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Philippe A. Martin Une initiation a ’intégrale fonctionnelle en physique quantique et statistique Un Cours du Troisiéme Cycle de la Physique en Suisse Romande Presses polytechniques et universitaires romandes Cahiers de physique Lobjectf de cette collection est de publier et de diffuser des ouvrages d’ensei- gnement troisiéme cycle et des monographies de formation de haut niveau en Physique. Il s‘agit en particulier de publior les meilleurs cours dispensés dans le cadre du Troisiéme Cycle de la Physique en Suisse Romande afin d’en étendre la portée et de renforcer leur impact. Constitués de textes concis, sur des sujets de tout premier intérét, ces livres sont publés en francais ou en anglais. Vactualité scientifique, la présentation claire ‘ot précise sont les critéres de choix des ouvrages. Ces publications intéresseront les physicions en recherche et en formation partir du niveau de la licence ou du diplme. Echelles de temps en théorie cinétique (@ paraitre en janvier 1997) Jaroslaw Piasecki Les Presses polytechniques et universitaires romandes sont une fondation scier tifique dont le but est principalement la diffusion des travaux de I’Ecole poly- technique fédérale de Lausanne, d'autres universités francophones ainsi que des écoles techniques supérieures. Le catalogue de leurs publications peut étre obtenu par courrier aux Presses polylechniques ef universitaires romandes, EPFL ~ Centre Midi, CH-1015 Lausanne, par E-Mail & ppur@epfl.ch, par 1816 phone au (0)21 693 41 40, ou par fax au (0)21 693 40 27. ‘Vous pouvez consulter notre catalogue général Sur notre serveur Internet http://sente.epfl.ch/webs/ppur/ Promidro édi ISBN 2-88074-331-1 © 1996, Presses polytechniques ot universitaires romandes CH - 1015 Lausanne Tous droits réservés Reproduction, méme portielle, sous quelque forme ou sur quelque support que ce soit, interdite sans l'accord écrit de I’éditeur. Imprimé en Suisse Avant-propos Ce cahier contient les notes d’un cours donné pendant la “Semaine d’étude intensive” sur l’intégrale fonctionnelle et ses applications, organisé par le ‘Troisi- éme Cycle de la Physique en Suisse Romande aux Diablerets en septembre 1993, A notre sens, les notions de base de l’intégrale fonctionnelle et de son uti- lisation en physique devraient appartenir du bagage de Pétudiant du 2° cy- cle. Cependant, cette étude ne fait généralement pas partie d’un premier cours de mécanique quantique ou statistique. Das lors, alors que l'on se trouve vite submergé par Pabondance des connaissances & acquérir, comment transmettre Pinformation nécessaire sous la forme optimale et de la fagon la plus efficace possible ? C'est le défi auquel le texte de ce cahier tente de répondre. Ces notes s’adressent donc & tout étudiant qui posstde les éléments de la mécanique quantique et de la mécanique statistique. Elles n’ont pas la prétention tre originales ou complétes en regard des nombreux ouvrages qui présentent, la matigre de manitre approfondie et exhaustive, tant du point de vue des mathématiques que de la physique. Elles auront atteint leur but si elles permet- tent au lecteur de saisir rapidement les concepts fondamentaux, de percevoir la richesse des applications et de faciliter l'accts & la littérature. Un tel objectif nécessite des choix. Nous n’avons pas abordé ici l’applica- tion de Pintégrale fonctionnelle aux problémes & N-corps avec statistiques de Bose et Fermi et & la théorie quantique des chgmps. Nous limitons exposé aux intégrales de Feynman-Kac et de Feynman en mécanique quantique non relativiste, et & Pusage des intégrales fonctionnelles gaussiennes en mécanique statistique classique. On a adopté un point de vue historique en présentant les concepts sur lex- emple du mouvement brownien. Ceci permet ensuite de traiter par analogie et, en paralléle l’intégrale de chemin de Feynman et sa “version euclidienne”. Pour illustrer les méthodes du col et de la phase stationnaire, on propose naturelle- ‘ment les exemples standards relatifs aux hamiltoniens quadratiques (oscillateur, champ magnétique homogene). Les chapitres 4 et 5 offrent une sélection d’applications variées qui nous semblent significatives. Le chapitre 4 montre comment l’intégrale brownienne permet de modéliser des objet géométriques tels que les polymeres et d’aborder les problémes topologiques de leurs entrelacements mutuels. Le formalisme des chemins permet alors une belle analogie avec V'effet Aharonov-Bohm qu'il est intéressant de signaler. En mécanique statistique, nous commencons par donner la représentation de la fonction de partition classique par une intégrale fonctionnelle, Outre le modile de Ginzburg-Landau, qui est un paradigme de la transition de phase de second ordre, nous traitons les propriétés d’écran du gaz de Coulomb. La formu- lation par intégrale fonctionnelle y joue un réle privilégié & double titre. D’une part, la représentation de Sine-Gordon du gaz coulombien classique permet une déduction aisée de la théorie de Debye-Hiickel, qui prédit effet d’écran expo- nentiel bien connu. D’autre part, si Pon tient compte de la nature quantique des, charges, la représentation de Feynman-Kac montre aussitdt que cet écran ex- ponentiel ne peut survivre aux fluctuations quantiques, lesquelles générent, une décroissance algébrique des corrélations. Ce dernier point, qui est rendu mani- feste dans ce langage, est peut-étre moins bien connu. Pour éviter d’interrompre le discours, certains compléments sont reportés dans les appendices. Nous avons en général conservé la notation formelle des physiciens, plus intuitive, tout en rendant le lecteur attentif & certains points mathématiques importants. Sans prétendre étre completes, les références renvoient pour la plu- part A des sections précises de divers ouvrages. Elles permettent d’étoffer la nature souvent trop succinte de ces notes et d'y trouver des calculs qu’il serait superflu de reproduire ici mot pour mot. Leur choix ne signifie nullement un jugement sur la valeur des ouvrages, mais se justifie par le rapport le plus adéquat avec le contenu du texte. Il est impossible ici de rendre justice A im- mense littérature de recherche sur ’intégrale fonctionnelle, mais pour une source d'information actuelle, on peut se reporter A la référence [30]. Nous espérons que ces compléments de lecture inciteront l’étudiant & pénétrer le sujet plus profondément. Je remercie le ‘Troisitme Cycle de la Physique en Suisse Romande de m’avoir permis de donner ce cours et M. Sassoli de Bianchi de son aide effcace pour la préparation de ces notes. Table des matiéres 1. Particule brownienne et intégrale de Wiener 1.1 Mouvement brownien et diffusion . . . 1.2 Distribution des chemins browniens . . 1,3. Mouvement brownien avec absorbtion et formule de Feynman-Kac 2 Intégrales gaussiennes ......... . 2.1 Variables aléatoires gaussiennes . . . . 2.2 Champs gaussiens............ 3. Intégrale de chemin en mécanique quantique 3.1 Intégrale de Feynman... ....... 3.2 Approximation de la phase stationnaire 3.3 Particule dans un champ magnétique . . 3.4 Mécanique statistique quantique (Maxwell-Boltzmann) . . . . 4. Contraintes topologiques: polyméres et effet Aharonov-Bohm 4.1 Polyméres comme chemins browniens . 4.2 Entrelacement des polyméres 4.3. Effet Aharonov-Bohm 5 Mécanique statistique classique... ges ss 5.1 Fonction de partition et intégrale fonctiohnelle 5.2 Modéle de Ginzburg-Landau... ...... 5.3 Gaz de Coulomb classique ....... 5.4 Gaz de Coulomb semi-classique . . . . 6 Appendices .............00005 6.1 Processus stochastiques . . 62 Formule de Trotter... . 6.3 Intégrale gaussienne. . . . 6.4 Intégrale de Feynman et calcul de perturbation 4 ‘Table des matiéres 6.5 Calcul des déterminants des fluctuations et formule de Van Vleck 76 6.5.1 Calcul des déterminants par la méthode de Gelfand-Yaglom 76 6.5.2 Formule de Van Vieck . vee : 8 6.5.3 Relation avec la trajectoire classique 79 6.6 Quelques particularités des chemins browniens ...... 2... 80 6.7 Fonction de partition semi-classique . Bee 81 6.8 Entrelacement avec un polymire rectiligne . . . . 83 6.9 ‘Transformée de Legendre... .. . « 85 Références bibliographiques ... . . - eee eee 87 Liste des ouvrages ©... ee eee ee 88 1. Particule brownienne et intégrale de Wiener 1.1 Mouvement brownien et diffusion D'un point de vue historique, c'est la théorie du mouvement brownien qui, pour des raisons trés naturelles, a conduit & considérer les premidres intégrales de chemin. Rappelons que les observations de R. Brown (en 1828-29, ainsi que celles d’autres précurseurs dés le XVII* sidcle [1]) sur le comportement de petites particules en suspension montrent que celles-ci sont animées d’un mouvement trés erratique aux propriétés surprenantes, parmi lesquelles (i) la trajectoire est si irréguliére qu'il apparait impossible de définir ses tan- gentes, (ii) 1es mouvements de deux particules browniennes ne sont pas corrélés, (ii) le mouvement ne cesse jamais. Dans un siécle dominé par la mécanique de Newton, le point (i) (impossi- bilité d’associer une vitesse A la particule brownienne) pose un probléme tout & fait nouveau. Le point de vue qui se révéle fructueux pour étude d’un tel mou- vernent est celui d’Binstein [2] (1905). Einstein abandonne la vision mécanique au profit d’une description purement probabiliste. Pair illustrer ce point de vue, considérons une particule qui peut occuper les sites nA (n = 0, +1, +2,...) d’un réseau une dimension. Nous admettons qu’A chaque temps ke, k = 1,2,3,. elle saute avec une probabilité 1/2 sur un site adjacent & gauche ou a droite (marche aléatoire symétrique & une dimension). Si p(nd, ke) désigne la proba- Dilité de trouver la particule sur le site nA au temps ke, nous avons évidemment Péquation de récurrence Plnd, (b+ Ne) = Fal(n +14, ke) + Fr(n—1)d,ke) (1.1) qui est identique & 6 1, Particule brownienne et intégrale de Wiener (nA, (k + Ne (1.2) A? (lint 1), ke) — 2plnd, ke) + (( 2 ( a ae) Dans la limite du continu A —> 0, € > 0 avec les quantités x = nA, 7 = ke, D = A?