjr:ttisse-
en parlons. Le cliscours est clonc contraclictoilc, i1 ne parlc dc ct- qui cst qu'en
ment. Du moment que lcs mots nc sont plus asservis à .'e réalité d.ont ils
parlant de ce qui n'cst Plus. ce par qu.i les choses ne tro.rr ront prése:ntes
n'auraient pour cmploi que cl'être les hclèlcs et clocilcs témoins, 1es 'oici,
qlle par leur ilbsence, voilà la parolc. Toute ér'ocatir,n n'étant.1.r',lr" rlrp".-
de par lcur propre indigcnce cogniti'e, prêts po'r lcs plus elfcacc,s oPérations.
cherie, toute parole est clonc bir:n nrtrnsongèrt-.
opération est lc terme jtrste. Dans un cliscouri confré à l'unique immanence clc
Il devicnt insoutenablc que connaitre les mots, cc soit connaîtrc lcs choscs.
son activité, lc signc, affranchi de la con,irc c1c reprtiscntir quelquc chose
Pour que ceux-là P'issent exprimer ceiles-ci, pour quc tlrelclue chosc de la
cl'extérieur à lui, sc trouvc muni d'unc
chosc pénètre datrs lc mot, commc lt's sensations par cpoi nous cst cl6nné irortéc corirbinato.irt et oi>tlratoirc,
c'cst-i\-dirc, zLLlscns qrtc chcz les hourmcs ci'riction on clon1t'à ccs tcr-nrr:s.6o.-
le < réel r sont toujours singulières, irrécluctiblcs, originales, il fauclrait c1u'il
ratio.ncllc et logistiquc. Si le signc nc se plic plus à ce qu'il signiTie,s'il
.,st 1,,
5'eût toujours un mot pour clésigncr-chaquechose, chaqnc état c1c1a chosc,
Ploducteur c1esa r'éritti, tout dans l'orclrc irumain sc ramènc zlux t.xigcnces
Langage et philosoPltic Lan.gage ef pltilosofltie ,s-l

d'une langue bien faitc et ce que la logique ratait, câr ellc s'cmpêtrait dans cc qu'est cnscigncr pour cnscigner. Xloins ils savrnt, plus ils font t'ccctte.
l'orrtologique, Ia rhétorique lc réussira, oir le clire délibérément s'est métamor- Apprcndre iL i:nscigncr,sans trop de hontc, cc qu'on n'a l)as apltris, tcln'cst-il
phosé cn un faire, au ras dcs métaphorcs. En style contemPorain, mais tolrt pas I'idéal clc la nouvellc péclagogie,cc subtcrfugr: sophistiquc par cxcc'lk'ncc?
cela est déjà contemporain, nous dirions quc 1e langage ne pcut être subor- On pourrait sc d( mander comment le sophiste réussit scmblablcs torirs cle
sonné à des instances supéricures de vérité, car il a I'être d'une différcnce, force. Commcnt son incompétencc généraliséesupplante-t-ellc lcs uncs apr'ès
absolue, principielle, anarchiqucment originellc. ics autrcs lcs divr:rsescomPétenccs.Très aisémtnt, ct |rr clrs 11,r}'1.ns clont la
Parce qu'elle est un sensualisme, la sophistiqr.reest un nihilisme. Du scuii du doctrinc expliquc l:r portéc. Toutc connaissancc n'tltant cluc scnsatiorL,
réel, la sensation, il n'y a strictement ricn à dire. Parce qu'ellc cst un nihilismc, convaincrc quelqu'un revienclra cn tout et portl tout ,i lrri inculclucr dc'sscn-
la sophistique est un pragmatisrne. Quand il n'y a plus rien à dirt, il ne restc sations. Le péciagoguedira : l'csscntiel, c'est cle scnsilrilisr:rl'i'lève. Or lr plus
plus qu':i agir. Le logicisme, nolrs vcnons de ie voir, n'est pas issu de la logique im;rrcssionnant, ce sont les mots. Un hirbilc cliscours irafpera l'arrclitcirr. Il
(discipline philosophique, sous-tenduc par l'ôtre, dépendant cf indémontrables boulcversera ses sctrsations. Si on le persrraclcquc ctci est bon, il lc ticr-rtlra
dont chez Aristote I'élucidatiotr dcmcurait réserr'ée à 1a métaphysique , tentant pour bon. I-a sophistiquc cmpmnte sLrsrcssonrccs à l:L Puissu-nccspi,ciensr clc
ainsi dc ménagcr cntre 1'être et le faire un compromis qui se révélcra dc plus l'imagination, car cntrc scntir et imegincr cllrc l'on scnt, quel Di':u, cotnmc on
en plus intcnable), le logicismc, à quoi historiquemcnt la logiquc doit tôt otr a ptr dire, verrait Ia cliffércncc ? La soPhistiquc sc nourrit clonc cles vanités
tard rendre les armes, cst issu dc la sophistiquc; c'est, sans retenuc ni complexcs, du psychologique. La sophistiquc, c'est l'action psl.chologiclue.
une rhétorique supéricure, n'ayant mêrnc plus à dire son nom. Ce n'cst tout Nots parlions dc cou1r de force. Si l'on voulait continuer- ccttc réflcxion,
de même pas un hasard si logicisme et pragmatisme se développent invaria- il scrait inclispcnsablc dc regrouper sons unc théorit' cle la force Ia variété des
blement de conscn'e clans les mêmes zones culturelles, aujourd'hui dans les mAn(Êuvressophistiqucs. On p:rrtirait dc I'ic1é,rp" lt'urs initiativcs procèclent
pays anglo-saxons, étrangement incontestés par les progrcssistcs eux-mêmes toujours de la subvcrsion consistant à ravalcl une réalité dans ce à quoi elle
en matière cle vérité. I-orsqr.rc le signe ne signif,c plus ricn que lcs opérations communique sa réalité. Exemple : pour la physique sophistique cf. lc
qu'ii cautionne, les combinatoires dans lcsquellcs il s'active ne s'évalucnt plus Phédon torrt l'ôtre cle la cause loge dans i'cffct. De mêmc, rle ctr qui est la
évidcmment qu'i\ lclrrs seulcs conséqucnccs. Il n'cst que ).erésultat qui comptc conséqucnce c1'un bien la sophistique fait le bien lui-mêmr'. I)ans 1'Lrtiiit(:,clui cst
et ce n'cst qu'à la fin, par Ia fécondité (mais limitée), par la cohérencc del'en- certes I'cffct cle la véritô, cllc résume la vérité tout entièr c. Lc sophiste se.noquc
sernble systématisé qu'on apprécie Ie commencement. Si donc pcnser n'est d . ' d é t c n i r l c v r a i p o r r r v r Lq u ' i l p u s t è d ct o r r sI t s a \ a n t r g , : q r r ' i l d i s 1 , , . n t '-.\.r r ' s i
plus, comme Socratc voulait, penser pour le principe, si penser (: parler) n'est ttc rccltcrchr--t-il quc le vraiscmblablc. On riic.uvr" rli cc cirs porrrquoi Ja
plus qu'agir, cette entreprisa ne connaît qu'une nécessité,une loi, impitoyables, sophistiquc, cc rcfuge d'intellectuels blasés, vire à l'apologic dc 1a folcc,
Ie succès. Là oir sc terminc Ie pouvoir de 1a vérité s'inaugure la r'érité du pou- pourquoi la vérité clc Gorgias, ce confércncier si débonnaire, est clans Calliclès
voir. Pouvoir dans tous Ics scns, pouvoir techniclue, non détachablc de cclui que nous prendrions, que lc maître lui-mêmc doit prendre pollr illt disciple trop
de la parole (commancleront, feront laire ceux qui savcnt parlcr), poLrvoir bouillant, et qui n'en a 1;asmoins discerné,bcaucuul, rni, ur qur st'sprofcsseurs,
politique enhn. Le maître dcs mots dcviendra le maître des hommes. Qui use Ics rcssorts du srrstèmc. Si Calliclès cxaltc la forcc, s'il célèbr.eles lrlestiges
,, bicn , des mots abusera dcs hommcs. Lcs beaux parlcurs I'emporteront en de la vic intense, frénétique, c'rst quc la folcc cst ic sintulacrtr par excellence.
tous sujcts sur lcs personnt:s compétcntes, et Ia technocratie, ce règne dusimu- Pour être fort, il suffit dc lc paraitre et tout I'art politique tourne autour c1e
lacre, cst assuréc de nc jamais cn manqucr. Ils ridiculiseront, à l'agora, le 'l'out
ct'ttc rlupcrio. p o u v o i r t I r r u l b u t d t . f a i r c c r o i r* q r r ' i l a d u l , o r r t o i r .
chef d'arméc, s'il s'agit de tlucstions militaircs, I'agricultrur, s'il s'agit cles Comme liousseau lc démontrera. le plus fort ne saurait se réclamer cl'aucun
choses dc la tcrre. droit tout simplemcnt parcc que s" io.cc nc Ic ciistinguera J).rstoujours. Pas
Par définition, ricn ne se soustrait à la rhétorique. On pcut parlcr de tout. de force la plus fortc, pour la même raison qu'il ne peut exister de mouvcment
Le sophiste parle de tont, cxactement comme le peintre est capablc de {ixer ie plus rapide. Tout ce qui est de nature sensible est pris dans unc relativité
sur sa toile n'importc quoi, et par exemple cette chaussure qu'il serait fort en <1ueCalliclès s'acharne en vain à absolutiser. Bref, si lr pour-nil tirc son être
peinc de fabriquer. Dans un monde voué à i'iilusion, bien parler, c'est mettrc de f iliusion c1u'il entretient, vis-à-vis de lui nous n'avons qu'unc chose à faire :
les apparences de son côté. C'est faire avec des mots ce quc 1'on nc saurait non pas Ie prendre, autant vouloir saisir au lasso Ie néant, mais le dissiper.
faire avec les choscs. I-e cliscotrrs s'a1firme comme l'arme absolue, puisclu'il Ainsi, la République dc Platon a pour but dc rcmpiaccr comme instancc du
sera possible, grâcc à lui, cl'avoir raison des autres sans avoir raison tout pouvoir l'autorité (d'une partie) par la souvclaineté (du tout).
court, d'avoir r:rison c1ctout sans avoir raison du tout. Pourquoi lcrrrs élèvcs A Calliclès Socrate cléclare : tout ce quc prouve ton discours, c'cst cluc r tu
accepter-rt-ils sans rnaugrécr c1cpaycr si chcr lcs sophistes? Parce qu'ils sont es indiffércnt à ia g(rométrie t (Gorgias 5o6 a). Ignorel Ia vra-ic scicncc, c'cst
ar,r fait dc la procligieusc économie qu'ils réaliscnt de la sorte . I-cs sophistcs ignorcr, en cffet, la rclation d'humanité qu'ellc sculc insranrc. Scicncenr désigne
apprcnnent à sc passcr c1'apprcnclre.Eux-mômes n'rint pas btsoin clc savoir qu'un savoir susceptiblc d'être aussi parfait chcz l'élèr'e clue chez ic maîtrc.
84 Lartgage et pltilosoPhie Lun.yale et philr,s6fllis
!5

La scicnce suscite l'irumanité, le rapport rron unilatéral d'homme à homn'rc Iln conséqirt'nce,à ce discottrs tlui ne vcut rien clire, on ne ré1;onclra
surtout
car la vérité dc la rclation maître-élèr'e s'y accomplit par la suppression dc la l)]s pirr un autre discours. Aux thèses clcs sophistcs nr-,n'uppor";a Pas, cntrant
relation maîtrc-élèvc. Étant donné quc nul ne peut penser à ma place, qtre le clans.lc'.rrstratégie, dans le jcu pitoyablc de làntilogic, d"s tièr". coltraires
: lcs
savoir nc se colportc pas au moyen cle recettes, ne se transmct Pits comme un sophistcs ne delr'cloppent précisémcnt pas de thèie. Le discours
sophistique
colis et c1u'apprendrc ne peut êtrc que ( se rcssouvenir r, le théorème que l'on sollicitc I'acihésion a' rnoyen cl'un cffet de sens, global, rnassif et flou
en rn6mg
m'enseigne, je dois le comprendrc Par moi-même et si nous le comprenons ttrnl)s comme to.t prestige; il co.viendra de le démontcr, de lc désarticuler
torrs les deux, nous le comprcnons identiqucment. Mais tlalliclès cst un physi- Patienlment, clc lt: rédrrirc à des éléments clont sc'ront alors flagrantes pour
cien, au sens oir Platon dans lc Pltédon mentionne la < pirysique des physiciens ,,. tiiirs I'incomyratibilitt<,la discorclance.Le soumettant à l,épre,rrr".-.1,,
la dialec_
Tout pour lui sc distribuc du dehors, par causcs et effets. Aussi croit-il qu'ensci- tiqrrc, à la manière du boucher dr phèttre, Socrate d.ésossÀracette
trop belle
gner, c'est excrcer un pouvoir. communiquer quelque chose et qu'être enseigné, viancle. on cornprend f inclignation c1ecarictès, voyant son étincclante
inter-
c'est subir, rccevoir cette chose. D'un côté un agent, de l'autre un patient. vention pc' à Pe. déco.pée, hachée mcn. par le io.tcau : n continue
clonc,
Celui-là s'annexe celui-ci. De fait, si le langage ne participe nullement de Socrate, clc mt- poser tt's q.esti.ns mesq.inei, tcs c|restions menues , (Gorgias,
l'absolu, il ne provoque entre lcs hommes que les relations reconnues par Ia 197 c).
sophistique, c'est-à-dire de supériorité, de domination, brcf des relations de contre lcs sophistes Socrate rcco.rt à l'ironic. Il feint d'adopter le.r pscuclo-
pius et dc rnoins, des rapports de forces. Il n'v a pas de dt'grès dens la r'érité ,
thèst', se bor.ant à dérouler ses c'nséquences j.squ'à .. qrrié.lut.
la contra-
et nous sommes tous égaux clcvant clle, égaux entre nous de par sa médiation, diction cachée oir se brisc une bulle io.,.o.". AiÂi erotagoras
(I'rotagoras,
mais il y aura toujours des clegrés dans l'illusion. On peut aller indéfiniment 353 c et sqq.) tu dis quc lorsqu'.n homme, sachant perti'emment qu'it tait
plus loin dans le faux sembiant, dans l'imposture. D'oir l'exultation cle Calliclès mal, cèd.eà un désir impérieux, à la convoitise rl'une satisfaction immédiate
:
devant ce champ illimité offert à son ambition. Seulcment, ce qui fait sa joie il a été vaincu par Ie plaisir. Mais n'as-tu pas dit tout à I'heure, et
nous I,avions
fera sa pcrte. Si le sagc a pour ami le sage, le sophistc ne peut qu'être l'cnnemi aciopté pour hypothèse de base, q'c ie plàisir est toujours le bien et
la douleur
du sophiste, chacun rcncontrera tôt ou tard plus sophiste quc soi t-t, comrtrc on toujours le mal? A te suivrc, nous sommes donc obrigésmaintenant,
à r,hilarité
dit si bit'n, :\ rnalin rnalin et dcmi. généralc, de déclarcr qu'un homme fait Ie mal
1,arcËqu'il a été r.ai'cu par re
bien. Ç]uc le plaisir soit un bicn, oui, c'est un uLn que a'etre lc signe
d.Lrbierr,
mais qu'il soit le bicn hri-même, ce que l,on ne peut pu, ,Jrrt.rri, lorrg_
_voilà
temps, à moins d'accepter d'être la risée cle tout re monde.
Socrate
Qui parre n,est pis
cn nlcsurc, corrrme les sophistes s'en flattent, de faire .e qutil vcut
<lesmots.
Sans ies mathématiques lcs hommes auraient conu l'accord, naturel, I1s noris résisterrt. chacun pris séparément, il semble qu'on p'uisseles
maltraiter,
sentimental, spontané, immelcliat, vif certes mais sans garantie aucune, ils Ic'r imposcr un sens à q.oi ils répugncnt, mais irs forment
commu'auté, ils
n'atrraient pas connu L'entente.L'entente a pour condition l'entcndentcnt. sc prêtent main-forte. Prcnd-on clcslibcrtés avcc eLrx,n'appelle-t-on plus
vcrtrr
Nul n'entre dans la société dcs mathérnaticiens qu'en respcctant des définitions ia 'ert', nomnlc-t-on courage autrc chos. quc re courage, ,rnt.e
d.isàurs a.ra
communes, en obserr.'ant un mêmc pacte, en donnant aux mots le môme scns. tôt fait clc se disloquer. comrnent .u clemerirant, ce quiest interclit
a.x d.icux
Le langage est notrc sauvclrr. Si Socrate et scs adversâircs sont aussi rcsseln- scrait-il lrcrmis aux hommes? r,'Euth1,fhr,az rappellc que le bon n'r:st
pas tcr
blants que disscmblants, c'est qu'ils savent que du sens que notts accordcrons parc.' qr.r'il leur plaît rnzris qu'ii lcLrr plaît parce c|r'il .ù bn,,. Au
scns clonc oir
à notre langage dépcnd lc sens que nous attribuerons à notrc vie, que tant lc mot divin dtisigne to.jours chez platon ce devant quoi les
homrnes et les
valent les mots, tant nous valons. Les soprhistcstoutefois ne respcctent quc pour clieux se..trouvent à égalité, ii n'est de cli'in que lc langagc. Nous
ne devons
la {rimc le iangage. Délivrant Ie signe de son esclavageà une signification trans- te'ir qr.r'à.iui, nous qui ne te'o.s, ne .ous maintcnons
{,rË po. rui. une seure
cendante, ils lui disent : il n'y a que toi, tu es roi. Hélas! Pauvre roi, roi ivre dans chose cst à même de dissuader un homrne d.e voler, le-moi voleur.
J'aurais
le palais de scs signcs devcnus insignifiants. Un momcnt, le discours sop[i5- lrcau vouloir me pcrsuader-q''après tout je n,ai fait dc tort, si légcr, (u,à
un
tique pcut émouvoir. Ainsi Socrate lui-même, devant le réquisitoirc oir la richc,.etc. désormais q'anci jc pensc'raià moi, j'ypenserai commÀ.ni,oleur,
justice était accusée d'injustice, à ête ébranlé. Comme il Ie dit à ses juges : et voilà pourquoi le mal est clissonance et la juiticè harmo^ic. La violence
des
< Quellcs itnpressionsont llu. Atlrônicns, prodrrire sur vous rrrÊSrccu:il1r'llrs, bruitsTrappe le corps, l']iarmonie clcs mots éveille r'âme. un langage qui
sonne
je I'ignore. Toujor.rrs cst-il qu'à moi pcrsonnellement, ils m'ont fait, ou peu juste fait résonner l'âmc tout cntière. Aussi, dans
re phédon (6à a) Socrate se
s'cn faut, oublicr quc je suis moi-même, tant était pcrsuasif l"ur |.111g11g" , cousok'-t-il c c ne lras avoir aPPris Ia musiquc : il a été etl,crt cn rrnc
autre
(Apologie cle Socrale, clébut). Oui sc rcssaisit, résiste i\ cctte jacasicrie, rnuslqrre,plus bellc encorc, la philosophier.
à cctte runleur sc l)rol)agennt commt: \ragucs sur Ia mer, comprt'nd que pour La chasscamoureusc dc Socratc trc
P r _ r r r r s u(i ltu , u n e s o r t e c l c g i b i c r : l e s
tout porrvoir li: cliscorrrssophistirlite n'a quc la r.iolcncc'r'tl'insistancc chr bnrit. nrots. ll faut lcs saisir, lr's dtllinir-, rlilrtcrmincr les jLrstc:sr-r\gles
cic i,,iir.c,r-r-rrrr,,-
L a n i i a g e e t f h i l o s o f l :i e [ , u t tg o g e e t P h i l r t s , t p t ti e
87

nalrté. Socratiquc, L-' savoir clont la constnrctiorr n'à br:soin quc des mots nt' Langage et vérité
réclarnc aucun objct cxtéricur, n'est à 1'affût d'aucunc trouvaillc. II est indé-
lrrttrc lcs soPhistcs et Socra-tc,où est la clifférenctr?
pendant de toute expériencc, cle toutr's conditions de tenrps et de licu. Ciractrn Si, ir6ur ce dcr-.icr, lcs
nrots nous résistent, c'est en raison dc lctrr participation
y est aptc, queile quc soit sa langue, cluancl il s'avise r1e penser cc qu'il clit. aux icléesqui lcs rc.d
< s1'nrphoniqucsr. L'idée cst l'âme du rnot.
Chactrn en sait assez l)orir lc dire car il en dit asscz pour le savoir. C'est 1à e.antl nos propos sont inatterrtifs
iL l'idée, cluancl clle s'absente des mots que nous proférons,
le savoir philosophiquc. I1 est à Ia portée cle tous, il ne suplrose aucLrncconnais- notre rangager se
défait ; il se c1ec,m1)osccorrrne un cacràr,re. poru
sancc.préalablc, il n'est ilstreint à arrcune importation. I-e philosopirc nc clcvrail Socrate t" iung"g. t"
l t r i { l i ; l l ' , l lr l n l l r ' , i r . i t é . "rt
donc pas ôtre clécontrnancé par l'arrogance rles spécialistcs, le sommant si
I-cs .soPhistes au contraire li'rent la r-éritéen pâture au langage.Dc l,id.éephilo-
fréquemment de se taire, <1uclSocrate aujourd'hui oscrait affrontcr Thétitètc'?
sophiquement indérriablc qu'il n'cst clc vérité quc cl,un clirciiË
au nom de la technicité supi'rieurr clc luur langage. Si le philosophe pcut tircnt laconclu_
sio' intrépide q.e t.rrt ce qu.'on clit 'e peut ét.. q,r" r,r.i.
excrcer sur les conclusions extia-scier-rtiliquesauxquelles iis s'uvcnturent urr Lc langage fait la
t'9ritf il ''a pa.s à sc s.borcrutrr". à eitc. c'cst lui clui p.ri"".t
droit de contrôlc, cc n'est point qu'il soit le confus spécialiste dcs généralittls , non la
r'érité. La vérité du langage cxclut qu,il v ait un langage
ou qu'il possèdc un giinie privilégié, c'est qu'il est lc garclien clc la compétencc âe la r,érité. Dès lors
on pc't dirc n'inporte q*oi ct être douâ de la parolà e-"st
absoluc, cellc du conmull langagr, jugc cle tous ics autres. X{ais en r'éri1tl bien êtrc capabrc c1e
t.'t' S.r l'alfrrmati.n de J'indépenclancc par rapport au relel
il n'-1' a pas illusieurs espèccs de langagc', clrrisonnant rlps conlpartimellts d(' d,un langage
prrocluctcLrr_ de sa pr,prc r..érité sc foncie ic programme clc l,homme (
r'érité distincts. Il ne {aut pas concédcr simplcment quc tout langage tcchniqur, rnesure
de torrtcs choses r. L'Ettthydènte est cons:rcréà càtte qucstior.
doit pcruvoir se tyaduire dans cc langage commun qu(' I)3r nn involontair,' t-" i",rrr. <lisci'ic
des sophistes, Euthl'clèmc demancle qtr'on convie.rni
hommage à Ia philosophie lcs iinguistes nomment Ic méta-langage, cclui qLri ur,.r. tui q*, < en d.isa't
'ne chose, s'il est vrai qLr'on la dise, ôn n'énonce, cn
parle dc tous les autres. Aucnn langage nc sanrait être tout à fait artificicl. lc faisant,'auc'ne autre
réalitl: que ccllL:,précisérnent, quc |on énoncc r (Tract.
En dépit dc leur nécessaire création r1c signes, les r langagcs > spécialisés Robin, zg,1 a). eui
niera, t'' cffet, à m'i's i1e sacrifiôr à l'absiirclc, que qu:rncl
plongent leurs racines dirns le langagc ordinaire, ainsi en mathématiqr:"t,, o'parle c].cqu.lq't-
chosc, c'rst clc cettr: chose qu'or-rparrc:?Dire le vrai, c'est
< être égal à r, etc..., faute dc ciuoi ils n'aulaient jamais ac<1uis,car clle nc si. é,ronc", ie rér:r. xlais
crr't avcLr cst rcdorrtablc. II donnc: licencc au langagc cle
fabrique pas dc toutcs pièccs, la moindre intclligibilité. confisqucr la réalité
,]l'',rtt l. chargc'ait ^ai'ernent d'cxprimcr. u En cànJéq1,.,..",
La philosophic ne crée pas le langage, elle nc remplace pas la naturer. Elle a poirrr,.rit Euthy-
OèT",.au moins ce qui n'est pas ié"1,
pour principe que pour peu qu'un homrne tâche de se mettre en règle avcc ce 1,..ro,rne ne l,Znonce; car dès lors on
prod.irait quelq*e chose. or, tu as aciordé que personnc
qu'il dit, rien ne iui manque, il peut tout savoir. Voilà pourquoi en prestidi- n,est capablc cle
faire cxister ce q*i n'.st pas réer. par s.ite, dâprè.s
gitation (apparente), en magic, le r,ér-idique Socrate l'emporte sur les rusts ta propre thèsc, re fa'x,
Persor'!-'e i'énonce; nrais, t'ut au c.'trairc, s'il est'r.rai qu,ii
des sophistes. Il lui sufiira, à la limite, d'tin mot pour dégirgc-rles fondemr'nts
énonciatio' éma'ant de Dionysocl'rc, c'tst la vérité, )r ait une
tie toutc scicncc. Ironiqucmcnt du mot ignoratrcc. A l'analyser, on tirc urr c,est'lc réct q',clle
t1tt.rlcc ,. Prrisque le faux ne pc*t se tlire, cr: qui est 'rai
ûl qui fcra tout venir. Comment ignorerais-je si j'ignorais totalemr'nt? Je c'cst cc qLr.o. crit,
qu^rii q.'on dise. A t}roi le bon sr:ns fait réponclre à ctésipPe
n ' a i c o r L s c i e n cd(e m ( ) r ri g n o r a n , ' cc l u c s i j ' a i q r L - l q u ci d É , . c [ , . . , . q 1 l rj ,' . r L , ' . , , i . qu,il y a tout cle
môme clesgens qui ont souci de 'e. clire que cc qui est, .'"ri-a-at"
pas. La vérité, en effct, n'cst pas comme un caillou sur Ia rou.te. On nc tcirnbe clui s'apPli-
qucnt à conformer leur disco*rs à la nàturc dcs
pas dessus, on ne la rcncontre pas. Elie se précède elle-mênre. Comment chcr- choses. Eh bicn^! retorque
l'autre Dionysodore, si rc'rs cliscours se modèrent sur res choscs,
cherions-nous la vérité, si nous n'avir-rns cléjà son idée, son cxigence? QLr.isait .sophiste,
c'est très méchanrment quTs doivent parler des méchants,
qu'il ignore sait dc.rnc, son ignor:incu- est grossc', il ti'y a qu'à l'accouclrt-r-, et ce ce ne sollt })as
du tout des gens clc bicn. Déchaînés, ies cLeux tlncrgumèncs .r,o,rt
tandis que celui qui croit savoir, qui ignore qu'il ignore, non pas f ignorant, ak,.s dd:biter
les les plus violents. Socratc a un dedi-frèrc, patrocrès. Le père
mais i'ignare, est perdu pour 1e savoir. J'ignore, donc jc sais. Tel est le cogilo .paradr-rxes
est Sophronisque et cehri de patrocrès est chéiécrème. En
de Socrate. Socrate mct au point les prolégomènes de toute philosophie futurc. 9: i,r.-i",. tant que
chérédème cst un autre que_sophronisque, il est autrc
Toutes les phiiosophics, prenant le contre-pied des sophistes, à qui il faut que lclère. Donc
Chérédème n'était pas. père, patioclès ,;o p", pu êtrc engendré
déjà du savoir (: du scmblant de savoir) pour savoir, démasquant l'imposturc: par lui, et
Socrate n'a plus de fri'rc.
du r bien connu )), découvriront la présence, Ic travail cle la vérité là on la
on.pourrait multiplir:r i'déIi'riment ccs paracloxcs. Ils t:xPloitent
croyait la plus absente. Ainsi, c'est avec lc doute que l)cscartcs constitucra un mêne
et 'nique filon. Il s,fÊra po.r sicli.rer lc public de prêter
la certitude, et c'est dans la contradiction, mais réelle, effective, sans rapport au mot liêtrc d,une
chose. Si rien ne distingLrelc mot cl'unc circ,sc,, après tout c,cst qlelqlc ctrose
avec l'incohérence sophistiquc, oir la pcnséc paraît s'abîmer, que Hegel rcpércra
que je dis, ce n'cst l)zlsLnl.rentité évarcscc,,ntc,c,èst chr
Ie ressort du concept. m:Lssif,cli sonorc, s,,.1
l e m ' t p è r e c s t l c p è r c c o n r m e i 1n ' r ' a q , ' r ' c s c r i l ec h o s c 1 r u , , .
êt.e ce q.,clic est.
oui je dis père, pèrc ne cloit doric s'é'orcer qrle cle r.i.
Si 1e faux est ce qui
Langage et philosophie Latt Lage el f>hilosophie

n'est pas, il cn résulte que tout ce que jc puis dire, étant réel, est vrai. Nul ne A quoi se condamne-t-on quand on décrètc que lc signifiô n'cst c1u'uncffct
saurait créer du non-être. Euthydème et Dionysodore sont les précurseurs clu signifiant ? Déjà il entre, scrnble-t-il, pas mal dc non-sens à soutcnir, on
de la linguistique moclernc. Déjà pour eux, dire, c'est fairc. n Parler, c'est agir pcrLrt,il est vrai, tout dire, que c'est justement d'un non-sens qu'émancrait
et produire rr (op. cit., 284 c). u C'est produire un cffet r. Lc discours fait de tout sens. Quand on se gausse des explications < mystiques r des philosophes,
l'effet, la rhétorique fait dc I'cffet;sophistique,enrèglegénérale,toutcequinr oir la genèsc du semblable serait parcsscusement renvoyée à du semblable,
vise qu'à faire c1eI'eflet. Cct cffet, ce serait le sens. Tout sens ne serait qu'un cffct prrisque, l)our que soit du sens, il faut déjà du scns, l'on devrait, regardant
de sens. Les premiers, lcs sophistes rejettent Ia transcendance de ia signili- davantage devant sa propre porte, se clemander si I'explication par lc r tout
cation. Rien ne devanct: ni ne domine le signe. Il n'cst pas au servicc d'un clifférent r ne fait pas état cl'une apparition étonnammcnt miraculcuse et
sens, il le suscite. Ainsi, selon certaines extrapolations de Ia nouvelle linguis- rnagiquc (cf. R. Ruyer, op. cit., p. ro sqq).
tiquc (les vrais scientifiques sont beaucoup plus prudents) on ne parle pas Si Ic non-sens est à l'origine du scns, le sens n'cst plus qu'une absurdité,
pour dire quelque chosc dc préalablc à ce qu'on dit : essences étcrnelles, une plaisanterie douteusc. Que le sens sorte du non-scns, voilà qui s'enveloppe
logos, etc., c'cst-à-dirc, sous ses divers avatars, l)ieu (la r'érité du langagc rc'i, de tous les mystères d'une création ex nihilo. On répondra, ii cst vrai, quc Ia
comme l'a annoncé la perspicacité dc Nietzsche, c'est la mort de Dicu) mais surprisc dcvant ce < miraclc r provicnt uniquement dc la méconnaissance dc
on parle simplcment pour parlcr, comme un écrivain lait de la littérature, un sa très réclle machinerie productricc. Ilerleau-Ponty, dans un texte où il
point c'est tout, et, réciproquement, derrière ce qu'on dit il n'y a rien à {aisait part du renouvellement clécisif par i'analyse saussurienne dc la question
comprendre, aucun nlessagc énigmatique se forçant tant bicn que mal utr de 1a natnrc du langage (Le Lan.gage intérieur et les aoix du silence) expliquait
passage à travers la couche résistante et déformante des mots. Le iogocen- que c'était, dans les plis du discours, du frottement des rnots les uns sur les
trisme déchu, il sc découvre quc dans lc langage ne subsiste :rucunc trâce autrcs que naissait le sens. Si Ies mots peuvent ainsi jouer, entrer en contacr,
d'une quelconquc présence. Parlcr n'est pas évoquer et la gramnatologic s'unir, se dégagcr, ct le sens n'est que l'effet optique de cette sorte de danse,
nous arrache enlin à Ia longuc ct ensorcellantc cmprise cle La,phoné. c'est qu'ils ne sont pas pleins d'un sens qui les bloquerait sur eux-mêmes,
Il importe de disccrner comment s'opère ce prétcndu rcnversement dc la ernpôcherait le mouvcment, le gestc de la signifrcation de les traverscr tous,
philosophie dont lcs sophistes ont légué à une postérité n-roinsinvcntivc qu'elle c'est quc le langage se meut dans un vidc primordial, c'est que son espace
ne se le figurc, la définitive formulc : par une subversiorr. Ce qui a le moins cle signitif n'a que l'être d'une négation, c'est que, comûre on a appris de Saussure,
réalité aura la fonction d'expliquer ce clui cn a le plus, Ie moyen scra hissé ce que veut dire un mot est simplement cc que ne veulent pas dire les autres.
au niveau du. principe, cn un mot, car matérialisme s'appelle chez Platon Non pas dans Ies mots le sens, toujours mobile, mais entre les mots, là oir on
cette subversion, le corps sera pris pour l'âme. Tous lcs physicalismes sont croyait qu'il n'y avait que du silcnce, là au contraire où tout ça perlt parlcr.
sophistiqucs. Cc fut Ie cas naguère du behaviorisme, et maintenant, comme Tout à coup, cependant, X{erleau-Ponty se posait la question suivante,
personne n'ose plus sérieusemcnt le défendre, on recommence le coup sur lc qu'il écartait du restc aussitôt comrn. un légt'r {.t trop tardif rcmords : si
terrain cle la linguistiquc par la transformation de la parole en gcstc. C'est un I'être du scns est celui cl'unc différence, si lcs mots n'ont pas lcur signification
fait quc nous pensons r dans les mots r (Hegel), puisque pcnser, c'est comprendlc cn eu.t-mimes, comment pcuvent-ils se communiquer ce sens c1u'aucun nc
ce qu'on dit. I'Iais c'cst un fait aussi que s'il n'avait pas r1c jambes Socratc Pcssècle t--n propre? De fait, tout se l)asse cornme si l'analltsc c1c Saussurc
nc se trouvcrait pas à la place où il cst. Pourtant s'il cst là, cn ce momcrtt, sur ce point n'était qu'une rcprise c1u travail auquel s'était cmployé Platorr
dans sa prison, c'cst parce qu'il a jugé bon de ne pas s'cn évadcr et à coup sûr dans le Sophiste (le terme diacritique, contmc on sait, est de hri) au sujet des
cc ne sont pas scs jambes qui l'ont jugé bon, c'est son âme, c'est-à-dire la genres dc l'être. Platon dcvait reconnaîtrc, ménageant ainsi une place au
fonction par iaquclle l'homme sc relic à des normes et ainsi, appréciant grâcc non-ôtrc, clu'un gerlrc n'est ce qu'il est qu'à lil conclition de nc pas être cc quc
à elles, unifiant sa conduite, pcrtt nc pas sc résorber dans I'évanouisscmur-tt sont tous les autrcs, cn sorte que chaque cssencecontient un peu cl'êtrc ct
incessant du devenir. Sans les mots nous ne penserions pas mais les mots nc bealr66rt, de non-être. < Autant dc fois il y a des gcnrcs autres quc I'être,
pcnserrt pas cux-mêmes. Autre cst la cause, autre ce sans quoi Ia causc nc arrtant de fois l'être n'est pas r (257 a). Reste quc si l'autre est le nécessaire
serait pas causc, la condition néccssaire mais adjuvante. Sur les mécanismc,s principe dc Ia distinction dcs genres, l'être cst lc non moins nécessaircprincipe
du langagc, l'articulatior"r de scs unités pertinentes, le jeu de ses flcxions de lcur communauté. Tout genre doit donc à la fois participer à l'être et i\
irréprésentatives, la stntcture rendant signitifs des sons, la nouvelle lin- l'autrc. II serait absurclc que tont sc ramenât à l'autre. L'autre ne sarrrait
guistique a porté pour la première fois la lumière. On ne saurait lc contester. tout faire. Car cnf,n si une essencecst ce qu'elle cst, cc n'cst tout clemême pas
N{ais on ne saurait non plus en tircr prétexte pour blâmer la philosophie de parce que lcs autres ne le sont pas. La nouveilc linguistique confic à la cliffé-
n'avoir pas dirigé dc cc côté-l:\ ses analyses. Autant lui rcprocher, tant cluc rence un o{Iice cxorbitant.
l'on y est, de ne pas s'intércsscr non plus au jeu des muscles ct clcs tenclons, Cc n'est pas lc lieu d'examincr ses c1i1Îcu1tésthéoriqucs. Consicléronsles
dt: nc pas êtrc une ph1'siologic, unt--phvsiquc, ctc. clésastrcuscsconséquencesqui décoirlent clans I'ordre de la vérité dc la thèsc
Lanlase et philosophie Lattgu ge tt pltilt'sttfhie ( tr

du langagc producteur intégral clu sens (conséqlrencesaccucillies avcc fcr\-Lrur nolls appelons notrc savoir se résumc trop souvcnt à ci,-'scornbirL:risons rle
par ccrtains. Dans une pcrspective nictzschéenne,clébarrasséde lr tutcllc clu t l t , ) l i . C o l l n l r i i - ; r r i cdcu p r c m i c r g ( . l l r ' ( ' s t c t . l l t , r l r r si ' r . l )l i , ' n l à r . l l t . s .
vrai, I'homme pcut enlin devenir un grand artiste, un créat{-'ur.La récentc Certcs lcs philosophes n'ont pas toujours plcinement rendri jrrstice au
pédagogic n'entc.nc1formor quc des poètcs, encollrager la spr,rntantliti, Ia langage. II faudra attcndre Leibniz pour que le rationalisrne prrrnnc consciencc
u créativité > du babil r:nfantin). de la dc-tte qu'a la penséc envers lcs mots. Dcvrions-nous pour être dans le
\-rai concevoir clairement et distinctemcnt tous les éléments, les ingrédients
Euthydèrne aurait-il raison, u,-rrtsn'aurions l)lus aucrul mo\/etl dc dittinguer
clont se composent les idées, la moindre représentation exigerait l1n lal)cur
Ie vrai du f:urx, nous lrc pourrions parler qu'r ii tort ct r\ travers t (Euthyièlte,
irrlrrri. Par bonheur, l'actuel clans l'csprit est soutenu par le virtuel, Ie xtppo-
288 b). I-cs lois du langagc rcndcnt compte incliffércmment du cliscours .sr'ûl tlit Leibniz; tout cc quc nous ne pensons pas Présentcment nous aide
vi:ricliquc ct dLr disc<;urslncusongi'r'c.ilrune, ainsi cp'on a pLr L'tlirc, c.,llr:s
ii penscr ce que l)ous pensons, sans qu'il nous soit nticessairc de l'cxplicitcr.
rlc la balistiquc des victoircs ou clcs drifaites militaires. Si p.ns, r n'est qr-1e
t (l'cst ainsi que quand je pcnse le chiliogone... je ne considère pas toujollrs
parler, si ce n'cst pas juger c(i qu'on dit, fairc comparaîtrc le discours devant
la nrrturc du côté, et clc l'égalitô, ct du nombre mille r, jc pense ( que nlille est
des insta.ncesdr: signification dont il n'cst pas I'autc,ur, Ic critùr'c du vlai tt
dix fois cent, sans me mettrL- en ptinc de pcnser ce que c'est tyue dix ct cent,
du faux aboli noLrsn'aurons plus qu'à norls en remcttrc à 1'avis dc f imprcssion.
parce que jc suppose <1cle savoir et nc crois pas d'avoir bcsoin de m'arrêter
Plaira unc suite cle mots habilenpnt agt:rtcée,r-rriginalr:, inattenclut. Pluslesens à lc concevoir r (Leibniz, Discou.rs de llIétaphysique, $ 25). Les signes ont Ia
scra délicicusemcnt violcnté, phrs I'on s'extasiera. L'crrcur n'est possibl(', ct
propriété de lixcr c!'s ensembles d'éléments quc nous manions grâce à eux
irar conséqucnt Ia vérité, qu'à la condition quc la pensée nc se confoncl(.l)as bien que leur rlétail nous échappc, comme nous bougeons notre plurne sans
ar-ec ies mots, trc procèclc 1):rst(/lrte cl'cux. Commcnt se'fait-il 1,ar cx('rnl)lc
fairc attcntion à la multituclc des gcstes de notre main. Les signes c'est le
que, sclon l'anai1r5çc:rrtésicnire,f impirtientc r-olonté puissc, en rnatièr'c dc
s:rvoir à l'ceuvre, c'est I'incorporation clu savoir, c'est le corps dont en elle-
connaissance,soudain tranchcr', porter un jugcrnent alors qrre l'entenrlctntnt
t t t e t t t cl e p c n s é e a h e ' , r i r t .
nc lui a pa:j errcorcpr'éscntécl'ic1t'rsclairr:set distinctcs? Ii faut irien, poul qlre
Mais elle n'cn a bcsoin que parcc qu'elle n'cst pas précisément pensée purc,
Irous soyons ainsi corrvaincus, qur nc,us norls imaginions cn titat d'éviclence.
. r r t r ' f l r l r . m c n t o t x h . m c n t i n t u i t i f e t q u ' c l l e n ' a c c ù d c a u r r a i < l r r cp r u g r c s s i v - -
Or il n'cst d'ôrricicntqrrc 1c clair t-'tlc distinct. La nréprise,à rnoins clc rnauvuse
mcnt dans une discursion qui appellc le soutien indispensabie mais dangcreux
foi caractérisée,fait énigme. I-'crubarras disparaît si 1'on constate quc I'illusion
de la mémoire, cette mobilisation de signes. Fairc donc clessignes oir s'exprime
d'intclligibilité cst apportéc par lcs mots. Nous crc\'oils ar-oir une iclée-' lrcrrrlant la frnitude de notre esprit des producteurs du sens, à Ia façon de Ia démiurgie
que sertls clc's nrot:; occulrclrt, en\'.rhisscr.t notrr: eslx-it.
contemporaine, serait apparu comme le comble de l'aberration à des philo-
Du fait qu'on nc pr:nscqu'avcc clesmots, quand on n'rr affairc t1u'iLdcs mots, sophes qr.li n'avaicnt point tort de nous apprendre à nous mé{ier cles mots,
on croit encore penser. J-':rbsurclc,comn-r(lle faisait rcntarqrlol-Husserl, n'est cle lcurs facilité à mimcr la penséc.
l)as cllcore le non-scrts.Ii possèdccolnmr ttn halo, une {rangc c1csignilication. Les sophistcs avilissaicnt 1e langage en f invitant à usurper lc premier rang
Si je dis : lc cerclc cst carré, ccttt' proposition cst rccouvertc. l)ar unc espècc dans la hiÉrarchie dc la significa.tion.Le signe accal)arc-t-i1ce clunt il n'L-stquc
c l ' u n i t i : d c s c r r s .U n m o t t t i ' a u t l c ' s ' 1 ' a s s o c i e n st a n s n r p t u r e , c i ' q u i t r ' c s t p : i s lc signc, lrr proie est trussitôt lâchéc pour l'ombrt', le plaisir, cc signe dLr bicn,
le cas, si je dis : Picrrc ct cst. Le passage aisé d'un tcrme à un :rutrc pcut devicnt lc bien absolu, Ies puissanccs de la flatterie s'emparent des hommcs.
laisser srrpposcrqu'unc déduction a cu licu entre cleux iclées.Tclle est, conlnlc Écartant les saumâtres potions du médccin, ils acclameront le cuisinir:r' ct sc
le montre Spinoza, l'origine cle Ia fiction. Quancl des hommes disent : i1 1' a prtlcipiteront sur dcs rncts dont Ia succulencc les bernc. Finalement, nous
des arbres qui parlent, iis ticnnent Ic mot arbre, puis le mot parlent, ct cffec- voici les csclavesdc celui qui séduit et fait toujours tont cc qu'il lui plaît sans
tivcmcrr.t dans leur csprit, ou plutôt dar-rslcur irnagination, un n{)uventent fairc jamais cc qu'ii vr'ut, lc.tyran. Car I'rnjcu dc ce débat sur:le statut du
s'est opéré. Pius exactcment, sans continuité (: déduction) Ià où i1 y avait signe, c'cst la politique. Si les mots ne sc règlent l)as sur des essences,si ce nc
un mot, il y en a maintcnant un arrtrc. llais jc nc puis, à y réfléchir, me rc.pré- sont quc clcs manifestations slzrnpfomalcs, si le logos ne se distinguc pas d.r la
senter qu'un arbre parle. Dc f idéc d'arbrc jc n'extrairai jamais I'idée cle pltoné (c1. Aristote, La Politiqu.e I, z, tz53 a, 9-r8) nos cris n'erprimeront quri
parole. Quand nous disons : its hommes lrarlcnt, ou encore ils marchent, ils sc n o t r - p l a i s i r o r r n o t l c p c i n e , n o u s n c s c r o n s e n t r e l a c ô sq u c p c " r n t , s | a s s i o n s
nourrissent, il peut ne s'agir torrjours quc cl'une simple -çuite, d'un arriul- individuelles, règncront ccux qui parleront dc la Ïaçon la plus sécluisantc,ics
gcment dc vocablcs sans plus cle pcrtinencc que l'énoncé précédcnt, au cas rhéteurs;jamais nous n'aurons l'idéc du juste ct dc l'injuste, nous manquerons
r oir nous ignorerions quellc est Ia stmcture de l'hommc, ne détenant sor.lsie cles normcs comrnLlnes requises pour la construction de la communauté.
nom cl'hornmc qu'trne icléc trt-rnt}rô(', une idée générale ciont la conlusion I'Icttre lc langirge à sa place, y voir non pas l'artisan mais le serviteur cle Ia
s'abrite sous la netteté cl'un signc où ne se sont agglomérées qut des images signilication, c'est I'honorcr. Si tout ce qu'on Cit cst vrai, la vérité cst err
partiellcs et hétérogènes. \'oilà l)ourquoi la plus grancle paltie clc co (luil lamb,:atrx, L: langagc est lrris(rpirr la contradiction. Pour qu'il y lit un lirngaee
92 Langnge tt philosoplttt I-an!u,:e et Pltilosolltic:

vrai, il faut donc accci)ter qu'il puissc y avoir- un lrurgage faux. Notre langage logiquc où Ic discours sc soucitrait uniquemcnt cle pcrfectionner la rLlgloncn-
est faux, I'âme devient sclor-r Platon mcnteuse et folle, quancl scs mots ne tation de son jeu s1'ntaxicluc.Rompant la mauvaisc alternative c1cIn transccn-
s'ordonncnt plus sur lcs rapports de convcnancc et cI'harmonic'entre les idécs, dancc et de I'immancnce, il crée rrnc philosophir réflrxilc .:t critique, c'cst-ii-
quand, employés n'impr.rrtc conrment, nous faisant prcndre le mêmc por.Lr dire- urre anaiyse dcs principes, clcs nonncs à la condition desqLrcllcsl'homme
un autrc, un auttc ponr lc n1ême,ils imposcnt aux gcnrirs ies rclations lcs plus peut tenir un langage jr,rstt'. En un sens, de tcls principcs nc sont quc dcs
monstreuses. La dialcctique s'attachcra donc à déterminerrles lois de la justc r hypothèses r. Ce ne sont pas des êtrcs, isolés dans leur csscntialité, mais
communication dcs csscnces dolt notre langagc peut recevoir son homologie, I'ensemble des conditions cle ce qu'il pcut y avoir de vrai clans nos cliscours.
c'est-à-dire son homologation. Un des e-xposésles plus cornplcts cie la dialec- Encorc faut-il que nous voulions dire quelquc chose c1cjuste. Ln clialcctique
ti<1trese trouvc rJans Ze Poliliquc. Scule la méthoclc cle division clcs genrrs, r,n naît dc cettc intention, ellc nc sirurait la pr'ivoqrrcr, cncol-(.ruoins nous V
délinissant cc que signilie < ôtrr pastcur d'homn.rcsr, permcttra dc départager. obligr-r. Pour qui r-rr s'crr iruportrinc p:rs, ces princilrcs ne soltt ér'iclcrnment
Ics rnrrltiples cantliciats au pouvt.rir rlui prétendcnt tous et clarncnt qu'iis sont rien, ils ne comptcnt pa,s. Cie sont lcttre tn()fte. Aussi dc l'irltsolu, clc I'an-
capablcs de concluirc lcs homrncs. Soit, sclon l'cxemple du ciébut dt Sophista, h1'pr-rthétiqucoir ils sc suspcnclcnt Platon plr'nr1 soin dc préciser qrr'il cst
un mot commc pêchcr.rrà la lignc. Il convicndra, pour savoir enfin ce que nous au-delà de l'être, quc ce n'est pas unc idéc comme les autres. II est lc bicn,
disons quand nous ic prononçons, de partir d'un genre plus large, l'art, dt lc fondement d'une cxisteucc supérieure, la lurnière par quoi tout reçoit unt
le diviser en espèces,l'art de Produire, I'art d'acquérir jusqu'à ce que, dt signif,cation nouvellt'. Il ne se clér'oilc, au terme cl'une ascension, qu':i ceux
subclivisions en sLrbdivisioll5,on parvienne au terme dont on a entrcpris clui ont pris élan. I)e tcllt's sul)l)()sitionspeuvent être écartées avec sàrcasmes
l'élucidation. par l'objectivismc, décidé à s'en tenir aux faits r:t à ne rcnvoyer cc qui est
Aristote a vir,ement critiqué cette méthocle (c|. Premiers Analytiqttcs I, .,;t; qtr'à ce qui cst. Ilais il faut dès lors prcndre actc que notre langagc, prir'é
Seconds Analytiqu,es, II, 5). Il la nomme ( un syllogisme sans folcc r. Elle de tout instrumcnt d'évaluation, nc fait phis partie que de l'unique réalité que
n'rrse pas du moyen termc, fait par trop appel au flair (à chaquc fois on :r col'Lnaît lc physicalisrne, cn tous ordres un systt':mc c1eraltpr-l'ts c1eforccs.
afiaire à une option), n'accorde pas une part égale aux deux sections dc la
dichotornie. EIIc est clonc du point de vue dc la logiquc extrêrncnrtnt insufR-
sante, voire incligente. l\fais Platon n'entendait pas æuvrer en logicien. Cf. B i b l i o g r a p ihe
G. Deleuze, Dif érence et Répétition .' r Il ne s'agit pas du tout d'une méthodt
de spôcification mais de sélection. Ii ne s'agit pas de diviser un genre déter- Les auteuls et les ouvrages rnentionnés clans cc chapitrc composent l'essentiel cle la
miné en cspèces défir-ries,mais dc dir-iser une espèce confusc en lignées pures... bibliographie.
de distinguer la chose et ses simtrlacres ) (pp.8+-8S). I-a logique combinc, Le livre de Brice l).rrr-ltx, I?eclrcrcltesstr la naluye et lcs fanctiotts du langage, N. R. li.,
classe, répartit. Ellt ér'oh.redans un cspace notionnel neutrc, objectif, sans m a l g r é s a c l a t e d é j à : r n c i c n n e ( r , _ r 4 z )q, u i i g n r t r c I ' a p p o r t c 1 el a I i n g u i s t i r l u e s a u s s u r i u n n e ,
d r ' n t e u r c , s u r l e p r o b l è n r e d c l a t h é o r i c 1 1 ul a n g a g e à t r a v c r s l ' h i s t o i r c r l c l a p h i l o s o p h i e ,
valorisation. La dialcctiquc éirrouvr: ct fonde. Elle cst axiologique. Le logicien
un guide précieux.
n'A en vue que dr's règlcs formeiles. I-'cssentielpour lui c'est quc nous puissions
On pourra consultt:r égalemcnt : Y. llÉr-,tv,c.L,Les philosopltes et leuy langage, N. Il. Ir.
sous leur dircctior-r raisonncr toujours corrccterlent ct comme :rr-rtomatique-
I-c's célèbres pagcs dc La Pensée et le LIouuant, r l)hilosop]ric ct conversation r (éd. drr
ment. I-a dialccticluc, au contrairc, cst cettc méthode qui a pour raison cl'êtrc C e n t c n a i r c , l ) . U . F . , p p . r j r g - r 3 2 8 ) e - r p r i m e n t s u r l e r : r p p o r t d c l a p e n s é ee t c l e sm o t s l a
cie fairc constamment appel au jugcnrent, âme cl'v:nlangagc justc. Rien nc lui p o s i t i o n d c s < c l a s s i c l u e sr L e l c c t e u r r - o u d r a b i e n , c a r c e s p r o p o s o n t ô t é s o r r v c n t c l i f i a n r é s ,
scrir.it plus insupportablc qur' cle nous fournir lcs expédients :rppropriés 1>our' t e n i r c o r r p t e t l e l a t l i s t i n c t i o n q u c f a i t B e r g s o n e n t r e l ' / r , l n o l o q u t . r e t I ' h t n r t ol o q u c n s .
norrs dispenscr de ce jugcment oir nous soumettonslibrct-ntnt, à nos risqucs S u r l e l a n g a g ec h e z I ' l a t o n , p o u r a i . l L - ru n e l e c t u r e r 1 uC r a t y l e : B r i c e l , , r r l r x , E s s a i s u r I c
et périls, ce que nous disons à l'éprcuve de la normc, juger, c'cst jugerbon- logos plalonicien, P. U. F; N. Gntrr-Llrrt, r Le shanranisrne socratique. Iléflerion sur le lan-
gage dans la philosophie dc Platon ,, I?et-uede IIétaphl,sique et de llorale, 1968, no 4.
au bénéhce d'ut'r discours, parlant tout seul, sans nous, lancé sur scs rails
Orr n'oubliera pas enfin que toute l'rruvre de ltoussEeu cst centrée sur l'examen clu
forrnels et sc déroulant imperturbabicmcnt de nulle part à nuile part.
s t a t r t t d u s i g n e ( i n s t a n c e d c l a p e r f c c t i b i l i t é ) c t c l e s e s f a l s i f i c a t i o n s s o p h i s t i q u e s -I - i r , : c n
Contrairement r\ un préjugé tcnace, Platon n'ambitionne nullement clt. particulier Ie préfacede .\irrrisse.
constituer une ontologie, d'attircr vers le langage, sortis dc lcur obsculité
muettc, une réaliti: absolue, fermée sur soi, un nonde à part, ul1 cn soi subsis-
tant par définition et se soutenant tout seul que nous ies disions ou non. Lc Textes
discours ne pourrait qu'êtrc dominé, à pic, par un tel être qu'il n'entamcrait
pas, ne pénètrerait pas, dont au mieux il se bornera sentencieusement à le sens des mots est-il un effet de structure d'éléments dépourvus de signification ?
énoncer qu'il cst et quc n'est pas ce qu'il n'est 1ias.La sentencc, c'est Ie jugc- s S o c r a t e: Q u e l l e c o n n a i s s a n c e e n e f r e t p o u r r a i t - i le n c o r e y a v o i r , s i o n I ' i s o l a i t d e s a
mt'rrt ck's silcncieux. Pits davantagr: Platon nr: s'intéresscà 1'anrénagemcntd'unc
i u s t i f i c a t i o na u s s i b i e n q u e d e I ' o p i n i o n d r o i t e ? A l a v é r i t é , i l y a d a n s c e q u i a é t é d i t
9+ Lattgage tl fihilosophie Lar tagt et J>hilosofltta 95

q u e l q u e c h o s e q u i n 1 ed é p l a î t . . -. T h é é t è t e. ' E t q u o i d o n c ? - S o c r . . . C ' e s t m ê m e c e q u e
ll ne faut pas être dupe des mots
I ' o n t i e n t p o u r ê t r e c e q u ' i l y a d e p l u s r a T f i n éd a n s l a t h é o r i e : à s a v o i r q u e l e s l e t t r e s
é l é m e n t a i r e ss o n t i n c o n n a i s s a b l e s t, a n d i s q u ' e s t c o n n a i s s a b l el a f a m i l l eq u ' e l l e sf o r m e n t ,
< Certains n'accorderont peut-être pas cela, parce qu'il leur semble qu'ils peuvent
c e fl e d e s s y l l a b e s . - T h é é t . . ' M a i s n ' e s t - c e p a s à b o n d r o i t ? - S o c r , ; A f i a i r e à n o u s d e
a f f i r n r e ro u n i e r d ' u n e c h o s e q u o i q u e c e s o i t d ' a u t r e , q u e c e q u ' i l s o n t d ' e l l e d a n s l a
nous en assurer! Nous détenons en effet des sortes d'otages : les exemples qui, à
c o n s c i e n c e .C e l a v i e n t d e c e q u ' i l s n ' o n t a u c u n e i d é e d u c o n c e p t q u e l ' â m e a d e l a c h o s e ,
I ' a p p u i d e s a t h è s e , s e r v a i e n tà I ' a u t e u r p o u r d i r e t o u t c e l a .- T h é é t . : E t q u e l s s o n t - i l s?
- S o c r . : c e s o n t l e s l e t t r e s d e l ' é c r i t u r e ,a v e c l e s s y l l a b e s .O u b i e n t e f i g u r e s - t u q u ' i l sans les mots ou en dehors des nrots.ll est bien vrai (quand il existedes raisons qui
n o u s y i n c i t e n t ) q u e n o u s p o u v o n s d o n n e r à d ' a u t r e s ,p a r d e s m o t s o u d ' a u t r e s m o y e n s ,
ait pu avoir autre chose en vue, celui qui a dit ce que nous exposons? - fhéét. : Non,
u n c o n c e p t d e l a c h o s e d i f f é r e n td e l a c o n s c i e n c e q u e n o u s a v o n s d ' e l l e ; m a i s n i p a r d e s
m a i s c e q u ' i l a v a i t e n v u e , c ' e s t b i e n c e l a ! - S o c r . : A l o r s , r e p r e n a n tn o s o t a g e s ,m e t t o n s
m o t s , n i p a r a u c u n a u t r e n r o y e n ,n o u s n e p o u r r o n s T a i r eq u e n o u s é p r o u v i o n sl a c h o s e
à l a q u e s i i o n c e s e x e m p l e s ,o u p l u t ô t m e t t o n s - n o u s - yn o u s - m ê m e s , p o u r v o i r s i c ' e s t
a u t r e m e n tq u e n o u s n e l ' é p r o u v i o n s ; c e l ae s t i m p o s s i b l e c, o m m e i l e s t c l a i r à t o u s c e u x
a i n s i o u n o n q u e n o u s a v o n s a p p r i s à é c r i r e .A l l o n s ! d i s - m o i ,p o u r c o m m e n c e r : e s r - c e
q u i , a b s t r a c t i o nf a i t e d e l ' u s a g e d e s m o t s o u d ' a u t r e s s i g n e s , o n t u n e f o i s p o r t é l e u r
q u e l e s s y l l a b e s p o s s è d e n t u n e j u s t i f i c a t i o nd e c e q u ' e l l e s s o n t , t a n d i s r l u e l e s l e t t r e s ,
a t t e n t i o ns u r l e u r e n t e n d e m e n st e u l .>
q u i e n s o n t l e s é l é m e n t s , s o n t d é p o u r v u e s d ' u n e t e l l e j u s t i f i c a t i o n ?- f h é é l . . . S a n s
doutel-.Socr.:Hé!oui,pourmoa i ussi,c'estl'évidencemême!Supposonsparexempte S p i n o z a ,C o u r t T r a i t é ,d e u x i è m ep a r t i e ,c h a p i t r e X V I
q u ' o n t ' i n t e r r o g e e n c e s t e r m e s s u r i a p r e m i è r e s y l l a b e c l es o c r a t e : < D i s - m o i , T h é é t è t e , é c l . R . C a i l l o i s . B i b l , d e l a P l é i a d e .G a l l i n r a r d .
qu'est-cequec'estqueSO?>Querépondras-tu?-Théét.:euec'estSetO!-Socr...
O r , n ' a s - t u p a s l à c o m m e u n e j u s t i f l c a t i o nd e l a s y l l a b e? - T h é é t . ; O u i , m a { o i l - S o c r . :
Poursuivons donc! Donne-moi de la même Taçon la justificationdu S - Théét. :Et < E n s u i t el e s m o t s f o n t p a r t i ed e l ' i m a g i n a t i o ne, n c e s e n s q u e n o u s c o n c e v o n sn o m b r e
c o m m e n t d i r a - t - o n l e s é l é m e n t s c o m p o s a n t s d e l a l e t t r e ,q u i e s t e l l e - m ê m e u n c o m p o - de fictions selon ce que les mots composent entre eux dans la mémoiregrâce à quelque
sant? Ce qui est sûr, c'est que le S est une des consonnes,rien qu'un bruit inarticulé disposition Cu corps; il est donc certain que les nrots comme l'imaginationpeuvent
p r o d u i t e n q u e l q u e s o r t e p a r u n s i f f l e m e n td e I a l a n g u e . Q u a n t a u B , c e n , e s t n i u n s o n ê t r e l a c a u s e d ' e r r e u r sg r a v e s e t m u l t i p l e s ,à m o i n s q u e n o u s n e n o u s m e t t i o n s e n g a r d e
n i u n b r u i t ; c e q u i n ' e s t p a s d a v a n t a g el e c a s d e l a p l u p a r t d e s l e t t r e s .A u s s i e s t - i l p a r - t r è s v i g o u r e u s e m e n tc o n t r e e u x .
f a i t e m e n t e x a c t d e d i r e q u ' e l l e s n ' a d m e t t e n t p a s d e j u s t i f i c a t i o ne t q u e m ê m e l e s p l u s A j o u t e z q u e l e s m o t s s o n t c r é é s a r b i t r a i r e m e n te t s u i v a n t l e n i v e a u d u v u l g a i r e .A u s s i
manifestes d'entre elles n'ont proprement que leur nom, mais ne sont pas non prus ne sont-ils que des signes des choses telles qu'elles apparaissent à I'imagination
p o u r v u e s d ' u n e j u s t i f i c a t i o n q u e l c o n q u e .- S o c r . . ' S u r c e p o i n t d o n c , c a m a r a d e , v o i l à e t n o n à I ' e n t e n d e m e n tC . e q u e m o n t r e c l a i r e m e n tl e J a i t q u ' à t o u t e s l e s c h o s e s q u i s o n t
p o u r n o u s u n s u c c è s q u a n t a u p r o b l è m e d e l a c o n n a i s s a n c e !- T h é é t . : N o t r e s u c c è s seulemend t a n s I ' e n t e n d e m e n et ,t n o n d a n s l ' i m a g i n a t i o no, n a s o u v e n ti m p o s éd e s n o m s
e s t é v i d e n t !- s o c r . ; M a i s q u o i ? q u e n e s o i t p a s c o n n a i s s a b l el a l e t t r e e t q u e l e s o i t a u n é g a t i f s c o m m e 1 n ç 6 r p o r e l i, n f i n i , e t c . , e t q u ' o n e x p r i m e a u s s i n é g a t i v e m e n tb e a u c o u p
contraire la syllabe, est-ce que nous avons bien réussi à le montrer? - fhéét. ; C'est d e c h o s e s p o s i t i v e s e t i n v e r s e m e n t ,p a r e x e m p l e : i n c r é é , i n d é p e n d a n t ,i n f i n i , i n r m o r -
a u m o i n s p r o b a b l e ! - S o c r . . ' P o u r s u i v o n s d o n c ! L a s y l l a b e ,d e v r o n s - n o u s d i r e q u ' e l l e t e l , e t c . , s a n s d o u t e p a r c e q u e n o u s i m a g i n o n s b e a u c o u p p l u s T a c i l e m e nlte u r s c o n t r a i r e s .
est les deux lettres ensemble,ei, s'il y en a plus de deux, la totalité des lettres qui la D'où vient que ceux-ci vinrent d'abord à I'esprit des premiers hommes et usurpèrent
c o m p o s e n t ? o u b i e n u n e c e r t a i n e n a t u r e u n i q u e q u i e s t v e n u e à I ' e x i s t e n c eu n e f o i s les noms positifs.Nous affirmons et nions beaucoup de choses parce que la nature
q u e l e s l e t i r e s o n t é t é r é u n i e s ?- T h é é t . , ' M a f o i , c e q u e n o u s d e v r o n s d i r e q u ' e l l ee s t , d e s m o t s - e t n o n c e l l e d e s c h o s e s - s o u f f r e c e s a f f i r m a t i o n so u n é g a t i o n s . S i n o u s
c ' e s t , à n r o n a v i s , l a t o t a l i t é , s a n s a u c u n e e x c e p t i o n d e s e s l e t t r e s ,- S o c r . ; A l o r s , i g n o r i o n s c e f a i t , n o u s p r e n d r i o n s i a c i l e n r e n tI e f a u x p o u r l e v r a i . >
e n v i s a g el a c h o s e s u r d e u x l e t t r e s ,s e t o , d o n t l ' e n s e m b l ec o n s t i t u e l a p r e n r i è r es y l l a b e
de mon nom. N'est-il pas vrai que celui qui connaît cette syllabeconnaît ensembIeles Spinoza, f raité de la Réforme de I'Entendement,
d e u x fe t t r e s ? - T h é é t . . ' S a n s c o n t r e d i t !- S o c r . : C ' e s t d o n c l e S e t l e O q u ' i l c o n n a î t . $ 88-89, éd. cit.
- T h é é t .; O u i . - S o c r . ; Q u ' e s t - c eà d i r e ? d a n s c e s c o n d i t i o n s ,i l i g n o r e c h a c u n e d e s
d e u x à p a r t d e I ' a u t r e ,e t , n e s a c h a n t a i n s i n i I ' u n e n i I ' a u t r e ,i l l e s c o n n a î t e n s e m b l eI ' u n e
< P o u r c o m p r e n d r e c e s d e u x c h o s e s , l e V r a i e t l e F a u x , n o u s c o m n . t e n c e r o n sp a r l a
e t f ' a u t r e ? - T h é é t . : C h o s e é t r a n g e e t d é r a i s o n n a b l ep o u r t a n t , S o c r a t e ! - S o c r . . . l l
s i g n i f i c a t i o nd e s m o t s , c e q u i n o u s p e r m e t t r a d e v o i r q u e c e n e s o n t q u e d e s d é n o m i n a -
n ' e n e s t p a s m o i n s v r a i q u e , a u m o i n s s ' i l e s t i n d i s p e n s a b l e ,s u p p o s é t o u t e f o i s q u , o n
t i o n s e x t r i n s è q u e sd e s c h o s e s e t q u ' o n n e p e u t l e s l e u r a t t r i b u e r q u ' e n r h é t e u r .M a i s ,
d o i v e c o n n a î t r e e n s e m b l e I ' u n e e t I ' a u t r e ,d e c o n n a î t r e c h a c u n e d e s d e u x s é p a r é m e n t ,
c o m m e c ' e s t l e v u l g a i r e q u i a d ' a b o r d t r o u v é I e s m o t s q u e l e s p h i l o s o p h e se m p l o i e n t
i l d e v r a à t o u t e f o r c e y a v o i r , c h e z c e l u i q u i , u n e f o i s o u I ' a u t r e ,c o n n a î t r a l a s y l l a b e ,
e n s u i t e ,i l a p p a r t i e n t àc e l u i q u i c h e r c h e l a s i g n i f i c a t i o np r e m i è r ed ' u n m o t d e s e d e m a n d e r
u n e c o n n a i s s a n c e p r é a l a b l ed e s l e t t r e s q u i l a c o m p o s e n t ; e t , d e l a s o r t e , v o i l à q u e s e
c e q u ' i l a d ' a b o r d s i g n i f i é p o u r l e v u l g a i r e ; s u r t o u t e n I ' a b s e n c ed ' a u t r e s c a u s e s q u ' o n
s e r a s e c r è t e m e n le n f u i e n o t r e b e l l e t h é o r i e e t q u ' e l l e d é t a l e r a !>
p o u r r a i t t i r e r d e l a n a t u r e d u l a n g a g e .L a p r e m i è r e s i g n i f i c a t i o nd e V r a i e t d e F a u x s e m b l e
Platon, Théétète : 202 d, 203 d, avoir son origine dans les récits; et I'on a dit vrai un récit quand le fait racontéétait
t r a d . R o b i n , B i b l . d e l a P l é i a d e .G a l l i m a r d . r é e l l e m e n ta r r i v é ; f a u x , q u a n d l e f a i t r a c o n t é n ' é t a i t a r r i v é n u l l e p a r t . P l u s t a r d , l e s p h i -
losophes ont employé le mot pour désigner I'accord d'une idée avec son objet; ainsi,
I ' o n a p p e l l ei d é e v r a i ec e l l e q u i m o n t r e u n e c h o s e c o m m e e l l e e s t e n e l l e - m ê m e ; I a u s s e ,
S u r I a p o r t é e d e c e p a s s a g e ,e t d e s s u i v a n t s , l a d i s c u s s i o n v a s e p r o l o n g e r ,s u r s a c e l l e q u i m o n t r e u n e c h o s e a u t r e m e n tq u ' e l l e n ' e s t e n r é a l i t é .L e s i d é e s n e s o n t p a s a u t r e
c r i t i q u e p a r a v a n c e d e c e r t a i n s t y p e s d ' e x p l i c a t i o nm o d e r n e s , c o n s u l t e r : A . K o v r é , c h o s e e n e f f e t q u e d e s r é c i t s o u d e s h i s t o i r e s d e l a n a t u r e d a n s I ' e s p r i t .E t d e l à o n e n
lntroduction à la lecture de Platon (N,R,F.)ao.70-72.
e s t v e n u à d é s i g n e r d e l a m ê m e T a ç o n ,p a r m é t a p h o r e ,d e s c h o s e s i n e r t e s ; a i n s i , q u a n d
96 Langa ge et />hilosopltit Langage et f>hilosopltie
97

n o u s d i s o n sd e I ' o r v r a i e t d e I ' o r f a u x ,c o m m es i I ' o r q u i n o u s e s t p r é s e n t ér a c o n t a i t a b s u r d i t é sd,e s c o n t r a d i c t i o nf sl a g r a n t e sc,o m m en e c r a i g n e n p t a s d e I e f a i r el e s t h é o -


