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Jalons pour Heidegger

➢ Distinguer deux exposés, celui des Concepts fondamentaux de la Métaphysique, Monde, finitude,
solitude, (1929) et celui de L’origine de l’œuvre d’art (1935) (repris dans Chemins qui ne
mènent nulle part 1950)

➢ Pour le texte des CFM :

Il faut bien poser les bases de départ :

➢ Il faut rappeler d’abord que poser la question du monde à nouveaux frais signifie que la
représentation commune du monde comme l’ensemble de tout ce qui existe, tel qu’il peut
être décrit par une approche ordinaire ou même scientifique, ne convient pas.
On dit qu’il existe et qu’il est donné pour précisément ne pas poser le problème du monde.
Il y a un monde, telle est la présupposition spontanée de cette attitude du sens commun. Mais cet
« il y a » (es gibt, un monde est donné) ne saurait être un point de départ, c’est un point d’arrivée.
Ce n’est pas pour n’importe qui qu’il peut « y avoir » un monde.

➢ Un être « simplement vivant » peut bien être posé dans un monde pour nous, parce que
nous avons constitué ce monde, mais il n’en reste pas moins qu’en tant que « simplement
vivant », il ne peut pas avoir de monde, autrement dit, il ne peut pas « y avoir » un monde
pour un tel être. Il n’y a pour lui qu’un environnement restreint, non pas parce qu’il est
plus petit, mais parce qu’il est appauvri qualitativement. « L’animal » est d’ailleurs, pour
Heidegger, cet appauvrissement du monde même, et rien d’autre.

➢ Le monde n’est pas une « chose » ni un « ensemble de choses », même si on ne se prive


pas d’ordinaire d’appeler monde une telle chose ou ensemble de chose, ce qui prouve
justement que le problème du monde est éludé.
En posant que le monde est une « chose donnée », une entité disponible pour notre action sur
elle, on perd le monde.

➢ Le monde n’est pas une chose, mais une dimension. On perçoit comme monde quelque
chose.
➢ Pour parvenir à ce type d’expérience qui nous livre quelque chose comme monde, il faut
s’extraire de l’animalité, en toute logique. Et donc il faut comprendre ce qu’est l’animalité
et le « non-monde » appauvri de l’animal. D’où la nécessité d’un « examen comparatif »
entre la pierre, l’animal et l’humain.

➢ Pour parvenir à s’extraire de l’animalité, il faut une sorte de « choc » général,


d’ébranlement global, qui correspond à la disposition (non pas l’expérience, ni le
sentiment) (Stimmung) de l’ennui (cela pourrait être l’angoisse). Car ce dernier nous
« débraye » des choses disponibles, et du cercle d’action/réaction dans lequel se trouve
constamment aspiré l’animal (Benommenheit)
Les choses apparaissent alors pour elles-mêmes, et non pour nous-mêmes. Du point de vue de ce
qu’elles sont en elles-mêmes, et non du point de vue de la façon dont elles peuvent nous être
utiles ou nuisibles. La possibilité de révéler leur essence devient pour nous possible. L’homme est
celui pour qui le problème de la vérité se pose, ou plutôt celui de « l’essence de la vérité », dans
son opposition entre voilement et appauvrissement au départ, et révélabilité ensuite.

➢ Il s’agit d’un conflit (Streit), entre animalité et humanité, entre non-monde et monde,
entre oubli (léthé, latence) et désoubli (aletheia, patence)
➢ Pour le texte sur L’origine de l’œuvre d’art

➢ Commencer par indiquer la double fonction de l’œuvre d’art : installer un monde et faire
venir la terre. Rappeler que le conflit entre le monde et la terre peut se comprendre à
partir du conflit entre ce qui est voilé et ce qui est ouvert, entre animalité et humanité.

➢ Pour l’installation du monde, s’appuyer sur l’exemple du temple grec (voyez section I, 4
du cours)
L’installation du monde, c’est l’installation de « l’unité régnante des rapports ».

➢ Cela implique l’idée qu’à la place du règne de la nature, c’est à présent le monde qui règne,
qui vaut (Welt waltet).

➢ Le savoir du monde précède toute connaissance de choses.


➢ Il est le « toujours inobjectif auquel nous sommes sujets ».

➢ Pour « laisser venir la terre » au sein du monde, on peut voir comment le temple repose
sur le rocher, et le sens que Heidegger donne du coup au rocher comme « terre » sur
laquelle repose le temple.
➢ De là, on s’appuie sur le tableau de Van Gogh, en montrant bien comment la terre sous
les souliers désigne bien autre chose que la terre réelle, à savoir le voilement même à
partir duquel s’opère tout dévoilement, autrement dit, ce qui n’est pas encore humain
mais à partir de quoi de l’humain peut surgir.
(A travers ces chaussures passe l’appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d’elle-même dans l’aride
jachère du champ hivernal. A travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre à
nouveau au besoin, l’angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace. Ce produit appartient à la terre, et il
est à l’abri dans le monde de la paysanne. Au sein de cette appartenance protégée, le produit repose en lui-même.
Grâce à elle, la paysanne est confiée par ce produit à l’appel silencieux de la terre ; grâce au sol qu’offre le produit, à sa solidité, elle est
soudée à son monde. Pour elle, et pour ceux qui sont avec elle comme elle, monde et terre ne sont là qu’ainsi : dans le produit.)

➢ Puis poser du coup les deux termes du conflit comme vérité de ce conflit :
(Dans la mesure où l’œuvre érige un monde et fait venir la terre, elle est instigatrice de ce combat. Ceci ne se fait pas pour
qu’aussitôt elle l’apaise et l’étouffe par un insipide arrangement, mais pour que le combat reste combat. Installant un monde
et faisant venir la terre, l’œuvre accomplit ce combat. L’être-œuvre de l’œuvre réside dans réflectivité du combat entre monde et
terre. Le combat parvient à son apogée dans la simplicité de l’intime ; voilà pourquoi l’unité de l’œuvre advient dans
l’effectivité du combat.)

➢ Et ce conflit est « l’essence de la vérité » comme dévoilement :


(La terre ne surgit à travers le monde, le monde ne se fonde sur la terre que dans la mesure où la vérité advient comme le combat originel
entre éclaircie et réserve. Mais comment la vérité advient-elle ? Réponse : elle advient en quelques rares modes essentiels. Un des modes
dans lesquels la vérité se déploie, c’est l’être-œuvre de l’œuvre. Installant un monde et faisant venir la terre, l’œuvre est la
bataille où est conquise la venue au jour de l’étant dans sa totalité, c’est-à-dire la vérité. La vérité advient en
l’instance du temple. Cela ne signifie pas que quelque chose soit ici représenté conformément à la réalité,
mais bien que l’étant en son tout est amené à l’ouvert et maintenu en lui.)

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