/2« fixées, on voit sur (1.2) que la densité de probabilité p(z,7) de trouver la particule en z au temps 7 donnée par playr) = Him PSHE) (13) obéit 4 )’équation différentielle a # gpPlet) = Dagr(m7) (1.4) Crest l’équation de la diffusion et D est la constante de diffusion. La solution normalsée p(2,|z0, 70) de (1.4) qui satisfait A la condition initiale Jim ple, Tha, 70) = 5(¢ ~ 20) (1.5) est P(x, 720, 7) = (ea)? » [sxD(r - 70) oo( seem) ae et p(x, 7|0, 79)dz représente la probabilité conditionnelle de trouver la particule brownienne entre x et + de au temps 7, sachant qu’elle se trouvait en > au. temps 7. Cette quantité, qui jouera un réle fondamental dans la suite, est qualifiée par différentes terminologies selon le point de vue adop' # Si on considdre la trajectoire 7(r) d'une particule brownienne comme une réalisation d’un processus stochastique markovien, p(z,r|x0, 7») est la probabilité de transition entre les états x» et « de ce processus dans le temps 7 — 79! © Du point de vue des équations différentielles, p(z,r|z0,70) est appelée solution fondamentale de ’équation (1.4). Une notation qui permettra de fructueuses analogies avec le formalisme quantique (chap. 3) est d’écrire la relation linéaire entre les densités de probabilité p(x, 70) = Pra (2) et p(2,7) = pr(2) sous la forme *Pour quelques notions concernant les processus stochastiques, voir 'appendice 6.1. 1.2 Distribution des chemins browniens 7 Pr(2) = (Volt, 70)Pro) (#)s Up(T0, 7) = I (1.7) L’opérateur linéaire Uo(r,7) agit ici sur Pespace des densités de proba- bilité, et peut étre appelé propagateur de la particule brownienne. Si nous notons Hp Vopérateur différentiel qui agit sur les fonctions g(x) comme (Hop)(z) = —D8p(z)/A2%, il est clair que sous cette forme plus abstraite, I’équation de diffusion (1.4) s’écrit a gp lot 7) = —HoUo(r,70), Uo 70470) (1.8) avec comme solution Uo(t, 70) =e""O-™, or > (1.9) Ainsi on peut voir p(z,|z0,70) comme le noyau intégral de Us(r,70), qu’on écrit sous la forme (2, T|0,70) = (zle¥"-™) 29) (1.10) en adoptant la notation de Dirac. Notons la relation J dz(2,l01,1)p(21,Tik20,70) = p(2,7|20, 70), T2n2m (111) qui peut étre vérifiée explicitement & partir de (1.6). Utilisant la notation (1.10), elle est équivalente & exp(—Ho(r — 71) exp(—Ho(71 — 70)) = exp(—Ho(r — 70)) (1.12) Dans le langage des processus stochastiques, (1.11) est I’équation de Chap- man-Kolmogorov, qui est ici identique la loi de semigroupe (1.12) pour les propagateurs. ae 1.2 Distribution des chemins browniens Comme la trajectoire (7) d’une particule brownienne est aléatoire, il est naturel de poser la question: comment définir la probabilité d’un chemin et calculer la valeur moyenne d’une fonctionnelle F(z(:))? sur les chemins browniens? Nous commengons par définir la probabilité jointe La notation indique que F dépend du chemin {z(2),7 <0 tw, est spécifié, définie par cK WF = f dy...dtNWey(@71y---2nTH,27)F(21y- stn) (1.16) Notons que la mesure de Wiener conditionnelle n'est pas normalisée & 1, mais ° aW = le, rl20,70) (1.17) sam et on ala relation [,.aWor = [ax [" aor (1.18) soe eo Dans (1.15) ou (1.16), le calcul de la valeur moyenne se réduit & celui d’une intégrale multiple. Un cas important est celui des valeurs moyennes des moments a(ni)z(2)...2(%e), R= 1,2). du processus. Supposant par simplicité que les chemins débutent en 9 = 0 au temps 7) = 0, nous trouvons pour les deux premiers moments de la mesure de Wiener f dWox(n) = J dzyp(x1, 71|0,0)x, = 0 (1.19) et pour 0 <1 <7, fgt¥oa(nda(r) = J dzxydz2p(z2,72|217:)p(a1,71|0,0)z122 (1.20) = J dzv(e1,nl0,0)3f = 207, (1.21) En général f otWox(n)a(n)=2Dmin(n,7), 147% 20 (1.22) Les moments d’ordre supérieur seront. considérés en relation avec la théorie des mesures gaussiennes (chap. 2). Il est nécessaire de savoir également calculer la valeur moyenne de fonc- tionnelles F(2(-)) plus générales qui dépendent du chemin 2(c) pour tous les 2, % So <7, comme dans l'exemple du mouvement brownien avec absorbtion qui est exposé dans la section suivante. 10 1. Particule brownienne et intégrale de Wiener 1.3 Mouvement brownien avec absorbtion et formule de Feynman-Kac Supposons que la particule ait la probabilité par unité de temps {2(z) > 0 d’étre absorbée au point ©. Divisons l'intervalle r — r) en N +1 sous-intervalles de longueur € = (r — 79)/(N + 1), et posons (voir Fig 1.2) (1.23) La probabilité que la particule ne soit pas absorbée le long dune trajectoire donnée 2(0), 7 <0 <7, est égale & Te= tothe, F=0.0,N, TH Ct " fn To ented) = exo (eZ Mte(nd)) (128 exp (- f do.(2(0))) (1.25) Ainsi, la probabilité pa(z, T|z0,7) de trouver la particule en x au temps T est, Pala,T|t0,70) = [ atoexs (- f do%(a(0))) (1.26) = jim, LE aWoem (--X¢tmn) (1.27) Pour calculer pa(z,r|zo, 70), on doit en principe recourir & approximation discréte (1.24) et d’abord calculer le second membre de (1.27) pour N fini, seton Ja définition (1.16). Le poids de probabilité attaché & la subdivision (1.23) est alors (Fig. 1.2) P(x, 7 |x Tw) ««-P(2y Tal 1s 71 )P(1» 71| 20, 70)da «.. daew qui permet de calculer le second membre de (1.27) avant le passage & la limite e730. On adoptera pour cette limite la notation formelle suivante trés suggestive. On considére que 24 = (4) sont les coordonnées d’un certain chemin z(r) de telle sorte que (1.28) devient 1.3 Mouvement brownien avec absorbtion et formule de Feynman-Kac 11 | x Ine = a a ram) (i da) E (-5 Ce > 1 ~ dlx(:)Jexp { - [o(42)), 60 (1.29) et on écrit (1.26) sous la forme Pateyrlzos) = [" acto |- [iw Go (ay +ae)| (1.30) Dans (1.29) et (1.30), le symbole dfx(:)] signifie qu’il faut effectuer les N intégrales sur dz,...dzy avec le facteur de normalisation (1/V4mDe)"*", comme dans (1.28) et prendre la limite ¢ —> 0. Les extrémités des chemins sont. fixées en ap etc. Comment calculer (1.30) en pratique? Dans #-cas ot 2(2(:)) = 0, nous avons évidemment le fait que V’intégrale (1.30) eat égale A la probabilité de transition brownienne (1.6). Dans le cas général, le résultat est donné par la formule de Feynman-Kac qui affirme que Vintégrale (1.30) est donnée par la solution fondamentale de l’équation différentielle [3] paz, 2120173) = DS spale7}z0,7+) ~ 22)pa(e, 50,7) Jig plese) = 4(x — 29), T2% (1.31) Pour le voir, nous écrivons explicitement, pour N fini, 12 1, Particule brownienne et intégrale de Wiener * aWvoex (23: aetn)) Isao & = [ex day (ale HP* fay Je“ *) (arp fe MO* arya )emeMEH—1) ++ (ale H™ fx e-")(a fe HF |ng)e29) (1.32) =f dey. .dew (cle Me™ [zy (ewlenMFe™ ey 1) ++ (wale Hote", (Jee za) (1.33) = (al (ee) fag) (1.34) La ligne (1.32) résulte des définitions (voir (1.16)) od on a utilisé la notation opératorielle (1.9). Pour écrire (1.33), nous concevons {2 comme un opérateur de multiplication: (p)(x) = 2(x)p(z), (exp(-e2)y)(z) = exp(—e2(z))y(z). Ainsi (1.27) devient Jao)" (1.35) La valeur de cette limite est donnée par la formule de Trotter, qui affirme, pour une paire d’opérateurs A et B (qui ne commutent en général pas) que oto t) = fim a (xo (~ tim, (exp(4/N) exp(B/N))" = exp(A + B) (1.36) Une démonstration dans le cas simple ot A et B sont des opérateurs bornés est donnée dans l’appendice 6.2. L'application de cette formule a (1.35) donne Pal, T|z0, 70) = (x| exp (—(Ho + 2)(r - 70)) |z0) = (z|U(1,7)|z0) (1.37) oi on a introduit le nouveau propagateur U(r,10) =exp(-H(r—70)), -H= Ho +2 (1.38) correspondant A l’équation différentielle ve aonte, 7) — &(z)pa(a,7) (1.39) L'intégrale fonctionnelle (1.30) est done égale au noyau intégral du propa- gateur (1.38) ou encore, a la solution fondamentale de ’équation (1.39). Zontesr) 1.3 Mouvement brownien avec absorbtion et formule de Feynman-Kac 13 L'importance de la formule de Feynman-Kac tient au fait qu’elle réduit le calcul d'une intégrale fonctionnelle du type (1.30) & la recherche d’une solution dune équation différentielle partielle. Dans le cas od la fonctionnelle dont on veut calculer la moyenne n’est pas de la forme (1.25), il faut recourir & la théorie générale des intégrales fonctionnelles gaussiennes et leurs perturbations. Tout ce qui est affirmé dans ce chapitre se généralise sans difficultés & des chemins browniens r(r) dans lespace & trois dimensions. Il suffit de remplacer @/da? par le laplacien dans 'équation de diffusion (1.4) et (x — 20)? par le longueur |r — ro{? dans la probabilité conditionnelle (1.6). 2. Intégrales gaussiennes 2.1 Variables aléatoires gaussiennes Une intégrale gaussienne avec nombre fini n de variables (21,...,n) = = est de la forme ree . MAja) =f dy...deyexp (-5 D> siAyay + Daim 2 aga i=l = [drop (- (2, Az) + (a,2)) (2.1) Dans (2.1), A = {Ajj} est une matrice n x n complexe symétrique (Aij = Aji), ayant n valeurs propres A; (qui peuvent étre complexes) satisfaisant Red; 2 0, Ai #0, san (2.2) et a = {a)} est un vecteur (dont les composantes peuvent étre complexes); le produit (a, r) est défini par! (o2) = Soe, (2.3) L'intégrale (2.1) a la valeur (appendice 6.3) I(A,a) = (2n)"(det. A)-Y? exp (5(e.4-te)) (24) ott A~ est l’inverse de la matrice A (qui existe sous la condition (2.2)). Dans le cas ob A est une matrice symétrique réelle strictement positive, Cest-d-dire que ses valeurs propres A; sont réelles avec X; > 0, i=1,...,n, on définit une densité de probabilité gaussienne de moyenne nulle par? Attention: ce produit ne fait pas intervenir de conjugés complexes. i la moyenne (2) n'est pas nulle, on remplace = par 2 — (2) dans la définition (2.5). 16 2. Intégrales gaussiennes _ (det A)!/? 1 P(e) = “Fare © (~3(042)) 28) Nous noterons les valeurs moyennes correspondantes par (F) = f dzP(2)F(2) (2.6) La distribution gaussienne (2.5) peut étre caractérisée par sa fonction génératrice (exp(a,)) qui, selon (2.4), a la forme? (exp(a,2)) = exp [faa] (2.7) De la relation (2.7), on peut calculer par di P(z) érentiation les moments de (te) (2.8) a Bag Pl )) la=0 = (Aerts (2.9) a (on th) = go-go exnla,2) La relation (2.9) est importante: elle montre que la covariance de la mesure gaussienne C(kr, k2) = (tm 4,) est donnée par les éléments de matrice de A~* Oka, ka) = (A™ aaa = (i A") (2.10) La propriété fondamentale d’une distribution gaussienne est que tous ses moments d’ordre supérieur sont entibrement déterminés par coux d’ordre 2 (Cest-a-dire par sa covariance). Ce résultat est connu, dans ses applications en mécanique quantique et théorie des champs, sous le nom du théoréme de Wick. Les moments d’ordre impair sont nuls, et ceux d’ordre pair valent (entiasotee) = gens gecenw (5(0,4-%a)) ea = LY Cg, hyn) + (hg Thon) (2.12) aes La somme s'étend sur toutes les (2n — 1)! = 1-3---(2n — 1) fagons de grouper les indices &1,...,hn en n/2 paires, par exemple (citar (102) (asta) + (t1t5)(a%4) + (a1t4)(t205) (2.13) Dans le cas a = ik, k réel, (2.7) est la transformée de Fouriér de P(z). 