q u e l q u ec h o s es u r l u i - m ê m ec. e q u i e s t o u n ' e s tp a s e n l u i . riciensdes Ensembles. (cf. sur ce point M. Gourinat.De la philosophle, tome l, pp. gB-99).
Spinoza,Penséesmétaphysiques,
premièrepartie, chapitre Vl, c e n ' e s tp a s d u t o u t a v o i r l es e n sd u p a r a d o x q e u ed e l ' é t e n d r e ( c r o i f o n )a u x p r o p o r t i o n s
d e I ' a b s u r d eL. ' a b s u r d eo f f e n s el a r a t i o n a l i t ét o, u t e s t a b s u r d ed a n s l ' a b s u r d i t éq, u ' i l y
éd. cit. a i t d e I ' a b s u r d ev, o i l àl ' a b s u r d el,e p a r a d o x el a p r o v o q u eI,' a i g u i s es. i K i e r k e g a a i d est
p r i sa u s é r i e u xp a r l e s p h i l o s o p h e sn ,o n p o i n tc a m u s ,c ' e s tq u e i e p r e m i e ra p u s e h i s s e r
a u p a r a d o x eI ,e s e c o n ds ' e s ta r r ê t éà I ' a b s u r d eE. n t e r m e sk i e r k e g a a r d i e nosn, d i r a i tq u e
C a m u s ,c e m é l a n g ed ' e s t h é t i c i eent d ' é t h i c i e na, u s é d e l ' i r o n i ei,l n ' a p a s e u l e d o n d e
Thème d'étude I ' h u m o u rc, e r é v é l a t e udr u n o n - s e n sq u i r o n g ed u d e d a n sl e s s i g n i f i c a i i o nt sr o p r i c h e s .
ll y a une métrétique d u p a r a d o x eT. r o p g r a n d ,e x c e s s i fo, u t r é ,i l n , e s tp l u s q u e n o n -
s e n s p u r , e t r i e n n ' e s t p l u s a b s u r d eq u e d e t r o u v e rp a r t o u td e s p a r a d o x e sM. a i s t r o o
Le paradoxe r é d u i tm , i n i m i s él,e p a r a d o x e n ' e s tp l u sq u ' u n es i m p l ec u r i o s i t éu, n e d i s t r a c t i odne s a l o n ;
o n n e l u i a c c o r d ep l u sq u ' u n ea t t e n t i o na m u s é eA . i n s il e s h o m m e sn ' a v a i e npt a sa t t e n d u
K a n t p o u rs ' a p e r c e v oqi ru ' i l l e u re s t i m p o s s i b l de e m e t t r el e u rm a i nd r o i t ed a n sr e u rg a n r
L e p r o b l è m ed u p a r a d o x se e p r é s e n t e naturellemeà n tt o u t eé t u d ed u l a n g a g eD . epuis g a u c h e .l l a p p a r t e n a iàt K a n t d e f a i r e d ' u n e a n o m a l i eu n p a r a d o x eL. e p a r a o o x eo e s
E p i m é n i d el e C r é t o i sa s s u r a n q t u e t o u sl e s C r é t o i ss o n t m e n t e u r sj u s q u ' a u( m o t l o n g o b j e l ss y m é t r i q u e Is' a o b l J g éà d é s a v o u elre l o g i c i s m el e j b n i z i e ne t à r é v o l u t i o n n el ar
q u i e s tc o u r t> l e sf e i n l e sd u l a n g a g eo n tt o u j o u r sé t é u n em i n ed ' o r p o u rl a p a r a d o x o l o g i e . p h i l o s o p h i eU,n p a r a d o x e n e s i d è r ed o n c p a s c o m m eu n s é i s m eC . e q u i c o m p t e c, e n ' e s t
L e s j e u n e ss o p h i s t e sd e I ' E u t h y d è mrei v a l i s e ndt a n s l e m a n i e m e ndt u p a r a d o x eS. i l e p a ss a d i m e n s i o n m a i sI a p o r t é eq u ' o ns a u r ao u n o n l u i d o n n e r N . o n p a sc e q u , i l e s t m a i s
l a n g a g eé n o n c ec e q u i e s t c o m m ei l e s t ,c e q u i e s t g r a n do n l e d i t g r a n d e m e n tc,e q u i c e q u ' i lr e m e t à , y r é f l é c h i re, n q u e s t l o nQ. u e S i m m i a ss o i t p e t i tm a i n t e n a nqt u ' i l e s t p r è s
e s t c h a u do n l e d i t c h a u d e m e n tD. i s - j eC r a t y l ei,l y a d u c o u p d e u x C r a t y l e sp, u i s q u e d e P h é d o na l o r sq u ' i l é t a i tg r a n dà c ô t é d e S o c r a t ev, o i l àq u i i n q u i è t eS o c r a t ed a v a n i a g e
c e q u e d i t l e m o t C r a t y l ec, ' e s tC r a t y l el u i - m ê m eV. o i c is o r t i ed e t o u t e sl e s b o u c h e su n e q u e S i m m i a so u P h é d o nE . n q u o il e p a r a d o x e s t l ' é p r e u v d
m u l t i t u d ed e C r a t y l e sa b s o l u m e nct o n f o r m e sà l ' o r i g i n a lL. e s c o p i e sn e s e d i s t i n g u e n t e u p h i l o s o p heet c e l ae x p l i q ù e
q u e l e sv é r i t a b l ersé v o l u t i o ni sn t e l l e c t u e l l en s' a i e n te u à l e u ro r i g i n er i e nd e s p e c t a c u l a i r e .
p l u sd u m o d è l eC . ' e s tl e p è g n ed u s ; m u l a c r e . L a p h i l o s o p h i ceo m m e n c ea v e c l e p a r a d o x ee, l l e n e s ' a c h è v ep a s e n l u i . S ' e n t e n i r
L a p h i l o s o p h isee r ad ' a u t a n tp l u s i n t é r e s s eàe l ' é l u c i d a t i odnu D a r a d o xqeu ' e l l e - m ê m e a u p a r a d o x eI,e m a i n t e n i cr o m m et e l , c ' e s t n e p a s s r y i n s t r u i r eL. e p a r a d o x en ' e n é t a i t
s e m b l ee n ê t r ep r o d i g u eE. l l es ' é i o n n ed e c e q u i n ' é t o n n ep e r s o n n eQ. u et o u t a i l l ed e s o i ,
u n q u e t a n t q u e n o u sé t i o n sp r i s o n n i e rdsu n i v e a ud e I ' a p p a r e n cdeo n t s o n r ô l e e s t d e
v o i l àp r é c i s é m e npto u re l l ec e q u i n e v a p a sd u t o u td e s o i .A i n s ic h e zH u m e ,l a r e p e t i t i o n , n o u s d é l o g e rA . u s s i l a t h é o r i ed e l a r é m i n i s c e n ceen p l a t o n ,l e m o m e n i m v t h i o u ed u
c e t t ei d e n t i t éd u p r é s e nat u p : s s é ,c o n d i t i o np o u rn o u sd e I ' e x 1 ; é r i e n m c ea i s q u e I ' e x p é - p a r a d o x en,' e s t - e t lqeu e l e p o i n td e d é p a r td ' u n ed i a l e c t i q uqeu i d e v r as e d é v e l ô p p edra n s
r i e n c e o, ù t o u t e s t t o u j o u r sa u t r e ,s e m b l er e f u s e rA. i n s ic h e zK a n t l a r e p r o d u c i i o nc,e l t e
I ' i n t e l l i g i b i l ii oét a l e .Q u a n du n e v é r i t én o u s d e m e u r ep a r a d o x a l en,o u s n ' e n a v o n sp a s
s y n t h è s eq u e l e p u r d o n n é n e s a u r a i te n a u c u n c a s p r o d u i r eD . é c o u v e r t de e n u m e : e n c o r ee u r é e l l e m e nI t' i n t u i t i o nE. I l en o u sr e s i ee x t é r i e u r eE. l l en o u sf r a p p e ,e l l e n e n o u s
la répétitionest I'initiativela plus inouïe.Découvertede Kant : la reoroductionest une
production. éclairepas. ll y a un faux brillantdu paradoxetout autre que l'éciatdu vrai. sans doute
l a v é r i t éé t o n n eI ' o p i n i o nm, a i sc e n ' e s tp a sp a r c eq u ' e l l eé t o n n eI ' o p i n i o n q u ' e l l ee s tv r a i e .
l l e s t e n o u t r ed é c o n c e r t a ndte c o n s t a t eqr u e i ' o p r n i o e n t l a p h i l o s o p h isee m b l e nét g a l e - L ' a m a t e udr e p a r a d o x e ns ' a i m ed o n c p a s I e v r a i p o u r l u i - m ê m em , a i sp o u rl ' i m p r e s s r o n
m e n th o s p i t a l l è r easu p a r a d o x -e l e sf a i s e u r sd e p a r a d o x esso n te x t r ê m e m e nptr i s é sd u q u ' i lf a i t . L a v é r i t én e l e c h a r m eq u e s i e l l e n ' a p a s I ' a i re n t i è r e m e nvtr a i e .u n o a r a d o x e .
p u b l i c- - d e m ê m eq u ' u n es u r p r e n a n tceo n n i v e n cse' é t a b l iet n t r ee l l e ss u r l a q u e s t i o n
p o u r l u i , c ' e s td u v r a i q u i d é l i c i e u s e m esnet m b l eu n p e u f a u x .
de I'apparence M.a i sl e p a r a d o x n e ' e s t - ipl a su n ec e r t a i n ea p p a r e n c qe u e p r e n dl a v é r i t é ?
D e u xs o r t e sd e p a r a d o x e sL.e s p a r a d o x esso p h i s t i q u e sl l.s s e r a m è n e n tà d e s j e u x d e
l l f a u t , d i t l ' o p i n i o ns, e m é f l e rd e s a p p a r e n c e se;l l e ss o n t t r o m p e u s e sL. e p r o b l e m es e
l a n g a g el.l s v i e n n e n e t n g é n é r ad l e c e q u ' o ni r a i t el e s i g n ec o m m el a r é a l i t éo u e n t o u t
c o m p l i q u ee n c o r es i l ' o r rs o r t g eq u e l e s a d v e r s a i r edse l a p h i l o s o p h i eu,n p a s c a l ,u r - i
c a s c o m m eu n e r é a l i t é u , n e s p h è r eà p a r t ,a u t o n o m e(.O n p o u r r aé t u d i e rà c e p r o p o s
K i e r k e g a a rldu i r e p r o c h e nvt o l o n t i e r ds e s e c o n d u i r eb e a u c o u pt r o p p r u d e m m e n rr,A r -
c o m m e n tl a p a r a d o x o l o g idee s s t o i c i e n ss ' a r t i c u l es u r l e u r t h é o r i e d e l ' é n o n c i a t i o n ) .
s o n n a b l e m e nàl l ' é g a r dd e s e s p a r a d o x ebs e a u c o u pt r o p v i t e a p p r i v o i s éest m a r n t e n u s
D e t e l s p a r a d o x e rse l è v e ndt ' u n e r e c e t t e O . n l e s / a i t ,o n I e sf a b r i q u e l.l s n e v i s e n t q u ' à
e n l a i s s ed, e n e p a sa v o i rr é e l l e n r e n l atp a s s l o d
n u p a r a d o r ed,' é v i i esr e st r o pv i v e sb r û l u r e t s .
( L e s p h i l o s o p h e si l ,s é t o n n e n It e c o m m u nd e s h o m m e s :l e s c h r é t i e n si.l s é t o n n e n tl t : s d é r o u t e rN. o u sn o u sy e x t a s i o nds e v a n tl e s p o u v o i r fsa b u l e u xd u l a n g a g eL. e sp a r a d o x e s
p h i l o s o p h e>s. P a s c a l 4, 4 3 é p h i l o s o p h i q u elsl s. r é v e i l l e nut n e â m e j u s q u e - l ài n s e n s i b l ea u x c o n t r a d i c t i o nds e s o n
, d. Brunschvicg,
l l n ' e s tp a ss i a i s éd e c e r n e r d d i s c o u r sL. a m ê m ec h o s ep o u r e l l e é t a i t ,s a n s q u ' e l l es ' e n a l a r m â tt,a n t ô té g a l e ,t a n t ô t
, e l o c a l i s elre T u y a n tI ,' i n s a i s i s s a bpl a
e r a d o x ed,i s c o n t i n u , i n é g a l eL. u i p a r a i s s a bi te a uc e q u i a l l a i td e v e n i rl a i d .M a i sd e r e c o n n a î t rlea c o n t r a d i c i i o n
i , r t e r m i t t e nct ,l i g n a n t ,c i i g n o t a n ct o m m eu n s e n s m o b i l e ,p i v o t a n a t u t o u rd e s a s i g n i .
f l c a t i o nD . e l à q u e l e s p l u ss u b t i l sp a r a d o x esso n tt o u j o u r st a n g e n t i e l sj a, m a i st o u t à 1 a i t o ù n o u sl i v r a i tl a f a s c i n a t i o n d u s e n s i b l en o u se n d é l i v r eC . ' é t a i td o n c l ' o p i r r i o ne, n f a i t ,
q u i e t a i tp a r a d o x a l e i n, t e n a b l eL.a p a r a d o x o l o gpi eh i l o s o p h i q uaep o u rb u t d e n o u sd é t o u r -
t a n g i b l e so. n n e s a u r a i te, n e f ï e t ,s e c o n t e n t edr e d é f l n i rà, l a f a ç o nd e s d i c t i o n n a i r e lse,
paradoxe n e r d e s p a r a d o x e se;l l en o u si n v i t eà p e n s e re n f l nc e q u e n o u sd i s o n sà, s u p p r i m elr' é c a r t
c o m m eu n e t h è s eo p p o s é eà l ' o p i n i o nU . n e o p i n i o nn ' a p o u r c o n t r a i r eq u ' u n e
a u t r eo p i n i o ne, t l ' o p i n i o n e n t r e l ' i d é ee t l e m o t d a n s l e r n i s é r a b l e r é d u i t d u q u e ll e s s o p h i s t e se n t a s s a i e nl te u r s
a i m eq u ' o np r e n n es o nc o n t r e - p i e cd'.e s t p o u r q u olie sp r o v e r b e s paradoxes,
v o r t p a rc o u p l e sa n t a g o n i s t eTse. i p è r e t, e l f i l s ,m a i sa u s s rb i e nà p e r ea v a r ef,r l sp r o d i g u e .
P a s p l u s q u ' i l n ' e s tu n < a n l i d o x e> , l e p a r a d o x en e s e c o n f o n da v e c u n e a b s u r d i t e ,
U n c e r c l ec a r r é ,c e n ' e s t p a s u n p a r a d o x ec,' e s t u n e a b s u r d i t éO, n s e i r o m p e s u r l e s
célèbrep s a r a d o x edse Z é n o nd ' E l é eq u a n do n l e sr a m è n eà d e sa b s u r d i t é sA.l o r s ,c o m m e
D i o g è n ei,l s u f f l r ad e s e l e v e re t d e s e m e t t r eà m a r c h e rc, o m m es i Z é n o nn e s ' é t a i tp a s
a v i s éq u ' i Ja v a i td e sj a m b e se t q u ' j l s ' e ns e r v a j ct o m m en ' i m p o r t eq u ) .S i s e s a r g u m e n t s
ont un caractère p a r a d o x a cl ,' e s t ,c o m m eo n l ' a d i t , q u ' i l ss u t t p o s e nl ta r é a l i t éd u m o u .
v e m e n te t q u e t o u t l e m o n d ev o i i t r è s b i e n q u ' A c h i l l er a t t r a p eI a t o r t u e .I n v e r s e m e n i ,
il seraia t b u s i fd e s e f l a t t e rd e t r a v a i l l edra n sl e p a r a d o x qe u a n do n n e d é v e l o p pqeu e d e s
r

exception ir une rùgle généralc, ne pas perlser r clira Valirrl'. Je ne pensais pn-s,
je n'avais janais pensé, j'honorais c1u nom dc pcnsécs les pires abanclons,
tel est, avant mêmc sa forrnulation, avant la décision du doute, le vrai et
paradoxal cogito, cc refus, cette nrpture. Lcs Méditatiorz.s seront l'histoire de
cette révolte, et c'est l'histoire cl'rzl esprit. < Histoire c1emon esprit r: on sait
que l)escartes avait sorrgé à un tel titre. Il pourrait s'appliqucr tout aussi bien
arx tr[éditatiorr.squ'au Discortrs de la tr[éthode. Yaléry a ir"rsistésur cc surgisse-
ment fracassant t1u noi dans l'cnceinte philosophique. Sitôt introdLrit, il
L'erreur occupe le devant de la scènc (ia première méditation est construite commc tlne
pièce de tliéâtre, il f:Lrrdraitla joucr), il fait le vide autour de lui. Iimonologue
et supprime jLrsqu'au décor qui pourrait le distrairc, jusqu'au corps qui poLrr-
rait le gêner. Plus c1cfeu, plus dc robe de chambrc, plus dc tête ni de mains.
Chcz Platon, lc je, l'cncombrant ct arrogant l)ersonnage, était f importun
que l'âme pour entrer dans la philosophie devait laisser à la portc. L'âme
platunicicnrr" était 1tur. vision. Le regardant s'1- cffaçait dans Ic rcgardô.
Contempler, c'est s'extrairc dc soi, devenir ce quc l'on contemple. Dans un
renversement des rapports de I'âme ct des idées consiste la révolution carté-
sicnnc. L'ârne prend Ie pas sur l'idée. EIle la domine, affirme sa vérité par un
actc libre, un n choix D peut même se soustraire le cas échéant à l'évidence
Toute la philosophie en Descartes est pour nous instruire que rien ne dépencl
af,n dc se prouver sa Iiberté. De i'idée de Dieu clle-même Descartesn'attend pas
absoiument de nous, hormis notre volonté. Notre puissance est nulle, sans
I'extase d'une conternplation : son infinité nous surpasse, mais il lui doit
le concours de Dieu, nous ne passerions même pas d'un instant au suivant,
essenticllcmcnt la possibilité du doute. Grâcc à clie, à sa perfection, il a pu
notre entendement est limité mais notre volonté nous donnc I'ir-rtni en par-
mesurcr la cléfcctuosité de son savoir. D'adorer l'inlini nous dispense au moins
tage. Nous concevons dès lors où réside pour nous le bonheur suprême, dans
la joie sereine et inentamable aux événements les plus {unestes, propre au de vouer un cultc à cc qui n'est pas lui. La transcendancc de f idée de Dieu
par rapport à ma pensée assure la transcendance de ma pensée par rapport
généreux qui, certain d'avoir fait de sa volonté un usage constant, ne s'adres-
à tous ses objets. Aussi rien ne s'impose-t-il à moi. Je suis toujours maîtrc
sera pas le moindre reproche et gardera intacte la légitime estime qu'un
du jugeinert. L'r.rniversel:je pense donc jc suis, a pour siège le singulicr. Le
homme peut avoir de soi. Ce sommet de la satisfaction a ltour nom cartésien
plus personnel devient la condition de l'accès à l'impersonnel. Toutes les
contentement. Il n'est de pur et parfait contentcment que clc soi. Si, chez
Descartes, l'exercice philosophique s'achèvc clans ce bonheur, c'cst qu'il vérités se suspcndront à l'acte originel et original d'un moi. Point de vérité
qrr'ii n'y aurait qu'à rccevoir teile quelle; rien n'cst vrai pour moi s'il n'a été
avait commencé dans la conscience de I'indignité par qnoi nous nous en prir-ons.
La plupart des philosophies naissent du sentiment d'unc absence : I'cssentiel trouvé par r.noi; l'histoirc dc la philosophie s'effondre dans ia zone disgraciée des
fait défaut; étonnammcnt, aucun bien ne nous comblc; le bonheur, cornme , es racinesjrrs-
P r é j r r g i s .D ' o i r I r L r n , i t h u d c ,c o m m p a r t d ' i n v c n t { . r , l l s c i r - n c c d
qu'aux branches, cornme l'ræuvre d'un seul.
disait Brunschr.'icg, ne nous rend pas heureux. Elles tircnt lcur origine d'un
manque. Cclle de Descartes d'un manquement. Le Descartcs de Ia Première Cette personnalisation de la philosophie a eu chez Descartes comme point
Méditation n'est pas ce malade en péril de mort dont Spinoza au début du de départ une réaction de dépit devant l'erreur. Dans l'erreur, c'est dc moi
De Entend.atione décrit les tourments. Il a rendu son esorit < libre de tous q u ' i l c s t q r r r s t i o n , c l l c r n e f r a p p c e n p l e i n c c e u r .S i I " r r e r r r e s t s i g r a v e , s i j c
soins r, il s'est < procuré un repos assuré dans une paisiblé solitude ,,. Aucune dois être honteux dc I'avoir commise, ce n'est pas tellement parce qu'elle
détresse ne traverse son texte. Mais une grande colère. Descartes est mécontent me prive dc ia vérité, c'cst parce que j'y suis berné, pisl je m'y abuse, j'y suis
d'avoir autant manqué à son csprit. I-a causc cle ccttc humiliation, c'est intolérablement ma propre dupe. L'erreur est un afiront, un camouflet qu'en
l'erreur. ces temps chevaleresques ii importait de vengcr. Aussi à la philosophie qui de
u Il y a déjà longtemps quc jc rne suis aperçu que, dès mcs premièrcs annecs, patient me transformera en agent puisque de cc moi, par qui dar.rsla précipi-
j'avais rcçu quantité dc fausscs opinions pour véritables >. Anintaduerti: le tation, et Ia prér'cntion, tout était pcrdu il sera exigé que tout soit sauvé, Des-
terme signifie : orienter son csprit vers. Mais I'animadaersio ci. les deux cartcs se clisposera comme on se prépare à un combat. < Je m'attaquerai
sens de notre mot observation : je fais une observation et je vous {ais une cl'aborcl aux principcs r. < Il y a déjà longtemps... r. Il fallait donc attendre,
observation - c'cst aussi ia remontrance, Ic blâmc. Dès lc prcmier mot de I)aticntcr', xgnerrir, romprc son csprit à la science cxacte, et avant de se
l'orrr';'ng^ il s'ar'èrc que la pensée cst bicn cc qrri dit r..on. < Pcnscr est une livrcr cnfin à cc ducl clécisif ,r nne fois en ma vir,: r, le cLifférer, afin
de nc plus ar-oir la tentation de se clérober, jusqu'à ce quc. j'eusse attrint c'c'st lc vraiscrnblablc. On a pu parlcr tl'un clia"bolism,-'cle Ia vraisenrblanct.
un âge qui fût si mûr, que jc n'en pusse c.spércr<l'autrc'après hri, au<1ucl La lr-aiscnrbl:rncrc()nscrvr, préscnte tout clu vra.i sau{ sa vôrité. Ellc le conlisqrre
jc frrsseplus propre à l'cxécuter r. Pour micux cn découdrc avec les puissanccs
à son profit. Ironiquement, ce qui scrnblera 1c plus vrai sera lc moins vrrri.
t l ' r , l n l , e u s . s ,i 1 f a l l a i t a r r s s i l , r . r s o n n a l i s e rl a l u t t e , s r r s c i t c r u n a t l i - c r s a i r c à Rien n'cst plus prochc clu vrai que ie vraiscmblable, rien n'en est arrssi plus
sa taille, le malin génit. l\'Iais si avec Derscartcs que}que chose comrnencc, éloigné. Lir vraiscmblance cst la tragtldie c1c la vérité. Nous y découvrons
c'est tigalcment parce quc quelque chosc finit, s'cstompe, cst rclégué à l'arrière- que Ia vérité cst une signi{ication toujours mcnacéc d'êtr:c trahie par sos signes.
plan. l-es commentatcurs en ont sorrl'ent fait I:L rctnarque:avcc Descartcs Si lc vrai est cc qrri est, qu'en cst-il de l'êtrc pour qu'il soit toujours susceptiblc
ct les cartésicns fait problèmc I'errcur davantagc cluc la vérité. La philosophit: rl'êtrc aliénti dans son paraître ? Quei est lc statut pito5'ablc cle cct ôtrr' siu
a poru'rôlc nroins d'interroger la possibilité d'une r'érité dont Dicu est l'éclatante l r q u e l u t t p c t t t s i a i s i m t n t s , ' n t é p r , ' n t l ' c , , 1 r r i n a r I l : r \ a : : r ' z t L ' 1 ' r r i s s e r t ,t ,
garantie que d'épargner :'L un entendcmcnt nativcment façonné à ellc lcs dc rayonnencnt pour se manift'ster sans équivoquc ct éclater au rcgarl ?
dtifaillanr-r'sl,ar quoi il s'cn écarte. Avant l'expérience de I'rrmt l'i'trr sr tléplo1'ait dans lzi brilliu'rcc dtr I'appa-
raîtrc; tout contre lui, sans distance aucune, r'ivait une pcnsée érnclveillée.
Désormais à la gloire de I'apparaître sc sont substitués ies traquenards clc
l'a1>parence.L'ôtre glissc',rccule, passe c1cI'autrc côtt1.Bien plus qu'une péri-
L'erreur comme scandale
pétie mentalc, l'erreur : un désastre ontologique.
Logiquer"nent Parméniclt' a infôré que cle I'être ct clu faux l'un était <L' trop.
Un Grr:c aurait estimé quc lc plus scandaleux dans I'erru'ur n'r.st pas quc Par suite, afin de micnx afÊrmer I'être, il clevait nier l'erreur. Se trompt'r'
je me trompe, aussi fréquemment que cela se produise. Après tout, j'honnêteté reviendrait à opércr l'impensable, Ia contraclictoire liaison de l'être ct c1u
nous oblige à reconnaître quc le plus souvent nous ne tombons dans l'erreur non- être. L'ôtre est, Ie non-êtrc n'est pas, ils répugncnt au moindrc commcrcc.
quc parce que nous nous y solnmes avt.c iniprudence cxposr.s.Suis-je en droit Ce rlui n'cst pas, le discours ne saurait Iui attribuer dc l'ôtrc. \/oilà la mcnacr'
de soutenir que j'avais tout fait pour l'ér'iter? Quand je me plains de cctte conjurée. llais au prix dcs plus redout:rbles conséqucnces.Protégés derrièrc
décon'r'enue, il rne scmble que ma bonnc foi a été surprise, ne me dissimulè-je le parméniclismc, s'avanct'nt à présent les sophistes, ces r pêcheurs en eau
pas l'incurie dont elle est I'effet ? La langue grecque, en une hcureuse et riche trouble r, habiles à faire flèche dc tout bois. Prrisque nul ne pcut se tromper,
ambiguité, désigrrait par lc même mot, pseudos, l'erreur et le mensonge. qui prendra jamais cn flagrant délit d'imposture le cliscours mensonger?
(Cf. Brice Parain, op. cit., p. rrz sqq.). Mes erreurs, j'en porte peu ou prou Dc Parménide la sophistique reçoit son absolue impunité. Il n'a résolu la
la responsabilité. Mes erreurs, ce ne sont que mes fautes. Je n'avais donc crise de l'être qut' pour ouvrir celle du langagc. Ne disposant d'aucun critèrc
qu'à être plus attcntif, moins crédule, à me tenir sur mes gardes. En ultime dans le logos, lcs hommes r.ont littéralement se conduire commc des fous.
recours, Iors mêrne que ma paressc nc serait pas incriminable, il me resterait, Lecomblcde I'injusticescra tenu pour le comblc de la justice, et, invcrsement,
comme i\ Socratc, au moins la ressource de savrrir que je ne sais ritn. Le scan- le sage accusé de corrompre la je-unessescla condamné à mort. La philosophic
daleux dans l'erreur, non, cc n'est pas que 7e mc trompe, c'est que jc pu,isse en Platon s'assigncrapour tâche d'abolir cc nouvcau scanclale.Quand Hcidegger
me tromper. Plus qu'au moi, c'est au vrai que l'crreur porte ornbrage. reproche à Platon cl'avoir constitué la penséeen svstèmc de méfi:rnce vis-r\-r'is
La p65sifilllé dc i'errcur paraît compromcttrc Ia réalité de la vcirité, la de l'être, cl'avoir rcrnplacé lcs largcsses dc: la vérité-clér'oilcment par les rncsqr.ri-
faire cléchoir de son absoluité. En vain nous réconforterions-nous à l'iclée neriesde la r'érité-jugement, il oublie ou feint d'oublier ce qu'il 1'aeu cntreles
que lc faux supposc lc vrai et qu'en un sens ii le confirme, cornme sans le bicn pré-socratiqueset Socratc, c'est-à-clirelcs sophistes.Il oublie ou feint d'oublicr
s'éteindrait l'éclat suborncur du mal. Le vrai n'cst pas une simple exigence sur quelles rrrines théoriques les sophistcs avaicnt assis leur triomphc. Aussi
comme le bien. Le vrai n'a pas à être;il est. II est ce qui est. On fait lc bicn; bien, ciepuis Nictzsche, on ne pcut plus êtrc circonvenu par les prétendr.rs
on ne fait pas le vrai. On l'a dit avec raison : cc n'cst pas moi qui fais clue retours aux pré-socratiqucs.Ils nc sont, plus ou moins délibérémcnt, cpe nostal-
E + E : 16, mais c'est moi, si je mc tron.rpe, qui fais quc d'une certaine gie de cc dr,nt lcs pré-socratiques ont creusé le lit, la sophistique.
manière 8 + 8: 15. Je ne suis pas le Dieu du vrai. Je sriis le clémiLrrgedu Tout au contrairc, Platon entendra préserver l'être cles ra\rages que selon
faux. De quel pouvoir fabuleu-x procèderait donc l'errcur? oui commet une Parnrénide lui infligcrait I'erreur. C'est pricisément parce qu'il n'est de cliscours
crrcur met tout sens clcssusdcssous, saccage tout dirns la dcmeure de l'être. vrai qu'orclonné à l'être, conformé à dcs principes régissant les relations, la
Pourtant il se trompe, c'cst-à-dire qu'il nc sait pas qu'il se trompc. Il prend communauté des iclées,qu'ilpeut, commc nous l'avons vu, y avoir un discours
à son insu le faux pour lc vrai. C'est cela ia catastrophc. L'erreur n'existerait {aLrx,quc tr:ut cc qlrc nous di,qonsn'est pas vrai du fait que nous lc clisons,qu'rn
pas s'il nc lui était étrangemcnt donné cl'accaParer,d'usurper tous les carac- un mot dire faux n'cst point dire ie faux. Tel autcur contemporain, se réclamant
tères de la vérité. Dlle ne la dissimule qu'à la condition de la simulcr. plus r l c ' \ * i , ' t z s c l r cx, s s u r { ' q r c I ' e r r c r r r n ' c s l l ) a s u n s u j f t s é r i c r r x . L ' e r r e r r r n ' c . t
elle cst rrn faux-sc'mblant, plus clle cst Lrn scmblant, un resscnrblant. I-c faux, qu'1lnc inadvcrtancc, un lapsus, nc rléritant pas qri'c,n s']'arrôte, qu'on {assc
L'ervt'ttr L'erreuv r03

'I'héoclorc
un draln. :r()uslc l)rétc\te que (lu.lqLr'Lltrdc loin a c.rrrfondu et ne me trompe iras davant:rge. On sriggùrcra cn cc cits tluc I'aporie n'était dlrc
Thééti'tc. Autrctrtcnt Plrrs importtrnt, rrr)us dit-orr, la qucstioir dc Ia sottisc, qu'à unc opposition abusivement durcic, <1u'en réalité se troml)er signilitr
dc la pcnséc basse, r'ile, grossière. Xlais c'est pcut-être un signe dc déclin confondre et quc l'erreur se compose dc quelquc part dc I'rai ct de quelqrrc
dc lri vigilancc philosophiquc, clc compromission avec les forces troubles part de faux. Quancl nous nous trompons, quand nous disons z ï r --= 4,
indiffércntes cn nous au vrai ct au faux, que cl'être fermé au sens et à la nous appréhcndons quelque chose qui cst : 4, mais qui n'appartit.nt pas à
portéc r-lc la question dt' l'errctrr. Iillt: cst fonclamentalemcnt inscrite dans cc que nous désignons 2 + r. Nous faisons un dans notre énonciatiorr ce qrri
la pioblématique de l:r philost.rphic.S..rr ellc lr philosophie prcnrl conscience est en vérité dcux. Hélas! nous n'avons toujours poirrt avancé d'un pas clans
clc soi ct dd:termine st's visées. l'intelligibilité de l'erreur. Car ou je sais qu'il s'agit de dcnx chosescliffércntes
Ce scr':rit la nivclcr, la réduirc en quclque chosi: cle si.concl ct dc seconclaire et je ne puis lcs confondre, ou je les confonds et clles ne faisaient donc pas detrx
quc dc s'imagincr qu'en traitcr invite purcmcnt ct sirnirlemcnt :) I'invcntairt' pour moi. Soit alors cette position dc rr'pli : conparcr l'erreur à une espèce
de ses caust:s psychologiqucs ou sociologiqucs : 1ir'éjugés,croyallces, ctc. .)rl de maladlcssc intellectucllc comme dc quelcSr'un saisissant un objet alors
à Ia rnise cn Placc des protocolcs méth,trl,tlogic1rri,s aptcs à 1'écartcr. Lt clébLrt qu'il voulait cn prendre un âutre. Pour élaborcr ccttc hypothèse-,r-rndjstin-
dtt' Th'éétàtenous met cn gar-dc contrr) un tel a.1l:rrlissemcntspéculatif. Pour guera entrc avoir et possédcr. Pour avoir il convient d.eposséder mais cxt ptut
rnesurcr I'enjeu cl'un cliaiogue c1c Platon, il impcltc toujours t1c prendre cn posséder sans avoir. Ce que je possède, je l'ai à ma disposition, jc pourrais
considérat.ionla tlualité de ses protagonistcs. I-,rs interlocuteurs dc Socratt-. lc cas éciréant m'en saisir mais je ne le tiens pas forcérnent. Nous dirons qut-
dans lc'tlt'éétète,le sont pas des sophistcs au rnépris caractérisé pour la r.éritc; posséder est avoir sous la main et qu'avoir, c'est avoir cn main. Ce qrre jc
ce sont clcs nrathématiciens émincnts, drrs ( chercheurs r clirions-r'rousaujorrr- possède est ainsi cc que j'ai obtcnu et qu'il rn'est loisible d'utiliser. N'est-cc
<I'hui, habiles aux raisolu)emcnts, lnrx constmctions ct aux opér:rtions lcs pas exactement Ie cas de nos connaissances? Elles subsistent dans notrcr
plus conrplexes, prémLr.nis contre les défaillances d'oir naisscnt les erreurs. csprit à titre d'acquis ct nous pouvons, quand nous avons besoin dc certaincs
Aussi ne comprenncnt-ils pas très bicn d'aborcl oir veut en vcnir Socratc. y réappiiqter notrt: attention, c'cst-à-dirc ics rappcler. Supposons donc,
Ils se contentcnt cle lui réporrdrc en faisant étalage de lcur pratiquc, en lui en Llne imagc commodc, qr.le nos connaissances vraiL's logent dans notrir
cxposant cornrncnt ils <s'V prennent rlrttur surmonter dcs obstaclcs,par cxt,mplr esprit comrne des oiseaux dâns une voiière. Quancl je chclche à r-n'cmpalcr
dans la cléhnition dcs nombrcs irrationncls et autri:s prouesscs.Ils tém,rignt.nt d'un oiseau, il m'arrive d'cn attraper un autrc et je m'apcrçois quc cc n'e-qt
de la sorte qu'ils nc s,.rsont pas pénétrés de f importancc cruciale de l'éluci- pas lc bon. L'erreur n'est pas plus rltrange. Chcrchant à mc remémorer la
dation, proprement philosophique, de l'erreur. Comment Lrn savoir pourtant sornme de 7 et de 5 que j'ai apprise, quc je sais, voici qu'au licu de rz je viens
serait-il en droit de se prévaloir de ses expioits s'il est incapable de renclre c'lesaisir rr. On n'a cncore une fois quitté une absurdité que pour une autre.
raison de I'expérience la plus banale, la plus commune, celle de l'erreur? OLroi! c'est de savoir rz qr.rirne ferait me tromper sur 7 + 5, c'est la connais-
S'il ignore en quoi eiie consiste et mêrne si elle existe, si elle est quelque chose ? sance qui scrait la raison de I'ignorance ! Mais ne nous décourageons pas.
Et quc ses tenants ne rétorquent pas orgueilleusemcnt : pourquoi nous impor- Il convient simplement cle retouchcr l'hypothèsc. Elle était fautivc dans la
tunerions-nous à l'examen de l'crreur, nous qui faisons profession de ne jamais mesure oir cllc n'instailait cians l'âme que du savoir. II devenait dès lors
1,'tomber? Quancl on nc sait pas ce qu'est Ie faux, peut-on légitimcment 1trÉ- i n i n t c l l i g i b l c q r r c [ ù . o i r t o u t n ' t ' s t q u e v , i r i t é . n o u s p r r i s s i o n sn o u s t r o m p ' r ' .
tendre connaîtrc ce qri'est le vrai ? Or voilà la pierre cl'achoppemtnt, ie déiaut
Pour écartcr ce rellux clu non-sens. on <klcidera c1erassembler dans la volièrc'
commun à toutcs les déflnitions cle la scicnce proposées par Théétète : eil{l
cL-s sciences ct dcs non-scicnct's. Tout cst clair. Nous nous trompons lorsquc,
rendent tout à fait rnystérieux Ic' fait de l'erreur. Elles continuent donc i:r
au lieu d'attrapcr unc science, nous mettons la main slrr une non-science.
fairc le jcu de la sophistique.
Rien n'cst clair. Si nous sommes susceptibles de nous méprendre sur les scienc, s,
c'cst que pour les distinguer des non-sciences il est nécessaire que nous d.éte-
nions unc seconcle scicnce, une science supéricure. Nlais celle-ci n'étânt pas
infailliblc se cloublc par conséqlrcnt d'une non-scic'nce,d'oir vertigineusement
L'erreur comme énigme
urre autrc \'olière, ct une atrtrc. On n'en sort pas. C'cst qu'on aura beau Ia
fignolcr tant qu'on vouclra, de notre hypothèse ricn de sensé ne se tirera.
A f imagc clLrsophistc, I'crreur scmblc insaisissable
. Les sophistcs puilulcnt pui, cn effet, attrape uu autre oiseau que celui qn'il désirait saisir, le sait
mais on n'arrivc pas à rltcttre la main sur un;il en irait de mêmt- de l'errcur. rt libt\rc Ia bête. Qui sc trompc ne sait pas qu'il se trompe. La distinction
Comme lc poisson clu Sophiste se laisse si d,ifficik:ment attrapcr au filct des entre sciences ct non-scienccs est clonc dépourvuc clc pertincnce ct I'imagc
définitions socratiqucs, le Théétète.semble traquer sans résultat l'erreur. dc la voiière n'était introduite par Platon que pour montrer l'inanité d'une
On ne voit pas, obsr:rvr Socrate, cle quclle façon expliqr-rer la procluction cit: conception réalistiquc du vrai ct du faux comrne cc qui cst et cc qui n'est
I'opinion fausse. Ou je siris, et jc nc mc trompc 1,rs, ou je nc sais pas, ct jc
I)11s,cll soi, ab:vrlument. I-a connaissancr:n'est Pas la eaPtation r1'rrnevirrité
r04 L'erreut

indépenclante de l'acte oir ellc se posc. Au demcura-nt, la. supposition cles cation - comnre d'un comptable rcprenant son addition - mais toucht- à
non-scicnces impiiquait l:r- thèsr:, pré-philosophique, importée dc l'opinion, l'art de dénombrer lcs éléments essentiels d'rur problème. Voilà pourquoi
jamais mise en cause par Thét1tète, et, comme il se révélera, clésastreuse, que Descartes assurc que Ia déduction ne s'apprend pas, que tout esprit cn a la
l'erreur serait réelle, aussi réellc quc la vérité et que comme il I'a des idées vraies ressource rr en sorte que, si notre entendement ne pouvait déjà les faire aupa-
il y a des idécs fausses. A ce momcnt du Théétètenous sonlmcs conduits à ravant, il ne comprendrait aucun des préccptes dc la méthode elle-mêmc,
la conclusion que sur l'crrcur décidément nous ne commettons que des crreurs. si faciies qu'ils soient n (Regulae, règle IV) et Spinoza peut énoncer de son
Nlais c'est à ce paiier quc sc situe le problème philosophique de l'erreur. Rien côté : t Le bon raisonnement, je l'ai confirmé G aAr;pA1en raisonnant bien r.
n'est philosophiquement qui nr: soit recloublé. Dc même que le vrai savoir Quand nous nous égarons dans un raisonncment, cela ne vient pas de cc quc
est savoir du savoir, l'ignorance velritable ignorancc dr: I'ignorancc, il n'cst nous avons faussement raisonné mais dc ce que nous n'avons pas raisonnir
d'crreur que sur l'erreur cllc-même. Il était donc déji\ précicux cle reconnaître du tout. Ou plus précisément, car il est bicn exact qu'une opération s'est faite,
qtlc toutes nos crreurs ollt pour cause clllc nous l10us trotnl)ons srrr la natrire que nous n'avons pas raisonné sur ce qùc nous a\-ons cm. Spinoza dôclalerir
cle l'erreur. dans Ie même sens (cf.. Ethique, ze partie, prop. 47, scolie) qu'un hornrne ne
En philosophe, Descartes ne pouvait 1)as ne pas rctrouver le problèrnc se trompe clans une addition que parce qu'ii n'a i)as dans l'esprit les mêmcs
mis à jour par Platon. Dans la première I éditation, Ie bLrt était d'échapper nombres que ceux qui sont couchés sur son papier. En ajoutant z à 7, rl est
à l'erreur, d'otr la fiction du nralin génie et le cloute par leqrrcl sont conjurés impossible de trouvcr ro. Si on le fait, c'est qu'on a ajouté 3. En cours de
ses maléfices. Dans la quatrièrne nléditation, Ic malin génie a disiraru, lc raisonnement, ii s'cst produit une subreption. A notre insu, nous avons sub-
problème de l'errcur subsistc ou plutôt l'crreur enlin se détermine comrnc stitué un terme à un autre ou modifié lc sens d'un terme. Ainsi se développent
problème et non plus simplcmcnt menace. A i'interrogation platonicienne les sophismes.
héritéc des Eléates : qu'en est-il de cet être sur qui nous pou\.ons si constam- Oir est l'errcur, si elle ne se situc pas dans le raisonnemcnt? Elle ne pcut
ment nous abuser correspond chcz Descartes la qucstion : qu'en est-il de ce être que dans le jugement quc je porte sur lui. Jc juge, à tort, avoir raisonné
Dieu vérace qui m'a pourtant créé si faillible, du momcnt qne r plus l'artisan sur les termcs sur le'scluclsen fait je n'ai pas raisonné. La source de l'errcur
est exPert, plus les ouvrages qui sortent de sesrnains sont parfaits et uccomplis r. cst donc bicn dans l'ur-rique faculté restante, présidant au jugement, la volonté.
Pour y répondre, on doit d'abord repérer la source psychiquc dc I'crreur, Nous nous trompons quand précipitammcnt nous affirmons (ou nous nions)
c'est-à-dire la faculté avec l:rqr.relle elle a partie iiée. Les {acultés dc l'âme alors que nous ne sommes pas encorc eti présence d'idées réellement claires
sont au nombre de deux : l'entendement et la volonté. De l'erreur, à Ia réflexion, et distinctes. Cette impatience de Ia volonté, I'intempestivité éventuelle
l'entendement ne saurait être tenu pour responsable. Toute connaissance, de ses décisions, son impétuosité selon le terme cartésien, sont la rançon clc
en effet, ne s'exerce que de deux manières, soit par intuition soit par déduc- sa liberté infinit-. Souverainc, libre à chaque instant cle se déployer toute,
tion. Portant sur des natures simples, des axiomes ou des liaisons immédiates, ma volonté tranche, ellc n'attend pas docilement que lc laborieux entendemcnt
l'intuition par nature est évidente. comme dira x'Ialebranche on ne saurait ait cnhn été illuminé par l'ér'idence. De quoi il sc clégageque nous ne somnes
voir un rapport qui n'cst point. Malgré l'apparencc, ia déduction est égalcment pas clu tout contlamnés à l'erreur, puisque sur notre volontô il nous est clonné
irréprochable. Elle ne se compose que d'une suite d'intuitions dont nous cl'avoir toute volonté! Cctte discipline de la'"'olonté, c'est la méthodc et c'est
n'cmbrassons pas intuitivcment l'ensemblc. puelle que soit dor.rcla longueur un cxercicr: r1c générosité, c'est-:\-dire un bon usage de la libcrté. La méthocle
dc la chaîne déductive, à chacun cle ses rlaillons, de ses étapcs d'une vérité a pour condition f inclisper-rsable et méritoirc suborclination c1e la faculté
à sir conséquence directc nous ne nous transporterons qLrc par intuition. infinie à la faculté frnic. Far,rte c1epouvoir égalt'r l'entendement à i'amplcur
L'évidcncc cle l'intuition garantit de proche cn proche la ccrtituclc de la de la volontcl, il nous incc-rmbed'harmoniser, cl'ajuster les initiatives c1eccllt'-ci
clécluction. Et comment scrions-nous en mesure de décluirc si nous n'avions limités dc cclui-là. Chez Dt'scartcs, ccla s'appelle concluirc sa
respecté la nécessité d'un ordre de raisons? Que cette néccssité manque et :Alol""t
nous sommes arrêtés, aucunc cléduction n'aura lieu. Rcconnaissons clonc, pour nous délivrer dts chimères, que notre entenclc-
Ce n'est donc que très improprement quc nous parlons de faux raisonnenent. nrcnt nc pcut étrt qu- cc qri'il cst. Nul ne lierrserajarnais, à moins d'être fou,
Il serait aberr:rnt qu'un raisonncment pût être aberrant. S'il en était ainsi, que comme tous pensent; il nc saurait 1' avoir dc Christophe Colomb de
de mômc que pour Platon au cas oir il y aurait des idécs v'aics et dcs idées I'intellect. Nous différons par I'ingeniunr. (vivacit(: dc f imagination, porti:e
fausses il faudrait rccourir, porrr les dissocier, à un dcuxième genre d'idées et rapidité de la mémoire, talents littéraires...) non par la mens. l\Iais si l'on
et ainsi dc suite, nous nc disposerionsplus d'aucun critère à rnênre d'établir n'apprend pas à pcnscr, on peut en revanchc appren<lre à n'exerccr que sa
si nous avons o11non u bicn r raisonné. A quel tribunal soumettre le raison- pensée, à nc Pas y mêlcr < le témoignage changcant cles sens ou le jugement
ncment, si cc n'est a-u raisonnem,:nt? Notons ii ce propos qtie la quatrième tromlreur d'unc imagination qui compose mal son objet r (Regulae,règle III).
rr\gie c1ela Xféthoclc, l'énunrérati.n, nc s'apparentc nullement à une vérifi- Dc mêmc chcz Spinoza la nréthoclt. ne sc fr-rcra pas l)our ambition dc rér'isc,r
L'eyreur
I L'erveur

( notrc ) entendernent mais de le purifier. Traité de la Réf orme de I'Entendernent, soieil à cleux ccnts pas n'ignore sa vraic distance, nc sc Ic figurtr si prochc
cette traduction consacrée par l'usage va à l'encontre de l'enscignement quc irarce qu'il aperçoit à tor:t lc moins Ie solcil à distance dc lui. Au sttrpltts,
spinoziste. Comment rctoucherons-nous notre entendement si ce n'cst par ce soleil à cleux ccnts pas se montre tcl cn vertu cles lois d.e l'opticluc ct dc la
rrotre entendcment lui-même? Etnendare vgut dirc cnlever des taches, rcndre physiologie. On ne pcut le voir autrement. C'est un fait. La connaissancedu
net, d'où dans un dcuxièmc scns fortificr. Mais fortifier notre cntendement, prcmier genre n'cst donc crronée que si on la prencl pour une connaissauce;
c'est d'abord fortifier notrc confiance en lui. C'est une identique conflance c'est-à-dire si on suppose qu'elle nous instruit sur cc qlle sont les chosc:; alors
qu'cxprime Descartes cn nous indiquant que, pourvu seulement qu'elle ne nous communiquc que leurs répercussionssur trotre corps. En tant
que la volonté ne manque pas, il ne sera pour un entendement progrcssant quc s'y exprime un état réel de l'organisme, l'imagir.rationne nous trompc pas.
pas à pas de vérités < si éloignées auxquclles cnf,n on ne parvienne ni... si < L'esprit n'cst pas dans l'crreur parce qu'i1 imaginc mais en tant setrlcmcnt
cachées qu'on ne découvre r (Discours,2e partie). En définissant l'attention qu'il est consicléré commc privé de l'iciée qui exclut I'existence cles choses
comme la volonté de I'intelligence Bachelard désignait du mêmc coup, c'cct qu'il imagine préscntcs t (EthiEte, livrc II, prop. r7, scolie). Aucunc idéc,
tout un, la méthode cartésienne. Ainsi ne se dispersera-t-elle pas, à i'instar même pas 1:r pc'rception immédiate des affcctions décousues du corps, n'est
de la iogique, en mille expédier.rtsingénieux qui seraient comme les béquilles fausse en elle-même. L'incomplet n'a pas d'etlt objectif. D'être incomplet
d'un inlirme, mais elle ne comportera que quelqucs règles on ne règle r.refait pas partie dc son être. Ce n'est quand rnêmc pas parce qu'il est incomtlct
qu'une volonté - toutes simples et faciles par elles-mêmes; en sorte qu'il qu'il est. Une idéc n'cst adéquate que dans la mesure où on la croit acléquatc.
y a lieu ûnaiement de remercier Dieu de ne pas nous avoir créés teis que notre Si, lorsque nous imaginons (comme présent ce qui est absent) nous savlons
volonté se fût toujours conformée à notre entendement, sans s'empresser quc nous imaginons, nous jugerions que f imagination est un remarquable
à un jugcment prématuré. Ainsi dépcndra de nous la résolution, le soin pouvoir de l'csprit. Il est ainsi une vérité de la connaissance du premier genre
par lesquels, sans servitude aucune, la liberté en nous se rend digne de la mais ce n'cst pas Ia connaissancc du premier genrc qui le sait. D'oir la cloublc
vérité. Descartes est reconnaissant à son Dicu d'avoir fait mieux que dc la conclusion suivante : il n'y a pas cle positivité dd l'r'rreur, ii v a nne positivité
gratificr d'une infaillibilité native : il lui a accordé lcs moyens de sc I'octroycr dazs I'erreur.
par la méthode, lui-même. L'erreur, disait Lagncau, comnlcntant Spinoza, est un savoir dans une
Nul ne nous abusait, c'est nous qui nous trompions, par négligerrce, relâ- ignorance. Se tromper, c'est tout à la fois croire savoir plus qu'on ne sait
chement, démissions non inéluctables, telle est Ia bonne nouvelle cartésienne; et nc pas encorc savoir tout cc qu'on sait déjà. Car unc idéc n'est pas unc
nous ne nous trompions même pas, il n'entre que du positif, du réel dans nos chose isoléc, elle est, si l'on y porte attention, unie à toutes les autres idées.
idées, telie sera la meilleure nouvelle spinoziste. Spinoza, on le sait, ne sépare Toute idée contient toutes les idées; est, en langage spinoziste, un mode dc
pas comme Descartes l'entendement ct 1a volonté, la conception et l'afÊrmation. I'entendement inllni rlc Dier-r, ce qui signifi.c c1u'et.rDieu et acléquatement
On ne juge pas comme on rreut. J'aurais beau faire, iI ne m'est pas possible f o r r r r r - n ts \ ' . t u m c l c s i d é - s q u c n o l l s n { - P ' n s o n s P o r l l n u l r e p a r t c 1 u ' i n a d é -
de nier, sinon vcrbalemcnt, que le somme des angles d'un triangle soit égale quatemcnt tant quc norls ne saisissot-ts pas leur rtniverrsellcconncxion. Ccla
à deux droits ou de penscr qu'il existe des chevaux ailés. L'idée a autant de cst évidcnt. Aclmcttons qu'une idéc ne se rapporte pas i\ tontcs les iclécs,
puissance qu'elle comportc c1cvérité et la certitude et I'cssence objective ne ct cpcllc cst la vaicur d'une ic1écsinon cle m'en procurcr cl'autrcs? Lc sar-oir
font qu'un. On nc rcndra donc pas compte de l'crreur par quelque incartade sc trcuvcrait cassô,conclamné à f irrationalité, incapabic du moinche progr.i's.
de Ia volonté, mais on n'cn sera pas pour cela autorisé, perdant le bénéfice Nous nc pouvons déc1uirc,c'cst-à-dire nous conduirc tcmporellemcnt cl'nne
de Ia leçon cartésienne, à l'attribucr, comme lc fait l'opinion, à la pensée. idée à une autre, et ainsi de suitc, que si à chaque fois ccs dcux idées sont
Ce que nous nommons une erreur correspond à un certain degré d'être dc immécliatement, c'est-à-clire éterncllement, impliquécs I'nne 1.ar I'autre.
I'idéc. Dans l'esprit, s'il n'y a pas rf idée, il n'y a rien, pas même de l'erreur. S'il n'en était pas ainsi, la procluction c1uvr:ri relèvcrait cic la thaumaturgir;
L'idée fausse, c'est I'idéc incomplète. Or il cst clair que rien ne saurait ôtre, cllc serait arbitrairc et tctivc. r Avoir r-rneidéc r, ne I'oublions pas, c'cst
si l'on ose dire, complètement incomplet. Une idée qui serait absolument cornprendre et comprenclre par définition revient i\ comprendrc ut'rc nécessité,
fausse ne serait pas une idée. Si, pour parler cncore approximativement, il oir tout se tient, cst un. Ce que jc compr.ncls est d.onc d'avancc cn rt'lation
n'y avait pas du vrai dans le Ïaux, il ne scrait même pas faux. Il doit tout son avec tout ce quc jc comPrendrai, quand je comprendrai davantagc. Sculemc'nt
êtrc de pcnséc à la part cie r'érité qu'il cnfcrme. il ne nous cst pas donné dc découvrir immécliatement cette intnité dc rappcrts
qui fait qu'une idée cst vraie dans et par l'enscmble des idées. Nous nc lc
L'erreur comme illusion découvrirons qu'en déueloppant I'idée, alors granclira pour nous sa positivité
déjà réelle. L'idée, d'abord mutiléc', abstraite, accroîtra sa vérité. Tandis
Un homme voyant par un matin de brume le soleii à dcux cents pas, est-il que ia rigidité de la théoric cartésicnne de la vérité nc tolérait pas c1cmoyerl
crr('ur plus grossière) llegarclons-y toutcfois rlc plrrs pri.s. prri imagine In terme cntre l'obscur et le clair, chcz Spinoza I'inarléc1uatet I'acléclrat sont
[,'eyreuy L'errettv r09

mis en relation de continuité. Plus cleI'idée, d'abord inadéquate, nous ciévelop- p.Z7).Il cn est clonc de l'errcur comme du songe, toujours insituables, tou-
pons la véritt1, plus sc dissiPc ..e inacléquation qui, toutc négati'iù, jours beaucoup trop pris au séricux, ornbres ct ricn qu'ombres. Spinoza cléhnit
''avait rir-'n de réel. Abanclonnons cn conséqueincc"o*-. I'imageric- grossièrc, la l ' e r r c L r r : l e r ê ' " ' eà l ' é t a t c l c v e i l l c ( c T .D e E r n e n d a l . i o n e , ' 6 n4 o t e e t 6 6 ) .
lictio' d'iclées 'raies o. fausscs en soi, dc quc\ue faço. qi.e .ro.i, 1., Par Ià nolrs sommes à jamais protégés contre la supposition perl'ers(',
concc-
'ions. L idée n'est pas u.e chose quc nous-p"nso.r, rnais la façon clont <lémoniaque, paralysante, que la penséc pourrait enfermcr un vicc, unc défec-
nous
pensons la chose. comprenons qu'ii ne scraif pas de pire ..."oi
que de croire tuosité irrémédiables. Penser mzrl, voilà qui est aussi contraclictoire qu'un
que nous avons à rcmplace'r le faux par le vrai, à allcr du
faui au vrai. Si ccrcle carré. Qui pense mal, tout bonncment il ne pense Pas ce qu'il pense.
l'esprit était dans l'crreur, il y demcurerait. Du faux nc se tire que La conjccture sc détruit d'elle-nême de pensécs radicalement diffrlrentcs
d* fa.x.
Du mal q.e du rnal. Mais_tout est positif da's quoi quc cc'soit;'co,nprc'dre de la nôtre et infrnimcnt supérieurcs. Toutes ccs pensées,pour qu'elles soient
cst_perce'oir ce qui est tel qu'il est, cn sorte que Ic màl c,st cle croire àLr < quelquc chose I pour nous, encore faudrait-il qne nous puissions nous-mêntcs
rnal,
ct i'errcur cst de croirc cn la réalité de l'erreur, cette illusion. Tout était lcs'penscr. Parler de I'esprit httmain, c'est fairc injurc à l'homnre ct à I'esprit.
donc
'rai ce que réellement nous pensions, et l'homme qui progrcsse clans Ic
.dans Sur la pcnséc toujours donc la mêmc {autc, en traiter matériellerr-rent,amalga-
savoir nc mesure pas toutes les erreurs qu'il avait p,, .o--"ttri,
à quoi cela mer la res cogitansctlaresextensa,lc connaissant et lc connu, l'indivisible et le
nous avancerait-il? Et qLrel découragement! 11 comprcncl
micux ce qu,ii divisible (certes chez Spinoza l'étendue est indivisible, en tant qu'attribut
comprend.
dc la substance infinie, n'étant limité qr-repar lui-même - faisons un trou
Entrc les thèses cartésiennes ct spinozistes a'cune conciliation n'est cnvi- dans l'étenclLre,ic trou cst étcnduc mais cctte indivisibilité diffère de cclle
sageable. F'lles proposent deux concePtions des rapports cle la pensée d.ela pensée,est d'un tout autre ordre expressif). C'cst au prix c1ccette conftt-
et crc
ses idées, c'est-à-dire de la liberté de i'esprit, irréduitiules et sion que I'on soutiendra que la pcnsée {onctionne commc une chose, exemplc
au fond. sur cc
point toute théorie philosophique qu'on voudra ne peut être qu,unc typique de fiction au sens spinoziste du terme. Concevons ce qu'est une penséc,
variation
sur l'une ou sur l'autre. Selon que l'on cstinre quc ù pensée sidentifie cr: qu'est une chose, rlous nous aPercevrons qlre ce quc nous venons cIc dirc
totale-
ment ou nrn ir ses idées, on cst spinoziste.u cartésicn. ce-tte questio'est nous sommcs dans l'incapacité dc le penser. Unc machine se coml)ose c]erouages,
fondarne.talc: clle a pour e'jcu le scns cle'otre co'rclition de ressorts cxtérieurs ies rtns artx autrcs. L'on crxrprcnd qu'ils Soicnt susccp-
d,homrnc. on ne
saurait ni la minimiser ni la neutraliser, encore moins l'élucler. tibles de s'uscr, quc leur mécanisme en souffre. De mêmc un organistnt' se
Nous y revicn-
lin de chapitrc. r{ais nous somrrlcs ici en présence égarement d'un détériore, it subit des dommages; il n'en continuc pas moins à accomplir
lfg}'.i
différend théorique propre à faire ressortir res conditiôns d,une Jxacte vaille que vaiile ses tâches vitales. Abîmé, il n'interrompt pas toute activité.
compré-
hension.philosophique.si'ous ne discernons pas en quoi Descartes Malade, on vit moins bien, très mal peut-être, mais on vit. Une fonction peut
et Spinoza
s'entcndcnt, norls ne disti'guerons pas cr. i,rr qooi ils rre s'établir à divers niveaux, mais il n'y a Pas cent ni cleux façons de comprendre.
s,entendent pas
et la portéc' de ce débat, dc ce , combat dc géants r no.s La pensée ne for-rctionne Pas comllle une machinc, tln organisrnc Ellc n'a
restera étrangérc,
tant il est certai' quc sa.s |.'ité ci'Lrn foyer commun, lcs philosoprriei ne pas de parties, f idée de la partie n'est pas clle-même une partic d'idéc, nc
disposeraient d'a'cun ccntre à partir cl.quél elres pourraicnt divcrger. se disloque ni nc se réparc. on ne lui enlève pas dcs éléments pour l'en munir
Dcscartes et Spinoza s.nt d'acc.rcl, la réflcxion révèle quc cl,une de nouveaux, plus complexes. Le mot de fonctiorr.ncmcnt, tic cle plurne aujour-
certainc
rnanière l'errcur n'cst rit-.n. d'hui, ne véhicule qu'un matérialismc à l'état brut. La pensée ne satrrait
euc l'erreur proviennc cl,une i.op hâtive inter-
'ention cxtérieure r1c la 'olonté ou cl'une ins.flrsancc c1u fonctionner mal pour la raison qu'ellc ne fonctiontre pas c1utout. Iln d'autrcs
àéveloppcment
internc clc I'idée, dans les dcux cas l'cntend.nre-'t n'cn est pas termes, c'est rigourcusement au sens oir elle n'est Pas physique quc la pcnsée
l,auteui. euand
nous norls trompons, no*s ne doit être dite métaphysique . Aussi l'idée d'une tcchnologie spirituclle est-eiie
l)cnsons pas fausscment; simplement nous
n'exerçons pas, comme nous le clevrions, notre pcnsée. L'er.ô.rr absurde. Une tcchnique révolutionne ses appareils, ses montagesJ scs dispositifs
nc s'étale
pas dans I'idée mais cI:rns.fillusion (pas de dis-positions intellectuelles), emploie de nouvelles sources d'éncrgic, etc.
lluc nous en avons formé.ne. L,opinion,
craintive et méf,ante, croit que ia pensce peut êtrc dans l,errc'r; ôn n'invente pas des formes inédites de compréhension. guand les cartésiens
t,analyse
conclut que l'crreur nc Pcut pas être rlani la pensée. \/oilà pourcluoi disaient : < Bien penscr, c'est penscr comme Dier.r pense rr, la formtrle avait
nôus
a'ions eu tcllement dc peine à la clétectcr,à la circonscrirc. Tarit qu,àn c1cquoi alarmer lcur- divinité. Car la pcnsée de Dieu, c'est la penséetout court.
,g,rn."
la vérité, o. ne sait pas qll'on sc trompe ct on ne se tror.pe
pru^squa.cl on On intcrprète parfois au rebours dc ses intentions le texte du De Enten'
connaît la vérité. < L'crreur apparaît... Iorsqu'on en cst délir,É ri"
lt irnPos_ datione (:o sqq) oir Spinoza expose que l'esprit ( en comPrenant plus de choses
sible de faire comprendrc ct' qu'est i'crreui à un homme qui ignore "it
la r,érité r acquiert en même temps dc nouveaux instruments >. Il s'agit en premier
mais u aussitôt quc l'o' a participé à la connaissance iatiÀnc[e, lieu d'un passâge de nature cxotérique. Spinoza y fait justice de I'objection
aussitôt
qu'on sait ce que c'est qu'unc' idée claire, on ne peut plus être des sceptiques : l)cur découvrir la meilleure des recherches du vrai, il serait
clupe cl,aucunc
lrercepticrn,ni prcndrc a'c''c Pcrccption porlr rlnc rÉrité , (Alain, spittoza, bcsoin c1'un,'autre méthodl'pour rcchercher la première, etc. dans un langage
L'erteur L'evreuv

qu'ils Puisscnt entcndre. Aussi écrit-il : rr Jl en e-st ici comme cl'instmments que d'aboutir à du correct, du convenable, oir lcs avis peuvcnt être droits
matériels... car pour forger, il faut un nrarteau, et pour a'oir un ou tordus. Naivemerrt il attendait de la science les subterfuges quc réclamc
marteau,
ii Jaut lc fabriq'er... trIais, au début, lc-shommes, avcc clcs instrumcnts une opinion avant constamment besoin d'être garantie, justifiée, < accompagnéc
naru-
rels, réussirent certains objcts très faciles... et ceux-ci fabriqués, de raisons r. Théétète mettait donc tout à I'envers. Son zèle, sa fougue juvé-
ils confec-
tiorrrrèrc.t d'autres objets plus difficiles... De la même taçon, l,entenclement nile, son cmpresselnent à quittcr l'opinion pour la science l'égaraient. Aucun
se forge des outils intellcctuels r. Mais après lcs paragraphes suivants chemin dérobé n'amène de l'opinion au savoir. La vérité ne s'ajoute pas au
consacrés
à i'éclaircissement de la nature dc l'idée r""i., l;"rg.,*entation initiaie se jugement et prouver n'est pas affermir une conviction. Voilà ce qu'aurait dû
redrcssc, p.rifiée, la comparaison sc change en raison. r 11 doit apprendrc à Théétète la sciencc oit pourtant il cst expert, ces mathérnatiques
avanr lout
y avoir cn rous unc idée vraie qui soit comme un instrumcnt i.né dont Spinoza dira que sans elles la r'érité serait restée cachée au genrc humain.
qui, par
sa compréhcnsion même, nous fasse comprendre en même temDs la On ne s'interrogc sur les signes auxquels se reconnaîtrait la vérité que si on
diflére.ce
cntre uue pareille perccption et toutes lcs autrcs, (39). un inst.rmerrt ne conrraît pas cncor(r la vérité. Ainsi, à la fin du Théétète,lc spectre de l'erreur
in,/
n'est pas assimilable à un outil naturel. cc bout a. rràii, ce morccil.lr est cxorcisé. La vraie science n'a pas à lutter contre l'erreur, ce qui impli-
de naturc
avcc leq.el je {erai tant d.c ch_oscs,.'rst pas par soi 'n bâton. Son cluerait tluc i'er.reur cst cluelquc chose, qu'cllc résiste, l'énergumène! Elle
.sagc lui
est extcrnc; tandis que l'intellection se précède clle-même. pour l'exclut. L'errcur insinue son semblant d'être dans un imaginaire décalage
sa,",orr cc
qu'est comprcndrc, il faut-que je comprenne déjà. D'oir plus loin, ct rc entre le vrai et le vrzri. Mais une idée n'attencl pas d'être vraie. Si clie ne l'était
explicitement : < Ii n'est nul besoin d'instrument sauf la vérité cue-nieme, Plus pas, elle nc lc devienclra jamais. La normc de f idée vraie ne consiste pas dans un
(44).
Pour la pensée poi't d'a-utre outil que la pcnsée. En qr_roiir appcrt apparcil à trier ie vrai ct ic faux; clle trous cnjoint de suivre toujours le vrai,
que l,inst.r-
nent cst tout autrc chosc qu'un instrumcnt; auq.el cri de nous laisser à l'cxemple du mathématicictr conduire par lui comnc par la
nous déformerions, nous altér'erions lc réel (selon la Àauvaise "n.i,n-rpr.n"rrt,
lecture idéaliste main, c'cst-à-di.re pour aller au vrai de comrllcncer par partir de lui. Au tcrne
du kantisme). L'instrument est normL-. Bien saisi, I,excniple dtt Th.éétète,f insoluble, l'irritant problème cle la délinition de la science
c1el,instr.ment
assure de surmonter l'instrumentalisme. Les progrès d.ela ôonnaissarrce s'annulc; ii était doxique de part eti part. Si l'c.inne pcut pas dé{inir la scittrce,
seronr
ainsi ccux d'une mêmc.intcllcction (nativc, non artificiellcmcnt c'cst que tout nc se définit que par ellc. Pcxrr savoir cc qrt'est la sciencc-,il
rema.iable,
gll:.". -peut être que droite), à laquelte il suffrt de se réfléchir, c'est la méthod.e, faut l'avoir. (On sc reportera ati renarquable conttnentairc d'4. I(oyré,
l'idée. de l'idée, po'r se rendre cônscicnte dc ce qui iui permet Introduction à ltt lecture de.Platon. I-'aporie est une ressource prodigieusement
clc sc r.cndre
consciente. < Dans notre connaissance doivent êtie comprises fine de l'ironie philosophique et une épreuve pour lc lecteur. Tout dialogue
les conditions
sans lesquelles notre connaissance ne serait pas possible. Ii doit de Platon a une conclusion positive; clle cst dans ie texte. Mais Platon ne nous
être Possible
de rendre compte de ce fait que nous p".rronr;-.n. ô'est un fait que I'imposc pas. Il nous la laisse trour.cr. C'est à nous de saisir le sens et de nous
nolls pensons,
et puisque notr-e pensée est réelie, ellc contient réeliement cil" les cor.rriitions confirmer ainsi notrc aptitude à la philosophic). Qui n'a pas entendu la signi-
qni la font possible r (Alain, op. cit, p. rsil. ",r f,cation du dialogr,reparlera, en sceptique, de ccrcle. Pour qui s'cn est pénétré,
la circularité clu savoir s'irvèrera substantiellc, riche, féconde. I-oin de trahir
une pétition dc principe, ellc constitue la formc caractéristique du mouve-
Savoir et vérité ment. mais elltctif, uon ôr'anouissant, clc l'acte dc la r'érité à l'ir-rtér-ieurcle la
vérité. La circLrlarité était circulation.
Si l'erreur n'cst qu'absence de vérité, la philosophie ne sera Les philosoprhesont pu se représenter très diverscmctrt cette vic du concept'
1;as:Lstit,ilte:\
agencer une méthode plus ou moins ingénieuse àfin de s,en présc^,cr.
De Selon Spinoza, jamais nous ne dédu.irons, nous n'aurons une idée puis 1'autre,
semblables artifices ravaleraient l'intellect à une médiocre habileté si n d'avance r, r:'est-à-direen éternité, lcs dcux idéc.sne sont l'unc aaecl'anttte.
manceu_
vrière. Ils ne seraient bons que pour cles malarlroits. or se tromperr,est Cette totalité indivise, cette perrsée parfaitc, achevéc, supportant toute
pas
s'y prendre mal. L'analyse dt 'ïhéétète nottts interclit de confondrc penséc, c'cst Dieu. Sans i'immédiatcté de l'entendement divin, jamais notrc
l,erreur
avec une tné-prise. Il n'est point cl'apraxie de l'esirrit. L'authentique entencLement ne procèderait à ses nécessaires médiations. Chez Hegel, au
nréthoc1e,
qui, chez Descartes comme chez Spinoza, .r'"rt pas inutilemeirt contraire, la médiation est dans l'absolu, la médiation est l'absolu lui-mênre.
préarabte
au s_avoir(< ma méthode, ce sont rnes fuIéditatiozs ,) iera f ir-rstallation Eile est ct fait la pensée; elle est créatrice. Ainsi, l'idée ne s'aftrme, ne manifeste
.11 s",,ni''
en lui-même. comment da's ce qui n'est qu'idee de l,idée sa puissance infinie, ne se sauve de Ia platitude tautologique çlu'cn se niant.
du faux s,insi-
nuerait-il ? Théétète était troublé par le faux. Ârs.si était-il cn quête Elle n'est tout ce qu'elle est qu'en le devenant, donc en s'opposant aux déter-
d,un critère
départager dans la science, sans doute minations dans lesquelles ellc s'était posée. Il en résulte que ce qui d'avance
3qt: ? Possibie, lc viai et rc farrx. Ii
lui échappait.qu'une science hospitaiière au fa*x n'en serait g,as fait la pensée, c'est tout ce dans quoi elle s'extériorisera, s'aliénera, paraîtra
t,.,",,t q,,,un
tel critère n'était souhaitablc que dans l'enccinte cle l,opinioir, se cléfairc, et c't'st en réaiité tout ce qu'ellc fera. Histoire humaine et non plus
oii ii 'cr s,agit
TT2 [,'erreut