2.2 Champs gaussiens 17 ‘Une notation utile est le symbole de contraction «4, + qui détermine ta formation d'une paire (14,24,). Le théoréme de Wick (2. 1) ¢ dit qui faut faire la somme de tous les schémas de contraction possibles, par exemple pour (2.13) (exzyzyza) = (seas) + (aden) + (Ceseh) (2.14) 2.2 Champs gaussiens Dans beaucoup de situations, nous aurons un ensemble de fonctions (ou champs) g(r) od r appartient & IR et des fonctionnelles de ces champs F(). Par F(y), nous entendons une application définie sur l’espace de ces fonctions & valeur complexe, par exemple FR SH fdr .-draFalray---sradolrs) -elt=) (218) ot Fa(ri..-47n) sont rs fonctions données, symétriques sous l’échange des arguments 7,...,Tn*. La dérivée de F dans la “direction” y est définie par D4R)= Hig HOE = FO) (eas) Pour calculer la dérivée d’une fonctionnelle du type (2.15), il suffit de savoir dériver tous les monémes y(r1) +++ (rn). Il suit de (2.16) que Do(vlri) +++ P(ta)) = vr) (02) «++ 9CTn) Fe(ri)b(r2) ++ ela) + 2+ + lta) P(Pn-1H(Tn) (2.17) On considére fréquemment le cas ot (r’) = 4,(r!) = 6(r’ — r), qui conduit Da, (o(ri) +++ (ra) = 5(rr — 7) p(r2) +++ (rn) +9(71)8(r2 — 7) +++ (tm) +++ + (ri) ++ P(Tn-1)6(Tn — 7) (2-18) et on note alors Ds, = 6/5y(r), avec Slr’) _ Ser) “Une fonctionnelle peut aussi dépendre des dérivées de y(r), par exemple F(p(-)) = Jr] 7 g(r), mais nous ne considérons pas ce cas dans cette section. 4(r'—r) (2.19) 18 2, Intégrales gaussiennes On voit que la collection de variables {p(r)}- se présente comme un ensem- ble de variables indépendantes et que le symbole 6/éy(r) a toutes les propriétés usuelles de l’opération de dérivation. On trouve Ta)e(ri)---pltn) (2.20) Faas Ba F(p)= Sea Ff dre sdraFaaaltsr Nous définissons maintenant une moyenne gaussienne, notée (F), d’une fonctionnelle F(). Pour ceci, nous nous donnons un opérateur linéaire A stricte- ment positif qui agit sur espace des champs , et. définissons Ja distribution gaussienne & l’aide de sa fonction génératrice, en généralisant (2.7) & (otf) = ex [51,47] (221) ‘oi f(r) est également un fonction sur IR? et (s) = [arseryo(r) (2.22) La formule (2.21) permet en principe de calculer la moyenne (:--) dans le sens que tous les moments sont donnés en termes de la covariance O(r,r2) = (y(r1)¢(r2)) et on peut reproduire toutes les relations (2.8)-(2.12) en faisant agir la dérivée fonctionnelle 6/5f(r) sur (2.21) (indice k est remplacé par la variable continue r), Ainsi 6 ot") = amen (223) Crum) = ae exo (fo el) = lolnotra) = (1A) (2.24) od (7,|A~"|r2) est le noyau de l’opérateur de covariance A-! (ANG) = farlayse) (2.25) et on a le théor8me de Wick (n pair) (9601) ++ Blt) = Dlr) »)) “(Cts rn))—_ (2:28) ae Les relations (2.21)-(2.26) définissent Vintégrale fonctionnelle gaussienne. On adopte parfois la notation formelle analogue & (1.30) 2.2 Champs gaussiens 19 (Fy = f alo lex (-5(0.49)) Fo) (2.27) od dly(-)] signifie Pintégration sur toutes les “composantes” dy(r) avec la normalisation appropriée. Si le champ gaussien n’est pas de moyenne nulle, (e(r)) = vo(r) # 0, on peut reproduire les raisonnements précédents en rem- placant par yp — yo, et la formule fondamentale (2.21) devient (ete) = ex [JU A-/) + se0)] (2.28) L'intégrale gaussienne est l’élément central de l'intégration fonctionnelle, et les intégrales non gaussiennes seront toujours construites comme perturbations de cette dernitre. Tl est clair que la mesure de Wiener (1.15) est une intégrale fonctionnelle gaussienne sur l’espace des chemins 2(r), 7 > 0, puisque toutes les densités de probabilités Weo(z71,...,2n 7a) sont gaussiennes (fixant ici 29 = 0,7 = 0). L'opérateur de covariance correspondant est connu (voir (1.22)) (mln Ira) 2D min(71,72) 2D(n0(r2 — m1) + 20m — 2) (2.29) " On vérifie immédiatement que 1d@ (niJA“!Ir2) = 6(1 — 72) (2.30) avec (r;|A™"|72)|,-0 = 0. Ceci montre que V'inverse de Aé! est l'opérateur différentiel (2.31) agissant sur les fonctions 2(r), 7 > 0, avec condition ‘Su bord «(0) = 0. Ainsi, la mesure de Wiener sur les chemins browniens peut aussi étre comprise comme Vintégrale fonctionnelle gaussienne relative & la covariance (2.29), ce qui donne une signification précise & l’écriture formelle des physiciens 1 ‘de(o)\? dWole()] = dle(hexp [-s feo(E (232) C'est le mérite de Wiener (en 1921-1923) d’avoir montré que la valeur moyenne brownienne (1.15) peut étre vraiment concue comme une intégrale sur espace des chemins au sens précis de la théorie de la mesure des mathématiciens. 20 2, Intégrales gaussiennes En ce qui nous concerne, c'est essentiellement le seul cas, avec lintégrale gaussi- enne définie par (2.21), od ce sens mathématique précis peut tre donné. Pour nous, Pintégrale fonctionnelle restera toujours définie par un processus de limite, comme nous ’avons discuté & propos de (1.26), et la notation de la limite sous forme de signe intégral du type (2.32) reste symbolique® (voir 'appendice 6.6). "En réalité, on montre quiavec probabilité 1, les chemins browniens ne sont pas différentiables. La notation (2.32) n'est qu'une fagon mnémotechnique de rappeler le pro- ccessus limite (1.29). 3. Intégrale de chemin en mécanique quantique 3.1 Intégrale de Feynman La mécanique quantique dune particule non relativiste de masse m, soumise & un potentiel V(z), est régie par ’équation de Schrédinger (1928) (ici, & une dimension pour simplicité) no ye.) =e 2 ye.9 + Veven a) ‘ou encore, sous forme opérationnelle, V(t) = U(t, to) (to), U(to, to) = (3.2) U (isto) = exp (Z (to + V) (Ct) (3) avec H = Ho + V, Ho = p?/2m, p = —ihO/Ox et V est Popérateur de multipli- cation par V(z). Les liens qu’entretient l’opérateur d’évolution quantique U(t, to) (3.3) avec {es objets de la mécanique classique ont été un sujet d’étude dés Vorigine de la mécanique quantique. En particulier, Dirac (1932) suggdre qu'il y a un rapport intéressant entre le propagateur quantique (z|U/(t, to) |z0) et action classique S pour le méme systéme [4] & s= f dsL(2(s),0(s)) (4) oit L(x, v) est la fonction de Lagrange (dépendant de la position et de la vitesse) L(2,v) = zm? —V(2) (3.5) Développant les idées de Dirac, Feynmann [5] montre en 1942 que la relation formelle entre ces quantitées s’écrit sous forme d’une intégrale fonctionnelle 22 3, Intégrale de chemin en mécanique quantique Colv(e tia) = [ atecaex (F(9)) -f acon | [es ( (a -vee)] 88) Dans (3.6), ’action $(2(-)) est considérée comme une fonctionnelle de toutes les trajectoires possibles qui débutent en zp au temps to et aboutissent en x au temps t. Considérons tout d’abord lévolution de la particule libre Uo(t — to) = exp(—iHo(t — to)/h) avec nou, t) = (Hod)(2,t) = —>— Zve, t) (3.7) Cette équation est identique & (1.4) lorsqu’on ate la correspondance Ah t, D=5 (3.8) Ainsi, selon (1.6), le propagateur quantique libre est donné par (alow (j:Hott— od) bo) = are an? (“HG ) a) Dans ce cas, le lien avec action classique est aisé. Soit (s) la trajectoire classique libre telle que 2(to) = , 2(t) = 2, to 2(s) = 20+ (2 — 20) (3.10) t—to et l’action correspondante . _m pt, (da(s)\? _ m (a — 0)? Sol, toto) = > [(a0 (22 \ = 2h (3.11) On voit done que (elew (5 ziHo(t ~ to) |20) = [arate mioyn ? (50242010) (3.12) Ly a plusieurs fagons de donner un sens a la formule générale (3.6). La premiére méthode consiste & partir de la formule de Trotter pour le propagateur quantique en reproduisant les étapes qui conduisent de (1.32) & (1.34). 3.1 Intégrale de Feynman 23, tieo( H(t— 4) Ia) ~ a(S oo (4H) = im jn fon dey (el exp (He =) Jen) ex (“ene --(oslemn (7) fn) exw (52) = sim (Veena) [dev -dewero {25° [@ (B= 2)" — ven]} (3.13) avec ty41 = 2, € = (t—t)/(N +1). ‘On imagine que zt = 2(tx), k = 0,...,N +1, représentent Jes coordonnées d'une certaine trajectoire de la particule dans l'espace de configuration. En prenant formellement la limite € — 0, on est conduit & l’écriture (3.6). Dans (3.6), le symbole d{z(-)] signifie donc qu’il faut effectuer les intégrales sur dz ...dey avec le facteur (m/2mihe)(”+»/? et. prendre ensuite la limite ¢ - 0. Une deuxitme méthode se base sur l’analogie entre l’équation de diffusion (1.39) et celle de Schrédinger (3.1). On passe de l'une & autre par la correspon- dance (3.8) et 2 = V/h, comme le montre aussi la comparaison des propagateurs browniens (1.38) et quantiques (3.3). Le point important est que le propagateur quantique (3.3) peut étre obtenu comme prolongement analytique du propaga- teur brownien (1.38) dans le plan complexe des temps, précisément en évaluant (1.38) sur axe des temps purement imaginaires. En rendant l’axe des temps imaginaire, c’est-a-dire en remplagant ¢ par ie dans (1.28) avec D = h/2m et 2 = V/f, on voit que l’intégrale fonctionnelle (1.30) devient formellement égale a l'intégrale de Feynman (3.6). Une troisiéme méthode consiste & développer (3.6) en puissances de V et montrer que les termes de cette série s’identifient & ceux du calcul de perturba- tion dépendant du temps (série de Dyson) dela méeqnique quantique (appendice 4). Finalement, suivant la méthode originale de Feynman, on peut vérifier par un calcul direct que (3.6) obéit & ’équation de Schrédinger (3.1) {6}. Un certain nombre de remarques s’imposent. Malgré les analogies, l’inter- prétation et le statut mathématique de lintégrale de Wiener et de Feynman sont tres différents. L'intégrale de Wiener effectue une moyenne associée & un poids de proba- bilité gaussien, et posstde un statut mathématique bien défini. Le propagateur brownien décrit !’évolution irréversible d’une densité de probabilité classique, 24 3. Intégrale de chemin en mécanique quantique L'intégrale de Feynman, qui ne fait intervenir que des phases purement imaginaires, n'a pas @'interprétation probabiliste. Le propagateur quantique décrit lévolution réversible d'une amplitude de probabilité quantique. On peut dire de la formule (3.6) que amplitude de probabilité de trouver une particule quantique en au temps t est donnée par une superposition linéaire d’états qui contribuent chacun avec un facteur de phase exp(iS(x(-))/f) correspondant & une trajectoire classique possible joignant 29 A x dans le temps t — to. Alors que les réalisations des chemins browniens sont en principe physiquement obser- vables, ce n'est pas le cas des trajectoires qui interviennent dans |’intégrale de Feynman & cause des relations d’incertitude qui interdisent une détermination jointe arbitrairement précise de la position et de la vitesse d’une particule quan- tique. On voit que le calcul de Pévolution quantique sous forme de Vintégrale fone- tionnelle (3.6) requiert de délicates intégrations de fonctions oscillantes. Pour contourner ce probléme, il est usuel d’étudier son prolongement exp(—H(t — to)/h) aux temps purement imaginaires pour lequel |’intégrale fonctionnelle de type Feynman-Kac est bien définie. Dans ce cas, on dit qu’on a effectué une rotation de Wick (rotation t -> —it de 7/2 dans le plan complexe des temps), ‘ou encore qu’on travaille avec la formulation euclidienne de la mécanique quan- tique. Cette dernidre terminologie est liée au fait qu’en relativité restreinte, le changement t -» —it transforme la métrique de Minkowski en la métrique eu- clidienne habituelle. On revient alors au propagateur quantique par la rotation de Wick inverse. On remarque que le passage du propagateur en temps réel (3.3) au propa- gateur en temps imaginaire exp(—( + V)(t- ta)/h) peut aussi étre obtenu en faisant le changement maim, V4-WV (3.14) dans (3.3). Dans la version euclidienne, le propagateur quantique (3.6) s’écrit donc (2|exp(—H (t — to)/A)|z0) rz m (dz(s) 2 LE. deter [ie (3 (2) +vet)| = [E aevjen (-fse) (318) sot oi comme d'habitude, il faut considérer (3.15) comme limite de la forme discrétisée avec 3.2 Approximation de la phase stationnaire 25 wn bot de = (VG) dev dew, = 3, ake N+ (3.16) Lrexpression (3.15) est identique & ’intégrale de Wiener conditionnelle (elexp(—H(¢~ t0)/A)fz0) = | dW exp (-; fesvee) (3.17) avec la constante de diffusion D = h/2m, comme on I’a déja remarqué. Il est important de noter que action euclidienne S* et le lagrangien eucli- dien S(et)) =f dst*tols),0(6) 1 Ee(z,v) = gm +V(z) (3.18) qui apparaissent dans (3.15) différent de ceux de la mécanique classique (3.6) par le signe du potentiel. Comme indiqué & Ja fin du chapitre 2, extension de ces formules pour une particule quantique dans espace & trois dimensions est immédiate. 3.2 Approximation de la phase stationnaire Quels avantages avons-nous représenter le propagateur quantique (3.6), ou sa version euclidienne (3.15), par une intégrale fonctionnelle 7 Le premier est de fournir un nouveau point de vue sur le probléme, et de 1a, desuggérer des approximations qu'l ne serait pas aisé de formuler autrement, La principale d’entre elles est celle de la phase stationnaire pour (3.6), ou méthode du col (de Laplace) pour (3.15). Un autre avantage est de permettre de générer simplement le calcul de perturbation (il suffit pour cela d'effectuer le développement standard de exp((1/it) ff, dsV (2(3)) dans (3.6). Finalement, V'intégrale fonctionnelle permet de trélter globalement des sit- uations ob il y a des effets topologiques (entrelacement des macromolécules, effet Bohm-Aharonoy (chap. 4)). Ces avantages ne se révélent pleinement que dans les situations plus complexes qu'on rencontre en théorie des champs et en mécanique statistique. Nous nous bornons ici &illustrer la méthode de la phase stationnaire dans le cas d'une particule quantique. Rappelons tout d'abord le principe du col pour une intégrale unidimensionnelle de la forme 26 3. Intégrale de chemin en mécanique quantique 10) = [dze(-M4(e)) (3.19) ott f(z) est une fonction réelle supposée avoir un seul minimum en zo et a < zy < 6. On montre alors que le comportement asymptotique de I(X) pour \ -+ 00 est donné en remplagant f(z) dans (3.19) par son approximation quadratique au voisinage de zo, supposant {"(19) > 0 10) ~ exp(-Aste) ff deenp (E22 jn) on ~ exp(—Af(z0)): We)’ A 0 (3.20) Dans le cas d’une phase purement imaginaire, si f'(z) ne s’annule qu'une seule fois en zo, a < 29 f et donne ainsi une approximation semi- classique du propagateur. Puisque S(z(-)) est action classique, la condition de stationnarité de ‘S(x(-)) sous toutes les variations des chemins «(s) aux extrémités fixées x(to)=%, ot) = (3.22) fournit les équations d’Euler-Lagrange, lesquelles, pour la forme (3.5) de la fonction de Lagrange, sont équivalentes a l’équation de mouvement classique &x(s) mo) ds? V'(2(s)) (3.23) 3.2 Approximation de la phase stationnaire 27 Supposons que (3.23) admette une seule solution z-(s) satisfaisant aux con- ditions (3.22). Introduisons les variables de fluctuations autour de la trajectoire classique &(s) =2(s)-ze(s), (to) = E(t) = 0 (3.24) et développons S(z(-)) = 5(xe(-) + €(-)) jusqu’au deuxiéme ordre en €(:): S(()) = S(xe(-)) 2 +} fas [» (42) - recone] +0(@) (035) Le terme linéaire en £ tombe & cause de la stationnarité de S(z(-)). Aprés une intégration par parties, et utilisant (to) = €(t) = 0, le second terme du membre de droite de (3.25) peut étre écrit comme forme quadratique [45 (0 (-mgG-M")) 9) = 609 (226) ou D est l’opérateur différentiel D= me —V"(2-(s)) (3.27) agissant dans l’intervalle [to,] sur les fonctions E() telles que € (to) = €(t) = Ainsi, négligeant les termes d’ordre supérieur & 2, (3.6) devient avec (3.25) et (3.26) (2e(:) étant un chemin fixé, nous pouvons remplacer d[z(-)] par dlé(-)]) (z|U(E, to)| ko) . | wen (Zstezeit—te)) [alee (Z(608) (6.28) Dans le premier facteur apparait I’exponentielle de l'action évaluée pour le chemin 2.(:) ke S(zel-)) = S(x, 205 t — to) (3.29) La notation (3.29) indique qu’en vertu des conditions (3.22), cette action peut étre considérée comme fonction des points de départ zp et d’aboutissement = du chemin z,(-) dans le temps t — to. Le second facteur est une intégrale gaussienne qui donne lieu au déterminant des fluctuations. Dans le cas de l’intégrale euclidienne (3.15), on a la formule analogue & (8.28) avec i remplacé par 1 et V par —V. 28 «3, Intégrale de chemin en mécanique quantique Méme avec ces approximations, lévaluation explicite de (3.28) n'est. pas Aémentaire: il faut pouvoir résoudre l’équation classique (3.23) sous les condi- tions (3.22), puis calculer I'intégrale gaussienne des fluctuations. Pour ce dernier calcul, il faut en principe revenir & approximation discrdte (voir le commentaire qui suit (3.13)) [i aeie (56.09) = (sz) Je, ---devexo ( (6, Du8)) ih kn, m((2) (det Dy) + (3.30) Dans (3.30), € = &1,..-.€v et Dy représente la matrice correspondant & la version discréte de la forme quadratique (3.26) (on a utilisé (2.4). Diverses méthodes existent pour calculer det. Dy et la limite (3.30) (voir appendice 6.5). Lutilisation de la normalisation fournie par l"évolution libre (3.9) permet décrire la formule (3.28) de manigre compacte. En effet, si nous appliquons la formule (3.28) au cas de l’évolution libre Uo(t— to) = exp(—iHo(t—to)/f), nous obtenons de (3.9), (3.11) et (3.27) la relation exacte (owote— 0) = [eras [aeoien (56009) 3) avec (3.32) agissant sur les fonctions €(s), (to) = &(t) = 0. En formant le rapport (x|U(t — to)|20)/(O|Uo(t — to)|0), on voit de (3.31) et de l'approximation discréte (3.30) qu’on peut mettre (3.28) sous la forme (olU(e~ leo) = ae Se om (5 Slereuit to) (29) Le résultat final qui suit du calcul des déterminants' est entirement ex- primable en termes de !’action (3.29). Il est donné par la formule de Van Vleck (1928) (appendice 6.5) TSeul le rapport det D/ det Dp a un sens. Le numérateur et le dénominateur individuelle- ment divergent. 3.2 Approximation de la phase stationnaire 29 (;S(e,20it ~ to) (3.34) En plus du cas libre, il est une circonstance ot 'approximation de la phase stationnaire conduisant A (3.33) est exacte, c’est celui d’un potentiel linéaire ou quadratique. En effet, le développement (3.25) au deuxiéme ordre devient exact. Pour illustrer la méthode, traitons le cas, (2IU(t — to)kt0) = aos mits] exo ( V(2) = jm Pg? w>0 (3.35) dans la version de l'intégrale fomstionnlte euclidienne (3,15) avec Sts f ds} (~ (2) +e) (3.36) (il faut changer i > -1 et V+ —V dans (3.33)). L’équation de stationnarité de S* est é Py at) =w2(s), x(to)=2%, x(t)=2 (3.37) et on vérifie que la solution z-(s) correspondante est donnée par & — m9 cosh(w(s ~ to)) sinh(w(s— f)) En insérant (3.38) dans (3.36), on trouve _(8) = to cosh(w(s — to)) + sinh(w(s—to)) (3.38) S*(2, 29;t — to) = [(c5 + 2%) cosh(w(t — t)) — 2292] (3.39) —m Qsinhw(t — to) Pour calculer (det Do/ det D), nous remarquons qye & & D=-qatw, D=-G (3.40) sont diagonaux sur la base de fonctions propres vals) = tea (i (8). k=1,2,... (3.41) he valeurs propres respectivement égales A (ki/(t—to))?-+w? et (kn/(t—to))?. \insi 30 3, Intégrale de chemin en mécanique quantique det D ‘w(t —to)\*\ _ sinh(w(t — te)) deat De (+( aa ) ) = ae) (3.42) et 1 (ole (— Holt to) / A) 0) = ert agy OP (pS Ceeeit te) (3.43) oi’ S* est donné par (3.39). Le propagateur en temps réel s’obtient de (3.43) en changeant t — fo i(t-t0) Taw aoa) (5SUE 0" -4)) (3.44) (2 exp (—iHo(? — to)/f) [z0) S(2, 20; — to) = (22 + 2?) cos(w(t — to)) — 2x92] (3.45) 2sinw(t — t) [ La formule (3.44) est un cas particulier de celle de Van Vleck, lorsque l’action a la forme (3.45). On retrouve naturellement le cas libre (3.9) lorsque w —+ 0. 3.3 Particule dans un champ magnétique Lorsqu’une particule chargée est soumise & un champ électromagnétique dont les potentiels vecteur et scalaire sont A(r) € IR° et V(r), r € IR®, Péquation de Schrédinger correspondante est ingen = LAVA vd +VOV) — (48) avec I’ hamiltonien H4 = (p — eA)?