entendenæntdiain. sera la totalité dynarniquc du savoir. Il appartient de toute se risque, où l'on ose. L'élève doit savoir quc ses bourdes ne tirent pas à consé-
{açon à la philosophie de nous offrir le modèle d'un savoir véritablement quence. La principale différence entre les démarches intellectuelles ct les
parfait, intégral, produit et développé dans l'unique élément du vrai. Au moins proccssus biologiques, c'est que les premières sc confèrcnt les moyens cle
grâce à cc modèle, ou, si on cstime, c'est à chacun d'en décidcr, qu'aucune revenir à Ieur point de départ. La pensée surmonte l'erreur, la vie se rcmet
philosophie n'a égalé son exécution à son intention, grâce à son exigence, beaucoup plus difficiiement de l'échcc.
serons-rous à même d'apprécier à leur juste valeur les autrcs modaiités de la Nul mieux qu'Alain n'a décrit ces moments <1ebonheur où l'intelligence
connaissance dont nous n'avons que trop tendance à être Êers. s'empare d'une idée toute neut'e, naissante, l'cxamine, la tourne en totts
sens, dans ce librc suspens hypothétique, en lequel }fontaigne et Diclerot
furent maîtres, oir il n'y a pas lieu de se demandcr grossièrement si elle cst
vraie ou fausse. Au Iond, sous la crainte de I'erreur se cache une crainte bien
Y a-t-il un bon usage de l'erreur 7
plus dangereuse, celle de la vérité. On risquc en ce cas de s'imaginer que l'erreur
offcnserait Ia r'érité, lui porterait atteintc. Le faux scrait comme une faute à
La {onction paradigmatique dc Ia phiiosophie se voilc-t-elle, nous scrons l'égard du vrai. Lc commun langage sait distinguer faute d'orthographe et
irrésistiblement enclins à entourer i'erreur d'une excessive tendressc. Quand errcur de calcul. Ouand j'écris mai un mot, cluand je contreviens à la syntaxe,
la vérité n'cst plus Dieu, I'idolc, c'cst l'erreur. Ce n'est pas un hasard si depuis je nuis à mir languc, j'endomrnage un instrument de communication qui ne
Nietzsche prolifèrent les panégyriques de l'crreur. Pas de vérites premières, m'appartient pas, qui est Ie bien de tous. Ne pas respecter I'orthographe,
décrète-t-on; rien que des crreurs premières. Au début, nous semble-t-il, est, c'est ne pas rcspecter scs concitoyens. Cctte languc a été faitc par unc succession
doit être l'erreur. Le faux est indispensable au vrai puisquc, comme Alain de générations; lors même que sa structure, son évolution relèvent de lois
le disait avant Bachelard, le vrai n'est rien d'autre que du faux rectifré. On qui ne dépendent pas de l'arbitraire des hommcs, rien en elle n'autorise ses
fera gloire aux sciences positives de leur perméabiiité à l'erreur. Tandis que le usagers à la clégracler.En revanche, si j'éclis 2 + 2 : 5, je nc lèse ricn. Si la
savoir philosophique cst un savoir coincé, bloqué sur soi, les sciencestémoignent langue cst {ragilc, réclame qu'on ne prcnne pas trop de libcrtés avec elle,
de leur souplesse en accucillant i'erreur. Non seuletnent elles cn réchappent une vérité mathématiclue est inaitérable. Xlalgré ura bér'ue, z -1- z ne fcront
mais elles en tirent le maximum. Nul ne progrcsse qu'en se trompant, par jamais 5. La {autc n'est tclle que par rapport à une personne ort à une institu-
révision, correction, retouches. Une récente orientation pédagogique entend tion. La faute pcut léser une autorité de fait. La vérité ne resscmblc pas à
faire fnrctifier la fertilité de I'erreur, favoriser ses initiatives. Non, en r'érité, une puissancedcvant qui je devrais m'inclincr, et nos errcurs ne sont pas des
il n'y a pas à redouter l'erreur. crimes. C'est parce que la vérité n'est pas cette divinité ombrageuse que Hegel
Le scns de cette formule n'est pas univoquc. Il demande à être précaution- a raison d.e rappeler clue le faux n'est pas le cliable.
neusement précisé. Hegel a mis souvent en garde contre la crainte de l'errcur. Autre chosc por.rrtant de ne parscraindre l'erreur : elle n'est ricn; autre chose
Il priait cle ne pas oublier que l'crreur est ce quc i'homme introcluit de plus cie l'aimer. Les siècles religieux se réconfortaient à l'idée que des maladies,
surprcnant, cie phrs merveilleux dans Ie monde. Une aurore bcréale n'est ces dons de Dicu, il pouvait forcément y avoir bon usage. I-'élogc cle I'erreur,
qu'insigniliance à crlté. Jamais aucune pierre ne se perrncttra ia moindre cettc forme anthropoiogique de Ia providence, l'apologic de ses miracles, ont
dérogation, la m'inclrc infraction à ta loi de la chutc dcs corps. L'écart, la eux aussi un rclcnt cle théologie. Ils ne nous inrritcnt que trop à nous glorifier
déviati,-rn, le divin cl.ina.nttlt, voilà i'hornmc. Hegcl disait encore clue la pire présomptuer-rsementde nos incuries et lcur permettrc un trop bel avenir. Il cn
erreur est la pcur c1el'crrcur. c'est elle qui a entraîné tant dc philosophie- à va dc l'erreur comme de la maladie : il est heureur d'en sortir; f important
épuiser leur vitalité en d'intarissablcs prolégomèles. Qui craint de se trompcr, est surtout de ne pas y tomber. La vraie pédagogic, qui ne saurait contra-
il craint c1cpenser. Il est indéniable qu'il y a une retenue, une timidité révé- dictoirement s'ériger en pédagogie du faux, invite non pas à multiplier les
rencieuses incornpatiblcs a\/ec l'ér.cil de f intelligence.
Quand on est très poli, errcurs pour atteindre ie vrai comme par une loi <lu hasard, mais à réfléchir
quand on ne veut surtout pas déplaire, on nc débite prudemment que des sur les causes de la simple inattention dont ellcs émanent torttes. Au fait !
Iieux conmuns. Alain refusait à l'apprentissagc tc-chnique le droit de se
liarer le thème de l'erreur profitable ne proviendrait-il pas simplement <lela mcntalité
du nom d'enseignement en raison de son hostilité à l'égard de I'erreui. On mercar.rtilisterqui y laisse percer ,son souci d'extraire butin c1etout.
entretient l'apprenti, par reccttes, routines, rcspcct de la tradition, clansl'art D'échecs en échecs les hommes, à l'imperturbable cspérance, ont foi d'aller
inférieur dc ne pas se tromper. L'erreur, dans I'atclier, gâchc d'matériau, forcément au succès. i\fais la pensée nc se nottrrit pas aux tnêmes conl'ictions
abîme un outil, coûtc du temps donc de l'argent. Elle se sanctionne par une que l'action. Il serait chimérique que cl'erreurs cn crreurs on pût rallier égale-
réprimandc. L'enscignemcnt proprement dit eit indulgent à l'erreur. x{icux, il ment la vérité. Pas plus qLresektn Spinoza vcrs le bien, or"r'nes'avance vers le
Ia sollicite. Le tableau noir, son symbole, n'cst pas fait seulement pour qu'on vrai en lui tournant le dos, à rc'culons,à coup d'errettrs redres,.écs.L-lneerrcrtr
y écrive mais po'r qu'on y efface. C'cst un licu où l'on entreprencl, o'- l,on se dissipe, elle ne sc rectifie pas. Rectificr le faux scr:rit miracle aussi impossiblc
L' erreuy L eyyettr

quc de rendrc pointu lc cercle du géomètrc. or certains placent confusément


lors le dcvenir n'cst plus un artisan dc l'irréaliti:, commc chez Platon, il est
dans les vertus de la dialectique un cspoir encore plus insensé. Ils lui prêtent
la loi, ia dure loi de l'effectivité. Ot-rn'cst réellement cc qu'on est, ct pas sirtr-
le pouvoir magique de transformer une réalité, de la métamorphoser en son
plement en idée, rien ne réprrgne plus à Hcgel <1uel'idt3alismc', qu'à la conclition
contraire. Ainsi le mal, pourvu qu'il soit poussé à son paroxysme, se changcrait
dc le devenir. Sujet, et non plus chose inerte, ce qui a i\ être ce qu'il est.
en bien, la violence totale s'accomplirait en amour total, dans la guerre à
Transposé à notrc propos : si le devenir est lc dcverrir de l'absolu, comruent
outrance se façonnerait la paix perpétuelle. Koyré notait (Introdwction à la
l'absolu, dans ccttc histoire qu'il ne cléploic que polrr sc rcjoinclre, aurait-il
Iecture de Platon, p. ror) : r Thrasymaque estime, avcc le vulgaire (et un
lamentablement procédé par tâtonncments, t ssais et erreurs ? Commcnt ct
certain nombre de philosophes - ou plus exactement de sophistes - anciens
Dicu jarnais se serait-ii égaré? Chacune rkr ses stations (intenablcs) était
et modernes) que la quantité transforme la qualité. Le pirate qui infeste lcs
unc ceuvre dc génie. Dans chaquc époque l'esprit e-qtaliô jusqu'au bout cL:
mers mais qui opère cn petit scra pcndu. xfais Alexandre qui infcste la terre
soi. Chaque grande philosophie a dit ce qu'cn sorr ternps il porrvait sr: tlirc. Si
en opérant en granci sera déifié. Les exemples moclcrncs et contemporains
eilc a été dépassée,ou piutôt si elle s'est dépassécclle-môme dans cclles qui n,.
n'ollt pas besoin cl'êtrc cités r.
l'ont niéc qu'cn i'accompiissant, cc n'cst pas parce qu'clle manquait cie r'érité,
L'histoire lcrait de rnême à l'égard dc l'erreur. plus dc vérités étcrnelles, c'est parce qu'elle cn avait trop, c'est parce q11c,tant quc le mouvernent du
ces vicilles lunes de la philosophie; le vrai, réduit clans l'hypothèse à i'r_rpinion
vrai ne s'est pas achevé, il y a toujours plus dans une r'érité que dans la réalité
que l'on a de lui, devient faux; le faux, par conséqucnt, devient vrai. Il cst c3r'ellc exprinrc. Synthétisant la r'érité d'une éporlut-, rasscmblant ce qui e'n
exact qu'unc dialectiquc, quelle r1u'elle soit, se réIère au jeu dcs contraires. elle n'était vécu quc dans l'éparpillement, sa philosophic la transûgurait
Platon assignait à la sienne la mission de les empêcher cle virer et cle basculer
dans l'élément du savoir, en la totalisant elle Ia transcendait, clle ne lui était
I'un dans l'autre, cn entrctenant ainsi un imbroglio permanent. Car y a-t-il
plus ajustée. En dégagea"ntla vérité d'un monde passé elle annonçait donc Ia
démangeaison plus irritante qu'unc vie oir ces contraires que sont le plaisir
vérité d'un monde futur. Elle était indivisiblement rétrospective et prophétique.
et la douleur @f. b Phéd.on6o b, c) pcrpétuellement s'accouchent l'un l'autre,
Dans ce qu'ii posc et qu'il domine, i'esprit ne peut se reposcr. I1 faut qu'il s'1'
en sortc que si on lroursuit I'un et qu'on l'attrape, on attrape aussi forcément
opposr'. C'est par rapport à sa véritô clue toute thèse cst inadéquate. Hegel
l'autlc. Vivre ainsi, c'cst êtle sâns cessc tiraillé. écartelé et oour tout dire
appellc inégalité ce ressort du concept; inégalité du soi ct clc l'êtrr., du savoir
contrarié. A{in de nous éPargner cette cacophonic, la science clialectique <les
et de son contenu. Ainsi c'est parce qu'il nc puur-ait se pensrr clans tout ce
divisions et des rasscmblements étudiera quels sont les genres qui consonncnt
qr-r'il pcnsait quc d'une {açon beaucouP tloP rcstrictive que le vlai, au long
et ceux qui ne tolèrerntpas de s'unir (le Sophiste,253 b, sqq). C'est grâce à elle
de son effcctuation, devait briscr les urres après les autrcs tontes ses déter-
par exemple que nous pourrons mettre à jour la structure de la cité vraie, celle
minations rigides. Toutes les philosophies ont donc pensé faussemcnt mais
dont Ia justice cor,rrt le moins de risque de basculer en injustice et qui sc
c'était le vrai qu'clles pensaient et ne pouvaient pcnscr que faussement. Ainsi,
prémunit ainsi le micux contre les ravages du drvenir, passage en tous domaires
clans la recollection du savoir absolu, il se révélera que toutes les r erreurs r
d'un contraire à un contrairc. La dialcctique platonicienne était une digue
cle l'histoire de la penséc n'avaient été rendues possibles quc par la vérité
contre ce devenir promu par les formes modcrnes, aberrantes ct subvertis-
de cette histoirc. Intégrées désormais à cette totaiité, affranchies de leirr
santt's, de la dialectique cn principe de la rationalité et inspirées cl'un hégé-
unilatéralité, les philosophies devicnnent vraies déhnitivement cn tant que
lianisme travesti.
rnoments néccssaires, elles s'établissent dans une vérité qu'ellcs avaient été
Selon l'historicismc, tout se fait dans l'histoire et se défait par elle (y cornpris, condamnées à ignorer. Hegel ne fait donc nullement du faux un principe, uri
devrait-il ajouter, s'il était conséquent, lui-même). La philosophic'dc Hegel sujet, le dieu pervers de i'histoire de la philosophic. Dialectiquemcnt, si le
n'est pas un historicisme; ce n'est pas un relativismc. Avaiar du phénoménisme vrai était dans le faux, c'est que le faux est dans le vrai. Le faux ne manifestait
dont il partage les contfadictions, le relativisme n'est qu'une troncaturc cle clue ia vic génialc de la vérité, les incessantes c1iffércnccsavec ellc-même par
la relation. Rien, en effct, ne saurait tout de même êtrè relatif en soi. Être lcsquelies elle synthétisait son identité. Hegel n'cnscigne pas que lc faux sera
relatif, c'est être relatif à quelque chose. ce quelque chose échappe au rela- vrai, que le vrai sera faux. Il proteste toujor-rrs contrc une interprétation
tivisme. cependant il serait contradictoire que llabsolu soit juitement ce aussi supcrficielle de la dialectique, caricaturée en tourniquet, en navettt. Il
avec quoi tout a relation, et, d'autre part, si l'on se représente l,absolu à part n'y a pas clevenir fou du vrai au faux et du fau-x au vrai, rnais dcvenir sensé
de la relation, étant Posé comme ce qui n'est en relation avec rien, c'est encorc du vrai dans le vrai par I'év:rnouissement dc l'crreur qu'il commettait, et ne
par sa relation (ni:gative) :\ la relation que son (pseudo) être se cléfinit. N'étant pouvait d'abord cpe comncttrc sur lui. Dl apparcincece qui était vrai est
ni hors de ia relation ni en relation avec autre chose que soi, il en résulte, devenu faux. tr{ais < devenuc ) faussc commc absoiu isolé, cha<1ucphilosophie
comme Hegel l'a compris, que l'absolu cst dans la relation, est la relation, la est maintcnant vraie dans l'éternité compréhensivc et salvatrice, non pas
relation de toutes les relations, l'cnsemble cle lcur mouvement créateur ct subvertissantc mais cortvertissante. clu svstèmt-.
dialectique s'apparaissant comme totalité compréhcnsive à son terme. Dès
I
L'errtttr L' erreuv ll t'

B i b l i o g r a p hi e t a l e s ) .L a v é r i t é t, e l l eq u e l a t h é o r i s e nlte s p h i l o s o p h i e n
s ,' e s tq u e l e n o m h y p o c r i t e n r e n t
d o n n éà u n e e r r e u ru t i l e p o u r l a p r o t e c t i o nd ' u n e e x i s t e n c e p e u r e u s ed, é v i t a l i s é e C.' e s t
c o n t r ee l l e ,a u n o m d e s e x i g e n c e d s ' u n ev é r i t éa T ï r a n c h idee s b e s o i n sv i t a u xe t d e v e n u e
S u r l e p r o b l è r n e p h i l o s o p h i q u e c l el ' e r r c u r , t r o i s t e x t e s s o n t f o n d a r n e n t a u x ; i l s o n t s c r v i a i n s i r é e l l es o u r c ed e v i e , q u e N i e t z s c h ec o m b a t .N i e t z s c h en e f a i t p a s l ' é l o g ea b s u r d e
de matiôre à un chapitre qui n'est qu'rrnc préparation à leur lccture : Le Théétète de
d e I ' e r r e u rp o u r I ' e r r e L rirl, n ' e s tp a s u n p r o p a g a n d i s tdee I ' i l l u s i o nv i t a l e .A l ' i n s t l n cdt e
Pr,tloN (on se reportera également au Sophiste); La tluatriène méditation de l)nsclnrrs;
c o n n a i s s a n csey,m p t ô m ed e f a i b l e s s ed, e p e u r( c o n n a î l r ce c n e s e r a i tq u e n e u I r a l i s Êi er s
Le Traité de la l?éforme de I' Entendemezl dc SprNoz-q.
d i f f é r e n c e sI e
, s é g a l i s u rd a n s l a m ê m e v é r i t éu n i v e r s e l l eN ) ,i e i z s c h eo p p o s el e d é s i rd e
On pourra égalcment consulter la thèse dc \r. BnocneRo, L'erreur, Berger-I-evrault. c o n n a i s s a n (c ee n c o r ed u r e t j e u n e> , a n i m ép a r u n e p r o b i t éi n c o n n u eg é n é r a l e m e nd te s
p h i l o s o p h e sV.o i c iu n t e x t eo ù s e t r o u v ee x p o s éc e q u ' e l l ee s t e t c e q u ' e l l en ' e s t p a s :
< fl faut apprendreà voir,il faut apprendreà penser,il faut apprendreà parteretà écrire:
d a n s c e s t r o i s c h o s e sl e b u t e s t u n e c u l t u r en o b l e .A p p r e n d r eà v o i r - h a b i t u e Ir' c e ial u
I extes r e p o s ,à l a p a t i e n c eI ,' h a b i t u eàr l a i s s e vr e n i rl e s c h o s e s ;r e m e t t r el e i u g e m e n ta, p p r e n d r e
à c i r c o n v e n ier t à e n v e l o p p el re c a s p a r t i c u l i e rC. ' e s tl à l a p r e m i è r p e r é p a r a t i opno u ré d u -
q u e rl ' e s p r i tN . e p a s r é a g i ri m m é d i a t e m e nà t u n e s é d u c t i o nm , a i ss a v o i ru t i l i s e rl e s i n s -
Les rapports du vrai et du faux selon Nietzsche t i n c t sq u i e n t r a v e net t q u i i s o l e n tA. p p r e n d r eà v o i r , t e lq u ei e l ' e n t e n d sc,' e s t ,e n q u e l q u e
s o r t e ,c e q u e l e l a n g a g ec o u r a n e t t n o n p h i l o s o p h i q uaep p e l l el a v o l o n t éf o r t e: I ' e s s e n t i e l ,
( L e s c a t é g o r i e ss o n t d e s < v é r i t é s) ) e n c e s e n s s e u l e m e n tq u ' e l l e s s o n t p o u r n o u s d e s c ' e s tp r é c i s é m e ndte n e p a s( v o u l o i r> >d, e p o u v o i rs u s p e n d r e l a d é c i s i o nT. o u t a c t ea n t i -
nécessités vitales : ainsi I'espace euclidien est une de a ces vérités D nécessaires (à s p i r i t u e el t t o u t ev u l g a r i t ér e p o s e n st u r l ' i n c a p a c i t d
ée r é s i s t e àr u n e s é d u c t i o n: o n s e
v r a i d i r e , c o m m e i l e s t i m p o s s i b l ed e s o u t e n i r q u e I ' e x i s t e n c ed e I ' h o m m e s o i t n é c e s s a i r e , , n s u i tt o u t e sl e s i m p u l s i o n sD. a n sb e a u c o u pd e c a s u n et e l l eo b l i -
c r o i to b l i g éd e r é a g i r o
l a r a i s o n , c o m m e I ' e s p a c e e u c l i d i e n , n ' e s t q u ' u n e i d i o s y n c r a s i e ,p r o p r e à c e r t a i n e s g a t i o ne s t d é j à l a s u i t ed ' u n é t a t m a l a d i f d, ' u n é t a td e d é p r e s s i o nu, n s y m p t ô m ed ' é p u i -
espèces animales,et I'une entre beaucoup d'autre...). s e m e n -t p u i s q u et o u t c e q u e l a b r u t a l i t én o n p h i l o s o p h i q uaep p e l l e< v i c er n ' e s tq u e
L ' o b l i g a t i o n s u b j e c t i v ed e n e p a s p o u v o i r n i e r c e s < v é r i t é s ) ) e s t u n e o b l i g a t i o n b i o - c e t t ei n c a p a c i t é p h y s i o l o g i q udee n e p o i n t r é a g i r .U n e a p p l i c a t i o n de cetenseignement
I o g i q u e : l ' i n s t i n c t d ' u t i l i t é q u i n o u s o b l i g e à c o n c l u r e a i n s i n o u s e s t c h e v i l l éa u c o r p s , d e l a v i e : l o r s q u eI ' o n e s t d e c e u xq u i a p p r e n n e not ,n d e v i e n d t ' u n e{ a ç o ng é n é r a l ep l u s
n o u s s o / n m e sc e t i n s t i n c t , e n q u e l q u e f a ç o n . . . M a i s q u e l l e n a ï v e t éd ' e n t i r e r u n e p r e u v e l e n t ,p l u sm é f i a n tp, l u s r é s i s t a n tO. n l a i s s e r av e n i rà s o i t o u t e se s p è c e sd e c h o s e sé t r a n -
q u e n o u s p o s s é d i o n s d e c e T a i t u n e ( v é r i t é e n s o i r ! . . . L ' i m p o s s i b i l i t éd e c o n t r e d i r e g è r e se t n o u v e l l eas v e c d ' a b o r du n e t r a n q u i l l i t éh o s t i l e- o n e n r e t i r e r al a m a i n .A v o i r
p r o u v e n o t r e i m p u i s s a n c e ,e t n o n l a p r é s e n c e d ' u n e < v é r i t é ) ) . toutesles portesouvertes,se mettreà platventredevanttous les petitsfaits,êtretoujours
prêtà s'introduire,à se précipilerdansce qui est étranger,en un mot cettecélèbre( objec-
N i e t z s c h e , L a V o l o n t é d e P u i s s a n c e ,t o m e . 1 ,l i v . . 1 ,g 1 9 3 , p . 9 7 ,
tivitér moderne,c'est cela qui est de mauvaisgoû1,cela manquede noblesseparexcet-
Trad. G. Bianquis, N.R.F.
lence.>>
Nietzsche,Le Crépuscule des ldoles,trad. H. Albert,
< Q u ' u n j u g e m e n t s o i t f a u x ,c e n ' e s t p a s , à n o t r e a v i s , u n e o b j e c t i o nc o n t r e c e i u g e m e n t ; M e r c u r ed e F r a n c e ,p . 1 3 6 - 1 3 7 .
v o i l à p e u t - ê t r eI ' u n e d e s a f f i r m a t i o n sl e s p l u s s u r p r e n a n t e s d e n o t r e l a n g a g e n o u v e a u .
Le tout est de savoir dans quelle mesure ce jugement est propre à promouvoirla vie, O n t r o u v e r au n e n s e m b l ed e t e x i e ss u r c e p r o b l è m ed a n sl e r e c u e i l: N i e t z s c h eV, i ee t
à I ' e n t r e t e n i r ,à c o n s e r v e r I ' e s p è c e , v o i r e à l ' a m é l i o r e r .E t n o u s s o m m e s e n c l i n s . o a r y é r i l é t, e x t e sc h o i s i sp a r J e a nG r a n i e rc, o l l .< L e s G r a n d sT e x t e s) , P . U , F .
p r i n c i p e ,à a f f i r m e r q u e l e s j u g e m e n t s l e s p l u s f a u x ( e t p a r m i e u x l e s j u g e m e n t s s y n t h é -
t i q u e s a p r i o r i ) s o n t p o u r n o u s l e s p l u s i n d i s p e n s a b l e s q, u e I ' h o m m e n e p o u r r a i tp a s v i v r e
s a n s a d m e t t r e l e s f i c t i o n s d e l a l o g i q u e , s a n s r a m e n e r l a r é a l i t éà l a m e s u r e d u m o n d e
p u r e m e n t i m a g i n a i r e d e I ' i n c o n d i t i o n n ée t d e I ' i d e n t i q u e ,s a n s f a u s s e r c o n t i n u e l l e m e n t
Le statut dialectique du faux
l e m o n d e e n y i n t r o d u i s a n tl a n o t i o n d u n o m b r e - a u p o i n t q u e r e n o n c e r a u x j u g e m e n r s
< < L ev r a ie t l e f a u x a p p a r t i e n n e natu x p e n s é e sd é t e r m i n é eqs u i d a n s l e u r i m m o b i l i t é
f a u x , c e s e r a i t r e n o n c e r à l a v i e , n i e r l a v i e . A d m e t t r e q u e l e n o n - v r a ie s t l a c o n d i t i o n d e
v a l e n tc o m m ed e s e s s e n c e si n d é p e n d a n t edso, n t I ' u n ee s t l à q u a n dI ' a u t r ee s t i c i ,f i x é e s
l a v i e , c e r t e s c ' e s t r é s i s t e r d a n g e r e u s e m e n ta u s e n t i m e n t q u ' o n a h a b i t u e l l e m e n td e s
v a l e u r s ,e t u n e p h i l o s o p h i e q u i s e p e r m e t c e t t e a u d a c e s e p l a c e d é j à , d e c e T a i t ,a u - d e l à
e t i s o l é e s s, a n sc o m m u n a u t é m u t u e l l eO. n d o i t s o u t e n i ra u c o n t r a i r eq u e l a v é r i t én ' e s t
p a s u n e m o n n a i ef r a p p é et,o u t ep r ê t eà ê t r ed é p e n s é e t e n c a i s s é el l. y a u n f a u xa u s s i
du bien et du mal. D
p e u q u ' i ly a u n m a l .C e r t e s l,e m a le t l e f a u xn e s o n tp a sa u s s im a u v a i sq u e l e D i a b l ec, a r ,
Nietzsche, Par-delàle Bien et leMal, trad. G. Bianquis, c o m m e D i a b l e ,o n e n f a i t d e s s u T e t sp a r t i c u l i e r sc;o m m ef a u x e t c o m m e m a l , i l s s o n t
Aubier, p. 25-27. seulementdes universels, mais ils ont pourtantune essentialitépropreI'un par rapportà
I'autreL . e { a u x - c ' e s t d e l u i s e u l e m e nqt u ' o n p a r l ei c i - s e r a i tI ' a u t r e l,e n é g a t i fd e l a
D e c e s t e x t e s ,c o m m e d e t o u s c e u x q u e N i e t z s c h ec o n s a c r ea u x r a p p o r t sd u v r a i e i d u s u b s t a n c es, u b s t a n c eq u i c o m m ec o n t e n ud u s a v o i re s t l e v r a i .M a i s l a s u b s t a n c ee s t
f a u x , o n s e g a r d e r ad e t i r e r I ' i d é eq u ' i l n o u s i n v i t e à j e t e r p a r t e r r e l a v é r i t éa u p r o f l t d e s e l l e - m ê m e s s e n t i e l l e m e lnet n é g a t i fd, ' u n e p a r tc o m m ed i s t i n c t i o ne t d é t e r m i n a t i odnu
i l l u s i o n sv i t a l e s .L a q u e s t i o n e s t b e a u c o u p p l u s c o m p l e x e .c a r i l y a p l u s i e u r ss o r t e s d e contenu,d'autrepart comme actesimplede distinguer,c'est-à-direcomme soi et savoir
s t y l e s d e v é r i t é , p l u s i e u r ss o r t e s d e s t y l e s d ' e r r e u r . L e s u n s v i l s , l e s a u t r e s n o b l e s ( l e v i l e n g é n é r a lO . n p e u t b i e n s a v o i rT a u s s e m e nSt .a v o i rq u e l q u ec h o s ed ' u n ef a ç o nf a u s s e
e t l e n o b l e c o n s t i t u c n t c h e z N i e t z s c h e l e s d e u x c a t é g o r i e sé p i s t é m o l a g i q u ef so n d a m e n - s i g n i f i eq u e l e s a v o i re s t d a n s u n é t a t d ' i n é g a l i t a
é v e cs a s u b s t a n c eM . a i sp r é c i s é m e n t
rt8 L ' e v r et t t L'trrtttv

c e t t e i n é g a l i t ée s t l a d i f f é r e n c i a t i o ne n g é n é r a l ,q u i e s t m o m e n t e s s e n t i e l .D e c e t t e d i f i é - l l e s t m a l h e u r e u s e m ebnet a u c o u pm o i n sc e r t a i nq u e L a g n e a ur e n d eà S p i n o z al a m ê m e
renciation provient l'égalité;et cette égalité devenueest la vérité.Mais elle n'est pas j r s i i c e ,E s t - iel x a c tp a re x e m p l eq u ôo p o u rS p i n o z ai l y a u n d é t e r m i n i s mdee ^ n o 1 rpee n s é e
v é r i t é ,d a n s u n s e n s q u i i m p l i q u e r a i tl ' é l i m i n a t i o nd e I ' i n é g a l i t éc o m m e d e s s c o r i e s s o n t .orr" il y a un déierminisme u n d é t e r m i n i s mdee s c h o s e s) ( p . 2 5 5 ) ?P e u t - o n
d i r e q r e s e l o nl u i I ' i d é ea d é q u" a i t téenr ie" frat ,s s eq u e r e m p l a c elr' i d é ei n a d é q u a t eN ? on point.
r e j e t é e s d u p u r m é t a l , o u m ê m e e n c o r e c o m m e I ' i n s t r u m e n te s t e x c l u d u v a s e a c h e v é ,
ô" n i e s tp a s u n e i d é e q u i p r e n d l a p l a c ed ' u n e a u t r ed a n s u n e s o r t ed e t h é â t r em e n t a l ,
m a i s I ' i n é g a l i t ée s t p l u t ô t c o m m e l e n é g a t i f ,c o m m e l e s o i , e n c o r e i m m é d i a t e m e n t p r é -
sente dans le vrai comme tel. Pourtant on ne peut pas dire que le faux constitue un
c i a m ô m ei d é e q u i s e c o m p l è t ee t s e d é v e l o p p ed,e v i e n te, n r i c h i ed e s e s d é t e r m i n a -
t i o" snts ,d e p l u se n p l u sd i s t i n c t e t p u i s s a n t ec.e r t e s ,r i e nn ' e s ta r b i t r a i r e d a n sn o t r ee n t e n -
c i e m e n et t c e q u e n o u s p e n s o n ss ' e x p l i q u ep a r c e q u e n o u s a v o n sp e n s é ;c, e r t e s n u l
m o m e n t o u m ê m e u n e p a r t i e d u v r a i . D a n s c e t t e e x p r e s s i o n : q u ' e n t o u t e f a u s s e t é ,i l y a
q u e l q u e c h o s e d e v r a i , l e s d e u x t e r m e s s o n t p r i s c o m m e I ' h u i l ee t I ' e a u q u i s o n t r a p p r o -
d , a p r è ,Ssp i n o z an e p c u tp e n s e a r u t r e m e nqt u ' i lp e n s ee, t i l e n v a s u r c e p o i n td e l a p e n s e e
c h é e s s e u l e m e n te x t é r i e u r e m e n te t n e p e u v e n t s e m é l a n g e r ,P r é c i s é m e n tp o u r d o n n e r l a d e ' l ' i g n o r a nct o m m ed e c e l l ed u s a g e ,m a i s i l n ' e n s u b s i s t ep a s m o i n sc e t t e . d i f f é r e n c e
p l é n i t u d ed e s a s i g n i f i c a t i o nà l a d é s i g n a t i o nd e l ' ê t r e - a u t r ec o m p l e t ,c e s t e r m e s n e d o i v e n t i n f i n i èq, u l f a i tl a p e r t ed e I ' u ne t l e s a l u t d le' a u t r eq, u e t a n d iqs u eI ' i g n o r a n t s u b l ai n
t éces-
p l u s s e r v i r l à o ù l e u r ê t r e - a u t r ee s t s u p p r i m é . D e m ê m e l e s e x p r e s s i o n sd ' u n i t é d u s u j e t s i t é d e s e s i d é e s ,l e s a g el a c o m p r e n dd, e s o r t eq u e c h e zc e l u i - cti o u t s ' e n c h a î n e selon
e t d e I ' o b j e t ,d u f i n i e t d e I ' i n f i n i ,d e l ' ê t r ee t d e l a p e n s é e ,p r é s e n t e n tc e t i n c o n v é n i e n tq u e l e d e d a n st,o u tc h e zc e l u i - l às e l o nl e d e h o r sE . nc o n s é q u e n cDei e un e p r e n dp a se n c h a r g e
(
l e s u j e t e t I ' o b j e t ,e t c . , s i g n i f i e n t c e q u ' i l s s o n t e n d e h o r sd e l e u r u n i t é : d a n s l e u r u n i t é i l s nos ou, ce qui reviena t u m ê m e ,c h a c u ne s t r e s p o n s a b ldee s e s p e n s é e s L e s
n ' o n t d o n c p l u s l e s e n s q u ' é n o n c e l e u r e x p r e s s i o n . . .C ' e s t a i n s i q u e l e f a u x n ' e s t p l u s i d é e" srqr "urirsao,n ta d é q u a t eds a n s u n e s p r i ts o n t . a d é q u a t eesn D i e u ,e n t a n t q u ' i l c o n s t i t u e
c o m m e f a u x u n m o m e n t d e l a v é r i t é .l I ' e s s e n cdee c e t e s p r i t e, t c e l l e sq u i s o n ti n a d é q u a t edsa n sI ' e s p r ist o n te n c o r ea d é q u a t e s
e n D i e u ,n o n e n t a n t q u ' i lc o n t i e n st e u l e m e nIt' e s s e n cdee c e t e s p r i t m , a i se n c o r ee n l a n t
H e g e l , P r é f a c e à l a P h é n o m é n o l o g i ed e I ' E s p r i t ,t r a d . H y p p o l i t e , q u ' i l c o n t i e n et n s o j e n m ê m et e m p sl e s e s p n t sd e s a u t r e sc h o s e s> ( E t h i q u el ,l l ' p r o p .1 '
il
éd. bilingue, Aubier-Montaigne,pp. 93-95. i é m o n s t r a t i o ne) .u a n d j ' a i u n e i d é ev r a i e ,c e t t ei d é ee s t e n D i e u c o m m ee n m o i , c a r
n ; y a q u , u n ef â ç o nd e p ' e r c e v ovi r a i .Q u a n di ' a i u n e i d é ef a u s s e c, e t t ei d é ee s t a u s s ie n
D i e u ,m a i sp a sc o m m ee n m o i .E n l u i ,e l l e e s i v r a i e c, a r ,e n t a n t q u e s o n e n t e n d e m e nste
ieprésentelatotalitédeschoses,ilsereprésentemonerreurtmaisjo l ei n
s ct eaàutsoeust e s
A o n fÀ L f "d é p e n de t q u i I ' e x p l i q u e nôt .e l a v e u t d l r e q u ' i l n ' e s ta u c . u n ed é f a i l l a n c d ee la
Thème d'érude pensee
p e n s é ed o n tl a p e n s é en e s o i ic â p a b l ed e r e n d r e . r a i s oe nt q u es a n sr é { é r e n càe u n e
à b s o l u en o u s n e p o u r r i o n sm ê m e p a s p e n s e rl e p e u q u e n o u s p e n s o n sV . o i l àd e s l o r s
Vérité et Liberté. . l l e n e c o n s i s t eà s e d e m a n d e ri l l u s o i r e m e nsti o n
o e é â g 6 . l a v r a i el i b e r t éd e I ' e s p r i t E
p e i s à r e e l l e m e rct e q u e I ' o n p e n s e e, l i e n e s e f a u f r l ep a s d a n sq u e l q u .éec a r td é s a s t r e u x
C a r t é s r a n i s meet s p i n o z i s m e s e d i s t i n g u e nct o m m eu n e p h i l o s o p h i de u j u g e m e n te f d'un
e n t r e l a p e n s é ee t . " q r ' À l l " p u n r b , E l l " n ' e s t r i e n d ' a u t r eq u e l e d . é v e l o p p e m e n t
u n e p h i l o s o p h idee I ' e n t e n d e m e nLt .e u rd i f f é r e n dp o r t es u r l e s r a p p o r t sd e l a v é r i t ée t de ses
e s p r i tq u i n e r e l e v a n qt u e d e s a n é c e s s i t éi n t e r n e ,p a r I ' e f f a c e m e n. pt r o g r e s s i f
d e l a l i b e r t éD. e s c a r t ef sa i td e I a l i b e r t él a c o n d i t i o n
d e i a v é r i t éc, ' e s tp o u r q u oiil c o m m e n c e
p a rl e d o u t es, e l o nS p i n o z as e u ll e v r a in o u sr e n dl i b r e O eiieurs'dansIa perceptionde leurscauses,se rend consciussui,mundi' Dei'
que
. b s e r v o nqsu et o u sd e u xe n t e n d e n t V é r i t ée t l i b e r i é: n o u sn e d i s p o s o n se,n d é p i td e n o s s t r a t a g è m edsi a l e c t i q u e s , d e
n e p a s s a c r i f i e rI ' u n eà I ' a u t r e e , n quoiils sont philosopheà s , I ' e n c o n t r ed e s m a u v a t s d s' i d e n t i f l edre u xt e r m e s: s o i te n r é d u i s a n t
d e u xf a ç o n sj a m a i sp a r f a i t e m e n sa i tisfaisante
a m i sd e l a l i b e r t éq u i l u i a t t r i b u e nIte d r o i td e r e n v e r s et ro u t ev é r i t ée t d e s m a u v a i sa m i s :
l e p r e m i e ra u s e c o n d ,I a v é r i t é ,c ' e s i l a l i b e r t é s, o i t e n o p é r a n td e l a m a n i e r ei n v e r s e
d e l a v é r i t éq u i c é l è b r e nst o nj o u g .o r s a n sv é r i t é i,l n ' y a p l u sd e l i b e r t é e d a n sl ' a u t r e
; l l es e d é n a t u r e t a i i O e r t éc, ' e s tl a v é r i t é .D a n sl e s d e u xc a s u n t e r m er i s q u ed e n e s ' i n s c r i r e
e n c a p r i c e ; s a n sl i b e r t é i,l n ' y a p l u sd e v é r i t é: l a r é a l i t én e s e r a i tp l u sq u ' u nf a i t o p a q u e q r é p o r i s , y r é s o r b e rC. ' e s tp o u r q u o Ii ' o p p o s i t i o n . r e n e a tî td o i t r e n a î t r et o u l o u r s N . ous
q u e n o u ss u b i r i o n sC. o m p r e n d r ec,' e s tê t r ea c t i f, c ' e s td o m i n e r . s l i m i n e r c, a r e l l e
, à . n À " . e n p r é s e n c ei c i d ' u À p r o b l è t . q u e l a r é f l e x i o nn e p e u t _ p a é
On lrra dans les CéièbresLeçonset Fragmentsde Jules Lagneauun long et attentif
t i e n t d e l u i s o n r e s s o r tc, ' e s t - à - d i rseo n i n q u i é t u d eD. ' o ù l a v a n i t é ,q u a n do n s ' i m a g i n e
e x a m e nc r i t i q u ed, e v e n uc l a s s i q u ed,e st h è s e sd e s d e u xa u t e u r s( C o u r ss u r l e j u g e m c n t ,
q u e l e s t h è s e sp h i l o s o p h i q u es se r a i e not p i n i o n se,n t r eI e s q u e l l eisl c o n v i e n d r a d l t' o p t e r '
éd. Alexandre-Canivez, P,U.F.,pp. 248-260). Descartes
i " i à o O " r p a s s a g è r ebsù t à n t ô tc o m m en a g u è r el e p u b l i ca c c o r d es e sf a v e u r sà
C e t e x t er e n d p a r f a i t e m e ncto m p t ed e l a t h e s ec a r t é s i e n n e à ,l a q u e l l el ' a u t e u sr o u s c r i t tantô1commeaujourd'huià Splnoza'
s a n s r é s e r v e sl .l e x p o s ea v e c l a p l u s g r a n d en e t t e l éq u e l a l i b e r t éd e l a p e n s e ec h e z p l u t ô .qt u e d e d r e s s e a r i n s ib e s c a r t e se t S p i n o z aI ' u n c o n t r eI ' a u t r e p , eut-être serait-il
D e s c a r l e rsé s u l l ed e s a n o n - i d e n l i f i c a t iaovne cs e s p e n s é e sP. e n s e rc, e n ' e s tp a s s e L l ê - e e t o u tr a p p o r t àu n e p e n s é ea b s o l u ed o n tI ' e x i g e n c e
o p p o i t r nJ e s e d e m a n d e r s d i ,é l e s t é d
m e n t c o n c e v o i(re n t e n d e m e n tc)',e s tj u g e r ( v o l o n t é )L.' i d é el a p l u s v r a i e ,i l f a u t e n c o r e meilleur
q u e j e l ' a f l î r m ec o m m et e l l e ,q u e j e j u g e q u e j e n e s u i ss i n c è r e m e npta s e n m e s u r eo e t a à t o u t l e m o i n sl a s o u t i e n te, t q u ' à t o r t o u à r a i s o nl e s p h i l o s o p h e fsa, u t e d ' u n p e n s é e
t e r m e ,a p p e t a i e nDt i e u , a m p u t é ed e s a d i m e n s i o m n é t a p h y s i q u ne o, t r e
r e f u s e rs, i j e l a p e n s e a , c t e q u i s e r a i ts u p e r f l ue t v a i n s i c e t t ei d é e e t I a p e n s é eq u e j ' e n t u e c o m m eu n s i m p l ef a i t , l e q u e l t' o u t e x t r a o r -
p r e n d sn e f a i s a i t , q u ' u nA. u s s i l a p e n s é ee s t - e l l ec e q u ' e l l ep e n s e (, p l u sa u t r ec h o s e> . d e s e c o n s"i'd" iét -r a
ea-r ud ti rr e
. menq
"ù.itn. âu pi ilËnri ."n t c o m p l e x eq u ' i l p u i s s ea p p a r a î t r en, ' e s tj a m a i sq u ' u n f a i t , e s t d é p o u r v ud e
cette autre chose,c'est la liberté.La nécessitéla plus nécessaire, je dois toulours ra par elle-même,
r e c o n n a î t r ce ',e s t - à - d i rI ea c o n f r o n t epr o u rI ' a f f i r m eor u n o nà l ' i d é eq u ej ' a i d e l a n é c e s s i t é , v a l e u r .o r q u a n dt o u t p o u r l â p e n s é en ' e s t p l u s q u e f a i t , à c o m m e n c e r
à I ' e x i g e n cqeu e j ' a i d e l a v é r i t é E c- ' e s t i e d é b u t d e l a f o l i e .
. n q u o il e c a r t é s i a n i s msei g n i f i eq u ' i l n ' y a d e v é r i t éq u e
p a r c e q u ' i l y a q u e l q u ec h o s ea u d e s s u sd e l a v é r i l é .P l u sh a u t q u e t o u t ev é r j t ée s t c e Ù À 1 o u ro u I ' a u t r e ,1 et r a n q u r l l ep o s i t i v i s m de e v a i tc o n d u r r el à
s a n sq u o i e l l e n e s e r a i tr i e n ,s o n e x i g e n c es,e u l eà p o u v o i ê r t r ea p p e l é ei n f i n i ee t q u e j e
r e ç o i sd e l a p r é s e n c ed a n s m o n e s p r i td e l ' i d é ed e D i e u ,d e l a p e r f e c t i o nc.' e s t e l l e q u i
m ' a s s u r ed e d o u t e re t d e s u s p e n d r teo u t en é c e s s i t à é I ' a c t ea b s o l ud e l i b e r t ép a r l e q u e l
j e m ' i n t e r r o g se u r s a v é r i t é .P I u se n c o r eq u e c e d o n t i l y a v é r i t é e , l l ee s t c e p a rq u o i i l
y a v é r i t ép o u r m o i , e t n o n p a s s i m p l ec o n t r a i n t eA. i n s i , c e s v é r i t é sq u e D i e u a c r é é e s
p a r u n a c r ud e l i b e r l éc, ' e s le n c o r ep a ru n a c l ed c l i b . r l éq u e ,d a n sl a n é c e s s i tqéu ' e l l e s
o n t p r i s e s ,i e l e s f a i s m i e n n e s .
ils ignorent tlgalement si elle est possible, puisclu'ils {ont prt-rfcssion clc torrt
ignorcr. Je négligerai dor.rc de discutcr avec des gcns qui veulent marchcr la
tête en bas. Et pourtant, je veux bien leur accorclerqu'ils ont sur cc point unt'
ccrtituclc; mais je leur dcrnandcrai à mon tour cor.ument, n'ayant jamais
rencontré la vérité, ils savcnt ce qu'est savoir ct ne pas savoir r (De Reru.nt
l'atura, livre I\r, vcrs 469-q75, trad. Ernout).
Il y a donc bien plus redoutable que l'crreur. Quand, pour se servir d'une
La notion de problème confusion étynologique, on erre, on s'écarte clc l:r voie, mais on s'y était
ciejà errgagé.On perd le lii; on le tenait clonc. On rl'a pas trouvé cc qu'oll
chr-rchait, mais on s'était avisé dc le chcrcher. Unc idôe fausse, au moins
c'est unc idée. Il suffira pour la rcndre vraie de l'expliciter. Ainsi Théétète
se trompc sur Ia scicnce, il n'en est pas moins beaucoup plus avancé qu'un
l{irnon. La physique scolastique, à l'abri de sa logique verbale , n'était même pas
lrne Llrreur. On ne pouvait, d'après I'expression cle Bachelard, en sortir que
par effraction. Elle ignorait totalcment ce qu'est une solution scientifique. La
physique d.e Descartes était aussi une crreur, mais elle a fourni à la rationalité
les instruments grâce auxquels on l'a corrigée. Sc trompcr, comme Descartes,
comme Théétète devant Socrate ravi, n'est pas à la portée du premicr venu.
Accroître ce que Spinozaappellela < puissancenative r, la a force inr-récr rle
..
I'entendement,telle est I'ceuvrcà quoi ia philosophiedoit s,appliqucr en prro-
rité pour que no's consentionscnfin à.".t.", librement confiancc
ce pouvoir de pcnscr qui est plus qu'un pouvoir car rien ne "i'"rrË.
l,entrave ni nc Le problème comme aporie
lui imposedes borncs etil .'est donc rimité que par l,id.écabsurd"equ'il
serait
limité. Aussi Malebranchc exprimait-il parfàitement cette vérité àù
toutes Plus grave que de ne pas avoir accédé à la solution, ne pas s'être hissé
se suspendenten assurant, selon une formule déjà citée, que bien penser,
c'est penser comme Dieu pensc (c'!..Recweil art Réponrri i Arnautd,-,r7rz, au problème. Pius grave que l'erreur ce't état, décrit par Platon, d'une âme
qui, ne s'étant pas assurée de sa puissance d'intellection, ne s'est toujours pas
!, n. 1SS,IY, p. ''zg), r connaîtreles chosescommeDie'les connaît>.A cette animée, ne vit pas dc sa vie propre. Lui nranque non pas la révélatior.r mysté-
fin, c'était donc déjà une tâche fonclamcntalcque de clissiperau grand jour
de la compréhensionle spcctre de l'erreur. rieusc de l'int,'lligiblc pour Ic voir il ri'y a qrr'ir tourner le rcgarrl vers hri
Et'iter I'erreur, au moycn des mille précautions d'une pruclenceméthorlo- mais celle dc son intelligencc. C'est pourquoi, comme cettc âme n'est pas
logique encorc rlrir:, r,enu.c au jour, commL- tout clcpuis I'originc cst nuit en elle et
mais toute dc courage au iontrairc et d.e résôlution la vcritabic
méthr-rde-- cela n'offre aucun sens.La vérité n'est pas une mer ionienne autour d'clle, ellc ne sait pas qu'ellc est rlans la nuit. Rien de toutes p:r.rts qui
oir rre lrri semble clair, évident. Conlinée dans la d.oxa, elle a réponse à tout.
il faudrait louyoyer,l'erreur n'est
Pas.n récif dont il faudrait .s,écarter. No' Sans cornmune rnesure la situation aporétiquc sur laqucllc sc- clôturcnt ert
point une penséese fourvoyantla penséequi se trompe, <iu?dans
quelleszon.s apparence, cn réalité s'ouvrent la plupart des dialogues de Platon. A leur
étrangcsoù 7 + 5 seraient-r3? mais une penséequi par précipaiior
s'inter-- terme, mais c'est enfin un clébut, on sait qu'on ne sait pas, on sait l.ourquoi
t:"rpl, ne fait pas l'effort de com,prendrece qu'e[è càmpiertrt.
S'il conve'ait on ignore. I-'intclligence s'est éveillée. L'cssentiel clésc.'rmais a été accompli.
de.voir dans I'erreur quelque obscur péril guettant i,esprit, alors
une élémen- S'est aiguisé Ie désir d'une lumière dont on n'avait jamais eu jusqucJà Ie
taire sagessenous recommanderait d'en restrr:indre ks initiatives
et, e' presscntiment. LIn problème s'est dégagé. On pourra, cluancl on le voutlra,
somme, de ne pas nous mcttre à l'cau at.ant d.,avoirappris à
nagcr. D,or) la lc ressurisir,t:n continuer l'analyse, mais cela rlc presse pas. Il faut laisser à
critique hégéliennedes philosophics trop circonspectei,nésltant*es,
intermi- l'esprit 1c temps dc s'accoutumer à son éc1at nouvciru et c1e prolongcr ce
nablemcnt occ'pées à élaborerles critèrei cle la véiité, conclamnécs i n,écrir.
jamais que la.préface de leur ceuvre. x,Iais Descart.r nroment irrécit--ux oir c'est dans la nuit qut-- se répancl le jour, dans le non-
|u"uii àelà appris à savoir quc pointe le savoir. Ainsi unc aurorL', airrsi un problème. Il scrait
Spinoza : ce n'est que lorsque nous seronsen possessiond'une
vêiité qu.avcc désastreux qu'une impatience étrangèrc à 1a philosophic, une hâte religicrtsc
sérieuxnous pourronsdétermi.cr ra nature d,età t,crité. Et, avant
eux, Lucrèccr de néophytc, bousculant ce qu'eilc nc ticndra"it quc 1)our cles préliminaires,
avait définitivement mis au p'int lc moclèie cle toute réfr,rtation
du vain incompréhensivemcnt avide dc cornprendrc :\ noLrveau, dc comprend"rc comlne
scepticisrnc : r Enfin, quant à ccux qrri pensrntqrretoutc sctencccst imlossible.
clle comprenait au1>aravant,quanci ellc ignorait cn qLroiconsistc unr' compré-
r 22
Lit ttt)!i,)n rle problètnr Lil il1tlit)J1 tlt ['t,tbliilte

hension, tentât, tor.rtepcint' pcrduc, dc récupérer arr plus r.itr: dals d'unc gêne, d'un embarras se nanifcstc I'aporic, ccttc paral)'sic frrpp1vl1
ic say6ir
les pauvrcs trésors de l'opinion : des srlutions. Aussi, olo., .1u,,scs solrdirin quclqu'ur1 qui jusquc-là gambadait à l'aisc dans lcs ornièrcs cL l'opi-
compagnons
s'cmploicnt:\ lc retenir, Socrate s'r'n r.zr-t-il,satisfait. Il s,tst acauitté nion. Il croyait tout savoir mais à présent, sous l'effet de la torpillc socra-
c1csor.r
t rava il. tique, il nc sait plus que pcrlscr clc rien. I-e plus familier, le plus banal bat
On passerait à côti: dLr sens r1c Ia maTeutiquc socraticpe 1t l,art cluc Socrate: clésormais Dour iui tous ies records de I'étonnant. Un et un ne réussiss.'nt
s9 ftat_fede Pratiqucr nc serait.tlrr'une impostirre si i'orr ittcltlait qu;clle
accol- l , l r L *à [ : r i r ' , . d c u x .L c s v o i c i o b s t i n é m c n t à c ô t é I ' r r n ( l c I ' a r r t r c , r c [ u s a n t r l . s c
cirât l'esprit de solutions qu'à son insu ii aurait clepuis i,originc posséd.écs conjoindre. 6tl s'.1fi-'1fut'à répétcr un ct cela ne donnc torijours qu'un. Tcl
par-dcvers lui. QLrclprodige lPar un co.Jr cle baguettc magiqLre"tous est lt- point cl'cxtrêmc pcrplexité oir Socratc t.rorrsdit clansle Phédon (96 e, sqq)
les petits
t'sclavt's tnoncle portrraicnt clclt'nir autant ilc, r'irtuos"cs'clela géo1iétrir. tlLr'rl avait tni lui-rnême par parvenir. Surplis par i'opération la plus simplc
.du
Si, à la r'érité, comme chit'n et louP s,rrcssenrblente'tse distinguerntlc :r"llru()nclc,il sc clcmandait sans pouYoir réPondre à ces questions si c'était
lihilusoph.,
t't lc sophiste, tous detr-r spécialistcsci'Lrnethaumatur.gic, ce|ri-l:i l'unité :i laquelle on venait d'en ajouter unc autre cpi était dcvcnuc dcux ou
csi cffectir.e-
llr('llt un sorcier,c,'lui-ci n'rst (lu''n charlatan. I;iruisair,,s si c'était, par l'acljr.rnctiond.e celle-ci à cclle-ià, les deux unités qui s'étair:r'rt
dt, la 1,édag.gi,,,
les soPliistes bourrcnt l'âmc tl'un saloir qu.'ils lLri clér-erscnt ci-i mêrne temirs transformées en clcux, bit'n qu'il {ût ér'idcnt par aillcurs clue
ciu clehors & qLri
s'écoule aussitôt d'clle comrne d'un tonneau percé. Au Iieu de chacune était clemcuréela même.
nous enst_-igneià.
voir, c'est-à-dire de nous donner l'cnr.ic c1'enhi ouvrirles ycux, ils En fecc d'un prohlème on se ticnclrait donc en facc d'un obstacle impré-
étalelt clcvant
l9s que nous somrn('s des coulc*rs prétenclues chatoyantcs. Bicn r.isible, cléroutar.rt. Le préfixc pro scmble indiriucr quclque chose qui se drcssc
lyeugles
sûr,.I'élève nc lcs voit pas mais, comme il a par'é iort chcr la l"ço,r, cleva.nt, encombrc, barre la voie. trt cependant, Puisque la pensée s'est cnhn
il se perslaclc
qu'il lcs voit, le dit, et cst habilité à être pirfesscur à son éblanléc et que toute pcnsée est lnouvement de pensée, dans l'incapacité
io..ri. o, cc serart
fakirisme plus éhonté encore si Socrate n.ru.spromettait clr-son oir l'on sc trouve subitcment d'aller de I'avant, quand il n'est plus possible de
côté Ia clécorr-
vt'rtr au cleclansd'rrn d/:pôt, d'rur stock cle r'érités aurquellt,s p,-ilrsuivrc ni de s'lrrrêter, il ne restc plus qu'à se mouvoir sans se déplacer,
nols rr,aurions
jzinrais porté attentiotr par ott nc sait quelle bévue,.1ui'tt. c','.;t-i-dirc qrr'iL trrurncr incltlfiniment cn ronc1. Le problèmc, on ne voit par
iuaclvert:r1ct:c11t'
'icnclrait réparcr cettc réniinis."trc., qu" piaton dans 1.. plÉdott, tpcl bout lc prendrc. Il semblc inc-xtricabl,.',inclénouablc. Plus on tente dc Ie
(zs b, iq)
prcncl lc plus grand soin cle distinguer par ar.arrcc c1et6uïe in1éitc1 déplier, plus il sc compliquc. On tire un lil, tout devrait venir, ct lc uæucl
,Pourtant
de style car-tésien.Plus que clcs pensécserr"nous^cn{o.it-sct se resserre. D'oir notre éncn'ement devant Lrn problème commc cn présence
qu,ii.,y auririt
qu'à cxhurner, Socrate vcut susciter chcz I'autre l'idée d'une situation intolérable, intolérable à la manière dont seule une contra-
qu,ii est clans tout ce
qui pense q*elquc chose qui ne va pas dc soi, qui n'cst pas'aturer, diction pcrit I'êtle. Quoi, à y réfléchir, dc plus malignemcnt contradictoirc
q.'il restt'
donc toujours précisémcnt à pcnscr. Ainsi clans ra pensée s'errg",.,c1r" qu'un problème? C'est une difûcu1té. Soit. X{ais une difficu}té n'est pas unc
ia pc.sé".
Que tout nous soit clair, r,oilà maintcnant ce q.i'rous cst obsr:rir.L,impcnsable, impossibilité. Une diffrculté est surmcntable. L'embarras en ce c:rs redoulrle.
c'est q*c nous puissions pellsr' re
Peu quc ,ùu, p.nror-rr. I-'im1>cnsatrc,c'cst Aporic ck:s apories : une diiÏculté, on perrt la résoudre, mais, si on pcut la
lc 1>ensable.I-c nouvealt sens rlott S.r..,it., nous clote rst rtisouclrc, ce n'r,'st Phrs une diffrculté. L'impossibilité d'une possibiiité, voilà
cclui cic la cliflrculté.
L'irrnt ain:;i ébranlér Par Soclatc rlcnrerrrcrapcut-êtrc toujo111,5 rlans l,aPor.it,; l: 1l-oirlèrn,', c,.: tlui fait problème dans le problèmt. Ot pourrait nais rrt\ ttt:
à r'ic Pcut-êtrc clle sr'ta lortrrlt'contme-d'unc f..mrnc,o1 clit peul ptts. Dc mêrlc que l'c'fiort biranir:n nc sc rér.èle que sous la conclition
t1p'ellc-cst lorrrcli,.
Srrcrate,'n'accouchr: prls, en cftet, ie:scsprits à la façon dolt irhénarète accr.,r- ironitlLe cl'unt résistance, cIc mcirne in prtnsér: problématisarlti' t'tt prt nrl
chait lc.s corps. L:r fenlnrc dont s'est àccuPéc,sa mèrc nc conscicnce cle soi c1u'à travers l'unique saisie dc scs entraves. Ott ctttnirrturl
souffre plus : t:llir
coirtcmple, émervcilléc, hors de soi l'être qui I'a'ait tcliencnt quc très vite I'hornmc secouépar Socrate s'emportc et lui reproche lc nattvais
importunéc,
tant qrr'ii résidait en ellc. L'liotnme joLrésous pritrxtc tlt hri p,,rt,'r sccorlrs.Le Xl[énonanah'se lcs
euc Soç1.1. a assisté corllqrcnce uu'.n1ar,,-.,." trrrrr clrr'il lr.riu,L
de subir dcs douleurs insoupç:rnnéËs. c'cst maintenant cau,ccsct les mornents de cette rage.
qu(, son âÀe sc scnt
plcirre et qu'elle cl(:couvre sa destinéc, appeiée yrar platon
tttt trat:ail au sljct Au clébut chr dialoguc, Ménon, jcunc homrne sûr c1clui, admirateur dc la
cle l'ic1éc.
rhritorique sophistiquc, interroge à brûlc-pourpoint Socrate sur la qucstion
Comment l'intcrlocuteur dr: Socr-atcnc résisterait-il pas cl'aborcl de savoir si la vt:rtu est cnseignable. La question, en fait, n'cst qu'unc fcintc.
âLla r.rolclci:
que ce démon lui inflige? cornmcnt ircccpterait-il de geic-t. (lL.crellr flénon détir:nt r1éjà la réponsc. ll sait parfaitcrnent que Ia vertu est suscr-p-
res to.r-
ments cl'un enfantemcnt auqut-l tible d'ôtrr: enst'ign[rc:puisquc son maître Gtrr-gias en cst professcrtr et i1
Pcut-être aucunc isiire n,cst résc,rr,ée?Unc
gr()ssesse à vie, ce n'cst .Irasunc'Perspecti'c dcs comptc Lricn, quancl Socr:rte sc mc-ttra, ainsi qu'il lc devine, à tr,'rgivilsrr
1>l's engageantt,s.cct hornnrc:
sc débattera, il fauclra It: tirtr de forcc hors cle l:r.nr.à.ri"
oir il sommcillait selon son irabitude, l'r chclchcr micii r.r cp.lltorze herrrcs, ic ridicrtliscr r'n lui
si agréablcment. Scmblable à Alcibiacle, au rieu cle rtssc.ntir
lc bonheur c|unr: consr:illarrtcl'allt:r sans plus tarder s'incrirc au cours clc Gorgias. [{a"is Socrate
cll'li'rance,Fil n'éprouvcra quc conlmrtion, cngo*rclissenrc.t.
S.*s la forrnc, c1éjoueimmédiatcment lc piègc. Comme l)cscartes triomphc chr dorttt'par le
r24 Lo noliotz de problàtttt Lu ttotiott de froblèttte r25

<loutc lui-rnême, c'cst prr l'ignt,rancc quc Socrlrtc dornine l'igporapcc. Npp gônéral, cct instrumcl'rt, ct l'univclsel, cc fonclcrttcttt.Socratt. avait déciclémcnt
seulenent, réponci-il .t llénon, j'ignorc si la vertu s'enseignenrais bicn plus, raisoll. llénon, pas Plus quc lcs au-trcs,ne sait l'css('ttcctlc la vcrtu'
j'ignorc môme ce qu'cst la vcrtu ct au dcmeurant je n'ài €rncorerencontré Alors lc bon jcuue homnc dcvicnt fur.icux. I1 lui t'st subitcmcnt al)pirnr
I)t'rsonnc qui m'cn in-stnrisît. Notre rnalin de pacotillc cst ailsi cloublcnrelt qu'il était aux prises avec ull Problènlf, c'cst-r\-clilc qu'il découvre qu(' ce
confondu. L'ignor:rncc clc Socrate a témoigné de sa supér'ioritir siir le sln.oir. qu'il pcnse dc toutcs les vertus, qu'il cst i\ lnêllrt tle désigr-rer,sc dÉ'r'eloppc
clc \Iénon. Socrate s:rit pourquoi il ne sait pas si Ia rertu pcut s'enseigncr-, sorls Ie cr-ruvert d'uue pensée qrr.i s'y dissimulc toute : l'idée clc la vertu. Tolt
é1ant donné quc pour lc c1éterminer il fauclrait préalablemcnt s'entùclrc cc qu'i1 pensc lui est accessible sauf ce par quoi il le pense. C'est le paradoxe
sur la vertu. Inverscnrent nous <'onstaton-scluc la qu.t'stion dc nlénon n'cn qu'en rnagicien Socrate fait surgir devirnt un r('gard n'en croyant Pas scs
était pas unc. Cocpillc crcLlse,clle se trouvait r.iclécclc son propr(.pr.obli:nr,:. ytLrx. Nttn point un anticloxet Ie paradoxt:, le conttairc cl'rtnc ollinion, col11nlc
Du cr.rup,lcs rôles se rctou.rnent. c'cst k: que-stionncur-qui va êtie questionnri on le prôtencl palfois; auquel cas il tonberait lui-rnêine au rang d'opinion,
Iin qu.oi consistc donc Ia naturc clc la vertu? NIénon, qu'il en faudrait ct Socrate nc clit pas, ce que I'opinion scrait pr-ête à aclmettrc, car elle va
bcaucoup plus pour décontenanccr, répond à Socrate, afin cle .étut,li. lne sitr,.a- r.olontiers d'unc extrémité à l'autre, cc quc Protagoras confessepour srt part
tion.compromisc, qu'il ne voit vraiment pas pourquoi on le soumct à u.e quancl ol1 lc prcsse un peu : c1u'il n'cxistc pas clc lcrtus, que ce nc sont qtle
pareiilc intcrrogation. La vertu, cn cffet, tout le monclc la conrr,aît. Sous lts dcs conr.clrtions sociales, d'habilcs procédés pour sc fairc valoir dans ia cité.
aspccts les plus divers, ellc court lcs rues, on tombe sur elle à n'importe quel Non iocirlisable le 'paradoxc Par raPport à l'opinion, décalé, cn marge. r\ussi
caLrcfou.r. L'on croise toutcs sortes dc vertus. Il y a la vcrtu cle l'hommcl, la 1cs t'érit:iblcs problèmes sc préscntent-ils toujor,rrs sotts l'aspcct dc paradtlxes,
vertu dc la {emme, et celle de l'enf:rnt et celle du vieillard, etc.. chacun à Ia et les véritables paracloxes sous I'aspect cle problènrt's. De là chez X{én6tr un
Iimite possèclesa vcrtu ct toutc action est pourvuc également clc.la sicnnt'. clésarroi,se réIugiant tor.rt dt' suite dans la colèrc.
Socratc a beau jeu dc remontrer à Ménon que de la vertu il n'a four'i pour
l'irrstant que des cxemples, dcs échantilloni et que ponr rassembler, comme
il l'a fait, sous lc même nom des vertus si variées, il importe de connaîtrc cette
vertu dont |articipent toutes lcs autrcs et oir lcurs cliflérclccs trolvt-nt lerrr Le problème comme idée
identité. Du moment quc Socrate entend sc contentcr d,unc unique ctéfinition.
alors qu'on avait l'obligeance de lui fairc part d'une copieuse enquête sociolo-
-IIénon, Si X'{énonattcste ainsi, par la I'iolence dc s:r révoltc, qu'il est perdu poLrr la
gique, la première venue' scra la bonne. La vc-rtu, propose alors c cst philosophit', ce n'est pas parce qu'il a ctldé à l'irritation. Socrate sorrhaitait
le pouvoir de commandcr. Socrate récuse sans mul ,rt . sen-rblablc défrnition
cc moll\:ement c1'hurneuroù s'annoncc à soi un nlouvcmcnt de pcnsét-'Torrte
ciol-rtIc lecteur observera au passage combien naturellement elle est sortie clcs
penséenr-'peut-être à sa naissancc,qu.c sursaut, refus, indignation. Qu'alla-is-je
lèr'rcs ci'un élève de cette école pour cliefs qu'est la sophistique. Elle pêchc
clonc penser? Etait-cc ccla penser? On s'a1rerçoitalors qlle p€'nserne va Pas
par trop d'omissions. I-t' pouvoir cle commancler ne saurait pàrr... p.,,,. ,rr-r"
de soi, est un actc manqué, manqtlé comme rétlss,i, réussi corrlme manqrté.
vertu clue s'il s'excrce avec justice. Sculcmcnt voilà! la iustice n,étant ellc._
De la sorte, par in négativit(', la détresse, Ia rôminiscence dans l'âme anrorctr
mônre qtr'ulc vertu ltarrni d'autrcs, l{énon n'a cncorc
Pas mis à jtrr,.rl,esscncc sa cloul()urrnsc opération. Xlais Xltinon a transféré sa cc-'lèresur Socratt:- XIénor"r
dc.lir'ertu, cc qui rend_r'ertueuscn'importe c1ucilcvcitu. Il resscmblc à quel-
en veut ri l'hornme qui pour faire plact: dans sou esprit :\ l'Idée vient cle
qu'un à qui l'on demanderait ce qu'est une figure et qui réponclrait :rieri c1e
dtiranger toutcs scs ,, itlées r. Ii ne pardonlle p.1sii Socrate de Lrriavoir appris
plus facile, en vrici unc, c'cst un cercle. on nc niera put qu" le ccrclc soit unc
qne la penséc n'cst Pas un répertoire qu'il ti'\' aurait qu'aI constllt(-r
figurc, on n'en affirmera l)as po.r cer^ quc toutc figùrc eit 'n cerclc.
mais cir.r'elles'échappc à soi, cst en question eti soi et 's'accomplit rér:ll:-
]Iénon, sernblant faire preuve cI'une touchante bonne volonté, c,est qu,il
ment lorsqu'elle comprcncl qu'cllc nc s'accornplit pas réellement. ll v a
ticnt à part soi Socrate Polrr un maniaque clont ii n'y a pas lieu cle contrarier
une non-coTncidence dc la pcnséc ct de soi, l1nc impossibilité de pcnscr
la lubie, croit enfin discerner ce qu'on lui réclame. Non pas une cléfinition
tpi cst toute la I)ensée, sans laquellc cLle nc s('rait plus rlttc mécanisnle
ParticLrlièrc mais une clélrnition généralc, à l'irrstar clc cclie-ci clLr'il est tolt bien roclé, fonctiiinnernent arttomatiquc r:t s'abolirait colnlllc pornuir', vrtri
frer d'cxhiber- à Socratc : la vcrtu, c'cst Ie désir drs bonncs chôscs joint au
ponvoir (in moi cc à qttoi je manque toujor-rrsbien qLl'il nc Inc Inanquc jarnais.
pouvoir cle se les procllr€.r. Définition ]rélas! cloublement fautivc. pai cxcùs
: La pensée est distance, Précession cle soi à soi' problème. X{ais À{énon
parler clu désir dcs bon.cs choscs, c'est parler pour nc rien clirc : qui, lcs
est un sot. La sottise hait lcs Problèmes. u Ii n'y a l)as de problème I : c'cst
sachant tellcs, convoiterait de mauvaiscs chcscs? par cléfaut, conmc la
son maître mot à elle que nc fr'ôle pas I'aik dc I'incirriétucle.On s'cxplitlrc par
Prticédcntc. c-.arun volcur aussi pcut acquérir dc bonnt's choses. Il est clonc là sa tcrribler Puissance, son entêtenreDt irrésistiblc. L'cntropiquc sottise
nécessaircd'ajouter unc fois dc plus: avcc justice, et ùIénon persite à rcnch. parlera cncorit qllancl tout se sera tu. Dans trnc discttssion lc sot sc reconnaît
coml)te cl'une totalité arr moyen cl'une seule dc si:s partics. Il confonci lc au dcrnit'r mot qrr'il Pronollcc inl'arialrlt'mcn1' ]Iatelassée rle' ses rtiprttlsc's
I2t ) La nolion ie problètte Lo noliort da problème

toutcs faitcs, (r:n un sens, Botvârd ct Pécuchet nc hasardent rien dc fonciè- trentc-six manièrcs d'êtrc circulairc. Urtc iclér' cst univetst'lle si tc.rutcsles
rerncnt farrx, toLrt r'st mômc d:urs leurs propos trop foncièrententvral),lasottise intelligences pcuvcnt s'accordcr sur elle, l'cntcndre idcnticlucnient. Commcnt
fait de son arst:nal de r'érités un systèrne de protection contre lcs morsures c1e en seraient-elles capables, puisqrrc les expériences r1c chacun divergcnt, si
la r'érité. Au contact c1uvrai, l'errcur se volatilise mais la sottise , cctte passion cette idée n'était a priori. I-'idée est ontologiqucment antérieure et supérietrre
raisonneusc,s'tliraissit.On n'en vicnt pas à borit parce qu'on n'cn vicnt jarnais aux réalités qu'elle nous irermet de désigne'r.
au bout. Pour ellt', phrtôt qu'rrri problème, 1a n'rort. A ce naufragc, à cesuicicle N{ais dès lors, entre les idées ct les choses, les relations s'obscurcisscrtt.
de la pensée \e l\,[énon nous fait assister. Il nor,rssc'r'nblait,tant quc nous étions captifs c1el'abstraction, quc lt's idécs
I-or'çquc }fénon cloit avout-r son inaptitude à clé{inir ra vertrr, nrrnpaiit sans plus de façon se tirlicnt des chost's. I-r's choscs contiendraicnt les ic1écs
I'cntreticn, couPant cor-rrt à la rcche'r'cheà laquellc- il était convié, il u rtlPoncl , à l'état implicite, virtuel. Considérons donc a"tcc Alain ccs cincl céièbrcs
à Socratc (surprcnante ambiguïté clu termc : une réponse, c'i:st l'inverse cl'u1c ossciets. Ils sont cinq. Cela paraît constitucr lr:ur propriété. Notrs les voJrons
solution) lrar cettc qrrestion formuléc pour les détnrirc toutes: ce qu'on llc évidemment tcls. Tcls de la naturc ils sc tra.nsporteraient dans l'csprit. S'il
sait pas, comnrt'nt le chercherait-on et si on l'attcint, commcnt scrait-on en va de la sortc, si l'idée résid.edans l'objct, un <le ces ossclcts doit êtrc Ie
sûr qu'on a n-ri:;llr main dessus? A toi qr-ri:rr.aisl'inrPertincnce c1ern'inviter prcmier, un autre le dcuxième ct ainsi dc sLritt-.Lequel intcrrogera Socratc,
ii altprcnclt'e quclquc chosc jc t'aPi.rrenclsà mon tor-rr rlr'il c'st rigotrrcuscmelit te scmblc le-cinquièmr,? Or le cinquièmc tor,rslc sotrt et auctln ne l'est. Autant
impossible cl'apprcnclrc quoi qtt'cr: soit. Tclle est l'éuigme apparcntc rlur' i'extraction dans ia chose de i'idée norrs prraissait tout à l'heure naturellc,
xlénon inflige à Socratc. I-a sottise se signale cncore par la tendrcss.- cloirt, autant maintenant Ic rapport de la réalité à ct' qui fait sa réalité devient
faute cl'êtrc sensible aux protrlèrncs, elie cntoure les énigmes. or, à son insr-r, problérnatique. La même chose, en effet, r'zr se révi:lcr tte plrts être ia mêmc
c'est rur problème, le problème, Socrate le prcndra très au sérieux, tlue xlénon chose, et nous voici plus déconcertés au spcctaclc clt ces hunrbles osstlcts
a produit, dans cc bcrccau de la irensécqu'il prend pour son linccul. ',[héétète
qire devant tous ies mystères d'Eleusis. Ainsi cL t54 c six
Nul nc devrait porrrtant sc sentir accablé par un problèmc. Voir un problèmc ossclets mis zi côté de cluatre les dépasscnt d'rtnt mr-ritié, mais mis près cle
est ciéjà un signc c1ecliscernement. Il n'est pas si facile cl'êtrc d.ansla diffrculté. douzc, ils sont moitié moins.6 égale tantôt 3/2, tantôt r/2. Les idécs mathé-
La solrrtion, il srrlfira d.t: la découurir, le problèmc, il était inclispensablecL-- matiqucs frlit donc éclate.r lcs contradictions chr scnsiblc; leur application
l'inaenter. Les Probièmcs nc sc çrromènent pas dans le mondc dt la sottiscr à I'exp(rriencc nous ntontrr' que nous n,' r'ivierns cluc claus tln songe confus
avait raison :\ sa manière lorsqu'c'lle clamait qu'ii n'y a pas de problème. Les en prenant lc scnsible poLrl i'uniquc réalitt1. DoLénavant l'cxpérience nc ser:t
problèmes ne relèvent pas de ia facticité d'un il y a. Ricn ne fait probième plus pour nous une inépuisable mine dc solutions, l'idée l'a problématiséc
que pour qui fait le problème. Très superficiellement nous avions décrit les dc fond en comble. Nous rêr'ions donc quancl l'txpériencc dans lacSrclle nots
problèrnescomrne dcs obstaclcs,à cluoi I'on se heurterait, sur quoi parqrrelque nous mouvions était l)our nous saturée cle réaiité. Si Ie rêr'e a pour propre
faux pas l'on serait vcnu butcr. Au fond, plus que les problèmcs, 1cssolLrtior,s d'être r'écr.r comme r,inc' réalité, quand, réciproclLtcnrelt, comrte i'opinioli
Provoqucnt nn effet cle bl,'61g1-.Étrr prj'e111ierscle ses irrstjncts, à la faço1 dans la cavelnc, on se croit dort.s7a réalité, r)i] rt1\'.. ]{ais lLrk:cteur clc Platon
de I'anirn:r-I,c't'st n'ôtrc équipé qLrc cle sohLtions.Les probrèmes, au c,rntrairc, ar,rrait tort cl'cn infér-er que ies idécs niathénraticlucs srLLstitticnt ritrt-'rtlaliti'
dynamisent l'intclligencc, ils la rnobiliscnt cornme chcz Platon les idées arrimcnt à une a-utrc:.EIIes ne sont lras plus la réalitti qr.rr:r'ie l'était lc sensiblc. A lir
l'ârnc. Lr: nronrcnt clu pr-oblème cst, rn ull scns strictcment platonicicrr, sans supposcr, nous n'aurions fait, llous en prér'ient Platon, cyte chitngcr de rêr'c
conccssion :\ une irrationncllc insPiration, Ic moment de l'iclée. Si x,Iénon n':r- et la mathématique ne donnerait pas à l'âme, conformémcnt :i str cltrstinatior.r,
pas lir rnoinclrc: icléc, non st'ulcrnunt clc 1a déhnition dc la vertl mais c1el:r" urr puissant élan vers lcs régions supérieures (République livrc \rII, 525 d).
démarclic conchrisant à c11c,c'est qu'il n':r" pas la moindre idée cle cr qu'est La dialectique établira pour sa part les pr.incipcs auxclucls la ntathématique
f idée. Son cmPirisrnc au clcgré z.iro I'amènc i) crc-rircqu'il sufûrait elle-même doit son instauration. Elle problématisera les rnathénraticpes
TX)ur ..n
obtenir une dt' rérrnir quc'lqircs élénrcnts conllnuns prélevés srir comme les mathématicpres problématisaicnt ic scnsiblc. De même qr.re la
lilrrsieurs
choses particulières. A f icléc n'apparticndrait ainsi <lu'un êtrc résicluel, sor-rs- dialectique nous plact: datrs la pcrspectivc cl'où lcs mathtlrn:rtiqucs prennetrt
tractif, diminutif. Il échappc à I'ftinon quc les véritablcs idécs ne se rédlise1t enfin sens pour l'esprit, ct'sscut d'être un sirnple jcu, de même lrrs mathémati-
pas à ces abstr-actions utilitair-cs, cg'cllcs nc sont pas lcs rcjctons rlé{icitaires ques nous assurcnt de comprendrc dc quoi lc sensible reçoit l'eltrc qui lc rcnd
de.nos négligenccs (abstraire n'a <1rr'uncsignification: fairr: abstraction c1e), pcnsable. Une réalité nc comrnence donc à revôtir forme que por.rr qui s'cst
qu'autre est la généralité oir l'o1>inionpragmatiquc se targLre dc < s,élcvcr ,, interrogé sur son statut, l'a dominée, Ia re5Jardedc liaut. Le sens des pro-
autre l'uni'c:rscl. L'idée génénrlc cf. Alain, Dlénwnts de phitosophie blèmcs nc fait clu'un avcc lc sens du rd:cl. Problématiser, c'cst constrr.rirc.
s'ér'aluesclon sotr extension, cn fonction du nornbrt' clcsoLrjetsqu'elle rc,sroupr..
La vraie iclée, l'idée univcrst'llt' nc, sc yrlie Pas à c1eti:ls critèrcs. Le cercle cst
une iclée rrnivcr:;c11c, toutefois il n'v a qu'un ccrcle ct il ne clisposc pas c1c:
r28 [,a noliort de Problètne La notion de pr,tblètne