/2m+V. D’autre part, le lagrangien classique en présence des champs est bien connu L(r,v) = pmol? = V(r) + ev A(r) (3.47) On peut done présumer que l'intégrale de Feynman qui représente le pro- pagateur U(t, to) = exp(—iHa(t —to)/h) a la méme forme que (3.6) avec dans Vaction le terme supplémentaire? Nous considérons ici la généralisation naturelle de (3.6) aux chemins dans JR®, 3.3 Particule dans un champ magnétique 31 ef dsA(r(s)) - 0 ot C est la courbe {r(s), to <8 < t}. Fen e f dr- A(r) (3.48) (rWatttoir) = [alr esp [i i «(3/2 ven) x exp (je Hh dr At) (3.49) Comme ¢’habitude, il faut comprendre (3.49) comme la limite d’une suite d’approximations discrétes. La maniere correcte de construire cette suite, en ce qui concerne le terme comprenant le potentiel vecteur, est d’ajouter & Pexposant. de Pexponentielle dans (3.13) la quantité Jdr(s) ie & 1 Fates — 1A Stra +ree)) (850) Dans (3.50), le potentiel vecteur est évalué au point médian du segment rh4u1 — re. Ce choix n’est pas indifférent: il implique que le propagateur ainsi défini obéit bien dans !a limite du continu a l’équation de Schrédinger (3.46) (8) (ce ne serait pas le cas si nous avions pris A(r,) ou A(rg41) dans (3.50), voir Ja discussion dans 'appendice 6.6). Nous nous tiendrons done a la prescription (3.50) par la suite’. Il suit clairement de la forme de Ha que la version euclidienne du propa- gateur (r| exp(—Ha(t — to)/h)|ro) s’obtient de (3.49) par le méme changement (3.14), sans modification du potentiel vecteur. Il est ainsi donné par les formules (8.15) ou (3.17) avec la phase supplémentaire exp((ie/fi) fe dr - A(r) (rlexpl Halt ~ )/A)r) = [Cano ono [ae (verten ~ ication 22)] i * = [% ae(njew (-F5ur0)) (51) avec l’action et le lagrangien euclidien Sere) =f dotxtrs),o(0) Talrsv) = Zmlol? + V(6) — éev- AC) (352) *D'autres choix conduisant au résultat correct sont possibles, comme 4(A(rs) + A(rsss)): 92 3, Intégrale de chemin en mécanique quantique Liinvariance de jauge pour une particule quantique s’exprime de fagon parti- culigrement simple. Si nous considérons la transformation de jauge du potentiel vecteur A(r) = Ar) + Vx(r) (3.53) ott x(r) est une fonction différentiable quelconque, il suit immédiatement de (3.49) que le propagateur se transforme comme (voir aussi I’ appendice 6.6) (rola tadr) = exp (SECxtr) — x(re))) (rIUaltsta}lr) (854) Dés lors, sous les transformations simultanées du potentiel vecteur (3.53) et des états (0) = exp (-Ex(r)) vr) (3.58) les élements de matrice (8, Usd) = (9, Ua) (3.56) restent invariants et on vérifie ainsi que les prédictions de la théorie sont les mémes dans les deux jauges. Le propagateur d’une particule dans un champ magnétique B homogtne peut étre calculé exactement. Avec le choix de jauge Al) = 5BAr (3.57) on obtient les formules [9] exp (st, rot -to)) (3.58) (3.59) cot (4 = ‘2) [(@— 20)? + (y— wo)"] + (zou - =w)} ot r = (2,y,2) et w = eB/m est la fréquence cyclotronique. La formule (3.59) donne action classique évaluée pour une trajectoire dans le champ B telle que r(to) = ro, r(t) =r. 3.4 Mécanique statistique quantique (Maxwell-Boltzmann) 33 3.4 Mécanique statistique quantique (Maxwell-Boltzmann) Liintégrale fonctionnelle est également bien adaptée A la représentation de la mécanique statistique. On sait que les fonctions thermodynamiques d’un systéme décrit par I'hamiltonien microscopique H s’obtiennent & partir de la fonction de partition Z Z = exp(-BE,) = Trexp(-BH) (3.60) ot By sont les énergies propres du systéme, répétées selon leur multiplicité. Considérons le cas de particules non couplées, sans statistiques quantiques, mais soumises & des champs extérieurs. Dans cette situation simple, les quantités thermodynamiques sont entigrement déterminées par la fonction de partition (3.60) relative & Phamiltonien usuel H = Ho + V d'une seule particule. Pour exprimer la trace, on peut utiliser la relation de complétude des états propres (|yn) de H Llelen) onl) = dle — 2! a pour écrire Z = Yyalexr(-PH) lyn) [ae [ de! X(eney(elexe(-B2D 2 hen) =f dx(olexp(—6H)|2) (31) On constate que Z est l'intégrale de la partie diagonale du noyau de exp(—AH), lequel peut étre représenté par V’intégrale fonctionnelle euclidienne (3.15) 4, posant tp) = 0 et t= Bh a z= fal ™ d{z(:)]exp [-i [ as ( (#2 + vee] = fae [Parve (4 [”*asvcat) , D= * (3.62) ‘Si le potentiel V(x) n’est pas confinant, on limite V'intégrale spatiale & un volume fini A, et Pintégrale de Wiener aux chemins entiérement contenus dans A. On peut montrer que cette dernitre restriction équivaut & imposer les conditions de Dirichelet au bord de A pour Vopérateur différentiel Ho. 34 3. Intégrale de chemin en mécanique quantique On voit que (3.62) fait intervenir les chemins fermés qui partent et aboutis- sent en x. Une application immédiate est le calcul de la fonction 2° de 'oscil- lateur harmonique (3.35). Utilisant expression (3.43) avec S*(x,2; Bh) = aang (cosh(Bhu) — 1)? = 2 aio) Bio) (sinh (Shu/2))? 2? (3.64) Doi le résultat connu (3.68) La représentation fonctionnelle est particulitrement appropriée pour la com- paraison des fonctions de partition quantique et classique. Pour rendre les choses claires, introduisons le changement de variables suivant =mfh em senff, cod, ers 2(s)=2-+u(r), (0) = u(l) =0 (3.66) Dans (3.66), A est la longueur thermique de de Broglie, 7 est un parametre de temps sans dimension et u(r) est un chemin fermé (sans dimension) qui passe par l’origine. Sous cette transformation, exposant de l’exponentielle dans (3.62) devient ay a (sy -ef! drV (2 + du(r)) (367) Quant A élément d{z(-)], en se rapportant A approximation discrdte, il se transforme avec (3.66) comme (voir (3.13), to = 0, t = Ah) aw m(N +1) m de) = (ag ] da dew NHL 5 inl a uy. -duw = Falu()] (8.68) Mécanique statistique quantique 35 Fig.3.1. En combinant (3.67) et (3.68) dans (3.62), la fonction de partition s’écrit ae z [;. ao | dzexp (-0 f° arV(e+ au(r))) , D= ; (3.69) Finalement, la mesure de Wiener conditionnelle qui apparait dans (3.69) est normalisée & 1/\/2n (voir (1.17)), si bien que oa Vin [ , Wok = (Fe (3.70) est une mesure gaussienne normalisée & 1. Cette derniére est donc entiérement définie par sa covariance (0,7), que on trouve étre égale a° (appendice 6.7) W(o,7) = vir [ . dWpu(o)u(r) = min(o,7) — or (3.71) La mesure gaussienne (3.70) correspondant & la covariance (3.71) s'appelle pont brownien. Cette terminologie se rapporte au fait que le chemin u(r) quite et retourne & Vorigine (Fig. 3.1) {10}, &e Ainsi Z s’écrit encore : Za a fe (ew (6 f * arV (a+ au(r))) , (3.72) L'avantage de la représentation (3.72) est que tous les paramatres physiques ¥ sont explicitement apparents puisque la mesure gaussienne (3.70) est sans 'b(c,) eat Vinverse de Vopérateur ~d? /dr agissant sur les fonctions u(r), 0 1. Comme |sin y/yl est strictement inférieur & 1 sauf en y = 0, il est clair que le comportement asymptotique de (4.6) pour N — co est da A celui de sin(|é|2)/|A|J au voisinage de [kl = 0: owing (1 UH) wn (M27) a En calculant P(r, N) A approximation (4.7), on trouve P(N) = (sa) ex (-gaalr?) (48) Si nous comparons cette formule & (1.6), nous pouvons l’interpréter comme la probabilité de transition pour un mouvement brownien (tridimensionnel) en- tre les points 0 et r dans le “temps” N, avec “constante de diffusion” D = 1?/6. Utilisant la notation d’intégrale fonctionnelle (1.29), on peut encore écrire iN (> rsh Pom) = [ dp(lex (- f "dose ) 5 [av (49) Dans cette représentation continue, les configurations possibles des macro- molécules d’extrémités 0 et r sont assimilées & celles de chemins browniens entre 0 et r et ont des poids de probabilité donnés par la mesure de Wiener conditionnelle. En fait, la distribution (4.8) peut étre obtenue strictement de (4.6) dans la limite N + 00, | -» 0, NU = este, Remarquons que dans cette limite, la longueur de la chaine NI devient infinie. Le régime de validité de (4.8) est celui ot Fon considére la distribution de la distance des extrémités r de ordre de r~ VN alors que la longueur de la chaine est NU (Fig.4.2) Montrons comment la représentation fonctionnelle permet en principe de formuler des modeles plus réalistes. oS dr(o) do 1. Supposons que les macromolécules soient en équilibre thermique (par ex- emple dans une solution) et que chaque monomére soit soumis & une force extérieure dérivant d’un potentiel V(r). La probabilité d’une configuration sera proportionnelle & W(ro,tiy---)Tw—1 TW) xP (oven) (4.10) =] 42 4, Contraintes topologiques: polyméres et effet Aharonov-Bohm longueur = Né N>>l a) Ne r Ne Fig. 4.2. ot W(ro71, 1,7) est donné par (4.2). Dans la limite de la chaine continue considérée plus haut, on approxime os (-0x:vea) xew(-0f"doviroy) an) jo et W(ro,715.--s 71,7) par le poids qui figure dans (4.9). Ainsi, la distri- bution de Pextrémité est donnée par l'intégrale fonctionnelle (3 un facteur de normalisation prés) f ” dWpexp (-0 L " dovilo))) (4.2) On reconnait une intégrale de Feynman-Kac qui peut se calculer & aide de Péquation différentielle associée (voir (1.30),(1.31)). Cette méthode per- met par exemple d’étudier la distribution des macromolécules au voisinage d'une membrane dont effet est décrit par le potentiel V(r) (12) . En réalité, les monomeres de la chaine ont des interactions mutuelles. En particulier, & courte distance, les forces moléculaires empéchent deux monomeres doccuper la méme place: c'est le volume exclu. On décrit cette répulsion par un potentiel V(r; — rj) qui prend de grandes valeurs positives lorsque |r; — 13] < J. Le facteur de Boltzmann correspondant & cette interaction est 4.1 Polyméres comme chemins browniens 43. oxo(-2 LD Ve “) osicien mer (Gov + avo) exp (4 de - ) (4.3) En approximant le second facteur comme dans (4.11), on voit qu’en présence d’interaction entre les monoméres, P(r, N[ra) est donné par Pintégrale fonctionnelle (8 un facteur prés) rN A Ma ["; Woexp -3L do f irV(r(o) -rerp} (4.14) Cette intégrale n'est pas aisée a calculer, mais elle fournit le point de départ d’une théorie de la macromolécule avec interactions entre les éléments de la chaine. Un résultat important qui résulte de ’introduction de l'interaction répulsive (4.13) est la prédiction du comportement des fluctuations (r*) de la dis- tance des points extrémes de la chaine. Pour la chaine libre (4.8), on a des fluctuations de type diffusif Ne (ry 7 N, N>1 (4.15) Lorsque les monomeres de la chaine ont des interactions, on peut s’atten- dre & une loi (?)~N* (4.16) oi 'exposant v est situé entre 1/2 et 1 (v = 1/2: comportement diffusif, v = 1: chaine rigide). Les effets de volume exclu introduits par l’interaction (4.13) conduisent, en dimension d < 4, a la valeur ve (4.17) En dimension supérieure & 4, on sait que les points d’intersection d’un chemin brownien avec lui-méme forment un ensemble de mesure nulle, de sorte qu'une répulsion & courte distance demeure sans effets. En dimension 4 > 4, Pexposant v reste égal & 1/2 [13]. 44 4, Contraintes topologiques: polyméres et effet Aharonov-Bohm 4.2 Entrelacement des polyméres En raison du fort potentiel répulsif entre monoméres, il n’est pas possible qu'une chaine s’intersecte elle-méme, ou intersecte d’autres chaines. Ce fait conduit & des phénoménes d’entrelacement d’une chaine avec elle-méme ou avec d’autres chaines qui sont de nature topologique. L'intégrale fonctionnelle est. particu- ligrement bien adaptée & la description de ces effets topologiques, qui mettent, en jeu la nature globale de la chaine. Pour illustrer les choses de fagon simple, considérons un premier polymére fixe rectiligne, infiniment mince le long de Paxe z, et un second polymére aléatoire qui peut avoir tous les entrelacements possibles avec le premier (Fig. 4.3) Nous désirons connaitre la probabilité P,(r, N|ro) que le polymere de points daboutissement r et ro entoure n fois l'axe z lorsque NV > 1. Pour ceci, nous utilisons les coordonnées cylindriques ro = (0,90, 20), 7 = (p,8,z), 0 < 0,0 < 2m, Dans la limite du continu, nous paramétrisons le polymere par r(z) = (p(a),9(2),2(2)) 02 (0) = & et (2) est une fonction continue de o, 0 < a < N. Il est clair que la différence angulaire lorsqu’on parcourt le polymére de ro Ar est de la forme oN) —9(0) = [* do 2) oti n est un certain entier appelé nombre d’entrelacement (Fig.4.4) On peut alors définir, selon (4.9), 0-8 + 2an (4.18) Palr, N (ro 4.2 Entrelacement des polyméres 45 46 4. Contraintes topologiques: polyméres et effet, Aharonov-Bohm avec Er awe) = [" aWo (4.19) roo ot dW} est la mesure de Wiener conditionnelle restreinte aux chemins qui ont un indice d’entrelacement exactement égal a n. II est utile de considérer la fonction génératrice des P,(r, N{ro) définie par Qulr, Niro) = exp(in(@ — 9) x exp(2inun)Pa(r, Niro) (4.20) ‘Tenant compte de (4.18), on peut encore écrire Qulr, Nro) Ss re dW) exp(in(@ — > + 2nn)) z ie a? exo (in ie do#) (4.21) ce qui conduit & la formule importante Qulr, Niro) = rg dWpexp ( fe doh) sete) (4.22) Selon (4.20), les Pa(r, N|ra) s'obtiennent comme coefficients de Fourier de exp(—ip( ~ %))Qu(r, NIro). ‘Ace point, il est fructueux de remarquer que la différence angulaire (4.18) (avec ¢g = arctan(y/z)) peut étre écrite comme w dole) _ pY (dy de L ad f dog \"do ~ Yaa, on in doA(r(o)) - S00) 1) (appendice 6.8) 206 1 26 Pa onda = Nols (438) “La distribution (4.38) (distribution de Cauchy) n’a pas de moments finis (excepté le premier qui est nul par symétrie). Ceci refldte le fait qu’en raison du potentiel attractif (4.37), le polymere a une probabilité élevée d’avoir de grands nombres d’entrelacement. Par contre, si un potentiel répulsif de type c/r? est ajouté a (4.37), ces probabilités sont fortement réduites: on montre alors que Py 4.3 Effet Aharonov-Bohm 49 décroit plus vite que toute puissance inverse de n pour n -» oo. Dans le cas libre (V(r) = 0), le résultat s'exprime en termes des fonctions de Bessel modifiges {15} 4.3 Effet Aharonov-Bohm Comme nous Vavons vu, la fonction génératrice (4.29) a la méme forme que le propagateur euclidien d’une particule dans un champ magnétique, selon la correspondance (4.28). Par prolongement analytique, N = i(t — to), nous obtenons le propagateur quantique (r| exp (—iHg(t — to)/f) |ro) d’une particule en présence d’un tube de flux ¢ infiniment mince le long de l’axe z. Ainsi, nous obtenons de (4.20) la représentation de ce propagateur comme exp (—j. Holt ~ to) Ie) =o (‘se = m)) Lew (fn) Pa(r,i(t—to)lra) (4.39) La quantité P,(r, i(t — to)|ro) a une interprétation similaire pour les trajec- toires r(s) dans l’intégrale de Feynman que pour les chemins browniens: elle représente la restriction de cette intégrale & toutes les trajectoires classiques qui ont un indice d’entrelacement n avec la ligne de flux. La formule (4.39) exhibe le fait remarquable suivant. Dans ce probléme, la particule se trouve toujours dans une région ot le champ B est nul. En effet, si elle est en dehors de Paxe z, B = 0 (voir(4.25)), et la probabilité qu’elle soit sur l'axe z est nulle (en vertu de (4.33). Du point de vue classique, cette particule ne subit aucune force, et son mouvement ne devrait pas étre affecté par le tube de flux. La formule (4.39) montre que les choses se passent différemment dans le cas quantique: le propagateur (4.39) est une somme de contributions avec des relations de phases dépendant de ¢ bien définies. Dans une expérience de diffusion de particules sur le tube de flux, ces contributions vont interférer pour eréer des franges de diffusion observables. C'est l'effet Aharonov-Bohm. La section efficace différentielle pour une onde incidente plane donnant la déflection des particules due au tube de flux est (FFig.4.5) [16] do_1 feb) 1 Bs 3g 5 (= a) coy OFT (4.40) Notons cependant que si le flux obéit & la condition de quantification em, mentier (4.41) h 50 4, Contraintes topologiques: polyméres et effet Aharonov-Bohm y -t+4-+h+ 8 x Tube de flux ¢ | 4 Onde diffusée Onde plane entrante Fig. 4.5. Peffet Aharonov-Bohm ne se produit pas. Dans ce cas, le propagateur (4.39) s'identifie, A un facteur global de phase prés, au propagateur d’une particule libre, qui est évidemment (rlexp (—jHo(¢~ 9) Ir) = So Palrile tala) (442) et on voit que (4.40) s'annule. Les tubes de flux satisfaisant & la condition (4.41) sont invisibles pour les particules quantiques. Finalement, bien que leffet Aharonov-Bohm soit induit par le potentiel vecteur, les quantités observables restent invariantes de jauge comme le montre la formule (4.40) qui ne dépend que de ¢, qui est invariant de jauge (voir (4.26)). ‘Toutes les considérations précédentes, pour les polyméres et leffet Aharonov- Bohm, se généralisent qualitativement au cas ot le polymere fixe ou le tube de fiux n'est pas rectiligne, mais une courbe fermée sans noeuds. 5. Mécanique statistique classique 5.1 Fonction de partition et intégrale fonctionnelle Le probléme central de la mécanique statistique classique est de calculer la fonction de partition du systéme. Si nous avons n particules identiques dans un volume A interagissant avec un potentiel de paires V(r; — 13), i,j = 1,...)n, et soumises 4 un champ extérieur f(r), la fonction de partition grand canonique avec activité z et température inverse G~' est donnée par : Ea(z,B;) = SOF fara. drm emp (BU (rs --+s79)) (6.1) = EVei—n) + Dv) iG 7 = al =) + 5vn) - 3vo) (62) a 7 Urn. Considérons le méme systéme dans le cas plus simple ot les particules ne sont pas couplées, mais sont toujours en présence d’un champ extérieur #(r) La fonction de partition correspondante est 22,89) = 55 [ar -arnenw (0 Btn) = exp (-z f drexp(-24(0))) (63) Liidée de base est de représenter £4 comme moyenne de fonctions de parti- tion de particules non couplées 53 en présence d’un champ aléatoire extérieur gaussien'. Ceci peut se faire de la fagon suivante. Supposons que V(r) soit La transformation en question porte souvent le nom de Siegert en mécanique statistique, et de Hubbard-Stratonovich en matidre condensée. L’idée est toujours la méme. 52 5, Mécanique statistique classique une fonction définie positive et V(0) = Vo soit fini. V(r: — rz) peut alors étre considéré comme la covariance d’une mesure gaussienne. Avec le choix S(0) =iYB SS He ~ 5) 4) a et (r:|A~'|r2) = V(r) — ra), la formule fondamentale (2.21) donne op (-03ve. = -) men (Fun) (<0 («eS sv0)) (5.5) ob (++-)y est la moyenne gaussienne de covariance V(r; —r2). En insérant (5.5) dans (5.1), on est conduit & la représentation Sale, Bi) = (exp (: [trop (-60@ +iyBetr)))), (5.6) qui n'est rien d’autre que la moyenne de fonctions de partition (5.3) avec champ extérieur comprenant une partie imaginaire et activité renormalisée 2 = zexp(BVo/2) Les fonctions de correlation p,(r1,...,7s) (en champ extérieur nul) sont aisément obtenues comme dérivées fonctionnelles par rapport & ce champ 58) extérieur ‘ i) Sa) BI " yao (ep (ivAxet0) a (2 I dre’ fu) (5.7) Dans le cas ob ~V(r; — r) est définie positive, le choix palriy 0 — “A Je) = VBS oer=n5) (58) et (ri|A~ Jr) = -V(r1 — ra) conduit & la représentation Ex(2.80) = (exw (2 J drexp(-ovir)+ Yao) , (6) et une formule analogue & (5.7) pour les correlations (avec suppression du facteur imaginaire i). 5.1 Fonction de partition et intégrale fonctionnelle 53 La représentation (5.6) avec champ imaginaire s'applique en général aux potentiels répulsifs, tandis que la représentation réelle (5.9) permet de traiter les potentiels attractifs. Des représentations analogues peuvent étre données pour des systémes réticulaires. Nous traitons ici le modéle d’Ising en dimension d dont Phamil- tonien est H N a 3 usi8s -— LBs, jy =H (5.10) ig a ou i,j parcourent les n sites d’un réseau aZ* a d dimensions avec constante réticulaire a. Les constantes de couplage Jj; forment une matrice J que nous supposons définie positive et B; représente un champ magnétique local appliqué au site j. Ecrivons H sous forme compacte H(s) = ~H(6, 48) - (Bs) (6.1) 's1,-.-,8w), B = (Bj,..., By) et appliquons l’identité (2.7) avec A~! = st+J"B ous BJ et Bog gt ot exp (—BH(s)) = exp (Ses B)) (exp(s+J"B,y)),, (612) oi on a introduit NV variables gaussiennes = (1,..., (on). Puisque DX exr(s, y) = exp(-U(y)) sh Uy) =- Ss log(cosh y;) — N log 2 (6.13) a on obtient la fonction de partition sous la forme * (8, B) X exp (-AH(s)) ast = exp (-S2.m) (exp [(J-"B, ) ~ U(p)]),, (6-14) Reprenant 1a notation (2.27) pour Pintégration gaussienne, on voit dans tous ces cas que la fonction de partition se met sous la forme [ate dhexo(-S(e)) (6.16) 54 —_5. Mécanique statistique classique ott S() est une action euclidienne qu’on peut spécifier selon (5.6),(5.9) ou (6.14). Le programme est alors bien défini: on applique & (5.15) la méthode du col. La condition de stationnarité de S(y) donne les équations du champ moyen de la théorie et le calcul des fluctuations autour du point stationnaire donne les corrections & la théorie du champ moyen. Dans certains modéles unidimension- nels, Pintégrale fonctionnelle (5.15) peut méme étre évaluée exactement, Nous illustrons ces méthodes dans quelques exemples importants. 