Le problème comme méthode idéal dc se clispenser d'ellc-mêmc; cllc nous cnscigne:\ nous exercer pour
repércr toujours plus facilemrnt, ir l'occasion de chaclue occurrence singuiièrc,
par initiativc du jugement et non par rnécanisme de raisonnement, cc qui
\roilà qui interdit de tenir lcs problèmt's philosophiques Pour une sorte
fait problèrnc dans le problème.
de rnatière \/aporcrrsc livrée à la délectation des esprits distingués. C'rst
La méthocic cst cle nature nrathénratique, torrt en étant élaborée au btrt
se risquer à une fort imprudentc apologit- que d'alléguer à l'exemple de scs
de s'annexer dcs tcrritoires où les mathérnatiques ne pénètrent pas, parce que
mauvais amis que la philosophie vaudrait beaucoup pius par les questions
cette science a montré à l'esprit qu':\ partir uniquement de ce qu'il sait il
qu'clle âgitc que par les réponscs qu'ellc apporte. Si un problème est gros,
pcut ct il cloit déduire ce qu'il ignore. Pour si peu qu'on sache, en principe,
au scns oir est grosse l'àmc aporétique, cc n'est pas cle-r'ent, dc nrtées, c'est
on cst en puissance de savoir tout. Le tout est de le disposer. Inconnu, ce
dc sa solution. Quand on a enfin perçu lc problèn-re,on perçoit sa solution.
qui n'est pas crlcorc à sa place. L'analyse mathématique du quatrièmc livre
Tel est lc ressort de la méthodc cartésiennc, l'intuition oir se conjuguent strs
da.la Répu,blique, oi le problème de la détermination de la justice s'assimilait
règles. Soit le dcuxième préceptc : < diviser chacune dcs diffrcultés quc j'exami
à Ia découverte d'une quatrième proportionnellc, se confiait déjà à cette
nerai en autant de parcelles qu'il se pourrait et qu'il serait requis pour lcs
méthorie. u En vérité, pouvait s'écrier Socrate, nous faisons preuve d'unc.
mieux résoudre r. Il signilic qtte devant toute dilf,culté ii convient d'cntrc-
stupide négligence... Il y a beau temps... qu'elle se vautre à nos piedsl Et
prendre d'abord de clémêler ce qu'on y sait déjà de ce qu'on n'y sait pls
nous ne nous en sommes pas aperçus! Nous étions, en revanche, d'un ridicule
encore. Un problème se composc, cn effet, forcément d'éléments inconnus
achevé, pareils aux gens gui, tenant une chose dans la main, cherchent par-
et d'éléments connus. Un problème oir ce tri serait impossible ne serait qu'unc
fois ce qu'ils tienncnt ! Au lieu de tourner clans cette direction notre regard,
énigme. Dans l'énigme tout est énigmatiquc mais tout n'est pas probléma-
nous portions quelque part au loin notre inquisition ; ce pourquoi probable-
tique dans un problème. Une difficulté nous demande donc, sans que nous
ment aussi l'objet de notre recherche se dérobait-il dès lors à nous , (432 d, e,
cédions au moindre découragement, dc faire la revuc, le dénornbrement dc
trad. Robin). On débattait donc dc 1a place de Ia justice dans la cité ration-
nos ressources. Lorsque nous serons parvenus, ce qui est aisé, à recenser tortt
nelle. Cessons cl'en cliscutcr. Construisons. Posons les trois < classes D corres-
cL' que nous y connaissionsdéjà, nous aurons du même coup cnfin distingrré
pondant arrx trois fonctions d'unc âme. AdjoigronsJeur les vertus respectives,
tout ce que nous n'v connaissions pas. Le mélange, c'était notre perdition.
la sagesse pour les gard.iens-philosophes, le courage pour les guerriers, la
En conséquence, avant délimité la diffrculté, nous l'avons dissipée. Nous
tempérance por.rr lcs artisans, les commerçants. Il semble que nous n'ayons
n'étions en difficulté que tant que nous ignorions oir était la difficulté. Le
toujours pas rencontré la justice, et pourtant elle est là, sous nos yeux. Au
problème ne nous rncttait en difficulté que parce que nous n'arrivions pas
moment mêmc oir il paraît insoluble, le problème s'élucide. Si la justice semble
à mcttre au juste la dilliculté dans le problème. Et l'y loger, c'cst cn tnêtnl:
n'êtrc nullc part dlr.rs Ia cité r'raie, c'est qu'elle est partout. Eile n'est revcn-
temps i'en déloger. Quand nous cléfinissions le problèrne commc unc difôculté,
clicablc par aucrlne des parties parce qu'elle est la propriété du tout.
nous procédions comnc tr{énon, nous oubliions que toute difficulté ne rnérite
pas le nom cle problôme (c1..Regulae, règlc r3). Problème, la diffrculté dont La question dc Dcscartes fut la suivantc : pourquoi un problème est-il
tlous c.)rrprenons ell <1uoi eile constituc' rrnc difhculté. Prcndrc sa nestlrc d'abord difhcilc? Ccla ne devrait pas êtrc. D'un problème, conrrnc il se r.oit
revicnt donc à la surmonter. Pourquoi nos idées sont obscurt's ct confuscs, cn gi:omritric, lt(rlts irvolts en main toutcs lcs clonnées. Oui, mais il faut encore
nous Ie conccvons désormais par iclécs claircs et distinctes. lcs rassembler, c'cst-à-dire les mettre cn ordre. La ligurc nc lc fera pas à
I-a rnéthode sera f art de convL:rtir des dillicultés en problèmes. En insistant notrc placc. ToLrt r:st donné sauf l'ordre. L'ordre est e\ invcnter-. Il n'est rien
snr l'embarr-as où nous plongcraient les problèmes, nous nous attachions d'autre que lc problèrne sc continuant jusqu'au bor-rt ct ainsi .sa résolvant
à la vaine dcscription d'une pcnséc probklrnatiquc au lieu d'effectuer, conlnre en lui-n'rême ct l)xr lui-mêrnc. L'ordre est autonornic, libt'rté, victoire.. On
Descartes, l'analyse c1'une pcnséc problématisante. La méthode prrndr r ér'acuerait de sa pcrtée la méthode cartésienne si on croyait qu'elJ.es'emploie
e-remple sur la dérnarchc cle I'algébriste qui, partant du principe qu'il cloit èt une sorte d'accélération, de raccourcissement des problèmes. Les solutions
exister une identité tellc- que pour llnt: ccrtaine valeur d.e l'inconnr.re,l'x sela en ce cas se profilcraient derrièrc ies problèmes. Ceux-ci ne feraient que mas-
déterminé irar le calcul des données collnlles, construit unc équation qu'il qucr cciles-là. Iti'soudrc nc -sereitqur. déchirer un voile. Tout à coup la solution
suffit de poser pour qu'clle soit résolue. Ensuite, il ne rcstera qu'à faire caclréc sauterait :ru\ ycux. Coucou ! mc vojci. Les Gestalt-théoriciens n'hési-
une opération, qui cst autonaticluc, nc dépcncl pas de la méthode propremcnt tt:ront pas à iclentilicr la solution cl'un problèmc géornétrique à la découvcrte
ciite. On en pourrait départir le soin à unc machine. La méthode nc vise nul- du lapin dissimulé par le fcuillage dans les dessins ambigus. Alors se déclanche-
lcment i\ munir i'inteiligcnce cit: rcccttcs, à mcttrr au pçi111cl,s formulcs rait un in-sighl comnrLrclit pi:clantcsqrrenrentunc thèsc prétencluc-r scienti-
générales recouvrant par avanc() tous les ca"spossibles. Ellc ne thésaririse pas Iiqrrc r <l'rrirmisscllt lc magique. Bref, il nc s'agit pas de trouuer la solution.
un stock dc sohrtions comme si, enjambant 1c problème afin de s'installcr Atn de trorrvcr la solution, {orcc serait cle la chcrchcr, donc cl'crrer, de tâton-
1rlLrsrapiclcrncnt clans la solution, l:r pensi'e deva.it zn'oir Pour contraclictoirc ncr pitcrrscment. I-c'tcrme t1e r-r.chcrchecst banni par Descartes. On le chcr-
r-lo La n, 1i"tt de frpltlittte Lù itt,lian Jt ittte
ftr'l'

clrcra en vain dans l'énoncé des quatre règlcs de la méthoclt. Dirns lc Discours L'on pcut parler c1c faux problèrncs alors qu'il serait absurde de parler rlc
comrne dans les Regulaellne se glisse que porrr être dénoncé, mêmc si Dcscartt's problèmcs flittx. Dc la mêmc tnatrièrt:ccrtaines solutions sans être des solutions
sacrifie à l'usage en conservant l'expression de < rechcrche clc la vérité ,. farrssesn'cn sor"rt pas moins dc farrsscs scrlutions. Ellcs dispensent, Bachelarrl
A chaque {ois, en tout cas, quc Descartes rejettc une pratiqur'mrntaie confus., les a rccensécs dans l'histoirc dcs scitnces, unc intelligibilité trop promptc,
le mot cle recherche est mentionné. Cf. rèele 6 : r Il {aut nott-r cnfrn troi- au rabais. 11cst toujours très dangcreux pour une soh,rtioncle réussir trop biet-r,
sièmcment qu'on ne doit pas commencer nnà étud.epar la rechcr-checleschoses d'en faire trop, donc pas assez, de rater son but cn l'outrepassant. Ainsi dc
difllciles >. Ci. Discours, dcuxièmc partie : r Et je nc fus pas beaucoup cn beaucoup cle justifications en apologétiquc dc Ia douleur ou du mal. A lc-s
1;cinc de chr:rcher par iesqucllcs (ri lc5 choses qui l)euvent tombcr sorrs la suilre, on s'étonnc que la doulcur puisse {airc souf{rir, on ne distingue plus
cortnaissanccdcs honrmcs r) il tltait bcsoin de commcncL-rr. pui chcrcirc s'en
oii perrt être le mal dans le mal. Piètrc solution, expéditive, cavalièrc, brutalc,
rcmet à la providence d'une rencontrc ou à la grâce d'une illumination. Invcntcr celle qui potr résoudre Ie problème s'empresse cle le dissoudre.
est l'invr:rse cle chercher.
Quaud on croit comprendre trop bien, on ne corrprcnd plus. On ne comprend
Sur ces fonclemer-rtstient bon l'assulancc cartésiennc,cn laquelle sc rcjoignent
plus 1-rourquoion n'avait pas compris. La solution à présent recouvrc le pro-
ct sc {ortificnt nutuellcmcnt lcs cleux sens du mot résoiution. De 1'éclaircisse-
blèrne, et ltous sommes perplcxcs et passablernent déçus, tel un malade venant
rncnt de la notion c1eproblèmc il se dégage que la raison ne saurait subir
de récupérer sa santé et pour qui le mal ancicn, si longtemps lancinant, s'irréalisc
ni en soi ni cn clehors de soi de résistance quelconque, puisque rien n'cst pro-
déjà. n'cst plus ,crôdible r. Cornmc au rév.il s'cnfrrit un mauvais rêvc, noui
blème ou crise pour ellc qui ne soit problème ou crisc par ellc. Descartes
nous dcmandons prr quclle aberration nous avions pu nous mettre tellcment
n'estirnera certes pas quc tout est philosophable. llystérieux Pour nous tout
martel en tête. D'or) cc désappointemcnt surprenant éprour'é parfois au
ce qui touche, dans ses fins cornme dans ses moyens, à la crtl.ation dir.ine.
surgissement dc I'évidence. I)ans un cert;rin genre cl'évidence, pâle et morne,
llais l'incompréhensible n'est pas l'inintelligible. Ainsi Dicu; I'cssencc cle
la vérité sernble privée de son lustre. Elle se rapetisse, s'étrique, se banalise.
son inlinité nous échappe, et l'idéc de Dieu tient toute dans ce clépassement.
Un élève par e.xeurplc n'est pas l)ilrvcllu à trouver par lui-même la solution
Pourtant, que nous ne puissions cmbrasscr l'infinité divine, son idéc même
de son problème de rnathématiquc. Il emprunte Ia copie d'un camarade,
nous en instruit le plus clairernent et distinctement. Il scrait inintelligibte
I' lit la démonstration et se dit : c'est çà, ce n'était que çà. La déconvenue
qu'il y ait dc l'inintelligible. Il est compréhensible qu'il y ait de l'ir.rcornprÉ-
devant cle telles évidences s'explique bien sùr par le fait que ce n'est pas le
hensible. Finalement il est heureux qu'aucune véritti ne s'éprouve immé-
même qui a cherché et qui a trouvé. Mais nous ressemblons tous à cet élève
diatement dans une irréfragable certitude, ce qui serait le cas si les vérités
frivole lorsque nous ne découvrons plus dans nos solutions le travail sinon
étaient consubstantielles à Dicu, si solr infinité était présente dans chacunc.
que nous n'at'ous iras fait, du moins que nous ne nous souvenons plus d'ar.oir
Chcz Descartes Ia thèse de la librc création par Dieu d.s r'érités éternrlles
fait. Dans l:r"certitlrde à quoi l'on a abouti nc reste plus rien du plus précieux
autorise le librc doute de l'hommc. Descartes remercie son Dicu d'avoir.
de l'élan qui a clirigé r'ers elic. Entre le problèrne et sa solution un trou s'est
créé son esprit tel ciuc lc doute qu'il peut porter sur toute solrrtion le rrnd
crcrtsé. L'un ne sc rapporte plus à l'autrc. Ce .sont deux pièces clisjointes.
maître de ses problèmes et, partant, de son savoir.
La solution n'est plus pour nous selon I'expression hégélienne qu'un r réstrltat
lixc r. < I-a rnanièrc d()gmatique dc pcnsc'r clans lc savoir et dans l'étuc1e dc
la philosophie n'cst pas autrc chose que l'opinion sclon laquelle le vrai consiste
Le problème comme question en une proposition qui est un résriltat Iixe ou cncore qui est suc immédilrtc-
tnertt r (Prélace ti la Ph.énoménologiede l'Esprit, troisièrne partie, trad. Flyppo-
S'il importait dans un prcmier moment de considérer que les problèn.res lite). Hegcl en concluait à Ia défcctuosité dc la connaissance mathématique
n'existent pas hors de leur solution, faux problème un problèmc insoluble, oir la médiation du savoir nécessaire à l'établisscmcnt de la 1-rropositiorrvr:rie
lc poser, c'est Ie résoudre, il cst tout autant nécessaire dc prendre acte que est étrangère à l'esscncedc la vérité, n'cst qu'un moyen temporel de rejoindre
les solutions n'cxistent pas non plus hors dc leurs problèmes. Nous nc nous son éternité, disparaît en elle comme, la maison bâtie, on supprime les écira-
serions affranchis du mauvais réalisme dcs problèmes : plantés d'avancc dans faudages rnaintcnant encombrants, à la clifférence du savoir réellement philo-
une espèce de ciel intelligible, de répcrtoire éternel que pour nous attraper sophique, trop longtemps dogmatique encorc à cause dc son modèlc mathé-
au réalisme pirc encore dcs solutions. I-a solution ne supplante pas le pro- matique, tlui s'intègre ses moments, rien d'autre que lc développement inten'rc
blème;le problème n'est p;rs l'ctrvers, le négatif de la solution, Ic purgatoire du vrai, et doit, à rnoins de se résumer cn formules mortes, opaqucs, garder
où nous devrions stationner avant que s'ouvrent les portes du paraclis de la intactc leur mérnoire. Avec lc pr-oblème,ia mauvaise solutiorr.forme antithèse,
solution. Si la solution était, comme on dit, dans lc problènre, ct oir scrait-clle la r'éritablc,la résolution,fait synthi'st..
sinon ? le problème detneurc à son tour dans la solution. C'est du lrroblème, Antre est I'errt'u.r,elle se rappttrtc aux solutions, autre est I'eruance'. c'est
t l t ' t t l r " o b l ô m r - e t t t o n P a s d ' a u t r - r ' c h o s r ' < 1 r Irae s o l u t i o n d t , i t ê t r e i a s o l u t i o n . l'oubli des problèmcs. l)e solutions t-n solutionc jl rr,'rrf rrrirrcr nrre 1'q1 [g11-1r
l.e trùlitn d c . ft ' t , b l à n t c r33

rappclt'r tcrmcs dans Za I'tnsée et Le Mounarl (p. rz7(t, écl. ciu Cc.ntenairc) : r l)c cr:
cn cours de route le problème. Husscrl a cirargé Ia phéI.roménologiedc
proltlématiciuc qu'elles nc doivcnt pas pcrtlr-t--c11'\'tli', qrr'r'llc atrra fait pour (k's) problèmcs ellt--bénéficicLaalors à son tour. Chacuir
aux scicnces I',origine
nc I'c,ulenidégradcr leur ritionalité r-n simplc tcchnicité. c't:st quc lcs d'cux, intellectnc:I, lui corlmunicluulrr quclqtrt' chose.dir 5e11intcllr-.ctualité.
si ellt:s
faculté rle sc débarrasser clc Ainsi intcllectualisée, clle pourra êtrc b12qués à nouvcau sur lcs problèmcs
scic[ces ont Ia très puissante mais redoutable
problèmc n'cst pour clles qu'un ernpêchcment tcchniqut- qui I'aulont scr-vie après s'être scrvis cl'ellt'; cllc dissipcra, citcol't nric1x,
leurs problèmcs. un
par I'i'sta*ratiô' c1e nou'clles règles. I)c ce -point clc i'obscuritti qr-ri les cntorttait, et i:lle cn d':r'icndra ellc'-mêmc phrs clairc,.
qu,ellcl5 su'nontcnt
ir.,,,, 1l.,, r-'athématiques sont *n j.u dont il faut sa*s cessc cotnplcxiser la Car il y a clertx espèccs de clarté. < Il faut donc distingut'r cntrcr lcs itlétrs qui
afin âc le poursuivic" Ainsi, au long c1cson hi-'toire , .l'arithmé- garclent pour cl1es lcur lumière, la faisant cl'aiilcurs pi:nétrcr tout dr. suitc
ri'gk'mcntation
cl'abord clans lcurs moindres rccoins, et ccllcs dont k' rayonnerncnt cst extrlricrrr.,
tirirc s'est rlonné les *o1:.,ns' d.c faire d.es opé'rations que I'on avait
jugi,"s irnpraticablcs, creant les ttornbrt's négatifs, {ractionnaircs, infiBi- illuminant toutc unc r-égion cle la pr'nsôc. Crllts-ci peuvent conlnr'llc('r- l)iir
imaginaires, transh'is. Parf.is on n'a mê're pas bcsoin r1c fair. êtrc intérieurcmt nt obscurcs; mais la lurniùr'c qu'cllcs projettcnt autour
iéIirrro,r*,
à d ' , l l l s l c u l r r v i c n t l ) a l r ( i f l c x i o n , l c : f i 1 1 1 : 1 1, 1
- ç, ' I ' l r r s e n 1 r l r 1 sl ) r o f o n d i l n n l t t;
I,opération. Airrès avoir introcluit dcs nombres imaginaires nécr:ssaircs
types rI'équatio1, il suffira qrt'cn cours de c1ér'clop- et elies ont alors le doublc pouvoir cl'éclaircr le rcste et cle s'éclairtr cllc's-
l,éiablissemcnt c1ccertains
rrômcs r. (Ibitl, p1>.tz76-t277).
pcncnt ils forrrrcr-rt équiYalànce porlf qu'on puisse en bloc lcs élimincr' Plus
généralement, toutc siierrce naît d'une décision techniclue qui ptend toujc'urs Dans Être et At,oir, Gabriel nlarcel proirosait qr-reI'on séparàt rad.icalement
ia formc d.'une suppression délibérée. La physiquc s'est constituéc scicnti- lc mystère, problème d'ordrc philosophique dLr problèrnc proprement clit,
{iqucnrent ,ru.rfédiur'rt la pltu.sis; ct que restc-t-il c1c I'homme rlans ies d'ordrc toujours scicntifiquc. Tandis quc le mathématicicn n'est pas cn situation
"n rlonnécs
,.i",-,."* dc l'hon.uire? La philosophic ne saurait ainsi joucr avec les par rapport à ses problèmes, il lcs surPlc,rnbc,Prr'nd du champ vis-à.-visd'eux
Bergson ..i d.,r"nu bergsonien quand il s'est ai:)e.rçu que le dans la distance prol)rc à I'objectivité, jt fais partie, si je tente de philosophcr,
clc l,existence.
s)-stèmc spencéricnàu dcyenir excluait en fait 1'action d1 tcn.rps rée1. I-e philo- du mystèrc quc je clésirc élucidcr, ou plutôt il fait partic c1emoi. I-e philr-
slph" a eu toujotrs pour rôlc, à chaque époque, de prott'stcrcontrc.lcsescamo- sophc nt'saurait donc traitcr cie Ia iibclté commc Lr géomètrt'traite rrn trlanglc,
iug., ru*qu.ii tut-ti cle solutions cloivcnt une eff,cacité qui, si clle s:rtis{ait car Ia libcrté n'cst i)as un concept, quclclut'chosc d'abstrait, une cssencr-,
l'action, appelle I'inquiétude dc l'esprit' clle est ma liberté, elle cst n.roi,dc moi cIlc n'cst pas détachirble.De mômc cette
La philàiophie ne peut souscrire au triomphalis,Inc de la solution. Scs unior-rdc l'âme et du corps que jr suis nc per,rt sc transformer cn un objct
problèmes ne sont pas tributaires d'une commande de la pratique, serait-elle déployé du dehors devant un rcgard analytique. Nous ne ferons pas nôtrc
le vocablc de m1'stère. Il implique une sour.nissionthéologique de la pensie
celie de la science. Ils n'en appcllcnt 1>asà un traitement technique. Jamais
un quclconqtc n1'ellssana in iorpore sano n'e règlera lc problèm.e cle l'union à l'être que la philosophie abdiquerait en acccptant. Nous lui pr-ôfèrerons
le terme dc question. En philosophie les problèrnes sont clcs qucstions. Pour
de l,âme et àu corps. D'nne solufion philosophique on est cn ciroit d'attendrc
qu'elle soit à la iràuteur <1cson problèmc or.r plutôt qu'ellc s'efforcc inlassa- dcux raisons. Ce sont tout d'aborcl des questions pour l'homme parce qu'en
Ëie,n,:nt c1'y accécler. Là cst 1'esscnticl cle la prise clc cotrscict]ce philosophiqrre elles il cst <luestionde lui. Etrc qut'stion .1,.l'honrnc ne veut 1;asdire conccrn('r
clont nnl tèxte mieux quc Ie Phédoz peu à peu r-L'afÊnel'crigcnct'' Not] scrtll- I'hommr:, avoir trait à l'hommc. A cc comptc, les scienccsde I'homme seraicnt
mcnt Socratc y sauvc ôoûstammcnt sa méditation sur i'immoltalité r1c l'âme éminemment philosophiques. Or, par postulation épistémologique, ces divcr--
clcs solutions ui, sc croyait en nlcsurc clc se {ixcl ct cle s'annulcr, mais ses disciplines entcnclent ne prcndre l'hommc qt1L.pour cc qu'il esl, un anthro-
"11" pos, un complexc- psyclio-sornatiquc, un nceud dc lois sociologiqut:s, écono-
le cJ.ialoguerebonclit, occupc enfin son lieu philosophic|rc, lorsc1uc,congécliant
les proàédés argumentatifs clont l'immortalité n'était que ic but extérieur miques, etc. dont on parlerir commc d'un cela, commc d'un il. Lcs scrtnccs
et Ià plausible éonclusion, il se manifcstc, dans une intériorisation réflexir'c dc la nature, comme il a déjà été mentionné, se sont inaugurées par l'effacc-
de ]a solution :\ son problèrne, qLre la théorie des idées, c'est-à-dirc la philo- ment méthodiquc c1elcur objct. PIus rit-n ne pcrsiste rle la phusis, de ccttc
sophie comme prc-,bléinatisation est l't--njcu réci de la qirt'stion. Réàctivcr rttt puissance dc dér'eloirpement cn quoi toutcs choses vir.ent, demcurent et sc
pràblè*", le préciser plus nettement, à cette condition rtnc' sohttion cst philo- solidariscnt, dans ia physique cartésienne. II n'en va pas autrcnrent dcs
iophique. pai là prcncl scns la piiradoxale histoire de laphilosophie, si pauvrc, sciences de I'hommc : l'homme y essaic de sc dissocier cle l'humain. Aussi
aii-on, en réslltats cffectifs. l)e solutions er-rsolutions, c'est vt't's les problèmt-s n'cst-il pas étonnant que la psychologit'objcctiviste par exernple, la psycho-
qu'c'lle sc hisse, vers le foyer lrcuié d'oir a iui pour la prc'mièrc fois dc l'intel- lo51icdu comportement et du réflexc corrclitionné sc soit irrstaurée c.n fonction
ligibilité. Ainsi lcs philosophics trc sc dé'assent q.c 'oul miettr comprcnclrc cl'un projet dc manipulation ou dc re{onte totale dc l'humain, aux États-Unis
qiel problème assurait déjà à la lrremière philosophic cle dire lc rninirnum avcc Watson :\ dcs fins technocratiques confiez-moi, clisait Watson, ur-r
qu'"lle a clit et de s'instituer, malgré lc clénuement c1c:sotr disccrttts,cn philo- noul'eau-né et j'cn fcrai cc que vous vouclrcz: rLn ingénir:ur, un avocat
irp6i,,prcr-1it\rr'. -\insi brille la plus prrrc lrrrnière, qrii'Ilt'rgsorl tl1'r:rit ttl c,'s cn U. R. S. S. avec Pir"r'lot',clans le but rlr: la crtiation r1'rrtrhommc noll\.ciut,
t
r 3.{ [,a ttoli,nt dr I'robli:ttt La notion dt problène
r.t)

dépouillé dcs tarcs cle I'ancien. Dans l'exprcssion les scicnccs cle l'honltr-re dresser l'inventaire. ce qrr'on y sait n'y avi'c que l,cnvie <1,e'
savoir cl.van_
lc mot hommc a l)erdu ic scns qu'il a pour l'homme. tage' D'autres époques, ra nôtre sans clo'tc, sànt avides non pas
de sa''ir
tnais du savoir. Elles se hâtent à un travail cle synthèse, cl,unilicaiiol,
Car, quoi que soit I'hommc, il ne s'ajuste pas tout à fait à sorl être. Ce qu'il serait_cr
au prix des plus massives réductions. cela exprique res multipres
clit de lui affôcte cc qu'ii cst. Qu'il le tlise, ccla change tout. Énoncer que dans prétcnti.r.rs
hégémoniques qui se donnent libre cours cla's lcs scicnces àc
les questions philosophiqucs il c.st qLrestion de l'homme signifie que c'est l,irnr.,.,m.. l"
zèle cle beaucoup de philosophes à générariscr reurs anaryses
l'hornmc qui s'y met en question, s')' pense comme question, y apprend quc ct à extrapoler.
leurs résultats provisoires. Le sarroir est un état, ia connalissance
ce sont moins lcs questions qui procèi1ent clc i'honrrne que l'homme qr.ri prtr- est un mou_
vemcnt, une inquiétude, une tâche au scns kantien du
cèdc clc ses questions. Elles lt' suscit"nt, icr 1i'11111'11,lc rnainticnncnt cornme termc. cronnaître,
c'est chercher à connaître. D'aucun savoir la volonté dc
hommc. La philosoptrie, estimait Platon, n'est pas lc fait de I'homme : elle con.aissancc *c
saurait se satisfaire.
nc sc'r'ait plus qu'occupation parmi cf autres, activité libéralc, pass':-tctnps
L'on allég'c.a : :'Lq.oi scrt cle con.aîtrc, si ce n'cst
dira. Calliclès;c'est i'hornme qui est lt fait cle la philosophie. D'oir la seconcltr Pour-savoir? I_a lrlrilo_
sophic, si elle s'effarouche dcvant lc savoir, le. recule iniéhnirncnt (
caractéristiquc des qucstions yrhiiosophiques : nous n'cn aurons jam:iis ter- est aussl
pressé_cl'arri'er qu'urysse ), ne nous associe-t-ellc pas
miné avcc ellcs. Comment la qticstion r.Lela liberté rccevrait-ellc-une répotlsc à une imposture?
Ass*réme't lc savoir est l'oricnt du connaîtrc. Mais Iiant
définitive s'ii est vrai clue la liberté est suspcndue tout entière à cc doute sur nous a fait comprcn_
dre qu'on ne s'oriente pas dans ra pensée comme sur un océan. point
soi par lequcl cllc s,-:clérircinec1ctoute naturalité? Et s'il cst cxact a.ttssiqu,' de repèrcs
extérierrrs, cle port .s'r lcquel il faudrait mettre cap. I-a
la rnort est ce non-sens sans qtroi l'existencc ne rcr'êtirait pas dc scns, f inintel- philosophic n,anrarrcr
pas ie connaître à un savoir. Elle intègre au contraire Ie sa'oir
ligible sans quoi nous nc serions pas sommés de nous rendre intelligibles à .i, -or,.,.*".,a
méme du connaîtrc puisque ra résolution d'une question
nous-mêmes, qui osera dire que la mcrt est un problème liquidabie ? Tout n,a de sens pour
elle q.e si ellc introcluit.à rrne autre, plus engrobante à la fois
essai de solution dogmatique au problème de la mort n'a le choix qrt'cntrtr et prus rigour.Ëure.
Arissi,aucunc philosophie.ne s'est-elrc représcnté re savoir dont
l'emphase, la boursouflure religieuses : la mort, c'est la vie, ct les platitudcs Ëlle est en quêtc
sorrs la formc d'un quelco'q.c termiius. A maintes rePrises
scientistes : ricn que cle rnécatriquc, d'extérieur, d'incrtc dans lc vivant : ia certes plato'
compare la philosophie à un 'oyage, rnais, exacter.cnt arl
vie, c'est la mort. Supposerait-on errhn que soit possible une réponse à la scns où l,histoirc
de la philosophie sclon Hegel est ein'est pas lrne histoire,
question de l'ôtre, du style : l'être, r'oici ce que c'est? Heidcgger nous l'il cette traversée non
plu's_n'en .st pas une. S'il s'agis.saitcl'uri'oyage au sens
montré, la pensée nc déscublie l'être, ne s'expose enfin à lui qu'à la conclition courant du terme,
la philosophie n'aurait pour ambition, c'est-ce-lleq'e lui
de cesser de l'identifier aux étants dont la présence massive ne le manifeste enjoint souvent la
pensée contenrporaine, que de s'aborir eile-même, on philosopherait
qu'en I'obnubilant. Autrc que toute chose sans pour cela être autrc chose, pour nc
plus avoir à philosopher, comme on vo)'age pour arriver enlin
l'être toujours aussi proche que retiré n'advient à nous que clans la question q*eique part.
Aristote lc souligne a\rec son acrmirabrà ri-pti.ite
oir nous nous interrogcons sur lui. Du moment que l'êtrc est précisément habit.elc 1ùa]o.pt yirqur,
O ro48 b, io sq) : tant q.'o' voyage, on rr-,est
ce qui fait qu'il y a une qucstion de l'être, nous ne pouvou.snous tourner à iui Pas arrivé, ct q,and on ert
arrivé, on nc vo!'agc plus. Le terme d'.r. ,,o1'.g" ne fait donc
que dans i'ouvcrture de cette question. Hors d'elle, confisqué dans les filets pas partie cl,
Le voyage trour,-c hors dc soi sa
cl'un savoir objcctif, il serait moins que poisson sur lc sable. "9):us-.. Proprc récornpcnse, .o-nr. Ics acti-
vité.s de moindre pcrfection, clont la- vtrr.iténe'résidc pas.,,
éil.-.,rà-"s ct rlui
La connaissance philosophique nc roule donc pas ses problèrnes pour mieux nc peu'ent a-*pirer i\ la^Perfcctiot del'e,ergeia, actc àont
la fin ne fait qu,irn
lcs i:roder, les aplanir, Ies désagrégcr. De moins en moins de problèmes, dc avec son seul exercicr-. Ainsi nous comprcnons pour comprenclrc
et quancl nous
plr.rsen plus de solutions, ce destin niveleur n'est pas celui de la philosophic. avons compris nous comprcnons encore. plui clécc'ant que
la philosophie:
il n'y aurait rien, à l'image de ces mou'ements s'interrâmpant
Quelques néophytes de Ia scientificité rôvent d'un savoir intégral, sans {is- ciès qu,ils
surt's nettoyé de ces problèmes que l'idéologie aurait intercalés entrc l'homme ont atteint le.r terme,. si.elle n'était qu'une exPéclition .,,".,
l" r,rai qrre l,<;r-r
et Ie récl comme rln écran de fumée. N'allons pas nous laisser fasciner par ie serait en cc cas en <lroit dc mencr d.e ia manière ra pl.s
expéditive. Il serait
mirage de ce savoir aussi lisse, r'ond, fermé sur soi que la sphère parménidicnne. facilc d'illustrer cc thème par référence à platon. on sait
q.,,.'1roo. tui la vérité
La vraie connaissanc,: en serait absente. De ia connaissance lc savoir per.tt, loge tout c.tière dans le chemin conduisant à clrc. Le
,,,."^i .,i"rf pas ta cibre,
en ef{et, n'être que lc tombeau. Entre Ia connaissance et le savoir il existe c'est la flt)che. c'est à la visée d'êtrc la vision. Aussi
le philosophe doit-il
un étrange mais 1>rofond antagonisme. Nous avons là un excmplc de ces constamrnent partir et repartir, ir'primer à sa u recherche
l, un nôuvel élan,
conflits, de ccs tensions internes dont la vic de l'esprit tire son rythme. Cer- ne pas se pourvoir lorsqu'il s'engage dans un nouveau
problème dt,s solutions
taincs époques, ainsi la Renaissance, sont cles époqries de connaissance, plus t1u'il aura déjà pu glaner c' inspectant d'autrcs difllculiés
théoriques. chaquc
justcment de connaissances.Elles amassent, de façon exubérante ct quclquc dialoguc sera une arrcnture. Choisissons l,excn-LPlebt,aucouP
moins proPice clc
peu clésorclonnéc,un butin dont on n'a pas cncore ni le temps ni le goût de prime aborrl rlu s1'51i6. hégélien.
F
La notion tle fr'tL'lètttc La nuliott de ptoblèntc
l.l{) r37

On ne veut pas toujours entendre avcc assezdc pertincnce cn quoi Ie savoir en dépasseune autre sur lir route : en la perd.antde vue. ces monrcnts ne peu\,(,nt
absolu narquc chcz Hegc-lun achè\'cl11cnt.A travcrs l'achèvcmcnt on ne voit être dépassés que s'ils sont conservés. Irs s'afûrment d:rns cc q'i les nit_,.L;nc
pas toujours l'avènernent. On s'imagine que ce savoir sonne le glas de la phii<l- négation, sPirituelle, n'a rien à r.oir avec un anrlantissenrent,mattlricl. L,:rntra.nti
sophie, comme si Hegel avait eu l'outrccuidance de croire quc nul ne penserait a disparu, il s'est volatisé. Le nié, comme nié, est toujours lzi, indcstlrcti5lc
plus après lui. Incontestablcment d'après Hegel I'absolu s'est avec Hegcl et en dans son être de détruit. D'être dépassé est ainsi le seul moyen pour lc passé
Hcgel cn{in engcndré. Désormais, le savoir nc se coupe plus de l'être, la rtchose r, de ne pas être complètement passé. c'cst ainsi clue de son éterner passé Ic
corrmc dit Hegel, \e Dût'g qui avait toujours hanté la phiiosophie, toutcs savoir absolu fait son éternel avcnir. Toute l'étcrnité n" r.." pas clc trop pour
voulaient penser, dire quelque rr cllose r, cst cnhn là, cn personne, daris l'élé- que l'csprit s'approprie la signification cle son crer.enir.L'Hisioire de ia plilo-
ment de l'r'sprit. L'actc par lequcl nous la connaissons nc dif{ère plus rlans 1a sophic sera beaucouP plus richc encore que son histoire. La Geschichti infr-
sciencc spéculativc de l'acte par lerpel eilc sc sait ellc-mêmc et s'accomplit, nitise 1'Historie.
en s'identifiant dans l'unité du sens tor.rtcs scs différencqs. Absolu est Ie savoir Il avait sufÊ rI'un -scul parcours, L-n gros clcs trois millénaires clu tr:nrps
car savoir est I'absolu. Sorts un ct'rtain aspcct l'histoire dt- la philosophitr concret, pour q.'advînt le savoir absolu, mais pour que le savoir absirr
a donc pris {in. EIIe a r:u pour épiloguc la réconciliation clt' l'histoire ct rle l:L éiranouissc szrréflexivité vivante, ii fauclra sans Iin passer-et rerpasser,non
l)as
philosophie. L'histoire et la philosophic se sont rejointes. Nc se dérobe à leur une fois, nrais toutes les fois, par les problèmes dè platon, dè Descartcs orr
synthèse quc f insigni{iant, l'ineffectif, ce qui ne comptait pas ct dont le savoir de Kant pour toujours tnieux saisir lcs solutions oir ils persistent. étant les
n'a pas à être comptable. Tant qur: l'histoire n'avait pas contluis un contt'nu éternellement approfondissables conclitions de lcur sens. bn n,entie.ait qu,à
universel, eile ne pouvait contentcr l'esprit, elle t.relui était pas consulrstan- moitié dans l'intelligence cle la philosophie hégélicnne si l'on tenait sirnple-
ticile. Dès qtr'une philosophie embrassait lc sens de son époque, il titait de ment, qu'alors que Ies autres doctrines avaient sans succèscherché l,éternitrl
ce fait trop étroit, trop Iimité pour la philosophie, pour l'aspiration çrhilo- so-it hors drr tcmps, soit clans des enclaves du temps, le présent épicurien, etc.,
sophiquc. Cette philosophie était donc philosophiqucment fausse au motnent el1eseulc a compris que l'étcrnité était re deveniidcvenu du tcÀps, le temps
même oir elle devenait historiquemcnt vraie. Le faux qualiliait Ic vrai, Ies ramassé snr soi, formant système. Il n'y a pas chez Hegei le iemps, pziis
bornes du vrai, les bornes qr'étail ic vtai. Le faux, chez Hcgel, s'inscrit tt-,Lr- l'éte'rnité. c'est moins lc temps qui frnit dans l'étcrnité que l,étcrnité qui
jours dans un porte-à-faux. Le décalage entrc l'histoire ct la philosophic, commencc dans le temps, s'y lève comme le soleil sur la mer, le problème
leur inégalité constituait l'uniquc ressort dc leur double ntouvemcnt. La philo- hégélien cst le même quc le problèmc spinozistc : celui de Ia (( dur6c propre
sophie, en totalisant la signification d'unc époque, la rendait périmée, Ia à l'esprit r. Avec l'éternité se dynamise re temps du savoir. Dans l'immédiateté
faisait basculer dans l'ineffectif, c'est-à-dire dans le passé. Ellc relançait première, la fi.n était inconsciemment dans le début, commencer pour de bon,
donc l'histoire. Ce décalage supprimé à l'époque dc Hegel par l'apparition c'est d'avancc se rapportcr à la fin, clans l'immédiateté philo-sophique, l(r
d'un contenu historique adéquat à I'infinité de la raison (Napoléon, I'état délrut cst dons rt hn, lt' r1ébut est z) la fin. c'est quancl tout cst fini que tout
prussicn), l'histoire se sait définitivcrnent dans la philosophie et commc philo- pcut commerlccr, quc lc savoir en se disant ct en sc redisant (+ cn sc Épét:Lnt
sophic, la philosophie se sait comrrle histoire. ElIe recouvre, rccollectionne stérilcmer-rt) intensihcra toujours davantagc sa r,érité, clans le mouvcmcnt
tout, est donc l'absolu. Opiniâtremcnt les philosophes avaient chcrché l'absoiu, or) i1 ircut sc c1éploycr-sanscntravcs de rui-rnêmc en lu,i-nûnrc,
Puisqur: les
or l'absoiu, mais ii nc pouvait sc manifester colrlme tcl qu'à la 1in, c'étirit stations qu'il avait ciû historiquemcnt franchir les une-saprès \es iltrci cials
lii philosophie elle-même, l'assomption de l'êtrc dans la penséc ct de la pensér: l'ignorance ii charluc fois de leur c.reur clu rn.nrcnt, il ies ré'nit à préscnt
dans l'ôtrc. A présent la philosopliie et l'absoltL siègent éternellement sur le philosophiqucment lcs .u:nesaxt,x autres dans la conscience cle leur vérité dc
r.nêrne trône. Voilà Ie résultat. Mais ce résuitat doit être interprété sclon moments. Si Hegel nous invite, après lui, à relire à tra'ers sa philosophic
l'acception hégéliennc clu termt-'. I1 signif,c l'idcntité dialerctiquement cornptisc to.tes les philosophies pour lire cnh'la philosophic en elles, cc n'est-pas
clu début ct dc la {in. chr tout parce qu'il sera
_nécessaireà ia po-std'rité,^
Ic temps nc passant plus,
Se découvre que la lln était déjà clans le conmencement. Lc peu dc pensire r1c passer L' temps. Hegcl ne nous convic pas à unc récapitulation fastidieuse
et superfluc mais à. l'efrort d'unc
de i'originc était déjà soutenu par toute Ia pcnsée. C'cst l'immédiateté pre- Prisc de conscicnce. prcndre conscir,ncc,
rnière. Tout cst clonné, mais on I'ignore. L'immédiateté ultime, à l'issur: des c'est ne. c.esserdc prendre consciencc. Lire Hcgel, c'est poursuivre,
Parfairc
nrédiations grâcc auxrpclles le savoir a accouchi: clc soi, se réalisc par la 1>r-isc l'inventivité clui a forgé dans son ceu're scs pouvoirs inÀnis. contrairement
<lc conscit'nce, clans ia transparence absolue, de la totalité présurnée au début, à I'opinion, nulle philosophie plus que cellc ck: Hegel n'était ou'crte, nc sor-
assumée z\ la 1in. I-e savoir enchâssc irrévocablement eti sc-riles différents haitait, n'appelait clcs continuatcurs.
moments oir il s'i:tait construit. I-a dialectiquc n'était donc pas un parcours
s'cffaçant au fur et à rncsure sous les pas. Lâ philosophic cltt sartoir absolu
nc clôpasscpas non pius lcs philosopllis'; précéclentescolrme une iuttornobile
r38 La notion dc Problèttrc
r [,a n.olion de froblètne I j!)

Bibliographie Texte

Les faux problèmes


conrme pour tous les chapitrcs cle l'ouvrage, la bibliograpliie n'est ricn d'autre que
l'ensemble des ceuvres r'éritablement philosophiques- L'étudiant doit abordcr chacune
non point comn1e une suite de thèses dogmatiqucment alignées, sous forme_de-concepts,
r <C e t e f f o r t( l a r é i n s e r t i o dn a n sl ' é l a nv i t a l )e x o r c i s e rcae r t a i n sf a n t ô m e sd e p r o b l è m e s
.i.g de bataillc, qu'il lui suffirait de passer en revue, mais comme un défiIé âu sets q u i o b s è d e n lte m é t a p h y s i c i e cn',e s t - à - d i r ceh a c u nd e n o u s .J e v e u xp a r l e rd e c e s p r o -
".,
géograitrique, la lentè, patiente et décisive percée d'un problème jusqu'au bout de lui- b l è m e sa n g o i s s a n test i n s o l u b l e q s u i n e p o r t e n tp a s s u r c e q u i e s t ,q u i p o r t e n p t l u t ô ts u r
même. c e q u i n ' e s tp a s .T e l e s t l e p r o b l è m ed e I ' o r i g i n ed e I ' ê t r e < : C o m m e nst e p e u t - i ql u e q u e l -
comme cxemple <l',étudess'attachant à mcttre en évidence la clémarche problémati- q u e c h o s ee x i s t e- m a t i è r ee, s p r i to u D i e u? t l a f a l l uu n ec a u s e e, t u n ec a u s ed e l a c a u s e ,
sante d,une réflôxion philosophique, on consultera: P. AuerNgue, Le problème de l'être e t a i n s id e s u i t ei n d é f i n i m e nDt .N o u sr e m o n t o n sd o n cd e c a u s ee n c a u s e ;e t s i n o u sn o u s
chez Aristole. Essai sur ta problénatique aùstotélicienne, P. u. F. : n Résoudre l'aporie au a r r è t o n sq u e l q u ep a r t ,c e n ' e s tp a s q u e n o t r ei n t e l l i g e n cnee c h e r c h ep l u s r i e n a u - d e l à ,
sens de < lui donner une solution >, c'est la détruire; mais résoudre l'aporie, âu sens de c ' e s tq u e n o t r ei m a g i n a t i ofni n i t p a rT e r m e lre s y e u x ,c o m m es u r l ' a b î m ep, o u r é c h a p p e r
r travailler à sa solution r, c'est I'accômplir... I-cs apories de Ia mélaphysique d'Aristotc a u v e r t i g eT . e l e s t e n c o r el e p r o b l è m ed e I ' o r d r ee n g é n é r a l: < P o u r q u o iu n e r é a l i t é
n'(ont) pas cle solution en ce sells qu'elles ne (sont) pas résolues quelquc part dans un
o r d o n n é eo, ù n o t r ep e n s é es e r e t r o u v ec o m m ed a n su n m i r o i r ?P o u r q u olie m o n d en ' e s t -
,ri*'"irà"r e s s e n c e s ;m a i s c ' e s t p a r c e q r t ' e i l e s n ' o n t p a s d e s o l u t i o n q u ' i l f a u t t o u j o u r s
chercher à lcs résoudre et que cette recherche de la solution est la solution elle-même...
i l p a s i n c o h é r e n t>? J e d i s q u e c e s p r o b l è m e ss e r a p p o r t e nàt c e q u i n ' e s t p a s , b i e n
Ne jamais cesser de rechercher ce qu'est l'être, c'est avoir déjà répondu à la question :
p l u t ô tq u ' à c e q u i e s t . J a m a i s ,e n e f r e t ,o n n e s ' é t o n n e r a idt e c e q u e q u e l q u ec h o s e
q u ' e s t - c eq u e 1 ' ê t r c ? r ( P . 5 o 8 ) . e x i s t e , - m a t i è r ee, s p r i t ,O i e u ,- s i I ' o n n ' a d m e t t a ipt a s i m p l i c i t e m e nqtu ' i l p o u r r a i tn e
v. Goroscnlrror, Les dialogues de Platon, stfuchue et méthode dialectique, P. tJ. F. r i e ne x i s t e rN . o u sn o u sf i g u r o n s o, u m i e u xn o u sc r o y o n sn o u sf i g u r e r q , u e l ' ê t r ee s t v e n u
L'idéc <te problème, dans sa singularité pirilosophique, est aDalysée avec précision par
c o m b l e ru n v i d e e t q u e l e n é a n tp r é e x i s t a il to g i q u e m e nàt l ' ê t r e: l a r é a l i t ép r i m o r d i a l e
- q u ' o n a p p e l l em a t i è r ee, s p r i to u D i e u- v i e n d r a iat l o r ss ' y s u r a j o u t e re, t c ' e s ti n c o m -
G. DErnuzel Dilférence et Répétilion, chapitre III, n L'image de la pensée r, P IJ' F' On
trouvera clarrscct ouvrage d'tttiles références. p r é h e n s i b l eD.e m ê m e o , n n e s e d e m a n d e r api ta s p o u r q u oIi' o r d r ee x i s t es i I ' o nn e c r o y a i t
concevoiu r n d é s o r d r eq u i s e s e r a i tp l i é à I ' o r d r ee t q u i p a r c o n s é q u e nlte p r é c è d e r a i t ,
a u m o i n si d é a l e m e nLt .' o r d r ea u r a i td o n c b e s o i nd ' ê t r ee x p l i q u ét ,a n d i sq u e l e d é s o r d r e ,
étantde droit, ne réclameraitpas d'explication.
. . .S e c o u é e( l ' i n t e l l i g e n c ed)e s o n s o m m e i l ,e l l e a n a l y s e r al e s i d é e sd e d é s o r d r ed, e
Ouestions n é a n te t l e u r s c o n g é n è r e sE. l l e r e c o n n a î t r-a n e f û t - c eq u e p o u r u n i n s t a n t ,I ' i l l u s i o n
d û t - e l l er e p a r a î t r ae u s s i t ô tc h a s s é e - q u ' o n n e p e u t s u p p r i m e ru n a r r a n g e m e nsta n s
q u ' u na u t r ea r r a n g e m e nst' y s u b s t i t u ee, n l e v e dr e l a m a t i è r es a n sq u ' u n ea u t r em a t i è r el a
r e m p l a c e<. D é s o r d r el e t < n é a n t) ) d é s i g n e n d t o n c r é e l l e m e nut n e p r é s e n c e - la pré-
- E n q u e l s e r ' ] sa t , o n p u d i r e d e I a p h i l o s o p h iqeu ' e l l ee s t I a s c i e n c ed e s p r o b l è m e s s e n c ed ' u n ec h o s eo u d ' u n o r d r eq u i n e n o u si n t é r e s s e p a s ,q u i d é s a p p o i n tneo t r ee f f o r t
o u n o t r ea t t e n t i o nc; ' e s t n o t r ed é c e p t i o nq u i s ' e x p r i m eq u a n d n o u s a p p e l o n sa b s e n c e
résolus?
E x i s t e - t - di l e s p r o b l è m e sp r o p r e m e n p
t hilosophiques? c e t t ep r é s e n c eD. è s l o r s , p a r l e rd e I ' a b s e n c ed e t o u t o r d r ee t d e t o u t e sc h o s e s c, ' e s t - à -
- E x i s t e - t -di le s s o l u t i o n sp r o p r e m e npt h i l o s o p h i q u e s ? d i r e d u d é s o r d r ea b s o l ue t d e I ' a b s o l un é a n t ,e s t p r o n o n c e d r e s m o t s v i d e sd e s e n s ,
. - P r o b l è n r ren, t e ' r o g a t i oqnu, c s l i o n f l a t u sv o c i s p, u i s q u ' u n es u p p r e s s i o e n s t s i m p l e m e nut n e s u b s t i t u t i o en n v i s a g é p ea ru n e
- Y a-fjl de fauxProblèmes? s e u l ed e s e s d e u xf a c e s ,e t q u e I ' a b o l i t i o nd e t o u t o r d r eo u d e t o u t e sc h o s e ss e r a i tu n e
- Y a-t-id l e s p r o b l è m eisn s o l u b l e s ? s u b s t i t u t i oàn { a c eu n i q u e- i d é eq u i a j u s t ea u t a n td ' e x i s t e n cqeu ec e l l ed ' u n c a r r ér o n d .
L a n o t i o nd e p r o b l é m a t i q u e Q u a n dl e p h i l o s o p h ep a r l ed e c h a o s e t d e n é a n t ,i l n e f a i t d o n c q u e t r a n s p o r t edr a n s
- Q u es i g n i f i el e m o t d e M a r x: ( L ' h u m a n i t sée p r o p o s eu n i q u e m e nl te s t â c h e sq u ' e l l e
I ' o r d r ed e l a s p é c u l a t i o-n é l e v é e à s I ' a b s o l ue t v i d é e sp a rl à d e t o u ts e n s ,d et o u t c o n t e n u
e s t c a p a b l ed e r é s o u d r e> ? C f . l e c o m m e n t a i rdee G , D e l e u z e e f f e c t i f-, d e u x i d é e sf a i t e sp o u r l a p r a t i q u ee t q u i s e r a p p o r t a i e natl o r sà u n e e s p è c e
d é t e r m i n édee m a t i è r eo u d ' o r d r e m , a i sn o n p a sà t o u t o r d r e ,n o n p a sà t o u t em a t i è r eD. è s
< La phrasecélèbrede la contributionà la critiquede l'éccnomiepolitique... ne signifie l o r s ,q u e d e v i e n n e nl et s d e u xp r o b l è m e sd e I ' o r i g i n ed e I ' o r d r ed, e l ' o r i g i n ed e l ' ê t r e ?l l s
p a s q u e l e s p r o b l è m e s o i e n ts e u l e m e ndt e s a p p a r e n c e snri q u ' i l s s o i e n td é i à r é s o l u s , s ' é v a n o u i s s e nptu, i s q u ' i l sn e s e p o s e n tq u e s i I ' o n s e r e p r é s e n tle' ê t r ee t I ' o r d r ec o m m e
m a i sa u c o n t r a i r eq u e l e s c o n d i t i o n sé c o n o m i q u e d s u p r o b l è m ed é t e r m i n e not u e n g e n - ( s u r v e n a n t ) re t p a r c o n s é q u e nlte n é a n te t l e d é s o r d r ec o m m ep o s s i b l e so u t o u t a u
d r e n t l a m a n i è r ed o n t i l t r o u v es e s s o l u t i o n sd a n s l e c a d r ed e s r e l a t i o n sr é e l l e sd ' u n e m o i n sc o m m ec o n c e v a b l e so;r c e n e s o n t l à q u e d e s m o t s ,d e s m i r a g e sd ' i d é e s .
s o c i é t és, a n st o u t e f o i sq u e I ' o b s e r v a t e upru i s s ee n t i r e rl e m o i n d r eo p t i m i s m ep, u i s q u e Q u ' e l l es e p é n è t r ed e c e t t ec o n v i c t i o nq, u ' e l l es e d é l i v r ed e c e t t eo b s e s s i o n: a u s s i t ô t
c e s n s o l u t i o n sD p e u v e n a r e l a g u e r r eo u d e ( l a
t v o i rl a b ê t i s ee t l a c r u a u t é I, ' h o r r e u d l a p e n s é eh u m a i n er e s p i r e E . l l en e s ' e m b a r r a s spel u s d e s q u e s t i o n sq u i r e t a r d a i e nsta
s o l u t i o nd u p r o b l è m ej u i f > . P l u s p r é c i s é m e n tl ,a s o l u t i o ne s t t o u j o u r sc e l l e q u ' u n e marcheen avant.D
.fonctiod n e l a m a n i è r ed o n t e l l ea s u p o s e r ,d a n s s e s r e l a -
s o c i é t ém é r i t e e, n g e n d r ee, n
t i o n s r é e l l e sl,e s p r o b l è m e q s u i s e p o s e n te n e l l ee t à e l l ed a n sl e s r a p p o r t sd i f f é r e n t i e l s Bergson,La Penséeet le Mouvant,Introduction(deuxièmepartie).
q u ' e l l ei n c a r n e> ( o p .c i t . ,P . 2 4 1 ) . < D e l a p o s i t i o nd e s p r o b l è n r e>s, é d . d u C e n t e n a i r eP,. U . F . ,p p . 1 3 0 3 - 1 3 0 6 .
^4" [,e n,)li'))t le pr,tbLi.ttte
r L(I nulton tie pr,,itiii;tt r+ r