5.2 Modéle de Ginzburg-Landau Beaucoup de moddles de mécanique statistique se comportent de fagon similaire au voisinage d'un point de transition de phase de second ordre. Ce comporte- ment est décrit par une théorie de champ effective, la théorie de Ginzburg- Landau, Cette dernigre peut se formuler sur une base phénoménologique, en cherchant & inclure effet des fluctuations autour de la théorie du champ moyen. Le modéle de Ginzburg-Landau, dans sa version la plus simple, est celui dun champ scalaire g(r) dont Paction euclidienne est donnée par [17] S(p) = H(v) - f dr Bole) H(e) = fdr (Zivot) + drole) + Bote) (6.16) Le paramatre ro(T') (le terme de masse) dépend de la température T’ sous Ia forme ro(T) = fo(T — To) (5.17) et fo, ug sont des constantes positives; ro(T) peut donc devenir négatif pour T > a. La physique du systéme est alors dominée par les excitations de grande longueur d’onde k~! > a. Il est. done naturel de faire les approximations suivantes: (i) ne retenir que les contributions des petits nombres d’onde, (ii) passer & la limite du continu a — 0. En développant exp(ikr;) au second ordre et utilisant la symétrie de J(r), ona I(k) = Dexplikr;)J(r5) ~ Jo(1 — PK?) (5.21) avec Jo = J(0) = Dy J(rj) > 0. Le paramétre 1? est de Vordre a? et fait intervenir les second moments de J(r), qui sont positifs puisque J(r) > 0. A cette méme approximation, selon (5.20) (oJ tg) ~ Jet x0 + PR )Io(k)P Rr a [4 (#0) +Five@)P) (5.22) Pour obtenir la seconde ligne de (5.22), on est revenu & l’espace de con- figuration, od on a approximé les sommes par 'intégrale correspondante sur le volume A du réseau, La multiplication par &? donne alors —A qui conduit au dernier terme de (5.22) aprés intégration par partie, A est le cube de cété na. Du potentiel U(y) nous ne retenons que les termes quadratiques et quartiques eng. Puisque log(cosh y) ~ iy? — by", nous avons, A un terme constant prés, 56 5, Mécanique statistique classique ie es uy) = “Leith = af, ar (-3#" (r) + et) (6.23) Le terme de champ magnétique est approximé par (JB, 9) ~ Jere f arBervolr) (5.24) En introduisant les approximations (5.22) & (5.24) dans (5.18), on voit que Paction prend la forme (5.16) avec certains coefficients devant les différents termes qu’on peut obtenir de (5.22)-(5.24). Le coefficient du terme quadratique (venant de (5.22) et (5.23)) est bien de la forme Pe a (a 1) =A(T-T), — keTo= Jo (5.25) Les autres coefficients restent strictement positifs pour J’ = Ty et seront considérés comme indépendants de T lorsque T' ~ Ty. Par changement d’échelle du champ g, on peut alors amener l’action & la forme canonique (5.16). L’objectif est d’obtenir la théorie du champ moyen et des fluctuations as- sociées & l'action de Ginzburg-Landau. Ce programme pourrait tout aussi bien @tre réalisé en conservant la version originale discréte du modéle d’Ising (5.27) [19]. Le point est que les résultats sont qualitativement les mémes au voisinage de la température critique et ce fait constitue la meilleure justification de Pusage du modéle de Ginzburg-Landau. Rappelons d’abord quelques relations thermodynamiques. L'énergie libre F(6,B), considérée comme fonctionnelle du champ magnétique, est lige & la fonction de partition par? F=-loge (5.26) et V'aimantation moyenne est. or MO) = ~s5 G5 (5.27) Il est utile d’introduire le potentiel thermodynamique I°(,M) considéré comme fonctionnelle de ’aimantation. Il s’obtient par transformée de Legendre de F or ime) Le seul endroit ob nous gardons trace de la température dans le modele effectif de Ginzburg-Landau est via le coefficient ro(T). PaF+ / drB(r)M(r), Br) = (5.28) 5.2 Modéle de Ginzburg-Landau 57. Mettons maintenant en oeuvre l’approximation du col. L’équation de sta~ tionarité de S(y) s'éerit, 5S(~) _ SH(y) _ de(r) — dy(r) Bir) =0 (5.29) ‘ou encore* —Ag(r) + rop(r) + uop*(r) = B(r) (5.30) Soit yo(r) une solution de (5.30). Le développement de S() au deuxitme ordre autour de go(r) donne avec P(r) = v(r) — vo(r) Sy) = S(¢0) + 50s DY) (631) out D est Vopérateur (Dy) (r) = (-4 +10 + 3uoy9(r)) o(r) (6.32) La fonction de partition se réduit alors A l’intégrale gaussienne = f alot exp(-S¢e)) ~ exo(—Stee) [ atv] ex (-2(, D¥)) = exp(-S(y0)) (cet 2)" (5.33) Yon conclut que l’énergie libre (5.26) vaut & une constante prés 1, F = S(yo) + ;Trlog D (6.34) Calculons Je dernier terme de (5.34) dans le cas homoggne, c’est-A-dire B(r) = B = cste, yo(r) = yo = este. L’opérateur différentiel D est alors diago- nalisé par la transformée de Fourier, et ses valeurs propres sont q? +r + 3u0y3, q = ¥(n,,..-,ma), nj entiers. Par conséquent, dans un volume fini A = L¢ Na) avec conditions au bord périodiques TrlogD = Sy log(q? + ro + 3uoy2) 7 ae 2 2 = On f peed log(q? + ro + 3uoy5) (5.35) Sates Saree WP = — aay Sarr) g(r") =~ fade i(r ~ r\Aygle") ~ fadr'y(r!)A(r — 1") = —2A9(r). 58 —_5. Mécanique statistique classique A ce point, il faut se souvenir que l’action de Ginzburg-Landau représente celle du réseau de spins du modéle d’lsing, de constante réticulaire a. En conséquence, lintégrale (5.35), comme indiqué, doit étre limitée aux nombres donde |g| < a. Lorsque ¢ est uniforme, on conclut donc de (5.26), (5.34) et (5.35) que Pénergie libre par unité de volume f = F/A vaut 1 1 SL = proved + Guar) — Boo + os Tore dqlog(q? +70 + 3uoys) (5.36) OF ot yo est solution de Topo + toy = B, to = Fo(T — To) (5.37) La densité d’aimantation correspondante m = M/A est m = —8f/0B. Il faut noter que f dépend explicitement de B via le terme Byo, et implicitement via ¢ solution de (5.37). Si on néglige le second terme de (5.36), on reconnait les équations familiéres du champ moyen, et on obtient m = yo. Si B = 0 (5.37) admet unique solution m = 0 pour T’ > Tp et les deux solutions non nulles pour T < Ty m=4"(%-T), T T, en champ nul, auquel cas l’aimantation m est elle-méme nulle. On déduit alors de (5.39) et (5.41) pag = 00+ Bs [cs Marae (6.42) A Vordre linéaire dans le terme de fluctuations, on peut tout aussi bien éerire (5.42) comme =m - 0 a ce (2m) Fo ie Me (44) On constate un abaissement de la température critique par rapport & celle du champ moyen, abaissement dit la création de désordre par les fluctuations. Notons que que l’intégrale (5.44) ne converge que pour d > 2. Compte tenu de (6.44), on peut récrire _. Gitte 1 1 = MPT) oma Tce a (ae #) 6uo 1 = io(T-Te) -x 1G > y rol a (2x) ca +x") (4) Cette Equation met en évidence le réle de la diméfisionalité. Sid > 4, la quantité Guy 1 Ba} Mace ae (6.40) est finie, Pod xt ~ f(T -T.)- Cx" wt, TT, (T>T.) (5.47) 60 —_5, Mécanique statistique classique La susceptibilité inverse s’annule linéairement & 7’ = T, comme dans la théorie de champ moyen. Au contraire, si d < 4, l'intégrale (5.46) est diver- gente (divergence infrarouge), ce qui montre que les prédictions de la théorie du champ moyen ne sont pas correctes en dimension 3. On établit rigoureusement que le comportement linéaire (5.47) est correct en toute dimension d > 4. La divergence (5.46) pour d = 3 correspond au fait bien connu que pout un modéle @Ising x~! ~ (T — T-)'* s'annule avec un exposant critique supérieur a 1. 5.3 Gaz de Coulomb classique Le potentiel de Coulomb te d=3 V(r) = 4 —log (8), d= 2 (5.48) hh d=1 (ro étant une unité de longueur) est défini positif puisqu’en toute dimension sa transformée de Fourier est positive O(k) = fa exp(ik-r)V(r) 0, wt =2, 2 =2m, us = 40 (5.49) RP = En dimension 2 et 3, V(r) est singulier Vorigine, singularité qui détruit la stabilité thermodynamique de systémes comprenant des charges ponctuelles de signes opposés. Nous travaillons donc avec un potentiel régularisé & Vorigine, encore noté V(r), mais qui a le méme comportement a grande distance que (5.48). Des choix possibles sont (pour d = 2,3) Mw- { we fe a(t) 2 0, 5(0) =1 oy aaa wa ap ~ ptt) = 9 oit 9(k) est un facteur de forme intégrable. Aprés cette modification nous pou- vons appliquer la formule (5.5). Si nous avons affaire & q types de charges ¢q avec activités za, @ = 1,...,4, énergie d’une configuration devient U (aay tiy. 5 Ons Tn) Seasta,V (ri ~ (5.51) ig et la fonction de partition est 5.3 Gaz de Coulomb classique 61 (214-9258) = DP Fay" Fay x f dry. drgexp (BU (ans tin- +5) (6.52) Avec le choix f(r) = iVB DJL; €a,4(r — rj), le méme raisonnement qui a conduit & (5.6) donne la représentation de 54(2,..., 2,8) comme moyenne d'une fonction de partition de particules indépendantes « Faas ++5 28) = (ii exp [ze Jj arexp (iVBeaetr))]) (5.53) i v avec Zq = 2q exp(e2Vo). Pour passer de (5.52) a (5.53), il faut tout d’abord considérer les configurations qui ont exactement nq charges de type €q avec n = my-+++ “Fg puis sommer sur n ...Mq- Dans la somme (5.52) ily a nl/my!++-ng! termes qui ont la méme énergie et méme facteur d’activités 2! --- 22. Etudions une situation simple o on a deux types de charges de signes opposés ¢ et —e, auxquelles nous attribuons la méme activité 2. La fonction de partition (5.53) devient Ealz,8) = (ep pe i dros (vocer)]) (5.54) & laquelle correspond l’action de Sine-Gordon 1 > Sle) = F(e,V-%p) ~ 28 dros (yBep(r)) (6.55) Lorsque la température est suffisamment haute (§ < 1), une approximation naturelle consiste & ne conserver dans (5.55) que le terme d’ordre le plus bas en B Sly) ~ FeV) + 286" I, arg rg, = F(t +22peW~) = Ho") (6.56) ot on a défini Vol = (V-1 + 2epe) * (657) Ve joue le réle d’un potentiel & deux corps effectif dont la transformée de Fourier est 62 5, Mécanique statistique classique vb) (5.58) (WH) + 2zpee Le comportement spatial de V*"(r) & grande distance est déterminé par les petits nombres d’onde, c’est-d-dire V*(k) ~ wy (are) , R40, Ip = (u2zfe?)