C e l e x t en o u sm o n l r eà q u e lc r i t è r en o u sp o u v o n rse c o n n a î t rl e af a u s s e t é d'un problème, r e d i s t r i b u edr ,e l e s d i s p e r s edr a n sl a d é t e n t ed e l a m a t é r i a l i toéu d e l e s c o n c e n t r edr a n s


s a v o i rq u ' i l e s t i n s o l u b l e n d r o i te t v a i n c r ea i n s il e p r e s t i g ed e t e l e t t e l ( g r a n d> p r o - l a t e n s i o nd e l ' i n t u i t i o n .
b l è m e : n o u s n e l e s r e n c o n t r e r i ojnasm a i ss i n o u sv e i l l i o nàs p e r c e v o icre q u i e s t t e l
q u ' i le s t ,d a n ss a p l é n i t u d es ,a p o s i t i v i t Lé c. sé n i g m e < s p h i l o s o p h i q u)e ss o n td u e sà l a
s u p - p o s i t i oqnu e l ' ê t r ev i e n d r a i p t r e n d r el a p l a c ed u n é a n t ,q u e t o u t o r d r e m e t t r a i tf l n
à u n d é s o r d r ep r é a l a b l eq, u e l e r é e l n e p o u r r a ist e p r é s e n t eqr u ' a p r è sl e p o s s i b l eO r l e Thème d'étuoe
n o n - ê t r el ,e d é s o r d r el,e p o s s i b l en ' e x i s t e nqt u e d a n s n o t r ei m a g i n a t i o nl l. n o u s s e m b l e
ê t r e t é m o i n sd ' u n d é s o r d r eq u a n d n o u st r o u v o n su n o r d r e d i f f é r e n d l e c e l u iq u e n o u s
a t t e n d i o n sn; o u sc r o y o n sq u c l e n é a n te s t a n t é r i e uàr l ' ê t r ep a r c eq u e s u b r e p t i c e m e n t
L e p r o b l è m ec o m m e s o l u t i o n d a n s l a d i a l e c t i q u eh é g é l i e n n e
n o u sa v o n sd é j à p o s ée n i d é e c J el ' ê t r eq u e n o u sé l i m i n o n sp o u rf e i n d r el e n é a n t .C ' e s t
q u a n du n f a i ta e u l i e uq u e n o u sc o n j e c t u r o n q su ' i lé t a i rp o s s i b l eM. a i si l n e s u f f i lp a s d e
d é c r i r el e s m é c a n i s m e sd e l ' i l l u s i o n ;e n c o r e f a u t - i lr e p é r e rS a s o u r c e .E l l e n o u s e s t c h e z H e g e il a d i a l e c t i q u ea t o u j o u r sp o u r u n i q u er e s s o r tl ' i n é g a l i t éM . a i s ,r a n r q u e
n a t u r e l l el l.e s tv r a iq u e n o t r ei n t e l l i g e n c(e: t e c h n i q u ed e f a b r i c a t i o np) r o c è d et o u J o u r s I ' e s p r int ' a v a i pt a sa c c é d éa u n i v e a ud u s a v o i ra b s o l uI,' i n é g a l i tdéé s i g n a il ta d i f i é r e n c de u
p a r s u b s t i t u t i o no,r g a n i s a t i o n e t q u ' e l l e c o n ç o i t a v a n t d ' e x é c u t e rN . o u s a v o n sd o n c savoie r t d e s o no b j e t ,d e l a c e r t i t u d ee t d e l a v é r i t é D . a n sl e s a v o i ra b s o l ul a s u b s r a n cees r
t e n d a n c eà i m a g i n e rq u e c e q u i e s t s ' e f f e c t u es u r I e m o d è l ed e c e q u e n o r : sf a i s o n s . d e v e n u es u j e t < . L e sm o m e n t sn e t o m b e n tp l u sI ' u ne n d e h o r sd e I ' a u t r ed a n sI ' o o o o s i t i o n
C f . : < d e u xi d é e sf a i t e sp o u r l a p r a t i q u e) . d e l ' ê t r ee t d u s a v o i rm , a i si l s r e s t e ndt a n sl a s i m p l i c i t éd u s a v o i rs, o n tl e v r a id a n sl a f o r m e
C e t i ec r i t i q u ed e s f a u x p r o b l è m e (sà c o m p a r e ar v e cl a c r i t i q u es p l n o z j s t ec,f. E t h i q u e , du vrai, et leur diversitéest seulementune diversitédu contenu> (phénoménologie de
l i v r e l , a p p e n d i c ed, e l ' a r t i f l c i a l i s maen t h r o p o m o r p h i q unee) s i g n i f l ep a s d u t o u t q u e I ' E s p r i t I, ' p . 3 3 ,t r a d .H y p p o l i t eA, u b i e r ) .L a c o n s c i e n cae a i n s ic e s s éd ' ê t r em a l h e u i e u s e ,
l ' i d é a ls e r a i td a n s < l a c o n d i t i o nq u a s ia n i m a l ed ' u n ê t r e q u i n e s e p o s ea u c u n eq u e s - e l i e n ' e s t p l u ss é p a r é ed u m o u v e m e ndt u c o n c e p td o n t l e p r i n c i p er é s i d et o u t e n t j e rà
t i o n > . . .< Q u a n dn o u s r e c o m m a n d o nusn é t a t d ' â m eo ù l e s p r o b l è m e s ' é v a n o u i s s e n t , i'rntérieurde soi. Pourtant,la sciencede la logique,expositionde la premièreforme de
n o u sn e i e f a i s o n sb, i e ne n t e n d uq, u ep o u rl e sp r o b l è m eqsu i n o u sd o n n e nlte v e r t i g ep a r c e m a n i f e s t a t i oàns o i ( d e p e n s é ed e s o i )d e I ' a b s o l un, e c o n s i s t ep a se n u n e p u r ee t s i m p l e
' 1 3 0 6n,o t e ) l. l n ' y a d e { a u x p r o b l è m e s
q u ' r l sn o u sm e t t e n et n p r é s e n c d e u v i d e( o p .c i t . ,p , implication d e c o n c e p t se n u n s y s t è m eé t e r n i t a i r a e u q u e l ,d a n su n ea p p r o x i m a t i onno n
q u e p a r c eq u ' i l y e n a d e v r a i s .L a p r é c i s i o n
est leurmarqueE . l l ec o n s i s t eà d é l i m i t e r , h é g é l i e n n en,o t r ep e n s é ed e v r a i ts ' é g a l e ra u m o y e nd ' u n p a r c o u r st e m p o r edl o n t l a d i s -
( r e s s e r r e>r l a d i f f l c u l t éà, l ' a m e n eàr < s e p o s e re n t e r m e sm o i n sg é n é r a u)x, à ( p r e n d r e c u r s i v i t ér e s t c r a iet n d e h o r sd e s o n t e r m e .
U n ef o r m ec o n C r è t>e, < é p O u S el er sc O n t o u rds e q u e l q u e fsa i t ss u r l e S q u e lls' o b s e r v a t i O n L a l o g i q u ee s t i d e n i i t éd u p e n s a net t d u p e n s é m , a i sc e t t ei d e n t i t éd e m e u r ed i a l e c t i q u e ,
d i r e c t e( a i t )p r i s e> . < A i n s il e p r o b l è m e t r a d i t i o n n edle < l a r e l a t i o nd e I ' e s p r i at u c o r p s> c ' e s t - à - d i rqeu ' e i i er e q u i e r tp o u r l a s u r m o n t e rm , aisdésormaià s l ' i n t é r i e u dr u s a v o i r ,
se resserrd a e v a n tn o u sa u p o i n td e n ' ê t r ep l u sq u e c e l u id e I a l o c a l i s a t i ocné r é b r a l ed e l a d j f f é r e n c ei ,' i n é g a l i t é
m o t r i c ed u p e n s ée t d u p e n s a n ts. i l e p e n s a n tn e s e c o m p o s e
l a m é m o i r ee t . . .c e t t ed e r n i è r eq u e s t l o nb, e a u c o u pt r o p v a s t ee l l e - m ê m ee,n v i n t p e u à p l u s ,à m o i n sd e r e t o m b eer n d e ç àd u s a v o i ra b s o l uq, u e d u p e n s é l,e p e n s ée n r e v a n c h e
p e uà n e p l u sc o n c e r n eqr u e l a m é m o i r ed e sm o t s ,p l u ss p é c i a l e m e n e tn c o r el e s m a l a d i e s a b e s o i np o u rs e d é v e l o p p edre l ' é l é m e ndt u p e n s a n ls. o i t ,c a r l e sm e i l l e u res x e m p l esso n t
d e c e t t em é m o i r ep a r t i c u l i è r el e, s a p h a s i e sL. ' é t u d ed e s d i v e ' s e sa p h a s i e sp, o u r s u i v i e l e s p l u s s i m p l e s l,e d é b u t d e l a t h é o r i ed e i ' ê t r e( 1 . . s e c t i o nd e L a L o g i q u e ( é d i t i o nd e
p a r n o u sa v e cl ' u n i q u es o u c id e d é g a g e rl e s f a i t sà l ' é t a tp u r , n o u s m o n t r aq u ' e n t r el a 1830_et_de 1821)in Encyclopédie des sciencesphilosophiques,l, La scênce de la logique,
c o n s c i e n ceet I ' o r g a n i s miel y a v a i tu n e r e l a t i o nq u ' a u c u nr a i s o n n e m e nnt' e û t p u c o n s - é d . B . B o u r g e o i sV, r i n ) .
t r u i r ea p r i o r i ,u n e c o r r e s p o n d a n cqeu i n ' é t a i tn i l e p a r a l l é l i s mnei l ' é p i p h é n o m é n i s m e , L a p r e m i è r ep o s i t i o nà, l a f o i sc o m m e n c e m e nett f i n , p u i s q u ed ' a v a n c et o u t e sl e sa u t r e s
n i r i e nq u i y r e s s e m b l â>t ( o p .c i t . ,p p . 1 3 1 4 - 1 3 1 5 ) . d o i v e nst ' y i n s c r i r ee, s i c e l l ed e I ' Ê t r eS , a n sl u i , n i o b j e tn i s u j e t n, i f o r m en i c o n i e n uM . ais
C o m m e n tl e b e r g s o n i s msee s e r a i t - idl é s i n t é r e s sdéc s p r o b l è m e s l?l s f o n t p a r t i ed u l ' a f f l r m a t i odne l ' ê t r ee s t a u s s ie x t e n s i v q e u ' e l l ee s t p e u c o r n p r é h e n s i vEel.l ee x c r r -qr ru e
r é e l .L ' é l a nv i t a 1c, e t t eé n e r g i ep u i s s a n t em a j s l j m i t é e c, e d i e uf l n i , a d û c o n t o u r n elre s d e l ' ê t r eq u o i q u e c e s o i t p u i s s eê t r e a f f i r m é .L ' ê t r ee n t a n t q u ' ê t r en e s u p p o r i ea u c u n
o b s l a c l e ss,e d i v i s e rp o u rs ' a c t u a l i s eern l i g n e sd i v e r g e n t e<s .C o u r i rà t r a v e r sI a m a t i è r e , a t t r i b u tn, el o l è r ea u c u n ed é t e r n r i n a t i olnl n. e p e u ts e d i r ed e t o u tq u ' àl a c o n d i t i o n q u en e n
s ' y p e r d r ee i s ' y r e t r o u v e rs, e d i v r s e re t s e r e c o n s t i t u e r (>L ' E v o l u t i oCnr é a t r i c e o ,p . c i t , n e p u i s s es e d i r e d e l u i . L e g r a t i f ) e r a i t - odnu m o i n d r ep r é d i c a tl,a q u a l i t éq u i l u i s e r a i t
p . 6 4 7 )c, ' e i a i tc, ' e s ts o n p r o b l è m o( ,I n s t i n cet i n l e l l i g e n cr e p r é s e n t ednol n cd e u xs o l u - a d j o i n t ep r i v e r a idt e I ' ê t r et o u s l e sê t r e sn e p o s s é d a npt a sc e t t eq u a l i t ét,o u t e sI e sc h o s e s
t i o n sd i v e r g e n t eés g, a l e m e nét l é g a n t e sd,' u n s e u le t n r ê m ep r o b l è m e ) ( p . 6 1 6 )O . n repro- e n r e p o ss, ' i ls ' a g i td u m o u v e m e n et ,t c . .D u m ê m ec o u p ,d é p o s s é dpéa rc e t a ç c r o i s s e m e n t
c h e r ap r é c i s é m e natu f l n a l i s m ed e c o m m e n c e m r y s t é r i e u s e m epnai r l a s o l u t i o nd, e s e e s s e n t i edl e s a c a p a c i t éu n i v e r s e l l el ',ê t r es e v e r r a i td é c h u d e s a r a i s o nd ' ê t r e .L e p e u
d o n n e ru n o r d r e ,u n p i a n t o u t f a i t s .S e u l e m e n tl ,' é l a ns ' e s te n t r a v éd a n s s e s s o l u t i o n s , q u ' i ls e d o n n e r a iltu i f e r a i td o n ct o u t p e r d r eO . r n ' a v o ia r u c u n eq u a l i t én, ' ê t r es u s c e p t i b l e
C e s r é u s s i t eq s u e s o n t l e s e s p è c e sl ' a r r ê t e n ti;l y t o u r n e e n r o n d . L ' i n s t i n c ct o Ï n c i d e d ' a u c u np r é d i c a tc, ' e s t n e p o u v o i rê t r e d é s i g n é n , ' ê t r er i e n ,n e p a s ê t r e .c e t ê t r e d o n t
t r o pa v e cl a v i e ; i l e s t f a s c i n éh, y p n o t i s p é a r e l l e .Q u a n tà I ' i n t e l l i g e n ceel,l e n ' e s tà I ' a i s e I ' i n t é g r i t én e s o u f f r ea u c u n ed i f f é r e n c ei,l s e r é v è l eq u e c ' e s t l e n é a n t .l l s e m b l ed e
q u e d a n sl e s o l i d el,' i m m o b i l el e, d i s c o n t i n u C.h a c u nm a n q u ed e c e q u ' a I ' a u t r e<, l l y l a s o r t eq u e i a r é f i e x i o ns e s o i t d é d o u b l é eq, u ' i l y a i t à p r é s e n dt e u xt e r m e s ,l ' ê t r ed ' u n
a d e sc h o s e sq u e I ' i n l e l l i g e n sc ô e u ' ee s l c a p a b l ed e c h e r c h e rm, a i sq u e 'p a " e l l e - m e m ' , c ô t e ,l e n é a n td e I ' a u t r ef,i c h é sc o m m ed e u x c o n t r a i r e q s u i s e t o i s e n te t n e f o n tp a su n
e l l en e t r o u v e r a j a m a i sC . e sc h o s e sI,' i n s t i n cst e u ll e st r o u v e r a i m t , a i si l n e I e sc h e r c h e r a p a s I ' u n v e r sI ' a u t r e M . a i s i l n e s ' a g i tp a s d ' u n e o p p o s i t i o e n x t é r i e u r ea,u q u e lc a s i l n , y
j a m a i s> ( p . ô 2 3 ) P . o u r t a nlt' é l a nv i t a ln e s e d i v i s ep a s r a d i c a l e m e nSt .a t o t a l i t éh a n t es e s a u r a i tm ê m ep a sd e p r o b l è m ei;l n ' y a u r a i tq u ' à e n r e s t e rl à c o m m ec ' e s tl e c a s a v e c r e s
é l é m e n t sl l,y a u n ef r a n g ed ' i n t e l l i g e n dc a e n sI ' i n s t i n cut ,n ef r a n g ed ' i n t u i t i odna n sI ' i n - o p p o s i i i o nsse n s i b l e sl e , h a u t e t I e b a s ,l a g a u c h ee t l a d r o i t e .L ' o p p o s i t i ofnr a p p el ' ê t r e
t e l l i g e n c eM. a i sl ' i n s t i n cnt e s e t r a n s c e n d e rpaa sd a n sI ' i n t e l l i g e n cqeu ' i lp o s s è d eL. ' i n t e l - e n p l e i nc æ u r .A u t r e m e n tn, o u sn ' a v o n sp a sa f f a i r ep, o u re m p l o y edr e st e r m e sq u e H e g e l
l i n p n e pn p r t s p d é n a s s pdr a n sI ' i n t u i l i o nd o n t e l l e n ' e s tp a s c o u p é e A . l o r sl a s e c o u s s e u t i l i s ep e u d u r e s t e à , u n e t h è s ee t à u n e a n t i t h è s e s e h e u r i a n It ' u n eI ' a u t r e- l a d i a l e c -
e s t d o n n é e L. ' é l a np e u t s e r e l a n c e rL. ' i n t u i t i o n e s e r e s t r e i npt a s à u n e u n i q u es p h è r e t i q u e i g n o r e d e t e l s c o u r t s - c i r c u i t s m a i s l a t h è s e e l l e - m ê m ed e p a r s o n p r o p r e
d ' ê t r eà , u n u n i q u et y p e d e d u r é e ;e l l es ' a r r a c h à e s o n p l a n ,r e j o i n It e sa u t r e ss, ' o u v r eà l a m o u v e m e n ts ' e s t t r a n s f o r m é ee n s o n a n t i t h è s e .S e u l e m e n tn i é e , e l l e n ' e s t p a s
t o t a l i t é .C e t t e s o l u t i o na p p a r e m m e ndt é f l n i t i v e I, ' h o m m e ,e s t c a p a b l ed ' e x p l o s e re, t d é i r u i t eC . e s e r a i te n c o r et r o p s i m p l e e t t r o p f a c i l e m e nst a t i s f a j s a nsti l a t h è s en ' é i a l t
p h i l o s o p h er e r v i e nàt < d é p a s s el ra c o n d i i i o nh u m a i n e> ( L aP e n s éeet l e M o u v a n tp, . 1 4 2 5 ) ' p l u s < l à > , s i I ' a n t i t h è sse' é t a i ts u b s t i t u é e à e l l e .S i l ' ê t r ee s t n é a n t ,l e n é a n t e s t e t r e .
L ' é l a ne s t b l e nu n p r o b l è m teo u j o u r s ' àm ê m ed e c h a n g esr e s p r o p r e sd c n n é e sd, e I e s S c a n d a l e u s e m e In' tê, t r ec t l e n é a n t ,c ' e s t< l a m ê m ec h o s e> .
rt2

e i a i tp o s a b l e t m ê m ed o u b l e m e npt o s a b l eo. n p o u v a ist , yt e n i r ,m ê m es ' i l


-n, e{art
1 o p ppas o s rposs.ible
tion
de passeroutre.La contradiction est insupportable. Ôn s'arrêteà une
opposition ( e x t é r i e u r em) a i s u n e c o n t r a d i c t i onne l a i s s ep a s ' u n i n s t a n i d e r é p i t .
on ne
s a u r a r tn' o u sv e n o n sd e l e v o i r ,s e c o n t e n t e dr e d i r e ( d a n su n d i s c o u r s
o ù l ' è t r es e d i t
l u i ' m ê m e :) n ' é t a n tr i e nd e c e q u i e s t ,l ' ê t r ee s t n é a n i .c a r c e n é a n ii l f a u t
b i e ne n c e c a s
l u i c o n c é d e rd e l ' ê t r e .A i n s i l ' ê t r es e n i e d a n s l a p e n s é e( l a m a n i f e s i à i i â n
à s o i )o i r i l
s'afflrme,mais en se niant,ir s'arfirmeencoreet nie sa negaiior,
ôriràr" l" penséedu
n é a n t( m e )f a i t r e v e n i ro, u p l u t ô tc ' e s tl e n é a n tq u i d a n sl a " p e n s é ree i o u r n e
à l , ê t r e o. r r
e s t a u r o u e t .D e l ' u n à I ' a u t r es e p r o d u i tu n m o u v e m e ndt e b a s c u l eu, n
v a - e t - v i e nsta n s
iss.ue c o n c e v a b l eo ,u i , m a i sv o i l à l s i l ' ê t r en e c e s s eo e p a s s e a
à l ' ê t r e c, ' e s tq u e r a c o n t r a d i c t i oens t d é n o u é e: p a r u n t r o i s i è m e
r u non-être t renon,être
t e r m e ,p r u sr i c h e ,p r u s
La preuve
c o m p r é h e n sqi fu e l e s d e u xp r é c é d e n t :s c e l u id u d e v e n i rL. e d e v e n i r
e s t ' l i s y n t n e s ed e
l ' ê t r ee t d u n é a n t ,i l m e t e n r a p p o r ct e s i r r a p o r t a b l eD s .a n st a o e v e n i cr e - q r i à s tn e c e s s e
e t , c eq u i . n ' e spt a sn e c e s s e ' d , a r r i vàô lr' ê t r e <, f e O e u e n i i , t nù n t q u , i te s t
9
I u: jn. "l l.eo0l re^ |. e
, :tJr :e"
e t d u n e a n tq u i p a s s ed a n s l ' ê t r e ,e s tn a î t r e e ; n iant qu'ilest I'uniié e
l ' ê t r ee t d u n é a n ic o m m eê t r eq u i p a s s ed a n sl e n é a n i ,i l e s l d i s p a r a î t r e ' ( c o m m e n d
dt aei r e
cit.,,p. 206).Et c,est ainsi que dans la pensée'irl â"àii-plO.édemment
]:.U^"^ylng,:,
0 e v e n r sr a n st,op, r ê v ed e I u n . à I ' a u t r e s. a n s , p a r c o n s é q u e n lt e, d e v e n i ro ù e l i e s , e f f a c e ,
l a c o n t r a d i c t i onn' a u r a i m t ê m ep a s o u e x i s t e r .
. M a i so n n e d o i t p a s e n c o n c l u r eq u e c ' é t a i tu n e f a u s s e u, n e a p p a r e n t ec o n t r a d i c t i o n ,
r s s u e . dq e u e l q u ed é f a i l l a n cdee l a p e n s é e( d i t ea b s o l u e ie) t q u i s e r av i t e r é p a r é ep a r
p e u d ' a t t e n t i ol n un
lfallaitquelacontradictionfûtréelle,quel'êtrefûtobligédânslapensée
d ' a l l e rd ' u n t e r m eà I ' a u t r e p, o u r q u e s e p r o d u i s îlta r é a l i t éd u d e v e n i rL] a f o n t r a o i c t i o n
t r o u v ea i n s i ,n o n p a s e n d e h o r sd ' e l r em a i se n s o i e t p a r s o i s a J r i i " " , p r i r À r u Hegei, dans la Prélace à la Plténoménologie de l'Esprii (trad. Hyppolitc,
en n,af_
f i r m a n il ' ê t r ee t l e n é a n tq u e p o u rl e s n i e rs i m u l t a n é m e nl a t , p e n s é ed é j à ' d e v ù a i d p. 97 à 99) cntcndait anéantir lc prcstige auqucl les mathématiques selon
t e I'un
à l ' a u t r e .A i n s i d a n s l a d i a l e c t i q u e I e m o u v e m e ndt u s e n ss ' o p a r éc â À , t " " o " u * . n n . .
D e l a c o n t r a d i c t i odne l ' ê t r ee t d u n é a n tn a î t l e d e v e n i re t l , o n a b i e n p r o g r e s s é , lui avaient trop longtemps attrapé la philosophic. Il cxposait qu'en mathé-
mais matiques le savoir demeure extérieur à ce qu'il connaît. On y rallie par r-oie
s a n sl e d e v e n i lr' ê t r ee t l e n é a n tj a m a i sn e s e s e r a i e nct o n t r e d i t sD.i a l e c t i q u e m e n t ,
q u ef e r al a p e n s é ed ' a v a n c er a f a i t p e n s e rS. o n p a s s ée . t s o n t o u tc e
uuÀiiuiÀJn àuun,r..t,on de démonstration des vérités indépendantes de leur démonstration. r Comme
passé.on a donc progressé,mais non pas selonl'extériorité, d,idéesËn-iJeu.,-*u,,oun, résultat le théorème est bien un théorèrne L,tt,cotntne-,'rai.Mais cette circonstance
i a p e n s é es e m o u v a n t c, o m m el e d i t H e g e l ,d ' e l t e - m ê meen e l l e - m ê m e .
q u ' i l y e û i u n e p e n s é ed u _ d e v e n iur n s ' i l f a i l a i tp o u r surajoutée ne concerne pas son contenu, mais seulement sa relation au sujet
, d e v é n i rp e n s é q, u , i ly e û t u n d e v e n i rd e r a p e n s é e ,
u n d e v e n i rp e n s a n tr,a r é f l e x i o n connaissant r. La médiation de la connaissance, nécessairepour nous, ne touche
s e r é v è r ec o m m ec e d a n s i ' é r é m e ndte q u o i i a n c h o s e ,
r é a l i s es o n m ê m e d a n s I ' a u t r ed e l a p e n s é e .v o i l à l ' i d e n t i t é pas à l'essencc cle la chose. La vérité d'une telle méthode, qui n'est précisément
oiure.tiqiËio" I'identité
et de la différence)du penséet du pensant.il noussembraitne pas pou'voir',i qu'une méthode, ne lui appartient pas. Elie n'apparaîtra qu'à la fin, quand
Ln .orr,r r,
mais€n n'ensortantpas,nous en é1ionsdéjàsortis.La difflcul'té n'u.tolràriotuitque parce on aura trouvé le résultat, quand on sera tombé sur la solution juste, après
q u ' e l l en e n o u sa r r ê t a ipt a s .L o r s q u ' o<ns e h e u r t e> à u n ed i f f l c u l t A
i n e t r a naf O r el ,o r s q u ' o n tant de tâtor-rnements.Aiors, mais alors seulement, on sera certain qu'on
< <s e t r o u v ed e v a n t> u n e c o n t r a d i c t i o o nn, l a d é p a s s ec, a r s i o n n e
o n n e .I ' a v a i p t a s d é j àd é p a s s é eo,n , n ' a u r a im i r a d é p a s s a ipt a s ,s i était dans lc droit chemin. Les mathématiqucs ne reçoivent dc.rncleur vérité
i ê m ep a s p u l a p e n s e r . ' lnt , y a d o n c p a s t e
p r o b l è m ep, u i s l a s o l u t i o n I, e p r o b l è m el u i - m ê m ee s l i a s o l l t i o n . qu'à leur terrnc. Elle n'est pas leur æuvrc. Aussi le tra-vail du mathématicien
r"r c - r r eHz eget,
l e g é n i ed e l a p e n s é e , "'rtl a-t-il sa récompense hors de soi, clans la contcrnplation immobile ne portant
plus trace des étapes laborieuses qui ont conduit à ellc, cffaçant d'cllc colnme
une impureté le devenir discursif dont elle cst l'éterncl aboutissement. De
fait, Platon isolait dcux moments dans les mathématiques (cf. Répubtique,
livre VI,5ro cl,5rr a). Tout d'abord, on r chercheà voir r, on procède par
essais ct erreurs, comme Socrate dans le XIéu.on, ccla prend du temps, ensuite
on voit des vérités éternelles, inscrites dans u le tcmps de toujours r. D'aborcl,
on lait des mathénratiques, ensuite on les .sail.
Les philosophes classiques se plaisaient à opposer les mathématiqucs,
scicnce reinc, à l'histoire, forme dégratlée du savoir. Je n'étais pas le témoin
de ces événemcnts, je dois me fier à clesrécits, ce n'cst que du racontar. Erreur,
rétorque l{egcl. C'est darrs le fond pareil. Idcntiques y sont les critères d'une
vérité extéricure à la connaissance qu'on en prend, I'exactitude, la précision,
ces {igrtres subtLltcrncs du vrai. I-r: domaine de lrr connaissancc historique,
r
r
I4-1 La preute La l>reuue

c'est du factucl. Sa reconstitution supposc pourtant tout un travail. En mathé- cnfln l'cmbarras oir clan-sIa penséc s'cntravait Ia 1>cnséc.II ne faut pas sirn-
matiques, il y a aussi tout un travail, il n'cmpêclie pas qu'on n'y ait afiairc plement y voir unc démonstration, parmi d'autrcs, de l'existencc dc Dieu,
qrr'à du factuel. Imparfaite donc cettc scicnce, secondc et secondaire par au sein d'un arscnal dialectique déjà copicusement garni, ni même l'argument
rapport à sa matière. L'êtrc nc l'attend pas. Il ne lui doit rien. Pour être auqucl, dans le foncl, rcnvoyaicnt sans l'expliciter- tous ses prédéccsseurs.
tous égaux les rayons du cercle n'ont pas bcsoin des géomètres. Tout au Si la prer.rve ontologique brille d'trn si vi{ éclat d:rns la spéculation classique,
contrairc, il n'y a qu'en philosophie que la formc du savoir n'est pas étrangèrc si toute une tradition philosophique lui a même Iié son destin, c'est que dans
à son contenu. Philosophiqu.e cst la pensée qui, cessant d'cn riscr avec ic vrai cet établisscment dc l'cxistcnce de Dieu il s'agit dc bicn plus que dc l'existence
commc avec ( une monnaie frappée toute prête à être dépcnséc et cncaisséc r, de Dieu, laquelle après tout, objectait I{icrkegaard, n'est pas subordonnée
comprcnd qilc dans son unique éclaircisscment par clle-rnêrne se développcror-rt à nos instances probatoires. Sous lc couveLt cl'une humilité cxtrême : il ne
toutcs les r'érités. m'est pas donné de concevoir la perfection de Dicu sans Iui conjoinclre l'exis-
Ccpendant , n'y a-t-il pas tou jours lieu dc crainclrc quc l'empiricité, con j urn : tence, aussi clois-jc reconnaître, 1'auouedit Descartcs, qu'il cxistc, la preur-e
c'cst vrai parce qu'ii se trouve que la chose cst ainsi, nc se diffuse entièrement ontologiciue dissirnule, comme l'a discerné Iiant, commc déjri le presscntait
dans l'élément dont clle paraissait excluc : c'est vrai pour nous parct qu'il le Thomismc, auprès dc qui l'argument ne bénéhciait pas d'une sympathie
se trouvc que tclle est la nature dc notre pensée. Critiquant cette rationalité e x c c s s i r ' , , l a s r r 1 , , ' r b "d ' u n e p c n s é r s e l c n c l l n t j r r g e c t r n a i t r c s " c d t , I ' E t r ' ' .
fixée à l'état de naturc, la Dialectiqtte transcendantale démontre que lorsque Par voie de déductiorr, elle sommcrait littéralcment Dieu d'exister. Comment
la raison croit saisir sans quittcr l'enceinte des concepts dc,c réalités absolues, éviterait-elle dc reconrir à cette ultime mise cn clc-meure? Du momcnt quc
cllc ne met en évidence que la pente native qui ia conduit à ccs hvpostases : cians ic cas unique du concept de Dieu l'cssence implique l'existencc, toute
c'est l'illusion, c'est-à-dire lc mélange de 1a nécessité subjective ct de lir néces- autre existcnce rlc pourra s'avérer qu'ullL- fois conhrn-rée cr:lle de Dieu et
sité objective. r Dans les scicnces, note Kant, il est impossible de substituer l'argument se préscnte comme Ie plus sûr nroyen d'accès dont clispose I'csprit
le subjectif de nos représentations à i'objectif, je veux dire à la connaissance pour, sans sortir par effraction de soi et de scs idées, pénétrer tout cle mêrne
de cc qui cst dans l'objct r. i\'Iais ,r là oir domine le subjectif, il cloit arriver clansle réel. Arguant de la pcrft'ction dc DieLr, il conchrt en fait à la pcr{ection
fréqucmrnent ou bien que le contraire d'une certainc proposition contredise de la pensée. L'esprit, en feignant dc se soumettrc. :i une néccs-"itéabsoluc,
simplement aux conditions subjectives dc la pcnsée, mais non à I'objet, ou s ' ) ' a t t e s t c s o n a l r s o l r r ep r r i s s a n c r - .
bien que les deux propositions ne se contredisent l'une l'autre que sous une Qu'il se révèle que l'argument nc sc tlépluyait qrLc srrus la protection du
condition subjcctive que I'on prend Iaussement pour objective, et que, corrrme sophisme, qu'en tout et pour tout peut s'en cxtraire le maigre butin que dans
Ia condition est fausse, toutes deux pcuvent être fausses,sans que de la fausseté l'idéc de Dieu est contenue celle de sc-rneristence, non point son cxistencer
dc I'urrc on puisse conclure à la vérité dc I'autre r. (Discipline de la Raisott. réelle, la spéculation métaphysique subira, au moment où elle croyait rem-
pure par rapport ci ses démonstration.s, trad. Trcmcsavgues-Pacaud, p. 535). porter son plus grancl triornphe, un échec clont r'llt. risquera fort de ne pas
Ditlciles, cl'un maniement souvent très incertain, sont les preu\res en philo- se remettrc. Subtile, plcine dc malicc, la contre-argumentation kantienne :
sc,phie. I-es preu.ves indircctes cn plrticulicr, si utilcs aiileurs, nc sont cn ce cilc subvertit lc scns cle la preur'e et en clétruit Ia portét'. Acirncttons sa validité.
domaine d'aucunc: efficacité, bien que les métaphysiciens les prodigucnt, Il cn résultcrait que rien rre distingLrecrnt thalcrs cn iclée ct cent thalers en
n'apçruvant lcurs thèscs qlrL- sur la ré{ttation dcs thi:ses opposées t.t oubliant fait. Conccptuelli:ment, si c'est la mêrr-rechosc, I'cxistence n'est plus qu'un
que r les clcux parties, aussi bien cellc qui afûrme quc cellc qui nic, prcnnent néant. La preuvc avait d'autant moins de mal à fairt' entrer I'existencc dans
toutes dt:ux prtur fondr:ment urr concel)t irnpossiblt- de I'objet , (p. 536). l'essence de Dieu clr'elle 1')' dis-tipait. Par un renvclscûrent dialt--ctiqueimprér'u
La soliclité apparentc dcs raisonnements des métaphysicien-s ne prouve donc mais inéluctable, c'est au cas oir ellc pourrait êtrer convertie en idée quc I'exis-
que l'opiniâtreté et lc talcnt dc. leurs autcurs. < Elle montre uniqur.ment les tence devicndrait strictement impensable. L'irnprudente pcnsée n'est dorrc
forces respectivcs clcs advcrsaircs , (p. 537). mena,:ée d'être pcrdue que par sa propre amirition. IIais, à la vérité, sous ses
varitations ingénieuses, l'argument se résumait à un pur tnrisme;plus pauvre
encorc quc la tautologie clu Dieu est Dieu, l'énoncé selon icquel si Dieu est,
il cst. De ce désastre ontologiquc serait-on contraint d'inférer que la penséc
La preuve ontologique
de la vérité cst suspendue à unc vérité de la pcnséc toujours hypothétiquc ?
Il y aurait d:rns cet ceil immcnsc qu'cst chaquc svstème philosophique unc
En dernière analyse, de se justiher ellc-rnêmc n'est-ce lxrint pour ia pcnsée sorte de point aveugle. Lcs vérités qu'il saisit sont esclavcs d'une iclée de la
une tâche aussi néccssaire qu'impossiblt:, cornmc, sc,lon la cornparaisorr de vérité toujouls incritiquée, pour lir raison (lu'une simpl,: critiqirc nc peut
Stuart Mili, dc soulcver le siège sur quoi on est assis? En avar"rt-dernière précisément tout critiqucr. Aussi chez Nietzsclic, lc premir'r, c1éclarc-t-il,
anal1'3s,car avcc la pierrve ontologiqrrr', ccttc aclmirablt' prorrcsse,se clinorrcrait nous osons lous intcrrogcr sur la valellr ér-uincnte clc la r'érité pr'ésupposée
r +,t La f,rt,ure L n l > re t ti t

par toute critique, la cLécisivecritique dc la critique crèvera cet ceil incapable Platon ne traitc quc sous forme de mythe de ce's deux inexhibabies que sont
de se considérer lui-mômc. Nietzschc, c'cst l'(Ddipc enfin désabusé et résolu i'âme ct le monde - I'âme platonicienne ne se découvre que clans la dimer.r-
de la philosophie dont il fallait que le rcgarcl se fût éteint pour qu'il der'înt sion clu discours. L'interrogation sur l'âme, voilà l'âme de l'âmc.
Iucide. L'on comprend facilement ie peu d'estime qne cles esprits positifs tnanifcstc-
En cettc fin de siècle, un théoricien aussi attaché à la métaphysiquc que ront à i'égard de la philosophie. Ils n'auront pas de peine à observer quc les
Jules Lagneau en prenait également acte : (( I-'idée d'une explication absolue prc'uvcs prodigurlcs 1)ar un philosophe (à l'erct-\s : ils s'avancent tous, dit
est contradictoire r (CélèbresLeç0ns..., éd. Canivez, p.27o et 3rg); qui dit, Kant, irvcc dix argurnents à la main) n'ont pas une portée universelle, scicnti-
en effet, explication dit relation. Il serait contradictoire que la pensée pût hquc, à la limite ne sont bonnes que pour lui, parce qu'clles sont inséparables
se fonder elle même, qu'il y cût une r'érité des vérités, une vérité dont dépen- d'une tcchnique dénronstrative spéciale à chaqLre système. De quel droit clès
drait toutes les autres et qui serait dispensée pour sa part cle dépendre de rien. lors les philosophes s'acharnent-ils à rudoyer l'opinion? La Bruyèrc trouvait
Notre siècle en tircra Ia conclusion que les r'érités se soutiennent mutuelle- choquant que ( ceux qui vont contre le train conlr-nnnct lcs grancks règle. ',
ment sans nul besoin de transcenclance.Il n'est point de trônc dans l'esprit. n'rrsent guère u de ces argumcnts qui cmportt-nt convictiort n (Des Esprits
Lcs principes n'avaicr.rt trop longtemps dû leur règne qu'à une usurpation Forts). Pascal exigcait dcs athées qu'ils n'cusscnt cluc r clesidées parfaitcmcnt
d'intelligibilité. Leur vérité, sur quoi tout reposerait, ne s'appuie-t-clle pas claires r (fragment zzr, éd. Brunschvicg). En Pascal le croyant ne s'oppose
sur lcurs conséquences? Lc fondcment, c'cst l'ceuvre. La pensée nc saurait pas au savant. IIs forment non pas antithèse mais synthèse. Ils ne s'opposent
se faire valoir que dans ses procluctions. Pour dirc ce qu'elle est, cllc ne peut qu'aux philosophes. C'est parce qrr'il avait été instmit à l'école de la rigueur
montrer quL'ce qu'cllc fait. trlle se prouve cn opérant, en réalisant. Une scientifique qu'obscurité pour obscurité, dans l'or<lrc où la sciencc n'a pas
axiomatique se garantit à la cohérence cle son déroulernent. Pourtant, nous compétence, Pascai préIérait à la clarté obscurc c1cla philosophic l'obscurité
avons tenté de le mettre en évidence, les philosophies ne sont pas des axioma- claire de la foi. Là où pour la raison il n'est plus question de prouver, il ne
tiqucs. On ne choisit pas cntre les axiomatiques, mais il faut bien, à moins reste plus qu'à éprouver dans et par la croyance. Une réflexion sur la connais-
d'une ncutralité désobligeante, chnisir un.,. philosophic. sance philosophique serait donc tronquée si elle éludait le problème c1e la
Or chacune ne se prouve r:t ne se vaut qut- dans ses limites hypothétirpes. prcu\-c, éltreuve dernière où la philosophie gagne ou pcrd sa partic.
C'est vrai, m.ais unc syrnphotrie aussi ne prouve, si l'on peut dire, que soi, ct
cela suffit anrplement. u Comme la musiclue, la philosophie , déclare Socratc
dans Ie Phédon. (6o c). La ntusique ne vit cn dehors de l'âme, elle n'est réelle,
elle ne se répand dans la salle du concert, que si elle vit en dedans de l'âme. Une La croyance
philosophie ne se prouverait de la même nranière que par la vie qu'cn lui
donnant cn nous, nolls nolrs rlonnons à nous-rnêmes. Le Phéd.o, établit 10. A qui se proposc de rnontrer que dans l'esprit rir'n ne se cIôt avec ies prctrves,
nécessité de cette fen't'tlr, s<,ruticn intimc du vrai. Lagneau en rttrouvait il irnporte dc rt-corrnaître d'abord quc rien nc commence qu'avec elies. La
I'inspiration quand il assurait à la fin de son cours sur Dicu : u Il est contra- prL'uvc est incontestablemcnt la voie dc 1a raison, ia raison conrme voie. S'i1
dictoire qu'une solution spéculative du problèmc métaphysique puissc existcr convicnt sclon la nraximc platonicicnne d'a1lcr au vrai par le chemin Ie plu.s
d'abord, et que l'action, ensuitr, n'ait qu'à s'y conformer-; c'est l'action qui iong, cc long chemin, c'cst la preuve. Point de yrenséesi elle n'est soucieuse
fait la solution et l'idée même clu problènre... La certitud,e est une région de sa propre justitcation, ou, 1>lusexactement, car il y a une injustice qui
profondc oùrla pe-nséene sc maintient que par l'action > (op. cit. p. 3J8). D'oir n'arrête pas de se jristifrcr, si elle ne place par la justification de ses idées au-
l'ambiguîté, nous ne disons pas i'équivoque, de la fin du Phédon; lorsque dessus dc ses idées mêmes, si elle ne tient, selon la célèbre formule, quc le
Socrate inquiète une dernière {ois ses compagnons trop vite réconfortés en vrai jugcment est celui qu'elle porte en se demandant si elle a le droit de le
leur rappclanlt que l'analyse n'est parvenue qu'à un ikanon, un convenable, porter. Qui se contente de croire s'imagine qu'une idée serait vraie du seul fait
un satisfaisant, non point un véritable absoiu, s'agit-il dans son intention de qu'elle est la sienne. Du fait au droit, de la croyance à la certitude, on ne passe
signaler Ie demi-échec d'un raisonnement qui n'aurait pas sufÊsamment pris que par le crible de la preuve. S'en remettrc à l'autorité supérieure cle la preuvc,
possession de ses prémisscs ou de signaler qu'il sera peu encorL',s'il ne subsistc c'est pour la pcnsée dire non à l'arrogance intinridante du vécu; c'est sortir
en nous qu'i\ l'état cle miscrrncrnent? < Il y a pourtant unc chose au rnoins à de I'immédiateté oir se bornant à se vivre elle nc sc savait pas, et c'est en sortant
la<luclle il est justc, rrous tous, que volrs réfléchissiez: c'est que, si vrairnent de soi quc parado-xalement elle entre enfln, elle: résidc en soi. Tant que la
l'âmc cst immortelle, ellc réclame qu'on en ait soin n (to7 b, c). Comrne toutc pensée n'est que soi, elle n'est pas encore soi. Elle doit sc différencier de sa
vérité philosophiqrie, 1'âme chcz Platon n'il pas 1'être d'un fait, d'une chose, naiveté pre'mièrc pour conquérir son identité. Avcc cc quc je ne fais que
elle n'existr: qu(- pour cclui qui sc soucic' ci'elle. Nul n'a unc âmc s'il nc sc croire jer coïncic1c.Lc maximum clc sribjectivismÉr s'v conjugrrr:, clans un per-
d c - n r a n c lsc' i l e n , , a , l l n e . ) I 1 ' t h i c 1 u cc,l u - n .I s' a c c e p t i { ) ne \ a c t ' ' , h t t t , r m i ' pétuel malcnteurlu, irr.'t-cle maximum d'objc:ctivisrne. Ma foi cst ildéniable.
t4ô Lu ftrtui'e I+q

EIIc s'implante en moi. Pourquoi ai-je ioi? Parce que j'ai Loi. J'ar h foi, ii fturt pour s'insinucr : de biais. Le pcrsuasif fait semblant de me parler de la
mais cornme un enfant dit qu'il a Ie rhume. Dans ma foi je suis pour tout et vtlrité alors qu'il nc mc parle que c1cmoi. Il ri:viscra sans cc'ssesa stratégir et
en mômc temps je nc suis pour ricn. La foi cloit être ma foi pour êtrc < authen- I'aclaptcra à chacun. D'un botrt à I'autre la pcrsuasion n'agit qrre par ruse ct
tique r, mais si elic n'cst quc ma ioi, clle n'est rien. Au surplus, si ma foi est
l.ar r-jo1cncc.
r-raiment solide, commc elle aspire à être, si clle prend en moi la dureté d'un Ainsi, pour confondrc Socrate, et non point pour l'i:clairer, pour lc contrainclrc
roc, je n'ai plus à l'activcr, à l'affermir de toutc mon âme. Brcf, cn vertu d'une li :rclmcttre à sorr tor.rr quc le méchant peut êtrc parfaitement heureux, Polos,
calamité qui désespérait Kierkegaard, plus ma foi cst fortc, plus ma foi est clir-nsle Gorgt'as(17o c,599) hri cite le cas d'Archélaos, le tyran que ses mul-
faible. tiplcs forfaits ont concluit aux félicités c1upouvoir suprêrne. Il le lui administre
Qui ticnt sa conviction dc la puissance de sa crovancc confond la pensée comme une gifle. Aussi bicn, cpand on cntend administrer ttne preuve, cst-cc
avec le sentiment. Or d'être intcnse n'empêche pas un sentiment d'être pauvre. larement unc'f.reui:e qu'on administre. l{ais du fait c1u'il brandit, Polos n'a
Sentir, c'est se résorber cn soi, pcnser, c'cst s'opposcr à soi, sc fairc autrc quc tiré c1u'un fait. Effcctivcment, Archélaos croit êtrc heurer-rx; effectivcmcrrt,
soi. Je ne crois plus que ce qrre jc pen.seest vrai parce que je le pensc. Jc réciamt: iclcntihcnt indûrncnt comme lui l'agréable a,.t bicn, prennent pour unc réalité
dcs prcuves, c'est-à-dirc que jt'mc traite comme je traiterai n'importc qui. son signc, à Ia façon de la sophistique, tous ccux, et peut-êtrc de fait sont-ils
Je m'élèr'e, d'après l'analyse de Kant (Critique d,ela Faatlté de Jrtger,4o), tous, qui croient qu'Ar-chélaosest réellcmcnt hcrrreur, elors qu'il est le plus à
au-dessus des conditions p:irticulièrcs subjectivcs du jugement oir j'étais plaindre cles hommcs, pr-risqueses faux plaisirs ie privent à jamais de chercher
crarnponné en me situant à un point dc vue général que je ne peux c1étermincr le véritable bonheur. De tcls témoignages sont imprcssionnants, mais ils nc
qu'en me plaçant au point dc vue d'autrui. D'où ics trois moments, selon font pas prcuvc, ils ne font justement qu'impression. Dans un certain usagc de
Kant, de la gcnèsc d'un véritablc scns commun (non cmpiriquemcnt conçu) l'cxcmplc sc cache, à peine, toute une volonté dc subornation, ct commc ia
dans Ia réflexion. ro penser par soi-même, maxime de I'entendement. zo penser joie mauvaise de soumettre l'idée au fait, d'humilier la raison devant ce qu'on
en sc substituant à autrui (ct à cet autre en particulier que clans la croyancc prétend êtrc le réel ct qui, sans ellc, n'cst qu'apparencc. D'un exemple on
immédiate j'étais encorc pour moi et dont je subissais l'emprisc), maxime clu attendra qu'il illustrc, à la rigucur qu'il confirme, en aucun cas qu'il prouve,
jugemcnt. 30 i)cnser toujours en accord avec soi-même, maximc de la raison.
vLr que r ies cxcnples Tont tombcr sous l'iutuition cc que Ia règle... exprimc
La volonté démor.rstrative est donc issue dc cette scission dans la pensée qui d'une m:rnièrc plus généralc; mais ils ne peuvent jamais donner le droit de
est la" pcnsée. L'esprit y naît darrs le déchirement de la négation. Si n'cst rncttrc dc lcur côté le véritable original qui résidc dans la raison, et de Ie
prouvable que ce qui pourrait être, le cas échéant, réfuté, il n'y a qu'unc régler sur eu1 r (Kant, Fondements tle la Xfétaphysityue des Mæu'rs, deuxième
manièrc d'affirmer une idée, s'empioYer à la nier. section, éci. Delbos, p. r16).
La persuasion,c'cst dt pragnta, ce n'cst pas du logos. Ccttc éternelie affairée,
cette affairiste n'entretient aucun rapport interne avcc lc vrai. Elle n'a cure
c1c sa valeur, lc prencl tel qucl et lc laisse tel qucl. EIle vise r-rniquement à
La persuasion
répand11',à propager. Mais si la persuasion ne mct pas commc la preuve la
r-érité i'r l'éprcuve du doutc, ainsi Descartes nous a appris qu'il ne faut très
La preuve nc se compromet donc pas a.\'ec lcs subterTugcs de la pcrsuasion. séricuscmcnt clouter que de cc qui se donne pour ccrtain, un doute secret n'en
Quirnd jc m'appiique à persuadcr, je désire faire partagcr aux autrcs m:r sr.rscitcpas moins ses man(Euvres. Nous ne noLls cfforcerions pas tellement de
c r o ) ' l r t l c { -é, t a n t c n t c n r l u q u c l ) c n s c r p o u r m o i s i g n i h c p e n s c r c o m m e m o i . O r , convaincre lcs autres si nous étions absolument sûrs d'avoir raison. De lcur
du momcnt que cctte croyance est factuelle -- c'est un fait, et c'est tout, conviction nous espéronsqu'clle renforcera la nôtre. Nous désirons un écho; Ia
'fel
qu'elle est mienne, cllc ne pourra se communiquer que par la voie du fait, rumeur nous I'offre. est k: ressort de la propagandc des sophistes qui
c'est-à-dire par une voic de fait. Croyancc à la fois ce qui m'en impose ct ce n'abusaicnt leurs éIèves que pollr mieux s'abuser eux-mêmes. Sophistique,
que j'impose. Ce que Ia prcuve est à la vérité, son règne, la persuasion l'est à la toute théorie dc 1a r'érité or), par une subversion dc l'ordre, f inter-subjectivité
force. Avec parfois la mcille.re foi d.^ monde, mais, on l'a assez dit, c'est la cst érigécr-n princil,r'de l'objtt'tivité. C,'n'est pas l)rrce quc nous Pouvons
pire. Le fanatique estimc impossiblc que lcs autres ne voient pas ce qui lui nous entendre sur lc vrai qu'il cst vrai, c'est parcc qu'il est vrai que nous
crève les yeux. Il convicndra clonc cle contraindre ces récalcitrants sataniqucs pouvons tous nous cntendrc et nous cntendre précisémcnt sur lui et rien qnc
à confesser qu'ils voient cc que l'on ne peut pas ne pas voir. Mais Ia force cst sul lui. Voilà pourquoi la philosophic classique ne s'intéressait pas outre
par nature rclative; ellc n'est jamais telle que Par rapport à unc faible'sse. rnesurc, comme de nos jours on le lui rcprochc souvcnt si superficicllement, à
Aussi les techniques dc la persuation ne s'adressent-ellcs, de l,autrc ::Lmoi, 1a qucstion d'autrr,ri, n'cn faisait pas un problèmc fondamental. Au lieu de
qu'à ce qui en moi est le phrs débile, lc plus vulnérable, c,est-à-c1irc moi. r a b e t l r r ' , r ' t d ' a P l : r t i l l a q r r ,s t i o r t , l * l e v i r i t i s r t r l , t , 1 r t c s t i , , dl t' a u t r u i , c l l r -
Indircctc, séductrice, flatteusc, la pcrsuasion. Elle s'y prcncl toujours colnmc réglait cellc-ci sr.rrcclle-là. 11 lui apparaissait quc r1c l'homme à l'hommc il
I
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r -50 La l>reuLe Lrt f t cui't

n'est de médiation que par la vérité, que nos rapports, sinon, dans l'effacc- rlous en avertit : ce qui doit être prouvé, ce n'est quc du probablc. Pour
mcnt du pur face à facc, nc sottt plus formés et dé{ormés que par la passion. cssavcr cle ccrnt'r au plus près la dilficulté escluivt{t' liar le précédent para-
Lc vrai était por.rr elle, dans son indivision, ce clevant quoi nous cessons cl'êtrc graphc, cst-ce la vérité qui fait la prer-n'eou est-ce la preuve qui lait lar'érité?
dcs < autres D, nous nous rcconnaissons idcntiquetnent comme sujets. La irrcuvc se tient-clle comme au-dessus de la vérité ? Ce qui comptc, dès lors,
La preuve n'cst pas tournée vers les autres mais seulement vers la r'érité. ce n'cst phrs le contcnu, la signification du vrai, c'est qu'il soit démontré.
Ellc constitue son opération intenre. Elle est la manifestation, l'auto-effectua- Ou'importc ce quc ji: démontre pourvu que je le démontre. La mathématiquc
tion, le clevcnir c1esoi-même en soi-môme du vrai. Comment contrainclrait-cllc s'fll &ccornmodera, en science oir les signes se restreignent à leur modc d'cmploi.
personnc en particulier, puisqu'elle -s'opèreen chacun dans l'élémcnt où il nr: l-a philosophie pr:rrt-cllc fairc sien le fornralisme? S'il n'est rien de plus creux
se distinguc pas dr: tous, la raison? Aussi n'a-t-elle pas à recevoir mon agri- quc le lidéisme, l:r foi dans la foi, le formalisme du raisonnement pour lc
ment. Ce qui est à prouver n'est nuliement à approuver. Là où on réclame raisonnement sera-t-il moins vide ? De la preuve aussi nous devons craindre dc
de nous une prtuvc, nous n'apportcrons clonc pas un argument. Lln argument nous faire une idole . Que de surenchères, en perspcctivc, parmi les maniequcs
ne vient porter à unc thèsc qu'ur1c aicic artihcicllc ct subsidiaire. ll l'offcnse de Ia preuve ! Que dc demonstrata changés cn dernonstranda! Au,bout du compte,
plus qu'il nc la sert. Ne nous paraîtrait-elle pas manquer de robusttssc, nous l'orgueil de préfércr les instruments de la pcnséc à tout ce qu'ils permettent
n'aurions pas à nor.rs évertuer l'L la consolider. Conme clans l'argur-ncnt 1a cle saisir, la suprérnatie absoiue conféréc à f intellect sLrr l'intelligible, l'ascé-
pensée dcmeure extéricure à son objet et que cette extériorité cst facteur ric tique jouissancc de X,Ionsir:ur Tcstc.
contingence, on sera libre dc' manicr autant d'ar5;umcnts que l'or-r veut. Un II ne sufûsait pas, il était superliciel cle différcncicr la preuve de l'argrrment,
argument feint de dé{endrc unc thèse, était-cllc si exposéc ? Il n'a en fait pour comme te1 polémiqLre,subalterne, exotérique; encore doit-on se demander si,
rôle quc d'cn appuyer un autre.,, Il n'est pas difûcile, écrit Hegel (op. cit., soLrsune forme plus subtile, moins vovarrte, plus redoutable clonc, le rccours
p.rr3) de voir que la manière de proposer une proposition, d'alléguer dcs à la preuve n'impliqLre toujours pas, ne maintient pas entre ia vérité et son
raisons en sa faveur, et de réfritcr de la même façon la proposition opposée établissemcnt cette extériorité dans l:rqLrelle et sur laquclle jouait pitoyable-
ar.'cc dcs raisons, n'est pas la forr.nc sous iaquelle la r'érité pcut apparaîtrc r. m.:nt l'argument. Dntrc la vérité et la ce'rtitudc nc subsiste-t-il pas unt' clis-
Hegcl nous inciique ainsi quc tout argumcnt n'cst qu'un contre-argumcltt. tanct:, un écart pour toutr:s deux clonrmagr:ablcs,serait-il provisoire, si u,rus
Il ne trouve son emploi que dans trne dialectique médiocre, c'est-à-dirc, el-r assignonsir la prcuvc la fonction de le'sréunir? Y aurait-il d'un côté ia véritÉ,
l'acception aristotélicienne du terme, une krgique c1u probable. La .r'érité sc de' i'autre la prcuvc oir elle se fait valoir'. On sait ce qrle veut dire assez ironi-
développe dans ia preuve. L'argumcnt ne se meut que dans le vraisemblable, quemcnt l'expression faire valoir ses droits : les obtenir de force. Dans la
cette dispersion c1u vrai. C'est pourquoi, comme nous venons dc Ie cliscerner, prcuve il ne demeure plus rien de la violence dc Ia persuasion, mais toute
il n'y a pas d'argument au singulier. L'argument, cc sont les arguments. \Iais contrainte n'en a pas pour cela dispam. Cettc idée que je méditais, je galdais
l;r raison rcfuse toutcs cc's vaines raisons. Quand elle sc pluralise ainsi, elle du chanrp vis-à-vis d'clie, j'v exerçais mon jugcmcnt, Ia tor-rrnantet retournarnt,
cléraisonnc, cllc dégénère tn passion. D'or) l'errer.rr de l'c-rpinion, si volonticls Ia- frottant à d':rutrcs; je la suivais, lir iaissais courir tout en la surveillant.
raisonneuse, mais y a-t-il plus raisonneur qu'un passionné ? quand cllc supposc trIontaigne fut cxpcrt en cette néglig,,nct' stuclieuse.Aussi bien n'était-il pas
que la vérité pourrait étrc l'enjcu d'Lrrrcluttrr ct c1u'avoir raison, <;'cst avoir tcllcment amatcur cle preuves. Car la r-oici maintenant, cctte iclée, bardée c1c
raison de. D'un style tout différent lc vrai combat de la raison, où nul n'tst prcuvcs. Ellc cst comme ligotéc ct elle me ficelle à mon tour.
vaincu mais oir tous sont vainqueurs, car si on y a le clessous,on sc hisse er.r- I-a preuve serait-elle un secours dont la vérité a besoin? Queile cst cctte
dcssns c1esoi, on n'cst pas plus faible, on cst plus fort (cf. Éthique, livre I\r, vérité besogneuse,forcéc, en candidate ii 1a ccrtitudc, à être mise à l'éprr:uve ?
prop. 36, Scolie). Concluons: on s'inclinc dcvant un pcrsuacleur habiie, on nt' Le vrai aurait-il lui aussi à faire ses preuves? Selon la perspicacité pascalienne
cède pas à une preuve. la raison étale sa déchéance, non point en ce qu'clle serait inapt,t. :\ produire
cles preuves mais au rcbours en ce qu'elie n'a pas les moyens de s'en passer.
Aussi Pascal répète-t-il que nous ne pouvons abordcr le vrai que de manière
obliquc, par dcs di.tours discursifs dont la raison n'a pas à tirer gloire.
Preuve et vérité
Ce tlue nous nc somlnes plus à même tle < sentir r immédiatement, il ne nous
reste plus quc la ressource de nous cn approcher méciiatement, c'est-à-clirc
Il n'est cependant iras si commode d'harmoniser les relations de la. preur.e et qrc force nons cst clc raisonner. Par rnalhcur on ne s'engage pas impunément
dc la vérité. A bannir, dans un louable esprit cf intransigeance, toute vérité sLtt la route tortucusc des rnédiations i.,t l:l prcuvc sc révélera pour la raisc,rn
de droit divin, à ne pas supporter dc vérité exemptée de vérification, ne I'alliéc, Ic guide le plus traîtrc. Ricrr n't'st médiatisant qui ne soit à son tour
riscpons-nous pas dc rendre au vrai un scrvice beaucoup moins heureux qu'il susccptiblc cl.'êtrc rnédiatisé et ltr sccptitluc triomphc. Prour.e t:r prcuve,
n ' e n a I ' a i r , ' t r l p d i m i r i r L r' ' s . r I , u i s s l l n c cs c , l l i c n u v e r l r i r . l ' , i t a y , . r ? T , e l x n g l g p ordonnc-t-i1.
La preuit Lu r.i3
firettue

Négativement, le scepticisnc est réiruté pour une forme de penséc anima,c l'asscrtorique et i'apodictique. Opiniâtre:nr.cntle sceptique dit toujours non.
pilr la fureur de la dc-stmction, pour une philosophie clévoyée et dirigée contre Il nc sc prête pas à cc nouvcau subterfugc-.< Quclle quc soit la r'érité qùc nolrs
la philosophie. Aussi du côté dcs gt'ns raisonnablcs lui règlc-t-on son compte reconnaissons à un moment donné, nous pouvons toujours nous clcmancler
cn un tournemain. Sa réfut:rtion figure sur la liste dt:s excrciccs scolailes lt's si elle est vraic, pourquoi elle est vraie, si cettc nécrssit,i subie n'est pas qu'un
plus élémentaircs : n'cst-ce pas énoncer unc vérité, et de singulière taillc, quc fait , (Lagnca!, oP. cit., p. r8r). Descartes rcprcnait donc pour soi l'intran-
dc dirc qu'ii n'y a pas de r'érité ? Si le scepticisme n'existait pas, le dogmatismt: sigeance du sccpticisme, déjà quand il liait I'acte instaurateur de sa philo-
aurait dû l'invcnter. Hegel remarquait toutefois qu'il existe cleux types de sophie ii la révolte d'une liberté soumettant à un doute radical et les évidcnces
sccpticisme qu'il importe de nc pas anr.algamer. Lr: prcmicr, Ic plus comrrlull, sensibles et lcs certitudes rnathématiques, davantage encore quancl, lc doutt'
st--borne à nicr la possibilité pour'r)olls d'une connaissancc absolue. Il norrs srrrmr>nté, ler système achevé, il confiait clans unc lettre au Pèrc l,Icslancl
prie de renoncer à clcs ambitions clisproportionnéts à nos moyens, de nous en (9 ft1'"'rier 1645) que i't'sprit est en mesure dc se dérober à l'évidence la plus
rt:mettre aux dcrni-certitudcs, sonlrrle toute satisfaisantes pour 1:r pratiquc, éclatantc, il n'a qu'à en détourner son attcntion, ( pourvu que nous pensions
du bon sens et d'avoir la t.nodestic de cuitiver notrc iartlin. Semblable anti- que c'cst un bien que d'affirmer par-l:i notre libre arbitrc r. La nécessité
théorie, dc style débonnaire, assezmou, Hume intitulait sa doctrinc un scel)- serait-clle donc la prison dont l'esprit nc pcut sortir qu'en sc privant dc la
ticismc < mitigé ), sr' gagne aisémclit lcs faveurs du public. Ellc cst l'rostile à r'érité; toute preuve cnfcrme-t-elle un noyau inentamablc cle factualité; voilà
toute espèce dr: métaph1'siquc. Résolttmcnt métaph1'siq1e, au c6ntrairc, ct- qrrc nous cle\rons maintenant élucidcr.
intrépide lc sccond typr dc scepticisme. L'esprit I' prcnd conscience de sa
négativité infinie. Il irulvérise tout clonné, tout contenu, clissout les cld:termi-
nations de l'expérience et de la vic ciue le stoïcisme, cette tentatit'e avortéc
de domination spirituelle, laissait finalement intactes. L'absoluité clu moi La vérification
pensant y tenait, en cffet, à son indépendance à l'égarcl clc ccs détermirrations
dc l'cxpérience et clc la vic. Ph.rselles seront réellcs, rigiclcs, plus la conscir-nct',
Il cr-r va assurément ainsi dans les scicnces cle la nature. Aussi bien, au.r
facc à elles, pourra s'enorgueiilir tlr: la puissance séparatrice qui 1'en affranchit.
tcmps où l'on était sévèrc en matièrc de vérité, ne s'airpelaient-ellesque philo-
Dans ie stoïcismc, l'absoluité clc l'tsprit ménageait car ellc la réclamait l'abso-
sophie seconde. Prouver n'y est quc r'érifier, et être r'ériflée, pour l'idée,
luité cl'un monclc clont le sccpticisme beaucoup plus souverainemt'nt r(:vékr-a
le néant. Désormais rien n'est plus que l'esprit, non plus simplement insulaire, c'est l'ôtre par autre chose que soi. Dans ces scicnces,ce n'est pas à l'esprit,
autarcique, retranché dans Ia forteresse intérieure, mais seul et librc, avant c'est, en dernière instance, à la nature que revient le dcrnier mot. La théorie
ia plus abstraite, la pius fermement déductive ne saurait se dispenser de l'appel
fait Ie vidc autoul tlc soi.
au fait, clu verdict des r choses r. Lcs sciences physiques ont bcau substituer-
Positivement, lc scepticismc a pour vcrtu philosophique de défendrr: r-rl\/crs
aux rhnnées brutcs du témoignage sensible une expérience élaborée rationnelle-
et contre tous la liberté de la pensire,la penséc comme liberté. Envisagcons
l n ( r I l . l a r ' u n c r - | 1 i 6 yn1r s v a f f r a n c h i t 1 ' x 5 ç , ' 1 1 1 ' l i 1 5 m , ' ndt c l e P e r c r p l i u r r
u.ne preuve parfaite, abs,rlue. L'csprit serait cléterminé par eile comnrc rrnr
et la scit ncc: tfrr réel ne saurait être unt- scicncc idéale. Comme on a pu lc dirc,
chosc l'est par les autres choses. Il cn scrait c1ela pensée comme cl'unc méca.-
i1 a-rrivc toujours un rrtoment où le plus grancl yrirysicicn rr'a plus qu'à croiscr
niquc dont la cause du fonctionrrcmcnt cst toute extérieure. Lc sceptiqucr
lt-'sbras ct à attenclrc. C'est le moment clc I'hruniliti:, c'cst le mornent du récl.
nic que soit vérité pour la pcnsée ce qui nc scrait pas vérité par la pcnsée. Or-
Si la r'éaIité était :ru tcrme d'nn c:rlcul, il n'y aurait phrs de réalité. La réalité
aucune évidence ne lui paraît remplir ccttc condition. I):rns l'ér,iclencc, cc
in'érluctiblc du sensiblc exchrt qu'i1 se plic à une intclligibilité absolue, c'est-à-
dictat du dehors sur le dcdans, la conscicnce s'étriqnc au sentiment d'un je n,.
clirt: acher'ée. Entièrcment expliqLré, il se résorberait clans la pensée. Le re1el
pcux pas; j'y prends acte qu'il m'est inrpossiblcdc penst:r- autremcnt. L'ér'id.encc
est nloirrs cc quc for-rt les hypothèst's cles physicicus qlle cc qui les
nc serait que lc constat cle cette situation de fait. Dc la sorte, la discipline rlc
obligc à se défaire sans cesse. Objct, objection, c'cst Ie même mot. En ce
la preuve ne nous arrachcrait à la lirctualité sentinicntale cle la cro\'âlrc€l que
scns, on ne va pas pLus au réel qu'r,rn n'cn part. L:r phénoménalité clc l'r'rpé-
pour nous livrer à Ia factualité de la raison.
ricrtce : r-icn n'est qui n'apparaît, donc ne clisparaît, signifie quc nous ri'en
On nc gagnera rien, de ce point de vue, à rcmplacer avec Lcibniz Ia nomrc
aurons jarnais tenniné ave'c elle, c'est-à-dire qrr'il n'y a pas à craindrc qrre
arbitraire et subjective de I'évidence cartésienne par Le criteriarm cl'une réso-
nous:rrrêtions de la perlscr. Pour toutes ci's raisons le rccours au clehorsqu'est
lution aux ultimes éléments due à une analyse poursuivie jusqu'au bout. la r'ôrificirtion cst hors il'état dc fournir r1t-spreuves cléfinitives. Restrcints lr
Quel que soit le critère, psychologique ou logique, c'est toujours un critèrc, reqistr,. rlt. ll naturr, s:r ,r collaboration r clans lc prétenclu dialogue dr: l'expé-
c'est-à-dire un instrument de détermination du jugement, une coercition, rit-ncc r:t c1ela raison. A la rigueur, u rlit r - clie non, ellcore qu'on nc sachc à
un commandement infligé par la r'érité à la libertrl. Le sceptique secoue cc quoi :ur juste ellc a dit non, à tell'hvpothès,'ou:ru s5'stèmedans leqrtt'l <'llc
joug. On voudrait cncorc dissocicr nécessité c1c fait et néccssité dt'droit, s'r'lr:;rrlrait. l'Iais elle nc dit jamais oui. Ricn nc proLlvc trn bonnc logiqu. r1tL,'
r54 La fretrLt I Lu freui'tt

l'hypothèse ainsi conhrmée cst la vraic, qu'ullc autrc nc rcccvrait pas elle puisqu'une pensér: présente ne s'y lixe pas à ce c1u'ellea déjà conçu rn:ri.
aussi l'agrément de la nature. Au r7c siècle,quand l'csprit scientif,que clogrna- cléjà s'annesc cr r1u'ellen'a pas encore conçu. Contraires, la logique, subordi-
tisait moins qu'aujourd'hui, il était cl'usagecl'opposeri\ la ccrtitudc phr'.iqrrc, nation clu pcnsant au pensé, et la méthodc, suborclination du pensé au pensant,
nommée alors morale, la certitude métaphysique, seulc absolue. invention continuelle. Certes, puisqu'il cst rigoureux, on est toujours à mêmc
Dans la r'érihcation la preuve s'ajoute à l'idée on, si I'on pré{ère, c'cst tlc logiciscr après coup un système mathématiquc. Au r8e siècle la géométrie
l'idée qui doit se l'adjoindrc. tïne hypothèse n'est scientifiquc, ne sc distingue s'enseignait à grand ren{ort de syllogismes. Est-il besoin de le répéter ? par
cl'unc conjccturc, que si elle Jixe elle-môme les conclitions de son éventuelle sa stratégic axiomutisante le logicisme, étcrnt:l aliment pour la sophistique,
ratilication, en pcrmettant la irrtlr,ision d'un {ait : au sommct du prry c1eDôrne nr fait quc s'ingénier à s'approprier des victoircs qu'il n'a pas rcmportécs.
la cololtrrc de mcrcure baissera clans lc tube transirorté, non conct'r'abltrsans lngénieusr: la logique, nais géniales les mathi:matiqucs.
c'llc. I-orsrlue la prenvt'nc st: clétache pas du processusintcrne clc la pcnsÉc', I-e génie déductif répugne aux expôdients cle la preuve logique. Nécc'ssité
lorsque sa progrcssion cst r\ r:llc-mêmc sa propre frcuvc, l'on r:st cn préscnc,' i'ingénieuse, cornmc I'on dit si bien. Ce n'est qu'en cas d'extrême nécessit€1,
cl'une démonstration. qua"ntl il lui est irnpossiblc de procéder à une démonstration directe, quc le
mathématicien sc confie aux rcssourccsde 1'apagogie,c1ela preuve par l'absurcle'
qui n'cst qu'un adjuvant logique ct, en vertu du principe du tiers exclu, fait
conr:hire à la r'érité d'une proposition par la fausscté de la proposition contra-
La démonstration tlictoire. Cette preuve est incliscutable; elle n'cst pas instructive. EIle nous
ccrtitre que tel thi,orème erst vrai, elle ne nous apprend pas comment il est
Le géomètre ne r'ériJie pils que la sornme cles angles rl'Lrn tlianglc cst tlgalc vrai. Deux nécessités: dans i'une le vrai contraint, je n'ai pas le choix. Dans
à cieux droits, il le démontre drins l'élémcnt de l'a priori.l.'a.f>riori cst I'orguril l'autre il dirige non pas en commandant mais en éclairant. Cette seconde
de la raison. Si elle avait compris sa nature ct scs pour-oirs, la grirnclc cllrmc néccssité cst lil>erté. L'iclée adéquate, expliquc Spinoza, rencl raison cle tous
qui avait ordonné dc rassemblcr',à l'iutomne, toutes les feuillcs tle tous lrs les élémr:r-rts qu'elle contietrt, elle en constituc la cause;clle les engcndre. EIle
platanes de scs propliétés et d'essayer de les superposer, afin cp'elle ptit n':rttencl pas d't1trt'conlirmée par une prerl\rc, r'lle est dc part en part afhr--
avoir le cceur nct sur le principe cles indiscernables dont dans un sakrn Lcibniz mative. Quand nous pensons par idécs adéclLrates,nous exerçons purement,
iui avait fait part, aurait épargné à scs gens une fatigue inutilc. Dans Lr dérnons- nous augmentons donc Ia librc puissancc cle notre esprit. Nous sommcs par-
tration, sans nullc conct'ssion à Ia contingence d'une extériorité, le vrai scr-r1 faitement actifs. Le scepticisme r n'est pas le vrai r. Il a pour tort d'ignorer
conduit au vrai, il n'a rapport qu'à soi, il n'est donc jamais en sr-rspcrlscomrnc que, sous un cert:lin biais, il a raison. Le scepticisme a raison de soutenir
le sont, selon Spinoza, ies h5'pothèses de la mauvaise ph1'sique, qric l'on piit' que l'esprit ne saurait s'incliner devant la vérité comme devant une autorité.
simplement dans un premier temps d'être vraisemblables, plausibles, a\-ant Ct- serait suppcscr absurdcmcnt i'cxistcnce dans la pensée de quelque chose
de les proposer au contrôle clcs faits. Une tellc pratiqrre témoigne envcrs le dont r:llc nc se-rait pas à I'originc, dont clie ne sc rcndrait pas raison, qu'elle
vrai d'une abominablc désir.rvolturc. Supposant qu'une icléc Pourrait c1'aborcl s r t l r i t ' u i ts , r r s l , r f o r r n e e n k 5 - s t é o1 1 ' r r nc o r p s é t r a n g 1 . pÇ . c qrri fait la pcnsé- n,'
n'ètrt' par elle-mêmc ni vraic rti fausse, on s'imagine tnrnsforrner ensLritc la sr:ririt plus cc 11r'r:llefait, elle s'absentcrait c1cl'actt- cle r-érité. On ne reprochr:ra
vraisemblance cn vôrité. \/oilà l'usagc illégitirnc clc la prcuvc, colnnle si c'était pas au sccpticismr: rle nier que l'esprit opère comme une rnachine. Nlais il
du douteux qu't-rn faisait c1ur-rai. Entre la prcuvc ct la vtlrité la cli:rncins-
a.r.-t:c s'abuse quand il en infèrc l'impossibilitô dr.r vrai, exprirtrant ainsi son entôter-
tration élimine- totrte dualité. La preuve de la. r,érité d'une dtinronstration, nr,,nt;'r nrlrr-r'I'i,lrirldorrrn:lliord r e' r r n , . , 'r ' é r i 1 É - c l r , , sçsl,o' t r ti l c o n t - s l ; r i t
c'est ccttc démonstratiorr. Propulsion de vérité, la démonstration ne sc ramènt: simplernt'nt (lLrc llous puissions le rrlaliser. A I'irnage dr: toute désillusion,
pas à un simple raisonnemcnt. Le raisonnement est logique, la démonstraticrn la désillusion sceptique ne se déleste qu'illusoiremcnt de son illusion. L'inversc
est mathématique. Cc n'est pas de ia logique, c'est dr:s mathématiqucs que d'une erreLrr, c'cst une autre erreur; le contraire cl'un mal, un autre rual.
Spinoza cléclare quc sans elles lcs hommes n'auraient jamais eu l'idée de la L'envers d'une illusion n'est toujours qu'une illusion.
puissance de la vérité. Qui démontre ii partir de principcs procluit dcs consé- Qui n'cst avide que cle preuves {ait passer contradictoirement la prcuve
quences. I1 ne s'appuic sur des propositions quc poul cn trouver d'autre's. avant Ia vérité. Cet hommc chcrche en clchors r1c son savoir la vérité de son
Le raisonnement suit l'orclre inverse. Prouver y revient ulriqucmernt à montrcr savoir. Il s'ér'crtuc cn vain à rcnclrc vrai quclquc chosc qui nc Ic serait pas
que tellc proposition était déjà, d'avance, enfcrmée - qucl vocabulaire péni- déjà. Aussi est-il condamné, clans un renvoi sans fin, à prouver ses preuves ct
tentiaire que celui de la iogique - contcnue en une autrt--.Pour la logiquc, Ies prcuves de scs prcuves. Cct hommc, s'il réfl(rcl.rissait,s'apercevrait quc
tout est déjà fait, cléjà pcnstl, fini. Nos initiatives sun'iendront trop tard. lorsqu'il a une idé:c'r-riric-ou il sait en rnôme temps qu'il i'a ou il ne le saurzr
C'cst pour rlésassujettir l'esprit de l'cnchaînement logique que lcs cartésiens jamais. Il s'apcrccvrlrit cpc savoir qu'on sait, c'cst clécouvrir qr-l'r.rnsavait.
f()rgcrorlt lcrtrs u chaîncs , cle raisons d'une natrrre raclicalemr:nt cliffért'ntc " Pour savoir si une irléc erst vraie, il n'est cionc Pas nticessairecle r,-{aarcltr
I5a) [,a frttri c La f-rcttt t

autrc crhosequ'eilc. li y :r cr:r'tairx'rncnt clatrs lcs idér:s qucl<1trcchosr: dc récl est, institué par Spinoza, lc. rationalismc inti,gral, k' r':rtionali:;n-rcphiloso-
par qr.roi les idécs vraics sc clistingut-'nt clcs fausses. II y a ccrtaincment r.r.Ire phique.
manièrf dc pt.nser qtri, p:rr eilc-mômc, 1'1i1ir:.Ce n'est pas cle l'objct qu'il Seulerncnt cc lcgard auqutl ricn nt: sr: clissirnulc,noLr.snous lr' tlissinrlrlons
"51
Iaut rapprochcr l'idtic pour savoir si cllc est vlaic, c't-st d'un typc clc l'icléc à nous-mômcs. Nr,rus \ro)'ons cc qu'il illuminc, r]()u.ssornlnes avcugles iL sa
vraic, cl'une nanièrc vraie (lc pcnscr. D'oir l'on voit qrrc la velrité d'unc ic1ée propre lumièrc. La raison en cst, ainsi qr-rr.l'crpliquc Spinoza dans lc 1)e
est dans Ia î:rçon dont ccttc i<léccst idéc, ct, conlnre on dit, datrs sa forme, ct Ernendal,ione,quc n()us nc faisons pas attentior-r à la natnlt' c1cl'cntenden-u:rrt
qu.'elle dépend uniquemcnt dc la nature et clc Ia puissance de l'intellect r ou, cc qr-Lirt'r'icnt au môme, c:,Lrl'enttrndcment est ccttc iclée vraic que r.oici,
(Alain, Spitt,oza,p1). -13-34).Autrr:mcnt r1it, nous ne comprcnclrons ricn tatrt et ricn d'itutre, iL ia nature dt: I'idét'. Nous n'avions l)as remarqué ($ 33)
que nous nc comprcndrolls pas cc qu'cst comprcndrt-, ct ceptrnclant por.Lrlt' qu'autre cst lc ccrclc, autre est l'idée du ctrclc, tlui n'cst pa-scirculairc, n'a
comprcnclre il suffrt cl'avoir, nc' st'rait-ct qu'une fois, compris quelque chosc. pas clc rayons, de centrc. I-e cerclc est <lu connu, f icléc du. cercle cst du connais-
sant. Aclmcttons que i'idée soit unc chosr' à connaître, un(r sorte ri'olrjet
intclligiblc, un c1écalqr.rc de la réalité dans 1'r'sprit, nous clcvrions rn pr(.r1dre
connaissance p:rr I'entrcmise cl'une dcuxièmc idéc clont nous clevriotrs à sor-r
La compréhension
tortr scion l'hypot'hèse prendrc, connaissancc Par 1'clltremisc d'une troisièmc,
et ainsi de suitc. La ccr-titude sc trouvcrait clif{érée, rcculée à l'inf,ni. Alors
-l'cllc efïectivcmr:nt il nous incornberait cl'accumulcr prcuves sur prerives. La
cirimonstration c1t:mathématitpcs, tellc analysc d'un philosophc, je
prclr\'c clr la vi:rité d'unc idéu résiclc-rait toujours clésrrspérémcrrtdans unc
nc 1es compre'nais pas. A présent je les comprends. Ce sont toujours pourtatrt
autre. Nos idées dcmeurcraient doutcuses poLrr l'étt'rnité. Cc qui cst douter-rx,
lcs mômes. I1 ne s'agit pas d'un palrsagc clont Ie détail s'accuse et quc i'{)r1
cn effet, I'cst à jarnais. On nc voit pas par rpellc fécrie il cesserait de I'être.
discernc plus nettcment au fur ct à mesure qu'on s'en rapproche. Il n'y a pas
Art cas oir l'idéc scrait astrcinte, ar.artt çlu(rsa r-érité fût lrrorrr'ée,ir stijoulner
unc place privilégiée, ni trop loin ni trop près, ci'où I'on vcrrait exactement la
au purgatoire dcs hypothèse-s, el1c ne ler quitter:rit pas.
r-érité. J'en dcvrais cléduirc que la vérité ne précède pas la compréhensior-t,
qu'ellr n'cst pas qr.relquc objet autour cie qucri tournt'rait la compréirensiotr, La r'érité cst intuition. Aussi sc rér'èle-t-,:1lc par lrr scule lumière dr-rr.rtelle
à quoi ellc pourrait ou non accéder. J'cn devrais déduire quc s'il n'cst pas dc éclaire son objet, et l'acte de comprcndre (,st sa prol)re prcu\.e. D'otr il se
r'érité arr dehors de la comprclhcnsion, c'est qu'il n'est pas de vérité cn,dehors dégage enfrn quc Ie vrai n'a nullement à êtrt affermi, éta1.6.otlr-. rr.n éc1ifice
de la compréhension. Je voulais naivcmcnt comprendrc la r'érité ct il rnc branlant. De la Pseudo-prcuve on souhaitr'qu'ellc rt:nforcc. I-a force n'a pas
semblait que cette entreprisc excérlait mcs forces, ne convenait pas à la capa- de placc dans Ia sphère dc I'cntendement. ^\ parlcr de la force d'une idée, dc
cité cic mon entenrlcment qut- je jugeais bornéc parce que je me lareprésent:ris la force cl'un raisonncment, on traite ellcore unc fois ln:rtéricllcmcnt des choscs
matéricllement - imaginpr, c'r'st tgurtr, tuut le mondc 1e sait pourtant: spirituelles. Prendle l'csprit pour Lulc forcL., là sc tit:nt i'origine clc toute
r qu'est-cc quc. tu vas L.ncorctc figurcr? D- cornmc un contenant, unc boîtc. idolâtrie. Voilà pourquoi, cornrnt nous I'ilvi,.rnsobscnré, lc r,rai nc lrrttr pas
Il v a tant de r.érittis,crol'ais-jc, clans l:r vérité, toutcs soliclaircs,cc qui crt urt cotrtre lc fatrx, lr: faux ne résistc' pas art vrai, lc vr:ri lc clissipc comnt(- Ia hrmière
sens n'cst p:rs faux, toutcs r.raics par lcs rapports infinis c1u'el1cs entrrticnncnt lc'sténèbrts. En somrnc, r'ou.loircnco-Lc,exig.'r clcs1)rcur'csquand ,rn conrprcncl,
avrc toutcs lcs autrcs. Pascirl m'cn prévr:nait : tant que je n'aurai pas compt'is c'cst êtrc aveuglc en pleinc lunrièrc, c'est croir-c rôr'cr tlrand tin cst ér'tillé.
tout dc tout, je ne comprenclrai ricn dc ric'n. Ilt comment fairr- entrcr tortt ccla Spirroza ap1rcllc celir dtllirt'r. Fautc cle rcconnaîtr-r'qire 1c lr:ri t:,', indet sttî,
rlans I'esprit ? l'on suspectera tt'importe qucllc r'érité arl ln..)\rcrI clcs Pii es c'rtravagzrnces.
Se devinerrt sans pcine les rafhnements cn tous genres auxquc:ls donncront
Je m'avisc désomai-. tIr'il n'1'a ricn li fairt- entrtr clans I'esprit, qut: lir
r'érité cst la compréhension clle-même. Lc vrai nc tlualilic l)as la matière du savr-rir lieu dc tcllersbiilevcsét-s,icur succès auprès des badauclsclu savoir, ébahis par
rnais sa formc. Si nous avions r\ percevoir la vét'ttê.,nous nous attellcrions à une la mode du soupçon. Dédaignant tlue conscicnct- cst syrronymc de connais-
besognc aussi extérlrante que chirnériqu.c, car ct-tte r'érité nc serait la r'érité sancc, sous le prétcxte que Spinoza montre cpc la consciencc initialentettt
de ricn. La r,érité cn généial n'cst cpc clc l'abstraction. En outrc, cc qu'r,,n ne saisit cn ellc que dcs..f{ets clont cllc ignrrr lcs cu-Lrses, on aLrral'auclacc cL:le
perçoit au scns spinozistc (ce quc nous appelons pcrception, Spinoza l'appclle saluer cornme lc premicr phiiosophc du s.lupçon. Scandalctr.serncnt,la r.ér-ité
imagination; ce çluc nous a1;pclons inragination, il l'appelle fictiorr) c'est la sera sommtie clc comparaîtrc dr:r.ant le tribunal clt- la Jr,:tion. Sans cloute,
chosc et la vérité n'est pas unc chosc. Le mauvais réalisme du pcrccvoir le protesteront certains, j':ri bien telle ér'iclcncc (con{onclue a\/cc lrn scntirntrnt),
i'rai ne sc dépassc quc dans le bon rtlllisme drr percevoir trai. La r.érité ne mais qu'est-ce qui me prouvrr que jc nc suis 1t1sfou? I)cscartes, suggércnl-t-on
parsème pas lc regarclé;clle loge <larrsle rcgardant. I1 en résultc quc l'acte dc rucore, ll':r l):rs plis asscz alr s..1rir:u.x
la folic; il erstu.rrclesinstigatcurs clr.rgr:rnd
conrplcndrc étant toujoLrrs un, c()Ilme cst un tout rtgard, il n'cst pas plus renfermcrntnt où s'cmpkrieiorit à la ncutrirliscr dcs sièclcs :r.sscrvis rr unc
tlillicilc r1t conrpren<lc lrelntcortp rlc choscs clrc cl'r'n coml',rcntlrc pcrr.'l'i'l raison tcrroristc, ctc. Et quel clornmrg.'r|r" SPinozlr non |lus nc sc soit fias
r58 La Preutt La freut'e I59

mis à son écoutcl Un éditeur del'Éthique écrit en notc : < Ce n'est pas la pre- Là se conccntrc toute la difûculté de la phikisophic. E,lle doit transporter
mière fois quc Spinoza éprouve ccttc sortc de méflance dcvant la raison non une rigueur mathématique dans un domainc oir Ia mathdrmatique n'étencl pas
constituée. On clit dans la partie II, scolie cle la prop. 49 : rr J'ignore ce qu'ii son ressort. Pour faire mieux qu'elle, cllc doit aussi faire comme ellc. Illle
faut pcnser dcs cnfants, dcs idiots et cles foLrs r. Il y a Ià un curieux symbole doit tenir la gageure de plier aux instruments cle Ia rigucur l'analysc cle ce
de cettc métaphl'siqrle qui ignore (oLr déprticic) la genèse et l'histoire c1c la dont clérive tciute rigueur comme d'annexer au sens cc qui domine tout scr-rs.
r a i s o n . . .r La diffrculté est d'autant plus consid.érablc qu'aucune vérihcation par le
Qu'est-ce qu.i me prou\/c qr.reje ne suis pas fou? Le fou! répondrait Spinoza. fait n'apportera ici le moindre sccours. I-e transcendantal, en cffet, n'cst pas
C'cst ôtre fou, lorsqu'on a 1es yeux ouverts de sc dcmandcr si on a les veux un collaborateur de l'empiriquc. I-t:s matliématiciens, lcs physiciens nc sont
our.erts. De tels beaux csprits, Spinoza estimait qu'ils sont irrécupérables pas obligés, pour la bonne marche de leu.rs travaux, cl'être vcrsés datrs la
pciur la r'érité. La philosophie ne peut rien pour eux. Ils ne méritent que les philosophie transccndantale. Elle ne leur cst d'aucune utilité. C'cst pour.quoi
soins c1u méclecins, ( car ce n'cst pas la méthode qui peut (les) corrigcr mais nul systèmc philosophique ne sera jamais conlirmé ou inlirmé par nos conduitcs
l'étrrclcdc l'obstination et clc son traitcmert r (op. cit., S ZZ).Qu'est-cc qui mc frustes ou fines, par ce qu'il en est de la sciencc ou c1el'attitude t'écue. II n'r'
prouve ? Lc raisomrement, s'il se donne libre cours, s'il n'est plus gouverné c h e n g e r i e n , d r r r c s t r - .- \ l ê m o c l a n sI ' i d é a l i t m e t l , . B c r k r l e y , l o s l i v r c s s u n t r o r i -
par f intuition, se déchaîne à tc.rusles sens clu terme. La praticlue de la vraie jours clans ia bibliothèquc ct les chevaux dans l'écurie. Il n'y a pas dc meilleur
décluctior-ra pour bienfait de retenir c1etomber clans 1estrauers des raisonneurs. éloge dc la philosophie quc dc dire qu'elle laisse les choses commc elle lcs tronve.
Le raisonncment toume-t-il à vi<le, la cléraison n'est pas loin. La logistiquc Elle nc transforme pas Ie monde, sa fonction ne I'amène pas vers le fonrm
tenue actuellemerrt par bcaucoup pour l'unique mode de penser acléquat, ou la casernc, cll: Ie forme; elle informe les hommes dc ce qu'iis sont, dc la
la psychiatrie, ou plutôt l'antipsychiatrie, étcndant de plus en plus son cnrpir,' formc que prcnd leur relation à l'être pour êtrc en nLrsurc de fairc ce qu'ils
sur Ia phiiosophie, cettc conjonction n'est pas due an hasard. font sans !lue, au demcurant, pour lc faire il soit néce.ssaircde savoir tuut
cela. Paradoxe cles paradoxcs : c'est l'cssentiel qui est l'incssenticl. C'est
lc plu.s important, comme le dér'oile la théorie de la réminiscencc, qui cst ct ne
pcut être quc le plus oublié;oublié non pas malencontrcusement, par quclque
inadvertance, mais fondamentalemcnt oublié, c'est-à-dirc retenu par Ie fon-
Fonder et prouver damental. La philosophic cst conscientc depuis Platon qu'el1e étudie ie sar.oir
antérieur à tout savoir, tout ce qu'il est indispensable que nous n'ayons pas
D'une proposition les mathématiciens déduisent une autre, en une progres- appris pour apprendre tout ce que nous apprenons.
sion sans arrêt ni hiatus. I-e philosophe doit évidemment, à moins de n'offrir Que prouverait donc la philosophie ? La réalité du monde ? Il corrrlxrse,
qu'un texte épars, désarticulé, tronçonné en aphorismcs, prendre cxcmple sur disait Alain, un tissu assez solide comme cela. La sciencc ? Elle s'afhrme sulî-
cu-r. II nc pcut toutefois limiter :i cette procédure son icléal cf intclligibilité. samment par sa cohérence ou les pouvoirs dc scs techniques. I-a morale ?
La mise en garde de Piatr-,n contrc les prerlves par les conséqucnccs nc clénoncc Il n'y a pas à justifier l'exigcnce clevant laquelle tout doit se justilier. Il appar-
pas sculement un pragmatisrnc triviirl oir le succès est érigé en critèrr sans qlre ticnt au philosophc non pas dc garantir superfétatoirement quc sont r-rait,s
soit poséc la qrrcstiondrr clitcrc drr srlccè;; r-lle nous a\"crtit qrr,' le p,,nsé,. dcs certituclcs acquises sans lui mais d'cnseigner cn quoi et conment ellts
rcsterait énigmatiquc à ellc-mêm:, se borncrait à clcs opérations eltcaccs m:us sont vraies. Alors elles brillent d'un éclat jusque-là inconnu. I-c philosophe
obscures, si elle n'avait pour fonction que de cléduire et comme d'égren, r ne va pas avec armes et bagages de l'autrc côté, Ià oir camperait l'Être en soi,
des vérités tout en étant indifférente àl la condition d.e oossibilité de ccttc la Science en soi, mais il nous révèle qucl savoir sc glisse déjà dans nos 1..rlus
effectuation. Aux mathématiques, s'achcminant de solutiôns en soh.rtions, à grandes ignorances, quelle relation à l'absolu persistc jusque dans nos démarches
partir d'hvpothèses qui nc sont pâs de véritables thèscs, car le posé ne s'y les plus frappées de relativité. N'y eût-il que du relatif, ce serait encore, selon
propose que sous la forme d'un supposé dont on observcra r ce qui en résulte r, Comte, de l'absolu que de Ie savoir. S'il se tournc vers L--sr choses r, le
Platon opposait ia dialcctiquc, < 1[gçç5sant r d'hypothèses en hypothèses, philosophe nous explique dc quel être cst investi l'apparaîtrc; qLr'il y ait du
jusqu'à I'an-hf irothétiquc, c'cst-à-dire à cc qui dans Ia pensée la constitue physiquc, voilà, expose-t-il, qui est précisémcnt métaphysiquc.
comme pcnsée. Au long dc ccttc clémarchc nouvcllc et cn un sens contre Arrssi, quand on fait grief aux philosophes de n'avoir jamais rien prour-é
nature : elle remontc une pcnte, il sc manifeste de plus en pius clairement qne et qu'on en prend prétextc pour les expulser de la laborieusc cité, oir n'ont
I'cssence, la signification dc la vérité ne sauraient détenir le même statut qut: droit dc séjour que les n travailleurs de la preuve r, aurait-on tout de mêmc
les r,érités qu'ellcs recouvrent ct que la philosophie ne per,rt sc contenter, dès intérêt à se demander si on entend réellcment la naturc d'unc vérité philo-
lors qu'ellc s'oriente vers ics princ\res, d'ceuvrer par le simplc moyen cLcs sophique, si on nc critique pas une fois dc plus la philosophie au nom dc cette
J)rcuves dont Ie contrôle nc portc que sur l'ordrc des conséqucnccs. rationalité négligente de sa source, dont elle nous inclique I'étroitesse. Drr fait
[,a l>reute La preuue tbt
r6()

nos artifices r. Voilà pourquoi les prétendues ( philosophiesde la science,,


que les preuves nc cléterminent leur juridiction qu'à l'intérieur. d'un champ
expressionsplus ou moins subtiliséesde la <philosophiel implicite et naïve des
intellectLrcl déjà constitué, dans l'ouverture duquel la pliilosophie se dispost',
savants, oscillent perpétuellemententre la simili-philosophiedu tout est cons-
il serait absuràe que fon<1erfût Ia même chose que prouver. Si, tandis que les
truit - l'idéalisme- et la simili-philosophiedu tout est donné, le réalisme,
sciences évoluentàans le problématisé, la philosophie sc confronte au problé-
oùrla conscience,ne se comptant plus que pour choseparmi les choses,s'éva-
matisant, autant c'est un devoir de prolrver une solution, autant il n'y a pl.
nouit dansla théorie qu'elle supporte pourtant et ma-intientde part en part. Les
de sens a prouver un problème. un problèmr-, cela se comprend. Les solutions
sciencesne peuvent donc qu'ignorer ce qu.ePlaton appelle l'être total, le réci-
s,imposeni. Les preuves forcent chacun à pcnser comme tous. Ricn ne pc't
proque et inobjectivable enveloppement de I'être et du connaîtrc, sanslequel
contraindre p..rônn. à discerner un problème. D'où I'inaptitudr: du philo-
elles ne se tailleraient aucun territoire. Alors qr.reles sciencesilécouvrent,la
sophe à implanter scs thèses dans les esprits, son étonnemcnt parfois clevatlt
philosophie, beaucoup plus difficilement, recouare.
lei adversaires profcssionnels de Ia compréhension, la sourde colère rle Dcs-
Il est certes plusieurs sortes de philosophies.Dans les unes s'opère au plus
cartcs contre la cécité des clisputcurs, la déconvenue cle Spinoza interrompant
près la jonction du connaître et de l'être, soit qu'on tienne avec Spinoza que
une corrcspondance. < Mais qÛott Philosoph.ica philosophis scributttur t.
nous ne penserionspas si ce n'était en guelque façon I'être qui pensaiten nous,
Prouvcr c'est faire intcrvenir, Inettre à contributiott un savoir a"ntérieur.
soit qu'on définisse avec Hegel la connaissancecomme l'élément ou l'être
Ayant admis cela, je n'ai plus qu'à admettre ceci. Fonder, c'est rapportcr
doit se différencier de soi, s'arracher à la naturalité où pour exister, pour
.. q,.,. nous savons à cc que nous ignorions. La phiiosopirie met à jour le non-
être autre chosequ'une condition iogique, il s'était enfoui. Commela distance,
savôir 1l'oublié, au scns platonicien) sur quoi repose tout savoir. Prout'cL,
ce que ne comprennentpas les mystiques, est le moyen de la proximité, l'être
c'est unir une vérité à une autre. c'est démontrer que la vérité d'une çrropo-
devait dans ic connaître se séparer de soi pour avoir chance de s'identiter
sition nc lui est pa^spropre, intime, qu'elle lui est communiquée par.unc autre,
à soi. D'autres phi-losophiessemblent, à l'encontre de notre interprétation,
que ce qui.eni,rrai une vérité, ce sont torites les vérités. Dans 1'empire du
ne fonder Ia connaissanceque sur elle-nrême.Elles établissent que ce n'est
proul.é, iien n'est jamais vrai par soi. Lc vrai, comrne le juste clarrs la citt!
pas ,dans l'être, dans les éléments du réel, mais dans ses propres principes
âelu. Répubtique, ist le monopôlt'de ia totalité. Ét.at.rgcmc1t, cha_quevérité
que la conscience trouve I'origine de ses vérités. Ce sont des philo-
confèrc d.onc aux autres quclque chose qu'ellc n'a Pas. II r-r'est de preuvcs
sophies critiques. Toutefois, ioin d'expédier l'être par-dessusbord, elies
que médiates, ind.irectes. Mais dans ce qui, au prix des plus longs efforts,
le confient à ia mémoire de la séparation radicale dont Ie savoir est né et
est fondé, se répand. instantanément Ia lumièrc. Fonder, c'est fairc voir.
elles nous recommandent de ne pas confondre outrageusementavec lui ies
c,est présenter, susciter. chaque philosophie a disposé un centre de perspec-
objets déterminés par la science; elles font valoir qu'à ne trouver l'absolu
tives àutour <1e quoi se sont aussitôt levées, déployécs des significations.
nulle part, on atteste le plus sûrementle sensqu'on a de lui. De toute manière,
Et tout a été transfiguré, installé dans sa vérité. Fonder est I'invcrsc cle prouver.
qu'elles fondent la connaissancesur la présenceou sur l'absence de i'être,
Voir, comprendre pour l'homrnc, c't'st comprcnclre ce qu'il fait' Ce n'cst et il n'est question ici que de repérer sous quelle unité problématisantese
qu'à travers ce qu'ii fait qu'il peut comprcndre toutcs choses.Ce n'est qu'unc distribue la multiplicité des philosophies,ces analysesnous avertissent que
^"ti"ité qnt- i'on fond.c, et c)n ne Peut la foûcler sur ellc-même (cf. chapitrc a). jamais sans référenceà ce que nous somlrrcsdans i'incapacité de faire : l'être,
L'activité qu'cst la connaissancc nt: se fonclr: donc ellc artssi que sur quelcluc nous ne pourrions élucider tout ce que nous faisons,en quoi clles sont philo-
chose qui n'est pas issu de cttte activité, sinon nous seriot-tscn Pleine fantasma- sophie et non point manipulations avcugles.
gc,ric ct pour p-ou\rer que lc m.ruvcmr:nt cst pensablc il sufûr:rit tl'avoir dt's
jambes, quelque chose, qucilc quc soit la si.tuation du savoir Par raPPort
â hri, qr,'.- ne pcut désigncr quc l)ar lc terme c1'être.Les scicnccs, dér'éalisantes
par foi.rction, dissolvcnt 1'êtrc dans 1e réseau inter-relationncl dc i'objectivité.
Les trois genres de la connaissance
Èour avc,ir prise sur lui, cllcs prélèvent, sclon I'expression aristotélicie'nnc,
suf son unité analogique unc détcrminatiorr Darticulièrr:,Ia quantité, Ic dcve-
nir, etc. La complcxité indéfinimcr1t accrue c1cleurs explications nc cloit pas Dans lc tablcau spinozistedes trois gcnresde Ia connaissanceseregrouperont
faire lrcrdre cle vue la simplif,cation ciont ellcs procèclent toutes. Omnis deter' ces indications. La connaissancedu premier genre, cantonnéetoujours dans
mittatio negatio. L'objet scicntifique est ainsi circonscrit, c1élimitt1.On per.rt une expériencevagr.re,qu'elle se ramassedans un ouï-dire ou dans les affections
le Surplomlter. La connaissance qui S'en elnPare est unu connaissance nécess:li- décousuesdu corps, se situe en deçà de la vérité. Elle n'est, à proprement
rencrrt clécentrée,à la fois, commc aimait à le rapl.rcler l\Ierleau-Ponty, partout parler, ni vraie ni fausse,car en nous en tenant à eile, nous ne pensonspas,
ct nulle part. Sorr objct cst clevant clle, q couché cotnmc un chicn r. Ausst, nous subissonsdes faits. Ce n'est que dc \'éprouué.Avec la connaissancedu
la sciencc, récluisant tout être à un objct cn gtinéral, traitt'-t-e11cdc lui t r'r
deuxièmegenre, au lieu d'une succcssionarbitraire et incohérented'effcts
la fois conlme s'il ne nous était ricn ct se trouvait cr:pcndant prôclcstiné à
et de signes,s'aligne urr ordre cle raisons. Aussi Spinoza nornme-t-il Raison
r62 La preuuc La preuue r63

ce mornent de l'esprit. La raison, déductive, enchaîne des vérités à dcs vérités. respond la vie cle la cité juste oùr I'homme arrive à se protégcr de l'enfant
Elle est mathématisante. Il n'cst de réel pour elle que le prolr'aé, et lc prouvé passionné qu'il clemeurc. De là des lois encore, l'ordre auqucl on consent,
cst bien la première forme du vrai, connu moins en luimême que dans ses cette libre discipline à quoi doit tendre l'cxistence politiquc. Déjà, nous sommes
productions inépuisables, Ia série des conséquences qu'il engendre, leur beaucoup plus libres; nous ne sommes pas absolurncnt libres. La raison n'cst
connexion nécessaire. Ainsi nous savons par la physique quel est l'ordre pas I'entendement.
éternel des iois de la nature par quoi s'explique tout cc qui dure dans l'étendue. La connaissance clu troisième genre où tout est Iiberté s'accompiit par
Dans ce savoir le règne de la vérité commence, il commence seulement. Il unique intuition. La chosc ]'est appréhcndée directement, non plus dans sa
n'atteint pas encore à sa perfection. relation à un ordre universel, mais dans sa singularité. Le détourparlaprcuve,
Quoique adéquat, ce savoir est encore incomplet. La détermination cxacte les coercitions de la preu\/e disparaissent. Je suis maintenant en présence de
des principes de la nature ne nous permettra jamais d'embrasser Ia suite l'objet. Je le pénètre. C'est intime. Nous étudierons comment la connaissance
entière des choses. L'infinité de cette déduction excède l'ampleur de notre du troisième genrc jaillit d'une réflcxion sur les conditions dc possibilité de
pensée. Nous ne pouvons que fixer les lois de l'articulation, le détail nous la connaissance du deuxième genre. Elle n'étend pas ma science. La raison
écliappe. La loi, tel est l'unique registre de cette connaissance. Il cst assuré- était assez robuste por.rr savoir que toute chose nÀ peut s'erpliquer que par
ment indispensable de connaître les lois, mais ce n'est pas une fin en soi. Dieu. n{ais clle éclairc ma science. L'entendcment comprer.Ldcluc sr'je ne par-
Il est évident que ce que l'on désire connaître, ce n'est pas la loi, mêrne si ticipais pas moi-mêmt-, singulièrement, en personne, originalement, à l'éter-
son universalité la distingue des entités empiriquement tissées par l'imagi- nité divine, jc n'aurais pas la latitude de former mon esprit à l'espècc d'éternité
nation. On ne connaît ia loi que pour connaître par la loi ce qui est réellement, selon l'universcl que conçoit la raison.
le fait, tel fait qui ne se réduit jamais à un autre. Si d'emblée nous avions La connaissance du deuxième genre se déroulait d'un seul tenant, à un
accès aux faits, nous pouvions lespercevoirtels quels, nousn'aurionspasbesoin égal niveau d'intelligibilité, sans jamais rencontrer de difficultés. Ellc se
du détour par la loi. Le fait, le singulier, sans commune mesure avec ccs impres- molrvait dans la. transpart'nce absolue. Quand on sait ce que lcs mots veulent
sions grossières que la connaissance du premier gcnre prend à tort pour Ies dire, qu.ancl on comprend ce qu'est une c.ansedc soi, unc chose finic en son
faits, voilà ce qui, par nature, se dérobe à la saisie rationnelle. Enfin et surtout, gL-nre,unc substance, un attribut, un mode, Dieu, quand on est cn possession
la connaissance par la loi conserve toujours quelque chose de mécanique, des axiomes du savoir, on écrit les quatre premiers livres de l'Éthique. NIais
de forcé. La raison nous fournit des règles. Nous devons les observer, nous cette connaissance nc se dominait pas encore, elle n'était pas encore réflexive.
y plier. Sans doute, selon I'exemple analysé par le De Emendatione et utilisé Elle ne se hissait pas à la source de sa vérité. Là est le problème. Et l'on ne
déjà par le CourtTraité, il est meilleur, trois nombres étant donnés, de trouver comprend parfaitement que dans la perspective d'un problème. Comment
le quatrième formant une proportion avec eux grâce à une règle que l'on a suis-je err état clesavoir tout ce que je sais? Alors, c'est la rér'élation, I'intuition.
maîtrisée parce qu'on a compris les propriétés de toute proportion, que d'em- Quand, dans une analvse d'ailleurs exer.nplaire de la problérnaticité philo-
ployer aveuglément cette même règle, parce que quelqu'un nous en a transmis sophique, Deleuze écrit : u Chez Spinoza aucun ( problème > n'apparaît clans
la formule ou même parce que nons avons constaté gue son usage ne la mettait I'usagt- dc la méthode g(:ométrique > (Diflérence et Répëtition, p. zog), il oublie
jamais en défaut. I\fais il est plus satisfaisant encore de s'épargner lir règle, Ic cinquième livre de I'Ethique, oir nc sont pas abandonnés les droits de la
d'apercevoir immédiatement la solution sans avoir à se soumettre à un procédé démonstration, aussi est-ce dans cettc clernièrc partie de l'ouvrage que Spi-
général qui nous astreint à la corvée de l'appliquer chaque {ois à un cas Par- noza ticnt à rappeler (prop. 27, scolie) que les démonstrations sont 1c,syeux
ticulier. de I'âme, mais oir la démonstration, en se recourbant sur soi, se fait à la {ois
Spinoza sera plus tard beaucoup moins sévère à l'égard de ia connaissance problérnatisante et intuitive. La connaissance du troisième genre transmutc
mathématique. Il écrira l'Êthiyrc ( more geometrico ,. N'oublions pas non plus donc du prouué en dtt probant.
que I'exemple cité était de nature arithmétique, emprunté donc à un sccteur Prenons-y garde : bien que la connaissance du troisième genre soit infini-
des mathématiques par trop empêtré, selon Spinoza, dans i'imagination. Il ment supérieure à la précédente, elle la requiert. Elle ne se pose qu'en se supcr-
n'en reste pas moins que même dans le dernier état de sa réflexion, Spinoza posant à elle. Il était ainsi nécessaire de s'être livré à la pénible mais féconde
n'omettra jamais de faire des réservcs sur l'excellence de la raison déductivc. pratique de la déduction pour découvrir que la vérité d'rrne déduction ne
Elle se comporte comme un guide très sûr, mais l'idéal serait de pouvoir saurait être unc vérité cltlcluite, puisque si tout devait être déduit, rien ne Ie
congédier tout guide, de marcher tout seul, sans aucune aide, forcément serait. Il fallait s'être astreint à l'épreuve du prouvé pour s'élever à la hauteur
contraignante, même si elle est aussi douce que celle de la raisotr. C'est de la du probant. Il serait dès lors insensé, comme de couper ses jambes pour avan-
vérité mathématiqrre qu'il faut dire qu'elle nous prend et nous conclrtit par cer plus vite, de rcnoncer au prouvé, ce seuil du vrai. Mais il ne sied pas, il
la main; oui, mais comme des enfants auxquels convient une sage tutelle. est médiocre de mêler ce qui relève du prouvé et ce qui relève du probant.
C'est pourquoi dans le quatrième livre de I'Ethique à ia vie de la raison cor- Il est misérable d'exiger des preuves quand tout est enfin probant. Ain,ci
r6q La preuoe La preuae r65

de l'amour, et la philosophie est amour, eiic débute dans son espérance et sc a u s s i ,d é p e n dd e D i e u s e l o n I ' e x i s t e n c e t s e l o n I ' e s s e n c em ; a i s c e t t ed é m o n s t r a t i o n
parachèvc dans sa joie. Comme l'amour, l'ir.rtuition est jouissance. C'est la u n i v e r s e l l es ,i s o l i d eq u ' e l l es o i t ,n e n o u st o u c h ep o u r t a n p t a s a u t a n tq u e l o r s q u en o u s
iaison pour laqur.llc jrrsqu'à l'Étttiqttr Spinoza dédaignait quclquc pcu Ia c o m p r e n o n sp a r r é f l e x i o ne t d i r e c t e m e nqt u ' u n ec h o s e p a r t i c u l i è r ec ,o m m en o t r eâ m e ,
d é o e n dd e D i e ue t e s t e n D i e u .
méthodc rationncllc, toujours séparéc cle son objet, s'évertuant à prouvcr
l l e s t a r r i v éà p r e s q u et o u s c e u xq u i o n t e s s a y éd e c o m p r e n d r q e u e l q u ed é m o n s t r a t i o n
une proposition par une précédcnte et à ne parlcr d'une chose qu'en parlant
d e s e r e n d r ec l a i r e m e ncto m p t ed e t o u t e sl e s r a i s o n se x t é r i e u r essu r l e s o u e l l e ls' a u t e u r
d'autre chose. A l'aube dc sa méditation, il allait jusqu'à baptiser la connais- I ' a p p u y a ist ,a n sp o u r t a nvt o i rc l a i r e m e nl a t v é r i t éd e l a c h o s ed é m o n t r é e : i l s n ep o u v a i e n t
sance par raison du tcrme peu élogieux de croyance. Croyance droite, disait-il. s ' e m p ê c h edr e I ' a d m e t t r em, a i s i l s I ' a d m e t t a i e ndte m a u v a i sg r é e t c o m m em a l g r ée u x .
Dcux dcgrés dc la croyarrcc clans le Court Trai.té : I'opinion, simple crédulité M a i si l l e u re s t a r r i v éa u s s iq u e l q u e f o i sa,p r è sq u ' i l so n t m é d i t és u r l a c h o s em ê m e ,e t
et la connaissance rationnellc, où la confiance niaise fait place à une méfiance q u ' i l so n t e s s a y ét o u s l e s c h e m i n sq u i y c o n d u i s e n tq, u et o u t d ' u n c o u pi l s s o i e n tc o m m e
qui ne vaut qu'à pcinc un peu plus cher. Je suis à présent circonspect, je t o u c h é sp a r u n e l u m i è r e e , t s a i s i s s e net n f i n r é e l l e m e net t i m m é d i a t e m e nc te q u e j u s -
réclame cles preuvcs. Unc tclle disposition rétractile, hargneuse, paraissait q u ' a l o r si l s n e p o u v a i e nqt u e d é m o n t r e rl.l s p a r v e n a i e nàt ,c e m o m e n t - l àà, l a c o n n a i s -
à Spinoza interrlire tout accueil du vrai. Il reviendra sur cette opposition abusi- s a n c e d u t r o i s i è m eg e n r e ; i l s a p e r c e v a i e nctl a i r e n r e nct e t t e i d é e c o m m ec o n s t i t u a n t
vement clurcie de la déduction ct de l'intrrition. Il ne revienclra pas sur le but é l e r n e l l e m e nutn e p e n s é ep a r l a i t e ;e t i l s a p e r c e v a i e natu s s i q u e l e u r â m e n ' a v a i tp u
j u s q u e - l àê t r eu n eâ m e ,q u el e u rp e n s é en ' a v a ipt u . j u s q u e -êl àt r eu n ep e n s é eq, u ep a rc e t t e
qu'il assignait à la philosophie : I'amour. La connaissance du troisième genre
i d é e - l àe t p a rd ' a u t r e si;l s r e c o n n a i s s a i ednat n sI ' i d é eu n é l é m e net s s e n t i edl e l e u rn a t u r e
s'unit à son objet. Cette intuition ne se prouve pas;clle fait preuve. Sentimns
p e n s a n t eJ.u s q u e - l ài l s s a v a i e n tc;a r ê t r eu n e p e n s é ec ' e s ts a v o i r ;m a i n t e n a ni lts s a v a i e n t
experimttrque nos @ternos esse .
e n f i nq u ' i l ss a v a i e n lt l.s a v a i e nnt o n s e u l e m e nIt' i d é e m , a i sa u s s iI ' i d é ed e I ' i d é e>.
On suggère parfois : il n'y a pas d'amour; il n'y a que des preuves d'amour.
Soit. Mais la seule ct décisive preu\ze de l'amour réside dans I'amour. Le
Alain, Spinoza,
philosophe sur ce chapitre en saurait-il moins que n'importe qui au monde ?
coll.ldéesN. R.F., pp, 161-162,
Un amoureux iniortuné du r7" siècle déclarait à une dame : < Mais enfin, O É d i t i o n sd e l a P e n s é eM o d e r n eC
, o l l .M e l l o t t é e .
comment pourrai-je vous prouvcr que je vous aime? > Il obtint cette réponse :
r Il mc faut aimer, X{onsieur, et je le saurai r.

Sur les pleuves reguises par la philosophie

< Les preuvesdes propositionstranscendantales et synthétiques ont ceci de particulier


B i b l i o g r a p hi e entretoutes les preuvesd'une connaissancesynthétiquea priorique la raison,au moyen
de ses concepts,ne doit pas s'y appliquerdirectementà I'objet,mais démontreraupa-
ravanta priori la valeurobjectivedes conceptset la possibilitéde leur synthèse.Ce n'est
Les principaux éléments bibliographiques sont contenus dans le chapitre. Ajoutons p a s l à s i m p l e m e nut n e r è g l ed e p r u d e n c en é c e s s a i r ei l; y v a d e l a n a t u r ee t d e l a p o s s i b i -
cependant que nul ne saurait prétenclre être formé à la rigueur s'il n'a lu attentivement les fité des preuvesmêmes.Sortir a priori du conceptd'un objet,on ne le peut sans un fil
Analytiques d'Anrsrorc, divisés en Premiers Analytiques, ayant pour objet le raisonne- c o n d u c t e u pr a r t i c u l i eer t q u ' o nt r o u v eh o r s d e c e c o n c e p t D . a n s l a m a t h é m a t i q u ce',e s t
mcnt {orrnel, le syllogisnre (deux livres) et en Seconds Analytiques, ayant pour objet le f intuitiona priori qui guide ma synthèseet tous les raisonnements peuventy être immé-
raisonnernent scientiflque (deux livres). Enfin les T-opiques(ouvrage du reste antérieur, d i a t e m e nrta m e n é sà I ' i n t u i t i o nD. a n sl a c o n n a i s s a n ct er a n s c e n d a n t a loeù, I ' o na s i m p l e -
huit livres) ont pour objet la méthode assurant de tirer des conclusions sur tout problème ment affaireà des conceptsde I'entendement, possible.En
cette règle est I'expérience
donné, à partir simpiement d'opinions admises. Utile en particulier à la discussion dans
effet,la preuvene montrepas que le conceptdonné(celui,par exemple,de ce qui arrive)
l'ordre des choses de la pratique, cette méthode apte à l'établissement du probable,
du vraisemblable, porte chez Aristote le nom de dialectique. c o n d u i td i r e c t e m e nàt u n a u t r ec o n c e p t( c e l u id ' u n ec a u s e ) c, a r u n p a r e i lp a s s a g es e r a i t
u n s a u tq u ' o n n e s a u r a i jtu s t i f i e r m ; a i se l l em o n t r eq u e I ' e x p é r i e n cme ê m e ,e t , p a r s u i t e ,
I'objet(object)de I'expérience, seraitimpossiblesans une telle liaison.La preuvedevrait
donc en mêmetemps montrerla possibilitéd'arriversynthétiquement et a priori à une
certaineconnaissance des chosesqui n'étaitpas contenuedans leurconcept,Sans cette
TeXteS a t t e n t i o nc, o m m ed e s e a u xq u i r o m p e n tv i o l e m m e nlte u r sd i g u e se t s e r é p a n d e nàt t r a -
v e r sc h a m p s l,e s p r e u v e s e p r é c i p i t e nl àt o ù l e s e n t r a î n e a tp e n t ed ' u n e
a c c i d e n t e l l e m el n
a s s o c i a t i o cna c h é eL. ' a p p a r e n cdee l a c o n v i c t i o nq u i r e p o s es u r d e s c a u s e ss u b j e c t i v e s
Sur la connaissance intuitive de I'associationet qu'on prend pour la vue d'une a{finiténaturellene sauraitfaire équi-
l i b r ea u s c r u p u l eq u e d o i t e x c i t e jru s t e m e n u t n p a s a u s s ir i s q u é A . u s s i ,t o u s l e s e s s a i s
< E t I ' o nv o i t i c i c o m b i e nl a c o n n a i s s a n ci en t u i t i v ed e sc h o s e so a r t i c u l i è r eosu c o n n a i s - qu'on a faits pour prouverle principede raisonsuffisantesont-ilsrestésvainsde I'aveu
s a n c ed u t r o i s i è m eg e n r ee s t s u p é r i e u r àe l a c o n n a i s s a n cuen i v e r s e l l ec ,' e s t - à - d i ràe l a u n a n i m ed e s c o n n a i s s e u r se; t , a v a n t I ' a p p a r i t i o nd e l a c r i t i q u et r a n s c e n d a n t a l o en ,
R a i s o nC . a r n o u sa v o n sd é m o n t r éa n t é r i e u r e m eqnut et o u t ,e t p a r c o n s é q u e nnt o t r eâ m e p r é f é r a int ,e p o u v a npt o u r t a npt a sa b a n d o n n ecre p r i n c i p e{ o n d a m e n t ael ,n a p p e l e hr a r d i -
r66 La preuue La p/euue r67

ment au sens commun (refugequi prouvetoujours que la cause de la raison est dou- c h e r p o u r m o i . m ê m es ' i l n e s e r a r tp a s p o s s r b l ed e t r o u v e ru n a r g u m e n tu n i q u eq u i s e
t e u s e ) , p l u t ô t q u e d e v o u l o i r t e n t e r d e n o u v e l l e sp r e u v e sd o g m a t i q u e s .> s u f f l r a i tà l u i s e u l p o u r d é m o n t r e rq u e D i e u e x i s t ev r a i m e n l> >( ( E u v r e sp h i l o s o p h i q u e s
Kant, Critique de Ia Raison Pure. d e s a i n tA n s e l m et,r a d . P . R o u s s e a uA, u b i e r ,p , 1 7 5 ) .L e v o i c i :
D i s c i p l i n ed e l a r a i s o n p u r e p a r r a p p o r t à s e s d é m o n s t r a t i o n s ,
t r a d . A . T r e m e s a y g u e se t B . P a c a u d , P . U . F . , p . 5 3 1 . < L ' i n s e n s éI,u i a u s s i ,d o i t c o n v e n i rq u ' i l y a a u m o i n s d a n s l ' i n t e l l i g e n cqeu e l q u e
c h o s e d o n t o n n e p e u t r i e n c o n c e v o i rd e p l u s g r a n d ,p u i s q u e ,l o r s q u ' i lI ' e n t e n di,l l e
c o m p r e n de t q u e t o u t c e q u i e s t c o m p r i se s t d a n s I ' i n t e l l i g e n c e M. a i s c e r t a i n e m e ncte
propre à Ia vérité philosophique
d o n t r i e nd e p l u s g r a n dn e p e u tê t r ec o n ç un e p e u te x i s t e rs e u l e m e ndt a n sI ' i n t e l l i g e n c e .
Sur le mode de présentation
E n e f f e t ,s i c e l ae x i s t a i ts e u l e m e ndt a n s I ' e s p r i t o, n p o u r r a i tl e c o n c e v o i cr o m m eé t a n t
< rE n f a i t l a p e n s é e n o n s p é c u l a t i v ea a u s s i s o n d r o i t q u i e s t v a l a b l e ,m a i s q u i n ' e s t p a s
a u s s id a n sl a r é a l i t éc; e q u i s e r a i ts u p é r i e u rD, o n c s i c e d o n t o n n e p e u t c o n c e v o i r r i edne
p r i s e n c o n s i d é r a t i o nd a n s l e m o d e d e l a p r o p o s i t i o n s p é c u l a t i v e .L a s u p p r e s s i o n d e l a
p l u sg r a n de s t s e u l e m e ndt a n sI ' e s p r i tc, e l ad o n t o n n e p e u tr i e nc o n c e v o idr e p l u sg r a n d
e s t q u e l q u ec h o s ed o n t o n p e u tc o n c e v o iqr u e l q u ec h o s ed e p l u sg r a n d ; - c e q u i e s t
f o r m e d e l a p r o p o s i t i o n n e d o i t p a s a r r i v e r s e u l e m e n td ' u n e i a ç o n i m m é d i a l e ,p a r l e s e u l
c e r t a i n e m e ni m
t p o s s i b l el .l e x i s t ed o n c , s a n s a u c u n d o u t e ,q u e l q u ec h o s ed o n t o n n e
c o n t e n u d e l a p r o p o s i t i o n , M a i s c e n r o u v e m e n to p p o s é d o i t ê t r e é n o n c é , i l n e d o i t p a s
p e u tr i e n c o n c e v o idr e p l u s g r a n d ,e t d a n sl ' i n t e l l i g e n ceet d a n sl a r é a l i t é). ( C h a p i t r el l ,
ê t r e s e u l e m e n tc e f r e i n a g e i n t é r i e u r ,i l f a u t a u c o n t r a i r eq u e c e r e t o u r d u c o n c e p t e n s o i -
. e m o u v e m e n t ,q u i c o n s t i t u e c e q u ' é t a i ti a d i s l a p r e u v e ,e s t l e m o u -
p. 180).
même soit présentéC
vement dialectiquede la proposition elle-même.Lui seul est le spéculatif dans son
effectivité,et ce n'est que son énonciation qui est présentation spéculative. Comme S a i n tA n s e l m e a, v e cu n e p u i s s a n t e p é n é t r a t i o nf l,x e d é f l n i t i v e m e n l et n e r f e t l a p o r t é e
p r o p o s i t i o n , l e s p é c u l a t i f e s t s e u l e m e n t l e f r e i n a g e i n t é r i e u re t l e r e t o u r d e I ' e s s e n c e à d e l a p r e u v e l.l e n v a d a n sl ' a r g u m e ndt e l a < r e c t i t u d e> m ê m ed e I ' e s p r i tS. i D r e u n ' e s t
f i n t é r i e u rd e s o i - m ê m e q u i m a n q u e e n c o r ed e p r é s e n c e N , ous nous voyons donc souvent p a s i n r e m a i s s t m p l e m e n t i n m e n t e , jqeupaennds e D i e u , c e n ' e s t p a s D i e u q u p e jnes e .
r e n v o y é s p a r l e s e x p o s i t i o n s p h i l o s o p h i q u e s à c e t t e i n t u i t i o n i n t é r i e u r e ,e l l e s s ' é p a r g n e n t l l e n r é s u l t eq u e m a p e n s é ep e u t ê t r e c o n v a i n c u se u r c e p o i n t ,e t p a r t a n ts u r r o u s t e s
a i n s i l a p r é s e n t a t i o nd u m o u v e m e n t d i a l e c t i q u eq u e n o u s r é c l a m i o n s .- L a p r o p o s i t i o n autresd , e f l a g r a n t ea b e r r a t i o nO. n r e m a r q u e r q a u e l e t e x t en e m e n t i o n n ep a s l e t e r m e
d o i t e x p r i m e r c e q u e l e v r a i e s t , m a i s e s s e n t i e l l e m e n lt e v r a i e s t s u j e t ; c o m m e t e l i l e s t
d'idée.Saint AnselmeécriTcogitare, )amaisintelligere. Concevoir,pour lui, comprendre,
c ' e s ta v o i rq u e l q u ec h o s ed a n sI ' e s p r i tl,a c o n t e n i r e ; t i l s ' a v è r eq u a n d i l s ' a g r td e D i e u
s e u l e m e n t l e m o u v e m e n t d i a l e c t i q u e ,c e t t e m a r c h e s ' e n g e n d r a n t e l l e - m ê m e , p r o g r e s - q u e n o u s n e s a u r i o n s l e c o n t e n iercso' inl t e n a i t q u ' e n n o u s . S ' i l n ' e s t p r é s ennot uq su ,' e n
s a n t , e t r e t o u r n a n t e n s o i - m ê m e .- D a n s l a c o n n a i s s a n c eo r d i n a i r e ,l a p r e u v e c o n s t i t u e i l n ' e s t m ê m e p a s p r é s e n te n n o u s .L a d é m o n s t r a t j onne c o n s i s t ep a s r a n t à d é d u i r e ,
c e t a s p e c t d e I ' e x p r e s s i o nd e I ' i n t é r i o r i t é M. a i s q u a n d l a d i a l e c t i q u ea é t é s é p a r é e d e l a parunedémarcheconceptuelle,uneexistenced'uneessencequ'àconclured'uneexrsle
p r e u v e ,l e c o n c e p t d e l a p r e u v e p h i l o s o p h i q u ea e n f a i t é t é p e r d u . d a n sI ' e n t e n d e m eàn tu n ee x i s t e n cheo r sd e I ' e n t e n d e m e nSt .a i n tA n s e l m eo a s s ed ' a u t a n t
A c e p r o p o s o n p e u t r a p p e l e r q u e l e m o u v e m e n t d i a l e c t i q u ea é g a l e m e n t c o m m e p l u sa i s é m e ndt e I ' i d é ed e D i e uà s o n e x i s i e n c e q u ' e nf a l t i l n e p a s s ep a sp a re l l e ,n e s ' a t -
p a r t i e s o u é l é m e n t s d e s p r o p o s i t i o n s ; l a d i t f i c u l t éi n d i q u é e p a r a î td o n c r e v e n i rt o u i o u r s t a r d ep a s à e l l e ; c ' e s te n D i e u q u e c e t a u g u s t i n i e vno i t d i r e c t e m e nDt i e u .L e t e x t e ,s a n s
e t p a r a î t ê t r e a i n s i u n e d i f f i c u l t é q u i t i e n t à l a c h o s e m ê m e .- C e l a r e s s e m b l e à c e q u i m é d i a t i o nc o n c e p t u e l l ed,é t e r m i n el e s c o n d i t i o n sd e p o s s i b i l i t d é'une expérience irré-
a r r i v e d a n s l a p r e u v e o r d i n a i r e ; l e s f o n d e m e n t s q u ' e l l e u t i l i s eo n t à l e u r t o u r b e s o i n d ' u n c u s a b l el,a p r é s e n c ed a n sI ' e s p r i d t ' u n D i e uq u i , d ' e m b l e en, e s e l i m i t ep a sà u n e n o t i o n .
fondement et ainsi de suite à I'infini.Mais cette manièrede fonder et de conditionner
N o u sa v o n sd o n ca f f a i r eà u n t é m o i g n a g e x i s t e n t i eble a u c o u pp l u sq u ' à u n e a r g u m e n t a -
tion logiqueC . ' e s t G a u n i l o nc, e < K a n t d e s t e m p s a n c i e n s> ( H e g e l )q u i c h e r c h e r aà
a p p a r t i e n t à c e g e n r e d e p r e u v e d o n t d i f f è r e l e m o u v e m e n t d i a l e c t i q u e ,e t d o n c à l a
r a m e n e rl a q u e s t i o ns u r l e t e r r a i nd e I ' i d é e- ê t e s - v o ucse r t a i nd ' a v o i rr é e l l e m e nlt' i d é e
c o n n a i s s a n c e e x t é r i e u r e .E n c e q u i c o n c e r n e l e m o u v e m e n t d i a l e c t i q u e ,s o n é l é m e n t d e D i e u ? - e s q u i v ép a r s a i n A i n s e l m eL. ap r e u v ep, o u r r a i t - odni r e ,q u e l ' a u t e u nr e p r o p o s e
e s t l e p u r c o n c e p t ,c ' e s t p o u r q u o i i l a u n c o n t e n u q u i e s t d e p a r t e n p a r t s u j e t e n l u i - m ê m e . p a s u n e p r e u v ea, u s e n sp r é c i sd u t e r m e ,c ' e s tq u ' i l n ' e s s a i e n u i l e m e ndLe s e p r a c e r
l l n ' y a d o n c a u c u n c o n t e n u t e l q u ' i l s e c o m p o r t e r a i tc o m m e u n s u j e t s o u s - j a c e n t ,e t t e l d a n su n e p e r s p e c t i vuen i v e r s e l l er a, t i o n n e l l eo,ù i l p o u r r a i a t m e n e ru n . a d v e r s a i rpeh r l o -
q u e s a s i g n i f i c a t i o nl u i é c h e r r a i t c o m m e u n p r é d i c a t ;l a p r o p o s i t i o nn ' e s t i m m é d i a t e m e n t s o p h i q u eà r e c o n n a î t r Iee b i e n f o n d é d e s a t h è s e .T o u t a u c o n t r a i r el,' < a r g u m e n t>
q u e f o r m e v i d e .> e s t d e s t i n éà n o u s m o n t r e rq u e l ' a t h é en ' e s tq u ' u n f o u , o u p l u s e x a c t e m e nut n p e r v e r s
d i a b o l i q u eq u i r e f u s ed e c o m p r e n d r e ce qu'il comprend.
Hegel, Préface à la Phénoménologie de t'Esprit,
D ' o ùl e st r e sl e g i t i m e rsé s e r v eqs u e s a i n tT h o m a sé m e t l r aà I ' c g a r dd ' u n el e r l e< < v o i e, ,
t r a d . H y p p o l i t e ,é d . b i l i n g u e , A , u b i e r - M o n t a i g n ep, p . 1 5 1 - 1 5 3 . E n c e d é b a t ,e n d é p r td e l a r u m e u r s, a i n tT h o m a sd é f e n dc o n t r es a i n tA n s e l m el e s d r o i t s
d u l i b r ee x a m e nd, u d i a l o g u ed,e l a r a t i o n a l i tpéh i l o s o p h i q u eAsl.' i n t e l l i g e n h ceumaine
l a < <p r e u v e> d e s a i n tA n s e l m ea c c o r d e e , n e f f e t ,à l a f o i s t r o p p e u e t t r o p . T r o p p e u ,
p u i s q u ' inl e f a i tq u e d é n o n c elra v é s a n i ed e l ' a t h é ea, u I i e ud e t e n i rc o m p t ed ' u n ed i f f i c u l t é
q u el a r a i s o n es u r m o n t e rqau ep a r c eq u ' e l l e s Ir é e l l e: < i a n a t u r ed e D i e un o u sé c h a p p e ,
Thèmes d'étude I ' e x i s t e n c de e D i e u n ' e s t p a s é v i d e n t ep o u r n o u s e t e l l e a b e s o i nd e d é m o n s t r a t i o>n
( c TS. o m m ec o n t r el e sG e n t i l s , l , 1c,h a p .X I e t D e V e r i t a tqe. X , a r t .1 2 )T. r o p ,c a r l ' i n t e l l i g e n c e
n e s a u r a i ts e f l a t t e rd e c o n n a î t r ed i r e c t e m e nut n D i e u t r a n s c e n d a nvte r s l e q u e li l e s t
b e a u c o u pp l u ss û r d e s ' a s t r e i n d ràe r e m o n t eàr p a r t r rd e l a c o n s i d é r a t i odne s e sc Ê u v r e s .
La preuve ontologique et son histoire B r e f , c h e z s a i n t A n s e l m e ,< I ' i n t e l l i g e n cne' é t a b l i tp a s l ' e x i s t e n c d ee Dieu au sens
o ù n o u sI ' e n t e n d o n sm, a i se l l el a t r o u v e> ( o p ,c i t . i n t r o d u c t i o d n u e à P . R o u s s e a up,. 5 3 ) .
L a p r e u v eo n t o l o g i q u ree Ç o i lta p r e m i è r ed e s e s f o r m u l a t i o ndse S a i n tA n s e l m e( 1 0 3 3 - De la manièredont Descartesle < reprendra>, en fait (contra,cependant,A. Koyré,
1109).Saint Anselmeécritau débutde la préfacedu Proslogion .'<Je me suismis à recher- L'idéede Dieudansla philosophie de saint Anselme) Descartesn'avaitguèresaintAnselme
r68 La preuuo Lû f
yp111,tl

q u o iK a n tn e p r e n de n c o n s i d é r a t i oI n ' a r g u m e nqt u es o u ss a f o r m u l a t i o lno g i q u ee t n ' a p a s


e n m é m o i r e < j e v e r rsaai i n t A n s e l m e à l a p r e m i è r e o c c a s i o n > ( L e t t r e à M e r d seéncenm e ,b r e
. 1 6 4 0I)' ,a r g u m e nste s i t u ed a n su n t o u t a u t r ec o n t e x t el .l a p o u r o r i g i n e d a n sl a c i n q u i e m e d e p e i n ed à s l o r s à m e t t r ee n é v i d e n c ec, o m m e d e t o u t r a i s o n n e m e nst ,o n c a r a c t è r e
ei a parmi ses buts de .révéler p u r e m e nh t y p o l h é t i q u eM. a i s c ' e s t p o u r q r c i ,l o u t a u s s ib i e n , D e s c a r t e sa v a i tp r i s s o i n
médiiatioÀune réflexionsur la véritédes mathématiques
la supérioritépropreà la.connaissance méta- d e n o u s d e m a n d e rd ' a b o r d e rl ' a r g u m e n te n m a t h é m a t i c i e n sn ,e c o n f o n d a n p t as les
à àès espritsexercésaux mathématiques
p h y s i q u eT. a n d i sq u e l e s m a t h é m a t i q u esse b o r n e n à t t i r e r d ' u n e i d é es e s i m p l i c a t i o n s ' c o n c e p t sa b s t r a i t sa v e c l a n é c e s s i t éi n t e r n ed e s p u r e s e s s e n c e s(.c f . G . R o d i s - L e w i s ,
que L ' æ u v rd ee D e s c a r l ep s ,. 3 2 5 o , ù l r o nt r o u v ô . au n e c o n ' p l è l em i s ea u p o i n ts u r t o u sI e sp ' 6 -
à a À ss b r t i rd u d o m a i n ed e s e s s e n c e :s a i n s ii l e s t c o m p r i sd a n sl ' i d é ed u t r i a . n g l e s e s
b l è m e sp o s é sp a r l e t e x t ec a r t é s i e n ) .
t r o i s a n g l e ss o n t é g a u xà d e u x d r o i t s ,l a m é t a p h y s i q uees t c a p a b l e , . d a nI s' u n i q u em a t s
S ' e x p l i q udea n sc e sc o n d i t i o nlsa n é c e s s i tdée l a i o n g u em é d i t a t i o e n x i g é ep a r D e s c a r t e s .
r e m a r q ; a b l ec a s à e l a c o n n a i s s a n cdee D i e u , d e d é d u i r eu n e e x i s t e n c ed e l a s e u l e
S e u l ,e n e f f e t ,u n t r è sa t i e n t i ef x a m e nd e l a n a t u r ed e l ' ê t r ed r v i np e r m e d t e n e p a sp r e n d r e
c o n s i d é r a t i odn' u n e e s s e n c ea, v e c u n e c l a r t ée n c o r ep l u s v i v e q u ' e n m a t h é m a t i q u e s , pour une qualification q u i s e j u x t a p o s e r a ai tu x a u t r e s ,a f i n d e c o n s t i t u e r
p/us l'existence
en sorte que son savoir,tout en étant aussicertainque le leur, peut être en outre p a r s o m m a t i o nl ' Ê t r en r a x r m u mm , a r sc o m m e u n e < p r o p r i é t é> a u s e n s l e p l u s s t r i c t
é v i d e n tL. a p r e u v es ' e s t d o n c s i n g u l i è r e m e nét1 o i g n édeu r é a l i s m ep e u é l a b o r éd a n s ( p a r c eq u ' i l n ' y a q u ' e n l u i q u ' e l l ef a s s ep a r t i ed e I ' e s s e n c > e ( G . R o d i s - L e w ios p, . c i 1 . .
l e q u e l s a i n t A n s e l m ec o n d u i s a ilto n a r g u m e n t a t i o nE.l l e t r o u v e s a p l a c e n e t t e m e n t
Descarfesse/on I'ordredesraisons,Tomell, p . 2 3 6 )A. l o r s ,c o m m el e d i t H e g e l i, l s e r a i th o r sd e d o u t eq u e D i e u ,c e n ' e s tt o u t d e m ê m e
fixée dansun ordrede raisons(cf.M. Guérôult,
sur la preuveontologique de Descarles); elle réclameune longue p a s d e s t h a l e r sS . é p a r é sd e I ' i n t u i t i o ne s s e n t i e l lqeu i l ' a n i m ee t l e s o u t i e n tI,' a r g u m e n t
eT Nouvetles réflexions
préparation et ne peut êtrecompriseque par qui s'estlivréà l'ascèsepurifiantedu doute, effectivement s'affaissecommepantin désarticulé. On ne rzoilplus rien.C'est en ce sens
q u e l a p r e u v eo n t o l o g i q u ceh e zD e s c a r t ees s t b i e n d a v a n t a g q e u ' u n ep r e u v e( u n r a i s o n -
à s â i s it e s e n sd u i o g i i o s, ' e s tr e n d uc e r t a i nd u D i e uv é r a c eg, a r a n t i s s a n l at v a l e u r o b j e c t i v e
j n e m e n tg l i s s a n à t l a s u r { a c ed e s i d é e s ) ,d e m ê m e q u e p a r a i l l e u r se l l e n ' e s t p a s n o n
des idées clairese1 distinctes.Descarlesen prévientdans les SecondesRéponses il
t é d i t és u r < l a n a t u r ed e l ' ê t r es o u v e r a i n e - plus du tout < ontologique>, car elle ne se rapportequ'à ma sc/ence). Cf. SecondesRépon-
c o n v i e n tp, o u ry a c c é d e rd, ' a v o i rl o n g u e m e nm
m e n t p a r f à i nt , i ' ê t r " a s s u r éc, e d o n ts a i n tA n s e l m es e s o u c i a ipt e u ,q u e I ' i d é eq u e n o u s s e s : < D e c e l a s e u l ,e t s a n s a u c u n r a i s o n n e m e nitl ,s c o n n a î t r o nqt u e D i e u e x i s t e ;e t
e n a v o n sn ' e n i e r m e p a sd e c o n t r a d i c t i oent,e l l en ' e ne n f e r m ep a sp a r c eq u e 'n e c o n t e n a n t i l n e l e u r s e r ap a s m o i n sc l a i re t é v i d e n ts, a n sa u t r ep r e u v e q, u ' i l l e u r e s t m a n i f e s t e que
a u c u n eb o r n e ,e l l e À e c o n t i e n at u c u n en é g a t i o ne, n q u o i D e s c a r t ersé p o n d a i t . paavr a n c e d e u xe s t u n n o m b . ep a i r ,e t q u e t . o i s e s t u n n o . n b r ei m p a i r ,e I c h o s e ss e m b l a b i e sC. a r
nrri - c n-n,l, t a i n s i c o n n u e ss a n s p r e u v e sp a r q u e l q u e s - u nq su e d ' a u t r e s
à I ' o b j e c t i odne L e i b n i zI a v a n td e s ' i n t e r r o g es ru r l a n é c e s s r tdée D i e ui l f a u d r a i ie, n b o n n e
il ri r r{oc e hncac

logique,avoir démontrésa possibilité' n ' e n t e n d e nqt u e p a r u n I o n g d i s c o u r se t r a i s o n n e m e n>t.


t ; à r g u m e n td e D e s c a r t e n s ' e s td o n c p a s d u t o u t i d e n t i q u -eà c e l u id e s a i n t A n s e l m e ' A s s u r é m e nIt' i n t u i t i o ns, i e l l e e s t v r a i e ,p e u t s e t r a n s p o s e dr a n s u n r a i s o n n e m e n t ,
L ' a r g r l m e nqtu e c r i t i q u e r aK a n t ,e t a u q u e li l d o n n e r al e q u a l i f i c a t .i d f ' o n t o l o g i q uees, t - i l L n e p r e u v eM . a i si l s n c s o n tq u e l e c o r p sd o n t e l l ee s t l ' â m e .A l a d i f f é r e n c d eu raisonne-
l u i - r i 6 m ei d e n t i q u eà c e l u id e D e s c a r t e sC? e r t a i n si n t e r p r è t el s' o n tc o n t e s t él .l s e s t i m e n t m e n t t o u j o u r sd é p o r t éd e n o t i o n se n n o t r o n sa, u s s i l e l e c t e u r ,c o m m e I ' o n t r e m a r q u é
m ê m e q u e D e s c a r t e se t K a n t , q u i n e l e c o n n a i s s a q r tu ' à t r a v e r sl e s c o m p t e sr e n d u s P a s c ael t H u m e ,f l n i t p a r p e r d r eI e f i 1 ,n ' e s tn u l l e m e nct o n v a i n c ul ,' i n t u l t i o nn e q u i t t ep a s
l o g i c i s é ds e L e i b n i ze t d e W o l f f ,s ' a c c o r d e nstu r l e f o n d e t q u e . s e uul n m a l e n t e n ddui c t e l e c e n t r eà p a r r i rd u q u e le l l e r a y o n n eà t o u s l e s s e n s d u t e r m e .Q u e l e s t i c i l e c e n t r e ,
la réfutationkantienne. i n a p e r ç up a r K a n t , l e q u e ln ' a p u d é b o u t e rl a c o n n a i s s a n cm e é t a p h y s i q uqeu e p a r c e
q u ' i l I ' a v a i tà, l a l e c t u r ed e L e i b n i za, s s i m i l é eà u n j e u l o g i q u e ?C ' e s tl a p u i s s a n creé e l / e
de la causasui. < Me situantdans la chose,je conçoisa patterci qu'il est dans la nature
C f . F . A l q u i é: d e D i e ud e s e c a u s e rn é c e s s a i r e m epnat r l u i - m ê m ee, t q u ' i l a p u , e n i m p r i m a n pt a r s o n
< L ' a f f l r m a t i osne l o nl a q u e l l eI ' e s s e n c e s t p l u sp a u v r eq u el ' e x i s t e n c eq ,u e I ' o no p p o s e a c t i o ns o n i d é ee n m o nâ m e ,y i m p r i m e rd u m ê m ec o u pI ' i d é ed e p a r f a i tc, e l l ed e l a c a u s a
t o u j o u r sà ( l ' ) a r g u m e n te, s t l e r e s s o r td e I ' a r g u m e nltu i - m ê m ec, e l u i - c é i t a n tl a d é c o u - s u i , c e l l ed u p r i n c i p ed e c a u s a l i t é > . M . G u é r o u l tD, e s c a r f e sR,o y a u m o n(tp . 1 1 4 ) .
v e r t e ,a u s e i n d e n o t r ep e n s é ed, ' u n ep r é s e n c eq u i n e s a u r a i ê t t r e n i é e ,p u i s q u ee l l e n e C h e z D e s c a r t e si l, e s t v r a i , l a c a u s as u i s ' e x p l i q u a npt a r I ' i n T i nni e n o u s p e r m e t p a s
p e u tm ê m eê t r ec o m p r i s e . D . . e s c a r t e sd,é c l a r a nqt u ' i ln ' e s tp o i n te n s a l i b e r t éd e c o n c e - elle-mèmd e e l e c o m p r e n d r eA. u s s i l a l i a i s o ne n l u i d e I ' e x i s t e n ceet d e l ' e s s e n c ee s t
) i e n c e t t ei r r é d u c t i b laeb s e n c e - p r é s e n qc u ei est c o n n u en, o né l u c i d é eC. h e zS p i n o z aa, u c o n t r a i r el a , c a u s as u i n o u sa s s u r ed e n o u sr e n d r e
voir u n D i e u sans e x i s t e n c e(,s i g n a l e b
r a r s o ni n d i v i s i b l e m ednet I ' i n f l n i t ée t d e I ' i n t e l l i g i b i l idt ér v i n e sL. ' E l h i q u ee,n c o m m e n ç a n t
c e l l ed e l ' ê t r e ,e t q u e K a n t c o n n a î ta u s s i ,p u i s q u ' i tl i e n t l a c h o s ee n s o i , p o u r t a n tn o n p a r s a d é f i n i t i o ns ,' i n s t a l ldeo n c d ' e m b l é ed a n su n e i n t u i t i o n q u ' e l l ep o u r r ap o u r s u i v r e
fivréepar I'objetpour certaine... >> Lanostalgie del'être'p'64. jusqu'au bout.