-2 (5.59) ce qui entraine Ver(r) ~ 2 exp (-£) , P00 (5.60) rl lb On reconnait la forme typique du potentiel de Debye avec écran au-dela de Ja longueut Ip de Debye. Le gaz de Coulomb dans !’approximation de Debye-Hiickel consiste 4 con- sidérer le modéle gaussien dont |’action effective est donnée par (5.55). Les fonctions de corrélation de k charges eq, = te (voir (5.7)) PlCasTis-++1€agTE) (ex («vay cuted) a (2 Vp de cox eer) ) a (5.61) " sont alors approximées par (cx (ivB E4120) p()) ex (~28e fare") (e. wee Ne oa aaa) (ex FB dry a (ex (ivAX;cuwten)) k = thexp G VeaeasV (ri 5 ver -) (5.62) En particulier, on trouve pour la densité de particules de type a 4 zexp (—Be2V""(0)) = zexp (—Be*(V°"(0) — Vo) (5.63) eat ce qui permet d’écrire finalement 5.3 Gaz de Coulomb classique 63 PPH(asT iy ++ +s Cagle) = tl Pos’ &XP (0x, very — | (5.64) = iG Dans cette approximation, tous les effets collectifs d’écran dus & la longue portée du potentiel coulombien sont incorporés dans V*™. Comme ce dernier a une décroissance exponentielle, la fonction de corrélation de deux charges ap- proche sa limite asymptotique exponentiellement rapidement lorsqu’on éloigne ces deux charges: = —BeastaV" (m1 — 12) -0 (ex (= )), Ini — ra] ¥ 00 (6.65) Deux points peuvent étre démontrés rigoureusement: (i) lorsque le paramétre sans dimension = fe?/lp est suffisamment pe- tit, les fluctuations de corrélation tronquées (fonctions d’Ursell) du gaz coulombien classique décroissent exponentiellement rapidement. [20]; (ii) dans Ja limite I -+ 0, les fonctions de corrélations sont asymptotiques & la forme (5.62) donnée par l'approximation de Debye-Hiicke! [21]. Il est remarquable que la mécanique statistique du gaz coulombien unidi mensionnel puisse étre résolue exactement par l’intégration fonctionnelle (22). Dans le cas unidimensionnel, une régularisation du potentiel A l'origine n’est pas nécessaire, et (5.51) peut s’écrire sous la forme Tlestis---sQusta) = 2 Deaeaylas ~ 251 = Leaea, min(zi,2;)~ Trea, Dayz; (6.66) a rong Cette écriture résulte de min(z, y) = 1(x + y) — 3x — yl. Nous pouvons envisager un ensemble grand canonique oit toutes les con- figurations sont, neutres, c'est-a-dire restreindre la somme sur les ay,..., 29 dans (5.52) aux configurations telles que 2, 4, = 0. Dans ce cas, le dernier terme de (5.66) s’annule, et on reconnait que U(ai,r1,...,an,Tw) s'identifie & la covariance de la mesure de Wiener. Plus précisément, nous avons l’identité 64 5, Mécanique statistique classique Jf ,a¥o exp (: xy cave) 0,0 ja = exp (-« LV eaitas nine) exp (in x «) (5.67) Fs qui est un cas particulier de (2.28) appliquée & la mesure de Wiener avec cons- tante de diffusion D = 2 lorsque les trajectoires (z) partent de y en x = 0. Prenons & nouveau le cas de deux types de charges e, = +1 avec méme activité z. La contrainte de neutralité peut étre imposée par ip . afl si Dh ea; = Tenant compte de (5.66), (5.67) et (5.68), la fonction de partition pour ce systéme de charges confiné dans l'intervalle (0, L] prend la forme Ex(z,8) = x [ " dp f, tn exp (2 f . dsexsota)) = x [400 [40 [avo exp (2+ f aecostta)) = Ef doo J aotolutc, ove) (6.69) od on a passé A la mesure de Wiener conditionnelle et appliqué la formule de Feynman-Kac. U(L,0) = exp(—HL) est le propagateur associé & 'opérateur différentiel agissant sur les fonctions de p & ag Le probléme coulombien unidimensionnel est donc réduit & étude de Vhamiltonien (5.70) qui apparait en mécanique quantique dans le probleme d’un électron dans un champ cristallin périodique (équation de Mathieu). Faisant usa~ ge de la périodicité, on peut remplacer (y|U(L, 0)|y0) dans (5.69) par le noyau périodique H=-p 22008 p (6.70) (10(L,0}he0) = So (p+ 2kxIU CL, 0)lv0) 6.7) EuleB)= 5 J deo [" dololO(C,0)heo) (6.72) O(L, 0) = exp(—HL) est le propagateur associé au méme opérateur (5.70), mais défini dans l’intervalle [—7, 7] avec conditions au bord périodiques. U(L,0) 5.4 Gaz de Coulomb semi-classique 65 = exp(—/L) joue le rdle de matrice de transfert pour ce modéle unidimension- nel. En particulier, A posséde un état fondamental non dégénéré fo() avec valeur propre Ag < 0 et U(L,0) se comporte comme (p10 (L, 0) |p) ~ exp(—AoL) fa (y) folo)s Lac (5.73) Ainsi, la pression thermodynamique est donnée par P(e,A) = A him + log (E2(2.8)) = —P-rolz,f) (6.74) Les fonctions de corrélations peuvent également étre étudiées & l'aide de U(L,0) et on montre qu’elles décroissent exponentiellement vite, comme exp(—|z||Ao — 11); [x] > 00, oft A; est le premier état excité de H. Il faut remarquer que malgré cette décroissance exponentielle, le modale unidimensionnel n’est jamais dans l'état plasma décrit par approximation de Debye-Hiickel. A cause du caractére confinant du potentiel —[z|, les particules de charges opposées restent associées en paires et le syst#me se comporte comme un gaz de dipéles, avec des propriétés analogues aux diélectriques (23). 5.4 Gaz de Coulomb semi-classique Nous examinons ici comment la nature quantique des charges modifient les pro- priétés d’écran exponentiel établies pour le gaz classique dans le régime de Debye discuté dans la section précédente. Dans I’approximation semi-classique, nous négligeons les effets des statistiques quantiques (de Fermi pour les électrons, de Bose ou de Fermi pour les noyaux), si bien que nous traitons d’emblée le gaz avec la statistique de Maxwell-Boltzmann. Nous généralisons la représentation (3.72) & s espéces de particules de charges eq, a », en associant A chacune d’elle sa longueur d’onde thermique Aq et un pont brownien uj(r). La fonction de partition grand-canonique s’écrit alors* x fh os drn (expl—BU (aay t1st,-+-4ns taste), (6:75) avec U ears r, ty +5 Gtny Fay Un) =D Casey V (easy Pi, His 45,7, Uy) (5.76) iG “Nous ne tenons pas compte des spins des particules qui ne jouent pas de rdle dans la présente analyse. 66 5. Mécanique statistique classique Vlaasrastaseasrasta) = fi deV(ry + Aoytale) —ra~ Aquat) (6.77) Dans (5.75), (-+-)s est Ja moyenne gaussienne effectuée sur n ponts browniens indépendants u; = (u},...,uf) en d dimensions avec covariance (ul (o)us(7))6 = 6i55u(min(o,7)— or), yy dy j=y...yn (5.78) Comme dans le cas de la fonction de partition d’une particule (3.72) la constante de Planck apparait explicitement dans (5.75) par V’entremise des Jongueurs d’onde thermiques. Ainsi par un développement systématique de (5.75) en puissances de fi, on peut calculer les corrections quantiques 4 |’équation d'état et aux corrélations [26]. Un résultat important est que la décroissance des corrélations vers leur limite asymptotique n’est plus exponentielle, mais algébrique. Pour deux charges, on trouve que (5.65) doit étre remplacé par c Irs —ral®? PlCas71€0272) Pen Pos Ir — ra] > 00 (5.79) od C dépend des densités et des températures. L'effet d'écran exponentiel est done détruit par les fluctuations quantiques. Pour comprendre ce comportement, il est profitable d’analyser la structure de la fonction de partition (5.75) dans le langage de la mécanique statistique classique. En effet, si l'on compare (5.75) & (5.52), on voit que la structure est la méme, & la seule différence que chaque charge quantique est délocalisée par la fluctuation brownienne Aju,(r)) autour de la position r;. On peut associer & la particule quantique un espace de phase élargi dont les éléments sont les triples (a,7,u(-)), 02 la fluctuation u(-) joue le réle d’un degré de liberté interne. La sommation sur cet espace de configuration élargi consiste en l’intégrale configu- rationnelle habituelle & laquelle s’ajoute l'intégration gaussienne sur le degré de liberté interne u(-) et la sommation sur les espéces. De ce point de vue, le gaz de Coulomb semi-classique est analogue & un systéme de filaments chargés, de formes aléatoires, avec interaction de paires donnée par (5.77). Il convient de noter aussitt que, bien que la structure des sommations dans (5.75) soient les mémes qu’en mécanique statistique classique, l'interaction (5.77) ne représente pas énergie électrostatique usuelle, Pour deux filaments chargés paramétrisés par 7; +%(c) et r2 + u2(r), cette derniére est égale & as Ca Ver(1, 715 U1} 2572, Ua) = castor f " do Hi ” drV (ry + Aeyti(2) — ra — Aegta(r)) (5.80) En effet, classiquement, chaque élément de charge du premier filament u, (o)do ‘a une interaction coulombienne avec chaque élément ua(r)dr de autre, ce qui 5.4 Gaz de Coulomb semi-classique 67 n'est pas le cas dans (5.77) ot un seul paramétre temporel apparait. Il sera utile dans la suite de considérer la mécanique statistique d’un hypothétique ensemble de charges filamenteuses purement classiques, distribuées par la méme loi gaussienne, dont énergie coulombienne vaut Valais Pi Way ++ ny Tas Un) = Yo Calas Vals 71, ta} 02,725 U2) (5.81) ig Pour un tel systime, analyse et les résultats cités dans la section précédente s'appliquent. En particulier, & suffisament haute température ou basse densité, la corrélation pa(au,r1, Us; 02,72, U2) de deux filaments de forme fixée approche sa limite asymptotique exponentiellement rapidement lorsque |r; — r2| > 00. Selon l’approximation de Debye-Hiickel (5.64), on a explicitement PRM (aay, 71, U5 725 U2) = pBM (ax, ui) eB! (a2, Ua) exp (—€ar€asVe" (1,71, 05 02,72,t2)) (5.82) ot V§f est défini comme dans (5.80) avec le potentiel effectif (5.57) & la place du potentiel coulombien V. Selon (5.63) les densités ont la forme Pa (aaj. 43) = Fo, exp [—e’, (Va (45,0, uy 5,0, uy) ~ Vala, 0,usi05,0,u5))] (5.83) 11 faut done attribuer la différence des comportements classiques (5.65) et quan- tiques (5.79) & la différence W = V - Va entre les interactions (5.77) et (5.80), soit ere2W (ri, t5 72, U2) = eres fra f’ dr(8(o = 1) = V(r + ty) — 12 — Anuar) (5.84) Cette interaction résiduelle, d’origine purement quantique, est & longue portée. Son comportement a grande distance est obtenu en fatgant usage du développement. multipolaire qu’on écrit sous la forme (vy nt Vera) => V(r) (5.85) = Compte tenu de fj do(5(o — 7) — 1) = 0, on voit que le terme dominant lorsque [rr = 72] > 00 est eresW (ri, 572, U2) ~

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