Cf. J. Lacroix:
< A i n s i c e u xq u i a d m e t t e nIt' a r g u m e not n t o l o g i q u e s t i m e nat u t a n tq u e K a n tq u e n o t r e La vérité intuitive du cogito cartésien
p e n s é en e s a u r a i tr i e ni m p o s e ra u x c h o s e s S . u i v a n te u x ,i l n e c o n s i s t ep a s à e n g e n d r e r
l'êtrem , a i sà l e r e c o n n a î t r eD.e s c a r t e-s e t K a n tn e p o u v a iIt' i g n o r e r - a é t é p a r t i c u l i è r e -
i u e p o u rs ' y s o u m e t t r eE. t ,à c a u s e
m e n te x p l i c i t el l. d i s a i t n ' a v o i jra m a i sp a r l éd e I ' i n f i n q R i e nn e p e r m e m t i e u xd e s ' a v i s ecro m b i e ni l n ' e s tq u e t r o pf a c i l ed e m a n q u ecr o m p l è .
d i s c e r n l
é e s m é p r i s e p
s o s s i b l e sl l.a m i s e n g a r d ec o n t r e t o u t e l c m e n tl e s c n sd e l ' i n t t r i l i oqnu e I a p o l e m i q - rdeé c l e r c h é pe a r l e sc o n t r a o i c t e udres D e s -
decela m ê m e i
, l a f o r t b i e n
c a r t e sà p r o p o sd u c o g t l oo, ù I ' o n a v o u l u v o i r p a r f o i s a, s s e zi r r é v é r e n c i e u s e m eunnt ,
i n t e r p r é t a t i odne I ' a r g u m e nqtu i c o n d u i r a iàt s e m e t t r ee n q u e l q u es o r t eà I a p l a c ed e D i e u < d i a l o g u ed e s o u r d s> , a l o r s q u e , b e a u c o u l p r i u s p r o t o n d é m e nct ,e s o n i d e u x t y p e s
e t à e n l a i r e u n d i s c o u r ss u r D i e u ,v o i r e u n d i s c o u r sd e D i e u> . K a n t e t l e k a n l i s m e ' d e r a t i o n a l i t éI ',u n t o u r n év e r s l e p a s s é ,I ' a u t r ep o r t e u rd e I ' e f f e c t i v i tpéh i l o s o p h i q u e ,
pp.63-64. q u i s ' y a f f r o n t e nO t , n d é c o u v r i r da a n sl e s O b T e c l r blness m u l t i p l e se x p é d i e n tps a rl e b i a i s
d e s q u e l sl o s 3 l v s . 5 3 i r s sd e D e s c arre s s ' e m p l o i e r tà r e s l r e i n d r cl a p o r l e ed u c o g i t o ,
l l a p p e r tc e p e n d a nqt u e l ' < h u m i l i t é > q u ic o n s i s t àe a v o u e qr u es i j e c o n ç o i sI ' e s s e n cdee à l e r . - i mn,, r s o i t àu n ev é r i t ée m p i r i q u ed,e f a i t o, b v i ee t p a u v r es,a n so r i g i n a l i taéu c u n e:
D i e ui i n ' e s t p a s e nm o n p o u v o i r d e l urie f u s e r l ' e x i s t e n c e e t l ' < h u m i l i t é > s e l o n l a q u e l l e j e v o u sa u r i e zp u t o u ta u s s bi i e nd i r e: j e r e s p l r ed,o n c1 es u i s( H o b b e s d) ;e l a m ê m em a n i e r e
r e c o n n a ins' e ne x t r a i r q e u ' u nD i e ue x i s t a n t eind é e ,n e r e v i e n n e npta s a um ê m e L. ' u n e v a l i d e l ' é n o n c éh u s s e r l i e n: t o u t e c o n s c i e n c ee s t c o n s c i e n c ed e q u e l q u ec h o s e ,s u s c i t e r a
é t a b l i tI ' i n a n i t éC. ' e s tp o u r -
l e sd r o i t sd ' u n ei n t u i t i o ni n t e l l e c t u e ldl eo n tl ' a u t r ep r é c i s é m e n a u s s li e ss a r c a s m edse l a p a r td e sr , n a n i a q udeesI ' i n c o m p r é h e n s :i omna n g e ér g a l e m e n i ,
\!l
.,a|/^\\J\

t70

c ' e s t m a n g e rq u e l q u ec h o s e - s o i t à l a c o n c l u s i o nd ' u n s y l l o g i s m em a l a d r o i t e m e n t
c a m o u f l éd, o n l l a m a j e u . es e r a i l: t o u t c e q u i p e n s ee s t .l l e s l c l a i r ,e n c e c a s ,q u c l r a n s -
p o r t é ed u c ô t é d ' u n e c o n c l u s i o nl ,a p r é t e n d u ep r e m i è r ev é r i t én ' e n s e r a i t p l u s u n e e t
d é p e n d r a idt ' u n e p r o p o s i t i o n d o n i o n d e m a n d e r ap a r q u e l p r i v i l è g ei n c r i t i q u ée l l e a
b i e n o u ê t r eo r é l e v é e sur le doute.
é e b e a u c o u pd e s l e c t e u r sd e D e s c a r t e sd,' h i e r c o m m e d u r e s t e
E n v é r i t é ,I ' h o s t i l i t d
d ' a u j o u r d ' h utii,e n tà u n p a r t i - p r i os p i n i â t r eT. h é o l o g i e nosu m a t é r i a l i s t eest, I ' o n v o u d r a
b i e n m é d i t e rs u r c e t t eé i r a n g e( d ' a p p a r e n c ea)l l i a n c em , a i sa p r è st o u t i l y a u n c e r t a i n
m a t é r i a l i s mqeu i e s t d e v e n ul a t h é o l o g i e d u m o n d em o d e r n ei ,l s s ' a c c o r d e npt o u r d é n i e r
a u n o m d u p r i m a td e I ' e n s o i , D i e uo u m a t i è r el,e s d r o i t sd u s u j e tc o n n a i s s a nàt d é f l n i r
l u i - m ê m es e s n o r m e sd e j u g e m e n t .
Gonnaissanceet vie
l l e s i a r r i v éà D e s c a r t e sl ,e p l u s s o u v e n tà l a d e m a n d ed ' a u t r u i ,d ' e x p o s e lre c a g i t o
s o u sf o r m ed e r a i s o n n e m e nl tl ,n ' e n a p a s m o i n sà c h a q u eo c c a s i o np r é c i s éq u e c e l u i - c i
n e d o i l s a v é r i t éà a u c u np r o c é d és y l l o g i s l i q u L e '.r r t t u i L r p
oen u ts e t r a n s c r i r ee n r a r s o n n e -
m e n t ;e l l e n ' e n e s t p a s i s s u e .T o u t a u c o n t r a i r ee, s t - i ls o u l i g n ép a r D e s c a r t e d s a n sl e s
S e c o n d ersé p o n s e < s ,l a m a j e u r e) t o u t c e q u i p e n s ee s l < l u i e s t e n s e i g n é e de ce qu'il
s e n te n l u i - m ê mqeu ' i ln e p e u tp a s f a i r q e u ' i lp e n s es ' i ln ' e x i s t e Q
> .u ' i ln ' ya i tp a sd e ' p e n s é e
s a n sê t r e ,b i e n q u ' i l p u i s s ey a v o i rd e l ' é t r es a n s p e n s é ev, o i l àc e r t e sc e q u e l ' o n p e u t
s a i s i rp a r a x i o m ec, o m m el e g é o m è t r es a i t q u e t o u t ed r o i t ee s t u n e l i g n ed r o i t eb i e nq u e
t o u t el i g n en e s o i tp a su n e d r o i t e M . a i sq u ' e x i s t e netf f e c t i v e m e dn et sd r o i t e se t d e s l i g n e s ,
I'axiome n e l e d i t p a sa u g é o m è t r eD. e m ê m es e u l eI ' i n t u i t i o a n p p r é h e n d ceo n c r è t e m e n t ,
s u r l e c a s p r i v i l é g i éd ' u n e e x i s t e n c el e , c o g i t o l,a l i a i s o nn é c e s s a i reet u n i l a t é r a l d ee l a
p e n s é ee t d e I ' ê t r e .l l s ' a g i tl à d ' u n ev é r i t éu n i v e r s e l l em, a i sà l a q u e l l eo n n e p e u t ,y e n e
p e u xa c c é d e q r u e s u r d u s i n g u l i e r: m a p e n s é em , onexistence. Se répétant sans jamais sc rcnouvcler, le rnonotone discours scientiste
M a i s l e s a d v e r s a i r e ds e D e s c a r t e se, n J o g i c r s t eqsu ' i l s s o n t , m é c o n n a j s s e ncte t t e rassenble ses critiquc-s cle la philosophie clans le réquisitoire suivant : alors que
n é c e s s i t éé p i s t é m o l o g i q udeu s i n g u l i e r l. l s s o n t p e r s u a d é sà t o r t , c o m m e D e s c a r t e s les sciences élaborent des concepts réellement déterminants car ils construiscnt
e n f a i t l e r e p r o c h eà G a s s e n d q i ,u e l a p e n s é en e p e u ta l l e rq u e d u g é n é r aal u p a r i i c u l i e r . un-espace opérationnel oir se confirme lcur effcctivité, la spéculation philoso-
A u s s is ' e n f e r m e n t - idl sa n s d e s c o n c e p t s a n s p a r v e n ijra m a i sa u r é e l ,D è s l o r s I e c o g i l o
p e r d p o u r e u x s a p u i s s a n c eA. u m i e u xi n d i q u e - t - isl ,e l o nl a m a i g r ep o r t é eq u e l u i a s s i . phique est irrcapable de mettre au point les instances logiques ou cxpèrimen-
g n e r aC a r n a pq, u ' i ly a a u m o i n sq u e l q u ' u nd a n sl a c l a s s ed e s ê t r e sp e n s a n t sC. o m m e n t tales susceptibles d'assurer un contrôle de ses énoncés. par suite, à la difiérence
e n s e r a i t - ial u t r e m e nlto r s q u eI ' o n c o u p el e c o g i t od e s a s o u r c er é f l e x i v e i q u ' o n I ' i s o l e de la cité scientifique dont la rigueur des lois clissuade les charlatans de toute
de I'initiative p h i l o s o p h i q u e m einnts t a u r a l r i c d e o n t i l é m a n e .C a r , s ' i l e s t e x a c t q u ' i l velléité d'intnrsion - dans La Forntot.ion de I'espril scientifque Bacheiarcl a
c o n s i s t ee n u n e v i s i o np u r e m e r ri tn t e l i e c t u e l l:ej e p e n s ed o n c j e s u i s ,c e t t ev i s i o nn e s e
s e r a i jta m a i sp r o d u i t es a n sI ' a c t ed e l i b e r t él,e d o u t ev o l o n t a i r eo,ù l a p e n s é es ' e s tr é v é l é e écrit l'histoirc de ccttc victoire institutionnelle : les Ducs de nos jours rre betF
à s o i . E n s o m m e ,A r n a u l do u G a s s e n dria i s o n n e nst u r l e c o g i l oc o m m es u r u n e e s p è c e uent pLuspulrlicr des pamphlcts contre Nen'ron, contre la plrysiquc mathéma-
n a t u r e l l el .l s r a i s o n n e nstu r l e . c o g l l o - d e - D e s c a rl lt se rsa. i s o n n e nstu r l e c o g i l od ' u n a u t r e . tique - à la peu sér-icusc société philoscphique sans réglemeniation précisLl
Consultersur tous ces points : M. Guéroult,Descarles selonl'ordredes raisons. Tome ll, manquent lt's moyens clc tricr scs candidats. Ses membres ont le loisir d'affrr-
Premiea r p p e n d i c e: L e c o g i l oe t I ' a x i o m e: < P o u rp e n s e ri,l f a u t ê t r e > , p p . 3 0 7 - 3 1 3 .
mer- n'i111po1tequoi sans qlr'il soit possible cle départager propositions sensécs
et éhrcubrations. Bref la philosophie ignorant la vérihcation ignore la vérité ct
voilà pourquoi on compte à Ia timite autant de philosophies que de philosophes.
Platon aurait été fort étonné par de tels propos. Il estimait au côntraire que
non sc'ulement la philosophie est une science, d'autant plus en mesure de légi-
timcr ses asscrtions <1u'eiien'a pas à s'emplover à les justiher: le savoir n'tst
pas I'opinion plus des raisons, mais que ce terme de science doit même hri ôtre
réservé puisq*'elle est en droit de revendiqucr le monopole du type c1evérifi-
cation lc plus parfait, le plus satisfaisant poLrrI'esprit.
Les mathématiqut-s, cn effet, ne se vérifie^t que par elles-mêmcs. Leur vérité
-
Ieur est puremcnt intérieure, elle se réduit à de là cohérence. A I'in'erse, lcs
scienccs pht'siques reçoivent d'un au-dehors leur validation, elles la trouvent
dans le < consentement rr des faits ct, cn d.ernière analvse, dans le oouvoir
qrr'elles nous rlonnçnt sur lcs phénomènos. Nous ar.,,ns donc affaire âans les
sciences soit à une r'érité t'nfc'rmée en soi, inriifférente à tout ce qui ne résulttr
pas de ses protocolcs interncs, arrssi les géomètres, comme le reirLarque D,.s-
L onlntssallct' tt ' le (r)utdtssancc el L,ie

juste dislxrsition de lculs rapports. L'ânrc cst h:rrmonicusc quarld l'autrc tn cllc
càrtes, lle se rnrttellt-ils pas cn pcinc rie savoir si cristclt oll lloll clans llr tlatutc
{es objtts conformes,\ icLrrsnotions, soit à unc r'érité contraitrtc dc tnenclier s'ordonnc sur ic môme. Alols cllc s'anirne plcincmcnt. Ellc sc clérèglr quand
à 1'cxtèriorité r.rnaccorcltoujours très rcstreint, étant donr.réclue si I'expéricncc l'autrc s'a"ffranchit clc la souveraineté du mêmt: ct la rencl erratiquc, déséqui-
a,i rlit grri I ir ule hypothèsc, ricn tre Plouve qu'clle tl'aurait pas lrrêté torrt atrssi libréc. Alors lir part c1ucorps en elk: l'emporte, elltr sc désunit, ellc sr cliskrquc
bien son agrément à unc aLrtrc.nlais il n'\' a qu'erl philosophie oir lt'.r'rr-i brise en une multitudc de dtisirs.
les dif{ércnies {ormes dc srtn unilatéralité, dcvicnne actif, puissar.rt,pétrisst unc I-oin de tenir l'âmc et lc corps pour dcs substanccs ontologiqucmt'r-rt s.ireri,t.s,
réalité ct nc s'appliquc à cllc que Ponr la haussct', I'égaler à soi. Bicn Inieux clui' voirc manichéennement antagonistes, Platon intègrc le corps à ia r,ic dr l'ân"rc.
t , l r i / i é eI a p h i l o s o p h i c ' . x é r i f ; a r t t e . l ) t ' n o t r rrr- i , :c l l t { a i t e n f i n t t n r ' r - L n i t ' r ' i , ' ,r t n ' ' Chez Platon c'est Ic corps, effr--tclc Ia suprématie de l':urtrc, qui est clans l'iunc
vie que nc ronge pltts artcttncnégatiorl, trtle tric oir tolrt est r-ilant. à la manièrc d'unc tcntation intc'rne, cI'.unpench,anl.L'âmc lrlatonicrcrlrrt ne
cède pas aux désirs parce qu'elle a un corps, ellc se corpor-isc, clic se dés:rgr-irge
dans cct d:parpillement qu'est la colporéité parcc qu'ellc srrccombeaLrx for-crs
dc désordrc, de division de l'Autre ct se soumct airrsi à l'attr:r,it tr.ompcur clLr
La < mort >r de Socrate mrrltiplc. Qui se dévoic de la sorte, le dissolu,,nc cL-sscdc sc décomposcr conrrnc
un cadavrc. Ecartelé par des convoitist's cliscorclantes, toujours en contradic-
tion avec soi, i1 se clémcnt, il n'est jamais lc même, ii r:st darrs cette vie comtne il
I-a r.ic clcs hoÛrmes éloignés dc Ia philosophie cst crispér, alarn-rée.I-a m,It sera après : rien. Qui cn revanche a réussi, comme Socrate, à s'uniiier a fait
l,encercle. vivre pour cux, c'est ne pas cllcofc mourir. Scmblable vie n'en cst siens cette conccntration, cr.' recueillement cl'être par quoi se caractérise la
donc pas trnc. Elie est exté1tl.ranta. Ainsi se comPrcnnent lc's formules rh Pltë-
natrrre clc la r.érité, dc f idée, tout entiÈ:r.erarnasséc sur soi, au.to katlt' auto, rl
don : u Philosophcr, c'cst nrourir rr,t c'est être rnort r. C'cst lnourir àt cettt' r'ic participe dc son immutaltilité. Oue pourrait, clans ces conditions, craindr-t
qui 1'était que le plus aborninable sinrulacre de vie, or) tout rre lrarlait qr.redc la
Socrate? Simirlcment dc n'être plus Socratc, cct liommc où n'est réel qnt.ctr qui
mort. IlscnséS que nous étions : nous craignions dc mourir ; IIOuSnc nous aPerce- est vrai. C'cst cn n'étant plus Socratr:, cn sc cléjugcant, cn se reniant qu'irri.-
r.ions pas que déjà nolts sortlmes ttrorts, clue c'est êtlc mort que cle claindrc Ia
médiablemcnt il ne scrait plus. Xlais sur la r'érité à laclucllc il a iclcntifié sorr
mort. Pourquoi l'hornme pl.rilosophant, Socratc, échappc-t-il à cctte pcur ? Parcc existence la mort cst sans puissancc aucunc. Elle ne lui enlèt'era pas une par-
qu'il sait que Ia mort par définition ne pcut frappcr quc du mortcl. Sa justicc celle dc si1 s'ùgcsscrt Socrate rnort rcstera aussi justc c}re Soclatc vivant. La
absolue ne cor-rdamneàmourir enhn pour de bott ell nolrs qrle cc qui en réalité
mort nc le désocratiscra Das.
était déjà mort, le grouillement macabre dcs epitlt.untiai. Cts désirs convulsifs,
meute sans cohésion, en s'entrc-déchiralrt lt:s uns les autres, brisaient notre
existencc en rnille et miile ambitions invariabLcment mer-rrtries. Àu sctts t,u
agoniser, c'est sL-cLéfaire,ur.rcvic livrée aux epithmiai n'avait été qr.r'une3go11ir
Philosophie et théorie
dèpuis sa vcrue au monde. Voilà le scanrlale auqucl i1 était tcmps! la mort
môt enfrn terme, supprimant ces forces ntaul'aises dont la r-ioltncc ne tendait
elle-même qu'à sa propre su|pression, rcnclant ce {aux-scnrblant d'être ii sa ll est clair' (luc ltous avons à pcu près crrmplètcnrcut ircrdtr Ic sens d'unc
vérité d.c néànt. Le Phédon notls ré\:èlc cltre de la mort en somme lrersoutlc n'cst pareillc réalisation philosophicluc. Nous somrnes tous plus ou rnoir-rsdevenus
Iondé à se plaindre. Ni ccux cpri s'étoient l)or a\:ancc clôtnrits ct tlont elle ne clcsCalliclès.Nous voulons bien, à la rigueur, cf une théorie, mais à la condition
{ait que sanctionner la nr-rllitir, ni cclrri qui, t-.ommeSrrcratc. saus attcrtrlt-t' :utr cl'cn récoltcr arr plus vite et i'r moinclrc frais dcs applicatiorts pratiques pour
intervention, s'est dès cette Vie séparé, délié de tont ce qui en lui n'était pas cetle vk:, obstinément honorée co]nme maître absolu, jugc suprême. D'oir le
lui et a fait périr ce par quoi il était lncnacé de périr. Ce qu'il a préscrvi:, c'est contre-scns qile nolrs commcttons sur la portée clu Phédon, ci'autant plus gravc
I'essentiel, c'est-à-dire l'unité ineltamabl: er) tant quc tellc, incormptiblc, dt que c'est lors mêmc qu'il la frôle qu'il s'en écarte ie plus. Ii nous semble qu'er-r
son essentialité, dc sa vérité. Car Socrate n'est Pas un hornme plus rcmarcluable fait en faveur cle l'irnrmrrtalité dc l'âme il n'y a dans cc clialogte qu'urr. argu-
que lcs autrcs, rt éminent ), avec cles clons spéciau.x, des rnérites à part. Dans ment vraimcnt stirieux, contradictoircrnent la mort dc Socratc, ses clcrniers
ccttc société oir règne la contre-façon, l'homme philosophant nc paraît se tnstants paisibles, sereins, confrontés immanquablctncnt dans ce cas ct pour
distinguer clcs autres (Rousseau, c1ébut des (.)onfessions)qr.re1)arcc clur: lui est lcrrr <létrirncnt ilvcc l'agonie, arrtrement ardentc, autrement prolonde du christ,
un homme, l'homme vr-ai, l'homme qui a Proportionné sa réalité sclon sa vérité et nous oublions avcc qucllc sévérité dans ct: mêmc onvrage Platon traitait les
d'homme. L'homme a Pour r'érité d'être une âInc, c'est-à-dire d':Lr-oir cn soi preuves Par les clïcts, irar lcs conséqrrcnccs.Pour < bien morrrir ), au sens que
son principc cle vie. Cettc âme (lc Tin'ttie,57 e, 59) sc comPc,scdt'rlt'rtx i'lûnc:rts l'opinion confèr'eir cctte expression, il n'cst pourtant nul besoin dc la philoso-
et dir mélànge de leur mélange : lc même, conclition de son lnité, I'arrtre, concli- phie :i tel point c|ic rlcs Peuplcs cntiers, *rlrpcllera \{ontaignc., le font aussi
tion r1,' s/)rr-nli)u\'t'mirlt. L'harmonic, t:rr:tlltncc c1eI'âtn", collsistf' d:rns ttltt: collstamtnctlt t1u'uti philosophc. Sr-rrlcmentvcilà I Ccs dci'r,.ilrsinstants nc sont
L t)il]t0ts.iuitt? el L t€
Ct'nilaiss(n(( tl l tL r75

précisémcnt pas dcs derniers instants. Ils nc lc seront, cérémonicux, solenncls, dc. sg 1s^4.. philosophique, autant essaycr, si l'on a le goût clcs gageures, clt:
quc dans Ia rnémoirc dcs assistants,aptùs. La structure du dialogue nous avrrtit m('tarnorphoscr le faux en vrai, c'est à la philosophie dc s'instailer- no,r,
dc sa dilficultô. l.e Phédorz,ct-tte re-lation d'unc relation, est le récit de ce qui conlme vic, uniqut. vie, dans et par Ia théorie. on suggère volontiers"r'r qut' lir.
nc saurait entrcr dans un récit. Pour Socratc crs derniers instants sont cu tant philosophic demeurt' à côté de la lie. c'cst k: contrairc. c'cst cette vir: qli t:st r'r
que clernicrs insigniûants parcc qrle s'ils comptent dans la vie - aussi convicnt- côté dt. la plrilnsophir'.
il de nettre tout en ordrc avant rlc partir, dc s'acquitter de la dette envers A calliciès, ce pragrnatiste, ce précurseur clu ton moderne, cle toute théorie il
Asclépios ils ne compteut pas pour la philosophie, ils ne trouvcnt pas est urgcnt de savoir à quoi ça sert, t}rcl est le rnode d'emploi. calliclès acccpte-
place cn cllc. rait peut-être la tliéorie, mais cornme aménagernent d'unc pratique déjà consti-
Le pliilosophc s'cst assuré que l'time est imn-rortclle en consitlérant tp'il t u e t ' . m é d i a t i r ' r r( ' r r l r eu n c p r a t i q r r t . t ' t u n c a r r t l e . T a n t q u c l a t l r ( , o r i cu i r u r i r
llas
e-xistccn noLLS une région, unc sphère, cclle oir lli vérité rcçoit accucil, intlépt:tr- fait ses prc.\-t's, l',pinion la jugera sans valcur, elle n'y flairera qr",-,-,r.rfifi-
dantc clcs vicissitudcs c1eIa vic. IJc môme qu'tLr cinquième livre clc I'Eth'iqtrt, cation. Nous nous méhcrons. Cornment s'étonncr que la philosophie
l)rr,nr1r
le r passage r du deuxième au troisième gcnrc clc t-.onnaissanccest clû à la clécou- allure de suspecte,tout au moinsprovisoirc? xlalheureusement il n'est pôint c1e
vertc que nous n'aurions même pas pu nous concevoir sub qu.atlatttspeciecomm(' suspects tcmporaires. commc le remords, une dc ses modalités du reste, 1c
des mon:ents d'une universclle nécessitési norrs n'eu étions sous totrs lcs aspects soupçon s'cntretient interminablement lui-rnêrnc. Quand on y cst entré, on
qtre di:.sm{rments, de la rnême manièrc la clémonstration cltr Phédon Établit qui' n'eL surt iras. lloins on peut suspecter, plus il far,rt suspecter.
euand on est
faute dc cluelquc chose d'étemcl en nous il serait inintciligiblc qrle nous fussiorts suspect, c'est Po111la vie. c'est pour Ia vic que la philosophie est suspccte à la
capables d'intellection, que pussent trouver lc rnoindre écho .'n nous ccs ôtres vic. \,'oilà pourquc.ri Platon pensait qu'un certain comportement sourcilleux,
immuables que sont lcs idécs. Ainsi c'est dans cela seul quc nous com.prcnons ombrageux est tout à fait incompatible avcc la philosophie, avec l'initiation à
que nous avons nous-mêmcs :\ norls comPrendre, n envoyant promencr I dès Ia Philosophie. puand on clésire cle toute son ânrc s'y adonner, on ne commence
lors selon la vigortreuse expression platonicienne tout le rcste. A la lcttrc i.1fattt I)as i)ar lui branrlir un caliier clc cloléar-rces, ur dossicr de revendications, mais
prendrc la {orrnuie dc Socrate : u se réfugier dtr côté dcs icléesP()ur y trortver la ort conscnt à courir rrn risque, lc u bcau risque ,. On fait confrance.C'est la pislri-s,
r'érité des ëtres> (Phédon,roo b). Dc ce côté vit cléjà Socrate, dLrcôté qui le fait non point ulrc croyance aveugle, une créclulité, mais Ia marqu(' d'un amour qui
rrivre; en étcrnité ct en vérité, par une intellection qui tirant son unité dc l'intcl- n'attend pas poltr sc donner d'avoir rcçu dcs garanties, parcc qu'il a mesuré Ia
ligible qu'elle contemple la communique à I'âme et l'ordonne au même. Cettc vanité de certaines prcuvcs. A la taxer de folic, on témoigne simplement qu'on
intcliection ne procure pas de plaisir. Tout Ie plaisir doit être dans f intellection. n'est pas fait pour la philosophie et qu'on perdrait son temps à en faire. La
La vraie vie de la psuché,la vie dans la vérité se différencie douc de l'accom- pislis qrr'analvse le Phédon ignore encore cc qu'clle gagncra, nrais elle presscnt
pagnement, de l'escorte fluctuantc et évanouissantc de ces st'ntiments oir sc :ru moins que ce clont elle se prir-cra cst preu de chosc et \'.rut la peine d'être
résume pour nous ce que nous baptisons Ia vie psychologique. Le début du abandonné. Lt fistis, chez Platon, n'est pas un savoir, c't-n cst le signc, c'est,
Phédon, Socrate se grattant, a mis en évidcncc i'inconsistancc cl'une affectivité comme tout signe, l'envers ou rnieux lc creu-r cl'un savoir. De Ia théorie philo-
dont les éléments ne se nourrissent que dc lcur contraire. sophiqur:, d. la théorie qu'est seule la phiiosophie, n'escomptons donc point
Faux par conséquent, inesscntiel, lc halo sentirnentai qui trop souvent embrte qu'clle arnéliort: une pratirlue oir rien nc scrait i) changer des normcs d'évalua-
lr:s irrterprétations du Phédon,.Il n'cst pas cxact cle dirc commc rlous lc faisions tion et des objcctifs. ce n'est pas la vic quc nous derronscbangcr. changer lir
plus haut que Socratc ne redoutc pas la mort. Énonc"t cluc [e mort n'est llas r''ie: quelle inrportance! La vie est changt-mt-nt.Qui veut changcr la vit'ne vent
recloutable sous-entend qu'elle est redoutée. Ce que je ne crains pas, c'est ce finalement rien changer du tout. N'allons pas, à l'instar de calliclès, demancrcr
que d'une certaine façon je crains. Le courage trst la Peur surtnontée. Socrate au nom de la pratique des comptes à ia théorie. Nous érigerions en cc cas la non-
clcvant la mort ne fait pas preuvc cle courage cornme un bon guerrier, mais cle philosophic en tribunal de la philosophie. A la manière de tant d'autres, nous
daignerions certes réaliser la philosophie, mais non
philosophie. Il n'est pas devant la mort. Autrement dit, la source c1ebeaucoulr irhilosophiqucment. Nous
de mépriscs sur i'exercice philosoph,ique résicleclans ia conftision de ses concepts condcscendrionsà la réaliser, pourvu que ce fût en la supprimant.
avt'c dcs sentimcnts. A ce compte lc doute cartésien par exemple travcsti en Il serait clorr.cfort naïf, ou hypocrite, de déPlorer c1u'il n'v ait pas de solutions
une sorte d' < attitude vécue ,r tombe au rang d'un symptôme psychasténique proprement philosophiques. S'il est si malaisé clc transfuscr, d'inoculer un peu
et toutc mise entre crochets de la croyance doxique dans la réalité du monde de philosophie dans la vie, s'il n'v a pas dc solutions philosophiques à la vie,
ne relèvcrait plus, commc le scepticisrne selon Spinoza, quc d'un pur et simplc c'est qu'il n'y a cie solution à la vic quc Ia Philosophie. Il tr'.*iste pas d.e solu-
lraitem.ent.Autremcnt clit cncorc, la philosophic ne cloit en auclln cas être apprt!- tion par Ia phiiosoPhie, il n'c'xistc cle solution que dans la philosophie. Les Grecs
ciéc pour les répercussions qu'ellcr aurait sur cette vie. Elie n'est pas un art de étaient instmits dc ces choses. Aussi la philosophie n€. se cantonnait-ellc
Pas
vivre, ou, à l'occasi<-rn, de mourir. Ce n'est pas à la philosophie de passerdans la pour cux dans cli:s livres. Ils lzr reconnaissaient à. son pouvoir puri{icateur ct
vit', c'cst à la vic de Passcr clans la philosoPhie. Ce n'est pas à la vie, à cella vie r'trfirr vivifiant. I-'ceuvre c1e la
lhilosophie, sor-rcherf-d'cr:rrvre,c'élait en t'e
Connaissance rl i're Connaissatre et uie t77

lentps-Làli: phitosophc, la vie non l)ils simplement philosophicluc, c'est-:\-dirc s'arrêtent pas de vivrc pour connaître. Ils se vouent ii la connaissancc polir
conïormc à ia phil,isophic, mais phiiosophante, par ci dans ia philosophic. Êtrc mieux se tenir à distancc de la vie, mieux Ia désavouer.
un disc\rlc de Socratc ne rcvenait pas à reproduirc passablement quelques I-'otr discernera dans cette lourdeur soudairrc, surprcnante, de la vie da.ns la
thèscs mais à r'ivre c()mme Socratc avait vécu, souhaitait quc I'on vécût, pour vie, le contre-coup, Ia rânçon d'une con-scicnccqui s'est renduc trop aiguil, troir
la théorie. ce qui n'empêche nullemcnt que le cas échéant à Potidée... car la vie intcllcctualiséc, au point cle ne plus pouvoir littéralen"rent se sentir. Le rcssen-
de la Pcnsée,lj vic pour la pensée,c'cst la Penséc.Déjà dans la réflexion antique timent n'est ricn d'autrc que l'cffct dc cc clisscntiment, de cette clisscnsion
cetteicrtitucle r.st occultéc, et c'est cléjà, riel n'cst plus vieux, le modernisrne, intcrnc. Plus la conscicnce.se fait conscicntc-, plus ellc s'exposc à soufirir dc: ce
lorsqu'on énonce :rvet;lcs StoTcir:ns: n'r' ctrt-il qu'un homme, Socratc, z\ ne pas dont cllc cst la conscit'nct:. Consciencc cst chez Nie tzschc cctt(r formatiort réac-
avoii reclouté la mort, nous Savons tl.elluis Socrate que la tnort n'est pas redou- tivc oir dc ia liberté sc répcrcute cn nécessité,oir l'actif ne s'apparaît quc sr.rrlt
table. S'abîmcnt lcs rapports entrc la théorie et la pratiquc, clèsclue l'on néglige rnodc du passif. Nit--tzschc découvrc quc la. consciencc n'cst pas l'intériorité,
qu'unc vie n'est génératricc cle I'rai savoir tlte 1)arccque 1trsavoir seul est gén,l- qu'elle corresponcldéjà à i'cxtériorisation d'unerintériorité. Ce que je veux, lc jc
rateur de la vraie vie. est unc affirmation, le jc cst un je veux, mais ce quc nous corrsidérons comme lc
. 'A l'1fÊlnation cle cette identité dn savoir philosophiquc et de la vraie vir', l:r je : le rnoi conscient n'en constituc que la doublurc, c'est le bouffon de Zara-
contre-thèse mo(l.irllf,, etrte-ndonsnoll Pas ulle antithèse mais l'antithéoric en thoustra, cc quc jc veux, dès que j'en ai conscic-ncc,je ne puis plus que 1esulrir.
général, cntencl infligcr dcux détncntis. T-'ttrtaLl nolll clc la vic, l'autrc at1 nonl Voilà le dramc. La consciencedu vouloir cst unc consciencequi ne vcut pas, qui
du savoir. Examinons-les dans l'ordrt'. se borne, dira à peu près au même morntnt Ribot, à constater sn6 i5511c,lrn
résultat, le surgissement d'une décision prise en elle sans ellc. Cettc cause
qu'est la volonté ne se rnanifeste, dans ce foyer de subversion à quoi, après
Spinoza, Nietzsche identilie Ia conscience, qlre comrne un effr:t. La consciencc
transforne, dénature, cotrtredit du voulant en dn r.oulu. Chr-z Nietzscire cc
La critique nietzschéenne
n'est pas l'inconscient, c'est la consciencel'instance c1enotre aliénation. X'Iais
un Ribot, peu porté au tragique, oublic que ia volonté est une puissancc vic,-
Iente, terriblc, qu'clit' agit cn nous sur nous, que constater pour la conscicnce
D'abord l'objection nietzschéenne: I'amour de Ia connaissance,cc n'c'st que
ses effets, c'cst endurer leur poids. A plus forte raison une conscienceexacerbée,
la.'haine de la vie, la vie de la connaissance, c'est la mort. Nictzsche, comme on
malade, une conscience d'intellectuel éprouvera-t-elle comnle un intolérable
sait, s'est proposé de désabsolutiser la vérité. Il s'est demandé pourquoi les
fardeau la puissance de la volonté. Comment cc scntiment n'arlopterait-il pas ia
philosophe-, sans exception, postulant les droits imprescriptiblcs d'une mora-
formc cl'un rcsscntirnent où s'exprime Ia réactior-rt1'une conscir:nce à l'égarc1r'le
iite qotts faisaient mine par ailleurs de fonder, avaient vu dans la rechercht:
sa ploprc réactivité ?
de li vérité l'impératif catégorique par excellence. Sans clolte il leur arrivait
oarfois de douter du succès de cette rechcrche, ils < tombaient I dans le scepti- Cettc volonttl clont elle ploie -souslc fair, la cotrscicnct'phiiosophiqr,.'\'a clollc
èismc, mais jamais ils ne contestaient sa nécessitéet le sceptique encore rnoins s'ingénier à.la rérluire, à l'amortir. A cette tâche s'af{ailr.r.a.ir travers 1ts multi-
que sescol1èguespuisque, le terme de sceprticismcI'indique : êtrelsceptique, c'cst Plcs st'stèmcs, 1a nrêrne tuse. On disjoin<lrit la r.olonté, on la clissocicra dc -ca
étvmologiquement examiner, cc dernier finira par loger toutc Ia vérité dans la puissance. Au iierr cl'y reconnaître l'origine libre, s:ruvirgc cle toute affirmatior-r,
rechcrche de la vérité, poussant jusclu'r\ ses ultimes conséquencesla célébration on la sommcra clc s'incliner devant cles buts, extéricnrs ct supéricurs à clle,
platonicienne du chr:min le plus long, ct-t sorte que platonisme et scepticisrne célébréscomme tels par l't-ntendement, le vrai, le bien ct cc sera un bien que
devir.rrent p:u à peu synonymes. Pourquoi donc ccrtains hommes déci- le lrai s'inposc, fassc loi buts auxqrrr:lsla volonté nc devra plus scrvir cp.
dent-ils clc consacrer lcur vie à la vérité, c'est-à-dire dc la sacrilier pour eile, cl'agent docile. C'est ainsi que pour la sagrs,çephilosophique, cléllnic par la
de neutraliser en sa faveur les puissanccs de subjectivité de la vic, totrjours suprénratie accordéc scanclaleusement aux fins du vorLloir sur le vouloir lu.i-
quand ellc se dépIoie, préférence, partialité, passion, ces hommcs dont il a été tnême, ce quc jc clois vouloir sera précistlment cr qui nc dépencl l)as de ma
dit que leur irremicr acte était de s'éliminer eux-mêmes? On connaît égaicment voionté, ce cpi cst cn soi ct n'a pas bcsoin cle moi pour êtrc ct pour valoir. Lc
la réponse. Ccs champions c1usinistre icléal ascétiqtic sont effarouchés par 1a I'ie, sage stoïcien, par extmplc, ce prétendtrecordman de la forcc ci'âmc, en obéis-
par nne vic trop forte, trop richc, trop exubérante Pour eux. Aussi s'acharlle- sant à la Raison :), l'tæuvre dans l'unit'crs cmploic toute sa volonté à ne phis
ront-ils à une critique irnyritoyablc de Ia r'éracité de ccs u facultés r oir s'affermit avoir de r-olonté intinre, personnelle.Vouloir, pour lui, se sera agréer cc clui est,
notrc attachernent au monclc et renonceront-ils aux trolt vibrantcs é'u'irlcnct's ce qui ne ce.sscclc surt'cnir, vouloir ce qu'il n'a pas voulu. Tcl est le stratagèmc
dcs sens, aux trolt vifs mor.tvct-ncntsde f imagination. En apparence l'asci'st: au prix duquel la conscience philosophique obtient son apaisemcnt. Si nous
- abducerenrentelr,a sen,sibu,s s'cxercc pour dcs besoins scientifiqucs. Elli: a posons ce quc nous clcvons vouioir comme un en soi, s'ii est absolument, nous
p{)ur l)r.ltréel cle sorrstraircl'hornmr à la puissancc clc la Lcs philosophcs nc n'avons plus à faire l'effort de Ie vouloir, ou plutôt c1ele vouloir cxigera para-
"'ie.
r73 (.ottnaissance et i.ie Connaissance et rie
r7o

doxalement dc nous lc moins d'effort


Possilte, puisque, à moins <l'être fous, trop acerbe,r'éhémcnte,pour tout.dir€'un peu trop pas.sionnéc.
nous ne pouvons plus ne pas le vouloir, il nous suffit pour cela de le connaître. I'quiétarrts,
'de rcs
sarcasmc'sde Pyrrhon l'impassible, les colères, pror.,crbiales,
Si nous savons ce qu'est l'être dont tout procècle, cloni nor-rstirons nols-mêrnes Toute unc voionté rlc puissàncecontinuait à irrspirer soc.atc.
notre.réalité, par quelle aberration oscrions-nousnous opposer à lui et nous clandestinerncnrccs
contemptcrrrsdc la vorontéde puissance.La morarË
détruire? Lcs philosoPhics rt'ssembltront à de vieilles servàntes, ayant depuis n'était qu"-iu-p"r.io,, o"
ceux qui étaient de'enus i*aptes à en avoir d'autre.s.
longtemps désappris à avoir des initiatives. Ellcs se destincront au scrvice ilivin c'el"itiilrrl.ilrr,",r, 1,".
lequcl ces laibles so'.rrnoisemént
s'escrimaientà émousser,à ."g;;l;
de cettc vérité qu'il serait démentiel cle prétcncire changcr, tant obéir coûte desforts. vitalité
nroins <1uecommander. comme s'escamotc la cr-uelle, la j6yeuse tragédie cle la
volonté, quand on proclame avec Socrate que nur n'cst rnéchalt voloitairement
ou avcc Descartes que si nous savions toujours oir cst 1e vrai et le bien nous ne
scrions pas en pcine clc délibérerl }Iais qui ne s'en avise? La philosophie clans le P h i l o s o p h i ee t m o r a l i s m e
fond était la première à se rnoqucr de la r'érité. La connaître l'intéressait 5ea1-
coup.moins qu'elle ne s'en virntait. Ii lui importait uniquement dr construire
une éthique, de se munir de l:r clisciPlinequi lui épargnàt les aventrrrcs de la on ne réf._terap.s cettecritiquede Nietzschc.En un
sens,cre est vraic; mais
liberté. Hegel le notait déjà : ce qu'est la naturc, rès sioiciens ne s'cn soucicnt pascommcclle le croit. Elle {rappe. Illaispasexactemcnt
ce qu,ele visc.Nittzs-
guère. L'important c'cst de la suivre, de vivre conformémcnt à clic, quelie che a raiso' de clémasqucrressupercheriei,1.,morarisme;
il a tort d,cn concr*re
qu'eile soit. a Ainsi les expressions universelles cle vrai et de bien, cle sagcssect à Ia.rorfaiture cic la philosophie.Nietzscheaurait
crûretenir de Spinoza,qu,il
de vertu, auxquelles le stoicisme doit nécessairement s'arrêter, sont sans cloute avait élu-pourcgllpagn?l de soliturle,que ric' n'est plus
contrairc à moralismc
en général édifiantes; rnais comme clles ne peuvent aboutir e1 fait à aircule quc la philosoprrie.Il s'inclignelà ou il s'agirait
d" .o*p."nà.", ,,i,raig".,
expansion du contenu, elles ne tardent pas à cnpçcnclrerl'ennui t (plûnomé- d'être mauvais, c'est devenlr prus ma.,vaË. A l,inversË, "i
.. ."ndi" meile.r,
nologiede L'Esprit, tracl. Hyppolite, I, 1i. r7r). coûrmc I'expost-Spinoza, ce n'est pas acq'érir la pcrfection
qu;on ,,r,np^.,
La soi-disant rér'olution kanticnnc, sous cles clehors d'affranchisscrncnt : il c'e-itaccroîtrcla pcrfection qu'on a. vrai bièn pour un
etre celui qui convient :i
sa nature propre, faux bien,celui qui nc se déiermine
:gT!1"
désonnais qu'en tous clomaines, théoriquc, praticlue, ce soit Ia raison qrri qu,à a., extrin_
légifère, ordonne, parachèvt-ra en Ie radicalit"nt, t" projet commun à toutcs ces sèq*es' or toutes ces pseuclo-vcrtusque loue le '.o.urir*" "iitcr",
onù;.;. clén.mi_
philosophies clont elle affcctait de prendre t".o;t."-pied. nateur commun de reposersur le co'itat de notre prétendue
Jusqu,à I(ant la carence,crenos
conscicncc, dans les irhilosopliics, refusa[t d'assumer tâ fterta di sa volglté, prétencluesinfirrnités. Elres appellent ainsi juste
reconnaissance:tu n.es q.e
s'était démise de la souveraineté Plus profonde qu'elle, dont elle po.ssièrc! 'nc connaissancc, errônée.Défectueuse,en effet, la connaissanceq'i
Persistait a trait à cl's déf.'rts. c.nnaître,^q''il s'agi.sse
à ne pas al4rrcutlre que, torrtes les 'aleurs étant subordonnées à sori cresoi ou t|autre chose,c,est
Pouvoir connâîtrecc:qui est commcil est.car chaqrù êtrt_-
ér'aluant, il lui inconr.bait cl'cstimrr Plus que tout ce qui lui pcrmct dc tout n,existebienér.idemmrelrt qre
estimcr. Elle i'avait transfértie à rrnr: autorité transcendante, logos, Nature, irar l'être qLr'ila. un ôtrc n'existetout de rnêmepas à causede seslac.nes,clc
Dieu. Iiant a paru restituer-ir.Ia lib.rti: ses droits. I-e sujet lianticn n,acJ.optc ses manqucs,toutcs Iic'tions^nées_cle l'irnaginzr_tion lc comParantà cl,a.tres,
cnfin pour objet dc sa r.'olonté que s:r volonté rnêmc. porir tout contcnu il nc qu'il n'est paset ne Peut yrasôtre. Frrncstesi,-crtrrs
clonccessi,ntimclts<ic1,itiÉ,
lui choisit quc sa forme . Il nc vcut plus ccci ou cela, il r.res'cnciraîneà aucul but, d'liunrilité, d., .,,1,,,rr1ir,
inséprLrables dc la tr.istcsseissuetlc la considôratio, de
à aucunc causc, seraient-ils les i>lus nobres. Il ne r-eut que vouloir: il se notte inrpuissancc. n'rai'si ra.tristessesc c1érrnitcommet. po*rog..-,i;ncmoins
d.it granclepcrfcctio', to'te tristessenolrs afiaiblit.
autonorne. nfais c'est l'cxtériorité cle l'autorité qu'il intériorise, c1,uncautorité Nor. ,r"'rà,rri", 1r", t.rrt",
ne réciamant mêrne plus de support, c1csubstrat. La mirtaphysique atteint à sa pafce que ll'lls sornrnesfaiblcs, nous sonlmes
faibles I)arcc que ,-rou,ao-n-ra,
perfection, la moralc pure, lorsqu'clle remplace avcc Iiant i'autorité de l,êtrc tristes. Il convicnt d. torj'urs sr.^ralrpcrcr qLrc:r'iclécrr. r"rr'"r'rti.
pelnturernr:cttesrlr rn pannea.. ce quc jr:1re.sc,je 1rnr,i.rn"
par l'être de l'autoriti:. Tel cst le il faut. Il faut, un re s'is, puisq.e'r,idéeest
Point c'est tout. Il faut parcc utrc exprcssiordc la'ie clc l'âme.etque darrsr'ânie
qu'il faut; et s'il iau.t, ie dois. Rien de plus simple. Le il faut semble requérir il ^,y a.iien q'u" aes idees.
du couragc, une immcnse é'ergic. Il a po'r office cle rlispcnser dc ce coLrrafe, ,{u mal n'1_..: Pe'sc tronc irnPuné*"rit. pui rnal introduit du mar e.nlui.
clc I-a pcnsécdu rnal est un rnar Pe.sc
ne plus fairc apircl à aucunc énergie. Pour la p"nJé".cettc pe'séene saisitricrr i1créer,
clelositif ; clle nc yrensc.pas cc qui est,toujour.s,,r,bi.,-r,.'e pcrfectio.,maisc.
L'on comprend par conséqucnt que la philosophie se soit depuis son commen-
qui ''est pas,Pourraitêirc, auriit dû être, vains
crment socratique tournée contrc la
Passion, ce cléfcrlemcnt cle la vie, qu.,eilc
fantôm"r. É.rrr". le mai, c,cst
l'ait toujours désignéeconlnle son cnnemi numéro un. S'explique aussi quc Penscrmal, c'est-à-clire nc 1>as penser.Tout n'cst dc ra sortequc mÀrtification
cette clansccs'ertus d'escrn".p.é.otritéespar re morarismc;
condannation dc la Passion,alpha et ornéga c1cla philosophie, ait été pour vert's d,hommecrc'x
sa fois cscla'c r.ênrc,'sclon,spinoza,
Proprc part, étrangenrent, comrncnt ne s'en cst-on pas apcrçu plus tôt ? un gulrtu., par un reclo.blemcntclésastrcux, la
Pcu conscre.c(] de scsfautc'sl'y asscr'it cléfinitivcrnerrt. ces vertus que n.ns n,eri_
r iio Lonnatssail(t et ule Cannaissance et uie rEr

geons dc nous quc dans la mesurc oir nous nous jugeons coupables,ces vcrtus de dc vivre de peu. Il a mêmc cléclarécxPressémentle contrairc. < C'est, dit-il da.ns
misérables, par qucl miracle nc seraient-clles pas de misérables vertus ? Ia Lettre à Ménécée(éd. Brun, P. U. F., p. rz8) un grand bien, à notre sens, de
Sois toi-même, deviens enfin ce quc tu cs, Socrate ne rcmontrait pas autre savoir se suffire à soi-même, non pas qu'il faille toujours vivre de peu, rnais afin
chose à Calliclès, fLrrieux toujours de n'êtrc que ce qu'il était, immolant à que, si nous nc possédons pas beaucoup, nous sachions nous contcnter de peu,
chaque instant le Calliclès réel pour le Calliclès imaginaire. Socrate cst toujours bien convaincus llue ccux-là jouissent le plus <le l'opulence qui ont Ic moins
Socrate. Cailiclès, dont la superbc n'est tissée que de haine de soi, n'est jamais besoin cl'elle r. Vivre c1epcu nc serait que de la pauvreté, le sort, sans nul besoin
Calliclès. Et Calliclès ne comprend pas non plus que le véritable immor:alisme nc de la philosophie, peut nous y contraindre. Mais saaoir se contenter de peu,
s'oppose pas à la morale mais au moralisme, sa défiguration. Si le moralisme c'est de l'art, c'est Ie grand art, du suprême raffinement, un luxe auprès de quoi
tient dans le primat accordé à une autorité <le fait, quel est f irnmoralistc? la débauche n'cst qu'incligence.L'homrne qui sait se contenter de peu ne pro-
Calliclès condamné afin de réussir à flatter la masse qrr'il méprise, à rcspecter portionne plus mesquitrement sa jouissance à la qualité ou à la quântité des
l'opinion, ou Socrate qu'Athènes mettra à mort pour cause d'impiété ? Quel objets dont il la nourrit, il n'attend plus d'eux l'essentiel de son bonheur. C'est
philosopire a-t-il été un tenant du moralisme ? Descartes, quand il enscigne que en eile-même, non par rapport à cc tlont elle pro{ite, avec quoi elle n'entretient
dans la forêt obscure des normes sociales, la vérité de n'irnporte rlucl de nos qu'une relation cxtérieure, aléatoire, serve, que la jouissance doit puiser sa joie.
choix nc provient que de la constance dont nous ie soutiendrons? Iiant, quancl QLri a ainsi libéré son plaisir d'un minimr-rm fera un maximum. Il jouira de
il montre que, congédiant les règles de l'habileté et les conseils de Ia prudence, savoir jouir, dc jouir si bien dc si peu. D'un rien il fera tout. C'est pourquoi,
l'impératif catégorique, à la différence des impératifs techniques, appuyés tou- commc le répètc Epicure, la vraie richesse se mollue cle la richesse. Elle n'est pas
jours sur des précédents, ne nous prcscrit aucune action au contenu gravé cxposéc au péril de diminuer. Car nul n'cst récllc-ment riche s'il court le risque
d'avance sur quclque table de loi mais nous oblige à décour.rir celle où jailiira de ne plus l'être. Aussi lcs hommes ont-iis tort rlt- regretter ce qu'ils ont perdu.
une volonté réelle, c'cst-à-dire actuellc, ne se contcntant pas cle vouioir cc S'ils l'ont perdu, ils nc I'avaicnt jarnais cu, ils l'ar-aient perclu bien ai'ant de lc
qu'elle a vouiu, en quoi le jugement morai est bien synthétiqte a priori, c'est-à- perdre. Rien n'est perdu clui ne soit pcrdu depuis toujours. Épicure cnscignait
dire neuf à chaque fois? L'impératif catégorique ne noLls commande que notrc une virtuosité dont I'idée ne nous cffleure plus. L'hommc moderne devient de
liberté, il ne nous cnjoint que notre initiative. Au tcrmc del'Existentialisme pius en plus tributaire dans scs plaisirs cl'élérnents cxtcrnes. Pour jouir il
esl un h,untani.smeSartre, cn rétorqr,rantà I{ant qu'ôtre mor-al,c'est invcnter. nc réclame toujours davantage. ]Iax Scheler le cléfinissait: quclqu'un de très triste
trouve donc à opposer à Kant que Kant, dans un irnbroglio polémique clont an milieu de choses très agréablcs. En quel sens Ic sagt épicurien moclère-t-il
Nietzsche a clonné l'cxemple à des générations. Pour l'ordinaire, en effct, les ses désirs ? ]Iodérer veut dirc réglcr, domincr, non pas rt'streindrc. Aussi, à
critiques, corrosir,cs, salubres de Nietzsche attcignent moins la phiiosophie que l'occasion, comme Socrate au banquet, il ne craindra pas la table fastueuse. Il
l'image caricaturale que s'en fait l'opinion. s'en réjouira alors d'autant phrs qu'il sait qu'il peut s'en passcr, et il attestera
qu'iI est à môrnc de s'en passer en nc rl:fusant pas cle sc livrer à un excès passa-
Que la thèse philosopliique cle l'accomplissernent de soi par et dans la connais-
sance nc procède d'aucune viséc démoralisante, d'aucun ressentiment à l'égard ger, car à trop mépriser l'excès on prouve sr:rtout qu'on redoute d'y tornbcr, et
d'une vie qu'on ne st:rait plus dc taille à vivre, la dérnonstration peut s'en effec- c'cst déjà i'trc csclavc que d'avoir pcur dc le der',.nir. J.c sagr ipicurien, qrrant à
tuer sur le chapitre de-la doctrinc ri premièr'c vuc la plus commode pour l'interpré- lui, n'est esclavc dc rien, pas même de sa -sobriété.Il ne place pas mal sa vcrtu.
tation de Nietzschc, l'épicurismi: cp'il cxécrait tout autant que son grand rival Oir est donc clans cette délectation rovale le ri:sscntimcnt à l'égard clc Ia vie?
historique le stoïcisme : tous clesstatucs, disait-il, ernbrassantd'autres statues. Dans l'épicurisnrc, comrue dans torrtcs les lrhilosophies, la vertu cst signe de
L'épicurisme passc souvent pour unc philosophic du dénuement, du repli fri- puissancr', noll pas de faiblesse.
ler.rxde l'hommc sur soi. I1 nous invitc à ordonncr nos désirs au strict nécessaire,
à ne pas enfreindre les limitcs étroitcs oir la naturc a situl: ses productions. Potrr
vivrc sans peine il semble nous rccommanclcr dc-r'ivre à peine. Dans son édition
scolaire du De Rerum Naturtt, Bergson déclarc que le pius grand plaisir pour La lucidité scientifique
Épicure était clc s'épargncr lc plaisir. ÉpicLrre aurait <tonc Zté un-prodigleux
ironiste, lui qui, à la fin dela Letlre à Ménécée promettait à ses disciples unc C n n + r - 1 , . -^ r . " i n n r i ^ n sd e l a p h i l u s o p h i c j h d i r c c r i o r r c l c I a v i c d e l ' ( . s p r i r ,
existence plr.rsqu'heureusc, bicnheureuse, c'cst-ri-dirc divine, lui qui afÊrmait on peut cncorc fairc valoir les droits cle la science, de Ia connaissancc objective.
que pour sa part il s'ripanouissaitde volupté avec rrn pcu de vin ct d'eau. Com- Pour sorttcnir cette causr', ou alléguera quc la philosophic ne feint dc se délivrer
mcnt faut-il entendre i' < ascétisrnc r épicurien ? des croyances brouiilonnes et naïves du sujet empirique qu'afrn de mieux déférer
On observera tout d'abord que Ia notion d'ascétismc renvoie à une conception finalement à lcurs exigences, à pcine un instant ébranlées, en rendant d'une
dcs rapports, iles démêlés cle l'âtne et du corps étrangcrs à la penséc grecquc. main, comme Schopcnhauer en blàmait Kant, ce qu'elle avait cnlevé de l'autre.
Surtout on lira lcs textes. On v constatera qu'Érricurc nc nous a iamais conseillé Loin cl'érlrqrrer la vic, imrlérliate, r1elui apprenclre à rompre l'étroitcsse c1eses
Connaissance el uie Connaissatrce et t'i,e
I83

intérêts pragrllùtiques, les philosophies se souncttraicnt à elle conrrnc à un sion. Si Aristotc échafaudait une ph1'siquc anthroponorphiquc où les éIérnents
'Ioutcs
despote. pourtant elles paraissaient si bicn commencer : voici qu'elles tendaient à regagner lcur lieu comme les hommes aspirent à revenir chez soi,
rcmettent en question les évidences, brisent I'attitude doxique, ébranlent les c_'estparcc qu'il r'oulait comprendre lcs déplacements naturels et qu'essaycr
illusions les plus solidcs. Mais comme elles sc terminent mal, ces iliadcs obsédées de comprendre, c'est nécessaircmcnt essayer de comprendrc Llne intention.
par leur odyssée, rcbroussant avec tant d'empressement vers le port d.e la Dans une hypostase spontanée le désir de compréhension projette sur son objet
sécurité! Ainsi l'onto-cosmologie platonicienne saupoudre dc rationalité le sa propre intentionalité vicle. Spinoza, le scul philosophe récupéré par la scienti-
tablcau d'un univers merveilleusement finalisé, tel qu'il extasie des yeux que ficité contemporaine, démontrait lcs ravages de cette illusion. comme nous nous
n'a pas encorc déciliés la science, le doute cartésien s'achève par la restitution croyons libres, du fait que notrc conscience n'enregistre que lcs effets de déter-
de nos anciennes convictions et la sixième méditation, le rctorrr au bercail dc minations internes clont elle ignorc les causes, nous rcnvoyons la conduite des
l'enfant prod.iguc, grâce à la complaisance d'un Dieu meilleur en définitive que autres et de proche cn proche le cours des choses elles-mêmes à I'au-delà d'un
r'érace, maintenant que tout est rentré dans I'ordre et que les choses montent à plan intentionnel. Ainsi là où nous devrions déceler une causalité nous supposons
nouveau autour de la conscicnce lcur garde fidèle, aménage le triornphe d'un une hnalité. Toujours l'arrière-pensée comme matièrc énigmatique de la pensée.
bon scns encore déconce:rtéct frissonnant d'avoir succombé i,cspacc d,une
Spinoza serait donc le premier à ramener le sens à un simple cffet de sens, dù
nuit à rrn désarroi aussi extravagant; la Critique de la Raison Pratique régressc à ce monclc rcnversé qu'est la conscience. Comprendre réelèment, comprendre
par rapport aux traditionnelles positions métaphysiques que la Critiqwe de la
scientifiqucment, c'cst comprendre qr-r'ii n'v a rien à comprendre. La
Raison Pure avait essay'é de clépasscr, puisque la théotogie s'y obligeait au compréhension laisse aiors la placc à l'cxplication. Devant quoi que ce soit il ne
moins à proposcr à i'agrémcnt de la raison des espérancesontologiques sur s'agit plus de savoir ce çluc cela I'eut tli.re, ntais ce quL- cela fait, comment cela
lesquclles Ia morale désormais imprine le sceau de son absoiuité.
fonctionne. La linguistique s'est emparé du langage quand, ravaiant son jeu sur
Tout au contraire, I'irréversible science a entamé unc progression critique qui la surface mouvante cle ses articulations, cllc I'a dégagé de I'enroulement d'une
ne se dérnentira plus. L'univers que nettoient, épousscttent ses techniques penséequi chcrcherait à s'y dire, comme si ar.ant le signifiant il pouvait ar-oir
d'intelligibilité ne rcssemblera plus jamais à ce monde tissé par nos rêves. Enfin, 1.
du signifié et du scns avant les mots. L'ethnologie a accédéà la vérité toute lisse
sous ce solcil de rnidi, les choses n'y scront que ce qu'elles sont, rrvec leur méca- des rnythes primitifs quand, au lieu d'y d,i1".,.t quelclue insonclable messagc,
nisme sans mystère. Davantage, lc sujct connaissant scra réintégré dans l'cnsem- elle y a déchiffré lc pur systèmr d'un codc. La compréhcnsion, ce miroir aux
ble objectif dont ii avait cru Pouvoir orgueilleusement se désolidariser. un alouettes de ia rnétaphysique, s'enfonçait clans cles derlans imaginaires commc
isomorphisme généralisé é:tablira que la pensée fonctionne comme lcs choses. dans sablcs rnouvants. L'explication, au ras du réel, n'rais le rée1 n'est que sur-
Tandis que le matérialisrne philosophique était réducteur et appauvrissant, face, alignc, distribue, répartit. fout est dc,hors; rieir n'a de contenu. Partout,
rendant compte de la finesse du r supérieur r par ia grossièr-etéde i' < inférieur r, sans que ricn 56i1 à pénétrer -- ah ! la courtc vnc clesintclligences pénétrantes
mais il fallait, dit Marx dans ra sainte Farnille, se fortifier cl'abord à cettc des glissemcnts, des clécalages,un entrelacs mobile, un ilnrli:nsc réseau d'inter-
pénurie, le matérialisme scientilique véhiculerir dans ces niveaux clésinvolte- connexions. Le structrrralisme enseigne à mcttrc en ér'idence, non plus le plein
ment nommés inférierrrs,la complexité, la richessc'confisquécs par la philosophie d'un ordrc, d'une formc, notions impliquant lc dogrnc tlr':tapl-rysique d'rrne tota-
at profit du suPéricur. Nous l'avons vu, alors que le matérialisme phiiosophique lité précédant ses parties, mais, selon le mot cle G. Dcieuze, Ia case vide autour
éludait la sphèrc clu sens, la traitant comme une superfluité, le rnatérialisme de quoi tou.t bouge et pivotc. Comprendrc, c'était partir ù'un centre, rayonner
scicntifrqLrc nc fait phrs clu sens négatir,.ement un épiphénomi:ne à négliger, autour de lui. Dans une véritablc explication, indétniment réticulée, le centre
mais positivement une prochrction à cxpliquer. I1 s'attachc à déterminer cst toujours absent; il n'y a que <lessatcllites sans astrr,s.voilà cc clue nous orrt
colnrncnt ces stnrctures lrcutres que sont l'organismt, le langagc, I'inconscient révélé la linguistique, dès lors qu'ellc a amarré la représentation à f irrepréser.r-
sont dcs machines à fabriquer de la signification. Fière de son intrépid.ité icono- tativité absolue des flexion-s, et la ps5,6[analyse, dirs lors qu'elle a ct:ssé de
claste, la scicncc pcut enfin arborc.r ur-rpavillon nietzschéen. Nictziche n'avait prendre I'inconscicnt pour l'autrc bergc du conscicnt que l'on pourrait aborder
que mépris pour les savants, ces prôtrcs camcuflés, ccs ministres du culte de la an moyen cle la passerelle de quelquc hcrméneutique conciliantc, lrri qui désigne
r'érité, ces derniers glancls inquisiteuls; rnais L;s siu'ants se réclarneront d.e ce par rapport r\ quoi tout est dans notre psychisme irréductiblernert à côté de
Nietzsche, comme cn témoignc la fréquence dcs crpressions rrietzschéennesdans son sens.
les textes de Bachelard ou i'onvragc réct'nt c1c xlorrsicur
Jircques xfonocl. De ce type inrrdit de connaissance, clont nous venons rapiclement de dessiner
Nietzsche n'a-t-il pas donné lc coup d'envoi à la rrouvelle scientihcité cn ayant Ies contours, où se dissolvent les fausses valorisations, fausses en tant que valo-
le couragc de clénoncer Ia comédie clu sens, d'cxhibcr le r-it1e.r'ertisilclx de Ia risations, dont bénéliciait un sujet, une conscience tenus désormais de concéder
3ignification. qu'ils sont toujours fictivcment là oir ils croient être, toujours réellement Ià
La longuc t5'rannie philosophiquc de 1'csprit sur le corps - la mervcille , rrecesse d'oir ils sont exclus, ne doit-on pa-sconvenir qu'il réalise cettc volonté de puis-
de réPétcr Nietzsche, c'est le corps - reposait sur lc primat dc la comrrréhen- sânce par quoi Ia I'ie s'arrache à ses racincs rigicles, clomine tout centre fixe,
Connaissance et uie Contmissance et uie I tj5
r84

se surnrontc, se déprend. de sa sujétion à f identité ? La connaissance scicntifiquc disent plus rien. A I'encontre de l'opinion de l'anthropologie actuelle, ce s\rmbo-
modernc rompt lci amarrcs du bon scns, elle nous apporte le cadcau nietzschéen lismc n'est pas subjectif (ou ce qui rcvient à pcu près au même collectif) ; il ne
d'unc vie sui#rieure, aérienne, infatigablement plus lestc, agile ct légère. Plus déforme pas fantastiquemcnt le récl, il le forme, il constitne le milieu dcnse,
d'esprit, .ie.r ,1ue tles choses, des rnachineries satrs machination, telle est la substantiel, oir lcs choses participent à la vic des hommes et lcs hommes à la vie
victôire d.el'esprit, s'extrayant des nrarécages du sens, s'élevant à ct's hauteurs des choses. Il ne <lérive pas de l'artiflce d'une fantaisic, il se fonde sur l'affinité
librcs clont I'air tonique n'cst respirable qu'à une intelligence l)ure, remontant qui doit bien exister entre Ia conscience et l'univers pour que clans chacun cl'eux
en{in rnais à la surface. S'inaugurera daus un rtnivers dépouillé par la sciencc du il 5zait place pour l'autre . C'est pour cette raison que dans le Ph.édon Platon
trop humain, démoralisé cle part en part, un règne inouï. I es mutations, les noue cnsemblc la théorie dela psu,chéet cellc de la phr.r'sis,de mêmc quc chez
créàtions lc's moirrs prévisiblcs cleviendront possibles quand, les formes ayirnt Nietzsche, torijours si éloigné de Platon dans scs soiutions mais si proche dans
pris leur revanche sur le contenu qui les opprimait, lr''sobjurgations du.bon scns, ses problèmes, le concept de volonté de puissance est indivisiblemcnt cosmolo-
ies intcrdits clc 1a morale n'cmpôcherout plus la grande fête de l'antisignillca- giqr,reet psychologique. Symboliser, c'est être davantagc que ce quc i'on est;
tion rlont 1c tatn-tan-t résonnc cle plus en pltts {ort à nos oreilles' c'est valoi.r. La lucidité scientifiquc étrique les choses à cc qu'elles sont. La
clain'oyance philosophiquc y distingue ce qui les fait être, c'cst-à-dire ce qu'elles
signifient. Lagneau indiquait parfaitc'ment la nature de cettc lumière. < Ce que
sont les choses, ou plutôt ce qu'elles ont l'air d'êtrc, clans leur dcvenir extérieur,
Les limites du réalisme c'est afiaire au physicien de le chercher; Platon ne s'eû soucie pas, il dédaigne
cctte science oir l'esprit n'apprend point cc qui l'intéresse, le rapport des êtres
ou plutôt dcs idées avec iui-même, avec son principe, lc bien t (op. cit., article :
ce n'est pas le lier,ren ccttc Iiù de propos nous l'aYons tenté dans Ics lrre-
De la métaphysiquep.88). Ce symbolisme s'cflondre-t-il sous le butoir de la
miers chapilres - de discuter les thèses de Ia u scientif,cjté >. Norts avons à norts science, se déclenchent les délires alors subjectivistes d'unc schizophrénic dont
demand.ei si cile cst cn mesure, commc cllc s'en targue, d'être ouvrièrc de I'ie. un des favoris de la scicntificité nc vient pas par hasard dc protronccr l'éloge
Pour cela procédons d'abord à la remarcluc suivante. En clépit dc ses afhrma- alarmant.
tions, le constructionnisme intégral dont fait parade la science I.rcs'étencl jamais
que sous I'enveloppement d'un factualisme intégral. c'est ur.r fait_cl'un point
d-" r,rr. scicntifique que la physique est ainsi, la Inathéruatique ainsi, ia logique
ainsi. c'est un fait quc tout n'est que fait, la pensée au même titre que les choses. La vie de la pensée
Ce qui risqr.reici dJ tromper, c'est que la science se distancie de l'être-là empi-
rique; clle est capable d.-'agencerdes combinatoires oit Ic récl nc figure plus
qi".r ."t particulier c1upossiblc. X{ais elle s'y cmploie au moyen dc règlcs qrri en Quirnd ia réalité se transit à nos yeux dans son prir êtrc-là, quelkr que soit la
dernière analyse s'imposent à elle cornme des données au-delà dc quoi on ne complexité des mécanisrnes que Ia science y met à jour, cela ne mocliflcra rien à
saurait grat'ir. c'est à partir d'un donné intellcctuel que la sciencc naîtrise et sa facticité, ce jeu de différences nous deneurcra inclifférent. A l'article 86 de la
dépasse le donné sensiblc. CEur.rant clans un consiitué 1.rrivétl'ouvcrtttre trans- Critiqtrc de la FacuLtéde Ju'ger,I{ant écrit : t I1 cst un jugemcnt qr:e l'cntende-
Cendantale, 1ir raison clans la science lle S'exercc aussi souplcmcnt qtrc ce Soit ment le plus commun lui-même ne peut s'empêcher de portcr, lorsclu'il réflé-
qu'en se subissant. voilà ltourquoi, malgrô lcur hnesse extraotclinairc l'on ne chit sur I'existence des choses dans le monde et sur I't'xistence du moncle lui-
doit pas se laisscr trop intimider par les styies d'expiication scicntiflqtrcs.Ils ne mêmcr : c'cst que toutes les diverses créatures, si grand quc soit l'art de leur
font pas un pas hors clel'assertorique. Le magistrai iabeur scientihque rr'aboutit, organisation ou si varié que puisse être le rapport qui les lie finalement les unes
comme Hefei le notait, qu'à cles résultats tautologiques. Dès quc la scienct, aux autrcs, et rnêmc I'ensemblc de leurs systènes si nombreux... cxisteraient
outrepassant son nivcau cle vérité, se plaît à discourir sur son lrroPre discours, en rrain, s'il n'y avait pas des hommes (des êtres raisonnables cn général) ;
elle se borne à nous dire avec plus ou moins clc circotrlocutionsqtrc somme toute c'est-à-dire que sans lcs hommcs la création tout entière scrait un sirnple désert
c'est comme ça parce que c'est comme ça. inutilc ct sans but final. Mais ce n'est pas non plus par rapport à Ll faculté dc
Deuxième remarquc : s'il n'y a que de ia réalité, il n'y a r.nalheurcuscrncntplus connaître de l'homme (raison théorique) que tout Ic rcste dans lc mondc prend
de réalité. Tout pôur l'homme'- Ral'moncl Rr.ryer: I-'aninal , I'hontme, Ia sa valeur, comme s'il devait y avoir quelqu'un qui puisse contempler lc monde.
- sc rétracte dans Ie néant pour peu qu'il ne se donne à lui En ef{et, si cette contemplation du monde nc Iui penncttait que de se repré-
lonction symbotiqie
que sous I'unique espècedu fait. Le réalisme absolu bascule en absolu irrôalisrne. senter tlcs choses sans but finirl, le seul fait d'être conttu ne saurait con{érer à
ia démencc commence avec la dissipation cle la ,rtransversalité r symbolique du l'cxistencc du monde aucllne valeur r (trad. Philonenko, Vrin, pp. 25o-25r).
mond.e hnmain. Les < choses de la vie r n'apparaisscnt plus à travers les sym- I(ant vcut dire quc la simple connaissance ne sattrait satisfaire I'iclét- que nous
boles oir sc captait lertr expressir.ité,ir:s voici qui pâlissrnt, rct:ul:nt, ne nous arrons de l'ôtrc, i'absolu dont nous portons la vocation. L'êtrc ne se limite pas
rs6 Cottnaissance et i.'t,: Connaissattcc el tie
t87

au connu. Dans la supposition où nous serions réduits au rôle de témoin du l'être et l'être dans Ia connaissance. Voilà ce qui se dévoile à la vision d,cnsemble
cosmos, le monde se déiéaliserait totalement; il ne serait plus qu'un spectacle, du dialecticien, faute de laquclle au savoii ses objets resteraient étrangers,
extérieur, neutralisé, fictif comme tout spectaclc. Aussi l'inspiration ontolo- séparéset flottcraient devant lui, comme c'est cncore le cas oour le mathéma-
gique passera c:nezKant du côté de la Raison pratique. L'être vrai, c'est lc ticit'n, à la façon d'u.n rêve.
àevoir-êt.e. Ilais Ia question est justement de savoir si la connaissance philo-
Nous devons à Platon la démonstration qu'il n'appartier-rt qu'à la connais-
sophique tombe sousie coup des réserves émises par Kant au sujet de la valeur
sance philosophique cl'être indissolublement vie de l'être et vie dans l'être. L'on
substintielle de la science, la seule connaissance véritable selon lui.
étudicra sous qr.relleforme la phiiosophic après Platon a pu rclactiver le projet
r Eh quoi, par Zeus! interrogc l'Étranger clans Ie Sophiste (248 e,249 a),
d'u.ne connaissance vivifiante oir le mouvement du savoir se conjugue à celui dc
nous iaisiero.,i-.ro,tt si facilement convaincre que lr: mouvement, la vic, 1'âmc,
l'être. Ainsi chez Spinoza.Au 5e livre de l'Éthique, oir lc terme cle béatituclc
la pensée n'ont réellemer-rtpoint de place au sein de l'être unir'ersel, qu'il ne r'it
s'applique conjr>intemcnt à la vie glorieuse dc la substance et à celle que par
ni ne penseet que solennel et sacré, vide d'intcllect, il est là planté sans pott'r'oir
l'intuition l'homrne pcut conquérir, oîr I'amour intellectucl de I'esprit en\:ers
bougei? n u L'ôffrayante cloctrine que nous acceptcrions là > répond Théétètc.
n'".i point seulement celle du maître d'Élée, Dieu est I'amour même de Dieu, l'amour dont Dieu s'aime lui-mêmc, ii se
Cette détestable doctrinc,
"" c'est plus précisément cette prcmière vcrsion clu dégage que l'acte ontologiquc par lequ.el Dieu produit scs modcs coincide
c'est le platonisme lui-même,
-- cf. ie commirntaire clc Delbos, Le Spittozistla (p. 168) -.. âvec I'acte par
platonisme que Platon dans le Parménide a passé au crible du plus sévère
lcquel clans lc troisième gcnre de connaissance norls nous savons ct nous sall\'ons
ô*u*.,1. Admettons, comms k faisait (ou scmbl:rit le faire) le Phédon, que Ies
cn lui. En cela, scs plus réccnts interprètes le souiignent, le spinozisme renouvelle
idées soient autant d'absolus ramassés dans leur ipséité, uous n'aurions plrrs
la thèsc néollatonicienne de la coïncidence dc la procession de l'Un et de la
aucune relation avec elles, ces objets en soi ne relèveraient que d'une Scienceen
conversion à lui, tant il est vrai que c'est le même chemin qui monte et qui
soi. dévolue à un savant en soi. c'est en ce cas contradictoirement l'inteiligible
clescencl-
qui nous serait à jamais intelligibte, et l'être le plus réel, I'idée, qui n'aurait
pas d'être pour nous. Avec ce <1uimet tout en rapport notrc csPrit n'entretien- Ainsi chcz Hegel. Assurémcnt l'hégélianisme et le platonisme divergent
drait pas le moindre rapport. lIais ot\ les idées cntrent-elles en commcrce, c-.ornnle nnc doctrinc de l'id.entité et une cloctrine de l'unité. L'unité ne s'engen-
formeÀt-elles communauté sinon dans la connaissance? Il n'est donc pas à clre pas; elle est origine. L'iclentité se réalise; elle est résultat. Aussi Hc-gel
craindre que la pureté de l'idée pâtit de cette action qu'est la connaissauct. situc-t-il au tcrrne ce que Platon situait au principe. Mais c'est en tout cas à la
Connaître, ce n'est pas - quelque chose du thème ici récusé circulera chez réconciliation <lc la pensée et de la réalité, à l'avènement d'une vérité vivante
Kant - porter atteinte à l'être, c'est contribuer à la vie qu'appellent les idées. que tous deux clestinent Ia philosophie. Diaicctique est chez Hegel le débat
Le connaitre est aussi nécessaire à l'être que l'être est nécessaire au connaîtrc. mutuel clu sar-oir ct de I'être, leur assomption réciproque. Dans l'absolu seul sc
Platon, en un effort décisif, intègre le connaître à I'être. Sa philosophitr dér'eloirpc le savoir J)ârce qilc clans le sar,oir selrl sc pré'st'nte à soi ct se rt!fléchit
répugne tout à la fois à un réalisme oir l'absoluité de l'être se posant indéircn- l'absolu. Tant quc Ie savoir et l'être campent en dchors i'ul de l'au.tre, l'être
damment de la connaissance reléguerait celle+i au rang d'inutile doublurc et à n'est que dc i'êtrclà, inerte, ûrsubstanticl et nt: se rcplodriit telle quelle, ne se
un idôalisme oir l'être serait sans plus de façons rabattu sur lcs exigences de la reflète dans la pcnséc qLreson opacité. I-'accomplisscmcnt du sens requiert qtie
connaissance. L'unité de la totalité, le pantelos on du sophisle englobe i'un et clans ia pcnsée l'êtrc cn persollnc se découvre comrnc pensée,comme idcntité c1e
l'autre. Ellc fait se réfléchir l'êtrc dans le connaître et le connaître dans l'ôtre. l'êtrc ct de la yrerr.séc.
Le sens cst cette irlentité de lcur iclentité et de leur difft1-
Aussi doit-on dire d'ellc, selon le.stermes dc ln Ré'pablique qr'elle est epekeitttt rence, absolument saturée ct ne laissant rien à I'cxtérieur cle soi, si ce n'est
tes ousias,supérieure à l'essencc elle-même en dignité et en puissance. ce n'est l'inesscntiel, ineffcctif. Il nc s'inscrit donc ni cLansle mouvement de Ia réalité
donc pas une réalité, c'cst un principe. De mêrnc que sans Ie soleil, son analogue comme telle où il ne s'éprouvait qu'en s'ignorar.rt,ainsi les héros dc l'histoire ne
dans le monde sensible, la vue serait aveu.gle et les choses invisibles, de même savaient pas cc qr-r'ils faisaient, ni invcrsemenl dans la simple pcnsée, dansles
sans l'idée du bien, qui n'est pas une idée comme lcs autres, on la disccrnc moins interprétations plus ou moins ingénieuses dcs historiens par cxemple, ne se
qu.'on ne discerne tout à travers elle, manquerait ce milieu lumineux par quoi projetant ct ne se piaquant jamais qu'arbitlrrirt'rncnt sur la chose. Le sens
brillent du même {eu et le regardé et le regardant, et I'intelligible et i'inteliect. advient sous l'es1iècedu se-savoir de la réaiité clans ic milicu clela pensée,lolsquc
Misérable serait l'ôtre, solitr.rclesans vie, s'il n'était pas conmr; débile la connais- l'histoirc s'étant enfin donné un contenu cléhnitif parce que universel s'ar'èrc
sance si ce n'était de l'être qu'elle saisissait. L'âme, du même coup, intérioriséc capable de sc réfléchir, cc qu't'lle fait clans et pnr h irhilosophie hégélicnnc.
à la I'ie essentielle quitte lc long cxil où l'avait iusque-là confinée le platonisme; L'hégélianismc n'est donc pas zne philosophie szrz1'histoire;il ne réfléchit per
elle cessed'être une descendante abâtardie, une parente lointainc de l'idée, unt: sur I'l'ristoircni ne cherchc soll scns. Le fait quc l'on cherchc un sens à l'histoire,
pau\/rcsse qui contemple d'cn-bas. A I'instar dtr soleil, éclairer, pour l'idée dtl conlme Rousseau or.r K:rnt, est la prcuvc qu'iL échappc, qu'on 1e manque.
Bien, c'est unir et c'est fairc'r'ivrt-'. Vit sous sol1 éclat la cottlt:tissanceclalls I-'hirgélianisnrccrst/a philosophie da l'histoirc, l'élémc,ntoir l'liistoirc se dit ct sc
IES Connaissance et t:te
t.99

sait, où, rasscmblant clans la pe'nsée pliilosophiquc ses lnoûtents épars, cllc- ll1ouvril1(-'nlcl'autrts modcs linis ct qu'il s'irusèredans l'ord,re d'une causalité
mèmc sc signifie comme raison. irrfirrir:. Jc sais que mon être se profile dans cette lacies totiwstmiaersiimmu.able-
Assurément, toutes les philosophies n'ont pas assigné à la connaissance cette rnent la môrne cn dépit de la f ugacité derses élémcnts, je mc réfère à une néces-
portôe ontoiogique. Le Dieu cartésien cst connu, mais non compris. Les r'érités sité univcrsellc. Xlais cette néccssité mc demeure cxterne. Elle m,explique
qu'il crée ne lui sont pas consubstantielles. Avoir accèsà elles, ce n'est pas péné- rlavantagc cluc jc nr: la comprcnd., puisquc mon entendement limité nc pcut en
trer dans son intimité. De I'être Kant récuse qu'il puissc habiter un conccpt' fairc lc tour. Iillc nc m'apprend que ma clépendance. Par ia raison nous conce-
Aussi Descartes et Kant nous proposent-ils d'autres relations à l'absolu qut-' \'()ns la strictc clétcrrnination dc tou,t ce qui cst. La comprenant, nous ne pou-
poétiques. Descartes, par l'intermédiaire d'une générosité otr l'homme n'accordc \-orlsque I'ncccpter, car il scrait démentiel de vouloir autre chose quc ce qui nc
plus valcur intnie qu'à cela seul par quoi il participe de l'infini, sa volonté. peut l)as ne pas êtrc. La raison ûous assure donc de dominer nos passions, toutes
Kant, par l'intermédiaire d'une moralité seuie susceptible de nous apporter une :rlimentées ei la chimèrc de l'impossible possible. Elle nous apaise. Elle ne nous
lumière ct une foi. Mais, qu'elles affermissent leurs certitudes dans le savoir ott combie pas. Comprendre de Ia sorte, c'est ccrtcs cessel de subir rnais c'est
dans l'action, de toutes les philosophies nous pouvons tirer l'cnseignetnent qu'en encorc s'obliger à acccpter, et accepter, ce n'est plLrs subir à un premier degré,
regard de l'aspiration à l'absolu qui fait le {ond dc notre être, la connaissance Inais c'cst encole subir à un sccoucl degré. Accel>tcr, c'cst subir intclligemment.
scienti{ique ne saurait être le dernier mot. Nul ne l'a mieux expliqué que l'auteur Se {aire une raison, que pcut faire d'autre la raison? Ainsi dans la cité - c'est
le plus prisé par la scienti{icité, Spinoza. Ia conttaissrrnccdu rleuxième gcnre qui régit la conduite rationnelle du citoyen -.-
La connaissance scientifique est tellement liée à ia production du vrai - il ne pensc et agit l'homme raisonnable. Là oir lcs autres obéissent par peur et par
commence qu'avec elle, sans elle jamais nous n'cn aurions l'idée qu'il arrive inrpuissance, il obéit par conscnternent ct sagesscà des lois communes. Nlais à
à Spinoza ' - Livre II, propositiotT 42 - de parler cornme si c'était la même de obéir, on doit s'astreindre. Ce n'est pas naturel. Er du,ctu rationis, répète d'un
la connaissance du deuxièmrr genre : philosophique, mais de type scientifrque, bout à I'autre du livre I\r Spinoza. Si la raison en moi s'exprime dans l'extério-
c'est une mathesis, et de la connaissance du troisième gcnre, apanage de ia rité d'un commandemcnt, d'un précrptc, c'est qu'il v a unc part de moi qu'elle
philosophie. Pourtant les déductions de cellelà, lors même qu'ellcs La sollicitcnt ne touche pns, qui lui cst étrangère, c'est rnoi.
comme leur cor:ronncment, nc sauraient se hisser à l'intuition de celle-ci. Cc La raison ignorc la singularitt<, car elle ne manic que ccs notions conlnunes
dont j'ai f intuition, jc Ie pénètre ct je m'en pénètre. Je m'en nourris. En plato- identiqucmcnt présentesdans la pirrtic et clanslc tout. Et de mêrne que les vérités
nicien, Spinoza tient que comme on connaît, on existe. Une manière de penser que nous dér'elopporrsgrâce à elle portcnt sur Ia structurc c1etoLrtes choses et lcs
est unc façon d'être. Connaissancc par{aite sera celle que je pourrai le mieux lient lcs unes aux autres dans unc même trame sans tenir compte cl'aucune en
vivre, qui donnera le plus d'intensité à ma vie. Connaître, c'est s'ajouter ce que particulicr, ainsi les lois de la cité rationnclle s'appliquent à chacun comme à
I'on connaît. Connaître, c'est être davantage. Comtne Platon, Spinoza assigne à tous, n'ont et ne doivcnt avoir d'égard po11rpersonne . On nc se pcnse réellcment
ia connaissance philosophiquc la puissancc d'une opération ontologique. Or citoyer-r que si l'on se pense citoyen exactement au même titre que lcs autres.
on ne progrcsse pas, cle ce point cle vue, dans la connaissance du troisième genrc Dans la cité rationnelle comme dans Ia nature consicléréepar la raison, rien ne
ainsi que dans Ia connaissance du deuxième gcnre. Quand nous déduisons, nous r.it cle son existence irréductiblc, unique, tout ne dispose qLred'unc velrité encore
devons nous appu)/er sur ce que nous avons déjà dérnontré, ce quc nous pensons abstraite. Commc la vic rationnellc a lc mérite dc nous soustrairc ar-r-xregrcts et
doit sans trêve se soutenir sur cc que nous avons pensé. Déduire, c'est aller de ar-rxdésirs attisés par l'imagination, et c'est déjà beaucoup, la vie civiqtre pré-
vérités crr vérités. La connaissance rationnellc - la Ratio prôside à i'élabora- sente d'immenses avantages, c'est-à-dire, ainsi qu'il ressort de la notion, qu'ils
tion de séries - est astreinte à ne comprendre une chose que par I'intermédiaire s'accompagncnt néccssairement d'inconvénients. Un avantage, c'est rclati{,
d'une autre. L'intuition se meut dans I'unité dc Ia vérité. Seule donc elle ccla s'apprécie cxtrinsèquemcnt. Un remède par exemple est saumâtre, mais il
s'identifle à une vie en ce qu'elle est dans son déploiement même indivisible et me délivrera d'un mal bcaucoup plus clouloureur. Brc.f, quand on veut un avarl-
se rassemble tout entièr-c en chacun des momcnts, appelés par Spinoza la durée tage, il faut vouloir aussi les inconvénients qui lui sont inhérents. Démocratie
propre à l'esprit. Ce que la déduction n'enchaînait que selon les dehors, I'intui- est à l'estime de la raison le régime où il y a. plus cl'avantages que d'inconvé-
tion ie recueiile et I'intériorisc. Une déduction se prolonge; une intuition se nients. A ce niveau que nul nc saurait bousculer, Ie sage est un parfait citoyen
parfait. - ne réside donc pas encorc i'irbsolu. Une scicnce vrair., une vraie poliiiquc,
avec leur cortège de nécessités jumelles, cela est indispensable, cela, pas plus
pour Spinoza qtle pour Comtc, ne su1ît t\ notre épanouissernent. L'absolu cst
L'intériorité liberté.
Âr'ec Ia connaissancedu troisième genrc sc clépassele règne de la nécessité,
P a r l a c o n n l i s s r L l r cdc L r t l , ' u x i è n r cg , ' n r c , j r ' s e i s q t t c m o n c o r p s , c c m o d r ' f i r t i qui est Ia basc mais qui n'est qr.rcla basc. Par delà la nécessitéclc I'univcrsel,
de l'tltcnclLrcdont rncn âmi n'est d'abord que I'idéc, reçoit son cxistencc, son encorc contraignrrntc, la connaissancr:du troisième genrc, par I'entcnclemcnt,
r90 Connaissance et uie C antn i ssattce et i.'ie

accèdc à la néccssité du singulier, pure libcrté. En comprenant quc l'idée de la l'homme qui fait le mal à desseinl'emporte sur celui qui le fait involontairement.
structure de mon corps, en tant que tcl périssablc,qu'est mon âme, trour.e Ch:rque science con{ère une maîtrise dans une pratique technique, une compé-
comme esscncevraie sa place éterncllc dans 1'entcndementinfini dc Dieu, je n,- tence. Sous cet aspect, ellc cst urre exis, une disposition permanente. Elle n'est
rattache plus mon être à Ia chaîne clesmodes finis ilont il n'cst qu'un moment, jc pourtant cncore qu'unc du,nam,is,notc Aristote, une puissance indétcrnrinée,
le dirige vers Dieu comme vers sa cause prochaine. Dans l'entendement dc autorisant dcs actior-rs contraires, puisque le médecin procédera tout aussi
Dieu, oir se conçoit de la même manière < avant r, < pendant r ou r après r médicalcmcnt, s'il guérit un malade ou si ilélibérément il précipite sa prrtr.
I'existence de son objet l'essence vraie de mon corps, je suis éternellement (Snr torrs ccs points on se reportera à l'ouvrage de J. Nloreau, Aristote et sort
actuel. I.a connaissance du deuxième genre me rapportait certes à Dieu mais école,où l'on trouvcra les princ\rales références). Les Grecs en inféraicnt que le
comme tout mode s'y rapporte. La connaissance c1u troisième genre inscrit r.rai savoir, exempt cle la dichotomic science-art, se signalait à l'impossibilité
en Dieu ma singularité. Je ne dépends plus seulement de Dieu, je me sais en lui. oir il nous met d'en tirer des conséqucnces opposées. Il est net de toute ambi-
trIode de son entendement inûni, je suis dans ma vérité nécessaireà sa nécessité, guïté. Qui sait réellement ce qu'cst le bien ne peut vouloir le mal.
je suis donc libre comme elle, libre en elle et par elle. C'cst personnellement qr.re
La philosophic ainsi cntendue ne resscmble pas à ces sagesses,un peu plartcs,
maintenant jc suis justiÏié. Se mesurent en conséquencc les c1ifférencesentre
un peu engoncécs, oîr l'on tâche de tirer les leçons d'un savoir. Elle est ce savoir
connaissance scientifique et connaissance philosophique.
tel que, l'ayant, on ia pratique nécessairement et que 1a question de son < adap-
Connaître scientifiquernent, c'est ne pas être ce que l'on connaît. Extéricule,
tation r ne se pose pas. Nous n'avons donc pas à nous évcrtuer à modeler sur lui
la connaissance scientifique l'est deux fois. Elle est extérieure à son objet : l"
notre vie. D'où vient que les hommes constatent amèrement avec lc poète
mathématicien ne loge pas dans le tableau noir, la nature ne fabrique pas -- Ethique IV, prop. 17. Scolie - u je vois le meilleur et je l'approuve, jè fais
d'équations; et elle est extérieure à son sujet, aussiest-il normal que les sciencrs
le pire r ? De ce que le désir naissant de la connaissance vraie du bon et du mau-
décrètcnt sa mort. La scicnce explique tout de moi par ce qui n'est pas moi.
vais peut toujours être aisément contrccarré par un autre désir capricieux,
C'est du reste à cause de ccttc extériorité constitutive que ies vérités scientifi-
partant plus violcnt. Il est naturel que I'attrait provoqué par l'idée d'unc satis-
ques peuvent se transmettre, passer tellcs queiles d'un esprit à i'autrc, tandis
{action instantanée, à bout portant, soit supéricur à 1a volonté éclairée, toun.rée
quc l'idée cluc les vérités philosophiques pourraient sc véhiculer dc la sortc, qut,
vers un avcnir lointain. C'est l'immédiat qui engcnclrc cc qu'il y a de plus r clair r.
tous devraient s'accorder rigoureusement sur le sens d'une phiiosophie, est
La connaissance du dcuxièmc genre accroît alors la force dri désir rationnel par
incompatible avcc la philosophie. A coup sûr ce que quelqu'un sait cle façon
un exercice constant, difficile quand on ne fait que I'imaginer, de plus en plus
scientifique, un théorème par exemple, il ne l'a pas appris par cæur comme du
facile quand on l'exécute avec assiduité. Si je me convaincs que l'avenir est aussi
temps des Romains, il a dû ie comprendre par lui-même mais quand il le
nécessaireque le présent, I'idée clesconséquences{uncstes à long terme augmen-
comprend, il le comprend comme n'importe qui le comprend. Le sujet dc Ia
tera sa vigueur, elle supplantera I'attraction naguère irrésistible. l\llis dc
scienccc'est, à la limite, tous. Le sujet de Ia philosophic, c'est chacur.r.Scientih-
l'homme auqucl la connaissance du troisièmc gcnre a fait prcndre conscience dc
quement, I'esscnticl c'est que je pense.Philosophiquemcnt, I'essentielc'est clur'
son éternellc union à l'éternel, ia vie devient infinimcnt joy.'eusc.Cet homme ne
1a pense. L'intuition du troisièmc genre c1econnaissance en appelle à un actt: lutte donc plus contrc scs passions, il en triomphc. Il est d'autant plus puissant,
toujours original, car il n'y a pas clcux hommes pour existcr clc ia même manièrr
il faudra attcndre Nictzsche pour que ressuscite ccttc intuition, qu'il n'a pas à
et pour dc la mêmc manièrc cxpérimcntcr leur éternité. I-cs vérités cle Ia phill-
vouloir l'êtrc. C'est ainsi non parce qu'il réprime ses penchants qu'il cst joyeux
sophie, ou clies sont pour moi icttrc mortc, fornulcs récitécs, ou je sr.risen situa-
mais c'est parce qu'il cst joyeux qu'il réprime ses pcnchants.
tion d'intimité avec elles. \roilà pourquoi lc philosophe vit cn clles et elles vivent
en iui, c'est-à-dire qu'elles s'y approfondissent, s'y animent toujours davantage, La joie est densité, plénitude d'ôtre, élargissement de mon êtrc dans i'être.
ce qui n'a pas de sens pour unc vérité scientilique . Elle aidc à construire d'autrcs Je suis parce que j'cn suis. Cela, cette unité de mon être ct de l'être, la philoso-
vérités, elle peut recevoir d'cllcs par récurrence unc partic nouvelle, mais lui cst phie souvent I'a nommé Dieu. On peut se passcr dc Dieu. On ne peut pas se
inconnu Ie rayonnement du logos. Voilà pourquoi enûn l'intériorité dc la passer de cela. On ne peut pas se passer du divin.
connaissance philosophique supprime la dualité de la théorie et de la pratiquc
Divin n'est pas I'épithète dont Dieu serait Ie sitbstantif. Dieu, Spinoza nous
qui sont inaptes à vaincre les autres Iormes du savoir.
l'a appris, n'a pas pour attributs des adjectifs. Le divin n'cst pas une inhérence,
Ii y a, à la rigueur, une morale dansla science: l'impartialité, la patience etc... c'cst un rapport. Seule une vie humainc peut être une vie divine. Divine chez
il n'y a pas de morale /e la science. Elle procure des moycns offerts, à toutes Platon l'imitation de la rlivinité. Divine chez Spinoza I'existence su,b specie
sortes de fins. La môme scicncc, dit Platon, distribuc les rcmèdes et les poisons. aeterni différente assurément clc la nature de Dieu oir torrt est in reternitate.Il
En un sens, observait encore Platon, lc médecin nc peut agir que médicalement serait contradictoire qu'imitcr fût égaler. Sans la justc reconnaissancc dc l'écart
comme le grammairien quc grammaticalement. S'il commct une faute d'ortho- la séparant du modèlc, la copie ne serait plus qu'un sinulacrc. C'cst pourquoi,
graplre, ce scra scicmmcnt. Aussi Socrate affir'rnait-il dansl'Hippi.as ntûteur qtu:. sans contracliction, parce qu'ellc cst l'anah,'se c1enotre irnpuissancc, la philo-
192 Cottnaissance el iit Cortnaissattce el t;ie t 9.l

sophie peut seulc nous donner la vraie théorie de nos louvoirs. Sans im1.s5s1- Lectures
bilité, pas de possibilité. Le possible est hls dc f inpossible.
Tel est le sens, parfois mal enter.rdu,de la troisième maxime de la morale par Sur le scns vrai de 1a théorie : Le Gorpi,as.
provision : < Changer mcs désirs plutôt que l'ordrc du monde r. Descartcs écrit : Surl'installationdelaphilosophiedansla vitctclelaviedanslaphilosophie :LeTraitti
de Ir Rélorne de I'Enlendetnen.
changer mes désirs ; il n'écrit pas : supprimcr mes désirs. Je voulais l'impossiblt, ; Lcs éléments csscntiels cle la spéciûcité de la connaissancc philosophique sont ana)1 si's
je souhaitais qu'au gré cle mes prièrcs sc transformât l'ordrc universcl, 1c déter- par F. Alquié, Signifcation de la Philosophie.
minisme de la nature. Ah! si hicr pouvait redevenir présetrt,si dcrnain pouviiit
déjà entrer dans aujourcl'hui! [Iais qrlr] ces vceux soient exaucés ct tor.rt nr.'
serait plus quc chaos. La durc irréversibilité du trmps est la condition de toulr Thèmes d'étude
conduite ordonnée et efficace. Changer scs désirs revient donc en Descartes à nc
plus vouloir entn quc ce qui cst possiblc, r en sorte qu'après que nous avons fait La notion de salut
notte mieux touchant lcs choscs qui lous sont cxtérieurps,tout cc qui manque
de nous réussir est au regard de nous absolument impossil-rle.Et ccci seul mt C ' e s t u n e n o t i o nd ' o r i g i n er e l i g i e u s er e p e n s é ei n t é g r a l e m e npta r l a p h i l o s o p h i eL,e s
p h i l o s o p h eess t i m e nqt u e l a r é f l e x i o n e v a u d r a ipt a su n e h e u r ed c p e i n es i e l l en e d e v a i t
semblait être sufÊsant pour rn'empôchcr de lien désircr à l'avenir que jr
a s s u r e rn o t r es a l u tm a i s c e s a l u tq u e l a r e l i g i o nn o u s p r o m e tp o u r a i l l e u r se t p l u st a r d ,
n'acquisse, et ainsi pour me rendrr- content r. Quc veut dire Descartes ? Que clans l a p h i l o s o p h i lee c o n ç o i te n c e t t ev i e e i m a i n t e n a n tQ. u ' e s t - c eq u e s e s a u v e r ?P o u r l e
I'action non méthodiquc - la morale cst expressément irrésentéc comnrt, d é t e r m i n ei rl c o n v i e ndt e n e p a sc o n t o n d r g e u é r i s o ne t s a l u t J. e g u é r i sq u a n dj e s u i sd é b a r -
< tirée de la méthode > '- f impossible semblait clomincr, humilier Ie possiblr'. r a s s éd ' u n e m a l a d i eJ. e r é c u p è r em e s a n c i e n n e fso r c e s ;j e r e v i e n sà u n é t a t p r é c é d e n t ,
Dans I'action régléc au contraire sur les lois immuables c1cla réalité, ce n'est pltis c o m m ej e m e t r o u v a i sa v a n tc e t t eé p i d é m i ec, e m a l e n c o n t r e ucxo u r a n td ' a i r .L a g u é r i s o n
n e i a i t a i n s iq u ' e f i a c e u
r n d o m m a g ee, l l e r é p a r e J. e r e p r e n d sm e s o c c u p a t i o n sm, a v i e ,
l'impossible qui délimite le possible,c'est Ie possiblcqui juge de f irnpossible;c't..t m a i sc ' e s tt o u j o u r sl a m ê m e .S u i s - j er é e l l e m e nst a u v é ?P u i s - j eê t r e r é e l l e m e nht e u r e u x
mon projet qui mcsure ce qui ne lui est pas cllcor€i possible n.raisle lui scra plus d e r e c o u v r em r a b o n n es a n i éd ' a n t a n .E l l en e m ' a v a i to a s e m o ê c h éd e t o m b e rm a l a d e .
tard. La méthode cst, en cffet, I'art de diviscr les ,lifûcrrltés.-A.girmithocliqur- O - n e g u é , i ld o n c j a m a i sq u e p r o v i s o i r e m e n c 't e; s ld u s u r s i sA . u s s ic o n v i e n l -di le s e
ment, c'est s'astreindre à ne faire ccci c1u'apr'èsar.oir fait ccla. Impossi[.,], m é f l e r ,d ' ê t r es u r l e q u i - v i v eL. a v r a i ev i e n e s a u r a i ts ' i d e n t i f l eàr c e s o u c i , d é p r i m a n t ,
d e s u r v i e ,C ' e s Îs a l u b . ed e g u é r i r ,c e n ' e s t p a s e n c o r es a u v e u rS . a l u b r e sm a i s a m è r c s
le chao-.,lc < tout ensemble r. Qui ne vr-ut plus tout à ia fois, qui consent à nl
l e sr e m è d e n s é c e s s a i r eàsl a g u é r i s o nl .l s c o m b a t t e nut n m a l p a ru n m a l .A u n e m é d i c a t i o n
faire qrie sot-r possibic, celuilà lcra toul son possible. Pour hri, clc proche cn o r c o n s e nst a n sj o i e .L e b i e n ,c e s e r a i td e n e p a sa v o i rb e s o i nd u r e m è d eL. e t e x l ec a p i t a l
proche, il n'est rien dc réalisable qu'il ne finira par intégralerncrrt réaliscr. s u r c e p o i n te s t l e s c o l r ed u c o r o l l a i r d
e e l a p r o p o s i t i o6n3 d u l i v r el V d e I ' E t h i q u e .
Dans un retournement dcs rapports di: f impossiblc et du possiblc consistt- Proposition; Qui est conduit par la crainteet fait le bien pour éviterle mal, n'est pas
bien le ren\:ersement philosophique. c o n d u i tp a r l a R a i s o n .
Les philosophies ont toutes théorisé unc vie diline qu'i1 nc titnt qu'à noris C o r o l l a i r e; P a r l e d é s i r q u i n a î td e l a R a i s o n ,n o u s p o u r s u i v o n lse b i e n d i r e c t e m e n t
dc faire nôtrc. Ricn ne nous manquc qr.reclc'sa\',)irquc rit-n nc nous nrenque, rt e t n o u s f u y o n sl e m a l i n d i r e c t e m e n t .
par exemple ce présctrt que ricrr n'use, n'abimt-, rluc le ten'rpsn'cflrloche prt;, S c o / i e: C e c o r o l l a i r es ' e x p l i q u ep a r I ' e x e m p l ed u m a l a d ee t d u b i e n p o r t a n t .L e
toujours intact et ncuf, réceptacle clc 1'éternité.Sr:compr-encl-cainsi, c'el,t vt'ir m a l a d e p, a r p e u r d e I a m o r t ,a v a l ec e q u i l u i d é p l a î tl,e b i e n p o r t a n ta u c o n t r a i r ep r e n d
clivinement. La scicncea pour frrnction de ncttoycr le rnondr:clu srrntiLturelet chr p l a i s i rà l a n o u r r i t u r ee t i o u i t a i n s i d e l a v i e m i e u xq u e s ' i l c r a i g n a i lta m o r t e t d é s i r a i t
lnerveilleux dont notre fantaisic sc plaît i lc n'couvr.ir. llais irutrc lo mcrvtil- l ' é v i t e rd i r e c t e m e n tD. e m ê m e ,u n i u g e q u i , n o n p a r h a i n eo u p a r c o l è r e ,e t c . m a i s p a r
l e s e u l a m o u rd u s a l u tp u b l i c c, o n d a m n eà m o r t u n a c c u s é e, s t c o n d u i tp a r l a s e u l e
lcux, vision cf imagination, autrr lt divin, rcgarcl tl'entcnclenterrt.Ur-redoctrin,.
Raison.
a u s s i p c u s u s p e c t ed c t e n d l c s s ea v e c l r r c l i g i o n q r i , . c e l l yd ' E p i c r r l r . , l i s ti n g u r i i
avec soin l'un et l'autre. A scs clirux, ignorant jrrs<1Lr'ri notrc existctrct, I'épiclr- C e t e x t em o n t r eq u e l a p h i l o s o p h ei es t i a m e i l l e u rm e é d e c i n pe a r c eq u ' e l l en ' e s tj u s t e .
m e n t p a s u n e m é c i e c i n eE, l l e n o u s a p p r e n dq u e n o u s é c h a p p e r o nds' a u t a n im i e u x a u
risnte n'en attribuait pas moins un rôle cle modèlc, da peradigrne.Alors qut la
m d i q u e n o u sn e r o u s i m p o r t u n e r o rp)lsu sà l a p o ^ ç s çd e l r , ié c h a p p e rc,a r l o u l l e n a l
superstition nous deshumanise, la philosopl.rie nous divinise. Sans ce regarcl e s t d a n sl ' i d é ed u m a l .Q u i v e u tg u é r i r c, ' e s tq u ' i l e s t m a l a d eQ . u i v e u tg u é r i rn e p e u t
divin nos conquêtes scientifiques, nos exploits techniques, nos cornbats pôli- p a s g u é r i r .P e n s o n s - n o uas u , c o n t r a i r es, e l o n n o t r e p o s i i i v i t én, o t r e p u i s s a n c en, o t r e
tiques ne nous sauveraieut pas cle1amé<liocritéoù I'on ne peut jamais attendr e é t e r n i t éS. a c h o n sq u e t o u i p e u t ê t r e s a u v éd e n o , J S - m ê meet q u ' i l s e r a i tc o n t r a d i c t o i r e
que n de I'honneur sans vcrtu, dc la raison sans sagesscet du plaisir srrn. q u e s e s a u v e rc o n s i s t â tc,o m m ey i n v i t el a r e l i g i o nà, s e s a u v e rd e s o i . L a c o n n a i s s a n c e
d u t r o i s i è m eg e r r r en o u ss a u v ee n n o u s r é v é l a nqt u e n o t r ee r r e u rr e v e n a iàt c r o i r eq u c
bonheur,r (Rousseau, Discours sur I'origine de I'inégalité, Bibliothèque de ll n o u s a v i o n sà ê t r e s a u v é s .
Pléiade, Galiimard, Ton.re3, p. rq3). O n c o m p a r e r ac e t t e c o n c e p t i o nd u s a l u t a v e c l a c o n v e r s i o np l a t o n i c i e n n eC. ' e s t
t o u l o u r sl a m è m eâ m e , m a i sm i s eà l ' e n d r o i tT. o u t e s t p a r e i ie t i o u t e s t d i f f e r e n t .
On proiongera I ' a n a l y s e n c o n s i d é r a nqt u e t o u j o u r sl a p h i l o s o p h ise' e s t d é f i n i ep a r
rapporà t , c o n t r el a m é d e c i n eP. h i l o s o p heet m é d e c i ns o n td e u xr i v a u x L. a m i s eà l ' é c a r t
a r j o t r r d ' h udi e l a p h i l o s o p h iaeu n o m d e l a p s y c h a n a l y sl eec o n f l r m e .
r9l ( (rintolssance et i 1( ( intl.\Jnrt (l , !r te5

Ct. Épicure. Épicure dit : a v e c l ' a p p r e n t i s s a gdee l a R a i s o n .l l c o n v i e n t d e s e p é n é t r e r s a n sr e l â c h ed e s e s p r i n c i p e s ,


c e f o r t i f l e r l e u r é v i d e n c e , e x a c t e m e n td e l e s m é d l t e r .M é d i t e r e s t u n t e r m e t r è s p r é c i s
< Q u a n d j ' é t a i s m a l a d e i e n e m ' e n t r e t e n a i sa v e c p e r s o n n e d e s s o u f f r a n c e s d e m o n
e n p h i l o s o p h i e .l l n ' e s t p a s s y n o n y n r e d e r é f l é c h i r , d e c o m p r e n d r e , e t c . M é d i t e r . ,c ' e s t
pauvre corps,.je n'en parlaisjamais à ceux qui venaient me voir. Mais je continuais à f a i r e v i v r es e s p e n s é e s .u n e m é d i t a t i o n- c f , D e s c a r t e s- n ' e s t p a s s i m p l e m e n t u n e d é d u c .
m ' o c c u p e r d e s q u e s t i o n s p r i n c i p a l e sd e l a n a t u r e e t c h e r c h a i s s u r t o u t à s a v o i r c o m m e n t 1 i o n ,u n e c h a î n e d e v é r i t é s ,c ' e s t I ' h i s t o i r ed ' u n e â n r e . S e l o n S p i n o z a c e t a p p r e n t i s s a g e ,
I ' e s p r i t ,q u i p r e n d p a r t a u x m o u v e m e n t sq u i a f f e c i e n tl e c o r p s , p e u t ê t r e e x e m p t d e t r o u b l e c e t e x e r c i c e n é c e s s a i r e ,i l f a u t p a s s e r p a r l a m é d i t a t i o nr a t i o n n e l l e ,r e q u i e r t d e s q u a l i t é s
e t g a r d e r l e b i e n q u i l u i e s t p r o p r e . E t j e n e f o u r n i s s a i sp a s n o n p l u s a u x m é d e c i n s I ' o c c a - o ù i l d e m e u r e e n c o r e q u e l q u e c h o s e d e b e s o g n e u x ,d e p é n i b l e ,c o m m e c ' e s t l e c a s p o u r
s i o n d e s ' e n o r g u e i l l i rd e l e u r s p r o c é d é s ,c a r m ê m e a l o r sj e c o n s i d é r a i sm a v i e c o m m e b e l l e t o u t e f o r m a t i o n d ' h a b i t u d e , d u z è l e , d e I ' e f f o r t ,d e l a c o n s t a n c e .l l n é c e s s i t ea u s s i I ' a i d e
e t h e u r e u s e> . d e l a m é m o i r e e t d e I ' i m a g i n a t i o nq u i g a r d e n t p a r t i e l i é e a v e c l a c o n n a i s s a n c ed u p r e m i e r
g c n r È a v e c q u o i l a v i e r a t i o n n e l l e ,p a r c e q u ' e l l e n ' e s t p a s d é t a c h a b l ed e l a d u r é e d e n o t r e
M a r c A u r è l e , l X , 4 1,
c o r p s , n e s a u r a i t r o m p r e r a d i c a l e m e n t .M a i s p a r c o n t r a s t e d é j à e t a n t i c i p a t i o n n o u s
cité par J. Brun, Épicure et les Epicuriens. p o u v o n sd i s c e r n e rc e q u e s e r a l a c o n n a i s s a n c ep a r f a i t e: e l l e n e r é c l a m e r aa u c u n e x e r c i c e ,
a L i c u n et e n s i o n , e l l e n ' e x i g e r a n i r è g l e s n i m é t h o d e , e l l e n e s e l i m r t e r a p a s à u n a r t o e
C l . D e s c a r t e s: L a v r a i e m é d e c i n e e s i u n e d e s b r a n c h e s d e I ' a r b r e d o n t l e s r a c i n e s vivre.Ce sera la facilité même. On ne pourra en effet I'avoir que si on I'a tout entière,
sorrtla métaphysique. T e l l ee s t I ' i n t u i t i o n ,
L a m o r t a e m p ê c h é S p i n o z ad ' é c r i r ec e t r a i t é d e m é d e c i n eq u i d e v a i tê t r e l e l c o m p l é m e n t S r r [ o u s c c s p o i n l s o n p o u r r a c o a s J l e r : L . M i , l e r ,P o t t r L a n n à i t r e/ a p e n s é ed e S p i n o z a .
de I'Ethique.
2 ' L ' i n t u i t i o nd é c o u v r eq u ' i l e s t d a n s l ' e n t e n d e m e ndt e D i e u u n e i d é e é t e r n e l l eq u i e s t
Cf. Rousseau : I ' e s s e n c em ê m e d e n o t r e â m e s i n g u l i è r e ,O n d é n a t u r e r a i tc o m p l è t e m e n t l e s t a t u t d e l a
p a r t i c i p a t i o nd e I ' i d é e d e n o t r e â m e à I ' e n t e n d e m e n td j v i n ( e n D i e u i l n ' y a p a s n o t r e â m e :
< N o u s s o u f f r o n s d ' a u t a n t p [ u s q u e n o u s s a v o n s m o i n s s o u f f r i r ,e t n o u s n o u s d o n n o n s
l ' i d é e d e c e c o r p s , a u q u e l c a s i l s e r a i ta f f e c t éc o m m e n o u s d ' i d é e sa d é q u a t e s lm a i s I ' i d é e
p l u s d e t o u r m e n t p o u r g u é r i r n o s m a l a d i e sq u e n o u s n ' e n a u r i o n s à l e s s u p p o r t e r .V i s
d e I ' r d é ed e n o t r e c o r p s ) s i p a r l ' e f f e i d e n o t r e i m a g i n a t i o nm a l s u r m o n t é e ,o n s e l a f . ) g u r a i t
selon la nature, sois patient, et chasse les médecins, tu n'éviteras pas la mort, mais tu ne comme une sorte de rapport de contenantà contenu.Spinozane veut pas simplement
l a s e n t i r a sq u ' u n e f o i s , t a n d i s q u ' i l s l a p o r t e n t c h a q u e j o u r d a n s t o n i m a g i n a t i o nt r o u b l é e , t . j r . .q u ' , 1e \ i s t e e n D r e u u n e i d é e i n r p é r i s s a b l de e m o n è t r e p é r i s s a b l ea, u s e n s o ù l a
e t q u e l e u r a r t m e n s o n g e r a u l i e u d e p r o l o n g e rt e s j o u r s t ' e n ô t e l a j o u i s s a n c e > n r c c s s i t éd e t o u t c r ' q u i p a s s e e s t e l l e - m e m eu n e n v c e s s i t éq u i n e p a s s e p a s . L a b e l l e
- f f , : i r e p o u r n r o rq u e D i e u m e p e n s e t o u j o u r s q u a n d 1 e n e s e r a i p l u s ! U n t e l m a l e n t e n d u
É m i l e , l i v r e l l , B i b l i o t h è q u ed e l a P l é i a d e ,G a l l i m a r d , p . 3 0 6 .
s e s r , s p e n dà l a c o n f u s r o nd ' o i d é r r v u n st e l o n S p r n o z at o u t e sl e s e r r e u . sp h i l o s o p h i q u e s ,
à s a v o i rl ' a s s i m i l a t i o nd u c o n n a i s s a n te t d u c o n n u , d e I ' i d é e e t d e s o n i d é a l . E n t a n t q u ' e s -
O n p o u r r a é g a l e m e n i s e d e m a n d e r s i u n e t h é r a p e u t i q u ec o m m e l a p s y c h a n a l y s ee s t s e n c e é t c r n e l l e ,m o n â r n e e s l l ' j d e e d e I ' i d e e d e m o n c o r p s , e l l e e s t d o n c p a r d é f i n i t i o n
a p i e à n o u s a p p o r t e r u n v é r i t a b l es a l u t . F r e u d , e n m é d e c i n , n ' a e n v u e q u ' u n e g u é r i s o n , l a c o n n a i s s a n c ed e s a s t r u c t u r e .L ' i d é e d e l ' i d é e e s t c o n s c i e n c e .P a r c o n s é q u e n t ,e n i a n t
P o u r l u i u n h o m m e g u é r i t , e n f l n d e c o m p t e , q u a n d i l p a r v i e n tà s ' a c c e p t e r ,à s e t o l é r e r q r e j e p e r ç o i s v r a r m o n c o r p s , j e l e p e r ç o i s c o m m e D i e u l u i - m é m e l e c o n ç o i t ,j e p e r ç o i s
c o m m e i l e s t , e n a d u l t e I u c i d e ,c a p a b l e d e c o n s i d é r e rt o u t c a e n f a c e , s a n s f a i r e u n d r a m e r n D i e u , ê n l J r J e p e n s e e t m a p e n s é e r t ' e s l r i e n d ' a u t r e q u ' u n e m o d a l i t éd e l a s i e n n e .
c f e s p c n r n h l è m ê s a n r ê q a v o i r r é a l é n a r l . ' c r r r p d p s t r a n é d i e sn assép u svdv n
r r ln t e n n o u s
vuru\
B r e n s û r ' ,D i e u p e r ç o i t i n f l n i m e n t p l u s d e c h o s e s c l u e m o i , m a c o n s c j e n c e n ' e s t p a s c o e x -
u n m o i i n f a n t i l ep o r t a i t i e s s i i g m a i e s m o r t e l s .O n q u i i t e r a d o n c l e p s y c h a n a l y s t es, i l a c u r e t e n s i v eà l a s i e n n e ,m a i s e l l e n ' e n e s l p a s m o r n s i n s c r i t ee n e l l e .B r e f , i l y a e n D i e u n o n
e s t r é u s s i e ,c o m m e o n d e v r a i t q u i t t e r s o n p è r e , e n b o n s a m i s , v i v a n t c h a c u n d e s o n p a s S p i n o z a é t e r n e l l e m e n tc o n n u m a i s S p r n o z a é t e rn e l l e m e n t c o n n a i s s a n t .
c ô t é . L a s a g e s s e s e r é s u m e - t - e l l eà l a l u c i d i t é v i r i l e f r e u d i e n n e ? E n t o u s d o m a i n e s
F r e r - r dn o u s c o n v i e à s a v o i r n o u s d é s i l l u s i o n n e r M . a i s , n o u s I ' a v o n sv u , L o u t ed é s i l l u s i o n
risquefortden'êtrequelaprolongationcamoufléed'uneillusion,sacontinuationàl'envers. 3 " N é e d e l a p r i s e d e c o n s c i e n c ed e s c o n d l t i o n sd e p o s s i b i l i t éd e l a c o n n a i s s a n c ed u
d e u x i è m eg e n r e , i l n e s ' a g i t p a s d u t o u t d ' u n s a u t k i e r k e g a a r d i e nl a, c o n n a i s s a n c ed u
t r o i s i è n r eg e n r e e s t u n e i n t u i t i o n r é f l e x i v e ,C e l a e x p l i q u e q u e t o u t e n é t a n t u n i q u e e t u n e ,
e l l e s o i t :g é n é r a t r i c e d ' u n a p p r o f o n d i s s e m e n i n f r n i . E l l e e s t s i m p l e , n ' a p a s d e p a r t i e s ,
m a , s e l l ô e s i i n i t r n s ua, d e s d e g r e s .E l l e n e p r o c e d ( p J s p d r a c c u m u l a t i o nd e s a v o i rt t t a t s
La connaissancedu troisième genre chez Spinoza p a r l e r a y o n n e m e n tt o u j o u r s p l u s g r a n d d ' u n e v é r i t é d e m i e u x e n m i e u x v é c u e , c ' e s t - à -
d i r e i n t é g r é eà n o u s - r n ê m e A , t t e n t i o n a u c o n t r e - s e n s ! S p i n o z ad i t ( p r o p o s i t i o n2 4 ) : < P l u s
V o i c i q u e l q u e s i n d i c a t i o n sp o u r a i d e r l a l e c t u r e d u V " l i v r e d e l ' É t h i q u e: n o u s c o m p r e n o n s/ e s c h o s e s s i n g u l i è r e s p , l u s n o u s c o m p r e n o n sD j e u > . I l n e d i t p a s :
p l u s n o u s c o m p r e n o n sd e c h o s e s s i n g u l i è r e s ,P a r l ' i n t u i i i o n ,c ' e s t d e l ' é t e r n e lq u i s e d é v e -
1 " O n o b s e r v e r aq u e l e s v i n g t p r e m i è r e sp r o p o s i t i o n st r a i t e n te n c o r e d e l a c o n n a i s s a n c e l o p p e e n n o u s , L ' é t e r n i t és e l è v e p o u r n o u s o r i u n t u r ,d i t S p i n o z a- c o m m e l e s o l e i là
d u d e u x i è m eg e n r e , c e l l e q u i s e b o r n e à r e m é d i e r .C f . l a f l n d u s c o l i e d e l a p r o p o s i t i o n2 0 : I ' O r i e n t .C o m m e l e s o l e i le l l e é t a i t d é j à l à , e n m o i , m a i s 1 en e l a v o y a i sp a s . C o m m e l e s o l e i l ,
( J'en ai ainsi terminé avec tout ce qur concerne la vie présente et j'ai tait le tour e l l e v a m o n t e r a u z é n i t h . N o u s e n t r o n s a l o r s d a n s l a v r a i e d u r é e , i n d é p e n d a n t ed e s a f f e c -
c o m p l e t d e s r e m è d e s a u x s e n t i m e n t s> , C e t t e c o n n a i s s a n c en e s a u v a i t p a s p a r c e q u ' e l l e t i o n s d u c o r p s ,c ' e s t - à - d i r de a n s l a d u r é e p r o p r ea u v r a r .l l e s t b i e n é v i d e n tq u e c e l l e v i e
n ' é t a i t p a s p a r f a i t e .C f . l e s c o l i e d e l a p r o p o s i t i o n1 0 : < L e m i e u x d o n c q u e n o u s p u i s s i o n s d i v i n e ( - h u m a i n e )e s t v i e e n D i e u , e l l e n ' e s t p a s l a v i e d e D i e u . D i e u n ' e s t p a s e n r a p p o r t
f a i r e ,a u s s i l o n g t e m p sq u e n o u s n ' a v o n sp a s u n e c o n n a i s s a n c ep a r f a i t ed e n o s s e n t i m e n t s , a v e c l ' é t e r n i t é , r l n e p e n s e p a s s u b s p e c i ea e l e r n i , i l e s t l ' é t e r n i t é .
c ' e s t d e c o n c e v o i ru n e d r o i t e m é t h o d e ( r a t i o n e m )d e v i v r e ,a u t r e m e n td i t d e s û r s p r i n c i p e s O n s ' a t t a c h e r ad o n c à d i s t i n g u e rc e q u ' o n p e u t a p p e l e r s a n s c o n t r a d i c t i o nl e s m o m e n t s
d e v i e , d e l e s g r a v e r d a n s n o t r e m é m o r r e ,e t d e l e s a p p l i q u e r s a n s c e s s e a u x c h o s e s d ' u n e é t e r n i s a t i o nd a n s l e c i n q u i è m e l i v r e . L ' i n t u i t i o nm e p r o c u r e d e l a j o i e , J ' y j o i n s
p a r t i c u l i è r e sq u i s e r e n c o n t r e n tf r é q u e m m e n t d a n s l a v i e , d e f a ç o n q u e n o t r e i m a g i n a t i o n I ' i d é ed e D i e u c o m m e c a u s e .J e I ' a i m e d o n c d ' u n a m o u r i n f l n i . L e d é s i r n e s ' e f f a c e p a s , i l
e n s o i t a m p l e m e n t a f f e c t é e e t q u ' e l l e s s o i e n i t o u j o u r s à n o i r e d i s p o s i t i o n> . P o u r q u o r , s ' a c c o m p l i td a n s l ' a m o u r ,s a v é r i t é ,J e d é c o u v r eq u e D i e u s ' a i m e l u i - m ê m ed ' u n a m o u r
a u d é b u t d u c i n q u i è m eI i v r e ,c e r a p p e ld u q u a t r i e n r e ?P a r c eq u e l a R a i s o nn e f a i t q u ' u n i n i n i , q u e I ' a m o u rq u e j ' a i p o u r l u i e s t u n e m o d a l i t éd e s o n p r o p r ea m o u r d e s o i . J e v i s
Couttttissttttce et r ie Cr.nttttti ssttttce el aie r97

a l o r s d a n s s a g l o i r e . C ' e s l l ' u n i o n e t , e n f l n , l a b é a t i t u d e ,L ' i n t u i t i o ne t l a j o i e n e f o n t p l u s s p i r i t u e l l e .K a n t y a v a i t c o m m e n c é p a r é t a b l i r q u e l e b e a u n ' a r i e n à v o i r a v e c l e v r a i .


qu un.
l l n ' e s t p o r t e u r d ' a u c u n m e s s a g e , i l n e f o u r n i t a u c u n c r é v é l a t i o ns u r l ' ê t r e . A v e c K a n t
I ' a r t d e v i e n i s e u l e m e n t p o u r I ' a r t . L ' a r 1 ,c ' e s t I ' a r t p u r , P u r e b e a u t é l a b e a u t é < l i b r e > ,
, 4 " s e n t i m u s e x p e r i n u r q u e n o s a e t e r n o se s s e . J e f a i s i ' e x p é r i e n c e , d i t S l r i n o z a , l e s e j r s
r é e l l e m e n t .D e c e c o n t a c t l a c o n n a i s s a n c er a t i o n n e l l eé t a i t i n c a p a b l e . D ' o ù I a s é v é r i t é , a f l r a r c h i e d e t o u t e s u j e t i o nà u n c o n c c p t . D a s s i n sà l t c r . c q , ' o , r i r c r ' : u x d e s e n c a d . p -
plus tard considérablemenn t u a n c é e ,d u j u g e m e n t q u e d a n s s a p i e m i è r e c p u v r e ,l e c o u r t m e n t s , l a m a t i è r e d ' u n e s a t i s f a c t i o ne s t h é t i q u e p a r f a i t e n e s i g n i f i e s t r i c t e m e n t r i e n .
f r a i l é , S p i n o z a p o r t a i ts u r e l l e . E l l e n e p r o c è d eq u e d e b i a i s ,i n d i r e c t e m e n t (. C f , l a c r i t i q u e ta Critique de la Facultéde Juger met en place cependant les éléments d'un exercice
b e r g s o n i e n n ed e I ' i n t e l l i g e n c ec o m m e a c t i v i t é p é r i p h é r i q u e ) .p o u r p a r l e r d , u n e c h o i e , m é t a p h y s i q u ep u r l f i é . D u p o i n t d e v u e d e s a { l n a l j t é l e b e a u d a n s l ' a r t n e p o s e a u c u n
e l l e e s t t o u j o u r so b l i g é e d e p a r l e r d ' a u t r ec h o s e . E l l e n e p r o g r e s s ed a n s l ' e x p i i c a t i o nq u ' e p p r o b l è m e l. l e s t v o u l u p a r u n c r é a l e u rp o u r u n p u b l i c ,M a i s q u e l a n a t u r es o i t a i n s i f a i l e
p r o g r e s s a n td a n s l a c o m p l i c a t i o n .L ' i d é e , s u r l e p l a n d e l a c o n n a i s s a n c e q u e s o n s p e c t a c l e p u i s s e ê t r e I ' o c c a s i o np o u ! ' n o u s d ' u n p l a i s i r e s t h é t i q u e ,v o i l à q u i d o i t
du deuxièmc
g e n r e , n e s ' e s t p a s c n c o r e s u f f l s a m m e n tr é f l é c h i e .c ' e s t p o u r q u o i e s t u n e r é p é t i t i o n à tout le moins nous intriguer.Comment se fait-il qu-ôses productionspuissent etre
du
p r e m i e r l i v r e l e c i n q u i è m e l i v r e d e l ' É t h i q u e ,m a r s d a n s i a d i f f é r e n c e d e l ' é c l a t , p a r i a I ' o r i g i n ee n n o u s d e c e t é 1 a ld ' e s p r i ts i o r i g i n a i q u ' e s t 1 el i b r e j e u d e n o s f a c u l t é s ,q u ' e l l e s
c o n n a i s s a n c er a t i o n n e l l en o u s n o u s é t i o n s é l e v é s a u d e s s u s d e I ' e x i s t e n c ei m m é d i a t e , s o i e n ts u s c e p t i b l e sd e s e r é t l é c h i rd a n s I ' i m a g i n a t i o ne, t c e l a j u s q u e d a n s d e s r é g i o n s ,
n o u s a v l o n ss u r m o n t é s e s r l l u s i o n s .N o u s n o u s é t i o n s d é p r i s d e n o s a f l e c l i o n sc h a o t i q u e s , c o m m e l e f o n d d e s o c é a n s ,o ù s e h a s a r d es i r a r e m e n t l e r e g a r d d e l ' h o m m e ? C e r t e s i l
N . o u se s t e n f l n d o n n é , p a r l e c o u r o n n e m e n td e l ' i n t u i t i o n ,l e s e n t i m e n tp u r , p a r f a i t , i n a l - s e r a f o r t p o s s i b l eà l a s c i e n c e d ' e x p l i q u e r m é c a n i q u e m e n ti a f o r m a t i o n d u c o r a i l m a i s
t é r a b l e . N o u s a v i o n s r e n o n c é a u x c h i m è r e s d e I a p a r t i c u l a r i l é .C ' e s t d e l a s i n t g u l a r i t éq u e c e l a n e n o u s é c l a i r e r at o u j o u r s p a s s u r s a b e a L r t e ! L e b e a u e s t d o n c l a s o u r c ed ' u n i n t é r ô t
nous Jouissonsà présent. Nous arrachanT à I'expériencepassive, nous expérimentons p h i l o s o p h i q u en, o n p a s i m m é d i a tm a i s i n d i r e c t ,d a n s 1 am e s u r eo ù c e q u i e s i à é l u c i d e r
I ' a c t i v i t éi n t é g r a l e . L a l o n g u e e t l a b o r i e u s em é d r a t i o nd e l â c o n n a i s s a n c ed u d e u x i è m e e n l u i , c e n ' e s t p a s s o n c o n t e n u ,c e q u ' i l v o u d r a i té v e n t u e l l e m e ndti r e d ' u n e f a ç o n a u s s i
S e n r e n e n o u s a d o n c f a i t p e r d r e I ' i n r m é d i a t e t éd u v é c u q u e p o u r n o u s r é a l i s e r d a n s é b l o u r s s a n t eq u ' o b s c u r e , c o m m e s ' j l a v a j t l e p o L r v o i rc o n t r a d i c i o i r e d e < f o r m u l e r l e s
l ' n r m é d i a t e ' éd u v i v a n l . i n f o r mu l a bl e s > , c ' e s i s o n e x i s t en c e m ê m e ,l e f a i t q u e l a n a t ur e s o l t t e l l e q u e s e s p r o du c t i o n s
i n s p i r e n t d, e m a n i è . " c e ' { e s c o n l i n g e n ' ed a c s s a s o u ' c l e ( r e f i ô . . r eu, n e h a r m o n i cm e ^ -
t a l e q u e n o u s n ' a u r i o n ss i n o n j a m a i sc o n n u e .C e f a i t , ' l ac o r r s i d é r a t i o qn u e n o u s l u i d o n n o n s ,
p r o v o q u e n te n n o u s u n m o u v e m e n t d e p e n s é e t o u t à f a i t s i n g u l i e r ,r e p é r a b l eà u n e s o r t e
La vie de la réflexion chez Kant d ' é l a r g i s s e m " ndI e I ' c s p r i te l q u i , s a n s e t r e à m è m " o ' a b o u i i rà u n e c o n n a i s s a n c oe b j e c -
t i v e , à d e s c e r t i t u d e sn e s e c o n f o n d p a s a v e c u n e s p é c u l a t i o na r b i t r a i r ee t f a n t a s q u e ,d u e
à l a f a n t a i s i e .C ' e s t à c e m o u v e m e n td e p e n s é e s u i g e n c r i s q u e K a n t r é s e r v el e t e r r r e d e
A u r e b o u r sd e l a l e ç o n q u ' a c r u p o u v o i re n e x t r a i r el e s c r e n t i s m e l,a C r i t i q u ed e l a R a i s o n r é f l e x i o r 'C . o r n m e D e s c a r l e se s t l e p h i l o s o p h ed " l a m . o i i a t i o n , H u m e d e I ' e r q u e ' a , H " g < |
^
P u r e s ' e s t p r o p o s é d e d é m o n t r e r q u e l a c o n n a i s s a n c e- d e n a t u r e f o r c é m e n t s c i e n t i - d e l a d i a l e c t i q u e ,K a n t e s t l e p h i l o s o p h ed e l a r é f l e x i o n .C h e z l u i s e u l c e t t e n o t r o n ,a u t r e -
T i q u e n ' é p u i s a i tp a s l e s v c e u xd e l a r a t i o n a l i i é .L a r a i s o n n e s ' e x e r c e l i b r e m e n i e r s o u - m e n t s i f l o u e ,m o l l e ,é n i g m a t i q u es e d é t e r m r n ea u c o n c e p t .
v e r a i n e m e n tq u e d a n s l ' o r d r e p r a t i q u e . T o u t o b j e t d e s c i e n c e , e t i l n ' e s t d ' o b j e t q u e d e R é f l é c h i r c, ' e s t m é d i t e rs u r c e q u ' o n n e p e u t c o n n a i t r em a i s s u r q u o i l ' o n n e p e u t s ' e m p ê -
s c i e n c e , e s t r e l a t i Ta u x n o r m e s d e l a c o n n a i s s a n c eq u i l e d é t e r m i n e n t .D ' a b s o l u i i n , y a c h e r d e p e n s e r .C ' e s t c n c e s e n s q u e l a b e a u t e n a l u r e l e n o u s d o n n e à p e n s e r( l ' e x p r e s s i o n
q u e c e q u e n o u s d e v o n sf a i r e ,D è s l o r s a u c u n e h a r m o n i en e g o u v e r n a i p t lus I'ensemble e s t d e K a n t ) . L a r é f l e x i o ns ' e n t i e n d r a à d e p u r e s e t s i m p l e s s u p p o s i t i o n s( l c o n j e c t u r e s )
d e n o s f a c u l t é s .R i e n d a n s l e s é l é m e n t sd u s a v o r rn e p e u t ' . , o u s à i d e à r v i v r es e l o n I ' a b s o l u , q u ' i l f a u t p r é s e n t e rc o m m e t e l l e s ,e l l e s n ' a p p o r t e n t a u c u n s a v o i r v é r i t a b l e ,m a i s e l l e s s e
r r e n 0 a n s l e s e x i g e n c e sd e l a v i e s e l o n I ' a b s o l u ,l e d e v o i r n i n e s e f o r t i f l ed ' u n e conjuguenttoutefoispourconduirel'espritdansuneceriaineciirection.Eilessontpourvues
ouelconoue
g a r a n t i ed u c ô t é d u s a v o i r n i n ' e s t s u s c e p t i b l ed e l ' é l a r g i r .c e q u e j e c r o i s n e o ' r - , " en é c e s s i l és u b j c c t i v e l, , e n l ' e d o n c L r ^ n r - ' 3 n g e u n i q - e d è l i b e " i é . t d e n é c p s s i t é
se situe pas
s u r l e m ê m e p l a n q u e c e q u e j e s a i s .J a m a i sd o n c d e l a n a l u r ed e c e q u i e s t n o u s n e d é d u r - d a n s l a r é f l e x i o n .S o n e s s o r q u e n e s u p p o r t e n t n i n ' o r i e n t e n ta u c u n s r a i l s c o n c e p l u e l s
r o n s c e q u e n o u s a v o n s à f a i r e . J a m a i s I e s e x i g e n c e so n i o l o g i q u e sq u ' e n i r e t i e n t m a i sq u i n e s u i t o a s n o n p l u s u n e p e n t ed e i a f a n t a i s i ea, c h e m i n ep a r l e s v o i e sd e l a l i b e r l é
en noLts
l ' é t h i q u e n e d o n n e r o n t l i e u à d e s c e r t i t u d e so - b i e c t , u e s , à d e s c o n c l u s i o n sn é c e s s a i r e sO . u e s o n t c e s s u o o o s r l i o n s ?T o u t d ' a b o r d u n e r é f l e x i o n
A p r è s l e s d e u x c r i t i q u e s ,d o u b l e s e p r e s e n t e' ' É o m m e c h e z K a n t . l l s e c o m p o s e o u p e u t s u r l e l i b r e j e u d e n o s f a c u l t é s , c e t t e d i s p o s i t i o ns r p e u f r é q u e n t e e s t d e n a t u r e à n o u s
s e c o m p o s e r d ' u n s a v a n t e t d ' u n c r o y a n t ,l l p e u l d ' u n c ô t é s ' a p p l i q u e rà u n e c o n s t r u c t i o n l a i s s e r p r é s u m c r , p a r l e p l a i s i r i n c o m p a r a b l eq u ' e l l e s e u i e n o u s o f f r e q u e l a l i b e r t é e s t
s c i e n t i f ) q u es a n s t e r m e a s s i g n a b l e ,c a r l a p h é n o m é n a l i t éd e l ' e x p é r i e n c ea p o u r c o n s e - b i e n l a d e s t i n a i i o ne s s e n t i e l l ed e I ' e s p r i t ,s a v o c a t i o n s u p r - a ' s e o s i b l eE. n . s e c o n dl j e u , d u
q u e n c e I ' i n a c h e v a b i l i t éd e l a s c i e n c e .c ' e s t p a r c e q u e r i e n n ' e s t
d a n s I ' e x p é r i e n c eq u i n e m o m e n t q u e l a n a t u r e e l l e ' m ê m e e s t à l ' o r i g i n e d e c e t t e r é v é l a t i o n ,c e t a c c o r d e n t r e s e s
s o i t d e p a r t e n p a r t c o n n a i s s a b l eq u ' i l s e r a i t c o n t r a d i c t o i r eq u e t o u t j a m a i s f û t p r o d u c t r o n se t n o t r e l i b r e é t a t d ' e s p r i t n o u s p e r m e t é g a l e m e n t d e p r é s u m e r q u e c e t t e
connu.
T o u l o u r s d e t o u t e f a c o n l a r a i s o n s t i n r u l e r al ' e n t e n d e m e n i e t I ' o b l i g e i a à p o u s s e r p l u s n a t u r e ,r i g o u r e u s e r n e ndt é t e r m i n é es e l o n l ' e n t e n d e m e n t ,n ' e s t p a s e n s o n f o n d r é f r a c t a i r e
l o i n s e s s y n l h è s e s ,M a i s c e t t e s c i e n c e , m a l g r é I ' i m m e n s i t éd e s o n a r i e n i r ,n à à l a p é n é t r a t r o nd e l a l i b e r t é d a n s l e m o n c i e ,e x i ç ; e n c ed e l a l o i m o r a l e .A i n s i c e q u i n ' é t a i t
lri feru pu.
f a i r e u n p a s v e r s l ' ê t r e .c e t h o m m e d ' u n a u t r e c ô i é d i s p o s e d ' u n e f o i , p u i s i a n t e e n c o r e p o u r l a R a ; s o nP r a t i q u e q u ' u n J r o s L u l aste c o ' r e r l r t , à l a r é f l e x i o n e , n la plus régi-
ceries,
i n v u l n é r a b l em a i s b r u t e , à t e l p o i n t q u e l e s i n d i v i d u sà I ' i n t e l l i g e n c reà p i r s t i m e e s p é r a n c e .S u r q u o i s e f o n d e c e t t e e s p é r a n c e ? S u r u n s y m b o l i s m e .L e s y m b o l e
s i m p l e ,l a
p l u s f r u s t e s o n t s o u v e n i m i e u x à m ê m e d e s e p é n é t r e rd e l a
v a l e u r a b s o i u ed e s p o s t u l a t s . ' e s t - c t . I ' a r t i c l e5 8 - u n e p r é s e n t a t i o ni n d i r e c t e
e s t l ' é l é m e n te t I ' a l i m e n td e l a r é f l e x i o n C
d e l a m o r a l i t éq u e d e s e s p r i t sp l u s r o m p u s à l ' i n t e l l e c t u a l i tm éa i s a u s s id e c e f a i t o l L r s e t s u b j e c i i v ed ' u n e i d é e ,l a n d i sq u ' u n s c h i m a e s i l o p r é s e n l a t i o dr r, ' e c t ee l o b j e c t i v id ' u t
d i s p o s é sa u s c e p t i c i s m e e t à l a s o p h i s t i q u e . c o n c e p t . S c h é m a t i s e r u n c o n c e p t r e v i e n t à l e r é a l i s e r d a n s I ' i n t u i t i o n ,à c o n s t r u i r e u n
la
. _ ^ v P i l ? c a s s u r e l a s c i s s i o n i n t e r n eq u e d i s s i p e ,l e p o r t e - à - f a u xq u e c o r r i g e l a c r i t i q u e t r i a n g l ep a r e x e m p l e .U n e i d é e d e l a R . l i s o nr é p u g n c à u n e l e l l e e x p o s i l i o ' tE. l l e o x c c d e
d . et a L d c u f t e d e J u q e t , t r o p . l o n o t e m p s p r i s e o o u r u n s i m p i e a p p e n d i c e a u i i o u t e i n t u i t i o n s e n s i b l e .P o u r t a n t l a n a t u r e p e u t n c u s e n f o u r n i r u n é q u i v a l e n to u , m i e u t ,
deux précé.
d e n t e s ,c o m m e s i e l l e a v a l té t é c h a r g é eu n i q u em e n t d ' a n n e x e rà l a t h é o r i et r a n s c e n d a n t a l e u n a n a l o g u e .A i n s i , p o u r p r e n d r e u n e x c m p l e t r i v i a l ,o n v e r r a d a n s l e l y s l e s y m b o l e d e l a
u.necontrée encore vierge, la sphère du beau. Avec la critique de la Faculté p u r e t é ,b i e n q u ' o n s a c h e p a r f a i t e m e n tq u ' i l n ' y a a u c u n r a p p o r t o b j e c t i f e n t r e l e l y s e t l a
de Juger,
K a n t r e j o i n t e n f l n l e p r o b l è m e f o n d a m c n t a l d r : l a p h i l o s o p h i eg r e c q u e , e n c o r e i n a b o r d é p u r e t é . L ' a n a l o g i ee s t s u b j e c t i v e ,c e q u i n c s i g n i f i e p a s q u ' e l l e s o i t a r b i t r a i r e ,L a r é f l e x i o n
p . r r l u l , c e l u i c . i el a v i e d e I ' e s p r i t ,c e t o u v r a g e t : s t l e p h é d o n
d e l a p h i l o s o p h i em o d c r n e . a s a l o g i q u e ,U n s i g n e e s t c o n v e n t i o n n e l ,i l p e u t r e p r é s e n t e rr r ' i m p o r t eq u o i . N o r r p a s u n
D e p r i m e a b o r d p o u r t a n t r i e n n e d e s t n r t it c e f t e a n a l y s ed u g o û t à s c l e s t e r
à c c c 1 1 ep o r i c c s y m b o l e ,N ' i m p o r t eq u e l l e f l e u r n ' é v o q u e r al a c a n d e u r ,
I ()5 CLrtutttisstntccel t te

E n q u o i c o n s i s t ec e t t ea n a l o g i e ? Q u e l l e sr é a l i t é sf o n c i è r e m e ndti f f é r e n t em s e t - e l l ee n
relation d ' i d e n t i t éU?n o b j e td ' i n t u i t i oent u n e i d é e .C ' é t a i tn, o u ss e m b l a i t -i iml p o s s i b l t .
R e c t i f i o n s<.J e j u g e a i o r s ,d i t K a n t( a r t .5 8 )q u ' i ly a a c c o r dq u a n tà I a r è g l e n , o nq u a n tà
I ' i n t u i t i o nq,u a n tà l a f o r m ed e I a r é f l e x i o nn,o n q u a n tà s o n c o n t e n u> . L a v u e d e l ' o b 1 e t
s u s c i t en o n p o i n tu n s a v o i r q, u i a u r a i tu n e m a t i è r em , a i su n p u r é t a t d ' e s p r i td u m ê m e
g e n r eq u e c e l u io ù n o u sd i s p o s eu n e i d é e .C ' e s te n c e s e n sq u e l e s y m b o l ep e u t d o n n e r
à p e n s e rD . o n n eà r pensee r s tt r è sd i f f é r e ndt ' ê t r ec o n n u .L ac o n n a i s s a n cees td é t e r m i n é e ,
l a r é f l e x i o ni n d é t e r m i n é(e* c a p r i c r e u s ec)',e s t - à - d i rlei b r e e t t o u j o u r se n m o u v e m e n t .
O n n ' e nf i n i t p a sa v e cu n e r é f l e x i o nC. e q u i d o n n eà p e n s e rd o n n et o u j o u r sp l u sà p e n s e r ,
L'entendemen b té n é f l c i ed e c e q u i p a r a i s s a irté s e r v éà I ' i r n a g i n a t i odn' u n e s s o r ,d ' u n e
libératjon.La Critiquede la Facultéde Jugerdégagela fonctionmétaphysique d'une ima-
g i t t a t i od n e n a t u r es p i r i [ u e l l o eù , i e s e n s i b l se e h a u s s ea u s e n s ,L e s y m b o l i s mees l u n
s c h é m a t i s mm e a i sm é t a p h y s r q uP e l. u se x a c t e m e nct ,' e s tu n a n a l o g u em é t a p h y s i q udeu
s c h é m a t i s m eD. a n s l e s c h é m a t i s m ce' e s t l e c o n c e p tq u i s ' i n s c r i td a n s u n e i n t u i t i o n ,
y d e s c e n dD . a n sl e s y m b o l i s r nce' e s tl ' i n i u i t i o nq u i p r e r r ds e n s ,d e v i e n ét v o c a t r i c eC. ' e s t
u n e a s c e n s i o nL.e s c h é m a t i s mreé a l i s el,e s y m b o l i s mees t a g e n td e d é p t s s e m e n V t . o ià
p o u r q u o ci e r t a i n ss p e c t a c l e sn a t u r e l sp e u v e n a t pparaître c o m m el a r e p r é s e n t a t i odne
q u e l q u ec h o s ed e s p i r i t u e ls, e n a p p e n d t e c e t t ei n f . ) n i tqéu e s e u l ep o s el a R a i s o nC . 'est
a i n s iq u e l a n a t u r es y m b o l i s a e v e cl a l i b e r t é q, u e l e b e a ue s t u n s y m b o l ed u b i e n .K a n t
n e v e u tp a sd i r eq u et o u tc e q r r ie s tb e a us e p l i et a t a l e m e natu xp r e s c r i p t i o ndse l a m o r a l i t é .
L ' a m a l g a md e u b e a u e t d u b i e n e s t a u s s ip r é j u d i c i a b làe I ' u n q u ' à l ' a u t r e .S i n i s t r e ,e
moralismeslhétique : i l l a n c e ,c o r d a m n ep, a r a l y s eD. é t e s t a b lIe' e s t h é t i q ume o r a l e ,
c e t t ea p o l o g i ed u b e a ug e s l e ,d e I ' é l é g a n ccer e u s e P . o u r t a n td, a n sl a r é f l e x i o nl ,e ' b e a u
f o r m es y n t h è s a e v e cl e b i e n .L e p l a i s i rq u e s e u ln o u sf a i t é p r o u v elre b e a u n o u si n d i q u e
- l es y m b o l e f a i t s i g n ec, e n e s o n tj a m a i sl e ss i g n e sq u i f o n t s i g n e- q u e n o u sn e s o m m e s
p a si n d i g n eds e l ' e x i g e n cme o r a l eD. e l à c e t c n c o u r a g e m evnetc ud u b e a u v, e n ud u s y n -
trole,La Critiquede la Facultéde Jrtgersitues.s analysese3 ple r centrede nous-mèmes,
d u c c e u rE . l l et r a i t ed e c e t t ef o n c t i o nm é d i a n ed, e c e c c e u rs y s t é m a t i q u e m ennét g l i g ép a r
l e sp h i l o s o p h eL s .e s c i e n t i s m ae t r a v e s tlia p e n s é ed e K a n t .L e p o s i t i v i s mIe' a c o m p r i s e
et repnse.
C o m m e A . C o m t e ,K a n t m e s u r el e s b o . n e sd e I ' i n d i s p e n s a b iees p r i t s c i e n t i l l q u e .
P o u r q u ou i n j u g e m e n ts c i e n t i f i q u e n e c a u s e r a - t -jial m a i s c e p l a i s i rq u e d i s p e n s el .
j u g e m e net s t h é t i q u eP?a r c eq u ' i ld o i ts e s o u m e t t ràcd e s. è g l e ss, ' a r r è t eard ( s c e r l r I u d e : .
I l n ' e s tp a sl i b r e l. l g a r d eq u e l q u ec t ' o s ed ' é l r i q u éO. r p e u tê l r el e p l u sg r a n dj s a v a ndt . ,
m o n d ee t a v o i rI ' e s p r iét t r o i t l.i a p p a r t i e nàt l a r é f l e x i o d n e T a i r ev i v r el ' e s p r i iE
. n e l l er é s i d e
c e t t ei n s p i r a t i ovni d e d e s i g n i f ) c a t i opno u r i a s c i e n t i f . ) c i t é .
On pourraconsulter: G. Deleuze,La Philosophle
crltiquede Kant; E. Weil, Problèmcs
kantiens.

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